1 AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental © 2018 La Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington DC 20433 É.-U. Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés Ce volume a été réalisé par le personnel de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale. Les constatations, interprétations et conclusions présentées dans ce document ne reflètent pas nécessairement les vues des directeurs exécutifs de la Banque mondiale ni des États qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données figurant dans cet ouvrage. 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Avant qu’il ne soit trop tard : Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental. © Banque mondiale. » Toutes les demandes relatives aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doivent être adressées à Publications de la Banque mondiale, Groupe de la Banque mondiale, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, É.-U., fax 202-522-2422, e-mail pubrights@worldbank.org. Photographie : Michael Steinberg sur Unsplash (cover), Andrew Pons sur Unsplash (12), iStock.com/msan10 (18), iStock.com/Rixipix (22), iStock.com/ FourOaks (30), iStock.com/Alphotographic (40), Joe Were sur Unsplash (44), iStock.com/clark42 (84). Conception et mise en page : Francis Gagnon, Voilà Information Design, Montréal, Canada 5 Remerciements C e rapport a été préparé par une équipe ipé à des activités de consultation à Bangui, dirigée par Julian Lee et composée de Brazzaville, Douala, Libreville et Yaoundé, qui Micah Effron (chapitre 2, section 5.b), ont été organisées et animées par Loïc Braune, Douglas J. Graham (Encadré 5), Raymond Lum- Idriss Deffry, Salimata Follea, Pierre Guigon, buenamo (chapitre 4), Brian Mullis (section Cyrille Ngouana Kengne, Erik Winter Reed, 5.a.i, annexe A), Jean Maurice Muneza et Chrystelle Tapouh, Laurent Valiergue et Mun- Lauren Williams (WRI, section 5.c.iv), et Jean- dele Wavelellah. Loïc Braune, Richard Damania, Claude Nguinguiri (FAO, sections 5.a.ii et Douglas Graham, Shaun Mann, Simon Robert- 5.a.iii). L’équipe a bénéficié des orientations son, Claudia Sobrevila, Elisson Wright, An- globales d’Elisabeth Huybens, Benoit Bosquet drew Zakharenka, Bernard Noiret (Doli) et Fio- et Laurent Debroux. Corneille Moukson Ku- na Maisels, Emma Stokes et Michelle Wieland tia-Kwa-Nzambi (WWF) et Josias Sipehouo ont (tous de WCS) ont offert des observations et des animé des groupes de discussion, et Cédric Sep- conseils constructifs. Enfin et surtout, les partici- ulcre et Pauwel de Wachter (WWF) ont facil- pants aux entrevues, qui sont trop nombreux ité leur organisation. Plus d’une centaine de pour pouvoir être nommés, ont contribué à cette représentants des pouvoirs publics, de la société étude en offrant leur expertise et leur temps. civile et des peuples autochtones ont partic- L’équipe leur est à tous très reconnaissante. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 7 Table des matières Remerciements  5 5. Mieux valoriser la faune sauvage : Approche des communautés et des États.  45 Table des matières  7 a. Création de nouvelle valeur Abréviations et sigles  11 économique  46 b. Partager les bénéfices  66 Résumé  13 c. Créer des conditions favorables 1. Introduction  19 pour la génération et le partage des bénéfices fauniques  78 2. Le braconnage et la chasse non durable : Menaces pour une 6. Conclusion : Un plan d’action économie forestière durable.  23 pour tirer une valeur économique de la faune dans le BCO  83 a. La chasse de subsistance  24 b. Le commerce de la viande de brousse  24 Annexe A : Évaluation de l’état actuel du tourisme dans le BCO  87 c. Un braconnage en quête de produits de haute valeur  25 1. Dynamiques du marché du tourisme  87 d. Conclusion  28 a. Obstacles structurels au développement du tourisme axé sur la faune  89 3. Qui sont les braconniers ? b. Le braconnage en tant qu’obstacle Typologie des acteurs  31 au développement du tourisme, a. Caractéristiques démographiques  31 et le tourisme pour inciter à la conservation de l’habitat  90 b. Les facteurs encourageant le braconnage  33 c. Les avantages du développement du tourisme axé sur la faune  90 c. Facteurs susceptibles de décourager le braconnage  35 d. Évaluation rapide du potentiel du tourisme axé sur la faune  90 d. Conclusion  36 Annexe B : Méthodologie  93 4. Cadre politique, juridique et réglementaire  39 Notes  95 a. Analyse  39 Références  99 b. Recommandations  41 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental Liste des figures Liste des encadrés Figure 1 : Carte des forêts du BCO et Encadré 1 : Messages clés  13 de ses aires protégées  20 Encadré 2 : Décourager le braconnage au Figure 2 : Modèle de pressions subies par moyen d’autres activités génératrices la faune et quelques solutions  21 de revenu : une tâche complexe  35 Figure 3 : Chaîne simplifiée Encadré 3 : Définition du tourisme d’approvisionnement de produits axé sur la faune  46 à haute valeur du commerce illicite Encadré 4 : Potentiel du tourisme axé sur des espèces sauvages (CIES)  32 la faune par rapport aux autres valeurs Figure 4 : Facteurs de l’offre et de la demande d’usage de la faune sauvage  48 de produits fauniques non durables  34 Encadré 5 : Dans quelles conditions la chasse Figure 5 : Aperçu des approches favorables sportive peut-elle apporter une valeur à la valorisation de la faune  45 économique à la faune sauvage ?  49 Figure 6 : Six obstacles structurels Encadré 6: Développer un secteur du tourisme au développement du tourisme à partir de zéro : Le cas du Rwanda  52 axé sur la faune  51 Encadré 7: La REDD+ comme mécanisme pour aider à valoriser la faune sauvage  75 Liste des tableaux Tableau 1 : Valeurs actuelles et prévisions futures du tourisme axé sur la faune dans certaines aires protégées  47 Tableau 2 : Classement de la compétitivité des pays du BCO  50 Tableau 3: Aperçu des priorités dans la suppression des obstacles au tourisme axé sur la faune  53 Tableau A.1 : Valeur du secteur général du tourisme dans le BCO  88 Tableau A.2 : Évaluation de l’état actuel du tourisme dans le BCO  89 Tableau 6 : Potentiel des aires protégées du BCO en matière de développement du tourisme  91 11 Abréviations et sigles AP Aire protégée CARPE Programme régional d’Afrique centrale pour l’environnement CBD Convention sur la diversité biologique CEEAC Communauté économique des États de l’Afrique centrale CHF Conflit homme-faune CIES Commerce illicite d’espèces sauvages COMACO Community Markets for Conservation COMIFAC Commission des forêts d’Afrique centrale CPP Comité paysans-forêts EAGLE Eco Activists for Governance and Law Enforcement FAO Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture GCRN Gestion communautaire des ressources naturelles MPME Micro, petites et moyennes entreprises NRT Northern Rangelands Trust (Kenya) ONG Organisation non gouvernementale PIB Produit intérieur brut PIPD Projet intégré de conservation et de développement PPP Partenariat public-privé PSE Paiement pour services environnementaux RC République du Congo RCA République centrafricaine RCP Ruaha Carnivore Project (Tanzanie) RDC République démocratique du Congo REDD+ Réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts SDC Série de développement communautaire TRIDOM Trinational Dja-Odzala-Minkébé TVA Taxe sur la valeur ajoutée WCS Wildlife Conservation Society WWF Fonds mondial pour la nature ZICGC Zone d’intérêt cynégétique à gestion communautaire Tous les dollars sont des dollars américains sauf indication contraire. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 12 Avant qu’il ne soit trop tard 13 Résumé Le bassin du Congo occidental se vide rapidement de sa faune. Le bas- sin du Congo occidental (défini ici comme regroupant le Cameroun, le Gabon, la République centrafricaine, et la République du Congo) perd rapidement une grande partie de ses animaux sauvages à cause du braconnage et de la chasse non durable. Cette tendance touche de nom- breuses espèces qui subissent la pression de la chasse pour la viande de brousse et pour l’exportation commerciale, pour des produits anima- liers de haute valeur, ainsi que la dégradation de l’habitat. Le braconnage et la chasse non durable sont des problèmes de développement et pro- Encadré 1 voquent la perte d’une ressource importante MESSAGES CLÉS de diversification économique pour les pays du bassin du Congo occidental. 1. Le bassin du Congo occidental se vide rapidement de sa faune. En raison de la surexploitation, les bases de la 2. Le braconnage et la chasse non dura- construction d’une économie forestière durable ble sont des problèmes de dévelop- s’érodent rapidement, l’État de droit est compro- pement et provoquent la perte d’une mis, les ressources en protéines des populations ressource importante de diversification rurales sont menacées, la capacité régénératrice économique pour les pays du bassin du des forêts exploitées à des fins commerciales Congo occidental. et de subsistance est réduite et leur résilience au changement climatique est menacée. À leur 3. Créer de la valeur économique à partir tour, les éléments moteurs du braconnage et de de la faune est essentiel pour dévelop- la chasse non durable incluent la pauvreté et la per une économie forestière viable et faiblesse de la gouvernance. Bref, le braconnage pour la conservation. et la chasse non durable ne sont pas de simples 4. L’expérience au niveau internation- questions de conservation, mais sont des prob- al fournit des enseignements sur lèmes de développement. la manière de tirer une plus grande valeur économique de la faune, nota- La réponse en matière de conservation a mment en développant de nouvelles rencontré des difficultés face à la faible valeur sources de richesses, et en partageant que les communautés et les pouvoirs publics les produits de la faune, en particulier accordent à la faune. avec les communautés. Le braconnage et la chasse non durable ne sont 5. Sans des conditions de bonne gouver- pas des phénomènes nouveaux dans le bassin nance favorables, il ne sera pas possi- ble de tirer profit de la valeur durable de la faune à grande échelle. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 14 du Congo occidental. Ils font l’objet depuis vingt Le premier groupe se compose d’approches ans d’efforts considérables de la part des pou- qui peuvent créer une nouvelle valeur voirs publics et de leurs partenaires au dévelop- économique : pement. La plupart de ces efforts se concentrent sur l’établissement et la conservation d’aires 1) On estime que le tourisme axé sur la faune protégées. En particulier, lorsque ces aires pourrait théoriquement générer 1,1 milliard bénéficient d’une aide extérieure importante d’USD dans le bassin du Congo occiden- et de garde-forestiers bien dirigés sur le terrain, tal. C’est le seul vecteur que cette étude a la faune est mieux défendue à l’intérieur qu’à identifié qui pourrait générer d’importants l’extérieur des aires protégées. nouveaux flux de revenus pour la conser- vation dans le bassin du Congo occidental. Cependant, le fléau ininterrompu des actes de La réalisation de ce potentiel sera un effort braconnage montre également les limites d’une à long terme qui nécessitera des inves- approche de la conservation prioritairement tissements stratégiques et des réformes ancrée dans la protection pure et simple et qui pour surmonter les obstacles importants repose sur un accès restreint aux ressources existants. Il faudra développer des instru- fauniques et à leur habitat. Dans un environne- ments de planification stratégique, tels que ment où les communautés et les pouvoirs des visions, des stratégies et des plans de publics retirent somme toute peu d’avantages conservation à l’échelle nationale et dans directs de la faune, cette approche seule risque les aires protégées, qui préservent la faune de mal aligner les incitatifs à la conservation. et la lient au tourisme ; des stratégies et des Aggravée par la faiblesse de la gouvernance et plans qui guident les concessions touris- la croissance de la demande de produits de la tiques et encouragent le tourisme axé sur faune, la conservation des ressources fauniques les animaux sauvages ; des directives pour est limitée. le découpage du territoire touristique pour le développement de produits à l’intérieur Créer de la valeur économique à partir de des plans de gestion des aires protégées ; et la faune est essentiel pour développer une des activités de marketing et de promotion économie forestière viable et pour la conser- pour développer les marchés. Cela impli- vation. quera également d’améliorer le contexte Il est donc nécessaire de créer des circonscrip- politique et réglementaire et de renforcer tions nationales de conservation à la fois parmi les infrastructures touristiques et les capac- les communautés qui abritent la faune, et dont ités humaines. les membres se livrent actuellement au brac- 2) La gestion communautaire des forêts est onnage et à la chasse non durable, et au sein de un moyen pour les communautés de con- l’administration publique chargée de gérer cette trôler plus directement l’habitat forestier où ressource. Pour ce faire, l’approche directe con- vivent les animaux sauvages et d’en bénéfi- sisterait à assurer que les deux circonscriptions cier plus directement, en ayant pour objectif sont susceptibles de bénéficier financièrement de gérer les ressources de manière durable. de la conservation. Certains pays du bassin du Congo occidental L’expérience au niveau international fournit ont déjà expérimenté cette approche avec des enseignements sur la manière de tirer une des résultats en demi-teinte. Pour amélior- valeur économique de la faune er les performances, l’adoption d’unités de gestion communautaires polyvalentes S’appuyant sur l’expérience acquise dans le dont les mandats vont au-delà des pro- monde, ce rapport soutient que les commu- duits forestiers pourrait être testée. D’autre nautés et les pouvoirs publics peuvent dégager part, étant donnée la disponibilité limitée des gains substantiels de la gestion durable de des terres forestières non attribuées, il est la faune dans le bassin du Congo occidental. primordial de coordonner les utilisations Ces approches peuvent être classées en trois dans les zones où les droits se chevauchent. groupes : Le transfert des responsabilités devrait se faire par le biais d’une approche multini- veaux avec des jalons de performances pour permettre des actions correctives. Enfin, Avant qu’il ne soit trop tard 15 la gestion communautaire des ressources faune auraient besoin de vérifier la faisabil- naturelles ne saurait fonctionner sans un ité d’une surveillance des niveaux d’ani- meilleur contrôle de l’État. maux sauvages. 3) La gestion communautaire de la faune : 6) Gérer le conflit homme-faune réduit Le contrôle de la faune par la communauté le coût de la vie avec la faune. Gérer le tirerait avantage de la formulation d’une conflit homme-faune dépend également vision claire de la part de l’administration d’approches itératives qui combinent de publique, suivie d’une évaluation du rap- multiples techniques de dissuasion et qui port coût-efficacité de l’approche Si elle est soient directement basées sur la participa- favorable, l’environnement administratif tion communautaire. Les pouvoirs publics et légal devrait être ajusté pour clarifier les devraient créer le bon environnement droits fonciers et les droits d’utilisation, ain- politique pour inciter de telles solutions, si que pour promouvoir le développement puis faciliter et apporter des fonds pour de la filière. Une approche adaptative d’un l’indemnisation ou les régimes d’assurance. transfert graduel des droits pourrait créer L’aménagement du territoire peut fournir des points de contrôle. Enfin, une combi- un cadre sous-jacent pour minimiser les naison de cette approche avec la création conflits avec la faune. d’une production alternative de protéines pourrait améliorer la viabilité de la gestion Créer de la valeur à partir de la faune ne peut de la faune. atteindre ses objectifs si les conditions adé- quates de gouvernance favorable ne sont pas Le deuxième groupe d’approches se concentre réunies. sur les façons de distribuer les avantages aux communautés qui abritent, utilisent ou sont Le troisième groupe de solutions comprend la directement affectées par les animaux sauvag- création de conditions habilitantes pour tir- es. Les pays du bassin du Congo occidental sont er profit de la valeur durable de la faune. Cet déjà en train de tester certaines de ces ap- effort ne peut réussir que si les pays du bassin proches, dont certaines pourraient être davan- du Congo occidental améliorent grandement tage développées, tandis que d’autres restent l’environnement pour la conservation. encore à introduire. Elles comprennent : 7) Les pouvoirs publics doivent établir un 4) Le partage des bénéfices des aires pro- engagement politique aux niveaux les tégées qui répartit les flux de ressources plus élevés pour améliorer la gouvernance depuis les aires protégées jusqu’aux com- de la faune. Ceci implique d’éradiquer la munautés constituantes. Faire fonctionner corruption, de démontrer que les principaux de tels systèmes requiert des structures de acteurs, y compris les fonctionnaires pub- gestion des aires protégées (comme des lics, impliqués dans le commerce illicite de partenariats public-privé) qui soient redev- la faune ne sont pas au-dessus des lois et de ables, transparentes et dégagées de toute mieux financer la conservation. ingérence politique, la création de flux de 8) L’amélioration de l’application des lois est financement, qui visent les communautés essentielle pour contrôler les acteurs com- prioritaires, et des flux d’avantages qui merciaux du commerce illicite de la faune, soient idéalement subordonnés à la perfor- qui contribuent actuellement à décimer les mance. ressources fauniques. Des stratégies allant 5) La rémunération des services environne- dans ce sens peuvent s’appuyer sur des éval- mentaux récompense les communautés ou uations existantes de l’Office des Nations les personnes pour les résultats obtenus en Unies contre la drogue et le crime concer- matière de conservation. Pour que cette ap- nant l’application de la loi sur la faune au proche fonctionne, il convient notamment Gabon et en République du Congo, et de que des sources de financement durables telles analyses devraient être effectuées au soient assurées. Le cadre réglementaire Cameroun et en République centrafricaine devrait idéalement faciliter la surveillance également. de la communauté, et les gestionnaires de la Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 16 9) Les réformes organisationnelles et le Renforcer la valeur des animaux sauvages doit renforcement des capacités sont essen- faire partie d’une approche plus large de la tiels pour permettre aux administrations conservation. en charge de la faune de mieux surveiller leur secteur en général, et pour s’engager Construire les systèmes nécessaires pour retirer dans les types d’approches collaboratives une valeur économique de la faune n’est pas proposées dans cette étude. Ceci comprend une solution miracle. Les approches proposées une analyse du déploiement du personnel dans cette étude doivent être accompagnées et des compétences, de l’équipement, de la par un travail de conservation traditionnelle qui coordination des politiques et des structures fournit la protection de base des ressources. Ceci de financement. est particulièrement important à court terme, étant donné la surexploitation continuelle des 10) L’aménagement du territoire peut atténuer ressources dont la survie même est menacée. certains des défis posés par la gestion des Les États et les communautés ne seront pas non ressources naturelles qui sous-tendent la plus en mesure de tirer profit de la faune du jour surexploitation de la faune. Il peut aussi aid- au lendemain. Le développement du tourisme er à développer une vision plus cohérente axé sur la faune, par exemple, nécessite des pour l’avenir et connecter les communautés réformes soutenues et coordonnées sur de à des incitatifs pour la gestion durable de la nombreuses années. L’élaboration ou l’améliora- faune. Il pourrait constituer une base puis- tion de systèmes qui accroissent les avantages sante à long terme pour la gestion durable de la gestion des ressources fauniques pour les de la faune. communautés est forcément une tâche longue et itérative qui nécessite un soutien technique Plus généralement, les pouvoirs publics feraient et financier continu. Des approches liant les bien d’améliorer l’environnement favorable financements aux résultats obtenus pourraient afin de s’assurer que le secteur privé puisse être testées dans un tel environnement. mobiliser les investissements nécessaires pour soutenir la gestion durable de la faune. Des La valorisation de la faune de façon durable partenariats innovants avec la société civile et est un élément indispensable à la construction le secteur privé, que ce soit pour la gestion des d’économies rurales diversifiées et viables dans aires protégées ou l’application de la loi, ont le bassin du Congo occidental, et a le poten- déjà fait la preuve de leur potentiel d’améliora- tiel de contribuer à la fois à l’allègement de tion de la gestion des capacités et des résultats, la pauvreté et à la conservation. Cependant, dans le bassin du Congo occidental et ailleurs, et étant donné la rapidité à laquelle les ressources pourraient être étendus à grande échelle. d’animaux sauvages déclinent dans la région, l’urgence de saisir ce potentiel n’a jamais été aussi grande pour les pouvoirs publics. Avant qu’il ne soit trop tard 17 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 18 Avant qu’il ne soit trop tard 19 1. Introduction Composé du Cameroun, du Gabon, de la République centrafricaine et de la République du Congo dans sa délimitation ici retenue, le bassin du Congo occidental (BCO) se vide rapidement de sa faune sauvage, avec des taux de braconnage alarmants dans les quatre pays. Ces niveaux élevés de braconnage ont de à la dégradation à long terme de cette ressource nombreux effets délétères sur le développe- économique, environnementale et culturelle. Si ment durable : ils privent les économies d’une la faune sauvage n’est pas mieux protégée, ce ressource sur laquelle bâtir un tourisme axé sur sont des composantes essentielles d’une écono- la faune susceptible de constituer une source mie forestière diversifiée et durable qui risquent de devises, d’emplois ruraux et de création de d’être irrémédiablement perdues, au détriment revenus, qui est à l’heure actuelle notablement des économies locales et nationales. sous-exploité. Le braconnage des espèces de grande valeur est souvent entretenu par des Dans le BCO, les efforts de protection de la réseaux criminels organisés, qui dirigent une faune se sont prioritairement concentrés sur la économie parallèle illicite et nuisent à la gou- création et la gestion d’aires protégées, souvent vernance établie et aux régimes juridiques, et dans le cadre d’une approche de paysage qui qui captent des rentes importantes, soustraites tente d’impliquer les communautés avoisi- à l’État et aux communautés locales. Le bracon- nantes et d’autres utilisateurs des terres.2 Ce nage et la chasse non durable réduisent la valeur type d’approche a permis d’obtenir des résultats des écosystèmes forestiers des communautés de conservation mesurables.3 On s’est moins atta- locales et des peuples autochtones en termes de ché à comprendre la valeur et le potentiel écono- culture et de subsistance, et portent préjudice à mique de la conservation de la faune sauvage du une source de protéines et de revenus pour les point de vue communautaire. Les communautés populations rurales. En diminuant le nombre peuvent percevoir la faune comme une source d’animaux de l’écosystème, ces pratiques réduis- de protéines, de revenus liés à la chasse, une ent aussi la dispersion des semences d’arbres, menace pour les cultures ou la raison de mesures qui, dans la plupart des forêts tropicales, dépend de conservation strictes limitant l’accès, l’utili- des animaux.1 La capacité de régénération de sation et la gestion des terres coutumières. Les la forêt est ainsi entravée, ce qui peut entraîner dynamiques résultantes constituent une menace des extinctions, appauvrir la diversité, affaiblir pour la gestion durable de la faune sauvage, qui la résilience des écosystèmes, notamment face est caractéristique des ressources communes. au changement climatique et contribuer in fine Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 20 Figure 1 : Carte des forêts du BCO et de ses aires protégées 9˚E 12˚E 15˚E 18˚E 21˚E Cette carte a été préparée par le département de cartographie de la Lac Tchad Banque mondiale. Les frontières, les IBRD 43699 | MAI 2018 couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur la présente carte n'impliquent de la part du NDJAMENA Groupe de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d'un TCHAD territoire quelconque et ne signifient L o g o ne nullement que le Groupe reconnaît ou accepte ces frontières. Maroua la ngo Go Birao SOUDAN Ch ar i 9˚N Garoua 9˚N Moundou Ndele SOUDAN Ko NIGÉRIA tto Benu e Vina RÉPUBLIQUE DU SUD Kou Ngaoundere ou CENTRAFRICAINE k ro u Kaga Bossangoa Bandoro Bria Bozoum m Lo Bamenda 6˚N 6˚N Bambari Bafoussam Bouar Obo Lo ba Sibut Mbam CAMEROUN y e Bangassou Bertoua le BANGUI Ue Buea Berberati Mobaye MALABO YAOUNDÉ Mbaiki Nola 3˚N a 3˚N Lu RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE Dja Ebolowa GUINÉE Ebebiyin Impfondo DU CONGO ru wi m i A SÃO TOMÉ ÉQUATORIALE Oyem Ouesso ngi Uba ET PRÍNCIPE RÉPUBLIQUE do Makokou Congo 24˚E 27˚E LIBREVILLE CAMEROUN, GABON, RÉPUBLIQUE DU CONGO v in I GABON DU CONGO 0˚ Owando Mbandaka Bus i ra ET RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Port Gentil Lambarene N Kaulomoutou FORÊTS ET AIRES PROTÉGÉES go uni Lu AIRES PROTÉGÉES FRONTIÈRES INTERNATIONALES e alaba Masuku a Mouila A l im FORÊT DENSE HUMIDE* CAPITALES Djambala Lok o MOZÄIQUE FORÊT/SAVANE CHEFS-LIEUX DE PROVINCE Tsh u Tchibanga ro ap 3˚S Bandundu FORÊT MARÉCAGEUSE a Sibiti SAVANE BOISÉE ET HERBEUSE O c éa n u u ilo Loubomo Madingou BRAZZAVILLE Ko AGRICULTURE At l a n t i q u e Kinkala KINSHASA MOZÄIQUE FORÊT/FORÊT HUMIDE o ng Co *cette catégorie contient également des petites superficies de Cabinda Sources: protectedplanet.net, EU JRC ForObs forêt submontagnarde, forêt montagnarde et forêt dense décidue 15˚E 18˚E 21˚E La faible valeur perçue des ressources fau- Dans le but d’aider les pays du BCO à enrayer niques pour les communautés locales est at- cette spirale négative, la présente étude pré- tribuable en partie au manque de perspectives sente des approches susceptibles d’accroître la économiques pouvant actuellement dériver valeur économique de la faune sauvage pour de la gestion durable des actifs fauniques. Le les communautés locales et les États, en tant braconnage et le commerce illicite de la faune que ressource contribuant à la réduction de la sauvage sont des manifestations frappantes de pauvreté, au développement économique et à cette faible valeur économique et sont suscep- la conservation. Ces recommandations sont or- tibles de se développer tant qu’un animal vaut ganisées selon trois axes : 1) donner une valeur plus cher mort que vivant et que la gouvernance économique à la faune sauvage, 2) partager la environnementale est faible. Les revenus du bra- valeur ainsi créée, et 3) créer des conditions de connage encouragent les gains à court terme, gouvernance favorables à ces deux objectifs. Ces éclipsant souvent le potentiel de revenu durable trois objectifs se renforcent mutuellement. et de long terme que représente l’animal vivant. Avant qu’il ne soit trop tard 21 Bien que l’étude vise à présenter des voies et des frontières et de la faune dans la région. moyens permettant de créer de la valeur à Bien entendu, les solutions les plus appropriées partir de la faune, cette création de valeur ne dans un environnement donné dépendront devrait pas être considérée comme une solu- de plusieurs conditions propres à un pays. tion miracle : Elle ne peut en effet contrer par Toutefois, la plupart des recommandations elle seule les pressions que subit la faune. Il faut contenues dans le présent rapport s’appliquent donc utiliser tous les outils d’une gestion du- aux quatre pays du BCO. L’étude fournit d’abord rable de la faune sauvage présentés à la Figure une présentation générale de la crise du bracon- 2. Comme ces autres outils ont déjà fait l’objet nage, en se basant sur le cas des éléphants pour d’une attention particulière, ils ne seront par illustrer l’ampleur du problème (chapitre 2). conséquent pas couverts par la présente étude. Elle présente ensuite les auteurs du bracon- nage (chapitre 3) pour mieux en comprendre Cette étude cible des décideurs qui veulent les moteurs, alors que le chapitre 4 analyse le repenser les approches de la conservation cadre politique. Le chapitre 5 propose plusieurs en fonction des niveaux élevés actuels du approches pour valoriser la faune, partager braconnage et de la chasse non durable et des la valeur ainsi créer, et créer les conditions de dialogues politiques nationaux qui insistent gouvernance nécessaires. Ce chapitre fournit sur la diversification économique. Elle vise à des exemples de bonnes pratiques dans d’autres le faire à la fois au niveau national et régional : régions du monde. Le chapitre 6 présente les en effet, un seul pays ne saurait être en mesure conclusions. de traiter la crise actuelle étant donné la fluidité Figure 2 : Modèle de pressions subies par la faune et quelques solutions PRESSIONS SUR LA FAUNE SOLUTIONS POUR UNE GESTION DURABLE DE LA FAUNE Création d’une nouvelle valeur Tourisme de vision Aménagement du territoire Gestion communautaire Aires protégées et de la forêt corridors écologiques Perte/dégradation d’habitat Gestion communautaire Application de la loi de la faune Partage de la valeur Gouvernance Braconnage / chasse Partage des bénéfices non durable des aires protégées Capitaliser la valeur économique de la faune Paiement pour services environnementaux Génération de moyens de subsistance alternatifs Gestion des conflits homme-faune Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 22 Avant qu’il ne soit trop tard 23 2. Le braconnage et la chasse non durable Menaces pour une économie forestière durable. La riche biodiversité du BCO est confrontée à sauvages légalement chassées par des chas- de nombreuses menaces anthropiques. Le bra- seurs autorisés, mais dont la chasse entraîne connage et la chasse non durable, ajoutés à la une exploitation non durable. perte de l’habitat, sont les principales menaces subies par la faune sauvage.4 Le braconnage Le braconnage dans le BCO peut se diviser en et la chasse non durable affectent une grande trois catégories :(1) de subsistance, (2) d’approvi- variété d’espèces dans le BCO. 5 Dans certains sionnement des marchés de viande de brousse, endroits, ils sont la cause du syndrome de la principalement situés dans les zones urbaines, forêt vide, une forêt apparemment saine, mais et (3) de produits à forte valeur ajoutée pour n’abritant que très peu d’animaux. Cette étude la médecine, les produits de luxe, les animaux se focalise sur le braconnage et la chasse non de compagnie et autres, souvent destinés à durable comme des principales causes de l’ex- l’étranger.ii La gestion de chacun de ces types de tinction de la faune sauvage, car ils traduisent braconnage requiert des approches différentes. l’absence de valeur économique que pourrait procurer cette ressource. Pour simplifier la terminologie employée, le braconnage désigne ici à la fois la chasse illégale et la chasse légale non durable.i Cette dernière acception concerne surtout les cas où des acteurs extérieurs aux communautés qui abritent les ressources fauniques (qui sont généralement autorisés à ii  Il est difficile de toujours faire une séparation stricte des chasser certaines espèces) achètent des espèces trois catégories Par exemple, lorsqu’un éléphant est tué, que ce soit légalement ou illégalement, (selon la législation nationale concernée), ses défenses sont mises sur le marché i  Il est utile de simplifier, car dans un régime de gestion à haute valeur de l’ivoire (braconnage pour les produits bien réglementé, on utiliserait des quotas pour gérer la à forte valeur), tandis que sa viande est souvent, soit population des espèces pouvant être légalement chassées, distribuée aux chasseurs (chasse de subsistance) ou vendus et le fait d’excéder ces quotas serait illégal. dans le circuit du commerce de la viande de brousse. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 24 a. La chasse de subsistance b. Le commerce de la viande La viande de brousse a toujours constitué de brousse une part importante de l’alimentation locale. La croissance démographique et l’augmenta- Les populations autochtones en particulier tion de la demande urbaine – en partie due comptent principalement sur la chasse de sub- à l’urbanisation accrue, l’amélioration des sistance pour leurs besoins en protéines, mais réseaux de transport et la hausse des revenus les populations bantoues aussi ont facilement – se sont combinées pour générer un com- accès à la viande de brousse pour compléter merce de la viande de brousse non durable.12 leur alimentation.6 Les niveaux élevés de pau- Les chasseurs de subsistance vendent souvent vreté dans le BCO, en particulier dans les zones une partie de leurs prises dans les centres rurales, créent une forte dépendance à l’égard urbains, ce qui représente une source impor- de la viande de brousse, richesse et consomma- tante et croissante de revenus pour beaucoup tion de viande de brousse étant négativement de ruraux.13 À proximité du parc national de corrélées dans les communautés africaines ru- Boumba Bek au Cameroun, par exemple, on rales alors qu’elles sont positivement corrélées a constaté que les chasseurs professionnels dans les zones urbaines.7 vendaient 70 % de leur viande et en tiraient un La chasse de subsistance peut être légale ou montant 19 fois supérieur à celui dégagé par illégale, suivant, entre autres, les espèces les chasseurs villageois de subsistance, qui ne chassées et la saison. La chasse de subsistance vendaient que 17 % de leur viande.14 locale ne constitue pas une menace pour la du- Le régime foncier coutumier étant souvent rabilité des ressources fauniques où la densité mal défini ou pas appliqué, il y a une absence de population est faible.8 Ce caractère durable de gestion et de contrôle locaux des ressources peut néanmoins être fragilisé par des afflux de fauniques.15 On observe des niveaux de chasse population importants et concentrés, comme plus élevés non seulement près des routes (dont lorsque des projets forestiers ou miniers ma- les dessertes minières et forestières) et des jeurs attirent de nouveaux occupants dans des zones habitées, mais aussi à proximité des parcs zones forestières auparavant peu peuplées.9 nationaux, avec des données fiables démon- Qu’ils utilisent des méthodes de réglementation trant la réduction des populations d’animaux traditionnelles ou modernes, les États sont le sauvages dans ces zones de chasse intense.16 Le plus souvent pris au dépourvu dans ces derniers céphalophe bleu est l’espèce la plus commer- cas. cialisée en Afrique centrale pour la viande de Quoique les volumes du commerce de la brousse, les rongeurs et les ongulés constituant viande de brousse dans la région varient selon les groupes les plus couramment vendus. Les les études, on estime que sa consommation espèces menacées et vulnérables (huit primates annuelle dans le bassin du Congo est comprise et éléphants) comptent pour 12 % de ce com- entre 2,2 et 4,7 millions de tonnes, concentrée merce.17 Ce commerce a de nombreux effets dans les zones rurales.10 Quel que soit le chiffre délétères sur les forêts18 et sur leurs fonctions exact, il ne fait aucun doute que la demande dé- écologiques et économiques. passe l’offre,11 et que, compte tenu de la gestion insuffisante de la faune, le nombre d’animaux décline rapidement. Avant qu’il ne soit trop tard 25 pour les éléphants. Les braconniers s’enfoncent toujours plus loin dans la forêt à mesure que c. Un braconnage en quête l’habitat des éléphants est accaparé par d’autres de produits de haute utilisations (agriculture, mines, occupation humaine) ou se dégrade (collecte du bois de valeur chauffage et exploitation artisanale du bois).21 Ces problèmes sont exacerbés par une protec- Cet aperçu se concentre sur le braconnage tion de la faune sauvage pâtissant d’une faible d’espèces de haute valeur, principalement sur gouvernance et peu appliquée.22 le braconnage de l’éléphant (Loxodonta afri- cana),iii étant donné l’énorme importance du Selon le Rapport 2016 sur le statut de l’éléphant commerce de l’ivoire et le potentiel que cette d’Afrique de l’Union internationale pour la espèce présente pour d’autres utilisations conservation de la nature (UICN), sur les quatre économiques telles que le développement pays du BCO, le Gabon abrite la moitié de la du tourisme. Les dynamiques de deux autres population restante d’éléphants de forêt (esti- espèces importantes et à haute valeur qui sont mée entre 66 115 et 74 152 individus, bien que commercialisées dans le BCO, à savoir le pango- Poulsen et al. [2017] estime que ce chiffre pour- lin (Phataginustetradactyla, Phataginustricuspis, rait déjà être beaucoup plus faible), suivi de la Smutsiagigantea) et le perroquet gris africain République du Congo (RC) (26 351 - 32 999) et, (Psittacus erithacus), sont également incluses à un peu plus loin derrière, du Cameroun (8 815- des fins de comparaison. 8 964) et de la République centrafricaine (RCA) (1 401-1 528).23 i. L’éléphant La demande d’ivoire L’ampleur du problème du braconnage L’augmentation de la demande et du prix de En Afrique centrale et dans les autres habitats l’ivoire en Asie, principalement en Chine, africains de l’éléphant, le braconnage pour alimente depuis longtemps le commerce illi- l’ivoire a décimé les populations d’éléphants cite croissant d’ivoire,24 même si les marchés au cours des deux dernières décennies. Un occidentaux contribuent aussi à la demande. braconnage important existait en Afrique En janvier 2018, la Chine a fermé son marché centrale dès 2003, bien avant qu’il devienne non national légal, initialement approvisionné par la durable en Afrique de l’Est.19 Le volume d’ivoire vente exceptionnelle (légale) d’ivoire provenant saisi et les incidents de braconnage ont beau- de différents pays africains en 2008, mais qui coup augmenté de 2005 à 2015. Alors que les n’a pas empêché de nouvelles sources illégales dernières estimations montrent une tendance à d’entrer.25 Il est à espérer que la fermeture de ce la stabilisation du braconnage sur l’ensemble du marché réduira considérablement la demande. continent, celui-ci reste élevé et non durable en Dans les faits, l’anticipation de cette interdic- Afrique centrale.20 tion a entraîné une chute des prix de l’ivoire en Chine de près de 65 % en 2017 par rapport En 2010, le « plan d’action pour l’éléphant à 2014.26 Une étude de la Banque mondiale d’Afrique » de la Convention sur le commerce suggère que le braconnage de l’éléphant en international des espèces de faune et de Afrique devrait diminuer de 34 % en lien avec flore sauvages menacées d’extinction (CITES) cette baisse de 65 % du prix,27 à condition que classait le braconnage et le commerce illicite la demande sur les marchés alternatifs ne se d’ivoire comme la menace la plus importante redresse pas. Bien que substantiel, un tel déclin de l’activité de braconnage sera probablement insuffisant compte tenu de la vitesse à laquelle iii  Le présent rapport reprend le classement de l’UICN et de CITES en considérant l’éléphant comme une espèce unique, le nombre d’éléphants diminue actuellement. le Loxodonta africana, tout en reconnaissant le débat scientifique en cours qui suggère qu’il pourrait en réalité en avoir au moins deux espèces, l’éléphant de savane (Loxo- Les routes commerciales de l’ivoire donta africana) et l’éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis). La majorité de l’ivoire brut part d’Afrique en Lorque les références citées renvoient explicitement à grandes cargaisons par voie maritime. Bien l’éléphant de forêt, cette terminologie est conservée telle quelle. que le fret aérien soit aussi utilisé, plus de 70 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 26 % de l’ivoire brut saisi entre 2009 et 2013 était L’impact des zones de braconnage acheminé par voie maritime. La Chine et la intense sur les populations d’éléphants Thaïlande sont les principaux marchés d’ivoire d’Afrique centrale brut et travaillé.28 Sur l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne, c’est au Nigeria que Dans le BCO, ces zones comprennent le sud-est les saisies ont été les plus importantes.29 Au du Cameroun, le sud-ouest et le nord-est de niveau régional, il existe deux routes principales la RCA, le nord du Gabon et le nord de la RC. de transport de l’ivoire, qui ont peu changé ces Elles coïncident avec les zones transfrontalières dernières décennies. Par la première, l’ivoire entre le nord-est du Gabon, le sud-ouest du traverse la frontière nord du Gabon pour entrer Cameroun, le nord de la RC et le sud-ouest de la au sud du Cameroun, puis est transporté par RCA, connues sous le nom de paysage trinatio- route vers les ports camerounais et surtout nal Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM) et paysage nigérians.30 La seconde emprunte les fleuves Trinational Sangha, qui sont considérés comme Oubangui et Congo pour acheminer l’ivoire les derniers bastions de l’éléphant de forêt de la RCA, de la RC et de la République démo- dans la région.33 Le parc national de Minkébé au cratique du Congo (RDC) jusqu’à Kinshasa et Gabon a souffert d’un déclin particulièrement Brazzaville, la RC servant également de point spectaculaire entre 2004 et 2014, avec une perte de transit pour l’ivoire venant d’Angola. Mais de 78 à 81 % de sa population d’éléphants, soit il existe beaucoup d’autres routes commer- près de 25 000 individus. Ce déclin est essentiel- ciales, notamment celles qui prolongent les lement imputable aux braconniers transfron- principales ou viennent s’y greffer. Cinq saisies taliers qui seraient guidés dans la forêt dense importantes réalisées à Lomé au Togo illustrent par des membres de la tribu baka, bien que le bien ce circuit : sur un total de plus de 13 tonnes braconnage soit gabonais également.34 confisquées, 70 % environ provenaient du Ga- bon et de RC.31 Des niveaux critiques ont également été at- teints dans le paysage Ndoki dans la RC, avec 3 000 individus perdus, soit 50 % de la popu- Les dynamiques des marchés nationaux lation, et au Cameroun où les pertes s’élèvent de l’ivoire à plusieurs milliers dans le paysage TRIDOM, Depuis 1999, les marchés ouverts nationaux et à 50 % au sein d’autres populations moins de l’ivoire des pays du BCO ont été en grande importantes. En RCA presque tous les éléphants partie fermés, avec une chute de près de 100 % de savane ont été tués, par conséquent ses der- des articles en ivoire présentés à la vente entre nières populations se trouvent dans les forêts 2007 et 2015. En revanche, les ventes d’ivoire du sud-ouest. en RDC sont restées stables sur cette période. Si de nombreuses menaces pèsent sur les élé- Le contrôle renforcé, la pénurie d’offres et des phants (dont la pression foncière, la destruc- prix plus élevés (jusqu’à 20 % en général depuis tion de leur habitat et les conflits homme-élé- 2007) ont été mis en avant par les vendeurs phant, pour ne citer qu’eux), le braconnage comme principaux facteurs expliquant leur est le facteur déterminant de la répartition et incapacité à se procurer et vendre des articles de l’abondance des éléphants dans la région artisanaux en ivoire. L’ivoire destiné aux com- et le principal moteur de leur déclin.35 La forte mandes intérieures spéciales était disponible densité humaine, l’intensité de la chasse, la en moindre quantité que par le passé et par non-application des lois, la faible gouvernance rapport à l’ivoire brut expédié en gros en Asie. et la proximité d’infrastructures en expan- Les acheteurs sur place (d’ivoire brut et travaillé) sion constituaient ainsi les meilleurs facteurs sont désormais majoritairement des nationaux prédictifs des déclins de populations dans une d’origine chinoise, alors qu’il s’agissait aupa- étude.36 À partir de modèles se basant sur les ravant d’expatriés et de touristes européens populations connues, on estime que le nombre principalement.32 d›éléphants d›Afrique centrale a diminué de plus de 62 % au cours de la période de 2002 à 2011, et qu›environ 80 % des individus ont disparu ces 25 dernières années. Avant qu’il ne soit trop tard 27 Impact écologique du déclin de nationaux des quatre pays ciblés en 2015, alors l’éléphant que ces derniers avaient publiquement incinéré leurs stocks après différents procès.43 L’éléphant joue un rôle écologique essentiel dans la conservation des écosystèmes fores- tiers : Son comportement alimentaire et son ii. Le pangolin abattage des arbres contribuent à la régénéra- Le pangolin a été désigné comme le mam- tion de la forêt tout en contrôlant sa croissance mifère le plus victime de trafic au monde. Il dans les savanes voisines. C’est aussi l’un des est très recherché pour ses écailles de kératine plus grands disséminateurs de graines sous utilisées dans les médecines africaine et asia- les tropiques. Avec sa disparition, c’est aussi tique, mais aussi l’alimentation, les rites et l’art. cette dissémination qui risque de décliner pour Les quatre espèces asiatiques sont classées sur certaines espèces d’arbres non consommées la liste rouge comme étant soit menacées soit par d’autres grands vertébrés (les primates par gravement menacées, le rythme insoutenable exemple), réduisant la richesse et la relative de leur capture étant alimenté par une de- abondance d’espèces d’arbres.37 Cela pourrait mande qui grimpe en flèche dans des pays asia- également affaiblir la résilience des forêts face tiques où la richesse augmente. Il existe quatre aux stress liés au changement climatique.38 espèces africaines, dont la biologie et l’état des L’éléphant est par ailleurs une espèce vedette populations sont beaucoup moins connus. Elles dont la protection facilite celle d’autres espèces sont classées comme vulnérables. La CITES en a avec lesquelles il coexiste.39 Les conséquences récemment interdit le commerce, mais la mise écologiques de la disparition des éléphants en œuvre nationale de ces accords internatio- risquent donc d’aller bien au-delà de la perte de naux reste hésitante, le contrôle est très lâche et cette seule espèce charismatique. les procès sont rares.44 L’importance de la corruption dans la La présence du pangolin asiatique ayant bru- talement décliné, les braconniers se tournent facilitation du commerce de l’ivoire vers les espèces africaines, et l’on suppose Environ la moitié des saisies d’ivoire brut met que leurs populations déclinent. En 2013, 53 en évidence des liens avec le crime organisé. tonnes de pangolins africains à destination L’importance des saisies, l’implication d’or- de l’Asie ont été saisies,45 alors qu’avant 2008 ganisations criminelles internationales et la on n’enregistrait presque aucune expédition prédominance de zones de braconnage inten- majeure de pangolins d’Afrique vers l’Asie.46 En sif laissent entrevoir l’existence d’un marché dépit de l’apparente prééminence du commerce concentré dominé par un petit nombre d’ac- Afrique-Asie, les données de la CITES indiquent teurs majeurs.40 La fourniture par de hauts fonc- que les États-Unis étaient le principal importa- tionnaires d’armes et munitions ou de moyens teur sur les périodes 1977-2000 et 2001-2014, et de transport aux braconniers, ainsi qu’une aide en quantités importantes depuis la Chine. Par pour échapper aux autorités, a été attestée. La ailleurs, la croissance des exportations vers les corruption de fonctionnaires de grade inférieur États-Unis entre ces deux périodes a été large- aux points de contrôle clés, sur les marchés, aux ment alimentée par l’Afrique du Sud, le Togo et limites des parcs et dans les ports soutient éga- le Cameroun, ces deux derniers pays étant des lement les flux commerciaux d’ivoire illégal.41 ports de destination probables pour les pays Au Cameroun, par exemple, la Last Great Ape d’Afrique centrale.47 Organization a enregistré des tentatives de cor- ruption dans 85 % de ses opérations de contrôle On estime que le braconnage du pangolin et 80 % de ses procédures judiciaires contre le dans six pays d’Afrique centrale (dont les trafic d’animaux sauvages.42 quatre du BCO) tue de 0,4 à 2,7 millions d’individus chaque année, ce qui représente Les stocks manquent de transparence et sont une augmentation d’au moins 145 % entre peu contrôlés, et l’on pense qu’ils contri- 2000 et 2014. Ce commerce est vraisemblable- buent de manière significative au commerce ment non viable. Le prix du pangolin géant a été de l’ivoire, principalement par le biais de multiplié par 5,8 et celui du pangolin arboricole fonctionnaires corrompus. On estime qu’il y par 2,3 sur cette même période.48 avait environ 12 tonnes d’ivoire dans les stocks Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 28 iii. Le perroquet gris africain Le perroquet gris est le troisième oiseau le d. Conclusion plus vendu au monde. Cette espèce est mal- heureusement difficile à évaluer avec précision, Cette section montre une tendance générale mais assez facile à capturer et constitue une à la baisse dangereuse parmi les populations cible du commerce national et international de faune sauvage dans le BCO. Alors que des des animaux de compagnie depuis des décen- espèces charismatiques tel que l’éléphant nies. Il représente la majeure partie des oiseaux captent une grande partie de l’attention dévol- vivants importés en Chine, même si les trois ue au sujet, la grande variété d’espèces chassées quarts d’entre eux étaient élevés en captivi- prouve que les effets de cette dynamique sont té.49 Ses populations sont réparties de manière beaucoup plus étendus. Les grands mammifères inégale dans les forêts d’Afrique centrale. Une ont des cycles de reproduction plus lents que enquête récente sur treize sites dans cinq pays les petits mammifères, et donc leurs stocks révèle qu’ils sont particulièrement abondants sont beaucoup plus difficiles à reconstituer dans les aires protégées du Cameroun, notam- après une surexploitation. Outre les menaces ment le parc national de Lobéké. Dans toute du braconnage et de la chasse non durable, la l’Afrique centrale, on peut également trouver faune sauvage est de plus en plus confrontée des populations importantes en dehors des à un habitat fragmenté et rétréci. À moins que aires protégées.50 les gouvernements ne prennent le taureau par les cornes, l’extinction de la quasi-totalité voire Le Fonds international pour le bien-être des de la totalité de nombreuses espèces locales est animaux (IFAW) estime que, commerce illicite devenue très probable. Cette extinction en- inclus, 2,1 à 3,2 millions d’individus ont été traînerait la perte d’une ressource importante vendus entre 1975 et 2013. Entre 1982 et 2001, pour la diversification des économies, perte qui sur les 650 000 individus exportés légalement aurait un impact négatif sur les utilisateurs de de l’ensemble du continent, plus de la moitié la faune sauvage et entraverait les alternatives provenait du Cameroun.51 En 2016, le commerce éventuelles en termes de sources de revenus a été complètement interdit dans le cadre de la durables pour les gouvernements et les popula- CITES.52 L’UICN classe l’espèce dans la catégorie tions locales. des espèces en danger, avec des données dispo- nibles indiquant que son abondance actuelle représenterait seulement 1 % de son total historique.53 Outre la chasse, la destruction et la fragmentation de son habitat sont responsables du déclin de l’espèce. Avant qu’il ne soit trop tard 29 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 30 Avant qu’il ne soit trop tard 31 3. Qui sont les braconniers ? Une typologie des acteurs. Il est important de comprendre qui sont les braconniers et ce qui les motive pour conce- voir des solutions efficaces. Les données sur a. Caractéristiques les braconniers sont, cependant, notoirement difficiles à obtenir, en raison du caractère illicite démographiques de ce commerce et de la sensibilité avec laquelle La première distinction entre les braconniers les pouvoirs publics traitent de telles données. concerne les ressortissants locaux et les res- Cette étude a donc employé une combinaison sortissants étrangers : Une analyse des con- de méthodes et de sources pour se faire une damnations pour activités de commerce illicite idée de ce qui caractérise les braconniers et les d’espèces sauvages (CIES), entre 2008 et 2016, autres personnes impliquées dans le commerce dans la RC, a montré que parmi les individus illicite d’espèces sauvages dans le BCO.iv dont la nationalité avait été enregistrée, 58 % étaient des ressortissants congolais, tandis que la plupart des autres provenaient du Cameroun, de la RCA et de la RDC. Un moins grand nom- iv  En plus d’un examen des données issues de la docu- mentation parallèle, l’étude a mené deux enquêtes : (1) bre d’entre eux étaient des ressortissants de la un sondage facultatif auprès d’un petit nombre (n = 9) Chine, du Mali et de l’Angola.54 Dans le nord- de braconniers condamnés a été réalisé en février 2018 ouest de la RC, entre 2015 et 2017, 80 % de la à Ouesso, en RC. (2) De plus, pour saisir les points de vue totalité des arrestations pour CIES ont concerné d’une communauté plus large qui soit moins susceptible des ressortissants congolais, tandis que les Cam- d’afficher un parti pris pour les braconniers, des groupes focaux ont été organisés impliquant 52 personnes à erounais représentaient 80 % des arrestations Mintom et 60 à Ngoyla (deux communes du Cameroun) en restantes.55 Le mélange de ressortissants nation- décembre 2017. Il y avait parmi les participants des chefs aux et étrangers dans le CIES est corroboré par coutumiers, des associations forestières communautaires, les récits de braconniers recueillis à Ouesso pour des associations d’agriculteurs, des gardiens de zones de cette étude. chasse communautaires, des associations de femmes, des comités communautaires contre le braconnage et une asso- ciation de braconniers reconvertis. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 32 Lorsque les braconniers ne résident pas légale- joue la chasse dans leurs moyens de subsistance ment dans le pays d’accueil, l’approche la plus et leur culture, et la distinction des rôles dans répandue pour traiter le problème des bracon- la chasse selon le sexe (dans les communautés niers est celle de l’application de la loi. Cepen- autochtones du BCO, notamment, les femmes dant, la réalité de la perméabilité des frontières prennent la décision de chasser tandis que les et du contrôle limité du territoire peut exiger de hommes vont effectivement à la chasse). Toute prendre en compte les ressortissants étrangers réponse à la crise du braconnage impliquant les au moment de concevoir des réponses alterna- populations locales et les peuples autochtones tives au braconnage lorsqu’ils s’installent dans doit tenir compte de ces différences au moment leur pays hôte. C’est aussi le cas des habitants, de concevoir des interventions, et retenir une pour lesquels des approches valorisant la faune stratégie ciblée pour les peuples autochtones. sauvage peuvent être également prometteuses (voir sections 5.a et 5.b). Une troisième distinction concerne le rôle des participants dans le commerce illicite d’es- Une deuxième distinction porte sur les Ban- pèces sauvages (Figure 3). Les groupes focaux au tous et les peuples autochtones. Les partici- Cameroun indiquent que les principaux partic- pants à l’enquête tant en RC qu’au Cameroun ipants au braconnage dans la région peuvent indiquent que des membres des deux groupes être classés en trois catégories : pratiquent le braconnage. Ceci est confirmé par les données sur les arrestations fournies par les 1. Les commanditaires et les médiateurs patrouilles en charge du respect des lois con- du braconnage commercial d’espèces de cernant la faune dans le nord-ouest de la RC, où grande valeur, qui incluent les élites locales 24 % des arrestations pour braconnage qui se comme les représentants de l’adminis- sont produites entre 2015 et 2017 concernaient tration publique, des autorités judiciaires, des Baka.56 Les deux groupes participent à l’ap- militaires et policières, les responsables reli- provisionnement des marchés internationaux gieux, et les détenteurs de permis de chasse et, souvent, les Baka jouent le rôle de guides qui dépassent leurs quotas. et de chasseurs. La distinction entre ces deux 2. Les promoteurs de la chasse à la viande de groupes est importante à cause de leur héritage brousse, extérieurs à la communauté, qui culturel différent, qui s’exprime, entre autres, passent des commandes d’animaux chassés dans leurs activités génératrices de revenus et fournissent les pièges aux chasseurs et respectives, les lieux où ils élisent domicile, leur poseurs de piège locaux. Ils peuvent être style de vie - sédentaire ou semi-nomade - leur étrangers à la communauté, mais dans cer- relation à l’argent, leur taux d’alphabétisation, tains cas, ils s’installent sur place. le grave déséquilibre de pouvoir qui existe entre eux, leur lien culturel avec la nature, le rôle que Figure 3 : Chaîne simplifiée d’approvisionnement de produits à haute valeur du commerce illicite des espèces sauvages (CIES) Chasseurs et Commanditaires/commerçants Réseaux de contrebande Acheteurs étrangers braconniers Outils et financement de Collecte et produits Achat des produits et organisation l’offre, achat des produits d’exportation du traitement et de la vente Fonctionnaires de l’administration, judiciaires, militaires, et police aident et encouragent le CIES (et sont parfois directement impliqués dans la chaîne de l’offre) Avant qu’il ne soit trop tard 33 3. Les membres de la communauté locale. Il braconnage peut être une réponse pour satis- s’agit des chasseurs et trappeurs qui sont faire des besoins de subsistance. C’est le plus engagés pour braconner. Ils sont générale- souvent le cas des chasseurs de viande de brous- ment issus des couches les plus pauvres de se. Deuxièmement, le braconnage peut servir à la population et comprennent des membres générer des revenus additionnels au-delà de ce des communautés bantous, baka et kakous qui est nécessaire pour répondre aux besoins (du nord du Cameroun) qui dépassent leurs de base. C’est plus généralement le cas pour des quotas de chasse ou de capture ; des chefs individus impliqués dans le braconnage com- coutumiers qui connaissent en général les mercial. Cette tendance correspond à ce qui a braconniers, mais ne les dénoncent pas ; été constaté ailleurs.58 La pauvreté dans le BCO des entrepreneurs locaux qui font office de tend à être particulièrement élevée dans les transporteurs ; et des associations locales zones rurales. Celles-ci correspondent à l’habitat qui dépassent leurs quotas de chasse. de la faune sauvage, et donc au braconnage. En RC et en RCA, 69 % de la population rurale est Au-delà de ces acteurs locaux impliqués considérée comme pauvre, 57 % au Cameroun dans le braconnage, des commanditaires et et 45 % au Gabon.59 des acheteurs situés à l’extérieur des points chauds de braconnage ont des liens avec les Les groupes focaux camerounais ont suggéré réseaux internationaux de CIES. On compte que plusieurs facteurs aggravent la pauvreté : parmi eux des hommes d’affaires, des respons- ables gouvernementaux et des militaires.57 En §§ Le versement du partage des bénéfices tirés général, une réponse à l’implication d’inter- de l’activité forestière n’atteint pas la pop- médiaires nécessite une démarche imposant le ulation générale (un problème qui existe respect des lois, car ces positions sont générale- également en RC). ment motivées par l’accumulation de richess- §§ Les possibilités d’emploi manquent, nota- es. Les marges sur le CIES sont très élevées et mment pour les jeunes de la communauté empêchent toute offre de systèmes alternatifs qui favorisent des activités génératrices de de génération de revenus. En revanche, tout revenus rapides. au bas de la filière du CIES, où la pauvreté est la motivation première du braconnage (voir §§ La chute des prix des produits agricoles face section 3.b), des réponses offrant des alterna- aux prix élevés payés pour des produits du tives économiques peuvent être testées dans le braconnage sur le marché international. cadre d’une stratégie plus vaste de lutte contre le braconnage. Cependant, le but d’une stratégie §§ Les effets du conflit hommes-faune (CHF) de lutte contre le braconnage ne devrait pas être sur les agriculteurs, et l’absence d’indemni- de punir ceux qui se trouvent au bas de l’échelle sation pour les dommages. des revenus et qui pratiquent le CIES parce qu’ils §§ Le manque d’investissement par l’État dans n’ont pas d’autre solution. le développement rural. Les braconniers interrogés en RC s’accordent pour dire que la pauvreté est le facteur princi- b. Les facteurs encourageant pal du braconnage (78 %), avec des motivations le braconnage qui vont d’un besoin ponctuel pour un surcroît de revenus à un enrichissement à plus long terme, amplifié dans une minorité de cas (22 %) Les personnes interrogées pour cette étude par un ressentiment envers le fait que l’accès désignent la pauvreté comme la principale aux ressources de la faune est limité en raison motivation du braconnage (Figure 4). Ce fac- des efforts de conservation. teur peut revêtir deux formes. Premièrement, le Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 34 Figure 4 : Facteurs de l’offre et de la demande de produits fauniques non durables OFFRE DEMANDE MOTEURS DIRECTS Nutrition / subsistance Génération de revenus Génération de richesse Prix Culture de chasse Conflit homme-faune Perception d’injustice Demande Chasseurs Organisations individuels crimnelles Habitat réduit / Pauvreté / manque Faiblesse des lois Faiblesse des lois (échec accessibilité accrue / d’opportunités / (échec réglementaire) réglementaire, pays/ connexion aux marchés désir de richesse région de destination) internationaux Absence de propriété Faible application Faible application de / aliénation de de la loi la loi (pays/région la ressource de destination) Non compréhension Corruption des limites de l’offre MOTEURS FAVORABLES Environnementaux Socio-économiques Gouvernance Gouvernance Avant qu’il ne soit trop tard 35 Encadré 2 c. Facteurs susceptibles de DÉCOURAGER LE BRACONNAGE décourager le braconnage AU MOYEN D’AUTRES ACTIVITÉS GÉNÉRATRICES DE REVENU : UNE Les recherches effectuées dans le cadre de TÂCHE COMPLEXE cette étude ont choisi de demander aux braconniers et aux communautés concernées Tout comme les participants des groupes par le braconnage de donner leurs opinions de discussion au Cameroun et les per- pour compléter les théories externes sur les sonnes ayant répondu aux enquêtes en facteurs qui dissuadent le braconnage. Les per- RC, les spécialistes de la conservation sonnes ayant participé aux groupes focaux cam- ont également recherché des activités erounais ont suggéré que la réponse au prob- susceptibles de générer des revenus qui lème du braconnage nécessite une approche pourraient décourager le braconnage. À à volets multiples : (1) offrir des incitatifs aux l’évidence, cette réflexion est logique : si braconniers pour les encourager à abandonner l’on réduit les coûts d’opportunité liés au leurs activités, comme la création d’emplois, la braconnage et si l’on permet aux commu- génération de revenus alternatifs (l’agriculture nautés de gagner de l’argent au moyen mélangeant des cultures à cycles court et long, d’activités licites, le braconnage, en com- la pisciculture, l’élevage), (2) mettre en appli- paraison, perd son intérêt. Cette étude n’a cation des zones de chasse communautaires ; pas l’intention d’invalider les réponses et (3) améliorer l’application des lois, notamment les souhaits exprimés par les participants. par des groupes communautaires, des tech- Mais, pas plus que les recherches précé- niques traditionnelles et la sensibilisation. Les dentes,a elle n’a pas réussi à réunir des personnes participant à l’enquête d’Ouesso preuves solides ou systématiques démon- s’accordent dans l’ensemble pour déclarer que trant que d’autres activités génératrices si elles disposaient d’emplois stables (78 %) ou de revenus vont réussir à dissuader à coup de sources de revenus alternatives (44 %) elles sûr le braconnage. En fait, dans au moins n’auraient pas besoin de braconner. Bien que les un cas, au Ghana, un effet boomerang a été résultats de ces enquêtes donnent la parole à démontré : l’augmentation des revenus ceux qui sont le plus concernés par le CIES, une provenant d’autres sources a permis l’ach- évaluation rigoureuse des alternatives offertes at de matériel de chasse plus sophistiqué serait utile. L’enquête a également montré que avec pour résultat d’intensifier le bracon- seule la moitié des braconniers disaient être nage.b Par ailleurs, le braconnage existe conscients de l’épuisement rapide de la faune aussi dans les pays riches où la pauvreté sauvage, ce qui contredit les preuves scien- n’est pas forcément un facteur. La conclu- tifiques et les faits empiriques. Si on y ajoute sion est donc la suivante : dans le meilleur les résultats satisfaisants des campagnes de des cas, l’augmentation des revenus d’une changement de comportements, ces résultats communauté peut être nécessaire pour des suggèrent que des campagnes plus larges pour raisons évidentes qui dépassent le cadre de sensibiliser la communauté et changer le statut la conservation, mais elle doit aller de pair social du braconnage pourraient également avec une conservation plus efficace. avoir un effet positif.v Ces efforts peuvent égale- a. Harrison et al (2015). ment tabler sur l’intérêt culturel que la faune a b. Damania, Milner-Gulland, et Crookes (2005). pour de nombreuses communautés rurales, as- pect que certaines des personnes ayant répondu à l’enquête ont souligné. v  Le succès de campagnes de changement de comporte- ment est avéré dans le domaine de la conservation. Voir, par exemple, les exemples de « rare » (rare.org). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 36 En revanche, au fur et à mesure que l’on remonte la chaîne de valeur du TES et que les braconniers chassent des espèces de grande d. Conclusion valeur, la seule dissuasion plausible du bra- connage est l’application de la loi, avec des Les résultats de cette étude suggèrent que les sanctions dissuasives, car les marges bénéfi- réponses qui tendent à considérer la pauvreté ciaires dans la plupart des cas sont tellement comme la principale cause du braconnage élevées que la création d’alternatives écono- devraient non seulement être adaptées aux miques aura du mal à compenser les profits réalités de la position des participants face réalisés avec le CIES. au CIES, mais aussi au contexte culturel dans lequel évoluent les braconniers. Pour qu’une réponse soit efficace, il faut par conséquent mul- tiplier les approches. Malgré la complexité de trouver des solutions qui découragent le bracon- nage par une augmentation des revenus, cela ne veut pas dire que de telles solutions n’existent pas : les sections 5.a et 5.b fournissent plusieurs exemples de démarches qui ont démontré leur intérêt. La clé est d’établir des liens clairs entre les activités génératrices de revenus et la conservation pour faire comprendre que ces activités sont liées à un changement de com- portements. De plus, une expérimentation et une démarche itérative et adaptative doivent être adoptées, en se basant sur l’implication étroite des communautés et le développement d’une confiance mutuelle à long terme, ainsi que sur un suivi et une évaluation solide pour en évaluer l’efficacité. Avant qu’il ne soit trop tard 37 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 38 Avant qu’il ne soit trop tard 39 4. Cadre politique, juridique et réglementaire Les quatre pays du BCO ont mis en place des cadres politiques, ju- ridiques et réglementaires pour lutter contre le braconnage. Ce chapitre analyse brièvement l’état des lieux. la demande du commerce illicite de la faune sauvage. Elle vise principalement à encourager a. Analyse une approche participative pour le développe- ment économique et les moyens de subsistance Les États du BCO se sont engagés à conserver communautaires par l’utilisation durable de la leurs ressources issues de la biodiversité par faune et de la flore sauvages.60 Plusieurs ini- de nombreuses initiatives au niveau mondial, tiatives intergouvernementales propres aux régional et de l’Afrique. espèces complètent la gamme d’instruments Au niveau mondial, les quatre pays ayant politiques utilisés et reconnaissent le besoin de adhéré à la CITES et à la Convention sur la générer des profits et de réduire les dommag- diversité biologique des Nations Unies (CDB) se es que les espèces sauvages vivantes peuvent sont engagés en tant que signataires à conserv- causer.vi Au niveau régional, le Plan de conver- er leur biodiversité. Au niveau de l’Afrique, les gence de la Commission des forêts d’Afrique pays ont adopté la Convention africaine sur centrale (COMIFAC) vise à préserver l’intégrité la conservation de la nature et des ressources des aires protégées, à accroître à 20 % d’ici 2015, naturelles. Plus récemment, l’Union africaine a la contribution de l’écotourisme au Produit élaboré la Stratégie africaine sur la lutte contre intérieur brut (PIB) et à stabiliser les popula- l’exploitation illégale et le commerce illicite tions de grands mammifères et autres espèces de la faune et de la flore sauvages en Afrique, de flore et faune menacées. La COMIFAC a reconnaissant que ce commerce illicite n’est également adopté une stratégie sous-régionale plus seulement un problème lié à la conserva- pour l’utilisation durable de la faune sauvage tion, mais un problème qui menace la sécurité par les communautés autochtones et locales, le et le développement durable dans son ensem- but étant d’assurer la durabilité de la gestion ble. Cette stratégie insiste sur la nécessité de de la faune en encourageant la participation de prendre des « mesures fermes et accrues » et d’engager une coopération internationale vi  Voir, par exemple, « African Elephant Action Plan » de effective tant en ce qui concerne l’offre que CITES de 2010. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 40 ces communautés, y compris en favorisant les fauniques peuvent être concédées aux opéra- filières des produits fauniques ainsi que la ges- teurs de safari de chasse. tion communautaire des réserves de chasse.61 En outre, la Communauté économique des États de En RC, le Code forestier impose une obliga- l’Afrique centrale (CEEAC) a mis sur pied un plan tion contractuelle de gestion de la faune aux d’urgence pour lutter contre le braconnage dans concessionnaires forestiers. En outre, le droit la partie septentrionale de l’Afrique centrale.62 à la chasse de subsistance des espèces non protégées à l’aide de moyens traditionnels est accordé à tout le monde. Cependant, il ne peut i. Cadre réglementaire en être exercé que sur des terres non protégées ou matière de chasse sur des zones de chasse désignées de la munici- palité où réside le chasseur.68 En octobre 2014, Les pays du BCO ont tenté de réglementer la RC a adopté une loi sur l’aménagement et l’exploitation durable de la faune par la le développement du territoire, dont l’un des chasse. Leurs instruments juridiques imposent objectifs est la protection des forêts. Toutefois, un ensemble de prescriptions régissant les aires aucun plan d’aménagement du territoire n’a été protégées, les pratiques de la chasse et la ges- élaboré à ce jour ; les droits d’usufruit sur les tion des ressources naturelles en général. terres et les droits fonciers formels continuent Le cadre juridique du Cameroun en matière de de se chevaucher.69 gestion de la faune intègre la réglementation Au Gabon, le Code forestier de 2001 réglemente relative à la chasse et les répressions ou sanc- la chasse, autorisant la chasse de subsistance tions prévues en cas d’infractions. La classifica- à tous les membres des communautés villa- tion des animaux est revue tous les cinq ans. La geoises vivant à proximité des réserves fau- loi interdit la chasse de certaines espèces, nota- niques dans un style traditionnel. Toutefois, le mment le gorille, le chimpanzé et l’éléphant.63 ministère chargé de la protection de la faune La chasse d’une catégorie d’espèces peu régle- peut limiter le libre exercice des droits de chasse mentée nécessite une autorisation légale. La loi coutumiers pour des motifs de conservation limite la chasse de subsistance à la catégorie la ou de développement. La chasse des espèces moins réglementée parmi les trois catégories partiellement protégées est autorisée sur une d’animaux, en dehors des aires protégées. La période donnée de l’année et pour certains chasse sportive est limitée aux zones de chasse quotas. Des progrès ont été enregistrés en ce louées aux guides de chasse, responsables de qui concerne l’élaboration d’un Schéma nation- la gestion de leur faune. Un Plan d’action sur la al d’aménagement et de développement du viande de brousse a été également élaboré en territoire, avec la création d’un comité intermin- 2003.64 La Stratégie et le plan d’action nationaux istériel d’aménagement et de développement pour la biodiversité du Cameroun encouragent du territoire, et l’obtention des financements une approche participative de conservation de destinés à la réalisation de cet aménagement. la biodiversité. Elle a permis la mise en place d’une approche communautaire de gestion des ressources naturelles (voir section 5.a.ii). ii. Cadre réglementaire en Pour contribuer à la conservation, une loi-cadre matière de gestion des aires régit le processus national de planification de protégées l’utilisation des terres.65 Elle vise à organiser la répartition des terres dans une perspective de Les pays du BCO s’efforcent également de développement durable, et s’applique à tout protéger la biodiversité en créant des aires type d’utilisation des terres sur l’ensemble du protégées. Par le passé, le bassin du Congo a territoire. Le processus est encore à la phase connu la prolifération d’un modèle de conserva- initiale de son élaboration.66 tion strict visant à préserver les régions sauvag- es de l’action de l’homme. Bien qu’il existe des En RCA, la loi interdit la capture des espèces exceptions notables, leur efficacité en termes intégralement protégées et limite la chasse de conservation a été mitigée. Plusieurs raisons de celles partiellement protégées à certaines peuvent expliquer ce phénomène : conditions et dans certaines zones du pays au moyen des permis et des quotas.67 Les réserves Avant qu’il ne soit trop tard 41 §§ Les aires protégées (AP) manquent souvent objectifs liés à l’activité humaine, notamment de légitimité aux yeux de la population la protection, l’exploitation commerciale, locale, en particulier dans les cas où leur l’activité de subsistance locale, l’agriculture, création a causé son déplacement physique l’industrie et le développement urbain, dans ou une réduction de l’accès aux ressources une mosaïque complexe d’utilisation des jusqu’alors utilisées. C’est notamment le cas terres et des ressources.70 Il est donc question lorsque les avantages générés par les AP aux non seulement d’équilibrer les besoins respec- communautés sont insignifiants. tifs liés à chacune de ces activités, mais aussi de renforcer la position de la conservation dans cet §§ Dans de nombreux cas, les fonds publics en assemblage complexe. Mais cela demande la ca- faveur de la conservation sont insignifiants pacité d’intégrer des exercices de planification et la gouvernance du secteur inefficace, ce qui incluent tous les acteurs, ainsi qu’une vision qui a affaibli les régimes de protection. de l’Etat pour parvenir à ces résultats. L’une §§ Les prix de marché élevés des produits issus et l’autre ont plutôt fait défaut, même si des du braconnage causent de fortes incitations approches en faveur du paysage, comme celle économiques à tous les niveaux de cette du programme régional d’Afrique centrale pour activité. l’environnement, de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), §§ La fragmentation de l’habitat a réduit ont été des vecteurs de progrès. l’efficacité des systèmes d’AP, qui s’appuient sur des liens avec l’écologie pour être des Tirer parti de la participation de la commu- réservoirs efficaces de faune sauvage. nauté. Pour réussir, toute stratégie visant la valorisation de la faune doit s’appuyer sur la Les cadres législatifs nationaux présentent participation de la communauté locale à la certaines faiblesses. Premièrement, ils ne pren- gestion durable des ressources, ce qui veut dire nent pas très souvent en compte le contexte. s’appuyer sur des systèmes d’utilisateurs locaux Par exemple, ils supposent l’existence d’in- de ressources bénéficiant d’une légitimité frastructures formelles et administratives, et de locale. Elle suppose également qu’on parvienne systèmes de gestion du personnel, pleinement à créer des groupes d’intérêt commun pour fonctionnels et entièrement financés. En réalité, promouvoir la propriété et l’utilisation des res- de tels systèmes font cruellement défaut. Deu- sources.71 Il est donc important que les acteurs xièmement, ces cadres législatifs ne répondent sociaux et locaux soient identifiés, mobilisés et pas suffisamment aux besoins de la région en capacités pour créer des formes améliorées et matière de développement et de réduction de la durables d’organisations sociales, des structures pauvreté. Leur principal objectif est de régle- et systèmes fonciers en vue d’actions collectives menter la gestion de la faune dans l’intérêt de devant favoriser une nouvelle impulsion et des celle-ci. Généralement, ils n’autorisent pas les accords de partage des bénéfices. Ces systèmes administrations décentralisées ou les commu- doivent aller au-delà de simples rôles consul- nautés à participer à la gestion des forêts et des tatifs ou d’une présence symbolique dans des espèces sauvages ni n’encouragent une réelle structures de gouvernance. La participation de génération de bénéfices économiques tirés de la la communauté aux accords de cogestion, à des faune ou la création d’un flux de financement conditions égales, récemment encouragés dans durable pour la conservation. Les conservateurs la région, mériterait d’être explorée. tentent de répondre au mieux à ce besoin, mais ces actions ne découlent ni des politiques ni de Créer des environnements propices aux acti- la réglementation. vités économiques excluant la consommation des espèces sauvages : La meilleure façon de protéger la biodiversité et de répondre aux besoins souvent conflictuels des parties prenantes consiste à adopter des formes b. Recommandations d’activités économiques ouvertes, éclairées, participatives, excluant la consommation, Intégrer les besoins de l’homme et de la liées à la faune, telles que le tourisme basé conservation : Pour que la conservation sur la faune ou la gestion communautaire des connaisse un succès, elle doit intégrer les ressources naturelles. Ces activités nécessitent Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 42 des cadres propices pour leur succès (voir mesures d’application. Les pays quant à eux sections 5.a.i. et 5.a.ii respectivement). devraient s’attaquer aux problèmes épineux de pouvoir et de légitimité grâce à un mécanisme Créer des systèmes de gouvernance hybrides : de délégation qui, tout en garantissant la De telles approches nécessitent des mécanis- responsabilisation et le respect des calendriers mes de participation communautaire, une prise nationaux, permettraient de transférer les pou- de conscience accrue des droits et respons- voirs, du niveau central aux groupes respons- abilités sur les ressources et une plus grande ables décentralisés, habilitant ainsi les acteurs responsabilisation de l’État. Dans le contexte du niveau local qui très souvent jouissent d’une actuel, il semble que ni les administrations légitimité dans la communauté. Un tel proces- centrales ni les approches coutumières ne puis- sus, ancré dans les traditions, devrait intégrer le sent seules créer des conditions nécessaires : contrôle gouvernemental et l’appui des organ- la société civile et les responsables des admin- isations non gouvernementales (ONG). Les re- istrations locales n’ont pas les outils, les infor- sponsabilités devraient être clairement définies mations et les ressources nécessaires pour une à chaque niveau avec pour but de parvenir à un participation en tant que partenaires égaux ; partage équitable du pouvoir et des retombées les lois ne prévoient pas de dispositions garan- économiques, à une réduction des conflits, à une tissant l’intégration des parties prenantes dans meilleure acceptation des connaissances tradi- les réformes politiques ; et les relations entre tionnelles et modernes sur l’environnement et à les organes de gouvernance locaux et nationaux une utilisation durable des ressources. sont fragiles ou quasiment inexistantes. Il n’ex- iste aucune plate-forme ni structure de com- La première étape serait d’harmoniser les cadres munication en place permettant de s’assurer juridiques régissant le commerce des espèces que les parties prenantes locales sont prises en sauvages dans toute la région afin d’éviter des compte dans les politiques de réforme relatives brèches, de sorte que ce qui est interdit dans un aux forêts et aux ressources. Les relations entre pays le soit également dans tous les autres. Une les communautés et les unités administratives étape concomitante consisterait à améliorer les décentralisées (territoire et province) sont institutions locales et à harmoniser à nouveau fragiles et inexistantes. Par le passé, les com- les règles d’utilisation des ressources naturelles munautés rurales n’ont eu que peu d’occasions avec les résultats escomptés de participation de participer aux débats relatifs aux politiques des citoyens et de valorisation de la faune par nationales et aux réformes législatives. Leur les communautés (voir également section engagement à long terme dépendra en grande 5.a.iii.). partie de l’accès de leurs représentants parlem- entaires aux informations et de la pression que Même si les systèmes de gouvernance hybride ceux-ci exerceraient pour les besoins propres pouvaient résoudre certains problèmes de à la communauté, ainsi que du transfert réel gouvernance auxquels la conservation fait ac- et transparent des redevances liées aux con- tuellement face dans la région, ils ne peuvent cessions forestières aux unités administratives fonctionner dans le vide et nécessitent une décentralisées. amélioration accrue de la gouvernance au niveau national. Sans cette amélioration, le Cette mobilisation requiert une région, un pays combat pour tirer profit de la faune sauvage ou une communauté hybride ayant des sys- s’avérera rude. Un engagement politique ferme tèmes de gouvernance intégrés. visant à résoudre le problème du braconnage et à créer des conditions propices à la gestion du- Cette approche de gestion collective et con- rable de la faune constitue donc une condition certée devrait être intégrée dans une législation sine qua non sans laquelle la raison même de harmonisée des divers pays. Le cadre réglemen- la valorisation de la faune (la faune elle-même) taire fixe les principaux objectifs, priorités et restera gravement menacée (voir section 5.c). Avant qu’il ne soit trop tard 43 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 44 Avant qu’il ne soit trop tard 45 5. Mieux valoriser la faune sauvage Approches des communautés et des États. Il existe des solutions pour accroître les profits aires protégées, la rémunération des services retirés de la faune. Ce chapitre fournit des environnementaux et la gestion du CHF. Chaque exemples fondés sur des expériences à l’échelle approche est illustrée par des études de cas et internationale. Il est divisé en trois groupes des recommandations sur la manière dont les d’approches (Figure 5) : La première section gouvernements et les responsables des aires identifie les approches permettant de créer une protégées pourraient appliquer les enseigne- nouvelle valeur pour les économies locales et ments tirés dans le contexte du BCO. Dans la nationales, notamment la suppression des bar- discussion sur le développement du tourisme, rières à la mise en place du secteur du tourisme les recommandations fournies sont basées sur axé sur la faune, et la promotion d’une gestion une analyse détaillée des obstacles au tourisme communautaire de la faune et des forêts. Le dans le BCO. Le troisième groupe d’approches deuxième groupe se compose des approches discute des principales conditions favorables à permettant de partager les revenus générés la création et au partage durable des retombées par d’autres moyens avec les communautés économiques de la faune sauvage. Il s’agit de afin de créer des groupes de conservation de faire preuve de volonté politique, de renforcer l’environnement. Ces approches concernent l’application de la loi, d’élaborer une réforme notamment le partage des bénéfices sur les organisationnelle, de renforcer les capacités et de procéder à un aménagement du territoire. Figure 5 : Aperçu des approches favorables à la valorisation de la faune Création d’une nouvelle valeur économique Partage de la valeur économique Tourisme Gestion commu- Gestion commu- Partage des bénéfices Paiement pour services Gestion des conflits nautaire de la forêt nautaire de la faune des aires protégées environnementaux homme-animal Créer des conditions favorable pour la creation et le partage de la valeur économique Démontrer de la Gouvernance et Réforme organisationnelle et Réforme organisationnelle et volonté politique application de la loi renforcement des capacités renforcement des capacités Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 46 la gestion communautaire des ressources naturelles comme autre moyen permettant de a. Création de nouvelle tirer une valeur économique de la faune sau- valeur économique vage. Cependant, l’estimation de ses avantages économiques potentiels dépasse le cadre de cette étude. i. Développer le secteur du Si l’on se base sur les chiffres de fréquentation tourisme axé sur la faune des parcs nationaux du BCO (qui ne dépassent Cette section va d’abord estimer la valeur po- pas les quelques centaines de visiteurs par an tentielle qui pourrait être créée dans le BCO en dans la plupart des cas), la contribution actuelle construisant un secteur de tourisme axé sur la du tourisme axé sur la faune au PIB des pays faune. Elle va ensuite analyser les barrières qui concernés est négligeable.vii Cependant la situa- devront être surmontées pour y arriver. tion actuelle reflète l’absence de planification, de réformes et d’investissements stratégiques, ce à quoi les États pourraient remédier. Pour illustrer Estimer la valeur économique du le potentiel de développement du tourisme axé tourisme axé sur la faune sur la faune, cette étude évalue les dépenses par Le principal usage non extractif de la faune, à visiteur dans un échantillon représentatif d’aires l’échelle des économies des pays, est le tou- protégées dans la région (voir Tableau 1). risme axé sur la faune (voir Encadré 3). Ceci ne signifie pas que le tourisme soit une réponse Les exemples du Tableau 1 montrent que la simple ou unique au défi de valoriser de façon valeur moyenne d’un touriste axé sur la faune durable la faune. En effet, le développement peut varier considérablement en fonction du d’un secteur touristique axé sur la faune serait type de tourisme promu. Elle va de 484 USD à une entreprise à long terme et de longue haleine Campo Ma’an, aire protégée relativement peu dans le BCO (voir Annexe A pour une analyse développée, à une moyenne projetée de 1 662 de l’état du tourisme dans le BCO et ci-dessous USD à Loango, aire protégée où les plans de dé- pour les recommandations liées au retrait des veloppement du tourisme ciblent de nombreux barrières au tourisme). La Section 5.a.ii présente marchés allant des petits budgets au tourisme de luxe. Cette valeur peut monter jusqu’à 5 600 USD comme dans le cas d’Odzala-Kokoua, aire Encadré 3 protégée qui a développé deux concessions pour DÉFINITION DU TOURISME AXÉ SUR LA tourisme haut de gamme. FAUNE Le potentiel économique des aires protégées Le tourisme axé sur la nature englobe varie considérablement en fonction de leurs toutes les expériences touristiques cen- capacités d’accueil, leur taille, leur situation trées sur les environnements naturel ou géographique, et le modèle touristique promu, sauvage, notamment le tourisme axé sur entre autres. Par exemple, la présence d’espèces la faune, l’écotourisme, les voyages d’aven- animales emblématiques telles que le gorille, ture et le tourisme culturel. et une vaste gamme de possibilités d’héberge- ments et d’activités augmenteront sensiblement Le tourisme axé sur la faune est un la durée de séjour et les dépenses des visiteurs. sous-secteur du tourisme axé sur la nature, Toutefois, en extrapolant les exemples dans le qui se concentre sur l’observation et la Table 1 aux 26 aires protégées évaluées comme rencontre avec des animaux sauvages non disposant d’un potentiel total élevé ou moyenne- domestiqués, dans un environnement ment élevé de développement dans le BCO (voir terrestre ou marin. Cette étude s’intéresse Annexe 1, Tableau 6), on constate que le potentiel au potentiel de développement d’aires économique total de ces parcs pourrait n’être que protégées, dont le principal intérêt touris- de 5,3 millions d’USD par an s’ils demeuraient tique serait la faune, et évalue donc le po- tentiel du tourisme axé sur la faune plutôt vii  Données disponibles pour le tourisme comprennent le que le tourisme axé sur la nature de façon tourisme de loisir, les voyages d’affaires et les voyages de plus générale. la diaspora. Il est donc difficile d’établir avec certitude les chiffres du tourisme axé sur la faune. Avant qu’il ne soit trop tard 47 Tableau 1 : Valeurs actuelles et prévisions futures du tourisme axé sur la faune dans certaines aires protégées Nombre Dépense moyenne Durée Dépense to- Valeur écono- de gîtes/ totale estimée par moyenne tale estimée mique totale terrains de personne par nuit d’un séjour par personne estimée Aire protégée Marché camping (USD) (nuitées) (USD) (USD) Parc National Haut de gamme 3 800 7 5 600 572 000 d’Odzala-Kok- oua, RC (existant) Parc National de Budget 1/2 161 3 484 206 769 Campo Ma’an, (camping et Cameroun (ex- gîtes) istant) Parc national de Haut de gamme 7 831 2 1 662 15 000 000 Loango Gabon Standard 2 (projections basées sur 9 000 Budget (camping) 2 visiteurs) Sources : Informations sur les parcs nationaux d’Odzala-Kokoua et de Campo Ma’an avec l’autorisation de P. Telfer de la Société de conservation du Congo et S. Noumeyi de l’African Wildlife Foundation, respectivement, par l’intermé- diaire de communications personnelles avec l’auteur, janvier 2018. Pour le parc national de Loango, voir ANPN (2014). relativement peu développés, comme le parc Toutefois, à une échelle plus grande, l’impact national Campo Ma’an. Ce potentiel économique économique du tourisme axé sur la faune est pourrait cependant aussi atteindre jusqu’à 390 plus important que les dépenses orientées vers millions d’USD par an si les parcs réalisaient le parc. Les chiffres du Tableau 1 n’incluent pas chacun leur potentiel diversifié, comme le pla- les dépenses des visiteurs en dehors des aires nifie l’Agence nationale des parcs nationaux du protégées, parmi lesquelles les frais de voyage Gabon pour le parc national de Loango. viii Cette depuis et vers les aires protégées, ni les nuitées fourchette de valeurs exclut un scénario plus qui les accompagnent. En se basant sur quelques lucratif basé uniquement sur le tourisme haut hypothèses simples,ix mais sans présumer de de gamme, tel que mis en œuvre dans le parc voyage supplémentaire dans le pays, cela pour- national d’Odzala-Kokoua. En effet, il est proba- rait représenter jusqu’à 131 millions d’USD par an blement impossible de développer un marché pour l’économie locale. pour le tourisme de luxe sur un grand nombre d’aires protégées. Toutefois, l’impact économique des dépenses touristiques ne se limite pas au seul secteur du tourisme, car les fonds perçus circulent dans viii  Cela suppose que chaque parc pourrait accueillir 9 000 toute l’économie. On ne dispose pas d’études touristes par an. Cette hypothèse devrait être soumise à locales sur l’effet multiplicateur sur le marché une analyse détaillée de la capacité d’accueil des zones pro- du tourisme dans le BCO, mais des études de la tégées en question, mais elle est prudente comparée aux chiffres des parcs aux ressources faunistiques également Banque mondiale en Zambie ont établi un effet sensibles et dépendantes de la forêt, par exemple le parc multiplicateur de 2,1.72 En appliquant cette valeur, national de Bwindi en Ouganda (20 000 visiteurs par an) le potentiel de contribution économique totale du ou le parc national des volcans du Rwanda (qui a accueilli tourisme axé sur la faune pour les économies du 17 000 visiteurs déjà en 2008). De tels chiffres supposent BCO pourrait atteindre 1,1 milliard d’USD par an. d’augmenter la part des touristes axés sur la faune dans le tourisme global de 0 % aujourd’hui à environ 7 % des arri- vées internationales de visiteurs prévues en 2027. La limite supérieure de cette fourchette signifierait que le tourisme ix  Tous les touristes axés sur la faune arrivent de l’étranger, axé sur la faune constituerait 6,3 % des recettes du secteur une nuitée au début ou à la fin de la visite de l’aire protégée du tourisme en 2027, ce qui est toujours bien en deçà des (100 USD par personne/nuit), un dîner au début ou à la fin valeurs constatées dans d’autres marchés du tourisme (30 USD par personne), un trajet vers l’aire protégée (150 mieux développés en Afrique. USD aller comme retour). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 48 Il va de soi que ces projections supposent un développement optimal du secteur du tourisme, Encadré 4 et la création d’un environnement commercial POTENTIEL DU TOURISME AXÉ SUR LA et cadre de gouvernance favorables (voir ci-des- FAUNE PAR RAPPORT AUX AUTRES VAL- sous et la section 5.c, respectivement) ; en effet ces EURS D’USAGE DE LA FAUNE SAUVAGE derniers sont actuellement très insuffisants. En outre, il s’agit nécessairement d’une proposition à Cette étude part de l’hypothèse que la faune long terme, dont la réalisation prendrait plusieurs n’est pas suffisamment valorisée dans le BCO années. Ces estimations de valeur économique pour motiver sa conservation. Par conséquent, doivent donc être considérées comme des objec- cette étude propose plusieurs approches tifs ambitieux à atteindre. À titre de comparaison, permettant d’augmenter cette valeur, en sug- le Rwanda, où le tourisme a rapporté 470 millions gérant des usages durables pour monétiser la d’USD en 2016,73 a mis en œuvre 20 ans d’investis- faune. Mais cette hypothèse implique d’éta- sements et de réformes ciblés et systématiques blir la rationalité économique en comparant pour atteindre son niveau actuel de génération de la création de valeur économique primaire à revenus (voir Encadré 6). Par ailleurs, le dévelop- partir du tourisme faunique avec les activités pement du tourisme axé sur la faune devrait être actuelles, qui ne sont pas durables. soumis à une analyse économique détaillée au cas Chasse au gibier de brousse : La valeur par cas pour déterminer sa viabilité et les coûts de estimée du tourisme faunique peut potentiel- renoncement. Le coût initial pour développer le lement l’emporter sur la valeur du commerce tourisme peut être considérable, et dans certains de viande de brousse. Le gain économique cas, les bénéfices sont inatteignables.74 Il est brut de ce dernier est de 413 millions d’USD toutefois difficile d’imaginer comment la faune pour le Cameroun, le Gabon et la RC, mais un sauvage contribuerait à une croissance et une avantage économique net (y compris le coût diversification économiques significatives, sauf si d’opportunité du travail) de seulement 112 les États développent leur marché de tourisme. millions d’USD. Sur les 120 millions d’USD de Les recettes du tourisme animalier peuvent être bénéfices nets estimés que réalise le secteur réinvesties dans la conservation de l’habitat : sur les trois pays précités, environ la moitié par exemple, le parc national de Virunga en RDC revient aux zones rurales.a S’il est vrai que les a généré 2,5 millions d’USD en frais de 10 000 revenus du tourisme ne doivent pas néces- visiteurs en 2017.75 Le montant des droits d’entrée sairement éclipser ceux de la chasse au gibier et permis d’observation de la faune dépend du en tant que source de revenus, et que s’ils degré de développement du marché, et du niveau sont gérés de façon durable, le tourisme et la de la demande pour la faune en question. Le prix chasse peuvent théoriquement se complé- des permis d’observation des gorilles pour les ter, il faut néanmoins que le tourisme incite touristes étrangers l’illustre bien : dans les des- suffisamment les chasseurs de viande de tinations moins développées telles que les parcs brousse à se détourner de leurs activités. Il nationaux des Virunga et de Kahuzi-Biega en RDC, faut donc que le tourisme soit structuré de le coût du « permis gorille » est de 400 USD. Sur façon à générer des revenus substantiels pour le marché mieux développé du parc national de les zones rurales. la forêt impénétrable de Bwindi, en Ouganda, ils Chasse sportive : Le manque de données ne coûtent 450 à 600 USD. Dans le parc national des permet pas de comptabiliser intégralement volcans du Rwanda, qui dispose des meilleures les revenus que l’on pourrait tirer de la chasse infrastructures touristiques de ces pays et qui at- pratiquée à titre sportif dans les pays du BCO, tire les touristes les plus fortunés, le permis gorille bien qu’une expérience menée dans d’autres coûte 1 500 USD pour les touristes étrangers. pays subsahariens suggère que sa contribu- Le potentiel de développement économique tion pourrait être importante. Voir également reste toutefois plus important que les recettes Encadré 4, où l’on trouvera une discussion de droits d’entrée, surtout quand ce potentiel sur la façon dont la chasse pratiquée à titre est exploité grâce à des modèles innovateurs de sportif pourrait constituer une option viable gestion collaborative et canalisé par des systèmes dans le BCO. de partage des bénéfices (voir la section 5.b). a. Lescuyer (2015); Lescuyer et Nasi (2016); Vali- mahamed, Lescuyer, et Nasi (2017). Avant qu’il ne soit trop tard 49 Encadré 5 DANS QUELLES CONDITIONS LA CHASSE SPORTIVE PEUT-ELLE APPORTER UNE VALEUR ÉCONOMIQUE À LA FAUNE SAUVAGE ? L’analyse du potentiel économique du tourisme axé sur la faune ne concernait pas la chasse sport- ive. La chasse d’animaux sauvages aux fins de sport peut procurer des retombées économiques considérables aux communautés rurales et contribuer au PIB national. Au Cameroun, selon une estimation, la chasse sportive rapporterait 14 millions de dollars par an.a Elle apporte une valeur économique à la faune sauvage et dans les aires protégées, zones qui sont des réservoirs de faune pour les régions voisines. Des incitations économiques à protéger la faune et les aires protégées sont en effet indispensables pour leur survie à long terme. La chasse sportive fait partie du tourisme-nature lorsqu’elle est une activité de loisir pratiquée par les visiteurs d’une zone naturelle. Du point de vue économique, la chasse sportive peut être une activité favorable pour la nature car elle procure des revenus importants provenant des redevances versées par les chasseurs et des dépenses de ces derniers. S’il s’agit de la chasse d’an- imaux causant des CHF, elle peut avoir un autre avantage : celui de réduire le coût économique pour les communautés locales qui subissent la destruction de leurs cultures ou des pertes de vies humaines à cause de ces animaux. Mais elle peut aussi avoir des effets indésirables sur le plan économique si elle nuit à la pérennité d’une espèce rare ou menacée d’extinction. Un partage inéquitable des retombées économiques de la chasse ou l’accaparement de celles-ci par des élites peut remettre en question sa contribution positive à l’économie d’un pays. La chasse sportive peut faire l’objet d’une intense opposition, en particulier la chasse aux trophées, qui suscite des objec- tions morales. Dans quels cas, compte tenu du potentiel économique, peut-il être judicieux de permettre ou de promouvoir la chasse sportive ? Voici quelques-uns des principaux critères à satisfaire pour per- mettre la chasse sportive : §§ Les lois et réglementations nationales ainsi que les conventions internationales telles que la CITES, autorisent-elles la chasse des espèces convoitées ? §§ La chasse est-elle autorisée dans la région cible ? Ceci interdit d’office la chasse dans les parcs nationaux. §§ Les espèces cibles sont-elles surveillées et gérées de façon à empêcher des répercussions sur la pérennité des populations ? §§ Des contrôles adaptés ont-ils été instaurés pour que la chasse n’approvisionne pas des marchés illégaux en produits animaux ? §§ Des mesures suffisantes sont-elles en place pour gérer la chasse (des guides de chasse bien formés et assujettis à des réglementations, un cadre réglementaire) ? §§ Une proportion raisonnable des redevances versées pour la chasse sportive est-elle consacrée à la conservation dans la zone considérée ? §§ Une proportion raisonnable des redevances versées pour la chasse sportive est-elle consacrée aux communautés locales et est-elle suffisante pour encourager la conservation ? Dans de nombreuses zones en dehors des parcs nationaux, le développement d’un tourisme respectueux des ressources est peu probable. Dans ces zones, la chasse sportive est peut-être la meilleure option pour encourager efficacement les populations locales à garantir la survie de la faune sauvage. Dans certains pays d’Afrique, comme le Zimbabwe et la Namibie, les critères ci-dessus sont remplis et la chasse sportive procure les recettes indispensables tant pour la con- servation que pour les communautés locales. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 50 Les pays du BCO sont confrontés à des obstacles considérables dans le développement du tour- isme axé sur la faune de grande valeur (voir ci-dessous). Cette observation reste vraie aujourd’hui et il est donc important de favoriser d’autres façons de créer des revenus à partir des populations de faune sauvage ou, sinon, d’accepter leur perte au cas où la valeur de la faune sauvage est in- férieure au coût d’opportunité du braconnage, ou si la conversion des zones en agriculture ou à un autre usage des terres est plus intéressante. Les pays du BCO remplissent-ils les critères minimaux pour promouvoir la chasse sportive ? Du point de vue juridique, la chasse sportive est possible dans tous les États du BCO, mais dans la plupart des pays, elle exclut les éléphants (à l’exception du Cameroun, où il est possible de chas- ser des éléphants adultes) qui constituent la source de revenus la plus importante pour la chasse sportive en Afrique australe. L’UICN considère que la population d’éléphants d’Afrique centrale est menacée d’extinction. La forte baisse du nombre d’éléphants dans la quasi-totalité de son aire de répartition rend la chasse à l’éléphant problématique et en ferait l’objet d’une opposition inter- nationale considérable. D’autres espèces, telles que le bongo, sont actuellement chassées pour le sport dans le BCO. Aucun des pays du BCO n’a mis en place des réglementations ou des moyens suffisants pour assurer la gestion et la surveillance satisfaisantes des espèces de faune sauvage cibles, ni garantir la gestion durable des activités de chasse. Si des études de faisabilité plus détaillées et menées de façon scientifique déterminaient les zones et espèces spécifiques offrant un potentiel, il serait possible, à moyen terme, de renforcer suffisamment les réglementations et les moyens. De tels arrangements nécessiteraient en outre d’assurer des réglementations musclées et exécutoires, de même qu’un suivi et un partage des recettes. a. Eba’a Atyi et al. (2013). Supprimer les barrières au lyse de l’état du tourisme dans le BCO (voir développement du secteur du tourisme Annexe A) a permis d’identifier les barrières structurelles au développement du tourisme. Il axé sur la faune faudra du temps pour permettre au tourisme Comme indiqué plus haut, le développement de se développer et pour éliminer les barrières d’un tourisme axé sur la faune constitue un structurelles à son développement. Il existe premier axe pour la création d’une nouvelle toutefois quelques foyers d’activités touris- valeur économique inexploitée fondée sur la tiques dans le BCO, par exemple dans les parcs faune du BCO. Même si le potentiel de dévelop- nationaux de Odzala-Kokoua, Nouabalé-Ndoki, pement existe, les pays du BCO sont à la traîne Dzanga-Sangha et Loango, qui peuvent être sur le plan de leur niveau de compétitivité à porteur d’enseignements à partir desquels des l’échelle internationale (voir Tableau 2). L’ana- Tableau 2 : Classement de la compétitivité des pays du BCO Indice de compétitivité tourisme du Indice de la facilité Forum économique mondial de faire des affaires Pays (classement sur 138 pays) (classement sur 190 pays) Cameroun 119 163 République centrafricaine Pas classée 184 Gabon 108 167 République du Congo Pas classée 179 Sources : FEM (2016) ; Banque mondiale (2018). Avant qu’il ne soit trop tard 51 progrès pourraient être réalisés. Cette section Figure 6 : Six obstacles structurels au développe- présente les priorités liées à ce processus. ment du tourisme axé sur la faune En règle générale, le secteur du tourisme Vision de la nécessite un climat des affaires propice pour conservation, prospérer, mais on peut relever six principaux stratégie et plans obstacles structurels qui entravent le dévelop- Stratégie et Zonage et plans pour le surveillance pement optimal du tourisme axé sur la faune tourisme du tourisme sauvage. Tout en reconnaissant qu’il existe des Résultats positifs différences entre les pays du BCO et à l’intérieur (économie et de ceux-ci, et que quelques-uns des obstacles conservation) procurés par le ont, dans certains cas, été levés, nous pouvons tourisme faunique néanmoins les classer en trois domaines théma- Cadre Marketing et réglementaire promotions tiques (Figure 6). et de politiques Planification stratégique et développement du marché Infrastructure et capacités 1. Vision, stratégies et plans au niveau natio- nal et pour les aires protégées, et qui contri- buent à la protection des espèces sauvages Les recommandations ci-dessous décrivent com- et du paysage et qui incorporent le tourisme ment les États peuvent surmonter ces obstacles 2. Stratégies et plans de promotion du tou- structurels et mettre en place un cadre propice risme au niveau national et pour les aires indispensable au succès du tourisme axé sur protégées qui constituent un cadre pour des les espèces sauvages. Elles découlent d’une concessions de tourisme et qui font la pro- évaluation des politiques, stratégies et plans en motion du tourisme de la faune matière de tourisme, des entretiens avec les par- ties prenantes et des évaluations de chaque aire 3. Directives sur le zonage des activités tou- protégée (voir annexe A). L’accent a été mis sur ristiques applicables au développement des les modèles permettant d’optimiser les retom- produits et figurant dans les plans d’aména- bées pour l’économie nationale et les commu- gement des aires protégées, puis suivi des nautés locales. La création d’un environnement indicateurs prioritaires visant à éclairer la favorable au développement du tourisme axé prise de décision sur les espèces sauvages et la mise en œuvre de stratégies et mesures politiques régionales et 4. Commercialisation et promotion du tou- nationales exigent des efforts considérables. En risme afin d’attirer les marchés cibles et de conséquence, un séquencement stratégique est stimuler la demande nécessaire pour optimiser l’exécution, avec des Climat des affaires priorités à court, moyen et long terme (Tableau 3). Toutefois, celles-ci dépendront bien sûr du 5. Cadre réglementaire et de politiques contexte individuel de chaque pays. sous-tendant le développement du tourisme axé sur la faune Infrastructures et capacités touristiques 6. Infrastructures touristiques et capacités en ressources humaines au niveau national et à l’intérieur des aires protégées. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 52 Encadré 6 DÉVELOPPER UN SECTEUR DU TOURISME À PARTIR DE ZÉRO : LE CAS DU RWANDA Le Rwanda illustre les possibilités de développement du tourisme même avec des ressources limitées. Le génocide de 1994 a détruit le capital humain, l’image, les infrastructures et le petit marché du tourisme que le pays avait réussi à développer. Pourtant, le nombre de visiteurs a presque doublé et est passé à 1,22 million entre 2010 et 2014a. En 2016, les gains réalisés par le Rwanda grâce au tourisme international s’élevaient à 470 millions d’USD.b Plusieurs facteurs ont joué un rôle clé dans cette réalisation : Une vision et une stratégie claires : Le Rwanda a adopté une stratégie de tourisme claire en 2002, suivie d’une politique en matière de tourisme en 2006. L’une comme l’autre s’inscrivent dans la stratégie globale du pays pour le développement économique et la réduction de la pauvreté. Toutes deux identifiaient le tourisme axé sur le gorille comme un atout unique du pays et ont délibéré- ment mis l’accent sur le tourisme haut de gamme. Des efforts concertés ont été déployés ultérieurement en vue de promouvoir le tourisme des conférences. Un engagement à la réforme : Le Rwanda a mis en œuvre plusieurs réformes axées sur le marché afin de renforcer le rôle du secteur privé. Celles-ci profitent également au secteur du tourisme. Le Gouvernement a révisé des lois et des codes, y compris le code d’investissement, la loi sur les sociétés, la loi sur la sécurité des transactions, la législation du travail et la loi sur l’insolvabilité, et il a simplifié ses formalités douanières. Combinées à d’autres, ces actions ont permis au Rwanda de figurer au haut du classement « Doing Business », reflet du climat général caractérisé par une gouvernance solide. Dialogue public-privé fort : Dès le départ, le gouvernement a sollicité la participation du secteur privé, dans l’objectif d’amener ce dernier à prendre la relève en tant que force motrice. Un groupe de travail sur le tourisme réunit des acteurs du secteur privé et du secteur public. L’État consulte le secteur privé pour l’élaboration de nouvelles politiques et stratégies. Incitations intéressantes à l’investissement : Le code des investissements accorde des exemptions fis- cales aux investisseurs qui investissent 100 000 USD ou plus, sur les avions et véhicules qui transportent des touristes ainsi que sur tout autre équipement de tourisme. Marketing international : Profitant de la popularité du gorille, le Rwanda n’a ménagé aucun effort pour vanter le pays et ses centres d’intérêt, grâce à une stratégie de relations publiques et de marketing agressive intégrant des agences internationales. Pour assurer la présence du secteur privé à de grands salons, l’État a accordé des subventions aux organisateurs de voyages qui n’auraient autrement pas eu les moyens d’y participer. Il a organisé des visites pour des investisseurs et voyagistes internationaux afin de leur vanter le pays. Sensibilisation à l’échelle nationale : Le Gouvernement a organisé une campagne nationale pour sensi- biliser les populations à l’importance du tourisme, leur faire comprendre que le pays a tout à gagner des touristes et qu’il convient donc de leur accorder un accueil chaleureux. L’objectif de la campagne n’était pas de promouvoir le tourisme national, mais plutôt de former des membres de l’armée et de la police, par exemple, à l’importance du tourisme et au rôle qu’ils peuvent jouer dans ce secteur. Protection des principales ressources : Le Rwanda protège très bien sa population de gorilles dont le nombre est passé de 265 en 2009 à 305 en 2014. Il a mis en place des mécanismes rigoureux de partage des bénéfices en faveur des communautés locales. Note : Une grande partie de cet encadré repose sur l’ouvrage de Nielsen et Spenceley (2010). a. Institut national de la statistique du Rwanda (2015). b. Tourisme international, Ensemble de données sur les reçus (dollars actuels), Open Data de la Banque mondiale (base de données), Washington, DC (consulté 2017), https://data.worldbank.org/indicator/ST.INT.RCPT.CD. Avant qu’il ne soit trop tard 53 Tableau 3: Aperçu des priorités dans la suppression des obstacles au tourisme axé sur la faune Priorités à court terme Priorités à moyen terme Priorités à long terme (1-2 ans) (3-4 ans) (5+ ans) Planification stratégique et développement du marché Comprendre les exigences du Optimiser la gestion de la marché destination Comprendre le capital naturel Développer des stratégies de marque Accorder la priorité aux desti- Gestion des droits de propriété nations propices à l’investisse- ment Climat des affaires Faciliter la collaboration entre de nombreux acteurs Créer un cadre réglementaire et de politique positif et progressiste Développement de plans d’activités pour les aires protégées et un processus d’appel d’offres pour les concessions Garantir des retombées économiques au niveau local Gestion du risque dans les Améliorer les infrastructures, les services et l’accès aires protégées Infrastructures et capacités touristiques Établir des partenariats en Renforcer les capacités faveur des aires protégées et du tourisme axés sur les espèces sauvages Stratégies régionales Proposer un visa touriste conjoint Renforcer les aires protégées transfrontalières Échanger les connaissances Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 54 Planification stratégique et développement du de définir une vision axée sur le marché, réaliste marché et prospective concernant les infrastructures touristiques et le développement des produits. Le succès du développement du tourisme La compréhension des flux de visiteurs straté- nécessite une volonté politique au plus haut giques et de leurs rapports avec les réseaux de niveau de l’État, une politique touristique la demande et de l’offre touristiques permet aux claire et ambitieuse, des stratégies cohérentes décideurs d’aligner les produits et services sur et applicables et un environnement propice les motifs de déplacement et le comportement au développement du secteur privé. Afin de des visiteurs. stimuler le développement économique et créer des emplois grâce au tourisme, les États doivent Comprendre le capital naturel. (À court terme) protéger les atouts dont dépend le secteur. À cet La dynamique et le paysage des espèces sau- égard, la volonté est indispensable pour : vages sont au centre de la conception de toute offre de produits touristiques qui y sont dérivés. §§ Soutenir le développement et la commer- La maîtrise de ces paramètres est essentielle cialisation des produits du tourisme axé pour évaluer le potentiel actuel et futur du tou- sur les espèces sauvages et promouvoir le risme axé sur les espèces sauvages. Il n’existe tourisme au niveau des destinations. pas de règles spécifiques concernant les lieux où §§ Créer un cadre de politique pour promou- peuvent se rendre les touristes ou non. Toute- voir et réguler le développement du secteur fois, le développement des produits touristiques privé. dans les destinations les plus attrayantes en termes de décor et d’espèces sauvages accroît §§ Une vision, stratégie et un mode de gou- les chances de réussite commerciale. Une vernance solides en matière de conserva- évaluation pondérée des variables et menaces tion, sachant que le tourisme axé sur les associées suivantes peut permettre de détermi- espèces sauvages peut être d’une valeur ner le potentiel du développement touristique économique et stratégique significative. dans les zones prioritaires : Comprendre les exigences du marché. (À §§ Dynamique des espèces sauvages : Faune court terme) Les nouvelles infrastructures variée, avec un accent sur les espèces touristiques et le développement des emblématiques, endémiques, rares et produits doivent, dès le départ, répondre menacées ainsi que la diversité de leur aux exigences du marché existant et reposer habitat ; la taille des populations fauniques sur une compréhension de la dynamique résidentes et les espèces migratoires ; et la de ce dernier. Des partenariats public-privé visibilité des espèces sauvages. de commercialisation peuvent permettre d’identifier des marchés cibles, de leur accorder §§ Paysage : La beauté du paysage qui se la priorité et de stimuler leur développement traduit par la prépondérance de tableaux par des entrepreneurs. En restant attentifs remarquables offerts notamment par des aux besoins des marchés cibles, des tendances fleuves, lacs, forêts, montagnes et d’autres en matière de tourisme et à la concurrence, caractéristiques naturelles ; la diversité de les pays peuvent plus facilement adapter la topographie et des zones écologiques leurs offres touristiques pour répondre aux (comme la forêt tropicale, la savane exigences changeantes du marché. Les marchés arborée, les marécages) et des particularités touristiques actuels et potentiels, les flux de emblématiques naturelles et de l’héritage visiteurs stratégiques, les évaluations des aires culturel (notamment des canyons, des protégées peuvent éclairer l’identification des massifs rocheux, des baies, des fleuves et possibilités de développement des produits des villages). dérivés de la faune sauvage. Il faudrait Accorder la priorité aux destinations propices également procéder à une analyse de la à l’investissement. (À court terme) L’annexe 1 segmentation du marché pour savoir dans présente une évaluation rapide du potentiel quelle mesure cibler le marché du luxe, milieu de développement touristique théorique des et bas de gamme national ou international. aires protégées. Il conclut à la nécessité d’un Une analyse des déplacements des différents investissement considérable pour un tourisme types de touristes dans le BCO peut permettre Avant qu’il ne soit trop tard 55 prospère dans le BCO. Les stratégies de dével- Développer des stratégies de marque. (À oppement actuelles du tourisme ont encore moyen/long terme) L’image de marque d’un trop tendance à couvrir toutes les bases, d’où pays et de ses aires protégées est également très le risque d’une dilution des éventuels précieux importante. Les marques touristiques natio- investissements publics. Il est donc indispens- nales et celles des aires protégées étroitement able de recenser, sur la base de critères objec- associées au tourisme axé sur la faune doivent tifs (notamment une analyse financière de la être promues. Les stratégies de marque qui favo- rentabilité du développement du tourisme), les risent la notoriété de cette dernière, enseignent atouts touristiques dont le potentiel de dévelop- sa signification et renforcent sa valeur au fil pement est le plus considérable. Un tel exercice du temps, séduisent les marchés cibles, créent permettra de concentrer, en priorité, les inves- un lien émotionnel entre ceux-ci et les sites et tissements sur des têtes de pont pouvant per- concourent à une gestion responsable par les mettre un élargissement de la base du secteur visiteurs.76 et son ouverture sur l’extérieur. Optimiser la gestion de la destination (À Climat des affaires moyen terme) Afin d’attirer plus d’investisse- Le développement du tourisme vers des des- ments et promouvoir ainsi le développement tinations émergentes est rarement possible à du tourisme, la structure du secteur touristique partir de l’offre. Les États devraient s’employer doit être optimisée. Les politiques doivent être à réguler et à créer un environnement propice distinctes de la mise en œuvre pour éclairer la à l’investissement en faveur du tourisme, plu- prise de décision, l’obligation de rendre compte tôt qu’à développer eux-mêmes des établisse- doit être accrue et un environnement favorable ments et services touristiques. Le secteur privé au développement du tourisme doit être créé. réagira mieux aux débouchés que le marché Le rôle des ministères compétents en matière offre et aura donc plus de chance d’être com- de promotion du tourisme doit porter sur la mercialement viable. Si des conditions propices conception des politiques et stratégies ; la pri- à l’investissement et à ses activités sont réunies, orité accordée aux plans de développement des le secteur privé supportera l’essentiel des coûts infrastructures ; le renforcement et l’améliora- de développement du secteur touristique. tion de la transparence des règles et règlements en matière de tourisme ; leur vulgarisation et Faciliter la collaboration entre de nombreux l’obtention de la contribution du secteur privé acteurs. (À court et moyen terme) L’expérience a et d’autres parties prenantes clés à leur élabora- montré que la coordination interministérielle et tion préalablement à leur adoption, notamment entre les acteurs de divers secteurs concernant les ONG et les communautés. Les ministères la gestion, la commercialisation et le dévelop- du tourisme doivent également participer à la pement des destinations touristiques renforce création et à la dotation en ressources d’une la compétitivité du secteur privé, favorise la autorité du tourisme nationale dont la mission promotion d’un environnement propice au sera d’appliquer les stratégies et plans d’action développement des entreprises et accroît les re- et de diriger les efforts de commercialisation, le tombées pour les communautés hôtes. Une telle développement des produits et d’autres activ- coordination améliore la responsabilité, établit ités pour attirer les visiteurs et améliorer leur un système de poids et contrepoids et garan- expérience. Les autorités chargées de la gestion tit la coordination et la coopération entre les des aires protégées doivent mener leurs activ- secteurs public et privé ainsi qu’avec la société ités sous la tutelle du ministère chargé de la civile. Une autre possibilité consiste à créer un gestion des aires protégées, du tourisme, du sec- comité national du développement du tourisme teur privé et du développement infrastructurel. chargé de consulter les parties prenantes afin Pour parvenir à un équilibre entre les intérêts de recueillir leurs contributions sur les poli- que représentent le tourisme et ses avantages, tiques, stratégies et plans d’action en matière de le secteur privé doit activement s’impliquer tourisme d’une part et de superviser leur mise dans la planification de son développement, sa en œuvre d’autre part. commercialisation et le développement de ses produits. Créer un cadre réglementaire et de politique positif et progressiste. (À court et moyen terme) Des politiques d’encouragement et Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 56 des incitations douces peuvent permettre de Gestion des droits de propriété. (À moyen soutenir et d’orienter le secteur privé vers l’op- terme) Le régime foncier et les droits de pro- timisation de la production locale le long de la priété ont une très grande incidence sur les chaîne de l’offre au niveau communautaire, vers stratégies de conservation des aires protégées, le renforcement des capacités locales et la levée les paysages et les entités commerciales. Ils des obstacles au commerce.77 C’est pourquoi des couvrent notamment les droits des commu- mesures incitatives doivent être accordées aux nautés locales et des entreprises à pratiquer aires protégées et aux entreprises privées dont la chasse et la pêche, des activités forestières, les plans et les modèles commerciaux favorisent l’exploitation minière et des minéraux, à bé- la conservation et produisent des retombées so- néficier de concessions et à prendre part à des cioéconomiques. Des mesures incitatives telles appels d’offres. C’est ainsi qu’on pourrait tirer que les réductions d’impôts ou les exonérations parti des droits à la propriété des communautés de taxe sur la valeur ajoutée (TVA), des taxes locales pour renforcer la protection des espèces d’accise sur le revenu et des droits de douane sauvages dans les aires protégées et tampons. au profit des investisseurs internationaux et Les investissements touristiques commerciaux locaux de bonne réputation peuvent stimuler pourraient contribuer à la préservation de ce la construction des infrastructures touristiques, modèle et produire des avantages locaux bien la fourniture des services de transport et des structurés. À cet égard, il est possible de créer équipements. Des mesures incitatives et des des zones de conservation de la faune sauvage subventions comparables doivent être adoptées dans quelques destinations clés en s’inspirant pour les micros, petites et moyennes entreprises de certaines initiatives communautaires en et les profits engrangés doivent les atteindre. matière de conservation qui ont été couronnées Toutes les mesures incitatives doivent être de succès dans d’autres parties d’Afrique. structurées de manière transparente et être uniformément appliquées. Dans certains cas, Exemple l’efficacité des régimes fiscaux existants doit être évaluée. Par exemple, en RC, le seuil mini- Une meilleure valorisation commerciale mum d’imposition des droits de douane est de du capital naturel au Kenya grâce au sec- 57 %, auxquels s’ajoutent 19,1 % de TVA, 10 % de teur privé. Jusqu’à la fin des années 1990, redevance touristique et des taux élevés d’im- la majeure partie des terres dans le comté position à tous les niveaux. de Laikipia servait à l’élevage intensif du bétail. Depuis lors, grâce à l’adoption de Les promoteurs internationaux et nationaux nouvelles lois progressistes par le pays, du tourisme ainsi que les micros, petites et celles-ci servent essentiellement de ter- moyennes entreprises intéressées par la créa- rain d’application de nouveaux modèles tion de nouvelles entreprises ou l’extension de d’activités portant sur la conservation des leurs activités actuelles ont besoin d’obtenir des espèces sauvages. La réserve de Loisaba qui patentes facilement, des perspectives intéres- ne reçoit pourtant aucun financement des santes de développement du tourisme, des prêts bailleurs de fonds est désormais reconnue assortis de faibles taux d’intérêt et du capital comme l’une des destinations touristiques commercial pour leur financement ainsi que kenyanes haut de gamme supérieure et de la garantie des droits des investissements comme une zone de conservation de la afin de réduire au minimum leurs risques. De faune sauvage et du bétail produisant nombreuses banques dans les pays concernés 1,5 million USD de recettes commerciales considèrent que le risque d’emprunt au secteur par an. La taille des autres populations privé est excessivement élevé. Cependant, il d’espèces sauvages s’accroît et en 2015, la existe divers moyens de le ramener à des ni- Nature Conservancy a acquis Loisaba pour veaux acceptables. C’est pourquoi il est essentiel un montant de 10 millions d‘USD.a de rendre l’environnement des affaires plus compétitif.78 Là où les obstacles à l’entrée du a. Birnie et Davies (2017). marché sont particulièrement importants, des mécanismes de subvention peuvent s’avérer nécessaires. Avant qu’il ne soit trop tard 57 Développement de plans d’activités pour les Garantir des retombées économiques au aires protégées et processus d’appel d’offres niveau local. (À court/moyen terme). Les deux pour les concessions. (À court/moyen terme) principales menaces pesant sur le tourisme Les plans d’aménagement des aires protégées, axé sur les espèces sauvages sont la dégrada- les directives relatives au zonage et système tion de l’écosystème et le braconnage. Celles-ci d’appel d’offres pour les concessions au sein des peuvent être exacerbées si les populations des aires protégées considérés prioritaires pour le communautés avoisinantes des aires protégées développement du tourisme doivent être mis au augmentent et vivent dans la pauvreté. Les point parallèlement aux plans d’activités pour communautés rurales voient généralement les aires protégées afin d’optimiser le potentiel d’un mauvais œil que des ressources con- de développement économique. Avec une telle sidérables soient consacrées à la protection de approche, les États peuvent encadrer le dével- la faune sauvage dans le but de satisfaire des oppement et la gestion du secteur touristique touristes riches. Par exemple, il est relativement et, en associant le secteur privé à ses efforts, facile pour des caïds pratiquant le braconnage garantir la viabilité commerciale, les avantag- de recruter autour du Parc national de Kruger en es pour la communauté et les retombées de la Afrique du Sud.79 Étant donné que les commu- conservation. nautés qui coexistent avec les espèces sauvages supportent généralement le coût des pertes À plus long terme, l’octroi de concessions exclu- en bétail, en récoltes et en vies humaines sans sivement à l’intérieur et en bordure des aires pour autant en tirer d’importants avantages protégées offre aux concessionnaires une sécu- économiques, la faune sauvage, en elle-même, rité pour leurs investissements. Le tarif de base pourrait avoir peu ou pas de valeur économique de location des concessions doit initialement pour elles.80 Pour combattre le trafic des espèces être relativement abordable, avec un pourcen- sauvages à long terme, les activités touristiques tage du chiffre d’affaires brut annuel offert en doivent être conçues de manière à profiter aux guise d’incitation aux pouvoirs publics et aux communautés qui seraient ainsi incitées à pro- investisseurs à mesure que le taux d’occupation téger leur capital naturel. s’accroît. Exemple Exemple Planification de la gestion et du dévelop- Création de zones de conservation pement du tourisme au Gabon. Le Gabon communales de la faune sauvage en dispose de plans d’aménagement des aires vue de l’émancipation économique des protégées pour ses 13 parcs nationaux. communautés au Kenya. Le Northern Ceux-ci prévoient des infrastructures tour- Rangelands Trust représente et soutient istiques, le développement des produits 27 zones de conservation communautaires et la formation des guides ; des mécanis- s’étalant sur 31 000 km², soit une superfi- mes de partage des revenus ; le suivi des cie équivalant à plus de 60 % du domaine activités touristiques ; des indicateurs de formel recouvert par les aires protégées performance clés du secteur touristique ; dans les parcs nationaux et réserves. Ces ainsi que la budgétisation et les prévisions zones de conservation constituent une en matière de développement du tourisme. source de revenu et de bénéfice pour plus Ils ont été conçus dans le cadre d’un pro- de 100 000 personnes et sont désormais cessus national plus général de développe- considérées comme des références en ment du tourisme et de planification des matière de conservation au niveau com- activités dans les aires protégées qui met munautaire.a l’accent sur de nouveaux modèles touris- tiques commerciaux, notamment tous les a. Birnie et Davies (2017). aspects de la passation des marchés avec des partenaires touristiques commerci- aux et des processus appels d’offres pour les concessions et contrats qui leur sont adressés. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 58 Les concessions situées dans les aires proté- situations d’urgence sanitaire sont également gées offrent divers moyens de maximiser les indispensables. avantages économiques du tourisme et sont un moyen de s’assurer que ceux-ci profitent princi- Veiller à ce que les visiteurs se sentent les palement à l’économie nationale et des com- bienvenus. (À moyen terme) Les procédures munautés locales. Les systèmes d’appel d’offres actuelles d’obtention du visa et d’entrée et de pour les concessions et de passation de marchés sortie du pays doivent être simplifiées. Par ex- à l’intérieur des aires protégées doivent exiger emple, les touristes doivent pouvoir demander que les concessionnaires recrutent un pourcen- et obtenir un visa en ligne avant leur arrivée tage donné de leur personnel au sein des com- ou le faire facilement à ce moment-là. L’accueil munautés locales afin de les former et de leur des visiteurs dans les aéroports, aux passages offrir la possibilité d’évoluer. Dans certains cas, frontaliers et aux points de contrôle de police les concessionnaires peuvent être tenus de pré- peut également être amélioré. Les entreprises parer et de diriger un programme de formation touristiques et les touristes ne doivent pas faire de guides et d’investir un pourcentage de leurs les frais de la corruption, d’une police agres- frais dans des fonds de développement commu- sive, de services d’immigration ou d’agents de nautaire. Ils doivent également être encouragés douanes obstructionnistes. à acquérir un pourcentage des biens et services auprès des entreprises et producteurs locaux Infrastructures et capacités touristiques lorsque ceux-ci sont d’une qualité satisfaisante ou contribuer au développement de la capacité Améliorer les infrastructures, les services de la chaîne d’approvisionnement. et l’accès. (À moyen/long terme) Des inves- tissements dans l’infrastructure touristique Les systèmes nationaux de répartition des frais améliorent la compétitivité, l’efficacité de la d’entrée et autres droits entre l’État, chaque aire production et de la distribution des services protégée et les communautés locales doivent touristiques, et l’offre de tels services dans des être fondés sur des évaluations économiques destinations lointaines.82 Le succès du dévelop- approfondies (tenant par exemple compte des pement du tourisme dépend de la fourniture de frais déboursés dans des parcs comparables et nombreux services dont différents niveaux et de la volonté du visiteur à payer). Pour maximi- types d’hébergement, de transport, d’activités et ser les recettes fiscales, les promoteurs touris- de restauration. tiques et les concessionnaires doivent être tenus de déclarer tous les revenus générés dans le L’accès qui détermine le temps et les dépenses pays et par le biais d’une société ou filiale locale, nécessaires pour se rendre à une destination, en puis veiller à ce que les contrôles financiers partir et s’y déplacer est également un facteur soient effectués par un cabinet d’audit national. important à prendre en considération pour L’amélioration des hébergements et circuits attirer les marchés cibles. Ce critère a également touristiques à l’intérieur et entre les aires proté- trait au transport des biens et services ainsi qu’à gées permet également d’accroître les recettes la disponibilité des voies de transport aérien, fiscales et les dépenses des visiteurs. terrestre et maritime aux niveaux international, régional et national. Les investissements dans Gestion du risque dans les aires protégées. (À les infrastructures publiques et la simplification court/moyen terme) Le succès du tourisme est des procédures permettant aux entreprises de intimement lié à la capacité à garantir un envi- fournir de tels services sont par conséquent ronnement sûr et sécurisé aux visiteurs.81 Afin importants. de garantir une expérience touristique remar- quable, des plans de gestion de risque doivent Établir des partenariats en faveur des aires être conçus pour les aires protégées. Une telle protégées et du tourisme axés sur les espèces mesure permettrait de protéger les touristes en sauvages. (À court terme) Les partenariats réduisant les risques, en améliorant la prépara- public-privé et privé-public (PPP) et commu- tion aux situations d’urgence et l’organisation nautaires (PPPC) peuvent proposer une offre des secours ainsi que les services de maintien conjointe d’établissements et de services de l’ordre et de la sécurité. L’accès aux établis- touristiques. À cet effet, les promoteurs tour- sements de santé et la préparation aux graves istiques commerciaux, les ONG et les commu- nautés locales basés à l’intérieur et à proximité Avant qu’il ne soit trop tard 59 des aires protégées doivent travailler en syn- Renforcement des capacités. (À moyen/long ergie et leur contribution au partenariat doit terme) Le renforcement des capacités humaines être soigneusement préparée et structurée. Il est indispensable pour faire fructifier le poten- existe de nombreux exemples de PPP réussis tiel économique que représentent les atouts entre États, acteurs du secteur privé et ONG en naturels du BCO. Il convient, à cet effet, de ren- Afrique, notamment WCS, WWF, African Parks. forcer les capacités en matière de gestion des Ces PPP ont impressionné par leur capacité à aires protégées avec le soutien des partenaires valoriser les activités économiques axées sur issus d’ONG. Il faudrait ainsi former des guides la faune sauvage, notamment dans le secteur touristiques professionnels et du personnel du tourisme, et pouvant permettre de financer hôtelier avec l’appui des concessionnaires issus la conservation. Par ailleurs, ces arrangements du secteur privé. Des programmes d’éducation conservent à l’État son statut de représentant et de formation de grande qualité contribueront légal responsable de la planification des poli- à l’amélioration de la satisfaction du visiteur, tiques et de l’aménagement, tandis que les à la baisse de la dépendance par rapport à la partenaires chargés de la gestion sont re- main-d’œuvre importée et à l’offre d’emploi et sponsables de la gestion quotidienne et de la de possibilités d’avancement aux populations sécurité des aires protégées, de l’acclimatation locales. des espèces clés et de la recherche des finance- ments auprès de donateurs. Dès lors qu’une aire Stratégies régionales protégée est sécurisée, les investisseurs privés sont plus enclins à bâtir des infrastructures, Proposer un visa touriste commun. (À moyen développer des programmes touristiques axés terme) Un visa touriste commun donnant accès sur les espèces sauvages, former des guides et à l’ensemble de la CEEAC, pourrait permettre gérer des opérations de marketing externes et aux visiteurs de franchir plus facilement les les réservations. Les donateurs sont de plus en frontières des pays situés dans le BCO sans plus prêts à soutenir les aires protégées dans le qu’ils aient besoin de solliciter un visa pour cadre d’accords de PPP. chaque pays. Une telle mesure favoriserait le maintien des touristes dans la région. Par Stimuler l’investissement dans les com- exemple, le visa touriste de l’Afrique de l’Est munautés grâce au tourisme axé sur les permet de circuler à volonté entre le Kenya, le espèces sauvages en Namibie. La politique Rwanda et l’Ouganda pendant une durée maxi- namibienne de reconnaissance du droit male de 90 jours. Une initiative dans ce sens a des communautés à profiter de la faune été lancée dans le BCO lorsque le Cameroun, la sauvage dans le cadre des zones commu- RCA et la RC ont signé un protocole touristique nales a permis de créer un environnement consacrant l’ouverture de leurs frontières dans favorable à l’établissement de partenariats le Trinational de la Sangha (TNS). privé-communauté dans le secteur du Renforcement des aires protégées trans- tourisme dans des zones de conservation. frontalières. (À moyen/long terme) Des aires Le secteur privé qui commercialise les protégées transfrontalières prometteuses produits touristiques dérivés de la faune existent déjà ou sont aménagées à l’intérieur sauvage aux consommateurs investit dans du TRIDOM et du Trinational de la Sangha. Ces les zones de conservation communales.a modèles qui épousent une approche basée Les partenaires issus du secteur privé ont, sur le paysage pour la conservation peuvent en moyenne, investi 1,2 million d’USD dans faciliter le déplacement des visiteurs à travers un établissement touristique typique les frontières, encourager les touristes à passer construit en coentreprise et qui compte plus de temps dans la région et améliorer la en moyenne 32 lits et 55 employésb. Ils ont gestion des aires protégées grâce à la mise en reversé 2,13 millions d’USD aux commu- place de patrouilles mixtes et transfrontalières, nautés de 2011 à 2013.c l’harmonisation des protocoles de gestion et la a. Banque mondiale (2014). promotion d’une plus grande collaboration et intégration régionales. b. FENATA (2010). c. Naidoo, Weaver, et al. (2016). Échange des connaissances. (À moyen/long terme) Un mécanisme permettant aux pays du Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 60 BCO de se réunir pourrait leur offrir la possibil- cales. Elle a été promue au Cameroun, en RC, au ité de se mettre en réseau, de dialoguer et de Gabon et en RCA à des différents degrés. Dans partager les meilleures pratiques en matière le contexte actuel, dominé par le discours sur de tourisme axé sur les espèces sauvages pour la diversification de l’économie nationale pour créer une communauté de pratique. relancer la croissance et lutter contre la pau- vreté et le chômage, la gestion communautaire ii. La gestion communautaire des forêts apparaît comme une option possible. Après avoir donné un rappel des orientations des forêts politiques qui régissent, jusque-là, le développe- L’éloignement géographique des ressources ment de la gestion communautaire des ressou- forestières qui caractérise plusieurs points rces forestières, un état des lieux sera dressé chauds du braconnage dans le BCO limite pour identifier les progrès réalisés et les leçons les secteurs économiques susceptibles d’être apprises. Sur la base de ces expériences et des ciblés pour développement et répondre au nouvelles opportunités, des recommandations défi d’un manque d’options génératrices de sont formulées. revenu qui pousse les habitants du monde rural à se livrer au braconnage (voir section Expériences et politiques actuelles dans 3.b). Cependant, les réponses qui peuvent le BCO améliorer la gestion des ressources naturelles et en même temps offrir des sources de reve- La gestion communautaire des forêts figure nus durables aux populations sont des cibles parmi les innovations introduites dans les évidentes. La gestion communautaire des res- réformes du secteur forestier au cours des sources naturelles (GCRN), et particulièrement années 1990. Au Cameroun, le gouvernement la gestion communautaire des forêts est l’une s’était engagé dans l’une des quatre orien- de ces approches. Elle a, par exemple, rapporté tations de la nouvelle politique forestière à des résultats prometteurs en Amérique latine, « améliorer l’intégration des ressources for- où les forêts gérées par les communautés estières dans le développement rural, afin de affichent des taux de déforestation plus faibles contribuer à élever le niveau de vie des popula- que celles gérées d’une autre façon, tout en tions et de les faire participer à la conservation offrant également des avantages économiques des ressources ». À travers cette orientation, aux communautés qui en sont propriétaires.83 le gouvernement entend non seulement faire Cela dit, la foresterie communautaire n’est pas reculer la pauvreté dans les communautés for- une panacée.x Elle nécessite une gestion et une estières, mais les rend aussi responsables de la réglementation saine, une expérimentation gestion des forêts. Cette orientation est part- graduelle, un vaste renforcement des capacités agée par tous les autres pays de la sous-région, et du temps pour fonctionner. comme cela apparaît dans la lettre de politique sectorielle au Gabon et les codes forestiers en La foresterie communautaire devrait éga- RC et en RCA.84 Elle a été déclinée sous différents lement inclure, si possible, la gestion com- régimes de foresterie participative. xi munautaire de la faune. Ce rapport traite cette question séparément en raison des défis Le déploiement des forêts communautaires a techniques (section 5.a.iii), cependant les deux varié parmi les pays du BCO. La dévolution en- ressources devraient être envisagées dans le tière à travers le statut de « forêts communau- cadre d’une gestion communautaire des ressou- taires » a été introduite d’abord au Cameroun rces naturelles unique et complète qui permette en 1994, puis au Gabon en 2001.85 Les premières de diversifier les flux de revenus. attributions ont eu lieu respectivement en 1997 et en 2013. Au terme d’une quinzaine d’an- La gestion communautaire des ressources nées, près de 300 forêts communautaires ont forestières est un mode de gestion qui vise été attribuées au Cameroun pour une surface deux principaux objectifs : une amélioration de près de 2 millions d’ha, soit 7 % environ de de l’état des forêts et un renforcement des moyens d’existence des communautés lo- xi  Gilmour (2016) distingue un éventail de cinq types génériques de régimes de foresterie participative qui sont classés en fonction des droits dont jouissent les x  Voir, par exemple, Rasolofoson et al. (2015). parties prenantes. Avant qu’il ne soit trop tard 61 la superficie des forêts.86 Au Gabon, 51 forêts forestiers est facilité par les plateformes multi communautaires ont été attribuées en quatre acteurs et les organes spécifiques, comme les ans ; elles couvrent 242 192 ha, soit 1 % environ « Comités paysans-forêts » xiv qui participent des terres forestières.87 En RCA, la loi n°08-022 à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi du du 17 octobre 2008 prévoit la création des forêts plan d’aménagement.89 Dans la plupart des communautaires. Cependant, le décret fixant les cas, il est prévu de soutenir les projets commu- modalités d’attribution et de gestion des forêts nautaires, y compris ceux relatifs à la gestion communautaires n’a été signé qu’en fin 2015. En communautaire des ressources naturelles, avec RC, aucune disposition n’a encore été prise pour les ressources procurées par les mécanismes de promouvoir les forêts communautaires, quoique rétrocession d’une partie des revenus issus de des travaux soient en cours pour intégrer le l’exploitation industrielle du bois d’œuvre. xv En concept dans le nouveau code forestier. RC, un fonds de développement local (FDL) est constitué pour chaque concession forestière ; Une seconde approche renvoie à la cogestion il est alimenté par une redevance de 200 FCFA des périphéries d’aires protégées, en vue de par mètre cube sur les volumes exploités et prendre en compte les préoccupations des sert au financement des microprojets d’intérêt populations locales et d’assurer leur partici- communautaire. Au Gabon, le finage sur lequel pation au partage des bénéfices.88 Les zones se déroule l’exploitation du bois sert de base tampons et les zones périphériques sont con- pour le partage de la redevance qui est affectée sidérées comme des zones complémentaires au financement des projets d’intérêt collectif aux aires protégées ; les activités menées en identifiés par les communautés villageoises périphérie peuvent avoir un impact direct sur concernées. les efforts de conservation et inversement. La législation prévoit donc de renforcer la concer- tation et, dans certains cas, la contractualisation L’efficacité de la gestion entre les parties prenantes pour prévenir les communautaire des forêts : un bilan en conflits et assurer une répartition équitable demi-teinte des bénéfices liés aux aires protégées. xii Ce L’efficacité de la gestion communautaire des régime correspond aux contrats de gestion de forêts reste un sujet de préoccupation car ses terroirs promus au Gabon ou encore à la zone résultats sont jusqu’à aujourd’hui mitigés. Si d’écodéveloppement délimitée dans les zones certains s’interrogent sur les effets produits en des périphéries d’aires protégées. termes d’actifs (naturel, social et économique), La gestion conjointe dans les zones agrofores- d’autres s’inquiètent des dérives éventuelles tières incluses dans les concessions forestières d’un transfert de responsabilités de gestion est une troisième approche. Elle est mise en des ressources forestières aux communautés œuvre à travers la série de développement locales. communautaire (SDC) en RC série à usage En dépit du nombre de forêts communau- des populations au Gabon, la série agricole et taires attribuées et les efforts réalisés à ce jour d’occupation humaine et la série d’utilisation au Cameroun, le bilan est mitigé. Les acquis réservée en RCA, ou encore les zones d’intérêt sont importants notamment sur le plan insti- cynégétique à gestion communautaire (ZICGC) tutionnel, mais on est encore loin du compte au sud-est du Cameroun. xiii Ce régime s’inscrit malgré quelques expériences réussies.90 Les dans le volet social du plan d’aménagement des communautés locales tardent à devenir acteurs concessions forestières. Le dialogue entre les communautés locales et les concessionnaires xiv  Les missions attribuées aux CPF sont décrites dans la décision n° 1354/D/MINEF/CAB du 26 no- xii  Voir, par exemple, la Loi n° 003/2007 du 27 août vembre 1999 (Cameroun). 2007, relative aux parcs nationaux au Gabon. xv  C’est une opportunité de financement impor- xiii  À la différence du sud-est du Cameroun où les tante de la gestion communautaire des ressources ZICGC se superposent aux concessions forestières, forestières. Au Cameroun, un montant global de en RCA les zones cynégétiques villageoises ont été 40,5 milliards de francs CFA environ a été alloué créées dans les savanes du Nord. Le principe reposait aux populations riveraines des forêts soumises à sur la location par un groupe de villages de sa zone exploitation, au titre de la rétrocession de 10 % de de chasse à une société de chasse, et à la récupéra- la redevance forestière annuelle (RFA) entre 2000 et tion de la viande du gibier chassé. 2006 (Bigombe Logo, 2010). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 62 de leur propre développement et les retombées La gestion communautaire des ressources fo- économiques sont faibles.91 En plus des prob- restières ne parvient pas encore à réaliser son lèmes classiques de gouvernance, la produc- potentiel. Les conditions ne sont pas réunies tivité des forêts et les capacités techniques, pour permettre aux différents régimes cités organisationnelles et entrepreneuriales des ci-dessus de susciter les changements attendus. communautés locales sont mises en cause.92 Au Parmi celles-ci, on peut citer, un cadre régle- Gabon, l’ONG Conservation Justice (2018) rap- mentaire propice, de dispositifs d’encadrement porte que « les plans simples de gestion ne sont adéquats et une gouvernance locale forte. pas respectés ; l’exploitation se fait à tout va, sans un minimum d’aménagement. Certaines Premièrement, le cadre réglementaire n’est forêts communautaires constituent aujourd’hui pas suffisamment étoffé. Au Gabon, par ex- un moyen de blanchiment de bois illégal ». Ces emple, les textes qui réglementent la mise en irrégularités ont été à l’origine de la suspension œuvre des plans simples de gestion des forêts temporaire de l’attribution des forêts commu- communautaires ne sont pas disponibles. En nautaires.93 outre, les modalités de gestion des SDC dans les concessions forestières ne sont pas définies. Il Les retombées de la gestion conjointe des en est de même pour les contrats de gestion des zones périphériques sur les moyens d’exis- terroirs dans les zones périphériques des aires tence des communautés locales sont éga- protégées, qui restent au stade expérimental.100 lement faibles. Ceci est partiellement dû à En plus de ces lacunes, la question des droits la performance médiocre des institutions de et des responsabilités transférés aux commu- cogestion des aires protégées à cause de conflits nautés locales n’est pas souvent clarifiée. Les d’intérêts.94 Les contrats de gestion de terroirs droits d’usage (Cameroun et RC) et les droits promus au Gabon sont au stade expérimental. d’usage coutumiers (Gabon et RCA) représen- Les droits et les responsabilités transférés dans tent la base juridique de l’engagement des la cogestion des zones d’écodéveloppement communautés locales. En d’autres termes, l’État délimitée dans les périphéries d’aires protégées ne transfère que les droits de l’usufruit aux ne sont pas toujours clairs. L’écotourisme communautés locales. Il y a une forte corréla- communautaire peine encore à jouer le rôle qui tion entre la sécurisation des tenures forestières lui est dévolu.95 Malgré les bons résultats de la et l’efficacité de la foresterie participative ; en phase expérimentale, de 1992 à 2001, le tour- situation d’insécurité de droits, les utilisateurs isme de vision dans le sanctuaire de gorilles de locaux exploitent les ressources de manière non Lossi en RC ne cesse de végéter.96 durable.101 La gestion conjointe des parcelles réservées Deuxièmement, les dispositifs d’encadrement au développement communautaire et in- ne sont pas adéquats. En RC et en RCA, aucun clues dans les concessions forestières n’est service de l’administration forestière n’est pas encore entièrement opérationnelle. En spécifiquement dédié à la foresterie commu- République du Congo, quatorze SDC couvrant nautaire. Au Cameroun et au Gabon, où la une surface totale de 661 289 ha ont été délim- foresterie participative relève des attributions itées. Chacune d’elles devrait disposer d’un plan d’une sous-direction ou d’une direction des de gestion qui est lié au plan d’aménagement forêts communautaires, les moyens humains de la concession forestière. S’ils ne sont pas et matériels sont insuffisants. L’environnement élaborés d’une façon inclusive, il y a un risque administratif peine encore à être incitatif. À que la logique de la « prescription » qui domine titre d’exemple, des commerçants ont à travers- l’élaboration des plans d’aménagement réduit er 22 barrages routiers et postes de contrôle la participation et la prise en compte des droits pour aller vendre les feuilles de Gnetum sur les coutumiers à une simple formalité.97 À cet effet, marchés urbains ou transfrontaliers.102 Dans la mise en œuvre de ces plans de gestion ne pareilles circonstances, les petits exploitants et reposerait pas sur des bases contractuelles qui les communautés passent outre le circuit offi- engagent toutes les parties.98 Cette situation ciel, comme cela a été observé au Népal où les ouvrirait la voie à des abus.99 Dans le cadre petits propriétaires doivent parcourir 14 étapes d’un projet financé par la Banque mondiale, le au minimum pour se voir accorder l’autorisa- gouvernement a appuyé l’élaboration de plans tion de couper des arbres et de transporter le participatifs dans plusieurs concessions. bois provenant de leurs terres.103 En outre, les Avant qu’il ne soit trop tard 63 procédures à suivre pour l’obtention d’une forêt Une approche en quatre dimensions paraît communautaire sont hors de portée des com- appropriée pour orienter l’appui du gouver- munautés locales.104 nement : Troisièmement, l’effet conjugué de ces deux 1) Une gestion à usage multiple des unités lacunes affecte aussi les performances des de gestion communautaire. Cette entrée institutions de gestion communautaire des est déjà une alternative au modèle actuel forêts. À cela s’ajoutent les aspects méthod- de « forêts communautaires » qui accorde ologiques, notamment le fait que, à cause des la priorité à l’exploitation du bois d’œu- contraintes de temps, les dispositifs d’appui vre.107 Dans la pratique, on peut s’inspirer privilégient souvent une offre d’innovations du concept des « paysages forestiers »108 institutionnelles dont le design est préconçu. et l’adapter à l’échelle de l’unité de gestion Par conséquent, ils investissent peu d’efforts communautaire. Les plans simples de ges- dans le renforcement des capacités des parties tion auront ainsi la particularité de prendre prenantes à construire, par le dialogue, ces nou- en compte différentes options paysagères veaux arrangements institutionnels. En général, touchant aussi bien à la foresterie qu’à l’ag- les performances des institutions de gestion riculture. Il est opportun d’enrichir cette en- communautaire ne sont bonnes que lorsque trée avec les approches de renforcement des ces institutions tirent leur légitimé des institu- capacités entrepreneuriales, comme l’en- tions préexistantes. Au Népal, par exemple, la trepreneuriat forestier communautaire et foresterie communautaire n’est pas arrimée aux l’analyse et développement des marchés.109 découpages politiques et administratifs locaux mais s’aligne aux frontières délimitées par les 2) La coordination des usages sur les espaces institutions indigènes. Ce système a prouvé sa de superposition de droits. Au Gabon, solidité, sa résilience et sa pérennité pendant l’avenir de la foresterie communautaire toute la période de bouleversements politiques est incertain à cause de la disponibilité des et sociaux, y compris les révolutions et une espaces ; la quasi-totalité des terres est cou- guerre civile qui a duré dix ans.105 verte par les concessions forestières, les con- cessions minières et les parcs nationaux.110 Les constatations sont susceptibles de mettre Au Cameroun, CED et al. (2017) cite la taille en doute l’efficacité des approches participa- maximale des forêts communautaires par- tives et de réduire le discours sur la participa- mi les barrières à leur efficacité. Le recours tion à une simple formalité. Dans le contexte à d’autres schémas de gouvernance qui se actuel, dominé par le discours sur la diversifica- démarquent des modèles actuels de gestion tion de l’économie nationale, il est nécessaire forestière basés sur la spécialisation des es- d’explorer les moyens d’évoluer vers une ap- paces, s’avère de plus en plus nécessaire. Le proche de gestion communautaire des ressourc- concept « concessions 2.0 », une alternative es forestières de « seconde génération ».106 au modèle de concession traditionnel qui n’autorise que l’exploitation du bois d’œuvre Leçons dégagées et recommandations dans les concessions forestières,111 s’inscrit dans cette perspective. Les initiatives de gestion communautaire de « seconde génération » ne peuvent atteindre 3) Une dévolution graduelle des droits à leurs buts que si les conditions évoquées ci- travers une démarche par paliers. Elle dessus sont réunies. Une réforme de grande en- permettrait non seulement de consolider vergure est donc nécessaire pour élargir la base progressivement les institutions de gouver- juridique de l’engagement des communautés nance locale, mais aussi de poser des bases locales. Il est question d’aller au-delà des droits techniques solides de gestion durable des d’usages en reconnaissant les droits des com- ressources forestières. Le passage d’un palier munautés locales sur les terres et les ressources à un autre serait assujetti aux performances forestières et en renforçant leurs capacités à ex- des institutions de gestion communautaire. ercer ces droits et à s’acquitter de leurs respons- À chaque palier pourrait correspondre un abilités en matière de gestion durable. niveau de dévolution de droits et de re- sponsabilités aux communautés locales et donc à un régime particulier de foresterie Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 64 participative. L’approche par phases a été iii. Gestion communautaire de la déjà utilisée avec succès en Gambie dans le cadre du développement de la foresterie faune communautaire.112 La faune offre une source importante de pro- téines et de revenus aux communautés rurales 4) Une amélioration du contrôle par l’État : grâce au commerce de viande de brousse. Il Une dévolution de droits doit être accom- est peu probable que l’appétit pour la viande de pagnée par une amélioration du contrôle brousse puisse être remplacé. Par conséquent, il par l’état afin de permettre aux commu- faut trouver les moyens de gérer ce commerce nautés d’exercer pleinement leurs droits. de façon durable. Comme pour la gestion des Comme les communautés n’ont pas le droit forêts communautaires, une gestion de la faune d’émettre des sanctions sur des usagers sauvage fondée sur la communauté offre, du illégaux de leurs ressources, ils doivent moins en théorie, une source de revenus aux pouvoir faire recours aux forces de l’ordre communautés rurales. Pour que cette gestion pour les appuyer. Ces derniers doivent être réussisse, elle devra faire l’objet d’une atten- mandatés et fournis par l’État. En outre, la tion particulière, en notant que la viabilité foresterie communautaire peut, lorsqu’elle financière de ce régime de gestion est un défi permet à des opérateurs tiers d’être man- particulièrement difficile. datés par les communautés, facilement être abusé par des exploitants forestiers semi-industriels, effectivement servant de Expériences et politiques actuelles dans blanchissement de bois. L’État doit donc être le BCO en mesure de prévenir des tels abus, ainsi Le concept de « territoire de chasse commu- que de contrôler les activités communau- nautaire » a été initié au Cameroun, au cours taires. Compte tenu des limites de capacité des années 1990, pour promouvoir la gestion des états de la sous-région, des partenariats communautaire de la faune. Il s’apparente au avec des ONG pourraient être envisagés concept de « forêts communautaires ». D’ail- pour faire face à ce défi. Des leçons pour- leurs, les deux concepts sont régis par la même raient être tirées de modèles coopératifs tels législation et présentent beaucoup de similar- que les Observateurs FLEGT Indépendants, ités ; ils renvoient aux aires délimitées dans le les Unités de Surveillance et Lutte Anti-Bra- domaine forestier non permanent et n’excèdent connage dans certaines concessions for- pas une superficie maximale de 5 000 ha. Le estières en République du Congo, ou encore « territoire de chasse communautaire » est la coopération que le réseau EAGLE (Eco apparu très vite comme un concept difficile à Activists for Governance and Law Enforce- mettre en œuvre.113 Parallèlement, le concept ment) entretient avec les gouvernements de ZICGC a été développé au sud-est du Camer- pour appuyer la lutte anti-braconnage. Le oun et en RCA, pour la chasse aux trophées (la financement d’un tel accompagnement chasse sportive et le tourisme communautaire doit être garanti, et la possibilité d’évaluer dans les aires sous gestion communautaire l’inclusion de taxes dédiées dans les régimes sont abordés à l’Encadré 5 et à la section 5.a.i, de foresterie communautaire devrait être respectivement). Malgré l’échec des « territoires étudiée pour éviter une dépendance exces- de chasse communautaires », la gestion com- sive sur des fonds externes. Un autre modèle munautaire de la faune demeure une option serait de transférer la responsabilité d’octroi privilégiée par les pays d’Afrique centrale. En de permis à des comités locaux ; toutefois, République du Congo, la loi 37/2008 sur la faune une supervision par l’État resterait essenti- et les aires protégées reconnaît aux commu- elle. nautés locales le droit de contribuer à la gestion de la faune et offre la possibilité de transférer aux communautés locales, organisées en asso- ciations, les droits de gérer une zone d’intérêt cynégétique ou un territoire de chasse dans le cadre d’un contrat de gestion. En RCA, le projet de la nouvelle loi sur la gestion de la faune et des aires protégées prévoit la mise en place Avant qu’il ne soit trop tard 65 des domaines fauniques communautaires, des fisante lorsqu’il y a une demande trop impor- zones cynégétiques villageoises et des zones de tante, ce qui est de plus en plus le cas vu les taux chasse communautaires. Le Gabon aussi s’ori- de croissance démographique et d’urbanisation ente vers la mise en place des aires communau- de la sous-région. La chasse pour la viande de taires de chasse à travers le projet du nouveau brousse reste une activité économiquement peu code forestier. ou pas rentable, si l’on tient compte du temps passé et des risques encourus.114 La chasse pour À la suite d’autres initiatives,xvi il est oppor- la viande de brousse ne peut à elle seule, con- tun de poursuivre la réflexion sur les modèles stituer une incitation suffisante pour soutenir adaptés de gestion communautaire de la la gestion communautaire de la faune. Enfin, faune. Les récentes Conférences des parties la rigueur technique observée dans l’élabora- à la Convention sur la diversité biologique et tion des plans de gestion durable de la chasse la stratégie sous-régionale pour l’utilisation est hors de portée des communautés locales durable de la faune sauvage par les commu- (Nguinguiri, Boutinot, et al., 2017).115 nautés locales et autochtones des pays d’Afrique centrale dressent en filigrane les contours de ces modèles. Ils sont centrés sur une approche axée Leçons dégagées et recommandations sur les droits.xvii En d’autres termes, la gestion Les initiatives de gestion communautaire de communautaire de la faune renvoie doréna- « seconde génération » sont redevables d’une vant à la mise en place des systèmes de gestion approche axée sur les droits. Elles ne peuvent fondés sur les droits et le transfert de ces droits être mises en œuvre avec succès que si le gou- et de la gestion associée aux peuples autoch- vernement prend les mesures suivantes : tones et communautés locales (Décision XIII/8). §§ Évaluer la faisabilité financière d’une Les conditions requises pour la gestion gestion communautaire de la faune communautaire évoquées dans le cas de la sauvage. Sa nature décentralisée va prob- foresterie communautaire (section 5.a.ii) ablement nécessiter un financement de s’appliquent aussi à la gestion de la faune départ substantiel. dans cette perspective. Compte tenu des spéc- ificités propres à la faune,xviii on devrait aussi §§ Définir une vision claire et se fixer des tenir compte des observations suivantes: les objectifs pour la réaliser. Il est urgent prélèvements pour la viande de chasse portent de rendre explicite les choix politiques et principalement sur la faune petite et moyenne d’élaborer des plans d’actions stratégiques qui présente une dynamique naturelle de nationaux, comme l’a déjà recommandé reproduction très forte et qui supporte bien cer- Rainforest Foundation UK (2017) en RCA. taines pressions de chasse.xix Cependant, il est §§ Créer un environnement juridique et important de reconnaître que cette dynamique administratif favorable : (a) clarifier les naturelle de reproduction peut ne pas être suf- modalités de reconnaissance des droits fonciers forestiers, la manière dont ils xvi  Par exemple, le projet du Fonds pour l’environ- seront traduits en droit d’usage commercial nement mondial de « Gestion durable de la faune et pris en compte dans les plans d’actions et du secteur de la viande de brousse en Afrique centrale », et le programme de Gestion durable de la stratégiques, cités ci-dessus ; (b) mettre faune financé par la Commission européenne. en place des mesures fiscales favorables à xvii  Voir Décision X/32, Décision XI/25, Décision l’entreprenariat et susceptibles de stimuler XII/18 et Décision XIII/8 des COP à la CDB ; la stra- le développement des chaînes de valeur à tégie sous-régionale a été adoptée en 2015 par le croissance inclusive. Conseil des ministres de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC). §§ Tout comme dans le cas de la foresterie xviii  Mobilité de la ressource et méconnaissance communautaire (section 5.a.ii), assurer un des dynamiques démographiques et spatiales de la encadrement adéquat des communautés plupart des espèces chassées. locales par les services techniques de l’État xix  Selon les sites, les espèces les plus résilientes et la société civile selon une répartition sont le céphalophe bleu (Cephalophus monticola), le des rôles clarifiée. Ceci doit aller au-delà de céphalophe de Peters (C. callipygus), le céphalophe bai (C. dorsalis) ou encore le potamochère (Potamo- l’approche projet en mettant en place des choerus porcus) (Fargeot 2013). mécanismes appropriés d’accompagnement Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 66 à long terme, y compris des mécanismes de financement innovants. b. Partager les bénéfices §§ Compte tenu des spécificités propres à la faune, privilégier (a) une gestion adaptative de la chasse en vue d’adapter périodique- i. Le partage des bénéfices des ment les prélèvements ;116 (b) une approche aires protégées de dévolution graduelle comportant plu- sieurs phases des droits à travers une Le partage des bénéfices, dans le contexte démarche par paliers ; et (c) une approche des aires protégées (AP), se définit comme multi-ressources et multi-usagers qui offre « le fait de trouver des compromis éclairés et aussi la possibilité de combiner la chasse justes entre les coûts sociaux, économiques et pour la viande à d’autres formes de valo- écologiques et les bénéfices au sein et entre risation faunique, notamment la chasse les groupes d’acteurs et le milieu naturel ».118 sportive (voir Box 4) et le tourisme commu- Si la plupart des AP sont davantage sources nautaire sur les sites où l’observation des de bénéfices nets que de coûts, les politiques animaux est possible.xx sont en revanche souvent insuffisantes (mal adaptées ou incomplètes) pour bien répondre §§ Adopter une démarche adaptative qui aux conséquences indésirables qui retombent permet d’identifier les tendances basées sur certains groupes, en particulier les commu- sur les indicateurs biologiques et so- nautés voisines pauvres et marginalisées. C’est cio-économiques et d’adapter périodique- pourquoi les approches équitables de partage ment les prélèvements de chasse en des bénéfices (1) incitent les communautés à fonction des objectifs de gestion prédéfinis. contribuer à la pérennité de l’aire protégée tout en bénéficiant d’usages extractifs soutenables, §§ Intégrer la gestion communautaire de la d’un accès au parc et de possibilités d’emplois, faune dans une approche territorialisée de (2) compensent les coûts inévitables pour cer- gestion des systèmes alimentaires carnés. tains groupes et (3) tiennent compte du bien- Cette approche permet de sécuriser l’ap- être global de différents groupes et redistri- port en produits carnés et moduler, selon le buent les bénéfices aux moins fortunés, surtout contexte local, la part relative des viandes s’ils ont subi des injustices dans le passé.119 domestiques et sauvages en vue de concilier les enjeux de la sécurité alimentaire et de Pour toutes ces raisons, le coût des AP—c’est- conservation de la biodiversité.117 à-dire, le plus souvent, une moindre utilisa- tion des forêts et un accès réduit à celles-ci, C’est au prix de la conjonction des efforts que le déplacement et le CHF—est souvent perçu l’on relèvera le défi d’une gestion communau- comme supérieur aux avantages qu’elles pour- taire axée sur les droits. Chaque pays devrait raient apporter aux communautés. Dans de donc adapter sa feuille de route en tenant nombreux endroits du BCO, la croissance démo- compte du contexte local. Cependant, cette liste graphique et l’immigration exercent une pres- de recommandations indique que le chemin sion sur les terres. En même temps, les droits est long pour faire de la gestion communau- relatifs à la propriété foncière indigène ou cou- taire de la faune une activité durable au plan tumière, à l’utilisation du sol, ou à la consulta- économique, financier et biologique. Une évalu- tion des parties concernées et leur participation ation rigoureuse de ces aspects s’impose avant à l’aménagement des AP, ne sont pas systéma- de ne poursuivre cette avenue. tiquement protégés par la loi ou respectés.120 La plupart restreignent la capacité des communau- tés voisines à accéder aux ressources du parc et à les exploiter.121 Le tourisme n’étant que très peu développé dans le BCO, les aires protégées ne génèrent pas de flux financiers importants xx  La gestion communautaire de la faune pour la chasse sportive rapporte des revenus conséquents et durables. Tout cela renforce l’attrait relatif du aux communautés locales (Bigombé Logo et al. 2006, braconnage, que ce soit pour y participer ou y Roulet 2007), malgré les faibles profits tirés par les contribuer et s’en rendre complice. guides de chasse ces dernières années (Lescuyer et al. 2016). Avant qu’il ne soit trop tard 67 Même face aux flux financiers limités asso- ciés aux AP du BCO, la création d’emplois et Example les investissements dans le développement Offrir des emplois axés sur la faune en des communautés et dans leur bien-être sont Tanzanie. L’emploi local est déjà inscrit des stratégies essentielles pour neutraliser les dans les politiques des gestionnaires de incitations à soutenir les braconniers ou à les la conservation dans le BCO. Les résultats tolérer, tout en renforçant la protection des AP. pour la conservation peuvent être im- Comme le montrent les exemples ci-dessous, ces pressionnants : dans le cadre du projet « stratégies sont efficaces pour atteindre des objec- Tanzania’s Ruvuma Elephant », des gardes tifs de conservation surtout lorsque les avantages sont formés à mener des patrouilles et à sont perçus comme dépendant de la protection recueillir des renseignements, en coordi- de la faune sauvage, tout en instaurant une nou- nation avec des agents de protection de la velle norme sociale contre le braconnage. faune. Ce projet récompense les gardes qui obtiennent des résultats satisfaisants ainsi Augmenter les sources de revenus locaux que d’autres membres des communautés dans les AP grâce à des structures de pour les renseignements qu’ils commu- niquent dans le cadre d’un réseau d’in- cogestion formateurs à l’appui d’opérations de lutte Dans le BCO et dans pratiquement toute contre le braconnage.a Dans l’ensemble du l’Afrique, la plupart des financements alloués corridor entre la réserve de chasse de Se- aux AP proviennent d’organisations de déve- lous en Tanzanie et la réserve nationale de loppement et de sociétés philanthropiques, en Niassa, au Mozambique, où le braconnage raison du manque de moyens de l’État. Selon continue de régner, le Ruvuma est parve- une étude menée en Zambie, il s’avère que ce nu à réduire le braconnage. Les chiffres sont les ONG ou le secteur privé soutenant les obtenus sont les plus impressionnants AP qui protègent le mieux la faune sauvage.122 d’Afrique : le nombre de carcasses d’élé- Dans un contexte de gouvernance faible, la ges- phants retrouvées a été divisé par sept au tion des AP est de plus en plus souvent confiée à cours des trois premières années du projet des partenariats public-privé (PPP), qui institu- et les populations d’éléphants sont restées tionnalisent le rôle des prestataires de services stables. – des ONG, la plupart du temps – grâce à des partenariats avec les administrations chargées Le Friedkin Conservation Fund, qui inter- de la faune sauvage.123 Lorsque ces arrange- vient dans plusieurs réserves de faune sau- ments professionnalisent la gestion, ils tendent vage et de chasse dans le nord et l’est de la à attirer plus d’investissements de la part des Tanzanie, est parvenu à des résultats tout donateurs et du secteur privé et, à terme, ils aussi impressionnants à l’aide de tech- multiplient les possibilités d’emploi et d’autres niques comparables. Grâce à ses 120 em- sources de revenus. Plusieurs de ces PPP ont été ployés de lutte contre le braconnage qui mis en place dans le BCO : le parc national du effectuent des patrouilles aériennes, des Chinko en RCA et le parc national d’Odzala-Ko- équipes d’intervention rapide et à l’impli- koua en RC, tous deux gérés par African Parks, cation des communautés, ses efforts ont et le parc national de Noubalé-Ndoki au Congo, débouché sur près de 2 000 arrestations administré par WCS. et poursuites par an.b Mais grâce à leur capacité à mobiliser davan- a. Lotter et Clark (2014). tage de financements, les PPP peuvent favo- b. Roe (2015). riser l’emploi local et la formation dans des domaines comme la surveillance, l’application de la loi et d’autres activités de lutte contre le braconnage.124 À court terme, ces possibilités d’emploi peuvent constituer des incitations à la protection de la faune tout en sauvegardant le po- tentiel touristique dans les AP qui, à long terme, peut procurer des avantages plus importants. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 68 Exemple Exemple Même sur fond de totale guerre civile, Partenariats public-privés visant à facili- le « Mali Elephant Project » a réduit le ter le partage de revenus au Rwanda. Un braconnage au Mali alors qu’il augmen- avantage des PPP réside dans leur capacité tait ailleurs dans le pays. Les gardes et les à innover dans des modèles de partage des informateurs employés dans le cadre de ce bénéfices qui peuvent concerner à la fois la projet étaient des habitants, rémunérés en population, les responsables de la conserva- nourriture.a tion, l’État et des acteurs du secteur privé. Au Rwanda, la communauté a fourni des terres a. Roe et al. (2017). pour la construction du lodge de Sabyinyo Silverback près du parc national des Volcans. Ce pavillon est la propriété d’une fiducie com- Lorsque la création de sources de revenus munautaire, mais est géré par un prestataire significatives, telles que le développement du de services privé. La fiducie perçoit des loyers tourisme, est difficile, voire impossible, un et une redevance de la communauté, qu’elle autre modèle consiste à créer pour la commu- investit dans des infrastructures de base telles nauté un fonds fiduciaire au lieu d’investir que des routes, l’électrification des campagnes dans une infrastructure touristique coûteuse et la récupération des eaux de pluie, et qui per- dont les retombées économiques seraient li- mettent de développer des entreprises locales mitées. Avec une unique injection de capitaux, basées sur le tourisme. Ce type de partenariat le fonds fiduciaire pourrait assurer à perpé- nécessite bien entendu un climat économique tuité des revenus stables à la communauté et favorable (voir les sections 5.a.i et 5.c). être moins vulnérable aux chocs économiques Aires de conservation pour faciliter le par- que le tourisme, dont la demande peut être tage des revenus au Kenya. Au Kenya, le Nor- fluctuante, surtout dans le BCO. Un tel fonds thern Rangelands Trust (NRT) exploite 33 de pourrait servir à payer des salaires destinés à la ces aires sur des sols reconnus propriété des conservation ainsi que les coûts d’opportunité communautés, en vertu soit du droit soit de la liés au renoncement aux activités extractives tradition. Afin d’influer sur la conservation au dans une aire protégée, en faisant dépendre les niveau du paysage, elles sont stratégiquement rémunérations de l’adoption par la collectivité implantées près des couloirs d’aires protégées d’actions de conservation.125 et de faune sauvage, tout en s’engageant dans d’autres utilisations soutenables des terres. Apporter des bénéfices aux individus ou Les aires du NRT privilégient avant tout la aux communautés protection des animaux et leur habitat de Les projets intégrés de conservation et de savane en réconciliant les incitations au déve- développement (PIPD), montraient que l’on loppement et les incitations à la conservation reconnaissait de plus en plus qu’elles avaient des pasteurs semi-nomades, présents dans la plus de chances d’atteindre leurs objectifs de plupart des aires.a Pendant qui les conflits liés conservation si elles répondaient explicite- au braconnage et aux terres ont considérable- ment aux besoins et aux moyens d’existence ment augmenté, 60 % de ces aires ont signalé des populations locales.126 Des chercheurs ont avoir observé des populations d’éléphants nommé ce type de projets des « distractions », stables ou plus nombreuses en 2016 qu’en parce qu’ils reposent sur la prémisse que les 2015. De plus, 92 % des habitants de ces aires habitants doivent être suffisamment inté- se sentent en sécurité dans leur communauté, ressés par une incitation sans rapport avec le 83 % trouvent que la faune est importante braconnage, plutôt que par des incitations qui pour leur avenir et 77 % pensent que les aires tentent directement de les en détourner : par de conservation leur procurent davantage de exemple, de l’argent ou la présence visible de bien-être.b patrouilles.127 a. Pellis, Lamers, et van der Duim (2015). b. NRT (2016). Avant qu’il ne soit trop tard 69 Malgré les critiques adressées au PIPD de ne veloppement contribuent aux objectifs de lutte pas avoir tenu compte des causes premières contre le braconnage dépend des habitants rive- des problèmes environnementaux et dévelop- rains des AP : en effet, il faut qu’ils croient que pementaux, dans une étude, 63 % des cadres le financement de ces projets dépend de la réus- et autres responsables ont mené une enquête site des efforts de lutte contre le braconnage sur 87 PIPD dans 33 pays africains subsaha- et que ces projets procureront suffisamment riens (dont sept PIPD des pays du BCO) et ont d’avantages aux premiers intéressés pour fait état de résultats globalement positifs.128 contrebalancer les avantages du braconnage. Cependant, la possibilité que ces projets de dé- Exemple Octroi de moyens de subsistance contre l’abandon du braconnage en Zambie. Dans la vallée du Luangwa Valley où trois parcs nationaux contiennent de riches assemblages fauniques et consti- tuent des attractions touristiques populaires, l’organisation COMACO (Community Markets for Conservation) intervient dans le domaine de la vulgarisation agricole et forme des agriculteurs à des pratiques agricoles soutenables certifiées. Elle s’adresse également à des braconniers connus, à qui elle propose des sources alternatives de revenus en les formant à la menuiserie, l’apiculture et la surveillance contre le braconnage. Pour participer à ce programme, les braconniers doivent remettre leurs armes et à ce jour, plus de 80 000 collets et 2 400 fusils ont été déposés.a COMA- CO génère la majeure partie de ses revenus en accédant à des marchés domestiques et interna- tionaux de produits alimentaires naturels (riz, miel, arachides et soja), commercialisés sous sa marque « It’s Wild ». L’effet de ce programme sur le braconnage semble encourageant : selon une étude, seuls 5 % des participants au programme auraient repris le braconnage, et les récents relevés aériens opérés indiquent que les populations d’éléphants dans la vallée du Luangwa (et une autre région) sont stables ou en augmentation, alors qu’elles sont en déclin dans deux régions témoins.b Toutefois, les preuves de l’impact de ce programme de conservation présentées dans des articles de synthèse sont maigres.c De plus, le fait que le programme a créé une incitation suffisante pour 95 % des anciens braconniers concorde avec ce qu’affirment ces braconniers, à savoir qu’ils n’ont touché en général qu’une très faible proportion du prix auquel s’est finalement vendu l’ivoire braconné.d S’ils touchaient davantage, ne serait-ce que 10 % du prix de vente final indiqué ailleurs, ces programmes auraient moins de chances de réussi.e Les marges élevées réalisées sur la vente illégale de produits animaux faciliteraient l’augmentation des paiements touchés par les bracon- niers. a. SupplyShift (2017). b. Joseph (2015); Great Elephant Census (2016). c. S. Pagiola, Communication personnelle de l’auteur, 25 janvier 2018. d. Joseph (2015). e. ONUDC (2016). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 70 Leçons dégagées et recommandations Exemple Pour les gouvernements : Offrir des avantages communautaires fixes et liés à la performance. Près du parc 1) Créer des cadres de gestion des aires national de Kibale, en Ouganda, un PIPD protégées libres de toute ingérence qui cible les communautés plutôt que les politique : La réussite de ces approches braconniers isolés a été mis en œuvre : un de partage des bénéfices dépend de centre médical destiné à la population lo- la maîtrise des opérations par les cale a été construit à la lisière du parc, qui responsables des AP (par exemple, risquerait d’être remis en cause si le bra- dans le cadre de PPP pour la gestion de connage et l’abattage illégal continuaient parcs), de systèmes transparents, de au même rythme.a Toutefois, ce modèle leur liberté à l’égard de toute ingérence ne présente pas une menace crédible de la politique, ainsi que de la capacité des suppression des avantages dans le cas où communautés à gérer efficacement des la pratique du braconnage se poursuivrait, fonds générés à des fins productives. affaiblissant l’incitation à favoriser les efforts de lutte anti-braconnage.b 2) Rechercher diverses sources de finan- cements : Pendant que le tourisme se Ce problème a été soulevé dans le cadre du développe à moyen et long terme, il « Ruaha Carnivore Project » (RCP) en Tan- faudra des financements d’organismes zanie, où des avantages tels que la santé, publics, de sociétés philanthropiques l’éducation et le bétail ont été jugés insuffi- et d’agences de développement pour samment liés aux résultats du braconnage créer des sources de revenus dans pour inciter les chasseurs à se détourner de les communautés dont le soutien est leur activité. En réponse, le RCP a commen- indispensable à la conservation, de cé à former des villageois et à les employer façon à les inciter à avoir des comporte- à poser des caméras dans le cadre de ses ments propices à la conservation. Autre efforts de surveillance de la faune. Le source de financement à explorer : les RCP rémunère les villages en fonction du programmes de compensation pour nombre d’animaux sauvages enregistrés des secteurs économiques à fort impact par les caméras, en recourant aux mêmes résiduel sur la biodiversité, tels que l’ex- incitations qu’avant, mais avec des liens ploitation minière ou le développement plus clairs à la présence d’animaux. Ce des hydrocarbures. programme a été extrêmement efficace : dans certaines communautés, où l’on avait Pour les responsables des aires protégées : coutume de récompenser les chasseurs de 3) Insister sur la réduction des coûts et lions en bétail, la chasse aux lions et aux la génération des profits : Compte éléphants est désormais interdite, et des tenu de la faiblesse actuelle des reve- amendes sont infligées aux chasseurs s’ils nus dans les aires protégées du BCO, les sont pris.c programmes de partage des bénéfices a. Chapman et al. (2014). doivent insister au moins autant sur la réduction des coûts pour les commu- b. S. Pagiola, Communication personnelle de nautés voisines que sur l’augmentation l’auteur, 25 janvier 2018. des bénéfices. c. “Community Camera-Trapping,” Ruaha Car- nivore Project, consulté en janvier 2018, http:// 4) Relier les flux de bénéfices à la www.ruahacarnivoreproject.com. performance : Dans l’idéal, qu’elles bénéficient aux individus ou à la communauté, les sources de revenus sont conditionnées aux résultats : par exemple, que les participants s’abstien- nent de braconner, même si une telle approche est difficile à mettre en place, à surveiller et à faire respecter. Même Avant qu’il ne soit trop tard 71 sans cette conditionnalité, les stratégies internalisent cette externalité en rétribuant dites de « distraction » peuvent favo- les personnes ou les communautés pour leur riser une plus grande ouverture à des capacité à produire un avantage environnemen- efforts de lutte contre le braconnage tal ou à s’abstenir de provoquer une nuisance plus ciblés, et par conséquent, elles ne environnementale. Lorsqu’ils sont bien conçus doivent pas être écartées.129 Toutefois, et appliqués à des contextes précis (par exemple il faut s’assurer que les communautés des utilisateurs en amont qui paient des utilisa- comprennent qu’elles n’existent que si teurs en aval pour la qualité de l’eau, le carbone les AP maintiennent leurs ressources. forestier et la protection des espèces menacées En outre, il faut intégrer la conditionna- d’extinction), les PSE ont le pouvoir de produire lité dans l’approche globale de partage des effets valables du point de vue économique des bénéfices pour une aire protégée, qui ne seraient sans doute pas réalisables autre- lorsqu’elle cherche à dédommager les ment.130 communautés d’une perte de revenus ou des dommages persistants occasion- Les PSE peuvent réduire le braconnage au nés par le CHF. sein d’une population cible en créant une incitation financière pour qu’elle s’abstienne 5) Efforts ciblés : Pour être rentables, les de braconner ou pour qu’elle contribue à la efforts de « distraction » ne doivent lutte contre le braconnage. Pour porter leurs pas seulement s’appliquer aux commu- fruits, ces dispositifs doivent (1) sélectionner nautés où ils sont le plus urgents (près des indicateurs qui puissent être suivis de façon des points où la population participe au réaliste, (2) refléter fidèlement l’objectif et tenir braconnage), mais également s’adresser compte de facteurs de résultats sans rapport aux premiers intéressés : éventuelle- avec le comportement des participants aux pro- ment des braconniers, comme dans grammes (par exemple un afflux de braconniers l’exemple de COMACO, ou des per- d’autres communautés), (3) gérer les attentes sonnes influentes capables d’instaurer de la communauté concernée, qui espère être de nouvelles normes sociales contre payée indéfiniment pour préserver la faune le braconnage. Cette approche néces- sauvage, et aussi celles des communautés voi- site une évaluation des besoins et une sines, qui se demandent si elles vont également étude approfondie du fond de la filière recevoir un programme de PSE, (4) prendre en du commerce illicite d’animaux sau- compte des caractéristiques essentielles dans la vages pour déterminer s’il est possible conception, telles que le seuil de rémunération à de créer une incitation suffisante (par partir duquel on peut décourager le braconnage, rapport au braconnage), surtout lorsque que celle-ci soit destinée à des communautés les moyens pour la mettre en applica- entières ou à un sous-groupe d’individus ou à tion sont faibles. Il faudrait aussi que un fonds communautaire, et comment éviter l’évaluation associe les personnes aux l’accaparement des ressources par les élites, bonnes activités de « distraction » et, (5) réduire les frais de transaction au minimum lorsque des activités rémunératrices et (6) trouver une source durable de finance- sont mises en avant, il faudrait de ment.131 bonnes analyses de la filière pour assu- rer leur réussite. Cependant, la présente analyse se concentre sur des cibles autres que les braconniers, en raison des problèmes inhérents à la création ii. Le paiement pour services d’un dispositif de PSE avec ce groupe, à sa- environnementaux voir : (a) la difficulté de trouver de probables braconniers, étant donné la nature illégale du Le paiement pour services environnemen- braconnage, (b) le montant considérable, au taux (PSE) désigne la création de marchés point d’en être irréaliste, du paiement néces- de services environnementaux tels que l’eau saire pour couvrir tous les braconniers poten- propre, l’air pur, la séquestration du carbone tiels et (c) la quasi-impossibilité de garantir que et la biodiversité, qui sont souvent sous-éva- les braconniers s’abstiendront de récidiver, car lués sur les marchés traditionnels en raison des études montrent que ceux-ci reviennent au de leur rôle d’externalités positives. Les PSE Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 72 braconnage après avoir été pris, condamnés à une amende ou emprisonnés.132 Exemple Servitudes de conservation en Tanzanie. La plupart des dispositifs de PSE incitent les Les communautés de pasteurs essentielle- individus à prendre des décisions favorables ment composées de Massaïs des plaines du à l’environnement. Cependant, comme le Simanjiro qui entourent le parc national montrent les stratégies d’utilisation des PSE de Tarangire tirent des revenus d’organisa- pour réduire le braconnage présentées ici, teurs de voyages depuis les années 1990, lorsqu’’il existe des institutions au niveau grâce à des concessions qui autorisent des des communautés qui disposent de processus safaris en jeep. Toutefois, l’état des routes efficaces de participation aux décisions, les au sein d’un petit nombre de communau- dispositifs de PSE peuvent être mis en œuvre tés voisines clés ne permet pas que des également au niveau communautaire. Cette safaris aient lieu pendant la saison des approche peut faire sauter les verrous posés par pluies, où la faune est abondante. Comme les normes sociales qui poussent les personnes elles n’avaient aucune incitation à pré- à se conformer ou à investir plus d’efforts que server la faune sauvage et son habitat, dans un dispositif centré sur les individus. Un ces communautés toléraient la pratique sous-groupe de ces dispositifs est structuré du braconnage, tout en envisageant de sous forme de concours entre communautés, transformer en terres agricoles les plaines comme celui utilisé par la fondation Durrell utilisées pour l’élevage. En 2005, des depuis 2003 pour inciter des communautés de tour-opérateurs, une organisation de déve- Menabe, à Madagascar, à gérer leurs forêts pour loppement communautaire et la Wildlife la biodiversité et les bénéfices durables plutôt Conservation Society ont financé et mis en que l’agriculture.133 Les paiements destinés à œuvre un programme de PSE pour inciter des communautés peuvent malgré tout être l’une des communautés, Terat, à préserver distribués à des particuliers ; cela répondrait la faune sauvage et son habitat. Ce pro- peut-être au problème d’accaparement des res- gramme a depuis versé 4 500 USD par sources par des élites et favoriserait une meil- an à la communauté, somme qui a servi leure adoption, même si les fonds ont moins de à construire deux écoles et à employer chances de contribuer aux besoins de toute une plusieurs éclaireurs anti-braconnage pour communauté. veiller à ce que les terres ne soient pas exploitées pour l’agriculture ou à des fins non soutenables (par exemple la produc- tion de charbon de bois) et à empêcher le braconnage.a a. Sachedina et Nelson (2010). Avant qu’il ne soit trop tard 73 Exemple Exemple Payer les communautés pour agir en Payer les communautés pour agir en faveur de la conservation en République faveur de la conservation en Suède. Un démocratique populaire lao. Dans l’aire programme de PSE mis en place en 2002 protégée nationale de Nam Et-Phou Louey, en Suède rétribue des groupes d’éleveurs un projet pilote a établi un lien direct entre de rennes autochtones en fonction du le nombre et le type d’animaux sauvages nombre de gloutons nés dans leur dis- aperçus par les touristes et le montant trict. Les éleveurs subissent d’importantes des avantages financiers accordés aux pertes dues à la prédation des gloutons communautés participant à une opération (leurs troupeaux nomades sont la princi- d’écotourisme. Ce projet, qui s’adresse à pale source de nourriture des gloutons). plusieurs villages, offre des incitations à Aussi, en 1996, un programme de rétri- toutes les familles qui ont accès à la zone butions a été mis en place, en partie pour d’écotourisme, où la chasse est interdite. dissuader les chasseurs de tuer illégale- Il couvre un ensemble d’espèces animales ment des gloutons. Cependant, le pro- à l’aide d’un système tarifaire à plusieurs gramme de PSE a remplacé le programme niveaux. Des résultats préliminaires per- de rétribution, parce que celui-ci créait des mettent de penser que, comme les béné- incitations perverses allant à l’encontre de fices de l’écotourisme ont augmenté, les in- la réduction de la prédation (dans le cas où fractions liées à la chasse ont diminué ; la les éleveurs savent que leurs pertes seront chasse n’a pas augmenté dans cette zone, dédommagées de toute façon) et qu’il n’of- contrairement aux secteurs nationaux des frait pas d’incitations suffisamment fortes AP qui n’avaient pas profité du tourisme ; à protéger les gloutons. Les résultats d’un et le nombre global d’animaux aperçus a suivi de longue durée démontrent que, augmenté.a comme les agents de surveillance devaient se poster à proximité des sites où les glou- a. Eshoo et al. (2018). tons ont leurs tanières, les femelles adultes avaient un risque nettement moindre de se faire tuer que les mâles. Mais comme il est plus important de protéger les femelles reproductrices que les mâles, le pro- gramme de PSE a augmenté nettement le taux de croissance de la population.a a. Persson, Rauset, et Chapron (2015); Zabel, Bostedt, et Engel (2013). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 74 Leçons dégagées et recommandations suivi plus coûteux et plus complexes que le cas tanzanien, et les espaces visés Les deux stratégies de PSE présentées ici pour- pour procéder au suivi des personnes raient être efficaces dans le cadre d’un pro- concernées et faire respecter les inter- gramme impliquant la communauté dans son dictions à des stades déterminants de la ensemble, surtout lorsque la cohésion sociale vie des animaux sont moins clairs que est forte et qu’il existe des organisations pour dans le cas suédois. Cependant, grâce à recevoir les paiements et les distribuer. des projets comme « Elephant Expedi- Pour les gouvernements : tion », qui fait appel à des scientifiques citoyens pour analyser des milliers 1. Veiller à la disponibilité de sources de photos d’éléphants prises avec des de financement durables : Le fait que pièges photographiques au Gabon, les communautés massaïs manquent les connaissances scientifiques et les de potentiel touristique et sont suffi- moyens techniques nécessaires pour samment incitées par un versement un programme de PSE dans le BCO annuel abordable est prometteur, étant pourraient se développer.135 L’exemple donné l’insuffisance des revenus que de la République démocratique popu- procurent les aires protégées dans le laire lao semble également indiquer BCO. Mais la difficulté pour les systèmes que des paiements au résultat aux de PSE demeure de trouver des sources communautés peuvent être concluants, de financement fiables. D’autres op- même si cela dépend de la perméabilité tions consistent à passer par des fonds d’une région aux braconniers extérieurs fiduciaires de conservation, en l’absence et du montant des paiements par rap- d’acteurs économiques majeurs ca- port aux revenus tirés du braconnage. pables de rémunérer les services direc- tement, bien que la compensation de la biodiversité et les programmes REDD+ iii. Gérer le conflit homme-faune constituent d’autres options (Encadré 7). Alors qu’une grande partie de cette étude a cherché à explorer des moyens d’augmenter 2. Réviser le cadre réglementaire : Pour la valeur de la faune sauvage, cette section mettre en œuvre des programmes de examine des approches pour diminuer la va- PSE pour la conservation par les com- leur négative que les communautés accordent munautés dans le BCO, il faudra passer aux animaux lorsqu’un CHF éclate - ce qui, en de nouveaux accords pour autoriser les valeur absolue, revient à augmenter la valeur communautés à procéder à des activi- de la faune. tés de surveillance et d’application de la loi. Plus généralement, il faudra que Une diminution de l’habitat de la faune et les interventions visent des commu- l’incursion des populations humaines dans nautés qui participent au braconnage cet habitat ont conduit à une augmentation dans des territoires situés en dehors du CHF. En particulier, autour des aires pro- des aires protégées ou qui dégradent tégées bien respectées, où la réapparition de l’habitat d’espèces animales particuliè- populations d’animaux sauvages peut exa- rement riches. Une telle approche, qui cerber les conflits.136 Dans les communautés conjugue la protection de l’habitat et rurales, les CHF éclatent le plus souvent lorsque la lutte contre le braconnage pourrait de grands mammifères entrent dans les villages également être favorable à un pro- ou dans les champs à la recherche de nourriture, gramme de PSE mêlant la lutte contre le constituant ainsi une menace pour les hommes. braconnage et les marchés du carbone À l’intérieur et autour des forêts BCO, le conflit forestier (Encadré 7).134 entre les hommes et les éléphants représente le plus important CHF.137 Pour les responsables des aires protégées : Dans la plupart des cas, le CHF se traduit par 3. Évaluer la faisabilité du suivi : Un une perte de nourriture et de revenus qui programme PSE pour les éléphants de représente un coût économique. Celui-ci, forêt nécessiterait des protocoles de associé aux conséquences psychologiques et Avant qu’il ne soit trop tard 75 physiques correspondantes, engendre des Encadré 7 attitudes négatives à l’égard de la faune. Ces LA REDD+ COMME MÉCANISME POUR AID- attitudes peuvent à leur tour conduire les com- ER À VALORISER LA FAUNE SAUVAGE munautés locales à des tueries isolées ou à un soutien, voire une tolérance du braconnage.138 La réduction des émissions liées à la déforesta- Une seule incursion par un éléphant peut dé- tion et à la dégradation des forêts (REDD+, en truire la récolte d’une année entière du jour au anglais Reducing Emissions from Deforestation lendemain, et peut être désastreuse pour les pe- and Forest Degradation) qui est essentielle- tits exploitants agricoles. Une étude menée sur ment un mécanisme de marché pour payer un village en Inde a constaté, par exemple, que pour la conservation ou la création du carbone celui-ci avait perdu 11 % de ses cultures à cause forestier peut être destinée à favoriser l’ob- des éléphants.139 Au Kenya, les éléphants ont tué jectif d’une valorisation de la faune sauvage. plus de 200 personnes sur une période récente Ce mécanisme intervient surtout à travers de sept ans. En représailles, les autorités respon- le pouvoir qu’il a de contribuer à financer la sables de la faune ont tué 50 à 120 « éléphants conservation de l’habitat de la faune, condition problématiques » uniquement pour apaiser les préalable à toute activité de valorisation de communautés affectées, même si personne ne la faune. Pour contribuer efficacement à cet croit que cette action puisse diminuer les raids objectif de conservation de la faune, la REDD+ sur les récoltes.140 doit, dans l’idéal, être intégrée à la planifica- tion de l’utilisation des sols (voir section 5.c.iv) Il n’est pas raisonnable de s’attendre à une ou privilégier des zones d’intervention en disparition totale du CHF, en particulier à me- tenant compte du carbone et de la faune et des sure que les populations humaines s’accrois- menaces qui pèsent sur elle, qui doivent faire sent et progressent dans l’habitat des espèces partie des couches d’analyse.a Les approches sauvages. Des approches politiques ciblées pour REDD+ qui privilégient la conservation de la lutter contre CHF en Afrique centrale ont plus forêt primaire et de l’habitat par rapport aux récemment mis l’accent sur la coordination, la plantations sont plus susceptibles de créer collaboration et l’échange d’informations par les conditions d’une valorisation de la faune le biais, par exemple, de la boîte à outils d’atté- sauvage. Lorsque les forêts sont soumises à des nuation des CHF de la FAO ou de l’application pressions, la REDD+ peut apporter des finance- pour smartphones Kobo Collect qui recueille ments pour améliorer la gestion de la zone, y et communique des informations de géoloca- compris dans les aires protégées, contribuant lisation sur les incidents de CHF.141 Ces efforts du même coup à préserver les conditions fon- pour renforcer les liens entre les groupes de damentales permettant aux animaux d’y vivre parties intéressées visent à traiter non seule- et d’y prospérer. De tels dispositifs exigent de ment le décalage historique entre les décisions puissants accords de partage des bénéfices et concernant l’aménagement du territoire et les d’implication des communautés. Lorsque la besoins des communautés, mais également les REDD+ offre des financements pour une meil- relations « en tuyaux de poêle » qui existent leure administration forestière, il est possible généralement entre les niveaux administratifs de rechercher des synergies avec l’administra- et les institutions. Une mauvaise gouvernance tion de la gestion de la faune. La REDD+ peut au sein des pays du BCO contribue également également contribuer à obtenir des droits aux griefs historiques (pré- et postcoloniaux) et de propriété ou d’utilisation des sols qui, s’ils à une méfiance à l’encontre de la faune et des servent à la gestion forestière, peuvent avoir programmes de conservation.142 des effets externes positifs également pour la Les solutions techniques au CHF peuvent être gestion de la faune. divisées entre celles qui préviennent ou em- a. Les zones qui renferment le plus de carbone pêchent les éléphants de détruire les récoltes et l’essentiel de la faune sauvage peuvent ne et celles qui réduisent l’impact négatif des pas toujours se chevaucher, nécessitant un bon CHF.143 Les solutions basées sur la dissuasion sont classement des priorités lors de la conception essentiellement de nature technique et doivent des programmes REDD+. Voir Potts, Kelley, et Doll être adaptées au contexte local. Aucune solution (2013). pouvant être généralisée n’existe, ce qui impose d’adopter une stratégie par tâtonnement. Les clô- Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 76 tures, par exemple, ont donné de bons résultats. Certaines délimitent de grandes aires protégées Exemple tandis que d’autres encerclent les cultures d’un Solutions de dissuasion incorporées dans seul agriculteur. Des solutions de basse technolo- un cadre de gestion adaptative commu- gie et financièrement rentables, notamment les nautaire en Tanzanie. Le Ruaha Carni- clôtures de piments, les ruches et les pastilles à vore Project (RCP) a été créé en 2009 pour l’huile de piments tirées en direction des élé- contribuer à la conservation des grands phants, se sont avérées efficaces pour réduire les carnivores sur le site de Ruaha en Tanza- dégâts aux cultures causés par les éléphants, et nie. La zone est habitée par les communau- diminuer les rencontres en général.144 Il existe des tés massaï et barabaig chez lesquelles la clôtures électriques, mais elles sont coûteuses à chasse au lion est une tradition, ainsi que construire et à entretenir. Le Gabon, par exemple, par d’autres bergers qui élèvent un bétail a récemment installé trois clôtures électriques dont les lions sont souvent les préda- fonctionnant à l’énergie solaire pour un coût de teurs. Étant donné l’impact négatif de ces 66 000 USD chacune, mais espère pouvoir net- prédateurs sur les moyens de subsistance, tement réduire ce coût pour être en mesure d’en les lions sont donc souvent chassés par installer d’autres. L’Agence nationale des parcs mesure de rétorsion ou de prévention, nationaux du Gabon (ANPN) justifie de telles dé- dans cette région. Le projet associe une penses en signalant que les clôtures de piments recherche approfondie à l’échelle de la et les ruches ont été inefficaces.145 région sur la science et la gestion des carni- vores avec un vaste programme d’engage- Les solutions qui réduisent l’impact néga- ment communautaire axé sur la réduction tif des CHF incluent l’indemnisation et les des CHF. La stratégie pluridimensionnelle programmes d’assurance pour les cultures en- de lutte contre le CHF comprend (a) la dommagées, le cheptel, les infrastructures ou fourniture de clôtures en fil de fer pour les les décès.146 De bons exemples d’enseignements enclos à bétail, combinée avec les clôtures pour le BCO sont présentés ci-après : traditionnelles en bois qui se sont avérées efficaces à 95 %, pour un coût de 500 USD par enceinte, (b) l’emploi de guerriers mas- Exemple saïs pour éloigner les carnivores, dissuader Indemnisation pour des dommages d’autres guerriers de les tuer, et répondre causés à la faune sauvage. Un des sys- aux attaques contre le cheptel, (c) la forma- tèmes efficaces de compensation les mieux tion de membres de la communauté pour documentés est le Mbirikani Predator placer des pièges photographiques et les Compensation Fund (MCPF), financé par récompenser quand les pièges prennent Big Life International, qui indemnise en photo des espèces cibles importantes, les guerriers massaïs en cas de perte de (d) l’emploi d’équipes d’intervention pour bétail. Le régime conjugue un paiement recueillir des informations sur les attaques de base pour le bétail perdu, des pénalités auprès des ménages affectés et (e) le en cas de méthodes de dissuasion insuf- financement d’écoles et de programmes fisantes (principalement les clôtures), et éducatifs pour les enfants et les adultes.147 des amendes et exclusions temporaires du Le programme a remporté une forte paiement des indemnités à toute commu- adhésion de la part de la communauté en nauté tuant des animaux sauvages inclus générant des avantages tangibles issus dans le plan. Le plan a entrainé une réduc- de la coexistence avec les prédateurs ainsi tion du taux de tueries des lions de 95 % que des avantages liés à l‘apprentissage de entre 2003 et 2014 par rapport aux 18 mois nouvelles compétences et au travail avec qui ont précédé sa mise en place, contri- d’autres membres de la communauté pour buant ainsi à la croissance des populations atteindre des résultats collectifs.a de carnivores. Ces résultats ont été obtenus moyennant un coût de 10 USD par per- a. Dickman (2015); “RCP Overview,” Ruaha sonne par année.a Carnivore Project, consulté en janvier 2018 2018, www.ruahacarnivoreproject.com. a. Okello, Bonham, et Hill (2014). Avant qu’il ne soit trop tard 77 Leçons dégagées et recommandations Exemple Les études de cas ci-dessus sont applicables Une assurance communautaire contre dans le BCO en dépit des différences évidentes les dommages causés par la faune au dans la gestion des éléphants par rapport à celle Pakistan. Dans la région du Balistan, dans des carnivores. l’Himalaya pakistanais, environ 50 % de la nourriture des léopards des neiges Pour les gouvernements : provient du cheptel domestique. Ceci crée une grande animosité envers ces animaux 1. Fournir le cadre politique approprié : et alimente les tueries en représailles. En Les politiques devraient encourager des 1999, le projet Snow Leopard (PSL) a pro- solutions adaptatives, communautaires posé un plan d’assurance à l’essai, financé et financièrement rentables, en offrant par les éleveurs. Depuis, le projet s’est un financement de dissuasion, et des étendu à 26 villages et a été reproduit au indemnités de manière stratégique et Népal, en Inde, en Chine, en Mongolie et au sur la base de données probantes. De Bhoutan.a Des comités d’assurance au sein tels programmes devraient impliquer des villages évaluent les réclamations et l’obligation, pour les bénéficiaires de la incitent les villages à se surveiller les uns communauté, de partager la respon- les autres, évitant ainsi la tricherie de fa- sabilité de mettre en œuvre, gérer et çon efficace. Comme la plupart des efforts maintenir les projets et les investisse- entrepris pour limiter les impacts du CHF, ments d’infrastructure comme condi- le programme d’assurance fait partie d’une tion au financement continu. stratégie à multiples facettes qui com- 2. Appuyer les mécanismes de compen- prend le financement de la construction sation : Les mécanismes d’indemni- de corrals pour protéger le cheptel contre sation se sont avérés efficaces dans de le léopard des neiges, des campagnes nombreux contextes149 et devraient être d’éducation et de sensibilisation dans les conçus pour éviter d’aller à contre-cou- villages, et une aide financière aux écoles rant des mesures de dissuasion, pour locales. garantir que les paiements satisfassent Note : Une grande partie de cet encadré repose les bénéficiaires et soient versés selon sur l’ouvrage de Hussain (2017). une méthodologie transparente et équitable et pour protéger efficacement a. UICN (2012). contre les fausses réclamations.150 De tels programmes risquent de dépasser les budgets lorsque les CHF sont plus Plusieurs pays, dont le Kenya, le Zimbabwe, le fréquents que prévu et sont associées Malawi et le Botswana, ont mis en place des à des coûts de transaction élevés, si programmes publics d’indemnisation pour bien que des sources de financement rembourser les éleveurs pour les pertes de bétail viables sont nécessaires et les attentes causées par les prédateurs carnivores. Il existe doivent être gérées adéquatement. aussi des exemples de régimes communautaires Quelques plans d’assurance existent plus petits qui indemnisent les éleveurs pour les déjà dans le BCO, mais il semble que pertes de bétail dans le but principal de dissua- leur fonctionnement puisse être encore der les tueries - de représailles ou préventives - amélioré : une enquête récente auprès d’animaux sauvages.148 de résidents de la zone TRIDOM a révélé que seuls 28 % des répondants ayant subi des pertes de récoltes à cause des éléphants et ayant demandé une in- demnisation auprès de l’administration publique l’avaient reçue.151 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 78 3. Organiser l’aménagement du ter- nécessaire. Pour garantir leur viabilité ritoire : Une lutte effective et à long financière, de tels plans nécessitent un terme contre le CHF peut être considé- cadre de surveillance fort pour exami- rablement facilitée par l’aménagement ner les réclamations et encourager des du territoire pour l’exploitation par les méthodes de dissuasion efficaces. hommes et pour la conservation (voir section 5.c.iv). Le renforcement des régimes fonciers et l’établissement de forêts communautaires, qui facilitent la c. Créer des conditions création de sources de revenus alterna- tives et de mesures incitant les com- favorables pour la munautés à tolérer et protéger la faune, génération et le partage sont également des instruments de politique complémentaires essentiels des bénéfices fauniques (voir section 5.a.ii). Les deux sections précédentes ont présenté les Pour les responsables des aires protégées : moyens par lesquels les pays du BCO peuvent générer plus de bénéfices à partir des res- 1. Réunir les nombreuses approches sources fauniques, et les partager. Toutefois, de dissuasion liées à la faune dans il se peut que ces approches ne fonctionnent des processus adaptatifs et commu- pas dans une sphère plus vaste, sauf si l’on nautaires : Combinée à un processus s’attaque aux conditions sous-jacentes. Il itératif, cette démarche favorise la com- faudra du temps pour mettre en œuvre ces re- préhension du problème (et le problème commandations, et entre-temps, la faune reste lui-même) amené à évoluer. Elles ont menacée. Il est donc nécessaire d’entreprendre également instauré des cadres pour des réformes de gouvernance plus larges, sur examiner l’efficacité de chaque élément le court et moyen terme, pour s’assurer que les et s’adapter si nécessaire. Dans le RCP, pays soient susceptibles de créer des activités par exemple, le programme de pièges économiques viables basées sur leur faune. À photographiques est apparu lorsque défaut, la faune risque purement et simplement l’on s’est rendu compte que, pour les de disparaître. chasseurs, les avantages communau- taires existants (par exemple les médi- caments vétérinaires gratuits pour le i. Faire preuve de volonté bétail) n’étaient pas assez directement politique liés à la protection de la faune pour décourager la chasse. De telles infor- Peut-être plus important encore, les gouver- mations n’apparaissent que grâce à un nements doivent afficher la volonté politique engagement communautaire profond d’éliminer la corruption et la fraude qui et elles sont essentielles au succès à aident et encouragent au CIES et y participent. long terme. Certains éléments tendent fortement à prouver que des fonctionnaires, y compris dans l’armée 2. Faciliter la création de plans d’assu- et les services de sécurité, sont impliqués de rance : Les plans d’assurance offrent façon directe et indirecte dans le CIES dans la un autre mécanisme permettant aux plupart des pays du BCO. Si les hautes sphères membres de la communauté de s’inves- du pouvoir ne font pas clairement savoir que ces tir dans le résultat, même si la majorité pratiques ne seront plus tolérées, il ne sera pas du versement des frais d’assurance est possible de contrer le fléau du CIES. subventionnée. La réussite du Pro- gramme du léopard des neiges dépend Récemment, des arrestations ont eu lieu au du fait que les éleveurs participants Cameroun, au Gabon et en RC, signes encou- aient assez d’argent pour contribuer au rageants montrant que les réseaux organisés plan d’assurance, ce qui peut ne pas être impliqués dans le CIES ne bénéficient pas le cas pour les communautés du BCO. d’impunité. Il faudra que ces exemples se Dans de tels cas, une aide extérieure est multiplient pour véritablement porter atteinte Avant qu’il ne soit trop tard 79 au trafic d’espèces sauvages, et il est néces- déjà signaler quelques cas d’espèce dans le BCO, saire d’agir très rapidement pour ralentir le comme ceux qui existent déjà avec le réseau braconnage à l’échelle massive à laquelle il est d’ONG EAGLE faisant appliquer la loi sur les perpétré. espèces sauvages ainsi que des organisations comme le WWF et le WCS dans les parcs natio- Par ailleurs, dans la majorité des cas, le finan- naux et les concessions forestières. Ces parte- cement pour la conservation a déjà été confié nariats pourraient tirer parti de l’expérience aux partenaires internationaux. Inévitable- existante et de certaines réformes. Par exemple, ment, cela a réduit l’efficacité de l’État en tant confier entièrement la gestion de la faune sau- qu’acteur de la protection de l’habitat. Si les vage dans les concessions forestières aux ONG États souhaitent protéger leurs ressources en sous la supervision des autorités nationales faune sauvage en vue d’un développement éco- pourrait renforcer l’efficacité. Les partenariats nomique futur, il faudra qu’ils financent mieux avec EAGLE pourraient servir à poursuivre des sa protection. objectifs de haut niveau si les arrangements passés au niveau institutionnels dépassaient le ii. Renforcer l’application de la cadre des ministères chargés de gérer la faune. loi iii. Réformes organisationnelles L’application de la loi – allant de la protection au renseignement, en passant par les services et renforcement des capacités d’enquête, la justice et la collaboration inte- Pour bâtir des alliances et faire respecter ragences – devra se montrer plus efficace. Les la loi dans des économies politiques aussi solutions proposées par cette étude peuvent complexes, il faut des institutions fortes. Les inciter à une gestion plus durable des ressources communautés locales et les populations au- de faune sauvage, mais elles ne suffiront pas à tochtones, les ONG, le secteur privé, les admi- régler la crise du braconnage. En outre, leur mise nistrations nationales et locales et parfois la en œuvre est longue. L’application de la loi doit coopération régionale ont un rôle à jouer. Les être renforcée à court terme pour une meilleure administrations qui supervisent les respon- protection des ressources. sables de la faune dans le BCO sont très souvent La base analytique de cette action est déjà faibles, manquent d’effectifs, sont souvent partiellement disponible : L’Office des Nations dominées par des employés plus âgés dont Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a les compétences sont obsolètes, manquent effectué des analyses des forces et faiblesses de responsables de faune ayant la formation de l’application de la loi par rapport au CIES professionnelle voulue ou n’ayant pas les au Gabon et en RC, à l’aide de la boîte à outils moyens de se rendre sur le terrain. En outre, les du Consortium international de lutte contre la équipements sont souvent médiocres et né- criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC).152 cessitent d’être mis à jour. Il est donc essentiel Des évaluations de ce genre seraient aussi d’entreprendre une réforme organisationnelle utiles au Cameroun et en RCA. Ces analyses pour créer les capacités nécessaires pour gérer permettent de concevoir des mesures systé- correctement les atouts fauniques. Outre le fait matiques pour renforcer l’efficacité des forces de s’attaquer à ces problèmes, il sera également de l’ordre en tenant compte de l’expérience de nécessaire d’améliorer la coordination politique nombreux partenaires publics travaillant à l’ap- entre les organismes publics en charge notam- plication de la loi. Les stratégies d’application ment des forêts, de l’environnement, du tou- de la loi qui en résultent doivent surtout viser risme, de la justice, du maintien de l’ordre, de la les barons du CIES et non pas les braconniers en sécurité et des douanes. bas de l’échelle, qui tentent d’assurer la survie L’absence de financements à long terme ca- de leurs familles. pable de soutenir les activités de conservation À court et à moyen terme, tant au niveau représente une sérieuse entrave pour celle-ci national que régional, il est possible car elle est par nature une entreprise à long d›accroître l›efficacité de l’application de la terme. Lorsque le secteur public est incapable loi et de renforcer les capacités grâce à des de le faire par lui-même, il faut établir des partenariats innovants renforcés. On peut modèles innovants – tels que les PPP pour la Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 80 gestion des aires protégées et d’autres formes ressources naturelles, ainsi que les initiatives de cogestion intensive ou la création de fonds d’écotourisme, souffrent souvent d’un manque fiduciaires pour la protection de l’environne- de marchés accessibles et d’infrastructures ment. De tels modèles sont nécessaires pour fiables. Avec un plan d’aménagement multi- générer de la valeur à partir des aires protégées, sectoriel, on peut définir des zones prioritaires attirer les investissements privés et publics et, pour ces activités, tout en prévoyant les besoins ainsi, accroître leur viabilité financière. Le projet d’infrastructures tels que routes et réseau en cours financé par le Fonds pour l’environne- électrique. L’aménagement multisectoriel peut ment mondial (FEM) de « Partenariat pour la également permettre aux communautés de sé- conservation de la biodiversité : financement curiser le régime foncier et donc de stimuler les durable des systèmes d’aires protégées dans investissements à plus long terme dans la ges- le bassin du Congo » a pour objectif de jeter tion des ressources. Quelques exemples en sont certaines des bases nécessaires au relèvement la définition de zones pour le développement de de ce défi. l’écotourisme, les zones de gestion communau- taire des ressources naturelles, ou les réserves iv. Aménagement du territoire de chasse. Enfin, l’aménagement du territoire peut réduire les CHF en modifiant les priorités Pour que les solutions ci-dessus aboutissent, de développement pour qu’elles n’empiètent elles ne doivent pas se limiter à des mesures à plus sur les habitats naturels essentiels. petite échelle ou mises en œuvre dans le cadre de projets. Il est au contraire essentiel de les L’aménagement du territoire, à des échelles intégrer dans une vision plus large de l’amé- allant de locale à nationale, est un cadre de nagement du territoire. Le Cameroun, le Gabon travail qui peut se révéler puissant et inciter et la RC mettent tous les trois en œuvre des les communautés à gérer la faune. Pour qu’il processus d’aménagement du territoire pou- soit efficace, ce processus exige une volonté vant fournir un cadre de travail soutenant des politique, une procédure bien au point et impli- modèles viables de développement des commu- quant des acteurs multiples et des investisse- nautés et qui incorpore la gestion et conserva- ments pour renforcer des conditions favorables. tion de la faune dans une stratégie plus vaste L’aménagement du territoire devrait donc se dont les efforts sont répartis sur les domaines fonder sur des données de haute qualité sur les social, économique et environnemental. schémas d’utilisation des terres rurales, sur le potentiel économique de l’utilisation proposée L’aménagement du territoire est un outil des terres et sur une analyse des compromis permettant de relever les défis de gestion et opportunités qu’impliquent les mesures des ressources naturelles, tout en dévelop- proposées. Il est tout aussi important que ces pant une vision plus cohérente pour l’avenir. processus soient inclusifs et répartis sur plu- À l’heure actuelle, les communautés locales sieurs échelles géographiques pour garantir une manquent d’incitations à donner de la valeur à adhésion suffisante des titulaires de droit et ac- la faune ; elles manquent également de sources teurs économiques sur l’ensemble des échelles. de revenus fiables. Un aménagement du terri- Enfin, les décideurs devraient s’assurer que toire inclusif permettrait de créer le dialogue les initiatives d’aménagement non seulement politique nécessaire pour améliorer les moyens exposent une vision pour l’utilisation du terri- d’existence des communautés en identifiant les toire, mais créent également des incitations et obstacles actuels et en développant des solu- les infrastructures nécessaires pour permettre tions de stratégie pour y remédier. Par exemple, aux collectivités de mieux tirer avantage des les approches de gestion communautaire des ressources naturelles, y compris la faune. Avant qu’il ne soit trop tard 81 Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 82 Avant qu’il ne soit trop tard 83 6. Conclusion Un plan d’action pour tirer une valeur économique durable de la faune dans le BCO. Au vu des niveaux élevés de braconnage et de Création de nouvelle valeur économique chasse non durable, la faune des pays du BCO est en voie d’extinction alors qu’elle pourrait 1) Développer le secteur du tourisme axé jouer un rôle important dans la croissance sur la faune : Pour que les ressources et la diversification économiques, et qu’elle fauniques du BCO soient plus valorisées, joue incontestablement un rôle crucial dans les communautés et l’État doivent avoir un les économies locales. Il est possible de sauver intérêt direct à les gérer durablement et, cette ressource pour le bien des communautés pour cela, elles doivent générer un rende- locales et des peuples indigènes. Toutefois, en ment économique. Le premier potentiel plus des approches de conservation tradition- de création de valeur jusqu’ici inexploitée nelles, les gouvernements doivent adopter une avec la faune du BCO est le développement stratégie intégrée qui comprend la création de stratégique d’un tourisme axé sur la faune. nouvelles opportunités économiques, le partage La réalisation de cet objectif requiert une des bénéfices et l’amélioration de la gouver- série de réformes pour créer un contexte nance. Cette stratégie doit aussi reconnaître réglementaire propice, ainsi que des inves- les particularités des différents types d’acteurs tissements ciblés et stratégiques. Le dével- impliqués dans le trafic des espèces sauvages oppement du tourisme est une entreprise afin d’apporter des réponses sur-mesure, tout de longue haleine qui nécessite une vision en tenant compte des contextes respectifs et un horizon d’investissement à long dans quatre pays du BCO. Une telle stratégie terme. devrait reposer sur trois axes : la création de 2) Mettre en œuvre des méthodes de ges- nouvelle valeur économique, le partage de la tion collaborative des forêts, des aires valeur économique et la création des conditions protégées et de la faune : Les méthodes propices à la création et au partage de valeur de gestion collaborative ont le potentiel de économique. rendre le contexte plus favorable au dével- oppement économique de la faune et de la ressource forestière. Elles peuvent impliquer Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 84 de nombreux échelons de l’État, les com- 4) Diminuer les dommages économiques munautés locales et les peuples indigènes, dus à la faune en gérant les CHF : Dans les ainsi que le secteur privé et des ONG. Elles communautés agricoles où la faune com- doivent toutefois être structurées pour ap- promet les récoltes, il est possible de réduire porter de la valeur également aux commu- la perception de valeur négative attribuée nautés locales et peuples indigènes. Lorsque à la faune en mettant en place des mesures ce type de systèmes de gestion aboutit à de prévention, ainsi que des politiques d’in- une gestion saine, de bons résultats et une demnisation ou d’assurance. meilleure gouvernance, ils peuvent tirer parti de ressources supplémentaires telles Création de conditions propices à la création que les investissements privés. Sur cette et au partage de valeur économique base, les partenariats de type collaboratif 5) Manifester un engagement politique fort peuvent aussi représenter un apport accru pour lutter contre le CIES : Les ressources de bénéfices et d’incitations pour les com- fauniques du BCO ne peuvent constituer munautés locales et populations autoch- une base de développement économique tones. Leur succès nécessite une réflexion si elles ne sont pas mieux protégées. Sans approfondie sur les régimes fonciers et de volonté politique manifeste d’éliminer le propriété et de participer aux arrangements CIES, tout effort pour protéger la faune sera de gestion collaborative pour l’utilisation de sérieusement compromis. Étant donné le plusieurs ressources, ainsi que de créer des déclin rapide des populations d’espèces organisations et intérêts collectifs partici- sauvages dans le BCO, les États doivent agir pant à la gestion des ressources. Cela exige vite pour contenir le braconnage com- également une forte capacité et une surveil- mercial, y compris en faisant savoir qu’ils lance de la part des communautés ainsi que ne toléreront plus que des fonctionnaires de l’État. Ces deux derniers éléments étant soient impliqués dans le CIES. limités dans le BCO, il semble approprié de réaliser une dévolution progressive des 6) Renforcer l’application de la loi : Il faut droits en plusieurs grandes étapes. En outre, ensuite que cet engagement se traduise ces fonctions peuvent être renforcées par par une meilleure application de la loi, en des partenariats pour une gestion collabora- particulier à l’égard des barons du trafic tive avec le secteur des organisations à but d’espèces sauvages. Les recommandations non lucratif. Toutefois, pour que cela soit contenues dans les analyses disponibles sur viable, il faut trouver des sources de finance- l’application de la loi sur la faune au Gabon ment innovantes. et en RC pourraient être suivies. Une même analyse pourrait être conduite au Cameroun Partage de la valeur économique et en RCA afin de créer une base pour une 3) Le partage des bénéfices des aires pro- application systématique de la loi sur la tégées : Les programmes de PSE et de faune sauvage. partage des bénéfices peuvent permettre 7) Réformes organisationnelles et renfor- de partager les retombées tirées des aires cement des capacités : Globalement, les protégées et de créer des groupes en faveur administrations actuelles ne sont pas bien de la conservation. Pour assurer leur effi- placées pour réaliser efficacement leurs cacité, ces programmes devraient être liés à missions de contrôle. Pour y remédier, il faut des performances dans les aires protégées commencer par rajeunir les services, les et les zones avoisinantes, pour inciter les décentraliser, renforcer les capacités de ges- populations qui y résident à adopter des tion de la faune et fournir des équipements. comportements favorisant la protection de l’habitat. Les approches visant à inciter les 8) Aménagement du territoire : L’aménage- communautés locales et les peuples autoch- ment du territoire à plusieurs échelles peut tones à sauvegarder leur faune dépendent servir d’outil pour mener un dialogue poli- fortement du contexte, et pour développer tique constructif entre les communautés, les de nouvelles méthodes, il faut des expéri- divers niveaux administratifs et le secteur mentations sur le terrain et à long terme, et privé ; pour identifier les priorités ; et pour développer des concepts de façon itérative. contribuer à la cohérence de la stratégie de Avant qu’il ne soit trop tard 85 protection de la faune. L’aménagement du conception, tout comme la COMIFAC elle-même. territoire peut aussi atténuer les conflits liés Il serait possible de réaliser d’autres progrès en à l’utilisation des ressources naturelles et les se concentrant sur : l’harmonisation des poli- CHF. tiques, par exemple en matière d’application des lois sur la faune ; le développement du tour- Dans tous les cas, les approches en matière isme axé sur la faune, par exemple en facilitant de politiques devraient intégrer les besoins le tourisme transfrontalier et en coordonnant humains et les exigences de la conservation, les investissements pour développer des syner- être fondée sur la participation de la commu- gies, notamment en matière de renforcement nauté et créer des cadres propices à des activ- des capacités ; la définition d’accords de gestion ités économiques durables axées sur la faune collaborative, et le partage d’expériences ; et sauvage. Elles auront pour base des systèmes de l’aménagement du territoire, qui tirerait béné- gouvernance hybrides. fice d’une vision transfrontalière des habitats et Il va sans dire que les actions entreprises communautés. devront être conçues sur mesure pour chaque Pour l’heure, les pays du BCO abritent en- pays concerné. Il sera également utile de core une faune sauvage abondante. Ils ont la résoudre plusieurs problèmes au niveau ré- possibilité de la protéger et de l’utiliser pour gional, à travers la CEEAC et des organisations leur développement et leur diversification spécialisées telles que la COMIFAC, étant donné économique. Mais pour y arriver, dans un con- notamment la nature transfrontalière du bra- texte où le braconnage est courant, le temps est connage et de la faune. Des ensembles d’aires compté. protégées transfrontalières, telles que TRIDOM et le Trinational de la Sangha, incarnent cette Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 87 Annexe A : Évaluation de l’état actuel du tourisme dans le BCO Le tourisme étant un des secteurs économiques dont la croissance est la plus rapide dans le monde, on reconnaît de plus en plus la contri- 1. Dynamiques du marché bution qu’il pourrait apporter à la protection du patrimoine naturel et culturel dont il dépend.153 du tourisme Cette annexe présente une analyse de l’état Entre 1995 et 2014, le nombre de visites tou- actuel du secteur du tourisme et des revenus ristiques en Afrique a presque doublé.154 En potentiels qui pourraient être générés par un Afrique subsaharienne, en 2016, le voyage et le tourisme axé sur la nature et la faune dans les tourisme ont contribué directement au PIB à pays du BCO. L’analyse se fonde sur une évalu- hauteur de 40,1 milliards d’USD, et leur contri- ation rapide de 34 aires protégées clés, dans les bution totale était de 108 milliards d’USD (7,1 % quatre pays concernés, ainsi que sur une évalua- du PIB) (Tableau A.1). D’ici à 2027, les contribu- tion plus approfondie du potentiel économique tions directe et totale devraient passer à 67 et du tourisme axé sur la faune dans deux aires 179 milliards d’USD respectivement, soit une protégées. L’analyse et les recommandations croissance annuelle de 4,8 %.155 qui posent la base pour augmenter le potentiel économique du tourisme axé sur la faune sont éclairées par une analyse documentaire détail- lée ; des réunions formelles et informelles ; des entretiens d’information ; et des questionnaires complétés par 38 parties prenantes, y compris des hôteliers et tour-opérateurs du secteur privé (15), et des représentants du secteur public (8) et de la société civile (15). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 88 Tableau A.1 : Valeur du secteur général du tourisme dans le BCO Contribution directe des Contribution totale des voyages et du tourisme au voyages et du tourisme au PIB (en millions d’USD)** % du PIB PIB (en millions d’USD)** % du PIB Pays 2017 2028† 2017 2028† 2017 2028† 2017 2028† Cameroun 1 190 1 980 3,2% 4,8% 2 660 4 350 7,2% 7,1% République centrafricaine 65 120 2,9% 2,8% 150 260 6,6% 6,3% Gabon 170 250 1,0% 1,0% 490 710 2,9% 2,8% République du Congo 120 170 1,4% 1,5% 370 500 4,0% 4,4% Total 1 545 2 520     3 670 5 820     Monde 2 570 100 3 890 000 3,2% 3,6% 8 272 300 12 450 100 10,4% 11,7% Afrique subsaharienne 70 300 70 300 2,7% 2,7% 116 900 186 800 7,1% 7,2% Source : OMT (2017b). * Toutes les valeurs sont en prix constants de 2017 et taux de change de 2018. Depuis 20 ans, le tourisme axé sur la nature est l’un des segments de l’industrie du voyage et du Définitions tourisme dont la croissance est la plus rapide. Les attributs intrinsèques (par exemple Depuis 2004, on estime que le tourisme axé sur capital naturel, saisonnalité, etc.) sont la la nature s’est développé trois fois plus vite que base du développement du tourisme axé l’industrie du tourisme dans son ensemble.156 sur la faune, mais ne dépendent pas de la Le tourisme axé sur la nature représente 20 à volonté des personnes souhaitant dévelop- 25 % du total des voyages dans le monde, et la per le tourisme. demande du marché continue de croître.157 Le taux de croissance annuel du tourisme axé sur Les attributs développés, en revanche, la nature est estimé à 5 - 15 %, et sa part dans le peuvent être contrôlés par ces personnes, marché mondial du tourisme et du voyage est et ils déterminent dans une large mesure estimée à 20 - 25 %, chiffre qui selon des esti- le succès ou l’échec du secteur touristique mations prudentes devrait passer à 35 - 45 % (par exemple les politiques, infrastruc- à l’horizon 2035.158 Toutefois, pour le continent tures, etc.). africain, l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies indique que le tourisme axé sur la faune représente 80 % du total des ventes de voyages chaque année, avec une tendance à la hausse.159 En se fondant sur l’analyse de ses attributs intrinsèques (voir tableau A.2) et son fort potentiel inexploité, le secteur du tourisme dans le BCO pourrait tirer parti de ces tendances pour se développer. Avant qu’il ne soit trop tard 89 liorées ; et la capacité et l’expertise de gestion dans le domaine de l’accueil et des aires proté- a. Obstacles structurels gées sont limitées. au développement du Le tableau A.2 résume l’état actuel des facteurs tourisme axé sur la faune qui influencent le développement du tourisme dans le BCO et l’importance de chacun pour le Malgré les perspectives ouvertes par le tourisme développement du tourisme, sur la base d’une et sa trajectoire de croissance attendue, nombre analyse détaillée de la littérature et des obser- d’obstacles empêchent le développement du vations d’acteurs clés dans toute la sous-région. tourisme axé sur la faune, dans le BCO. Par La section 5.a.i propose un certain nombre de exemple, il est difficile et onéreux de se rendre recommandations pour améliorer l’état actuel dans de nombreuses aires protégées ; les in- de chacun des facteurs indiqués ci-dessous au frastructures du tourisme doivent être amé- tableau A2. Tableau A.2 : Évaluation de l’état actuel du tourisme dans le BCO Importance au développement du tourisme Répu- Répu- blique blique 1 (peu important) Came- centra- du Facteurs qui influencent le développement du tourisme à 5 (très important) roun fricaine Gabon Congo Liens avec la conservation de l’environnement Capacité de gestion des aires protégées 5 Liens avec l’écotourisme 5 Environnement des entreprises Systèmes d’appels d’offres et de concessions 5 Commercialisation et activités de promotion existantes (au niveau national) 4 Produit touristique existant 4 Contexte du produit Capacité en ressources humaines dans le tourisme 5 Faune (diversité et visibilité)* 5 Faune (diversité et visibilité)* 5 Paysage (esthétique et diversité) 4 Sûreté et sécurité 4 Connexions avec des aéroports internationaux 4 Hôtellerie (qualité et diversité) 4 Exigences en matière de visa 3 Alimentation et boissons 3 Installations de communication (par ex, internet) 2 Logistique Contexte logistique (par ex, création d’itinéraires) 4 Accès (par ex., qualité des routes, disponibilité des transports) 4 Contexte politique Politiques nationales, régionales, locales 4 Environnement fiscal Mesures d’incitation et soutien fiscal 4 Services de santé Disponibilité et qualité des services de santé 3 Contexte réglementaire Efficacité et impact des réglementations 3 Climat Saisonnalité 3 Note : Orange = faible ou négatif, jaune = modéré, bleu = élevé ou positif. *La diversité de la faune dans les quatre pays du BCO est exceptionnelle, mais sa visibilité pose problème en raison de l’impact du braconnage et du couvert végétal dans la région. Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 90 Le résultat de ces différents obstacles est que l’in- et la gestion des APs, à travers le paiement frastructure et le développement touristiques des droits d’entrée, les frais de location et sont actuellement limités, et un certain nombre autres leviers du tourisme, des pays analysés a mauvaise réputation sur ses §§ Générer des avantages économiques directs, marchés cibles. indirects et induits, y compris l’emploi, pour les communautés, ce qui permettrait de créer des groupes de conservation de l’envi- ronnement, b. Le braconnage en §§ Soustraire des emplois et du capital aux ac- tant qu’obstacle au tivités qui menacent les valeurs de conser- vation, pour les transférer à des alternatives développement du favorables à la conservation de l’environne- tourisme, et le tourisme ment, pour inciter à la §§ Promouvoir l’accès aux zones naturelles et permettre au public d’en profiter, en pro- conservation de l’habitat mouvant des « ambassadeurs » nationaux et internationaux en faveur de la faune et la Sur l’ensemble du continent africain, 70 % des nature, tour-opérateurs interrogés ont déclaré que le §§ Augmenter la présence des visiteurs, qui braconnage a un impact négatif sur le tourisme peut avoir un effet dissuasif pour les bracon- axé sur la faune.160 Le secteur du tourisme en niers et autres activités illégales, Afrique perd 25 millions d’USD par an à cause §§ Diversifier le secteur touristique : les tour- du braconnage des éléphants à lui tout seul.161 istes axés sur la faune ont tendance à sé- On estime que le coût global pour réduire le journer plus longtemps et dépenser davan- braconnage à un niveau qui stabilise les po- tage pendant leurs vacances ; ils composent pulations d’éléphants (c’est-à-dire sans déclin avec de plus grandes difficultés pour parve- et sans augmentation) serait de 16,9 millions nir à une destination ; et de façon générale, d’USD par an au total, sur 45 vastes aires proté- ils prennent plus de risques en voyageant gées principalement recouvertes de forêts, au dans des endroits « moins sûrs »,164 Cameroun, en RCA, au Gabon, en RC et en RDC.162 Il serait donc judicieux sur le plan économique §§ Sensibiliser la communauté internationale à d’investir dans la protection des éléphants dans la richesse du patrimoine naturel du pays et le BCO (en effet des analyses dans d’autres ré- contribuer ainsi à l’« identité de marque » gions d’Afrique ont montré des taux de rende- de ces pays. ment comparables à ceux de secteurs tels que l’éducation, l’agriculture ou l’électricité163), mais il faudrait pour cela que le tourisme axé sur la faune génère suffisamment de revenus. d. Évaluation rapide du potentiel du tourisme axé sur la faune c. Les avantages du Parmi la cinquantaine et plus d’aires développement du protégées que comptent les pays du BCO, beaucoup d’entre elles abritent une ex- tourisme axé sur la faune traordinaire biodiversité, mais seul un tout petit nombre est prêt pour le tourisme. Le Les principaux avantages du développement du tableau A.3 présente 26 aires protégées, qui tourisme axé sur la faune pour les pays du BCO ont été jugées à haut potentiel ou à poten- sont : tiel moyen à élevé pour le développement §§ Générer des recettes fiscales pour l’État, du tourisme, en fonction de leurs attributs intrinsèques et de la viabilité potentielle §§ Créer une économie touristique qui peut du secteur touristique, d’après une analyse soutenir directement la protection efficace détaillée de la littérature et des observations Avant qu’il ne soit trop tard 91 d’acteurs clés dans tout le BCO. Chacune En principe, et vu leurs attributs intrinsèques, de ces aires protégées dispose des attributs les perspectives globales pour un tourisme intrinsèques nécessaires pour devenir une axé sur la faune dans ces aires protégées sont destination touristique axée sur la faune positives. L’État peut exploiter ce potentiel en reconnue au niveau mondial. Parmi ces encourageant et en régulant le développement zones, celles qui exigent moins d’investisse- du tourisme futur, et en renforçant la gestion et ments dans les attributs développés ont été l’administration des parcs (voir section 5.a.i). jugées à haut potentiel, tandis que celles qui exigent davantage d’investissements ont un potentiel moyen à élevé. Tableau A.3 : Potentiel des aires protégées du BCO en matière de développement du tourisme Cameroon Parc national de Bénoué Élevé Parc national de Campo Ma’an Élevé Parc national de Korup Élevé Parc national de Lobéké Élevé Réserve de faune du Dja Élevé Parc national de Bouba Njida Moyen à élevé Parc national de Faro Moyen à élevé Parc national de Niki Moyen à élevé Parc National de Waza Moyen à élevé Central African Republic Complexe des aires protégées de Dzanga-Sangha Élevé Parc national de Mbaéré Bodingué Élevé Réserve naturelle de Chinko Moyen à élevé Gabon Parc national d’Ivindo Élevé Parc national de Loango Élevé Parc national de Lopé Élevé Parc national de Mayumba Élevé Parc national Akanda Moyen à élevé Parc national des plateaux Batéké Moyen à élevé Parc national de Birougou Moyen à élevé Parc national des monts de Cristal Moyen à élevé Parc national de Minkébé Moyen à élevé Parc national de Moukalaba-Doudou Moyen à élevé Parc national de Pongara Moyen à élevé Republic of Congo Parc national de Conkouati-Douli Élevé Parc national de Nouabalé-Ndoki Élevé Parc national d’Odzala-Kokoua Élevé Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 93 Annexe B : Méthodologie Les recherches liées à cette étude ont été faites oun, et Ouesso en RC (voir chapitre 4 pour plus en trois phases : Tout d’abord, l’équipe a mené de détails). Les résultats préliminaires de l’étude des consultations avec plus de 80 représen- ont été ensuite validés dans une seconde série tants du gouvernement et de la société civile à d’ateliers organisés à Brazzaville et à Yaoundé, Bangui, à Brazzaville, à Libreville et à Yaoundé. et un rapport provisoire a été transmis à la Ensuite, elle a effectué une revue détaillée de la COMIFAC pour commentaires. Un exposé com- littérature et a des entretiens avec de nombreux prenant des discussions des principales conclu- membres de la communauté de la conserva- sions de l’étude a été organisé à Douala avec le tion et de l’industrie du tourisme (y compris REPALEAC, réseau régional des peuples autoch- 15 hôteliers et voyagistes, 8 agents de l’État et tones et des communautés locales, regroupant 15 représentants de la société civile). En plus, 25 participants venant des 8 États du COMIFAC, l’équipe a eu des entretiens de groupe avec des y compris les pays du BCO (2 à 3 délégués des membres de la communauté et des braconniers peuples autochtones par pays, le secrétariat du dans certaines des principales zones de bracon- REPALEAC et ses partenaires techniques). nage du BCO : Ngoyla et Mintomin au Camer- Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 94 Avant qu’il ne soit trop tard 95 Notes Chapitre 1 21. Haenlein, Maguire et Somerville. (2016). 1. Muller-Landau et Hardesty (2005). 22. Maisels et al. (2013). 2. Yanggen, Angu, et Tchamou (2010). Land- 23. Thouless et al. (2016). scape-Scale Conservation in the Congo Basin: 24. CITES (2016). Lessons Learned from the Central African 25. Bâle (2017). Regional Program for the Environment (CARPE). 26. Vigne et Martin. (2017). Gland : UICN. https://portals.iucn.org/library/ 27. Do et al. (2018). efiles/documents/2010-037.pdf. 28. Underwood, Burn, et Milliken (2013). 3. Strindberg et al. (2018). 29. Thouless et al. (2016). Chapitre 2 30. Olingo (2017) 31. Nkoke et al. (2017). 4. Wilkie et Carpenter (1999a); Nasi, Taber, et van Vliet (2011); Abernethy et al. (2013). 32. Nkoke et al. (2017). 5. Abernethy et al. (2013). 33. Wasser et al. (2015). 6. Fa et al. (2015). 34. Nkoke et al. (2017); Poulsen et al. (2017). 7. Fa et al. (2015); Brashares et al. (2011). 35. Maisels et al. (2013). 8. Bennett et al. (2007). 36. Maisels et al. (2013). 9. Stiles (2011). 37. Campos-Arceiz et Blake (2011). Voir aussi la note 15, chapitre 2. 10. Nasi, Taber, et van Vliet (2011); Lindsey et al. (2015). 38. Poufoun et al. (2016). 11. Abernethy et al. (2013); Fa et Brown (2009). 39. Poufoun et al. (2016). 12. Nasi, Taber, et van Vliet (2011); van Vliet et Mba- 40. Underwood, Burn, et Milliken (2013). zza (2011). 41. Nkoke et al. (2017). 13. van Vliet et Mbaza (2011). 42. LAGA (2015). 14. Randolph et Stiles (2011). 43. Nkoke et al. (2017). 15. Nasi, Taber, et van Vliet. (2011). 44. Heinrich et al. (2016); Pangolin Specialist Group 16. Randolph et Stiles (2011). (2018). 17. Fa et Brown (2009). 45. Ingram et al. (2017). 18. Abernethy et al. (2013); Effiom et al. (2013); Beck- 46. Heinrich et al. (2016). man et Rogers (2013); Caughlin et al. (2015); Culot 47. Heinrich et al. (2016). et al. (2017); McConkey et al. (2012); Vanthomme, 48. Ingram et al. (2017). Bellé, et Forget (2010). 49. Li et Jiang (2014). 19. Thouless et al. (2016). 50. Vidal (2016); Marsden et al. (2015). 20. Thouless et al. (2016). Valoriser la faune de façon durable dans le bassin du Congo occidental 96 51. Laing (2016). ton, DC (consulté 2017), https://data.worldbank. 52. WWF (2016). org/indicator/ST.INT.RCPT.CD. 53. Vidal (2016). 3. Wilkie et Carpenter (1999b). 4. Fletcher (2018). Chapitre 3 5. King et al. (2012). 1. Batchy et al. (2017). 6. OMT et PNUE (2017). 2. P. De Wachter, Communication personnelle basée 7. Banque mondiale (2014). sur les données ETIC du WWF. 6 décembre 2017. 8. Glenny (2018). 3. P. De Wachter, Communication personnelle basée 9. GEF (2016). sur les données ETIC du WWF. 6 décembre 2017. 10. OMT (1996). 4. Freeland et Save the Elephants (2018); Cameroun, 11. Jovanovic et Ilic (2016). Ministère des forêts et de la faune (2017). 12. WRI (2016). 5. Harrison et al. (2015). 13. Gabon, Ministère de la Forêt et de l’Environne- 6. Pour la RC : Banque mondiale (2017) ; Pour la ment (2004) ; Loi n° 16-2000 du 20 novembre RCA, le Cameroun, le Gabon : Indicateurs de pau- 2000 portant Code forestier, République du Con- vreté, World Bank Open Data (base de données), go ; Loi n° 08-022 du 17 octobre 2008 portant Banque mondiale, Washington, DC, https://data. Code forestier, République centrafricaine. worldbank.org/indicator/SI.POV.RUHC. 14. Loi n°94/01 de janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche - Cameroun ; Chapitre 4 Loi n°16-01 du 31 décembre 2001 portant code 1. Union africaine (2015). forestier en République du Gabon. 2. COMIFAC (2015). 15. Ekounou Abanda (2015). 3. CBFP (2013). 16. Nguimbi (2018). 4. Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994. 17. Gabon, Ministère de la Forêt et de l’Environne- ment (2018). 5. Koulagna Koutou (2001). 18. Kouedji Monthé et al. (2015). 6. Loi n° 201/008 du 6 mai 2014, d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du 19. Julve et Vermeulen (2008). territoire au Cameroun. 20. Julve et al. (2007); Bigombé Logo (2008); Rossi 7. FAO (2017). (2008); Karsenty (2010); Ndume-Engone (2010); Cuny (2011); Ekounou Abanda (2015); CED et al. 8. Ordonnance n° 84.045 du 27 juillet 1984 portant (2017). protection de la faune sauvage et Loi n° 90.003 du 09 juin 1990 portant Code forestier, Répub- 21. Ngoumou Mbarga (2013); Mbairamadji (2009); lique centrafricaine. Bakouma et Sève (2012); CED et al. (2017). 9. Code forestier, Article 32 (2), République du 22. Gabon, Circulaire 000069/MEFPEPGE/SG/DGF/ Congo. DFCom, 25 septembre 2017. 10. Loi n°43‐2014 du 10 octobre 2014 d’orientation 23. Nguinguiri (2008). pour l’aménagement et le développement du 24. Roger, Calaque, et Doumenge (2006); Rousselot territoire, République du Congo. Loridan (2012); Ouallet et Ouoko (2012); Payen 11. COMIFAC (2005). (2014). 12. Tilly (1998). 25. Gami (2003); Mbété et al. (2007). 26. Lescuyer et al. (2012). Chapitre 5 27. Ampolo et al. (2017). 1. Banque mondiale (2007). 28. Moussiessi Mbama et al. (2014). 2. Tourisme international, Ensemble de données 29. Gabon, Ministère de la Forêt et de l’Environne- sur les reçus (dollars actuels), Open Data de la ment (2018). Banque mondiale (base de données), Washing- 30. Seymour, La Vina, et Hite (2014). 31. Awono et al. (2013). Avant qu’il ne soit trop tard 97 32. Amatya et al. 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