92704 Résumé analytique Baissons chaleur la Face à la nouvelle norme climatique GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE Résumé analytique Baissons chaleur la Face à la nouvelle norme climatique GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE © 2014 International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank 1818 H Street NW, Washington DC 20433 Telephone: 202-473-1000; Internet: www.worldbank.org Some rights reserved 1 2 3 4 17 16 15 14 This work was prepared for The World Bank by the Potsdam Institute for Climate Impact Research and Climate Analytics. The findings, interpretations, and conclusions expressed in this work do not necessarily reflect the views of The World Bank, its Board of Executive Directors, or the governments they represent. The World Bank does not guarantee the accuracy of the data included in this commissioned work. The boundaries, colors, denominations, and other information shown on any map in this work do not imply any judgment on the part of The World Bank concerning the legal status of any territory or the endorsement or acceptance of such boundaries. Nothing herein shall constitute or be considered to be a limitation upon or waiver of the privileges and immunities of The World Bank, all of which are specifically reserved. Rights and Permissions This work is available under the Creative Commons Attribution—NonCommercial—NoDerivatives 3.0 IGO license (CC BY-NC-ND 3.0 IGO) http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/igo. Under the Creative Commons—NonCommercial—NoDerivatives license, you are free to copy, distribute, and transmit this work, for noncommercial purposes only, under the following conditions: Attribution—Please cite the work as follows: World Bank. 2014. Turn Down the Heat: Confronting the New Climate Normal. Wash- ington, DC: World Bank. License: Creative Commons Attribution—NonCommercial—NoDerivatives 3.0 IGO (CC BY-NC-ND 3.0 IGO). Noncommercial—You may not use this work for commercial purposes. No Derivative Works—You may not alter, transform, or build upon this work. Third-party content—The World Bank does not necessarily own each component of the content contained within the work. The World Bank therefore does not warrant that the use of any third-party-owned individual component or part contained in the work will not infringe on the rights of those third parties. The risk of claims resulting from such infringement rests solely with you. If you wish to re-use a component of the work, it is your responsibility to determine whether permission is needed for that re-use and to obtain permission from the copyright owner. Examples of components can include, but are not limited to, tables, figures, or images. All queries on rights and licenses should be addressed to the Publishing and Knowledge Division, The World Bank, 1818 H Street NW, Washington, DC 20433, USA; fax: 202-522-2625; e-mail: pubrights@worldbank.org. The following items are used with permission and require further permission for reuse. Please refer to the caption or note corre- sponding to each item: Figures 2.2, 2.4, 2.9, 3.10, 3.14, 3.15, 3.21, 4.13, 4.14, 4.19, 4.21, 4.22, 5.11, 5.12, 5.13, 5.14, 5.15, 5.16, 5.17, 5.18, 5.19, 5.20, 5.21. ISBN: 978-1-4648-0437-3 Cover photos: photos 1, 2, 3, 5, and 7 © The World Bank Group; photo 4 (forestry), © istockphoto, used with permission, further permission for reuse; photos 6 and 8, © Erick Fernandes (floating houses in Peru and jaguar in Amazon)/The World Bank Group. Cover design: Gregory Wlosinski/General Services Department—Printing and Multimedia, The World Bank Group. Table des matières Remerciements v Avant-propos vii Résumé analytique 1 Abréviations 21 Glossaire 23 Figures 1. Ressources en eau : Variation relative du débit annuel pour un réchauffement planétaire de 2 °C et de 4 °C dans les années 2080, par rapport à la période 1986–2005, d’après un modèle de comparaison corrélative de l’impact intersectoriel ISI-MIP 2 2. Moyenne multimodèle du pourcentage de mois d’été austral (DJF) présentant des températures exceptionnelles (qui ne sont normalement pas susceptibles de se produire plus d’une fois en l’espace de plusieurs siècles) dans un monde à + 2 °C (à gauche) et dans un monde à + 4 °C (à droite) durant la période 2071–2099 et par rapport à la période de référence 1951–1980 7 3. Moyenne multimodèle du pourcentage de mois d’été boréal (JJA) présentant des températures exceptionnelles (qui ne sont normalement pas susceptibles de se produire plus d’une fois en l’espace de plusieurs siècles) dans un monde à + 2 °C (à gauche) et dans un monde à + 4 °C (à droite) durant la période 2071–2099 et par rapport à la période de référence 1951–1980 10 4. Moyenne multimodèle du pourcentage de mois d’été boréal (JJA) présentant des températures exceptionnelles (qui ne sont normalement pas susceptibles de se produire plus d’une fois en l’espace de plusieurs siècles) dans un monde à + 2 °C (à gauche) et dans un monde à + 4 °C (à droite) durant la période 2071–2099 et par rapport à la période de référence 1951–1980 13 Encadrés 1. Plaidoyer pour une action immédiate 2 2. Effets du changement climatique sur la vulnérabilité sociale 6 iii Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue 3. Quelques risques climatiques dans la région Amérique latine et Caraïbes 8 4. Le phénomène d’oscillation australe El Niño (ENSO) 9 5.  Quelques risques climatiques dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord 11 6.  Quelques risques climatiques dans la région Europe et Asie centrale 14 7. Effets prévisibles du changement climatique sur des secteurs importants d’Amérique latine et des Caraïbes 18 8.  Effets prévisibles du changement climatique sur des secteurs importants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord 19 9.  Effets prévisibles du changement climatique sur des secteurs importants d’Europe et d’Asie centrale 20 iv Remerciements Le rapport Baissons la chaleur : Face à la nouvelle norme climatique est le fruit des contributions d’un large éventail de spécialistes internationaux. Il fait suite aux rapports intitulés Baissons la chaleur : phénomènes climatiques extrêmes, impacts régionaux et plaidoyer en faveur de l’adaptation (publié en juin 2013) et Baissons la chaleur : pourquoi il faut absolument éviter une élévation de 4 °C de la température de la planète (publié en novembre 2012). Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à l’enrichir et à lui donner une dimension multidisciplinaire. Le rapport a été rédigé par une équipe de l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam et de Climate Analytics composée de Hans Joachim Schellnhuber, Christopher Reyer, Bill Hare, Katharina Waha, Ilona M. Otto, Olivia Serdeczny, Michiel Schaeffer, Carl-Friedrich Schleußner, Diana Reckien, Rachel Marcus, Olesandr Kit, Alexander Eden, Sophie Adams, Valentin Aich, Torsten Albrecht, Florent Baarsch, Alice Boit, Nella Canales Trujillo, Matti Cartsburg, Dim Coumou, Marianela Fader, Holger Hoff, Guy Jobbins, Lindsey Jones, Linda Krummenauer, Fanny Langerwisch, Virginie Le Masson, Eva Ludi, Matthias Mengel, Jacob Möhring, Beatrice Mosello, Andrew Norton, Mahé Perette, Paola Pereznieto, Anja Rammig, Julia Reinhardt, Alex Robinson, Marcia Rocha, Boris Sakschewski, Sibyll Schaphoff, Jacob Schewe, Judith Stagl et Kirsten Thonicke. Nous remercions l’Institut de développement d’Outremer pour sa contribution à l’analyse de la vulnérabilité sociale. Le rapport a été commandé par le Bureau du Vice-président du Groupe de la Banque mondiale en charge du changement climatique. Dirigée par Kanta Kumari Rigaud et Erick Fernandes et placée sous la supervision de Jane Ebinger, l’équipe de la Banque mondiale a travaillé en étroite collaboration avec l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam et Climate Analytics. L’équipe de base était constituée de Philippe Ambrosi, Margaret Arnold, Robert Bisset, Charles Joseph Cormier, Stephane Hallegatte, Gabriella Izzi, Daniel Mira-Salama, Maria Sarraf, Jitendra Shah et Meerim Shakirova. Rachel Kyte, Junaid Ahmad, James Close, Fionna Douglas, Marianne Fay, Ede Ijjasz-Vasquez, Karin Kemper et Laszlo Lovei ont assuré la supervision pour le compte de la direction. Robert Bisset, Stacy Morford, Annika Ostman et Venkat Gopalakrishnan se sont chargés des contacts avec les partenaires et les médias. Samrawit Beyene, Patricia Braxton, Perpetual Boateng et Maria Cristina Sy ont apporté un soutien précieux à l’équipe. Rosina Bierbaum (Université du Michigan) et Michael MacCracken (Climate Institute, Washington) ont assuré la surveillance scientifique des travaux, qui ont par ailleurs bénéficié des commentaires éclairés des spécialistes qui ont réalisé l’examen scientifique. À ce titre, nous souhaitons remercier Pramod Aggarwal, Lisa Alexander, Jens Hesselbjerg Christensen, Carolina Dubeux, Seita Emori, Andrew Friend, Jean-Christophe Gaillard, Jonathan Gregory, Richard Houghton, Jose Marengo, Anand Patwardhan, Scott Power, Venkatachalam Ramaswamy, Tan Rong, Oliver Ruppel, Anatoly Shvidenko, Thomas Stocker, Kevin Trenberth, Carol Turley, Riccardo Valentini, Katharine Vincent et Justus Wesseler. Nous remercions les collègues de la Banque mondiale pour leur concours à des étapes importantes de ce travail : Bachir Abdaym, Gayatri Acharya, Hanane Ahmed, Sue Aimee Aguilar, Kazi Fateha Ahmed, Kulsum Ahmed, Angela Armstrong, Rustam Arstanov, Oscar Avalle, Mary Barton-Dock, Livia Benavides, v Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Patricia Bliss-Guest, Raymond Bourdeaux, Carter Brandon, Adam Broadfoot, Joelle Dehasse Businger, Ludmilla Butenko, Alonso Zarzar Casis, Tuukka Castren, Térence Céreri, Diji Chandrasekharan, Adriana Damianova, Laurent Debroux, Gerhard Dieterle, Svetlana Edmeades, Ahmed Eiweida, Nathan Lee Engle, Eduardo Ferreira, Homa-Zahra Fotouhi, Luis Garcia, Carolina Diaz Giraldo, Ellen Goldstein, Christophe de Gouvello, Marianne Grosclaude, Nagaraja Rao Harshadeep, Leonard Hessling, Tomoko Hirata, Carlos Felipe Jaramillo, Saroj Kumar Jha, Erika Jorgensen, Rahit Khanna, Steen Lau Jorgensen, Angela Khaminwa, Srilata Kammila, Melanie Kappes, Sunil Khosla, Markus Kostner, Andrea Kutter, Jeffrey Lecksell, Hervé Lévite, Andrea Liverani, Kseniya Lvovsky, Pilar Maisterra, Eugenia Marinova, Benjamin McDonald, Craig Meisner, Nancy Chaarani Meza, Alan Miller, Andrew Mitchell, Nadir Mohammed, Rawleston Moore, Laurent Msellati, Farzona Mukhitdinova, Maja Murisic, John Nash, Kayly Ober, M. Yaa Pokua Afriyie Oppong, Alexandra Ortiz, Nicolas Perrin, Grzegorz Peszko, Elisa Portale, Irina Ramniceanu, Rama Reddy, Nina Rinnerberger, Sandra Lorena Rojas, Alaa Ahmed Sarhan, Daniel Sellen, Bekzod Shamsiev, Sophie Sirtaine, Marina Smetanina, Jitendra Srivastava, Vladimir Stenek, Lada Strelkova, Amal Talbi, Raul Tolmos, Xiaoping Wang, Monika Weber-Fahr, Deborah Wetzel, Gregory Wlosinski, Mei Xie, Emmy Yokoyama, Fabrizio Zarcone et Wael Zakout. Nos remerciements s’adressent également aux personnes suivantes pour leur soutien : William Avis, Daniel Farinotti, Gabriel Jorda, Lara Langston, Tom Mitchell, Lena Marie Scheiffele, Xiaoxi Wang, et Emily Wilkinson. Nous tenons aussi à remercier le service de traduction et d’interprétation pour les différentes versions linguistiques du rapport. Nous souhaitons aussi remercier Gurbangeldi Allaberdiyev, Zoubeida Bargaoui, Eglantina Bruci, Shamil Illiasov, Hussien Kisswani, Artem Konstantinov, Patrick Linhe, Aleksandr Merkushkin, Nasimjon Rajabov, Yelena Smirnova et Evgeny Utkin pour leur participation et leur précieuse contri- bution à l’atelier de renforcement des capacités tenu au printemps 2014 qui a aidé à éclairer ce rapport. Nous sommes reconnaissants aux Fonds d’investissement climatiques (CIF), au Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique (ESMAP), à la Commission européenne, au Gouvernement italien et au Programme sur les forêts (PROFOR) qui ont contribué à la production de ce rapport et des supports de communication y afférents. vi Avant-propos Des changements climatiques dramatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes affectent déjà des millions de personnes à travers le monde, endommageant les cultures et les côtes et menaçant la sécurité hydrique. Dans les trois régions examinées dans le présent rapport, les températures atteignent plus fréquemment des niveaux record, les précipitations ont augmenté d’intensité à certains endroits, alors que des zones sujettes à la sécheresse comme la Méditerranée deviennent plus arides. Une augmen- tation substantielle de l’activité cyclonique dans l’Atlantique nord tropical menace les Caraïbes et l’Amérique centrale. Il apparaît de plus en plus clairement qu’un réchauffement de près de 1,5 °C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle est déjà à l’œuvre dans le système atmosphérique terrestre, à cause d’émissions de gaz à effet de serre passées et annoncées, et des conséquences du changement climatique comme des vagues de chaleur extrême sont peut-être devenues inéluctables. À mesure que la planète se réchauffe, les conditions climatiques, les vagues de chaleur et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes qui se produisaient une fois tous les siècles, voire jamais, et sont considérés comme exceptionnels ou sans précédent aujourd’hui, deviendraient la « nouvelle norme climatique » alors que nous approchons 4 °C — un monde effrayant caractérisé par un accroissement des risques et une instabilité généralisée. Cette situation aurait des conséquences graves sur le développement : baisse des rendements des cultures, modification des ressources en eau, extension des maladies et élévation du niveau de la mer. Si éliminer la pauvreté, accroître la prospérité pour tous et réduire les inégalités dans le monde sont des actions déjà difficiles à mener, qui seront encore plus délicates dans un monde à + 2 °C, il est fort peu probable qu’elles ne soient jamais réalisées à 4 °C de réchauffement. Pour ce rapport, le troisième de la série Baissons la chaleur, nous nous sommes tournés une fois de plus vers les spécialistes de l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam et Climate Analytics. Nous leur avons demandé d’examiner les impacts probables d’un réchauffement de 0,8 °C (niveau actuel), 2 °C et 4 °C sur la production agricole, les ressources en eau, les villes et les écosystèmes d’Amérique latine et des Caraïbes, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, mais aussi dans certaines parties d’Europe et d’Asie centrale. Leurs conclusions sont alarmantes. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les vagues de chaleur extrême et les changements de régime de précipitations auront des conséquences néfastes sur la productivité agricole, les régimes hydrologiques et la biodiversité. Au Brésil, un réchauffement de 2 °C pourrait entraîner une baisse des rendements des cultures pouvant atteindre 70 % pour le soja et 50 % pour le blé. L’acidification des océans, l’élévation du niveau de la mer, les cyclones tropicaux et les variations de température auront une incidence négative sur les moyens de subsistance des populations côtières, le tourisme et la sécurité sanitaire, alimentaire et hydrique, particulièrement dans les Caraïbes. La fonte des glaciers constituerait une catastrophe pour les villes andines. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une intensification notable des vagues de chaleur, combinée à des températures moyennes plus élevées, mettra à rude épreuve des ressources en eau déjà rares, avec des conséquences majeures pour la sécurité alimentaire dans la région. Les rendements des cultures vii Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue pourraient enregistrer une baisse allant jusqu’à 30 % en cas de réchauffement de 1,5 à 2 °C et d’environ 60 % dans un monde à + 3 ou 4 °C. En outre, les migrations et les conséquences du changement climatique sur les ressources pourraient accroître les risques de conflit. Dans les Balkans occidentaux et en Asie centrale, la diminution des ressources en eau disponibles dans certaines localités devient une menace à mesure que la hausse des températures progresse vers la barre de 4 °C. La fonte des glaciers en Asie centrale et la modification des régimes fluviaux se traduiront par une diminution des ressources en eau durant les mois d’été et des risques élevés de pluies torrentielles. Dans les Balkans, l’augmentation du risque de sécheresse peut entraîner une baisse des rendements de cultures, une dégradation de la santé en milieu urbain et une diminution de la production énergétique. En Macédoine, une hausse de températures de 2 °C pourrait générer des pertes de rendement allant jusqu’à 50 % pour le maïs, le blé, les légumes et le raisin. Dans le nord de la Russie, le dépérissement des forêts et le dégel des pergélisols menacent d’intensifier le réchauffement planétaire à mesure que le carbone et le méthane stockés sont libérés dans l’atmosphère, donnant lieu à une boucle de rétroaction qui s’auto-alimente. Le rapport Baissons la chaleur : Face à la nouvelle norme climatique prend le relais de notre rapport de 2012, qui a conclu à la probabilité d’un réchauffement planétaire de 4 °C d’ici la fin du siècle, assorti de conséquences dévastatrices, si nous n’engageons pas une action concertée aujourd’hui. Il complète notre rapport de 2013 qui s’est penché sur les risques potentiels qui pèsent sur le développement sous différents scénarios de réchauffement en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud-Est et en Asie du Sud, et a prévenu que nous pourrions connaître un monde à + 2 °C durant cette génération. Bon nombre des pires conséquences prévisibles du changement climatique qui sont exposées dans ce rapport pourraient encore être évitées si le réchauffement est contenu à moins de 2 °C. Mais cela nécessitera de profonds changements aux plans technologique, économique, institutionnel et comporte- mental. Et cela nécessitera également engagement et motivation à tous les niveaux de la société. Aujourd’hui, les données scientifiques abondent, et il apparaît clairement que nous ne pouvons continuer sur la trajectoire actuelle d’émissions incontrôlées et à la hausse. La bonne nouvelle est que l’on s’accorde de plus en plus sur ce qu’il faudra pour dévier de la trajectoire insoutenable sur laquelle nous nous trouvons actuellement. De plus en plus de voix soutiennent qu’il est possible d’assurer une croissance plus verte qui ne soit pas nécessairement plus lente. Nous savons aujourd’hui que des actions immédiates sont nécessaires pour faire face au changement climatique, mais elles ne doivent pas s’accomplir au détriment de la croissance économique. Nous avons besoin d’adopter des mesures intelligentes qui encouragent une transition vers des transports publics sobres en carbone ; et la maîtrise de l’énergie dans les usines, les bâtiments et les équipements peut avoir des effets positifs aussi bien sur la croissance que sur l’environnement. Ce dernier rapport de la série Baissons la chaleur arrive à un moment particulièrement important. Plus tôt cette année, le Sommet sur le climat du Secrétaire général des Nations Unies a suscité une nouvelle vague d’optimisme. Mais nos rapports montrent clairement que le temps est un facteur essentiel. Les gouvernements se réuniront d’abord à Lima puis à Paris pour des négociations importantes pour un nouveau traité sur le climat. À l’intérieur comme à l’extérieur des salles de réunion, des dirigeants du monde entier devront prendre des décisions difficiles qui exigeront, dans certains cas, des sacrifices immédiats, mais qui auront des effets bénéfiques pour tous à long terme. Au Groupe de la Banque mondiale, nous allons mobiliser nos moyens financiers pour contribuer à faire face au changement climatique. Nous allons innover et mettre au point de nouveaux instruments financiers. Nous allons exploiter nos connaissances et notre capacité de mobilisation. Nous allons utiliser notre expérience et nos données pour des actions de plaidoyer et de persuasion. En bref, nous allons faire tout notre possible pour aider les pays et les populations à renforcer leur résilience et à s’adapter aux effets du changement climatique qui se ressentent déjà aujourd’hui, et faire en sorte que les ressources financières parviennent là où les besoins sont les plus importants. Notre réponse aux défis du changement climatique définira l’héritage que lèguera notre génération. Les enjeux n’ont jamais été aussi importants. Dr. Jim Yong Kim Président du Groupe de la Banque mondiale viii Résumé analytique Résumé analytique Les données disponibles montrent que des changements climatiques dramatiques, des vagues de chaleur et des phénomènes climatiques extrêmes affectent déjà les populations, endommageant les cultures et les côtes et menaçant la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique. Dans les trois régions examinées aux fins du présent rapport, les températures atteignent plus fréquemment des niveaux record, les précipitations ont augmenté d’intensité à certains endroits, alors que des zones sujettes à la sécheresse deviennent plus arides. Sur le plan de la vulnérabilité sociale, on constate que les populations pauvres et défavorisées, ainsi que les personnes âgées et les enfants, sont souvent les couches les plus durement touchées. Il apparait de plus en plus clairement que même en présence d’une action d’atténuation très ambitieuse, un réchauffement de près de 1,5 °C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle est déjà à l’œuvre dans le système atmosphérique terrestre, et des conséquences du changement climatique comme des vagues de chaleur extrême sont peut-être devenues inéluctables1. Si le réchauffement progresse vers la barre de 4 °C, les conditions climatiques, les vagues de chaleur et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes considérés comme exceptionnels ou sans précédent aujourd’hui deviendraient la nouvelle norme climatique — dans un monde caractérisé par un accroissement des risques et l’instabilité. Cette situation aurait des conséquences graves sur le développement : baisse des rendements de cultures, modification des ressources en eau, extension des maladies et élévation du niveau de la mer. Si promouvoir le développement humain, éliminer la pauvreté, accroître la prospérité pour tous et réduire les inégalités dans le monde seront des actions difficiles à mener dans une planète à + 2 °C, il est fort peu probable qu’elles ne soient jamais réalisées à 4 °C de réchauffement. Des mesures urgentes sont nécessaires pour aider les pays à s’adapter aux effets actuels du climat et aux conséquences inévitables d’un monde qui se réchauffe rapidement. Les avantages d’une action ferme et rapide en réponse au changement climatique, une action fondée sur des interventions peu polluantes et sobres en carbone, qui évite de s’enfermer dans des stratégies de croissance peu durables, dépassent largement les coûts envisagés. Bon nombre des pires effets prévisibles du changement climatique pourraient encore être évités en limitant le réchauffement à moins de 2 °C. Mais c’est maintenant qu’il faut agir. Le rapport examine les risques que fait peser le changement climatique sur les efforts de développement en Amérique latine et dans les Caraïbes, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que dans certaines régions d’Europe et d’Asie centrale. S’inscrivant dans le prolongement des publications précédentes de la série Baissons la chaleur, cette nouvelle analyse scientifique se penche sur les impacts probables d’un réchauffement de 0,8 °C (niveau actuel), 2 °C et 4 °C par rapport aux températures de l’ère préindustrielle sur la production agricole, les ressources en eau, les services écologiques et la vulnérabilité du littoral pour les populations affectées. Maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C et le ramener à 1,5 °C d’ici 2100 est techniquement et économiquement possible, mais nécessite l’application de mesures 1  d’atténuation rigoureuses à court terme. Alors que le groupe de travail III du GIEC recense de nombreuses solutions d’atténuation dans le but de limiter le réchauffement à moins de 2 °C (hypothèse probable) et des estimations médianes de 1,5 à 1,7 °C d’ici 2100 dans le cinquième rapport d’évaluation du GIEC (AR5), seules « quelques études ont examiné de manière approfondie des scénarios dans lesquels il est plus probable qu’improbable de ramener la hausse des températures à moins de 1,5 °C à l’horizon 2100 ». Les scénarios examinés dans le cadre de ces études sont « caractérisés par : 1) une action d’atténuation immédiate ; 2) une mise en œuvre rapide, à grande échelle, de l’ensemble des techniques d’atténuation ; et 3) la réalisation d’un développement fondé sur une faible demande en énergie ». 1 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Champ d’application du rapport Encadré 1 : Plaidoyer pour une action Ce troisième rapport de la série Baissons la chaleur2 se penche sur trois régions de la Banque mondiale : Amérique latine et immédiate Caraïbes (LAC) ; Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) ; Aucun ralentissement des émissions de CO2. Les températures et certaines parties d’Europe et d’Asie centrale (ECA)3. Il met actuelles dépassent de 0,8 °C les niveaux de l’ère préindustrielle. l’accent sur les risques que fait peser le changement climatique Les émissions de CO2 ont augmenté de 60 % par rapport à 1990, sur le développement. Tout en s’intéressant à un large éventail soit un rythme de progression de 2,5 % par an. À ce rythme, les de secteurs, il insiste particulièrement sur les effets attendus concentrations de CO2 dans l’atmosphère dépasseraient en l’espace de trois décennies à peine les niveaux auxquels il serait possible de sur les systèmes alimentaires et énergétiques, les ressources limiter le réchauffement à 2 °C. hydriques et les services écologiques. Il examine également la Impacts et dommages observés. Les effets d’envergure question de la vulnérabilité sociale, qui pourrait amplifier ou observés récemment sur les systèmes naturels et humains confirment atténuer l’incidence du changement climatique sur le bien-être la forte sensibilité de nombre d’entre eux au réchauffement climatique de la population. Le rapport s’inscrit dans le prolongement de et la forte probabilité de dommages substantiels, même à de faibles la première publication de la série Baissons la chaleur (2012) niveaux d’élévation des températures. On peut citer entre autres des qui brosse un tableau général du changement climatique et effets néfastes sur les rendements agricoles, l’accélération du dégel de ses impacts sur un monde à + 4 °C 4 et a conclu que ces de l’Antarctique et du Groenland et le blanchissement généralisé des récifs coralliens. Les conséquences physiques d’un réchauffement impacts devraient être disproportionnés dans les pays en de 1,5 °C, comme des vagues de chaleur extrême, peuvent être développement situés dans les régions équatoriales. Il prolonge inéluctables. également l’analyse réalisée dans le deuxième rapport (2013) Impacts prévus au 21e siècle. Les projections d’impact et axée sur les conséquences du changement climatique en pour le 21e siècle confirment l’ampleur de la menace que fait peser Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Asie du Sud-Est, sur le développement un réchauffement de 2 °C – et les graves 2 °C et 4 °C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle, qui a conséquences du dépassement de ce seuil. Même entre 1,5 et démontré le potentiel des manifestations précoces des impacts 2 °C de hausse de température, les conséquences envisagées pour un certain nombre de régions et de systèmes sont considérables, climatiques à des niveaux de réchauffement inférieurs. comme la possibilité d’une disparition totale de récifs coralliens Cette analyse s’appuie sur les rapports des groupes de anciens, de la biodiversité marine associée et des moyens de travail publiés en 2013 et 2014 au titre du cinquième rapport subsistance liés au tourisme et à la pêche. d’évaluation (AR5) du Groupe d’experts intergouvernemental Conséquences multiséculaires des émissions du 21e sur l’évolution du climat (GIEC), ainsi que sur des études siècle. De plus en plus d’éléments scientifiques attestent des publiées dans des revues spécialisées après les dates d’échéance conséquences qu’auront les émissions de CO2 et d’autres gaz à pour l’AR5. Les quelques études de cas qui s’écartent considé- effet de serre sur les siècles à venir. Par exemple : une élévation à rablement de l’interprétation des impacts prévus dans les long terme du niveau de la mer d’environ 2 mètres programmée pour chaque degré Celsius de réchauffement moyen soutenu de la planète évaluations du GIEC (notamment pour l’élévation du niveau de et de l’acidification des océans sur plusieurs siècles, avec des effets la mer et le phénomène El Niño) sont mises en évidences et négatifs d’une grande portée sur les récifs coralliens, l’écologie marine expliquées. et, en définitive, la planète tout entière. Risque de modifications irréversibles et à grande échelle des biomes et écosystèmes de la planète. Des modifications Le contexte mondial irréversibles et à grande échelle des systèmes planétaires sont Le présent rapport confirme des évaluations antérieures, susceptibles de transformer des régions entières. Parmi les risques qui augmentent rapidement avec le réchauffement, on peut citer la notamment le cinquième rapport d’évaluation du GIEC et dégradation de la forêt tropicale amazonienne assortie de possibilités les précédentes publications de la série Baissons la chaleur, d’émissions considérables de CO2, en raison d’une boucle de réaction qui amplifie cet effet, la désintégration des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique provoquant une élévation du 2  Les deux premiers rapports de la série ont été publiés par la Banque mondiale et s’intitulent : Baissons la chaleur : pourquoi il faut absolument éviter une élévation niveau de la mer de plusieurs mètres durant des siècles, voire des de 4 °C de la température de la planète (novembre 2012) et Baissons la chaleur : millénaires, et des rejets importants de méthane résultant de la fonte phénomènes climatiques extrêmes, impacts régionaux et plaidoyer en faveur de du pergélisol, qui amplifient davantage le réchauffement. Des études l’adaptation (juin 2013). publiées récemment dans des revues spécialisées montrent qu’une 3  Dans le présent rapport, la région Europe et Asie centrale de la Banque mondiale partie substantielle de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental, inclut uniquement les pays suivants : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Ex-République contenant l’équivalent en glace d’environ un mètre d’élévation du yougoslave de Macédoine, Fédération de Russie, Kazakhstan, Kosovo, Monténégro, niveau de la mer, recule inexorablement et de façon instable. Ouzbékistan, République kirghize, Serbie, Tadjikistan et Turkménistan. 4  Dans le présent rapport, comme dans les deux rapports précédents, les expressions Une marge de manœuvre qui se réduit rapidement. « un monde à + 4 °C » et « un monde à + 2 °C » sont utilisées comme raccourci L’accumulation d’infrastructures tributaires de combustibles fossiles pour désigner un réchauffement atteignant 4 ou 2 °C de plus que les niveaux de l’ère et à forte intensité de carbone nous oblige à un avenir marqué par préindustrielle d’ici à la fin du siècle. Il faut noter que le scénario d’un réchauffement des émissions de CO2. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a de 4 °C ne doit pas amener à croire que les températures se stabiliseront ou que les émis des mises en garde, confirmées par de nombreux exercices de impacts atteindront des sommets à ce niveau. En raison de la lenteur de la réaction modélisation des filières énergétiques, selon lesquelles si des actions du système climatique, les émissions et les concentrations de gaz à effet de serre qui engendreraient un réchauffement de 4 °C d’ici 2100 et le risque accru de dépassement urgentes ne sont pas prises très rapidement, il sera extrêmement des seuils dans le système climatique, devraient en réalité conduire à un réchauffement coûteux de réduire les émissions assez rapidement pour maintenir le bien plus important, dépassant 6 °C ou plus à long terme, accompagné d’une élévation réchauffement sous la barre des 2 °C. du niveau de la mer de plusieurs mètres. Un monde à + 2 °C donne à penser que les températures se stabilisent à ce niveau au-delà de 2100. 2 R é sumé analytiqu e qui montrent qu’en l’absence de mesures d’atténuation à à celles observées en Russie et en Asie centrale en 2010 et court terme et d’engagements à réduire les émissions, il est aux États-Unis d’Amérique en 2012, et les vagues de chaleur plus probable que le réchauffement de la planète atteigne ou sans précédent désignent des phénomènes pratiquement dépasse 4 °C avant la fin de ce siècle. Si les politiques actuelles inconnus dans les conditions climatiques actuelles. Des se maintiennent, il y a 40 % de probabilités que le réchauf- vagues de chaleur sans précédent ne surviendront proba- fement dépasse les 4 °C d’ici à 2100 et 10 % de chances qu’il blement pas dans un monde à + 2 °C, alors qu’à 4 °C de passe la barre des 5 °C5. Toutefois, nombre des pires impacts réchauffement, elles pourraient toucher 70 à 80 % des terres climatiques envisagés dans le présent rapport pourraient encore continentales des régions MENA et LAC, et environ 55 % être évités si l’on réussit à contenir le réchauffement climatique des zones émergées de certaines localités d’Europe et d’Asie au-dessous de 2 °C. centrale étudiées dans le cadre du rapport. 2. Variations des régimes de précipitations et disponibilité Quelques constats importants dressés des ressources en eau : On prévoit des variations de dans les diverses régions précipitations si le réchauffement se poursuit, qui auront de vastes conséquences néfastes sur la disponibilité des Au niveau actuel de 0,8 °C de réchauffement par rapport aux ressources en eau. L’Amérique centrale, les Caraïbes, les températures de l’ère préindustrielle, des effets négatifs du Balkans occidentaux, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord changement climatique se manifestent déjà, par exemple : se présentent comme des zones sensibles dans lesquelles • des vagues de chaleur extrême se produisent plus fréquemment. les précipitations devraient connaître une baisse de l’ordre L’occurrence de moyennes de températures mensuelles de 20 à 50 % dans l’hypothèse d’un réchauffement de 4 °C. atteignant des niveaux sans précédent a été attribuée au Inversement, les épisodes de fortes précipitations devraient changement climatique avec une probabilité de 80 %. s’intensifier en Sibérie centrale et orientale et dans le nord-ouest de l’Amérique du Sud, leur intensité augmentant • les précipitations extrêmes ont augmenté de fréquence et d’environ 30 % et les risques d’inondations se multipliant d’intensité dans de nombreuses localités. de façon exponentielle dans un monde à + 4 °C. • une forte tendance à l’aridification s’observe dans des zones • Dans les Balkans occidentaux et en Asie centrale, déjà sujettes à la sécheresse comme la Méditerranée. les ressources en eau sont menacées à mesure que l’augmentation des températures approche les 4 °C. • une augmentation substantielle de l’activité cyclonique La fonte précoce des glaciers d’Asie centrale ayant dans l’Atlantique nord tropical qui touche les Caraïbes et modifié les régimes fluviaux, et compte tenu du risque l’Amérique centrale. accru de sécheresse dans les Balkans, l’appauvris- Selon les scénarios de changement climatique envisagés sement des ressources en eau aurait des conséquences pour l’avenir, les effets prévus sont les suivants : sur les rendements agricoles, la santé des populations urbaines et la production énergétique. En Macédoine, 1. Vagues de chaleur exceptionnelles et sans précédent : les par exemple, la baisse des rendements devrait modèles climatiques les plus récents montrent que non atteindre 50 % pour le maïs, le blé, les légumes et le seulement les vagues de chaleur extrême augmentent de raisin dans un monde à + 2 °C. Les risques d’inon- fréquence, mais qu’elles touchent également une superficie dation devraient légèrement augmenter le long du beaucoup plus grande sous l’effet d’un réchauffement qui Danube, de la Save et de la Tisza. ne faiblit pas. La prévalence de ces épisodes exceptionnels et sans précédent augmente rapidement dans un scénario 3. Rendements agricoles et sécurité alimentaire : À 0,8 °C, d’émissions associées à une hausse de température de le réchauffement a déjà d’importantes répercussions sur 4 °C6. Les vagues de chaleur exceptionnelles sont similaires le rendement des cultures. En progressant de 2 à 4 °C, il accentuera les pressions sur les systèmes agricoles. • Les risques de diminution des rendements agricoles 5  AIE (2012), World Energy Outlook, 2012. Signalé dans le deuxième rapport Baissons la chaleur. et de perte de production augmentent rapidement 6  Dans le présent rapport, les vagues de chaleur exceptionnelles désignent des au-delà d’un réchauffement de 1,5 à 2 °C. Dans les phénomènes de niveaux 3-sigma et les vagues de chaleur sans précédent désignent régions Moyen-Orient et Afrique du Nord et Amérique des phénomènes de niveau 5-sigma. En règle générale, l’écart type (sigma) montre dans quelle mesure une variable tend à s’écarter de sa valeur moyenne, laquelle se latine et Caraïbes, d’importantes baisses de rendement réfère, dans le présent rapport, à la possible variation des températures mensuelles sont prévues sous l’effet d’un réchauffement d’environ locales d’une année à l’autre sous l’effet de la variabilité naturelle. Dans le cas d’une 2 °C si des mesures d’adaptation supplémentaires ne distribution normale, des phénomènes de 3 sigma ont une période de récurrence de 740 ans. Les données mensuelles de température ne suivent pas nécessairement sont pas prises : une diminution de l’ordre de 30 à une distribution normale (par exemple, certaines distributions peuvent présenter 70 % des rendements de soja et un recul de près de de longues queues, donnant ainsi à conclure à un plus grand risque de vagues 50 % de la production de blé au Brésil, une baisse de de chaleur), et les périodes de récurrence peuvent différer, mais seront toujours d’au moins 100 ans. Néanmoins, des phénomènes de 3 sigma sont extrêmement moitié de la production de blé en Amérique centrale improbables, et des phénomènes de 4 sigma ne se sont certainement pas produits et dans les Caraïbes et un fléchissement de 10 à pendant la durée de vie des principales infrastructures. Un réchauffement de 5 sigma signifie que l’évolution moyenne du climat est cinq fois plus importante que la variation normale d’une année sur l’autre que l’on connaît aujourd’hui, et sa période qui ne se sont presque certainement jamais produits jusqu’à présent, se manifestent de récurrence est de plusieurs millions d’années. Il est prévu que ces phénomènes, dans les prochaines décennies. 3 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue 50 % du rendement du blé en Tunisie. Les variations • Les zones de pergélisol et les forêts boréales de Russie des rendements agricoles en Asie centrale sont sont sensibles aux changements de température qui incertaines dans le cas d’un réchauffement d’environ pourraient entraîner des hausses de productivité. 2 °C. La multiplication des épisodes de sécheresse Mais il existe un risque de perturbations accrues, et d’inondation représente un risque majeur pour comme des incendies et des parasites, qui augmentent l’agriculture dans les Balkans occidentaux. la mortalité des arbres. Le dépérissement des forêts et • Certes, les mesures d’adaptation et l’effet fertilisant du la fonte du pergélisol risquent d’amplifier le réchauf- CO2 pourraient compenser en partie les effets négatifs fement planétaire à mesure que les stocks de carbone du changement climatique en dessous du seuil de et de méthane sont libérés dans l’atmosphère, créant réchauffement de 2 °C, mais le présent rapport ainsi une boucle de réaction qui s’auto-alimente. Dans confirme les conclusions du cinquième rapport un monde à + 2 °C, les émissions de méthane issues d’évaluation du GIEC : on peut s’attendre à ce qu’un de la fonte du pergélisol pourraient augmenter de 20 à réchauffement de 3 à 4 °C ait une forte incidence 30 % dans toute la Russie boréale. négative sur la productivité agricole. Il existe des 5. Écosystèmes marins : On prévoit que l’élévation des tempé- éléments empiriques qui montrent que, même si les ratures et l’acidification des océans, dont l’effet combiné effets fertilisants éventuels du CO2 peuvent contribuer pourrait entraîner une diminution de l’oxygène disponible, à accroître la productivité, des concentrations plus auront des répercussions importantes sur les écosystèmes élevées de dioxyde de carbone dans l’atmosphère marins et leur productivité. L’acidification des océans atteint pourraient provoquer une diminution des niveaux de déjà des niveaux jamais égalés depuis 300 millions d’années, protéines et de micronutriments (fer et zinc) présents et les taux d’élévation du niveau de la mer sont les plus élevés dans certaines céréales importantes (le blé et le riz depuis 6 000 ans. par exemple). Des projections concernant le blanchissement des • Les effets attendus sur les systèmes de production de coraux donnent à penser qu’il faudrait limiter le réchauf- cultures de subsistance et d’exportation (par exemple fement planétaire à 1,5 °C si l’on veut préserver plus le soja, le maïs, le blé et le riz) pourraient se ressentir de 10 % de ces écosystèmes exceptionnels. Les coraux aux niveaux local, national et mondial. Si le commerce bâtisseurs de récifs jouent un rôle essentiel dans la mondial peut accroître la sécurité alimentaire et formation des plages, la protection du littoral, la pêche et offrir une protection contre les chocs locaux, il se le tourisme. peut que certaines régions deviennent excessivement Des mutations physiologiques ont été observées chez tributaires d’importations de produits alimentaires et, les poissons et les larves de poissons et devraient s’inten- par conséquent, plus vulnérables à des phénomènes sifier sous l’effet de l’acidification future des océans. Dans météorologiques survenant dans d’autres parties du l’hypothèse d’un réchauffement inférieur à 2 °C et sans monde, ainsi qu’à l’arrêt des importations à la suite tenir compte des variations d’acidité des océans, les prises d’embargos sur les exportations dans ces régions. de pêche devraient sensiblement diminuer à plusieurs 4. Écosystèmes terrestres : Il est prévu que les écosystèmes endroits d’ici à 2050, les populations de poissons migrant subissent des mutations sous l’effet de l’élévation des tempé- vers des eaux plus fraîches. ratures et des variations du régime des précipitations qui 6. Élévation du niveau de la mer : Le niveau de la mer devrait diminueront considérablement les services écosystémiques, augmenter de 0,36 m (dans une marge de 0,20 à 0,60 m) ce qui aurait de graves répercussions sur le cycle mondial dans un monde à + 1,5 °C, et de 0,58 m (dans une marge de du carbone par exemple. 0,40 à 1,01 m) à + 4 °C de températures durant la période • L’intensification prévue du stress dû à la chaleur 2081-2100, par rapport à la période de référence (1986-2005)8. et à la sécheresse, conjuguée à la poursuite du En raison du délai de réaction des océans et de la lenteur déboisement, augmente substantiellement le risque de la réponse des calottes glaciaires du Groenland et de de dégradation à grande échelle de la forêt tropicale amazonienne (diminution de la biomasse et de la superficie de la forêt). Une telle situation pourrait à induite par le dépérissement et la décomposition des arbres plusieurs années durant, son tour transformer ce puits de carbone d’importance sous l’effet de la sécheresse, d’autre part. planétaire en source de carbone ; on a déjà pu le 8  Les projections d’élévation du niveau de la mer présentées ici suivent la méthodologie adoptée dans le 5e rapport d’évaluation du groupe de travail I du GIEC et prennent constater à la suite des graves sécheresses de 2005 et surtout en compte de nouvelles contributions fondées sur des scénarios plus réalistes 2010 — les spécialistes avaient estimé à l’époque que concernant l’Antarctique et tirées de publications postérieures au rapport du GIEC. la capacité de séquestration du carbone de l’Amazonie De récentes publications laissent penser que les estimations du GIEC sont prudentes, si l’on considère la déstabilisation observée de certaines parties de la calotte glaciaire avait diminué d’environ 1,6 pentagramme de carbone de l’Antarctique occidental. Il faut noter que les projections régionales indiquées (en 2005) et de 2,2 Pg de carbone (en 2010) par dans le présent rapport reposent également sur cet ajustement de la méthodologie rapport à des années sans sécheresse7. utilisée par le GTI pour le rapport AR5 et ne prennent pas en compte les effets de subsidence côtière. Les projections d’élévation du niveau de la mer présentées dans ce rapport s’appuient sur un plus vaste ensemble de modèles basés sur un réchauffement moyen inférieur à 1,75 °C. En conséquence, l’élévation du niveau de Cette variation des niveaux de séquestration du carbone s’explique par les effets 7  la mer à la fin du siècle est attribuée dans le scénario RCP2.6 à un réchauffement conjugués d’une capacité d’absorption réduite résultant du ralentissement de la de 1,5 °C. Pour plus de précisions, voir l’encadré 2.1 et la section 6.2, Projections croissance des arbres en raison de la sécheresse, d’une part, et de la perte de carbone d’élévation du niveau de la mer. 4 R é sumé analytiqu e Figure 1 : Ressources en eau : Variation relative du débit annuel pour un réchauffement planétaire de 2 °C et de 4 °C dans les années 2080, par rapport à la période 1986–2005, d’après un modèle de comparaison corrélative de l’impact intersectoriel ISI-MIP. Les couleurs indiquent la variation de la moyenne multimodèle ; la saturation des couleurs reflète le degré de concordance des modèles. Plus les couleurs sont saturées, plus les modèles concordent. Source : Adapté de Schewe et al. (2013). l’Antarctique aux variations des températures atmosphériques exposés et les zones côtières de faible altitude. Elle (inertie thermique), les niveaux des océans continueront à pourrait en outre contribuer à l’intrusion d’eau salée monter de nombreux siècles après 2100. dans les aquifères d’eau douce (en particulier au • L’élévation du niveau de la mer menace particu- Moyen-Orient et en Afrique du Nord), phénomène lièrement les populations urbaines des régions du aggravé par d’autres impacts climatiques (comme la Moyen-Orient et Afrique du Nord et d’Amérique diminution des ressources en eau) et d’autres facteurs latine et Caraïbes, où de larges zones urbaines et d’origine anthropique (comme la surexploitation des d’importantes infrastructures sont situées le long ressources). des côtes. Ce phénomène touchera plus durement les populations insulaires des Caraïbes, dont les 7. Glaciers : Une réduction substantielle du volume et de possibilités de retraite sont extrêmement limitées. l’étendue des glaciers a été observée, au niveau de réchauf- La montée des océans va accroître sensiblement le fement actuel, dans les Andes et en Asie centrale. La fonte risque d’ondes de tempête et de cyclones tropicaux, des glaces engendre un risque élevé d’inondations et diminue notamment pour les petits États insulaires fortement substantiellement les ressources dulcicoles durant les saisons 5 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Encadré 2 : Effets du changement climatique sur la vulnérabilité sociale Les chocs et les pressions associés au changement climatique peuvent saper les efforts de lutte contre la pauvreté et faire basculer de nouvelle couches de la population dans le dénuement. Les établissements humains informels dans des plaines inondables et sur des terrains en pente, dans de nombreuses villes d’Amérique latine et des Balkans occidentaux, par exemple, ont été durement touchés par des inondations et des glissements de terrain ces dernières années. Alors que de nombreux pauvres habitent des localités rurales enclavées, l’expansion continue des villes vers des zones sujettes aux catastrophes fait qu’une proportion croissante des populations urbaines sera exposée aux phénomènes climatiques extrêmes et à la hausse des prix des denrées alimentaires, ce qui devrait appauvrir davantage les populations urbaines déjà démunies. Ce sont les populations souffrant de la pauvreté et de l’exclusion sociale qui ressentiront le plus les effets du changement climatique, leur capacité d’adaptation à une évolution rapide et progressive du climat étant plus limitée. Il s’agit des populations autochtones et des minorités ethniques, des travailleurs migrants, des femmes, des filles, des personnes âgées et des enfants. Bien que ces groupes — tout comme leurs homologues plus avantagés — s’adaptent déjà à l’évolution du climat et d’autres facteurs, ces efforts sont souvent anéantis par la modicité de leurs ressources, leur absence de représentation et des normes sociales discriminatoires. Ainsi, les pénuries d’eau annoncées dans certaines parties d’Amérique latine et dans des pays à faible revenu du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord peuvent accroître grandement la corvée d’eau en milieu rural et dans des quartiers pauvres des villes ; et la malnutrition infantile associée au changement climatique, qui entraine une diminution de la teneur des denrées alimentaires de base (blé et riz) en protéines et micronutriments, peut avoir des conséquences irréversibles sur les enfants touchés. Le changement climatique peut entraîner des déplacements de populations et influer sur la structure et l’ampleur des courants migratoires. Jusqu’à présent, les déplacements de populations liés à des phénomènes météorologiques extrêmes étaient temporaires. Or, si le changement climatique rend certaines zones inhabitables (par exemple si elles deviennent trop chaudes, trop sèches ou trop souvent touchées par des phénomènes extrêmes ou si le niveau de la mer augmente), ces migrations pourraient se faire à plus grande échelle et déboucher plus souvent sur une réinstallation permanente (comme on peut déjà le voir dans certaines localités de la MENA déficitaires en eau). Des migrations à grande échelle peuvent comporter des enjeux importants pour les relations familiales, la santé et la sécurité humaine. Les couches défavorisées pourraient se retrouver prisonnières de zones rurales sinistrées, faute de moyens financiers et/ou de relations sociales nécessaires pour déménager. végétatives. Elle peut aussi avoir des effets négatifs sur la sera d’autant plus marquée que ce changement sera profond production hydroélectrique. (encadré 2). La faiblesse de la gouvernance, l’obsolescence • Les glaciers tropicaux des Andes centrales ont ou l’insuffisance des infrastructures (comme dans le cas de beaucoup fondu durant le 20e siècle et on prévoit certaines parties des trois régions) risquent d’amplifier les une déglaciation totale dans un monde à + 4 °C. défis sociaux liés à l’adaptation du changement climatique. Au Pérou, on estime qu’une diminution de 50 % du ruissellement des glaciers entraînera une baisse de la production annuelle d’électricité d’environ 10 % (qui passerait de 1 540 à 1 250 gigawatts/heure). Amérique latine et Caraïbes • Depuis les années 60, les glaciers d’Asie centrale ont Le développement économique ainsi que l’histoire sociale et perdu entre 3 et 14 % de leur superficie selon leur locale de l’Amérique latine et des Caraïbes varient considé- situation. On prévoit des pertes supplémentaires rablement d’un pays à l’autre. Avec une population de 588 d’environ 50 %, qui peuvent monter jusqu’à 80 %, millions d’habitants (2013), dont 80 % vivent en milieu respectivement, dans un monde à + 2 °C et 4 °C. urbain, la région affiche un PIB estimé à 5 655 milliards de En conséquence, dans le cas d’un réchauffement dollars (2013) et le revenu national brut par habitant était de d’environ 3 °C, le débit des fleuves devrait diminuer 9 314 dollars en 2013. En 2012, environ 25 % de la population de 25 % durant les mois d’été où la demande d’eau vivaient dans la pauvreté et 12 % dans l’extrême pauvreté, une pour l’agriculture est la plus forte. • En Asie centrale, la production hydroélectrique proportion nettement inférieure à celle des années précédentes. pourrait potentiellement jouer un rôle majeur dans Par exemple, la malnutrition dans la région est passée de 14,6 % le futur bouquet énergétique. Toutefois, en raison en 1990 à 8,3 % en 2012. Malgré les progrès considérables des changements prévus dans la répartition du accomplis sur les plans économique et social ces dernières ruissellement, il y aura moins d’eau disponible pour décennies, les inégalités de revenus restent profondes. la production d’énergie durant les mois d’été, si l’on Au niveau de réchauffement actuel de 0,8 °C, le changement prend en compte les besoins de l’agriculture. climatique a des effets importants sur les biomes terrestres 8. Vulnérabilité sociale face au changement climatique. Les (montagnes des Andes et forêts tropicales par exemple) et impacts sociaux du changement climatique sont difficiles à marins (récifs coralliens, en particulier) de toute la région. prévoir avec certitude, car ils dépendent de facteurs clima- Si les températures moyennes s’élèvent de 2 °C ou plus, on tiques et de leurs interactions avec les tendances de fond s’attend à ce que l’intensité et la gravité des phénomènes qui en du développement. Toutefois, il apparaît clairement que le découleraient augmentent partout dans la région (trois impacts changement climatique a d’ores et déjà une incidence sur les importants sont décrits ci-après). moyens de subsistance et le bien-être des populations dans La figure 2 représente les parties de la région touchées par certaines parties des trois régions, et que cette incidence des températures exceptionnelles en été, dans des scénarios de 6 R é sumé analytiqu e Figure 2 : Moyenne multimodèle du pourcentage de mois d’été austral (DJF) présentant des températures exceptionnelles (qui ne sont normalement pas susceptibles de se produire plus d’une fois en l’espace de plusieurs siècles) dans un monde à + 2 °C (à gauche) et dans un monde à + 4 °C (à droite) durant la période 2071–2099 et par rapport à la période de référence 1951–1980. réchauffement de 2 °C et 4 °C. L’encadré 3 donne un aperçu temps, une augmentation de la fréquence et de l’intensité des des risques climatiques encourus dans la région. pluies torrentielles est prévue, en particulier sur les côtes du Pacifique tropical et subtropical et dans le sud du Brésil. Des modifications du cycle hydrologique pourraient menacer la stabilité des réserves d’eau douce • Dans les Andes, les glaciers devraient subir une fonte et des services écosystémiques. massive (allant jusqu’à 90 %) dans un monde à + 2 °C Des cycles de précipitations altérés, caractérisés par des averses et disparaître presque entièrement si le réchauffement plus intenses suivies de périodes de sécheresse plus longues, dépasse 4 °C. L’évolution de la fonte glaciaire sous l’effet du la fonte des glaciers, la dégradation d’écosystèmes clés et la réchauffement de la surface terrestre perturbe le rythme et perte de services écologiques essentiels (comme la distribution, l’amplitude du débit des cours d’eau et augmente les risques le stockage, la rétention et la régulation de l’eau, ainsi que la d’inondations, de pénuries d’eau douce et de détérioration protection des sols), auront des conséquences sur les réserves des infrastructures. régionales d’eau douce et pourront engendrer une corrélation • L’intensification des sécheresses et la hausse des températures négative et des synergies entre l’amont et l’aval. Différents moyennes devraient entraîner une diminution des ressources phénomènes connexes devraient augmenter en intensité et en en eau et perturber la plupart des écosystèmes et des gravité à mesure que les températures moyennes de la planète agroécosystèmes. Le risque accru de sécheresse augmentera s’élèvent de 2 à 4 °C. les menaces d’incendies de forêt, de dégradation massive des • D’après les projections, la plupart des régions arides deviennent forêts associée au changement climatique et de disparition plus arides et les régions humides plus humides. Dans un des services écologiques connexes. monde à + 4 °C, les baisses de précipitations atteignent entre • La fonte des glaciers se produira à un rythme encore 20 et 40 % dans les Caraïbes, en Amérique centrale, dans le plus rapide que ce qui est observé actuellement, le débit centre du Brésil et en Patagonie. Les épisodes de sécheresse des cours d’eau atteignant un niveau record dans 20 à devraient augmenter de plus de 20 %. Un réchauffement limité 50 ans, voire plus tôt dans certains bassins versants. Les à 2 °C réduirait considérablement le risque de sécheresses — débordements des lacs glaciaires et les inondations qu’ils augmentation du nombre de jours de sécheresse de 1 % dans entraînent présentent un danger pour les villes des Andes. les Caraïbes et de 9 % en Amérique du Sud. Dans le même La fonte des glaciers affectera probablement les páramos 7 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Encadré 3 : Quelques risques climatiques dans la région Amérique latine et Caraïbes Dans un monde à + 4 °C, les vagues de chaleur extrême, la modification des cycles hydrologiques, les cyclones tropicaux et l’évolution du phénomène d’oscillation australe El Niño devraient poser de graves problèmes qui auront des répercussions sur le secteur agricole, la santé humaine, les grands centres urbains et la fourniture de services écologiques essentiels. À des niveaux de réchauffement moins prononcés, la fonte des glaciers des Andes diminuera les ressources en eau douce et l’hydroélectricité exploitables par les populations et les grandes villes des Andes durant la saison sèche, tout en augmentant les risques d’inondation à court terme et en perturbant les activités agricoles et les services environnementaux en aval. L’élévation du niveau de la mer devrait présenter une grave menace et causer des dommages aux zones de basse élévation et aux installations côtières. La dégradation des récifs coralliens va porter préjudice aux recettes tirées du tourisme et nuire à la biodiversité, à la pêche et à la protection des zones côtières, menaçant ainsi les moyens de subsistance. L’impact potentiel du changement climatique sur la forêt amazonienne aura probablement des conséquences sur la planète tout entière. Sous l’effet d’un réchauffement croissant, la dégradation, voire le dépérissement, de cette forêt tropicale est de plus en plus probable, et risque de la transformer en une immense source de carbone durant les années sèches, aggravant ainsi le changement climatique. Amérique centrale et Caraïbes Fréquence accrue du phénomène El Niño et des cyclones tropicaux, précipitations extrêmes, sécheresse et canicules. Risques de réduction des ressources Régions arides hydriques, des rendements agricoles, de la sécurité alimentaire et de la sûreté des côtes. Caribbean Populations pauvres exposées aux glissements Caraïbes de terrain, à l’érosion des côtes, avec un risque Amérique centrale d’augmentation des taux de mortalité et des migrations, impacts négatifs sur le PIB en cas de contribution importante du tourisme côtier. Forêt amazonienne Forêt tropicale amazonienne Augmentation des épisodes extrêmes de chaleur et d’aridité, risque d’incendies et de dégradation des forêts et de pertes de biodiversité. Risque de transformation de la forêt pluviale en source Régions arides de carbone. La conversion des zones agricoles peut engendrer des conflits fonciers. Risques d’extinction d’espèces, menaçant les moyens de subsistance Andes traditionnels et de déculturation. Les Andes Densité de population Fonte des glaces, variations du manteau neigeux, risques d’inondation et pénurie d’eau douce. [Habitants au km ] 2 Cône Sud En altitude, les femmes, les enfants et les populations 0 autochtones sont particulièrement vulnérables ; et l’activité agricole menacée. Dans les zones urbanisées, 1–4 les pauvres vivant sur des terrains en pente sont plus 5–24 exposés aux inondations. 25–249 Régions arides 250–999 Falkland Islands (Islas Malvinas) Intensification des épisodes de sécheresse et de chaleur extrême, entraînant la mort du bétail, la baisse 1000+ A DISPUTE CONCERNING SOVEREIGNTY OVER THE ISLANDS EXISTS BETWEEN ARGENTINA WHICH CLAIMS THIS SOVEREIGNTY AND THE U.K. WHICH ADMINISTERS THE ISLANDS. des rendements agricoles et des pressions sur les ressources dulcicoles. Risques de famines localisées parmi des communautés autochtones enclavées ; problèmes de santé liés à l’eau. Les pressions sur les ressources peuvent engendrer des conflits et des migrations vers les villes. Cône sud Source des données : Centre pour le réseau international de l’information sur les sciences de la Terre Diminution des rendements agricoles et de la (Université de Columbia), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et Centro productivité des pâturages, migration des écozones Internacional de Agricultura Tropical, Gridded Population of the World, Version 3 (GPWv3) : Population agricoles vers le nord. Count Grid. Palisades, NY : NASA Socioeconomic Data and Applications Center (SEDAC), 2005. Cette Risques pour l’état nutritionnel des populations locales carte a été reproduite par l’unité de cartographie de la Banque mondiale. Les frontières, les couleurs, pauvres. Risques de renchérissement des denrées les dénominations et toute autre information figurant sur cette carte n’impliquent de la part du Groupe alimentaires et répercussions à l’extérieur de la région de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne en raison de l’exportation d’une part importante de la signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. production agricole. 8 R é sumé analytiqu e (terme andin désignant des landes riches en carbone), qui approvisionnent de nombreuses villes andines en eau. En Encadré 4: Le phénomène outre, des écosystèmes de montagne dégradés assureront d’oscillation australe El Niño (ENSO) moins bien la rétention de l’eau et l’intensification des averses accroîtra l’érosion, aggravant l’envasement et la dégradation La région Amérique latine et Caraïbes est particulièrement des barrages hydroélectriques, des ouvrages d’irrigation, des exposée aux effets d’épisodes El Niño et La Niña forts* infrastructures hydrauliques et des dispositifs de protection associés au phénomène d’oscillation australe El Niño (ENSO). En des cours d’eau. Amérique centrale, El Niño se traduit généralement par des pluies excessives le long du littoral caribéen, tandis que les côtes pacifiques • L’intensification annoncée des précipitations peut considé- restent sèches. Des précipitations accrues et des inondations se rablement augmenter le risque de glissements de terrain, produisent généralement sur la côte équatorienne, dans le nord en particulier sur les reliefs en pente souvent occupés par du Pérou et dans le sud du Brésil, en Argentine, au Paraguay et en les populations rurales et urbaines les plus pauvres. Les Uruguay, tandis qu’on observe des épisodes de sécheresse dans les régions andines de l’Équateur, du Pérou et de la Bolivie, ainsi importants glissements de terrain survenus en 2011 dans que dans le nord-est du Brésil. Tous ces changements peuvent l’État de Rio de Janeiro après de fortes averses préfigurent considérablement affaiblir les moyens d’existence, en affectant la la probable gravité des conséquences que devrait induire productivité agricole, certains écosystèmes essentiels, la production l’intensification des précipitations. Les pluies torrentielles énergétique, l’approvisionnement en eau, les infrastructures et la peuvent rapidement submerger les canaux de drainage naturels santé publique dans les pays concernés. Par exemple, l’épisode ainsi que les systèmes d’assainissement urbains qui n’ont extrême El Niño de 1997-1998 a entraîné plusieurs milliards de dollars probablement pas été conçus pour faire face à l’augmentation de pertes économiques et causé des dizaines de milliers de décès prévue de l’intensité des précipitations et des ruissellements. dans le monde entier — l’Amérique latine a enregistré des pertes énormes. Les projections concernant les effets du changement Le changement climatique mettra en péril climatique restent très incertaines quant à l’intensité et la fréquence des épisodes extrêmes El Niño. Cependant, on a récemment observé les petites exploitations pratiquant une agriculture des signes de changement de la variabilité des précipitations associée de subsistance et les grandes fermes produisant au phénomène ENSO, sous l’effet du réchauffement climatique, qui pour l’exportation. permettent de réviser les projections concernant le phénomène ENSO En Amérique latine et dans les Caraïbes, l’agriculture est figurant dans le cinquième rapport d’évaluation du GIEC. Des études fortement tributaire des systèmes pluviaux, que ce soit pour climatiques récentes basées sur le modèle de comparaison corrélative des besoins de subsistance ou d’exportation ; elle est donc font état de la probabilité que le réchauffement de la planète entraine vulnérable à des variations climatiques comme les sécheresses, une augmentation de la fréquence d’épisodes El Niño extrêmes au la modification des régimes de précipitation et la hausse des cours du 21e siècle. températures. *  « L’indice ONI (Oceanic Niño Index) est la norme utilisée par la NOAA • L’agriculture sera exposée à des risques accrus à mesure pour identifier les épisodes El Niño (chauds) et La Niña (froids) dans le que le réchauffement progresse au-delà de 2 °C. Un réchauf- Pacifique tropical. Il correspond à la moyenne sur trois mois des anomalies de température de surface de la mer dans la zone Niño 3.4 (5°N-5°S, fement de 2 °C aura clairement des répercussions négatives 120°–170°W). Les épisodes correspondent à cinq périodes consécutives de sur un large éventail de cultures, dont le soja (baisse des trois mois de chevauchement durant lesquelles l’anomalie est supérieure ou rendements pouvant atteindre 70 % dans certaines localités égale à + 0,5° pour les épisodes chauds (El Niño) et inférieure ou égale à du Brésil) et le maïs (baisse des rendements allant jusqu’à -0,5° pour les épisodes froids (La Niña). Les épisodes sont ensuite qualifiés de « faibles » (anomalie de température de surface de la mer comprise entre 60 % au Brésil et en Équateur) d’ici à 2050, par rapport à la 0,5 et 0,9), « modérés » (1,0 à 1,4) ou « forts » (≥ 1,5). » [Source : http:// période de référence de 1989-2009. Les mesures d’adaptation ggweather.com/enso/oni.htm] simulées (variétés améliorées, meilleure gestion des sols et des cultures et irrigation complémentaire, etc.) atténuent, mais ne permettent pas d’éviter les baisses de rendements que devrait provoquer le changement climatique. D’autres études les estuaires de l’Amazone et le Rio de la Plata, qui devraient montrent que dans un monde à + 3 °C, les conséquences enregistrer une baisse de plus de moitié du potentiel des négatives pour chaque culture seraient plus graves : jusqu’à prises, en raison des migrations de stocks de poissons sous près de 70 % de baisse des rendements du blé en Amérique l’effet du réchauffement des eaux. Dans les eaux des Caraïbes, centrale et dans les Caraïbes. Cela signifie que le changement les baisses pourraient être comprises entre 5 et 50 %. Ces climatique menace non seulement les petits exploitants et estimations sont effectuées pour un réchauffement de 2 °C les populations rurales et autochtones, mais aussi les grands d’ici à 2050. D’ici là, une grande partie des récifs coralliens producteurs de denrées de base (soja, maïs), les éleveurs — importants lieux d’alevinage et d’habitat pour les poissons et les entreprises agroalimentaires — avec des retombées — subirait chaque année des épisodes de blanchissement, négatives potentielles sur les prix des produits alimentaires qui entameraient davantage la base des ressources marines. et la sécurité alimentaire à l’intérieur comme à l’extérieur L’acidification des océans pourrait avoir un impact direct sur de la région. les populations de poissons, y compris en provoquant des • La sécurité alimentaire locale est sérieusement menacée par dommages physiologiques aux premiers stades de la vie. Les la diminution prévisible du potentiel de prises de pêche. On effets sur la chaîne alimentaire ne sont toutefois pas encore s’attend à d’importantes répercussions sur le littoral caribéen, clairement identifiés. 9 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue • Grande région d’élevage et de production de céréales, le Cône • Des risques d’occurrence d’épisodes El Niño et de cyclones Sud (Chili, Argentine, Uruguay, Paraguay et sud du Brésil) tropicaux se manifesteraient dans le cas où le niveau de la est vulnérable aux chocs climatiques, notamment ceux en mer augmente entre 38 et 114 cm, multipliant les possibilités rapport avec la modification des régimes de précipitation et d’ondes de tempête. Le niveau de la mer devrait monter plus la montée des vagues de chaleur. Ces phénomènes devraient sur la côte Atlantique que sur la côte Pacifique. Par exemple, avoir de graves répercussions sur les rendements du maïs et au large de Valparaiso, on s’attend à ce que la mer s’élève de du soja, d’importantes denrées d’exportation. Par rapport à la 0,35 m dans un monde à + 2 °C et de 0,55 m dans un monde période 1971-2000 par exemple, la productivité des cultures à + 4 °C (estimation moyenne). À Recife, ces projections de maïs devrait décliner de 15 à 30 % dans un scénario de sont d’environ 0,39 m et 0,63 m respectivement, atteignant réchauffement de 2 °C d’ici à 2050, et de 30 à 45 % dans un 1,14 m dans un monde à + 4 °C — le niveau le plus élevé monde à + 3 °C. Des épisodes El Niño forts et/ou extrêmes, de la région. qui provoquent des inondations ou des sécheresses pendant • Les phénomènes extrêmes frapperont durement les populations la saison des récoltes, exposent l’agriculture de la région à pauvres des villes et des campagnes qui occupent souvent d’autres risques majeurs. des logements de fortune situés dans des zones à haut risque On prévoit une multiplication des phénomènes (comme des plaines inondables et des terrains particu- extrêmes qui affecteront à la fois les populations lièrement pentus). En 2005, les pays où le pourcentage de rurales et urbaines, en particulier sur les terrains la population vivant dans des logements de fortune était le en pente et dans les régions côtières. plus élevé étaient la Bolivie (50 %) pour l’Amérique latine La région est fortement exposée aux effets de phénomènes et Haïti (70 %) pour les Caraïbes. Les phénomènes extrêmes extrêmes plus fréquents et plus intenses comme ceux qui ont aussi des retombées négatives sur les populations rurales, surviennent pendant des épisodes El Niño forts et les cyclones car elles sont fortement tributaires de leur environnement tropicaux. et de sa base de ressources naturelles. • Par rapport à la situation actuelle, la fréquence des cyclones • Dans les Caraïbes, des effets néfastes considérables sont à tropicaux les plus puissants de l’Atlantique nord devrait prévoir sur les principaux écosystèmes locaux, l’agriculture, augmenter d’environ 40 % dans un monde à + 2 °C, et l’infrastructure et le secteur du tourisme dans un monde de 80 % dans le cas d’une élévation des températures de à + 2 °C. En cause, la disparition et/ou la dégradation 4 °C. Dans la région Amérique latine et Caraïbes, près de d’importantes ressources sous l’effet combiné de la hausse du 8,5 millions de personnes se trouvent dans la trajectoire des niveau de la mer et des conséquences connexes de l’intrusion ouragans et environ 29 millions de personnes vivent dans des d’eau salée et des ondes de tempête, de l’acidification des zones côtières peu élevées. La région des Caraïbes, où 50 % océans, du blanchissement des récifs coralliens et de la de la population vit le long du littoral et environ 70 % de la destruction du système de protection physique du littoral en population se trouve dans des villes côtières, est extrêmement raison de la disparition et de la détérioration de ces récifs. La vulnérable. L’intensification des cyclones tropicaux devrait poursuite du réchauffement pourrait entraîner un accrois- avoir une corrélation positive avec la hausse du niveau de la sement considérable des répercussions de ces phénomènes et mer, aggravant les risques d’inondations côtières et d’ondes de d’autres modifications climatiques, compte tenu notamment tempête et menaçant l’ensemble des économies et des moyens de la probabilité croissante de l’augmentation de la fréquence d’existence (particulièrement dans les États insulaires). de puissants cyclones tropicaux. Figure 3 : Moyenne multimodèle du pourcentage de mois d’été boréal (JJA) présentant des températures exceptionnelles (qui ne sont normalement pas susceptibles de se produire plus d’une fois en l’espace de plusieurs siècles) dans un monde à + 2 °C (à gauche) et dans un monde à + 4 °C (à droite) durant la période 2071–2099 et par rapport à la période de référence 1951–1980. 10 R é sumé analytiqu e Encadré 5 : Quelques risques climatiques dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord La région sera touchée de plein fouet dans le cas d’un réchauffement de 2 ou de 4 °C, notamment à cause de l’accroissement substantiel, comme l’indiquent les prévisions, des vagues de chaleur, la forte diminution des réserves hydriques et toutes les conséquences prévues en matière de sécurité alimentaire régionale. Une forte vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer dans les décennies à venir est liée à la concentration importante de populations et de ressources dans les zones côtières. Dans un monde à + 2 °C, les niveaux annuels de débit des cours d’eau, déjà bas, devraient chuter de plus de 15 % et des vagues de chaleur exceptionnelles toucheraient près d’un tiers du territoire. La baisse des rendements agricoles, conjuguée aux répercussions sur d’autres régions productrices de céréales, pourrait contribuer à la hausse des prix des denrées alimentaires dans la région. La dépendance croissante à l’égard des importations de produits alimentaires exacerbe encore ces risques. La détérioration des moyens de subsistance en milieu rural pourrait contribuer à une intensification des flux migratoires à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières nationales, accentuant ainsi les pressions exercées sur les infrastructures urbaines ainsi que les risques connexes pour les migrants vivant dans la pauvreté. Les migrations et les pressions du climat sur les ressources (l’eau, etc.) pourraient accroître le risque de conflit. e k a s h r M Maghreb Centre de la péninsule arabique Densité de population [Habitants au km²] 0 Sud de la péninsule arabique 1–4 5–24 25–249 250–999 1000+ Maghreb Mashrek et zones orientales Péninsule arabique Fort réchauffement, diminution des Des vagues de chaleur exceptionnelles et Vagues de chaleur exceptionnelles dans le précipitations annuelles, stress hydrique la diminution des précipitations annuelles centre de la Péninsule arabique. Dans les accru et baisse de la productivité agricole. entraîneront une augmentation de l’aridité zones méridionales, relative augmentation De grandes villes côtières exposées à et une diminution de l’eau stockée sous des précipitations annuelles, mais l’élévation du niveau de la mer. forme de neige et du ruissellement des incertitudes quant à leur évolution au centre cours d’eau, par exemple en Jordanie et de la Péninsule. Hausse probablement plus Les risques associés au changement dans les régions de l’Euphrate et du Tigre. importante du niveau de la mer d’Arabie climatique auront de graves répercussions Conséquences néfastes pour l’agriculture que sur les côtes de la Méditerranée et de sur les moyens d’existence des — essentiellement pluviale — et pour la l’Atlantique, assortie d’un risque de marées agriculteurs, l’économie des pays et la production alimentaire. de tempête et de conséquences néfastes sécurité alimentaire. Les conséquences pour les infrastructures. sur des ressources côtières essentielles se Le changement climatique aura de sévères répercuteraient sur l’économie, notamment répercussions sur les moyens d’existence Des vagues de chaleur plus nombreuses le secteur touristique. Il existe un risque des agriculteurs, l’économie des pays et devraient accroître l’inconfort thermique, d’accélération des flux migratoires vers les la sécurité alimentaire. Il existe un risque menaçant ainsi la productivité et la santé zones urbaines et de conflits sociaux. d’accélération des flux migratoires vers les des travailleurs. zones urbaines et de conflits sociaux. Source des données : Centre pour le réseau international de l’information sur les sciences de la Terre (Université de Columbia), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et Centro Internacional de Agricultura Tropical, Gridded Population of the World, Version 3 (GPWv3): Population Count Grid. Palisades, NY : NASA Socioeconomic Data and Applications Center (SEDAC), 2005. Cette carte a été reproduite par l’Unité de cartographie de la Banque mondiale. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur cette carte n’impliquent de la part du Groupe de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. 11 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Moyen-Orient et Afrique du Nord Les activités agricoles de la région se déroulent pour la plupart dans la zone climatique semi-aride, soit près des côtes, soit La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) est dans les zones de montagne, et sont extrêmement vulnérables une des plus diverses du monde sur le plan économique, avec aux effets du changement climatique. un PIB par habitant allant de 1 000 dollars au Yémen à plus de • La diminution des précipitations devrait être comprise 20 000 dollars dans les États du Golfe. En termes de PIB par entre 20 et 40 % dans un monde à + 2 °C, et pourrait habitant, le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis, le Maroc, atteindre 60 % à + 4 °C de réchauffement dans certaines la République arabe d’Égypte et le Yémen occupent respecti- parties de la région. On s’attend à une baisse de la produc- vement le 4e, le 12e, le 27e, le 130e, le 132e et le 151e rang sur une tivité agricole dans certaines localités du Moyen-Orient et liste de 189 pays. Par conséquent, les capacités d’adaptation et d’Afrique du Nord, sous l’effet de la rareté croissante de l’eau la vulnérabilité aux effets du changement climatique varient et de températures plus élevées qui devraient s’éloigner de plus considérablement dans la région. en plus des optima de température de plusieurs cultures (et La région devrait voir sa population doubler d’ici à 2050, un facteur qui, associé aux impacts climatiques prévus, peut-être même dépasser leur niveau de tolérance thermique). exerce une pression considérable sur les ressources en eau et • Les rendements agricoles dans la région risquent de connaître d’autres ressources. La région est déjà largement tributaire une baisse pouvant atteindre 30 % dans le cas d’un réchauf- des importations de denrées alimentaires. Les importations fement de 1,5 °C à 2 °C en Jordanie, en Égypte et en Lybie, couvrent environ 50 % de la consommation de blé et d’orge, et près de 60 % (pour le blé) si les températures montent 40 % pour le riz et près de 70 % pour le maïs. Diverses de 3 ou 4 °C en République arabe syrienne. Les cultures les solutions sont appliquées pour pallier la rareté de l’eau : plus touchées devraient être les légumineuses et le maïs, car extraction des eaux souterraines, désalinisation et stratégies elles sont cultivées pendant l’été. d’adaptation locales. Malgré l’extrême rareté de la ressource, • La production agricole étant tributaire à 70 % des eaux les pays du Golfe consomment plus d’eau par habitant que la pluviales, le secteur est extrêmement vulnérable aux moyenne mondiale, les marchés arabes de l’eau et de l’énergie changements de température et de régime de précipitations, à usage domestique comptant parmi les plus fortement subven- ainsi qu’aux conséquences connexes potentielles pour les tionnés au monde. La région présente des conditions socioéco- produits alimentaires, la sécurité sociale et les moyens nomiques et politiques très hétérogènes. Il existe donc de fortes d’existence ruraux. Les zones rurales hébergent 43 % de la différences de capacité d’adaptation et de vulnérabilité face aux population et les agriculteurs pauvres sont particulièrement risques climatiques, particulièrement entre les États arabes du exposés à la famine et à la malnutrition, conséquences Golfe et les autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord est en directes des pertes de rendement et de la hausse des prix train de devenir un des foyers d’aggravation des vagues de des denrées alimentaires. Si on y ajoute des pressions non chaleur, de sécheresse et d’aridité. Pluviale à 70 %, l’agri- liées au changement climatique, la diminution des moyens culture est extrêmement sensible aux variations des conditions d’existence en milieu rural pourrait entraîner une intensi- climatiques. Un réchauffement de 0,2 °C par décennie a été fication de l’exode rural, ce qui renforcerait la précarité en observé dans la région sur la période 1961-1990 et progresse milieu urbain et augmenterait les risques de conflit. plus rapidement encore depuis lors. D’après les projections, • La demande accrue d’eau pour l’irrigation sera difficile à plus de 90 % des étés connaîtront des vagues de chaleur satisfaire en raison de la diminution simultanée des ressources exceptionnelles dans un monde à + 4 °C, contre 20 à 40 % des hydriques disponibles dans les pays du Moyen-Orient et étés dans un monde à + 2 °C (figure 3). d’Afrique du Nord, qui investissent de longue date dans Compte tenu de sa forte dépendance à l’égard des l’amélioration des performances du secteur agricole — environ importations, la région est vulnérable à des chocs survenant 30 % des terres agricoles sont irriguées alors que l’agriculture au-delà de ses frontières. Si les réponses sociétales à de tels absorbe entre 60 et 90 % de l’ensemble des ressources en changements sont difficiles à prévoir, il est évident que des eau consommées de la région. impacts extrêmes, comme une diminution de plus de 45 % du • En raison de la hausse des prix des denrées alimentaires qui débit annuel d’eau annoncée à + 4 °C dans certaines parties accompagne souvent des variations brusques et des baisses à de la région, poseraient des difficultés sans précédent aux long terme de la production, le nombre croissant de pauvres systèmes sociaux concernés. Le changement climatique pourrait exacerber les risques sur la sécurité de la région, en exerçant des en zone urbaine est de plus en plus sujet à la malnutrition, pressions supplémentaires sur des ressources déjà rares et en en particulier dans un contexte d’augmentation de l’insécurité renforçant les menaces préexistantes associées aux migrations alimentaire locale. Il ressort des données disponibles que les consécutives aux déplacements forcés. L’encadré 5 donne cas de malnutrition infantile pourraient se multiplier en cas un aperçu des principaux risques climatiques dans la région. de flambée des prix des denrées alimentaires ou de baisses considérables des rendements. La malnutrition infantile La modification des régimes de précipitation est déjà élevée dans certaines parties du Moyen-Orient et et l’augmentation des vagues de chaleur menacent d’Afrique du Nord – en moyenne, 18 % des enfants de moins grandement la production agricole et la sécurité de cinq ans affichent un retard de croissance. Le retard de alimentaire dans la région. croissance chez les enfants a des conséquences néfastes à 12 R é sumé analytiqu e vie, notamment une plus faible productivité économique à • Les niveaux de stress thermique risquent de frôler les limites l’âge adulte. physiologiques des personnes travaillant en extérieur et • Fortement et de plus en plus dépendante des importations, d’entamer sérieusement la productivité du travail dans la la région est particulièrement sensible aux chocs intérieurs région, tout en pesant sur les infrastructures de santé. Des et internationaux qui affectent l’agriculture et à la flambée températures élevées peuvent provoquer des maladies liées connexe des prix des produits alimentaires. À titre d’illus- à la chaleur (stress thermique, épuisement dû à la chaleur, tration, des phénomènes climatiques et hydrologiques insolation, etc.), en particulier chez les personnes âgées, les (sécheresses et inondations) associés aux forces du marché personnes souffrant de maladies chroniques ou d’obésité, les mondial ont contribué à la hausse des prix du blé en Égypte femmes enceintes, les enfants et les personnes travaillant en et au renchérissement du prix du pain en 2008. extérieur. Le changement climatique devrait aussi mettre en péril la santé humaine par d’autres moyens. Par exemple, le Les vagues de chaleur extrême constitueront risque relatif de maladies diarrhéiques liées aux modifications une menace importante pour la santé humaine. du climat et à la dégradation de la qualité de l’eau devrait Les habitants de la région sont confrontés à toute une série augmenter de 6 à 14 % sur la période 2010-2039 et de 16 à de risques sanitaires, dont beaucoup sont exacerbés par les 38 % sur la période 2070-2099 en Afrique du Nord ; et de 6 conditions de chaleur et d’aridité et par la rareté relative de à 15 % et de 17 à 41 %, respectivement, au Moyen-Orient. l’eau qui caractérisent la région. • Une augmentation notable de vagues de chaleur exception- L’élévation du niveau de la mer créera de graves nelles est prévue dans les décennies à venir. Dans un difficultés pour les populations, les infrastructures monde à + 2 °C, des vagues de chaleur exceptionnelles se et les ressources économiques des zones côtières produiront en moyenne durant un mois d’été chaque année, à de la région. compter de la décennie 2040. Dans un monde à + 4 °C, cette La forte concentration de populations et de ressources dans les fréquence serait observée dès les années 2030 et passerait à villes côtières se traduit par une forte exposition aux effets de deux mois d’été d’ici à la décennie 2060, puis s’étendrait à l’élévation du niveau de la mer. la quasi-totalité des mois vers la fin du siècle. On ne prévoit • Les projections indiquent que tous les littoraux sont exposés pas de vagues de chaleur sans précédent dans un monde à au risque d’élévation du niveau de la mer. Selon la ville + 2 °C, mais celles-ci devraient concerner environ la moitié concernée, le niveau de la mer devrait augmenter de 0,34 m des mois d’été d’ici à la fin du siècle dans un monde à + 4 °C. à 0,39 m dans un monde à + 1,5 °C, et de 0,56 m à 0,64 m • Les périodes de jours de chaleur consécutifs devraient dans un monde à + 4 °C (estimation moyenne), l’estimation s’allonger, en particulier dans les villes à cause de l’effet la plus élevée étant de 1,04 m à Mascate. de l’îlot thermique urbain. Par exemple, dans un scénario de réchauffement de 2 °C, le nombre de jours de chaleur • Les pays du Maghreb que sont l’Égypte, la Tunisie, le Maroc consécutifs devrait augmenter chaque année, pour passer et la Libye ont été identifiés comme faisant partie des pays de quatre jours à environ deux mois à Amman, de huit jours d’Afrique les plus exposés en termes de population totale à environ trois mois à Bagdad et d’un jour à deux mois à affectée par la hausse du niveau de la mer. Au Maroc, par Damas. Les périodes de chaleur devraient s’allonger davantage exemple, plus de 60 % de la population et plus de 90 % des à Riyad, passant de trois jours à plus de quatre mois. Dans entreprises sont situées dans les principales villes côtières. un scénario de réchauffement de 4 °C, le nombre de jours Autre exemple, Alexandrie, Benghazi et Alger ont été jugées chauds devrait dépasser l’équivalent de quatre mois dans la particulièrement vulnérables à une hausse du niveau de la plupart des capitales. mer d’à peine 0,2 m d’ici à 2050. Les Émirats arabes unis Figure 4 : Moyenne multimodèle du pourcentage de mois d’été boréal (JJA) présentant des températures exceptionnelles (qui ne sont normalement pas susceptibles de se produire plus d’une fois en l’espace de plusieurs siècles) dans un monde à + 2 °C (à gauche) et dans un monde à + 4 °C (à droite) durant la période 2071–2099 et par rapport à la période de référence 1951–1980. 13 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Encadré 6 : Quelques risques climatiques dans la région Europe et Asie centrale L’intensification des précipitations et la fonte des glaciers vont entraîner une augmentation des ressources en eau et des risques d’inondation en Asie centrale dans les décennies à venir. Après le milieu du siècle, surtout en raison de l’évolution vers un monde à + 4 °C, l’instabilité des ressources en eau présentera un risque pour l’agriculture et les besoins concurrents pour la production hydroélectrique. Dans les Balkans occidentaux, des vagues de chaleur extrême, accompagnées d’une forte diminution des précipitations et des ressources en eau, devraient entraîner une baisse substantielle des rendements des cultures, mettre en péril la santé humaine et augmenter les risques pour la production énergétique dans un monde à + 4 °C, mais se produiront déjà à 2 °C de réchauffement. Les forêts de Russie stockent d’énormes quantités de carbone dans la biomasse et les sols. Si leur productivité peut augmenter, de façon générale, à de plus fortes températures, le dépérissement de vastes espaces forestiers et le rejet du carbone résultant des interactions entre stress thermique, propagation des insectes et incendies pourraient endommager davantage les forêts boréales durant la seconde moitié du siècle. é r a t i o n d e R u s s i F é d e Densité de population [Habitants au km²] 0 entrale 1–4 Asie c Balkans 5–24 occidentaux 25–249 250–999 1000+ Balkans occidentaux Asie centrale Forêts boréales de la Fédération de Russie Intensification des sécheresses, vagues La fonte croissante des glaciers modifie de chaleur exceptionnelles et inondations. le débit des cours d’eau. Risques Vagues de chaleur exceptionnelles et Risques importants pour l’agriculture, de débordement de lacs glaciaires, intensification des précipitations annuelles, la santé humaine et la stabilité de la d’inondations et de pénuries d’eau risques croissants d’incendies de forêts et production hydroélectrique. saisonnières. Compétition grandissante de propagation des ravageurs entrainant pour les ressources en eau résultant de le dépérissement des arbres et la baisse Risques pour la santé humaine, l’augmentation de la demande d’eau pour de la productivité des forêts. Déplacement l’alimentation et la sécurité énergétique. la production agricole et énergétique. possible de la limite des forêts vers le nord et modification de la composition des Répercussions possibles sur les pauvres à essences. Risques de dégel du pergélisol travers la hausse des prix alimentaires qui et de rejet de méthane. affecte surtout les femmes, les enfants et les pauvres en milieu urbain. Risques pour Conséquences possibles sur la production la santé humaine associés à la propagation de bois et les services écologiques, des maladies, aux vagues de chaleur et notamment le piégeage du carbone. aux inondations. Risques d’émissions considérables de carbone et de méthane. Source des données : Centre pour le réseau international de l’information sur les sciences de la Terre (Université de Columbia), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et Centro Internacional de Agricultura Tropical, Gridded Population of the World, Version 3 (GPWv3) : Population Count Grid. Palisades, NY : NASA Socioeconomic Data and Applications Center (SEDAC), 2005. Cette carte a été reproduite par l’Unité de cartographie de la Banque mondiale. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur cette carte n’impliquent de la part du Groupe de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. 14 R é sumé analytiqu e figurent aussi parmi les dix pays du monde les plus exposés notamment la majeure partie de l’Asie centrale, deviennent à la hausse du niveau de la mer. plus humides à mesure que l’on s’oriente vers un monde à • Les conséquences principales du changement climatique + 4 °C. Les variations de températures et de précipitations dans les zones côtières incluent des inondations induites annoncées se traduisent par des risques accrus pour les par un processus lent d’élévation du niveau de la mer et réserves d’eau douce, qui non seulement menacent la viabilité des dégâts causés par des phénomènes extrêmes (comme de la production hydroélectrique et agricole, mais nuisent des tempêtes, des marées de tempête et l’intensification également à des services écologiques comme la séquestration de l’érosion côtière). Les répercussions potentielles sur les du carbone pour la majeure partie de la région. Une sélection ressources essentielles peuvent transparaître sur l’économie des impacts infrarégionaux est présentée à l’encadré 6. (comme lorsque l’infrastructure touristique est menacée). Les ressources hydriques d’Asie centrale En Égypte par exemple, l’acidification et le réchauffement de augmenteront durant la première moitié du siècle l’océan menacent les barrières de corail et devraient exercer et diminueront par la suite, amplifiant les difficultés une forte pression sur l’industrie touristique, qui est une à concilier les demandes concurrentes d’eau importante source de revenus. pour la production agricole et hydroélectrique. • L’impact sur le niveau des nappes souterraines est substantiel Les systèmes d’approvisionnement en eau d’Asie centrale et peut s’accompagner de répercussions négatives sur la (notamment les glaciers et le manteau neigeux) sont sensibles santé des populations locales et des migrants. Le delta au réchauffement annoncé, avec des répercussions sur du Nil, où vivent plus de 35 millions de personnes et qui les ressources disponibles pour la production agricole et contribue pour 63 % à la production agricole de l’Égypte, énergétique. L’Asie centrale est de plus en plus susceptible de est particulièrement vulnérable à la salinisation résultant du devenir un foyer de stress thermique pour l’agriculture et les changement des conditions climatiques. Ces impacts seront établissements humains, à mesure que le réchauffement se accentués par les effets de subsidence, notamment dans la rapproche de 2 et 4 °C, comme les températures n’y sont pas partie orientale du delta, et par une modification profonde du atténuées par les vents océaniques. Les glaciers d’Asie centrale paysage, résultant à la fois de la transformation des littoraux ont perdu un tiers de leur volume depuis le début du 20e siècle. et de l’évolution de l’hydrogéologie du Nil. On prévoit une réduction de près de moitié du volume des glaciers dans un monde à + 2 °C, qui pourrait atteindre 80 % Europe et Asie centrale à + 4 °C — parallèlement à un recul de 25 % du manteau neigeux dans l’Hémisphère Nord. Les ressources en eau Dans le présent rapport, la région Europe et Asie centrale inclut devraient diminuer en même temps que la demande d’eau 12 pays9 d’Asie centrale et des Balkans occidentaux, ainsi que d’irrigation augmente. la Fédération de Russie. L’analyse est axée sur des problèmes • Le ruissellement des cours d’eau augmentera dans les climatiques spécifiques associés à l’interaction entre l’agri- décennies à venir, sous l’effet de l’accroissement de la culture, l’eau et l’énergie en Asie centrale, à des phénomènes fonte des glaciers, mais devrait décroître durant la seconde climatiques extrêmes dans les Balkans occidentaux et aux forêts moitié du siècle. On s’attend à une diminution nette du de Russie. Si les pays de la région affichent une forte hétéro- volume d’eau du Syr Daria et encore plus marquée pour le généité sur les plans économique et politique, ils ont tous un fleuve Amu Darya d’ici la fin du 21e siècle, en raison du recul dénominateur commun : une transition d’économies planifiées des glaciers qui les alimentent pour la plupart. Surtout, le et fermées à des systèmes ouverts fondés sur le marché. La régime de ces fleuves, et notamment les crues, va changer région est caractérisée par des niveaux de PIB annuel par également. Par exemple, les données disponibles pour un habitant relativement faibles, compris entre 800 dollars pour bassin affluent (Panj) du fleuve Amu Darya révèlent que les le Tadjikistan et 14 000 dollars pour la Russie. La production débits de pointe devraient désormais s’observer au printemps, agricole occupe une place importante dans les économies un changement de cycle qui entrainerait une baisse de débit nationales, notamment au Tadjikistan, en République kirghize, de 25 % au milieu de l’été (juillet-août) dans un monde à en Ouzbékistan et en Albanie. Une forte proportion de la + 3 °C. Il en résulterait une diminution du volume d’eau population d’Asie centrale (60 %) et des Balkans occidentaux disponible pour l’agriculture durant les saisons végétatives, (45 %) vit dans en milieu rural, ce qui fait qu’elle dépend des tandis que les besoins en eau des plantes augmenteront sous ressources naturelles pour sa subsistance et est donc particuliè- l’effet des températures plus chaudes en été. rement vulnérable au changement climatique. Les zones d’Europe et d’Asie centrale visées par le présent • L’accroissement des vagues de chaleur extrême et des rapport devraient connaître un réchauffement plus important fluctuations de l’offre et de la demande d’eau, qui présentent que la moyenne mondiale. La région affiche nettement une des risques considérables pour les systèmes agricoles tendance par laquelle les zones du sud-ouest deviennent tributaires de l’irrigation, devraient avoir des répercussions plus arides tandis que les zones situées plus au nord-est, négatives sur la productivité agricole. L’agriculture pluviale va probablement souffrir de l’instabilité des régimes et des volumes de précipitations — notamment dans des zones où 9  Dans le présent rapport, la région Europe et Asie centrale de la Banque mondiale l’irrigation est importante — qui, combinée à la hausse des inclut uniquement les pays ci-après : Albanie, Bosnie-Herzégovine, ex-République yougoslave de Macédoine, Fédération de Russie, Kazakhstan, Kosovo, Monténégro, températures maximales, peut provoquer un stress thermique Ouzbékistan, République kirghize, Serbie, Tadjikistan et Turkménistan. et une baisse considérable des récoltes. 15 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue • Les populations rurales qui dépendent particulièrement de des pluies durant les mois d’hiver (les projections de précipi- l’agriculture pour leur alimentation seront probablement tations sont toutefois particulièrement incertaines). plus exposées à toute réduction des rendements agricoles • La majeure partie des cultures sont tributaires des pluies et de la qualité nutritionnelle de leurs céréales alimentaires et très vulnérables au changement climatique annoncé. de base. S’il n’existe pas de projections pour la région tout entière, et • La variabilité des ressources hydriques devrait amplifier les prévisions pour les pays restent incertaines, des risques les difficultés à concilier les besoins concurrents pour la apparaissent clairement. Par exemple, les projections pour production hydroélectrique et agricole, alors que la demande la Macédoine font état de pertes de rendement pouvant augmente de façon générale en raison des prévisions de atteindre 50 % pour le maïs, le blé, les légumes et le raisin croissance démographique et économique en Asie centrale. dans un scénario d’élévation des températures d’environ 2 °C On peut s’attendre à ce que l’accroissement annoncé de vagues d’ici 2050. Le rendement des pâturages et les écosystèmes de de chaleur exceptionnelles et sans précédent durant les mois prairies destinés au pacage du bétail peuvent être affectés par d’été (voir la figure 4) s’accompagne d’une hausse concomitante une sécheresse et une chaleur soutenues et décliner sur de de la demande d’énergie. Étant donné que l’efficacité des vastes espaces des Balkans occidentaux. Les répercussions de centrales hydroélectriques dépend de la stabilité du débit phénomènes extrêmes sur la production agricole ne sont pour des cours d’eau aussi bien durant l’année que d’une année la plupart pas prises en compte dans les évaluations, mais à l’autre, le potentiel, par exemple, de centrales électriques les observations laissent apparaître une forte vulnérabilité. alimentées par de petits bassins, devrait diminuer de 13 % au Turkménistan et de 19 % en République kirghize dans • Les systèmes énergétiques sont très vulnérables aux l’hypothèse d’un réchauffement d’environ 2 °C d’ici les phénomènes extrêmes et au changement des températures années 2050, et augmenter de près de 7 % au Kazakhstan. des eaux fluviales ; la modification de la saisonnalité des De façon générale, il est prévu que la croissance démogra- débits de cours d’eau peut avoir des répercussions supplé- phique et économique s’accompagne d’une hausse de la mentaires sur la production d’hydroélectricité. Au moins demande d’énergie. un cinquième de l’électricité produite dans la plupart des pays des Balkans occidentaux est de source hydraulique. Les • Le Tadjikistan et la République kirghize, qui sont situés baisses de production se produiraient parallèlement à une en amont des fleuves Syr Daria et Amu Darya, produisent augmentation de la demande de refroidissement, qui devrait près de 99 % et 93 %, respectivement, de l’électricité totale être de 49 % dans un monde à + 4 °C. consommée de source hydraulique. Ces pays d’amont devront faire face aux conséquences du changement climatique sur leur • Des phénomènes climatiques extrêmes et l’apparition de capacité de production hydroélectrique dont dépendent leurs nouveaux vecteurs de maladies présentent de sérieuses menaces systèmes électriques, tandis que les pays d’aval (Kazakhstan, pour la santé humaine. L’incidence et l’intensité accrues des Ouzbékistan et Turkménistan) auront grand peine à satisfaire vagues de chaleur pourraient provoquer un changement de des besoins concurrents pour la production agricole et la saisonnalité de la mortalité associée aux températures, qui électrique. passerait de l’hiver à l’été à travers l’Europe continentale. L’Albanie et l’ex-République yougoslave de Macédoine sont Des épisodes climatiques extrêmes dans les Balkans considérées comme particulièrement vulnérables aux vagues occidentaux présenteront des risques majeurs pour de chaleur. Il est prévu que le nombre total net de décès liés les systèmes agricoles, l’énergie et la santé humaine. aux températures augmente à + 2 °C de réchauffement durant Les Balkans occidentaux sont particulièrement exposés aux la période 2050-2100. D’autres problèmes de santé trouvent effets de phénomènes météorologiques extrêmes comme les probablement leur source dans le changement climatique, qui canicules, les sécheresses et les inondations. Les vagues de crée des conditions favorables à des maladies à transmission chaleur seront la nouvelle norme dans cette région à des vectorielle comme la dengue et le chikungunya. températures supérieures de + 4 °C. Dans un monde à + 2 °C, des vagues de chaleur exceptionnelles sont prévues pour près La réaction des forêts boréales et du pergélisol du tiers des mois d’été, contre la quasi-totalité de l’été à + 4 °C. de Russie au réchauffement annoncé peut avoir Des vagues de chaleur sans précédent devraient se produire de graves conséquences sur la production sylvicole durant 5 à 10 % des mois d’été dans un monde à + 2 °C, et les réserves mondiales de carbone. contre environ deux-tiers de la période estivale à + 4 °C de Les écosystèmes boréaux de la Fédération de Russie, qui températures. représentent environ 20 % des forêts du monde entier, • Le risque de sécheresse est important. On prévoit une comptent de grandes surfaces de pergélisol (couches de augmentation de 20 % du nombre de jours de sécheresse et sols gelés riches de carbone et de méthane), qui seront une diminution des précipitations de l’ordre de 20 à 30 % probablement très sensibles au réchauffement et aux vagues de dans un monde à + 4 °C. Les projections sont incertaines chaleur prévus. Les perturbations des forêts ou du pergélisol pour une hausse de températures de 2 °C. En revanche, elles pourraient avoir de graves conséquences sur les services indiquent un accroissement du risque d’inondation des zones écologiques locaux et sur le bilan mondial du carbone. Même riveraines, surtout au printemps et en hiver, à cause de la si des températures légèrement plus chaudes sont suscep- fonte accrue des glaces au printemps et de la multiplication tibles d’accroître la production sylvicole, elles augmentent les 16 R é sumé analytiqu e risques de perturbations, notamment par des incendies et des Conséquences pour le développement parasites, entraînant un dépérissement massif des arbres. On prévoit des hausses de températures supérieures à Le changement climatique risque de compromettre la moyenne et une augmentation globale des précipitations les efforts de développement et de lutte contre annuelles. Dans un monde à + 2 °C, des vagues de chaleur la pauvreté pour les générations actuelles et futures. exceptionnelles devraient se produire durant 5 à 10 % des mois Le changement climatique menace grandement et de plus d’été, ou la moitié de la période estivale dans un scénario à en plus les progrès en matière de développement, et pourrait + 4 °C. Les précipitations devraient connaître une augmen- compromettre les efforts déployés à travers le monde pour tation de 10 à 30 % dans un monde à + 2 °C et de 20 à 60 % à éliminer l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité + 4 °C. Le pergélisol de la région est particulièrement menacé partagée. Faute d’une action ferme et rapide, le réchauffement par le réchauffement, avec des taux de fonte de 10 à 15 % pourrait dépasser 1,5 à 2 °C et ses répercussions amplifieraient annoncés en Russie d’ici 2050 dans un scénario de températures considérablement la pauvreté dans de nombreuses régions de la en hausse de 2 °C. planète, parmi les générations actuelles et futures. • Les projections font état d’un déplacement vers le nord de Certaines des menaces importantes sur le développement la limite des arbres sous l’effet du réchauffement, ce qui exposées dans le présent rapport commencent à se aurait pour conséquence d’étendre les forêts boréales vers la manifester dans de nombreux secteurs des trois régions. zone de la toundra dans le nord, les forêts tempérées vers la L’analyse présentée dans ce rapport révèle des conséquences zone boréale actuelle, et les steppes (prairies) vers les forêts multisectorielles qui amplifient les risques, particulièrement tempérées. Dans un monde à + 4 °C, la superficie de la forêt pour la sécurité alimentaire, sous l’effet de baisses massives boréale eurasienne diminuerait d’environ 19 % et celle de la forêt et considérables des rendements de cultures à des niveaux de tempérée augmenterait de plus de 250 %. Si le réchauffement réchauffement supérieurs à 2 °C. se limite autour de 1,5 °C, les forêts boréales rétréciraient À mesure que le réchauffement se rapproche de la barre de d’environ 2 % et la zone de forêt tempérée augmenterait de 4 °C, on peut s’attendre à de graves conséquences susceptibles 140 %. Ce qui se traduirait par un gain net de la superficie de déclencher des réactions en cascade qui dépassent les seuils totale de forêt tempérée et boréale en Eurasie de 7 % dans de tolérance des systèmes essentiels à l’environnement et à la un monde à + 4 °C et de 12 °C à + 1,5 °C. L’augmentation vie humaine. Les conditions climatiques, les vagues de chaleur potentielle des réserves de carbone consécutive à l’extension et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes considérés des forêts boréales vers le nord pourrait néanmoins être comme exceptionnels ou sans précédent aujourd’hui devien- compensée par des pertes dans le sud. draient la nouvelle norme climatique — dans un monde • À des latitudes plus basses, les forêts sont susceptibles de caractérisé par un accroissement des risques et l’instabilité. disparaître au profit d’écosystèmes de steppes. Si les effets Il faut tout mettre en œuvre pour diminuer aujourd’hui fertilisants du CO2 (qui sont en partie incertains) n’améliorent les émissions de gaz à effet de serre dans nos villes, nos pas suffisamment l’efficacité de l’utilisation de l’eau, les modes d’utilisation des sols et nos systèmes énergétiques, et risques d’incendie augmenteront, particulièrement dans adopter des solutions propres et sobres en carbone. Des actions le sud de la Sibérie et le centre de l’Iakoutie, et pourraient immédiates sont nécessaires pour faire face au changement entraîner un accroissement des émissions de carbone. Les climatique, mais elles ne doivent pas s’accomplir au détriment projections pour cette zone font état d’une augmentation du de la croissance économique. Des mesures doivent également nombre annuel de jours à risque élevé d’incendie — 10 jours être prises d’urgence pour aider les pays à renforcer leur en moyenne dans un monde à + 3 °C et 20 à 30 jours à + 4 °C résilience et à s’adapter aux effets du changement climatique de réchauffement. Les effets de vagues de chaleur propices qui se ressentent déjà aujourd’hui, et aux conséquences à des incendies de forêt et la prolifération grandissante des inévitables d’un monde qui se réchauffe rapidement sur les ravageurs et des maladies, ainsi que les interactions entre ces décennies à venir. facteurs, peuvent se traduire par une baisse de la productivité Si promouvoir le développement humain, éliminer la et même un dépérissement accru des arbres. pauvreté, accroître la prospérité pour tous et réduire les • Dans un monde à + 2 °C, il est prévu que le dégel du inégalités dans le monde seront des actions difficiles à mener pergélisol augmente les émissions de méthane de l’ordre de dans une planète à + 2 °C, il est fort peu probable qu’elles ne 20 à 30 %. Les perturbations annoncées pour les écosystèmes soient jamais réalisées à 4 °C de réchauffement. Bon nombre forestiers de Russie sont d’une importance planétaire. Si elles des pires conséquences prévisibles du changement climatique sont affectées au-delà de seuils critiques et sont amenées à qui sont exposées dans ce rapport pourraient encore être réagir positivement au réchauffement régional et planétaire, évitées si le réchauffement est contenu à moins de 2 °C. Mais les vastes réserves de carbone stockées dans les forêts boréales cela nécessite de profonds changements aux plans techno- et le méthane piégé dans le pergélisol peuvent être libérés logique, économique, institutionnel et comportemental. Et dans l’atmosphère — avec d’énormes répercussions sur le cela nécessitera également engagement et motivation à tous les bilan mondial du carbone. niveaux de la société. C’est maintenant qu’il faut agir. 17 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Encadré 7 : Effets prévisibles du changement climatique sur des secteurs importants d’Amérique latine et des Caraïbes Les niveaux de réchauffement sont établis par rapport aux températures de l’ère préindustrielle. Les effets exposés ici sont une partie de ceux récapitulés au tableau 3.15 du rapport principal. Les flèches indiquent uniquement les différents niveaux de réchauffement évalués dans les études de référence, mais n’impliquent nullement une gradation des risques, à moins que cela ne soit mentionné expressément. De plus, les effets observés ou survenant à des niveaux de réchauffement inférieurs ou supérieurs qui ne sont pas mentionnés dans les études importantes mises en relief ici ne sont pas représentés (comme le blanchissement des coraux qui se produit à moins de 1,5 °C de réchauffement, alors que les études mentionnées ici ne commencent qu’à + 1,5 °C). Des mesures d’adaptation ne sont pas évaluées ici, même si elles peuvent largement contribuer à atténuer les effets du changement climatique. La disposition de la figure est adaptée de Perry (2010). Les lettres en minuscule en exposant indiquent les références bibliographiques concernant chaque effet10. Si aucune lettre n’est mentionnée, les résultats sont basés sur des analyses supplémentaires effectuées aux fins du présent rapport. 1 °C 1,5 °C 2 °C 3 °C 4 °C 5 °C Superficie affectée par des vagues de chaleur exceptionnelles Chaleur & 10 % 30 % 30-40 % 65 % 90 % sécheresse Période de sécheresse rallongée de(a) 1-4 jours 2-8 jours 8-17 jours Glaciers Perte de volume des glaciers tropicaux(b) 78-94 % 66-97 % 91-100 % Perte de volume des glaciers des Andes méridionales(b) 21-52 % 27-59 % 44-72 % 20-40 % 60-80 % Mer Probabilité de blanchissement des récifs coralliens dans les Caraïbes (risqué élevé de disparition)(c) Élévation du niveau de la mer 0,27-0,39 m, max 0,65 m 0.46-0.66m, max 1.4m Captures potentielles de poisson(d) Jusqu’à +100 % dans le Sud; jusqu’à -50 % dans les Caraïbes Eau Entre 10 et 30 % de baisse de la moyenne du ruissellement en Amérique centrale(e) Le débit moyen des cours d’eau diminue dans le nord-est du Brésil(f) Forêts & Pertes accrues de biomasse et de carbone en Amazonie(g) Modification/contraction croissante de l’aire de répartition des espèces et/ou extinction de mammifères, biodiversité de marsupiaux, d’oiseaux, de plantes et d’amphibiens(h) Possible augmentation des rendements de riz et de canne à sucre, mais forte diminution de la productivité du blé et du maïs(i) Alimentation Cheptels de bovins au Paraguay(j) -16 % -27 % +5-13 % Risque de maladies diarrhéiques(k) +14-36 % Santé +12-22 % Propagation de la dengue (Mexique) (l) +40 % Accroissement de la prévalence du paludisme hors des tropiques et dans les hautes terres et diminution dans les tropiques(m) 10 10  a) Sillmann et al. (2013 b) ; b) Marzeion et al. (2012) ; Giesen et Oerlemans (2013); Radic et al. (2013) ; c) Meissner et al. (2012) ; d) Cheung et al. (2010) ; e) Hidalgo et al. (2013) ; f) Döll et Schmied (2012); g) plusieurs études sans prendre en compte les effets fertilisants du CO2, voir le tableau 3.1 ; h) plusieurs études, voir le tableau 3.1 ; i) plusieurs études, voir le tableau 3.1 ; j) ECLAC (2010) ; k) Kolstad et Johansson (2011); l) Colon-Gonzalez et al. (2013) ; m) Beguin et al. (2011) ; Caminade et al. (2014) ; Van Lieshout et al. (2004). 18 R é sumé analytiqu e Encadré 8 : Effets prévisibles du changement climatique sur des secteurs importants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord Les niveaux de réchauffement sont établis par rapport aux températures de l’ère préindustrielle. Les effets exposés ici sont une partie de ceux récapitulés au tableau 4.10 du rapport principal. Les flèches indiquent uniquement les différents niveaux de réchauffement évalués dans les études de référence, mais n’impliquent nullement une gradation des risques, à moins que cela ne soit mentionné expressément. De plus, les effets observés ou survenant à des niveaux de réchauffement inférieurs ou supérieurs qui ne sont pas mentionnés dans les études importantes mises en relief ici ne sont pas représentés (comme l’augmentation de sécheresse et aridité, alors que les études mentionnées ici ne commencent qu’à + 1,5 °C). Des mesures d’adaptation ne sont pas évaluées ici, même si elles peuvent largement contribuer à atténuer les effets du changement climatique. La disposition de la figure est adaptée de Perry (2010). Les lettres en minuscule en exposant indiquent les références bibliographiques concernant chaque effet . Si aucune lettre n’est mentionnée, les résultats sont basés sur des analyses supplémentaires effectuées aux fins du présent rapport. 1 °C 1,5 °C 2 °C 3 °C 4 °C 5 °C Chaleur Superficie affectée par des vagues de chaleur exceptionnelles 5% 25 % 30 % 75 % Quasi-totalité Sécheresse modérée dans Sécheresse le Maghreb et le Mashrek < 0,5 mois par an ~ 1,5 mois par an > 6 mois par an & aridité Surface classée comme hyperaride ou aride 84 % 87 % Élévation du niveau de la mer par rapport à la situation actuelle Niveau de la mer 0,20-0,64 m 0,38-1,04 m Alimentation Perte de terres d’agriculture pluviale(a) Plus de 8 500 km2 Plus de 170 000 km2 Baisse des rendements de cultures (b) Jusqu’à 30 % Jusqu’à 57 % Diminution de l’eau issue de la fonte Eau des neiges affectant les bassins De 55 % Entre 77 et 85 % De 87 % de l’Euphrate et du Tigre(c) 17% de réduction du ruissellement journalier pour les affluents du Jourdain(d) Santé Entre 6 et 15 % d’augmentation Extension de l’inconfort thermique de 35 à 70 jours(e) du risque de maladies diarrhéiques(g) Entre 16 et 41 % d’augmentation du risque de maladies diarrhéiques(g) Augmentation du nombre de personnes à risque de paludisme(f) Entre 20 et 34 millions Entre 39 et 62 millions Zone côtière Nombre de personnes Égypte : 1,9 million Égypte : 3,6 millions touchées par Maroc : 1,8 million Maroc : 2,1 millions les inondations(h) Perte de 25 % de la superficie des terres émergées du delta du Nil(i) 11 a) Evans (2008) ; b) plusieurs études, voir le tableau 4.1 ; c) Bozkurt et Sen (2013) ; d) Samuels et al. (2010) ; e) Giannakopoulos et al. (2013) ; f) van Lieshout 11  et al. (2004) ; g) Kolstad et Johansson (2011) ; h) Brown et al. (2011) ; i) Dasgupta et al. (2009). 19 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue Encadré 9 : Effets prévisibles du changement climatique sur des secteurs importants d’Europe et d’Asie centrale Les niveaux de réchauffement sont établis par rapport aux températures de l’ère préindustrielle. Les effets exposés ici sont une partie de ceux récapitulés au tableau 5.7 du rapport principal. Les flèches indiquent uniquement les différents niveaux de réchauffement évalués dans les études de référence, mais n’impliquent nullement une gradation des risques, à moins que cela ne soit mentionné expressément. De plus, les effets observés ou survenant à des niveaux de réchauffement inférieurs ou supérieurs qui ne sont pas mentionnés dans les études importantes mises en relief ici ne sont pas représentés (comme l’augmentation de la fonte des glaciers de Tien Shan, alors que les études mentionnées ici n’ont pas évalué les effets). Des mesures d’adaptation ne sont pas évaluées ici, même si elles peuvent largement contribuer à atténuer les effets du changement climatique. La disposition de la figure est adaptée de Perry (2010). Les lettres en minuscule en exposant indiquent les références bibliographiques concernant chaque effet12. Si aucune lettre n’est mentionnée, les résultats sont basés sur des analyses supplémentaires effectuées aux fins du présent rapport. 1 °C 1,5 °C 2 °C 3 °C 4 °C 5 °C Chaleur & 5% 10 % 15 % 50 % 85 % sécheresse Superficie affectée par des vagues de chaleur exceptionnelles 60 % d’augmentation de l’aridité dans les Balkans occidentaux Aridité en Fédération de Russie : Baisse de 10 à 40 % Baisse pouvant atteindre 60 % Glaciers Fonte de 31 % des glaciers 50 % (31-66 %)(b) 57 % (37-71 %)(c) 67 % (50-78 %)(d) de Tien Shan(a) Perte de la masse des glaciers d’Asie centrale Baisse considérable de la formation Eau Forte diminution du ruissellement 30 à 60 jours de changement à l’extrême du ruissellement en Asie centrale(f) dans le bassin de Syr Dara(a) des cours d’eau Augmentation de 45 à 75 % du débit dans les Balkans(e) de l’eau dans le nord-est de la Russie(s) Désertification et salinisation du sol(g) Alimentation Baisse des rendements sous l’effet des sécheresses 20 % de baisse des rendements Prolongement de de raisins et d’olives 30 % de baisse et des inondations dans Entre 20 et 50 % en Albanie(j) la saison végétative(i) de baisse des des rendements les Balkans occidentaux(h) rendements en au Tadjikistan(k) Ouzbékistan(j) Santé Accroissement de la vulnérabilité Accroissement de la mortalité due à la chaleur à Les Balkans deviennent des Balkans occidentaux à la dengue 1000 par million(m) propices au moustique Multiplication par dix du et au chikungunya(l) risqué de coulées de boues vecteur de la dengue(l) au Kazakhstan(m) Énergie Entre 6 et 19 % de baisse de la capacité Accroissement du potentiel des centrales à base d’énergie nucléaire 35 % de baisse du potentiel hydroélectrique en et de combustibles fossiles en Europe(o) d’hydroélectricité en Croatie(p) Asie centrale de 2,58 %(n) Forêts Accroissement de Baisse considérable de l’extraction de bois(q) boréales l’extraction du bois de mélèze et de pin(q) Prolongation du risque Modification considérable de la végétation(r) Entre 20 et 30 jours de prolongation d’incendie de 10 jours(r) du risque d’incendie(r) 12 12  (a) Siegfried et al. (2012) ; b) Marzeion et al. (2012) ; c) Marzeion et al. (2012), Giesen et Oerlemans (2013) ; Radic et al. (2013) ; d) Marzeion et al. (2012) ; Giesen et Oerlemans (2013) ; Radic et al. (2013) ; e) Dimkic et Despotovic (2012) ; f) Hagg et al. (2013) ; g) Thurmann (2011) ; Banque mondiale (2013f) ; Banque mondiale (2013d) ; Banque mondiale (2013a) ; h) Maslac (2012) ; PNUD (2014) ; i) Sutton et al. (2013a) ; Sommer et al. (2013) ; j) Sutton et al. (2013a) ; k) Banque mondiale (2013 m) ; l) Caminade et al. (2012) ; m) BMU et OMS-Europe (2009) ; n) Hamududu et Killingtveit (2012); o) van Vilet et al. (2012) ; p) Pasicko et al. (2012) ; q) Lutz et al. (2013b) ; r) Tchebakova et al. (2009) ; s) Schewe et al. (2013). 20 Abréviations $ Dollars des États-Unis HCS Système du courant de Humboldt °C Degrés Celsius ISI-MIP Projet d’intercomparaison de modèles d’impacts AI Indice d’aridité intersectoriels (Inter-Sectoral Impact Model AIE Agence internationale de l’énergie Intercomparison Project) AR4 Quatrième rapport d’évaluation du Groupe JJA Juin-juillet-août (saison estivale de l’hémisphère d’experts intergouvernemental sur l’évolution nord ; également désignée par été boréal) du climat LAC Amérique latine et Caraïbes AR5 Cinquième rapport d’évaluation du Groupe MAGICC Modèle d’évaluation des changements climatiques d’experts intergouvernemental sur l’évolution dus aux gaz à effet de serre du climat MCG Modèle de circulation générale CaCO3 Carbonate de calcium MCGAO Modèle de circulation générale atmosphère-océan CAT Climate Action Tracker MCMA Zone métropolitaine de la ville de Mexico CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les MCR Modèle climatique régional changements climatiques MCS Modèle climatique simple CMIP5 Cinquième phase du projet d’intercomparaison MEI Modèle dévaluation intégrée de modèles couplés MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord CNULD Convention des Nations Unies sur la lutte contre NDVI Indice différentiel normalisé de végétation (utilisé la désertification comme variable indicative de la production CO2 Dioxyde de carbone primaire brute des sols) DGVM Modèle dynamique de la végétation mondiale OCDE Organisation de coopération et de développement DIVA Évaluation de vulnérabilité dynamique économiques et interactive OMS Organisation mondiale de la Santé DJF Décembre-janvier-février (saison hivernale ONA Oscillation nord-atlantique de l’hémisphère nord) PDSI Indice de sévérité de sécheresse de Palmer ECA Europe et Asie centrale PgC Pentagrammes de carbone (1 PgC = 1 milliard ECS Sensibilité du climat à l’équilibre de tonnes de carbone) ENSO El-Niño/Oscillation australe PIB Produit intérieur brut FAO Organisation des Nations Unies pour PMA Pays les moins avancés l’alimentation et l’agriculture PNUD Programme des Nations Unies pour GFDRR Dispositif mondial de réduction des effets des le développement catastrophes et de relèvement PNUE Programme des Nations Unies pour GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’environnement l’évolution du climat PPA Parité de pouvoir d’achat (monnaie pondérée GTI Groupe de travail I (également GTII, GTIII) basée sur le prix d’un panier de denrées de base, HCR Haut-Commissariat des Nations Unies pour généralement fixé en dollars) les réfugiés 21 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue ppm Parties par million TgC Tétragrammes de carbone (1 TgC = 1 million de PPN Production primaire nette tonnes de carbone) RCP Profils représentatifs d’évolution de concentration USAID Agence des États-Unis pour le développement SRES Rapport spécial sur les scénarios d’émission international du GIEC ZCIT Zone de convergence intertropicale SREX Rapport spécial sur la gestion des risques d’événements extrêmes et de catastrophes pour améliorer l’adaptation au changement climatique 22 Glossaire TAR4, AR5 du GIEC : Le Groupe d’experts intergouverne- pour la coordination des expériences sur les changements mental sur l’évolution du climat (GIEC) est l’organisme chef climatiques ; il comprend des simulations qui ont servi aux de file chargé de l’évaluation du changement climatique à évaluations dont fait état le cinquième rapport d’évaluation l’échelle mondiale. Rassemblant des centaines de chercheurs de du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du renom du monde entier, il publie régulièrement des rapports climat (GIEC). d’évaluation qui présentent un résumé complet des informations scientifiques, techniques et socio-économiques les plus Eau virtuelle : C’est une mesure des ressources en eau utilisées récentes sur le changement climatique et ses répercussions. Le pour la production de denrées agricoles. Elle donne à penser quatrième rapport d’évaluation (AR4) du GIEC a été publié en que le commerce international de ces denrées suppose un 2007. Le cinquième (AR5) a été publié en 2013/2014. transfert d’un pays à un autre des ressources en eau virtuelles que renferment ces denrées. Biome : Le biome est une vaste région biogéographique s’étendant sous un même climat et renfermant des groupes Effet fertilisant du CO2 : L’effet fertilisant du CO2 désigne l’effet distincts de végétaux et d’animaux. Il est constitué d’un de niveaux élevés de CO2 atmosphérique sur la croissance ensemble limité d’habitats principaux, et se caractérise des plantes. Il peut stimuler la photosynthèse (surtout chez par les variétés végétales prédominantes qu’il contient. Les les plantes C3) et accroître l’efficacité de l’utilisation de prairies, les déserts, les forêts de feuillus ou de conifères et l’eau, ce qui peut conduire à une augmentation du volume les toundras constituent des biomes. Chaque biome renferme et de la masse du grain produit. Cet effet pourrait dans une plusieurs écosystèmes différents, mais adaptés aux conditions certaine mesure atténuer l’incidence négative du changement climatiques et environnementales limitées qui caractérisent climatique, mais il risque par contre de provoquer une baisse ce biome. de la teneur en protéines du grain. L’effet à long terme reste incertain puisqu’il dépend étroitement d’une possible acclima- CAT : Le Climate Action Tracker (CAT) est un système tation physiologique à long terme à une hausse de la concen- indépendant d’évaluation scientifique qui fait un suivi tration de CO2 atmosphériques, ainsi que d’autres facteurs des engagements pris et des mesures mises en œuvre par limitants comme les nutriments du sol, l’eau et la lumière. différents pays pour réduire leurs émissions. Les estimations (Voir également Encadré 2.4. l’effet fertilisant du CO2 sur le des émissions futures déduites à partir des rapports du CAT rendement des cultures.) servent à l’analyse des scénarios du niveau de réchauffement qui découleraient des politiques en vigueur : i) Scénario CAT Exceptionnel et sans précédent : Dans le présent rapport, les de référence : statu quo, qui prend en compte les politiques vagues de chaleur exceptionnelles et sans précédent sont définies climatiques en vigueur, mais pas les promesses de réduction à l’aide des seuils établis à partir de la variabilité historique du d’émissions ; ii) Scénario CAT — engagements actuels, qui climat local actuel. Le niveau absolu du seuil dépend ainsi de incorpore les réductions qui pourraient être réalisées à l’échelle la variabilité annuelle naturelle observée pendant la période mondiale en vertu des engagements pris par les différents pays. de référence (1951–1980), définie par la valeur de l’écart-type (sigma). Les vagues de chaleur « exceptionnelles » sont notées CMIP5 : La 5e phase du projet d’intercomparaison de modèles 3 sigma. Pour une distribution normale, les phénomènes couplés a rassemblé 20 groupes de MCG à la fine pointe 3 sigma ont une période de récurrence de 740 ans. Les vagues du progrès qui ont généré un vaste ensemble de données de de chaleur qui ont frappé les États-Unis en 2012 et la Russie en projection climatique comparables. Le projet fournit un cadre 2010 ont été notées 3 sigma et sont donc considérées comme 23 Bai s so n s l a c ha l e u r : Fa ce à l a nou v e lle no r me cli mati q ue exceptionnelles. Les vagues de chaleur « sans précédent » ISI-MIP : Le Projet d’intercomparaison de modèles d’impacts sont des événements notés 5 sigma ; elles ont une période intersectoriels (ISI-MIP) est une initiative communautaire de de récurrence de plusieurs millions d’années. Les données modélisation qui fournit des évaluations d’impacts intersecto- mensuelles de température ne suivent pas nécessairement une rielles fondées sur les scénarios climatiques [Profils représen- distribution normale (par exemple, certaines distributions tatifs d’évolution de concentration (RCP)] et socio-économiques peuvent présenter de longues queues, donnant ainsi à conclure récemment mis au point. L’exercice a porté sur plus de à un plus grand risque de vague de chaleur), et les périodes de 30 modèles couvrant cinq secteurs : agriculture, ressources récurrence peuvent s’écarter des valeurs prévues par la distri- hydriques, biomes, santé et infrastructures. bution normale. Quoi qu’il en soit, les événements 3 sigma restent très peu probables, et les événements 5 sigma ne se sont MCG : Les modèles de circulation générale sont les modèles presque certainement jamais produits dans le passé. climatiques les plus avancés pour la prévision des changements climatiques dus à l’augmentation des concentrations de GES, Facteur de basculement : D’après Lenton et al. (2008), le terme aux aérosols et à des phénomènes de forçage radiatif comme « facteur de basculement » désigne la possibilité que de larges l’activité solaire et les éruptions volcaniques. Ces modèles composantes du système terrestre franchissent un point de proposent des représentations numériques, présentées sur une basculement. Le point de basculement « se réfère généralement grille tridimensionnelle globale, des processus physiques qui se à un seuil critique auquel une légère perturbation peut altérer déroulent dans l’atmosphère, les océans et la cryosphère, ainsi de façon quantitative l’état de développement d’un système » qu’à la surface de la terre. La génération actuelle de MCG offre (Lenton et al., 2008). De tels changements peuvent avoir de une résolution horizontale typique de 100 à 300 km. graves conséquences sur les sociétés et les écosystèmes. Niveaux de l’époque préindustrielle (conséquences d’un Grave et extrême : Ces qualificatifs servent à désigner des réchauffement de 0,8 °C) : Par niveau de l’époque préindus- conséquences (négatives) hors de l’ordinaire. On les associe trielle, on entend le niveau de réchauffement avant/de l’ère souvent à d’autres qualificatifs comme « exceptionnel » et industrielle. Les relevés historiques de la température effectués « sans précédent » qui ont un sens quantitatif précis (voir au moyen d’instruments montrent que la moyenne mondiale « Exceptionnel et sans précédent »). de la température de l’air mesurée près de la surface de la terre sur 20 ans (de 1986 à 2005) dépasse d’environ 0,6 °C GTI, GTII, GTIII : Le groupe de travail I du GIEC évalue les celle établie pour la période 1851–1879. On observe toutefois aspects physiques scientifiques du système climatique et de des variations annuelles considérables, et les données sont l’évolution du climat. Le groupe de travail II du GIEC s’occupe marquées d’incertitude. De plus, le réchauffement moyen des questions concernant la vulnérabilité des systèmes socioé- établi pour la période de 20 ans écoulée de 1986 à 2005 n’est conomiques et naturels aux changements climatiques, les pas nécessairement représentatif de celui en cours actuel- conséquences négatives et positives de ces changements et les lement. L’estimation, à l’aide d’un ajustement linéaire, de la possibilités de s’y adapter. Le groupe de travail III évalue les tendance affichée au cours de la période 1901–2010 donne à solutions envisageables pour atténuer le changement climatique conclure à un réchauffement de 0,8 °C depuis le « début de l’ère en limitant ou en évitant les émissions de gaz à effet de serre et industrielle ». Les températures moyennes de l’air mesurées en renforçant les activités qui retirent ces gaz de l’atmosphère. près de la surface à l’aide d’instruments à l’échelle de la planète sont conservées depuis 1850 environ. Le nombre de stations Hyper-aridité : Les zones terrestres affichant un très de mesure, limité au départ, a augmenté rapidement au fil faible indice d’aridité (IA) sont habituellement désertiques. du temps. L’industrialisation battait déjà son plein entre 1850 Il n’existe pas de gamme normalisée universelle des valeurs et 1900, ce qui signifie que le choix de la période 1851–1879 de l’hyperaridité. Dans le présent rapport, on considère comme en guise de référence, ou de l’année 1901 comme point de « hyper-aride » une zone dont l’indice d’aridité oscille entre 0 référence de l’analyse de la tendance linéaire, pourrait conduire et 0,05. à sous-estimer le réchauffement actuel et futur. Cependant, les émissions mondiales de GES à la fin du XIXe siècle étaient Indice d’aridité : L’indice d’aridité (IA) sert à recenser les toujours limitées, et la reconstitution des conditions de régions qui se caractérisent par leur « aridité structurelle », température qui existaient avant cette période s’entoure d’une c’est-à-dire qui affichent un déficit pluviométrique à long incertitude beaucoup plus grande. terme. On l’établit en divisant la valeur des précipitations annuelles totales par l’évapotranspiration potentielle, laquelle PIB (produit intérieur brut) : Somme de la valeur brute ajoutée correspond au volume d’eau requis pour assurer la croissance, par l’ensemble des producteurs résidents dans l’économie, pendant un an, d’un type de culture représentatif en fonction majorée des taxes (minorée des subventions) qui ne sont pas des conditions locales — température, rayonnement solaire incluses dans l’évaluation des produits. Le PIB est calculé incident, vitesse du vent — et constitue une mesure normalisée sans tenir compte de la dépréciation des biens fabriqués ni de de la demande d’eau. l’épuisement et de la dégradation des ressources naturelles. 24 Glossaire PIB (PPA) : C’est le PIB en parité de pouvoir d’achat, divisé dans la composition de l’atmosphère) qui doivent servir par la population. Il convient de noter que si les estimations d’intrants pour la modélisation climatique. Les RCP ne sont pas de la PPA établies pour les pays de l’OCDE sont passablement associés à des scénarios socioéconomiques ou à des scénarios fiables, celles calculées pour les pays en développement ne sont d’émissions uniques, mais peuvent plutôt résulter de diverses souvent que des approximations grossières. combinaisons de développement économique, technologique, démographique, stratégique et institutionnel. RCP2.6, RCP4.5, Plantes C3/C4 : On distingue en photosynthèse deux types RCP6 et RCP 8.5 désignent respectivement un forçage radiatif de « voies » biochimiques. Les plantes C3 représentent plus de de +2.6 W/m², +4.5 W/m², +6 W/m² et +8.5 W/m² en 2100 85 % de toutes les plantes de la planète (la plupart des arbres, par rapport à la période de l’ère préindustrielle. le blé, le riz, l’igname et la pomme de terre) et s’accommodent bien des conditions humides et d’une augmentation de la RCP2.6 : Scénario représentatif des scénarios de réduction des concentration de CO2 dans l’atmosphère. Les plantes C4 (par émissions décrits dans la documentation spécialisée et visant exemple, les herbacées des savanes, le maïs, le sorgho, le millet à limiter l’augmentation de la température moyenne de la et la canne à sucre) utilisent l’eau et l’énergie plus efficacement planète à + 2 °C par rapport à la période préindustrielle. Ce et poussent mieux que les plantes C3 sous les climats chauds profil d’évolution de la concentration des émissions est utilisé et secs. dans plusieurs des études qui font l’objet d’une évaluation dans le cinquième rapport du GIEC (AR5) ; il constitue également Récit des effets sur le développement : Le récit des effets le scénario de « faibles émissions » sur lequel reposent les sur le développement appelle l’attention sur l’incidence du évaluations d’impacts présentées dans d’autres parties de ce changement climatique sur le développement régional. La série rapport. Dans le présent rapport, le scénario RCP2.6 est celui Baissons la chaleur, notamment le présent rapport, décrit les d’un monde à + 2 °C (à l’exception de l’élévation du niveau de effets potentiels du changement climatique sur des groupes la mer, pour lequel le sous-ensemble de modèle utilisé mène en particulièrement vulnérables à partir de récits particuliers — fait à un monde à + 1,5 °C — voir l’encadré 2.1 dans le présent qu’on désigne par « récit des effets sur le développement ». rapport). Ces récits ont été préparés pour chaque région en étroite RCP8.5 : Scénario représentatif d’une situation caractérisée coopération avec des spécialistes de la Banque mondiale. Ils par l’absence d’une politique climatique de base et par des présentent une analyse intégrée, souvent intersectorielle, des émissions de GES comparativement élevées utilisé dans effets du changement climatique et de leur incidence sur le beaucoup des études évaluées dans le cadre de la préparation développement sous-régional ou régional. En outre, l’exposé du cinquième rapport d’évaluation du GIEC (AR5). Il constitue des effets sur le développement complète le rapport en ce qu’il également le scénario d’« émissions élevées » sur lequel reposent permet de présenter des informations scientifiques concernant les évaluations d’impacts présentées dans d’autres parties de ce les effets physiques et biophysiques sous la forme de récits rapport. Dans le présent rapport, le scénario RCP8.5 est celui convaincants qui décrivent des scénarios de risques et de d’un monde à + 4 °C par rapport à la période préindustrielle. possibilités plausibles — en démontrant la corrélation entre la science et les politiques publiques. SRES : Le Rapport spécial du GIEC sur les scénarios d’émissions (SRES), publié par le GIEC en 2000, a fourni les projections RCP : Les profils représentatifs d’évolution de concentration climatiques utilisées dans le quatrième rapport d’évaluation (Representative Concentration Pathways) se fondent sur des (AR4) de ce groupe d’experts. Les hypothèses concernant les scénarios soigneusement choisis aux fins des travaux sur les mesures d’atténuation n’y figurent pas. Le SRES se penche modèles d’évaluation intégrés, la modélisation climatique et sur 40 scénarios différents qui se fondent chacun sur diverses l’analyse d’impacts. Le travail s’appuie sur de nouvelles données hypothèses concernant les forces motrices déterminant économiques, des informations sur les technologies émergentes l’évolution future des émissions de GES. Les scénarios sont et des observations sur les facteurs environnementaux — par groupés en quatre familles (A1F1, A2, B1 et B2) couvrant un exemple, changements d’utilisation et de couverture des sols large éventail de scénarios d’émissions élevées et faibles. — recueillies pendant près d’une décennie. Au lieu de partir de scénarios socioéconomiques détaillés pour élaborer des SREX : En 2012, le GIEC a publié un rapport spécial intitulé scénarios d’émissions, les RCP forment des ensembles cohérents « Gérer les risques d’événements extrêmes et de catastrophes de projections portant uniquement sur les composantes du pour améliorer l’adaptation au changement climatique » (SREX). forçage radiatif (perturbation du bilan radiatif, c’est-à-dire Ce rapport présente une évaluation des facteurs physiques écart entre la part du rayonnement incident absorbé par la terre et sociaux qui influent sur la vulnérabilité aux catastrophes et son atmosphère et le rayonnement thermique réémis par cet climatiques et offre un aperçu des moyens qui pourraient ensemble vers l’espace, causé principalement par des variations permettre de gérer efficacement les risques de catastrophes. 25 GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE