Ir Del'ÉVIDENCE THE WORLD BANK empiriqueà la formulation de POLITIQUES IBRD. DA Identification des méthodes qui fonctionnent, par le Réseau pour le développement humain Mise à jour : février 2013 Cambodge: Les bourses peuvent-elles aider à prolonger la scolarisation des enfants ? Fournir aux enfants une éducation de qualité est une pri- Un projet récemment réalisé au Cambodge consistait orité pour les responsables politiques et les spécialistes de à accorder des bourses aux garçons et aux filles issus de l'éducation du monde entier. La réussite d'un système édu- familles pauvres s'ils poursuivaient leurs études au-delà de catif nécessite plus que de bons enseignants et une infra- l'école primaire. Une évaluation du projet a révélé que les structure adaptée ; il faut aussi encourager les enfants à rester bourses ont réussi à garder les enfants à l'école. Cependant, à l'école suffisamment longtemps pour pouvoir bénéficier elle a également montré que les enfants boursiers n'ont des services qui y sont fournis. Parvenir à cela représente une pas obtenu de meilleurs résultats à leurs tests de vocabu- étape clé dans la réforme de l'éducation. De nombreuses laire et de mathématiques que les non-boursiers - bien questions restent toutefois en suspens : les bourses peuvent- qu'ils aient des taux d'inscription et d'assiduité plus élevés. elles pousser les élèves à poursuivre leurs études au-delà de S'appuyant sur les résultats de l'évaluation, le gouver- l'école primaire dans les pays à faibles revenus ? L'argent nement du Cambodge a élargi le programme de bours- devrait-il être versé directement aux enfants ou plutôt à leurs es de 45 dollars, qui s'est avéré tout aussi efficace que parents ? Existe-t-il un montant optimal ? Les filles et les les bourses de 60 dollars. Le gouvernement a également garçons ont-ils besoin des mêmes types d'encouragements ? testé un programme de bourses à l'école primaire visant les La Banque mondiale s'est engagée à aider les pays élèves les plus démunis. Les chercheurs espèrent que le sui- en développement à améliorer la qualité de leur système vi des élèves cambodgiens et l'évaluation de programmes r- Mi éducatif, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour similaires dans d'autres pays en développement aideront le développement des Nations unies. Son travail consiste les responsables politiques et les spécialistes de l'éducation notamment à financer des projets qui explorent comment à mieux comprendre l'utilité et la relation entre les bourses, apporter la meilleure aide possible aux enfants scolarisés. les études et l'apprentissage. Étude de cas Cambodge Au Cambodge, de nombreux programmes de bourses fi- Poverty Reduction), avait pour but de garder les filles à l'école nancés par le gouvernement et par des donateurs extérieurs en donnant à leur famille une bourse d'études annuelle qui ont été mis en place. Un de ces projets, financé par le Fonds pouvait être dépensée librement pendant les trois premières japonais pour la réduction de la pauvreté (Japan Fundfor années du collège (niveaux sept à neuf). Le projet s'est déroulé Le saviez-vous7 ?pendant les années scolaires 2003-2006 et a augmenté le taux de scolarisation de 20 à 30 points de pourcentage. Au Cambodge, près de 80 pour cent des filles et des garçons qui Fort de cette expérience, le gouvernement a mis en place rentrent à l'école primaire vont jusqu'au bout de ce cycle d'études. un programme, financé par le Projet d'appui au secteur de À l'école secondaire, le taux de scolarisation chute à 36 pour cent l'éducation au Cambodge de la Banque mondiale (Cam- chez les garçons et 32 pour cent chez les filles. bodia Education Sector Support Project), pour déterminer le Le taux d'alphabétisation des hommes de 15 à 24 ans est de 90 montant optimal des bourses et en mesurer l'impact chez les pour cent, celui des femmes de 83 pour cent. filles et les garçons. Le projet s'est déroulé au cours des an- (World Bank EdStats, 2008) nées scolaires 2005-2010 et comprenait des bourses de deux montants différents-60 dollars par an pour les bénéficiaires seuil revenait à comparer des candidats très similaires dont la les plus pauvres et 45 dollars pour les autres. Une évaluation seule différence était que les premiers étaient boursiers. d'impact, guidée par le mode de sélection des élèves boursi- Les bourses ont été versées aux élèves de 6e à leur entrée ers, a été intégrée à l'étude. au niveau 7 (première année du collège), et elles étaient re- Le programme a ciblé 100 collèges ne participant pas à nouvelables en 8e et en 9e. En tout, 26 537 demandes de d'autres programmes de bourses, en particulier les collèges bourses ont été soumises, et 3 800 bourses accordées. Deux des régions pauvres avec de faibles taux d'inscription. Tous tiers des bénéficiaires étaient des filles. Largent était versé les élèves de 6e (dernière année) des écoles primaires locales aux familles en trois acomptes durant l'année scolaire, au devaient remplir une demande de bourse. Les questions por- cours de cérémonies publiques de remise de prix. De plus, les taient essentiellement sur la composition de leur foyer, qu'il bourses étaient accordées à condition que l'enfant soit inscrit s'agisse du nombre de membres de la famille, de l'accès à à l'école, qu'il soit assidu et que ses résultats progressent de l'eau courante ou de la possession de biens durables. Afin manière satisfaisante. Au cours de la première année du pro- d'obtenir une cote de risque d'abandon scolaire, les répons- gramme, les chercheurs ont réalisé une enquête auprès des es étaient analysées en parallèle avec les données issues de ménages portant sur 3 225 candidats (dont 60 pour cent des l'enquête nationale auprès des ménages du Cambodge. boursiers environ), et ils ont effectué quatre visites-surprises Les candidats de 6e étaient catégorisés selon leur cote dans les écoles, afin de contrôler la présence des candidats. de risque d'abandon scolaire, des plus susceptibles de quit- Dans le cadre de l'enquête auprès des ménages, les enfants ter l'école aux moins susceptibles. Dans chaque école, un ont répondu à un test de vocabulaire et à un test de mathé- nombre de bourses était attribué aux élèves présentant le plus matiques, qu'ils soient scolarisés ou non. De plus, au cours grand risque d'abandonner l'école. Comparer les candidats à d'une des visites aux écoles, un test de mathématiques a été la bourse situés « juste en dessous » et « juste au-dessus » du donné aux élèves. Résultats Les bourses ont eu un impact considérable sur l'école. Cependant, les résultats de l'étude ont démontré le taux de scolarisation et d'assiduité des élèves que le programme a autant encouragé les filles que les gar- de 7e et 8e. çons à rester à l'école. Le taux de scolarisation des non-boursiers était d'environ Donner 45 dollars aux enfants pour rester à 60 pour cent à la fin du niveau 7 ; il était de 80 pour cent l'école s'est montré tout aussi efficace que de chez les boursiers, d'où une augmentation de 20 points leur donner 60 dollars. de pourcentage. À titre de comparaison, l'impact de pro- grammes éducatifs de transferts monétaires similaires dans Il n'y a pas eu de différence significative sur le taux de le reste du monde varie de 0 à 13 points de pourcentage*. scolarisation entre les enfants ayant reçu une bourse an- nuelle de 45 dollars et ceux ayant reçu 60 dollars. Le programme a eu le même impact sur les filles et les garçons. L'argent a pu être utilisé librement et son utilisation n'était pas surveillée. Toutefois, les Les boursiers comptaient plus de filles que de garçons, familles boursières ont dépensé plus d'argent car elles présentaient un plus grand risque d'abandonner sur les études... * Voir: Fiszbein, A., N. Schady, F.H.G. Ferreira, M. Grosh, N. Kelleher, P. Olinto, and E. Skoufias, Conditional Cash Transfers: Reducing Present and Future Poverty. 2009, Washington, D.C.: World Bank Cette note récapitule les résultats du document de recherche n° 4998, « SchoolEnroliment, Selection and Test Scores » (Inscription, sélection et résultats sco- laires), écrit par Deon Filmer et Norbert Schady. Le travail a été effectué grâce à l'équipe de développement humain et services publics du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale. L'intégralité du rapport est disponible à l'adresse suivante : http://www-wds.worldbank.org/ Le montant des bourses n'était pas une grosse somme pour les Les chercheurs ont noté que des évaluations de suivi fàmilles : il représentait environ deux à trois pour cent de la étaient nécessaires, afin de s'assurer que cette observation ne consommation de l'enfant au sein du ménage, et la bourse de soit pas due à la nature relativement court terme de l'étude. 45 dollars était à peu près égale aux frais de scolarité du col- lège. Les familles boursières ont dépensé en moyenne 10 dol- Le gouvernement du Cambodge a décidé pour lars de plus en frais scolaires, sur des livres ou autres matériels le moment que l'augmentation du taux de pédagogiques. scolarisation était suffisamment importante pour poursuivre le modèle, en incorporant les ... et les élèves boursiers étaient moins résultats de l'évaluation et en augmentant la susceptibles d'avoir un travail rémunéré portée des bourses d'études au secondaire. pendant leurs études. L'augmentation du taux de scolarisation des élèves les Les élèves boursiers étaient moins susceptibles de 10 points plus à risque a constitué une preuve suffisamment con- de pourcentage d'avoir un emploi rémunéré, par rapport vaincante de la valeur du programme pour que le gou- aux élèves non-boursiers. vernement du Cambodge cherche à l'étendre. Comme les bourses de 45 dollars se sont avérées aussi efficaces Les frères et sœurs n'ont pas servi de que celles de 60 dollars, le gouvernement a augmenté compensation. Rien n'indique que les parents des élèves ayant reçu une bourse pour poursuivre leurs études aient retiré leurs frères et sœurs de l'école afin de compenser la perte de revenus ou d'autres services. Néanmoins, bien que les bourses aient augmenté le taux de scolarisation des élèves les plus à risque, les résultats scolaires ne se sont pas améliorés pour autant. Les élèves boursiers n'ont pas obtenu de meilleurs résul- le nombre de bourses de 45 dollars au lieu d'augmenter tats leurs évaluations de mathématiques et de vocabu- le montant de chaque bourse, lorsque des fonds sup- laire que les non-boursiers, malgré des taux plus élevés plémentaires sont devenus disponibles. Le projet fait d'inscription et d'assiduité. Il se peut que les bourses aient désormais partie du programme national de bourses du aidé les élèves pauvres à rester à l'école ainsi que ceux avec pays, qui a été adapté en fonction des caractéristiques de des difficultés scolaires. conception du projet. « Grâce au programme, je ne m'absenterai pas de l'école autant qu'avant, Au Cambodge, la participation aux activités économiques com- car mes parents ont arrêté de me pousser à trouver un travail pour gagner mence très tôt et augmente fortement avec l'âge, d'où une en- de l'argent et aider la famille », a déclaré une des élèves boursières. trée tardive à l'école et un départ devancé. Près de 16 pour cent des enfants participent à une activité économique dès l'âge de six ans, Le programme a révélé que les élèves qui se sont in- et plus de la moitié commencent à travailler avant l'âge de 10 ans. À 15 scrits en 7e même si une bourse leur avait été refusée ans, la proportion des enfants qui participent à une activité économique dépasse celle des enfants qui fréquentent l'école. Le taux de scolarisation étaient plus susceptibles de quitter l'école avant la 8e s'ils culmine à 91 pour cent chez les enfants de 11 ans ; la fréquentation de avaient des résultats médiocres. En revanche, les élèves l'école chute par la suite, lorsque les enfants commencent à quitter l'école boursiers sont restés à l'école, même s'ils avaient des résul- pour se consacrer exclusivement au travail. tats tout aussi médiocres en 7e. Ceci ne veut pas dire que - "Children's Work in Cambodia: A Challenge for Growth and Poverty les mauvais élèves réussissent mieux à l'école grâce aux Reducation, "(Travail des enfants au Cambodge : un défi à relever pour la croissance et la réduction de la pauvreté) projet de recherche interinstitu- bourses, mais que l'argent a contribué à les garder dans le tionnel avec la Banque mondiale, déc. 2006 système scolaire. Les groupes de développement et les responsables politiques ou des tuteurs spécialisés pourraient être mobilisés. De se tournent vers les transferts monétaires conditionnels et même, les responsables politiques doivent garder à l'esprit parfois non conditionnels pour encourager les individus que certains des élèves les plus pauvres risquent de quit- démunis ou défavorisés à mieux profiter des prestations ter l'école avant même d'avoir terminé leur primaire. Les d'éducation, de santé et de protection sociale. L'étude réali- programmes de bourses pourraient donc cibler des classes sée au Cambodge montre que les bourses peuvent s'avérer inférieures afin que tous les enfants soient pris en compte. efficaces pour inciter les élèves à poursuivre leurs études au- C'est ce que le Cambodge explore à l'heure actuelle, à trav- delà de l'école primaire, et ce même au sein des ménages ers un programme pilote de bourses visant les élèves des à faibles revenus. Les résultats ont aussi révélé qu'au Cam- trois dernières années de l'école primaire. bodge, les bénéfices sont identiques chez les garçons et chez Les chercheurs qui travaillent sur ce projet prévoient les filles, et qu'encourager les enfants à rester à l'école ne une deuxième vague de collecte de données, afin de déter- signifie pas que les familles pousseront les frères et sœurs à miner si les élèves qui ont été boursiers au collège finissent compenser pour le temps de travail perdu. par obtenir de meilleurs résultats scolaires par la suite. De L'étude a aussi montré que fréquenter l'école ne suffit plus, l'impact à long terme sur la réussite sur le marché du pas toujours à garantir une bonne éducation. Les respon- travail par exemple, ou sur l'âge auquel les jeunes se mari- sables politiques qui souhaitent faire une différence devront ent et ont des enfants peut être étudié. peut-être compléter des programmes axés sur la demande, La clé de la réussite reste de trouver le moyen optimal avec des interventions portant sur la qualité des écoles et d'aider les enfants risquant de quitter l'école, non seule- des enseignants. Par exemple, les enseignants pourraient ment en les incitant à s'y inscrire, mais en s'assurant qu'ils être formés pour mieux enseigner aux élèves plus faibles, peuvent apprendre, une fois là-bas. Le Fonds d'évaluation d'impact stratégique, qui appartient au Groupe de la Banque mondiale, soutient et diffuse les travaux d'évaluation d'impact de projets de développement destinés à lutter contre la pauvreté. L'objectif est de collecter et d'exploiter des données empiriques, afin d'aider les gouverne- ments et les organismes de développement à concevoir et à mettre en oeuvre les politiques les plus appropriées et les plus efficaces pour améliorer les opportunités en matière d'éducation, de santé et d'emploi dans les pays en développement. Pour plus d'informations sur qui nous sommes et ce que nous faisons, voir : http://www.worldbank.org/sief La série de notes périodiques « de l'évidence empirique à la formulation de politiques » est produite par le SIEF avec l'appui généreux du Département du développement international du gouvernement britannique. THE WORLD BANK IBRD -IDA LA BANQUE MONDIALE, FONDS D'ÉVALUATION D'IMPACT STRATÉGIQUE 1818 H STREET, NW WASHINGTON, DC 20433 Série produite par le Fonds d'Évaluation d'Impact Stratégique Éditrice: Aliza Marcus; Rédactrice: Daphna Berman Ce document constitue une mise à jour d'une note publiée en octobre 2010.