aJ Avant-propos eette brochure presente une strategie a assurer une exploitation raisonnee des . pour un developpement economique ressources naturelles et a donner un coup ecologiquement durable au Moyen- d'arret a la degradation de I'environne- Orient et en Afrique du Nord. Elle brosse ment. On y a indus, a cette fin, un pro­ : un tableau general des problemes que gramme d'action. La Banque mondiale posent la rarefaction des ressources natu- est prete a aider les autorites nationales a ." relies et la pollution de I'environnement affiner et mettre en oeuvre ce type de dans la region et de certains de leurs programme, qui viendrait se greffer sur couts chiffrables. Elle propose un ensem- les importants efforts que beaucoup ble d'initiatives a prendre pour y repon- d'entre eux ont deja engages. La Banque dre, elle en evalue Ie cout et elle indique est prete a fournir, aux gouvernements comment les financer. La demarche qui Ie lui demanderont, des fonds recommandee comprend un ensemble d'investissement et des conseils en mobi­ diversifie d'actions soulignant les incita- lisant a cette fin des ressources avec la tions a offrir et les investissements a cooperation d'autres bailleurs de fonds et cibler pour proteger la sante publique et en jouant un role actif dans les program- Ie patrimoine de ressources naturelles de mes regionaux qui existent deja, comme chaque pays au moyen d'appareils insti- Ie Programme environnemental d'assis­ tutionnels, juridiques et reglementaires. tance technique pour la Mediterranee La brochure ne se contente pas de faire (METAP), ainsi que dans tous nouveaux des recommandations concernant les programmes que les pays de la region mesures a prendre par les pays de la pourraient entreprendre. region: elle indique egalement comment Enfin, j'ai bon espoir que la brochure les acteurs de I'exterieur - investis- et les propositions qu'el\e contient seurs prives, bailleurs de fonds bilateraux contribueront au processus plus large de . et organisations internationales, y com- retablissement de la croissance economi­ pris la Banque mondiale - pourraient que rapide, partagee et durable sur soutenir leurs efforts. laquelle reposent, en derniere analyse, Vu la diversite de la region, la strategie tous nos espoirs de prosperite et de bien­ d'action environnementale presentee ici etre pour les populations de la region. s'inscrit dans une perspective regionale et ne s'applique pas specifiquement a tel ou Caio Koch-WesC/; tel pays. Je suis convaincu, neanmoins, Vice-President, Region Moyen-Orient que la publication de cette brochure inc i- et Afrique du Nord tera les gouvernements a agir de maniere Banque mondiale Forger un partenariat pour une action environnementale 1 Cesser de courir a la catastrophe Les pays du Moyen-Orient et d'Afrique humains que lui impose Ie nombre de du Nord ont realise des progres impres­ maladies et de deces prematures qUi en sionnants, encore qu'inegaux, au cours resultent. des trois dernieres decennies. Le PIB par Richement dotee en reserves de habitant y est passe de 1.500 dollars en petrole et de gaz naturel, la region est 1965 a 2.000 dollars en 1990. La morta­ pauvre en deux autres types de ressour­ lite infantile a chute de moitie et l'espe­ ces naturelles d'importance capitale : des rance de vie est passee de 48 a 64 ans. terres productives et des ressources en Les niveaux d'instruction se sont amelio­ eau accessibles et renouvelables. La res: les taux de scolarisation primaire region ne compte que 6 % de terres ara­ avoisinent les 100 %, ceux bles et ses disponibilites en eau douce D;=;; sttuh~9ies do;, devE'­ de scolarisation secon­ sont limitees. C'est pourquoi les etablis­ to!-,pelllellt Clxees sUllo daire ont triple et ceux de sements humains se sont concentres a ,..·c·herche de i"uutosuf· scolarisation feminine l'interieur d'un espace relativement res­ fISUllCt: cdimentuire e1 qUintuple. treint du territoire, et c'est pourquoi la lll1c· 1l1dustri<.11IsutlOlI Mais ces progres ris­ production alimentaire y est fortement [upldc" Ullt lllt!COllnu quent d'etre compromis tributaire de !'irrigation. t'i rn!-,ortll lice de to pre­ par la degradation envi­ Un paradigme du developpement SdV'_ltlon et du bon ronnementale dom ils se fonde sur la recherche de l'autosuffisance Ilc;(1U" des ressources sont accompagnes : une alimentaire et la realisation d'une indus­ l1C!tl II"C 1ks llIn51 que eau qui se rardie, des ter­ trialisation rapide a soumis les ressources k·s cc-,nSf'CjUf-lICeS de tel res arables qui se degra­ naturelles de la region a une pression de pottution. dent, un air et une eau plus en plus forte. Depuis les annees 60, pollues et de mauvaises les gouvernements de la region ont beau­ conditions d'hygiene menacent la capa­ coup investi en production agricole inten­ cite de la region a poursuivre sa crois­ sive, en projets d'infrastructure a grande sance economique et a absorber des echeUe, ainsi que dans des industries populations a croissance explosive, outre diverses comme celles du ciment, du fer les enormes couts economiques et et de l'acier, des engrais et des produits Situation doublement perdante Approvision- Production Recettes du Degradation Pollution Colits de Ecoulements nement en eau de petrole tourisme des terres de rair sante d'eaux usees par habitant par habitant par habitant urbaines 2 Forger un partenariat pour une action environnementale a chimiques, investissements fortement adequates pour adopter des techniques subventionnes - pour I'eau , l'energie, les moins polluantes. Des regimes commer­ produits agrochimiques, les aliments de ciaux protecteurs, un certain laxisme base et les services publics. budgetaire et l'absence de reglementation Cette strategie de developpement, de I'environnement ont permis a de necessaire pour repondre aux besoins vieilles industries tres polluantes de sur­ d'une population en croissance rapide, n'a vivre. Des technologies de moteurs de pas voulu voir l'importance de la preser­ vehicules obsoletes et une consommation vation et d'une bonne gestion des ressour­ relativement elevee de carburant ont ces. En agriculture, des methodes de encore aggrave la pollution atmospheri­ : culture inappropriees, Ie phenomene de que dans les villes. sedentarisation et une mauvaise gestion de Lenergie est un autre gros pollueur. ~ l'eau ont entretenu Ie gaspillage des res- Des subventions energetiques tradition­ sources en eau; des terres de pature fragili­ nellement eievees, qui se situent encore sees ont souffert du surpaturage tan dis aux alentours de 25 milliards de dollars que des paturages productifs se voyaient pour la region, n'ont guere incite a eviter convertis en terres de culture promises a les gaspillages d'energie et a mieux utili­ un epuisement rapide; et la faiblesse des ser celle-ci . La consommation d'energie prix des produits agrochimiques a conduit par unite de production est presque dou­ les agriculteurs a en abuser, provoquant ble de celie d'autres regions a niveau de ainsi la pollution des eaux de ruisseUe­ revenu comparable, comme l'Amerique ment. Zones cotieres et mers regionales latine et les Caraibes. ont ete de plus en plus surexploitees, por­ II faut, pour ameliorer la gestion de tant atteinte a la peche et, plus encore, au I'environnement, incorporer ces couts tourisme, une des sources majeures de sociaux et economiques dans la strategie devises pour plusieurs pays. globale de developpement - par la mise La pollution urbaine represente une en oeuvre de politiques et de program­ menace pour la sante publique dans la mes integrant croissance economique, region. les industries qui appartiennent lutte contre la pauvrete et preservation au secteur public ou qUi sont subven­ de l'environnement. Le coat des refor­ tionnees par lui n'ont guere eu les mes sera bien moins eleve que celui de moyens ni les capacites ou les incitations I'inaction. Forger un partenariat pour une action environnementale 3 ..~------------------------. Le coul enorme de I'inaction Aujourd'hui, Ie developpement de la • Pres de 60 millions de personnes (environ 40 % des habitants des villes) region est confronte a d'enormes defis : respirent un air dangereusement pollue • La population s'accroit en moyenne par les emissions d'industries fortement de 3,1 %, taux Ie plus eleve du monde. polluantes ainsi que par l'utilisation de En une seule generation, la population vehicules inefficaces, d'essence aplomb urbaine est passee de 32 millions a plus et de fiouls a forte teneur en soufre. de 130 millions (54 % du total), laissant • La degradation des ressources loin derriere la croissance des services naturelles - erosion des sols, deboise­ municipaux. ment et perte de biodiversite - se pour­ • La situation de l'approvisionnement suit et s'etend. Elle est particulierement en eau est precaire. Dix pays (Arabie grave dans certaines regions d'Algerie, du saoudite, Bahrain, Emirats arabes unis, Maroc, de la Tunisie et du Yemen. Israel, Jordanie, KoweH, Libye, Oman, • Un patrimoine culturel unique au Qatar et Yemen) ainsi que la Cisjordanie monde, qui contribue a attirer 9 milliards et Gaza consomment plus de 100 % de de dollars par an en recettes de tourisme, leurs approvisionnements en eau douce se voit menace par la pollution et un renouvelables, et neuf (Algerie, Egypte, developpement debride. Iran, Iraq, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie Telle est la situation grave qui prevaut et Tunisie) ainsi que la Cisjordanie et aujourd'hui dans la region. On evalue Gaza ont connu des problemes de mau­ aux alentours de 1 a 1,5 milliard de dol­ vaise qualite de l'eau. lars par an la perte de productivite cau­ • Environ 45 millions de personnes see par la degradation des terres, y n'ont pas acces a une eau potable salubre compris la desertification. Les effets de la et 85 millions vivent dans de mauvaises pollution sur la sante se soldent par la conditions d'hygiene. Vingt pour cent perte de milliers de vies humaines et par seulement des eaux usees urbaines sont une diminution de la productivite et du traitees, contre 60 a 70 % aux Etats-Unis bien-etre des gens. Conjugue a d'autres et en Europe. effets economiques, Ie cout d'un develop­ pement non durable se situe entre 12 et 14 milliards de dollars par an, soit envi­ Couls reels de la negligence de ron 3 % du PIB de la region. C'est a peu I'environnemenl pres Ie cout des atteintes portees a l'envi­ Estimation prudente: 12 a 14 milliards de dollars par an ronnement dans les pays d'Europe de - pres de 3 % of GDP l'Est et c'est deux ou trois fois plus que Ie Traitement des maladies $1,0-1,5 cout sup porte par les pays d'Europe de Degradation des ressources naturelles $1,0-1,5 l'Ouest. Encore ce chiffre ne tient-il pas Impact sur Ie tourisme $1,0-2,0 compte de certaines pertes difficiles a chiffrer, comme la depredation des eco­ systemes, la perte de la diversite biologi­ que et les effets a long terme d'une pollution toxique, dommages souvent irreversibles et qui peuvent compromet­ Absence d'eau Plomb Bioxydes tre la croissance future par affaiblisse­ salubre et de soufre et ment de la productivite de la terre et d'assainissement particules alteration de la sante des etres humains. 4 Forger un partenariat pour une action envilonnementale Tendanceslulures developpement debride, l'aggravation de Dans dix ans, si la tendance actuelle se la pollution de l'air et l'augmentation du poursuit, les choses pourraient devenir nombre des touristes . beaucoup plus graves. II est difficile de chiffrer les couts • La population de la region passera de futurs de cette degradation de I'environ­ 250 millions (1990) a 340 millions, avec nement. Mais la conjonction de ces pro­ I'augmentation de la demande d'eau et de blemes mettra en danger les perspectives terres arables deja rares que cela suppose. de developpement economique et social • Environ 160 millions de personnes de la region. Et I'experience mondiale vivront dans des villes OU la pollution de montre clairement qu'a ne pas agir main­ l'air depasse les normes fixees par tenant, on ne fera que rendre plus I'Organisation mondiale de la sante couteuses et plus complexes les mesures .' (OMS) - affaiblissant les facultes cogni­ palliatives qui, tOt ou tard, devront etre tives des enfants, reduisant la producti­ prises. La cle du succes est de serier les vile du travail et Ie bien-etre humain en mesures a prendre par degre de priorite. general, et ralentissant la croissance du Les problemes qui ont un impact sur la tourisme. sante des etres humains ou qui sont • La pollution industrielle augmentera cause de pertes economiques recevront probablement de plus de 50 %. naturellement un degre de priorite eleve. • La pollution causee par les moyens de transport augmentera de plus de 60 % si rien n'est fait pour remplacer des techni­ Tendances observables dans ques de moteurs de vehicules obsoletes ..exposition des aires humains et pour reduire la consommation de Statu quo - niveaux d'investissements des annees 80 carburants. Aujourd'hui Dans 10 ans ...... .............. 160 • La crise de l'eau s'aggravera - dans 14 des 19 pays de la region, la demande .. 140 devrait, d'ici I'an 2000, etre superieure ...... ... 120 aux ressources d'eau douce renouvelables. • Si rien n'est fait , la degradation des ··· 100 Sansbonnes terres et des fon':ts - deja tres grave ­ .......... 80 conditions d'hygiene ~~____--J~ s'aggravera encore, ce qui posera une Exposition a un .. . . .. .. · 60 menace n~elle pour la base agricole de la air poilus region. Sans eau salubre - ........__~··· · ·· · · · · ··· 40 • Le patrimoine culturel de 'ia region Millions de personnes sera gravement endommage par un Pollution almospberique par source el par secleur Bioxydes de soufre Total particules en Plomb Transport roulier suspension rTransport roulier Industrie ResidenlieU ResidentieU commercial commercial Industrie Industrie Transport routier Forger un pcrrtenariat pour une action environnementale 5 ..~------------------------. a Une strategie trois volets pour un developpement durable La croissance economique de la region d'entreprises du secteur public fortement n'a pas ete soutenu par la mise en place poilu antes et ineconomiques et a disposer de politiques et d'institutions de contra Ie de ressources pour assainir l'environne­ et de protection de l'environnement, ce ment. II faudra a tout prix investir dans Ie qui a eu pour effet de decourager I'esprit developpement des ressources humaines de conservation et de generer des ineffi­ de la region et eIargir l'acces des popula­ cacites d'utilisation et d'affectation des tions aux services de base. Asseoir la crois­ ressources naturelles. sance economique sur des structures Pour s'attaquer aux problemes crois- d'incitations appropriees - des incita­ sants d'environnement tions propres a encourager les particuliers Asseoir lu croIssance que connalt la region, il et les entreprises a menager les ressources '~L'OIlulllrque sur des faudra exploiter les corre­ nature lies et a moins polluer - , telle est slruL'lures d'illciluliol!s lations entre croissance la de d'un developpement durable. upproprrees - des inci­ economique, recul de la II sera tout aussi important d'ouvrir tulrons plOpres (~r pauvrete et preservation les economies au commerce, aux inves­ 'o·neallr uyer l,~s pur licu· du milieu naturel. Une tissements et au partage des technologies li'.'ls elles enll'f.'pllses a penurie d'eau qui va en a l'echelle regionale, d'identifier des pro­ lll'incH],'1 I,>s ['O,'SSDurces s'aggravant et la rarefac­ jets regionaux mutuellement profitables nCl1t1lcllps ct n 1ll00ns tion des reserves de et de cooperer a leur realisation, et de pGllutl! -, tdle: est la petrole dans certains pays faire en sorte que les institutions econo­ ,.,·k ,1'1111 dc;.'duppc·lllcnl exigent une strategie de miques de la region s'emploient a pro­ durobl€', developpement en rapport mouvoir Ie developpement et une avec la faible dotation de croissance non polluante. la region en ressources naturelles. Les Dans Ie choix des solutions a apporter pays ne peuvent pas se permettre d'atten­ aux problemes d'environnement, il faudra dre qu'une aggravation de la crise vie nne prendre en compte la nature intersecto­ leur imposer un changement de cap. rielle et multidisciplinaire de l'utilisation Aller au devant des problemes est des ressources. II faudra tirer parti de la essentiel. 11 faut reorienter Ie developpe­ panoplie d'outils disponibles : incitations, ment dans Ie sens d'une croissance diver­ investissements, institutions et informa­ sifiee impulsee par Ie secteur prive. La tion du public. Trop souvent, les pays ont croissance devra etre rapide, largement privilegie I'investissement et sous-estime partagee et soutenue. Hie devra s'appuyer, l'importance des incitations economiques. non pas tant sur I'exploitation de ressour­ II faut des investissements, certes, mais il ces en perro Ie , en eau et en terre qui faut, avant d'en arreter la destination, eva­ diminuent rapidement, que sur les com­ luer attentivement les priorites. Une ques­ petences et les ressources des populations tion importante qui se posera, lorsqu'il de la region. Une croissance rapide impul­ s'agira de decider dans quoi investir des see par Ie secteur prive pourra aider les ressources limitees, sera de savoir quelles gouvemements a acceIerer la fermeture ameliorations de l'environnement sont & Forger un partenarial pour une action environnementale ----------------------~ Forger un partenariat pour une action environnementale 7 realisables pour tels ou tels coCts. Refor­ les priorites et pour evaluer les risques mes institutionnelles et changements auxquels est expose I'environnement. d'orientation ont toutes chances de ren­ Cela pourra s'apprendre , notamment, par dre possible une croissance durable . I'experience tout en modulant l'aide des Une strategie a trois volets - renforcer pouvoirs publics a la resolution de ces les institutions et la participation, ameliorer problemes. Une fa<;on pratique de cibler la gestion des ressources et mettre fin, des leur l'aide au renforcement des capacites apparition, aux problemes de pollution ­ serait, par exemple, de s'attaquer aux renforcerait les chances d'un developpe­ « points chauds » de la pollution. ment durable en maintenant une balance • Reorienter les plans nationaux d'ac­ egale entre preoccupations d'ordre econo­ tion envi.ronnementale dans Ie sens d'une mique, envi.ronnemental et social. analyse des implications environnemen­ taks des politiques economiques et sec­ I. Benlorcer I"appareil torielles, fixer les priorites de I'action a inslilutionnel en matiere mener et proposer des mecanismes pour d'environnemenl ella la mobilisation des ressources. participation du public. • Veiller a ce que les lois en vi.gueur La gestion de I'environnement est un favorisent une approche integree de la domaine relativement nouveau dans la lutte contre la pollution, etablir des nor­ region, ce qui donne un mes d'environnement realistes et specifi­ M.~·ttl.~' Hl pine.'. llll<=­ caractere absolument ques, et exiger des evaluations d'impact cUP11 rnnt :core d,' place d'une capacite insti­ investissements importants. jJ()llliqLle d", !""IIViIOII­ tutionnelle en matiere de • Donner la priorite a la surveillance et IIr,IllLnt c-,';I lIIH, PIIOllt<'­ politi que de l'environne­ a I'application des normes la OU la 'Ibs')!u.c- SUI v<'-d!ctllce. ment . II faudra, pour cela, menace que les polluants font peser sur ('\)'~I('iliUII ,~·t p!S ,:I~" ,J"lll,,' k"il,,· de gestion et d'interven- public a la gestion de I'envi.ronnement, I" ,1111,!1l(' tions techniques ainsi que les gouvernements devront : pour renforcer la sur­ • Decentraliser progressivement la partie veillance et l'application des normes de operationnelle de la gestion de l'envi.ron­ qualite de I'environnement. II faudra nement en faveur des autorites municipa­ aussi faire connaitre au public les risques les et locales, en veillant a ce que celles-ci auxquels est expose l'envi.ronnement et disposent d'une autonomie financiere et assurer sa participation a I'etablissement d'une capacite de gestion suffisantes pour des priorites ainsi qu'a la prise des deci­ s'acquitter de leurs fonctions elargies. sions. Un public rendu plus sensible aux • Informer sur la qualite de l'eau, les problemes d'envi.ronnement sera plus emissions de polluants et les dechets porte a agir et a accepter de payer pour la dangereux ainsi que sur la necessite de protection de son cadre de vi.e . preserver Ie patrimoine nature!' Pour ameliorer la formulation, la coor­ • Faire participer les populations tou­ dination, Ie suivi. et l'application de leurs chees ainsi que les organisations non politiques, les gouvemements devront : gouvernementales (ONG) competentes • Doter les organismes publics, a cette de la region et les media a la prise des fin, de moyens accrus pour determiner decisions en matiere d'environnement, ce 8 Forger un partenariat pour une action environnementale qui pourrait se faire, par exemple, au • Parer a la rarefaction de I'eau en en moyen de consultations publiques ainsi augmentant Ie prix afin d'inciter a que d'audits d'environnement organises menager ceue ressource et de mobiliser sur Ie mode participatif. ainsi de quoi financer des investissements La capacite institutionnelle des pays et en donnant aux institutions competen­ de la region a prendre en charge les pro­ tes des moyens accrus pour arbitrer les blemes d'environnement n'est pas par­ con flits et faire adopter la planification et tout la meme, mais competences la gestion integrees des ressources en eau. techniques et pouvoir de decision ont • Supprimer les subventions dont encore besoin d'etre renforces. Oman et beneficient les prix de l'energie, des la Tunisie ont beaucoup rait pour renfor­ engmis, des pesticides et autres produits cer leur capacite a formuler une politique agrochimiques. de l'environnement; I'Algerie, I'Arabie • Redoubler d'efforts pour encourager saoudite, l'Egypte et Ie Maroc ont entre­ l'adoption de techniques eprouvees pour pris de restructurer leurs services de pro­ tection de l'environnement; I'evaluation Ral"efaction de I'eau du risque a ete introduite en Algerie, en Estimations regionales du nombre de metres cubes Egypte et en Tunisie pour determiner les d'eau disponibles par personne priorites. Plusieurs pays, y compris des 1960 pays qui sont membres du Conseil de 3.500 m 3 cooperation du Golfe, ont rendu obliga­ toires les evaluations d'impact environne­ mental pour les nouveaux projets de developpement. Lacces du public a l'information sur l'environnement a fait des progres, mais on est encore loin de sa 800m3 niveau de crise participation effective a la gestion de l'environnemenl. 2. Meilleure gestion de Intensite enel"gelique ressoul"ces natul"elles En kilogrammes d'equivalent petrole par dollars de PIB limilees. 1,2 Le caractere limite des disponibilites de la region en eau et en terre arable pese d'un poids lourd sur sa croissance econo­ mique future. L' energie, pourtant tradi­ tionnellement abondante, se fera egalement rare si la physionomie de la consommation demeure ce qU'elle est. Une reorientation du developpement s'impose : il faudra dorenavant privile­ gier, non plus I'exploitation des ressour­ ces naturelles , mais leur gestion - en vue de realiser des gains d'efficacite et de reduire les gaspillages - , et cela au moyen des trois actions suivantes : Forger un partenariatpour une action en vironnemen.l a ie 9 ['utilisation rationnelle et la conservation 3. Mettre fin. des leur de ['eau, de la terre et de I'energie en orga­ application. aux problemes nisant des campagnes d'information, en de pollution. faisant appel a des moyens irtcitatifs­ La pollution urbaine et industrielle ainsi par i'institution de taxes parafiscales que Ie manque d'acces a une eau salubre d 'environnement et de redevances de pol­ et d'equipements d'assainissement font lution, par exemple - et en levant les peser une menace croissante sur la sante barrieres commerciales qui font obstacle a publique. Les mesures antipollution qui I'importation de nouvelles technologies. ont ete prises ont generalement ele diri­ Beaucoup de pays ont deja entrepris de gees contre un seul element, comme ['eau reformer la maniere dont ils gerent leurs ou I'air, ce qui a souvent eu pour effet ressources naturelles. L' Egypte , Ie Maroc, une deterioration plus rapide d'un autre. la Syrie et la Tunisie pratiquent la gestion Une action integree de IUlle contre la integree des ressources en eau. LaJordanie pollution devrait avoir pour cible I'im­ et la Tunisie ont decide de relever Ie prix pact produit sur tous les elements et pri­ de ['eau d'irrigation. Des vilegier, pour leur effet de prevention, la mesures de conservation et reduction et Ie recyclage des dechets. d'utilisation rationnelle de Pour promouvoir la mise en place I'energie ont ete introduites d'industries non polluantes, les gouver­ dans I'industrie en Egypte, nements devraient : au Maroc et en Turrisie. La • Encourager Ie secteur prive a investir Jordanie est en train de dans des activites industrielles non pol­ rationaliser les prix de luantes en supprimant les barrie res tari­ l'energie et de retablir la faires et non tarifaires qui font obstacle a viabilite financiere de son I'adoption de techniques de production secteur energetique en non polluantes. soumettant les societes • Appliquer Ie principe « elu pollueur­ d'e!ectricite aux regles du payeur» afin que les entreprises paient Ie commerce. L'Egypte a sup­ cout de la pollution dont elles sont la prime les subventions dont cause et subordonner I'octroi de licences beneficiait Ie prix des pesticides et, de leur d'exploitation a I'adoption de mesures cote, Ie Maroc et la Tunisie ont cesse de antipollution. subventionner celui des engrais. Pour depolluer les « points chauds » Cadoption d 'une nouve'lle politique de ou la pollution represente un danger soumission aux lois du marche et aux pour Ia sante des etres humains ou pour signaux des prix devrait contribuer a les ecosystemes, les gouvernements reorienter I'utilisation des ressources devraient : dans un sens qui en optimise la valeur, a • Ameliorer la qualite et etendre la por­ encourager I'esprit de conservation et a tee de services d'approvisionnement en reduire ce qu'il faudrait d'investissements eau et d'assainissement par une intensifi­ supplementaires rien que pour maintenir cation de I'exploitation et un meilleur les niveaux actuels de ressources disponi­ entretien des services en place, par la bles par habitant. La poursuite et Ie ren­ remise en etat de stations d 'epuration forcement de ces reformes sont une tache inoperationndles et en incitant a investir difficile, certes, mais c'est une tache vitale dans I'adoption de technologies appro­ et urgente . priees d'un faible cout. 10 Forger un partenaticrt pour una action environnamentale Fo[ger un partenariat pour une action environnementale 11 a • Identifier el dasser les points chauds au moyen d'audits environnemenlaux et une lutle regionale contre la pollution des cotes par les hydrocarbures. Beau­ mettre sur pied ensuite , pour Ie coOt Ie coup de pays de la region s'equipent en plus bas possible, des plans d'atlenua- installations d'epuration des eaux usees, lion de la pollution sur la base desquels la Tunisie se signalant par les rapides passer des contrats branches avec les progres qU'elle a faits a cet egard. entreprises polluantes pour la reduction L' Algerie, I'Egypte, Ie Maroc et la Tunisie progressive de leurs emissions de ont , avec l'aide du METAp, initie des polluants. audits environnementaux pour les entre­ • Veiller a ce que les entreprises du sec- prises industrielles et les municipalites. leur public et du secteur prive financiere- L'Egypte et la Tunisie ont, avec Ie '. ment viables supportent les coOts de concours de certains bailleurs de fonds, depollution. Les entreprises fortement entrepris des operations de depollution " polluantes du secteur public qui ne sont pour certaines industries. La Tunisie a pas financierement viables et ne peuvent cree un fonds charge de preter aux elre restructurees devraient etre fermees. entreprises pour leurs activites de depol­ • Reduire la pollution de I'air imputable aux transports et aux sources d'energie lution. L' Algerie prepare un programme avec la Banque mondiale en vue de par I'elimination progressive de I'essence reduire les emissions et dechets dange­ aplomb et des combustibles a forte reux qui nuisent a la sante de l't~tre teneur en soufre, par l'etablissement de humain. Etle Maroc a entrepris de met­ normes d'emission pour les vehicules tre sur pied avec I'aide de la Banque, en neufs el par une exploitation acce!eree adoptant a cetle fin une approche inte­ du gaz nature!' gree, un programme de netloyage du Plusieurs pays commencent a s'alta- bassin hydrographique fortement pollue quer aux problemes de pollution d'appa- du Sebou, Ce sont la des efforts qu'i! rilion relativemem receme. L' Algerie, raut soutenir et dont it convient d'eten­ !'Arabie saoudite et Ie Maroc ont decide dre la portee. II faudra egalement songer d 'adopter une approche integree de !a davantage a supprimer les subventions lutle contre la pollution dans certaines dont beneficient les tarifs de \'energie et zones industrielles. L' Algerie , Ie Maroc et a adopter des techniques de production la Tunisie ont entrepris, a coup de prin- non poUuantes ainsi que des tech nolo­ cipes directeurs et de reglementalions, gies a base d'energie renouvelable . 12 Forgar un partenariat pour una action environnementale Couts et financement II n'est evidemment pas possible de pro­ la plupart des pays de l'OCDE et dans poser un modele de developpement quelques pays en transition, qui y consa­ durable pour l'ensemble de la region. crent chaque annee de 1 a 2 % de leur Une strategie regionale peut tout au plus PIB. Ces investissements se solderont donner une idee generale de ce qu'il faut principalement par une amelioration de faire au niveau des pays. Chaque pays l'etat de sante de la population, laquelle devra alors suivre sa propre voie en fonc­ pourra disposer d'une eau salubre et tion des problemes, des contraintes et d'assainissement adequat, par un accrois­ des avantages comparatifs qui lui sont sement de la production propres. agricole et par une reduc­ Les plans nation au x d'action environ­ tion de la pollution de I'air. nementale sont des outils indispensables Comme on l'a note ci­ a la mise sur pied de programmes d'ac­ dessus, ces investissements tion au niveau des pays. Leur coordina­ coo tent beaucoup moins tion avec tous les ministeres sectoriels cher que les coats qui ainsi qu'avec les ministeres des finances, resultent de la non-prise en de l'economie et du plan doit etre assuree charge de l'environnement . avec soin. lis doivent fixer les priorites La majeure partie des d'action environnementale et identifier fonds necessaires pour les projets pertinents, examiner attentive­ financer ces investissements ment les dfets que les politiques suivies devra provenir de sources peuvent avoir sur l'environnement, nationales, mais pas neces­ rechercher des mecanismes de mobilisa­ sairement du budget de tion des ressources et encourager la parti­ I'Etat. Dans la mesure du cipation de tous les interesses. possible, Ie coat a payer devra etre a la Les rdormes des institutions et des charge, non plus de l'Etat, mais de ceux politiques ainsi qu'une prise de qui utilisent les ressources nature lies et conscience accrue du public, et pas qui polluent, et des mecanismes de seu'lement les investissements, sont les recouvrement des coats devront etre mis conditions prealables a une gestion saine en place pour financer de nouveaux de I'environnement. i.:application de investissements. En commen<;:ant mainte­ rdormes propres a promouvoir un deve­ nant, la region pourra, par differents loppement plus durable aura son coat, moyens, mobiliser des fonds par Ie jeu qu'une premiere estimation situe entre des mecanismes du marche : 60 et 80 milliards de dollars pour les dix • En relevant les tarifs de l'e1ectricite et annees a venir, soit environ 1,5 % du PIB de I'eau de [a<;:on a en recouvrer integra­ de la region si les investissements sont lement Ie coat. On evalue a 25 milliards repanis sur 10 ans. Voila qui soutient de dollars par an les subventions dont favorablement la comparaison avec les beneficie Ie prix de l'energie dans la coats de gestion de \'environnement dans region; Ie coOt annuel des investissments Forger un partenariat pour une action environnementale 13 14 Forger un partenariat pour une action environnementale d'approvisionnement en eau qui ne sont Les conlrainles socio­ pas actuellement recuperes sont ele I'or­ economiques qui enlravenl dre ele 12 milliards de dollars. l'efforl de relorme • En instituant une taxe parafiscale de L application des reformes dont on souli­ pollution pour decourager la pollution et gne ici I'urgente necessite soumellra les mobiliser des recelles. Si elle pouvait gouvernements a de nombreuses pres­ porter ces taxes a des niveaux compara­ sions. II y a souvent des con flits d'interets bles a ceux de la Pologne d'ici 2005, la et les gouvernements eux-memes hesi­ region mobilise rait ainsi 1,7 milliard de tent a inflechir une politique qui est doUars par an. dommageable pour I'environnement et a • En recouvrant Le coUt de la gestion restreindre I'activite d'entreprises publi­ des c1echets solides, elu traitement des ques polluantes en raison des consequen­ eaux usees et de I'assainissement par ces politiques que cela aurait. Les gens L'etablissement de prix appro pries. ont pris I'habitude de disposer des res­ • En prelevant une taxe sur les additifs sources de I'environnement sans avoir nuisibles contenus dans I'essence ann rien a payer. Exiger que les d'internaliser les coQts de la pollution entreprises et les consom­ Ex!·].,! '-Ill':' ks elllr· o'. pour la sante. Pre levee sur 50 % de la mateurs paient Ie coUt reel pi l~es ,?,! i.:·;:; Cr-)n:-;nrr:­ consommation d'essence , une taxe sur Ie des ressources naturelles et ITtll:t=--urs. pnlt='n! Ie: COLIt plomb d'une contre-valeur de 10 cents des services et que les pol­ C~t:-! des IeS~,C'UIC~S par litre d'essence permettrait de mobili­ lueurs paient pour la pollu­ ll(Jl:.if",ll",s ,~l <1("" se!'vl ser 2 milliards de dollars par an. tion dont ils sont la cause ,:eo,; 'c'-l '-IU'" I",s Ix:lluHlls Toutes ces mesures jouent un role est une tache politique pOI,-nt PUll! lu pulluliu!l double - elles permettent de mobiliser deplaisante, mais essen- dont Ii:,; sOlll III <:uu!o'.e des fonds pour de nouveaux investisse­ tie He. On pourra altenuer .:-s! 11n.-· !~fchc· putiti4L!t.~ ments et e1les incitent a faire un usage les difficultes politiques en dCf,irJlsol1tc. ll1ClIS plus judicieux des ressources. maximisant I'environne­ 0SSi?l1tl(~lk,. Le secteur prive peut, lui aussi, jouer ment et Ie profit econo­ un roLe important dans la gestion de mique . Le gain net de I'application de l'environnement. mesures doublement rentables, comme la • On peut encourager les societes pri­ suppression des subventions du prix de vees a financer eles investissements I'e nergie , pourra alors servir a indemniser d'environnement et agerer, contre per­ les « perdants ». ception de redevances d'utilisation, des ee sont les pauvres qui souffrent Ie stations d'epuration de I'eau et des eaux plus de La degradation de l'environne­ usees, des decharges controlees et des ment. lis vivent generalement sur des ter­ installations de traitement des dechets res marginales sujettes a I'erosion ou dans industriels de type special. des quartiers de taudis situes a proximite • L'investissement prive etranger et la d'industries polluantes et sans acces a I'eau creation d'e ntreprises mixtes peuvent courante ou a des equipements d'assainis­ etre un facteur d'expansion de la disponi­ sement adequats. lis doivent trimer pour bilite de gaz natureL, de modernisation arriver ajOindre Les deux bouts, confron­ de la technoLogie du pare automobile et tes qu'i\s sont a une baisse continuelle du de camions du pays, ainsi que d'intro­ rendement de leurs recoltes, et leurs duction de technologies industrielles et enfants sont sujets a des maladies mortel­ energetiques non polluantes. les provoquees par la pollution ele I'eau. Forger un partenariat pour une action envuonnementale 15 I..:impacl qU'une reforme de la politique d'appliquer des mesures propres a reduire de l'environnemem aura sur les pauvres au minimum Ie prix de la reforme sans en dependra d'un grand nombre de facteurs. compromellre les finalites. En milieu urbain, les pauvres som souvent disposes a payer pour pouvoir disposer Mise en oeuvre d'eau er d'equipements d'assainissement, II n'est pas de plus grand defi pour les parce que ce sont la des services qui peu­ pays de la region que de traduire ceUe vent en fait leur courer moins cher, par strategie en actions. Pour la communaute exemple, que d'avoir a acheter leur eau a des bailleurs de fonds, ce sera d'etre par­ des particuliers. Avec une augmentation tie a cet effort. Vu la diversite des pays de des ressources gouvemementales due a un la region, ce qu'il faudra faire pour don­ meilleur recouvremem des coOts, il ner effet a ceUe strategie devra etre speci­ deviendra possible d'etendre Ie benefice fie au niveau des pays. Mais il y a cinq des services municipaux aces laisses­ actions que tous les pays devront engager pour-compte que sont les pauvres. afin de faire entrer la protection de l'envi­ En milieu rural, Ie rap­ ronnement dans l'ordre du jour global du r'rrc!~ ({llC !'·:-nV1Ionnc­ pon entre pauvrele et . deve\oppement. Ill,'nl ll~itl'- h,.-· (lUX ti:S­ degradation de l'environ­ • Reevaluer les strategies nationales de f lc·nsuLi! t~::. dt~ !uus J nement est plus complexe. I'environnement. II faudra en priorite k~':::; Irllfllslert;'s, tUll~ Une refonne de la politi­ ddinir les actions a engager d'urgence j'_-V!(Jt'.?ll~ t_':J.~ !lcip'~l U que de \'environnement (en particulier quand il y va de la sante I" r