L’AGRICULTURE CLIMATO- INTELLIGENTE Succès en AFRIQUE Auteurs : Xiaoyue Hou, Xenia Zia Morales, Grace Anyango Obuya, Dasan Bobo, et Ademola Braimoh « La promotion de l’agriculture climato-intelligente est une priorité pour les gouvernements des pays africains. Il existe toute une « L’agriculture subit certes les effets du changement climatique, mais elle est aussi en grande partie à l’origine du problème. Face à l’évolution du climat et série de solutions de gestion la diminution des ressources naturelles, agricole capables d’améliorer la il est important de pérenniser le système productivité, renforcer la résilience alimentaire. C’est pourquoi la Banque face aux chocs climatiques et mondiale encourage la pratique de réduire les émissions de carbone. l’agriculture climato-intelligente qui vise » » Il est important de réaliser ce triple trois objectifs : accroître la productivité, objectif si l’on veut juguler renforcer la résilience et réduire l’insécurité alimentaire en Afrique. l’empreinte écologique. M. Makhtar Diop Juergen Voegele Vice-président de la Région Afrique Directeur principal du Pôle mondial Banque mondiale d’expertise en Agriculture Banque mondiale Photo de couverture : Dasan Bobo/Banque mondiale Photo de gauche : Dasan Bobo/Banque mondiale 3 L’enjeu pour l’Afrique L’Afrique abrite plus de 225 millions de personnes souffrant de Le faire dans les conditions habituelles triplerait du même coup malnutrition. Les familles d’agriculteurs, qu’elles soient d’Afrique les émissions liées à l’agriculture et à l’utilisation des sols, ce qui ou d’ailleurs, constituent déjà le gros des populations pauvres propulserait l’Afrique presque à la tête du classement des plus dans le monde. Le changement climatique réduira davantage gros émetteurs de carbone d’origine agricole dans le monde, leurs chances de sortir de la pauvreté. et mettrait la communauté internationale dans l’impossibilité de réaliser l’objectif de la COP 21 de contenir l’augmentation La variabilité du climat provoque déjà un recul de la productivité. de la température bien en-deçà de 2°C. Des études indiquent que chaque degré de température qui s’ajoutera aux niveaux de réchauffement actuels se traduira par L’agriculture et l’utilisation des sols à des fins agricoles sont à une baisse de 5 % environ de la productivité agricole. Si rien l’origine de 25 % des émissions mondiales de Gaz à effet de n’est fait pour rendre l’agriculture plus résiliente, l’augmentation serre (GES), ce qui en fait une des principales sources du des températures moyennes de 2°C d’ici le milieu du siècle problème climatique. Mais l’agriculture peut aussi faire partie pourrait entraîner jusqu’à 20 % de réduction de la production. de la solution. Chaque nouvelle élévation de la température aura encore plus d’effets néfastes. L’irrégularité accrue des pluies multiplie les À moins de changer les modes de planification et risques de réchauffement et les sécheresses qui s’ensuivent d’investissement en faveur de la croissance et du développement peuvent provoquer des crises alimentaires. de l’agriculture, le risque est grand de voir des ressources mal affectées au financement de systèmes agricoles incapables Ce recul de la production dans de nombreux pays africains d’assurer la sécurité alimentaire, mais dégradant un peu plus intervient au moment où les systèmes agricoles, sous la les sols et rendant les pauvres encore plus vulnérables, pression de la croissance démographique et l’augmentation et contribuant davantage au dérèglement climatique. des revenus, doivent quasiment tripler la production globale. 4 La démarche climato-intelligente L’agriculture climato-intelligente est une démarche de Les interventions faisant appel à l’agriculture climato-intelligente transformation agricole et de réponse aux besoins alimentaires doivent être envisagées et retenues pour leur effet bénéfique sur du monde, qui tient compte de la nouvelle donne climatique. l’ensemble du système d’exploitation ou du paysage, ou des Elle poursuit trois objectifs : accroître la productivité, renforcer deux. Ces interventions seront d’autant plus réussies qu’elles la résilience et réduire les émissions de GES. concourront à la mise en valeur du site du projet. L’agriculture climato-intelligente est une autre façon d’assurer Le succès des projets d’agriculture climato-intelligente repose la gestion durable des sols tout en augmentant la productivité généralement sur des solutions axées sur l’action, encadrées agricole. Elle peut inverser le cycle de dégradation des sols et par des politiques et un environnement favorables. l’empreinte écologique négative de l’agriculture, pérenniser la production alimentaire, accroître la résilience, réduire les Le présent document décrit des projets d’agriculture climato- émissions de GES, fixer le carbone et améliorer d’autres intelligente menés avec succès en Afrique. Il s’agit de projets services écologiques. exécutés par la Banque mondiale et des organisations partenaires. La Banque mondiale utilise son Plan d’action pour Pour transposer l’agriculture climato-intelligente à grande le climat en Afrique pour promouvoir l’adoption à grande échelle échelle, les acteurs des secteurs public et privé et de la société des technologies et pratiques propres à l’agriculture climato- civile doivent impérativement mener les actions suivantes : intelligente. 1) coordonner l’élaboration des politiques ; 2) renforcer les institutions ; 3) fonder la planification et la prise de décisions sur des données factuelles ; et 4) dédier des financements à cette activité et veiller à leur efficacité (Lipper et col.). 5 81 % des familles de la vallée de Nyando (Kenya) connaissent la faim. La malnutrition touche 45 % des enfants de moins de cinq ans. L’agriculture climato-intelligente propose de meilleures solutions, améliore la productivité et la nutrition, accroît les revenus, assure la résilience et réduit les émissions de GES. 6 Des villages climato-intelligents au Kenya : créer des systèmes d’exploitation agricole résilients La vallée de Nyando au Kenya est marquée de profondes recours aux services vétérinaires et à la gestion du fumier, ravines creusées par l’érosion. Dans les villages de Nyando, et pratiquent l’agroforesterie. 81 % des familles connaissent chaque année un à deux mois de famine - ou des périodes durant lesquelles leurs champs Les paysans ne sont plus de simples « cultivateurs » ou ne peuvent pas produire. Pour braver ces difficultés, de « arboriculteurs ». Ils comprennent que la diversification de leurs nombreux agriculteurs s’adonnent désormais à l’agriculture activités rendra leurs exploitations plus résilientes face au climato-intelligente, en ayant notamment recours à des changement climatique et réduira leur empreinte écologique, espèces et cultivars résistants au climat ainsi qu’aux services tout en augmentant leur productivité et en améliorant globalement d’information climatique. Ils bénéficient aussi des plans la qualité de leurs sols. locaux de développement et d’adaptation, et de l’appui institutionnel et stratégique. L’inclusion est l’un des points forts de la démarche climato- intelligente adoptée dans ces villages. Les agriculteurs issus de Après avoir été formés, les agriculteurs décident des techniques collectivités différentes, les chercheurs en disciplines diverses, intelligentes qu’ils vont appliquer au cours d’un processus les organisations non gouvernementales et d’autres partenaires, intégrant les femmes et d’autres groupes. En puisant dans se mettent ensemble pour expérimenter un large éventail de leurs savoirs, les paysans ont pu transformer leur terre en solutions dans une démarche intégrée. Les villages climato- exploitations productives et hautement rentables. intelligents ont amélioré leur sécurité alimentaire et leur résilience, et proposé aux petits exploitants des solutions Nombre d’entre eux appliquent désormais des techniques de pour adapter leur agriculture. conservation de l’eau, de meilleurs modes de gestion de leur bétail grâce à l’introduction d’espèces plus résistantes et le Ce projet est soutenu par le programme de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire du CGIAR. Photo de gauche : Dasan Bobo/Banque mondiale 7 La production de miel a augmenté de plus de 131 % et les revenus de  356 % environ. 8 Apiculture : partenariats public-privé au service du développement des chaînes de valeur Les Ogiek de la forêt Mau pratiquent l’apiculture depuis des surtout des manipulations post-récolte, mais aussi la certification générations. Malgré leur expérience, ils restent en butte aux par le bureau des normes du Kenya, le codage à l’aide de code à difficultés inhérentes à la gestion d’une activité commerciale : barres et le développement d’une marque Ogiek, ont rendu le faibles niveaux de production, absence de marché structuré, produit plus commercialisable. Le point de vente ouvert à faiblesse des prix en raison de la mauvaise qualité des récoltes, Mariashoni écoule directement le produit auprès des pertes des produits de la ruche et incapacité à utiliser de consommateurs. meilleures technologies. Il devient plus important de préserver l’environnement et les La pratique de l’apiculture s’est améliorée grâce à l’assistance forêts parce que l’apiculture se développe. Les apiculteurs sont technique. La production de miel a augmenté, pour se situer encouragés à planter des arbres dans leurs ruchers. Non entre 15 et 20 kilogrammes, contre 2 à 10 kilogrammes seulement ces arbres régénèrent la forêt et servent de puits auparavant. Contrairement aux pratiques culturales de carbone, mais ils produisent également des fleurs qui attirent traditionnelles, l’apiculture ne demande pas beaucoup de les abeilles. ressources. Une fois les ruches construites et le rucher bien disposé, les apiculteurs attendent six mois pour les premières Les initiatives de renforcement des capacités et les récoltes. investissements des acteurs comme le Kenya Forestry Service, la Commercial Bank, le Baraka Agricultural College et la Banque Les Ogiek vendent leur miel à leur coopérative qui le transforme, mondiale ont amélioré les moyens de subsistance, accru leur le raffine, l’embouteille, le met sur le marché et vend le produit viabilité et prouvé que les pratiques traditionnelles peuvent être fini. Les efforts faits pour améliorer la qualité du miel, au niveau transformées en activités lucratives. De la gauche vers la droite : KAPAP, KAPAP, Dasan Bobo/Banque mondiale, KAPAP 9 La culture intercalaire peut modifier le microclimat dans les zones de culture du café et réduire Les cartes d’aptitude culturale comme celle ci-dessus les températures produite par l’Institut international d’agriculture tropicale de 2° à 5°C. (ITTA) indiquent que les superficies adaptées à la culture du café arabica vont considérablement diminuer avec l’élévation progressive de la température moyenne de la Terre.  Si rien n’est fait, la filière café pourrait enregistrer des pertes estimées à 100 millions 10 de dollars par an.  La culture du café en Ouganda : le secteur privé au service de la science Le café est le principal produit d’exportation de l’Ouganda. Ces cartes indiquent que si les systèmes de production actuels Il génère 20 % des recettes en devises. Le changement du café étaient maintenus, les zones de cultures de l’arabica climatique pourrait cependant compromettre la production pourraient ne pas soutenir cette variété à terme. On estime les de café et mettre à mal l’économie du pays. Pour faire face pertes éventuelles à plus de 100 millions de dollars par an. à cette menace, les instituts de recherche travaillent sur les chaînes de valeur pour développer la filière et donner plus Cette information permet aux agriculteurs et au secteur privé de de moyens d’action aux petits exploitants. mieux planifier leurs investissements pour un équilibre à long terme. Les agriculteurs deviendront plus résilients face au climat L’adaptation est absolument indispensable et créer de l’ombre en choisissant les cultures appropriées. Dans le même temps, les autour du café peut modifier le microclimat et réduire la acteurs du secteur privé, mieux avertis des manifestations futures température des zones de culture de 2° à 5°C. Les arbres du changement climatique, peuvent mieux planifier leurs activités. d’ombrage, comme la banane, peuvent rapporter aux agriculteurs 50 % de revenus supplémentaires, en même temps qu’ils fixent le carbone dans les sols et réduisent les températures et les problèmes dus à la sécheresse. Outre des techniques comme la culture intercalaire, le paillage et les arbres d’ombrage, les chercheurs ont utilisé les modèles climatiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour faire la cartographie des zones appropriées afin de cultiver le café arabica et robusta Ce projet bénéficie de l’appui de l’Institut international d’agriculture en Ouganda. tropicale (ITTA). Photo de gauche : Dasan Bobo/Banque mondiale Carte d’aptitude culturale des sols : IITA 11 228 000 agriculteurs ont adopté de meilleures techniques culturales. La production de riz a augmenté de 30 % environ. 12 Tanzanie : accroissement de la productivité grâce aux investissements dans l’irrigation L’économie tanzanienne est largement dominée par l’agriculture, d’améliorer la productivité agricole, les revenus des exploitations qui représente 46 % du PIB. La croissance économique est et la sécurité alimentaire, pour contribuer à la réalisation des fortement tributaire de la performance dans ce secteur. Une objectifs de la deuxième stratégie de réduction de la pauvreté meilleure performance agricole peut avoir un effet direct sur les (MKUKUTA II) et du Programme détaillé de développement de revenus des pauvres. l’agriculture en Afrique (PDDAA), qui sont de promouvoir la croissance agricole et garantir la sécurité alimentaire et La croissance du secteur agricole est largement déterminée par nutritionnelle. des facteurs d’accroissement de la productivité, comme l’accès aux intrants (surtout les semences améliorées et les engrais), Le projet a directement bénéficié à 228 000 agriculteurs, dont la recherche et la vulgarisation, l’irrigation et la mécanisation. 25 % de femmes. La superficie totale irriguée a augmenté de Certains facteurs, comme l’accès aux marchés des produits, plus de 80 %, d’où un gain de productivité du riz, de 4,5 à l’accès au crédit et l’infrastructure telle que les routes rurales, 5,8 tonnes métriques. En outre, pour améliorer le cadre influencent également cette croissance. L’irrigation garantit un stratégique de l’investissement privé, des initiatives comme le accès sûr à l’eau et protège les agriculteurs des chocs Southern Agricultural Growth Corridor for Tanzania (SAGCOT) périodiques causés par la variabilité du climat. ont été lancées pour promouvoir des entreprises agricoles inclusives et prospères dont profiteront les petits exploitants Le projet de développement du secteur agricole (ASDP) de la région, ce qui aura pour effet d’améliorer la sécurité accompagne les petits investissements dans l’irrigation pour alimentaire, de réduire la pauvreté rurale et d'assurer la viabilité accroître la productivité et protéger les producteurs des chocs de l’environnement. résultant de la modification du climat. L’ASDP a pour but Photo de gauche : Sarah Farhat/Banque mondiale 13 Les sols de plus de  60 % des districts en Éthiopie ont été analysés et cartographiés. La distribution des engrais mélangés appropriés par cinq usines implantées dans quatre régions a amélioré la productivité agricole. 14 Cartographie de la santé des sols en Éthiopie : vers une économie verte L’Éthiopie est déterminée à devenir une économie résiliente et Ces constatations ont permis de revoir les recommandations sur sobre en carbone d’ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, des le recours aux engrais au niveau des woreda et kebele levés et analyses ont été réalisés sur les sols de différents (quartiers), mais aussi de recenser les sols très acides qui woredas (districts). Les résultats de ces analyses sont utilisés devraient être réhabilités au moyen de la chaux. Ces initiatives pour dresser des cartes des sols et consignés dans la base améliorent les pratiques culturales et réduisent aussi l’utilisation de données de l’inventaire national des sols. de l’urée et de l’azote, qui émettent des gaz à effet de serre. Dix-huit classes de sol sont répertoriées en Éthiopie et on estime Pour répondre à la demande croissante en engrais mélangés, que 80 % des sols du pays sont constitués de neuf grands types cinq usines spécialisées ont été implantées dans les quatre de sol. Un grand nombre de facteurs topographiques et régions les plus productives. D’autres usines devraient voir le jour climatiques est à l’origine de l’extrême variabilité de ces sols. dans d’autres régions du pays. Une mauvaise information sur la fertilité du sol peut parfois conduire à l’application erronée d’engrais, ce qui nuira Les agriculteurs récoltent déjà les fruits de ces conseils judicieux davantage à la santé et à la productivité du sol. sur l’utilisation des sols. En appliquant les bons engrais et les techniques de compostage appropriées, ils peuvent accroître Les analyses montrent que les sols éthiopiens souffrent de la productivité tout en minimisant les dépenses en engrais. carences en un ou plusieurs nutriments essentiels, notamment Les agriculteurs et la santé de l’ensemble des sols éthiopiens l’azote, le phosphore, le potassium, le soufre, le bore, le zinc, sont les grands gagnants de cette initiative grâce à laquelle le le fer et le cuivre. pays est en passe de développer une économie verte. Photo de gauche : Dasan Bobo/Banque mondiale 15 87 000 agriculteurs ont été formés et s’adonnent à l’agriculture climato-intelligente. Les revenus annuels des ménages ont augmenté de plus de  260 %. 1 million d’hectares érigé en zones de conservation communautaire. 16 Incitations agricoles en Zambie :  assurer la conservation grâce à des pratiques durables Ces dernières années ont été rudes pour les petits agriculteurs Actuellement, 87 000 agriculteurs – dont 52 % de femmes – de la vallée de Luangwa en Zambie. Les pratiques culturales ont reçu une formation formelle en agriculture climato-intelligente traditionnelles ainsi que le manque d’accès à des techniques de et durable. Ils s’adonnent maintenant à la culture sans labour, production améliorées et à des intrants au coût abordable ont au paillage et au compostage, en plus de l’apiculture, du provoqué la chute du volume des récoltes. Les pratiques non maraîchage en saison sèche et de l’élevage de volaille. viables mises en œuvre par les agriculteurs pour surmonter ces Ces pratiques ont amélioré la productivité et réduit le recours difficultés ont entraîné la dégradation des sols, la déforestation et aux engrais inorganiques, diminuant ainsi les émissions la perte de biodiversité. d’oxyde nitreux. Les Community Markets for Conservation (COMACO) sont un Plus de 10 millions de boutures de manioc, une plante résistante modèle de marchés communautaires pour la conservation au à la sécheresse, ont été plantées pour servir d’aliment de service du développement rural qui font appel aux facteurs de réserve. Cette pratique réduit aussi les risques de ruissellement production, aux technologies et aux marchés pour aider les petits des eaux de pluie et peut aider à augmenter les niveaux d’eau exploitants à assurer leur sécurité alimentaire et accroître leurs stockée dans le sol. La déforestation et les feux de brousse ont revenus tout en préservant les ressources naturelles qu’ils diminué. Les revenus des agriculteurs participants se sont accrus utilisent. COMACO part du principe qu’avec les incitations et la de 200 dollars au moins, par rapport à la situation avant formation appropriées, les petits exploitants préféreront des le programme. pratiques agricoles durables à des pratiques plus destructives, surtout si elles leur permettent de satisfaire leurs besoins Cette initiative montre que l’agriculture climato-intelligente alimentaires et pécuniaires de base. Ce modèle propose des prix est bénéfique pour tous – elle est bonne pour l’environnement, supérieurs aux prix du marché pour les produits résultant de mais également pour les revenus des agriculteurs. pratiques culturales veillant à la viabilité et à la préservation des sols. Photo de gauche : IITA 17 Le secteur de l’élevage génère 39 % des revenus ruraux.  253 000 éleveurs ont adopté de meilleures pratiques d’élevage. Le secteur de l’élevage est à l’origine de  19,6 % des émissions de GES en Zambie. 18 Améliorer la productivité de l'élevage en Zambie : investir dans la santé animale À Shesheke dans l’ouest de la Zambie, l’élevage bovin est mieux diagnostiques des laboratoires, le contrôle des maladies qu’un simple moyen de subsistance. C’est une culture qui peut animales et l’appui institutionnel aux administrations en charge être mise en péril par la propagation des épizooties. Les bœufs et de l’élevage et de l’agriculture. Ce projet soutient également le les buffles s’abreuvent dans les mêmes points d’eau, surtout en renforcement des capacités des principales institutions publiques saison sèche, et les troupeaux courent particulièrement le risque relevant du secteur de l’élevage, dans le but d’améliorer la de contracter la fièvre aphteuse. Pour empêcher une épidémie de fourniture des services consultatifs et techniques en vue de fièvre aphteuse et d’autres épizooties dans le pays, la direction l’adoption de bonnes pratiques d’élevage et de technologies des services vétérinaires du ministère des Pêches et de l’Élevage innovantes. Le projet LDAHP promeut le développement durable a installé des centres de vaccination dans toute la province. du secteur de l’élevage par l’accroissement de la production alimentaire en même temps qu’il encourage la réduction des Le secteur de l’élevage produit 39 % environ des revenus ruraux émissions de GES. en Zambie, d’où le caractère prioritaire de la surveillance de la fièvre aphteuse et d’autres épizooties ainsi que leurs vecteurs. La stratégie à long terme du secteur de l’élevage en Zambie est Le pays doit déjà faire face à la faible productivité du secteur de de créer une zone indemne de maladie dans le but de gagner l’élevage imputable à la faiblesse des investissements et à la l’accès aux marchés internationaux du bétail et des produits médiocrité des pratiques d’élevage et de l’alimentation animale. carnés. À court et à moyen terme, le projet LDAHP accompagnera cette stratégie et contribuera à améliorer les L’amélioration de la productivité est subordonnée à la mise sous services vétérinaires et d’élevage, la sécurité des aliments contrôle des maladies animales. Le projet de développement de et la productivité des petits systèmes de production. Depuis l’élevage et de santé animale (LDAHP) a alloué un montant de la création du projet, la pleuropneumonie contagieuse bovine 25,7 millions de dollars au renforcement des services a été officiellement éradiquée de 11 des 18 districts ciblés, vétérinaires, notamment la surveillance, les capacités et 253 000 éleveurs ont bénéficié de ce service. Photo de gauche : Alex Mwanakasale/Banque mondiale 19 L’irrigation au goutte-à-goutte permet d’économiser 25 % d’eau dans les zones irriguées. L’arboriculture est plus rentable et mieux adaptée à la sécheresse et au changement climatique que les cultures céréalières dans les zones non irriguées. 20 Lutte contre la sécheresse au Maroc : accompagner les petits exploitants dans un contexte de modification du climat Le Maroc subit de fréquentes sécheresses et le changement climatique, il est encore plus impérieux de soutenir les petits climatique se manifeste déjà par la hausse des températures et exploitants, car ils n’ont pas les ressources techniques et des pluies moins fréquentes et moins prévisibles. Ces effets sont financières suffisantes pour faire face à l’imprévisibilité perceptibles dans le secteur agricole, qui est au cœur de la vie croissante du climat. démographique et socioéconomique du pays : il pourvoit 40 % des emplois nationaux, surtout dans les zones rurales où vit la La gestion de l’eau est essentielle dans un contexte de majorité des pauvres. Le secteur compte un grand nombre de sécheresse et de dérèglement climatique. Dans les zones petits agriculteurs de subsistance, mais aussi de grands irriguées, le PMV et le Programme national d’économie et de exploitants dynamiques et prospères qui ont recours aux valorisation de l’eau en irrigation (PNEEI) encouragent technologies de pointe et sont bien intégrés dans les marchés l’amélioration des services d’eau et l’adoption de techniques nationaux et internationaux. d’irrigation plus efficaces. Ainsi, l’eau est fournie au moment où les cultures en ont le plus besoin, et les petits agriculteurs En 2008, le pays a lancé le Plan Maroc vert (PMV), une stratégie peuvent l’utiliser de façon plus efficace et efficiente. Dans les agricole à long terme, qui vise le doublement de la valeur ajoutée zones non irriguées, le PMV encourage - entre autres - l’abandon du secteur et la création de 1,5 million d’emplois d’ici 2020, des cultures céréalières au profit de l’arboriculture : les oliviers faisant du secteur agroalimentaire une source stable de sont adaptés à la sécheresse, plus rentables pour les petits croissance, de compétitivité et de développement économique exploitants et moins exposés aux fluctuations que connaissent d’envergure dans les zones rurales. Le PMV porte une attention les cultures annuelles, surtout lorsque cette culture des arbres particulière aux petits exploitants et entend leur faciliter l’accès s’accompagne de la collecte de l’eau de pluie. aux technologies et services et promouvoir leur intégration dans les marchés. Le PMV reconnaît qu’à cause du changement Photos de gauche : Gabriella Izzi/Banque mondiale 21 45% 22 14 Un système alimentaire durable en Afrique de l’Ouest : créer une démarche intégrée reposant sur la recherche L’agriculture est une composante importante des économies Le PPAAO a mis au point et distribué 160 variétés de ouest africaines, car elle constitue plus de 40 % de leur PIB et cultures climato-intelligentes, introduit des technologies emploie quasiment 70 % des populations de la région. climato-intelligentes liées aux traitements post-récolte et à la transformation, et formé les agriculteurs à des pratiques Grâce au financement de la Banque mondiale, le Programme de climato-intelligentes comme le compostage et l’agroforesterie. productivité en Afrique de l’Ouest (PPAAO) promeut l’agriculture climato-intelligente dans 13 pays de la région afin de pérenniser Les agriculteurs ont également désormais accès à des le secteur pour le bénéfice des générations futures. technologies, telles que des systèmes plus efficaces de récupération de l’eau. Grâce à l’aide du PPAAO, plus de L’appui qu’apporte le PPAAO à une nouvelle génération de 7 millions d’agriculteurs et plus de 4 millions d’hectares de scientifiques locaux et de « centres nationaux de spécialisation » terres sont plus productifs et résilients, et les émissions de – ou centres de recherche spécialisés sur les produits pour gaz à effet de serre ont diminué. lesquels certains pays ont un avantage comparatif – a permis de développer des variétés de produits de base résistantes au La productivité a augmenté de plus de 150 %. La production climat, comme le riz (Mali), la banane plantain (Côte d’Ivoire) alimentaire s’est améliorée de plus de 3 millions de tonnes, et le maïs (Bénin). Ces nouvelles variétés sont distribuées aux les revenus des bénéficiaires se sont accrus en moyenne de agriculteurs dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest avec le 34 %, les périodes de disette se sont raccourcies de moitié, concours d’un réseau de coopératives et d’agents de les produits de base sont plus disponibles et les normes vulgarisation. nutritionnelles se sont améliorées dans toute l’Afrique de l’Ouest. Photos de gauche : Dasan Bobo/Banque mondiale 23 Avantages d’une stratégie régionale : 1. Elle réduit les doublons en habilitant un seul institut de recherche régional à mener les travaux, qui seraient autrement entrepris parallèlement par plusieurs organismes ; 2. Elle permet des économies d’échelle en concentrant les ressources là où elles peuvent avoir le plus d’effet ; 3. Elle accroît les retombées de la recherche en facilitant la diffusion transfrontalière des technologies améliorées et en accroissant ainsi le nombre de bénéficiaires ; et 4. Elle empêche de fonctionner en vase clos en créant des mécanismes efficaces, qui facilitent l’échange des connaissances et le transfert des technologies. 24 Intégration régionale en Afrique australe :  exploiter pleinement le potentiel agricole grâce à la recherche-développement Les dernières années ont été marquées par un gain de la recherche-développement en agriculture. Certains pays productivité agricole en Afrique subsaharienne en général, et en d’Afrique australe appartiennent aux mêmes zones agro- Afrique australe en particulier. Mais cette croissance résulte en écologiques et ont les mêmes systèmes d’exploitation et peuvent, grande partie davantage de la mise en production de terres par conséquent, trouver des solutions collectives à leurs problèmes jusque-là en friche que d’une intensification de la production communs. Le transfert des technologies est une réalité dans la qu’auraient rendu possible les évolutions technologiques (efficacité sous-région, et un certain nombre de variétés à haut rendement et accrue des facteurs de production). Il ressort de la comparaison de de cultures et de techniques d’élevage améliorées ont déjà été la croissance de la productivité globale des facteurs que, durant diffusées avec succès dans plusieurs pays. les dix dernières années, les évolutions technologiques ont été plus déterminantes dans l’accroissement de la productivité Le Programme de productivité agricole en Afrique australe agricole en Asie et en Amérique latine qu’en Afrique. (APPSA) regroupe des pays de la sous-région et entend améliorer la mise au point et la diffusion des technologies en développant les Il faut investir dans la recherche et le développement agricoles capacités au sein des systèmes nationaux de recherche- pour réaliser pleinement le potentiel agricole de l’Afrique australe. développement et en renforçant la collaboration régionale. La recherche agricole est particulièrement sevrée de financements en Afrique, en dépit de la rentabilité avérée des investissements Depuis le lancement de l’APPSA, le Malawi, le Mozambique et la dans les activités de recherche-développement. Zambie se sont joints au programme, 42 technologies ont été mises à la disposition des agriculteurs et d’autres utilisateurs, L’intégration régionale se trouve être une stratégie efficace, 48 sous-projets communs de recherche/vulgarisation sont en cours qui donne la possibilité à des groupes de pays confrontés aux d’exécution et 8 225 agriculteurs ont bénéficié du programme. mêmes difficultés de recherche d’investir plus efficacement dans Photo de gauche : John Hogg/Banque mondiale 25 Notes de fin Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Base de données statistiques FAOSTAT [Rome] : FAO, 1998. Jassogne, Laurence, Peter Lderach, et Piet Van Asten. The Impact of Climate Change on Coffee in Uganda: Lessons from a case study in the Rwenzori Mountains. Oxfam Policy and Practice: Climate Change and Resilience 9.1 (2013): 51-66. Lipper, Leslie, et col. Climate-smart agriculture for food security. Nature Climate Change 4.12 (2014) : 1068-1072. Photo de droite : Dasan Bobo/Banque mondiale Photo quatrième (de couverture) gauche : Xiaoyue Hou/Banque mondiale Photo quatrième (de couverture) milieu : Grace Anyango Obuya/Banque mondiale Photo quatrième (de couverture) droite : Amadou Ba/Banque mondiale Photo ci-dessus : Xenia Zia Morales/Banque mondiale 27 © Novembre 2016 Groupe de la Banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 USA Telephone: 202-473-1000 Internet: www.worldbank.org/agriculture www.worldbank.org/foodsecurity Twitter: @WBG_Agriculture