BANQUE MONDIALE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA Crise des réfugiés dans la région MENA Relever le défi du développement Octobre 2017 GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE BANQUE MONDIALE RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA Crise des réfugiés dans la région MENA Relever le défi du développement Groupe de la Banque mondiale Washington © 2017 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés 1 2 3 4 20 19 18 17 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et licences L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 IGO (CC BY 3.0 IGO) http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/igo. Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attribution, il est possible de copier, de distribuer, de transmettre et d’adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes : Mention de la source — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Shanta Devarajan, Lili Mottaghi. 2017. « Crise des réfugiés dans la région MENA : relever le défi du développement », Bulletin d’information économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, (octobre), Washington, Banque mondiale. Doi : 10.1596/978-1-4648- 1214-9. Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO Traductions — Si une traduction de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source de l’ouvrage le déni de responsabilité suivant : Cette traduction n’a pas été réalisée par la Banque mondiale et ne doit pas être considérée comme une traduction officielle de cette dernière. La Banque mondiale ne saurait être tenue responsable du contenu de la traduction ni des erreurs qui peuvent y figurer. Adaptations — Si une adaptation de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source le déni de responsabilité suivant : Cet ouvrage est une adaptation d’une œuvre originale de la Banque mondiale. Les idées et opinions exprimées dans cette adaptation n’engagent que l’auteur ou les auteurs de l’adaptation et ne sont pas validées par la Banque mondiale. Contenu tiers — La Banque mondiale n’est pas nécessairement propriétaire de chaque composante du contenu de cet ouvrage. Elle ne garantit donc pas que l’utilisation d’une composante ou d’une partie quelconque du contenu de l’ouvrage ne porte pas atteinte aux droits des tierces parties concernées. L’utilisateur du contenu assume seul le risque de réclamations ou de plaintes pour violation desdits droits. Pour réutiliser une composante de cet ouvrage, il vous appartient de juger si une autorisation est requise et de l’obtenir le cas échéant auprès du détenteur des droits d’auteur. Parmi les composantes, on citera, à titre d’exemple, les tableaux, les graphiques ou les images. Pour tous renseignements sur les droits et licences, s’adresser au service des publications de la Banque mondiale à l’adresse suivante : World Bank Publications, The World Bank Group, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA ; courriel : pubrights@worldbank.org. ISBN (version électronique) : 978-1-4648-1214-9 DOI : 10.1596/978-1-4648-1214-9 Photo de couverture : © HCR/Shawn Baldwin. Table des matières Remerciements v Abréviations vii Évolution économique récente et perspectives 1 Perspectives de l’économie mondiale 1 Évolution du marché pétrolier 2 Évolution économique récente et perspectives pour la région MENA 3 L’économie de la région MENA : une vision à plus long terme 7 Crise des réfugiés dans la région MENA : relever le défi du développement 9 Introduction 9 Pourquoi le bien-être des réfugiés constitue-t-il un problème de développement ? 11 Le bien-être des réfugiés comme bien public mondial 11 Renforcer les moyens d’existence des réfugiés 12 Quels sont les problèmes de développement et comment les résoudre ? 13 Quatre crises interdépendantes et quatre séries de mesures 13 I. Éducation 13 II. Santé 17 III. Emplois 22 IV. Moyens d’existence 25 Comment la communauté du développement peut-elle faire mieux ? 27 Interventions et aide 27 Ressources 27 Partage de la charge 30 Données et suivi 33 Bibliographie 37 Notes sur les pays 44 Encadrés Encadré 2.1 Réinstallation des réfugiés dans des pays tiers 31 Encadré 2.2 Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF) 32 Graphiques Graphique 1.1 Perspectives de l’économie mondiale 1 Graphique 1.2 Évolution du marché pétrolier, Q12013-Q12017 2 Graphique 1.3 Indicateurs macroéconomique dans la région MENA 4 Graphique 2.1 Répartition des réfugiés dans les 251 localités les plus vulnérables du Liban 15 Graphique 2.2 Évolution des inscriptions dans les écoles publiques au Liban, 2011–17 16 Graphique 2.3 Apport brut d’aide publique au développement, 2013-15 29 Graphique 2.4 Interventions humanitaires en Syrie, 2012-17 30 Tableaux Tableau 1.1 Perspectives macroéconomiques de la région MENA, 2014-19 5 Tableau 2.1 Situation des réfugiés syriens enregistrés 19 Remerciements Le Bulletin d’information économique de la région MENA est produit par le bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Ce bulletin a été préparé par une équipe dirigée par Lili Mottaghi et composée des personnes suivantes : Afrah Alawi Al-Ahmadi, Nabila Assaf, Philippe Auffret, Caroline Bahnson, Safaa El Tayeb El-Kogali, Angela Elzir, Kent Garber, Yashodhan Ghorpade, Jan von der Goltz, Himanshi Jain, Omer Karasapan, Hideki Matsunaga, Aakanksha Pande, David Robalino, Friederike Uta Rother, Meriem Ait Ali Slimane, Sami Sofan et Mohamed Yassine. Le bulletin a été établi sous la direction générale de Shanta Devarajan et Samia Msadek. Les auteurs remercient Elena Ianchovichina, Omer Karasapan, Youssouf Kiendrebeogo, Hideki Matsunaga, Sajjad Ali Shah Sayed et Christina Wood des observations formulées sur la version préliminaire du rapport. Isabelle Chaal-Dabi et Eva Davoine ont fourni un appui inestimable pour la gestion des données et des questions administratives. Alicia Hetzner a édité le rapport. Les notes sur les pays se fondent sur les rapports établis sous la direction de Kevin Carey par les économistes-pays suivants : Sara B. Alnashar, Luca Bandiera, Ibrahim Chowdhury, Khalid El Massnaoui, Nur Nasser Eddin, Wilfried Engelke, Wissam Harake, Sahar Hussain, Kamer Karakurum-Ozdemir, Majid Kazemi, Tehmina Khan, Christos Kostopoulos, Julie Lohi, Emmanuel Pinto Moreira, Harun Onder, Abdoulaye Sy, Fulbert Tchana Tchana et Hoda Youssef. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 v Abréviations AIE Agence internationale de l’énergie APD Aide publique au développement (OCDE/CAD) CAD Comité d’aide au développement CCG Conseil de coopération du Golfe CDC Centres pour le contrôle et la prévention des maladies des États-Unis CESAO Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale CFF Mécanisme de financement concessionnel CIARA Conférence internationale sur l’assistance aux réfugiés en Afrique CIREFCA Conférence internationale pour les réfugiés en Amérique centrale CRRF Cadre d’action global pour les réfugiés DAR Aide au développement pour les réfugiés DIL Développement par l’intégration locale EIIL État islamique en Irak et au Levant (Daesh) FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FMI Fonds monétaire international GCFF Mécanisme mondial de financement concessionnel HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés IDA Association internationale de développement (Groupe de la Banque mondiale) IED Investissement étranger direct KRI Région kurde d’Irak mbj million de barils par jour MEHE Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (Liban) MENA Région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Banque mondiale) MILES Politique macroéconomique, climat de l’investissement, réglementation du travail, politiques d’éducation et de protection sociale OCDE Organisation de coopération et de développement économiques ODI Overseas Development Institute OIT Organisation internationale du travail OMD Objectif du Millénaire pour le développement OMS Organisation mondiale de la santé ONG Organisation non gouvernementale OPEP Organisation des pays exportateurs de pétrole OXFAM Comité d’Oxford pour le secours aux victimes de la famine PAA Programme d’apprentissage accéléré PAM Programme alimentaire mondial PAMT Programme actif du marché du travail Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 vii PIB Produit intérieur brut PME Petite et moyenne entreprise PNUD Programme des Nations Unies pour le développement PSSA Activités psychosociales structurées REACH Consortium composé d’IMPACT, d’ACTED et d’UNOSAT TVA Taxe sur la valeur ajoutée UAE Émirats arabes unis UE Union européenne UNICEF Fonds des Nations unies pour l’enfance UNRWA Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient USAID Agence des États-Unis pour le développement international WBG Cisjordanie et Gaza WDI Indicateurs du développement dans le monde (Banque mondiale) Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 viii Évolution récente de la situation économique et perspectives Perspectives de l’économie mondiale La reprise de l’activité mondiale annoncée dans le Bulletin d’information économique de la région MENA d’avril est en bonne voie. Selon les prévisions, l’économie mondiale devrait progresser de 2,9 % dans les années à venir, contre 2,4 % en 2016 (graphique 1.1). Cette légère hausse de la croissance mondiale tient à une forte demande intérieure et au volume accru des exportations dans la quasi-totalité des pays. La production industrielle et les échanges commerciaux reprennent, ce qui renforce la confiance (graphique 1.1, panneau de droite). La reprise globale est portée par un regain de croissance dans les économies avancées, notamment aux États-Unis, dans la zone euro et au Japon. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale continueront de profiter de la reprise dans la zone euro. L’inflation reste globalement faible (Banque mondiale, 2017c). Cependant, alors que la croissance réelle reste supérieure à la croissance potentielle, la montée de l’inflation et le resserrement des écarts de production pourraient donner lieu à une politique monétaire moins accommodante, laquelle assombrirait les perspectives de croissance mondiale par la suite. Après des années d’atonie, l’activité économique commence à pointer vers le haut dans les pays exportateurs de pétrole. Cette reprise tient au fait que le marché pétrolier a atteint un certain équilibre, en dépit des bas prix. Les pays exportateurs de produits de base comme la Russie, le Nigeria et le Brésil devraient sortir de la récession et enregistrer une croissance positive en 2017. Dans les pays importateurs de pétrole, l’activité économique reste robuste. Graphique 1.1 Perspectives de l’économie mondiale Source : Données de la Banque mondiale. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 1 Dans les pays à faible revenu, la croissance économique devrait rebondir d’un point de pourcentage par rapport à l’année dernière, pour atteindre 5,4 % en 2017. Ce rebond est principalement dû à la hausse des prix des métaux qui a permis d’augmenter la production dans les pays exportateurs, et aux investissements dans l’infrastructure pour d’autres pays. Les risques qui pèsent sur ces perspectives restent orientés à la baisse. L’accroissement des incertitudes concernant les politiques à mettre en place, la volatilité accrue des prix des produits de base – particulièrement sur le marché pétrolier – et un potentiel de croissance amoindri à plus long terme pourraient assombrir les perspectives de reprise. Sur le long terme, les réformes destinées à stimuler le potentiel de production sont importantes, car l’absence de réformes pourrait entraîner une baisse de la productivité mondiale et une diminution des biens de consommation échangeables. Évolution du marché pétrolier Les prix pétroliers restent dans la fourchette de 48 à 55 dollars le baril depuis la mi-2016, en raison des déséquilibres observés sur le marché, principalement du point de vue de l’offre (graphique 1.2). L’accroissement de la production américaine d’huile de schiste, qui a atteint son plus haut niveau en deux ans, a neutralisé dans une certaine mesure l’impact des coupes de production dans les pays membres de l’OPEP et leurs alliés. De plus, on estime à 75 % le niveau global d’application de cette disposition au sein de l’OPEP. En effet, la Libye, l’Angola et le Nigeria, qui sont des pays membres de l’OPEP, auraient augmenté leur production de 350 000 barils/jour en août seulement. Par conséquent, le stock accumulé a culminé à près de 4,6 millions de barils de brut durant la même période, soit plus que les 4 millions de barils prévus par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Comme il a été prédit dans le Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA, les prix devraient stagner jusqu’en 2020 (Devarajan et Mottaghi, 2016a). Graphique 1.2 Évolution du marché pétrolier, Q12013-Q12017 Source : Données de l’AIE. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 2 Plusieurs facteurs vont contribuer à faire en sorte que les prix restent faibles pendant une plus longue période, notamment l’accroissement de la production aux États-Unis, l’affaiblissement de l’impact des coupes effectuées par les pays membres et non membres de l’OPEP, et la montée en puissance des véhicules électriques, en Chine particulièrement (Petroleum Monitor, 2017). Par la suite, on s’attend à ce que le rééquilibrage du marché pétrolier soit retardé. Selon des estimations de l’AIE, la demande mondiale de pétrole continuera d’augmenter à un rythme plus lent que l’offre mondiale, au moins jusqu’à la fin de la décennie. La production des pays non - membres de l’OPEP devrait doubler en 2018 par rapport à l’année précédente, pour atteindre 1,4 million de barils/jour (mbj). En raison des mesures prises pour maîtriser les coûts, de plus en plus de projets pétroliers à travers le monde pourraient atteindre leur seuil de rentabilité à 30 dollars le baril et moins. Ce prix plus bas pourrait avoir pour conséquence un accroissement considérable de la production pétrolière au-delà des États-Unis (notamment au Canada et au Brésil). Ces deux derniers facteurs contribueraient probablement à renforcer les stocks déjà importants et, à moins que la demande n’augmente, à maintenir les prix à la baisse pour une plus longue période. Les incertitudes concernant le respect de la décision de l’OPEP par certains de ses membres, parmi lesquels l’Iran, l’Irak, la Libye et le Nigeria, représentent un défi pour une Organisation qui s’emploie à contenir l’offre excédentaire. Il se dit que les coupes décidées par l’OPEP, qui sont de l’ordre de 1,2 million de barils par jour, seront étendues jusqu’en mars 2018. Il reste à voir de quelle façon cette extension et l’offre excédentaire affecteront le climat du marché pétrolier. Évolution économique récente et perspectives pour la région MENA Après la reprise amorcée à la mi-2016, l’activité économique dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) devrait rester modérée en 2017, en raison d’un ralentissement de la croissance dans les pays exportateurs de pétrole de la région. Les coupes de production continuent de tirer la croissance vers le bas dans la quasi-totalité des pays de ce sous-groupe. Les perspectives de croissance pour la région devraient néanmoins s’améliorer en 2018 et 2019, avec un taux supérieur à 3 %. Au sein de la MENA, les exportateurs et importateurs de pétrole tireront tous profit d’une amélioration constante de la croissance mondiale, de l’augmentation des échanges avec l’Europe et l’Asie, d’une plus grande stabilité des marchés de produits de base – particulièrement du pétrole – et des réformes entreprises dans certains pays de la région (graphiqie 1.3). En tout état de cause, les taux de croissance généraux sont inférieurs de moitié à leur niveau d’avant le printemps arabe 2011, ce qui fait qu’il est difficile de s’attaquer au problème du chômage des jeunes et de répondre aux besoins du grand nombre de personnes déplacées à travers la région par suite de conflits interminables. On s’attend néanmoins à une amélioration des soldes budgétaire et courant sur la période considérée jusqu’en 2019, grâce aux efforts d’assainissement des finances publiques et à une relative stabilité des marchés de produits de base, notamment du pétrole. Les pays exportateurs de pétrole de la région MENA devraient connaître une croissance plus vigoureuse en 2018 et 2019, leurs administrations s’adaptant progressivement à la « nouvelle norme » des bas prix pétroliers. En effet, pour neutraliser l’impact de la dégringolade des cours, la plupart des pays ont adopté de nouvelles mesures en matière de recettes. Ces mesures vont de l’augmentation de l’impôt sur les sociétés à Bahreïn et Oman à l’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 2018 dans tous les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), en passant par des coupes budgétaires prenant entre autres la forme de réductions des subventions sur les carburants, l’eau et l’électricité ailleurs dans la région (graphique 1.3, panneau inférieur droit). Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 3 Graphique 1.3 Indicateurs macroéconomique dans la région MENA Source : Banque mondiale et FMI. Note : *Nombre total d’années de financement des déficits par les réserves. Parmi les pays en développement exportateurs de pétrole, l’Iran a connu une forte reprise à la faveur d’une augmentation considérable de la production et des exportations pétrolières. Le taux de croissance de 13,4 % enregistré en 2016 suivait un fléchissement de 1,3 % l’année précédente1. La Libye devrait connaître une hausse substantielle de la croissance en 2017, qui se poursuivrait jusqu’en 2018 et 2019 à la faveur de la relance de la production pétrolière. 1 La Banque centrale iranienne a publié une nouvelle série de comptes nationaux pour l’année de référence (2011). Il s’ensuit que dans cette version du rapport, les taux de croissance ont été révisés par rapport aux chiffres indiqués dans les versions précédentes. En effet, les séries précédentes faisaient état de taux de croissance de 5,4 et 9,2 % pour les premier et deuxième trimestre de 2016, alors que les nouvelles séries donnent des taux de croissance de 7,5 et 12,9 % pour ces deux périodes. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 4 Tableau 1.1 Perspectives macroéconomiques de la région MENA, 2014-19 Croissance du PIB réel (%) Solde budgétaire (% du PIB) Solde extérieur courant (% du PIB) 2014 2015 2016e 2017p 2018p 2019p 2014 2015 2016e 2017p 2018p 2019p 2014 2015 2016e 2017p 2018p 2019p MENA 2,7 2,6 4,9 2,1 3,0 3,4 -2,4 -9,6 -10,6 -6,7 -4,8 -3,6 6,0 -3,9 -4,8 -1,4 -0,7 -0,4 Pays en dév. (région MENA) 2,2 1,2 7,4 3,4 4,0 3,9 -7,2 -10,1 -10,3 -6,5 -5,2 -3,9 -3,0 -5,7 -6,1 -4,4 -3,7 -3,0 Pays exportateurs de pétrole 2,7 2,2 5,3 1,7 2,8 3,1 -0,9 -9,9 -10,9 -6,5 -4,5 -3,1 8,5 -3,5 -4,1 -0,1 0,5 0,8 Pays du CCG 3,2 3,7 2,3 0,7 1,9 2,7 2,1 -9,1 -10,9 -6,8 -4,5 -3,3 14,4 -2,2 -3,5 1,2 1,9 1,9 Bahreïn 4,4 2,9 3,0 2,4 2,0 1,6 -3,4 -12,8 -13,0 -7,8 -7,5 -6,8 4,6 -2,4 -4,8 -3,5 -3,1 1,1 Koweït 0,5 0,6 3,6 -1,0 1,9 3,5 18,7 0,0 0,5 1,7 1,6 2,5 32,5 4,5 -4,5 0,1 1,8 2,8 Oman 2,5 5,7 2,8 0,1 3,4 2,9 -3,6 -16,5 -20,8 -13,5 -12,2 -11,4 5,2 -15,5 -17,4 -15,7 -11,1 -9,2 Qatar 4,0 4,0 2,2 2,0 1,7 3,0 12,6 1,4 -8,3 -5,7 -4,3 -2,7 23,9 8,4 -7,6 3,9 3,5 1,9 Arabie saoudite 3,7 4,1 1,7 0,3 1,2 2,1 -3,4 -15,8 -16,6 -10,0 -6,3 -4,9 9,8 -8,7 -3,9 1,7 2,4 2,3 Émirats arabes unis 3,1 3,8 3,0 1,4 3,1 3,3 1,9 -3,4 -4,3 -3,2 -1,9 -1,0 13,3 4,7 2,4 2,6 2,8 2,9 Pays en dév. exportateurs de pétrole 1,9 0.0 9,7 3,3 4,1 3,7 -6,1 -11,1 -10,9 -6,1 -4,5 -2,9 -1,6 -5,6 -5,1 -2,4 -1,9 -1,1 Algérie 3,8 3,7 3,3 2,2 2,0 1,5 -8,0 -15,7 -13,7 -11,5 -7,3 -5,7 -4,4 -16,5 -15,6 -13,0 -10,8 -9,5 Rép. islamique d’Iran 4,6 -1,3 13,4 3,6 4,0 4,3 -1,1 -1,7 -2,2 -2,2 -2,3 -2,1 3,1 2,3 3,9 4,1 4,0 3,8 Irak 0,7 4,8 11,0 -0,5 3,0 1,7 -5,3 -12,3 -14,1 -5,1 -4,8 -1,7 2,6 -6,5 -8,7 -6,3 -6,7 -4,1 Libye -24,0 -8,9 -2,8 25,6 16,4 10,4 -43,3 -76,9 -63,9 -22,0 -11,0 -5,0 -46,1 -31,9 -12,8 -8,3 -5,6 -4,4 Rép. arabe syrienne -17,0 -3.9 -1,5 … … … -17,7 -16,4 -9,0 … … … -14,9 -9,7 -27,9 … … … Rép. du Yémen -0,2 -28,1 -9,8 -2,0 8,5 13,5 -4,1 -10,6 -13,5 -9,9 -6,6 -2,5 -1,7 -5,5 -6,1 -2,3 -2,4 -2,1 Pays en dév. importateurs de pétrole 2,7 3,7 3,0 3,6 3,7 4,2 -9,1 -8,8 -9,4 -7,4 -6,7 -5,6 -5,2 -5,8 -7,6 -7,9 -7,2 -6,6 Djibouti 6,0 6,5 6,5 7,1 7,0 7,0 -10,7 -20,7 -15,2 -3,8 -2,6 -1,4 -25,2 -30,4 -22,2 -15,4 -12,3 -10,2 Rép. arabe d’Égypte 2,9 4,4 4,3 4,2 4,5 5,3 -12,0 -11,4 -12,5 -10,8 -8,8 -7,1 -0,9 -3,7 -6,0 -6,6 -4,6 -3,9 Jordanie 3,1 2,4 2,0 2,3 2,4 2,5 -9,3 -3,6 -3,2 -3,3 -1,6 -0,5 -7,3 -9,1 -9,3 -8,7 -8,6 -8,5 Liban 2,0 0,8 2,0 2,0 2,5 2,0 -6,3 -7,8 -9,6 -9,2 -9,6 -9,8 -24,2 -16,1 -19,8 -17,9 -19,4 -19,5 Maroc 2,7 4,5 1,2 4,1 3,1 3,2 -4,7 -4,2 -4,0 -3,5 -3,5 -3,0 -5,7 -3,1 -4,3 -5,2 -5,3 -5,1 Tunisie 2,3 1,1 1,0 2,3 3,0 3,5 -5,0 -5,6 -6,1 -6,2 -5,9 -4,4 -9,1 -8,9 -8,4 -8,8 -8,5 -7,9 Cisjordanie et Gaza -0,2 3,4 4,1 3,0 3,0 2,9 -2,8 -5,1 -2,4 -3,8 -3,3 -3,2 -7,4 -16,3 -10,4 -13,1 -13,2 -13,4 Source : Données de la Banque mondiale. Note : e = estimation ; p = prévision. Les données sur l’Égypte correspondent à l’exercice budgétaire (juillet-juin). Faute de données concernant la Syrie, il se peut que les moyennes régionales et sous-régionales ne soient pas comparables dans le temps. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 5 Cependant, la production pétrolière reste inférieure à son potentiel en raison du violent conflit politique. En Irak, la croissance devrait pâtir de la guerre menée contre l’EIIL, des bas prix pétroliers et de la réduction de la production pétrolière (tableau 1.1). À l’autre bout du spectre, le Yémen va connaître un nouveau ralentissement de son économie cette année à cause du conflit qui y sévit et des catastrophes humanitaires que ce dernier a provoquées. Dans la sous-région du CCG, on s’attend à ce que la croissance reste faible en 2017, à moins de 1 %. Les Émirats arabes unis ont une économie plus diversifiée et d’énormes réserves budgétaires qui les aident à supporter des cours pétroliers constamment bas. Le Qatar ressent les effets de la crise politique avec ses voisins, et ses prévisions de croissance pour 2017 ont été abaissées à 2 points de pourcentage. Un déblocage de l’impasse dans laquelle se trouve ce pays devrait atténuer les dommages sur son économie. La croissance devrait rebondir sur la période couverte par les prévisions, pour atteindre entre 3,5 % au Koweït et 2,1 % en Arabie saoudite en 2019. On prévoit un taux de croissance global de 2,7 % pour les pays du CCG en 2019, ce qui est inférieur aux niveaux observés avant le choc des prix pétroliers de 2014 – le taux de croissance moyen des pays du CCG était de 3,5 % en 2013. Couplés aux réductions de la production imposées par l’OPEP, les bas prix pétroliers grèvent les investissements et nuisent à la consommation privée en Arabie saoudite. Bien que la pression budgétaire se soit allégée dans une certaine mesure cette année, la politique budgétaire reste globalement stricte, les salaires des employés du secteur public étant toujours gelés et plusieurs projets d’infrastructures remis à plus tard. Les difficultés financières rognent les réserves étrangères du pays, qui ont atteint leur niveau le plus bas en six ans en juillet 2017 (graphique 1.3, panneau inférieur droit). Des prix plus bas que prévu, une production pétrolière contenue et l’expansion des risques géopolitiques vont entraîner un ralentissement de l’économie cette année. La Banque mondiale prévoit un taux de croissance en baisse à 0,3 % pour l’Arabie saoudite, ce qui représente 1,4 point de pourcentage de moins que l’année précédente. Les difficultés perdurent, notamment en ce qui concerne les volumes d’émission de dettes dans les pays du CCG. Moody’s estime que le ratio d’endettement au sein du CCG augmentera à 31,6 % d’ici 2014, contre 10,5 % en 2018 – ce qui devrait accroître la dette publique de 154 milliards de dollars en 2017 et 2018. Bahreïn et le Qatar vont probablement continuer à recourir uniquement aux financements commerciaux alors que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït et Oman émettront des titres de créances et puiseront dans leurs réserves publiques. C’est en Arabie saoudite et à Bahreïn que la dette augmentera le plus entre 2016 et 2018, le ratio dette publique/PIB progressant d’environ 14 points de pourcentage. Pour le Koweït et Oman, Moody’s prévoit un accroissement plus modeste, de l’ordre de 8 à 9 points de pourcentage du PIB. En revanche, le fardeau de la dette des Émirats arabes unis et du Qatar – qui a permis de préfinancer une partie des déficits de ces pays pour 2017 – devrait se stabiliser en 2017 et diminuer en 2018. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 6 Chez les importateurs de pétrole, on prévoit un redressement de l’économie égyptienne par la suite, la croissance s’envolant à 5,3 % en 2019. Ce taux s’explique surtout par la libéralisation du marché de change et la relance des exportations de marchandises et du tourisme. Parmi les autres économies de la région, le Maroc connaîtra probablement une croissance plus rapide en 2017 qu’en 2016, en raison d’une forte reprise de la production agricole. Cependant, il est peu probable que cette reprise s’inscrive dans la durée, compte tenu de la vulnérabilité de l’économie aux effets négatifs du changement climatique. Le conflit prolongé en Syrie continue d’entraver un retour potentiel de la croissance au Liban. Pour la cinquième année consécutive, le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens (au prorata de sa population), une situation qui pèse considérablement sur des finances publiques déjà moroses. Les perspectives à court terme d’amélioration de l’activité économique dans la région MENA dépendent d’un certain nombre de facteurs. Tout d’abord, les incertitudes géopolitiques résultant des conflits qui s’éternisent en Irak, en Libye, en Syrie et au Yémen influent sur la performance globale à la fois des pays exportateurs et importateurs de pétrole. Ensuite, la région est confrontée à un nombre incroyable de réfugiés et de personnes déplacées, qui créent des problèmes au plan du développement et affectent les performances économiques non seulement de leurs pays d’origine, mais aussi des pays hôtes voisins. L’économie de la région MENA : une vision à plus long terme Les performances économiques dans la région MENA sont inférieures au potentiel depuis au moins 50 ans. La région a connu des périodes de forte expansion suivies de baisses vertigineuses, mais la croissance n’y a jamais été soutenue. Les données historiques montrent que dans la majeure partie des cas, la production augmente durant les années d’abondance et grâce à l’accroissement de la production pétrolière : en fait, la région progresse grâce au pétrole et régresse à cause du pétrole. Près de deux tiers des pays de la région exportent du pétrole et ont immensément profité de plusieurs épisodes de chocs des prix de ce produit ces cinq dernières décennies. Les répercussions positives des années de prospérité se sont aussi ressenties chez les importateurs de pétrole qui reçoivent des investissements étrangers directs (IED), des transferts de fonds et des touristes. Néanmoins, la courbe d’évolution à long terme de la région montre que les pays ont beau amorcer la croissance, ils ne parviennent pas à la maintenir. On le voit clairement dans la forte volatilité de la croissance à travers la région (Devarajan et Mottaghi, 2016b). En comparant les pays, on constate que la croissance du PIB réel est deux fois plus volatile dans les pays exportateurs de pétrole que chez ceux qui en importent. Cette volatilité a pour conséquence majeure le niveau élevé du taux de chômage des jeunes dans la région : à 30 %, c’est le taux le plus élevé du monde en développement. Ce taux est encore plus important chez les femmes, atteignant 50 % dans certains pays de la région. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 7 Même les années de croissance modérée n’ont pas suffi à absorber le nombre croissant de jeunes éduqués, en raison de facteurs structurels qui limitent les opportunités économiques, y compris l’accès à des emplois décents. Pour résoudre ces problèmes qui remontent à très loin, les pays de la région doivent réaliser à court terme une croissance plus rapide que leur niveau potentiel, de façon à créer plus d’emplois pour leur jeunesse en pleine expansion. À plus long terme cependant, ils devront augmenter leur potentiel de production. Pour stimuler la croissance, les pays de la région ont besoin d’un bon dosage de politiques. Certes, ces politiques peuvent différer d’un pays à l’autre, mais des réformes sont nécessaires d’urgence, notamment pour s’affranchir de la dépendance à l’égard de la production pétrolière et diversifier les économies chez les exportateurs de pétrole dans le but de renforcer le climat des affaires et libérer le potentiel du secteur privé (Devarajan et Mottaghi, 2017). Il est donc extrêmement important de réformer le cadre de l’activité économique pour le rendre plus compétitif en appliquant des mesures de promotion de la concurrence et en réduisant la mainmise des monopoles. Il est tout aussi important de rationaliser les politiques budgétaires en remplaçant les subventions énergétiques non-ciblées et ruineuses par des transferts monétaires ciblés. Le faible taux de participation des femmes à la main-d’œuvre est un problème connexe qui grève la croissance. À cet égard, il est nécessaire de promouvoir le secteur privé formel. Et il est également nécessaire de révolutionner le système éducatif et les programmes de formation professionnelle. Ces programmes peuvent contribuer à améliorer le système éducatif en rendant les enseignants plus comptables devant les élèves et leurs parents, et en rapprochant plus étroitement les matières enseignées des réalités du monde moderne. Même à court terme, de telles réformes peuvent commencer à produire des effets positifs sur les indicateurs macroéconomiques, surtout sur l’emploi et la production, augmentant ainsi le potentiel de production à plus long terme. Inversement, les crises et les conflits peuvent réduire de manière permanente les capacités de l’offre (pertes de production et d’emplois), ce qui aurait une incidence sur le potentiel de production à moyen et à long terme. Des études montrent qu’il est fort probable qu’une crise prolongée aurait des conséquences négatives considérables sur le potentiel de production à court terme, puis serait suivie d’une longue période de faible croissance à mesure que les économies ajustent leur trajectoire de croissance post-crise. Une « perte permanente » du potentiel de production signifie que l’économie finit par revenir à son taux de croissance potentiel d’avant la crise, mais ne parvient pas à récupérer tout le manque à produire. L’effet total dépend de l’évaluation des moyens par lesquels la crise peut affecter l’évolution du marché du travail, l’investissement et la productivité. La région MENA est l’une des régions les plus sujettes aux conflits dans le monde, et la crise des réfugiés syriens est l’une des pires du genre depuis la Seconde Guerre mondiale. Le séjour prolongé des réfugiés dans les communautés d’accueil, rendu à sa sixième année, non seulement accroît les risques pour les perspectives économiques de la région, mais aussi met en vedette les problèmes de développement à long terme des réfugiés. Pour répondre à ces défis énormes, il faut une action concertée, qui est l’objet du chapitre suivant. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 8 Crise des réfugiés dans la région MENA Relever le défi du développement Introduction La crise des réfugiés qui secoue actuellement la région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) se démarque pour de nombreuses raisons. Premièrement, les Syriens constituent le gros des réfugiés et personnes déplacées à travers la région, suivis des Irakiens, des Libyens et des Yéménites dont les pays sont toujours en conflit. Ensuite, le conflit syrien a donné lieu à un accroissement exponentiel du nombre de réfugiés durant la période allant de 2012 à 2016. En juillet 2012, 100 000 Syriens étaient enregistrés par le HCR. Ce nombre a été multiplié par 15 en un an, puis le produit obtenu a quadruplé vers la fin de 2016 pour atteindre 5,4 millions de réfugiés. On estime que le nombre de réfugiés non enregistrés dans la région pourrait être équivalent à celui des personnes enregistrées2. Enfin et surtout, plus de 75 % des 2,6 millions de réfugiés établis dans la région se concentrent dans deux pays seulement : le Liban et la Jordanie3. En 2016, le Liban se classait parmi les dix pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés à travers le monde (HCR, 2017), les autres pays de ce classement se trouvant en Afrique. L’afflux massif de réfugiés a alourdi le fardeau économique et social des communautés d’accueil, exacerbant les problèmes de développement auxquels ces communautés étaient déjà confrontées et laissant les réfugiés face à un avenir incertain. Par le passé, le bien-être des réfugiés était surtout considéré comme une question humanitaire plutôt qu’un problème de développement, l’hypothèse étant qu’une fois le conflit maîtrisé et les besoins urgents satisfaits, des solutions à plus long terme seraient formulées dès que les réfugiés retourneraient dans leur patrie. Cependant, la prolongation de la crise des réfugiés4 dans la région MENA porte les 2 Cela peut s’expliquer par les différences entre les statistiques officielle du pays et les statistiques du HCR : le HCR comptabilise le nombre de personnes enregistrées auprès de ses bueaux comme étant des réfugiés, tandis que la Jordanie par exemple classe parmi les réfugiés toute personne entrée sur son territoire qui possède une nationalité telle qu’elle ne peut pas retourner dans son pays d’origine pour une raison quelconque. 3 La guerre civile en Syrie a poussé 50 % de la population à quitter leurs foyers, dont 33 % ont trouvé refuge à l’étranger. Le conflit au Yémen affecte chaque aspect de la vie des Yéménites. La violence en Libye a déplacé un dixième des 6 millions d’habitants de ce pays, près de 125 000 Libyens sortant du territoire, essentiellement pour l’Europe, du fait de la proximité de cette dernière. Les soulèvements arabes de 2011 ont entrainé des déplacements à l’intérieur et à l’extérieur d’autres pays, mais pour de courtes périodes. Par exemple, avant le printemps arabe, près de 2 millions de Libyens avaient quitté leur pays, la grande majorité en direction de l’Égypte, de l’Italie, de la Tunisie et du Tchad. Bien qu’il n’existe pas de données officielles, on sait qu’après la chute de Kadhafi, de nombreux réfugiés libyens ont été encouragés à rentrer chez eux. 4 Selon la définition du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), les réfugiés peuvent être considérés en situation prolongée lorsqu’ils vivent en exil depuis plus de cinq ans et n’ont toujours aucune perspective immédiate de solution durable à leur situation par voie de rapatriement volontaire, d’intégration locale ou de réinstallation. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 9 problèmes de développement au-devant de la scène. Plus précisément, les réfugiés sont confrontés à quatre crises interdépendantes liées à l’accès limité ou inexistant à l’éducation, aux services de santé, à l’emploi et à des moyens d’existence, et à la mauvaise qualité de ces derniers. À moins d’y trouver des solutions, ces quatre crises interdépendantes continueront d’alimenter les problèmes à long terme5. En s’attaquant à ces crises, on aide non seulement les communautés d’accueil à faire face à leurs problèmes de développement, mais aussi les réfugiées à se préparer au moment où ils pourront retourner dans leurs pays d’origine. Le présent chapitre met en perspective les problèmes de développement à long terme que rencontrent les réfugiés dans la région MENA, notamment : 1) services de santé de base, 2) besoins d’éducation, 3) emploi et absorption des réfugiés dans le marché local du travail, et 4) droits civils, économiques et sociaux, y compris la liberté de circulation. Il énonce par ailleurs des politiques de développement spécifiques permettant de résoudre ces problèmes. Plus précisément, ce bulletin aborde trois questions fondamentales : 1. Pourquoi l’aide aux réfugiés constitue-t-elle un problème de développement ? 2. Quels sont les problèmes de développement et comment les résoudre ? 3. Comment la communauté du développement peut-elle faire mieux ? Alors que les détails seront fonction de la situation particulière des pays, le chapitre suggère de favoriser une transition rapide des interventions humanitaires vers l’aide au développement. Par exemple, au moment de la crise, la Sierra Leone a reçu plus de concours sous forme d’aide au développement que cela n’a été le cas pour le Liberia, parce que le soutien de la Sierra Leone à l’éducation était plus prévisible. Il ne peut y avoir de transition sans statistiques fiables, qui manquent partout, particulièrement dans certains pays d’accueil. D’où l’urgente nécessité de générer un plus grand nombre de données et de mettre en place un système intégré de suivi, à la fois pour les réfugiés enregistrés et ceux qui ne le sont pas6. À cet égard, l’élaboration d’indicateurs de développement expressément consacrés aux réfugiés et à leurs enfants et la prise en compte de ces indicateurs spécifiques dans l’ensemble plus grand des indicateurs de développement aiderait considérablement au suivi des conditions de vie des réfugiés. Au niveau des pays, il est encore plus important d’améliorer le système de données. On pourrait ainsi mieux comprendre les micro-implications de la crise des réfugiés, particulièrement en ce qui concerne la mesure de la pauvreté. 5 Par exemple, des études montrent que la malnutrition a des répercussions à plus long terme sur le développement, particulièrement dans le domaine de l’éducation. L’impact sur les enfants de réfugiés est plus important parce que ceux-ci ont connu la violence, subi des traumatismes et interrompu leur éducation. De telles expériences portent atteinte aux fonctions cognitives de l’enfant, et ont par conséquent des répercussions sur ses résultats scolaires à l’adolescence et sur sa vie d’adulte. Des études montrent que les dommages causés aux fonctions cognitives des enfants privés d’éducation diminuent leurs performances scolaires et réduisent leurs perspectives de revenu de 22 % en moyenne. 6 À titre d’exemple, le Gouvernement jordanien estime à près de 1,3 million la population syrienne totale en Jordanie, alors que près de 680 000 Syriens établis en Jordanie sont immatriculés auprès du HCR. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 10 Toute aussi importante est la nécessité d’élaborer des politiques axées sur les réfugiés qui visent accroître leur mobilité et développer leurs compétences et autonomiser les femmes réfugiées. Plus longtemps les réfugiés restent au chômage, moins ils ont de chances de trouver un emploi parce qu’ils perdent leurs qualifications et se retrouvent dépendants des ressources du pays. Pourquoi le bien-être des réfugiés constitue-t-il un problème de développement ? Le bien-être des réfugiés comme bien public mondial La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, qui elle-même est basée sur la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, impose à tout pays signataire de protéger les réfugiés présents sur son territoire. Conçue au départ pour les réfugiés européens de l’après Seconde Guerre mondiale, la Convention a été réinterprétée à la lumière des schémas radicalement différents de mouvements de réfugiés depuis 1951. Beaucoup de personnes ont trouvé refuge dans des pays relativement petits et économiquement vulnérables comme le Liban et la Jordanie, seulement en raison de leur proximité avec les pays en conflit que sont la Somalie et la Syrie. S’inspirant du préambule à la Convention de 1951 qui met l’accent sur la coopération internationale, les chercheurs ont identifié deux obligations à l’égard des réfugiés : 1) l’asile, qui est la responsabilité de l’État accueillant le réfugié ; et 2) le partage de la charge, qui illustre l’obligation d’autres États envers les pays dans lesquels les réfugiés se sont installés (Betts, 2015). L’obligation du partage de la charge indique clairement que le bien-être des réfugiés présente toutes les caractéristiques d’un bien public mondial. En effet, elle est à la fois non-concurrente et non-exclusive : si un pays contribue au bien-être d’un réfugié, il ne diminue pas la satisfaction que ressent un autre pays à voir ce réfugié en meilleure condition. Cela dit, et précisément pour cette raison, comme pour tous les biens publics existe le problème de la « resquille ». Puisque le bienfait pour le réfugié (et donc pour tous les autres) est fonction de la somme des contributions de chacun, mais le coût est supporté par le pays d’accueil, chaque pays a intérêt à réduire sa contribution et laisser les autres s’en occuper. Si chaque pays se comportait de la sorte, il n’y aurait aucun bienfait pour le réfugié et donc aucun bien public. C’est la raison pour laquelle la communauté internationale s’emploie à élaborer des accords de coopération pour veiller à ce chacun de ses membres contribue collectivement à l’objectif commun. Ces accords de coopération prennent en compte d’autres réflexions sur les aspects économiques des biens publics mondiaux. Premièrement, étant donné que les petits pays auront toujours intérêt à resquiller au détriment des plus grands (Olson et Zeckhauser, 1966), les accords se concentrent sur les pays les plus grands et les plus riches. Par exemple, les deux plus gros contributeurs au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) sont les États-Unis et l’Union européenne. Deuxièmement, le bien-être des réfugiés n’est pas un simple bien public parce qu’il associe deux types de biens : 1) un bien purement altruiste, parce que le donateur se sent moralement obligé d’aider le réfugié ; et 2) un « bien public de sécurité » (Betts, 2003), parce Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 11 que le donateur est préoccupé que la présence des réfugiés ne constitue une menace potentielle pour la sécurité du pays d’accueil, voire du pays donateur. Ce dernier type de bien se rapproche davantage d’un bien privé (en ce qu’il peut être exclusif). Dans la mesure où ces deux biens sont produits conjointement (Betts, 2003), il est possible que la présence du bien de sécurité donne lieu à une diminution du resquillage dans le financement des interventions au profit des réfugiés. Renforcer les moyens d’existence des réfugiés L’impact de la crise des réfugiés sur les communautés et les pays variera selon l’état initial du marché du travail, l’accès aux ressources, la démographie, la législation nationale et locale en matière d’emploi et les mesures prises par le pays d’accueil pour faire face à cette nouvelle situation. Globalement, la majeure partie des réfugiés se concentre dans certains des pays les plus pauvres et les plus fragiles. Les pressions qu’ils exercent sur les économies exsangues, l’infrastructure et les services publics déficients, ainsi que les rares emplois de ces pays, perturbent davantage les marchés et ont souvent des conséquences profondément néfastes sur les populations locales. Faute d’y répondre par une offre accrue, les besoins croissants des réfugiés en termes de nourriture et de services renforcent souvent les pressions inflationnistes qui ont des répercussions néfastes sur les conditions de vie des pauvres. Des études montrent que l’afflux de réfugiés dans un pays voisin freine la croissance du revenu par habitant dans ce pays. Selon Murdoch et Sandler (2004), les répercussions négatives des conflits devraient être plus importantes dans les pays proches de nombreux théâtres de guerres civiles. Easterly et Levine (1998) établissent pour leur part que du fait de l’intégration économique et des effets multiplicateurs au niveau de la région, ces répercussions seront ressenties au-delà du voisinage proche. Les conséquences négatives sur l’activité économique peuvent prendre la forme d’une diminution des échanges commerciaux, d’un faible niveau d’investissement et d’une fuite accrue de capitaux. Borjas et Monras (2016) affirment que l’afflux de réfugiés peut avoir des conséquences néfastes sur la main-d’œuvre locale peu qualifiée, mais il peut aussi produire un effet positif complémentaire. Les réfugiés occupent des emplois peu qualifiés que les locaux dédaignent, de sorte que ces derniers peuvent rechercher des emplois mieux rémunérés. Foged et Peri (2015) trouvent des effets positifs sur l’emploi et les salaires des travailleurs locaux possédant des compétences semblables. L’afflux de réfugiés a poussé des travailleurs locaux moins instruits à changer de métier. Ceux-ci ont constaté un effet positif ou insignifiant sur leurs salaires et leurs emplois, qui s’est maintenu sur une longue période. Quantitativement, une augmentation d’un point de pourcentage de la proportion de travailleurs locaux peu qualifiés, y compris des réfugiés, augmente de 1 à 1,8 % les salaires de ces travailleurs Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 12 Faute de données et d’un système de suivi efficace (voir la section « Données et suivi »), l’impact net de l’afflux des réfugiés sur l’économie locale reste une pomme de discorde. Compte tenu du caractère prolongé des conflits qui se déroulent à travers le monde, particulièrement dans la région MENA, et du fait que les réfugiés ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine dans un avenir prévisible à cause des conflits, les responsables politiques des communautés d’accueil doivent prêter attention aux problèmes de développement de cette population7. Il s’agit entre autres de faciliter la participation des réfugiés au marché du travail en investissant dans le renforcement des compétences à travers une meilleure éducation et formation professionnelle des enfants8 et des adultes. Plus longtemps un réfugié reste au chômage dans son pays d’accueil, moins il a de chances de trouver un emploi parce qu’il perd ses qualifications. Les travaux sur l’économie ont révélé des liens étroits entre l’éducation et le capital humain, et entre ce dernier et la croissance et la productivité à long terme (Griliches, 1996). Ces liens pourraient justifier que la communauté internationale et les responsables politiques permettent aux enfants et adultes réfugiés d’accéder à une éducation et une formation professionnelle de qualité, quel que soit leur sexe ou leur nationalité, et qu’ils soient immatriculés ou non. Quels sont les problèmes de développement et comment les résoudre ? Quatre crises interdépendantes et quatre séries de mesures I. Éducation Deux pays de la région MENA accueillent le plus grand nombre de réfugiés par habitant : la Jordanie et le Liban, avec un ratio des réfugiés sur la population d’accueil de plus de 1:4 pour ce 7 L’idée de fournir une aide au développement ciblée pour soutenir des interventions durables en faveur des réfugiés n’est pas nouvelle. Selon le Rapport sur le développement dans le monde 2011, le HCR est à l’origine du concept « réfugié, aide et développement » qui a été mis en application à la fois durant la Conférence internationale sur l’assistance aux réfugiés en Afrique (CIARA) en 1981 et 1984 et la Conférence internationale pour les réfugiés en Amérique centrale (CIREFCA) en 1989. En 1999, cette question a été abordée à nouveau dans le cadre du « processus de Brookings » qui vise à trouver un nouveau moyen d’assurer la transition entre les opérations de secours et l’aide au développement au profit des déplacés involontaires. En 2003, cette approche a été remise à l’ordre du jour dans le Cadre de mise en place de solutions durables pour les réfugiés et les personnes relevant de la compétence du HCR. Ce cadre s’appuie sur les trois instruments que sont : a) l’aide au développement pour les réfugiés (DAR) ; b) les 4R de rapatriement, réinsertion, relèvement et reconstruction ; et c) le développement par l’intégration régionale (DIL). L’initiative DAR du HCR nait de la nécessité de s’attaquer aux conséquences économiques et sociales à long terme des déplacements sur les communautés d’accueil. L’initiative des 4R part du principe selon lequel en situations d’après-conflit, les besoins de développement des réfugiés et des rapatriés ne sont pas systématiquement pris en compte dans les plans de transition et de redressement élaborés par les gouvernements des pays d’accueil, la communauté des bailleurs de fonds et les Nations Unies. 8 La moitié des réfugiés enregistrés à travers le monde a moins de 18 ans. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 13 dernier. Ces réfugiés sont pour la plupart âgés de moins de 18 ans. Près de 51 % des réfugiés syriens en Jordanie sont des enfants ; tandis que ce pourcentage monte jusqu’à 55 % au Liban9. Le manque d’éducation des enfants réfugiés coûte cher en termes de capital humain perdu pour le développement économique régional et pour les processus à long terme de paix, stabilité et reconstruction. Parce que ces enfants ont besoin de services d’éducation, le secteur éducatif est soumis à une forte pression dans les pays d’accueil. Ces pays sont obligés d’élargir la prestation de services aux réfugiés tout en préservant la qualité de l’éducation à la fois pour les locaux et les personnes auxquelles ils ont donné refuge. Ainsi, leurs systèmes éducatifs doivent être renforcés pour accueillir un plus grand nombre d’élèves, dont beaucoup ont besoin d’une prise en charge pédagogique et psychosociale additionnelle en raison de leur situation de déplacés involontaires. De plus, il faut accroître les financements qui leur sont consacrés. Au moment d’intégrer l’école dans leur pays d’accueil, les enfants réfugiés sont confrontés des problèmes d’ordre pédagogique et psychosocial. Sur le plan pédagogique, une langue d’enseignement différente de leur langue maternelle ou des langues d’enseignement dans leur pays d’origine peut constituer un obstacle à leur réussite. Les réfugiés syriens en Turquie et dans la région kurde d’IRAK, et les réfugiés éthiopiens et somaliens établis au Yémen, sont tous confrontés à ce problème. Même dans des pays arabophones comme le Liban, les écoles utilisent le français et l’anglais comme langues d’enseignement des mathématiques et des sciences. De ce fait, de nombreux réfugiés syriens ont beaucoup de mal à comprendre les disciplines enseignées dans ces langues (HCR, 2015a). Dans de nombreux cas, le ministère libanais de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEHE) a instruit les enseignants d’utiliser l’arabe dans les cours du soir. Cependant, une telle solution ne peut être pleinement efficace tant que les manuels scolaires restent dans une langue étrangère à celle des enfants réfugiés (Shuayb et al., 2014) Du point de vue socioémotionnel, l’école est un environnement dans lequel un enfant victime de déplacements manifeste des symptômes de traumatisme et de choc. Cependant, elle peut aussi fournir le soutien psychosocial dont un tel enfant a besoin. En effet, des études montrent que les programmes de prise en charge psychosociale à l’école ont amélioré la condition des enfants en Bosnie (Layne et al., 2008), en Ouganda (Ager et al., 2011) et aux États-Unis (Han et Weiss 2005). Des interventions portées par les enseignants ont aussi montré leur efficacité dans une diversité de contextes en Croatie, au Kosovo, au Liban et en Turquie. Pour les pays d’accueil qui intègrent des enfants réfugiés dans leurs systèmes éducatifs formels, l’engorgement est un problème courant. L’engorgement des écoles peut nuire à l’apprentissage, particulièrement lorsque les enseignants ne sont pas formés à gérer de larges effectifs. L’engorgement est exacerbé par le fait que les réfugiés migrent souvent vers certaines des localités les plus défavorisées, qui ont déjà du mal à offrir des services d’éducation. Au Liban par exemple, plus de la moitié des réfugiés syriens vivent dans les 50 localités les plus vulnérables. De plus, les 251 localités les plus vulnérables du Liban accueillent 87 % des réfugiés syriens établis dans le pays, ainsi que 67 % des Libanais les plus pauvres (graphique 2.1)10. Cette répartition de la population fait qu’il est bien plus difficile de fournir des services d’éducation de qualité à la fois aux réfugiés et aux communautés d’accueil vulnérables. 9 HCR, juillet 2017, http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php. 10 Données interinstitutionnelles des Nations Unies, mars 2016. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 14 Des interventions en faveur du développement Une stratégie efficace d’élargissement de l’accès des réfugiés aux services d’éducation devrait prendre en compte les obstacles à la fois du point de vue de la demande et de l’offre d’éducation. Différents pays dans différents contextes appliquent différentes stratégies pour fournir une éducation aux réfugiés. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) exploite de longue date un système de fourniture de services d’éducation dans la région MENA. Financé par les bailleurs de fonds, ce modèle est indépendant du système éducatif du pays d’accueil. Depuis plus de 60 ans, l’UNRWA a éduqué 4 millions d’enfants en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie et à Gaza (Cahill, 2010). Actuellement, près de 500 000 enfants étudient dans 689 écoles de l’Office. À Gaza, ce sont près de 90 % de la population de réfugiés en âge scolaire qui fréquentent ces écoles Graphique 2.1 Répartition des réfugiés dans les 251 localités les plus vulnérables du Liban Source : Données interinstitutionnelles des Nations Unies, mars 2016. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 15 L’élargissement des services d’éducation aux réfugiés connaît des succès variables selon le pays d’accueil et le contexte. Les cycles d’éducation préscolaire et secondaire affichent généralement les taux d’inscription les plus bas. Ces deux niveaux d’éducation sont pourtant essentiels au développement des ressources humaines dans la région. En Jordanie, 125 000 réfugiés syriens ont été inscrits dans un établissement scolaire formel, ce qui représente 54 % du nombre total de réfugiés enregistrés. Au Liban, les effectifs des établissements d’enseignement public ont quasiment doublé et accueillent 51 % des élèves réfugiés syriens11. En 2017, les réfugiés syriens (68 822) représentaient plus de 25 % de l’ensemble des effectifs des cours du jour au Liban. De plus, le pays a ouvert 313 écoles du soir qui accueillent uniquement des enfants syriens (plus de 120 000)12. Cet accroissement significatif des élèves réfugiés s’est accompagné d’une légère baisse des inscriptions de Libanais dans les écoles publiques au début de la crise, du fait de l’afflux de réfugiés et de la perte consécutive de confiance à l’égard de la qualité de l’enseignement public (graphique 2.2). Cependant, après trois années de subventionnement des frais d’inscription au profit des élèves libanais, ce déficit a été résorbé. Graphique 2.2 Évolution des inscriptions dans les écoles publiques au Liban, 2011–17 Source : République du Liban, MEHE. D’autres stratégies d’élargissement de l’accès à l’éducation dans la région MENA font appel aux salles de classe mobiles ou à des programmes d’apprentissage en ligne. C’est grâce à ces 11 Conférence de Bruxelles, avril 2017. http://wos-education.org/uploads/reports/170331_Brussels_paper.pdf. 12 Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEHE), Liban. Mars 2017. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 16 programmes que l’Irak a pu offrir à tous les enfants syriens la chance d’accéder à l’éducation. Plus de 80 % de ces enfants reçoivent une éducation formelle, le reste suivant des parcours informels. Il est tout aussi important de s’attaquer aux obstacles du point de vue de la demande qui empêchent les parents réfugiés d’envoyer leurs enfants à l’école. Parmi les plus importants, on peut citer la nécessité pour les enfants réfugiés de travailler pour subvenir aux besoins de leurs familles. Ce problème est plus répandu à partir de la septième année du primaire. Le mariage précoce des filles est aussi courant dans certaines communautés de réfugiés. Pour encourager les inscriptions, les coûts associés à la fréquentation de l’école doivent être réduits ou supprimés. Il s’agit du coût de transport, des manuels scolaires et du matériel didactique, ainsi que des frais d’inscription qui, par exemple, ont été supprimés en Jordanie, et sont acquittés par le ministère de l’Éducation pour le compte des parents au Liban. En revanche, les programmes de transferts monétaires conditionnels pourraient aider les ménages à couvrir les coûts de prise en charge des enfants qui vont à l’école. En 2016 au Liban, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a mis à l’essai un programme de transferts monétaires dans deux gouvernorats qui a donné des résultats très positifs. L’UNICEF a observé une augmentation de 7 % des taux d’inscription dans les régions témoins et un mois supplémentaire de fréquentation scolaire chez les enfants participant au programme (PAM et al., 2017). II. Santé Avant le démarrage du conflit syrien, les pays voisins de la Syrie ont connu une décennie d’amélioration constante des résultats en matière de santé. De 2000 à 2010, l’espérance de vie a augmenté en Jordanie et au Liban (passant respectivement de 71,9 à 73,4 ans et de 74,9 à 78,5 ans) et est restée supérieure à la moyenne régionale de la MENA (69,2 contre 71,4 ans). D’autres indicateurs de santé de base comme les taux de mortalité maternelle et infantile se sont également améliorés, et les deux pays ont atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement des Nations Unies dans ces domaines. Ces améliorations ont pu être réalisées en dépit de contextes économiques et politiques relativement différents dont l’impact s’est ressenti sur les dépenses de santé. La Jordanie, qui connaissait une croissance économique relativement soutenue dans les années 2000, a accru de 4,6 à 5,9 % l’enveloppe allouée à la santé durant la décennie, tout en réduisant de 39 à 28 % la part des ménages dans le montant total des dépenses de santé. En revanche, le Liban a dû faire face à des mesures d’austérité, des niveaux élevés d’endettement et la guerre de 2006, qui ont restreint l’espace budgétaire global. De 2000 à 2010, les dépenses publiques allouées à la santé y ont diminué de 3,2 à 2,7 % du PIB, et les dépenses directes des ménages sont restées élevées, bien qu’orientées à la baisse : elles sont passées de 57 à 46 % des dépenses totales de santé. Ces résultats positifs nonobstant, les deux systèmes de santé, comme beaucoup d’autres dans la région, sont de plus en plus pressés de se réformer pour mieux répondre aux besoins des populations et soutenir les objectifs de développement. Des maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires ont pris le pas sur les maladies infectieuses et plafonnent désormais au classement des principales causes de morbidité et de mortalité. Par contre, cette évolution n’a pas été suivie d’efforts concertés pour y faire face. Bien que le nombre de lits d’hôpitaux et de médecins fût globalement jugé suffisant, une grande partie de ces ressources était concentrée dans les grandes villes, laissant les zones rurales en proie à des difficultés d’accès Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 17 et des ressources de qualité inférieure. En dépit des progrès accomplis pour réduire les paiements directs, les plus démunis dans ces pays restent vulnérables aux revers financiers liés aux questions de santé. Incidence des réfugiés sur les pays d’accueil dans la région MENA La crise syrienne et le lot de réfugiés qui en résulte ont accru considérablement la demande de services de santé dans les pays voisins de la région (tableau 2.1). En 2014, on a enregistré près de 700 000 visites de réfugiés syriens aux centres de santé ou hôpitaux de Jordanie. En 2015, le réseau de centres de santé primaire du Liban, qui comporte environ 200 établissements consacrés aux personnes vulnérables, a enregistré plus de 1,5 million de visites – soit plus de deux fois le nombre de visites comptabilisées en 2009 (700 000) avant le démarrage de la crise. En 2013, près de 35 % de l’ensemble des visiteurs des centres de santé primaire du Liban étaient des réfugiés syriens. Les déplacements ont ralenti et dans certains cas inversé d’importants progrès en matière de santé. Bien que le Liban ait atteint les OMD relatifs à la santé maternelle et infantile, on constate un recul notable dans ces deux domaines. De 2012 à 2017, le taux de mortalité néonatale a augmenté, passant de 3,4 à 4,9 décès pour 10 000 naissances vivantes, alors que le taux de mortalité maternelle augmentait de 12,7 à 21,3 décès pour 100 000 naissances vivantes. Dans les deux cas, les taux parmi les réfugiés syriens représentaient quasiment le double de ceux observés dans la population locale. En Jordanie et au Liban, des maladies transmissibles auparavant maîtrisées comme la rougeole, la tuberculose et la leishmaniose ont resurgi et menacent à la fois les efforts locaux et régionaux de lutte contre les maladies. En 2012 par exemple, la première année d’afflux massif de réfugiés au Liban, le nombre de cas de tuberculose déclarés a augmenté de 27 %. Les données du HCR montrent que les maladies transmissibles sont une des principales raisons pour lesquelles les réfugiés demandent des soins primaires en Jordanie et au Liban. L’afflux des réfugiés entrave les efforts visant à fournir une couverture sanitaire universelle et une protection financière de base aux populations. En 2013, le Liban a dévoilé d’ambitieux plans d’expansion de la couverture d’assurance aux populations vulnérables notamment, mais l’arrivée de 1,3 million de réfugiés syriens ces cinq dernières années et la demande de services de santé qui s’est ensuivie ont interrompu ces efforts (Banque mondiale, 2017e). Actuellement, le HCR prend à sa charge une partie du coût de services hospitaliers spécifiques comme les soins obstétriques et les urgences vitales pour les Syriens installés au Liban, mais les patients doivent généralement payer le reste de la note. D’autres services comme le traitement du cancer, les dialyses et les maladies invalidantes ne sont pas du tout pris en charge. Une récente étude a révélé que les taux d’hospitalisation des réfugiés syriens étaient largement inférieurs à ceux de la population libanaise (6 % contre 12 % par an), ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant au fait que les coûts représentent un obstacle aux soins. En Jordanie, des inquiétudes semblables apparaissent. De 2012 à 2014, les autorités jordaniennes ont généreusement subventionné l’ensemble des dépenses de santé des réfugiés. Cependant, à mesure que cette population augmentait, cette mesure est devenue financièrement insoutenable, obligeant la Jordanie à imposer aux réfugiés d’acquitter une quote-part de 20 % pour la plupart des services. Deux ans après la mise en application de ce dispositif, l’utilisation des services de santé par les réfugiés en Jordanie a diminué de près de 60 %. Une récente étude révèle que plus de 50 % des réfugiés syriens en Jordanie déclarent manquer de moyens pour acheter leurs médicaments, et plus de 50 % des femmes enceintes affirment ne pas pouvoir payer les frais de transport pour honorer les rendez-vous prénatals. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 18 Tableau 2.1 Situation des réfugiés syriens enregistrés Pays d’asile Arrivées de Syriens* Conditions de vie Accès aux Services de santé Irak 227 971 38 % dans les camps Des services spécialisés sont offerts 62 % hors des camps a à une sélection de réfugiés enregistrésb c d Jordanie 655 833 82 % dans des établissements Les réfugiés syriens (enregistrés urbains ou spontanésa auprès du HCR) ont accès au système de santé publiqueh Liban 1 017 433 Zones urbaines (Beyrouth) ; Les réfugiés syriens doivent être camps de toile spontanés enregistrés auprès du HCR pour (Vallée de Bekaa) ; camps de accéder aux services de santé Sabra et Shatila (Beyrouth)f primaireh. L’enregistrement des nouveaux arrivés a été gelé en mai 2015 à la demande du Gouvernement libanaisa. Turquie 2 764 500 Districts (également appelées Les réfugiés syriens enregistrés qui villes satellites) ; camps situés vivent dans des quartiers pauvres le long de la frontière turquo- sont inscrits au Programme général syrienneg d’assurance maladie de la Turquie et peuvent ainsi bénéficier de services de santé gratuits. Dans les camps, des organismes publics fournissent de l’eau potable, des services d’hygiène et d’autres prestationsf. Égypte 115 204 Zones urbainesh Les Syriens ont accès au système de santé publique, mais doivent acquitter les mêmes frais que les Égyptiense. Les services sont engorgés et souvent inaccessibles aux réfugiés en raison de leur coûth. Source : CDC 2016. Note : *Nombre d’arrivées de réfugiés enregistrées par le HCR au 31 octobre 2016. a. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#thirteen. b. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#fourteen. c. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#fifteen. d.https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#sixteen. e. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#seventeen. f. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#eighteen. g. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#nineteen. h. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/profiles/syrian/population-movements/index.html#twenty. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 19 L’incapacité à satisfaire la demande croissante de services de santé a diminué le niveau de satisfaction des patients, menaçant une relation déjà tenue entre les citoyens et le système de santé. Les temps d’attente pour être pris en charge ont augmenté dans les deux pays. En 2016, les délais d’attente sont devenus si longs en Jordanie que les cas orientés vers des hôpitaux privés ont augmenté de plus de 50 % par rapport à l’année précédente, ce qui représente un coût de 154 millions de dollars pour l’administration. Les ruptures de stocks de certains médicaments essentiels seraient devenues plus fréquentes (Banque mondiale, 2017d). Les pénuries d’agents de santé, particulièrement ceux qui sont formés à la prise en charge des problèmes de santé reproductive, des violences sexistes, de la santé mentale et des maladies non transmissibles, érodent davantage le niveau de satisfaction à l’égard de la prise en charge sanitaire. Les divergences culturelles atténuent également le niveau de satisfaction des patients, certains réfugiés syriens rapportant que les agents de santé humanitaires ne font pas montre de suffisamment de sensibilité à la culture de l’autre au moment des soins. Des interventions en faveur du développement Dans un contexte où les services de santé de base sont excessivement sollicités et les objectifs de développement menacés, de nouvelles solutions sont nécessaires pour s’attaquer aux problèmes sous-jacents des systèmes de santé en répondant parallèlement aux besoins générés par l’afflux des réfugiés. Même avant le déclenchement du conflit syrien, de nombreux pays de la région MENA étaient aux prises avec les défaillances de leurs systèmes de santé : de la forte dépendance à l’égard des paiements directs des ménages et l’insuffisance de certains professionnels de la santé à la fragmentation des services donnant lieu à des inefficacités et des soins de piètre qualité. Les efforts déployés pour faire face à ces défis préexistants ont été exacerbés par l’arrivée de millions de réfugiés, qui vivent pour la plupart au sein des communautés plutôt que dans des camps, et cherchent souvent à accéder aux mêmes services que les populations locales. En dépit des mesures prises initialement par certaines communautés d’accueil pour financer ces services au profit des réfugiés, les coûts et la demande se sont révélés accablants, particulièrement dans un contexte d’augmentation des niveaux d’endettement et de diminution de l’aide humanitaire. Les récentes expériences font apparaître différentes façons de mettre le secteur de la santé à contribution pour aider les pays confrontés à un afflux massif de réfugiés à atteindre leurs objectifs de développement :  Utiliser des mécanismes de financement innovants pour appuyer les services de santé de base tout en réaffirmant le principe selon lequel l’accueil des réfugiés est un bien public mondial. Ces derniers mois, la Banque a approuvé deux projets d’appui d’urgence au secteur de la santé dans la région MENA : le projet d’urgence sanitaire en Jordanie d’un montant de Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 20 50 millions de dollars et le projet de renforcement de la résilience du système de santé au Liban d’une valeur de 120 millions de dollars. Ces deux projets faisaient partie d’opérations distinctes de 150 millions de dollars bénéficiant d’un financement parallèle de la Banque islamique de développement (BID). Ce sont-là les premiers projets de santé appuyés par le Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF) de la Banque mondiale qui a été établi récemment pour venir en aide aux pays à revenu intermédiaire de la région MENA accueillant un grand nombre de réfugiés.  Les systèmes de santé de nombreux pays de la région étaient hautement fragmentés bien avant le déclenchement de la crise syrienne, les services étant offerts par un large éventail d’acteurs parmi lesquels divers ministères sectoriels, des opérateurs privés, des ONG et des associations caritatives religieuses. Les récents flux de réfugiés ont souvent contribué à cette fragmentation parce que les organismes humanitaires mettent parfois en place des systèmes parallèles qui n’alimentent pas – et dans certains cas ponctionnent – les ressources des systèmes nationaux de santé. Les actions menées pour accroître l’offre doivent aussi contribuer à renforcer les capacités nationales, et non rivaliser avec ces dernières. Par exemple, le projet de renforcement de la résilience du système de santé au Liban participe à élargir le périmètre et l’ampleur du bouquet de services de base déjà offerts par les organisations des Nations Unies dans le cadre du réseau de centres de santé primaire du pays, aidant ainsi à renforcer les capacités sur ces sites et à rationaliser la prise en charge.  Faire en sorte que les réfugiés formés aux métiers de la santé viennent combler les lacunes en termes de ressources humaines. Les données du HCR pour mars 2017 montrent que la population des réfugiés syriens en Jordanie se composait de 483 médecins, 880 infirmiers, 448 pharmaciens et 335 auxiliaires médicaux. En raison de restrictions d’ordre juridique, la plupart de ces professionnels de la santé n’auront pas la possibilité de reprendre du service dans leur domaine de compétence. Certains pays étudient des solutions innovantes pour employer ces spécialistes de façon à répondre aux besoins de santé des réfugiés. La Turquie par exemple a ouvert des dizaines de cliniques pour réfugiés qui emploient des médecins et des infirmiers syriens chargés de fournir des soins primaires en arabe à la population de réfugiés.  Adapter la formation des professionnels de la santé à l’évolution de la charge de morbidité du fait des conflits et des déplacements massifs. On devrait envisager de transposer de telles initiatives à une échelle plus grande pour faire en sorte que la prochaine cohorte de cliniciens et d’agents de santé publique reçoive la formation qui convient pour faire face aux problèmes de santé souvent uniques des populations de réfugiés, ainsi qu’à ceux de leurs communautés d’accueil. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 21 III. Emplois Évolution du marché du travail avant et après l’afflux de réfugiés Plus de 5 millions de Syriens ont fui les zones de conflit – une majorité d’entre eux traversant les frontières pour se réfugier dans les pays voisins de la région MENA (voir tableau 2.1). Le conflit syrien a provoqué la perte de 3,2 millions d’emplois dans ce pays. Il a engendré des changements structurels majeurs dans l’économie et les marchés du travail, ainsi que des pertes massives de compétences de haut niveau. Depuis 2011, en raison des licenciements massifs causés par les fermetures d’usines et d’entreprises, on estime à 538 000 le nombre d’emplois détruits par an. Plus de 50 % de la population en âge de travailler est au chômage. Le taux de chômage national a atteint 52,9 % en 2015, et le taux de chômage des jeunes s’établit à 78 %. Pour soutenir financièrement leur famille, les gens se tournent de plus en plus vers le service militaire ou l’« économie de guerre ». Alors que les secteurs pétrolier et manufacturier s’effondrent, une part importante et croissante de la main-d’œuvre travaille maintenant dans des secteurs à faible productivité. La part des emplois industriels est passée de 14 à seulement 2 %. L’agriculture occupe encore 20 % des travailleurs malgré la perte de 400 000 emplois agricoles. En revanche, l’emploi a augmenté dans les services à faible productivité, qui occupent aujourd’hui 78 % des travailleurs13. L’émigration due à l’insécurité, au manque de possibilités d’emploi et à la chute brutale du niveau de vie a également engendré une importante pénurie de main-d’œuvre qualifiée en Syrie (Banque mondiale, 2017a). Les répercussions de l’arrivée de réfugiés sur le marché du travail et les salaires dans le pays d’accueil sont difficiles à évaluer. Même avant le conflit syrien, la réglementation du travail et les programmes actifs du marché du travail (PAMT) dans les pays de la région MENA souffraient de déficiences structurelles. Les marchés nationaux du travail sont toujours aux prises avec un important réservoir de ressources humaines inexploitées en raison des taux élevés d’inactivité et de chômage, en particulier chez les jeunes. Le taux élevé de chômage, conjugué à la pénurie d’emplois formels dans le secteur privé, a poussé un nombre croissant de travailleurs à se contenter d’activités improductives de subsistance, souvent dans l’économie informelle (Banque mondiale, 2012). L’afflux massif de réfugiés a exacerbé le malaise sur les marchés du travail locaux, la moitié des réfugiés étant en âge de travailler. Au Liban, l’afflux de réfugiés syriens a augmenté la population active de près de 35 %. Beaucoup de ces réfugiés travaillent dans le secteur informel à cause d’un niveau d’éducation moins élevé ou de l’absence d’un permis de 13 Les données sectorielles de l’emploi sont fondées sur l’élasticité de l’emploi par rapport au PIB et il convient donc de les interpréter avec prudence. Cette méthode suppose que l’intensité de main-d’œuvre de la production est constante, ce qui n’est peut-être pas le cas dans tous les secteurs en période de conflit. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 22 travail. Les jeunes sont beaucoup plus susceptibles d’entrer en concurrence professionnelle avec ces réfugiés et d’être concentrés dans les secteurs (tourisme et commerce) dont la croissance est la plus touchée par la crise14. Les réfugiés syriens acceptent également des salaires inférieurs à ceux des travailleurs de leur communauté d’accueil. L’économie jordanienne était déjà aux prises avec des taux de chômage élevés avant l’afflux de réfugiés. Les taux de chômage dans ce pays restent supérieurs à 10 %, surtout chez les jeunes et les femmes, et ont culminé à 15,8 % en 2017, le taux le plus élevé depuis 10 ans (FMI, 2017). Environ 120 000 Jordaniens entrent sur le marché du travail chaque année, mais seulement 55 000 trouvent un emploi. Les femmes et les personnes les moins instruites constituent la majorité des 65 % de la population inactive. De plus, près de la moitié des emplois en Jordanie se trouvent dans le secteur informel15. La situation est pire pour les réfugiés syriens résidant en Jordanie. Sur 1,3 million de réfugiés syriens environ, dont la moitié sont enregistrés auprès du HCR, seulement 40 000 étaient titulaires d’un permis de travail à la mi-201716. En Irak, la crise des réfugiés affecte à la fois ceux qui ont dû fuir et les collectivités qu’ils ont quittées. La situation est encore pire pour les réfugiés syriens qui sont arrivés dans ce pays en quête de sécurité et d’emplois. En 2016, le taux de chômage national était de 16 %, et le taux de chômage des jeunes de 36 %. Le secteur public fournit 40 % de tous les emplois17, ce qui se traduit par une marge de manœuvre budgétaire pratiquement inexistante. La création d’emplois dans le secteur privé est entravée par un environnement peu propice aux affaires : insécurité, corruption, coûts d’exploitation élevés, demande atone, accès limité à l’électricité et au crédit, et omniprésence des entreprises d’État. Plus récemment, la lutte contre le Groupe État islamique (Daesh) a considérablement nui aux perspectives d’emploi. Les revenus du travail ont chuté de 47 % dans les régions touchées par Daesh. Selon certaines estimations, quelque 5 millions d’emplois devront être créés d’ici 2030 pour contrer les impacts négatifs de plusieurs décennies marquées par les sanctions et les conflits, la dépendance à l’égard du pétrole et la lourdeur de la réglementation qui ont gravement entravé la création d’emplois tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Le conflit en cours au Yémen a dévasté l’économie du pays et entraîné la suppression de 600 000 emplois, principalement dans l’agriculture et les services. Environ 3 millions de personnes ont été déplacées, et les réfugiés Yéménites ont fui à Djibouti, dans les pays du Golfe, et au Soudan. La plupart ont fui pour des raisons de sécurité, pour éviter d’être recrutés de force, 14 En 2010, plus de la moitié des jeunes occupant un emploi travaillaient dans les secteurs du tourisme et du commerce, contre 33 % seulement en 2015. 15 Stratégie nationale jordanienne pour l’emploi 2011–2020 et rapports du ministère du Travail. 16 Les non-Jordaniens qui souhaitent travailler sont assujettis à de stricts quotas sectoriels et professionnels. 17 Sauf indication contraire, toutes les données proviennent des enquêtes socioéconomiques menées auprès des ménages irakiens en 2012 et en 2014. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 23 et ont donc perdu leur emploi. Le Yémen accueille lui aussi des réfugiés de la Corne de l’Afrique, y compris d’Éthiopie et de Somalie, qui souhaitent améliorer leur sort malgré les conflits en cours. Les petites et moyennes entreprises (PME) ont été les plus durement touchées par le conflit. L’emploi dans le secteur privé a diminué d’environ 12 % en 201518 et continue de se contracter. Environ 70 % des PME ont mis à pied la moitié de leur main-d’œuvre. En 2016, le taux de chômage au Yémen n’était que de 17 % (WDI). La destruction des infrastructures et l’instabilité ont fait augmenter les coûts des entreprises ; la clientèle et les revenus ont diminué et d’importants capitaux du secteur privé ont fui la région. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) estime que la moitié environ des personnes qui ont fui en Libye sont à la recherche d’un emploi, mais qu’elles doivent poursuivre leur exode jusqu’en Europe en raison des conditions économiques difficiles et de l’instabilité du marché du travail qui caractérisent ce pays. Les profondes querelles politiques ont eu un impact négatif significatif sur l’économie et donc sur le marché du travail en Libye. Le taux de chômage global en Libye est passé de 13,5 % en 2010 à 19,0 % en 2012, et a peu évolué depuis. Le taux de chômage des jeunes est d’environ 48 %, et celui des femmes est de 25 %. La grande majorité (85 %) de la main-d’œuvre libyenne est employée dans le secteur public, un taux élevé même par rapport aux normes régionales. Le taux est encore plus élevé pour les femmes (93 %). Des interventions en faveur du développement Tous les pays de la région MENA sont confrontés, à des degrés divers, à trois défis communs : 1) accélérer le taux de création d’emplois dans le secteur formel en mettant l’accent sur les activités à plus forte valeur ajoutée ; 2) améliorer la qualité des emplois informels existants ; 3) permettre aux groupes vulnérables d’accéder à l’emploi ou les aider à trouver de meilleurs emplois. Il est peu probable qu’au cours de la prochaine décennie, un nombre suffisant d’emplois formels soient créés pour absorber tous les nouveaux arrivants sur le marché du travail. Cependant, il est possible et nécessaire d’accroître progressivement la part de l’emploi formel pour permettre une transformation structurelle plus fondamentale. Les politiques du travail et les politiques migratoires sont essentielles pour aider les travailleurs vulnérables, y compris les réfugiés, à accéder à des emplois ou à passer d’emplois de qualité inférieure à des emplois de qualité supérieure. Malheureusement, la réglementation du travail et les programmes actifs du marché du travail (PAMT) en vigueur dans les pays de la région MENA présentent des carences structurelles. Premièrement, les règlements ont été conçus pour un environnement dans lequel la plupart des travailleurs œuvrent dans le secteur formel. Deuxièmement, les PAMT sont « axés sur l’offre » et incapables de répondre efficacement aux besoins des travailleurs et des employeurs en dehors du secteur formel. 18 Enquête rapide de l’OIT et de l’Office central de statistique de la République du Yémen, 2015. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 24 Il conviendrait d’améliorer l’efficacité de la réglementation du travail pour protéger les travailleurs, y compris dans le secteur informel, tout en internalisant les coûts sociaux de la destruction des emplois et en réduisant les distorsions qui limitent la création d’emplois formels. Pour réaliser de telles transformations réglementaires, il faut trouver des approches différentes qui 1) garantiront un niveau de revenu minimum ; 2) assureront une répartition équitable de la valeur ajoutée entre salaires et bénéfices ; 3) protégeront les travailleurs contre le chômage ; et 4) feront respecter les normes fondamentales du travail et des conditions de travail adéquates. De même, si l’amélioration de l’accès à l’emploi ou les mesures permettant aux travailleurs d’accéder à des emplois de meilleure qualité ont une valeur encore plus grande pour la société dans son ensemble que pour les travailleurs (et les employeurs, le cas échéant), il paraît justifié d’augmenter les investissements dans les PAMT et d’élargir leur couverture. Pour y parvenir, les systèmes de prestation et de financement doivent être recadrés. Les systèmes de prestation, en particulier, doivent mieux lier les programmes en faveur du marché du travail aux interventions « axées sur la demande » qui mettent l’accent sur la création d’emplois ou l’accroissement de la productivité du travail. Le meilleur moyen d’aider les réfugiés à trouver un emploi est d’améliorer substantiellement le fonctionnement des marchés du travail des pays d’accueil. IV. Moyens d’existence L’insuffisance des droits civils, économiques et sociaux, y compris la liberté de circulation et de résidence, a souvent un impact négatif sur les moyens d’existence des réfugiés. Certaines études (Jacobsen, 2002) montrent que de nombreux réfugiés sont incapables d’assurer ou de maintenir leurs moyens d’existence parce qu’ils sont privés des droits garantis par les normes internationales relatives aux droits de l’homme, les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, le droit humanitaire international ou le droit des réfugiés. Nous proposons ci-après une série d’exemples concrets. La capacité des réfugiés libériens au Ghana d’exercer leur droit à la liberté de circulation et d’accéder à l’emploi et à l’éducation publique a contribué au succès relatif des efforts qu’ils ont déployés pour devenir autosuffisants (Dick, 2002). Les autorités ougandaises ont fourni aux réfugiés des terres agricoles dans le but de les rendre autosuffisants en attendant une solution durable. L’environnement extérieur et l’incertitude influent également sur les moyens de subsistance des réfugiés. Ces derniers doivent non seulement faire face à l’expérience souvent traumatisante de l’exode, mais ils se retrouvent souvent avec des ressources très limitées, voire inexistantes, en raison de la perte de moyens et de capacités. L’incertitude qui entoure l’obtention du permis de travail (évolution rapide des politiques concernant le renouvellement des permis et les secteurs auxquels ils s’appliquent) peut avoir une incidence négative sur les moyens d’existence des réfugiés. Elle complique la prise de décisions et le calcul des coûts, des avantages et des risques Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 25 de diverses stratégies de subsistance19. En Équateur, les demandeurs d’asile ne sont pas autorisés à travailler tant que leur statut juridique n’a pas été clarifié. La période d’attente, qui peut durer jusqu’à un an, engendre la peur et l’angoisse, sans compter le stress engendré par l’incapacité d’occuper légalement un emploi officiel, le manque d’opportunités de travail et la discrimination. En Colombie, les réfugiés doivent subvenir à leurs besoins par des moyens illégaux pendant la procédure de demande d’asile. Lo (2005) soutient que la levée de cette restriction sur les demandeurs d’asile réduirait la crainte associée à leur situation de travailleurs illégaux. Des interventions en faveur du développement Comme nous l’avons vu plus haut, les moyens de subsistance sont influencés par divers facteurs économiques, sociaux, politiques et environnementaux. Pour cette raison, il est essentiel d’appliquer une approche globale à la conception et à la mise en œuvre de programmes aptes à soutenir les moyens d’existence des réfugiés. Il s’agit d’établir la bonne combinaison de politiques. Dans cette optique, il faut envisager de lever non seulement les obstacles juridiques mais aussi d’autres obstacles, notamment l’accès limité de facto au marché du travail en raison des mauvaises conditions économiques, de l’éloignement des camps de réfugiés et des restrictions imposées par les autorités locales. Il est enfin tout aussi important de s’attaquer aux barrières linguistiques, au manque de compétences, au manque d’outils et/ou de capital de démarrage et à la xénophobie envers les réfugiés. Les activités tendent à être plus fructueuses lorsqu’elles tiennent compte des aspects liés à la problématique hommes-femmes. Hommes et femmes ne s’y prennent pas de la même façon lorsqu’il s’agit de créer et de maintenir leurs moyens d’existence. En outre, la fuite et l’expérience de l’exil peuvent avoir une grande incidence sur les rôles sexospécifiques et le statut socioéconomique des réfugiés. Dans leur lutte pour la survie, les femmes ne sont pas confrontées aux mêmes obstacles et aux mêmes sources d’insécurité que les hommes. Lorsque les ménages se retrouvent au bord du gouffre, les filles sont les premières à être retirées de l’école pour aller travailler, ou sont poussées au mariage précoce. Une étude réalisée par No Lost Generation révèle qu’en 2016, les mariages d’enfants ont atteint 20 % au Liban et plus de 30 % en Jordanie20. Les filles en milieu non protégé sont également exposées à la traite. Les politiques visant à protéger les moyens d’existence des femmes et les biens dont elles dépendent pour leur subsistance devraient tenir compte de ces différences. Le HCR privilégie une approche ascendante lorsqu’il s’agit d’adopter des lois ou des règlements sur la création des activités de soutien des moyens d’existence. L’un des éléments les plus 19 L’analyse présentée dans cette section est fondée sur une étude réalisée par Overseas Development Institute (ODI) du Royaume-Uni. 20 En 2016, les mariages d’enfants ont atteint 20 % au Liban, et plus de 30 % en Jordanie. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 26 cruciaux consiste à garantir et à intégrer les voix et la participation des réfugiés. Les succès remportés par le HCR au Guatemala (Cheng et Chudoba, 2003) sont largement attribuables au fait que l’agence a pu compter sur les vastes capacités d’initiative et sur les connaissances des réfugiés. Parmi les réfugiés guatémaltèques auxquels le HCR est venu en aide, les communautés les plus prospères sont celles dont les membres ont eu la possibilité de faire des choix : vivre là où ils voulaient et avec qui ils voulaient, et subvenir à leurs propres besoins comme ils le souhaitaient. Enfin, la prise en compte des problèmes de développement préexistants dans les communautés d’accueil — y compris l’amélioration du climat des affaires, le renforcement et l’expansion de la prestation des services éducatifs, sanitaires et environnementaux pour faire face à l’accroissement de la population, et la formation professionnelle des jeunes — devraient être les éléments clés de la promotion des moyens d’existence pour les réfugiés. Il importe par ailleurs de promouvoir des politiques qui renforcent la liberté de circulation et élargissent le droit au travail pour les réfugiés, deux objectifs qui vont aussi dans le sens des intérêts des communautés d’accueil. Comment la communauté du développement peut-elle faire mieux ? Interventions et aide Ressources Les déplacements massifs de populations survenus dans la région MENA au cours de la dernière décennie ont entraîné des coûts financiers importants. On ne s’étonnera pas de constater que bon nombre de ces coûts ont été supportés par les réfugiés eux-mêmes, qui ont utilisé leurs ressources pour financer leur déménagement et subvenir aux besoins de leurs familles. Une étude d’Oxfam révèle que la plupart des réfugiés syriens interrogés au Liban ont indiqué qu’à leur arrivée, ils avaient surtout compté sur leurs économies (Oxfam America, 2015). Ces ressources s’épuisent souvent rapidement, avant que le réfugié ne réussisse à trouver du travail ou un logement à long terme. Une autre part importante du financement provient des pays et des communautés qui accueillent les personnes déplacées. Selon la proportion qu’ils représentent par rapport à la population, les réfugiés peuvent mettre à rude épreuve les indicateurs budgétaires et macroéconomiques, par exemple en raison de leur utilisation des services et de leur accès aux biens subventionnés. Divers intervenants, dont la Banque mondiale, ont tenté d’évaluer le fardeau financier que font peser les réfugiés sur leurs pays d’accueil. Cependant, ces études ont eu tendance à utiliser un large éventail de méthodes, ce qui les rend difficiles à comparer dans le temps et d’un pays à l’autre (voir la section sur le partage de la charge). Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 27 La troisième source d’aide financière pour la gestion des crises liées aux déplacements de populations dans la région MENA est constituée par les partenaires extérieurs ; elle prend la forme d’aide humanitaire ou d’aide au développement, ou de dons de charité privés ou autres. Il n’existe pas encore d’estimation ni d’aperçu complet des montants de l’aide financière que la communauté internationale consacre aux crises liées aux déplacements forcés de populations à l’échelle mondiale. Dans une nouvelle étude, la Banque mondiale estime que les dépenses mondiales consacrées aux déplacements forcés ont atteint environ 20 milliards de dollars en 2015 (Banque mondiale, 2017b). Cependant, ce calcul passe sous silence la contribution d’un certain nombre d’intervenants, et il est donc probable que les coûts réels aient été sous-estimés21. En 2016, environ 15,4 milliards de dollars, soit 75 % de ces fonds ont été consacrés à la réinstallation des réfugiés dans les pays donateurs de l’OCDE. La part de ces montants dépensés dans les pays donateurs a augmenté depuis le début de la crise syrienne (hausse de 27,5 % entre 2015 et 2016) ; elle correspondait à un ratio sans précédent de 10,8 % de l’APD nette totale. En excluant les coûts de la réinstallation, chaque réfugié dans le reste du monde a reçu en moyenne 131 dollars en 2015. Il est également difficile de déterminer les montants réels et les types de financements accordés aux réfugiés et à leurs hôtes dans la région MENA. En 2014-2015, la Jordanie a été le neuvième bénéficiaire de l’APD, avec environ 2, 5 milliards de dollars. De ce montant, 30 % ont été fournis sous forme d’aide humanitaire, probablement acheminée en majeure partie aux réfugiés syriens. En revanche, pendant la même période, le Liban a reçu 975 millions de dollars, dont près de 60 % d’aide humanitaire (graphique 2.3). 21 L’analyse rend compte des dépenses de la plupart des grandes organisations qui s’intéressent au développement financier, sans toutefois inclure les données de la FAO, du PNUD, de l’UNICEF, de l’USAID, de l’OMS, des petites ONG et d’autres donateurs. Elle ne tient pas compte non plus des dépenses des pays consacrées aux programmes bilatéraux d’aide pour les populations victimes de déplacements forcés dans les pays non membres de l’OCDE. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 28 Graphique 2.3 Apport brut d’aide publique au développement, 2013–15 Source : www.oecd.org. Traditionnellement, on a jugé que les déplacements forcés étaient un problème temporaire, et que les personnes en fuite avaient besoin d’une aide immédiate, en attendant de pouvoir retourner chez elles. En conséquence, l’aide s’est concentrée sur des mesures d’urgence, surtout à court terme, de protection de la vie humaine, et n’avait tendance à couvrir que les besoins urgents des personnes déplacées. Ainsi, les ressources financières consacrées à ce problème sont principalement venues des budgets humanitaires, fondés sur des cycles budgétaires annuels et sur une courte période de planification. Cependant, à mesure que les populations déplacées se sédentarisent, à l’exemple des Palestiniens et des Afghans qui ont quitté leurs foyers depuis des décennies, leurs besoins évoluent pour devenir des besoins de développement, et les trajectoires de développement des communautés d’accueil s’en trouvent également affectées. Cette « nouvelle donne » a conduit à une augmentation de la part de l’aide humanitaire consacrée à des réfugiés déplacés depuis plus de huit ans, et les donateurs sont dans certains cas devenus des prestataires parallèles de services de base et d’opportunités de subsistance distincts de ceux fournis par l’État hôte à ses propres citoyens. Le HCR est le principal prestataire mondial d’aide aux réfugiés. Son budget de fonctionnement, qui s’établissait au départ à 300 000 dollars en 1950, a augmenté régulièrement pour atteindre plus de 6,5 milliards de dollars. Les fonds sont acheminés en majeure partie par le biais des Plans d’intervention en faveur des réfugiés (PRR), un outil de planification et de coordination inter- institutions dirigé par le HCR et conçu pour faire face aux situations de réfugiés complexes ou à grande échelle. Les PRR constituent la stratégie d’intervention inter-institutions et prennent en compte les besoins financiers de tous les partenaires pour assurer la cohérence et la complémentarité de l’action humanitaire. Le premier PRR syrien, lancé en mars 2012, a sollicité Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 29 une aide totale de 84 millions de dollars pour couvrir les besoins d’une population prévue de 96 000 réfugiés en Jordanie, au Liban, en Turquie et en Irak (graphique 2.4). Graphique 2.4 Interventions humanitaires en Syrie, 2012–17 Source : HCR. Partage de la charge En raison des mouvements transfrontaliers de réfugiés, l’aide financière qui leur est consacrée est souvent comparée à un bien public mondial au même titre que la lutte contre le changement climatique ou contre les pandémies. Le partage adéquat de la charge, y compris celle de la collecte de fonds internationaux, est confronté aux mêmes enjeux que d’autres biens publics mondiaux lorsqu’il s’agit de contrer le resquillage (voir la section sur le bien-être des réfugiés comme bien public mondial). La Convention relative aux réfugiés de 1951 reconnaît que n’importe quel pays peut engendrer des réfugiés, et que l’accueil des réfugiés constitue donc une responsabilité mondiale. Étant donné que les pays de premier asile sont souvent les pays d’accueil par défaut, la Convention reconnaît également que la prise en charge des réfugiés pourrait incomber de manière disproportionnée à quelques pays particuliers. Reconnaissant la nécessité de jeter un nouveau regard sur le modèle implicite de partage de la charge de l’accueil des réfugiés dans la Convention de 1951, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté à l’unanimité, en septembre 2016, la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants. L’objectif global de la déclaration est d’améliorer la manière dont la communauté internationale réagit face aux mouvements massifs de réfugiés et aux situations de réfugiés prolongées. Afin d’alléger la charge qui pèse sur les principaux pays d’accueil, la déclaration propose, par le biais du Cadre d’action global pour les réfugiés (CRRF), des actions collectives spécifiques nécessaires pour 1) alléger la pression sur les pays d’accueil ; 2) renforcer l’autonomie Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 30 des réfugiés ; 3) élargir l’accès aux pays tiers ; et 4) créer les conditions, dans les pays d’origine des réfugiés, qui permettront à ces derniers de rentrer dans la sécurité et la dignité. La déclaration comprend des engagements visant à accroître le partage des charges, par exemple l’intention d’améliorer la fourniture de l’aide humanitaire et de l’aide au développement aux pays les plus touchés, notamment par le biais de solutions financières multilatérales novatrices. Les trois objectifs sont les suivants : 1) combler tous les déficits de financement ; 2) trouver de nouveaux foyers pour tous les réfugiés identifiés par le HCR comme ayant besoin d’être réinstallés ; 3) élargir les possibilités pour les réfugiés de se réinstaller dans des pays autres que leur pays d’origine, par exemple, grâce à des programmes de mobilité de la main-d’œuvre ou d’éducation (encadré 2.1). De nouvelles idées sont apparues sur la manière d’accroître le financement multilatéral en faveur des réfugiés. Deux facteurs principaux empêchaient auparavant les institutions financières internationales (IFI) de s’attaquer systématiquement aux problèmes posés par les déplacements forcés. Premièrement, l’opinion traditionnelle selon laquelle le problème des réfugiés n’était qu’un problème humanitaire faisait en sorte qu’il n’était pas perçu comme étant du ressort des organisations de développement, et que les réfugiés n’étaient donc pas admissibles à bénéficier des avantages comparatifs de ces organisations. Deuxièmement, le modèle selon lequel chaque pays contracte des prêts pour investir dans le développement au profit de ses ressortissants a conduit à négliger encore plus les problèmes de développement découlant de l’accueil des réfugiés. Les réfugiés ne font en effet partie d’aucune catégorie reconnue de citoyens. Encadré 2.1 Réinstallation des réfugiés dans des pays tiers Le partage de la charge peut également se traduire par la réinstallation des réfugiés en dehors du pays d’asile initial. Une telle réinstallation peut se faire par l’intermédiaire du HCR, qui a pour mandat de transférer les réfugiés d’un pays d’asile à un autre (pays tiers) ayant accepté de les accueillir et qui leur accordera, à terme, le statut de résidents permanents. En 2016, près de 77 000 dossiers de réinstallation de réfugiés syriens installés dans la région MENA et en Turquie ont ainsi été traités, contre 53 000 en 2015. Le chiffre de 2016 comprend 30 181 Syriens de Jordanie, 23 498 du Liban et 16 682 de Turquie. Depuis 2013, les dossiers de plus de 156 000 réfugiés syriens installés dans la région MENA et en Turquie ont ainsi été soumis aux fins de réinstallation ou d’admission humanitairea. D’autres réfugiés partent de leur propre chef pour demander l’asile dans des pays tiers. Par exemple, entre avril 2011 et mai 2017, 952 446 Syriens ont demandé l’asile en Europeb. Notes : a. http://www.unhcr.org/59364f887.pdf. b. Ces chiffres reflètent dans la mesure du possible le nombre de premières demandes. Cependant, certaines des statistiques risquent d’inclure des demandes répétées (soumises au même pays ou à un pays différent). Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 31 L’optique « humanitaire seulement » a effectivement été écartée car l’afflux massif de Syriens en Jordanie et au Liban a forcé à reconnaître que les flux de réfugiés avaient une incidence sensible sur le développement, tant du point de vue des réfugiés que de celui des communautés d’accueil, qui avaient par ailleurs à faire face à leurs propres défis de développement. Cette reconnaissance s’est traduite par des efforts accrus pour encourager les pays en développement à emprunter pour le bénéfice des non-ressortissants. En 2016, un certain nombre d’organisations internationales et de donateurs bilatéraux se sont réunis pour trouver un moyen novateur de fournir un financement concessionnel au Liban et à la Jordanie, les deux pays qui ont la plus forte concentration de réfugiés au monde. Le Mécanisme mondial de financement concessionnel pour la région MENA (GCFF) qui en a résulté a mis l’accent sur les moyens d’aider la Jordanie et le Liban à faire face à l’impact des réfugiés syriens sans avoir à augmenter leur niveau d’endettement (encadré 2.2). Il y est parvenu en regroupant les ressources des donateurs dans un fonds d’intermédiation financière pour fournir un financement concessionnel à des projets de développement en faveur des réfugiés et des pays d’accueil. Malgré le caractère particulièrement urgent des besoins de la Jordanie et du Liban, on reconnaît désormais que d’autres pays à revenu intermédiaire se heurtent aux mêmes obstacles lorsqu’il s’agit d’obtenir de l’aide financière pour les non-ressortissants. Le GCFF a donc été élargi pour permettre à d’autres pays d’en bénéficier. Même les pays à faible revenu ont eu du mal à accéder à des financements du développement à faible coût pour répondre aux besoins des communautés d’accueil et des réfugiés. Reconnaissant la réticence des pays en développement à utiliser les ressources limitées allouées par l’Association internationale de développement (IDA) pour venir en aide aux non-ressortissants, les actionnaires de la Banque mondiale ont décidé d’allouer 2 milliards de dollars pour le 18e cycle de reconstitution des ressources de l’IDA à cette fin. Ce changement permet aux pays comptant plus de 25 000 réfugiés (ou plus de 0,1 % de leur population) de recevoir une allocation supplémentaire à leur enveloppe régulière au titre de l’IDA. Encadré 2.1 Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF) En accueillant des millions de réfugiés syriens qui ont fui leurs foyers depuis le déclenchement de la guerre en 2011, le Liban et la Jordanie supportent des coûts exorbitants. Pour atténuer les pressions exercées sur ces pays d’accueil, en avril 2016, la Banque mondiale, les Nations Unies et la Banque islamique de développement ont établi le Mécanisme de financement concessionnel (CFF) en collaboration avec la communauté des bailleurs de fonds et un éventail de partenaires internationaux. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 32 Compte tenu du bien public mondial que le Liban et la Jordanie fournissent en ouvrant leurs frontières aux réfugiés syriens, le Mécanisme mobilise des dons auprès des bailleurs de fonds pour ramener à des niveaux concessionnels le coût des prêts octroyés par les banques multilatérales de développement à ces deux pays à revenu intermédiaire. Grâce à ces dons, ils peuvent contracter des emprunts à des taux plus abordables pour financer des projets de développement au profit à la fois des réfugiés et de leurs communautés d’accueil. Bien que le Mécanisme reste axé sur le Liban et la Jordanie dont les besoins sont les plus importants, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies de septembre 2016, les partenaires en ont élargi le champ d’action au monde entier, de sorte qu’il puisse aider les pays à revenu intermédiaire à faire face à des crises de réfugiés partout où elles surviennent. En août 2017, cet instrument rebaptisé Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF) avait octroyé plus de 1 milliard de dollars de financements concessionnels au profit de sept projets au Liban et en Jordanie. Données et suivi Insuffisance des données sur les réfugiés Améliorer la disponibilité, l’exactitude et la fiabilité des données sur les réfugiés est un défi crucial pour la communauté internationale dans sa quête d’une réponse efficace à la crise des réfugiés. D’abord, il est toujours difficile d’obtenir des données exactes sur les populations de réfugiés. Dans de nombreux cas, les données originales proviennent d’un processus d’enregistrement organisé par le HCR. Dans d’autres cas, les institutions nationales des pays d’accueil fournissent également des données. Les données du HCR sont très crédibles et le processus de collecte des données de l’organisation est en cours. Cependant, à moins que les personnes qui ont fui leur pays ne se présentent pour l’enregistrement, elles ne figureront pas dans les données du HCR. En effet, dans certains pays, un grand nombre de réfugiés de facto ne s’enregistrent pas auprès du HCR. Par exemple, les autorités jordaniennes estiment que la population syrienne de Jordanie compte près de 1,3 million de personnes, alors qu’en août 2017, le nombre de réfugiés syriens en Jordanie enregistrés auprès du HCR était de 660 000. Certains Syriens fortunés vivant en Jordanie n’ont pas intérêt à s’enregistrer comme réfugiés, et d’autres appartiennent à la catégorie des migrants économiques. Du côté du pays hôte, une immigration massive risque d’engorger les mécanismes d’accueil, et de rendre ainsi l’enregistrement très difficile. À l’autre extrémité du spectre, certaines personnes réfugiées risquent d’être découragées de se désinscrire, même lorsque leur situation a changé, et ce phénomène risque aussi d’ajouter des erreurs dans les données sur les populations de réfugiés. Deuxièmement, étant donné les marges d’erreur résultant des variations des méthodes de collecte et d’agrégation entre les pays et les institutions, les données sur les réfugiés doivent être interprétées avec une certaine prudence (Banque mondiale, 2017b). En outre, comme les variables et les indicateurs couverts par ces données sont limités, il arrive souvent qu’ils ne donnent pas une image réaliste de l’état de bien-être ou des moyens d’existence de la population de réfugiés. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 33 Troisièmement, il est souvent difficile de trouver des données ventilées sur les réfugiés dans les communautés d’accueil. Les statistiques classiques — par exemple recensements nationaux ou statistiques sur la pauvreté de la Banque mondiale — ne couvrent que les ressortissants enregistrés ou les membres de la population résidente, et non les réfugiés (Verme et al., 2016). Il est également difficile de déterminer quelles sont les communautés touchées par l’afflux de réfugiés parce que les répercussions de l’arrivée des réfugiées sont difficiles à cerner. Il n’existe pas de seuil spécifique au-delà duquel un afflux de réfugiés est considéré comme suffisamment important pour avoir un impact socio-économique sur les communautés d’accueil (Banque mondiale, 2017b). Évaluation et suivi des impacts de l’afflux de réfugiés L’évaluation et le suivi des impacts de l’afflux de réfugiés sont des conditions préalables à la mise en œuvre d’interventions efficaces pour faire face aux crises de réfugiés. La réduction des impacts négatifs et l’optimisation des opportunités offertes par l’afflux de réfugiés nécessitent une évaluation systématique des domaines clés dans lesquels des interventions sont nécessaires, ainsi que des modalités plus appropriées de mise en œuvre de ces interventions. Une fois les interventions en cours, un suivi rigoureux est nécessaire pour savoir si elles produisent l’effet désiré et sinon pourquoi. L’évaluation et le suivi dans le contexte d’un afflux de réfugiés sont des aspects relativement nouveaux de l’analyse économique qui méritent d’être étudiés plus avant. Pour évaluer les flux de réfugiés et suivre les impacts des interventions menées pour y faire face, deux questions doivent être posées : 1) Où les impacts se font-ils sentir ? ; 2) D’où proviennent ces impacts ? S’agissant de la première de ces questions, une crise des réfugiés peut toucher de nombreux groupes, mais les deux principaux sont les réfugiés eux-mêmes et les collectivités qui les accueillent. S’agissant de la deuxième question, on peut distinguer deux sources d’impacts : les premiers découlant de l’afflux de réfugiés proprement dit, et les seconds découlant des interventions visant à faire face à la crise — par exemple, conseils stratégiques ou programme d’activités d’aide. Malgré leur importance, l’évaluation et le suivi posent des difficultés méthodologiques. Comme nous l’avons vu plus haut, les principales difficultés concernent l’accessibilité, l’exactitude et la fiabilité des données. Les principaux goulets d’étranglement sont créés par l’insuffisance des variables et indicateurs portant sur les moyens d’existence des réfugiés, et par le manque de données ventilées dans les collectivités. Une autre difficulté consiste à faire la part entre les impacts du déplacement lui-même, et ceux de la guerre et de la violence qui l’ont causé. Les programmes d’aide aux réfugiés risquent par ailleurs d’accroître l’afflux de réfugiés, de sorte que l’objectif de l’évaluation elle-même — mesurer les besoins en ressources supplémentaires — pourrait bien influer sur une variable critique : le nombre de réfugiés. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 34 Lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact d’interventions telles que les conseils stratégiques et les programmes d’aide, les institutions concernées n’ont pas encore établi de cadre méthodologique solide. En général, l’impact de l’aide humanitaire n’est pas soumis à une évaluation rigoureuse, alors que l’évaluation de l’aide au développement en faveur des réfugiés n’en est qu’à ses débuts. En outre, les cadres d’évaluation et de suivi varient considérablement selon les projets et les institutions concernés. Renforcer les procédures de collecte et d’évaluation des données Compte tenu des limites décrites ci-dessus, la communauté internationale devrait concentrer ses efforts sur l’amélioration des données relatives aux réfugiés et du processus d’évaluation des besoins et de suivi de l’impact des interventions. La collecte et l’analyse des données peuvent coûter cher. Cependant, elles se traduisent souvent par des coûts beaucoup plus faibles et/ou une efficacité accrue de la planification et de la mise en œuvre des activités de secours et de développement (Banque mondiale, 2017b). À l’avenir, les efforts pourraient se concentrer sur les quatre domaines que voici : 1. Beaucoup d’institutions sont engagées dans la lutte contre les crises de réfugiés. Elles peuvent s’associer pour améliorer leur collecte conjointe de données et mettre au point une méthodologie concertée afin d’améliorer la comparabilité des données. Le HCR est l’institution chef de file dans la collecte de données sur les réfugiés. Le Programme alimentaire mondial (PAM) dispose d’une base de données étendue sur les personnes vulnérables, y compris les réfugiés, et dispose d’une solide unité statistique. Les institutions nationales et les organisations non gouvernementales (ONG) compilent également des données sur les populations vulnérables. Certains partenariats existent déjà, notamment en ce qui concerne la crise des réfugiés syriens, pour laquelle les organisations internationales et les ONG ont lancé plusieurs initiatives visant à combler le manque de données. Par exemple, le HCR a déployé des efforts, au-delà de son travail d’enregistrement, notamment en organisant des visites à domicile approfondies et la mise en place d’un cadre d’évaluation de la vulnérabilité. Sur la base de ces données, la Banque mondiale et le HCR ont entrepris des recherches conjointes pour évaluer le bien-être des réfugiés syriens. Cette recherche servira à concevoir des politiques et des interventions relatives aux réfugiés et à leurs collectivités d’accueil. En collaboration avec des organisations internationales, le consortium REACH a mené des analyses rigoureuses sur la situation des réfugiés en Jordanie et au Liban. Ces efforts sont louables et doivent être étendus et renforcés. 2. Pour améliorer la collecte et l’analyse des données, les administrations publiques et les organisations internationales devraient créer un système de données ouvert en divulguant leurs données brutes sur les réfugiées et les collectivités d’accueil. Ce système devrait autoriser un contrôle rigoureux de la qualité des données par les utilisateurs eux-mêmes, tout en préservant la confidentialité des données brutes afin de protéger la vie privée et la sécurité des réfugiés et des personnes déplacées qui ont fui la violence et les persécutions. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 35 3. La capacité de collecte et d’analyse des données de chaque participant devrait être améliorée. Il y a beaucoup à faire pour renforcer les capacités des institutions nationales des pays d’accueil. Les pays et les communautés d’accueil supportent souvent des coûts importants liés à l’afflux de réfugiés. Une communication précise de ces coûts à la communauté internationale pourrait aider à obtenir l’appui nécessaire pour alléger le fardeau. 4. La communauté internationale doit établir un cadre méthodologique pour évaluer et suivre l’impact des flux de réfugiés et les interventions conçues pour y faire face. C’est pour répondre à ce besoin que le Groupe de la Banque mondiale a mis en place un partenariat international afin de fournir des financements concessionnels pour aider la Jordanie et le Liban à faire face à l’afflux de réfugiés syriens. Le GCFF exige des organismes qui mettent en œuvre des projets financés par le mécanisme qu’ils mesurent les progrès et l’impact de leurs activités dans le cadre de résultats de chaque projet (voir encadré 2.1). Par ailleurs, en mobilisant les forces et les capacités de ses diverses parties prenantes, le GCFF a récemment entrepris de mettre au point un mécanisme global pour mesurer les impacts spécifiques des projets financés sur les réfugiés et les collectivités d’accueil. S’il s’avérait efficace, ce mécanisme pourrait servir de base aux efforts visant à mieux évaluer et suivre les impacts des interventions conçues pour faire face aux crises de réfugiés dans d’autres contextes à travers le monde. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 36 Bibliographie Abdul-Hamid, H., H. Patrinos, J. Reyes, J. Kelcey, and A.D. Varela. 2015. Learning in the Face of Adversity: The UNRWA Education Program for Palestine Refugees. Washington, DC: World Bank. Ager, A., B. Akesson, L. Stark, E. Flouri, B. Okot, F. McCollister, and N. Boothby. 2011.“The Impact of the School-Based Psychosocial Structured Activities (PSSA) Program on Conflict-Affected Children in Northern Uganda.” Journal of Child Psychology Psychiatry 52 (11) (November): 1124–33. Ammar, W., O. Kdouh, R. Hammoud, R. Hamadeh, H. Harb, Z. Ammar, R. Atun , D. Christiani, and P.A. Zalloua. 2016. “Health System Resilience: Lebanon and the Syrian Refugee Crisis.” Journal of Global Health 6 (2) (December). https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5234495/. Amnesty International. 2017. “Living in the Margins: Syrian Refugees Struggle to Access Health Care.” Amman. https://www.amnestyusa.org/files/living_on_the_margins_- _syrian_refugees_struggle_to_access_health_care_in_jordan.pdf. Betts, A. 2003. “Public Goods Theory and the Provision of Refugee Protection: The Role of the Joint‐Product Model in Burden‐Sharing Theory.” Journal of Refugee Studies 16 (3) (September): 274–96. https://doi.org/10.1093/jrs/16.3.274. _____. 2015. “The Normative Terrain of the Global Refugee Regime.” Ethics and International Affairs 29 (4) (October). https://www.ethicsandinternationalaffairs.org/2015/the- normative-terrain-of-the-global-refugee-regime/. Blanchet, K., F.M. Fouad, and T. Pherali. 2016. “Syrian Refugees in Lebanon: The Search for Universal Health Coverage.” Conflict Health (June): 10–12. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4888673/pdf/13031_2016_Article_ 79.pdf. Borjas, G., and J. Monras. 2016. “The Labor Market Consequences of Refugee Supply Shocks.” Institute for the Study of Labor (Institut zur Zukunft der Arbeit, or IZA), Bonn. September. http://www.poverty-action.org/organization/institute-study-labor. Cahill, K.M. 2010. Even in Chaos: Education in Times of Emergency. New York: Fordham University Press. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 37 Capps, R., K. Newland, S. Fratzke, S. Groves, G. Auclair, M. Fix, and M. McHugh. 2015. “The Integration Outcomes of U.S. Refugees: Successes and Challenges.” Migration Policy Institute, Washington, DC. file:///C:/Users/wb520324/Downloads/UsRefugeeOutcomes-FINALWEB.pdf. CDC (U.S. Centers for Disease Control and Prevention). 2016. “Syrian Refugee Health Profile.” CDC, Atlanta, GA. December. https://www.cdc.gov/immigrantrefugeehealth/pdf/syrian-health-profile.pdf. Chambers, R., and G. Conway. 1992. “Sustainable Rural Livelihoods: Practical Concepts for the 21st Century.” Discussion Paper 296. Institute of Development Studies (IDS), University of Sussex, Brighton, UK. http://publications.iwmi.org/pdf/H_32821.pdf. Cheng, C., and J. Chudoba. 2003. “New Issues in Refugee Research. Moving beyond Long-Term Refugee Situations: The Case of Guatemala.” Working Paper 86. UNHCR (United Nations High Commission on Refugees), Geneva. http://www.unhcr.org/3ea55d704.html. Devarajan, S., and L. Mottaghi. 2016a. “Whither Oil Prices?” MENA Quarterly Economic Brief 7. World Bank Group, Washington, DC. http://documents.worldbank.org/curated/en/861251469703646212/Whither-oil- prices. _____. 2016b. “Why MENA Needs a Social Contract.” World Bank, Washington, DC. January. http://menaviz.worldbank.org/new_social_contract/index.html. _____. 2017. “The Economics of Post-Conflict Reconstruction in MENA.” World Bank, Washington, DC. April. https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/26305. Dick, S. 2002. “Liberians in Ghana: Living without Humanitarian Assistance.” New Issues in Refugee Research 57. UNHCR (United Nations High Commission on Refugees), Geneva. http://www.unhcr.org/uk/3c8398f24.pdf. Easterly, W., and R. Levine. 1998. “Troubles with the Neighbors: Africa’s Problem, Africa’s Opportunity.” Journal of African Economies 7 (1): 120–42. https://static1.squarespace.com/static/56afbfd58a65e261b705f1f9/t/56b3b2bc2b8d deceac3f78c4/1454617278722/troubleneighbors.pdf. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 38 Elzir, A., D. Robalino, H. Sayed, V. Strokova, and A. Sy. 2015. Background Note to “Lebanon: Promoting Poverty Reduction and Shared Prosperity. A Systematic Country Diagnostic.” World Bank, Washington, DC. http://documents.worldbank.org/curated/en/698161468179049613/Lebanon- Promoting-poverty-reduction-and-shared-prosperity-a-systematic-country- diagnostic. Foged, M., and G. Peri. 2015. “Immigrants’ Effect on Native Workers: New Analysis on Longitudinal Data.” Institute for the Study of Labor (Institut zur Zukunft der Arbeit, or IZA), Bonn. http://ftp.iza.org/dp8961.pdf. Griliches, Z. 1996. “Education, Human Capital, and Growth: A Personal Perspective.” “National Bureau of Economic Research.” Working Paper 5426. Cambridge, MA. http://www.nber.org/papers/w5426.pdf. Groot, O. 2010. “The Spillover Effects of Conflict on Economic Growth in Neighboring Countries in Africa.” Defence and Peace Economics 21: 149–64. http://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/10242690903570575?needAccess=tr ue. Han, S.S., and B. Weiss. 2005. “Sustainability of Teacher Implementation of School-Based Mental Health Programs.” Journal of Abnormal Child Psychology 33 (6) (December): 665–79. IMF (International Monetary Fund). 2017. Payroll Taxes and Employment: Considerations and International Experience. IMF, Washington, DC. Jabbour, S., R. Giacaman, M. Khawaja, and I. Nuwayhid. 2012. Public Health in the Arab World. Cambridge, United Kingdom: Cambridge University Press. Jacobsen, K. 2002. Livelihoods in Conflict: The Pursuit of Livelihoods by Refugees and the Impact on the Human Security of Host Communities. International Migration, Vol.40. Issue 5. Blackwell Publishers Ltd. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1468-2435.00213/abstract Jordan. N.d. Jordan’s National Employment Strategy 2011–2020. Ministry of Labor, Kingdom of Jordan, Amman. https://www.ilo.org/dyn/youthpol/en/equest.fileutils.dochandle?p_uploaded_file_id=1 71. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 39 Layne, C.M., W.R. Saltzman, L. Poppleton, G.M. Burlingame, A. Pašalić, E. Duraković, M. Mušić, N. Ćampara, N. Dapo, B. Arslanagić, A.M. Steinberg, and R.S. Pynoos. 2008. “Effectiveness of a School-Based Group Psychotherapy Program for War-Exposed Adolescents: A Randomized Controlled Trial.” Journal of Academic Child Adolescent Psychiatry 47 (9) (September): 1048–62. Lebanon, Rep. of. 2016. “Reaching All Children with Education 2. Final Narrative.” Ministry of Education and Higher Education (MEHE), Republic of Lebanon, Beirut. http://www.mehe.gov.lb/uploads/file/2016/Oct/RACE percent20II_FINAL percent20Narrative_29AUG2016.pdf. Lebanon, Rep of., and World Health Organization (WHO). 2014. “Current Health Event Tuberculosis.” “Epi-Monitor.” Ministry of Public Health (MOPH), Republic of Lebanon and WHO, Beirut. http://www.opl.org.lb/newdesign/PDF/Media/NO.14.Tuberculosis.30.June.2014.pdf. Lo, K. 2005. “The Impact of Forced Displacement on Urban Livelihood Strategies: Perspectives from Colombian Households in Quito, Ecuador.” Paper submitted for the International Association for the Study of Forced Migration Conference held in Sao Paulo Brazil, 9–13 January 2005. Murdoch, J., and T. Sandler. 2004. “Civil Wars and Economic Growth: Spatial Dispersion.” American Journal of Political Science 48 (1) (January): 138–51. http://www.jstor.org/stable/pdf/1519902.pdf?refreqid=excelsior%3Ac5fc42edc5522 71b8cb4a3eab2d32b28. NAS (National Academy of Sciences) 2016. “Economic Impact of Refugees” by J.E. Taylor, M.J. Filipski, M. Alloush, A. Gupta, R.I. Rojas Valdes, and E. Gonzalez-Estradac. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS). http://www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1604566113; http://www.pnas.org/content/113/27/7449. ODI (Overseas Development Institute). 2017. “The Lives and Livelihoods of Syrian Refugees in Turkey and Jordan.” Summary Report by V. Barbelet and C Wake. London. February. https://www.odi.org/sites/odi.org.uk/files/resource-documents/11344.pdf. OECD (Organization for Economic Co-operation and Development)-UNDESA (United Nations Department of Economics and Social Affairs). 2013. “World Migration in Figures.” OECD-UNDESA, Paris. www.oecd.org/els/mig/World-Migration-in-Figures.pdf. Olson, M., Jr., and R. Zeckhauser. 1966.“An Economic Theory of Alliances.” The Review of Economics and Statistics 48 (3): 266–79. August. www.dtic.mil/dtic/tr/fulltext/u2/641855.pdf. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 40 Oxfam. 2015. “Self-Protection and Coping Strategies of Refugees from Syria and Host Communities in Lebanon.” July. http://policy-practice.oxfam.org.uk/publications/self- protection-and-coping-strategies-of-refugees-from-syria-and-host-communiti- 615139. Petroleum Monitor. 2017. “Resilience of Shale Companies and China’s Plan to Boost Electric Vehicles Are Forcing Oil Producers Adjust to ‘Lower for Longer.’” “Oil Market Outlook and Tracker for Key Price Drivers.” Khaznah Strategies, UK. September. http://khaznah.co.uk/wp-content/uploads/2017/09/Petroleum_Monitor-1-1.pdf. Shekhar, A., B. Barkbu, N. Batini, H. Berger, E. Detragiache, A. Dizioli, C. Ebeke, H. Lin, L. Kaltani, S. Sosa, A. Spilimbergo, and P. Topalova. 2016. “The Refugee Surge in Europe: Economic Challenges.” International Monetary Fund, Washington, DC. https://www.imf.org/external/pubs/ft/sdn/2016/sdn1602.pdf. Shuayb, M., N. Makkouk, and S. Tuttunji. 2014. “Widening Access to Quality Education for Syrian Refugees: The Role of Private and NGO Sectors in Lebanon.” Center for Lebanese Studies, Beirut. September. http://www.lebanesestudies.com/wp- content/uploads/2014/09/Widening-Access-to-Quality-Education-for-Syrian- Refugees-the-role-private-and-NGO-sectors-in-Lebanon-.pdf. UNHCR (Office of the United Nations High Commissioner for Refugees). 2015a. “Out of School Children (OOSC) Data.” Lebanon Mission Report. UNHCR. _____. 2016. UNHCR Resettlement Fact Sheet 2016 July. http://www.unhcr.org/59364f887.pdf. _____. 2017a. Syria Regional Refugee Response. Inter-agency Information Sharing Portal. July. http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php. _____. 2017b.UN Inter-Agency Q1 2017 Report–Lebanon. data.unhcr.org/syrianrefugees/download.php?id=13710. UNHCR (Office of the United Nations High Commissioner for Refugees) and REACH. 2014. “Barriers to Education for Syrian Refugee Children in Lebanon: Out of School Children Profiling Report.” November. http://docplayer.net/30596068-Barriers-to-education- for-syrian-children-in-lebanon-november-2014-barriers-to-education-for-syrian- refugee-children-in-lebanon.html. United Nations. 2016. Millennium Development Goals Indicators. Country and Regional Progress Snapshots. August. https://mdgs.un.org/unsd/mdg/Host.aspx?Content=Data/snapshots.html. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 41 UNICEF (United Nations Children Fund). 2015. Guidance Note on “Makani.” https://www.unicef.org/jordan/Guidance_Note_on_Makani_DRAFTmarch_2015.pdf. _____. 2017. “Preparing for the Future of Children and Youth in Syria and the Region through Education: London One Year on. Brussels Conference Education Report” April. http://wos-education.org/uploads/reports/170331_Brussels_paper.pdf. UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East). 2002. “Report of the Commissioner-General of the United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East: Programme Budget 2003–2004.”. https://www.unrwa.org/. _____. 2015. “Report of the Commissioner-General of the United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East: Programme Budget 2016–2017.” August. https://www.unrwa.org/. Verme, P., C. Gigliarano, C. Wieser, K. Hedlund, M. Petzoldt, and M. Santacroce. 2016. The Welfare of Syrian Refugees: Evidence from Jordan and Lebanon. Washington, DC: World Bank Group. http://documents.worldbank.org/curated/en/335321467995893692/The-welfare-of- Syrian-refugees-evidence-from-Jordan-and-Lebanon. WFP (World Food Program), UNICEF (United Nations Children's Fund), and MEHE (Republic of Lebanon Ministry of Education and Higher Education, ). 2014. “Vulnerability Assessment of Syrian Refugees in Lebanon.” Beirut. http://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/LebanonInter-agencyUpdate- VASyR8August2014Final.pdf. WFP (World Food Program), UNICEF (United Nations Children's Fund), and MEHE (Republic of Lebanon Ministry of Education and Higher Education). 2017. Presentation: “No Lost Generation/Min Ila Child-Focused Cash Pilot Program Presentation.” Beirut. June 9. World Bank. 2011. World Development Report 2011: Conflict, Security, and Development. Washington, DC: World Bank Group. https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/4389 License: CC BY 3.0 IGO. _____. 2012. “Lebanon: Good Jobs Needed: The Role of Macro, Investment, Education, Labor and Social Protection Policies (MILES).” Report 76008-LB. December. World Bank, Washington, DC. _____. 2013. “Lebanon: Economic and Social Impact Assessment of the Syrian Conflict.” Report 81098-LB. September. World Bank, Washington, DC. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 42 _____. 2017a. The Toll of War: The Economic and Social Consequences of the Conflict in Syria. Washington, DC: World Bank. https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/27541. _____. 2017b. “Forcibly Displaced: Toward a Development Approach Supporting Refugees, the Internally Displaced, and Their Hosts.” World Bank, Washington, DC. https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/25016 License: CC BY 3.0 IGO. _____. 2017c. Global Economic Prospects: A Fragile Recovery. June. Washington, DC: World Bank. https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/26800/9781464810 244.pdf. _____. 2017d. Project Appraisal Document: “Jordan Emergency Health Project.” Washington, DC. http://documents.worldbank.org/curated/en/331761497578505275/pdf/Jordan- Emergency-Health-PAD-06022017.pdf. _____. 2017e. Project Appraisal Document: “Lebanon Health Resilience Project.” Washington, DC. http://documents.worldbank.org/curated/en/616901498701694043/pdf/Lebanon- Health-PAD-PAD2358-06152017.pdf. Yarrow, N., and M. Capek. 2017. Chapter 5: “Educating Refugees, IDPS, and Migrants in the MENA Region.” In “MENA Education Flagship Report.” Forthcoming. World Bank, Washington, DC. Bulletin d’information économique de la région MENA octobre 2017 43 Notes sur les pays ble, le solde du compte courant (-13 % du PIB) est révélateur du manque d’ajustement des ALGÉRIE Évolutions récentes importations à la forte baisse des recettes d’ex- portation depuis 2014. Malgré la faiblesse des cours mondiaux du Le taux de chômage a augmenté de près de pétrole, la croissance économique algérienne est 2 points de pourcentage, en rapport avec la Une forte croissance de la production d’hydro- bien partie en 2017. Selon les estimations, la faible croissance dans le secteur hors hydrocar- carbures et des dépenses publiques supérieures croissance du PIB réel a augmenté de 3,7 % au bures. Il s’est établi à 12,3 % au cours des 6 mois aux prévisions ont sous-tendu une croissance premier trimestre, principalement en raison de avant avril 2017 et reste particulièrement élevé économique solide au début de l’année 2017. la forte production dans le secteur des hydro- chez les jeunes et les femmes. Le taux élevé de carbures, qui a augmenté de 7,1 %. La crois- chômage chez les jeunes s’explique en partie Les défis structurels limitent toutefois la crois- sance dans le secteur hors hydrocarbures a par des décalages entre la demande et l’offre sance des hydrocarbures et l’inflation continue ralenti pour s’établir à 2,8 %, contre 4 % au sur le marché du travail et par l’incapacité de d’augmenter. Un double déficit important l’économie à créer suffisamment d’emplois et à cours de la même période en 2016. Le déclin a persiste, amenuisant l’épargne et les réserves été particulièrement marqué dans le secteur promouvoir l’esprit d’entreprise. La hausse du budgétaires. À moyen terme, la croissance manufacturier, où la croissance est tombée à chômage nuit à une réduction sensible de la devrait reculer et le double déficit se réduire 3,9 %, contre 5,1 % au premier trimestre de pauvreté. Dix pour cent de la population est avec la mise en œuvre par le gouvernement de 2016 ; les chiffres correspondants pour l’agricul- considérée comme vulnérable à la pauvreté et mesures d’assainissement budgétaire. Les ture sont de 3 % et 4,8 % respectivement. des disparités régionales importantes persis- réformes liées aux subventions nécessiteront Jusqu’ici, l’inflation se situe maintenant au- tent, certaines régions affichant le double une gestion prudente pour protéger les acquis dessus de 6 % pour l’année. (Sahara) voire le triple (Steppe) du taux nation- D’importants déficits budgétaire et courant à al. en matière de réduction de la pauvreté. deux chiffres persistent, ce qui grève l’épargne et les réserves budgétaires. Les dépenses publiques ont moins diminué que prévu en raison des difficultés à réaliser l’objectif Perspectives budgétaire de 2016 consistant à réduire les La croissance devrait accuser un ralentissement dépenses de 9 %, et cette tendance s’est pour- net au second semestre de 2017 et en 2018 à suivie en 2017. Sur le front extérieur, les don- mesure que les mesures d’assainissement des nées préliminaires indiquent que les importa- finances auront des effets. Avec la stabilisation tions ont légèrement décru de 0,14 % au prem- de la production de pétrole, la croissance glob- ier trimestre de 2017 du fait des nouvelles li- ale diminuera et l’impact de la hausse des taxes cences d’importation visant à limiter le déficit et des droits d’importation pèsera sur la crois- du compte courant, tandis que les exportations sance du secteur hors hydrocarbures. En ont enregistré une augmentation considérable conséquence, la croissance du PIB devrait (de 35,3 %). Avec des déficits persistants et des s’établir à 2,2 % pour l’année 2017. Elle peinera entrées de capitaux limitées, les réserves inter- à franchir la barre de 2 % en 2018-2019 nationales (bien qu’encore importantes) ont (graphique 1) – soit une croissance anémique diminué rapidement, tandis que la dette extéri- pour un pays à revenu intermédiaire présentant eure reste à un niveau très bas. Dans l’ensem- GRAPHIQUE 1 Algérie / Croissance du PIB réel GRAPHIQUE 2 Algérie / Double déficit Sources : Estimations et projections des services de la Banque mondiale. Sources : Estimations et projections des services de la Banque mondiale. une explosion démographique de la jeunesse. pauvreté et la vulnérabilité au cours de la pé- veloppement des exportations ou la substitu- Alors que le démarrage de la production à par- riode 2017-2019. tion des importations, et le rôle du secteur tir de nouveaux puits de pétrole stimulera privé. Troisièmement, une plus grande décen- l’activité économique, la croissance dans le tralisation économique renforcerait le rôle des secteur hors hydrocarbures fera les frais des mesures d’assainissement budgétaire découlant Risques et défis autorités locales, ce qui améliorerait l’accès aux services sociaux de base, mais cela nécessiterait de l’aversion du gouvernement aux emprunts un changement par rapport au modèle actuel extérieurs. Le double déficit devrait se situer à L’économie est confrontée au défi du mécon- de reddition de comptes au centre. des niveaux soutenables d’ici à 2020. Si le pro- tentement social, à la lenteur de la transfor- Quatrièmement, la faible participation des mation structurelle, à la faible décentralisation, cessus d’assainissement budgétaire se poursuit femmes au marché du travail est multidimen- à un rythme plus lent qu’en 2017-2019 – la tra- à la faible participation de la main-d’œuvre sionnelle, mais elle est probablement liée aux jectoire budgétaire présentée dans la loi de féminine et à la gestion de la politique déficiences de l’infrastructure, au modèle de monétaire non conventionnelle nouvellement finances de 2017 – les réductions des dépenses création d’emplois, à la portée large du disposi- publiques affecteront principalement les dé- adoptée. La grogne sociale qui s’amplifie suite tif de protection sociale et à la migration. Cin- penses en capital, atténuant l’effet à court aux réductions des dépenses publiques, les quièmement, le 6 septembre 2017, le gouverne- hausses d’impôts et les taux élevés de chômage terme, mais assombrissant davantage les per- ment a adopté une politique monétaire non spectives de croissance à long terme. Alors que des jeunes constituent des risques importants conventionnelle qui permet à la banque centra- le déficit budgétaire se réduira (graphique 2), sa qui planent au-dessus des perspectives le de financer directement le Trésor. Cette évoquées ci-dessus. Si la volonté politique et le persistance entraînera tout de même une éro- nouvelle politique est susceptible de réduire les sion importante des amortissements consensus national pour rationaliser les sub- contraintes qui pèsent sur les finances budgétaires restants, et le financement indirect ventions inefficaces, inéquitables et généreuses publiques à court terme, mais elle pourrait se dessinent progressivement, une telle réforme du déficit par le recyclage des recettes pétro- entraîner des retards dans l’adoption et la mise lières dans le système bancaire sera plus com- exige de meilleurs dispositifs de protection en œuvre de réformes budgétaires et struc- pliqué. Le déficit du compte courant devrait sociale, un système de transferts monétaires turelles clés dont l’économie algérienne a grand bien ciblé et une campagne médiatique globale. diminuer légèrement et s’établir en dessous de besoin actuellement. Dans ce cas, elle pourrait 10 % en 2019, ce qui est gérable compte tenu du Certaines de ces mesures d’accompagnement entraîner une pression inflationniste considéra- niveau des réserves, bien qu’il reste élevé pour sont actuellement conçues pour être mises en ble et une forte baisse du PIB potentiel à moyen œuvre à moyen terme. Deuxièmement, la len- un pays qui devrait épargner davantage les terme. recettes tirées des ressources. Bien que le dis- teur de la transformation structurelle entrave la positif de protection sociale reste substantiel, diversification économique par rapport aux hydrocarbures et il n’y a pas de consensus sur l’assainissement des finances publiques et les réformes éventuelles du système de subven- les éléments clés de la stratégie, par exemple la tions pourraient contribuer à augmenter la question de savoir s’il faut promouvoir le dé- TABLEAU 2 Algérie / Indicateurs des perspectives de la pauvreté (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) au niveau macroéconomique par la banque centrale. Cela dit, la baisse de la croissance du crédit à 2,8 % en 2016 par rapport BAHREÏN Évolutions récentes à la moyenne de 9,8 % des cinq années pré- cédentes et la baisse trimestrielle de plus de L’économie bahreïnienne a continué de pâtir de 2,5 % du nombre total d’employés au cours du la baisse des prix des hydrocarbures. Depuis premier trimestre de 2017 témoignent du prob- La croissance continue de ralentir alors que la 2009, le pays applique une politique budgétaire lème de la faiblesse de la demande. demande globale reste faible et que les déficits expansionniste qui a entraîné des déficits pub- Les autorités se focalisent sur la croissance (3 % budgétaires s’accumulent. Le compte courant lics. La situation a toutefois empiré en 2016 en 2016) au détriment de la question de la dété- est resté dans le rouge et les réserves interna- suite à une baisse des recettes pétrolières d’en- rioration des finances publiques. Tandis que la viron 10 % et à un déficit budgétaire global production réelle du secteur des hydrocarbures tionales continuent de baisser, ce qui pèse estimé à 13 % du PIB (contre 12,8 % en 2015). est demeurée pratiquement stable, les secteurs davantage sur la parité du taux de change. En Certes, des dépenses déficitaires ont aidé à non pétroliers quant à eux ont affiché une crois- dépit des mesures d’austérité prises, Bahreïn sance estimée à 3,8 % en moyenne, un chiffre maintenir la croissance économique à 3 %, mais demeure le pays du CCG le plus vulnérable à qui illustre l’intérêt constant pour les investisse- elles ont ramené les réserves à 1,2 mois d’im- la chute des cours du pétrole et de la bauxite portations et porté la dette publique à 62 % du ments publics, dont certains ont été financés en raison de son épargne limitée et du niveau PIB. Les données du premier trimestre de 2017 par le CCG. Une telle politique se traduit ce- élevé de sa dette qui l’exposent à des risques de indiquent un léger rebond de la croissance, en pendant par des déficits budgétaires obstiné- financement. particulier dans le secteur non pétrolier où elle ment élevés, estimés à 13 % en 2016. Une s’établit à 4,4 % par an, en comparaison à l’an- grande partie du déficit en 2016 a été couverte née 2016 dans son ensemble (3,7%). Bahreïn a par des émissions obligataires, en dépit de la pris quelques mesures pour assainir ses financ- dégradation de la note de la dette souveraine, es publiques. Il a par exemple augmenté les qui témoigne des pressions croissantes qui taxes sur le tabac et l’alcool et introduit des frais s’exercent sur les finances publiques. En juillet, pour les services administratifs dans le but le Conseil consultatif (Shura) a de nouveau d’accroître ses recettes. L’instauration envisagée approuvé le relèvement du plafond de la dette de la TVA dans l’ensemble du CCG, qui devrait à 13 milliards de dinars de Bahreïn (soit un peu prendre effet dès le début de 2018, pourrait plus que le PIB estimé du pays en 2017) pour le contribuer davantage à l’amélioration des sol- budget de 2017/2018. des des opérations des administrations En 2017, le PIB non pétrolier a augmenté au publiques. L’inflation a augmenté progressive- taux annuel de 4,4 % en valeur réelle au pre- ment en 2016 principalement en raison de la mier trimestre, tiré principalement par le sec- réforme en cours des subventions et malgré teur privé. Le pays a produit en moyenne l’affaiblissement de la demande : l’IPC global a 203 000 barils de pétrole par jour durant le pre- augmenté de 2,8 %, mais il demeurera modéré mier semestre de 2017 (provenant pour l’essen- en 2017. L’évaluation du secteur financier par le tiel du gisement partagé avec l’Arabie saou- FMI indique que le secteur bancaire est resté dite). résilient, à la faveur des niveaux convenables Il existe peu d’analyses exhaustives sur le ni- de capitalisation et de liquidités, la régulation et veau du bien-être en raison d’un accès restreint la supervision du secteur ayant été renforcées aux données d’enquêtes auprès des ménages et GRAPHIQUE 1 Bahreïn / Croissance du PIB et ses compo- GRAPHIQUE 2 Bahreïn / Soldes des opérations des admin- santes istrations publiques Sources : Autorités bahreïniennes et estimations des services de la Banque Sources : Autorités bahreïniennes et estimations des services de la Banque mondiale. mondiale. des capacités limitées. Selon l’enquête réalisée budgétaires, étant donné que les prix pétroliers budget public. Si la mise en œuvre des mesures en 2014/2015 auprès des ménages, les dépenses demeurent largement inférieurs au seuil d’é- d’assainissement budgétaire et des réformes de consommation moyennes dans le Royaume quilibre budgétaire. structurelles est retardée, ou bien si les cours du s’élevaient à 780 dollars par habitant par mois On s’attend à ce que le taux moyen d’inflation pétrole régressent davantage, la note de la dette (environ 800 dollars pour les ménages ba- descende à 1,5 % en 2017, en raison du ralen- souveraine du pays pourrait être davantage hreïniens). Les Bahreïniens sont peu présents tissement de l’activité économique et de dégradée, ce qui rendrait l’accès aux finance- sur le marché du travail et se retrouvent princi- l’effacement progressif des effets stimulants ments extérieurs plus difficile et intensifierait palement dans le secteur public où les salaires temporaires de la réforme des subventions sur les pressions sur les réserves et la parité du taux sont élevés et la productivité faible. Les travail- les prix. Le déficit courant va se réduire par- de change. Les risques de solvabilité budgétaire leurs immigrés constituent près de la moitié de tiellement jusqu’à 3,5 % du PIB en 2017 et se et de liquidité sont importants, et le pays reste la population résidente et perçoivent générale- stabiliser autour de ce niveau au cours de l’an- vulnérable à des chocs affectant la croissance, ment des rémunérations plus basses. née suivante, avec pour exception un léger les prix des produits de base et les taux d’in- ajustement. Les réserves internationales devrai- térêt. L’Arabie saoudite étaie la résilience ent suivre une courbe baissière en 2018. La budgétaire du pays, mais attend en retour que dette publique devrait dépasser 80 % du PIB en Bahreïn s’aligne étroitement sur ses positions ; Perspectives 2017, et tutoyer les 96 % du PIB en 2018, un la vulnérabilité qui y est associée est implicite. déficit budgétaire autour de 7 % contribuant à Des composantes essentielles du contrat social La croissance économique devrait ralentir au une accumulation rapide de la dette. comme l’emploi public et les subventions cours de la période considérée. Les prévisions deviennent de moins en moins accessibles à de croissance du PIB réel ont été revues à 2,4 % cause des cours pétroliers qui sont faibles. Bah- reïn gagnerait à renforcer sa capacité à mesurer en 2017 et 2 % en 2018, dans un contexte où la faiblesse persistante des cours du pétrole grève Risques et défis le bien-être social pour mettre en place des la consommation publique et privée. Certains politiques éclairées en vue d’atténuer l’impact investissements liés aux infrastructures devrai- Assurer la viabilité des finances publiques tout des ajustements nécessaires. ent également être mis en veille, en raison des en maintenant un taux de croissance solide est inquiétudes quant à la viabilité des finances devenu un défi majeur qui souligne la nécessité publiques. En outre, le niveau élevé de la pro- d’un cadre budget à moyen terme pour rame- duction de pétrole au premier trimestre de 2016 ner la dette extérieure à des niveaux souten- ne devrait pas être maintenu après le retrait, en ables. En dépit des efforts déployés pour diver- mai, des compagnies pétrolières internationales sifier et stimuler les recettes non pétrolières, les du gisement pétrolier d’Awali. À moins d’as- hydrocarbures représentent environ 76 % des sainir profondément ses finances publiques, recettes publiques de Bahreïn. De plus, les sub- Bahreïn restera vulnérable aux risques ventions absorbent toujours plus de 20 % du TABLEAU 2 Bahreïn / Indicateurs des perspectives (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) macroéconomiques l’achèvement est prévu en 2019 ; par le développement industriel dans la DJIBOUTI Évolutions récentes nouvelle zone franche de la ville de Dji- bouti ; par l’exploitation du chemin de fer La croissance du PIB devrait s’établir à nouvellement construit reliant Djibouti et 7,1 % en 2017, ce qui correspondrait à une Addis-Abeba ; et par la construction de La croissance économique reste forte en accélération par rapport aux 6,5 % estimés l’aéroport international Al Hak Hassan 2017, tirée principalement par le secteur en 2016. La croissance a pour principal Gouled Aptidon, à 25 km au sud-ouest de moteur la construction et l’augmentation la ville de Djibouti, qui devrait s’achever de la construction et l’augmentation du du commerce de transit et des activités de en 2018. commerce de transit et des activités de transbordement pour l’Éthiopie avec l’a- Les réserves de change devraient rester transbordement pour l’Éthiopie avec l’a- mélioration des infrastructures portuaires suffisantes pour couvrir la masse mélioration des infrastructures portuaires et des transports. L’inflation devrait se monétaire au sens large et la caisse d’é- stabiliser à 3,5 %, du fait principalement mission à hauteur de 3,4 mois d’importa- et des transports. Bien que la situation de la demande de logements et de ser- tions. Le taux de change effectif réel budgétaire et la position extérieure s’amé- devrait s’apprécier davantage, reflétant les vices. Les derniers chiffres officiels du liorent progressivement, des risques chômage montrent la faiblesse du lien effets conjugués des contraintes qui pèsent planent toujours sur la viabilité de la dette entre la croissance et la création d’em- du côté de l’offre et du niveau relative- et du budget. Avec plus d’un cinquième plois : le taux de chômage était de 39 % en ment élevé des prix à la consommation. Le 2015, les femmes (49 %) et les zones ru- secteur bancaire demeure faible avec la de la population vivant dans l’extrême détérioration du portefeuille de prêts des rales (59 %) affichant les taux plus élevés. pauvreté et près de 40 % de la main- Cependant, le taux de participation au banques commerciales et l’augmentation d’œuvre restant sans emploi, les réformes marché du travail est inférieur à 25 %. des prêts non productifs. Le ratio prêts visant à rendre la croissance plus inclu- Selon les projections, le déficit budgétaire non productifs/total des prêts est passé de se réduira sensiblement à 3,8 % du PIB en 14 % en 2013 à 23 % en 2016. Les autorités sive, grâce une création accrue d’emplois 2017, contre 15,2 % estimés en 2016, attribuent cette hausse à l’introduction de et à l’amélioration de la productivité et du critères plus stricts de classification des compte tenu de l’achèvement des mé- capital humain, seront essentielles. gaprojets d’infrastructure portant sur le prêts. développement portuaire et la construc- Le suivi du bien-être et de la pauvreté tion du chemin de fer, qui ont mobilisé dans le pays est quelque peu limité. Le d’importantes dépenses en capital. Le bureau de statistique a mené une enquête déficit extérieur devrait également se ré- auprès des ménages sur les conditions de duire, passant de 22,2 % du PIB en 2016 à vie au cours des dix dernières années, 15,4 % en 2017, à mesure que les entrées mais sans prendre en compte les ménages de capitaux se contractent. L’IDE devrait de la population nomade – un groupe très progresser et s’établir à 10,8 % du PIB en vulnérable à la sécheresse – qui représen- 2017, contre 9,1 % en 2016, stimulé par la tait 20 % de la population totale en 2009. construction en cours d’un gazoduc entre l’Éthiopie et Djibouti financé à hauteur de 4 milliards de dollars et dont GRAPHIQUE 1 Djibouti / Croissance et dette publique Sources : Estimations des services de la Banque mondiale. à eux seuls ne vont probablement pas mique reste sujette à des risques élevés, avoir des retombées positives significa- dont le surendettement et la vulnérabilité Perspectives tives sur la création d’emplois et la réduc- aux chocs commerciaux et financiers. Le tion de la pauvreté. Un suivi plus appro- mécontentement social face à la pauvreté Les perspectives à moyen terme fondi du bien-être est attendu à l’avenir, croissante, au chômage et aux inégalités demeurent encourageantes avec l’espoir étant donné que la nouvelle Stratégie na- ainsi que l’instabilité régionale et les défis que les méga-infrastructures financées par tionale pour le développement des statis- climatiques difficiles font peser des la dette seront gérées efficacement de sorte tiques est en cours d’élaboration et que les risques supplémentaires sur les perspec- à générer des recettes suffisantes pour premiers résultats d’une enquête sur la tives de croissance. couvrir le service de la dette. Le déficit consommation des ménages à l’échelle budgétaire devrait se réduire progressive- nationale devraient être disponibles à l’au- ment et passer à un chiffre en 2017-2019. tomne 2017. Cette perspective se concrétiserait grâce à la rationalisation des dépenses et à une mise en œuvre efficace de la réforme Risques et défis fiscale visant à élargir l’assiette fiscale et à accroître les recettes provenant des activi- La diversification de l’économie pour tés générées par les mégaprojets. Le déficit créer des emplois, le renforcement des du compte courant devrait être ramené à capacités institutionnelles en matière de 12,3 % du PIB d’ici 2018, puis à 10,2 % en gestion macroéconomique et une meil- 2019, avec un redressement progressif de leure qualité de la prestation des services la croissance des exportations par rapport publics, et la réforme du système de gou- aux importations. Les apports d’IDE et les vernance pour améliorer la responsabilisa- transferts de capitaux devraient continuer tion, l’état de droit, l’efficacité de l’admi- de financer le déficit. Les réserves devrai- nistration et la participation citoyenne ent soutenir l’ancrage du franc djiboutien demeurent les principaux défis pour les au dollar des États-Unis à 1 dollar pour pouvoirs publics. S’attaquer à ces défis 177,72 francs. L’inflation devrait rester à reste impératif pour résoudre les pro- 3,5 % en 2017-2018, ce qui augmenterait la blèmes profondément enracinés de la pau- pression exercée sur la compétitivité. vreté, du chômage et de la faible qualité La croissance étant tirée par les infrastruc- du capital humain et afin de placer les tures et la demande correspondante de fondamentaux macroéconomiques sur main-d’œuvre étrangère, les mégaprojets une voie durable. La stabilité macroécono- TABLEAU 2 Djibouti / Indicateurs des perspectives de la pauvreté (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) au niveau macroéconomique l’augmentation des emprunts extérieurs ainsi RÉPUBLIQUE que de la hausse de l’IDE net (atteignant 3,3 % Évolutions récentes du PIB projeté, contre 2,1 % l’année précédente) et d’un accroissement des apports d’investisse- ARABE L’économie égyptienne devrait progresser de 4,1 % au cours de l’exercice 16/17 (juillet/juin), ments de portefeuille qui ont été favorisés par un taux légèrement inférieur aux 4,3 % de taux l’amélioration des perspectives de l’Égypte et le D’ÉGYPTE de croissance réelle enregistrés l’année pré- cédente. Après deux trimestres de ralentisse- rendement attractif des actifs libellés en livre égyptienne. L’ajustement du taux de change a ment de la croissance, l’activité économique se permis de libérer des ressources pour éponger relance, tirée principalement par la résiliente une partie des arriérés accumulés dus aux so- La conjoncture macroéconomique montre des ciétés pétrolières internationales, lesquels consommation privée et (dans une moindre signes de stabilisation suite à la libéralisation s’élèvent actuellement à 2,3 milliards de dollars mesure) publique, ainsi que par une hausse des du taux de change. Des réformes budgétaires investissements, les exportations nettes y con- en fin juin 2017, contre 3,5 milliards de dollars importantes sont en cours, des coupes dans les tribuant positivement pour la première fois en en fin 2016. Les réserves internationales nettes subventions à l’énergie et la maîtrise de la deux ans, quoiqu’encore légèrement. ont atteint un niveau record de 36 milliards de masse salariale contribuant à l’effort d’as- La libéralisation du taux de change en novem- dollars (7,5 mois d’importations de marchan- sainissement des finances publiques. L’infla- bre 2016 a aidé à réduire les pénuries en devis- dises) en fin août 2017, contre 19 milliards de es, à éliminer le marché parallèle et à amorcer dollars en fin octobre 2016. tion a néanmoins grimpé à des niveaux record, une amélioration des comptes des opérations L’Égypte a également entrepris un programme avec une incidence négative sur les conditions extérieures de l’Égypte. La balance des paie- ambitieux d’assainissement des finances sociales et les efforts de réduction de la publiques, comprenant la réduction des sub- ments a affiché un excédent de 13,7 milliards de pauvreté. La Banque centrale d’Égypte (CBE) ventions à l’énergie, la maîtrise de la masse dollars (5,8 % du PIB projeté pour l’année), a resserré la politique monétaire et le gou- dont 90 % n’ont été réalisés qu’après la flotta- salariale et la mise en application de la TVA. vernement a augmenté les dépenses de protec- tion du taux de change de novembre. Ce résul- Ces réformes budgétaires ont contribué à tion sociale pour atténuer les effets sur les tat est à comparer au déficit de la balance des mettre à profit des ressources pour accroître les conditions de vie. paiements de 2,8 milliards de dollars (-0,8 % du dépenses sociales tout en rééquilibrant le budg- PIB) enregistré un an plus tôt1, la forte progres- et de l’ordre de 1,7 % du PIB, ce qui a entraîné sion de 2016/2017 résultant d’une réduction du un déficit budgétaire prévu de 10,9 % du PIB déficit du compte courant (bien que ce ne soit pour l’exercice 16/17. qu’en valeur absolue) et d’une augmentation Cependant, l’inflation continue d’être une pré- des apports de capitaux et de financements. Le occupation majeure, ayant atteint un niveau déficit courant est tombé à 15,6 milliards de record de 33 % en juillet 2017, avant de reculer dollars en 2010-2010, contre à 19,8 milliards de quelque peu à 31,9 % en août. La forte déprécia- dollars l’année précédente, en raison de l’aug- tion de la monnaie, ainsi que l’introduction de mentation des exportations de pétrole et de la TVA (suivie d’une augmentation de son taux produits non pétroliers, de la maîtrise des im- d’un point de pourcentage), les deux cycles de portations, de la hausse de l’activité touristique hausse des prix de l’énergie, conjuguée à des et des envois de fonds. Le compte de capital et pratiques non concurrentielles sur les marchés d’opérations financières a bondi de intérieurs, ont toutes ajouté à la pression exer- 21,2 milliards de dollars à 29 milliards de dol- cée sur les prix intérieurs. Malgré les efforts de lars au cours de l’exercice 16/17, en raison de la Banque centrale d’Égypte de resserrer la GRAPHIQUE 1 République arabe d’Égypte / Croissance GRAPHIQUE 2 République arabe d’Égypte / Taux d’infla- du PIB réel, du côté de la demande, exercices 11-17 tion, juillet 2013-juillet 2017 Source : Calculs des auteurs basés sur les données du ministère de la Source : Banque centrale d’Égypte. Planification. politique monétaire (hausses cumulées du taux la loi sur les licences industrielles adoptée ré- directeur de 700 points de base entre novembre cemment est bien appliquée et l’amélioration 2016 et juin 2017), les taux d’intérêt réels restent du cadre réglementaire est entreprise cor- Risques et défis négatifs. rectement, ces deux mesures devraient con- L’accélération de l’inflation pèse sur les condi- tribuer à améliorer le climat des affaires et fa- Le dérapage des politiques et les retards dans tions sociales, les classes moyennes et pauvres voriser la croissance à moyen terme. les réformes du secteur réel peuvent compro- étant celles touchées. Si le chômage a com- L’économie devrait progresser de 4,5 % au mettre le rétablissement des équilibres mencé à diminuer, il reste tout de même élevé, cours de l’exercice 17/18, tirée par une consom- macroéconomiques. Le ratio dette publique à environ 12 % au cours de l’exercice 16/17 mation privée résiliente, quoique partiellement totale/PIB de l’Égypte était de 102,8 % à la fin (contre 12,7 % un an plus tôt), et continue d’être diluée par une inflation élevée à court terme. À de l’exercice 15/16, et il devrait augmenter da- plus élevé chez les jeunes et les personnes in- mesure que l’Égypte soutient la dynamique des vantage au cours de l’exercice 16/17 avec la struites. Les mesures de protection sociale ont réformes, une nouvelle hausse des investisse- forte dépréciation de la monnaie et l’augmenta- été poursuivies à une plus grande échelle pour ments et le redressement des exportations de tion des emprunts extérieurs. Ainsi, tout ralen- atténuer l’impact de la montée de l’inflation. marchandises et du tourisme devraient con- tissement ou toute régression des mesures de Ces mesures incluent l’augmentation du mon- tribuer positivement à la croissance. La mise en réforme fiscale ou tout ralentissement de la tant et de la couverture des programmes de exploitation de nouveaux champs gaziers est croissance peut compromettre la viabilité de la transferts monétaires (Takaful et Karama), partie pour stimuler le secteur extractif et amé- dette. l’augmentation du montant des cartes alimen- liorer le solde budgétaire et la balance des opé- L’inflation élevée, si elle persiste, peut justifier taires de 21 à 50 livres égyptiennes par per- rations courantes. un resserrement de la politique monétaire et sonne et par mois, en plus du relèvement du Le déficit budgétaire devrait être ramené à mettre en péril la croissance économique. La seuil d’imposition des revenus et d’une prime 8,8 % du PIB d’ici l’exercice 17/18, soutenu par pauvreté sous-jacente peut également dépasser exceptionnelle des agents de l’État au titre du la réforme des subventions à l’énergie et l’aug- les taux projetés, en fonction de l’impact combi- coût de la vie. mentation des recettes fiscales. Le déficit du né de l’inflation, du taux de change et des compte courant devrait se réduire à 4,6 % du ajustements apportés aux réformes liées aux Perspectives PIB au cours de l’exercice 17/18. La pauvreté pourrait diminuer en partie sous subventions. En outre, les risques sécuritaires régionaux et l’effet des mesures renforcées de protection intérieurs peuvent avoir une incidence négative Alors que l’Égypte soutient la dynamique des sociale intégrées au budget approuvé pour sur la reprise des investissements étrangers, le réformes, l’activité économique devrait s’amé- l’exercice 17/18, dont l’augmentation des alloca- liorer et les déséquilibres se réduire davantage tourisme et les envois de fonds, tous considérés tions pour les cartes alimentaires et pour les comme des sources importantes de recettes sous l’effet de l’élimination des distorsions sur programmes de transferts monétaires. publiques et de ressources en devises. les marchés de change et de la détermination du gouvernement à assainir le budget public. Si TABLEAU 2 République arabe d’Égypte / Indicateurs des (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) perspectives macroéconomiques 1 It is worth noting that the current account deficit to GDP ratio has actually increased to 6.6 percent, from 6 percent a year earlier. The deterioration is due to the sharp drop in the US$-denominated GDP following the exchange rate depreciation. baissière de 2015 ait pris fin. Le déficit budgé- taire s’est davantage creusé pour se situer à Évolutions récentes IRAN, 2,2 % du PIB en 2016, mais le ratio dette/PIB est tombé à environ 35 % en raison de l’augmenta- En 2016, l’économie a connu un net rebond lié tion du PIB2. L’excédent du compte courant a RÉPUBLIQUE au pétrole, avec un taux annuel de croissance augmenté de plus de 80 % pour atteindre envi- global de 13,4 %, à comparer à la contraction de ron 4 % du PIB, contre 2,3 % en 2015, par suite ISLAMIQUE 1,3 % observée en 20151. Le secteur qui a le plus contribué à la croissance est celui des industries principalement de l’augmentation des exporta- tions de pétrole. Toutefois, les exportations de (à environ 25 %), la production pétrolière et produits non pétroliers ont diminué de 9 % en gazière ayant enregistré une impressionnante 2016 et les données récentes des quatre pre- augmentation de 62 % par suite principalement miers mois du nouvel exercice révèlent une L’économie iranienne a enregistré une re- de l’allégement des sanctions. Le redressement croissance négative des exportations non pétro- du PIB non pétrolier était toutefois limité à lières (-10 % en glissement annuel). prise forte en 2016, due à une augmentation Le programme de transferts monétaires pour 3,3 %, bien que cela représente le taux de crois- significative de la production et des exporta- sance le plus élevé des cinq dernières années. tous semble avoir plus que compensé l’aug- tions pétrolières faisant suite à la levée des Les données récentes indiquent que la crois- mentation probable des dépenses énergétiques sance de la production de pétrole brut au pre- des ménages moins aisés, ce qui contribue à une sanctions internationales liées au nucléaire. croissance positive de la consommation des mier trimestre de 2017 a reculé de 17 % en glis- Le chômage reste néanmoins élevé et l’acti- sement annuel. Du côté de la demande, toutes 40 % les plus pauvres de la population, la crois- les composantes, à l’exception de l’investisse- sance de la consommation globale entre 2009 et vité du secteur non pétrolier demeure modé- ment, ont progressé par rapport à l’année précé- 2013 ayant été négative. La pauvreté a néan- rée, car les flux d’investissements étrangers dente. L’investissement a continué de se con- moins augmenté en 2014 pour se situer à anticipés ne se sont pas matérialisés en rai- tracter en 2016, bien qu’à un taux beaucoup 10,5 %, une progression qui peut être associée à plus faible de 3,7 % (contre 12 % un an plus tôt). une baisse de l’aide sociale en valeur réelle. son de la non-intégration complète du sec- La baisse de l’investissement s’explique princi- teur bancaire du pays au système bancaire palement par la contraction du secteur de la mondial et des incertitudes persistantes construction qui persiste depuis 2012 suite à un essor de la demande spéculative de logements. Perspectives quant à la mise en œuvre intégrale du Plan Malgré la croissance du secteur non pétrolier, le d’action global conjoint (JCPOA). Les pers- taux de chômage a progressé de 12,6 % au prin- À moyen terme, la croissance économique de- pectives de croissance à moyen terme sont temps 2017, contre 12,4 % six mois plus tôt, ce vrait ralentir considérablement, du fait de l’uti- qui indique une capacité très limitée des sec- lisation des capacités de réserve dans le secteur modestes. teurs qui tirent la croissance à créer des em- pétrolier. La croissance en 2018-2019 devrait plois. La Banque centrale d’Iran et le Conseil de être légèrement plus forte qu’en 2017, car la la monnaie et du crédit ont pris des mesures croissance de l’investissement devient positive pour accroître l’investissement et renforcer la et s’accélère avec une plus grande stabilité poli- croissance non pétrolière. Le taux d’intérêt in- tique et économique, faisant suite à la réélection terbancaire moyen a été réduit d’environ 6 % et du président Rouhani pour un second mandat ramené à 18,6 % en 2016, bien que la tendance de 4 ans en mai 2017. Au regard de certains GRAPHIQUE 1 République islamique d’Iran / Perspectives GRAPHIQUE 2 République islamique d’Iran / Décomposition de budgétaires la croissance du PIB Sources : Autorités iraniennes et calculs des services de la Banque Sources : Autorités iraniennes et calculs des services de la Banque mondiale. mondiale. signes qui indiquent des pressions inflation- d’avenir de l’économie dépendront également nistes dues au colmatage du déficit de produc- de la mise en œuvre d’une plus large gamme de tion ainsi que des chocs exogènes sur les prix Risques et défis réformes structurelles, portant notamment sur des produits de base, l’inflation globale selon l’amélioration de l’environnement des affaires, l’IPC devrait rester élevée, mais en dessous de la productivité, la flexibilité du marché du tra- 12 %, au cours des trois prochaines années, Le principal risque pour l’économie est l’incer- vail et la diversification accrue des exporta- compte tenu notamment du taux de chômage titude politique autour de la poursuite de la tions. Ces réformes faciliteraient également élevé et de l’absence de facteurs d’attraction de mise en œuvre de l’accord sur le nucléaire, suite l’investissement (national et étranger) afin de la demande. La Banque centrale d’Iran devrait aux nouvelles sanctions non liées au nucléaire parvenir à une croissance plus résiliente à recourir à une politique monétaire dynamique, imposées par les États-Unis. Cette incertitude moyen terme. en particulier pour réduire les taux de rémuné- augmente les perceptions de risques dans le ration des dépôts afin de réorienter le crédit pays et décourage une plus grande améliora- vers les secteurs productifs et renforcer la crois- tion de l’investissement étranger dans les sec- sance non pétrolière. Elle reste déterminée à teurs pétrolier et non pétrolier. Parallèlement, appliquer l’unification des taux de change offi- les retards dans la réintégration du secteur ciel et du marché, bien que cette entreprise bancaire du pays au système bancaire mondial, puisse encore être retardée par rapport à la conjugués à la difficulté à mettre en œuvre nouvelle date qui avait été fixée à fin 2017. La l’ensemble des réformes du secteur bancaire, surévaluation du taux de change réel peut créent d’autres risques à moyen terme. Certes la pousser les autorités monétaires à permettre Banque centrale d’Iran a réussi à contenir dans une dépréciation du rial pour promouvoir la une grande mesure les opérations bancaires compétitivité des exportations et réduire la parallèles, mais il faudrait régler efficacement 1. La Banque centrale d’Iran a publié une série de pression sur les réserves en devises. La baisse les questions du niveau élevé des taux crédi- comptes nationaux pour une année de référence de la valeur réelle des transferts de fonds peut teurs, du gel des avoirs des banques et des (2011). Cela a donné lieu à quelques révisions des taux continuer d’avoir un impact négatif sur la pau- prêts non productifs, qui constituent des défis de croissance par rapport à la version précédente de ce vreté, alors que la croissance économique mo- majeurs interconnectés auxquels l’économie rapport. L’ancienne série de comptes nationaux faisait dérée et l’amélioration du ciblage des presta- devra faire face dans un proche avenir. Sur le état de taux de croissance de 5,4 % et 9,2 % pour le tions sociales peuvent contribuer à réduire la plan budgétaire, les tentatives du ministère des premier trimestre et le deuxième trimestre de 2016, pauvreté après 2016. Finances de déterminer les niveaux réels d’en- alors que la nouvelle série présente une croissance de dettement de l’État et de titrisation des arriérés 7,5 % et de 12,9 % pour ces deux périodes. soulignent la nécessité d’un cadre plus intégré de gestion de la dette, complété par une poli- 2. Article 4 du FMI (2017). tique budgétaire prudente. Les perspectives TABLEAU 2 République islamique d’Iran / Indicateurs des perspectives (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) de la pauvreté au niveau macroéconomique les estimations, en 2017, le déficit budgétaire devrait atteindre 5,1 % du PIB en raison d’un RÉPUBLIQUE Évolutions récentes léger redressement des cours du pétrole et des mesures prises pour accroître les recettes non pétrolières et maîtriser les salaires et les re- D’IRAQ L’insurrection menée par de l’EIIS et la fai- traites. Le Gouvernement fédéral consacre pri- blesse des cours du pétrole portent un coup oritairement ses dépenses d’investissement dur à la croissance en Iraq, qui a ralenti en 2014 limitées à la reconstruction dans les zones -2015, s’accompagnant d’une baisse des inves- libérées de l’EIIS et à l’augmentation de la tissements publics non pétroliers de deux tiers fourniture de l’électricité. Le Gouvernement et d’une contraction rapide dans les secteurs régional du Kurdistan a aussi entrepris de La guerre contre l’EIIS et la faiblesse des cours de l’agriculture, des industries manufacturi- mettre en œuvre des mesures pour maîtriser la du pétrole depuis le milieu de 2014 portent un ères et de la construction. Une production dépense et accroître les recettes non pétrolières. pétrolière importante a soutenu la croissance coup dur à l’économie. La contraction de la Son déficit budgétaire a diminué de 80 % entre économique en 2016, alors que l’accord de production pétrolière se traduit par une crois- 2014 et 2016. Les pressions exercées sur les l’OPEP sur la réduction de la production sance globale négative en 2017, mais en raison dépenses pour apporter une aide aux déplacées jusqu’en mars 2018 devrait entraîner sa con- internes et aux réfugiés restent lourdes. de l’amélioration de la situation sécuritaire, la traction en 2017. La croissance non pétrolière a Le gouvernement a financé le déficit princi- croissance non pétrolière sera positive après un été négative depuis 2014, mais l’amélioration palement grâce à des financements bancaires à de la situation sécuritaire et les retombées déclin de trois ans, malgré le processus d’as- court terme obtenus sur le marché intérieur. Le positives d’un premier effort de reconstruction sainissement budgétaire en cours. L’effort de ratio dette publique/PIB du Gouvernement devraient soutenir la croissance non pétrolière réforme – mais pas de reconstruction – entre- fédéral est passé de 32 % en 2014 à 67 % en pour la porter à 1,5 % en 2017. Les moteurs de 2016. Sur la même période, la dette intérieure a pris par le gouvernement est soutenu par une cette croissance sont la construction et les ser- grimpé de 7 % à 27 % du PIB. La dette importante enveloppe financière internatio- vices du côté de l’offre, et la reprise de la con- publique devrait être ramenée à 64 % en 2017. sommation des administrations publiques et nale. La croissance s’accélérera en 2018, tirée Le Gouvernement fédéral a accumulé d’im- des investissements publics du côté de la de- par une production de pétrole plus élevée, portantes dettes éventuelles, en émettant 11 mande. En raison du taux de change fixe et garanties libellées en devises (36 milliards de malgré les risques sécuritaires persistants. d’une demande globale modérée, l’inflation dollars) au profit de producteurs indépendants s’est établie à 0,4 % en moyenne en 2016, et elle d’électricité. devrait augmenter à 2 % en 2017. Les réformes structurelles menées par le Gou- Les faibles cours du pétrole et les dépenses de vernement fédéral sont soutenues par une im- sécurité et d’aide humanitaire ont rapidement portante enveloppe de financements interna- grevé le solde budgétaire et la balance des opé- tionaux. En 2016, la Banque mondiale a fourni rations courantes depuis 2014 pour le Gou- 1,44 milliard de dollars sous forme de prêts à vernement fédéral iraquien comme pour le l’appui de la politique de développement et le Gouvernement régional du Kurdistan. Le dé- FMI a consenti 1,2 milliard de dollars de fi- ficit budgétaire global accusé par le Gouverne- nancement dans le cadre d’un programme tri- ment fédéral s’est creusé de 14 % du PIB en ennal adossé à un accord de confirmation trien- 2016, principalement en raison d’une baisse de nal. En janvier 2017, l’État iraquien a procédé à 22 % des cours du pétrole l’année précédente ; une émission d’obligations à hauteur d’un mil- en réponse, le Gouvernement fédéral a entre- liard de dollars entièrement garantie par les pris de mettre en œuvre un programme d’as- États-Unis. L’Agence japonaise de coopération sainissement des finances publiques visant à internationale (JICA) et la France ont fourni réduire le déficit primaire non pétrolier. Selon parallèlement un appui budgétaire au pays. En GRAPHIQUE 1 République d’Iraq / Comptes budgétaires (en % du PIB) Sources : ministère des Finances et projections des services de la Banque mondiale. août 2017, suite à la conclusion heureuse de la des populations défavorisées, est à bout de penses sociales à hauteur d’environ 22 % des deuxième revue du programme du FMI, l’État a souffle. De nombreux déplacés internes ne sont dépenses non pétrolières. Le compte courant émis un emprunt obligataire d’un milliard de pas, en grande partie, protégés par un filet de devrait rester dans le rouge, mais s’améliorer dollars arrivant à échéance en 2023, sa première sécurité mis en place par les pouvoirs publics. en raison de la hausse des cours du pétrole. La émission indépendante depuis 2006. Au prem- Bien que le taux global d’insécurité alimentaire dette publique devrait atteindre un pic de 65 % ier semestre de 2017, l’État a introduit un taux dans le pays soit faible et en baisse, parmi les du PIB en 2018, mais les coûts de la reconstruc- unique d’imposition des revenus, stabilisé avec déplacés internes il représentait plus du double tion ne rentrent pas dans le cadre budgétaire. succès les dépenses courantes et commencé à de celui des résidents en 2016. éponger les arriérés envers les créanciers na- tionaux et extérieurs. Il a également adopté une Risques et défis base de données sociale assise sur un système Perspectives d’évaluation indirecte du niveau des ressources Les risques d’une détérioration de la situation de la population et a réduit les activités de Les perspectives économiques de l’Iraq devrai- incluent la persistance des problèmes de sécu- torchage de gaz. ent s’améliorer dans l’hypothèse où l’envi- rité, qui pourraient continuer à perturber les En 2017, le déficit du compte courant devrait ronnement sécuritaire devient plus favorable et efforts de reconstruction après la libération de diminuer de 2,4 points de pourcentage du PIB, où les mesures d’assainissement des finances Mossoul, et la baisse des cours du pétrole, qui à la faveur de l’assainissement des finances publiques et les réformes se poursuivent. La pourrait exercer de nouvelles pressions sur le publiques et de l’augmentation des recettes croissance globale du PIB devrait revenir dans double déficit de l’Iraq et appeler un nouveau pétrolières. L’accumulation importante de le vert en 2018 suite à l’expiration de la mesure rééquilibrage des finances publiques ou des réserves au cours de la période 2010 -2013 a de réduction de la production pétrolière dé- financements externes supplémentaires. La permis de lisser l’ajustement de la politique cidée par l’OPEP. À moyen terme, la produc- dette extérieure reste très vulnérable à une budgétaire nécessaire pour préserver la viabil- tion pétrolière ne devrait augmenter que lé- nouvelle baisse des cours du pétrole ou à une ité du pays sur le plan extérieur. Les réserves gèrement, car le Gouvernement fédéral n’a pas dépréciation du taux de change réel. Des de change ont financé l’essentiel du déficit de les moyens d’accroître les investissements dans risques existent aussi en ce qui concerne la la balance des paiements et se sont ainsi con- le secteur pétrolier. Tirée par les secteurs de capacité du Gouvernement fédéral à fournir des tractées, passant de 77,8 milliards de dollars l’agriculture, de la construction et des services, services publics même dans les régions qui ne en fin 2013 (soit 10 mois d’importations) à la croissance économique non pétrolière sont pas touchées par la violence et à entamer le 41,4 milliards de dollars en fin 2017 (soit devrait, selon des projections prudentes, se travail de reconstruction du pays. Les tensions 6 mois d’importations). redresser pour s’établir approximativement à la pourraient être ravivées entre Bagdad et Erbil Même avant la crise, la création d’emplois ne moitié de son niveau moyen d’avant 2014, soit après la décision du Gouvernement régional du permettait pas d’aider les populations à échap- 4 %, étant donné que les explosions de violence Kurdistan d’organiser un référendum d’indé- per à la pauvreté. L’Iraq affiche l’un des ratios récurrentes et la présence persistante de l’EIIS pendance en septembre 2017. L’escalade des emploi/population les plus faibles de la région, pourraient retarder les investissements et les tensions politiques et des attaques terroristes même parmi les hommes, et la crise de 2014 a réformes. Le déficit budgétaire devrait se ré- avant les élections générales et provinciales conduit à la suppression d’environ 800 000 duire en raison des mesures d’assainissement d’avril 2018 représentent des risques sup- emplois. Le système public de distribution, des dépenses courantes primaires non pétro- plémentaires. unique filet de sécurité pour la vaste majorité lières, tout en continuant de protéger les dé- TABLEAU 2 République d’Iraq / Indicateurs des perspectives (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) de la pauvreté au niveau macroéconomique des déséquilibres budgétaires devrait né- anmoins se concrétiser à un rythme plus JORDANIE Évolutions récentes lent que prévu initialement dans le cadre du programme, du fait de la faiblesse de La croissance du PIB réel en 2017 devrait la croissance économique. Le déficit être de 2,3 %, soit une timide augmenta- budgétaire global prévu, hors dons (dons Dans un contexte de conjoncture région- tion de 0,3 point de pourcentage par rap- compris), restera largement inchangé par port au taux de 2016. Les services ont con- rapport aux niveaux de 2016, à 6 (3,3) % ale difficile, l'économie de la Jordanie reste tinué d’être le principal moteur de la du PIB. Sur le plan extérieur, malgré une morose, bien qu'elle enregistre une mod- croissance du PIB en 2017 (graphique 1), facture énergétique plus élevée des impor- este reprise en 2017, à la faveur de l’aug- propulsé par de bons résultats dans le tations d’énergie, qui reflète la hausse des mentation de l’activité touristique et de secteur du tourisme, qui a affiché une cours mondiaux du pétrole, le gros déficit croissance à deux chiffres des recettes et du compte courant devrait se réduire l’exploitation de mines et de carrières. grâce à la croissance du tourisme princi- des arrivées au premier semestre. Le Cette morosité vient pourtant s’ajouter à secteur du tourisme a plus que compensé palement. l'incertitude persistante concernant les le ralentissement de l’activité économique La politique monétaire de la Jordanie con- dans les pays du CCG en attirant des vis- tinue de cibler l’arrimage du taux de crises en Syrie et en Iraq et la durée du iteurs d’autres régions du monde, en par- change du dinar jordanien au dollar, la ralentissement dans les pays du Conseil ticulier l’Asie. Le secteur industriel de la Banque centrale de Jordanie (BCJ) ayant de coopération du Golfe (CCG) d'une Jordanie regagne de l’élan grâce au re- relevé les taux d’intérêt à quatre reprises part, et la lenteur du rythme des réformes dressement de l’exploitation des mines et depuis décembre 2016 – une fois de des carrières, qui a progressé de 14,7 % au 50 points de base et trois fois de 25 points structurelles de l'autre. premier trimestre de 2017 (T1-2017), alors de base chacune – dans une tentative de qu’elle s’était contractée de 8,4 %, en maintenir une prime de risque attrayante glissement annuel, au premier trimestre par rapport aux taux du Conseil de la Ré- de 2015. En raison de ces évolutions et serve fédérale (FED). La baisse des entrées d’une hausse des prix de la potasse, les de devises, la pression sur le marché des exportations nettes de biens et de services changes et l’augmentation des taux de devraient tirer la croissance du PIB du dollarisation pèsent toutes sur les réserves côté de la demande, comme en 2016. D’un de change de la banque centrale, qui ont point de vue structurel, si l’industrie diminué pour s’établir à 11,2 milliards de représente un quart du PIB, elle constitue dollars en fin juillet (couvrant 7,2 mois la principale source de la solidité de la d’importations, hors réexportations). Pen- croissance du PIB. dant ce temps, après une période défla- En 2017, la situation budgétaire de la Jor- tionniste de deux ans, les principaux prix danie devrait s’améliorer par suite des à la consommation ont rebondi paral- mesures d’assainissement des finances lèlement au redressement des prix du publiques prises par le gouvernement en pétrole et des denrées alimentaires au application du programme du Fonds niveau mondial. Le taux d’inflation moy- monétaire international. Le rétrécissement en pour la période allant de janvier à juil- let 2017 a atteint 3,4 %. GRAPHIQUE 1 Jordanie / La croissance, quoiqu’atone, est alimentée par un éventail de secteurs du côté de l’offre Sources : Direction de la statistique et calculs des services de la Banque mondiale. Si la croissance économique est faiblement effets ont été atténués par les recours du la Réserve fédérale américaine et du équilibrée, le marché du travail quant à lui gouvernement aux financements extéri- soutien en faveur de l’arrimage du taux de fait face à un stress important. Au premier eurs pour couvrir ses besoins budgétaires. change du dinar au dollar. trimestre de 2017, le taux de chômage était En outre, la réouverture récente (fin août) de 18,2 % en moyenne, alors que la partici- de la route commerciale de Karameh reli- pation au marché travail était de 40,5 % en moyenne, ces deux chiffres reflétant une ant la Jordanie et l’Iraq devrait avoir un impact positif sur le commerce interna- Risques et défis grande hétérogénéité entre les hommes et tional, à moyen terme, sous l’effet notam- femmes (graphique 2), puisque la partici- ment des retombées du corridor commer- Avec des perspectives régionales sombres, pation de la main-d’œuvre féminine en cial. des réformes économiques peu vigoureus- Jordanie est nettement inférieure aux Le déficit du compte courant de la Jor- es et l’adoption de politiques d’austérité moyennes de la région MENA et des au- danie devrait diminuer progressivement à budgétaire et monétaire, on peut difficile- tres régions. moyen terme, principalement en raison de ment entrevoir une reprise forte de la la progression des exportations de croissance. Bien que la réouverture des marchandises et du tourisme, dépassant la routes commerciales avec l’Iraq soit de croissance des importations du fait de la bon augure pour la consommation et l’in- Perspectives hausse des importations d’énergie vestissement, étant donné que l’économie jordanienne est tournée vers l’extérieur et (reflétant la hausse des cours du pétrole). Les transferts courants et les entrées de axée sur le soutien des marchés dans le La situation de référence de la Jordanie CCG, en Syrie et en Iraq, les conflits vio- devrait rester sensiblement affectée par les capitaux devraient demeurer faibles compte tenu de la croissance modérée lents et le déplacement de populations événements régionaux en Iraq et en Syrie dans la région continueront d’affecter et par le ralentissement de la performance prévue dans les économies du CCG. La Jordanie devrait rester dans une l’économie. La vulnérabilité économique du CCG. Si le rythme des macroéconomique à long terme de la Jor- réformes économiques reste lent, la re- logique d’austérité budgétaire et monétaire. L’effort d’assainissement des danie provient de déséquilibres internes et prise de l’activité économique ne devrait externes considérables qui génèrent de être que marginale. Les services et les in- finances publiques continuera d’être axé sur mesures favorisant l’accroissement des gros besoins de financement, lesquels sont dustries devraient continuer de tirer généralement comblés par l’aide interna- l’économie. Du côté de la demande, la recettes et la réduction des dépenses, comme le gouvernement adhère au pro- tionale et les transferts venant de la ré- consommation et l’investissement gion. La stabilité financière et économique (immobilier) privés devraient reprendre gramme du FMI. On s’attend également à un durcissement de la politique monétaire peut se trouver compromise lorsque ces de la vigueur après des périodes de stag- sources de financement s’amenuisent. nation, et ce malgré les mesures d’austéri- pour préserver l’attractivité du dinar jor- té monétaire prises par la BCJ et dont les danien au regard des hausses des taux de TABLEAU 2 Jordanie / Indicateurs des perspectives de la (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) pauvreté au niveau macroéconomique entreprises et aux ménages, eux, ont ralenti durant l’année écoulée. Cependant, la crois- KOWEÏT Évolutions récentes sance des prêts aux secteurs d’activité « productifs » (à l’exclusion des prêts immobi- liers et des prêts de titres) est restée résiliente, à Les réductions de la production pétrolière dans 8,4 % en juillet. le cadre de l’OPEP ayant pesé sur la croissance, Les positions extérieures restent solides et favo- Les réductions de la production de pétrole dans le PIB devrait reculer de 1 % en 2017, après une rables à la parité de change de la monnaie ko- le cadre l’OPEP ont pesé sur la croissance. augmentation de 3,6 % en 2016. Les hydrocar- weïtienne, soutenues par un fonds souverain bures représentent près de la moitié du PIB et la estimé à plus de 600 milliards de dollars et Cependant, la production devrait repartir décision prise en juin par l’OPEP de prolonger bénéficiant d’une amélioration modeste des progressivement, soutenue par une activité la réduction de la production jusqu’au premier prix du pétrole durant l’année écoulée. Le Ko- non pétrolière encore dynamique et des dé- trimestre de 2018 pèse sur la production et les weït a affiché un déficit du compte courant penses d’infrastructure tout aussi porteuses, et exportations de pétrole. En dehors du secteur représentant 4,5 % du PIB en 2016, un recul ce alors que la production de pétrole augmente. pétrolier, l’activité est restée soutenue par la considérable par rapport à un excédent de 45 % mise en œuvre du Plan de développement en 2013. Les données trimestrielles montrent La pression qui était exercée sur le solde bud- quinquennal (2015/2016-2019/2020) qui com- que le solde du compte courant tend à nouveau gétaire et sur la balance des opérations cou- porte plusieurs projets de grande envergure vers un excédent modeste réalisé sur la hausse rantes est en train de diminuer. La dépendance axés sur les infrastructures, les transports et le des recettes pétrolières. La croissance des im- à l’égard des hydrocarbures et l’opposition du raffinage. En janvier, le gouvernement a publié portations est également restée forte, les impor- parlement à des réformes structurelles en pro- le nouveau Plan stratégique du Koweït à l’hori- tations de biens d’équipement ayant augmenté zon 2035 dont l’objectif est de transformer le de 25 % au premier trimestre en glissement fondeur constituent les principaux défis à pays en un pôle financier et commercial d’en- annuel, ce qui traduit la bonne santé de la de- relever. vergure régionale, dans le cadre des efforts de mande intérieure liée aux projets d’infrastruc- diversification économique à long terme. ture gouvernementaux. Les données reçues indiquent que l’activité non Bien qu’elle s’améliore, la situation financière pétrolière continue de se développer. La con- reste entravée par des contraintes, reflétant la fiance des consommateurs a augmenté en juillet dépendance à l’égard des recettes pétrolières, pour atteindre son plus haut niveau depuis qui représentent près de 90 % des recettes pu- près de deux ans, bien qu’elle reste bien en bliques. Les prix du pétrole demeurant bas, dessous des niveaux de 2014 avant la chute des l’État a affiché des déficits consécutifs de l’ordre prix mondiaux du pétrole. Les dépenses de de 17 % du PIB (hors produit des placements consommation, reflétées dans les transactions provenant du fonds souverain et après trans- au niveau des points de vente, ont augmenté au ferts audit fonds) au cours des deux dernières deuxième trimestre, à hauteur de 9 % en glisse- années, loin des excédents à deux chiffres ment annuel. Les mesures correctives prises sur d’avant 2014. Cependant, au niveau des admi- les marchés immobiliers au cours des deux nistrations publiques, les finances du secteur dernières années semblent avoir porté leurs public affichent un léger excédent. Malgré les fruits : les prix de l’immobilier se sont stabilisés efforts de rationalisation des dépenses, les ré- au cours des derniers mois et les ventes dans le formes budgétaires demeurent discutables. Le secteur résidentiel ont augmenté de 43 % en gouvernement a commencé par augmenter les juillet. Alors que le secteur bancaire demeure prix des services publics en septembre 2016, convenablement capitalisé et affiche globale- mais les hausses du deuxième cycle de ré- ment une bonne santé, les prêts bancaires aux formes des tarifs de l’électricité et de l’eau en GRAPHIQUE 1 Koweït / Soldes des opérations des admin- GRAPHIQUE 2 Koweït / Taux d’intérêt intérieurs istrations publiques, en pourcentage du PIB Sources : Ministère des Finances, Banque mondiale et Haver. Sources : Banque centrale du Koweït, Haver. cours d’exécution sont inférieures à celles initia- à faible revenu. Des salaires impayés ou retar- lement envisagées. Le projet d’introduction dés, des conditions de travail difficiles et la d’un impôt sur les sociétés, au taux fixe de crainte de la répression constituent des sources Risques et défis 10 %, a également été mis au placard. En consé- supplémentaires de préoccupations pour les quence, le gouvernement a été contraint de travailleurs immigrés. chercher à réaliser des économies dans d’autres Un concept relatif de niveau de vie peut être Les principaux risques extérieurs concernent les domaines, notamment les PPP (partenariats plus approprié pour un pays riche comme le répercussions des tensions et conflits géopoli- public-privé) pour le financement des projets Koweït. Une analyse plus détaillée est rendue tiques. Une remontée du niveau de production d’infrastructure, l’application d’une TVA difficile par les restrictions sur l’accès aux don- des hydrocarbures aux États-Unis entraînée par (prévue en janvier 2018) et la privatisation de nées relatives aux ménages. un assouplissement de la réglementation de certains actifs de l’État. Le Koweït a émis une l’activité économique par la nouvelle adminis- première obligation internationale de tration américaine pourrait peser de son poids 10 milliards de dollars en mars, mais la dette sur les cours mondiaux du pétrole, en particu- publique brute reste faible, à près de 20 % du Perspectives lier si les États-Unis se posent en grand exporta- teur d’énergie. Les défis à plus long terme PIB. Malgré les hausses des prix du carburant appli- relèvent de la dépendance du Koweït à l’égard quées en septembre 2016, l’inflation est restée La croissance devrait rebondir à 3,5 % en 2019, du secteur des hydrocarbures. L’absence d’un faible, à en moyenne 1,7 % depuis le début de à mesure que les réductions de production environnement favorable aux entreprises et la l’année en raison de la baisse des coûts du loge- pétrolière décidées dans le cadre de l’OPEP taille considérable du secteur public ont entravé ment et de l’inflation alimentaire qui est cons- sont levées et que la production et les exporta- le développement du secteur privé non pétro- tamment faible. L’ancrage de la monnaie natio- tions de pétrole augmentent. Le gouvernement lier. De vastes réformes sont nécessaires pour nale à un panier de devises non déclaré, dans prévoit d’investir 115 milliards de dollars dans rééquilibrer l’économie en l’affranchissant de sa lequel le dollar des États-Unis a un poids im- le secteur pétrolier au cours des cinq prochaines dépendance par rapport au secteur de l’énergie portant, s’est traduit par un relèvement des années, ce qui devrait également permettre et l’orienter vers une trajectoire de croissance taux d’intérêt par la Banque centrale du Koweït d’accroître la production de pétrole. Avec un plus diversifiée reposant sur l’innovation, (CBK) en tandem avec la Réserve fédérale amé- soutien supplémentaire provenant des dé- l’investissement privé et la création d’emplois, ricaine. Cependant, en juin, la Banque centrale penses d’investissement public, la croissance ainsi la qualité de sa main-œuvre. du Koweït a choisi de maintenir son principal devrait augmenter à environ 2,7 % à moyen taux directeur bien que la Réserve fédérale terme. Dopées par la remontée des cours du américaine ait revu le sien à la hausse. pétrole et la hausse de la production, les pres- Pays riche en pétrole, le Koweït ne connaît sions sur le compte courant et sur le budget pratiquement pas de pauvreté absolue ni de de devraient être allégées elles aussi. La situation chômage involontaire. Quatre-vingts pour cent de référence retenue suppose la réforme pro- des nationaux qui ont des emplois travaillent gressive des dépenses et des recettes, notam- dans le secteur public. En revanche, les immi- ment l’introduction de la TVA en 2018, dont la grants, qui représentent les deux tiers de la mise en application par le Koweït est en bonne population, constituent l’essentiel des résidents voie. TABLEAU 2 Koweït / Indicateurs des perspectives de la pauvreté (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) au niveau macroéconomique global pour 2017 devrait rester à environ 9 % du PIB, avec une légère amélioration du solde LIBAN Évolutions récentes primaire. Toutefois, une croissance atone du PIB et des paiements d’intérêts élevés auront Pour 2017, le taux de croissance du PIB réel pour effet de maintenir le ratio de dette/PIB sur devrait être de 2 %, le même qu’en 2016, le une trajectoire peu viable tendant vers les L’impasse politique prolongée au Liban s’est principal moteur étant les services, en particuli- 155 % projetés d’ici la fin de 2017. dénouée par l’élection du président Aoun en er le tourisme. Au cours des cinq premiers Sur le plan extérieur, une reprise des exporta- octobre 2016 et la formation par la suite d’un mois de l’année 2017 (5-M 2017), les arrivées de tions de marchandises combinée à la stagnation gouvernement d’union nationale. Depuis lors, touristes ont augmenté de 12,8 % (en glissement des importations devrait réduire le déficit du les dirigeants politiques se sont mis d’accord annuel), tandis que les taux d’occupation des compte courant d’environ 2 points de pourcent- hôtels ont été de 65,2 % en moyenne, soit une age pour le ramener à environ 18 % du PIB en sur loi électorale parlementaire longtemps progression de 8,4 points de pourcentage par 2017. Malgré cette amélioration, le déficit extéri- contestée, l’ajustement de l’échelle des salaires rapport à 2016, représentant le taux le plus eur du Liban demeure parmi les plus élevés au et la loi sur les partenariats public-privé. La monde, ce qui contraint le pays à dépendre élevé depuis 2012. Du côté de la demande, la crise syrienne qui s’éternise et la lenteur du baisse sur trois ans (2014-2016) de la contribu- largement des flux de capitaux à court terme et rythme des réformes structurelles constituent tion de la consommation privée à la croissance l’expose à des risques de refinancement im- des obstacles majeurs à la croissance poten- du PIB semble persister, tout comme l’amé- portants. Pour renforcer la confiance, la banque tielle. Des risques macro-financiers importants lioration sur trois ans de la contribution de la centrale, la Banque du Liban (BdL), a cherché à subsistent. formation brute de capital fixe qui vient la com- inverser la tendance à la baisse de ses réserves penser. Pour 2017, la croissance semble être extérieures et à ralentir les taux de croissance uniquement tirée par les exportations nettes de des dépôts dans les banques en lançant une biens et de services, qui s’explique par une opération de swap de grande envergure et très reprise des exportations, un effet de base faible généreuse (pour les banques commerciales) en et la stagnation des importations (graphique 1). 2016. Les retombées positives ont été de courte Sur le plan structurel, l’économie reste large- durée et les répercussions néfastes ont com- ment reposer sur les services (notamment mencé à se faire sentir au printemps 2017 ; de l’immobilier, le commerce de détail et les ser- mars 2017 à mai, les réserves de la BdL ont vices financiers) et orientée vers la région, ce diminué de 2,7 milliards de dollars, soit une qui la rend vulnérable à l’instabilité de la crois- perte de près de la moitié de ses gains au cours sance et à des déséquilibres macroéconomiques de la période allant de juin 2016 à février 2017. importants. En réponse, la BdL a procédé au lancement Après cinq années de débat, les ajustements de d’une autre opération de swap, qui a contribué l’échelle des salaires pour la fonction publique, au redressement des réserves enregistré en juin le personnel militaire et les enseignants du à hauteur de 1,8 milliard de dollars. Ce re- secteur public ont finalement été promulgués, dressement était néanmoins dû au rapatriement pour un coût estimé à près de 2 % du PIB. Tout des avoirs extérieurs des banques. En réalité, la à son mérite, l’État entendait mener une ré- position nette des avoirs extérieurs des acteurs forme sans incidence budgétaire, ce qui l’a économiques au premier semestre de 2017 a contraint à prendre des mesures de large portée reculé de 1,1 milliard de dollars, ce qui axées sur les revenus. Le déficit budgétaire témoigne de la fragilité de cette dynamique. GRAPHIQUE 1 Liban / Les exportations nettes devraient tirer la croissance en 2017 Sources : Autorités libanaises et calculs des services de la Banque mondiale. sera plus difficile d’attirer les dépôts en devises Perspectives Risques et défis fortes, à moins que les taux d’intérêt intérieurs n’augmentent aussi, ce qui ne cadre pas avec les objectifs des interventions de la BdL à ce Les perspectives économiques à moyen terme La sécurité et les problèmes politiques continu- jour. Deuxièmement, la réponse enthousiaste du Liban demeurent sombres. Selon les projec- ent d’être les principales préoccupations du aux prêts subventionnés de la BdL a contribué à tions, la croissance annuelle continue de Liban. Le pays est exposé aux conséquences stimuler l’activité économique, mais après tourner autour 2 % à moyen terme, et se situera d’un ralentissement de l’accumulation de ses plusieurs années d’opérations de prêt de ce à 2,5% en 2018 en raison de l’augmentation avoirs extérieurs nets face à d’importants dé- type, il y a lieu d’accorder une plus grande prévue des dépenses (publiques et privées) ficits courants et budgétaires persistants. Plus attention à la question de l’endettement et de la motivées par les prochaines élections législa- généralement, un cadre macro-budgétaire frag- capacité de remboursement des ménages. tives prévues en mai. Ces projections se fondent ile, sous-tendu par des ratios de solvabilité L’un des principaux obstacles à l’amélioration sur les hypothèses suivantes : i) que la guerre insoutenables, ainsi que par d’importants dé- des politiques fondées sur des données empir- en Syrie se poursuit et que les répercussions au ficits courants et budgétaires persistants, dans iques tient à l’amélioration des données et au Liban, bien que significatives, restent maîtri- le contexte d’un régime de change fixe, fait renforcement de la base d’analyse des pouvoirs sées ; et ii) qu’un programme de réformes pour courir au pays des risques de change et de re- publics, notamment au sein de l’Administration stimuler la croissance potentielle ne se réalisera financement non négligeables. Le recours aux centrale de la statistique pour mesurer et suivre pas. En outre, les exportations de biens et de dépôts pour financer ces déséquilibres pourrait la pauvreté. L’amélioration du système de don- services devraient continuer de se remettre s’avérer difficile au regard des données récentes nées permettrait de mieux cerner l’incidence d’un effet de base faible, ce qui laisse le secteur sur la croissance des dépôts des banques com- macroéconomique de la crise des réfugiés. extérieur freiner la croissance. merciales. Sur le plan budgétaire, l’augmentation des Les réformes structurelles cruciales dans les dépenses induite par les élections de 2018 et les domaines des finances publiques, de l’énergie, paiements d’intérêts plus élevés seront par- de la protection sociale et du cadre des affaires tiellement compensés par les mesures généra- échappent encore au gouvernement, bien que trices de recettes promulguées en 2017, ce qui des décisions très importantes aient été prises fait que le déficit budgétaire global n’augmen- récemment. En outre, le nouveau parlement est tera que légèrement. La balance des opérations à pied d’œuvre pour adopter son premier courantes, en revanche, va se détériorer de budget public depuis 2005. Néanmoins, au lieu manière plus significative alors que les impor- d’un effort de réforme soutenu, l’activisme de tations commenceront à partir à la hausse et la Banque centrale fait face à des risques macro- qu’enfin les effets négatifs différés de la baisse financiers. Premièrement, la normalisation des cours du pétrole se feront ressentir à travers attendue des taux d’intérêt mondiaux fait qu’il les transferts de fonds. TABLEAU 2 Liban / Indicateurs des perspectives de la (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) pauvreté au niveau macroéconomique publiques devraient rester tendues en 2017, sous l’effet des incertitudes politiques per- LIBYE Évolutions récentes sistantes. Les recettes budgétaires devraient augmenter sensiblement en 2017 grâce à Malgré de bons résultats de croissance du l’accroissement de la production d’hydrocarbu- secteur pétrolier, l’économie libyenne pâtit res. Elles atteindront 24,6 milliards de dinars Malgré des progrès limités, l’économie toujours des conflits politiques qui l’empêchent libyens, soit 34,6 % du PIB. Elles ne sont né- libyenne reste encore en dessous de son poten- de réaliser son potentiel. Après quatre années anmoins pas suffisantes pour couvrir les tiel, entravée par la persistance d’un conflit de récession, s’est redressée au premier semes- salaires du secteur public (33,3 % du PIB), qui politique violent. Le double déficit reste gros et tre de 2017, grâce au redémarrage de la produc- sont encore élevés malgré les efforts déployés tion d’hydrocarbures après la reprise aux mains pour supprimer les doubles paiements de la un cadre pour le résorber fait défaut, ce qui des milices des principaux gisements pétroliers masse salariale, notamment l’extension de la exacerbe l’instabilité du cadre l’année dernière. Les secteurs hors hydrocarbu- portée et la mise en application de l’utilisation macroéconomique. L’inflation s’est accélérée, res sont restés silencieux, inhibés par le manque du système national d’identification. Les sub- rognant encore plus le pouvoir d’achat de la de fonds et de sécurité. Le PIB devrait aug- ventions (8,9 % du PIB) continuent d’absorber population et contribuant probablement ainsi à menter de 25,6 % en 2017, ce qui permettra un une quantité importante de ressources une augmentation de la pauvreté. À moyen accroissement sensible du revenu par habitant, budgétaires, tandis que les dépenses en immo- terme, les défis vont au-delà de la reconstruc- qui s’établira à 65 % de son niveau de 2010 bilisations demeurent faibles. Globalement, le tion pour englober la prise en compte des dé- après avoir perdu plus de la moitié de sa val- déficit budgétaire devrait rester élevé, à 22 % faillances en matière de développement datant eur. du PIB (63,9 % du PIB en 2016). Il déficit est d’avant 2011, la diversification de l’économie Les prix de la quasi-totalité des produits de principalement financé par des emprunts con- base ont continué d’augmenter au cours du tractés auprès de la Banque centrale de Libye. et la promotion du développement du secteur premier semestre de 2017, ce qui a davantage La dette intérieure a augmenté rapidement privé. entamé le pouvoir d’achat de la population. pour atteindre 53,7 milliards de dinars libyens L’inflation a atteint un niveau record de 28,5 % en fin mars 2017. au premier semestre de 2017, après les 25,9 % La balance des paiements s’améliore également, enregistrés l’année dernière. Elle est essen- mais elle continue de pâtir de l’impasse poli- tiellement favorisée par de grosses pénuries tique en cours et de la faiblesse des cours du dans les chaînes d’approvisionnement des pétrole. L’amélioration relative de la sécurité produits de base, la spéculation sur les marchés autour des principales installations pétrolières a noirs qui gagnent de l’ampleur, la suppression permis à la Libye d’augmenter considérable- de fait des subventions alimentaires due à un ment les exportations de pétrole à une moyenne manque de fonds, et une forte dévaluation du de 0,62 million de barils par jours au cours des dinar libyen sur les marchés parallèles. Une sept premiers mois de 2017, mais dans de inflation élevée conjuguée à de piètres perfor- meilleures conditions de sécurité, la production mances dans les secteurs hors hydrocarbures a peut atteindre 1 million de barils par jour. La probablement contribué à augmenter la production reste néanmoins encourageante en pauvreté et à exacerber l’exclusion soci- comparaison aux 0,27 million de barils par jour oéconomique. enregistrés sur la même période en 2016. Les Bien qu’on y observe des progrès, les finances recettes devraient ainsi tripler en 2017 pour GRAPHIQUE 1 Libye / La faiblesse des recettes, exacerbée par GRAPHIQUE 2 Libye / Le tumulte dans le secteur des hydrocar- un niveau élevé de la masse salariale et des subventions, bures et une consommation tirée par les importations entraînent grève les finances publiques, en % du PIB une détérioration de la balance des paiements, en % du PIB Sources : Gouvernement de la Libye et estimations des services de la Banque Sources : Gouvernement de la Libye et estimations des services de la Banque mondiale. mondiale. atteindre 20,8 milliards de dollars. Cette perfor- d’insécurité persiste, les réserves de change gestion des ressources financières et humaines mance n’est pas suffisante pour assurer la via- poursuivront leur évolution vers l’épuisement, publiques, en favorisant le développement et la bilité du compte courant, étant donné que la une perspective qui a déjà une incidence sur les diversification du secteur privé, la réforme du Libye dépend largement des importations pour attentes. À moyen terme, sous réserve de la secteur financier et l’amélioration de l’envi- combler ses besoins en produits de consomma- restauration de la paix et du rétablissement de ronnement des affaires. tion et biens intermédiaires. En effet, les impor- la sécurité, la croissance devrait suivre son Le fait que la Libye soit essentiellement perçue tations devraient se redresser fortement cette cours et sa base devrait s’élargir en 2019-2020. comme une voie de transit pour les migrants a année, ce qui maintiendra le déficit du compte Le solde budgétaire et le solde du compte fait perdre de vue une crise des déplacés in- courant à un niveau élevé, à quelque 8,3 % du courant vont s’améliorer sensiblement, enregis- ternes dans le pays. Le nombre élevé de dépla- PIB. Pour financer le déficit, la Libye devra trant des excédents à partir de 2020. Les ré- cés internes aux perspectives de retour limitées recourir davantage à ses réserves de change. serves en devises avoisineront en moyenne exerce une pression sur la prestation de ser- Celles-ci chuteront à environ 67,5 milliards de 60 milliards de dollars durant la période 2018- vices. Selon l’OIM, en juin 2017, le pays dollars d’ici la fin de l’année 2017, contre 2020. comptait 226 164 déplacés internes, soit 33 % 123,5 milliards de dollars à la fin de 2012. Le des personnes déplacées en 2011-2014. Les taux de change officiel du dinar libyen par communautés d’accueil ont absorbé la majeure rapport au dollar des États-Unis a été stabilisé autour de son taux de change par rapport au Risques et défis partie des déplacés internes, mais comme la situation perdure, leurs ressources et leurs DTS, tandis que sur le marché parallèle, le dinar services de base se raréfient et sont à bout de Le scénario macroéconomique de référence libyen a perdu 82,5 % de sa valeur du fait de souffle. Les possibilités de retour sont faibles politiques monétaire et budgétaire peu efficaces présenté ci-dessus est très fragile, car il tient dans les zones sans danger, parce que la situa- et du peu de crédibilité qu’elles suscitent. compte d’un épuisement rapide des amortis- tion sécuritaire globale ne favorise pas une seurs suite à leur utilisation pour faire face aux évaluation et une aide internationales. Pour la difficultés. Cela nécessite des mesures immédi- plupart des communautés déplacées à l’intéri- ates pour maîtriser les dépenses courantes, en Perspectives particulier la masse salariale et les subventions, eur du pays – y compris les personnes dépla- cées depuis le début de la crise en 2011 – les et améliorer la gouvernance du secteur financi- perspectives d’un retour immédiat sont inex- Des perspectives économiques plus favorables er, ce qui contribuera également à stabiliser les istantes, compte tenu des tensions intercommu- dépendront essentiellement des progrès accom- prix. À moyen terme, le pays devra entre- nautaires qui règnent. plis pour dénouer l’impasse politique qui divise prendre de profondes réformes structurelles le pays, de l’amélioration de la situation sécuri- pour stabiliser le cadre macroéconomique et taire. Le statu quo finira par conduire l’écono- promouvoir une création d’emplois ayant pour mie libyenne vers l’insolvabilité. Au rythme moteur le secteur privé. Plus particulièrement, actuel des dépenses, si le contexte de conflit et il faudra améliorer les recettes fiscales et la TABLEAU 2 Libye / Indicateurs des perspectives de la (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) pauvreté au niveau macroéconomique La situation financière de l’Autorité pales- tinienne est restée tendue au premier se- TERRITOIRES Évolutions récentes mestre de 2017 en raison d’une aide inféri- eure aux besoins. Les performances en La dernière guerre à Gaza a eu de graves matière de recettes publiques ont été PALESTINIENS conséquences sociales et économiques et a plongé l’économie palestinienne dans la bonnes du fait d’une meilleure admin- istration fiscale par l’Autorité palesti- récession en 2014. Les efforts de recon- nienne et des transferts ponctuels de re- struction ont permis un redressement de cettes par le Gouvernement israélien. la croissance à une moyenne annuelle de 3 L’Autorité palestinienne a également réus- Suite à une période de reprise après la si à réduire ses dépenses au premier se- à 4 % en 2015-2016. Cependant, l’aide re- guerre de Gaza de 2014, la croissance çue pour la reconstruction s’est considéra- mestre de 2017 grâce principalement à la dans les Territoires palestiniens a reculé à blement contractée en 2017, entraînant un baisse des transferts et à l’incidence ini- 0,7 % au premier semestre 2017, alors ralentissement notable des activités de tiale des décisions de réduction des dé- reconstruction. Cette situation, conjuguée penses à Gaza. En conséquence, le déficit que les efforts de reconstruction ont ralen- à un ralentissement de la consommation total (hors dons) s’est réduit de 16 % en ti et que la consommation privée a fléchi. privée en Cisjordanie du fait de tensions glissement annuel. Parallèlement, l’aide S’établissant à 29 %, le taux de chômage politiques, a porté la croissance du PIB au Trésor de l’Autorité palestinienne s’est continue d’être obstinément élevé. réel à seulement 0,7 % au premier trimes- contractée de 19 %, ce qui s’est traduit par Compte tenu des contraintes qui ne ces- tre de l’année. un déficit de financement de 167 millions S’établissant à 29 %, le taux de chômage de dollars et une nouvelle accumulation sent de peser sur la compétitivité d’arriérés de dettes à l’égard du secteur dans les Territoires palestiniens continue économique, la croissance à moyen terme d’être obstinément élevé. À Gaza, il est de privé et du fonds de pension public. devrait se situer à 3 %. Une aide inféri- 44 %, soit plus du double de celui enregis- Selon les estimations, le déficit du compte eure aux prévisions et la possibilité de tré en Cisjordanie ; plus de 60 % des per- courant (transferts publics y compris) s’est sonnes âgées de 15 à 29 ans à Gaza n’ont réduit en 2016 pour s’établir à 10,4 % alors nouveaux conflits présentent des risques pas de travail. que le déficit commercial diminuait et que de détérioration de la croissance et de Après une légère déflation de 0,2 % en les transferts privés augmentaient. Le dé- l’emploi. 2016, l’évolution des prix s’est redressée ficit commercial a atteint 38,6 % du PIB en au cours des premiers mois de 2017 avant 2016, contre 41 % en 2015, suite à une une nouvelle déflation en mi-année. Les baisse des importations en provenance prix globaux ont décliné de 0,7 % en juin d’Israël – principal partenaire commercial 2017 (en glissement annuel), principale- des Territoires palestiniens – cette baisse ment en raison de la baisse des prix ali- étant elle-même due celle des prix du car- mentaires et de la déflation en Israël fa- burant et à la tendance des consomma- vorisée par l’appréciation du nouveau teurs palestiniens à boycotter les produits shekel israélien –principale monnaie en israéliens. Les exportations demeurent circulation dans les Territoires palesti- comprimées par les restrictions commer- niens. ciales en cours et sont restées faibles, stag- nant à environ 18 % du PIB. Les transferts GRAPHIQUE 1 Territoires palestiniens / Estimations et perspectives : fi- nances publiques Sources : Ministère des Finances palestinien et estimations des services de la Banque mondiale. privés en pourcentage du PIB ont doublé palestinienne ne suffiront pas à résorber le posées par Israël sur le commerce, les en 2016 pour atteindre 12,1 %, à la faveur déficit. À moins que les bailleurs de fonds mouvements et l’accès aux ressources, de l’augmentation des transferts de fonds n’augmentent sensiblement l’aide, le dé- parallèlement aux divisions politiques des Palestiniens travaillant à l’étranger. ficit sera principalement financé par des internes et à un environnement des arriérés de dettes envers le secteur privé et affaires difficile. En conséquence, les des emprunts contractés auprès des risques de détérioration de la croissance et banques locales. de l’emploi demeurent importants. Tout Perspectives Le compte courant des Territoires palesti- d’abord, les affrontements observés ré- niens devrait rester dans le rouge dans les cemment en Cisjordanie peuvent éclater à Les perspectives économiques pour les années à venir en raison de l’important nouveau, et si tel était le cas, la situation Territoires palestiniens restent peu favora- déficit commercial persistant. La part des sécuritaire se dégraderait considérable- bles. En supposant que les restrictions exportations palestiniennes dans l’écono- ment, ce qui aurait une incidence négative actuelles restent en place, que la situation mie devrait stagner à environ 17-18 % à sur l’activité économique et la pauvreté. sécuritaire reste relativement calme et que moyen terme du fait des restrictions en En outre, la croissance en Cisjordanie peut les décaissements d’aide s’accélèrent tout cours imposées sur les échanges par le être pire que prévu si la diminution de au long de l’année pour atteindre leur Gouvernement israélien. Avec une forte l’aide des donateurs est plus importante niveau projeté, le taux de croissance du dépendance des Territoires palestiniens à que dans les projections actuelles. En ce PIB réel de l’économie palestinienne en l’égard des importations pour répondre à qui concerne Gaza, des retards dans le 2017 devrait s’établir à 3 % : soit 2,7 % en certains de leurs besoins fondamentaux, la processus de reconstruction sont possibles Cisjordanie et 4 % à Gaza. Cette croissance part des importations dans l’économie et, dans un tel scénario, la reprise du con- modeste implique une stagnation du reve- tournera autour de 55 %. Par conséquent, flit armé ne peut pas être exclue, ce qui nu réel par habitant et une augmentation le déficit du compte courant devrait rester peut replonger l’économie dans la réces- du chômage. élevé dans les prochaines années, à envi- sion. Les récentes réductions des dépenses Selon les projections, le déficit budgétaire ron 13 % du PIB. par l’Autorité palestinienne à Gaza peu- (dons compris) devrait atteindre 3,8 % du vent également entraîner des tensions PIB (1,2 milliard de dollars) en 2017. Dans sociales. Bien qu’il existe un potentiel de le même temps, l’aide étrangère en 2017 pourrait chuter à environ 666 millions de Risques et défis redressement à Gaza si les relations avec l’Égypte s’améliorent, cela pourrait désta- dollars. En tenant compte du rembourse- biliser la situation politique en Cisjor- Une reprise économique durable dans les danie. ment de la dette extérieure, on aboutit à Territoires palestiniens n’est pas possible un déficit de financement supérieur à compte tenu de l’impasse dans le proces- 580 millions de dollars (soit 4 % du PIB). sus de paix, des restrictions en cours im- Les seules mesures prises par l’Autorité TABLEAU 2 Territoires palestiniens / Indicateurs des per- (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) spectives de la pauvreté au niveau macroéconomique quipement ont ralenti. Le déficit commer- cial a ainsi atteint près de 20 % du PIB. Le MAROC Évolutions récentes tourisme et les transferts de fonds sont restés stables. Après une grave sécheresse en 2016, Le passage à un régime de change plus l’économie marocaine, qui comprend en- souple a été reporté de façon inattendue et Après une piètre performance en 2016, un core un cycle agricole considérable, les réserves internationales se sont con- grand rebond de la production agricole devrait rebondir en 2017. Tirée par une tractées de près de 20 % durant la période récolte céréalière supérieure à la moyenne, précédant la réforme envisagée. Le nou- devrait stimuler la croissance économique la croissance économique a progressé de veau chef du gouvernement a toutefois en 2017. Entretemps, l’activité non 4,3 % au premier semestre de 2017 (contre reporté cette opération la veille de la agricole reste morose et l’inflation mo- 1,6 % au cours de la même période en conférence de presse de son lancement. La dérée. Bien que le déficit budgétaire ait 2016). La croissance de l’activité non crise sociale qui a eu lieu à Al Hoceïma et légèrement diminué de 4 %, le déficit agricole est toutefois restée moins pro- les attentes d’une nouvelle détérioration noncée, à 3,3 %. Les services et, dans une des finances publiques et des équilibres courant lui s’est creusé. Le nouveau gou- macroéconomiques ont peut-être été à moindre mesure, les industries extractives vernement s’est engagé à des objectifs ont été les principaux moteurs de la crois- l’origine de ce report. La chute des ré- d’ajustement budgétaire et de pro- sance non agricole. Le taux de chômage a serves internationales due aux spécula- grammes cruciaux. Beaucoup reste à faire augmenté, passant à 9,3 % au deuxième tions des banques commerciales a égale- trimestre de 2017. Il est surtout élevé chez ment pesé dans la décision des autorités. pour réduire le chômage structurel, ac- les jeunes (23,5 %) et les personnes in- croître la participation au marché du struites (17 %). L’inflation moyenne au travail et assurer une croissance plus forte et plus inclusive. premier semestre de 2017 est restée faible, à 0,3 %, reflétant la baisse des prix des Perspectives denrées alimentaires. La croissance devrait ralentir en 2018 et la Une politique budgétaire prudente a con- création d’emplois restera faible. La bonne tribué à réduire davantage le déficit récolte de 2017 entraînera une diminution budgétaire en 2017 et à stabiliser la dette des effets de base en 2018. La croissance publique autour de 65 % du PIB. Sur le du secteur non agricole estimée à environ plan extérieur, le déficit commercial s’est 3 % ne suffira pas à augmenter sensible- creusé au premier semestre de 2017. ment le taux de croissance économique. La L’augmentation de 6,6 % des exportations création d’emplois dans de nouveaux à la suite du redressement des prix des secteurs industriels et dans le secteur des phosphates et des produits dérivés n’a pas services n’est pas suffisante pour absorber pu compenser la hausse de 7,3 % des im- les nouveaux entrants. portations. La majeure partie des importa- Bien que le déficit budgétaire soit censé tions consistait en des produits éner- diminuer progressivement, le déficit gétiques en raison de la hausse des prix de courant quant à lui devrait augmenter. Le l’énergie, tandis que les importations de déficit budgétaire continuera de se réduire produits alimentaires et de biens d’é- GRAPHIQUE 1 Maroc / Solde budgétaire et dette publique GRAPHIQUE 2 Maroc / Déficits extérieurs Sources : Ministère de l’Économie et des Finances, estimations des services de la Source : Office des changes. Banque mondiale. dans la mesure où les autorités cherchent dre des affaires, moderniser l’administra- courant et des réserves. Des perspectives à le ramener à moins de 3 % du PIB et à tion publique et améliorer l’accès à des économiques peu optimistes dans la zone ramener la dette publique à 60 % en 2021. services publics de qualité. Le Maroc en- euro et le risque persistant d’une dégrada- Parmi les principales mesures budgétaires tend rejoindre le top 50 du classement tion de la situation géopolitique dans la prises, on citera l’augmentation des re- Doing Business de la Banque mondiale région pourraient ralentir l’activité cettes de la TVA et la réduction des ex- d’ici 2021. économique sous l’effet d’une baisse des onérations fiscales (dans le secteur exportations, des flux d’IDE et des trans- agricole), le but étant de consolider le ré- ferts de fonds. gime fiscal des sociétés et de mieux faire appliquer les paiements d’impôts par les Risques et défis Le modèle de croissance du Maroc pâtit de la faiblesse de la productivité et du travailleurs indépendants et les profes- rendement de l’investissement. La trajec- sions libérales. Le gouvernement est dé- Les disparités spatiales en matière d’accès toire de croissance du Maroc se caractérise terminé à réduire la masse salariale de la aux services et aux infrastructures persis- d’abord par un faible rendement de fonction publique, y compris les cotisa- tent malgré le programme de régionalisa- l’accumulation de capital lié à l’inefficacité tions sociales, pour la ramener à 10,5 % du tion et de décentralisation. Le développe- de l’investissement du secteur public. PIB à moyen terme. La dépendance à l’é- ment économique inégal, combiné à une Deuxièmement, la répartition de la main- gard des importations d’énergie se fera mauvaise coordination entre les organ- d'œuvre par secteur, qui reflète en partie sentir encore plus fortement, car la facture ismes centraux et locaux, est à l’origine les objectifs de la politique gouvernemen- énergétique devrait augmenter. Les des retards qu’accusent de nombreuses tale, fait généralement obstacle aux gains nouvelles industries d’exportation ne régions dans le domaine de la prestation de productivité. Le maintien de la crois- devraient pas se développer à un rythme de services, en particulier les zones pau- sance de la productivité nécessite un ac- plus élevé et resteront donc tributaires des vres, ce qui contribue à creuser davantage croissement de la mobilité du travail et du importations d’intrants, ce qui limitera l’écart entre les régions. capital des entreprises à faible valeur ajou- leur impact sur le compte courant. En Les risques d’assombrissement des per- tée vers celles à forte valeur ajoutée, et la somme, même si les transferts depuis spectives demeurent prépondérants. Les réaffectation du capital et de la main- l’étranger et les recettes touristiques rest- retards dans la mise en œuvre des ré- d’œuvre des sous-secteurs agricoles stag- ent dynamiques, le déficit financier restera formes clés, dont les réformes budgétaires nants vers des secteurs à productivité plus important, à environ 5 % du PIB. et structurelles, pourraient accroître la élevée. En outre, la qualité de l’éducation, À moyen terme, le nouveau gouverne- grogne sociale et avoir un impact négatif qui entrave ces changements, doit être ment est déterminé à mettre en œuvre des sur le secteur extérieur. La longue transi- améliorée pour soutenir la prospérité fu- réformes structurelles pour stimuler la tion du taux de change pourrait entraîner ture du Maroc. croissance potentielle et promouvoir une des pressions sur les marchés et poten- croissance plus inclusive, renforcer le ca- tiellement abaisser les niveaux du compte TABLEAU 2 Maroc / Indicateurs des perspectives de la (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) pauvreté au niveau macroéconomique augmentation progressive du taux pour s’align- er sur les États-Unis. L’inflation devrait aug- OMAN Évolutions récentes menter, passant de 1,1 % en 2016 à 2 % en 2017, reflétant ainsi la réforme des subventions en cours. La croissance à Oman continue d’être freinée Les résultats financiers au premier semestre de cette année par la baisse de la production pétro- 2017 indiquent que le déficit devrait être La faiblesse persistante des cours du pétrole et lière ainsi que celle de la consommation et de ramené à 13,5 %, contre de 20,8% en 2016. Cette l’austérité budgétaire, ajoutées aux réductions l’investissement. La croissance du PIB réel amélioration correspond à la hausse des re- devrait être ramenée de 2,8 % en 2016 à 0,1 % de la production pétrolière dans le cadre de cettes pétrolières due à l’augmentation des en 2017. Les niveaux record de production de l’OPEP en 2017, continuent de peser sur cours du pétrole et des économies tirées de pétrole (1 million de barils par jour) ont tiré la l’augmentation des tarifs de l’électricité pour l’économie omanaise. Le déficit budgétaire et le croissance globale en 2015 et en 2016. En 2017, les grands consommateurs et d’une légère déficit du compte courant restent importants, Oman a rejoint la plupart des pays non- hausse des frais de services publics (tels que les membres de l’OPEP pour participer à la réduc- et Oman ayant de plus en plus recours à des frais de visa). Pour financer le budget de 2017, tion de la production pétrolière, ce qui a en- emprunts extérieurs pour les financer, la dette Oman a levé 5 milliards de dollars sur les mar- traîné une contraction du secteur des hydrocar- publique grimpe rapidement. Toutefois, la chés internationaux de la dette en mars et bures de 2,8 %. Selon les estimations, la crois- 2 milliards de dollars d’emprunt islamique croissance devrait augmenter à moyen terme sance du PIB hors hydrocarbures devrait pour- (sukuk) en mai 2017. suite à une augmentation de la production de suivre son ralentissement à 2,5 % en 2017, con- Le manque d’emplois est la principale préoccu- tre 3,4 % en 2016, en raison de la baisse des pétrole et de gaz et aux gains attendus dans le pation d’Oman dans le domaine social. Selon dépenses publiques et de ses répercussions sur secteur non pétrolier résultant du plan de les estimations de l’OIT, le taux de chômage la consommation et l’investissement. Selon s’établit à 20 % dans le pays, mais à environ diversification économique du gouvernement. l’enquête nationale sur la confiance des con- 50 % chez les jeunes — un problème pressant sommateurs, l’indice de confiance a décliné à dans un pays où 40 % de la population a moins 78,8 % en 2016, parti de 95,3 % en 2015. Le dé- de 25 ans. Les jeunes Omanais ont une forte ficit du compte courant devrait se réduire lé- préférence pour les emplois du secteur public, gèrement pour s’établir à 15,7 % du PIB en où la rémunération est plus élevée et les heures 2017, contre 17,4 % en 2016, en raison de la de travail plus courtes, alors que le secteur hausse des cours du pétrole. privé continue de recourir à la main-d’œuvre Les sanctions en cours imposées par les pays du expatriée. Oman devra créer 45 000 emplois Golfe au Qatar ont soulevé des inquiétudes chaque année pour remédier au problème. quant à la possibilité d’une interruption de L’effort actuellement déployé pour remplacer l’approvisionnement en gaz d’Oman par le les expatriés par des Omanais ne suffit pas sans gazoduc qatarien, mais les autorités qatariennes une amélioration de l’environnement favorable ont confirmé qu’elles n’envisageaient pas de à la création d’emplois dans le secteur privé. fermer le gazoduc. En fait, Oman a tiré parti de Le Programme national de diversification cette crise du Golfe, ses ports étant de plus en (Tanfeedh) constitue une feuille de route pour plus sollicités pour l’acheminement des expor- accroître la participation du secteur privé – en tations vers le Qatar. privilégiant la logistique, l’industrie manufac- Oman n’a pas suivi les récentes hausses des turière et le tourisme. Toutefois, certaines ré- taux directeurs appliquées par les États-Unis formes axées sur la diversification telles que comme les autres États du CCG, mais sa mon- l’élimination des subventions auraient des naie étant arrimée au dollar des États-Unis, la effets négatifs à court terme sur la population. Banque centrale a également mis en place une Le gouvernement est ainsi confronté au défi de GRAPHIQUE 1 Oman / Croissance annuelle du PIB réel GRAPHIQUE 2 Oman / Opérations des administrations publiques (en pourcentage du PIB) Sources : Autorités omanaises, estimation des services de la Banque mondiale. Sources : Autorités omanaises, estimation des services de la Banque mondiale. poursuivre des politiques adéquates de protec- 1,8 % en 2019 avec la dissipation des pressions ment devrait prendre du retard par suite des tion sociale et d’atténuation des effets néfastes. sur les coûts découlant de la réforme relatives pressions qui continuent de s’exercer sur les Il faudra peut-être actualiser et revalider les aux subventions. finances publiques. Les autorités publiques méthodes et institutions existantes d’identifica- En janvier 2017, les subventions à l’électricité s’efforceront de constituer de nouveaux parte- tion des bénéficiaires et de mesure et d’analyse ont été supprimées pour les grands consomma- nariats public-privé, ce qui pourrait s’avérer du bien-être. teurs qui, collectivement, absorbent plus de difficile à court terme en raison de la baisse de 30 % de la fourniture énergétique totale. De confiance des investisseurs dans la région. Il est plus, l’adoption d’une TVA de 5 % prévue pour aussi probable que les autorités continuent de 2018, l’augmentation de l’impôt sur le revenu faire face à des troubles sociaux suite à la ré- Perspectives des sociétés devraient permettre de ramener le forme des subventions. déficit budgétaire à 11,4 % en 2019. L’épargne Les perspectives économiques globales pour- La croissance économique devrait se redresser accumulée par Oman sur les recettes générées raient être compromises par plusieurs risques. modestement à moyen terme. En 2018, une par les ressources est estimée à 38 milliards de Si les mesures envisagées d’assainissement des amélioration de la performance dans le secteur dollars et a servi à financer en partie le déficit finances publiques ne sont effectivement prises, des hydrocarbures entraînera la reprise – étant budgétaire. Ceci étant, le recours accru à des la politique budgétaire du gouvernement donné que les restrictions de l’« OPEP plus » emprunts extérieurs va accroître considérable- risque de perdre en crédibilité, ce qui aurait des sur l’approvisionnement en pétrole seront ment la dette publique durant la période cou- conséquences fâcheuses pour le financement. levées et que le projet gazier de Khazzan verra verte par les prévisions, laquelle dette devrait Les risques externes comprennent de nouveaux sa capacité de production augmenter. À mesure dépasser 50 % du PIB d’ici 2020, contre 5 % en chocs des cours du pétrole et les hausses des que le redressement progressif des cours du 2014, selon les estimations. Le déficit du compte taux d’intérêt aux États-Unis. L’affaiblissement pétrole améliore la confiance et encourage les courant devrait s’améliorer et passer à 9,2 % possible du dollar des États-Unis pourrait faire investissements du secteur privé, la croissance d’ici 2019 à la faveur de l’augmentation des grimper les coûts d’importation et détériorer la globale du PIB devrait rebondir à 2,9 % d’ici cours du pétrole et des exportations de produits balance des opérations courantes. La poursuite 2019. Le programme de réformes des autorités non-pétroliers. D’ici 2020, le gazoduc qui dé- du ralentissement économique en Chine, princi- publiques continue d’être axé sur la diversifica- bouche en Iran devrait également permettre pal partenaire commercial d’Oman, accroîtrait tion de l’économie et le rééquilibrage des fi- d’augmenter les exportations de gaz naturel davantage les risques de détérioration de la nances publiques. À plus long terme, les ré- liquéfié. situation. Les conditions de financement peu- formes favorables aux entreprises telles que la vent devenir plus difficiles au regard de l’aug- loi sur la propriété étrangère et la loi sur les mentation de la dette, surtout si, avec le IDE, et la levée des sanctions contre l’Iran relèvement des taux aux États-Unis, les inves- devraient multiplier les perspectives de com- Risques et défis tisseurs se détournent des marchés émergents. merce et d’investissement. La politique Ces contraintes sont déjà manifestes dans le monétaire continuera d’être resserrée, car les La croissance économique inclusive repose sur changement récent à la tête de la Banque cen- taux d’intérêt poursuivent leur évolution à la la mise en œuvre en temps utile des réformes trale, suite à une dégradation de la note du hausse. En raison de l’augmentation des tarifs visant la diversification de l’économie. L’im- système bancaire du pays par Moodys. d’électricité et de la TVA, l’inflation devrait mense programme de dépenses d’infrastructure atteindre 2,6 % en 2018 avant de redescendre à dans le cadre du neuvième plan de développe- TABLEAU 2 Oman / Indicateurs des perspectives de la (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) pauvreté au niveau macroéconomique tion et 90 % des recettes publiques, a été épargné dans une grande mesure. L’effort d’as- QATAR Évolutions récentes sainissement des finances se poursuit, quoiqu’à un rythme plus lent, selon certains rapports. Le déficit budgétaire devrait être ramené de plus La croissance devrait ralentir à 2 % en 2017, de 8 % en 2016 à 5,7 % en 2017. contre 2,2 % en 2016, du fait de l’affaiblissement Le système bancaire reste bien capitalisé et la de l’activité et de l’enthousiasme des investis- Les perspectives de croissance se sont assom- seurs dans le secteur hors hydrocarbures, qui qualité des actifs bonne. Les injections de li- bries à la suite de la brouille diplomatique avec quidités par la Banque centrale et la hausse des reflète la rupture des liens diplomatiques et dépôts des administrations publiques con- les voisins du CCG. Toutefois, d’importants commerciaux avec plusieurs pays arabes, à tribuent également à alléger les pressions sur savoir le Royaume d’Arabie Saoudite, Bahreïn, amortisseurs financiers, la confiance dans les liquidités qui sont apparues au milieu de les Émirats arabes unis et l’Égypte. Ces pays l’économie et des infrastructures de qualité ont l’été. Les dépôts de non -résidents dans les représentent une petite part des débouchés des banques qatariennes – l’essentiel sous la forme permis d’émousser l’impact des sanctions. À exportations du Qatar et une part relativement de dépôts en devises, qui représentent près moyen terme, la croissance sera soutenue par faible des flux financiers et des IDE. Le boycott d’un quart du total des dépôts du secteur et la rupture des liens économiques ont né- la hausse de la production de gaz et la pour- bancaire – ont chuté de 14 % en juin et en juil- anmoins entraîné dans un premier temps une let. Toutefois, ces sorties de fonds ont été en- suite des dépenses pour la Coupe du forte baisse des importations, qui a nécessité tièrement compensées par le doublement des monde 2022 de la FIFA. Les réformes qui une déviation (onéreuse) des circuits d’échange dépôts des administrations publiques (en par- des biens et services et des flux financiers à protègent les employés de maison étrangers et travers d’autres pays voisins. Cela a également ticulier les dépôts en devises), si bien que les l’instauration de droits de résidence perma- dépôts totaux du système bancaire ont aug- tempéré le sentiment des investisseurs, comme menté. nente pour les expatriés contribueront aux en témoigne le fléchissement du marché boursi- L’inflation a reculé à 0,2 % seulement en glisse- er de 11 % en fin août par rapport aux niveaux efforts de diversification à plus long terme. ment annuel en juillet, contre 1,2 % au début de du début de juin. En août, Fitch est devenue la l’année, malgré la perturbation des importa- troisième grande agence de notation à abaisser tions, y compris de produits alimentaires (dont la note de la dette du pays d’un cran à AA- (à 40 % proviennent du Royaume d’Arabie égalité avec la Belgique et la Corée du Sud) en saoudite). Le pays a affiché un déficit du raison de l’incertitude des perspectives compte courant représentant 7,6 % du PIB en économiques. 2016, le premier en 17 ans. Ce déficit devrait Les données publiées fréquemment indiquent faire place à un léger excédent en 2017, étant que l’économie se remet sur les rails. En sep- donné que le redressement partiel des prix tembre, le Qatar a inauguré le port d’Hamad mondiaux de l’énergie en début d’année a qui a coûté 7,4 milliards de dollars, et s’est ainsi permis d’accroître les recettes d’exportation et assuré d’autres circuits commerciaux. La confi- que la forte baisse des importations en juin de ance des investisseurs dans l’arrimage de la 38 % d’un mois sur l’autre (qui ne se sont re- monnaie continue de reposer sur l’important dressées que partiellement) a davantage fait stock d’avoirs extérieurs liquides d’un montant pencher la balance commerciale des marchan- de près de 180 milliards de dollars (d’un stock dises du bon côté. total de près de 300 milliards de dollars), ce qui Dans le cadre de la Stratégie nationale de dé- a contribué à maîtriser l’augmentation des veloppement 2011-2016, les autorités ont primes de risque sur la dette souveraine et cel- adopté un seuil de pauvreté national relatif et les des entreprises. Le secteur des hydrocarbu- une méthodologie pour mesurer le bien-être res, qui représente 80 % des recettes d’exporta- GRAPHIQUE 1 Qatar / Balance commerciale GRAPHIQUE 2 Qatar / Créances et obligations du secteur bancaire Source : Haver. Sources : Banque centrale du Qatar, Haver. afin de suivre le niveau de vie de la population importants et par la diversification des liens et d’identifier les ménages vulnérables. Ce commerciaux. À moyen terme, l’émergence de seuil est égal à la moitié du revenu médian des Perspectives nouveaux fournisseurs de gaz naturel liquéfié ménages, et environ 8 % des Qatariens en 2013 aux États-Unis, en Asie de l’Est et en Afrique disposaient d’un revenu inférieur à ce seuil La croissance restera étouffée par le boycott fait peser des risques sur les prix mondiaux de pour vivre, une proportion restée globalement économique. Néanmoins, une initiative pluri- ce produit. Le pays est également confronté inchangée par rapport à 2007. Les revenus infé- annuelle d’amélioration des infrastructures aux risques extérieurs posés par l’instabilité qui rieurs sont corrélés au taux de dépendance du financée à hauteur de 130 milliards de dollars règne dans la région et par la volatilité de la ménage, au statut par rapport au marché du en préparation de la Coupe du monde de la situation financière mondiale qui a un impact travail, au niveau d’éducation, à la direction du FIFA et le lancement de l’usine de gaz naturel sur les flux de capitaux et le coût des finance- ménage par une femme et au handicap. de Barzan représentant 10 milliards de dollars ments à une période de faible croissance et Il existe des disparités spatiales en matière de contribueront à pallier ces difficultés, et la crois- d’incertitude accrue au Qatar. La stratégie de bien-être, tant du point de vue des indicateurs sance devrait s’établir à 2 % en moyenne en croissance tirée par les investissements pour- monétaires que non monétaires, notamment 2017 et 2018 avant de progresser à 3 % en 2019. suivie par le Qatar pendant la dernière décen- entre les zones plus urbanisées et celles qui le L‘ancrage de la monnaie qatarienne au dollar nie a contribué à transformer les niveaux de vie sont moins. Les travailleurs expatriés se signifie que la politique monétaire se durcira des citoyens, mais elle a aussi soulevé des in- heurtent à des difficultés supplémentaires et se progressivement comme aux États-Unis. Paral- quiétudes, notamment quant à la viabilité des plaignent des retards avec lesquels leurs lèlement à l’effort de rationalisation progressive finances publiques dans un contexte caractérisé salaires sont versés ou de la rétention de ces des dépenses de fonctionnement, des politiques par la faiblesse persistante des prix de l’énergie, derniers, de mauvaises conditions de travail, de fiscales et des mesures administratives crucial- des signes de capacités excédentaires et des l’insalubrité des logements fournis par leur es, dont l’instauration de la TVA et des droits déséquilibres démographiques. Le développe- employeur, de pratiques de recrutement irrégu- d’accise en 2018, devraient permettre de maî- ment du secteur hors hydrocarbures est capital. lières et du manque d’information sur les moy- triser le déficit budgétaire. Une reprise des Les récentes réformes concernant la résidence ens de faire valoir leurs droits. Au cours de importations, en particulier des biens d’équipe- permanente constituent une mesure im- l’été, le Qatar a annoncé des réformes con- ment liés aux dépenses d’infrastructure, devrait portante, et la première de cette nature dans les cernant le travail pour renforcer la protection maintenir l’excédent du compte courant à un pays du CCG, pour attirer et de retenir des des employés de maison expatriés et il a adopté niveau modeste à court terme. travailleurs étrangers hautement qualifiés dont une loi qui accorde le statut de résident perma- le pays a besoin pour réaliser son objectif à long nent à certains expatriés. terme qui est de devenir une économie du sa- voir. Le Qatar devra aussi accroître la produc- Risques et défis tivité de ses investissements, aussi bien dans le capital humain que dans le capital physique, et Sur le court terme, les risques de détérioration procéder à des réformes structurelles pour de la conjoncture économique découlent de la améliorer le cadre de l’activité économique. crise diplomatique en cours, bien qu’ils soient atténués par des amortissements financiers TABLEAU 2 Qatar / Indicateurs des perspectives macroéconomiques (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) les cours du pétrole avaient grimpé de plus de 75 % tout au long de 2016. En outre, la forte ARABIE Évolutions récentes baisse des importations tant en valeur réelle qu’en valeur nominale au cours de la même SAOUDITE année s’est traduite en 2016 par une réduction L’économie saoudienne a enregistré un taux de de près de moitié du déficit du compte courant, croissance plus modéré de 1,7 % en 2016, les qui a été ramené à 3,9 % du PIB. Les données cours du pétrole étant restés inférieurs à plus fréquentes du premier trimestre de 2017 50 dollars pendant presque toute l’année. Les indiquent une évolution encore plus favorable Les perspectives laissant entrevoir des cours données pour le premier semestre de 2017 in- du solde du compte courant, qui passe au vert du pétrole peu favorables ont revigoré le pro- diquent que le PIB a reculé au premier trimes- après deux années de déficit. gramme de réformes baptisé Vision 2030. En tre, affichant une contraction de 0,5 % en glisse- Bien que l’inflation de l’IPC ait atteint 3,7 % en ment annuel. L’indice de production de pétrole 2016, les données des deux premiers trimestres 2017, les autorités se sont montrées dé- brut a fléchi de 4,4 % par suite de l’application de 2016 montrent une tendance déflationniste, terminées à respecter l’accord de l’OPEP con- de l’accord de l’OPEP sur la limitation de la en glissement annuel, qui peut être associée à clu l’année dernière en limitant la production production. Le PIB non pétrolier a néanmoins une baisse de la demande au regard des ré- pétrolière et en lançant des réformes im- enregistré une croissance d’environ 0,7 % au formes récentes. Le Royaume a préservé la portantes. Les mesures prises pour assainir les cours de la même période. Bien que les chiffres parité de sa monnaie par rapport au dollar des officiels relatifs au PIB pour le deuxième trimes- États-Unis, ce qui a contribué à son apprécia- finances publiques ont permis d’améliorer les tre de 2017 n’aient pas été publiés, d’autres tion sensible. Le riyal saoudien a auparavant perspectives budgétaires à moyen terme, au indicateurs suggèrent que l’activité économique enregistré plusieurs appréciations de plus de détriment de la croissance, qui est fortement a continué de progresser à un rythme modéré. 4 % sur sept mois depuis décembre 2016, le tributaire des dépenses publiques. Le déficit budgétaire s’est légèrement creusé dollar des États-Unis ayant perdu de sa valeur, pour s’établir à 16,6 % du PIB en 2016, contre ce qui pourrait contribuer à rééquilibrer les 15,8 % un an plus tôt. En septembre 2016, les pressions sur les exportations non pétrolières et autorités ont adopté la plus importante mesure à limiter les importations, quoique dans une d’assainissement des finances publiques prise faible mesure. dans le cadre du Programme d’équilibre Du côté du marché du travail, les dernières budgétaire, à savoir la réduction des salaires données disponibles suggèrent qu’environ dans la fonction publique, qui a concerné envi- 459 000 emplois ont été créés entre le deuxième ron les deux tiers des fonctionnaires saoudiens. trimestre de 2015 et le même trimestre en 2016. Pour autant, une décision a été prise en av- Ce chiffre représente le plus grand nombre ril 2017 de revenir sur une partie de la baisse d’emplois créés au cours des trois dernières des salaires (notamment en rétablissant l’en- années, ce qui indique des évolutions positives semble des allocations, avantages financiers et pour les demandeurs d’emploi et pour l’écono- primes, mais à l’exclusion toutefois du paie- mie. Toutefois, le taux de chômage est resté ment du treizième mois de salaire) après 6 mois stable en 2016, à 5,6 % pour l’ensemble de la et à la suite de rapports faisant état de résultats population, et il a légèrement dépassé 12 % plus favorables que prévu des autres mesures pour les nationaux (en hausse par rapport à d’assainissement budgétaire qui avaient égale- 11,5 % un an plus tôt) en raison de problèmes ment été prises. structurels sur le marché du travail, notamment Sur le plan extérieur, la croissance négative des des salaires élevés pour les nationaux. exportations a été considérablement contenue Bien qu’aucune information officielle ne soit en dépit de l’accord de l’OPEP, étant donné que disponible, le Royaume abrite probablement GRAPHIQUE 1 Arabie saoudite / Secteurs pétrolier et non GRAPHIQUE 2 Arabie saoudite / Production pétrolière pétrolier Sources : Autorité générale des statistiques du Royaume d’Arabie saoudite Sources : Agence d’information sur l’énergie des États-Unis et OPEP. des poches de pauvreté de taille considérable. tions devrait dépasser celui de la croissance Comme dans d’autres pays du CCG, la majeure négative des exportations. Le solde du compte partie des résidents à faible revenu sont des Perspectives courant devrait également augmenter de plus travailleurs immigrés. Mais, étant donné que la de 2 % dans les années à venir à la faveur d’un population dépasse la barre des 20 millions, Selon les projections, la croissance économique redressement progressif des cours du pétrole. l’inégalité d’accès aux opportunités saoudienne devrait considérablement ralentir L’inflation devrait être plus instable au cours économiques constitue également un problème d’environ 0,3 % en 2017, principalement en des prochaines années, redescendant à 1,2 % en pour les nationaux. L’atonie des prix du pétrole raison des perspectives modestes concernant 2017 avant de repartir à moins de 5 % en 2018, étant partie pour durer plus longtemps, l’ancien les cours du pétrole, de la réduction des quotas avec l’élimination de nouvelles distorsions des contrat social — basé sur l’emploi public, des de production décidée par l’OPEP et du ralen- prix. En 2019, les effets de ces ajustements et subventions généreuses et la gratuité des ser- tissement dû au Programme d’équilibre l’affaiblissement de la demande devraient vices publics — n’est plus viable. Le pro- budgétaire. Cependant, à mesure que les effets ramener l’inflation à 1,9 %. gramme de réformes formulé dans la Vi- négatifs à court terme des réformes struc- sion 2030 prévoit d’importants changements turelles se dissiperont et que les soldes des structurels qui vont profondément affecter les opérations des administrations publiques s’a- Risques et défis habitants du Royaume dans tous les aspects de mélioreront, la croissance va progresser pour leur existence. dépasser les 2 % d’ici 2019. En outre, la désigna- Les autorités sont déterminées à atténuer les Malgré les assurances données par les plus tion de Prince Salman, champion de la Vi- effets négatifs des réformes. Pour ce faire, elles hautes autorités, le principal défi pour l’écono- sion 2030, comme prince héritier témoigne ont lancé un nouveau programme social qui mie saoudienne à moyen terme est la crédibilité fortement d’un engagement à plus long terme vise à indemniser les personnes affectées par la de l’engagement à l’égard des réformes in- des pouvoirs publics à poursuivre les réformes suppression des subventions. Cependant, scrites dans la Vision 2030. De ce point de vue, visant à réduire la dépendance à l’égard du l’identification des groupes pauvres et vulnéra- si elles ne découragent pas le secteur privé sous pétrole et à accroître le rôle du secteur privé. bles sur la base de caractéristiques autres que l’effet de la gestion des finances publiques, les Le déficit budgétaire devrait diminuer en part les critères traditionnels (veuves, handicapés, actions adéquates menées en temps utile par les du PIB en 2017 à environ 10 % et continuer à etc.) n’est pas une tâche aisée, et il existe peu pouvoirs publics pour poursuivre les réformes baisser en dessous de 7 % par suite des ré- d’éléments concrets pour éclairer les politiques présentent des risques non négligeables. Par formes des prix des produits pétroliers, de sur le niveau d’aide à apporter aux populations exemple, la baisse des actifs étrangers nets dé- l’introduction de la TVA, de la poursuite d’au- concernées. À cet égard, les autorités procèdent tenus par le SAMA ces dernières années due à tres mesures d’austérité budgétaire et d’une actuellement au renforcement des capacités et des déficits permanents pourrait induire un augmentation progressive prévue des prix des institutions en matière d’évaluation et d’an- processus d’assainissement des finances mondiaux de l’énergie. Cela devrait permettre alyse du bien-être. publiques excessivement rapide avant que des de plafonner le ratio d’endettement public à réformes structurelles favorables à la croissance environ 25 % du PIB à moyen terme. ne soient mises en œuvre. La balance des opérations courantes devrait s’améliorer et enregistrer un excédent de 1,7 % en 2017, car le niveau de la baisse des importa- TABLEAU 2 Arabie saoudite / Indicateurs des perspectives (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) macroéconomiques penses. La baisse des recettes des hydrocarbu- res a été partiellement compensée par l’aug- ÉMIRATS Évolutions récentes mentation des dividendes de ces entités et des frais de service. Par exemple, Dubaï a augmenté ARABES UNIS La croissance globale du PIB réel devrait encore les frais de stationnement et introduit des rede- être modérée, à 1,4% en 2017, en baisse par vances pour les hôtels et les passagers de l’aéro- rapport à 3 % en 2016. La croissance du PIB lié port. Abu Dhabi a introduit une redevance aux hydrocarbures devrait se contracter de municipale de 4 % sur les factures d’hôtel et 2,9 % en 2017 par rapport à 3,8 % en 2016, con- une autre de 3 % sur la valeur annuelle des La croissance non pétrolière devrait demeurer formément à l’accord de l’OPEP sur la réduc- contrats de location des expatriés. Ces mesures résiliente en 2017, tandis que la réduction de devraient améliorer légèrement le déficit tion de l’offre. Le secteur non pétrolier devrait la production de pétrole décidée par l’OPEP progresser de 3,3 % en 2017, ce qui reflète l’aug- budgétaire en le ramenant à 3,2 % du PIB en limite la croissance du secteur. Toutefois, à mentation de l’investissement public et la re- 2017. L’excédent du compte courant a égale- moyen terme, des prix du pétrole plus fermes, prise du commerce mondial. Le taux moyen ment sombré, passant de 19,1 % du PIB en 2013 un rebond du commerce mondial et un assou- d’inflation a légèrement augmenté pour à 1,3 % du PIB en 2017, selon les estimations, du plissement des mesures d’assainissement des s’établir à 2,2 % en 2017, contre 1,6 % en 2016, fait de l’augmentation des exportations non finances publiques devraient renforcer l’activi- ce qui correspond en partie aux ajustements des pétrolières. té économique, d’autant plus que les inves- prix des services publics et de l’essence et à une La politique monétaire continue de s’aligner hausse de l’inflation importée, en plus d’un sur celle des États-Unis et la croissance des tissements augmentent en prélude à l’Ex- accroissement de l’activité. L’excédent du dépôts bancaires poursuit son évolution à la po 2020 de Dubaï. Ce rebond est exposé à compte courant devrait s’améliorer et s’établir à hausse. La Banque centrale continue de plusieurs risques de détérioration, à commenc- maintenir l’ancrage au dollar des États-Unis et 2,6 % du PIB cette année, du fait principalement er par la baisse des cours du pétrole et le dur- de l’augmentation des exportations non pétro- reproduit ainsi les mouvements de la Réserve cissement des conditions financières au niveau lières. fédérale américaine — le taux d’intérêt des mondial. Les mesures d’assainissement des finances certificats de dépôt a été relevé à trois reprises publiques dans les émirats ont été prises en depuis décembre, de 75 points de base au total, 2015 et se sont poursuivies à un rythme plus pour se situer à 2 %. La croissance des dépôts lent en 2016. Les tarifs de l’électricité et de l’eau bancaires continue de progresser, enregistrant ont été augmentés, les subventions aux carbu- un taux de croissance de 7,1 % en avril en rants ont été supprimées et les transferts de glissement annuel, dépassant la croissance des capitaux aux entités liées à l’État ont été réduits. prêts pour la première fois en deux ans. La Malgré ces mesures, le fléchissement des re- croissance de la masse monétaire au sens large cettes des hydrocarbures a fait baisser le solde (M2) s’est progressivement améliorée, passant budgétaire consolidé d’un excédent confortable de 4,4 % en mars en glissement annuel à un pic de 10,4 % du PIB en 2013 à un déficit de 4,3 % de 5,9 % sur plus de deux ans en avril en glisse- en 2016. Le déficit a été financé par des retraits ment annuel. Après une forte baisse enregistrée auprès des fonds souverains, des emprunts en 2015 dans le cadre d’une réglementation bancaires et, de plus en plus, par l’augmenta- plus stricte, d’une offre de logements plus tion des capitaux étrangers. Plus récemment, élevée et d’une aversion au risque, les prix de les transferts de capitaux aux entités liées à l’immobilier résidentiel à Dubaï ont commencé l’État ont fait les frais de la réduction des dé- à se stabiliser. Autre fait positif, Moody’s a GRAPHIQUE 1 Émirats arabes unis / Taux de croissance GRAPHIQUE 2 Émirats arabes unis / Opérations des ad- annuel du PIB (pourcentage annuel) ministrations publiques (en pourcentage du PIB) Sources : Autorités des Émirats arabes unis et estimations des services du FMI et Sources : Autorités des Émirats arabes unis et estimations des services du FMI et de la Banque mondiale. de la Banque mondiale. amélioré ses perspectives pour les EAU, qui istre de l’Économie). Le marché de l’immobilier De nouvelles baisses des cours du pétrole, par sont passées de « négatives » à « stables » en s’attendrait à des difficultés économiques en exemple, en raison d’une reprise plus rapide de mai 2017, évoquant une réponse efficace des raison de l’augmentation de l’offre, des con- la production de gaz de schiste aux États-Unis pouvoirs publics à la faiblesse des cours du traintes budgétaires du côté du gouvernement, ou d’un respect limité de la décision de l’OPEP pétrole et l’amélioration des performances de l’augmentation des taux d’intérêt et d’un de réduire la production pétrolière, pourraient économiques. taux de change plus élevé. L’inflation devrait réduire les recettes fiscales et par conséquent Chaque émirat possède son propre institut des augmenter à 2,9 % en 2018 en raison de la TVA, l’investissement et la confiance. Les répercus- statistiques et, malgré le fait qu’un institut des mais elle devrait être modérée par la suite. sions négatives provenant d’autres expor- statistiques fédéral ait été établi en 2009, les L’inflation des loyers devrait rester faible si tateurs de pétrole pourraient nuire au tourisme, programmes de mesure du bien-être au niveau l’offre continue d’augmenter et que la demande affaiblir les échanges et les prix des actifs, tan- national ne sont pas encore harmonisés. reste modérée. Selon les projections, le compte dis que l’émission accrue par d’autres acteurs courant devrait s’améliorer, passant à 3,8 % pour financer les déficits pourrait faire grimper d’ici 2022, à mesure que les recettes pétrolières les coûts de financement. Une hausse plus augmentent avec l’accroissement de la produc- rapide des taux d’intérêt aux États-Unis ou une Perspectives tion, complétées par les exportations non pétro- instabilité accrue des marchés financiers pour- lières et le tourisme. rait augmenter les coûts d’emprunt pour les Au-delà de 2017, la croissance globale du PIB La brouille diplomatique avec le Qatar ne banques et les entités liées à l’État, ce qui pour- devrait se situer à plus de 3 % à moyen terme. devrait pas affecter de manière significative les rait avoir une incidence négative sur la liquidité La croissance du secteur non pétrolier devrait perspectives économiques pour les Émirats dans le système bancaire national. Les passifs rebondir alors que : i) la hausse attendue des arabes unis. L’impact direct sur l’économie des éventuels continuent d’être un risque et si les prix du pétrole et ses effets positifs sur la confi- EAU à travers le trafic aérien, le tourisme, l’in- mégaprojets ne sont pas gérés avec prudence, ance et la situation budgétaire atténuent l’im- vestissement immobilier et le secteur financier les risques pour les entités liées à l’État, les pact des mesures de rationalisation du budget ; devrait être limité, car les échanges avec le banques et les fonds souverains augmen- et ii) la mise en œuvre de mégaprojets s’accé- Qatar représentent moins de 1 % de l’ensemble teraient. L’Expo 2020 présente également des lère en préparation de l’accueil par Dubaï de des échanges commerciaux des EAU. risques liés à la surcapacité, aux prix de l’immo- l’Expo 2020 — qui devrait attirer de nombreux bilier et à la dette. visiteurs, stimulant la consommation privée et les exportations de services. La croissance du PIB pétrolier réel devrait se redresser en 2018 et Risques et défis continuer à s’améliorer à moyen terme. La TVA ne devrait pas affecter de manière significative Les perspectives devraient s’améliorer à moyen la croissance, mais elle va permettre d’aug- terme, mais les risques de détérioration sont menter les revenus de 1 % du PIB (selon le min- prépondérants. TABLEAU 2 Émirats arabes unis / Indicateurs des perspectives (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) macroéconomiques palement d’une très faible participation des femmes (26 %). La plupart des TUNISIE Évolutions récentes chômeurs ont de faibles qualifications, mais les diplômés d’université présentent En 2016, le taux de croissance économique le taux de chômage le plus élevé, qui est a été de 1 %, après s’être établi à 1,1 % en passé de 15 % en 2005 à 23 % en 2010, puis La faible croissance économique et la forte 2015, soit une croissance anémique pour à 31,6 % en 2016 (31,2 % au deuxième tri- augmentation des dépenses publiques, un pays à revenu intermédiaire. Elle était mestre de 2017), tandis que chez les filles, principalement tirée par le secteur des il a atteint 40,4 %. Ces taux sont en outre notamment les salaires, auxquelles services (4 %), tandis que la production bien plus élevés dans l’arrière-pays que viennent s’ajouter des retards dans la industrielle s’est contractée de 6,6 % et les dans les régions côtières. mise en œuvre de réformes essentielles, industries non manufacturières (à l’instar La Tunisie est confrontée à d’énormes ont pour effet de maintenir les déficits du phosphate et du pétrole) ont reculé de déficits budgétaire et extérieur. Le déficit 1,9 %, les industries extractives affichant budgétaire de l’administration centrale budgétaires et courants à des niveaux une croissance inférieure aux niveaux (hors dons) a atteint 6,1 % du PIB en 2016, élevés. Les taux de chômage et de pauvreté historiques en raison des mouvements contre 5,6 % en 2015. En conséquence, la restent également élevés, en particulier sociaux dans les régions minières. La dette publique a grimpé à 62,9 % du PIB pour les jeunes, les femmes et les régions croissance au premier semestre de 2017 a en 2016, contre 57,2 % en 2015 et 45,5 % en de l’intérieur du pays. Le gouvernement été de 1,8 %, principalement attribuable au 2012. En 2016, le déficit du compte courant secteur agricole et à celui des services, qui était estimé à 8,4 %. Sa conjugaison avec la d’unité nationale — coalition des princi- détérioration du compte de capital et du ont progressé de 3,8 % chacun, tandis que paux partis politiques et partenaires so- les industries non manufacturières ont compte financier érode le tampon des ciaux — a été formé il y a un an dans le enregistré un repli de 2,6 %. réserves de change du pays. Au cours des but d’entreprendre les réformes néces- L’inflation est passée de 5,6 % (en glisse- douze derniers mois, le dinar s’est dépré- ment annuel) en juillet 2017 – l’inflation de cié progressivement, perdant 18 % de sa saires, mais il s’est avéré difficile pour lui base (qui exclut les produits alimentaires valeur par rapport à l’euro et 10 % par de mener ses premières actions. et énergétiques dont la plupart ont des rapport au dollar. Les réserves officielles prix régulés) ayant étant passée à 6,7 % en brutes de la Tunisie étaient estimées à raison de la hausse des prix des produits 5,9 milliards de dollars en 2016, soit importés et de l’énergie, qui a suivi la dé- l’équivalent de 3,4 mois d’importations préciation du dinar. Face à ces pressions (en baisse par rapport à 7,4 milliards de inflationnistes, la Banque centrale a relevé dollars et 4,1 mois d’importations en son taux directeur à deux reprises depuis 2015). avril 2017, le portant de 4,5 % à 5 %. Le gouvernement d’unité nationale – une Après avoir atteint son plus haut niveau coalition des principaux partis politiques en 2011, soit 19 %, le chômage est rede- et des plus grands syndicats formée en scendu à 15,5 % en 2016 (15,3 % au septembre 2016 – s’est fixé pour priorités deuxième trimestre de 2017) malgré un de renforcer la sécurité, d’améliorer le faible taux de participation au marché du cadre de l’activité économique, d’assurer travail, soit environ 50 %, en raison princi- la stabilité macroéconomique et GRAPHIQUE 1 Tunisie / Valeur ajoutée sectorielle et GRAPHIQUE 2 Tunisie / Taux de chômage croissance du PIB (en glissement annuel) Sources : Institut national de statistiques, Banque centrale de Tunisie et calculs Sources : Institut national de statistiques, Banque centrale de Tunisie et calculs des services de la Banque. des services de la Banque. budgétaire et de relancer la croissance. Si faveur de la concurrence. En outre, la mise l’on s’attendait à ce que ce gouvernement de créer la marge nécessaire pour des in- en œuvre des réformes pour stimuler la apporte plus de stabilité au regard de sa vestissements accrus et les dépenses so- création d’emplois et l’esprit d’entreprise composition inclusive, il a plutôt fait l’ob- ciales. est essentielle pour débrider le dyna- jet de deux remaniements qui ont touché Sur le plan extérieur, le déficit du compte misme du secteur privé et relancer la des départements ministériels clés, notam- courant devrait se creuser légèrement, croissance. Le risque à court terme le plus ment les Finances, l’Investissement et passant à 8,8 % du PIB en 2017. À moyen pressant tient à la viabilité de la dette, l’Éducation. terme, le compte courant devrait bé- étant donné que la solution de référence néficier du redressement graduel du pour une dette déjà élevée suppose un secteur industriel et du commerce des assainissement des finances publiques. Perspectives services, ainsi que des gains de compéti- tivité découlant de la dépréciation du di- nar. Selon les projections, la croissance devrait progresser modestement de 2,3 en 2017 sous l’effet de la reprise dans les secteurs de l’agriculture, du phosphate et de l’in- Risques et défis dustrie manufacturière. À moyen terme, la croissance devrait remonter progressive- Certes, le gouvernement déploie des ment à 3,5 % en 2019 dans un contexte ressources pour améliorer la sécurité, mais d’amélioration du climat des affaires fa- le niveau élevé du chômage des jeunes, vorisé par des réformes structurelles et le notamment dans les régions à la traîne, renforcement de la stabilité sociale et de la peut entraîner des tensions sociales, qui sécurité. restent l’un des principaux risques dans le Le déficit budgétaire devrait rester élevé, à pays depuis la révolution. Le gouverne- 6,2 % du PIB en 2017. Pour assurer la via- ment est également confronté à la difficul- bilité des finances publiques, il faudra té à trouver un équilibre entre la stabilité contenir la masse salariale et les subven- sociale et la nécessité d’assainir les financ- tions tout en élargissant l’assiette fiscale. Il es publiques, notamment dans la fonction serait important de réformer le régime des publique, les pensions, les subventions, les retraites et d’améliorer la conception des entreprises publiques et les réformes en programmes de transferts monétaires afin TABLEAU 2 Tunisie / Indicateurs des perspectives de la pauvreté (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) au niveau macroéconomique bénéficier des services de financement du YÉMEN commerce extérieur antérieurement assu- Évolutions récentes rés par la banque centrale. En outre, la participation des principaux ports du Yé- L’économie du Yémen s’est considérable- men au conflit a davantage miné la capaci- ment détériorée depuis l’escalade du con- té à importer des produits cruciaux, no- flit violent en mars 2015. Bien que les tamment les aliments, les carburants et les Le conflit violent au Yémen a considéra- statistiques officielles ne soient plus dis- fournitures médicales, dans certaines ré- blement détérioré la situation économique ponibles, certains éléments concrets in- gions du pays. Ces obstacles sont particu- et sociale dans le pays. La production s’est diquent que le PIB du Yémen s’est con- lièrement difficilement à surmonter étant nettement contractée, les revenus des mé- tracté d’environ 37,5 % cumulativement donné que le Yémen avait précédemment depuis 2015, alors que les perspectives importé environ 90 % de ses produits ali- nages diminuent. Même au-delà de l’aug- d’emploi dans le secteur privé se dissipent mentaires, et que le conflit a exacerbé le mentation de la pauvreté, la FAO estime considérablement. L’activité économique besoin en carburant et équipements médi- que plus de 7 millions de personnes sont dans les secteurs de l’agriculture, des ser- caux importés. exposées au risque de famine en 2017 et vices agricoles et de la production pétro- Le BCAH de l’ONU estime qu’un total de que les épidémies de choléra font des rav- lière et gazière – principales composantes 20,7 millions de Yéménites ont besoin d’u- du PIB – demeure limitée en raison du ne aide humanitaire, dont 9,8 millions ont ages dans le pays, avec près de un besoin urgent d’aide pour soutenir leur conflit en cours. En outre, la diminution 450 000 cas suspects dont près de 2 000 spectaculaire proportionnelle des recettes vie. Des infrastructures vitales et des rési- décès en fin août. publiques, résultant en particulier de la dences privées ont été sérieusement en- forte baisse de la production pétrolière et dommagées, ce qui a contribué à un déclin gazière, a contribué à l’implosion du dis- de la prestation et de la qualité des ser- positif officiel de protection sociale et à vices (comme l’eau), à la paralysie d’éta- l’irrégularité du paiement des salaires des blissements de santé et d’enseignement fonctionnaires. En outre, le conflit a en- civils et à un déplacement de plus de 10 % traîné une augmentation de l’inflation et de la population à l’intérieur du pays. des pressions exercées sur le taux de L’apparition du choléra et d’autres mala- change, ce qui a davantage grevé le reve- dies infectieuses dans un contexte de mau- nu des ménages à un moment où environ vaise santé et de malnutrition généralisées 40 % d’entre eux font état d’une perte leur a davantage entamé le bien-être des popu- principale source de revenus (selon le lations et miné leur capacité à mener une sondage mondial réalisé en 2016 par l’in- vie productive. stitut Gallup). La capacité des ménages à faire face à la Les importations se sont contractées sensi- situation a atteint un point de rupture et blement en raison de l’amenuisement des de vastes étendues du pays sont confron- réserves de change de la Banque centrale tées à la famine et à des épidémies de du Yémen (CBY). Les importations d’éner- choléra. Selon les estimations de la FAO, gie et de produits alimentaires essentiels quelque 7 millions de personnes sont au ne passent que par des circuits privés sans bord de la famine en 2017. Au GRAPHIQUE 1 Yémen / Finances publiques GRAPHIQUE 2 Yémen / Populations ayant besoin d’aide humanitaire Sources : Ministère des Finances du Yémen/Bureau de la statistique du Yémen, Sources : Plan de réponse humanitaire des Nations Unies 2017. services du FMI et de la Banque mondiale. 1er août 2017, il était fait état de 443 161 cas suspects de choléra et 1 921 décès as- sociés à cette maladie. Perspectives Risques et défis L’intervention humanitaire au Yémen continue de répondre aux besoins essen- Les perspectives économiques pour 2018 L’augmentation massive estimée de la tiels d’une part importante de la popula- et les années suivantes dépendront fonda- pauvreté absolue au Yémen depuis 2014 tion dans des circonstances difficiles. Sur mentalement de la rapidité avec laquelle il pose un énorme défi à la consolidation de le terrain, on compte environ sera possible d’améliorer la situation poli- la paix. Pour assurer une paix durable, le 122 partenaires humanitaires, tique et sécuritaire et, en fin de compte, de Yémen devra diversifier son économie, 84 organisations non gouvernementales mettre un terme au conflit actuel pour créer des emplois plus productifs, formu- (ONG) nationales, 30 ONG internationales pouvoir reconstruire l’économie et le tissu ler des politiques budgétaires et d’autres et 8 institutions spécialisées des Nations social du Yémen. Si la violence peut être mesures propices à des investissements Unies. La Banque mondiale vient en aide maîtrisée d’ici la fin de 2017, le PIB devrait générateurs d’emplois et de revenus pour aux groupes les plus vulnérables en commencer à se redresser en 2018 et 2019, une grande partie des Yéménites qui fournissant environ 800 millions de dol- enregistrant une croissance de 9 % et 14 % étaient déjà au chômage et victimes avant lars par le biais de trois grandes opé- respectivement au cours de ces deux an- même le conflit. La mobilisation de rations d’urgence permettant de fournir nées. Le rétablissement d’un envi- soutiens en faveur du redressement et de des services de santé essentiels et des pos- ronnement plus pacifique permettra prob- la reconstruction pour améliorer l’inclu- sibilités d’obtenir de revenus complémen- ablement de reprendre la production sion économique et sociale pourrait con- taires, pour lutter contre la famine et l’ap- d’hydrocarbures, ce qui contribuera à ré- tribuer à atténuer les risques de conflit à pauvrissement tout en préservant les ca- tablir les recettes publiques. Cela dit, l’avenir. pacités institutionnelles capitales. même dans ce cas de figure, cette crois- Cependant, la couverture des interven- sance devrait difficilement se traduire par tions des partenaires humanitaires n’est une réduction substantielle de la pauvreté. pas uniforme dans tout le pays, où seule- Au regard des perspectives sombres au ment 200 des 322 quartiers qu’il compte Yémen, une aide étrangère massive conti- sont classés comme « relativement acces- nuerait d’être nécessaire pour son redres- sibles » par la réponse humanitaire. Envi- sement et sa reconstruction après le con- ron 51 quartiers sont classés comme pré- flit. Plus particulièrement, il faudra de sentant des « difficultés d’accès grandes l’aide étrangère pour rétablir les services ou extrêmement grandes ». Il existe ainsi de base et restaurer la confiance dans les des poches où il n’est pas possible institutions du pays. d’atteindre des personnes qui sont dans le besoin. TABLEAU 2 Yémen / Indicateurs des perspectives macroéconomique (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) BANQUE MONDIALE – RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD BULLETIN D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA, OCTOBRE 2017 Crise des réfugiés dans la région MENA : relever le défi du développement http://www.worldbank.org/en/region/mena/publication/mena-economic-monitor