PRATIQUE MONDIALE RAPPORT D E L’ E AU Performance des services d’eau en Afrique Caroline van den Berg et Alexander Danilenko A propos du Pôle mondial d’expertise en Eau Inauguré en 2014, le pôle mondial d’expertise en Eau de la Banque mondiale prend une part active dans l’approfondissement des connaissances, le financement et la mise en œuvre de projets hydriques. En combinant son expertise mondiale et l’expérience acquise dans ses investissements au niveau local, la Banque mondiale est à même de proposer des solutions transformatives pour le développement durable des pays où elle est engagée. Pour plus d’information, veuillez consulter : http://www​ .banquemondiale.org/fr/topic/water/overview ou suivez nous sur Twitter : @WorldBankWater. Performance des services d’eau en Afrique Caroline van den Berg et Alexander Danilenko © 2017 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Site web : www.worldbank.org Le présent document a été produit par le personnel de la Banque mondiale avec des concours externes. Les constats, interprétations et conclusions qui y sont exprimés ne reflètent pas nécessairement les opinions de la Banque mondiale, du Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale ou des États que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données présentées dans cet ouvrage. Les frontières, couleurs et dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et licences Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. La Banque mondiale encourageant la diffusion des connaissances, la reproduction de cette publication est autorisée, en tout ou en partie, à des fins non commerciales, sous réserve d’indication de la référence. Le présent ouvrage doit être cité de la manière suivante : van den Berg, Caroline, et Alexander Danilenko. 2017. « Performance des services d’eau en Afrique ». Banque mondiale, Washington, DC. Toute question relative aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, est à adresser au Bureau des publications de la Banque mondiale : The World Bank Group, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, États-Unis d’Amérique ; télécopie : 202-522-2625 ; courriel : pubrights@worldbank.org. Photo de couverture : Alexander Danilenko/Banque mondiale. Maquette de couverture : Jean Franz, Franz & Company, Inc. Table des matières Avant-propos xi Remerciements xiii Sigles xv Synopsis 1 Notes 5 Chapitre 1  Objectif de l’étude 7 Chapitre 2  Champ d’application et méthodologie 11 Analyse de la performance 14 Analyse de la performance institutionnelle 15 Facteurs influençant l’analyse de la performance des services d’eau 15 Études de cas 16 Notes 17 Référence 17 Chapitre 3  Performance des services d’eau en Afrique : analyse de tendances 19 Performance opérationnelle 19 Performance financière 22 Performance client 28 Conclusions 35 Notes 36 Références 36 Chapitre 4  Performance des services d’eau en Afrique : indice composite de la performance 37 Calcul de l’indice composite de la performance 37 Indice composite de la performance 38 Mesure de l’efficience par l’analyse d’enveloppement des données 53 Conclusions 55 Notes 56 Chapitre 5  Performance des services d’eau en Afrique : facteurs institutionnels 57 Rôle du développement économique 58 Performance des services d’eau en Afrique iii Rôle de la réglementation 59 Rôle des modèles de prestation de services 60 Économies d’échelle et de gamme 62 Conclusions 63 Notes 65 Référence 65 Chapitre 6  Facteurs influençant la performance des services d’eau : données de panel 67 Performance financière 69 Performance client 71 Performance opérationnelle 76 Indice global de la performance 77 Conclusions 78 Notes 80 Chapitre 7  Facteurs influençant la performance des services d’eau : perspective des études de cas 81 Introduction 81 Performance des services retenus aux fins des études de cas 82 Enseignements des études de cas 85 Conclusions 97 Notes 98 Références 98 Chapitre 8  Enseignements 99 Enseignement 1 : Bien que les services d’eau africains soient généralement peu performants, des services d’eau relativement performants existent sur le continent 99 Enseignement 2 : La performance client est relativement faible, même au sein des services les plus performants 100 Enseignement 3 : Les principaux facteurs influençant la performance des services d’eau sont liés au coût, tandis qu’un environnement favorable bénéficiant d’une bonne gestion économique est également important 100 Enseignement 4 : L’élargissement de la couverture en eau courante en Afrique nécessitera d’importants investissements qui devront le plus souvent être financés par l’État 101 Enseignement 5 : Des mesures spécifiques sont nécessaires pour veiller à ce que les progrès en matière de recouvrement des coûts financiers ne nuisent pas à l’accessibilité financière des services 102 iv Performance des services d’eau en Afrique Enseignement 6 : La disponibilité de données est essentielle pour évaluer la performance et orienter la planification du secteur 103 Note103 Annexe A  Performance client et couverture en eau courante 105 Annexe B  Études de cas 115 Burkina Faso, ONEA (Office National de l’Eau et de l’Assainissement) 115 Côte d’Ivoire, SODECI (Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire) 124 Kenya, NCWSC (Nairobi City Water and Sewerage Company [Société municipale de l’eau et de l’assainissement de Nairobi]) 130 Sénégal, SDE et SONES 138 Ouganda, NWSC (National Water and Sewerage Corporation [Société nationale de l’eau et de l’assainissement]) 147 Notes 155 Références 157 Annexe C  Procédures concernant la qualité des données 159 Annexe D  Méthode d’analyse d’enveloppement des données 161 Références 162 Encadrés 4.1. Avantages et inconvénients des indices composites de la performance 39 4.2. Interfinancements à la SDE et à l’ONEA 48 Graphiques 3.1. ENGR en pourcentage de la production d’eau 20 3.2. ENGR par branchement 20 3.3. ENGR en fonction de la taille du service d’eau, 2010–13 21 3.4. Efficacité et charges afférentes au personnel, en fonction de la taille du service d’eau, 2010–13 22 3.5. Coût médian d’E&E par m3 d’eau vendue, par classe de revenu, 2010–13 23 3.6. Coût médian d’E&E par m3 d’eau vendue, selon la taille du service d’eau, 2010–13 23 3.7. Revenus médians annuels par habitant, 2010–13 24 3.8. Revenus médians annuels par branchement, par classe de revenu, 2010–13 25 3.9. Recouvrement des coûts d’exploitation et recouvrement des flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation, 2010–13 25 3.10. Recouvrement des coûts d’exploitation et recouvrement des flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation, par classe de revenu, 2010–13 26 Performance des services d’eau en Afrique v 3.11. Couverture en eau courante médiane, 2010–13 28 3.12. Couverture en eau courante médiane, en fonction de la taille du service d’eau 29 3.13. Consommation d’eau médiane, par classe de revenu, 2010–13 30 3.14. Production d’eau médiane, par pays, 2010–13 31 3.15. Nombre de clients par branchement, 2010–13 32 3.16. Nombre d’heures d’approvisionnement en eau par jour, selon la taille du service d’eau, 2010–13 32 3.17. Accessibilité financière médiane, 2010–13 33 3.18. Accessibilité financière médiane, par catégorie de taille du service d’eau, 2010–13 34 4.1. Indicateurs de performance 38 4.2. Indice de la performance opérationnelle par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 40 4.3. Indice de performance opérationnelle par rapport au niveau de référence mondial, 2010–13 40 4.4. Performance opérationnelle médiane, par pays, 2010–13 41 4.5. Indice de performance financière établi à partir du ratio de couverture des coûts d’exploitation par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 42 4.6. Indice de performance financière fondé sur le ratio de couverture des coûts d’exploitation par rapport au niveau de référence mondial, 2010–13 42 4.7. Indice médian de la performance financière, par pays, 2010–13 43 4.8. Indice médian de la performance financière fondé sur le ratio de couverture des coûts d’exploitation basé sur le revenu encaissé, 2010–13 44 4.9. Indice médian de la performance financière fondé sur le ratio de couverture des coûts d’exploitation basé sur le revenu encaissé, par classe de revenu, 2010–13 44 4.10. Indice de performance client par rapport aux niveaux de référence africain et mondial, 2010–13 45 4.11. Indice de la performance client par rapport au niveau de référence africain, par classe de revenu, 2010–13 45 4.12. Indice de la performance client par rapport au niveau de référence africain, par pays, 2010–13 47 4.13. Indice de couverture en eau courante par rapport aux niveaux de référence africain et mondial, 2010–13 49 4.14. Indice de couverture en eau courante par rapport au niveau de référence mondial, 2010–13 49 4.15. Indice de couverture en eau courante, par pays, par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 50 4.16. Indice de performance globale (moyenne non pondérée de la performance opérationnelle, de la performance client [qualité du service] et de la performance financière) par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 51 vi Performance des services d’eau en Afrique 4.17. Indice de performance globale (moyenne non pondérée de la performance opérationnelle, de la performance client [qualité du service] et de la performance financière) par rapport au niveau de référence africain, services réglementés ou non réglementés, 2010–13 52 4.18. Frontière de l’AED 54 4.19. Efficience relative déterminée par l’AED 54 7.1. Impact des dimensions de la performance 85 7.2. Couverture en eau courante, NWSC (Ouganda), 1998–2013 86 7.3. Fiabilité, NWSC (Ouganda), 1996–2013 86 7.4. Couverture en eau courante, ONEA (Burkina Faso), 2001–14 87 7.5. Fiabilité, ONEA (Burkina Faso), 2006–14 87 7.6. Couverture en eau courante, SDE/SONES (Sénégal), 1995–2013 88 7.7. Fiabilité, SDE/SONES (Sénégal), 1996–2013 88 7.8. NWSC (Ouganda), structure tarifaire 91 7.9. SDE/SONES (Sénégal), structure tarifaire 92 7.10. Accès à l’eau, Dakar, 2000–14 94 7.11. Accès à l’eau, Ouagadougou 94 B.1. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 2000–14 116 B.2. Couverture en eau courante (population desservie divisée par population de la zone de desserte), 2001–14 116 B.3. Accès au service d’eau, Ouagadougou uniquement 117 B.4. Personnes desservies par branchement, 2001–14 117 B.5. Nombre de branchements au réseau 118 B.6. Expansion du réseau 118 B.7. Heures d’approvisionnement par jour, 2006–14 119 B.8. Volume de consommation des ménages, 2001–14 119 B.9. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 1995–2014 120 B.10. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production 120 B.11. Effectif et employés par 1000 branchements (eau et assainissement), 2000–14 121 B.12. Ratio de recouvrement, 2001–13 121 B.13. Ratio de couverture des coûts d’exploitation, 2002–14 122 B.14. Tarifs moyens, coûts moyens par m , 2002–14 3 122 B.15. Sources et montants des investissements, 2002–13 123 B.16. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 2000–14 125 B.17. Couverture en eau courante (population desservie divisée par population de la zone de desserte) 126 B.18. Personnes desservies par branchement, 2000–14 126 B.19. Volume de consommation, 2000–14 127 Performance des services d’eau en Afrique vii B.20. Heures d’approvisionnement par jour, 2000–14 127 B.21. Accessibilité financière, 2000–14 128 B.22. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production, 2000–14 128 B.23. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 2000–14 129 B.24. Effectif et employés par 1 000 branchements (eau et assainissement) 129 B.25. Recouvrement des coûts d’exploitation 130 B.26. Tarifs moyens, coûts moyens par m 1303 B.27. Efficacité du recouvrement, 2000–11 131 B.28. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 2008–14 131 B.29. Couverture en eau courante (population desservie divisée par population de la zone de desserte) 132 B.30. Heures d’approvisionnement par jour, 2011–14 132 B.31. Volume de consommation, 2010–14 133 B.32. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 2010–14 133 B.33. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production, 2010–14 134 B.34. Effectif et employés par 1000 branchements (eau et assainissement), 2009–14 134 B.35. Ratio de recouvrement, 2009–14 135 B.36. Ratio de couverture des coûts d’exploitation, 2009–14 135 B.37. Tarifs moyens, coûts moyens par m , 2010–14 3 136 B.38. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 1996–2014 138 B.39. Couverture en eau courante (population desservie divisée par population de la zone de desserte), 1995–2014 139 B.40. Accès au service d’eau, Dakar uniquement 139 B.41. Personnes desservies par branchement, 1995–2013 140 B.42. Expansion du réseau, 1995–2013 140 B.43. Nombre de branchements au réseau, 1995–2013 140 B.44. Heures d’approvisionnement par jour, 1995–2013 141 B.45. Volume de consommation, 2004–13 141 B.46. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 1995–2013 142 B.47. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production, 1995–2014 142 B.48. Effectif et employés par 1000 branchements (eau et assainissement), 1996–2013 143 B.49. Ratio de recouvrement, 1996–2013 143 B.50. Ratio de couverture des coûts d’exploitation, 1998–2013 143 B.51. Tarifs moyens, coûts moyens par m3, 1997–2013 144 B.52. Sources et montants des investissements, 1996–2013 145 B.53. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 2003–14 148 viii Performance des services d’eau en Afrique B.54. Couverture en eau courante (population desservie divisée par population de la zone de desserte), 1998–2013 148 B.55. Longueur du réseau, 2002–13 149 B.56. Villes desservies, 2003–13 149 B.57. Heures d’approvisionnement par jour, 1996–2013 150 B.58. Volume de consommation des ménages, 2005–13 150 B.59. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 1998–2013 151 B.60. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production, 1998–2013 151 B.61. Effectif et employés par 1 000 branchements (eau et assainissement), 1997–2013 152 B.62. Ratio de recouvrement, 2001–14 152 B.63. Ratio de couverture des coûts d’exploitation, 2001–14 153 B.64. Tarifs moyens, coûts moyens par m3, 2001–14 153 B.65. Financement des dépenses d’équipement, 2002–07, 2009–11 154 Tableaux 2.1. Caractéristiques de l’échantillon des services d’eau 13 2.2. Performance opérationnelle (moyenne non pondérée) 14 2.3. Performance client (moyenne non pondérée) 15 3.1. Recouvrement des coûts par les services d’eau classés par niveau de performance 26 3.2. Accessibilité financière médiane, par pays, 2010–13 34 4.1. Établissement des niveaux de référence 39 4.2. Services d’eau les plus performants en 2013 : moyenne non pondérée de la performance opérationnelle, de la performance client (qualité du service) et de la performance financière 51 4.3. Rapport entre la performance du service (moyenne pondérée de la performance opérationnelle, de la performance financière et de la performance client) et sa taille 51 4.4. Performance relative des cinq services les plus efficients, par année, 2010–13 55 4.5. Corrélation entre l’efficience relative mesurée par l’AED et l’IPC pour chacune des années, 2010–13 55 5.1. Impact du développement économique sur la performance des services d’eau 58 5.2. Impact des organes de réglementation sur la performance des services d’eau 60 5.3. Effet de la prestation des services d’eau municipaux ou de district sur la performance des services dans les pays à faible revenu 61 5.4. Productivité de la main-d’œuvre et coût du personnel par employé 61 5.5. Corrélation entre les catégories d’indicateurs de la CPIA et le degré de ­décentralisation 61 5.6. Corrélation entre les catégories d’indicateurs de la CPIA et les indicateurs de la performance des services d’eau 62 5.7. Effet de l’échelle sur la performance des services d’eau 63 Performance des services d’eau en Afrique ix 5.8. Effet des économies de gamme sur la performance des services d’eau dans les pays à faible revenu 63 6.1. Variables explicatives utilisées dans les modèles de performance 68 6.2. Corrélation entre la performance technique et la performance financière des services d’eau 68 6.3. Facteurs influençant la performance financière, modèle Probit à effets aléatoires 70 6.4. Facteurs influençant la couverture en eau courante, modèle de régression à effets fixes 72 6.5. Facteurs influençant la couverture en eau courante, modèle de régression à effets fixes, par catégorie de taille du service 74 6.6. Facteurs influençant la performance client, mesurés par la qualité du service, modèle de régression à effets fixes 75 6.7. Facteurs influençant la performance opérationnelle, modèle de régression à effets fixes 76 6.8. Facteurs influençant la performance globale (mesure des notes combinées de la performance financière et opérationnelle et de la performance client), modèle de régression à effets fixes 78 7.1. Données nationales sur la croissance de l’accès 82 7.2. Données nationales sur l’accès à des sources d’eau améliorées, par pays, selon le JMP 83 7.3. Récapitulatif du niveau de performance des services d’eau visés par les études de cas 83 7.4. Sources et montants des financements des dépenses d’investissement 88 7.5. Sources de financements, NWSC (milliers d’USD) 89 7.6. Effet sur les résidents de l’interfinancement dans les cinq études de cas 93 7.7. Effet de l’interfinancement sur les habitudes de consommation dans les cinq études de cas 93 A.1. Performance client et couverture en eau courante, niveau national 106 A.2. Performance client et couverture en eau courante, niveau régional 107 A.3. Performance client et couverture en eau courante, niveau municipal 112 x Performance des services d’eau en Afrique Avant-propos Les Objectifs de développement durable (ODD) visent à assurer l’accès universel et équitable à des services d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement sûrs et abordables pour tous d’ici 2030. Ils visent en outre à promouvoir une utilisation plus durable des ressources en eau, notamment en améliorant la qualité de l’eau en réduisant la pollution — en réduisant de moitié la proportion des eaux usées non traitées et en augmentant sensiblement le recyclage et la réutilisation sans danger de l’eau recyclée. Ces buts et objectifs sont très ambitieux, en parti- culier du fait que la région peine toujours à réaliser les Objectifs de développement pour le Millénaire (ODM) concernant l’eau et l’assainissement. Entre 2000 et 2015, l’accès à l’eau courante a augmenté en Afrique, mais la population urbaine a augmenté encore plus rapidement, et le taux d’utilisation des réseaux d’adduction comme source principale d’approvisionnement en eau potable est passé de 40 % à 33 %. Cette baisse de l’accès aux services d’eau et d’assainissement est due en partie au fait que beaucoup de services d’eau n’arrivent pas à financer leurs activités de base et à couvrir leurs coûts d’exploitation et d’entretien. Les fonds ne suffisent pas à maintenir les niveaux de ser- vice offerts à la clientèle existante, ni a fortiori ceux offerts aux nouveaux clients. Dans de telles conditions, les fonds publics sont appelés à couvrir non seulement l’élargissement de l’accès aux services, mais également une partie des coûts d’exploitation et d’entretien, qui accaparent ainsi les ressources qui devraient servir au branchement des nouveaux clients. Le présent document se penche sur la performance des services d’utilité publique en Afrique. L’étude dont il fait état a porté sur un ensemble de données de panel englobant 120 services d’eau répartis dans un certain nombre de pays à faible revenu et de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure d’Afrique ; elle a utilisé la trousse à outils et la base de données IBNET financée par la Banque mondiale. L’étude s’est aussi penchée sur un ensemble d’études de cas portant sur les services d’eau les plus performants du continent. Le document examine en outre les facteurs influençant la performance des services d’eau. Les résultats aideront les autorités publiques à concevoir et à exécuter les projets consacrés à l’eau et à réaliser les réformes requises pour ce secteur dans les milieux urbains, compte tenu du fait que la réalisation des ODD dans les villes en rapide expansion d’Afrique subsaha- rienne exigera un effort de grande envergure pour veiller à ce que davantage de personnes bénéficient de services viables et abordables. Les principales conclusions du présent rapport ont été communiquées aux ministres des Finances africains à l’occasion des réunions annuelles conjointes de la Banque mondiale et du FMI tenues en octobre 2016. Les ministres ont notamment appris que les services d’eau d’Afrique subsaharienne affichent une performance globalement médiocre, en particulier en ce qui a trait aux services à la clientèle. Les études de cas ont cependant donné à conclure qu’il existe dans la région des services d’eau performants. Le recours à de vastes ensembles de données a par ailleurs permis de constater que les réformes du secteur, combinées aux Performance des services d’eau en Afrique xi changements apportés au contexte économique dans lequel opèrent les services d’eau (par exemple, réforme de la fonction publique, politiques énergétiques et plans d’occupation des sols, amélioration de la planification des investissements publics) peuvent contribuer à accroître l’efficacité des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement en Afrique. Cependant, étant donné les écarts importants qui persistent dans la couverture des services offerts, notamment en ce qui a trait à la collecte et au traitement des eaux usées (quelques-uns seulement des services d’eau de l’échantillon étudié offraient de tels ser- vices), la région aurait besoin d’investir considérablement dans ce secteur si elle souhaite atteindre les ODD. Nous espérons que le présent ouvrage alimentera d’une manière constructive le débat concernant les moyens les plus efficaces d’améliorer l’accès à des services d’eau et d’assai- nissement abordables dans les villes d’Afrique subsaharienne, et qu’il renseignera utilement les lecteurs sur la situation actuelle des infrastructures d’approvisionnement en eau afin de mobiliser les efforts internationaux requis dans la région. Guangzhe Chen Directeur principal, Pôle mondial d’expertise en eau du Groupe de la Banque mondiale xii Performance des services d’eau en Afrique Remerciements La préparation du présent rapport a été financée par le Programme de partenariat pour l’eau (WPP) et par le Réseau international de référenciation pour les services des eaux et de l’assai- nissement (International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities – IBNET) de la Banque mondiale. Les auteurs principaux du rapport sont Caroline van den Berg (économiste principale – eau) et Alexander Danilenko (spécialiste principal en eau et assainissement). Ils remercient sincèrement leurs collègues de la Banque mondiale qui leur ont apporté une aide précieuse pour la collecte et l’analyse des données et d’autres informations glanées tout au long de la réalisation de l’étude. Matar Fall et Pierre Francois-Xavier Boulenger ont organisé et géré la collecte des données en Afrique francophone, et Michael Webster a recueilli les données au Malawi. Yitbarek Tessema a coordonné le travail de collecte des données en Éthiopie et en Tanzanie. Divers partenaires de l’extérieur ont en outre prêté assistance aux auteurs : Peter Ramsden a géré les consultations et la collecte de données en Afrique du Sud et au Lesotho ; Peter Njaggah a fourni les données du Conseil de régulation des services d’approvisionne- ment en eau du Kenya (WASREB) ; Kelvin Chitumbo, directeur du National Water Supply and Sanitation Council (NWASCO) de Zambie, a fourni les données concernant des services d’ap- provisionnement en eau et d’assainissement de son pays ; Berta Macheve et Aroha Bahuguna ont contribué au travail d’agrégation et d’analyse des données. La contribution de Celine Nauges a été déterminante dans la préparation du chapitre 3. L. Joe Moffitt a conseillé l’équipe de rédaction pour la préparation du chapitre 4. Christiaan Heymans a coordonné l’évalua- tion de la performance des divers services d’eau dont il est question au chapitre 6. Les auteurs ont grandement bénéficié des conseils prodigués par les membres du comité de lecture, y compris Richard Damania, Maria Vagliasindi, Luis Tavares, Pedro Antmann, William Kingdom, Glenn Pearce-Oroz, Luis Andres et Josses Mugabi, ainsi que par de nom- breux autres collègues, professionnels et spécialistes qui ont guidé leur travail et contribué à la préparation du rapport. Leur examen et leurs observations constructives ont aidé à sim- plifier le rapport. Alexander Bakalian et Jonathan Kamkwalala ont supervisé la production du rapport. Les auteurs ont enfin grandement apprécié les conseils et les recommandations formulés par les membres de la direction de la Banque mondiale, en particulier Jamal Saghir, Jennifer Sara et Jyoti Shukla. Performance des services d’eau en Afrique xiii Sigles AED Analyse d’enveloppement des données CPIA Évaluation des politiques et des institutions nationales E&E Exploitation et entretien EDS Enquête démographique et de santé ENGR Eau non génératrice de revenus IBNET International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities (Réseau international de référenciation pour les services des eaux et de l’assainissement) IDAMC Internally Delegated Area Management Contract (Contrats internes de gestion déléguée) JMP Programme conjoint OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement lhj Litre par habitant et par jour MICS Enquête par grappes à indicateurs multiples NCWSC Nairobi City Water and Sewerage Company (Kenya) NWSC National Water and Sewerage Corporation (Ouganda) ONAS Office National de l’Assainissement du Sénégal ONEA Office National de l’Eau et de l’Assainissement (Burkina Faso) PPP Partenariat public–privé RCCE Ratio de couverture des coûts d’exploitation RNB Revenu national brut SDE Sénégalaise des Eaux (Sénégal) SODECI Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire SOMAGEP Société Malienne pour la Gestion de l’Eau Potable SONES Société Nationale des Eaux du Sénégal WASREB Water Services Regulatory Board (Kenya) Performance des services d’eau en Afrique xv © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Synopsis La population urbaine de l’Afrique croît rapidement. Entre 2000 et 2015, elle a ainsi aug- menté de plus de 80 % pour atteindre 373 millions d’habitants. Malgré l’amélioration de l’ac- cès à l’eau courante au cours de cette période (de 82 à 124 millions de citadins raccordés au réseau), les services d’eau africains n’ont pu suivre le rythme d’urbanisation, comme l’il- lustre le déclin de la part de l’eau courante dans l’alimentation en eau potable. La population urbaine raccordée au réseau est passée de 40 % à 33 %1. La population totale bénéficiant de services améliorés a augmenté, mais la majorité de cette augmentation concerne l’accès à l’eau potable hors des foyers et l’auto-approvisionnement. Les fonds publics doivent sou- vent non seulement assurer l’élargissement de l’accès à l’eau, mais également couvrir une partie des coûts d’exploitation et d’entretien (E&E) des réseaux, entravant ainsi les investis- sements destinés à l’expansion du réseau. Cette dépendance à l’égard des transferts publics n’incite guère les services d’eau à améliorer leur performance financière. Le présent document se penche sur la performance des services d’eau en Afrique. Il utilise un ensemble de données de panel englobant 120 services d’eau répartis dans 14 pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure d’Afrique, qui représentent environ 53 % de la population urbaine bénéficiant de l’eau courante. Deux des pays ainsi étudiés, l’Éthio- pie et le Nigéria, pour lesquels on ne disposait que de deux années de données au moment de réaliser les analyses, constituent à cet égard une exception dont il convient de noter. La performance des services d’eau en Afrique est globalement médiocre, bien que quelques- uns d’entre eux se montrent performants. Le groupe des services d’eau examinés dans le cadre de l’étude a affiché certaines améliorations de 2010 à 2013. Le taux de couverture en eau Performance des services d’eau en Afrique 1 courante a connu une lente croissance, mais il n’a pas dépassé 60 %. L’accès aux services d’as- sainissement n’en est encore qu’à ses balbutiements en Afrique, et ces services restent rares. Les coûts d’exploitation et d’entretien sont très variables, oscillant de moins de 0,23 à 2,07 dollars par mètre cube d’eau vendue. La performance des services d’eau affiche une très grande variance d’un pays à l’autre. Cette variance est due en grande partie à l’incidence, sur les services d’alimentation en eau et de traitement des eaux usées, de facteurs locaux très variables tels que l’éloignement de la source d’eau et ses effets sur les coûts du stockage et du transport de l’eau, la qualité de la source d’eau et les besoins en matière de traitement, ou les normes de conception, entre autres. Par ailleurs, certaines politiques de nature plus générale — par exemple, subventionnement des prix de l’énergie et politiques du travail — influent également sur les coûts d’exploitation et d’entretien. Comme les tarifs de l’eau sont presque partout établis en fonction des coûts d’exploitation et d’entretien des réseaux d’ad- duction, le contrôle des coûts constitue un des enjeux importants à prendre en compte lors- qu’on cherche à rendre les services plus abordables. Une analyse par la méthode d’enveloppement des données (AED) a laissé conclure que les services d’eau relativement efficaces ne représentent qu’une faible minorité en Afrique. La plupart affichent un taux d’efficacité de 0,30 (très inférieur au taux maximal de 1), ce qui laisse donc beaucoup de place à l’amélioration. Comme les éléments de coûts fixes de la prestation des services d’alimentation en eau et de traitement des eaux usées sont très importants, les normes de conception (ainsi que celles relatives à l’environnement, à la qua- lité de l’eau, à la santé publique et à d’autres enjeux) applicables à la construction des ouvrages hydrauliques détermineront les coûts des services pour des décennies à venir. Par conséquent, il est important de réaliser une analyse du moindre coût adéquate, au moment de prendre des décisions d’investissement, pour veiller à ce que les coûts et avantages de tels investissements soient correctement analysés puisque les répercussions financières, organisationnelles et sociales de ces décisions se feront sentir pendant des décennies. L’AED laisse par ailleurs constater que la gouvernance risque d’influer sensiblement sur la perfor- mance des services d’eau en Afrique, et qu’il importe donc de porter une attention particu- lière à cet aspect de la question. La hausse des coûts d’exploitation et d’entretien des services d’eau entre 2010 et 2013 s’est  accompagnée d’une amélioration de l’accessibilité financière de ces services. Cette observation porte à conclure qu’il serait raisonnable dans beaucoup de cas, même en Afrique subsaharienne, de porter plus d’attention à la rentabilité qu’à l’accessibilité financière des services puisque certains pays pourraient autrement se voir contraints d’augmenter rapide- ment les subventions accordées à ces services. Cet enjeu revêt une importance particu- lière puisqu’en 2013, un peu moins de la moitié des services d’eau de notre échantillon se trouvaient incapables de couvrir leurs coûts d’exploitation et d’entretien avec leurs revenus. La grande dépendance à l’égard des financements publics a des conséquences importantes. Elle a pour effet d’évincer les investissements dans le secteur, en même temps qu’elle sus- cite de graves problèmes d’équité puisque les ménages qui bénéficient d’un accès à l’eau 2 Performance des services d’eau en Afrique courante ont en même temps tendance à afficher des revenus plus élevés. Les études de cas montrent que certains services d’eau affichent une performance relativement bonne, mais que même ceux qui sont performants au plan opérationnel et financier ont du mal à garantir à leurs clients des services de haute qualité (niveau de service, fiabilité et niveaux de consom- mation), en particulier lorsqu’on les compare aux niveaux de référence mondiaux. L’environnement dans lequel les services d’eau évoluent importe également, d’où l’impor- tance de recueillir des données sur le contexte institutionnel et socioéconomique. La régle- mentation est souvent considérée comme un outil permettant d’améliorer la gouvernance dans le secteur2. Dans les pays à faible revenu, la présence d’un organe de réglementation conduit à une amélioration de la performance client, mais n’influe pas sur les autres dimen- sions de la performance — par exemple, performance opérationnelle ou degré de couverture en eau couvrante. Cela ne devrait pas nous surprendre puisque la réglementation a pour objectif de protéger les clients existants (et met donc l’accent sur la prestation d’un niveau de service minimal à la clientèle), mais pas nécessairement de veiller à l’amélioration de la viabilité financière et opérationnelle ou à l’élargissement de la couverture, par rapport aux services d’utilité publique non réglementés3. La prestation des services à l’échelle locale amènera les entreprises à rendre davantage compte de leurs activités et améliorera leur performance. Cependant, la performance financière et opérationnelle des services d’eau n’est pas statistiquement différente de la performance d’autres formes de prestation de services. En revanche, il existe des différences statistiquement significatives en ce qui a trait à la performance client : les services axés sur les districts ou les municipalités affichent de meilleurs résultats. Cela dit, le degré de couverture de ces services demeure à la traîne par rapport aux autres niveaux de prestation. Cette différence peut s’expliquer en partie par l’incidence du développement économique sur la performance d’un service d’eau. Si les clients jouissent d’un meilleur accès à l’eau courante, les avantages de cette ressource seront plus évidents que ceux des autres sources d’approvisionnement en eau4. L’amélioration sou- haitée des infrastructures nécessitera à court terme un accroissement des investissements visant à améliorer la couverture des services d’approvisionnement en eau et à promouvoir un niveau de consommation qui permettra aux réseaux d’adduction de se démarquer des autres sources d’alimentation en eau. L’organisation des services d’eau influe sur leur performance. Les économies d’échelle et de gamme importent. L’analyse de notre vaste échantillon de données donne à conclure que la taille du service importe, mais qu’au delà d’un certain seuil, elle peut finir par nuire à la perfor- mance. Les économies d’échelle sont évidentes. Les services d’eau qui offrent des services d’ali- mentation en eau et de traitement des eaux usées dans les pays à faible revenu ont tendance à afficher des degrés de couverture légèrement plus élevés (un effet prévisible étant donné que les services de traitement des eaux usées ne sont offerts qu’à partir d’un certain seuil de couver- ture des services d’approvisionnement en eau). Cependant, la performance client (qualité du service), la performance opérationnelle et la performance financière seront aussi meilleures dans les cas où les services d’eau et d’assainissement sont offerts en tandem. Performance des services d’eau en Afrique 3 Le recours à de grands ensembles de données sur la performance des services d’eau pour définir les facteurs qui influencent cette performance montre que les diverses dimensions la performance sont très étroitement liées à la rétroaction et qu’elles s’influencent de  mutuellement. Un service à la clientèle amélioré influe positivement sur la couverture en eau courante, tandis que la performance financière peut influer sur la performance opéra- tionnelle et sur la couverture en eau courante, ce qui donne à penser que le financement est nécessaire pour améliorer l’accès et les mesure propres à améliorer le fonctionnement des services d’eau. S’agissant de l’amélioration de l’accès à l’eau, le niveau de développement économique importe, mais la qualité de la gestion économique — en particulier pour les plus petits services qui risquent de dépendre davantage que les plus grands de sources de finan- cement de l’extérieur pour étendre l’accès à l’eau et accroître ainsi leur base de recettes — importe également. On constate en particulier que la couverture en eau courante dépend directement de la performance client (c’est-à-dire de la qualité du service). Une meilleure gestion économique et une croissance plus rapide du revenu national brut (RNB) ont toutes deux une incidence positive. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de lien entre la performance financière d’un service d’eau et la couverture en eau courante, sauf dans le cas des grandes organisations œuvrant dans les pays à faible revenu (où ce lien reste cependant ténu). Cela donne à penser que la plupart des services d’eau sont incapables d’améliorer l’accès par une simple amélioration de leur performance financière, mais qu’ils dépendent en plus de sources de financement de l’extérieur. Cette observation a été confirmée par les études de cas qui ont donné à conclure que la plupart des services d’eau ont besoin d’une forme quelconque de financements externes pour faire des progrès en cette matière. Enfin, comme beaucoup d’indicateurs de performance sont des indices composites, le choix d’un indica- teur unique devra peut-être porter sur le coût de l’exploitation et de l’entretien (E&E) par mètre cube d’eau vendue. Nous avons observé que les tarifs sont essentiellement déter- minés par cet indicateur et, dans une moindre mesure, par l’efficacité du recouvrement des paiements. Ainsi, l’aptitude des services d’eau à minimiser les coûts des services et à améliorer l’efficacité du recouvrement des recettes déterminera dans quelle mesure ils sont capables de gérer leur besoins financiers. Autre constat intéressant : la performance opérationnelle et la performance client influencent la performance financière. Une meilleure performance opérationnelle a tendance à influer positivement sur la performance financière, mais la performance client a l’effet opposé. Cela pourrait s’expliquer par les coûts liés à l’amélioration des divers aspects de la performance. La performance financière a aussi une incidence positive réciproque, quoique moins forte, sur la performance opérationnelle. Il apparaît qu’une hétérogénéité non observée des services d’eau explique une grande partie de la variance totale, ce qui impose la collecte à grande échelle de variables supplé- mentaires propres à ces services — par exemple, informations sur les conditions locales (topographie, distance de la source d’eau brute, eaux souterraines ou eaux de surface, qua- lité de la source, âge des infrastructures, accès à des sources d’eau de rechange, etc.) — ainsi 4 Performance des services d’eau en Afrique que de données sur la performance au niveau organisationnel et institutionnel5. Il convient donc de recueillir des informations beaucoup plus nombreuses et détaillées sur les activités des services d’eau et sur le contexte dans lequel ils sont appelés à évoluer afin de préciser les facteurs qui influent sur leur performance. Cependant, cette collecte de données est coûteuse, et elle dépend par ailleurs de la mesure dans laquelle les services d’eau, les organes de réglementation et les autres parties prenantes sont disposés à les fournir ; des arbitrages sont donc requis entre le volume des données recueillies et analysées, et le coût de l’opération. Notes 1. Le Programme conjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a permis à une population totale de 153,4 millions de personnes d’avoir accès à l’eau courante en 2015 (contre 74,5 millions de personnes en 1990), et une petite fraction des populations rurales a aussi été raccordée. La proportion des populations rurales bénéficiant d’un accès à l’eau courante a augmenté en chiffres absolus de 15 à 29 millions de personnes entre 1990 et 2015, et la proportion des populations ainsi desservies est demeurée plus ou moins constante pendant cette période, à environ 15 %. 2. Les pays dotés d’un organe de réglementation affichent de meilleurs indices en ce qui concerne la gestion et les institutions du secteur public (mesurés dans le cadre de l’Évaluation de la politique et des institutions nationales [CPIA]). La définition de la qualité de l’administration publique proposée par le CPIA fait en effet état de l’existence et du fonctionnement des organes de réglementation (un élément de l’indice global de la gestion et des institutions du secteur public). 3. Il est difficile de dire si cela découle des niveaux de service plus élevés, de coûts plus élevés de la main-d’œuvre (l’efficacité opérationnelle coïncidant avec des charges afférentes au personnel plus élevées par employé), de l’existence de coûts de transaction plus élevés pour les opérateurs de services d’eau, ou d’une multitude d’autres facteurs. 4. Dans les endroits où il existe d’autres ressources en eau abondantes, les réseaux d’adduction devront toujours composer avec la concurrence exercée par ces ressources de rechange. Il convient de tenir compte de cette concurrence au moment de planifier les investissements dans les réseaux d’adduction, et de procéder à une analyse détaillée de la demande de ces services dans un tel contexte. 5. La trousse à outils IBNET comprend des données sur la performance organisationnelle, mais ces informations n’ont pas été recueillies systématiquement par les équipes de projet dans le présent cycle de collecte de données en Afrique, et elles restaient indisponibles dans beaucoup des rapports des organes de réglementation. Ce type d’informations n’est donc pas pris en compte dans la présente analyse. Performance des services d’eau en Afrique 5 © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 1 Objectif de l’étude La population urbaine de l’Afrique croît rapidement. Entre 2000 et 2015, elle a ainsi aug- menté de plus de 80 %, passant de 206 à 373 millions d’habitants. Malgré l’amélioration de l’accès à l’eau courante au cours de cette période (de 82 millions de citadins raccordés au réseau en 2000 à 124 millions en 2015), les services d’eau africains n’ont pu suivre le rythme d’urbanisation, comme l’illustre le déclin de la part de l’eau courante dans l’alimentation en eau potable. La population urbaine raccordée au réseau est passée de 40 % en 2000 à 33 % en 2015. La population totale bénéficiant de services améliorés a augmenté, mais la majo- rité  de  cette augmentation concerne l’accès à l’eau potable hors des foyers et l’auto-​ approvisionnement. Cela signifie que les services d’eau ont beaucoup de retard à combler au niveau de leur performance, car la demande d’approvisionnement en eau amélioré ne semble pas près de fléchir. L’une des raisons du déclin de l’accès à l’eau potable est que de nombreux services d’eau n’arrivent pas à couvrir leurs coûts d’exploitation et d’entretien et n’ont donc pas les ressources suffisantes pour élargir cet accès. Au-delà de l’élargissement de l’accès, les fonds publics doivent souvent couvrir une partie de ces coûts, entravant ainsi les investisse- ments destinés à l’expansion du réseau. Cette dépendance à l’égard des transferts publics n’incite guère les services d’eau à améliorer leur performance financière. Le déclin général de la performance n’a pas fait l’objet d’études détaillées. Les facteurs de succès des services d’eau restent assez vagues et ce, pour deux raisons principales. La pre- mière est liée à l’absence d’accord sur ce que l’on entend par bonne performance. Les services d’eau sont supposés offrir des services efficaces, abordables et viables. Mais la prestation de services à la fois abordables et viables s’est avérée difficile, car ces objectifs donnent Performance des services d’eau en Afrique 7 souvent lieu à des conflits et des compromis. Des services d’eau financièrement viables mais inabordables pour la majorité de la population, et donc uniquement accessibles aux franges les plus aisées, ne sont pas nécessairement désirables, compte tenu de leurs importants avantages en matière de santé publique. Cela étant, des services abordables mais financière- ment non viables se traduisent généralement par un manque d’entretien, et par des services de piètre qualité que les consommateurs ne veulent pas payer, décourageant ainsi les clients potentiels à se raccorder au réseau et les clients existants à payer pour l’eau courante. Le fait de privilégier différents aspects de ce que l’on considère comme une bonne performance peut donc donner lieu à des évaluations fort diverses de la performance. La seconde raison est liée au manque de clarté quant aux facteurs influençant la perfor- mance des services d’eau, dû à l’absence d’études empiriques. Les services d’eau sont variés en Afrique. Ils se différencient par leur structure institutionnelle (allant des services natio- naux à des compagnies décentralisées au niveau municipal), leur organisation et leurs obli- gations déclaratives. Compte tenu du nombre élevé de services d’eau existant à travers le monde, de la grande variété des situations géographiques, hydrologiques, économiques, sociales, institutionnelles, politiques et culturelles, et de leur évolution dans le temps et l’es- pace, cette absence d’études empiriques signifie que les professionnels du secteur appliquent souvent les résultats d’un service ou d’un pays (généralement en développement) à des ser- vices d’autres pays qui fonctionnent fréquemment dans des environnements institution- nels, politiques et économiques différents. L’objectif de la présente étude est d’orienter les politiques et les projets de la Banque et des États en tenant compte des facteurs influençant la performance des services d’eau en : • réalisant une évaluation comparative de la performance d’un échantillon de services d’eau africains ; • étudiant les facteurs influençant leur performance et déterminant leur incidence sur l’éla- boration et la mise en œuvre des projets et politiques de la Banque et des États liés à l’eau et aux eaux usées ; et • contribuant à développer la capacité de suivi et d’évaluation des services d’eau en utili- sant les données disponibles et les normes de performance africaines comme référence concernant la performance de ces services en Afrique. Le rapport présente les principaux résultats et enseignements de l’évaluation qui a identi- fié  et analysé les principaux aspects de la performance des services d’eau africains. Il comporte les chapitres suivants. Après la présente introduction, le chapitre 2 décrit la méthodologie de l’étude, y compris le processus de collecte de données. Le chapitre 3 pré- sente une analyse tendancielle de la performance des services du secteur. L’équipe chargée de l’étude a évalué les avantages respectifs de séries chronologiques courtes couvrant de grands groupes et de séries chronologiques plus longues couvrant un nombre limité de services. Le chapitre 4 examine l’efficacité des services d’eau en se fondant sur une AED et en utilisant une approche fondée sur la performance absolue. Le chapitre 5 analyse l’effet des 8 Performance des services d’eau en Afrique facteurs institutionnels sur la performance des services d’eau. Le chapitre 6 présente une analyse économétrique des facteurs influençant la performance des services d’eau en utili- sant différentes définitions de la performance. Les résultats des modèles économétriques sont ensuite triangulés avec une série de cinq études de cas (l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement [ONEA] du Burkina Faso, la Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire [SODECI], la Société municipale de l’eau et de l’assainissement de Nairobi [NCWSC, Nairobi City Water and Sewerage Company] du Kenya, la Sénégalaise des Eaux [SDE], la Société nationale de l’eau et de l’assainissement [NWSC, National Water and Sewerage Corporation] de l’Ouganda), semblables à celles réalisées dans le cadre de l’étude sur l’électricité, et pré- sentées au chapitre 7. Enfin, le chapitre 8 tire les enseignements de cette évaluation. Performance des services d’eau en Afrique 9 © Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 2 Champ d’application et méthodologie Tout examen de la performance des services d’eau africains doit tenir compte du fait que l’Afrique est un grand continent où la structure institutionnelle du secteur, l’accès au réseau, la qualité de l’eau et le développement économique varient beaucoup selon les pays. Mais, alors que l’agrégation des données peut masquer une grande partie de ces différences, leur prise en compte systématique produirait une multitude d’études de cas à partir desquelles il serait difficile de tirer des enseignements généraux. La présente étude s’inscrit dans le cadre d’une autre plus vaste, portant sur la performance des services de distribution d’électricité. Cette dernière a utilisé une approche reposant sur des études de cas et, avec la présente évaluation sur l’eau, permettra de mieux comprendre les avantages et inconvénients des différentes approches. Un service d’eau performant est un service qui fournit durablement à ses clients une eau et/ou un traitement des eaux usées de haute qualité. Cette définition couvre des éléments d’une bonne performance financière et opérationnelle, mais aussi l’accès universel à l’eau et à des services de traitement des eaux usées abordables pour tous. L’analyse examinera trois éléments pour définir un service performant : la performance financière, la perfor- mance client (qui couvre la qualité de l’accès aux services d’eau) et la performance opéra- tionnelle. La couverture en eau courante est examinée séparément car, dans de nombreux cas, les investissements nécessaires pour élargir l’accès à l’eau et aux services de traitement des eaux usées sont principalement financés par l’État et ne relèvent donc pas totalement des services d’eau. Performance des services d’eau en Afrique 11 Un autre aspect à prendre en compte est que la couverture s’est rapidement élargie en Afrique. Entre 1990 et 2015, la population de l’Afrique a augmenté de 94 %, soit de 510 à 989 millions d’habitants. L’accroissement démographique a même été plus rapide en zone urbaine, dépassant 169 % entre 1990 et 2015. Bien que la proportion ayant accès à des services d’approvisionnement améliorés soit passée de 48 à 68 % au cours de la même période, l’accès à l’eau courante n’a guère augmenté et n’était que de 15 % en 2015, selon le Programme conjoint OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau et de l’assai- nissement (JMP). Cela signifie que l’accès à l’eau courante dans les foyers urbains a reculé de 43 % en 1990 à 33 % en 2015. Parallèlement, le nombre absolu de personnes ayant l’eau courante à domicile est passé de 74 à 153 millions entre 1990 et 2015 en Afrique subsaha- rienne1. Dans le même temps, le nombre de services d’eau a connu une forte augmenta- tion en Afrique alors qu’un nombre croissant de villes, notamment de petite taille, se dotaient des leurs. Une proportion croissante de ces petites villes ont par ailleurs été incluses dans l’échantillon IBNET (International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities). L’équipe a réalisé une étude documentaire utilisant les données existantes de ce réseau, complétée par une étude de terrain effectuée par les chefs d’équipe de projet pour rassembler des données opérationnelles et financières supplémentaires. Ces études ont produit un échantillon suffisamment grand pour réaliser une analyse visant à déterminer : a) les facteurs influençant la performance des services d’eau ; et b) l’ampleur de l’amélioration de l’efficacité possible au sein de ces services. La collecte de données par les chefs d’équipe de projet a été la plus efficace en Afrique de l’Ouest, où elles ont été collectées pour la période 2010 à 2013 pour le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Niger et le Sénégal. En outre, des données ont été collectées pour la même période pour la République démocratique du Congo, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie, essentiellement grâce aux rap- ports de l’industrie minière et aux bases de données des organes de réglementation, aux travaux de collecte du réseau IBNET et, dans le cas du Mozambique, aux rapports des chefs d’équipe de projet. En Éthiopie et au Nigéria, où les données étaient préalablement collec- tées par l’équipe IBNET gérée par le Programme eau et assainissement, la collecte de données vient tout juste de commencer et ne couvre donc qu’une ou deux années d’observation. L’équipe a utilisé le Toolkit IBNET pour veiller à ce que les données collectées soient ­ comparables. À la fin de la période de collecte, l’équipe avait eu accès à 306 services d’eau dans 41 pays, couvrant jusqu’à 20 années d’observation. Mais l’échantillon n’est pas équili- bré, certains services n’étant représentés dans la base de données que par une année d’ob- servation contre 20 années pour d’autres. Certains services fournissent des informations fort détaillées tandis que d’autres en fournissent beaucoup moins. Le fait que les données aient été volontairement fournies par les services d’eau, associé à la qualité inégale des don- nées collectées, entraîne des variations quant aux données soumises et pouvant être utili- sées par l’équipe chargée de l’étude. Les données ont été collectées par les chefs d’équipe de 12 Performance des services d’eau en Afrique projet des services d’eau qui ont effectué un premier contrôle qualité avant celui de l’équipe IBNET. Les méthodes d’assurance qualité sont décrites à l’annexe C. Pour l’analyse, l’équipe a utilisé un échantillon équilibré (c’est-à-dire un groupe de ser- vices restés inchangés pendant la période considérée). Elle a utilisé des ensembles de don- nées comprenant un sous-ensemble couvrant une période plus courte (2010 à 2013). Cet échantillon équilibré exclut toutefois de vastes régions d’Afrique (en particulier dans le cas de l’Éthiopie et du Nigéria, où la collecte des données vient juste de commencer et où elles ne couvrent qu’une ou deux années). L’analyse a également exclu les services d’eau de la Namibie et de l’Afrique du Sud2, car il s’agit de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, où les services d’utilité publique fonctionnent à un niveau différent de la majo- rité, voire de la totalité, des autres services de la région. Dans la mesure du possible, et dans la limite des données disponibles, l’équipe a également analysé les facteurs institutionnels. Malgré l’exclusion de nombreux pays, l’échantillon de données représente une part impor- tante de la population africaine ayant l’eau courante ; cela tient en partie au fait que l’accès à l’eau courante dans des pays comme l’Éthiopie et le Nigéria reste faible. Le JMP a estimé que 149 millions de personnes avaient accès à l’eau courante en Afrique subsaharienne en 2013 ; si l’on exclut les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, comme l’Afrique du Sud, le Botswana, Maurice et la Namibie, la population ayant l’eau courante à domicile tombe toutefois à 108 millions. La base de données pour les années 2010 à 2013, hors pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, couvre une population totale de 58 millions d’habitants (équivalente à 55 % de la population ayant l’eau courante selon le JMP), dont 41 millions sont raccordés au réseau (branchements individuels ou collectifs). La popula- tion couverte par la base de données représente donc une part importante de la population africaine ayant l’eau courante. Le tableau 2.1 ci-dessous décrit en détail l’échantillon des services d’eau. Tableau 2.1. Caractéristiques de l’échantillon des services d’eau Sous-échantillon 2010-13 Indicateurs Échantillon total (hors PRITS) en 2013 Nombre de personnes ayant l’eau courante (millions) 88 58 Nombre de personnes ayant accès à des services de traitement des 24 5 eaux (millions) Nombre de personnes vivant dans la zone de desserte des services 134 103 d’eau (millions) Nombre de villes ayant l’eau courante 1 754 1 574 Nombre de villes ayant accès à des services de traitement des eaux 347 183 Chiffre d’affaires annuel des services d’eau (USD, milliards) 3,7 1,1 Volume annuel d’eau vendu (milliards de m3) 3,0 1,3 Nombre total d’employés des services d’eau 39 392 28 560 Note : PRITS = pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Performance des services d’eau en Afrique 13 Analyse de la performance L’analyse commence par un rapport d’activité du secteur examinant la performance de l’échantillon équilibré composé de 119 services d’eau africains. Ce rapport fournit des don- nées sur la performance de ces 119 services entre 2010 et 2013 en utilisant différentes mesures de la performance. L’analyse de la performance repose sur trois indicateurs : performance opérationnelle, performance financière et performance client. La performance opérationnelle a été définie comme la moyenne non pondérée de trois indicateurs : comptage, eau non génératrice de revenu (mesurée en mètres cubes par bran- chement et par jour), et efficacité du personnel (qui mesure les recettes collectées pour chaque dollar de dépenses de personnel). Le tableau 2.2 présente les références utilisées pour calculer l’écart par rapport à ces références pour le quartile supérieur de l’échantillon considéré. Les notes vont de 0 à 1. Elles sont égales à 1 si le service atteint la valeur de réfé- rence ; elles sont inférieures à 1 et se rapprochent de zéro à mesure qu’il s’éloigne de cette valeur. Le niveau de référence mondial a également été calculé en utilisant l’analyse de don- nées du deuxième livre bleu IBNET (Danilenko et al. 2014) avec le quartile supérieur d’un échantillon couvrant les années 2006-11. La performance financière a été mesurée à l’aide du ratio de couverture des coûts d’exploi- tation (RCCE). Le niveau de référence africain des services d’eau les plus performants (quartile supérieur) est de 1,19, contre 1,38 à l’échelle mondiale. La performance client a été définie comme la moyenne non pondérée de trois indica- teurs : population par branchement, fiabilité et accessibilité financière. La population par branchement est utilisée pour mesurer les niveaux de service. Lorsque les services d’eau ne fournissent que des branchements individuels, la population par branchement est généralement relativement faible (légèrement supérieure à la taille moyenne des ménages). Mais les branchements collectifs sont courants en Afrique, sous la forme de bornes-fontaines, de points de distribution d’eau et du partage des branchements indivi- duels par plusieurs ménages. Le tableau 2.3 présente les références utilisées pour calculer l’écart par rapport à ces références pour le quartile supérieur de l’échantillon considéré. La méthodologie utilisée est identique à celle décrite ci-dessus pour la performance opérationnelle. Tableau 2.2. Performance opérationnelle (moyenne non pondérée) Niveau de référence africain Niveau de référence mondial Indicateur (quartile supérieur de l’échantillon) (quartile supérieur de l’échantillon) Comptage (%) 100 100 Eau non génératrice de revenu par 0,205 0,121 jour (en m3) Efficacité du personnel 4,21 4,27 Note : Efficacité du personnel = Recettes totales par employé/coût total de la main-d’œuvre par employé. 14 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 2.3. Performance client (moyenne non pondérée) Niveau de référence africain Niveau de référence mondial Indicateur (quartile supérieur de l’échantillon) (quartile supérieur de l’échantillon) Population par branchement 8,3 3,0 (mesure du niveau de service) Fiabilité (heures d’approvisionnement) 21,6 24 Accessibilité financière (%) 1,22 0,5 Un indicateur de performance concernant la couverture en eau courante, qui mesure la performance des services en matière d’accès à l’eau, a également été utilisé. Bien que l’échan- tillon contienne des services d’eau assurant le traitement des eaux usées, leur nombre est limité et ils ne desservent qu’une très faible partie de la population. Ces services n’ont donc pas été inclus. S’ils l’avaient été, leur performance aurait été nettement en deçà des niveaux de référence mondiaux. Même sans tenir compte de la couverture des services de traitement des eaux, les meilleurs services d’eau d’Afrique fournissent de l’eau à 77 % ou plus de la population de leur zone de desserte, contre 100 % à l’échelle mondiale. Une analyse d’enveloppement des données (AED) a en outre été réalisée pour mesurer l’efficience relative des services. L’AED produit un indice de performance à partir d’indica- teurs, désignés intrants et extrants, qui peuvent être liés à d’autres facteurs influençant la performance. Dans le cadre de 1’AED de base, un service d’eau est jugé relativement efficient si ses intrants observés peuvent être mis à l’échelle pour produire des extrants supérieurs ou égaux à toute combinaison ou mise à l’échelle des extrants obtenus à partir des intrants observés des autres services. L’efficience de la production a été évaluée grâce à l’AED. L’eau facturée a été considérée comme le principal extrant tandis que les nombres d’employés et de branchements ont été utilisés comme intrants. Analyse de la performance institutionnelle L’évaluation institutionnelle a utilisé l’échantillon de données pour 2010 et 2013, car la perfor- mance institutionnelle est une variable qui varie dans le temps. La collecte de données orga- nisationnelles auprès des services d’eau a été difficile (leur taux de réponse a été très faible). Un ensemble de données institutionnelles plus générales a donc été utilisé, notamment le type de prestation (nationale, régionale ou municipale), la présence d’un organisme de régle- mentation (indépendant) et l’étendue des services (eau uniquement ou autres services). Un simple test-t a été utilisé pour tester plusieurs facteurs du contexte institutionnel des ser- vices d’eau et leur effet sur divers indicateurs de performance. Facteurs influençant l’analyse de la performance des services d’eau Cette analyse porte essentiellement sur trois indicateurs de performance : le premier évalue la performance financière et est défini en tant que variable binaire. Plus précisément, Performance des services d’eau en Afrique 15 un service d’eau est jugé avoir une bonne performance financière si son RCCE est supérieur ou égal à 1,193. Le deuxième indicateur mesure la qualité des services. L’indicateur de la per- formance client est la moyenne des trois indicateurs indiqués plus haut : la population par branchement (qui mesure le niveau de service, avec un niveau de référence africain inférieur ou égal à 8,3), la fiabilité en heures d’approvisionnement en eau (niveau de référence africain supérieur ou égal à 21,6 heures par jour) et l’accessibilité financière (coût de l’eau pour les consommateurs inférieur à 1,22 % du RNB). L’indice de performance client est mesuré sur une échelle de 0 à 1 et augmente avec la performance. Le troisième indicateur, qui évalue la performance opérationnelle des services d’eau, correspond à la moyenne de trois indica- teurs : l’efficacité du personnel (égale à 1 si elle est supérieure ou égale à 4,21), le comptage (égal à 1 s’il est de 100 %) et l’eau non génératrice de revenu (égale à 1 si elle est inférieure ou égale à 0,205 m3 par branchement et par jour). Enfin, l’équipe a utilisé la couverture en eau courante lorsqu’un service performant a une couverture supérieure ou égale à 77 %. Elle a trouvé des corrélations positives mais très faibles entre les quatre indicateurs. Ces faibles corrélations indiquent, par exemple, qu’une bonne performance financière ne signifie pas nécessairement que les services aux clients soient de bonne qualité. Les indicateurs de performance doivent donc être analysés séparément, car les facteurs influençant la perfor- mance des services d’eau ne sont pas étroitement corrélés ; l’amélioration de la perfor- mance financière ne se traduit pas automatiquement par celle de la performance client, et inversement. L’équipe a ensuite essayé d’estimer les facteurs influençant la performance en utilisant des techniques économétriques. Études de cas Au chapitre 3, l’équipe a analysé cinq études de cas pour déterminer si les conclusions de l’analyse économétrique pourraient être validées par des études de cas individuelles. Pour veiller à un certain degré de similitude entre les études de cas, l’équipe a été invitée à réaliser les mêmes que celles retenues dans le cadre d’une étude semblable sur les facteurs influen- çant la performance des services d’électricité en Afrique. Ces études de cas ont porté sur le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Kenya (Nairobi), le Sénégal et l’Ouganda. Elles n’ont pas été choisies au hasard et diffèrent à plusieurs égards de l’échantillon utilisé dans l’analyse économétrique. Tous ces services sont de grande taille et desservent plus d’un million de personnes (contre 115 000 pour la majorité des services de la base de données économétrique). Ces cinq services sont tous des services nationaux, à l’exception de celui de Nairobi. Les services nationaux ne sont pas très courants en Afrique et sont généralement situés en Afrique de l’Ouest. Toujours est-il que les cinq études de cas portent sur des services de grande taille. Le fait qu’ils desservent tous la capitale de leur pays signifie qu’ils ont généra- lement été établis depuis plus longtemps que la majorité des services africains. Les études de cas examinent les services fournis aux clients (de sorte que les résultats soient compa- rables à ceux de l’étude sur l’électricité) tout en triangulant les résultats des modèles écono- métriques présentés au chapitre 6. 16 Performance des services d’eau en Afrique Notes 1. L’augmentation de l’accès à des sources d’approvisionnement en eau améliorées (qui comprennent l’eau courante, mais aussi d’autres types de services d’approvisionnement en eau améliorés comme l’accès à des puits et à des sources proté- gées, à l’eau de pluie), telles que définies par le Programme conjoint OMS/UNICEF, a connu une augmentation beaucoup plus prononcée, de 242 millions en 1990 à 669 millions en 2015. 2. L’inclusion de la Namibie et de l’Afrique du Sud pourrait fausser les résultats de performance à tel point qu’ils ne fourni- raient pas nécessairement une mesure réaliste de la bonne performance des services d’eau d’autres régions de l’Afrique. 3. Pour éviter les erreurs liées à la communication d’informations inexactes et à la présence de valeurs aberrantes, nous avons supprimé de l’échantillon les observations correspondant aux 2,5 % inférieurs et 97,5 % supérieurs de la distribution du RCCE. Référence Danilenko, Alexander, Caroline van den Berg, Berta Macheve, and L. Joe Moffitt. 2014. The IBNET Water Supply and Sanitation Blue Book 2014: The International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities Databook. Washington, DC: World Bank. Performance des services d’eau en Afrique 17 © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 3 Performance des services d’eau en Afrique : analyse de tendances L’équipe du projet a procédé à l’analyse du panel comptant les séries chronologiques les plus courtes mais le nombre de services d’eau le plus grand. L’analyse de tendances exclut les services d’eau de Namibie et d’Afrique du Sud, deux pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure dont les services d’eau opèrent à un niveau différent de celui de la plu- part, sinon de la totalité des autres services d’eau africains. Notre analyse des données s’attache à trois dimensions de la performance : performance opérationnelle, performance financière et performance client. La performance opération- nelle définit la qualité de la gestion des opérations du service d’eau. La performance finan- cière se mesure à l’aune de l’efficacité avec laquelle le service génère des recettes et utilise ces recettes pour couvrir ses coûts d’exploitation et d’entretien (E&E). Enfin, la performance client mesure la capacité du service d’eau à fournir à ses clients des services d’alimentation en eau de haute qualité et (dans une bien moins grande mesure) des services de traitement des eaux usées. Performance opérationnelle ENGR. La performance opérationnelle des services d’utilité publique se mesure souvent à ­ raphique 3.1, l’aune du ratio d’eau non génératrice de revenus (ENGR). Comme le montre le g le ratio d’ENGR par rapport à la production totale a reculé de 2010 à 2013. Il demeure élevé comparativement aux niveaux de référence internationaux, mais le graphique laisse constater Performance des services d’eau en Afrique 19 Graphique 3.1. ENGR en pourcentage de la production d’eau une variation dans la capacité des services d’eau à maîtriser ce paramètre. Le ratio ENGR/production présente certains inconvénients (Alegre, 2006) et il est donc utile d’envisager 0,8 Eau non génératrice de revenus (%) l’utilisation d’un autre type d’indicateur : le volume d’ENGR par branchement et par jour. Les services d’eau laissent typi- 0,6 quement constater une baisse semblable de ce paramètre, en particulier de 2010 à 2011 (voir graphique 3.2). 0,4 Il n’est pas facile d’abaisser le ratio d’eau non génératrice de revenus (van den Berg, 2015) à cause, en partie, de la 0,2 structure de coûts qui caractérise les services d’eau. Dans le secteur de l’eau, les coûts moyens de production ont ten- 0 dance à être faibles, tandis que les coûts de distribution 2010 2011 2012 2013 sont relativement élevés. Whittington et al. (2009) estiment que 70 % environ des coûts de l’approvisionnement en eau sont liés à la distribution. Ainsi, chaque mètre cube d’eau Graphique 3.2. ENGR par branchement non perdu dans le réseau de distribution ne représente sou- vent qu’un coût d’opportunité relativement faible, ce qui 3 pourrait expliquer la persistance des hauts niveaux d’ENGR affichés par beaucoup de services d’eau. En conséquence, M3 par branchement et par jour on peut s’attendre à ce que les services d’eau affichant des 2 coûts d’exploitation élevés ou aux prises avec un grave pro- blème de rareté de la ressource se montrent plus disposés que les autres à réduire leur ratio d’ENGR. En fait, les ser- 1 vices d’eau dont les coûts d’exploitation par mètre cube d’eau vendue sont élevés affichent des ratios d’ENGR par branchement et par jour statistiquement inférieurs à ceux dont les coûts d’exploitation sont moins élevés. 0 En règle générale, les services d’eau de plus grande taille 2010 2011 2012 2013 ont tendance à subir des pertes d’ENGR plus importantes que les services de plus petite taille. Les services qui comptent plus de 500 000 clients laissent constater un volume d’ENGR moyen par branche- ment de 0,49 m3 par jour, contre 0,31 m3 par jour pour les services de plus petite taille (voir graphique 3.3). Cette différence peut refléter l’âge du réseau : les services d’eau ont d’abord été mis en place dans les capitales, pour ensuite s’étendre aux villes secondaires, et ceux de plus grande taille ont donc tendance à exister depuis plus longtemps et à se caractériser par des infrastructures plus vieilles. L’analyse des données a montré qu’en règle générale, les services d’eau dont tous les branchements sont dotés d’un compteur ont tendance à afficher des ratios plus faibles d’ENGR par branchement et par jour. L’approvisionnement en continu a aussi un effet important : les services qui assurent un approvisionnement sans disconti- nuité ont tendance à afficher des ratios moins élevés d’ENGR par branchement et par jour. 20 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 3.3. ENGR en fonction de la taille du service d’eau, 2010–13 a. Services de petite taille b. Services de taille moyenne 3 3 M3 par branchement et par jour M3 par branchement et par jour 2 2 1 1 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 c. Services de grande taille 3 M3 par branchement et par jour 2 1 0 2010 2011 2012 2013 La productivité du personnel (mesurée par le nombre d’employés par 1 000 branchements) est faible en Afrique, bien qu’elle ne cesse de s’améliorer. En 2010, le service d’eau typique comptait 11 employés par 1 000 branchements, alors qu’il n’en comptait plus que 8,7 en 2013. La productivité du personnel est particulièrement faible dans les services d’utilité publique de plus petite taille, où la médiane atteint près de 13 employés par 1 000 branchements en 2013, contre 6,4 employés dans les services de plus grande taille. Cependant, comme beau- coup de services d’eau africains n’offrent que de faibles niveaux de services et que le nombre de clients desservis par branchement est très élevé, nous avons aussi calculé une valeur de la productivité du personnel basée sur le nombre d’employés par 1 000 clients servis, pour ainsi éviter que la disparité des services offerts ne conduise à dresser un portrait injustement critique de certains services d’eau. Le nombre médian d’employés par 1 000 clients servis s’établissait à 0,72 en 20131, en légère augmentation par rapport à 2010 (0,68). Ce résultat est meilleur que le niveau de référence international de 1,04 établi pour 2010 (Danilenko et al., 2014). En même temps, les charges médianes annuelles afférentes au personnel sont en hausse. Les données laissent constater une hausse rapide de ces charges par employé, qui sont passées de 4 246 dollars en 2010 à 5 865 dollars en 2013. En 2013, les services du décile Performance des services d’eau en Afrique 21 Graphique 3.4. Efficacité et charges afférentes au personnel, en fonction de la taille du service d’eau, 2010–13 a. Charges a érentes au personnel, par employé b. Nombre d’employés par 1 000 clients desservis 14 000 1,40 12 000 1,20 Nombre d’employés par 10 000 1,00 USD par année 1 000 clients 8 000 0,80 6 000 0,60 4 000 0,40 2 000 0,20 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 10 0 00 0 00 00 10 0 00 0 00 00 –5 50 –5 50 < –1 10 10 < –1 10 10 10 10 0– 0– 50 50 0– 0– > 10 > 10 50 50 Nombre de résidents dans la zone de desserte Nombre de résidents dans la zone de desserte inférieur de l’échantillon dépensaient 2 305 dollars ou moins par employé, alors que ceux du décile supérieur dépensaient plus de 14 438 dollars. Ainsi, la part du coût du travail dans la structure de coûts totale des services d’eau est en hausse. Le graphique 3.4 résume l’effica- cité de la main-d’œuvre et les charges afférentes au personnel en fonction de la taille du service d’utilité publique. L’efficacité du personnel mesure les recettes générées pour chaque dollar de dépenses de personnel. En 2010, le service d’eau typique affichait un ratio de recettes générées de 3,47. En 2013, ce ratio était passé à 3,04. Performance financière Coûts d’exploitation et d’entretien par mètre cube d’eau vendue. Le coût médian d’E&E par mètre cube d’eau vendue est passé de 0,76 dollar en 2010 à 0,86 dollar en 2013. Cette hausse rapide semble avoir été causée principalement par une hausse des coûts de la main-d’œuvre découlant d’une baisse de la productivité de la main-d’œuvre et d’une hausse des charges affé- rentes au personnel, par employé. Le coût d’E&E par mètre cube d’eau vendue est sensiblement plus élevé dans les pays à faible revenu de l’échantillon, ce qui pourrait s’expliquer par la taille plus petite de l’échantillon des services d’eau sondés dans les pays à revenu moyen, ou par les économies d’échelle réalisées par les services d’eau des pays à faible revenu (graphique 3.5). L’examen des coûts d’E&E en fonction de la taille du service d’eau laisse deviner un effet d’économie d’échelle. Les services de plus petite taille présentent les coûts d’E&E les plus élevés par mètre cube d’eau vendue. Au cours de la période 2010-2013, le service d’eau de petite taille typique affichait un coût d’E&E de 0,96 dollar par mètre cube, contre 0,71 ­dollar pour les services de taille moyenne, et 0,79 dollar pour les services de grande taille (graphique 3.6). 22 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 3.5. Coût médian d’E&E par m3 d’eau vendue, par classe de revenu, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 4 4 3 3 Coûts d’E&E (USD) Coûts d’E&E (USD) 2 2 1 1 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Graphique 3.6. Coût médian d’E&E par m3 d’eau vendue, selon la taille du service d’eau, 2010–13 a. Services de petite taille b. Services de taille moyenne 4 4 Coûts d’E&E (USD) Coûts d’E&E (USD) 3 3 2 2 1 1 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 c. Services de grande taille 4 Coûts d’E&E (USD) 3 2 1 0 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 23 Recettes moyennes par mètre cube d’eau vendue. La hausse des coûts d’E&E par mètre cube d’eau vendue coïncide avec la hausse des recettes moyennes engrangées par mètre cube d’eau vendue, passant de 0,71 dollar en 2010 à 0,85 dollar en 2013. On constate que les services d’eau augmentent leurs tarifs lorsque les coûts d’E&E augmentent, mais pas néces- ­ sairement au même rythme. Il ne semble donc pas qu’il soit d’usage en Afrique de répercuter entièrement la hausse des coûts de production sur le consommateur. La recette moyenne par mètre cube d’eau vendue (mesure indirecte du tarif) est étroite- ment liée au coût d’E&E par mètre cube d’eau vendue. Elle est la plus élevée dans les services d’eau de plus petite taille, mais les tendances observées au cours des quatre dernières années donnent également à conclure que le service d’eau typique n’a connu que des variations mineures de ce paramètre. Bien que les tarifs des services de taille moyenne ou grande typiques aient affiché une hausse plus sensible, ils restent inférieurs à ceux pratiqués par les services de plus petite taille. Bien qu’ils puissent parfois paraître élevés, les tarifs pratiqués peuvent être en partie com- pensés par une baisse de la consommation (et des recettes recouvrées). Par ailleurs, la plu- part des services d’eau ont recours à l’interfinancement (à des degrés parfois élevés), et les consommateurs non résidentiels qui présentent habituellement une demande plus élastique par rapport aux prix se voient imposer des tarifs sensiblement plus élevés que les consom- mateurs résidentiels. Ainsi, pour déterminer la capacité des services d’eau à générer des recettes, nous avons calculé les recettes annuelles générées par client desservi. Comme le laisse constater le graphique 3.7, les recettes annuelles moyennes par habitant sont infé- rieures à 15 dollars : une base de recettes très limitée pour un service d’utilité publique. Le graphique 3.8 révèle une variation sensible des recettes par branchement dans les pays à faible revenu, laquelle est attribuable à la structure des réseaux, où chaque branchement peut desservir jusqu’à 200 personnes. Graphique 3.7. Revenus médians annuels par habitant, RCCE. Le service d’eau typique de notre échantillon est en 2010–13 mesure de couvrir ses coûts d’E&E à partir de ses recettes d’exploitation. Cependant, le ratio de couverture des coûts d’exploitation (RCCE), correspondant ici à la différence entre 100 le revenu perçu et le coût d’E&E, est sensiblement inférieur puisque les services d’eau ne peuvent recouvrer qu’une par- graphique  tie de leurs recette, comme le montre le ­ 3.9. Le Revenus (USD) recouvrement des coûts d’E&E et le recouvrement des flux de 50 d’exploitation sont des opérations trésorerie liés aux activités ­ plus complexes dans les services de plus petite taille que dans les services de taille plus grande. Les services de plus petite taille pratiquent d’ordinaire des tarifs plus élevés que les plus 0 grands, et l’approvisionnement en eau a tendance dans leur 2010 2011 2012 2013 cas à être beaucoup moins abordable. Les  problèmes 24 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 3.8. Revenus médians annuels par branchement, par classe de revenu, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 1 000 1 000 800 800 Revenus (USD) Revenus (USD) 600 600 400 400 200 200 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 financiers se posent donc avec Graphique 3.9. Recouvrement des coûts d’exploitation et recouvrement des flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation, 2010–13 plus d’acuité lorsque l’efficacité du recouvrement des recettes s’éta- 2,5 ­ nviron 80 % du total, et que blit à e entrées de trésorerie affichent les  donc des valeurs négatives, 2,0 obligeant ainsi les services à  ­ : réduire a)  leurs niveaux de 1,5 services ; ­ b) repousser leurs RCCE opérations d’entretien ; c) reporter ­ 1,0 leurs paiements aux fournisseurs ; accroître leur dépendance ou d)  vis-à-vis des subventions de l’État, 0,5 s’ils en ont la possibilité. Le graphique 3.10 présente ces infor- ­ 0 mations pour les pays de l’échan- 2010 2011 2012 2013 tillon, réparties par classe de RCCE fondé sur le revenu RCCE fondé sur les recettes en espèces revenu. Performance des services d’eau en Afrique 25 Graphique 3.10. Recouvrement des coûts d’exploitation et recouvrement des flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation, par classe de revenu, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 2,5 2,5 2,0 2,0 1,5 1,5 RCCE RCCE 1,0 1,0 0,5 0,5 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 RCCE fondé sur le revenu RCCE fondé sur les recettes en espèces Tableau 3.1. Recouvrement des coûts par les services d’eau classés par niveau de performance Tranche de 10 % Tranche de 25 % Tranche de 25 % Tranche de 10 % Variable Médiane inférieure inférieure supérieure supérieure Recouvrement des coûts d’exploitation (revenus facturés en % des coûts d’E&E) Faible revenu 0,73 0,88 1,00 1,15 1,36 Revenu intermédiaire 0,79 0,83 1,05 1,36 1,44 Recouvrement des flux de trésorerie liés aux activités d’exploitation (revenus recouvrés en % des coûts d’E&E) Faible revenu 0,42 0,59 0,79 0,95 1,102 Revenu intermédiaire 0,60 0,76 0,92 1,13 1,33 Le tableau 3.1 résume les résultats des services d’eau les moins performants et les plus performants. Ces données appellent deux observations importantes. Premièrement, les taux de recouvrement des coûts d’exploitation ne varient pas réellement lorsque le niveau de revenus augmente. Même les services d’eau les plus performants ne par- viennent pas à couvrir plus de 140 % environ du total de leurs coûts d’E&E. Ce ratio constitue la norme à travers le monde, dans les pays en développement comme dans les pays développés. Le Livre bleu 2014 a confirmé cette tendance des pays du monde à affi- cher des niveaux plus ou moins stagnants de recouvrement des coûts. Cela signifie que la 26 Performance des services d’eau en Afrique plupart des services d’eau ne réussissent à couvrir que leurs coûts d’E&E de base, et à ne dégager qu’un léger excédent. Deuxièmement, ce ratio de recouvrement des coûts d’exploitation est très faible par ­rapport à la structure de coûts des services d’alimentation en eau et de traitement des eaux usées, même dans le cas des services les plus performants. Whittington et al. (2009) estiment que le coût économique des infrastructures classiques d’alimentation en eau et de traitement des eaux usées s’établit à 2,50 dollars par mètre cube2 (avec un taux d’escompte de 10 %3, aux prix de 2006), en supposant que le coût d’opportunité de l’eau brute est très faible et que les exter- nalités liées au déversement des eaux usées sont très limitées,4 ce qui pourrait se traduire par un coût supérieur à 3 dollars aux prix de 2013. Ainsi, avec un coût d’E&E typique des services d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées de 0,86 dollar, le recouvrement des coûts d’exploitation ne représentera vraisemblablement qu’une fraction des coûts écono- miques véritables des services d’eau. Même les services les plus performants sont très loin d’être en mesure de couvrir leurs coûts financiers et économiques. En outre, cette situation n’est pas propre à l’Afrique subsaharienne ; elle s’observe partout dans le monde. Les services d’approvisionnement en eau sont offerts dans un environnement complexe où divers objectifs d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont en jeu. Dans les pays à faible revenu par habitant, les gens n’ont souvent pas les moyens d’accéder à l’eau courante (et a fortiori de payer pour la collecte et le traitement des eaux usées), et ce manque de moyens limite considérablement la base de recettes des services d’eau. Cela influe sur la performance financière des services d’eau et les rend étroitement dépendants des financements de l’État pour payer une part des coûts d’E&E, ce qui a pour effet d’évincer les investissements et de freiner l’accès à des services d’approvisionnement en eau (de qua- lité) et de traitement des eaux usées. À mesure que les revenus augmentent, il devrait être possible de consacrer plus de fonds à l’approvisionnement en eau (en termes absolus), ce qui viendrait renforcer l’assise financière des services d’eau. Cependant, notre base de données ne nous conduit pas à formuler une telle conclusion, peut-être à cause du nombre limité de services d’eau de pays à revenu intermédiaire qu’elle contient. Même si les niveaux de consommation d’eau augmentent dans les pays dont le produit intérieur brut est en hausse, le total des revenus par habitant ne laisse pas constater une hausse en dépit de ces niveaux élevés de consommation. Pourtant, des revenus plus élevés entraînent une amélioration du recouvrement des recettes, et la différence entre le RCCE mesuré en recettes facturées et celui mesuré en recettes recouvrées est plus mince dans les pays à revenu intermédiaire que dans les pays à faible revenu. En même temps, à mesure que le développement économique s’accélère et que la ­ consommation d’eau augmente, la nature des services d’eau évolue. Dans les pays à faible revenu, les services d’eau assurent principalement l’approvisionnement en eau sans porter  beaucoup d’attention à l’accroissement concomitant du débit des eaux usées. ­ Cependant, dans les pays à revenu intermédiaire, la collecte des eaux usées devient un ­ complémentaire plus important, et les revenus plus élevés coïncident à peu près service ­ Performance des services d’eau en Afrique 27 avec la hausse de la consommation d’eau par habitant. Lorsque les pays deviennent encore plus riches, les eaux usées ainsi collectées doivent être traitées et rejetées conformément à des normes environnementales de plus en plus sévères. Danilenko et al. (2014) ont observé dans un échantillon global (de plus de 1 800 services d’eau) que le RCCE — un indice de la santé financière des services d’eau — n’a presque pas changé entre 2000 et 2011 (malgré la croissance économique rapide observée partout dans le monde). Performance client Une rapide analyse de tendances sur la période 2010-2013 laisse constater que les services d’eau africains ont élargi leur couverture en eau courante (voir graphique 3.11). Ce résultat n’est pas conforme aux données fournies par le JMP, lesquelles donnent à conclure que cette couverture serait dans le meilleur des cas restée inchangée. Cependant, il convient de tenir compte du fait que la zone de desserte d’un service d’eau ne coïncide pas nécessairement avec la superficie urbaine définie par les enquêtes réalisées auprès des ménages. Il est pos- sible que les limites d’une telle zone — en particulier en périodes d’urbanisation accélérée — s’ajustent à un rythme beaucoup moins rapide que celles de l’espace urbain. De plus, il arrive souvent que les services d’eau n’aient pas une idée précise de l’usage qui est fait des bran- chements qu’ils sont censés gérer. En conséquence, les données des enquêtes auprès des ménages diffèrent souvent des données des services d’eau. globalement élargi leur couverture, Bien que les services d’eau de notre échantillon aient ­ cette évolution s’est avérée plutôt inégale d’un service et d’un pays à l’autre de notre échantillon. Graphique 3.11. Couverture en eau courante médiane, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 1,0 1,0 Couverture en eau courante (ratio) Couverture en eau courante (ratio) 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 28 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 3.12. Couverture en eau courante médiane, en Comme le laisse constater le graphique 3.12, le degré de fonction de la taille du service d’eau couverture augmente en fonction de la taille du service d’eau, sauf pour les services les plus grands. Ce phénomène 90 est lié au fait que les plus petits services ont tendance à être 80 plus récents, et qu’ils ont donc tendance à afficher des 70 Degré de couverture (%) ratios de couverture plus faibles. L’élargissement de la cou- 60 verture en eau courante s’est accompagné d’une lente 50 réduction de la couverture en assainissement dans le cas 40 des services (peu nombreux) où ce type de couverture exis- 30 tait au départ. Cette tendance est préoccupante puisque la 20 couverture en assainissement accuse déjà un retard impor- 10 tant par rapport à la couverture en eau courante, ce qui 0 pourrait avoir des effets délétères sur la qualité de l’eau et 0 0 poser ainsi des risques pour la santé publique et des pro- 0 0 0 0 00 00 00 00 00 00 00 0 10 0 00 0 00 blèmes de pollution de l’eau. –5 50 10 < –1 10 0– 50 >1 0– 10 La lente progression de la couverture en eau courante a 50 Population de la zone de desserte aussi coïncidé avec des progrès très limités de la qualité des services fournis. La réduction de la couverture en assainissement mentionnée ci-dessus constitue un des éléments de la baisse de la qualité services, mais cette baisse se traduit également par : a) les faibles niveaux de consom- des ­ mation d’eau par habitant (environ 56 litres par habitant et par jour [lhj])5 ; b) la baisse du nombre d’heures d’approvisionnement en eau ; et c) les progrès très limités enregistrés dans le niveau de prestation des services (lente diminution du nombre de consommateurs par branchement, qui s’établit désormais à 10,6). Les faibles niveaux de consommation d’eau s’observent en particulier dans les pays à faible revenu et sont liés au partage des branchements — une pratique répandue qui découle à la fois de contraintes de l’offre et de la demande. Le recours fréquent à la tarification progressive par tranches n’est pas non plus très propice à une augmentation de la consommation (même lorsque les services sont disponibles). Comme l’utilisation de compteurs d’eau est assez répandue dans notre échantillon de services d’eau, les consommateurs sont en mesure d’exercer une certains maîtrise sur leur consommation et seraient donc en mesure de la restreindre pour éviter de passer dans une tranche de tarification supérieure. Le graphique 3.13 illustre les très faibles niveaux de consommation totale observés dans les pays à faible revenu. Même dans le décile supérieur, les consommateurs n’utilisent que 100 lhj. L’Organisation mondiale de la Santé présume qu’une consommation d’au moins 50 à 100 lhj est nécessaire pour couvrir la totalité des utilisations résidentielles. En 2013, un peu moins de 50 % des ménages clients d’un service d’eau utilisaient 50 lhj d’eau ou moins, et 25 % ne dépassaient pas une consommation de 77 lhj. Ce faible niveau de consommation signifie que la possibilité de générer des revenus est faible pour beaucoup de services d’eau, d’autant plus que la couverture en eau courante globale est limitée. Le consommateur Performance des services d’eau en Afrique 29 Graphique 3.13. Consommation d’eau médiane, par classe de revenu, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 250 250 200 200 Consommation d’eau (lhj) Consommation d’eau (lhj) 150 150 100 100 50 50 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 typique (résidentiel ou non) de notre échantillon de services d’eau débourse moins de 15 dol- lars par année pour se prévaloir du service. Or, le coût global de la production d’eau est essentiellement fixe, ce qui laisse souvent les services d’eau sans grands moyens financiers. Les contraintes affectant l’offre jouent aussi un rôle : la plupart des services d’eau n’ont qu’une capacité de production limitée — si on suppose que la production d’eau reflète cette capacité (en 2013, la production médiane d’eau s’établissait à 88 lhj, comparativement à 96 lhj en 2010). Comme le montre le graphique 3.14, la production dans les pays à faible ­ iminue lentement. Dans les revenu est en général très faible (inférieure à 100 lhj) et elle d pays à revenu intermédiaire, elle est beaucoup plus élevée, s’approchant de 200 lhj. Les niveaux de production des services d’eau des pays à faible revenu sont très faibles par rap- port à ceux d’autres pays et d’autres services d’eau, et expliquent en partie les faibles niveaux services d’eau de notre échantillon. de consommation observés de beaucoup des ­ Niveaux de services. Le nombre de clients par branchement est élevé en Afrique ; il ­ surpasse de loin le niveau de référence mondial de trois personnes par branchement. Le nombre médian de clients par branchement s’établissait à environ 11 en 2013. On constate cependant de grandes différences où les services d’eau les plus performants comptent environ six clients par branchement, tandis que les moins performants offrent principalement leurs services par le biais de bornes-fontaines ou de kiosques, comme le montre le ­ ­ graphique 3.15. Heures d’approvisionnement. Beaucoup de services d’eau africains rationnent l’eau. service d’eau typique limite l’approvisionnement à 15 heures par jour (contre 18 en 2010). Le ­ 30 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 3.14. Production d’eau médiane, par pays, 2010–13 a. Bénin b. Burkina Faso c. Rép. dém. du Congo Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) 400 400 400 300 300 300 200 200 200 100 100 100 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 d. Côte d’Ivoire e. Guinée-Bissau f. Kenya Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) 400 400 400 300 300 300 200 200 200 100 100 100 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 g. Malawi h. Mozambique i. Niger Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) 400 400 400 300 300 300 200 200 200 100 100 100 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 j. Sénégal k. Tanzanie l. Togo Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) 400 400 400 300 300 300 200 200 200 100 100 100 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 m. Ouganda n. Zambie Production d’eau (lhj) Production d’eau (lhj) 400 400 300 300 200 200 100 100 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 31 Graphique 3.15. Nombre de clients par branchement, Les  services de plus petite taille sont ceux qui offrent le 2010–13 d’approvisionnement, tandis que les ser- moins d’heures ­ vices de plus grande taille en offrent le plus ­(graphique 3.16). 80 Les progrès observés sont plutôt inégaux d’un service à Nombre de clients par branchement l’autre : les services de plus grande taille laissent constater 60 des améliorations, tandis que les services de taille moyenne laissent constater une réduction du nombre médian 40 d’heures d’approvisionnement. Accessibilité financière. L’accessibilité financière s’est amé- 20 liorée au cours des dernières années et la part des dépenses totales consacrée à l’approvisionnement en eau (et à l’assai- 0 nissement) a diminué. Cette tendance a aussi été observée 2010 2011 2012 2013 en Afrique subsaharienne. En 2013, les clients des services Graphique 3.16. Nombre d’heures d’approvisionnement en eau par jour, selon la taille du service d’eau, 2010–13 a. Services de petite taille b. Services de taille moyenne 25 25 Heures d’approvisionnement Heures d’approvisionnement 20 20 15 15 par jour par jour 10 10 5 5 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 c. Services de grande taille 25 Heures d’approvisionnement 20 15 par jour 10 5 0 2010 2011 2012 2013 32 Performance des services d’eau en Afrique d’eau des pays à faible revenu ont consacré 1,8 % de leurs revenus à ces services, comparati- vement à 0,9 % dans les pays à revenu intermédiaire. Comme l’ont démontré les résultats ­ iagnostiques réalisées auprès des pays africains, la prestation des services en des enquêtes d Afrique subsaharienne a tendance à être sensiblement plus coûteuse qu’ailleurs dans le monde. En 2011, l’accessibilité financière médiane dans les pays à faible revenu (y compris en Afrique) s’établissait à 0,82 %, contre 2,0 % en Afrique subsaharienne ; la même année dollar, contre 0,68 dollar (2011), les coûts d’E&E médians en Afrique s’établissaient à 0,83 ­ pour l’ensemble des pays à faible revenu. Un test-t démontre que les services d’eau affichant une bonne performance financière ont tendance à présenter des taux d’accessibilité financière plus bas. Ces services ont c alculé que leurs clients consacrent en moyenne 3,2 % du RNB par habitant à l’approvision- ­ nement en eau, contre 2,3 % pour ceux qui affichent une piètre performance financière (graphique 3.17). Cet effet est notable dans le cas des services de taille petite à moyenne : ­ les consommateurs consacrent une part plus grande de leurs revenus aux services. L’effet est inversé dans le cas des services d’eau de plus grande taille : les clients des services les plus performants consacrent en moyenne une part plus petite de leurs revenus à l’approvi- sionnement en eau (graphique 3.18). Nous présentons au tableau 3.2 les valeurs médianes de l’accessibilité financière dans différents pays. Graphique 3.17. Accessibilité financière médiane, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 0,15 0,15 Accessibilité nancière, ratio facture d’eau/RNB (Atlas) Accessibilité nancière, ratio facture d’eau/RNB (Atlas) 0,10 0,10 0,05 0,05 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 33 Graphique 3.18. Accessibilité financière médiane, par catégorie de taille du service d’eau, 2010–13 a. Services de petite taille b. Services de taille moyenne Ratio facture d’eau/RNB (Atlas) Ratio facture d’eau/RNB (Atlas) 0,15 0,15 0,10 0,10 0,05 0,05 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 c. Services de grande taille Ratio facture d’eau/RNB (Atlas) 0,15 0,10 0,05 0 2010 2011 2012 2013 Tableau 3.2. Accessibilité financière médiane, par pays, 2010–13 Revenus médians par mètre cube Accessibilité financière Revenus annuels médians Pays d’eau vendue (USD), mesure médiane (% du RNB par par branchement indirecte de la tarification habitant) Bénin 1,20 201 2,4 Burkina Faso 1,10 269 3,2 Congo, Rép. dém. 0,75 440 5,2 Côte d’Ivoire 0,82 171 0,9 Kenya 1,01 173 1,7 Malawi 0,83 238 9,2 Mali 0,64 279 2,6 Mozambique 0,70 122 3,9 Niger 0,60 234 1,8 Sénégal 1,09 266 2,3 Tanzanie 0,43 98 1,7 Togo 0,64 215 2,2 Ouganda 1,14 207 4,7 Zambie 0,46 185 1,1 34 Performance des services d’eau en Afrique Conclusions La couverture des services s’est lentement élargie entre 2010 et 2013. Les taux globaux de couverture sont légèrement supérieurs à 60 % dans les zones de desserte des services d’eau de notre échantillon, ce qui donne à conclure que ces services ne parviennent toujours pas à desservir de larges pans des populations qui dépendent d’eux. Une combinaison de coûts d’exploitation et d’entretien des réseaux d’approvisionnement en eau relativement élevés (encore plus dans le cas des services d’assainissement) et de l’ac- cessibilité financière croissante donne à conclure que dans beaucoup de cas, même en Afrique subsaharienne, il serait raisonnable de porter plus d’attention à la rentabilité qu’à l’accessibilité financière des services puisque certains pays pourraient autrement se voir contraints d’augmenter rapidement les subventions accordées à ces services. Un peu moins de la moitié des services d’eau de notre échantillon se trouvent incapables de couvrir leurs coûts d’exploitation et d’entretien à partir de leurs recettes. Cette forte dépendance vis-à-vis des subventions pose des problèmes d’équité puisque ces subventions tendent à désavantager les populations qui ne sont toujours par raccordées aux réseaux d’adduction d’eau.6 La variance de la performance des services d’eau au sein des pays et entre les pays est très grande. Elle est due en grande partie au fait que les services d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées sont gérés localement, et que les facteurs locaux qui influent sur ces services — par exemple, la distance de la source d’eau et ses effets sur les coûts d’en- treposage et de transport, la qualité de la source d’eau et les besoins de traitement, et les normes de conception — peuvent varier largement d’un service à l’autre. Par ailleurs, cer- taines politiques nationales (par exemple, subventions au titre de l’énergie et politiques du travail) peuvent aussi influer sur les coûts d’E&E. Ces coûts varient largement dans notre échantillon, oscillant entre 0,23 et plus de 2,07 dollars par mètre cube d’eau vendue. Ils peuvent en outre se montrer encore plus variables lorsqu’on inclut dans l’échantillon des services pour lesquels on dispose de moins de quatre années de données. Dans ce cas, ils varient de 0,12 dollar par mètre cube d’eau vendue au Nigéria à plus de 4,75 dollars au Cap-Vert (à cause de la dépendance de ce pays vis-à-vis de la production d’eau désalinisée). ­ Cette grande variance du degré de performance a pour conséquence que certaines circons- tances locales particulières ont une incidence majeure sur la rentabilité et l’accessibilité financière. Les décideurs devront déterminer comment les variations des coûts d’approvi- sionnement en eau et de traitement des eaux usées influent sur l’arbitrage qu’ils tentent de faire entre les objectifs de rentabilité et d’accessibilité financière7 de leurs politiques de tari- fication. Il faudra pour cela recueillir beaucoup plus d’informations et réaliser beaucoup plus d’études. Enfin, comme l’élément de coûts fixes dans la prestation des services d’approvisionne- ment en eau et de traitement des eaux usées est très important, les normes de conception (et autres normes) qui régissent la construction des infrastructures influeront sur les coûts des services pour des décennies à venir. Il importe donc d’entreprendre une analyse Performance des services d’eau en Afrique 35 appropriée du moindre coût lorsque des décisions d’investissement doivent être prises, pour veiller à ce que les coûts et avantages de ces investissements soient convenablement analysés. Les répercussions financières, organisationnelles et sociales de telles décisions d’investissement se feront sentir pendant plusieurs décennies. Notes 1. En raison de la fréquence élevé de branchements partagés (multiplication des branchements individuels dans les foyers et points d’eau publics), l’indicateur usuel fondé sur le nombre d’employés par 1 000 branchements n’a pas été employé. Par ailleurs, comme le nombre de branchements n’a pas été noté systématiquement, le nombre réel de services d’eau ayant communiqué cette information a donné des résultats biaisés. 2. Il convient de noter que ces estimations sont extrêmement variables. Par exemple, aux endroits où l’eau doit être transpor- tée sur de longues distances ou lorsque la rareté de la ressource est une réalité, les coûts peuvent être sensiblement plus élevés. 3. On présume ici que pour les services d’utilité publique, les financements sont disponibles aux taux du marché internatio- nal, et qu’aucun risque-pays particulier n’est pris en compte. 4. Il convient d’arbitrer entre les coûts de traitement des eaux usées et les externalités liées au déversement des eaux usées. Plus le niveau de traitement est élevé, plus faibles seront les externalités liées au déversement de ces eaux usées dans l’environnement. 5. Il s’agit ici de la consommation totale (de tous les types de consommateurs). Les données sur la consommation résiden- tielle, lorsqu’elles sont disponibles, donnent à conclure que la consommation totale est nettement inférieure à 56 lhj. 6. Dans la plupart des pays en développement, les populations plus pauvres ou les générations futures désavantagées sont plus susceptibles d’être privées de services d’adduction d’eau (Komives et al., 2005). 7. Ainsi que tous les autres objectifs stratégiques qu’ils pourraient s’être fixés, y compris l’efficacité économique, la transparence, etc. Références Alegre, Helen. 2006. Performance Indicators for Water Supply Services. London: IWA Publishing. Danilenko, Alexander, Caroline van den Berg, Berta Macheve, and L. Joe Moffitt. 2014. The IBNET Water Supply and Sanitation Blue Book 2014: The International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities Databook. Washington, DC: World Bank. Komives, Kristin, Vivien Foster, Jonathan Halpern, Quentin Wodon, and Roohi Abdullah. 2005. Water, Electricity and the Poor: Who Benefits from Utility Subsidies? Washington, DC: World Bank. van den Berg, Caroline. 2015. “Drivers of Non-Revenue Water: A Cross-National Analysis.” Utilities Policy 36 (C): 71–78. Whittington, D., W. M. Hanemann, C. Sadoff, and M. Jeuland. 2009. “The Challenge of Improving Water and Sanitation Services in Less Developed Countries.” Foundations and Trends in Microeconomics 4 (6–7): 469–609. 36 Performance des services d’eau en Afrique © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 4 Performance des services d’eau en Afrique : indice composite de la performance Cette analyse utilise le même échantillon que l’analyse précédente1 et recourt à trois indices composites qui servent respectivement à mesurer divers aspects de la performance client, de la performance financière et de la performance opérationnelle. La théorie suggère qu’une bonne performance opérationnelle se traduit par une meilleure performance financière à cause de la réduction des coûts d’exploitation et d’entretien (E&E) qu’elle suppose. Une bonne performance financière permet au service d’eau de générer un excédent de recettes qui, une fois réglés les coûts d’E&E, de la dépréciation et du service de la dette, peuvent servir à améliorer le niveau de services ou la couverture en eau courante (voir graphique 4.1). L’hypothèse est qu’après avoir amélioré la qualité du service à la clientèle, le service d’eau sera en mesure de générer plus de recettes et pourra donc ensuite améliorer encore sa perfor- mance opérationnelle ou la qualité du service à la clientèle (performance client). Calcul de l’indice composite de la performance Pour chacun des deux indices mesurant la performance client et la performance opération- nelle, nous avons calculé un indice composite qui jette un certain éclairage sur les différents aspects de la performance. Le calcul d’un indice composite sert principalement à examiner la situation dans une perspective plus large, bien qu’il convienne de garder conscience des avantages et des inconvénients de cette méthode (pour plus de détails, voir l’encadré 4.1). Performance des services d’eau en Afrique 37 Graphique 4.1. Indicateurs de performance Les critères qui définissent un service d’eau performant du point de vue opérationnel ont trait aux comportements mesurés, y compris la consommation, l’eau non génératrice de revenus (ENGR par branchement et par jour) et l’effica- cité du personnel (recettes générées par rapport au coût par employé). La performance client se mesure à la qualité du service à la clientèle (population par branchement : la qua- Performance lité du service varie en rapport inverse avec le nombre de opérationnelle consommateurs par branchement puisque ces derniers doivent alors partager des branchements ou recourir à des bornes-fontaines ou à des kiosques), la fiabilité (nombres d’heures d’approvisionnement) et l’accessibilité financière2, qui dépend principalement de la gestion du service. Nous n’avons pas tenu compte de la couverture en eau courante (ni de la consommation) puisque ces indicateurs dépendent Performance étroitement de l’infrastructure d’investissement, qui peut financière ou non être financée par l’État. La valeur de chaque variable a été calculée pour le quartile de services d’eau le plus performant, et la variance par rapport à ce seuil a ensuite été établie (voir tableau 4.1). La somme des carrés des écarts par rapport au seuil varie en rapport inverse avec la valeur des variables. Aucune pondération particulière n’est appliquée aux différents indicateurs. Si des données Performance manquent pour l’un quelconque des indicateurs sous-jacents, client la performance du service n’est pas mesurée ; seuls les services pour lesquels on dispose d’un ensemble complet de données pour le calcul des indicateurs sont pris en compte. La valeur maximale des indicateurs est 1. En théorie, la valeur la plus faible possible est zéro, mais en pratique, les services d’eau assurent toujours un certain degré de performance. Comme le montre le graphique 4.2, la performance opérationnelle mini- male établie à partir des niveaux de référence africains ne s’établit qu’à environ 0,10, avec une valeur maximale de 1,00. Ainsi, on conclut à l’existence d’une large variation de la performance opérationnelle entre les services d’eau de notre échantillon. Indice composite de la performance Performance opérationnelle Les graphiques 4.2 et 4.3 laissent constater une amélioration de la performance opération- nelle du service d’eau typique. Les variations observées entre les services sont grandes. Cette amélioration coïncide avec une légère diminution de l’écart-type, les services les 38 Performance des services d’eau en Afrique Encadré 4.1. Avantages et inconvénients des indices composites de la performance Avantages Inconvénients Ils peuvent traduire des réalités Ils peuvent conduire à des interprétations erronées multidimensionnelles complexes et aider à la prise de décisions Ils peuvent permettre d’élaborer une Ils risquent d’exiger plus de données « vision globale » Ils sont plus faciles à interpréter qu’un large Le choix des indicateurs et des pondérations risque ensemble d’indicateurs individuels de faire l’objet d’un débat stratégique Ils réduisent la taille des indicateurs à analyser Ils reposent sur l’exercice du jugement (et peuvent sans éclipser les informations sous-jacentes donc laisser intervenir une certaine subjectivité) Ils peuvent permettre d’évaluer la performance au fil du temps Tableau 4.1. Établissement des niveaux de référence Quartile le plus performant Quartile le plus performant Indicateur des services d’eau africains des services d’eau du monde de l’échantillon (selon le Livre bleu) Performance opérationnelle Compteurs d’eau (%) 100 100 ENGR par branchement et par jour (en m3) 0,205 0,121 Efficacité du personnel (ratio des recettes par 4,21 4,27 employé sur le coût par employé) Performance financière RCCE 1,19 1,38 Performance client Nombre de clients par branchement 8,3 3,0 (indicateur indirect des niveaux de service) Fiabilité (heures d’approvisionnement) 21,6 24 Accessibilité financière (%) 1,22 0,5 Autres Couverture en eau courante (%) 77 100 Consommation d’eau (lhj) 76,6 220 moins performants ayant connu une amélioration plus rapide de leur performance que les services les plus performants. Nous présentons à l’annexe C un tableau complet de la performance opérationnelle et des indicateurs sous-jacents. Comme le montrent les graphiques 4.2 et 4.3, les services d’eau africains affichent une perfor- mance opérationnelle relativement bonne, mais le bilan est légèrement moins bon lorsqu’on mesure leur performance à l’aune d’un niveau de référence mondial. Le service d’eau typique de Performance des services d’eau en Afrique 39 Graphique 4.2. Indice de la performance opérationnelle notre échantillon africain présentait une cote de performance par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 opérationnelle de 0,71 (niveau de référence africain) ou de 0,64 (niveau de référence mondial) en 2013, ce qui signifie que 1,0 la plupart des services attachent de l’importance à cet enjeu. Indice de la performance opérationnelle Par ailleurs, les services d’eau africains les plus performants 0,8 sont capables de se conformer aux niveaux de référence mon- diaux. En règle générale, les niveaux de référence africains 0,6 d’évaluation de la performance opérationnelle sont inférieurs d’environ 10 % aux niveaux de référence mondiaux. 0,4 Une ventilation des tendances de la performance opéra- tionnelle par pays (fondées ici encore sur le sous-ensemble 0,2 de services pour lesquels on dispose de données pour la période 2010-2013) laisse conclure que 116  services d’eau 0 répartis dans 14 pays sont en mesure de fournir des données 2010 2011 2012 2013 sur cette performance. Comme prévu, les services natio- Graphique 4.3. Indice de performance opérationnelle par naux présentent beaucoup moins de variations que les ser- rapport au niveau de référence mondial, 2010–13 vices dont la prestation est axée sur la région ou sur le district, lesquels ont par ailleurs tendance à afficher une per- 1,0 formance opérationnelle très élevée (valeurs proches de 1,000). Les pays dotés de services d’eau régionaux (Kenya, Indice de performance opérationnelle 0,8 Malawi, Mozambique, Tanzanie et Zambie) laissent consta- ter une variation beaucoup plus grande de la performance 0,6 opérationnelle. Ils peuvent afficher des valeurs très élevées (à l’exception de la Zambie), mais ils font aussi état de ser- 0,4 vices affichant la pire performance opérationnelle. Comme le montre le graphique 4.4 (pour une liste plus 0,2 détaillée, voir l’annexe A), on peut trouver des services d’eau performants dans divers pays, et ces services fonctionnent 0 dans une variété de cadres réglementaires et à différents 2010 2011 2012 2013 niveaux de développement économique. L’évolution de l’in- dice composite de performance opérationnelle varie sensi- blement entre les pays de notre échantillon qui ont fourni régulièrement des données pour la période 2010-2013. Les services qui ont connu l’amélioration la plus rapide pendant cette période se trouvent au Kenya, mais ce pays est aussi celui qui affiche la plus grande variation de la performance opérationnelle. La plupart des services d’eau nationaux (à l’exception de ceux du Bénin) affichent une performance très stable au cours de la période d’observation. Performance financière Ratio de couverture des coûts d’exploitation. Comme le montrent les graphiques 4.5 et 4.6, le service d’eau typique a subi une lente baisse de sa performance financière. Les variations 40 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 4.4. Performance opérationnelle médiane, par pays, 2010–13 a. Bénin b. Burkina Faso c. Congo, Rép, dém Indice de performance Indice de performance Indice de performance 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 opérationnelle opérationnelle opérationnelle 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 d. Côte d’Ivoire e. Guinée-Bissau f. Kenya Indice de performance Indice de performance Indice de performance 1,0 1,0 1,0 opérationnelle opérationnelle opérationnelle 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 g. Malawi h. Mozambique i. Niger Indice de performance Indice de performance Indice de performance 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 opérationnelle opérationnelle opérationnelle 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 j. Sénégal k. Tanzanie l. Togo Indice de performance Indice de performance Indice de performance 1,0 1,0 1,0 opérationnelle opérationnelle opérationnelle 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 m. Ouganda n. Zambie 1,0 1,0 Indice de performance Indice de performance 0,8 0,8 opérationnelle opérationnelle 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 41 Graphique 4.5. Indice de performance financière établi à entre les services sont grandes : nous présentons dans partir du ratio de couverture des coûts d’exploitation par l’annexe A une liste détaillée des valeurs établies. Cela rapport au niveau de référence africain, 2010–13 dit, les services du quartile supérieur obtiennent une note parfaite de 1,000 (équivalant à un ratio de couver- Ratio de couverture des coûts d’exploitation 1,0 ture des coûts d’exploitation [RCCE] de 1,19). Il est inté- 0,8 ressant de noter qu’une majorité des services sont groupés, ce qui pourrait découler du fait qu’ils sont pour 0,6 la plupart situés dans des pays pauvres. Les services les plus performants d’Afrique peuvent 0,4 conformer au niveau de référence mondial de 1,38. se  Cependant, comme l’indique l’indice composite de la per- 0,2 formance opérationnelle, ces services ne parviennent pas 0 d’ordinaire à atteindre un niveau de performance compa- 2010 2011 2012 2013 rable à celui de leurs pendants dans le reste du monde. Une ventilation des tendances de la performance opéra- tionnelle par pays (fondées ici encore sur le sous-en- Graphique 4.6. Indice de performance financière fondé sur le ratio de couverture des coûts d’exploitation par rapport semble de services pour lesquels on dispose de données au niveau de référence mondial, 2010–13 pour la période 2010-2013) laisse conclure que 118 ser- vices d’eau répartis dans 13 pays sont en mesure de four- Ratio de couverture des coûts d’exploitation 1,0 nir des données sur cette performance. Divers pays font état de variations de leur performance financière ; cer- 0,8 tains affichent une amélioration de cette performance, d’autres une baisse, et d’autres encore font état d’une 0,6 performance plutôt stable (graphique 4.7). 0,4 Ratio de couverture des coûts d’exploitation basé sur le 0,2 revenu encaissé. Ce ratio est une variation du RCCE normal qui, comme son nom l’indique, correspond au pourcentage 0 du revenu encaissé, au lieu du revenu facturé, par rapport 2010 2011 2012 2013 aux coûts d’E&E (voir graphique 4.8). Les services d’eau des pays à revenu intermédiaire sont plus performants que ceux des pays à faible revenu (graphique 4.9) : ils ont tendance à afficher une perfor- mance globalement meilleure en matière de revenu encaissé, mais à présenter en revanche beaucoup moins de variations au sein de l’échantillon, ce qui laisse deviner que l’accessibilité financière pourrait parfois poser des difficultés. Performance client La performance client constitue le but ultime des services d’eau. Comme le montre le graphique  ­ 4.10, le service d’eau typique n’a pas beaucoup changé à cet égard entre et  2010  2013. En revanche, les variations entre les divers services sont importantes. 42 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 4.7. Indice médian de la performance financière, par pays, 2010–13 a. Bénin b. Burkina Faso c. Congo, Rép, dém, Ratio de couverture des Ratio de couverture des Ratio de couverture des 1,0 1,0 1,0 coûts d’exploitation coûts d’exploitation coûts d’exploitation 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 d. Côte d’Ivoire e. Kenya f. Malawi Ratio de couverture des Ratio de couverture des Ratio de couverture des 1,0 1,0 1,0 coûts d’exploitation coûts d’exploitation coûts d’exploitation 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 g. Mozambique h. Niger i. Sénégal Ratio de couverture des Ratio de couverture des Ratio de couverture des 1,0 1,0 1,0 coûts d’exploitation coûts d’exploitation coûts d’exploitation 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 j. Tanzanie k. Togo l. Ouganda Ratio de couverture des Ratio de couverture des Ratio de couverture des 1,0 1,0 1,0 coûts d’exploitation coûts d’exploitation coûts d’exploitation 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 m. Zambie Ratio de couverture des 1,0 coûts d’exploitation 0,8 0,6 0,4 0,2 0 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 43 Graphique 4.8. Indice médian de la performance financière présentons à l’annexe  Nous  C une liste complète des fondé sur le ratio de couverture des coûts d’exploitation valeurs de la performance client et des indicateurs basé sur le revenu encaissé, 2010–13 sous-jacents. Les services d’eau africains sont à la traîne en ce qui a 1,0 trait à la prestation de services d’approvisionnement en Ratio de couverture des coûts d’exploitation eau de qualité (voir graphique 4.10). Les types de services fournis — nombre d’heures d’approvisionnement, acces- basé sur le revenu encaissé 0,8 sibilité financière et niveaux de services (large utilisation des branchements partagés) contrastent fortement avec 0,6 les niveaux de référence mondiaux. Même les services africains les plus performants sont loin de se conformer à 0,4 ces niveaux de référence. Le graphique 4.11 présente une performance client ventilation des valeurs de l’indice de ­ en fonction de la classe de revenu des pays. 0,2 Une ventilation des tendances de la performance absolue 2010 2011 2012 2013 par pays (fondées ici encore sur le sous-ensemble de Graphique 4.9. Indice médian de la performance financière fondé sur le ratio de couverture des coûts d’exploitation basé sur le revenu encaissé, par classe de revenu, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 1,0 1,0 Ratio de couverture des coûts d’exploitation Ratio de couverture des coûts d’exploitation 0,8 0,8 basé sur le revenu encaissé basé sur le revenu encaissé 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 44 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 4.10. Indice de performance client par rapport aux niveaux de référence services pour lesquels on dis- africain et mondial, 2010–13 pose de données pour la période 2010-2013) montre 1,0 clairement que les services d’eau qui affichent une bonne 0,8 performance à cet égard ont Indice de la performance client tendance à se concentrer 0,6 dans les pays qui en comptent beaucoup, notamment le Kenya, la Tanzanie et la 0,4 Zambie. Les services d’eau nationaux ont tendance à 0,2 afficher des niveaux infé- rieurs de performance client 0 (graphique 4.12). 2010 2011 2012 2013 En règle générale, on Niveau de référence africain Niveau de référence mondial compte plus de services Graphique 4.11. Indice de la performance client par rapport au niveau de référence africain, par classe de revenu, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 1,0 1,0 Indice de la performance client Indice de la performance client 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 45 affichant une meilleure performance financière et opérationnelle que de services affichant une bonne performance client : une meilleure performance financière et opérationnelle ne se traduit pas nécessairement par un meilleur service à la clientèle. Des tests-t portant sur la bonne performance financière et sur la performance client montrent que la plupart des mesures indirectes du niveau de services (heures d’approvision- nement et nombre de clients par branchement) ne diffèrent pas entre les services affichant une bonne performance financière et ceux affichant des RCCE plus bas. La couverture en eau courante n’est pas meilleure dans les services capables de couvrir leurs coûts d’E&E à partir de leurs recettes. Cela dit, les services plus performants au plan financier sont capables de générer plus de recettes en pratiquant des tarifs sensiblement plus élevés ; cela pourrait être lié aux caractéristiques de la demande puisque les services d’eau africains laissent constater de grandes variations dans leur dépendance vis-à-vis de différents types de consommateurs et du recours à l’interfinancement dans leurs structures tarifaires (voir encadré 4.2). Bien que les recettes fondées sur des tarifs plus élevés ne soient pas toujours recouvrées — l’efficacité du système de recouvrement ayant tendance à diminuer à mesure que les tarifs augmen- tent — elles restent toujours sensiblement plus élevées que celles des services qui pratiquent des tarifs plus bas. Ainsi, il peut être utile de s’appuyer non seulement sur la tarification, mais aussi sur la structure tarifaire pour stimuler la performance financière dans un contexte caractérisé par une piètre performance client, selon le type de clientèle desservie. Beaucoup de services sont avares de détails sur leur clientèle et sur les tendances de la demande, mais ces informations n’en sont pas moins essentielles pour une meilleure planification et une meilleure gestion de la performance. Couverture en eau courante Le portrait général ne change pas sensiblement lorsque la couverture en eau courante est prise en compte. En raison d’un accès plus limité aux réseaux d’adduction d’eau, l’Afrique est à la traîne par rapport aux niveaux de référence mondiaux (graphique 4.13). On observe cepen- dant des progrès, qui sont plus rapides que pour les autres dimensions de la performance. On constate ici encore que les variations au sein des divers pays peuvent être considérables en raison d’une prestation plus décentralisée des services et de l’inclusion dans l’échantillon de nombreux services moins solidement établis (voir graphiques 4.14 et 4.15). Les nouveaux ser- vices d’eau, souvent plus petits, ont tendance à afficher des taux de couverture beaucoup plus bas que ceux qui opèrent depuis des décennies, ce qui montre essentiellement que la mise en place des services d’utilité publique et l’élaboration de réseaux d’adduction d’eau ont démarré plus tard en Afrique que dans d’autres régions du monde. L’indice de performance globale laisse constater une légère augmentation de la perfor- mance entre 2010 et 2013 (graphique 4.16). Les tableaux 4.2 et 4.3 présentent les résultats obtenus par les services d’eau les plus performants aux plans opérationnel, financier, et au plan du service à la clientèle par type de prestation de service, pour l’échantillon de 2013. On observe que certains des services les plus performants d’Afrique sont ceux dont on n’a 46 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 4.12. Indice de la performance client par rapport au niveau de référence africain, par pays, 2010–13 a. Bénin b. Burkina Faso c. Congo, Rép, dém, Indice de la performance Indice de la performance Indice de la performance 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 client client client 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 d. Côte d’Ivoire e. Guinée-Bissau f. Kenya Indice de la performance Indice de la performance Indice de la performance 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 client client client 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 g. Malawi h. Mozambique i. Niger Indice de la performance Indice de la performance Indice de la performance 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 client client client 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 j. Sénégal k. Tanzanie l. Togo 1,0 1,0 1,0 Indice de la performance Indice de la performance Indice de la performance 0,8 0,8 0,8 0,6 0,6 0,6 client client client 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 m. Ouganda n. Zambie Indice de la performance Indice de la performance 1,0 1,0 0,8 0,8 0,6 0,6 client client 0,4 0,4 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 47 Encadré 4.2. Interfinancements à la SDE et à l’ONEA Le système de tarification progressive par tranches du Sénégal utilise un tarif social subventionné pour les niveaux de consommation inférieurs à 20 m3 (202 FCFA ; 0,40 USD par deux mois). Il existe également un « tarif plein » pour les niveaux de consommation oscillant entre 21 et 40 m3 (697,97 FCFA ; 1,39 USD), et un « tarif dissuasif » pour les niveaux de consommation supérieurs à 40 m3 (878,35 FCFA ; 1,75 USD). Le tarif dissuasif vise à décourager la consommation excessive. On constate que le tarif appliqué pour une consommation par les ménages de moins de 20 m3 d’eau par période de 60 jours correspond à moins d’un tiers du tarif plein, et à moins d’un quart du tarif pour la consommation de la tranche supérieure. Les factures sont transmises tous les deux mois et sont fondées sur le relevé des comp- teurs ; la Sénégalaise des Eaux (SDE) peut interrompre le service d’eau des clients en défaut de paiement. Les clients non résidentiels ou non gouvernementaux doivent payer le tarif le plus élevé sans égard à leur niveau de consommation. En 2013, 7 % seulement des clients de la SDE étaient classés non résidentiels, comparativement à 33 % en 2004. Les ta- rifs élevés pourraient avoir contribué à cette tendance. Les clients gouvernementaux doivent payer plus du double du tarif élevé, soit 1 868,88 FCFA (3,72 USD) par m3. La structure de tarification n’a pas changé depuis 2007, année au cours de laquelle les autorités sénégalaises sont convenues d’augmenter de 70 % le tarif pratiqué pour les clients gouvernementaux, tout en maintenant en l’état les tarifs des autres catégories de clients. Cette mesure visait à empêcher les tarifs domestiques d’aug- menter tout en permettant à la Société nationale des eaux du Sénégal (SONES) et à la SDE de recouvrer leurs coûts. En 2015, les tarifs domestiques ont également été relevés : 4 % pour la tranche inférieure, et 9 % pour les autres tranches. L’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) du Burkina Faso subven- tionne la consommation pour satisfaire aux besoins de base en pratiquant des tarifs beaucoup plus élevés pour les niveaux de consommation qu’il juge excessifs. Le tarif appliqué à la première tranche de consommation (jusqu’à 8 m3 par mois) s’établit à 18 % seulement du tarif appliqué pour une consommation supérieure à 30 m3 : soit 0,39 USD par m3, contre 2,16 USD par m3. Ce dernier tarif est imposé pour découra- ger une consommation excessive. Il existe deux autres tranches de tarification de la consommation résidentielle : de plus de 8 à 15 m3 (0,89 USD), et de plus de 15 à 30 m3 (1,06 USD). Le tarif d’approvisionnement aux bornes-fontaines est celui appliqué pour les besoins de base, soit (0,39 USD par m3)b. Le tarif non résidentiel contribue à l’in- terfinancement ; il est fixé à 2,16 USD par m3 sans égard au niveau de consommation. Les clients industriels représentent 5 % de la consommation en volume. a. Tous les deux mois. http://sde.sn/Pages/Votre-facture-a-la-loupe.aspx. b. ONEA, « Les tarifs ». http://oneabf.com/les-tarifs/. 48 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 4.13. Indice de couverture en eau courante par rapport aux niveaux de référence africain et mondial, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 1,0 1,0 0,8 0,8 Indice de couverture des services Indice de couverture des services d’approvisionnement en eau d’approvisionnement en eau 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Couverture par rapport au niveau de référence africain Couverture par rapport au niveau de référence mondial Graphique 4.14. Indice de couverture en eau courante par rapport au niveau de référence mondial, 2010–13 a. Services de petite taille b. Services de taille moyenne Indice de couverture des services Indice de couverture des services 1,0 1,0 d’approvisionnement en eau d’approvisionnement en eau 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 c. Services de grande taille 1,0 Indice de couverture des services d’approvisionnement en eau 0,8 0,6 0,4 0,2 0 2010 2011 2012 2013 Performance des services d’eau en Afrique 49 Graphique 4.15. Indice de couverture en eau courante, par pays, par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 a. Bénin b. Burkina Faso c. Congo, Dém, Rép, Indice de couverture en Indice de couverture en Indice de couverture en 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 eau courante eau courante eau courante 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 d. Côte d’Ivoire e. Guinée-Bissau f. Kenya Indice de couverture en Indice de couverture en Indice de couverture en 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 eau courante eau courante eau courante 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 g. Malawi h. Mozambique i. Niger Indice de couverture en Indice de couverture en Indice de couverture en 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 eau courante eau courante eau courante 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 j. Sénégal k. Tanzanie l. Togo Indice de couverture en Indice de couverture en Indice de couverture en 1,0 1,0 1,0 0,8 0,8 0,8 eau courante eau courante eau courante 0,6 0,6 0,6 0,4 0,4 0,4 0,2 0,2 0,2 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 m. Ouganda n. Zambie Indice de couverture en Indice de couverture en 1,0 1,0 0,8 0,8 eau courante eau courante 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0 0 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 50 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 4.16. Indice de performance globale (moyenne non pondérée de la performance opérationnelle, de la performance client [qualité du service] et de la performance financière) par rapport au niveau de référence africain, 2010–13 a. Pays à faible revenu b. Pays à revenu intermédiaire 1,0 1,0 Indice composite de la performance globale Indice composite de la performance globale 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 Tableau 4.2. Services d’eau les plus performants en 2013 : moyenne non pondérée de la performance opérationnelle, de la performance client (qualité du service) et de la performance financière National Régional Municipal/District Sénégal, SDE 0,94 Malawi, SRWB 0,88 Kenya, Kiamumbi 0,93 Ouganda, NWSC 0,92 Zambie, WSC du Nord-Ouest 0,85 Kenya, Nyeri 0,90 Côte d’Ivoire, SODECI 0,89 Zambie, WSC du Sud 0,83 Tanzanie, Tanga 0,87 Burkina Faso, ONEA 0,89 Malawi, NRWB 0,83 Kenya, Lodwar 0,88 Bénin, SONEB 0,83 Malawi, CRWB 0,82 Kenya, Olkalou 0,88 Tableau 4.3. Rapport entre la performance du service (moyenne pondérée de la performance opérationnelle, de la performance financière et de la performance client) et sa taille Population desservie Écart-type Quartile inférieur Médiane Quartile supérieur Maximum < 50 000 0,129 0,624 0,697 0,697 0,959 50 000−500 000 0,112 0,691 0,768 0,768 0,941 > 500 000 0,134 0,705 0,750 0,886 0,940 Performance des services d’eau en Afrique 51 jamais entendu parler. Il convient de noter que diverses définitions de la performance abou- tiront à des listes très différentes des services d’eau performants. Des définitions différentes de la performance, tout comme l’utilisation de pondérations pour différentes dimensions de la performance, conduiront à des classements différents. Cela dit, plusieurs services d’eau, même parmi les plus performants, affichent une certaine variation de leur performance et de leur classement à cet égard par rapport aux autres ser- vices au fil du temps, ce qui donne à penser qu’ils pourraient être relativement vulnérables à des facteurs qui risquent d’influer passablement lourdement sur leur performance. Comme le montre le tableau 4.3, la performance des services d’eau varie également en fonction de leur taille. Les plus petits services présentent d’ordinaire des notes plus faibles que les plus grands, bien que l’avantage conféré par la taille devienne moins net lorsque les services deviennent très grands. Nous examinerons plus loin, au chapitre 5, l’importance des économies d’échelle dans la prestation des services d’approvisionnement en eau. Les services réglementés n’affichent pas une performance meilleure que ceux qui ne le sont pas, mais ils ont en revanche tendance à montrer une variance moins importante (graphique 4.17). La différence d’écart-type dans l’indice global de la performance est sen- ­ siblement moins grande dans le cas des services réglementés, ce qui donne à penser que la réglementation pourrait avoir une incidence positive sur la performance des services en réduisant leur vulnérabilité. Graphique 4.17. Indice de performance globale (moyenne non pondérée de la performance opérationnelle, de la performance client [qualité du service] et de la performance financière) par rapport au niveau de référence africain, services réglementés ou non réglementés, 2010–13 a. Services non réglementés b. Services réglementés 1,0 1,0 Indice composite de la performance globale Indice composite de la performance globale 0,8 0,8 0,6 0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 2010 2011 2012 2013 2010 2011 2012 2013 52 Performance des services d’eau en Afrique Mesure de l’efficience par l’analyse d’enveloppement des données Une analyse d’enveloppement des données (AED) a été réalisée pour mesurer l’efficience relative des services d’eau. L’AED produit un indice de performance à partir de divers indicateurs — appelés intrants et extrants — qui peuvent être liés à d’autres facteurs influen- ­ çant la performance. Dans le cadre d’une AED de base, un service d’eau est jugé relative- ment efficient si ses intrants observés peuvent être mis à l’échelle pour produire des extrants supérieurs ou égaux à toute combinaison ou mise à l’échelle des extrants obtenus à partir des intrants observés des autres services. L’efficience productive a été évaluée à l’aide d’une AED. L’eau facturée a été assimilée à l’extrant principal, tandis que le nombre d’employés et le nombre de branchements étaient assimilés à des intrants. Cette étude à évalué la performance relative des services d’eau en termes d’efficience pro- ductive relative au moyen de l’AED, et examiné le rôle de l’État en tant que moteur de la performance relative. L’analyse de la performance relative a porté sur les services d’approvi- sionnement en eau et de traitement des eaux usées de 17 pays africains, composant un échantillon représentant 130 millions de personnes vivant dans la zone de desserte des ser- vices en question. Les services contenus dans l’échantillon ont desservi plus de 85 millions de personnes en 2013. Toutes les observations disponibles sur ces services pour chacune des années de la période 2010–13 ont été utilisées aux fins de l’analyse. Nous présentons dans l’annexe D les détails de la méthode utilisée. L’AED a utilisé les données issues de l’International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities (IBNET). L’eau facturée était considérée comme le principal extrant, tan- dis que le nombre d’employés et le nombre de branchements du service étaient considérés comme des intrants représentant respectivement la main-d’œuvre et le capital. L’AED attri- bue à chacun des services d’eau une cote comprise entre 0 et 1 qui définit l’efficience avec laquelle le service transforme les intrants (capital et main-d’œuvre) en extrants (eau facturée) par rapport aux autres services compris dans l’échantillon. La cote 1 signifie que le service d’eau est efficient comparativement aux autres services de l’échantillon. Ainsi, l’efficience mesurée par l’AED est une valeur relative qui n’indique pas nécessairement une perfor- mance supérieure dans un contexte plus large. Un service d’eau est jugé relativement efficient si ses intrants observés peuvent être mis à l’échelle pour produire des extrants supérieurs ou égaux à toute combinaison ou mise à l’échelle des extrants obtenus à partir des intrants observés des autres services. La mise à l’échelle des services d’eau efficients définit une surface qui représente le produit maximal réalisable à partir de chaque combinaison de capital et de main-d’œuvre, pour autant qu’il soit possible de le déterminer à partir de l’échantillon de services étudié. Le graphique 4.18 illustre la frontière d’efficience de l’AED définie par la mise à l’échelle des services efficients de l’échantillon en 2010. Les services inefficients sont représentés par les points qui appa- raissent sous la surface dans le graphique. Performance des services d’eau en Afrique 53 Graphique 4.18. Frontière de l’AED Le graphique 4.19 résume les résultats de cette analyse : e nts Seuls deux ou trois des ser- chem b ran 600 000 vices d’eau de l’échantillon de b re 400 000 maintiennent un niveau de m no 200 000 al : pit performance supérieur à la Ca 0 moyenne, la vaste majorité des 3 6 10 systèmes affichant une perfor- llions de m 7 mance insuffisante. C’est ce qui 4 107 ressort des évaluations réali- Eau facturée : mi sées d’une année sur l’autre, où 2 107 le même ensemble de services maintient le plus haut degré de 0 3 000 performance (tableau 4.4). Ces 2 000 Main-d’œuvre : nombre d’em 1 000 services sont ceux de la Zambie pl oyés 0 et du Mali, auxquels viennent s’ajouter, pour certaines Graphique 4.19. Efficience relative déterminée par l’AED années, des services du Sénégal ; il s’agit des ser- et du Kenya  40 vices qui requièrent le plus 35 faible niveau d’intrants pour Pourcentage des services d’eau 30 réaliser le plus haut niveau d’ex- 25 trants (eau produite). 20 Cependant, une vaste majorité des services d’eau restants 15 affichent une performance très 10 inférieure à celle des services 5 les plus efficients. 0 Nous avons mesuré la corréla- 0 0,10 0,20 0,30 0,40 0,50 0,60 0,70 0,80 0,90 1,00 tion entre les résultats de l’AED Efficience mesurée par l’AED et l’Indice des perceptions de la corruption de Transparency International (IPC). L’hypothèse est que l’existence d’une cor- rélation positive entre les deux donne à penser que l’efficience relative mesurée par l’AED est liée à la bonne gouvernance. Les résultats, y compris l’ampleur des corrélations, donnent à penser que la gouvernance pourrait être un facteur déterminant de l’efficience dans le secteur de l’eau. La corrélation ne prouve évidemment pas l’existence d’un lien de causalité, mais les corrélations sont posi- tives pour chacune des années et assez étroites pour permettre de douter sérieusement qu’il puisse s’agir d’une simple coïncidence (voir tableau 4.5). 54 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 4.4. Performance relative des cinq services les Conclusions plus efficients, par année, 2010–13 L’indice composite global de la performance mesure Pays Nom du service Cote AED diverses dimensions de la bonne performance : per- 2010 formance opérationnelle et financière et perfor- Zambie Mulonga WSC 1,0000 mance client. Comme il s’agit d’un indice consolidé, Kenya Nol Turesh 1,0000 le nombre de services d’eau transmettant des Zambie Lukanga WSC 0,9189 données sur l’ensemble de ces dimensions de la per- Zambie Nkana WSC 0,9117 formance n’est pas toujours égal. Un échantillon Sénégal SDE 0,8465 d’environ 120 services montre qu’il existe en Afrique 2011 des services d’eau performants ; cette bonne perfor- Zambie Mulonga WSC 1,0000 mance s’observe surtout au plan financier et au plan Kenya Gulf 1,0000 opérationnel. S’agissant de ces dimensions de la Mali SOMAPEG 1,0000 performance, les services d’eau africains les meil- Zambie Lusaka WSC 0,8544 leurs comptent parmi les meilleurs au monde (selon Zambie Lukanga WSC 0,7782 l’évaluation fondée sur la base de données IBNET). 2012 En revanche, s’agissant de la performance client, et Mali SOMAPEG 1,0000 en particulier de la qualité de l’accès, les services Sénégal SDE 1,0000 d’eau africains sont en règle générale largement à la Zambie Lukanga WSC 1,0000 traîne par rapport aux niveaux de référence mon- Zambie Luapula WSC 0,8544 diaux. Il en va de même pour la couverture en eau Zambie Mulonga WSC 0,7782 courante. 2013 Une ventilation des données par service laisse consta- Zambie Mulonga WSC 1,0000 ter de larges variations de la performance des services Zambie Luapula WSC 1,0000 d’eau, tant positives que négatives. Ainsi, certains ser- Zambie Lusaka WSC 0,9149 vices peuvent améliorer leur performance considéra- Zambie Lukanga WSC 0,8395 blement au cours d’une période de quatre ans (période Mali SOMAPEG 0,7384 sur laquelle il est possible d’analyser les données tout en maintenant un panel équilibré), mais ils peuvent subir une détérioration aussi rapide de leur perfor- Tableau 4.5. Corrélation entre l’efficience relative mesurée mance, ce qui porte à conclure à la vulnérabilité des par l’AED et l’IPC pour chacune des années, 2010–13 services d’eau africains au chapitre de la performance. Année Coefficient de corrélation Cette vulnérabilité est particulièrement évidente dans 2010 0,6707 les services d’eau de plus petite et de plus grande taille, 2011 0,4225 où l’écart-type de l’indice de performance est environ 2012 0,4369 30 % plus élevé que dans les services de taille intermé- 2013 0,5023 diaire. Les services qui font l’objet d’une forme quel- conque de réglementation ont aussi tendance à afficher une variance moins grande de la performance que ceux qui ne font pas l’objet d’un ensemble de règles plus ou moins formelles. Performance des services d’eau en Afrique 55 Les résultats de l’AED montrent que bien qu’il existe en Afrique des services d’eau relati- vement efficients, ces derniers restent peu nombreux. La majorité des services d’eau affichent un taux d’efficience de 0,30 (donc très inférieur au maximum de 1), ce qui laisse place à d’importantes possibilités d’amélioration. Ces conclusions ne sont pas surprenantes puisque la plupart des services d’eau africains n’ont toujours pas atteint leur pleine maturité en termes de couverture, de niveaux de services et de niveaux de consommation, et font souvent l’objet de rationnements. Dans ces circonstances, les intrants sont plus difficiles à traduire en extrants. Les services d’eau zambiens ont tendance à afficher les meilleurs résul- tats tant du point de vue de la performance absolue que de celui de l’AED. Cela dit, la Zambie est un pays à revenu intermédiaire qui jouit d’une couverture relativement élargie des ser- vices et d’un niveau de consommation relativement élevé comparativement à plusieurs autres pays africains. Il importe de noter que la Société Malienne pour la Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP) affiche elle aussi un haut niveau de performance en dépit de la scission récente (2008) d’Énergie du Mali (EDM) qui procurait semble-t-il auparavant une aide indi- recte aux opérations d’approvisionnement en eau. La SDE sénégalaise figure elle aussi sur la liste des services d’eau efficaces, mais le niveau de qualité n’y est pas aussi systématique qu’au Mali et en Zambie. L’AED donne aussi à penser que la gouvernance pourrait influer sensiblement sur la performance des services d’eau africains, et que l’amélioration de cette gouvernance pourrait jouer un rôle de premier plan dans l’amélioration de la performance des services d’eau. Notes 1. Cet échantillon comprend les pays suivants ; Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Kenya, Malawi, Niger, Tanzanie et Zambie. Plus l’indice utilisé est complexe, plus grand est le risque que les services d’eau visés omettent de transmettre leur données. Ainsi, notre échantillon perd plus de la moitié de ses services d’eau nationaux, et les seuls services d’eau municipaux de l’échantillon sont de Tanzanie. 2. L’accessibilité financière est une mesure des recettes par habitant et par année, en pourcentage du RNB national par habi- tant. Plus ce ratio est élevé, plus les clients auront à payer pour l’eau et moins le service deviendra abordable. Il convient de noter qu’il est rare que l’accès à l’eau courante soit également réparti dans un pays, les réseaux d’adduction étant principa- lement présents dans les zones urbaines, et surtout dans les quartiers plus aisés. L’accessibilité financière peut être enta- chée d’un biais par excès, et sa valeur réelle pourrait être inférieure à celle calculée ici. 56 Performance des services d’eau en Afrique © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 5 Performance des services d’eau en Afrique : facteurs institutionnels La trousse à outils IBNET inclut des données organisationnelles — portant notamment sur les politiques en matière de ressources humaines, la planification stratégique, et ainsi de suite. Cependant, la collecte de ces données s’est avérée plus complexe que la collecte des données opérationnelles et financières. Nous possédons des données sur le recours à la par- ticipation du secteur privé dans les services d’eau, mais le taux de réponses concernant les politiques en matière de ressources humaines, les processus de planification et le service à la clientèle est resté en règle générale très insuffisant, ce qui risque d’engendrer de sérieux biais de couverture. En conséquence, comme la théorie laisse deviner que les facteurs insti- tutionnels et organisationnels jouent un rôle important dans la prestation des services d’ap- provisionnement en eau, nous aurons recours à des études de cas (voir chapitre 7) pour examiner ces données organisationnelles, le cas échéant. Par ailleurs, l’équipe de projet n’a pas limité son travail de collecte aux données primaires, mais elle s’est aussi tournée vers des sources secondaires pour recueillir des informations sur les politiques et la gouvernance à l’échelle nationale, sur le rôle de la réglementation, sur le rôle des différents modèles de services (nationaux ou infranationaux) et sur la portée de la prestation des services (par exemple, services se limitant à l’approvisionnement en eau)1. L’impact du développement économique sur la performance des services d’eau a lui aussi été mesuré. L’équipe a testé plusieurs indicateurs du projet Polity, mais aucun d’eux ne s’est avéré statistiquement signi- ficatif, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que les services d’eau et les pays où ils sont situés Performance des services d’eau en Afrique 57 ne constituent pas un échantillon aléatoire et risquent donc de montrer trop peu de variance par rapport à plusieurs de ces indicateurs pour produire des résultats statistiquement significatifs. Rôle du développement économique Le développement économique a une incidence positive sur les indicateurs de la performance client, comme le montre le tableau 5.1. Dans les pays à revenu intermédiaire, ­ la couverture en eau courante est plus large que dans les pays à faible revenu, et la qualité des services fournis est donc meilleure. En revanche, la performance opérationnelle est curieusement nettement meilleure dans les pays à faible revenu. Ce résultat peut être lié au nombre relativement limité de services des pays à revenu intermédiaire compris dans l’échantillon. La performance financière, mesurée à l’aune du ratio de couverture des coûts d’exploitation (RCCE), n’est pas significativement différente entre les pays à revenu faible ou intermédiaire ; les variations observées dans chaque pays à l’égard de cet indicateur ont tendance à être élevées. Le développement économique se traduit par une augmentation du nombre de consom- mateurs (c’est-à-dire une meilleure couverture en eau courante) et par une augmentation du volume d’eau consommée. Les recettes annuelles par habitant augmentent donc rapi- dement, assurant ainsi aux services d’eau des recettes plus élevées. Dans notre échantillon de services d’eau africains, la consommation totale médiane d’eau par habitant n’est que de 52 lhj dans les pays à faible revenu, contre 92 lhj dans les pays à revenu intermédiaire. En revanche, la consommation résidentielle — calculée à partir d’un échantillon beaucoup plus restreint puisque les services d’eau ne présentent pas tous une ventilation de leurs données de consommation — n’est que de 32 lhj dans les pays à faible revenu et de 78 lhj dans les pays à revenu intermédiaire. Cette faible consommation résidentielle ne procure aux services d’eau qu’une très étroite base de revenus, et elle risque par ailleurs de décou- rager le recours par les consommateurs à cette source d’eau potable ou le branchement à cette source, et de les inciter à se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement en eau. Ainsi, il pourrait s’avérer nécessaire d’élargir la couverture et la consommation rési- dentielles pour améliorer la performance client et la performance financière à long terme. Tableau 5.1. Impact du développement économique sur la performance des services d’eau Pays à faible Pays à revenu Degré de Indicateur Test t revenu intermédiaire signification Performance client Performance client (qualité du service) 0,67 0,77 −5,12 0,000 Couverture en eau courante 0,56 0,73 −4,57 0,000 Performance financière (RCCE) 1,06 1,08 −0,44 0,329 Performance opérationnelle 0,71 0,51 8,09 0,000 58 Performance des services d’eau en Afrique Si les clients jouissent d’un meilleur accès à l’eau courante, ils verront plus clairement les avantages de cette source d’approvisionnement par rapport aux autres. L’importance atta- chée à l’amélioration des infrastructures nécessitera à court terme une hausse des investis- sements dans le secteur pour étendre la couverture et atteindre un niveau de consommation résidentielle qui permettra aux réseaux d’adduction d’eau de se démarquer des sources d’approvisionnement de rechange (et de se conformer aux normes de santé publique de l’OMS concernant la consommation résidentielle, établies à au moins 50 à 100 lhj). Cette hausse des investissements exige d’apporter des améliorations importantes pour veiller à ce que le secteur soit en mesure de les absorber et d’utiliser plus efficacement les capitaux investis. Elle exige notamment, sans s’y limiter : a) une analyse détaillée de la demande ; b)  d’eau courante pour veiller à ce que les investissements soient rentables  le choix d’investissements dans l’approvisionnement en eau dont les avantages persisteront ­ au-delà des coûts du cycle de vie complet ; c) des politiques de financement transparentes qui sous-tendent un meilleur choix d’investissement. Rôle de la réglementation La réglementation a été mise de l’avant comme moyen d’améliorer la performance des ser- vices d’eau tout en assurant la protection des consommateurs. L’échantillon englobe trois formes de réglementation : a) celle appliquée par les ministères ou services de l’État ; b) celle établie par contrat ; c) celle appliquée par un organe ou une agence de réglementation. La présence d’organes de réglementation n’est pas nécessairement aléatoire dans les pays. Dans notre échantillon, on relève leur présence au Niger (Afrique de l’Ouest) ainsi qu’au Kenya, au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie (Afrique de l’Est et Afrique australe). Comme la plu- part des organes de réglementation sont actifs dans des pays dotés de services d’eau régio- naux ou de district actifs, l’échantillon contient plusieurs services soumis à un tel organe, et très peu de services soumis à l’un ou l’autre des autres régimes de réglementation. Un test-t montre que l’existence d’un organe de réglementation n’est pas automatique- ment garante d’une meilleure performance. S’agissant de la protection des consommateurs, la réglementation joue un rôle efficace en Afrique. Comme le montre le tableau 5.2, les ser- vices d’eau soumis à un régime réglementaire offrent un service de meilleure qualité que les autres. Cela dit, en ce qui concerne la couverture en eau courante, laquelle englobe les clients potentiels, les services réglementés laissent constater une couverture moins étendue que ceux qui ne sont soumis à aucun régime réglementaire. S’agissant de la performance finan- cière et opérationnelle, les services d’eau réglementés affichent une performance moindre que les services non réglementés. Cette différence est liée au fait que la taille moyenne d’un service d’eau (mesurée à l’aune de la population desservie) soumis à un régime réglemen- taire atteint environ 204 000 clients, contre 2,5 millions dans le cas des services dont les activités ne sont pas surveillées par un organe de réglementation. La différence d’échelle pourrait expliquer en partie pourquoi la présence d’un organe de réglementation entraîne une baisse de la performance financière et opérationnelle. Performance des services d’eau en Afrique 59 Tableau 5.2. Impact des organes de réglementation sur la performance des services d’eau Présence d’un organe Absence d’un organe Degré de Indicateur Test t de réglementation de réglementation signification Performance client Performance client (qualité du service) 0,69 0,63 −3,25 0,0006 Couverture en eau courante 0,57 0,65 1,75 0,040 Performance financière 1,06 1,05 −0,28 0,612 (RCCE) Performance opérationnelle 0,68 0,76 3,01 0,001 Rôle des modèles de prestation de services Les principes de Dublin définis au cours des années 1990 font observer que la prestation des services d’eau devrait être confiée à l’échelon approprié le plus bas de la chaîne de responsa- : a)  bilité de l’État. Notre échantillon comprend trois types de services d’eau  ; national  b) régional ; c) municipal. Les services nationaux sont surtout concentrés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Leur taille médiane laisse constater une grande variance. Le service municipal typique dessert 87 000 personnes ; le service régional typique dessert 261 000 personnes, et le service national typique dessert 2,7 millions de personnes. Il existe donc entre eux de très grandes différences de taille et d’économies d’échelle probables. Tous les prestataires de services municipaux sont situés dans des pays à faible revenu ; les ser- vices régionaux sont présents à la fois dans les pays à revenu faible et intermédiaire. L’effet de la décentralisation sera examiné uniquement dans les pays à faible revenu. Le tableau 5.3 résume les effets de la décentralisation sur la performance des services d’eau. Il convient de noter que seuls trois pays de notre échantillon2 utilisent des services municipaux ou de district, et que ce sont tous des pays à faible revenu. Nos résultats affichent la même ambiguïté que ceux d’Estache (1995). En ce qui concerne la performance financière (RCCE), l’effet d’une prestation municipale est semblable à celui des prestations régionale ou nationale. Les clients de services d’eau municipaux consacrent sensiblement moins d’argent à leur approvisionnement en eau que ceux desservis par les autres types de services. Cependant, ils consomment aussi moins d’eau. Comme la tarification n’est pas sensiblement différente de celle pratiquée par les autres types de services, l’approvisionnement en eau offert par les services municipaux est nettement plus abordable, ce qui explique en grande partie la meilleure performance client affichée par les utilités municipales. Comme Estache (1995), l’équipe de recherche a constaté que la décentralisation influe de manière négative sur la productivité de la main-d’œuvre. Cela dit, même si les services d’eau nationaux ont tendance à afficher une productivité de la main-d’œuvre plus élevée (moins d’employés par 1 000 clients), les coûts liés aux employés sont sensiblement plus élevés, et la part des coûts de la main-d’œuvre dans les dépenses d’exploitation totales ne diminue pas nécessairement avec l’amélioration de la productivité de la main-d’œuvre (tableau 5.4). 60 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 5.3. Effet de la prestation des services d’eau municipaux ou de district sur la performance des services dans les pays à faible revenu Services Services autres que Degré de Indicateur Test t municipaux municipaux signification Performance client Performance client (qualité du service) 0,68 0,61 −3,63 0,000 Couverture en eau courante 0,55 0,63 1,90 0,029 Performance financière 1,06 1,03 −0,42 0,373 (RCCE) Performance opérationnelle 0,71 0,72 0,36 0,643 Tableau 5.4. Productivité de la main-d’œuvre et coût du personnel par employé Productivité médiane de la main-d’œuvre Coût annuel médian du personnel par Type de service (nombre d’employés pour 1 000 clients)a employé (USD) National 0,31 12 578 Régional 0,86 9 201 Municipal 0,92 4 563 a. Nous avons utilisé le nombre d’employés pour 1 000 clients pour deux raisons : a) le nombre d’observations manquantes sur le nombre d’employés pour 1 000 branchements est relativement élevé, surtout en Afrique de l’Ouest ; b) la pratique du partage des branchements — partage par les membres du ménage ou recours à des robinets publics — est relativement répandue dans beaucoup de services. Cela conduit à un effectif élevé par branchement puisque le nombre de branchements est relativement moins élevé comparativement à un système où la plupart des ménages ne partagent pas leur branchement. Tableau 5.5. Corrélation entre les catégories d’indicateurs de la CPIA et le degré de ­décentralisation Service Gestion et Politiques Gestion Politiques Variable municipal/de institutions du d’inclusion économique structurelles district secteur public sociale Service municipal/de district 1,0000 Gestion économique 0,8157 1,0000 Politiques structurelles 0,6155 0,6212 1,0000 Gestion et institutions du 0,5259 0,7003 0,4756 1,0000 secteur public Politiques d’inclusion sociale 0,6113 0,5898 0,6690 0,7257 1,0000 Il existe une corrélation étroite entre le niveau de décentralisation et les indicateurs de l’Évaluation de la politique et des institutions nationales (CPIA) de certains pays3, comme le montre le tableau 5.5. On observe une forte corrélation entre la prestation des services muni- cipaux et quatre indices de catégories de la CPIA, ainsi qu’entre chacun de ces indices. La question qui se pose est de savoir si la prestation des services municipaux est plus probable lorsque le contexte économique global est plus favorable, ou si cette prestation influe direc- tement sur la qualité du contexte économique. Performance des services d’eau en Afrique 61 Tableau 5.6. Corrélation entre les catégories d’indicateurs de la CPIA et les indicateurs de la performance des services d’eau Performance client Performance financière Performance Variable Couverture en Performance Valeur factice RCCE opérationnelle eau courante client du RCCE Gestion économique −0,1017** −0,0010 0,0631 −0,0418 0,2446*** (0,027) (0,984) (0,177) (0,365) (0,000) Politiques structurelles −0,1562*** 0,0742 0,1685*** 0,0178 0,0929** (0,000) (0,108) (0,000) (0,699) (0,045) Gestion et institutions du secteur public 0,1000** 0,1440** 0,1010** −0,0389 0,3333*** (0,030) (0,017) (0,030) (0,399) (0,000) Politiques d’inclusion sociale −0,0820* −0,0026 0,1173** −0,1063** 0,2594*** (0,076) (0,956) (0,012) (0,021) (0,000) *p < 0,10, **p < 0,05 et ***p < 0,01. La corrélation entre la performance client et la qualité du contexte politique et institutionnel national est particulièrement faible, comme le laisse constater le tableau 5.6. Les notes les plus élevées attribuées à la gestion et aux institutions du secteur public sont corrélées avec une meilleure performance client (et donc une meilleure qualité du service). La couverture en eau courante — découlant pour l’essentiel de la mise en place de vastes programmes ­ d’investissement — est corrélée (quoique faiblement) avec une meilleure gestion écono- mique et à de meilleures politiques structurelles. Cela dit, l’effet est négatif ; les notes plus élevées attribuées à la gestion du secteur public sont corrélées avec une couverture en eau courante plus étendue. La corrélation entre la performance financière et la qualité des politiques structurelles et de la gestion du secteur public est faible. La performance opérationnelle est corrélée avec les notes plus élevées de tous les indicateurs des catégories de la CPIA, mais les corrélations restent plutôt faibles. De plus amples recherches seront requises pour définir comment le contexte politique et institutionnel national influe sur la performance des services d’eau, au-delà de ces indicateurs nationaux fortement agrégés. Économies d’échelle et de gamme On observe dans beaucoup de pays une tendance à la fusion des services d’eau qui permet essentiellement à ces derniers de profiter des économies d’échelle dans la prestation des services. Nous avons donc voulu comparer la performance des services de plus grande taille (avec une clientèle de plus d’un million de personnes) à celles des services desservant une clientèle plus limitée. Les tableaux 5.7 et 5.8 montrent que l’effet de la taille du service sur sa performance conserve une part d’ambiguïté. La performance client (c’est-à-dire la qualité du service) des services de grande taille est inférieure à celle des services de taille plus petite, mais les 62 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 5.7. Effet de l’échelle sur la performance des services d’eau Services de Services de Degré de Indicateur Test t petite taille grande taille signification Performance client Performance client (qualité du service) 0,703 0,648 2,57 0,010 Couverture en eau courante 0,669 0,667 0,18 0,468 Performance financière 1,10 1,03 −1,60 −0,109 (RCCE) Performance opérationnelle 0,723 0,696 −0,92 −0,179 Tableau 5.8. Effet des économies de gamme sur la performance des services d’eau dans les pays à faible revenu Services Services d’approvisionnement Degré de Indicateur d’approvisionnement Test t en eau et de traitement signification en eau uniquement des eaux usées Performance client Performance client (qualité du service) 0,705 0,670 −2,16 0,016 Couverture en eau courante 0,700 0,671 −3,28 0,000 Performance financière 1,107 0,971 −4,65 0,000 (RCCE) Performance opérationnelle 0,764 0,700 −3,38 0,000 services d’eau de taille intermédiaire affichent de meilleurs résultats à ce chapitre que les services d’eau de taille plus petite. S’agissant de la performance opérationnelle, on observe aussi le même rapport concave. Cela dit, la couverture en eau courante des plus petites installations n’est pas sensiblement différente de celles des plus grandes. L’effet d’échelle sur la performance est beaucoup plus difficile à détecter. La taille du service n’influe guère semble-t-il sur le RCCE médian (c’est-à-dire sur la performance financière) ni sur la performance opérationnelle. Nous exa- minons au chapitre 6 l’effet de l’ampleur des économies d’échelle. Conclusions Un service d’eau fonctionne dans un contexte local particulier. Nous avons cherché à recueillir des données organisationnelles reflétant les caractéristiques de divers services particuliers, mais cette tâche est compliquée par un taux de réponse faible (dû possiblement à la taille relativement grande de l’ensemble de données recueilli par l’équipe du projet). Ainsi, l’équipe a utilisé un ensemble de facteurs qui définissent le contexte général dans lequel les services fonctionnent à l’échelle nationale. Il est recommandé pour la suite des choses qu’une attention plus grande soit portée à la collecte, auprès des services d’eau, de Performance des services d’eau en Afrique 63 données organisationnelles qui pourraient aider à déterminer de quelle façon les facteurs institutionnels et organisationnels influent sur la performance des services. Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, il semble que la qualité de la gouvernance influe sur la performance des services. Les facteurs institutionnels influent aussi sur la performance des services d’eau, mais pas toujours nécessairement de la manière prévue. La réglementation est souvent consi- dérée comme un moyen rapide d’assurer une meilleure gouvernance dans le secteur4. Cela dit, l’analyse démontre que la présence d’un organe de réglementation n’engendre pas automatiquement de meilleurs résultats pour les clients. Dans les pays à faible revenu, elle favorise la performance client, mais elle reste sans effet sur les autres formes de perfor- mance comme la performance opérationnelle ou la couverture en eau courante. Cela est prévisible puisque la réglementation a pour objectif de « protéger » les clients existants (et met donc l’accent sur la fourniture de niveaux minimums de services à la clientèle), mais ne met pas nécessairement l’accent sur l’amélioration de la viabilité financière et opéra- tionnelle, ni sur l’élargissement de la couverture par rapport aux situations où il n’existe pas de réglementation5. L’analyse des services d’eau n’appuie qu’en partie l’hypothèse selon laquelle la prestation des services à l’échelle locale organisée à des fins de décentralisation tendrait à accroître la responsabilisation et à améliorer la performance des services d’eau. La performance finan- cière et opérationnelle des services d’eau n’est pas statistiquement différente de celle des autres formes de prestation de services. Quant à la performance client, on observe des diffé- rences statistiquement significatives : la prestation des services à l’échelle du district ou de la municipalité donne de meilleurs résultats. Cela dit, la couverture assurée par ces services n’est pas aussi étendue que celle qui caractérise les autres niveaux de prestation. L’équipe de recherche s’est aussi penchée sur les économies d’échelle et de gamme. L’effet d’échelle n’a pas été facile à détecter dans l’échantillon, mais cela pourrait être dû au fait que ce dernier contenait très peu de services de grande taille et que ces services tendaient à se concentrer dans la catégorie des services d’eau nationaux. Cependant, les économies de gamme sont évidentes. Les services qui assurent l’approvisionnement en eau et le traite- ment des eaux usées dans les pays à faible revenu ont tendance à assurer une couverture en eau courante légèrement plus étendue (ce qui est prévisible puisque les services de traite- ment des eaux usées ne sont offerts que lorsque l’approvisionnement en eau atteint un ­ certain niveau de couverture). Cependant, la performance client (ou la qualité du service), la performance opérationnelle et la performance financière sont toutes également meilleurs lorsque les services d’assainissement sont également fournis. Enfin, le niveau de développement économique importe également. Il se traduit par une augmentation de la consommation d’eau et par une hausse rapide du revenu annuel par habitant, ce qui influe sur les recettes des services d’eau. Si les clients jouissent d’un meil- leurs accès à l’eau courante, les avantages des réseaux d’adduction deviennent plus nets comparativement aux autres sources d’approvisionnement en eau. Cet accent mis sur 64 Performance des services d’eau en Afrique l’amélioration des infrastructures nécessitera à court terme une augmentation des investis- sements pour améliorer la couverture en eau courante et le niveau de consommation qui permet aux réseaux d’adduction de se démarquer des sources d’eau de rechange. En même temps, à mesure que le développement économique s’accélère et que la consommation d’eau augmente, la nature des services d’eau évolue en portant plus d’attention à la collecte et au traitement des eaux usées, ce qui ajoute des investissements plus coûteux qu’il faut financer. Dans le domaine de l’approvisionnement en eau et du traitement des eaux usées, l’effet de « verrouillage » des infrastructures, de la technologie et de la conception des pro- duits pose un défi majeur. En Afrique, où les infrastructure requises pour répondre à la demande de services d’approvisionnement en eau et d’assainissement sont toujours en grande partie à construire, l’éventail des solutions possibles est beaucoup plus large qu’ail- leurs, mais leur mise en œuvre nécessitera l’adoption de meilleurs programmes de planification urbaine et régionale, la mise en place de systèmes d’approvisionnement ­ en eau, d’assainissement et de drainage plus efficaces, et l’amélioration de la planification de l’investissement. Cependant, il faudra à cette fin abattre d’importants obstacles — en particulier des obstacles institutionnels et culturels. ­ Notes 1. L’équipe a recueilli des données sur la participation du secteur privé, mais ces données se recoupaient largement puisque la plupart des services d’eau de l’échantillon s’appuient aussi sur une forme quelconque de participation du secteur privé. 2. Au cours de la période examinée, les services d’eau du Kenya, du Mozambique et de la Tanzanie étaient organisés par dis- trict ; depuis, les services mozambicains ont été fusionnés en quatre entités régionales. 3. Voir la base de données CPIA à l’adresse www.databank.worldbank.org. 4. Les pays dotés d’un organe de réglementation présentent de meilleurs indices en matière de gestion et d’institutions du secteur public (tels que mesurés par le CPIA) ; les définitions du CPIA font état de l’existence et du fonctionnement des organes de réglementation dans la définition de la qualité de l’administration publique (un élément de l’indice global de la gestion et des institutions du secteur public). 5. On ignore si cette situation résulte de niveaux de service plus élevés, de coûts plus élevés de la main-d’œuvre (l’efficacité de la main-d’œuvre coïncidant avec la hausse des charges afférentes au personnel par employé), de l’existence de coûts de transaction plus élevés pour les exploitants des services d’eau ou d’une multitude d’autres facteurs. Référence Estache, Antonio, ed. 1995. “Decentralizing Infrastructure: Advantages and Limitations.” Discussion Paper 290, World Bank, Washington, DC. Performance des services d’eau en Afrique 65 © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 6 Facteurs influençant la performance des services d’eau : données de panel Les données de panel portant sur les 119 services d’eau utilisées dans les chapitres précé- dents servent également à la présente analyse. Tel que mentionné précédemment, ces services d’eau représentent une proportion importante de la population desservie par des réseaux d’adduction d’eau en 2013 : 58 millions sur 108 millions de personnes. Nous avons examiné un certain nombre de caractéristiques propres aux pays ou aux services d’eau qui pourraient influencer la performance de ces services. Le tableau 6.1 présente les variables qui se sont révélées significatives et qui ont été retenues dans la version finale des modèles. Les corrélations entre les diverses dimensions de la performance des services d’eau sont faibles, comme le montre le tableau 6.2. Cela pourrait paraître surprenant puisque dans ces conditions, l’hypothèse formulée dans le graphique 4.1 selon laquelle une bonne performance opérationnelle se traduit par une meilleure performance financière n’est pas ­ confirmée par l’analyse économétrique. Une telle amélioration permet au service de générer des fonds excédentaires qui, à partir du moment où le service génère suffisam- ment de recettes pour payer les coûts d’exploitation et d’entretien (E&E), absorber la dépréciation et assurer le service de la dette, pourraient servir à améliorer le niveau de service ou la couverture en eau courante. L’hypothèse est qu’à partir du moment où les clients bénéficient d’une couverture en eau courante améliorée, le service sera en mesure de générer plus de recettes qu’il pourra alors utiliser pour financer de nouvelles améliora- tions de sa performance opérationnelle ou de sa performance client. Ce cercle vertueux Performance des services d’eau en Afrique 67 Tableau 6.1. Variables explicatives utilisées dans les modèles de performance Nom de la variable Définition de la variable Niveau d’observation Unité de mesure Popserved_water Population desservie Service d’eau Millions Share_laborcost Part des coûts de la main-d’œuvre dans Service d’eau % le coût total d’exploitation Operational_performance Performance opérationnelle, telle que Service d’eau 0–1 (continu) indicator définie au chapitre 4 Customer_performance Performance client (qualité du Service d’eau 0–1 (continu) indicator service), telle que définie au chapitre 4 Recettes moyennes par mètre Recettes totales d’exploitation par Service d’eau USD cube d’eau vendue volume d’eau vendue en dollars des États-Unis Consommation d’eau Consommation d’eau par client (en lhj) Service d’eau Couverture en assainissement Couverture en assainissement Service d’eau 0/1 (factice) RNB par habitant RNB par habitant (méthode de l’Atlas) Pays USD (actuel) Part de la population urbaine Part de la population urbaine Pays % Service de grande taille = 1 si le service d’eau est géré par un Pays 0/1 (factice) service de grande taille CPIA_economic_management Plus la valeur est élevée, meilleure est Pays 1–6 la gestion économique CPIA_transparency Plus la valeur est élevée, plus grande Pays 1–6 est la transparence Tendance Tendance au fil du temps s.o. 1 (en 2010) à 4 (en 2013) Note : s.o. = sans objet. Tableau 6.2. Corrélation entre la performance technique et la performance financière des services d’eau Performance Performance Couverture en Variable Performance client financière opérationnelle eau courante Performance financière (RCCE) 1,0000 Performance opérationnelle 0,1830 1,0000 (0,0001) Performance client (niveau de −0,1365 0,0573 1,0000 service) (0,0034) (0,2469) Couverture en eau courante −0,0445 0,1933 0,3844 1,0000 (0,3423) (0,0000) (0,0000) paraît loin d’être robuste lorsqu’on analyse les données de près de 120 services d’eau. Le tableau 6.2 montre qu’il existe une corrélation faible, mais statistiquement significa- tive, entre la performance financière et la performance opérationnelle. On observe aussi une faible corrélation entre la performance financière et la performance client, mais cette corrélation est négative, ce qui donne à conclure qu’une amélioration de la performance 68 Performance des services d’eau en Afrique client (meilleure qualité du service) se traduira par une baisse de la performance financière. Il n’y a pas de corrélation entre l’accès aux services d’eau et la performance ­ financière. En revanche, il existe une corrélation entre la couverture en eau courante et la qualité des services ; ainsi, les clients semblent plus enclins à se raccorder lorsque les niveaux de service sont plus élevés. La faiblesse relative de la corrélation entre les différents indicateurs de la performance pourrait surprendre lorsqu’on présume qu’il existe entre eux un rapport linéaire en vertu duquel une meilleure performance opérationnelle entraîne une meilleure performance financière, qui a son tour peut favoriser une meilleure prestation de services à la clientèle. Or, cette approche linéaire ne fonctionne pas toujours. Par exemple, si le service d’eau augmente la proportion de l’eau comptabilisée, cela devrait en théorie lui permettre d’accroître ses recettes et de renforcer ainsi sa capacité à couvrir ses coûts. Cependant, ­ si le coût du programme de comptage (coûts d’E&E pour la gestion d’un tel programme) dépasse les avantages procurés, ses effets sur la performance financière peuvent devenir négatifs, même lorsque les recettes augmentent. En même temps, le programme de comp- tage réduira la consommation, et pourrait pousser les consommateurs à se montrer moins disposés à payer pour le service, entraînant ainsi une baisse de la consommation. Dans le cas de l’Afrique, où beaucoup de branchements sont partagés, l’opération pourrait égale- ment influer sur la volonté à partager les branchements et pourrait même nuire à la cou- verture en eau courante. Ainsi, les résultats particuliers des diverses mesures prises pour améliorer la performance des services d’eau ne sont pas spécifiés, mais ils restent étroite- ment dépendants du contexte dans lequel ils se matérialisent. Nous examinerons dans les prochaines sections les facteurs influençant les diverses dimensions de la performance — notamment la performance financière, la couverture en eau courante et la performance client (qualité du service à la clientèle). Performance financière Plusieurs modèles ont servi à expliquer les facteurs influençant la performance financière. Tel que mentionné au chapitre 3, le service d’eau typique affiche un ratio de couverture des coûts d’exploitation (RCCE) d’environ 1 dans notre échantillon. Ainsi, plusieurs services affichent une performance financière minimale. Le modèle qui correspond le mieux à la situation est celui où on n’utilise qu’une variable dépendante à deux valeurs possibles : 1 si le service affiche un RCCE supérieur à 1,19 (observé dans le quartile des services les plus per- formants) et 0 dans le cas contraire. La méthode économétrique à utiliser lorsque la variable dépendante est binaire s’appuie sur un modèle Probit ou Logit qui décrit la probabilité pour la variable dépendante de prendre la valeur 1. Dans le cas qui nous intéresse, l’approche Probit a été retenue pour permettre la prise en compte de l’hétérogénéité non observée propre au service d’eau. Cette hétérogénéité peut être le fait de variables non observée telles que les aptitudes du gestionnaire du service, l’emplacement physique de la zone de desserte (topographie, Performance des services d’eau en Afrique 69 distance et qualité des sources d’eau brute) ; la technologie propre à l’infrastructure et toute autre condition particulière non observée avec laquelle le service pourrait avoir à composer et qui pourrait influer sur sa performance financière. La prise en compte de l’hé- térogénéité non observée est cruciale en présence de données de panel afin d’éviter tout biais dans l’estimation des coefficients. Le modèle a été estimé à l’aide de 427 observations correspondant à 116 services d’eau dis- tincts (voir tableau 6.3). La taille de l’échantillon est légèrement réduite par rapport à celle de l’échantillon original à cause des observations manquantes de certains services. Le test de Wald indique que le modèle est globalement significatif. La valeur du paramètre rho, au bas du tableau, indique que la variance au niveau du panel, c’est-à-dire l’hétérogénéité non observée propre au service, explique 64 % de la variance totale. Les résultats montrent que les caractéristiques propres au service et celles propres au pays influent sur la probabilité d’une bonne performance financière. Lorsque les services d’eau affichent une meilleure performance opérationnelle, cela influe positive- ­ ment sur la performance financière. On observe par ailleurs une corrélation négative entre l’amélioration de la qualité du service et la probabilité d’afficher une meilleure performance financière. Ceci donne à penser qu’une amélioration de la qualité du Tableau 6.3. Facteurs influençant la performance financière, modèle Probit à effets aléatoires Performance financière (0/1) Coef. Test t P > z Variables propres au service Performance opérationnelle 1,817* 1,72 0,085 Performance client (qualité du service) −2,405** −2,11 0,035 Popserved_water 1,448*** 3,14 0,002 Popserved_water ^2 −0,186** −1,61 0,022 Efficacité du personnel 0,3157*** 3,71 0,000 Coûts d’exploitation et d’entretien par −1,285*** −2,80 0/005 mètre cube d’eau produite Variables propres au pays GNI_per capita 0,002*** 2,61 0,009 CPIA_transparency 0,3149 0,47 0,640 Tendance −0,170 −1,63 0,103 Constante −3,523 −1,64 0,101 Nombre d’observations 427 s.o. s.o. Nombre de services 116 s.o. s.o. 2 Test chi de Wald (valeur p) 35,82*** (0,000) s.o. Rho (valeur p du test : rho = 0) 0,64* (0,083) s.o. Note : s.o. = sans objet. *p < 0,10, **p < 0,05, et ***p < 0,01. 70 Performance des services d’eau en Afrique service entraîne des coûts, tandis qu’une réduction de cette qualité entraîne une baisse  des recettes. Les deux phénomènes influent sur le RCCE, bien que l’effet performance opérationnelle soit plus prononcé que l’effet d’une meil- d’une meilleure ­ leure performance client. Les services de taille plus grande (mesurés par la taille de la population desservie) sont plus susceptibles d’afficher une bonne performance financière, mais lorsque le service atteint une certaine taille critique, cette probabilité diminue (le coefficient du carré de la variable mesurant la population desservie est négatif), ce qui laisse deviner l’existence d’économies d’échelle. Les services qui affichent une meilleure efficacité du personnel (recettes générées par chaque employé en pourcentage de leurs coûts) ont tendance à afficher une performance financière meilleure que ceux dont l’efficacité est moindre. Les services qui présentent les valeurs les plus élevées des coûts d’E&E par mètre cube d’eau produite ont tendance à afficher une performance moins bonne que ceux qui présentent des coûts d’E&E moindres. Les services qui se trouvent dans des pays plus ­ pauvres (selon le revenu national brut (RNB) par habitant) sont moins susceptibles ­ d’afficher une bonne performance financière. Enfin, le coefficient de la variable de tendance est négatif, ce qui donne à conclure à une baisse globale de la performance ­ financière au fil du temps. Performance client Couverture en eau courante L’indice de couverture en eau courante peut servir de variable continue. Le modèle utilise 468 observations couvrant 119 services d’eau distincts. L’hétérogénéité propre au service est prise en compte, et les effets non observés propres au service sont assimilés à des effets fixes dans le modèle. Les résultats d’estimation sont présentés au tableau 6.4. Le test de Fisher confirme la significativité globale du modèle et des effets propres au service. La valeur R-carré de 0,47 indique que 47 % de la variance totale de la performance client est due aux covariables. Ainsi, même si ce modèle est, de tous ceux testés, celui qui s’avère le plus per- formant, les résultats obtenus donnent à conclure que nous aurons besoin de plus de don- nées pour pouvoir décrire les facteurs influençant la performance client. Les résultats montrent par ailleurs qu’il n’est pas toujours possible, en Afrique, d’expliquer la totalité de la variance à l’aide de modèles de régression sur données de panel à cause de l’omission probable de variables, telles que l’information locale sur l’environnement physique et orga- nisationnel dans lequel les services évoluent. On constate que les niveaux de qualité du service importent. Un service de plus haute qualité offre une couverture en eau plus complète. Le prix du service n’est pas statistique- ment significatif. L’effet de la performance financière (RCCE minimal de 1,19) sur la couver- ture en eau courante est en revanche plus intéressant. Le rapport indique l’existence d’un lien entre la bonne performance financière et l’étendue de la couverture en eau courante. Cependant, cet effet ne s’observe pas dans les pays à faible revenu. En raison de la forte Performance des services d’eau en Afrique 71 Tableau 6.4. Facteurs influençant la couverture en eau courante, modèle de régression à effets fixes Couverture en eau courante Coef. Test t P > t (échelle de 0 à 1) Variables propres au service Customer_performance indicator (mesure 0,7935*** 11,76 0,000 indirecte de la qualité du service) Recettes moyennes par mètre cube d’eau vendue −0,0124 −1,25 0,212 Popserved 0,1525*** 4,13 0,000 popserved_water ^2 −0,0223*** −4,09 0,000 OCCR_DUMMY by income status = 1 0,0229 1,57 0,118 OCCR_DUMMY by income status = 2 0,0935** 2,43 0,016 Variables propres au pays RNB par habitant 0,0001 1,57 0,118 CPIA_economic_management cluster 0,1719*** 6,28 0,000 Tendance 0,0057 0,94 0,349 Constante −0,8301*** −6,33 0,000 Nombre d’observations 468 s.o. s.o. Nombre de services 119 s.o. s.o. Test de la significativité globale de Fisher 33,31*** (0,000) s.o. (valeur p) Test de Fisher (effets fixes = 0) 9,97*** (0,000) s.o. R-carré 0,47 s.o. s.o. Note : s.o. = sans objet. *p < 0,10, **p < 0,05, ***p < 0,01. intensité de capital des infrastructures dans le secteur de l’eau, les investissements ont en effet tendance à être importants, et les services ne sont pas en mesure de payer pour les investissements initiaux. L’effet s’observe dans les pays à revenu intermédiaire, mais il convient de noter que même dans ces pays, il contribue relativement peu à l’élargissement des services d’approvisionnement en eau. Ainsi, les services seront peut-être en mesure de financer certains des investissements, mais ils seront probablement incapables de payer la plupart des investissements initiaux requis, comme le laissent conclure les études de cas décrites au chapitre 7. Le modèle montre un rapport concave entre la taille du service (taille de la population desservie) et la couverture en eau courante : la couverture s’étend plus rapidement lorsque les services d’eau grandissent, et moins rapidement par la suite, ce qui laisse deviner un effet d’économie d’échelle dans la fourniture des services d’approvisionnement en eau. Par ailleurs, il est aussi probable que les pays fournissent d’abord des fonds aux services de plus grande taille pour élargir la couverture en eau courante, avant de se tourner vers les services des villes et localités plus petites. 72 Performance des services d’eau en Afrique Les services d’eau des pays plus riches (RNB par habitant) offrent une meilleure couver- ture en eau courante en général, mais uniquement au niveau de 10 %. Les services d’eau opérant dans des pays qui pratiquent une meilleure gestion économique (mesurée par le pôle « gestion économique » de l’Évaluation de la politique et des institutions nationales [CPIA]) ont tendance à aller de pair avec une meilleure couverture en eau courante. L’effet d’une meilleure gestion économique est assez important ; il démontre que la bonne gestion économique garantit que plus de ressources seront disponibles pour étendre la couverture. Enfin, la tendance est aussi statistiquement significative. Le modèle a été exécuté à nouveau en faisant une distinction entre les services d’eau de grande taille (plus d’un million de clients) et ceux de taille plus petite. Bien que des facteurs semblables interviennent, l’importance des variables diffère significativement entre les deux modèles, qui montrent que les services se comportent de manières très différentes. En règle générale, les services d’eau ont d’abord été mis en place dans les capitales, et les ser- vices d’eau de grande taille ont donc tendance à exister depuis plus longtemps et à assurer une couverture plus large que les services de plus petite taille. Une comparaison des facteurs qui influencent la couverture offerte par les services d’eau de grande et de petite taille laisse constater certaines similitudes et certaines différences importantes (voir tableau 6.5). La qualité du service importe également pour les deux caté- gories de services. Les deux modèles montrent un rapport concave entre la taille du service (taille de la population desservie) et la couverture en eau courante : la couverture s’étend plus rapidement lorsque les services grandissent, et moins rapidement par la suite. Cependant, la tarification influe beaucoup moins sur la performance dans le cas des services de plus grande taille. Cette différence pourrait être due au fait que les services de grande taille desservent une clientèle plus vaste, conférant ainsi aux clients individuels un degré d’anonymat qui leur permet de surseoir plus facilement à leurs paiements. Cet effet se tra- duit par le niveau d’efficacité généralement moindre du système de recouvrement des ser- vices d’eau de plus grande taille. La bonne performance financière (RCCE minimal de 1,19) reste sans effet sur la couverture en eau courante des services d’eau de plus petite taille, et ce sans égard au niveau de développement économique du pays. Dans le cas des services de plus grande taille dans les pays à faible revenu, la performance financière a une incidence minime, mais positive sur la couverture. Cependant, cet effet ne s’observe pas dans les ser- vices des pays à revenu intermédiaire. Le fait d’opérer dans un pays plus riche (selon la mesure du RNB par habitant) n’est pas statistiquement significatif ni dans les pays à faible revenu ni dans les pays à revenu inter- médiaire. Les services qui opèrent dans des pays caractérisés par une meilleure gestion éco- nomique (mesurée par le pôle « gestion économique » du CPIA) ont tendance à assurer une meilleure couverture en eau courante lorsqu’ils sont de petite taille. En revanche, l’effet de la qualité de la gestion économique sur les services de plus grande taille n’est pas significatif. Comme les services de plus grande taille sont surtout situés dans les capitales ou les villes plus grandes, la qualité de la gestion économique pourrait s’avérer moins importante, Performance des services d’eau en Afrique 73 Tableau 6.5. Facteurs influençant la couverture en eau courante, modèle de régression à effets fixes, par catégorie de taille du service Couverture en eau courante (échelle Services de plus petite taille Services de plus grande taille de 0 à 1) Coef. Test t P > t Coef. Test t P > t Variables propres au service Customer_performance indicator 0,634*** 9,86 0,000 0,2447** 2,57 0,018 (mesure indirecte de la qualité du service) Recettes moyennes par mètre cube −0,007 −0,83 0,408 0,023 0,45 0,657 d’eau vendue income status = 1 Recettes moyennes par mètre cube −0,062 −1,18 0,240 0,108 0,99 0,333 d’eau vendue income status = 2 Popserved 1,6909*** 10,88 0,000 0,2099*** 6,27 0,000 Popserved_water ^2 −1,5416*** −8,07 0,000 −0,011*** −6,17 0,000 OCCR_DUMMY by income status = 1 0,0151 1,13 0,260 0,0258** 2,13 0,046 OCCR_DUMMY by income status = 2 −0,0004 −0,01 0,991 −0,075 −0,58 0,568 Variables propres au pays RNB par habitant 0,0001** 1,17 0,245 0,0001 1,57 0,132 CPIA_economic_management cluster 0,1582*** 5,68 0,000 0,0182 0,89 0,386 Tendance 0,0028 0,41 0,686 −0,0156*** −3,21 0,004 Constante −0,8133*** −5,44 0,000 −0,194*** −3,05 0,006 Nombre d’observations 426 s.o. s.o. 42 s.o. s.o. Nombre de services 111 s.o. s.o. 12 s.o. s.o. Test de significativité globale de 30,95*** (0,000) s.o. 60,92*** s.o. s.o. Fisher (valeur p) Test de Fisher (effets fixes = 0) 10,15*** (0,000) s.o. 30,99*** s.o. s.o. R-carré 0,62 s.o. s.o. 0,97 s.o. s.o. Note : s.o. = sans objet. *p < 0,10, **p < 0,05, ***p < 0,01. étant  donné que l’État aura probablement fourni à ces services les financements néces- saires à leur mise en place. Enfin, la tendance est statistiquement non significative dans les ­services de plus petite taille, alors qu’elle est significative, mais négative dans les services de plus grande taille. Qualité du service L’indice de performance client peut servir de variable continue avec des données d’obser- vation variant entre 0 et 1. Le modèle utilise 468 observations couvrant 119 services d’eau distincts. Il prend en compte l’hétérogénéité propre aux services, et assimile les effets non observés propres aux services à des effets fixes. Le tableau 6.6 présente les résultats des estimations. Le test de Fisher indique la significativité globale du modèle et des effets propres au service. La valeur de R-carré, établie à 0,14, indique que 14 % seulement de la 74 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 6.6. Facteurs influençant la performance client, mesurés par la qualité du service, modèle de régression à effets fixes Performance client (0 à 1) Coef. Test t P > t Variables propres au service Recettes moyennes par habitant −0,0037*** −7,00 0,000 Couverture en assainissement (var. factice) 0,883*** 4,01 0,000 Performance opérationnelle 0,0982*** 2,78 0,006 Variables propres au pays RNB par habitant 0,0001** 2,08 0,038 share_urban −0,006*** −2,60 0,010 CPIA_transparency −0,011 0,45 0,656 Tendance −0,0057 −1,37 0,172 Constante 0,6900*** 7,46 0,000 Nombre d’observations 462 s.o. s.o. Nombre de services 119 s.o. s.o. Test de significativité globale de Fisher (valeur p) 12,64*** (0,000) s.o. Test de Fisher (effets fixes = 0) 11,93*** (0,000) s.o. R-carré 0,21 s.o. s.o. Note : s.o. = sans objet. *p < 0,10, **p < 0,05, ***p < 0,01. variance totale de la performance client est due aux covariables. Ainsi, bien que ce modèle soit, de tous ceux testés, celui qui affiche la meilleure performance, les résultats donnent à conclure qu’il faudra recueillir beaucoup plus d’informations pour décrire les facteurs influençant la performance client. Il montre aussi qu’il n’est pas toujours possible, en Afrique, de définir la totalité de la variance avec des modèles de régression à données de panel puisqu’il est plus que probable que certaines variables, notamment les informations locales sur l’environnement physique et organisationnel dans lequel les services d’eau évoluent, seront omises. La qualité supérieure du service à la clientèle (mesurée à l’aide de l’indicateur défini au chapitre 4) est liée au coût du service. Plus les clients consacrent de ressources au service d’eau, plus la qualité du service a tendance à être faible. Un des facteurs influençant la qualité du service est l’ampleur du rationnement. Plus la consommation quotidienne d’eau par personne augmente, et moins les clients sont rationnés, meilleure sera la qualité du service. Cependant, cet effet ne s’observe que dans les pays à faible revenu, où il est statis- tiquement significatif. Le rationnement est beaucoup plus répandu et pertinent dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu intermédiaire. La couverture en assainisse- ment a elle aussi tendance à être liée à une meilleure qualité du service, ce qui pourrait laisser conclure à l’existence d’économies de gamme. Performance des services d’eau en Afrique 75 Les facteurs fondés sur les caractéristiques nationales importent, mais leur effet n’est pas très clair. Lorsque les services assurent aussi une couverture en assainissement, ceux qui opèrent dans des pays à faible revenu (selon le RNB par habitant) laissent constater une meil- leure qualité de service en général. Dans ces cas, l’effet du niveau de revenu n’est pas signifi- catif. La transparence (mesurée par l’indice du CPIA) n’est pas significative. Enfin, la tendance s’avère négative, mais statistiquement non significative. Performance opérationnelle Cet indice est aussi mesuré sur une échelle de 0 à 1, et nous recourons à la méthode utilisée pour décrire les facteurs influençant la performance client. Le modèle est estimé à partir de 415 observations réalisées sur 116 services d’eau distincts (tableau 6.7). Le modèle est glo- balement significatif, et la valeur de R-carré s’établit à 0,35, ce qui donne à conclure à un degré global d’ajustement modéré. L’analyse révèle l’existence d’un rapport concave entre la performance opérationnelle et la taille de la population desservie lorsque les services d’eau sont de petite taille : la per- formance opérationnelle augmente jusqu’à atteindre un plateau, pour diminuer ensuite, signe de l’importance des économies d’échelle1. Meilleure est la performance financière du service d’eau, meilleure sera également sa performance opérationnelle ; meilleure est sa Tableau 6.7. Facteurs influençant la performance opérationnelle, modèle de régression à effets fixes Performance opérationnelle (échelle de 0 à 1) Coef. Test t P > t Variables propres au service Popserved_water 0,0732** 2,30 0,022 Popserved_water ^2 −0,0060 −1,21 0,226 Performance client 0,1830*** 2,86 0,004 Performance financière (RCCE) 0,1097*** 6,30 0,000 Share_labor −0,3912*** −7,20 0,000 Variables propres au pays RNB par habitant (méthode de l’Atlas) −0,0007 −0,83 0,406 CPIA_economic management 0,0872*** 2,86 0,005 Tendance 0,0171*** 2,70 0,007 Constante 0,2266** 1,60 0,110 Nombre d’observations 415 Nombre de services 116 Test de significativité globale de Fisher (valeur p) 19,20*** (0,000) Test de Fisher (effets fixes = 0) 7,61*** (0,000) R-carré 0,35 Note : *p < 0,10, **p < 0,05, ***p < 0,01. 76 Performance des services d’eau en Afrique performance client, meilleure sera également sa performance opérationnelle. Enfin, plus la part des coûts totaux occasionnés par la main-d’œuvre est élevée, plus faible sera la perfor- mance opérationnelle, ce qui donne à conclure que les services où la part des coûts de la main-d’œuvre est élevée ont tendance à afficher une faible efficacité du personnel (c’est-à- dire que les recettes générées par chaque employé, en pourcentage du coût de cet employé, sont sensiblement moins élevées), ce qui pourrait signifier que ces services ont tendance à être moins efficaces dans le recrutement de leur personnel. Ce manque d’efficacité influera sur la performance opérationnelle. Les services d’eau qui opèrent dans des pays plus riches (selon le RNB par habitant) n’af- fichent pas une meilleure performance opérationnelle. Les résultats laissent deviner l’exis- tence d’une tendance statistiquement significative. Enfin, il convient de noter qu’une meilleure gestion économique dans un pays donné sera aussi gage d’une meilleure perfor- mance opérationnelle des services d’eau. Indice global de la performance Les modèles ont été exécutés à nouveau en utilisant l’indice composite global (combinaison de la performance client et des performances opérationnelle et financière). Cet indice est également établi sur une échelle de 0 à 1, et nous utilisons donc la méthode qui a servi à évaluer les facteurs influençant la performance client. Le modèle est estimé à partir de 426 observations portant sur 116 services d’eau distincts (tableau 6.8). Il est globalement significatif, et la valeur de R-carré s’établit à 0,52, ce qui donne à conclure à un degré global d’ajustement adéquat. Les économies d’échelle mesurées à l’aune des populations desservies montrent que plus le nombre de clients est élevé, plus grande sera la performance globale, jusqu’à un seuil donné. Les services d’eau de trop grande taille génèrent en effet des déséconomies d’échelle. Le seuil en question est toutefois assez élevé puisque la proportion des services qui le dépassent est habituellement minime. On tend par ailleurs à observer une corrélation entre la prestation de services d’assainissement et l’amélioration de la performance. Les écono- mies de gamme jouent aussi un rôle, mais l’effet n’est statistiquement significatif que dans les pays à revenu intermédiaire parce que le nombre de services qui assurent le traitement des eaux usées est relativement limité dans les pays à faible revenu d’Afrique. On constate en outre que les coûts (coûts d’E&E par mètre cube d’eau produite) jouent aussi un rôle cri- tique : plus ils sont élevés, plus faible sera la performance globale du service. Le niveau des coûts d’E&E dépend des décisions d’investissement dont les effets se font sentir sur des décennies. Il est donc crucial d’en faire une évaluation adéquate. L’efficacité du personnel importe également : plus elle est élevée, plus grande sera la performance globale. Par ailleurs, la qualité de la gestion économique du pays importe ­ aussi ; meilleure elle est, plus grande sera la performance du service. Enfin, il convient de noter que la qualité du climat des affaires importe également. Si ce climat est très favorable, la performance du service s’en trouvera améliorée. Performance des services d’eau en Afrique 77 Tableau 6.8. Facteurs influençant la performance globale (mesure des notes combinées de la performance financière et opérationnelle et de la performance client), modèle de régression à effets fixes Performance opérationnelle (échelle de 0 à 1) Coef. Test t P > t Variables propres au service Popserved_water, pour services 1,154*** 9,97 0,000 de grande taille = 0 Popserved_water ^2, pour services −1,205*** −8,66 0,000 de grande taille = 0 Popserved_water, pour services 0,196*** 7,56 0,000 de grande taille = 1 Popserved_water ^2, pour services −0,011*** −2,97 0,003 de grande taille = 1 Couverture en assainissement (var. factice), pays à 0,0297 1,39 0,165 faible revenu Couverture en assainissement (var. factice), pays à 0,237*** 4,06 0,000 revenu intermédiaire Coûts d’E&E par mètre cube d’eau produite −0,034*** −5,65 0,000 0,006*** 3,17 0,002 Variables propres au pays RNB par habitant (méthode de l’Atlas) 0,00003 0,44 0,662 CPIA_economic management 0,0802*** 3,68 0,000 Tendance −0,0054 −1,20 0,231 Constante 0,2276*** 2,35 0,020 Nombre d’observations 426 s.o. s.o. Nombre de services 116 s.o. s.o. Test de significativité globale de Fisher (valeur p) 28,98*** (0,000) s.o. Test de Fisher (effets fixes = 0) 10,80*** (0,000) s.o. R-carré 0,52 s.o. s.o. Note : s.o. = sans objet *p < 0,10, **p < 0,05, ***p < 0,01. Conclusions Les modèles de performance sont globalement significatifs, mais leur pouvoir prédictif est extrêmement variable, sauf dans le cas du modèle de couverture en eau courante et du modèle de performance globale. On a constaté que les facteurs principaux influençant la performance des services d’eau sont liés aux coûts, lesquels sont eux-mêmes liés à la présence d’économies d’échelle ou d’économies de gamme, aux coûts d’E&E par mètre cube d’eau produite et à l’efficacité du personnel. Les économies d’échelle font en sorte que la performance globale augmente en fonction du nombre de clients desservis jusqu’à un certain seuil au-delà duquel ­ 78 Performance des services d’eau en Afrique un service d’eau de trop grande taille engendrera des déséconomies d’échelle. Ce seuil est toutefois passablement élevé puisque la proportion des services qui le dépassent est habituellement minime. Les services qui offrent une couverture en assainissement ont tendance à afficher une meilleure performance. Les économies de gamme jouent aussi un rôle. On observe par ail- leurs qu’une augmentation des coûts d’E&E par mètre cube d’eau produite s’accompagnera d’une réduction de la performance globale. Le niveau de ces coûts d’E&E dépend des déci- sions d’investissement qui verrouillent les coûts pour des décennies à venir ; ainsi, il est crucial de bien évaluer ces décisions. L’efficacité du personnel et la part des coûts totaux représentée par le coût de la main-d’œuvre importent également. Une plus grande efficacité du personnel est gage d’une meilleure performance globale. Cela dit, cette efficacité dépend de l’interaction de facteurs complexes, y compris la réglementation du travail, les coûts d’E&E et les politiques tarifaires. Il convient de noter que certains des autres facteurs influençant la performance des services d’eau échappent au contrôle de ces derniers. Par exemple, la qualité de la gestion ­ économique du pays dans lequel évoluent les services d’eau influe positivement sur la ­ performance de ces derniers. Les divers aspects de la performance s’influencent mutuellement. Une meilleure qualité du service à la clientèle influe positivement sur la couverture en eau courante, tandis que la performance financière peut influer sur la performance opérationnelle et sur la couverture en eau courante, ce qui donne à penser que les financements sont nécessaires pour accroître l’accès aux services et mettre en place des mesures propres à en améliorer l’exploitation. Le niveau de développement économique influe sur l’accès à l’eau, mais la qualité de la gestion économique importe également, en particulier dans le cas des services de plus petite taille qui risquent de dépendre davantage des financements extérieurs pour favoriser l’accès à la ressource. ­ On constate en outre que la couverture en eau courante dépend directement de la perfor- mance client (c’est-à-dire de la qualité du service à la clientèle). Une meilleure gestion éco- nomique et une croissance du RNB plus rapide ont une incidence positive et pourraient dépendre de l’accès aux capitaux d’investissement. Dans la plupart des cas, il n’y a pas de lien entre la performance financière d’un service d’eau donné et la couverture en eau cou- rante, sauf dans le cas des services de plus grande taille opérant dans les pays à faible revenu (où l’effet reste cependant limité). Ceci donne à conclure que la plupart des services sont incapables d’améliorer l’accès en améliorant leur performance financière, mais qu’ils dépendent plutôt pour ce faire des financements de l’extérieur. Les données économétriques ne permettent pas de confirmer l’hypothèse posée au chapitre 4 selon laquelle une meilleure performance opérationnelle entraînerait une meilleure performance financière et, par ricochet, une meilleure performance client. Une meilleure performance opérationnelle tend à influer positivement sur la performance financière, mais l’amélioration de la performance client produit l’effet inverse. Ainsi, les Performance des services d’eau en Afrique 79 services d’eau peuvent optimiser leur performance financière en augmentant leur performance opérationnelle, et/ou en réduisant leur performance client. En règle géné- ­ rale, les trois dimensions de la performance s’influencent mutuellement. Il apparaît que l’hétérogénéité non observée propre aux services explique une bonne part de la variance totale, ce qui justifierait de consacrer des efforts à la collecte à grande échelle de variables propres aux services — par exemple, informations sur les conditions locales (topographie, distance de la source d’eau brute, eau souterraine ou eau de surface, qualité de la source, âge des infrastructures, accès à une source d’eau de rechange, etc.) — et de données organisationnelles et institutionnelles2. Il faudrait donc recueillir beau- coup plus d’informations détaillées sur l’exploitation des services d’eau et sur le contexte dans lequel ils opèrent pour pouvoir décrire plus clairement les facteurs qui influencent leur performance. Or, la collecte de telles données a un prix, et elle dépend en outre de la volonté des services, des organes de réglementation et des autres parties prenantes à contribuer à l’effort. Notes 1. On s’attend aussi à observer un rapport concave (et, par voie de conséquence, l’existence d’un seuil) dans le cas des services d’eau de grande taille. Le fait que les résultats d’estimation ne mettent pas ce rapport en lumière trouve probable- ­ ment son explication dans le fait que notre échantillon ne contient qu’un petit nombre de services de grande taille. 2. La trousse à outils IBNET inclut des données organisationnelles, mais dans la présente ronde de collecte de données en Afrique, les équipes de projets n’ont pas procédé à une collecte systématique de ce type d’informations, et ces dernières sont donc absentes dans plusieurs des rapports réglementaires. Il ne nous a donc pas été possible d’inclure ces informa- tions dans la présente analyse. 80 Performance des services d’eau en Afrique © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 7 Facteurs influençant la performance des services d’eau : perspective des études de cas Introduction Les études de cas ont pour objet de compléter l‘analyse économétrique de l’ensemble de données le plus complet ; contrairement à cette dernière, elles ne peuvent pas définir les relations quantitatives entre les indicateurs, mais elles peuvent en revanche : • suivre l’évolution de la performance d’un service d’eau donné au fil du temps ; • déterminer les raisons pour lesquelles certains résultats ont été obtenus ; • analyser les techniques de gestion, la culture organisationnelle et les dépenses d’investissement. Cinq services d’eau ont été retenus aux fins des études de cas : la Nairobi City Water and ; la National Water and Sewerage Corporation Sewerage Company (NCWSC) du Kenya  (NWSC) d’Ouganda ; l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) du Burkina Faso ; la Sénégalaise des Eaux (SDE) du Sénégal ; la Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire (SODECI). Elles ont été choisies par souci de cohérence avec les études de cas réali- sées dans les cinq mêmes pays par l’équipe chargée de l’étude sur l’approvisionnement en électricité. Tous ces pays, sauf le Kenya, sont dotés d’un service national d’approvisionne- ment en eau. Au Kenya, la NCWSC a été retenue parce qu’il s’agit du service d’eau le plus important du pays, qui dessert une clientèle de près de 3 millions de personne dans la capi- tale, Nairobi. Performance des services d’eau en Afrique 81 Le choix des études de cas n’était pas aléatoire, et il convient de noter que l’échantillon n’est donc pas représentatif. Par exemple, les cinq services retenus sont de grande taille, avec une clientèle d’environ 3 millions de personnes ou plus, alors que le service typique de la base de données économétriques dessert environ 115 000 personnes. Les cinq services ont été mis sur pied il y a des décennies ; ils justifient donc d’une longue expérience, et pos- sèdent une infrastructure relativement plus développée. Tous opèrent dans des capitales, et mis à part celui de Nairobi, aucun n’assure le service de traitement des eaux usées. Enfin, les cinq services affichent une performance essentiellement adéquate, ce qui permet aux études de cas de mettre l’accent sur les aspects dynamiques des services performants. Performance des services retenus aux fins des études de cas Les données recueillies au cours des 15 dernières années dans le cadre du programme conjoint OMS/UNICEF (JMP) concernant la performance des cinq pays retenus aux fins des études de cas sont présentées au tableau 7.1 en guise de mise en perspective. Le tableau 7.2 présente les valeurs obtenues pour les principaux indicateurs mesurés dans chacun des cinq pays. Ces données ne correspondent pas toujours aux données relatives aux services parce que ces derniers desservent parfois des territoires plus petits que la zone « urbaine ». Par ailleurs, les services utilisent des critères différents pour traduire le nombre de branche- ments (actifs) en taux de couverture ou d’accès. Les indicateurs présentés dans le tableau 7.3 sont ceux de l’analyse économétrique, aux- quels s’ajoutent l’eau non génératrice de revenus (ENGR) en pourcentage de la production, le nombre d’employé par 1 000 branchements, et le ratio de recouvrement. Ces trois indica- teurs ont été ajoutés parce qu’ils font l’objet d’une analyse approfondie dans les études de cas. Lorsqu’ils sont disponibles, le niveau de référence mondial (meilleur quartile de l’en- semble des services d’eau de la base de données de l’International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities [IBNET]) et le niveau de référence africain (meilleur quar- tile de l’ensemble des services visés par l’analyse des données africaines de l’IBNET) sont fournis à titre de comparaison. Le tableau indique le classement de chaque service d’eau en matière de performance glo- bale, par rapport à l’ensemble des 118 services d’eau de l’échantillon. Tableau 7.1. Données nationales sur la croissance de l’accès Élargissement de la Augmentation de la Croissance Augmentation de la Pays zone de desserte, population desservie, démographique, population urbaine, 2000–13 (%) 2000–13 (%) 2000–15 (%) 2000–15 (%) Burkina Faso 197 226 154 252 Côte d’Ivoire 220 188 132 164 Sénégal 150 172 152 163 Ouganda 320 498 165 224 82 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 7.2. Données nationales sur l’accès à des sources d’eau améliorées, par pays, selon le JMP Population Population Population Population Population Population Population Population jouissant urbaine urbaine urbaine jouissant d’un jouissant urbaine privée de d’un accès Population jouissant d’un jouissant jouissant d’un Population accès direct d’autres privée de Pays Année services direct au urbaine accès direct d’autres accès direct (millions) au réseau services services améliorés réseau (millions) au réseau services au réseau d’adduction améliorés améliorés (millions) d’adduction d’adduction améliorés d’adduction d’eau (millions) (millions) (millions) d’eau (%) d’eau (millions) (millions) d’eau (%) Burkina 2000 11,60 0,40 6,60 4,70 3,4 2,10 0,40 1,40 0,30 19,0 Faso 2015 17,90 1,40 13,30 3,20 7,8 5,30 1,40 3,80 0,10 26,4 Côte 2000 16,10 4,80 7,70 3,60 29,8 7,00 4,00 2,50 0,60 57,1 d’Ivoire 2015 21,30 9,10 8,40 3,80 42,7 11,50 7,60 3,10 0,80 66,1 Kenya 2000 31,30 6,00 10,20 15,10 19,2 6,20 3,20 2,30 0,80 51,6 2015 46,70 10,10 19,40 17,20 21,6 12,00 5,40 4,40 2,20 45,0 Sénégal 2000 9,90 3,00 3,60 3,20 30,3 4,00 2,40 1,20 0,40 60,0 2015 15,00 7,90 3,80 3,20 52,7 6,50 5,30 0,80 0,50 81,5 Ouganda 2000 24,30 0,50 13,10 10,60 2,1 2,90 0,40 2,10 0,40 13,8 2015 40,10 2,00 29,70 8,40 5,0 6,50 1,50 4,70 0,30 23,1 Source : wssinfo.org. Tableau 7.3. Récapitulatif du niveau de performance des services d’eau visés par les études de cas Niveau de Niveau de Kenya, Ouganda, Burkina Faso, Sénégal, SDE/ Côte d’Ivoire Indicateur référence mondial référence africain NCWSC (2014) NWSC (2013) ONEA (2014) SONES (2013) SODECI (2014) ENGR (m3 par branchement par jour) 0,121 0,205 0,697 0,265 0,135 0,159 0,174 ENGR (%) — 30,3 39 35 19 20 24 Comptage (%) 100 100 94 100 97 96 98 Efficacité du personnel 4,27 4,21 2,10 4,34 3,04 5,24 5,83 Nbr d’employés par 1 000 branchements — 5,0 5,0 5,4 3,2 2,4 2,9 RCCE* 1,38 1,19 1,01 1,30 1,13 1,33 1,06 Ratio de recouvrement (%) — 91,3 91 96 97 94 86 Clients par branchement 3,0 8,3 9,6 9,4 12,9 10,8 14,9 Fiabilité (heures d’approvisionnement) 24 21,6 18 20 23 23 20 Accessibilité financière (%) 0,5 1,22 2,14 3,40 2,53 2,16 0,96 Consommation d’eau par habitant et par jour — 77,1 110 52 47 59 39 Couverture en eau courante (%) 100 77 75 78 86 98 69 Couverture en eau courante (millions de s.o. s.o. 2,9 3,0 3,9 5,8 11,7 clients desservis), 2013 Millions d’habitants dans la zone de s.o. s.o. 3,9 3,8 4,8 5,9 17,0 desserte (2013) Population jouissant d’un accès direct au s.o. s.o. 10,1 2,0 1,4 7,9 9,1 réseau d’adduction d’eau selon le JMP (2015), en millions Classement s.o. s.o. 42 4 5 1 12 Note : On observe certaines divergences entre les valeurs du RCCR tirées des données recueillies par les chefs d’équipes de projets et celles tirées des rapports annuels dans le cas du Burkina Faso et de l’Ouganda. Ces divergences pourraient être dues à des interprétations différentes des coûts (y compris certains coûts de financement). — = non disponible ; s.o. = sans objet. Performance des services d’eau en Afrique 83 Il convient de rappeler que les études de cas avaient principalement pour objet de mesurer la performance de chacun des cinq services examinés dans leurs zones de desserte respec- tives. Cette précision est importante puisque, comme le laissent constater les tableaux 7.1 et 7.2, même dans le cas des services d’eau nationaux, les zones de desserte ne correspondent pas nécessairement aux populations à desservir, et que malgré l’excellent travail réalisé par certains des services, leurs efforts d’élargissement des zones de desserte ont donné des résultats très variables. Pour les quatre services nationaux pour lesquels nous possédons des données sur la période écoulée de 2000 à 2013, nous constatons que la population privée de services améliorés n’a toujours pas diminué dans trois des cinq pays étudiés. Le tableau 7.1 résume les efforts qui ont été déployés et laisse constater les progrès consi- dérables réalisés en matière de zone de desserte et de clientèle desservie, les deux étant sensiblement supérieures à la croissance démographique globale observée au cours d’une période comparable. Ces données laissent aussi deviner l’ampleur du défi que représente la fourniture de services d’approvisionnement en eau en Afrique. Le tableau 7.2 dévoile certaines caractéristiques intéressantes de la demande de prestation de services d’approvisionnement en eau. Selon les estimations basées sur les enquêtes auprès des ménages réalisées dans les cinq pays visés par les études de cas, la population a augmenté au cours des 15 dernières années, mais cette croissance a été particulièrement rapide en zones urbaines. Les services qui géraient des réseaux d’adduction d’eau ont été en mesure d’améliorer l’accès direct des ménages à ces réseaux, mais la plupart des clients uti- lisent toujours des méthodes d’approvisionnent différentes : bornes-fontaines, kiosques, ou sources ponctuelles d’eau souterraine. Malgré les efforts considérables déployés, on n’a observé une baisse des populations privées de services améliorés, y compris en zones urbaines, qu’au Burkina Faso et en Ouganda. De 2000 à 2015, 16,8 millions de personnes dans les cinq pays visés par les études de cas (dont 10,8 millions d’habitant des zones urbaines) ont obtenu l’accès direct au réseau d’adduction d’eau. Cependant, la croissance a surtout été observée au chapitre des autres améliorations de services qui ont touché un nombre supplémentaire de 31,9 millions de personnes (dont 7,3 millions en zones urbaines). Ainsi, l’amélioration de l’accès aux services d’approvisionnement en eau, même en zones urbaines, ne se traduit pas par l’accès direct aux réseaux d’adduction, mais par d’autres types de services améliorés. Les petits fournisseurs du secteur privé peuvent jouer un rôle très important dans diverses régions du continent (par exemple, en Ouganda). Le présent document ne s’attarde pas à ces fournisseurs, mais il importe de réaliser que les services d’eau africains doivent souvent faire face à la concurrence de nombreux autres prestataires de services, y compris dans leurs propres zones de desserte. Le tableau 7.3 montre que les services d’eau examinés affichent une performance relative- ment bonne comparativement aux niveaux de référence africains. Au moins 91 % des bran- chements sont munis de compteurs dans l’ensemble des cinq services. On compte moins de six employés par millier de branchements. L’eau est disponible en moyenne pendant 18 heures par jour ou plus dans les cinq services. Certains indicateurs laissent en revanche 84 Performance des services d’eau en Afrique constater des écarts considérables. La couverture dans la zone de desserte des services varie de 69 % (SODECI) à 98 % (SDE/Société Nationale des Eaux du Sénégal [SONES]). Le niveau d’ENGR de l’ONEA (0,135 m3 par branchement par jour) correspond à moins du quart de celui affiché par la NCWSC (0,697 m3 par branchement par jour). Les recettes de la NCWSC par- viennent à peine à couvrir ses coûts d’exploitation, tandis que la SDE/SONES affiche un ratio de recouvrement des coûts d’exploitation (RCCE) de 1,33. Enseignements des études de cas Les études de cas montrent que les trois dimensions de la performance (financière, opéra- tionnelle et client) sont liées. Le diagramme 7.1 illustre les rapports qui existent entre elles. Comme le montre le diagramme 7.1, l’efficience opérationnelle se traduit par une meilleure performance financière à cause d’une meilleure maîtrise des coûts d’E&E. Une bonne perfor- mance financière permet en retour à un service d’améliorer l’efficacité de ses opérations et lui permet aussi de générer les recettes nécessaires au financement de l’extension de son réseau ou de la réalisation d’autres projets qui minimiseront les coûts et amélioreront les services d’alimentation en eau. L’ajout de nouveaux clients et une consommation accrue conduisent à une augmentation des revenus et à une amélioration de la performance financière. Il existe ainsi une chaîne de rétroaction entre les trois dimensions de la performance. Le financement est un autre élément important qui conduit à une meilleure performance opérationnelle et à une meilleure performance client. Les cinq études de cas ont permis de définir comment les rapports illustrés dans le ­ graphique 7.1 fonctionnent dans la pratique. Nous résumons dans la présente section les six grandes conclusions de cette analyse : • Une bonne performance financière favorise le financement qui permet aux services d’étendre l’accès aux réseaux d’adduction d’eau et d’offrir un service d’approvisionne- ment en eau de meilleure qualité. L’efficience opérationnelle et la performance financière •  Graphique 7.1. Impact des dimensions de la performance sont liées. Les services d’eau viables savent combiner le recouvre- •  Efficience opérationnelle ment des coûts et la prestation d’un service abordable d’approvisionnement en eau. Diverses stratégies se sont montrées utiles pour étendre •  Service à la l’accès à l’eau courante. clientèle Performance financière Les contrats comportant des mesures d’encouragement •  sont propices à l’amélioration de la performance. Les services d’eau nationaux peuvent servir de modèles •  de gestion pour l’extension des services d’approvisionne- Financement ment en eau dans les petites collectivités. Performance des services d’eau en Afrique 85 Incidence de la performance financière sur le financement des services d’eau Il convient de noter que le RCCE est le critère essentiel requis pour définir la performance financière. Un service capable de couvrir ses coûts d’exploitation à partir de ses recettes sera en mesure, à court terme, de fournir à ses clients les services auxquels ils sont en droit de s’attendre. Pour assurer la prestation de ses services à moyen terme (en couvrant la dépréciation de ses avoirs) et étendre ses services, il lui faudra encore plus de recettes. Comme le mentionnent Whittington et al. (2009), les coûts variables de la prestation des services d’approvisionnement en eau sont relativement faibles lorsqu’on les compare aux coûts d’équipement. Au cours des 20 dernières années, trois des services visés par les études de cas — NWSC, ONEA et SDE/SONES — ont fait des progrès en matière de performance. Les graphiques 7.2 à 7.7 illustrent l’amélioration sensible observée de la couverture en eau courante et de la fiabilité de ces trois services d’eau1. La NWSC ougandaise a élargi sa couverture dans sa zone de desserte de 47 % en 1998 à 78 % en 2013. L’eau Graphique 7.2. Couverture en eau courante, NWSC (Ouganda), 1998–2013 heures courante est disponible 20  par jour en moyenne, alors qu’elle 100 n’était disponible que 8 heures par Couverture en eau courante (%) jour en moyenne en 1996. L’ONEA 80 du Burkina Faso a connu une évo- 60 lution semblable, voyant sa cou- verture en eau courante passer de 40 50 % en 1998 à 86 % en 2014. L’eau 20 courante, qui n’était autrefois dis- ponible que par intermittence, est 0 désormais disponible presque 24 98 99 00 01 02 03 04 05 6 07 08 9 10 11 12 13 14 heures par jour et 7  jours par 0 0 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 20 semaine. Au Sénégal, 98 % des habitants de la zone de desserte Graphique 7.3. Fiabilité, NWSC (Ouganda), 1996–2013 ont désormais accès à l’eau cou- rante heures 23  par jour en 24 moyenne. Dans les trois cas, l’amé- 20 lioration de l’accès au service et de sa qualité a été réalisée malgré Heures par jour 16 l’augmentation de la population 12 dans la zone de desserte. 8 Comment ces services d’eau 4 ont-ils réussi à améliorer la couverture et la qualité de l’appro- 0 ? visionnement en eau courante  96 7 8 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 9 Les données historiques sur les 9 20 20 20 20 20 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 86 Performance des services d’eau en Afrique Graphique 7.4. Couverture en eau courante, ONEA (Burkina Faso), 2001–14 sources de financement des inves- tissements aident à répondre à 100 cette question. Les services en question bénéficiaient de prêts 80 accordés par des bailleurs de fonds Couverture (%) 60 à des conditions concessionnelles, avec de faibles taux d’intérêt et de 40 longues périodes de différé 20 d’amortissement. Les prêts étaient remboursés à partir des recettes 0 d’exploitation générées par l’amé- 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 1 12 13 14 1 lioration de l’efficience opération- 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 nelle (minimisation des coûts) et Note : Les données antérieures à 2006 ne sont pas disponibles. Cependant, on sait que la fiabilité était faible à la fin des années 1990 et au début des années 2000 à cause des pénuries d’eau qui affectaient Ouagadougou. l’élargissement de l’accès (hausse des recettes). Certains des finance- Graphique 7.5. Fiabilité, ONEA (Burkina Faso), 2006–14 ments ont pris la forme d’apports en capital — essentiellement des dons ou des subventions à 24 l’investissement. Le tableau 7.4 présente les sources et les 20 montants des dépenses d’équipement consacrés à chacun des trois services examinés. Il importe de mentionner que le Heures par jour 16 coût d’équipement par client desservi était beaucoup plus 12 faible en Ouganda que dans les deux autres pays. 8 4 NWSC (Ouganda). Au début des années 2000, la NWSC était incapable de rembourser ses prêts à même ses recettes 0 d’exploitation. Les autorités ougandaises sont convenues 95 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 d’un moratoire temporaire sur le service de la dette qui a 20 19 20 20 20 20 Note : Les données antérieures à 2006 ne sont pas disponibles. Cependant, procuré au service d’eau une marge de manœuvre finan- on sait que la fiabilité était faible à la fin des années 1990 et au début des cière. En 2007, les autorités ont converti le solde non rem- années 2000 à cause des pénuries d’eau qui affectaient Ouagadougou. boursé des prêts, d’un montant de 47 millions de dollars, en actions, ce qui équivalait effectivement à une remise de dette. Depuis, la NWSC contracte des prêts auprès de banques commerciales et assure le service de sa dette à l’aide des recettes générées par ses activités. Un des projets lancés par la NWSC au cours de la période 2002–11 était la construction de l’usine de traitement de l’eau Gaba III et des canalisations principales y afférentes (52,7 milliards de millions de dollars  shillings ougandais, soit 28,8  ; 2006). Ce projet a permis d’accroître de 80 000 m3 par jour la production d’eau courante pour la ville de Kampala et les zones avoisi- nantes. En 2010, un prêt commercial de 2 millions de dollars a été obtenu pour le financement de l’extension des prises d’eau de Ggaba qui servent à acheminer l’eau à la ville de Kampala et aux régions avoisinantes. Ce prêt est remboursé à même le flux de trésorerie d’exploitation. Performance des services d’eau en Afrique 87 Graphique 7.6. Couverture en eau courante, SDE/SONES (Sénégal), 1995–2013 La hausse des recettes d’ex- ploitation constituait la clé de 100 l’expansion du service. La NWSC a renforcé ses capacités de 80 recouvrement (de 85 % en 2001 à Couverture (%) 60 95 % en 2011), réduit son ratio d’ENGR (de 43 % en 2001 à 33 % 40 en 2011) et augmenté la producti- 20 vité de la main-d’œuvre en limi- tant la croissance de ses effectifs 0 à mesure que se multipliaient les 10 11 12 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 13 branchements. Les tarifs réels 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 ont connu une hausse modeste Graphique 7.7. Fiabilité, SDE/SONES (Sénégal), 1996–2013 de 3 % par année. Ensemble, ces facteurs ont engendré un excé- 24 dent de recettes d’exploitation 20 qui a servi à rembourser la dette. Cependant, comme le laissent Heures par jour 16 constater les rapports d’audit 12 des quatre dernières années, la 8 NWSC est restée dépendante des 4 dons pour assurer le finance- ment de ses investissements 0 (tableau 7.5). 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 20 20 20 20 20 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 Tableau 7.4. Sources et montants des financements des dépenses d’investissement SDE/SONES NWSC (2002–11) ONEA (2002–13) (1996–2013) Financements additionnels entre le début et la 1 112 387 2 632 000 3 230 391 fin du programme Total estimé des dépenses d’investissement (millions d’USD)a 100 600 770 Pourcentage du financement par don 28 52 29 Pourcentage du financement par recettes internes 52 19 23 Pourcentage du financement par prêts 16 29 47 Investissement en capital par client supplémentaire (USD) 90 228 238 a. Pour la NWSC, les dépenses totales d’investissement ont été estimées à partir des états des flux de trésorerie. On a établi les sorties de fonds correspondant aux activités financières suivantes : capitaux pour travaux en cours ; achat de biens ; installations et équipements ; achat de logiciels. Pour l’ONEA et la SDE/SONES, les données sur les dépenses d’investissement ont été fournies par la Banque mondiale. 88 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 7.5. Sources de financements, NWSC (milliers d’USD) 2011 2012 2013 2014 Recettes d’exploitation 14 201 (15 735) 13 831 (7 635) Financement d’investissements 33 933 31 451 45 988 51 408 Montant total des flux de trésorerie issus des 19 732 47 186 32 157 59 043 opérations et des investissements Financement Prêts remboursés (2 114) (3 894) 0 (4 056) Dons 11 562 51 859 38 749 85 474 Augmentation des liquidités (10 344) 778 6 593 22 375 Note : Rapports annuels de la NWSC, vérificateur général. 1990, les villes de ONEA (Burkina Faso) et SDE/SONES (Sénégal). Au cours des années  Ouagadougou et de Dakar étaient toutes les deux aux prises avec des pénuries d’eau. L’approvisionnement en eau était rationné et la couverture en eau courante était faible. L’ONEA et la SDE/SONES — les services respectivement responsables de l’approvisionne- ment en eau de ces deux villes — ont reçu des prêts d’un montant élevé pour financer leur approvisionnement en eau. La Banque mondiale était dans les deux cas un important bail- leur de fonds. Le projet d’approvisionnement en eau de Ouagadougou (269 millions de dollars, 2001–07) comptait au nombre des grands programmes de développement de l’ONEA. Il incluait la construction du barrage de Ziga, du réservoir de Boudtenga (5 400 m3), d’une usine de trai- tement et d’une station de pompage, ainsi que l’expansion du réseau de distribution. L’augmentation de la production d’eau a conduit à une fiabilité de l’approvisionnement presque parfaite (23 heures par jour), alors que l’approvisionnement en eau n’était aupara- vant assuré que par intermittence. Au Sénégal, deux programmes importants ont été mis en œuvre : le Projet sectoriel eau (223 millions de dollars, 1996–2004) et le Projet sectoriel eau à long terme (255 millions de dollars, 2002–09)2. Le premier mettait l’accent sur les investissements requis d’urgence pour accroître l’approvisionnement en eau à Dakar. Il prévoyait notamment des travaux de forage supplémentaires, l’agrandissement d’une usine de traitement et des travaux de réduction des fuites. La seconde phase des réformes prévoyait la construction d’une usine de traite- ment beaucoup plus grande — Keur Momar Sarr (en 2005, 65 000 m3 par jour ; encore amé- liorée en 2008 pour produire 130 000 m3 par jour) — ainsi que l’expansion continue du réseau de distribution. Les programmes mis en œuvre dans les deux pays ont encouragé la participation du sec- teur privé, ce qui a conduit à accroître l’efficience opérationnelle et à augmenter par ricochet les recettes d’exploitation. À l’ONEA, le groupe Veolia a reçu en 2001 un contrat de services basés sur les résultats afin de participer à la gestion des aspects commerciaux du projet. Grâce à cette participation, l’efficacité du système de recouvrement est passée de 78 % en Performance des services d’eau en Afrique 89 2002 à 95 % en 2006. Ces résultats se sont maintenus ou ont même été améliorés pour atteindre 97 % en 2013. Les faibles niveaux d’ENGR ont été maintenus. Au Sénégal, l’opéra- teur privé (SDE) est intervenu par le biais du Projet sectoriel eau. La conclusion d’un parte- nariat public-privé (PPP) jugé satisfaisant par la Banque mondiale était une condition posée par cette dernière pour l’octroi d’un prêt. La SDE a peu à peu réduit le niveau d’ENGR entre 1996 et 2003 (de 29 à 20 %) puisque le contrat d’affermage prévoyait des mesures propres à encourager fortement une telle réduction. Les taux de recouvrement ont été maintenus à un minimum de 95 %. Corrélation de la performance opérationnelle et de la performance financière Les études de cas montrent l’existence d’une corrélation positive entre l’efficience opération- nelle et la performance financière. Une bonne performance financière peut procurer à un service les ressources financières qui lui permettront d’investir pour accroître son efficience opérationnelle — par exemple, en remplaçant des conduites principales qui fuient, des comp- teurs d’eau usés ou des pompes qui ne sont pas suffisamment efficaces ou fiables. Nous décrivons dans la section précédente consacrée aux dépenses d’investissement les rapports qui existent entre la performance opérationnelle et la performance financière à la NWSC, à l’ONEA et à la SDE/SONES. On observe un rapport semblable à la SODECI, où les indicateurs de la performance opérationnelle et financière ont atteint un sommet en 2000 (le RCCE atteignant 1,09, et le taux de recouvrement 92 %). Le niveau d’ENGR s’éta- blissait à 131 litres par branchement par jour, soit 17 % seulement. On comptait en moyenne seulement trois employés par 1 000 branchements. À l’époque des guerres civiles ivoi- riennes (2002–11), la performance financière et opérationnelle a accusé une baisse, mais elle s’est améliorée depuis 2011. Depuis 2014, la SODECI affiche de nouveau une bonne performance : elle se classe au douzième rang de l’ensemble des services d’eau visés par l’analyse économétrique (bien que sa performance soit toujours inférieure au niveau atteint avant la guerre). Le service d’eau nairobien NCWSC se distingue des quatre autres services examinés. Son RCCE est de 1,01, ce qui signifie que ses recettes parviennent à peine à couvrir ses coûts d’ex- ploitation. Son niveau d’ENGR est aussi relativement élevé, à 697 litres par branchement par jour, à cause en partie de son inefficacité, et du fait que la consommation d’eau dont font état les quatre autres services est sensiblement plus élevée. Malgré une amélioration de l’effica- cité du recouvrement, l’insuffisance des recettes générées par ses opérations limite les res- sources disponibles pour la réparation des conduites et le remplacement des compteurs. Combiner recouvrement des coûts et services d’approvisionnement en eau abordables On suppose souvent qu’il faut faire des choix entre le recouvrement des coûts et la presta- tion de services abordables. De fait, toutes les études de cas — à l’exception de celle de Nairobi et, dans une certaine mesure, de celle de la SDE au Sénégal — laissent constater de faibles niveaux de consommation d’eau (en particulier par les ménages) et des niveaux d’accessibilité financière inférieurs à la moyenne par rapport aux niveaux de référence 90 Performance des services d’eau en Afrique africains (tableau 7.3). Cependant, plusieurs des études de cas laissent en revanche constater que le recours à l’interfinancement peut dans une large mesure permettre aux services d’évi- ter de faire un tel compromis. Il existe deux stratégies fondamentales d’interfinancement : • imposition de tarifs plus élevés aux clients non résidentiels qu’aux clients résidentiels ; • imposition d’un tarif inférieur à la moyenne pour la couverture des besoins de base, et d’un tarif supérieur à la moyenne pour les services d’approvisionnement en eau supé- rieurs aux besoins de base. La structure tarifaire de la NWSC fournit un exemple de la première de ces deux straté- gies (graphique 7.8). Les résidents bénéficient d’un tarif inférieur à la moyenne et au tarif imposé aux non résidents, sans égard à leur niveau de consommation. La structure tarifaire sénégalaise est un exemple de l’application simultanée des deux stratégies (graphique 7.9). NWSC (Ouganda). La NWSC applique un tarif domestique de 0,77 dollar par m3, soit un peu moins que la moyenne pondérée de (0,82 dollar par m3). Le tarif appliqué aux bornes-fontaines est encore moins élevé, soit 0,47 dollar par m3. Afin de compenser les faibles tarifs imposés aux ménages, le service impose des tarifs plus élevés à ses clients institutionnels (0,91 dollar par m3) et à ses clients commerciaux (1,12 dollar par m3). Cependant, pour conserver la clientèle de ses grands consommateurs, le service applique un tarif préférentiel de 0,95 dollar par m3 aux clients commerciaux qui consomment plus de 1 500 m3 d’eau par mois. Graphique 7.8. NWSC (Ouganda), structure tarifaire SDE et SONES (Sénégal). La structure de tarification progres- sive par tranches appliquée au Sénégal utilise un tarif social 4,0 subventionné pour les niveaux de consommation inférieurs 3,5 à 20 m3 (202 FCFA ; 0,40 USD) pour une période de deux 3,0 Tarif (USD par m3) mois. Il existe également un « tarif plein » pour les niveaux 2,5 de consommation variant entre 21 et 40 m3 (697,97 FCFA ; 2,0 USD), et un «  1,39  » pour les niveaux de tarif dissuasif  1,5 consommation supérieurs à 40 m3 (878,35 FCFA ; 1,75 USD), 1,0 conçu pour décourager la consommation excessive. On 0,5 constate que le tarif imposé aux ménages pour une consom- 0 0 50 100 1450 1500 1550 mation inférieure à 20 m3 pour 60 jours s’établit à moins du Consommation mensuelle (m3) tiers du tarif plein, et à moins du quart du tarif imposé pour Commercial Domestique la consommation dans la tranche supérieure. Seuls le tarif Gouvernemental Bornes-fontaines FCFA  social et celui imposé aux bornes-fontaines (366  ; Moyenne USD) sont inférieurs au tarif moyen (494  0,73  ; FCRA  Source : NWSC, Rapport annuel 2012/2013. 1,08 UDD). Performance des services d’eau en Afrique 91 Graphique 7.9. SDE/SONES (Sénégal), structure tarifaire Les clients non résidentiels et non gouvernementaux doivent payer le tarif dissuasif sans égard aux volumes d’eau 4,0 consommés. Les clients gouvernementaux payent plus du double du tarif dissuasif, soit 1 868,88 FCFA par m3 (3,72 USD 3,5 par m3). Cette structure tarifaire a été établie en 2007. Cette année-là, les autorités sont convenues d’augmenter de 70 % 3,0 le tarif imposé aux clients gouvernementaux, tout en main- 2,5 tenant en l’état les tarifs imposés aux autres catégories de Tarif (USD par m3) clients3. Cette structure d’interfinancement a été mise en 2,0 place afin de maintenir les bas tarifs domestiques tout en veillant à assurer le recouvrement des coûts d’exploitation 1,5 de la SONES/SDE. En 2015, les tarifs domestiques ont une fois de plus été majorés — hausse de 4 % pour la tranche 1,0 inférieure, et de 9 % pour les autres tranches. Comme le montre le tableau 7.6, les services visés par les 0,5 études de cas ont eu recours à l’interfinancement dans une large mesure pour faciliter l’approvisionnement en eau 0 0 50 100 150 200 l’exclusion des services d’assainissement)  (à  ; cependant, Consommation bimestrielle (m3) dans trois des études de cas, la consommation résidentielle Gouvernemental Moyenne Domestique est toujours sensiblement inférieure au seuil recommandé Commercial Bornes-fontaines par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour assurer la bonne santé des populations (50 lhj). Source : SONES, « Grille tarifaire, 5ème bimestre 2014 » Part de la consommation non résidentielle par volume. La SDE et la NWSC dépendent toutes deux des clients non résidentiels pour l’interfinancement de la consommation résidentielle. Tous les clients résidentiels de la NWSC payent un tarif inférieur à la moyenne sans égard aux volumes d’eau consommés. Cette structure tarifaire est en place au moins depuis 2005 à la NWSC. Depuis ce temps, la part de la consommation commerciale est passée de 21 à 33 % (en volume), ayant augmenté en moyenne de 11,1 % par année. Ces tendances donnent à conclure que l’imposition de tarifs supérieurs à la moyenne aux clients commerciaux n’a pas entraîné de baisse de la consommation. La tarification progressive par tranches appliquée aux clients commerciaux pourrait aussi expliquer pourquoi le mécanisme d’interfinancement continue de bien fonctionner. La structure tarifaire sénégalaise est aussi fortement tributaire de la consommation non résidentielle pour le maintien du système d’interfinancement. Cependant, contrairement à ce qu’on observe avec la NWSC, les recettes non résidentielles ont diminué au fil du temps de 39 % (2004) à 29 % (2013) de tous les revenus facturés. Pendant la même période, le volume d’eau vendue aux consommateurs non résidentiels a chuté pour atteindre 8 % seulement en 2013. Les tarifs non résidentiels élevés pourraient avoir contribué à cette tendance. Le tableau 7.7 résume l’application de ces divers systèmes d’interfinancement. 92 Performance des services d’eau en Afrique Tableau 7.6. Effet sur les résidents de l’interfinancement dans les cinq études de cas NCWSC NWSC ONEA (Burkina SDE/SONES SODECI Type de consommateur (Kenya) (Ouganda) Faso) (Sénégal) (Côte d’Ivoire) Accessibilité financière moyenne (%) 2,14 3,40 2,53 2,16 0,96 Accessibilité financière pour les 1,11 1,05 1,62 0,58 0,32 consommateurs résidentiels (%) Consommation résidentielle par 70 23 39 55 32 habitant et par jour (lhj) Tableau 7.7. Effet de l’interfinancement sur les habitudes de consommation dans les cinq études de cas ONEA SDE/SONES SODECI Type de consommateur NCWSC (Kenya) NWSC (Ouganda) (Burkina Faso) (Sénégal) (Côte d’Ivoire) Part du volume d’eau vendue (%) Résidentiel 65 44 85 92 76 Non résidentiel 35 56 15 8 24 Part des revenus facturés (%) Résidentiel 60 s.o. 65 71 s.o. Non résidentiel 40 s.o. 35 29 s.o. Note : s.o. = sans objet. Il ressort de ces études de cas que l’interfinancement peut être un moyen utile de mainte- nir des services d’approvisionnement en eau abordables à condition de respecter un certain nombre de principes. Le tarif moyen devrait être suffisamment élevé pour assurer le recouvrement des coûts. Pour assurer l’accessibilité financière du service pour les ménages, on peut établir les tarifs résidentiels à un niveau inférieur à la moyenne. Les tarifs commer- ciaux peuvent être supérieurs à la moyenne, mais pas trop élevés. Pour retenir la clientèle des utilisateurs non résidentiels, les tarifs doivent rester inférieurs aux coûts des sources d’eau de rechange. Stratégies pour élargir l’accès Les services d’eau ont eu recours à diverses stratégies pour élargir l’accès aux services dans leurs zones de desserte. Le réseau d’adduction d’eau de la SDE permet par exemple à cette dernière de desservir une vaste proportion de ses clients directement dans leurs foyers (89 %). D’autres services — par exemple, l’ONEA (Ouagadougou) et la NWSC (Kampala) — desservent environ la moitié de la population à l’aide de robinets publics. Les graphiques 7.10 et 7.11 pré- sentent les données recueillies auprès des ménages à Dakar et à Ouagadougou4. La stratégie de l’ONEA consiste à mettre d’abord l’accent sur l’approvisionnement en eau des populations pauvres, grâce à des robinets publics, pour ensuite multiplier le nombre de branchements individuels. Les données des enquêtes menées auprès des ménages à Ouagadougou, la capitale, montrent que cette stratégie est fructueuse (voir graphique 7.11). Performance des services d’eau en Afrique 93 Graphique 7.10. Accès à l’eau, Dakar, 2000–14 En 1993, 28 % des habitants de cette ville avaient directe- ment accès au réseau d’adduction d’eau dans leur foyer. 100 Cette proportion est passée à 37 % en 2003 et à 47 % en 2010. 90 L’ONEA compte élargir son réseau d’adduction d’eau pour Accès, population totale (%) 80 desservir directement 80 % de la population de sa zone de 70 60 desserte d’ici 2030. 50 Augmentation de la performance grâce à des 40 contrats incitatifs 30 20 Des engagements crédibles pris dans le cadre de contrats 10 ayant force exécutoire passés entre parties prenantes 0 publiques et privées, de contrats incitatifs passés avec des 2000 2005 2011 2014 équipes de direction, de contrats basés sur la performance Robinets publics Canalisation aux foyers et de contrats passés par de multiples parties prenantes ont servi à maintenir des modèles fructueux et durables de gouvernance et de gestion des services d’eau. Les quatre Graphique 7.11. Accès à l’eau, Ouagadougou services d’eau performants — NWSC, SDE/SONES, ONEA et 100 SODECI — utilisent tous une forme quelconque de contrat 90 incitatif. Accès, Ouagadougou seulement (%) 80 70 Contrat d’affermage. En 1995, les autorités sénégalaises 60 ont procédé à la scission de l’ex Société Nationale d’Ex- 50 ploitation des Eaux du Sénégal (SONEES) en trois entités 40 distinctes : une société de patrimoine des eaux (SONES), 30 une exploitation privée de services d’eau engagée par le 20 biais d’un contrat d’affermage (SDE) et une société 10 publique d’assainissement des eaux (ONAS). La SDE opère 0 en vertu d’un contrat d’affermage passé avec la SONES et 1993 1995 2003 2010 l’État sénégalais. La SONES et l’ONAS ont pour leur part Robinets publics Canalisation aux foyers conclu des contrats de performance avec l’État. La SODECI de Côte d’Ivoire opère en vertu d’un contrat similaire passé avec les autorités sénégalaises. Le contrat d’affermage de la SDE comporte des mesures qui encouragent fortement la réduction du niveau d’ENGR et l’amélioration du niveau d’efficacité du système de recouvrement. Les résultats souhaités ont été obtenus : le niveau d’ENGR est passé de 29 % en 1996 à 20 % en 2003, et l’efficacité du système de recouvrement s’est maintenue en moyenne à 97 % entre 1996 et 2013. Ces améliorations de la performance ont permis au service de générer des recettes suffisantes pour financer les investissements et l’amélioration du service. Le contrat d’affermage a aussi contribué à accroître la pérennité des améliorations appor- tées au service. Il a défini le régime de gestion des biens, les normes et conditions de 94 Performance des services d’eau en Afrique prestation des services, le régime de travail, le système de rémunération de l’opérateur, les mécanismes de suivi et les sanctions. Bien qu’il soit en général facile de modifier ou d’igno- rer les termes d’un contrat passé entre un service d’utilité publique et l’État propriétaire, si ce dernier le souhaite, il n’est pas possible de modifier un contrat passé avec un intervenant privé sans le consentement des deux parties. Contrat de gestion incitatif. Les contrats internes de gestion déléguée (IDAMC) de la NWSC se sont eux aussi avérés fructueux. En 2004, chaque ville a été constituée en unité commer- ciale, et les gestionnaires se sont vus fixer des objectifs de performance. La ville de Kampala a été subdivisée en plusieurs branches chacune responsable des activités opérationnelles dans sa zone de desserte et dotée d’un contrat incitatif lui fixant un ensemble d’objectifs précis. Les branches qui atteignent leurs objectifs peuvent bénéficier de bonus atteignant jusqu’à 120 % de leur rémunération brute, tandis que celles qui échouent peuvent subir une réduction de leur rémunération atteignant jusqu’à 25 %. Ce concept s’est inspiré en partie de deux contrats de gestion passés initialement avec des opérateurs privés (Gauff et Ondeo) pour la période écoulée de 1998 à 2004. Gauff a été chargé de procéder à une vaste moderni- sation des services d’eau comportant notamment le déploiement de systèmes d’information géographique (SIG), l’amélioration des procédures de comptage et de facturation, l’atteinte de cibles annuelles de branchements et la réduction du niveau d’ENGR. Le contrat passé avec Ondeo avait des objectifs similaires. Ces contrats ont conduit à une réduction rapide du niveau d’ENGR, qui est passé de 50 % en 1998 à 38 % en 2004. Le ratio de recouvrement et la productivité du personnel ont augmenté. Lorsque le deuxième contrat de gestion passé avec Ondeo a pris fin, la NWSC a maintenu les mêmes normes de performance sans la participa- tion du secteur privé. Les IDAMC ont ainsi assuré le maintien d’une bonne performance. Contrat basé sur la performance pour la fonction commerciale. Lorsque l’ONEA a sollicité l’aide de bailleurs pour la réalisation d’un vaste projet d’approvisionnement en eau brute, la Banque mondiale lui a suggéré de recourir à un contrat d’affermage, en raison du succès qu’avait connu cette formule au Sénégal. Cependant, le Burkina Faso préconisait plutôt le maintien d’un service d’utilité publique contrôlé par l’État. On a donc élaboré un modèle de rechange fondé sur de solides dispositifs de responsabilisation de multiples interve- nants et sur un contrat basé sur la performance passé avec une société spécialisée afin de stimuler la performance commerciale de l’ONEA. Les partenaires financiers ont jugé cette proposition crédible, et les projets d’approvisionnement en eau brute et de réforme insti- tutionnelle de l’ONEA ont été mis en œuvre d’une manière parallèle. L’ONEA a conclu avec la société Veolia un contrat de services de gestion commerciale basée sur la performance pour la période 2001-2006 (Marin, Fall et Ouibiga, 2010). Veolia a détaché deux directeurs adjoints et des conseillers à court terme au service commercial et au service des finances de l’ONEA. Ces derniers ont veillé à la mise en place de nouveaux systèmes de comptabilité et de gestion de la clientèle, et aidé l’ONEA à démasquer les clients Performance des services d’eau en Afrique 95 illégaux, à améliorer les opérations de lecture et de réparation des compteurs d’eau, et à améliorer le service à la clientèle. Après avoir accusé un recul initial de 85 à 78 %, l’efficacité du système de recouvrement a atteint 95 % à la fin du contrat. L’ONEA a depuis maintenu des taux de recouvrement des recettes supérieurs à 95 %, y compris auprès des services de l’État qui sont tenus de régler leurs factures d’eau en vertu des dispositions du contrat de performance. Supervision officielle par les parties prenantes. Le comité de supervision de l’ONEA composé de multiples parties prenantes est un autre modèle novateur utilisé par l’Office. La direction de l’ONEA a confié à ce comité la tâche importante de veiller à ce que le service et l’État s’ac- quittent pleinement des responsabilités qui leurs sont dévolues en vertu du mandat contrac- tuel (contrat de performance assorti d’objectifs opérationnels). Le comité multipartite est composé de représentants des clients, des ONG et des donateurs ; il contrôle la performance du service et de l’État dans l’application des conditions du contrat en s’appuyant sur des rapports financiers et techniques vérifiés par un tiers indépendant. Son rôle de supervision est axé sur une réunion annuelle pour la préparation de laquelle les membres reçoivent non seulement un rapport sur les performance de l’ONEA mesurées à l’aune des dispositions du contrat, mais aussi les rapports d’un auditeur financier et d’un auditeur technique chargés de veiller à la qualité de l’information. Les rapports de ces auditeurs indiquent le degré de confiance qu’ils attachent aux informations présentées. Les auditeurs comparaissent en personne devant le comité pour expliquer les conclusions de leurs rapports. Services d’eau nationaux comme modèles de l’élargissement des services d’approvisionnement en eau Le débat se poursuit sur l’envergure optimale des services d’eau et sur la question de savoir si ces derniers devraient être organisés et surveillés par des entités nationales, régionales ou locales. Les cinq services d’eau de notre échantillon sont de grande envergure et desservent plus de 3 millions de personnes. Quatre d’entre eux sont des services nationaux. Ainsi, il n’est pas possible à partir de ce seul échantillon de régler la question de l’envergure optimale. Cependant, les études de cas démontrent que les services nationaux peuvent effectivement réussir à étendre leur couverture à de petites villes. En Ouganda, la zone de desserte de la NWSC est passée de 3 villes (1972) à 15 villes (2003) et à 23 villes (2013)5. Les trois villes originales étaient des centres urbains relativement grands : Kampala, Jinja et Entebbe. Depuis, le service a élargi sa couverture à des villes plus petites qui étaient déjà dotées de réseaux d’adduction d’eau. Le système fonctionne parce que les petites villes bénéficient du savoir-faire managérial et technique de la NWSC. En  outre, les villes s’interfinancent l’une l’autre. En 2013, 14 des 23 villes desservies affi- chaient des coûts unitaires moyens de production supérieurs au tarif moyen pondéré. Kampala, d’où proviennent plus de 60 % des recettes, présente le coût unitaire moyen de production le plus bas. 96 Performance des services d’eau en Afrique En Côte d’Ivoire, le contrat de concession attribué à la Société d’Aménagement Urbain et Rural (SAUR) en 1959 ne concernait que les services d’approvisionnement en eau fournis à années suivantes, la SODECI (l’opérateur) a signé Abidjan, la capitale. Au cours des 15  d’autres contrats avec les autorités locales de 10 villes supplémentaires. En 1974, la SODECI est devenue responsable des systèmes d’approvisionnement en eau du pays tout entier. Depuis 2014, elle dessert près de 900 villes. On constate une évolution semblable de la situation au Sénégal et au Burkina Faso. Les études de cas ne permettent pas de conclure que les services nationaux sont plus perfor- mants que les services régionaux ou locaux en matière d’approvisionnement en eau des centres urbains de plus petite taille. Elles démontrent en revanche que les services natio- naux sont en mesure de desservir les villes plus petites. Conclusions Les études de cas montrent qu’il existe des services d’eau performants en Afrique. Les ser- vices qui ont fait l’objet de ces études montrent que l’efficience opérationnelle et la perfor- mance financière sont liées. Les services d’eau viables sont capables de couvrir leurs coûts d’exploitation et leurs dépenses d’entretien et de générer des recettes excédentaires pour couvrir au moins en partie la dépréciation des infrastructures existantes et permettre le rem- boursement d’une partie de leur dette. Néanmoins, même si les cinq études de cas montrent que les services d’eau Africains peuvent effectivement générer les recettes requises à ces fins, elles montrent également que plusieurs ne génèrent pas suffisamment de fonds pour couvrir l’ensemble de leurs investissements. L’accessibilité financière demeure un défi pour les services visés par les études de cas. Une hausse des tarifs d’eau n’engendre pas nécessairement de meilleurs revenus si le taux de non paiement des factures augmente. Dans certains cas, les services les plus perfor- mants ont eu recours à l’interfinancement pour réduire efficacement le fardeau des consommateurs résidentiels, mais cette stratégie a parfois conduit à une réduction impor- tante de la clientèle due au départ des consommateurs non résidentiels. La plupart des services visés par les études de cas ont réussi, en recourant à divers degrés d’interfinance- ment, à rendre leurs services plus abordables. Cependant, seulement deux des cinq — NCWSC de Nairobi et SDE — offrent l’accès à des réseaux d’adduction à un niveau supérieur aux seuils établis par l’OMS pour assurer de bonnes conditions de santé et d’hygiène (c’est- à-dire au moins 50 lhj pour les consommateurs résidentiels). Pour assurer la viabilité financière à long terme des services d’eau, l’interfinancement devra faire en sorte que les tarifs plus élevés imposés aux clients non résidentiels ne dépassent pas ceux correspon- dant aux sources d’approvisionnement de rechange (par exemple, sources d’eau souter- raine). Si ces tarifs sont trop élevés, la clientèle non résidentielle sur laquelle comptent les services d’eau pour assurer l’interfinancement au profit des clients résidentiels finira à terme par s’éroder. Performance des services d’eau en Afrique 97 Les contrats incitatifs peuvent permettre d’améliorer la performance. La prise d’engage- ments crédibles fondés sur des contrats ayant force exécutoire entre les parties publiques et privées, sur des contrats incitatifs passés avec des équipes de direction, sur des contrats basés sur la performance ou sur des contrats passés avec de multiples parties prenantes ont permis d’assurer la pérennité de modèles fructueux de gouvernance et de gestion des services d’eau. Les quatre services d’eau performants de notre échantillon — NWSC, SDE/SONES, ONEA et SODECI — utilisent ou ont déjà utilisé des contrats incitatifs. Notes 1. La présente section se penche en particulier sur la façon dont les services d’eau ont financé l’amélioration de leurs services d’approvisionnement en eau. Les études de cas montrent que leurs efforts d’extension du réseau d’adduction ont porté fruit. Pour des raisons techniques et financières, la couverture en assainissement n’a pas connu les mêmes succès. En rai- son des difficultés que présente l’élargissement de l’accès aux services d’assainissement et comme cette responsabilité n’est pas du ressort de certains des services d’eau de notre échantillon, nous avons limité notre analyse à l’approvisionne- ment en eau. 2. Rapports de fin d’exécution, Projet sectoriel eau ; Rapport de fin d’exécution, Projet sectoriel eau à long terme. Note : Ces projets incluaient un élément d’assainissement dont la supervision était assurée par l’ONAS, et non par la SDE ni la SONES. 3. Ce tarif très élevé imposé aux clients gouvernementaux équivaut en fait à une subvention de l’État en faveur du service d’eau. 4. Toutes les données sont tirées de l’Enquête démographique et de santé (EDS) sauf dans le cas de Dakar (2000), où elles proviennent de l’Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS). Les villes de Dakar et de Ouagadougou représentent chacune environ la moitié de la population totale des zones de desserte respectives de la SDE et de l’ONEA. Ces données ne s’appliquent qu’aux capitales et diffèrent de celles portant sur les zones de desserte entières qui incluent des régions et des villes à l’extérieur des capitales. 5. La NWSC opérait dans 146 villes en mars 2016. Cependant, les études de cas n’ont pas pris en compte les données de perfor- mance ultérieures à 2014. Références Marin, Philippe, Matar Fall et Harouna Ouibiga. 2010. Corporatizing a Water Utility: A Successful Case Using a Performance Based Service Contract for ONEA in Burkina Faso. Gridlines Note No. 53. Washington, DC: PPIAF, Banque mondiale. Whittington, D., W. M. Hanemann, C. Sadoff et M. Jeuland. 2009. “The Challenge of Improving Water and Sanitation Services in Less Developed Countries.” Foundations and Trends in Microeconomics 4 (6–7): 469–609. 98 Performance des services d’eau en Afrique © Alexander Danilenko/Banque mondiale. Autorisation nécessaire pour toute autre utilisation. Chapitre 8 Enseignements Nul ne s’accorde sur ce que l’on entend par bonne performance des services d’eau. Dans le pré- sent rapport, la bonne performance a été définie comme le fait de fournir des services d’appro- visionnement en eau et de traitement des eaux usées qui soient efficaces, abordables, viables, et d’une qualité suffisante. La performance a donc de multiples dimensions. Une définition axée sur ces différents aspects de la performance (financière, opérationnelle et client) a été utilisée ici. Lors de la désagrégation des différents éléments mesurant la performance finan- cière, la performance client et la performance opérationnelle, la couverture étant examinée séparément, il est apparu que ces quatre indicateurs ne sont généralement pas très fortement corrélés (hormis la couverture en eau courante et la performance client), ce qui signifie qu’une bonne performance dans un domaine ne se traduit pas nécessairement par de bons résultats dans d’autres. Même dans le cas des services d’eau retenus pour les études de cas, générale- ment performants, certains aspects, notamment ceux ayant trait à la performance client, ne sont pas particulièrement bien définis. Les régimes incitatifs existant au sein et en dehors du secteur peuvent fausser certains aspects de la performance. Les conclusions de l’étude docu- mentaire sur les économies d’échelle et de gamme ont été confirmées, tandis que la gestion de l’économie et la gouvernance influencent également la performance des services d’eau. Enseignement 1 : Bien que les services d’eau africains soient généralement peu performants, des services d’eau relativement performants existent sur le continent Les services d’eau performants affichent généralement une bonne performance opération- nelle et financière. La performance varie énormément entre les pays et au sein de ceux-ci. Performance des services d’eau en Afrique 99 L’approvisionnement en eau est semble-t-il un service local et les circonstances locales influencent fortement la performance des services d’eau. Malheureusement, les données collectées n’ont pas pu rendre compte de toutes les particularités locales. La diversité des cir- constances locales peut inclure, entre autres, la distance jusqu’aux sources d’eau, la qualité des ressources en eau disponibles aux services d’eau et aux usagers, la disponibilité d’autres ressources en eau, la configuration spatiale et les niveaux de développement économique qui influencent le coût des infrastructures et de la prestation des services, les types de consommateurs, la volonté des usagers de se raccorder au réseau et de payer les services fournis, mais aussi la qualité de la gestion. Enseignement 2 : La performance client est relativement faible, même au sein des services les plus performants La performance client n’est pas nécessairement très bien développée dans les services d’eau afri- cains, surtout lorsqu’on la compare aux niveaux de référence mondiaux. L’approvisionnement en eau est généralement assuré pendant moins de 24 heures par jour. Les niveaux de service de nombreux services d’eau sont relativement faibles par rapport aux autres pays du monde, et services dépendent beaucoup plus des branchements collectifs et des bornes-fontaines ces  publiques. Il s’ensuit que la consommation par habitant y est nettement plus faible. La consom- mation d’eau des ménages est généralement très faible ; dans le cas de nombreux services d’eau, il est inférieur à 50 lhj (qui correspond au volume minimum défini par l’Organisation mondiale de la Santé [OMS] pour garantir de bonnes conditions de santé et d’hygiène). Bien que les tarifs ne soient pas nécessairement bas, les très faibles niveaux de consommation fournissent aux services d’eau des recettes relativement peu élevées (en particulier lorsqu’ils sont de petite taille). Cette faible consommation incite également moins les consommateurs d’eau à utiliser le service ou à se raccorder au réseau plutôt que d’utiliser d’autres sources d’eau, au moins en ce qui concerne les services fournis (niveaux de consommation, commodité du service qui est limitée si les ménages partagent des branchements et/ou doivent s’alimenter à des bornes publiques, en plus des nombreuses interruptions de l’approvisionnement). L’étude a montré que l’amélioration des niveaux de service, mesurés par la performance client, est étroitement liée à la couverture en eau courante. Il s’ensuit que, lorsque d’autres sources d’eau sont dispo- nibles, les faibles niveaux de service fournis peuvent dissuader les ménages de se raccorder au réseau d’eau courante. Enseignement 3 : Les principaux facteurs influençant la performance des services d’eau sont liés au coût, tandis qu’un environnement favorable bénéficiant d’une bonne gestion économique est également important L’étude a révélé que les économies d’échelle sont l’un des principaux facteurs influençant la performance des services d’eau : la taille (mesurée par la taille de la population ayant accès aux services d’eau) compte, mais lorsqu’elle devient trop importante, les avantages se transforment en inconvénients. Les économies de gamme ont également de l’importance. 100 Performance des services d’eau en Afrique Les services traitant les eaux usées sont généralement plus performants, bien que leur cou- verture soit particulièrement faible, en particulier dans les pays africains à faible revenu ; ceci est sans doute lié au fait que le produit intérieur brut (PNB) des pays où ces services sont disponibles est plus élevé. Une autre conclusion, liée aux économies d’échelle et de gamme, a trait à l’impact des coûts (mesuré par les coûts d’exploitation et d’entretien par mètre cube d’eau produite ou par la part des frais de personnel dans les coûts totaux) : plus les coûts d’exploitation et d’entretien par mètre cube d’eau sont élevés, et plus la performance des services baisse. Une grande partie des coûts d’exploitation et d’entretien découlent des déci- sions en matière d’investissement, qui entraînent des coûts pour les décennies à venir. Il est donc important de bien évaluer ces décisions. D’autres facteurs influençant la performance des services d’eau échappent au contrôle de ces derniers. La qualité de la gestion écono- mique des pays où ils sont implantés a ainsi son influence : plus elle augmente et plus la performance des services d’eau est élevée. Enseignement 4 : L’élargissement de la couverture en eau courante en Afrique nécessitera d’importants investissements qui devront le plus souvent être financés par l’État La performance client (c’est-à-dire la qualité des services) a un impact direct sur l’élargisse- ment de la couverture en eau courante. L’amélioration de la gestion économique et du revenu national brut (RNB) a un impact positif sur la couverture, car elle est fréquemment liée à la disponibilité de fonds d’investissement destinés au secteur. Plus les revenus par habitant augmentent et plus de fonds pourront être consacrés à l’eau, assurant ainsi la viabi- lité des services. L’expérience montre que la majorité des services peuvent fournir un accès plus ou moins universel à l’eau lorsqu’ils atteignent un certain niveau de développement économique ; et la bonne gestion des services de traitement des eaux usées nécessite un niveau de développement économique encore plus élevé. Dans l’échantillon considéré, le lien entre la performance financière des services d’eau et la couverture en eau courante n’existe que pour certains d’entre eux. Pour les autres, la contri- bution de la bonne performance financière à la couverture est très faible. Il ressort de ce qui précède que la majorité des services d’eau, en particulier les services de petite taille des pays à faible revenu, ne sont pas en mesure d’élargir l’accès à l’eau en améliorant leur perfor- mance financière et dépendent pour cela de financements externes. Les études de cas ont confirmé ces conclusions : une grande partie des services d’eau performants dépendent tou- jours de l’État pour financer leurs investissements. L’élargissement de la couverture en eau courante devra donc être soutenu par la volonté de l’État de financer le secteur, d’autant plus que l’investissement actuel est essentiellement limité à l’approvisionnement en eau (en d’autres termes, la majorité des services d’eau des pays africains, en particulier de ceux à faible revenu, ne s’occupent pas du traitement des eaux usées). À de rares expressions près, les services d’eau ne fonctionnent pas efficace- ment, comme le montrent les résultats de l’analyse d’enveloppement des données (AED) – la Performance des services d’eau en Afrique 101 majorité de ces services sont très loin de la frontière déterminée par l’AED. Les études de cas pour lesquelles des données étaient disponibles ont montré que des niveaux de dépenses d’investissement plus efficaces augmentent l’espace financier des services d’eau. Alors que de nombreux services sont peu performants, les financements publics destinés au secteur devraient faire l’objet de critères beaucoup plus stricts au niveau de la sélection des investissements et des priorités, car ces décisions détermineront les coûts d’exploitation et d’entretien pour les décennies à venir. Les critères de sélection des investissements doivent, entre autres : a) être liés à des processus et méthodes plus exhaustifs de sélection des projets d’investis- sement (conformité aux procédures applicables aux questions techniques, économiques, financières et sociales) ; b) accorder une attention suffisante à la performance du service concernant son fonctionne- ment et l’entretien de ses infrastructures existantes et futures afin d’assurer la viabilité à long terme des services d’approvisionnement en eau (et de traitement des eaux) en veil- lant à ce que ces investissements aient un rendement optimal et à ce que le coût intégral du cycle de vie soit pris en compte lors des décisions d’investissement ; c) veiller à ce que le développement des investissements soit assorti de celui de la capacité institutionnelle de gestion ; et d) mettre en place des politiques de financement du secteur appropriées et transparentes (c’est-à-dire des tarifs et des politiques de subvention garantissant l’exploitation et l’en- tretien adéquats des infrastructures). Enseignement 5 : Des mesures spécifiques sont nécessaires pour veiller à ce que les progrès en matière de recouvrement des coûts financiers ne nuisent pas à l’accessibilité financière des services Les services les plus performants ont généralement des tarifs d’approvisionnement en eau plus élevés. Mais l’accessibilité financière reste un important enjeu pour de nombreux ser- vices, même si la majorité d’entre eux ne fournissent que des services d’approvisionnement en l’eau1. Dans certains cas, les services les plus performants ont utilisé des subventions croi- sées avec d’excellents résultats pour réduire le fardeau pesant sur les particuliers, mais cette pratique a parfois entraîné un déséquilibre important au niveau de la clientèle, en découra- geant les usagers non domestiques. La majorité des services d’eau des cinq études de cas ont réussi à améliorer l’accessibilité financière de l’approvisionnement en eau grâce à des sub- ventions croisées. Mais seulement deux d’entre eux (la NCWSC de Nairobi et la SDE du Sénégal) ont réussi à fournir des services d’approvisionnement en eau à des niveaux supé- rieurs au seuil fixé par l’OMS pour veiller à de bonnes conditions de santé et d’hygiène (c’est- à-dire entre 50 et 100 lhj pour les particuliers). Si les subventions croisées permettent d’améliorer l’accessibilité financière des services, il convient de veiller à ce que les tarifs élevés facturés aux usagers non domestiques ne soient pas supérieurs aux coûts des autres 102 Performance des services d’eau en Afrique sources d’approvisionnement en eau (tels que les eaux souterraines) pour éviter que ces usagers ne quittent le réseau. Enseignement 6 : La disponibilité de données est essentielle pour évaluer la performance et orienter la planification du secteur La disponibilité de données fiables et exhaustives est essentielle pour pouvoir évaluer la performance des services en Afrique et ailleurs. L’équipe chargée de la présente analyse a pu utiliser un instrument ayant fait ses preuves, tel que le Toolkit IBNET. Cela dit, la qualité et, surtout, l’exhaustivité des données collectées continuent de poser d’importants problèmes. Des données institutionnelles ont été collectées mais les taux de réponse étaient bas ; les services d’eau ne collectent pas toujours des données de base sur leur performance. De nom- breux professionnels ont grand besoin de données autres que les données financières et opérationnelles de base collectées dans le cadre de cette étude. Le suivi de la performance est fort courant dans les pays dotés d’un organe de réglementation actif. Et il est générale- ment peu développé dans ceux qui en sont dépourvus. Mais il est difficile d’améliorer la performance en l’absence de données fiables ou de mécanismes de communication de base avec le public (les états financiers vérifiés par des auditeurs externes sont rares). Il est à noter que l’utilisation d’un ensemble fort restreint d’indicateurs peut fausser les résultats. Le recouvrement des coûts (d’exploitation et d’entretien à tout le moins) est devenu un important moyen de mesure de la performance des services. Bien qu’un grand nombre de services africains couvrent en théorie leurs coûts d’exploitation et d’entretien, leur performance en matière de flux de trésorerie est un important problème car l’efficacité du système de recouvrement est généralement inférieure à 100 %. Autrement dit, les fonds reçus sont insuffisants pour couvrir leurs dépenses de base, entraînant ainsi le déclin des niveaux de service et le ralentissement de l’élargissement de l’accès à l’eau courante. Les données sur l’efficacité du recouvrement (sans parler des fonds de roulement) sont rare- ment ou partiellement déclarées (certains groupes de consommateurs étant ignorés) ce qui veut dire qu’un service peut, en théorie au moins, être en mesure de générer des recettes suffisantes pour couvrir ses coûts d’exploitation et d’entretien. Enfin, la majorité des services d’eau ont une connaissance limitée du comportement de leurs clients. D’importantes disparités existent entre les données concernant l’approvision- nement en eau fournies par les services et celles fournies dans le cadre des enquêtes sur les ménages. Les services d’eau devraient fréquemment examiner leurs connaissances sur les comportements de leurs clients afin de mieux prédire la demande pour pouvoir élaborer des plans d’investissement appropriés. Note 1. En règle générale, les services de traitement des eaux usées sont sensiblement plus coûteux que ceux d’approvisionne- ment en eau. Performance des services d’eau en Afrique 103 Annexe A Performance client et couverture en eau courante Performance des services d’eau en Afrique 105 106 Tableau A .1. Performance client et couverture en eau courante, niveau national Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de Couverture fonctionnement comprises) de fonctionnement) Consommation Pays Service d’eau Couver-ture (%) fonctionne-ment des coûts totale (lhj) Performance en Performance Performance en Performance par jour d’exploitation matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Bénin SONEB S.A.U. 68,44 24,0 37,94 1,5 0,752 0,814 0,628 0,752 Burkina Faso ONEA 78,63 23,0 47,44 0,83 0,793 0,783 0,690 0,711 Congo, Rép. REGIDESO 25,69 69,59 0,63 0,303 0,370 0,454 0,493 dém. du Côte d’Ivoire SODECI 66,74 16,6 39,33 1,04 0,645 0,721 0,621 0,731 Guinée-Bissau EAGB Guinea- 21,23 8,0 166,12 0,483 0,612 0,558 0,705 Bissau Lesotho Lethoto WASCO 56,00 18,0 135,42 0,98 0,770 0,799 0,780 0,816 Malawi LWB 65,79 20,0 92,05 0,86 0,830 0,819 0,829 0,815 Mali SOMAGEP-Mali 67,68 72,71 1,15 0,779 0,834 0,668 0,779 Niger SPEN 86,71 22,0 63,85 0,851 0,888 0,818 0,878 Rwanda Rwanda WASAC 77,72 12,0 31,01 0,612 0,709 0,667 0,778 Sénégal SDE 97,94 22,8 58,85 1,39 0,874 0,906 0,811 0,874 Togo SODECA 40,01 40,38 0,65 0,326 0,392 0,489 0,522 Ouganda NWSC 77,82 20,0 51,97 1,36 0,739 0,804 0,691 0,794 Tableau A .2. Performance client et couverture en eau courante, niveau régional Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Couver-ture Consommation Couverture des coûts Pays Service d’eau fonctionne- (%) totale (lhj) d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Kenya Tavevo 72,13 103,99 0,1 0,907 0,702 0,861 0,603 Kenya Thika 95,09 15,0 94,93 1,12 0,875 0,906 1,000 1,000 Kenya Runda 100,00 15,0 145,21 1,09 0,875 0,903 1,000 0,996 Kenya Nyeri 85,07 14,07 95,65 1,08 0,862 0,893 1,000 0,995 Kenya Garissa 86,00 40,14 1,19 0,859 0,894 0,789 0,859 Kenya Nairobi 75,23 18,0 110,38 1,18 0,834 0,876 0,876 0,917 Kenya Kericho 77,33 21,02 0,95 0,770 0,793 0,656 0,724 Kenya Kakamega Busia 72,51 37,56 1,88 0,766 0,824 0,648 0,766 Kenya Mandera 25,84 102,44 1,09 0,753 0,812 0,629 0,749 Kenya Malindi 85,02 15,0 59,76 0,98 0,750 0,785 0,812 0,838 Kenya Moyale 66,67 8,22 1,0 0,727 0,773 0,590 0,698 Kenya Naivasha 64,73 7,39 1,39 0,720 0,790 0,580 0,720 Kenya Eldama Ravine 56,25 44,14 0,87 0,716 0,734 0,574 0,646 Kenya Mombasa 56,79 41,6 1,05 0,716 0,776 0,574 0,701 Kenya Nyanas 61,45 1,9 0,86 0,706 0,725 0,559 0,634 Kenya Tililbei 54,89 24,96 0,89 0,698 0,725 0,547 0,633 Kenya Kiamumbi 77,78 15,0 62,62 1,83 0,678 0,759 0,705 0,803 Kenya Isiolo 40,00 61,64 1,02 0,676 0,739 0,515 0,652 Kenya Eldoret 71,73 15,0 72,72 0,83 0,667 0,690 0,689 0,711 Kenya Nanyuki 91,23 8,75 64,28 1,3 0,667 0,750 0,818 0,879 Kenya Rumuruti 45,45 16,44 0,95 0,661 0,712 0,492 0,616 Kenya Muranga 78,13 14,16 53,15 0,98 0,660 0,717 0,694 0,759 Kenya Gusii 45,20 12,3 0,92 0,658 0,703 0,487 0,604 Kenya Machakos 41,21 14,03 1,19 0,646 0,734 0,468 0,646 Kenya Nakuru Rural 24,22 68,71 0,88 0,630 0,672 0,445 0,563 Kenya Kisumu 66,80 15,0 37,51 0,99 0,621 0,692 0,620 0,714 Kenya Kapenguria 29,31 37,07 0,83 0,621 0,654 0,432 0,539 107 tableau continue page suivante 108 Tableau A .2. continue Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Couver-ture Consommation Couverture des coûts Pays Service d’eau fonctionne- (%) totale (lhj) d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Kenya Embu 62,25 14,17 67,91 1,19 0,620 0,715 0,634 0,756 Kenya Kiambu 34,74 11,7 85,51 1,01 0,612 0,687 0,674 0,754 Kenya Nakuru 93,47 5,53 51,81 1,12 0,612 0,709 0,802 0,868 Kenya Iten Tambach 19,23 57,53 2,45 0,604 0,703 0,405 0,604 Kenya Amatsi 24,06 35,96 1,59 0,603 0,702 0,404 0,603 Kenya Mavoko 79,62 11,63 14,9 1,96 0,602 0,702 0,661 0,774 Kenya Lamu 68,18 11,7 60,27 0,99 0,598 0,673 0,654 0,735 Kenya Meru 58,72 13,47 66,78 1,05 0,597 0,686 0,615 0,727 Kenya Ruiru Juja 60,78 15,0 21,43 1,29 0,590 0,693 0,573 0,715 Kenya Gulf 20,43 28,84 0,82 0,586 0,626 0,379 0,501 Kenya Kilifi Mariakani 55,76 15,0 23,14 0,93 0,575 0,643 0,550 0,650 Kenya Tarda Kiambere 69,14 11,43 19,08 0,89 0,567 0,627 0,613 0,678 Kenya South Nyanza 12,04 15,53 1,42 0,549 0,662 0,324 0,549 Kenya Kitui 46,20 15,0 12,54 1,08 0,536 0,647 0,492 0,654 Kenya Limuru 40,00 14,99 32,72 1,04 0,529 0,634 0,481 0,637 Kenya Nzoia 62,77 8,82 39,85 1,02 0,524 0,625 0,602 0,710 Kenya Nyahururu 48,18 11,26 51,69 1,12 0,518 0,639 0,543 0,695 Kenya Kibwezi Makindu 38,38 14,98 21,07 0,84 0,515 0,576 0,461 0,560 Kenya Karuri 59,21 9,56 17,96 0,83 0,507 0,570 0,562 0,627 Kenya Olkalou 36,36 15,0 7,83 2,8 0,501 0,626 0,439 0,626 Kenya Narok 36,96 10,27 70,91 1,81 0,484 0,613 0,512 0,675 Kenya Mathira 31,54 2,89 82,19 0,97 0,479 0,579 0,658 0,731 Kenya Mwala 26,92 15,0 11,74 0,99 0,472 0,578 0,395 0,562 Kenya Lodwar 47,86 7,62 32,78 1,6 0,452 0,589 0,520 0,680 Kenya Wote 20,31 15,0 14,75 1,03 0,451 0,572 0,364 0,554 Kenya Kapsabet Nandi 45,45 5,74 60,27 0,94 0,440 0,543 0,540 0,645 Kenya Kikuyu 26,42 9,57 54,14 0,94 0,424 0,531 0,437 0,575 Kenya Namanga 57,89 3,01 27,4 1,75 0,418 0,564 0,565 0,710 tableau continue page suivante Tableau A .2. continue Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Couver-ture Consommation Couverture des coûts Pays Service d’eau fonctionne- (%) totale (lhj) d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Kenya Oloolaiser 27,07 9,12 40,33 0,97 0,409 0,528 0,424 0,577 Kenya Olkejuado 32,50 7,58 33,72 0,25 0,401 0,358 0,444 0,372 Kenya Kirinyaga 29,42 7,57 37,52 1,01 0,394 0,525 0,433 0,595 Kenya Matungulu Kangundo 26,09 8,06 27,4 1,15 0,382 0,537 0,406 0,604 Kenya Yatta 29,03 6,72 18,26 0,91 0,368 0,482 0,411 0,550 Kenya Sibo 23,17 7,4 26,32 1,0 0,363 0,498 0,390 0,562 Kenya NolTuresh Loitoktok 18,84 7,2 36,35 0,75 0,352 0,434 0,379 0,479 Kenya Mikutra 19,89 2,33 7,61 1,29 0,270 0,452 0,356 0,571 Kenya Kwale 17,01 1,41 28,8 0,99 0,261 0,420 0,362 0,540 Malawi CRWB 73,53 22,0 81,34 1,12 0,884 0,913 0,868 0,912 Malawi SRWB 77,82 22,0 73,97 1,36 0,786 0,840 0,721 0,814 Malawi NRWB 79,00 20,0 71,8 0,89 0,760 0,773 0,724 0,752 Malawi BWB 73,80 20,0 62,98 0,92 0,735 0,761 0,685 0,736 Mozambique Inhambane 95,43 24,0 82,85 0,88 1,000 0,951 1,000 0,935 Mozambique Tete 75,99 22,0 86,13 1,15 0,892 0,919 0,880 0,920 Mozambique Xai-Xai 107,54 24,0 67,13 0,83 0,881 0,851 0,822 0,801 Mozambique Chókwé 99,18 22,0 56,37 0,83 0,844 0,821 0,808 0,789 Mozambique Beira 71,04 24,0 65,61 1,2 0,783 0,838 0,675 0,783 Mozambique AdeM 63,13 17,0 81,6 0,93 0,780 0,797 0,816 0,827 Mozambique Maxixe 69,40 24,0 50,37 0,77 0,765 0,749 0,647 0,666 Mozambique Chimoio 53,27 24,0 65,56 1,1 0,724 0,793 0,586 0,724 Mozambique Pemba 72,78 10,0 111,97 1,22 0,715 0,786 0,864 0,909 Mozambique Quelimane 54,35 20,0 50,85 0,78 0,660 0,495 0,573 0,382 Mozambique Angoche 24,86 22,0 36,05 1,0 0,578 0,660 0,408 0,574 Mozambique Nacala 40,57 15,0 42,45 0,93 0,538 0,614 0,494 0,611 Mozambique Lichinga 21,79 17,0 63,54 0,86 0,520 0,587 0,426 0,546 Mozambique Nampula 50,11 9,0 43,16 1,06 0,487 0,605 0,543 0,682 109 tableau continue page suivante 110 Tableau A .2. continue Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Couver-ture Consommation Couverture des coûts Pays Service d’eau fonctionne- (%) totale (lhj) d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Mozambique Cuamba 14,61 10,0 47,81 0,57 0,386 0,419 0,370 0,420 Nigéria KSWB, Kaduna State 91,62 15,0 68,89 0,6 0,758 0,705 0,825 0,732 Nigéria JSWB, Jigawa State 100,00 16,0 14,05 0,11 0,730 0,573 0,762 0,542 Nigéria FCT WB, Abuja 32,78 24,0 202,28 5,52 0,690 0,767 0,535 0,690 Nigéria KGWB, Kogi State 53,58 18,0 58,17 0,635 0,727 0,578 0,719 Nigéria SSWB, Sokoto State 65,00 6,0 85,97 0,66 0,633 0,624 0,825 0,749 Nigéria KBSWB, Kebbi State 32,76 12,0 147,07 1,25 0,609 0,707 0,664 0,776 Nigéria KNSWB, Kano State 41,23 18,0 40,41 0,71 0,580 0,596 0,495 0,545 Nigéria BYSWB, Bayelsa 99,36 5,0 9,86 0,0 0,575 0,431 0,758 0,506 State Nigéria LWC, Lagos 39,83 17,7 17,89 0,38 0,556 0,503 0,465 0,425 Nigéria ASWB, Adamawa 33,33 8,0 143,21 0,52 0,556 0,534 0,667 0,601 State Nigéria ZSWB, Zamfara State 75,00 6,0 74,18 0,0 0,555 0,416 0,707 0,471 Nigéria ENSWC, Enugu State 69,37 9,0 14,22 1,34 0,531 0,648 0,609 0,740 Nigéria WCOS, Oyo State 53,90 12,0 4,98 1,3 0,516 0,637 0,524 0,682 Nigéria CRSWBL, Cross River 55,37 24,0 27,18 2,48 0,701 0,776 0,552 0,701 State Nigéria YSWC, Yobe State 67,00 6,0 58,97 0,07 0,514 0,401 0,646 0,451 Nigéria TSWSA, Taraba State 36,09 12,0 49,4 0,04 0,486 0,373 0,480 0,331 Nigéria PSWB, Plateau State 15,82 7,0 142,84 1,47 0,483 0,612 0,579 0,719 Nigéria ESUWB, Edo State 64,29 7,0 0,78 0,11 0,479 0,383 0,572 0,414 Nigéria ANSWC, Anambra 49,25 9,0 25,51 0,46 0,471 0,459 0,519 0,486 State Nigéria BSWB, Bauchi State 55,06 5,0 63,39 0,63 0,464 0,492 0,592 0,586 Nigéria EBSWC, Ebonyi State 12,42 18,0 7,4 0,26 0,462 0,405 0,318 0,290 Nigéria GSWB, Gombe State 41,48 9,0 44,41 0,09 0,459 0,366 0,501 0,363 Nigéria ABSWB, Abia State 60,00 5,0 16,54 0,07 0,446 0,351 0,565 0,398 tableau continue page suivante Tableau A .2. continue Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Couver-ture Consommation Couverture des coûts Pays Service d’eau fonctionne- (%) totale (lhj) d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Nigéria KTSWB, Katsina 40,00 9,0 30,57 1,09 0,444 0,582 0,478 0,650 State Nigéria OSWC, Osun State 37,00 9,82 22,04 0,23 0,440 0,382 0,455 0,373 Nigéria OGSWC, Ogun State 44,66 8,0 6,51 0,5 0,430 0,438 0,479 0,472 Nigéria NSWB, Nasarawa 30,55 6,0 72,65 0,15 0,405 0,339 0,483 0,368 Sate Nigéria AKWCL, Akwa Ibom 40,75 3,0 4,51 1,38 0,347 0,510 0,458 0,638 Nigéria DSUWB, Delta State 26,60 6,0 11,32 0,08 0,345 0,277 0,393 0,286 Nigéria RSWB, Rivers State 4,87 8,0 55,0 0,65 0,331 0,397 0,330 0,418 Nigéria BSWB, Benue State, 5,50 10,0 8,81 0,26 0,329 0,307 0,285 0,270 Makurdi. Nigéria ODWC, Ondo State 11,45 8,0 15,27 0,1 0,325 0,266 0,321 0,244 Nigéria NSWB, Niger State 12,64 5,0 30,0 0,0 0,297 0,223 0,341 0,227 Nigéria EKSWC, Ekiti State 20,00 4,0 7,25 0,04 0,293 0,228 0,356 0,249 Nigéria ISWC, Imo State 2,60 6,0 18,78 0,84 0,270 0,392 0,280 0,440 Zambie Southern WSC 89,24 21,0 82,25 1,26 0,958 0,969 1,000 1,000 Zambie Lusaka WSC 86,48 20,0 85,63 1,26 0,944 0,958 1,000 1,000 Zambie Kafubu WSC 86,71 17,0 91,64 1,45 0,903 0,927 1,000 1,000 Zambie Nkana WSC 94,87 15,0 78,49 1,44 0,875 0,906 1,000 1,000 Zambie North Western WSC 82,78 23,0 46,01 1,39 0,864 0,898 0,795 0,864 Zambie Lukanga WSC 69,23 20,0 122,93 0,99 0,842 0,856 0,846 0,863 Zambie Eastern WSC 114,25 20,0 66,79 0,83 0,826 0,807 0,822 0,798 Zambie Mulonga WSC 94,69 18,0 218,47 1,39 0,812 0,859 0,843 0,896 Zambie Chambeshi WSC 70,85 10,0 49,74 0,83 0,575 0,619 0,654 0,686 Zambie Luapula WSC 19,86 9,0 101,3 0,46 0,525 0,498 0,599 0,539 Zambie Western WSC 35,94 13,0 54,88 0,83 0,504 0,566 0,486 0,574 111 112 Tableau A .3. Performance client et couverture en eau courante, niveau municipal Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Consommation Couverture des Pays Service d’eau Couver-ture (%) fonctionne- totale (lhj) coûts d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Afrique du Sud Emfuleni 100,00 24,0 147,52 1,18 1,000 1,000 1,000 1,000 Afrique du Sud Mogale 100,00 24,0 142,42 0,85 1,000 0,943 1,000 0,924 Afrique du Sud Buffalo City 100,00 24,0 131,84 0,64 1,000 0,896 1,000 0,861 Afrique du Sud George 100,00 24,0 128,72 0,68 1,000 0,905 1,000 0,874 Afrique du Sud Nelson Mandela 100,00 24,0 140,05 1,35 1,000 1,000 1,000 1,000 Bay Afrique du Sud Rustenburg 100,00 24,0 145,19 0,98 1,000 0,974 1,000 0,965 Afrique du Sud Silulumanzi 100,00 24,0 153,33 0,15 0,993 0,778 0,989 0,704 Afrique du Sud EWS 100,00 24,0 157,68 0,66 0,984 0,888 0,976 0,850 Afrique du Sud The Msunduzi 100,00 24,0 159,39 0,84 0,980 0,925 0,971 0,900 Afrique du Sud Ekurhuleni 100,00 24,0 164,68 1,33 0,970 0,978 0,955 0,970 Afrique du Sud Drakenstein 100,00 24,0 182,04 1,39 0,941 0,956 0,912 0,941 Afrique du Sud Le Cap 100,00 24,0 184,4 0,7 0,938 0,862 0,907 0,816 Afrique du Sud Mangaung 100,00 24,0 196,13 0,92 0,922 0,900 0,882 0,867 Afrique du Sud Stellenbosch 100,00 24,0 196,46 1,16 0,921 0,941 0,882 0,921 Afrique du Sud Joburg Water 100,00 24,0 207,72 0,96 0,907 0,900 0,861 0,866 Afrique du Sud Sol Plaatje 100,00 24,0 208,34 1,41 0,907 0,930 0,860 0,907 Afrique du Sud Tshwane 100,00 24,0 246,11 1,2 0,870 0,902 0,805 0,870 Afrique du Sud Newcastle 100,00 24,0 0,0 0,18 0,833 0,666 0,750 0,555 Afrique du Sud Polokwane 100,00 24,0 0,0 0,61 0,833 0,763 0,750 0,685 Tanzanie Tanga 94,50 23,5 81,74 1,12 1,000 1,000 1,000 1,000 Tanzanie Moshi 89,40 20,0 110,15 1,05 0,944 0,947 1,000 0,984 Tanzanie Iringa 95,80 24,0 69,64 1,01 0,884 0,893 0,826 0,857 Tanzanie Mbeya 96,90 21,0 64,14 1,01 0,837 0,856 0,818 0,850 Tanzanie Dodoma 70,20 19,0 83,15 1,05 0,831 0,863 0,851 0,887 Tanzanie Musoma 66,50 18,9 96,36 0,88 0,818 0,814 0,833 0,822 Tanzanie Morogoro 72,00 17,4 88,44 0,47 0,815 0,717 0,860 0,715 Tanzanie Mwanza 72,50 22,0 70,12 1,04 0,765 0,811 0,689 0,775 tableau continue page suivante Tableau A .3. continue Définition large (heures de Définition étroite (hors heures Heures de fonctionnement comprises) de fonctionnement) Consommation Couverture des Pays Service d’eau Couver-ture (%) fonctionne- totale (lhj) coûts d’exploi-tation Performance en Performance Performance en Performance ment par jour matière de durabilité absolue matière de durabilité absolue Tanzanie Arusha 70,40 12,0 78,43 1,17 0,735 0,801 0,852 0,901 Tanzanie Babati 84,20 14,0 26,19 1,0 0,710 0,759 0,774 0,818 Tanzanie Bukoba 56,90 21,3 65,61 0,91 0,699 0,732 0,604 0,680 Tanzanie Mtwara 51,60 13,6 78,1 0,79 0,694 0,700 0,758 0,744 Tanzanie Tabora 71,00 18,2 49,77 0,92 0,689 0,727 0,655 0,716 Tanzanie Songea 76,50 17,1 36,18 0,74 0,682 0,679 0,667 0,668 Tanzanie Shinyanga 22,00 21,3 187,18 0,97 0,636 0,699 0,511 0,636 Tanzanie Singida 81,20 5,7 38,71 0,84 0,604 0,644 0,787 0,780 Tanzanie Kigoma 42,80 9,1 122,88 0,81 0,602 0,635 0,714 0,721 Tanzanie Sumbawanga 61,60 10,6 20,84 0,73 0,532 0,564 0,577 0,605 Tanzanie Bariati 33,61 16,0 15,87 0,33 0,510 0,457 0,432 0,387 Tanzanie DAWASCO 62,28 8,0 38,28 0,81 0,510 0,566 0,598 0,643 Tanzanie Lindi 70,00 6,0 14,11 0,32 0,492 0,442 0,612 0,506 Tanzanie Mpanda 71,24 3,0 44,0 1,17 0,474 0,606 0,649 0,766 Tanzanie Njombe 53,00 6,0 61,74 0,91 0,470 0,560 0,580 0,663 Tanzanie Geita 6,59 4,0 19,68 0,53 0,256 0,312 0,300 0,361 113 Annexe B Études de cas Burkina Faso, ONEA (Office National de l’Eau et de l’Assainissement) Contexte L’ONEA est un service public fournissant des services d’approvisionnement en eau et ­d’assainissement des eaux usées et des excrétas à 54 villes du Burkina Faso (Sawadogo 2015). Plus de 60 % de ses clients résident dans la capitale, Ouagadougou. L’ONEA a été créé en tant que service public d’approvisionnement en eau en 1985. L’accès à l’eau et la fiabilité de l’approvisionnement étaient médiocres au début des années 1990, et l’ONEA a été transformé en société d’État en 1994. La même année, le premier contrat-plan (contrat de performance assorti de cibles opérationnelles) a été conclu entre l’ONEA et l’État burkinabé. Un contrat axé sur la performance a par ailleurs été signé avec Veolia pour la période 2001–2006. Aujourd’hui, l’ONEA est détenu et exploité par l’État. Son contrat-plan avec l’État est supervisé par un comité multipartite où siègent des représentants des consommateurs, des organisations non gouvernementales et des donateurs. Ce comité suit la performance de l’Office et de l’État dans le cadre de leur contrat, en se fondant sur des rapports financiers et techniques vérifiés par des tiers. Ce suivi s’effectue essentiellement dans le cadre d’une réunion annuelle. Avant chaque réunion, les membres du comité reçoivent un rapport de l’ONEA comparant sa performance aux clauses du contrat, ainsi que les rapports d’un auditeur financier et d’un auditeur technique chargés de vérifier la qualité des informations fournies. Les rapports des audi- ­ teurs indiquent leur niveau de confiance dans ces informations. Les auditeurs présentent rapport en personne au comité. leur ­ Résultats Performance client Accès aux services d’eau. En 2000, l’ONEA desservait près de la moitié de la population de sa zone de desserte, soit 2,3 millions de personnes. En 2014, ce chiffre était de 4 millions de personnes sur 4,6 millions d’habitants (couverture de 86 %). Cette augmentation est d’autant plus remarquable que Ouagadougou est la ville d’Afrique subsaharienne s’étant la plus développée entre 2000 et 2015 (parmi les villes ayant une population de plus d’un million d’habitants en 2015). Au cours de cette période, son taux de croissance annuel moyen était de 7,5 % (Nations Unies, 2014). La croissance de la population de la zone de desserte et de la population desservie est illustrée au graphique B.1. Le graphique B.2 indique la croissance de la couverture en eau courante, définie comme la proportion de la population de la zone de desserte desservie par l’ONEA. Le détail des consommateurs desservis par des points d’eau individuels ou partagés et ceux desservis par des points d’eau publics est inclus pour les années 2006–14. Performance des services d’eau en Afrique 115 Graphique B.1. Comparaison entre la population desservie La baisse de la population desservie entre 2008 et 2009 et la population de la zone de desserte, 2000–14 est due à la révision des techniques d’estimation. Comme l’illustre le graphique B.2, le pourcentage de personnes 7 desservies par des points d’eau publics est resté relative- 6 ment constant depuis 2006, soit autour de 20 %, selon l’ONEA. Parallèlement, la part de la population desservie 5 par des points d’eau individuels ou partagés est passée de Millions de personnes 4 41 à 65 %. Cela dit, les données de l’enquête sur les ménages de 3 Ouagadougou dressent un constat différent. En 2010, 48 % seulement des résidents ont déclaré avoir l’eau courante à 2 domicile1 tandis que 46 % s’approvisionnaient à une fon- 1 taine publique. En d’autres termes, les données des EDS (pour Ouagadougou seulement) indiquent un accès limité 0 à l’eau courante à domicile, un accès plus élevé aux fon- 10 00 02 03 04 08 09 12 13 14 01 05 06 11 07 20 20 20 taines publiques, et un accès total supérieur à celui déclaré 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Population de la zone de desserte Population desservie par l’ONEA. Les données des EDS confirment que la part Source : IBNET, www.ib-net.org. des foyers raccordés au réseau a augmenté : en 2003, 37 % seulement des foyers ont déclaré avoir l’eau courante à domicile. Les données des EDS de 1993, 1995, 2003 et 2010 graphique  sont représentées au ­ B.3. Le nombre de per- Graphique B.2. Couverture en eau courante (population desservie divisée par population de la zone de desserte), sonnes desservies par branchement est illustré au 2001–14 graphique B.4. La stratégie de l’ONEA est de se concentrer dans un 100 premier temps sur l’amélioration de l’accès pour les ­ pauvres par le biais de fontaines publiques, puis d’aug- 80 menter le nombre de branchements individuels. Les don- dessous indiquent qu’elle est efficace. L’ONEA nées ci-­ Couverture (%) 60 prévoit que 80 % de la population de sa zone de desserte aura l’eau courante à domicile d’ici à 2030. Pour l’heure, le 40 nombre moyen de personnes par branchement reste élevé. 20 Ce nombre était de 13 en 2014, contre 19 en 2000. 0 Expansion du réseau et augmentation du nombre de branche- ments. Un projet d’expansion financé par la Banque et mis 10 02 03 08 09 12 13 04 14 11 01 06 05 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 en œuvre en 2004 s’est soldé par la croissance rapide du Couverture en eau courante, points d’eau individuels et partagés nombre de branchements et du réseau de distribution Couverture en eau courante, points d’eau publics (graphiques B.5 et B.6). Entre 2004 et 2014, le taux annuel ­ Couverture en eau courante moyen de branchement était de 15 %, soit une croissance Source : IBNET, www.ib-net.org. moyenne de 7 % par rapport à la décennie précédente. 116 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.3. Accès au service d’eau, Ouagadougou Fiabilité. Dans les années 1990, le Burkina Faso a souffert uniquement d’une grave pénurie d’eau. Aucune donnée n’est disponible pour cette période, mais il est établi que l’approvisionne- 100 ment en eau de l’ONEA était intermittent. Depuis la construc- 90 Accès, Ouagadougou uniquement (%) tion du barrage de Ziga, près de Ouagadougou, les services 80 de l’ONEA sont fiables 23 heures par jour (voir ­graphique B.7). 70 ­ ignificatif, d’autant plus que les res- Ce taux de fiabilité est s 60 sources renouvelables en eau douce du pays ne sont que de 50 732 m3 par habitant. Le projet Ziga II vise à offrir un service 40 24 heures sur 24 d’ici à 2017 (Sawadogo 2015). 30 20 Consommation d’eau. La consommation moyenne d’eau des 10 ménages est relativement faible (39 lhj). Les résidents 0 1993 1995 2003 2010 consomment environ 87 % du volume d’eau vendu. Fontaine publique Eau courante à domicile Accessibilité financière. L’accessibilité financière peut être Source : IBNET, www.ib-net.org. mesurée par la part des revenus consacrée à la consomma- Graphique B.4. Personnes desservies par branchement, tion d’eau. Le produit total des ventes divisé par le nombre de 2001–14 personnes desservies permet de mesurer les dépenses annuelles moyennes par habitant. Le revenu moyen par habi- 25 tant est estimé à partir du RNB par habitant du Burkina Faso. La division des dépenses d’eau par ce revenu moyen permet 20 d’obtenir la part des revenus consacrée à l’eau, qui s’élève à Personnes par branchement 2,7 % 2. À titre de comparaison, le niveau de référence régional 15 pour cet indicateur est de 1,22 %. Ce niveau correspond au premier quartile des services africains de l’échantillon ; en 10 d’autres termes, il s’agit de la valeur centrale entre l’eau à meilleur marché (ratio le plus faible) et la médiane. 5 L’accessibilité financière est limitée par la faible consomma- tion des ménages (environ 39 lhj, voir graphique B.8). 0 09 10 03 08 02 04 12 13 14 01 11 06 05 07 Potabilité. L’ONEA contrôle la qualité de l’eau et déclare que 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 les prélèvements respectent systématiquement la norme Source : IBNET, www.ib-net.org. définie pour l’eau potable. Mais les données sur la qualité de l’eau ne sont ni publiées ni vérifiées par des tiers. Performance opérationnelle ENGR. L’ONEA a maintenu de faibles niveaux d’ENGR depuis qu’ils sont comptabilisés (1995). Ceux-ci sont d’environ 20 % pour les 20 dernières années. L’ENGR par branche- ment et par jour a diminué de plus de moitié au cours de cette période, pour atteindre Performance des services d’eau en Afrique 117 Graphique B.5. Nombre de branchements au réseau 135 litres par branchement et par jour. Ce chiffre est proche du 350 niveau de référence mondial de 121 litres, et inférieur au niveau 300 de référence africain de 205 litres. L’évolution de l’ENGR 250 dans le temps, en litres par bran- Branchements au réseau chement et par jour et en pour- 200 centage de la production, est illustrée aux graphiques  B.9 et 150 B.10 respectivement. Les pics de 2004 correspondent à la mise en 100 service du barrage de Ziga. L’ENGR reste relativement 50 faible en pourcentage parce que la production et la consommation 0 augmentent plus ou moins au même taux annuel moyen (6 %). 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 L’ENGR en litres par branchement Source : IBNET, www.ib-net.org. et par jour diminue en raison de la forte augmentation du nombre de Graphique B.6. Expansion du réseau branchements malgré la hausse totale du volume d’ENGR. Le 9 000 comptage est quasiment univer- 8 000 sel sur toute la zone de desserte (97 % environ) depuis 2000. 7 000 6 000 Productivité du personnel. La Km de conduites productivité du personnel a 5 000 ­ nettement augmenté, le nombre 4 000 d’employés par 1 000 branche- ments tombant de 10 à 3 entre 3 000 2000 et 2014 (voir ­graphique B.11). 2 000 Cette amélioration a été enregis- trée dans un contexte d’augmen- 1 000 tation de l’effectif et de la 0 productivité. Elle a été possible car l’expansion du réseau a été 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 nettement plus rapide que celle Source : IBNET, www.ib-net.org. de l’effectif. 118 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.7. Heures d’approvisionnement par jour, L’efficacité du personnel de l’ONEA (recettes par employé 2006–14 divisées par coûts de la main-d’œuvre par employé, ou ­ simplement recettes divisées par coûts de la main- 24 d’œuvre) est passée de 5 en 2003 et 2004 à 4 de 2009 à 20 2013. Avec une efficacité de 3,94 en 2013, l’ONEA se situe en deçà du niveau de référence régional de 4,213. 16 Heures par jour Performance financière 12 Efficacité du recouvrement. L’ONEA a sous-traité sa gestion 8 commerciale à Veolia entre 2001 et 2006 dans le cadre d’un contrat axé sur la performance (Marin, Fall, et Ouibiga 2010). 4 Dans ce cadre, Veolia a détaché deux directeurs adjoints, 0 ainsi que des conseillers à court terme, auprès des services commerciaux et financiers de l’ONEA. De nouveaux sys- 09 10 08 12 13 14 06 11 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 tèmes comptables et de gestion de la clientèle ont été mis en Source : IBNET, www.ib-net.org. place et ont aidé l’ONEA à identifier les clients illégaux, à améliorer le relevé et l’entretien des compteurs ainsi que les services à la clientèle. Après un déclin initial de 85 à 78 %, Graphique B.8. Volume de consommation des ménages, 2001–14 l’efficacité du recouvrement était de 95 % à la fin du contrat (voir graphique B.12). 60 Le ratio de recouvrement est resté supérieur à 95 % depuis cette date. Ce chiffre couvre le recouvrement auprès de 50 l’État, qui est tenu de régler ses factures d’eau selon les Litres par personne et par jour conditions stipulées dans le contrat-plan. Le ratio de 40 recouvrement de l’ONEA pour les années 2001 à 2013 est illustré au graphique B.12. 30 20 Couverture des coûts d’exploitation. Le RCCE de l’ONEA a fluctué avec le temps, avec un maximum de 1,63 en 10 2007. Ce pic est attribué à l’augmentation des recettes consécutive à la mise en service du barrage de Ziga et 0 aux efforts connexes d’expansion du réseau. En 2012 et 2013, le ratio des coûts d’exploitation a atteint son 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 niveau le plus bas depuis 2002, soit 1,19 et 1,13 respecti- Source : IBNET, www.ib-net.org. vement. Les dépenses d’exploitation ont presque dou- blé entre 2008 et 2013, tandis que la part des dépenses hors personnel a également augmenté. L’évolution du ratio de couverture des coûts d’exploitation est illustrée au graphique B.13. Les tarifs réels moyens et les coûts réels moyens par m 3 en monnaie nationale sont donnés au graphique B.14. Les montants en équivalent dollars y sont également indiqués pour 2013. Performance des services d’eau en Afrique 119 Graphique B.9. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 1995–2014 En termes réels, le tarif moyen de l’ONEA a baissé depuis 2002 350 à un taux annuel moyen de 1,7 %. En 2013, il était équiva- 300 lent à 1,12 dollar. Les coûts réels moyens ont fortement fluctué entre 2002 et 2013. Ils étaient de 250 Litres par branchement et par jour dollar en 2013. L’ONEA 0,99  subventionne la consommation 200 couvrant les besoins essentiels en facturant des tarifs beau- 150 coup plus élevés pour toute consommation qu’il juge exces- sive. Le tarif appliqué à la pre- 100 mière tranche de consommation (jusqu’à 8 m3 par mois) ne 50 représente que 18 % du tarif fac- consommation turé pour une  0 supérieure à 30 m3. Ce tarif sub- ventionné est de 0,39 dollar/m3, 95 96 03 97 98 99 00 01 02 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 contre 2,16 dollars/m3 au-delà Source : IBNET, www.ib-net.org. de 30 m3. Ce tarif vise à décourager toute consomma- tion excessive4. Deux autres tranches tarifaires sont prévues Graphique B.10. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production pour la consommation des ménages : entre 9 et 15 m (0,89 3 60 dollar) et entre 16 et 30 m 3 (1,06 50 dollar). Le tarif aux bornes-­ fontaines est identique au 40 tarif  pour besoins essentiels ENGR (%) 30 (0,39 dollar/m3)5. Le tarif non 20 dol- résidentiel est fixé à 2,16  lars/m3, quel que soit le volume 10 consommé, pour subventionner 0 les petits consommateurs. Les clients industriels représentent 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 5 % de la consommation en Source : IBNET, www.ib-net.org. volume6. 120 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.11. Effectif et employés par 1000 Transparence financière. L’ONEA ne publie pas de rapports branchements (eau et assainissement), 2000–14 annuels ou d’états financiers. Le contrat-plan pour 2015 (assorti de cibles) est publié sur son site, mais les chiffres Employés par 1 000 branchements 1 200 12 effectifs n’y figurent pas. Les tarifs sont disponibles en 10 962 1 000 10 ligne. Nombre d’employés 800 8 575 600 6 Investissement. Pour améliorer l’accès et ses services, 400 3 4 l’ONEA a investi 600 millions de dollars entre 2002 et 20137, soit environ 23 dollars par personne desservie et par an. Le 200 2 B.15 indique les sources et les montants des graphique  0 0 investissements réalisés au cours de cette période. Environ 20 0 20 0 20 8 20 9 02 20 03 20 2 20 3 14 20 1 20 11 20 4 20 6 20 05 20 7 0 1 1 0 0 0 1 0 0 0 52 % provenaient de subventions, 19 % de fonds propres et 20 20 Effectif total Employés par 1 000 branchements 29 % de prêts. La trésorerie d’exploitation de l’ONEA lui per- Source : IBNET, www.ib-net.org. met d’assurer le service de sa dette. Le projet d’alimentation en eau de Ouagadougou (269 Graphique B.12. Ratio de recouvrement, 2001–13 millions de dollars, 2001–07) a été un programme majeur appuyé par la Banque et dix autres donateurs. La Banque 95% 97% 100 85% a ainsi prêté 70 millions de dollars au gouvernement 90 78% Ratio de recouvrement (%) burkinabé. Sur ce montant, 28 millions de dollars ont 80 70 été prêtés à l’ONEA tandis que 42 millions de dollars ont 60 Contrat Veolia été donnés en tant qu’apport de capital. Le taux d’inté- 50 40 (2001–06) rêt était de 5,4 % et la durée de remboursement de 20 30 ans (dont un délai de grâce de 10 ans). Le programme 20 10 comprenait l’expansion du réseau de distribution et la 0 construction du barrage de Ziga, du réservoir de Boudtenga (5 400 m 3), d’une station de traitement et 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 d’une station de pompage. L’augmentation de la pro- Source : IBNET, www.ib-net.org. duction d’eau se solda par une fiabilité presque totale de l’approvisionnement (23 heures par jour), alors qu’il était intermittent avant le projet. Une autre composante du projet fut le recrutement de Veolia dans le cadre d’un contrat axé sur la performance, pour mieux gérer la fonc- tion commerciale. L’augmentation de la trésorerie d’exploitation fut indispensable à l’expansion du service. La trésorerie permit à l’ONEA d’assurer le service de sa dette et d’investir directement, et 48 % des investissements bénéficièrent des flux de trésorerie découlant de ses opérations. L’amélioration de la trésorerie fut possible grâce à celle de l’efficacité du recouvrement (de 78 % en 2002 à 97 % en 2013), au maintien des faibles niveaux d’ENGR et à l’augmentation de la productivité de la main-d’œuvre obtenue en limitant la croissance de l’effectif accom- pagnant celle du nombre de branchements. Performance des services d’eau en Afrique 121 Graphique B.13. Ratio de couverture des coûts Organisation d’exploitation, 2002–14 Ressources humaines L’ONEA a mis en place un système de gestion de la 1,8 Couverture des coûts d’exploitation 1,6 ­performance assorti de processus, de définitions d’emploi 1,4 et de cibles clairement définis pour chaque poste. Des 1,2 évaluations annuelles des performances attirent l’atten- 1,0 tion des employés sur les domaines dans lesquels ils 0,8 0,6 doivent s’améliorer. Les cibles du contrat de l’ONEA avec 0,4 l’État sont reprises dans le contrat du conseil d’adminis- 0,2 tration avec le directeur général. Celui-ci répartit ensuite 0 ces cibles entre les différents responsables de l’organisa- 10 09 03 08 12 13 14 02 04 11 05 06 07 20 20 20 20 tion. Cette méthode de gestion axée sur la performance a 20 20 20 20 20 20 20 20 20 contribué à renforcer l’encadrement au sein de l’entre- Source : IBNET, www.ib-net.org. prise. En mettant en place une structure de gestion à plu- Graphique B.14. Tarifs moyens, coûts moyens par m3, sieurs niveaux, l’ONEA a réduit le risque que la perte d’un 2002–14 cadre fragilise ses succès. 800 Planification stratégique FCFA (2013) par m3 d’eau vendu 700 L’ONEA utilise les méthodes de planification stratégique 1,12 USD 600 pour élaborer ses contrats-plans, qui sont au cœur de ses 500 mécanismes de responsabilisation. Ces plans définissent 400 0,99 USD les mesures à prendre pour atteindre les cibles fixées en 300 matière de services et établissent les coûts associés. Ils 200 sont minutieusement examinés par des parties prenantes 100 extérieures. Lorsque celles-ci sont convaincues que ces 0 plans sont raisonnables, les cibles du plan et les tarifs 10 03 08 09 13 12 02 04 14 11 06 05 07 requis pour couvrir les coûts des services sont intégrés 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Tarif réel moyen Coûts réels moyens dans un contrat-plan pluriannuel. L’ONEA a adopté la pla- Source : IBNET, www.ib-net.org. nification stratégique depuis 2004 et exécute actuellement son troisième plan. Certifié ISO 9001, l’Office considère que cette certification établit une discipline interne et une validation externe crédible de sa fiabilité. En outre, ses rapports annuels, qui examinent les principaux indicateurs de performance figurant dans son contrat avec l’État, sont vérifiés par des auditeurs financiers et techniques, qui sou- mettent leurs propres rapports à un comité de supervision multipartite. Pratiques commerciales Le mandat de l’ONEA ne lui permet pas de fournir directement des services aux quartiers d’habitations spontanées et sauvages, où les résidents n’ont pas de titre de propriété officiel. L’Office a délégué ces services à des petits prestataires dont les opérations ­ 122 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.15. Sources et montants des investissements, 2002–13 reposent  généralement sur un point de distribution d’eau. Ils 40 peuvent toutefois étendre les 35 services offerts, certains d’entre 30 Milliards de FCFA 25 eux fournissant par exemple des 20 branchements à l’aide de con­ 15 duites souples entre le domicile 10 et le point de distribution. 5 L’ONEA contrôle les prix facturés 0 8 par ces petits prestataires, pour 9 0 2 3 3 4 2 6 1 5 7 1 0 1 0 1 0 0 0 0 0 1 0 20 réduire le risque qu’ils utilisent 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Subventions Prêts Fonds propres leur monopole local pour vendre Source : IBNET, www.ib-net.org. l’eau à des prix excessifs. Cela dit, il n’envisage pas d’adopter cette solution à long terme. Il aimerait progressivement étendre ses branchements au plus grand nombre possible de ménages de ces quartiers. Résumé Grâce au redressement de l’ONEA, environ 78 % de la population de sa zone de desserte avaient accès à l’eau courante en 2013, contre 50 % en 2001. En moyenne, l’eau est disponible 23 heures par jour. Les subventions croisées contribuent à l’accessibilité financière de l’eau pour les particuliers. Les recettes couvrent l’ensemble des coûts d’exploitation et certaines dépenses d’équipement, grâce à l’efficacité opérationnelle et au tarif axé sur le recouvre- ment des coûts. Dans les années 1990, le Burkina Faso a souffert d’une grave pénurie d’eau, soulignant le besoin impérieux de trouver une nouvelle source d’eau. Le succès du contrat d’affer- mage du Sénégal en a fait un choix évident pour le Burkina Faso. Mais l’État tenait à conser- ver le contrôle du service d’eau. Un autre modèle a été élaboré ; il repose sur de solides mécanismes de responsabilisation multipartite et un contrat axé sur la performance avec une entreprise spécialisée dans le but d’améliorer la performance commerciale de l’ONEA. Les partenaires financiers ont été convaincus par cette proposition et le programme d’eau en vrac et les réformes institutionnelles de l’Office ont été menés en parallèle. Le contrat avec Veolia (2001 à 2006) a augmenté l’efficacité du recouvrement de 85 à 95 % et l’ONEA a réussi à la maintenir à ce niveau depuis. Parallèlement, le projet d’approvision- nement en eau de Ouagadougou a contribué à l’amélioration de la fiabilité de l’approvi- sionnement de l’ensemble de la clientèle de l’ONEA, à l’expansion du réseau et à l’installation de nouveaux branchements et bornes-fontaines. Les faibles niveaux d’ENGR ont été maintenus. La productivité de l’effectif a augmenté malgré sa croissance. Aujourd’hui, le comité de supervision de l’ONEA, sa culture de haute performance et son efficacité opérationnelle veillent au succès durable de ces réformes. Performance des services d’eau en Afrique 123 Côte d’Ivoire, SODECI (Société de Distribution d’Eau de la Côte d’Ivoire) Contexte La SODECI, fondée en 1960, est le plus ancien service d’eau public-privé du monde en développement et dessert plus de 11 millions de consommateurs. Le partenariat entre l’administration publique et l’opérateur privé a permis d’étendre l’accès aux services d’eau tout en augmentant l’efficacité et la rentabilité de la Société. Ce PPP a perduré mal- gré la nationalisation des services des pays voisins. La SODECI est restée privée depuis sa création, il y a plus de 50 ans. Sa capacité de résilience et sa continuité ont été remar- quables pendant et après la première guerre civile ivoirienne, de 2002 à 2007, et la seconde guerre civile ivoirienne, de la fin 2010 au début 2011. Son histoire peut être divi- sée en cinq périodes (Marin et al. 2009). 1960–74. La Côte d’Ivoire accède à l’indépendance en 1960. Une année plus tôt, la société française SAUR s’était vue attribuer un contrat de concession pour approvisionner en eau la ville d’Abidjan. Nouvelle société ivoirienne constituée en 1960, la SODECI a petit à petit signé des contrats d’exploitation avec les municipalités de dix autres villes. 1974–88. Le secteur de l’eau ivoirienne est réformé en 1974. Les services d’eau municipaux sont fusionnés dans un service national, qui signe un contrat d’exploitation avec la SODECI. Entre 1974 et 1988, l’État investit 400 millions de dollars pour amener l’eau courante dans 200 autres villes. Avant ces réformes, 34 % seulement des ménages avaient accès à l’eau cou- rante. En 1983, la couverture des ménages avait presque doublé pour atteindre 63 %. La ges- tion de l’entreprise est progressivement transférée à des Ivoiriens. En 1978, le groupe français SAUR vend 48 % de ses parts lors de l’introduction de la Société à la bourse d’Abidjan. 1988–2001. Entre 1988 et 2001, la SODECI finance la rapide expansion du réseau grâce à une majoration de tarif. Le nombre de ménages connectés au réseau double. Cette période est caractérisée par d’importants gains d’efficacité (baisse des pertes de 180 à 130 litres par bran- chement et par jour). À la fin de cette période, la performance opérationnelle de la SODECI est comparable au niveau de référence mondial actuel. L’expansion du réseau entraîne la forte augmentation du nombre de clients. La hausse des recettes qui en découle, à laquelle s’ajoutent les gains d’efficacité, améliore progressivement la performance financière du service. Les tarifs moyens baissent en valeur réelle au cours de la même période. ­ 2002–11. Pendant la première guerre civile ivoirienne (2002–07) et la seconde guerre civile ivoirienne (2010–11), la SODECI continue de fournir des services d’eau à ses clients existants tout en desservant de nouveaux. Près de 4 millions de personnes supplémentaires sont desservies au cours de cette période8. Cela dit, la qualité des services et la performance ­ ­ opérationnelle connaissent un déclin prévisible. La fiabilité du service est presque réduite de moitié. L’ENGR augmente et les recettes baissent légèrement. 124 Performance des services d’eau en Afrique 2012–14. La performance s’améliore avec la stabilisation du conflit, après 2011. Bien que la performance n’ait pas retrouvé son niveau pré-conflit, la SODECI reste performante dans le contexte de l’Afrique subsaharienne. La majorité des indicateurs pour 2014 correspondent au moins au niveau de référence régional, ce qui est remarquable compte tenu de l’instabi- lité politique et de la division qu’a connues le pays pendant près de dix ans. Le groupe Eranove, anciennement Finagestion, est un actionnaire principal de la SODECI. Résultats Performance client Accès aux services d’eau. Entre 2000 et 2014, la SODECI a étendu ses services d’eau à 5,5 millions de personnes supplémentaires. Cette expansion a eu lieu malgré les guerres civiles de 2002 à 2007 et 2010 à 2011. La couverture en eau courante a reculé au début des années 2000 sous l’effet de la rapide migration urbaine déclenchée par ces crises. Depuis 2011, cette couverture ne cesse d’augmenter alors que la Société retrouve son statut. La croissance de la population de la zone de desserte et de la population desservie est illustrée au graphique B.16. Le graphique B.17 indique la croissance de la couverture en ­ eau courante, définie comme la proportion de la population de la zone de desserte desser- vie par la SODECI. En 2006, environ 25 % de la population de la zone de desserte ont accès à des points d’eau communautaires (Fall et al. 2009). En 2014, le nombre moyen de personnes par branchement est de 15, contre 12 pendant la période 2000–04 (voir graphique B.18). Graphique B.16. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 2000–14 Volume de consommation. La consommation moyenne d’eau 20 des ménages par habitant a 18 décliné dans le temps, passant 16 d’environ 40 lhj au début des Nombre de personnes (millions) 14 années 2000 à 32 lhj en 2014 (voir B.19). La consomma- graphique  12 tion par habitant a historique- 10 ment été plus importante à 8 Abidjan que dans les centres 6 secondaires. 4 2 Fiabilité. La fiabilité de l’approvi- 0 sionnement en eau était totale (24 heures par jour) de 2000 à 2004. 00 01 02 03 04 05 06 07 09 08 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 En 2009, soit entre les deux Population de la zone de desserte Population desservie conflits, elle était tombée à 13 Source : IBNET, www.ib-net.org. heures par jour. Depuis, la SODECI Performance des services d’eau en Afrique 125 Graphique B.17. Couverture en eau courante (population desservie divisée par a fait d’importants progrès dans population de la zone de desserte) ce domaine, l’eau étant dispo- nible 20 heures par jour en 100 moyenne depuis 2014 (voir 90 graphique B.20). 80 Accessibilité financière. L’accessi- Couverture en eau courante (%) 70 bilité financière peut être mesu- rée par la part des revenus 60 consacrée à la consommation 50 d’eau. Le produit total des ventes 40 divisé par le nombre de per- sonnes desservies permet de 30 mesurer les dépenses annuelles 20 moyennes par habitant. Le revenu moyen par habitant est 10 estimé à partir du RNB par habi- 0 tant de la Côte d’Ivoire. La divi- sion des dépenses d’eau par ce 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 revenu moyen permet d’obtenir 20 20 20 20 20 Source : IBNET, www.ib-net.org. la part des revenus consacrée à l’eau, qui s’élève à 0,96 % (voir B.21). Ce chiffre est graphique  Graphique B.18. Personnes desservies par branchement, inférieur au niveau de référence régional pour cet indica- 2000–14 teur (1,22 %), signe que les services de la SODECI sont plus 18 abordables que ceux de plus des trois quarts des services d’eau africains. 16 14 Personnes par branchement Qualité. Les résultats des analyses de qualité de l’eau sont 12 publiés dans les rapports annuels de la SODECI. Environ 10 38 000 analyses ont été réalisées en 2012. Les teneurs en 8 chlore résiduel ont été jugées satisfaisantes dans seule- ment 91 % des cas après la première guerre civile ivoirienne, 6 contre 98 % avant le conflit. Ce niveau a toutefois été ­rétabli 4 en 2012 (SODECI 2012). Entre 2007 et 2012, en moyenne, 2 99 % des analyses microbiologiques ont été jugées satisfai- 0 santes à Abidjan. Ces taux étaient plus faibles hors de la capitale, atteignant tout juste 88 % dans certains cas 00 10 02 03 04 09 12 13 14 11 01 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 (SODECI 2012). Les rapports ne décrivent pas les exigences Source : IBNET, www.ib-net.org. relatives aux analyses. 126 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.19. Volume de consommation, 2000–14 Performance opérationnelle ENGR. La SODECI a réussi à réduire l’ENGR à la fin des 45 années 1990, qui était à peine de 131 litres par branche- 40 ment  et par jour (soit 17 %) en 2000. Mais, en 2011, elle Litres par personne et par jour 35 était  remontée à 204 litres par branchement et par jour, 30 soit 28 %. Ces valeurs restent relativement bonnes par rap- 25 port aux autres pays de la région, et sont légèrement supé- rieures au niveau de référence africain de 205 litres par 20 branchement et par jour. En pourcentage, depuis 2011, la 15 SODECI a réussi à rapidement réduire l’ENGR, bien qu’elle 10 n’ait toujours pas été ramenée à son niveau pré-conflit 5 B.22). En 2014, elle était de 174 litres par (Graphique  0 ­branchement et par jour, soit 24 % (voir graphique B.23). Le comptage est quasi universel depuis 2000. 14 01 02 03 04 09 10 11 12 13 00 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Source : IBNET, www.ib-net.org. Productivité du personnel. La productivité du personnel est excellente et est restée inférieure à trois employés pour Graphique B.20. Heures d’approvisionnement par jour, 1 000 branchements depuis 2000 malgré le recrutement de 2000–14 900 nouveaux agents. La bonne performance de cet indi- cateur est attribuée au fait que la SODECI est une société 24 privée depuis 1960. Heures d’approvisionnement par jour 20 Le graphique B.24 illustre le nombre d’employés par 1 000 branchements seulement. Le ratio de productivité pour 16 l’eau et l’assainissement est encore plus faible (2,2 en 2000). 12 Aucune donnée sur les branchements au réseau d’assainis- sement n’est disponible pour l’après 2004. Cet indicateur 8 n’est pas reporté sur le graphique. 4 L’efficacité du personnel de la SODECI (recettes par employé divisées par coûts de la main-d’œuvre par employé, 0 ou simplement recettes divisées par coûts de la main- d’œuvre) se situait entre 4,9 et 5,55 entre 2000 et 2004 avait 00 01 02 03 04 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 pour valeur moyenne 5,4 entre 2009 et 2014. L’efficacité du Source : IBNET, www.ib-net.org. personnel était de 5,84 en 2014, soit supérieure au niveau de référence africain de 4,27. Performance financière Couverture des coûts d’exploitation. Le RCCE de la SODECI est resté relativement stable depuis 2000, avec des valeurs légèrement supérieures à 1,0 la majorité du temps et légèrement infé- rieures à 1,0 pendant deux années (Graphique B.25). Il semble que les recettes de la SODECI soient tout juste suffisantes pour couvrir ses dépenses d’exploitation. Cette situation est Performance des services d’eau en Afrique 127 Graphique B.21. Accessibilité financière, 2000–14 excellente performance surprenante compte tenu de son ­ au  début des années 2000 et des améliorations apportées 3 depuis la fin des conflits en 2011. Un RCCE relativement faible autour de 1,0 signifie que la SODECI pourrait avoir du Part des revenus consacrée à l’eau mal à financer l’expansion de son réseau, à rembourser la 2 dette contractée pour d’importants projets d’équipement et à verser des dividendes à ses actionnaires. Les tarifs réels moyens ont augmenté à un taux annuel 1 moyen de 10,3 % entre 2011 et 2014, tandis que les dépenses d’exploitation par m3 ont progressé à un taux annuel moyen de 7,5 %. Au taux de change de 2014, le tarif moyen et le coût moyen par m3 étaient de 0,99 et 0,94 dollar respectivement 0 (voir graphique B.26). 00 01 02 03 04 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Source : IBNET, www.ib-net.org. Efficacité du recouvrement. Entre 2002 et 2004, le ratio de recouvrement de la SODECI était de 95 %. Mais il est tombé en dessous de 90 % entre 2009 et 2011 et les valeurs les plus Graphique B.22. Eau non génératrice de revenu, en récentes représentent uniquement le ratio de recouvrement pourcentage de la production, 2000–14 auprès des clients privés et des gros consommateurs (voir 30 graphique B.27)9. Il est probable que le conflit ait empêché la SODECI de 25 recouvrer les créances de tous ses clients, et que ceux-ci étaient moins disposés à régler leurs factures en raison du 20 déclin des niveaux de service. Le délai de recouvrement de ENGR (%) 15 la SODECI est de plus d’un an depuis 2010, avec un pic de 533 jours en 201110. Depuis 2014, les créances de ses clients 10 ont diminué, signe que ceux-ci règlent leurs factures impayées. Il n’en reste pas moins que le délai de recouvre- 5 ment reste élevé (457 jours). 0 Transparence financière. La SODECI publie des rapports 00 1 2 03 04 09 0 11 2 13 14 0 0 1 1 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 annuels et des états financiers vérifiés sur son site web. Les Source : IBNET, www.ib-net.org. 2010–14 étaient disponibles en rapports pour les années  mars 2016. Organisation Ressources humaines. La SODECI a été créée en 1960 en tant que filiale de la société française SAUR. La gestion de l’entreprise a progressivement été transférée à des Ivoiriens. Aujourd’hui, la direction est presque exclusivement ivoirienne. La SODECI est engagée dans une politique de responsabilité sociale de l’entreprise. Elle a créé 128 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.23. Eau non génératrice de revenu, par plusieurs fonds pour ses employés, tels que le fonds branchement, 2000–14 SIDA qui offre une prise en charge gratuite des traite- ments, un programme d’actionnariat des salariés, un 250 régime de retraite supplémentaire et une mutuelle offrant des services financiers. Litres par branchement et par jour 200 En association avec sa société mère, le Groupe Eranove, la SODECI gère un centre de formation, le Centre des 150 Métiers de l’Eau, qui couvre la production, le transport, la distribution et la commercialisation11. 100 Techniques commerciales. Outre les méthodes de paiement 50 classiques (espèces, prélèvement et chèques), la SODECI a mis en place des moyens de paiement électroniques. 0 Société coopère avec plusieurs prestataires d’argent La  00 01 02 03 04 09 10 11 12 13 14 mobile pour permettre à ses clients de régler leurs factures 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 aux guichets automatiques de banque. Source : IBNET, www.ib-net.org. Résumé Graphique B.24. Effectif et employés par 1 000 branchements (eau et assainissement) La SODECI reste un service d’eau 2 500 4 africain relativement performant, 2 317 malgré deux guerres civiles qui Employés par 1 000 branchements 2 000 ont déchiré le pays de 2002 à 2007 3 3 Nombre d’employés 3 et de 2010 à 2011. Créée en tant 1 500 1 406 que PPP en 1960, elle a atteint 2 une efficacité remarquable pen- 1 000 1990. En 2000, dant les années  1 avec seulement trois agents par 500 1 000 branchements d’eau, un 0 0 ENGR de 17 % et un approvision- nement 24 heures sur 24, la per- 10 00 09 03 08 14 13 12 02 04 01 11 06 05 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 E ectif total Employés par 1 000 branchements formance de la SODECI était pratiquement inégalée dans la Source : IBNET, www.ib-net.org. région. Les conflits nationaux compro- mirent ce succès, mais la Société fit preuve de résilience. L’ENGR se dégrada pour atteindre 28 % en 2011. L’efficacité du recouvrement tomba à 86 %. Mais malgré une performance moins bonne qu’au cours de la décennie précédente, la SODECI continuait de soutenir la comparaison avec ses homologues. L’accès augmenta en termes absolus entre 2002 et 2011. Et les services s’améliorent depuis la fin du conflit, en 2011. La fiabilité est ainsi passée de 13 à 20 heures par jour en moyenne, tandis que la couverture en eau courante augmente à nouveau, de 65 % en 2011 à 69 % en 2014. Performance des services d’eau en Afrique 129 Graphique B.25. Recouvrement des coûts d’exploitation Kenya, NCWSC (Nairobi City Water and Sewerage 1,2 Company [Société municipale de l’eau et de l’assainissement de Ratio de couverture des coûts d’exploitation 1,0 Nairobi]) Contexte 0,8 La NCWSC est le plus grand pres- 0,6 tataire de services d’eau (WSP, Water Service Provider) du Kenya en termes de population desser- 0,4 vie, avec 3,8 millions de résidents dans le comté de Nairobi 0,2 (NCWSC  2014). Constituée en 2003 en tant que filiale à part 0 entière du comté de Nairobi, elle 09 10 00 08 02 04 12 13 03 14 11 01 06 05 07 dessert six régions administra- 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 tives (Nord, Est, Nord-est, Centre, Source : IBNET, www.ib-net.org. Sud et Ouest), elles-mêmes sub- divisées en 25 zones. Les limites du comté correspondent généra- Graphique B.26. Tarifs moyens, coûts moyens par m3 lement à celles de la ville de Nairobi. 600 La NCWSC est un concession- 0,99 USD naire du Conseil de l’eau d’Athi 500 (WSB, Water Services Board). FCFA (2014) par m3 d’eau vendu Les WSB sont habilités par le 0,94 USD 400 gouvernement kenyan, en appli- cation de la loi sur l’eau 2002, à 300 gérer les ressources en eau d’une zone donnée 12. Les WSP 200 (tels que la NCWSC) sont eux- mêmes habilités par les WSB à 100 fournir des services d’eau et d’assainissement dans une zone 0 donnée. Le Conseil de l’eau d’Athi dessert une population 00 02 03 04 08 09 10 12 13 14 01 05 06 11 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 de 5,5 millions d’habitants et 12 Tarif réel moyen Coûts réels moyens par m3 WSP, dont la NCWSC13. La consti- Source : IBNET, www.ib-net.org. tution de 2010 a transféré la 130 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.27. Efficacité du recouvrement, 2000–11 prestation des services d’eau et d’assainissement aux comtés. Un projet de loi national sur l’eau est en cours 100 d’examen par le Parlement pour mettre en œuvre ce Ratio de recouvrement des coûts (%) 90 transfert de compétences. Lorsqu’il entrera en vigueur, 80 le comté de Nairobi déléguera la responsabilité des ser- 70 vices d’eau à la NCWSC. 60 50 La loi sur l’eau de 2002 porte également création du 40 Conseil de réglementation de l’eau et de l’assainisse- 30 ment (WASREB, Water Services Regulatory Board), qui 20 l’organe national de réglementation du secteur est ­ 10 kenyan de l’eau. Le WASREB supervise la mise en œuvre 0 p olitiques et stratégies portant sur la prestation de des ­ 00 09 10 03 08 02 04 01 11 s ervices d’eau et d’assainissement et rend régulière- ­ 20 20 20 20 20 20 20 20 20 ment compte de la performance des WSB et WSP Source : IBNET, www.ib-net.org. (WASREB 2015). Graphique B.28. Comparaison entre la population Résultats desservie et la population de la zone de desserte, 2008–14 Performance client 7 Accès aux services d’eau. La couverture de la NCWSC est passée de 66 % en 2008 à 80 % en 2014, alors que la 6 population de la zone de desserte a augmenté de 600 000 habitants, soit de 3,1 à 3,7 millions d’habitants. 5 La Société prévoit que la population de sa zone de des- Millions de personnes serte atteindra 4,5 millions d’habitants en 2019 4 (NCWSC 2014). La croissance de la population de la zone 3 de desserte et de la population desservie est illustrée au graphique  B.28. Le graphique B.29 indique la croissance 2 de la couverture en eau courante, définie comme la pro- portion de la population de la zone de desserte desser- 1 vie par la NCWSC. Cette dernière fournit également des 0 services d’assainissement. La couverture de ces ser- vices était de 28 % en 2013. 09 10 13 08 12 14 11 20 20 20 20 20 20 20 Population de la zone de desserte Population desservie Selon la NCWSC, environ 50 % des résidents de Nairobi ont accès à l’eau courante à domicile. Le reste obtient de Source : IBNET, www.ib-net.org. l’eau auprès de points de distribution, de vendeurs et de branchements illégaux. Ces estimations cadrent avec les données des enquêtes sur les ménages réalisées à Nairobi. Selon l’enquête de réfé- rence « State of the City » effectuée pour 2012–13, environ 55 % des ménages ont déclaré avoir l’eau courante à domicile, tandis que 23 % avaient accès à un point de distribu- tion d’eau. Performance des services d’eau en Afrique 131 Graphique B.29. Couverture en eau courante (population desservie divisée par L’un des principaux problèmes population de la zone de desserte) entravant l’élargissement de la couverture en eau courante est lié 100 au réseau peu étendu de distribu- 90 tion d’eau dans les quartiers d’ha- 80 bitations spontanées densément 70 peuplés. Pour relever ce défi, la NCWSC a créé en 2008 une unité Couverture (%) 60 administrative exclusivement 50 responsable de l’amélioration de 40 l’accès à ses services dans ces 30 quartiers. Cette unité a par la 20 suite été étendue à une région, 10 pour lui conférer un statut plus élevé sur les plans de l’investisse- 0 ment et de l’exploitation. Cette 98 99 00 03 04 08 09 10 01 02 12 13 14 96 06 11 05 95 97 07 20 20 20 20 20 20 20 19 20 19 19 20 20 19 20 20 19 20 20 20 initiative en faveur des pauvres a Source : IBNET, www.ib-net.org. contribué à l’augmentation pro- noncée de la couverture en eau Graphique B.30. Heures d’approvisionnement par jour, courante entre 2008 et 2014 (voir 2011–14 graphiques B.28 et B.29)14. La NCWSC fournit également des services d’assainissement. En 2014, 46 % de la popula- 24 tion de la zone de desserte était couverte, soit 28 % de plus 20 que la couverture en assainissement de 2010. 16 Heures par jour Fiabilité. La fiabilité de l’approvisionnement en eau est 12 passée de 16 heures par jour en 2011 à 18 heures par jour en 2014. La fiabilité de la NCWSC se situe ainsi vers le haut de la 8 notation « acceptable » du WASREB et correspond à la 4 moyenne nationale pour le Kenya (WASREB 2015). Elle est toutefois inférieure au niveau de référence africain, qui est 0 2011 2012 2013 2014 de 21 heures. Selon la NCWSC, environ 40 % de ses clients sont actuellement approvisionnés 24 heures par jour15. Elle Source : IBNET, www.ib-net.org. vise une fiabilité 24 heures sur 24 pour tous ses clients d’ici à 2018 (NCWSC 2014). Le graphique B.30 indique la durée moyenne d’approvisionnement en eau par jour dans la zone de desserte de la NCWSC entre 2011 et 2014. Volume de consommation. La consommation moyenne des ménages est satisfaisante et se situe autour de 70 litres par personne et par jour (voir graphique B.31). Ce volume est plus du double de celui déclaré par les services d’eau performants d’Afrique subsaharienne. 132 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.31. Volume de consommation, 2010–14 consommation moyenne des ménages déclarée par la La  SODECI est de 32 litres par personne et par jour, contre 90 23  pour la NWSC. Si cette dernière était en mesure de 80 réduire l’ENGR, qui est actuellement de 700 litres par bran- 70 chement et par jour (voir graphique B.32), ce haut niveau de Litres par personne et par jour consommation pourrait être maintenu sans augmentation 60 importante de l’approvisionnement en eau. La forte hausse 50 du volume déclaré des ventes aux ménages, de 46,6 millions 40 de m3 en 2010 à 73,2 millions de m3 en 2011, est sans 30 explication. 20 Accessibilité financière. L’accessibilité financière peut être 10 mesurée par la part des revenus consacrée à la consomma- 0 tion d’eau. Le produit total des ventes d’eau divisé par le 10 12 13 14 nombre de personnes desservies permet de mesurer les 11 20 20 20 20 20 dépenses annuelles moyennes par habitant de la zone de Source : IBNET, www.ib-net.org. desserte de la NCWSC. Le revenu moyen par habitant est estimé à partir du RNB par habitant du Kenya (1 280 dollars Graphique B.32.Eau non génératrice de revenu, par en 2014). La division des dépenses d’eau par ce revenu branchement, 2010–14 moyen permet d’obtenir la part des revenus consacrée à 800 l’eau, qui s’élevait à 2,1 % en 2014. La valeur de référence régionale pour cet indicateur est de 1,22 %. 700 Litres par branchement et par jour 600 Potabilité. La performance de la NCWSC en matière de qua- 500 lité de l’eau soutient avantageusement la comparaison avec les autres WSP du Kenya ; elle était de 95 % pour la 400 période 2012/13 à 2013/14 (respect des normes de qualité de 300 l’eau du WASREB) (WASREB 2015). La performance natio- 200 nale du Kenya dans ce domaine était moins élevée (91 %). Le 100 WASREB a indiqué que le WSB d’Athi, tout comme la majo- rité des autres WSB, doit renforcer ses efforts pour veiller au 0 respect des normes de qualité de l’eau et de suivi des 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 effluents, notamment en investissant dans les laboratoires Source : IBNET, www.ib-net.org. et en veillant à prévoir le contrôle de la qualité de l’eau dans les projets de tarifs (WASREB 2015). Performance opérationnelle ENGR. Les niveaux d’ENGR sont restés élevés entre 2010 et 2014, soit entre 600 et 700 litres par branchement et par jour. En pourcentage, l’ENGR a toutefois légèrement baissé au cours de la même période (de 42 % en 2010 à 39 % en 2014). Ce niveau d’inefficacité est conforme à la moyenne nationale (42 %), mais nettement en deçà de la norme Performance des services d’eau en Afrique 133 Graphique B.33. Eau non génératrice de revenu, en « acceptable » fixée par le WASREB (moins de 25 %) et de la pourcentage de la production, 2010–14 cible de 30 % définie par la NCWSC. Selon cette dernière, cette mauvaise performance est essentiellement liée aux 100 faibles investissements dans les projets visant la réduc- 90 tion de l’ENGR. La Société a prévu des efforts de réduc- 80 tion de l’ENGR dans son plan stratégique pour 2019 ; elle 70 estime à 3,2 millions Sh K (37 millions de dollars) les 60 ENGR (%) dépenses nécessaires pour ramener l’ENGR à 16 % d’ici à 50 2019 (NCWSC 2014). Le graphique B.32 illustre l’évolution 40 dans le temps de l’ENGR en litres par branchement et par 30 20 jour. Le graphique B.33 indique l’ENGR en pourcentage de 10 la production totale d’eau de la NCWSC. 0 Productivité du personnel. Le nombre d’employés par 1 000 10 12 13 14 11 20 20 20 20 20 branchements au réseau de distribution d’eau et d’assainis- Source : IBNET, www.ib-net.org. sement est resté relativement constant (autour de 5) depuis 2009, alors que l’effectif a augmenté d’environ 700 unités. Ces tendances sont illustrées au Graphique B.34. Effectif et employés par 1000 branchements (eau et graphique B.34. assainissement), 2009–14 L’efficacité du personnel de la NCWSC (recettes par employé 3 000 8 Employés par 1 000 branchements 2 612 7 divisées par coûts de la main- 2 500 6 d’œuvre par employé, ou simple- Nombre d’employés 1 918 2 000 5 ment recettes divisées par coûts 1 500 5 4 de la main-d’œuvre) est restée 5 3 relativement constante (légère- 1 000 2 ment supérieure à 2) entre 2009 500 1 et 2013. Avec une efficacité de 2,13 0 0 en 2013, la Société se situe bien en 10 12 13 09 14 11 deçà du niveau de référence 20 20 20 20 20 20 E ectif total Employés par 1 000 branchements régional de 4,21, signe que les coûts de personnel représentent Source : IBNET, www.ib-net.org. une part importante de ses dépenses d’exploitation. Performance financière Efficacité du recouvrement. L’efficacité du recouvrement a sensiblement augmenté en 2014 pour atteindre 91 %, soit une nette amélioration par rapport aux années précédentes, lorsqu’elle se situait entre 75 et 85 % (voir graphique B.35). Elle reste néanmoins infé- rieure à celle des services d’eau africains performants, tels que l’ONEA et la NWSC, 134 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.35. Ratio de recouvrement, 2009–14 dont  les taux de recouvrement sont presque systémati- quement supérieurs ou égaux à 95 %. Cette amélioration Ratio de recouvrement (%) 100 peut être attribuée à divers facteurs. En 2014, la NCWSC a 80 mis en place le système Jisomee Mita, qui permet à ses 60 clients d’utiliser un téléphone portable pour recevoir et 40 régler leurs factures d’eau. La fiabilité accrue de l’approvi- 20 B.30) pourrait être sionnement en eau (voir graphique  0 un  autre facteur. Selon le WASREB, l’augmentation du nombre d’heures d’approvisionnement en eau contribue 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 à la satisfaction des clients, et donc à leur disposition à Source : IBNET, www.ib-net.org. payer, laquelle est en corrélation directe avec l’efficacité du recouvrement (WASREB 2015). Graphique B.36. Ratio de couverture des coûts d’exploitation, 2009–14 Couverture des coûts d’exploitation. L’évolution du ratio de 1,2 couverture des coûts d’exploitation est illustrée au Couverture des coûts d’exploitation 1,0 graphique B.36. Les tarifs réels moyens et les coûts réels ­ moyens par m3 en monnaie nationale sont donnés au 0,8 graphique B.37. Les montants en équivalent dollars y sont ­ 0,6 également indiqués pour 2014. Le RCCE du NCWSC est légèrement supérieur à 1 depuis 0,4 2009, sauf en 2012 lorsqu’il est tombé à 0,96. Les coûts de 0,2 personnel représentent une part importante des dépenses 0 d’exploitation, soit en moyenne près de 40 % au cours de cette période. En termes réels, les coûts moyens par 14 09 10 11 12 13 20 20 20 20 20 20 employé ont augmenté de 6,7 % par an sur cette même Source : IBNET, www.ib-net.org. période. Il est toutefois possible que le RCCE ait été suréva- lué, car il semble que les provisions pour créances irrécou- vrables soient insuffisantes. Entre 2009 et 2014, les provisions représentaient 11 % des recettes. Mais le ratio de recouvrement (voir ­ graphique B.35) se situait généralement entre 75 et 85 %, avec un pic de 91 % en 2014 seulement. Les provisions pour créances irrécou- vrables auraient sans doute dû se situer entre 15 et 25 % des recettes pendant une bonne partie de cette période. Depuis 2010, le tarif moyen réel (en shillings du Kenya en 2014) a baissé à un taux annuel moyen de 8,9 %. Les tarifs n’ont pas été modifiés au cours de cette période. Parallèlement, les dépenses d’exploitation réelles par m3 ont diminué à un rythme équivalent16. Le tarif moyen (eau et assainissement) était équivalent à 0,66 dollar en 2014 (voir graphique B.37). Ce tarif est bas en regard de ceux pratiqués par d’autres grands services ­ de la région : le tarif moyen de l’ONEA est de 1,12 dollar, celui de la NWSC de 1,16 dollar et celui de la SODECI de 0,99 dollar. Une nouvelle grille tarifaire est entrée en vigueur en novembre 2015. La consommation jusqu’à 6 m3 par mois est facturée au tarif forfaitaire de Performance des services d’eau en Afrique 135 Graphique B.37. Tarifs moyens, coûts moyens par m3, 204 Sh K (2,00 dollars), soit 34 Sh K/m3 (0,33 dollar/m3) 2010–14 pour 6 m3. Ce tarif s’applique aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. La tranche la plus élevée, qui corres- 90 pond à une consommation supérieure à 60 m3 par mois, Sh K (2014) par m3 d’eau vendu 80 0,66 USD 70 est de 64 Sh K (0,63 dollar). L’assainissement est facturé 60 au taux de 75 % de l’eau vendue pour tous les clients rac- 50 cordés au réseau. 40 0,65 USD 30 Transparence financière. La NCWSC ne publie pas de 20 rapports annuels ou d’états financiers sur son site web. ­ 10 tarifs en vigueur n’y figurent pas non plus. Le plan Les  0 stratégique pour  ­ 2014/2015 à 2018/2019 (en date de mars 11 12 10 13 14 20 20 20 20 20 2014) est disponible sur le site de la Société. Le WASREB Tarif réel moyen Coûts réels moyens publie les principaux indicateurs de performance de la Source : IBNET, www.ib-net.org. NCWSC dans son rapport annuel. Investissement. Aucune donnée n’est disponible sur les dépenses d’investissement enga- gées. Selon la NCWSC, environ 42 milliards de Sh K (478 millions de dollars de 2014) seront nécessaires à la bonne mise en œuvre de son plan stratégique au cours des exercices 2014/15 et 2018/19 (NCWSC 2014). Cela équivaut à environ 24 dollars par personne desservie et par an. La Société entend autofinancer une part importante de ce plan. Elle devra pour cela réaliser des économies et augmenter ses recettes. En 2013, celles-ci couvraient à peine ses coûts d’exploitation et d’entretien. Alors que son efficacité du recouvrement était infé- rieure à 1, les liquidités disponibles en 2013 étaient insuffisantes pour financer des investis- sements en interne. Les partenaires de développement contribueront au financement des grands projets, tels que les barrages, les ouvrages de prise d’eau, les stations de traitement des eaux, les collecteurs principaux et le réseau de distribution. Un faible nombre de pro- jets devraient être financés par des PPP. Organisation Ressources humaines. À sa création, la NCWSC a hérité du personnel de la municipalité de Nairobi, jusqu’alors responsable des services d’eau de la ville. La Société a réduit son effectif avec le soutien de la Banque. Elle a notamment adopté un logiciel de gestion des ressources humaines et de la paye (Mugo 2006). La NCWSC recrute ses cadres sur concours. Ceux-ci signent des contrats de performance assortis de cibles. Tous les directeurs et cadres sont soumis à un code déontologique et tous les agents à un code de conduite visant à renforcer l’intégrité et à améliorer les services. ­ Planification stratégique et responsabilité. La NCWSC a adopté la planification stratégique depuis sa création en 2003 (NCWSC 2014). Elle a exécuté deux plans stratégiques triennaux 136 Performance des services d’eau en Afrique à horizon mobile jusqu’en juin 2010 et un plan stratégique quinquennal entre 2011 et 2015. Le plan stratégique actuel couvre les années 2000 à 2019. La planification stratégique com- prend un cadre de suivi-évaluation qui prévoit l’évaluation dans le temps de la performance par rapport à des indicateurs clés. Techniques commerciales. La planification stratégique de la NCWSC repose entre autres sur l’utilisation de la technologie pour améliorer la performance. Elle s’inté- resse particulièrement aux initiatives tirant parti des forts taux d’utilisation des télé- : Jisomee Mita, qui permet aux consommateurs de phones portables au Kenya  consulter, recevoir et régler leurs factures d’eau ; MajiVoice, un outil de traitement des plaintes des consommateurs par téléphone portable ; et Mobile Field Assistant, un dis- positif portable de relevé des compteurs permettant aux agents de collecter des infor- mations de géoréférencement, de consommation et d’implantation des ménages à l’aide d’un smartphone (Ndaw 2015). Résumé La NCWSC étend sa couverture, qui est passée de 66 % en 2009 à 80 % en 2014. En moyenne, l’eau est disponible 18 heures par jour. La consommation moyenne des ménages est satisfaisante par rapport aux autres pays de la région et se situe autour de 70 litres par personne et par jour. Toutefois, la performance opérationnelle, mesurée par l’ENGR, le comptage et l’efficacité du personnel (voir chapitre 2), est inférieure à celle généralement observée dans les services d’eau africains. L’ENGR (700 litres par branchement et par jour ou 39 %) reste élevée. La mauvaise performance de cet indicateur pourrait être l’un des facteurs contribuant au médiocre ratio ­ de couverture des coûts d’exploitation, qui stagne autour de 1,0 depuis 2009. La NCWSC fournit beaucoup d’eau à son réseau (plus de 200 millions de m3 en 2014), mais seulement facteur 60 % de ce volume est facturé. Les tarifs relativement faibles pourraient être un autre ­ déterminant. Si l’on examine les autres indicateurs d’efficacité, la NCWSC est plus performante que les services d’eau africains « typiques », mais ne se situe pas au même niveau que les meilleurs services de la région. Le ratio de productivité du personnel a été maintenu à cinq agents par 1 000 branchements (eau et assainissement). Le ratio de recouvrement augmente ; il était de 91 % en 2014, contre une moyenne d’environ 80 % au cours des cinq années précédentes. Le règlement des factures par téléphone portable et l’adoption d’autres techniques commer- ciales novatrices sont des facteurs de succès dans ce domaine. Nairobi est une ville en expansion rapide, dont la population devrait atteindre 4,5 millions d’habitants d’ici à 2019. La NCWSC devra financer d’importants investissements pour suivre le rythme de la croissance démographique et atteindre les 20 % de la population non desser- vis tout en améliorant la fiabilité de l’approvisionnement. L’investissement nécessaire (2014–19) est estimé à 478 millions de dollars. Performance des services d’eau en Afrique 137 Sénégal, SDE et SONES Contexte En 1995, l’État sénégalais a scindé le service national existant (la SONEES) en trois entités : une société de gestion du patrimoine des services d’eau (la SONES), une société privée four- nissant des services d’eau dans le cadre d’un contrat d’affermage (la SDE), et une société publique d’exploitation des infrastructures et services d’assainissement (l’ONAS). La SONES et l’ONAS ont signé des contrats de performance avec l’État, représenté par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement et le ministère de l’Économie, des Finances et du Plan. La SDE a signé un contrat d’affermage avec la SONES et l’État. La société privée SDE est responsable des services d’approvisionnement en eau de 66 villes. La capitale, Dakar, compte plus de 50 % des branchements. La prestation de ser- vices d’eau et d’assainissement est régie par la loi portant organisation du service public d’eau potable et d’assainissement des eaux usées domestiques du 24 septembre 2008, qui définit les responsabilités concernant la gestion des services urbains et ruraux d’eau et d’as- sainissement et leur délégation (y compris à des entités privées), les principes concernant la prestation des services, le suivi et le contrôle de la prestation des services et le recouvre- ment des coûts associés. Résultats Performance client Accès aux services d’eau. En 1995, la SDE desservait environ 69 % de la population de sa zone de desserte, soit 3,6 millions de personnes. En 2013, ce chiffre était de 5,8 millions de personnes sur 5,9 millions d’habi- Graphique B.38. Comparaison entre la population desservie et la population de la zone de desserte, 1996–2014 98 %)17. La tants (couverture de  croissance de la population de la 7 zone de desserte et de la popula- tion desservie est illustrée au 6 graphique B.38. Le graphique B.39 ­ 5 indique la croissance de la couver- Millions de personnes ­ ture en eau courante, définie 4 comme la proportion de la popu- 3 lation de la zone de desserte des- servie par la SDE. Le détail des 2 consommateurs desservis par des 1 branchements et ceux desservis 0 fontaines y est par des bornes-​­ également indiqué. 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 20 20 20 20 20 20 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 Aujourd’hui, la majorité de la 20 Population de la zone de desserte Population desservie population (89 %) est raccordée Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. au réseau de la SDE et 9 % 138 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.39. Couverture en eau courante (population desservie divisée par seulement sont desservis par des population de la zone de desserte), 1995–2014 fontaines publiques. Ces estima- tions de la société sont proches 100 des données de l’enquête sur les ménages réalisée à Dakar. En 80 2014, 86 % des personnes ont déclaré avoir l’eau courante à Couverture (%) 60 domicile tandis que 9 % ont indi- qué s’approvisionner à des 40 bornes-fontaines (voir le gra- phique B.40)18. Mais les données 20 de l’EDS de 2005 étaient diffé- rentes de celles déclarées par la 0 SDE. Parmi les Dakarois, 88 % ont 20 7 08 09 10 11 12 13 14 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 0 20 indiqué être directement raccor- 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 Couverture en eau courante, bornes-fontaines Couverture en eau courante dés au réseau. La même année, la Couverture en eau courante, branchements SDE a déclaré que seulement Source : IBNET, www.ib-net.org. 64 % de la population de sa zone de desserte avait l’eau courante. Cette différence semble indiquer que les raccordements au Graphique B.40. Accès au service d’eau, Dakar uniquement réseau ont d’abord été encouragés à Dakar, puis dans les 100 autres centres. Il est également possible que la SDE 90 sous-estime de longue date le nombre de personnes rac- 80 cordées au réseau. La couverture en eau courante a brus- Accès, population totale (%) 70 quement augmenté entre 2008 et 2009, ce qui pourrait 60 être dû à une révision de la méthode d’estimation. Les 50 données de l’enquête sur les ménages de Dakar sont illus- 40 trées au graphique B.4019. Les différences entre la couver- 30 ture estimée par cette enquête et les estimations de la SDE 20 se sont maintenues en 2013, ces dernières étant nettement 10 supérieures à celles de l’enquête sur les ménages. Il est 0 important que la société examine la question du nombre 2000 2005 2011 2014 de personnes qu’elle dessert, car une couverture infé- Fontaine publique Eau courante à domicile rieure aux estimations pourrait entraîner des niveaux de Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. consommation nettement inférieurs à ceux qui sont actuellement déclarés. Malgré l’amélioration des services fournis aux consommateurs, le nombre moyen de personnes desservies par branchement n’a que lentement baissé. En 1995, un branchement desservait en moyenne 12 personnes. En 2013, on comptait 11 personnes par branchement (voir graphique B.41). Performance des services d’eau en Afrique 139 Graphique B.41. Personnes desservies par branchement, 1995–2013 Expansion du réseau et augmen- tation du nombre de branchements. 14 Entre 1995 et 2013, le réseau de 12 Personnes par branchement distribution de la zone de desserte 10 SDE/SONES a plus que doublé, 8 km de grâce à l’ajout de 4 800  6 conduites supplémentaires (voir 4 B.42). graphique  Les branche- augmenté de ments actifs ont ­ 2 000 unités au cours de cette 332  0 période (voir graphique B.43). 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. Fiabilité. Dans les années  1990, Dakar a souffert d’une grave pénu- Graphique B.42. Expansion du réseau, 1995–2013 rie d’eau. La SONEES (le service d’eau de l’époque) ne put répondre 10 000 qu’à 60 % de la demande de la 9 000 8 000 ville. La surexploitation des eaux 7 000 souterraines augmenta le risque Km de conduites 6 000 d’invasion saline. Dans certaines 5 000 4 000 zones, les eaux souterraines bais- 3 000 sèrent jusqu’à 1,5 m par an. Cette 2 000 crise obligea la SONEES à ration- 1 000 0 ner l’eau. Le service était dispo- nible en moyenne 16 heures par 95 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 20 jour. Une nouvelle source de pro- Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. duction était nécessaire pour four- nir un service 24 heures sur 2420. Graphique B.43. Nombre de branchements au réseau, 1995–2013 Pour améliorer le service à court terme, de nouveaux puits furent 600 forés et les stations de traitement Branchements au réseau 500 existantes furent agrandies. Ce pro- 400 gramme se solda par la fiabilité 300 accrue de l’approvisionnement à la 200 fin des années 1990 et au début des 100 2000. Comme l’illustre le années  0 graphique B.44, le nombre moyen d’heures d’approvisionnement par 99 00 09 10 02 03 08 12 13 98 04 11 6 01 06 5 05 97 07 9 9 20 20 20 20 20 19 20 20 19 19 20 19 20 19 20 20 20 20 20 jour atteignit 18 heures en 1999– Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. 2000 puis 20 heures en 2001–2004. 140 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.4 4. Heures d’approvisionnement par jour, 1995–2013 Dix ans plus tard, une nouvelle station de traitement de 130 mil- 24 lions de litres par jour et les 20 ouvrages de transport associés furent construits dans le cadre Heures par jour 16 d’une deuxième phase de déve- 12 loppement. Cette dernière permit 8 à la SDE de satisfaire la demande 4 d’eau de Dakar. La fiabilité 0 moyenne du réseau était de 24 heures par jour entre 2006 et 10 98 99 00 08 09 02 12 13 03 04 01 06 11 96 95 05 97 07 20 20 20 20 20 20 19 20 19 19 19 20 20 20 19 20 20 20 20 2008. Cela dit, des problèmes Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. d’approvisionnement ont récem- ment été observés et de nouvelles Graphique B.45. Volume de consommation, 2004–13 installations de production seront nécessaires pour rétablir le service 24 heures sur 24. 60 Litres par personne et par jour 50 Volume de consommation. Selon la SDE, la consommation 40 moyenne des ménages est restée relativement constante entre 2006 et 2013, à 55 litres par personne et par jour, contre 30 44 en 2004 (voir graphique B.45). Cette augmentation cor- 20 respond à la mise en service de la nouvelle station de traite- 10 ment devant desservir Dakar. La demande était insatisfaite 0 avant la réalisation de ce projet. Au cours de cette période, la part de la consommation des ménages est passée de 67 % 09 10 08 04 12 13 11 06 05 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 en 2004 à 93 % en 2013. Cette hausse pourrait être liée aux Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. tarifs élevés facturés aux clients non résidentiels, qui a pour effet de décourager la consommation. Accessibilité financière. L’accessibilité financière peut être mesurée par la part des revenus consacrée à la consommation d’eau. Le produit total des ventes divisé par le nombre de personnes desservies permet de mesurer les dépenses annuelles moyennes par habitant. Le revenu moyen par habitant est estimé à partir du RNB par habitant du Sénégal. La divi- sion des dépenses d’eau par ce revenu moyen permet d’obtenir la part des revenus consa- crée à l’eau, qui s’élève à 2,2 %. À titre de comparaison, le niveau de référence régional pour cet indicateur est de 1,22 %. Potabilité. La SDE contrôle la qualité de l’eau depuis 1996. Entre 2010 et 2014, 99 % au moins des échantillons prélevés ont passé ces analyses avec succès. Cela dit, les données indiquent une importante interruption en 2008–2009 lorsque le nombre absolu d’analyses Performance des services d’eau en Afrique 141 de qualité de l’eau est tombé à environ 8 000 par an, soit seulement une analyse tous les trois jours dans chaque ville desservie par la SDE. Les données des analyses de qualité de l’eau ne sont pas publiées. Performance opérationnelle ENGR. La SDE a progressivement réduit l’ENGR entre 1996 et 2003 (de 29 à 20 %), car le contrat d’affermage comprenait de fortes incitations en ce sens. Depuis le début des années 2000, l’ENGR a toutefois stagné autour de 20 %. En 2013, elle était de 159 litres par branchement et par jour. Ce chiffre est proche du niveau de référence mondial de 121 litres et inférieur au niveau de référence africain de 205 litres. L’évolution de l’ENGR dans le temps, en litres par branchement et par jour et en pourcentage de la production, est illustrée aux graphiques B.46 et B.47 respectivement. Le comptage est quasiment Graphique B.46. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 1995–2013 universel sur toute la zone de desserte (97 % environ) depuis 450 Litres par branchement et par jour 400 2000. 350 300 Productivité du personnel. La 250 ­ productivité du personnel a net- 200 tement augmenté, le nombre 150 d’employés par 1 000 branche- 100 50 ments tombant de 7 à 2 entre 1996 0 B.48). et 2013 (voir graphique  L’effectif n’a que légèrement 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 décliné au cours de cette période. Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. L’efficacité du personnel (recettes par employé divisées Graphique B.47. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production, par coûts de la main-d’œuvre par 1995–2014 employé, ou simplement recettes 50 divisées par coûts de la main- 45 d’œuvre) est passée de 4 en 1998 40 à légèrement plus de 5 (depuis 35 30 2007). La SDE se situe ainsi nette- ENGR (%) 25 ment au-dessus du niveau de 20 référence régional de 4,21. 15 10 Performance financière 5 0 Efficacité du recouvrement. La SDE a toujours maintenu un ratio 11 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 13 14 12 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 de recouvrement élevé, comme Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. l’illustre le B.49. graphique  142 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.48. Effectif et employés par 1000 branchements contrat Le  d’affermage définit (eau et assainissement), 1996–2013 une cible dans ce domaine, et des incitations financières encou- 1 600 8 1 400 ragent l’exploitant à veiller au 1 400 1 271 7 recouvrement des coûts. Le ratio Employés par 1 000 Nombre d’employés 1 200 7 6 branchements 1 000 5 de recouvrement est tombé à 800 4 94 % en 2013. Les données dispo- 600 3 nibles ne permettent pas de 400 2 2 savoir si ce ratio couvre tous les 200 1 0 0 consommateurs ou seulement les ménages, car il semblerait que 95 96 97 98 99 00 20 1 02 03 04 05 06 07 08 09 10 20 1 12 13 0 1 20 20 20 20 19 19 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 l’État ait du mal à régler ses fac- E ectif total Employés par 1 000 branchements tures dans les délais prescrits. Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. Couverture des coûts d’exploita- Graphique B.49. Ratio de recouvrement, 1996–2013 tion. Le RCCE de la SDE a fluctué avec le temps, avec un maxi- 100 Ratio de recouvrement (%) mum de 1,55 en 2007. Ce pic 80 pourrait être attribué à une aug- 60 mentation des recettes après la 40 mise en service de la nouvelle 20 unité de production à proximité 0 de Dakar. Il est depuis resté net- tement supérieur à 1. L’évolution 96 98 10 11 12 13 97 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 99 20 20 20 20 20 19 20 20 20 20 19 19 19 20 20 20 20 20 du ratio de couverture des coûts Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. d’exploitation est illustrée au graphique B.50. Les tarifs réels Graphique B.50. Ratio de couverture des coûts d’exploitation, 1998–2013 moyens et les coûts réels moyens par m3 en monnaie nationale 1,8 Couverture des coûts d’exploitation sont donnés au graphique B.51. 1,6 1,4 Les montants en équivalent 1,2 dollars y sont également indi- ­ 1,0 qués pour 2013. 0,8 0,6 Tarif réel moyen. En termes réels, 0,4 le tarif moyen a baissé depuis 0,2 0 2009 à un taux annuel moyen de 2,8 % (voir graphique B.51). Cette 8 10 11 12 13 09 00 01 02 03 04 05 06 07 08 99 9 20 20 20 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 20 baisse pourrait être attribuée à la Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. part croissante de la Performance des services d’eau en Afrique 143 Graphique B.51. Tarifs moyens, coûts moyens par m3, 1997–2013 consommation des ménages, qui bénéficient d’un tarif réduit. En 700 1,08 USD 2013, le tarif moyen était équiva- FCFA (2013) par m3 d’eau vendu 600 lent à 1,08 dollar. 500 Le tarif progressif par 400 tranches du Sénégal comprend 300 un tarif social pour un volume 0,81 USD 200 m 3 (202 FCFA, inférieur à 20  soit dollar) 0,40  pour deux 100 mois de consommation. Un 0 tarif plein est appliqué pour un 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 20 volume de 21 à 40 m 3 (697,97 20 20 20 20 19 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 20 Tarif réel moyen Coûts réels moyens dollar) et un FCFA, soit 1,39  Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. tarif dissuasif est facturé pour tout volume supérieur à 40 m 3 (878,35 FCFA, soit 1,75 dollar). Le tarif dissuasif a pour objet de décourager toute consommation excessive d’eau. Il s’ensuit que le tarif appliqué à la consommation des ménages de moins de 20 m 3 pour 60 jours représente moins du tiers du tarif plein et moins du quart du tarif de la tranche supérieure. Les factures sont envoyées tous les deux mois après le relevé des compteurs, et la SDE peut couper l’eau en cas de non-paiement. Les clients non résidentiels et non gouvernementaux doivent payer le tarif dissuasif quel que soit le volume consommé. En 2013, 7 % seulement des clients de la SDE ont été classés comme non résidentiels, contre 33 % en 2004. Cette tendance pourrait s’expliquer par les tarifs élevés facturés. L’État paie plus du double du tarif dissuasif, soit 1 868,88 FCFA/m3 (3,72 dollars/m3). Cette structure tarifaire est en place depuis 2007, lorsque l’État a accepté d’augmenter son tarif de 70 % sans modifier ceux des autres clients. Cette mesure a été prise pour éviter que les tarifs des ménages n’augmentent tout en veillant au recouvre- ment des coûts de la SONES/SDE. En 2015, les tarifs des ménages ont également augmenté : de 4 % pour la tranche inférieure et 9 % pour les autres. Coûts réels moyens par m3 vendu. Entre 1998 et 2005, les coûts réels moyens ont baissé de 4,5 % par an en moyenne (voir graphique B.51). Ils ont fluctué ces dernières années et le coût moyen d’un mètre cube d’eau était équivalent à 0,81 dollar en 2013. Transparence financière. La SDE et la SONES ne publient pas de rapports annuels ou d’états financiers. Les tarifs figurent sur le site de la SDE, mais ils ne sont pas à jour (tarifs de 2003). Les données de performance sont également périmées ; les plus récentes données publiées datent de 2012. 144 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.52. Sources et montants des investissements, 1996–2013 Investissement. Pour améliorer l’accès et ses services, la SDE et la 70 SONES ont investi 770 millions 59 60 de dollars entre 1996 et 201321, 50 dollars par per- soit environ 10  Milliards de FCFA 40 33 sonne desservie et par an. Le 30 30 25 23 ­ B.52 graphique  indique les 19 18 17 14 12 13 12 12 11 sources et les montants des 20 10 11 9 9 investissements réalisés au cours 10 de cette période. Environ 29 % 0 provenaient de subventions, 23 % 98 00 03 99 02 04 01 06 96 05 10 13 08 09 12 97 11 07 de fonds propres et 47 % de prêts 20 20 20 20 20 20 20 19 19 19 20 20 19 20 20 20 20 20 Subventions Prêts des donateurs Fonds propres octroyés par des donateurs. Ces prêts sont remboursés grâce aux Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. recettes tarifaires, qui sont affec- tées à la SONES à cette fin. Les deux principaux programmes exécutés au cours de cette période ont été le Projet Sectoriel Eau (223 millions de dollars, 1996–2004) et le Projet Eau à Long Terme (255 millions de dollars, 2002–09)22. La Banque y a apporté d’importants financements, à hauteur de 85 mil- lions et 146 millions de dollars respectivement. Les conditions d’emprunt étaient semblables à celles de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement, avec des taux d’intérêt d’environ 6 % et des échéances de 20 ans (dont des délais de grâce de cinq ans)23. Les frais financiers ont été limités grâce à la structure de financement utilisée. Les investisse- ments étant placés sous la responsabilité de l’entreprise publique SONES, les prêts ont été accordés à l’État aux conditions de faveur de l’Association internationale de développement. Le premier projet était axé sur les investissements urgents nécessaires pour augmenter l’approvisionnement en eau de Dakar. Il prévoyait de nouveaux forages, l’agrandissement d’une station de traitement et des travaux de réduction des fuites. Une société privée a également été recrutée dans le cadre de ce projet. Le prêt de la Banque était subordonné à la signature d’un PPP acceptable pour cette dernière. La deuxième phase des réformes comprenait la construction de la grande usine de traitement de Keur Momar Sarr (65 000 m3 par jour en 2005 ; agrandie en 2008 pour passer à 130 000 m3 par jour) ainsi que l’expansion du réseau de distribution. Organisation Ressources humaines. Les gestionnaires proviennent aussi bien du secteur public que du secteur privé. La SONES, entreprise publique de gestion du patrimoine, a assuré la conti- nuité en conservant le directeur général de l’ex-SONEES. Tous les agents permanents de la SONEES avaient un emploi garanti au sein de la nouvelle structure. Parallèlement, le contrat d’affermage a également bénéficié des compétences du secteur privé par le biais de Saur, Performance des services d’eau en Afrique 145 une société internationale spécialisée ayant fait ses preuves. La longue expérience du Sénégal avec le secteur privé (l’État avait un contrat d’affermage avant la nationalisation de 1972 et un contrat de service-conseil avec Saur entre 1972 et 1995) a créé un climat favo- rable à la confiance et à la coopération. Cette société a de son côté apporté des systèmes et des techniques de gestion modernes ainsi que des cadres chevronnés. Elle a formé le per- sonnel local, et la SONES est aujourd’hui presque exclusivement dirigée par des cadres sénégalais ayant les mêmes niveaux d’efficacité. Les politiques motivées par la recherche du profit mises en œuvre par ses propriétaires ont favorisé l’adoption d’une gestion axée sur la performance. Planification stratégique. Les divers contrats définissent un processus pour la planification des investissements. La SONES (la société publique de gestion du patrimoine) doit prépa- rer un plan d’investissement décennal et un plan d’investissement triennal à horizon mobile en se fondant sur les données de la SDE concernant la demande et les besoins de services. Les parties doivent ensuite souscrire à une convention d’investissement trien- nale détaillant les projets devant être réalisés au cours des trois années à venir. Aucun projet d’investissement ne peut être réalisé s’il n’a pas préalablement été inclus dans cette convention. Résumé Au Sénégal, la SDE estime qu’environ 98 % de la population de sa zone de desserte a aujourd’hui accès à l’eau courante. Elle estime également que 89 % ont un branchement à domicile et que 9 % ont accès à une borne-fontaine. En moyenne, l’eau est disponible 23 heures par jour. Les ménages consomment 92 % de l’eau vendue, avec une moyenne de 55 lhj. Cette situation marque une amélioration importante par rapport au milieu des années 1990, lorsque Dakar souffrait d’une pénurie d’eau. L’épuisement rapide des eaux souterraines entraîna le rationnement de l’approvisionnement à 16 heures par jour. Confrontée au besoin de financer une nouvelle source de production, la société sollicita le soutien des partenaires de développement. Le Projet Sectoriel Eau, appuyé par la Banque, élabora un plan pour financer des sources de production à court terme. L’attribution de ce prêt était subordonnée à la participation d’une société privée pour améliorer l’efficacité et la gestion. En 1995, l’État sénégalais a scindé le service national existant (la SONEES) en trois entités : une société de gestion du patrimoine des services d’eau (la SONES), une société privée fournissant des services d’eau dans le cadre d’un contrat d’affermage (la SDE), et une société publique d’exploitation des infrastructures et services d’assainissement (l’ONAS). La gestion privée améliora l’efficacité, l’ENGR tombant de 29 à 20 % en huit ans (1995– 2003) tandis que le ratio de recouvrement passait à 98 % en 1997. La productivité du ­ personnel augmenta également, passant entre 1996 et 2013 de sept à deux employés par 1 000 branchements. 146 Performance des services d’eau en Afrique Au cours de la même période, les dépenses d’équipement du secteur se sont élevées à 770 millions de dollars. Environ un quart de ce montant fut financé par des fonds propres et la moitié par des prêts accordés par les donateurs. La SDE est tenue par son contrat de facturer un tarif exploitant fixe, de sorte que le tarif moyen appliqué aux consommateurs doive couvrir le tarif exploitant, en plus du montant nécessaire pour assurer le service de la dette souscrite par la SONES pour financer ses infrastructures. Les tarifs sont maintenus à des niveaux abordables grâce à des subventions croisées dont bénéficient les ménages qui consomment moins de 20 m3 tous les deux mois. Le tarif non résidentiel est le qua- druple de ce tarif social (1,75 dollar/m3) tandis que le tarif facturé à l’État est égal à neuf fois le tarif social (3,72 dollars/m3). L’augmentation régulière de la part de la consommation des ménages observée ces dernières années (92 % en 2013, avec seulement 8 % de consomma- tion par des clients non résidentiels) pourrait menacer la viabilité de ce mécanisme de subventions croisées. Ouganda, NWSC (National Water and Sewerage Corporation [Société nationale de l’eau et de l’assainissement]) Contexte En 2013, la NWSC fournissait des services d’eau et (parfois) d’assainissement à 23 centres urbains et villes d’Ouganda24. La société est mondialement connue pour le redressement de sa performance, entamé en 1998. Cette année fut marquée par deux événements impor- tants : la signature d’un contrat de gestion avec une société d’études allemande (Gauff) et la nomination d’un nouveau directeur général (M. William Muhairwe). Celui-ci lança plusieurs programmes internes pour améliorer l’efficacité opérationnelle de la société, dont le pro- gramme de 100 jours. L’année 2002 a vu la signature d’un deuxième contrat de gestion, avec Ondeo cette fois. Les IDAMC, conclus à titre expérimental en 2004, furent une autre initiative couronnée de succès. Chaque ville était établie comme une unité fonctionnelle et les directeurs étaient responsables de la réalisation d’objectifs de performance prédéfinis. Kampala, qui repré- sente plus de 60 % des recettes totales, a été divisée en branches, qui sont chacune respon- sables des activités opérationnelles de leur zone de desserte et incitées à atteindre les cibles fixées dans leur contrat de performance. Ces réformes se sont traduites par la nette amélioration de la performance opérationnelle et financière de la société à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Cette situa- tion était inchangée en 2013, dernière année analysée dans la présente étude de cas. Résultats Performance client Accès aux services d’eau. En 1998, la NWSC desservait près de la moitié de la population de sa zone de desserte, soit 1 million de personnes. En 2013, ce chiffre était de 3 millions de personnes sur 3,8 millions d’habitants (couverture de 78 %). La croissance de la population B.53. de la zone de desserte et de la population desservie est illustrée au graphique  Performance des services d’eau en Afrique 147 Graphique B.53. Comparaison entre la population graphique B.54 indique la croissance de la couverture en Le ­ desservie et la population de la zone de desserte, 2003–14 eau courante, définie comme la proportion de la population de la zone de desserte desservie par la NWSC. 7 Les données de la NWSC indiquent que la part de la popu- 6 lation raccordée au réseau était à peu près équivalente en 5 2013 à celle desservie par des fontaines publiques, les bran- Millions de personnes chements au réseau ayant lentement augmenté dans le 4 temps25. Mais les données de l’enquête sur les ménages de 3 Kampala (la capitale qui représente plus de 60 % des recettes de la NWSC) sont quelque peu différentes. Environ les trois 2 quarts des personnes ayant participé à l’enquête, qui avaient 1 accès à l’eau courante ont déclaré utiliser des fon- 0 taines publiques26. Mais le nombre moyen de personnes desservies par branchement a diminué, passant de 15 en 10 11 12 13 14 03 04 05 06 07 08 09 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Population de la zone de desserte Population desservie 2003 à 9 en 2009. Entre 2009 et 2013, cet indicateur est resté  relativement stable, autour de neuf personnes par Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. branchement. Graphique B.54. Couverture en eau courante (population desservie divisée par Expansion du réseau et de la ville. population de la zone de desserte), 1998–2013 Entre 2002 et 2013, la longueur du 100 réseau de distribution a triplé, passant de 1 846 à 5 670 km grâce 90 à : a) l’ajout de nouvelles villes à 80 la zone de desserte ; et b) l’élargis- Couverture en eau courante (%) 70 sement du service à de nouveaux 60 clients à Kampala et ailleurs. La 50 croissance du réseau est illustrée B.55  au graphique  et celle du 40 nombre de villes desservies par la 30 B.56. Les NWSC au graphique  20 données préliminaires de 2014 et 10 2015 indiquent que ce nombre 0 augmentera rapidement27. 10 00 09 12 03 08 99 02 04 11 01 8 06 13 05 07 9 20 20 20 20 20 20 20 19 20 20 19 20 20 20 20 20 Fiabilité. La fiabilité du service Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. est moyenne (20 heures d’ap- provisionnement par jour) par comparaison avec les niveaux de référence régional et mondial (21,6 et 24 heures respec- tivement) (voir graphique B.57). Les récents obstacles à l’amélioration de la fiabilité ont été les sécheresses, l’instabilité de l’alimentation électrique et la hausse de la demande. 148 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.55. Longueur du réseau, 2002–13 L’objectif de la NWSC pour la période 2015–18 est de four- heures sur 24 dans toutes les villes nir un service 24  6 000 qu’elle dessert28. 5 000 Volume de consommation. La consommation moyenne 4 000 d’eau des ménages par habitant est en baisse : de 38 lhj en Km de conduites 2012 à 23 lhj en 2013 (voir graphique B.58). 3 000 2 000 Accessibilité financière. L’accessibilité financière peut être mesurée par la part des revenus consacrée à la 1 000 consommation d’eau. Le produit total des ventes divisé 0 par le nombre de personnes desservies permet de mesu- rer les dépenses annuelles moyennes par habitant. Le 10 09 08 13 12 02 03 04 11 06 05 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 revenu moyen par habitant est estimé à partir du RNB Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. l’Ouganda. La division des dépenses par habitant de ­ d’eau par ce revenu moyen permet d’obtenir la part des Graphique B.56. Villes desservies, 2003–13 revenus consacrée à l’eau, qui s’élève à 4,3 %. À titre de comparaison, la valeur de référence régionale pour cet 25 indicateur est de 1,22 %. 20 Potabilité. Les résultats des analyses de qualité de l’eau Villes desservies 15 sont publiés dans les rapports annuels, qui sont acces- sibles au public depuis 2010. En 2013, la NWSC a analysé 10 plus de 9 000 échantillons d’eau pour détecter la pré- sence d’Escherichia coli, soit environ un échantillon par 5 ville et par jour. Au moins 97 % de ces analyses ont été jugées satisfaisantes dans les 23 villes desservies par la 0 NWSC. La même année, 22 d’entre elles ont produit une 10 09 13 12 08 03 11 06 05 eau conforme aux normes nationales en matière de turbi- 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 dité (moins de cinq unités de turbidité néphélométrique Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. [NTU])29. Performance opérationnelle ENGR. La NWSC a réussi à sensiblement réduire l’ENGR, qui est passée de 1 210 à 200 litres par branchement et par jour entre 1998 et 2015. Elle est actuellement légèrement inférieure au niveau de référence régional de 205 litres par branchement et par jour. L’évolution de l’ENGR dans le temps, en litres par branchement et par jour et en pourcentage de la produc- tion, est illustrée aux graphiques B.59 et B.60 respectivement. Exprimée en pourcentage, l’ENGR est passée de 50 à 32 % au cours de la même période (voir graphique B.60). Les progrès concernant cet indicateur ont essentiellement Performance des services d’eau en Afrique 149 Graphique B.57. Heures d’approvisionnement par jour, 1996–2013 été  enregistrés pendant la 1998–2006, période  qui corres- 24 pond au contrat de gestion avec Gauff (1998–2001) et Ondeo 20 (2002–04) et à la mise en place des IDAMC. La fiabilité du service a 16 également augmenté pendant Heures par jour cette période (voir graphique B.57). 12 L’ENGR s’est depuis stabilisée. Sa  réduction à Kampala, la capi- 8 tale ougandaise, qui représente environ 70 % des recettes de la 4 NWSC, a toutefois été difficile. Le  comptage est plus ou moins 0 universel sur toute la zone de des- 10 00 98 09 03 08 12 99 02 04 11 01 96 06 13 05 07 97 20 serte (supérieur à 98 %) depuis 20 20 20 20 20 20 19 19 19 20 20 19 20 20 20 20 20 2005. Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. Graphique B.58. Volume de consommation des ménages, Productivité du personnel. La productivité du personnel a 2005–13 nettement augmenté depuis 1998, le nombre d’employés par 1 000 branchements tombant de 36 à 10 entre 1998 et 40 2002 et de 10 à 6 entre 2002 et 2006 (voir graphique B.61). 35 Cette amélioration a dans un premier temps été obtenue Litres par personne et par jour 30 grâce au licenciement de personnel, mais l’effectif et la pro- ductivité ont augmenté à partir de 2002–06. Elle a été pos- 25 sible car l’expansion du réseau a été nettement plus rapide 20 que celle de l’effectif. 15 La productivité du personnel stagne depuis 2006 et était 10 proche de cinq agents par 1 000 branchements (eau et assai- nissement) en 2013. L’efficacité du personnel de la NWSC 5 (recettes par employé divisées par coûts de la main-d’œuvre 0 par employé, ou simplement recettes divisées par coûts de 10 09 13 12 08 11 la main-d’œuvre) se situait entre 3 et 4,5 entre 2005 et 2013. 06 05 07 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Avec une valeur de 3,4 en 2013, elle était inférieure aux Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. niveaux de référence africain et mondial de 4,27 et 4,21 respectivement. Performance financière Efficacité du recouvrement. L’efficacité du recouvrement est passée de 85 % en 2001 à 95 % ou graphique B.62). Entre autres ­ plus entre 2009 et 2013 (voir ­ initiatives, la NWSC a mis en place 150 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.59. Eau non génératrice de revenu, par branchement, 1998–2013 des distributeurs automatiques d’eau (bornes-fontaines fournis- 1 400 sant de l’eau lors de l’insertion d’un jeton prépayé) pour veiller 1 200 au paiement de l’eau. Litres par branchement et par jour 1 000 Couverture des coûts d’exploitation. 800 ­ upérieur à Le RCCE du NWSC est s 1,20 depuis 2002, attestant ainsi 600 sa viabilité financière (voir de  ­ graphique B.63). Ce ratio est équi- 400 valent à celui des services africains 200 les plus performants. Les tarifs réels moyens sont res- 0 tés relativement constants entre 2002 et 2013, soit entre 3 000 et 10 00 09 12 03 08 99 02 04 11 01 98 06 13 05 07 20 20 20 20 20 20 20 19 20 20 19 20 20 20 20 20 3 500 Sh U/m3 ou 1,16 dollar/m3 en Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. dollars de 2013, comme l’illustre le graphique B.64. Les coûts d’ex- ploitation réels moyens ont connu une évolution semblable et s’éle- Graphique B.60. Eau non génératrice de revenu, en pourcentage de la production, vaient à environ 0,89 dollar/m3 en 1998–2013 2015. Depuis 2010, le tarif réel 100 moyen a baissé. Le tarif de la NWSC est indexé sur l’inflation 90 depuis 2004. En l’absence d’or- 80 gane de réglementation, le 70 mécanisme d’indexation a été approuvé par le Parlement. Cette 60 mesure a légitimé l’indexation du ENGR (%) 50 tarif et réduit le risque de déci- 40 sion future s’opposant à des aug- 30 mentations annuelles. Les subventions croisées sont 20 importantes pour l’accessibilité 10 financière des services de la 0 NWSC. Le tarif des ménages est dollar plus élevé que celui 0,77  10 00 09 12 08 98 99 02 03 11 04 01 13 05 06 07 20 20 20 20 20 20 20 19 19 20 20 20 20 20 20 20 des bornes-fontaines (0,47 dollar). Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. Les entreprises paient un tarif Performance des services d’eau en Afrique 151 Graphique B.61. Effectif et employés par 1 000 branchements (eau et plus élevé. Mais, pour éviter que assainissement), 1997–2013 les gros usagers ne quittent le réseau, le taux appliqué à la Nombre d’employés par 1 000 branchements 2 000 40 36 1 793 consommation des entreprises 1 800 35 au-delà de 1 500 m3 par mois est 1 600 30 inférieur à celui de la tranche pré- 1 400 Nombre d’employés 25 cédente (0,9 contre 1,16 dollar/m3) 1 200 1 092 1 000 20 (NWSC 2014). En 2013, la consom- 800 mation des entreprises représen- 15 600 tait environ un tiers du volume 5 10 400 total facturé. 200 5 0 0 Transparence financière. La 10 09 98 99 08 12 00 02 03 04 11 01 97 06 13 05 07 NWSC publie un rapport annuel 20 20 20 20 20 19 20 20 19 19 20 20 20 20 20 20 20 E ectif total Nombre d’employés par 1 000 branchements qui compare sa performance Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. à  des cibles prédéfinies et contient des états financiers Graphique B.62. Ratio de recouvrement, 2001–14 vérifiés. Ces rapports sont accessibles sur le site de la société, mais ne sont pas à jour ; le plus récent porte sur 100 l’exercice 2012–13. Le plan directeur 2015–18 est dispo- Ratio de recouvrement (%) 80 nible sur le site. 60 40 Investissement. Pour améliorer l’accès et ses services, la NWSC a engagé des dépenses d’équipement d’environ 100 20 millions de dollars entre 2002 et 201130, soit environ 0 dollars par personne desservie et par an. Le 3,85  10 09 13 12 08 02 03 14 04 11 01 06 05 07 20 B.65 indique les sources et les montants des graphique  20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 dépenses d’équipement financées pendant cette période. Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. Environ 28 % provenaient de subventions, 52 % de fonds propres et 16 % de prêts. Une faible partie a été financée par d’autres sources, notamment des recettes hors exploitation, telles que le produit de la ces- sion d’immobilisations corporelles. Toutes les valeurs sont en shillings ougandais nominaux. Le taux de change en 2011 était de 2 340 Sh U pour 1 dollar. La construction de la station de traitement des eaux Gaba III et de conduites principales (52,7 milliards de Sh U, soit 28,8 millions de dollars [2006]) est l’un des projets exécutés par la NWSC pendant cette période. Ce projet s’est traduit par l’augmentation de 80 000 m3 par jour de la production d’eau destinée à Kampala et ses envi- rons. En 2010, un prêt de 2 millions de dollars a été obtenu aux conditions du marché pour financer l’agrandissement de la station de captage de Ggaba, qui alimente Kampala et ses environs. Ce prêt est financé par la trésorerie d’exploitation. 152 Performance des services d’eau en Afrique Graphique B.63. Ratio de couverture des coûts Au début de cette période, la NWSC ne remboursait pas d’exploitation, 2001–14 ses prêts avec sa trésorerie d’exploitation. L’État ougandais accepta alors un moratoire temporaire sur le service de la 1,6 dette, qui offrit un répit à la NWSC. Puis, en 2007, il conver- 1,4 tit l’encours de 47 millions de dollars en capital, ce qui Couverture des coûts d’exploitation 1,2 revint à annuler la dette. Depuis, la NWSC a contracté des 1,0 emprunts auprès de banques commerciales, qu’elle rem- bourse avec sa trésorerie d’exploitation. L’augmentation de 0,8 cette dernière a contribué à l’expansion du service. 0,6 L’amélioration de la trésorerie fut possible grâce à celle de 0,4 l’efficacité du recouvrement (de 85 % en 2001 à 95 % en 0,2 2011), à la réduction de l’ENGR (de 43 % en 2001 à 33 % en 2011), à l’augmentation de la productivité de la main- 0 d’œuvre en limitant la croissance de l’effectif accompagnant 10 09 13 08 12 03 02 14 04 11 01 06 05 07 20 20 20 celle du nombre de branchements, et à la hausse de 3 % par 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 an du tarif réel. Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000 Graphique B.64. Tarifs moyens, coûts moyens par m3, Organisation 2001–14 Ressources humaines. L’ancien directeur a indiqué qu’une 4 000 culture de laisser-aller imprégnait la NWSC lors de sa prise 1,16 USD 3 500 de fonctions en 1998. Les bureaux étaient par exemple jonchés de déchets. Pour amener un changement rapide, Sh U (2013) par m3 d’eau vendu 3 000 il institua un programme de 100 jours (de février à mai 2 500 1999) dans le cadre duquel les responsables et leurs 2 000 équipes se sont engagés à atteindre d’ambitieuses cibles 0,89 USD dans un délai de 100 jours. Ce programme marqua le 1 500 début d’une période de changement et contribua à l’ins- 1 000 tauration d’une culture de la performance au sein de l’or- 500 ganisation. D’autres initiatives suivirent, notamment 0 l’adoption de la planification stratégique consultative ­ ommun (Mugisha, Berg pour créer le sentiment d’un but c 10 13 09 12 20 3 08 14 02 04 11 20 1 06 05 20 7 0 0 0 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Tarif réel moyen Coûts réels moyens et Muhairwe 2007). Depuis 2004, la NWSC a utilisé les IDAMC pour motiver Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. les équipes de gestion de ses différents domaines d’activi- tés. Les cadres sont sélectionnés sur concours en suivant un processus ouvert. Ils prennent le risque de ne pas toucher une partie de leur salaire, en échange d’un bonus qu’ils touchent s’ils atteignent des cibles relatives aux niveaux de service et à la trésorerie d’exploitation. ­ Pour aider son personnel à améliorer ses compétences, la NWSC s’est dotée d’un centre de formation à Kampala. Les cours proposés couvrent le service à la clientèle, les techniques Performance des services d’eau en Afrique 153 Graphique B.65. Financement des dépenses d’équipement, 2002–07, 2009–11 d’enquête, la déontologie et l’in- tégrité. La NWSC est également 40 38 35 dotée d’un centre de formation 35 professionnelle destiné à ses Milliards de U Sh 30 25 17 16 11 19 11 11 agents techniques. Ses cadres 20 14 15 bénéficient de bourses d’études 10 et de prêts à faible taux d’intérêt, 5 0 pour favoriser l’avancement pro- fessionnel des plus performants. 8 6 9 4 2 3 5 7 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 Trésorerie d’exploitation utilisée Prêts pour financer les dépenses Planification stratégique et res- d’exploitation ponsabilité. En 2003, un contrat Subventions Autres sources de performance a été signé entre Sources : EDS 2005, 2011, 2014 ; MICS 2000. l’État et la NWSC. Il définit des cibles pour cette dernière, y com- pris l’élaboration de plans et le financement de l’expansion du réseau. Ce contrat est essen- tiellement un plan stratégique assorti de cibles et d’échéances, et définissant la voie à suivre31. La NWSC utilise la planification stratégique inclusive avec succès depuis un certain temps ; elle a récemment publié son septième plan directeur (2015–18), disponible sur son site. En 2013, elle a publié son premier plan d’action stratégique quinquennal (2013–18), qui a bénéficié de la contribution de tous ses agents, quel que soit leur niveau. Techniques commerciales. L’utilisation de techniques commerciales novatrices aide la NWSC à mieux servir ses clients. La majorité des fontaines publiques sont exploitées comme des points de distribution d’eau par des personnes qui paient pour être raccordées au réseau et revendent l’eau prélevée. Certains points de distribution sont municipaux, d’autres sont gérés par des associations locales et d’autres encore sont privés. Bien que le tarif applicable aux bornes-fontaines soit inférieur d’environ 39 % au tarif des ménages, la NWSC a observé que certains points de distribution prélèvent une marge excessive. Le prix de l’eau vendue en bidons de 20 litres peut ainsi dépasser 1 dollar/m3 (Kariuki et al. 2014). Pour contourner le problème, la NWSC a installé des distributeurs automatiques d’eau fonctionnant avec des jetons électroniques. En évitant les intermédiaires, ces points d’eau prépayée veillent à ce que les clients puissent obtenir de l’eau au faible tarif facturé par la NWSC, sans payer de supplément. Parallèlement, la NWSC contribue à l’accessibilité financière de l’eau en reconnaissant que  certains robinets individuels installés dans des cours sont en fait des points d’eau collectifs. Si la consommation d’un branchement direct semble élevée, un agent de la NWSC se rend sur place pour vérifier si le robinet est utilisé par plus de deux ou trois ménages. Si tel est le cas, le tarif pour points d’eau publics est alors appliqué. 154 Performance des services d’eau en Afrique Résumé Grâce au redressement de la NWSC, environ 76 % de la population de sa zone de desserte ont aujourd’hui accès à l’eau courante, contre 47 % en 1998. En moyenne, l’eau est disponible 18 heures par jour. Les subventions croisées et les distributeurs automatiques d’eau contri- buent à l’accessibilité financière de l’eau pour les particuliers. Les recettes couvrent l’en- semble des coûts d’exploitation et certaines dépenses d’équipement, grâce à l’efficacité opérationnelle et au tarif axé sur le recouvrement des coûts. La NWSC peut contracter des emprunts aux conditions du marché et rembourser sa dette avec sa trésorerie d’exploitation. Les réformes ont été progressives. Dans un premier temps, des modèles locaux et internationaux ont été mis à l’essai en parallèle, dans l’objectif de continuer de servir les clients existants tout en réduisant les pertes financières grâce à l’amélioration de l’efficacité. Cette approche a été fructueuse, comme l’illustre la baisse de l’ENGR, de 50 à 30 % entre 1998 et 2006 et la hausse de la productivité du personnel, de 36 à 6 employés par 1 000 bran- chements, également entre 1998 et 2006. Avec le temps, des solutions pragmatiques, dont l’indexation du tarif et un contrat de performance plutôt que la mise en place d’un organe de réglementation, ont été adoptées. Les IDAMC (instaurés en 2004) incitent le personnel à atteindre des cibles opérationnelles et financières visant notamment l’ENGR, les arriérés, le coefficient brut d’exploitation et l’efficacité des branchements. Mise à jour : 2014–15 En 2013, la NWSC a lancé une remarquable nouvelle campagne sous le thème « l’eau pour tous ». Maintenant qu’elle est financièrement viable, la Société s’est fixé pour objectif d’élar- gir l’accès à l’eau sur l’ensemble du territoire national. Le nombre de villes desservies est passé de 23 à 149 en moins de trois ans (de juin 2013 à mars 2016). Dans ces villes, la NWSC a généralement pris la succession de la Direction de l’aménagement hydraulique (Directorate of Water Development) qui assurait jusqu’alors l’exploitation et l’entretien des infrastruc- tures. Les données portant sur cette expansion sont incomplètes et n’ont donc pas pu être vérifiées dans le cadre de cette étude. La collecte de données dans ces villes a jusqu’à présent été limitée et la NWSC prévoit de réaliser une enquête auprès de ses clients pour obtenir de meilleures données. Notes 1. EDS 2010, Enquêtes démographiques et de santé concernant certains pays, http://dhsprogram.com/data/. 2. Il s’agit d’un indicateur fort rudimentaire de l’accessibilité financière, car de nombreux services d’eau ne desservent que des résidents urbains (dont les revenus sont généralement supérieurs à la moyenne nationale). De plus, les reve- nus consacrés à l’eau comprennent également les ventes aux usagers commerciaux (de nombreux services d’eau ne tiennent pas de comptes séparés pour les ménages et l’effet des subventions croisées ne peut donc pas toujours être détecté). 3. Autrement dit, plus de 25 % des services d’eau africains de l’échantillon ont un indicateur d’efficacité supérieur à celui de l’ONEA. Performance des services d’eau en Afrique 155 4. Le taux progressif par tranches découragera le partage des robinets. 5. ONEA, « Les tarifs », http://oneabf.com/les-tarifs/. 6. IBNET. 7. En dollars de 2013. 8. IBNET, https://database.ib-net.org/utility_profile?uid=5375. 9. Rapport annuel de la SODECI 2012. 10. La période de recouvrement fait référence au délai moyen de règlement des factures par les clients (en jours). Elle est calculée comme suit : créances en fin d’exercice/recettes x 365. ­ 11. Pour tout renseignement complémentaire sur les centres de formation, voir le site Eranove à : http://www.eranove.com​ /­en/collaborators/training/. 12. La loi sur l’eau de 2002 est en cours d’examen et est susceptible d’être réformée par le projet de loi sur l’eau de 2014. Selon le mécanisme de suivi des projets de loi du sénat kenyan (http://www.parliament.go.ke/the-senate/house-business​ bills-tracker), le projet de loi sur l’eau de 2014 avait atteint un stade avancé du processus législatif en 2016. /­ 13. « Geographical Coverage », Athi Water, http://awsboard.go.ke/about/our-mandate/. 14. https://www.nairobiwater.co.ke/projects. 15. https:// https://www.nairobiwater.co.ke/index.php/en/. 16. La raison de la baisse des coûts d’exploitation et d’entretien est inconnue. 17. L’enquête sur les ménages de 2013 a estimé la population sénégalaise totale ayant l’eau courante à seulement 5,3 millions (contre 5,8 millions estimés par la SDE), avec une répartition différente entre les branchements dans les habitations et les cours (4,7 millions selon l’enquête sur les ménages et 5,3 millions selon la SDE) et les fontaines publiques (0,6 million selon l’enquête sur les ménages et 0,5 million selon la SDE). 18. http://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR305/FR305.pdf. 19. MICS 2000, Enquêtes par grappes à indicateurs multiples, http://www.unicef.org/statistics/index_24302.html. EDS 2005, 2011, 2014, Enquêtes démographiques et de santé, http://dhsprogram.com/data/. 20. Rapport d’évaluation, République du Sénégal, Projet Sectoriel Eau, 12 juin 1995, 2–4. 21. En dollars de 2013. 22. Rapport de mise en œuvre, d’achèvement et de résultats, Projet Sectoriel Eau ; Rapport de mise en œuvre, d’achèvement et de résultats, Projet Eau à Long Terme. Ces projets comprenaient des composantes visant l’assainissement qui relevaient de l’ONAS et non pas de la SDE ou de la SONES. 23. Rapport d’évaluation, Projet Sectoriel Eau, iv ; Document d’évaluation du projet : Projet Eau à Long Terme, 20. 24. Selon le site de la NWSC, 149 villes étaient desservies au 17 mars 2016. Le reste de l’étude de cas présente des données allant jusqu’en juin 2013. 25. https://www.nwsc.co.ug/index.php/resources/reports. 26. https://dhsprogram.com/pubs/pdf/FR264/FR264.pdf. 27. Les données sur l’expansion sont incomplètes, tout comme les données de performance associées. C’est pourquoi ces deux années n’ont pas été incluses dans cette évaluation. 28. NWSC Corporate Plan, 2015–18. 29. NWSC Annual Report, 2013. 30. En dollars de 2011. 31. Contrat de performance entre la République de l’Ouganda et la NWSC, en date du 17 octobre 2003. 156 Performance des services d’eau en Afrique Références Fall, Matar, Philippe Marin, Alain Locussol, and Richard Verspyck. 2009. “Reforming Urban Water Utilities in Western and Central Africa: Experiences with Public-Private Partnerships: Volume 2, Case Studies.” Water Sector Board Discussion Paper /connect/5202b8804ba99b958e16ef1be6561834​ Series 13, World Bank, Washington, DC. http://www.ifc.org/wps/wcm​ /­WaterPPPvol2.pdf?MOD=AJPERES. Kariuki, Mukami, Guillaume Patricot, Rosemary Rop, Sam Mutono, and Midori Makino. 2014. Do Pro-Poor Policies Increase Water Coverage? An Analysis of Service Delivery in Kampala’s Informal Settlements. Washington, DC: World Bank, Water and Sanitation Program, and Water Partnership Program. Marin, Philippe, Matar Fall, and Harouna Ouibiga. 2010. “Corporatizing a Water Utility: A Successful Case Using a Performance Based Service Contract for ONEA in Burkina Faso.” Gridlines Note No. 53. Washington, DC: PPIAF, World Bank. Marin, Philippe, Eustache Ouayoro, Matar Fall, and Richard Verspyck. 2009. Un partenariat réussi pour l’eau en Côte d’Ivoire : leçons tirées de 50 ans de gestion privée efficace. Gridlines Note No 50 (août). Washington, D.C.: PPIAF, Banque mondiale. http:// documents.banquemondiale.org/curated/fr/870701468243907641/Partnering-for-water-in-Cote-dIvoire-lessons​ -from-50-years-of-successful-private-operation. Mugisha, Silver, Sanford V. Berg, and William T. Muhairwe. 2007. “Using Internal Incentive Contracts to Improve Water Utility Performance: The Case of Uganda’s NWSC.” Water Policy 9 (3): 271–84. Mugo, F. K. 2006. “Nairobi City Water and Sewerage Company Limited: Milestones and Challenges.” http://www.un.org/esa​ /­sustdev/sdissues/water/workshop_africa/presentations/nwsc.pdf. NCWSC (Nairobi City Water and Sewerage Company). 2014. Strategic Plan 2014/15–2018/19. Nairobi, Kenya : NCWSC. Ndaw, Mouhamed Fadel. 2015. « Étude sur la valorisation du potentiel des TIC dans le secteur eau, assainissement et hygiène : résumé des conclusions et recommandations. » Banque mondiale, Washington, DC. Sawadogo, Diuedonné. 2015. “Delivering City-Wide WASH Services: Reaching Informal Settlements in Ouagadougou, Burkina Faso.” Exposé PowerPoint présenté à la Semaine mondiale de l’eau. SIWI, Stockholm, 2016. 2011, publié en 2012. https://docs.google.com/viewer?url=http://www.sodeci.ci/application​ SODECI Rapport de Gestion  /­themes/exquiso/rapports/resultats-annuels-SODECI-2011.pdf United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division. 2014. World Urbanization Prospects: The 2014 Revision. New York: United Nations. WASREB (Water Services Regulatory Board). 2015. A Performance Review of Kenya’s Water Services Sector 2013–2014. Impact Issue No. 8/2015. Nairobi, Kenya: WASREB. Performance des services d’eau en Afrique 157 Annexe C Procédures concernant la qualité des données La qualité des données du réseau IBNET (International Benchmarking Network for Water and Sanitation Utilities) dépend de la qualité de celles soumises par les services d’eau et leurs associations. Cela dit, le réseau déploie d’importants efforts pour veiller à ce que les données collectées soient de la meilleure qualité possible et reflètent adéquatement la per- formance du service considéré. Concernant l’Afrique, les données IBNET proviennent des sources suivantes : a) opéra- tions bancaires en Afrique francophone et au Malawi ; b) organes de réglementation de la Tanzanie, du Kenya et de la Zambie ; c) consultants travaillant sous la supervision d’IBNET et des équipes de la Banque au Nigéria, en Afrique du Sud et en Éthiopie. La qualité des sources de données était fort variable, avec d’excellentes procédures d’assurance de la qualité dans certains cas (données réglementaires) et des procédures de moindre qualité dans d’autres ; toutes les données ont toutefois été soumises à l’examen rigoureux de l’équipe IBNET. Qualité des données lors de la collecte. L’outil de collecte de données IBNET utilise des four- chettes de valeur et des filtres intégrés pour éviter la saisie d’informations manifestement erronées. Plus de 70 filtres sont prévus par le Toolkit IBNET pour éviter la saisie de données erronées ou non numériques. Qualité des données lors du téléchargement. Le site IBNET contrôle la qualité des données lors de leur téléchargement : • Celles-ci doivent correspondre aux fourchettes prévues. • Les tendances temporelles semblent être raisonnables (drapeau rouge si les données ou les indicateurs ont changé de plus de 30 % en une année, drapeau jaune lorsqu’ils ont changé de 10 à 30 %, et drapeau vert lorsqu’ils ont changé de moins de 10 %). Toutes les données assorties d’un drapeau jaune ou rouge ont été envoyées aux responsables de la collecte de données pour examen et explications. • Les niveaux de confiance sont fondés sur l’expérience (urbanisation, longueur des conduites, consommation et taux de recouvrement). Une fois téléchargé, l’ensemble de données fait l’objet d’un examen concernant les valeurs aberrantes, les sources de données et la cohérence à l’aide de la fonction « performers » de la base de données IBNET. Le site IBNET permet d’examiner la cohérence des niveaux de per- formance calculés fournis par tous les services d’eau, pour s’assurer que les données se situent dans les fourchettes prévues et que les tendances temporelles semblent raisonnables. Les moyennes calculées pour un ensemble de données permettent de comprendre les Performance des services d’eau en Afrique 159 valeurs aberrantes d’un service, et ces valeurs sont examinées avec le responsable de la collecte de données pour comprendre leur raison d’être. La base de données contient un échantillon de plus de 1 400 observations, couvrant 306 services d’eau dans 40 pays africains. Ces observations couvrent une période de 20 ans (de 1995 à 2014), mais tous les services d’eau n’ont pas fourni de données pour toutes ces années. Quelques services ont fourni des informations au début de cette période (moins de 15 services pour chaque année entre 1995 et 1999). Le nombre de services d’eau figurant dans la base de données IBNET n’a cessé d’augmenter avec le temps. En 2011 et 2012, plus de 250 services ont fourni des données tous les ans, grâce aux importants efforts de collecte menés en Éthiopie et au Nigéria. La participation à la collecte de données IBNET étant volon- taire, il est possible que l’échantillon ne soit pas représentatif de l’ensemble des services du secteur africain de l’eau. ­ Un sous-échantillon de près de 120 services de 14 pays couvrant la période 2010-13 a été utilisé pour les analyses des chapitres 3, 4, 5 et 6. Les cinq études de cas du chapitre 7 utilisent des ensembles de données couvrant des périodes plus longues. 160 Performance des services d’eau en Afrique Annexe D Méthode d’analyse d’enveloppement des données L’analyse d’enveloppement des données (AED) est une méthode non paramétrique de mesure de l’efficience des entreprises d’un secteur, souvent désignées unités de décision. L’AED pro- duit un indice de performance à partir d’indicateurs, désignés intrants et extrants, qui peuvent être liés à d’autres facteurs influençant la performance. Dans le cadre d’une AED de base, un service d’eau est jugé relativement efficient si ses intrants observés peuvent être mis à l’échelle pour produire des extrants supérieurs ou égaux à toute combinaison ou mise à l’échelle des extrants obtenus à partir des intrants observés des autres services. Cette méthode est souvent attribuée à Charnes, Cooper et Rhodes (1978) ; elle a été utilisée dans de nombreuses études, y compris sur les services d’eau. Des variantes de la méthode de base sont apparues depuis la publication de l’article original pour permettre de travailler avec d’autres hypothèses. L’AED utilise des méthodes de programmation mathématique pour déterminer la perfor- mance des entreprises d’un secteur. Elle mesure l’efficience d’une entreprise k dans un sec- teur de K entreprises en tant que valeur optimale de la fonction objectif obtenue en résolvant le problème ci-dessous où yik est la quantité du ie extrant sur m extrants produits par l’entre- prise k, xjk est la quantité du je intrant sur n intrants utilisés par l’entreprise k, et la maximisa- tion porte sur les variables m + n de choix non négatives ui, et vj : m Maximiser ∑ i =1 ui yik , n ∑ j =1 vi x jk m avec ∑ i =1 ui yik ≤ 1;k = 1,2,...,K, (D.1) n ∑ j =1 vi x jk où ui, vj ≥ 0; i = 1, 2, … , m; j = 1, 2, … , n. Il est à noter que les valeurs des extrants, ui, et les prix des intrants, vj, sont évalués pour placer l’entreprise k dans les meilleures conditions pour déterminer sa performance relative. La transformation des variables produit un modèle équivalent susceptible d’être plus facile- ment résolu en utilisant les techniques de programmation linéaire (voir par exemple, Alhabeeb et Moffitt 2012) : m Maximiser ∑ i =1 ui yik , m n ∑ i =1 ui yik − ∑ j =1 vi x jk ≤ 0, avec n (D.2) ∑ j =1 vi x jk = 1, ui , v j ≥ 0. Performance des services d’eau en Afrique 161 L’efficience de chacune des K entreprises est estimée en faisant varier k dans la fonction objectif avec k = 1, 2, … , K. L’utilisation de la valeur optimale de la fonction objectif pour chaque valeur de k produit un indice de performance désigné dans les textes sur l’AED comme un classement de l’effi- cience des entreprises sur l’intervalle [0, 1] où « 1 » représente une entreprise efficiente. Une frontière d’efficience relative peut être formée par des segments linéaires associés aux obser- vations des entreprises efficientes. L’un des importants avantages de l’AED par rapport aux techniques de régression statis- tique est qu’elle ne nécessite pas la spécification d’une forme fonctionnelle liant les extrants et les intrants, comme c’est le cas avec les techniques statistiques paramétriques. Elle évite également la spécification de distributions pour les composantes des modèles stochastiques. Un important inconvénient de l’AED est sa sensibilité aux erreurs au niveau des observations de l’échantillon, qui n’est pas prise en compte dans la méthode de base. La subjectivité de la sélection des intrants et des extrants est également un inconvénient. Références Alhabeeb, M. J., and L. Joe Moffitt. 2012. Managerial Economics: A Mathematical Approach. New York: John Wiley and Sons. Charnes, A., W. W. Cooper, and E. Rhodes. 1978. “Measuring the Efficiency of Decision Making Units.” European Journal of Operational Research 2: 429–44. 162 Performance des services d’eau en Afrique SKUWXXXXX SKU W17008