Situation économique Dynamiser au Togo l’investissement privé pour plus de croissance Août 2020 et d’emplois 1 Situation économique au Togo - Août 2020 © 2020 The World Bank 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000; Internet: www.worldbank.org Certains droits réservés Cet ouvrage a été rédigé par les services de la Banque mondiale, avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil d’Administration ou des Gouvernements que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement qu’elle reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et licences L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 IGO (CC BY 3.0 IGO) http:// creativecommons.org/licenses/by/3.0/igo. Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attribution, il est possible de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, y compris à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes : Mention de la source — L’ouvrage doit être cité comme suit : Banque mondiale. 2020. Rapport sur la Situation Economique du Togo : Dynamiser l’Investissement Privé pour plus de croissance et d’emploi. © Banque Mondiale, Washington, DC. Pour tout renseignement sur les droits et licences, s’adresser à World Bank Publications, The World Bank Group, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; télécopie : 202-522-2625 ; courriel : pubrights@worldbank.org. Situation économique au Togo Dynamiser l’investissement privé pour plus de croissance et d’emplois Août 2020 3 Situation économique au Togo - Août 2020 Table des matières Liste des tableaux, figures et annexes vi Remerciements viii Avant-propos ix Liste des abréviations x Résumé exécutif xi Première partie: L’état de l’économie xv 1. Introduction 1 1.1. Développements économiques récents 2 1.1.1. La croissance s’est accélérée jusqu’en 2019 dans un contexte d’inflation modérée et de vulnérabilités bancaires persistantes 2 1.1.2. Le déficit budgétaire est resté sous contrôle et la trajectoire baissière de la dette s’est confirmée 5 1.1.3. Une détérioration du solde extérieur 7 1.2. Des perspectives économiques modérément favorables du fait de la pandémie de la Covid-19 8 1.2.1. La pandémie de la Covid-19 et son impact sur l’économie togolaise 9 1.2.2. Les canaux de transmission 9 1.2.3. Marge de manœuvre limitée en termes d’options de politique économique 11 1.2.4. Les effets de la pandémie de la COVID-19 sur l’économie du Togo 11 1.2.5. Les conditions d’une accélération de la reprise économique post-COVID-19 16 Situation économique au Togo - Août 2020 iv Deuxième partie: Vers une croissance tirée par le Secteur Privé 18 2. Introduction 18 2.1. L’état du secteur privé au Togo et sa contribution à l’innovation et à la création d’emplois 20 2.1.1. Le secteur privé au Togo 20 2.1.2. Investissement privé, productivité du stock de capital et emploi 26 2.2. L’impact de la COVID-19 sur le secteur privé togolais 31 2.3. Relever le défi d’un secteur privé dynamique et compétitif dans l’ère post-COVID-19 42 2.3.1. Quelques options clé de politiques : incitations fiscales, le potentiel de l’entreprenariat 42 numérique 2.3.1.1 Coûts et bénéfices potentiels des incitations fiscales 42 2.3.1.2. Capitaliser le potentiel de l’entrepreneuriat numérique pour un secteur privé plus dynamique 45 2.3.2. Réduire les principaux obstacles structurels à la compétitivité du secteur privé 47 2.3.2.1. Le poids de la fiscalité 49 2.3.2.2. La question de l’accès au financement 50 2.3.2.3. La concurrence déloyale du secteur informel 52 2.3.2.4. La qualité des infrastructures d’énergie et de télécommunication 54 2.3.2.5. Le Foncier 57 2.3.3. Contraintes limitant le développement de l’initiative privée dans quelques secteurs prioritaires 58 2.3.3.1. Transport et logistique 58 2.3.3.2. Le secteur agricole 61 2.3.3.3. Le secteur minier 63 2.3.3.4. Le secteur de la fabrication légère 65 2.4. Feuille de route pour des réformes futures : tirer les leçons de la crise pour construire la croissance 66 future Annexes 73 v Situation économique au Togo - Août 2020 Liste des tableaux, figures, encadrés et annexes Liste des tableaux Tableau 1.1 : Quelques indicateurs économiques 12 Tableau 2.1 : Un niveau élevé de vulnérabilité des emplois 29 Tableau 2.2 : Support souhaité par les firmes 41 Tableau 2.3 : Contraintes à l’investissement liées à la qualité des infrastructures d’énergie électrique 54 Tableau 2.4 : Propositions de réformes pour un secteur privé dynamique et résilient 69 Liste des figures Figure 1.1 : Une croissance plus faible que la moyenne de l’UEMOA 2 Figure 1.2 : L’évolution récente de l’activité économique, 2016-2019 3 Figure 1.3 : Crédit au secteur privé (% du PIB) et taux d’intérêt débiteur, 2005-2019 4 Figure 1.4 : Un niveau élevé des créances en souffrance en comparaison des pays pairs 5 Figure 1.5 : Evolution de la situation budgétaire, 2016-2019 6 Figure 1.6 : Evolution du solde extérieur et du cours des principaux biens échangés, 2016-2019 7 Figure 1.7. Impact économique de la pandémie du Coronavirus 15 Figure 2.1 : Sources de la croissance au Togo 19 Figure 2.2 : Dynamique de l’investissement au Togo et comparaison avec les pairs régionaux (1995- 2017) 21 Figure 2.3 : Dynamique de l’investissement au Togo et comparaison avec les pairs aspirationnels (1995-2017) 22 Figure 2.4 : Dynamique des investissements à travers les secteurs (2007-2013) 22 Figure 2.5 : Structure du secteur privé et dynamique de création des entreprises 25 Figure 2.6 : Structure du secteur privé et dynamique de création des entreprises (suite) 25 Figure 2.7 : Productivité marginale du stock de capital privé, 1994-2017 27 Figure 2.8 : Innovation et concurrence, 2006-2018 27 Figure 2.9 : Dynamique de l’emploi dans le secteur privé Togolais, 2012-2018 28 Figure 2.10 : Dynamique de l’emploi dans les secteurs secondaires et tertiaires au Togo, 2012-2018 28 Figure 2.11 : Elasticité emploi-investissement privé, 2012-2017 30 Figure 2.12 : Taux de fermeture des entreprises 33 Figure 2.13 : Impact estimé sur les ventes au cours des 30 derniers jours précédant l’enquête 33 Figure 2.14 : Mécanismes d’adaptation des entreprises (pourcentage de firme par catégorie) 35 Figure 2.15 : Pénurie/restrictions dans la fourniture de services financiers normalement disponibles 36 (Pct de OUI) Figure 2.16 : Principales raisons des perturbations dans les transports et la logistique 36 Figure 2.17 : Principales raisons pour les problèmes d’intrants (%) 36 Figure 2.18 : Capacité estimée à rester active avec les flux de trésorerie existants 38 Situation économique au Togo - Août 2020 vi Figure 2.19 : Estimations des attentes des entreprises concernant les ventes, l’emploi et les investissements dans 38 6 mois Figure 2.20 : Changement de comportement des entreprises (% du nombre des entreprises) 39 Figure 2.21 : Proportion des entreprises d utilisant des plateformes numériques pour leurs ventes 39 Figure 2.22 : Indice Global d’Innovation, 2017 46 Figure 2.23 : Usage des technologies de l’information et de la communication au sein des entreprises 46 Figure 2.24 : Contraintes au développement du secteur privé 48 Figure 2.25 : Lourdeur du processus de paiement des impôts et taxes 48 Figure 2.26 : Accès aux services financiers, analyse comparative 51 Figure 2.27 : Différentes sources de financement des investissements 51 Figure 2.28 : % des firmes qualifiant l’accès aux financements comme une contrainte majeure à l’investissement 52 Figure 2.29 : Perception du caractère nuisible des pratiques concurrentielles déloyales du secteur informel 53 Figure 2.30 : Informalité et pratiques informelles ( % firmes) 53 Figure 2.31 : Indicateurs d’accès aux technologies de l’information et de la communication 55 Figure 2.32 : Performance en matière de transfert de propriété, DB2020 57 Figure 2.33 : Performance du Togo en matière de transport et logistique 59 Figure 2.34 : Paramètres d’attractivité pour l’investissement dans le secteur agricole 61 Liste des encadrés Encadré 1. Redynamiser les exportations pour une croissance robuste 8 Encadré 2. Quelques mesures gouvernementales anti COVID-19 10 Encadré 3. La montée du risque sécuritaire pourrait peser sur les perspectives de croissance du Togo 14 Encadré 4. Quelques mesures du code d’investissement du Togo 44 Encadré 5. Une stratégie d’électrification ambitieuse 56 Liste des annexes A.1. Quelques indicateurs macroéconomiques clés 74 A.2. PIB réel et Situation ses composantes économique au Togoen Milliards - Août 2020de FCFA 75 A.3. Exportations et ses composantes en Milliards de FCFA 76 A.4. Etude des épisodes d’accélération de l’investissement privé 76 A.5. Définition des pays pairs 77 A5.1: Pairs aspirationnels du Togo, quelques Indicateurs (2017) 77 A.6. Incitations du code des investissements par région 78 A.7. Situation de la Covid-19 au Togo 79 vii Situation économique au Togo - Août 2020 Remerciements Ce rapport a été préparé sous la direction de Messieurs : Urbain Thierry Yogo et Ernest John Sergenti. Il a bénéficié des contributions de Messieurs : Jean Michel Marchat et Martin Norman pour la rédaction du chapitre sur le secteur privé et l’impact économique de la pandémie de la COVID-19. Leur contribution a également été instrumentale pour la réalisation de l’enquête sur l’impact de la COVID-19 sur le secteur privé togolais. Ce rapport a également bénéficié des contributions de Madame et Messieurs : Marolla Haddad (Economie numérique), Erick Herman Abiassi (Agriculture) et Morten Larsen (Secteur minier). Les auteurs voudraient remercier Messieurs Thomas Blatt Laursen, Magueye Dia, Simon Pierre Duchatelet, Frederick Meunier et Yao Akpo pour leurs commentaires. La qualité du rapport a également été enrichi par les commentaires de Messieurs : Jacques Morisset, Raju Singh et Vincent Palmade. Nous remercions également le Ministère de l’Economie et des Finances du Togo et en particulier Monsieur Soumanou Moutala (Économiste à la Division de la Prévision de la Direction Générale des Etudes et Analyses Economiques) pour la collaboration et le partage des données macroéconomiques. Il en est de même pour la Cellule du Climat des Affaires en ce qui concerne les informations liées aux réformes. Ce travail reflète également les discussions engagées avec tous les acteurs du secteur privé, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT), le Conseil National du Patronat (CNP) et l’Association des Grandes Entreprises du Togo (AGET) auxquels nous étendons tout naturellement nos remerciements. Merci à Mesdames Kossiwa Naman, Nadia Amoudji et Esinam Hlomador qui ont aidé à la relecture et la mise en forme du document. Merci également à Monsieur Erick Kaglan d’avoir relu et mis en page le présent document. Les rédacteurs du rapport ont également bénéficié des conseils, suggestions et encouragements de Mesdames/Messieurs Coralie Gevers, Hawa Cissé Wagué, Lars Moller et Andrea Coppola, respectivement Directrice des Opérations, Représentante Résidente, Responsable sectoriel et Coordonnateur sectoriel des programmes économiques pour le Togo. Situation économique au Togo - Août 2020 viii Avant-propos Le Togo mise sur la mobilisation de l’investissement privé pour mettre en œuvre son ambitieux Plan National Dévelop- pement (PND). Pour réussir la transformation structurelle de l’économie togolaise et assurer une croissance soutenue et inclusive par la création d’emplois décents, le PND prévoit un investissement de 4.622 milliards de F CFA dont près de 65% du secteur privé. Ce premier rapport sur la situation de l’économie togolaise s’inscrit dans cette optique du rôle majeur que le secteur privé devrait graduellement jouer dans le pays. La COVID-19 aura un impact néfaste sur l’économie mondiale, y compris l’Afrique et le Togo. Selon les projections du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale, la croissance de 2020 pourrait chuter de 4,5 points de pourcentage par rapport aux estimations antérieures à la crise sanitaire. La pandémie pourrait réduire les gains de réduction de pauvreté et laisser des séquelles économiques durables, notamment en termes de réduction des investissements et d’érosion du capital humain en raison du chômage et de la fermeture temporaire des écoles. Ce rapport présente la toute première analyse exhaustive de l’impact de la pandémie de la COVID-19 sur l’économie togo- laise en général et sur le secteur privé en particulier. Après un exposé sur l’état de l’économie togolaise avant la crise de la COVID-19, le rapport analyse l’impact économique de la crise aussi bien au niveau macroéconomique que sur les entre- prises du secteur privé. Enfin, il propose un agenda de réformes pour renforcer la résilience de l’économie face à la crise de la COVID-19 et accélérer la reprise. Le rapport montre que, le Togo part d’une situation de stabilité macroéconomique qui reflète une pluralité de réformes engagées au cours des trois dernières années aussi bien sur le plan de la gestion des finances publiques que de l’amélio- ration du climat des affaires. Mais la crise de la COVID-19 a mis un frein à cet élan du fait de la contraction de l’activité économique aussi bien du côté de l’offre que du côté de la demande. Les données disponibles montrent que la crise san- itaire frappe de plein fouet l’économie. Les entreprises ont observé en moyenne, une baisse de la moitié du niveau des ventes en Juin 2020 par rapport au mois précédent. Les secteurs les plus affectés sont le tourisme, le transport et la logis- tique, l’agriculture et l’agro-industrie. En conséquence, les prévisions de croissance pour 2020 sont substantiellement revues à la baisse tandis que la pauvreté pourrait s’accroitre. La riposte du Gouvernement à la crise a été rapide, ciblée et pourrait permettre d’atténuer l’impact de la crise sur les ménages et les entreprises les plus vulnérables. Le rapport propose un agenda de réformes qui s’articule autour de trois grands axes : (i) le renforcement de la résilience ; (ii) la levée des contraintes structurelles au développement du secteur privé ; et (iii) la mise en œuvre de mesures ciblées pour l’optimisation de la performance de quelques secteurs prioritaires du PND : transport et logistique, agriculture et agro-industrie, industrie et mines. Ce rapport et les propositions de réformes qu’il contient ne visent pas à fixer une nouvelle voie à suivre, mais s’ajoutent à l’ensemble des travaux en cours dont l’objectif est d’aider les décideurs et autres parties prenantes dans leurs efforts d’apporter des solutions durables aux défis complexes du développement du Togo et de l’amélioration des conditions de vies des togolais. Grâce à son soutien financier et ses conseils, le Groupe de la Banque mondiale se tient prêt à contribuer à ces efforts. Hawa Cissé Wagué Représentante Résidente de la Banque mondiale au Togo ix Situation économique au Togo - Août 2020 Liste des abréviations API-ZF Agence de Promotion des Investissements et MIFA Mécanisme Incitatif de Financement Agricole de la Zone Franche NTIC Nouvelles Technologies de l’Information et de la ASS Allocation de Solidarité Spécifique Communication BCEAO Banque Centrale des Etats de l’Afrique de OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du l’Ouest Droit des Affaires BIC Bureaux d’Information sur le Crédit OIT Organisation Internationale du Travail BIT Bureau International du Travail PAL Port Autonome de Lomé BM Banque mondiale PGDM Projet de Développement et de Gouvernance BTI Bertelsmann Transformation Index Minière CEET Compagnie Energie Electrique du Togo PIB Produit Intérieur Brut CFE Centre de Formalité des Entreprises du Togo PME Petite et Moyenne Entreprise CGA Centre de Gestion Agréée PND Plan National de Développement DB Doing Business PNE Politique Nationale de l’Emploi DGMG Direction Générale des Mines et de la Géologie PNIASAN Plan National d’Investissements Agricoles et de EESI Enquête sur l’Emploi et le Secteur Informel Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle EVP Equivalent Vingt Pieds PPP Partenariats Public et Privés FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine RGE Recensement Général des Entreprises FEC Facilité Elargie de Crédit SARL Société A Responsabilité Limitée FMI Fonds Monétaire International SIGM Système d’Informations Géologiques et Minières GB Gigabit TDE Société Togolaise des Eaux GED Gestion Electronique des Données TIC Technologies de l’Information et de la Communi IDA Association Internationale de Développement cation IDE Investissements Directs Etrangers TPU Taxe Professionnelle Unique IMF Institution de Microfinance TTC Toute taxe comprise INSEED Institut National de la Statistique et des TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée Etudes Economiques et Démographiques UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine IPL Indice de Performance Logistique UMOA Union Monétaire Ouest-Africaine IRPP Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques USD United States dollar (Dollar des Etats Unis) IS-IRPP Impôt sur les Sociétés-Impôt sur le Revenu des WES World Enterprise Survey Personnes Physiques XOF Code désignant le F CFA de l’UEMOA KwH Kilowattheure ZES Zone Economique Spéciale LCT Lomé Container Terminal Situation économique au Togo - Août 2020 x Résumé exécutif L’état de l’économie principalement du fait de la réduction des prix de produits alimentaires et de la communication ainsi que la baisse des prix internationaux de pétrole. 1. Si l’année 2019 a consacré l’affermissement du cadre macroéconomique, les perspectives pour 2020 se 3. La politique budgétaire est restée prudente et voient assombries par la pandémie de la COVID-19. La la dette a poursuivi une trajectoire décroissante. Dans le reprise observée en 2018 s’est confirmée, l’inflation est cadre de la Facilité Elargie de Crédit (FEC) signée avec le FMI restée modérée et le déficit budgétaire s’est stabilisé en en 2016, le Togo a réussi à réduire son déficit budgétaire deçà des normes prescrites par les critères de convergence global de 8,1 points de pourcentage du PIB entre 2016 de l’UEMOA. Toutefois la pandémie de la COVID-19 pourrait et 2017. Malgré un assouplissement de la consolidation freiner cet élan en dépit des politiques implémentées pour budgétaire au cours des deux dernières années, le déficit faire face à la crise. budgétaire s’est établi à 1,1 % en 2019 en phase avec les critères de convergence de l’UEMOA. La dette publique 2. Malgré une conjoncture mondiale défavorable, (incluant celle des entreprises publiques) est passée de marquée par une cristallisation des tensions 81,4 % du PIB en 2016 à 70,9 % du PIB en 2019, reflétant commerciales et la persistance de la menace sécuritaire, l’action combinée de la baisse du déficit et de l’expansion l’économie togolaise a maintenu sa dynamique de de l’activité économique. croissance en 2019. La croissance du PIB s’est accélérée, passant de 4,9 % en 2018 à 5,3 % en 2019, aidée par une 4. Le solde extérieur s’est détérioré légèrement accélération des investissements publics et l’expansion mais reste relativement bas. Après une réduction des secteurs industriel et agricole. Toutefois, elle substantielle observée entre 2016 et 2017, le solde extérieur reste légèrement en deçà de son niveau potentiel et s’est marginalement détérioré en 2019, s’établissant à 4,3- substantiellement plus faible que la moyenne des % du PIB contre 3,5 % du PIB en 2018. Cette situation reflète pays de la zone UEMOA. L’inflation est restée modérée, principalement un niveau d’exportations inférieur aux xi Situation économique au Togo - Août 2020 anticipations et l’augmentation sensible des importations peser à la fois sur les investissements, le commerce et les des biens d’équipement. finances publiques. Sur le plan interne, des conditions météorologiques défavorables et le manque d’intrants 5. Les perspectives économiques sont modérées pourraient affecter la productivité agricole, tandis que du fait de la pandémie de la COVID-19 dont les effets la relative faiblesse des capacités administratives par sur l’activité ne sont pas quantifiables avec exactitude. rapport aux besoins pourrait limiter la mise en œuvre des La baisse de la croissance chez les principaux partenaires réformes et les investissements privés. En outre, les passifs commerciaux du Togo (Europe, Chine, UEMOA), les éventuels associés à un retard dans la restructuration des restrictions du trafic aérien, la fermeture des frontières deux banques publiques pourrait constituer un risque et les mesures de confinement vont ralentir l’activité pour la stabilité financière et la viabilité budgétaire. économique. Selon le scénario optimiste, la croissance du PIB tomberait à 1 % en 2020 et se stabiliserait à 4,8 % sur le restant de la période de prévision. Cette croissance serait tirée par des investissements publics dans les infrastructures et un regain de l’investissement privé du fait des récentes réformes visant à améliorer le climat des Vers une croissance tirée par le affaires. Le déficit du compte courant devrait se stabiliser à environ 4,5 % du PIB au cours de la période de prévision, secteur privé reflétant une augmentation des importations de biens d’équipement et des exportations relativement plus faibles 7. Le développement du secteur privé est un en raison du ralentissement de la croissance mondiale. enjeu majeur de développement, principalement dans Le déficit budgétaire est projeté à la hausse (5,7 % du un contexte où se mêlent les exigences de stabilité PIB) en 2020, mais pourrait retrouver progressivement la macroéconomique et de croissance inclusive. Le trajectoire de consolidation budgétaire observée avant développement du secteur privé est indispensable la crise de la COVID-19 dès 2022, sous l’effet d’une baisse pour au moins trois raisons. Dans un premier temps, des dépenses et d’une légère augmentation des recettes un secteur privé dynamique et compétitif est fiscales. La dette publique totale devrait légèrement important afin de garantir la viabilité budgétaire sans augmenter à 71.0 % du PIB en 2020, mais reprendre une compromettre la croissance économique. Dans un second trajectoire baissière à partir de 2021. temps, l’expansion du secteur privé est un facteur clé d’accroissement du stock de capital nécessaire pour la 6. Des risques internes et externes pèsent production et de mobilisation permanente des recettes néanmoins sur les prévisions d’expansion de l’activité fiscales. Enfin, le développement du secteur privé est économique à moyen terme. Sur le plan externe, en dépit indispensable à la création d’emplois productifs. de la levée progressive des mesures de confinement, une expansion rapide de la COVID-19 pourraient ralentir la 8. L’investissement privé est aussi essentiel à reprise de l’économie mondiale et la reconstitution des la réalisation du Plan National de Développement chaines de valeurs. Par ailleurs, malgré le redressement 2018-2022 (PND). Bien que les investissements privés projeté des prix des principaux produits d’exportation du aient connu une augmentation constante au cours de Togo (Phosphate, Coton, Cacao, Café), la faiblesse de la la dernière décennie, ils sont bien inférieurs aux niveaux demande dans les pays partenaires commerciaux du Togo nécessaires pour atteindre les objectifs fixés dans le pourrait freiner la hausse des exportations. L’augmentation PND. En effet, 65 % du coût estimatif du PND devra être des risques sécuritaires dans les pays voisins pourrait financé par le secteur privé. Dans cette optique, le scénario Situation économique au Togo - Août 2020 xii optimiste du PND suppose une augmentation annuelle de reflète une forte concentration des recettes sur un nombre l’investissement privé de 17 % sur la période 2018-2022 limité de contribuables. Bien que le recours à l’emprunt alors qu’il n’a augmenté que de 11 % par an entre 2010 et bancaire pour financer les investissements s’est accru 2018. Par conséquent, il est essentiel de s’attaquer aux au cours des années récentes, 51,3 % des entreprises contraintes limitant le développement du secteur privé financent leurs investissements sur fonds propres en 2018. afin de répondre aux besoins de financements nécessaires Les difficultés d’accès au crédit par les entreprises peuvent à la réalisation du PND. s’expliquer par les questions d’asymétrie d’information, l’absence ou l’insuffisance du collatéral et l’insuffisance de 9. L’enquête menée par le Groupe de la Banque produits financiers adaptés à certains secteurs d’activité. mondiale en Juin 2020 révèle que la pandémie de la En ce qui concerne les infrastructures, nonobstant des COVID-19 a eu un effet négatif important sur le secteur efforts appréciables dans les secteurs de l’énergie et des privé et pourrait compromettre l’atteinte des objectifs télécommunications, le coût élevé et la qualité imparfaite fixés dans le PND. L’impact immédiat de la crise s’est du service continuent d’impacter négativement la principalement traduit par des fermetures temporaires, compétitivité des entreprises. Le renforcement du capital la mise en disponibilité ou congés non payés des salariés humain, afin de stimuler l’innovation et la production, est et une baisse sensible des ventes. La baisse moyenne du également indispensable notamment dans les secteurs niveau des ventes est estimée à 51,3 % en Juin 2020 par considérés comme prioritaires dans le PND. Enfin, la rapport au mois précédent. Toutefois dans la majorité des résolution des problèmes du foncier repose sur la mise cas, le licenciement a pu être évité. Les secteurs les plus en application rapide du code récemment adopté et la affectés sont le tourisme, le transport et la logistique, la finalisation de la digitalisation du cadastre foncier. fabrication, l’agriculture et l’agro-industrie. Au-delà de ces secteurs, plus de la moitié des entreprises a été affectée 11. La crise sanitaire occasionnée par la COVID-19 par des perturbations dans le transport et la logistique. a réaffirmé l’impératif d’une digitalisation des services Dans ce contexte, les petites et moyennes entreprises publiques et une optimisation du potentiel économique ont été les plus touchées. Si les tensions de trésorerie des du numérique. Grâce aux technologies mobiles, le entreprises se sont accrues, l’accès au financement est taux de pénétration du haut débit mobile a plus que devenu plus difficile et coûteux. Cela concerne notamment doublé depuis 2016 et atteint environ 36,8 % en 2019. le financement à moyen et long terme, considéré comme Cependant, et malgré les progrès positifs, ce rythme de moins disponible, et le financement à court terme, qui est croissance n’est toujours pas à la hauteur de l’ambition du plus coûteux (taux d’intérêt élevé). Gouvernement et le numérique est sous utilisé aussi bien dans l’administration publique que dans la production et 10. Le secteur privé fait face à des contraintes la commercialisation des biens et services. Or, le contexte structurelles qui ont été exacerbées par la pandémie togolais est propice à l’entrepreneuriat numérique de la COVID-19. Le secteur privé est contraint dans son du fait d’une population jeune, d’un accroissement expansion par une multitude de facteurs au rang desquels exponentiel de l’usage des nouvelles technologies et d’un le poids de la fiscalité, l’accès au crédit, la qualité des écosystème d’innovation naissant. Capitaliser le potentiel infrastructures d’énergie et de télécommunication, de l’économie numérique nécessite un renforcement de le manque de main d’œuvre qualifiée, et l’accès et la la formation à l’entreprenariat et l’accompagnement des sécurisation du foncier. Nonobstant des réformes fiscales start-ups, la mise en place d’outils de financement de appréciables, le poids de la fiscalité est toujours considéré prédémarrage pour les startups numériques, la création par une proportion importante des entreprises comme un de marchés pour les entrepreneurs du numérique et la frein au développement du secteur privé. Cette perception poursuite des réformes du climat des affaires. xiii Situation économique au Togo - Août 2020 Principales recommandations 12. En dépit de ses défis et de son coût économique, 15. Il est indispensable de renforcer la performance humain et social, la crise de la COVID-19 donne l’occasion des secteurs considérés comme prioritaires dans le PND : d’un redéploiement des énergies vers la construction l’agriculture, la logistique et les transports, et le secteur d’un secteur privé dynamique et résilient. L’agenda minier : Dans le secteur de l’agriculture, l’investissement des réformes pourrait s’articuler autour de trois axes public dans l’irrigation, l’amélioration et la sécurisation essentiels : (i) le renforcement de la résilience ; (ii) la levée de l’accès à la propriété foncière et la sécurisation de des contraintes structurelles au développement d’un l’accès aux inputs sont des mesures clés pour garantir secteur privé productif et (iii) la mise en œuvre de mesures une augmentation substantielle de la productivité et de la ciblées pour l’optimisation de la performance de quelques création d’emplois. Dans le secteur de la logistique et des secteurs prioritaires du PND (un détail des réformes transports, il importe de renforcer la qualité de la main proposées est présenté au Tableau 2.4). d’œuvre et développer des mécanismes de financement (y compris le crédit-bail) pour le renouvellement de la 13. La crise de la COVID-19 a révélé des vulnérabilités flotte de transport. Dans le secteur minier, l’amélioration économiques et sociales majeures qui commandent continue du système d’information et le renforcement du d’investir dans la construction de la résilience. cadre juridique relatif aux procédures d’octroi des droits L’atteinte de cet objectif passe par l’accélération de la d’utilisation des terres et des permis d’exploitation sont digitalisation de l’économie afin d’assurer la continuité de essentiels pour attirer des investisseurs stratégiques dans l’administration publique et de l’activité économique en le secteur. Par ailleurs, le fonctionnement des ZES pourrait temps de crise. La résilience peut également être améliorée être amélioré par l’opérationnalisation de l’API-ZF, la par le renforcement de la protection de la main d’œuvre redéfinition des secteurs cibles et l’évaluation régulière de au travers d’un mécanisme de filet de sécurité sociale la performance du régime de zone franche en lien avec les pouvant être déclenché de manière automatique en temps objectifs assignés. de crise et reposant sur un système d’identification et de ciblage fiable. Enfin, il est nécessaire de construire une 16. Le développement du capital humain en lien architecture institutionnelle, légale et infrastructurelle avec la dynamique du marché du travail et l’efficacité des d’un système public de garantie pour les PME qui s’étend incitations fiscales dans l’attrait des investisseurs privés aux activités commerciales et aisément déployable en sont des sujets qui méritent une réflexion poussée. temps de crise. Pour être facteur d’accroissement de la productivité et de création d’emplois, la politique du capital humain 14. La crise de la COVID-19 réaffirme la nécessité doit s’adapter à la dynamique du marché du travail. Cela de lever les contraintes structurelles qui pèsent sur le requiert une analyse prospective qui permet d’anticiper secteur privé. Il est notamment question de facilitation de les besoins en compétences sur le marché du travail afin l’accès au financement, d’amélioration de la qualité et de d’adapter les curricula en conséquence. Par ailleurs, pour réduction des coûts d’accès à l’électricité et aux services plus d’efficience et de cohérence avec l’agenda global des de télécommunication (internet, téléphonie mobile), de réformes du climat des affaires, il importe de procéder réduction du poids de la fiscalité sur les entreprises et à une évaluation de l’efficacité des incitations fiscales de renforcement du capital humain. Ces préoccupations appliquées dans le cadre des zones franches et prévues doivent bénéficier d’une attention renouvelée et sont dans le cadre du code des investissements. discutées en détail dans le rapport. Situation économique au Togo - Août 2020 xiv Première partie L’état de l’économie 1. Introduction L’expansion de l’activité économique devrait se confirmer dans le moyen terme à la condition que la pandémie de la COVID-19 soit maitrisée et que les réformes enclenchées Le Togo a commencé à engranger les bénéfices depuis plusieurs années se poursuivent. Les défis majeurs des réformes mises en œuvre tant au niveau de pour l’avenir incluent : (i) renforcer la résilience aux chocs l’assainissement du cadre macroéconomique qu’au futurs ; (ii) maintenir l’élan des réformes d’assainissement niveau de l’amélioration du climat des affaires. La des finances publiques afin de générer l’espace budgétaire croissance s’est accélérée en 2019 et l’inflation est restée indispensable au soutien de la croissance de long terme, modérée, reflétant à la fois une baisse de la demande au travers notamment d’une mise à l’échelle des dépenses interne et une baisse tendancielle des prix internationaux sociales, (iii) renforcer la stabilité du système financier et du pétrole brut. La politique budgétaire est prudente, (iv) préserver le tissu entrepreneurial existant et construire orientée vers la maitrise de la dépense, la mobilisation des un modèle de croissance basé sur l’investissement privé. ressources domestiques et une stratégie d’endettement donnant la priorité aux prêts concessionnels. Les réformes Cette première partie du rapport porte l’attention sur structurelles ne sont pas en reste, mettant l’accent aussi les développements récents de l’économie togolaise bien sur la réduction des monopoles dans le secteur de et les perspectives à moyen terme. Elle se structure l’économie numérique, le renforcement de la viabilité en deux parties principales. La première analyse les financière et de la qualité des infrastructures dans le développements macroéconomiques récents. La seconde secteur de l’énergie, que sur l’amélioration du climat des discute les perspectives de moyen terme tout en évoquant affaires. les risques qui pèsent sur celles-ci. Les perspectives de croissance sont modérées du fait de l’impact de la crise de la COVID-19 sur l’activité économique et des défis majeurs doivent être surmontés. 1 Situation économique au Togo - Août 2020 1.1. Développements économiques récents 1.1.1. La croissance s’est accélérée jusqu’en 2019 dans un contexte d’inflation modérée et de vulnérabilités bancaires persistantes 17. Avant l’arrivée de la pandémie, la croissance Figure 1.1 : Une croissance plus faible de l’économie togolaise était robuste bien qu’en retrait que la moyenne de l’UEMOA par rapport aux pays pairs de l’UEMOA. La croissance du PIB s’est accélérée, passant de 4,9% en 2018 à 5,3% en 2019, aidée par une accélération des investissements publics, l’expansion des secteurs industriel et agricole. Si cette croissance est substantiellement plus faible que la moyenne des pays de la zone UEMOA (6.2%), elle est plus élevée que la moyenne de l’Afrique Sub-Saharienne. 18. La croissance de l’économie togolaise reflète aussi bien le dynamisme de la production agricole au niveau de l’offre que la reprise des investissements publics au niveau de la demande. Du côté de l’offre, la croissance a bénéficié d’un secteur agricole dynamique et d’une reprise de la production industrielle. L’expansion Source : Autorités togolaises et calculs du staff de la Banque mondiale du secteur agricole reflète principalement un rebond de la production vivrière. Le dynamisme de la production agricole traduit également une augmentation des terres 20. L’inflation est restée modérée en alignement cultivées et un meilleur accès au financement. Dans sur les critères de convergence de l’UEMOA. L’inflation le secteur industriel, la baisse de la performance du est répartie en territoire négatif en fin décembre 2019. En secteur des industries extractives (notamment celui des glissement annuel, le niveau général des prix a connu une phosphates) a été plus que compensée par l’expansion baisse de 0,3%, reflétant principalement une réduction des activités de construction. La performance du secteur de 3,2% des prix des produits alimentaires et boissons des phosphates reflète aussi bien le fléchissement des alcoolisées et de 6,2% des coûts de la communication. cours mondiaux qu’une baisse de la production et des L’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie et des exportations au quatrième trimestre 2019. produits alimentaires) s’est établie à 0,1%. En moyenne annuelle, l’inflation globale a légèrement baissé, passant 19. Du côté de la demande, la croissance en 2019 a de 0,9% en 2018 à 0,7% en 2019. Le niveau d’inflation reste été soutenue par une accélération des investissements néanmoins plus élevé que la moyenne de l’UEMOA qui se publics en lien avec la construction de nouvelles situe à -0,4% en 2019. infrastructures routières et portuaires. L’investissement privé a connu un rebond du fait de la matérialisation des réformes visant à faciliter la création des entreprises, l’obtention du permis de bâtir, l’enregistrement de la propriété et l’accès au crédit. Situation économique au Togo - Août 2020 2 Figure 1.2 : L’évolution récente de l’activité économique, 2016-2019 Une croissance tirée par le secteur des services malgré une Le regain des investissements publics et privés a soutenu la embellie des secteurs agricole et industriels en 2019 croissance en 2019 Si l’activité du commerce de détail a stagné au troisième Le trafic au port de Lomé a fléchi au troisième trimestre 2019, la performance du secteur industriel s’est trimestre reflétant la baisse des activités de inscrite en hausse transbordement L’inflation est restée modérée Le trafic à l’aéroport s’est stabilisé au troisième au quatrième trimestre 2019 trimestre avec une hausse notable du fret Source : Autorités togolaises et calculs du staff de la Banque mondiale 3 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 1.3 : Crédit au secteur privé (% du PIB) et taux d’intérêt débiteur, 2005-2019 Source : Autorités togolaises, BCEAO et calculs du staff de la Banque mondiale 21. La masse monétaire s’est accrue et le crédit en comparaison avec les autres pays de l’UEMOA, le ratio au secteur privé est reparti à la hausse. La masse des créances en souffrance reste élevé. En effet, le Togo monétaire a augmenté de 4,6% entre 2018 et 2019, présente le ratio de créance en souffrance de l’UEMOA le reflétant principalement la hausse des avoirs extérieurs plus élevé derrière le Benin, la Guinée Bissau et le Niger nets et le redressement du crédit au secteur privé. Après (Figure 1.4). l’infléchissement observé en 2018 le crédit au secteur privé est reparti à la hausse, tiré par un assouplissement des 23. Le niveau de concentration des prêts entre un taux d’intérêt (Figure 1.3). Les taux d’intérêt débiteurs ont nombre limité d’acteurs économiques reste élevé et baissé de 43 points de base entre 2018 et 2019. Le crédit la rentabilité du secteur est amoindrie par les retards au secteur privé a ainsi connu une expansion d’1% du PIB observés dans la privatisation des deux banques par rapport à 2018 et représente 37,5% du PIB en 2019, en publiques. Le niveau de concentration des prêts en droite ligne de la tendance de long terme. pourcentage du capital s’est accru en passant de 128% en 2017 à 169,0% en 2018, substantiellement au-dessus du 22. En dépit d’une forte hétérogénéité et des poches seuil réglementaire de 65% et de la moyenne de l’UEMOA de vulnérabilité, les banques renforcent globalement qui est de 82,6%. Les prêts se concentrent principalement leur bilan. Tandis que l’adéquation du capital aux actifs dans les secteurs du commerce, de la construction, du et la qualité et la composition des actifs s’améliore, transport et de la communication. Le rendement sur actif la profitabilité du secteur bancaire s’est légèrement a légèrement diminué passant de 1,1% en 2017 à 0,8% en dégradée sur la période récente. Sous l’effet de la mise 20181. Il en est de même du rendement sur capitaux propres. en conformité du secteur avec les règles de Bâle II et III, le Toutefois, les retards observés dans la privatisation des ratio d’adéquation du capital s’est amélioré et s’établit en deux banques publiques (qui représentent environ 21% 2018 à 16,1% contre 8,4% en 2017. De même, les créances du total des actifs du secteur bancaire) pourraient poser en souffrance qui avaient connu un pic en 2017 (19,3%) un risque pour la stabilité globale du système financier et sont désormais sur une tendance décroissante, passant générer un coût pour le budget de l’Etat. de 18,3% en Juin 2018 à 16,9 % en Juin 2019. Toutefois, 1 Les chiffres de 2019 ne sont pas disponibles Situation économique au Togo - Août 2020 4 Figure 1.4 : Un niveau élevé des créances en souffrance en comparaison des pays pairs Source : Autorités togolaises, BCEAO et calculs du staff de la Banque mondiale 1.1.2. Le déficit budgétaire est resté sous contrôle et la trajectoire baissière de la dette s’est confirmée 24. Malgré un assouplissement de la consolidation 25. Les recettes budgétaires (hors dons) ont budgétaire au cours des deux dernières années, la dette diminué, tirées par la baisse des recettes non-fiscales. a conservé une trajectoire décroissante. La consolidation Les recettes sont passées de 20,3% du PIB en 2018 à 19,5% budgétaire entamée en 2017 dans le cadre de la Facilité du PIB en 2019. Les recettes non-fiscales sont revenues à Elargie de Crédit (FEC) du FMI s’est quelque peu assouplie leur niveau standard, après une hausse exceptionnelle en 2019 conduisant à un accroissement du déficit : le observée en 2018 du fait de la perception des frais relatifs déficit est passé de 0,8% du PIB en 2018 à 1,1% du PIB au renouvellement des licences de téléphonie mobile. en 2019, traduisant principalement une accélération de Les recettes non-fiscales se situent à 2,3% du PIB en 2019 l’investissement public, mais reste néanmoins en deçà de la contre 3,8% du PIB en 2018. norme de 3% du PIB définie par les critères de convergence de l’UEMOA. Par ailleurs, la dette en pourcentage du PIB 26. Le niveau des recettes fiscales s’est amélioré a suivi une pente descendante, passant de 76,2 % du PIB grâce à une conjoncture économique plus favorable en 2018 à 70,9% du PIB en 20192. Cela reflète aussi bien et les réformes effectuées dans le cadre global d’une un accroissement du surplus primaire (soutenu en partie plus grande mobilisation des ressources domestiques. par le règlement des arriérés dus aux prestataires et autres Les recettes fiscales ont augmenté de 0,7% du PIB, de acteurs du secteur public et para public) et le rebond de la 16,5% du PIB en 2018 à 17,2% du PIB en 2019, soutenues croissance. Par ailleurs, pour réduire la dette domestique principalement par la hausse des recettes du Commissariat qui représente environ 66% de la dette totale, réduire des impôts. L’amélioration des recettes fiscales reflète en son coût et la maturité, les autorités ont procédé à une partie les réformes implémentées par le Gouvernement opération de reprofilage. Elle a consisté à remplacer la togolais avec le soutien des partenaires, notamment la mise dette domestique de court terme et à taux d’intérêt élevé en œuvre de la déclaration et du paiement électronique par une dette externe, moins couteuse et de plus longue des impôts, les modifications apportées au Code général maturité. des impôts pour plus de simplification et la réduction des exonérations fiscales. 2 Cette statistique inclut la dette des entreprises publiques. En excluant celle-ci, la dette du Togo se situe à 68,67% du PIB, bien en deçà de la norme UEMOA. Les données du PIB de 2018 et 2019 sont des estimations. 5 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 1.5 : Evolution de la situation budgétaire, 2016-2019 Une amélioration des recettes budgétaires Les dépenses ont marginalement diminué en reflétant une hausse des recettes fiscales dépit d’un regain des investissements publics Source : Autorités togolaises et calculs du staff de la Banque mondiale 27. Les dépenses sont restées relativement stables malgré un léger rebond des dépenses en capital. Les dépenses sont passées de 24,7% du PIB en 2018 à 24,5% du PIB en 2019, traduisant principalement une baisse des dépenses en biens et services. Les dépenses d’investissement ont augmenté de 0,5 points de pourcentage du PIB, tandis que les intérêts au titre de la dette se situent à 2,7% du PIB en 2019 contre 2,4% du PIB en 2018. Situation économique au Togo - Août 2020 6 1.1.3. Une détérioration du solde extérieur 29. Le solde des biens s’est creusé principalement du fait des importations des biens d’équipement. Le déficit 28. Le solde extérieur s’est légèrement détérioré sous du compte des biens est ainsi passé de 14,6% du PIB en 2018 l’effet combiné de la hausse des importations des biens en à 15,7% du PIB en 2019. L’accroissement des importations capital et de la mauvaise performance des exportations globales s’explique principalement par l’augmentation de phosphate. Le déficit du compte courant s’est accentué des importations des biens d’équipement, notamment les en 2019, s’établissant à 4,3% du PIB contre 3,5% du PIB en matériaux de construction dont l’importation a augmenté 2018. Cette dégradation reflète une détérioration du solde de 38% en glissement annuel au troisième trimestre des biens, due à l’effet combiné de la détérioration des 2019. La modeste augmentation des exportations reflète termes de l’échange (notamment du fait de la baisse des principalement la bonne performance de la production du cours du phosphate de 20 %), l’accroissement de 5% des coton et du cacao, tandis que les volumes de production exportations de biens, l’augmentation plus importante des et d’exportation de café et de phosphate ont connu une importations de biens (+9,2%) et la progression du solde diminution. excédentaire du compte de revenus secondaires (12,3%). Figure 1.6 : Evolution du solde extérieur et du cours des principaux biens échangés, 2016-2019 Une détérioration du solde du compte courant Baisse modérée du cours des tirée par un accroissement du solde des biens principaux biens échangés en 2019 Source : BCEAO, WB Commodity Market Prices et calculs du staff de la Banque 7 Situation économique au Togo - Août 2020 Encadré 1 : Redynamiser les exportations pour une croissance 1. Le Togo doit inverser la tendance décroissante des exportations de biens et services pour accélérer son rythme de croissance économique. Les exportations des biens et services du Togo en pourcentage du PIB ont connu une baisse continue passant de 35,8 % en 2015 à 31,2 % en 2019. Cette diminution affecte principalement les secteurs sources traditionnelles de croissance que sont l’exploitation minière, le transit portuaire, l’agriculture, l’agro-alimentaire et le tourisme. Certains de ces secteurs ont complètement stagné et nécessitent un regain d’attention et d’innovation. L’agriculture orientée vers l’exportation est en deçà de son potentiel, tandis que la production alimentaire se heurte aux limites du marché intérieur et doit se tourner vers les exportations. Le tourisme a besoin d’une nouvelle attention, en mettant l’accent sur les conférences et évènements de très court terme. 2. Redynamiser les secteurs traditionnels de croissance et développer les exportations nécessite une approche graduelle et sélective compte tenu des contraintes en ressources humaines et financières. Une étape préliminaire essentielle est l’amélioration de la production statistique en matière de mesure et de suivi des données des exportations. Cela concerne principalement les exportations de service et plus précisément l’évaluation fiable du nombre de touristes en fonction de l’objet des visites. L’étape suivante concerne les mesures de facilitation du commerce, d’accès au financement et d’amélioration de la qualité des services d’énergie et de télécommunication. 1.2. Des perspectives économiques modérément favorables du fait de la pandémie de la COVID-19 30. La pandémie de la COVID-19 « ébranle tous conditions financières mondiales, la fuite des capitaux les fondamentaux macros et micro-économiques et la chute des prix des matières premières. Une étude et bouleverse toutes les estimations de croissance du Groupe de la Banque mondiale prévoit un recul de économique »3. Selon le FMI, l’économie mondiale devrait -2,1% à -5,1% en 2020,4. Ainsi la chute de la croissance se contracter de 4,9% en 2020 par rapport à 2019 (contre pourrait atteindre jusqu’à 7 points de pourcentage dans +3,3% initialement prévu en janvier 2020), à cause de la les pays exportateurs de pétrole et jusqu’à 8 points de baisse de la consommation des ménages résultant des pourcentage dans les pays exportateurs de métaux. Selon mesures de confinement et des fermetures des frontières les estimations de la Commission de l’UEMOA, la croissance adoptées pour contenir la propagation de la maladie. Par économique des pays membres devrait chuter de près de ailleurs, la baisse de la production par le fait de la pénurie la moitié pour l’année 2020. En outre, l’inflation pourrait de main d’œuvre liée aux mesures de confinement, de connaitre une hausse dans les mois à venir dans l’UEMOA à modification des horaires de travail, de distanciation 2,5% au lieu de 1,1% initialement prévu, du fait de la rareté sociale et la disponibilité de la matière première aura des de certains biens en raison de la fermeture des frontières, effets sur les prix des produits et l’inflation. des difficultés de production, et du renchérissement des importations de biens. 31. En Afrique subsaharienne, l’activité économique devrait expérimenter les effets négatifs d’une contraction de l’activité à l’échelle du globe, d’un resserrement des 3 Rapport COVID-19 : Impact de la Pandémie du COVID-19 sur le Secteur 4 Africa’s pulse, évaluation de l’impact économique du COVID-19 et des Privé de l’UEMOA, Chambre Consulaire Régionale – UEMOA, Mai 2020. réponses politiques en Afrique subsaharienne, avril 2020. Situation économique au Togo - Août 2020 8 1.2.2. Les canaux de transmission 32. Le Togo part d’une situation macroéconomique 34. La crise de la COVID-19 a un impact sur l’économie stable mais verra ses perspectives de croissance affectées togolaise à travers deux principaux canaux. Premièrement, par la crise de la COVID-19. En dépit de l’incertitude générée les mesures de confinement, les restrictions de voyage par l’épidémie de coronavirus, les tensions commerciales et les fermetures des frontières entraîneront des déficits et l’insécurité dans les pays voisins, les perspectives de intérieurs de l’offre et de la demande. Deuxièmement, les croissance demeurent favorables sur le moyen terme. perturbations du commerce mondial entraîneront une Les prévisions d’expansion de l’activité reposent sur la baisse des exportations du Togo et une baisse de l’activité maitrise de la pandémie de la COVID-19, le maintien de au port de Lomé. l’élan de croissance dans les pays de l’UEMOA (principaux partenaires commerciaux du Togo), l’assouplissement 35. Les mesures de confinement, les restrictions de la consolidation budgétaire qui redonne du souffle à de voyage et la fermeture des frontières ont un effet de l’investissement public et l’amélioration du climat des réduction de l’offre et de la demande intérieures. Cela affaires qui est de nature à booster l’investissement privé. entraîne une baisse de la production et des ventes dans Toutefois, cette perspective favorable est sujette à des de nombreux secteurs, en particulier ceux dans lesquels risques tant internes qu’externes. le travail à distance n’est pas possible. La fabrication, le commerce de détail, et la construction et le tourisme qui représentent respectivement 6,6 ; 5,8 ; 5,0 et 1,9% du 1.2.1. La pandémie de la COVID-19 et PIB, sont les plus affectés. Environ 62% des emplois sont son impact sur l’économie togolaise touchés, 49% dans le secteur des services et 13 % dans le secteur industriel. Les données basées sur le suivi de la 33. La pandémie de la COVID-19 aura des localisation collectées par Google montrent qu’au mois conséquences négatives importantes pour le Togo, de Mai, le nombre de personnes dans les espaces de vente petite économie ouverte et plaque tournante régionale au détail et de loisirs a diminué de 30% et que la présence des transports. Alors que le Togo pourrait bénéficier de la au travail a diminué de 12% par rapport aux niveaux baisse des prix du pétrole, la baisse des exportations devrait antérieurs à la COVID-19. Pour les secteurs où il est possible être plus importante, reflétant la faible demande des de travailler à distance, la mauvaise qualité d’Internet et les partenaires commerciaux et la faible croissance mondiale. coupures de courant réduisent la productivité du travail et Malgré la mise en place de mesures de confinement, le la production. Les mesures de confinement entraîneraient nombre de cas de COVID-19 a continué d’augmenter au également une baisse temporaire des dépenses des rythme de près d’un cas par jour depuis la détection du ménages, ce qui amplifie l’impact négatif sur la rentabilité premier patient le 6 mars. Au 28 juin, le pays avait enregistré des entreprises. 671 cas et 14 décès. La crise de la COVID-19 met une énorme pression sur le système de santé du fait de l’insuffisance des équipements et infrastructures (lits, centres de gestion des maladies infectieuses, laboratoires, etc.). Sans des actions appropriées sur le plan sanitaire et économique, la possibilité d’un impact profond et prolongé sur l’activité économique et les ménages n’est pas à exclure. 9 Situation économique au Togo - Août 2020 Encadré 2 : Quelques mesures gouvernementales anti COVID-19 Mesure sanitaires : limiter la contagion et prise en charge des malades • Déclaration d’un Etat d’Urgence Sanitaire de trois mois le 1eer Avril 2020 et fermeture des frontières terrestres. • Mise en quarantaine des ressortissants et les résidents permanents, de même que toute personne ayant été en contact avec une personne atteinte de COVID-19. • Interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes. • Fermeture d’établissements d’enseignement publics et privés à travers le pays. • Création de centres agréés pour la prise en charge des malades du COVID-19 sur le territoire et renforcement des capacités de test. Mesures sociales : protéger les plus vulnérables • Mise en œuvre d’un programme de transfert monétaire nommé NOVISSI pour la période couvrant l’Etat d’Urgence Sanitaire. • Déclaré une suspension du paiement pendant trois mois des factures d’eau et d’électricité des ménages de la tranche sociale. Mesures économiques : soutien aux entreprises • Exonération de droits et taxes sur l’importation du matériel agricole. • Suspensions des pénalités de retard pour les entreprises qui se trouveraient dans l’impossibilité de déposer leurs états financiers dans les délais. • Exonération des droits et taxes de douane, en dehors des prélèvements communautaires et des taxes de prestations de services sur le matériel médical et les produits utilisés exclusivement dans le cadre de la lutte contre le COVID-19. • Moratoire de 3 mois sur le paiement du service de la dette aux institutions de microfinance affiliées au Fonds National de la Finance Inclusive (FNFI). 36. Du fait de son ouverture au commerce pays. Du côté positif, la baisse soutenue projetée des prix international, le Togo souffre d’une baisse des échanges internationaux du pétrole devrait avoir un effet bénéfique et d’une croissance plus faible chez ses principaux sur les termes de l’échange du Togo, même si les avantages partenaires commerciaux. La baisse projetée de la devraient être limités. croissance mondiale réduit la demande d’exportations du Togo et les investissements étrangers directs connexes. La 37. A cause de la pandémie, les PMEs au Togo perturbation des chaînes de valeur mondiales pèsera sur souffrent d’un choc de demande qui limite les revenus la capacité des importateurs togolais à approvisionner des entreprises. Cela vient de la baisse de la demande le marché intérieur, entraînant très probablement une extérieure qui a une incidence sur les exportations / inflation des produits importés. Par ailleurs, l’activité réexportations ainsi que de la baisse de la demande économique du port de Lomé, principal moteur de intérieure qui a une incidence sur leurs ventes de base croissance, sera fortement freinée. Le Togo pourrait et entrave la capacité des entreprises exportatrices à se également faire face à des contraintes de financement, tourner vers le marché local lorsque cela est possible à car les principales économies développées et émergentes mesure que la demande extérieure baisse. De plus, les utilisent leur épargne pour atténuer les impacts blocages frontaliers limitent le processus d’exportation / économiques négatifs de la COVID-19 dans leur propre importation. Dans le même temps, il y a un choc du côté de Situation économique au Togo - Août 2020 10 l’offre en raison d’une possible baisse de la disponibilité de les entreprises touchées par la crise, la BCEAO a assoupli la main-d’œuvre, car les entreprises doivent rester fermées les exigences de garantie pour accéder au refinancement et les employés peuvent être dans l’incapacité de travailler de la banque centrale et a mis en place un cadre avec le pleinement pour raison de maladie, de garde d’enfants système bancaire pour accompagner les entreprises en ou de tâches ménagères, de restrictions de mobilité, etc.), difficulté de remboursement. En outre, la banque centrale conduisant à une baisse de la productivité des entreprises. a demandé aux banques commerciales de prolonger les Un choc financier est également susceptible de se produire délais de remboursement des prêts pour une période en raison de la disponibilité réduite de financements et initiale de trois mois avec une option de renouvellement d’une réduction globale de l’intermédiation financière et unique et des frais réduits pour les transactions financières du changement des conditions de prêt. numériques. 1.2.3. Marge de manœuvre limitée en termes 1.2.4. Les effets de la pandémie de la COVID-19 d’options de politique économique sur l’économie du Togo 1.2.4.1. L’impact sur les variables 38. La marge de manœuvre budgétaire du Togo est macroéconomiques et la pauvreté modeste compte tenu du niveau élevé de sa dette. En 2019, la dette du Togo est estimée à 70,9% du PIB, légèrement au- dessus de la norme de l’UEMOA. Le déficit budgétaire qui se 40. L’impact de la pandémie de la COVID-19 sur situe à 1,2% du PIB donne au Togo une marge de manœuvre l’économie togolaise peut être évalué selon deux certaine, bien que modeste notamment au regard des scénarios alternatifs. Le scénario de base qui peut être critères de convergence de l’UEMOA. Un relâchement qualifié d’optimiste repose sur l’idée que la période de du déficit budgétaire permettrait vraisemblablement de confinement sera relativement limitée et permettra financer le plan de riposte sanitaire mais pourrait s’avérer une reprise progressive mais robuste de l’activité. La insuffisant pour la relance de l’économie. propagation du virus ralentit dans les pays développés partenaires commerciaux du Togo, de sorte que les mesures 39. La BCEAO a annoncé un ensemble de mesures de confinement peuvent être levées au bout de six mois. de politique monétaire pour alléger les contraintes Dans le reste du monde, l’épidémie s’estompe et l’activité de liquidité. La banque centrale a d’abord augmenté la reprend lentement. Toutefois, des perturbations persistent liquidité mise à la disposition des banques commerciales sur les marchés financiers augmentant temporairement en réduisant les taux de refinancement. Cela a été le coût de l’emprunt. Le scénario alternatif qu’on pourrait rapidement suivi du changement de son taux directeur qualifier de pessimiste est similaire au scénario de d’un corridor de 2,5-4,5% à un taux fixe de 2,5%, permettant référence, mais suppose en outre que les mesures de aux banques de satisfaire pleinement leurs besoins de confinement ne peuvent être levées qu’après neuf mois liquidité à un taux inférieur. Il s’agit de la politique la plus et que, malgré une relance budgétaire à grande échelle, accommodante jamais adoptée par la BCEAO. En outre, la la longue durée des perturbations économiques laisse de BCEAO a alloué 25 milliards de FCFA à la Banque Ouest- graves dommages sur l’économie et ralentit la reprise. Africaine de Développement (BOAD) pour accorder une bonification d’intérêt aux pays membres et augmenter 41. L’impact de l’épidémie de la COVID-19 sur les le montant des prêts concessionnels pour les dépenses perspectives de croissance est considérable. Selon le urgentes d’investissement et d’équipement. Pour soutenir scénario de référence, la croissance économique devrait 11 Situation économique au Togo - Août 2020 retomber à 1,0% (-1,5% en termes par habitant) en 2020, vente de détail. Du côté de la demande, les performances de sensiblement en deçà de la croissance potentielle du PIB croissance reflètent une baisse de 3,1% de la consommation estimée à 5,6%. Du côté de l’offre, la faible croissance privée due à l’incapacité des gens à aller travailler et à reflète l’impact négatif de la COVID-19 sur tous les secteurs, gagner un salaire. La baisse de la consommation s’explique surtout sur le secteur des services. La croissance réelle en partie par un regain des tensions inflationnistes sur du secteur des services ne devrait augmenter que de le premier trimestre 2020. L’inflation était à 1,2% (en 1,1 %, contre 6,0 % dans le scénario pré-COVID. Cela est glissement annuel) en mai 2020 contre -1,1% en mai 2019. principalement dû aux effets négatifs des restrictions de L’investissement privé devrait également chuter de 16,0% voyage et des fermetures de frontières sur le tourisme, les du fait d’une baisse de confiance des investisseurs dans un activités portuaires et aéroportuaires et aux perturbations climat d’incertitude accrue. des chaînes d’approvisionnement dans le secteur de la Tableau 1.1 : Quelques indicateurs économiques5   2019e 2020p 2021p 2022p 2020p 2021p 2022p   Scénario de référence Scénario alternatif Taux de croissance du PIB réel 5,3 1,0 4,0 5,5 -1,5 4,5 5,5 Taux de croissance du PIB par tête 2,7 -1,5 1,4 2,9 -3,8 -0,5 1.0 Solde du compte courant -4,3 -5,5 -5,8 -5,4 -7,3 -6.2 -5,7 Solde budgétaire Global (% du PIB) -1,1 -5,7 -2,6 -1,7 -8,6 -2.9 -1,9 Dette publique totale (% du PIB) 70,9 71,0 67,8 64,1 73,3 70,5 67,7 Source : Autorités togolaises et estimations du staff de la Banque mondiale 42. Le déficit du solde du compte courant pourrait 43. Le déficit budgétaire devrait augmenter atteindre 5,5 % du PIB, principalement en raison d’une sensiblement en 2020 pour atteindre 5,7% du PIB, sous baisse substantielle des exportations. Une forte baisse l’effet d’une augmentation des dépenses courantes. Cela de la croissance économique des principaux partenaires représente 4,5 points de PIB de plus que le déficit de 2019. commerciaux (dont l’Union européenne et d’autres pays En conséquence, pour la première fois depuis 2016, le Togo d’Afrique de l’Ouest) réduira les exportations du Togo. ne respectera pas le critère de convergence de l’UEMOA Inversement, la valeur des importations sera plus faible d’un déficit budgétaire ne dépassant pas 3 % du PIB. Les en raison d’une baisse substantielle des prix du pétrole et dépenses publiques consacrées aux salaires et aux biens d’une diminution des importations de biens intermédiaires et services devraient augmenter sensiblement, sous l’effet et de machines à mesure que l’activité économique et de l’augmentation des dépenses de santé nécessaires pour l’investissement ralentiront. En outre, les envois de fonds moderniser le matériel de santé, embaucher et former des devraient diminuer en 2020, contre 9,1% du PIB en 2019, à agents de santé. Les dépenses en salaires et traitements mesure que le chômage augmente dans les pays européens. devraient passer de 6,7% du PIB en 2019 à 7,1% du PIB Les entrées d’IDE devraient également diminuer. en 2020, tandis que les dépenses en biens et services augmenteront de 2,3% du PIB au cours de la même période. 5 Le tableau présente les projections de la Banque mondiale à fin Juin 2020. Les projections du Gouvernement sont de 1.3% dans le scenario optimiste. Ces projections sont hautement incertaines et pourraient être ramenées à la hausse ou à la baisse en fonction de l’évolution de la pandémie. Situation économique au Togo - Août 2020 12 44. Les recettes fiscales ont chuté de 14,8 % en travaillant dans le tourisme, les transports et l’agriculture. avril 2020 au milieu de l’épidémie de la COVID-19. Selon L’augmentation des prix des aliments de base et des l’OTR, les recettes fiscales totales ont diminué de 14,8% par produits importés aurait également un impact négatif rapport à avril 2019 et de 37,0% par rapport aux projections sur le bien-être des ménages. L’extrême pauvreté devrait budgétaires de 2020. Cela reflète une réduction significative augmenter de 1 % (80 000 personnes). Ceci est comparé des recettes perçus par le Commissariat des Douanes et à une projection antérieure à la COVID-19 qui indiquait des Droits Indirects (-12,7%) tandis que les revenus du une baisse de l’extrême pauvreté de 45,8 à 43,0% de la Commissariat des douanes ont diminué de 17,4% sur la population. même période. Il convient de mentionner qu’en janvier et février, alors qu’il n’y avait pas de cas de COVID-19 dans le 48. Le scénario alternatif suggère un impact pays, les recettes fiscales ont augmenté respectivement de beaucoup plus important de la COVID-19 sur l’activité 11,4% (glissement annuel) et 7,9 % (glissement annuel). La économique. Selon ce scénario, le PIB réel chuterait à baisse observée en mars et avril est donc surement due à -1,5% en 2020 du fait d’une contraction encore plus forte l’impact négatif de la COVID-19 sur l’activité économique. dans les secteurs des services et de l’agriculture. La chute des exportations induit une augmentation du déficit du 45. Les dépenses ont augmenté substantiellement solde du compte courant qui pourrait atteindre 7,3% du sur la même période du fait des différentes interventions PIB. Le déficit budgétaire augmenterait alors à 8,6% du PIB, de l’Etat visant à arrêter la propagation du virus et protéger tandis que la dette se situerait à 73,3% en 2020. La pauvreté les plus vulnérables. Les dépenses totales ont augmenté quant à elle toucherait 48,7% de la population. de 20% en avril 2020 traduisant une hausse combinée des dépenses courantes et des dépenses en capital. Les 49. Le redressement de l’activité économique dépenses courantes ont augmenté de 18% (en glissement anticipée pour 2021 et les perspectives de croissance annuel) reflétant aussi bien l’appui au secteur de la santé, sur le moyen terme sont sujet à des risques. Sur le plan les subventions aux secteurs de l’eau et de l’énergie que externe, en dépit de la levée progressive des mesures de le financement du programme de transfert monétaire confinement, la persistance de la pandémie de la COVID-19 NOVISSI. Les dépenses en capital se sont accrues de 29,5% pourrait ralentir la reprise de l’économie mondiale et la du fait du renforcement des infrastructures sanitaires. reconstitution des chaines de valeurs. Par ailleurs, malgré le redressement projeté des prix des principaux produits 46. Le niveau de la dette publique devrait augmenter d’exportation du Togo (Phosphate, Coton, Cacao, Café), légèrement. La dernière analyse conjointe de viabilité de la la faiblesse de la demande dans les pays partenaires dette du FMI et de la Banque mondiale d’avril 2020 indique commerciaux du Togo devrait ralentir la hausse des que le risque de surendettement extérieur reste modéré, exportations. L’augmentation des risques sécuritaires mais le risque global de surendettement est élevé. La dette dans les pays voisins pourrait peser à la fois sur les publique totale est projetée à la hausse, se situant à 71,0% investissements, le commerce et les finances publiques. du PIB en 2020. Le moratoire récemment annoncé par le Sur le plan interne, des conditions météorologiques G20 sur la dette bilatérale ne bénéficiera pas beaucoup au défavorables et la disponibilité des intrants pourraient Togo. En effet, le service de la dette extérieure bilatérale affecter la productivité agricole6, tandis que la relative ne représente que 3 milliards de francs CFA (ou 0,6%) des faiblesse des capacités administratives par rapport aux paiements estimés du service de la dette en 2020. besoins pourrait limiter la mise en œuvre des réformes et les investissements privés. En outre, les passifs éventuels 47. En outre, la pandémie de la COVID-19 pourrait associés à un retard dans la restructuration de deux aggraver la pauvreté et détériorer les conditions sociales. banques publiques pourraient constituent un risque pour La pauvreté devrait augmenter à mesure que les revenus et la stabilité financière et la viabilité budgétaire. la consommation des ménages les plus pauvres et les plus 6 Il importe de noter que le plan de riposte agricole en cours vulnérables diminuent, en particulier pour les personnes d’implémentation facilitera l’accès aux intrants pour plusieurs milliers d’agriculteurs. 13 Situation économique au Togo - Août 2020 Encadré 3 : La montée du risque sécuritaire pourrait peser sur les perspectives de croissance du Togo 1. Le risque sécuritaire pesant sur le Togo s’est accru dans un contexte de recrudescence des violences terroristes au Burkina Faso et pourrait s’accentuer avec la persistance de la pandémie de la COVID-19. L’insurrection Djihadiste dans les pays du G5 Sahel s’est amplifiée au cours de l’année 2019, notamment au Burkina Faso voisin donnant lieu à un bilan lourd en termes de perte de vies humaines et de déplacement de populations. La menace sécuritaire concerne principalement la partie nord du Togo mais pourrait s’étendre au reste du pays si des mesures appropriées ne sont pas prises. Par ailleurs, la pandémie de la COVID-19 pourrait accroitre la pauvreté, servant de terreau fertile à la propagation de l’idéologie djihadiste et à l’exacerbation des tensions communautaires autour des conflits fonciers ou des ressources en eau. 2. L’augmentation de la menace sécuritaire pourrait avoir un impact économique et budgétaire substantiel. Un accroissement de l’insécurité est de nature à réduire l’attractivité économique du Togo, induisant une baisse des investissements domestiques et étrangers en dépit des efforts important réalisés dans le cadre de l’amélioration du climat des affaires. De même, une dégradation de la situation sécuritaire pourrait exacerber l’impact négatif de la pandémie de la COVID-19 sur le secteur touristique et ralentir la reprise économique. La situation sécuritaire pourrait également déprimer les échanges dans l’ère post-COVID-19. Enfin, sur le plan des finances publiques, l’augmentation des dépenses de sécurité entrainerait une éviction partielle de certaines dépenses sociales et une augmentation du déficit budgétaire. 3. Afin de réduire le risque sécuritaire lié au terrorisme, le Gouvernement a créé le 15 Mai 2019 un Comité Interministériel de Prévention et de Lutte contre l’Extrémisme Violent (CIPLEV). Le comité a pour mission d’œuvrer à l’éradication de l’extrémisme violent en donnant aux communautés des outils de base pour lutter contre ce fléau. Les recommandations de ce comité faites sur la base de missions de terrain insistent sur le fait que la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent passe par (i) l’accompagnement du processus de décentralisation ; (ii) le renforcement du dispositif sécuritaire dans les cantons et du dialogue civilo-militaire ; et (iii) l’accroissement du soutien à l’entreprenariat agricole et artisanal des jeunes et des femmes. Situation économique au Togo - Août 2020 14 Figure 1.7. Impact économique de la pandémie du Coronavirus La croissance faiblit en 2020 tirée par la Le déficit se détériore du fait de mauvaise performance du secteur des services l’augmentation des dépenses courantes La dette publique totale augmente légèrement soutenue par une hausse de la dette externe Le solde du compte courant se détériore Source : Autorités togolaises et calculs du Staff de la Banque mondiale 15 Situation économique au Togo - Août 2020 1.2.4.2. L’impact sur le secteur privé 1.2.5. Les conditions d’une accélération de la reprise économique post COVID-19 50. L’impact de la crise sur le secteur privé est majeur. L’impact immédiat de la crise s’est principalement 53. La pandémie de la COVID-19 a eu un impact traduit par des fermetures temporaires, une baisse du différencié sur les secteurs clés de l’économie et nécessite volume horaire de travail et des ventes mais très peu de une réponse ciblée et budgétairement soutenable. Le licenciement des travailleurs. Ainsi, en début du mois PND donne une place centrale aux secteurs de l’agriculture, de Juin 2020, 21,2% des entreprises7 étaient fermées de du tourisme et de la logistique. Ces secteurs ont été manière temporaire et 1,9% de manière définitive. Dans fortement affectés par la crise tant au niveau du chiffre l’ensemble, 96,2% des entreprises ont observé une baisse d’affaire qu’au niveau des emplois. A titre d’illustration, le des ventes avec une baisse moyenne de 51,3% entre Mai et secteur du transport et de la logistique durant le mois de Juin. L’ajustement à la baisse du niveau de l’activité s’est Mai 2020 a mis en disponibilité ou congé non rémunéré, traduit par une réduction des heures de travail (50,1% près de 80 % des travailleurs du fait de la fermeture des d’entreprises) et marginalement par des licenciements frontières. Par ailleurs, l’impact différencié de la crise (0,25% de l’emploi à temps plein). selon les secteurs d’activités nécessite une réponse ciblée. De même, la réponse immédiate du Gouvernement pour 51. Les secteurs du transport, de la fabrication et limiter l’impact sur les entreprises et les ménages a érodé de l’agriculture/ agro-industrie ont été les plus touchés. quelque peu l’espace budgétaire d’où la nécessité d’une 41% des entreprises du secteur agricole et agro-industriel réponse graduelle et budgétairement soutenable. ont connu une baisse du niveau des ventes de l’ordre de 75 à 100%. Une baisse équivalente concerne 33 % des 54. Bien que la crise de la COVID-19 persiste, il est entreprises du secteur du tourisme, 36 % de la branche indispensable d’orienter graduellement la politique fabrication et 35% des entreprises du secteur du transport économique vers l’accélération de la reprise économique et de la logistique. Les grandes entreprises semblent être et l’amélioration de la résilience aux crises futures. Il est les moins affectées par la crise dans la mesure où 81% ainsi indispensable de renforcer les investissements dans d’entre elles ont observé une baisse des ventes proche de les secteurs de l’eau et de l’assainissement, accroitre le la moyenne (54,2%) contre 97% à 100% des entreprises de capital humain avec un accent particulier sur le secteur taille inférieure. de la santé et d’autres secteurs économiques prioritaires tels que l’agriculture, le transport et la logistique. La crise 52. Par ailleurs, l’accès au financement est devenu de la COVID-19 a réaffirmé l’importance d’accélérer la plus difficile. L’incertitude générée par la crise a accru le digitalisation de l’économie et de maintenir un niveau risque de pénurie de liquidité et une aversion générale d’investissement adéquat dans le secteur de l’énergie. au risque. Environ 23 % des entreprises ont constaté une L’amélioration de la résilience passe également par la baisse du financement disponible. Cette proportion était constitution des chaines de valeur locales et intra-africaines plus élevée pour les entreprises de taille moyenne (40%) et l’érection des considérations environnementales au et dans certains secteurs, tels que la manufacture (36 cœur de la stratégie du développement. Enfin, le maintien %), l’agriculture et l’agro-industrie (55%). Les principales d’un cadre macroéconomique stable constitue la garantie préoccupations concernent le financement à moyen et d’un développement soutenable. long terme, considéré comme moins disponible, et le financement à court terme, qui est plus coûteux et difficile à obtenir. 7 Enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque Mondiale. La seconde partie détaille l’impact de la crise du COVID-19 sur le secteur privé. Situation économique au Togo - Août 2020 16 55. La crise de la COVID-19 a accentué les contraintes structurelles à la croissance et à la création d’emploi auxquelles le pays devra faire face durant la phase de relance de l’économie. L’incertitude générée par la pandémie de la COVID-19 a négativement impacté la confiance des investisseurs conduisant soit à un comportement attentiste « wait and see attitude » ou à une mise en pause des projets d’investissement à défaut d’une annulation pure et simple. L’attraction des investisseurs privés dans ce contexte d’incertitude ambiante est un défi qu’il faudra relever tant pour renouer avec la croissance que pour la création des emplois productifs. Par ailleurs, le processus d’accumulation du capital humain a été freiné par les fermetures des écoles et des universités et pourrait être affecté sur le long terme par la baisse des revenus des ménages. Sauvegarder les investissements en capital humain et adapter les compétences aux besoins du marché du travail est donc indispensable pour une accélération de la reprise économique et une augmentation de la productivité. 17 Situation économique au Togo - Août 2020 Deuxième partie Vers une croissance tirée par le secteur privé 2. Introduction 57. Fort de ce qui précède, il est plus que nécessaire de favoriser le développement du secteur privé afin de garantir la viabilité budgétaire sans compromettre la 56. Le développement du secteur privé est un croissance économique. Alors que le pays reconstitue enjeu majeur de développement, principalement dans progressivement son espace budgétaire, l’argument en un contexte où se mêlent les exigences de stabilité faveur de la poursuite de politiques favorables à une macroéconomique et de croissance inclusive. Bien que croissance inclusive prend tout son sens. Dans ce contexte, l’accélération des investissements publics entre 2010 il est essentiel de renforcer le potentiel de croissance du et 2016 ait contribué à l’amélioration de la qualité des secteur privé pour une croissance plus forte et soutenable. infrastructures (routes, port, aéroport), elle a également Stimuler l’investissement du secteur privé est encore entraîné une énorme augmentation de la dette, ce qui a plus important étant donné la nécessité de renforcer la rendu le modèle de croissance tiré par le secteur public mobilisation permanente des recettes fiscales. Un autre insoutenable. Ainsi sur cette période, l’investissement enjeu de taille justifiant une réorientation de la politique public a presque doublé tandis que les recettes fiscales économique vers le développement du secteur privé est ont légèrement augmenté. L’investissement public est celui de la création d’emplois. passé de 7,9% du PIB en 2010 à 14% du PIB en 2016, tandis que les recettes fiscales n’ont augmenté que de 2 points de 58. Un secteur privé dynamique permettrait pourcentage du PIB. En conséquence, le déficit budgétaire de renforcer l’accumulation du capital physique, la s’est creusé et la dette publique a augmenté. Le déficit création d’emplois et l’accroissement de la productivité budgétaire a atteint 9,5% du PIB en 2016 contre 1,6% indispensable à la croissance économique de long en 2010. De même, la dette publique totale a augmenté, terme. L’analyse des sources de la croissance économique passant de 32,3% du PIB en 2010 à 81,4% en 2016. révèle que l’accumulation du capital physique a joué Situation économique au Togo - Août 2020 18 un rôle modeste dans l’explication de la croissance 17% sur la période 2018-2022 alors qu’il n’a augmenté économique du Togo aussi bien en terme absolu que que de 11% par an entre 2010 et 2018. Par ailleurs, cette relatif. Sur la période récente, 13% de la croissance du dynamique positive sera vraisemblablement ralentie Togo est expliquée par l’accumulation du stock de capital par la pandémie de la COVID-19. Par conséquent, il contre 54 % pour la moyenne de l’UEMOA (hors Togo) est essentiel de s’attaquer aux contraintes limitant le [Figure 2.1]. Un accroissement du niveau et de la qualité développement du secteur privé afin de répondre aux de l’investissement privé pourrait permettre au Togo besoins de financements nécessaires à la réalisation du de rattraper son retard de croissance par rapport à la PND. moyenne des pays de l’UEMOA. 60. Les performances récentes du Togo sur le 59. Bien que les investissements privés aient connu plan de l’amélioration du climat des affaires suggèrent une augmentation constante au cours de la dernière l’existence d’une volonté politique et d’un environnement décennie, ils sont bien inférieurs aux niveaux nécessaires propice à l’accélération des investissements privés. En pour atteindre les objectifs fixés dans le Plan National de effet, le Togo a gagné plus de 50 places dans le classement Développement (PND) 2018-2022. En effet, 65% du coût Doing Business entre l’édition 2017 et celle de 2020. Cette estimatif du PND devra être financé par le secteur privé. dynamique favorable est appelée à se poursuivre sous Dans cette optique, le scénario optimiste PND suppose réserve de la poursuite de la mise en œuvre des réformes une augmentation annuelle de l’investissement privé de favorables au développement des investissements privés. Figure 2.1 : Sources de la croissance au Togo Source : Calculs du staff de la Banque mondiale 19 Situation économique au Togo - Août 2020 2.1. L’état du secteur privé au Togo et sa contribution à l’innovation et à la création d’emplois 2.1.1. Le secteur privé au Togo 61. Sur la période récente, le niveau d’investissement privé au Togo a maintenu une trajectoire croissante et est relativement plus élevé que celui des pays de l’UEMOA. La performance du Togo en matière d’investissement privé est supérieure à celle de la moyenne de l’UEMOA sur la période d’analyse (Figure 2.2). Le niveau des investissements privés en pourcentage du PIB se situe à 11,4% du PIB au Togo contre 8,9% pour la moyenne de l’UEMOA. Cela reflète également un niveau d’investissement public plus faible que la moyenne de l’UEMOA. De même, le taux de croissance de l’investissement privé sur la période étudiée est de 7,6% contre 6,6% pour la moyenne de l’UEMOA. 62. Le Togo a un niveau d’investissement faible comparé aux pays pairs aspirationnels que sont le Laos, le Rwanda et l’Ile Maurice (voir Annexe A.5). Ces derniers ont un niveau d’investissement privé sur la période correspondant à une moyenne de 12,0% contre 11,4% pour le Togo. En excluant le Rwanda dont le niveau d’investissement privé est relativement plus faible, cette moyenne se situe à 15%. De même, si on observe une tendance haussière des investissements dans les deux cas, la croissance moyenne de l’investissement privé dans les pays pairs est plus élevée, se situant à 13,7% contre 7,6% pour le Togo. (Figure 2.3). Situation économique au Togo - Août 2020 20 Figure 2.2 : Dynamique de l’investissement au Togo et comparaison avec les pairs régionaux (1995-2017) Source : Données sur les investissements et le stock de capital (Août 2019), FMI et Calculs du staff de la Banque mondiale 63. L’analyse de la dynamique des investissements le secteur de la construction a augmenté en moyenne de à travers les secteurs montre une dominance du secteur 11% contre 16% pour le secteur manufacturier. Au niveau secondaire (voir Figure 2.4). Sur la période pour laquelle du secteur tertiaire, les investissements en capital se font les données sont disponibles (2007-2016), le secteur principalement dans le domaine des services immobiliers secondaire concentre 95% de la formation brute du et des services aux entreprises. capital fixe, suivie du secteur tertiaire (3,3%) et du secteur primaire (1,7%). La forte intensité capitalistique du secteur 64. On note également une réallocation relative des secondaire reflète principalement les investissements dans investissements entre le secteur secondaire et le secteur le secteur de la construction et autres activités industrielles tertiaire. De manière plus précise, on note qu’il y a une de transformation, tandis que les investissements en tendance à la hausse des investissements dans le secteur capital dans le secteur primaire se font principalement dans tertiaire quand ce niveau est en baisse au niveau du secteur le domaine de l’agriculture d’exportation. Malgré une forte secondaire. baisse observée en 2009 et 2013, l’investissement dans 21 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.3 : Dynamique de l’investissement au Togo et comparaison avec les pairs aspirationnels (1995-2017) Source : Données sur les investissements et le stock de capital (Août 2019), FMI et Calculs du staff de la Banque mondiale Figure 2.4 : Dynamique des investissements à travers les secteurs (2007-2013) Source : Autorités togolaises et Calculs du staff de la Banque mondiale Situation économique au Togo - Août 2020 22 65. L’analyse des épisodes d’accélération de moyenne plus faible équivalent en 2017 à environ 1 500 l’investissement privé au Togo suggère que la croissance 000 FCFA contre 450 000 000 FCFA pour les entreprises économique, la réduction du temps nécessaire à la formelles. création des entreprises, le crédit au secteur privé et les IDE sont des facteurs fortement corrélés à l’investissement 67. Les entreprises au Togo sont principalement privé (Voir Annexe A.4). Sur la période 1995-2017, le Togo installées dans la capitale Lomé. On note une a connu deux épisodes d’accélération de l’investissement prédominance d’établissements dans le Grand Lomé (voir privé. Ce nombre est plus élevé que la moyenne des pays Figure 2.5). Ainsi, 62,9 % des entreprises sont établies dans de l’UEMOA pour lesquels il a été possible d’identifier au le Grand Lomé, 10,3 % dans la région des Plateaux, 8,5 % moins un épisode d’accélération8. Durant la première dans la région Maritime, 6,9 % dans la région Centrale, 5,3 phase d’accélération qui couvre la période 1999-2001, % dans la région des Savanes et 6,1 dans la région de la l’investissement privé est passé de 5,2% du PIB à 11,4% Kara. du PIB. Cette augmentation semble être associée à une baisse de l’investissement public de 13,1% et surtout 68. En termes de structure, le secteur privé est une augmentation de l’investissement direct étranger constitué principalement d’entreprises de petites tailles, de 23,7%. Au cours du second épisode d’accélération qui relativement jeunes et opérant principalement dans s’étale de 2010 à 2012, l’investissement privé a augmenté le secteur tertiaire. Le tissu entrepreneurial au Togo de 4,7 points de pourcentage du PIB. Cette période est est constitué à plus de 95 % des entreprises de petites marquée par un taux de croissance robuste de 6,3%, une tailles, avec une prédominance des activités dans le augmentation du crédit au secteur privé de 13,9%, un secteur tertiaire (essentiellement commerce de détail et accroissement de 18,6% des IDE et une baisse de 26% du services). Les entreprises togolaises sont jeunes. Elles ont temps nécessaire à la création d’une entreprise. en moyenne cinq années d’existence, 83% d’entre elles ayant au maximum dix années d’existence (voir Figure 2.5). 66. Le secteur privé au Togo est dominé par des Si cela peut refléter un certain dynamisme dans la création entreprises exerçant essentiellement dans le secteur des entreprises, cela peut aussi révéler un faible taux de informel. Selon les résultats du Recensement Général des survie. Dans ce sens, une étude réalisée en 2019 par le Entreprises (RGE) publié en juillet 20199, le Togo compte Centre de Formalité des Entreprises du Togo (CFE) révèle 115 880 unités économiques réparties sur l’ensemble du que seules 52,5% des entreprises crées au CFE entre 2010 territoire. Elles se répartissent entre le secteur formel et 2015 étaient toujours en activité en 2018 et travaillaient (14,5%) et le secteur informel (85,5%). La caractéristique de manière régulière. Sur le plan des secteurs d’activité, principale des entreprises du secteur informel est d’être de l’âge moyen des entreprises du secteur primaire est de petite taille avec en moyenne deux employés contre sept huit années contre cinq ans en moyenne pour celles des pour les entreprises formelles. Les entreprises informelles secteurs secondaires et tertiaires. présentent également un chiffre d’affaires hors taxes en 69. Par ailleurs, peu d’entreprises ont à leur tête des femmes et sont exportatrices. Les résultats du RGE 8 Ebeke, C. (2014). Private Saving Accelerations. IMF Working Paper, montrent que 41% des entreprises ont à leur tête des N14/223, Washington DC. Un épisode d’accélération de l’investissement femmes. Enfin, les données du RGE montrent qu’à peine 2 privé est défini comme toute augmentation de l’investissement privé d’au moins 2 points de pourcentage du PIB sur une période de trois ans, sans % des entreprises exportent les biens et services produits baisse substantielle du taux d’investissement pendant ou immédiatement (Figure 2.6). après.. 9 Le RGE s’est effectué au cours du premier trimestre 2018 et porte sur l’année 2017. 23 Situation économique au Togo - Août 2020 70. La création d’entreprises a été particulièrement 72. Un fait marquant de la dynamique de création dynamique sur la période 2012-2019. Les données du des entreprises est le nombre relativement élevé de CFE sur la période 2012-2019 montrent qu’environ 8.900 promoteurs de sexe masculin. Ainsi, en 2019, 74 % des entreprises ont été créées en moyenne sur la période, soit promoteurs de Nouvelles entreprises sont des hommes 73% dans le secteur du commerce, 26% dans le secteur (Figure 2.6). Ce constat peint une réalité différente de celle des services et 1% dans le secteur industriel (voir Figure du RGE qui montre que 41% des femmes sont à la tête 2.5)10. Le nombre total d’entreprises créées par le biais du des entreprises au Togo. En d’autres termes, les femmes CFE est passé de 4330 en 2012 à 11514 en 2019, soit une évoluent relativement bien au sein d’entreprises existantes augmentation de 166 % sur la période. au point d’en prendre la tête, mais s’orientent peu vers l’entreprenariat formel. Toutefois, une analyse dynamique 71. La création d’entreprises a été plus importante fait relever que le pourcentage de promoteur de sexe dans le secteur du commerce. La dynamique des emplois féminin a évolué passant de 13% en 2015 à 26 % en 2019. a été tirée par l’explosion des créations d’emplois dans Cette évolution pourrait refléter en partie la décision du le secteur du commerce et des services. En termes de Gouvernement dès 2018 de réserver au moins 20 % de la progression dans le secteur du commerce, le nombre de commande publique aux jeunes et aux femmes. Plus de créations d’entreprises a augmenté de 66 % sur la période, 2.000 femmes auraient bénéficié de ce programme à fin tandis que dans le secteur des services il s’accroissait à 2019. une moyenne annuelle de 53%. Cependant, le nombre de créations d’entreprises dans le secteur industriel a baissé de 22% sur l’ensemble de la période. 10 Il faut noter que selon les données du RGE, à peine 15 % des entreprises déclarent avoir effectué les formalités de création des entreprises au CFE. Situation économique au Togo - Août 2020 24 Figure 2.5 : Structure du secteur privé et dynamique de création des entreprises Source : Autorités togolaises et calculs du staff de la Banque mondiale Figure 2.6 : Structure du secteur privé et dynamique de création des entreprises (suite) Source : Autorités togolaises et calculs du staff de la Banque mondiale 25 Situation économique au Togo - Août 2020 2.1.2. Investissement privé, productivité du stock de capital et emploi 73. La présente section analyse la productivité 76. L’indice d’innovation au Togo est plus faible que marginale du stock de capital privé11 et les facteurs la moyenne des pays de l’UEMOA. Selon le rapport 2019 qui l’influencent. L’accroissement de l’investissement de la World Intellectual Property Organization (WIPO) privé est indispensable à l’amélioration des indicateurs qui produit le World Innovation Index, le Togo occupe sociaux à travers notamment la croissance économique le 126ème rang sur 129 pays contre 103ème, 117ème et et la création d’emploi. Cette section s’emploie à établir 112ème rang respectivement pour la Côte d’Ivoire, le la corrélation entre la variation du stock de capital et la Burkina Faso et le Mali. De même l’indice d’innovation croissance économique d’une part, et d’autre part, elle globale du Togo est inférieur à celui de la moyenne des pays explore les potentiels facteurs explicatifs du niveau faible membres de l’UEMOA (Figure 2.8). La performance du Togo de la productivité marginale du capital privé au Togo par en matière d’innovation reflète un niveau de capital humain rapport à la moyenne de l’UEMOA. et d’investissement en recherche et développement faible. Il peut également trouver une explication le niveau 74. La productivité marginale du stock de capital d’accès limité aux technologies de l’information et de privé s’est améliorée de manière sensible au Togo, mais la communication en dépit de l’accélération du taux de reste en deçà de la moyenne de l’UEMOA. La productivité pénétration de la téléphonie mobile et de l’internet. marginale du stock de capital privé au Togo a plus que doublé en une décennie, passant de 24% en moyenne sur 77. Un marché des biens et services ouvert à la la période 1994-2010 à 60% sur la période récente. Cette concurrence est également un gage d’accroissement de amélioration sensible n’a cependant pas permis au Togo la productivité du capital. L’ouverture à la concurrence de se hisser au niveau de la moyenne de l’UEMOA qui est réduit le coût des inputs et amène à en faire l’usage et la restée relativement stable sur la période observée (Figure combinaison la plus efficace pour rester compétitif. Au 2.7). cours des trois dernières années, le Togo a fait des efforts soutenus en termes d’ouverture de certain secteurs 75. Les écarts observés en termes de productivité économiques clés à la concurrence. C’est notamment le marginale du capital peuvent s’expliquer par plusieurs cas du secteur des télécommunications qui a vu apparaitre facteurs, y compris l’innovation et l’existence d’un cadre de nouveaux fournisseurs d’accès à internet. Toutefois concurrentiel (Hall et Jones, 1999)12. L’innovation génère des progrès restent à faire notamment en ce qui concerne des gains d’efficience organisationnels et opérationnels qui la libéralisation des prix et la contestabilité de certains permettent d’améliorer la productivité du stock de capital. marchés dans le secteur de l’électricité, de l’extraction Par ailleurs, un cadre concurrentiel permet de réduire les et des télécommunications. Selon le Bertelsmann coûts d’entrée et de sortie d’un secteur d’activité et génère Transformation Index (BTI) qui évalue le caractère une émulation favorable à l’innovation et à la productivité. concurrentiel du marché à travers un éventail de critères incluant (1) l’importance des prix administrés, (2) l’absence de barrière à l’entrée ou à la sortie des marchés de biens et 11 La productivité marginale du stock de capital est définie comme la des facteurs de production, (3) l’absence de discrimination variation de PIB générée par une variation unitaire du stock de capital. basée sur la propriété et la taille, la performance du Togo Le stock de capital est construit en utilisant la méthode d’inventaire permanent et les données sont issues du FMI : « IMF Investment and en matière d’ouverture à la concurrence reste inférieure à Capital Stock Dataset, 2019 » celle de la moyenne de l’UEMOA (Figure 2.8). 12 Hall, R.E and Jones, C.I. (1999). Why do Some Countries Produce So Much More Output per Workers than Others? Quarterly Journal of Economics, Vol 114. (1) Pp83-116. Situation économique au Togo - Août 2020 26 Figure 2.7 : Productivité marginale du stock de capital privé, 1994-2017 Source : Données sur les investissements et le stock de capital (Août 2019), FMI et Calculs du staff de la Banque mondiale 78. La performance relativement faible du Togo en les critères du BIT que la concurrence sur le marché des matière d’implémentation des politiques anti-monopole biens et des facteurs de production fonctionne dans un sur le marché des biens et des facteurs de production est cadre institutionnel faible, avec des règles de marché clairement illustrée dans la Figure 2.8. Celle-ci suggère inégales pour les participants. Dans le même ordre d’idée, que le Togo a une performance inférieure à la moyenne des il existe une réglementation pour limiter les structures pays de l’UEMOA en matière de politiques anti-monopole. et comportements monopolistiques, mais elle est Le Togo obtient un score moyen de 4.2 qui signifie selon imparfaitement appliquée. Figure 2.8 : Innovation et concurrence, 2006-2018 Source : BIT, WIPO et Calculs du staff de la Banque mondiale 27 Situation économique au Togo - Août 2020 79. L’investissement en capital est indispensable et de générer des gains d’efficience par l’adoption de au développement d’une économie de production qui meilleures pratiques. L’accroissement de la productivité qui met en son cœur l’innovation et la création d’emplois. en résulte permet de créer des emplois. Dans cette section, L’investissement en capital permet aux firmes d’incorporer il est question d’explorer la relation entre investissement de nouvelles technologies dans le processus de production privé, innovation et création d’emplois. Figure 2.9 : Dynamique de l’emploi dans Figure 2.10 : Dynamique de l’emploi dans les le secteur privé Togolais, 2012-2018 secteurs secondaires et tertiaires au Togo, 2012-2018 Source : Autorités togolaises (Enquêtes de prévisions macroéconomiques, 2013-2018), calculs du staff de la Banque mondiale 80. L’emploi a connu une tendance haussière entre 54% et 20% respectivement en 2017 et 2018 tandis que les 2012 et 2017, puis un fléchissement marqué notamment emplois permanents ont diminué de 7.2% en 2018 après par la baisse des emplois temporaires. La Figure 2.9 une hausse de 8% en 2017. présente l’évolution du volume total des emplois (hors agriculture) entre 2012 et 2018. Cette figure montre 81. Sur le plan sectoriel, la baisse du volume de essentiellement deux phases. La première qui couvre la l’emploi est tirée par le secteur secondaire et s’amorce période 2012-2016 est caractérisée par un accroissement plus tôt. En effet, entre 2015 et 2016, on observe une baisse continu du niveau de l’emploi. L’emploi croît alors en de 53 % de l’emploi dans le secteur secondaire tandis moyenne de 36 % par an. La seconde phase est caractérisée que l’emploi augmente de 25 % dans le secteur tertiaire. par une baisse du volume de l’emploi respectivement en Cela confirme le changement structurel observé dans la 2017 et 2018. Sur ces deux années, l’emploi a diminué dynamique intersectorielle des investissements examinée en moyenne de 15%. Ce constat peut refléter l’effet précédemment (voir Figure 2.4). Sur les années 2017 et des tensions socio-politiques ayant perturbé l’activité 2018, la baisse du niveau d’emploi est observée dans économique, avec une certaine persistance sur l’année les deux secteurs même si elle est plus marquée dans le 2018. Sur cette deuxième partie de la période d’analyse, secteur tertiaire. Malgré les fluctuations relevées, l’emploi l’ajustement semble s’être fait principalement par la baisse a augmenté en moyenne de 19 % sur la période analysée. des emplois temporaires. Ceux-ci ont connu une baisse de Situation économique au Togo - Août 2020 28 82. Sur le plan qualitatif, on peut faire le constat d’une précarité des emplois. Elles sont 87,4% à exercer dans des forte précarité et informalité des emplois. La proportion la emplois vulnérables contre 60,6 % d’hommes. De même, plus importante de l’emploi est orientée vers des activités les femmes présentent le taux de salarisation le plus bas informelles et à faible valeur ajoutée (ERI-ESI, 2017)13. Ainsi (Table 2.1). Ces constats s’expliquent principalement par le secteur informel fournit 91,6% des emplois et 74,7% des le niveau d’éducation relativement faible de la population emplois sont considérés comme vulnérables (travailleurs active. Le taux d’alphabétisation des adultes est estimé à indépendants ou familiaux)14. On note par ailleurs, que 60,4 % tandis que seulement 3,1 % de la population active les femmes sont celles qui paient le plus grand tribut de la a un diplôme de l’enseignement supérieur. Tableau 2.1 : Un niveau élevé de vulnérabilité des emplois Caractéristiques Ratio emploi-population Taux d’emplois vulnérables Taux de salarisation démographiques Total 60,7 74,7 22,5 Sexe Homme 62,5 60,6 36,0 Femme 59,2 87,4 10,2 Niveau d’instruction Aucun 68,2 92,1 6,5 Primaire 69,1 83,5 13,3 Secondaire 50,6 60,6 35,7 Supérieur 56,4 15,1 80,8 Milieu de résidence Grand Lomé 59,3 52,7 43,0 Urbain 56,5 71,2 25,0 Rural 62,9 87,1 11,1 Source : Autorités togolaises (ERI-ESI), Togo 2017 83. Le contenu en emplois de l’investissement calcul d’élasticité. La Figure 2.11 présente l’élasticité de privé est resté relativement limité. Afin d’évaluer dans l’emploi à l’investissement. En d’autres termes, elle mesure quelle mesure l’évolution de l’emploi est sensible à la la variation en pourcentage de l’emploi consécutive à une dynamique de l’investissement privé, il est procédé à un variation d’1 % du niveau des investissements privés. Le calcul d’élasticité montre qu’en moyenne sur la période d’analyse, l’emploi a été peu sensible à la variation du niveau des investissements privés. 13 L’ERI-ESI (Enquête Régionale Intégrée sur l’Emploi et le Secteur Informel) a été réalisé en 2017 et le rapport définitif rendu public en Juillet 2019. Il s’agit de l’enquête la plus à jour sur la situation du marché du travail au Togo. 14 Cela concerne les travailleurs auto-employés ou familiaux qui sont souvent concentrés pour l’essentiel dans des emplois à faible valeur ajoutée et peu rémunérés. 29 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.11 : Elasticité emploi-investissement privé, 2012-2017 Source : Autorités togolaises (Enquêtes de prévisions macroéconomiques, 2013-2018), calculs du staff de la Banque mondiale Situation économique au Togo - Août 2020 30 2.2. L’impact de la COVID-19 sur le secteur privé togolais 84. La pandémie de la COVID-19 a donné un coup de frein à l’activité économique avec des conséquences importantes sur la dynamique du secteur privé. L’implémentation des mesures de distanciation sociale, l’instauration de l’état d’urgence et la fermeture des frontières ont eu un impact substantiel sur la trésorerie des entreprises, le volume des ventes et l’emploi. À la suite de ces développements sanitaires récents, il est nécessaire d’évaluer l’état réel du secteur privé togolais et d’examiner les contraintes qui pèsent sur son développement et sa compétitivité. La présente section utilise les résultats de l’enquête menée par le Groupe de la Banque mondiale en Juin 2020 pour évaluer l’impact de la crise de la COVID-19 sur le secteur privé togolais. Cette étude est complémentaire de celles effectuées deux mois plutôt par le Conseil National du Patronat (CNP) et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo (CCIT). L’analyse fait également usage des données du Recensement Général des Entreprises (RGE), du World Enterprise Survey (WES) et de Doing Business (DB)15. Dans un premier temps la Section présente les résultats de l’enquête relative à l’impact de la COVID-19 sur les entreprises. Dans un second temps, elle examine les contraintes structurelles qui pèsent sur le développement du secteur privé et sa compétitivité. 15 Le RGE publié en Juin 2019 a été réalisé au cours du premier trimestre 2018, tandis que le WES de la Banque mondiale date de 2016. Le rapport le plus récent du DB utilisé dans cette analyse date de 2019 (DB2020). 31 Situation économique au Togo - Août 2020 85. Pour obtenir une vue plus fine de l’impact de approvisionnements, etc.), et les besoins et actions menés l’épidémie, la Banque mondiale a commandité une par les firmes pour faire face à la crise (notamment en enquête auprès des entreprises16. Mise en œuvre en termes d’utilisation de solutions digitales). juin 2020, celle-ci utilise les données d’un échantillon 87. Les données préliminaires présentées ici donnent stratifié aléatoire de 160 entreprises privées, couvrant les un aperçu de la situation au début du mois de Juin 2020. principales zones économiques du Togo (le grand Lomé, Les résultats confirment l’imposition d’un choc important la région des plateaux et d’autres localisations)17. Les sur le système économique. La première partie détaille ce secteurs couverts comprennent les activités de fabrication que l’on sait actuellement de l’impact de l’épidémie sur manufacturière (ci-après manufacture), l’agriculture les entreprises et comment elle les affecte. Une deuxième et l’agro-industrie, le commerce et l’import-export, le partie détaille les attentes des entreprises pour leur activité tourisme, l’hébergement et la restauration (tourisme ci- et leurs besoins déclarés en termes de support. après), le transport, la logistique et l’entreposage (ci-après transport) et des secteurs autres18. L’échantillon comprend des petites entreprises (61,2%, soit des entreprises ayant L’impact immédiat de la crise s’est traduit principalement entre 5 et 19 employés), de moyennes entreprises (25 %, par des fermetures temporaires, des heures réduites, soit des firmes ayant entre 20 et 99 employés) et de grandes des revenus en baisse - et très peu de licenciements entreprises (13,8%, avec plus de 100 employés). 90% de immédiats de travailleurs. l’échantillon est composé d’entreprises privées (7.5% d’entreprises étrangères). 5% des entreprises contactées 88. Globalement, 23,1 % des entreprises appartenaient à la zone Franche de Lomé. étaient fermées (dont 1,9 % définitivement et 21,2 % temporairement) début juin 2020 (Figure 2.12). Les taux 86. S’appuyant sur l’expérience de précédentes de fermeture diffèrent selon la taille des entreprises et sont enquêtes à réponse rapide dans un contexte de crise, le plus importants pour les micros et moyennes entreprises questionnaire s’est concentré uniquement sur certains (22-30%) que pour les grandes entreprises (environ 13,6%). éléments clés. Le questionnaire a été administré aux cadres Près de 42% des entreprises privées sous contrôle étranger supérieurs des entreprises, lors d’entretiens téléphoniques ont été fermées contre environ 20 % des entreprises privées d’une durée d’environ 30 à 40 minutes chacun. Il comprend nationales. Les taux de fermeture variaient entre 21% dans des questions introductives pour établir les faits de base la région du grand Lomé et 27% dans la région des Plateaux. sur l’entreprise (secteur, statut de propriété, nombre Les quelques fermetures permanentes sont survenues d’employés), suivies de séries de questions examinant à des petites et moyennes entreprises une explication l’impact sur les activités de l’entreprise (ventes, emploi, possible étant qu’il était peu probable qu’elles disposent d’une protection adéquate contre la crise et faisaient face à un accès plus difficile au financement d’urgence que 16 L’instrument d’enquête utilisé est appelé COVID-19 Business Pulse Survey (COVBPS). Il a été développé en 2020 par la pratique Finance- les grandes entreprises. Aucune grande entreprise n’était Compétitivité et Innovation de la Banque mondiale. Le COVBPS fournit une fermée définitivement au moment de l’enquête. enquête rapide pour comprendre l’impact de l’épidémie sur les entreprises. Il est conçu pour être réalisé par téléphone ou en ligne et permet une adaptation aux contextes locaux. 30 enquêtes de ce type sont actuellement terminées ou en cours. 89. Les secteurs les plus touchés par les fermetures sont le tourisme et le transport. De nombreuses entreprises 17 L’échantillon a été tiré au hasard à partir d’une base de sondage construite d’après le Recensement Général des Entreprises 2017 (RGE). de ces deux secteurs ont dû fermer temporairement à la Le nombre total d’entreprises formelles comptant plus de 5 employés demande du Gouvernement (24% pour le transport et en activité était estimé à 5 922. Pour un niveau de confiance de 95 %, la taille d’échantillon requise était de 150 entreprises. 160 établissements 30% pour le tourisme). Dans le transport, l’impact observé ont finalement été interrogés. Après une stratification selon la taille, est vraisemblablement lié au couvre-feu, à la baisse de la l’emplacement et le secteur, les entreprises ont été sélectionnées au hasard dans chaque strate de la liste, puis interrogées par téléphone. L’enquête a demande et au confinement. Les fermetures permanentes eu lieu entre le 5 et le 15 juin 2020. Nous tenons à exprimer notre gratitude aux répondants à cette enquête pour leur temps et leurs idées. sont pour l’instant minimes dans les autres secteurs (de 3,3 à 4,8%). 18 Ceci correspond à un secteur résiduel d’échantillonnage. Situation économique au Togo - Août 2020 32 Figure 2.12 : Taux de fermeture des entreprises Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Figure 2.13 : Impact estimé sur les ventes au cours des 30 derniers jours précédant l’enquête Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale 33 Situation économique au Togo - Août 2020 90. Au moment de l’enquête, début juin 2020, les de la région de Grand Lomé ont connu une baisse des entreprises étaient fermées depuis environ 10,5 semaines ventes plus importante que la moyenne (54,2% du chiffre en moyenne. La réouverture était également perçue d’affaire). En termes de baisse des ventes, les transports, la comme incertaine. Seulement environ 15% des entreprises manufacture et l’agriculture/agro-industrie ont été les plus pensaient rouvrir au cours du mois à venir, tandis que la durement touchés, avec des baisses de ventes de l’ordre majorité des entreprises (53%) anticipaient ouvrir de de 54 à 61%. Le transport a été particulièrement affecté nouveau dans un délai d’un à deux mois (c’est-à-dire entre par les restrictions à la mobilité et aux réunions mises en début juillet et début août). Malgré tout, environ 12% des place. L’agriculture et l’agro-industrie a été affectée par établissements temporairement fermés ne savaient pas les conséquences des difficultés du secteur des transports quand ils rouvriraient. En pratique, bien que le couvre- alors que la manufacture a fait face à une conjonction de feu ait été levé le 9 juin 2020 la trajectoire future de la chocs (baisse de demande, difficultés de transport, etc.) variable de fermeture dépendra également de l’évolution de l’épidémie domestique. 93. Les entreprises n’ont pas encore dû licencier beaucoup de travailleurs, mais ont surtout eu recours 91. L’impact de la crise épidémique sur le Chiffre à une réduction des heures de travail, des congés et d’Affaire des entreprises a été significatif dans toutes les des réductions de salaires et des avantages sociaux catégories de taille et tous les secteurs. Dans l’ensemble, (Figure 2.14). Au cours de la période de l’enquête, très 96,2 % des entreprises ont signalé une baisse de leurs peu de travailleurs ont été embauchés ou licenciés ventes au cours des 30 derniers jours. En revanche, peu (respectivement 0,13 et 0,25 pour cent des employés d’entreprises ont connu une augmentation de leurs ventes des firmes). Début juin 2020, il n’y avait aucun signe de (1,25%) et 2,5% une stagnation (Figure 2.13). Ceci est licenciements massifs. Cependant, les entreprises se sont différent par rapport aux pays plus avancés, où certains appuyées de manière assez significative sur une réduction secteurs ont crû substantiellement : le commerce en des heures de travail (50,1% des employés), des congés ligne (Amazon et EBay par exemple) a connu de fortes non payés (33,5% des employés) et des réductions de augmentations d’usage, la consommation de contenu salaire et/ou avantages sociaux (qui concernent 35,3% des digital en ligne (Netflix, Amazon prime, etc.) est devenue employés). Les entreprises de tourisme et de transport ont telle qu’environ 51% des utilisateurs d’internet sur le plan beaucoup utilisé les réductions de salaire et/ou avantages mondial regardent ces sites de manière accrue suite à sociaux ainsi que les congés non payés (comme le secteur la COVID-19. Ceci reflète un écart de structure du secteur manufacturier). Les réductions des heures de travail étaient privé, mais aussi une possibilité de développement pour les plus utilisées par les entreprises des transports et de l’avenir. La baisse globale moyenne des ventes a été l’agriculture et de l’agro-industrie. d’environ 51,3% par rapport au mois précédent. 94. Si la situation devait changer au cours des 92. Les grandes entreprises semblent avoir été 6 prochains mois et que les entreprises soient sur le moins touchées, 81 pour cent d’entre elles ont signalé point de licencier du personnel, le poids de l’ajustement une baisse des ventes proche de la moyenne (52%) contre reviendrait aux travailleurs non qualifiés. Pour 72% des 97 à 100 pour cent des entreprises dans les classes de entreprises, elles seraient la catégorie d’employés la plus taille inférieure. Bien qu’il existe des différences limitées touchée, suivies des travailleurs qualifiés (25%) et des entre les régions en termes d’impact négatif sur les cadres (3%). ventes, il convient toutefois de noter que les entreprises Situation économique au Togo - Août 2020 34 Figure 2.14 : Mécanismes d’adaptation des entreprises (pourcentage de firme par catégorie) Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale La crise a généré diverses contraintes pour les entreprises, 96. L’accès au financement est devenu plus difficile affectant la demande, les employés, la logistique, et en raison de l’impact de la crise (Figure 2.15). La crise l’accès au financement. a accru le risque de pénurie de liquidités des banques et d’aversion au risque, ce qui pourrait les conduire à réduire 95. L’évolution négative des ventes observées davantage les activités de prêt ou à « fuir vers la sécurité », précédemment s’explique par de multiples raisons, les prêts devenant plutôt orientés vers le financement du notamment une baisse de la demande, une réduction des déficit budgétaire. Au moment de l’enquête en juin 2020, heures travaillées, des problèmes d’accès aux intrants, environ 23 % des entreprises avaient constaté une baisse l’accès au financement et au transport. Un premier du financement disponible. La part était plus élevée pour canal d’impact est une réduction de la demande de biens les entreprises de taille moyenne (40%) et dans certains et services à l’échelle de l’économie. Environ 77% des secteurs, tels que la manufacture (36%), l’agriculture entreprises ont noté une diminution de la demande au cours et l’agro-industrie (55%). Les exportateurs étaient en des 30 derniers jours précédant l’enquête. Le commerce outre beaucoup plus préoccupés par la question ; 32,5% et l’import/export a connu une baisse de la demande d’entre eux ont constaté une baisse de la disponibilité de supérieure à la moyenne (notée par 87 % des entreprises). financement contre 20,9% pour les non-exportateurs. Un deuxième canal est la réduction des heures travaillées Les principales préoccupations semblent concerner le (en raison de maladies, de l’absentéisme, etc.). 50,9 % financement à moyen et long terme, considéré comme des entreprises ont connu des difficultés de disponibilité moins disponible, et le financement à court terme, qui de la main-d’œuvre qui ont affecté leurs opérations. Le semble plus coûteux et difficile à obtenir. Le soutien du problème semble avoir été le plus important pour les gouvernement et de la BCEAO pourrait faire beaucoup grandes entreprises (59 % d’entre elles ont signalé un tel pour atténuer ces risques et sera essentiel pour permettre problème) et dans des secteurs tels que la manufacture, le la reprise des entreprises. commerce et l’import/export (52 à 53% des entreprises). 35 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.15 : Pénurie/restrictions dans la fourniture de services financiers normalement disponibles (Pct de OUI) Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Figure 2.16 : Principales raisons des perturbations dans les transports et la logistique Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Figure 2.17 : Principales raisons pour les problèmes d’intrants (%) Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Situation économique au Togo - Août 2020 36 97. Près de la moitié des entreprises ont également sur le marché intérieur ainsi que l’augmentation de leurs été touchées par les contraintes sur le transport coûts. Cela vaut que l’entreprise exporte ou non. Il convient et la logistique en général - 47,4% des entreprises de noter que les exportateurs, qui font parfois partie de plus déclarent avoir rencontré des perturbations/problèmes grandes chaînes de valeur mondiales, ont eu des difficultés avec les services de transport. Les exportateurs sont importantes en raison du manque de disponibilité des particulièrement concernés - 76,9% d’entre eux signalent intrants sur les marchés étrangers. Cela est probablement de tels problèmes - ainsi que les entreprises actives lié à la baisse observée du commerce international et des dans l’agriculture et l’agro-industrie et les transports - transports observée ces derniers mois. Le couvre-feu a respectivement 70 et 65 % d’entre elles. également eu un impact sur le fonctionnement et le débit du Port Autonome de Lomé. 98. À l’échelle de l’échantillon, la perturbation des importations, que celles-ci soient à destination 101. Dans ce contexte contraint, les données sur les de l’intérieur ou de la capitale, est signalée comme la réserves financières des entreprises mettent en évidence principale source de problèmes. Des preuves anecdotiques la nécessité de garantir un accès continu au financement. suggèrent que certains de ces éléments peuvent être liés à L’examen de la situation de trésorerie des entreprises la mise en œuvre initiale d’exemptions pour les expéditions révèle que près de 30% d’entre elles ne peuvent durer qu’un de marchandises avec l’arrière-pays - ce qui a pris quelques mois dans les conditions actuelles et environ 46% peuvent jours, par exemple en ce qui concerne les transporteurs résister d’un à trois mois. Seules 23% peuvent durer plus informels pour obtenir les documents requis, etc. Les de 3 mois, ce qui comprend de nombreuses grandes mesures pour limiter le nombre des passagers dans les entreprises (dont 63% peuvent durer 3 mois ou plus). Les transports en commun ont également entraîné une baisse exportateurs semblent un peu moins vulnérables, 31,7 de la mobilité de la main-d’œuvre. Enfin, les exportateurs % d’entre eux disposant de plus de 3 mois de liquidités, semblent également avoir été fortement affectés par contre 21,3% pour les non-exportateurs. l’obtention de biens de l’arrière-pays ou de la région de Lomé à des fins d’exportation - respectivement 46% et 102. Le tourisme, le transport et la manufacture ont 53%d’entre eux. le double défi d’être touchés assez directement par la crise tout en ayant des réserves limitées pour couvrir 99. La crise a également fait peser des contraintes leurs dépenses - 53 à 61 % des entreprises confirment sur la disponibilité des intrants. Dans l’ensemble, 47,4 % avoir moins d’un mois de liquidité en main. A l’avenir, les des entreprises ont dû faire face à une disponibilité réduite entreprises auront besoin de liquidités pour redémarrer ou limitée des intrants ou des services intermédiaires leurs activités, s’approvisionner à nouveau en intrants, nécessaires aux opérations. Des secteurs tels que recommencer à payer leurs travailleurs à un niveau normal l’agriculture et l’agroalimentaire ainsi que les transports et une grande partie de ces dépenses nécessiteront signalent des problèmes importants (pour 70% et 65% des des paiements préalables, générant des besoins de entreprises respectivement). Là encore, les exportateurs financement. De nombreuses restrictions intérieures ont ont été gravement touchés, 76,9 % d’entre eux s’en été levées début juin - mais après des mois d’activités plaignant. limitées, les réserves de liquidités seront probablement faibles, ce qui rendra l’accès au financement essentiel pour 100. La principale raison de ces difficultés semble faciliter la reprise économique. être le manque de disponibilité de ces intrants et services 37 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.18 : Capacité estimée à rester active avec les flux de trésorerie existants Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Figure 2.19 : Estimations des attentes des entreprises concernant les ventes, l’emploi et les investissements dans 6 mois. Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Situation économique au Togo - Août 2020 38 Figure 2.20 : Changement de comportement des entreprises (% du nombre des entreprises) Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale Figure 2.21 : Proportion des entreprises utilisant des plateformes numériques pour leurs ventes Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale 39 Situation économique au Togo - Août 2020 103. Environ 59 % des établissements considèrent que entreprises. Cela a été fait principalement pour le marketing le choc actuel est de nature temporaire et ne modifiera (75,4% des entreprises), les ventes (52,2% des entreprises) pas de façon permanente le paysage économique. Dans et la gestion/comptabilité (42% des entreprises). Toutefois, ce que les entreprises considèrent comme un scénario les plateformes numériques sont encore d’importance réaliste dans ce contexte (et selon leur propre définition), limitée pour les entreprises au Togo et ne représentent celles-ci anticipent une baisse de 38,5% des ventes au que 8,6% des ventes des entreprises, davantage pour cours des 6 prochains mois suivant l’enquête, c’est-à-dire les grandes entreprises que pour les petites. Elles d’ici novembre 2020 (et par rapport à novembre 2019). Bien sont les plus importantes pour les exportateurs et les qu’énorme, cela est à comparer avec une baisse observée grandes entreprises, deux classes de firmes soumises à des ventes au cours des 30 derniers jours précédant la concurrence et qui ont le plus les moyens d’utiliser ces l’enquête, qui était d’environ 51,3%. En d’autres termes, technologies. bien que les entreprises s’attendent à être dans le rouge pour cette année comptable, elles considèrent également Des besoins d’assistance clairs que l’ampleur du choc sera moindre d’ici la fin de l’année. Les estimations des attentes concernant les baisses de 106. Le soutien du Gouvernement est important l’emploi (à plein temps et à temps partiel) ainsi que les pour tirer parti des efforts du secteur privé pendant investissements affichent tous des baisses de l’ordre de 20 la phase de relance économique post COVID-19. Dans à 27%. l’ensemble, les trois principales demandes concernent les transferts en espèces (32,7 % des entreprises), le report Face à ces défis, il y a des signes des paiements des factures échues (26,9% des entreprises) d’ajustement pragmatique des entreprises et l’accès à de nouveaux crédits (15,4% des entreprises). Une Désagrégation de l’analyse en fonction de la taille 104. En ce qui concerne les opérations et les ventes des entreprises montre que ce schéma s’applique aussi face à la clientèle, près de 33 % des entreprises ont adopté aux petites et moyennes entreprises. Cependant, l’accès diverses mesures de sécurité, telles que l’obligation pour aux nouveaux crédits est le principal problème pour les le personnel de porter des masques, de se laver les mains grandes entreprises et les exportateurs (respectivement ou des gels alcoolisés et d’essayer de mettre en œuvre pour 26,3 et 33,3%d’entre elles). Cela donne à penser des mesures de distanciation. Un nombre important que certaines des interventions du Gouvernement dans d’entreprises n’ont modifié aucune procédure (27,5 %) cette crise, bien que bienvenues19, devront peut-être être tandis que 13 % ont choisi un client connu comme moyen affinées à la lumière de ces résultats tout en restant dans le de réduire l’incertitude. En termes de gestion de l’impact cadre des contraintes budgétaires existantes. sur les intrants, certaines entreprises ont mis en œuvre des changements similaires (achat uniquement auprès de vendeurs connus pour 31% des entreprises et mesures de sécurité strictes pour 20 % des entreprises) mais environ 27%, n’ont vu aucun besoin de changement. 105. Bien que le travail à distance reste insignifiant 19 Le taux de TVA standard de 18 % a été réduit à 10 % pour les entreprises malgré la crise (il ne concerne que 2,8 % de la main- des secteurs de l’hôtellerie et de la restauration. Les contrôles fiscaux et les d’œuvre), l’usage du numérique s’est accru. C’est le cas pénalités pour retard de paiement des impôts dus au deuxième trimestre 2020 ont été suspendus. Pour les entreprises déjà auditées, les pénalités de, 43% des entreprises qui ont commencé ou augmenté seront revues compte tenu de l’impact de COVID-19. Les entreprises qui ne leur utilisation d’Internet, des médias sociaux et d’autres peuvent pas soumettre leurs déclarations fiscales à temps seront soutenues par de nouveaux délais de soumission. Les petites et moyennes entreprises plateformes numériques. Ainsi, 54% des grandes bénéficient de procédures spéciales qui leur permettent de payer des impôts par tranches et de bénéficier d’une plus grande flexibilité en ce qui entreprises ont accru leur utilisation de ces outils, 30% concerne les impôts dus (source : FMI COVID-19 response tracker at: https:// des entreprises de taille moyenne et 19,4% des petites www.imf.org/en/ Topics / imf-and-covid19 / Policy-Responses-to-COVID-19 # T accédé le 23 juin 2020). Situation économique au Togo - Août 2020 40 107. De plus, les données montrent qu’au moment (cash transfer) – en particuliers les TPME – répondrait à de l’enquête, seulement 5 % des entreprises ont déclaré la demande dans des secteurs comme la manufacture, le avoir reçu un soutien, principalement sous la forme commerce et import/export, le tourisme et le transport. d’allégements fiscaux ou de reports de paiements. C’est une solution qui a été retenue par la Cote d’Ivoire Une des principales raisons à cela est que près de la qui a créé ces derniers mois divers fonds de support aux moitié des entreprises (48,6%) ignoraient l’existence de entreprises. tels mécanismes tandis que d’autres ayant soumis une • Le report de paiement des factures échues demande d’aide attendaient toujours une réponse (12,1% (paiement des loyers, factures d’énergie et/ou emprunts des entreprises). Il existe donc des marges d’amélioration immobiliers…) est une demande de l’ensemble des significatives en termes de support aux entreprises. secteurs. Au niveau fiscal, l’Etat a déjà mis en place certaines mesures (facilites de paiement pour les impôts 108. Globalement, ces résultats d’enquête mettent pour les TPME). Celles-ci pourraient être étendues en en évidence l’hétérogénéité de l’impact de la crise pour couverture et dans le temps. Le transport en particuliers les différents types d’entreprises et les contraintes clés pourrait bénéficier d’exemption ou réduction de paiement auxquelles sont confrontés les exportateurs ainsi que des impôts et taxes ou des cotisations sociales pendant un certains secteurs spécifiques (y compris le transport, et le temps limité. tourisme). • Enfin, l’amélioration des conditions de financement apparait comme particulièrement importantes pour des 109. Cela indique la nécessité d’une réponse ciblée. secteurs comme la manufacture, l’agriculture et l’agro- Etant donné le coût du soutien économique et l’espace industrie. Bien qu’une grande partie de la politique budgétaire quelque peu limité, il est essentiel de veiller à monétaire soit du ressort de la BCEAO, l’Etat peut mettre en ce que les mesures de soutien soient bien ciblées, calibrées place ou renforcer certains mécanismes. Par exemple, les et connues des bénéficiaires potentiels. En pratique, sur le garanties partielles de crédit sont actuellement renforcées court terme : ou mises en place dans l’essentiel des pays de la sous- • des fonds de soutien permettant d’assurer un région et pourraient s’avérer intéressantes. support financier direct temporaire aux entreprises Tableau 2.2 : Support souhaité par les firmes20 Echantillon Echantillon Petites Entreprises Moyennes Entreprises Grandes Entreprises Exportateur Premier Transfert en cash Transfert en cash Transfert en cash Accès à de nouveaux Accès à de nouveaux (32,7%) (36,1%) (32,5%) crédits aux conditions crédits aux conditions de marché (26,3%) de marché (33,3%) Second Report du paiement Report du paiement Report du paiement Report du paiement Transfert en cash des factures échues des factures échues des factures échues des factures échues (20,5%) (26,9%) (27,8%) (27,5%) (21,5%) Troisième Accès à de Accès à de Accès à de nouveaux Transfert en cash Report du paiement nouveaux crédits nouveaux crédits crédits aux conditions (15,8%) des factures échues aux conditions de aux conditions de de marché (15%) (17,9%) marché (15,4%) marché (13,4%) Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basé sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale 20 Les couleurs indiquent le type de mesure. 41 Situation économique au Togo - Août 2020 2.3. Relever le défi d’un secteur privé dynamique et compétitif dans l’ère post- COVID-19 2.3.1. Quelques options clé de politiques : incitations fiscales, le potentiel de l’entreprenariat numérique 2.3.1.1 Coûts et bénéfices potentiels des incitations fiscales 110. L’usage des incitations à l’investissement privé s’est généralisé au monde en développement depuis plusieurs décennies. Ainsi, plus de 78 % des pays d’Afrique Sub-Saharienne ont recours aux incitations sous forme d’exonérations fiscales (IMF et al, 2015 ; James, 2014). Les incitations fiscales ont des objectifs variés en fonction des pays et des secteurs d’activité. Un objectif général est de stimuler l’investissement domestique et étranger, créer des emplois, mais également favoriser la concurrence afin d’améliorer l’efficience du marché domestique. Cet objectif général peut être atteint si l’on s’assure que les bénéfices économiques et sociaux excèdent les coûts. 111. Le débat relatif à l’efficacité des incitations fiscales, notamment en ce qui concerne les exonérations d’impôts est très controversé. Cette controverse est d’autant plus compréhensible que l’évaluation de l’impact des incitations fiscales présente se heurte à de nombreuses difficultés méthodologiques. Par ailleurs, des facteurs externes à la taxation jouent un rôle non négligeable dans cette analyse car la décision d’investir dépend de nombreux autres facteurs tels que la stabilité du cadre macroéconomique, la stabilité politique, la disposition d’infrastructures de qualité et d’un capital humain qualifié. 112. Les incitations fiscales peuvent générer des bénéfices directs et indirects. Lorsque conçues et implémentées de manière adéquate, les incitations fiscales sont utiles pour attirer des investissements qui n’auraient pas pu être effectués autrement. Les bénéfices directs incluent : (i) les recettes fiscales émanant des revenus du travail et du capital (Impôt sur les sociétés, Impôt sur le revenu des personnes physiques) et (ii) le volume Situation économique au Togo - Août 2020 42 additionnel d’emplois y compris les emplois qualifiés. Les 115. Les incitations du code des investissements sont bénéfices indirects renvoient aux (i) gains de productivité de deux types : les exonérations et les crédits d’impôt. relatifs au transfert de technologie et au renforcement du L’ensemble des incitations prévues par le code des capital humain, (ii) investissements additionnels générés investissements couvre une période de 5 ans. Sont éligibles par les effets d’agglomérations et l’effet de signal, (iii) aux mesures incitatives, les entreprises régulièrement investissements sociaux liés à la responsabilité sociale des établies sur le territoire douanier togolais et ayant un entreprises. programme d’investissement supérieur à 50 millions de FCFA. Deux types d’incitations fiscales sont proposées : les 113. Toutefois la mise en place des incitations exonérations fiscales et les crédits d’impôts. L’encadré 1 comporte également des coûts. Ces coûts peuvent inclure fournit une synthèse des mesures incitatives proposées. (James, 2014 ; Sander et al, 2019) : (i) les pertes de recettes relatives à des investissements qui auraient été effectués 116. Les exonérations fiscales portent sur les même en absence d’incitations fiscales, (ii) les distorsions droits, les taxes et impôts indirects ou dans le cas des de marché liées à la concurrence entre les firmes bénéficiant importations, sur des impôts perçus au cordon douanier. d’incitations fiscales et celles qui n’en bénéficient pas, Il est principalement question des exonérations de droits (iii) les coûts administratifs d’implémentation, de suivi et de porte, d’une dispense de paiement de la TVA au cordon d’évaluation des incitations fiscales, (iv) les comportements douanier et du prélèvement au titre des acomptes IS- de rente, corruption et possibilité d’évasion fiscale, IRPP sur les bénéfices industriels et commerciaux. Les notamment lorsque le choix d’octroi des incitations se exonérations concernent également la dispense de fait sur une base discrétionnaire et (v) la pollution et la paiement de la taxe foncière sur les propriétés bâties et non destruction des ressources naturelles. bâties pour les entreprises implantées dans les zones 2 à 5. 114. Le nouveau code des investissements adopté en 117. Les crédits d’impôts portent aussi bien sur le juin 2019 a pour objectif général de promouvoir, faciliter montant des investissements réalisés que sur l’emploi. et protéger l’investissement durable au Togo. De manière Les crédits d’impôt sont proportionnels au montant de spécifique, il vise entre autres objectifs à (i) favoriser la l’investissement réalisé, le nombre d’emplois créés et création d’emplois qualifiés et permanents ; (ii) encourager les dépenses engagées dans la formation du personnel le transfert des compétences et l’utilisation des nouvelles togolais. technologies ; (iii) encourager l’usage des ressources naturelles et des matières premières locales ; (iv) encourager la décentralisation des activités économiques et promouvoir les exportations. 43 Situation économique au Togo - Août 2020 Encadré 4 : Quelques mesures du code d’investissement du Togo 1-Exonérations fiscales • Exonération sur une durée de cinq ans des droits de porte (droits de douanes et redevance statistique) à l’exception des prélèvements communautaires. • Dispense de paiement de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) au cordon douanier et du prélèvement au titre des acomptes IS-IRPP (Impôt sur les sociétés-Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques) catégorie des bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC) sur les biens d’équipement. • Exonération dans la limite de 15% de la valeur des importations des pièces de rechange des biens d’équipement précédemment cités. • Exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties et les propriétés non bâties pour les entreprises implantées dans les zones 2 à 5. 2-Crédits d’impôt • Crédit d’impôt proportionnel au montant de l’investissement annuel réalisé. Le taux proportionnel varie de 15% à 30% en fonction de la zone d’implantation de l’entreprise (Voir carte en Annexe). 15% pour la zone 1 (région maritime limitée à Lomé, la préfecture du Golfe et celle d’Agoè-Nyivé), 22.5% pour les zones 2 et 3 (région des plateaux, autres préfectures de la région maritime, région centrale), 30% pour les zones 4 et 5 (Régions de la Kara et Région des savanes). • Crédit d’impôt proportionnel au nombre d’emplois. Le montant forfaitaire par emploi et par an couvrant les cinq années suivant l’octroi de l’agrément est de 240 000 FCFA pour les entreprises implantées en zone 1360000 FCFA pour les entreprises implantées en zone 2 ou 3480000 pour les entreprises installées en zone 4 ou 5. • Crédit d’impôt å la formation du personnel togolais correspondant à 10% des frais engagés pour les entreprises de la zone 1, 15% pour les entreprises des zones 2 ou 3, 20% pour les entreprises des zones 4 ou 5. Situation économique au Togo - Août 2020 44 118. Il est impératif d’évaluer les bénéfices nets continue pour s’assurer que le gain net est positif et faire des mesures d’incitations fiscales dans un contexte les ajustements nécessaires si ce n’est pas le cas. Par d’amélioration continue du climat des affaires et d’un ailleurs, il faut s’assurer que ces mesures apportent un plus besoin urgent d’amélioration de la mobilisation des en termes d’investissements additionnels par rapport à la ressources domestiques. Comme relevé plus haut, les situation qu’on observerait dans le cas d’une stricte mise régimes d’incitations fiscales comportent des avantages et en œuvre des mesures standard d’amélioration du climat des coûts. Il est donc nécessaire d’en faire une évaluation des affaires. 2.3.1.2. Capitaliser le potentiel de l’entrepreneuriat numérique pour un secteur privé plus dynamique 119. La croissance en plein essor de l’économie 121. Bien que l’usage des Nouvelles Technologies de numérique a été rapide, mais inégale à l’échelle l’Information et de la Communication (NTIC) soit en plein mondiale. En 2016, l’économie numérique mondiale valait boom au niveau de la population en général, son usage à 11,5 milliards de dollars, soit 15,5 % du produit intérieur des fins de production et de commercialisation des biens brut (PIB) mondial. Il devrait atteindre 25 % en moins d’une et services reste limité. L’utilisation d’Internet au Togo s’est décennie, dépassant de loin la croissance de l’économie rapidement accélérée ces dernières années, principalement « traditionnelle ». Cette révolution numérique tient la grâce aux technologies mobiles, la pénétration du haut promesse de transformer les économies et les vies en débit mobile ayant plus que doublé depuis 2016 et atteint créant de nouvelles opportunités d’inclusion et de progrès. environ 38 % en 2019. Cependant, et malgré les progrès Par ailleurs, l’adoption du numérique permettra une plus positifs, ce rythme de la croissance n’est toujours pas à la grande résilience et un accroissement de l’accessibilité, hauteur de l’ambition du Gouvernement ni mise au service l’efficacité et la transparence des services publics. de la production et de la commercialisation des biens et services. Selon le rapport 2018 sur l’état du haut débit en 120. Le développement d’une économie numérique Afrique, les pays dépensent en moyenne environ 1,1 % prend encore plus d’importance alors que le monde est du PIB sur l’investissement dans le numérique (y compris en proie à une crise sanitaire sans précédent et que les Internet et les infrastructures de réseaux), cependant les leviers d’intervention sont contraints par la nécessité pays développés dépensent 3,2 % du PIB. Cela signifie de respecter les mesures de distanciation sociale. Dans que non seulement certains pays et régions ont des ce contexte les solutions numériques ont contribué à efforts substantiels à réaliser dans l’avenir, mais aussi que assurer la continuité des activités aussi bien dans la sphère l’écart en termes de disponibilité d’internet entre les pays publique que privée, et permis un développement rapide, développés et les pays en développement comme le Togo flexible et inclusif d’une réponse appropriée pour limiter peuvent effectivement grossir chaque année. l’impact de la crise sur les pauvres et les plus vulnérables. 45 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.22 : Indice Global d’Innovation, 2017 122. De manière générale, le niveau global d’innovation au Togo est faible par rapport aux pays développés et aux pays à revenus faibles (voir Figure 2.22). Cette situation reflète un faible niveau d’investissement en recherche et développement. En effet, selon le RGE (2018) seulement 1 % des entreprises disent investir dans la recherche et le développement. L’usage des NTIC en entreprise est d’un niveau comparable ou parfois supérieur à la moyenne de l’Afrique Sub-saharienne, mais est très hétérogène. La Figure 2.23 montre que 82,6 % des entreprises du Togo utilisent internet pour interagir avec leurs clients/fournisseurs, contre une moyenne de 57,3 % pour l’ASS. De même, 29,8 % des entreprises togolaises affirment avoir leur propre site internet, tandis que seulement 8 % des entreprises utilisent des technologies sous licence de firmes étrangères. Source : Global Innovation Index, 2019 Figure 2.23 : Usage des technologies de l’information et de la communication au sein des entreprises Source : World Enterprise Survey (2016) Situation économique au Togo - Août 2020 46 123. L’hétérogénéité dans l’usage des outils du peuvent apporter aux startups numériques locales. Cela numériques s’est reflété dans les mécanismes utilisés signifie notamment adapter les procédures d’appels par les entreprises pour poursuivre leurs activités tout en d’offres aux profils des startups du numérique. En outre, le respectant les mesures de confinement et de distanciation Gouvernement devrait cibler davantage d’entrepreneurs sociale. Ainsi l’enquête de la Banque mondiale relative à numériques par le biais du décret présidentiel réservant l’impact économique de la COVID-19 révèle que le travail à 20 % des marchés publics aux jeunes et aux femmes distance n’a concerné que 2,7 % de la main d’œuvre tandis entrepreneurs. Par ailleurs, les contraintes de financement que les ventes en ligne ne représentent que 8,6 % des peuvent être levées par le développement d’une nouvelle ventes totales des entreprises et concerne d’avantage les catégorie d’instruments financiers alternatifs. Ceux-ci entreprises de grande taille. peuvent prendre la forme de prêts bonifiés, c’est-à-dire de prêts non collatéraux et sans intérêt. Le financement 124. Le secteur du numérique a un potentiel qui doit participatif peut également combler les lacunes de être capitalisé au prix de réformes infrastructurelles préfinancement pour les startups togolaises à un stade majeures. La réduction de la fracture numérique (entre les précoce. pays et à l’intérieur des pays) demande un meilleur accès à l’infrastructure numérique, à une connectivité abordable et à des services tels que les identifiants numériques 2.3.2. Réduire les principaux obstacles ou les comptes de transaction. Sans cela, les citoyens structurels à la compétitivité du secteur privé pourraient potentiellement se voir interdire l’accès aux services publics essentiels, à l’inclusion financière et aux marchés. L’infrastructure numérique (y compris les 126. Les entreprises togolaises sont confrontées à services du haut débit) est particulièrement importante plusieurs contraintes qui limitent l’expansion de leurs pour l’entrepreneuriat numérique. L’utilisation et activités. Il est possible de lister sans exhaustivité le l’adoption du haut débit soutient la création de nouvelles manque de personnel qualifié, le déficit infrastructurel, entreprises, notamment dans le commerce électronique et notamment dans le secteur de l’énergie, le poids de la le marketing en ligne. Ce déficit infrastructurel explique en fiscalité, la compétition déloyale du secteur informel et partie le retard de l’écosystème des startups au Togo par les contraintes liées à l’accès au financement (Figure 2.24). rapport aux autres économies émergentes21. Ainsi, environ 42,2 % des entreprises recensées considèrent le poids de la fiscalité comme un frein à la production et 125. D’autres facteurs sont également importants l’expansion des activités. La seconde contrainte évoquée pour le développement d’une économie numérique. C’est est celle de l’accès au financement qui reflète aussi bien le cas notamment du renforcement du capital humain dans les difficultés d’accès au crédit que le coût auquel les prêts les NTIC et l’amélioration du coût et de la qualité d’accès sont contractés. La concurrence déloyale qui peut venir à internet, ainsi que la formation à l’entrepreneuriat et principalement d’acteurs qui évoluent dans le secteur l’accompagnement des startups. Il est aussi nécessaire de informel, des abus de position de monopole ou encore des créer un marché pour les entrepreneurs du numérique afin activités de contrebande est aussi mentionné. Le déficit de faciliter l’expansion des startups numériques locales quantitatif et qualitatif en infrastructures et services dans au-delà du marché togolais qui est de petite taille. Dans ce les secteurs de l’énergie et des télécommunications sont sens, le pouvoir d’achat du secteur public représente l’un également un frein à l’expansion du secteur privé productif. des soutiens les plus importants que les Gouvernements 21 Annual report on VC funding in Africa, Partech Ventures, 2019. 47 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.24 : Contraintes au développement du secteur privé Source : Autorités togolaises (RGE 2017) et calculs du staff de la Banque mondiale Figure 2.25 : Lourdeur du processus de paiement des impôts et taxes Source : Banque mondiale, Doing Business 2020 Situation économique au Togo - Août 2020 48 2.3.2.1. Le poids de la fiscalité 127. Le cadre fiscal du Togo a été substantiellement au Rwanda qui est un pays leader en Afrique du point de réformé au cours des trois dernières années, mais des défis vue de l’amélioration du climat des affaires, le processus majeurs sont à relever pour pleinement jouer en faveur de paiement et la charge de l’impôt restent lourds. Ainsi, de l’investissement et de la croissance des entreprises. il faut un total de 49 paiements par année pour régler les L’étude récente de la Banque mondiale sur la mobilisation impôts et taxes au Togo contre 36,6 en moyenne pour l’ASS des recettes fiscales au Togo22 et la récente évaluation et 9 pour le Rwanda. De même, cela prend en moyenne TADAT (Outil Diagnostique d’Evaluation de l’Administration 159 heures par an contre 91 au Rwanda. En pourcentage Fiscale) relèvent deux principales insuffisances au système du bénéfice brut, le total à payer représente 48,2 % au fiscal togolais : (i) la concentration des recettes sur un faible Togo contre 33,2 % au Rwanda. Enfin, le niveau faible de nombre de contribuables ; (ii) le processus de règlement l’indice postérieur à la déclaration des impôts montre que, de l’impôt connait des lourdeurs et la valeur à payer est par rapport à la moyenne de l’ASS et au Rwanda, le temps relativement élevé. mis pour le remboursement des crédits de TVA ou pour s’acquitter des formalités de contrôle de l’impôt sur les 128. L’inégale répartition de la charge fiscale et la sociétés reste élevé . complexité fiscale pèsent sur l’activité des entreprises, augmentent le risque de fraude et le coût de mise en 130. Dans le but de réduire la forte concentration conformité des contribuables. L’étude de la Banque des impôts sur un nombre limité de contribuables et mondiale révèle que en 2017, les 5 premiers impôts réduire les coûts administratifs relatifs à la déclaration et en recettes représentaient 88,5 % des recettes. Par au paiement de l’impôt, des réformes ont été entamées ailleurs, entre 66 % et 96 % des recettes des trois impôts dans le sens de la digitalisation, la simplification et de majeurs (l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur le revenu l’élargissement de l’assiette fiscale. Ainsi, la déclaration et des personnes physique et la Taxe sur la Valeur Ajoutée) le paiement en ligne des impôts par les grandes entreprises sont concentrées sur le décile supérieur des plus gros et les entreprises de taille moyenne est rendu obligatoire contribuables. Par ailleurs, certains impôts majeurs, depuis Octobre 2019. Des réformes ont également été par accumulation de réformes et d’ajouts successifs entreprises pour digitaliser les procédures au niveau de la non suivis de refontes générales sont devenus difficiles douane et des administrations telles que la Caisse Nationale à appliquer. C’est notamment le cas de l’IRPP, avec de de sécurité Sociale (CNSS) et les tribunaux de commerce. nombreux abattements et déductions, et de la TVA, dont Par ailleurs, le nouveau code des impôts entré en vigueur les exonérations sont autant de « trous » générant une en janvier 2019 fait un effort de simplification majeur complexité coûteuse affectant la neutralité et l’efficacité de dans la mesure où le nombre des impôts a été réduit de cet impôt. manière substantielle. Dans le même ordre d’idée, on est revenu à un taux de TVA unique de 18 %. Enfin dans un but 129. Le processus de règlement des impôts reste d’élargissement de l’assiette fiscale, l’Impôt sur les sociétés entaché de lourdeurs (Figure 2.25). Bien que des efforts a été réduit au taux de 27 % et des réformes du cadastre ont non négligeables sont consentis (notamment au travers de été entrepris pour améliorer le potentiel de la taxe foncière. la digitalisation du paiement de l’impôt), en comparaison 23 On peut relever que les réformes fiscales introduites dans le cadre de la loi des finances 2019 et le code révisé des impôts entré en application en janvier 2019 (suppression de nombreuses petites taxes et obligation du 22 Banque mondiale (2019). Analyse de la Mobilisation des Recettes télépaiement et de la télédéclaration pour les entreprises de taille moyenne Fiscales au Togo et grande). 49 Situation économique au Togo - Août 2020 131. Le renforcement de la digitalisation de 2.3.2.2. La question de l’accès au financement l’administration fiscale, l’optimisation du potentiel de l’impôt foncier et l’identification et la formalisation des 132. La disponibilité et l’efficacité des services et opérateurs économiques du secteur informel devraient produits financiers sont des facteurs essentiels à la constituer les axes clés de l’agenda de réforme post- compétitivité des entreprises. L’accès aux ressources COVI-19. La déclaration et le paiement électronique de financières permet aux entreprises de se développer l’impôt pourraient s’étendre aux entreprises de petite et d’augmenter leur productivité. Bien que l’inclusion taille tandis que les fonctions de contrôle fiscal, gestion financière à l’échelle du pays soit en nette progression du contentieux et des restes à recouvrer devraient être depuis 2014, l’accès au crédit reste une contrainte automatisés. La finalisation de la mise en place du cadastre majeure relevée par les entreprises comme limitant leur fiscal est une réforme indispensable à l’amélioration de la développement. La proportion de la population ayant collecte de la taxe foncière tandis que l’élargissement de la accès aux services financiers est passé de 18,3 % en 2014 base fiscale est tributaire de la formalisation des opérateurs à 45.3 % en 2017. En 2017, le niveau d’accès aux services économiques du secteur informel. financiers est supérieur à la moyenne des pays de l’Afrique Sub-Saharienne et à celle des pairs de la zone UEMOA. Les récentes réformes visant l’augmentation de la couverture du bureau d’information de crédit pourrait améliorer d’avantage l’accès aux services financiers. 133. Le recours à l’emprunt bancaire pour financer les investissements est allé croissant au cours des années récentes, en droite ligne de l’amélioration de l’accès aux services financiers. Ainsi, le recours à l’emprunt bancaire passe de 15 % du volume des investissements en 2015 à 45 % en 2018. Cette augmentation s’est faite au détriment des financements sur fonds propres et reflète une baisse tendancielle des taux d’intérêts à la clientèle. 134. A l’échelle de l’entreprise, la contrainte de l’accès au financement reste sévère et s’est accentuée avec la pandémie de la COVID-19. Les données collectées par la Banque mondiale sur l’impact de la COVID-19 sur le secteur privé montre que 24 % des entreprises observent une diminution de la fourniture des services financiers. Cette nouvelle contrainte se manifeste principalement par une réduction des financements à moyen et long terme et une augmentation des coûts de financement à court terme (taux d’intérêt et garanties). Situation économique au Togo - Août 2020 50 Figure 2.26 : Accès aux services financiers, analyse comparative Source : Global Findex Database, 2017, Banque mondiale CIV : Côte d’Ivoire ; TGO : Togo ; BEN : Benin ; BFA : Burkina Faso ; MLI : Mali ; SEN : Sénégal ; NER : Niger ; SSA : Afrique Sub-Saharienne Figure 2.27 : Différentes sources de financement des investissements Source : Autorités togolaises (Enquêtes de prévisions macroéconomiques, 2013-2018), calculs du staff de la Banque mondiale 51 Situation économique au Togo - Août 2020 Figure 2.28 : % des firmes qualifiant l’accès aux financements comme une contrainte majeure à l’investissement Source : Calculs du personnel du Groupe BM, basés sur l’enquête COVBPS de Juin 2020, Groupe de la Banque mondiale 135. La poursuite des réformes visant à accroître 2.3.2.3. La concurrence déloyale du secteur informel la couverture des bureaux d’information de crédit et de facilitation de l’accès au titre foncier est capital 136. Le secteur informel peut être une source de pour l’amélioration de l’accès au crédit. Les difficultés concurrence déloyale pour les entreprises formelles. En d’octroi du crédit aux entreprises peuvent s’expliquer effet, les entreprises informelles peuvent bénéficier d’un par les questions d’asymétrie de l’information, l’absence avantage sur les coûts de production car elles ne paient pas ou l’insuffisance du collatéral, l’insuffisance de produits ou peu d’impôt. De même, elles peuvent avoir un avantage financiers adaptés à certains secteurs d’activité et non monétaire dans la mesure où elles respectent peu ou d’évaluation adéquate des risques. Ces problèmes peuvent pas la réglementation. Par ailleurs, un niveau d’informalité être solutionnés par le renforcement de la qualité et élevé prive le Gouvernement de ressources fiscales l’étendue des informations sur le crédit, notamment en ce précieuses et limite sa capacité de régulation des secteurs qui concerne les données des Institutions de microfinance. d’activités. En se référant aux données du RGE (2018), la Par ailleurs, la digitalisation du cadastre foncier et la concurrence déloyale est mise en avant comme l’une des facilitation de l’accès au titre foncier est importante pour contraintes au développement des activités dans le secteur la constitution des garanties requises pour l’obtention du privé. Cette préoccupation est également soulignée dans le crédit. WES (2016). Situation économique au Togo - Août 2020 52 137. La concurrence déloyale des entreprises le problème est d’une relative acuité. En effet, seulement du secteur informel est plus élevée que la moyenne 37,6 % des entreprises se plaignent des pratiques de de l’Afrique Sub-Saharienne. La Figure 2.29 montre concurrence déloyale du secteur informel au Rwanda, qu’en moyenne 50,6 % des entreprises considèrent la tandis que la moyenne pour l’Afrique Sub-saharienne se concurrence déloyale du secteur informel comme une situe à 39.3 % (Voir Figure 2.30). Dans le même sens, 68,7 contrainte au développement de l’activité des structures % des entreprises formelles estiment être en concurrence privées formelles. Cette contrainte semble plus forte dans avec celles du secteur informel au Togo. Ce pourcentage le secteur des services et pour les entreprises de petite est substantiellement plus faible au Rwanda (37,6 %) et taille. Par ailleurs, une comparaison avec le Rwanda et la légèrement plus élevé pour la moyenne de l’Afrique Sub- moyenne des pays de l’Afrique Sub-Saharienne suggère que Saharienne (69,5 %). Figure 2.29 : Perception du caractère nuisible des pratiques concurrentielles déloyales du secteur informel Source : World Enterprise Survey (2016) et calculs du staff de la Banque mondiale Figure 2.30 : Informalité et pratiques informelles (% firmes) Source : World Enterprise Survey (2016) et calculs du staff de la Banque mondiale 53 Situation économique au Togo - Août 2020 2.3.2.4. La qualité des infrastructures d’énergie et de télécommunication 138. L’accès à l’énergie s’est amélioré au Togo malgré 139. Toutefois le coût du service est élevé et la qualité de fortes disparités entre le milieu urbain et rural. Un insuffisante. Par ailleurs, les contraintes opérationnelles approvisionnement énergétique fiable et abordable et les pertes de distribution entraînent une alimentation améliore la position concurrentielle des entreprises. Le électrique inégale, tandis que le coût relativement élevé Togo a réalisé des progrès louables pour améliorer l’accès continue de poser de sérieux problèmes aux entreprises. à l’électricité aussi bien en zones urbaines que rurales. Le L’indice de fiabilité de l’approvisionnement et de taux d’électrification du Togo a augmenté régulièrement transparence des tarifs est de 3 au Togo sur une échelle de 8 au cours des dix dernières années en raison d’une stratégie contre 6 pour le Rwanda et 1,6 pour la moyenne de l’Afrique d’électrification qui vise à atteindre une couverture de 100 Sub-Saharienne. Par ailleurs, si le nombre de procédures % d’ici 2030. Le taux d’électrification est passé de 30 % de la à effectuer pour être raccordé au réseau électrique (3) est population en 2010 à 48 % en 2017. Ce taux est légèrement inférieur à celui du Rwanda et de la moyenne des pays supérieur à la moyenne de l’Afrique Sub-Saharienne qui est de l’Afrique Sub-Saharienne, le temps nécessaire pour de 44,5 %. Il demeure néanmoins une forte disparité entre effectuer les démarches de raccordement est plus du le milieu rural (19,4 %) et le milieu urbain (88,8 %). double de celui du Rwanda, mais reste plus faible que la moyenne de l’Afrique Sub-Saharienne. Enfin, le prix du KwH d’électricité reste relativement élevé. Tableau 2.3 : Contraintes à l’investissement liées à la qualité des infrastructures d’énergie électrique   Togo Rwanda ASS Indice de fiabilité de l’approvisionnement et de 3 6 1,6 transparence des tarifs (0-8) Nombre de procédures pour être connecté au réseau 3 4 5 électrique Temps (en jours) nécessaire pour être connecté au 66 30 109,6 réseau électrique Prix de l’électricité (centime dollar/KwH) 17,6 13,7 Source: Doing Business (2020) Situation économique au Togo - Août 2020 54 140. La qualité des infrastructures de 141. Le niveau d’adoption du haut débit est l’un des télécommunications constitue une contrainte majeure indicateurs les plus importants du niveau de préparation de développement des entreprises. Les technologies pour l’ensemble des services numériques et de l’utilisation efficaces de l’information et de la communication des données comme moteur économique. Comme (TIC) réduisent les coûts de transaction et favorisent la l’illustre la Figure 2.31, actuellement, la pénétration du connectivité et l’innovation sur le marché. Le coût élevé haut débit mobile au Togo est de 36,8 %, et la pénétration et les services relativement médiocres contraignent les du marché du haut débit mobile unique (c’est-à-dire basée entreprises et limitent l’effet de levier et les retombées que sur un abonnement unique à des services à haut débit) est le secteur des TIC peut créer. de 20 %. Le niveau de pénétration du marché du haut débit mobile unique au Togo le place au 28ème rang en Afrique subsaharienne. Le Togo est comparable à plusieurs pays qui ont un taux de pénétration similaire de 20 %, mais il devrait accélérer s’il souhaite rejoindre le groupe des plus performants comme l’Afrique du Sud, le Cap-Vert et le Botswana, entre autres. Figure 2.31 : Indicateurs d’accès aux technologies de l’information et de la communication Source : Banque mondiale, GSMA Intelligence (2019). 55 Situation économique au Togo - Août 2020 142. Des efforts substantiels doivent être effectués couverture peut être attribué au retard dans la fourniture dans le cadre du déploiement de la 3G et 4G. Une autre de licences aux opérateurs pour déployer la 3G et la 4G par mesure pour comparer et évaluer l’état des services rapport à d’autres pays comme le Rwanda, le Ghana et le du numérique au Togo aujourd’hui est le niveau de Sénégal. couverture des réseaux mobile haut débit. La couverture du haut débit mobile dans le pays s’est améliorée mais 143. Ce faible accès au réseau internet reflète nécessite de nouveaux progrès, car la 3G couvre 65 % et principalement des coûts élevés de connexion. En effet, la 4G seulement 10 % de la population. Par rapport à une en 2019, 1GB de connexion internet coûte l’équivalent de 13 sélection de pays subsahariens, le Togo est en retard dans % du Revenu National Brut par tête contre 3 % au Rwanda, la couverture de la population en 3G et 4G. Par rapport au à titre d’exemple. La principale faiblesse du secteur est le Rwanda, par exemple, et malgré un pourcentage plus faible niveau limité de concurrence qui entraine des coûts élevés de la population rurale (l’un des facteurs ayant un impact et une mauvaise qualité des services. Des services TIC sur le niveau d’investissement nécessaire pour étendre la coûteux et déficients n’encouragent pas les entreprises à couverture), le Togo a une couverture 3G et 4G plus faible. moderniser leurs pratiques commerciales ou leur mode de Il est également à la traîne d’autres pays comme le Bénin, production, limitant ainsi leur position concurrentielle. le Ghana et le Sénégal. Entre autres, le faible niveau de Encadré 5 : Une stratégie d’électrification ambitieuse Conscient que l’accès à une énergie électrique de qualité et abordable est un préalable pour le développement et la croissance inclusive, le Togo a mis en place une stratégie qui ambitionne d’assurer un accès universel à l’électricité à tous les Togolais d’ici 2030. Cette nouvelle stratégie marque un changement radical de paradigme et repose sur trois axes essentiels : . Capitaliser le potentiel des énergies renouvelable tout en réduisant le gap entre milieu urbain et rural par la création de l’Agence Togolaise d’Electrification Rurale et des Energies Renouvelables (AT2R). . L’introduction des solutions hors réseau (mini grids et kits solaires). . Une implication plus accrue du secteur privé y compris par des Partenariats Publics Privés. Quelques projets phares sont déjà en cours d’implémentation. . Le projet d’électrification rurale CIZO couvre toute l’étendue du territoire togolais et vise à l’horizon 2022 un accès à l’électricité par la fourniture des kits solaires individuels à coûts abordables à plus de 2 millions de citoyens (soit environ 300.000 foyers). . Le projet de centrale thermique de Kekeli d’une puissance de 65 MW vise la fourniture d’une énergie électrique additionnelle à plus de 250 000 foyers. . Le projet de central solaire photovoltaïque d’une capacité de 30 MW. Situation économique au Togo - Août 2020 56 2.3.2.5. Le Foncier 144. Investir dans des activités productives 145. Bien que la performance du Togo en matière de nécessite un accès sécurisé à la terre. La bonne gestion réformes relatives au transfert de propriété au cours des de l’offre foncière est essentielle pour encourager les trois dernières années soit exceptionnelle, des efforts investissements dans l’agriculture commerciale, le doivent être poursuivis pour définitivement hisser le développement industriel et les services d’infrastructure. Togo au niveau des standards mondiaux. Les réformes L’adoption récente du code foncier fournit le cadre légal récentes en matière de transfert de propriété ont permis approprié pour solutionner les problèmes liés à la terre au Togo de réduire substantiellement le nombre de et au transfert de propriété. Il importe à présent que les procédures, les délais et les coûts. Toutefois, la marge décrets d’application soient signés et les institutions de progression du Togo reste importante, notamment en prévues par le code soient mises en place. Par ailleurs, termes d’amélioration de la qualité de l’administration l’installation de démembrements du guichet unique foncière qui inclut des domaines aussi variés que la fiabilité du foncier sur l’ensemble du territoire, de même que la des infrastructures et la résolution des litiges fonciers. poursuite du processus de digitalisation afin d’accélérer le processus de délivrance des titres fonciers et d’inscription des garanties hypothécaires permettraient d’accélérer le processus d’accès au foncier pour tous et à moindre coût. Figure 2.32 : Performance en matière de transfert de propriété, DB2020 Source : Banque mondiale, Doing Business (2020) 57 Situation économique au Togo - Août 2020 2.3.3. Contraintes limitant le développement de l’initiative privée dans quelques secteurs prioritaires 146. Cette sous-section analyse les contraintes qui améliorations du Togo dans le secteur de la logistique et freinent le développement de l’initiative privée dans des transports seront essentielles pour réaliser le potentiel les secteurs prioritaires. Le PND définit les orientations commercial du pays et stimuler la croissance économique. stratégiques du Gouvernement en matière de croissance et de développement. Il vise avec les axes 1 et 2 la mise en 149. Le Togo a amélioré sa connectivité grâce à place d’un hub logistique et d’un centre d’affaire de premier d’importants investissements dans les infrastructures ordre d’une part et d’autre part sur le développement routières, portuaires et aéroportuaires entrepris depuis de pôles de transformation agricole, manufacturière (de 2011. Il s’agit notamment de l’amélioration et l’extension du fabrication légère) et d’industrie extractive. La réalisation parc routier, l’extension des installations portuaires (poste de cette ambition suppose des investissements et des d’amarrage et de chantier) et la concession du terminal réformes de premier plan dans les secteurs agricole, minier, à conteneurs de Lomé (LCT). Le trafic portuaire total a du transport et de la logistique, du tourisme, de l’énergie et augmenté de 9,2 millions d’unités pour atteindre 19,3 des NTIC. millions en 2017. L’activité de transbordement a joué un rôle majeur dans cette embellie et est passée de 1,7 million 147. Cette sous-section reprendra chacun des d’unités à 12,2 millions d’unités. Ainsi, la performance secteurs susmentionnés et fournira des informations du Togo est bien au-dessus de ses comparateurs générales sur l’importance du secteur pour l’économie régionaux dans le domaine du transport maritime. A titre et examinera les contraintes sectorielles qui entravent la d’illustration, son indice de connectivité pour le transport croissance du secteur. Ensuite, chaque section discutera maritime régulier est supérieur à celui de ses voisins et se de deux aspects de la COVID-19 pour chaque secteur : le role situe à 29 en 2019, contre 17,4 pour le Benin, 18,8 pour la du secteur dans la propagation de la COVID-19 et l’impact Côte d’Ivoire et 19,8 pour le Ghana. de la COVID-19 sur le secteur. Finalement, cette sous- section apportera des propositions pour une stratégie/ 150. Les contraintes générales et sectorielles politique de croissance pour chaque secteur, etant donné applicables : Nonobstant la relative bonne performance la nouvelle réalité de la COVID-19. du port togolais, les faiblesses des services logistiques limitent le potentiel du pays en tant que plate-forme multimodale de transport et de logistique. L’indicateur 2.3.3.1. Transport et logistique Doing Business « Commerce transfrontalier » indique une réglementation lourde régissant les services de logistique 148. Le Togo a une position naturelle qui pourrait lui et de transport. Le Togo est d’ailleurs passé du 129e rang donner un avantage compétitif au niveau régional en tant en 2018 au 131e rang en 2019. Les retards associés à la que plate-forme multimodale de transit et de logistique. conformité aux frontières et aux documents pour les Le Port Autonome de Lomé (PAL), principale voie d’accès à importations sont estimés respectivement à 168 heures et la mer est le plus profond de la région de l’Afrique de l’Ouest 180 heures. Le temps total requis est trois fois plus élevé avec un tirant d’eau de 16,6 mètres et une capacité annuelle qu’au Ghana voisin, plus de deux fois plus élevé qu’au de 1 100 000 EVP (Equivalent Vingt Pieds) permettant à de Bénin et 60 % supérieur au temps correspondant en Côte plus grands paquebots de transiter par ses installations d’Ivoire. Cela limite les efforts du Togo visant à étendre son et donnant au PAL un avantage régional unique. Compte rôle de plaque tournante régionale. tenu de son emplacement en tant qu’atout naturel, les Situation économique au Togo - Août 2020 58 Figure 2.33 : Performance du Togo en matière de transport et logistique Source : Indice de Performance Logistique, Banque mondiale (2018) 151. En outre, l’indice de performance logistique routier, entraînant des retards et une augmentation des (IPL) du Togo est inférieur à la moyenne de l’Afrique coûts. De plus, les pannes importantes représentent un subsaharienne et se situe derrière ses concurrents énorme fardeau financier pour les petits camionneurs. Les immédiats le Bénin, le Ghana et la Côte d’Ivoire. En effet, camions plus anciens sont également moins économes le score global de l’IPL a légèrement diminué, passant de en énergie et sont plus fréquemment impliqués dans des 2,62 en 2016 à 2,45 en 2018. Parmi les dimensions mesurées accidents de la route. par l’IPL, les domaines de préoccupation comprennent la qualité des infrastructures de commerce et de transport et 153. Afin d’éliminer les obstacles à l’augmentation la qualité des services logistiques. Ce score de ce dernier des investissements privés dans ces secteurs, les actions est également passé de 2,46 en 2016 à 2,25 en 2018. suivantes seraient nécessaires à court et à moyen Parallèlement, les concurrents régionaux progressent. terme : Améliorez l’efficacité logistique, Améliorer les infrastructures de transport, Renforcer les capacités de la 152. La mauvaise qualité des infrastructures de main-d’œuvre logistique au Togo. transport et des services logistiques est tributaire de la mauvaise qualité et des coûts de la fourniture de l’énergie 154. Améliorez l’efficacité logistique. Il sera important électrique et des services de technologie de l’information de conserver l’avantage compétitif du pays en tant que et de la communication, ainsi que de l’absence de chemin plaque tournante des transports pour la région, en de fer (contrairement à la Côte d’Ivoire, au Nigéria et particulier compte tenu de la concurrence accrue des au Bénin). La flotte de camions au Togo est vieille et la ports voisins. Les douanes exigent encore de nouvelles surcharge des camions âgés à déployer sur des routes améliorations en termes d’efficacité et d’automatisation. pas toujours de bonne qualité contribuent grandement Des procédures de dédouanement améliorées sont au problème. L’absence (i) de normes et de limites pour le également nécessaires pour positionner le Togo comme chargement des camions, (ii) du financement pour l’achat point d’entrée des pays voisins comme le Niger et le Burkina de camions neufs, (iii) d’un mécanisme de crédit-bail, et Faso qui sont sans littoral, ainsi que de toute la sous- (iv) d’un système de rachat de vieux camions auprès des région. Les améliorations apportées au guichet unique, propriétaires existants, accélèrent la dégradation du parc qui réduisent considérablement les interactions directes 59 Situation économique au Togo - Août 2020 entre les commerçants, les affréteurs, les transitaires et les COVID-19 et le secteur des transports : implications et agents de contrôle, amélioreront également l’expérience options de politiques pour une croissance post-COVID-19 des entreprises privées en matière de logistique. 157. Le camionnage est considéré comme un mode 155. Améliorer les infrastructures de transport. de transport essentiel en période de pandémie. La Le développement de l’investissement privé dans le principale préoccupation du secteur du transport routier secteur du transport et de la logistique est conditionné est la pénurie de chauffeurs et la sécurité sanitaire des à l’amélioration des infrastructures et des moyens chauffeurs disponibles ainsi que de leurs infrastructures. de transport. Cela suppose des investissements en Étant le mode de transport préféré pour les biens infrastructures, y compris la mise sur pieds d’un chemin de essentiels, le transport routier est fortement tributaire de fer pour faciliter l’acheminement des marchandises vers l’approvisionnement continu en nourriture, médicaments les pays voisins, le renouvellement et la maintenance de et autres produits essentiels, mais aussi peut jouer un rôle la flotte de camions par la mise en place de mécanismes dans la propagation du virus. de crédit-bail et d’un système de rachat des vieux camions auprès de propriétaires existant et l’institution de normes et 158. Le Togo pourrait se concentrer plus sur les limites pour le chargement des camions. Dans ce sens il faut corridors de transport, notamment en veillant à ce noter que la loi sur le crédit-bail a été voté par l’assemblée que les services le long du corridor (haltes routières, nationale et les dispositions y relatives sont intégrées au services de restauration, etc.) restent ouverts afin que Code général des impôts. Par ailleurs le renforcement du les activités de camionnage puissent se poursuivre. cadre réglementaire, en particulier l’adoption du projet de Certaines mesures doivent également être prises au niveau lois sur les Partenariats Public et Privés (PPP) et les textes de chaque entreprise. Les entreprises du secteur de la d’application correspondants est indispensable. logistique doivent se concentrer sur l’élaboration de plans de gestion de crise pour faire face aux interruptions des 156. Renforcer les capacités de la main-d’œuvre activités de la chaîne d’approvisionnement et analyser les logistique au Togo. Cela comprendrait des postes à facteurs ayant un impact sur la dynamique des chaînes tous les niveaux, depuis les directeurs de la logistique d’approvisionnement internationales conduisant à une avec une responsabilité décisionnelle de haut niveau incertitude accrue dans les opérations logistiques aux jusqu’aux travailleurs de première ligne (les chauffeurs niveaux tactique, opérationnel et stratégique. En plus de de camion, les conducteurs de chariots élévateurs et cela, les entreprises peuvent mettre à jour leurs politiques cueilleurs d’entrepôt) en passant par les superviseurs de d’inventaire, évaluer d’autres options logistiques entrantes la logistique. Le renforcement des capacités comprendrait et sortantes, et se concentrer davantage sur la planification un programme d’accréditation ou de certification pour de la main-d’œuvre, et intensifier leur utilisation de la définir les compétences nécessaires pour chaque catégorie technologie pour contrôler la chaîne d’approvisionnement d’emploi et classer le niveau de compétences qui manque de bout en bout comme clés d’accroissement de la à tous les niveaux. Tout programme de certification doit résilience et d’atténuation de l’impact de la COVID-19 sur inclure un aspect pratique de formation en cours d’emploi les activités. normalisé et mesurable. Il comprendrait également un certificat de compétence professionnelle qui confirme des compétences professionnelles supplémentaires en plus de la conduite et de la formation pratique avec des camions- écoles qui n’existent pas au Togo. Situation économique au Togo - Août 2020 60 2.3.3.2. Le secteur agricole 159. L’agriculture est un pilier important de 160. Les contraintes générales et sectorielles l’économie togolaise, responsable d’environ 30 % du PIB applicables : l’atteinte de ces objectifs nécessite une forte et occupant plus de la moitié de la population active. implication du secteur privé aussi bien dans la production L’objectif du Togo tel que défini dans le PND est d’orienter que dans la transformation. L’évaluation Doing Business le secteur agricole vers une plus grande productivité et 201924 pour l’agriculture montre les difficultés relatives à la transformation afin d’atteindre la sécurité alimentaire la fourniture des semences de bonne qualité, l’accès aux et réduire significativement le déficit de la balance engrais, la protection de la santé des plantes et l’accès commerciale agricole. Pour ce faire, le Togo envisage le au crédit sont des facteurs à même d’expliquer le faible développement des chaines de valeur dans les filières attrait relatif du secteur agricole pour le secteur privé. Le porteuses, des agropoles et pôles de compétitivité pour la score global du Togo est inférieur à la moyenne des pays transformation agricole. En s’appuyant sur le Plan National de l’Afrique Sub-saharienne. Cela reflète une mauvaise d’Investissements Agricoles et de Sécurité Alimentaire et performance dans les domaines évoqués précédemment. Nutritionnelle (PNIASAN) couvrant la période 2017-2026, Ainsi, par exemple, la régulation phytosanitaire est faible. Il le Togo cible (i) l’amélioration de la productivité agricole en est de même de la législation relative à la fourniture des de l’ordre de 10 % par an ; (ii) une amélioration sensible engrais et des semences. Une des préoccupations majeures de la balance commerciale agricole de -44 milliards FCFA à cet égard est le déficit d’acteurs clés dans le secteur du en 2016 à -5,65 milliards FCFA à l’horizon 2022 ; (iii) une fait d’une imparfaite libéralisation de la commercialisation réduction du taux de pauvreté en milieu rural à moins de et du marketing. On peut ajouter aux facteurs évoqués 50 % en 2022 et (iv) une réduction de la proportion des l’étroitesse du marché domestique et le faible pouvoir enfants de moins de cinq ans souffrant de la malnutrition d’achat des populations. Dans un tel contexte, le segment aigüe à 3 % en 2022. des exportations peut être plus à même d’attirer les investisseurs privés. Figure 2.34 : Paramètres d’attractivité pour l’investissement dans le secteur agricole Source : Indice de Performance Logistique, Banque mondiale (2018) 24 Cette composante n’est pas traitée dans le DB2020 du Togo. Il s’agit d’un sous rapport du Doing Business 61 Situation économique au Togo - Août 2020 161. Le rôle crucial des exportations dans la promotion «l’environnement des affaires», les progrès sont trop lents de la croissance du secteur agricole est bien reconnu. pour libérer le potentiel du secteur et stimuler la croissance Cela est particulièrement vrai dans un petit pays comme économique. Plus précisément, cinq contraintes clés le Togo, où le marché intérieur est extrêmement limité, doivent être levées : l’accès au financement, faible qualité avec un pouvoir d’achat réduit. Les principales cultures des infrastructures, déficit de collaboration intersectorielle, d’exportation - coton, cacao, café, noix de cajou - sont accès limité à la technologie entre autres. cultivées sur de grandes surfaces par de petits exploitants dont la principale préoccupation est d’augmenter les 164. Accès au financement. Le manque d’accès à des rendements d’une production de bonne qualité. En outre, financements abordables est régulièrement cité par les la transformation n’est pas un objectif réaliste pour le cacao investisseurs du secteur privé comme le principal obstacle ou le café, au-delà de marchés à créneaux étroits, alors que à la mise en œuvre de projets sur le terrain. Le secteur des installations sont déjà en place pour le cajou et le coton. agricole au Togo est faiblement financé par les banques Ainsi, les exportations agricoles traditionnelles ont besoin et les systèmes de financement décentralisés (SFD). En de meilleurs services de vulgarisation, de replantation de effet, en 2017, seulement 0,2 % des prêts bancaires et 10 variétés améliorées, d’une meilleure utilisation des engrais % de ceux des SFD ont été octroyés au secteur Agricole. et de saines pratiques de gestion de l’eau. C’est dans ce contexte que le Mécanisme Incitatif de Financement Agricole fondé sur le partage de risques (MIFA) a été créé avec pour objectif d’accroître le volume COVID-19 et le secteur agricole : implications et options des prêts au secteur agricole de 0,2 % à 5 % du portefeuille de politiques pour une croissance post-COVID-19 total des prêts bancaires dans un délai de 10 ans. Au titre de la campagne agricole 2019, l’appui du MIFA a facilité 162. La crise de la COVID-19 a significativement l’accès au crédit pour acteurs du secteur Agricole. Ainsi, affecté le secteur agricole notamment au travers de la le secteur financier a pu octroyer `a 76 519 bénéficiaires, perturbation des chaines de valeurs et des freins à la des crédits d’un montant total de 5 980 126 500 FCFA. Par mobilité de la main d’œuvre. La perturbation des chaines ailleurs, le renforcement et l’amélioration des interventions de valeurs agricoles a rendu difficile l’approvisionnement en de l’Agence Nationale de Promotion et de Garantie de intrants avec un impact négatif aussi bien sur la production Financement des PME/PMI (ANPGF) permettrait plus agricole que sur l’agro-industrie. L’enquête menée par la encore de lever les contraintes d’accès au financement des Banque mondiale sur l’impact de la COVID-19 révèle que 90 entreprises en général et des agriculteurs en particulier. % des entreprises du secteur agricole et agro-industrie ont observé une baisse des ventes même si la grande majorité 165. Infrastructure. Le mécontentement à l’égard de la d’entre elles a maintenu une activité. qualité des infrastructures physiques a été signalé comme l’une des principales contraintes par de nombreuses 163. De manière globale, d’importantes contraintes entreprises privées. Parmi les besoins les plus critiques doivent être levées pour que le secteur agricole puisse cités figuraient l’accès à un approvisionnement stable en attirer davantage d’investissements privés et réaliser électricité, la capacité de transporter des marchandises et son potentiel. Alors que certains investisseurs du secteur l’investissement public dans l’irrigation. privé dans l’agriculture font état d’une amélioration de Situation économique au Togo - Août 2020 62 166. Collaboration intersectorielle. La collaboration 2.3.3.3. Le secteur minier intersectorielle est de plus en plus reconnue comme un élément clé pour réussir à exécuter les engagements 169. Des progrès importants ont été accompli d’investissement. Les entreprises ne peuvent surmonter récemment dans le secteur minier. La Direction des contraintes spécifiques au sein des chaînes de valeur Générale des Mines et de la Géologie (DGMG) et le Projet et des systèmes de marché, que si elles travaillent en de Développement et de Gouvernance Minière (PGDM) synergie avec des partenaires du secteur public pour la ont franchi une étape importante pour la transparence conceptualisation et l’implémentation des réformes. et l’efficience avec la mise en ligne en Janvier 2020 du Cadastre Minier, du Système d’Informations Géologiques 167. Compétences et accès limité aux technologies et Minières (SIGM) et du système de Gestion Electronique améliorées. La recherche d’une main-d’œuvre qualifiée des Documents (GED) ; leur lancement officiel a pris place est également une contrainte : (i) les petits exploitants en Décembre 2019. Ces différents systèmes sont dotés manquent de compétences pour augmenter la qualité d’une interface interne à la DGMG, permettant d’actualiser et la quantité de la production et le coût de la formation systématiquement les données sur les permis miniers, de est prohibitif pour les entreprises ; (ii) la plupart des suivre les engagements des opérateurs, de compiler des organisations paysannes sont mal gérées ; et (iii) il y a une données détaillées et documents sur les informations pénurie de directeurs commerciaux pour superviser les géologiques et minières. Le SIGM et le Cadastre minier opérations de marketing et de commercialisation. sont aussi dotés d’un portail public permettant à tout investisseur intéressé de se renseigner de manière 168. Politique. De nombreuses entreprises ont estimé accessible sur le potentiel minier à travers le territoire que leur volonté d’investir n’était pas soutenue par des togolais et d’avoir une visibilité sur les zones du territoire politiques nationales efficaces en matière de commerce, où des permis de recherche et d’exploitation ont déjà été d’agriculture et d’investissement. En outre, les formalités délivrés. administratives et réglementaires ne sont pas traitées efficacement, en particulier les questions foncières et 170. Les gisements prouvés de phosphates carbonatés le manque de clarté sur la propriété foncière. Dans de détiennent le plus fort potentiel de développement minier nombreux cas, les politiques sont approuvées au niveau et devraient bénéficier d’une facilitation dédiée pour régional et parfois national, mais pas mises en œuvre de attirer des partenaires stratégiques dotés de capacités manière cohérente, ou pas du tout, au niveau local. Cela est financières et techniques pour développer le potentiel. souvent dû à un manque de capacités administratives, mais Dans la mesure où le montage des investissements de dans certains cas, les politiques n’ont pas été suffisamment transformation et les installations de mise en valeur du ancrées dans le secteur privé. À cet égard, une priorité phosphate carbonaté sont d’une envergure beaucoup essentielle sera de renforcer le dialogue entre le secteur plus vaste que les opérations minières en existence public et le secteur privé autour des investissements par le aujourd’hui, une stratégie détaillée sera nécessaire afin biais de plateformes nationales et spécifiques aux produits d’identifier tous les aspects clés pour réaliser la vision de de base qui soutiennent le programme agricole national. transformation. Ces aspects portent sur (i) la nature de la participation de l’Etat, (ii) la certification des réserves de minerai, (iii) les technologies d’enrichissement du produit brut, (iv) les infrastructures préalables, (v) les risques environnementaux et sociaux, (vi) les retombées économiques et financières. Plusieurs études sont en cours d’exécution, et en étroite collaboration avec le groupement Dangote, afin de répondre à certaines de ces questions. 63 Situation économique au Togo - Août 2020 171. Les contraintes générales et sectorielles ressources souterraines du Togo n’ont pas reçu le même applicables : Le développement du secteur minier ne peut niveau d’intérêt de la part des sociétés internationales se faire sans une gestion adéquate des risques sociaux d’exploration minérale que d’autres pays de la région de et environnementaux. L’industrie minière togolaise a un l’Afrique de l’Ouest, tels que le Ghana, le Burkina Faso, la héritage de sites miniers abandonnés qui n’ont pas été Côte d’Ivoire et le Mali. Cela signifie que les informations correctement réhabilités, et les relations communautaires géologiques sont limitées aux données de prospection ont été caractérisées par des conflits et des complaintes régionale à faible résolution qui ont été produites plutôt que par des consultations et une réelle collaboration. par le Gouvernement ou financées par l’assistance Une condition préalable importante au soutien public à la technique. Un effort concerté pour enregistrer et publier promotion du secteur minier est une gestion efficace de systématiquement toutes les géosciences existantes dans la dégradation de l’environnement et des griefs sociaux le système d’information géologique et minérale a abouti causés par les opérations minières à ce jour, y compris la en décembre 2019. Le système rend les informations fourniture de ressources supplémentaires aux agences géologiques existantes accessibles aux investisseurs d’inspection et d’application du code minier. La fermeture potentiels afin d’attirer des capitaux d’investissement et des mines et la réhabilitation des sites miniers abandonnés un savoir-faire technique pour explorer et développer les sont des actions essentielles mais coûteuses pour restaurer ressources minérales. Il est impératif que les autorités la confiance du public. Le projet de gouvernance et de compilent et publient activement les futures données développement minier financé par l’IDA soutient à la fois d’exploration, notamment les données géophysiques des campagnes d’inspection préventive et des systèmes aéroportées qui seront préparées d’ici le milieu de 2021. La d’information pour suivre les développements de la mine, valeur du système d’information augmentera au cours de de l’exploration la plus précoce à la fermeture et à la la prochaine décennie s’il est bien géré. réhabilitation finale de la mine. 174. Le cadre juridique manque d’un ensemble COVID-19 et le secteur minier : implications et options de complet de règlements d’application pour confirmer et politiques pour une croissance post-COVID-19 formaliser les procédures pour les droits d’utilisation des terres et les permis d’exploitation des minéraux. 172. La propagation de la COVID-19 devrait avoir un Les incertitudes concernant la sécurité d’occupation des impact significatif sur le secteur minier. Tout d’abord titulaires de permis diminuent l’intérêt des investisseurs la fermeture des frontières et la baisse de la demande pour les campagnes de recherche et d’exploration à grande mondiale pourrait négativement affecter les exportations échelle, car un permis d’exploration prometteur ne peut pas minières. Par ailleurs des projets miniers y compris le projet être converti en permis d’exploitation et de production. Il est d’exploitation des gisements de phosphate carbonatés nécessaire d’améliorer le cadre d’investissement en termes pourraient être retardés du fait de la pandémie de la de certitude pour les investisseurs concernant les droits COVID-19. Les problèmes de santé et d’environnement de propriété, les conditions fiscales et d’autres domaines pourraient se poser dans les exploitations minières d’autorisation générale. Cette incertitude est aggravée par artisanales, en raison des mauvaises conditions de l’absence d’exigences ou de critères de décision clairs pour travail et du faible accès à des infrastructures adéquates l’octroi ou le rejet d’une demande de permis minier. Cela d’assainissement et d’eau. signifie que les investisseurs se soumettent à des décisions discrétionnaires dans un processus indépendant de leur 173. L’enregistrement et la publication systématique volonté.d’entre elles a maintenu une activité. de l’information géologique doit être renforcée. Les Situation économique au Togo - Août 2020 64 2.3.3.4. Le secteur de la fabrication légère 175. La production et l’exportation des biens COVID-19 et le secteur manufacturier : implications et manufacturés sont importants aussi bien pour son options de politiques pour une croissance post-COVID-19 potentiel de création d’emploi que pour la croissance de long terme. Au cours des trois dernières années, 177. La COVID-19 a un impact significatif sur le secteur la contribution du secteur à la croissance a baissé manufacturier du fait notamment des perturbations substantiellement passant de 33 % en 2016 à 5 % en dans la chaine d’approvisionnement. La fermeture des 2019 (Annexe A.2). Par ailleurs, les biens manufacturiers frontières implique une difficulté pour les entreprises représentent une composante importante des exportations du secteur de s’approvisionner en matière première. Les des biens (39 % en 2018). Après une baisse en 2017 en mesures de confinement affectent aussi la production et la partie imputable à la crise socio politique, les exportations vente dans la mesure ou la mobilité de la main d’œuvre est de biens manufacturés ont légèrement augmenté en 2018. affectée. L’enquête COVBPS de Juin 2020 révèle que 36 % Cela est principalement dû au régime de libre-échange qui des entreprises du secteur manufacturier estime la baisse est en place depuis près de 30 ans et au cadre incitatif des de leurs ventes entre 75 et 100 %. ZES. 178. L’expansion du secteur manufacturier 176. Les contraintes générales et sectorielles est conditionnée à des investissements dans applicables : Les tarifs de l’électricité sont en moyenne les infrastructures de transport, d’énergie et de de près de 45 cents US par kWh pour les entreprises télécommunication. Une amélioration de la qualité de manufacturières, bien plus que le taux officiel déclaré la fourniture des services d’énergie, de transport et de et parmi les plus élevés de la région25. Les entreprises télécommunication ainsi que la réduction des prix y manufacturières semblent moins contraintes par les relatifs aura un effet positif sur les coûts de production taux d’imposition que les entreprises axées sur les des entreprises du secteur. Par ailleurs, l’allégement de la services, avec une marge significative - 45,7 % contre 59,1 charge réglementaire pour faciliter l’entrée dans le secteur respectivement26. d’activité et son expansion est plus que nécessaire. 25 Banque mondiale, Les Sources de la Croissance, décembre 2019. 26 Banque mondiale, Enterprise Survey 2017. 65 Situation économique au Togo - Août 2020 2.4. Feuille de route pour des réformes futures: tirer les leçons de la crise pour construire la croissance future 179. Au courant des années récentes, le Togo a implémenté de nombreuses réformes afin d’améliorer le climat des affaires et dynamiser l’investissement privé. La qualité et la pertinence de ces réformes est illustrée par les progrès remarquables du Togo dans le classement Doing Business des deux dernières années. Ainsi, le Togo a facilité la création d’entreprise en supprimant l’obligation de faire authentifier les documents et en réduisant des délais et coûts d’enregistrement. De même, les délais et coûts d’obtention des permis de construire ont été réduit grâce à la baisse des frais et la mise en place d’un portail en ligne pour le dépôt des dossiers. L’accès à l’information sur le crédit a également été renforcé via l’élargissement de la couverture des bureaux d’information du crédit. A ces mesures se grèvent la facilitation du raccordement à l’électricité, l’assainissement progressif du cadre macroéconomique et la réforme du Code Général des impôts et du Code des Investissements. 180. Mais la pandémie de la COVID-19 a fortement affecté l’économie et pourrait mettre un sérieux coup de frein à l’expansion du secteur privé. La crise de la COVID-19 a induit un arrêt soudain de l’activité économique, entrainant des fermetures temporaires, partielles et parfois définitive des entreprises. Ces dernières ont connu en moyenne une baisse du niveau des ventes oscillant entre 50 et 75 % en Juin 2020 par rapport au mois de mai. En droite ligne de cette chute non anticipée de l’activité économique la croissance économique est projetée en net recul, à 1 % en 2020 contre 5,3 % selon les projections pré- COVID-19. Par ailleurs, la crise a accru la vulnérabilité de la petite entreprise, contribuant à un ralentissement de la réduction de la pauvreté. Situation économique au Togo - Août 2020 66 181. La réponse du Gouvernement a été vigoureuse 183. Renforcer la résilience pour faire face aux crises et rapide au travers d’un ensemble d’interventions futures. La crise de la COVID-19 a démontré l’importance ciblées pour protéger la vie, soutenir les ménages les plus d’accélérer la digitalisation de l’économie afin d’assurer vulnérable et les entreprises. Le premier axe de la riposte la continuité de l’administration publique et de l’activité a consisté au renforcement les capacités de réponse économique en temps de crise. Dans cette optique, il du système de santé au travers d’un accroissement des importe de finaliser et implémenter une stratégie de capacités infrastructurelles et humaines des hôpitaux afin transformation numérique de l’économie qui inclurait un de faciliter l’identification, l’isolement et le traitement des renforcement des infrastructures (notamment la qualité et cas, le suivi des contacts et l’augmentation des capacités le coût de l’accès à internet), la construction d’un capital de test des laboratoires. Le second axe concerne le soutien humain numérique et des mesures ciblées pour l’expansion aux ménages les plus vulnérables via un programme de des start-ups du numérique. Ce dernier aspect est transfert monétaire destiné aux populations urbaines et fortement dépendant de la création d’un marché potentiel rurales et une gratuité temporaire de l’eau et de l’électricité. qui pourrait être facilité par l’accès des start-ups à la Enfin, des mesures ont été mises en œuvre pour soutenir les commande publique. Un autre aspect tout aussi important entreprises au travers d’un ensemble de mesures fiscales est le renforcement de la systématisation de l’usage de la visant à maintenir la trésorerie de ces dernières et protéger signature électronique. La résilience peut également être l’emploi. améliorée par le renforcement de la protection de la main d’œuvre au travers d’un mécanisme de filet de sécurité 182. La réponse relativement rapide, la nature sociale pouvant être déclenché de manière automatique en et l’ampleur et les mesures prises atténueront temps de crise et reposant sur un système d’identification vraisemblablement les pertes - mais pourraient et de ciblage fiable. Enfin, il est nécessaire de construire également être un tremplin pour des réformes à court une architecture institutionnelle, légale et infrastructurelle et moyen terme. En dépit de ses défis et de son coût, la d’un système public de garantie pour le PME qui s’étend crise actuelle pourrait également être un catalyseur pour aux activités commerciales et aisément déployable en réaliser des progrès sur certaines questions fondamentales temps de crise. de développement et redéployer les énergies vers la construction d’un secteur privé dynamique et résilient. 184. Adresser les contraintes structurelles au L’agenda des réformes pourrait s’articuler autour de trois développement d’un secteur privé productif. Cela passe axes essentiels : (i) le renforcement de la résilience ; (ii) la par une facilitation de l’accès au financement, l’amélioration levée des contraintes structurelles au développement d’un de la qualité et la réduction des coûts d’accès à l’électricité secteur privé productif ; et (iii) la mise en œuvre de mesures et aux services de télécommunication (internet, téléphonie ciblées pour l’optimisation de la performance de quelques mobile), la réduction du poids de la fiscalité sur les secteurs prioritaires du PND. entreprises et le renforcement du capital humain. Une étape importante serait de renforcer l’inclusion financière au travers de l’implémentation de la stratégie nationale d’inclusion financière. Un autre aspect clé est celui de la réduction de l’asymétrie de l’information par le biais d’un renforcement de la qualité et la couverture des Bureau d’Information de Crédit (BIC). Il importe également 67 Situation économique au Togo - Août 2020 d’améliorer l’accès à la ressource foncière en particulier par Dans le secteur de l’agriculture, l’investissement public la finalisation de la mise en place d’un cadastre numérique. dans l’irrigation, l’amélioration et la sécurisation de l’accès Cela permettra d’accroitre la transparence, la fiabilité et la à la propriété foncière, le renforcement des capacités célérité dans le processus d’obtention des titres fonciers des acteurs et des chaines de valeur locale l’accès aux pouvant être utilisé comme garantie dans l’obtention du technologies et le renforcement de la collaboration inter crédit. L’amélioration de la qualité et du coût d’accès à sectorielle et du dialogue public privé permettraient une l’électricité et aux services de télécommunication nécessite augmentation substantielle de la productivité et de la un investissement dans l’assainissement financier du création d’emplois. Dans le secteur de la logistique et secteur de l’énergie et l’amélioration de la couverture des transports, il importe de renforcer la qualité de la du pays en réseau internet 3G (actuellement 65 %) et 4G main d’œuvre, par la création des écoles professionnelles (10 %). L’objectif de réduction du poids de la fiscalité doit et des certifications appropriées, le renforcement des reposer principalement sur l’élargissement de l’assiette infrastructures de transport (y compris la construction fiscale tandis que le renforcement du capital humain d’un chemin de fer) et le développement des mécanismes devrait mettre un accent sur la mise en conformité des de financement (y compris le crédit-bail) pour le formations avec les exigences du marché du travail. renouvellement de la flotte de transport. Dans le secteur minier, l’amélioration continue du système d’information 185. La digitalisation des services et le renforcement par la compilation, l’enregistrement et la publication du capital humain devraient constituer des piliers systématique des données d’exploration (y compris les essentiels de l’agenda des réformes post-COVID-19. Pour données géophysiques aéroportées), et le renforcement accélérer la digitalisation des services, la priorité est de du cadre juridique relatif aux procédures d’octroi des faciliter un accès sécurisé et peu coûteux à une connexion droits d’utilisation des terres et des permis d’exploitation internet de qualité à l’ensemble de la population. Cela des minéraux permettraient d’attirer des investisseurs requiert également un cadre règlementaire favorable à la stratégiques dans le secteur. concurrence, l’innovation, et la participation citoyenne à l’action publique. Le renforcement du capital humain 187. Communiquer sur les réformes est indispensable est crucial aussi bien pour l’adoption des nouvelles au succès de leur implémentation. Cela est d’autant plus technologies, mais plus généralement pour accroître important dans un contexte d’incertitude générée par la l’innovation et la productivité. L’indice du capital humain pandémie de la COVID-19. Une communication efficace de la Banque mondiale suggère que le Togo est classé 122e permet de construire un consensus autour des réformes et sur 153 pays avec un score de 0,41 sur une échelle de 0 à 1. induit une pleine appropriation de celles-ci par les acteurs L’une des faiblesses du Togo en la matière est la qualité des tant du privé que du public. Elle donne également de la enseignements. En plus de l’amélioration de la qualité au visibilité aux potentiels bailleurs et facilite la mobilisation niveau du circuit d’éducation formelle, il importe d’adapter des ressources indispensables au développement. les formations aux exigences du marché du travail. 186. Il est indispensable d’améliorer la performance des secteurs considérés comme prioritaires dans le PND: l’agriculture, la logistique et les transports, le secteur manufacturier (fabrication légère) et le secteur minier : Situation économique au Togo - Août 2020 68 Tableau 2.4 : Propositions de réformes pour un secteur privé dynamique et résilient27 Objectifs Réformes nécessaires Commun à tous les secteurs Renforcer la résilience Assurer la continuité des activités pour faire face à la pandémie de la COVID-19 • Renforcer la digitalisation de l’économie et aux crises futures - Finaliser et implémenter une stratégie de transformation numérique de l’économie (CT) - Créer un marché pour les start-ups du numérique notamment en facilitant l’accès à la commande publique (MT) - Renforcer la systématisation de l’usage de la signature électronique (CT) • Protéger la main d’œuvre au travers d’un mécanisme de filet de sécurité sociale pouvant être déclenché de manière automatique en temps de crise et reposant sur un système d’identification et de ciblage fiable (MT) Renforcer le système de suivi et de reconstitution des réserves alimentaires (MT) Améliorer le cadre légal et réglementaire du commerce électronique (CT) Renforcer la collaboration intersectorielle et la synergie entre public et privé pour la conceptualisation et l’implémentation des réformes (MT) Faciliter l’accès au Améliorer l’accès à la ressource foncière qui peut être utilisé comme collatéral financement • Mise en œuvre effective du code foncier (Décret et arrêté d’application) (CT) • Digitalisation complète du processus de création du titre foncier (MT) • Finaliser la création du cadastre numérique (MT) Renforcer la qualité et l’étendue de l’information contenue dans le BIC (CT) • Notamment en ce qui concerne les IMF et • Des campagnes de communication pour encourager les clients à donner leur consentement au partage des informations sur le crédit Améliorer le cadre légal et développer la pratique du crédit-bail (CT) Mettre en œuvre la stratégie nationale d’inclusion financière et favoriser l’accès des institutions de micro finance de grande taille au financement à taux préférentiel de la Banque Centrale (MT). 27 Nous faisons le choix de suggérer une classification des mesures en termes d’horizon d’implémentation (court et moyen terme) tout en étant conscient que cette classification ne saurait être figée et dépend également des capacités d’implémentation. CT : Court Terme ; MT : Moyen Terme. 69 Situation économique au Togo - Août 2020 Tableau 2.4 : (suite) Objectifs Réformes nécessaires Améliorer la qualité de Assainir la situation financière du secteur de l’énergie (paiement des arriérés, optimisation des la fourniture de l’énergie coûts opérationnels et renforcement de la supervision) (MT) électrique et des services de télécommunication Améliorer la couverture du haut débit mobile (surtout 4G dont le taux de couverture =10%) (MT) Amélioration de la qualité et réduction du coût de la connexion internet y compris par un accroissement de la concurrence (MT) • Augmentation du nombre d’opérateurs de réseau mobile et des fournisseurs d’accès internet (MT) • Accroissement de la concurrence dans l’usage des infrastructures (MT) Réduire le poids de Accélérer la digitalisation de l’administration fiscale (MT) la fiscalité sur les entreprises • Etendre l’obligation de la déclaration et le paiement des impôts en ligne aux entreprises de petite taille (MT) • Automatisation des fonctions de contrôle fiscal, de contentieux et de reste à recouvrer (MT) Définir et implémenter une politique de formalisation de l’informel pour élargir l’assiette fiscale et limiter la concurrence déloyale du secteur informel (MT) • Renforcer les moyens techniques et financiers de la Délégation à l’Organisation du Secteur Informel (DOSI) (CT) et des Centres de Gestion Agréés (CGA) • Saisir l’opportunité du projet d’identification nationale biométrique pour identifier et formaliser les acteurs du secteur informel (MT) Renforcer le capital Mettre sur pieds un système actualisé d’identification des besoins en compétences requise sur humain et l’adapter aux le marché du travail et adapter le système de formation en conséquence (MT) exigences présentes et futures du marché du Renforcer la formation continue tout au long de la vie professionnelle ainsi que les formations travail en alternance (CT) Améliorer la qualité de l’enseignement par la formation des enseignants et la mise à disposition des manuels scolaires. Construire un capital humain numérique en intégrant la formation aux métiers du numérique dans le système éducatif (MT) Transport et logistique Optimiser le potentiel du Elaborer un plan de gestion de crises qui inclut une mise à jour des politiques d’inventaire, identifica- secteur du transport et de tion des options logistiques entrantes et sortantes et la planification de la main d’œuvre (CT) la logistique et renforcer la résilience Améliorer l’efficacité logistique (CT) • Renforcement de l’automatisation et de la dématérialisation des procédure douanières (CT) Améliorer les infrastructures de transport (MT) • Construire un chemin de fer pour faciliter l’acheminement des marchandises vers les pays voisins (MT) • Renouvellement et maintenance de la flotte de camions par la mise en place de méca- nismes de crédit-bail et d’un système de rachat des vieux camions auprès de propriétaires existant (MT) Situation économique au Togo - Août 2020 70 Objectifs Réformes nécessaires Transport et logistique (suite) Optimiser le poten- Renforcer les capacités de la main-d’œuvre logistique (MT) tiel du secteur du transport et de la • Mettre sur pieds un programme d’accréditation et certification de compétences pour les acteurs du logistique et renfor- secteur (MT) cer la résilience Le secteur Agricole Attirer plus d’inves- Améliorer le cadre infrastructurel (MT) tisseurs privés dans le secteur • Assurer un provisionnement stable en électricité (MT) • Améliorer la capacité de transporter des marchandises (MT) • Investissement public dans l’irrigation (CT) • Digitalisation de l’offre des services agricoles (mécanisation, accès aux intrants, formation et conseil) (CT) Diversifier la production pour renforcer la résilience (MT) • Mise en place d’une structure en charge de l’identification et du suivi des opportunités de marché à l’exportation (CT) • Mise en place de l’accompagnement institutionnel, technique et financier nécessaires pour saisir les opportunités identifiées (y compris la logistique de production, de transport et de commercia- lisation) (CT) Accès aux financements (CT) • Définir un cadre légal et règlementaire sur le récépissé d’entrepôt afin de permettre l’utilisation des productions agricoles comme garanties auprès du secteur financier et faciliter la commerciali- sation des produits (CT) Accès aux intrants (CT) • Mettre en place un cadre règlementaire et un mécanisme incitatif qui encouragent l’installation et la viabilité des entreprises semencières privées et un approvisionnement en engrais spécifiques pour les filières hors coton (CT) Le secteur Minier Attirer les investis- Renforcer l’enregistrement et la publication systématique de l’information géologique (CT) seurs et optimiser la contribution du Renforcer le cadre juridique par la prise d’un ensemble complet de règlements d’application pour confirmer secteur à la crois- et formaliser les procédures pour les droits d’utilisation des terres et les permis d’exploitation des minéraux sance (CT) Finaliser la mise en place d’un système modernisé de cadastre minier afin de gérer les demandes de permis miniers à l’échelle industrielle (CT) Adopter un cadre de réglementation pour l’enregistrement des opérations minières artisanales et à petite échelle (CT) 71 Situation économique au Togo - Août 2020 Situation économique au Togo - Août 2020 72 Annexes 73 Situation économique au Togo - Août 2020 A.1. Quelques indicateurs macroéconomiques clés   2016 2017 2018 2019 Comptes nationaux, prix et taux de change (variation en %) PIB réel 5,6 4,4 4,9 5,3 PIB réel par tête 2,9 1,8 2,3 2,7 Déflateur du PIB 1,5 0,9 1,7 2,1 Inflation 0,9 -0,2 0,9 0,7 PIB nominal (milliards CFAF) 2649,4 2788,6 2975,0 3198,6 Taux de change CFAF/US$ (moyenne annuelle) 592,8 580,9 555,2 585,9 Taux de change effectif réel (appreciation = –) -2,3 0,8 -1,2 Termes de l’échange (déterioration = –) -2,6 26,1 -1,4 -3,0 Secteur monétaire (variation en %) Actif extérieur nets 5,8 1,7 0,5 10,1 Credit net au Gouvernement -2,3 9,5 2,7 -9,7 Crédit au secteur non etatique 7,5 1,7 3,1 4,4 M2 12,6 10,0 9,0 4,5 Investment and savings (% du PIB) Investissements domestiques 33,5 25,9 26,8 25,1 Public 13,9 6,3 6,8 4,1 Non-étatique 19,6 19,6 20,0 21,0 Epargne nationale 23,7 23,9 23,3 20,8 Public 4,3 6,0 6,0 6,2 Non-étatique 19,4 17,9 17,3 14,6 Government budget (% du PIB) Recettes totales et dons 21,6 21,4 23,9 23,4 Recettes 18,7 18,2 20,3 19,5 Recettes fiscales 16,8 16,1 16,5 17,2 Dépenses et prêts nets 31,1 21,6 24,7 24,5 Solde budgétaire global (base engagement, incl, dons) -9,5 -0,3 -0,8 -1,2 Source: Autorités togolaises Situation économique au Togo - Août 2020 74 A.2. PIB réel et ses composantes en Milliards de FCFA   2016 2017 2018 2019 Secteur Primaire 641,5 661,0 696,8 725,3 Agriculture vivrière 439,6 452,7 472,5 486,9 Agriculture d’exportation 55,6 63,8 74,1 79,4 Elevage et chasse 78,5 86,1 91,2 95,6 Sylviculture et pêche 67,8 58,4 59,0 63,4 Secteur Secondaire 450,5 429,0 460,4 496,2 Industries extractives 54,6 50,4 60,1 50,1 Produits alimentaires 58,5 60,7 61,9 67,8 Fabrication de textile 5,5 6,6 6,7 6,2 Travail du bois 18,5 20,0 21,3 21,4 Autres activités manuf, 104,9 95,0 106,3 108,5 Production EGE 68,1 63,5 64,0 79,3 Construction 140,5 132,9 140,1 162,9 Secteur Tertiaire 715,1 778,7 861,6 918,6 Commerce 175,7 169,9 177,7 181,9 Réparation 14,3 12,9 14,4 15,4 Hôtel Bar Restaurant 19,7 39,7 55,4 63,7 Transports - télécom, 255,1 275,3 306,6 331,2 Activités financières 100,6 89,3 97,9 102,6 Services aux entreprises 218,2 229,7 250,3 267,6 Sifim -68,5 -38,0 -40,7 -43,7 Branches Non Marchandes 428,5 500,9 582,2 619,9 TVA 269,7 258,8 223,9 273,2 Autres taxes sur produits 30,5 35,8 39,0 42,4 Impôts sur importations 128,1 140,6 128,9 148,3 Subventions sur produits -5,0 -6,1 -13,3 -7,0 PIB au prix du marché 2659,0 2798,7 2979,6 3216,8 Source: Autorités togolaises 75 Situation économique au Togo - Août 2020 A.3. Exportations et ses composantes en Milliards de FCFA   2016 2017 2018 Produits agricoles 68173 88579 101197 Produits miniers 100119 90707 99522 Produits pétroliers 25210 41897 46205 Produits industriels 270335 229191 233563 Autres produits 25165 35028 30307 Total exportation des biens 41106 50224 42257 Source : BCEAO A.4. Etude des épisodes d’accélération de l’investissement privé A. 4.1. Episodes d’accélération de l’investissement privé (1995-2017) Source : Calculs du staff de la Banque mondiale A.4.2. Facteurs d’accélération de l’investissement privé (pourcentage) Croissance moyenne de 1999-2001 2010-2012 Investissement public -13.1 3.6 Taux de croissance 0.8 6.3 Crédit au secteur privé -9.3 13.9 Temps nécessaire à la création d’une entreprise -26.0 Investissement Direct Etranger 23.7 18.6 Ouverture commerciale 0.5 8.1 Source : Calculs du staff de la Banque mondiale Situation économique au Togo - Août 2020 76 A.5. Définition des pays pairs Pour évaluer la performance du Togo, ce rapport utilise deux groupes comparables de pays pairs : la moyenne de l’UEMOA (et, le cas échéant, les différents pays de l’UEMOA) et les pairs aspirationnels. Les pays pairs aspirationnels ont été sélectionnés à l’aide de l’algorithme de comparaison dynamique développé par Matta (2018). Les pairs aspirationnels sont identifiés comme des pays qui avaient un niveau de PIB par tête similaire celui du Togo en 1995 et qui ont depuis connu une croissance par habitant plus rapide. Nous identifions ainsi le Rwanda, le Laos et l’ile Maurice comme des pairs aspirationnels du Togo. Ce choix reflète également les discussions tenues avec le Gouvernement et le secteur privé en préparation à ce rapport en Octobre 2019. A5.1: Pairs aspirationnels du Togo, quelques Indicateurs (2017) Pays Région PIB par tête (constant Population (million) Population 0-14 (% of Indice du Capital Humain 2010 US$) population) (0-1) Togo SSA 660 7,7 41,6 0.41 Rwanda SSA 762,5 11,9 40,1 0.37 LAO PDR EAP 1,708 7.0 32.8 0.45 Île Maurice SSA 10484,9 1,2 18,3 0.63 Source : WDI, WEO, HCI 77 Situation économique au Togo - Août 2020 A.6. Incitations du code des investissements par région Légende Crédit Crédit Crédit d’impôt- d’impôt d’impôt- Zones Régions Investisse- -Emploi formation ment (%) (CFAF) (%) Lomé, la préfecture du Zone 1 15 % 240 000 10 % Golfe et celle d’Agoè-Nyivé Région des Plateaux, autres Zone 2 22.50 % 360 000 15 % préfectures de la région Maritime Région Zone 3 22.5 % 360 000 15 % Centrale Région de la Zone 4 30 % 480 000 20 % Kara Région des Zone 5 30 % 480 000 20 % Savanes Situation économique au Togo - Août 2020 78 A.7. Situation de la COVID-19 au Togo Source : Organisation Mondiale de la Santé Source : Organisation Mondiale de la Santé 79 Situation économique au Togo - Août 2020 Situation économique au Togo - Août 2020 94