Africa Region Human Development Working Paper Series Le Système Educatif Guinéen : Diagnostic et Perspectives pour la Politique Educative dans le Contexte de Contraintes Macro-économiques Fortes et de Réduction de la Pauvreté Development Research Group The World Bank ii Le Système Educatif Guinéen La production de ce rapport Ce rapport a été réalisé par une équipe d'assis- secteurs sociaux de la région Afrique, et de Mme tants techniques du Pôle de Dakar (France / Valèse Mapto Kengne de l'Université de Mon- UNESCO-BREDA) et de la Banque Mondiale tréal, consultante. qui a appuyé une équipe nationale guinéenne. Un atelier de finalisation du rapport s'est tenu L'équipe guinéenne, dirigée par Mr Harouna à Dakar du 7 au 14 Janvier 2005. La délégation Béreté, chef de Cabinet du Ministre de l'Ensei- guinéenne, présente à l'atelier conduite par Mr gnement Supérieur et de la Recherche Sékou Kaba, Secrétaire général du MEPU-EC, Scientifique, était composée de Mrs Bakary était composée de Mrs Alpha Mamoudou Diawara, Seikou Sow, Sy, , Aboubakar Sidiki Diallo, Bakary Diawara, Bernard Haomou, Yattara ..... Mamay Adama Keita, Mamady Koulibaly et L'équipe du pôle de Dakar était composée de Hamid Willan. Les travaux de l'atelier ont été Mrs Kokou Amelewonou, Mathieu Brossard, appuyés par les équipes techniques du Pôle de Borel Foko et de Mlle Blandine Ledoux. Dakar et de la Banque mondiale ainsi que par L'équipe de la Banque Mondiale était com- MM. Dian Diallo, Michael Drabble et Issa posée de Mrs Alain Mingat et Ramahatra Sanogo (Banque mondiale) et M. Henry Berquin Rakotomalala, membres de l'Equipe d'Appui à (France, représentant des partenaires techniques la définition des politiques sectorielles dans les et financiers). Table des matières Introduction..................................................................................................................................1 Chapitre 1 : Le contexte global du développement de l'éducation.................................................3 I. Le contexte démographique ................................................................................3 I.1 Les données démographiques globales .......................................................3 I.2 L'influence du VIH-Sida sur la démographie scolaire .................................7 II. Le contexte macro-économique et des finances publiques ...................................8 III. Les dépenses publiques d'éducation ..................................................................11 IV. Les perspectives pour la période à venir ............................................................14 Chapitre 2: L'analyse globale des scolarisations .........................................................................17 I. Point sur les données de population utilisée ......................................................17 II. Analyse globale de la couverture éducative par niveau d'études et son évolution.................................................................................................19 II.1 Evolutions des effectifs scolaires par niveau et type d'enseignement ........19 II.1.1 L'enseignement préscolaire ...........................................................19 II.1.2 L'enseignement primaire ...............................................................21 II.1.3 L'enseignement secondaire général (1er et 2nd cycle) .......................23 II.1.4 L'enseignement technique et professionnel ....................................24 II.1.5 L'enseignement supérieur ..............................................................25 II.2 La mesure et l'évolution des taux de scolarisation ...................................27 II.2.1 Analyse à partir des données d'une enquête de ménages ...............27 II.2.2 Analyse à partir des statistiques administratives et des projections de population .......................................................29 III. Couverture effective du système et estimation des profils de scolarisation et de rétention ..........................................................................32 III. 1 L'estimation du profil de scolarisation et de son évolution.......................32 III. 2 Le profil de rétention en cours de cycles ..................................................34 III.2.1 Au niveau du primaire ..................................................................35 III.2.2 Au niveau du collège et du lycée ...................................................36 IV. Pourquoi les enfants abandonnent-ils avant la fin du cycle primaire ? Question d'offre et de demande ........................................................................38 IV.1 La question de la continuité éducative dans l'enseignement primaire .......39 IV.1.1 Identification de la fréquence du problème ...................................39 IV.1.2 Evaluation de l'impact d'une offre scolaire qui assure la continuité éducative ..................................................................40 IV.2 L'impact des redoublements sur la rétention ............................................41 iii iv Le Système Educatif Guinéen V. Une approche globale de l'efficience dans l'usage des ressources publiques de l'éducation....................................................................................43 V.1 La mesure de la durée moyenne de scolarisation (ou espérance de vie scolaire EVS) ...........................................................43 V.2 Une mesure de l'efficience quantitative de la dépense publique en éducation ............................................................................................44 V.2.1 Mise en regard numérique de la couverture obtenue et des ressources publiques mobilisées : calcul d'un coefficient d'efficience ...................................................................................44 V.2.2 Mise en regard graphique de la couverture obtenue et des ressources publiques mobilisées : distance à une frontière d'efficience ...................................................................................44 Chapitre 3 : Les aspects financiers ..............................................................................................49 I. Aspects structurels et évolution globale au cours de la dernière décennie ..........49 II. Examen détaillé des dépenses publiques courantes pour l'année 2003...............53 II.1 La structure des dépenses courantes par niveau et type d'enseignement ...56 II.2 La structure des personnels par fonction dans la production scolaire ......58 II.3 La structure des dépenses courantes au niveau de l'enseignement supérieur..........................................................................60 III. L'estimation des coûts unitaires selon la méthode agrégée .................................60 IV. Estimation analytique des coûts unitaires et identification des facteurs qui rendent compte de leurs variations...........................................63 V. Recomposition de l'offre éducative pour le cycle primaire en fonction des paramètres de politique éducative et mise en perspective de la scolarisation primaire universelle ..................................................................71 Chapitre 4 : L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne............................................... 79 Introduction ............................................................................................................79 I. L'efficacité interne dans les flux d'élèves en cours de cycle................................ 79 I.1 Les abandons précoces en cours de cycle dans le primaire et la rétention de l'alphabétisation dans la vie adulte ...............................80 I.1.1 Analyse globale ............................................................................80 I.1.2 L'impact de quelques facteurs individuels et contextuels sur l'alphabétisation .....................................................................81 I.2 La fréquence des redoublements ..............................................................84 I.2.1 Analyse descriptive des redoublements .........................................84 I.2.2 Approche descriptive comparative internationale .........................85 I.2.3 Un bilan des éventuels avantages et inconvénients de la pratique du redoublement ....................................................86 I.3 La mesure des indicateurs d'efficacité dans le flux d'élèves ......................90 II. Quelques indications sur le niveau de la qualité des apprentissages dans le système guinéen.....................................................................................93 II.1 La mesure des acquis des élèves .............................................................. 94 II.2 Les résultats de la scolarisation en termes de rétention de l'alphabétisation .................................................................................95 Table des matières v III. Les facteurs influençant l'efficacité interne du système et la qualité de l'éducation ....................................................................................96 III.1 Analyses sur la base des statistiques scolaires ordinaires ..........................97 III.1.1 La variété inter-établissements des conditions d'enseignement et des résultats obtenus ........................................97 III.1.2 Les facteurs influençant les résultats au CEPE ............................100 III.1.3 Les facteurs influençant les résultats au BEPC ............................103 III.1.4 Les facteurs influençant la fréquence des redoublement au niveau primaire......................................................................104 III.2 Analyse à partir des données PASEC en 2ème et 5ème année primaire........105 III.3 A titre de conclusion sur les facteurs affectant la qualité des services éducatifs .............................................................................109 Chapitre 5 : L'efficacité externe du système éducatif .................................................................113 Introduction ..........................................................................................................113 I. L'impact social de l'investissement en capital humain......................................115 I.1 L'impact de l'éducation sur la pauvreté ..................................................115 I.2 Effet de l'éducation du chef de ménage sur l'éducation de ses enfants....116 I.3 L'impact de l'éducation de la mère sur des variables démographiques et sanitaires .................................................................118 I.3.1 L'impact de l'éducation de la mère sur les variables de population .............................................................................118 I.3.2 L'impact de l'éducation de la mère sur sa santé et sur celle de ses enfants ................................................................120 I.4 A titre de conclusion sur l'impact de l'éducation sur les variables sociales ...................................................................................124 II. Le rendement économique de l'investissement en capital humain ....................125 II.1 L'évolution de la situation macroéconomique réelle et de l'emploi .........126 II.2 Mise en regard de l'offre de qualifications produites dans le système éducatif avec les emplois offerts sur le marché global du travail ...............................................................................................130 III. Dynamique du système éducatif et modes de régulation pour aligner la réalité avec ce qui est souhaitable collectivement .........................................133 III.1 Assurer l'articulation d'un système éducatif naturellement orienté vers la continuité avec le dualisme structurel de la société guinéenne caractérisée par la discontinuité .................................133 III.2 Mettre en place un système de régulation des flux d'élèves pour assurer efficience et équité dans la production du capital humain ..........135 III.2.1 Des contours globaux possibles pour la stratégie de régulation des flux .................................................................135 III.2.2 Une mise en place positive, efficiente et équitable de la politique de régulation des flux ..................................................137 Chapitre 6 : Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire.........................143 I. Les disparités de scolarisation selon certaines caractéristiques socio-économiques ..........................................................................................144 vi Le Système Educatif Guinéen I.1 Les disparités selon le sexe.....................................................................144 I.1.1 Comparaison des taux bruts de scolarisation............................. 144 I.1.2 Comparaison des profils de scolarisation....................................145 I.2 La prise en compte de la dimension urbain et rural ...............................149 I.3 Les disparités suivant les régions ...........................................................153 I.4 Les disparités suivant les préfectures......................................................160 II. La répartition des ressources publiques au sein d'une cohorte .........................163 II.1 La dimension structurelle de la distribution des ressources en éducation ..........................................................................................164 II.2 La sélectivité sociale de la distribution des ressources en éducation .......168 II.2.1 La sélectivité sociale dans les scolarisations ................................168 II.2.2 La sélectivité sociale dans l'appropriation des ressources publiques en éducation ..............................................170 Chapitre 7 : Questions de gestion dans le système éducatif .......................................................175 I. La gestion administrative et la répartition des moyens et du personnel scolaire.......................................................................................175 I.1 la cohérence dans les allocations de personnels aux écoles primaire ......176 I.2 La cohérence des allocations de personnels aux établissements de 1er cycle secondaire............................................................................183 I.3 La cohérence dans les allocations de matériels aux écoles primaires ......184 II. Les économies d'échelle dans la production scolaire........................................186 II.1 Analyse au niveau de l'enseignement élémentaire ..................................187 II.2 Analyse au niveau de l'enseignement secondaire général de premier cycle.....................................................................................189 III. La gestion pédagogique du système éducatif guinéen ......................................191 III.1 L'utilisation des données du PASEC au niveau de l'enseignement primaire .........................................................................192 III.2 L'utilisation des résultats aux examens ..................................................193 Chapitre 8 : Perspectives de synthèse pour la politique éducative..............................................197 I. En dépit d'une mobilisation relativement limitée de ressources, le système éducatif guinéen a fait des progrès remarquables, en particulier en matière de couverture scolaire...............................................197 II. Au niveau de l'enseignement primaire, des progrès qui doivent être confortés. .................................................................................................198 II.1 Une amélioration substantielle de la couverture avec un besoin d'améliorer la rétention ..............................................................198 II.2 Des disparités notables, en particulier selon les variables géographiques .......................................................................................198 II.3 Un accent à mettre sur la qualité des services éducatifs offerts ...............199 II.3.1 Le temps scolaire. .......................................................................199 II.3.2 Les ressources mobilisées pour constituer le contexte de scolarisation au niveau des écoles ..........................................199 II.3.3 Le cas particulier des personnels et des enseignants ....................200 III. Le besoin d'une politique éducative nouvelle dans le post-primaire .................201 Table des matières vii III.1 Une structure du financement public au sein du secteur à examiner ......201 III.2 Une structure des scolarisations déséquilibrée en référence aux demandes de la société ....................................................................202 III.3 Un besoin essentiel d'une meilleure régulation des flux d'élèves au sein du système .................................................................................203 III.3.1 La situation observée actuellement en Guinée est d'une certaine façon le « revers de la médaille » du succès au niveau du développement des scolarisations mis en place au cours des 15 dernières années,i n' a pas été suffisamment maîtrisé ......................................................................................203 III.3.2 Une tendance à la continuité au sein du système éducatif ...........203 III.3.3 Des inconvénients clairement perceptibles dans la qualité des services offerts au niveau secondaire.....................................203 II.3.4 La nécessité de mieux réguler les flux scolaires et les arbitrages entre quantité et qualité .............................................204 III.3.5 Accompagner la régulation et faciliter l'insertion des jeunes dans le secteur informel ..............................................................204 IV. Un besoin de mobilisation de ressources additionnelles dans une répartition mieux ciblée ..................................................................................205 Tables Tableau I.1 : Les grandes évolutions de la population résidente entre 1983 et 1996 ............... 4 Tableau I.2 : Distribution de la population jeune selon le milieu de résidence, 1996 (recensement) ............................................................................................ 7 Tableau I.3 : Evolution des principaux agrégats macroéconomiques et budgétaires ................ 9 Tableau 1.4 : Dépenses publiques d'éducation sur ressources nationales (exécutées/engagées) ......................................................................................... 12 Tableau II.1: Population âgée de 2 à 25 ans, déclarée et ajustée, 1996 .................................. 19 Tableau II.2 : Evolution des effectifs d'élèves par niveau d'enseignement, (1990­2003) ......... 20 Tableau II.3 : Répartition des étudiants du supérieur (universités et instituts supérieurs publics) par domaine de formation, en 2002 ................................... 26 Tableau II.4 : Statut éducatif de la population âgée de 5­20 ans au moment de l'enquête ...... 28 Tableau II.5: Taux brut de scolarisation par niveau d'enseignement dans le QUIBB (2002/2003) ......................................................................................... 29 Tableau II.6 : Couverture scolaire (TBS en %) par niveau d'enseignement (1990­2003)........ 30 Tableau II.7 : Comparaison internationale du TBS du primaire (en 1990 et 2003) ................ 31 Tableau II.8 : Nombre d'étudiants pour 100.000 habitants dans quelques pays africains, 2000 ................................................................................................. 31 Tableau II.9 : Taux transversal d'accès aux différentes années d'études en 2003­04 .............. 33 Tableau II.10 : Evolution des profils de scolarisation et de rétention entre 1990 et 2003 ......... 37 Tableau II.11 : Evolution de la distribution des écoles selon le nombre de niveaux offerts, et des élèves qui y sont scolarisés, entre 1997 et 2003 ..................................... 39 Tableau II.12 : Proportion des écoles et des élèves concernées par la discontinuité éducative ... 40 Tableau II.13 : Rétention des élèves dans l'ensemble des écoles primaires et dans celles qui offrent la continuité éducative........................................................... 41 viii Le Système Educatif Guinéen Tableau II.14 : Durée moyenne de scolarisation et dépenses publiques d'éducation dans quelques pays d'Afrique subsaharienne, en 2003 ou année proche........... 45 Tableau III.1 : Les dépenses publiques d'éducation par ministère selon leur nature (1998­2003) (dépenses engagées en milliards de GNF courants)...................... 50 Tableau III.2 : Evolution des dépenses courantes d'éducation par ministère entre 1998 et 2003.................................................................................................... 51 Tableau III.3 : Les dépenses courantes publiques détaillées selon leur nature, par niveau et type d'éducation, 2003 ............................................................... 54 Tableau III.4 : La structure des dépenses courantes du secteur par niveau d'enseignement et comparaison avec d'autres pays de la région ....................... 56 Tableau III.5 : Structure des personnels par fonction aux différents niveaux d'enseignement (public)................................................................................... 59 Tableau III.6 : Les coûts unitaires aux différents niveaux d'enseignement dans le public, 2003 ........................................................................................ 61 Tableau III.7 : Eléments de comparaison internationale des coûts unitaires (publics) par niveau d'études (années 2000 à 2003)........................................................ 62 Tableau III.8 : Les personnels enseignants des établissements par catégorie et niveau moyen de salaire dans l'enseignement public et communautaire, 2003­04........................................................................................................... 64 Tableau III.9 : Les personnels non enseignants des établissements par catégorie et niveau moyen de salaire dans l'enseignement public, 2003­04 ......................... 65 Tableau III.10 : Les personnels enseignants et non enseignants des établissements publics d'enseignement supérieur par catégorie et niveau moyen de salaire, 2003­04 .......................................................................................... 66 Tableau III.11 : Reconstitution du coût unitaire aux différents niveaux d'enseignement, 2003....................................................................................... 67 Tableau III.12 : La structure du coût unitaire aux différents niveaux d'enseignement, 2003 ................................................................................................................ 67 Tableau III.13 : Eléments de comparaisons internationales concernant les enseignements primaire et secondaire publics, autour de 2002 (2003 pour la Guinée) ...................................................................................... 68 Tableau III.14 : Evolution du nombre d'enseignants par grande catégorie (fonctionnaires et contractuels) dans l'enseignement primaire public (1999­2003) .................................................................................................... 70 Tableau III.15 : Eléments de comparaison internationale sur les paramètres structurels de la politique éducative (année 2003 pour la Guinée et années 2000 à 2003 pour les autres pays) ............................................................................... 74 Tableau III.16 : Simulations sur les paramètres structurels de la politique éducative pour atteindre la scolarisation primaire universelle en 2015............................. 76 Tableau IV.1 : Niveau de lecture des adultes (22­44 ans) selon leur fréquentation scolaire ..... 80 Tableau IV.2 : Niveau de lecture des adultes (22­44 ans) selon la plus haute classe atteinte pendant la jeunesse .............................................................................. 81 Tableau IV.3 : Estimation logistique de la probabilité pour un adulte de lire correctement ..... 82 Tableau IV.4 : Simulation de la proportion (%) d'adultes (22­44 ans) capables de lire correctement selon la plus haute classe atteinte .......................................... 83 Table des matières ix Tableau IV.5 : Evolution de la proportion des redoublants par cours, 1990­2003 .................. 84 Tableau IV.6 : Pourcentage de redoublants dans le primaire dans les différentes régions du monde, 1980­2001 ..................................................................................... 85 Tableau IV.7 : Indicateurs d'efficacité interne (%) pour les enseignements primaire et secondaire .................................................................................................... 92 Tableau IV.8 : Comparaison internationale du score à des épreuves standardisées dans le primaire ............................................................................................... 95 Tableau IV.9 : % d'adultes (22­44 ans) pouvant lire aisément selon la durée des études initiales.................................................................................................. 96 Tableau IV.10 : La dispersion des principales variables de résultats et de conditions d'enseignement dans les établissements primaire et de 1er cycle secondaire...... 97 Tableau IV.11 : Effets marginaux des variables sur la probabilité de réussite au CEPE (Modèle logistique; estimation par le maximum de vraisemblance) ................ 101 Tableau IV.12 : Effets marginaux des variables sur les chances de réussite au BEPC (Modèle logistique estimation par la méthode du maximum de vraisemblance)........................................................................................... 103 Tableau IV.13 : Effets marginaux des variables sur la probabilité de redoubler (Modèle logistique; estimation par maximum de vraisemblance) ................... 105 Tableau IV.14 : Régression du score final PASEC sur les variables de l'élève et de la classe ..... 107 Tableau IV.15 : L'impact des facteurs scolaires sur les résultats au niveau primaire; mise en regard avec les coûts ......................................................................... 110 Tableau V.1 : Effets (en points de %) de quelques variables de l'environnement familial sur la probabilité des enfants du ménage d'avoir accès à l'école ........ 117 Tableau V.2 : Effets de l'éducation de la mère sur quelques variables de population ............ 119 Tableau V.3 : Rapport entre le nombre d'enfants vivants et le nombre de naissances selon le niveau éducatif de la mère ................................................................. 120 Tableau V.4 : Mesure qualitative consolidée de l'impact social à l'âge adulte des différents niveaux éducatifs dans une variété de dimensions sociales .............. 125 Tableau V.5 : Structure du PIB et des emplois, évolution de la population active et de la productivité moyenne du travail dans les 3 grands secteurs de l'économie ................................................................................................. 127 Tableau V.6 : Nombre d'emplois crées annuellement entre 1980 et 2002, évolution de la productivité marginale du travail entre 1990 et 2002 ............................ 128 Tableau V.7 : Synthèse de l'évolution de l'emploi par secteur et branches d'activité, 1996­2002..................................................................................................... 129 Tableau V.8 : Bilan quantitatif éducation-emploi, Flux en base annuelle; moyenne 1996­2002..................................................................................................... 130 Tableau V.9 : Comparaison internationale des taux de transition entre cycles ..................... 133 Tableau VI.1 : Taux brut de scolarisation (%) par sexe et indice de parité selon le genre Evolution entre 1990 et 2003............................................................ 144 Tableau VI.2 : Profils de scolarisation et de rétention [1ère année-Terminale] par sexe pour l'ensemble de la Guinée, année 2003­04................................................ 146 Tableau VI.3 : Statistiques des flux d'élèves dans le système éducatif par sexe....................... 148 Tableau VI.4 : % d'enfants accédant à chaque classe en 2002­03, d'après les données du QUIBB......................................................................................... 150 x Le Système Educatif Guinéen Tableau VI.5 : Taux (%) de survie 1ère ­ 6ème année par niveau et par zone d'habitat en 2003­04 (données du Service de Statistique; enquête annuelle du MEPU-EC) .................................................................................. 150 Tableau VI.6 : Taux (%) de survie 2ème ­ 6ème par niveau et par zone d'habitat en 2003­04 (données du Service de Statistique; enquête annuelle du MEPU-EC) ................................................................................................ 151 Tableau VI.7 : Taux (%) d'accès et de rétention 1ère ­ 6ème selon le sexe et la région, 2003­04......................................................................................................... 154 Tableau VI.8 : Disparités régionales dans l'offre scolaire dans l'enseignement primaire, 2003­04......................................................................................................... 155 Tableau VI.9 : Disparités régionales dans l'offre scolaire dans l'enseignement primaire, 2003­04......................................................................................................... 156 Tableau VI.10 : Distribution structurelle des ressources publiques en éducation au sein d'une cohorte de 100 enfants (données transversales de l'année 2000) .... 165 Tableau VI.11 : Distribution de la population 5­24 ans selon le quintile de revenu, le genre et la localisation urbaine ou rurale aux différents niveaux d'études... 169 Tableau VI.12 : Coefficients de représentation relative des différentes catégories sociales aux différents niveaux d'études ......................................................... 170 Tableau VI.13 : Distribution des dépenses publiques d'éducation selon le quintile de revenu, le genre et la localisation urbaine ou rurale de la population des 5­24 ans .................................................................................................. 171 Tableau VII.1 : Degré d'aléa dans l'allocation des enseignants du primaire dans 22 pays africains (le chiffre de la Guinée est pour l'année 2003­2004 et les autres autour de 2000) .......................................................................... 177 Tableau VII.2 : Modélisation du nombre d'enseignants dans une école primaire en fonction du nombre d'élèves et du contexte géographique ............................. 178 Tableau VII.3 : Modélisation par zone de résidence et régions du nombre d'enseignant en fonction du nombre d'élèves ...................................................................... 179 Tableau VII.4 : Allocation moyenne et cohérence dans la répartition de mobilier et de matériel pédagogique dans les écoles publiques ......................................... 185 Tableau VII.5 : Disponibilité en tables-bancs, manuels scolaires et tableaux noirs dans les différentes régions ............................................................................. 185 Tableau VII.6 : Relation entre coût unitaire salarial annuel et effectif d'une école primaire .... 188 Tableau VII.7 : Relation entre le coût unitaire salarial et l'effectif d'un collège ....................... 189 Graphiques Graphique II.1 : Population 2­26 ans en 1996 ...................................................................... 18 Graphique II.2 : Evolution des effectifs d'élèves du primaire (en milliers). 1970­2003 .......... 22 Graphique II.3 : Effectif des nouveaux entrants en 1ère année (en milliers). 1999­2003........ 22 Graphique II.4 : Evolution des élèves scolarisés dans le secondaire général 1990­2003 ......... 23 Graphique II.5 : Répartition des élèves de l'enseignement technique et professionnel selon les trois niveaux de formation 1991­2003 .......................................... 24 Graphique II.6 : Evolution des élèves scolarisés dans l'enseignement technique et professionnel 1991­2003 ......................................................................... 25 Table des matières xi Graphique II.7 : Evolution du nombre d'étudiants dans l'enseignement supérieur public entre 1990 et 2003 ............................................................................ 26 Graphique II.8 : Nombre d'étudiants pour 100.000 habitants selon le PIB par tête dans les pays africains IDA, 2000 ................................................................ 32 Graphique II.9 : % d'accès dans chaque classe du système (1990/91, 1995/96, 2003/04) ...... 34 Graphique II.10 : Profil de scolarisation simulé ....................................................................... 35 Graphique II.12 : Rétentions actuelles et simulées ................................................................... 42 Graphique II.13 : Espérance de vie scolaire et dépenses publiques d'éducation ........................ 46 Graphique III.1 : Evolution des dépenses courantes d'éducation par ministère entre 1998 et 2003 ............................................................................................... 52 Graphique III.2 : Evolution des dépenses courantes d'éducation par niveau entre 1998 et 2003 ............................................................................................... 57 Graphique III.4 : Comparaison internationale du salaire moyen des enseignants (en PIB par tête) dans l'enseignement public primaire et 2nd cycle secondaire, année 2002 ou proche (2003 pour la Guinée) ........................... 69 Graphique IV.1 : Pourcentage d'adultes 22­44 ans pouvant lire aisément selon le nombre d'années d'études pendant la jeunesse ............................................. 70 Graphique IV.2 : % d'adultes 22­44 ans pouvant lire selon la durée des études initiales, selon le sexe et le milieu ............................................................................... 82 Graphique IV.3 : % de redoublants, pays à bas revenu, année 2001 ou proche ...................... 83 Graphique IV.4 : Résultats par écoles aux tests du PASEC 5ème année en guinée en fonction du niveau de redoublement de classe ............................................. 88 Graphique IV.5 : Comparaison internationale du niveau d'acquis des élèves et de la fréquence des redoublements ....................................................................... 89 Graphique IV.6 : Coefficients d'efficacités partiels pour les pays d'Afrique, année 2001 ......... 93 Graphique V.1: Incidence de la pauvreté, en %, selon le milieu de résidence et le niveau d'éducation du chef de ménage ................................................... 116 Graphique V.2 : Probabilité que les enfants du ménage aient accès à l'école, selon le niveau d'éducation du chef de ménage ....................................................... 117 Graphique V.3 : Chances de survie des enfants selon les études de leur mère ....................... 121 Graphique V.4 : Fréquence des comportements en matière de santé maternelle selon la durée des études de la mère et le milieu de résidence .............................. 121 Graphique V.5 : Probabilité qu'un enfant ait une vaccination complète, qu'il participe à un programme de suivi postnatal, qu'il présente un retard de croissance ou une insuffisance pondérale, selon la durée des études de sa mère.................................................................................................. 123 Graphique V.6 : Comparaison internationale des taux de transition entre cycles ................. 134 Graphique VI.1 : Indice de parité entre les sexes (TBS fille/TBS garçons par niveau .............. 145 Graphique VI.2 : Profils de survie dans le cycle primaire par sexe en 2003­04 ..................... 146 Graphique VI.3 : Profils de survie au collège par sexe en 2004­04........................................ 147 Graphique VI.4 : Profils de survie par sexe en 2003­04 ........................................................ 147 Graphique VI.5 : Pourcentage d'enfants accédants à un niveau d'étude en 2003­04 ............. 148 Graphique VI.6 : Proportion de la classe d'âge atteignant au moins telle classe par zone d'habitat et sexe dans le primaire, 2003 ...................................... 151 Graphique VI.7 : Profil de rétention 1ère ­ 6ème par sexe et par zone de scolarisation en 2004 ..................................................................................................... 152 xii Le Système Educatif Guinéen Graphique VI.8 : Profil de rétention 2ème ­ 6ème par sexe et par zone de scolarisation en 2004 .................................................................................................... 152 Graphique VI.9 : Profil simplifié de scolarisation au niveau primaire par région en 2003­04 ................................................................................................... 153 Graphique VI.10 : taux d'accès 1ère année et Index d'offre éducative par région en 2003­04 ................................................................................................... 157 Graphique VI.11 : Taux de rétention 1ère ­ 6ème et Index standardisé d'offre de continuité éducative par région en 2003­04 ............................................. 158 Graphique VI.12 : Indicateur de résultats et Index d'offre éducative par région..................... 158 Graphique VI.12 : Accès et rétention par préfecture en 2003­04 ........................................... 160 Graphique VI.14 : Courbe de Lorenz de la distribution des ressources publiques en éducation ............................................................................................. 166 Graphique VII.1 : Cohérence de l'allocation des enseignants dans les écoles primaires publiques .................................................................................. 176 Graphique VII.2 : Relation entre le nombre d'élèves par enseignant et le degré de cohérence de l'allocation au sein des régions........................................ 180 Graphique VII.3 : Niveau de dotation et cohérence de l'allocation des enseignants par préfecture ........................................................................................... 181 Graphique VII.4 : Taux d'encadrement et niveau de participation communautaire dans le corps enseignant par préfecture (écoles publiques)........................ 182 Graphique VII.5 : Allocation des enseignants dans les collèges publics ................................. 184 Graphique VII.6 : La disponibilité en manuels scolaires et en tableaux noirs par région ....... 186 Graphique VII.7 : Coût unitaire salarial en fonction de la taille de l'école primaire .............. 188 Graphique VII.8 : Distribution de la taille des écoles primaires ............................................. 189 Graphique VII.9 : Coût unitaire salarial selon le nombre d'élèves dans un collège ................ 190 Graphique VII.10 : Score de fin de 5ème année ajusté en fonction du coût unitaire de scolarisation ........................................................................................ 193 Graphique VII.11 : Coût unitaire et taux de réussite au CEPE ................................................ 194 Graphique VII.12 : Coût unitaire et taux de réussite au BEPC ................................................ 194 Illustrations Illustration VI.1 : Problème d'offre et de demande en termes d'accès au niveau régional ...... 159 Illustration VI.2 : Problème d'offre de continuité et de rétention au niveau régional ............ 159 Illustration VI.3 : Accès et rétention au niveau des préfectures en 2003­04.......................... 161 Illustration VI.4 : Problème d'offre et de demande éducative en termes d'accès au niveau des préfectures en 2004 ............................................................ 162 Illustration VI.5 : Problème d'offre et de demande éducative en termes de continuité au niveau des préfectures en 2004 ............................................................ 163 Introduction L a Guinée a fait des progrès quantita- que, niveau de revenu familial) sont en fait tifs très importants en matière de exclues des activités éducatives aux différents scolarisation avec un Taux Brut de niveaux d'enseignement. Les aspects finan- Scolarisation du primaire qui est ciers sont également importants dans leur aujourd'hui de l'ordre de 80 % alors qu'il était articulation entre i) le niveau macro compte à peine plus de 30 % en 1990. En dépit de ces tenu des fortes contraintes budgétaires glo- progrès évidents, la conduite d'une évaluation bales et ii) le niveau micro avec la mesure des détaillée du système éducatif guinéen apparaît coûts unitaires; pour ceux-ci, l'identification aujourd'hui nécessaire et ce pour deux raisons des facteurs qui, d'une part en expliquent le complémentaires : niveau et la variabilité et, d'autre part exer- cent une influence sur la qualité du contexte · la première raison est de l'ordre du diagnos- scolaire proposé aux élèves, constitue une ré- tic; il est ainsi important d'aller au-delà de la férence essentielle pour le diagnostic du vision de la couverture quantitative pour faire système. Enfin, si la dimension des résultats un diagnostic plus complet du fonctionne- obtenus est certes centrale, le diagnostic doit ment du système éducatif du pays. Il est par conjointement examiner les questions d'effi- exemple utile de documenter de façon dé- cacité de ces processus qui assurent la liaison taillée les flux d'élèves car il ne suffit pas que entre i) les ressources publiques mobilisées les enfants aient un jour accès à l'école, il au niveau central et ii) les résultats obtenus convient surtout qu'ils y restent suffisamment au niveau local, c'est à dire la performance longtemps, notamment jusqu'à la fin du cy- de gestion du système dans ses dimensions cle primaire, en ayant acquis les connaissances administratives, financières et pédagogiques. nécessaires pour leur insertion sociale réus- Pour la production de ce diagnostic, nous sie et pour leur permettre de vivre en dehors aurons recours à des analyses concernant le de la pauvreté. L'analyse de la qualité et de la système éducatif national dans la période ac- pertinence des services éducatifs offerts est à tuelle, mais il sera souvent utile de la mettre cet égard incontournable. Il importe aussi en perspective, et ce aussi dans sa dimen- d'examiner, au delà des moyennes globales, sion temporelle sur les données guinéennes quelles populations (genre, milieu géographi- qu'internationales en comparant la situation 1 2 Le Système Educatif Guinéen de la Guinée avec celles d'autres pays de la posées ici devront être interprétées. En effet, région. l'identification diagnostic de telle ou telle dif- · la seconde raison est d'ordre plus prospectif; ficulté dans le fonctionnement du système ne le diagnostic est certes utile, mais il l'est évi- constitue pas un jugement négatif mais es- demment surtout en ce qu'il invite à une sentiellement une invite à la réflexion sur les réflexion renouvelée pour des ajustements en options possibles et ultérieurement sur le matière de politique éducative. Bien que cet choix de celle qui apparaîtra la meilleure au aspect du travail ne soit pas directement con- sein d'une politique éducative globale finan- cerné par ce rapport, c'est essentiellement cièrement soutenable à moyen terme. dans cette perspective que les évaluations pro- CHAPITRE 1 Le contexte global du développement de l'éducation L es systèmes éducatifs constituent un économique, mais ces incidences ne vont pas élément important de la problémati- directement influencer les perspectives sco- que nationale de développement laires des dix prochaines années. Ce premier économique et social des différents chapitre est consacré à l'analyse de ces pays en général, la Guinée ne constitue évidem- contraintes externes, démographiques, éco- ment pas une exception. Les relations entre la nomiques et budgétaires. société, le système d'éducation et de formation · Au titre de la seconde catégorie, qui concerne sont en fait complexes et multiformes; on peut pour une partie importante ce qui se passe néanmoins globalement les classer en deux gran- après que les individus soient sortis du sys- des catégories : i) les facteurs économiques et tème d'éducation et de formation, on trouve sociaux qui exercent une pression externe sur le des aspects tels que l'influence de la forma- fonctionnement de l'école, et ii) les effets tion sur les pratiques familiales et sociales (et qu'exerce le système éducatif, son fonctionne- sur les variables de santé et de population) ment et ses produits, sur la société. ainsi que sur la productivité du travail et la croissance économique; ces aspects sont trai- · Au titre de la première catégorie, on relève tés dans le chapitre 5 de ce rapport. non seulement des questions telles que la con- frontation des valeurs existant dans la société à un moment donné du temps mais aussi, de I. Le contexte démographique façon plus prosaïque, les contraintes telles que celles concernant le contexte démographique I.1 Les données démographiques globales ainsi que celles attachées au contexte écono- mique, financier et budgétaire qui imposent, Une source importante de connaissance du con- dans le court et moyen termes, des limites évi- texte démographique national se trouve dans les dentes aux politiques éducatives. Bien sûr, divers recensements de la population effectués dans un terme plus long, on sait que le déve- dans le pays, en particulier ceux réalisés au cours loppement de la scolarisation aura lui-même des années 1983 et 1996 pour le plus récent. Le des conséquences positives tant sur la crois- tableau I.1 donne les chiffres globaux de popu- sance de la population que sur la croissance lation constatés à ces deux dates. 3 4 Le Système Educatif Guinéen Tableau I.1. Les grandes évolutions de la population résidente entre 1983 et 1996 1983 1996 Ages Hommes Femmes Ensemble Hommes Femmes Ensemble 0­4 ans 388 000 376 000 764 000 635 000 621 000 1 256 000 5­9 ans 355 000 333 000 688 000 610 000 587 000 1 196 000 10­14 ans 261 000 221 000 483 000 409 000 358 000 768 000 15­19 ans 213 000 228 000 441 000 311 000 343 000 654 000 20­24 ans 150 000 200 000 350 000 231 000 280 000 512 000 25­29 ans 153 000 218 000 370 000 234 000 311 000 546 0 Population totale 2 270 000 2 391 000 4 661 000 3 449 000 3 609 000 7 059 000 Sources : Recensements de la Population, 1983 et 1996 Sur la base des chiffres officiels, la popula- venance du Liberia et de la Sierra Leone sont ou tion résidente globale serait passée de 4 661 000 non conjoncturels peut légitimement être posée. habitants en 1983 à 7 059 000 habitants en On sait qu'une proportion de ces personnes re- 1996, manifestant ainsi un taux moyen de crois- tournera dans leur pays d'origine lorsque les sance annuel inter-censitaire de 3,24 %. Ce conditions seront redevenues favorables, mais chiffre, assez élevé par rapport à d'autres pays aussi qu'une autre proportion est aussi suscep- de la région, manifeste une fécondité relative- tible de s'établir durablement sur le sol guinéen. ment élevée et une transition démographique qui L'apaisement des hostilités en Sierra Leone a ainsi ne fait sans doute que commencer dans le pays; été associé à un retour des populations dépla- mais il résulte aussi de l'influence d'un flux mi- cées, sachant que ce retour ne semble gratoire net circonstanciel, associé aux troubles effectivement que partiel. enregistrées chez deux des voisins de la Guinée, La figure ci-après explicite la situation démo- le Liberia et la Sierra Leone. graphique du pays au moment du recensement Il est difficile de dire avec précision quel est de la population de 1996, et surtout, examine l'impact numérique de ces migrations, mais le les évolutions possibles entre 1996 et 2015. Une chiffre de 500 000 est couramment avancé et première observation est qu'il ne serait pas cor- tenu pour vraisemblable. Si on accepte la vali- rect de projeter sans précaution la tendance brute dité de ce dernier chiffre, on pourrait alors enregistrée entre 1983 et 1996 (au rythme de décomposer le chiffre de population enregistré 3,2 %)1 aboutissant pour 2015 à une popula- en 1996 en 6 559 000 pour la population rési- tion estimée à 12,843 millions d'habitants. En dente «ordinaire», et 500 000 pour la effet, le taux inter-censitaire incorpore, comme population ayant migré récemment pour les rai- sons indiquées ci-dessus. Sur la base de cette estimation, le taux de croissance annuel de la 1 Nous ne tenons pas compte ici que les chiffres du population «ordinaire» aurait été de l'ordre de recensement de 1983 sont vraisemblablement un 2,7 %, un chiffre par ailleurs tout à fait peu sous-estimés, ce qui suggère que le taux de plausible. La question de savoir dans quelle croissance brut inter-censitaire pourrait être plu- mesure les flux migratoires spécifiques en pro- tôt sur que sous-estimé. Le contexte global du développement de l'éducation 5 Nombre (000) 12843 3,2% 10881 10104 7059 2,7% 2,3% 500 3,2% 6559 2,7% 829 2,7% 4461 770 500 2,3% 1983 1996 2015 nous l'avons souligné précédemment, une pro- inférieur, estimé à 10,104 millions d'habitants gression de la population guinéenne «ordinaire» en 2015. et une émigration intervenue entre les deux re- · Si on tient compte en second lieu la popula- censements et estimée ici à environ 500 000 tion considérée comme émigrée en 1996 individus; en tenant compte de cette population (dont nous avons estimé que le nombre pour- émigrée, on obtient un chiffre de 6,559 millions rait être à cette date de l'ordre de 500 000 d'habitants en 1996. Les questions sont alors personnes), deux questions se posent alors : de déterminer les évolutions qui vont concerner i) quelle est la proportion de cette popula- ces deux groupes de population. tion qui s'installera durablement sur le territoire national ? et ii) quelle sera le taux · Si on considère en premier lieu la population de croissance de la population qui va effecti- guinéenne résidente «ordinaire», le maintien vement rester ? Pour la réponse à la première du taux annuel de croissance inter-censitaire question; nous retenons ici à titre conserva- (2,7 %) conduirait à un chiffre projeté de toire que la moitié de ces populations aura 10,881 millions d'habitants en 2015. Mais il quitté le territoire nationale en 20152(corré- est possible que l'utilisation d'une valeur de lativement, la moitié resterait donc de façon 2,7 % soit excessive car on s'attend en fait à durable). La prise en compte de ces deux hy- ce que le taux de croissance de la population pothèses conduit à estimer à environ 385 000 soit plus faible entre 1996 et 2015 qu'il ne (770 000 : 2) le nombre de ces populations l'a été entre 1983 et 1996, compte tenu de la en 2015. transition démographique en cours (c'est ce qu'anticipent les projections faites par les A la seconde question, il paraît raisonnable Nations-Unies et la Banque Mondiale). Le de choisir un taux comparable à celui de la chiffre à envisager pour la période entre 1996 et 2015 est difficile à identifier avec préci- 2 Il est probable que la réalité sera supérieure à cela, sion, mais il paraît peu probable que le taux compte tenu des informations certes imprécises du s'établisse au-dessus de 2,3 % par an. Ceci nombre de ceux qui auraient déjà regagné leur pays conduirait à un chiffre de population un peu d'origine. 6 Le Système Educatif Guinéen population guinéenne ordinaire, c'est-à-dire Nous avons estimé que le taux de croissance 2,3 % par an sur la période allant de 1996 à global de la population entre 1996 et 2015 pour- 2015.3 rait s'établir autour de 2,1 % par an. Quant à Si on consolide maintenant les évolutions pro- projeter ce que pourrait être le différentiel des bables de ces deux types de population jusqu'en taux de croissance entre la population jeune et 2015, on aboutit à un chiffre estimé de 10,489 la population globale, on sait que la précision (10,104 pour la population ordinaire + 0,385 est illusoire. Cela dit, l'expérience des autres pays pour la population émigrée durablement instal- montre que la situation de transition démogra- lée dans le pays) millions d'habitants en Guinée phique va conduire à le réduire de façon à l'horizon de l'année 2015. Dans la mesure où sensible4. On doit donc s'attendre à une réduc- la population du recensement de 1996 était de tion notable aussi dans le contexte guinéen. A 7,059 millions d'habitants, cela impliquerait un titre conservatoire, on pourrait retenir un diffé- taux global moyen de croissance annuel de 2,1 rentiel de 0,3 points, mais il est possible que cette % entre 1996 et 2015. valeur surestime même les évolutions qui vont Les données du tableau I.1 nous informent effectivement se produire. Sur cette base, on aussi sur la dynamique particulière de la popu- pourrait anticiper que la population d'âge sco- lation jeune dans le pays. En 1983, la population laire pourrait progresser en moyenne d'environ d'âge compris entre 5 et 14 ans était de 1 171 2,4 % (2,1 + 0,3) par an sur la période com- 000 personnes, représentant 25,1 % de la po- prise entre les années 1996 et 2015. pulation globale du pays. Au recensement de Si on examine maintenant la distribution de 1996, on comptait 1 964 000 jeunes dans cette la population selon le milieu de résidence, on classe d'âge, correspondant alors à27,8 % de peut observer la prédominance du milieu rural la population résidente globale. Le fait que la sur le milieu urbain. Le tableau I.2 donne cette proportion des jeunes augmente sur la période répartition pour les classes d'âge les plus jeunes est caractéristique des pays qui ne sont pas en- du pays, sur la base des données du recensement core entrés dans une dynamique dite de de 1996. transition démographique. Entre 1983 et 1996, Sur l'ensemble de la population de moins de le taux annuel moyen de croissance de la popu- 25 ans, un peu moins de 70 % résident en mi- lation de la classe d'âge entre 5 et 14 ans, ressort lieu rural (32 % en milieu urbain). Il est aussi à 3,84 %. La comparaison entre le taux de crois- intéressant d'observer que la part du milieu ru- sance globale de la population (3,24 %) et celui ral décroît lorsqu'on considère des âges plus de la clase d'âge 5-14 ans (3,84 %) indique que, élevés, suggérant l'existence de migrations vers sur la période, le différentiel annuel de crois- la ville des jeunes ruraux lorsqu'ils atteignent sance entre la population jeune et la population l'âge adulte. On peut aussi observer que ces mi- totale a été de l'ordre de 0,6 %. grations des campagnes vers les villes sont On peut alors suggérer que le taux de crois- davantage le fait des hommes que de femmes, sance annuel de la population jeune (5­14 ans) guinéenne «ordinaire» (en soustrayant la popu- lation émigrée) aurait été de l'ordre de 3,3 % 3Il est probable que la réalité sera supérieure à cela, (2,7 + 0,6) entre les recensements des années compte tenu des informations certes imprécises du 1983 et 1996. Concernant les projections au delà nombre de ceux qui auraient déjà regagné leur pays de l'année 1996, deux éléments sont à prendre d'origine. 4Dans les pays qui sont clairement en situation de en considération : i) le taux de croissance global transition démographique, on observe même que de la population du pays et ii) le différentiel en- le différentiel change de sens, la population jeune tre le taux de croissance global de la population augmentant alors à un rythme plutôt inférieur à et celui de sa population jeune. celui de la population d'ensemble du pays. Le contexte global du développement de l'éducation 7 Tableau I.2. Distribution de la population jeune selon le milieu de résidence, 1996 (recensement) Milieu Urbain (000) Rural (000) Classe d'âge Masculin Féminin Total Masculin Féminin Total Total (000) % Rural 0­4 ans 161 156 318 473 465 938 1 256 74,7 5­9 ans 162 164 327 447 422 870 1 197 72,7 10­14 ans 129 130 259 280 229 509 768 66 15­19 ans 127 120 247 184 223 407 654 62,2 20­24 ans 114 98 213 117 182 299 512 58,4 25­29 ans 99 93 192 135 219 354 546 64,8 Total 794 761 1 555 1 637 1 740 3 376 4 931 68,5 Source : Recensement de la population, 1996 car dans les classes d'âge de 15 à 25 ans (comme touchée par l'épidémie avec une prévalence com- dans la classe d'âge de 25 à 29 ans), les femmes parable à celle de la population adulte, soit avec sont beaucoup plus nombreuses que les hom- un chiffre de l'ordre de 1,5 %; cela signifie qu'en- mes à la campagne alors qu'elles sont moins viron 250 enseignants seraient affectés. Sur cette nombreuses que les hommes, en ville. base et compte tenu des enquêtes menées en gé- néral dans le contexte africain, on peut estimer I.2 L'influence du VIH-Sida sur qu'un équivalent annuel d'environ 25 ensei- la démographie scolaire gnants ne peuvent assurer leur fonction du fait de la maladie, et qu'un nombre plus ou moins La Guinée a, en 2000, un taux de prévalence du comparable décède annuellement de façon pré- VIH/Sida estimé à 1,5 % par ONUSIDA dans maturée. la population adulte âgée de 15 à 49 ans, un Les évolutions futures sont bien sûr incertai- taux qui reste relativement peu élevé. A cette nes, mais il est probable que la prévalence dans même date, la proportion des orphelins de mère la population adulte est susceptible de croître. et de leurs deux parents dans la population d'âge L'estimation selon les structures moyennes d'évo- scolaire (7-12 ans) due au SIDA est estimée être lution dans les pays d'Afrique de l'Ouest suggère de l'ordre de 0,7 %, suggérant qu'il y aurait un chiffre de l'ordre de 4 à 4,5 % en 2015. Par environ 8 500 enfants dans cette situation en ailleurs, le nombre d'enfants d'âge primaire or- 2000, selon les résultatsdes analyses d'enquê- phelins de mère ou de leurs deux parents dont tes de ménages, la scolarisation de ces enfants le décès est attribuable au SIDA pourrait s'ac- est sensiblement moins probable que celle d'en- croître pour atteindre un chiffre compris entre fants ayant leurs deux parents. Si on compte 40 et 45 000 en 2015, ou entre 80 et 100 000 si l'ensemble des orphelins de mère ou de leurs on compte la totalité des orphelins quelle que deux parents, quelle que soit l'origine du décès soit la cause de décès de leurs parents. En ter- des parents, on peut estimer un chiffre de l'or- mes relatifs, cela signifie que ce serait environ 5 dre de 45 000 pour l'année 2000. % de la population d'âge scolaire dans le pri- Toujours pour la période actuelle, on peut maire qui seraient concernés. Au cours de cette estimer que la population des enseignants est même période, les besoins annuels de remplace- 8 Le Système Educatif Guinéen ment de maîtres du primaire pour maladie, périodes des cinq dernières années. Compte tenu comme le nombre annuel de décès du fait de la de l'évolution démographique sur la période, le maladie, pourraient progressivement augmen- PIB par habitant, s'il est multiplié par un fac- ter pour atteindre, chacun, un chiffre annuel de teur 2,8 sur la base de l'indicateur évalué en prix l'ordre de 180 en 2015, compte tenu de l'effec- courants, n'augmente que de 16 % en valeurs tif d'enseignants qui serait alors employédans le réelles, c'est à dire sur un rythme moyen annuel système éducatif guinéen (en assurant les objec- de l'ordre seulement de 1,1 %. tifs de l'EPT). Concernant les aspects de ressources et de dépenses de l'Etat, il faut souligner que les chif- fres restent relativement imprécis compte tenu II. Le contexte macro-économique et du caractère non conventionnel de certaines pra- des finances publiques tiques budgétaires et comptables. Ainsi, certainesdépenses budgétées une année peuvent Le volume des ressources budgétaires affectées être reportées sur une année suivante avec des par les pouvoirs publics au secteur de l'éduca- situations dans lesquelles les dépenses engagées tion dépend des trois principaux facteurs au cours d'un exercice peuvent excéder les va- suivants : leurs réellement budgétées en raison de la prise en compte d'arriérés qui n'avaient pas été pré- i) Le niveau du Produit Intérieur Brut (PIB) du cédemment engagés. En dépit de ces réserves, pays et son évolution dans le temps pour des estimations raisonnables restent possibles. comprendre les éventuelles possibilités nou- Au cours de cette même période de 13 an- velles de mobiliser des ressources pour les nées, les ressources globales de l'Etat augmentent services publiques; certes, (de 481 milliards de Francs Guinéens en ii) la capacité globale de l'Etat à prélever des 1990 à 1055 milliards en 2003), mais en va- revenus sur son économie pour le fonction- leurs monétaires constantes, il s'agit d'une nement des services publics, son évolution stagnation (1 055 milliards en 2003 contre 1 est aussi une dimension à considérer; 154 milliards de GNF en valeur de 2003 en iii) l'arbitrage fait en faveur de l'éducation par 1990), alors qu'en termes de proportion du PIB rapport aux autres fonctions collectives fi- du pays, il s'agit d'une sensible diminution, car, nancées par l'Etat tant à un moment donné si les ressources globales de l'Etat représentaient que dans sa dynamique temporelle. 25,8 % du PIB en 1990, elles n'en représentent plus que 14,6 % en 2003. L'année 2003 semble Le tableau I.3 ci-après (évolution des prin- être spécialement difficile avec un PIB qui aug- cipaux agrégats macroéconomiques et mente très peu et un montant des ressources de budgétaires), retrace, au cours de la période l'État qui est en nette régression. allant de 1990 à l'année 2003, l'évolution du Les recettes globales de l'Etat ont une double produit intérieur brut (PIB), de la population origine, à savoir des ressources nationales (fis- (et par conséquent du PIB par tête), ainsi que cales et parafiscales) d'une part, des ressources celle des finances publiques, tant en ce qui con- de l'aide extérieure d'autre part : cerne le côté des ressources mobilisées que celui des dépenses agrégées engagées par l'Etat. · Concernant les ressources internes, elles aug- Entre 1991 et 2003, le taux moyen de crois- mentent en valeurs nominales mais aussi en sance du PIB s'établit en moyenne à 11,0 % en valeurs réelles (de 705 milliards GNF en 1990 prix courants, mais seulement à 3,8 % sur la à 799 milliards GNF en 2003); par contre, base des prix constants, avec un chiffre moyen en tant que pourcentage du PIB, il y a globa- de seulement 2,7 % par an si on se limite à la lement diminution (le chiffre est de l'ordre Le contexte global du développement de l'éducation 9 ) 91 page 2003 210 210 1,00 8,13 14,6 757 10,5 799 298 298 4,1 955 143 802 389 298 7 7 886,8 886,8 1055 1055 1344 next on 340 101 185 767 896 291 326 4,6 78 2002 1,12 7,96 807 105 702 369 291 6 7 796,5 892,1 1058 16,7 12,1 1 1176 continued( 925 814 942 083 670 821 272 313 4,6 32 2001 1,15 7,80 15,9 11,3 765 113 652 304 272 5 6 759,6 873,6 1 1069 90 41 2000 437 579 1,21 7,64 940 137 17,3 595 10,9 720 345 417 6,3 700 314 224 386 345 5 6 711,6 861,1 1 802 483 812 096 517 698 295 398 6,1 75 49 1999 1,35 7,49 16,9 10,8 774 430 355 344 295 4 6 641,1 865,5 1 438 169 713 991 497 690 216 300 4,9 64 41 1998 1,39 7,34 16,1 11,2 745 388 284 257 216 4 6 604,6 840,4 144 884 785 115 476 676 309 439 7,5 67 40 1997 1,42 7,20 18,9 11,5 726 377 310 349 309 4 5 575,6 817,3 1 52 49 885 633 1,45 7,06 641 929 16,5 399 10,3 578 242 351 6,2 642 351 299 291 242 1996 3 5 550,3 797,9 660 380 665 977 402 590 263 387 7,2 53 51 1995 1,47 6,84 18,2 11,0 647 333 280 314 263 3 5 535,1 786,6 52 39 303 054 1,53 6,62 573 877 17,4 343 10,4 525 230 352 7,0 581 312 260 269 budgétaires 1994 3 5 498,9 763,4 230.0 et 668 642 613 067 361 628 252 438 9,4 49 39 1992 1,74 6,21 23,0 13,5 594 303 254 291 252 2 4 429,6 747,6 1 48 41 861 466 2,40 5,83 481 154 25,8 294 15,8 705 187 449 10,0 458 230 182 228 187 1990 1 4 319,2 766,1 1 macroéconomiques GNF) 2003) 2003) GNF) GNF) de PIB de internes externes de agrégats GNF) 2003 du 2003 2003 dette année année % de de de de en hors milliards (milliards (GNF (GNF (milliards (en ressources ressources Brut (milliers principaux PIB l'Etat dette sur sur internes constantes constantes constantes du l'Etat la de internes extérieures courantes capital des courants constants (millions) courants constants PIB I.3. de Courantes de en Intérieur habitant du PIB prix prix prix prix valeurs % Valeurs valeurs % par aux aux Déflateur aux aux En En Ressources En En en Service Dépenses Financement Financement Tableau Evolution Produit Population PIB Ressources Ressources Ressources Dépenses Dépenses Dépenses 10 Le Système Educatif Guinéen 2003 570 7,9 71,1 15,0 1,26 76,6 393 6,2 1,1 2002 68,6 13,0 78,9 320 5,4 2001 71,6 14,8 1,14 89,5 2000 304 5,6 44,9 28,7 1,05 89,4 259 5,4 1999 55,6 17,4 1,00 85,8 151 3,4 1998 52,1 16,5 0,94 84,0 244 5,9 1997 51,9 20,4 0,97 88,5 ) 237 6,1 54,7 14,8 1,40 83,2 1996 continued( 242 6,6 1995 51,5 15,9 1,15 83,8 235 7,1 budgétaires 1994 53,7 16,7 1,36 85,5 et database 208 7,8 1992 51,1 16,2 1,21 86,6 164 8,8 mondiale/Live 50,2 20,9 1,10 82,0 1990 macroéconomiques Banque et milliards dépenses plan agrégats dépenses du dépenses dons, recettes dans dans engagement) dans sur (hors nationale principaux (Base dette extérieur engagement) courantes la I.3. des PIB de courantes budgétaire base du :Direction % capital GNF En Tableau dépenses totales intérêts courantes intérieures financement en Evolution Déficit de % % Dépenses % Source Le contexte global du développement de l'éducation 11 de 15 % en 1990 et 1991) et surtout une sta- 71 % en 2003. Jusqu'en 2000, les dépenses cou- gnation depuis 1992 avec des chiffres qui rantes restent à un niveau proche de celui des restent dans une fourchette comprise entre ressources publiques internes mais, là encore ce 10 et 12 %. On notera en passant que ce chif- n'est plus vrai lesdernières années au cours des- fre (de 10 à 12 %) apparaît spécialement quelles, le volume des dépenses courantes du faible compte tenu d'une part du niveau de gouvernement dépassent (de 26 % en 2003) les PIB par habitant du pays (il se situe en recettes intérieures nationales manifestant des moyenne entre 15 et 16 % pour les pays à ce entorses croissantes par rapport à l'orthodoxie niveau de développement économique) et de référence dans la gestion des finances publi- d'autre part des ressources naturelles relati- ques d'un pays. Enfin, à l'intérieur des dépenses vement abondantes du pays. courantes, l'intérêt de la dette pèse d'un poids · Concernant les ressources liées à l'aide exté- très substantiel contraignant de façon évidente rieure, elles diminuent tant en valeurs ce qui est disponible pour le fonctionnement monétaires constantes qu'en termes de pro- actuel des services du Gouvernement. Cela était portion du PIB national; elles représentaient spécialement vrai entre 1990 et 2000 avec l'in- en effet 10 % du PIB en 1990 mais seule- térêt de la dette oscillant entre 15 et 29 % des ment 4 % en 2003. dépenses courantes; depuis 2001 cette propor- tion a baissé (15% en 2003), mais elle reste Au total, on peut conclure que le contexte toutefois encore très élevée. général des finances publiques n'a globalement Concernant les dépenses en capital, et sans pas été, et continue de ne pas être, favorable avec surprise particulière, ce sont les investissements des ressources internes qui restent (trop) modes- financés sur ressources extérieures qui font la tes en proportion du PIB et des ressources très grande majorité des investissements publics extérieures qui ont tendance à se réduire forte- du pays. Mais, si cette proportion était comprise ment en termes relatifs. entre 82 et 90 % entre les années 1990 et 2001, Pour ce qui est du volet des dépenses publi- il y a un fléchissement de cette proportion de ques, on peut tout d'abord observer que le déficit façon récente en relation évidemment avec la budgétaire, relativement important dans la réduction progressive de l'aide extérieure accor- première moitié des années 90 (le déficit repré- dée au pays. sentant alors en moyenne 7,6 % du PIB du pays), Examinons maintenant ce qu' ont été les dé- a légèrement diminué dans la seconde moitié de penses publiques allouées au secteur de cette décennie (le déficit représentait alors entre l'éducation et leur évolution au cours de la der- 3,4 et 6% du PIB du pays). Au cours des années nière décennie. récentes, la dérive budgétaire redevient progres- sivement sérieuse avec un niveau de déficit des finances publiques qui représente 7,9 % du III. Les dépenses publiques PIB du pays en 2003. La raison arithmétique de d'éducation cette dérive est simple : entre 2000 et 2003 et en valeurs courantes, les recettes publiques ont aug- Le tableau I.4, ci-après, propose quelques don- menté de 17 % alors que les dépenses ont atteint, nées agrégées pour les dépenses publiques pour leur part, près de 55 %. d'éducation financées sur ressources nationales Les dépenses courantes représentent en au cours de la période 1993 à 2003. moyenne 50 % des dépenses publiques totales Attachons nous en premier lieu aux dépenses sur la période allant de 1990 à 2000; depuis cette courantes totales pour l'ensemble du secteur (les dernière date, on observe que cette proportion chiffres indiqués concernent de façon agrégée augmente de façon significative pour atteindre les trois ministères, MEPU, MET-FP et MESRS 12 Le Système Educatif Guinéen 12, 67 2003 97,9 66,7 30,1 20,5 18,8 15,4 18,3 19,4 2,04 2,25 147 146,8 162,2 73 2002 87,1 62,9 32,6 23,6 18,7 13,5 12,8 19,7 18,0 2,18 2,38 155 138,4 151,2 6,3 60 2001 73,7 67,9 18,6 17,1 16,3 15,0 16,7 16,2 1,83 1,94 125 108,6 114,9 4,8 -- 58 2000 97,4 67,4 69,2 16,5 16,9 13,5 13,9 16,4 1,79 1,88 118 102,2 12 2,4 56 1999 82,3 59,7 72,5 10,7 13,0 14,6 84,7 23,2 15,9 1,71 1,76 111 8,1 5,2 54 1998 75,2 55,4 73,7 10,8 11,7 15,6 80,4 26,5 15,1 1,69 1,81 105 77 9,3 12 4,7 58 1997 53,4 69,4 14,3 18,6 81,7 24,8 16,2 1,86 1,97 109 2 53 9,3 6,7 9,7 54 1996 69,1 76,8 13,5 71,1 23,1 17,3 1,78 1,83 100 75 7,1 8,1 2,5 90 50 (exécutées/engagées) 1995 60,9 45,7 11,7 13,3 63,4 21,8 15,1 1,66 1,73 6,6 7,2 1,5 89 51 1994 58,1 44,4 76,3 11,3 12,4 59,6 22,3 16,9 1,76 1,80 nationales 44 2,8 4,6 7,6 1993 59,3 74,1 12,6 21,2 66,9 ressources PIB sur GNF) l'État du % de % PIB l'Etat % GNF 2003) GNF) en en en de en de (milliards GNF) dette la GNF d'éducation milliards de (milliards Education Education Education en (000 ans (milliards domestiques d'éducation transferts intérêt 7­16 et 1.4. publiques courantes d'investissement totales courantes hors courantes courantes totales courantes courantes salaires recettes % Fonctionnement dépenses des 2003 population Salaires % Tableau transferts des % de par Dépenses Dépenses Fonctionnement Subventions % Dépenses Dépenses Dépenses Courantes Dépenses Dépenses Dépenses Dépenses Dépenses Le contexte global du développement de l'éducation 13 ou leur équivalent à différents moments du En termes de priorités inter-sectorielles, l'édu- temps). En valeurs nominales, elles ont augmenté cation reçoit une proportion à peu près de 59,3 milliards de GNF en 1993 à 146,8 mil- constante, entre 15,1 et 19,4 % (ce dernier chif- liards de GNF en 2003. Pour mieux apprécier fre pour l'année 2003) des recettes publiques l'évolution réelle, il est préférable de mesurer nationales. Si l'examen est fait sur la base des l'évolution en Francs Guinéens constants; on dépenses courantes hors intérêt de la dette (ce observe alors que les progrès ont été relative- dernier étant alors considéré comme une con- ment modérés entre 1993 et 1998 (de 89 à 105 trainte exogène non exposée à arbitrages), les milliards GNF de 2003, une augmentation de chiffres ont oscillé entre 22 et 26 % dans les 17 %) mais qu'il y a eu une augmentation réelle années 90, et la tendance est à la baisse depuis très sensible depuis, le montant en valeur moné- 2000, le chiffre pour l'année 2003 étant de 18 taire constante de 2003 étant de 50 % plus élevé %. On observera que cette statistique a été fai- pour l'année 2002 que pour l'année 1998. Tou- ble au cours des dernières années eu égard au tefois, on note un tassement au cours de fait que le service de la dette a augmenté de fa- l'exercice budgétaire 2003. çon sensible. Si on examine ces chiffres dans une Une façon complémentaire de mettre en pers- perspective de comparaison internationale, on pective l'évolution des montants de dépenses observe que la proportion de 19 % des recettes courantes pour le secteur est de rapporter les publiques nationales pour les dépenses couran- dépenses (en valeurs monétaires constantes) à tes du secteur est plutôt une valeur basse, le cadre la taille de la population que ces dépenses doi- indicatif pour l'initiative «Fast-Track» suggérant vent potentiellement servir. Le choix de la classe une valeur de référence de 20 %. d'âge de population est un peu arbitraire (mais Le fait que le système éducatif guinéen soit cela a peu de portée car nous sommes surtout en situation de sous-financement public est par intéressé par les évolutions temporelles); nous ailleurs corroboré quand on examine la part des avons choisi ici la population âgée de 7 à 16 dépenses publiques d'éducation dans le Produit ans (correspondant aux âges des enfants scola- Intérieur Brut du pays; cette statistique est pas- risés dans le primaire et le premier cycle sée de 1,8 en 1994 à 2,3 en 2003. Ce chiffre est secondaire). On peut alors observer que les dé- très inférieur à la moyenne des pays à faible re- penses par jeune de 7 à 16 ans n'évoluent que venu en Afrique Subsaharienne qui se situe de façon relativement modeste. En fait, il y a autour de 3 %, le chiffre étant de 3,8 % pour une stagnation presque complète entre 1994 et les pays qui se sont montrés performants en ter- 1999 et une augmentation seulement visible de mes d'achèvement du primaire. Ces derniers façon récente. Cela suggère que les marges pour allouent en moyenne 1,7 % de leur PIB au seul améliorer le système tant en couverture de la niveau primaire, un chiffre qui est proche de ce population qu'en qualité des services offerts ont, que la Guinée alloue pour tout son système édu- au total, été limitées au cours de la dernière catif, pas simplement au niveau primaire. Il sera décennie. donc important d'explorer comment il sera pos- Il est maintenant intéressant de mettre les sible de mobiliser un volume plus important de dépenses courantes (et totales) nationales d'édu- ressources publiques pour le secteur si le sys- cation en relation avec d'autres agrégats tème doit effectivement améliorer sa couverture macroéconomiques, et en particulier pour faire scolaire et la qualité des services offerts. apparaître d'une part le niveau de priorité du Bien qu'on soit ici à un niveau très agrégé, secteur (et son évolution) au sein des arbitrages on peut aussi examiner la structure des dépen- gouvernementaux et d'autre part la mesure de ses courantes entre ses trois grands postes l'effort public global attaché au secteur de d'affectation. Les salaires constituent bien sûr l'éducation. la part majoritaire du budget courant avec un 14 Le Système Educatif Guinéen chiffre de 67 % en 2003 contre un chiffre de en particulier de ressources publiques addition- l'ordre de 75 % dix années auparavant; la part nelles; même si des opportunités existent aussi des salaires est importante mais est donc glo- de mobiliser des ressources d'aide extérieure balement plutôt en réduction. Les dépenses de (dont celles autour de l'initiative accélérée pour fonctionnement (ou les dépenses identifiées la scolarisation primaire Fast Track). La recher- comme telles dans les documents budgétaires) che de gains d'efficacité et d'un usage plus connaissent globalement des variations assez équitable des ressources devra aussi à l'évidence substantielles d'une année à l'autre, entre faire partie des stratégies à suivre. Cela dit, une 11 et 24 % (il est possible que les procédures question importance est celle de déterminer d'affectation au poste des «dépenses de fonc- quelles sont les possibilités de mobiliser un vo- tionnement» ne soient pas très stables). Le poste lume accru de ressources publiques nationales qui connaît la croissance relative la plus mani- pour le secteur. feste est celui des subventions et transferts. Nous Même un calcul très rapide montre que si le n'avons pas, à ce stade, d'indications suffisan- pays devait viser le chiffre de 3,8 % du PIB ob- tes sur le contenu spécifique de ce poste de servé en moyenne dans les pays à faible revenu dépenses. Ce point sera repris avec davantage les plus performants en termes d'achèvement du de détails dans le chapitre 3. Sur la base des primaire, cela imposerait un ajustement subs- données du tableau I.4, on peut considérer en- tantiel par référence à la situation observée en semble les postes de «fonctionnement» et de 2003 (la Guinée allouait alors environ 2,3 % de «subventions et transferts» en imaginant qu'il son PIB au secteur éducatif). Les analyses con- pourrait y avoir des inscriptions de certaines duites dans le contexte du travail analytique à dépenses dans l'un ou l'autre des deux postes la base de l'initiative accélérée montrent que les selon les circonstances. pays comme la Guinée devraient être capable d'une part d'obtenir, en 2015, un niveau de re- cettes publiques correspondant au moins à 16 IV. Les perspectives pour % de leur PIB et d'autre part d'allouer au moins la période à venir 20 % de ces ressources à leur secteur éducatif. L'atteinte du point d'achèvement du PPTE et l'in- En premier lieu, il faut souligner que les pres- sertion de ces objectifs dans la politique sions d'une part pour étendre la couverture du macro-économique du pays et dans son PRSP système à tous les niveaux (dont le primaire seraient alors des conditions nécessaires de réus- avec l'objectif d'achèvement universel en 2015 site. L'atteinte progressive de ces deux chiffres mais aussi le premier cycle secondaire car les (recettes fiscales représentant 16 % du PIB et pressions pour son expansion seront évidem- 20 % de ces recettes pour les dépenses couran- ment croissantes au fur et à mesure que le tes du secteur) aurait comme conséquence que nombre de sortants du primaire augmentera) le pays allouerait alors 3,2 % de son PIB au sec- et pour améliorer la qualité des services offerts, teur; un chiffre qui doit sans doute être considéré seront très grandes. Cela impliquera à l'évidence comme un minimum pour envisager, même avec des politiques éducatives et des stratégies nou- un appui soutenu des partenaires techniques et velles; elles concerneront nécessairement la financiers, la politique éducative dont le pays a mobilisation d'un volume accru de ressources, évidemment besoin. Le contexte global du développement de l'éducation 15 Principaux enseignements du chapitre 1 Ce chapitre traite du contexte démographique et macro-économique auquel le système éducatif est confronté, en termes de nombre d'enfants à scolariser et de ressources publiques mobilisées par le secteur. 1. L'analyse des données démographiques montre que le pays amorce sa transition démogra- phique, la croissance de la population des jeunes de 5-14 ans devant se réduire (de 3,8% entre 1983 et 1996 à 2,4 % entre 1996 et 2015). Toutefois, la pression sur le système restera forte, le nombre d'enfants (de 5-14 ans) à scolariser passerait de 2,2 à 3,1 millions entre 2000 et 2015, soit une augmentation de 43 % sur la période. 2. Les analyses effectuées suggèrent qu'un effort particulier devra être fait pour améliorer la qualité des projections des données démographiques; ce travail aura une dimension techni- que mais aussi politique. Les projections actuelles de population souffrent d'une part de ne pas avoir été faites sur la base de données lissées pour éviter l'incidence des déclarations individuelles qui tendent à privilégier les «âges ronds» et d'autre part d'être globalement surestimées (en raison d'une prise en considération inappropriée de la population des réfu- giés). Ces deux difficultés conduisent à pénaliser la Guinée dans son dialogue sectoriel, les indicateurs scolaires étant sous-estimés et sujets à des variations aléatoires. La consolidation des données démographiques agrégées, commencée dans le cadre du RESEN, devra s'éten- dre aux niveaux désagrégés (urbain/rural, par région, par préfecture...) par année et être validée officiellement (notamment par le Ministère du Plan) pour utilisation d'un jeu unique de données par l'ensemble des ministères et leurs partenaires. 3. Le contexte macroéconomique a été difficile ces dernières années. La croissance économique s'est ralentie, les ressources propres de l'Etat ont baissé, de 15,8 % du PIB en 1990 à 10,5 % en 2003 (avec une quasi-stagnation depuis 1994). Ce chiffre est faible comparé aux 15-16 % observés dans les pays à revenu comparable. Les ressources extérieures sont aussi en baisse (4 % du PIB en 2003 contre 10 % en 1990). Le service de la dette, bien qu'en baisse relative, continue d'exercer une forte pression sur les finances publiques (15 % des dépenses courantes de l'Etat en 2003). Le déficit budgétaire, maîtrisé autour de 3% en 1998, rede- vient important dans la période récente (8 % du PIB en 2003). 4. Les dépenses courantes d'éducation sont en augmentation et représentent 19 % des ressour- ces internes de l'Etat en 2003, contre une moyenne de l'ordre de 20 % dans les pays africains et sensiblement plus dans certains d'entre eux. La conjonction d'une pression fiscale faible et d'une priorité modérée pour l'éducation dans les arbitrages budgétaires conduit à ce que les dépenses publiques d'éducation ne représentent que 2,2 % du PIB; cette proportion est relativement faible, comparée aux 3,8 % observés dans les pays les plus performants pour atteindre la scolarisation primaire universelle. Il n'est pas superflu de préciser que même si la Guinée parvenait à avoir un taux de pression fiscale de 15 % et à allouer 22 % des recettes de l'Etat au fonctionnement du secteur éducation, la part du PIB allouée à l'éducation se chiffrerait à 3,3 % et resterait toujours inférieure à la valeur de référence obtenue dans les pays les plus performants. Ce résultat suggère qu'un travail important reste à faire i) au niveau macro pour améliorer la pression fiscale et ii) au niveau des arbitrages inter-sectoriels pour accorder une plus grande priorité à l'éducation et être plus en ligne avec les déclarations publiques. CHAPITRE 2 L'analyse globale des scolarisations C e chapitre propose tout d'abord une gnement: le préscolaire (2 ou 3 années), l'ensei- description de la structure des scola- gnement primaire (6 années), l'enseignement risations par niveau d'enseignement secondaire qui est divisé en deux cycles, le Col- ainsi que son évolution au cours des lège (4 années) et le Lycée (3 années), 10 ou 15 dernières années. Il aborde ensuite l'enseignement technique et professionnel (du- l'analyse des scolarisations selon plusieurs an- rées variables) et l'enseignement supérieur gles: i) de façon globale en rapportant les (durées variables). effectifs scolarisés aux populations en âge de En complément des aspects démographiques l'être, ce qui conduit à l'estimation des taux de concernant la population totale guinéenne d'ici scolarisation; ii) de façon plus fine par l'esti- 2015, traités dans le chapitre 1, ce chapitre fait mation et l'analyse des profils de scolarisation également le point des données démographiques qui fournissent une image plus juste du parcours (population scolarisable) utilisées dans le calcul scolaire d'une cohorte à chacun des niveaux du des différents indicateurs scolaires. système éducatif, iii) du point de vue de l'effi- cience du système éducatif en termes de couverture scolaire, en mettant en regard la du- rée moyenne de scolarisation avec les ressources I. Point sur les données publiques mobilisées pour le secteur de l'édu- de population utilisée cation. Le chapitre abordera enfin la question La couverture scolaire peut se mesurer de plu- de l'identification et de l'estimation du poids sieurs façons, la plus utilisée consiste à mettre relatif des facteurs d'offre et de demande en regard les effectifs scolarisés et la population dans l'explication des problèmes de scolarisa- d'âge scolaire. Il est fait mention dans le chapi- tion mis en évidence dans les profils de tre 1 de l'importance d'une bonne maîtrise des scolarisation. données de population dans la mesure où elles Mais avant cela, c'est le lieu de rappeler que déterminent i) la population que le système doit la structure du système éducatif formel guinéen être en mesure d'accueillir, mais aussi ii) la fia- est semblable à celle de la plupart des pays de la bilité des indicateurs scolaires. Il est donc région. Il se compose de quatre ordres d'ensei- nécessaire de faire une première analyse des don- 17 18 Le Système Educatif Guinéen nées de population qui, par la suite, serviront de la courbe brute (graphique II.1, données dé- de base aux calculs des différents taux de cou- clarées), la méthode exponentielle a été retenue verture scolaire. Rappelons qu'en ce qui en tant que technique de lissage en considérant concerne la démographie, deux points essentiels la population totale des 2­25 ans comme juste. doivent être considérés. En premier lieu, celui Le tableau II.1, ci-après, reprend les données traitant de l'évolution globale de la population déclarées par âge du recensement et les données (point analysé dans le chapitre 1) et en second ajustées avec les écarts constatés entre les deux lieu, celui traitant de la structure par âge de la valeurs. population, en particulier de la population d'âge Concernant l'hypothèse d'accroissement de la scolaire. population, on constate que le taux de crois- L'analyse des données brutes de population sance de 3,2 % utilisé pour la projection des par classe d'âge issue du dernier recensement données de la population d'âge scolaire n'est pas démographique de 1996, montre que l'âge des éloigné du taux d'accroissement inter censitaire individus reste très approximatif. Le graphique de 3,3 % calculé dans le chapitre 1 de ce docu- ci-après illustre de façon parfaite ces aléas sur la ment (2,7 % pour la population globale + 0,6 connaissance qu'ont les individus de leur âge. de différentiel annuel de croissance entre la po- Sur ce graphique apparaît clairement le phé- pulation jeune et la population totale). Cela dit, nomène des «âges ronds» bien connu des comme il a été explicité dans le chapitre 1, un démographes. En effet, en l'absence de bulletins taux de 2,5 % serait plus conforme à la projec- de naissance, et par méconnaissance de leur âge tion de la population jeune à partir de la réel, les individus quand ils déclarent leur âge population recensée en 1996 du fait du gonfle- ont tendance à donner des chiffres terminant par ment du taux inter censitaire par l'arrivée zéro ou cinq. Un travail de lissage de ces don- massive de réfugiés pendant la période inter cen- nées a donc été effectué. En raison de la forme sitaire. Graphique II.1. Population 2­26 ans en 1996 350000 données déclarées 300000 données ajustées 250000 200000 Effectifs 150000 100000 50000 0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 Ages L'analyse globale des scolarisations 19 Tableau II.1. Population âgée de 2 à 25 ans, déclarée et ajustée, 1996 Age Déclarée ajustée Ecart Age déclarée ajustée Ecart 2 254 131 290 751 ­36 620 14 129 182 162 271 ­33 089 3 309 202 276 959 32 243 15 156 012 154 573 1 439 4 283 485 263 820 19 665 16 126 374 147 241 ­20 867 5 286 528 251 305 35 223 17 121 556 140 256 ­18 700 6 246 659 239 384 7 275 18 166 329 133 602 32 727 7 266 382 228 028 38 354 19 90 791 127 265 ­36 474 8 229 873 217 211 12 662 20 192 444 121 227 71 217 9 180 811 206 907 ­26 096 21 69 640 115 477 ­45 837 10 207 863 197 092 10 771 22 106 944 109 999 ­3 055 11 126 122 187 742 ­61 620 23 74 052 104 781 ­30 729 12 180 910 178 836 2 074 24 74 344 99 810 ­25 466 13 132 722 170 352 ­37 630 25 188 119 95 075 93 044 Population Population 7­12 ans 1 191 961 1 215 815 ­23 854 2­25 ans 4 310 530 4 310 530 0 II. Analyse globale de la couverture bliques et 106 sont communautaires. Du point éducative par niveau d'études et son de vue institutionnel, l'enseignement préscolaire évolution dépend du ministère des affaires sociales de la promotion féminine et de l'enfance. II.1 Evolutions des effectifs scolaires par Même s'il reste peu développé, sur les 7 an- niveau et type d'enseignement nées scolaires pour lesquelles des données sont disponibles (de 1993 à 1997, puis 2003), on Avant de rentrer dans l'analyse détaillée par ni- constate un accroissement très substantiel des veau d'études, le tableau suivant présente une effectifs du préscolaire. Le nombre d'enfants vue globale de l'évolution des effectifs d'élèves scolarisés est ainsi passé de 10 000 à environ dans le système. 68 000. Entre 1993 et 1997, le rythme moyen annuel d'accroissement dépassait 30%, il se si- II.1.1 L'enseignement préscolaire tue autour de 14 % sur les cinq dernières années. Le préscolaire public n'est pour l'instant présent Cet enseignement a une durée théorique de trois que dans la région de Conakry. Quand à l'en- ans et les enfants y sont reçus dès l'âge de trois seignement communautaire, il scolarisait un peu ans. Il est principalement localisé en zone ur- plus de 8 % des enfants en 2003 et est essentiel- baine. En 2003, la ville de Conakry à elle seule lement développé dans les régions de N'zérékoré scolarise près de la moitié des 68 000 inscrits. (49 % des élèves des établissements communau- Le secteur privé y est dominant, seulement 3 taires du pays), Faranah (22 %), et Kindia écoles sur les 1337 existantes en 2003 sont pu- (20%). 20 Le Système Educatif Guinéen annuel % % % % % % période 8 6,0 % % % % la 9, 8,4 1,7 6,7 12,3 12,0 13,1 18,6 30,9 12,9% 11,6% 19,0% Accroissement moyen sur 881 724 126 828 056 242 400 290 110 748 100 648 947 486 068 267 682 151 223 735 498 5 67 91%­ 7 5 4 3 2 461­ 5 23 76 31 24 14 11 22 16 2003­04 163 905 234 340 264 3 1 -- -- -- 192 837 492 863 354 456 898 375 527 848 360 899 008 267 155 151 461 361 486 875 7 9 5 4 2 2 3 3 19 68 36 28 13 16 12 2002­03 081 842 218 294 225 1 -- -- 645 226 393 026 089 404 685 255 085 828 946 980 530 900 257 819 555 264 9 4 2 2 1 3 3 16 61 27 13 14 11 2001­02 997 776 205 271 209 -- ---- -- 623 481 -- 142 567 009 558 021 166 719 153 381 132 185 447 500 610 890 9 5 2 2 2 3 2 47 19 13 13 10 2000­01 853 690 163 232 185 fourni. -- -- 497 430 -- pas 067 494 826 668 835 049 840 546 452 269 842 209 682 160 522 7 4 1 1 1 3 9 2 33 15 11 11 1999­00 790 663 127 189 155 n'est privé 736 ---- % 835 162 -- 673 243 021 222 128 047 047 346 403 284 298 -- 312 939 373 92 8 6 6 4 1 8 6 1 23 61 31 1996­97 649 588 143 112 % 850 161 -- -- -- 517 825 692 -- 623 623 070 179 -- 374 -- 646 370 276 (1990-2003) 92 5 5 4 1 8 7 1 21 99 27 l'enseignement 1995­96 584 127 pour % 908 729 -- -- -- 232 219 013 -- 642 642 906 402 -- 334 -- 398 536 862 95 5 5 3 1 6 5 15 94 26 détail 1994­95 544 120 le d'enseignement, 260 ------ % 792 888 -- 896 684 257 427 -- 740 740 009 740 -- 991 -- 023 106 917 95 5 5 4 7 6 lorsque 10 19 85 23 1993­94 471 451 108 niveau même par -- -- -- 807 -- -- -- 674 369 305 -- -- -- -- -- -- -- -- 172 487 685 5 4 75 60 15 privé, 1990­91 346 du d'élèves ceux (1) effectifs privé le professionnel B supérieur incluent II.2. des Général & et publiques dans (1) privé formation A A B maîtres publics communautaire le chiffres Part Collège Lycée Collège Lycée Type Type dont des Types Tableau Dont Public Communautaire Privé Dans Public Privé les Evolution Pré-scolaire Primaire Secondaire Technique Enseignement Universités Instituts spécialisés (1) L'analyse globale des scolarisations 21 II.1.2 L'enseignement primaire tions n'est donc pas prise en compte dans ces statistiques, d'où une sous-estimation des élè- Avant toutes choses, il est utile de faire le point ves scolarisés dans les premiers niveaux, et plus sur le niveau de couverture des enquêtes scolai- généralement de l'effectif total des élèves de l'en- res. Une première analyse des profils de seignement primaire. scolarisation, qui sera détaillée davantage dans Pour l'année scolaire 2003-04, sur la base des la suite de ce chapitre, sur la base des données écoles fonctionnelles, et exclusion faite de celles brutes collectées par le service de statistiques du à recrutement alterné, on dénombre environ 400 ministère montre un taux d'accès en 2ème année écoles sans nouveau recrutement au moment de du primaire plus élevé que celui de la 1ère année. l'enquête scolaire alors que dans le même temps, Ce phénomène, dans le cas de la Guinée, est plu- les autres niveaux étaient déjà fonctionnels. En tôt structurel car on le retrouve sur plusieurs reportant sur cette année l'effectif des nouveaux années. A priori, il ne s'explique donc pas, par entrants de l'année précédente, c'est-à-dire en des raisons simplement conjoncturelles qui faisant la double hypothèses que, d'un côté il auraient influencé pour une période limitée le n'y a pas eu d'augmentation des nouveaux en- fonctionnement du système éducatif ou perturbé trants entre les deux années dans ces la collecte des données scolaires. établissements et de l'autre que, ces écoles vont L'incohérence apparente s'explique plutôt par recruter comme dans le passé, on augmente les le fait que certains élèves sont directement comp- effectifs de la première année d'environ 15 000 tabilisés en 2ème année sans être passés par la 1ère élèves. Concernant les années antérieures, la re- année, ceci pour plusieurs raisons. La première constitution des effectifs de nouveaux entrants peut être liée au fait qu'une partie des enfants peut se faire sur la base des non-redoublants de ayant suivi tous les niveaux de l'enseignement 2ème année de l'année suivante. Par cette méthode, préscolaire avec des compétences jugées suffi- pour l'année scolaire 2002/03, on augmente le santes accèdent directement en 2ème année. Sur nombre d'élèves d'environ 8 000. Les données la base des élèves scolarisés dans le préscolaire concernant les effectifs d'élèves de l'enseigne- en 2002, on estime cet effectif à 25 000 élèves. ment primaire du tableau présenté en début de Mais cet argument à lui seul ne peut expliquer ce chapitre tient compte de ces corrections et l'ensemble de l'écart constaté. Pour revenir aux diffèrent donc légèrement de celles fournies par problèmes liés à la collecte de données scolaires le service de statistique et de la planification et à leur exploitation, une analyse plus appro- (SSP). fondie montre clairement une sous-estimation Ceci étant, l'analyse de l'évolution des effec- du nombre d'enfants nouvellement admis en 1ère tifs d'élèves, montre une augmentation régulière année d'études. En mettant en relation les don- et importante du nombre d'enfants scolarisés nées par école sur plusieurs années, on constate comme l'illustre le graphique ci-après. que, certaines écoles n'ont pas encore fait le re- Au début des années 70 alors qu'on comptait crutement des nouveaux élèves au moment de à peine 200 000 enfants scolarisés dans l'ensei- la collecte de données. La pratique montre qu'en gnement primaire, en 2003 ils sont plus de 1 160 début d'année, les écoles utilisent en priorité les 000 à bénéficier des services éducatifs de base. moyens disponibles, en l'occurrence le person- Si on se limite uniquement au début des années nel enseignant, dans les niveaux les plus élevés, 90, les effectifs ont été multipliés par 3,3 en vo- ce qui fait qu'au moment de la campagne de lume, ce qui correspond en moyenne à un rythme collecte des données statistiques, ces écoles ne d'accroissement annuel de 9,8%. Ce rythme a disposent pas encore de classes de 1ère année. été relativement soutenu sur la période et a même L'arrivée tardive dans ces écoles de nouveaux connu une accélération au début des années enseignants, conditionnant de nouvelles inscrip- 2000. Cette augmentation des effectifs tient en 22 Le Système Educatif Guinéen grande partie à l'augmentation des inscriptions L'augmentation des effectifs scolaires tient en en 1ère année. partie à l'extension de l'offre scolaire étatique Le graphique II.3 présente l'évolution des nou- mais également à l'augmentation du nombre veaux entrants entre 1990 et 2003 et illustre d'établissements privés ainsi qu'à l'émergence encore mieux l'accélération évoquée plus haut. d'une offre communautaire en milieu rural. En Graphique II.2. Evolution des effectifs d'élèves du primaire (en milliers). 1970­2003 1300 1100 900 700 Effectifs 500 300 100 1970/71 1980/81 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 Années Graphique II.3. Effectif des nouveaux entrants en 1ère année (en milliers). 1999­2003 250 200 150 Effectifs 100 50 0 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 Années L'analyse globale des scolarisations 23 effet, la proportion d'élèves scolarisés dans les II.1.3 L'enseignement secondaire général structures privées n'a cessé d'augmenter, passant (1er et 2nd cycle) de 4% en 1993 à 20% en 2003. Ce type d'en- seignement est particulièrement développé dans Le premier cycle de l'enseignement secondaire la région de Conakry où 85% des écoles sont général se déroule dans les collèges pour une privées (scolarisant 53% des élèves de la ville). durée de quatre ans. L'âge théorique d'entrée est Ces établissements fournissent à leurs élèves les de 13 ans, et les élèves y sont reçus à l'issue du mêmes programmes que ceux des écoles publi- CEPE qui fait office de concours d'entrée en 7ème ques. Les élèves du privé passent le même année (la première année du collège). Le examen de fin de cycle, le CEPE (Certificat d'Etu- deuxième cycle s'effectue dans les lycées et dure des Primaires Elémentaire). On distingue deux trois ans. Les élèves titulaires du brevet d'études types d'établissements privés : les établissements du premier cycle y sont admis à partir de l'âge privés laïcs (72% des élèves du privé en 2003/ de 17 ans. 04) et les établissements confessionnels (28%). A l'instar des effectifs de l'enseignement pri- En plus de ces structures privées on note égale- maire, ceux des deux cycles de l'enseignement ment l'émergence d'écoles communautaires, secondaire général ont suivi une évolution crois- d'initiatives locales essentiellement en milieu sante, avec un relèvement de tendance très rural. Même si ces écoles ne représentent encore marqué depuis 1999/2000. Cette nette accélé- qu'une très faible proportion des structures édu- ration est la répercussion de la dynamique catives du pays (419 écoles scolarisant 1,6% des observée 6 ou 8 années plus tôt dans la couver- élèves en 2003/04), elles sont néanmoins le si- ture de l'enseignement primaire. Cette évolution gne manifeste 1) d'une forte demande de a permis de tripler la couverture scolaire, aussi scolarisation de la population guinéenne et 2) bien dans le 1er que le 2nd cycle, avec un accrois- d'une offre publique lacunaire ou inadaptée dans sement annuel moyen des effectifs de 12 % au certaines zones. collège et de 13,1 % au Lycée. Le secteur privé Graphique II.4. Evolution des élèves scolarisés dans le secondaire général 1990­2003 300 Collège 250 Lycée 200 (000) 150 Effectifs 100 50 0 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 Années 24 Le Système Educatif Guinéen a joué un rôle essentiel dans l'expansion quanti- eaux et forêts), secondaire (construction, éner- tative de ce niveau d'enseignement ; la gétique, industrie, etc.) et tertiaire (commerce, proportion des élèves scolarisés dans le privé a gestion, tourisme, télécommunications, trans- doublé en cinq ans (12,5 % en 2003 contre 6 % port). Contrairement aux deux premières, la en 1998). Le graphique suivant présente l'évo- demande de formations dans le tertiaire s'est lution des effectifs scolarisés dans le secondaire considérablement accrue au cours des 10 der- général depuis 1990. nières années. En 2003, 73 % des effectifs scolarisés dans l'enseignement technique et pro- II.1.4 L'enseignement technique et fessionnel étaient inscrits dans les filières professionnel tertiaires et près de 24 % dans les filières secon- daires. Les inscriptions dans les formations du L'enseignement technique et professionnel re- primaire ont par contre été toujours faibles, et groupe deux types de formations : le type A que depuis 5 ans elles sont en net recul et se situent les élèves intègrent après le collège et qui est en 2003 autour de 3 % des inscrits. Le chapitre constitué majoritairement des Centres de For- 5 de ce rapport examinera dans quelle mesure mation Professionnelle (CFP) et le type B qui cette répartition des effectifs est en ligne avec propose aux élèves ayant le Baccalauréat, une les demandes en main d'oeuvre qualifiée expri- formation d'un niveau plus élevé. Les formations mées par les différents secteurs de l'économie de type A et B ont une durée de trois ans et cou- guinéenne. vrent tous les secteurs de l'activité économique. Même si le secteur public reste majoritaire On distingue ainsi les formations dans le sec- dans cet ordre d'enseignement, des structures teur économique primaire (agriculture, élevage, privées existent également et offrent essentielle- Graphique II.5. Répartition des élèves de l'enseignement technique et professionnel selon les trois niveaux de formation 1991­2003 80% 60% 40% 20% 0% 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 Secteur primaire Secteur secondaire Secteur tertiaire *Ces trois courbes sont complémentaires (leur somme pour une année donnée vaut 100%) L'analyse globale des scolarisations 25 Graphique II.6. Evolution des élèves scolarisés dans l'enseignement technique et professionnel 1991­2003 15000 12500 10000 Création de la Formation Initiale des Effectifs Maîtres de Guinée 7500 5000 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 Années ment des formations dans le secteur tertiaire. En nombre des étudiants formés dans les différen- 2003, on en dénombrait une trentaine qui ac- tes écoles normales d'instituteurs (ENI) s'est cueillaient 23 % des élèves. La répartition des accéléré, de 228 en 1996/97 à 2 985 l'année sui- effectifs dans les trois types de formation au vante, et a continué à progresser. Depuis la cours des 10 dernières années est présentée dans création de la FIMG, 2000 diplômés sortent en le graphique II.4. moyenne des ENI chaque année. Dans le secteur public, outre les CFP (qui sco- larisent 21 % des effectifs en 2003), les II.1.5 L'enseignement supérieur formations se déroulent dans des Ecoles Natio- nales (d'agriculture et d'élevage, de secrétariat, Le pays compte deux universités et quatre insti- de la santé, des postes et télécommunications, des tuts supérieurs : l'Université de Conakry, eaux et forêts, des arts et métiers...) ou dans des l'Université de Kankan, l'Institut Supérieur des Ecoles Normales (d'instituteurs ou ENI, supérieur Mines et de Géologie (ISMG) de Boké, l'Institut d'enseignement technique ou ENSET, de santé, Supérieur Agronomique et Vétérinaire (ISAV) de ou ENS). L'ENSET n'a pas recruté d'étudiants Faranah, l'Institut Supérieur de Sciences de depuis 1997; après 3 années d'interruption, les l'Education de Guinée (ISSEG Manéah). Il existe recrutements ont repris à l'Ecole Nationale de également deux centres universitaires, de créa- Santé de Kindia. Le graphique II.5 présente l'évo- tion récente (2001): ceux de Labé (rattaché à lution des effectifs dans l'enseignement technique l'université de Conakry5) et de N'zérékoré (rat- et professionnel entre 1992­2003. taché à l'université de Kankan). Il existe Les effectifs scolarisés dans des établissements d'enseignement technique ou de formation pro- fessionnelle sont restés en dessous de 6000 5 Le centre universitaire de Labé (resp. de jusqu'en 1997. Suite à la création de la forma- N'zérékoré) utilise les enseignants de l'université tion initiale des maîtres en guinée (FIMG), le de Conakry (resp. Kankan). 26 Le Système Educatif Guinéen Graphique II.7. Evolution du nombre d'étudiants dans l'enseignement supérieur public entre 1990 et 2003 24 000 Enseignement supérieur public 20 000 Universités publiques Instituts publics Spécialisés 16 000 12 000 Effectifs 8 000 4 000 0 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 Années Tableau II.3. Répartition des étudiants du supérieur (universités et instituts supérieurs publics) par domaine de forma- tion, en 2002 Domaine de formation/filière Nombre d'étudiants Part des effectifs Lettres et sciences humaines 1793 11,0% Sciences sociales 1382 8,4% Economie, gestion, droit 2992 18,3% Sciences de l'éducation 246 1,5% Sciences fondamentales 3817 23,3% Sciences techniques 4317 26,4% Médecine, pharmacie 1814 11,1% Ensemble des étudiants 16361 100,0% également 13 établissements privés, de plus pe- à environ 22 200 en 2003), ce qui correspond à tite taille, agréés par le gouvernement et financés un rythme moyen de croissance annuel de 12 par les frais de scolarité demandés aux étudiants. %. Cette forte progression dans la couverture Les données portant sur les établissements pri- de l'enseignement supérieur a été encore plus vés ne sont pas disponibles. prononcée dans les instituts supérieurs (avec un Au cours de la décennie, les effectifs de l'en- taux moyen annuel de croissance des effectifs seignement supérieur public ont presque qui avoisine les 15 %) que dans les universités quadruplés (un peu de 5 000 étudiants en 1990 (11 %). L'analyse globale des scolarisations 27 En 2002, sur les 16 361 étudiants dénombrés disponible, à compléter les estimations faites à dans l'enseignement supérieur public, 61 % sont partir des données administratives par les in- inscrits dans les filières de sciences ou techniques formations fournies par cette enquête. En effet, (sciences fondamentales, sciences techniques, les enquêtes ménages ont l'avantage de fournir médecine et pharmacie) contre 39 % en lettres, à un moment donné, des informations à la fois sciences humaines ou sociales. Il est à noter qu'en sur le numérateur (les enfants scolarisés) et le moyenne sur le continent, on observe générale- dénominateur (le nombre total des enfants qu'ils ment une prédominance des filières littéraires sur soient scolarisés ou non) à partir d'une même les filières scientifiques. Au Sénégal par exem- source. Néanmoins il existe deux limites impor- ple, en 2002, la proportion des inscrits en lettres tantes à l'utilisation des données d'enquêtes ou sciences sociales était de 73 %. ménages. Comme toutes les enquêtes par échantillonnage, 1) elles souffrent des aléas as- II.2. La mesure et l'évolution sociés à leur taille limitée et 2) elles ne sont des taux de scolarisation disponibles qu'à certaines dates, n'autorisant pas la construction des séries dans le temps Deux sources de données peuvent être mobili- comme c'est le cas à partir des statistiques ad- sées pour le calcul de ces indicateurs, il s'agit ministratives. Compte tenu des problèmes évoqués sur les i) des données administratives des services sta- données de population, qui nous ont amené à ré tistiques des différents ministères en charge estimer les données de population sur la base de l'éducation accompagnées de celles démo- des chiffres du recensement de 1996, le recours graphiques à une enquête ménage s'avère important et né- ii) des données issues d'enquêtes ménages réali- cessaire dans le cas de la Guinée. sées à l'échelle du pays sur un échantillon de ménages. II.2.1 Analyse à partir des données d'une enquête de ménages L'utilisation des statistiques administratives suppose de disposer également de données dé- Les données utilisées sont celles de l'enquête mographiques fiables sur le nombre d'enfants QUIBB (Questionnaire des Indicateurs de Base scolarisables à chaque ordre d'enseignement. En de Bien être), réalisée du 24 octobre 2002 au 24 début de chapitre, nous avons déjà évoqué les février 2003 par la Direction Nationale de la implications d'une estimation imprécise des don- Statistique avec l'appui de la Banque Mondiale nées de population sur les indicateurs de et du PNUD. Elle a porté sur un échantillon de couverture scolaire. En effet, une surestimation 7 612 ménages dont 4 032 en milieu urbain et 3 (respectivement une sous estimation) des don- 580 en milieu rural, regroupant 56 762 indivi- nées de population revient à sous estimer dus dont 27 336 de sexe masculin et 29 426 de (respectivement à surestimer) les principaux in- sexe féminin. Après pondération, on estime à dicateurs de couverture (taux brut de 9 214 123 la population totale en fin 2002 dont scolarisation, taux d'accès, taux d'achèvement), 2 722 863 en milieu urbain et 6 491 260 en et donc à sous évaluer (respectivement à sur éva- milieu rural. La population scolarisable (les 3 à luer) la couverture quantitative du système en 25 ans) est estimée à 5 270 073 soit 57 % de la termes d'accès et d'achèvement à chacun des population totale. Outre les caractéristiques per- niveaux d'enseignement. sonnelles (sexe, âge, milieu de résidence revenu Pour avoir une mesure solide et consolidée de la famille) on connaît pour les individus sco- de ces indicateurs, une pratique souhaitable con- larisés au moment de l'enquête leur niveau de siste, si une enquête ménage récente est scolarisation. 28 Le Système Educatif Guinéen 20 2,5 4,3 5,9 9,8 5,6 8,2 3,2 1,7 2,4 1,1 75,2 45,7 217,6 142,3 19 3,2 2,8 5,1 7,6 9,1 6,7 3,8 1,7 1,2 1,9 0,3 67,1 60,1 43,7 127,2 18 7,5 6,4 8,0 3,8 1,1 2,0 1,2 0,4 95,0 69,5 12,8 12,9 13,0 226,4 131,4 17 6,8 2,4 2,1 0,3 0,9 0,5 91,3 90,6 72,7 13,0 10,1 11,4 11,9 13,2 181,8 5,2 7,8 1,4 0,3 0,6 0,3 0,1 16 80,0 95,9 83,9 10,7 18,7 14,2 12,6 11,9 175,9 7,4 5,9 4,1 1,3 0,5 0,1 15 14,7 16,7 27,4 19,3 14,4 244,8 117,6 127,3 111,7 4,8 9,8 8,3 3,7 1,0 14 81,8 19,7 23,1 32,4 14,3 213,4 131,6 117,2 3,3 9,5 4,2 1,5 0,2 13 88,5 19,9 27,8 33,3 26,5 11,4 236,7 148,3 137,7 7,1 1,1 0,6 12 11,0 22,2 35,5 39,6 36,2 21,5 302,7 118,3 184,4 174,7 11 6,9 1,6 0,5 67,8 13,6 19,6 33,9 33,6 18,4 201,1 133,3 128,3 l'enquête 10 4,4 0,2 24,4 51,3 60,4 37,9 16,5 de 318,2 115,5 202,7 195,1 9 0,5 4,0 0,7 30,0 53,2 38,7 16,0 257,0 110,0 146,9 143,1 moment au 8 0,7 8,8 3,4 66,8 68,2 31,4 339,2 155,0 184,2 179,2 ans 5­20 7 2,4 3,1 44,1 11,9 363,0 197,4 165,6 163,1 101,6 de 6 3,2 âgée 15,7 63,0 24,0 336,9 228,8 108,1 106,0 5 5,6 57,8 56,8 18,6 32,6 335,1 277,3 population la A. A. A. de l'école ère ème ème à l'école 1 2 3 à II.4. l'école été Prof. Prof. Prof. éducatif d'individus fréquentée Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année milliers jamais Année Année Tableau fréquenté ème ème ème Statut Age En Nombre N'a A Actuellement Classe Maternelle ère1 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème 7ème 8ème ème 10 11 12 Terminale Technique Technique Technique L'analyse globale des scolarisations 29 Tableau II.5. Taux brut de scolarisation par niveau d'enseignement dans le QUIBB (2002/2003) Effectifs Population scolarisable TBS (%) Primaire 1 400 403 1 789 761 80,4 Secondaire général 1er cycle 302286 873 105 34,6 Secondaire général 2nd cycle 97321 537 737 18,1 Source : Enquête QUIBB (octobre 2002 février 2003) A partir de ces informations, on peut identi- seignement comme l'a montré l'analyse des ef- fier, au moment de l'enquête et pour chaque âge, fectifs scolaires. La couverture scolaire dans le les individus selon leur statut scolaire, c'est- à- préscolaire reste encore très faible, même si des dire selon qu'ils sont scolarisés ou non. Par progrès sensibles ont été réalisés, le taux brut de ailleurs, pour chacun de ceux qui sont scolari- scolarisation étant passé de 1,1 % en 1993 à sés, on peut connaître le niveau éducatif et la 5,7 % en 2003. classe. Ces différents comptages de base sont Pour les autres niveaux pré-universitaires, on repris dans le tableau II.4, ci-après. constate une légère différence entre les TBS cal- A partir du tableau précédent on peut calcu- culés à partir du QUIBB et ceux calculés à partir ler le taux brut de scolarisation à chaque niveau des statistiques administratives pour l'année sco- d'enseignement en rapportant directement les laire 2002, les premiers sont légèrement effectifs scolarisés à celui de la population en supérieurs aux seconds. Cette différence peut âge d'être inscrite à chaque niveau d'enseigne- avoir une double explication: i) soit les données ment reconstituée à partir de la même source. de population sont surestimées, ii) soit les statis- Le tableau II.5 présente les taux bruts calculés tiques scolaires sont sous estimées (il n'est pour le primaire et les deux premiers cycles du certainement pas faux de penser que l'enquête an- secondaire général à partir du QUIBB. nuelle du SSP ne couvrent pas absolument tous Sur le plan de la couverture scolaire, le TBS les établissements scolaires à l'échelle du pays). estimé est de 80 % pour le primaire, 35 % dans Ceci étant dit, la différence entre les deux sources le secondaire 1er cycle et de 18 % dans le se- est assez faible et ne mérite pas une analyse plus condaire 2nd cycle pour l'année scolaire approfondie; ce sont les ordres de grandeurs qui 2002­2003. nous intéressent dans le cadre de cette analyse. Aussi, il est certain que le TBS dans le pri- II.2.2 Analyse à partir des statistiques maire a évolué positivement depuis 1990, administratives et des projections de passant de 34 % à cette date à 81 % en 2003. population Cette évolution positive a été ponctuée par des phases de forte augmentation de la couverture A partir des données administratives et de cel- scolaire; entre les années 1991 et 1992 (+4,8 %); les de population estimées, les indicateurs de entre 1993 et 1994 (+5,1 %) et tout récemment couverture (Taux Bruts de Scolarisation) par entre les années scolaires 2000 et 2001 (+9 %). niveau d'enseignement ont été calculés depuis En comparant la Guinée par rapport aux 1990 afin de suivre leur évolution. Les résultats autres pays de la sous région, on constate sont consignés dans le tableau II.6. d'abord que l'évolution dans la couverture sco- On constate une augmentation régulière des laire du primaire a été très positive; en effet, alors taux de couverture à chacun des niveaux de l'en- que le pays était très en retard globalement par 30 Le Système Educatif Guinéen Tableau II.6. Couverture scolaire (TBS en %) par niveau d'enseignement (199­2003) Préscolaire Primaire Collège Lycée Technique & professionnel Supérieur public Groupe d'âge de la population de référence pour le TBS Elèves pour 100 000 Etudiants pour Années (3­6 ans) (7­12 ans) (13­16 ans) (17­19 ans) Habitants 100 000 Habitants 1990­91 34,4 11,5 4,6 86 1991­92 34,6 13,0 5,1 92 113 1992­93 39,4 13,6 6,1 85 104 1993­94 1,1 42,6 14,8 6,4 87 106 1994­95 1,6 47,7 15,8 6,9 83 94 1995­96 2,2 49,6 16,8 7,3 80 123 1996­97 2,3 53,4 17,7 7,8 84 116 1997­98 55,8 19,2 7,0 122 133 1998­99 59,8 20,4 7,2 105 133 1999­00 60,6 23,6 8,3 145 153 2000­01 63,9 26,5 10,8 169 173 2001­02 72,9 29,3 13,7 164 186 2002­03 77,1 30,8 14,9 164 201 2003­04 5,7 81,0 35,3 15,8 180 268 rapport aux pays considérés ici en 1990 (retard effectifs des établissements offrant des formations de 16 points dans le TBS en 1990), il est main- de type A et des formations de type B n'est pos- tenant à un niveau un peu plus élevé de TBS du sible que pour les 3 dernières années. L'âge officiel primaire que ce groupe de pays. Toutefois, en d'entrée au supérieur est quant à lui connu (20 2003, le TBS de la Guinée reste encore en deçà ans), mais il est ouvert aux individus à n'importe de celui observé dans les pays tels que le Bénin, quel âge (possibilité de réintégration pour un troi- la Mauritanie et le Togo. sième cycle ou pour des formations continues Dans le 1er cycle du secondaire, le TBS est pour des professionnels par exemple) et la durée quant à lui passé de 11,5% en 1990 à 35,3% en des formations (et donc les groupes d'âge cor- 2003, celui du 2nd cycle est passé de 4,6% à 16% respondants) est très variable. Pour ces différentes sur la même période. raisons, l'indicateur du nombre d'élèves ou d'étu- Pour décrire l'évolution de la couverture sco- diants pour 100 000 habitants est plus pertinent laire aux niveaux de l'enseignement technique et que le taux brut de scolarisation pour ces niveaux de l'enseignement supérieur, le taux brut de d'enseignements. scolarisation est peu pertinent. En ce qui con- Dans l'enseignement technique, le nombre cerne l'enseignement technique, l'âge officiel d'élèves pour 100 000 habitants a doublé sur les d'accès est imprécis (il se chevauche entre ceux dix dernières années passant de 90 en moyenne du secondaire 1er et 2nd cycle) et la séparation des au début des années 90 à 180 en 2003. Dans l'en- L'analyse globale des scolarisations 31 Tableau II.7. relation positive entre la couverture scolaire de Comparaison internationale du TBS du primaire l'enseignement supérieur et le PIB par habitant. (en 1990 et 2003) Le graphique ci-après confirme cette relation (le coefficient de corrélation entre les deux gran- Taux brut de scolarisation deurs est estimé est de 0,8) entre la couverture au primaire (en %) scolaire de l'enseignement supérieur et le PIB par Pays 1990 2003 habitant. Sur la base de cette relation, on peut estimer Guinée 34 81 le nombre d'étudiants pour 100 000 habitants Bénin 58 97 que le pays devrait avoir compte tenu de son Burkina Faso 33 50 niveau du PIB. La valeur ainsi estimée pour l'an- Mali 27 61 née 2000 est plus élevée (environ 290 étudiants Mauritanie 49 88 pour 100 000 habitants) que celle observée (1736 en 2000, 268 en 2003). Cela dit, si cette Niger 29 48 valeur comparative internationale estimée peut Sénégal 59 79 certes servir de balise de référence, il serait aussi Togo* 109 124 évidemment excessif de la considérer comme une Moyenne 7 pays 50 79 référence normative; en effet, l'analyse du mar- ché du travail dans la plupart des pays ayant * le chiffre du Togo est de 2002 servi de comparateurs montre l'existence d'un sous-emploi notable des sortants de l'Université, caractéristique qui n'est manifestement pas con- sidérée comme souhaitable. L'analyse de la seignement supérieur, le nombre d'étudiants pour relation formation emploi du point de vu du 100 000 habitants est passé de 86 à 268 en 2003. contexte guinéen reste une référence plus impor- En comparaison des pays africains à faible revenu, tante que la comparaison internationale. pour l'année 2000, la valeur de cet indicateur est Le fait que la couverture de l'enseignement très inférieure à ce qui est observé en moyenne technique et supérieur se soit sensiblement déve- dans les pays, comme le Bénin, le Cameroun, le loppée présente évidemment des aspects positifs. Sénégal et le Togo, mais reste toutefois plus éle- Toutefois, la question de la qualité des services vée qu'au Burkina, au Niger et au Tchad. offerts et celle de l'insertion des diplômés sur le Pour conduire la comparaison recherchée, il marché du travail sont évidemment les plus cru- est préférable de contrôler le niveau de PIB par ciales. Ces questions qui vont de pair avec la habitant des pays car la demande de formés de l'enseignement dépend de façon assez nette du niveau de développement de l'économie natio- 6 Ce nombre n'intègre pas celui du privée ni celui nale. Les études montrent l'existence d'une des étudiants guinéens à l'étranger. Tableau II.8. Nombre d'étudiants pour 100.000 habitants dans quelques pays africains, 2000 Bénin Burkina Faso Cameroun Guinée Niger Sénégal Tchad Togo Afrique sub-saharienne* 299 88 504 173 73 307 77 335 230 *Pays ayant un PIB par habitant inférieur à 885 dollars US 32 Le Système Educatif Guinéen Graphique II.8. Nombre d'étudiants pour 100.000 habitants selon le PIB par tête dans les pays africains IDA, 2000 700 600 500 hbts 000 400 100 300 Etudiants/ 200 100 0 0 100 200 300 400 500 600 700 PIB/tête ($ US) productivité des formés sur le marché du travail dant, cette valeur ne signifie pas qu'il suffit à la seront abordées dans le chapitre 5 de ce rapport. Guinée de scolariser les 2/10ème d'enfants restants pour atteindre la scolarisation primaire univer- selle, car 1) le TBS donne une valeur moyenne III. Couverture effective du système et sur l'ensemble du cycle, et 2) sa valeur peut être estimation des profils de scolarisation artificiellement gonflée par l'existence de redou- et de rétention blements en cours de cycle7. Dans la perspective de la scolarisation pri- III.1 L'estimation du profil de maire universelle, la description du parcours scolarisation et de son évolution scolaire des individus est primordiale, dans la mesure où on veut que tous les enfants aient Dans la première section de ce chapitre, la sta- accès à une éducation primaire complète de qua- tistique du taux brut de scolarisation a été utilisée lité. Il s'agit donc de pouvoir mesurer la pour donner une première idée de la couverture proportion d'enfants qui entrent à l'école mais du système. Il est toutefois utile de préciser que aussi la proportion de ceux qui y restent jus- le TBS informe davantage sur la capacité «phy- qu'au bout. Dans ces conditions, il est préférable sique» du système en termes de places offertes d'avoir recours au «profil de scolarisation», sé- pour la scolarisation des enfants du pays que rie de taux d'accès aux différentes années sur la scolarisation effective elle-même. Dans le d'études qui décrit le parcours scolaire des élè- cas de la Guinée, le taux brut de scolarisation ves dans le système. dans l'enseignement primaire de 81% en 2003/ 04 indique que le nombre de places offertes par le système éducatif est égal à environ 8/10ème du 7 Pour plus de détail voir Note méthodologique n°1 nombre d'enfants d'âge officiel (les enfants de 7 du Pôle de Dakar : Mesurer l'avancée vers la sco- à 12 ans) pour ce cycle d'enseignement. Cepen- larisation primaire universelle. L'analyse globale des scolarisations 33 Tableau II.9. Taux transversal d'accès aux différentes années d'études en 2003­04 Population Années d'études Age de référence Nouveaux entrants Du pays Taux d'accès (%) 1ère 7 ans 231 013 269 208 86 2ème 8 ans 223 722 256 437 87 3ème 9 ans 180 268 244 273 74 4ème 10 ans 167 205 232 685 72 5ème 11 ans 131 296 221 647 59 6ème 12 ans 109 469 211 132 52 7ème 13 ans 80 330 201 117 40 8ème 14 ans 57 463 191 576 30 9ème 15 ans 45 559 182 488 25 10ème 16 ans 39 417 173 831 23 11ème 17 ans 26 152 165 585 16 12ème 18 ans 21 564 157 730 14 Terminale 19 ans 14 080 150 248 10 Trois types de méthodes permettent de calcu- site pour son calcul des données démogra- ler le profil, et chacune d'elles produit un phiques fiables. indicateur d'interprétation spécifique. Il s'agit · Le profil pseudo-longitidunale permet de la méthode longitudinale, la méthode trans- d'avoir par anticipation une photographie versale et la méthode pseudo-longitidunale (ou du parcours scolaire des individus qui méthode zig-zag). viennent de rentrer dans le système en con- sidérant les conditions actuelles de · Le profil longitudinal décrit le parcours de la scolarisation. Sa méthode de calcul (nous re- cohorte d'enfants actuellement en fin de cy- viendrons plus tard dans le corps de ce cle. Il fournit les taux d'accès à chaque classe chapitre) nécessite en plus des données sco- effectivement observé tout au long du cycle laires sur deux années consécutives, des écoulé pour cette cohorte et constitue à ce données de la population en âge d'entrée en titre une photographie ancienne de l'état du première année du cycle8. système. Il nécessite d'avoir des données sco- laires sur au moins 6 ans pour ce qui est de Le tableau II.9 présente le profil transversal l'enseignement primaire. (non redoublants divisés par la population d'âge · Le profil de scolarisation transversal rensei- théorique) pour l'année 2003. gne, quant à lui, les taux d'accès actuels, en référence aux populations en âge de fréquen- 8 Pour plus de détails voir Note Méthodologi- ter chacune des classes du cycle. Il donne une que n°2 du Pôle de Dakar : Les profils de photographie actuelle du système et néces- scolarisation 34 Le Système Educatif Guinéen Graphique II.9. % d'accès dans chaque classe du système (1990/91, 1995/96, 2003/04) 100% 1990/91 86% 87% 1995/96 80% 74% 2003/04 72% 59% 60% 52% 48% 40% 40% 39% 30% 25% 23% 20% 16% 14% 10% 4% 2% 0% 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème 7ème 8ème 9ème 10ème 11ème 12ème Terle Au cours de l'année scolaire 2003­04, sur 100 néral, même avec des rythmes de progression enfants guinéens en âge d'être inscrits en 1ère un peu plus élevés que dans le primaire, tant année, 86 % y accèdent effectivement et un peu dans le premier que dans le second cycle plus d'un enfant sur 2 accède à la dernière an- d'études. née du cycle primaire (taux d'accès en 6ème année Les résultats actuels du système en termes de 52 %), 40 % accèdent en première année du d'accès et d'achèvement, s'ils sont encoura- collège et environ 10 % accèdent en dernière geants, sont encore à améliorer dans la année du secondaire 2nd cycle. perspective de la scolarisation primaire univer- Le graphique II.8, ci-après, présente pour l'an- selle. En 2003/04, 14 % d'enfants en âge d'être née scolaire 2003-04 le profil pour le système et inscrits en 1ère année n'y sont pas et 48 % des également les profils pour les années scolaires enfants guinéens n'atteignent toujours pas la fin 1990­91 et 1995­96 pour illustrer les évolutions du cycle primaire. Des efforts restent donc à faire positives au cours des 15 dernières années dans pour i) scolariser les enfants qui en sont encore l'enseignement primaire guinéen. privés en 2003 et ii) retenir plus d'enfants dans Au niveau du cycle primaire, le taux d'accès le système, de sorte à améliorer le taux d'achè- en 1ère année a plus que doublé entre 1990 et vement du cycle. Pour cela il convient non 2003, passant de 39 % à 86 %. Le taux d'accès seulement d'identifier les populations qui ne bé- en dernière année a quant lui triplé sur la pé- néficient pas ou peu de la scolarisation (objet riode passant de 17 % à 52 %, soit un rythme du chapitre 6), mais aussi de rechercher les rai- de progression moyen de 2,7 points par an dans sons de la faiblesse du taux de rétention en cours le taux d'achèvement du primaire; à titre de com- de cycle primaire. paraison internationale, il est utile de rappeler que ce dernier chiffre est l'un des plus élevé de III.2. Le profil de rétention tous les pays du continent, en particulier lors- en cours de cycles qu'on considère une période de cette durée. Des évolutions positives ont été aussi De façon plus spécifique que le profil de scolari- enregistrées dans l'enseignement secondaire gé- sation, le profil de rétention restreint l'analyse L'analyse globale des scolarisations 35 aux individus qui ont eu accès un jour à un cy- son de ces taux de transition. Les taux de tran- cle d'études donné et examine leur survie dans sition [non-redoublants de la classe (i) de 2003 ce cycle. Pour le primaire, l'intérêt d'un tel indi- divisés par non-redoublants de la classe (i-1) de cateur est de mettre en évidence la faiblesse du 2002] ont été calculés en considérant que les con- taux de rétention comme facteur explicatif, dans ditions de redoublement de 2002 étaient la situation actuelle, du relativement faible taux identiques à celles de 2003. Cette hypothèse a d'achèvement constaté. été faite compte tenu de l'introduction des sous- cycles d'enseignement dans le système au cours III.2.1 Au niveau du primaire de l'année scolaire 2003­04. La mise en appli- cation des sous-cycles d'apprentissage La poursuite tendancielle des évolutions récen- (1ère+2ème, 3ème+4ème, 5ème+6ème), au cours tes du taux d'accès en 1ère année laisse supposer de l'année scolaire 2003/04, a produit «un choc» que l'accès à ce niveau pourrait être universel positif sur les indicateurs d'efficacité interne dans d'ici 2007. C'est dire que la raison de la faiblesse la mesure où elle a permis de réduire considéra- du taux d'achèvement évoquée plus haut se si- blement les redoublements dans le primaire (la tue beaucoup plus du côté de la rétention des proportion moyenne de redoublants dans le cy- élèves dans le système que de l'accès. cle est passée de 20,3 % en 2002 à 10,5 % en L'utilisation des données de deux années sco- 2003)9. Cette mesure n'étant pas circonstancielle, laires consécutives (2002­03 et 2003­04) permet il est préférable d'anticiper l'évolution du sys- d'estimer, dans les conditions actuelles de fonc- tème en la prenant en compte. tionnement du système, les taux de transition entre chaque année d'études du primaire et de simuler un taux de rétention 1ère ­ 6ème année (proportion des élèves entrés en 1ère année qui 9 La question de l'efficacité interne sera approfon- accèdent en 6ème) sur la base de la combinai- die dans le chapitre 4. Graphique II.10. Profil de scolarisation simulé 90% 86% 82% 80% 78% 72% 70% 65% 60% 60% 50% 1ère 2003/04 2ème 2004/05 3ème 2005/06 4ème 2006/07 5ème 2007/08 6ème 2008/09 Années d'études et années scolaires 36 Le Système Educatif Guinéen Ceci étant, on estime que sur 100 enfants ren- férentes années d'études (profil de scolarisa- trés en 1ère année dans le système en 2003, tion pseudo longitudinal) pour les prochaines environ 70 atteindront la dernière année du pri- années si les conditions de transition entre les maire en 2009, si les conditions actuelles de différentes classes restent ce qu'elles sont ac- fonctionnement du système (abandons en cours tuellement. de cycle) restent inchangées. Même si le taux de Avec les hypothèses retenues ci-dessus, dans rétention de la Guinée est plutôt dans la 6 ans (en 2009), 3 ans avant 2012, année cible moyenne de ce qui est observé dans les pays afri- retenue par le gouvernement pour la scolarisa- cains francophones, il n'en demeure pas moins tion primaire universelle, seul 60 % des enfants que dans un souci d'achèvement universel, la d'une classe d'âge atteindront la fin du cycle si rétention dans l'enseignement primaire devra la rétention en cours de cycle ne s'améliore pas. être améliorée. Les 30% d'élèves qui abandon- nent avant d'atteindre la 6ème année ont peu de III.2.2 Au niveau du collège et du lycée chances d'acquérir suffisamment de connaissan- ces pour devenir des adultes alphabétisés. Le La rétention est meilleure au collège et au lycée graphique suivant présente le profil de réten- que dans l'enseignement primaire. 85 % des tion à chacune des années d'études de nouveaux entrants de 7ème année en 2003 attein- l'enseignement primaire. dront la 10ème année, et sur 100 jeunes rentrés Sur 100 élèves inscrits en 1ère année en 2003/ en 11ème année, 74 atteindront la terminale si les 04, 96 iront en 2ème année l'année suivante, taux de transitions restent inchangés. Ceci cons- 91 en 3ème, en 2006, 84 iront en 4ème, 76 en titue une amélioration par rapport à la période 5ème et enfin 70 atteindront la 6ème. En utili- passée au niveau du 1er cycle mais plutôt à une sant le profil de rétention ainsi calculé et le stagnation dans le 2nd cycle. taux d'accès actuel de 86 % en 1ère année, il En effet, sur 100 élèves entrés en classe de est possible de simuler le taux d'accès aux dif- 10ème en 2000, seuls 73 % sont parvenus en der- Graphique II.11. Profil de scolarisation simulé 90% 86% 82% 80% 78% 72% 70% 65% 60% 60% 50% 1ère 2003/04 2ème 2004/05 3ème 2005/06 4ème 2006/07 5ème 2007/08 6ème 2008/09 Années d'études et années scolaires L'analyse globale des scolarisations 37 % 86 87 74 72 59 52 40 30 25 23 16 14 10 d'accès % % % % % % 70 83 85 73 74 74 2003/04 013 722 268 205 296 469 330 463 559 417 152 564 760 Non 80 57 45 39 26 21 14 231 223 180 167 131 109 redoublants % 6 77 70 67 60 47 41 30 24 25 19 14 10 d'accès % % % % 67 76 80 67 2002/03 497 922 808 379 559 708 767 603 965 316 803 843 904 Non 8 84 58 45 44 32 22 15 202 175 160 136 102 redoublants % 6 6 4 48 39 37 36 32 32 16 12 12 11 d'accès % % 62 75 1995/96 126 389 670 284 454 350 556 842 832 592 537 678 923 Non 8 7 4 82 73 68 58 55 26 18 17 15 106 2003 redoublants et 1990 9 9 8 4 4 2 % 39 31 30 26 19 17 11 d'accès entre % % 57 67 1990/91 897 893 235 814 106 041 457 022 146 340 654 062 938 rétention Non 9 4 4 1 73 54 52 41 30 25 15 12 11 de redoublants et avant) avant) avant) ans ans ans scolarisation 6 6 6 méthode (zig-zag) de méthode (zig-zag) (zig-zag) selon (entrants selon (entrants (entrants profils II.10. des longitudinale longitudinale longitudinale Primaire Collège Lycée scolaires d'études Pseudo Longitudinale Pseudo Longitudinale Pseudo Longitudinale Tableau ème ème ème · · · · · · ère ème ème ème ème ème ème ème ième Evolution Années Années 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Terminale Rétention Rétention Rétention 38 Le Système Educatif Guinéen nière année du collège en 2003, et uniquement ralement plus distante, les autres niveaux n'étant 74 % des nouveaux entrants en classe de 11ème pas offerts localement. Dans bien de cas, la ma- en 2001, ont atteint la classe de terminale en jorité de ces élèves, et notamment les filles et les 2003. élèves venant de familles vivant dans des condi- tions difficiles) abandonnent prématurément les études. La seconde raison est liée au degré for- IV. Pourquoi les enfants abandonnent- mel d'exigence du système dans la gestion des ils avant la fin du cycle primaire ? passages de classe et des redoublements, dont Question d'offre et de demande nous montrerons par la suite les éventuelles con- séquences sur la rétention à l'école. Dans la perspective de la scolarisation primaire Du côté de la demande scolaire, deux princi- universelle, il est évident que le pays devra faire pales raisons peuvent être également avancées d'énormes progrès pour maintenir au moins jus- pour rendre compte de la faiblesse de la réten- qu'à la fin du cycle primaire, tous les élèves tion. La première est liée aux caractéristiques inscrits actuellement en 1ère année. Cela se justi- mêmes de l'école même si elle existe localement fie, dans la mesure où l'accès en lui-même ne et assure la continuité éducative sur tout le cy- constitue plus un véritable défi pour le pays, cle. En effet, il est possible que l'école ait des même si des disparités subsistent encore, pour caractéristiques (contenu de l'enseignement, ca- peu qu'on croise le sexe et la localisation géo- lendrier scolaire...) qui ne conviennent pas aux graphique, ou qu'on regarde la fréquentation parents. Les coûts directs (frais de fournitures scolaire selon le niveau de richesse des ména- scolaires) mais aussi les coûts d'opportunité (re- ges10. En toute hypothèse, améliorer la rétention noncement au travail des enfants dans est donc primordiale puisqu'il ne suffit pas seu- l'économie familiale) auxquels doivent faire face lement aux enfants d'accéder à l'école, encore les familles pour la scolarisation de leurs enfants faut-il : i) qu'ils y restent pendant suffisamment peuvent également être à l'origine des abandons de temps (au moins 6 années) et ii) que la qua- prématurés, lorsque la perception des bénéfices lité des apprentissages soit suffisamment attendus de la scolarisation deviennent dans le bonne11, pour qu'ils deviennent des adultes al- temps plus faibles que les coûts engagés. phabétisés. Ayant décrit ces différentes configurations Sur un plan conceptuel, l'analyse cherchant à potentielles (sachant que la réalité peut être faite rendre compte de la faiblesse de la rétention se d'un mélange de celles-ci), et avant d'aborder fait à deux niveaux : 1) du côté de l'offre sco- les aspects liés à l'action, une question empiri- laire des structures étatiques, privées ou que importante est de chercher à mesurer leur communautaires et 2) du côté de la demande influence respective. L'identification du poids scolaire de la population. relatif des différentes configurations décrites ci- Du côté de l'offre scolaire, deux principaux dessus n'est évidemment pas aisée, cela dit, elle facteurs peuvent être à l'origine du fait que les est pourtant indispensable dans la mesure où élèves qui entrent en 1ère année quittent l'école les politiques éducatives attachées à chacune avant d'avoir achevé au moins le premier cycle d'entre elles peuvent être assez différentes. De scolaire. La première raison est l'impossibilité des façon pratique, nous allons examiner ici suc- élèves de poursuivre localement leur scolarité du fait d'une offre scolaire locale lacunaire. Dans la pratique, certains élèves peuvent être scolarisés 10Les questions de disparités seront étudiées dans le dans une école relativement proche de leur do- chapitre 6. micile jusqu'à une certaine classe du cycle, mais 11Les questions de la qualité des apprentissages se- doivent ensuite aller dans une autre école géné- ront traitées dans le chapitre 4. L'analyse globale des scolarisations 39 cessivement les influences d'une insuffisance de passée de 22 % en 1997 à 30 % en 2003. Cette l'offre locale et des redoublements sur la réten- proportion n'a donc augmenté que de 4 % du- tion. A partir des données du QUIBB, nous rant les 6 dernières années. En 2003, les 30 % estimerons également le temps moyen mis par des 6 149 écoles qui offrent l'ensemble des 6 les élèves pour atteindre l'école la plus proche niveaux scolarisent 62 % des élèves guinéens, et de leur domicile. donc assurent a fortiori une continuité de l'of- fre éducative sur l'ensemble du cycle primaire. IV.1 La question de la continuité 16 % des écoles n'offrent qu'un seul niveau, in- éducative dans l'enseignement primaire dépendamment de l'année d'études, 18 % offrent deux niveaux, 16 % trois niveaux, 11 % quatre IV.1.1 Identification de la niveaux et 8 % des écoles offrent 5 niveaux. On fréquence du problème pourrait penser que les 38 % (100-62) des élè- ves scolarisés dans les écoles non complètes sont Il s'agit d'évaluer dans quelle mesure les situa- en situation de discontinuité de l'offre éduca- tions dans lesquelles la continuité éducative n'est tive. Ce n'est pas tout à fait correct, dans la pas assurée jusqu'en fin de cycle peuvent rendre mesure où une école peut ne pas proposer l'en- compte du faible niveau de rétention dans semble des niveaux du cycle au cours d'une l'enseignement primaire. Deux méthodes com- année, mais «suivre» ses élèves et créer des nou- plémentaires peuvent être mobilisées. velles classes au fur et à mesure de leur La première consiste à regarder la situation progression dans le cycle et/ou utiliser un sys- des écoles incomplètes. Le tableau suivant pré- tème de recrutement alterné (une nouvelle sente pour l'année 2003­04 la situation des création de classe de 1ère année tous les deux ou écoles incomplètes ainsi que celles de 1997 et de trois ans). 2002 dans une perspective de comparaison dans Pour affiner l'analyse, on étudie donc deux le temps. années scolaires successives, (2002­03 et 2003­ La proportion d'écoles offrant tous les ni- 04 dans le cas présent), et on compte le nombre veaux d'études dans l'enseignement primaire est de situations dans lesquelles les écoles au cours Tableau II.11. Evolution de la distribution des écoles selon le nombre de niveaux offerts, et des élèves qui y sont scola- risés, entre 1997 et 2003 1997­98 2002­03 2003­04 Niveaux offerts Ecoles (%) Elèves (%) Ecoles (%) Elèves (%) Ecoles (%) Elèves (%) 1 seul niveau 19 5 17 5 16 4 2 niveaux 22 8 19 8 18 8 3 niveaux 18 10 17 10 16 10 4 niveaux 11 9 11 8 11 8 5 niveaux 8 9 8 9 8 8 Les 6 niveaux 22 59 28 61 30 62 Total (%) 100 100 100 100 100 100 Nombre 3 721 674 573 5 827 1 083 498 6139 1 163 126 40 Le Système Educatif Guinéen de l'année scolaire 2003­04 ne sont pas parve- S'il peut être utile d'ouvrir de nouvelles clas- nues à offrir le niveau supérieur aux élèves ses ou d'utiliser la formule des classes qu'elles ont scolarisés l'année précédente. Ce multigrades, pour pallier le problème et permet- faisant, on détermine les écoles où la continuité tre à ces élèves de poursuivre leur scolarité éducative est assurée et celles où elle ne l'est pas. primaire jusqu'à son terme, il est également im- Ceci permet d'estimer la proportion d'élèves ins- portant de vérifier dans quelle mesure les facteurs crits en 1ère année du primaire qui se trouvent d'offre sont prépondérants dans l'explication de effectivement dans une école qui les contraint à la faible rétention en cycle primaire. abandonner s'ils ne peuvent pas changer d'école. L'analyse ainsi menée, distingue les écoles nou- IV.1.2 Evaluation de l'impact d'une offre vellement créées des anciennes écoles. Cette scolaire qui assure la continuité éducative distinction est utile car les écoles nouvelles «dis- continues» sont encore susceptibles de devenir On complète maintenant l'analyse précédente «continues». Les résultats sont consignés dans en estimant dans l'échantillon des écoles le tableau II.12. A l'échelle du pays, la conti- assurant la continuité éducative, la rétention nuité éducative n'est pas assurée dans 18 % en dernière année du primaire des nouveaux d'écoles, (15 % des élèves de première année). entrants de 1ère année. Cette analyse complé- Ce tableau montre également que derrière le mentaire fournit une estimation de ce que serait chiffre national de 14,8 %, il existe des dispari- la rétention potentielle des élèves si l'offre édu- tés régionales notables, la question de cative était complète dans toutes les écoles. La discontinuité étant par exemple deux fois plus rétention 1ère&6ème année ainsi estimée est de intense dans la région de Boké que dans celle de 84 %, à comparer au taux actuel de 70 % sur Conakry. Le problème de discontinuité est ainsi, l'ensemble des écoles guinéennes. Ce résultat plus présent dans les régions de Boké, Kankan, montre que la mise à disposition d'écoles qui Kindia, qui ont, en moyenne plus de 20 % d'éco- assurent la continuité éducative à tous les élè- les n'assurant pas la continuité éducative à leurs ves guinéens augmenterait de façon significative élèves. (+14 points de pourcentage) la proportion d'en- Tableau II.12. Proportion des écoles et des élèves concernées par la discontinuité éducative Région % des écoles n'offrant pas la continuité % des élèves de 1ère année dans école éducative qui n'offre pas la continuité Boké 23,0 19,5 Conakry 13,8 9,7 Faranah 16,7 15,9 Kankan 23,3 18,7 Kindia 19,7 14,7 Labé 12,3 14,0 Mamou 13,1 12,5 N'zérékoré 17,9 16,2 Ensemble 17,5 14,8 L'analyse globale des scolarisations 41 Tableau II.13. Rétention des élèves dans l'ensemble des écoles primaires et dans celles qui offrent la continuité éducative Classe Ensemble des écoles Ecoles offrant la continuité éducative 1ère 100 100 2ème 95,5 99,9 3ème 91,8 98,1 4ème 83,6 91,8 5ème 75,8 86,9 6ème 70,1 83,6 tre eux accédant à la dernière année du cycle. demeure toujours faible dans le privé, l'analyse A titre de comparaison, la même mesure ne montre tout de même qu'une telle politique ferait gagner que 3 points de pourcentage au aurait plus d'impact en termes de gain sur la Sénégal. rétention dans le privé que dans le public. Une autre façon d'affiner l'analyse est de faire Si l'effet de compléter l'offre de l'ensemble une distinction entre les établissements publics des écoles sur la rétention est indéniable, il reste et privés. En effet, du fait de l'importance gran- qu'en moyenne 16 % (100-84 %) des enfants dissante du secteur privé dans la fourniture de n'achèveront pas le cycle primaire dans les 6 services éducatifs, notamment au niveau du pri- prochaines années si seulement une politique maire, il apparaît intéressant de se demander si classique d'offre était mise en oeuvre. D'autre le gain estimé sur la rétention par la mise en pistes sont encore à explorer pour améliorer la place d'une offre locale complète diffère suivant rétention des enfants notamment l'impact d'une le type d'écoles dans la mesure où il existe un diminution des redoublements et/ou de la réduc- écart très sensible dans la rétention actuelle en- tion de la distance entre les différentes écoles. tre les écoles publiques et les écoles privées. La rétention est meilleure dans les écoles publiques IV.2 L'impact des redoublements où on estime à 76 % la proportion des enfants sur la rétention inscrits en 1ère année qui atteindront la fin du cycle contre 58 % dans les structures privées. Dans la mesure où la fragilité de la demande Les résultats auxquels on aboutit en faisant cette constitue une cause potentiellement importante distinction sont très instructifs. En effet, 19 % des abandons, il convient de l'analyser plus en des écoles privées (contre 16 % des écoles pu- détail. La question de la demande est liée en bliques) sont dans une situation de discontinuité grande partie à celle des coûts d'opportunité de éducative, et 17 % des élèves inscrits en 1ère an- l'école pour les parents. En effet, au moment née dans ces écoles se trouveront dans une d'envoyer leurs enfants à l'école, les parents ju- situation d'offre lacunaire contre 13 % des élè- gent que l'école présente pour eux un rapport ves des écoles publiques. Dans le privé, compléter favorable entre les coûts supportés et les béné- les écoles ferait passer le taux de rétention de fices attendus. S'il arrive quelques années plus 58 % à 75 % et dans les écoles publiques de 76 tard, que ceux-ci retirent ces enfants de l'école, % à 83 %. Même si la rétention ainsi simulée cela suggère que le rapport entre les coûts et les 42 Le Système Educatif Guinéen bénéfices a entre temps, changé au profit des analyses montrent également que ce sont sur- coûts. tout les enfants les plus fragiles vis-à-vis de la Ce changement de perception des parents scolarisation (les filles, les ruraux et les pauvres) concernant l'opportunité de laisser leurs enfants qui tendent à abandonner leurs études lorsqu'ils à l'école peut, dans beaucoup de cas, être lié à la doivent redoubler. question du redoublement. Celui ci est un si- En se fondant sur ce résultat, on anticipe que gnal négatif fort pour les parents qui si le pays réussit à réduire le pourcentage de re- conséquemment révisent à la baissent l'intérêt doublants actuel à 5 % (objectif retenu par le pour l'école. «Si mon enfant ne réussit pas à gouvernement guinéen) le taux de rétention l'école, je préfère qu'il travaille aux champs ou pourrait augmenter d'environ 4,2 points [(0,7 x à la maison où je verrai plus facilement l'impact (11­5)] de pourcentage. Même si cette simula- de son travail». Ceci, dans la mesure où ils vont tion n'a qu'une valeur illustrative, elle indique devoir supporter des coûts additionnels, et qu'ils tout de même que dans le cas où la continuité pensent (à tort ou à raison) que les bénéfices éducative est assurée, la rétention pourrait pas- qu'ils attendent de la scolarisation de leurs en- ser de 84 % à 88 % en cas d'une diminution de fants ne vont sans doute pas se matérialiser. la proportion des redoublements à 5 % des ef- En l'absence de données guinéennes qui per- fectifs scolarisés. Le graphique II.11 consolide mettraient de mesurer l'incidence quantitative et compare l'impact de ces mesures (compléter des redoublements sur les abandons précoces, l'offre éducative, réduire les redoublements). nous mobilisons des résultats d'analyses inter- Les résultats montrent que la rétention en nationales à titre illustratif. Avec des données cours de cycle primaire pourrait être substantiel- disponibles sur près de 50 pays, les analyses ont lement améliorée (de 70 à 88 %). L'application montré en contrôlant le niveau de PIB par habi- de ces deux mesures (assurer la continuité édu- tant ainsi que le coût unitaire des études, qu'en cative dans toutes les écoles primaires et réduire moyenne, un point de redoublement en plus dans à 5 % la fréquence des redoublements) permet- l'enseignement primaire est associé à une dimi- trait donc potentiellement au système de se nution du taux de rétention de 0,77 point. Ces rapprocher de l'objectif du taux de rétention de Graphique II.12. Rétentions actuelles et simulées 100% 100% 88% 84% 80% 70% 60% 40% Rétention actuelle Rétention simulée avec continuité 20% Rétention simulée avec continuité et réduction des redoublements 0% 1ère 6ème L'analyse globale des scolarisations 43 100 %, même si ceci ne sera sans doute pas tota- les résultats obtenus au niveau de l'ensemble du lement suffisant. Une piste complémentaire dont système éducatif. Cet objectif est évidemment il faudrait évaluer le coût, l'impact et la faisabi- trop ambitieux aussi bien sur le plan conceptuel lité pourrait être de rapprocher les écoles de la que sur celui de la disponibilité des données. La communauté en réduisant par exemple les dis- pratique consiste à accepter une perspective plus tances entre les écoles par l'amélioration de la modeste dans laquelle on se limite à la dimen- couverture géographique de celles-ci pourrait sion quantitative de la couverture du système. contribuer également à améliorer la rétention en cours de cycle primaire. Une telle mesure, pour V.1 La mesure de la durée moyenne de scola- être efficace au niveau national, doit avant tout risation (ou espérance de vie scolaire EVS) cibler le milieu rural où d'après les résultats de l'enquête QUIBB le temps moyen du trajet des Sur la base des niveaux terminaux d'éducation élèves à l'école primaire la plus proche du domi- des individus, on peut calculer de façon trans- cile parentale est en moyenne de 23 minutes versale (au cours d'une année scolaire par contre 14 minutes en milieu urbain. exemple), la durée moyenne de scolarisation d'une pseudo cohorte, en agrégeant la situation des enfants qui ne vont pas du tout à l'école et V. Une approche globale de de ceux qui y ont accès selon le niveau de scola- l'efficience dans l'usage des risation atteint. Le profil de scolarisation, en tant ressources publiques de l'éducation que série des taux d'accès aux différentes an- nées d'études permet de calculer cette L'efficience correspond d'une façon assez géné- distribution. Néanmoins faute de disposer d'une rale à la relation qui peut exister entre les telle série dans le temps, et pour autoriser les ressources mobilisées et les résultats obtenus. On comparaisons internationales, on utilise une dira d'un système qu'il est plus efficient qu'un méthode simplifiée fondée sur le «taux moyen autre, s'il obtient de meilleurs résultats pour un de scolarisation» aux différents niveaux d'étu- même niveau de dépenses ou s'il obtient les mê- des qui est égal au TBS ajusté pour éliminer mes résultats qu'un autre en dépensant moins. l'incidence des redoublements (non-redoublants La question de l'efficience du système éducatif du cycle/population du groupe d'âge du cycle). guinéen est abordée ici de manière comparative, La compilation de cette distribution jusqu'au i) en analysant le système éducatif guinéen à plu- niveau de l'enseignement supérieur permet de sieurs périodes du temps, ii) en comparant la calculer le nombre moyen d'années qu'un en- situation de la Guinée à celles d'autres pays de fant passe dans le système scolaire et même niveau de développement. universitaire. Cet indicateur communément ap- Le niveau des dépenses pour le secteur a été pelé durée moyenne des scolarisations ou présenté dans le chapitre 1 de ce rapport, le cha- espérance de vie scolaire est l'indicateur retenu pitre 2 dans sa première partie, a fait une ici pour mesurer la couverture quantitative glo- description des résultats obtenus par le système bale du système éducatif guinéen12. éducatif guinéen, en termes de couverture quan- Jusqu'au milieu des années 1990, la durée titative aux différents niveaux d'enseignement. moyenne de scolarisation en Guinée était infé- Pour mettre en relation les ressources engagées rieure à 3 années. Les progrès enregistrés depuis et les résultats, il ne reste plus qu'à calculer un indicateur global de mesure de la performance du système. On pourrait souhaiter que cet indi- 12Pour plus de détails voir Note Méthodologique cateur permette à la fois 1) d'incorporer les n°3 du Pôle de Dakar : Mesurer la couverture sco- aspects de quantité et de qualité et 2) d'agréger laire globale d'un pays : l'espérance de vie scolaire 44 Le Système Educatif Guinéen 1990 dans la couverture scolaire à divers niveaux tage du PIB alloué au secteur, (tableau II.14, co- du système ont permis de gagner 3 années de lonne 4). Ce rapport indique le nombre d'années scolarisations. En 2003, un enfant guinéen d'âge de scolarisation qu'un pays réussit à offrir à sa scolaire peut espérer passer en moyenne 5,2 an- population en dépensant 1 % de son PIB en édu- nées dans le système éducatif national. cation. Plus cette statistique est élevée, plus le Le tableau II.14 montre que la situation de la pays est efficient dans l'usage des ressources pu- Guinée en termes de nombre d'années validées bliques allouées à l'éducation. Ainsi en Guinée, par les élèves (5,2 années) se compare assez fa- 1% du PIB alloué au secteur génère 2,4 années vorablement par rapport à la moyenne des pays de scolarisation contre 1,9 années en moyenne francophones (5,1 années) tout en restant infé- sur le continent, témoignant d'une relative rieure à la moyenne africaine (5,7 années) et très meilleure efficience dans l'usage des ressources inférieure à la moyenne des pays africains an- publiques affectées au système. La situation de glophones (7 années). la Guinée est meilleure que celle observée les pays La Guinée a une meilleure performance com- géographiquement proches (par exemple Mali : parée à celle de certains pays de la région ouest 1,2, Burkina Faso 1,3, ou Sénégal 1,6). africaine comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso. Elle est par contre moins performante que V.2.2 Mise en regard graphique de la la Guinée-Bissau, le Sénégal ou la Gambie (avec couverture obtenue et des ressources respectivement une durée moyenne de scolari- publiques mobilisées : distance à une sation de 5,7 années, 5,6 années et 6,9 années). frontière d'efficience La couverture scolaire en Guinée est à peine la moitié de celle du Zimbabwe (9,7 années), pays On peut aussi procéder en confrontant directe- identifié, avec la Zambie, le Lesotho et ment sur un même graphique les ressources l'Ouganda comme étant parmi les pays les plus mobilisées et la durée moyenne des scolarisa- performants pour atteindre la scolarisation pri- tions. Le graphique II.12, ci-après, donne la maire universelle. situation des différents pays africains à faible revenu pour lesquels les données sont disponi- V.2 Une mesure de l'efficience quantitative bles. Il manifeste : de la dépense publique en éducation · une assez forte dispersion du volume relatif Après avoir examiné cet indicateur de couver- des ressources publiques mobilisées qui varie ture quantitative globale, on peut maintenant de 1,2 % du PIB en République Centrafri- aborder la question de l'efficience elle-même. caine à 8 % au Lesotho ainsi que de la Celle-ci peut être approchée de façon relative- couverture globale du système éducatif des ment directe dans la mesure où on dispose d'une différents pays qui varie de 2,9 années au part de l'indicateur de couverture globale et Niger à 9,7 années au Zimbabwe; d'autre part du volume des ressources mobili- · l'existence d'une relation assez faible entre sées par le système. les deux grandeurs considérées. On trouve des pays qui mobilisent des volumes relatifs com- V.2.1 Mise en regard numérique de la parables de ressources publiques pour leur couverture obtenue et des ressources système éducatif et qui offrent à leur popula- publiques mobilisées : calcul d'un tion des niveaux très différents de couverture coefficient d'efficience scolaire. On peut directement calculer le rapport entre la Dans ce contexte général, une courbe fron- durée moyenne des scolarisations et le pourcen- tière (pseudo courbe d'efficience) a été L'analyse globale des scolarisations 45 Tableau II.14. Durée moyenne de scolarisation et dépenses publiques d'éducation dans quelques pays d'Afrique subsaharienne, en 2003 ou année proche Pays Espérance de vie scolaire Dépenses publiques Coefficient d'efficience (années) d'éducation en % du PIB (années EVS / % PIB) Angola 3,4 2,4 1,4 Bénin 6,8 2,9 2,3 Burkina Faso 3,1 2,4 1,3 Burundi 3,9 3,6 1,1 Cameroun 6,8 2,6 2,6 Congo 6,0 2,3 2,6 Côte d'Ivoire 5,7 3,5 1,6 Ethiopie 4,6 2,7 1,1 Erythrée 4,2 2,8 1 ,5 Gambie 6,9 3,1 2,2 Ghana 7,0 3,8 1,8 Guinée 5,2 2,2 2,4 Guinée-Bissau 5,7 2,1 2,7 Madagascar 5,4 2 2,7 Malawi 7,8 3,6 2,2 Mali 3,9 3,1 1,2 Mauritanie 6,0 3,6 1,7 Mozambique 4,7 2 2,7 Niger 2,9 2,6 1,1 Lesotho 8,8 8 1,1 Ouganda 8,1 3,2 2,5 République Centrafricaine 3,5 1,2 2,9 Rwanda 5,3 3,3 1,6 Sénégal 5,6 3,6 1,6 Tanzanie 5,9 1,8 3,3 Tchad 4,1 2,1 2,0 Togo 8,7 3,8 2,3 Zambie 6,5 2,3 2,8 Zimbabwe 9,7 7,1 1,4 Moyenne globale 5,7 3,1 1,9 Moyenne pays francophones 5,1 2,8 1,8 Moyenne pays anglophones 7,0 3,8 2,0 Source : Efficience quantitative des systèmes éducatifs : Comparaison, note thématique n°1, Kokou Amelewonou, Mathieu Brossard, Pôle de Dakar. 46 Le Système Educatif Guinéen Graphique II.13. Espérance de vie scolaire et dépenses publiques d'éducation 9,5 Zimbabwe 8,5 Pseudo courbe d'efficience Togo Lesotho 7,5 Ouganda Malawi (années) Cameroun 6,5 Gambie Ghana Zambie Bénin Mauritanie scolaire Tanzanie Congo 5,5 Côte d'Ivoire Guinée-Bissau vie Guinée 2003 Sénégal Madagascar Rwanda de 4,5 Mozambique Ethiopie Tchad Erythrée Mali Burundi 3,5 Angola RCA Guinée 1993 Espérance Niger Burkina Faso 2,5 1,5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Dépenses publiques courantes d'éducation en % du PIB construite ; il s'agit de la courbe enveloppe cor- en % du PIB pour 2 fois plus de résultats quan- respondant à la position des pays les plus titatifs. performants (ceux qui offrent la couverture Comme conclusion à ce chapitre, il est im- quantitative la plus élevée compte tenu des res- portant de constater que des progrès importants sources qu'ils mobilisent). Les pays proches de ont été réalisés pour faire bénéficier à un nom- cette courbe sont ceux qui font l'usage le plus bre de plus en plus important de jeunes guinéens efficace de leurs ressources publiques d'éduca- les services éducatifs. Il conviendra bien évidem- tion. A contrario, les pays qui en sont éloignés ment d'aller au-delà des moyennes présentées sont les moins efficients. dans ce chapitre en analysant les disparités ré- La position de la Guinée en 1993 placée dans gionales et de genre. Il est également utile le même graphique permet de se faire une idée d'analyser de façon plus précise le mode de fonc- de l'évolution positive de l'efficience dans le sys- tionnement du système ainsi que la qualité de tème. La position actuelle du pays sur le l'enseignement dispensé aux élèves. Ces aspects graphique comparée à sa position 10 ans plus seront développés progressivement dans les cha- tôt montre un rapprochement de la courbe en- pitres ultérieurs. veloppe : un peu moins de ressources publiques L'analyse globale des scolarisations 47 Principaux enseignements du chapitre 2 Ce chapitre décrit la couverture quantitative et sa dynamique dans le système éducatif au cours de la décennie écoulée en analysant l'évolution des effectifs scolarisés par niveau et type d'ensei- gnement. Il décrit aussi l'accès et l'achèvement à chacun d'entre eux et identifie certains facteurs à l'origine des difficultés rencontrées, notamment dans la rétention des élèves tout au long du cycle primaire. 1. Malgré la relative faiblesse des ressources publiques d'éducation évoquées dans le chapitre 1, la couverture éducative s'est néanmoins beaucoup développée à tous les niveaux d'ensei- gnement, montrant une certaine capacité du système éducatif guinéen à transformer les ressources en résultats quantitatifs (efficience) plutôt bonne par rapport à ce qui est observé dans les pays comparables. 2. De 1990 à 2003, on observe une forte augmentation des effectifs scolaires à tous les ni- veaux. Le préscolaire reste peu développé, est essentiellement privé et urbain. Les effectifs scolarisés dans le primaire ont cru en moyenne de 9,8 % par an entre 1990 et 2003 faisant passer le taux brut de scolarisation de 34 à 81 % sur la période, une performance très remarquable. La croissance des effectifs dans le secondaire a, quant à elle, été plus rapide que celle de l'enseignement primaire (croissance moyenne annuelle de 12 %). Le TBS dans le 1er cycle secondaire est passé de 12 % en 1990 à 35 % en 2003, celui du 2nd cycle est passé de 5 à 16 % sur la même période. Le nombre d'élèves pour 100 000 habitants dans l'ensei- gnement technique est passé de 90 en moyenne au début des années 90 à 180 en 2003. Dans l'enseignement supérieur le nombre d'étudiants pour 100 000 habitants est passé de 87 à environ 270 en 2003. Ces résultats montrent que la dynamique globale a été positive et forte à tous les niveaux sur la période, mais cette évolution pourrait poser problème si elle n'est pas maîtrisée. Le développement du système tient aussi à l'augmentation du nombre d'établissements privés à tous les niveaux d'enseignement, ainsi qu'à l'émergence d'une offre communautaire dans le primaire. Cette croissance témoigne toutefois d'une défaillance de l'offre publique. 3. A chacun des niveaux d'études, en particulier au niveau du primaire, la performance obte- nue provient de l'effet conjugué d'une nette amélioration de l'accès et dans une moindre mesure de la rétention. En effet, on observe une évolution croissante et rapide de l'accès en 1ère année du primaire (de 39 % en 1990 à 86 % en 2003). La rétention s'est aussi améliorée; dans la période actuelle, 70 % des élèves inscrits en 1ère année atteignent la 6ème année d'étu- des contre 57 % en 1990. Les progrès obtenus dans l'accès et la rétention sont malheureusement insuffisants puisqu'en 2003, le taux d'achèvement du primaire n'est que de 52 %. Pour améliorer l'achèvement du cycle, c'est principalement sur l'amélioration de la rétention des élèves que les efforts devront être dirigés. 4. Un élément important à considérer en vue de l'amélioration de la rétention concerne l'offre scolaire. En effet, l'insuffisance de l'offre scolaire (14,8 % des élèves de 1ère année sont scolarisés en 2003 dans une école qui ne leur offre pas la possibilité de poursuivre leurs études jusqu'à la fin du cycle), et en particulier cette défaillance dans la continuité éducative au niveau local, constitue une cause première de la faible rétention. Il est estimé que la mise à disposition de structures qui assurent la continuité éducative à tous les élèves conduirait à (continued on next page) 48 Le Système Educatif Guinéen (continued) faire gagner 14 points de pourcentage sur la rétention actuelle. Le recours plus intense à la formule d'enseignement en cours multiples semble être une réponse appropriée dans de nom- breuses situations de discontinuité éducative, sachant que c'est bien au niveau local que ce genre de question doit être traité. De façon complémentaire, il est estimé que la faiblesse de la rétention est également due aux redoublements qui tendent à décourager la demande parentale, notamment celle des populations vulnérables. Une diminution de la proportion des redoublants de sa valeur ac- tuelle (10,5 %) à 5 % (ce vers quoi le pays tend avec la mise en place des sous cycles d'apprentissage) ferait gagner 4 points de pourcentage supplémentaires sur la rétention. CHAPITRE 3 Les aspects financiers L e développement quantitatif du sys- I. Aspects structurels et évolution tème éducation-formation, et dans une globale au cours de la dernière moindre mesure la qualité des servi- décennie ces qu'il offre aux populations, dépendent du volume des ressources globales Dans cette section, nous examinons les ressour- mobilisées pour le secteur et des choix effectués ces budgétaires13 du secteur de l'éducation ainsi en matière de coût unitaire de scolarisation. Dans que leur évolution au cours des dernières an- cette perspective, ce chapitre examinera en pre- nées. Le secteur de l'éducation est aujourd'hui mier lieu les ressources mobilisées et notamment administrativement confié à trois départements celles d'origine publique. Les dépenses publiques ministériels14 : i) le Ministère de l'Enseignement d'éducation seront analysées dans un premier Pré-Universitaire et de l'Education Civique temps par niveau ou type d'éducation et dans (MEPU-EC) qui gère les enseignements primaire un second temps par nature. En second lieu, ce et secondaire, i) le Ministère de l'Enseignement chapitre proposera d'abord une estimation des Technique et de la Formation Professionnelle coûts unitaires et ensuite une analyse des fac- (METFP) et iii) le Ministère de l'Enseignement teurs qui structurent leurs variations, moyenne Supérieur et de la Recherche Scientifique. d'un niveau à l'autre d'enseignement, et d'une école à l'autre à chacun d'entre eux. Une atten- tion particulière sera donnée à l'analyse du salaire des personnels dans la mesure où les en- 13Seules les dépense publiques sont analysées dans seignants constituent la pierre angulaire de la cette section; des estimations des dépenses privées qualité du système et où la masse salariale re- seront pour leur part proposées lorsqu'on exami- présente une proportion très importante des nera plus en détail, les dépenses pour l'année 2003. dépenses courantes. 14L'enseignement pré-scolaire public est financé par Autant qu'il sera possible, ces analyses seront le Ministère des Affaires Sociales de la Promotion placées dans une double perspective, temporelle de la Femme et l'Enfant (MASPFE) mais sa cou- pour examiner les évolutions, et comparatives verture reste faible (environ 6 % des enfants pré-scolarisés avec 91 % dans des structures pri- internationales pour situer les choix faits dans le vées), les dépenses publiques correspondantes sont pays par référence à ceux de pays comparables. d'un montant très limité. 49 50 Le Système Educatif Guinéen Tableau III.1. Les dépenses publiques d'éducation par ministère selon leur nature (1998­2003) (dépenses engagées en milliards de GNF courants) 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Dépenses courantes MEPU-EC 49,2 54,0 62,3 69,9 93,4 98,1 Salaires 44,4 47,8 53,2 58,3 70,6 77,2 Biens et services 4,8 6,2 9,1 11,6 22,8 20,9 METFP 5,7 7,4 9,5 9,8 12,6 12,3 Salaires 3,1 3,8 4,4 5,0 5,7 6,1 Biens et services 2,5 3,4 4,9 4,4 6,5 5,7 Transferts et subventions 0,1 0,2 0,2 0,4 0,4 0,5 MESRS 20,3 20,9 25,6 28,9 32,4 36,4 Salaires 7,9 8,0 9,8 10,4 10,8 14,6 Biens et services 0,8 1,1 2,5 2,6 3,3 3,5 Transferts et subventions 11,6 11,8 13,3 15,9 18,3 18,3 Totales 75,2 82,3 97,4 108,6 138,6 146,8 Salaires 55,4 59,6 67,4 73,7 87,1 97,9 Biens et services 8,1 10,7 16,5 18,6 32,6 30,1 Transferts et subventions 11,7 12,0 13,5 16,3 18,7 18,8 Investissement Budget National 5,2 2,4 4,8 6,3 12,8 15,4 Financement extérieur 28,7 33,5 MEPU-EC 19,5 26,7 22,1 29,14 METFP15 5,3 3,0 7,80 8,25 MESRS 3,9 3,8 2,19 3,45 Total National 80,3 84,5 102,2 114,9 151,2 162,2 Salaires 55,4 59,6 67,4 73,7 87,1 97,9 Biens et services 8,1 10,7 16,5 18,6 32,6 30,1 Transferts et subventions 11,7 12,0 13,5 16,3 18,7 18,8 Investissement 5,2 2,4 4,8 6,3 12,8 15,4 Extérieur Investissement 28,7 33,5 Le tableau III.1 présente les principales don- 15 Les données de 2001 et de 2002 sont des estima- nées budgétaires par ministère selon la nature tions. Les aspects financiers 51 de la dépense au cours de la période couvrant Guinéens de 2003, une augmentation légère- les années 1998 à 2003. ment supérieure à 40 %. · Si on examine en premier lieu l'évolution glo- Cette augmentation globale positive est éga- bale des dépenses publiques globales affectées lement très perceptible si on fait porter l'analyse au secteur (à l'exclusion de celles affectées à sur la part des dépenses publiques en propor- la petite enfance), on observe une augmenta- tion du PIB du pays, puisqu'on passe (tableau tion très substantielle entre 1998 et 2003 avec III.2) d'une valeur de 1,69 % en 1998 à 2,04% plus qu'un doublement (de 80 milliards en en 2003. On rappellera l'argument fait dans le 1998 à 162 milliards en 2003) du montant chapitre 1 selon lequel, en dépit de ces évolu- exprimé en Francs Guinéens courants. Cette tions positives, ce dernier chiffre reste évolution en valeurs monétaires courantes spécialement faible et que le secteur de l'éduca- doit bien sûr être relativisée du montant de tion est globalement très sous-financé tant d'un l'inflation qui a eu lieu au cours de cette pé- point de vue comparatif international qu'au vu riode, le déflateur du PIB, calé sur 100 en des défis pour son développement futur tant en 2003 s'établissant à 139 en 1998. Il y a donc quantité qu'en qualité. bien eu une augmentation notable du volume des ressources publiques mobilisées pour le · Mais cette évolution globale n'a pas été li- secteur, mais les évolutions ont été moindres; néaire dans le temps. En effet, alors que la les données reprises dans le tableau III.2 mon- progression des dépenses courantes est régu- trent ainsi que les dépenses courantes, lière mais avec un rythme de progression de exprimées en Francs Guinéens de 2003, sont l'ordre de 5 % par an (en volume) entre 1998 passées de 104 à 147 milliards de Francs et 2001, on observe une forte augmentation Tableau III.2. Evolution des dépenses courantes d'éducation par ministère entre 1998 et 2003 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Dépenses courantes Montants en milliards GNF de 2003 104,4 110,8 117,9 124,9 155,2 146,8 MEPU-EC 68,4 72,9 75,4 80,4 104,6 98,1 METFP 7,8 9,7 11,5 11,3 14,3 12,3 MESRS 28,2 28,2 31,0 33,2 36,3 36,4 En proportion du PIB (%) 1,69 1,71 1,79 1,83 2,19 2,04 MEPU-EC 1,11 1,12 1,15 1,18 1,47 1,36 METFP 0,13 0,15 0,17 0,17 0,20 0,17 MESRS 0,46 0,44 0,47 0,49 0,51 0,51 Distribution par ministère (%) 100 100 100 100 100 100 MEPU-EC 65,5 65,8 64,0 64,4 67,4 66,9 METFP 7,5 8,8 9,8 9,0 9,2 8,3 MESRS 27,0 25,5 26,3 26,6 23,4 24,8 52 Le Système Educatif Guinéen Graphique III.1. Evolution des dépenses courantes d'éducation par ministère entre 1998 et 2003 Dépenses courantes en % du PIB 1,6% 1,4% 1,2% 1,0% 0,8% 0,6% 0,4% 0,2% 0,0% 1998 1999 2000 2001 2002 2003 MEPU-EC (primaire et MET-FP (technique MESRS (Supérieur) secondaire général) et professionnel) (+24 % en volume) entre les années 2001 et pour connaître par contre un tassement en 200216, suivie d'une stagnation et même d'une 2003 (66,9 % ou une baisse de l'ordre de 6 diminution (d'environ 5 %) entre 2002 et % des dépenses courantes en valeurs moné- 2003, au moment où les finances publiques taires constantes). L'enseignement technique globales connaissent des difficultés. Les chif- et de la formation professionnelle suit une fres exécutés pour l'année 2004 ne sont pas évolution assez comparable à celle de l'ensei- connus au moment où ce rapport est préparé, gnement général pré-universitaire. Au total, mais il ne fait pas de doute que cette année ces chiffres montrent tout de même une assez 2004 aura été difficile pour le secteur, dans la forte stabilité de la distribution des dépenses mesure où elle est caractérisée par une inten- courantes entre les trois ministères. Ce cons- sification de la contrainte macroéconomique tat est confirmé lorsque l'on examine les et un niveau d'inflation en sensible augmen- dépenses courantes par ministère en % du PIB tation. (voir le graphique III.1). Excepté une prio- · L'évolution globale des ressources publiques rité accrue pour le MEPU-EC en 2002, les pour le secteur a toutefois été un peu diffé- évolutions des dépenses en % du PIB ont suivi rente selon les trois ministères en charge des des évolutions similaires dans les trois minis- activités d'éducation-formation. En termes de tères en charge de l'éducation. structure, le niveau supérieur (MESRS) voit sa part se réduire de 27 % en 1998 à 23,4 % en 2002 alors que celle des enseignements généraux pré-universitaires est en augmenta- 16Une partie de l'augmentation est liée au lancement tion de 65,5 % en 1998 à 67,4 % en 2002, du programme EPT ayant eu lieu en 2002 Les aspects financiers 53 · Enfin, en ce qui concerne la distribution des services d'appui a également été possible pour dépenses courantes par nature, on observe les ressources de fonctionnement courant (biens une diminution sensible entre 1998 et 2003 et services), mais seulement pour les enseigne- de la part des salaires au sein des dépenses ments généraux pré-universitaires21. Pour les courantes (de 74 à 67 % pour le secteur et de dépenses en biens et services du METFP, le ta- 90 à 79 % au sein du MEPU-EC) et une aug- bleau III.3 n'opère pas de distinction entre celles mentation concomitante du poste des engagées au niveau des établissements et des ser- dépenses de biens et services (il passe de 11 à vices d'appui. 19 % pour le secteur dans son ensemble et Enfin, au sein de l'enseignement secondaire de 10 à 21% pour l'enseignement général pré- général, on a distingué trois types d'établisse- universitaire). Ces évolutions sont à priori ments : i) ceux qui n'offrent que des positives car on sait que si la qualité des ser- enseignements de 1er cycle, ii) ceux qui n'of- vices éducatifs offerts dépend certes des frent que des enseignements de 2nd cycle et iii) dépenses salariales, elle est tributaire aussi un certain nombre d'établissements offrant sous de l'existence d'un volume suffisant et bien un même toit des enseignements dans les 2 cy- ciblé de dépenses non salariales. Les dépen- ses de transferts et subventions17 représentent, pour leur part, une proportion plus ou moins 17Ces dépenses recouvrent des fonds allouées aux constante des dépenses courantes totales et universités et instituts d'enseignement supérieur concernent principalement le MESRS où el- et incluent les frais de personnel, de fonctionne- les représentent entre 50 et 60 % des ment (achats de fournitures, consommations dépenses. diverses) entretien immobilier, transferts/bourses ainsi que des frais de recherche/formation. 18 II. Examen détaillé des dépenses publiques Les services ont été séparés entre d'une part ceux qui sont clairement attachés à un niveau d'ensei- courantes pour l'année 2003 gnement et ceux qui ont vocation à concerner plusieurs niveaux d'autre part . Pour les premiers, Pour l'année 2003, nous présentons, dans le ta- l'affectation des personnels et de leurs coûts est bleau III .3, une synthèse détaillée des dépenses immédiate ; pour les seconds, une règle de distri- publiques d'éducation effectivement exécutées bution en fonction de la masse salariale des selon leur nature par niveau et type d'enseigne- enseignants a été utilisée (il s'agit d'une pratique considérée comme standard). ment. Lorsque cela a été possible, une distinction 19Pour les personnels, des activités méticuleuses de est faite entre les dépenses qui concernent le fonc- recoupage ont dû être menées pour assurer une tionnement des établissements d'enseignement cohérence raisonnable entre les données de l'en- et celles qui sont engagées au niveau des servi- quête annuelle sur les établissements scolaires, le ces18 d'appui (niveaux central et décentralisé). service des ressources humaines, le service de la Ceci a pu être réalisé pour les dépenses de per- solde et le suivi des enseignants contractuels. 21L'étude détaillée des budgets exécutés du MEPU- sonnels du MEPU-EC et du MEFTP pour EC a permis de séparer les dépenses de biens et lesquels, les affectations de personnels ont pu services en trois catégories : les dépenses allouées être distinguées19 selon que les individus exer- au cycle primaire, celles allouées au cycle secon- cent effectivement une activité d'enseignement daire, et les frais d'administration des services ou bien une activité d'appui dans un établisse- centraux qui ne sont spécifiques à aucun cycle ment scolaire ou dans un service d'appui (et ce, particulier. L'estimation de décomposition a con- sisté à répartir les dépenses administratives, indépendamment de leur statut, de leur forma- minoritaires, au pro-rata des dépenses connues. tion ou de leur corps). Pour la distribution entre 1er et 2nd cycle du secon- La distinction entre dépenses effectuées dans daire, la clé de répartition utilisée est la masse les établissements et celles effectuées dans les salariale. 54 Le Système Educatif Guinéen ) 801 017 789 417 372 287 071 211 082 129 page Total 8 8 4 3 1 GNF) 85 57 28 20 12 next (millions on GNF) Totaux continued( (millions Transferts extérieures Bourses Locales 2003 Divers & 817 898 924 492 432 083 702 376 369 GNF) 4 3 1 4 2 1 1007 Biens services 16 11 (millions d'éducation, 380 984 119 865 925 940 438 012 426 876 204 369 835 075 760 672 125 547 type 6 5 1 4 8 8 5 2 2 74 68 45 23 16 et GNF) Totale 682 360 756 604 185 419 322 168 154 876 204 369 835 075 760 672 125 547 niveau (millions Non- 9 5 4 1 1 1 8 8 5 2 2 16 15 par enseignants salariale nature, 698 624 363 261 740 521 116 844 272 classe 5 4 3 57 53 35 18 12 leur Masse en Enseignants 54 selon Total 040 164 550 614 245 369 876 301 575 192 903 899 735 269 289 235 8 6 2 1 1 3 2 1 1004 32 30 21 61 54 (nombre) 211 696 871 825 372 453 515 454 192 903 899 735 269 289 235 détaillées Non- 6 5 3 1 1 3 2 1 1004 enseignants 20 publiques Personnels 829 468 789 873 916 361 240 121 classe 679 6 4 1 1 1 25 24 17 en Enseignants courantes Maîtres Maîtres III.3. dépenses Collèges Lycées Collèges Lycées Primaire Secondaire Primaire Secondaire Tableau Les MEPU-EC Formation Autres MEPU-EC Formation Autres Etablissements MEFTP Services MEFTP Les aspects financiers 55 088 088 000 483 517 273 284 989 446 805 Total 9 2 9 GNF) 98 65 33 23 12 36 (millions 146 GNF) 493 493 264 757 Totaux 18 18 (millions 907 907 2 2 Transferts extérieures Bourses ) 815 815 8 8 Locales ( continued 493 493 542 035 2003 Divers 6 7 & 900 600 300 483 817 670 147 523 541 111 GNF) 6 4 1 5 1 4 3 Biens services 20 14 30 (millions d'éducation, 188 488 700 000 700 110 137 973 641 937 type 7 6 1 4 77 50 26 19 14 97 et GNF) Totale 564 125 439 260 179 994 293 701 niveau (millions Non- 8 6 2 1 1 23 15 par enseignants salariale nature, 624 363 261 740 521 116 844 272 classe 5 4 3 53 35 18 12 leur Masse en Enseignants selon Total 067 449 618 980 638 165 355 810 9 6 2 2 1 33 23 rémuné- publiques enseignants (nombre) 599 770 829 107 722 804 115 689 détaillées Non- 8 5 2 2 253 écoles 1 enseignants les les publiques Personnels 468 679 789 873 916 361 240 121 pas dans classe 6 4 1 1 1 communautaires), 24 17 en Enseignants (866 écoles comprend courantes les ne familles. Maîtres III.3. dans les par dépenses Collèges Lycées chiffre 387 Primaire Secondaire Ce communautaires et rés Tableau Les Formation Autres Ensemble MEPU-EC MEFTP MESRS Total 20 56 Le Système Educatif Guinéen cles secondaires. L'analyse des données de l'en- Il est généralement difficile d'avoir un juge- quête scolaire permet de faire une première ment techniquement fondé sur l'observation de séparation du personnel entre ces 3 types d'éta- la distribution des dépenses courantes en les dif- blissements. Ensuite, sur la base des taux férents niveaux d'enseignement dans un pays d'encadrement estimés respectivement dans les particulier, ici la Guinée22. En effet, il y a tou- collèges et dans les lycées et du nombre d'élè- jours des arguments pour faire davantage à ves des deux cycles dans les établissements chacun des niveaux d'études, si bien que ce qui mixtes, on répartit le personnel des établisse- est observé à un moment donné du temps cor- ments secondaires offrant les deux cycles entre respond d'une part à la sédimentation des les deux niveaux d'enseignement. habitudes du passé et d'autre part à une mesure Le tableau III.3, ci-dessus, constitue un élément des rapports de force existant dans la société ou central pour l'analyse des dépenses publiques au sein de l'équipe ministérielle. La perspective d'éducation dans le pays. Il appelle évidemment comparative peut alors apporter un éclairage in- un certain nombre de commentaires. téressant. La comparaison internationale proposée ici montre i) que la part du primaire II.1 La structure des dépenses courantes en Guinée (44 %) est sensiblement inférieure à par niveau et type d'enseignement la valeur moyenne (50 %) constatée sur l'échan- tillon des sept autres pays considérés ici; ii) par Le dernier bloc du tableau III.3 permet directe- contre la proportion des dépenses courantes af- ment d'estimer la distribution des dépenses courantes du secteur selon le niveau d'études; le tableau III.4, ci-après présente cette distribu- 22Une approche qui se révèle souvent utile est celle tion en la confrontant, à titre de comparaison, de l'analyse des relations entre la production de à celle observée dans d'autres pays de la sous- diplômés et le marché du travail; cette approche région. sera abordée dans le chapitre 5 de ce rapport. Tableau III.4. La structure des dépenses courantes du secteur par niveau d'enseignement et comparaison avec d'autres pays de la région % alloué au secondaire Pays % alloué au primaire (général et technique) % alloué au supérieur Guinée 44,3 30,8 24,8 Bénin 49 28 22 Burkina Faso 62 19 19 Cameroun 42 44 13 Madagascar 51 33 16 Mauritanie 46 35 19 Niger 58 27 14 Togo 45 34 21 Moyenne 7 pays 50,4 31,4 17,7 Guinée / moyenne des 7 pays 0,87 0,98 1,42 Les aspects financiers 57 fectées au supérieur est sensiblement plus élevée des dernières années est favorable au primaire en Guinée (25%) que dans chacun des autres dans la mesure où la part des ressources publi- pays pris comme comparateurs (valeur moyenne ques de fonctionnement du secteur affectée à de 18 %). Pour ce qui est du secondaire (agré- l'enseignement primaire est passée de 41 % en geant ici le général et le technique), la proportion 1998 à 44 % en 2003 (graphique III.2). Cette observée en Guinée est proche de la valeur évolution positive pour le niveau primaire dans moyenne des sept pays utilisés pour conduire l'arbitrage intra-sectoriel s'est faite essentielle- cette comparaison. ment au détriment du niveau secondaire (dont laComparaison n'est certes pas une raison, la part est passée de 24 à 23 % sur les cinq der- mais ces chiffres suggèrent sans ambiguïté en nières années) et de l'enseignement supérieur (qui premier lieu plutôt une priorité budgétaire in- passe de 27 à 25 %). Cependant force est de suffisante accordée au primaire (il faudrait que constater que ces évolutions de l'arbitrage intra- le budget de fonctionnement accordé au primaire sectoriel sont minimes et semblent relever plus augmente de 18 % pour revenir au niveau moyen d'un changement conjoncturel que d'une déci- des autres pays) eu égard d'une part aux décla- sion structurelle stratégique. rations claires faites par le pays pour atteindre Les données comparatives suggèrent en second l'objectif du millénaire (achèvement universel du lieu que, avec 25 % des ressources courantes primaire en 2015), et d'autre part en référence affectées au secteur, l'enseignement supérieur est au cadre indicatif de l'initiative Fast-Track qui spécialement favorisé dans les arbitrages intra- suggère que le primaire devrait recevoir 50 % sectoriels (plus largement inter-ministériels des dépenses courantes du secteur. Mais il con- d'ailleurs puisqu'un ministère assure la respon- vient d'ajouter que la tendance observée au cours sabilité spécifique de l'enseignement supérieur Graphique III.2. Evolution des dépenses courantes d'éducation par niveau entre 1998 et 2003 Distribution des dépenses courantes par niveau d'enseignement (évolution 1998­2003) 50% 44% 45% 41% 40% 40% 35% 30% 27% 26% 25% 25% 24% 24% 23% 20% 15% 10% 10% 8% 5% 8% 0% 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Primaire Supérieur Secondaire Technique et Professionnel *la distribution des dépenses du MEPU-EC entre niveau primaire et secondaire de 1998 est estimée 58 Le Système Educatif Guinéen et de la recherche scientifique). Il sera intéres- Dans le cas de la Guinée, les personnels d'ap- sant d'examiner avec attention tant les questions pui sont très nombreux comme le soulignent les du coût unitaire et de sa composition à ce ni- informations du tableau III.5, ci-après. Si on exa- veau d'enseignement (voir plus avant dans ce mine d'abord la proportion des personnels chapitre) que celles concernant la dimension de d'appui parmi l'ensemble des personnels em- l'équité (voir le chapitre 6 de ce rapport) et la ployés à chacun des niveaux éducatifs, on trouve justification externe des investissements publics un chiffre de 25 % au niveau primaire (ce qui à ce niveau d'enseignement (voir le chapitre 5). signifie 1 non-enseignant pour 3 enseignants) et On peut encore prolonger l'examen de la de 29 % au niveau secondaire avec peu de diffé- structure des dépenses courantes du secondaire rence entre le premier et le second cycle. Dans en isolant d'une part celles concernant l'ensei- l'enseignement technique et la formation pro- gnement général et en distinguant d'autre part fessionnelle, c'est un chiffre de 37 % qui est en son sein les deux cycles d'enseignement. Glo- estimé, signifiant qu'il y a plus d'un personnel balement, l'enseignement secondaire général non-enseignant pour deux enseignants dans le reçoit 22,5 % des dépenses courantes totales du système. Ces chiffres apparaissent très élevés en secteur, respectivement 16,0 et 6,5 % pour les termes absolus ou normatifs. Ils apparaissent premier et second cycles d'études. Ces chiffres aussi élevés en termes comparatifs. Nous ne dis- ne sont pas éloignés de ce qui est observé en posons certes pas d'une documentation aussi moyenne dans les autres pays de la région. large sur ce point que sur d'autres aspects du fonctionnement des systèmes éducatifs mais nous II.2 La structure des personnels par pouvons comparer la Guinée à cinq pays com- fonction dans la production scolaire parables (le Cameroun, Madagascar, la Mauritanie, le Niger et le Togo) pour lesquels Pour produire des services éducatifs, le facteur les informations sont disponibles. Au niveau pri- premier est évidemment la présence d'ensei- maire, et pour ces cinq pays, on peut tout gnants directement au contact des élèves. Mais d'abord noter l'existence d'une très forte va- les systèmes éducatifs fonctionnent toujours en riance de la proportion des personnels non employant d'autres personnels, qui n'enseignent enseignants au sein des personnels employés pas (bien qu'ils puissent être éventuellement des (cette proportion varie de 7 à 32 %); la valeur enseignants par formation ou par appartenance moyenne de cet indicateur est de 14,7 %, et seul de corps statutaire) mais qui assurent des fonc- Madagascar est caractérisé par un chiffre supé- tions d'appui soit au sein même des rieur à celui de la Guinée (25 %). Il semble donc établissements (personnels de direction, de sur- justifié de conclure sur l'idée que le nombre des veillance, d'appui pédagogique et administratif) personnels employés au niveau de l'enseignement soit dans des services centraux ou décentralisés primaire qui n'enseignent pas est très élevé en de l'administration du système. Il doit sans doute Guinée, et que ce serait probablement une poli- exister une sorte d'équilibre entre ces deux fonc- tique raisonnable de chercher à le réduire tions (enseignants et non-enseignants) car un sensiblement. Dans cette perspective, il pourrait système composé essentiellement d'enseignants être utile de conduire une analyse détaillée des sans personnels d'appui aurait du mal à fonc- fonctions à réaliser et de la confronter à l'acti- tionner efficacement sachant qu'un nombre de vité effective des personnes employées; cette personnels d'appui pléthorique constituerait une analyse reste cependant à faire. charge inappropriée au système et nuirait in fine Au niveau du secondaire, la valeur moyenne au possibilités de scolarisation effective des en- de la proportion des non-enseignants au sein des fants (pour cela il faut que les enseignants soient personnels totaux employés à ce niveau est de dans les classes). 29 % (pour les pays où ces informations sont Les aspects financiers 59 hors 45,3 45,7 44,7 45,7 42,0 66,5 63,0 67,2 70,6 dépenses % courantes enseignants 088 088 000 483 517 273 284 989 446 GNF) 9 2 9 98 65 33 23 12 36 Dépenses courantes (millions 900 600 300 483 817 670 147 523 541 Biens GNF) 6 4 1 5 1 4 3 services 20 14 (millions GNF) 564 125 439 260 179 994 293 701 606 8 6 2 1 1 3 23 15 (millions non-enseignants salariale 624 363 261 740 521 116 844 272 702 5 4 3 (public) 53 35 18 12 10 Masse Enseignants non- 26,0 24,6 29,4 30,2 27,9 37,1 32,4 38,1 60,1 % d'enseignement enseignants Total 087 449 618 980 658 165 355 810 938 9 6 2 2 1 2 niveaux 33 23 54 903 899 735 269 289 235 980 2 1 1004 866 fa- différents Services de les par aux enseignants 61 716 871 825 372 473 515 454 786 Non 5 3 1 1 l'estimation fonction Etablissements pas directement par 23 468 789 873 916 361 240 121 172 (payés 679 6 4 1 1 1 1 24 17 comprend personnels Enseignants ne III.5. des maîtres chiffre Ce communautaires milles). Tableau Structure Niveau d'études MEPU-EC Primaire Secondaire Collèges Lycées METFP Form. Autres MESRS 23 60 Le Système Educatif Guinéen connues), un chiffre proche de ce qui est observé vue de la justification, deux éléments peuvent dans le contexte de la Guinée. être envisagés : i) le premier a trait à l'efficacité L'analyse du volet des dépenses confirme ces et part de l'idée qu'outre la gratuité des études, observations. En effet, on dispose d'un ensem- les bourses sont nécessaires pour que les indivi- ble beaucoup plus large d'observations pays dus poursuivent leurs études dans l'enseignement concernant la part des dépenses courantes hors supérieur en nombre suffisant pour répondre aux rémunération des enseignants (elle comprend à demandes du marché du travail; ii) le second élé- la fois le salaire des personnels non-enseignants ment de justification a trait à l'équité avec l'idée et celui des dépenses de fonctionnement hors que les bourses sont nécessaires pour éviter que salaires). La valeur moyenne de cette statistique les étudiants d'origine modeste soient conduits est respectivement de 27,4 % dans le primaire à ne pas faire d'études supérieures du fait de leurs (plage de variation de 15 à 43 %), de 37,4 % conditions familiales difficiles. dans le premier cycle secondaire général (plage Ces deux arguments sont à priori plausibles, de variation de 24 à 56 %), et de 39,5 % dans le mais il importera ultérieurement de déterminer second cycle secondaire général (plage de varia- lequel des deux a une importance particulière; tion de 18 à 53 %). La comparaison des chiffres car si le second est prépondérant, c'est vers un du système éducatif guinéen avec ces moyennes ciblage social des bourses qu'il serait justifié d'al- suggère que si dans les deux cycles secondaires, ler, alors que ce n'est pas le cas si c'est le premier la situation du pays est relativement proche de argument qui est prépondérant. Il se peut aussi la moyenne régionale, ce n'est pas le cas dans le que l'un ou l'autre (ou l'un et l'autre) des deux primaire où le chiffre de la Guinée (45,7 %) est arguments de référence ne soient empiriquement très sensiblement supérieur à cette moyenne très solide si bien que cela apporterait des inter- (27,4 %). Si on ne peut évidemment pas élimi- rogations légitimes sur l'existence d'un volume ner la possibilité de chercher des gains aussi élevé de bourses aux étudiants dans le su- d'efficience dans la réduction du nombre des périeur. Nous explorerons dans le chapitre 5 sur non-enseignants au niveau secondaire, c'est au l'efficacité externe la pertinence du premier ar- niveau du primaire que les marges d'améliora- gument et dans le chapitre 6, celle du second. tion les plus manifestes existent et qu'elles Nous serons donc amené à revenir ultérieure- doivent être activement recherchées. ment sur la question des bourses d'enseignement supérieur après avoir mobilisé la documentation II.3 La structure des dépenses courantes au pertinente; contentons nous à ce stade d'obser- niveau de l'enseignement supérieur ver que le volume de ces dépenses est important et que cela mérite un examen plus spécifique24. Bien que nous ne disposions que de données re- lativement agrégées pour l'enseignement supérieur, on peut observer que la part des aides III. L'estimation des coûts unitaires aux étudiants absorbe environ un tiers des dé- selon la méthode agrégée penses publiques consacrées à ce niveau. Sur les 11,7 milliards de Francs Guinéens pour les bour- Sur la base du volume des dépenses publiques ses aux étudiants, les trois-quarts (8,8 milliards courantes par niveau ou type d'enseignement, GNF) concernent des aides aux étudiants gui- néens suivant leurs études dans le pays, le quart 24 Dans le chapitre 5 sur l'efficacité externe des in- restant (2,9 milliards GNF) étant affecté aux étu- vestissements éducations, nous explorerons de diants faisant des études à l'étranger. Les bourses façon plus globale la justification des dépenses des consomment donc une part substantielle des res- différents niveaux d'enseignement, au-delà de la sources de ce ministère (32,2 %) ; du point de question spécifique des bourses du supérieur. Les aspects financiers 61 Tableau III.6. Les coûts unitaires aux différents niveaux d'enseignement dans le public, 2003 Dépenses Nombre courantes des élèves Coût unitaire Niveau d'études (millions GNF) ou étudiants GNF Indice PIB / habitant Primaire 65 088 842 837 77 225 1 0,09 Secondaire général 33 000 257 979 127 917 1,7 0,14 Collège 23 483 196 929 119 246 1,5 0,13 Lycée 9 517 61 050 155 889 2,0 0,18 Enseignement technique et professionnel 12 273 9 899 1 239 822 16,1 1,40 Formation des maîtres 2 284 2 155 1 059861 13,7 1,20 Autres formations 9 989 7 744 1 289 902 16,7 1,45 Enseignement Supérieur* 33 539 16 361 2 049 936 26,5 2,31 *les dépenses pour l'aide aux étudiants à l'étranger ne sont pas comptabilisées ici (pour être cohérent avec le fait que les étudiants à l'étranger ne sont pas comptabilisés) qui vient d'être estimé, et des effectifs scolarisés second cycle contre 119 000 GNF au pre- dans le secteur public à chacun de ces niveaux, mier cycle); on peut de façon directe mettre ces deux termes ii) l'écart de coût unitaire entre le primaire et en correspondance et calculer des coûts unitai- l'enseignement technique semble très impor- res de scolarisation. Le tableau III.6, ci-après tant (un rapport de 1 à 16). propose les résultats obtenus. iii) l'écart de coût unitaire entre le primaire et La dépense publique par élève s'échelonne de le supérieur apparaît également très impor- 77 000 GNF dans le primaire à 2 050 000 GNF tant. Une année d'études d'un étudiant du dans le supérieur, des valeurs allant de l'indice 1 supérieur coûte autant que la scolarisation à 26 lorsqu'on passe du primaire au supérieur. annuelle de 26,5 élèves au cycle primaire. Cela dit, c'est principalement sur une base com- C'est une vérité qui mérite certainement parative, dans l'espace et dans le temps qu'on d'être considérée au moment de discussions pourra se faire une idée utile sur la valeur de ces sur les arbitrages entre niveaux d'enseigne- coûts unitaires de scolarisation; trois observa- ment, compte tenu d'un objectif de tions émergent toutefois d'emblée sur la base scolarisation primaire universelle pour 2012 d'une comparaison interne entre les différents (en 2003/04 seul un enfant sur deux atteint niveaux d'enseignement: la fin du cycle primaire). i) à l'intérieur de l'enseignement secondaire gé- Pour aller au-delà de ces constats, il est inté- néral (qui n'est globalement que 1,7 fois plus ressant de placer l'examen des coûts unitaires coûteux par élève que le primaire), on ob- de scolarisation dans une perspective compara- serve très peu de différences entre les deux tive élargie. cycles: l'écart dans la valeur du coût unitaire L'observation des coûts unitaires avec une n'est que de 37 000 GNF (156 000 GNF au perspective de comparaisons inter-pays permet 62 Le Système Educatif Guinéen Tableau III.7. Eléments de comparaison internationale des coûts unitaires (publics) par niveau d'études (années 2000 à 2003) Dépenses/élève Technique et (% du PIB/tête) Primaire Secondaire 1 Secondaire 2 Professionnel Supérieur Guinée 8,7 (4/17)25 13,4 (2/16) 17,6 (1/16) 140 (8/10) 231 (7/14) Bénin 10,8 15,8 56,2 78 149 Burkina Faso 19,2 39,0 84,0 nd nd Burundi 14,0 64,0 64,0 nd 1206 Cameroun 7,1 31,6 37,1 61 83 Congo 4,0 12,7 36,8 nd nd Côte-d'Ivoire 13,0 35,0 72,0 111 126 Ethiopie 10,7 28,2 46,8 284 1080 Madagascar 11,0 26,7 64,4 83 190 Mali 12,5 36,1 124,0 118 237 Mauritanie 12,0 39,6 33,8 188 120 Niger 20,0 49,0 157,0 nd 515 Rwanda 8,1 47,4 64,3 nd 787 Sénégal 10,7 14,7 70,3 95 257 Tchad 9,8 nd nd nd nd Togo 11,0 22,0 34,1 104 215 Zambie 10,4 25,3 21,7 nd 670 Médiane des pays comparateurs 10,9 31,6 64,0 104 237 Intervalle de variation [4­20] [13­64] [22­157] [61­284] [83­1206] Sources : RESENs, Modèles de simulation, Banque Mondiale, Pôle de Dakar nd : non disponible d'affiner l'analyse. Plusieurs commentaires se dé- 25 Les chiffres entre parenthèses indiquent la gagent : position (sur une échelle croissante de coûts uni- taires) de la Guinée parmi l'ensemble des pays i) La Guinée se situe parmi les pays où la dé- considérés. pense par élève du cycle primaire (en 26 La médiane d'une série de valeurs (ici les coûts comparaisons des ressources nationales) est unitaires des différents pays) est la valeur qui se la plus faible. La dépense par élève vaut trouve au milieu : la moitié des pays comparateurs ont une valeur supérieure à la médiane et l'autre 8,7 % du PIB par tête en Guinée contre une moitié une valeur inférieure. La médiane est pré- médiane26 de 10,9 % dans les pays férée à la moyenne lorsqu'il existe des valeurs comparateurs. Parmi les 17 pays considérés, extrêmes. Les aspects financiers 63 la Guinée se situe en quatrième position (sur Pour analyser les facteurs composant la dé- une échelle croissante des coûts unitaires). pense unitaire, l'approche méthodologique la plus ii) Le constat d'une faible dépense par élève appropriée consiste à étudier le coût unitaire sous est encore plus marqué au niveau du se- une forme micro (de façon décomposée). condaire général. Pour le premier cycle seul le Congo présente un coût unitaire moins élevé que celui de la Guinée. Avec 13,4% IV. Estimation analytique des coûts du PIB par tête la dépense par élève du col- unitaires et identification des facteurs lège est largement inférieure à la médiane qui rendent compte de leurs variations des pays considérés (31,6%). Pour le se- cond cycle, la situation est encore plus Dans la section précédente, le coût unitaire était frappante. La Guinée est, parmi les 16 pays calculé de façon directe en faisant le rapport de considérés, celui où le coût unitaire est le la somme des dépenses courantes constatées au plus bas. Il est moins élevé que celui ob- cours d'un exercice budgétaire pour un niveau servé dans un pays médian avec un facteur d'éducation donné et du nombre des élèves sco- 4 (17,6% du PIB par tête contre une larisés à ce niveau. Nous allons maintenant moyenne de 64,0%) aborder l'estimation du coût unitaire en partant iii) La situation est toute autre pour l'enseigne- des conditions de l'enseignement et des ressour- ment technique. Le coût unitaire de ces mobilisées en moyenne directement au niveau l'enseignement technique et professionnel en de l'élève. Pour cela, il est commode d'utiliser Guinée est parmi les plus élevés des pays con- une formule de décomposition du coût unitaire sidérés. Avec une dépense par apprenant telle que la suivante : égale à 1,40 unités de PIB par tête, la Gui- née propose des formations techniques et CU = SE/REM + SNE/RENE + FONCU + professionnelles plus coûteuses qu'un pays SOCU + ADMU moyen (1,04 PIB par tête). iv) Au niveau de l'enseignement supérieur, la Dans cette expression, CU est le coût unitaire, Guinée se positionne dans la moyenne des SE le salaire moyen des enseignants, REM le pays considérés. La dépense par étudiant se rapport élèves-maîtres, SNE le salaire moyen des chiffre à 2,3 unités de PIB par tête. non-enseignants, RENE le rapport entre le nom- bre des élèves et des non-enseignants, FONCU Même si nous reviendrons sur ce sujet d'une les dépenses moyennes de fonctionnement (biens façon plus propositionnelle, l'analyse permet et services et transferts aux établissements) par déjà de pointer que la question des arbitrages élève, SOCU les dépenses sociales moyennes par dans l'utilisation des ressources est une question élève et ADMU le niveau moyen des frais d'ad- importante. Pour le secteur de l'éducation, les ministration (salaires des personnel hors arbitrages se situent essentiellement à trois ni- établissements scolaires) par élève. Pour conduire veaux : 1) dans la distribution des ressources cette analyse, il convient de mobiliser des infor- entre les différents niveaux d'enseignement, 2) mations sur les différents éléments contenus dans à l'intérieur de chaque niveau, entre la quantité la formule proposée ci-dessus pour le coût uni- d'élèves/étudiants et la dépense unitaire (que l'on taire, et notamment sur les barèmes de espère liée à la qualité) et 3) entre les différents rémunération des enseignants et sur les rapports facteurs influant la dépense unitaire. entre le nombre des élèves et des personnels, en- Sur les deux premiers points, les éléments seignants et non-enseignants. Le tableau III.8, d'analyse ont été présentés, étudions maintenant ci-après, donne les chiffres de référence pour l'en- le troisième. seignement public en 2003­04. 64 Le Système Educatif Guinéen Tableau III.8. Les personnels enseignants des établissements par catégorie et niveau moyen de salaire dans l'ensei- gnement public et communautaire, 2003­04 Salaire moyen annuel Secondaire Secondaire Technique Primaire 1 2 et professionnel 000 GNF PIB/tête Enseignants 18 932 4 873 1 916 1 361 2 235 2,5 A 127 1 236 870 238 3 922 4,4 B 6 060 975 144 525 2 905 3,3 C 1 136 14 -- 45 2 368 2,7 Contractuels 10 356 -- -- -- 1 426 1,6 Extra-muros -- 2 649 902 554 1 937 2,2 Communautaires 1 253 -- -- -- -- -- Salaire moyen annuel (000 GNF) 2 000 2 614 2 881 3 023 Salaire moyen annuel (en PIB/tête) 2,3 2,9 3,2 3,4 Les données de ce tableau sont utiles sur le ron 1,4 millions de GNF (1,6 PIB par tête). Ce- plan instrumental pour progresser dans la re- lui des enseignants communautaires payés par construction du coût unitaire selon la méthode les parents, même s'il n'a pas pu être estimé, est micro. Elles le sont aussien elles-mêmes, car la certainement encore inférieur (sans doute pas rémunération des personnels constitue un élé- supérieur à 800 000 GNF en moyenne). Globa- ment central de l'analyse budgétaire et plus lement, sans compter les communautaires, le largement de la politique éducative du pays. salaire moyen d'un enseignant du cycle primaire Si on examine en premier lieu le cycle pri- s'établit à 2 millions de GNF, soit 2,3 unités de maire, on trouve globalement quatre catégories PIB par tête. Nous reviendrons plus loin dans ce d'enseignants dans les établissements27: les en- chapitre sur la question de la rémunération des seignants fonctionnaires B (environ 6 000), les enseignants. enseignants fonctionnaires C (un peu plus de Au niveau de l'enseignement secondaire gé- 1 000), les contractuels (plus de 10 000), et les néral, on observe trois catégories d'enseignants : communautaires (un peu plus de 800). les fonctionnaires A (1 200 agents au 1er cycle Il existe des différences notoires dans les ré- et près de 900 au second cycle), les fonctionnai- munérations des différentes catégories res B (respectivement environ 1 000 et 150) et d'enseignants. Le salaire moyen annuel des fonc- les extra-muros, contractuels ou contractuels du tionnaires B est estimé à 2,9 millions de GNF secondaire (respectivement 2 600 et 900 pour par an (soit 3,3 unités de PIB par tête), celui des les deux cycles secondaires). Le niveau moyen fonctionnaires C est évalué à 2,4 millions de de rémunération varie, tout comme pour le cy- GNF (2,7 PIB par tête); en moyenne, la rémuné- ration moyenne des fonctionnaires s'établit à 2,8 millions GNF par année, représentant environ 27 Les enseignants fonctionnaires A ne sont pas con- 3,2 fois le PIB par habitant du pays. Le salaire sidérés dans la mesure où leur nombre est minime des contractuels se chiffre pour sa part à envi- à ce niveau d'enseignement (127). Les aspects financiers 65 Tableau III.9. Les personnels non enseignants des établissements par catégorie et niveau moyen de salaire dans l'en- seignement public, 2003­04 Salaire moyen annuel Secondaire Secondaire Technique Primaire 1 2 et professionnel 000 GNF PIB/tête Non enseignants 3 871 1 372 453 515 2 685 3,0 A 37 702 280 141 3 922 4,4 B 2 963 453 81 95 2 905 3,3 C 284 9 23 22 2 368 2,7 Contractuels permanents -- -- -- 22 2 306 2,6 Contractuels temporaires 588 208 69 234 882 0,9 Salaire moyen annuel (000 GNF) 2 520 3 049 3 133 2 561 -- -- Salaire moyen annuel (en PIB/tête) 2,8 3,4 3,5 2,9 -- -- cle primaire, du simple au double suivant la ca- veau d'enseignement du fait d'une répartition tégorie : de 1,9 millions de GNF (2,2 unités de par catégorie de personnels différente: en PIB par tête) pour les extra-muros à 3,9 mil- moyenne, 2,8 unités de PIB par tête pour le cy- lions de GNF (4,4 PIB par tête) pour les cle primaire, 3,4 pour le 1er cycle du secondaire fonctionnaires A. Les niveaux moyens agrégés et 3,5 pour le 2nd cycle du secondaire (voir ta- de rémunération des enseignants sont estimés à bleau III.9). Le niveau de rémunération moyen 2,9 unités de PIB par tête pour le 1er cycle et 3,2 du personnel non enseignant des établissements unités de PIB par tête pour le 2nd cycle. d'enseignement technique et professionnel est Au niveau de l'enseignement technique et pro- estimé à 2,9 unités de PIB par tête. fessionnel, la situation est similaire à celle Du fait d'une structure des personnels diffé- observée pour l'enseignement secondaire géné- rente au niveau de l'enseignement supérieur, les ral. Les trois catégories, fonctionnaires A, estimations des effectifs et des salaires moyens fonctionnaires B et extra-muros coexistent dans des catégories de personnels de ce niveau sont le système; mais la plus grande proportion d'une présentées dans un tableau séparé (tableau part des enseignants de la catégorie B au sein III.10). des fonctionnaires et, d'autre part des extra- Les enseignants de l'enseignement supérieur muros dans l'ensemble des enseignants par public guinéen peuvent être classés en trois ca- référence au secondaire général, conduit à ce que tégories28: 1) des fonctionnaires A (Professeurs, le salaire moyen annuel est inférieur à celui ob- Maître de conférence, Maître assistants...), au servé parmi les enseignants du secondaire nombre d'environ 800 et qui représentent 71 général. Il est estimé à un peu plus de 3 millions % du corps enseignant à ce niveau d'enseigne- de GNF par an, soit 3,4 unités de PIB par tête. ment; 2) les contractuels (ou extra-muros) au Pour ce qui concerne les personnels des éta- blissements non enseignants (directeurs déchargés, proviseurs, censeurs...), les niveaux 28 Les fonctionnaires B et C en nombre très limité de rémunération croissent également avec le ni- peuvent être omis à ce stade de l'analyse. 66 Le Système Educatif Guinéen Tableau III.10. Les personnels enseignants et non enseignants des établissements publics d'enseignement supérieur par catégorie et niveau moyen de salaire, 2003­04 Salaire moyen annuel Nombre 000 GNF PIB/tête Enseignants 1 172 9 131 10,3 A 833 4 833 5,5 B 30 3 093 3,5 C 28 2 532 2,9 Contractuels/Extra-muros 194 5 000 GNF par heure d'enseignement Expatriés 87 64 069 72,2 Non enseignants 786 1 096 1,2 A 59 4 833 5,5 B 17 3 093 3,5 C 7 2 532 2,9 Contractuels temporaires 703 720 0,8 nombre d'environ 200 (soit 17 %) et 3) les ex- Le salaire moyen des personnels non ensei- perts expatriés (essentiellement russes) en gnants des établissements du supérieur est estimé nombre plus limité (environ 90, soit 7 % du à 1,1 millions GNF (1,2 PIB par tête). La fai- corps enseignant). Les différences de rémunéra- blesse de cette rémunération moyenne tient à la tion sont beaucoup plus marquées que pour les présence très majoritaire des contractuels tem- autres niveaux d'enseignement. Les contractuels poraires (89 % des personnels non enseignants extra-muros sont payés par unités d'heure d'en- des établissements), payés 720 000 GNF par an seignement, au taux horaire de 5 000 GNF. Une (0,8 PIB par tête). estimation grossière d'un équivalent temps plein Sur la base des informations contenues dans maximal (environ 500 heures d'enseignement les tableau III.8, III.9 et III.10, il est possible de dans l'année) s'établit autour de 2,5 millions de proposer une reconstitution analytique du coût GNF (soit 2,9 unités de PIB par tête). A l'autre unitaire à chacun des différents niveaux d'en- extrême du spectre des rémunérations, le salaire seignement. Le tableau III.11, ci-après, présente moyen annuel des expatriés est estimé à 64 mil- les résultats obtenus pour l'année 2003 (les ef- lions GNF, soit 72 unités de PIB par tête (25 fectifs scolarisés d'élèves ou d'étudiants, comme fois plus que les contractuels). La majorité des ceux des personnels, sont ceux de l'année sco- enseignants, les fonctionnaires A, ont eux un laire 2003­04) : salaire moyen annuel estimé à 4,8 millions GNF, On voit tout d'abord que le niveau estimé du soit 5,5 unités de PIB par tête. Globalement, coût unitaire total est très proche de celui es- toutes catégories confondues, un enseignant du timé par la méthode directe agrégée, ce qui supérieur a une rémunération moyenne égale à constitue un gage de robustesse de l'analyse. Les 9,1 millions GNF, représentant 10,3 fois le PIB données du tableau III.11 permettent de décrire par habitant du pays. la structure du coût unitaire dans ses différen- Les aspects financiers 67 Tableau III.11. Reconstitution du coût unitaire aux différents niveaux d'enseignement, 2003 Secondaire Secondaire Technique/ Primaire 1 2 Professionnel Supérieur Salaire enseignant (000 GN F) 2 000 2 614 2 881 3 023 9 131 Elèves par enseignant 47,729 40,4 31,9 7,3 14,0 Coût unitaire enseignant (000 GN F) 42 65 90 416 654 Salaire non enseignants (000 GN F) 2 520 3 049 3 133 2 561 1 096 Elèves par non-enseignant 216 144 135 19 21 Coût unitaire non enseignant (000 GN F) 12 21 23 134 53 Coût unitaire salarial au niveau de l'établissement (000 GN F) 54 86 114 550 707 Fonctionnement (Biens et services et transferts 000 GN F) par élève/étudiant 17 23 30 623 641 Administration (salaires 000 GN F) par élève/étudiant 6 11 12 68 167 Dépenses sociales (hors bourses à l'étranger) par étudiant (000 GNF) -- -- -- -- 539 Coût unitaire courant total (000 GN F) 78 120 156 1 241 2 055 tes composantes; c'est ce que synthétise le ta- 29 Le rapport élève maître est calculé ici sans comp- bleau III.12. ter les enseignants communautaires dans la mesure A la lecture du tableau III.12 on observe que où ils sont payés par les parents d'élèves et donc la structure du coût unitaire est très similaire n'entrent pas dans le coût unitaire public. Tableau III.12. La structure du coût unitaire aux différents niveaux d'enseignement, 2003 Secondaire Secondaire Technique/ Primaire 1 2 Professionnel Supérieur Coût unitaire enseignant 54 55 58 34 32 Coût unitaire non-enseignant 15 18 15 11 3 Coût unitaire salarial (Etablissement) 69 72 73 45 35 Fonctionnement (Biens et services et transferts) 22 19 19 50 31 Administration (Salaires) 8 9 8 5 8 Dépenses sociales (hors bourses étrangères) -- -- -- -- 26 Total 100 100 100 100 100 68 Le Système Educatif Guinéen pour les trois niveaux d'enseignement général dépenses salariales de l'administration sont mi- primaire, secondaire 1 et secondaire 2. Autour noritaires (5 % du coût unitaire). de 70 % du coût unitaire est dépensé pour l'en- Enfin, pour l'enseignement supérieur, la dif- cadrement au niveau des établissements (69 % férence avec les niveaux bas du système est au primaire, 72 % au collège et 73 % au lycée), encore plus marquée que pour l'enseignement environ 20 % est utilisé pour des dépenses de technique. Les salaires des personnels des éta- fonctionnement (transferts et biens et services) blissements ne représentent qu'un peu plus d'un et les 10 % restants sont dépensés pour les sa- tiers (35 %) de la dépense unitaire globale. 31 laires de l'administration. % de la dépense unitaire sont utilisés pour la Pour l'enseignement technique et profession- fourniture de biens et services (moins que pour nel, la situation est très différente. La part du l'enseignement technique mais plus que pour les coût unitaire utilisée pour les salaires de l'enca- niveaux primaire et secondaire). Enfin, plus d'un drement au niveau des établissements n'est quart (26 %) du coût unitaire est utilisé pour estimé qu'à 45 % (34 % pour les enseignants et les bourses des étudiants. 11 % pour les non-enseignants). Les dépenses La comparaison internationale (voir tableau de fonctionnement (biens et services et transferts) III.13) permet d'affiner l'analyse pour les trois représentent la moitié du coût unitaire et les nivaux d'enseignement général considérés. La Tableau III.13. Eléments de comparaisons internationales concernant les enseignements primaire et secondaire publics, autour de 2002 (2003 pour la Guinée) Enseignement primaire Secondaire 1er cycle Secondaire 2nd cycle Salaire % Dépenses Salaire Salaire Elèves/ enseignants hors salaire Elèves/ enseignants Elèves/ enseignants Pays enseignant (PIB/tête) enseignants enseignant (PIB/tête) enseignant (PIB/tête) Guinée 47,7 (6/9) 2,3 (1/9) 46,2 (9/9) 40,4 (7/9) 2,9 (1/9) 31,9 (9/9) 3,2 (1/9) Burkina Faso 47 7,6 26,4 42 -- 14 -- Bénin 54 3,8 30,7 38 4,3 17 5 Cameroun 63 3,4 32,5 31 6,5 29 6,8 Côte-d'Ivoire 46 5,7 22,5 38 6,8 24 7,5 Madagascar 50 3,3 42,4 22 3,7 12 5 Mauritanie 42 5,1 18,2 36 7,1 23 9,1 Niger 42,9 5,9 35,9 39,7 9,1 12,9 10,7 Togo 37 4,5 25,2 53 7,7 30 7,9 Moyenne des 8 pays comparateurs 47,7 4,9 29,2 37,5 6,5 20,2 7,4 Afrique 42 4,6 24,1 -- -- -- -- Sources : RESENs, Modèles de simulation, Etats des lieux des systèmes et politiques d'éducation de base (Banque Mondiale, UNESCO/BREDA, Pôle de Dakar) Les aspects financiers 69 faiblesse des coûts unitaires courants de l'ensei- élèves par enseignant, la Guinée est le pays gnement guinéen tient à deux facteurs : 1) des parmi les 9 considérés où le taux d'encadre- rapports élèves-enseignants globalement élevés et ment est le plus inadéquat (la moyenne 2) des niveaux de salaires très bas, comparative- observée dans les pays comparateurs est de ment aux autres pays. Ces constats sont d'autant 20,2 élèves par maître). Le graphique III.3 plus marqués que l'on monte dans la pyramide montre visuellement la situation particulière scolaire du système d'enseignement général : de la Guinée : une position moyenne pour le cycle primaire (au milieu sur l'axe horizon- · En termes de taux d'encadrement, le cycle pri- tal) et une position extrême pour le second maire guinéen, avec environ 48 élèves en cycle du secondaire (tout en haut sur l'axe moyenne par enseignant est très proche de la vertical) moyenne des pays comparateurs (48 en · En termes de salaires des enseignants, la si- moyenne dans les 8 pays comparateurs et 42 tuation guinéenne est encore plus éloignée de en moyenne en Afrique). Au niveau du 1er la moyenne observée dans les pays compara- cycle du secondaire, la situation guinéenne bles. Quel que soit le niveau d'enseignement, s'écarte de la moyenne observée dans les pays les salaires moyens des enseignants, exprimés comparables (40,4 élèves par enseignant en en unités de PIB par tête, sont, en Guinée, les Guinée contre 37,5 en moyenne dans les 8 plus bas parmi les 9 pays considérés. A cha- pays comparateurs). Seuls le Burkina Faso et que niveau de l'enseignement général la le Togo ont des rapports élèves-maîtres plus rémunération moyenne des enseignants vaut élevés à ce niveau d'enseignement. Au niveau moins de la moitié de ce qui est observé en du 2nd cycle du secondaire, la particularité moyenne dans les pays comparateurs (2,3 PIB guinéenne est encore plus marquée : avec 31,9 par tête contre 4,9 au niveau primaire, 2,9 Graphique III.3. Comparaison internationale du taux d'encadrement dans l'enseignement public primaire et 2nd cycle secondaire, année 2002 ou proche (2003 pour la Guinée) Rapport élèves-maître primaire et second cycle du secondaire 35 Guinée 30 Togo Cameroun 25 Côte-d'Ivoire Mauritanie 20 secondaire Bénin 15 cycle Burkina Faso Niger Madagascar 2nd 10 5 0 35 40 45 50 55 60 65 Primaire 70 Le Système Educatif Guinéen Graphique III.4. Salaire moyen des enseignants (PIB par tête) 12 11 Niger 10 9 Mauritanie cycle 2nd 8 Togo Côte-d'Ivoire 7 Cameroun 6 secondaire Madagascar 5 Bénin Cycle 4 Guinée 3 2 2 3 4 5 6 7 Cycle primaire contre 6,5 au 1er cycle du secondaire et 3,2 Tableau III.14. contre 7,4 au 2nd cycle du secondaire). Evolution du nombre d'enseignants par grande catégorie (fonctionnaires et contractuels) dans C'est le niveau très faible des salaires des en- l'enseignement primaire public (1999­2003) seignants qui a permis au système de s'étendre 1999 2003 quantitativement aussi vite30. Ceci est vrai des enseignants fonctionnaires dont le niveau de Total hors enseignants salaire est estimé se situer autour de 3,3 fois le communautaires 13 558 17 679 PIB par habitant du pays; mais cela l'a été en- dont fonctionnaires 8 588 7 323 core davantage avec la décision, prise dès 1997, dont contractuels 4 970 10 356 de substituer le recrutement d'enseignants fonc- tionnaires par celui de contractuels d'Etat dont % contractuels 36,7 58,6 le niveau de rémunération avait été fixé à des valeurs très basses, ne représentant alors qu'en- viron 1,1 fois le PIB par habitant du pays. Lorsque l'on examine l'évolution temporelle ble des enseignants), est passé à presque 10 400 des effectifs d'enseignants (tableau III.14) par en 2003, soit en rythme annuel un accroisse- grande catégorie (fonctionnaires d'un côté et ment moyen de l'ordre de 20 % alors que dans contractuels de l'autre), on constate que ce sont le même temps, le nombre de fonctionnaires a les enseignants contractuels qui ont constitué (et continuent de constituer) le principal moteur du développement quantitatif de l'enseignement 30 Le taux brut de scolarisation à ce niveau d'études primaire en Guinée (comme dans de nombreux a en effet évolué de 34 % en 1990 à 47 % en pays de la région). Leur effectif, estimé à moins 1995, pour atteindre 81 % en 2003 (cf chapitre de 5000 en 1999 (soit environ 37 % de l'ensem- 2) Les aspects financiers 71 diminué en moyenne de 3,9 % par an. En 2003, une définition améliorée du paquet proposé aux près de 3 enseignants sur 5 dans le primaire sont enseignants contractuels pour assurer la péren- des contractuels. nité d'un corps enseignants professionnel de Pour indéniablement positive qu'ait été cette qualité dans la perspective de réaliser les objec- politique de contractualisation des enseignants tifs de l'Education Pour Tous en 2015. Comme pour l'expansion quantitative du système, des cela aura de façon évidente des implications en limites ont assez rapidement été visibles, notam- matière budgétaire, c'est notamment sur la base ment dans la difficulté à recruter de nouveaux de l'utilisation du modèle de simulation finan- enseignants et surtout à les maintenir en poste cière pour l'ensemble du secteur qu'il conviendra (notamment dans les zones difficiles) compte d'examiner la définition concrète et la tenu du niveau trop faible de la rémunération soutenabilité financière d'une telle mesure. initialement proposée. Ces difficultés a crée des pénuries qui ont souvent été compensées (seule- ment de façon partielle) par le recrutement, payé V. Recomposition de l'offre éducative par les parents, d'enseignements complémentai- pour le cycle primaire en fonction des res au sein même des écoles publiques, sans paramètres de politique éducative et parler de la création directe d'écoles communau- mise en perspective de la taires financées de façon principale par les scolarisation primaire universelle communautés, parfois avec l'appui de diverses ONG31. A titre de conclusion de ce chapitre il paraît in- Face à ces difficultés, le Gouvernement, qui a téressant de reconsidérer les aspects financiers toujours été attentif à la formation initiale et sous l'angle du lien existant entre politiques édu- continue des enseignants, a progressivement catives (et donc les ressources et coûts associés augmenté la rémunération de ces enseignants à ces politiques) et offre éducative. L'analyse, contractuels, celle-ci se situant en 2003 à un ni- soutenue par l'égalité comptable entre dépenses veau correspondant à 1,6 fois le PIB par habitant et ressources, se focalise sur le niveau primaire du pays; le paquet proposé comprend aussi des et l'objectif quantitatif associé de scolarisation éléments de progression de carrière. Ce dernier primaire universelle. La décomposition des dé- chiffre reste toutefois relativement faible et ce penses et celle des ressources peuvent être tant par référence effectuées pour faire apparaître les principaux paramètres structurels de la politique éducative i) au niveau de rémunération des enseignants du pays. La décomposition des ressources per- fonctionnaires; elle représente 3,2 fois le PIB met de mettre en exergue les paramètres du par habitant soit le double du niveau de ré- système concernant la mobilisation budgétaire : munération des contractuels; pression fiscale, arbitrage inter et intra secto- ii) à la rémunération des enseignants exerçant riel. La décomposition des dépenses permet dans l'enseignement primaire privé; elle est quant à elle de faire apparaître les paramètres estimée se situer à environ 2,7 fois le PIB par de production de services éducatifs (salaires, habitant du pays; autres dépenses, taux d'encadrement...) ainsi iii) à la valeur de 3,5 fois le PIB par habitant, que l'offre de scolarisation fournie par le sys- retenue dans le cadre indicatif de l'initiative Fast-Track pour l'achèvement universel du primaire en 2015; 31 Du fait du niveau très faible des salaires, on ob- serve également dans certaines écoles des La question est donc clairement posée de sa- phénomènes de sollicitation informelle des parents voir s'il ne serait pas pertinent de procéder à pour aider à subvenir aux besoins des enseignants. 72 Le Système Educatif Guinéen tème (représentée par le taux brut de scolarisa- · POPSCOL = Population d'âge scolaire tion). · POP = Population Totale Plus précisément, les ressources et dépenses · PRIVCOM = % d'élèves scolarisés dans le courantes pour l'enseignement primaire, exprimé privé (y compris écoles communautaires), en % du Produit Intérieur Brut (PRIMPIB) peu- · a = rapport entre les dépenses courantes hors vent se décomposer comme suit : salaires des enseignants et la masse salariale des enseignants, En termes de ressources pour les dépenses cou- · SALPIBT = salaire moyen des enseignants en rantes du cycle primaire, on a unités de PIB par habitant, · REM = rapport élèves-maître dans les écoles PRIMPIB = PF x EDU x PRIM publiques · TBS = taux brut de scolarisation où · RAPDEP = part des enfants d'âge scolaire dans la population totale (pseudo taux de · PF (pression fiscale) représente les ressources dépendance démographique) publiques domestiques en % du PIB · EDU représente les dépenses courantes de A partir de l'égalité des ressources et des dé- l'éducation en % des ressources publiques do- penses, on peut donc écrire : mestiques · PRIM est la part des dépenses courantes de TBS = PF x EDU x PRIM x REM x 1/SALPIBT l'éducation allouée au cycle primaire x 1/RAPDEP x 1/(1 + a) x 1/(1-PRIV) En termes de dépenses courantes, on peut dé- Cette égalité mathématique, toujours exacte, composer comme ceci : permet de faire apparaître les facteurs qui sous- tendent l'offre de scolarisation primaire que le PRIMPIB = MSE x (1 +a) / PIB système peut fournir (TBS)32. Ces facteurs sont relatifs i) au contexte macro-économique (pres- = (MSE (1+a) / ENS) x (ENS / EL) x (EL / sion fiscale et pseudo rapport de dépendance POPSCOL) x (POPSCOL / POP) x (POP /PIB) démographique), ii) à la mobilisation des res- sources domestiques (arbitrages inter et intra = (1 + a) x (MSE / ENS) / (PIB / POP) x (ENS / sectoriels) et iii) à la production de services édu- (ELPUB / (1-PRIV)) x (EL / POPSCOL) x catifs (salaires, taux d'encadrement, dépenses (POPSCOL / POP) hors salaires enseignant, privatisation). Ces pa- ramètres sont dans une large mesure descriptifs = (1 + a) x SALPIBT / REM x (1 ­ %privé) x de la politique éducative nationale, en termes TBS x RAPDEP de priorité accordée à l'éducation [primaire] et d'efficience du système et constituent à ce titre où · MSE = masse salariale des enseignants payés par le gouvernement 32 · ENS = nombre d'enseignants publics (payés La pénurie du côté de la demande d'éducation constitue également, comme cela a été identifié par le gouvernement) dans le chapitre 2, un frein à la scolarisation uni- · EL = nombre d'élèves scolarisés verselle mais cet aspect, même si il est important, · ELPUB = nombre d'élèves scolarisés dans le ne peut être traité de la même façon (sous forme public d'équation budgétaire) que la mesure d'offre. Les aspects financiers 73 les principaux indicateurs du cadre indicatif de primaire universelle (à coût unitaire et arbi- l'initiative Fast-Track. trages égaux à leur niveau actuel, L'analyse de ces paramètres, suivant une ap- l'augmentation de pression fiscale permet de proche comparative à la fois par rapport à des faire progresser le TBS de 30 points). pays comparables et par rapport aux valeurs de référence du cadre indicatif Fast-Track (qui ont · Des marges de manoeuvre intéressantes sur été choisi sur la base de ce qui était observé dans les arbitrages inter et intra sectoriels : les pays les plus performants pour atteindre la scolarisation primaire universelle) est intéres- De façon complémentaire au contexte fiscal sante à deux points de vue. peu favorable, contrainte, au moins sur le court terme, les arbitrages budgétaires inter 1) cela permet d'avoir une idée synthétique des et intra-sectoriel, choix de politique nationale, contraintes et des marges de manoeuvres pré- sont également défavorables. Comme déjà sentes dans le système actuel. souligné dans ce chapitre, les arbitrages bud- 2) cela fournit des pistes pour s'approcher de la gétaires en Guinée restent défavorables à scolarisation universelle, grâce à quelques si- l'éducation en général, et au cycle primaire mulations très agrégées, même si cela ne en particulier. Comparativement à ce qui est remplace l'élaboration d'un modèle de simu- observé en moyenne dans les autres pays ou lation sectoriel affiné et plus complet (qui sera dans les pays les plus performants pour at- fait en complément du chapitre 8 de synthèse teindre la scolarisation universelle (voir les général du présent rapport) valeurs de référence du cadre indicatif Fast- Track), la Guinée dépense relativement peu A la lecture du tableau III.15, on peut tirer pour l'éducation (19 % des ressources do- plusieurs conclusions quant aux contraintes et mestiques pour les dépenses courantes marges de manoeuvre du système éducatif gui- d'éducation contre 20 % dans le cadre indi- néen pour atteindre la scolarisation primaire catif) et peu pour le cycle primaire (44 % des universelle : dépenses courantes contre 50 % dans le ca- dre indicatif). Toutes choses égales par ailleurs · Une contrainte macro-économique encore (notamment à pression fiscale identique et à défavorable au système : coût unitaire stable), l'augmentation de la priorité budgétaire accordée à l'éducation et Avec des ressources internes publiques ne re- au cycle primaire sur la base du cadre indica- présentant que 11 % du PIB (à comparer à tif Fast-Track permettrait d'augmenter l'offre 19 % en moyenne dans les pays africains), la éducative de 18 points de TBS. Guinée fait partie des pays où le taux de pres- sion fiscale est le plus faible. Le volume global · Des arbitrages à l'intérieur du coût unitaire des ressources à disposition de l'Etat est, en qui pourraient évoluer : termes relatifs, plus faible que dans la plu- part des autres pays africains et donc moins Comparativement aux autres pays, et comme favorable à la mobilisation de moyens pour cela a déjà été souligné, les arbitrages à l'in- les secteurs sociaux, dont l'éducation. Ceci térieur des dépenses courantes sont très en dit, il est prévu par le Ministère des Finances faveur des dépenses d'administration au dé- d'atteindre 16 % de pression fiscale à l'hori- triment de la taille des classes ou de la zon 2015, ce qui toutes choses égales par rémunération des enseignants. Dans une lo- ailleurs permettrait à la Guinée de fournir l'of- gique d'amélioration de la qualité par une fre nécessaire pour atteindre la scolarisation réduction de la taille des classes et/ou la sta- 74 Le Système Educatif Guinéen à de % % % % % % % % % -- -- 2000 Taux (%) TBS) 77 97 47 84 43 82 93 Résultats brut 105 124 scolarisation nnéesa et privé plus % % % % % % % % % le 8 3 4 9 2,0 effectifs PRIV) 20 13 18 11 37 ou % Guinée % dans 10 la éducatifs pour % % % % % % % % % 50 services a) 1,7 2003 salariale 85 44 36 48 22 56 58 34 32 de (%) Dépenses courantes enseignants/ enseignants (année hors masse des production de 2,3 3,4 7,6 3,4 5,1 5,9 4,9 4,5 4,6 3,5 0,6 éducative Salaire PIB/hab. enseignant en SALPIBT) Politiques / politique 48 54 47 63 42 43 44 37 42 40 1,2 la Elèves maître REM) de (%) 44 49 62 42 46 58 44 45 49 50 0,9 PRIM) Primaire/ structurels secteur budgétaires (%) 19 17 17 14 15 32 27 26 19 20 paramètres ressources EDU) 0,9 Arbitrages les publiques Edu/ sur % (%) 9 PF) 11 16 15 19 28 18 16 19 0,7 Pression fiscale 14­16­18 internationale Contexte / ans (%) 18 18 17 16 17 16 17 16 -- -- 17,6 pays) 6­11 pop. RAPDEP) comparaison autres / III.15. de les Faso Guinée indicatif pour indicatif Track Tableau Fast cadre Eléments 2003 Guinée Bénin Burkina Cameroun Mauritanie Niger Sénégal Togo Afrique Cadre Rapport Les aspects financiers 75 bilisation d'un corps enseignant par une re- Si des économies sont faites sur les dépenses valorisation, on voit aisément la pertinence à d'administration (diminution de la part des dé- réviser les arbitrages de dépenses. Une éco- penses hors salaires enseignants de 85 % à 50 nomie sur les dépenses hors salaires % de la masse salariale enseignants), des amé- enseignants, qui ferait passer leur rapport à liorations sur le plan de la qualité sont également la masse salariale enseignants de 85 % à 50 financièrement réalisables : % (valeur du cadre indicatif), permettrait, sans augmenter le coût unitaire soit d'aug- · Une augmentation du salaire moyen des en- menter le salaire moyen des enseignants de seignants de 2,3 PIB par tête à 3,5 PIB par 2,3 à 2,8 unités de PIB par tête, et ainsi d'as- tête (scénario 1) surer une meilleure présence en classe et une diminution des abandons de fonction, soit ou d'améliorer le taux d'encadrement pour qu'il atteigne 40 élèves par maître. · une diminution du rapport élèves-maîtres de 48 à 40 et une augmentation du salaire moyen Ces conclusions ne sont que des simulations des enseignants de 2,3 PIB par tête à 2,9 PIB grossières qui devront être affinées au moment par tête (scénario 2) de l'élaboration du modèle de simulation finan- cière de l'ensemble du secteur éducatif, mais elles Cependant, même si les simulations nous as- apportent néanmoins des pistes intéressantes surent de la faisabilité financière de ces réformes, pour donner des chances au système éducatif elles ne nous garantissent pas leurs résultats en d'atteindre une scolarisation primaire univer- termes de réelle atteinte des objectifs quantitatif selle. Ces pistes de réformes sont résumées sous (scolarisation primaire universelle) et qualitatif la forme des scénarii présentés dans le tableau (amélioration du niveau des acquisitions scolai- III.16 qui suit. res). Comme mentionné dans le chapitre 2, Sous réserve i) du respect de l'objectif macro- l'amélioration de la rétention des élèves en cours économique d'augmentation de la pression de cycle, constitue une condition sine qua non. fiscale à hauteur de 16 % et ii) de l'accroisse- Pour que les élèves atteignent la fin du cycle, il ment de la priorité budgétaire en faveur de est évident qu'il ne faut plus qu'ils abandonnent l'éducation en général et du cycle primaire en en cours de cycle. particulier, l'objectif d'une scolarisation primaire universelle est financièrement réalisable pour 2015. 76 Le Système Educatif Guinéen de 77 33 Taux (%) 105 105 brut Résultats scolarisation 1) le 20 des 20 20 20 % privé en effectifs dans éducatifs pour que 85 50 50 universelle dépenses dépenses enseignants services % courantes autres les dans de primaire des 2,3 3,5 2,9 production Salaire (PIB/hab.) de enseignants scolarisation la 48 48 40 Politiques par Elèves enseignant atteindre pour primaire 44 50 50 le ressources % sectorielles pour éducative budgétaires pour 19 20 20 politique la Arbitrages ressources l'éducation % de publiques (%) PF) 11 16 16 Pression structurels fiscale Contexte de % % % paramètres 17,6 17,6 17,6 Ratio dépendance les démographique sur 33Avec une hypothèse de 5 % de redoublement (ce III.16. 2015 2015 2003 1 2 vers quoi la Guinée se dirige par la mise en oeuvre des sous-cycles), un taux d'achèvement de 100 % du primaire est équivalent financièrement à un TBS Tableau Simulations Situation Scénario Scénario égal à 105 %. Les aspects financiers 77 Principaux enseignement du chapitre 3 Ce chapitre étudie les aspects financiers du secteur éducatif. Il établit le montant des ressources disponibles et la pertinence de leur allocation budgétaire aux différents niveaux d'enseigne- ment. Il examine aussi les coûts unitaires de scolarisation en mettant en évidence les différents facteurs qui en rendent compte. Les analyses effectuées ont permis notamment de dégager les observations suivantes : 1. L'allocation intra sectorielle entre niveaux n'est pas très efficiente; le degré de priorité bud- gétaire accordée au primaire apparaît insuffisante dans la mesure où ce niveau d'enseignement pourtant prioritaire dans les déclarations publiques, est relativement sous financé; ainsi, la proportion des dépenses courantes de l'éducation affectée au primaire (44 %) est très infé- rieure à la valeur moyenne (50 %) des pays de la sous région. Par contraste, l'enseignement supérieur représente 25 % des dépenses courantes d'éducation en Guinée, alors que la va- leur moyenne dans les pays comparables n'est que de 17 %. 2. Des coûts unitaires faibles au niveau primaire et très faibles au niveau secondaire ont con- duit à un arbitrage entre qualité et quantité défavorable à la qualité. Les effectifs ont beaucoup augmenté sans évolution comparable des financements; ceci conduit à offrir des conditions d'enseignement difficiles dans le primaire et surtout dans le secondaire (taille moyenne re- cord des divisions pédagogiques, volume limité des intrants pédagogiques), notamment au niveau du second cycle. 3. La faiblesse des coûts unitaires est d'autant plus préjudiciable à la qualité des services éduca- tifs offerts que si une part substantielle du coût unitaire est affectée à d'autres postes que la rémunération des enseignants à la craie, une part très forte de ces dépenses hors salaires des enseignants à la craie ne va pas aux intrants pédagogiques mais aux dépenses de personnels administratifs (dans les établissements, les services décentralisés et les services centraux). Ce phénomène concerne à des degrés divers les différents ordres d'enseignement mais il est spécialement prononcé dans le primaire où les personnels administratifs représentent envi- ron 25 % des dépenses courantes alors que le chiffre moyen pour les pays de la région est inférieur à 15 %. 4. De façon globale, le niveau de rémunération des enseignants apparaît à la fois relativement faible et très différencié selon le statut, pour des enseignants exerçant à un même niveau d'enseignement. Ainsi dans le primaire, le salaire d'un contractuel équivaut à environ 1,6 PIB par habitant du pays, alors que la rémunération d'un enseignant du privé correspond en moyenne à 2,7 fois le PIB par habitant du pays et que celle d'un instituteur fonctionnaire est de l'ordre de 3,3 fois le PIB par habitant (la valeur de référence Fast Track est de 3,5 PIB par tête). Dans le premier cycle secondaire, les « extra-muros » gagnent en moyenne 2,2 fois le PIB par habitant alors que le salaire de leurs homologues fonctionnaires représente environ 3,9 fois le PIB par habitant du pays. 5. Ce niveau faible de la rémunération des enseignants a bien sûr constitué un élément très puissant pour rendre compte des progrès très substantiels faits dans la couverture scolaire du pays, et ce d'autant plus que les progrès de scolarisation ont résulté du recrutement d'enseignants contractuels (dans le primaire, ils représentaient 37 % du corps enseignant en (continued on next page) 78 Le Système Educatif Guinéen (continued) 1999 alors qu'ils en représentent 59 % en 2003). Cela dit, il ne fait pas de doute que le niveau actuel de rémunération des contractuels est en dessous du niveau qui assurerait la constitution progressive d'un corps suffisamment motivé pour assurer la qualité des services et pérenne pour construire une compétence professionnelle durable. CHAPITRE 4 L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne Introduction Ces possibilités sont bien sûr variées si on auto- rise des changements dans le volume des D ans tous les systèmes éducatifs, il existe ressources unitaires mobilisées; elles sont variées des possibilités variées d'utiliser les res- aussi même si on se situe à un niveau de coût sources mobilisées. On peut par unitaire fixé. C'est l'analyse en terme d'effica- exemple avoir une organisation sco- cité interne qui s'attache à ce qui se passe à laire dans laquelle il y a en moyenne 25, 40 ou l'intérieur des différents cycles scolaires; elle le bien 60 élèves par classe; on peut aussi choisir fait selon deux perspectives complémentaires : de refuser des groupements d'élèves tels que le d'une part et de façon classique en examinant cours multiple ou la double vacation. On peut les flux d'élèves, redoublements et abandons, et également souhaiter recruter des maîtres avec 9 d'autre part en examinant comment les facteurs ou 12 années d'éducation générale suivie d'une de l'organisation scolaire influencent les résul- formation professionnelle de 3 mois d'une an- tats tangibles des processus éducatifs mis en née ou de 3 années. On peut décider que les place, à savoir d'une part ceux concernant la constructions scolaires soient des bâtiments mo- dimension des flux d'élèves avec la rétention des dernes et de qualité «internationale», ou bien élèves en cours du cycle et les redoublements de que ces constructions soient faites selon des mo- classe et d'autre part les acquisitions des élèves. dalités traditionnelles par les communautés. On Nous présenterons les informations qu'il a été peut encore accepter, ou non, que le système soit possible de rassembler successivement sur ces caractérisé par un niveau élevé de redoublements deux points. de classe. Sur la plupart de ces points, il existe dans la communauté éducative des opinions con- tradictoires. Devant la possibilité d'opinions I. L'efficacité interne dans les flux normatives contradictoires sur les sujets de po- d'élèves en cours de cycle litique éducative ou d'organisation scolaire, il est donc important de disposer des données em- Un objectif très important pour un système édu- piriques objectives pour les départager. catif est qu'une proportion aussi grande que Il existe a priori de nombreuses façons alter- possible des jeunes qui accèdent à la première natives d'organiser le fonctionnement de l'école. année d'un cycle parvienne à sa dernière année, 79 80 Le Système Educatif Guinéen et ceci dans le temps normalement imparti pour 10 en milieu urbain. Dans la mesure où, le rôle le niveau considéré. Dans ces conditions, les de l'enseignement primaire est de doter en com- abandons précoces en cours de cycle et les re- pétences de base (lecture et écriture) les jeunes doublements de classes constituent autant de scolarisés, il importe de déterminer quelle du- perturbations qu'un système cherche à réduire rée de scolarisation constitue le minimum pour au maximum. Dans le chapitre 2 de ce docu- former un jeune qui sera ultérieurement ment, il était fait état des progrès considérables alphabète de manière durable; ceci est impor- que la Guinée a effectué durant les 15 dernières tant aussi bien au niveau individuel qu'au niveau années en matière de couverture quantitative de collectif pour la formation du capital humain son système éducatif. Ces progrès, quoique en- dont le pays a besoin pour réaliser ses objectifs courageants, n'ont pas permis malheureusement de développement. L'enquête QUIBB réalisée en au pays de rattraper complètement son retard 2002 par la Direction Nationale de la Statisti- sur certains pays de la sous région. Ce chapitre que, permet de donner des éléments de réponse faisait également remarquer que le niveau d'ef- à cette question. ficience de la Guinée est dans la moyenne de ce En effet, la disponibilité d'une telle enquête, que l'on observe en Afrique subsaharienne, et permet non seulement de compléter l'estimation que ce niveau peut être largement amélioré si des statistiques de couverture scolaire (chapitre des changements substantiels sont introduits 2) et d'aborder les disparités de scolarisation dans la façon dont est organisé le fonctionne- selon plusieurs critères (chapitre 6) mais aussi ment de l'école guinéenne. Avant d'aborder les de caractériser les liens existants entre scolari- questions relatives à l'efficacité interne du sys- sation et alphabétisation durable. Pour les tème dans les flux d'élèves en cours de cycle, il individus enquêtés, on connaît leur niveau d'al- est utile de donner quelques informations fac- phabétisation: i) sait lire et écrire dans une tuelles sur la rétention de l'alphabétisation des quelconque langue, tel que déclaré par la per- adultes guinéens (produits du système éducatif sonne. La mise en regard du niveau du pays) ainsi que sur la fréquence des redou- d'alphabétisation des adultes et du nombre d'an- blements de classe à chacun des trois premiers nées passées à l'école se limite ici à la population niveaux du système éducatif guinéen. des adultes âgés de 22 à 44 ans. Dans l'enquête, cette population est estimée à 2 278 535 per- I.1 Les abandons précoces en cours de sonnes au niveau national. La répartition de ces cycle dans le primaire et la rétention de individus selon la capacité de lecture et le cur- l'alphabétisation dans la vie adulte sus scolaire initial, est présentée dans le tableau IV 1, ci-dessous. I.1.1 Analyse globale L'objectif de la scolarisation primaire universelle Tableau IV.1. auquel a adhéré la Guinée en 2000 ne peut être Niveau de lecture des adultes (22­44 ans) atteint tant qu'une proportion importante d'en- selon leur fréquentation scolaire fants quitte l'école sans avoir achevé le cycle primaire. Malgré les progrès accomplis par le A N'a pas système dans le maintien des élèves à l'école, les fréquenté fréquenté abandons précoces en cours de cycle sont en- l'école l'école Total core malheureusement importants. Moins de 3 Sait lire et écrire 483 035 111 885 594 920 filles sur 10 en milieu rural atteignent la der- Ne sait ni lire ni écrire 97 329 1 586 285 1 683 615 nière année du primaire contre 5 enfants sur 10 en moyenne au niveau national et 7 garçons sur Total 580 364 1 698 170 2 278 535 L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 81 Tableau IV.2. Niveau de lecture des adultes (22­44 ans) selon la plus haute classe atteinte pendant la jeunesse Proportion (%) d'adultes Plus haute classe atteinte Sait lire (1) Ne sait pas lire (2) Total (3) alphabétisés [1/3] Ensemble 594 920 1 683 615 2 278 535 26,1 Aucune scolarité 111 885 1 586 285 1 698 170 6,6 Sont allés à l'école 483 035 97 329 580 364 83,2 1ère Année 2 335 9 289 11 624 20,1 2ème Année 5 382 17 171 22 553 23,9 3ème Année 13 538 23 712 37 250 36,3 4ème Année 17 502 18 858 36 360 48,1 5ème Année 32 583 15 751 48 334 67,4 6ème Année 44 486 9 004 53 490 83,2 7ème Année 34 336 1 635 35 971 95,5 8ème Année 35 588 419 36 006 98,8 9ème Année 41 151 665 41 815 98,4 10ème Année et + 256 134 827 256 960 99,7 Les résultats présentés dans le tableau précé- tion des adultes s'accroît en fonction du nom- dent montrent que la fréquentation de l'école bre d'années passé dans le système. Ainsi, un ne se traduit pas toujours par la capacité de lire peu moins de la moitié de ceux qui ont passé 4 puisque, 17 % (97 329/580 364) de ceux qui y années dans le système scolaire savent lire et ont été sont incapables de lire; on notera égale- écrire, alors qu'ils sont environ un tiers à être ment que 7 % de ceux qui n'ont pas été à l'école dans ce cas pour les adultes qui y ont passé 3 en sont tout de même capables. Ces résultats années. Parmi les individus ayant fréquenté jus- montrent que si la fréquentation de l'école mo- qu'à la dernière classe du primaire, on constate derne n'est peut être pas la seule voie pour que 83 % d'eux n'ont pas de problème de lec- apprendre à lire, elle en constitue tout de même ture à l'âge adulte. Cette proportion se situe la meilleure garantie. Il faut néanmoins prendre au-delà de 95 % à partir de la septième année une certaine précaution quant à l'appréciation passée dans le système. de ces résultats, les réponses étant basées uni- quement sur les déclarations des enquêtés. I.1.2 L'impact de quelques facteurs Les données de l'enquête fournissant la plus individuels et contextuels sur haute classe atteinte pour ceux qui ont été à l'alphabétisation l'école, il est possible de mettre en regard la pro- portion d'individus alphabétisés avec le nombre Cette partie essaiera de compléter les analyses d'années passées dans le système scolaire, comme précédentes par des éléments plus qualitatifs. le présentent le tableau IV. 2 et le graphique IV.2. L'idée est de conduire une analyse Comme on pouvait s'y attendre l'allure du économétrique des chances de savoir lire à l'âge graphique précédent indique que l'alphabétisa- adulte en introduisant l'impact éventuel de 82 Le Système Educatif Guinéen Graphique IV.1. Pourcentage d'adultes 22­44 ans pouvant lire aisément selon le nombre d'années d'études pendant la jeunesse 100 ans 80 22­44 des 60 40 d'alphabétisation 20 auxT 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 etplus Nombre d'années d'études quelques variables complémentaires, indivi- étant à priori différents, il est possible que cela duelles et contextuelles. Comme la variable à induise des différences dans la rétention de expliquer est de nature binaire (0/1), nous avons l'alphabétisation; c'est pour cette raison que la choisi la spécification logistique. Les variables variable genre est introduite dans le modèle. explicatives disponibles dans l'enquête QUIBB Concernant la distinction entre le milieu urbain pour mener cette analyse sont : i) la classe la et rural, on peut s'attendre à une meilleure ré- plus élevée atteinte dans les études initiales, ii) tention des capacités de lecture en milieu urbain le sexe de l'individu (1 si masculin, 0 si fémi- eu égard à la plus grande disponibilité d'infras- nin), et iii) le milieu de résidence (1 si urbain ; tructures culturelles et à la plus grande fréquence 0 si rural). des occasions de lire et de parler le français. Les rôles et les comportements sociaux des Dans ce tableau, on constate d'après la pro- hommes et des femmes dans la société guinéenne babilité associée aux tests de khi2 que la plus Tableau IV.3. Estimation logistique de la probabilité pour un adulte de lire correctement Coefficient (seuil de significativité) Constante ­3,667 ­48 (***) Plus haute classe atteinte +0,710 52(***) Masculin (par rapport à féminin) +1,720 24(***) Urbain (par rapport à rural) +0,257 3(***) ­2 Log de vraisemblance = 6211, échantillon de 14 544 individus, *** significatif au seuil de 1% L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 83 Tableau IV.4. Simulation de la proportion (%) d'adultes (22­44 ans) capables de lire correctement selon la plus haute classe atteinte Plus haute classe atteinte 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Ensemble de la population 5,4 10,2 18,5 31,1 47,4 64,3 78,2 87,7 93,5 96,6 98,3 Hommes urbains 16,1 26,5 40,4 56,0 70,5 81,8 89,4 94,0 96,7 98,2 99,1 Femmes urbaines 2,6 5,8 12,5 24,6 42,8 63,2 79,7 90,0 95,4 97,9 99,1 Hommes ruraux 16,8 25,4 36,4 49,0 61,8 73,1 82,1 88,5 92,8 95,6 97,3 Femmes rurales 1,3 3,1 7,1 15,4 30,4 51,0 71,3 85,6 93,4 97,1 98,8 haute classe atteinte ainsi que le sexe jouent un urbaine, ont au point moyen une probabilité rôle significatif dans la rétention de l'alphabéti- supérieure de 5 % sur ceux résidant en zone sation à l'âge adulte, toutefois c'est la première rurale. qui l'influence le plus. La zone d'appartenance, Afin de faciliter l'interprétation des estima- agit aussi à la marge et avec une intensité moin- tions, et de donner une mesure des écarts associés dre, sur la probabilité de lire correctement à l'âge aux différentes variables, les résultats du mo- adulte. Toutes choses égale par ailleurs (même dèle précédent sont présentés dans le tableau IV.4 nombre d'années d'études et même milieu de ci-après sous forme de simulation numériques. résidence), les hommes ont au point moyen, une Les données présentées dans le tableau et gra- probabilité de 33,1 % [0,26*(1-0,26)*1,72] plus phique relatifs à cette simulation sont des élevée que celle des femmes de savoir lire cor- données «lissées» et ne reproduisent donc pas rectement. De même les adultes résidants en zone Graphique IV.2. % d'adultes 22­44 ans pouvant lire selon la durée des études initiales, selon le sexe et le milieu 100 Hommes urbains 90 Femmes urbaines 80 Hommes ruraux 70 Femmes rurales 60 alphabétisés 50 40 adultes % 30 20 10 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Plus haute classe atteinte 84 Le Système Educatif Guinéen les aléas d'échantillonnage visibles dans les don- supplémentaire d'études afin d'avoir à peu près nées brutes de l'enquête présentées plus haut. les mêmes chances d'alphabétisation que les L'analyse des résultats par zone montre que hommes en milieu urbains. les femmes ont moins de chances que les hom- mes d'être alphabétisées à long terme, ceci I.2 La fréquence des redoublements quelque soit le milieu (urbain ou rural). En moyenne, les écarts restent supérieurs à 25 I.2.1 Analyse descriptive des redoublements points aussi bien en milieu urbain que rural pen- dant les 5 premières années passées dans le Le tableau IV.5 donne une évolution depuis 1990 système. de la proportion des redoublants de classe et Ces écarts sont encore plus marquants lors- permet de mesurer l'évolution du phénomène à qu'on croise la dimension urbain/rural avec le chacun des niveaux du système éducatif guinéen. sexe. Après 6 années de scolarisation, 89 % des Au niveau du primaire par exemple, la propor- hommes vivant en milieu urbains sont lettrés tion des redoublants a régulièrement progressé pour 71 % de femmes en milieu rural. Les fem- entre 1990 (20 %) et 1997 (28 %), année pen- mes doivent au moins achever une année dant laquelle le taux de redoublement a atteint Tableau IV.5. Evolution de la proportion des redoublants par cours, 1990­2003 1990­91 1992­93 1994­95 1996­97 1997­98 1999­00 2000­01 2001­02 2002­03 2003­04 Primaire 19,8 21,9 22,0 25,4 27,9 23,3 20,3 20,8 20,3 10,5 1ère 17,9 23,0 22,8 25,0 28,7 20,0 19,4 21,1 19,8 7,0 2ème 20,2 19,2 16,5 21,5 24,5 20,5 16,6 16,9 17,3 11,5 3ème 20,8 20,9 19,9 25,4 27,2 25,7 21,2 18,8 19,1 7,9 4ème 17,6 19,8 21,2 21,9 25,6 21,7 20,1 18,7 17,9 12,8 5ème 18,7 19,3 22,0 22,7 25,3 23,2 20,1 20,8 20,4 8,2 6ème 27,1 30,6 37,2 41,1 39,2 32,4 27,4 32,6 31,8 17,5 Secondaire 1er cycle 20,5 26,2 22,7 24,3 30,5 22,2 21,3 23,6 20,5 18,4 7ème 16,8 27,9 19,3 18,5 28,1 17,7 20,5 29,7 18,9 13,7 8ème 19,3 17,8 20,6 21,5 19,5 19,3 15,8 17,6 21,0 14 ,5 9ème 19,1 21,7 18,1 20,6 23,7 17,3 18,5 17,5 17,1 16,5 10ème 28,8 38,2 34,1 37,5 49,1 38,3 33,5 29,4 26,7 34,1 Secondaire 2nd cycle 30,4 24,4 26,2 25,7 36,4 26,4 20,2 24,2 37,5 17,7 11ème 11,9 15,3 13,0 16,0 32,7 17,2 12,6 17,3 -- 20,5 13,1 12ème 44,9 27,2 37,8 34,8 37,8 33,7 28,3 27,1 50,5 38,6 Terminale 27,0 36,8 25,8 23,7 37,1 30,5 21,0 31,3 42 ,2 23,4 L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 85 Tableau IV.6. Pourcentage de redoublants dans le primaire dans les différentes régions du monde, 1980­2001 Début Années 80 Début Années 90 Début Années 2000 Pays de l'OCDE 3,4 2,4 1,7 Pays d'Asie 13,5 10,3 9,6 Pays d'Afrique 18,0 18,1 17,0 · Afrique francophone 23,6 23,7 22,8 · Afrique anglophone 6,8 7,1 8,8 Pays d'Amérique Latine 12,8 10,2 6,7 Pays du Moyen-Orient 13,5 10,0 7,3 son plus haut niveau. Même si après les années Ces taux élevés en classe de 6ème, de 10ème et qui ont suivi, la tendance était à la baisse, il n'en de terminale s'expliquent par la volonté des élè- est pas moins qu'en 2002 la proportion des re- ves dont les résultats sont jugés insuffisants pour doublants se situe encore au même niveau qu'en accéder au cycle suivant. Ils reprennent donc la 1990. La mise en application des sous-cycles classe afin de pouvoir passé au cycle suivant. d'apprentissage34(1ère+2ème, 3ème+4ème, 5ème+6ème), au cours de l'année scolaire 2003-04, a permis I.2.2 Approche descriptive comparative de réduire de beaucoup les redoublements dans internationale le primaire. La proportion moyenne de redou- blants est ainsi passée de 20,3 % en 2002 à 10,5 Il est intéressant de mettre les indicateurs de re- % en 2003 mais avec des écarts encore impor- doublement observés dans le contexte de la tantes entre classes. La mise en application Guinée dans une perspective internationale com- effective de cette réforme au niveau des écoles parative. Le tableau IV.6, ci-après, présente les publiques devrait permettre d'avoir des taux de éléments de cette comparaison. redoublements nuls à l'intérieur de chacun des Ces données montrent que le phénomène du sous-cycle d'apprentissage. redoublement n'est pas une particularité du sys- La proportion moyenne des redoublants est tème éducatif guinéen, mais plutôt un de 18,4 % dans les collèges et de 17,7 % dans phénomène courant en Afrique. En effet, le con- les lycées. A l'exception de la classe de 10ème (an- tinent demeure depuis une vingtaine d'années née du BEPC), les redoublements sont en celui où la proportion moyenne des redoublants moyenne en nette diminution par rapport aux est la plus élevée. Alors que cette proportion a années précédentes dans tout le cycle secondaire. connu des diminutions sensibles dans les autres A chacun des niveaux de l'enseignement on régions du monde, elle apparaît plutôt à la baisse observe des situations assez contrastées selon la sur le continent; toutefois il existe une grande classe, mais avec des proportions de redoublants plus élevées dans les classes terminales de cha- que cycle. En 2003 par exemple, les redoublants 34Réforme envisagée par la Guinée dans le cadre de représentaient 18 % des élèves de 6ème, l'initiative Fast-Track avec pour objectif d'avoir 34,1 % des élèves de 10ème et 23,4 % des élè- une proportion de 5 % de redoublants dans le ves de terminale. primaire en 2015. 86 Le Système Educatif Guinéen différence entre les pays africains anglophones niveau du premier cycle secondaire, on a ob- et les francophones en matière de redoublements. serve récemment des progrès. Cependant, ces Par rapport aux anglophones, les pays franco- derniers sont encore modestes et de efforts sont phones ont près de 3 fois plus de redoublants encore à fournir à ce niveau d'enseignement (au dans leur système éducatif. second cycle secondaire aussi d'ailleurs). Afin d'identifier la situation particulière de la Guinée, il est convenable de se référer à une re- I.2.3 Un bilan des éventuels avantages et présentation graphique telle que celle du inconvénients de la pratique du graphique IV.3. Celle-ci donne la position des redoublement pays du monde à faible revenu pour ce qui est de leur fréquence de redoublement de classe tant Il est compréhensible que les redoublements cor- au niveau du primaire (axe horizontal) que du respondent, en termes économiques, à des coût ; premier cycle secondaire (axe vertical). donc, dans la mesure où on (l'Etat comme les La position de la Guinée dans cet espace est familles) consomme deux fois les ressources qu'il identifiée d'une part au cours de l'année aurait été nécessaire sans redoublement. Mais, 2001-02 (qui correspond à la date de référence ce coût est supposé être « un mal nécessaire » pour l'ensemble des données mobilisées ici), et afin d'assurer la qualité des services éducatifs d'autre part au cours de l'année 2003­04, l'an- offerts. L'argument principal pour justifier l'exis- née la plus récente connue au cours de laquelle tence de redoublements découle de l'observation on peut distinguer les conséquences des décisions selon laquelle l'activité scolaire effective dans prises dans la politique éducative en la matière. une classe provient de deux choses : de la ren- On remarque qu'à la fois la position relative- contre (entre autres) des contenus de ment faible de la Guinée pour l'année 2001 et programmes et de la capacité des élèves « sup- les progrès significatifs réalisés depuis, en parti- posés » les acquérir. Pour des raisons culier au niveau de l'enseignement primaire. Au institutionnelles, les contenus de programmes Graphique IV.3. % de redoublants, pays à bas revenu, année 2001 ou proche PLEASE PROVIDE FIGURE L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 87 sont définis par l'administration ; elle sont aussi fectivement plus bas lorsque les redoublements homogènes pour le système alors que la capa- sont peu fréquents (ou meilleure lorsqu'ils le sont cité des élèves est variable (certains enfants davantage); ce dernier élément peut à son tour pouvant progresser plus vite que d'autres). Dans être exploré sur la base de données nationales ce contexte, ce qui sont chargés mettent en place d'écoles comme sur la base de données interna- le programme font face aux dilemmes suivant : tionales comparatives. i) ils élève le niveau des apprentissages visés avec comme risque que une proportion remarquable · Au niveau des données nationales, on peut des élèves ne les acquièrent en fait pas. ii) ils efficacement les mobiliser afin d'évaluer l'en- visent à ce que le plus grand nombre des élèves quête du PASEC37 dans laquelle on observe assimilent le contenu des programmes mais au que les écoles individuelles sont caractéri- risque de devoir être modeste dans les objectifs sées par des niveaux assez différents d'apprentissage visés. Dans ce contexte, être d'apprentissage de leurs élèves ainsi que par modeste en ce qui concerne les ambitions du des fréquences très variables de redouble- programme ou bien accepter l'idée du redou- ment de classe. Est-ce alors dans les écoles blement sont les choix à faire afin d'avoir une les plus strictes en matière de passage de école de qualité (celle qui ne pénalise pas la classe que le niveau d'acquisitions des élè- majorité des élèves «par excès de modestie» dans ves est le meilleur? Pour cela, le graphique les ambitions du programme). IV.4 met en regard le score moyen aux tests Cet argumentation semble raisonnable et il de fin d'année en français et en mathémati- ne fait aucun doute qu'il soit juste au niveau ques des ces élèves par école et le pourcentage empirique si on se situe dans le contexte des si- de redoublants par classe dans l'échantillon tuations extrêmes35. Par contre dans les de la 5ème année (un résultat comparable situations intermédiaires, il est incertain qu'il soit aurait été obtenu avec l'échantillon pour la empiriquement juste, car les professeurs d'école 4ème année). sont toujours conduits sectionner les leçons en modules en fonction de ce que les élèves peu- vent assimilés ; et à fonctionner en fonction de la variabilité des capacités de leurs élèves. On 35Par exemple si i) on vise seulement à apprendre est donc amener à savoir dans quelle mesure l'ar- que B et A font BA comme contenu pour les ap- gument est empiriquement valide dans le prentissages en lecture en première classe primaire contexte des pays africains en général, et de la avec l'assurance que tous les élèves vont l'acqué- Guinée en particulier. Pour cela, nous examinons rir mais aussi avec l'assurance qu'ils auront acquis quelles relations peuvent exister entre la fré- très peu, ou bien ii) on vise à introduire le prin- quence des redoublements et le fonctionnement cipe de proportionnalité dans le programme de la du système éducatif que nous lirons ici dans une seconde classe primaire, ce qui correspond à un objectif potentiel formidable mais qui ne sera double perspective : i) la qualité telle qu'on peut malheureusement atteint par personne. l'apprécier par les apprentissages effectifs des 36On part de l'idée qu'un bon système d'éducation élèves, et ii) la rétention des élèves en cours de primaire est celui qui retient ses élèves sur l'en- cycle primaire36. semble du cycle et qui réussit à leur impartir un bon niveau d'acquisitions. 37 1. Les relations entre le redoublement et Un échantillon d'élèves des classes de 2ème et de 5ème année a ainsi été soumis à des tests standardi- la qualité des services éducatifs sés en français et en mathématiques, dont l'administration et la correction ont été effectuées Cette question peut être abordée en examinant de façon homogène. Environ 1300 élèves de la 5ème si le niveau de qualité des apprentissages est ef- année dans 116 écoles ont subis ces tests. 88 Le Système Educatif Guinéen Graphique IV.4. Résultats par écoles aux tests du PASEC 5ème année en guinée en fonction du niveau de redoublement de classe 80 60 100) (sur final 40 moyen Score 20 0 0% 10% 20% 30% 40% 50% Pourcentage de redoublants score final moyen Droite de regression: score = 10,2*%red + 37,4 A la lecture du graphique, on remarque la très que l'effet du redoublement sur le niveau de grande variabilité qui existe entre les écoles aussi l'élève n'est que temporaire. bien au niveau du score moyen qu'au niveau du redoublement. Le score moyen varie de 7 à 82 · Ces résultats sont attestés par la mobilisation alors que la proportion des redoublants de classe de données comparatives internationales. Il varie, elle, de 0 à 50 %. Mais ce qui caractérise existe trois dispositifs internationaux pour la principalement ce graphique, c'est la dispersion mesure des acquisitions des élèves38, utilisant des points représentant les différentes écoles de trois échelles différentes. Cependant, comme l'échantillon. Ainsi pour des écoles ayant un ni- plusieurs pays ont été évalués avec deux dis- veau comparable de redoublement, on trouve positifs, il a été possible de recomposer un un écart large du score moyen des élèves et il résultat équivalent dans une échelle unique n'y a aucune relation statistique marquante en- (celle qui a été choisie est celle du MLA). On tre les deux grandeurs. Au total, les écoles qui dispose ainsi de résultats d'acquisitions rai- ont un taux de redoublement plus élevé ne sont pas caractérisées par de meilleurs résultats d'ac- quisitions de leurs élèves. 38 Au niveau individuel, les analyses de suivi de PASEC : Programme d'Analyse des Systèmes Educatif de la Confemen; SACMEQ : Southern cohorte faites sur des données individuelles d'élè- African Consortium for Monitoring Educational ves suivis sur plusieurs années par le PASEC Quality; MLA : Monitoring Learning montrent également que les élèves qui redou- Achievement. Toutes ces mesures ont été réali- blent ne réussissent pas mieux que les autres ; et sées après 1995. L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 89 Graphique IV.5. Comparaison internationale du niveau d'acquis des élèves et de la fréquence des redoublements 75 y = ­0.4196x + 55.328 R2 = 0.1124 70 65 élèves 60 des 55 50 d'acquis 45 Niveau 40 35 30 0.0 5.0 10.0 15.0 20.0 25.0 30.0 % de redoublement dans le primaire sonnablement comparables pour une ving- 2. Les relations entre le redoublement et taine de pays de la région. Pour chacun la rétention des élèves au cours du primaire d'entre eux, on connaît aussi la fréquence moyenne des redoublements dans l'enseigne- L'argument qui areste une relation négative en- ment primaire si bien qu'il devient immédiat tre redoublement et rétention est la suivante : de contraster les données de ces pays dans les Lorsque les parents décident d'inscrire leurs en- deux dimensions. Le graphique IV.5, ci-après, fants en première année d'école primaire, c'est montre le résultat obtenu. parce que les bénéfices qu'ils attendent de la sco- larité sont plus grands que les coûts (direct et Dans le graphique IV.5, chaque point repré- d'opportunité) qu'ils doivent supporter. Néan- sente un pays à faible revenu d'Afrique moins c'est un investissement risqué puisque les sub-saharienne. On retrouve qu'il existe de for- parents ne savent pas comment leurs enfants tes différences d'un pays à l'autre tant sur le plan vont réussir à l'école. Si les élèves rentrent en des pratiques de redoublement que sur celui de première année, mais abandonnent quelques la qualité moyenne des apprentissages; mais on années plus tard, c'est que le bilan entre les bé- observe aussi une forte dispersion des pays en néfices et les coûts de scolarisation pour leurs ce qui concerne leur caractérisation liée dans les enfants a changé en faveur de ces derniers. Le deux dimensions, avec une relation globale qui, bilan peut avoir changé pour deux raisons prin- malgré qu'il ne soit pas d'une force extrême, a cipales : les coûts ont augmenté et/ou les toutefois une pente: ce sont les pays qui ont des bénéfices ont diminué. Il est probable que les taux de redoublement mineur qui ont tendance coûts d'opportunité de la scolarisation augmen- à avoir des niveau d'acquis moyens de leurs élè- tent avec l'âge; mais il est clair aussi que le fait ves plus élevés; ceci ne suggère pas que le qu'on demande à un enfant de redoubler (en redoublement serait un garant de la qualité des dehors du coût supplémentaire pour les parents) services offerts. est perçu par les parents comme un signe que 90 Le Système Educatif Guinéen l'enfant ne réussit pas bien à l'école et que les tion au niveau local pourra éventuellement per- bénéfices attendus de la scolarisation ne se ma- mettre d'affiner l'efficacité de la formule térialiseront peut-être pas. Quand les bénéfices notamment pour ce qui est de la conduite des s'amenuisent et que les coûts augmentent, la activités d'évaluation-remédiation intégrées au possibilité d'abandon augmente évidemment. fonctionnement pédagogique ordinaire. Par conséquent, on peut s'attendre à ce que, plus la fréquence des redoublements est élevée, plus I.3 La mesure des indicateurs d'efficacité le taux d'abandon le sera aussi, et plus bas sera dans le flux d'élèves le taux de rétention au cours du cycle primaire. Pour examiner la validité empirique de cette Une façon de mesurer l'utilisation qui est faite affirmation selon laquelle le redoublement mène des ressources publiques d'éducation est de cal- à l'abandon, il est possible de rassembler à nou- culer l'indice d'efficacité interne relatif à chaque veau des données individuelles, ainsi que des niveau d'enseignement. Dans un souci d'utilisa- données comparatives internationales; nous ne tion efficiente des ressources publiques allouées disposons pas de données pertinentes pour la à l'éducation, il importe d'évaluer le gaspillage Guinée39, mais l'analyse des données comparati- des ressources dû à la fréquence des redouble- ves internationales offre des résultats très ments (consommation de deux années voire plus éloquents : i) en moyenne, une augmentation de pour une année validée) et des abandons préco- 1 % du taux de redoublement implique une ré- ces synonymes de consommation d'années de duction de 0,77 % du taux de rétention (ce qui scolarisation non productives de résultats en veut dire que si on baisse la fréquence des re- terme de formation du capital humain. doublements de 10 %, on peut anticiper une Ces principaux indicateurs calculés pour les augmentation du taux de rétention de l'ordre de années 1990 et 2003 sont résumés dans le ta- 7,7 % pour un pays africain typique; ii) cet im- bleau IV.7, ci-après. pact est en outre différencié entre garçons et filles, l'impact négatif du redoublement étant presque Au niveau du primaire, le coefficient d'effica- le double chez les filles que chez les garçons. cité interne est estimé à 73 % pour l'année Au total, tous les résultats vont vers une ap- scolaire 2003­2004. Ce qui signifie, par com- préciation empirique négative du redoublement qui augmente les coûts (donc conduit à une moindre couverture scolaire eu égard à la con- 39On peut trouver des données de nature individuelle trainte budgétaire globale), qui n'ont pas dans les études menées par la Confemen (Behagel, d'effet positif avéré sur la qualité des services et Coustère et Lepla, 2000) au Sénégal et en Côte ni sur la rétention des élèves en cours de cycle. d'Ivoire. Les résultats de ces études ne sont pas Concrètement, ces résultats ne vont pas néces- ambigus : basés sur une étude longitudinale d'élè- sairement dans le sens des systèmes de promotion ves sur une période de trois années scolaires consécutives, ces résultats montrent que la proba- automatique car on y a aussi noté des difficul- bilité des abandons après la première année dépend tés; mais ils suggèrent toutefois clairement que à la fois du niveau d'apprentissage de l'élève, mais les pays qui ont des taux élevés de redoublement aussi du fait qu'on lui ait demandé de redoubler à pourraient considérer de les réduire. C'est ce qu'a la fin de la première année d'observation. Toute- fait la Guinée de façon positive, en introduisant fois, plutôt que le niveau d'apprentissage des sous-cycles d'apprentissage au sein de l'en- lui-même, c'est la décision du redoublement qui se révèle réellement importante; son impact est seignement primaire. Cette introduction est environ le double de celui du niveau d'apprentis- récente et a déjà produit des résultats significa- sage. On estime que le redoublement seul conduit tifs sur la réduction des redoublements. Une à une augmentation d'environ 11 pour cent de la évaluation plus précise de la méthode de ges- proportion des élèves qui abandonnent. L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 91 Encadré technique 4.1 : Les indicateurs d'efficacité interne Pour mesurer l'efficacité de l'usage des ressources publiques, on utilise l'indice d'efficacité in- terne du système, on compare le nombre d'années-élèves théoriquement nécessaires pour former le nombre d'élèves qui accèdent à la dernière année du cycle aux nombres d'années-élèves effec- tivement consommées par le système du fait des élèves accédant en dernière année mais aussi du fait des redoublements et des abandons au cours du cycle. Etant donné que les élèves n'attei- gnant pas la dernière année du primaire ont, d'après toutes les études sur le sujet, très peu de chances d'être alphabétisés durablement, l'utilisation des années-élèves consommées pour les élèves abandonnant avant la dernière année constitue un gaspillage des ressources publiques. Les redoublements peuvent également être vus comme un gaspillage (2 années voire plus con- sommées pour une année d'étude effectuée) par rapport à une situation idéale où les élèves ne redoublent pas. Ex : Si un système éducatif a un indice global d'efficacité interne égal à 60%, cela signifie que 40% des ressources mobilisées sont en fait gaspillés dans la mesure où ils ne produisent pas de résultats tangibles. · Méthode de calcul On utilise le profil de rétention tel que calculé dans le chapitre 2. Classe 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème Profil de rétention (a) 100 X % de redoublants (b) Nombre d'années élèves consommées (d) = (a) / (1-(b)) Nombre d'années élèves théoriques utiles (e) 6 X Nombre d'années élèves consommées (g) = Â (d) Nombre d'années élèves consommées sans redoublements (f) = Â (a) Nombre d'années élèves perdues du fait des abandons seuls (i) (f)-(e) Nombre d'années élèves perdues du fait des redoublements seuls (j) (g)-(f) Indice global d'efficacité interne (h) (e)/(g) Indice d'efficacité interne sans redoublement (k) (e)/(f) Indice d'efficacité interne sans abandon (l) (h)/(k) On peut alors distinguer la part du gaspillage qui est due aux abandons de celle qui est due aux redoublements de deux façons différentes : · Soit en comparant le nombre d'années-élèves perdues du fait des abandons seuls de celui du nombre d'années-élèves perdues du fait des redoublements seuls. · Soit en comparant les indices d'efficacité partiels : indice d'efficacité sans redoublement et indice d'efficacité sans abandon (le produit des deux étant égal à l'indice global d'efficacité interne. 92 Le Système Educatif Guinéen Tableau IV.7. Indicateurs d'efficacité interne (%) pour les enseignements primaire et secondaire 1990­91 2003­04 Primaire Efficacité Interne globale 56,4 72,8 Efficacité interne avec seulement les abandons 70,7 81,5 Efficacité interne avec seulement les redoublements 79,9 89,4 Secondaire 1er cycle Efficacité Interne globale 76,8 Efficacité interne avec seulement les abandons 91,7 Efficacité interne avec seulement les redoublements 83,7 Secondaire 2ème cycle Efficacité Interne globale 74,5 Efficacité interne avec seulement les abandons 90,7 Efficacité interne avec seulement les redoublements 82,1 plémentarité qu'environ 27 % des ressources rétention des élèves en cours de cycle. En effet, publiques mobilisées par le primaire sont en même si l'indicateur d'efficience associé aux partie gaspillées puisqu'elles sont utilisées pour abandons précoces s'est amélioré entre passant des années redoublées ou pour des élèves qui de 70 en 1990 à 81 en 2003, c'est sur ce plan n'atteignent pas la fin du cycle primaire. En ter- que des évolutions positives sont indispensables. mes de gain d'efficacité, le pays a évolué Si on place maintenant la situation de la Gui- néanmoins dans le bon sens depuis 1990, le coef- née sur ce plan dans une perspective de ficient d'efficacité ayant augmenté de 56 % en comparaisons internationales, on peut voir (gra- 1990 à 73 % en 2003 soit un gain de 17 points phique IV.6, ci-après) que, si en 2001 la Guinée de pourcentage sur la période. Ces résultats sont avait sur ce plan une position relativement certes encourageants, mais sont encore amélio- moyenne dans le concert des pays d'Afrique rables car la valeur du coefficient en 2003 étant subsaharienne, elle a aussi réalisé des progrès encore très éloignée de 100. très notables entre 2001 et 2003. Dans la mesure où les redoublements ont été sensiblement réduits de façon récente par l'ins- Au niveau du collège, le coefficient d'efficacité tauration des sous-cycles, l'indicateur d'efficacité vaut 77 % en prenant en compte simultanément interne associé à cette dimension (89) est relati- les abandons en cours de cycle et les redouble- vement satisfaisant40 (il s'est sensiblement ments de classe. Ici également le système amélioré en passant de 79 en 1990 à 89 en 2003, gagnerait énormément en réduisant la fréquence après être passé par une valeur inférieure à 75 à des redoublements puisque les redoublements la fin des années 1990). L'essentiel de l'effort pour l'amélioration du coefficient d'ensemble est maintenant en faveur d'une large part dépen- 40Il faudra bien sûr chercher à consolider et appro- dant des progrès à réaliser en matière de fondir les progrès réalisés. L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 93 Graphique IV.6. Coefficients d'efficacités partiels pour les pays d'Afrique, année 2001 100 Zimbabwe Tanzanie Niger Zambie redoublements 90 Guinée 2003 les Sénégal Mauritanie Erythrée Burkina Faso Lesotho Mali 80 Guinée 2001 Cameroon uniquement Togo Bénin Guinée-Bissau Mozambique Tchad avec Côte-d'Ivoire Burundi Comores 70 interne Rwanda Efficacité 60 40 50 60 70 80 90 100 Efficacité interne avec uniquement les abandons contribuent en grande partie à la perte de l'effi- Compte tenu de l'ampleur du redoublement cacité. Sans redoublements mais en tenant dans les niveaux post primaires, et vu son im- compte des abandons, le coefficient partiel est pact négatif sur l'efficacité interne du système, de 92 %. Sa valeur est de 84 % avec unique- il est essentiel dans une perspective d'améliora- ment les redoublements en supposant que le tion de la fluidité des élèves dans le système (à système ne connaît pas d'abandons. l'intérieur d'un un cycle donnée et entre cycles), Dans le second cycle secondaire, l'indice glo- que la stratégie de réduction des taux de redou- bal d'efficacité interne est estimé à 75 %. Sans blements ne se limite pas uniquement au niveau les redoublements, l'indice est estimé à une va- du primaire. Il est également utile de rechercher leur de 91 %, alors que sans les abandons sa les autres facteurs qui outre le niveau de l'élève valeur serait de 82 %. rentrent en ligne de compte dans la décision du Les analyses précédentes montrent que le re- redoublement et quels sont les effets du redou- doublement contribue de beaucoup à la faible blement sur le niveau des acquisitions des élèves. efficacité observée à chacun des niveaux du sys- Ces différentes analyses seront abordées ultérieu- tème éducatif. Les bénéfices supposés au niveau rement dans le corps de ce chapitre. individuel (augmentation des chances de réus- site) ne justifient pas le coût supplémentaire (deux années payées voire plus pour une année II. Quelques indications sur le niveau validée) qu'il engendre pour le système. de la qualité des apprentissages dans Par ailleurs dans le chapitre 2, les analyses ont le système guinéen montré que la faible rétention du système dans le primaire est beaucoup plus liée à des questions Les questions relatives à la qualité de l'école d'offre que de demande corroborant le fait que peuvent être abordées de deux façons: la pre- les abandons contribuent moins que les mière consiste à considérer qu'une école de redoublements à la faible efficacité du système. qualité est celle où on a des enseignants mieux 94 Le Système Educatif Guinéen formés, des tailles de classe réduites, des bâti- moyens nationaux en français et en mathémati- ments fonctionnels, des équipements et matériels ques pour 6 pays sont proposés dans le tableau pédagogiques nombreux et appropriés, bref une IV.8, ci-après. école dotée d'importantes ressources financiè- Que ce soit en français ou en mathématiques, res et humaines. La seconde façon est de le niveau moyen des acquisitions des élèves va- considérer qu'une école de qualité est celle où rie fortement d'un pays à un autre. En 2ème année, les élèves apprennent véritablement, donc une le score moyen en français varie de 9,9 au Séné- école où les élèves ont de bons niveaux d'ap- gal à 16,2 au Cameroun et le score moyen en prentissage après un certain nombre d'années mathématiques de 14,5 en Côte d'ivoire à 21,7 passés dans le système. à Madagascar. Pour la classe de 5ème, le score Il est certain que la question des moyens ne moyen en français varie de 7,8 au Sénégal à 13 peut être éludée puisqu'on imagine mal une école au Cameroun et le score moyen en mathémati- sans un minimum de ressources, et qu'il est rai- ques de 12,3 toujours au Sénégal à 16,2 au sonnable de supposer toutes choses égales par Cameroun. ailleurs que les apprentissages sont meilleurs Pour la 2ème année, la Guinée se situe en fran- quand les conditions d'enseignement le sont çais au même niveau que le Burkina Faso et aussi. Ceci étant admis, il est tout à fait possible Madagascar avec certes un léger avantage pour de réconcilier les deux approches en essayant de ces deux pays, mais la Guinée affiche des résul- voir comment les moyens dont dispose chaque tats meilleurs que le Sénégal. Toujours pour ce établissement sont transformés en résultats au niveau en mathématiques, elle a de meilleurs niveau des élèves. résultats que le Burkina, la Côte d'ivoire et le Mais avant d'aborder les questions relatives Sénégal, mais se situe au même niveau que le aux facteurs associés à la qualité des apprentis- Cameroun. Pour la 5ème année en français, en sages, nous allons essayer de situer dans une dehors de Madagascar où on observe à peu près perspective de comparaison internationale le le même niveau, la Guinée obtient des résultats niveau global de la qualité du système éducatif meilleurs que le Sénégal et des résultats moins guinéen et cela, selon un double angle : bons que les autres pays. En mathématiques la Guinée, est encore devancée par les autres pays i) Celui du niveau des acquisitions des élèves à sauf le Sénégal. des tests d'acquisition de connaissances. Selon ces résultats, les élèves guinéens de la ii) Celui du niveau d'alphabétisation des adul- 2ème année ont des niveaux d'acquisitions pro- tes (22­44 ans). ches de la moyenne des pays, en revanche les élèves de 5ème année ont un niveau légèrement II.1 La mesure des acquis des élèves en dessous de la moyenne de l'ensemble des pays. Il faut préciser cependant que la variabilité des La Guinée a participé à une enquête d'évalua- résultats dans les deux classes est plus pronon- tion du PASEC conduite au cours de l'année cée dans les 2 matières en Guinée que dans les scolaire 1999­2000. Bien que largement com- autres pays. Cette dispersion des résultats tra- parables à celles des autres enquêtes du PASEC (Burkina Faso, Cameroun, Côte-d'Ivoire, Ma- dagascar, Sénégal), les épreuves subies par les 41 élèves guinéens ne sont pas identiquesà celles L'objectif était aussi un peu différent en ce qu'on visait d'une part à comparer les nouvelles administrées dans les autres pays41. Cela dit, en formations d'enseignants (FIMG) aux modes ciblant la comparaison sur les items communs, traditionnels correspondant à des durées plus on retrouve une forte comparabilité internatio- longues et d'autre part à évaluer l'impact de la nale du score des élèves guinéens. Les scores double vacation sur la qualité du service offert. L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 95 Tableau IV.8. Comparaison internationale du score à des épreuves standardisées dans le primaire Burkina Côte Guinée Moyenne* Faso Cameroun d'ivoire Madagascar Sénégal 2ème Français Moyenne 13,3 13,7 13,8 16,2 14,4 14,0 9,9 PASEC (noté sur 24) Ecart type 6,3 -- 5,8 5,7 5,9 5,3 6,0 Mathématiques Moyenne 19,2 17,4 17 19,2 14,5 21,7 14,7 (noté sur 33) Ecart type 8,5 -- 8,0 7,3 6,5 7,1 7,8 5ème Français Moyenne 9,7 10,4 10,2 13 11,6 9,5 7,8 PASEC (noté sur 23) Ecart type 4,1 -- 3,6 4,3 3,8 3,8 3,4 Mathématiques Moyenne 12,9 15,2 15,2 16,2 13,4 18,9 12,3 (noté sur 34 Ecart type 5,9 -- 5,4 5,7 4,9 5,9 5,6 · Primaire Français Moyenne 13,8 14,2 14,1 16,2 13,5 16,0 11,2 · PASEC et calcul 2ème et 5ème · Primaire** Langue Moyenne 51,6 49,4 52,7 60,0 51,3 58,4 42,5 et calcul *Moyenne des 5 pays (autres que la Guinée) pour les enquêtes du PASEC **Moyenne internationale des 19 pays enquêtés par le MLA, le PASEC ou le SACMEQ, et scores nationaux duit un niveau d'acquisitions des élèves guinéens II.2 Les résultats de la scolarisation en moins homogène (plus ou moins disparate) que termes de rétention de l'alphabétisation dans les autres pays. Si on cible une mesure agré- gée sur les deux matières et les deux classes, le Une autre méthode pour a la question de la qua- résultat de la Guinée est proche, mais un peu lité de l'éducation de façon comparative consiste plus faible, que le score moyen des cinq autres à examiner les résultats de la scolarisation en pays. Si on étend la comparaison à la vingtaine termes de formation de capital humain et plus de pays enquêtés par le MLA, le PASEC et/ou le particulièrement en termes d'alphabétisation des SACMEQ, et pour lesquels on a pu construire adultes. Les enquêtes ménages MICS réalisées un score sur une échelle unifiée (celle du MLA), dans bon nombre de pays africains (et l'enquête la position de la Guinée est cette fois un peu QUIBB pour la Guinée) permettent de mettre supérieure à cette moyenne régionale. Au total, en regard le niveau d'alphabétisation des indi- il paraît juste de conclure que si des progrès vidus avec le nombre d'années de scolarisation doivent évidemment être faits en Guinée pour effectués. La comparaison des pays entre eux améliorer le niveau d'acquisition des élèves et se peut alors se faire en examinant, par exemple, rapprocher des pays plus performants (par exem- la proportion d'alphabétisés parmi les adultes ple le Kenya avec un score de 68), le niveau actuel ayant effectué 6 années de scolarisation au cours sur ce plan se trouve assez proche de la moyenne de leur jeunesse. Le tableau IV.9 offre les élé- régionale. ments pertinents pour cette comparaison. 96 Le Système Educatif Guinéen Tableau IV.9. % d'adultes (22­44 ans) pouvant lire aisément selon la durée des études initiales Durée des études au cours de la jeunesse Pays Pas école 2 années 3 années 4 années 5 années 6 années 8 années Burundi 7,5 29,4 48,1 67,2 83,1 91,1 98,2 Cameroun 8,5 23,7 36,2 50,9 65,5 77,7 92,1 Côte-d'Ivoire 6,5 22,4 35,5 51,2 66,6 79,2 93,2 Guinée 6,6 22,6 35,6 48,1 67,4 83,2 98,8 Guinée-Bissau 6,6 18,5 28,8 42,4 56,6 70,3 87,9 Niger 1,1 5,0 10,2 19,7 34,8 53,6 84,5 Nigeria 16,7 37,9 51,5 65.0 76,4 84,9 94,5 République Centrafricaine 0,5 6,5 13,0 25,0 48,0 64,0 90,0 Rwanda 6,3 34,7 59,9 80,6 92,0 97,0 99,6 Sénégal 12,1 25,9 35,8 46,9 58,5 69,1 84,9 Sierra Leone 3,8 10,4 16,6 25,5 37,1 50,3 75,0 Tchad 0,5 2,8 6,3 13,6 27,1 46,6 82,8 Togo 2,4 12,0 24,0 43,0 64,0 81,0 96,0 Moyenne 6 19 31 43 60 73 91 Sources : Données QUIBB pour la Guinée et «Eléments analytiques et factuels pour une politique de la qualité dans le primaire en Afrique subsaharienne dans le contexte de l'Education Pour Tous», Alain Mingat; PSAST/AFTHD, Banque Mondiale, 2003 On trouve, qu'en moyenne sur l'ensemble des tests d'acquisitions standardisés (avec une rai- pays pour lesquels les informations sont dispo- sonnable bonne qualité de la mesure compte tenu nibles que, 73 % des adultes (22­44 ans) qui du contrôle des conditions de passation et de ont eu six années de scolarité pendant leur jeu- correction des épreuves) soit par la réussite à nesse, sont encore capables de lire aisément. des examens nationaux (avec un bonne légiti- Cette proportion varie de façon sensible entre mité de la mesure car c'est à quoi préparent les les différents pays (entre 46 % au Tchad et 97 enseignants et c'est ce qu'attendent les parents % au Rwanda); avec un chiffre de 83 %, la po- d'élèves). L'idée des analyses proposées dans sition de la Guinée apparaît plutôt favorable. cette section est de mettre en regard les résultats obtenus par les élèves (score à des tests standar- disés ou degré de réussite aux examens III. Les facteurs influençant nationaux) avec leurs caractéristiques person- l'efficacité interne du système nelles mais aussi, et surtout, avec celles du et la qualité de l'éducation contexte dans lequel se sont effectués localement les apprentissages. La qualité d'un système éducatif s'évalue sur la Dans une perspective de politique éducative, base des résultats obtenus chez les élèves; ces cette approchedoit utilement être complétée de résultats peuvent eux-même mesurés soit par des deux façons : i) la première consiste à confron- L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 97 ter les impacts observés des variables caracté- niveau école en mobilisant les données statisti- ristiques de l'organisation scolaire avec leurs ques collectées pour la production des annuaires coûts pour progresser vers l'identification des statistiques du MEPU. Les deux premières con- mesures les plus coûts-efficaces pour améliorer cernent les facteurs associées à la fréquence de la qualité du service éducatif; ii) la seconde la réussite aux examens nationaux respective- consiste à voir avec quelle intensité relative, la ment en fin de primaire (CEPE) et de premier qualité des services offerts dépend d'une part des cycle secondaire (BEPC); la troisième examine éléments objectifs caractérisant le contexte et les facteurs associés à la fréquence des redou- l'organisation scolaire (les bâtiments, les modes blements dans l'enseignement primaire. Avant de groupement des élèves, la formation des en- de présenter les résultats obtenus, il est intéres- seignants, la disponibilité en matériels sant de proposer une description rapide du degré pédagogiques pour les élèves et les enseignants, de variabilité existant au sein du système éduca- ..) et d'autre part de la manière (l'efficacité) avec tif guinéen tant sur les plans des conditions laquelle les enseignants réussissent à transfor- d'enseignement prévalant dans les différents éta- mer les conditions d'enseignement et les moyens blissements scolaires du pays au niveau du dont ils disposent en apprentissages chez les élè- primaire et du premier cycle secondaire, que sur ves qui leurs sont confiés. celui des résultats obtenus. Dans une première étape, nous ciblerons l'analyse sur l'usage des statistiques scolaires III.1.1 La variété inter-établissements des classiques pour aborder ensuite les résultats de conditions d'enseignement et des résultats l'enquête du PASEC. obtenus III.1 Analyses sur la base des statistiques Le Tableau IV.10, ci-après, présente les moyen- scolaires ordinaires nes et dispersions des principales variables. Les données consignées dans le tableau ci- Trois analyses complémentaires ont été effec- dessus manifestent l'existence de conditions tuées, chacune d'entre elles étant établie au d'enseignement qui diverge d'un établissement Tableau IV.10. La dispersion des principales variables de résultats et de conditions d'enseignement dans les établissements primaire et de 1er cycle secondaire Primaire 1er Cycle secondaire Moyenne Dispersion Moyenne Dispersion Variables de résultat Taux de réussite au CEPE 72 % [10 ­ 95 %] -- -- Taux de réussite au BEPC -- -- 48 % [10 ­ 95 %] % de redoublants dans l'établissement 19 % [5 ­ 45 %] 24 % [5 ­ 40 %] Variables caractéristiques des établissements Contexte Urbain 45 % 55 % rural -- -- Etablissement public 75 % 25 % privé 86 % 14 % privé (continued on next page) 98 Le Système Educatif Guinéen Tableau IV.10. La dispersion des principales variables de résultats et de conditions d'enseignement dans les établissements primaire et de 1er cycle secondaire (continued) Primaire 1er Cycle secondaire Moyenne Dispersion Moyenne Dispersion Mode d'organisation scolaire et flux Nombre d'élèves par classe 46 [20 ­ 80] 66 [20 ­ 90] % Enseignement multigrade 8 % [0 ­ 80 %] -- -- Manuels Manuel de lecture par élève 46 % [10 ­ 90 %] -- -- Manuel de calcul par élève 30 % [0 ­ 80 %] -- -- Guide de lecture par enseignant 45 % -- -- -- Guide de calcul par enseignant 7 % -- -- -- Bâtiments et équipement scolaires % salles de classe en mauvais état 11 % [0 ­ 60 %] -- -- % élèves normalement assis sur table-banc en bon état Ecole possède eau potable 42 % 58 % n'ont pas -- -- Ecole possède des latrines 78 % 22 % n'ont pas -- -- Ecole possède une bibliothèque 10 % 90 % n'ont pas -- -- Caractéristiques des enseignants % d'enseignants femmes 21 % [0 ­ 80 %] 6 % [0 ­ 20 %] % d'enseignants titulaires 39 % [10 ­ 90 % 65 % [30 ­ 90 %] % d'enseignants contractuels d'Etat 37 % [10 ­ 90 %] 35 % [10 ­ 70 %] % d'enseignants contractuels locaux 24 % % d'enseignants avec un diplôme du supérieur 15 % [0 ­ 70 %] -- -- % d'enseignants avec le BAC 1 ou 2 27 % [0 ­ 85 %] -- -- % d'enseignants avec le BEPC 22 % [0 ­ 80 %] -- -- % d'enseignants avec le CEPE 4 % [0 ­ 25 %] -- -- % d'enseignants sortant des ENI/ENP 39 % [10 ­ 90 %] -- -- % d'enseignants FIMG 29 % [10 ­ 90 %] -- -- % d'enseignants sortant écoles normales (sec/sup.) 6 % [0 ­25 %] -- -- % d'enseignants sans diplôme professionnel 4 % [0 ­ 25 %] -- -- L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 99 scolaire à l'autre, et ce tant au niveau du pri- écoles publiques et 36 dans les écoles privées. maire que du premier cycle secondaire. Elles Au sein des écoles publiques, cet indice, dont la manifestent aussi une variabilité notable des valeur moyenne est proche (selon que l'école est performances obtenues aux examens nationaux implantée en milieu urbain ou rural), est carac- comme dans les pratiques de redoublement. térisé par de larges variations entre 20 et plus En premier lieu, en ce qui concerne les taux de 100; 22 % des écoles ont un rapport élèves- de réussite aux examens, on observe des valeurs maîtres inférieur à 35 alors que 15 % des écoles moyennes nationales respectivement de 72 et de primaires ont plus de 60 élèves par enseignant. 48 % au CEPE et au BEPC; mais la plage de La disponibilité en manuels scolaires, même pour variation sur chacun de ces deux indicateurs va les matières les plus essentielles (lecture et cal- de 10 à 95 %. La fréquence des redoublements cul), est faible avec en moyenne un livre de sur l'ensemble du cycle primaire est en moyenne lecture pour deux élèves et un livre de calcul pour de 20 %, mais on compte 39 % des écoles où ce trois élèves. Cette moyenne dépend du contexte taux est inférieur à 10 % alors qu'il dépasse 30 selon lequel il y a très peu de livres dans certai- % dans 23 % des écoles. nes écoles et des écoles où la grande majorité En second lieu, concernant les conditions des élèves dispose de ces manuels. La moindre d'enseignement, on observe de larges variations dotation en manuels de calcul par rapport à celle sur quasiment tous les indicateurs retenus outre de lecture se retrouve, plus accentuée encore. En le statut de l'établissement (en opposant 75 % ce qui concerne le guide du maître avec environ des écoles primaire de statut public et 25 % de un enseignant sur deux doté du guide de lec- statut privé) et sa localisation géographique (55 ture, mais seulement un sur quinze doté du guide % des écoles primaires étant localisées en mi- de calcul. lieu rural et 45 % en milieu caractérisé comme Du point de vue des caractéristiques des en- urbain). seignants, on peut constituer trois groupes : i) les enseignants fonctionnaires titulaires (ils re- · Au niveau du primaire, et de façon général, présentent en 2003 environ 42 % du corps on observe les situations suivantes : 78 % des exerçant dans le primaire), ii) les enseignants écoles ont des latrines, 22 % en sont dépour- contractuels payés par l'Etat (36 %) et des en- vues; 42 % des écoles pour leur part ont un seignants contractuels payés par les parents (22 point d'eau potable (quelle que soit la for- %) avec des situations différentes selon qu'ils mule) alors que seulement 10 % des écoles exercent dans des écoles publiques, communau- primaires ont une bibliothèque. L'état des taires ou privées. Outre ces proportions bâtiments est jugé convenable dans 89 % des moyennes, on observe au sein des écoles publi- écoles de l'échantillon, mais il y a 10 % des ques que 14 % des écoles où plus des trois-quarts écoles qui doivent fonctionner avec la majo- des enseignants sont des fonctionnaires alors que rité de leurs salles de classe en mauvais état. dans 40 % des écoles, on retrouve moins de 25 Sur le plan des conditions d'installation des % des enseignements. On distingue dans les élèves, dans 11 % des écoles, moins d'un élève modes de formation ceux qui ont eu une forma- sur deux peut disposer d'une place assise cor- tion traditionnelle de «longue durée» et ceux qui recte pour étudier; et ce n'est que dans un ont eu la formation plus courte du type FIMG tiers des écoles que le mobilier est suffisant (27 %); du point de vue de l'âge, les enseignants pour permettre à tous les enfants d'être assis FIMG (employés comme contractuels), recrutés dans des conditions satisfaisantes. plus récemment que leurs homologues fonction- naires titulaires, sont plus jeunes et ont par Le rapport élèves-enseignant est en moyenne conséquence une expérience professionnelle de 46 et se distribue entre environ 50 dans les moins longue. Les femmes représentent 31 % 100 Le Système Educatif Guinéen du corps enseignant; dans 39 % des écoles les l'échantillon ayant servi à l'analyse, le taux de femmes représentent moins de 25 % du corps réussite moyen est de 72 %, au niveau des éco- enseignant alors que dans 13 % des écoles les les individuelles ce taux varie entre 0 et 100 %. femmes en comptent pour plus des trois-quarts. Près de la moitié des écoles (49 %) ont un taux Au total, il est sans doute légitime de con- de réussite inférieur à 50 %, alors que 29 % ont clure à l'existence de variétés dans les conditions un taux compris entre 50 et 75 % et que 22 % d'enseignement prévalant, d'un lieu d'enseigne- des écoles ont un taux de réussite de leurs élèves ment à l'autre, au sein du système éducatif au CEPE supérieur à 75 %. Le tableau IV.11, primaire guinéen. Ce fait est corroboré de ci-après présente les résultats obtenus par l'esti- façon consolidée lorsqu'on fait une estimation mation économétrique43. du coût unitaire de scolarisation au niveau de Les résultats de cette estimation économétrique chacune des écoles et qu'on observe que la suggèrent les enseignements suivants : moyenne nationale se situe autour de 60 000 Francs guinéens la plage varie de 30 à 120 000 1. Outre ce qui distingue éventuellement les éta- FG, même en ne tenant pas compte des situations blissements privés des autres établissements exceptionnelles. publics quant à leur implantation géographi- que, les matériels et équipements, III.1.2 Les facteurs influençant l'organisation pédagogique et les types d'en- les résultats au CEPE seignants, on observe une capacité sensiblement meilleure des écoles privées à Les informations sur les résultats de chaque école faire réussir un plus grand nombre de leurs à l'examen scolaire de fin du cycle (CEPE) sont élèves à l'examen du CEPE. L'écart net au disponibles dans les bases de données du SSP bénéfice du privé (+ 18 %) est substantiel; qui renferment également des informations uti- mais il est difficile avec les données disponi- les à l'analyse sur le milieu de l'école, les bles ici de séparer ce qui revient à i) un effet conditions de classe ainsi que les caractéristiques de sélection positive des élèves (les parents des enseignants, telles que celles décrites précé- qui ont recours à ce type d'école sont à la demment. Les données utilisées concernent le fois caractérisés par une forte demande sco- taux de réussite au CEPE de la session de juin laire et par la capacité à financer les études 2003; ces informations ont été mises en regard de leurs enfants) et à ii) une meilleure effica- avec les conditions d'enseignement observées cité des établissements privés associée dans les écoles au cours de l'année scolaire 2002- 0342(supposée être une image des conditions de scolarisation des élèves ayant composé au CEPE 42 en juin 2003). On a observé ci-dessus l'existence L'analyse est limitée aux écoles ayant des données complètes et fiables au cours de l'année scolaire d'une large variabilité tant des conditions de 2002­2003. Par ailleurs, elle a aussi été limitée scolarisation des différentes écoles que des taux aux écoles ayant au moins 10 candidats présentés de réussite au CEPE. En elles-mêmes elles à l'examen pour éviter les effets d'aléas dus aux manifestent l'existence de problèmes dans la petits effectifs. Après ces restrictions, l'échantillon gestion du système, problèmes sur lesquels nous comporte 2 200 écoles. reviendrons dans le chapitre 7 de ce rapport. 43 La méthode retenue pour mesurer l'impact de ces Pour notre propos, ce double ordre de variété différents facteurs est une modélisation logistique. Ce choix s'explique par le fait que le taux de crée des conditions favorables à l'identification réussite est une variables bornée (comprises entre de l'impact des différentes conditions d'ensei- 0 et 100), et que le total des admis ou des gnement sur les produits de l'école, mesurés ici redoublants par école est l'agrégation des données par les chances de réussite au CEPE. Dans individuelles binaires (1/0. L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 101 Tableau IV.11. Effets marginaux des variables sur la probabilité de réussite au CEPE (Modèle logistique; estimation par le maximum de vraisemblance) Impact (%) au point moyen Degré de Variables sur la probabilité de réussite significativité Contexte Public (référence Privé) ­ 18,1 *** Urbain (référence Rural) + 2,7 *** Equipements et mobilier % salles de classe en mauvais état -- Ns % élèves correctement assis -- Ns Existence de latrines dans l'école (référence Non) + 6,3 *** Existence d'une bibliothèque dans l'école (référence Non) + 3,2 *** Nombre moyen de manuels scolaires par élève + 1,0 *** Organisation pédagogique % redoublants en 6ème année ­ 5,3 *** Rapport élèves-enseignants ­ 0,32 *** Enseignement en cours multiples + 1,6 *** Caractéristiques des enseignants Proportion de femmes enseignantes + 4,2 *** Proportion d'enseignants formés en ENI ou ENP + 6,8 *** Proportion d'enseignants formés en FIMG + 9,2 *** Proportion d'enseignants avec bac2 ou plus + 5,5 *** ­2*log vraisemblance = 131904, significatif à 1 %, (***) significatif au seuil de 1%, (ns) non significatif peut-être à une plus grande rigueur que dans semblent pas impliquer de différences dans les établissements publics quant au suivi des les chances de succès scolaire des élèves, sou- études (des enseignants en particulier) et des lignant que l'éducation est d'abord une enfants. relation entre le maître et les élèves et que le 2. Le second enseignement indique que, , les éco- contexte logistique est plus accessoire. Ce les situées en milieu rural sont globalement résultat ne doit sans doute pas être interprété très proches de celles en milieu urbain pour comme l'idée que tous ces aspects seraient ce qui est de la réussite au CEPE (l'écart net inutiles. Ils ne le sont pas car l'équipement moyen n'est que de 2,7 %); ce résultat peut (matériel) du lieu est évidemment bénéfique être considéré comme satisfaisant pour le sys- pour l'enseignement. Cela dit, lorsqu'on met tème. en regard le coût élevé de certaines construc- 3. En troisième lieu, contrairement l'idée répan- tions scolaires avec le niveau des bénéfices due, on observe que la qualité des bâtiments effectifs qu'ils procurent, on est amené à por- et des conditions d'installation des élèves ne ter plus d'attention au chapitre des 102 Le Système Educatif Guinéen constructions de salle de classe est sans doute 6. Enfin, les travaux d'analyse ndiquent un im- à rechercher. pact modéré de ces caractéristiques formelles 4. Lors de la description des variables dans la de statut, niveau d'éducation et de formation section précédente, nous avions noté que tou- initiale sur les taux de réussite au CEPE. Une tes les écoles ne disposaient pas de latrines et information utile est que la proportion d'en- que seulement une faible proportion des éco- seignants FIMG (qui varie de façon sensible les disposait d'une bibliothèque. Les résultats d'une école à l'autre) a un impact positif sur obtenus suggèrent que celles qui ont des la- le résultat et que cet impact est supérieur à trines et une bibliothèque sont aussi celui des enseignants formés selon la formule caractérisées par de meilleures résultats au traditionnelle. Ce résultat devrait écarter les CEPE, le premier élément apparaissant même craintes de ceux qui voyaient dans ces for- plus déterminant (impact de +6 % dans la mules nouvelles un danger pour la qualité de réussite au CEPE) que le second (+3 %). Une l'éducation dans le pays. La proportion de disponibilité meilleure en manuels scolaire est femmes est aussi associée à des résultats plu- aussi favorable à la réussite, mais l'impact tôt supérieurs au CEPE mais l'impact quantitatif est modeste. quantitatif est globalement faible (2 points 5. Concernant maintenant les variables d'orga- de réussite au CEPE entre une école où il y nisation pédagogique, les résultats de aurait 75 % de femmes par rapport à une l'analyse indiquent que l'organisation en autre où il n'y en aurait que 25 %). cours n'est pas défavorable (elle serait même 7. Les analyses économétriques permettent éga- plutôt favorable) à la réussite au CEPE. Plus lement d'aboutir à une dernière conclusion la taille moyenne des classes dans une école majeure, à savoir que les variables prises en est élevée, plus faibles sont en moyenne les compte pour caractériser les ressources phy- chances de réussir au CEPE. Bien que négatif siques et humaines laissent au total de très et statistiquement significatif, l'impact n'est larges marges de variations résiduelles du taux toutefois pas massif puisque le taux de réus- de réussite au CEPE. En d'autres termes, des site au CEPE dans une école où la une taille écoles de caractéristiques formelles compa- moyenne serait de 35 dépasse seulement de rables peuvent avoir des taux de réussite au 6,5 points celui d'une école comparable où CEPE très variables. On peut certes être tenté le nombre d'élèves par classe serait de 55 élè- d'interpréter ce résultat comme une faiblesse ves. Comme le coût unitaire de la première de l'analyse qui serait passée à côté de varia- école dépasse de plus de 50 % celui de la se- bles importantes; mais on peut aussi partir conde, on voit que la réduction de la taille de l'observation de base que les aspects for- des classes n'est sans doute pas la mesure gé- mels concernant les moyens matériels et nérale la plus coût-efficace pour améliorer la humains des écoles sont d'une part ceux qu'on qualité de l'école primaire guinéenne43. En- trouve dans le budget et d'autre part ceux fin, dans la ligne de ce qui a été discuté au sur lesquels on pense de façon spontanée lors- début de ce chapitre, nous observons que la qu'on cherche à identifier une politique fréquence des redoublements, si elle varie ef- d'amélioration de la qualité de l'école. fectivement beaucoup d'une école à l'autre, ne semble pas être associée positivement à la qualité des services éducatifs offerts ni aux 44Cela dit, lorsqu'on examine la distribution du rap- résultats d'apprentissages obtenus. L'argu- port élèves-maîtres dans les différentes écoles du ment selon lequel de plus forts taux de pays, il apparaît aussi clairement qu'un ciblage redoublement seraient le garant de la qualité devrait être fait pour faire disparaître les cas où la de l'enseignement est vérifié. taille des classes est véritablement très grande. L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 103 Si ces facteurs semblent peu explicatifs, c'est l'enquête annuelle des établissements scolaires. alors que les résultats obtenus par les écoles ne Le tableau IV.12, ci-après donne les résultats des dépendent pas vraiment du niveau des ressour- estimations statistiques réalisées. ces qui y sont mobilisées et que les écarts On retrouve de nouveau i) des performances résiduels observés entre écoles de ressources très supérieures (+ 25 %) dans le secteur privé comparables tiennent à des capacités différen- par référence à celles observées dans le secteur tes de ces écoles à utiliser les ressources dont public et ii) une situation généralement homo- elles disposent pour les transformer en résultats gène entre zones urbaines et rurales. Une plus d'apprentissages obtenus chez les élèves qui leur grande taille moyenne de classe est certes asso- sont confiés. Si tel est le cas, on identifie la ges- ciée à de moindres résultats au BEPC mais les tion pédagogique des écoles comme une faiblesse différences impliquées ne sont pas considérables; potentielle du système éducatif guinéen et l'amé- ainsi, même entre une taille moyenne de 30 et lioration de cette gestion comme un ingrédient de 70 élèves, ne trouve-t-on in fine que 4 points essentiel pour faire progresser la qualité des ser- de différences dans le taux de réussite au BEPC. vices offerts. On insiste alors là davantage sur Les résultats montrent de nouveau que la fré- une meilleure utilisation des ressources que sur quence des redoublements (elle varie de façon l'augmentation de leur volume (bien que celle- substantielle d'un établissement à l'autre) en ci puisse par ailleurs être aussi justifiée). Cet cours de cycle est négativement associée à la aspect sera repris dans le chapitre 7 concernant performance de l'établissement à l'examen de les questions de gestion du système éducatif gui- fin de cycle. Dans la même ligne que ce qu'on a néen au niveau de l'enseignement primaire. observé dans le primaire, les femmes enseignan- tes ont plutôt un impact positif sur les III.1.3 Les facteurs influençant performances; mais il convient de rappeler qu'el- les résultats au BEPC les sont en moyenne très peu nombreuses, puisqu'elles ne représentent qu'environ 6 % du De même que pour le primaire avec le taux de corps enseignant du collège. Enfin, les ensei- réussite au CEPE, il est possible de conduire une gnants contractuels (qui représentent environ 35 analyse du taux de réussite au BEPC sur la base % des enseignants à ce niveau d'études) ont en de quelques caractéristiques disponibles dans moyenne un impact négatif sur la performance Tableau IV.12. Effets marginaux des variables sur les chances de réussite au BEPC (Modèle logistique estimation par la méthode du maximum de vraisemblance) Impact (%) au point moyen (48 %) Variables sur la probabilité de réussite Degré de significativité Public (référence Privé) ­ 25,6 *** Urbain (référence Rural) ­ 1,0 ns Taille moyenne de la classe ­ 0,11 *** Proportion de redoublants ­ 2,7 *** Proportion de femmes enseignantes + 18,6 *** Proportion d'enseignants contractuels ­ 9,1 *** ***significatif au seuil de 1% 104 Le Système Educatif Guinéen des établissements au BEPC ; ainsi entre un éta- Les résultats suggèrent aussi un lien entre le blissement qui aurait 25 % de contractuels et contexte matériel de scolarisation et la fréquence un autre qui en aurait 75 %, le taux de réussite des redoublements; qu'il s'agisse de l'état des serait environ de 4,5 points plus bas dans le se- bâtiments ou de la disponibilité adéquate des cond que dans le premier. matériaux (tables-bancs), les conditions défavo- Enfin, comme pour l'analyse conduite au ni- rables sont significativement associées à des veau du primaire sur le CEPE, celle-ci montre redoublements plus fréquents. En ce qui con- que des collèges qui sont comparables du point cerne les groupements d'élèves, les résultats de vue de leurs caractéristiques formelles peuvent obtenus montrent que les classes plus nombreu- avoir des taux de réussite très différents au BEPC. ses ont une tendance à produire davantage de Ceci rappelle que si les ressources ne peuvent être redoublements; l'impact quantitatif est toutefois ignorées dans une stratégie visant à améliorer la relativement modeste puisque entre une classe qualité, cela n'aurait de sens que si des actions de 30 et de 60 élèves (une différence substan- significatives étaient prises pour améliorer la tielle), l'écart dans la fréquence des gestion pédagogique du système, en particulier redoublements n'est que de 3,6 %. Comme cela en améliorant la capacités des établissements les a été observé dans des travaux similaires, l'or- moins performants à utiliser les ressources dont ganisation en cours multiples conduit plutôt à ils disposent de sorte que les élèves obtiennent de une réduction des redoublements, les élèves pou- meilleurs résultats académiques. vant plus aisément passer d'un groupe à l'autre au sein de la classe en fonction de leurs besoins III.1.4 Les facteurs influençant la fréquence propres et de leur évolution au cours de l'année des redoublement au niveau primaire scolaire. Enfin, on peut anticiper que la décision de Les analyses précédentes ont montré que par la redoublement incorpore aussi une dimension perte d'efficacité qu'elle engendre, les redouble- subjective personnelle à l'enseignant. On ne peut ments contribuent de façon notable aux ici mesurer que ce qui est lié à ses caractéristi- gaspillages des ressources publiques du secteur. ques distinctives formelles, alors que des écarts Le but de cette partie est de trouver d'autres fac- sans doute plus importants existent d'un ensei- teurs qui, au-delà du niveau de l'élève, gnant à l'autre, même si ceux-ci ne peuvent pas contribuent à structurer la décision de redou- être appréhendés avec les données à disponibles. blement. Identifier ces facteurs pourra servir Une première observation est que les enseignan- comme base pour améliorer les mesures qui doi- tes semblent être plus sujettes à faire redoubler vent conduire la stratégie nationale de réduction les élèves que leurs homologues masculins; il de la fréquence des redoublements avec l'intro- n'est à cet égard pas exclu que ceci manifeste un duction des sous cycles d'enseignement dans le plus grand degré d'exigence des femmes ensei- système. Les résultats de la modélisation sont gnantes, car on avait observé qu'elles tendaient présentés dans le tableau IV.13. par ailleurs à être plus efficaces sur le plan des Comme pour l'analyse du taux de réussite au apprentissages. Entre une école où le corps en- CEPE, celle qui concerne la fréquence des re- seignant serait féminin à 75 % et une autre école doublements conclut d'une part à une situation comparable si ce n'est qu'il n'y aurait que 25 % notablement meilleure des écoles privées par de femmes, la fréquence de redoublement est en rapport à leurs homologues dans le secteur pu- moyenne de 2,9 % plus élevé dans la première. blic (une fréquence de redoublement de 12 points Concernant le statut des enseignants, les résul- inférieure) et d'autre part à une différence faible tats de l'analyse statistique montrent que les entre la performance des écoles urbaines et ru- enseignants fonctionnaires sont ceux qui font le rales sur ce plan. plus redoubler, et que les contractuels locaux L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 105 Tableau IV.13. Effets marginaux des variables sur la probabilité de redoubler (Modèle logistique; estimation par maximum de vraisemblance) Impact (%) au point moyen sur la Variables probabilité de redoubler Degré de significativité Contexte Public (référence Privé) + 12,1 *** Urbain (référence Rural) ­ 2,6 *** Equipements et mobilier Proportion de salles de classe en bon état ­ 2,7 *** Elèves assis dans de très mauvaises conditions* Référence -- Elèves assis dans des conditions précaires** ­ 2,3 *** Elèves correctement assis*** ­ 5,3 *** Organisation pédagogique Rapport élèves-enseignants + 0,12 *** Proportion d'enseignement en cours multiples ­ 2,7 *** Caractéristiques des enseignants Proportion de femmes enseignantes + 5,8 *** Proportion d'enseignants contractuels de l'état ­ 2,2 *** Proportion d'enseignants contractuels locaux ­ 3,7 *** *moins d'une place assise sur table-banc pour 2 élèves **environ une place assise sur table-banc pour 2 élèves ***chaque élève est normalement assis sur une table-banc sont en moyenne un peu plus prédisposés à faci- chaque école avec le taux de réussite en fin de liter le passage dans la classe supérieure. Les cycle. écarts ne sont toutefois pas d'une ampleur très Les données du PASEC n'ont ces inconvé- marquée. nients ; elles permettent en effet une approche comparative internationale qui permet de situer III.2 Analyse à partir des données PASEC le niveau moyen d'acquisition des élèves du pays en 2ème et 5ème année primaire (une telle comparaison a été présenté plus avant dans ce chapitre), sachant par ailleurs qu'elles A partir des résultats au CEPE, l'analyse a pré- ciblent les progrès des élèves entre le début et la senté des facteurs scolaires qui déterminent le fin de l'année scolaire dans deux classes spécifi- niveau des apprentissages des élèves. Bien qu'in- ques, la 2ème et la 5ème en autorisant de mettre téressante, cette démarche présente deux types ces progrès sur une année avec les conditions d'inconvénients: i) elle ne permet pas de faire d'enseignement qui ont prévalu dans chacune des comparaisons internationales et ii) elle est des classes de l'échantillon (localisation, statut, très globale et relie les variables agrégées de organisation pédagogique de la classe/l'école, 106 Le Système Educatif Guinéen caractéristiques des enseignants/directeur...) cification commune de base d'analyser le score avec en outre un contrôle des caractéristiques de fin d'année en fonction du résultat en début individuelles de chacun des élèves concernés (âge, d'année; c'est en référence à cette spécification sexe...) et de sa famille. Enfin, les données de base qu'on explore l'impact statistique des PASEC utilisent des tests standardisés (en fran- autres variables. çais et en mathématiques) avec une bonne Les deux résultats ( initial et final) sont théo- homogénéité tant des conditions de passation riquement compris entre 0 et 100 (note en des épreuves que de correction. Au total, on peut principe minimales et maximale aux tests dans avoir une confiance raisonnable sur la possibi- chacune des deux matières en début et en fin lité effective de bien identifier l'impact des d'année scolaire). Dans la réalité, les scores ex- variables pertinentes sur la qualité des services trêmes ne sont pas observés bien qu'il existe une éducatifs offerts. Cependant, une limitation des forte variance tant dans le score de début que données PASEC (enquête réalisée au cours de de fin d'année. La valeur moyenne du score de l'année scolaire 1999-2000) est qu'elles ne por- début d'année scolaire est de 49 (avec un écart- tent que sur un nombre limité d'école, donc type de 20) en 2ème année et de 40 (avec un d'élèves. écart-type de 17) en 5ème année, alors que celle Il faut souligner que si la base de données du du score moyen de fin d'année est respective- PASEC est très riche en variables scolaires, les ment de 40 (écart-type de 18) en 2ème année et informations disponibles sur les variables extra- de 41 (écart-type de 18) en 5ème année. Le ta- scolaires sont peu suffisantes dans le sens qu'on bleau IV.14, ci-après, présente les résultats des ne dispose pas de mesure du temps de présence estimations statistiques effectuées. de l'élève en cours (ni celle de l'enseignant), son Les résultats globaux montrent que la pro- état de santé, la religion des parents (en particu- portion de la variance du score final dont chacun lier celui du père) ni la distance de l'école par des deux modèles permet de rendre compte est rapport à son lieu d'habitation. On ne dispose globalement convenable (entre 40 et 45 %) en pas non plus d'informations pertinentes sur les référence aux résultats obtenus dans des travaux bâtiments scolaires. Ceci gêne toutefois pas trop de ce type dans d'autres pays. Comme dans tous l'analyse dans la mesure où le but d'une telle les modèles dits de «valeur ajoutée» (qui analy- étude est de pourvoir identifier les variables sur sent les progrès en cours d'année), le score de lesquelles le planificateur/le décideur politique début d'année joue un rôle statistiquement im- peut agir dans le cadre scolaire afin d'améliorer portant, reflétant le fait que les acquisitions la qualité des enseignements reçus (on regrette scolaires d'un élève à un moment donné se sont bien sûr les indications sur les constructions sco- construites de façon cumulative sur l'ensemble laires, leur nature et leur coût car elles de sa vie, et notamment de sa vie scolaire. Mais, constituent l'essentiel du budget d'investisse- c'est bien à la marge du résultat nitial que les ment). progrès sont faits et qu'ils sont influencés par Les enquêtes du PASEC concernent deux ni- les caractéristiques du contexte scolaire. En ter- veaux d'études au sein du cycle primaire, la 2ème mes de contexte général, le fait que l'école soit et la 5ème année. La variable à examiner est le située en milieu urbain ou rural ne constitue pas résultat moyen final en mathématiques et en en soi de différences dans les apprentissages des français. Ce résultat est la moyenne pondérée élèves. des notes de français et de mathématiques obte- Certaines variables individuelles ont un im- nues aux tests d'acquisition en fin d'année. Pour pact remarquable sur les apprentissages, mais assurer qu'on identifie bien l'impact des varia- ce sont surtout les variables caractérisant la fa- bles explicatives au cours de l'année scolaire mille des élèves qui jouent le rôle prépondérant. d'observation, tous les modèles ont comme spé- C' est ainsi en particulier au niveau de la 5ème L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 107 Tableau IV.14. Régression du score final PASEC sur les variables de l'élève et de la classe Classe 2ème année 5ème année Variables Coefficient Significativité Coefficient Significativité Score initial + 0,731 *** + 0,571 *** L'école est située en milieu rural + 1,39 ns ­ 0,82 ns L'élève est une fille ­ 2,71 *** + 0,09 ns L'élève redouble la classe ­ 2,60 *** + 1,08 ns L'élève dispose d'un livre de lecture + 2,96 *** + 1,79 * L'élève dispose d'un livre de calcul ­ 1,15 ns + 0,13 ns Le Français est parlé au domicile de l'élève + 2,75 *** + 2,92 *** Elève vient d'un ménage aisé -- ns + 3,81 *** Elève vient d'un ménage riche -- ns + 6,36 *** Double vacation ­ 1,23 ns ­ 2,95 *** Nombre d'élèves dans la classe ­ 0,13 *** -- ns L'enseignant est une femme ­ 6,12 *** ­ 2,98 *** L'enseignant a parfois recours à la langue locale ­ 0,77 ns ­ 7,90 *** L'enseignant n'a pas le BEPC Réf. (0) -- Réf. (0) -- L'enseignant a un diplôme supérieur 0,60 ns + 2,12 ns L'enseignant a le niveau BAC + 3,73 *** ­ 0,56 ns L'enseignant a le BEPC + 4,34 *** + 0,43 ns Constante 33,86 *** 16,10 *** % de variance expliquée (ajusté) 45,76 43,24 Nombre d'observations 1 007 999 année où les progrès des élèves en cours d'an- fille est un handicap en 2ème (­ 2,7 points) mais née scolaire sont significativement meilleurs pas en 5ème année. dans les milieux économiquement et Toutes ces variables, aussi significative que culturellement favorisés, à savoir si l'enfant est soit leur influence, ne sont pas incluent dans les originaire d'une famille qui appartient au 4ème, politiques éducatives; ce n'est pas le cas de la et davantage encore au 5ème, quintile de revenu, disponibilité des manuels scolaires. Les résultats et où le français est parlé (notamment parce qu'il obtenus dans cette étude sont tout à fait conver- s'agit de la langue d'enseignement). Cet avan- gents avec ce qui est observé dans des analyses tage pour les enfants issus de familles de ce type conduites dans d'autres pays: i) le li- économiquement favorisées n'est pas observé en vre de français exerce une influence positive sur 2ème année, mais celui associé à l'utilisation du les apprentissages des élèves, et cet effet est plus français à la maison vaut pour la 2ème comme net dans les premières que dans les dernières pour la 5ème année. Le fait que l'enfant soit une années du cycle et ii) le livre de mathématiques 108 Le Système Educatif Guinéen n'exerce pas un impact très identifiable sur ce qu'une influence limitée sur les apprentissages que les élèves apprennent ni en début ni en fin des élèves et donc la qualité effective des servi- de cycle primaire (ceci étant vrai même des ap- ces éducatifs offerts. Plusieurs spécifications prentissages spécifiques dans cette discipline). alternatives ont été testées pour prendre en Concernant le mode de groupement des élè- compte ces diverses caractéristiques (statistique- ves, les résultats montrent que l'organisation ment assez liées) des enseignants: en double vacation ne facilite pas en général les apprentissages des élèves; mais ce n'est que · en termes de niveau éducatif, il semble que le vers la fin du cycle primaire (5ème année) que la BEPC corresponde à la référence minimale formule est clairement pénalisante. Soulignons pour le recrutement; les élèves ont des lacu- toutefois que dans cette classe, l'impact (de l'or- nes quand les enseignants ont un niveau dre de 3 points, ce qui représente environ 18 éducatif insuffisant. Au delà, on ne voit guère % de l'écart-type du score de fin d'année), bien de différence entre un breveté et un bachelier que statistiquement significatif, n'est pas d'une sachant que les titulaires d'un diplôme supé- ampleur considérable. Pour les élèves en début rieur et, trouvant sans doute peu motivant de cycle, qui ont une capacité d'attention plus pour eux de travailler dans le primaire, ne limitée, la formule de double vacation ne semble s'investissent pas correctement dans leur mé- pas poser de difficultés spécifiques, sur la base tier. En effet, comment comprendre autrement du niveau des acquis des élèves en fin d'année leur performance significativement inférieure scolaire. Ce type de résultats concordent avec à celle des brevetés et des bacheliers? ceux trouvés dans d'autres travaux sur ce · en termes de formation, ceux qui ont eu une thème. formation FIMG réalisent des performances On observe l'inverse en ce qui concerne le un peu inférieures à celles de leurs sembla- nombre des élèves dans la classe; en effet, au bles formés selon la formule habituelle; mais niveau de la 2ème année (à cet âge où les enfants il convient d'ajouter que les FIMG dans l'en- sont très tributaires de l'attention portée par l'en- quête ont tous très peu d'expérience seignant), on voit un impact statistiquement professionnelle et qu'on sait que les ensei- significatif, et d'ampleur, de la taille de la classe gnants bâtissent leur compétence sur les apprentissages des élèves. En 5ème année professionnelle davantage au cours de leurs (à un âge où les enfants sont davantage suscep- trois ou quatre années d'exercice que dans tibles de tenir leur attention et de travailler de les instituts de formation professionnelle ini- façon plus autonome), le nombre des élèves dans tiale. Par ailleurs, il faut noter que c'est la classe n'est plus une variable qui fait des dif- surtout en 2ème année (à l'âge où les appro- férences notables sur le niveau des apprentissages ches pédagogiques sont importantes pour des élèves. Dans une perspective de politique aider les élèves dans leurs apprentissages pre- éducative, ce résultat a une certaine portée car miers) que les enseignants FIMG sont en la taille de la classe a tendance à être plus élevée retard sur leurs homologues, la différence en début de cycle (là où une plus petite classe n'étant pas significative en 5ème année. serait préférable) qu'en fin de cycle (où le fait · enfin, en termes de statut, les résultats mon- d'avoir des classes à effectifs plus réduits pré- trent que les enseignants contractuels sont un sente peu de bénéfices pour les apprentissages peu en retrait (de l'ordre de 2 points soit en- des élèves). viron 11 % de l'écart-type du score Les variables concernant l'enseignant et no- d'acquisition de fin d'année scolaire) par rap- tamment son niveau d'éducation, la formation port aux fonctionnaires et ce tant sur initiale qu'il a reçue et le statut dans lequel il est l'échantillon de la 2ème que sur celui de la 5ème employé (et rémunéré) n'exercent globalement année ; cet écart est statistiquement signifi- L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 109 catif mais quantitativement d'une ampleur re- vu dans d'autres pays dont le Bénin et le Togo; lativement faible. cela dit, son interprétation n'est pas immédiate. En effet, on pourrait penser que l'usage d'une Ce type de résultat est de nature à poser des langue locale serait de nature à faciliter l'appren- interrogations aux pédagogues qui savent que tissages; mais on peut dire aussi que son usage les enseignants sont fondamentalement à la base trop important pourrait nuire aux apprentissa- de la qualité des services éducatifs offerts aux ges en Français sur lesquels les évaluations sont jeunes. Une analyse complémentaire, présentée construites. Une troisième voie pourrait être de dans le chapitre 7 du rapport confirme que cette chercher à retourner l'argument en suggérant déduction est effectivement empiriquement va- que les enseignants qui ont recours à l'usage lide: l'enseignant constitue bien l'ingrédient le d'une langue locale le font surtout quand les élè- plus important de la qualité; mais l'effet impor- ves sont faibles, notamment en Français (ce qui tant de l'enseignant ne se voit que de façon très serait cohérent avec le fait qu'ils ont de moin- modéré sur la base de ses caractéristiques for- dres scores d'acquisitions); mais cet argument a melles. Les enseignants diffèrent certes de façon en fait une portée empirique faible dans la me- massive dans leurs capacités révélées à faire ap- sure où on mesure les progrès faits par référence prendre les enfants qui leur sont confiés, mais à un niveau initial de début d'année. On est alors ceci n'est lié que de façon modeste avec ces ca- ramené aux deux premières conjectures et les ractéristiques formelles payées par le système. estimations empiriques suggèrent alors que l'hy- Ce résultat, essentiel dans une perspective d'amé- pothèse d'un recours à une langue locale qui nuit lioration de la qualité de l'école guinéenne, sera aux apprentissages en Français doit sans doute repris dans le chapitre 7; il suggère que c'est au être retenue. niveau de la gestion pédagogique du système, plus que dans la mobilisation de ressources ad- III.3 A titre de conclusion sur les facteurs ditionnelles (mais il est possible qu'il en faille affectant la qualité des services éducatifs aussi) que se trouvent les clés pour améliorer la qualité. Nous avons examiné plusieurs manières com- Au-delà des caractéristiques de formation, les plémentaires pour identifier les facteurs qui sont résultats montrent que les enseignants femmes liés aux résultats scolaires observés chez les élè- se révèlent être relativement moins performan- ves. Il est maintenant utile de soutenir les tes que les hommes, et ce de façon plus accentuée conclusions de ces diverses analyses. Mais avant en 2ème qu'en 5ème année. Ce résultat ne se ren- de présenter les conclusions sur l'impact des fac- contre pas dans la plupart des autres pays, en teurs, il importe de rappeler que si dans tous les particulier pour ce qui est de la moindre perfor- pays africains, il existe une forte variabilité des mance des enseignantes dans les premières conditions d'enseignement d'une école à l'autre, années du cycle primaire. la Guinée ne fait pas exception avec d'évidents Enfin, un résultat concerne l'usage d'une lan- progrès à faire dans ce domaine. Les conclusions gue locale en complément du Français en classe. qui semblent fondées sur la base des analyses Ceci semble être sans conséquence en 2ème an- réalisées sont consignées dans le tableau IV.15, née, mais très négatif en 5ème année. On pourra ci-après. On trouvera aussi un lien considérable d'abord noter que ce type de résultat a déjà été avec les coûts associés à ces différents facteurs. 110 Le Système Educatif Guinéen Tableau IV.15. L'impact des facteurs scolaires sur les résultats au niveau primaire; mise en regard avec les coûts Impact * Coût CEPE Redoublement PASEC Global (quantité) Politique Public / privé ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ ­ Urbain / rural + + 0 + Meilleure qualité de la salle 0 + 0 + + + Parcimonie dans de classe constructions Elèves assis dans meilleures + + + + + Positive conditions Existence de latrines + + + + + + + Très positive Existence d'une bibliothèque + + + + + Très positive Manuels scolaires + Lecture + + + Positive Calcul 0 + 0 Réduction fréquence de redoublement + + + + + + ­ ­ Très positive Réduction nbre élèves dans la classe + + + + + + + 0 Enseignement en cours multiples + + + + ­ ­ Positive Enseignement en double vacation ­ ­ ­ ­ ­ ­ Négative Enseignants Enseignants féminins + + ­ ­ ­ ­ 0 Niveau académique BEPC OK BEPC OK BEPC ou Bac FIMG / formation traditionnelle + ­ ­ 0 ­ Positive Contractuels / fonctionnaires 0 + ­ ­ ­ ­ mais Positive mais Variabilité résiduelle Forte Forte Forte Forte + Améliorer la gestion pédagogique *Les impacts sont notés par des signes + ou - pour signifier que la variable, telle que décrite en 1ère colonne, a un impact favorable ou défavorable sur le résultat; le nombre de signes est une appréciation qualitative des impacts enregistrés L'efficacité interne et la qualité de l'école guinéenne 111 Principaux enseignements du chapitre 4 Ce chapitre étudie l'efficacité interne du système et la qualité des enseignements reçus par les élèves en analysant le flux des élèves dans le système et les conditions d'enseignements qui agissent sur le niveau d'acquisition des élèves. 1. S'agissant des flux des élèves dans le système, l'objectif est qu'une grande proportion de ceux qui accèdent à la première année d'un cycle parvienne à la dernière année dans le temps normalement prévu. Cet objectif valable pour tous les niveaux d'enseignement, doit être une priorité pour l'enseignement primaire, dans la mesure où ce niveau d'enseignement est celui où les abandons précoces sont les plus fréquents et celui dont la complétion assure (à hauteur de 83 % dans le cas guinéen) aux adultes (22­44 ans) d'être alphabétisés de façon irréversible. Concernant les redoublements dont l'impact sur les abandons est établi sans équivoque, des progrès sensibles visant à sa diminution sont amorcés dans l'enseignement primaire, des efforts restent à faire pour les niveaux post primaires. L'introduction des sous-cycles d'ap- prentissages dans l'enseignement primaire a en effet, contribué à réduire considérablement les redoublements de classe avec pour conséquence une amélioration dans l'efficacité interne du système. En 2003, le coefficient d'efficacité interne est estimé à 73 % dans le primaire, à 76% en moyenne dans le secondaire. Quoiqu'en nette amélioration dans le temps, ce résultat suggère toutefois qu'en moyenne 25 %, des dépenses d'éducation sont encore «gaspillées» principalement pour cause d'abandons scolaires dans le primaire et pour cause de redouble- ments dans le secondaire. Au niveau du primaire, il reste à consolider les progrès administratifs obtenus avec les sous-cycles par des progrès dans la pédagogie afin d'assurer une éducation de qualité aux élèves. 2. Sur le plan comparatif international, les analyses montrent que le niveau des acquisitions des élèves guinéens du primaire est situé dans la moyenne régionale; ceci suggère toutefois qu'il existe de fortes marges pour améliorer la performance du pays sur ce plan. Il a été noté que le temps scolaire effectif, qui est un facteur essentiel des apprentissages pouvait sans doute être augmenté dans le cas guinéen (décalage en début d'année scolaire, fin prématurée de l'année scolaire, absentéisme en cours d'année). Les analyses effectuées montrent aussi l'existence d'une assez forte variabilité autour de la moyenne nationale, ceci valant autant pour les scores à des tests standardisés que pour les résultats aux examens nationaux, et ce, tant dans le primaire que dans le secondaire. 3. On observe également une grande variabilité dans les conditions d'enseignements. Par exemple, le rapport élèves-enseignant dans le primaire est en moyenne de 46 dans l'ensemble des écoles, alors qu'il varie de 20 à plus de 100 dans les écoles publiques. La disponibilité en manuels scolaires est globalement faible, même pour les matières les plus essentielles, avec en moyenne un livre de lecture pour deux élèves et un livre de calcul pour trois élèves, il existe cependant de fortes différences d'une école à l'autre. 4. Le chapitre analyse enfin les relations entre les conditions d'enseignement et les résultats obtenus. En fonction de l'intensité de l'impact des facteurs et des coûts qui leur sont associés, il est possible de mettre en place une stratégie sélective dans l'utilisation des facteurs associés à la qualité des enseignements. La réduction des redoublements a un impact positif sur les acquisition sans engendrer de coûts supplémentaires (en fait cela réduirait la dépense). La (continued on next page) 112 Le Système Educatif Guinéen (continued) qualité ne pâtit non plus de l'organisation en cours multiples et réduit également les dépen- ses, par contre l'impact des bâtiments de meilleure qualité sur les apprentissages n'est pas avéré alors qu'ils ont des coûts importants. 5. Un point important qui mérite d'être souligné est que l'ensemble des différents facteurs dont l'impact a pu être établi sur la qualité des enseignements, n'explique qu'une faible partie de la variabilité observée dans les résultats. Ce dernier résultat suggère que l'amélioration de la qualité de l'enseignement passera certes par une augmentation des moyens et du temps d'apprentissage, mais elle le sera sans doute plus par l'amélioration de la gestion pédagogique et de la capacité du système à mieux transformer, au niveau local les ressources existantes en résultats scolaires effectifs. CHAPITRE 5 L'efficacité externe du système éducatif Introduction collectifs. Les effets sociaux peuvent compren- dre des dimension telles que la santé, la vie A lors que l'efficacité interne comprend civique (des individus plus éduqués peuvent le fonctionnement du système éduca- mieux participer à la vie collective organisée et tif et utilise comme mesure des faire des choix politiques mieux informés) ou résultats obtenus des éléments visibles la population (la croissance démographique est alors que les élèves sont encore dans le cadre mieux contrôlée dans les sociétés plus éduquées). scolaire (niveau des acquisitions scolaires et Concernant l'impact de l'éducation dans la carrières scolaires), l'efficacité externe s'inté- sphère économique, les relations entre l'éduca- resse à la performance des personnes formés tion de la population d'une part, l'emploi et la quand ils ont quitté le milieu éducatif et sont croissance économique de l'autre, sont évidem- entrés dans leur vie active. Au niveau indivi- ment de première importance. Ces impacts, tant duel, on détermine si ce que les jeunes ont appris dans le domaine économique que social, peu- à l'école a effectivement constitué une bonne vent être lus à la fois au niveau individuel (un préparation à une vie sociale et économique individu plus éduqué peut avoir de meilleurs favorable pour eux. Dans une perspective revenus que celui qui l'est moins) et au niveau macro, ou sociétale, qui est l'aspect le plus im- de la société (les sociétés plus éduquées peuvent portant de l'efficacité externe, la question avoir une plus forte croissance économique, est de savoir dans quelle mesure la distribution obtenir de meilleures performances dans les in- des scola-risations et formations finales (en dicateurs de santé). durée et qualitéi/itypes) des différents membres En suivant la théorie du capital humain, on d'une génération, maximise les bénéfices éco- suppose que la production et l'acquisition de nomiques et sociaux que la société peut retirer ce dernier devraient être considérées comme un de ces investissements en capital humain, investissement. D'autre part, les analyses effec- compte tenu des ressources mobilisées pour le tuées dans le cadre de modèles de croissance secteur. endogène montrent que cet investissement tend On voit donc qu'on peut distinguer d'une part en général à être collectivement rentable, de par les effets sociaux et les effets économiques, et l'efficacité de la force de travail, et les effets d'autre part les effets individuels et les effets positifs qu'il génère. Ces effets sont assimilables 113 114 Le Système Educatif Guinéen à une sorte de «savoir faire collectif», donc à bénéfices que la société, dans son ensemble, re- une information profitable pour la collectivité, tire des ressources qu'elle confie globalement au issue de l'activité d'individus (mieux éduqués), secteur, et d'autre part ii) compte tenu de l'im- mais que ceux-ci ne peuvent garder en totalité portance des externalités et de la double nature pour eux-mêmes. Il y a ainsi externalité lorsque (privée et publique) de ces investissements, quels par exemple un agriculteur qui a été à l'école peuvent être les mécanismes (financiers et insti- modifie sa démarche (choix de production, tutionnels) qui conduiront à ce que les usage de meilleures semences, mise en oeuvre comportements individuels soient en ligne avec de techniques de travail du sol, usage adéquat ce qui serait souhaitable d'un point de vue agrégé d'engrais ou de produits phytosanitaires). Ces et social. nouvelles techniques qui peuvent lui procurer Les stratégies de lutte contre la pauvreté pro- un meilleur revenu, et peuvent inciter aussi ses posent un corps pertinent pour construire voisins (éventuellement analphabètes) à faire l'allocation des ressources publiques entre grands de même et à augmenter leurs revenus. Si tel niveaux d'éducation et de formation. Le schéma est le cas, les bénéfices pour la société de la global de la stratégie consiste à reconnaître i) formation du premier agriculteur vont au-delà que la croissance économique est un moteur es- des gains perçus par celui-ci (l'externalité est sentiel de réduction de la pauvreté dans un pays positive). (sans croissance la redistribution seule ne se fera Cependant, l'existence même de ces pas vraiment), et ii) que la croissance seule ne externalités peut conduire à une situation dans suffira pas. Des mesures plus visées sont néces- laquelle l'agrégation des choix et intérêts indi- saires pour faire en sorte que les individus les viduels se trouve éloignée de l'objectif ou du cota plus démunis d'une part puissent contribuer à social. Par exemple, certains individus peuvent la croissance et d'autre part sachent saisir les avoir tendance à investir moins en éducation occasions, qui se présentent du fait de la crois- qu'il ne le souhaitent collectivement; certains sance globale, pour sortir de la pauvreté. Cette pouvant bénéficier (sans doute à un coût négli- pauvreté n'est pas que monétaire, une dimen- geable par le jeu des externalités) du sion aussi importante concerne la pauvreté professionnalisme d'autres individus (mieux for- humaine, qui n'est pas pour favoriser la crois- més). Ainsi, la présence d'externalités justifie sance économique à long terme (qui dépend en pour certains économistes une intervention de particulier de la « qualité » des ressources hu- l'Etat dans la régulation et la gestion du sys- maines du pays) et qui peut aboutir, au plan tème éducatif. S'agissant de ce dernier aspect, individuel, à l'exclusion sociale qui, dans un une question importante concerne l'efficacité contexte de mondialisation des économies et dans l'usage des ressources mobilisées. En effet, d'expansion des nouvelles technologies s'il faut traiter les dépenses publiques de l'information, ne peut qu'accroître l' appau- d'éducation comme un investissement qui doit vrissement des couches sociale les plus rentrer en concurrence avec des ressources rares, vulnérables. l'éducation doit se justifier, du point de vue Ce chapitre commence par analyser l'impact collectif et de l'efficacité externe, par son apport de l'éducation dans le domaine social (pauvreté, à la croissance économique et au développement santé et population). Ensuite, on suivra plus en social. détail comment se fait l'introduction des indivi- Cela dit, les questions abordées dans ce cha- dus ayan une formation sur le marché du travail. pitre concernent d'une part i) comment allouer On terminera ce chapitre en présentant quelques les ressources à l'intérieur du secteur entre les mécanismes permettant d'ordonner la produc- différents niveaux et types d'éducation et de for- tion éducative, en quantité et en qualité, avec mation; l'objectif étant ici de maximiser les les besoins de l'économie. L'efficacité externe du système éducatif 115 I. L'impact social de l'investissement Etant donné que près de la moitié des ména- en capital humain ges ruraux sont pauvres (47 %), contre 23 % en milieu urbain, La localisation du ménage Le chapitre précédent a montré que dans une (qu'il se situe en milieu urbain ou rural) est une perspective de constitution de capital humain, variable importante à contrôler, ce d'autant plus l'atteinte de l'objectif de scolarisation primaire qu'elle semble endogène au niveau d'éducation universelle constitue un minimum, puisque c'est du chef de ménage. En effet, on observe que les après une scolarité suffisamment longue et réus- chances de vivre en zone urbaine augmentent sie que l'alphabétisation durable est acquise plus avec le niveau d'instruction. Ainsi, un individu ou moins par toute la population. Il faut aussi chef de ménage qui a fait des études primaires examiner l'impact de la durée d'étude du chef complètes à 15 points de pourcentage en plus de famille sur ses risques d'être pauvre et sur d'habiter une zone urbaine qu'un homologue qui l'accès à l'école des enfants du ménage. On verra n'aurait jamais été scolarisé. Cette probabilité aussi l'impact de l'éducation de la mère sur sa augmente d'environ 10 points entre le primaire santé et sur celle de ses enfants. et le collège, se stabilise jusqu'au lycée avant de s'élever à nouveau chez les ménages dont le chef I.1 L'impact de l'éducation sur la pauvreté est un individu qui a fait des études supérieures. Cela dit, l'analyse de la relation entre pauvreté Cette analyse utilise des données de l'enquête et niveau d'éducation exige qu'on se place dans QUIBB de 2002 qui n'est pas une enquête de un contexte géographique précis. type budget -- consommation. On ne dispose L'analyse montre, en premier lieu, qu'outre donc pas d'une mesure directe des dépenses ni le niveau d'éducation du chef de ménage, l'inci- du revenu, et par conséquent pas d'estimation dence de la pauvreté (proportion de ménages directe du degré de pauvreté. Cependant, en ce appartenant au groupe des 40 % les plus pau- basant sur les éléments du patrimoine et des vres) en zone rurale est nt supérieure, de près de conditions de vie dans chaque ménage, il est 23 points, à l'incidence de la pauvreté en milieu possible de construire une mesure «indirecte» urbain. En second lieu, on note qu'en moyenne, du niveau de vie45 qui classe les ménages en les ménages dirigés par un homme (c'est le cas quintiles de «revenus» hiérarchisés des 20 % les de 83 % des ménages dans l'enquête) présen- plus pauvres (ceux dont les conditions de vie tent un risque de pauvreté divisé par 5 en milieu sont les plus spartiates et les actifs les moins rural et par 3 en milieu urbain, comparative- nombreux) aux 20 % les plus riches (ceux dont ment aux ménages dirigés par des femmes de les conditions de vie sont les meilleures et les même niveau d'éducation. Le graphique ci-après éléments d'actif les plus nombreux). La valeur indique comment évolue l'incidence de la pau- moyenne de l'indicateur obtenu diffèrent peu vreté avec le niveau d'éducation du chef de entre les deux quintiles les plus pauvres (ces ménage. ménages présentant des conditions de vie plus De manière globale, l'incidence de la pauvreté ou moins similaires), mais sont globalement dis- diminue significativement lorsque le chef de fa- tinctes de ceux des ménages des 3 autres mille a fait un cycle primaire complet (par quintiles. On décrit donc ici la relation existant entre l'appartenance d'un ménage au groupe des 40 % les plus pauvres et le niveau d'éducation 45Cette mesure est corrélée avec la mesure directe du chef de famille, lorsqu'on contrôle l'influence dans les enquêtes où ces informations sont de facteurs contextuels particuliers (zone géo- disponibles C'est le cas de l'enquête budget - graphique de résidence, taille du ménage, sexe consommation de 1994/1995, Cf. Rapport final et âge du chef de ménage). de l'enquête QUIBB. 116 Le Système Educatif Guinéen Graphique V.1. Incidence de la pauvreté, en %, selon le milieu de résidence et le niveau d'éducation du chef de ménage 50 T rur (Technique rural) T ens (Technique ensemble) 45 T urb (Technique urbain) 40 34 33 29 30 T rur. 20 T ens. 18 10 T urb. 12 0 Sans Primaire Primaire Collège Lycée Supérieur instruction partiel complet Rural Ensemble Urbain rapport à un ménage dont le chef est sans ins- la proportion des enfants ayant eu accès à l'école truction); la différence de 14 points (45­29) est primaire diffère entre les zones urbaines (80 %) substantielle. L'incidence de la pauvreté ne baisse et rurales (34 %). Dans ces conditions, la locali- pas entre le primaire et le collège. Ce n'est sation géographique du ménage sera une variable qu'après de longues études que l'incidence de la importante à considérer. En utilisant une argu- pauvreté diminue46à nouveau. En conséquence, mentation comparable à celle développée au l'effet marginal du collège sur la probabilité point précédent, il semble rationnel de suppo- d'être pauvre suggère qu'en Guinée, l'éducation ser que des chefs de ménage plus éduqués primaire complète est le principal levier de lutte pourraient choisir de s'installer en ville où ils contre la pauvreté. pourront mieux valoriser leur capital humain et où leurs enfants ne pâtiront pas d'une insuffi- I.2 Effet de l'éducation du chef de ménage sance de l'offre scolaire. Cela dit, séparer les sur l'éducation de ses enfants facteurs de demande (niveau d'éducation du chef de ménage, y compris l'effet de richesse) des fac- On souhaite en outre examiner dans quelle me- teurs déductibles de l'offre (localisation du sure la durée des études du chef de ménage (en ménage) sur l'accès des enfants à l'école ne sem- distinguant si celui-ci est une femme) influence les chances de scolarisation des enfants présents dans le ménage. L'analyse se limite aux enfants 46 L'allure croissante de la courbe entre le primaire âgés de 9 à 11 ans, avec comme hypothèse qu'un et le collège, ou, en milieu rural, entre le lycée enfant de cette tranche d'âge qui n'est jamais et le supérieur est le simple reflet d'aléas allé à l'école ne s'y rendra probablement plus. d'échantillonnages. Les tests statistiques effectués Dans cet échantillon, on note (sans surprise) que ne semblent pas le confirmer. L'efficacité externe du système éducatif 117 Tableau V.1. Effets (en points de %) de quelques variables de l'environnement familial sur la probabilité des enfants du ménage d'avoir accès à l'école Effet global Zone Zone Effet «net » d'offre Urbaine Rurale d'offre «brut» et de demande Milieu de résidence (urbain / rural) -- -- + 46 points + 42 points Disparités en défaveur des filles ­ 15 points ­ 19 points -- ­ 22 points Chef de ménage est une femme ns + 14 points -- ­ 12 points L'enfant est né du chef de ménage + 8 points Ns -- + 8 points Un enfant d'âge scolaire en plus dans le ménage + 5 points Ns -- + 6 points Niveau d'éducation du chef de ménage Primaire incomplet / Sans instruction ns + 26 points -- + 19 points Primaire complet / Primaire incomplet + 11 points + 14 points -- + 15 points Secondaire / Primaire complet ns Ns -- ns Supérieur / Secondaire ns Ns -- ns Source : Nos calculs d'après les données de EDS 1999, sur un échantillon de 3 015 enfants, dont 2 044 ruraux. ns : Effet ou écart non significatif au seuil de 5% Graphique V.2. Probabilité que les enfants du ménage aient accès à l'école, selon le niveau d'éducation du chef de ménage 100% 90% 80% l'école à 70% accès 60% ayant 50% d'enfants 40% Urbain % Rural 30% Ensemble 20% Sans Primaire Primaire Secondaire Supérieur instruction incomplet complet Niveau d'éducation du chef de ménage 118 Le Système Educatif Guinéen ble pas aisée. Le tableau ci-après synthétise tout lité double pratiquement, passant à 53 % lors- de même les résultats obtenus et le graphique que le chef de ménage a fait des études primaires qui suit, les simulations effectuées. incomplètes et à 65 % s'il a fait un cycle d'étu- Les disparités dans l'offre scolaire entre le des primaires complètes. milieu urbain et le milieu rural impliqueraient à elles seules un écart de 42 points entre le taux I.3 L'impact de l'éducation de la mère sur d'accès au primaire en ville et en campagne. Ces des variables démographiques et sanitaires facteurs d'offre, même s'ils sont principaux (et on l'a vu au chapitre 2 de ce rapport), ne sont I.3.1 L'impact de l'éducation pas les seuls à expliquer pourquoi certains en- de la mère sur les variables de population fants ne vont jamais à l'école, quand bien même celle-ci est présente. Par exemple, les filles ne Nous testons ici l'existence de relations entre présentent (toujours) pas les mêmes chances l'éducation de la mère et quelques éléments as- d'accès à l'école que les garçons. Cette discrimi- sociés à la reproduction. De façon générique, la nation est plus marquée en zone rurale. En milieu réduction de la fécondité peut, entre autres, ré- urbain, les enfants confiés n'ont pas les mêmes sulter d'une augmentation de l'âge à la première chances d'accès à l'école que les enfants biologi- grossesse et d'un plus grand espacement des ques du chef de ménage, contrairement en zone naissances lui-même facilité par l'utilisation de rurale. méthodes contraceptives appropriées. Pour ces En second lieu, à travers le niveau d'éduca- raisons, nous analysons les variables suivantes : tion du chef de ménage (et de façon implicite du l'âge au premier accouchement, le nombre total niveau de richesse de la famille), on note géné- de naissances (exprimant une fécondité «brute»), ralement que les effets positifs de la scolarisation le recours à une méthode contraceptive ainsi que du chef de ménage sur l'accès à l'école des en- le nombre d'enfants nés vivants. Le tableau ci- fants sont visibles et intenses pour peu que après synthétise les résultats obtenus, ainsi celui-ci a lui-même été à l'école. Ces effets se qu'une simulation de l'impact de la durée des limites autour de 6 à 7 années d'études du chef études sur chacun des aspects retenus. de ménage. En zone urbaine par contre, les ef- Dans les différents modèles estimés, nous fets de la durée d'étude du chef de ménage ne avons utilisé le milieu géographique (urbain / sont visibles que si celui-ci a fait un cycle pri- rural) et l'âge (sachant que cette variable ren- maire complet. L'offre scolaire ne faisant pas voie à la fois à l'âge de la personne au moment défaut dans ce milieu, les enfants issus de ména- de l'enquête et à la génération à laquelle elle ges dont le chef est analphabète semblent donc appartient) comme variables de contrôle. avoir les mêmes chances d'accès à l'école (83 %) que les enfants issus de ménages dont le chef · En premier lieu, on observe que l'éducation a fait des études primaires incomplètes. Cepen- de la mère exerce un certain impact sur l'âge dant, c'est en zone rurale (là où l'offre scolaire au premier accouchement, mais la relation est moins abondante) que les bénéfices est de forme convexe avec des effets qui sont intergénérationnels de la scolarisation des chefs inexistants pour des études primaires (pas de de ménages (et des chefs de ménages femmes en différence significative entre les femmes qui particulier) sont les plus intenses. Alors qu'un n'ont pas été scolarisées et celles qui ont une enfant du milieu rural n'a qu'une probabilité de scolarité primaire complète) et qui ne se ma- l'ordre de 28 % d'avoir accès à l'école lorsqu'il nifestent qu'à partir des scolarités dans appartient à un ménage dont le chef est anal- l'enseignement secondaire. C'est avec des étu- phabète (c'est le cas de près de 85 % des ménages des supérieures que les écarts deviennent ruraux au moment de l'enquête), cette probabi- importants, avec près de 5 années de diffé- L'efficacité externe du système éducatif 119 Tableau V.2. Effets de l'éducation de la mère sur quelques variables de population % d'usage Age au 1er Nombre d'enfants d'une méthode Nombre total accouchement nés vivants contraceptive d'enfants vivants Milieu de résidence (urbain / rural) + 0,41 * ­ 0,31 * + 4,9 points * ­ 0,04 ns L'âge de la mère augmente d'une année + 0,17 * + 0,27 * + 0,14 point * + 0,19 * Niveau d'éducation de la mère Primaire incomplet / Sans instruction ­ 0,08 ns ­ 0,07 ns + 5,9 points * + 0,04 ns Primaire complet + 0,37 ns ­ 0,29 * + 8,1 points * ­ 0,05 ns Collège + 0,90 * ­ 0,60 * + 13,8 points * ­ 0,26 * Lycée +0,79 ns ­ 0,22 ns + 11,4 points * ­ 0,31* Supérieur + 4,59 * ­ 1,8 * + 29,8 points * ­ 1,01 * Valeurs moyennes de l'échantillon 18,03 ans 4,31 6,4 % 3,37 Niveau d'éducation de la mère Age au 1er Nombre % d'usage Nombre total accouchement d'enfants d'une méthode d'enfants nés vivants contraceptive vivants Sans instruction 17,9 4,4 4 3,4 Primaire complet 18,3 4,1 12 3,4 Collège 18,8 3,8 17 3,1 Lycée 18,7 3,9 15 3,1 Supérieur 22,5 2,6 33 2,4 Source : Nos calculs d'après les données de l'EDS 1999 ; ns : Ecart non significatif au seuil de 5 % rence dans l'âge de la première naissance en- étant faite par la mère. Au niveau national, tre une femme qui n'a jamais fréquenté l'école les données de l'enquête indiquent que seule- et une autre qui a fait des études supérieures. ment 6,4 % des femmes de 15 à 49 ans · Le nombre total d'enfants nés vivants dépend utilisent une méthode contraceptive, quelle seulement de manière «lâche» de l'éducation qu'elle soit, y compris les plus traditionnel- de la mère lorsqu'on se situe dans les études les. Les résultats montrent que l'utilisation pré-universitaires. La fécondité n'est en effet de telles méthodes est plus fréquente en mi- significativement réduite que chez les femmes lieu urbain. L'influence du niveau d'études est qui ont fait des études supérieures. Alors qu'une femme de 29 ans (âge moyen des fem- mes au moment de l'enquête) a eu en moyenne 4,4 enfants si elle n'a jamais été à l'école, ce 47 Même si la variable analysée ne correspond pas à chiffre passe à 2,6 si elle a fait des études la descendance finale d'une femme, la prise en compte de l'âge dans la modélisation nous autorise universitaires47. à interpréter les écarts entre nombre de naissances · La troisième variable concerne l'utilisation par femmes comme des écarts en termes de d'une méthode contraceptive, la déclaration descendance finale. 120 Le Système Educatif Guinéen visible. Ainsi alors que les mères qui n'ont tion globalement croissante des chances de sur- pas été scolarisées n'ont recours qu'à hauteur vie des enfants et le niveau d'études de la mère. de 4 % à de telles méthodes, c'est le cas pour Le tableau V.3, ci-après, ainsi que le graphique 12 % si elles ont eu une scolarité primaire V.3 permettent de mieux mesurer cet effet. complète et pour 17 % si elles ont validé le Les résultats montrent que i) le fait que la mère 1er cycle secondaire; le fait d'avoir eu une sco- ait fait une scolarité primaire complète augmente larité au niveau supérieur fait monter la les chances de survie de ses enfants (de 5,6 %), proportion à 33 %, même si on peut encore que ii) les études secondaires n'apportent à la considérer que ce chiffre reste relativement marge aucun effet additionnel mais que iii) les faible. études supérieures de la mère ont une incidence très notables sur les chances de survie des en- La dernière variable caractérise le nombre fants, l'indicateur valant alors 92 % contre une d'enfants du ménage vivants au moment de l'en- valeur moyenne de seulement 78 % pour l'en- quête. Celui-ci n'est pas différent selon que le semble de la population. ménage est localisé en milieu urbain ou rural. Il Ce dernier point nous permet de faire la tran- ne diminue pas non plus de façon significative sition avec les mesures de l'impact de l'éducation avant que la mère ait fait des études secondai- de la mère sur la santé des enfants. res; encore l'impact est-il faible et peu significatif : ce n'est de nouveau qu'avec des étu- I.3.2 L'impact de l'éducation de la mère sur des supérieures que l'indice diminue de façon sa santé et sur celle de ses enfants nette. Il est surtout intéressant de mettre en re- gard le nombre des enfants vivants avec le i) La santé maternelle nombre total de naissances. En faisant le rap- Nous examinons ici dans quelle mesure la durée port entre ces deux termes, qui peut s'interpréter des études faites par la mère pendant sa jeunesse comme le complément à la mortalité infantile48, influence les comportements suivants : le suivi on obtient une valeur moyenne de 78 % pour l'ensemble des femmes Nous avons vu que le nombre d'enfants vi- 48 Il ne s'agit pas exactement de la mortalité avant vants diminue avec le niveau d'études de la mère, cinq ans car les enfants du ménage peuvent avoir mais à un rythme inférieur au nombre total de tous les âges; mais l'indicateur (son complément) naissances; ceci implique l'existence d'une rela- s'y apparente toutefois de façon claire. Tableau V.3. Rapport entre le nombre d'enfants vivants et le nombre de naissances selon le niveau éducatif de la mère Rapport entre le nombre d'enfants vivants au moment Niveau d'éducation de la mère de l'enquête et le nombre d'enfants nés vivants (%) Sans instruction 77,3 Primaire complet 82,9 Collège 81,6 Lycée 79,5 Supérieur 92,3 L'efficacité externe du système éducatif 121 Graphique V.3. Chances de survie des enfants selon les études de leur mère 95% 90% enfants 85% des vie 80% sur de 75% Chance 70% 65% Sans Primaire Collège Lycée Supérieur instruction complet Niveau d'études de la mère Graphique V.4. Fréquence des comportements en matière de santé maternelle selon la durée des études de la mère et le milieu de résidence 100% Fréquence des comportements en matière de santé maternelle selon le milieu de résidence 120% 90% 80% 100% 96% 91% 70% 80% 76% 72% 60% 63% 60% 50% 40% 40% 28% 20% 30% 0 2 4 6 8 10 12 0% % Consultations % Naissances % Consultations % Vaccination % Naissances prénatales antiténatique assistées par un prénatales assistées par un avant l'accouchement personnel moderne % Vaccination antiténatique personnel moderne avant l'accouchement Urbain Rural Source : Nos calculs d'après les données de l'EDS 1999 Les simulations sont faites pour une femme d'âge moyen (29 ans) 122 Le Système Educatif Guinéen prénatal durant la grossesse, la prise du vaccin quelques variables relatives à la santé de leurs anti-tétanique avant l'accouchement et les enfants à travers des aspects tels que i) la vacci- conditions de l'accouchement. En moyenne dans nation, ii) le suivi de programmes nutritionnels l'échantillon, 73 % des femmes ont été et de croissance et iii) le statut anthropométri- médicalement suivies pendant leur grossesse (y que des enfants de moins de 5 ans. compris par des tradi-praticiens mais seulement 34 % par un personnel moderne ­médecin, in- · Concernant la vaccination, nous avons opté firmier, sage femme), 68 % des femmes ont été pour une définition opposant les enfants qui vaccinées contre le tétanos avant leur accouche- ont reçu une vaccination complète (BCG, ment, qui dans 39 % des cas a été assisté par un DPT, polio, rougeole, fièvre jaune, avec un personnel moderne. à trois rappels pour les vaccinations qui en On note, de manière générale, que les com- nécessitent) à ceux qui ne sont pas dans ce portements «modernes» qui sont plus fréquents cas. Dans l'enquête, seulement 16% des en- chez les jeunes générations que chez les femmes fants ont reçu une vaccination complète. relativement âgées, ou en zone urbaine par rap- L'âge de l'enfant, son sexe et le milieu de port aux zones rurales49, sont positivement résidence sont utilisés comme variables de associés à la durée des études initiales de la contrôle dans l'analyse statistique. On ob- femme, avec un effet substantiel lorsque la mère serve alors que filles et garçons ont les mêmes a eu une scolarité primaire complète (graphique chances de recevoir une vaccination com- V.4). Ensuite, les effets marginaux additionnels plète, et que les enfants des zones urbaines sont inférieurs lorsque la mère a eu une scolarité ont une couverture vaccinale complète secondaire plutôt que primaire. Par exemple, si meilleure (28 %) que ceux des zones rurales nous ciblons le % de femmes assistées par un (13 %). On note aussi que l'impact margi- personnel moderne (dont nous savons que les nal de la durée d'étude, positif et significatif, disparités en matière d'offre de services entre villes est quantitativement limitée (voir graphique et campagnes sont des plus élevées) qui est aussi V.5). Alors que 15% des enfants reçoivent un des objectifs du millénaire, on note que si une une couverture vaccinale complète lorsque femme qui n'a jamais fréquenté l'école n'a qu'une leur mère n'a pas fréquenté l'école, ce chif- probabilité de 35 % d'être assistée par du fre passe à 21 % si la mère a une scolarité personnel moderne pour ses naissances, ce chiffre primaire complète, et à 25 % si elle a pour- passe à 67 % si la mère a eu une scolarité primaire suivi ses études jusqu'au brevet. La complète et à 82 % si elle a eu une scolarité vaccination contre la rougeole des enfants jusqu'en fin de premier cycle du secondaire. âgés d'un an (sous-objectif qui figure parmi Dans la mesure où la mortalité maternelle se les ODM) s'est révélée sans relation signifi- situe à un niveau relativement élevé (1200 décès cative avec la durée des études de la mère. pour 100 000 naissances vivantes contre un chif- D'autres facteurs (notamment l'amélioration fre de 1093 en moyenne dans les pays d'Afrique de la couverture sanitaire) permettraient sub-saharienne), et qu'on sait le rôle de l'assis- d'améliorer cet indicateur qui concerne en- tance moderne à la naissance, l'éducation des filles peut progresser, dans l'hypothèse où des progrès seraient aussi faits en termes d'offre édu- catives et notamment selon le lieu. 49Sans doute sous l'effet joint d'un contexte plus favorable à l'adoption de ces comportements, mais ii) La santé infantile et infanto-juvénile aussi à des effets d'offre de services, celle-ci étant Nous abordons maintenant l'analyse de l'impact beaucoup plus fréquente en milieu urbain que de la durée des études initiales des mères sur rural. L'efficacité externe du système éducatif 123 Graphique V.5. Probabilité qu'un enfant ait une vaccination complète, qu'il participe à un programme de suivi postnatal, qu'il présente un retard de croissance ou une insuffisance pondérale, selon la durée des études de sa mère % Vaccination complète des enfants selon la 50% durée des études de la mère 30% 40% 30% 26% 20% complète 22% 10% 18% 0% accinationV 0 2 4 6 8 10 12 % Nombre d'années d'études de la mère 14% % Suivi % Retard de nutritionnel croissance 10% 0 2 4 6 8 10 12 % Suivi de % Insuffisance croissance pondérale Nombre d'années d'étude de la mère Sources : Nos calculs d'après les données de l'EDS 1999 (pour la vaccination) et du QUIBB 2002 viron 47 % des enfants (61 % en zone ur- anthropométrique et de l'état nutritionnel, en baine et 43 % en zone rurale). réduisant le risque de maigreur ou d'émacia- tion (ratio poids/taille hors norme), le retard Les enfants qui ont participé à un programme de croissance ou malnutrition chronique (taille/ nutritionnel sont pratiquement les mêmes à avoir âge hors norme50) ou l'insuffisance pondérale participé à un programme de suivi de croissance (poids/âge hors norme). Dans cet l'analyse, nous (73 % d'entre eux). En moyenne dans l'échan- avons introduit une variable de contrôle sup- tillon, 8,5 % des enfants ont participé à un plémentaire (selon que l'enfant est né dans un programme nutritionnel et 16 % à un pro- centre de santé moderne) afin de vérifier si le gramme de suivi de croissance, sans différences statut anthropométrique de l'enfant diffère se- significatives entre garçons et filles. La partici- lon qu'il soit né dans un centre de santé moderne pation à l'un ou l'autre de ces programmes est (hôpital, maternité) ou non. On remarque alors globalement croissante avec le niveau d'étude que les enfants nés dans un tel centre ont des de la mère. La relation est telle que les effets ne sont visibles que si la mère a eu une scolarité de 7 à 8 années d'études. Les simulations sont faites pour un enfant 50 L'indice est «hors norme» s'il est inférieur à 2 écarts d'âge moyen, soit environ 28 mois. types de la médiane de ce même indice pour une population de référence internationale qui serait La vaccination complète de l'enfant et «saine et bien nourrie». Cette population de sa participation à des programmes nutrition- référence internationale a été mise au point par le nels ou de suivi de croissance doivent, en Centre National Américain des Statistiques principe, contribuer à l'amélioration du statut Sanitaires (NCHS) et adoptée par l'OMS. 124 Le Système Educatif Guinéen risques mineurs en matière de retard de crois- I.4 A titre de conclusion sur l'impact de sance et d'insuffisance pondérale (de l'ordre de l'éducation sur les variables sociales ­7 points). De manière générale, il existe une corrélation Plusieurs conclusions peuvent être tirées des significative entre la durée des études de la mère analyses de cette section ; la première est que et le risque d'émaciation chez ses enfants (qui l'éducation en général, et celle des filles en par- touche 11 % des enfants).Par contre, l'impact ticulier, exerce un impact remarquant à ce qui marginal de la durée des études de la mère sur attrait la vie adulte dans le domaine social. La la probabilité que ses enfants connaissent un totalité des sujets qui ont été explorées ici sont retard de croissance ou une insuffisance pondé- affectées par l'éducation que les individus ont rale est très significatif. La relation est reçu pendant leur jeunesse. D'une certaine fa- généralement décroissante avec des effets mar- çon, ce résultat n'est pas surprenant; il faut ginaux faiblement décroissants. Si 50 % des toutefois le précisé par des indications plus spé- enfants ont un retard de croissance quand leur cifiques ; ces indices permettraient au pays mère ne détient aucune éducation, ce chiffre d'introduire un arbitrage structurel entre les dif- passe à 36 % quand la mère a eu une scolarité férents niveaux d'enseignement auquel ils sont primaire complète, à 28 % si elle eu une scolarité confronté pour la définition de leur plan de dé- jusqu'en fin de collège, et à 23 % quand elle a veloppement du secteur pour les années à venir. complété la classe terminale. la même relation Pour cela, nous avons repris les mesures quanti- est observée (mais décalée vers le bas) entre la tatives estimées qui ont été transcrites en termes durée des étude de la mère et le risque qualitatifs et cela, tout en mesurant les impacts d'insuffisance pondérale de ses enfants. L'écart marginaux suivants : i) du primaire complet par entre les deux courbes est de l'ordre de 20 points rapport à l'absence de scolarisation, ii) du col- en moyenne (graphique V.4). lège complet par rapport au primaire complet Le dernier point traitant des aspects sociaux et iii) du lycée complet par rapport au collège de l'efficacité externe est représenté par l'échan- complet. L'impact du supérieur par rapport au tillon utilisé (QUIBB 2002 surtout). Pour 8 % lycée n'a pas été repris car il montre presque des enfants (de l'échantillon), le niveau d'édu- toujours un impact très positif. Le tableau V.4, cation de la mère est indéterminé (pour des ci-après, présente ces évaluations qualitatives; raisons tels le décès ou l'absence dans le ménage) rappelons qu'il ne s'agit pas de mesures formel- outre l'importance quantitative des enfants pour les mais significatives ; ces dernières étant lesquels le niveau d'éducation (et par conséquent fondées sur des données objectives. le milieu de résidence, le niveau de vie, etc.) de En nous basant sur chaque impact estimé, la mère est disponible (92 % des enfants), véri- nous obtenons un résultat global par grand do- fier que la restriction de l'analyse aux seuls maine d'impact social; ensuite en additionnant enfants dont l'information sur la mère est dis- ces résultats partiels nous obtenons un résultat ponible ne biaise pas les résultats était nécessaire. global sur l'ensemble des domaines sociaux exa- Les tests statistiques usuels ne permettent pas minés. Malgré le caractère brut de la démarche, de conclure à l'existence de biais de sélection on voit que le primaire est le niveau d'éducation dans l'échantillon retenu (le statut anthropomé- qui génère les impacts sociaux les plus significa- trique ou nutritionnel des enfants de mères tifs (et aussi les plus essentiels en incluant décédées n'est statistiquement pas différent de l'impact sur l'alphabétisation et la celui des enfants dont on connaît le niveau d'édu- pauvreté);aussi, la poursuite d'études au collège cation de la mère). Nous pouvons donc déduire apporte quant à elle, une contribution positive que les simulations présentées comme étant non mais moins évidente (15 points pour le collège biaisées. contre 24 pour le primaire); Phrase mal formulée L'efficacité externe du système éducatif 125 Tableau V.4. Mesure qualitative consolidée de l'impact social à l'âge adulte des différents niveaux éducatifs dans une variété de dimensions sociales Domaine d'impact Ecart entre sans Ecart entre Ecart entre instruction primaire collège et et Primaire complet complet et Collège Lycée Alphabétisation *** * 0 Risque de pauvreté *** 0 ** Education des enfants *** 0 * Population (2) (3) (0) Age à la première naissance 0 * 0 Nombre total de naissances * * 0 Usage méthode contraceptive * * 0 Santé maternelle (6) (4) (3) Consultations prénatales ** * 0 Vaccination avant accouchement ** * * Naissance assistée pers. moderne ** ** ** Santé de l'enfant (7) (7) (6) Chances de survie * 0 0 Retard de croissance * * * Insuffisance pondérale ** ** * Vaccinations * * * Suivi nutritionnel * ** ** Suivi de croissance * * * Score global 24 15 9 le lycée apporte finalement, à la marge du col- plus large qui inclus la dynamique de l'écono- lège, relativement moins. mie et de la population active du pays, qui par nature sont externes au système. Connaître la II. Le rendement économique de structure productive et demandes de l'économie l'investissement en capital humain en main d'oeuvre devrait permettre de mieux définir la production scolaire (en quantité et en Quand on prend en compte le fonctionnement qualité) afin d'équiper en capital humain donc de l'économie comme référence pour traiter de les générations de jeunes pour leur permettre l'efficacité externe, la question de la contribu- une bonne insertion économique et sociale au tion du système éducatif au développement plan individuel mais aussi maximiser la économique du pays devient inévitables. Cette croissance et le développement économique au question est mise en avant dans une perspective plan collectif. 126 Le Système Educatif Guinéen II.1 L'évolution de la situation dance un peu moins favorable au cours des der- macroéconomique réelle et de l'emploi nières années. En moyenne, la croissance du PIB en termes réels a été supérieure à 4 % par an au Le secteur tertiaire domine la structure du PIB. cours de la période 1994-99, avant de chuter à Toutefois, du a un ralentissement de la crois- environ 2,5 % depuis 2000. Selon les projec- sance sa part dans le PIB a eu tendance à baisser tions du Ministère du Plan, les perspectives de effectivement ces dernières années, dans le sec- croissance de l'économie guinéenne en termes teur «commerce». En 2002, sa part dans le PIB réels d'ici 2010 seraient plutôt optimistes pour se chiffrait à 39 % contre respectivement 37 et tous les secteurs d'activité avec un taux global 24 % pour les secteurs secondaire et primaire. de croissance de l'ordre de 5,2 % en 2010. Dans le secteur primaire, l'agriculture constitue L'emploi, essentiellement agricole occupe en la principale activité créatrice de richesses (avec 2002 plus de 71 % des actifs (tableau V.5). Ce- un taux de 65 % du PIB sectoriel), suivie de l'éle- pendant, la proportion des emplois agricoles a vage (19 %) et des activités sylvicoles (qui tendance à baisser, impliquant structurellement représente12 % du PIB). Le secteur secondaire une transition de la main d'oeuvre du secteur est quant à lui dominé par les activités minières agricole vers les autres secteurs de l'économie. (53 % du PIB sectoriel), Cela dit, on remarque une augmentation des Par le secteur bâtiment et travaux publics avec emplois industriels plus forte que celle des ser- 32% du PIB, par les industries manufacturières vices ; ce qui est logique étant donné que le avec seulement 13% du PIB du secteur secon- niveau de capital humain au début des années daire et d'environ 4% du PIB du pays. 1990, et par ricochet la proportion d'emplois L'expansion du secteur tertiaire repose princi- industriels, était faible. La productivité moyenne palement sur les activités commerciales (55 % du travail (richesse moyenne par personne oc- de la valeur ajoutée sectorielle). cupée), première mesure de la contribution du La production du secteur «commerce» est facteur travail (et de façon large celle du capital essentiellement informelle (et comptabilisée dans humain) à la performance économique globale, le PIB au même titre que les valeurs ajoutées des a évolué lentement, au rythme de 2 % par an se unités de production formelles). La crédibilité situait, en 2002 autour de 1,9 millions de FGN de l'évaluation des agrégats du secteur informel constants de 2003. Cependant, la productivité demeure limitée ; leur prise en compte a des con- moyenne du facteur travail n'est pas la même séquences telles : dans les différents secteurs : elle demeure plus élevée dans le secteur industriel que dans les ser- 1. La réduction pertinente des comparaisons vices. Malgré qu'elle soit en constante internationales amélioration, la productivité moyenne par actif 2. la structure du PIB (à prédominance tertiaire) agricole reste relativement faible et se situait en qui paraît atypique, pour une économie en 2002 autour de 669 000 FGN constants de voie de développement à vocation agricole. 2003. Le rythme de croissance du secteur primaire, L'augmentation des emplois industriels plus supérieur à celui de l'économie nationale51, considérable (10,3 % en moyenne par an entre montre l'importance de ce secteur et notam- ment de l'agriculture, dans l'activité économique de la Guinée. 51 Par exemple, entre 2002 et 2003, la croissance économique en termes réels se situait à 1,2 % Cependant, au niveau dela précision sur la tandis que le PIB agricole et le PIB tertiaire période en jours/mois/année écoulée, le taux de progressaient respectivement de 2,8 et 1,5 % en croissance du PIB est resté positif, avec une ten- termes réels. L'efficacité externe du système éducatif 127 Tableau V.5. Structure du PIB et des emplois, évolution de la population active et de la productivité moyenne du travail dans les 3 grands secteurs de l'économie 1980 1990 1996 2002 PIB en milliards de FGN de 2003 4 466,0 5 633,0 7 101,0 Contributions sectorielles au PIB (%) Agriculture 23,8 22,2 24,2 Industries 33,3 33,9 36,6 Services 42,9 43,8 39,1 Population active de 6 ans et plus (en milliers) 2 275,1 2 820,0 3 386,8 3 771,2 Structure des emplois (%) Agriculture 90,9 87,2 74,7 71,3 Industries 1,3 1,9 4,0 4,8 Services 7,8 10,9 21,3 23,9 Productivité moyenne par actif occupé (000 FGN de 2003) Agriculture 432,2 503,2 668,9 Industrie 27 756,2 14 344,8 15 028,2 Services 6 233,0 3 477,6 3 222,7 Ensemble (PIB / Population occupée) 1 583,7 1 690,4 1 968,5 Sources : Banque mondiale (LDBD 2003), BNR (RGPH 1996), QUIBB 2002 et estimations des auteurs 1990 et 2002) que celle du PIB sectoriel (de seu- moyenne des travailleurs déjà présents. Peut si- lement 4,8 % sur la même période) a eu comme gnifiant, le niveau initial de capital humain parmi impact la baisse du produit moyen par travailleur les actifs occupés en 1996 et le nombre d'em- dans l'industrie et les services. Cette tendance plois créés en moyenne par an entre 1996 et 2002 est aussi observée dans le secteur tertiaire où le ne représentant qu'une faible part (1,4 %) du rythme de croissance des emplois (9 %) était 3 stock initial d'emplois en 1996, le produit moyen fois plus élevé que celui du PIB sectoriel. La par travailleur ne pouvait augmenter que de peu baisse du produit moyen par travailleur semble (il a même baissé dans certains secteurs d'acti- se poursuivre dans le secteur tertiaire; une lé- vité). Cette augmentation du produit moyen par gère amélioration est visible depuis 1996 dans travailleur traduit alors une amélioration de la le secteur de l'industrie. qualité du stock de main d'oeuvre (et/ou à une On observe que l'expansion du système édu- meilleure organisation du travail). Mettre en catif affecte le taux d'analphabétisme car celui-ci évidence un effet qualité du flux des produits diminue ; en effet, en 1996, 89% des actifs oc- de l'école nouvellement arrivés sur le marché du cupés n'avaient aucune éducation contre 85% travail présente aussi un intérêt. On estime ainsi en 2002. Les nouveaux arrivants sur le marché au niveau macro une productivité considérable du travail disposent donc d'un niveau de capital du travail sur le marché global de l'emploi et, humain «en principe» meilleur que celui de la d'un intérêt certain pour la politique éducative. 128 Le Système Educatif Guinéen Le tableau V.6, ci-après, suggère que les pro- l'agriculture ou vers les services (et le secteur grès dans l'indicateur de productivité depuis informel en particulier) demeure faible et a eu 1990 sont essentiellement dus à l'amélioration tendance à stagner. Le produit moyen par de l'efficience de la main d'oeuvre dans l'in- travailleur étant en baisse dans le secteur des dustrie. L'emploi industriel s'est services, le produit marginal du travail (de particulièrement développé dans la première l'ordre de 2 millions FGN de 2003) est encore moitié des années 1990, période pendant insuffisant pour limiter cette baisse. Cela reste laquelle nous estimons à 13 000 en moyenne une question sensible dans la perspective de lutte le nombre de nouveaux emplois créés chaque contre la pauvreté. année. Ce secteur continue d'enregistrer la plus forte augmentation des emplois, même si, les · En termes de flux d'emplois créés, on note créations d'emploi annuelles dans ce secteur un ralentissement de la progression du ne représentent que 15 % des nouveaux emplois nombre des emplois agricoles. Sur 100 dans l'économie entre 1996 et 2002. Bref, emplois créés par an entre 1996 et 2002, 30 l'augmentation de la productivité des individus sont agricoles et 55, tertiaires alors que dans qui s'y sont insérés est assez bonne et constitue les années 80, sur 100 emplois créés, 72 un élément qui contribue à l'efficacité externe étaient agricoles et 24 tertiaires. C'est dire du système éducatif national. Cependant, la que l'emploi agricole connaît une certaine productivité individuelle des «nouveaux» saturation ou désaffection en général, de la produits de l'école qui s'est orientés vers part des sortants de l'école en particulier; cela Tableau V.6. Nombre d'emplois crées annuellement entre 1980 et 2002, évolution de la productivité marginale du travail entre 1990 et 2002 Périodes 1980 ­ 1990 1990 ­ 1996 1996 ­ 2002 Emplois nets créés en moyenne En % du stock En % du stock En % du stock (base annuelle) Emplois/an initial d'emplois Emplois/an initial d'emplois Emplois/an initial d'emplois Agriculture 39 000 1,9 % 5 000 0,2 % 14 000 0,6 % Industrie 2 000 8,1 % 13 000 24,8 % 7 000 5,0 % Services 13 000 7,3 % 67 000 21,8 % 25 000 3,6 % Ensemble 54 000 2,4 % 85 000 3,0 % 46 000 1,4 % Produit marginal du travail (millions FGN de 2003) Agriculture -- 6,3 5,7 Industrie -- 5,3 17,3 Services -- 1,4 2,0 Ensemble -- 2,3 5,3 Sources : Estimations des auteurs sur la base des données Banque mondiale (WDI 2003), RGPH 1996, QUIBB 2002 L'efficacité externe du système éducatif 129 Tableau V.7. Synthèse de l'évolution de l'emploi par secteur et branches d'activité, 1996­2002* 2002 1996 Secteur formel Secteur informel Total Branches d'activités regroupées Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Agriculture, sylviculture, pêche 2 489 228 74,7 10 935 6,3 2 560 169 74,6 2 571 104 71,3 Mines, production, BTP, transport et com. 199 939 6,0 31 939 18,4 196 956 5,7 228 895 6,3 Commerce, restaurant, hôtel 369 885 11,1 5 999 3,4 452 004 13,2 458 003 12,7 Services et autres 273 249 8,2 125 071 71,9 224 185 6,5 349 256 9,7 Ensemble 3 332 301 100,0 173 944 100,0 3 433 314 100,0 3 607 258 100,0 Sources : BNR (Recensement de la population, 1996), QUIBB 2002, estimations des auteurs *La population de référence est constituée des actifs occupés ayant 6 ans ou plus. En 2002, 15 % des emplois sont occupés par les jeunes de14 ans ou moins; 81 % par ceux de 15 à 64 ans; les 4 % restants par les adultes de 65 ans ou plus. **Le découpage des branches d'activité est dicté par le degré de comparabilité des nomenclatures d'activités retenues pour le recensement et dans l'enquête QUIBB. est susceptible de s'appliquer pour les pers- ministration publique ou dans les sociétés pectives d'insertion future des diplômés. Une privées/parapubliques), le secteur informel question est de savoir alors quelle est leur ne se limite pas au seul secteur non-agricole. capacité d'absorption efficace des sortants Ainsi, en 2002, les emplois informels des écoles et comment se fait (ou se fera) constituaient l'essentiel de l'emploi [95,2 % l'adaptation de l'offre éducative aux = 3 433 314/3 607 258], les trois quarts de demandes en main d'oeuvre dans ces 2 ces emplois informels étant offerts dans secteurs. l'agriculture. · En termes de stock, l'essor de l'emploi industriel contribue à une augmentation ­ L'emploi formel est dominé par l'administra- en termes relatifs et absolus ­ de l'emploi tion (54 %) et le secteur privé (34 %) tandis dans le bâtiment - travaux publics (BTP). que les entreprises parapubliques n'offrent que Dans le secteur tertiaire, l'emploi se 12 % des emplois formels. Le commerce quant développe principalement au niveau du à lui domine le secteur informel non-agricole, transport ou du commerce. L'enquête avec plus de la moitié des emplois (52 %) et QUIBB offre d'autre part la possibilité de dans le secteur moderne hors administrations distinguer les emplois formels des emplois publiques, 72 % des emplois sont tertiaires et informels. En considérant que les emplois 28 % industriels. informel regroupent tout emploi offert dans A ce stade de l'analyse nous constatons que i) une unité de production ou de services in- l'économie guinéenne repose pour une large part dividuelle ou appartenant à des ménages (par sur le secteur informel, tant en se qui concerne opposition aux emplois offerts dans l'ad- la démographie des emplois que de son poids 130 Le Système Educatif Guinéen dans la création des richesses52; ii) le secteur in- qualitatif de main d'oeuvre, et ii) que le secteur formel recouvre essentiellement l'agriculture traditionnel puisse bénéficier aussi de la res- dont la productivité du travail demeure modeste; source humaine capable de générer les gains de iii) le secteur formel hors administrations publi- productivité nécessaires en son sein. ques se restreint aux activités industrielles et tertiaires à forte productivité de main d'oeuvre; II.2 Mise en regard de l'offre de iv) ces observations suggèrent que malgré des qualifications produites dans le système réformes envisagées par le gouvernement pour éducatif avec les emplois offerts sur le «formaliser» les micro-entreprises du secteur marché global du travail informel, ce secteur restera prédominant dans les années à venir (seuls les emplois de commerce Afin d'établir un bilan formation emploi dyna- se développent vraiment). En dépit de perspec- mique pour les années à venir, il faudrait doner tives de croissance de l'emploi du secteur une indication sur le nombre des personnes em- moderne (entre 1996 et 2002, les emplois ont ployées dans différents secteur de l'économie et augmenté de 4 et 3 % respectivement dans l'in- ce, à plusieurs dates, ainsi que les grouper par dustrie et dans les services, contre 1 % dans mode de rémunérations (en distinguant notam- l'agriculture), l'économie nationale restera duale. ment le salariat moderne de l'emploi Au sens large, le secteur traditionnel (agricul- indépendant). Nous cherchons donc à mettre en ture et secteur informel non-agricole) restera regard, pour une pseudo classe d'âge de x mil- prédominant en termes d'emplois, avec une fai- liers de jeunes sortant du système scolaire au ble productivité de main d'oeuvre. Le secteur cours d'une année récente, d'une part la distri- moderne relativement structuré, (recouvrant l'in- bution des niveaux terminaux de scolarisation dustrie et les services à forts niveaux de et d'autre part celle des emplois offerts par mode productivité), demeure un moteur important de rémunération. même si il restera minoritaire en terme La distribution des niveaux terminaux de for- d'emploie. mation peut assez directement être dérivée de Toute stratégie de développement du secteur l'analyse des scolarisations et des statistiques éducation-formation devra tenir compte de cette sur les diplômes délivrés. La distribution des donnée structurelle puis fournir des ressources emplois offerts sur une base annuelle au cours humaines capables de promouvoir de façon ef- des années récentes, elle, est plus difficile à ficace ces deux secteurs de l'économie. Il établir. En effet, on ne dispose pas en général conviendra ainsi de faire en sorte i) que le sec- de telles statistiques et il est donc important de teur de l'emploi moderne puisse se développer procéder par estimation. On travaille donc sur aussi vite qu'il le peut cela en fonction des poli- la base de stocks d'emplois en 1996 (données tiques macro-économiques mises en oeuvre (code du recensement de la population) et en 2002 des investissements , dispositions fiscales, taux (données du QUIBB) pour dériver des mesures de change, incitations fiscales, réglementations de flux annuels. du travail, réformes structurelles, ...) sans avoir En mettant en évidence ces deux distributions de lacune au niveau du manque quantitatif ou [classées i) par niveau terminal croissant pour les formations et ii) en allant du secteur tradi- tionnel au secteur de l'emploi moderne], on peut avoir une idée quantitative globale de la perti- 52 Ce secteur contribuait pour 54 % au PIB en 1994; nence des arrangements en matière de répartition D'après Diallo et Barry, caractéristiques économiques de la population sur la base du des scolarisations par niveau d'éducation et de RGPH de 1996, Direction Nationale de la formation en fonction de la structure des de- Statistique/Bureau National du Recensement. mandes de l'économie du pays dans la période L'efficacité externe du système éducatif 131 Tableau V.8. Bilan quantitatif éducation-emploi, Flux en base annuelle; moyenne 1996-2002 Distribution des sortants du système éducatif53 Distribution des emplois offerts Niveau de sortie Nombre % Secteur Profession Nombre % Jamais fréquenté l'école primaire 15 400 14,0 Informel Agriculture 60 100 54,6 Primaire incomplet 37 400 34,0 Autres emplois informels 40 500 36,8 Primaire complet 13 200 12,0 Premier cycle secondaire incomplet 18 700 17,0 Premier cycle secondaire complet 7 400 6,7 Second cycle secondaire incomplet 7 800 7,1 Second cycle secondaire complet 5 500 5,0 Moderne Autres emplois modernes 7 100 6,5 Supérieur incomplet 2 800 2,5 Professions intermédiaires 1 700 1,5 Supérieur complet 1 800 1,6 Cadres supérieurs 600 0,5 Total de la cohorte 110 000 100 Ensemble des emplois offerts 110 000 100 récente. Le tableau V.8 ci-après présente les ré- équiper les individus du capital humain de sultats pour une pseudo-cohorte de 110 000 base «à tout faire» nécessaire afin de jeunes rentrant dans la vie active dans la période permettre des gains de productivité du travail récente. Les chiffres ne doivent bien sûr être con- dans le secteur informel de l'économie. sidérés que comme des ordres de grandeur; on Parallèlement, ce capital humain de base est retient qu'il s'agit tout de même d'ordres de gran- essentiel dans la perspective de faciliter deur raisonnables. l'inclusion sociale des individus et réduire De façon générale, le bilan quantitatif du sys- leurs risques de marginalisation dans la tème témoigne d'une structure relativement pauvreté. déséquilibrée dans laquelle on en fait suffisam- · Dans la partie haute du système, on observe ment dans la partie basse du système, et trop que l'augmentation considérable des effectifs dans sa partie haute. Cette conclusion bien que de l'enseignement supérieur (qui ont doublé prédominante n'est pas susceptible d'être affec- considérablement entre 1995 et 2002) s'est tée par le degré d'imprécision des chiffres faite sans étroite relation avec les demandes proposés. de l'économie qui ont été, pour ce niveau de qualification, très réduites. Ainsi, il est estimé · Dans la partie basse du système, on voit qu'au cours des dernières années, on qu'environ 53 000 jeunes (représentant 48 obtiendrai au mieux un chiffre de l'ordre de % de la cohorte) entrent dans la vie active 600 emplois de cadres qui ont été disponibles sans une scolarisation primaire complète. Ce annuellement alors que le système produisait constat n'est pas satisfaisant car on sait qu'une scolarisation primaire menée à son terme constitue (outre un droit de la 53 Cette distribution est dérivée du profil de scolari- personne) le minimum pour assurer sation en 2000/2001 et d'indicateurs d'efficacité l'alphabétisation durable à l'âge adulte et interne dans l'enseignement supérieur. 132 Le Système Educatif Guinéen en moyenne par année environ 1 800 sortants catifs entre les différents niveaux d'enseigne- de l'enseignement supérieur. Ce qui entraîne ment; ce déséquilibre accorde un poids excessif une production qui vaut plus de 3 fois le à la partie haute du système (enseignement niveau d'absorption par le marché du technique et supérieur) et une attention travail54. En examinant de façon plus large insuffisante à sa partie base, en particulier à l'en- les emplois offerts au total dans le secteur seignement primaire : moderne de l'économie guinéenne, on observe qu'ils sont en nombre sensiblement inférieur · Cette structure est néfaste pour l'efficacité à celui des jeunes qui ont au moins un second externe économique du système car le pays cycle secondaire complet, alors qu'une fonctionne d'une part avec des d'adultes anal- proportion importante des emplois du secteur phabètes dans le secteur traditionnel (ce qui moderne n'ont aucune ou n'ont qu'une très nuit à l'amélioration de la productivité du faible qualification et que ces emplois sont travail dans ce secteur de l'économie en fait tenus par du personnel sans formation. guinéenne), et d'autre part avec un surplus de personnes formés aux niveaux élevés du Une conséquence de cette situation de sur- système, ce capital humain a été coûteux pour production relative est sans doute lié à l'existence l'Etat sans que la société (ni les individus) en d'un nombre croissant de jeunes sortants du retire les bénéfices escomptés. supérieur qui se retrouvent sans un emploi cor- · Cette structure est aussi néfaste en ce qui respondant à leur formation où à leurs attentes ; concerne la dimension de l'efficacité externe .Effectivement ces jeunes se retrouvent soit à sociale du système et au sens large à son pratiquer une activité peu rentable dans le sec- degré d'équité. En effet, il a été démontré teur informel, soit au chômage. Cette que les investissements en capital humain surproduction dans la partie haute du système étaient porteurs d'une part de réduction des conduit aussi à la suppression des emplois inter- risque de marginalisation dans la pauvreté médiaires des jeunes sortants de l'enseignement et d'autre part de bénéfices avérées secondaire. (notamment pour ce qui concerne la Ces affirmations sont attestées par le fait que scolarisation des filles) dans les domaines de sur la base des données de l'enquête QUIBB de la population et de la santé. Il est utile de 2002, on compte que sur 100 sortants du supé- noter spécifiquement qu'un ré-équilibrage rieur, seuls 28 exercent un emploi salarié (mais des investissements publics en faveur du pas forcément un emploi dont le niveau de qua- primaire aurait des effets positifs en matière lification est en ligne avec celui de la formation d'équité (voir chapitre 6 de ce rapport), car reçue), alors que 59 se déclarent à la recherche ceux qui, aujourd'hui, n'achèvent pas le d'un emploi et que 13 se déclarent exercer une primaire, sont majoritairement des activité dans le secteur informel. Au niveau des populations défavorisées (ruraux, pauvres, formations techniques et professionnelles, la si- filles) alors que ceux qui sont scolarisés dans tuation, bien qu'un peu plus favorable reste, le supérieur sont très majoritairement toutefois très problématique. En effet, sur 100 originaires des milieux les plus favorisés de sortants, 47 sont sans emploi et en recherchent la société guinéenne. un, 32 ont un emploi salarié alors que 21 exer- cent une activité dans le secteur informel. Ces différentes informations montrent l'exis- 54Les progrès dans la couverture éducative dans le tence d'un déséquilibre quantitatif structurel au supérieur sont donc à relativiser si elles ne se sein du système éducation-formation guinéen transforment pas en emplois et/ou en producti- quant à la répartition des investissements édu- vité pour les diplômés du supérieur. L'efficacité externe du système éducatif 133 Notons enfin que des remarques structurel- 2 de ce rapport), on est frappé par le fait que les les de nature comparable avaient été faites dans progressions sont largement homothétiques le chapitre 3 ; on avait été observé que la distri- entre les différents niveaux éducatifs. Ainsi, alors bution du financement public aux différents que les effectifs du primaire progressent au niveaux d'enseignement favorisait de façon forte rythme moyen annuel de 9,8 % entre 1990 et le niveau supérieur au détriment du niveau pri- 2003, ceux du premier cycle secondaire progres- maire. sent de 12 % et ceux du second cycle secondaire Ces observations nécessitent des ajustements de 13,1 % (ceux dans les formations techniques sachant que si ceux-ci représentent la situation et professionnelles de 11,2 %). Tout se passe actuelle, et représentent de façon plus manifes- comme si les évolutions des effectifs dans un tes encore dans une perspective temporelle future cycle à une période donnée se répercutaient de où la dynamique du système est de nature, si on façon plus ou moins mécanique dans le cycle n'y prend garde à exacerber les déséquilibres d'études suivant dans la période suivante. Cette actuels. Il n'est donc pas possible de faire l'éco- tendance est aussi remarquée par le fait que les nomie d'une réflexion sur la régulation des flux taux de transitions effectifs entre cycles d'une d'élèves au sein du système éducatif guinéen. part sont spécialement élevés en Guinée par rapport à ce qui est observé dans de nombreux autres pays de la région, et d'autre part, ont eu III. Dynamique du système éducatif et tendance à augmenter au cours de la dernière modes de régulation pour aligner la décennie, comme le démontre les données réalité avec ce qui est souhaitable proposées dans le tableau V.9 et dans le collectivement graphique V.6 qui les visualise. Avec un taux de transition notoire entre le III.1 Assurer l'articulation d'un système primaire et le secondaire estimé à 95 % (entre éducatif naturellement orienté vers la les années scolaires 2002­03 et 2003­04), la continuité avec le dualisme structurel de la Guinée n'à en place aucune régulation des flux société guinéenne caractérisée par la d'élèves entre ces deux cycles d'études. Entre les discontinuité deux cycles secondaires, la situation est presque la même avec un taux de transition effectif es- Lorsqu'on examine la dynamique temporelle des timé à 82 % sur les deux années scolaires les effectifs scolarisés (tableau II.2 dans le chapitre plus récentes. Tableau V.9. Comparaison internationale des taux de transition entre cycles % transition primaire secondaire % transition entre les 2 cycles secondaires Guinée 1990­92 84 75 2002­04 95 82 Bénin (2002) 80 35 Cameroun (2002) 56 57 Côte-d'Ivoire (2000) 63 46 Madagascar (2003) 63 53 Mali (2000) 67 36 (continued on next page) 134 Le Système Educatif Guinéen Tableau V.9. Comparaison internationale des taux de transition entre cycles (continued) % transition primaire secondaire % transition entre les 2 cycles secondaires Guinée 1990­92 84 75 2002­04 95 82 Mauritanie (2003) 56 83 Mozambique (2002) 62 54 Niger (2002) 66 32 Rwanda (2003) 42 77 Sénégal (2003) 53 61 Togo (1999) 81 44 Moyenne des 11 pays 63 52 Ces deux chiffres placent la Guinée dans une lesquels les données sont disponibles) sont situation très anormale dans le contexte des pays sensiblement inférieurs à ceux observés en de la région; ceci est visuellement très clair à l'ob- Guinée. Ils sont ainsi respectivement de 63 % servation du graphique V.6 : (contre 95 % en Guinée) et de 52 % (contre 82 % en Guinée) d'une part entre le primaire i) en premier lieu, les taux de transition moyens et le premier cycle secondaire, d'autre part pour les pays comparateurs (les 11 pays pour entre les deux cycles secondaires; Graphique V.6. Comparaison internationale des taux de transition entre cycles 90 Mauritanie Guinée 80 Rwanda 70 secondaires Sénégal 60 cycles Cameroun Mozambique Madagascar 50 entre Côte-d'Ivoire Togo 40 Mali Bénin transition Niger % 30 20 30 40 50 60 70 80 90 100 % transition primaire-secondaire L'efficacité externe du système éducatif 135 ii) en second lieu, on observe sur les données ii) Elle sera aussi nécessaire car la dualité de des pays comparateurs que les pays qui ont l'économie guinéenne est une caractéristique un taux élevé de transition entre primaire et structurelle qui est, et restera, considérable secondaire ont tendance à avoir un taux de pour les 25 années à venir. Il est estimé transition faible entre les deux cycles qu'entre 1996 et 2002, la proportion de la secondaires; ce n'est pas le cas de la Guinée population active employée dans le secteur qui cumule des valeurs très élevées aux deux moderne de l'économie est passée de 4 à 4,8 paliers de transition inter-cycles. %, ce qui représente une progression relativement modeste. Une prolongation de Si on articule de façon multiplicative les taux cette tendance conduirait à une proportion de transition aux deux paliers, on obtient un de l'ordre de 7 % en 2015, et un doublement chiffre de 78 % pour le cas de la Guinée contre du rythme à environ 10 % à cette même date. seulement 33 % pour la moyenne des 11 pays Il est sans doute difficile de percevoir de façon comparateurs. Cela implique que la proportion précise quelle sera l'évolution réelle; mais de ceux qui achèvent le primaire et qui pour- même la dernière hypothèse (sans doute ront poursuivre leurs études jusqu'au niveau du optimiste) suggère que 80 % de la popula- second cycle secondaire, est sensiblement plus tion active soit encore employée en 2015 dans élevée en Guinée qu'en moyenne dans les autres le secteur informel de l'économie. Les politi- pays retenus. C'est à son tour cette faiblesse dans ques éducatives pour le développement la régulation des flux en Guinée qui est à la base quantitatif du système ne peuvent pas ignorer de l'explication du déséquilibre structurel iden- ce contexte sociétal fondamental. tifié précédemment dans ce chapitre. Cette configuration permet subséquemment de rendre Pour résumé du diagnostic qui vient d'être compte du pourquoi la partie haute du système effectuer, il sera nécessaire d'envisager une forme éducatif guinéen est trop développée avec les de régulation des flux d'élèves pour lutter con- conséquences négatives notées en termes de chô- tre cette tendance néfaste à la continuité interne mage et de faible efficacité-équité dans l'usage dans un système qui doit aussi répondre au be- des crédits publics en éducation dans le pays. soin externe de production efficiente du capital Il n'y a donc aucun doute que cette configu- humain en relation avec les demandes structu- ration dans la structure des transitions entre cycle relles de la société. représente une caractéristique qui pose des pro- blèmes structurels sérieux au système éducatif III.2 Mettre en place un système de guinéen; cette faiblesse être prise en compte et régulation des flux d'élèves pour assurer remédier à la situation actuelle: efficience et équité dans la production du capital humain i) Cette réflexion sera en fait d'autant plus nécessaire que la dynamique pernicieuse à III.2.1 Des contours globaux possibles pour présente dans le système va prendre des la stratégie de régulation des flux proportions beaucoup plus fortes encore au fur et à mesure que les progrès anticipés dans L'objectif est bien défini : il s'agit d'une part, que l'achèvement de l'enseignement primaire vont le système puisse amener les individus à finir leur se concrétiser au cours des années à venir (à primaire et ce si possible d'ici 2015, et d'autre titre d'illustration, on compte que le nombre part d'un sommet qui soit organisé en quantité de jeunes qui achèvent le primaire devrait passer et en qualité pour modérément aux demandes de 109 000 en 2003 à 225 000 en 2015, une du secteur de l'emploi moderne dans le pays; et multiplication par un facteur supérieur à 2). comme ces demandes seront limitées, il est im- 136 Le Système Educatif Guinéen portant que les effectifs ayant accès au niveau mandes concurrentes au sein du secteur pour supérieur soient contrôlés. La question est alors améliorer en quantité et en qualité les servi- de déterminer comment procéder pour assurer ces offerts aux autres niveaux d'enseignement. ce double objectif dans un système qui doit être Le modèle de simulation établi de façon jointe caractérisé par de nécessaires «ruptures» alors à la production de ce rapport diagnostic, sera que les forces en jeu l'entraînent de façon natu- d'une grande aide pour déterminer les relle vers la continuité. Il faudrait donc identifier meilleurs compromis tout en assurant la base des mécanismes de régulation des flux scolaires financière globale du secteur. et prendre des décisions sur ce plan, afin de les mettre en oeuvre. En toute hypothèse et sans anticiper sur les Pour commencer cette mise en oeuvre, une décisions de politique éducative auxquelles le première question consiste à délimiter ce qui a pays sera confronté, il ne fait aucun de doute été nommée de partie basse et de partie haute que si on peut maintenir de façon conceptuelle du système. Dans la partie basse, on trouve for- l'idée d'une marche vers un enseignent de base cement l'enseignement primaire et, dans la partie de 10 ans dont la couverture serait à terme uni- haute, l'enseignement technique et l'enseigne- verselle, pour un certain nombre d'années, une ment supérieur. Mais qu'en est-il des autres régulation des flux dans la transition entre les segments du système? deux cycles de base sera incontournable. Il fau- drait en fait clairement choisir entre les · le premier cycle secondaire à aussi une voca- différentes formules qui combinent i) le contenu tion à être associé au cycle primaire pour des services offerts [combien d'années d'études constituer progressivement un enseignement (quatre années d'études ?) avec combien d'heu- de base dont la couverture serait universelle. res d'instruction par semaine (30 heures ?) et Pourtant il ne suffit pas de déclaration géné- utilisation de quels enseignants (spécialisés ou rique de ce type pour progresser dans la généralistes)], ii) la structure de leur financement définition de la politique. En effet, les consi- [quelle part des financements public et privé ?], dérations pratiques et financières ne peuvent iii) la couverture du système [quel niveau du taux pas être évitées. En effet, pour preuve, il est de transition entre le cycle primaire et le pre- utile de rappeler que le nombre des élèves dans mier cycle secondaire ?] et iv) l'horizon temporel un cycle de base universel serait, en 2015, de dans lequel la couverture pourra effectivement l'ordre d'un million d'élèves alors que l'ef- devenir universelle dans un cycle de base com- fectif observé en 2003 est de 260 000; ceci prenant 10 années d'études. impliquerait de multiplier les effectifs par un facteur 4 en 12 ans, ce qui serait à l'évidence · le second cycle secondaire se situe entre i) un difficile à réaliser compte tenu du volume enseignement de niveau collège qui verra ses considérable des infrastructures scolaires à effectifs augmenter mais dont la couverture réaliser et des professeurs à recruter, sachant sera sans doute encore assez éloignée de l'uni- que ceci devrait être fait en améliorant en versel en 2015, et ii) un enseignement même temps le niveau de qualité des services supérieur qui devra voir ses effectifs être con- offerts. Les difficultés logistiques seraient trôlés pour ne pas s'éloigner trop des capacités donc à l'évidence très grandes, même dans d'absorption de l'économie. Compte tenu de l'hypothèse où les ressources budgétaires cette situation, il paraît plus pertinent d'or- pourraient être mobilisées. Ce dernier point ganiser une régulation forte des flux dans est un fait, compte tenu d'une part de la con- l'accès au second cycle secondaire et d'adop- trainte budgétaire élevée des finances ter une stratégie qui mette l'accent sur la publiques en général et d'autre part des de- qualité en contrôlant de façon claire la quan- L'efficacité externe du système éducatif 137 tité. Dans ces conditions, on considère que le III.2.2 Une mise en place positive, efficiente second cycle secondaire est structurellement et équitable de la politique de régulation attaché à la partie haute du système, avec des des flux effectifs qui anticipent le nombre des jeunes qui devraient avoir ultérieurement accès à Après avoir déterminé le profil souhaité pour l'enseignement supérieur55. la régulation du système dans son ensemble (en- tre ce qui est logistiquement possible, Cette stratégie est soutenue par deux financièrement supportable et in fine souhaita- arguments convergents : le premier est celui d'une ble pour la structure du système en référence à bonne préparation des étudiants à l'accès à celle de l'économie guinéenne) ainsi que les flux l'enseignement supérieur qui doit avoir une d'élèves aux différents paliers de transition en- qualité internationale. On considère ainsi que les tre cycles, il reste à déterminer la procédure à étudiants doivent avoir des bases solides d'acquis adopter. Compte tenu des pratiques actuelles ce qui suppose que l'enseignement secondaire de caractérisées par une forte continuité entre cy- second cycle soit fondamentalement différent de cles d'études, il est probable que la mise en place sa configuration actuelle, les élèves devant d'un principe, sans doute assez fort, de régula- pouvoir disposer de moyens informatiques, de tion, constituera un changement non bibliothèques et de laboratoires. Le second spontanément perçu de façon positive par la argument est celui qu'il serait difficile de population. Une difficulté perçue sera celle d'un concentrer une part principale de la régulation sentiment d'abandon par le système qui i) ré- des flux d'entrée au supérieur au sein d'une duit les chances de poursuite d'études et ii) pêche population large de bacheliers; cela serait par manque de préparation réelle des jeunes à socialement et surtout politiquement difficile car l'entrée dans la vie active pour ceux qui doivent la pression serait très intense. Par ailleurs, il serait alors mettre un terme à leurs études. moins efficient parce que le nombre de bacheliers Bien que ce double sentiment ne soit pas tout qui n'accéderaient pas à l'université ne pourrait à fait valide56, il est toutefois rationnel d''en te- pas non plus, intégrer le secteur moderne de nir compte; mais il est surtout pertinent de l'emploi. Au plan individuel cela créerait beaucoup de frustration; au plan collectif, cela ne manquerait pas de créer des revendications 55Cela peut signifier que le nombre qui a accès au globales. Deux choses non souhaitables sont alors second cycle secondaire général peut par exemple possibles : i) on ouvre grandes les portes de être deux fois celui anticipé pour l'accès au l'université pour éviter les difficultés du présent supérieur; quatre fois ce nombre serait à l'évidence en créant des problèmes plus sévères encore pour contraire au principe posé. les années à venir (d'une part, université 56Il doit bien sûr être mis en perspective, car il serait encombrée et impossibilité de fournir des services difficile d'accepter que le système serait défaillant parce qu'il «abandonne» certains jeunes qui ont de qualité, d'autre part, chômage massif ultérieur achevé le primaire et ne peuvent pas poursuivre des sortants); ii) on résiste effectivement à leurs études au collège. En effet, ceci serait observé l'ouverture de l'enseignement supérieur, mais celà alors qu'une proportion beaucoup plus grande de à entraîné à la fois beaucoup de frustration chez jeunes achèveraient le cycle primaire (en équipant ceux à qui on refuse l'accès et une mauvaise les jeunes d'un capital humain dont on a vu la utilisation l'argent public dans le second cycle valeur dans le corps de rapport) et qu'une proportion accrue de la classe d'âge aurait en fait secondaire parce que la qualité n'y aura pas été accès au collège, alors qu'on ne déclare pas contrôlée et parce que les acquisitions de ceux qui spontanément le système actuel comme défaillant, arrêteront leurs études avec ce bagage ne seront bien qu'un jeune sur deux n'a pas même une pas bien valorisées dans le secteur traditionnel. scolarité primaire complète. 138 Le Système Educatif Guinéen construire un dispositif global de régulation qui ­ La durée de ces formations sera générale- soit positif, efficient et équitable. ment courte (quelques mois, mais avec des durées éventuellement variables selon les · un dispositif positif et efficient. Il convient emplois visés); ici de rappeler que la régulation est indispen- ­ La forme et les contenus pourront aussi sable pour des raisons pratiques et financière être variables étant donné qu'on mais aussi pour des raisons liées à la struc- privilégiera sans doute des formes ture de l'économie guinéenne et en particulier associant pour partie directement les actifs à sa dualité. Dans ces conditions, la régula- engagés dans le secteur informel (type tion est surtout dictée par l'exiguïté du secteur apprentissage), des associations et organi- moderne de l'économie ; or la croissance éco- sations non-gouvernementales, ... nomique, comme cela a déjà été souligné, si elle dépend certes de l'expansion du secteur Le modèle de simulation financière construit moderne, dépend aussi des gains de produc- de façon jointe à la rédaction de ce rapport con- tivité du travail dans le secteur traditionnel. cerne à la fois le fonctionnement du système Or les jeunes qui ne pourraient pas poursui- classique57 et la politique d'appui à ces forma- vre leurs études (à l'issue du primaire et du tions professionnelles d'insertion58. Il pourra BEPC) dans les filières classiques, devraient bien sûr être d'une utilité particulière pour défi- entrer dans la vie active avec un seul bagage nir de manière opérationnelle les contours de connaissances générales. Celles-ci sont tout globaux de cette politique. à fait déterminantes et toutes les études con- vergent pour souligner leur valeur, mais il peut · un dispositif équitable. Dans la mesure où il alors être pertinent de prévoir des formations y aura régulation des flux, cela signifie qu'il professionnelles courtes afin de faciliter une y aura sélection et le caractère équitable de la insertion professionnelle de ces jeunes dans sélection ainsi opérée sera sans doute quel- le secteur traditionnel de l'économie et pour que chose à rechercher; ainsi les chances des y promouvoir des pratiques plus productives. individus d'avoir accès aux études dont les Ceci permettrait d'offrir une perspective po- effectifs seront régulés devront dépendre aussi sitive à la régulation des flux en lui donnant peu que possible de leurs caractéristiques so- une dimension d'efficience (il faudra toute- ciales, localisation géographique, niveau de fois tester les formules les mieux appropriées). revenu ou genre. Il est difficile de proposer de façon précise ici Sur le plan des principes, deux types de le contenu, la durée ou la forme des forma- dispositifs (non exclusifs) peuvent être tions d'insertion, ou même le nombre de envisagés pour organiser la régulation des jeunes qui seraient concernés à chacun des flux : i) les quantités, et/ou ii) les prix. deux paliers de transition : Au niveau de la régulation par les quantités, on se base sur un dispositif ­ Le nombre de jeunes concernés dépendra i) du nombre de ceux qui se présenteront en fin de cycle et ii) du nombre de places 57A savoir a) les nombres d'élèves et étudiants dans offertes dans le cycle suivant (déterminant chaque cycle d'études, ainsi que b) les conditions le nombre de ceux qui devront mettre un et les coûts unitaires de scolarisation. 58A savoir a) la proportion de ceux qui pourront en terme à leurs études) ainsi que iii) de la bénéficier parmi ceux qui doivent arrêter leurs proportion de ceux qui, arrêtant leurs études classiques après le primaire ou le premier études, pourront bénéficier de ces cycle secondaire, et b) le coût unitaire moyen des formations d'insertion; formations de ce type. L'efficacité externe du système éducatif 139 administratif qui fixe le nombre des places finances publiques, mais donne (en principe) disponibles et on organise un concours de meilleures garanties en matière d'équité pour déterminer les candidats admis à car l'accès aux études ne dépend pas directe- poursuivre leurs études. Il n'est d'ailleurs pas ment de la capacité (variable) des individus à indispensable de créer un instrument spécial financer leurs études59. Notons par ailleurs car on peut utiliser les épreuves (ou certai- qu'on peut insérer avec telle ou telle nes d'entre elles) existantes (CEPE, BEPC) proportion de régulation par les quantités et ni de fixer chaque année la moyenne seuil par les prix, et que ces proportions peuvent pour l'admission, ce seuil étant tel que le aussi varier selon le niveau d'études. nombre des élèves ayant une note au-dessus Pour simplifier et rester au niveau des prin- du seuil corresponde au nombre de place cipes, c'est évidemment aux personnes offertes. responsables de la politique éducative du pays de faire ces choix. Un premier principe ­ Au niveau de la régulation par les prix, pourrait partir de l'idée que le principe des frais de scolarité sont fixés pour l'ins- d'équité, s'il doit s'appliquer à tous les cription aux études à un niveau tel que le niveaux d'études, devrait être une exigence nombre des élèves ou étudiants inscrits prédominante aux premiers niveaux du corresponde plus ou moins au chiffre visé. système, là on vise à n'exclure personne, par- Sur le plan pratique, il peut s'agir de frais ticulièrement dans une perspective sociale et de scolarité dans des établissements publics de réduction de la pauvreté. Aux niveaux ter- ou de fonctionnement d'établissements minaux du système, là où la dimension privée privés autorisés par l'Etat. du bien éducation devient plus évidente (par exemple, quand on forme un médecin, la Ces deux formes de régulation des flux société certes va en bénéficier, mais c'est d'élèves et étudiants présentent des avantages d'abord l'individu qui est médecin et qui va et inconvénients qui se valent ; ainsi la profiter personnellement du revenu associé à régulation par les prix motive les élèves à cette fonction), la dimension de l'efficacité effectuer une formation et, étant donné qu'ils externe et plus généralement de l'efficience paient, les individus sont amenés à choisir des doit normalement prendre une importance études correspondants a l'offre d' emploi. Pa- plus prononcée ; c'est alors qu'on peut penser rallèlement, les producteurs de services que le prix de l'éducation peut jouer un rôle éducatifs sont incités à proposer des afin réguler les flux. formations bénéfiques pour l'économie, et à Dans la situation actuelle, nous avons y inclure les coûts pour attirer les candidats à observé un besoin de rééquilibrer l'éducation. On dispose donc d'un mécanisme structurellement les investissements publics qui a en principe des avantages sur le plan de en capital humain; il est aussi intéressant de l'efficience et des finances publiques car les contributions privées réduisent d'autant la charge financière pour l'Etat ; par contre, ce 59Rappelons qu'il s'agit davantage de principes que mécanisme présente des inconvénients de réalité, celle-ci pouvant être moins tranchée. notables sur le plan de l'équité car seuls ceux Par exemple, dans l'enseignement supérieur, bien qui auront la capacité de financer leurs études que gratuit et même subventionné par un système pourront bénéficier de ces formations. Dans de bourses, les chances d'accès sont plus de huit fois plus élevées pour les individus appartenant le même sens, la régulation administrative par au quintile de revenu le plus riche qu'au quintile les quantités ne présente pas les mêmes as- de revenu le plus défavorisé (voir chapitre 6 de ce pects positifs en termes d'efficience et de rapport). 140 Le Système Educatif Guinéen spécifier comment on peut caractériser la si- masse élevée de diplômés, dont les profils tuation actuelle et comment elle est ne répondent pas véritablement aux susceptible d'évoluer : demandes de l'économie, alors que les études sont non seulement gratuites, mais ­ Premièrement, au niveau du primaire :, A subventionnées par l'intermédiaire de travers des investissements publics bourses qui, en finalité, profitent plus que insuffisants il est important d'améliorer le proportionnellement aux groupes les plus système en quantité et en qualité ainsi favorisés de la société. Dans ce contexte, qu'en équité car ce sont les segments les on alimente un développement excéden- plus défavorisés de la population qui taire du système; une régulation par les forment la masse de ceux qui n'achèvent prix, éventuellement de façon modérée est pas le primaire, alors que l'existence des donc à considérer. Cela peut prendre maîtres communautaires fait peser un plusieurs formes dont la première consis- poids financier privé sans doute terait à réduire le volume des bourses ainsi, inopportun. Une évolution serait souhai- cibler de façon nette les étudiants les plus table afin d'assurer la couverture nécessiteux. L'extension des frais de sco- universelle et le financement public pour larité (dans les établissements publics) peut tout ce qui souhaitent accéder à l'école modestement être considérée, sachant que primaire (les écoles privées pouvant jouer le développement d'un enseignement à un rôle complémentaire et non de distance constitue aussi une formule qui substitution aux défaillances de l'Etat) ; il peut tout à la fois être efficiente en elle- faut aussi étendre cette formule de gratuité même (la technologie permet de construire au premier cycle secondaire dont la régu- des formations à la fois de qualité et de lation des flux (conjoncturelle avant que coût inférieur à ceux de la formule classi- les ressources disponibles puissent assurer que) et de faciliter par ailleurs la mise en la couverture d'un enseignement de base place d'une régulation plus ferme dans les de 10 années d'études) pourrait être alors établissements traditionnels. organisée par les quantités. On pourrait toutefois laisser le privé assurer une sorte Entre le premier cycle secondaire, où la régu- de soupape pour réduire les contraintes de lation des flux pourrait être organisée par les la régulation des flux (l'utilisation du quantités et accompagnée par les formations modèle de simulation pourra aider à iden- d'insertion, la situation du second cycle secon- tifier la dimension effective de cette daire doit faire l'objet de plus de discussions ; contrainte). mais une formule de type comparable à celle ­ Deuxièmement, au niveau supérieur :, la envisagée plus haut pour le premier cycle, n'est situation actuelle est caractérisée par une pas à exclure. L'efficacité externe du système éducatif 141 Principaux enseignements du chapitre 5 Ce chapitre étudie l'efficacité externe du système éducatif et examine dans quelle mesure la structure du système aux différents niveaux d'enseignement est optimale compte tenu d'une part de l'impact social de l'éducation et du rendement économique de l'investissement en capital humain. 1. Dans la sphère sociale, on observe des effets substantiels de l'éducation sur l'alphabétisa- tion, la pauvreté, les variables de population, la santé de la mère et de l'enfant. Les analyses ont montré qu'une part importante de ces effets est acquise avec le cycle primaire complet. Bien sûr, après de très longues études, les effets sont très visibles et intenses, mais il est important de noter que si le premier cycle secondaire a également un impact additionnel par rapport à celui du primaire complet, celui-ci est en fait relativement modéré. Par exemple, l'éducation primaire complète fait baisser le taux de pauvreté de 14 points par rapport à l'absence d'études, mais le premier cycle secondaire n'apporte pas à la marge, par rapport au primaire ; cela suggère que l'enseignement primaire soit considéré, dans le système éducatif, comme le principal levier de lutte contre la pauvreté. Une structure com- parable est observée en ce qui concerne la mortalité infantile. Par contre, si la scolarisation primaire conduit peu à améliorer les chances d'un suivi nutritionnel de l'enfant, c'est avec la scolarisation secondaire de la mère qu'on voit se développer ce type de comportement. 2. Dans la sphère économique, le marché du travail est segmenté en deux secteurs principaux: un secteur moderne encore embryonnaire, très productif mais qui évolue très lentement (de 4 % en 1996 à 5 % en 2002) et un secteur informel (95 % des emplois en 2002), moins productif. Le taux moyen de chômage, certes un peu conventionnel, est de 4,7 %, pour l'ensemble de la population, mais il est sensiblement plus élevé chez les sortants de la partie haute du système (31% des actifs diplômés du technique ou du supérieur). Ce résultat montre que le système éducatif a une production déséquilibrée par rapport aux demandes de l'économie. Une analyse du bilan quantitatif entre la structure des sortants du système éducatif et celle des emplois offerts par l'économie, confirme ce diagnostic en montrant l'existence d'un investissement insuffisant dans la partie basse du système (48 % des sortants du système n'ont pas le primaire complet alors que ce niveau d'enseignement est l'investissement «à tout faire» et rentable pour l'informel), alors que la production annuelle de formés dans la partie haute du système est 2 à 3 fois plus importante que les emplois modernes créés an- nuellement. En 2004, le pays compte environ 22 000 étudiants dans l'enseignement supérieur, ce qui correspond au stock actuel des cadres dans le pays. 3. Ces observations conduisent à suggérer le besoin d'une stratégie sur la structure du système et la régulation des flux en son sein. La dynamique actuelle du système dénote d'une tendance à la continuité de la production scolaire qui se manifeste par des taux de transition élevés entre les différents cycles entraînant une translation du primaire vers le secondaire et du secondaire vers le supérieur. Dans le même temps, le secteur informel demeurera toujours important dans l'économie même si on envisage qu'à moyen terme les emplois modernes seront multipliés par deux voire par trois. Le diagnostic de la situation actuelle souligne l'absence d'une politique pertinente du post primaire, absence qui serait préjudiciable à (continued on next page) 142 Le Système Educatif Guinéen (continued) terme pour le système. Il y a donc nécessité d'identifier une stratégie sectorielle qui respecte les objectifs suivants tout en se situant dans un contexte de soutenabilité financière à moyen terme : · Protéger l'achèvement universel du cycle primaire de qualité raisonnable; · Privilégier la qualité plutôt que la quantité dans l'enseignement secondaire, en particulier dans le second cycle. Dans le premier cycle, il conviendra d'être attentif aux pressions sur les effectifs résultant du développement du primaire; · Mettre en ligne la production dans l'enseignement technique et le supérieur avec les demandes en quantité et en qualité de l'économie moderne. CHAPITRE 6 Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire D ans l'analyse d'un système scolaire, les tif, l'analyse de l'équité quant à elle accorde une considérations en matière d'équité sont priorité à l'éventuelle dispersion qui peut exis- importantes à ce qui attrait à la des- ter autour de ces moyennes. Cette dispersion cription de ce système, mais aussi et peut concerner aussi bien les disparités dans les surtout parce qu'on réfère à l'éducation des ob- conditions d'enseignement d'un lieu à l'autre de jectifs en matière d'égalité des chances. Sachant scolarisation, que les disparités en matière de que l'éducation constitue un investissement utile scolarité (accès, rétention, acquisitions dans les pour les individus qui la reçoivent et qu'elle con- différents cycles d'enseignement) des individus tribue à déterminer leurs conditions selon leurs caractéristiques sociales (sexe, mi- économiques et sociales dans leur vie adulte. De lieu géographique, niveau de revenus des parents, plus, on sait que les possibilités scolaires seront ..). Les divergences dans les conditions d'ensei- toujours limitées par les possibilités de finance- gnement entre les différents lieux de scolarisation ment et que tous les individus ne peuvent sont abordées dans les chapitres 4 (efficacité in- atteindre une scolarisation maximale. Il importe terne et qualité des services offerts) et 7 (gestion alors que des chances de scolarisation aussi éga- administrative et pédagogique du système). les que possibles soient offertes à tous les jeunes Dans ce chapitre, et en fonction des données pour assurer non pas l'égalité mais l'équité in- disponibles, nous utiliserons une double appro- ter-individuelle. On notera que la recherche de che : la première consiste à comparer les l'équité est en fait convergente avec celle de l'ef- scolarisations individuelles selon des caracté- ficacité, car ilconvient que les individus les plus ristiques telles que le sexe et la zone d'habitat aptes à être scolarisé, indépendamment des con- (urbain ou rural). Cette partie essaie également ditions socio-économiques de leurs parents, d'analyser les disparités géographiques (suivant soient sélectionnés pour les niveaux les plus éle- les régions et les préfectures). A ce stade,, l'étude vés du système. Ceci est important dans une estimera le poids relatif des facteurs situés du perspective de production efficace de ces servi- côté de l'offre et de la demande afin d'expliquer ces éducatifs tout comme dans celle de la les problèmes de scolarisation dans les diffé- formation d'élites pour la prochaine génération. rentes régions et préfectures. La seconde partie Alors qu'on se réfère d'abord aux situations de l'analyse contient la question de la réparti- moyennes pour représenter un système éduca- tion des ressources publiques en éducation dans 143 144 Le Système Educatif Guinéen le pays au sein d'une génération d'enfants. Ces Il apparaît clairement au vu des chiffres pré- deux point seront examinés de façon succes- sentés que la scolarisation des filles connait un sive. retard remarquant par rapport à celle des gar- çons quel que soit le niveau d'éducation. Par exemple, au niveau primaire, en 2003-04, le taux I. Les disparités de scolarisation brut de scolarisation des garçons est estimé à selon certaines caractéristiques 89,8 % alors qu'il n'est égal qu'à 69,2 % chez socio-économiques les filles. Un deuxième résultat est l'amélioration de la I.1 Les disparités selon le sexe situation des filles durant la décennie. En effet, 1990, au niveau primaire, on ne comptait que 4 I.1.1 Comparaison des taux bruts de filles scolarisées pour 10 garçons, on en dénom- scolarisation bre aujourd'hui presque 8. Ce résultat est insuffisant, en effet, les filles sont toujours défa- Afin évaluer les disparités selon le sexe, une pre- vorisées, surtout dans les niveaux plus élevés de mière approche est de comparer pour les scolarisation, mais les situations évoluent, à tous différents niveaux de scolarisation les taux bruts les niveaux scolaires, vers une diminution des de scolarisation féminins et masculins. Le tableau disparités très grandes entre les sexes. VI.1 donne pour tous les niveaux d'enseigne- Enfin, on remarque un autre fait : La dispa- ment et pour quatre années scolaires, les taux rité entre les sexes augmente avec le niveau bruts de scolarisation des deux sexes et l'indice de parité entre les genres qui est calculé en rap- portant le TBS féminin au TBS masculin. Le graphique VI.1 montre l'évolution de l'indice de 60 Ceci est valable si les populations féminines et parité par niveau. Autrement dit, cela corres- masculines des groupes d'âge de référence sont égales. En faisant cette hypothèse pour la Guinée pond au nombre de filles scolarisés pour 100 sur les groupes d'âge scolaire, l'erreur est margi- garçons à l'école60; par exemple un indice de nale parité de 0.35 signifie que pour 100 garçons sco- 61 Les chiffres pour ce niveau correspondent au larisés il y a approximativement 35 filles. nombre d'étudiants pour 100 000 habitants. Tableau VI.1. Taux brut de scolarisation (%) par sexe et indice de parité selon le genre Evolution entre 1990 et 2003 1990­91 1995­96 2000­01 2003­04 Indice Indice Indice Indice de de de de TBS parité TBS parité TBS parité TBS parité Filles Garçons F/G Filles Garçons F/G Filles Garçons F/G Filles Garçons F/G Pré--scolaire -- -- -- 2,2 2,3 0,93 -- -- -- -- -- -- Primaire 21,8 51,7 0,42 36,5 64,4 0,57 57 75,8 0,75 69,2 89,8 0,77 Collège 6,3 19,2 0,33 9,8 27,1 0,36 17,5 42,1 0,41 22,6 48,3 0,47 Lycée 1,6 7,7 0,21 3,2 12,9 0,25 5,7 18,4 0,31 8,4 23,5 0,36 Ens. supérieur61 -- -- -- 18 230 0,08 37 303 0,12 -- -- -- Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 145 Graphique VI.1. Indice de parité entre les sexes (TBS fille/TBS garçons par niveau 1 0,9 Primaire Parité Collège 0,8 0,75 0,77 Lycée 0,7 Enseignement 0,57 0,6 supérieur 0,5 0,47 0,42 0,41 0,4 0,36 0,33 0,3 0,36 0,31 0,2 0,25 0,21 0,1 0,12 0,08 0 1990 1995 2000 2003 d'éducation, l'indice de parité vaut en 200062 et celui du niveau supérieur de 2000 car ces in- 0,75 dans le cycle primaire, un peu moins de dicateurs sont construits à partir de plus ou 0,4 au secondaire et seulement 0,12 dans le su- moins la même cohorte d'individus. Les résul- périeur. Plus le niveau d'études est élevé et plus tats de cette méthode confirment ceux de la la sélection en faveur des garçons est grande. méthode transversale : les disparités entre filles On pourrait dire que ce résultat est dû à la mé- et garçons augmentent avec le niveau d'éduca- thode transversale utilisée : les jeunes inscrits tion : l'indice valait 0,4 dans le primaire en 1990, dans l'enseignement supérieur en 2000 appar- environ 0,3 dans le secondaire en 1995 et 0,12 tiennent à une cohorte plus ancienne que celle dans le supérieur en 2000. La sélection est beau- des enfants scolarisés au niveau primaire à la coup plus stricte pour les filles dans les même date, ils ne profitent pas encore des évo- transitions entre cycles scolaires. lutions positives récentes en faveur des filles. I.1.2 Comparaison des profils de Essayons donc d'adopter une méthode longitu- scolarisation dinale ou quasi-longitudinale. Les enfants du groupe d'âge 7­12 ans (groupe Une deuxième approche, plus fine, consiste à de référence du niveau primaire) de 1990 ap- comparer les profils de scolarisation et de réten- partiennent au groupe d'âge 12­17 ans en 1995 tion des garçons et des filles. Cette approche (et donc constituent une proportion élevée des permet de comparer les parcours scolaires élèves scolarisés dans le secondaire à cette date) moyens des filles et des garçons et d'identifier et appartiennent au groupe d'âge 17­22 ans en où se situent les disparités. Le tableau VI.2, ci- 2000 (et donc constituent une proportion éle- après, et les graphiques VI.2, VI.3 et VI.4 qui vée des élèves scolarisés dans le supérieur en 2000). On peut comparer l'indice de parité du niveau primaire de 1990 avec celui du niveau 62 On se base sur l'année 2000 puisque les données secondaire (1er et 2ème cycle combinés) de 1995 pour le supérieur en 2004 ne sont pas disponibles. 146 Le Système Educatif Guinéen Tableau VI.2. Profils de scolarisation et de rétention [1ère année-Terminale] par sexe pour l'ensemble de la Guinée, année 2003­04 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème 7ème 8ème 9ème 10ème 11ème 12ème année année année année année année année année année année année année Term Taux Garçons 93,6 97,1 85,1 84,5 71,8 64,2 53,4 40,2 34,5 31,5 22,9 20,2 15,1 d'accès Filles 78,2 77,6 62,7 59,5 46,9 39,8 27,3 19,4 15,7 13,9 9,3 7,3 4,6 (%) Filles/ 0,84 0,8 0,74 0,7 0,65 0,62 0,51 0,48 0,45 0,44 0,40 0,36 0,31 Garçons Taux Garçons 100 96,4 94,1 86,8 80,1 74,9 100 97 101 90 100 105 81 de Filles 100 92,6 86,5 77,9 69 62,7 100 95 88 75 100 93 57 rétention Filles/ 1 0,96 0,92 0,9 0,86 0,84 1 0,98 0,87 0,84 1,00 0,89 0,70 (%) Garçons lui sont associés, proposent le profil de scolari- l'éducation et moins prononcées sur la rétention sation et de rétention, des garçons et des filles, vis à vis de celle-ci. Même si, au niveau primaire, pour l'ensemble du territoire national, entre l'en- il existe environ 10 points de différence entre trée en primaire (classe de 1ère ou 2ème année) et filles et garçons (taux de rétention pour les gar- la fin du second cycle secondaire (classe de ter- çons de 75 % contre seulement 64 % pour les minale). filles), les différences concernant la rétention sont Représentation graphique du profil de réten- relativement plus minimes aux niveaux plus tion dans le primaire et le secondaire, 2003­04 élevés. Ces indices nous montrent que les disparités Si on représente graphiquement l'accès, on filles/garçons sont importantes sur l'accès à voit clairement que l'accès des garçons est en Graphique VI.2. Profils de survie dans le cycle primaire par sexe en 2003­04 100% Garçons Filles 80% Total 60% 40% 20% 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 147 Graphique VI.3. Profils de survie au collège par sexe en 2004­04 100% Garçons Filles 95% Total 90% 85% 80% 75% 7ème 10ème Graphique VI.4. Profils de survie par sexe en 2003­04 110% Garçons 100% Filles Total 90% 80% 70% 60% 50% 11ème Term moyenne de 10 à 15 points supérieur à celui des En ce qui concerne le cycle primaire, les don- filles. La "bosse" en 2ème signifie que certains nées du tableau VI.3 montrent que globalement, élèves arrivent directement en 2ème année, sans en 2004, les filles ont un retard sur les garçons passer par la première, phénomène déjà évoqué cumulativement sur l'ensemble des indicateurs au chapitre 2. On peut résumer sous la forme pris en compte dans l'analyse. Les filles ont du tableau VI.3 les statistiques sommaires du moins de possibilités à avoir accès à l'école (taux système éducatif guinéen, par sexe pour les an- d'accès en 1ère année respectivement de 94 et 78 nées 2000 et 2004 : % pour les garçons et les filles),une fois entrées 148 Le Système Educatif Guinéen Graphique VI.5. Pourcentage d'enfants accédants à un niveau d'étude en 2003­04 100% Garçons Filles 80% Total 60% 40% 20% 0% 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème 7ème 8ème 9ème 10ème 11ème 12ème Terminale Tableau VI.3. Statistiques des flux d'élèves dans le système éducatif par sexe 1999­2000 2003­2004 Filles/ Filles/ Total Filles Garçons Garçons Total Filles Garçons Garçons Taux d'accès en 1ère année (%) 67 61 71 0,86 86 78 94 0,83 Taux de rétention primaire 67 49 80 0,61 70 63 75 0,84 1ère-6ème année (%) Taux d'accès à la 6ème année (%) 44 30 57 0,53 52 40 64 0,63 Taux de transition Primaire/Collège 78 71 83 0,86 81 75 84 0,89 de la 6ème à la 7ème (%) Taux d'accès au Collège (%) 35 22 47 0,47 40 27 53 0,51 Taux de rétention Collège de la 7èmeà la 10ème (%) 48 42 53 0,79 85 75 90 0,84 Taux de transition Collège/Lycée 82 74 86 0,86 82 72 87 0,83 de la 10èmeà la 11ème (%) Taux de transition 12ème / Terminale (%) 64 53 69 0,77 73 61 78 0,78 Taux de survie Lycée (%) 49 41 53 0,77 74 57 81 0,70 au primaire, il est courant qu'elles ne poursui- tion) entraîne la conséquence suivante : Si 64 % vent pas leur scolarité. Ces deux combinaison des garçons du pays atteignent au moins la classe (un accès moins fréquent et une moindre réten- de 6ème, ce n'est le cas que de 40 % des filles. On Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 149 se souvient que l'atteinte de cette classe est im- I.2 La prise en compte de la dimension portante pour que l'alphabétisation soit acquise urbaine et rurale à long terme chez ces jeunes au cours de leur vie adulte; pour 3/5 des jeunes filles du pays (et un Les donnés de l'enquête de ménages QUIBB per- peu plus d'un tiers des garçons), cet objectif mettent de poursuivre l'analyse des disparités minimal de scolarisation n'est donc pas atteint. dans le système, au niveau du cycle primaire, en Suite aux études primaires, on trouve que les intégrant l'étude dans les écarts selon la province chances des filles de transiter vers les études se- et selon qu'il s'agit de zones urbaines ou rura- condaires sont, plus minimes que celles des les. Les tableaux VI.4, VI.5 et VI.6 et les garçons avec taux de transition effectif entre la graphiques VI.6 et VI.7 et VI.8 ci-après don- 6ème et la 7ème respectivement de 84 et 75 % pour nent les profils de scolarisation et de rétention les garçons et les filles. Pour 53 % des garçons pour des groupes de population en croisant la du pays qui ont accès au secondaire, les filles, zone d'habitat et le sexe. avec un taux de 27 % n'ont qu'une faible repré- L'analyse des données par zone fait ressortir sentation, soit la moitié. les écarts selon la situation géographique. On La durée dans le premier cycle secondaire est estime à 83 % le taux d'accès en 1ère année en un peu moins bonne chez les filles que chez les zone rurale contre presque 100 % en zone ur- garçons. Sur 100 filles entrées au collège seules baine, soit une différence de 17 points; mais 75 accèdent en fin de cycle alors que 90 garçons cet écart se creuse pour les classes suivantes. sur 100 entrés arrivent à ce niveau. Cependant, on peut imaginer que cela soit Au lycée, la situation est très semblable; avec causé par un problème de données ou corres- un taux de transition effectif collège/lycée égal à ponde à un phénomène de rattrapage c'est à 87 % pour les garçons contre 72 % pour les filles dire que plusieurs cohortes entrent à l'école la et taux de survie au lycée est de 81 % pour les même année. garçons et de 57% pour les filles. Notons que la L'* marque le fait qu'une forte proportion présence de l'examen Baccalauréat 1 en fin de d'enfants entrent directement en 2ème année. On deuxième année de lycée ainsi que la reconnais- peut donc présenter le même tableau en prenant sance de ce diplôme sur le marché du travail et pour hypothèse que la première année est en dans les enseignements techniques et supérieurs, réalité l'année de 2ème. sous estiment artificiellement les taux de survie au Au niveau de la survie, les écarts vont dans le lycée. En ne considérant que les deux premières même sens; alors que le taux de rétention 1ère- années du lycée, c'est-à-dire avant le baccalauréat 6ème (resp. 2ème-6ème) moyen vaut 87 % (resp. 86 1, le taux de survie est de 93% pour les filles alors %) en milieu urbain il n'est que de 66 % (resp. qu'il se rapproche de 100% pour les garçons. 68%) en moyenne en zone rurale. En consé- La combinaison de l'accès et de la rétention quence, l'accès 6ème, donc à une chance dans les différents cycles a comme conséquence d'alphabétisation irréversible, n'est acquis que des taux d'accès en fin de lycée qui sont très en par 36 % des enfants de zone rurale contre 72 faveur des garçons. Sur une cohorte de 100 gar- % de ceux de zone urbaine. Ces observations çons guinéens, 20 d'entre eux atteignent la classe soulignent que l'essentiel des progrès qui sont à de 12ème et 15 la classe de terminale; pour les faire en matière de scolarisation dans les pro- filles, ces chiffres ne valent respectivement que chaines années seront principalement consacrés 7 et 5 (cf. tableau VI.2). Néanmoins, on peut aux zones rurales qui présentent des difficultés remarquer que la situation s'est globalement spécifiques (liées à ces zones). améliorée entre l'année 2000 et l'année 2004 en Si on croise la dimension urbain/rural d'une terme d'accès et de rétention, et que les filles part, sexe de l'autre, les écarts sont encore plus ont largement profité de cette évolution. larges tant en ce qui concerne l'accès en 1ère (113 150 Le Système Educatif Guinéen Tableau VI.4. % d'enfants accédant à chaque classe en 2002­03, d'après les données du QUIBB63 Zone rurale Zone urbaine Année Garçons Filles Total Garçons Filles Total 1ère 93,5 71,4 82,6 112,7 87,8 99,8 2ème 78,5 60,1 69,6 122,0* 116,5* 119,2* 3ème 71,5 49,5 60,8 107,5* 100,1* 103,8* 4ème 60,0 42,5 51,4 106,3* 86,3 96,1 5ème 52,5 34,1 43,5 86,6 70,9 78,6 6ème 47,0 25,9 36,5 78,4 65,7 71,8 *: entrée directe en 2ème année de certains enfants, et/ou phénomène de rattrapage. Tableau VI.5. Taux (%) de survie 1ère-6ème année par niveau et par zone d'habitat en 2003­04 (données du Service de Statistique; enquête annuelle du MEPU-EC) Zone rurale Zone urbaine Année Garçons (%) Filles (%) Total (%) Garçons (%) Filles (%) Total (%) 1ère 100 100 100 100 100 100 2ème 105,3* 90,0 98,1 105,6* 97,8 101,8* 3ème 94,0 82,1 91,1 111,1 95,5 103,4 4ème 91,2 73,8 82,6 105,4 87,4 96,4 5ème 89,3 64,2 73,1 102,5 79,6 91,2 6ème 91,4 57,6 66,3 99,6 74,3 87,0 L'* marque le fait qu'une forte proportion d'enfants entrent directement en 2ème année. On peut donc présenter le même tableau en prenant pour hypothèse que la première année est en réalité l'année de 2ème. % pour les garçons urbains et seulement 71 % 63 Le QUIBB permet de calculer les taux d'accès en pour les filles rurales) qu'en 6ème avec 78 % des prenant pour référence, non pas la population en garçons urbains qui atteignent ce niveau alors âge de fréquenter le cycle considéré (par exemple que ce n'est le cas que de 26 % des filles en mi- la population de 7 ans pour la 1ère), mais une esti- lieu rural, soit trois fois moins en proportion. mation de la population qui pourrait effectivement Dans la perspective de la stratégie de lutte con- le fréquenter (soit une partie des enfants de 5, 6 7, tre la pauvreté, il ne fait pas de doute cibler cette 8 et 9 ans pour la 6ème) en se basant sur les âges effectifs des enfants scolarisés. De plus, dans le dernière population nécessite une attention par- QUIBB, les données scolaires (numérateur des ticulière ou un regard particulier. taux) et les données démographiques (le dénomi- En ce qui concerne la rétention des élèves en nateur) sont issues de la même source, ce qui est cours de cycle primaire, les chiffres sont géné- un avantage considérable. Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 151 Tableau VI.6. Taux (%) de survie 2ème-6ème par niveau et par zone d'habitat en 2003­04 (données du Service de Statistique; enquête annuelle du MEPU-EC) Zone rurale Zone urbaine Année Garçons Filles Total Garçons Filles Total 2ème 100 100 100 100 100 100 3ème 94,0 91,2 92,8 105,2 97,6 101,6 4ème 85,7 82 84,2 99,7 89,3 94,8 5ème 76,5 71,3 74,5 97,1 81,4 89,6 6ème 69,9 63,9 67,6 94,3 76,0 85,5 ralement bons pour les garçons tant en milieu seulement 58 % (64 % pour la rétention 2ème- urbain que rural (99,6 et 91,4 % si on s'inté- 6ème) en milieu rural. Les filles en milieu rural resse à la survie 1ère-6ème et 94 et 70 % pour le font face a plus de dilemmes ; on doit donc taux de survie 2ème-6ème). Par contre, pour les analyser avec plus de précisions les mesures filles, si les chiffres sont en général faibles, ils appropriées visant à définir un remède à cette le sont spécialement pour les filles en milieu situation. rural. En effet, le taux de rétention de la 1ère à A l'intérieur des deux types de zones de sco- la 6ème est estimé à 74 % (76 % pour la réten- larisation, on retrouve des différences entre tion 2ème-6ème) en milieu urbain, mais il atteint garçons et filles. En milieu urbain, les filles ont Graphique VI.6. Proportion de la classe d'âge atteignant au moins telle classe par zone d'habitat et sexe dans le primaire, 2003 120% 119% 108% 110% 113% 117% 106% 104% 100% 100% 100% 94% 90% 96% 87% 88% 79% 78% 80% 83% 86% 72% 79% 71% 70% 70% 72% 71% 61% 60% 60% 66% 60% 51% 53% 50% 47% 50% 44% 40% 37% 43% 30% 34% 26% 20% 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème Garçons ruraux Filles rurales Total ruraux Garçons urbains Filles urbaines Total urbains 152 Le Système Educatif Guinéen Graphique VI.7. Profil de rétention 1ère ­ 6ème par sexe et par zone de scolarisation en 2004 120% 111% 110% 105% 105% 106% 103% 100% 100% 100% 96% 98% 91% 94% 90% 91% 90% 89% 87% 80% 82% 80% Garçons ruraux 74% 70% 74% Filles rurales Garçons urbains 64% 60% Filles urbaines 58% 50% 1ère 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème Graphique VI.8. Profil de rétention 2ème -6ème par sexe et par zone de scolarisation en 2004 110% 105% 100% 100% 100% 98% 97% 94% 94% 89% 90% 91% 86% 81% 80% 82% 77% 76% Garçons ruraux Filles rurales 70% 71% Garçons urbains 70% Filles urbaines 64% 60% 2ème 3ème 4ème 5ème 6ème des taux d'accès bien inférieurs à partir du 4ème64, fois l'accès en 1ère (71 % pour les filles contre 93 et elles ont plus de difficultés que les garçons à % pour les garçons) et la rétention en cours de rester dans le cycle jusqu'à sa fin (moins d'1 % cycle (taux de survie 1ère-6ème de 58 % (resp. 64 des garçons abandonnent avant la 6ème contre 25 % des filles). En milieu rural, les différences entre filles et 64On néglige ici le taux d'accès en 1ère, puisque de garçons sont plus marquées, elles incluent à la nombreux enfants accèdent directement en 2ème. Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 153 Graphique VI.9. Profil simplifié de scolarisation au niveau primaire par région en 2003­04 120% Boké 110% Conakry 100% Faranah Kankan 90% Kindia 80% Labé Mamou 70% N'zérékoré 60% 50% 40% 30% 1ère 6ème % pour la 2ème-6ème) pour les filles et de 91 % ter-régionales importantes. Alors qu'un enfant (resp. 70 %) pour les garçons). de Conakry a 9 chances sur 10 d'être scolarisé On retrouve bien sur ce graphique, pour les jusqu'en 6ème année, et donc de devenir un urbains, la «bosse» en 2ème évoquée au chapitre alphabète durable, celui de la région de Kankan 2. L'arrivée directe en 2ème concerne donc essen- a un peu moins de 4 chances sur 10 d'atteindre tiellement les enfants vivant en ville (ceux qui ce niveau de scolarisation. Les régions de ont été scolarisé en préscolaire et qui sont dis- Mamou et Boké témoignent de gros problèmes pensé de 1ère). en ce qui concerne la rétention. En effet, seuls 7 enfants sur 10 accèdent à l'école primaire, et I.3 Les disparités suivant les régions parmi eux, seuls 6 enfants sur 10 entrés en 1ère finissent le cycle. Kankan, Mamou et dans une La Guinée est divisée en 8 régions scolaires (IRE : moindre mesure Labé souffrent d'un très faible Inspections Régionales d`Education) : Conakry, accès en 6ème, puisque moins de 4 enfants sur 10 Faranah, Kankan, Kindia, Labé, Mamou, dans cette région vont accéder à la 6ème. N'Zérékoré et Boké. A partir des données dé- Lorsque l'on croise la région avec le sexe, là mographiques par âge de chacune de ces régions encore on remarque de grandes différences en- et des données scolaires, il est possible d'estimer tre les régions sur la discrimination par le genre. les profils de scolarisation et de rétention moyens L'indice de parité entre les sexes calculé sur l'ac- par genre de chaque région. cès en 6ème, varie de 0,55 à Kankan ou 0,57 à Conakry sort du lot avec un profil de scolari- Faranah à 0,70 dans la région de Labé. sation bien meilleur que celui des autres régions, C'est donc dans l'une des régions où la scola- ce qui n'est pas surprenant. Faranah et Kindia risation est la plus en retard (seuls 4 enfants de ont des profils sensiblement équivalents. Néan- Labé sur 10 accèdent à la 6ème) que l'écart entre moins, la situation présente un contraste global. les sexes est la plus petite. Ce dernier résultat En effet, le tableau VI.6 et/ou du graphique nous conduit à l'hypothèse selon laquelle il existe VI.9, montre qu'il existe des dissimilitudes in- une lacune au niveau des infrastructures scolaire 154 Le Système Educatif Guinéen Tableau VI.7. Taux (%) d'accès et de rétention 1ère-6ème selon le sexe et la région, 2003­04 Boké Conakry Faranah Kankan Kindia Labé Mamou N'zérékoré Garçons Taux d'accès en 1ère 83,4 125,9.65 100,4 88,0 98,3 86,2 80,8 87,8 Taux de rétention 1ère-6ème 64,6 86,7 78,5 78,0 74,5 72,5 63,7 73,8 Taux d'accès en 6ème 68,0 116,0 67,2 48,8 65,2 51,1 44,0 56,2 Filles Taux d'accès en 1ère 68,0 107,1 83,9 72,9 85,3 71,5 65,8 70,0 Taux de rétention 1ère-6ème 54,6 72,5 62,7 59,9 57,2 66,4 58,0 64,8 Taux d'accès en 6ème 39,3 70,6 38,6 26,6 38,3 35,8 26,9 32,7 Ensemble Taux d'accès en 1ère 75,7 115,7 92,2 80,5 92,0 78,6 73,5 78,7 Taux de rétention 1ère-6ème 60,4 79,6 72,1 70,4 66,8 69,6 61,3 69,8 Taux d'accès en 6ème 53,7 89,9 53,6 38,2 52,1 43,1 35,5 44,6 Indice de parité F/G Accès en 1ère 0,82 0,85 0,84 0,83 0,87 0,83 0,81 0,80 Rétention 1ère-6ème 0,85 0,84 0,80 0,77 0,77 0,92 0,91 0,88 Accès 6ème 0,58 0,61 0,57 0,55 0,59 0,70 0,61 0,58 dans cette région (lorsqu'il n'y a pas d'écoles née 2003­04, donne quelques informations fac- l'école n'existe ni pour les garçons ni pour les tuelles utiles. filles). Essayons de tester cette hypothèse pour Six indicateurs ont été érigés, : i) le nombre cette région ainsi que pour les autres. d'enfants de l'âge théorique du cycle dans la ré- La question est de connaître les raisons de ces gion par enseignant en poste dans la même spécificités régionales. En particulier, il est adé- région; ii) le nombre d'enfants de l'âge théori- quat de déterminer dans quelle mesure les que du cycle dans la région par salle de classe, situations de retard de scolarisation (en accès et iii) le nombre d'enfants de 7 ans par classe de en rétention) tiennent à une insuffisance des in- 1ère ouvertes dans la région, iv) la moyenne sur frastructures (contraintes d'offre) ou à une les différentes préfectures de la région des coef- demande insuffisante de scolarisation de la part ficients de variation (écart-type divisé par des parents. Cette question est évidemment dif- moyenne) de la distance de l'école à la préfec- ficile. Cela dit, en l'absence d'une étude très ture : cet indicateur est une mesure de la détaillée, on peut aller un peu dans cette direc- tion en examinant la structure de l'offre scolaire dans les différentes régions du pays et en la com- 65 Les taux d'accès en 1ère supérieurs à 100% signi- parant aux résultats de scolarisation. fient que plus d'enfants que ceux de l'âge théorique Le tableau VI.8, ci-après, construit à partir d'entrée (7 ans), accèdent à l'école primaire, ceci des données scolaires du cycle primaire de l'an- étant essentiellement dû aux entrées tardives. Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 155 Tableau VI.8. Disparités régionales dans l'offre scolaire dans l'enseignement primaire, 2003­04 Boké Conakry Faranah Kankan Kindia Labé Mamou N'zérékoré Guinée Indicateur d'offre d'accès Nombre d'enfants de 7­12 ans par enseignant en poste 66,7 28,6 57,7 73,6 51,9 78,8 66,0 71,9 55,7 Nombre d'enfants de 7­12 ans par salle de classe 61,1 31,3 54,8 63,4 51,9 67,7 50,7 62,9 52,4 Nombre d'enfants de 7 ans 80,8 29,5 63,7 79,8 54,9 80,6 80,8 75,3 61,0 par classe de 1ère ouverte dans la région Coefficient de variation de la 0,80 0,71 0,73 0,76 0,88 0,88 0,76 0,79 0,97 distance des écoles à la préfecture Indicateur d'offre de rétention % d'élèves dans une école 10,2 5,4 7,6 12,6 9,2 7,9 7,5 9,4 8,5 n'offrant pas la continuité du cycle % d'élèves du CI dans une 19,5 9,7 15,9 18,7 14,7 14,0 12,5 16,2 14,8 école n'offrant pas la continuité du cycle couverture géographique en termes de présence maire, ce sont les régions de Labé, Kankan, d'écoles dans la région, v) la proportion des élè- N'zérékoré, et dans une moindre mesure Boké ves de la région scolarisés dans une école et Mamou, qui sont les plus défavorisées. On ne n'offrant pas la continuité éducative complète66; compte, par exemple, qu'un enseignant pour et enfin, vi) la proportion des nouveaux entrants près de 79 enfants d'âge scolaire dans la région de 1ère scolarisés dans une école n'offrant pas la de Labé, contre 1 pour 58 pour Faranah ou 1 continuité éducative complète. pour 52 dans la région de Kindia. C'est à Co- Les quatre premiers indices sont plutôt des nakry que l'offre d'éducation primaire est sans mesures de l'offre éducative en ce qui concerne conteste la plus favorable. l'accès alors que les deux derniers mesurent plu- Pour ce qui est de la rétention, ce sont les ré- tôt l'offre éducative en ce qui concerne la gions de Kankan, Boké, Kindia et N'zérékoré rétention dans le cycle même si les deux types qui apparaissent défavorisées de par l'offre de d'indicateurs ne sont pas indépendants ; par continuité éducative présente. exemple plus il y a d'enseignants et/ou de salles de classes dans une région, et plus les chances d'offrir la continuité éducative sur tout le cycle 66 Une école offre la continuité éducative complète sont élevées. si les élèves inscrits à un niveau donné une année En ce qui concerne les facteurs qui influent donnée ont la possibilité de suivre le niveau supé- sur l'offre éducative pour l'accès à l'école pri- rieur l'année suivante. 156 Le Système Educatif Guinéen Tableau VI.9. Disparités régionales dans l'offre scolaire dans l'enseignement primaire, 2003­04 Total Régions Boké Conakry Faranah Kankan Kindia Labé Mamou N'zérékoré Guinée Taux de rétention 60,4 79,6 72,1 70,4 66,8 69,6 61,3 69,8 69,8 1ère-6ème (%) Taux de rétention 85,8 88,8 90,5 87,7 78,1 75,8 72,5 91,5 84,1 1ère-6ème dans les écoles offrant la continuité éducative (%) Gain en points de 25,4 9,2 18,4 17,3 11,3 6,2 11,2 21,7 14,3 rétention avec continuité éducative généralisée Dans les régions de Boké et Kankan, plus de rait passer le taux de survie que de 70 % à 76 10 % des élèves sont dans des écoles qui ne leur %; il est donc nécessaire d'imaginer d'autres permettent pas de faire un cycle primaire com- types de solutions pour augmenter la rétention plet. Une étude plus fine de l'ampleur des pertes dans cette région. d'élèves dues aux discontinuités de l'offre édu- Une autre méthode pour évaluer les parts res- cative, il est intéressant de calculer, pour chaque pectives du manque d'offre et de demande dans région, le taux de rétention des écoles offrant la l'explication de la faiblesse des scolarisations continuité éducative et , comparer avec le taux (accès et rétention) est de mettre en avant les de rétention effectif constaté dans la région de- résultats, c'est à dire les taux effectifs d'accès en meure intéressant. En soustrayant les deux taux 1ère année et de rétention au cours du cycle pri- on a une mesure de l'importance du manque maire des régions avec des indicateurs d'offre d'offre dans l'explication de la faiblesse de la d'accès et de continuité. rétention. Si la différence est grande cela signi- Pour construire les deux indicateurs d'offre, fie qu'une politique d'offre aura des effets deux Analyses factorielles sont réalisée en Com- importants, si au contraire la différence est fai- posantes Principales67, une première sur les 4 ble, cela signifie que les politiques les plus premiers indicateurs du tableau VI.8, et une se- pertinentes seront des politiques axées sur la conde sur les deux derniers indicateurs. La demande (qui peuvent être des politiques de coordonnée de chaque région sur le premier axe transformations de l'offre). Le tableau VI.9 qui factoriel de la première ACP va nous permettre suit, donne les résultats : Les des chiffres du tableau VI.9, montrent des politiques habituels d'offre auront des impacts très importants sur la survie des élèves dans le 67 L'Analyse en Composantes Principales (ACP) est cycle primaire, dans les régions de Boké et une méthode statistique qui permet de projeter des individus (dans le cas présent les régions) dans un N'zérékoré et des effets assez importants dans nouveau plan dont les axes, indépendants les uns les régions de Faranah et Kankan. des autres, vont permettre de disperser au maxi- Pour la région de Labé, la mise à disposition mum les régions. Le premier axe est celui qui de cycles complets dans toutes les écoles ne fe- synthétise le maximum d'information. Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 157 Graphique VI.10. Taux d'accès 1ère année et Index d'offre éducative par région en 2003­04 120% y = 0,0673x + 0,8586 R2 = 0,8374 Conakry 110% année 100% 1ère Faranah Kindia en 90% d'accès Kankan 80% Labé N'zérékoré auxT Boké Mamou 70% 60% ­3 ­2 ­1 0 1 2 3 4 5 Index standardisé d'offre éducative (écoles, enseignants) de définir un indicateur d'offre d'accès, et la dans les écoles incomplètes) dans ces régions, coordonnée de chaque région sur le premier axe notamment dans celles où les taux d'accès et/ou de la seconde ACP nous donnera un indicateur de rétention sont (relativement) bas, auront des d'offre de continuité. impacts positifs forts. Ainsi, on peut considérer On peut alors identifier, sur un même gra- que les régions situées au dessus de la droite, phique, la position de chaque région en fonction mais avec une abscisse négative ont un problème de l'indicateur d'offre qui la caractérise (en ter- d'offre (elle est plus faible que la moyenne) et mes d'accès, puis de continuité), et du résultat que ces régions doivent être prioritaires pour des qu'on peut lui associer (i.e. le taux d'accès en interventions de constructions scolaires du gou- 1ère, puis le taux de rétention 1ère-6ème). Le gra- vernement ou des partenaires techniques et phique VI.10 présente cette démarche en ce qui financiers et pour les allocations de personnels concerne l'accès. correspondant. Même si il existe une relation significative Au contraire , les régions qui se situent en entre l'offre éducative et les résultats de couver- dessous de la droite de régression sont celles où ture en termes de taux (liaison beaucoup plus il existe un manque du coté de la demande, puis- forte pour l'accès), il existe de la dispersion qu'à offre donnée, elles ont des résultats moins autour de la droite de régression ce qui signifie bons que la moyenne. Il faudra alors envisager que l'adéquation entre offre et scolarisation dif- d'autres types de politiques (par exemple sub- fère suivant les régions. Les régions au dessus ventions éducatives à l'attention des ménages les de la droite de régression sont celles où l'utilisa- plus pauvres pour diminuer le coût d'opportu- tion de l'offre, à niveau donné, est plus efficiente nité perçu par les parents, ou modification de que la moyenne, puisque les résultats sont parmi l'offre pour qu'elle corresponde mieux aux at- les meilleurs. On doit donc anticiper que des tentes) dans ces régions si l'on veut améliorer la politiques d'offre (construction de salles, allo- couverture scolaire de façon plus notoire. Ce- cation de maîtres, ouverture de nouvelles classes pendant, deux cas de figure existent. Les régions 158 Le Système Educatif Guinéen Graphique VI.11. Taux de rétention 1ère ­ 6ème et Index standardisé d'offre de continuité éducative par région en 2003­04 85% y = 0,0193x + 0,6875 R2 = 0,2121 80% Conakry 1ère-6ème 75% Faranah Kankan rétention N'zérékoré 70% Labé de Kindia auxT 65% Mamou Boké 60% ­3 ­2 ­1 0 1 2 3 Index standardisé d'offre éducative (continuité) dans le cadran inférieur du graphique connais- une abscisse négative, une double politique de- sent des problèmes de demande simple vant donc être mise en place. lorsqu'elles ont une abscisse positive (qui signi- Le graphique VI.11 peut être construit selon fie qu'elles ont en moyenne une offre plus des modalités semblables pour la rétention. importante que la moyenne), et à la fois des pro- On peut enfin résumer ces informations sur blèmes d'offre et de demande lorsqu'elles ont le graphique VI.12. Graphique VI.12. Indicateur de résultats et Index d'offre éducative par région 120% 110% Pas de problème 100% résultat de 90% Problème 80% Indicateur problème de demande d'offre Problème d'offre et 70% de demande 60% ­3 ­2 ­1 0 1 2 3 4 5 Index standardisé d'offre éducative Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 159 Illustration VI.1. Problème d'offre et de demande en termes d'accès au niveau régional Illustration VI.2. Problème d'offre de continuité et de rétention au niveau régional 160 Le Système Educatif Guinéen Ainsi, en reprenant les graphiques VI.10, demande en matière de rétention sont tous à VI.11 et VI.12, on peut représenter sur une carte l'ouest, celles présentant des problèmes de de- les problèmes majeurs de chacune des régions mande sont au centre et celles avec des problèmes en termes d'accès et de rétention décelés sur les d'offre à l'ouest. graphiques VI.10 et VI.11. On remarque que Faranah et Conakry ne con- Les problèmes liés à l'offre en matière d'ac- naissent ni problème d'offre, ni problème de cès sont prépondérants puisque 5 des 8 régions demande de façon général, que ce soit pour la guinéennes sont concernées, alors que l'on n'ob- rétention ou l'accès. Kankan et Labé connaissent serve des problèmes de demande que dans trois des problèmes d'offre pour la rétention et l'ac- régions. Seuls Faranah, Kindia et Conakry pré- cès, et enfin Boké et Mamou connaissent quant à sentent à la fois une offre et une demande elles à la fois des problèmes d'offre et de demande, satisfaisante en terme d'accès. aussi bien pour la rétention que pour l'accès. On réalise le même type de carte pour l'offre Bien que ces résultats donnent des indications, de continuité éducative et la rétention. il convient de faire une analyse plus précise_ en Faranah et Conakry se démarquent favora- étudiant les écarts au niveau des préfectures. blement tant en termes d'offre de continuité que de rétention. Quatre régions sur les huit présen- I.4 Les disparités suivant les préfectures tent des problèmes de demande ou d'offre, et deux d'entre elles présentent les deux problè- Observons donc tout d'abord, les taux d'accès mes à la fois. La répartition des problèmes et de rétention dans le cycle primaire par pré- semble régionale puisque généralement, les ré- fecture. Le graphique VI.13 qui suit donne ces gions présentant des problèmes d'offre et de taux par préfecture. Graphique VI.13. Accès et rétention par préfecture en 2003­04 120% N'zérékoré Lola Kissidougou Matoto 110% Faranah Boffa Dubréka Kindia 100% Beyla Fria Mamou Kouroussa 1ère 90% Kérouané Guinée Kankan en Koubia Dixinn Mali Siguiri 80% Forécariah Koundara Labé Matam d'accès Yomou Tougué 70% Macenta Boké auxT Dinguiraye* Lélouma Kaloum Pita Télimé 60% Dalaba 50% Gaoual Mandiana Guékédou 40% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% 110% 120% taux de rétention1ère-6ème *: Il est possible que le taux de rétention de Dinguiraye ait été sous-estimé au profit de Dabola qui présente un taux anormalement élevé (non représentée sur le graphique). Le fait qu'elles soient limitrophes laisse à penser qu'il y a certainement eu un problème de collecte de données démographiques entre ces deux préfectures ou qu'il y ait eu un mouvement migratoire entre les deux préfectures. Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 161 Illustration VI.3. Accès et rétention au niveau des préfectures en 2003­04 Les taux d'accès en 1ère pour Coyah et Ratoma sentée par le point «Guinée» et ainsi pu répar- sont anormalement élevés (non présentés sur le tir les préfectures en quatre groupes, représentés graphique), de même que le taux d'accès pour par les quatre quadrants du graphique. Le qua- Dabola68, et ceci probablement à cause d'un pro- drant Nord-Est contient les préfectures blème de collecte de données ou à un transfert présentant une situation plus favorable que la massif d'élèves entre deux régions. Nous n'en moyenne nationale à la fois en termes d'accès tenons donc pas compte dans l'analyse. et en termes de rétention. Dans le quadrant Néanmoins, la première observation notable Nord-Ouest figurent les préfectures dans les- montre que les écarts entre les préfectures sont très élevés, que ce soit en termes d'accès en 1ère ou en termes de rétention entre la 1ère et la 6ème. Pour ce qui est de la rétention dans le cycle, les 68 Le fait que les préfectures ayant les valeurs extrê- différences entre préfectures sont également im- mes du taux d'accès (le maximum pour Dabola et portantes puisque le taux de survie s'étend de une des valeurs minimales pour Dinguiraye) soient 36 % dans la préfecture de Beyla à 100 % pour limitrophes laissent à pense qu'il y a certainement un problème de données démographiques d'une Kaloum. préfecture au profit de l'autre, le taux d'accès de Nous avons mis en évidence le graphique Dabola est sur-estimé et celui de Dinguiraye sous- VI.13 sur la situation moyenne nationale repré- estimé). 162 Le Système Educatif Guinéen quelles les enfants accèdent plus que la moyenne peut représenter l'information du graphique nationale à l'école primaire mais y abandonnent VI.13 sur la carte des préfectures. plus également. Le quadrant Sud-Est, lui, con- Essayons maintenant d'utiliser la méthode tient au contraire les préfectures ayant un taux graphique de confrontation de l'offre et des ré- d'accès plus bas que la moyenne et un taux de sultats en termes d'accès et de rétention. Les deux survie plus élevé. Enfin, le quadrant Sud-Ouest graphiques VI.11 et VI.12 suivants mettent en est constitué des préfectures les plus désavanta- regard les index d'offre éducative dans chaque gées, celles ayant des taux d'accès et de rétention préfecture avec ses résultats (accès et rétention). inférieurs à la moyenne. Il est certain que dans Tout comme pour les précédentes, régions, il l'optique de la scolarisation primaire universelle est possible de classer les préfectures suivant la il sera indispensable de redoubler d'efforts dans prépondérance du facteur explicatif du retard ces préfectures. A l'intérieur de cette catégorie, dans la scolarisation, en séparant l'accès et la on voit que trois préfectures sont encore plus rétention. Nous appliquons donc la même mé- en retard que les autres : Gaoual, Dinguiraye et thode que celle utilisée pour les régions, et nous Télimé. Dans ces préfectures moins d'un enfant représentons directement la carte de la Guinée sur 2 atteint la 6ème, ce qui montre l'ampleur du en coloriant différemment les préfectures ayant défi à relever pour atteindre la généralisation plutôt des problèmes d'offre, ou de demande, de l'achèvement du cycle primaire en 2015. On voire les deux. Illustration VI.4. Problème d'offre et de demande éducative en termes d'accès au niveau des préfectures en 2004 Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 163 Illustration VI.5. Problème d'offre et de demande éducative en termes de continuité au niveau des préfectures en 2004 On retrouve la tendance ébauchée au niveau l'analyse s'avère être beaucoup plus complexe. régional. Néanmoins, cette dernière analyse per- 16 préfectures connaissent des problèmes d'of- met de mieux cibler les zones où il est nécessaire fre, 18 de demande, et 7 les deux. d'agir en priorité, puisqu'au sein de certaines A travers ces deux dernières cartes, il appa- régions apparaissent d'importants écarts dispa- raît nécessaire de traiter les problèmes de rités. Par exemple, pour la région de N'zérékoré demande et d'offre, aussi bien pour l'accès que qui connaît globalement des problèmes d'offre pour la rétention, au niveau des préfectures, et de demande en matière d'accès selon l'ana- puisque la réalité esquissée par l'analyse régio- lyse régionale, il apparaît que ce sont en fait trois nale reflète assez mal les problèmes que l'on peut préfectures qui la composent, Gueckedou, percevoir dans ces entités. Macenta et Yomou qui présentent des problè- mes notables, et non Beyla, N'zérékoré ou Lola. Au contraire, les régions de Kindia et Faranah II. La répartition se composent de préfectures ou il existe à la fois des ressources publiques des problèmes d'offre et de demande, ce que ne au sein d'une cohorte laissait pas présager l'analyse régionale. Alors que la situation semblait assez homo- L'idée générale de cette analyse nous montre que gène entre deux régions frontalières Nord-Sud, du fait de leur scolarisation, les individus accu- 164 Le Système Educatif Guinéen mulent des ressources publiques. Ceux qui n'ont sur un plan structurel, sera la répartition des pas accès à l'école ne bénéficient donc d'aucune crédits publics mobilisés pour le secteur de des ressources publiques mises par le Gouver- l'éducation. nement à disposition de son système éducatif. ii) le second niveau, soit la sélectivité sociale, Par contre, ceux qui fréquentent l'école, et ce prend les disparités structurelles comme l'en- d'autant plus qu'ils y vont longtemps en ayant veloppe au sein de laquelle les disparités entre accès à des niveaux éducatifs caractérisés par groupes (selon le sexe, l'origine sociale ou des coûts unitaires plus élevés, vont s'appro- géographique, le groupe de revenu) dans les prier tout au long de leur scolarité un certain scolarisations vont résulter en différenciations volume de ressources publiques. De ce fait, la sociales dans l'appropriation des ressources répartition des ressources publiques en éduca- publiques mises à disposition du secteur par tion au sein d'une génération d'enfants va le pays. dépendre d'une part i) de la répartition du ni- veau terminal de scolarisation au sein d'une Bien sûr, un pays peut avoir une distribution génération de jeunes (et éventuellement des dis- structurelle assez bonne (ou mauvaise) et une parités sur ce plan entre les différents groupes sélectivité sociale qui peut en principe être elle- constitutifs de la population) et ii) de la struc- même forte ou bien non; cela dit, il est clair que ture des dépenses par élève aux différents la loi sociologique, qui veut que lorsque la dis- niveaux d'enseignement. Dans cette analyse, ponibilité d'un bien désirable est faible ce sont deux niveaux complémentaires peuvent être dis- les segments les plus favorisés qui en profitent tingués : le plus, a tendance à s'appliquer; on trouve ainsi en général que la sélectivité sociale est souvent i) le premier niveau, dit structurel, tient de plus intense quand l'inégalité structurelle est plus façon première à la structure moyenne des colossale. scolarisations et à la distribution des Examinons en premier lieu la dimension struc- scolarisations terminales par niveau d'ensei- turelle de la répartition des crédits publics en gnement d'une part, et à la structure des éducation, pour aborder ensuite des éléments dépenses publiques par élèves d'autre part. concernant la sélectivité sociale dans la réparti- A ce niveau d'analyse, on ne fait référence ni tion des ressources au sein du système éducatif aux caractéristiques personnelles ni à l'ap- guinéen. partenance à un groupe social ou géographique de ceux qui ont des scolarités II.1 La dimension structurelle plus ou moins longues ou plus ou moins réus- de la distribution des ressources sies. Dans cette perspective est la proportion en éducation de la classe d'âge qui a accès à l'école pri- maire est large, et la croissance des coûts Une première étape est de déterminer la distri- unitaires avec le niveau éducatif est faible, bution du niveau terminal de scolarisation au et, la répartition des crédits publics mis à la sein d'une cohorte de jeunes du pays; une se- disposition du système d'enseignement sera conde étape est de définir le volume de moins structurellement égale. Par contre, plus ressources publiques accumulées jusqu'à forte est la proportion de la classe d'âge qui chacun de ces niveaux terminaux de scolari- n'a pas accès à l'école, et plus élevés, en ter- sation. On peut aisément passer des données mes relatifs, sont les coûts unitaires des de scolarisation à un moment donné à celles niveaux élevés du système (par rapport à correspondant aux niveaux de sortie du sys- ceux des premiers niveaux), au bénéfice donc tème scolaire en se situant dans une logique du petit nombre qui y a accès, plus inégale, selon laquelle les informations transversales Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 165 Tableau VI.10. Distribution structurelle des ressources publiques en éducation au sein d'une cohorte de 100 enfants (données transversales de l'année 2000) % cohorte Ressources publiques Ressources publiques (Francs Guinéens) (Francs Guinéens) Nombre Niveau de Niveau Niveau de Niveau Accumulées Proportion d'années scolarisation terminal scolarisation terminal par le groupe (%) Aucune scolarisation 0 33 33 0 0 0 0 Primaire 6 67 37 301 752 301 752 11 164 824 20,6 1er cycle secondaire 4 30 18 377 232 678 984 12 221 712 22,5 2nd cycle secondaire 3 12 9 565 848 1 244 832 11 203 488 20,6 Supérieur 3 3 3 5 324 193 6 569 025 19 707 075 36,3 Ensemble -- 100 -- -- 54 297 099 100 peuvent être transcrites dans une perspective 678 984 Francs Guinéens de ressources publi- temporelle69. ques [(301 752 + (94 308 x 4 années)]. Si 12 Sur la base des données sur les scolarisations élèves accèdent au second cycle du niveau secon- (chapitre 2 de ce rapport), il est possible de trans- daire alors qu'il n'y en a que 3 qui fréquentent former les informations sur les taux de l'enseignement supérieur, cela veut dire que 9 élè- scolarisation en données sur la distribution du ves ont le lycée comme niveau terminal de niveau terminal de scolarisation pour une cohorte scolarisation. Les dépenses cumulées par ces der- de 100 élèves. Ainsi, on indique que sur une co- niers au cours de l'ensemble de leur cursus horte de 100 enfants, 33 n'ont pas été scolarisés scolaire est de 1 244 832 Francs Guinéens [678 et de ce fait n'ont bénéficié d'aucune ressource 984 + (188 616 x 3 années)]. Enfin, il y a 3 en- publique. Si le taux de scolarisation de l'ensei- fants sur une cohorte de 100 qui accèdent à gnement primaire est de 67 % alors que seulement l'enseignement supérieur et les ressources budgé- 30 élèves ont fréquenté le premier cycle du se- taires accumulées par ceux-ci sont de 6 569 025 condaire, cela veut dire que 37 élèves (67 ­ 30) Francs Guinéens [(1 244 832 + 1 774 331 x 3] ont eu le primaire comme niveau terminal de sco- pour les études suivies du primaire au supérieur. larisation. Les dépenses budgétaires accumulées Le tableau VI.10, ci-après, présente les don- de ce fait (données de base dans le chapitre 3) par nées correspondant aux niveaux terminaux de chacun d'entre eux sont de 301 752 Francs Gui- néens (50 292 Francs Guinéens x 6 années). De la même manière, 18 enfants sur 100, ont 69 On accepte ainsi l'argument selon lequel les ob- le collège comme niveau terminal de scolarisa- servations disponibles de façon transversale tion (TBS du premier cycle secondaire : 30 ­ TBS donnent une image raisonnable des chances de du second cycle secondaire : 12 ). En tenant scolarisation d'une cohorte d'enfants. Des simu- lations permettent de mesurer que les estimations compte des dépenses faites pour eux au niveau faites sur données transversales tendent plutôt à primaire plus celles réalisées au niveau du pre- sous-estimer le degré d'inégalité existant sur don- mier cycle secondaire, chacun de ces enfants aura nées longitudinales, mais que cette sous-estimation accumulé sur l'ensemble de sa carrière scolaire est relativement modeste dans la majorité des cas. 166 Le Système Educatif Guinéen scolarisation, ainsi que les résultats obtenus sur Alors que la diagonale OB correspond à la la répartition structurelle des ressources publi- situation de distribution égalitaire dans laquelle, ques en éducation. quel que soit X, X % de la cohorte obtient exac- Les chiffres rapportés dans le tableau VI.10 tement X % des ressources publiques, on peut font état d'une certaine concentration des res- observer que la courbe de Lorenz (OMNPQB), sources en éducation, puisque d'une part 33 % qui correspond à la situation effective de la dis- des enfants ne disposent d'aucune ressources en tribution des ressources publiques en éducation éducation eu égard au fait qu'ils n'ont pas accès dans le pays, s'écarte de façon significative de à l'école, alors que d'autre part 3 % d'une classe cette référence égalitaire. Pour évaluer l'ampleur d'âge (ceux qui ont accès à l'enseignement su- de la déviation par rapport à la référence égali- périeur) mobilisent plus de 36 % du volume taire, deux indicateurs sont couramment global des ressources publiques mises à disposi- calculés : tion du secteur. Une façon habituelle de décrire cette distri- · le premier indice correspond au calcul du bution structurelle est de construire la courbe coefficient de Gini, qui est égal au rapport de de Lorenz; celle-ci est établie sur la base des va- l'aire comprise entre la courbe de Lorenz et leurs cumulées d'une part des individus de la la diagonale et de l'aire du triangle OAB. Cet cohorte et d'autre part du volume des ressour- indicateur est par définition compris entre 0 ces publiques accumulées par cette même et 1, sachant que plus la courbe de Lorenz cohorte d'enfants les indications données sont est proche de la diagonale, plus petite est sa donc souvent résumées par la courbe de Lorenz valeur numérique, et plus la distribution des par le calcul du coefficient de Gini qui synthé- ressources publiques dans le pays tend vers tise par un chiffre unique le degré de l'égalité. Dans le cas de la Guinée, la valeur concentration de la distribution des ressources estimée du coefficient de Gini pour l'année publiques. 2000 est estimée à 0,66, caractérisant une si- Graphique VI.14. Courbe de Lorenz de la distribution des ressources publiques en éducation B 100 90 80 50,8 % des ressources accumulés par les 10% 70 les plus éduqués Q 60 ressources 50 des P 40 cumulé 30 % N 10% les 20 plus éduqués 10 O M 0 A 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 % cumulé des indvidus Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 167 tuation relativement inégalitaire dans la struc- nent l'année 1993 alors que les données des pays ture de répartition des ressources publiques individuels valent pour l'année 2000 ou proche). entre les différents membres d'une génération. La comparaison des chiffres de la Guinée avec · le second indice est celui qui mesure la part ceux des trois groupes de pays pris en compte, des ressources publiques appropriées par les identifie la situation moyenne du pays quant à dix pour-cent les plus éduqués au sein de la la distribution structurelle de ses crédits publics cohorte. Dans le cas de la Guinée, cela signi- en éducation. Notons cependant qu'étant donné fie qu'on cherche les ressources appropriées que les moyennes des groupes de pays sont is- i) par ceux qui font des études supérieures sues de données plus anciennes, et qu'elles ont (environ 3 % de la cohorte) et ii) par 7 des 9 évolué vers plus d'équité, la Guinée a sans doute % de la cohorte qui ont le second cycle se- un niveau de concentration qui est aujourd'hui condaire comme niveau terminal de probablement un peu plus élevé que la moyenne scolarisation. On peut estimer que ces 10 % des pays africains francophones. les plus éduqués, en Guinée, s'approprient L'examen de la situation, non pas des moyen- environ 50,8 % des ressources publiques du nes de groupes de pays, mais celle des pays secteur de l'éducation. individuels aboutit à l'observation que la Gui- née sans atteindre le niveau très élevé de En termes de comparaisons internationales concentration des ressources du Niger (80 % avec ces deux chiffres du coefficient de Gini des ressources accumulés par les 10 % de nigé- d'une part, de la proportion des crédits publics riens les plus éduqués) ou même du Burkina Faso appropriés par les 10 % les plus éduqués dans et de Madagascar, admet un niveau de concen- une génération de jeunes, apparaissent dans la tration des ressources éducatives plus important moyenne des pays d'Afrique francophone. Le que celui du Togo, de la Mauritanie, du Bénin tableau qui suit situe la situation de la Guinée ou du Mozambique. par rapport à d'autres pays africains ainsi que Au-delà de la distribution structurelle des res- par rapport aux moyennes de groupes de pays sources défavorable, il ne fait aucun doute que (les moyennes pour les groupes de pays concer- les caractéristiques personnelles de ceux qui ont % crédits publics pour les 10 % les plus éduqués Coefficient de Gini Guinée 51 0,66 Bénin 44 0,45 Burkina Faso 55 0,75 Madagascar 64 0,75 Mauritanie 49 0,56 Mozambique 63 0,53 Niger 80 0,87 Togo 41 0,51 Afrique francophone 57 0,66 Afrique anglophone 53 0,62 Hors Afrique (PIB/tête<1000 USD) 31 0,40 168 Le Système Educatif Guinéen accès à l'éducation et aux ressources publiques niveau des individus. Le tableau VI.11, ci-après, (qui lui sont associées) ne sont pas distribuées donne une idée de la segmentation de la popu- de façon aléatoire et que des inégalités de na- lation selon le revenu du ménage et montre ture sociale au sens large viennent compléter la l'ampleur et la structure des inégalités sociales description. De plus, on doit s'attendre à cela sur l'ensemble du système éducatif guinéen. sachant que plus les différences sociales, au sens Dans ce tableau VI.11, la structure sociale large, on tendance à être marquée, plus les iné- (genre, revenu, milieu géographique) des jeunes galités structurelles sont profondes (par exemple, scolarisés aux différents niveaux d'enseignement plus un bien est rare, davantage ceux qui se l'ap- est connue. Le tableau peut être lu selon deux proprient ont tendance à être les plus forts). perspectives complémentaires : la première se tient aux chiffres bruts à chaque niveau d'ensei- II.2 La sélectivité sociale de la distribution gnement, alors que la seconde se base sur la des ressources en éducation comparaison des structures observées à chaque niveau d'enseignement avec celle prévalant de Nous procéderons ici en deux étapes : la pre- façon globale pour l'ensemble de la population mière examine la sélectivité sociale observée au de la même classe d'âge. différents niveaux d'enseignement selon les cri- tères tels milieu géographique et niveau de · Selon la première perspective, on peut obser- revenu ; la seconde consiste à introduire le ni- ver par exemple que 79 % des jeunes non veau des dépenses unitaires à chacun des niveaux scolarisés vivent en milieu rural et, sont plus d'études afin aboutir à une estimation de la dis- souvent pauvres que riches, et plus souvent tribution des ressources publiques en éducation. des filles que des garçons; de même, en se si- tuant aux niveaux les plus élevés du système II.2.1 La sélectivité sociale dans les éducatif, on note qu'environ 45 % des élèves scolarisations du second cycle secondaire ou des étudiants de l'enseignement supérieur sont originaires Sur la base des données du QUIBB (Question- du quintile le plus riche de la population. De naire des Indicateurs de Base du Bien-être) réalisé façon précise,, l'enquête montre que 90 % en 2002­2003 par le ministère du plan, un exa- des élèves scolarisés en second cycle secon- men, en premier lieu, de la distribution des daire ont des parents qui résident en milieu différentes catégories de population classées se- urbain, ou que les étudiants dont les parents lon le genre, le milieu géographique (urbain ou sont parmi les 20 % les plus pauvres de la rural) et le quintile de revenu aux différents ni- société guinéenne ne comptent que pour 5 % veaux de scolarisation sera effectué. des effectifs de l'enseignement supérieur. Les résultats présentés ci-dessous ont été ob- · Selon la seconde approche, on calcule d'abord tenus grâce à une repondération des individus les rapports entre les proportions de jeunes présents dans l'échantillon initial. Les poids pré- au différents niveaux d'enseignement dans les sents dans le QUIBB ont été calculés en se basant catégories sociales de référence (premier et sur les ménages. Ainsi, pour chaque ménage cinquième quintiles de revenu, filles et gar- enquêté on associée un poids qui représente la çons, urbains et ruraux); on rapporte ensuite fréquence à laquelle on peut rencontrer ce mé- ces rapports à la valeur générale de ces mê- nage «type» dans l'ensemble de la population mes rapports dans la population globale de guinéenne. Or, l'unité statistique retenue dans la classe d'âge considérée. On obtient ainsi notre analyse n'est pas le ménage, mais l'indi- des coefficients de représentation relative qui vidu. Le système de pondération a donc du être indique le rapport des chances de scolarisa- recalculé de manière à obtenir des quintiles au tion des différents groupes sociaux par niveau Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 169 % 20,0 20,0 20,0 20,0 20,0 51,0 49,0 64,5 35,5 100 d'études Total 049 907 019 773 940 905 783 974 714 688 902 901 902 901 901 299 209 907 601 509 Nombre 2 2 2 1 4 niveaux s % 5,1 0,0 11,9 20,5 19,0 43,4 43,2 56,8 100 100,0 différent 0 Supérieur 333 775 335 239 823 807 698 505 505 aux 1 1 2 2 3 6 6 Nombre rurale 2 % 10,2 11,5 13,6 18,1 46,7 32,6 67,4 10,0 90,0 100 ou 158 913 860 141 771 259 583 832 010 842 urbaine Secondaire Nombre 14 15 18 25 64 45 93 13 125 138 1 % 14,7 13,9 17,3 19,1 35,0 35,2 64,8 28,1 71,9 100 localisation la et 055 238 414 362 014 718 366 734 350 084 Secondaire 48 45 56 62 91 Nombre 114 114 211 234 326 genre le % 19,3 18,4 19,4 20,4 22,5 44,3 55,7 54,1 45,9 100 revenu, 540 803 833 823 609 189 419 802 806 608 Primaire de 281 267 282 297 327 645 812 788 668 457 Nombre 1 quintile % 19,3 12,5 18,7 20,0 29,6 52,2 47,8 36,2 63,8 100 le selon Maternelle 353 751 122 607 284 912 205 817 301 117 7 4 7 7 Nombre 11 19 18 13 24 38 ans 5-24 % 21,7 22,3 21,1 20,0 15,0 57,9 42,1 78,7 21,3 100 scolarisé 610 427 455 600 440 019 512 790 742 532 population Non 550 567 535 507 381 472 070 999 542 542 Nombre 1 1 1 2 la de VI.11. riches pauvres + + % population % Tableau Q2 Q3 Q4 20 Filles Garçons Rural Urbain Total Distribution Groupe de Revenu 20 Genre Localisation 170 Le Système Educatif Guinéen d'études. Le tableau VI.12, ci-après, présente au niveau du primaire puisque 54 % des ruraux les résultats obtenus. sont scolarisés, contre 46 % pour les urbains. Par contre, au niveau du premier cycle secon- On remarque qu'en général, les filles sont daire, les enfants vivant en zone rural sont très moins présentes que les garçons sur l'ensemble fortement sous-représentés (ils représentent seu- du système éducatif. On en a une première illus- lement 28 % des effectifs scolarisés alors qu'ils tration par la proportion des garçons et des filles constituent 64 % de la population). Cette ten- de la classe d'âge choisie qui ne sont pas scolari- dance s'accentue encore par la suite puisqu'ils sés au moment de l'enquête (mais qui ont pu ne sont plus que 10 % au second cycle et l'être antérieurement); dans cette sous-popula- qu'aucun d'entre eux n'atteint l'université. tion, on trouve en effet 58 % de filles alors qu'elles ne représentent que 51 % dans la popu- II.2.2 La sélectivité sociale dans lation totale de la clase d'âge. Pour 4 garçons l'appropriation des ressources publiques en inscrits au primaire et à l'université, on ne trouve éducation que 3 filles, et seulement une fille pour deux garçons dans le secondaire. Si on associe désormais les coûts unitaires pro- Les écarts sociales sont relativement faibles pres à chaque cycle scolaire, on peut déterminer au niveau de l'enseignement primaire mais se quels sont les groupes de population qui bénéfi- creusent dès le 1er cycle secondaire pour s'ac- cient majoritairement des dépenses publiques centuer fortement dans le second cycle et allouées à l'éducation. davantage encore dans le supérieur puisque plus Ainsi, les 40 % les plus pauvres de la popula- de 40 % des étudiants de l'université appartien- tion bénéficient de 32,5 % des dépenses prévues nent au groupe des 20 % d'individus les plus pour l'éducation. En revanche, les 20 % les plus riches dans la population du pays. riches détienne 29,3 % de ces dépenses. On Dans la population non scolarisée, les enfants constate que les garçons, qui représentent 49 vivants en milieu rural sont sur-représentés puis- % de la population prise en compte, bénéficient que pour 4 enfants en milieu rural qui ne vont de 59 % des ressources publiques pour le sec- pas à l'école, il n'y en a qu'un seul en milieu teur. Les inégalités entre zones sont plus urbain. Le préscolaire est également beaucoup flagrantes. Alors que les urbains représentent moins développé en milieu rural. Au contraire, un peu plus d'un tiers de la population des 5­ Tableau VI.12. Coefficients de représentation relative des différentes catégories sociales aux différents niveaux d'études Non Secondaire Secondaire scolarisés Préscolaire Primaire 1 2 Supérieur Référence Quintile de Revenu 0,69 1,53 1,17 2,38 4,58 8,51 1,00 Q5/Q1 Genre 0,76 0,95 1,31 1,92 2,15 1,37 1,00 Garçons/Filles Milieu géographique 0,49 3,20 1,54 4,65 16,35 -- 1,00 Urbains/Ruraux Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 171 Tableau VI.13. Distribution des dépenses publiques d'éducation selon le quintile de revenu, le genre et la localisation urbaine ou rurale de la population des 5­24 ans Ensemble des cycles -- primaire, secondaire premier et second cycle, technique et supérieur -- Dépenses % des dépenses totales d'éducation % de chaque d'éducation en appropriées groupe dans la R = I = Groupe de millions de Francs par chaque groupe population des Rapport Indice population guinéens de population (a) 15­24 ans (b) (a)/ (b) d'appropriation* Revenu 20 % + pauvres 30 173 16,3 20 0,81 1 Q2 29 884 16,2 20 0,81 1 Q3 33 958 18,4 20 0,92 1,13 Q4 36 562 19,8 20 0,99 1,21 20 % + riches 54 140 29,3 20 1,46 1,8 Genre Filles 75 545 40,9 51 0,8 1 Garçons 109 173 59,1 49 1,21 1,5 Localisation Rural 73 577 39,8 64,5 0,62 1 Urbain 111 140 60,2 35,5 1,7 2,75 Total 184 718 100 100 *Le calcul de cet indice est explicité ci-dessous. 24 ans, on constate qu'ils obtiennent 60 % des Les indices d'appropriation présentés dans le dépenses d'éducation. tableau VI.13 sont calculés de la manière sui- Le tableau VI.13 présente également le rap- vante : on rapporte l'indice R associés aux port entre les dépenses d'éducation conduites quintiles Q2, Q3, Q4 et Q5 à l'indice R associé par un groupe donné et sa taille, en pourcen- au 20% les plus pauvres. En ce qui concerne le tage de la population totale. Cet indice permet genre, l'indice R associé aux garçons est divisé de comparer le volume des dépenses d'éduca- par celui des filles. Pour la localisation, c'est l'in- tion capté par enfant, selon le quintile de revenu dice R des urbains qui est divisé par celui des auquel sa famille appartient, son genre ou son ruraux. lieu d'habitat. L'»indice d'appropriation» I ainsi calculé nous Il est donc possible de calculer un «indice permet de déterminer quel volume supplémen- d'appropriation» I d'une catégorie d'enfants taire de ressources est capté une catégorie par rapport à une autre (au sein d'un même d'enfant par rapport à une autre. groupe de population) en divisant l'indice R Ainsi, lorsque l'on s'intéresse aux groupes de associé à cette catégorie par celui associé à population établis en fonction du revenu, on peut l'autre catégorie. remarquer qu'un enfant appartenant au 2ème 172 Le Système Educatif Guinéen quintile le plus pauvre consomme le même vo- Par la même méthode, on peut évaluer à 50% lume de dépenses d'éducation qu'un enfant les dépenses supplémentaires que s'approprie un appartenant au quintile le plus pauvre. En re- garçon par rapport à une fille. Mais c'est au ni- vanche, un enfant du 3ème quintile consomme 13 veau de la zone d'habitat que la répartition de % de dépenses en plus qu'un enfant du premier ces dépenses est la plus inégale. En effet, un en- quintile et un enfant du quatrième quintile 20%. fant en zone urbaine consomme 175% de Enfin, il apparaît qu'un enfant appartenant à dépenses d'éducation de plus qu'un enfant en une famille du quintile le plus riche capte 80% zone rurale, ce qui est remarquable. de ressources de plus que celui du premier quintile. Les aspects d'équité et de distribution au sein du système scolaire 173 Principaux enseignements du chapitre 6 Ce chapitre traite des problèmes d'équité au sein du système éducatif et de distribution des ressources publiques pour le secteur entre les différents membres d'une génération. Les élé- ments marquants mis en évidence sont : 1. L'existence de fortes disparités au sein du système éducatif guinéen, disparités qui sont glo- balement croissantes avec le niveau d'études (processus d'accumulation des disparités). C'est au niveau de la rétention dans le cycle primaire que les disparités entre groupes sont les plus marquées; l'accès et la transition sont aussi caractérisées par des disparités plus modérées. 2. Les différentes franges de la population qui souffrent de ces disparités : Les filles sont largement défavorisées. En 2003­2004, sur 10 garçons et 10 filles entrés au primaire, 8 garçons accèdent en 6ème année, alors que ce n'est le cas que pour moins de 5 filles. La zone d'habitat (urbain/rural) est une source de disparités plus importante que le genre. En effet, alors que 72% des enfants urbains en âge d'être en 6ème y sont effectivement, seuls 37 % des enfants ruraux de cette même classe d'âge sont scolarisés en dernière année du primaire. Le niveau de revenu est aussi un élément important des disparités en matière de scolarisa- tion. Alors que dans le primaire, il n'existe pas de différences significatives dans l'accès à l'instruction qu'on soit riche ou pauvre, on compte 2 fois plus d'enfants appartenant au quintile le plus riche que d'enfants appartenant au quintile le plus pauvre au collège, presque 5 au lycée, et 9 pour le supérieur. 3. Au niveau primaire notamment, la dimension géographique (région/préfecture) est essen- tielle dans l'établissement d'un plan d'action. L'identification au niveau des régions et des préfectures de problèmes d'offre et/ou de demande en matière d'accès et de rétention met en évidence un panorama très contrasté. Cette mosaïque appelle des travaux complémentaires pour identifier des réponses ciblées; ceci imposera une responsabilisation des acteurs institu- tionnels aux niveaux concernés, mais c'est au niveau local que les actions doivent être mises en place puisque les problèmes ont une dimension locale importante. 4. L'ensemble de ces disparités conduit à une appropriation concentrée des ressources publi- ques d'éducation, puisqu'il est estimé que les 10 % d'individus les plus éduqués s'approprient la moitié de ces ressources. Cette appropriation est aussi sélective puisque, par exemple, un enfant typique de milieu urbain s'approprie 2,7 fois plus de ressources publiques en éduca- tion que son homologue de milieu rural. CHAPITRE 7 Questions de gestion dans le système éducatif L es questions de gestion des systèmes i) une dimension de nature administrative : éducatifs sont souvent abordées La question centrale de cette dimension abor- comme des questions de nature quali- dera la gestion des ressources et sa tative et institutionnelle (on identifie distribution entre les différents établissements les relations, les responsabilités, les fonctions res- d'enseignement (sachant que, dans cette ac- pectives de chacun dans la chaîne hiérarchique tivité, les personnels constituent bien sûr un qui va du Ministre à l'instituteur dans la plus élément important puisqu'ils constituent la reculée des écoles rurales, ...), mais également composante majoritaire des budgets); normative (comment il conviendrait de procé- ii) une dimension pédagogique : der pour que ce soit comme il faut) dans Cette dimension présente, plus en avant, la lesquelles le rôle d'expertise est souvent primor- transformation des ressources en résultats dial. Sans ignorer l'utilité et les limites évidentes scolaires au niveau des établissements scolai- de ces approches, il reste possible d'inclure à la res individuels. Dans cette optique, un discussion des questions importantes par des système sera d'autant mieux géré s'il met en analyses de nature empirique et quantitative. place les mécanismes qui conduisent à la fois L'objectif étant de générer des informations uti- à une distribution pertinente des ressources les sur les principaux enjeux que sous entendent entre établissements (gestion administrative), ces questions sans pour autant prétendre tous mais également s'il veille à ce que ces établis- les couvrir. sements produisent le maximum de résultats Pour simplifiée, on peut dire qu'outre la poli- chez les élèves qui leur sont confiés (gestion tique éducative, qui définit les choix structurels pédagogique). Ces deux approches seront sur les modes d'organisation et les moyens mis abordées dans la suite de l'analyse. à disposition de chaque niveau d'enseignement, la gestion va intervenir dans les processus par I. La gestion administrative et la lesquels ces décisions sont concrètement mises répartition des moyens et du personnel en oeuvre dans la perspective de produire les ré- scolaire sultats attendus. Si on suit cette ligne simplifiée, on peut définir deux dimensions complémentai- La répartition des moyens et des personnels aux res à la gestion d'un système éducatif : écoles présente une double approche : 175 176 Le Système Educatif Guinéen i) la première consiste à déterminer les choix I.1 la cohérence dans les allocations de qui sont faits, au sens large, en matière de personnels aux écoles primaire carte scolaire. Il s'agit de déterminer comment les ressources sont distribuées avec des ques- Les chiffres concernant les coûts unitaires (ou tions telles que celles de savoir combien le rapport élèves-maître) sont des moyennes qui d'écoles implanter sur le territoire, de quelle peuvent en principe, varier d'une région à l'autre taille, en quels lieux, ... ; et davantage encore d'un établissement scolaire ii) la seconde concerne les allocations de moyens à l'autre. Dans un système qui serait organisé (en particulier les personnels, mais aussi les de manière optimale du point de vue de la ges- bâtiments et les moyens de fonctionnement) tion administrative et financière, il devrait y entre établissements scolaires. On s'intéresse avoir une relation fonctionnelle entre les besoins alors aux mécanismes mis en oeuvre pour réa- et les ressources aux différents niveaux d'agré- liser ces allocations, et surtout, à la cohérence gation du système. On notera qu'on vise ici et à l'équité dans la répartition après qu'elle l'allocation qui doit être optimale, et non pas ait été réalisée. le niveau ni la combinaison des ressources en- tre les différents intrants (qui doivent bien sûr Nous examinerons ces deux points en com- l'être aussi mais ce n'est pas la question abor- mençant par l'allocation de personnels aux dée ici). établissements scolaires primaires et secondai- Dans la mesure où l'on vise à ce que les con- res (mais uniquement le premier cycle) «qui ditions d'enseignement soient homogènes sur le existent», c'est à dire en considérant implicite- territoire d'un lieu à l'autre d'enseignement (pour ment comme exogènes les éléments de type carte des raisons d'efficacité mais aussi, et surtout, scolaire. d'équité), on devrait s'attendre à ce qu'il y ait Graphique VII.1. Cohérence de l'allocation des enseignants dans les écoles primaires publiques 30 25 20 15 d'enseignants 10 Nombre 5 0 0 200 400 600 800 1000 Nombre d'élèves Questions de gestion dans le système éducatif 177 une relation assez étroite entre les effectifs sco- Néanmoins, il s'agit d'une situation moyenne, larisés dans une école, le volume des ressources et des écarts entre régions, préfectures, et mê- et le nombre des personnels dont elle dispose. mes ceux entre les écoles peuvent apparaître. Cela veut dire que les écoles qui disposent du Afin évaluer dans quelles mesures la situation même nombre d'élèves devraient avoir le même des écoles primaires en Guinée est proche ou nombre d'enseignants et que dans le même sens, non de cette référence, nous pouvons représen- les écoles qui disposent du même nombre d'en- ter sur un graphique la dispersion qui existe dans seignants devraient avoir à peu près le même l'affectation des personnels enseignants aux éco- nombre d'élèves. Sur le plan concret, l'analyse les. Le graphique VII.1 présente la situation des doit être conduite séparément pour chaque ni- écoles publiques au cours de l'année 2003-04 veau d'enseignement. Nous examinerons (limité aux écoles dont l'effectif est inférieur à d'abord l'enseignement primaire pour aborder 1000 élèves). ensuite le secondaire. De façon globale, il existe une relation posi- On compte 6 480 écoles dans l'enseignement tive entre les deux variables : en général, plus primaire guinéen (4 551 écoles publiques, 1 510 une école scolarise d'élèves, plus elle dispose écoles privées et 419 écoles communautaires) au d'enseignants. Néanmoins, on observe aussi sur cours de l'année scolaire 2003­2004. On por- le graphique une dispersion autour de cette ten- tera notre intérêt plus spécifiquement aux écoles dance moyenne. publiques guinéennes dans la mesure où c'est Pour une école donnée, l'équation estimée de dans ces écoles que l'influence et le contrôle de la relation moyenne est la suivante : l'Etat sont les plus importants. Dans ces écoles enseignent 17 521 instituteurs «à la craie». 890 Nombre d'enseignants = 0,634 + 0,0165 x 680 élèves y sont scolarisés, soit en moyenne 51 nombre d'élèves élèves/enseignant «à la craie». (t=29) (t=249) Tableau VII.1. Degré d'aléa dans l'allocation des enseignants du primaire dans 22 pays africains (le chiffre de la Gui- née est pour l'année 2003­2004 et les autres autour de 2000) Pays Degré d'aléa [1-R2] en % Pays Degré d'aléa [1-R2] en % Sao Tome et Principe 3 Gabon 26 Guinée 7 Burkina Faso 28 Mozambique 15 Madagascar 28 Namibie 15 Ethiopie 29 Niger 15 Côte-d'Ivoire 33 Guinée Bissau 16 Malawi 34 Tchad 18 Ouganda 34 Sénégal 19 Bénin 39 Mauritanie 20 Mali 42 Zambie 20 Cameroun 45 Rwanda 21 Togo 53 Moyenne des 22 pays 25,45 178 Le Système Educatif Guinéen La relation globale entre les nombres d'élè- obtenu par le système primaire éducatif guinéen ves et d'enseignants est donc statistiquement à ceux obtenus par d'autres pays du continent significative sur l'ensemble du système, mais africain, on remarque qu'il est parmi les plus il existe des variations autour de cette rela- faibles. tion moyenne. Par exemple, des écoles qui Seul Sao Tomé et Principe présente le taux le emploient 5 enseignants peuvent être parfois plus faible avec de 3 %. Il est donc visible que la fréquentées par 30 élèves (soit 6 élèves par gestion administrative en guinée des écoles pri- enseignant), et parfois 607 (soit plus de 121 maires en matière d'allocation des enseignants élèves en moyenne dans une classe), mais il est parmi les meilleures d'Afrique. On peut no- s'agit de cas extrêmes. ter qu'une même analyse conduite sur les Cette relation associée à un coefficient de dé- données de l'année 1999 donnait une valeur de termination (R2) de 93,3 %. L'aléa (1-R2) est l'aléa estimé à 9 %; même si on ne peut pas dire donc équivalent à 6,7 %, ce qui signifie que 6,7 qu'il y aurait eu amélioration (car l'écart entre % du phénomène d'affectation des enseignants les deux chiffres est faible), il est intéressant que dans les écoles publiques guinéennes n'est pas la tendance favorable du pays sur ce plan est lié au nombre d'élèves inscrit dans l'établisse- restée bonne alors que les effectifs scolarisés ont ment. Lorsque l'on compare le degré d'aléa augmenté de près de 50 % sur la période. Tableau VII.2. Modélisation du nombre d'enseignants dans une école primaire en fonction du nombre d'élèves et du contexte géographique Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3 Variables explicatives Coefficient Significativité Coefficient Significativité Coefficient Significativité Constante 0,634 *** 0,813.*** 0,634 *** Nombre d'élèves 0,0165 *** 0,0159 *** 0,0165 *** Région Référence : N'zérékoré -- Boké ­0,152 ** Conakry 1,701.*** Faranah ­0,130 ** Kankan ­0,407 *** Kindia 0,232.*** Labé ­0,221 *** Mamou ­0,179 *** Zone d'habitat Référence : urbain -- Rural ­0,231 *** R2 (%) 93,3 93,82 93,3 ***: significatif au seuil de 1 % ;**: seuil de 5 % ; :seuil de 10 % ; ns : non significatif * Questions de gestion dans le système éducatif 179 Le système guinéen semble donc relativement plus que celle de N'zérékoré et Kindia 0,232, à équitable en terme de répartition des enseignants. nombre d'élèves donné. En revanche, les autres Néanmoins, certains écarts subsistent et, la ma- régions (notamment celle de Kankan) sont nière dont ces sur/sous dotations sont réparties significativement moins bien loties que la région sur l'ensemble du territoire, (c'est-à-dire si elle de référence (et bien sûr encore moins que la surviennent de manière aléatoire ou si certaines région de Conakry). zones sont manifestement (dé)favorisées) est in- De plus, on obtient le résultat suivant : les téressante à déterminer. Le tableau VII.2 donne zones rurales ont tendances à être défavorisées les résultats d'une modélisation du nombre d'en- par rapport aux zones urbaines (modèle 3). seignants selon le nombre d'élèves dans l'école, Dans la suite de l'analyse, il est aussi souhai- la région, et la zone d'habitat. table de déterminer le degré d'aléa qui existe Le premier modèle correspond à la régression parmis même de chaque région ou zone dans la présentée en début de chapitre, et prend en répartition des enseignants en fonction du nom- compte le système dans son ensemble (toutes les bre d'élèves. Pour cela, on réalise plusieurs écoles primaires publiques guinéennes), le mo- régressions : le nombre d'enseignants sur le nom- dèle 2 distingue les différentes régions de la bre d'élèves qui leur sont associés sur l'ensemble Guinée, et le modèle 3 le type de zone (rurale/ de la Guinée, puis en milieu rural, puis en mi- urbaine). Le modèle 2 montre ainsi l'existence lieu urbain et enfin dans chacune des 8 régions. de disparités de dotation entre les grandes ré- Le tableau VII.3, ci-après, présente les résul- gions du pays. tats obtenus. Il montre encore une fois que en Les coefficients nous donnent le nombre plus facteurs que le nombre d'élèves au sein moyen d'enseignants en plus (ou en moins) par d'une école, d'autres facteurs déterminent le rapport à la région de N'zérékoré, choisie nombre d'enseignants qui y sont affectés. En aléatoirement comme référence. Ainsi, la région effet, l'allocation des enseignants varie en fonc- de Conakry a en moyenne 1,7 enseignants de tion de la zone (urbaine ou rurale) et de la région. Tableau VII.3. Modélisation par zone de résidence et régions du nombre d'enseignant en fonction du nombre d'élèves Constante Coefficient Valeur Significativité Valeur Significativité R2 Aléa (1-R2) en % Guinée 0,634 *** 0,017 *** 0,93 7 Urbain 0,926 *** 0,017 *** 0,93 7 Rural 0,728 *** 0,016 *** 0,88 12 Boké 0,657 *** 0,016 *** 0,95 5 Conakry 1,757 *** 0,017 *** 0,88 12 Faranah 0,859 *** 0,015 *** 0,94 6 Kankan 0,676 *** 0,014 *** 0,94 6 Kindia 0,867 *** 0,017 *** 0,93 7 Labé 0,345 *** 0,018 *** 0,95 5 Mamou 0,366 *** 0,018 *** 0,92 8 N'zérékoré 1,044 *** 0,047 *** 0,91 9 180 Le Système Educatif Guinéen La répartition du nombre d'enseignants est enseignants, et le niveau d'aléa (1-R2) dans l'al- moins cohérente pour la région de Conakry, et location des enseignants. dans une moindre mesure dans les régions Les préfectures d'une même région sont re- N'zérékoré et Mamou. Il est prévisible que cette présentées par la même couleur (rouge pour répartition soit également homogène en zone Boké, bleu pour Conakry, vert pour Kankan, rurale. rose pour Faranah, gris pour Kindia, orange Le graphique VII.2 suggère une représenta- pour Labé, bleu marine pour Mamou et noir tion graphique de chacune des régions en pour N'zérékoré). fonction du rapport élèves-maîtres et du degré On peut remarquer d'importantes différen- de cohérence de l'allocation (R2). ces d'allocation entre préfectures. Alors que les On voit que la région de Conakry se distin- écoles de Kouroussa comptent en moyenne 59 gue des autres ; en effet la répartition des élèves par professeur, celles de Macenta n'en enseignants y est moins équitable, et le rapport comptent que 42. De même, le nombre d'ensei- élèves-enseignant est plus élevé. N'zérékoré et gnants à Fria est particulièrement homogène, kindia apparaissent favorisées en termes de nom- alors que celui de Dixinn présente un plus grand bre d'élèves/enseignant. Enfin, les régions de niveau d'hétérogénéité. Boké et Labé se distinguent par une meilleure De plus, au sein d'une même région, on ob- cohérence dans l'allocation des enseignants. serve des écarts importants entre préfectures. Afin de faire une analyse plus en profondeur, Par exemple, les écoles de Gaoual ont en on réalise la même étude non plus sur les ré- moyenne 47 élèves par classe, tout comme cel- gions, mais sur les préfectures. On calcule donc les de Koundara, de Boké et de Fria, mais la 5ème pour chaque préfecture le rapport élèves-maître préfecture de la région, Boffa, en a plus de 54. moyen, une mesure relative de la priorité don- De façon général, les préfectures d'une même née à la préfecture pour la dotation en région sont plutôt dispersées sur le graphique, Graphique VII.2. Relation entre le nombre d'élèves par enseignant et le degré de cohérence de l'allocation au sein des régions 54 Conakry 53 52 Kankan 51 Mamou 50 Labé élèves-maîtres 49 Boké 48 Rapport 47 Faranah 46 N'zérékoré Kindia 45 0.86 0.88 0.90 0.92 0.94 0.96 Degré de cohérence de l'allocation Questions de gestion dans le système éducatif 181 Graphique VII.3. Niveau de dotation et cohérence de l'allocation des enseignants par préfecture 60 Kouroussa 58 56 Ratoma Dabola Matoto Boffa 54 Pita Siguiri Dalaba 52 Dixinn Kaloum Matam Kérouané Yomou Mali Kankan 50 Lélouma Labé élèves-maîtres Dinguiraye Forécariah Tougué 48 Mamou Fria Gaoual Boké Koundara Coyah 46 Kindia Rapport Mandiana Koubia Guéckédou Lola Kissidougou 44 Beyla Faranah Télimélé Dubréka 42 Macenta 40 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1 Degré de cohérence de l'allocation (R2) ce qui confirme que des améliorations de la co- il serait intéressant de déterminer quels fac- hérence dans l'affectation des enseignants sont teurs, hormis le nombre d'élèves, influent sur possibles., on peut donc distinguer les préfectu- l'allocation des enseignants. L'objectif étant res sous plusieurs niveaux : de déterminer les mesures à prendre pour améliorer la gestion au sein de ces régions. · Celles qui sont mieux dotées que la moyenne · Celles qui sont plus faibles que la moyenne et affichent une bonne cohérence dans l'allo- mais avec une cohérence dans l'allocation plu- cation à l'intérieur de la préfecture (en bas, à tôt meilleure (en haut, à droite) : Mamou, droite), soit Coyah, Dubréka, Guéckédou, N'zérékoré, Labé, Tougué, Kankan, Koundara, Télimélé, Fria, Boké, Kaloum, Mandiana, Dinguiraye, Siguiri, Kérouané, Faranah, Lola, Kindia, Kissidougou, Koubia. Dabola, Mali, Dalaba, Kouroussa. on doit Ces préfectures ont un rapport élèves/ensei- fournir de manière prioritaire des nouveaux gnant raisonnable, et une répartition enseignants à ces préfectures. relativement équitable des enseignants en · Celles qui sont à la fois mal dotées et où la fonction du nombre d'élèves des écoles. On cohérence dans l'allocation est faible (en haut ne note aucun problème particulier pour ces à gauche) : Gaoual, Forécariah, Yomou, préfectures. Lélouma, Pita, Boffa. Il paraît important de · Celles qui sont mieux dotées que la moyenne faire bénéficier favorablement ces préfectu- mais avec une mauvaise cohérence dans l'al- res de dotations de nouveaux enseignants, location (en bas, à gauche) : Ratoma, Matoto, mais il conviendra de bien les ? pour amélio- Dixinn, Matam, Kaloum, toutes des préfec- rer la cohérence dans les allocations. tures des régions de Conakry, Macenta et Beyla. Ces dernières peuvent servir d'exem- Afin de donner des précisions à l'analyse, il ple pour améliorer la situation des autres est intéressant d'introduire le pourcentage d'en- préfectures de la région. Pour ces dernières, seignants communautaires (enseignants payés 182 Le Système Educatif Guinéen par les parents d'élèves). En effet, ceux-ci exer- communautaires (en bas, à gauche sur le gra- çant dans le public et influencent les taux phique) : Ratoma, Matam, Kaloum, Coyah, d'encadrement moyens, alors que les autorités Beyla, Guéckédou, Lola, Kindia, Fria, publiques n'ont pas d'action sur leur allocation. Faranah, Koundara. Ces communes et pré- Le graphique VII.4, ci-après, propose la situa- fectures sont plutôt favorisées; il n'est pas tion des différentes préfectures selon le taux prioritaire de modifier leur dotation en en- d'encadrement et la proportion d'enseignants seignants. communautaires. · Celles qui ont des taux d'encadrement rela- Alors que des communes comme Ratoma, tivement bons mais avec de nombreux Matam, Kaloum, et les préfectures Gaoul et enseignants communautaires (en bas, à Koubia n'ont pas d'enseignants communautai- droite du graphique) : Télimé, Dubréka, res, Macenta et Siguiri en compte plus de 14 %. Kissidougou, Boké, Dixinn, Matoto Parallèlement, Kouroussa compte près de 60 élè- et Macenta. Les bons taux d'encadrement ves par professeur alors que les enseignants résultent en partie des enseignants commu- communautaires avoisinent les 6 %; Mandiana, nautaires. Même si ce n'est pas un modèle grâce à la même proportion d'enseignants com- idéal (l'objectif étant, dans un souci de qua- munautaires, parvient à avoir des classes de 45 lité et d'équité, de réduire cette proportion), élèves /enseignant. La situation présente donc il peut être conservé dans une optique de certains contrastes. soutenabilité budgétaire. En se basant sur le graphique, quatre catégo- · Celles avec de mauvais taux d'encadrement ries de préfectures peuvent être définies : tout en ayant beaucoup d'enseignants com- munautaires (en haut, à droite) : Pita, · Celles qui ont un taux d'encadrement relati- Mamou, Kouroussa, Dalaba, Mandiana, vement bon et assez peu d'enseignants Tougué Lélouma, Mali, N'zérékoré, Graphique VII.4. Taux d'encadrement et niveau de participation communautaire dans le corps enseignant par préfecture (écoles publiques) 60 Kouroussa 58 56 Dabola Ratoma 54 Matoto Boffa Pita Dalaba Siguiri 52 Matam Dixinn Kaloum Kankan Dinguiraye Mali Kérouané Lélouma 50 Labé Yomou N'zérékoré élèves-maîtres Forécariah Tougué 48 Gaoual Mamou Fria Boke Coyah Kindia Koundara Rapport 46 Kissidougou Koubia Mandiana Lola 44 Beyla Faranah Télimélé Dubréka Guéckédou Macenta 42 40 0 2 4 6 8 10 12 14 16 % d'enseignants communautaires Questions de gestion dans le système éducatif 183 Kérouané, Boffa, Siguiri. Ce sont des régions I.2 La cohérence des allocations de défavorisées qui doivent bénéficier de l'affec- personnels aux établissements de 1er cycle tation de nouveaux enseignants, puisqu'on se secondaire trouve déjà avec de nombreux enseignants payés par les communautés. L'enseignement secondaire général public est · Celles avec de mauvais taux d'encadrement constitué de trois types d'établissements : 261 et peu d'enseignants communautaires (en offrent des enseignements du premier cycle, 40 haut, à gauche) : Gaoual, Koubia, Labé, Kan- offrent les enseignements des deux cycles et 37 kan, Forécariah, Dabola, Dinguiraye, Yomou. sont des lycées proprement dits. Une solution par défaut consisterait à déve- Nous allons étudier la cohérence dans l'allo- lopper la participation des enseignants cation du personnel pour les établissements communautaires, l'idéal restant l'affectation secondaires en suivant la même démarche que d'enseignants publics. pour le cycle primaire. Nous n'effectuons cette analyse que pour les établissements qui n'offrent En résumé, on peut classer les différentes pré- que le 1er cycle du secondaire. En effet, pour les fectures du pays sous la forme d'un graphique «collèges-lycées», nous ne disposons pas d'in- telle que celle proposée ci-après : formations sur les classes enseignées (premier Taux d'encadrement moyen dans les écoles de la préfecture >45) Meilleur taux d'encadrement (REM<45) Moins bon taux d'encadrement (REM Moins d'enseignants Plus d'enseignants Moins d'enseignants Plus d'enseignants communautaires (<5%) communautaires (>5%) communautaires (<5%) communautaires (>5%) 2 2 2 2 2 2 2 2 R >0,9 R <0,9 R >0,9 R <0,9 R >0,9 R <0,9 R >0,9 R <0,9 Guéckédou (0,91) Matam (0,82) Télimélé (0,91) Dixinn (0,79) Dinguiraye (0,91) Gaoual (0,82) Kouroussa (0,9) Pita (0,88) Faranah (0,93) Beyla (0,84) Dubréka (0,93) Matoto (0,88) Dabola (0,95) Forécariah (0,86) Kérouané (0,91) Boffa (0,89) Koundara (0,93) Ratoma (0,89) Kissidougou(0,96) Macenta (0,89) Koubia ( 0,96) Yomou (0,86) Mandiana (0,91) Lélouma (0,89) Kindia (0,94) Boké (0,96) Kankan (0,97) Dalaba (0,91) Lola (0,94) Labé (0,97) Siguiri (0,91) Kaloum (0,96) N'zérékoré (0,93) Coyah (0,96) Tougué (0,94) Fria (0,98) Mamou (0,94) Mali (0,95) Préfectures mieux dotés que la moyenne Préfectures mieux dotés que la moyenne en Préfectures moins dotés que la moyenne Préfectures moins dotés que la moyenne en en enseignants publics enseignants grâce à la participation en enseignants publics enseignants malgré une forte participation communautaire communautaire Bonne gestion Moins bonne Bonne gestion Doivent Bonne gestion Doivent Bonne gestion Doivent au sein de la gestion au sein au se in de la améliorer la au sein de la améliorer la au sein de la améliorer la préfecture des préfectures préfecture gestion au sein préfecture gestion au sein préfecture gestion au sein des préfectures des préfectures des préfectures A conserver Nécessité A conserver Nécessité Préfectures à Préfectures à Préfectures à Préfectures à d'améliorer la mieux doter en d'améliorer la mi eux doter en mieux doter en mieux doter en gestion entre gestion entre enseignants en enseignants si enseignants enseignants en 2 nde priorité les préfectures les préfectures amélioration en 1ère priorité 3 ème priorité de la gestion 184 Le Système Educatif Guinéen et/ou second cycle) par les enseignants et d'autre location) et d'équité (donner des conditions de part, les conditions moyennes d'encadrement scolarisation similaires à tous les élèves), il est sont très différentes d'un cycle à l'autre. Enfin, nécessaire de prévoir l'allocation de nouveaux le nombre de lycées étant assez faible, nous ne enseignants là où les besoins sont les plus fla- pouvons obtenir de résultats concrets pour le grants; et le redéploiement de certains second cycle. Le graphique VII.5 illustre la rela- enseignants afin d'améliorer la situation. tion entre les nombres d'élèves et d'enseignants au niveau de l'enseignement secondaire général I.3 La cohérence dans les allocations de au premier cycle matériels aux écoles primaires La relation moyenne globale ainsi estimée est : Outre l'allocation du personnel enseignant, on Nombre d'enseignants = 3,36 + 0,0165 x peut aussi étudier les allocations en mobilier et Nombre d'élèves. matériel pédagogique. (t=6) (t=22) Ainsi, on calcule le nombre moyen de tables/ bancs par élève, de tableaux par enseignant, de Mais le graphique montre sans doute l'exis- manuels de calcul et de lecture par élève. On tence d'aléas tout à fait importants dans les régresse également le nombre de tables/bancs et allocations de personnels enseignants. Ceci est le nombre de manuels de lecture sur le nombre vérifié par la mesure du coefficient de détermi- d'élèves, ainsi que la quantité de tableaux pré- nation qui ne s'établit qu'au niveau de 65 %. Le sents dans une école sur le nombre d'enseignants. tiers de la variabilité du nombre de professeurs On obtient alors le coefficient de détermination affectés dans un établissement ne s'explique pas (R2) qui évalue la cohérence de l'allocation. seulement que par le nombre d'élèves. Ainsi, si on considère qu'un ensemble table/ Dans un souci d'efficience (maximisation de banc est nécessaire pour deux élèves, et que cha- l'utilisation des ressources en rationalisant l'al- que enseignant doit disposer d'un tableau en bon Graphique VII.5. Allocation des enseignants dans les collèges publics 80 70 60 50 40 d'enseignants 30 Nombre 20 10 0 0 500 1000 150 0 2000 2500 3000 3500 Nombre d'élèves Questions de gestion dans le système éducatif 185 Tableau VII.4. L'autre élément marquant est la mauvaise ré- Allocation moyenne et cohérence dans la réparti- partition de l'ensemble de ce matériel sur le tion de mobilier et de matériel pédagogique dans territoire guinéen. Ainsi, pour les tableaux noirs les écoles publiques en bon état, si la moyenne du nombre de ta- bleaux par enseignant dans une école est proche Moyenne sur de 1, on trouve aussi que 17 % des élèves sont l'ensemble des écoles dans une école dans laquelle au moins 1 ensei- publiques guinéennes R2 gnant sur 2 ne dispose pas d'un tableau noir Tables-bancs convenablement utilisable; au total seulement 61 par élève 0,43 0,77 % des élèves sont scolarisés dans une école où il Tableaux noirs n'y en principe pas de pénurie sur ce plan. en bon état par La dispersion est plus forte encore en_ ce qui enseignant 0,93 0,35 concerne les manuels scolaires et notamment ceux de lecture; en effet, le nombre des livres de Manuels de calcul lecture disponibles dans une école n'ai représenté par élève 0,26 0,27 que de 20 % par le nombre des élèves qui y sont Manuels de lecture scolarisés. La réalité est que 19 % des élèves du par élève 0,42 0,20 primaire sont scolarisés dans une école ne dis- posant d'aucun manuel de lecture; seuls 21 % des élèves sont inscrits dans une école où il y a plus d'1 livre de lecture pour 2 élèves. Ces chif- état, les écoles guinéennes seraient globalement fres font ressortir le fait que la répartition des un peu sous-dotées en mobiliers élémentaires. manuels scolaires aux écoles (la situation est S'agissant des manuels, le déficit est encore plus assez proche pour les manuels de lecture et de important (avec des chiffres moyens respective- calcul) n'est pas effectuée en fonction du nom- ment de 26 % pour la proportion des élèves bre d' élèves qui y sont scolarisés. Des progrès ayant un livre de calcul et 42 % pour ceux qui peuvent etdoivent sans aucun doute être réali- disposent d'un livre de lecture). sés sur ce plan. Tableau VII.5. Disponibilité en tables-bancs, manuels scolaires et tableaux noirs dans les différentes régions Nombre de tables-bancs Nombre de manuels Nombre de tableaux en Régions par élève par élève bon état par enseignant Boké 0,46 0,75 0,70 Conakry 0,20 0,33 0,55 Faranah 0,50 0,78 0,98 Kankan 0,36 0,60 1,00 Kindia 0,21 0,34 0,95 Labé 0,46 0,77 0,85 Mamou 0,44 0,67 0,99 N'zérékoré 0,53 0,89 1,05 Guinée 0,43 0,68 0,93 186 Le Système Educatif Guinéen Graphique VII.6. La disponibilité en manuels scolaires et en tableaux noirs par région 1 0.9 N'zérékoré 0.8 Labé Faranah élève Boké 0.7 par Mamou 0.6 Kankan manuels de 0.5 Nbre 0.4 Conakry Kindia 0.3 0.2 0.2 0.4 0.6 0.8 1 1.2 Nombre de tableaux en bon état par enseignant On peut maintenant compléter l'examen de cun des trois dimensions examinées, et des in- la distribution de ces éléments en incluant une suffisances majeures dans la gestion de composante géographique (régionale) à l'ana- l'allocation du matériel pédagogique et du mo- lyse. Nous examinons d'abord la valeur des trois bilier, les dotations étant certes inégales entre indicateurs (rapport du nombre de tableaux les régions, mais surtout incohérentes de façon noirs en bon état et du nombre d'enseignants, plus générale entre les écoles au sein des diffé- nombre de tables-bancs par élève et nombre de rentes régions. manuels scolaires, de lecture ou de calcul, par élève) dans les différentes régions du pays. Il apparaît que la région de Conakry est très II. Les économies d'échelle dans la faiblement équipée en ce qui attrait la dotation production scolaire de matérielles dans les écoles primaires (ce qui pourrait éventuellement s'expliquer par un Lorsqu'on examine les situations globales ou nombre moyen d'élèves par établissement plus moyennes, dans la mesure ou on fait comme si important qu'ailleurs). Kindia est également les ressources par élève étaient en moyenne in- particulièrement défavorisée en termes de do- dépendantes a la taille de l'établissement dans tations de tables/bancs et de manuels scolaires. lequel les élèves sont scolarisés. Or il est possi- On observe aussi que la région de Kankan est ble que cette hypothèse ne soit pas totalement en retard sur le plan de la disponibilité en ta- valide. En particulier, il est possible que le coût bles-bancs. moyen par élève soit décroissant en fonction des Mais il faut rappeler l'évaluation globale faite effectifs scolarisés. Il pourrait en être ainsi car, ici concernant les dotations en matérielles aux il n'existe qu'une mauvaise répartition des dé- écoles primaires : il existe à la fois des problè- penses avec les effectifs scolarisées; par exemple, mes concernant les valeurs moyennes qui un établissement d'enseignement dispose tou- apparaissent globalement insuffisantes sur cha- jours d'une dotation minimale pour fonctionner Questions de gestion dans le système éducatif 187 (au moins un enseignant dans le primaire, ou II.1 Analyse au niveau de l'enseignement bien au moins x enseignants pour enseigner les élémentaire matières du programme et un chef d'établisse- ment dans le secondaire) et cela, même si le Nous examinons maintenant les coûts de scola- nombre d'élèves est réduit. C'est en raison de la risation selon la taille des établissements. Nous tendance qu'à le coût unitaire à diminuer lors- venons de voir que l'allocation du personnel qu'on considère des effectifs plus nombreux enseignant aux établissements se faisait de ma- qu'on parle d'économies d'échelle. Pour explo- nière relativement équitable dans le primaire rer cette question de façon empirique, on peut parce que le degré d'aléa sur l'ensemble du pays partir de l'estimation des relations moyennes n'est que de 6,7 %. La même analyse peut éga- estimées précédemment entre effectifs d'ensei- lement être menée en croisant cette fois les gnants et d'élèves et faire deux opérations ressources financières affectées aux établisse- complémentaires : ments avec les effectifs d'élèves. L'équation obtenue pour le primaire est alors la suivante : L'équation de base est de la forme : Dépenses salariales (en FG) = 1 194 115 + Nombre de personnels = a + b x 31 044 x Nombre d'élèves Nombre d'élèves On peut alors multiplier les deux membres de cette équation par le salaire moyen des per- Dans l'équation, la constante (ici égale à 1 sonnels au niveau d'études considéré70; on 194 115 Francs guinéens) représente les coûts obtient alors : fixes ou de structure d'une école primaire. Le coefficient multiplicatif de la variable «Nombre Masse salariale = Salaire moyen (a + b x d'élèves» correspond au coût marginal par élève Nombre d'élèves) (ce qu'il en coûte en moyenne en termes de dé- penses salariales d'augmenter d'une unité On peut maintenant diviser les 2 membres de l'effectif des élèves dans une école). Sur la base l'équation par le nombre d'élèves pour obtenir de cette équation, on peut calculer le coût uni- une expression du coût unitaire salarial dans une taire salarial, qui est égal aux dépenses salariales école en fonction de son effectif d'élèves : rapportées au nombre d'élèves de l'école. On ob- tient l'expression suivante : Coût unitaire salarial = (b x Salaire moyen) + Coût unitaire salarial (en FG) = 31 044 + (a x Salaire 1 194 115 / moyen / Nombre Nombre d'élèves) d'élèves La forme de cette relation entre le coût uni- On peut interpréter cette expression de la taire salarial et le nombre d'élèves (au niveau manière suivante : le coût unitaire salarial est des écoles) est donc hyperbolique, le coût uni- taire ayant tendance à diminuer lorsqu'on considère des effectifs plus nombreux dans une 70On peut aussi calculer directement la masse sala- école, et ce avec une intensité d'autant plus im- riale comme la somme du produit du salaire et du portante que les coûts fixes dans la production nombre de personnels dans chacune des catégo- scolaire (b x salaire moyen) sont élevés. ries de personnels à un niveau d'études donné. 188 Le Système Educatif Guinéen égal à la somme du coût marginal et de la répar- cette taille d'école, les coûts unitaires continuent tition des coûts fixes entre élèves. Plus la taille certes de diminuer mais de façon très modeste. d'un établissement (nombre d'élèves) est petite, Au plan économique, il serait donc préférable plus cette dernière composante est importante. que les écoles comptent au moins 200 élèves. Il s'ensuit que le coût unitaire d'une école a ten- Or, comme on peut le voir dans le graphique dance à être plus élevé à mesure que le nombre VII.8, on constate que 74 % des établissements d'élèves est plus faible. Le tableau VII.6 indique scolaires guinéens ont un effectif inférieur à ce la relation moyenne entre coût unitaire et effec- nombre de 200 élèves, 42 % des écoles du pays tif scolarisé; parallèlement le graphique VII.7 lui ayant même un effectif inférieur à 100 élèves. donne une illustration. Dans un certain nombre de cas, l'existence Le tableau et le graphique ci-dessus montrent de ces écoles ne peut être remise en cause dans clairement que le coût unitaire diminue avec la la mesure où elle relève de la répartition spa- taille de l'établissement au niveau de l'enseigne- tiale des populations. Il ne s'agit donc ment primaire; ils montrent aussi que la baisse évidemment pas de fermer toutes les écoles est très sensible lorsqu'on passe d'effectifs de 50 comptant moins de 200 élèves. Néanmoins, cer- à quelque chose comme 200 élèves; à partir de taines d'entre elles devront faire l'objet de Tableau VII.6. Relation entre coût unitaire salarial annuel et effectif d'une école primaire Nombre d'élèves 50 100 200 300 400 500 600 800 Coût Unitaire salarial (en Francs Guinéens) 54 926 42 985 37 014 35 024 34 029 33 432 33 034 32 536 Graphique VII.7. Coût unitaire salarial en fonction de la taille de l'école primaire 60000 50000 (FG) salarial 40000 unitaire Coût 30000 20000 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 Nombre d'élèves Questions de gestion dans le système éducatif 189 Graphique VII.8. Distribution de la taille des écoles primaires 45% 40% 35% 30% 25% écoles des 20% % 15% 10% 5% 0% inférieur à 100 entre 100 et 200 entre 200 et 300 plus de 300 élèves élèves élèves élèves Classe de taille des écoles mesures spécifiques afin de diminuer les moyens dépendamment de la source de financement) qui leur sont donné pour rapprocher ces der- dans un collège en fonction du nombre d'élèves niers du coût qui prévaut dans les écoles de plus qui y est scolarisé est la suivante : de 200 élèves. Pour concilier efficacité écono- mique, qualité du service offert et équité. Le Coûts salariaux totaux = 17 907 101 + 54 recours à l'enseignement dans des classes à cours 739 x Nombre multiples est une solution qu'il apparaît raison- d'élèves nable d'envisager. Ou II.2 Analyse au niveau de l'enseignement Coûts salariaux unitaires = 54 739 + 17 secondaire général de premier cycle 907 101 / Nombre La même analyse peut être faite pour le premier d'élèves cycle du secondaire général. L'équation estimée des coûts salariaux totaux (consolidant ceux Le tableau VII.7 indique la relation moyenne pour les enseignants et les non-enseignants, in- estimée entre le coût unitaire salarial et l'effectif Tableau VII.7. Relation entre le coût unitaire salarial et l'effectif d'un collège Nombre d'élèves 50 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Coût Unitaire salarial (Francs guinéens) 412 881 233 810 144 275 114 429 99 507 90 553 84 584 80 321 77 123 74 636 72 646 190 Le Système Educatif Guinéen Graphique VII.9. Coût unitaire salarial selon le nombre d'élèves dans un collège 500000 400000 (FG) annuel 300000 salarial 200000 unitaire Coût 100000 0 50 150 250 350 450 550 650 750 850 950 Nombre d'élèves scolarisé dans un collège et le graphique VII.9 tisfaisante; il est possible qu'elle ne le soit en- en donne une illustration. core moins dans une perspective future car le Comme dans le cas de l'enseignement pri- développement inévitable de l'enseignement se- maire, on peut remarquer que le coût unitaire condaire de premier cycle selon les modalités diminue avec la taille de l'établissement; mais actuelles conduira à une prolifération probable sa structure y est sensiblement plus accentuée. de nombreux nouveaux établissements de pe- Pour le premier cycle de l'enseignement secon- tite taille. Par rapport à cette question, deux daire, le coût unitaire s'établit autour de 80 000 stratégies (non concurrentes) peuvent être envi- Francs guinéens pour un collège dont la taille sagées : serait comprise entre 600 et 800 élèves, alors que le coût unitaire est presque le double (144 i) La première consiste à faire des regroupe- 000) si la taille est de 200 élèves et le triple (234 ments pour les collèges actuels ou des 000) si le nombre d'élèves au niveau d'un col- constructions de taille «suffisante» pour les lège n'est que de 100 élèves. ?. Au vu des chiffres nouveaux établissements. Cette stratégie con- estimés (et même s'il s'agit d'une appréciation naît évidemment des limites car il reste un peu conventionnelle), on peut considérer évidemment souhaitable que les collèges res- qu'avec les dispositions actuelles, il serait éco- tent dans une proximité raisonnable des nomiquement préférable que les collèges populations, ce qui limitera forcement le comptent au moins 400 élèves, ou en tous cas si champ d'application de cette stratégie. possible plus de 300 élèves. Or seulement moins ii) la seconde stratégie part de l'observation d'un tiers des collèges compte aujourd'hui plus que les coûts fixes pour un établissement de 400 élèves, alors que 60 % de l'ensemble des secondaire de premier cycle sont d'un ni- collèges du pays en scolarise moins de 300. veau très élevé (estimés à 17 millions de Par rapport à ces observations, on peut dire Francs guinéens en 2003) et que ce serait que la situation actuelle n'est pas vraiment sa- sans doute possible de les réduire de façon Questions de gestion dans le système éducatif 191 sensible71. Pour cela, il est utile de noter que quences simples : i) la première est que pour les coûts fixes de personnels ont une dou- qu'une école progresse dans le niveau des ap- ble origine, personnels d'encadrement d'une prentissages qu'elle réalise chez les enfants qui part et, personnels enseignants de l'autre. lui sont confiés, il lui faut des moyens addi- On peut sans doute gagner sur ces deux tionnels; ii) la seconde est qu'à un moment plans : concernant en premier lieu le per- donné du temps, si toutes les écoles font effec- sonnel d'encadrement, on pourrait réfléchir tivement un usage optimal de leurs ressources, à réduire leur nombre dans les établissements plus celles-ci sont nombreuses, meilleur doit de petite taille; concernant le personnels être, toutes autres choses égales par ailleurs, le enseignant, une idée est de développer le niveau d'apprentissage des élèves qui y sont degré de polyvalence des enseignants de sorte scolarisés. à réduire leur nombre dans un établissement Pour faire le diagnostic de la qualité de la afin d'assurer un enseignement adéquat en gestion pédagogique du système éducatif na- fonction des programmes existant. tional, la méthode que nous suivrons consiste à examiner dans quelle mesure la réalité s'écarte de la situation conceptuelle de référence dé- III. La gestion pédagogique crite ci-dessus. La mesure des dépenses par élève du système éducatif guinéen au niveau des établissements scolaires, du pri- maire comme du secondaire, ne pose pas de Il peut être utile de commencer par une préci- difficultés particulières; la mesure des appren- sion qui définit le champ de la question traitée tissages est moins immédiate et nous utiliserons ici. Bien qu'ayant des incidences sur la qualité ici, de façon complémentaire, i) d'une part les des services offerts, la question de la gestion données de la récente enquête du PASEC (tests pédagogique n'est ni celle de la qualité de l'école d'acquisitions standardisés dans une perspec- ni celle des moyens matériels à mobiliser pour tive de valeur ajoutée sur une année scolaire) créer un contexte favorable à l'enseignement. et ii) d'autre part les résultats aux examens Elle est par contre, celle de la régulation des nationaux. Ces derniers sont théoriquement pratiques et des incitations des acteurs, notam- d'une moins bonne que les tests du PASEC (car ment ceux engagées au niveau local. Ce qui les données de résultats aux examens sont une est au centre des questions de gestion pédago- mesure ponctuelle transversale du résultats sans gique, c'est i) la transformation des moyens contrôle des caractéristiques sociales du pu- mobilisés en résultats scolaires tangibles au ni- blic des différents établissements), mais ils veau des établissements individuels et ii) de présentent l'avantage d'être disponibles pour faire en sorte que cette transformation soit à tous les établissements du pays et d'avoir une la fois homogène et optimale entre établisse- plus grande légitimité sociale (c'est ce à ments (niveau maximum de résultats chez quoi les enseignants doivent préparer les élè- les élèves compte tenu des moyens disponibles ves et c'est ce qui correspond aux attentes des dans l'établissement et des caractéristiques so- parents). ciales et contextuelles de son public d'élèves). Si cette transformation est optimale pour cha- 71 que établissement scolaire,, ce qui veut dire Une analyse comparable menée au niveau du se- cond cycle secondaire montre que la structure qu'un meilleur usage des ressources disponi- d'économie d'échelle est encore plus accentuée au bles, même si ces ressources peuvent, en un point second cycle secondaire général avec une valeur donné du temps, différer d'une école à l'autre. des frais fixes estimée à 41 millions de Francs gui- Sur le plan conceptuel, cela induit deux consé- néens en 2003­04 192 Le Système Educatif Guinéen III.1 L'utilisation des données du PASEC francophones de la région conduit à observer au niveau de l'enseignement primaire que cette question d'autonomie parasite des écoles primaires n'est pas une spécificité de la Une façon très globale, mais aussi très forte sur Guinée et se retrouve à des degrés divers dans le plan empirique, consiste à un examen des es- tous les autres pays; cependant, l'intensité du timations économétriques qui mettent en regard, dysfonctionnement est particulièrement éle- au niveau individuel, les apprentissages des élè- vée en Guinée puisque l'indicateur ves (les progrès des élèves au cours d'une année d'autonomie des écoles vaut en moyenne 26 scolaire) avec i) les caractéristiques sociales des % dans les autres pays pour lesquels l'infor- élèves (genre, activité des parents ou tuteurs, fra- mation est disponible, et 38 % en Guinée. ii) trie, ..) , ii) les caractéristiques du contexte de en second lieu, les analyses montrent que si l'école dans laquelle s'est effectuée cette année les différences inter-écoles représentent 38,1 scolaire de référence (milieu géographique, % de la variance des apprentissages indivi- proximité de l'école par rapport au domicile fa- duels, seulement 4,6 points de cette variance milial, ..), iii) les moyens logistiques (bâtiments est du aux différences au niveau des ressour- et mobilier scolaires, disponibilité en manuels ces, moyens et modes d'organisation qui et matériels pédagogiques, existence d'une can- existent d'une école à l'autre au sein de tine scolaire,etc ..), et iv) les facteurs humains et l'échantillon. Comme ces derniers éléments organisationnels dans la classe (éducation, for- sont payables (les enseignants, les manuels, mation et ancienneté de l'enseignant, mode de les bâtiments scolaires, ..), on constate qu'il groupement des élèves, ..). existe beaucoup moins de différences part En réalisant cette analyse, on détermine l'in- rapport aux éléments gérés par les processus fluence moyenne des différents facteurs mais on pédagogiques qui sont (très) faibles. suppose que le fonctionnement effectif des éco- · la seconde méthode, moins précise mais plus les (la façon dont chacune d'entre elles illustre, consiste ( sur ces mêmes données), à transforme les ressources dont elle dispose en produire un graphique dans lequel on met en apprentissages chez ses élèves) est homogène (la relation directe les progrès faits en moyenne référence qu'on a évoquée plus haut;. Afin d'éva- par les élèves de chacune des classes de luer l'ampleur de l'hétérogénéité inter-écoles sur l'échantillon PASEC (en contrôlant les carac- ce plan, deux méthodes sont possibles : téristiques sociales et personnelles des élèves, y compris le niveau des acquisitions en début · la première consiste à supposer que chaque d'année scolaire) avec le coût unitaire corres- école peut se soustraire à la moyenne globale pondant aux ressources (en personnel et en et avoir un fonctionnement de facto plus ou matériels) qui y sont mobilisées. Le graphi- moins indépendant. En procédant ainsi, on que VII.10, qui suit, présente les résultats détermine que le degré d'autonomie des éco- obtenus. les est d'une très grande importance puisqu'il représente, en moyenne pour la 2ème et la 5ème Alors que dans un système bien géré sur le année d'études primaires, 38,1 % de la va- plan pédagogique, on s'attend à ce que les éco- riance des apprentissages des élèves; cela les qui disposent d'avantage de ressources signifie que les progrès réalisés par les élèves réussissent à mieux répartir les acquisitions sco- diffèrent fortement selon l'école dans laquelle laires, le graphique montre en fait une très grande ils ont été scolarisés. Ce chiffre peut être mis dispersion des points correspondant aux diffé- en perspective selon une double dimension : rentes écoles de l'échantillon dans les deux i) en premier lieu, on peut noter qu'une ana- dimensions considérées. Il existe certes une re- lyse comparable faite dans 9 autres pays lation globale positive entre les deux termes mais Questions de gestion dans le système éducatif 193 Graphique VII.10. Score de fin de 5ème année ajusté en fonction du coût unitaire de scolarisation 80 70 60 ajusté 50 final Score 40 30 20 15 25 35 45 55 65 75 85 Coût annuel unitaire (en milliers de GNF par an) celle-ci est très faible et présente un coefficient fois i) une large variabilité du coût unitaire en- de détermination qui ne vaut que 3 %. Concrè- tre les différents établissements d'enseignement; tement, il existe de nombreuses écoles qui elle varie ainsi de 35 000 à plus 100 000 Francs disposent manifestement de ressources raison- guinéens pour une moyenne de 61 000 FG dans nables et qui offrent à leurs élèves une éducation le primaire, et de moins de 50 000 à plus de 250 de mauvaise qualité. 000 Francs guinéens pour une moyenne de 120 000 FG dans le premier cycle secondaire; une III.2 L'utilisation des résultats aux large variabilité du taux de réussite aux examens examens d'un établissement à l'autre; elle varie plus ou moins de 0 à 100 % pour le CEPE et le BEPC Cette analyse, est représentée graphiquement pour des moyennes respectives de 67 et de 57 (notamment parce que les données ne %; et surtout qu'il n'existe aucune relation sta- permettent pas de contrôler l'influence les ca- tistique entre les deux mesures, les établissements ractéristiques individuelles) afin d'examiner la qui ont des coûts unitaires plus importants relation qui existe entre le coût unitaire et le taux n'ayant pas de meilleurs niveaux de réussite aux de réussite aux examens nationaux au niveau examens nationaux, CEPE ou BEPC (ni les éta- des établissements d'enseignement; l'analyse sera blissements moins dotés, en moyenne de moins conduite dans le même sens pour l'enseignement bons niveaux de réussite à ces mêmes examens primaire (le CEPE, graphique VII.11) et pour nationaux). l'enseignement secondaire de premier cycle Ces structures sont propres à un système (tant (BEPC, graphique VII.12). L'analyse est limitée au niveau primaire qu'à celui du premier cycle aux établissements publics; les données utilisées secondaire) dans lequel la gestion pédagogique sont celles de l'année scolaire 2003­2004. est défaillante. En effet, il existe nombre d'éco- Les deux graphiques sont essentiellement sem- les qui ont à la fois des ressources raisonnables blables. Dans chacun des 2 cas, on observe à la (coût unitaire supérieur à la moyenne) et des 194 Le Système Educatif Guinéen performances insuffisantes (taux de réussite aux pour que ces écoles soient ramenées (suivant les examens nationaux inférieurs à la moyenne na- flèches dans les graphiques VII.11 et VII.12) vers tionale); l'existence d'une gestion pédagogique une situation plus performante. Ce qui pose un structurée conduirait à prendre les dispositions problème, ce n'est pas tant que ces écoles exis- Graphique VII.11. Coût unitaire et taux de réussite au CEPE 100% 90% 80% 70% CEPE au 60% 50% réussite 40% de auxT 30% 20% 10% 0% 0 50000 100000 150000 Coût global annuel par élève (FG) Graphique VII.12. Coût unitaire et taux de réussite au BEPC 100% 90% 80% 70% BEPC au 60% 50% réussite 40% de auxT 30% 20% 10% 0% 0 50000 100000 150000 200000 250000 Coût salarial total annuel par élève Questions de gestion dans le système éducatif 195 tent, c'est que ces dysfonctionnements ne soient actuelle qui serait en responsabilité de traiter ce pas corrigés et puissent perdurer. En fait ces éco- problème et qui disposerait des moyens institu- les ne soient même pas identifiées par tionnels et pratiques pour conduire cette l'administration, et il n'existe de toutes maniè- éventuelle action lorsqu'elle est nécessaire. res personne dans la structure administrative Principaux enseignements du chapitre 7 Ce chapitre concerne l'analyse de la performance de gestion du système éducatif guinéen. Alors que la politique concerne les moyens mobilisés au niveau national et les politiques globales, la gestion s'attache à transcrire ces aspects dans la réalité avec deux fonctions principales : i) celle de distribuer les ressources (personnels, matériels, ..) du niveau central au niveau local (les écoles individuelles) et ii) celle de faire en sorte que les ressources mobilisées au niveau de chaque école soient transformées le plus efficacement en résultats tangibles chez les élèves. Sur la base des analyses conduites dans ce chapitre, il semble que plusieurs points forts soient à retenir : 1. Concernant la cohérence dans l'allocation des personnels enseignants aux établissements d'enseignement individuels, les évaluations faites montrent que la performance est relative- ment satisfaisante au niveau primaire, alors que des progrès substantiels doivent sans aucun doute être faits au niveau secondaire. 2. La performance du système éducatif guinéen vis à vis de la disponibilité d'éléments tels que les manuels scolaires, les tableaux noirs et le mobilier scolaire de base est peu satisfaisante; en effet, à des dotations globales insuffisantes se conjugue une distribution inégale entre les différentes écoles du pays. 3. Dans un certain nombre de situations, et notamment dans les zones d'habitat dispersé, les établissements d'enseignement sont nécessairement de petite taille car l'école doit rester dans une certaine proximité des familles de sorte à ne pas handicaper la scolarisation. Les analy- ses montrent toutefois que le coût unitaire de scolarisation a tendance à être élevé dans ces établissements de petite taille (en dessous de 150 ou 200 élèves dans le primaire, en dessous de 300 ou 350 élèves dans le premier cycle secondaire). Dans le primaire, un recours plus systématique à l'enseignement en cours multiples semble être une formule intéressante. Dans le premier cycle secondaire, la limitation du nombre de personnels administratifs ainsi que le développement d'un certain degré de polyvalence des enseignants devrait permettre de ré- duire les coûts unitaires dans les petits établissements; ceci sera d'autant plus important que le pays sera exposé aux nécessités d'étendre les scolarisations au niveau secondaire dans les années à venir, que ceci concernera nécessairement le milieu rural et que cela impliquera le recours à des établissements de petite taille. 4. Mais le point sans doute le plus préoccupant dans la gestion du système éducatif guinéen concerne la dimension de la gestion pédagogique qui est l'une des plus faible d'Afrique. En effet, les évaluations montrent que l'ampleur des différences dans le fonctionnement des établissements du cycle primaire et secondaire est spécialement fort, que des établissements ayant des ressources par élève semblables peuvent avoir des résultats extrêmement différents (continued on next page) 196 Le Système Educatif Guinéen (continued) en matière d'apprentissage de leurs élèves, mais surtout qu'il n'existe pratiquement pas de relation entre le volume des ressources mobilisées dans un établissement et le niveau d'ac- quisitions des élèves qui y sont scolarisés. Toutes ces indications sont des signes patents de défaillances majeures en matière de gestion de la transformation des ressources en résultats au niveau des écoles. Les nombreux établissements non performants ne sont pas identifiés car le pilotage par les résultats est absent sachant qu'il n'existe aucune structure qui, d'une part aurait la responsabilité de traiter ce problème et qui, d'autre part, disposerait des moyens institutionnels et pratiques pour conduire cette éventuelle action. CHAPITRE 8 Perspectives de synthèse pour la politique éducative A lors que les chapitres du corps du rap- iii) construisent une stratégie de développement port étaient construits dans une du secteur (de la maternelle à l'Université) perspective d'analyse et détaillée qui qui d'une part assure des progrès globaux a examiné le fonctionnement du sys- dans le système (progrès en efficience, cou- tème éducatif guinéen selon des angles verture, qualité des services offerts et degré d'observation spécifiques et en grande partie in- d'équité) et d'autre part inscrit dans un con- dépendant, ce dernier chapitre offre une texte financier à moyen terme (sur base à la perspective plus synthétique. Il s'agit d'explo- fois des ressources nationales et des arbi- rer de façon plus générale des questions qui ont trages intersectoriels anticipés ainsi que des un sens pour la politique éducative qui, par na- ressources extérieures qui pourraient être ture, doit rassembler différents points de vue mobilisées pour le secteur). pour élaborer un diagnostic plus global sur le secteur. Sans aucune ambiguïté, il est clair que Compte tenu des inévitables contraintes de le diagnostic présenté dans ce rapport incite à ressources, cela impliquera une certaine pru- des réflexions visant à revoir ou rectifier la po- dence intra sectoriels; pour cela, le modèle de litique éducative du pays. Notons que nous simulation financière du secteur, établi afin de restons toutefois ici au niveau du diagnostic ? produire ce rapport, pourra être d'une grande sans aborder (de façon directe) des recomman- aide , tant pour définir les contours de la politi- dations en termes d'actions de politique que éducative choisie que pour la faire insérer éducative. dans les arbitrages intersectoriels et le DSRP. Pour aller vers cette direction, il sera sans doute nécessaire que les acteurs nationaux en I. En dépit d'une mobilisation charge de la politique éducative du pays : relativement limitée de ressources, le système éducatif guinéen a fait des i) apprécient la pertinence des éléments factuels progrès remarquables, en particulier du diagnostic, en matière de couverture scolaire. ii) identifient les options susceptibles d'être pro- posées en tant que réponses possibles aux La Guinée, sur le plan macroéconomique, est questions que pose le diagnostic caractérisée par un volume de ressources publi- 197 198 Le Système Educatif Guinéen ques qui ne représentent qu'une proportion re- globale dite positive, , pose tout de même quel- lativement faible (11 à 12 %) du produit national ques interrogations. Celles-ci sont de nature très du pays (les pays dont le niveau de développe- différentes selon qu'il s'agissent du niveau pri- ment est comparable à celui de la Guinée sont maire ou des niveaux post-primaires. caractérisés plutôt par des chiffres de l'ordre de 16 %). Comme les arbitrages intersectoriels ul- térieurs ne sont pas très favorables à l'éducation II. Au niveau de l'enseignement (le secteur reçoit actuellement un peu moins de primaire, des progrès qui doivent être 20 % des ressources publiques nationales), on soutenus. note une conséquence ;en effet, les dépenses cou- rantes en éducation ne se montent qu'à environ II.1 Une amélioration substantielle 2 % du PIB en 2003. Ce chiffre, certes en aug- de la couverture avec un besoin mentation au cours des années récentes (le chiffre d'améliorer la rétention correspondant a oscillé entre 1,7 et 1,8 % entre 1994 et 1999) place toutefois la Guinée parmi Au niveau primaire, le taux d'accès en première les pays qui affectent le moins d'argent à leur année est passé de 39 % en 1990 à 86 % en secteur scolaire. 2003, alors que dans pour la même période, le Malgré tout, la Guinée a fait des progrès spec- taux de rétention est passé de 57 à 70 %. Ces taculaires en matière de couverture scolaire. progrès sont très significatifs mais on observe Entre 1990 et 2003, on a observé une forte aug- tout de même en 2003 que seuls 52 % des en- mentation des effectifs scolaires à tous les fants d'une classe d'âge, achèvent le cycle niveaux. Les effectifs scolarisés au niveau du pri- primaire ce qui représente le minimum pour as- maire ont augmenté en moyenne de 9,8 % par surer la rétention durable de l'alphabétisation à an entre 1990 et 2003, ainsi, le taux brut de une proportion forte des individus. Compte tenu scolarisation est passé de 34% à 81%, ce qui du taux relativement élevé de l'accès à l'éduca- présente un résultat remarquable qui a tendance tion, c'est surtout au niveau de la rétention que à évoluer.. les efforts devront être entrepris. Pour cela, il La croissance des effectifs au niveau du se- est prévu qu'une politique d'offre scolaire con- condaire a, été plus rapide que celle de duirait à mettre à disposition des structures qui l'enseignement primaire (croissance moyenne assurerait la continuité éducative pour tous les annuelle de 12 %). Le TBS dans le 1er cycle se- élèves qui entrent au primaire, ce qui conduirait condaire est passé d'une valeur de 12 % en 1990 à faire gagner 14 points sur le pourcentage de la à 35 % en 2003, alors que celui du 2nd cycle est rétention actuelle. Un recours plus intense à la passé de 5 à 16 % durant la même période. Le formule d'enseignement en cours multiples sem- nombre d'élèves pour 100 000 habitants dans ble être une réponse juste au niveau des l'enseignement technique est passé de 90 en nombreuses situations de discontinuité éduca- moyenne au début des années 90 à 180 en 2003. tive, sachant que c'est bien au niveau local que Pour l'enseignement supérieur le nombre d'étu- ce type de question doit être traité. diants pour 100 000 habitants est passé de 87 à environ 270 en 2003. Ces résultats montrent que II.2 Des disparités notables, en particulier la dynamique globale a été positive et considé- selon les variables géographiques rable à tous les niveaux durant cette période, le rapport entre la couverture quantitative globale La situation actuelle montre aussi l'existence du système et le volumes des ressources publi- d'écarts entre groupes de population. Donc, alors ques mobilisées sont dans la période actuelle, que le taux d'achèvement du primaire est estimé particulièrement favorable. Cette dynamique se situer à 52 % en 2003, il vari entre 26 % Perspectives de synthèse pour la politique éducative 199 pour les filles qui vivent en milieu rural et de 78 doute que des progrès doivent être faits pour % pour les garçons qui vivent en milieu urbain. améliorer le niveau des acquis des élèves en Le genre et l'habitat sont deux variables qui en- Guinée. traînent des écarts au niveau du primaire mais Les analyses menées dans le rapport souli- la dimension géographique conduit elle à des gnent trois domaines dans lesquels des progrès écarts plus grands que la dimension du genre; devraient être réalisés : le temps scolaire; les res- ainsi, 24 points de différences existent entre les sources mobilisées pour constituer le contexte filles et les garçons en ce qui concerne le taux d'enseignement et la gestion pédagogique du sys- d'achèvement du primaire alors que l'écart est tème et l'absence d'un pilotage par les résultats. de 37 points entre zones urbaines et rurales. Un point positif est la faiblesse relative selon le ni- II.3.1 Le temps scolaire. veau de revenu des parents à l'intérieur des deux zones d'habitat. L'importance de la dimension Il a été démontré que le temps scolaire effectif, géographique est d'autre part attestée par l'exis- qui est un facteur essentiel des apprentissages tence d'écart entre les régions ;par exemple, la pouvait être augmenté dans le cas guinéen. continuité éducative ayant à poursuivre sa ten- dance dans les régions telles que Conakry ou i) pour assurer que l'année scolaire commence Labe alors qu'on observe des lacunes à ce ni- à la date prévue (ce qui suppose que toutes veau dans les régions de Kankan ou de Boké. . les affectations soient faites en temps utile et Enfin, il convient de signaler que toutes les ques- que tous les enseignants aient regagné leur tions de disparités ne sont pas dues à des poste), politiques d'offre scolaire, des insuffisances de ii) pour que les enseignements effectifs se pour- demande scolaire (qui demandent à être traitées suivent jusqu'à la fin officielle de l'année de façon spécifique) sont enregistrées par exem- scolaire en réduisant les perturbations liées ple dans les préfectures de Koundara, Gaoual, aux examens et Boké, Tougué ou de Macenta. iii) en agissant pour réduire l'absentéisme des enseignants durant l'année scolaire. Bien qu'il II.3 Un accent à mettre sur la qualité des soit difficile de comptabiliser le temps glo- services éducatifs offerts bal perdu, on peut estimer qu'il s'élève en moyenne à 20 % du temps (en principe) Les questions de qualité peuvent être traitées au prévu pour les apprentissages. Spécifions que niveau des moyens mobilisés, mais aussi de fa- des améliorations sur ce plan n'impliquent çon plus pertinente, au niveau des acquis effectifs pas de coûts additionnels. des élèves. pour ce qui est de la tendance du sys- tème à mal répartir les acquis souhaités aux II.3.2 Les ressources mobilisées pour élèves, les mesures disponibles (enquête du constituer le contexte de scolarisation au PASEC et mesure de la rétention de l'alphabéti- niveau des écoles sation à l'âge adulte) placent la Guinée à un niveau proche des valeurs moyennes des pays Il s'agit d'un aspect de qui représente un intérêt d'Afrique sub-saharienne. Comme cette car il englobe les éléments de la politique éduca- moyenne régionale reste cependant moins éle- tive qui constituent le budget, dont on connaît vée par rapport à la moyenne observée dans les les contraintes. Deux dimensions sont à consi- pays de développement économique intermé- dérer : la première concerne la dotation moyenne diaire (par exemple Tunisie ou à Maurice) et des facteurs en eux-mêmes et leur distribution davantage encore si on étend la comparaison au entre les écoles individuelles, la seconde, leur groupe des pays de l'OCDE, il ne fait aucun impact sur l'apprentissage. 200 Le Système Educatif Guinéen i) on observe en premier lieu, une grande va- tion de la qualité de l'enseignement passera riabilité des conditions d'enseignement. Par certes par une augmentation des moyens et exemple, le rapport moyen élèves-enseignant du temps d'apprentissage, mais elle le sera en primaire est de 46 dans l'ensemble des sans doute davantage encore par l'amélio- écoles, alors qu'il varie de 20 à plus de 100 ration de la gestion pédagogique et de la dans les écoles publiques. La disponibilité capacité du système à mieux transformer, en manuels scolaires est globalement faible, au niveau local, les ressources existantes en même pour les matières les plus essentielles, résultats scolaires significatifs. Etant donné avec en moyenne un livre de lecture pour qu'il existe une absence remarquable d'un deux élèves et un livre de calcul pour trois pilotage par les résultats de l'organisation élèves; il existe aussi des différences mar- de l'école en guinée, il serait fondamental quantes d'une école à l'autre sur ce plan. d'en inclure un afin d'améliorer l'appren- ii) On observe en second lieu qu'il existe égale- tissage. ment une grande variabilité au niveau des performances des écoles (que celles-ci soient II.3.3 Le cas particulier du personnel et des mesurées sur la base de tests de connaissan- enseignants ces de leurs élèves ou de taux de réussite aux examens nationaux), ce qui d'estimer qu'il Le personnel, et en particulier le personnel en- existe une estimation des relations entre les seignant, jouent un rôle central dans la conditions d'enseignement et les résultats production des services éducatifs et notamment obtenus. En fonction de l'intensité de l'im- de leur qualité. Trois aspects méritent en parti- pact des facteurs et des coûts qui leur sont culier d'être soulignés : associés, il est possible de mettre en place une stratégie sélective au niveau de l'utilisa- i) le premier aspect concerne le déploiement tion des facteurs associés à la qualité de du personnel enseignant; d'une façon géné- l'enseignement. Par exemple, on observe que rale, on s'attend à ce qu'une école dispose la réduction des redoublements a un impact d'un nombre d'enseignants qui soient en lien positif sur les acquisitions sans engendrer de étroit avec_le nombre de ses élèves. Dans coûts supplémentaires (en fait cela réduirait tous les pays, il existe un certain degré d'in- la dépense). La qualité ne subit aucune con- cohérence dans ces allocations; la Guinée ne séquence de l'organisation en cours multiples fait pas exception et des progrès sont possi- et réduit également les dépenses; par contre bles, mais les comparaisons au niveau l'impact des bâtiments de meilleure qualité international montrent toutefois une bonne sur les apprentissages n'est pas considéré performance du pays sur ce plan. alors que les constructions ou rénovations ii) le second aspect est celui de l'utilisation plus des infrastructures scolaires représentent des générale des personnels (que leur statut soit coûts élevés. celui d'enseignant ou d'administratif) qui as- iii) un point important qui mérite d'être souli- surent des emplois d'appui au système (dans gné est que l'ensemble des différents facteurs les écoles ou dans les services centraux et dont l'impact a pu être établi sur la qualité décentralisés). Ces personnels d'appui repré- des enseignements, n'explique qu'une faible sentent environ 25 % des personnels totaux partie de la variabilité observée dans les ré- employés au niveau primaire, alors que le sultats. Une conséquence est que des écoles chiffre correspondant est en moyenne légè- qui disposent de ressources comparables rement inférieur à 15 % dans les pays de la peuvent avoir des résultats très différents. région. On peut donc conclure que le nom- Ce dernier constat suggère que l'améliora- bre de ces personnels (dont beaucoup sont Perspectives de synthèse pour la politique éducative 201 des enseignants fonctionnaires) devrait être termes de comparaisons internationales; il l'est réduit, surtout afin de contribuer à fournir aussi dans les conditions guinéennes pour autant les enseignants dont le pays a besoin mais qu'on puisse en juger par la fréquence des for- aussi pour améliorer l'efficience de l'usage més qui ne prennent pas leur poste ou par les des crédits publics. grandes difficultés à combler les emplois en mi- iii) le troisième aspect concerne la rémunération lieu rural (il est aussi très inférieur au niveau de des personnels enseignants. Dans l'école pri- rémunération des enseignants dans les écoles maire guinéenne, on trouve, en 2003, près privées). Il sera donc nécessaire de d'augmenter de 19 000 enseignants. La grande majorité la rémunération des contractuels afin d'assurer de ceux-ci (93 %) est payée par l'Etat et 7 la constitution d'un corps professionnel assidu % par les communautés. Parmi les ensei- pour un système assurant des services de qua- gnants payés par l'Etat, on trouve deux lité72. Cela dit, la stratégie d'attacher à une grands groupes de personnels, i) les fonc- augmentation de rémunération, des modifica- tionnaires qui représentent 41 % et sont tions allant dans le sens d'un pilotage par les rémunérés en moyenne à un niveau corres- résultats dans des structures de responsabilités pondant à 3,2 fois le PIB par habitant du à redéfinir pourrai être adoptée (voir plus haut pays et ii) les contractuels qui sont devenus sur la faiblesse actuelle de la transformation des majoritaires (59 %) et qui sont rémunérés à ressources en résultats scolaires tangibles. un niveau correspondant à 1,6 fois le PIB par habitant du pays. Au total, le niveau de rémunération des enseignants est très faible III. Le besoin d'une politique éducative en Guinée avec une valeur moyenne de 2,1 nouvelle dans le post-primaire. fois le PIB par habitant pour l'ensemble du corps enseignant dans le primaire. III.1 Une structure du financement public au sein du secteur à examiner Ce chiffre est faible si on le compare à ob- servé en moyenne aux autres pays francophones Un des éléments important de la politique édu- (soit de 4,9 fois le PIB par habitant) d'Afrique cative d'un pays comprend la répartition de ses subsaharienne et également très inférieur à la financements publics entre les différents niveaux valeur de 3,5 fois le PIB par habitant retenue d'éducation. Dans la situation actuelle, le pays comme référence par le cadre indicatif de l'ini- attribue environ 44 % des ressources publiques tiative Fast-Track. C'est d'ailleurs le faible niveau du secteur à l'enseignement primaire alors que de rémunération des enseignants et en particu- l'enseignement supérieur en obtient environ 25 lier le recours à des contractuels (et à des %. Lorsqu'on compare ces chiffres au niveau enseignants communautaires) qui a permis l'évo- internationale, on observe que la part attribuée lution de la couverture éducative de au primaire en Guinée est sensiblement plus fai- l'enseignement primaire en Guinée. Ce qui est ble que la moyenne (50 %) des sept pays pour particulier dans la situation guinéenne ce n'est pas tant le niveau de rémunération des ensei- gnants fonctionnaires (ils sont tout de même payés à un niveau un peu inférieur à la référence 72 La situation des enseignants communautaires est du Fast-Track) que celui des contractuels. Même plus sérieuse encore car d'une part leur niveau de rémunération par les communautés est plus faible si leur situation financière a progressivement été encore et d'autre part, ce sont les communautés améliorée, ces derniers ne reçoivent en 2003, les plus démunies qui doivent souvent compenser qu'un salaire valant 1,6 fois le PIB par habitant les défaillances de l'Etat à mobiliser les enseignants du pays. Ce chiffre est extrêmement très bas en nécessaires pour faire fonctionner l'école. 202 Le Système Educatif Guinéen lesquels nous avons des données de comparai- · Concernant la sphère sociale, Les analyses ef- son73 alors que celle du supérieur est par contre fectuées sur les diverses enquêtes récentes sensiblement plus forte (25 % contre 18 % disponibles de ménages en Guinée montrent pour la moyenne des pays utilisés dans la com- sans doute que c'est dans la partie basse du paraison). On pourrait donc déduire que système, et notamment dans le primaire, que « comparaison n'est pas raison », et que la struc- se joue la production des compétences socia- ture du financement public entre niveaux les qui comptent, en particulier dans une d'enseignement est adaptée à la situation spéci- perspective de lutte contre la pauvreté. Ceci fique du pays. Les points suivants montrent qu'il vaut d'abord pour la rétention de l'alphabé- n'en est rien et qu'il y a matière à réfléchir à des tisation à l'âge adulte ou les risque de pauvreté arbitrages différents. pour lesquels la scolarisation primaire cons- titue l'investissement social de base; il en est III.2 Une structure des scolarisations même pour la transmission entre générations ; déséquilibrées en référence aux demandes En effet, les parents analphabètes ont beau- de la société coup moins tendance à scolariser leurs enfants alors que ce n'est plus le cas avec une scola- Afin d'évaluer l'importance de la structure des rité primaire complète. Concernant les effets financements entre niveaux, il est pertinent sur la santé maternelle et les chances de sur- d'examiner dans quelle mesure celui-ci entre en vie de l'enfant, on constate des effets positifs ligne de compte avec les demandes de la société tant pour le primaire que pour le secondaire, pour son secteur de l'éducation et de la forma- mais c'est de nouveau dès l'achèvement du tion. De façon très général, la société développe primaire qu'une part substantielle des effets ce secteur considéré comme un investissement sociaux positifs sont obtenus. social dans la perspective d'en obtenir des divi- dendes dans les sphères économique et sociale Ces observations empiriques des effets des lors de la vie adulte des individus : investissements éducatifs tant dans la sphère économique que sociale convergent de façon · Concernant la sphère économique, les résul- claire vers la déduction que, dans la situation tats d'une analyse d'une enquête de ménages présente, i) trop est fait dans la partie haute du récente montrent que seuls 28 % des person- système (enseignement technique et surtout su- nes qui sortent de l'université exercent un périeur) dont la cible est le secteur de l'emploi emploi salarié (pas toujours d'un niveau de moderne et qui doit répondre sans excès à ses qualification correspondant à leurs attentes) demandes tant en quantité qu'en qualité, et ii) alors que 59 % sont sans emploi et que les pas suffisamment est fait dans la partie basse 13 % restant exercent une activité dans le pour assurer que tous les jeunes puissent dispo- secteur informel. Le bilan formation-emploi ser au moins d'une scolarité primaire complète pour les années récentes suggère une produc- (davantage si cela est possible). Ce dernier point tion de diplômés dans la partie haute du est essentiel pour que la société puisse envisager système qui serait entre 3 et 4 fois supérieu- des progrès significatifs dans la productivité du res aux demandes de l'économie. Aussi, 48 travail dans le secteur traditionnel, dans la ré- % d'une classe d'âge entrent dans la vie ac- duction de la pauvreté, dans la réduction de tive sans avoir un enseignement primaire complet, alors que ceci est supposé consti- tuer la base minimale pour permettre des gains de productivité du travail dans le sec- 73Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Madagascar, teur informel de l'économie. Mauritanie, Niger et Togo Perspectives de synthèse pour la politique éducative 203 l'analphabétisme des populations, ainsi que des été soulignées ci-dessus; ces conséquences ap- progrès dans les domaines de la population et paraissent par le fait que le pays est de la santé. fondamentalement caractérisé par la dualité de son économie, avec un secteur moderne limité III.3 Un besoin essentiel d'une meilleure en nombre d'emplois (il représente, en 2002, 4,8 régulation des flux d'élèves au sein du % de la population active, ce chiffre n'augmen- système tant que de façon très lente) et un secteur informel (agricole et non-agricole) qui assure (et assurera encore pour les 25 prochaines années) III.3.1 La situation observée actuellement une très grande proportion des emplois au sein en Guinée est d'une certaine façon le de la population active du pays. Dans ces con- « revers de la médaille » du succès au ditions, a long terme la continuité au sein du niveau du développement des scolarisations système d'enseignement n'est pas compatible mis en place au cours des 15 dernières avec la structure de l'économie qui, (et même si années,i n' a pas été suffisamment maîtrisé. elle évolue et qu'il est pertinent d'anticiper son évolution) est principalement caractérisée par la En effet, on a pu noter que les effectifs scolari- discontinuité. Il est important de souligner que sés à tous les niveaux du système ont augmenté, les difficultés mises en évidence plus haut seraient et ce, avec des rythmes de progression, même s'amplifieraient si la proportion de la classe d'âge plus intenses dans le secondaire que dans le pri- qui achève le primaire augmente et que la struc- maire. Cette dynamique est caractérisée d'une ture de transition reste inchangée. part par des taux effectifs de transition entre cycles qui ont progressé entre 1990 et 2003 (de III.3.3 Des inconvénients clairement 84 à 95 % entre le primaire et le premier cycle perceptibles dans la qualité des services secondaire et de 75 à 82 % entre les deux cycles offerts au niveau secondaire secondaires) et d'autre part par des taux de tran- sition qui, en 2003, sont spécialement élevés tant Au cours des dernières années, il y a eu une dans l'absolu qu'en termes comparatifs interna- grande pression sur l'extension des effectifs dans tionaux. Ainsi, pour les 11 pays de la région pour les deux cycles secondaires; ainsi entre 1999­ lesquels les données sont disponibles, la moyenne 2000 et 2003­204, les effectifs du premier cycle des taux de transition est représentée respecti- secondaire augmentent de 45 % alors que ceux vement de 63 et 52 % entre le primaire et le du second cycle font plus que doubler. Le Gou- collège et entre le collège et le lycée; en fait la vernement a effectivement donné de nouvelles Guinée détient les valeurs les plus élevées pour chances de scolarisation à sa population, toute- chacun des deux taux de transition. fois sans pouvoir mobiliser les ressources nécessaires pour assurer que les services offerts III.3.2 Une tendance à la continuité au sein conservaient une qualité adéquate. Les tailles de du système éducatif classe ont augmenté pour atteindre 68 au ni- veau des écoles publiques dans chacun des 2 Dans tous les systèmes éducatifs, il y a une ten- cycles secondaires, alors que les coûts unitaires dance naturelle (du fait des demandes familiales du premier cycle sont estimés ne représenter que comme de l'organisation des programmes d'en- 13 % du PIB par habitant contre une moyenne seignement) à la continuité, les élèves qui ont régionale qui vaut 32 % du PIB par habitant achevé un cycle envisageant souvent d'accéder (2,5 fois plus). Au niveau du second cycle, la au cycle suivant. Cette tendance, très prononcé situation relative est d'une certaine manière pire en Guinée, a des conséquences négatives qui ont puisque le coût unitaire s'établit à 15 % du PIB 204 Le Système Educatif Guinéen par habitant alors que la moyenne régionale est ticiper les nombres qui auraient accès au su- de 64 % du PIB par habitant (plus de 4 fois plus). périeur; de nouveau, il sera juste de ne pas agir de façon stricte car il est souhaitable III.3.4 La nécessité de mieux réguler les flux d'une part qu'il reste une sorte de compéti- scolaires et les arbitrages entre quantité et tion entre les élèves pour réussir et d'autre qualité part qu'une certaine proportion des sortants entre sur le marché du travail sans avoir ac- Les problèmes mentionnés dans cette section 3 cès au supérieur. Sur le plan de la qualité, trouvent tous leur source dans la quasi absence des améliorations très substantielles de- de régulation des flux dans le système éducatif vraient être visées (notamment par référence guinéen au niveau secondaire (il y a par ailleurs à la situation actuelle) pour assurer une for- plus de 20 000 bacheliers en attente de trouver mation dans laquelle les études scientifiques une place dans l'université), et il sera indispen- auraient un part plus grande, les tailles de sable que la politique éducative du secteur pour classe seraient réduites et où laboratoires, le post primaire considère cet aspect. Concrète- bibliothèques et informatique feraient par- ment, cela pourra être fait potentiellement à trois tie intégrante des services offerts. Dans le niveaux : i) entre le primaire et le premier cycle second cycle secondaire, la quantité serait secondaire, ii) entre les deux cycles secondaires donc contrôlée, mais l'accent serait placé sur et iii) dans l'accès à l'université. La valeur don- la qualité. née à chacun de ces niveaux de transition doit iii) dans le premier cycle secondaire, des pro- bien sûr faire l'objet de discussion ; cependant grès devraient être faits dans le but les principes suivants pourraient être retenus : d'améliorer la qualité des services, mais l'ob- jectif premier serait la progression de la i) les effectifs de l'enseignement supérieur de- couverture autant qu'il est possible pour vront être contrôlés afin de concorder avec donner des chances de poursuite d'études à les demandes du marché de l'emploi mo- la plus grande proportion des jeunes qui derne tant en quantité (même s'il est sans achèvent le cycle primaire. La définition plus doute souhaitable de laisser des marges au- précise de qui sera effectivement possible delà des demandes strictes du marché qui dépendra d'une part des choix faits aux sont par ailleurs connues seulement de fa- autres niveaux d'études et de la mobilisa- çon incertaine) qu'en qualité (ce qui tion des ressources pour le secteur et d'autre impliquera sans doute des équilibres nou- part des possibilités logistiques d'étendre les veaux entre enseignement court et long, scolarisations à ce niveau d'études (construc- professionnel et académique, scientifique et tion de collèges, recrutement des littéraire/juridique, ...). Dans ce contexte, il enseignants). Ce dernier aspect est suscepti- importe de dire qu'il n'est probablement ni ble de jouer un rôle tant seront probablement politiquement, ni économiquement souhai- intenses les pressions des jeunes sortant du table de donner un poids trop important à primaire au fur et à mesure de l'améliora- la transition entre la fin du lycée et l'accès tion du taux d'achèvement du primaire d'ici au supérieur. L'essentiel de la régulation de- 2015. Ainsi le maintien du taux de transi- vra sans doute être opéré à des niveaux tion à sa valeur actuelle supposerait qu'on antérieurs dans la structure du système. puisse multiplier, en 12 années et par un fac- ii) sur cette base, le second cycle secondaire sera teur proche de 4, le nombre actuel des élèves principalement constitué d'une préparation scolarisés au niveau du collège; ceci consti- à l'enseignement supérieur. Sur le plan des tuerait une progression tout à fait effectifs, les chiffres visés devraient alors an- considérable et sans doute peu vraisembla- Perspectives de synthèse pour la politique éducative 205 ble, même dans l'hypothèse où les ressour- professionnelle aurait alors le rôle double, d'une ces financières le permettraient. part de préparer les jeunes pour les métiers tech- niques du secteur moderne avec des effectifs III.3.5 Accompagner la régulation et compatibles avec les demandes prévisibles du faciliter l'insertion des jeunes dans le marché du travail moderne, et d'autre part de secteur informel contribuer à l'insertion réussie dans le secteur informel de l'économie guinéenne d'une certaine Sans anticiper sur les choix structurels de politi- proportion des jeunes concernés par la régula- que éducative qui seront effectivement effectués tion des flux d'élèves dans l'enseignement par le Gouvernement guinéen, la politique de secondaire. régulation des flux aura pour conséquence que certains des jeunes du pays devront mettre un terme à leurs études académiques soit après le IV. Un besoin de mobilisation de primaire soit après le premier cycle secondaire. ressources additionnelles dans une On pourrait dire que, par référence à la situa- répartition mieux ciblée tion actuelle où près de la moitié d'une cohorte n'achève pas le primaire, serait déjà un progrès Compte tenu du fait que le système éducatif sensible pour que tous les enfants puissent au guinéen fonctionne aujourd'hui à travers un moins disposer d'une scolarité primaire com- volume de ressources publiques réduit et qu'il plète. Cela dit, le point fait plus haut sur la devra forcément connaître un développement tendance à la continuité montre que ceux qui substantiel en quantité et en qualité, cela impli- devraient mettre un terme à leurs études en fin quera qu'il puisse mobiliser de ressources de primaire ou de collège verront cela comme supplémentaires. Toutefois, il est tout aussi évi- une « frustration ». Dans ce contexte et dans la dent que celles-ci ne seront pas excessivement perspective tout à la fois i) de rendre plus accep- élastiques si bien que pour rester dans une pers- table la politique de régulation des flux qui est pective de soutien financier à moyen terme, i) nécessaire et ii) de contribuer à leur insertion des choix difficiles de politique éducative struc- réussie dans le secteur informel de l'économie, turelle devront être faits, ii) le ciblage des mesures il pourrait être pertinent de prévoir des forma- nouvelles devra être étudié avec précaution et tions professionnelles courtes. Ce point iii) l'amélioration de la gestion ne sera pas une demandera à être travaillé davantage et sans option. La définition de cette nouvelle politique doute faire l'objet d'expérimentations; il s'agira éducative est bien sûr dans les mains du gouver- ainsi d'identifier a) quelle proportion des jeunes nement du pays, sachant que sa définition pourra potentiellement concernés pourraient bénéficier sans doute être facilitée par l'utilisation du mo- de ces formations, b) quelles formes diversifiées dèle de simulation qui a été construit dans le elles pourraient recouvrir et c) quel volume de contexte de ce travail. Dans cette perspective, il ressources publiques pourraient être mobilisées pourra être intéressant de s'appuyer sur une en moyenne par jeune pour ces formations d'in- matrice du type suivant qui résume un certain sertion. L'enseignement technique et la formation nombre des points discutés ci-dessus. 206 Le Système Educatif Guinéen Qualité. Niveau/type Quantité Général Spécifique PARTIE BASSE Pré-scolaire Développement de la Favoriser le mode commu- DU SYSTEME couverture nautaire Primaire Achèvement Universel Améliorer 1. Choix sélectifs des intrants Taux d'accès en 6ème 2. Gestion pédagogique année = 100% Secondaire Accroissement des ef- Améliorer 1. Réduire la taille des 1er cycle fectifs autant qu'il est groupes possible en référence à 2. Polyvalence des l'augmentation des ef- enseignants fectifs qui achèvent le 3. Augmenter la rémunéra- primaire tion des contractuels PARTIE HAUTE Secondaire Effectifs qui anticipent Améliorer très for- 1. Réduire la taille des DU SYSTEME 2ème cycle les accès au supérieur tement (Sciences, groupes laboratoire, infor- 2. Polyvalence des matique, langues) enseignants 3. Augmenter la rémunéra- tion des contractuels Technique et 1. Développer en fonc- Rationalisation des Améliorer les mécanismes Professionnel tion des demandes du filières (par secteur d'insertion professionnelle marché du travail mo- économique) derne 2. Faciliter la régulation des flux par des forma- tions professionnelles courtes Supérieur et Effectifs pour corres- 1. Rationalisation des recherche pondre aux demandes filières (long/court, scientifique du marché du travail public/privé, moderne acad./prof, sur place/distance) 2. Assurer une pro- duction de recherche. Education Faire passer le taux Non-Formelle d'alphabétisation des 15-50 ans de 35 % à 50 % en 2015