Note du 44589 CGAP février 2005 SOUTENIR LES ACTIVITÉS DE MICROFINANCE EN ASIE APRÈS LE TSUNAMI Alors que les populations les plus touchées par le récent tsunami de ressources ou de souplesse dans leur système d'information dévastateur s'apprêtent courageusement à reconstruire leurs pour gérer des opérations de secours et pour fournir les prêts à vies, les institutions de microfinance (IMF) peuvent jouer un moyen terme nécessaires à la reconstruction d'actifs, comme les rôle important au sein de cette reconstruction. Depuis les heures maisons, qui ne génèrent pas de revenus liquides réguliers. Dans qui ont suivi la tragédie, les IMF fournissent et coordonnent sans ce cas, il peut être envisagé de conclure un accord de partenariat relâche des secours d'urgence, et quelques-unes d'entre elles ont avec des banques commerciales et peut-être une autre IMF. entrepris d'aider les populations locales à rebâtir leurs maisons Principesdirecteursàl'intention et à retrouver une activité économique. Les principes directeurs qui suivent ont pour objet d'aider les IMF à fournir une gamme desinstitutionsdemicrofinance appropriée d'aide d'urgence et à plus long terme, et d'encourager Les opérations de secours. La participation d'une IMF aux les IMF et les bailleurs de fonds à oeuvrer de concert pour que opérations de secours devrait en général se limiter à repérer soit préservée la mission véritable de l'IMF : la prestation dura- les clients, à mettre en relation les clients et autres membres de ble de services financiers. leur groupe avec les opérations de secours, ou à transporter ces personnes vers des sites où elles peuvent recevoir des services. Lesprincipesclésdelamicrofinance Le personnel de terrain d'une IMF peut toutefois jouer un rôle Maintenir l'engagement en faveur d'opérations durables. crucial en transmettant des messages concernant la santé publi- Lorsque cela est possible, les IMF doivent travailler de concert que, sur l'importance de ne consommer que de l'eau propre avec des organismes et des bailleurs de fonds spécialisés dans par exemple. Il est essentiel d'oeuvrer de façon coordonnée avec l'aide d'urgence, et non pas essayer de fournir elles-mêmes direc- les organisations de secours. Si aucun prestataire de services de tement une aide d'urgence. En l'absence d'organismes spécialisés secours n'est présent, une IMF peut assumer ce rôle temporai- dans l'aide d'urgence, les IMF en place se trouvent souvent dans rement, mais elle doit s'assurer que les clients sont conscients la situation de devoir fournir une assistance immédiate après de sa mission essentielle de prestataire de services financiers. une catastrophe. Cependant, il convient de bien définir cette Les IMF peuvent renforcer ce message avec des signaux visuels : période d'assistance post catastrophe, et de faire en sorte qu'elle elles peuvent par exemple demander à leur personnel assurant soit suivie d'un retour aux prêts non subventionnés durant les des activité de secours de porter des chemises d'un type réservé phases de remise en état et de reconstruction. aux « opérations de secours d'urgence ». Les IMF doivent éga- lement séparer les fonds de secours des fonds opérationnels de Adapter les solutions aux besoins de chaque client. Certains leur activité de microfinance, de façon à assurer un suivi exact clients peuvent avoir été très affectés par le tsunami, d'autres des dépenses de secours, à fournir des justificatifs aux bailleurs moins, et quelques heureux pas du tout. Les IMF doivent de fonds et, le cas échéant, à obtenir le remboursement de ces pouvoir fournir à chaque foyer l'éventail de services approprié dépenses. correspondant à sa situation. Pour ceux qui ont le plus souffert, une première intervention de secours d'urgence est plus appro- Gérer l'épargne des clients. Les IMF doivent éliminer provis- priée que des services financiers. Pour permettre à une offre per- oirement les obligations d'épargne en vigueur dans les agences sonnalisée de réussir, le personnel doit avoir reçu une formation concernées par la crise, jusqu'à ce que la phase d'urgence soit adéquate pour évaluer la situation, et être habilité à prendre des passée et que les clients aient entrepris la reconstruction. Cela décisions immédiates. Pour l'IMF, cette approche permet une donne aux IMF l'occasion de reconstruire leurs agences et de utilisation plus efficace de son financement limité qu'une stra- localiser leurs clients, tout en garantissant que les clients sont tégie générale et identique pour tous les clients. Elle garantit éga- à même de conserver autant de liquide que possible pour faire lement que le personnel garde le contact avec la clientèle tout au face à la crise. Lorsqu'elles envisagent de permettre à leurs clients long de la période de reconstruction. Il lui incombe de définir d'effectuer des retraits sur leur compte, les IMF doivent tenir des critères spécifiques pour que les agents de crédit puissent compte de leur niveau de liquidité et des éventuelles promesses prendre des décisions en matière de rééchelonnement des prêts antérieures faites à la clientèle concernant leur capacité à dispo- et d'octroi de subventions. ser de leur épargne en cas de crise. Avoir une conception réaliste du rôle de l'IMF. Les IMF doivent Le rééchelonnement des prêts. Le rééchelonnement des prêts au réfléchir à la meilleure façon pour elles de contribuer aux activi- cas par cas peut aider les IMF à éviter de grever leur portefeuille tés d'assistance aux sinistrés, et éviter de s'embarquer dans des de prêts par des pertes et impayés, et permettre à ceux qui ont le actions qui dépassent à la fois leurs capacités et leur mission. Les plus souffert de la catastrophe de conserver tout revenu perçu. IMF de taille moins importante peuvent manquer de liquidités, Une telle approche permet également de renforcer la confiance et la fidélité de la clientèle envers l'IMF en temps de crise. Les Principesdirecteursàl'intention IMF choisissent en général entre deux solutions : demander aux desbailleursdefonds clients de continuer à verser les intérêts tout en reportant les Les bailleurs de fonds doivent comprendre les options dont remboursements du principal à une échéance ultérieure, ou sto- disposent les IMF à la suite d'une catastrophe, de même que pper la collecte des intérêts tant que le remboursement du prin- les contraintes qui y sont associées. En général, les bailleurs de cipal n'a pas repris. Dans certains cas particulièrement graves, fonds doivent : l'IMF peut envisager de passer en perte certains prêts aux clients, mais elle doit alors prendre garde à ce que cette décision ne soit Prêter attention au contexte local. Bien que cela paraisse évident, pas mal interprétée par la communauté. Les IMF justifiant d'une la réussite de la microfinance dans de nombreuses communau- plus longue existence bénéficieront probablement d'un taux de tés dépend étroitement de la confiance lentement établie entre remboursement plus élevé sur les prêts rééchelonnés que les IMF les prêteurs et leurs clients. C'est cette confiance qui aide les dont la relation avec la clientèle est moins ancienne. Les pro- agents de crédit à maintenir des taux de remboursement élevés, grammes plus récents devront peut-être prendre des mesures tout en permettant aux institutions de facturer des taux d'intérêt supplémentaires pour fidéliser leur clientèle, en maintenant des suffisants pour couvrir leurs coûts. De telles pratiques peuvent se contacts suivis avec leurs clients par exemple. révéler complètement inadéquates en cas de catastrophe. Grâce à une collaboration avec les intervenants locaux -- responsables Les prêts à la reconstruction. La manière la plus efficace communautaires, praticiens de la microfinance, organisations d'accorder des prêts à la reconstruction est de le faire après la non gouvernementales et autres organismes --, les bailleurs de fin de la phase d'urgence, lorsque le personnel de l'IMF peut éva- fonds peuvent aider les institutions de microfinance à atteindre luer les dégâts matériels subis par les clients ainsi que le degré de un équilibre entre les besoins immédiats de la population et la solvabilité de ces derniers. Il convient de surveiller attentivement nécessité à long terme de rester viable. le remboursement de ces prêts, notamment lorsque leur objet est de financer la construction de maisons ou de latrines, activité Veiller à la séparation entre l'aide d'urgence et la microfinance. non génératrice de revenu. Le montant souvent important de Les IMF ne sont pas des organismes de secours. Même si la ces prêts de « remplacement d'actifs » contraint l'emprunteur situation peut contraindre certaines IMF à assurer des activités à contracter trois ou quatre autres prêts destinés à financer une de secours aussitôt après la catastrophe, les bailleurs de fonds activité génératrice de revenus afin de gagner un salaire suffisant doivent veiller à établir une séparation entre l'aide d'urgence et pour payer les intérêts de ces prêts à la reconstruction. la microfinance le plus rapidement possible. Pour que la cul- ture du crédit ne soit pas menacée, il convient de ne pas donner Démarrer une activité dans de nouvelles régions. Les IMF qui d'image confuse aux clients. envisagent d'offrir une assistance financière d'urgence dans des régions encore non servies doivent soigneusement planifier leur Préserver les bonnes pratiques de la microfinance. Les bai- présence à long terme dans ces régions. Les clients sans con- lleurs de fonds et leurs partenaires doivent comprendre les naissance antérieure des taux commerciaux des IMF et de leur besoins de la clientèle et sa capacité à utiliser des services finan- stratégie de viabilité et de durabilité peuvent, dans un premier ciers. Lorsqu'il est possible d'assurer ces services, les bailleurs temps, assimiler l'institution aux autres organismes de secours de fonds doivent encourager les institutions de microfinance à ou programmes de dons temporaires. L'IMF devra peut-être se restructurer les prêts, plutôt qu'à faire grâce du remboursement créer une nouvelle image pour la phase d'urgence si elle veut aux clients. S'ils encouragent les institutions de microfinance à réussir sa transition de prestataire de soutien financier d'urgence annuler le remboursement des prêts, ou à agir en filets sociaux, (par le biais de prêts ou de subventions d'urgence) à des opéra- ils les empêcheront d'opérer de façon viable -- et donc de tions rentables et à plus long terme. Il est essentiel qu'elle utilise toucher plus d'individus -- lorsque la phase d'urgence laissera des signaux visibles (voir, plus haut, les Opérations de secours) place à la reconstruction et au développement. et qu'elle présente sa mission véritable de façon explicite aux clients. Éviter d'établir des objectifs de décaissements. Les bailleurs de fonds doivent éviter d'imposer aux institutions de microfinance La gestion des déclarations de sinistres pour les prestataires de des objectifs chiffrés quant au nombre de clients servis, car cela microassurance. Les déclarations de sinistre doivent être trai- peut les inciter à accepter des clients qui ne sont pas capables tées le plus rapidement possible afin que les clients aient au plus de rembourser leurs emprunts. Cette prise de risque est aussi vite accès à des ressources. Il est important de savoir identifier dommageable pour les clients que pour les IMF et, à long terme, les demandes de remboursement fallacieuses et de veiller à la elle réduit l'impact de la microfinance. viabilité du programme de microassurance. En cas de délais de décaissement trop importants, il est possible de fournir des prêts d'urgence garantis par les déclarations de sinistre. CGAP1818HStreet,NW · WashingtonDC20433 Tél:2024739594 · Fax:2025223744 Courriel:cgap@worldbank.org · Web:www.cgap.org 2