ACS8971 Technologies de l’Information et de la Communication, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Michel Rogy, Jacqueline Dubow Technologies de l’Information et de la Communication, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon  Note pour le Ministère de l’Économie Numérique, de la Communication et de la Poste (MENCP) Michel Rogy, Jacqueline Dubow Rapport No: ACS8971 © 2014 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Web : www.worldbank.org Certains droits réservés 1 2 3 4 16 15 14 13 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. La Banque mondiale n’est pas nécessairement propriétaire de la totalité de son contenu. Elle ne garantit donc pas que l’utilisation du contenu de l’ouvrage ne porte pas atteinte aux droits de tierces parties. L’utilisateur du contenu assume seul le risque de réclamation ou de plainte pour violation desdits droits. Les observations, interprétations et opinions qui sont exprimées dans cet ouvrage ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Aucune des dispositions précédentes ne constitue une limite ou une renonciation à l’un quelconque des privilèges et immunités de la Banque mondiale, et ne peut être interprétée comme telle. Tous lesdits privilèges et immunités de la Banque mondiale sont expressément réservés. Droits et licences L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 Unported license (CC BY 3.0) (http://creativecommons.org/licenses/by/3.0. Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attri- bution (paternité), il est possible de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes : Attribution (Paternité) — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Banque mondiale. 2014. Technologies de l’Information et de la Communication, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon  Li- cense: Creative Commons Attribution CC BY 3.0 Traductions — Si une traduction de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la paternité de l’ou- vrage, le déni de responsabilité suivant : Cette traduction n’a pas été réalisée par la Banque mondiale et ne doit pas être considérée comme une traduction officielle de cette dernière. La Banque ne saurait être tenue responsable du contenu de la traduction ni des erreurs qui peuvent y figurer. Pour tous renseignements sur les droits et licences s’adresser au Service des publications et de la diffusion des connaissances de la Banque mondiale: Publishing and Knowledge Division, The World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA. TIC, LANGUES VERNACULAIRES ET STIMULATION DU HAUT DÉBIT AU GABON C ette note a été rédigée à la demande du Minis- La note a été préparée par une équipe du secteur des tère de l’Économie Numérique, de la Com- Technologies de l’Information et de la Communication munication et de la Poste (MENCP) dans le à la Banque mondiale constituée de Dr. Michel Rogy cadre de la mise en œuvre de la composante Écono- (Conseiller en Politiques des Technologies de l’Infor- mie Numérique du Plan Stratégique Gabon Émergent mation et de la Communication) et Jacqueline Dubow (PSGE), qui a pour ambition de faire du Gabon un (Consultante) assistés par Axel Rifon Pérez (Consul- pays émergent en moins d’une génération. Le PSGE tant). L’équipe tient à remercier Dr. Tim Kelly (Spé- souligne que si la mise en œuvre d’infrastructures nu- cialiste en Chef en Technologies de l’Information et de mériques permettra d’insérer le pays au cœur de la la Communication, Banque mondiale), Aglaia Zafeira- société de l’information et de la communication pour kou (Spécialiste Principale en Education, Banque mon- accompagner la modernisation de son économie, les diale) et Rick Tsouk Ibounde (Economiste Principal, usages du numérique devront se développer au meil- Bureau de la Banque mondiale à Libreville) qui ont leur coût pour exploiter le potentiel transformationnel revu la note et fournis de précieux commentaires. des Technologies de l’Information et de la Commu- Cette note a été nourrie par des échanges avec de nication (TIC). Le développement d’applications, de nombreux experts gabonais (voir liste des personnes services et de contenus locaux, y compris en langues rencontrées ci-dessous). Les principaux résultats ont vernaculaires, est donc essentiel pour le Gabon, car, été discutés avec l’ensemble des parties prenantes dans d’une part, il générera des flux de trafic qui viendront le cadre d’un atelier de travail organisé à Libreville le utilement contribuer à l’amortissement des infrastruc- 13 mai 2014 (voir annexe 1). L’atelier a réuni une cin- tures numériques (câbles sous-marin, réseaux backbone quantaine de participants qui ont revu et discuté les re- nationaux…) et, d’autre part, il permettra au Gabon commandations et dont les commentaires ont été pris d’apporter sa contribution au savoir universel. en compte dans la note. iv TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Organisation Nom Fonction Présidence de la République Gabonaise Igor Nyambie Simard Conseiller du Président de la République Ministère de l’Économie Numérique, de la Florence Lengoumbi Conseiller du Ministre Communication et de la Poste (MENCP) Armand Clotaire Lichambany Directeur Général de la Promotion de l’Économie Numérique Ministère de la Culture, des Arts et de S.E.Mme Ida Reteno Assonouet Ministre l’Education Civique (MCAEC) Mme Aila Conseiller du Ministre Prof. Abiaga Meye Directeur Général de l’Education Populaire Dr. Thierry Nzamba Nzamba Directeur Général de la Culture Ministère de l’Education Nationale et de S.E.M. Pr Léon Nzouba Ministre l’Enseignement Technique et Professionnel (MENETP) Université Omar Bongo Prof. Bernardin Minko Mve Chef Département d’Anthropologie Prof. Achille Mavoungou Enseignant Chercheur, Département des Sciences du Langage Dr. Steve Ndinga-Koumba-Binza Enseignant Chercheur, Département des Sciences du Langage UNESCO Alain Godonou Représentant Régional Agence Universitaire de la Francophonie Joseph Indjebdje Responsable du Campus Numérique Fondation Raponda-Walker Prof. Guy Rossatanga-Rignault Président de la Fondation Institut Africain d’Informatique Prof. Jocelyn Nembe Directeur de recherche Ecole Nationale des Arts et Métiers Jean-Baptiste Ogala Directeur Général Production audiovisuelle Mme Irène Ndimal Productrice Indépendante UnikAfrica Angèle Traoré Directrice Boîte à Innovations (BAI) Tony Simard Président Fondateur Moov, Atlantique Télécom Gabon Eric Eyi Obiang Chef de Division Infrastructure et Support Informatique Airtel Jean Boudiombo Directeur Ambassade de France Dominique Grancher Conseiller Economique Table des matières Acronymes  vii Introduction  1 1. Pourquoi rendre les contenus numériques également disponibles en langues vernaculaires ?    7 2. Contexte des langues vernaculaires au Gabon    11 Contexte linguistique  11 Politique de protection et de promotion des langues vernaculaires  13 Initiatives de développement de contenus pour l’apprentissage en langues vernaculaires  14 Rapidolangue  14 Manuels pour enfants « Les Mwanas »   15 Initiatives de développement de contenus et d’applications TIC en langues vernaculaires  16 La Boîte à Innovations   16 L’Association pour la Pérennisation et l’Apprentissage des Langues du Gabon (APAL)   17 Les opérateurs de communications électroniques au Gabon   18 3. Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires    21 Agriculture  21 Éducation  22 Santé  22 Développement communautaire  22 Outils logiciels  23 Alphabétisation et formation des adultes  24 4. Recommandations plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon   33 Analyse SWOT TIC et Langues vernaculaires au Gabon   33 Recommandations d’axes stratégiques et actions associées    33 vi TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Annexe 1: Programme de l’atelier du 13 mai 2014   39 Bibliographie  41 FIGURES Figure 1 Distribution par groupe d’âges des utilisateurs Facebook au Gabon   3 Figure 2 Ratio hommes/femmes des utilisateurs de Facebook au Gabon   3 Figure 3 Périmètre de l’économie numérique   4 Figure 4 Bonnes pratiques pour réaliser le potentiel du haut débit pour le développement et l’achèvement des OMD   5 Figure 5 Cartographie linguistique du Gabon   12 Figure 6 La méthode Rapidolangue   15 Figure 7 Manuel pour enfants « Les Mwanas »   16 Figure 8 La Boîte à Innovations   17 Figure 9 Association pour la Pérennisation et l’Apprentissage des Langues du Gabon   18 Figure 10 Téléphonie mobile et alphabétisation   25 Figure 11 Phases de développement TIC et Langues Vernaculaires   35 Figure 12 Cycle de rétroaction positif entre le haut débit, le développement de contenus et les compétences à produire pour l’utilisation des TIC   36 TABLES Table 1 Les dix Langues les plus utilisées sur Internet (2011)   8 Table 2 Langues vernaculaires utilisées par la méthode Rapidolangue   15 Table 3 Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires   26 Table 4 Analyse SWOT — TIC et langues vernaculaires au Gabon   34 Table 5 Recommandations pour un plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon   36 Acronymes ANLoc African Network for Localization LUTO-DC Laboratoire Universitaire des Réseau Africain pour la Localisation Traditions Orales et des Dynamiques APAL Association pour la Pérennisation et Contemporaines l’Apprentissage des Langues du Gabon MENCP Ministère de l’Économie Numérique, ARCEP Autorité de Régulation des de la Communication et de la Poste Communications Électroniques et de OMD Objectifs du Millénaire pour le la Poste Développement BAI Boîte à Innovations ONU Organisation des Nations Unies CELHTO Centre d’études linguistiques et PSGE Plan Stratégique Gabon Émergent historiques par la tradition Orale SMS Short message service CICIBA Centre international de civilisation Texto bantu SNA Service National des Langues CRDI Centre de Recherches pour le STEM Sciences, Technologie, Ingénierie et Développement International Mathématiques GSMA GSM (Groupe Special Mobile) TIC Technologies de l’Information et de la Association Communication Association GSM (Groupe Spécial TUKI Institut de recherche en Kiswahili   Mobile) UIT Union Internationale des IAI Institut Africain d’Informatique Télécommunications IICD Institute for International Cooperation UNIMAS Universiti Malaysia Sarawak Development Université Sarawak de Malaisie Institut pour la coopération et le UNESCO Organisation des Nations Unies pour développement international l’Éducation, la Science et la Culture USAID Agence des Etats-Unis pour le développement international Introduction L es technologies de l’information et de la commu- fournir des services de base dans les régions faiblement nication (TIC) sont une des cinq cibles permet- peuplées. La couverture d’un pays par les réseaux de té- tant d’atteindre le huitième des Objectifs du Mil- léphonie mobile constitue désormais un élément d’at- lénaire pour le Développement (OMD). Les OMD ont tractivité économique et humaine au même titre que été adoptés par les 189 Etats membres de l’Organisa- les infrastructures traditionnelles. Du fait de la numé- tion des Nations Unies (ONU) en septembre 2000. Ils risation, un cercle vertueux s’engage entre l’innovation visent à améliorer, d’ici 2015, le bien-être de l’Homme des services et leur industrialisation: de l’innovation en réduisant la pauvreté, la faim dans monde et la mor- découle une utilité accrue qui stimule la demande ; de talité infantile et maternelle, en garantissant l’accès à l’industrialisation découle l’innovation du fait des po- l’enseignement pour tous (l’éducation pour tous), en tentialités offertes par les technologies d’information et contrôlant et en gérant les épidémies et les maladies, en de communication. Les deux phénomènes, conjoints et abolissant la discrimination entre les sexes, en assurant solidaires, créent à la fois de la richesse et de l’emploi3. un développement durable et en établissant des parte- Le Rapport 2013 sur les OMD4 souligne les pro- nariats à l’échelle mondiale. grès suivants dans le déploiement de réseaux et de ser- Le 8ème objectif des OMD consiste à « mettre en vices de TIC: place un partenariat pour le développement » et la cible 8.F vise à, « en coopération avec le secteur privé, faire ■■ Avec un nombre estimé de 6,8 milliards d’abon- en sorte que les avantages des nouvelles technologies, nements à des téléphones portables cellulaires en particulier des technologies de l’information et de d’ici à fin 2013, la pénétration mondiale (mesurée la communication, soient accordés à tous »1. « L’accès à comme le nombre d’abonnements par rapport à l’information, et donc à l’acquisition de connaissances, celui de la population totale) atteindra 96 %. Elle est considéré comme crucial pour le processus de dé- atteindra 89 % dans les pays en développement. La veloppement. Il implique d’une part, l’existence de fracture numérique pour la téléphonie mobile cel- réseaux et de services de TIC adaptés et, d’autre part, lulaire a ainsi été réduite de manière considérable. la capacité à utiliser ces outils pour concevoir des appli- cations utiles à l’ensemble de la société »2. 1 https://www.un.org/fr//millenniumgoals/global.shtml L’un des moyens pour contribuer à réduire les dé- 2 http://www.un.org/millennium/sg/report/ ficits dans l’accès à l’innovation et au savoir, et soute- 3 Henri Bakis, TIC et Aménagement Numérique des Terri- nir ainsi l’implantation d’entreprises dans les régions toires, Digipolis, Mai 2010 rurales est d’améliorer l’accès aux nouvelles technolo- 4 http://mdgs.un.org/unsd/mdg/Resources/Static/Pro- gies de l’information, d’en favoriser l’utilisation et de ducts/Progress2013/French2013.pdf 2 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Au Gabon, fin décembre 2013, la pénétration du la couverture géographique des réseaux et de la baisse service de téléphonie mobile s’élève à 179% avec des prix des services, un grand défi demeure: comment une bonne couverture géographique5. Le prix de développer la capacité à utiliser ces outils pour conce- détail pour 3 minutes de trafic intra-réseau (on voir des applications utiles à l’ensemble de la société, net) s’élève à 0,63 US$, fin décembre 20136. et tout particulièrement des application s’appuyant sur ■■ Le nombre d’abonnements au haut débit fixe dans le service Internet à large bande (appelé aussi Internet les pays en développement, tout comme celui des Haut Débit)? abonnements au haut débit mobile, ont dépassé Au cours de la décennie 2000, l’accent était mis ceux des pays développés. Mais les taux de pénétra- sur la mise en éveil des pays en développement pour se tion sont très à la traîne. Alors que les pays dévelop- préparer à l’économie numérique et mettre en place la pés affichent des taux de pénétration pour le haut connectivité nécessaire. La première réponse au risque débit fixe et mobile de 27 % et 75 %, respective- de fracture numérique a été de fournir des équipements, ment, les taux de pénétration dans les pays en déve- d’améliorer la couverture et la qualité des réseaux de télé- loppement s’élèvent à 6 % pour les abonnements au communications et de favoriser la mise en place de four- haut débit fixe et à 20 % pour les abonnements au nisseurs de services Internet. Maintenant, l’attention se haut débit mobile. Davantage d’efforts doivent être porte plus sur les contenus et les services offerts par les faits pour rendre le haut débit disponible, abordable TIC, les réseaux sociaux, les portails de gouvernance, de et véritablement à haut débit pour tous. Au Gabon, santé, d’éducation et les services appelés e-gouvernance, à fin décembre 2013, la pénétration du service In- e-monnaie, e-agriculture, e-santé, e-éducation. ternet à haut débit (fixe et mobile cumulés) s’élève Au Gabon, comme dans la quasi-totalité du monde, à 38% et 11 villes sont couvertes en haut débit (Li- les réseaux sociaux ont connu un développement très breville, Port-Gentil, Gamba, Lambaréné, Mouila, important. En termes d’utilisation et de recherche de Tchibanga, Makokou, Franceville, Moanda, Oyem, contenus, ils se sont imposés comme des conducteurs Bitam)7. Le prix de détail d’un Mbits s’élève encore d’adoption et d’utilisation et jouent un rôle décisif pour à 139 US$ par mois à fin décembre 20138. stimuler la demande haut débit. La distribution des uti- lisateurs de Facebook au Gabon montre que le groupe Avec un revenu national brut par habitant estimé le plus important est celui des 18–24 ans suivi par le à 10.040 US$ en 2012, le Gabon est un pays à re- groupe des 25–34 ans ; quant au ratio homme/femme, venu intermédiaire qui s’est engagé la diversification 60 % des utilisateurs de Facebook sont des hommes, de son économie jusqu’à présent largement fondée sur contre 40 % de femmes9 (voir figures 1 et 2). Ces chiffres l’exploitation des ressources naturelles (notamment le confirment que les utilisateurs les plus importants des pétrole). Cette situation économique favorable lui per- TIC, au Gabon, sont jeunes et vivent en milieu urbain. met, contrairement à d’autres pays de la sous-région, Le contenu en ligne utilisé actuellement au Ga- de développer une stratégie ambitieuse de dévelop- bon est en grande partie fourni par des sources de pement de l’économie numérique portant simultané- ment sur le déploiement des infrastructures de com- 5 Source: ARCEP (Indicateurs Projet CAB4) munications électroniques et sur le développement de 6 Source: ARCEP (Indicateurs Projet CAB4) contenus, services et applications, y compris en lan- 7 Source: ARCEP (Indicateurs Projet CAB4) gues vernaculaires. 8 Source: ARCEP (Indicateurs Projet CAB4) Mais, si les populations ont un accès de plus en 9 La proportion de femmes dans la population gabonaise plus important aux TIC en raison de l’augmentation de est estimée à 51%. Introduction 3 Figure 1 Figure 2 Distribution par groupe d’âges des utilisateurs Ratio hommes/femmes des utilisateurs de Facebook au Facebook au Gabon Gabon 65–100 years 13–15 years 55–64 years 45–54 years female 16–17 years 18–24 years male 35–44 years 25–24 years Source : D’après Social Bakersa. Source : D’après Social Bakersa. a http://www.socialbakers.com/. a http://www.socialbakers.com/. contenu internationales, comme Yahoo ou Facebook. ■■ Agriculture: amélioration de la gestion des cultures Ces sources internationales de contenu génèrent de la et augmentation des revenus, diminution des demande, et offrent aussi une voie pour les créateurs de temps de déplacement. contenu en langues vernaculaires. Bien que le contenu ■■ Finance / Banque : fournit un accès abordable et local soit en demande et que la base d’utilisateurs aug- fiable aux services bancaires. mente rapidement, ce type de contenu au Gabon en ■■ E-gouvernement: fournit aux gouvernements un est encore à ses débuts, et il n’y a pas aujourd’hui de moyen plus efficace d’informer et de servir les réelle dynamique de fournisseurs de contenu en lan- citoyens. gues locales. ■■ Entreprenariat local: augmentation des entreprises Les TIC ont cependant un impact transformation- locales liées aux TIC et augmentation des oppor- nel susceptible d’accélérer significativement la crois- tunités d’affaires. sance économique du continent10. Les avantages pour ■■ Questions transversales: contributions au genre, à le développement de l’accès haut débit sont en effet l’égalité sociale et aux droits de l’homme. devenus évidents pour l’économie en général et pour de nombreux secteurs, en particulier11: Au Gabon, le Plan Stratégique Gabon Émergent (PSGE)12 souligne que si la mise en œuvre d’infrastruc- ■■ Éducation: amélioration de l’accès à des outils et tures numériques permettra d’insérer le pays au cœur des matériaux pour les étudiants, les enseignants et les administrateurs de l’éducation; m-éducation 10 The transformational Use of Information and Commu- contribue à des taux d’alphabétisation et de fré- nication Technologies in Africa, World Bank and African quentation des écoles plus élevé. Development Bank 2011 ■■ Santé: fournit la possibilité de recueillir et de diffu- 11 UN-CSTD Panel Internet Broadband for an Inclusive ser des informations critiques sur la santé et amé- Digital Society, Lima, Peru, January 7–9, 2013 liorer l’accès aux services médicaux et aux services 12 Plan stratégique Gabon émergent, 2012 ; http://medias. d’urgence. legabon.net/PROD/0000004928.pdf 4 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Figure 3 Périmètre de l’économie numérique Hydrocarbures Méallurgie Forêts e-Commerce Mines Manuels e-Learning Bois numériques Matériels Composants Services e-Santé Finances Logiciels et services Urbanisme en ligne informatiques e-Gouv. Télécommunications Agriculture Musique en Télécoms ligne Jeux vidéos Secteurs Utilisateurs des TIC Bibliothèque Pas de croissance sans numérique numérique Tourisme Santé Contenus Numériques Pas d’existence sans numérique Education Secteurs Producteurs Pas de numérique sans infrastructure Source: PSGE, 2012, p. 118. de la société de l’information et de la communication Haut Débit pour le développement numérique15 pour pour accompagner la modernisation de son écono- réaliser le potentiel du haut débit. La Commission sur mie, les usages du numérique devront se développer le haut débit a été mise en place par l’Union Interna- au meilleur coût à plusieurs niveaux comme l’illustre tionale de Télécommunications (UIT) et l’UNESCO. la figure 4 pour exploiter le potentiel transformation- Elle a été créée en mai 2010 en réponse à l’appel du nel des TIC13. Le développement d’applications, de Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon, afin services et de contenus locaux va d’une part générer d’intensifier les efforts pour atteindre les OMD et des flux de trafic qui viendront utilement contribuer contribuer à définir les moyens par lesquels les pays à l’amortissement des infrastructures numériques — à tous les stades du développement — peuvent at- (câbles sous-marin, réseaux backbone nationaux…) teindre ces OMD, en coopération avec le secteur privé. et, d’autre part, permettre au Gabon d’apporter sa Il existe une forte corrélation entre le développe- contribution au savoir universel14. ment de l’infrastructure de réseau et le développement Une telle approche combinant leadership poli- tique, investissements dans les infrastructures, déve- loppement de contenus multilingues pour stimuler la demande et utilisation du haut débit pour le déve- 13 PSGE, p. 118. loppement et l’achèvement des OMD correspond aux 14 PSGE, p. 77. bonnes pratiques encouragées par la Commission sur le 15 http://www.broadbandcommission.org/ Introduction 5 de contenus locaux16, cette corrélation étant d’autant Figure 4 plus forte que le revenu national brut par habitant est Bonnes pratiques pour réaliser le potentiel du haut élevé. Cette relation est statistiquement significative débit pour le développement et l’achèvement des OMD lorsque sont utilisées différentes mesures de contenu local (nombre de domaines par code pays, par habi- tant, articles de Wikipédia par langue et par habitant, Leadership politique et blogs par habitant) ainsi que plusieurs mesures de dé- veloppement de l’Internet (taux de pénétration du haut débit, systèmes autonomes par habitant, bande passante internationale par habitant et adresses IPv4 acheminées Contenus par habitant). Un nombre croissant de projets sont ain- multilingues pour Haut Investir dans stimuler la debit línfrastructure si mis en place dans les pays en voie développement demande pour favoriser la production d’applications, de services, de contenus numériques locaux. L’UNESCO définit le contenu local, ou localisation, comme l’expression et Haut debit pour le la communication d’une communauté. Le contenu est developpement et l'achevement des généré localement, et est adapté aux connaissances et à MDGs l’expérience pertinente pour la situation de la commu- nauté17. Cette définition va donc au-delà des arts, de la Source: “The State of Broadband 2012: Achieving Digital Inclusion for All: Broadband Commission, ITU, UNESCO, (Septembre 2012). culture et de l’héritage culturel et englobe le développe- Note: *MDGs: abréviation anglaise de OMD. ment durable d’une communauté. L’objectif de cette note de politique sectorielle est d’explorer une dimension particulière de la production des TIC, alors même que les TIC fournissent des outils et de l’utilisation d’applications, services, et contenus permettant de communiquer, apprendre, disséminer et numériques locaux, à savoir celles/ceux accessibles en gérer des connaissances afin de promouvoir un déve- langues vernaculaires afin de favoriser l’inclusion et loppement socio-économique durable. l’alphabétisation numérique au sein de toutes les po- Cette note est structurée de la façon suivante: pulations urbaines et rurales du Gabon. On appelle langue vernaculaire la langue mater- ■■ La section 1 synthétise les principales raisons selon nelle ou le dialecte natal d’une communauté spécifique, lesquelles les contenus multilingues pour stimuler d’une région, ou d’un pays, ayant la caractéristique la demande haut débit devraient être également d’être parlée plutôt que formellement écrite. La langue disponibles en langues vernaculaires. vernaculaire se définie par opposition à une langue de communication plus large (la langue véhiculaire) qui est une deuxième langue ou une langue étrangère à la po- pulation, comme une langue nationale, la langue majo- 16 “The Relationship between Local Content, Internet, De- ritaire de communication, ou lingua-franca18. Dans la velopment, and Access Price” OECD, 2011 majorité des pays africains, et au Gabon en particulier, 17 Abdul Waheed Khan, World Information Summit on the la communication se fait encore très largement dans Information Society, Tunis, 2005 les langues vernaculaires notamment dans les zones ru- 18 R.L. Trask “Language and Linguistics: The Key Concepts”, rales, ce qui entraine un phénomène de sous-utilisation Routledge, 2007 6 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon ■■ La section 2 rappelle le contexte linguistique du Cette note a été nourrie par des échanges avec de Gabon et sa politique de protection et de promo- nombreux experts gabonais (voir liste des personnes tion des langues nationales. rencontrées en début de cette note). Les principaux ■■ La section 3 réalise une revue des expériences résultats ont été discutés avec l’ensemble des parties internationales en matière de TIC et langues prenantes dans le cadre d’un atelier de travail organisé vernaculaire. à Libreville le 13 mai 2014. ■■ La section 4 formule des recommandations en vue de l’élaboration d’un plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon. 1 Pourquoi rendre les contenus numériques également disponibles en langues vernaculaires ? L a langue reflète non seulement la manière dont Les langues africaines sont représentées sur Inter- la réalité est perçue et communiquée mais aussi net, mais pas en tant que support de communication la manière dont la signification est comprise et et peu d’études documentent ce sujet. Une étude me- appropriée. Identité culturelle et identité linguistique née par Diki-Kidiri21 a identifié un nombre important vont de pair. C’est pourquoi la question de l’utilisation de sites qui traitent des langues africaines, mais avec des langues locales a reçu une attention particulière un contenu minimal dans les langues elles-mêmes. La dans le Plan d’Action et la Déclaration de Principes plupart des sites sur les langues africaines offrent des du Sommet Mondial de la Société de l’information à dictionnaires en ligne et des pages pédagogiques. Genève en 2003 par tous les Etats membres de l’ONU Bien que de nombreuses communautés aient dé- (191 pays).19 sormais accès à une infrastructure numérique solide, il 6000 langages coexistent dans le monde, mais y a une insuffisance de contenus de qualité en langues seuls 10 langages dominent sur l’Internet. Le tableau ci-dessous montre les langues les plus utilisées sur l’In- ternet et il n’est pas surprenant de constater que la ma- 19 Towards a Sustainable Development View of Local jorité des contenus disponibles sur l’Internet sont en Content using ICTs in South Africa, A Key Priority in anglais. Dix langues totalisent à elles seules 82 % de la the National Information Society Strategy, Steve Vosloo, sphère Internet, l’anglais et le chinois comptant pour Empowerment for African Sustainable Development 51 %. Dans ce contexte de domination linguistique, Il (EASD), 2005 n’est donc pas surprenant que les organisations inter- 20 UN ICT Task Force (2001). G8 2001 nationales20 prônent régulièrement la nécessité d’une 21 Diki-Kidiri, M. “Securing a Place for a Language in Cy- plus grande présence de contenu en langues locales. berspace, UNESCO 2007 8 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon | Table 1    Les dix Langues les plus utilisées sur Internet (2011) Nombre d’utilisateurs Internet par langue Dix langues les plus Pénétration Internet Croissance Internet Utilisateurs Internet Locuteurs par langue utilisées Utilisateurs par langue par langue (2000 – 2011) % of Total (2011 Estimate) Anglais 565,004,126 43.4 % 301.4 % 26.8 % 1,302,275,670 Chinois 509,965,013 37.2 % 1,478.7 % 24.2 % 1,372,226,042 Espagnol 164,968,742 39.0 % 807.4 % 7.8 % 423,085,806 Japonais 99,182,000 78.4 % 110.7 % 4.7 % 126,475,664 Portugais 82,586,600 32.5 % 990.1 % 3.9 % 253,947,594 Allemand 75,422,674 79.5 % 174.1 % 3.6 % 94,842,656 Arabe 65,365,400 18.8 % 2,501.2 % 3.3 % 347,002,991 Français 59,779,525 17.2 % 398.2 % 3.0 % 347,932,305 Russe 59,700,000 42.8 % 1,825.8 % 3.0 % 139,390,205 Coréen 39,440,000 55.2 % 107.1 % 2.0 % 71,393,343 10 LANGUES 1,615,957,333 36.4 % 421.2 % 82.2 % 4,442,056,069 Autres langues 350,557,483 14.6 % 588.5 % 17.8 % 2,403,553,891 TOTAL MONDIAL 2,099,926,965 30.3 % 481.7 % 100.0 % 6,930,055,154 NOTES: (1) Top Ten Languages Internet Stats were updated for May 31 2011. (2) Internet Penetration is the ratio between the sum of Internet users speaking a language and the total popula- tion estimate that speaks that specific language. (3) The most recent Internet usage information comes from data published by Nielsen Online, International Telecommunications Union, GfK, and other reliable sources. (4) World population information comes from the U.S. Census Bureau . (5) For definitions and navigation help in several languages, see the Site Surfing Guide. (6) Stats may be cited, stating the source and establishing an active link back to Internet World Stats. Copyright © 2012, Miniwatts Marketing Group. All rights reserved worldwide. vernaculaires. Or l’utilisation des langues vernaculaires que les mathématiques et permettre aux enfants, dans le contexte des TIC présente plusieurs intérêts: d’entrer de plain-pied dans leur cursus scolaire, ceci dans une langue qu’ils comprennent23. Les ■■ Les TIC jouent un rôle croissant dans l’éduca- évaluations d’expériences en milieu scolaire pri- tion, la post-alphabétisation, l’apprentissage des maire en Gambie et au Kenya, où une langue supports technologique — ordinateurs, tablettes, vernaculaire est utilisée comme langage d’instruc- téléphones mobiles — ainsi que la diffusion et la tion, corroborent ces bénéfices d’apprentissage24. production de connaissances. Le secteur de l’édu- Par exemple, un grand nombre d’applications cation est en effet parmi les secteurs où l’utilisa- offrent des exercices et des jeux-questionnaires, tion des langues vernaculaires et des TIC apporte mais très peu promeuvent un apprentissage en de- le plus de bénéfices. 50 % des enfants du monde hors de l’école, pour soutenir de façon interactive non scolarisés vivent dans des communautés où la langue d’enseignement à l’école n’est rarement, 22 Diki-Kidiri, M. “Securing a Place for a Language in Cy- voire jamais, utilisée à la maison22. Un enseigne- berspace, UNESCO 2007 ment en langue maternelle dans les premières an- 23 “A New Face of Education :Bringing Technology into the nées de l’école, en progressant méthodiquement Classroom in the Developing World” Rebecca Winthrop, vers une instruction multilingue s’avère être un Marshall S. Smith, Global Economy and Development, important facteur pour la réussite des apprentis- Brookings Working Paper 1, January 2012 sages de base que sont la lecture et l’écriture ainsi 24 Ministry of Education Gambia, RTI Kenya Pourquoi rendre les contenus numériques également disponibles en langues vernaculaires ? 9 des communautés d’apprenants par des contenus certains domaines d’application des TIC comme culturellement et linguistiquement appropriés. celui de la santé. L’utilisation des langues vernacu- L’UNESCO recommande que les pays étudient la laires dans le domaine de la santé permet en effet possibilité de construire des ressources éducatives une meilleure compréhension des problèmes du en libre accès pour garantir des possibilités d’ap- patient, ainsi qu’une meilleure adhérence au pro- prentissage pour tous25. tocole de soins par le patient. ■■ L’utilisation quasi exclusive du français ou de l’an- ■■ La promotion et l’utilisation des identités locales glais pour la transmission d’informations et de à travers la reconnaissance et l’utilisation active nouvelles connaissances (Enguehardet, Mbodj, des langues vernaculaires dans le secteur des TIC 2003) désavantage les personnes qui ne maitrisent renforcent les sentiments de satisfaction, d’égalité pas ces langues. La combinaison entre la prolifé- d’opportunités, de reconnaissance et d’apparte- ration des outils mobiles et la technologie haut nance nationale. Les gouvernements ont ainsi un débit permet de diminuer l’inégalité d’accès aux rôle à jouer pour assurer que des contenus perti- TIC. Toutefois, des disparités de fonctionnalité, ce nents en langues vernaculaires soient développés, que les utilisateurs peuvent faire avec leur tablette, contenus basés sur les besoins des populations les leur téléphone ou leur ordinateur, vont apparaitre. plus vulnérables. Il est donc essentiel de tenir compte des besoins des personnes les plus vulnérables, notamment celles qui ne parlent pas une langue majoritaire, 25 http://www.unesco.org/new/en/communication-and-in- et vivent généralement dans des zones rurales, formation/about-us/how-we-work/strategy-and-pro- pour que les TIC soient utiles à l’ensemble de la gramme/promotion-and-use-of-multilingualism-and-uni- société. Ceci est particulièrement important dans versal-access-to-cyberspace/ 2 Contexte des langues vernaculaires au Gabon Contexte linguistique communautés, parfois moins de 5000 locuteurs. La plu- part des langues gabonaises appartiennent à la famille Le Gabon a une population estimé en 2013 à environ bantoue. Chacun des groupes d’origine bantoue (Fang, un million six cent mille habitants. Cette population Bakota, Mbede, Okande, Myene,) compte plusieurs va- est composée d’environ 50 ethnies issues des neuf pro- riétés dialectales. Seul le Baka, parlé par les Pygmées, vinces du pays. Près de 73 % de la population vit en est une langue non bantoue (langue nigéro-congolaise). zone urbaine, dont 35 % dans la capitale Libreville et Selon les provinces, les langues gabonaises sont sa périphérie. L’intérieur du pays est peu peuplé. La assez largement employées dans les communications province la plus peuplée est celle de l’Estuaire, où se verbales entre les employés de l’État et les citoyens par- situe la capitale nationale. lant la même langue locale. Cette situation vaut aus- Comme la plupart des États d’Afrique subsaha- si dans les cours de justice où le juge peut s’exprimer rienne, le Gabon est un pays multilingue. Le Gabon, dans la langue de l’accusé. Lorsque tous les interve- zone démographique peu dense, regroupe près de nants parlent la même langue, ils s’expriment norma- 60 langues vernaculaires réparties en trois grands es- lement dans cette langue. De même, dans les hôpitaux paces linguistiques: Fang, s’étendant au Cameroun, Tio et autres établissements de santé, les médecins et les in- et Kongo, ce dernier s’étendant à la République Centra- firmières utilisent largement la langue gabonaise locale fricaine. Les principales langues de ces espaces sont le avec leurs patients. La vie commerciale et le monde Fang, le Punu, le Nzebi et le Mpongwe. Ces langues sont des affaires utilisent le français ou l’anglais, sauf dans le des langues transfrontalières que le Gabon partage avec cas des micro-entreprises qui travaillent dans la langue les pays voisins, Cameroun, République Démocratique locale. du Congo, Guinée Équatoriale, République Centrafri- Tous les journaux dont L’Union, le premier quo- caine. Le Fang, parlé par 32 % de la population (pro- tidien du pays, sont en français. Dans les médias élec- vince de l’Estuaire) constitue une langue importante, troniques, le français conserve encore la part la plus avec le Mbedé (15 %) et le Punu (10 %). Les autres importante, mais les autorités gabonaises s’efforcent langues gabonaises ne sont parlées que par de petites d’assurer la promotion des langues dans le domaine de 12 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Figure 5 Cartographie linguistique du Gabon Source: http://langues-du-gabon.com/images/langues-ethnies-gabon.png. la radio et de la télévision. Sur à peu près six chaînes démographie des communautés ethniques, et donc, de radio émettant au Gabon, trois chaînes sur six le nombre très limité des locuteurs pour chacune des présentent au moins une émission hebdomadaire en langues vernaculaires, de par l’urbanisation des popula- langue vernaculaire. Il en est ainsi à la Radio-Télévision tions et de par le bilinguisme d’inégalité avec le français, gabonaise (chaînes I et II) et à la radio Liberté. Les lan- gues gabonaises sont utilisées non seulement à des fins 26 Radio et télévision via Internet comme deux moyens pour d’informations, mais aussi de formation. Les quelques stimuler l’utilisation des langues locales langues utilisées à la radio et la télévision26 sont, entre 27 “Evaluation de l’acquisition et de la vitalité des langues autres, le Yipunu, le Fang, l’Inzebi, l’Ikota, le Mpon- vernaculaires gabonaises chez les enfants en milieu urbain” gwè, le Teke, le Lembama et le Gisira. Professeur Frank Idyata, Conférence « Le Français et les Le Pr. Daniel-Franck IDIATA27, Université Omar langues africaines, du partenariat au linguicide: une analyse Bongo, Libreville, considère que, de par la très faible des données tirées du contexte gabonais », Libreville, 2010. Contexte des langues vernaculaires au Gabon 13 la langue officielle du pays, toutes les langues gabonaises supplantées par le français dans la quasi-totalité des sont des « langues en danger » selon la définition de contextes urbains (Ondzaga Essoba, 2001, Emejulu et l’UNESCO (2003). Il a évalué l’acquisition et la vitali- Nzang-Bie, 1999), la vitalité de ces langues étant plus té des langues vernaculaires gabonaises chez les enfants importante dans les zones rurales. en milieu urbain à travers une enquête auprès de 3600 Une simplification du champ linguistique des lan- personnes, 1200 enfants de 7 à 12 ans et leurs parents gues Gabonaises vient toutefois d’être accomplie par (environ 2400 individus) habitant sur Libreville. le regroupement des 60 langues vernaculaires en 10 groupes. Le Laboratoire Universitaire des Traditions ■■ S’agissant de la très faible démographie, le Gabon Orales et des Dynamiques Contemporaines (LUTO- compte à peine un peu plus d’un million cinq cent DC), Université Omar Bongo, Libreville, a produit de mille habitants, pour une soixantaine de langues nombreux ouvrages sur les langues vernaculaires, no- vernaculaires; ce qui fait que la plupart de ces lan- tamment un ouvrage sur l’écriture et la standardisation gues comptent un nombre de locuteurs très bas. des langues gabonaises, en 201028. Les résultats de ce En effet, à côté des trois « grandes langues » que travail sont d’importance car ils apportent le cadre nor- sont le Fang, l’Ipunu et l’Inzébi qui regroupent, matif qui manquait jusqu’à présent et qui pourra servir à elles trois, plus de 50 % de la population natio- utilement à l’apprentissage des TIC et au développe- nale, la plupart des langues vernaculaires comptent ment d’applications en langues vernaculaires. moins de 5000 locuteurs. ■■ S’agissant de l’urbanisation des populations, il appa- raît que près de huit Gabonais sur dix vivent dans les Politique de protection et de villes ou à la périphérie de celles-ci, contre à peine promotion des langues vernaculaires un peu plus de deux individus vivant en zone rurale. Or, les langues vernaculaires sont très moribondes Chaque jour, une dizaine de langues vernaculaires dis- dans les villes où le français occupe l’essentiel des paraissent dans le monde. Ce phénomène s’observe au fonctions dans la communication quotidienne. Gabon, mais ce pays, reconnaissant l’importance so- ■■ S’agissant, enfin, du bilinguisme d’inégalité, les cioculturelle et économique des langues vernaculaires, données de terrain montrent que nombre de Ga- œuvre pour leur protection et est engagé dans une poli- bonais parlent et/ou comprennent au moins deux tique de promotion des langues vernaculaires.29 Le Ga- langues, dans le sens d’un bilinguisme de base bon abrite depuis plusieurs décennies le Centre Inter- (bilinguisme endogène) qui implique deux ou national de Civilisation bantu (CICIBA) et le Centre plusieurs langues vernaculaires à côté de la langue d’Études Linguistiques et Historiques par la Tradition française, de par son statut de langue officielle. Orale (CELHTO) de l’Union africaine. Ces deux orga- Mais plutôt qu’une situation linguistique harmo- nisations opèrent conjointement à sauvegarder et vulga- nieuse au sens d’un équilinguisme des langues en riser les savoirs traditionnels, ainsi que les langues ver- présence, il s’agit, en réalité, d’un grand déséqui- naculaires sans utiliser, à ce jour, le potentiel des TIC. libre linguistique par rapport aux fonctions de ces langues dans la communication quotidienne. 28 “Ecriture et Standardisation des Langues Gabonaises”, Toutes les études menées au Gabon s’accordent, Jacques Hubert et Paul Achille Mavoungou, Sun Press, en effet, sur le constat que les langues vernacu- 2010. laires connaissent un recul important et qu’elles sont 29 http://www.axl.cefan.ulaval.ca/afrique/gabon.htm 14 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon À la fin des années soixante-dix, le Gabon s›est en- Enfin, la Direction Générale de l’Education Po- gagé à promouvoir ses langues vernaculaires en élabo- pulaire, rattachée au Ministère de la Culture, a tra- rant l’Atlas linguistique du Gabon, les descriptions de duit dans huit langues vernaculaires la constitution et plusieurs langues gabonaises ainsi que des lexiques spé- l’hymne national du Gabon. cialisés et en favorisant les médias utilisant ces langues, dans le but de les introduire dans l’enseignement pri- maire. Mais cette réforme a été confrontée à des pro- Initiatives de développement de blèmes de planification et de standardisation des lan- contenus pour l’apprentissage en gues vernaculaires. Au début des années quatre-vingt, langues vernaculaires le gouvernement gabonais a demandé au Ministère de l’Éducation Nationale de mettre en place une politique La méthode Rapidolangue et les manuels des Mwanas linguistique efficace pour la promotion et l’enseigne- visent à faciliter l’apprentissage des langues verna- ment des langues nationales. Toutefois le français a culaires par des publics jeunes. Il n’existe pas encore continué d’être la seule langue d’enseignement dans d’éléments quantitatifs pour mesurer l’impact de ces toutes les écoles. En février 1997, une commission in- initiatives. terministérielle a été mise sur pied afin de reprendre les travaux relatifs à l’enseignement des langues natio- Rapidolangue nales. Depuis 2000, le Ministère de l’Education Na- La fondation Raponda-Walker est une institution pri- tionale, à travers l’Institut Pédagogique National, a été vée, à but non lucratif, qui a pour objectif de promou- mandaté pour mettre en place un module de langues voir et conserver la vie scientifique et culturelle du Ga- vernaculaires dans les écoles de formation des insti- bon. La fondation est très active pour la préservation et tuteurs et pour l’élaboration de guides pour les insti- l’enseignement des langues vernaculaires. tuteurs et autres enseignants. Pour ce faire, l’Institut Rapidolangue est une méthode d’apprentissage de Pédagogique National a fondé en 2001 le département plusieurs langues gabonaises, proposée et utilisée par la des langues nationales qui a pour tâche d’élaborer des Fondation Raponda Walker depuis 1995. Les manuels manuels didactiques en langues vernaculaires et de ré- Rapidolangue ont été écrits par le frère Jacques Hubert fléchir sur l’enseignement de ces langues. La formation et couvrent les neuf langues les plus parlées au Gabon et l’élaboration de matériels didactiques sont en effet (cf. figure 6). les deux axes principaux privilégiés pour la réussite Cette méthode qui cible les élèves du premier cy- de la réforme du système éducatif dans son ensemble, cle de l’enseignement secondaire, a été expérimentée mais, pour l’instant, le français reste encore l’unique dans plusieurs établissements privés à Libreville, Port langue d’enseignement30 et la publication de matériels gentil et Koulamoutou, pendant plusieurs années mais didactiques en langues vernaculaires ne s’est toujours pas concrétisée. Le Ministère de l’Éducation Nationale et la Radio 30 L’enseignement des langues gabonaises a cependant été Nationale ont également créé en 2007 une émission dispensé, à titre expérimental, à partir d’une initiative hebdomadaire de sensibilisation sur les langues gabo- privée conduite par la Fondation Raponda-Walker (voir naises intitulée «Nos langues, notre culture». Sur six ci-après) qui a élaboré des manuels d’apprentissage en chaines de radio émettant au Gabon, trois présentent quelques langues locales. Voir ci-dessous. au moins une émission hebdomadaire participant à la 31 Dodo Bounguendza, E. « Des Usages Démocratiques des promotion des langues vernaculaires31. Langues du Gabon » l’Harmattan, Gabon, 2008. Contexte des langues vernaculaires au Gabon 15 |  Figure 6 Table 2  L  angues vernaculaires utilisées par la méthode Rapidolangue La méthode Rapidolangue Langue Nombre de locuteurs Fang 258 601 Ypunu-Gisir 251 656 Inzebi-Duma 113 656 Omyene 48 767 Mbdede-Teke 82 890 Ikota-Kele 71 531 Okande-Tsogo 32 799 Vili (depuis 2000) n.a Gisir (depuis 2000) n.a Source: Jacques Hubert, 2010. Universitaire de la Francophonie, entreprend la numé- risation de plusieurs banques de données en langues vernaculaires afin de les mettre à la disposition des dé- Source: http://www.fondationraponda-walker.org/ veloppeurs, de manière à favoriser la création d’appli- cations dans ces langues. l’expérience s’est arrêtée faute de financement32. La mé- thode Rapidolangue utilise l’orthographe proposée par Manuels pour enfants « Les Mwanas » le Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale et des Cinq manuels éducatifs, pour enfants de 3 à 6 ans, les Dynamiques Contemporaines (LUTO-DC). Le LU- « Dictionnaires des Mwanas » ont été publiés en 5 langues TO-DC, qui fait partie de l’université Omar Bongo de vernaculaires (Fang, Myene, Lebamaa, Punu et Inzebi), Libreville, a été créé il y a une vingtaine d’années. Ce la- en juin 2013. Les héros, «Papito» et «Jolica», aident les boratoire de recherche assume un rôle important dans la enfants à apprendre et prononcer différents fruits et lé- production et la recherche en langues vernaculaires. Le gumes des parties du corps dans ces cinq langues. laboratoire assure, entre autres, les missions suivantes: Ces manuels ont été conçus en collaboration avec Unik Africa, une agence de communication, pour le ■■ La recherche fondamentale sur le patrimoine so- concept, le design et l’impression, l’équipe du LU- cial et culturel national, en particulier la collecte TO-DC pour la standardisation et la prononciation des des documents oraux. mots et un soutien de l’UNESCO pour la diffusion. ■■ L’étude systématique des pratiques socioculturelles, Cette expérience a été entreprise par un groupe leur pré-élaboration, leur analyse contextuelle sys- privé et seuls quelques établissements préscolaires uti- tématisée, leur publication selon des normes scien- lisent ces manuels. Mais le succès des ventes en librai- tifiques, et leur exploitation à des fins éducatives et ries démontre un intérêt du public, plus de 2000 livres pédagogiques. Le LUTO-DC, en partenariat avec le réseau des 32 Entretien Professeur Guy Rossatanga, Libreville, Février Campus Numériques Francophones, de l’Agence 2014. 16 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Figure 7 éléments quantitatifs pour mesurer l’impact de cette Manuel pour enfants « Les Mwanas » initiative ne sont pas encore publics. La plateforme permet aux apprenants de s’appro- prier des technologies numériques, d’alphabétisation et de micro-finance. Elle permet également un appren- tissage personnalisé et évolutif pour chaque apprenant. Cette plateforme est évolutive et facile d’utilisation, permettant de créer un environnement d’apprentissage personnel, par les pairs et en groupe. BAI a produit sept modules de formation en micro finance, alpha- bétisation, numérique, Internet, mathématiques, le travail d’équipe et des études de marché en 12 langues vernaculaires d’Afrique de l’Ouest. Une vidéo accom- pagne chaque mot et plus de 17 832 vidéos ont été produites pour accompagner l’apprentissage. Les objectifs de BAI sont les suivants: ■■ Favoriser l’adoption des technologies numériques Source: www.facebook.com/LeDictionnaireDesMwanas. en Fang, Teke et Myene pour les populations ru- rales et urbaines peu scolarisées dans le domaine ont été vendus entre Juin 2013 et Février 2014 et un de l’entrepreneuriat féminin et de l’éducation deuxième niveau est en cours de préparation33. primaire. ■■ Favoriser l’augmentation des taux d’achèvement à l’école primaire chez les enfants et sensibiliser Initiatives de développement de les acteurs éducatifs à l’implantation des écoles contenus et d’applications TIC en intelligentes via une plateforme d’apprentissage langues vernaculaires plurilingue et une plateforme de gestion de classes virtuelles. La Boîte à Innovations ■■ Favoriser le développement de l’entrepreneuriat La Boîte à Innovations (BAI)34 est une entreprise pri- féminin par l’acquisition de compétences de ges- vée de formation, installée dans 4 pays, Canada, Bé- tion financière en micro-finance, en informatique nin, Gabon et Sénégal, utilisant les technologies web, et en Internet, pour permettre une croissance éco- mobile, tactile et télévisuelle. La Boîte à Innovations nomique durable à moyen et à long terme. a développé, sur une plateforme de e-éducation, des approches intégrées d’alphabétisation et de lettrisme Le choix des trois langues nationales vernaculaires, numérique en une douzaine de langues vernaculaires le Fang, le Tiéké et le Myene, constitue un point de d’Afrique de l’Ouest, dont trois langues gabonaises départ pour la pré-expérimentation au Gabon. Une (Fang, Teke et Myene). Cette plateforme est actuelle- ment expérimentée au Sénégal grâce à un support de 33 Entretien avec Angèle Traore, Libreville, Février 2014. l’UNESCO et s’adresse aux populations adultes. Les 34 http://www.bai.alphaomedia.org/ Contexte des langues vernaculaires au Gabon 17 Figure 8 La Boîte à Innovations Source : http://www.bai.alphaomedia.org/. seconde phase, permettra de compléter et d’ajouter Gabon, afin d’offrir des formations permettant l’ap- d’autres langues, voire d’autres modules selon les be- propriation des nouvelles technologies, ainsi que le soins exprimés par les autorités gabonaises. Le secteur savoir lire et écrire35. de l’éducation primaire sera visé par le biais de l’ap- prentissage des mathématiques en langues vernacu- L’Association pour la Pérennisation et laires et en français. l’Apprentissage des Langues du Gabon (APAL) BAI prévoit dans les mois à venir d’adapter les L’Association pour la Pérennisation et l’Apprentissage technologies numériques aux besoins des langues ga- des Langues du Gabon (APAL)36 a créé un site Internet bonaises, et de pré-expérimenter dans deux secteurs qui a pour but de valoriser et sauvegarder les langues stratégiques pour élaborer une stratégie d’implantation du Gabon. Le site offre des modules d’apprentissage numérique afin que l’objectif du Gabon numérique en Bakaningi, Benga, Fang, Gisir, Massago, Myene, soit atteint d’ici 2016. La Direction Générale de l’Education Populaire, rattachée au Ministère de la Culture, compte créer en 35 Entretiens avec plusieurs responsables du Ministère de la partenariat avec la Boite à Innovations, douze centres Culture, Libreville, février 2014 de e-éducation plurilingues dans les neuf provinces du 36 www.langues-du-gabon.com 18 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Nzebi, Okando, Punu, et Tsogo, ainsi que des versions cette évolution. Par exemple, Samsung a récemment en lignes de nombreuses publications sur les langues lancé chef Hero, un téléphone mobile à bas coût qui vernaculaires gabonaises. permet de basculer d’une carte SIM à l’autre sans avoir à éteindre le téléphone et qui supporte 13 langues lo- Les opérateurs de communications cales, y compris le Yoruba, 30 million de locuteurs au électroniques au Gabon Nigeria37, l’Igbo, 18 million de locuteurs au Nigeria38 Le haut débit mobile est considéré comme le secteur et le Swahili, utilisé par environs 140 million de locu- de croissance pour les années à venir et retient l’at- teurs en Afrique39. tention des opérateurs de télécommunications et des fournisseurs de services. Face à une concurrence crois- sante et une saturation des marchés traditionnels de la téléphonie, ces acteurs commencent à s’intéresser à 37 http://wiki.answers.com/ l’utilisation des langues vernaculaires car elles repré- 38 Idem sentent une niche qui peut permettre de développer 39 http://www.howwemadeitinafrica.com/samsung-launches- de nouveaux usages et les constructeurs accompagnent phone-aimed-at-cost-sensitive-users-in-africa/19709/ Figure 9 Association pour la Pérennisation et l’Apprentissage des Langues du Gabon Source: www.langues-du-gabon.com. Contexte des langues vernaculaires au Gabon 19 Ceci est le cas au Gabon. Lors de la rencontre Moov prendrait la responsabilité de préparer un cahier avec Moov, un possible partenariat entre Moov, un des charges en vue d’asseoir le partenariat. Airtel, autre opérateur de téléphonie mobile au Gabon, l’UOB/ opérateur de téléphonie mobile, est plus intéressé par LUTO-DC/Campus Numérique et l’Institut Africain le développement d’application à large usage dans les d’Informatique (IAI) a été discuté. Le but serait de pré- domaines de l’éducation et de la santé, faisant appel à parer des applications en langues vernaculaires en com- des contenus plus long à développer40. mençant avec des jeux et des proverbes: Moov fournis- sant l’accès, l’UOB fournissant les contenus en langues vernaculaires et l’IAI développant des applications. 40 Entretiens avec Moov et Airtel, Libreville, février 2014 3 Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires S i de nombreux experts et organisations s’ac- que l’accès à ces contenus améliore la productivité des cordent sur la valeur ajoutée de l’utilisation des agriculteurs de manière significative (Mittal et Tripathi, langues vernaculaires, les projets et applications 2009). Par exemple, le projet Growth Enhancement TIC faisant usage des langues vernaculaires restent en- Support (GES), au Nigeria, montre que sur un total core peu nombreux, souvent mal documentés et, peu de 14 millions de Nigérians se déclarant fermiers, seul durables car les financements s’arrêtent généralement 4,2 millions sont enregistrés en tant que fermiers, et 2 après quelques mois d’expérience. Les projets présentés millions d’entre eux possèdent un téléphone mobile. Le dans la table ci-dessous décrivent des expériences inter- projet a contacté 1,8 millions de fermiers sur leurs télé- nationales relativement documentées qui permettent phones mobiles et a obtenu les chiffres suivants concer- de dégager un certain nombre d’enseignements. nant la distribution linguistique des échanges par té- La plupart des applications TIC utilisant les lan- léphone, sur un échantillon total de 4 millions de gues vernaculaires visent aujourd’hui un public peu ou communications: 45 % étaient en Hausa, 25 % en pas alphabétisé et vivant essentiellement en zone rurale. Anglais, 17 % en Yoruba, 12 % en Pidgin et 1 % en Les principaux domaines d’applications en langues Igbo. Ceci correspond à un pourcentage d’utilisation vernaculaires sont : l’agriculture, l’éducation, et la santé. des langues vernaculaires de 75 %. Ce projet a mon- tré également que 83 % des agriculteurs préfèrent les SMS (c’est-à-dire l’écrit) pour les informations de vul- Agriculture garisation, car moins onéreux que les messages vocaux41. Cette préférence pour les SMS est d’importance car les Le secteur de l’agriculture est sans doute le secteur qui utilisateurs, peu alphabétisés, préfèreraient sans doute utilise le plus des applications ou des services TIC en des messages vocaux. Les développements en matière de langues vernaculaires. En général, un contenu est fourni dans la langue vernaculaire des utilisateurs sur un mo- bile, support facile à utiliser sur leur lieu d’activité. Plu- 41 UNESCO Mobile Learning Week, Paris, France sieurs évaluations de ce type d’application reconnaissent 18–20 February 2013 22 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon « SMS To Voice », application qui lit les messages à voix Santé haute, pourraient permettre d’apporter une solution. Les outils TIC sont essentiels pour fournir des infor- mations urgentes et des connaissances auprès des pro- Éducation fessionnels de santé et des demandeurs de soins. Par exemple, la plupart des professionnels de la santé au Sri Les plateformes éducatives (exemples du Pakistan, du Lanka utilisent les TIC pour l’acquisition de connais- Cambodge, du Niger, du Bénin, du Sénégal, Pérou) uti- sances. L’utilisation des TIC par le grand public pour lisant les langues vernaculaires couvrent le curriculum accéder aux informations de soins de santé reste ce- national primaire et secondaire dans la langue locale pendant encore très faible. Pour répondre aux besoins afin de permettre aux apprenants d’accéder à l’enseigne- de développement de contenu et d’applications perti- ment supérieur. Elles visent également à alphabétiser nentes au Sri Lanka, l’agence TIC nationale a déployé des populations rurales dans leur langue vernaculaire, le programme e- société, à travers lequel des partena- ou encore utilisent les langues vernaculaires pour une riats ont été établis avec plusieurs organisations com- alphabétisation du numérique, permettant ainsi à ces munautaires, des ONG ainsi que le secteur privé. Les populations de pouvoir accéder aux TIC. En Haïti, le différentes applications en langues locales permettent projet « Kreol-based and Technology-enhanced STEM d’offrir une meilleure qualité de soins d’urgence pour education » est plus ambitieux, car il a pour objectif des populations éloignées des centres de santé. d’aider les enseignants à maîtriser les outils technolo- L’outil mHealth-SSP a été développé pour répondre giques en créole pour l’apprentissage des sciences et des aux besoins et aux problèmes logistiques liés aux soins mathématiques dans l’enseignement primaire. de santé primaire de populations tribales rurales en Inde. Les logiciels utilisés ont pour caractéristique d’être Il permet aux patients qui l’utilisent de comprendre en simples et robustes. En général, ils fonctionnent sur ré- langues vernaculaires sur leur mobile les informations seau local (LAN) et sur Internet, accessibles avec des na- données par le personnel soignant situé à distance. Les vigateurs Internet depuis des ordinateurs, des tablettes données de santé recueillies à travers les interactions ou des smartphones. L’utilisation de capteurs d’énergie entre patient et personnel soignant sont utilisées pour solaire est souvent recommandée, afin de pallier aux renseigner les rapports de santé pour ces régions. fréquents problèmes de manque d’électricité. En terme d’impact sur les apprentissages, Shilpa Sayura, au Sri Lanka, a permis aux jeunes de devenir plus compétitifs Développement communautaire dans les examens nationaux. Des recherches empiriques et des études de cas indiquent une augmentation des taux Le développement communautaire conduit à recher- de réussite en mathématiques de 51,2 % à 78,2 % chez cher les synergies entre télécommunications et radio/ les jeunes ayant utilisé Shilpa Sayura dans un télécentre. télédiffusion pour la promotion ou la défense des lan- Les résultats du programme ABC, au Niger, utili- gues vernaculaires. sant des SMS sur téléphones mobiles dans 110 villages, eBario42, en Malaisie, est un modèle internatio- suggèrent également que l’utilisation d’outils, simples nalement reconnu de développement communautaire et peu onéreux, basés sur les TIC, peuvent servir de intégrant l’incubation d’applications TIC locales et base d’apprentissage pour des populations rurales, non-alphabétisées et offrir des résultats substantiels en lecture et en calcul. 42 http://www.ebario.com/ Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires 23 innovantes au sein de communautés rurales isolées suite bureautique en kiswahili. Jambo est compatible en Malaisie. eBario a développé également radio Ba- avec d’autres applications telles que Microsoft, Linux rio, qui est devenue la première radio communautaire et Apple. Le projet, par une collaboration intéres- de Malaisie et a poussé le gouvernement à modifier sa sante entre universitaires, scientifiques et linguistes, politique sur la radiodiffusion communautaire. Les développent également du vocabulaire en Ki-Swahili émissions de radio Bario sont dans la langue Kelabit, en traduisant et en créant de nouvelles terminologies qui était vouée à une disparition rapide, afin de stimu- appelées néologismes. Ce travail lexicographique est ler son utilisation parmi la jeune génération. Grâce à essentiel pour la standardisation des langues verna- une utilisation des TIC adaptées à leurs besoins, ces culaires et son adaptation au langage technologique. communautés sont capables de les mettre à profit leur Il facilite également la création de néologismes dans expérience pour développer les applications de leur d’autres langues vernaculaires. choix (par exemple, documentant la connaissance des En 2006, le Service national des langues (SNA) du plantes médicinales), par opposition à celles qui sont ministère des Arts et de la Culture (CAD) en Afrique imposées de l’extérieur et qui supposent souvent l’ab- du Sud a parrainé un groupe de recherche pour déve- sorption des cultures minoritaires dans la société plus lopper un système multilingue, appelé Lwazi, permet- large. Un protocole culturel, semblable à ceux déve- tant d’accéder aux services du gouvernement sud-afri- loppés par Honey Bee, en Inde, permet à la commu- cain dans le choix de l’utilisateur d’une des 11 langues nauté eBario de conserver des droits absolus d’accès à officielles, grâce à une interface vocale adaptée à des ses propres données qui sont protégées par des droits utilisateurs peu alphabétisées ou non. Un des objectifs de propriété intellectuelle. eBario démontre qu’une de Lwazi a été la création de technologies linguistiques approche par la base, engageant la communauté et la clés, y compris la reconnaissance automatique de la pa- rendant responsable à part entière du projet, est plus role (ASR) et le texte-parole (TTS), dans les 11 langues efficace. Les TIC ne peuvent être apportées dans une officielles utilisées en Afrique du Sud. communauté sans qu’il y ait une familiarisation et une Le projet ANLoc45, basé au Kenya et financé par formation aux usages des TIC. le Centre Canadien de Recherches pour le Dévelop- pement International (CRDI46), vise notamment à créer des sites Internet pour 100 langues africaines. Outils logiciels Seuls 36 des 2000 langues que possède l’Afrique, ont leurs propres sites. Pour ce faire, ANloc travaille sur De plus en plus d’outils logiciels sont mis en place la standardisation des polices de caractères des langues pour favoriser le développement et la mise en ligne de africaines, sur des claviers appropriés pour ces langues, contenu en langues vernaculaires. L’Institut de recherche en kiswahili43 (TUKI) de l’Université de Dar es Salam (Tanzanie), en collabo- 43 Le kiswahili est une langue vernaculaire bantoue, origi- ration avec une société de conseil suédoise, IT + 46, naire du sud du Kenya puis qui s’est métissée à d’autres ont formé une équipe de chercheurs pour développer langues africaines et à l’arabe. Elle joue de nos jours un un projet open source de localisation en kiswahili. rôle important comme langue véhiculaire dans toute L’équipe s’appelle Kilinux44, combinaison de kiswahili l’Afrique subsaharienne. et Linux. L’équipe a élaboré une nouvelle édition d’un 44 http://www.kilinux.org correcteur orthographique en kiswahili qui fonctionne 45 http://www.africanlocalisation.net avec JamboOpenOffice.org, première version d’une 46 http://www.idrc.ca 24 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon sur la localisation de logiciels, sur des paramètres ré- que, dans l’ensemble, les apprenants ont démontré des gionaux, sur des correcteurs orthographiques et sur les progrès considérables en littératie et en numératie et que problèmes de terminologies. le programme d’alphabétisation des adultes est efficace Le logiciel Windows Vista Starter de Microsoft est pour augmenter l’apprentissage de base de la lecture. Les disponible dans 139 pays et en 59 langues comme l’IG- villages du projet ABC ont affiché des gains substantiels BO (25M de locuteurs au Nigeria et en Guinée Équa- dans les résultats des tests de calcul. En outre, les résul- toriale), le Sestwnana, en Afrique du Sud, le Quechua tats en littératie et en numératie sont plus élevés, et sta- (8-10M de locuteurs en Amérique du Sud), le Maori tistiquement significatifs, pour les populations les plus (160.000 locuteurs dans le Pacifique). Cette multipli- jeunes. Il existe également des preuves d’impacts persis- cité linguistique de versions de Windows Vista Starter tants: six mois après la fin de la première année de cours, s’inscrit dans le contexte plus général de l’initiative Mi- les étudiants dans les villages ABC ont mieux retenus crosoft Unlimited Potential47 qui vise à aider les per- ce qu’ils avaient appris que les étudiants non-ABC. Ces sonnes et les communautés du monde entier à réaliser résultats suggèrent que des technologies de l’information leurs objectifs par l’intermédiaire de la mise à disposi- et de la communication, simples et relativement peu tion de technologies adaptées, accessibles et abordables. onéreuses, peuvent servir d’outil d’apprentissage efficace En 2011, Google a développé Baraza, un service et durable pour les populations dans les régions rurales. de questions et réponses dans plusieurs langues verna- La Boite à Innovations (BAI)50 est une plateforme culaires africaines, ainsi qu’un service de SMS gratuit évolutive et facile d’utilisation qui permet de créer un en- fournissant des conseils sur la santé et l’agriculture en vironnement d’apprentissage personnel, par les pairs et Ouganda. Fait intéressant, le contenu local, en langue en groupe. BAI a produit sept modules de formation en vernaculaire commence à porter ses fruits. Selon le ges- microfinance, alphabétisation, numérique, Internet, ma- tionnaire du programme de Google pour les langues thématiques, le travail d’équipe et des études de marché africaines, les demandes de recherches, sur des pages en 10 langues africaines, le français et l’anglais. Plus de en langues vernaculaires en Afrique subsaharienne, 17 832 vidéos ont été produites. Cette plateforme est ac- se développent plus rapidement que celles en anglais, tuellement expérimentée au Sénégal grâce à un support français ou portugais48. de l’UNESCO. Les objectifs de la BAI sont les suivants: ■■ Favoriser l’adoption des technologies numériques Alphabétisation et formation des pour des populations rurales et urbaines peu sco- adultes larisées dans le domaine de l’entrepreneuriat fémi- nin et de l’éducation primaire. Un certain nombre d’initiatives utilisent les TIC pour ■■ Favoriser l’augmentation des taux d’achèvement développer l’alphabétisation et la formation des adultes à l’école primaire chez les enfants et sensibiliser en langues vernaculaires. les acteurs éducatifs à l’implantation des écoles Le projet ABC, mené au Niger entre 2008 et 2011, en partenariat avec l’Université Tufts, aux Etats-Unis, l’Université d’Oxford, en Angleterre, et l’ONG Catholic 47 https://www.microsoft.com/unlimitedpotential Relief, aux États-Unis, a permis à des adultes d’apprendre 48 http://thenextweb.com/africa/2011/07/17/google- à utiliser les téléphones mobiles dans le cadre d’un pro- bets-on-africa-as-the-next-Internet-hotspot/ gramme d’alphabétisation et de numératie en langue 49 https://sites.tufts.edu/projectabc vernaculaire. Les résultats d’une évaluation49 indiquent 50 http://www.bai.alphaomedia.org Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires 25 Figure 10 Téléphonie mobile et alphabétisation Source : CITRIS. intelligentes via une plateforme d’apprentissage en de nombreuses langues vernaculaires d’Afrique de plurilingue et une plateforme de gestion de classes l’Ouest et d’Afrique Centrale. Cette plateforme intègre virtuelles. la pédagogie, la création de contenus centrés sur les ap- ■■ Favoriser le développement de l’entrepreneuriat prenants et applique des principes d’apprentissage de féminin par l’acquisition de compétences de ges- base aux langues vernaculaires. Ceci permet d’utiliser tion financière en micro-finance, en informatique les langues vernaculaires comme medium d’enseigne- et en Internet, pour permettre une croissance éco- ment pour des formations professionnelles en méca- nomique durable à moyen et à long terme. nique auto, mécanique du froid, micro-finance, pour des apprenants pauvres et peu ou pas alphabétisés. La plateforme de la Boite à Innovations occupe L’utilisation au Sénégal devrait apporter suffisamment une place spéciale car c’est un exemple pionnier d’ap- de résultats d’impact pour évaluer l’opportunité de dé- prentissage global de la numératie et de la littératie velopper activement cette approche. Table 3  |  Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires 26 Voix/SMS Internet Radio Secteur Projet Pays Description Education Education en Haïti En Haïti, le français, qui est la langue d’enseignement principale, est parlé par une petite élite (environ 10%), tandis que le créole haïtien aka «   X Créolea Kreyòl » est la langue parlée par tous. Depuis 2010, un groupe de pédagogues haïtiens s’est associe au MIT, afin de moderniser et de démocratiser l’éducation en Haïti. Ce groupe travaille sur la création, l’évaluation et la diffusion des technologies numériques utilisant le Kreyòl comme base indispensable pour un apprentissage actif et interactif. Des ressources en ligne en Kreyòl sont créées pour les sciences et les mathématiques. Des ateliers sont organisés, en collaboration avec diverses institutions en Haïti (Fokal, Université Caraïbe, Faculté des Sciences et de l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’ Haïti, de l’École Supérieure d’ Informatique d’Haïti, l’Université Quisqueya, etc.) et le MIT, pour aider les professeurs haïtiens à approfondir leur expertise dans l’utilisation des ressources numériques pour l’apprentissage de la physique, de la biologie et des mathématiques. Une évaluation rigoureuse des gains d’apprentissage accompagne l’ensemble du processus. Education Education en Pérou Au Pérou, dans la région amazonienne des Andes, des écoles primaires et secondaires utilisent des ordinateurs et des multimédia pour renforcer   X X Quechuab l’éducation interculturelle bilingue. Les étudiants sont formés à la fois en Quechua, leur langue maternelle, et en espagnol. Cette formation fait partie de l’éducation interculturelle bilingue péruvien (EIB). Comme dans cinq autres pays andins de l’Amérique latine, EIB est une politique de l’éducation qui garantit aux enfants autochtones le droit à l’éducation dans leur langue maternelle. Education ABC 1, 2, 3c Niger Le projet ABC au Niger est un programme d’éducation de la téléphonie mobile par lequel des adultes, dans 110 villages en zones rurales, apprennent X à utiliser les téléphones mobiles dans le cadre d’un programme d’alphabétisation et de numératie en langues locales. Ce programme a été évalué de manière scientifique. Les résultats de l’évaluation montrent des améliorations substantielles en termes d’alphabétisation et de numératie, suggérant que ce programme d’alphabétisation des adultes est efficace pour augmenter l’apprentissage. Les apprenants en téléphonie mobile, ont affiché des gains additionnels substantiels dans les scores de numératie. L’impact est plus fort dans une région peuplée, et relativement plus dense. Les effets de la numératie sont plus forts et statistiquement plus significatifs pour les populations plus jeunes. Il y a aussi des preuves d’impacts persistants: six mois après la fin de la première année de cours, les étudiants dans les villages ABC ont mieux retenu ce qu’ils avaient appris que les étudiants dans des villages non-ABC. Ces effets ne semblent pas être causés par des différences de qualité de professeur ou d’assiduité des élèves. Education Mobiles et Pakistan Il y a environ 60 millions d’analphabètes au Pakistan et six langues sont parlées. L’Urdu et l’anglais sont les langues officielles. L’Urdu est la langue X TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Alphabétisationd maternelle de seulement 8% de la population mais il est compris par 75% de la population au Pakistan. Comme d’autres pays à très faible taux d’alphabétisation, il est difficile pour les nouveaux alphabétisés de retenir leurs compétences: les néo-alphabètes se retrouvent facilement dans un environnement non-alphabétisé et il est extrêmement difficile de les garder motivés pour qu’ils gardent leurs nouvelles compétences en alphabétisation. Un projet pilote s’est concentré en particulier sur le problème de la rétention de l’alphabétisation chez les jeunes filles. Les apprenantes (semi-) alphabétisées ont reçu des téléphones mobiles et ont reçus des SMS en Urdu jour et nuit. Les apprenantes ont apprécié la lecture des messages et ont copié ceux-ci sur leurs livres de travail. Elles ont également créé et envoyé des messages pendant 4 mois. En conséquence, leurs compétences se sont remarquablement améliorées et elles ont gagné confiance en elles-mêmes, démontrant le potentiel de l’utilisation des langues locales pour renforcer les compétences de personnes faiblement alphabétisées. a http://web.mit.edu/linguistics/people/faculty/degraff/work_in_haiti.html b http://www.iicd.org/articles/computers-and-multimedia-boost-bilingual-education-in-peru c https://sites.tufts.edu/projectabc/ d http://unesco.org.pk/education/mlp.html Table 3  |  Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires Voix/SMS Internet Radio Secteur Projet Pays Description Education La Boite à Bénin, Gabon, La Boite à Innovations (BAI) est une plateforme évolutive et facile d’utilisation qui permet de créer un environnement d’apprentissage personnel, par   X Innovationse Sénégal, les pairs et en groupe. BAI a produit sept modules de formation en microfinance, alphabétisation, numérique, Internet, mathématiques, le travail d’équipe et des études de marché en 10 langues africaines, le français et l’anglais. Plus de 17 832 vidéos ont été produites. Cette plateforme est actuellement expérimentée au Sénégal grâce à un support de l’UNESCO. Les objectifs sont les suivants : • Favoriser l’adoption des technologies numériques pour des populations rurales et urbaines peu scolarisées dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin et de l’éducation primaire. • Favoriser l’augmentation des taux d’achèvement à l’école primaire chez les enfants et sensibiliser les acteurs éducatifs à l’implantation des écoles intelligentes via une plateforme d’apprentissage plurilingue et une plateforme de gestion de classes virtuelles. • Favoriser le développement de l’entrepreneuriat féminin par l’acquisition de compétences de gestion financière en micro-finance, en informatique et en Internet, pour permettre une croissance économique durable à moyen et à long terme. Education Smart4Kids LLCf Cambodge Smart4Kids LLC développe des applications éducatives pour l’alphabétisation en langue vernaculaire. Les enfants participent au processus  X X d’apprentissage de la lecture dans leur langue maternelle grâce à des jeux interactifs. L’application est disponible en anglais et en khmer localisée dans un projet de collaboration avec l’éducation mondiale et l’USAID (Aide Internationale des États-Unis). L’application est conçue pour des téléphones android sans l’intervention d’un adulte. Le programme d’études de l’application est composé de 36 unités, chaque unité portant sur une compétence phonologique spécifique des apprenants. Chaque unité comprend 3 des 18 jeux d’apprentissage et une mini-histoire. Les enseignants et les parents peuvent suivre les progrès des élèves, car l’application fournit un résumé des compétences acquises. Education Télécentreg Sri Lanka Shilpa Sayura (Océan de connaissance), au Sri Lanka, est un groupe pionnier qui a conçu et mis en œuvre des solutions d’apprentissage en langue   X locale pour les populations les plus marginalisées. En collaboration avec les télécentres Nensala, Shilpa Sayura a fourni le logiciel libre, le contenu et le support technique aux télécentres pour développer l’éducation des populations rurales confrontées à des problèmes d’accès à l’éducation nationale. Les télécentres Nensala sont devenus des lieux alternatifs pour accéder à une éducation de qualité. Shilpa Sayura couvre le curriculum national primaire et secondaire dans la langue locale afin de permettre aux apprenants d’accéder l’enseignement supérieur. Le logiciel Shilpa Sayura est simple, robuste et portable. Il fonctionne sur LAN et sur Internet, et est accessible avec des navigateurs Web et des smartphones. L’utilisation de capteurs d’énergie solaire permet de faire des classes en plein air. Shilpa Sayura a permis d’atteindre plus de 60.000 jeunes à travers 150 télés centres sur une période de 6 ans. Le projet a ciblé les zones confrontées au plus grand nombre d’échecs scolaires. Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires e http://www.bai.alphaomedia.org/ f www.smart4kids.com g http://www.shilpasayura.org/ 27 Table 3  |  Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires 28 Voix/SMS Internet Radio Secteur Projet Pays Description Santé Happy Life, Sri Lanka L’agence TIC du Sri Lanka supporte le développement de contenu en langues locales liés à l’information médicale et facilite l’accès au grand public X X Wedananasala, à travers trois projets. First Aiderh • Happy Life est un moyen efficace pour fournir des informations fiables et en temps réel grâce à des services de conseil accessibles par le biais de multiples canaux—réponse vocale interactive, SMS, Web Chat, Skype, Google Chat, Yahoo chat et le Web. Il offre un accès direct à l’information et un service de conseil personnel, sans que l’identité du demandeur soit exposée. • Wedanasalai est un portail d’information médicale bilingue qui contient plus de 2000 articles authentifiés médicaux en cinghalais et en tamoul. Le site est enrichi avec du texte, des illustrations picturales et de contenus vidéo. Le portail facilite l’accès aux informations de manière simple, et offre des options de navigation facile. • First Aider est un portail de contenu trilingue qui fournit des informations de haute qualité sur les premiers soins. Il propose deux options pour faciliter la navigation, la version texte et la version web qui sont tous deux enrichis avec des photos, des illustrations et du contenu. Les illustrations et le contenu texte ont été réalisés en conformité aux normes internationales. Santé mHealth - Primary Inde mHealth-PHC permet de répondre aux besoins de soins de santé de la communauté en connectant les patients en milieu rural au médecin par X X Health Carej l’intermédiaire d’une sage-femme ou d’un agent social. mHealth-PHC a cinq composantes principales utilisant diverses technologies dont l’Internet mobile, et la réponse vocale interactive en langues locales: 1) Le logiciel client en langue locale sur un téléphone mobile utilisé avec les patients; 2) Les serveurs dans un centre de données sécurisées; 3) la console du médecin, vue par un médecin / expert pour suggérer traitement / tests et prescrire des médicaments aux patients; 4) Une application IVR pour enregistrer les informations et observations; et 5) Une console consolidant les différents rapports relatifs à la santé rurale. Agriculture Growth Nigeria L’énorme potentiel des services mobiles au Nigeria fournit une plateforme pour élargir l’accès à l’information des agriculteurs pour améliorer la X TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Enhancement productivité en fournissant des données agricoles. Support Schemek Une initiative récente du gouvernement, le programme de soutien pour l’amélioration de la croissance (GESS) facilite l’accès des agriculteurs à des intrants agricoles subventionnés par le gouvernement via des messages texte sur leurs téléphones mobiles. Compte tenu du fait que seulement environ la moitié de la population est alphabétisée en langue anglaise, ces messages sont développés en cinq langues, Anglais, Yoruba, Igbo, Hausa, et Pidgin nigérian. En outre, la recherche a montré que les gens comprennent mieux l’information lorsqu’elle est présentée dans leur langue maternelle ou première langue. La disponibilité du contenu dans ces langues sert également à promouvoir le développement de l’alphabétisation chez les petits exploitants agricoles. h http://www.eldis.org/go/home&id=59000&type=Document#.UzMbmahdVfY i http://www.gov.lk/web/index.php?option=com_content&view=article&id=311&Itemid=341&lang=en (e-Health Sri Lanka) and http://wedananasala.org/ (health related service) j http://lifesciences.ieee.org/images/pdf/06612731.pdf k http://crossriveragriculture.org/index.php/growth-enhancement-support-scheme-ges Table 3  |  Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires Voix/SMS Internet Radio Secteur Projet Pays Description Agriculture TIC et réduction de République En 2012, l’Institut international de l’UNU pour la technologie et les logiciels et le Ministère de l’Agriculture et des Forêts du Laos, ont établi un   X la pauvretél Démocratique partenariat stratégique à long terme sur l’utilisation des TIC pour accélérer les efforts du ministère pour réduire la pauvreté au Laos par le renforcement du Laos des capacités à la base. Le programme aborde les questions centrales de recherche d’utilisation des TIC pour réduire la pauvreté rurale, y compris le soutien en langue locale, le soutien aux utilisateurs ayant un faible niveau d’alphabétisation, y compris les femmes. Agriculture Mbirem Zimbabwen Le projet est situé dans le quartier Mbire dans la vallée du Zambèze au Nord-est du Zimbabwe. L’activité principale du projet est la création et la   X distribution de contenus de vulgarisation agricole sous forme de podcast enregistrés au format MP3. Les podcasts sont en langues locales et distribués dans les zones agricoles par l’équipe du projet, qui est un partenariat entre un entrepreneur local et une ONG internationale. Le contenu technique des podcasts, assuré par le Ministère de l’Agriculture, et comprend l’élevage et la production agricole, la gestion, les questions de santé, les sources de semences et autres intrants agricoles. Au total, 32 podcasts sur ces sujets ont été produits et déployés entre 2006 et 2007. Agriculture CocoaLinko Ghana La World Cocoa Foundation a enrôlé des partenaires publics et privés des TIC pour sensibiliser et éduquer la communauté agricole productrice de  X cacao. CocoaLink est un service qui fournit en temps réel et via les réseaux mobiles des informations marketing pour les producteurs de cacao dans 15 communautés dans l’ouest du Ghana visant à améliorer les revenus et les moyens de subsistance. Les producteurs de cacao qui s’abonnent à CocoaLink reçoivent et partagent des informations pratiques via SMS et des messages vocaux avec des experts de l’industrie et d’autres agriculteurs. CocoaLink est disponible pour tout ghanéen, ayant accès à un téléphone cellulaire, avec des messages délivrés en anglais ou dans la langue locale. Développement Jokko Initiativep Sénégal L’Initiative Jokko (“Communication” en Wolof) est une application via SMS en Wolof, Pular et Diola créée en 2009 par Tostan et l’UNICEF. Cette X communautaire initiative utilise la technologie mobile pour améliorer la vie des populations les plus pauvres, ciblant en particulier les femmes, en milieu rural. Dans un premier temps, les populations ciblées (15 villages) apprennent à utiliser les mobiles. Ensuite, les communautés utilisent les SMS en langues vernaculaires pour créer des réseaux et apporter des solutions communautaires à leurs problèmes. Développement Honey Bee SRISTI, Inde SRISTI (Society for Research and Initiatives for Sustainable Technologies and Institutions), créé en 1993, soutient et renforce le réseau Honey Bee qui   X communautaire Networkq est un réseau informel de gens créatifs, de décideurs, de scientifiques, d’ONG et professionnels intéressés à développer les innovations locales. La plateforme de SRISTI a créé une base de données dans les langues vernaculaires indiennes qui fournit un accès aux innovations en agriculture, en soins des animaux pour les autres agriculteurs. Le réseau Honey Bee a pour but d’encourager l’expérimentation innovante travers des groupes de pairs et à protéger les droits de propriété intellectuelle des agriculteurs. l http://iist.unu.edu/projects/ict-enabled-education-poverty-reduction Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires m http://www.actionaid.org/zimbabwe/stories/mbire-livestock-project-new-dawn-hope-smallholder-farmers-0 n http://practicalaction.org/livestock_2900000Z o http://worldcocoafoundation.org/cocoalink/ p http://unicefinnovation.org/case-studies/community-forum-using-sms-jokko-initiative-senegal 29 q http://www.sristi.org/ Table 3  |  Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires 30 Voix/SMS Internet Radio Secteur Projet Pays Description r Développement eBario Malaisie eBario est un télécentre, créé en 2000, qui sert les communautés autochtones Kelabit éloignées et isolées autour de Bario, dans les montagnes X X X communautaire centrales du nord du Sarawak, sur l’île de Bornéo. eBario propose un service d’accès Internet VSAT et fournit des énergies renouvelables ainsi que le premier téléphone public payant. Deux écoles ont été équipées de laboratoires informatiques avec une connexion Internet et les technologies sans fil ont été déployées pour offrir un accès aux maisons voisines. Les TIC sont utilisées pour enregistrer les connaissances traditionnelles en botanique. Le but est de préserver et de transmettre aux jeunes générations, ainsi que de faciliter les revendications de droits de propriété intellectuelle. Cela inclut un protocole culturel par lequel la communauté peut conserver des droits absolus d’accès à leurs propres données qui sont protégées par des droits de propriété intellectuelle pour la communauté. En partenariat avec UNIMAS (Universiti Malaysia Sarawak), eBario a créé un laboratoire pour incuber des applications TIC locales et novatrices, ainsi que des sources d’énergie renouvelables capables de stimuler le développement au sein des communautés rurales et autochtones isolées de Malaisie. eBario a aussi établi Radio Bario, qui est devenue la première radio communautaire de Malaisie et a poussé le gouvernement à modifier sa politique sur la radiodiffusion communautaire. Les émissions sont dans la langue Kelabit, qui était vouée à une disparition rapide, afin de stimuler son utilisation parmi la jeune génération. Media UNESCO, Afrique En 2013, la Suède a accordé à l’UNESCO 4,5 millions de dollars pour l’autonomisation par les TIC des radios locales en langues vernaculairess, en   X Radio locales Afrique. Le projet couvre la République démocratique du Congo, le Lesotho, le Mali, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et la Zambie. Le projet et TIC introduira l’utilisation des TIC comme un outil de diffusion, l’environnement médiatique étant en pleine évolution. Le projet aidera également les radios à construire des plateformes multi-technologies incluant la radiodiffusion FM, la téléphonie mobile et l’Internet. Il comblera au manque d’accès à l’information des populations pauvres, sur la santé et l’agriculture, les services de base à leur disposition, et sur les questions sociales. Outils logiciels Logiciel Libre en Tanzanie L’Institut de recherche en Kiswahili (TUKI) de l’Université de Dar es Salam, en collaboration avec une société de conseil suédoise, IT + 46, a formé une   X Ki-Swahilit équipe de chercheurs pour développer un projet open source de localisation en Kiswahili. L’équipe s’appelle Kilinux, combinaison de — kiswahili et Linux. L’équipe a élaboré une nouvelle édition d’un correcteur orthographique en kiswahili (http://www.o.ne.tz/spellchecker). Le correcteur orthographique TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon fonctionne avec JamboOpenOffice.org, qui est la première version d’une suite bureautique en kiswahili. Le logiciel a été développé sur la base de l’open office du logiciel libre et open source 1.1.3 (http://www.openoffice.org). Il se compose de huit fonctionnalités, y compris : traitement de texte appelé “auteur” ; tableur appelé “ Calc “un dessin et un programme d’illustration appelée «tirage» et créateur de la présentation intitulée “Impression “. Les autres caractéristiques sont : un éditeur de source de données ; un (page web) éditeur HTML, un éditeur de formules mathématiques appelé «Math» et un langage de script appelé “Basic”. De manière générale, Jambo Openoffice.org est simple à utiliser, exceptionnellement stable et peut calculer des documents complexes. Jambo est compatible avec d’autres applications telles que Microsoft, Linux et Apple. r http://www.ebario.com/ s http://www.unesco.org/new/en/communication-and-information/media-development/community-media/current-field-action/Empowering-Local-Radios-with-ICTs t http:// www.kilinux.org Table 3  |  Expérience internationales en matière de TIC et langues vernaculaires Voix/SMS Internet Radio Secteur Projet Pays Description u Outils logiciels Open-Sankore Sénégal, Le logiciel Open-Sankoré est un logiciel très flexible d’enseignement numérique interactif, gratuit et Open-Source à haute valeur ajoutée. Il permet de   X Burkina Faso, créer des applications en un grand nombre de langues, y compris des langues vernaculaires africaines, et reste adapté à tous les utilisateurs. Open- Benin Sankoré a été conçu pour et avec les utilisateurs enseignants. Il représente un outil intéressant pour créer des plateformes en langues vernaculaires et il est utilisé dans ce cadre au Sénégal, au Burkina Faso, au Bénin Le logiciel Open-Sankoré s’inscrit dans un écosystème plus vaste dédié à l’enseignement numérique. Les ressources peuvent être partagées et publiées sous forme de document PDF, en podcast ou sur le web en les exportant vers le portail. La communauté Sankoré permet d’accéder rapidement à des contenus et à des ressources numériques d’enseignement riches et variées. Le logiciel Open-Sankoré est gratuit. Il possède un code et un format de fichier ouvert et peut en permanence être étudié, perfectionné et adapté à de nouveaux besoins. Outils logiciels African Network Kenya Ce projet, financé par l’agence canadienne Centre de Recherches pour le Développement International (CRDI), travaille sur l’utilisation des langues   X for Localisation vernaculaires et leur utilisation par les TIC. African Network for Localisation (ANLoc) est le réseau africain pour la localisation. Un des objectifs du (ANLoc)v projet est de créer des sites pour 100 langues africaines car seulement 36 des 2000 langues de l’Afrique ont leurs propres sites. ANLoc travaille également sur la standardisation des polices de caractères des langues africaines, des claviers appropriés pour ces langues, la localisation de logiciels, des paramètres régionaux, des correcteurs orthographiques et les problèmes de terminologies. Outils logiciels Microsoft, Vista Mondial Windows Vista Starter de Microsoft est disponible dans 139 pays et en 59 langues comme l’IGBO (25M de locuteurs au Nigeria et en Guinée X Starterw Équatoriale), le Sestwnana, en Afrique du Sud, le Quechua (8–10M de locuteurs en Amérique du Sud) le Maori (160.000 locuteurs dans le Pacifique). Le but de Microsoft consiste à aider à exploiter le potentiel de chaque langue. Les versions Windows Starter contribuent à faire de cet objectif une réalité en essayant de réduire la fracture numérique à travers le monde par l’intermédiaire de l’initiative philanthropique de Microsoft, Unlimited Potential. Outils logiciels Edubuntux Éthiopie, Edubuntu est une communauté internationale, semblable à celle de Sankore, qui distribue un système complet d’exploitation basé sur Linux pour les X Inde, Lesotho, écoles et à utiliser en classe, avec de futures versions mises à disposition pour une utilisation universitaire. Ce logiciel est aussi disponible sur mobile Afrique du Sud et sur tablette. Edubuntu fournit également un soutien communautaire. Edubuntu favorise le logiciel libre et open source et est utilisable en langues vernaculaires (par exemple, Éthiopie, Inde, Lesotho, Afrique du Sud). Ce logiciel a pour ambition d’être utilisé par quiconque, y compris les personnes handicapées, pour que les gens puissent personnaliser et changer leur logiciel selon leurs besoins. Outils logiciels LWAZI y Afrique du Sud En 2006, le Service national des langues (SNA) du ministère des Arts et de la Culture en Afrique du Sud a parrainé un groupe de recherche pour X développer un système multilingue, permettant aux appelants d’accéder aux services du gouvernement sud-africain dans le choix de l’utilisateur d’une des 11 langues officielles, grâce à une interface vocale adaptée à des utilisateurs peu alphabétisées ou non. Ce système a été appelé Lwazi, qui vient du mot de la connaissance dans IsiZulu. Un des objectifs de Lwazi a été la création de technologies Expériences internationales en matière de TIC et langues vernaculaires linguistiques clés, y compris la reconnaissance automatique de la parole (ASR) et le texte-parole (TTS), dans les 11 langues parlées en Afrique du Sud. u http://sankore.org/fr/article/all v http://www.africanlocalisation.net/ 31 w http://technet.microsoft.com/en-us/library/cc722435(v=ws.10).aspx x http://www.edubuntu.org/ y Grover, S., Barnard, E. “The Lwazi Community Communication Service: Design and Piloting of a Voice-based Information Service”, WWW Conference, 2011 4 Recommandations plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon L es projets TIC réussis en langues vernaculaires dé- des forces et des opportunités et en minimisant les ef- pendent de facteurs sociologiques et techniques fets des faiblesses et des menaces51. complexes et interdépendants pour lesquels il n’existe pas de cadre théorique standard. Pour élaborer des recommandations pertinentes Recommandations d’axes stratégiques d’axes stratégiques, il est ainsi nécessaire de synthétiser et actions associées au préalable les enseignements des sections précédentes dans une analyse SWOT (Strengths — Weaknesses — Le Gabon se caractérise aujourd’hui par un environne- Opportunities — Threats). ment de type émergent aussi bien pour les développe- ments des applications et services TIC que pour celui des langues vernaculaires. Ceci se traduit par un cer- Analyse SWOT TIC et Langues tain nombre d’expérimentations qui ont été décrites vernaculaires au Gabon dans la Section 2. Une question clé est de savoir si l’utilisation des L’analyse SWOT (Strengths — Weaknesses — Oppor- langues vernaculaires en haut débit, en dépit d’une de- tunities — Threats) ou AFOM (Atouts — Faiblesses mande latente, peut atteindre une masse critique ca- — Opportunités — Menaces) est un outil d’analyse pable de soutenir la création de nouveaux contenus car stratégique. Il combine l’étude des forces et des fai- ces contenus vont générer des revenus qui restent dans blesses d’une organisation, d’un territoire, d’un sec- le pays. Les services gouvernementaux accessibles via teur, etc. avec celle des opportunités et des menaces de mobiles représentent une valeur particulière pour les son environnement, afin d’aider à la définition d’une stratégie de développement. Le but de l’approche est de prendre en compte dans la stratégie à la fois les fac- 51 http://ec.europa.eu/europeaid/evaluation/methodology/ teurs internes et externes, en maximisant les potentiels tools/too_swo_def_fr.htm 34 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Table 4    | Analyse SWOT — TIC et langues vernaculaires au Gabon En milieu rural, les langues vernaculaires sont encore largement La plupart des locuteurs parlant essentiellement les langues employées dans les communications verbales entre les fonctionnaires de vernaculaires au Gabon vivent dans des zones rurales et ne l’Etat ou les personnels de santé avec les citoyens parlant la même langue. représentent qu’un faible pourcentage de la population. De même, les micro-entreprises travaillent en langue vernaculaire. Le Gabon est engagé dans une politique de promotion des • Seuls quelques établissements privés enseignent les langues langues vernaculaires dans le système éducatif et dans la diffusion vernaculaires. FAIBLESSES radio-télévisée. • La majorité des populations en zone rurales ont un faible niveau FORCES d’alphabétisation. Le secteur des télécommunications est dynamique. Au Gabon, fin Il reste des zones rurales non encore couvertes par le service de décembre 2013, la pénétration du service de téléphonie mobile s’élève à téléphonie mobile et le haut débit est encore largement indisponible 179% avec une bonne couverture géographique. La pénétration du service dans ces zones. Le niveau des tarifs constitue également une barrière à Internet à haut débit (fixe et mobile cumulés) s’élève à 38% et 11 villes l’accès/utilisation des services TIC. sont couvertes en haut débit (Libreville, Port-Gentil, Gamba, Lambaréné, Mouila, Tchibanga, Makokou, Franceville, Moanda, Oyem, Bitam). La fiscalité est encore trop élevée pour les terminaux (ordinateurs, tablettes, smartphones…) qui sont considérés comme des produits de luxe. Un cadre normatif vient d’être mis en place par le LUTO-DC avec le Les langues vernaculaires connaissent un recul important et sont regroupement des 60 langues vernaculaires gabonaises en 10 groupes. supplantées par le français dans la quasi-totalité des contextes urbains. Des méthodes/outils d’apprentissage de contenus en langues Durabilité menacée par le manque de financements et par le manque vernaculaires existent (Rapidolangue, Boîte à Innovations). d’évaluation de ces outils. Les opérateurs de télécommunications commencent à s’intéresser à Absence d’un écosystème permettant de stimuler le développement l’utilisation des langues vernaculaires car elles représentent une niche d’applications (partenariats opérateur-développeur-création de OPPORTUNITÉS qui peut permettre de développer de nouveaux usages. contenu ; incubateurs …) MENACES Existence d’un centre régional de formation en informatique (IAI) Manque de personnel qualifié d’où la nécessité d’augmenter et fournissant des formations de qualité. d’ajuster les formations aux nouveaux besoins de l’économie numérique en termes de développement d’application, y compris dans des contextes de langues vernaculaires. L’économie numérique crée de nouveaux métiers et de nouveaux Importance de refondre les curricula, dans l’ensemble du système besoins. éducatif, afin de les aligner avec les besoins de l’économie numérique. Le gouvernement s’est engagé dans un programme ambitieux de Faible alphabétisation (y compris numérique) des populations rurales. développement des applications e-gouvernement au bénéfice de l’ensemble des gabonais, qui va accélérer la réalisation d’applications dans des secteurs clefs du développement (notamment santé). Source: ICT Unit. utilisateurs finaux et peuvent conduire le développe- développement des applications et services TIC et l’uti- ment de secteurs en contenu local au Gabon. lisation des Langues Vernaculaires dans l’écosystème nu- Le défi pour le pays, au niveau de la problématique mérique de la phase d’expérimentation (phase I) à une TIC et langues vernaculaires, est donc de faire évoluer phase de développement (phase II) peuvent être proposés: simultanément le développement des applications et services TIC et l’utilisation des langues vernaculaires 1. Donner accès au haut débit aux populations s’ex- dans l’écosystème numérique de la phase d’expérimen- primant en langues vernaculaires. tation (phase I) à une phase de développement (phase 2. Rendre les applications TIC développées pour les II), comme illustré dans la figure ci-dessous. besoins des secteurs clefs du développement (agri- Sur la base de cette analyse SWOT, 4 axes straté- culture, éducation, santé) aussi accessibles — au giques permettant de faire évoluer simultanément le moins partiellement — en langues vernaculaires. Recommandations plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon 35 3. Familiariser en langues vernaculaires les popula- Figure 11 tions rurales à l’utilisation des TIC en recherchant Phases de développement TIC et Langues Vernaculaires autant que nécessaire à complémenter des pro- grammes d’alphabétisation. Environnement mature des TIC/Application et services 4. Soutenir le développement et l’utilisation de maté- riels didactiques en langues vernaculaires utilisant les TIC. Intégration Expansion Développement Environnement Environnement Ces 4 axes stratégiques visent à exploiter, au béné- émergent II III mature fice des gabonais utilisant les langues vernaculaires au des langues I des langues vernaculaires vernaculaires quotidien, le cycle de rétroaction positif entre le haut Premiers utilisateurs débit, le développement de contenus et les compé- tences à produire et à utiliser les TIC comme l’illustre Expérimentation la figure ci-dessous. D’une part, le réseau à haut débit Environnement émergent des contribue au développement de contenus numériques, TIC/Application et services et, d’autre part, les applications et services de conte- nu haut débit stimulent l’adoption et l’utilisation des Source: Adapté de “National e-health Strategy Guidelines”, WHO, 2012. TIC. En encourageant l’innovation, le contenu numé- rique donne un nouvel élan à l’économie numérique, en augmentant le niveau des compétences, en suscitant manœuvrer rapidement pour rendre ces contenus plus des changements dynamiques parmi les fournisseurs et pertinents et plus abordables aux utilisateurs. Le trans- les utilisateurs, qui peuvent créer de nouveaux conte- fert de ces savoir-faire au niveau régional pourrait de- nus, et ouvrir de nouveaux marchés52. venir une intéressante source de création d’emplois et La plupart des locuteurs parlant les langues verna- de petites entreprises TIC au Gabon. culaires vivent dans des zones rurales et ne représentent Les actions associées à chacun de ces axes straté- qu’un faible pourcentage de la population. Il serait sans giques sont présentées dans le tableau ci-dessous, avec doute plus rentable d’envisager des applications en lan- des  objectifs de mise en œuvre à court terme (moins gues vernaculaires, toujours basées sur les besoins des de trois ans), moyen terme (moins de 5ans) et long publics cibles, mais qui se greffent sur de plus larges ap- terme (moins de 10 ans): plications, e-gouvernement par exemple, plutôt que de Pour chacune de ces actions, il est fortement re- développer des applications spécifiques en langues verna- commandé de mettre en place un dispositif de suivi culaires. Ceci permettrait de diminuer les couts de créa- évaluation. tion de services et d’applications en langues vernaculaires. Lors de la conception de projet, il sera également important de penser en termes de couverture régionale, car bien qu’il existe des projets pilotes en langues ver- naculaires, il y a un vide d’application de large portée en langues vernaculaires. Le défi pour le gouvernement et les développeurs locaux de contenus en langues ver- 52 « Contenus haut Débits : Stratégies et politiques en Ma- naculaires pour la téléphonie mobile est d’utiliser leur tière de Contenu numérique », Réunion Ministérielle de compréhension de la culture locale et une capacité à l’OCDE, Juin 2008 36 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Figure 12 Cycle de rétroaction positif entre le haut débit, le développement de contenus et les compétences à produire pour l’utilisation des TIC Stimule Haut débit I’ utilisation Promotion des langues rétroaction vernacularies Meilleurs services en Santé, Éducation, Services administratifs O re TICs Plateformes Compétence Demande Augmentation favorisent la et Facilitateurs de Ouverture vers en contenu Local création du Applications I’ usage et de nouveaux et services contenu (Matching) création de marchés contenus Facilité via mobiles et Développement Communautés ordinateurs des numériques Infrastructures Environnement favorable du cadre politique et juridique Source: ICT Unit.   | Recommandations pour un plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon Table 5  AXES STRATEGIQUES ACTIONS OBJECTIF 1. Donner accès au haut 1.1 Rendre plus abordables les services de communications électroniques en diminuant les coûts des Court terme débit aux populations services de communication (à suivre dans le cadre d’un benchmark de pays africains particulièrement actifs en matière de développement de leur économie numérique) et en fournissant des services s’exprimant en langues adaptés aux besoins de ces populations. vernaculaires Revoir la fiscalité des terminaux (ordinateurs, tablettes, smartphones…) pour les rendre plus Moyen terme 1.2  accessibles à l’ensemble de la population. 1.3 Généraliser le haut débit dans toutes les administrations de façon à développer les compétences TIC Moyen terme du personnel et les sensibiliser aux besoins des locuteurs en langues vernaculaires. 1.4 Explorer la faisabilité au Gabon de mise en place de télécentres de développement communautaire Moyen terme intégrant la production de contenu en langues vernaculaires (sur l’exemple d’eBario en Malaisie et de Jokko au Sénégal). 1.5 Améliorer la couverture géographique des réseaux hauts débit, notamment dans les zones rurales Long terme (par exemple à travers l’utilisation du fonds d’accès universel). 1.6 Dans le cadre de la transition vers la télévision numérique terrestre, assurer la couverture complète Long terme du territoire. (voir suite page suivante) Recommandations plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon 37   | Recommandations pour un plan d’action TIC et langues vernaculaires au Gabon (suite) Table 5  AXES STRATEGIQUES ACTIONS OBJECTIF 2. Rendre les applications 2.1 Prendre en compte la composante langue vernaculaire dans les financements mis en place par le Court terme TIC développées pour Gouvernement ou par les bailleurs pour développer contenus, services et applications numériques. les besoins des secteurs 2.2 Identifier avec des études de besoins les applications TIC prioritaires pour les populations utilisant Court terme les langues vernaculaires au quotidien (le cas échéant avec une dimension sous régionale pour les clefs du développement langues vernaculaires utilisées en dehors du Gabon). (agriculture, Promouvoir et faciliter les partenariats entre les acteurs clefs concernés (Instituts de Recherche, Court terme 2.3  éducation, santé) aussi Incubateurs, Opérateurs de télécommunications, Développeurs, Créateur de contenu…) pour développer applications, services et contenus en langues vernaculaires. accessibles — au moins 2.4 Ajuster les formations en informatique offertes et les curricula de l’ensemble du système éducatif Court terme partiellement — en aux nouveaux besoins en termes de développement d’application TIC, y compris dans des contextes langues vernaculaires de langues vernaculaires. 2.5 Encourager les coopérations entre groupes de recherches engagés dans la production des contenus Moyen terme en langues vernaculaires pour le partage des bonnes pratiques. 2.6 Encourager le développement d’outils facilitant la production de contenus en langues vernaculaires Long terme adaptés à une diffusion par les TIC (interface SMS vocales en langues vernaculaires, moteur de recherche et de traduction en langues vernaculaires…). 2.7 Ajuster les formations des enseignants et les curricula de l’ensemble du système éducatif du Gabon Long terme aux nouveaux besoins des métiers de l’économie numérique, y compris la prise en compte des langues vernaculaires. 3. Familiariser en langues 3.1 Assurer, au niveau des centres régionaux de formation populaire, la mise en place de plateformes Court terme vernaculaires les d’accès à des contenus de formation en langues vernaculaires adaptés besoins de l’emploi local. populations rurales 3.2 Organiser avec des intermédiaires formateurs locaux des campagnes de promotion du numérique Moyen terme en langues vernaculaires en insistant sur l’alphabétisation numérique et l’inclusion (avec accent à l’utilisation des particulier sur les groupes de femmes et les jeunes). TIC en recherchant 3.3 Utiliser des étudiants stagiaires en informatique pour former des formateurs et identifier les besoins Moyen terme autant que nécessaire en zones rurales. à complémenter Renforcer le rôle promotionnel et éducatif des média, sur l’exemple de l’émission hebdomadaire Moyen terme 3.4  «  Nos langues, notre culture  », comme plate-forme de promotion de l’utilisation des TIC (par des programmes exemple, à travers des reportages sur les applications en santé, en agriculture…). d’alphabétisation 4. Soutenir le 4.1 Soutenir la création de contenus sur les réseaux sociaux. Court terme développement Numériser des contenus en langues vernaculaires sur des supports numériques (notamment Moyen terme 4.2  et l’utilisation de tablettes) utilisables en milieu préscolaire et scolaire. matériels didactiques 4.3 Equiper et former les enseignants à l’utilisation pédagogique des supports numériques. Moyen terme et de création de Développer les capacités des populations parlant les langues vernaculaires à collaborer avec des Moyen terme 4.4  développeurs pour créer des applications et services dans ces mêmes langues. contenus en langues 4.5 Générer des contenus à diffusion régionale pour contrebalancer les coûts de création de contenus Moyen terme vernaculaires utilisant à faible portée/audience. les TIC 4.6 Créer un projet national de création de matériel didactique en langue vernaculaire supporté par des Long terme financements à long terme (par exemple à travers l’utilisation du fonds d’accès universel) et par un réseau de recherche universitaire ainsi que le secteur privé. Annexe 1: Programme de l’atelier du 13 mai 2014 Atelier TIC et Langues Vernaculaires Mardi 13 mai 2014 Salle de réunion de la Chambre de Commerce et d’Industrie—Libreville 14:00–14:30 Ouverture de l’atelier et introduction aux travaux Mme. Zouera Youssoufou Représentante résidente, Banque mondiale M. Michel Kiki-Mbou Secrétaire Général, Ministère de l’Économie Numérique,de la Communication et de la Poste 14:30–14:50 Présentation du projet « Gabon Village Numérique » Armand Lichambany Directeur Général de la Promotion de l’Économie Numérique, Ministère de l’Économie Numérique, de la Communication et de la Poste 14:50–16:10 Initiatives en recherche et en développement de contenus en langues vernaculaires au Gabon Les expériences en formation avec la Boîte à Innovations Tony Simard Président fondateur 40 TIC, Langues Vernaculaires et Stimulation du Haut Débit au Gabon Le cadre normatif linguistique mis en place par le LUTO-DC Les expériences en enseignement avec Rapidolangue Prof. Achille Mavoungou Département des Sciences du Langage (UOB) Questions / réponses 16:10–17:00 Expériences Internationales en matière de TIC et langues vernaculaires et recommanda- tions pour le Gabon Jacqueline Dubow Banque mondiale Discussion 17:00 – 17:15 Synthèse des travaux et clôture de l’atelier Dr. Michel Rogy Banque mondiale Bibliographie Aker. J.,Ksoll, C,Travis, Lybbert, J. “ABC, 123: The Hersman, E. “The potential of Mobile Web Content Impact of a Mobile Phone Literacy Program on in East Africa” Vodafone Policy Paper Series, May Educational Outcomes, Center for Global Deve- 2011 lopment”, working paper Sept 2012 Hubert, J., Mavoungou, P., A. “Ecriture et Standardi- Bakis, H. « TIC et Aménagement Numérique des Ter- sation des Langues Gabonaises” Sun Press, 2010 ritoires » Digipolis, Mai 2010 Idyata, F. «Evaluation de l’acquisition et de la vitali- Balancing Act, http://www.balancingact-afri- té des langues vernaculaires gabonaises chez les ca.com/ne ws/en/issue-no-625/Internet/ enfants en milieu urbain» Professeur, Conférence tanzania-tigo-launch/en « Le Français et les langues africaines, du partena- Ballantyne, P. “Collecting and Propagating Local De- riat au linguicide: une analyse des données tirées velopment Content” 2002, http://www.ftpiicd. du contexte gabonais », Libreville, 2010 org Institute for International Cooperation Development, Batchelor, S., Norrish, P., Webb, M., & Scott, N., www.iicd.org/.../collecting ‘Sustainable ICT Case histories” 2003, http:// La Boite a Innovations, http://www.bai.alphaomedia. www.sustainableicts.org org/ Bondale, N., Kimbahune, S. and Pane, A “mHealth- Microsoft, http://www.microsoft.com/unlimitedpoten- Primary Health Care” , IEEE Technology and tial/fr/FosteringInnovation/WindowsStarter.mspx Society Magazine, Fall 2013 Microsoft, http://windows.microsoft.com/en-us/ Dodo Bounguendza, E. « Des Usages Démocratiques windows/language-packs#lptabs=win7 des Langues du Gabon » l’Harmattan, Gabon, Mittal, S. & Tripathi, G. (2009) “Role of Mobile 2008 Phone Technology in Improving Small Farm E-Bario, http://www.ebario.com/ Productivity”, Agricultural Economics Research Edutech, https://edutechdebate.org/cultural-heri- Review, Vol. 22, 2002 tage-and-role-of-education/mit-haiti-initiative- Nikiema, N. « Langues Nationales et Éducation » uses-haitian-creole-to-make-learning-truly-ac- Université Senghor, Dakar, 2011 tive-constructive-and-interactive/ OECD « Contenus haut débits : Stratégies et poli- GSMA, Deloitte “Sub-Saharan Africa Mobile Obser- tiques en Matière de Contenu Numérique », Ré- vatory 2012” union Ministérielle de l’OCDE, Juin 2008 Ofulue, C., Adegbola, T., Egbokhare, F. “Mobile Te- Shriyananda, R., “ICT as a Tool for Accessing Medical lephony for Development in Nigeria: Designing Content & Knowledge in Local Languages” Sri Mobile Technology Enabled Applications in Lanka’s Perspective, 2008 Local Languages” UNESCO Mobile Learning Souter, D. “Making Broadband Accessible for All” Vo- Week, Paris France, February 2013 dafone Policy Paper Series, May 2011 Osborn, D. “African Languages in a Digital Age”, UNESCO, Mobile learning, http://www.unes- IDRC, 2012 co.org/new/en/unesco/themes/icts/m4ed/ Peru, http://www.iicd.org/articles/computers-and-mul- u n es c o - m o b i le - l ea r n in g - we e k / s p e a k e r s / timedia-boost-bilingual-education-in-peru christine-ofulue/ Plauché, M., De Waal, A., Sharma Grover, A., Gume- United Nations University http://unu.edu/research/ de, T. “Morphological Analysis: A method for information-communication-technology-for-po- Selecting ICT Applications in South African Go- verty-reduction.html vernment Service Delivery”, Annenberg School UNESCO, http://www.unesco.org/new/en/com- of Communication, 2010 munication-and-information/about-us/ Practical Action http://practicalaction.org/media/ how-we-work/strategy-and-programme/pro- preview/6839 motion-and-use-of-multilingualism-and-uni- Roman, R., Colle, R., « Content Creation for ICT versal-access-to-cyberspace/ Development Projects: Integrating Normative Van Der Veen, L. « Langues et Gènes en Afrique » Rap- Approaches and Community Demand” Infor- port scientifique de fin d’opération, Institut des mation Technology for Development 10 (2003) Sciences de l’Homme, Lyon, 2003 Sankore, http://planete.sankore.org World Cocoa Foundation, http://worldcocoafounda- Shilpa-Sayura, http://community.telecentre.org/pro- tion.org/our-work files/blogs/shilpa-sayura-lacal-language-e-lear- ning-telecentres-best 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 USA Telephone: 202-473-1000 Internet: www.worldbank.org