53077 ns l monde mond o Rapport sur le développement dans le monde +3° +2° Développement et changement climatique +1° 1000 1500 2000 2100 29/09/10 14:29 2010 rapport sur le développement dans le monde Développement et changement climatique BANQUE MONDIALE RapportMonde_LIVRE2.indb i 16/09/10 12:39 © 2010 The International Bank for Reconstruction and Development / The World Bank 1818 H Street NW Washington, DC 20433, États-Unis d’Amérique Téléphone : 202-473-1000 Site web : www.worldbank.org Tous droits réservés 1 2 3 4 13 12 11 10 Le présent rapport a été établi par les services de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues du Conseil des administrateurs de la Banque mondiale ni des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les fron- tières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et licences Le contenu de cette publication fait l’objet d’un dépôt légal. La publication ou la transmission d’une partie ou de l’intégralité de la présente publication peut constituer une violation de la loi applicable. La Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale encourage la diffusion de ses études et, normalement, accorde sans délai l’autorisation d’en reproduire des passages. 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Photocomposition : Precision Graphics Photos : Gary Braasch : Abrégé, chapitres 3, 4, 5, 7 ; Corbis : chapitres 1, 2, 6, 8 De plus amples informations sur le Rapport sur le développement dans le monde 2010 sont disponibles à l’adresse http://www.worldbank.org/wdr. RapportMonde_LIVRE2.indb ii 16/09/10 12:39 Table des matières du Rapport sur le développement dans le monde 2010 Avant-propos XI Remerciements XIII Sigles, abréviations et notes sur les données XIV Notes sur les données XV Abrégé : Pour un climat favorable au développement 1 De bonnes raisons d’agir 4 Un monde intelligent sur le plan climatique est à portée de main à condition d’agir maintenant, ensemble et autrement 11 Pour passer à l’acte : De nouvelles pressions, de nouveaux instruments et de nouvelles ressources 22 1 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 39 Si rien n’est fait pour en atténuer les effets, le changement climatique sera incompatible avec un développe-ment durable 41 Évaluer les arbitrages à opérer 50 Thème A : Les bases scientifiques du changement climatique 71 Fonctionnement du système climatique 73 Variations climatiques observées à ce jour et incidences de l’évolution des connaissances sur les bases scienti-fiques du changement climatique 75 Changements à prévoir dans l’hypothèse d’un réchauffement supérieur à 2 °C 78 iii RapportMonde_LIVRE2.indb iii 16/09/10 12:39 iv TA B L E D E S M AT I È R E S Première partie 2 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 89 Gestion évolutive : vivre avec le changement 91 Gérer les risques physiques : éviter ce qui peut l’être 93 Gérer les risques financiers : des instruments souples pour les imprévus 103 Gérer les risques sociaux : donner aux communautés les moyens de se protéger elles-mêmes 108 Horizon 2050 : à quoi ressemblera le monde ? 114 Thème B : La biodiversité et les services des écosystèmes face au changement climatique 124 Menaces sur la biodiversité et les services des écosystèmes 124 Que peut-on faire ? 126 Rémunération des services des écosystèmes 128 Adaptation basée sur l’écosystème 130 3 Gérer les terres et l’eau afin de nourrir neuf milliards d’êtres humains et de protéger les systèmes naturels 135 Poser les bases d’une bonne gestion des ressources naturelles 136 Mieux exploiter et mieux protéger les ressources en eau 139 Augmenter la production agricole tout en protégeant l’environnement 147 Pêches et aquaculture : Produire plus et mieux protéger 159 Établir des accords internationaux flexibles 161 Des informations fiables : Une condition sine qua non pour bien gérer les ressources naturelles 164 Le niveau des prix du carbone, des denrées alimentaires et de l’énergie 170 4 Stimuler le développement sans nuire au climat 187 Maintenir un juste équilibre entre des objectifs concurrents 189 La voie à suivre : tendre vers un monde viable sur le plan énergétique 195 Réaliser des économies grâce à l’amélioration des rendements énergétiques 210 Utiliser plus largement les technologies à faible intensité de carbone existantes 219 Accélérer l’innovation et le développement de technologies de pointe 223 Il faut intégrer les stratégies 224 RapportMonde_LIVRE2.indb iv 16/09/10 12:39 Table des matières v Deuxième partie 5 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 233 Ériger un régime climatique en réconciliant l’action climatique et l’action de développement 233 Options proposées pour intégrer l’action menée par les pays en développement dans l’architecture mondiale 240 Appui à l’action d’atténuation dans les pays en développement 245 Promouvoir les efforts internationaux visant à intégrer l’adaptation dans un développement intelligent sur le plan climatique 247 Thème C : Le commerce et le changement climatique 250 Évolution récente de la situation 251 Un programme d’actions positives 253 La voie de l’avenir dans le domaine du commerce et dans celui du changement climatique 254 6 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 257 Le déficit de financement 258 Inefficacités des instruments actuels de financement de l’action climatique 263 Accroître l’ampleur du financement de l’action climatique 268 Veiller à une utilisation transparente, rationnelle et équitable des fonds 277 Assurer une correspondance entre les besoins et les sources de financement 279 7 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 287 Des outils, technologies et institutions appropriés peuvent mettre un monde intelligent sur le plan climatique à notre portée 289 La collaboration internationale et le partage des coûts peuvent mobiliser des efforts nationaux pour promou-voir l’innovation 294 Les institutions, politiques et programmes publics favorisent l’innovation et accélèrent sa diffusion 305 8 Surmonter l’inertie des institutions et des comportements 321 Tirer parti des changements de comportements individuels 322 Refaire une place à l’État 331 Envisager la stratégie climatique d’un point de vue politique 336 Le développement intelligent sur le plan climatique commence chez soi 341 RapportMonde_LIVRE2.indb v 16/09/10 12:39 vi R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Note bibliographique 347 Glossaire 351 Indicateurs sélectionnés 357 Grands indicateurs du développement dans le monde 357 Définitions et notes 366 Symboles et agrégats 370 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 371 Sources de données et méthodes 371 Classification des économies et chiffres récapitulatifs 372 Terminologie et couverture des données 372 Notes techniques 372 Symboles 372 Conventions typographiques 373 Notes techniques 387 Méthodes statistiques 394 Méthode de l’Atlas de la Banque mondiale 395 Index 397 Encadrés 1 Toutes les régions en développement sont vulnérables TA.1 Le cycle du carbone 72 aux impacts du changement climatique, pour des TA.2 Santé des océans : Récifs coralliens et acidification raisons diverses 7 des océans 80 2 La croissance économique : une condition nécessaire, 2.1 Les caractéristiques de la gestion évolutive 92 mais pas suffisante 8 2.2 Concevoir des villes plus vertes et plus sûres : 3 Le coût de « l’assurance climatique » 10 l’exemple de Curitiba 95 4 Les fi lets de protection : de la garantie de ressources 2.3 L’adaptation au changement climatique : Alexandrie, à la réduction de la vulnérabilité au changement Casablanca et Tunis 95 climatique 15 2.4 Promouvoir les synergies entre l’atténuation et 5 Des approches prometteuses qui sont bonnes pour les l’adaptation 97 agriculteurs et bonnes pour l’environnement 20 2.5 Se préparer aux vagues de chaleur 98 6 Appel à l’ingéniosité : de nouveaux outils et de nouvelles 2.6 Déjouer les obstacles et prendre les devants : gérer connaissances seront nécessaires à l’adaptation 21 le risque des phénomènes extrêmes avant qu’ils ne 7 Les villes réduisent leur empreinte carbone 23 virent à la catastrophe 102 8 Le rôle de l’affectation des terres, de l’agriculture et de 2.7 Les données satellitaires et les informations la foresterie dans la gestion géographiques contribuent à la gestion des risques – et du changement climatique 28 sont peu coûteuses 103 8 Le rôle de l’affectation des terres, de l’agriculture et de 2.8 Créer des emplois pour réduire les risques la foresterie dans la gestion d’inondations 103 du changement climatique (suite) 29 2.9 Les partenariats public-privé et le partage des risques 1.1 Les femmes qui accèdent à l’autonomie contribuent climatiques : l’assurance du bétail en Mongolie 104 à renforcer l’efficacité des actions d’adaptation et 2.10 Le Mécanisme d’assurance contre les risques liés d’atténuation 45 aux catastrophes dans les Caraïbes : l’assurance 1.2 Principes fondamentaux de l’actualisation des contre l’interruption des services après des coûts et avantages de l’atténuation du changement catastrophes. 106 climatique 51 2.11 Inde : le système d’allocation conditionnelle dans le 1.3 Rétroactions positives, points de basculement, effets cadre de la loi nationale sur la garantie de l’emploi en de seuil et non-linéarités dans les systèmes naturels et zone rurale 111 socioéconomiques 53 2.12 Les migrations aujourd’hui 112 1.4 Éthique et changement climatique 56 RapportMonde_LIVRE2.indb vi 16/09/10 12:39 Table des matières vii TB.1 Qu’est-ce que la biodiversité ? Que sont les services 5.2 Mécanismes proposés pour le partage de la des écosystèmes ? 124 charge 238 TB.2 Rémunération des services des écosystèmes et des 5.3 Les approches à plusieurs vitesses donnent de bons services d’atténuation 128 résultats au plan de l’efficacité et de l’équité 242 TB.3 Extraits de la Déclaration des populations TC.1 La taxation du contenu carbone 252 autochtones sur le changement climatique 130 6.1 Estimation des coûts d’adaptation au changement 3.1 Prise de décision robuste : Une nouvelle manière de climatique dans les pays en développement 261 gérer les ressources en eau 142 6.2 Évaluation des avantages connexes du MDP 266 3.2 Les dangers de créer un marché des droits sur l’eau avant 6.3 Taxes sur le carbone et mécanisme de plafonnement la mise en place de structures institutionnelles 144 et d’échange 269 3.3 La gestion des ressources en eau en Tunisie 145 6.4 L’engagement du Ministère indonésien des finances 3.4 Huile de palme, réduction des émissions et face au changement climatique 271 déboisement évité 150 6.5 Conservation du carbone dans les terres agricoles 275 3.5 Diversification des produits et des marchés : Une autre 6.6 Allocation des financements concessionnels en faveur option économique et écologique pour les paysans du développement 278 cultivant des terres à rendement marginal dans les 6.7 Vulnérabilité climatique et capacité sociale 280 tropiques 154 6.8 Vulnérabilité climatique et capacité 3.6 Des cultures biotechnologiques pour aider les agriculteurs d’adaptation 281 à s’adapter au changement climatique 157 7.1 La géo-ingénierie ou comment sauver le monde du 3.7 Le biochar : Une solution prometteuse pour piéger le changement climatique 290 carbone et augmenter les rendements sur une grande 7.2 L’innovation est un processus désordonné et ne peut échelle 158 être encouragée que grâce à des politiques visant de 3.8 Les responsables de l’action publique au multiples éléments d’un système complexe 295 Maroc doivent rechercher un équilibre difficile pour 7.3 Pour une surveillance novatrice : création d’un maîtriser les importations de céréales 162 service climatique mondial et d’un « système de 3.9 Projets pilotes de marché carbone agricole au Kenya 174 systèmes » 296 4.1 La crise financière est l’occasion de promouvoir les 7.4 ITER : Un exemple de lancement laborieux d’un énergies efficientes et propres 188 système de partage des coûts de R-D dans le domaine 4.2 Une énergie efficiente et propre peut avoir des effets énergétique 299 positifs sur le développement 190 7.5 Les technologies permettant de piéger et de stocker 4.3 Une concentration de 450 ppm de CO2e (correspondant le carbone à l’échelle requise nécessitent des efforts à un réchauffement de 2 °C) exigerait une modification d’envergure internationale 300 fondamentale du système énergétique mondial 198 7.6 Le réfrigérateur à haut rendement : un programme 4.4 Le bouquet énergétique régional selon le scénario de novateur de garantie de marché ? 301 450 ppm de CO2e (visant à limiter de réchauffement 7.7 Une innovation prometteuse pour l’adaptation 2 °C) 201 côtière 303 4.5 Les technologies de l’énergie renouvelable ont un énorme 7.8 Les universités doivent innover : le cas de potentiel, mais se heurtent à des contraintes 206 l’Afrique 306 4.6 Technologies de pointe 209 7.9 Le CGIAR : un modèle à retenir pour la lutte contre 4.7 Le rôle de la politique urbaine dans l’atténuation du le changement climatique ? 308 changement climatique et la réalisation d’avantages 7.10 L’utilisation de fourneaux améliorés pour la cuisson connexes au plan du développement 210 des aliments peut réduire la production de suie 4.8 La maîtrise de l’énergie se heurte à de nombreux et présente d’importants avantages pour la santé obstacles et défaillances sur le marché ainsi qu’à des humaine et pour l’atténuation 313 obstacles non commerciaux 213 8.1 La mauvaise communication du besoin d’agir dans le 4.9 La tarification du carbone ne suffit pas 213 domaine climatique 323 4.10 Les programmes californiens de rendement 8.2 La mauvaise compréhension de la dynamique du énergétique et d’énergie renouvelable 216 changement climatique encourage l’apathie 325 4.11 L’expérience de la Banque mondiale dans le 8.3 Comment notre perception des risques peut domaine du financement des mesures d’efficacité contrecarrer les politiques : la gestion des risques énergétique 217 d’inondation 325 4.12 Il est difficile de comparer les coûts des technologies 8.4 Les communautés contribuent pleinement à la énergétiques : Une question d’hypothèses 218 réduction des risques de glissement de terrain dans 4.13 Le Danemark assure sa croissance économique tout les Caraïbes 328 en réduisant ses émissions 219 8.5 La communication sur le changement 4.14 Lois sur le rachat d’électricité, concessions, crédits climatique 328 d’impôt et normes de portefeuille d’énergies 8.6 L’intégration de l’éducation climatique dans les renouvelables en Allemagne, en Chine et aux programmes scolaires 329 États-Unis 220 8.7 Les réformes institutionnelles engagées par la Chine 4.15 Énergie solaire concentrée au Moyen-Orient et en et l’Inde en matière climatique 334 Afrique du Nord 222 8.8 Les Programmes d’action nationaux pour l’adaptation 5.1 Le régime climatique actuel 234 au changement climatique 335 RapportMonde_LIVRE2.indb vii 16/09/10 12:39 viii R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 8.9 Le renforcement de la responsabilité du gouvernement 8.11 Mobiliser le soutien au mécanisme de plafonnement en matière climatique au Royaume-Uni 335 et d’échange 340 8.10 Le fédéralisme vert et la politique du changement 8.12 Les pratiques du secteur privé évoluent même en climatique 337 l’absence de législation nationale 342 8.10 Le fédéralisme vert et la politique du changement climatique (suite) 338 Figures 1 Des empreintes inégales : les émissions par habitant des TA.5 Des braises ardentes toujours plus chaudes : En pays à faible revenu, à revenu intermédiaire et à revenu 2007, l’évaluation des risques et des dommages liés élevé, 2005 2 au réchauffement climatique a été révisée à la hausse 2 Une question de rééquilibrage : remplacer les VLT par rapport à 2001 77 par des voitures particulières consommant peu de TA.6 Impacts prévus du changement climatique, par carburant ne serait-ce qu’aux États-Unis compenserait région 79 pratiquement les émissions résultant de l’alimentation TA.7 Limitation du réchauffement à 2 °C au-dessus en électricité de 1,6 milliards de personnes de plus 3 des températures préindustrielles : Scénarios 3 Les pays à revenu élevé ont, de tous temps, contribué de envisageables 83 manière disproportionnée aux émissions mondiales. 2.1 Augmentation du nombre de personnes touchées par C’est encore le cas aujourd’hui 4 les catastrophes climatiques 100 4 Des émissions de CO2 démesurées 5 2.2 Les inondations se multiplient, même dans les zones 5 Que nous réserve l’avenir ? Deux options parmi bien d’Afrique sujettes à la sécheresse 101 d’autres : Une politique de laisser faire ou un vigoureux 2.3 Les services d’assurance sont limités dans les pays en effort d’atténuation 12 développement 105 6 Les impacts climatiques sont de longue durée : Hausses 2.4 Faire reculer le désert grâce aux savoirs des des températures et du niveau de la mer associées à de populations autochtones, à l’action des agriculteurs et plus fortes concentrations de CO2 13 à l’apprentissage social 109 7 Émissions mondiales de CO2e par secteur : Les 3.1 Le changement climatique dans un bassin grandes sources d’émissions sont l’énergie mais aussi versant type se fera sentir tout au long du cycle l’agriculture et la foresterie 16 hydrologique 138 8 Il faudra toute la panoplie des mesures et des 3.2 L’eau douce des cours d’eau représente une très technologies de pointe existantes, et non pas une arme petite partie de l’eau disponible sur la planète magique, pour placer le monde sur une trajectoire de – et l’agriculture est le principal consommateur réchauffement de 2 °C 17 d’eau 141 9 L’anticipation d’une forte demande a fait baisser les 3.3 La production de viande consomme beaucoup plus coûts du photovoltaïque solaire en encourageant une d’eau que les principales cultures 149 production à plus grande échelle 18 3.4 L’élevage intensif du bœuf est un secteur très émetteur 10 L’écart est important : comparaison des estimations de gaz à effet de serre 151 des surcoûts annuels de l’action climatique pour 3.5 La productivité agricole devra augmenter encore plus assurer une trajectoire à 2 °C par rapport aux vite du fait du changement climatique 151 ressources actuelles 26 3.6 Une grande partie des écosystèmes a déjà été convertie 1.1 Les émissions individuelles enregistrées dans les pays à un usage agricole 153 à revenu élevé sont considérablement supérieures à 3.7 Simulation informatique d’une utilisation intégrée celles relevées dans les pays en développement 41 des terres en Colombie. 155 1.2 Aux États-Unis, les biocarburants à base de maïs 3.8 La demande de poissons d’élevage augmentera, en produisent davantage d’émissions de CO2 et génèrent particulier en Asie et en Afrique 160 des coûts de santé plus élevés que l’essence 48 3.9 La télédétection est utilisée dans les vignobles du 1.3 Évaluation des pertes de bien-être collectif Worcester (province du Cap-Occidental, Afrique du découlant d’une participation partielle à un accord Sud) pour évaluer la productivité de l’eau 166 climatique 60 3.10 En Andhra Pradesh (Inde), les agriculteurs 1.4 La part des programmes de relance consacrée à produisent leurs propres données hydrologiques au l’environnement est en augmentation 62 moyen d’appareils et d’outils très simples, afin de TA.1 Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont réguler les prélèvements dans les aquifères 168 augmenté 73 3.11 Un paysage agricole idéal, intelligent sur le plan TA.2 Principaux facteurs influant sur le climat depuis la climatique, permettrait aux agriculteurs d’utiliser révolution industrielle 74 des techniques et des technologies nouvelles TA.3 La température moyenne mondiale annuelle et la pour maximiser les rendements, et donnerait aux concentration de CO2 n’ont cessé d’augmenter au gestionnaires des terres la possibilité de protéger les cours de la période 1880-2007 74 systèmes naturels, les habitats naturels étant intégrés TA.4 Fonte de la calotte glaciaire du Groenland 75 aux paysages productifs. 168 RapportMonde_LIVRE2.indb viii 16/09/10 12:39 Table des matières ix 3.12 Un paysage futur idéal, intelligent sur le plan demande plus élevée que prévu qui encourage une climatique, utiliserait des techniques flexibles production à plus grande échelle 221 pour absorber les chocs climatiques par les biais TC.1 Ratios importations-exportations des produits à d’infrastructures naturelles ou construites et de forte intensité énergétique enregistrés pour les pays mécanismes de marché 169 à revenu élevé et pour les pays à revenu faible et 3.13 Les prix mondiaux des céréales devraient augmenter intermédiaire 253 de 50 à 100 % d’ici 2050 171 6.1 Les coûts d’atténuation annuels augmentent 3.14 Une taxe carbone frappant les émissions dues à avec la rigueur de l’objectif fi xé pour la hausse l’agriculture et au changement d’affectation des des températures et la probabilité d’atteindre cet terres encouragerait la protection des ressources objectif 259 naturelles. 172 6.2 L’écart est important : Estimations des besoins de 4.1 Explication du doublement des émissions : financement annuels de l’action climatique pour l’amélioration de l’intensité énergétique et de assurer une trajectoire à 2 °C avec les ressources l’intensité de carbone n’a pas suffi à compenser actuelles 263 l’accroissement de la demande d’énergie stimulée par 7.1 La puissance éolienne installée cumulée dans la hausse des revenus. 191 le monde a considérablement augmenté au cours des 4.2 Sources d’énergie primaire 1850-2006. De 1850 à dix dernières années 287 1950, la consommation d’énergie a augmenté de 1,5 % 7.2 Les budgets nationaux de RD-D dans le domaine par an, principalement grâce au charbon. De 1950 l’énergie sont au plus bas et le nucléaire domine 292 à 2006, elle a progressé de 2,7 % par an, avant tout 7.3 Les dépenses annuelles de R-D concernant l’énergie et grâce au pétrole et au gaz naturel. 192 le changement climatique sont dérisoires comparées 4.3 En dépit du faible niveau de leur consommation aux subventions 293 d’énergie et de leurs émissions par habitant, les pays en 7.4 Le rythme des inventions n’est pas le même développement seront à l’origine d’une grande partie pour toutes les technologies à faible intensité de de l’augmentation future de la consommation totale carbone 293 d’énergie et de la hausse des émissions de CO2 192 7.5 Les stratégies publiques touchent tous les maillons de 4.4 Émissions de gaz à effet de serre par secteur : monde la chaîne d’innovation 296 et pays à revenu élevé, intermédiaire et faible 193 7.6 La « vallée de la mort » entre la recherche et le 4.5 La possession d’automobiles augmente avec les marché 301 revenus, mais la tarification, les transports publics, 7.7 Les inscriptions dans la fi lière ingénierie restent faibles l’urbanisme et la densité urbaine peuvent freiner dans de nombreux pays en développement 305 l’utilisation des voitures 194 7.8 Les vélos électriques comptent parmi les moyens 4.6 La direction dans laquelle le monde doit s’orienter : de transport les moins chers et les plus propres de Émissions de CO2 d’origine énergétique par Chine 309 habitant 195 7.9 Les pays à revenu intermédiaire attirent des 4.7 Seulement la moitié des modèles énergétiques investissements des cinq plus grands fabricants considère qu’il est possible de réduire suffisamment d’équipements éoliens mais les lacunes des régimes les émissions pour rester proche d’une concentration de protection des droits de propriété intellectuelle 450 ppm de CO2e (2 °C) 196 entravent les transferts de technologie et les capacités 4.8 Estimation du coût des mesures d’atténuation de R-D 311 au plan mondial et du prix de carbone pour des 8.1 Les actions directes des consommateurs américains concentrations de 450 et 550 ppm de CO2e (2 °C et produisent jusqu’à un tiers des émissions totales de 3 °C) en 2030 selon cinq modèles 197 CO2 de leur pays 322 4.9 Il est essentiel de prendre des mesures au niveau 8.2 De petits ajustements locaux aux grandes conséquences mondial pour limiter le réchauffement à 2 °C mondiales : remplacer les VLT par des voitures (450 ppm) ou 3 °C (550 ppm). Les pays développés particulières consommant peu de carburant ne ne peuvent pas, à eux seuls, placer le monde sur une serait-ce qu’aux États-Unis compenserait pratiquement trajectoire de 2 °C ou 3 °C, même s’ils parvenaient les émissions résultant de l’alimentation en électricité à éliminer complètement leurs émissions d’ici à de 1,6 milliard de personnes de plus 323 2050. 203 8.3 Le désir des particuliers de lutter contre le 4.10 En matière d’émissions, l’écart entre la trajectoire changement climatique varie selon les pays empruntée aujourd’hui par le monde et celle qu’il et ne se traduit pas toujours par des mesures devrait suivre est immense, mais un portefeuille de concrètes 324 technologies d’énergies propres peut aider l’humanité à 8.4 Le changement climatique n’est pas encore une respecter l’objectif de 450 ppm de CO2e (2 °C) 204 priorité 326 4.11 L’objectif consiste à faire passer les technologies 8.5 Les craintes liées au changement climatique à faible intensité de carbone du stade du concept diminuent avec l’augmentation de la richesse 327 non prouvé au déploiement à grande échelle et à un 8.6 Une gouvernance efficace va de pair avec une bonne niveau de réduction d’émissions plus élevé 205 performance environnementale 333 4.12 Le coût de l’électricité photovoltaïque solaire diminue 8.7 Le bilan des démocraties est meilleur en termes de progressivement grâce à la R-D et sous l’effet d’une résultats que de réalisations 339 RapportMonde_LIVRE2.indb ix 16/09/10 12:39 x R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Cartes 2.4 Le changement climatique accélère le retour de la dengue sur le continent américain 99 11 Le changement climatique se traduira, en 2050, par 2.5 Les pays petits et pauvres sont financièrement vulnérables une baisse des rendements agricoles dans la plupart aux phénomènes météorologiques extrêmes 107 des pays, si les pratiques agricoles et les variétés 2.6 Les migrants sénégalais s’établissent dans des zones culturales actuelles continuent d’être employées 6 inondables autour de la ville de Dakar 113 1.1 Plus d’un milliard de personnes dépendent de l’eau TB.1 Une grande partie des changements prévus dans les que leur fournissent des glaciers himalayens en écosystèmes se situe dans des régions boréales et des constant recul. 40 zones désertiques qui ne sont pas considérées comme 1.2 Les pays riches ne sont pas épargnés par les anomalies des zones sensibles en matière de diversité biologique, climatiques : la canicule de 2003 a fait plus de mais il existe encore d’importantes zones de 70 000 victimes en Europe 43 chevauchement et sources de préoccupation 126 1.3 Le changement climatique va probablement accroître TB.2 Le mécanisme REDD devrait profiter en priorité la pauvreté dans la plupart des régions du Brésil, en aux zones non protégées fortement menacées par particulier dans les plus pauvres. 44 la déforestation et abritant d’importants stocks de 1.4 Les tempêtes de neige qui ont frappé la Chine en carbone. 129 janvier 2008 ont gravement perturbé les transports, 3.1 Les projections des quantités d’eau disponibles pilier de la croissance économique du pays 47 indiquent un changement radical d’ici le milieu du xxie 1.5 L’Afrique dispose d’un énorme potentiel siècle dans de nombreuses régions du monde 139 hydroélectrique encore inexploité, alors que les 3.2 Le monde va connaître à la fois des périodes ressources hydroélectriques des États-Unis présentent de sécheresse plus longues et des épisodes de un potentiel plus faible, mais plus exploité. 49 précipitations plus intenses 140 TA.1 Variations régionales de l’évolution du climat 3.3 Le changement climatique se traduira, en 2050, par mondial au cours des 30 dernières années 76 une baisse des rendements agricoles dans la plupart des TA.2 Facteurs de basculement potentiels du système pays si les pratiques agricoles et les variétés culturales climatique : répartition mondiale 81 actuelles continuent d’être employées 147 2.1 En danger : Les populations et les mégalopoles se 3.4 L’agriculture intensive dans le monde développé a concentrent dans les zones côtières à faible élévation contribué à la prolifération des zones mortes 152 menacées par la hausse du niveau de la mer et les 3.5 Le commerce mondial des céréales repose sur les ondes de tempêtes 93 exportations d’un petit nombre de pays 163 2.2 Un défi complexe : gérer la croissance urbaine et les 3.6 Les pays développés ont davantage de points risques d’inondation dans le contexte du changement de collecte de données et de plus longues séries climatique en Asie du Sud et du Sud-Est 96 chronologiques de données sur l’eau 165 2.3 Les villes du nord doivent se préparer à un climat 7.1 Les progrès de la cartographie des vents offrent de méditerranéen – maintenant 98 nouvelles possibilités 288 Tableaux 1 Surcoûts d’atténuation et besoins de financement 4.5 Interventions des pouvoirs publics axées sur la connexes pour maintenir une trajectoire à 2 °C : Quels maîtrise de l’énergie, les énergies renouvelables et les seront les besoins dans les pays en développement à transports 215 l’horizon 2030 ? 11 6.1 Instruments actuels de financement de l’action 2 À long terme, combien cela coûtera-t-il ? Valeur climatique 259 actualisée des coûts d’atténuation à l’horizon 2100 11 6.2 Estimations des besoins de financement annuels de TA.1 Facteurs de basculement potentiels du système l’action climatique dans les pays en développement 260 climatique : Déclencheurs, horizon temporel et 6.3 Crédits carbone susceptibles d’être générés par les impacts 82 projets MDP et recettes correspondantes à l’horizon TB.1 Évaluation de l’évolution récente de la situation 2012, par région 262 générale des principaux services fournis par les 6.4 Nouveaux fonds bilatéraux et multilatéraux consacrés écosystèmes 125 à l’action climatique 264 4.1 Scénario des mesures à prendre pour atteindre 6.5 Incidence d’un prélèvement pour l’adaptation l’objectif d’une concentration de 450 ppm de CO2e sur les projets relevant du Mécanisme pour un et maintenir le réchauffement aux alentours de développement propre (2020) 268 2 °C 196 6.6 Sources de financement possibles de l’atténuation et 4.2 Investissements nécessaires pour limiter le de l’adaptation 272 réchauffement à 2 °C (450 ppm de CO2e) en 2030 (en 6.7 Initiatives nationales et multilatérales de lutte contre milliards de dollars constants de 2005) 198 le déboisement et la dégradation des forêts 275 4.3 La situation particulière des pays demande l’adoption 7.1 Accords internationaux à caractère technologique de méthodes sur mesure 203 spécifiques au changement climatique 294 4.4 Instruments d’intervention adaptés au degré de 7.2 Grandes priorités stratégiques nationales en matière maturité des technologies 207 d’innovation 304 RapportMonde_LIVRE2.indb x 16/09/10 12:39 Avant-propos Le changement climatique est l’un des défis les plus complexes les objectifs du Millénaire et d’assurer un avenir sécurisé et de notre jeune siècle. Aucun pays n’est à l’abri de ses effets et viable au-delà de 2015. De nombreux pays en développement aucun pays ne peut, seul, faire face aux décisions politiques craignent, dans le même temps, l’imposition de limites à la controversées, aux profondes transformations technologiques nécessaire mise en valeur de leurs ressources énergétiques et autres enjeux indissociables et lourds de conséquences à dont ils ont tant besoin ou de nouvelles règles qui pourraient l’échelle de la planète. faire obstacle à la satisfaction de leurs nombreux besoins, En même temps que la planète se réchauffe, le régime des notamment en matière d’infrastructures, et d’esprit précipitations se modifie et des phénomènes extrêmes tels que d’entreprise. sécheresses, inondations et incendies de forêts deviennent Il faudra faire preuve d’une ingéniosité et d’un esprit de plus fréquents. Dans des zones côtières densément peuplées coopération sans précédents pour pouvoir relever le défi et dans des États insulaires, des millions de personnes seront considérable et complexe que pose le changement climatique. chassées de leurs habitations par la montée des eaux. Les Il nous est possible de forger un monde « intelligent sur le populations pauvres d’Afrique, d’Asie et d’autres parties plan climatique » de notre vivant – mais, comme le fait valoir du monde sont confrontées à la perspective de récoltes le Rapport, pour réaliser les transformations nécessaires, il désastreuses, d’une baisse de la productivité agricole, et nous faut agir maintenant, il nous faut agir ensemble et il d’une recrudescence de la faim, de la malnutrition et de la nous faut agir différemment. maladie. Il nous faut agir maintenant parce que ce que nous faisons Il incombe au Groupe de la Banque mondiale, en sa aujourd’hui détermine le climat de demain et les choix qui qualité d’institution multilatérale dont la mission est de défi niront notre avenir. À l’heure actuelle, nous émettons promouvoir un développement solidaire et durable, de tenter des gaz à effet de serre qui accroîtront la température de d’expliquer certaines des interconnexions entre de multiples l’atmosphère pendant des décennies, voire des siècles. domaines – l’économie du développement, la science, Nous construisons les centrales électriques, les réservoirs, l’énergie, l’écologie, les technologies, la fi nance, et enfi n les logements, les systèmes de transport et les villes qui la gouvernance et des régimes internationaux efficaces. Le nous serviront ou que nous habiterons probablement Groupe de la Banque mondiale compte 186 États membres. au moins pendant les cinquante prochaines années. Les Il est donc, chaque jour, confronté à la nécessité de susciter technologies et les variétés culturales novatrices que nous la coopération entre des États extrêmement divers, le secteur testons actuellement dans le cadre d’opérations pilotes privé et la société civile en vue d’atteindre des objectifs peuvent déterminer les sources d’énergie et d’alimentation communs. Ce 32e Rapport sur le développement dans le auxquelles nous aurons recours pour satisfaire aux besoins monde est le fruit des efforts déployés pour allier l’expérience de 3 milliards d’habitants de plus à l’horizon 2050. du Groupe à des travaux de recherche afi n d’augmenter la Il nous faut agir ensemble, parce que le changement somme des connaissances sur un développement à l’épreuve climatique est une crise qui touche le patrimoine mondial. du changement climatique. Il sera impossible de résoudre le problème du changement Les pays en développement seront frappés de plein fouet climatique si les pays ne coopèrent pas, dans le monde par les effets du changement climatique, alors même qu’ils entier, pour améliorer les rendements énergétiques et s’efforcent de vaincre la pauvreté et de promouvoir leur utiliser l’énergie de manière plus rationnelle, mettre au croissance économique. Le changement climatique menace point et déployer des technologies propres et développer des d’accroître encore leur vulnérabilité, de saper les résultats « puits » naturels qui absorbent les gaz afin de promouvoir de longues années d’efforts et de gravement compromettre une croissance verte. Nous devons protéger l’humanité et leurs perspectives de développement. Par conséquent, il les ressources écologiques. La majeure partie des émissions devient encore plus difficile de pouvoir atteindre et réaliser produites par le passé est imputable aux pays développés, xi RapportMonde_LIVRE2.indb xi 16/09/10 12:39 xii AVA N T- P R O P O S qui affichent un niveau d’émission par habitant élevé. Ces Le Groupe de la Banque mondiale a lancé plusieurs pays doivent donner l’exemple en réduisant fortement leur initiatives de fi nancement pour aider les pays à faire face empreinte carbone et en encourageant la recherche axée sur au changement climatique, comme indiqué dans le Cadre des solutions vertes. La plus grande partie des émissions stratégique pour le développement et le changement futures à l’échelle mondiale proviendra, en revanche, climatique, en particulier des fonds et des mécanismes des pays en développement. Ceux-ci auront besoin de carbone qui continuent de se développer grâce à la forte transferts de ressources et de fi nancements adéquats pour progression des fi nancements au titre des rendements pouvoir suivre une trajectoire plus sobre en carbone sans énergétiques et des nouvelles énergies renouvelables. Nous compromettre leurs perspectives de développement. nous efforçons de déterminer, concrètement, comment Il nous faut agir différemment car nous ne pouvons pas les pays en développement peuvent bénéficier du régime dresser des plans pour l’avenir sur la base du climat des de changement climatique et appuyer ce dernier – que années passées. Pour répondre aux conditions climatiques ce soit dans le cadre de mécanismes réalistes offrant des de demain, il nous faudra construire des infrastructures incitations pour éviter les déboisements, de modèles de qui peuvent résister à ces nouvelles conditions et servir une croissance à moindre intensité de carbone ou d’initiatives population plus nombreuse ; utiliser des ressources en terres qui conjuguent adaptation et atténuation. Nous voulons et en eau limitées pour produire suffisamment d’aliments ainsi fournir notre appui au processus de la CCNUCC et et aussi de biomasse pour la fabrication de combustibles aux pays qui mettent au point un cadre incitatif et dissuasif tout en préservant les écosystèmes ; et reconfigurer les au plan international. systèmes énergétiques dans le monde entier. Nous devrons, Il faudra faire bien plus. C’est pourquoi le Groupe de la pour cela, formuler les mesures d’adaptation sur la base Banque a entrepris de revoir ses stratégies énergétiques et des nouvelles informations disponibles sur l’évolution du environnementales pour les années à venir, et d’apporter profi l des températures, des régimes de précipitations et des son aide aux pays, afi n de renforcer leurs pratiques de déplacements des espèces. Face à l’ampleur des changements, gestion des risques et à étendre la portée de leurs fi lets il faudra lever d’importants financements supplémentaires à de protection face aux risques qui ne peuvent pas être des fins d’adaptation et d’atténuation et aussi intensifier de totalement éliminés. manière stratégique les travaux de recherche pour déployer Le Rapport sur le développement dans le monde 2010 à une plus grande échelle les approches prometteuses et plaide en faveur d’une action climatique ; si nous agissons explorer de nouvelles idées audacieuses. maintenant, si nous agissons ensemble et si nous agissons Il est absolument essentiel de parvenir, en décembre à différemment, nous pourrons réellement instaurer Copenhague, à un accord climatique intégrant les besoins pour l’avenir des conditions climatiques propices à une de développement dans le cadre des actions climatiques. mondialisation solidaire et durable. Robert B. Zoellick Président Groupe de la Banque mondiale RapportMonde_LIVRE2.indb xii 16/09/10 12:39 Remerciements Ce Rapport a été préparé par une équipe de base dirigée De nombreuses autres personnes, des services de la Banque par Rosina Bierbaum et Marianne Fay et composée de Julia mondiale et de l’extérieur, ont formulé des commentaires et Bucknall, Samuel Fankhauser, Ricardo Fuentes-Nieva, Kirk des observations. Le Groupe de gestion des données sur le Hamilton, Andreas Kopp, Andrea Liverani, Alexander développement a contribué à la préparation de l’Annexe et Lotsch, Ian Noble, Jean-Louis Racine, Mark Rosegrant, a été chargé des Grands indicateurs du développement dans Xiaodong Wang, Xueman Wang et Michael Ian Westphal. le monde. L’équipe a, par ailleurs, bénéficié des importants travaux L’équipe a procédé à de larges consultations dont elle a tiré réalisés par Arun Agrawal, Philippe Ambrosi, Elliot Diringer, grand profit. Des réunions et des ateliers régionaux ont été Calestous Juma, Jean-Charles Hourcade, Kseniya Lvovsky, organisés localement ou par vidéoconférence (grâce au Réseau Muthukumara Mani, Alan Miller et Michael Toman ainsi mondial d’échange du savoir au service du développement de que des précieux conseils et des données présentés par Leon la Banque mondiale) en Afrique du Sud, en Allemagne, en Clarke, Jens Dinkel, Jae Edmonds, Per-Anders Enkvist, Argentine, au Bangladesh, en Belgique, au Bénin, au Botswana, Brigitte Knopf et Volker Krey. Elle a aussi reçu l’appui de au Burkina Faso, en Chine, au Costa Rica, en Côte d’Ivoire, au Rachel Block, Doina Cebotari, Nicola Cenacchi, Sandy Danemark, aux Émirats arabes unis, en Éthiopie, en Finlande, Chang, Nate Engle, Hilary Gopnik et Hrishikesh Patel. en France, au Ghana, en Inde, en Indonésie, au Kenya, au Lidvard Gronnevet et Jon Strand ont aussi contribué à la Koweït, au Mexique, au Mozambique, au Nicaragua, en préparation du rapport. Norvège, en Ouganda, aux Pays-Bas, au Pérou, aux Philippines, Le rôle de principal directeur de publication est incombé en Pologne, en République dominicaine, au Royaume-Uni, au à Bruce Ross-Larson. L’Unité de cartographie de la Banque Sénégal, en Suède, en Tanzanie, en Thaïlande, au Togo et en mondiale a réalisé les cartes sous la direction de Jeff Lecksell. Tunisie. L’équipe tient à remercier les participants à ces ateliers Le Bureau des publications a assuré les services de rédaction, et à ces vidéoconférences qui ont réuni des universitaires, des de conception, de composition et d’impression sous la chercheurs, de hauts fonctionnaires, des agents d’organisations supervision de Mary Fisk et d’Andrés Meneses. Stephen non gouvernementales et d’organisations du secteur privé McGroarty a assumé les fonctions de responsable des ainsi que des membres de la société civile. acquisitions. Enfin, l’équipe remercie de leur généreux appui l’État Le Rapport sur le développement dans le monde 2010 a été norvégien, le ministère britannique du Développement parrainé par la vice-présidence Économie du développement international (DFID), l’État danois, l’État allemand par (DEC) et par le Réseau du développement durable (SDN). l’intermédiaire de Deutsche Gesellschaft für technische Les travaux ont été menés dans le cadre des directives Zusammenarbeit, l’État suédois par l’intermédiaire de générales formulées par Justin Yifu Lin, pour DEC, et Biodiversity Centre/Swedish International Biodiversity Katherine Sierra pour SDN. L’équipe remercie également Programme (SwedBio), le Fonds fiduciaire pour le Warren Evans et Alan H. Gelb de leurs précieux conseils. développement écologiquement et socialement durable Un panel de conseillers composé de Neil Adger, Zhou Dadi, (TFESSD), le Fonds fiduciaire programmatique multidonneurs, Rashid Hassan, Geoffrey Heal, John Holdren (jusqu’en et le Programme du savoir au service du développement. décembre 2008), Jean-Charles Hourcade, Saleemul Huq, Rebecca Sugui, qui collabore depuis 17 ans avec les Calestous Juma, Nebojša Nakićenović, Carlos Nobre, équipes du Rapport sur le développement dans le monde, John Schellnhuber, Robert Watson, et John Weyant a fait a assumé la fonction d’assistante exécutive pour l’équipe, bénéficier l’équipe de nombreux et excellents conseils à Sonia Joseph et Jason Victor d’assistants de programme et toutes les étapes de la préparation du Rapport. Bertha Medina d’assistante de l’équipe. Evangeline Santo Le président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, a Domingo a assumé la fonction d’assistante de gestion des présenté ses commentaires et directives. ressources. xiii RapportMonde_LIVRE2.indb xiii 16/09/10 12:39 Sigles, abréviations et notes sur les données Abréviations ADPIC Aspects des droits de propriété intellectuelle qui kWh Kilowatt-heure touchent au commerce MDP Mécanisme pour un développement propre AIE Agence internationale de l’énergie MOC Mise en œuvre conjointe ARPP Rapport annuel sur la performance du N2O Oxyde d’azote portefeuille O3 Ozone Bt Bacillus thuringiensis OCDE Organisation de coopération et de CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les développement économiques changements climatiques OGM Organisme génétiquement modifié CH4 Méthane OMC Organisation mondiale du commerce CIPAV Centro para Investigación en Sistemas Sostenibles OMM Organisation météorologique mondiale de Producción Agropecuaria ONG Organisation non gouvernementale CO2 Dioxyde de carbone ONU Organisation des Nations Unies CO2e Équivalent de dioxyde de carbone PANA Programme national d’action pour l’adaptation CPIA Évaluation de la politique et des institutions au changement climatique nationales PIB Produit intérieur brut DPI Droit de propriété intellectuelle PPA Parité de pouvoir d’achat EICASTD Évaluation internationale des connaissances ppb Parties par milliard agricoles, de la science et de la technologie pour le ppm Parties par million développement PRG Potentiel de réchauffement global ENSO El Niño-oscillation australe PSC Piégeage et stockage de carbone FEM Fonds pour l’environnement mondial R-D Recherche-développement FIP Programme d’investissement forestier R-DD Recherche-développement et déploiement FCPF Fonds de partenariat pour la réduction des R-DDD Recherche-développement, démonstration et émissions dues à la déforestation déploiement FTP Fonds pour les technologies propres REDD Réduction des émissions dues au déboisement et GCRAI Groupe consultatif pour la recherche agricole à la dégradation des forêts internationale RGGI Initiative régionale concernant les gaz à effet de GEO Groupe sur l’observation de la Terre serre GEOSS Système des systèmes mondiaux d’observation de SD-PAM Politiques et mesures de développement durable la Terre SNV Système de suivi, de notification et de vérification GES Gaz à effet de serre SO2 Dioxyde de soufre GFDRR Mécanisme mondial de prévention des SSE Société de services énergétiques catastrophes et de reconstruction tep Tonne d’équivalent pétrole GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur Tt Tératonne l’évolution du climat UE Union européenne GPL Gaz de pétrole liquéfié UQA Unités de quantité attribuées Gt Gigatonne URCE Unités de réduction certifiées des émissions IDA Association internationale de développement VLT Véhicule loisir travail IED Investissement étranger direct WGI Indicateurs de la gouvernance dans le monde IFC Société financière internationale IIASA Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués xiv RapportMonde_LIVRE2.indb xiv 16/09/10 12:39 Sigles, abréviations et notes sur les données xv Notes sur les données et les tableaux sont, sauf indication contraire, des moyennes Les pays figurant dans les groupes régionaux et de revenu non pondérées des pays qui y appartiennent. auxquels se réfère le Rapport sont énumérés dans le tableau L’utilisation du terme pays pour désigner des économies intitulé Classification des économies, à la fin des Grands n’implique aucune prise de position de la Banque quant indicateurs du développement dans le monde. Les groupes au statut juridique ou autre du territoire en question. de revenu ont été établis sur la base du produit national brut L’expression pays en développement désigne les économies (PNB) par habitant ; l’introduction aux Grands indicateurs du à revenu faible ou intermédiaire et peut, par commodité, développement dans le monde indique les valeurs qui ont été inclure les pays anciennement à planification centrale dits en retenues comme seuils. Les figures, les cartes et les tableaux (y transition. Les expressions pays industriels et pays développés compris dans la section des Grands indicateurs) dans lesquels peuvent être utilisées par commodité pour désigner les pays les pays sont classés par groupe de revenu sont basés sur la à revenu élevé. classification des revenus établie par la Banque mondiale pour Le terme dollar désigne, sauf indication contraire, le 2009. Les données figurant dans les Grands indicateurs de dollar courant des États-Unis. Le terme milliard signifie développement dans le monde sont basées sur la classification 1 000 millions, le terme milliers de milliards signifie 1 000 de 2010. Les moyennes par groupe indiquées dans les figures milliards. RapportMonde_LIVRE2.indb xv 16/09/10 12:39 Les idées forces du Rapport sur le développement dans le monde 2010 La réduction de la pauvreté et le développement durable • Il est essentiel d’agir maintenant, sinon des opportunités demeurent des priorités fondamentales à l’échelle seront perdues et les coûts augmenteront parce que de la planète. Un quart de la population des pays en le monde se sera engagé dans des processus à très forte développement a moins de 1,25 dollar par jour pour intensité de carbone et que les températures suivront vivre. Un milliard d’être humains n’ont pas accès à l’eau des trajectoires à la hausse, pour l’essentiel irréversibles. potable ; 1,6 milliard n’ont pas l’électricité et 3 milliards ne Le changement climatique compromet déjà les efforts bénéficient pas d’un assainissement adéquat. Un quart des déployés pour améliorer les conditions de vie et atteindre enfants, à l’échelle des pays en développement, souffrent de les objectifs de développement pour le Millénaire. Pour malnutrition. Répondre à ces besoins doit rester au cœur des pouvoir maintenir le réchauffement aux alentours de priorités des pays en développement et des sources d’aide au 2 °C au dessus des températures préindustrielles – le développement – sachant que le développement deviendra mieux que nous puissions probablement faire – il faudra plus difficile du fait du changement climatique. mener une véritable révolution énergétique en déployant Pourtant, il faut prendre des mesures sans plus tarder immédiatement les technologies à haut rendement pour face au changement climatique. Celui-ci menace énergétique et sobres en carbone qui existent déjà et tous les pays, mais les pays en développement sont les plus en consacrant des investissements considérables à la vulnérables. Selon les estimations, ceux-ci assumeront 75 prochaine génération de technologies sans lesquelles une à 80 % du coût des dommages causés par le changement croissance sobre en carbone ne pourra se concrétiser. Il climatique. Un réchauffement de seulement 2 °C par faut aussi prendre des mesures immédiates pour faire face rapport aux températures de la période préindustrielle – soit au changement climatique et réduire le coût qu’il impose le réchauffement minimum que le monde peut compter aujourd’hui aux êtres humains, aux infrastructures et aux enregistrer – pourrait provoquer des réductions permanentes écosystèmes, et pour se préparer à des changements encore du PIB de 4 à 5 % en Afrique et en Asie du Sud. La plupart plus importants. des pays en développement n’ont pas les capacités financières • Il est essentiel d’agir ensemble pour contenir les coûts et et techniques nécessaires pour gérer un risque climatique de mener des efforts efficaces d’adaptation et d’atténuation. plus en plus grave. Leurs revenus et leur bien-être dépendent Il faudra, avant tout, que les pays à revenu élevé prennent également plus directement de ressources naturelles des mesures drastiques pour réduire leurs propres tributaires des conditions météorologiques. Et ils se trouvent émissions. Une telle réduction libèrerait de « l’espace en majorité dans des régions tropicales et subtropicales déjà écologique » au profit des pays en développement mais, exposées à un climat extrêmement changeant. surtout, elle stimulerait l’innovation et la demande de Il est peu probable que la croissance économique, à elle nouvelles technologies qui pourraient donc être déployées seule, puisse être suffisamment rapide ou équitable plus rapidement et à moindre coût sur une grande pour contrer les menaces du changement climatique, en échelle. Elle permettrait également de créer un marché particulier si elle reste gourmande en carbone et accélère du carbone suffisamment vaste et stable. Il est essentiel le réchauffement de la planète. La politique climatique que ces deux effets se produisent pour que les pays en ne peut donc pas être présentée comme un choix entre la développement puissent se placer sur une trajectoire plus croissance et le changement climatique. En fait, les politiques sobre en carbone tout en obtenant rapidement accès aux intelligentes sur le plan climatique sont celles qui renforcent services énergétiques nécessaires à leur développement ; le développement, réduisent la vulnérabilité et fi nancent le mais il faudra de surcroît que ces effets s’accompagnent passage à des trajectoires de croissance sobres en carbone. d’un appui financier. Il sera aussi necessaire d’agir Un monde intelligent sur le plan climatique est à portée de ensemble pour promouvoir le développement dans un main à condition que nous agissions maintenant, ensemble environnement plus rude – la capacité d’adaptation des et différemment : communautés ne sera pas à la mesure de l’intensification xvi RapportMonde_LIVRE2.indb xvi 16/09/10 12:39 Les idées forces du Rapport sur le développement dans le monde 2010 xvii des risques climatiques. Et il sera essentiel de réunir les pays en développement. Les fi nancements consacrés à un appui national et international pour protéger les l’adaptation et à l’atténuation représentent actuellement groupes de populations les plus vulnérables par le biais moins de 5 % des montants annuels qui pourraient être de programmes d’aide sociale, pour mettre au point des nécessaires à l’horizon 2030, mais il sera possible de combler mécanismes internationaux de partage des risques, et ce déficit en mettant en place des mécanismes de financement pour promouvoir l’échange de savoir, de technologies et novateurs. d’informations. Le succès des efforts entrepris est tributaire de la • Il est essentiel d’agir différemment pour assurer un modification des comportements et de l’évolution de avenir durable dans un monde en mutation. Au cours des l’opinion publique. Les particuliers, en leur qualité de prochaines décennies, il nous appartient de transformer citoyens et de consommateurs, détermineront l’avenir de les systèmes énergétiques de la planète pour réduire de 50 la planète. Bien que de plus en plus de personnes soient à 80 % le volume total des émissions. Il faudra construire informées du changement climatique et estiment que des des infrastructures capables de résister à des conditions mesures sont nécessaires, trop peu d’entre elles jugent climatiques plus extrêmes. Et il faudra accroître la cette question prioritaire, et beaucoup trop d’entre elles productivité agricole et rationnaliser la consommation s’abstiennent de passer à l’action quand elles le pourraient. Le d’eau pour nourrir 3 milliards de personnes de plus sans plus grand défi consiste donc à modifier les comportements compromettre davantage des écosystèmes déjà perturbés. et les institutions, en particulier dans les pays à revenu Seule une gestion intégrée à grande échelle et une élevé. Il faudra réorienter la politique publique – au niveau planification souple inscrites dans la durée permettront local, régional, national et international – pour faciliter de faire face aux pressions croissantes exercées sur les la poursuite d’une action privée et civique et en accroître ressources naturelles aux fins de la production de denrées l’attrait. alimentaires, de biocombustibles, d’hydroélectricité et de Chapitre 1 : La réalisation des objectifs de développement services d’écosystème tout en préservant la biodiversité et est compromise par le changement climatique, dont en maintenant les stocks de carbone dans le sol et dans l’impact se fait plus lourdement sentir sur les pays pauvres les forêts. Pour être robustes, les stratégies économiques et les populations démunies ; il ne sera toutefois possible et sociales devront prendre en compte les incertitudes de maîtriser le changement climatique que si les pays croissantes auxquelles le monde sera confronté et renforcer riches comme les pays pauvres adoptent des modes de l’adaptation à différentes évolutions climatiques – et fonctionnement à moindre intensité de gaz à effet de serre. non pas uniquement faire face « de manière optimale » Il nous faut agir maintenant : les décisions que prennent aux conditions climatiques d’époques révolues. Pour les pays au plan du développement détermineront le degré être efficaces, les politiques devront donner lieu à des d’intensité de carbone des activités mondiales et l’ampleur évaluations conjointes des actions de développement, du réchauffement futur de la planète. Si rien n’est fait, les d’adaptation et d’atténuation qui, toutes, font appel aux températures pourraient augmenter de plus de 5 °C avant mêmes pools de ressources (humaines, financières et la fi n du siècle. Et il nous faut agir ensemble : retarder la naturelles). mise en œuvre de mesures d’atténuation dans les pays Il importe de conclure un accord climatique mondial en développement pourrait doubler le coût des mesures équitable et efficace. Un tel accord aurait pour effet de nécessaires à ce titre ; c’est ce qui risque de se produire si prendre en compte la diversité des besoins des pays en d’importants financements ne sont pas mobilisés. En développement et des obstacles qu’ils rencontrent, de leur revanche, si nous agissons maintenant et ensemble, le surcoût procurer l’aide fi nancière et technologique requise pour associé au maintien du réchauffement aux environs de 2 °C relever les défis de plus en plus lourds du développement, sera faible et justifié au regard des dangers que poserait un de garantir que ces pays ne sont pas condamnés à ne changement climatique de plus grande ampleur. bénéficier que d’une part réduite du patrimoine mondial, Chapitre 2 : Le changement climatique se poursuivra et d’établir des mécanismes dissociant le lieu des efforts inévitablement. Il imposera à l’humanité des contraintes d’atténuation des sources qui les financent. L’augmentation physiques et économiques, en particulier dans les pays des émissions sera essentiellement le fait des nations en pauvres. Pour s’adapter, il faudra prendre des décisions développement, dont l’empreinte carbone actuelle est d’une robustes – qui impliquent une planification à plus long terme faiblesse disproportionnée et qui doivent afficher une sur la base d’une large gamme de scénarios climatiques et rapide croissance économique pour pouvoir faire reculer la socioéconomiques. Les pays peuvent réduire les risques pauvreté. Les pays à revenu élevé doivent fournir une aide fi nanciers et matériels associés à la variabilité du climat et fi nancière et technique à la fois pour appuyer l’adaptation aux phénomènes météorologiques extrêmes. Ils peuvent et pour promouvoir une croissance sobre en carbone dans également protéger leurs citoyens les plus vulnérables. RapportMonde_LIVRE2.indb xvii 16/09/10 12:39 xviii LES IDÉES FORCES DU RAPPORT SUR LE DÉVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2010 Certaines pratiques devront être poursuivies sur une plus d’infrastructures à forte intensité de carbone. Un grand grande échelle – comme les assurances et la protection sociale nombre de changements, tels que l’élimination de signaux – d’autres devront être modifiées – comme la planification par les prix sources de distorsions et l’accroissement des des villes et des infrastructures. Ces mesures d’adaptation rendements énergétiques, présentent des avantages aussi bien présentent des avantages mêmes en l’absence de tout pour le développement que pour l’environnement. changement climatique. D’autres initiatives, prometteuses, Chapitre 5 : Un problème mondial de l’ampleur de sont proposées, mais leur poursuite à l’échelle requise exigera celui que pose le changement climatique nécessite une des capitaux, des efforts, de l’ingéniosité et des informations. action coordonnée au plan international. La poursuite Chapitre 3 : Le changement climatique accroîtra encore la de cette action dépend toutefois des mesures prises au difficulté que présente la production de denrées alimentaires niveau national. Pour être efficace, un régime climatique en quantités suffisantes pour nourrir une population international doit prendre en compte les préoccupations mondiale en expansion ; il modifiera aussi le volume et la de développement, et s’affranchir du présupposé d’une qualité des ressources en eau ainsi que le moment où elles dichotomie environnement-équité. On pourrait retenir sont disponibles. Pour éviter d’empiéter sur des écosystèmes un cadre à plusieurs vitesses défi nissant des politiques et déjà perturbés, les sociétés humaines devront pratiquement des objectifs différents pour les pays développés et pour les doubler le taux de croissance de la productivité agricole tout pays en développement ; il faudrait, dans ce cas, formuler en réduisant dans toute la mesure du possible les atteintes un processus pour défi nir et mesurer les résultats positifs. à l’environnement associées à un tel doublement. Il faudra, Le régime du climat international devra également appuyer pour cela, consacrer des efforts résolus au déploiement de l’intégration de l’adaptation dans le développement. pratiques connues mais peu utilisées, identifier des variétés Chapitre 6 : Le fi nancement de l’action climatique est un culturales capables de résister à des chocs climatiques, moyen de concilier l’équité, l’efficacité et la rationalité diversifier les moyens de subsistance des populations rurales, dans le cadre des actions menées pour réduire les émissions améliorer la gestion des forêts et des pêcheries, et investir et s’adapter au changement climatique. Les niveaux de dans des systèmes d’information. Les pays devront coopérer fi nancement actuels sont toutefois loin de pouvoir suffi re pour gérer des ressources en eau partagées et améliorer le face aux estimations des besoins : les flux globaux actuels commerce des produits alimentaires. Il sera important de ressources destinées aux pays en développement sont de mettre en place des politiques de base performantes, de 10 milliards de dollars par an alors que les montants mais aussi de s’appuyer sur de nouvelles technologies et indiqués par les projections des besoins à l’horizon 2030 sont pratiques. Les incitations financières pourront jouer un rôle de l’ordre de 75 milliards de dollars pour l’adaptation et de utile. Certains pays réaffectent au fi nancement d’actions 400 milliards de dollars pour l’atténuation. Pour combler cet environnementales des fonds jusque là consacrées aux écart, il faudra procéder à une réforme du marché du carbone subventions agricoles ; par ailleurs, l’attribution à une date actuel et trouver de nouvelles sources de financement telles future de crédits au titre du carbone stocké dans les forêts et que des taxes sur le carbone. La tarification du carbone dans le sol pourrait promouvoir des réductions d’émissions transformera le financement de l’action climatique au et la réalisation des objectifs de préservation. niveau national, mais il restera néanmoins nécessaire de Chapitre 4 : Pour apporter une réponse au problème du procéder à des transferts fi nanciers internationaux et à changement climatique, il faudra que tous les pays prennent réaliser des transactions sur droits d’émissions pour éviter des mesures immédiates et que des transformations que la croissance et la lutte contre la pauvreté dans les pays fondamentales soient apportées aux systèmes énergétiques – en développement ne soient compromises dans un monde où pour permettre un accroissement important des rendements des limites sont imposées aux émissions de carbone. énergétiques, pour accorder une place considérablement Chapitre 7 : Pour faire face au changement climatique accrue aux énergies renouvelables et, peut-être même à et atteindre les objectifs de développement, il faudra l’énergie nucléaire, et encourager l’utilisation généralisée des considérablement intensifier les efforts internationaux technologies de pointe pour piéger et stocker le carbone émis déployés pour diffuser les technologies existantes et dans l’atmosphère. Les pays développés devront prendre les pour développer et déployer de nouvelles technologies. devants et réduire leurs propres émissions à hauteur de 80 % Les investissements publics et privés – qui se chiffrent à l’horizon 2050, commercialiser de nouvelles technologies actuellement à des dizaines de milliards de dollars par et contribuer au financement des mesures nécessaires pour an – devront considérablement augmenter pour atteindre replacer les pays en développement sur des trajectoires plusieurs centaines de milliards de dollars par an. Des fondées sur des énergies propres. Il est également dans politiques de « stimulation par la technologie » fondées sur l’intérêt des pays en développement d’agir sans tarder pour un volume croissant d’investissements publics dans la R-D éviter que leurs économies ne se retrouvent prisonnières ne suffiront pas. Elles devront s’accompagner de politiques RapportMonde_LIVRE2.indb xviii 16/09/10 12:39 Les idées forces du Rapport sur le développement dans le monde 2010 xix « d’entraînement par le marché » offrant au secteur public au niveau international ; il faudra aussi s’attaquer aux et au secteur privé des incitations à faire preuve d’esprit obstacles psychologiques, institutionnels et politiques à d’entreprise, à collaborer et à rechercher des solutions l’action climatique. Ces obstacles découlent de la manière novatrices hors des sentiers battus. Pour diffuser des dont le public perçoit et comprend le problème climatique, technologies intelligentes sur le plan climatique, il ne sera la manière dont les administrations fonctionnent et des pas possible de se contenter d’expédier des matériels prêts intérêts qui défi nissent l’action publique. Pour réorienter à l’emploi aux pays en développement ; il faudra constituer l’action publique, il sera nécessaire de modifier les incitations des capacités d’absorption et renforcer les moyens dont politiques, voire même les responsabilités institutionnelles. Il disposent les secteurs public et privé pour identifier, faudra également déployer un effort résolu d’explication des adopter, adapter, améliorer et employer les technologies les politiques climatiques, et s’appuyer sur les normes sociales plus appropriées. et les comportements pour que chacun d’entre nous passe Chapitre 8 : Pour obtenir des résultats dans le cadre des du stade des préoccupations à celui de la compréhension efforts déployés face au défi climatique, il faudra faire et du stade de la compréhension à celui de l’action – en plus que mobiliser des fi nancements et des technologies commençant à notre propre niveau. RapportMonde_LIVRE2.indb xix 16/09/10 12:39 RapportMonde_LIVRE2.indb 2 16/09/10 12:39 Abrégé Pour un climat favorable au développement I l y a 30 ans, la moitié de la population plus, par rapport à l’ère préindustrielle. mondiale vivait en situation d’extrême Le monde s’en trouvera considérable- pauvreté1 ; aujourd’hui, cette propor- ment changé : les événements météorolo- tion est d’un quart. Le pourcentage giques extrêmes seront plus fréquents, la d’enfants qui souffrent de malnutrition plupart des écosystèmes seront perturbés ou risquent de décéder prématurément est et transformés, de nombreuses espèces maintenant beaucoup plus faible. L’accès seront condamnées à disparaître et des aux infrastructures modernes s’est aussi nations insulaires entières seront mena- considérablement élargi. Un facteur déter- cées d’inondation. Même si nous mettons minant est à l’origine de ces avancées : une tout en œuvre pour enrayer le phénomène, croissance économique rapide engendrée nous pourrons au mieux stabiliser à 2 °C la par l’innovation technique et les réformes hausse des températures par rapport aux institutionnelles, en particulier dans les températures de la période préindustrielle. pays à revenu intermédiaire où le revenu Un tel réchauffement exigera des mesures par habitant a doublé. Pourtant, les besoins d’adaptation de grande ampleur. restent énormes : le nombre de personnes Les pays à revenu élevé peuvent et souffrant de la faim a, pour la première fois, doivent réduire leur empreinte carbone. dépassé le milliard cette année2. Face à la Ils ne peuvent pas continuer à occuper misère et à la faim qui font encore tant de injustement et de manière insoutenable victimes aujourd’hui, la croissance et la lutte une partie de l’atmosphère, patrimoine contre la pauvreté demeurent au cœur des commun de l’humanité. Dans le même priorités des pays en développement. temps, les pays en développement, dont les Le changement climatique ne fait émissions moyennes par habitant repré- qu’ajouter à la complexité du problème. Les sentent un tiers de celles des pays à revenu impacts de la variation du climat se font élevé (figure 1), ont besoin de considérable- déjà sentir, avec l’augmentation du nombre ment développer leurs systèmes urbains, de sécheresses, d’inondations, de tempêtes énergétiques et de transport ainsi que violentes et de périodes de canicule, qui leur production agricole. S’il fait appel grèvent les budgets des individus ainsi que à des technologies traditionnelles et des des entreprises et des États, et absorbent modes de production à forte intensité de une part importante des ressources qui carbone, ce processus d’expansion, pour- pourraient être consacrées au développe- tant si nécessaire, accroîtra encore les ment. En outre, s’il se poursuit au même émissions de gaz à effet de serre, ce qui rythme, le changement climatique va ériger accentuera le changement climatique. La des obstacles grandissants au développe- question qui se pose n’est donc pas seule- ment. D’ici à la fin du siècle, les tempéra- ment de savoir comment accroître la résis- tures pourraient augmenter de 5 °C, voire tance du développement au changement RapportMonde_LIVRE2.indb 1 16/09/10 12:39 2 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 1 Des empreintes inégales : les émissions par habitant des pays à faible revenu, à revenu Sources : Banque mondiale 2008c ; WRI 2008 avec l’ajout des intermédiaire et à revenu élevé, 2005 émissions dues au changement d’affectation des terres tirées de Houghton 2009. CO2e par habitant (tonnes) Note : Les gaz à effet de serre émis sont le dioxyde de carbone 16 (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (N2O) et des gaz qui peuvent contribuer dans une large mesure au réchauffement 14 Émissions provenant d’un de la planète (gaz F). Les émissions de tous ces gaz sont changement d’affectation exprimées en équivalent CO2 (CO2e), c’est-à-dire la quantité des terres de CO2 qui provoquerait le même réchauffement. En 2005, les 12 Toutes autres émissions émissions dues à un changement d’affectation des terres dans les pays à revenu élevé étaient négligeables. 10 8 Moyennes, pays en développement : 6 Avec changement d’affectation des terres 4 Sans changement d’affectation des terres 2 0 Pays à revenu Pays à revenu Pays à faible élevé intermédiaire revenu climatique, mais plutôt comment promouvoir la croissance tant des pays à revenu élevé, non compris les pays produc- et la prospérité sans provoquer de modifications climatiques teurs d’hydrocarbures, vont du simple au quadruple et sont « dangereuses »3. comprises entre 7 tonnes équivalent CO2 (CO2e) 8 par habi- La politique du changement climatique n’est pas une tant en Suisse et 27 en Australie et au Luxembourg9. simple affaire de choix entre un monde à forte croissance et On peut difficilement prétendre que la dépendance à à forte intensité de carbone et un monde à faible croissance l’égard des combustibles fossiles est inévitable, compte et à faible intensité de carbone. En d’autres termes, il ne s’agit tenu du peu d’efforts déployés à ce jour pour trouver pas de choisir entre croissance et préservation de la planète. d’autres solutions. Alors que les subventions mondiales De nombreux facteurs d’inefficacité sont à l’origine de la dont bénéficient les produits pétroliers s’élèvent chaque forte intensité de carbone4 du monde moderne. Pourtant, année à environ 150 milliards de dollars, les dépenses certaines technologies connues, alliées à des pratiques opti- publiques consacrées à la recherche, au développement males, pourraient réduire la consommation énergétique des et au déploiement (RD-D) dans le domaine des éner- industries et des unités de production électrique de 20 à gies stagnent depuis des décennies aux alentours de 30 % et amoindrir leur empreinte carbone sans sacrifier 10 milliards de dollars par an, si l’on fait abstraction de la croissance5. Nombre des mesures d’atténuation, c’est-à- l’augmentation brève et soudaine survenue au lendemain dire des changements pouvant être apportés pour réduire de la crise pétrolière (chapitre 7). Cette somme représente les émissions de gaz à effet de serre, présentent par ailleurs 4 % des dépenses publiques mondiales de RD-D. De même, des avantages considérables pour la santé publique, la sécu- les investissements privés en faveur de la RD-D dans le rité énergétique et la préservation de l’environnement, tout domaine énergétique, qui sont compris entre 40 milliards et en permettant de réaliser des économies financières. En 60 milliards de dollars par an, représentent 0,5 % des reve- Afrique, par exemple, les mesures d’atténuation des effets nus des sociétés privées, et une fraction des investissements du changement climatique qui pourraient être prises sont que des industries innovantes comme les télécommunica- associées à une gestion plus durable des sols et des forêts, à tions (8 %) ou les sociétés pharmaceutiques (15 %) consa- l’utilisation de sources d’énergies moins polluantes (comme crent à la RD-D10. la géothermie ou l’hydroélectricité) et à la mise en place de Pour que puisse s’amorcer la transition vers un monde systèmes de transport urbain durables. Il est donc probable sobre en carbone grâce à l’innovation technologique et à la que les mesures d’atténuation, sur le continent, seront mise en œuvre de réformes institutionnelles complémen- compatibles avec la poursuite du processus de développe- taires, les pays à revenu élevé doivent prendre sans plus ment6. C’est aussi le cas en Amérique latine7. tarder des mesures résolues pour réduire des empreintes L’accroissement des richesses et de la prospérité n’en- carbones insoutenables à terme. Ils libéreraient ainsi de traîne pas non plus systématiquement une augmentation l’espace dans l’atmosphère, qui appartient à toute l’huma- des émissions de gaz à effet de serre, même s’il en a été ainsi nité (figure 2). Fait plus important encore, un engagement jusqu’à présent. C’est le cas en revanche de certains modes crédible de la part des pays à revenu élevé en faveur d’une de consommation et de production : les émissions par habi- réduction drastique de leurs émissions contribuerait surtout RapportMonde_LIVRE2.indb 2 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 3 Source : Calculs de l’équipe du Rapport sur le développement Figure 2 Une question de rééquilibrage : remplacer les VLT par des voitures particulières consommant dans le monde sur la base des chiffres de BTS 2008. peu de carburant ne serait-ce qu’aux États-Unis compenserait pratiquement les émissions résultant de Note : Les estimations sont basées sur les hypothèses suivantes : l’alimentation en électricité de 1,6 milliards de personnes de plus les États-Unis comptent 40 millions de VLT (véhicules loisir travail) Émissions (millions de tonnes de CO2) qui couvrent au total 480 milliards de miles sur la base d’une distance parcourue moyenne de 12 000 par véhicule et par an. 350 Si l’on considère que la consommation de carburant moyenne d’un VLT est de 18 miles au gallon, le parc de VLT consomme 27 milliards de gallons d’essence par an en émettant 2,421 grammes 300 de carbone par gallon. Le remplacement des VLT par des voitures économiques en carburant qui respectent la norme moyenne de consommation de carburant des nouvelles voitures particulières vendues dans l’Union européenne (45 miles au gallon ; voir ICCT 250 2007) se traduit par une réduction des émissions de 142 millions de tonnes de CO2 (39 millions de tonnes de carbone) par an. La consommation d’électricité des ménages pauvres des pays en développement est, selon les estimations, de 170 kilowattheures 200 par personne et par an et, si l’on pose que l’électricité est générée avec une intensité (moyenne mondiale) de 160 grammes de carbone au kilowattheure, on obtient l’équivalent de 160 millions 150 de tonnes de CO2 (44 millions de tonnes de carbone). La taille du symbole de l’électricité qui apparaît sur la carte du monde indique le nombre de personnes qui n’ont pas l’électricité. 100 50 0 Réductions d’émissions associées Augmentation des émissions associées au remplacement du parc de VLT américain à la fourniture d’un service d’alimentation en par des automobiles aux normes électricité de base à 1,6 milliard de personnes de consommation de carburant de l’UE. qui n’ont pas encore accès à l’électricité. à stimuler la RD-D et la mise au point de technologies et tion d’un accord international faisant intervenir le transfert de processus innovants nécessaires dans les domaines de de ressources substantielles, stables et prévisibles sont loin l’énergie, des transports, de l’industrie et de l’agriculture. Si d’être des tâches aisées. elles font l’objet d’une demande importante et prévisible, les Les pays en développement, en particulier les plus technologies de substitution seront moins coûteuses et donc pauvres et les plus exposés, auront aussi besoin d’aide pour plus compétitives au regard des combustibles fossiles. Ce s’adapter au changement climatique, d’autant qu’ils sont n’est que lorsque l’on disposera des technologies innovantes d’ores et déjà les plus durement touchés par les phénomènes à des prix compétitifs que l’on pourra freiner le changement météorologiques extrêmes (chapitre 2). Un réchauffement climatique sans sacrifier la croissance. supplémentaire, même modéré, impliquera de profondes Les pays en développement peuvent, eux aussi, se replacer transformations dans la manière de concevoir et de mettre sur des trajectoires à plus faible intensité de carbone sans en œuvre les politiques de développement, des ajustements pour autant compromettre leur développement. Certes, majeurs des modes de vie et des moyens de subsistance des la situation varie d’un pays à l’autre, et tout dépendra de populations ainsi que leur adaptation aux dangers auxquels l’ampleur de l’aide financière et technique que les pays elles doivent faire face et aux possibilités qui s’offrent à elle. à revenu élevé leur apporteront. Cette aide serait équi- La crise financière actuelle ne doit pas être invoquée pour table – et conforme à l’esprit de la Convention-cadre des justifier la relégation au second plan des questions clima- Nations Unies sur les changements climatiques de 1992 tiques. En moyenne, une crise financière dure moins de (CCNUCC) – puisque les pays à revenu élevé, qui comptent deux ans et entraîne une contraction du produit intérieur un sixième de la population mondiale, sont responsables de brut (PIB) de 3 % compensée par la suite par une croissance près des deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet d’au moins 20 % répartie sur une période de relance et de de serre dans l’atmosphère (figure 3). Elle serait de surcroît prospérité de huit ans12 . En d’autres termes, même si elles rationnelle : les économies permises par une contribution ont des effets extrêmement négatifs, les crises financières ne au financement de mesures d’atténuation précoces dans durent pas. Il en va tout autrement de la menace croissante les pays en développement – dans le cadre, par exemple, de que fait peser le changement climatique. Pourquoi ? projets de construction d’infrastructures et de logements Parce que le temps ne joue pas en notre faveur. Les au cours des prochaines décennies – seraient d’une telle impacts des gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère se ampleur qu’elles présenteraient des avantages patents pour feront sentir pendant des décennies, voire des milliers d’an- tous les pays11. Cela étant, l’élaboration, et a fortiori l’exécu- nées13, si bien qu’il sera très difficile de ramener à un niveau RapportMonde_LIVRE2.indb 3 16/09/10 12:39 4 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 3 Les pays à revenu élevé ont, de tous temps, contribué de manière disproportionnée Sources : DOE 2009 ; Banque mondiale 2008c ; WRI 2008 avec aux émissions mondiales. C’est encore le cas aujourd’hui addition des émissions dues au changement d’affectation des Part des émissions mondiales, périodes antérieures et 2005 terres tirées de Houghton 2009. Note : Les données couvrent plus de 200 pays pour les années Émissions de gaz à effet de serre en 2005 : les plus récentes. Des données ne sont pas disponibles pour Émissions cumulées de CO2 Émissions de CO2 tous secteurs confondus, y compris tous les pays pour le XIXe siècle, mais elles le sont pour les depuis 1850 : énergie en 2005 : énergie les changements d’affectation des terres principaux pays émetteurs de l’époque. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des sources d’énergie comprennent 2% 3% 6% toutes celles qui proviennent de la combustion de combustibles fossiles, du brûlage des gaz à la torche et de la production de ciment. Les gaz à effet de serre émis sont le CO2, le méthane 34 % 38 % (CH4), l’oxyde nitreux (N2O) et des gaz qui peuvent contribuer dans une large mesure au réchauffement de la planète (gaz 47 % 50 % F). Les secteurs sont l’énergie, les processus industriels, 64 % 56 % l’agriculture, les changements d’affectation des terres (tirés de Houghton 2009), et les déchets. L’occupation excessive du patrimoine commun constitué par l’atmosphère, par rapport à la part de la population, est établie sur la base des écarts Pays à faible revenu (1,2 milliard de personnes) Pays à revenu intermédiaire (4,2 milliards par rapport à des émissions par habitant uniformes ; en 2005, de personnes) les pays à revenu élevé comptaient 16 % de la population Pays à revenu élevé (1 milliard de personnes) Excès d’émissions par rapport à la proportion de la population mondiale ; depuis 1850, les pays aujourd’hui classés dans la catégorie des pays à revenu élevé comptent, en moyenne, environ 20 % de la population mondiale. « sans danger » les concentrations atmosphériques de ces apporter une solution rationnelle à cette situation tragique gaz. Face à l’inertie du système climatique, il est difficile- du patrimoine commun, la raison pour laquelle nous devons ment envisageable de se contenter dans l’immédiat d’inter- agir ensemble. Quant à l’ingéniosité, elle est la seule arme ventions de faible portée dans l’idée d’accélérer à plus long possible face à un problème complexe, tant au plan poli- terme les efforts d’atténuation14 . De plus, en tardant trop à tique que scientifique, celle qui pourrait nous permettre réagir, on ne fait qu’alourdir le coût de phénomènes dont d’agir autrement que nous l’avons fait jusqu’à présent. Agir l’impact va aller croissant et on laisse passer des opportu- maintenant, ensemble et autrement : voilà comment nous nités d’adopter des mesures d’atténuation peu coûteuses en donner les moyens de nous orienter vers un monde intel- permettant aux économies de verrouiller leur avenir dans ligent sur le plan climatique. Mais pour cela, encore faut-il des infrastructures et des modes de fonctionnement à forte être convaincu de la nécessité d’agir. intensité de carbone, générant toujours plus d’inertie. Il faut agir dès maintenant pour que l’augmentation des De bonnes raisons d’agir températures reste le plus proche possible des 2 °C. Un tel La température moyenne de la planète a déjà augmenté de réchauffement n’est pas souhaitable, mais nous ne pourrons près de 1 °C depuis le début de la période industrielle. Selon probablement pas faire mieux. Les économistes ne sont pas le quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts unanimes à penser que cette hausse correspond à l’opti- intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), mum économique. En revanche, dans les milieux politiques document établi par consensus par plus de 2 000 chercheurs et scientifiques, on s’accorde à penser que l’objectif d’un représentant tous les États membres des Nations Unies, le réchauffement maximum de 2 °C est l’option la plus respon- réchauffement climatique est une réalité indiscutable16. Alors sable15, et les auteurs du présent Rapport partagent cette que les concentrations atmosphériques de CO2, principal gaz analyse. Du point de vue du développement, un réchauffe- à effet de serre, ont été comprises entre 200 et 300 parties ment très supérieur à 2 °C serait tout simplement inaccep- par million (ppm) pendant 800 000 ans, elles ont brusque- table. Cela étant, pour stabiliser le réchauffement à 2 °C, il ment augmenté pour atteindre environ 387 ppm au cours des faudra profondément modifier les modes de vie, engager une 150 dernières années (figure 4), principalement en raison de véritable révolution énergétique et transformer les pratiques la combustion de combustibles fossiles et, dans une moindre de gestion des sols et des forêts. Mais cela ne permettra pas mesure, de l’agriculture et de l’évolution des modes d’occu- de faire l’économie d’importantes mesures d’adaptation. pation des sols. Dix ans après la signature du protocole de Pour faire face au changement climatique, l’humanité va Kyoto, qui fi xe les limites applicables aux émissions interna- devoir faire preuve de toute l’inventivité et l’ingéniosité dont tionales de carbone, et alors que les pays développés s’apprê- elle est capable. tent à établir pour la première fois une comptabilité précise Inertie, équité et ingéniosité : ces trois thèmes reviennent de leurs émissions de carbone, les concentrations de gaz à à maintes reprises tout au long de ce rapport. L’inertie est effet de serre dans l’atmosphère continuent d’augmenter. la caractéristique fondamentale du changement climatique ; Pire encore, elles augmentent de plus en plus rapidement17. c’est la raison pour laquelle il nous faut agir maintenant. Le changement climatique se traduit déjà par une L’équité est la clé de toute solution mondiale réelle, le facteur augmentation des températures moyennes de l’atmosphère essentiel à l’instauration de la confiance nécessaire pour RapportMonde_LIVRE2.indb 4 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 5 Figure 4 Des émissions de CO2 démesurées Source : Lüthi et al. 2008. Note : l’analyse des bulles d’air piégées dans les couches Concentrations de dioxyde de carbone (ppm) profondes des glaces de l’Antarctique depuis 800 000 ans a 1 000 permis de mettre en évidence l’évolution des concentrations de CO2 dans l’atmosphère de la planète. Durant cette longue période, des facteurs naturels ont provoqué des variations de la concentration de CO2 à l’intérieur d’une fourchette de Scénario d’émissions élevées pour 2100 l’ordre de 170 à 300 parties par million (ppm). Les données sur 800 les températures montrent clairement que ces variations ont contribué de manière cruciale à déterminer le climat dans le monde. Par suite de l’activité humaine, la concentration actuelle de CO2, qui est de l’ordre de 387 ppm, dépasse d’environ 30 % le niveau le plus élevé jamais enregistré depuis au moins 800 000 ans. En l’absence de mesures résolues pour les maîtriser, les 600 émissions telles qu’indiquées par les projections pour le XXIe siècle produiront des concentrations de CO2 atteignant le Scénario d’émissions plus faibles pour 2100 double ou le triple du niveau le plus élevé des 800 000 dernières années, comme le montrent les points correspondant portés sur le graphique pour les deux scenarios d’émissions en 2100. 400 Observées en 2007 200 0 800 000 700 000 600 000 500 000 400 000 300 000 200 000 100 000 0 Il y a (nombre d’années) : et des océans, la fonte de neiges et de glaces partout dans le sociétés humaines et les économies, et pourrait notamment monde et la hausse du niveau des mers. Les journées et les entraîner le dépérissement de la forêt pluviale amazonienne, nuits froides sont des phénomènes de plus en plus rares, tout la disparition totale des glaciers des Andes et de l’Himalaya comme les gelées, tandis que les canicules se font de plus et une acidification rapide des océans, ce qui provoquerait de en plus fréquentes. À l’échelle mondiale, les précipitations graves perturbations des écosystèmes marins et la mort des augmentent, lors même que l’Australie, l’Asie centrale, le récifs coralliens. Le rythme et l’ampleur de ces changements bassin méditerranéen, le Sahel, l’ouest des États-Unis et bien pourraient condamner plus de la moitié des espèces à dispa- d’autres régions encore sont frappées par des sécheresses raître. Au cours du xxie siècle, le niveau de la mer pourrait plus fréquentes et plus intenses. Les fortes précipitations et s’élever d’un mètre19, menaçant ainsi plus de 60 millions les inondations sont des phénomènes désormais courants, et de personnes et des actifs d’une valeur de 200 milliards de les tempêtes et les cyclones tropicaux, dont l’intensité semble dollars dans les seuls pays en développement20. La produc- augmenter, provoquent des dégâts plus importants. tivité agricole diminuerait probablement dans le monde entier, et en particulier dans les zones tropicales, même si les Le changement climatique menace tous les pays, mais pratiques agricoles étaient modifiées en profondeur. Chaque plus particulièrement les pays en développement année, la malnutrition pourrait faire plus de trois millions Au cours de ce siècle18, si rien n’est fait pour atténuer les de victimes de plus21. effets du changement climatique, les températures pour- Un réchauffement d’à peine 2 °C par rapport à la période raient augmenter de plus de 5 °C, ce qui équivaut à la préindustrielle suffirait à provoquer des perturbations différence entre le climat actuel et celui de la dernière ère climatiques aux conséquences planétaires. L’intensification glaciaire, période à laquelle les glaciers s’étendaient jusqu’en de la variabilité du climat, la multiplication et l’intensifi- Europe centrale et arrivaient presque à ce qui est maintenant cation de phénomènes météorologiques extrêmes et l’ex- New York. Cette évolution naturelle s’est étalée sur plusieurs position accrue des zones côtières aux marées de tempête millénaires, alors que le changement climatique d’origine pourraient accroître fortement le risque d’impacts clima- anthropique se produit à l’échelle séculaire, ce qui laisse bien tiques catastrophiques et irréversibles. Entre 100 millions peu de temps aux sociétés et aux écosystèmes pour s’adapter et 400 millions de personnes supplémentaires pourraient au rythme rapide des variations climatiques. Une telle souffrir de la faim22, et entre un à deux milliards d’individus hausse des températures provoquerait de profondes dislo- de plus pourraient ne plus avoir assez d’eau pour satisfaire à cations dans des écosystèmes d’importance vitale pour les leurs besoins23. RapportMonde_LIVRE2.indb 5 16/09/10 12:39 6 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Les pays en développement sont plus exposés et moins résistants cités d’adaptation financière et institutionnelle des pays en aux risques climatiques Les pays en développement seront développement sont en outre limitées. Les responsables de touchés de manière disproportionnée. Un réchauffement de l’action publique de certains pays en développement notent 2 °C pourrait entraîner une baisse permanente de 4 à 5 % du qu’ils doivent puiser davantage dans leur budget de dévelop- revenu annuel par habitant en Afrique et en Asie du Sud 24 , pement pour faire face à des situations d’urgence d’origine alors qu’il en résulterait des pertes minimes dans les pays à climatique27. revenu élevé et une contraction moyenne de l’ordre de 1 % Les pays à revenu élevé seront aussi touchés par un réchauf- du PIB mondial25. Ces pertes seraient liées principalement à fement même modéré. En fait, les dommages par habitant l’impact des variations climatiques sur l’agriculture, secteur seront probablement plus importants dans les pays plus d’importance majeure pour les économies de l’Afrique et de riches, qui regroupent 16 % de la population mondiale mais l’Asie du Sud (carte 1). devraient supporter entre 20 à 25 % du coût total de l’impact Il ressort des estimations que les pays en développement du changement climatique. Toutefois, les richesses beaucoup paieront le plus lourd tribut, soit entre 75 et 80 % du coût plus vastes dont ils disposent devraient leur permettre de des dommages causés par le changement climatique26 , et ce mieux faire face aux problèmes. Le changement climatique pour plusieurs raisons (voir encadré 1). Les pays en dévelop- aura des effets destructeurs partout, mais il va aussi creuser le pement sont particulièrement dépendants des services des fossé entre pays développés et pays en développement. écosystèmes et des ressources naturelles pour produire dans des secteurs tributaires du climat. Une grande partie de la La croissance est nécessaire au renforcement des capacités population vit dans des zones exposées aux risques naturels de résistance au changement climatique, mais elle ne suffit et dans des conditions économiquement précaires. Les capa- pas. La croissance économique est indispensable pour Carte 1 Le changement climatique se traduira, en 2050, par une baisse des rendements agricoles dans la plupart des pays, si les pratiques agricoles et les variétés culturales actuelles continuent d’être employées EUROPE ET ASIE CENTRALE CANADA ET EUROPE DE 7% ÉTATS-UNIS L’OUEST 1% 2% MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD 11 % ASIE DU AFRIQUE SUD SUBSAHARIENNE 18 % ASIE DE L’EST ET 15 % PACIFIQUE 12 % AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 6% AUSTRALIE ET NOUVELLE-ZÉLANDE 2,7 % Variation en pourcentage des rendements entre la période actuelle et 2050 Données non –50 –20 0 20 50 100 disponibles Sources : Müller et al. 2009 ; Banque mondiale 2008c. Note : les couleurs de la carte indique le pourcentage de variation des rendements indiqué par les projections pour 11 grandes cultures (blé, riz, maïs, mil, pois fourrager, betterave à sucre, patate douce, soja, arachides, tournesol et colza) pour la période 2046-2055, par rapport à la période 1996–2005. Les valeurs des modifications des rendements sont les moyennes des valeurs provenant de l’application de cinq modèles climatiques à trois scénarios d’émissions, en posant en hypothèse l’absence de tout effet de fertilisation du CO2 (l’augmentation des concentrations ambiantes de CO2 pourrait stimuler la croissance des plantes et l’efficacité de l’utilisation de l’eau). Les chiffres indiquent la part du PIB imputable à l’agriculture dans chaque région. (Cette part est de 23 % pour l’Afrique subsaharienne, Afrique du Sud non comprise). Les projections font état d’impacts négatifs importants sur les rendements dans de nombreuses régions fortement tributaires de l’agriculture. RapportMonde_LIVRE2.indb 6 16/09/10 12:39 ENCADRÉ 1 Toutes les régions en développement sont vulnérables aux impacts du changement climatique, pour des raisons diverses Les problèmes communs à l’ensemble facteur de vulnérabilité, d’autant que ces la plus catastrophique des conséquences des pays en développement – ressources ressources subissent déjà de nombreuses du réchauffement climatique dans la région humaines et financières limitées, pressions liées à la pollution industrielle, pourrait être un dépérissement massif de la institutions fragiles – sont des causes à l’aménagement des zones côtières, forêt pluviale amazonienne, dont de vastes de leur vulnérabilité. Toutefois, d’autres à la surpêche et au ruissellement des zones seraient converties en savane, ce qui facteurs géographiques et historiques pesticides agricoles et des nutriments. aurait de graves conséquences pour le climat s’avèrent tout aussi importants. En Europe orientale et Asie centrale, la de la région, voire de la planète tout entière. L’Afrique subsaharienne est une région vulnérabilité au changement climatique Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, naturellement fragile (dont les deux tiers tient aux effets persistants du passif hérité de région la plus aride du monde, l’eau sont constitués de déserts ou de terres la période soviétique, qui se caractérise par est la ressource la plus menacée, et arides), très exposée aux sécheresses une mauvaise gestion de l’environnement les disponibilités en eau par habitant et aux inondations. Or, le changement et par l’état médiocre d’une grande partie devraient, selon les prévisions, diminuer de climatique devrait accroître la fréquence des infrastructures de la région. À titre moitié d’ici à 2050 même sans prendre en de ces phénomènes. Les économies de la d’exemple, la hausse des températures et compte les conséquences des variations région sont fortement dépendantes des le recul des précipitations observés en Asie climatiques. La région n’a guère de ressources naturelles. La biomasse fournit centrale vont aggraver les conséquences solutions pour accroître ses réserves en 80 % des approvisionnements nationaux environnementales catastrophiques de eau, puisque près de en énergie primaire. L’agriculture pluviale la disparition de la partie sud de la mer 90 % de ses ressources en eau douce sont contribue pour environ 23 % au PIB d’Aral (provoquée par le détournement des déjà stockées dans des réservoirs. Les effets (Afrique du Sud non comprise) et emploie cours d’eau pour l’irrigation des cultures conjugués de l’aggravation des pénuries près de 70 % de la population. Le caractère de coton exploitées dans cette région de d’eau et de la variabilité accrue du climat inadapté des infrastructures pourrait climat désertique) : le sable et le sel libérés sont une réelle menace pour le secteur entraver le processus d’adaptation au par l’assèchement des fonds marins sont agricole, qui consomme environ 85 % changement climatique, compte tenu transportés par les vents jusqu’aux glaciers des ressources en eau de la région. Cette notamment des capacités limitées de d’Asie centrale, accélérant la fonte des vulnérabilité est d’autant plus grande que stockage d’eau, malgré des ressources glaces due à la hausse des températures. Les la population et les activités économiques abondantes. Le paludisme, première infrastructures et les logements vieillissants, se concentrent principalement dans cause de mortalité dans la région, gagne mal conçus et mal entretenus, également les zones côtières exposées aux risques progressivement les zones d’altitude où il hérités de l’ère soviétique et de la période de d’inondation, et que les pénuries d’eau ne sévissait pas auparavant. transition qui a suivi, sont mal adaptés pour pourraient encore accentuer les tensions En Asie de l’Est et dans le Pacifique, la résister aux tempêtes, aux fortes chaleurs et sociales et politiques. densité élevée des populations établies aux inondations. En Asie du Sud, les ressources naturelles en zone côtière et sur les îles basses – plus Les écosystèmes les plus vitaux d’Amérique subissent déjà des pressions considérables de 130 millions de personnes en Chine latine et des Caraïbes sont menacés. et sont sensiblement dégradées en raison et environ 40 millions au Viet Nam, soit Premièrement, les glaciers des zones de facteurs géographiques, de niveaux de plus de la moitié de la population – est un tropicales des Andes semblent condamnés pauvreté élevés et de la forte densité de des principaux facteurs de vulnérabilité. à disparaître, ce qui changera le calendrier population. Le changement climatique La forte dépendance de la région, et en et l’intensité du débit des ressources en eau aura probablement un impact sur les particulier des pays les plus pauvres, à dans plusieurs pays et pourrait compromettre ressources en eau en agissant sur le régime l’égard de l’agriculture en tant que source l’approvisionnement, dès 2020, d’au moins des moussons, qui fournissent 70 % des de revenus et d’emplois en est un autre. 77 millions de personnes et aussi des centrales précipitations annuelles sur une période de À mesure que s’intensifient les pressions hydroélectriques qui fournissent plus de quatre mois, et en entraînant la fonte des qui s’exercent sur les terres, l’eau et les la moitié de l’électricité de nombreux pays glaciers himalayens. La hausse du niveau forêts, sous l’effet de l’accroissement d’Amérique du Sud. Deuxièmement, le des mers suscite de vives préoccupations démographique, de l’urbanisation et de réchauffement et l’acidification des océans dans cette région où les zones côtières la dégradation de l’environnement liée à vont provoquer des épisodes de blanchiment sont nombreuses et densément peuplées, une industrialisation rapide, la variabilité des coraux de plus en plus fréquents et où les plaines agricoles sont menacées par accrue du climat et l’augmentation des risquent, à terme, d’entraîner la disparition les intrusions de sel et où l’on compte un phénomènes météorologiques extrêmes des récifs coralliens des Caraïbes, qui servent grand nombre d’îles de faible altitude. Si les vont compliquer la gestion de ces d’habitat aux populations juvéniles de près scénarios climatiques les plus pessimistes ressources. Dans le bassin du Mékong, la de 65 % des espèces de poissons du bassin venaient à se produire, la hausse du niveau saison des pluies sera marquée par des des Caraïbes et offrent une protection des mers pourrait submerger une grande précipitations plus importantes, tandis que naturelle contre les marées de tempête, sans partie des Maldives et inonder 18 % de la la saison sèche s’allongera de deux mois. parler de leur attrait touristique vital pour superficie du Bangladesh. La grande dépendance des économies de la région. Troisièmement, les dommages la région à l’égard des ressources marines qu’ont subis les zones humides du golfe du Sources : De la Torre, Fajnzylber et Nash 2008 ; – la valeur des récifs coralliens d’Asie du Mexique ont accentué la vulnérabilité du Fay, Block et Ebinger 2010 ; Banque mondiale Sud-est qui sont bien gérés est estimée littoral face à des ouragans dont la violence et 2007a ; Banque mondiale 2007c ; Banque à 13 milliards de dollars – est un autre la fréquence ne cessent d’augmenter. Enfin, mondiale 2008b ; Banque mondiale 2009b. RapportMonde_LIVRE2.indb 7 16/09/10 12:39 8 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E réduire la pauvreté. Elle est aussi au cœur du processus préoccupations sont recevables, il n’en demeure pas moins qui permettra de renforcer la résistance des pays pauvres que l’adoption de mesures ambitieuses d’adaptation au aux variations climatiques. Toutefois la croissance ne peut changement climatique se justifie pleinement du point de constituer la seule réponse à un tel phénomène. Elle ne sera vue économique. probablement pas assez rapide pour aider les pays les plus démunis, et pourrait même accroître leur vulnérabilité aux L’économie du changement climatique : il est possible aléas climatiques (encadré 2). En outre, la croissance n’est de réduire le risque climatique à un coût abordable généralement pas suffisamment équitable pour garantir la Le changement climatique a un coût, quelle que soit la poli- protection des plus pauvres et des plus vulnérables. Elle ne tique retenue. Consacrer moins de ressources aux mesures garantit pas non plus le bon fonctionnement des principales d’atténuation suppose d’investir davantage dans l’adapta- institutions. Enfin, si elle repose sur des modes de production tion et de se résoudre à des dommages plus importants : il à forte intensité de carbone, elle ne peut qu’accentuer le faut donc comparer le coût de l’action à celui de l’inaction. réchauffement planétaire. Toutefois, comme expliqué au chapitre 1, cette comparaison Il n’y a cependant aucune raison de penser qu’un profi l est difficile dans la mesure où l’incertitude règne en ce qui de développement à faible intensité de carbone implique concerne les technologies qui seront disponibles à l’avenir nécessairement une croissance économique lente : l’an- (et leur coût), la capacité des sociétés et des écosystèmes nonce de réglementations environnementales a, dans bien à s’adapter (et à quel prix), l’ampleur des dommages que des cas, provoqué des mises en garde contre la perte massive provoquera l’augmentation des concentrations de gaz à d’emplois et l’effondrement de certains secteurs industriels effet de serre et des températures susceptibles de constituer qui ne se sont, toutefois, que très rarement concrétisés28. des seuils ou des points de non-retour au-delà desquels les Certes, les coûts de transition sont importants, notamment impacts du changement climatique prendront des propor- lorsqu’il s’agit de mettre au point des technologies et des tions catastrophiques (Science Focus). Les questions rela- infrastructures à faible intensité de carbone dans les secteurs tives à la répartition des interventions dans le temps (les de l’énergie, des transports, du logement, de l’aménagement mesures d’atténuation prises par une génération seront urbain et du développement rural. Il est souvent dit que ces bénéfiques à nombre de générations futures) et dans l’es- coûts de transition sont inacceptables, que les besoins des pace (certaines régions sont plus vulnérables que d’autres pays pauvres appellent des investissements autrement plus et donc plus à même de demander des mesures d’atténua- urgents, et qu’il faut veiller à ne pas sacrifier aujourd’hui tion vigoureuses à l’échelle mondiale), et les difficultés que le bien-être des plus démunis pour préserver les intérêts de soulève l’évaluation de la perte de vies humaines, de moyens générations futures qui seront peut-être plus riches. Si ces d’existence et de services non commerciaux comme la biodi- ENCADRÉ 2 La croissance économique : une condition nécessaire, mais pas suffisante Les pays riches disposent de ressources touristiques et à des élevages de crevettes. habitant du Bangladesh est de 450 dollars. plus importantes pour faire face aux La croissance économique ne sera Dans le même temps, le gouvernement impacts du changement climatique. probablement pas assez rapide pour des Pays-Bas prévoit d’investir chaque Leurs populations plus instruites et en que les pays à faible revenu puissent se année, pendant un siècle, 100 dollars par meilleure santé sont intrinsèquement doter des mêmes moyens de protection habitant. Pourtant, en dépit d’un revenu plus résistantes. Toutefois, le processus de que les pays riches. Le Bangladesh et annuel par habitant 100 fois supérieur croissance peut accentuer la vulnérabilité les Pays-Bas sont parmi les pays les plus à celui du Bangladesh, les Pays-Bas ont au changement climatique, comme c’est exposés à l’élévation du niveau de la mer. engagé un programme de retrait sélectif le cas dans les provinces chinoises proches Le Bangladesh a déjà engagé de vastes des zones de faible élévation, car ils n’ont de Beijing très exposées au risque de efforts pour réduire la vulnérabilité de plus les moyens d’assurer la protection de sécheresse, où l’extraction de ressources la population en mettant sur pied, au l’ensemble du territoire contre les effets du en eau pour l’agriculture, l’industrie et la niveau des communautés, un système très changement climatique. consommation des ménages ne cesse efficace d’alerte avancée en cas de cyclone d’augmenter, de même qu’en Indonésie, ainsi qu’un programme de prévision à Madagascar, en Thaïlande et dans les des inondations et d’intervention qui Sources : Barbier et Sathiratai 2004 ; régions des États-Unis situés en bordure du fait appel à des compétences locales et Deltacommissie 2008 ; FAO 2007 ; Golfe du Mexique, où les mangroves qui internationales. Toutefois, le manque de Gouvernement du Bangladesh 2008 ; Guan et protégeaient le littoral ont été défrichées ressources limite la portée de ces mesures Hubacek 2008 ; Karim et Mimura 2008 ; Shalizi pour faire place à des installations d’adaptation — le revenu annuel par 2006 ; et Xia et al. 2007. RapportMonde_LIVRE2.indb 8 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 9 versité et les services des écosystèmes, ne font qu’ajouter à la pourrait être assimilé à une prime d’assurance permet- complexité de l’exercice. tant de maintenir le changement climatique dans ce que Les économistes tentent généralement de définir la poli- les scientifiques estiment être une fourchette plus sûre32 . tique climatique optimale en s’appuyant sur une analyse Il est tout à fait possible que l’option consistant à investir coûts-avantages. Toutefois, comme le montre l’encadré 3, moins de 0,5 % du PIB dans une « assurance climatique » les résultats d’une telle analyse dépendent des hypothèses soit acceptable par la société, puisque le monde dépense déjà concernant les incertitudes en présence et aussi des choix 3 % de son PIB total à des fins d’assurance33. normatifs relatifs à la répartition spatiale et temporelle des Mais au-delà de la question de « l’assurance clima- interventions et à l’évaluation des pertes dues au change- tique », se pose celle du montant des coûts d’atténuation ment climatique (un analyste confiant dans le développe- qui en résulteront, et des besoins de financement connexes. ment futur des technologies, qui compte que l’impact du Les estimations de ces coûts à moyen terme vont de 140 à changement climatique sera relativement modeste et étalé 175 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Ces chiffres dans le temps, et qui attache beaucoup moins d’impor- correspondent aux surcoûts par rapport au scénario des tance à l’avenir qu’au présent, préconisera des interventions politiques inchangées (tableau 1). immédiates de portée limitée, tandis qu’un analyste ayant Les besoins de financement seront toutefois plus élevés une vue plus pessimiste du pouvoir de la technologie fera la car une grande partie des économies permises par la dimi- démarche inverse.) Les économistes ne sont donc toujours nution des coûts d’exploitation associée à l’utilisation pas parvenus à s’entendre sur le profil de l’intensité en d’énergies renouvelables et à l’augmentation des rendements carbone du développement la plus efficace au plan social énergétiques ne se matérialisera qu’au bout d’un certain et économique. Toutefois, un consensus semble se dégager temps. McKinsey, par exemple, estime que si le surcoût doit sur certains points. Les principaux modèles démontrent être de 175 milliards de dollars en 2030, les investissements que les avantages d’un réchauffement climatique stabilisé initiaux requis pourraient être supérieurs de 563 milliards à 2,5 °C seraient supérieurs aux coûts (ce qui ne serait pas de dollars aux besoins d’investissement dans le scénario nécessairement le cas à 2 °C) 29. Tous aboutissent par ailleurs des politiques inchangées. McKinsey note que cela corres- à la conclusion qu’une politique de laisser-faire (en d’autres pond à un accroissement de l’ordre de 3 % des investisse- termes l’absence totale de mesures d’atténuation) aurait des ments mondiaux par rapport à ce dernier scénario, ce qui conséquences désastreuses. reste donc probablement dans les limites des capacités des Les partisans d’une réduction graduelle des émissions marchés financiers mondiaux34. Toutefois, il a de tous temps de gaz à effet de serre estiment que l’objectif optimal – celui été difficile aux pays en développement d’obtenir des finan- dont le coût total (à savoir la somme des coûts des impacts cements, ce qui explique leur sous-investissement dans l’in- du changement climatique et des mesures d’atténuation frastructure ainsi que des choix énergétiques privilégiant et d’adaptation) serait le plus faible – pourrait être très des options ayant des coûts d’équipement initiaux plus largement supérieur à 3 °C30. Ils observent cependant que faibles, même si ces choix finissent par engendrer des coûts le surcoût des mesures visant à stabiliser le réchauffement globaux plus élevés. Il importe donc de rechercher en prio- aux alentours de 2 °C serait modeste et ne dépasserait pas rité des mécanismes de financement adaptés. La facture est 0,5 % du PIB (encadré 3). En d’autres termes, le coût total élevée, mais n’a rien de prohibitif. de l’option d’un réchauffement stabilisé à 2 °C n’est que très Qu’en sera-t-il à plus long terme ? Les coûts d’atténuation légèrement supérieur au coût total de l’option beaucoup des effets du changement climatique ne cesseront de s’ac- moins ambitieuse constituée par l’optimum économique. croître à mesure qu’augmenteront les besoins en énergie et la Pourquoi ? En partie parce que les économies réalisées en population mondiale. Mais les revenus, eux aussi, augmen- limitant l’ampleur des mesures d’atténuation seraient très teront. En conséquence, la valeur actualisée coûts mondiaux largement absorbées par les coûts supplémentaires d’impacts des mesures d’atténuation d’ici à 2100 devrait rester large- plus graves ou de mesures d’adaptation plus coûteuses31, et ment inférieure à 1 % du PIB mondial, les estimations étant en partie parce que la différence entre des interventions comprises entre 0,3 % et 0,7 % (tableau 1). ambitieuses et des mesures plus modestes tient en réalité Les estimations des investissements que requiert l’adap- aux coûts qu’il faudra assumer à l’avenir, et auxquels les tation sont beaucoup plus rares, et celles qui existent sont adeptes de l’approche graduelle accordent une bien moindre difficilement comparables. Certaines d’entre elles ne tien- importance. nent compte que du coût des mesures visant à protéger les Les grandes incertitudes relatives aux pertes que pour- projets financés par l’aide extérieure des effets du change- rait provoquer le changement climatique et la possibilité de ment climatique. D’autres ne couvrent que certains secteurs. risques catastrophiques pourraient fort bien justifier d’en- Rares sont celles qui prennent en considération l’ensemble gager sans tarder des interventions plus vigoureuses que le des besoins des pays (chapitre 6). Une récente étude de la laissent supposer les analyses coûts-avantages. Ce surcoût Banque mondiale consacrée à ces questions indique que le RapportMonde_LIVRE2.indb 9 16/09/10 12:39 10 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 3 Le coût de « l’assurance climatique » Hof, den Elzen, et van Vuuren ont examiné par l’écart entre la valeur actualisée plus faible est largement motivé par le le degré de sensibilité de l’objectif de la consommation produite par le désir de réduire le risque d’évènements climatique optimal aux hypothèses modèle et la valeur actualisée de la catastrophiques associé au réchauffement relatives à l’horizon temporel, à la consommation qui serait possible en climatique. Sous cet angle, le coût de sensibilité du climat (à savoir l’ampleur l’absence de changement climatique). Une la différence entre des concentrations du réchauffement résultant d’un constatation essentielle se dégage de la maximales en CO2e élevées et des doublement de la concentration de CO2 figure : les courbes décrivant la perte de concentrations plus faibles peut être dans l’atmosphère par rapport à l’ère consommation pour une large gamme de assimilé au coût de l’assurance climatique préindustrielle), aux coûts d’atténuation, concentrations maximales en CO2e sont – autrement dit, la quantité de bien-être aux dommages probables et aux taux relativement plates. Par conséquent, si l’on à laquelle l’humanité serait disposée à d’actualisation. Ils ont utilisé à cette fin passe de 750 ppm à 550 ppm, on obtient, renoncer pour réduire le risque d’une un modèle d’évaluation intégrée (FAIR) avec les conditions Nordhaus, une perte catastrophe. Il ressort de l’analyse de Hof, en en faisant varier les paramètres pour de consommation relativement limitée den Elzen et van Vuuren que le coût de refléter les hyptothèses citées dans (0,3 %). On peut en déduire que le coût l’assurance climatique reste modeste dans certaines études, et notamment dans de mesures d’atténuation prises à titre de un très grand nombre des hypothèses les travaux de deux économistes de précaution pour limiter les concentrations relatives au système climatique et au coût renom : Nicholas Stern, qui préconise des à 550 ppm est faible. Avec les hypothèses de l’atténuation des effets du changement interventions immédiates et ambitieuses, Stern, l’objectif de 550 ppm se traduit climatique. et William Nordhaus, qui est en faveur par un gain de la valeur actualisée de la d’une approche progressive en matière consommation de l’ordre de 0,5 % par an d’atténuation. par rapport à l’objectif de 750 ppm. Les objectifs climatiques optimaux Le choix d’une concentration maximale Source : Hof, den Elzen et van Vuuren 2008 obtenus à l’aide de ce modèle varient considérablement selon les hypothèses retenues au départ, ce qui n’a rien d’étonnant. (On entend par objectif optimal la concentration ou la hausse de température qui entraînerait la réduction Des sacrifices différents : Recul de la consommation par rapport au niveau qu’elle aurait dans un monde sans réchauffement climatique pour différentes concentrations maximales de CO2e la plus faible de la valeur actuelle nette de la consommation mondiale.) Les Réduction de la valeur actuelle nette de la consommation (%) « hypothèses Stern » (sensibilité du 4 climat relativement élevée, dommages Hypothèses Stern climatiques relativement importants Hypothèses Nordhaus et horizon à long terme, associés à 3 Optimum pour les hypothèses considérées des taux d’actualisation et à des coûts d’atténuation faibles) donnent une concentration maximale optimale de 2 CO2e de 540 parties par million (ppm). Les « hypothèses Nordhaus » (sensibilité du climat plus faible, dommages moins 1 importants, horizon temporel plus court et taux d’actualisation plus élevé) produisent un objectif optimal de 750 ppm. Dans 0 les deux cas, les coûts d’adaptation sont 500 550 600 650 700 750 800 Concentration maximale de CO2e (ppm) implicitement pris en compte dans la fonction de dommages climatiques. Source : Basé sur Hof, den Elzen, et van Vuuren 2008, figure 10. La figure décrit le moindre coût de Note : Les courbes indiquent la contraction en pourcentage de la valeur actuelle de la consommation par rapport la stabilisation des concentrations à ce qu’elle serait en l’absence de modification du climat, pour différentes valeurs cibles de concentrations atmosphériques dans une fourchette maximales de CO2e. Les « hypothèses Stern » et les « hypothèses Nordhaus » désignent les choix concernant la valeur de paramètres essentiels du modèle, comme indiqué dans le texte. Le point porté sur chacune des de 500 à 800 ppm pour les hypothèses courbes indique l’optimum pour les hypothèses correspondantes, l’optimum étant défini comme la concentration Stern et pour les hypothèses Nordhaus en gaz à effet de serre qui réduirait le plus possible la contraction de la consommation mondiale due à la somme (ce moindre coût étant représenté des coûts d’atténuation et des dommages causés par les impacts. RapportMonde_LIVRE2.indb 10 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 11 Tableau 1 Surcoûts d’atténuation et besoins de financement connexes pour maintenir une trajectoire à 2 °C : Quels seront les besoins dans les pays en développement à l’horizon 2030 ? Modèle Coût d’atténuation Besoin de financement AEI ETP 565 McKinsey 175 563 MESSAGE 264 MiniCAM 139 REMIND 384 Sources : Perspectives des technologies de l’énergie de l’AIE : IEA 2008c ; McKinsey : McKinsey & Company 2009 et données supplémentaires fournies par McKinsey (J. Dinkel) pour 2030, sur la base d’un taux de change de USD 1,25 pour € 1 ; MESSAGE : IIASA 2009 et données supplémentaires fournies par V. Krey ; MiniCAM : Edmonds et al. 2008 et données supplémentaires fournies par J. Edmonds et L. Clarke ; REMIND : Knopf et al., à paraître et données supplémentaires fournies par B. Knopf. Note : les surcoûts d’atténuation et les besoins de financement connexes sont calculés par rapport au scénario du laisser-faire. Les estimations correspondent à une situation dans laquelle les émissions de gaz à effet de serre sont stabilisées à 450 ppm CO2e, pour laquelle la probabilité de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C à l’horizon 2100 est de 40 à 50 % (Schaeffer et al., 2008 ; Hare et Meinshausen 2006). Le modèle des Perspectives des technologies de l’énergie de l’AIE a été mis au point par l’Agence internationale pour l’énergie ; McKinsey est une méthode exclusive mise au point par McKinsey & Company ; MESSAGE, MiniCAM, et REMIND sont des modèles soumis à un examen par les pairs de, respectivement, l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués, du Pacific Northwest Laboratory, et du Potsdam Institute for Climate Impact Research. Le modèle de McKinsey comprend tous les secteurs ; d’autres modèles ne prennent en compte que les efforts d’atténuation dans le secteur de l’énergie. MiniCAM fait état de coûts d’atténuation de 168 milliards de dollars en 2035, en dollars constants de 2000 ; Le chiffre de 2030 résulte de l’interpolation du montant précédent, qui a ensuite été converti en dollars de 2005. Tableau 2 À long terme, combien cela coûtera-t-il ? Valeur actualisée des coûts d’atténuation à l’horizon 2100 Valeur actuelle du total des investissements au titre de l’atténuation jusqu’en 2100, pour des émissions de 450 ppm CO 2e (pourcentage du PIB) Modèles Monde Pays en développement DICE 0,7 FAIR 0,6 MESSAGE 0,3 0,5 MiniCAM 0,7 1,2 PAGE 0,4 0,9 REMIND 0,4 Sources : DICE : Nordhaus 2008 (estimations effectuées à partir du tableau 5.3 et de la figure 5.3) ; FAIR : Hof, den Elzen, and van Vuuren 2008 ; MESSAGE : IIASA 2009 ; MiniCAM : Edmonds et al.2008 et communications personnelles ; PAGE : Hope 2009 et communications personnelles ; REMIND : Knopf et al. à paraître. Note : DICE, FAIR, MESSAGE, MiniCAM, PAGE, et REMIND sont des modèles soumis à un examen par les pairs. Les estimations sont effectués sur la base d’une stabilisation des gaz à effet de serre à 450 ppm de CO2e, pour laquelle la probabilité de maintenir le réchauffement de la planète à moins de 2 °C à l’horizon 2100 est de 40 à 50 % (Schaeffer et al. 2008a ; Hare et Meinshausen 2006). Le modèle FAIR indique les coûts d’atténuation sur la base des conditions basses (voir le tableau 3 de Hof, den Elzen, et van Vuuren 2008). montant annuel des investissements destinés à l’adaptation pays à revenu élevé. Par ailleurs, un réchauffement de même pourrait être compris entre 75 et 100 milliards de dollars seulement 2 °C nécessitera la poursuite de mesures d’adap- dans les seuls pays en développement35. tation coûteuses – pour amener les habitants de la planète à se préparer à de nouveaux types de risque, à changer leurs Un monde intelligent sur le plan climatique est lieux de résidence, leur alimentation et la manière dont ils à portée de main à condition d’agir maintenant, conçoivent, édifient et gèrent les systèmes agroécologiques ensemble et autrement et urbains36. Bien que le coût marginal des efforts de réduction du Les défis de l’atténuation et de l’adaptation sont donc risque climatique soit faible et que les investissements considérables. Le présent Rapport pose toutefois en hypo- requis soient loin d’être d’un niveau prohibitif, tenter de thèse qu’il est possible de s’attaquer à ces défis en adoptant stabiliser le réchauffement de la planète aux alentours de des politiques intelligentes sur le plan climatique, qui impli- 2 °C au-dessus des températures préindustrielles reste un quent d’agir maintenant, d’agir ensemble (ou à l’échelle objectif extrêmement ambitieux. Pour l’atteindre, il faudra mondiale) et d’agir différemment. Agir maintenant en que, d’ici 2050, les niveaux d’émissions ne soient plus que raison de l’inertie considérable qui caractérise aussi bien le la moitié de ce qu’ils étaient en 1990 et qu’ils soient nuls ou système climatique que le système socio-économique. Agir négatifs à l’horizon 2100 (figure 5). Des efforts herculéens ensemble pour contenir les coûts et protéger les plus vulné- devront donc être immédiatement entrepris pour réduire, rables. Enfin, agir différemment parce que, pour vivre dans au cours des 20 prochaines années, le volume des émissions un monde sensible à la dimension climatique, il faudra trans- mondiales qui résulteraient d’une politique de laisser-faire former nos systèmes énergétiques ainsi que nos systèmes de d’un volume équivalant au total des émissions actuelles des production alimentaire et de gestion des risques. RapportMonde_LIVRE2.indb 11 16/09/10 12:39 12 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 5 Que nous réserve l’avenir ? Deux options parmi bien d’autres : Une politique de laisser faire ou un Source : Clarke et al. à paraître. vigoureux effort d’atténuation Note : La bande supérieure décrit la fourchette des estimations des émissions produites par les différents modèles (GTEM, Projections du volume annuel total des émissions mondiales (Gigatonnes de CO2e) IMAGE, MESSAGE, MiniCAM) dans un scénario de laisser- faire. La bande inférieure décrit une trajectoire qui pourrait 160 produire une concentration de 450 ppm de CO2e (avec une probabilité de 50 % de limiter le réchauffement à moins de 140 Laisser-faire 2 °C). Les émissions de gaz à effet de serre se composent, (~5°C) notamment, de CO2, du CH4, et de N2O. Des émissions négatives 120 (indispensables, à terme, pour que la trajectoire de 2 °C se Trajectoire à 2°C concrétise) impliquent que le taux annuel des émissions est 100 inférieur au taux de fixation et de stockage du carbone par des processus naturels (comme la croissance des végétaux) et par 80 des procédés techniques (comme la culture de plantes pour la fabrication de biocombustibles et le stockage sous terre du 60 CO2 émis par leur combustion). GTEM, IMAGE, MESSAGE, et MiniCAM sont les modèles d’évaluation intégrés d’Australian 40 Bureau of Agricultural and Resource Economics, de Netherlands Environmental Assessment Agency, de l’Institut 20 international pour l’analyse des systèmes appliqués, et de Pacific Northwest National Laboratory. 0 –20 –40 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 2090 2100 Année Agir maintenant : étant donné l’inertie des systèmes, L’inertie est également un aspect de l’environnement les actions d’aujourd’hui détermineront les options bâti, qui contraint la marge de manœuvre disponible pour futures réduire les émissions de gaz à effet de serre ou pour conce- voir des ripostes à des fins d’adaptation. Les investissements Le système climatique fait preuve d’une grande inertie dans l’infrastructure portent sur de très gros montants, et (figure 6). Les concentrations de CO2 réagissent avec un ils sont concentrés dans le temps et non pas distribués de décalage temporel à une réduction des émissions : le CO2 manière uniforme39. Ils ont aussi une longue durée de vie : reste dans l’atmosphère pendant des dizaines d’années, voire entre 15 et 40 ans pour les usines et les centrales électriques, des siècles, de sorte qu’il faut du temps avant qu’une réduc- entre 40 et 75 ans pour les réseaux routiers, ferroviaires et tion des émissions ait un impact sur les concentrations. Les électriques. Les décisions relatives à l’affectation des terres températures réagissent avec un décalage temporel à une et aux formes urbaines (c’est-à-dire la structure et la densité réduction des concentrations : celles-ci continueront d’aug- des villes) font sentir leurs effets pendant plus d’un siècle. menter pendant quelques siècles après que l’on est parvenu à Par ailleurs, les infrastructures qui ont de longues durées stabiliser les concentrations. Enfin, le niveau de la mer réagit de vie génèrent des investissements dans des biens d’équi- avec un décalage temporel à une baisse des températures : pement associés (des voitures dans le cas des villes à faible la dilatation thermique des océans par suite d’une augmen- densité ; des centrales de cogénération au gaz à proximité de tation de la température se poursuivra pendant au moins gazoducs) qui verrouillent les économies dans des styles de un millénaire tandis que l’élévation du niveau de la mer vie et des modes de consommation énergétique déterminés. due à la fonte des glaces pourrait perdurer durant plusieurs L’inertie associée au capital physique n’a rien de compa- millénaires37. rable à celle du système climatique et a probablement plus La dynamique du système climatique limite donc la un effet sur le coût qu’un impact sur la faisabilité de la réali- mesure dans laquelle des mesures d’atténuation prises à une sation d’un objectif d’émissions particulier ; elle est néan- date future peuvent se substituer à des efforts immédiats. moins importante. Les opportunités de passer d’un parc Par exemple, pour stabiliser le réchauffement climatique d’équipements à forte intensité de carbone à un parc sobre aux environs de 2 °C (environ 450 ppm de CO2e), il faudrait en carbone ne se répartissent pas uniformément dans le que les émissions mondiales commencent immédiatement à temps40. La Chine devrait doubler son parc immobilier entre diminuer d’environ 1,5 % par an. Si les mesures d’atténuation 2000 et 2015. Quant aux projets de construction de centrales devaient être retardées de cinq ans, le pourcentage de réduc- au charbon dans le monde entier pour les 25 prochaines tion des émissions devrait être plus élevé. Un retard encore années, ils sont tellement nombreux que les émissions de CO2 plus long pourrait avoir des effets irréversibles : si aucune que ces centrales pourraient produire durant leur durée de mesure n’est prise avant dix ans, il sera probablement impos- vie utile seraient équivalentes à celles qu’ont générées toutes sible de maintenir le réchauffement climatique à 2 °C38. les activités donnant lieu à la combustion de charbon depuis RapportMonde_LIVRE2.indb 12 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 13 Figure 6 Les impacts climatiques sont de longue durée : Hausses des températures et du niveau de la mer Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le associées à de plus fortes concentrations de CO2 monde, sur la base de GIEC 2001. Note : Schémas simplifiés ; les ordres de grandeur indiqués Émissions annuelles de CO2 Temps requis pour dans chaque schéma ne le sont qu’à titre d’illustration. parvenir à une situation d’équilibre Niveau maximal des émissions de CO2 : 0 à 100 ans Concentration de CO2 Stabilisation de la concentration de CO2 : 100 à 300 ans Température Stabilisation de la température : quelques siècles Élévation du niveau de la mer Élévation due à la fonte des glaces : plusieurs millénaires Élévation due à la dilatation thermique : de plusieurs centenaires à des millénaires Aujourd'hui 100 1 000 ans ans le début de l’ère industrielle41. Seules les centrales qui seront avenir proche et qu’elles seront rapidement disponibles sur le suffissament proches des sites de stockage pourraient être marché. Pour cela il pourrait être nécessaire d’investir 100 à adaptées de manière à pouvoir piéger et stocker le carbone 700 milliards de dollars de plus par an 43. Il importe aussi (à condition que la technologie requise soit commercialisée : d’innover dans le domaine des transports, de la construc- voir les chapitres 4 et 7). Il serait extrêmement coûteux de tion, de la gestion de l’eau, de l’aménagement urbain et dans fermer ces centrales avant la fin de leur vie utile – si l’évolu- de nombreux autres secteurs qui ont un impact sur le chan- tion du climat rendait une telle mesure impérative. gement climatique, mais qui en subissent aussi les effets, de L’effet d’inertie touche également la recherche et dévelop- sorte que l’innovation revêt une importance cruciale égale- pement (R-D) et freine le déploiement des nouvelles tech- ment pour l’adaptation. nologies. L’expérience montre qu’il faut une cinquantaine L’inertie caractérise également le comportement des indi- d’années pour que les nouvelles sources d’énergie atteignent vidus et celui des organisations. Même si le public est davan- la moitié de leur potentiel42 . Il faut donc procéder dès main- tage préoccupé qu’auparavant par le changement climatique, tenant à d’importants investissements dans la R-D pour être les comportements ne changent guère. Des technologies à sûr que de nouvelles technologies seront disponibles dans un haut rendement énergétique, dont le coût serait rapidement RapportMonde_LIVRE2.indb 13 16/09/10 12:39 14 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E amorti, sont disponibles, mais elles ne sont pas employées. Pour des raisons aussi bien d’équité que d’efficacité, il Le financement de la R-D dans les énergies renouvelables importe de concevoir des instruments financiers qui disso- est insuffisant. Les agriculteurs sont incités à irriguer leurs cient les sources de fi nancement des mesures d’atténuation cultures de manière excessive, ce qui a un impact sur la du lieu d’application de ces mesures. Sinon, le potentiel consommation d’énergie puisque cette dernière est essen- d’atténuation considérable qu’offrent les pays en dévelop- tielle à la fourniture et au traitement de l’eau. On continue pement (65 à 70 % des réductions d’émissions représentant de construire dans des zones à risques, et l’infrastructure est un surcroît d’investissement à l’échelle mondiale de 45 à toujours conçue en fonction du climat d’époques révolues44. 70 % à l’horizon 2030) 47 ne sera pas pleinement exploité, Il est long et difficile de modifier les comportements ou les et le coût de la réalisation d’un objectif, quel qu’il soit, sera objectifs et les normes des organisations, mais l’expérience beaucoup plus élevé. Dans le cas extrême où, faute de fi nan- montre que cela est faisable (chapitre 8). cements, l’adoption de toute mesure d’atténuation dans les pays en développement serait repoussée à 2020, le coût de Agir ensemble : à des fins d’équité et d’efficacité la stabilisation du réchauffement climatique aux alentours Il est nécessaire de mener une action collective pour lutter de 2 °C pourrait plus que doubler48. Sachant que, selon les efficacement contre le changement climatique et réduire les estimations, le montant cumulé des coûts d’atténuation coûts des mesures d’atténuation45. Il est également essentiel devrait être compris entre 4 et 25 milliers de milliards de de faciliter le processus d’adaptation, notamment en gérant dollars 49 au cours du siècle à venir, les pertes associées à mieux les risques et en améliorant les fi lets de protection un tel retard sont d’une ampleur telle que le financement destinés aux plus vulnérables. d’une action précoce dans les pays en développement par les pays à revenu élevé déterminés à limiter un changement Pour contenir les coûts et les répartir de manière équitable climatique dangereux présente des avantages économiques La faisabilité financière des mesures d’atténuation dépend de manifestes50. De manière plus générale, le coût total des l’efficacité de ces dernières par rapport à leur coût. Lorsqu’ils efforts d’atténuation pourrait être grandement réduit par estiment les coûts des plans d’atténuation examinés le recours aux mécanismes du marché du carbone, à des précédemment, les concepteurs des modèles partent de transferts fi nanciers et à des signaux-prix performants l’hypothèse que les réductions des émissions de gaz à effet qui permettent d’obtenir des résultats proches de ceux qui de serre se concrétisent où que ce soit et au moment où elles résulteraient de la concrétisation du principe « où que ce sont les moins onéreuses. En d’autres termes, des efforts sont soit et au moment où ». déployés pour accroître les rendements énergétiques, utiliser l’énergie de manière plus rationnelle et adopter toute autre Pour mieux gérer les risques et protéger les plus pauvres option peu coûteuse pour atténuer le changement climatique Beaucoup d’endroits sont exposés à des risques qui se où que ce soit, c’est-à-dire dans quelque pays ou secteur où concrétisaient autrefois rarement mais qui prennent une opportunité se présente. Et les investissements dans de maintenant de l’ampleur, comme les inondations en nouveaux équipements et matériels, dans des infrastructures Afrique et le cyclone qui a frappé le Brésil en 200451, le ou encore dans de nouveaux projets agricoles et forestiers premier jamais observé dans l’Atlantique Sud. Il devient sont programmés au moment où ils permettent de réduire le plus important de réduire le risque de catastrophes induites plus possible les coûts et ils évitent aux pays de se retrouver par le climat – notamment grâce à des systèmes d’alerte prisonniers de processus économiques à forte intensité de avancée dans les communautés, au suivi du climat, à la mise carbone qu’il serait coûteux de modifier à une date ultérieure. en place d’infrastructures plus sûres et au renforcement En pratique, les assouplissements qui seront nécessairement et à l’application des codes de zonage et de construction. apportés à la règle « où que ce soit et au moment où », en Des innovations financières et institutionnelles peuvent particulier en l’absence d’une tarification mondiale du également limiter les risques que courent les êtres humains carbone, auront pour effet d’accroître considérablement le en ce qui concerne leur santé et leurs moyens de subsistance. coût des mesures d’atténuation. Il faut, pour cela, que des mesures soient prises au niveau Il s’ensuit que des efforts mondiaux d’atténuation national – mais les mesures que pourront adopter les pays procurent des gains considérables ; les experts sont unanimes auront bien plus de poids si elles sont appuyées par des sur ce point. Lorsqu’un pays ou un groupe de pays s’abs- financements internationaux et le partage des meilleures tient de prendre des mesures d’atténuation, d’autres doivent pratiques. recourir à des options d’atténuation plus onéreuses pour Néanmoins, comme le montre le chapitre 2, les mesures pouvoir atteindre un objectif mondial donné. Par exemple, de réduction des risques ne permettront jamais d’éliminer selon une estimation, la non-participation des États-Unis, totalement ces derniers ; il restera toujours un risque résiduel d’où émanent 20 % des émissions mondiales, au Protocole qu’il faudra aussi gérer par le biais de mécanismes améliorés de Kyoto a pour effet d’accroître le coût de la réalisation de de préparation et de riposte. Il pourrait donc falloir pour- l’objectif initial d’environ 60 % 46. RapportMonde_LIVRE2.indb 14 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 15 suivre le développement de manière différente, en accordant crise, en particulier les plus pauvres ou les plus petits qui une place bien plus grande à la dimension climatique et aux sont financièrement vulnérables aux impacts du change- risques liés aux phénomènes météorologiques. La coopé- ment climatique : le cyclone Ivan a causé à la Grenade des ration internationale, par exemple sous forme d’un effort dégâts dont le montant a atteint 200 % de son PIB53. La concerté pour améliorer la production et la diffusion généra- disponibilité immédiate de fonds pour lancer le processus lisée d’informations climatiques (chapitre 7) et d’échanges de réhabilitation et de reprise permet de limiter le dérapage des meilleures pratiques pour faire face à un climat chan- du développement dû aux catastrophes. geant et plus variable52, peut largement y contribuer. Les mécanismes d’assurance plurinationaux et de réas- L’assurance est une autre option qui peut être retenue surance présentent de l’intérêt. Le Mécanisme d’assurance pour gérer le risque résiduel, mais elle est loin d’être une contre les risques de catastrophes dans les Caraïbes répar- panacée. Le risque climatique suit une trajectoire à la hausse tit les risques entre les 16 pays des Caraïbes, en mobilisant et se manifeste en général au niveau de régions tout entières des ressources sur le marché de la réassurance pour pouvoir ou de vastes groupes de population de sorte qu’il est diffi- fournir rapidement des liquidités au gouvernement des cile de s’assurer contre lui. De surcroît, même lorsqu’une pays touchés par des cyclones et des tremblements de terre assurance a été contractée, les pertes associées à une catas- destructeurs54 . De tels mécanismes peuvent avoir besoin trophe (de vastes inondations ou une profonde sécheresse) d’un appui de la communauté internationale. De manière ne peuvent pas être pleinement absorbées par les individus, plus générale, les pays à revenu élevé ont un rôle crucial à les communautés et le secteur privé. Confronté à un climat jouer en veillant à ce que les pays en développement aient plus volatile, l’État jouera de plus en plus le rôle d’assureur accès en temps voulu aux ressources nécessaires lorsqu’un de dernier recours, et assumera de manière implicite la choc se produit, que ce soit en soutenant ces mécanismes ou responsabilité du financement des efforts de redressement en finançant directement des interventions d’urgence. et de reconstruction menés après une catastrophe. Les pays L’assurance et les financements au titre d’interventions devront donc préserver leurs propres liquidités en temps de d’urgence ne sont toutefois que des éléments d’un cadre Les filets de protection : de la garantie de ressources à la réduction de la vulnérabilité au ENCADRÉ 4 changement climatique Le Bangladesh subit de longue date Le programme « aliments contre travail », Certains enseignements se dégagent des les assauts de cyclones et les ravages qui est généralement opérationnel durant programmes menés au Bangladesh, ainsi d’inondations qui pourraient, toutefois, la basse saison agricole, est organisé que d’autres poursuivis notamment en devenir encore plus fréquents et plus sur une plus grande échelle durant les Inde. Pour assurer une riposte rapide, il intenses. Les filets de protection déjà situations d’urgence. Il est également est nécessaire d’avoir promptement accès mis en place par l’État peuvent être poursuivi en collaboration avec les à des financements, et d’avoir établi des relativement facilement adaptés pour administrations locales, mais sa gestion règles de ciblage permettant d’identifier faire face aux effets du changement est sous-traitée à des organisations non- les personnes dans le besoin – les individus climatique. Les meilleurs exemples en sont gouvernementales dans de nombreuses chroniquement défavorisés où ceux qui le programme d’alimentation des groupes parties du pays. Les personnes qui se ont des difficultés temporaires – ainsi que vulnérables, le programme « aliments présentent obtiennent généralement des procédures bien avant que se produise contre travail », et le nouveau programme un travail mais, comme dans la plupart un choc. Un portefeuille de projets « prêts de garantie d’emploi. des cas, il n’y a pas assez de possibilités à démarrer », qui présentent un intérêt Le programme d’alimentation des d’emploi pour tout le monde, le travail est particulier parce qu’ils accroissent la groupes vulnérables est opérationnel rationné et attribué à tour de rôle. capacité de résistance (stockage d’eau, toute l’année et couvre généralement Le nouveau programme de garantie systèmes d’irrigation, reboisement plus de 2 millions de ménages. Il est d’emploi procure à ceux qui n’ont pas et construction de remblais pouvant toutefois conçu de manière à pouvoir d’autres sources de revenus (ni accès à également servir de route dans les zones à être déployé à une plus grande échelle d’autres filets de protection) un emploi très basse altitude) peut être pré-identifié. en cas de crise : après le cyclone de 2008, rémunéré sur la base des salaires agricoles On a aussi pu constater en Inde et au ses activités ont été renforcées de versés en basse saison, pour une durée Bangladesh qu’il est nécessaire d’avoir manière à couvrir près de 10 millions maximale de 100 jours. Grâce à l’élément l’appui de spécialistes (ingénieurs) pour de ménages. Le ciblage des ménages, de garantie, tous ceux qui en ont besoin sélectionner, concevoir et exécuter les assuré aux échelons inférieurs des reçoivent une aide. S’il n’est pas possible de travaux publics et pour guider l’achat des administrations publiques et suivi au trouver du travail pour une personne, cette matériels et fournitures. niveau administratif le plus bas est dernière a droit à recevoir 40 jours de plein considéré assez satisfaisant. salaire puis 60 jours de demi-salaire. Source : Soumis par Qaiser Khan. RapportMonde_LIVRE2.indb 15 16/09/10 12:39 16 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E de gestion des risques de plus vaste portée. Les politiques importants sur les prix. Les pays de petite taille, qui n’ont sociales devront contribuer dans une mesure plus impor- guère d’impact sur les marchés, peuvent avoir des difficultés tante à aider les populations à faire face à des menaces plus à s’assurer un approvisionnement alimentaire fiable. fréquentes et persistantes qui compromettent leurs moyens Pour assurer à tous un approvisionnement en eau et une de subsistance. Ces politiques réduisent la vulnérabilité nutrition adéquats, il faudra que le monde puisse compter sur économique et sociale et permettent de mieux résister au un meilleur système de commerce, moins sujet à d’amples changement climatique. Une population en bonne santé, fluctuations des prix. Faciliter l’accès des pays en développe- instruite, jouissant d’une protection sociale, peut mieux ment aux marchés en abaissant les barrières commerciales, faire face à des chocs et à des changements climatiques. Il en assurant des transports à l’épreuve des intempéries (par importera donc de renforcer de telles politiques sociales là exemple en accroissant l’accès à des routes praticables en où elles ont déjà été mises en œuvre, de les développer là toutes saisons), en améliorant les méthodes de passation des où elles sont inexistantes et de les concevoir de manière à marchés et en fournissant de meilleures informations sur les ce que leur couverture puisse rapidement être étendue après indices climatiques et boursiers, peut contribuer à accroître un choc55. Il est absolument essentiel de mettre en place l’efficacité du commerce alimentaire et à prévenir d’impor- des fi lets de protection sociale dans les pays qui n’en sont tantes fluctuations des prix. Il est aussi possible d’éviter des pas encore dotés ; cela est possible même dans les pays très flambées des prix en investissant dans des réserves straté- pauvres comme en témoigne le cas du Bangladesh (enca- giques de céréales et autres denrées alimentaires essentielles dré 4). Les organismes de développement pourraient aider et en utilisant des instruments de couverture des risques60. à étendre l’application des modèles de fi lets de protection donnant de bons résultats et les adapter aux besoins créés Agir différemment : pour transformer les systèmes par le changement climatique. énergétiques, de production alimentaire et de prise de décisions Pour assurer à tous les pays une alimentation et un Pour obtenir les réductions d’émissions nécessaires, il approvisionnement en eau adéquats Il est essentiel faudra transformer à la fois notre système énergétique et de mener une action internationale pour gérer les défis notre mode de gestion de l’agriculture, d’affectation des de la sécurité alimentaire et de l’approvisionnement terres et des forêts (figure 7). Ces transformations doivent en eau engendrés par le changement climatique et les incorporer les adaptations nécessaires à un climat qui se pressions démographiques, défis qui se poseront même modifie. Qu’elles concernent les cultures qu’il importe de si la productivité agricole augmente et si l’eau est utilisée planter ou la puissance hydroélectrique qu’il convient d’ins- de manière plus rationnelle. Un cinquième des ressources taller, il faut que les décisions soient, non pas optimales sur renouvelables d’eau douce sont partagées par plusieurs pays56. Il s’agit notamment de 261 bassins fluviaux transfrontières, où vivent 40 % de la population mondiale, Figure 7 Émissions mondiales de CO2e par secteur : Les grandes sources d’émissions sont l’énergie mais aussi l’agriculture et la foresterie qui sont régis par plus de 150 traités internationaux auxquels tous les États riverains ne sont pas toujours partie57. Pour Déchets et pouvoir gérer ces ressources de manière plus intensive, les eaux usées Changement 3% pays concernés devront considérablement renforcer leurs d’affectation des Électricité terres et foresterie efforts de coopération en négociant de nouveaux traités 17 % 26 % internationaux ou en modifiant les traités existants sur les eaux internationales. Le système d’allocation de l’eau devra être remanié en raison de la plus grande variabilité des volumes disponibles, mais une réelle coopération ne sera Agriculture possible que si tous les États riverains participent à la gestion 14 % Transports des cours d’eau et en assument la responsabilité. 13 % De la même manière, l’aridité croissante observée dans Immeubles résidentiels Industries des pays qui importent déjà une grande partie de leurs et commerciaux 8 % 19 % aliments, conjuguée à des phénomènes extrêmes plus fréquents, à la progression des niveaux de revenus et à la Source : GIEC 2007a, figure 2.1. Note : Pourcentage des émissions anthropiques (dues à l’activité humaine) de gaz à croissance démographique, accroîtra encore les besoins effet de serre en 2004, exprimées en CO2e (défini à la figure 1). Les émissions associées d’importations alimentaires58. Les marchés alimentaires à l’utilisation des terres et au changement d’affectation des terres, par exemple l’emploi d’engrais agricoles, le bétail, le déboisement et les brûlis, représentent environ 30 % mondiaux sont toutefois étroits : relativement peu de pays du total des émissions de gaz à effet de serre. La fixation du carbone par les arbres, exportent ces produits59. De faibles fluctuations de l’offre d’autres types de végétation et dans le sol constitue un important puits de carbone, de sorte que la gestion de l’utilisation des terres est un élément essentiel des efforts visant et de la demande peuvent par conséquent avoir des effets à réduire les gaz à effet de serre dans l’atmosphère. RapportMonde_LIVRE2.indb 16 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 17 la base du climat des années révolues, mais robustes, c’est-à- Des technologies et des pratiques déjà connues peuvent dire valables pour un large éventail de situations climatiques donc nous faire gagner du temps – sous réserve qu’il soit qui pourraient se concrétiser à l’avenir. possible de les appliquer à plus grande échelle. Pour cela, il est absolument essentiel que les prix de l’énergie soient Pour déclencher une véritable révolution énergétique À fi xés à des niveaux appropriés. Il est difficile, sur le plan supposer que les fi nancements nécessaires soient politique, d’éliminer les subventions et d’accroître les taxes disponibles, est-il possible de réduire les émissions dans sur les combustibles, mais ces mesures sont très oppor- une mesure et avec une rapidité suffisantes sans sacrifier tunes si l’on considère les récentes flambées et chutes des la croissance ? La plupart des modèles indiquent que prix du pétrole et du gaz. À l’évidence, les pays européens cela est possible, mais aucun d’entre eux ne propose de ont tiré profit de la crise pétrolière de 1974 pour alourdir solution facile pour y parvenir (chapitre 4). Un rendement les taxes sur les carburants. La demande de carburant est énergétique considérablement plus élevé, une gestion très donc, dans ces pays, moitié moindre de ce qu’elle aurait améliorée de la demande d’énergie et le déploiement sur une probablement été avec des prix similaires à ceux enregistrés grande échelle des techniques de production d’électricité aux États-Unis61. L’électricité est aussi deux fois plus chère, existantes qui émettent peu de CO2 pourraient générer la et sa consommation par habitant deux fois moins élevée en moitié des réductions d’émissions nécessaires pour placer Europe qu’aux États-Unis62 . Le niveau des prix contribue à le monde sur une trajectoire permettant de stabiliser expliquer les raisons pour laquelle les émissions par habi- le réchauffement climatique à environ 2 °C (figure 8). tant en Europe (10 tonnes de CO2e) sont inférieures de plus Un grand nombre des mesures proposées présentent de moitié à celles affichées par les États-Unis (23 tonnes) 63. d’importants avantages connexes, mais elles se heurtent à Selon les estimations, les subventions énergétiques dans les des obstacles institutionnels et fi nanciers qui se sont révélés pays en développement se sont chiffrées, globalement, à difficiles à surmonter. 310 milliards de dollars en 200764 , et profitent de manière Figure 8 Il faudra toute la panoplie des mesures et des technologies de pointe existantes, et non pas une arme magique, pour placer le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2 °C CO2e (en gigatonnes) 70 aire s er-f 60 Lais Réduction de la demande Énergies renouvelables (hydraulique, solaire, 50 éolienne, bioénergies) Énergie nucléaire Traje 40 ctoire Captage et stockage de de ré carbone venant de chau ffem combustibles fossiles ent d e 2° C 30 Puits de carbone forestiers Autres gaz à effet de serre (CH4, N2O, gaz F) 20 Changement de combustible fossile (du charbon au gaz) 10 0 2000 2010 2020 2030 2040 2050 2060 2070 2080 Année Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde, sur la base de données IIASA 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 17 16/09/10 12:39 18 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E disproportionnée aux populations ayant des revenus élevés. poser un système d’achat obligatoire d’énergie renouvelable Rationaliser les subventions énergétiques en les ciblant sur à prix fi xe (dit tarif de distribution) comme en Allemagne et les groupes de population pauvres et encourager l’utilisa- en Espagne, ou de fi xer des normes de portefeuilles d’éner- tion de sources d’énergie et de transports durables pour- gies renouvelables exigeant qu’un certain pourcentage de raient contribuer à réduire les émissions de CO2 à l’échelle l’électricité provienne de sources renouvelables, comme mondiale et procurer un vaste éventail d’autres avantages. dans de nombreux États des États-Unis67. Il est important de Les signaux-prix ne sont toutefois qu’un seul des outils noter que l’augmentation prévisible de la demande réduira disponibles pour promouvoir le programme d’amélioration probablement les coûts des sources d’énergies renouvelables, des rendements énergétiques, qui souffre des défaillances du ce qui sera profitable à tous les pays. En fait, on a pu consta- marché, de coûts de transaction élevés et de contraintes finan- ter que la demande escomptée peut contribuer dans une cières. Il faut également établir des normes, procéder à des mesure encore plus importante que l’innovation technolo- réformes réglementaires et offrir des incitations financières, gique à faire baisser les prix (figure 9). autant de mesures qui ont un bon rapport coût-efficacité. Il sera toutefois indispensable de recourir à de nouvelles Les normes de rendement énergétique et les programmes technologies : tous les modèles énergétiques examinés aux d’étiquette énergie coûtent environ 1,5 centime de dollars fins du présent Rapport aboutissent à la conclusion qu’il sera le kilowattheure, bien moins que toute option d’alimenta- impossible de maintenir le réchauffement à 2 °C uniquement tion en électricité 65, tandis que les objectifs de performance en utilisant l’énergie de manière rationnelle et en diffusant énergétique stimulent l’innovation et accroissent la compé- les technologies existantes. Il sera aussi essentiel de pouvoir titivité66. Les compagnies de distribution d’énergie ont, par faire appel à des technologies nouvelles ou émergentes, telles ailleurs, des circuits qui se prêtent à une rationalisation que le piégeage et le stockage du carbone, les biocombus- efficace de la consommation d’énergie dans les logements, tibles de la deuxième génération et le solaire photovoltaïque. les bâtiments commerciaux et les entreprises ; il importe Très peu de nouvelles technologies nécessaires sont déjà donc d’offrir à ces compagnies des incitations à réaliser des prêtes à l’emploi. Les projets de piégeage et de stockage de économies d’énergie. Ceci peut être réalisé en découplant les carbone entrepris à des fins de démonstration ne permettent bénéfices qu’elles peuvent réaliser du montant brut de leurs actuellement de stocker qu’environ 4 millions de tonnes de ventes pour les rendre fonction des bons résultats qu’elles CO2 par an68. Pour pleinement établir la viabilité de cette peuvent obtenir dans le domaine de la conservation d’éner- technologie dans différentes régions et conditions, il faudra gie. Le remarquable programme de conservation d’énergie une trentaine d’installations de grande envergure qui coûte- en Californie est le fruit de cette approche, dont l’adoption ront au total entre 75 et 100 milliards de dollars69. Or, il est devenue l’une des conditions nécessaires que doit remplir faudra disposer d’une capacité de stockage d’un milliard de tout État des États-Unis souhaitant obtenir des subventions tonnes de CO2 par an d’ici 2020 pour maintenir le réchauf- fédérales pour le rendement énergétique dans le cadre du fement climatique dans une limite de 2 °C. programme de relance budgétaire de 2009. Il importe également d’investir dans la recherche sur les Dans le cas des énergies renouvelables, les investisseurs biocombustibles. Pour accroître la production des biocom- seront attirés par des contrats d’achat d’électricité à long bustibles de la génération actuelle, il faudrait mettre en terme dans un cadre réglementaire qui assure aux produc- culture de grandes superficies actuellement couvertes de teurs d’électricité indépendants un accès équitable et libre forêts naturelles et de prairies et faire concurrence à la aux réseaux. Pour atteindre cet objectif, il est possible d’im- production de denrées alimentaires70. Les biocombustibles Figure 9 L’anticipation d’une forte demande a fait baisser les coûts du photovoltaïque solaire en Source : Basé sur Nemet 2006. encourageant une production à plus grande échelle Note : Les colonnes indiquent le pourcentage de la réduction du coût de l’électricité photovoltaïque solaire entre 1979 et Réduction des coûts par facteur (USD/watt) 2001, en imputant la part de la réduction imputable à différents $25,30 facteurs, tels que la taille des installations de production (qui $25 est déterminée par la demande escomptée) et l’amélioration des rendements (qui résulte des innovations générées par la $20 Effet de l’anticipation de la demande R-D). La catégorie « Divers » recouvre les réductions du prix du silicium, qui est le principal intrant (12 %), et un certain $15 43 % nombre de facteurs beaucoup moins importants (notamment R&D la réduction des quantités de silicium nécessaires pour obtenir $10 une certaine quantité d’énergie, et la baisse des taux de rejet 30 % des produits par suite d’erreurs de fabrication). $5 $3,68 22 % 5% 0 Prix de 1979 Taille des Rendement Divers Non expliqué Prix de 2001 installations de production RapportMonde_LIVRE2.indb 18 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 19 de la deuxième génération, qui sont dérivés de cultures autres superficies et ne pas empiéter sur des terres et des forêts qu’alimentaires, peuvent faire une concurrence moindre à « non exploitées », il faudra que la productivité agricole l’agriculture parce que les cultures en question peuvent se augmente à hauteur de peut-être 1,8 % par an, contre 1 % faire sur des terres plus marginales. Elles pourraient toute- par an seulement en l’absence de changement climatique73. fois entraîner une réduction des superficies de pâturage et L’essentiel de cet accroissement devra se matérialiser dans les des écosystèmes de prairie et intensifier la concurrence pour pays en développement, car les rendements sont déjà proches les ressources en eau71. du maximum réalisable dans les pays à revenu élevé. De Pour pouvoir réaliser des avancées décisives dans le nouvelles technologies et pratiques arrivent heureusement domaine des technologies intelligentes sur le plan climatique, sur le marché (encadré 5). Certaines améliorent la produc- il faudra consacrer des ressources bien plus considérables à tivité et la résistance en piégeant le carbone dans le sol et en la recherche, au développement, à la démonstration et au réduisant les écoulements des nutriments qui sont nuisibles déploiement. Comme indiqué précédemment, le montant aux écosystèmes aquatiques. Il faudra toutefois poursuivre total des financements publics et privés de la RD-D dans le les recherches pour comprendre comment déployer ces tech- domaine de l’énergie est peu élevé, que ce soit par rapport nologies et ces pratiques à plus grande échelle. aux besoins estimés ou par rapport aux investissements Il importera de mieux concilier les efforts accrus déployés d’industries innovantes. La modicité des dépenses freine le pour assurer la conservation des espèces et des écosystèmes rythme des progrès, et seulement 0,4 % de tous les brevets avec les activités de production alimentaire (agricole ou concernent des énergies renouvelables72 . Il faut en outre que piscicole). Il est impossible de gérer la biodiversité unique- les pays en développement aient accès à ces technologies, ce ment en constituant des zones protégées – celles-ci couvrent qui exige un accroissement des capacités nationales pouvant déjà 12 % des terres de la planète mais seulement une identifier et adapter les nouvelles technologies et le renforce- proportion minime des océans et du réseau hydrographique ment des mécanismes internationaux de transferts de tech- d’eau douce –, car il est probable que les aires de distribu- nologie (chapitre 7). tion des espèces se déplacent en dehors des limites de ces zones. En revanche, des paysages écoagricoles, caractérisés Pour transformer la gestion des sols et de l’eau et gérer des par la création de mosaïques d’espaces cultivés et d’habitats impératifs concurrents En 2050, le monde devra nourrir naturels, pourrait faciliter la migration des espèces. Tout en 3 milliards de personnes de plus et faire face à l’évolution profitant à la biodiversité, les pratiques écoagricoles accrois- de la demande de produits alimentaires d’une population sent la résistance des cultures au changement climatique plus riche (les personnes qui ont des revenus plus élevés et améliorent la productivité et les revenus agricoles. En consomment davantage de viande, qui est une source de Amérique centrale, les dégâts infligés par le cyclone Mitch74 protéines à forte intensité de ressources). Ce but devra aux exploitations agricoles ont été moitié moindres dans le être atteint dans un climat plus rude caractérisé par un cas de celles qui appliquaient ces méthodes. plus grand nombre de tempêtes, de périodes de sécheresse Il est essentiel d’améliorer la gestion des ressources en eau et d’inondations et en intégrant l’agriculture dans le pour adapter l’agriculture au changement climatique. Les programme des mesures d’atténuation parce que la moitié bassins fluviaux n’auront plus les mêmes réservoirs naturels des superficies déboisées chaque année le sont à des fins d’eau qu’étaient la glace et la neige et subiront une baisse de agricoles et parce que l’agriculture contribue directement l’alimentation des nappes souterraines, alors même que la pour 14 % aux émissions mondiales. Par ailleurs, les hausse des températures aura pour effet d’accroître l’évapo- écosystèmes, déjà affaiblis par la pollution, les pressions ration. Il est possible d’utiliser l’eau de manière plus efficace démographiques et la surexploitation, sont aussi menacés en ayant recours conjointement à des technologies nouvelles par le changement climatique. Produire plus en protégeant et existantes, en améliorant l’information et en adoptant des mieux l’environnement dans un climat plus difficile tout en pratiques plus rationnelles. Cela est faisable même dans les réduisant les émissions de gaz à effet de serre n’est pas un pays pauvres et au niveau des petits agriculteurs : en Andhra programme facile à réaliser. Il faudra, pour le poursuivre, Pradesh (Inde), un système simple, qui permet aux agri- gérer des impératifs concurrents pour l’utilisation des sols et culteurs de suivre le niveau des eaux de pluies et des eaux des ressources en eau par l’agriculture, les forêts et d’autres souterraines et d’apprendre de nouvelles méthodes cultu- écosystèmes, les villes et l’énergie. rales et techniques d’irrigation, a amené un million d’agri- L’agriculture devra donc devenir plus productive, culteurs à ramener de leur propre gré leur consommation accroître son rendement à la goutte d’eau et à l’hectare – d’eau souterraine à des niveaux viables75. sans toutefois gonfler les coûts environnementaux actuel- Les barrages comptent parmi les moyens employés pour lement associés à l’agriculture intensive. L’humanité devra accroître les ressources en eau ; ils ne peuvent toutefois être également déployer des efforts accrus pour protéger les qu’un élément de solution et devront être conçus compte écosystèmes. Pour éviter la mise en culture de plus vastes tenu de la variabilité accrue du niveau des pluies. D’autres RapportMonde_LIVRE2.indb 19 16/09/10 12:39 20 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 5 Des approches prometteuses qui sont bonnes pour les agriculteurs et bonnes pour l’environnement Des pratiques prometteuses d’utiliser, de manière ciblée et au moment Les leçons du passé Des pratiques culturales comme la culture optimal, les quantités les plus faibles Une autre méthode, basée sur une sans travail du sol (c’est-à-dire par injection possibles d’eau et d’engrais pourraient technologie utilisée par les populations directe des semences dans le sol et non aider les exploitations pratiquant une autochtones de la forêt ombrophile par ensemencement d’un champ labouré), agriculture intensive à forts niveaux amazonienne, pourrait permettre de conjuguées à la gestion des résidus et à d’intrants dans les pays à revenu élevé, piéger du carbone sur une très grande un recours adéquat aux engrais, peuvent en Asie et en Amérique latine, à réduire échelle tout en améliorant la productivité contribuer à préserver l’humidité des sols, les émissions et l’appauvrissement des des sols. Le biochar est obtenu par la maximiser l’infiltration d’eau, accroître le sols en éléments nutritifs, et à accroître combustion de résidus agricoles humides stockage de carbone, réduire au minimum l’efficacité de l’utilisation de l’eau. De ou de déchets animaux (biomasse) à faible les écoulements de nutriments et accroître nouvelles technologies limitent les température en l’absence pratiquement les rendements. La culture sans travail émissions d’azote gazeux ; c’est le cas, totale d’oxygène ; le produit de cette du sol, qui est maintenant pratiquée sur notamment des technologies de libération combustion est un solide assimilable à environ 2 % de la totalité des superficies lente d’azote grâce au placement en du charbon de bois ayant une très forte arables à l’échelle mondiale, devrait profondeur de supergranulés d’engrais teneur en carbone. Il est très stable dans se répandre. Elle a été principalement ou de l’ajout d’inhibiteurs biologiques le sol, et piège le carbone qui, sinon, adoptée dans les pays à revenu élevé, aux engrais. Le recours à des technologies serait rejeté dans le cadre d’une simple et elle se développe rapidement dans de télédétection pour communiquer des combustion de la biomasse ou de sa des pays comme l’Inde. En 2005, les informations précises sur l’humidité des décomposition. À l’échelle industrielle, le agriculteurs pratiquant la culture de riz-blé sols et les besoins d’irrigation peut éviter processus transforme la moitié du carbone dans la plaine Indo-Gangétique ont utilisé une utilisation d’eau inutile. Certaines de en biocombustible et l’autre moitié en la technique de culture sans travail du sol ces technologies resteront sans doute biochar. Selon de récentes analyses, il sur 1,6 million d’hectares ; en 2008, dans trop onéreuses pour la plupart des semblerait que le biochar puisse stocker deux États indiens (Haryana et Punjab), agriculteurs des pays en développement le carbone pendant plusieurs siècles, 20 à 25 % du blé était cultivé par une (et nécessiteront peut-être l’instauration voire même des millénaires ; de nouvelles méthode de travail réduit du sol. Enfin, au de mécanismes de paiement pour la études ont été entreprises pour vérifier Brésil, ces pratiques sont utilisées sur près conservation du carbone dans les sols cette propriété. de 45 % des terres arables. ou la modification des tarifs de l’eau). D’autres, en revanche, comme l’emploi Sources : De la Torre, Fajnzylber et Nash 2008 ; Des technologies prometteuses d’inhibiteurs biologiques, n’impliquent Derpsch et Friedrich 2009 ; Erenstein 2009 ; Les techniques utilisées dans le cadre aucun travail supplémentaire et améliorent Erenstein et Laxmi 2008 ; Lehmann 2007 ; d’une agriculture de précision dans le but la productivité. Wardle, Nilsson et Zackrisson 2008. méthodes, telles que le recyclage ou le dessalement de l’eau, Pour transformer les processus de prise de décision : Formuler des peuvent être intéressantes, malgré leur coût, pour l’eau politiques plus flexibles face à un environnement plus complexe affectée à des usages à forte valeur ajoutée dans les zones et plus risqué Le changement climatique a essentiellement côtières, surtout lorsque les installations sont alimentées au enterré l’idée que les systèmes naturels sont stationnaires ; or moyen d’énergies renouvelables (chapitre 3). c’est sur cette base que pendant longtemps, les infrastructures Il peut toutefois être difficile de modifier les pratiques ont été conçues et planifiées, les tarifs des assurances ont été et les technologies, en particulier dans des zones pauvres, établis et de nombreuses décisions privées – qui vont des dates rurales et isolées où, pour instaurer de nouvelles pratiques, des plantations et des récoltes au choix des sites des usines et il faut travailler avec un grand nombre d’intervenants qui ne à la conception des bâtiments – ont été prises dans l’idée que veulent surtout pas prendre de risques, qui vivent dans des les systèmes naturels sont stationnaires, c’est-à-dire qu’ils régions peu fréquentées et qui sont confrontés à des incita- fluctuent à l’intérieur d’enveloppes de variabilité immuables. tions et à des obstacles différents. Les organismes de vulgari- Le changement climatique a enterré cette idée76. Les décideurs sation ne disposent généralement que de ressources limitées doivent maintenant prendre en compte le fait que le changement pour appuyer les agriculteurs et ils emploient des ingénieurs climatique aggrave encore les incertitudes auxquelles ils sont déjà et des agronomes plutôt que des spécialistes de la communi- confrontés. Davantage de décisions devront être prises dans un cation. Pour tirer parti des technologies émergentes, il sera contexte caractérisé par des changements d’orientation et une nécessaire de donner aussi aux communautés rurales une variabilité accrue, sans mentionner l’imposition d’éventuelles instruction technique plus poussée. normes d’émissions de carbone. RapportMonde_LIVRE2.indb 20 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 21 Les démarches mises au point et suivies par des orga- choix de variétés de semences qui donnent de bons résultats nismes publics et privés, des villes et des pays du monde dans différentes conditions climatiques. entier, de l’Australie au Royaume-Uni, montrent qu’il est Les stratégies robustes donnent généralement lieu à la possible d’accroître la résistance, même en l’absence de constitution de capacités de riposte souples, diversifiées et modèles coûteux et complexes de l’évolution future du redondantes (chapitre 2). Elles privilégient les actions « sans climat77. À l’évidence, il est toujours souhaitable de pouvoir regrets » (une consommation rationnelle d’eau et d’énergie, agir sur la base de meilleures projections et d’une moindre par exemple) qui procurent des avantages même sans chan- incertitude, mais les nouvelles démarches mettent essentiel- gement climatique. Elles privilégient également des options lement l’accent sur des stratégies qui sont « robustes » pour réversibles et souples pour maintenir au niveau le plus bas toute une gamme d’éventualités et ne sont pas simplement possible le coût d’une décision malencontreuse (il est facile optimales pour une série d’hypothèses particulières (enca- d’assouplir des servitudes d’utilité publique instituées dans dré 6) 78. Une stratégie robuste peut être aussi simple que le les zones côtières tandis qu’il peut être difficile et coûteux ENCADRÉ 6 Appel à l’ingéniosité : de nouveaux outils et de nouvelles connaissances seront nécessaires à l’adaptation Quels que soient les efforts d’atténuation manière plus dynamique et adaptative. Il connaissances techniques et des capacités déployés, l’humanité devra s’adapter à de peut être nécessaire de créer des voies de d’ingénierie pour concevoir l’infrastructure fortes modifications du climat — partout raccordement entre les zones naturelles, de l’avenir compte tenu de la dimension sur la planète et dans un grand nombre de par exemple des couloirs de migration, climatique. domaines différents. pour faciliter le déplacement des espèces Santé humaine induit par l’évolution du climat. Capital naturel De nombreuses adaptations des systèmes Il faudra disposer d’une large gamme de Capital physique de santé au changement climatique biens naturels pour pouvoir faire face au Le changement climatique aura donneront lieu initialement à l’adoption changement climatique et poursuivre probablement des effets sur de solutions pratiques fondées sur des activités agricoles, forestières et l’infrastructure, qui sont difficiles à prévoir les connaissances actuelles. D’autres, piscicoles productives. Par exemple, et qui seront très différents d’un endroit en revanche, exigeront de nouvelles il sera nécessaire d’avoir des variétés à un autre. Par exemple, l’infrastructure compétences. Les progrès réalisés dans culturales qui donnent de bons résultats dans les zones à très basse altitude est le domaine de la génomique permettent en situation de sécheresse, dans des menacée par les débordements des de concevoir de nouveaux outils de climats chauds et dans une atmosphère rivières et l’élévation du niveau de la mer diagnostics qui peuvent dépister de ayant une plus forte teneur en CO2. ; c’est aussi bien le cas dans la baie de nouvelles maladies infectieuses. Ces Toutefois, les processus employés par Tanger qu’à New York ou à Shanghai. Les instruments, conjugués aux progrès le secteur privé et les agriculteurs pour vagues de chaleur ramollissent l’asphalte des technologies des communications, choisir les cultures privilégient des variétés et peuvent forcer la fermeture de routes ; peuvent détecter les tendances sanitaires homogènes adaptées aux conditions elles ont un impact sur la capacité émergentes et fournir aux praticiens la passées ou présentes, au détriment des lignes de transport d’électricité possibilité d’intervenir rapidement. Les de variétés capables de produire des et réchauffent l’eau nécessaire au innovations réalisées dans un certain rendements systématiquement élevés refroidissement des centrales thermiques nombre de domaines technologiques dans des conditions caractérisées par des et nucléaires alors même qu’elles transforment déjà la médecine. Par températures plus chaudes et une plus accroissent la demande d’électricité. Les exemple l’apparition d’outils de diagnostic grande humidité ou sécheresse. Il sera incertitudes ainsi créées influenceront portatifs et la possibilité de tenir des nécessaire de poursuivre des programmes donc probablement non seulement les consultations en vidéo élargissent les de reproduction accélérée pour conserver décisions d’investissement mais aussi la possibilités offertes par la télémédecine un pool plus vaste de ressources conception des infrastructures qui devront et permettent aux communautés isolées génétiques constituées par les plantes et être robustes dans le contexte des futures de se connecter plus facilement à les races existantes et leurs contreparties modifications du climat. Les incertitudes l’infrastructure sanitaire mondiale. sauvages. Des écosystèmes relativement qui entachent également la fiabilité de intacts, telles que les bassins versants l’approvisionnement en eau motivent à la boisés, les mangroves et les terres humides fois la formulation de stratégies de gestion Source : Burke, Lobell, et Guarino 2009 ; Ebi peuvent amortir l’impact du changement intégrée et l’amélioration de technologies et Burton 2008 ; Falloon et Betts, à paraître ; climatique. Lorsque le climat change, ces liées à l’eau pour assurer une protection Guthrie, Juma et Sillem 2008 ; Keim 2008 ; écosystèmes sont eux-mêmes exposés à contre le changement climatique. Il sera Koetse et Rietveld 2009 ; National Academy of des risques, de sorte qu’il faut les gérer de aussi nécessaire d’accroître la somme des Engineering 2008 ; Snoussi et al. 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 21 16/09/10 12:39 22 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E de forcer des occupants à partir ou de renforcer les mesures mondial – son adoption mais aussi son exécution. Et si de protection). Elles prévoient des marges de sécurité pour nombre des réponses à la problématique du climat et du renforcer la résistance (en acceptant le coût marginal de la développement doivent être apportées au niveau national, construction d’un pont plus élevé ou d’un pont capable de voire même local, un programme mondial doit être établi résister aux inondations, ou bien en étendant la couverture afin de générer de nouveaux instruments et de nouvelles de fi lets de protection sociale à des groupes vulnérables). ressources permettant de passer à l’action (chapitre 5). Par Elles s’appuient également sur une planification à long terme conséquent, si les pressions doivent s’exercer initialement au basée sur une analyse de scénarios et l’évaluation de stra- niveau national, dans le but de changer les comportements tégies dans le contexte d’une large gamme de conditions et de faire évoluer l’opinion publique, l’action menée doit futures79. Il sera essentiel de concevoir et d’exécuter ces stra- être validée par un accord international efficace et rationnel, tégies de manière participative afin de pouvoir bénéficier du qui prend en compte les réalités du développement. savoir local sur les vulnérabilités existantes et de promou- voir l’adhésion des bénéficiaires aux stratégies retenues. Des pressions nouvelles : le succès des efforts entrepris Le processus de formulation des politiques d’adaptation est tributaire de la modification des comportements doit être, lui-même, adaptable, et les mesures prises doivent et de l’évolution de l’opinion publique faire l’objet d’examens périodiques sur la base d’informa- Les régimes internationaux influencent les politiques des tions dont la collecte et le suivi sont, de plus en plus souvent, États mais ils sont, eux-mêmes, la résultante de facteurs réalisables à faible coût grâce à l’amélioration des techno- nationaux. Les normes politiques, les structures de gouver- logies. Par exemple, l’un des grands problèmes qui se pose nance et les groupes d’intérêts régissent l’intégration du dans le cadre de la gestion des ressources en eau tient à droit international dans les politiques intérieures, tout en l’absence d’informations sur les eaux souterraines ou sur la influant sur le régime international80. De surcroît, en l’ab- consommation des différents utilisateurs de ces ressources. sence d’un mécanisme d’application mondial, les incitations Grâce aux nouvelles technologies de télédétection, il est à honorer les engagements internationaux ont une origine possible de déduire les volumes d’eau souterraine utilisés, nationale. d’identifier les exploitants qui utilisent l’eau de manière peu Pour porter ses fruits, une politique de développement productive et de déterminer précisément à quel moment il intelligente sur le plan climatique doit prendre en compte faut irriguer davantage ou réduire les quantités d’eau utili- ces déterminants locaux. Les politiques d’atténuation que sées pour maximiser la productivité sans compromettre les suivra un pays dépendent de facteurs intérieurs, tels que les rendements des cultures (chapitre 3). différents types d’énergie utilisés par le pays, leurs sources actuelles et potentielles et la préférence nationale pour des Pour passer à l’acte : de nouvelles pressions, de politiques étatiques ou une action guidée par le marché. nouveaux instruments et de nouvelles ressources Pour générer un appui suffisant, il sera essentiel que ces Les pages précédentes décrivent les nombreuses mesures à politiques ou actions aient des avantages supplémentaires à prendre pour gérer le défi que pose le changement clima- l’échelon local – par exemple un air plus pur, des transferts tique. Nombre d’entre elles sont les prescriptions types d’un de technologie ou la sécurité énergétique. manuel pédagogique sur le développement des sciences Des politiques intelligentes sur le plan climatique doivent environnementales : améliorer la gestion des ressources également s’attaquer à l’inertie qui caractérise le comporte- en eau, rationaliser l’utilisation d’énergie, promouvoir des ment des individus et celui des organisations. Pour sevrer les pratiques agricoles durables, éliminer les subventions aux économies modernes des combustibles fossiles et accroître effets pervers. Elles n’ont toutefois guère été appliquées leur résistance au changement climatique, il faudra que dans le passé ; il faut donc créer un contexte permettant de l’état d’esprit des consommateurs, des chefs d’entreprise procéder aux réformes nécessaires et changer les comporte- et des décideurs se modifie. Pour relever le défi que pose le ments. Pour cela, il faut à la fois exercer de nouvelles pres- changement de comportements invétérés, il faudra mettre sions, employer de nouveaux instruments et disposer de particulièrement l’accent sur des politiques et des interven- nouvelles ressources. tions qui sortent du cadre du marché. Les nouvelles pressions tiennent à la prise de conscience Dans le monde entier, les programmes de gestion des croissante du changement climatique, et de ses coûts actuels risques de catastrophes visent avant tout à modifier la et futurs. Sensibilisation n’est toutefois pas synonyme d’ac- perception qu’ont les communautés des risques. Le plan tion : pour porter ses fruits, une politique de développement d’action « London Warming » établi par la Ville de Londres intelligente sur le plan climatique doit s’attaquer à l’inertie pour faire face aux effets du réchauffement des tempéra- qui caractérise le comportement des particuliers et des orga- tures s’articule autour de programmes de communication et nisations. La perception nationale du changement clima- d’éducation ciblés. Aux États-Unis, certaines compagnies de tique déterminera également la réussite de tout programme distribution d’énergie se servent des normes sociales et des RapportMonde_LIVRE2.indb 22 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 23 pressions communautaires pour promouvoir une réduction essentiels aux activités d’atténuation (transports, construc- de la demande : il suffit de montrer aux ménages comment tion, services publics, sensibilisation au niveau local) et se situe leur consommation par rapport à celles des autres et d’adaptation (protection sociale, réduction des risques de les féliciter lorsque leur consommation est inférieure à la de catastrophes, gestion des ressources naturelles). Parce moyenne pour obtenir une réduction de la consommation qu’elles sont plus proche des citoyens, ces administrations d’énergie (chapitre 8). peuvent sensibiliser le public et mobiliser des intervenants Pour relever le défi climatique, il sera aussi nécessaire privés81. Comme elles se trouvent, de surcroît, au point de de modifier la manière dont les pouvoirs publics opèrent. rencontre de l’État et du public, c’est à leur niveau que les La politique climatique est liée à la mission de nombreux pouvoirs publics sont mis en demeure de dûment s’acquit- organismes publics, mais elle n’est contrôlée par aucun ter de leurs responsabilités en fournissant une riposte adap- d’entre eux. Un grand nombre des mesures requises aux fins tée. Ceci explique pourquoi de nombreuses administrations de l’atténuation et de l’adaptation, doivent être prises dans locales ont entrepris une action climatique avant les admi- une perspective à long terme, qui se prolonge bien au-delà nistrations nationales (encadré 7). de l’horizon des élus. De nombreux pays, dont le Brésil, la Chine, l’Inde, le Mexique et le Royaume-Uni se sont dotés, De nouveaux instruments et de nouvelles ressources : chacun, d’un organisme chef de fi le pour traiter des ques- le rôle d’un accord mondial tions climatiques, ils ont établi des organes de coordination Il ne sera pas possible de prendre des mesures rapides et de de haut niveau, et ils ont amélioré l’utilisation des informa- portée globale sans coopération internationale ; or, celle-ci tions scientifiques dans le cadre de la formulation de l’action ne se matérialisera pas sans une entente internationale jugée publique (chapitre 8). équitable par toutes les parties – les pays à revenu élevé, Les villes, les provinces et les régions forment des espaces qui doivent déployer les efforts les plus immédiats et les politiques et administratifs plus proches des sources d’émis- plus draconiens ; les pays à revenu intermédiaire, où des sions et des impacts du changement climatique. Outre la efforts importants d’atténuation et d’adaptation doivent mise en œuvre et la formulation des politiques et réglemen- être menés ; et les pays à faible revenu qui ont besoin en tations nationales, elles assurent des fonctions de décision, priorité d’une assistance technique et financière pour faire de réglementation et de planification dans des secteurs face à leur vulnérabilité en la situation climatique actuelle ENCADRÉ 7 Les villes réduisent leur empreinte carbone Le mouvement des villes pour un bilan des modules photovoltaïques. Au total, se garer et de recharger leurs batteries carbone neutre montre comment la ville compte plus de 500 000 m² de gratuitement. les administrations locales prennent panneaux solaires qui servent à chauffer Plus de 700 administrations municipales des mesures même en l’absence l’eau et qui fournissent l’équivalent de la et locales du monde entier participent à la d’engagements internationaux ou de consommation d’environ 0,5 MW par des « Campagne des villes pour la protection strictes politiques nationales. Aux États- chauffe-eau électriques. Grâce à ces efforts, du climat » qui encourage l’adoption Unis, qui n’ont pas ratifié le Protocole la consommation d’énergie a diminué de de programmes et la mise en œuvre de de Kyoto, près d’un millier de villes sont près d’un tiers et les émissions de CO2 de mesures quantifiables afin de réduire convenues de s’efforcer d’atteindre les moitié. les émissions locales de gaz à effet de objectifs du Protocole dans le cadre de Les exemples de villes cherchant à établir serre (http://www.iclei.org). Avec d’autres l’accord des Maires pour la protection un bilan carbone neutre se multiplient associations d’administrations locales, climatique. À Rizhao, ville du nord de la bien au-delà de la Chine. En 2008, Sydney comme le C40 Groupe des grandes villes Chine qui compte 3 millions d’habitants, est devenue la première ville australienne pour le climat et le Conseil mondial des la municipalité a utilisé conjointement à afficher un bilan carbone neutre, grâce maires sur le changement climatique, elles des incitations et des moyens législatifs à des mesures d’utilisation rationnelle de ont lancé un processus qui vise à habiliter pour encourager une utilisation l’énergie, à la consommation d’énergies les villes et les administrations municipales rationnelle de l’énergie renouvelable sur renouvelables et à des mesures de et locales et à leur permettre de travailler une grande échelle. Les gratte-ciel sont compensation des émissions de carbone. dans le contexte de la Convention cadre construits de manière à fonctionner à Copenhague a l’intention de réduire à zéro des Nations Unies sur le changement l’énergie solaire, et 99 % des ménages ses émissions de carbone d’ici 2025. Elle climatique. de Rizhao utilisent des appareils de prévoit à cette fin d’investir dans l’énergie chauffage solaire. La quasi-totalité des éolienne et d’encourager l’utilisation Source : Bai 2006 ; Banque mondiale 2009d ; feux de signalisation, de l’éclairage des de voitures électriques ou à hydrogène C40 Cities Climate Leadership Group (http:// rues et des parcs sont alimentés par en permettant à leurs conducteurs de www.c40cities.org), consulté le 1er août 2009). RapportMonde_LIVRE2.indb 23 16/09/10 12:39 24 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E et, a fortiori, face à l’évolution à venir du climat. Cette Les pays en développement sont également très soucieux entente doit également permettre d’atteindre les objectifs d’avoir accès aux technologies. L’innovation dans les tech- climatiques, en prenant en compte les leçons tirées d’autres nologies axées sur le climat reste essentiellement le fait des accords internationaux ainsi que des succès remportés ou pays à revenu élevé, bien que les pays en développement des échecs essuyés dans le cadre de transferts internationaux commencent à jouer un rôle plus important en ce domaine de ressources à grande échelle. Enfin, elle doit être efficace, (la Chine arrive en septième position au classement des ce qui implique l’existence de financements d’un volume pays par nombre total de brevets déposés concernant des suffisant et d’instruments financiers qui dissocient le lieu énergies renouvelables84 , et une société indienne est main- des efforts d’atténuation des sources de financement de ces tenant le principal fabricant d’automobiles électriques85). efforts — de manière à atténuer le changement climatique De surcroît, les pays en développement – du moins les plus au moindre coût. petits ou les plus pauvres – peuvent avoir besoin d’une assis- tance pour produire de nouvelles technologies ou adap- Un accord équitable Il ne sera possible d’obtenir une ter ces dernières à leur situation. Cela pose des problèmes coopération internationale à l’échelle requise pour faire particuliers pour l’adaptation qui nécessite des technologies face au changement climatique que si celle-ci repose sur applicable au contexte local. un accord international qui prend en compte les besoins Les transferts internationaux de technologies propres des pays en développement et les obstacles auxquels ils se restent à ce jour limités. Ils ne se sont matérialisés que pour heurtent, que s’il y a moyen de dissocier le site des mesures environ un tiers des projets financés par le biais du Mécanisme d’atténuation des sources de financement qui supportent pour un développement propre (MDP) qui est le principal la charge de cet effort, et que si des instruments financiers instrument de financement des investissements dans des sont créés afin d’encourager et de faciliter l’atténuation technologies à faible teneur en carbone dans les pays en déve- même dans les pays qui sont riches en charbon mais pauvres loppement86. Le Fonds pour l’environnement mondial qui, en revenus ou dans les pays qui n’ont guère, sinon pas du depuis sa création, alloue environ 160 millions de dollars tout, contribué jusqu’à présent au changement climatique. par an à des programmes d’atténuation du changement La décision de ces pays de saisir l’opportunité de se placer climatique87 finance des évaluations des besoins technolo- sur une trajectoire de développement plus durable dépendra giques dans 130 pays. Un montant de l’ordre de 5 milliards en grande partie de l’appui financier et technique qu’ils de dollars a récemment été engagé au titre du nouveau pourront mobiliser auprès des pays à revenu élevé. Fonds pour les technologies propres (FTP) afin d’aider les La coopération mondiale ne se limite toutefois pas aux pays en développement en appuyant des investissements seules contributions financières. L’économie comportemen- importants et risqués faisant intervenir des technologies tale et la psychologie sociale montrent que les individus rejet- propres ; les opinions diffèrent toutefois sur ce qui constitue tent souvent des offres qu’ils estiment injustes envers eux une technologie propre. même alors même qu’elles sont avantageuses82. Le fait qu’il Intégrer des accords sur les technologies dans un accord soit dans l’intérêt de tous de collaborer n’est donc pas une climatique mondial pourrait donner une impulsion à l’in- garantie de succès. Certains pays en développement craignent novation et assurer l’accès des pays en développement aux qu’un mouvement en faveur de l’intégration de la question technologies. La production et le partage de technologies climatique dans le développement fasse retomber la responsa- intelligentes sur le plan climatique ne pourront se concré- bilité de l’atténuation sur le monde en développement. tiser que dans le cadre d’une collaboration internationale. Inscrire un principe d’équité dans un accord mondial Sur le plan de la production, des accords de partage des contribuerait largement à dissiper ces craintes et à créer un coûts devront être conclus pour les technologies de grande climat de confiance (chapitre 5). L’adoption d’un objectif envergure et très risquées comme celles qui concernent le représenté par une bande vers laquelle devraient converger piégeage et le stockage de carbone (chapitre 7). Les accords à long terme les émissions par habitant pourrait permettre internationaux sur les normes créent des débouchés pour d’éviter qu’un pays quelconque ne soit forcé d’assumer une l’innovation. Par ailleurs, un appui international aux trans- part inégale de la responsabilité du patrimoine atmosphé- ferts de technologie peut se faire dans le cadre de systèmes de rique commun. L’Inde a récemment indiqué que ses émis- production conjointe ou de partages de technologies — ou sions ne dépasseraient jamais le niveau moyen par habitant sous forme d’un soutien financier au titre du surcoût engen- des émissions des pays à revenu élevé83. Il est donc essen- dré par l’adoption d’une nouvelle technologie plus propre tiel que ces derniers prennent des mesures radicales pour (comme cela a été fait par le biais du Fonds multilatéral pour ramener leur empreinte carbone à des niveaux tolérables. Ils l’application du protocole de Montréal sur les substances qui feraient ainsi preuve de leadership, leur action encouragerait appauvrissent la couche d’ozone). l’innovation et elle permettrait à tous les pays de se placer Il faudra également que l’accord mondial soit acceptable sur une trajectoire de croissance sobre en carbone. aux pays à revenu élevé. Ceux-ci sont préoccupés par les RapportMonde_LIVRE2.indb 24 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 25 exigences financières auxquelles ils pourraient être exposés pays en développement où une forte croissance démogra- et veulent s’assurer que les transferts de fonds produisent les phique et économique entraîne une expansion rapide du résultats souhaités au plan de l’adaptation et de l’atténua- stock de capital (et, par conséquent, créée des opportuni- tion. Ils craignent également qu’une démarche par étapes tés de verrouillage positif ou négatif) qui rend encore plus permettant aux pays en développement de retarder l’adop- impérieuse la nécessité de recadrer les systèmes énergétiques, tion de mesures pourrait nuire à leur propre compétitivité urbains et de transports sur une trajectoire à moindre inten- par rapport aux pays à revenu intermédiaire les plus avancés. sité de carbone. Un engagement sur les grandes orientations peut également fournir un cadre adapté aux pays où une Un accord efficace : les leçons tirées de l’expérience de l’aide grande partie des émissions sont difficiles à mesurer parce au développement et des accords internationaux Un qu’elles sont dues à l’affectation des terres, à la modification accord climatique efficace doit permettre d’atteindre les de ces modes d’affectation et à la foresterie. Troisièmement, objectifs convenus dans les domaines de l’atténuation et il est moins probable qu’elle exige le suivi de flux complexes de l’adaptation. Sa conception se doit de tirer les leçons – une gageure dans bien des pays. Il sera néanmoins crucial de l’expérience de l’aide et des accords internationaux. Le de procéder à un suivi et à une évaluation générale de ces financement de l’action climatique n’est pas le financement approches, ne serait-ce que pour déterminer leur efficacité89. de l’aide, mais l’expérience en ce dernier domaine est source de précieux enseignements. En particulier, il est maintenant Un accord rationnel : le rôle du financement évident que les engagements pris sont rarement respectés des actions climatiques s’ils ne cadrent pas avec les objectifs nationaux – on retrouve Le financement de l’action climatique peut permettre de ici le débat entre conditionnalité et adhésion. Il s’ensuit que concilier les objectifs d’équité et de rationalité en dissociant le financement de l’adaptation et de l’atténuation devra le lieu où sont menées des actions climatiques de la source être organisé sur la base d’un processus qui encourage de leur financement. L’apport de fonds suffisants aux pays le développement et l’adhésion du pays bénéficiaire à un en développement – associé à des efforts de renforcement des programme de développement sobre en carbone. On a pu capacités et à un accès aux technologies – peut appuyer une également constater, dans le cadre des opérations d’aide, croissance et un développement à faible teneur en carbone. Si qu’une multiplicité de sources de fi nancement fait assumer le financement des mesures d’atténuation cible les lieux où les un coût de transaction considérable aux pays bénéficiaires et coûts de ces mesures sont les plus faibles, l’action menée n’en réduit l’efficacité de l’aide. Et même si les fonds proviennent sera que plus efficace. Si le financement de l’adaptation cible de sources distinctes, les dépenses financées par les les lieux où les besoins sont les plus grands, bien des souf- ressources au titre de l’adaptation et de l’atténuation doivent frances et des pertes inutiles pourront être évitées. Le finan- être pleinement intégrées dans les efforts de développement. cement de l’action climatique offre le moyen de réconcilier les On a également pu constater, dans le cadre des accords objectifs d’équité, d’efficacité et de rationalité dans le cadre internationaux, que des approches différenciées peuvent des efforts menés pour faire face au changement du climat. être un moyen adéquat de réunir des partenaires extrê- Le volume actuel des financements de l’action climatique mement différents dans le cadre d’un unique programme. est toutefois très inférieur aux besoins prévisibles. Selon les Le cas de l’Organisation mondiale du commerce en est un estimations présentées au tableau 1, les coûts d’atténuation exemple : l’application d’un traitement spécial et différencié dans les pays en développement pourraient atteindre 140 aux pays en développement a été l’une des principales carac- à 175 milliards de dollars par an et les besoins de finance- téristiques du système commercial multilatéral pendant la ment correspondants pourraient être de l’ordre de 265 à 565 majeure partie de la période de l’après-guerre. Des propo- milliards de dollars par an. Les flux de financement actuels, sitions sont faites dans le contexte des négociations clima- qui s’établissent en moyenne à 8 milliards de dollars par tiques qui s’inscrivent dans le cadre à plusieurs vitesses an environ jusqu’à 2012, sont loin du compte. Quand au présenté dans le Plan d’action de Bali de la CCNUCC88. Aux montant estimé à 30 à 100 milliards de dollars qui pour- termes de ces propositions, les pays développés devraient rait être nécessaire chaque année pour financer l’adaptation s’engager à atteindre des objectifs de résultat, les « résul- dans les pays en développement, il est sans aucun rapport tats » dans ce contexte étant les émissions de gaz à effet de avec le montant maintenant disponible, qui est inférieur à serre, tandis que les pays en développement s’engageraient un milliard par an (figure 10). à réorienter leur action plutôt qu’à atteindre des objectifs L’insuffisance du financement de l’action climatique est d’émission spécifiques. encore aggravée par les inefficacités notables qui caracté- Cette approche est attrayante pour trois raisons. risent la manière dont les fonds sont générés et déployés. Premièrement, elle peut promouvoir des opportunités d’at- Les principaux problèmes sont la fragmentation des ténuation qui présentent aussi des avantages au plan du sources de financement, le coût élevé de la mise en œuvre développement. Deuxièmement, elle est bien adaptée aux de mécanismes du marché comme le Mécanisme pour un RapportMonde_LIVRE2.indb 25 16/09/10 12:39 26 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 10 L’écart est important : comparaison des estimations des surcoûts annuels plafonnement et d’échange) sera le moyen optimal de déga- de l’action climatique pour assurer une trajectoire à 2 °C par rapport aux ressources ger des ressources sur le marché du carbone et de cibler ces actuelles ressources sur des actions efficaces. Dans un proche avenir, USD constants de 2005, milliards toutefois, le MDP et d’autres mécanismes basés sur les résul- 200 tats donnés par les contreparties de la fi xation du carbone Atténuation : resteront probablement les principaux instruments du USD 139–175 milliards marché utilisés pour financer l’action d’atténuation dans les 175 pays en développement, et ils joueront donc un rôle crucial en apportant un complément aux transferts directs en 150 provenance des pays à revenu élevé. Le MDP a dépassé les attentes à bien des égards : il s’est 125 développé rapidement et il a permis de stimuler l’acquisition de connaissances, de faire prendre conscience des options Adaptation : USD 28 à 100 milliards d’atténuation et de renforcer les capacités. Il a toutefois aussi 100 de nombreux points faibles ; par exemple, il n’apporte aucun avantage connexe au plan du développement, et l’on peut 75 douter de l’additionalité de ses ressources (le MDP génère des crédits carbone au titre de réductions d’émissions par rapport à une norme de référence ; le choix de la référence 50 est inévitablement contestable), sa gouvernance est insuf- Financements au fisante, son fonctionnement inefficace et son champ d’ap- 25 titre de l’adaptation plication limité (il ne couvre pas des secteurs essentiels tels et de l’atténuation que les transports) ; enfin le maintien du marché au-delà de USD 9 milliards 2012 n’est pas assuré90. Pour mener des actions climatiques 0 efficaces, il est également important de comprendre que les 2008–2012 2030 transactions du MDP ne réduisent pas les émissions totales de carbone au-delà des engagements pris – elles ne font que Sources : Voir le tableau 1, page 9 et l’analyse présentée au chapitre 6. Note : Les coûts d’atténuation et d’adaptation sont uniquement ceux des pays en modifier le lieu où elles se produisent (c’est-à-dire dans les développement. Les colonnes représentent les fourchettes des estimations des pays en développement plutôt que dans les pays développés) surcoûts des efforts d’atténuation et d’adaptation nécessaires pour assurer une trajectoire à 2 °C. Les besoins de financement des mesures d’atténuation associés aux et permettent de réduire le coût de l’atténuation (et partant surcoûts indiqués ici sont beaucoup plus élevés, puisqu’ils sont compris entre 265 et d’accroître l’efficacité de l’action menée). 565 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Le Fonds d’adaptation créé en application du Protocole de Kyoto a recours à un instrument de financement novateur sous forme d’une taxe de 2 % sur les réductions d’émissions développement propre, et les carences des instruments, de certifiées (unités de réduction d’émissions générées par le surcroît sources de distorsions, employés pour mobiliser des MDP). Cette taxe permet manifestement de mobiliser des fonds d’adaptation. financements qui viennent s’ajouter à ceux d’autres sources Le chapitre 6 identifie près de 20 fonds bilatéraux et mais, comme indiqué au chapitre 6, elle présente néanmoins multilatéraux, opérationnels ou en projet, conçus pour faire certains inconvénients. Elle frappe un bien (le financement face au changement climatique. Cette fragmentation a un de l’atténuation) et non un mal (les émissions de carbone) coût, identifié dans la Déclaration de Paris sur l’efficacité de et, à l’instar de toute taxe, elle est inévitablement inefficace l’aide : chaque fonds à sa propre gouvernance, et engendre à certains égards (perte de bien-être collectif). L’analyse des coûts de transaction pour les pays en développement ; et du marché du MDP montre que la majeure partie de la l’alignement de l’action sur les objectifs de développement réduction des gains pouvant être tirés des échanges sur ce nationaux peut être compromis par des sources de finance- marché par suite de l’imposition de la taxe sera assumée par ment étroites. D’autres préceptes de la Déclaration de Paris, les fournisseurs de crédits d’émissions de carbone des pays notamment l’appropriation par les pays recevant l’aide en développement91. Le financement de l’adaptation devra des stratégies suivies, l’harmonisation des procédures des également s’effectuer par le bais d’un mécanisme d’alloca- bailleurs de fonds et la responsabilité mutuelle, sont égale- tion qui, de manière idéale, appliquerait les principes de ment compromis lorsque le financement est très fragmenté. transparence, d’efficacité et d’équité – des méthodes effi- Le regroupement, à terme, des ressources dans un plus petit caces permettraient de financer directement les pays les plus nombre de fonds s’impose manifestement. vulnérables et ceux qui ont les capacités les plus importantes À terme, la tarification du carbone (par le prélèvement de gérer l’adaptation, tandis qu’une importance particulière d’une taxe ou par la mise en place d’un mécanisme de RapportMonde_LIVRE2.indb 26 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 27 serait accordée aux pays les plus pauvres pour des motifs Au niveau national, le secteur public jouera un rôle d’équité. crucial en offrant des incitations à une action climatique Pour renforcer et développer le régime du financement (sous forme de subventions, de taxes, de plafonnements climatique, il faudra modifier les instruments existants ou de réglementations), en fournissant des informations et et trouver de nouvelles sources de fonds (chapitre 6). La des formations, et en éliminant les défaillances du marché réforme du MDP revêt donc une importance particulière qui empêchent de passer à l’action. Toutefois, l’essentiel des puisque celui-ci contribue à générer des financements sur financements devra provenir du secteur privé, en particulier le marché du carbone au titre de projets dans des pays en pour les efforts d’adaptation. Il sera essentiel que les pres- développement. Une première série de propositions vise à tataires de services d’infrastructures puissent opérer dans réduire les coûts en rationalisant le processus d’approbation le cadre d’un régime réglementaire souple, qui leur fournit des projets, notamment en renforçant les fonctions d’exa- les incitations requises pour procéder à des investissements men et d’administration. Une deuxième série, importante, et à des opérations à l’épreuve du changement climatique. de propositions vise à permettre au MDP d’appuyer les Et s’il est possible de mobiliser des capitaux privés au titre réorientations des politiques et des programmes et non plus d’investissements spécifiques à des fins d’adaptation (par uniquement des projets. Le mécanisme des « cibles secto- exemple, pour ériger des protections contre les crues), il est rielles sans pénalisation » est un exemple de mécanisme basé probable, si l’on considère l’expérience acquise dans le cadre sur les résultats dans le cadre duquel des réductions avérées des partenariats public-privé dans le domaine des infras- des émissions de carbone dans un secteur ayant pour effet tructures dans les pays en développement, que la portée de d’abaisser les niveaux d’émissions en dessous d’un seuil de ces interventions restera faible. référence convenu pourrait être récompensées par la cession Mobiliser des financements additionnels à des fins de crédits carbone, sans que des pénalités soient imposées si d’adaptation est une priorité essentielle ; des mécanismes les réductions proposées ne se matérialisaient pas. novateurs tels que la vente aux enchères d’unités de quan- La foresterie est un autre domaine dans lequel le finan- tité attribuées (UQA, plafonds contraignants que les pays cement climatique peut réduire les émissions (encadré 8). acceptent dans le cadre de la CCNUCC), l’imposition des Il est probable que d’autres mécanismes de tarification du émissions des transports internationaux, et taxe carbone carbone forestier seront élaborés dans le cadre des négo- mondiale pourraient permettre de générer des dizaines de ciations climatiques en cours. Déjà, plusieurs initiatives, milliards de dollars d’argent frais chaque année. La mise parmi lesquelles le Fonds de partenariat pour la réduction en place d’une tarification rationnelle du carbone, que ce des émissions due à la déforestation, examinent la possibilité soit par le biais d’une taxe ou d’un mécanisme de plafon- de freiner le déboisement dans les pays en développement nements et d’échanges, modifiera totalement la donne. Une par le biais d’incitations financières, de manière à réduire fois ce système établi, le secteur privé fournira l’essentiel les émissions de carbone. Les principaux défis posés par des financements nécessaires, car les investisseurs comme cette approche sont, notamment, la formulation de straté- les consommateurs prendront leurs décisions compte tenu gies nationales et la mise en œuvre de cadres de réduction du prix du carbone. Toutefois, les taxes ou les marchés du des émissions résultant du déboisement et de la dégradation carbone nationaux ne généreront pas nécessairement les flux des terres ; la formulation d’un scénario de référence pour de capitaux nécessaires à destination des pays en dévelop- les émissions ; et la conception d’un système de suivi, de pement. Pour que la solution apportée au problème clima- présentation de rapport et de vérification. tique soit équitable, il faudra qu’un MDP réaménagé et Les efforts déployés pour réduire les émissions de carbone d’autres mécanismes basés sur les résultats, l’établissement du sol (par le biais d’encouragements à modifier les pratiques de liens entre les marchés nationaux du carbone, l’alloca- de labour, par exemple) pourraient également faire l’objet tion et la vente d’UQA et les transferts budgétaires soient d’incitations financières ; ces efforts sont essentiels si l’on autant de moyens de procurer des fi nancements aux pays en veut éviter que les espaces naturels ne soient convertis en développement. aires de production de denrées alimentaires et de biocom- Alors même que ce rapport part à l’impression, les pays bustibles. La méthodologie est toutefois moins avancée que participent à des négociations sur un accord climatique celle qui s’applique aux émissions dues à la déforestation et mondial sous les auspices de la CCNUCC. Un grand nombre il faudra résoudre les problèmes fondamentaux associés au de ces pays sont également en proie à l’une des plus graves suivi (encadré 8). Il importe de concevoir rapidement des crises financières des dernières décennies. Étant donné les programmes pilotes pour encourager une agriculture plus difficultés financières et les besoins criants qui existent, il résistante et durable et faire bénéficier de plus de ressources pourrait être difficile d’obtenir de leurs organes législatifs et d’innovations un secteur qui en a été privé au cours des qu’ils acceptent de dépenser des ressources au titre d’une dernières décennies92 . menace qui est, à tort, jugée lointaine. RapportMonde_LIVRE2.indb 27 16/09/10 12:39 ENCADRÉ 8Le rôle de l’affectation des terres, de l’agriculture et de la foresterie dans la gestion du changement climatique L’affectation des terres, l’agriculture et la 1,5 gigatonne des émissions annuelles de nations en développement formant la foresterie offrent d’importantes possibilités l’agriculture pourrait être obtenue au prix Coalition for Rainforests, la comptabilisation d’atténuation et se sont révélées être de 20 dollars la tonne de CO2e (figure). de l’affectation des terres, du changement sources de controverses dans le cadre des Les mesures d’atténuation dans la foresterie d’affectation des terres et de la foresterie a négociations climatiques. Sera-t-il possible et dans l’agriculture auraient de nombreux été remise à l’ordre du jour de la CCNUCC. de mesurer les quantités de carbone fixées avantages connexes. L’entretien des forêts Ces pays recherchent les opportunités de et émises avec suffisamment de précision ? permet de maintenir une plus grande contribuer à la réduction d’émissions dans Quelles mesures peut-on prendre face aux diversité de moyens de subsistance, de le cadre de responsabilités communes fluctuations naturelles de la croissance protéger la biodiversité et d’assurer une mais différenciées et de mobiliser des et aux pertes causées par des incendies protection en cas de phénomènes extrêmes financements sur le marché du carbone associés au changement climatique ? Les tels qu’inondations et glissements de pour mieux gérer leur système forestier. Les pays peuvent-ils obtenir des crédits au titre terrain. Le travail minimum des sols et négociations relatives aux activités dites de décisions prise des dizaines d’années, l’amélioration de la gestion des engrais REDD (réduction des émissions dues au voire des siècles avant les négociations peuvent accroître la productivité. Enfin, déboisement et à la dégradation des forêts) climatiques ? Les crédits générés par les les ressources générées pourraient être se poursuivent, mais de l’avis général, activités terrestres satureront-ils le marché importantes – du moins pour les pays dotés certains éléments de la REDD seront inclus du carbone et feront-ils baisser le prix de vastes forêts : si les marchés du carbone dans un accord à Copenhague. du carbone et, ce faisant, réduiront-ils forestier arrivent à fonctionner à leur niveau Les initiatives concernant le carbone du sol les incitations à la poursuite de mesures potentiel, l’Indonésie pourrait gagner entre ne sont pas aussi avancées. Si le piégeage d’atténuation ? Des progrès ont été 400 millions et 2 milliards de dollars par du carbone dans le secteur agricole est accomplis à un grand nombre de ces égards an. Quant au carbone du sol, même en une opération bon marché, simple sur le et le Groupe d’experts intergouvernemental Afrique où les sols sont pauvres en carbone plan technique et une riposte efficace au sur l’évolution du climat a formulé des sur presque la moitié du continent, les changement climatique, la mise en place directives pour la mesure des gaz à effet de quantités piégées pourraient atteindre d’un marché à ce titre n’est pas une tâche serre provenant de la terre. entre 100 et 400 millions de tonnes de aisée. Un projet pilote au Kenya (chapitre 3) Les opérations de déboisement, à l’échelle CO2e par an. Au prix de 10 dollars la tonne, et les transactions sur contreparties mondiale, ont couvert des superficies le piégeage du carbone générerait un d’émissions de carbone au Chicago Climate nettes de l’ordre de 7,3 millions d’hectares montant similaire à celui de l’aide publique Exchange témoignent néanmoins des par an en moyenne sur la période 2000 au développement actuellement accordée opportunités qui existent. Trois démarches - 2005, et elles ont produit environ 5,0 à l’Afrique. peuvent contribuer à promouvoir les gigatonnes de CO2 par an sous forme Grâce, essentiellement, aux efforts des activités de piégeage du carbone du sol. d’émissions, ce qui représente à peu près le quart du volume des réductions d’émissions nécessaires. Il serait possible de Il ne s’agit pas uniquement de l’énergie : Lorsque les prix du carbone sont élevés, le potentiel réduire les émissions de 0,9 gigatonne en d’atténuation de l’agriculture et de la foresterie est supérieur à celui de tout autre secteur de l’économie procédant à des activités de reboisement et à l’amélioration de la gestion forestière Réduction potentielle des émissions (Gigatonnes de CO2e/an) Pays autres que les dans les pays en développement. Toutefois, 7 membres de l’OCDE/ ni l’amélioration de la gestion forestière ni Économies en transition 6 Économies en transition la réduction des activités de déboisement 5 OCDE dans les pays en développement ne sont Monde entier actuellement couvertes par le Mécanisme 4 pour un développement propre de la CCNUCC. 3 La création d’un mécanisme de paiement 2 des efforts d’amélioration de la gestion du carbone du sol et d’autres gaz à effet 1 de serre émis par l’agriculture suscite 0 également de l’intérêt. Sur le plan 0 0 00 0 0 00 0 0 00 0 0 00 0 0 00 0 0 00 0 0 00 <2 <5 <2 <5 <2 <5 <2 <5 <2 <5 <2 <5 <2 <5 <1 <1 <1 <1 <1 <1 <1 technique, il serait possible de réduire Approvisionne- Transports Constructions Industries Agriculture Foresterie Déchets d’environ 6 gigatonnes les émissions de ment en énergie CO2e en réduisant le travail du sol, en Prix du carbone (USD/tCO2e) améliorant la gestion des terres humides, Source : Barker et al. 2007b, figure TS.27. des rizières, des troupeaux de bétail Note : Les intervalles de variation des estimations du potentiel économique de chaque secteur sont représentés et du fumier. Une réduction d’environ par les traits verticaux noirs. RapportMonde_LIVRE2.indb 28 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 29 ENCADRÉ 8Le rôle de l’affectation des terres, de l’agriculture et de la foresterie dans la gestion du changement climatique (suite) Premièrement, le suivi des émissions de Deuxièmement, il serait possible de réduire réductions de CO2 dans d’autres secteurs. carbone devrait être réalisé « sur la base les coûts de transaction en ayant recours Troisièmement, une aide logistique, en des activités » ; dans ce cas, les réductions à des « agrégateurs » chargés de procéder particulier pour les agriculteurs pauvres d’émissions seraient estimées en fonction au regroupement des activités menées par qui ont besoin d’un appui financier pour des travaux accomplis par l’agriculteur un grand nombre de petites exploitations, pouvoir assumer les coûts initiaux, doit plutôt que sur la base d’analyses du sol qui comme c’est le cas dans le projet pilote au comprendre des services de vulgarisation est une méthode beaucoup plus onéreuse. Kenya. En travaillant avec un grand nombre renforcés. Ces derniers sont essentiels Des coefficients particuliers et prudents d’exploitations, les agrégateurs pourraient à la diffusion des connaissances sur pourraient en outre être établis pour les constituer une masse critique et absorber les pratiques de piégeage et sur les réductions d’émissions dans différentes d’éventuelles inversions des activités de opportunités de financement. zones agroécologiques et climatiques. Cette piégeage. Le regroupement d’un ensemble démarche est plus simple, moins coûteuse de projets et le recours à des estimations Source : Canadell et al. 2007 ; Eliasch 2008 ; et plus prévisible pour l’agriculteur qui sait, prudentes de la permanence du stockage FAO 2005 ; Smith et al. 2009 ; Smith et al. 2008 ; dès le départ, combien il pourra obtenir, ou devraient permettre de faire du piégeage Tschakert 2004 ; PNUE 1990 ; Voluntary Carbon éventuellement combien il devra payer à du carbone du sol une activité absolument Standard 2007 ; Banque mondiale 2008c. titre de pénalité, pour une activité donnée. équivalente à celles qui produisent des Pourtant, un certain nombre de pays ont adopté des Et il faut qu’il soit équitable, qu’il réponde aux besoins et programmes de relance budgétaire qui visent à promouvoir aux aspirations des pays en développement. Seul un accord une économie plus verte tout en rétablissant la croissance, présentant ces caractéristiques pourra rétablir un climat dont la facture globale dépassera 400 milliards de dollars sur favorable au développement. les quelques années à venir, dans l’espoir de stimuler l’éco- nomie et de créer des emplois93. Les investissements dans le rendement énergétique peuvent avoir un triple dividende Notes sous forme d’un accroissement des économies d’énergie, 1. Le seuil d’extrême pauvreté est fixé à 1,25 dollar par jour (Chen d’une réduction des émissions et de la création d’emplois. et Ravallion 2008). Les négociations climatiques en cours, qui culmineront 2. FAO 2009b. 3. L’article 2 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les à Copenhague en décembre 2009, progressent lentement, changements climatiques (CCNUCC) appelle à une stabilisation par suite de l’inertie qui règne dans la sphère politique. Pour des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère « à un toutes les raisons présentées dans ce rapport – l’inertie du niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse système climatique, l’inertie de l’infrastructure, l’inertie des du système climatique » (http://unfccc.int/resource/docs/convkp/ systèmes socio-économiques –, il est impératif de conclure conveng.pdf, consulté le 1er août 2009). au plus tôt un accord climatique. Mais, il faut que cet accord 4. Exprimée en carbone émis par dollar de PIB. soit intelligent, qu’il crée les incitations nécessaires à l’ap- 5. À l’échelle mondiale, il en résulterait une réduction de 4 à port de solutions efficaces, à la génération de flux de finan- 6 gigatonnes des émissions annuelles de CO2, compte tenu de la cements et au développement de nouvelles technologies. gamme des énergies utilisées dans ces secteurs (AIE 2008e). On Beaucoup de gens s’efforcent de faire quelque chose pour protéger l’environnement. Je pense que nous ne réussirons à le faire que si nous travaillons tous ensemble. Même les enfants peuvent se joindre aux efforts : nous sommes la prochaine génération et nous devons chérir la nature qui nous entoure. — Adrian Lau Tsun Yin, Chine, 8 ans Anoushka Bhari, Kenya, 8 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 29 16/09/10 12:39 30 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E pourrait obtenir une réduction comparable des émissions dans (2007), le Groupe d’experts scientifique sur le changement climatique le secteur de la construction dans les pays à revenu élevé (voir, par (SEG 2007), et le Comité directeur scientifique international exemple, Mills 2009). (International Scientific Steering Committee 2005). Les dirigeants 6. Banque mondiale, 2009b. de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne, de l’Australie, du Brésil, du 7. De la Torre, Fajnzylber et Nash 2008. Canada, de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie, de la 8. Les gaz à effet de serre ont, chacun, une capacité différente de France, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Italie, du Japon, du Mexique, de rétention de la chaleur. La concentration en équivalent dioxyde de la République de Corée, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, carbone (CO2e) permet de décrire l’effet composite de ces gaz sur le réunis à l’occasion du Forum des économies majeures sur l’énergie réchauffement mondial par rapport à la quantité de CO2 qui aurait et le climat (MEF), tenu en juillet 2009, se sont ralliés à l’avis le même potentiel de rétention de la chaleur sur une période donnée. scientifique général selon lequel l’augmentation de la température 9. Calculs établis par l’auteur à partir des données des outils moyenne globale au-dessus du niveau préindustriel ne devrait pas d’analyse du climat (Climate Analysis Indicators Tool) du World dépasser 2 °C. http://usclimatenetwork.org/resource-database/MEF_ Resources Institute (WRI, 2008). L’écart est encore plus prononcé si Declarationl-0.pdf (consulté le 1er août 2009). l’on prend en compte dans les calculs des petits États insulaires comme 16. GIEC 2007c. la Barbade (4,6 tonnes de CO2e par habitant) et les pays producteurs 17. Raupach et al. 2007. de pétrole comme le Qatar (55 tonnes of CO2e par habitant) ou les 18. Lawrence et al. 2008 .Matthews et Keith 2007 ; Parry et al. Émirats arabes unis (39 tonnes of CO2e par habitant). 2008 ; Scheffer, Brovkin et Cox 2006 ; Torn et Harte 2006 ; Walter et 10. AIE 2008c. al. 2006. 11. Edmond et al. 2008 ; Hamilton 2009. Blanford, Richels 19. Horton et al. 2008. et Rutherford (2008) montrent également que des économies 20. Cette estimation ne tient pas compte de l’augmentation des importantes peuvent être réalisées lorsque les pays annoncent dommages provoqués par les marées de tempête et se fonde sur la à l’avance la date à laquelle ils prévoient d’engager des mesures population et les activités économiques actuelles. En conséquence, en d’atténuation, car les investisseurs dans des équipements de longue l’absence de programmes d’adaptation à grande échelle, le montant durée peuvent prendre en considération l’évolution probable du des pertes sera sans doute beaucoup plus important. Dasgupta et al. régime réglementaire et des prix du carbone et donc de réduire le 2009. nombre d’actifs qui, à terme, deviendront improductifs. 21. Stern 2007. 12. Les crises financières qui sont étroitement synchronisées sur 22. Easterling et al., 2007, tableau 5.6, p. 299. le plan international durent généralement aussi longtemps et sont 23. Parry et al., 2007, tableau TS.3, p. 66. suivies de périodes de relèvement de même durée. En revanche, 24. Nordhaus et Boyer 2000. Stern (2007) conclue, de même, les pertes qu’elles entraînent sont généralement plus importantes qu’en Inde et en Asie du Sud-Est, les pertes liées au changement (contraction de 5 % du PIB en moyenne). Voir FMI (2009) climatique seraient largement supérieures à la moyenne mondiale. tableau 3.1. Même la grande dépression qui a frappé les États-Unis n’a 25. Nordhaus 2008 ; Stern 2007 ; Yohe et al. 2007, figure 20.3. duré que trois ans et demi, d’août 1929 à mars 1933 (base de données 26. Selon les estimations établies à l’aide du modèle PAGE, utilisé sur les phases d’expansion et de contraction du cycle économique du dans le cadre de l’étude de Stern sur le changement climatique, les Bureau national de recherches économiques http://www.nber.org/ pays en développement supporteraient 80 % du coût des dommages cycles.htm, consultée le 1er août 2009). provoqués par le changement climatique (Hope 2009, et autres 13. Mattthews et Caldeira 2008. données ventilées communiquées par l’auteur). Les résultats obtenus 14. Schaeffer et al. 2008a. avec le modèle RICE (Nordhaus et Boyer 2000) qui a été élargi pour 15. Si la question de ce qui constitue une évolution climatique intégrer les coûts d’adaptation dans de Bruin, Dellink et Agrawala dangereuse renvoie nécessairement à des jugements de valeur, (2009), indiquent que près des trois-quarts du coût des dommages les résultats des recherches menées récemment par le Groupe seraient à la charge des pays en développement. Voir également Smith d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et al. (2009) ; Tol (2008). Il convient cependant de noter que cette indiquent qu’un réchauffement supérieur à 2 °C par rapport à l’ère évaluation pourrait être sous-estimée, dans la mesure où elle ne tient préindustrielle entraînerait une très forte augmentation des risques, pas compte de la valeur des services écosystémiques perdus. Voir le et qu’il y a des avantages considérables à maintenir le réchauffement chapitre 1 pour un examen des limites de la capacité des modèles à à des températures n’excédant pas 1,6 °C à 2,6 °C (Fisher et al. rendre compte du coût des impacts du changement climatique. 2007 ; GIEC 2007b ; GIEC 2007c ; Parry et al. 2007). Plusieurs 27. Noté lors de consultations avec des pays d’Afrique de l’Est et publications scientifiques récentes appuient l’analyse selon laquelle le d’Amérique latine. réchauffement doit être maintenu aussi près que possible des 2 °C par 28. Barbera et McConnell 1990 ; Barrett 2005 ; Burtraw et al. rapport aux températures préindustrielles Focus A on science ; Mann 2005 ; Jaffe et al. 1995 ; Meyer 1995. 2009 ; Smith et al. 2009. Les organisateurs du Congrès scientifique 29. Hope 2009 ; Nordhaus 2008. international sur le changement climatique tenu en 2009 ont souligné, 30. Nordhaus 2008. à l’issue de leurs travaux, que les spécialistes s’accordent de plus en 31. Peu de modèles intègrent les coûts d’adaptation. Voir de plus à reconnaître que les sociétés contemporaines et les écosystèmes Bruin, Dellink et Agrawala (2009). auraient les plus grandes difficultés à faire face à un réchauffement 32. Nordhaus 2008, p. 86, figure 5.3. Nordhaus observe que le supérieur à 2 °C. http://climatecongress.ku.dk (consulté le 1er août coût supplémentaire de la stabilisation du réchauffement à 2 °C, et 2009.). D’autres intervenants plaident en faveur d’une limitation du non au niveau de 3,5 °C qu’il juge optimal, serait de 0,3 % du PIB par réchauffement à 2 °C, parmi lesquels la Commission européenne RapportMonde_LIVRE2.indb 30 16/09/10 12:39 Abrégé : Pour un climat favorable au développement 31 an. Le coût supplémentaire d’un réchauffement à 2,5 °C plutôt qu’à 51. The Nameless Hurricane, http://science.nasa.gov/headlines/ 3,5 °C serait inférieur à 0,1 % du PIB par an. y2004/02apr_hurricane.htm. Consulté le 12 mars 2009. 33. Les pays en développement consacrent en moyenne 1,5 % de 52. Rogers 2009 ; Westermeyer 2009. leur PIB au titre d’assurances, assurance-maladie comprise mais hors 53. OECO 2004. assurance-vie (Swiss Re 2007). 54. Banque mondiale 2008b. 34. McKinsey & Company 2009. 55. Kanbur 2009. 35. En dollars constants, Banque mondiale 2009c. 56. FAO 2009a. 36. Adger et al. 2009. 57. Worldwatch Institute State of the World 2005 Trends and Facts 37. GIEC 2001. — Water Conflict and Security Cooperation (http://www.worldwatch. 38. Mignone et al. 2008. Cette assertion vaut en l’absence org/node/69, consulté le 1er juillet 2009) ; Wolf et al. 1999. de technologie de géo-ingénierie efficace et acceptable (voir le 58. Easterling et al. 2007; Fisher et al. 2007. chapitre 7). 59. FAO 2008. 39. Cela peut tenir aux économies d’échelle réalisées au 60. von Braun et al. 2008; Banque mondiale 2009a. niveau de l’acquisition des technologies (dans le cas, notamment, 61. Sterner 2007. Le prix moyen du carburant en 2007 était deux du programme nucléaire français et peut-être de la génération fois élevé dans la zone Euro qu’aux États-Unis (1,54 dollar le litre contre d’électricité solaire concentrée) ; aux effets de réseau (pour les 63 centimes de dollars le litre). Les variations des émissions qui ne programmes de construction de voies routières ou ferroviaires) ; ou sont pas dues aux niveaux de revenu sont prises en compte dans à des chocs démographiques ou économiques. Cette assertion, et le les résidus d’une analyse de régression des émissions par rapport reste du paragraphe sont basés sur Shalizi et Lecocq 2009. au revenu par habitant. Lorsque l’on procède à la régression de ces 40. Shalizi et Lecocq 2009. résidus par rapport aux prix de l’essence, on obtient une estimation 41. Folger 2006 ; Levin et al. 2007. de l’élasticité de -0,5, ce qui signifie qu’un doublement des prix du 42. Häfele et al. 1981, tel que cité dans Ha-Duong, Grubb, et carburant aurait pour effet de réduire les émissions de moitié, à Hourcade 1997. revenu par habitant constant. 43. Davis et Owens 2003 ; AIE 2008b ; Nemet et Kammen 2007 ; 62. Basé sur les tarifs moyens de l’électricité pour les ménages en SEG 2007; Stern 2007. 2006-2007 ; U.S. Energy Information Agency (http://www.eia.doe. 44. Repetto 2008. gov/emeu/international/elecprih.html, consulté le 1er août 2009). 45. Stern 2007 Part VI. 63. Les données sur les émissions proviennent de WRI 2008. 46. Chiffre calculé sur la base de la formule utilisée dans Nordhaus 64. AIE 2008c ; PNUE 2008. Un rapport de 2004 de l’Agence 2008. européenne pour l’environnement (AEE 2004) estime que les 47. Chiffres arrondis basés sur les estimations suivantes. Le GIEC subventions européennes au titre de l’énergie étaient de 30 milliards estime que, avec des prix du carbone à hauteur de 50 dollars la tonne d’Euros en 2001 et étaient réparties comme suit : deux-tiers pour les de CO2e, environ 65 % de la réduction des émissions aura lieu dans combustibles fossiles et le dernier tiers pour l’énergie nucléaire et les les pays en développement en 2030 (tableau 11.3 de Barker et al. énergies renouvelables. 2007a). McKinsey & Company (2009) estime que cette proportion est 65. http://www.eia.doe.gov/emeu/international/elecprih.html, de 68 % dans un scénario de stabilisation des émissions à 450 ppm consulté en juillet 2009. avec une allocation au moindre coût. La part des investissements 66. Price and Worrell 2006. mondiaux de moindre coût dans l’atténuation réalisés en 2030 dans 67. ESMAP 2006. les pays en développement est, quant à elle comprise entre 44 et 67 % 68. http://co2captureandstorage.info/index.htm, (consulté le selon certaines estimations (voir le tableau 4.2 : 44 % MESSAGE ; 1er août 2009). 56 % McKinsey ; 67 %, Perspectives des technologies de l’énergie, AIE) 69. Calvin et al. À paraître. AIE 2008a. bien que REMIND produise une estimation ayant une valeur extrême 70. Gurgel, Reilly, et Paltsev 2007 ; AIE 2006 ; Wise et al. 2007. (91 %) pour une concentration de 450 ppm de CO2e. Sur l’ensemble 71. NRC 2007; Tilman Hill, et Lehman 2006 ; WBGU 2009. du siècle (sur la base des valeurs actualisées de tous les investissements 72. OCDE 2008. en 2100) la part estimée pour les pays en développement est un peu 73. Lotze-Campen et al. 2009 ; Wise et al. 2009 ; Se reporter au plus élevée puisqu’elle va de 66 % (Edmonds et al. 2008) à 71 % chapitre 3 pour une analyse de la question. (Hope 2009). 74. Scherr et McNeely 2008. 48. Edmonds et al. 2008. 75. Banque mondiale 2007b. 49. Pour un scénario de stabilisation à 425-450 ppm de CO2e, ou 76. Milly et al. 2008. encore 2 °C, les estimations de coût sont les suivantes : IIASA 2009 : 77. Fay, Block, et Ebinger 2010 ; Ligeti, Penney, et Wieditz 2007; 4 000 milliards de dollars ; Knopf et al. à paraître : 6 000 milliards de The Heinz Center 2007 dollars ; Edmonds et al. 2008 : 9 000 milliards de dollars ; Nordhaus 78. Lempert et Schlesinger 2010. 2008 : 11 000 milliards de dollars ; et Hope 2009 : 25 000 milliards de 79. Keller, Yohe, et Schlesinger 2008. dollars. Ces chiffres sont actualisés et les écarts observés tiennent en 80. Cass 2005; Davenport 2008; Dolsak 2001; Kunkel, Jacob, et grande partie à l’emploi de différents taux d’actualisation. Toutes les Busch 2006. estimations sont basées sur le scénario le plus optimiste, dans lequel 81. Alber et Kern 2008. les mesures d’atténuation sont prises où que ce soit et au moment où 82. Guth, Schmittberger, et Schwarze 1982 ; Camerer et Thaler elles sont le plus efficaces par rapport aux coûts. 1995 ; Irwin 2009 ; Ruffle 1998. 50. Hamilton 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 31 16/09/10 12:39 32 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 83. The Times of India http://timesofindia.indiatimes.com/ ———. 2008b. Energy Effciency Policy Recommendations: In NEWS/India/Even-in-2031-Indias-per-capita-emission-will-be- Support of the G8 Plan of Action. Paris : Agence internationale pour 1/7th-of-US/articleshow/4717472.cms, (consulté en août 2009). l’énergie. 84. Dechezleprêtre et al. 2008. ———. 2008c. Energy Technolog y Perspective 2008: Scenarios 85. Maini 2005 ; Nagrath 2007. and Strategies to 2050. Paris : Agence internationale pour l’énergie. 86. Haites et al. 2006. ———. 2008d. World Energy Outlook 2008. Paris : Agence inter- 87. http://www.gefweb.org/uploadedFiles/ Publications/ nationale pour l’énergie. 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RapportMonde_LIVRE2.indb 37 16/09/10 12:39 RapportMonde_LIVRE2.indb 38 16/09/10 12:39 CHAPITRE 1 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement E nviron 2200 ans avant Jésus-Christ, ville abandonnée ont été recouvertes d’une la modification du régime des épaisse couche de poussière soulevée par vents d’ouest de la Méditerranée et les vents. l’affaiblissement des moussons en En dépit d’une organisation bureau- Inde ont provoqué une baisse des précipita- cratique complexe et d’un système très tions et des températures qui a duré 300 ans élaboré de rationnement, les cités-États de et a eu de graves répercussions sur l’agricul- Mésopotamie méridionale, région pour- ture dans toute la région s’étendant depuis la tant intensément irriguée, n’ont pas pu mer Égée jusqu’à l’Indus. Ces variations cli- réagir assez vite face à ces nouvelles condi- matiques ont entraîné la chute du Royaume tions climatiques. Privé des approvision- égyptien des pharaons bâtisseurs de pyra- nements de cultures céréalières pluviales mides et de l’empire akkadien de Sargon produites jusqu’alors dans le nord, et le Grand en Mésopotamie1. Après à peine confronté à l’assèchement des champs et à quelques décennies de faibles précipita- l’afflux massif de migrants fuyant les cités tions, les cités bâties sur le cours septentrio- dévastées du nord, l’empire mésopotamien nal de l’Euphrate, région qui fut pendant a fini par s’effondrer3. longtemps le grenier à blé des Akkadiens, Si les sociétés ont toujours été dépen- ont été désertées. Dans la cité de Tell Lei- dantes du climat, elles commencent lan, un monument en cours de construc- seulement à comprendre que le climat tion est resté inachevé2 , et les ruines de la est également tributaire de leurs actions. L’augmentation spectaculaire des émis- sions de gaz à effet de serre observée depuis la Révolution industrielle a transformé la Idée force relation entre l’homme et son environne- La réalisation des objectifs de développement est compromise par le changement climatique, ment. En d’autres termes, si le climat influe dont l’impact se fait plus lourdement sentir sur les pays pauvres et les populations démunies ; sur le développement, le processus de déve- il ne sera toutefois possible de maîtriser le changement climatique que si les pays riches loppement influe lui aussi sur le climat. comme les pays pauvres adoptent des modes de fonctionnement à moindre intensité de gaz Si rien n’est fait pour en gérer les effets, à effet de serre. Il nous faut agir maintenant : les décisions que prennent les pays au plan le changement climatique va entraîner du développement détermineront le degré d’intensité de carbone des activités mondiales et un retour en arrière et mettre en péril l’ampleur du réchauffement futur de la planète. Si rien n’est fait, les températures pourraient augmenter de plus de 5 °C avant la fin du siècle. Et il nous faut agir ensemble : retarder la mise les acquis du développement et le bien- en œuvre de mesures d’atténuation dans les pays en développement pourrait doubler le coût des être des générations présentes et futures. mesures nécessaires à ce titre ; c’est ce qui risque de se produire si d’importants financements ne Il ne fait aucun doute que les tempéra- sont pas mobilisés. En revanche, si nous agissons maintenant et ensemble, le surcoût associé au tures mondiales moyennes vont continuer maintien du réchauffement aux environs de 2 °C sera faible et justifié au regard des dangers que d’augmenter à un rythme sans précédent. poserait un changement climatique de plus grande ampleur. Le phénomène se fera sentir partout dans le monde, mais c’est dans les pays en dévelop- pement qu’il aura les plus lourdes consé- RapportMonde_LIVRE2.indb 39 16/09/10 12:39 40 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Carte 1.1 Plus d’un milliard de personnes dépendent de l’eau que leur fournissent des glaciers himalayens en constant recul. • ••••••••• • ••• • • • Sources : Consortium du réseau • • •••••• • •• • international d’information sur les sciences •• ••• •• • •••• •••••••• • • •• de la Terre (CIESIN), http ://sedac.ciesin. • •• ••• •••• ••••• • ••••• •• • •• •••• ••• • • •• • • •• • • • columbia.edu/gpw/global.jsp (consulté le • •• • • •• • •••••• • •• ••• • • •••••• ••••• • •• •• •• ••• ••• • • •• • • •• • •• 15 mai 2009) ; Armstrong et al. 2005 ; ESRI • •••••••••••• ••••• ••• •••• •••••• •• •• •• • • • •• • •• ••••• • Huang He •• •••••••••• • •• •••••••• • • •••••• •• •• ••••••• • • • •••••• • •• •••• •• •• •• ••• •• • •• ••• • •• ••• •• ••• • • • •••••••••••••••••• •• • •• • • •• • • • 2002 ; équipe chargée du Rapport mondial ••••• •• •••• • • • • •• •••••••••••••• • • •• •• • • • • •• 150 millions ••• • ••• •• •• •• •• • • •• • •• ••• ••• • • •• •• •• • • ••• • sur le développement dans le monde. • •• • •• •• • ••• • •• •••••• • •• • ••• Indus •• •• • • Note : Les glaciers de l’Himalaya et du 200 millions • • • • • • •• • • • • •• • • •• • •• • plateau tibétain régulent tout au long de • • •• ••• •• • ••••••• •• • • • • •• • • • • •• • • • • • • ••• • •• ••• •••••••• • ••• • • •• • ••• • • •••• • •• •• •••••• • ••• •• ••• • •• ••• • •••••••••••••• •••••••••• • •••••••••• •••••••• • •• l’année les apports en eau des principaux • ••• • • •• •• • •• • • ••• ••• ••••••• •••• • •• • • •• • • •••••• ••• •• •••••••••••••••• •••••••• •• • •• • •• ••• ••• •• ••• • • •• • • Yangtsé bassins fluviaux dont dépendent • ••••••• ••• • ••• •• ••••• • ••• • •• •• ••••• • ••••••• • • •••••••••• ••• • •• • • • • ••• • • • • • • Brahmapoutre ••• • •• • • 450 millions ••••• • •• d’importantes populations rurales et Gange • 60 millions 400 millions urbaines. Par exemple, l’eau issue de la fonte des glaciers alimente le débit du Gange et de l’Indus à hauteur de 3 % et de 45 % respectivement. La réduction de la capacité de stockage de l’eau sous Delta forme de glace ou de manteau neigeux Gange-Brahmapoutre entraînera une augmentation des débits 120 millions et des inondations pendant la saison des pluies et des pénuries d’eau au cours des Irrawaddy Salween Mékong mois chauds et secs durant lesquels les 35 millions 20 millions 60 millions besoins en eau du secteur agricole sont les plus importants. Seuls les glaciers de plus d’1,5 km2 sont indiqués sur la carte. Les chiffres renvoient au nombre d’habitants dans chaque bassin fluvial. Densité de population (personnes/km2) 0–100 101–250 251–500 501–1000 Fleuves 1001–2000 >2000 Données Bassins fluviaux •• ••• •••••• •• ••• ••••• ••• ••• • Glaciers non disponibles quences. Des millions de personnes, du Bangladesh à la Au cours des deux derniers siècles, les avantages directs Floride, subiront les conséquences de l’élévation du niveau découlant de modes de développement à forte intensité de des mers, qui va provoquer l’inondation des zones habitées carbone se sont concentrés pour l’essentiel dans les pays et la contamination des réserves d’eau douce4. La variabilité aujourd’hui classés dans la catégorie des pays à revenu élevé. accrue du régime pluviométrique et l’aggravation des séche- La répartition inégale des émissions mondiales de carbone resses dans les régions semi-arides d’Afrique vont freiner passées et actuelles et des dégâts avérés et potentiels causés les efforts déployés pour renforcer la sécurité alimentaire par le réchauffement climatique est saisissante (figure 1.1 ; et combattre la malnutrition5. La disparition accélérée des voir également la figure FA.6 au Thème A et l’Abrégé). Les glaciers de l’Himalaya et des Andes, qui régulent le débit des incitations économiques de nature à encourager un accord rivières, produisent de l’énergie hydroélectrique et fournis- international existent, mais encore faut-il que les pays soient sent de l’eau salubre à plus d’un milliard de personnes en déterminés à agir. milieu agricole et urbain, menace à terme les moyens d’exis- La conjoncture actuelle est propice à l’adoption de poli- tence des populations rurales et les grands marchés alimen- tiques adaptées de riposte au changement climatique et de taires (carte 1.1) 6. promotion du développement, mais ne le restera plus très Il faut donc prendre dès maintenant des mesures résolues. longtemps si l’on tarde à agir. Plus les pays persisteront dans Si le débat relatif aux coûts et aux avantages de l’atténuation des trajectoires à forte intensité de carbone, plus il sera diffi- du changement climatique se poursuit, le constat dressé à cile de faire marche arrière et de modifier les infrastruc- ce jour plaide fortement en faveur d’interventions immé- tures, les économies et les modes de vie. Les pays à revenu diates visant à éviter un accroissement des températures élevé doivent s’employer sans plus attendre à réduire leurs impossible à maîtriser. De même, le caractère inacceptable propres émissions, en adaptant leurs environnements bâtis des impacts irréversibles et potentiellement catastrophiques et leurs économies. Ils doivent aussi promouvoir et financer du changement climatique et l’impossibilité de prévoir avec le passage à des modes de croissance sobres en carbone dans certitude de quelle manière et à quel moment ces impacts les pays en développement. Pour relever un tel défi, il faudra se manifesteront appellent des actions vigoureuses. Enfin, la appliquer de manière plus efficace des pratiques aujourd’hui forte inertie du système climatique, de l’environnement bâti connues et opérer des transformations radicales dans des et du comportement des individus et des institutions exige domaines comme la gestion des ressources naturelles, l’ap- d’agir de toute urgence. provisionnement énergétique, l’urbanisation, la protection RapportMonde_LIVRE2.indb 40 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 41 sociale, les transferts financiers internationaux, l’innovation Si rien n’est fait pour en atténuer les effets, technologique et la gouvernance, tant au plan international le changement climatique sera incompatible que national. avec un développement durable Le principal enjeu, pour nombre de pays du monde, Assurer un développement durable aux plans social, écono- consiste à offrir à la population de meilleures perspectives mique et environnemental est déjà un défi en soi, a fortiori si d’avenir et de meilleures conditions de vie tout en préservant l’on y ajoute les problèmes liés au réchauffement climatique. durablement l’environnement, lors même que la planète tout La croissance économique est nécessaire, mais elle ne peut entière est aux prises avec une crise financière et économique suffire à elle seule à réduire la pauvreté et à renforcer l’égalité grave aux effets dévastateurs. La stabilisation des marchés des chances. De même, l’incapacité à préserver l’environ- financiers et la protection de l’économie réelle, des marchés nement menace, à terme, le progrès économique et social. du travail et des groupes vulnérables constituent une prio- Ces considérations n’ont rien de nouveau. Elles font écho à rité immédiate. Dans le même temps, la communauté la défi nition du développement durable qui, plus de 20 ans internationale doit mettre à profit cette période propice au après son adoption, est sans doute la plus utilisée au monde, renforcement de la coopération internationale et à la mise en à savoir un mode de développement visant à « répondre aux œuvre d’interventions nationales pour s’attaquer aux autres besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les problèmes de développement, parmi lesquels le changement générations futures de satisfaire les leurs »7. Ainsi, le change- climatique, qui revêt un caractère prioritaire. ment climatique non maîtrisé est, par définition, incompa- tible avec le développement durable. Figure 1.1 Les émissions individuelles enregistrées dans les pays à revenu élevé sont considérablement supérieures à celles relevées dans les pays en développement CO2e/personnes (tonnes) 30 Australie Canada États-Unis Pays à revenu élevé Pays à revenu intermédiaire Brésil 25 Pays à faible revenu Fédération de Russie Émissions dues à un Allemagne changement d’affectation Japon des terres Royaume-Uni 20 Ukraine Italie Pérou Indonésie Afrique du Sud Myanmar 15 Ghana France Irak; Colombie Iran, Rép. islamique Viet-nam Mexique Congo, Rép. dém. Pakistan Turquie Algérie Éthiopie 10 Thaïlande Nigéria Tanzanie Égypte, Rép arabe Bangladesh Philippines Soudan Chine Ouganda Tchad, 5 Kenya, Niger, Rwanda Inde 0 0,30 0,19 0,13 0,22 0,10 1,32 0,15 1,13 0,16 0,16 Population en 2005 (milliards) Sources : Émissions de gaz à effet de serre relevées en 2005 (Rapport sur le développement dans le monde 2008), majorées des émissions dues à un changement d’affectation des terres (Houghton 2009) ; données démographiques de la Banque mondiale 2009c. Note : La largeur de chaque colonne représente la population ; la hauteur représente les émissions par habitant et l’aire couverte par la colonne les émissions totales. Les émissions par habitant du Qatar (55,5 tonnes de dioxyde de carbone ou d’équivalent dioxyde de carbone par habitant), des Émirats arabes unis (38,8 tonnes) et de Bahreïn (25,4 tonnes) – qui sont supérieures à la hauteur de l’axe vertical – ne sont pas indiquées. Parmi les grands pays, le Brésil, l’Indonésie, la République démocratique du Congo et le Nigéria enregistrent de faibles émissions de sources énergétiques, mais un niveau élevé d’émissions dues au changement d’affectation des terres ; la part des émissions attribuable, dans chacun de ces pays, au changement d’affectation des terres est indiquée par les hachures. RapportMonde_LIVRE2.indb 41 16/09/10 12:39 42 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Le changement climatique menace de compromettre (voir Thème A sur les bases scientifiques du changement les acquis du développement climatique) 17. L’évolution des températures et des précipi- On estime que 400 millions de personnes ont échappé à la tations moyennes, la variabilité et l’imprévisibilité grandis- pauvreté entre 1990 et 2005, date des estimations les plus santes du climat et la survenue de phénomènes climatiques récentes8 – bien que la crise financière mondiale qui sévit de plus en plus extrêmes peuvent influer sur les rendements actuellement et la flambée des prix des produits alimentaires agricoles, les revenus, la santé, la sécurité physique et, à enregistrée entre 2005 et 2008 aient en partie contribué à terme, sur les modes et les niveaux de développement futurs. renverser la tendance9. Depuis 1990, les taux de mortalité Les conséquences du changement climatique vont se infantile ont chuté, passant de 106 à 83 pour 1 000 nais- manifester dans de nombreux secteurs et environnements sances vivantes10. Dans le même temps, près de la moitié de productifs (agriculture, foresterie, énergie, zones côtières, la population des pays en développement (48 %) vit encore notamment), dans les pays développés comme dans le dans la pauvreté, avec moins de deux dollars par jour11. Près monde en développement. Les économies en développement d’un quart des personnes concernées, soit 1,6 milliard d’in- seront plus durement touchées, en raison notamment de dividus, n’ont pas accès à l’électricité12 et une sur six n’a pas leur exposition accrue aux chocs climatiques, mais aussi de accès à une eau salubre13. Dix millions d’enfants de moins leurs faibles capacités d’adaptation. Mais aucun pays n’est à de cinq ans meurent chaque année victimes de maladies que l’abri, comme en témoigne la canicule de 2003, qui a fait plus l’on sait pourtant prévenir et traiter, comme les infections de 70 000 victimes dans une douzaine de pays européens respiratoires, la rougeole et les maladies diarrhéiques14. (carte 1.2). De même, dans les forêts de l’Ouest du Canada, Au cours du dernier demi-siècle, l’exploitation des l’infestation de dendroctones du pin, due en partie à des ressources naturelles (et notamment des combustibles hivers plus doux, a des effets dévastateurs sur l’industrie du fossiles) a favorisé l’amélioration des conditions de vie. bois et menace les moyens d’existence et la santé des commu- Toutefois, lorsqu’elle conduit à la dégradation des ressources nautés isolées de la région, obligeant les pouvoirs publics à et au changement climatique, elle ne peut être viable. En investir des millions de dollars dans la mise en œuvre de privilégiant la croissance au détriment de l’environnement stratégies d’adaptation et de prévention18. Les tentatives naturel, les hommes n’ont fait qu’accroître leur vulnérabilité d’adaptation engagées à l’avenir dans les pays développés et aux catastrophes naturelles (voir chapitre 2). En règle géné- en développement en réponse à d’autres menaces de ce type rale, les plus pauvres dépendent directement des ressources seront très coûteuses, tant au plan humain qu’économique, naturelles pour subvenir à leurs besoins. Environ 70 % des mais ne suffiront pas pour autant à éviter tous les dommages individus en situation de pauvreté extrême vivent en zone directement attribuables au changement climatique. rurale. Le réchauffement climatique peut avoir un impact majeur Sauf évolution notable de la situation démographique, la sur le niveau et le taux de croissance du produit intérieur population mondiale atteindra 9 milliards d’habitants d’ici brut (PIB), du moins dans les pays pauvres. L’analyse des à 2050, et l’on comptera 2,5 milliards de personnes en plus variations de températures enregistrées à l’échelle nationale dans les pays en développement. Cette poussée démogra- d’une année sur l’autre (par rapport à la moyenne relevée phique va accentuer les pressions qui pèsent sur les écosys- dans les pays considérés) montre que, pendant les années où tèmes et les ressources naturelles, intensifier la concurrence les températures sont anormalement clémentes, le niveau du qui s’exerce sur les ressources en terres et en eau et accroître PIB et le taux de croissance correspondant baissent dans les la demande d’énergie. C’est principalement dans les villes pays en développement19. La succession de plusieurs années que la population va augmenter, ce qui pourrait permettre chaudes devrait donc en toute logique conduire à l’adoption de limiter la dégradation des ressources et la consommation de mesures d’adaptation de nature à réduire les impacts individuelle d’énergie. Toutefois, si l’urbanisation est mal économiques du réchauffement climatique. Pourtant, on maîtrisée, la dégradation des ressources et la consommation constate que les pays en développement où le réchauffement individuelle d’énergie pourraient au contraire augmenter, au est plus marqué enregistrent des taux de croissance plus même titre que la vulnérabilité des populations humaines. faibles20. Les données relatives à l’Afrique subsaharienne Le changement climatique est un poids supplémentaire indiquent que la variabilité du régime pluviométrique, qui pour le processus de développement15, et ses impacts sont devrait augmenter sensiblement, a aussi pour effet de réduire déjà visibles. Les données scientifiques les plus récentes le PIB et d’accroître la pauvreté21. montrent que le phénomène s’amplifie et s’accélère, et que La productivité agricole est un des nombreux facteurs le rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la vulnérabilité accrue des pays en développement (voir et de l’élévation du niveau des océans est supérieur aux chapitre 3, carte 3.3). En Europe du Nord et en Amérique prévisions antérieures16. De plus, les effets des variations du Nord, l’action conjuguée d’un faible réchauffement et de climatiques se font sentir plus tôt qu’on ne l’avait prévu et l’effet de fertilisation du dioxyde de carbone (CO2) pour- perturbent déjà les systèmes socioéconomiques et naturels rait favoriser l’amélioration des rendements agricoles et la RapportMonde_LIVRE2.indb 42 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 43 Carte 1.2 Les pays riches ne sont pas épargnés par les anomalies climatiques : la canicule de 2003 a fait plus de Source : Robine et al. 2008. 70 000 victimes en Europe Note : Les décès attribués à la canicule sont ceux venus s’ajouter aux décès qui auraient été enregistrés en l’absence de canicule ; ils ont été estimés à partir Nombre de décés de données de base sur les tendances moyennes de la mortalité. Pays touchés Pays épargnés ROYAUME - UNI 301 PAYS-BAS 965 BELGIQUE 1 175 ALLEMAGNE 9 355 LUXEMBOURG 166 SLOVENIE SUISSE 289 CROATIE 1 039 788 FRANCE 19 490 PORTUGAL ITALIE 2 696 20 089 ESPAGNE 15 090 croissance des forêts22. À l’inverse, en Chine et au Japon, la des principales cultures produites en Inde devrait baisser production de riz, un des principaux aliments de base du de 4,5 à 9 % au cours des 30 prochaines années, même si monde, diminuera probablement, tandis qu’en Asie centrale des mesures d’adaptation sont prises dans le court terme26. et en Asie du Sud, les rendements des cultures de blé, de maïs Si cette hypothèse venait à se confirmer, les incidences du et de riz seront très durement touchés23. De même, les pers- changement climatique sur la pauvreté – et le PIB – pour- pectives concernant la production agricole et l’élevage sur raient être colossales, compte tenu de la croissance prévue de les terres semi-arides non irriguées d’Afrique subsaharienne la population et du fait qu’une augmentation d’un point de sont d’ores et déjà très sombres, lors même que le réchauffe- pourcentage du PIB agricole dans les pays en développement ment n’a pas encore atteint 2 à 2,5 °C au dessus des tempéra- entraîne une augmentation de 4 à 6 points de pourcentage de tures préindustrielles24. la consommation du tiers le plus pauvre de la population27. Le ralentissement de la productivité rizicole observé en Les impacts du changement climatique sur la santé ne Inde après les années 1980 (par rapport aux rendements font qu’ajouter aux pertes humaines et économiques qu’il obtenus pendant la Révolution verte des années 1960) n’est engendre, en particulier dans les pays en développement. pas attribuable uniquement au recul des prix du riz et à la L’Organisation mondiale de la santé estime que le change- détérioration des infrastructures d’irrigation, comme on le ment climatique a entraîné en 2000 la perte de 5,5 millions pensait jusqu’à présent, mais aussi à des phénomènes clima- d’années de vie corrigées du facteur d’invalidité, dont 84 % tiques défavorables liés à la pollution locale et au réchauffe- en Afrique subsaharienne et en Asie de l’Est et du Sud28. ment mondial25. On peut considérer, en s’appuyant sur les À mesure que les températures augmentent, le nombre de variations du climat et de la production agricole enregis- personnes susceptibles d’être infectées par le paludisme ou trées dans le passé d’une année sur l’autre, que le rendement la dengue augmentera également, et ce sont principalement RapportMonde_LIVRE2.indb 43 16/09/10 12:39 44 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Carte 1.3 Le changement climatique va probablement accroître la pauvreté dans la plupart des régions du Brésil, en particulier dans les plus pauvres. Revenu médian (en dollars PPA) Effets du changement climatique sur la pauvreté (points de pourcentage) < 4000 4001–5000 5001–6000 6001–7000 -4–0 0–1 1–2 2–3 7001–8000 8001–10000 >10000 Données 3–4 4–5 >5 Données manquantes manquantes Sources : Consortium du réseau international d’information sur les sciences de la Terre (CIESIN), http ://sedac.ciesin.columbia.edu/gpw/global.jsp (consulté le 15 mai 2009) ; Dell, Jones et Olken 2009 ; Assunçao et Chein 2008. Note : Estimations de l’impact du changement climatique sur la pauvreté au milieu du XXIe siècle, calculées sur la base des projections faisant état d’une baisse des rendements agricoles de 18 %. La variation de la pauvreté est exprimée en points de pourcentage ; par exemple, le taux de pauvreté dans le nord-est du pays, estimé à 30 % (sur la base d’un dollar par jour pour les données de 2000), pourrait augmenter de 4 points pour atteindre 34 %. Ces estimations tiennent compte de la migration interne, l’impact du changement climatique sur la pauvreté des migrants étant comptabilisé dans la municipalité d’origine. les pays en développement qui supporteront le poids de ces facilement les difficultés qui en résultent (carte 1.3). Lorsque maladies29. Par ailleurs, on a pu établir une forte corréla- l’ouragan Mitch a balayé le Honduras en 1998, il a frappé tion entre l’incidence des sécheresses, qui devrait augmen- plus de ménages aisés que de ménages pauvres, mais les ter au Sahel comme ailleurs, et les épidémies de méningite foyers modestes ont été proportionnellement plus durement survenues dans le passé en Afrique subsaharienne30. Dans touchés et ont perdu entre 15 et 20 % de leurs biens, contre certaines régions, la baisse des rendements agricoles va 3 % seulement pour les ménages les plus riches32. Les impacts entraîner une aggravation de la malnutrition, ce qui réduira à plus long terme ont également été plus importants : on a la capacité des populations à résister à la maladie. La charge observé dans tous les ménages un ralentissement de l’ac- de morbidité des maladies diarrhéiques attribuables aux cumulation de biens, qui s’est toutefois avéré plus marqué seuls effets du changement climatique pourrait augmenter dans les foyers les plus modestes33. De plus, les hommes et les de 5 % d’ici à 2020 dans les pays où le revenu par habitant est femmes n’ont pas ressenti de la même manière les impacts inférieur à 6 000 dollars par an. L’élévation des températures de l’ouragan (encadré 1.1) : les ménages dirigés par des devrait aussi accroître l’incidence des pathologies cardio- hommes, qui ont pu trouver plus rapidement du travail et vasculaires, en particulier dans les régions tropicales, mais un nouveau logement, ont passé moins de temps dans les aussi dans les pays situés à des latitudes plus élevées (et dans abris mis à la disposition des sinistrés que les ménages diri- lesquelles les revenus sont plus importants), ce qui réduirait gés par des femmes, qui ont dû lutter pour se remettre de la à néant les avancées découlant de la diminution du nombre catastrophe34. de décès liés au froid31. Les effets conjugués du changement climatique, de la Si toutes les catégories de revenus peuvent ressentir les dégradation de l’environnement et de la défaillance des effets défavorables de l’évolution du climat, de la variabilité marchés et des institutions pourraient enclencher un cycle climatique et des chocs qu’elles engendrent, les personnes de pauvreté que l’effondrement progressif des écosystèmes et les communautés aisées peuvent malgré tout gérer plus côtiers, l’imprévisibilité accrue des précipitations ou une RapportMonde_LIVRE2.indb 44 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 45 ENCADRÉ 1.1 Les femmes qui accèdent à l’autonomie contribuent à renforcer l’efficacité des actions d’adaptation et d’atténuation Les femmes et les hommes ne ressentent assuré par la suite le suivi continu du femmes. Regroupées en associations, les pas de la même manière les effets du système d’alerte précoce. Leur plus grande femmes assurent la gestion des ressources changement climatique. Les impacts du conscience des risques et leurs capacités forestières et de projets de développement changement climatique et les politiques renforcées de gestion ont permis à la axés notamment sur la plantation d’arbres, climatiques n’ont pas les mêmes municipalité d’évacuer rapidement le la création de pépinières, l’accession conséquences pour les hommes et les village. De même, les enseignements qui des femmes à la propriété de parcelles femmes, dans la mesure où la vulnérabilité se dégagent des opérations de relèvement forestières et la gestion de ces parcelles. aux effets du changement climatique, tout post-catastrophe indiquent que, lorsque la Au moins la moitié des travailleurs comme les responsabilités et les capacités gestion des systèmes de distribution des agricoles du monde sont des femmes ; en matière d’atténuation et d’adaptation, vivres est confiée aux femmes, il y a moins aujourd’hui encore, ce sont dans une varient en fonction du sexe. La vulnérabilité de corruption, et les vivres sont distribués large mesure les femmes et les filles qui des hommes et des femmes s’exprime de manière plus équitable. sont chargées des corvées de collecte de différemment, en fonction de paramètres bois et d’eau. Le potentiel d’adaptation La participation des femmes tels que la valeur des biens possédés et d’atténuation, en particulier dans les contribue à enrichir la biodiversité et les droits à la propriété, l’accès aux secteurs agricole et forestier, ne pourra se et à améliorer la gestion de l’eau services financiers, le niveau d’instruction, concrétiser pleinement que si le savoir-faire Entre 2001 et 2006, un programme de l’appartenance à des réseaux sociaux et la et les connaissances traditionnelles dont lutte contre le déboisement mis en participation aux activités d’organisations les femmes sont détentrices en matière œuvre par des femmes dans la localité locales. Dans certaines circonstances, les de gestion et d’utilisation rationnelle des de Zammour, en Tunisie, a contribué femmes sont particulièrement vulnérables ressources naturelles sont mis à profit. à l’extension des terres sous couvert aux menaces que les chocs climatiques végétal, à la préservation de la diversité La participation des femmes influe font peser sur leurs moyens d’existence biologique locale et à la stabilisation favorablement sur la santé publique et leur sécurité physique. Pourtant, des terres érodées de l’écosystème En Inde, les peuples autochtones utilisent certaines données montrent que, lorsque montagneux. Les femmes ont été invitées à des fins thérapeutiques des herbes et des les hommes et les femmes jouissent des à donner leur avis lors des réunions de arbustes aux propriétés médicinales. Les mêmes droits économiques et sociaux, ils consultation organisées dans le cadre du femmes, de par leur rôle de gardiennes de subissent de la même manière les effets des programme, et leurs connaissances en la nature, détiennent des connaissances catastrophes. L’autonomisation des femmes matière de gestion des ressources en eau particulières en la matière et peuvent iden- et leur participation à la prise de décision ont été prises en compte. Le programme tifier près de 300 espèces forestières utiles. peuvent conduire à une amélioration a notamment permis d’évaluer et Partout dans le monde, en Amérique des conditions environnementales et des d’appliquer des méthodes innovantes et centrale comme en Afrique du nord, en moyens d’existence qui profite à l’ensemble efficaces de collecte et de conservation de Asie du Sud ou en Afrique australe, les de la communauté. l’eau de pluie, comme l’aménagement de programmes d’adaptation et d’atténuation La participation des femmes à la poches de pierre enfouies dans le sol pour soucieux de promouvoir la parité gestion des catastrophes peut sauver réduire l’évaporation de l’eau d’irrigation hommes-femmes donnent d’ores et des vies et la plantation d’espèces locales d’arbres déjà des résultats mesurables : la pleine La participation des femmes aux fruitiers pour stabiliser les terres érodées. participation des femmes à la prise de opérations de préparation aux décision peut et va sauver des vies, en La participation des femmes renforce catastrophes et de relèvement peut favorisant la protection de ressources la sécurité alimentaire et favorise contribuer à améliorer le bien-être de naturelles fragiles, la réduction des la protection des forêts la collectivité avant, pendant et après émissions de gaz à effet de serre et le Depuis 2001, des femmes ont planté un événement climatique extrême. renforcement de la capacité de résistance 400 000 noyers à pain (Brosimum Contrairement à d’autres communautés des générations actuelles et futures. Les alicastrum) au Guatemala, au Nicaragua, à dans lesquelles on a recensé de nombreux mécanismes et les financements mis en El Salvador et au Honduras. Le projet, qui a décès, le village de La Masica, au Honduras, place à l’appui des actions de prévention, permis de renforcer la sécurité alimentaire n’a déploré aucune victime ni pendant, d’adaptation et d’atténuation ne suffiront des femmes et de leurs familles, présente ni après le passage de l’ouragan Mitch, pas s’ils ne reposent pas sur la pleine aussi des avantages liés au financement de en 1998. Six mois plus tôt, un organisme participation des femmes à la conception la lutte contre le changement climatique, de secours avait entrepris des actions et à la mise en œuvre des interventions et puisque Equilibrium Fund, qui parraine d’éducation communautaire axées sur les à la prise des décisions s’y rapportant. cette initiative, travaille à la mise en systèmes d’alerte précoce, en s’efforçant place d’un mécanisme d’échange de Sources : Informations obtenues de Nilufar de promouvoir la parité hommes-femmes. permis d’émissions avec les États-Unis et Ahmad, d’après Parikh 2008 ; Lambrou et Si hommes et femmes ont participé en un l’Europe. Au Zimbabwe, plus de la moitié Laub 2004 ; Neumayer et Plumper 2007 ; premier temps aux activités de gestion des 800 000 ménages vivant en milieu Smyth 2005 ; Aguilar 2006 ; UNISDR 2007 ; des risques, ce sont les femmes qui ont communautaire sont dirigés par des PNUD 2009 ; et Martin 1996. RapportMonde_LIVRE2.indb 45 16/09/10 12:39 46 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E saison cyclonique particulièrement difficile suffirait à accé- Équilibrer la croissance et évaluer les politiques face lérer35. Si les catastrophes naturelles de grande ampleur au changement climatique ont les effets les plus visibles, des chocs plus modestes mais répétés ou des modifications subtiles de la répartition des Croissance : évolution de l’empreinte carbone et de la précipitations annuelles pourraient aussi réduire de manière vulnérabilité À l’horizon 2050, une proportion soudaine mais néanmoins persistante le bien-être des importante de la population des pays qui sont actuellement en populations. développement bénéficiera d’un mode de vie caractéristique Les preuves empiriques du cercle vicieux de la pauvreté des classes moyennes. Or, la planète ne pourra subvenir – qui s’entend d’un niveau de consommation constamment aux besoins de 9 milliards de personnes ayant une inférieur à un seuil donné – sont mitigées36. Toutefois, des empreinte carbone identique à celle des classes moyennes données croissantes montrent que dans les communautés d’aujourd’hui. Il faudrait pour cela pratiquement tripler les pauvres touchées par des chocs climatiques, les ménages émissions annuelles de carbone. En outre, le développement mettent beaucoup plus de temps à se reconstituer un patri- n’entraîne pas nécessairement un renforcement de la capacité moine, et que la croissance du capital humain ne reprend de résistance au changement climatique : la croissance que très lentement. En Éthiopie, une saison de très faibles pourrait ne pas être assez rapide et accentuer la vulnérabilité précipitations a suffi à réduire la consommation dans des de certains groupes, même si d’autres voient leur situation proportions telles que les effets s’en faisaient encore sentir s’améliorer. De même, des politiques climatiques mal quatre à cinq ans plus tard37. Au Brésil, des épisodes de adaptées pourraient compromettre le développement durable. sécheresse ont entraîné dans certaines régions une réduc- II est néanmoins inacceptable, tant du point de vue tion massive des salaires versés aux ouvriers agricoles, qui éthique que politique, de priver les pauvres de la possibi- ont dû attendre cinq ans avant de percevoir à nouveau le lité d’accroître leurs revenus au seul motif que les riches ont même salaire que les ouvriers de régions non affectées38. atteint les premiers le sommet de l’échelle. Les pays en déve- Dans le même temps, l’accès limité au crédit, à l’assu- loppement produisent actuellement près de la moitié des rance et aux garanties prive les ménages les plus pauvres émissions annuelles de gaz à effet de serre, mais abritent près des moyens de réaliser des investissements productifs ou de 85 % de la population mondiale ; dans les pays à revenu les conduit à choisir des investissements à faible risque et à faible et intermédiaire, l’empreinte carbone du citoyen rendement peu élevé afin de se prémunir contre tout choc moyen en matière de production d’énergie est de 1,3 et futur39. Dans les villages d’Inde, les agriculteurs pauvres 4,5 tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO2e) respec- ont tenté d’atténuer les risques liés aux aléas climatiques en tivement, contre 15,3 dans les pays à revenu élevé43. De plus, investissant dans des biens et des technologies peu sensibles les émissions passées – en d’autres termes, le stock existant aux variations du régime pluviométrique, mais qui offrent de gaz à effet de serre dans l’atmosphère – sont imputables des rendements moyens très faibles, ce qui contribue à pour l’essentiel aux pays développés44. En conséquence, perpétuer les inégalités dans le pays40. pour écarter la menace que le changement climatique fait Les chocs climatiques peuvent aussi avoir un impact peser sur le bien-être de l’humanité, il faudra non seulement permanent sur la santé et l’éducation. Des recherches inventer des modes de développement intelligents sur le plan menées en Côte d’Ivoire sur le lien entre le régime pluvio- climatique – de manière à accroître les revenus et la capacité métrique et les investissements consacrés à l’éducation de résistance aux variations du climat tout en réduisant les montrent que, dans les régions où la variabilité météorolo- émissions par rapport aux augmentations prévues – mais gique a été supérieure à la normale, les taux de scolarisation aussi trouver des solutions intelligentes au plan climatique des garçons et des fi lles ont diminué de 20 %41. Lorsqu’ils pour préserver la prospérité des pays développés, en renfor- sont associés à d’autres problèmes, les chocs environnemen- çant leur résistance au changement climatique et en rédui- taux peuvent avoir des effets durables. Ainsi, au Zimbabwe, sant, en valeur absolue, leurs émissions de carbone. on a constaté que les personnes ayant vécu la sécheresse et Les données dont on dispose montrent que les politiques la guerre civile dans leur petite enfance (entre l’âge de 12 et peuvent influer fortement sur la manière dont l’empreinte de 24 mois) mesuraient 3,4 cm de moins que la moyenne, carbone évolue par suite de l’augmentation des revenus45. avaient perdu presque une année scolaire et avaient été Dans les pays riches, notamment les pays producteurs de scolarisés avec près de six mois de retard. On estime par pétrole et les petits États insulaires, l’empreinte carbone ailleurs que ces phénomènes ont entraîné une diminution moyenne des citoyens varie du simple au duodécuple, tout de 14 % de leurs revenus sur toute leur durée de vie, ce qui comme l’intensité énergétique du PIB46, ce qui tend à indi- est considérable pour des individus proches du seuil de quer que l’empreinte carbone n’augmente pas systéma- pauvreté42. tiquement avec les revenus. Par ailleurs, les économies en développement d’aujourd’hui consomment beaucoup moins d’énergie par habitant que l’ont fait en leur temps, à revenu RapportMonde_LIVRE2.indb 46 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 47 égal, des pays développés comme les États-Unis, ce qui met maintenant : le changement climatique est déjà une réalité et en évidence tout le potentiel lié aux modèles de croissance ne peut que s’accentuer, y compris à brève échéance. plus sobres en carbone47. L’accès progressif des nations à la prospérité économique L’adaptation et l’atténuation doivent être intégrées à une s’est toujours accompagné d’un processus d’adaptation à stratégie de développement intelligente sur le plan clima- l’évolution des conditions écologiques. Mais à mesure que tique ayant pour objectif d’accroître la résistance au chan- la croissance modifie l’environnement et que le changement gement climatique, de réduire le risque d’une intensification environnemental s’accélère, la croissance durable et l’adap- du réchauffement planétaire et d’améliorer les résultats obte- tabilité exigent une plus grande aptitude à comprendre nus en matière de développement. Les mesures d’adaptation l’environnement, à élaborer de nouvelles technologies et et d’atténuation peuvent promouvoir le développement, et pratiques évolutives et à les diffuser largement. Comme l’ont la prospérité peut favoriser l’augmentation des revenus et expliqué les historiens de l’économie, l’humanité consacre le renforcement des institutions. Une population en bonne une grande partie de son potentiel créatif à s’adapter à un santé vivant dans des habitations mieux conçues et ayant monde en constante évolution48. Mais il ne suffit pas de accès à des prêts bancaires et à des dispositifs de protection s’adapter pour être à même de faire face à tous les impacts du sociale est mieux armée pour faire face aux changements changement climatique, et en particulier des changements climatiques et à ses conséquences. Il faut donc encourager de grande ampleur qui s’inscrivent dans le long terme (voir la mise en œuvre de politiques de développement robustes et chapitre 2)49. résolues visant à promouvoir l’adaptation, et s’y employer dès Carte 1.4 Les tempêtes de neige qui ont frappé la Chine en janvier 2008 ont gravement perturbé les transports, pilier de la croissance économique du pays Sources : ACASIAN 2004 ; Chan 2008 ; Huang et Magnoli 2009 ; Service agricole extérieur du Département de l’agriculture des Pékin États-Unis (USDA), Commodity Intelligence Report, 1er février D.P.R. 2008, http ://www.pecad.fas.usda.gov/highlights/2008/02/ T’ien-Tsin OF MassiveSnowStorm.htm (consulté le 14 juillet 2009) ; Ministère Shijiazhuang KOREA des communications de la République populaire de Chine, «The Guarantee Measures and Countermeasures for Extreme Snow Chi-nan Lanzhou and Rainfall Weather », 1er février 2008, http ://www.china.org. Ligne cn/e-news/news080201-2.htm (consulté le 14 juillet 2009). Ch’ing-tao Zhengzhou Jing-Hu Note : La largeur des flèches représente le volume du trafic Hsi-an voyageurs pendant les fêtes du Nouvel an chinois, calculé en Ligne Longhai Luoyang inversant les flux estimés de migration de main-d’œuvre. Selon ces estimations, le nombre de migrants internes serait compris Nanjing entre 130 millions et 180 millions. La gravité estimée de l’impact Ligne Jingguang Hefei des intempéries a été calculée sur la base des précipitations Chengdu Suzhou Shanghai cumulées relevées au mois de janvier et des informations diffusées par les médias et par les pouvoirs publics pendant Wuhan Hangzhou Chongqing les tempêtes. Nanchang Changsha Ligne Fuzhou Jingjiu Canton Shenzhen VIÊT-NAM R. D. P. du Laos Provinces touchées Important Flux de transit des régions Peu touchées/épargnées Moyen côtières vers les régions rurales Faible Modérément touchées Réseau ferroviaire Durement touchées Principales lignes ferroviaires de transport de passagers RapportMonde_LIVRE2.indb 47 16/09/10 12:39 48 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Au rythme où se produit le changement climatique, les potentiel hydroélectrique encore inexploité de la planète est pays n’auront pas assez de temps pour se mettre à l’abri du concentré en grande partie dans les pays en développement, danger. De plus, certaines stratégies de croissance, qu’elles et en particulier en Afrique subsaharienne (carte 1.5). relèvent des pouvoirs publics ou des marchés, peuvent L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, qui bénéficient d’un accroître la vulnérabilité au changement climatique, en ensoleillement important pendant toute l’année, pourraient particulier si elles reposent sur une surexploitation des tirer parti de l’augmentation de la demande d’énergie solaire ressources naturelles. Durant l’ère soviétique, la culture en Europe (voir chapitre 4, encadré 4.15)52. Pourtant, l’atout irriguée du coton, entreprise dans le cadre du plan national que la production d’énergies renouvelables représente pour de développement, a été étendue aux régions souffrant de de nombreux pays n’est pas encore exploité de manière stress hydrique d’Asie centrale et a conduit à la disparition optimale, comme en témoigne la multiplication des projets de la quasi-totalité de la mer d’Aral, menaçant les moyens de production d’électricité solaire en Europe du Nord, plutôt d’existence des pêcheurs, des éleveurs et des agriculteurs de qu’en Afrique du Nord. la région50. Dans le même ordre d’idée, les mangroves – qui Mais les politiques d’atténuation peuvent aussi être peu tiennent lieu de barrières naturelles protégeant les zones judicieuses et réduire le bien-être des populations si leurs côtières des ondes de tempête – ont été détruites pour faire effets secondaires potentiels ne sont pas pris en compte dans place à l’élevage intensif de la crevette ou à des lotissements leur conception et leur mise en œuvre. Si on la compare à résidentiels, ce qui n’a fait qu’accentuer la vulnérabilité la production d’éthanol cellulosique, moins polluante, voire physique des établissements humains côtiers, que ce soit en à la production d’essence, la production de biocarburants à Guinée ou en Louisiane. base de maïs aux États-Unis a un coût supérieur pour la santé Les chocs climatiques peuvent mettre à rude épreuve des du fait de la pollution qu’elle engendre à l’échelle locale, et infrastructures parfaitement efficaces en situation normale les réductions des émissions de CO2 qui en résultent ne sont ou révéler des faiblesses institutionnelles jusqu’alors guère concluantes (figure 1.2)53. De plus, les politiques de passées inaperçues, y compris dans les pays à revenu élevé promotion des biocarburants mises en œuvre aux États-Unis et en rapide croissance. À titre d’exemple, en dépit de plus et en Europe ont entraîné une réorientation des intrants vers de deux décennies d’une croissance économique impres- la production de carburants au détriment de la production sionnante, et en partie du fait des transitions qui en ont résulté sur le marché du travail, des millions de travailleurs Figure 1.2 Aux États-Unis, les biocarburants à base de maïs produisent davantage migrants se sont retrouvés bloqués en Chine pendant les d’émissions de CO2 et génèrent des coûts de santé plus élevés que l’essence violentes tempêtes de neige qui se sont brusquement abat- Coûts hors marché (dollar/litre) tues sur le pays en janvier 2008 (carte 1.4). Les intempéries Source de chaleur pour la production d’éthanol ont littéralement paralysé le réseau ferroviaire au moment Déchets Gaz Charbon où les travailleurs migrants rentraient chez eux pour célé- 0,40 de maïs naturel brer le Nouvel an chinois, et des millions de personnes se sont retrouvées bloquées, tandis que les provinces du sud et 0,30 du centre du pays étaient touchées par des pénuries alimen- taires et des coupures de courant. L’ouragan Katrina a montré que les États-Unis n’étaient ni prêts ni équipés pour 0,20 faire face à une telle catastrophe, et que des décennies de prospérité ne débouchent pas systématiquement sur la mise 0,10 en place de dispositifs efficaces de planification (et, par voie de conséquence, d’adaptation). De même, le fait que les reve- nus moyens soient élevés ne garantit pas nécessairement la 0,00 Essence Éthanol de maïs protection des communautés les plus démunies. Coût des émissions de GES dues à la production et à l’utilisation de biocarburants Politiques d’atténuation – pour le meilleur ou pour le pire Coût de santé liés à l’inhalation de particules Les politiques d’atténuation peuvent être mises à profit pour Coût des émissions de GES dues à un changement d’affectation des terres générer d’autres avantages économiques en complément Source : Hill et al. 2009. de ceux découlant de la réduction des émissions, et Note : Les coûts sont exprimés en dollars par litre d’essence ou d’équivalent essence. peuvent aussi offrir des possibilités aux plans local et Les coûts pour la santé (indiqués en mauve) sont des estimations du coût pour la santé régional. Ainsi, le Brésil pourrait à l’avenir devenir un des des émissions de matières en suspension issues de la production et de la combustion finale d’un litre supplémentaire d’éthanol. Le coût des émissions de gaz à effet de serre principaux fournisseurs d’énergie du monde grâce aux est établi à partir d’un prix du carbone de 120 dollars la tonne, calculé sur la base biocarburants – la production brésilienne d’éthanol a plus du coût estimé du piégeage et du stockage du carbone. Une part (indiquée par les hachures obliques) des émissions de GES liées à la production d’éthanol de maïs est que doublé depuis le début des années 200051. De même, le due au défrichage, à la conversion ou à la mise en culture des terres. RapportMonde_LIVRE2.indb 48 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 49 Sources : International Journal on Carte 1.5 L’Afrique dispose d’un énorme potentiel hydroélectrique encore inexploité, alors que les ressources Hydropower and Dams, World Atlas, 2006 hydroélectriques des États-Unis présentent un potentiel plus faible, mais plus exploité. (http ://hydropower-dams.com, consulté le 9 juillet 2009) ; AIE, bilans énergétiques des pays membres de l’OCDE, 2008 ; et AIE, bi- lans énergétiques des pays non-membres de l’OCDE, 2007 (http ://www.oecd.org/do cument/10/0,3343,en_21571361_33915056_ 39154634_1_1_1_1,00.html, consulté le 9 juillet 2009). Note : Le potentiel hydroélectrique des N il États-Unis est exploité à 50 %, celui des pays d’Afrique subsaharienne à hauteur de 7 à 8 % seulement. La production électrique totale des États-Unis est indiquée pour rendre compte des échelles considérées. er Nig Nil i i B le l l u ué no Bé Ni lB lanc Oub angui ngo Co 4,50 25 % de la production Lukaga 4,00 mondiale d’électricité en 2005 ba Gigawatt-heures/année en 2005 (millions) Luala 3,50 Production totale d’électricité 3,00 Potentiel hydroélectrique économiquement Shire 2,50 exploitable Zambèze Production hydroélectrique 2,00 actuelle 1,50 Orange 1,00 0,50 0,00 États-Unis Afrique Subsaharienne Hydroélectricité économiquement viable en Afrique subsaharienne (en GWh par an) < 2 000 2 001–5 000 5 001–10 000 10 001–50 000 Indéterminé ou sans objet vivrière, ce qui a contribué à la hausse mondiale des prix Le lien entre politiques commerciales et politiques d’at- des produits alimentaires54. Or de telles flambées des prix ténuation n’est pas toujours facile à établir. D’aucuns ont alimentaires entraînent souvent une augmentation des taux proposé de comptabiliser dans les émissions de CO2 des de pauvreté55. Leur impact global sur la pauvreté est fonc- pays de destination les émissions liées aux produits expor- tion de la structure de l’économie, au sens où les producteurs tés, de manière à ne pas pénaliser les pays exportateurs qui nets tirent profit de la hausse des prix, alors que les acheteurs se spécialisent dans la fabrication de produits industriels nets voient leur situation se dégrader. Nombre de pays à lourds consommés par d’autres. Mais, si les importateurs excédent vivrier comme l’Argentine, l’Inde et l’Ukraine ont décidaient d’appliquer des taxes sur le contenu en carbone réagi en interdisant les exportations de certains produits et des produits importés de manière à mieux répartir le prix en prenant des mesures protectionnistes qui ont réduit les du carbone, il en résulterait pour les pays exportateurs une revenus des producteurs nationaux, les approvisionnements perte de compétitivité qui leur serait très préjudiciable (voir céréaliers et les possibilités de trouver à l’avenir des solutions Thème C sur le commerce et le changement climatique). commerciales au problème56. RapportMonde_LIVRE2.indb 49 16/09/10 12:39 50 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Écotaxes On verra au chapitre 6 que les taxes carbone initiaux plus élevés de la construction et de l’exploitation peuvent être un moyen très efficace de lutter contre les d’infrastructures moins polluantes et de la fourniture de émissions de carbone. Cela étant, l’intégration d’une services plus écologiques se feront sentir du côté de l’offre61. écotaxe au régime fiscal en place (afin de couvrir le coût L’introduction d’une écotaxe aurait un impact direct sur les environnemental des émissions de carbone) pourrait avoir ménages (du fait de la hausse des prix de l’énergie qu’elle des effets régressifs selon la structure économique du pays entraînerait), mais aussi un effet indirect (sur les dépenses considéré, la qualité du ciblage de cette taxe et la manière totales des ménages, compte tenu de la hausse des coûts de dont la charge est répartie. Au Royaume-Uni, le prélèvement production et, partant, des prix des biens de consommation). d’une taxe carbone touchant de la même manière tous Selon une étude réalisée à Madagascar, les écotaxes pour- les ménages serait extrêmement régressif, comme le raient être indirectement responsables, à hauteur de 40 %, confirment les conclusions d’études menées dans d’autres de la dégradation des conditions de vie des ménages impu- pays membres de l’OCDE57, puisque les ménages les plus table à l’augmentation des prix des produits alimentaires, des modestes consacrent aux dépenses en énergie une part plus textiles et des transports62. Les projections montrent que, en importante de leur budget que les ménages les plus aisés. On dépit de la hausse de la consommation directe de services pourrait cependant remédier au caractère régressif de la taxe d’infrastructure par les classes moyennes, le quintile le plus en établissant un barème progressif, ou en mettant en place pauvre subirait les pertes de revenus les plus importantes en un programme ciblé qui s’appuierait sur les mécanismes valeur réelle. établis dans le cadre de la politique sociale58. Cela étant, il ne fait aucun doute que les structures Dans les pays en développement, on pourrait même envi- des tarifs et des subventions de l’énergie pourraient être sager d’appliquer un impôt écologique progressif, comme améliorés partout dans le monde, de manière à favoriser un le préconise une étude réalisée récemment en Chine. La meilleur recouvrement des coûts tout en avantageant les plus plupart des ménages chinois pauvres vivent en zone rurale pauvres63. Il semble désormais utile (compte tenu du chan- et consomment des produits dont l’intensité de carbone est gement climatique) et matériellement envisageable (grâce largement inférieure à celle des produits consommés par aux recettes tirées des écotaxes) d’étendre les dispositifs les ménages urbains plus aisés. Si les revenus tirés d’une de garantie de ressources aux pays dans lesquels la tarifica- taxe carbone étaient réinjectés dans l’économie et répartis tion de l’énergie et de l’eau fait désormais partie intégrante uniformément entre tous les habitants, la progressivité de la des politiques sociales. Une meilleure maîtrise de l’énergie taxe carbone serait encore plus marquée59. entraîne une réduction des coûts qui profite à tous ; dans Il ne sera pas facile d’obtenir le soutien politique néces- le même temps, les technologies moins polluantes peuvent saire à la mise en place d’une fiscalité écologique et de faire être moins coûteuses que les technologies traditionnelles en sorte qu’elle n’ait pas d’effets défavorables sur les pauvres. à forte intensité de carbone. À titre d’exemple, l’utilisation Le recyclage des recettes dégagées grâce aux écotaxes de cuisinières à bois améliorées dans les zones rurales du sera primordial pour les pays d’Amérique latine et d’Eu- Mexique pourrait entraîner une réduction des émissions de rope orientale, où une vaste proportion de pauvres vit en 160 millions de tonnes de CO2 au cours des 20 prochaines milieu urbain et serait directement touchée par ce nouvel années, ce qui représenterait (du fait de la baisse du coût impôt. Toutefois, ce recyclage des recettes et le ciblage des direct de l’énergie et de l’amélioration de la santé des popu- écotaxes que préconise l’étude sur le Royaume-Uni suppose lations) un gain économique net de 8 à 24 dollars par tonne un engagement résolu en faveur d’une telle réforme, ce qui d’émission de CO2 évitée64. est difficilement envisageable dans les nombreux pays en développement où la pratique consistant à subventionner Évaluer les arbitrages à opérer le secteur énergétique et d’autres services d’infrastructure S’il est désormais acquis que le changement climatique est profondément ancrée dans les milieux politiques. Si les appelle des mesures d’atténuation, l’ampleur et le degré recettes ne sont pas recyclées, l’impact de la tarification du d’urgence de ces mesures font encore débat. Pour main- carbone ou de l’application d’écotaxes, même si elles sont tenir les températures mondiales moyennes en deçà du progressives, sera probablement préjudiciable aux plus seuil de danger» (voir Thème A sur les bases scientifiques pauvres, dans la mesure où les ménages modestes consa- du changement climatique), il faudrait prendre des mesures crent jusqu’à 25 % de leurs revenus à l’électricité, à l’eau immédiates et de dimension mondiale – des mesures et aux transports. Ces mesures seront, en outre, probable- coûteuses – pour réduire les émissions de 50 à 80 % d’ici à ment difficile à mettre en œuvre sur le plan politique car les 2050 par rapport aux niveaux indiqués par les projections. ménages à revenus intermédiaires consacrent eux aussi près Il ressort d’études de plus en plus nombreuses que de 10 % de leurs revenus à ces services60. l’adoption de mesures d’atténuation immédiates et de Les plus pauvres verront également leurs revenus dimi- grande ampleur se justifie d’autant plus si l’on tient compte : nuer en valeur réelle dans le court terme, puisque les coûts de l’inertie inhérente au système climatique, en d’autres RapportMonde_LIVRE2.indb 50 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 51 termes, du fait que les effets cumulés du changement clima- D’autres outils de décision s’imposent, en complément tique se manifestent lentement mais sont, dans une très large de l’analyse coût-avantages, pour définir des objectifs géné- mesure, irréversibles ; de l’inertie de l’environnement bâti, raux et des risques acceptables. Les approches reposant sur qui implique un coût de réduction des émissions plus élevé des critères multiples peuvent aider à mieux cerner les arbi- à l’avenir si l’on continue de mettre en place aujourd’hui des trages à opérer, lesquels ne peuvent pas tous être exprimés en équipements fi xes produisant des émissions importantes ; termes monétaires. Compte tenu de la nécessité de réduire et des avantages qu’il y a à réduire les incertitudes grandis- les risques et des incertitudes relatives aux aléas climatiques santes et le risque d’événements catastrophiques associés à la futurs, l’approche dite de la « fenêtre de tolérance » peut hausse des températures65. aider à définir des trajectoires permettant de maintenir les La riposte au changement climatique, quelle qu’en soit la émissions dans les limites convenues du risque acceptable, nature, suppose de bien peser les avantages et les inconvé- et à en estimer le coût66. La « prise de décisions robustes » nients, les forces et faiblesses, les avantages et les coûts des peut également aider à recenser les stratégies permettant de différentes options envisageables. La question est de savoir se prémunir contre des événements préjudiciables67. comment cette évaluation doit être entreprise. L’analyse coûts-avantages est à cet égard un outil essentiel à l’évalua- Analyse coûts-avantages : un débat qui ne se résume tion des stratégies, dans un contexte inévitablement marqué pas au coût d’actualisation par des priorités concurrentielles et des ressources limitées. Le débat économique relatif à l’analyse des coûts et avan- Mais l’analyse, du seul point de vue monétaire, des coûts et tages des politiques climatiques est particulièrement animé avantages peut facilement conduire à négliger l’importance depuis la publication de l’étude de Stern sur l’économie du des biens et services environnementaux non commerciaux, changement climatique, parue en 2007. Dans cette étude, et s’avère de surcroît impossible dès lors que les incertitudes Stern avance que, si rien n’est fait pour en atténuer les effets, relatives aux risques futurs (et à l’attitude à adopter face à ces le changement climatique pourrait avoir un coût très élevé risques) sont trop importantes. équivalant à une perte annualisée permanente de 5 % à ENCADRÉ 1.2 Principes fondamentaux de l’actualisation des coûts et avantages de l’atténuation du changement climatique L’évaluation de l’affectation des ressources économiques et éthiques (voir encadré 1.4). des informations empiriques, voire sur dans le temps est un des éléments de Le taux d’actualisation est fonction de une combinaison des deux, pour tenter base de l’économie appliquée et de la trois facteurs. Le premier est le poids à de cerner les préférences au regard des gestion de projet. Ce type d’évaluation a donner au bien-être futur, pour la simple comportements passés. Dans la mesure où été très largement utilisé pour examiner raison que ce bien-être sera ressenti à les coûts des politiques d’atténuation sont la question des coûts et avantages de une période ultérieure. Ce pur taux de supportés par les générations actuelles, l’atténuation du changement climatique. préférence temporelle peut être considéré alors que les avantages potentiellement Toutefois, des désaccords importants être une mesure d’impatience. Le très importants de ces politiques persistent quant aux valeurs que doivent deuxième facteur est le taux de croissance (dommages évités) ne se manifesteront avoir les paramètres. de la consommation par habitant : si la que dans un futur lointain, le choix Le taux d’actualisation sociale exprime les croissance est rapide, les générations des paramètres qui définissent le taux coûts et avantages monétaires futurs de futures seront beaucoup plus riches, ce d’actualisation sociale influe fortement sur l’atténuation du changement climatique qui réduit la valeur attribuée aujourd’hui les orientations des politiques climatiques. calculés à leur valeur actuelle ou de la aux pertes découlant de futurs dommages valeur que leur attribuent les décideurs climatiques par rapport aux coûts Sources : Stern 2007 ; Stern 2008 ; Dasgupta d’aujourd’hui. Il s’ensuit, par définition, d’atténuation supportés aujourd’hui. 2008 ; Roemer 2009 ; Sterner et Persson 2008. que le principal outil d’analyse du bien- Le troisième facteur est la rapidité a. L’utilité marginale de la consommation être intergénérationnel – à savoir le calcul avec laquelle l’utilité marginale de la diminue à mesure que le revenu augmente, de la valeur actualisée totale escomptée consommation (qui mesure les avantages puisqu’un dollar supplémentaire de – élimine la dimension temporelle de tirés d’un dollar supplémentaire de revenu) consommation a plus d’utilité pour une la distribution du bien-être. Déterminer diminue en fonction de l’augmentation du personne pauvre que pour une personne la valeur appropriée des éléments du revenua. qui consomme déjà beaucoup. La rapidité taux d’actualisation dans le contexte Il n’y a pas d’accord universel quant au de cette diminution – en d’autres termes d’un problème s’inscrivant dans le long choix des valeurs numériques à attribuer l’élasticité de l’utilité marginale de la terme, comme c’est le cas du changement à chacun des trois déterminants du consommation par rapport à la variation du climatique, suppose d’examiner en taux d’actualisation sociale. On peut niveau de revenu – permet aussi de mesurer profondeur certaines points à la fois s’appuyer sur des jugements éthiques ou la tolérance aux risques et aux inégalités. RapportMonde_LIVRE2.indb 51 16/09/10 12:39 52 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 20 % du PIB, et appelle à l’adoption de mesures vigoureuses standard met clairement en évidence la nécessité impérieuse et immédiates. Ses recommandations vont à l’encontre de de prendre des mesures d’atténuation rapides, y compris nombreux autres modèles qui plaident en faveur d’une lorsqu’on applique un taux d’actualisation plus élevé. riposte graduée et de la montée en puissance des mesures d’atténuation, en invoquant des arguments économiques68. Des modèles dynamiques plus précis : effets de seuil et inertie. Le débat qui divise les spécialistes porte principalement La courbe des dommages, qui permet d’établir un lien entre sur le taux d’actualisation à appliquer. Cette question, les variations de température et les dommages monétisés qui est au cœur des divergences entre Stern et les auteurs qui leur sont associés, est généralement modélisée dans d’autres études, ne sera probablement jamais tranchée (enca- les analyses coûts-avantages sous la forme d’une courbe dré 1.2) 69. Stern a retenu un taux d’actualisation très faible, ascendante régulière. Pourtant, des données scientifiques en se fondant sur une approche qui repose pour l’essentiel toujours plus nombreuses indiquent que les systèmes sur des considérations éthiques, et selon laquelle le fait que naturels pourraient réagir de manière non linéaire au les générations futures seront probablement plus riches est changement climatique du fait de rétroactions positives, le seul facteur qui puisse amener à attribuer au bien-être des d’effets de seuil ou de points de basculement (encadré générations futures une valeur inférieure à celle du bien-être 1.3). Des rétroactions positives pourraient se produire, des générations actuelles ; à tous autres égards, le bien-être par exemple, si le réchauffement venait à entraîner la fonte des générations futures est tout aussi important que celui des pergélisols, ce qui libèrerait les énormes quantités de des générations actuelles70. Les arguments avancés à l’appui méthane (un puissant gaz à effet de serre) stockées dans d’un taux d’actualisation faible et d’un taux plus élevé sont ces sols et conduirait à une accélération du réchauffement. tous parfaitement recevables. Malheureusement, l’économie Les seuils et les points de basculement marquent des du bien-être intergénérationnel ne peut apporter de solution modifications relativement rapides et de grande ampleur des au problème, car elle soulève plus de questions qu’elle ne systèmes naturels (ou socioéconomiques) qui sont à l’origine fournit de réponses71. de pertes graves et irréversibles. Ces rétroactions positives, Pourtant, les arguments en faveur de mesures immé- seuils et points de basculement sont autant de raisons qui diates et résolues d’atténuation des émissions de gaz à effet justifient de réduire au minimum le rythme et l’ampleur du de serre ne sont pas uniquement subordonnés à l’application changement climatique75. d’un faible taux d’actualisation. S’il le taux d’actualisation La forte inertie du système climatique ne fait qu’ajou- est important pour déterminer le poids relatif des coûts et ter aux inquiétudes que suscitent les rétroactions positives, avantages, d’autres facteurs contribuent à accroître les avan- les effets de seuil et le caractère irréversible des impacts du tages découlant des mesures d’atténuation (dégâts évités), changement climatique. Les scientifiques ont découvert que ce qui donne encore plus de poids aux arguments avancés le réchauffement causé par l’augmentation des concentra- en faveur de mesures d’atténuation rapides et ambitieuses, y tions de gaz à effet de serre pourrait être en grande partie compris dans l’hypothèse d’un taux d’actualisation élevé72. irréversible pendant un millier d’années après l’arrêt des émissions76. Retarder la mise en œuvre des mesures d’atté- Des impacts de plus vaste portée. La plupart des modèles nuation éliminerait toute possibilité de réduire l’ampleur économiques du changement climatique ne tiennent pas du réchauffement climatique : à titre d’exemple, un retard suffisamment compte de l’appauvrissement de la biodiversité de plus de dix ans rendrait vraisemblablement impossible et des services écosystémiques associés – cette omission, qui la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre tient du paradoxe, équivaut à analyser les arbitrages à opérer dans l’atmosphère en deçà d’un réchauffement de 3 °C77. De entre biens de consommation et bien environnementaux plus, le système climatique continuera d’évoluer pendant sans intégrer les biens environnementaux dans la fonction plusieurs siècles, y compris après la stabilisation des concen- d’utilité des individus73. Si la valeur marchande estimée trations de gaz à effet de serre (voir Abrégé). Ainsi, seules des des services environnementaux perdus peut être difficile mesures d’atténuation immédiates permettront de préserver à calculer et peut varier d’une culture ou d’un système la valeur d’option, en d’autres termes d’éviter que certaines de valeur à l’autre, ces pertes ont néanmoins un coût. options de stabilisation ne soient définitivement exclues. Elles entraînent une hausse du prix relatif des services L’inertie de l’environnement bâti – transports, énergie, environnementaux, puisqu’ils deviennent plus rares, tant logement, et formes urbaines (conception des villes) est en valeur relative qu’absolue. La prise en compte des pertes toute aussi conséquente. Face à cette inertie, d’aucuns préco- environnementales dans un modèle standard d’évaluation nisent de repousser les mesures d’atténuation pour ne pas intégrée entraîne une augmentation considérable du coût s’enfermer inutilement dans des investissement plus lourds global du changement climatique, lorsque rien n’est fait à moindre intensité de carbone, et d’attendre que des tech- pour en atténuer les effets74. En fait, la prise en compte de nologies plus performantes et moins coûteuses permettent l’appauvrissement de la diversité biologique dans un modèle une rapide montée en puissance des mesures d’atténuation, RapportMonde_LIVRE2.indb 52 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 53 ENCADRÉ 1.3 Rétroactions positives, points de basculement, effets de seuil et non-linéarités dans les systèmes naturels et socioéconomiques Rétroactions positives liées au conditions météorologiques ne dépassant d’approvisionnement), dont l’importance système climatique pas celles observées dans le passé. On augmente proportionnellement à Les rétroactions positives amplifient pourrait donc en déduire que l’aggravation la gravité des dommages directs les effets des gaz à effet de serre. La éventuelle des impacts du changement occasionnés, comme en témoignent modification de la réflectivité (albédo) de climatique tiendra principalement à certaines catastrophes naturelles. Des la surface de la terre en est un exemple : l’accroissement des concentrations de données recueillies récemment en les surfaces à forte réflectance comme population et d’actifs plutôt qu’au climat Louisiane, par exemple, montrent que la neige et la glace renvoient dans – dès lors que l’ampleur des phénomènes l’économie a la capacité d’absorber jusqu’à l’atmosphère les rayons chauds du soleil, météorologiques reste dans les limites des 50 milliards de pertes directes, avec des mais étant donné que les températures variations passées – mais que ces impacts pertes indirectes minimes. Cela étant, les élevées entraînent la fonte des glaces et pourraient s’accentuer brusquement pertes indirectes augmentent rapidement de la neige, la surface de la Terre absorbe si, à l’avenir, les conditions climatiques à mesure qu’augmente le caractère une plus grande quantité d’énergie, venaient à excéder durablement ces destructeur des catastrophes (voir ce qui entraîne un accroissement du limites. figure). Ainsi, l’ouragan Katrina a entraîné réchauffement et de la fonte des glaces et des pertes directes de 107 milliards de Non-linéarités et effets économiques de la neige, à mesure que le processus se dollars, auxquelles se sont ajoutées des indirects répète. pertes indirectes d’un montant total de La riposte économique à ces impacts 42 milliards de dollars. Des exercices de Points de basculement inhérents au est par nature non linéaire, notamment simulation montrent qu’une catastrophe système naturel parce que les impacts du changement provoquant des pertes directes de Des modifications régulières et modérées climatique vont à la fois accroître les 200 milliards de dollars engendrerait des du climat peuvent conduire un système besoins d’adaptation et potentiellement pertes indirectes supplémentaires du naturel jusqu’à un point de basculement réduire les capacités d’adaptation. Les même montant. au-delà duquel des changements impacts directs du changement climatique relativement soudains, susceptibles peuvent aussi engendrer des effets Sources : Schmidt 2006 ; Kriegler et al. de s’accélérer, irréversibles et, à terme, indirects (rétroactions macroéconomiques, 2009 ; Adams et al. 2009 ; Hallegatte 2008 ; fortement dommageables, peuvent se interruption des activités commerciales, Stéphane Hallegatte (communication produire. Par exemple, le dépérissement perturbations de la chaîne personnelle) mai 2009. des forêts observé dans certaines régions pourrait découler de plusieurs phénomènes comme la sécheresse, Les pertes indirectes augmentent à mesure de l’augmentation des dommages directs : l’exemple de la les attaques d’organismes nuisibles et Louisiane la hausse des températures, dont les Pertes indirectes (en milliards de dollars) effets conjugués dépassent les capacités 400 physiologiques de résistance des forêts. La fonte de la calotte glaciaire qui recouvre 350 une grande partie du Groenland pourrait aussi constituer un point de basculement 300 dont les répercussions se feraient sentir 250 dans le monde entier. Au-delà d’un certain niveau de réchauffement, les glaces qui 200 fondent en été ne peuvent plus regeler en hiver. Ce phénomène accentue fortement 150 la fonte des glaces et pourrait entraîner une élévation du niveau des mers de six mètres. 100 Effets de seuils et systèmes 50 socioéconomiques 0 Le coût économique des impacts directs du réchauffement climatique pourrait –50 aussi entraîner des effets de seuil 0 50 100 150 200 250 300 importants, puisque les infrastructures et Pertes directes (en milliards de dollars) les pratiques de production existantes sont conçues pour résister à des variations des Source : Données obtenues de Stéphane Hallegatte, d’après Hallegatte 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 53 16/09/10 12:39 54 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E et que les risques contre lesquels les sociétés vont devoir se passer directement à des technologies moins polluantes. prémunir soient mieux connus. Les pays développés, de leur côté, doivent prendre l’initia- Mais il n’est pas envisageable, dans la pratique, de repor- tive de commercialiser les nouvelles technologies qu’ils ont ter des investissements importants dans l’infrastructure et mises au point et de partager les connaissances tirées de leur l’approvisionnement énergétique sans prendre le risque de déploiement. Les pays ne pourront modifier les trajectoires compromettre le développement économique. La demande des émissions que si des technologies adaptées et abordables d’énergie va probablement tripler dans les pays en dévelop- sont disponibles, ce qui suppose d’investir dans la recherche- pement entre 2002 et 2030. De plus, nombre des centrales développement, de diffuser les résultats de ces travaux et de électriques exploitées dans les pays à revenu élevé ont été promouvoir l’apprentissage par la pratique, en s’attelant dès construites dans les années 50 et 60 et arrivent au terme maintenant à la tâche. de leur durée de vie utile. Il va donc falloir construire de Les opportunités de passer d’un parc d’équipements à nombreuses centrales dans les 10 ou 20 prochaines années, forte intensité de carbone à un parc durable sobre en carbone même si la demande reste constante. À l’heure actuelle, les ne se répartissent pas uniformément dans le temps80. À centrales au charbon demeurent l’option la moins coûteuse l’avenir, il ne sera pas matériellement envisageable d’opter pour de nombreux pays, d’autant qu’elles garantissent la pour un système énergétique économiquement efficace si sécurité énergétique de ceux qui disposent de vastes réserves les technologies requises ne sont pas encore commerciali- de charbon. Si toutes les centrales au charbon qui doivent être sées à une échelle suffisante pour être abordables, et si le construites dans les 25 prochaines années entrent en service, savoir-faire que requiert leur utilisation n’est pas disponible les émissions de CO2 qu’elles pourraient produire durant leur (voir chapitre 7) 81. De même, pour disposer de technologies durée de vie utile seraient équivalentes à celles qu’ont géné- efficaces et peu coûteuses d’appui aux mesures d’atténua- rées toutes les activités donnant lieu à la combustion de char- tion essentielles à la mutation des systèmes énergétiques, il bon depuis le début de l’ère industrielle78. En conséquence, faudra engager des efforts résolus en matière de recherche si le secteur de l’électricité ne prend pas dès maintenant des et de démonstration pour réduire le coût des technologies engagements plus résolus en faveur de la réduction des émis- potentielles et favoriser l’acquisition des connaissances sions, il risque fort de verrouiller des trajectoires caractéri- indispensables à leur utilisation. À cette fin, les pays déve- sées par des émissions relativement élevées. loppés doivent jouer un rôle de premier plan dans l’élabo- Il n’est pas non plus toujours possible de rééquiper à grande ration et la commercialisation de nouvelles technologies et échelle des installations de ce type d’une manière efficace s’employer à diffuser les connaissances qui se dégagent de par rapport aux coûts. La modernisation des infrastructures leur déploiement. énergétiques n’est pas toujours matériellement envisageable, et son coût peut être prohibitif. Pour reprendre l’exemple du Prendre en compte les incertitudes Les évaluations charbon, le piégeage et le stockage du carbone – technologie économiques des politiques climatiques doivent tenir actuellement mise au point pour récupérer et stocker dans compte des incertitudes concernant l’ampleur des le sous-sol le carbone produit par les centrales électriques à impacts défavorables du changement climatique, leurs combustibles fossiles – ne sont possibles que si les centrales manifestations dans le temps et la faisabilité, le coût et le sont situées à une distance maximale de 80 à 160 kilomètres calendrier des mesures d’atténuation. Pourtant, la plupart d’un site adapté au stockage du CO2. À défaut, le coût du des modèles économiques omettent de tenir compte d’une transport du carbone devient prohibitif 79. Le problème ne incertitude d’importance majeure, à savoir l’éventualité se pose pas dans le cas des pays qui disposent de nombreux d’événements catastrophiques de grande ampleur découlant sites de stockage potentiels : en Chine , par exemple, près de du changement climatique (voir Thème A sur les bases 70 % des centrales électriques sont situées à proximité de scientifiques du changement climatique). Cette question sites de stockage, et pourraient donc être raisonnablement est actuellement au cœur du débat82. La distribution de adaptées, de manière à pouvoir piéger et stocker le carbone, probabilité sous-jacente de ces risques de catastrophe n’est à condition que la technologie requise soit commercialisée. pas connue et ne le sera probablement jamais. Des mesures Ce n’est pas le cas en Inde, en Afrique du Sud et dans bien d’atténuation plus vigoureuses permettraient certainement d’autres pays, où le rééquipement des centrales au charbon de réduire leur probabilité, même s’il est difficile de dire est financièrement inenvisageable, et où la seule solution dans quelles proportions. L’éventualité d’une catastrophe possible consiste à construire de nouvelles centrales à proxi- d’ampleur mondiale, y compris d’une catastrophe très peu mité des rares sites de stockage du CO2 existants (voir les probable, devrait renforcer la détermination de la société chapitres 4 et 7). à investir dans la mise en œuvre de mesures d’atténuation Les pays en développement, dont les infrastructures sont plus rapides et plus vigoureuses qui pourraient permettre moins développées que celles des pays riches, ont une plus d’éviter un désastre83. grande marge de manœuvre, dans la mesure où ils pourraient RapportMonde_LIVRE2.indb 54 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 55 Outre les risques de catastrophe, des incertitudes consi- modifier notre évaluation des incertitudes ne diminue en dérables subsistent quant aux impacts écologiques et écono- rien la pertinence de cette approche86. miques du changement climatique. Ainsi, on ignore encore quels seront le rythme probable et, à terme, l’ampleur du Agrégation des impacts et valeurs : choix normatifs Les réchauffement climatique. De même, il est encore impos- politiques climatiques supposent d’opérer des arbitrages sible de déterminer avec certitude les répercussions que la entre interventions immédiates et avantages à long terme, variabilité du climat et les événements climatiques extrêmes entre choix individuels et conséquences mondiales. Elles (par opposition à l’évolution normale des températures relèvent donc pour l’essentiel de choix d’ordre éthique, et moyennes) auront sur le système naturel et sur le bien- sont motivées par le souci de préserver le bien-être d’autrui. être des populations humaines. Les connaissances dont Pour prendre en compte ces arbitrages, on peut notam- on dispose sur les capacités d’adaptation des individus, le ment intégrer directement les avantages tirés de biens coût des mesures d’adaptation et l’ampleur des dommages écologiques non marchands (et leur disponibilité pour les résiduels qui ne pourront être évités sont encore très limi- générations futures) dans les modèles économiques du bien- tées. Enfin, les incertitudes relatives au rythme auquel les être87. En pratique, il s’est avéré difficile de quantifier de tels nouvelles technologies seront mises au point, diffusées et arbitrages, mais cette approche constitue néanmoins un adoptées sont considérables. point de départ pour l’évaluation de la valeur accrue que les Ces incertitudes ne font qu’augmenter avec le rythme et sociétés attachent à l’environnement à mesure que les reve- l’ampleur du réchauffement, ce qui constitue un argument nus augmentent, c’est-à-dire des arbitrages possibles entre de poids en faveur de l’adoption de mesures immédiates et la consommation actuelle et les efforts coûteux à engager résolues84. Plus les incertitudes sont grandes, plus il importe pour préserver le bien-être – et l’existence, des générations de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation applicables futures88. à tous les scénarios climatiques possibles. Ces stratégies De plus, la façon dont un modèle agrège les impacts du existent (comme on le verra ci-après), mais elles sont moins changement climatique au niveau d’individus ou de pays efficaces que celles qui pourraient être élaborées si l’on appartenant à des catégories de revenus différentes influe disposait d’informations complètes. L’incertitude est donc fortement sur la valeur des pertes estimées89. Outre le souci coûteuse. Et plus elle est grande, plus les coûts des mesures d’équité intergénérationnelle dont le taux d’actualisation se d’adaptation augmentent. veut l’expression, on peut ajouter une dimension d’équité S’il n’y avait pas d’inertie, et si les effets du changement à cette approche en appliquant des coefficients de pondé- climatique n’étaient pas irréversibles, ces incertitudes ne ration afin de rendre compte du fait qu’un dollar à plus de prêteraient pas à conséquence, puisque les décisions ne valeur pour un pauvre que pour un riche. Cette méthode seraient pas irrévocables et que les mesures d’adaptation permet de mieux cerner le bien-être humain (et non pas pourraient être aisément ajustées, sans coût supplémentaire. simplement les revenus). Par ailleurs, dans la mesure où les Mais les inerties très fortes qui caractérisent à la fois le système individus et les pays pauvres sont plus exposés aux effets du climatique, l’environnement bâti et le comportement des changement climatique, elle permet de revoir largement à individus et des institutions font qu’il est très coûteux, voire la hausse les estimations des pertes agrégées attribuables au impossible de renforcer en cours de route les mesures d’at- changement climatique. À l’inverse, en faisant la somme de ténuation si de nouvelles informations sont recueillies ou tous les dommages en dollars, puis en exprimant le montant si la découverte de nouvelles technologies prend du temps. obtenu en pourcentage du PIB mondial climatique (ce qui En conséquence, les inerties majorent considérablement équivaut implicitement à pondérer ces dommages en fonc- le risque que les décisions relatives au changement clima- tion de la contribution au produit total), on donne beaucoup tique prises dans un contexte incertain aient des incidences moins de poids aux pertes subies par les plus pauvres. négatives. Les effets conjugués des incertitudes, des inerties Les systèmes de valeurs influent aussi sur les décisions et du caractère irréversible du changement climatique mili- relatives aux politiques environnementales. Le change- tent donc en faveur de l’adoption, à titre de précaution, de ment climatique est considéré depuis peu comme un enjeu mesures d’atténuation de plus grande ampleur. touchant aux droits de l’homme (encadré 1.4). De fait, la De même, les aspects économiques de la prise de décision plupart des sociétés ont des systèmes éthiques ou religieux dans un contexte marqué par les incertitudes liées au chan- qui attachent une grande valeur à la nature et confèrent aux gement climatique plaident en faveur de la mise en œuvre, hommes le rôle de gardiens de la Terre et de ses ressources à titre préventif, de mesures d’adaptation plus résolues85. naturelles, bien que les résultats soient généralement bien en L’incertitude justifie pleinement d’adopter une approche deçà de l’idéal poursuivi. Au cours de la première moitié du itérative de la sélection des objectifs à atteindre, en adop- xviie siècle, le Japon, dont les ressources forestières avaient tant d’emblée une position plus offensive. La perspective de été massivement exploitées, était au bord d’une catastrophe pouvoir acquérir de nouvelles informations susceptibles de écologique. Pourtant, dès le début du xviiie siècle, il s’était RapportMonde_LIVRE2.indb 55 16/09/10 12:39 56 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 1.4 Éthique et changement climatique Le changement climatique est un au changement climatique pourraient réponse éthique : les responsabilités phénomène complexe qui soulève un avoir les mêmes effets. Les impacts du doivent être réparties en fonction de la certain nombre de questions éthiques. changement climatique pourraient aussi contribution de chaque pays ou groupe Les considérations d’équité et de justice avoir des retombées directes et indirectes de pays au changement climatique. revêtent une importance particulière dans sur l’exercice des droits civiques et D’aucuns considèrent que les émissions ce contexte, compte tenu du décalage politiques. Cela étant, les liens de cause historiques cumulées doivent être prises temporel et géographique considérable à effets sont très difficiles à établir dans en considération lors de l’établissement entre les émissions de gaz à effet de serre ce domaine, ce qui pourrait avoir un des responsabilités. On peut opposer à et leurs impacts. La problématique du effet restrictif sur l’application du droit cette analyse l’argument selon lequel changement climatique soulève au moins international des droits de l’homme aux ceux qui ont été à l’origine des émissions trois questions éthiques majeures qui différends internationaux ou nationaux. passées bénéficient d’une immunité dans tiennent aux aspects suivants : l’évaluation Les causes du changement climatique sont la mesure où ils ont agi par « ignorance des impacts, la prise en compte de l’équité diffuses, si bien que le lien direct entre les excusable » et qu’ils n’étaient donc pas intergénérationnelle et la répartition des émissions d’un pays donné et les impacts conscients des conséquences de leurs responsabilités et des coûts. ressentis dans un autre est difficile à établir actes. La validité de cet argument a dans le contexte d’un contentieux. La cependant été contestée au motif que les Évaluation des impacts définition juridique des responsabilités effets potentiellement négatifs des gaz Plusieurs disciplines, parmi lesquelles et des dommages se heurte par ailleurs à effet de serre sur le climat sont connus les sciences économiques, défendent le un autre obstacle qui tient à la diffusion depuis déjà un certain temps. principe selon lequel le bien-être doit être des émissions et des impacts dans le Un autre aspect de la question de la le critère suprême de toute évaluation. temps : dans certains cas, les phénomènes responsabilité tient aux avantages tirés Il existe pourtant des désaccords à l’origine des impacts actuels se sont des émissions passées de gaz à effet importants entre les partisans de cet étalés sur plusieurs générations, et les de serre (voir la figure 3 de l’Abrégé). Si « utilitarisme actualisé » , notamment en dommages constatés aujourd’hui sont les pays développés, qui sont jusqu’à ce qui concerne le taux d’actualisation à également susceptibles d’être ressentis par présent les principaux responsables de appliquer et la méthode à utiliser pour nombre de générations futures. l’accumulation de CO2 atmosphérique, définir un coefficient global de bien-être ont été les principaux bénéficiaires de ces pour l’ensemble des générations actuelles Prise en compte de l’équité avantages, force est de reconnaître que et futures. Un des arguments les plus intergénérationnelle les pays en développement ont eux aussi fréquemment avancés est qu’aucune L’équité intergénérationnelle fait partie tiré profit de la prospérité qui a découlé raison éthique valable ne justifie d’ignorer intégrante de l’évaluation des impacts. des activités à l’origine de ces émissions. les impacts économiques et humains du La manière dont elle est intégrée à un La solution pourrait donc consister à changement climatique au seul motif qu’ils modèle économique sous-jacent à ne pas tenir compte des événements ne se manifesteront que dans 40, voire des incidences considérables. Comme passés et à accorder à tous les mêmes dans 400 ans. On oppose parfois à cet indiqué à l’encadré 1.2, les critères types droits d’émission par habitant. Dans le argument le fait qu’il n’est pas équitable de la valeur actuelle ont pour effet même temps, certains considèrent que que les générations actuelles consacrent d’actualiser les coûts et bénéfices futurs ce qui importe, à terme, n’est pas tant la des ressources à l’atténuation des impacts de l’atténuation et, partant, d’éliminer la répartition des émissions que la répartition futurs du changement climatique quand dimension temporelle de la répartition du bien-être économique, mais aussi d’autres types d’investissements paraissent du bien-être en ramenant toutes les des dommages dus au changement plus rentables, ce qui ramène à la question variables au moment présent. D’autres climatiques et des coûts d’atténuation de la pondération des coûts et avantages approches consistent à maximiser l’utilité connexes. Dans un monde où les richesses respectifs d’options diverses et tout autant de la génération actuelle, à intégrant ne sont pas réparties de manière égale, incertaines. ses préoccupations altruistes à l’égard les pays les plus riches devraient donc Récemment, le débat s’est concentré des générations futures, et à prendre en supporter une plus grande partie des sur la question des droits de l’homme, compte l’incertitude relative à l’existence coûts du changement climatique, ce qui désormais perçue comme le critère des générations futures. n’exclut pas pour autant la possibilité de d’évaluation pertinent des impacts du Répartition des responsabilités mettre en œuvre dans les pays pauvres des changement climatique. En effet, les et des coûts mesures d’atténuation financées par les impacts du changement climatique La question la plus litigieuse est sans pays à revenu élevé (voir chapitre 6). risquent de mettre en péril certains droits doute celle de savoir qui doit supporter le fondamentaux, notamment économiques Sources : Singer 2006 ; Roemer 2009 ; Caney coût des solutions à apporter au problème et sociaux (droit à la nourriture, à l’eau 2009 ; Banque mondiale 2009b. du changement climatique. Le principe et à un abri, notamment), et certaines du pollueur-payeur est une première des interventions engagées en réponse RapportMonde_LIVRE2.indb 56 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 57 doté d’un système très élaboré de gestion des surfaces et des conséquences inéquitables. Une autre encore pour- boisées90. Si le shogunat des Tokugawa, qui dirigeait alors rait être le seuil de réchauffement au-delà duquel certains le pays, a décidé d’agir, c’est en partie pour préserver les écosystèmes s’effondreront95. intérêts des descendants de la dynastie – conformément L’approche du « garde-fou » ne nécessite pas d’estimation aux traditions culturelles héritées du confucianisme91 – et monétaire des dommages résultant du changement clima- pérenniser un système politique fondé sur la transmission tique, dans la mesure où les contraintes sont définies en fonc- héréditaire du pouvoir. Aujourd’hui, le territoire japonais tion de ce qui est jugé tolérable dans chacun des systèmes est couvert à 80 % de forêts92. considérés (à titre d’exemple, il pourrait être difficile d’ex- primer dans le PIB le nombre de personnes déplacées à la Des cadres décisionnels d’un nouveau genre Les suite d’une grave sécheresse). Les éléments déterminants de incertitudes, les inerties et les considérations éthiques la définition des garde-fous applicables aux émissions sont dont il a été question plus haut mettent en évidence la l’analyse scientifique des effets de seuil potentiels et l’éva- nécessité d’agir avec prudence et, par voie de conséquence, luation non monétisée des risques et de la vulnérabilité de prendre sans tarder des mesures d’atténuation plus résiduels qui persisteraient dans le cas où certaines straté- résolues. Dans le même temps, le débat analytique relatif à gies d’adaptation et d’atténuation seraient mises en œuvre. l’ampleur des mesures à prendre se poursuit et continue de Les coûts à prévoir pour que les températures ne dépassent diviser les économistes et les décideurs. Les conclusions des pas les valeurs limites définies doivent être pris en considé- différentes analyses des coûts-avantages sont très sensibles ration pour évaluer le degré de sécurité climatique qu’of- aux hypothèses initiales (scénario de référence, fonctions frent les différents garde-fous. En s’appuyant sur ces critères d’atténuation et de dommages, taux d’actualisation) et multiples, les décideurs peuvent réaliser une évaluation notamment aux hypothèses implicites qui découlent de éclairée et plus exhaustive des niveaux auxquels les garde- la formulation des modèles93, ce qui peut conduire à une fous doivent être fi xés (cette évaluation pourra être révisée paralysie des mécanismes décisionnels. périodiquement). Des cadres décisionnels qui reposent sur des évaluations Cette approche peut être complétée par diverses méthodes plus complètes des coûts et avantages et prennent en compte d’aide à la décision, comme la prise de décision robuste, afin l’aversion au risque et les incidences de jugements éthiques de faciliter la prise de décision face à des incertitudes difficiles peuvent faciliter la prise de décision, en dépit du manque à évaluer96. Dans un contexte marqué par de nombreuses d’informations et des obstacles rencontrés. Il est également inconnues et de grandes incertitudes quant à l’avenir, une souhaitable, bien que difficile, d’intégrer certaines des consi- stratégie robuste répond à la question suivante : « Quelles dérations examinées ci-dessus (valeurs d’option, services mesures devons nous prendre, alors que nous ne pouvons des écosystèmes, risque de discontinuité) à une analyse pas prévoir l’avenir, pour ramener à un niveau acceptable la coûts-avantages élargie. Dans le même temps, il importe que possibilité d’événements défavorables ? »97. Dans le contexte les conséquences normatives des décisions prises soient aussi du changement climatique, le choix des politiques à suivre transparentes que possible, de sorte que les décideurs qui est un calcul probabiliste – quelle est la meilleure stratégie à souhaitent définir des politiques et des objectifs concrets en suivre compte tenu des différents scénarios envisageables ? – matière d’environnement et de développement soient mieux et non pas un exercice d’optimisation, comme c’est tradi- informés et puissent ainsi obtenir le soutien des multiples tionnellement le cas. Les fondements théoriques de cette parties prenantes qui pourront juger, concrètement, des approche n’ont rien de nouveau et remontent aux travaux coûts et avantages effectifs des mesures appliquées. menés par Savage au début des années 50 sur la « minimisa- L’approche dite de la « fenêtre de tolérance » ou du tion du regret maximal »98. « garde-fou » est une des solutions envisageables. Elle L’élaboration de stratégies robustes, et pas seulement consiste à sélectionner une série ou une gamme d’objectifs optimales, suppose pour l’essentiel de se livrer à un exercice délimitée par des « garde-fous », de sorte que la fourchette de planification à partir des différents scénarios possibles. des températures et le rythme du changement climatique Pour cela, il faut définir plusieurs scénarios et comparer les ne dépassent pas des niveaux jugés tolérables, que ce soit stratégies envisageables afin d’en évaluer la robustesse, en de manière heuristique ou selon l’avis des experts94. La d’autres termes la capacité à éviter un résultat donné, dans « fenêtre » est définie par les contraintes établies sur la base chacun des scénarios envisagés. Cette analyse doit conduire de plusieurs systèmes sensibles aux variations climatiques. à définir des « actions déterministes » qui ont un impact sur Une de ces contraintes pourrait être l’aversion de la société la situation future, des « mesures de couverture des risques » pour une perte de PIB déterminée, associée à un change- qui visent à réduire la vulnérabilité future et des « signaux ment de température également déterminé, tant du point de d’alarme » qui indiquent la nécessité de réévaluer ou de vue de son ampleur que de sa rapidité. Une autre contrainte modifier les stratégies. L’analyse préalable à la prise de déci- pourrait être l’aversion de la société pour les troubles sociaux sion robuste peut également être réalisée au moyen d’outils RapportMonde_LIVRE2.indb 57 16/09/10 12:39 58 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E quantitatifs plus formels, dans le cadre d’une approche de En conséquence, comme le soulignent la CCNUCC et modélisation exploratoire, à l’aide de méthodes mathéma- le Plan d’action de Bali104, les pays ont tous un rôle à jouer tiques permettant de caractériser les décisions et les résultats dans le contexte d’un accord sur la réduction des émissions dans un contexte marqué par de grandes incertitudes. mondiales, et ce rôle doit être proportionnel à leur niveau La prise de décision robuste consiste à évaluer, pour de développement. Selon cette analyse, les pays développés chacun des scénarios envisageables, les coûts, les avantages et doivent prendre les devants et atteindre des objectifs signi- les arbitrages inhérents aux politiques climatiques. L’idée n’est ficatifs de réduction de leurs émissions, et aider les pays en pas de suivre une politique « optimale », au sens traditionnel développement à ériger les bases de trajectoires de croissance de politique de maximisation de l’utilité, qui donne, dans à moindre intensité de carbone et à répondre aux besoins de l’ensemble, de meilleurs résultats que les autres, mais plutôt leurs citoyens en matière d’adaptation. La CCNUCC appelle d’engager des politiques judicieuses et robustes permettant également les pays développés à couvrir les coûts addition- de faire face à des situations imprévisibles. Dans ce contexte, nels d’atténuation et d’adaptation que les pays en développe- les mesures formulées à brève échéance peuvent être consi- ment vont devoir supporter. dérées fournir une assurance contre le coût d’un ajustement La mise en place d’un mécanisme mondial dissociant ultérieur des stratégies, comme l’appui donné à la poursuite les pays qui mettent en œuvre des mesures d’atténuation de dès maintenant d’investissements dans la recherche-déve- ceux qui les financent (question qui fait l’objet du chapitre 6) loppement et dans l’infrastructure, de manière à préserver la est un des éléments essentiels de l’action à engager au niveau possibilité d’un avenir sobre en carbone99. mondial. Les transferts financiers internationaux négo- ciés peuvent permettre le financement direct, par les pays Coûts du retard dans l’adoption de mesures à revenu élevé, des mesures d’atténuation entreprises dans mondiales d’atténuation les pays en développement. (Dans les pays en développe- Le réchauffement mondial auquel on assiste actuellement ment, les mesures d’atténuation exigeront le plus souvent est en grande partie attribuable aux émissions des pays de ramener les futures trajectoires d’émission à des niveaux riches100. Les pays en développement s’inquiètent à juste titre plus durables, et non pas à réduire le niveau des émissions des conséquences que pourraient avoir des mesures visant à en valeur absolue). Il sera sans doute extrêmement difficile limiter leur croissance. Leurs préoccupations vont dans le d’obtenir des pays à revenu élevé qu’ils débloquent des finan- sens du principe des « responsabilités communes mais diffé- cements de grande ampleur. Toutefois, si ces pays sont déter- renciées » consacré dans la Convention-cadre des Nations minés à réduire les émissions mondiales totales, il est dans Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), et selon leur intérêt de fournir les financements requis, de sorte que lequel les pays à revenu élevé doivent prendre l’initiative de des mesures d’atténuation ambitieuses puissent être prises réduire leurs propres émissions, compte tenu à la fois de leurs dans les pays en développement. En règle générale, les estima- responsabilités historiques et du fait que leurs émissions par tions des coûts d’atténuation à l’échelle mondiale partent du habitant sont beaucoup plus importantes aujourd’hui. De principe que ces mesures seront mises en œuvre dans le lieu plus, les ressources financières et technologiques considé- et au moment où elles seront les moins coûteuses. Nombre rables dont ils disposent doivent en toute logique les amener des mesures peu coûteuses visant à réduire les émissions par à assumer l’essentiel des coûts d’atténuation du change- rapport aux trajectoires indiquées par les projections ont été ment climatique, quels que soient les pays dans lesquels ces engagées dans des pays en développement. En conséquence, mesures d’atténuation sont appliquées. les stratégies mondiales d’adaptation à moindre coût suppo- Cela étant, il ne suffira pas que les pays riches réduisent sent qu’une proportion importante des efforts d’atténuation leurs émissions pour limiter le réchauffement et le ramener soit entreprise dans les pays en développement, quelles que à des niveaux tolérables. Si les émissions cumulées par habi- soient les sources qui les financent105. tant relevées dans le passé dans les pays à faible revenu, mais Si les pays tardent à réduire sensiblement leurs émissions, aussi dans les pays à revenu intermédiaire101, étaient limi- le coût à l’échelle mondiale des mesures d’atténuation sera tées, les émissions annuelles totales de CO2 de sources éner- plus élevé, indépendamment de l’objectif visé. Selon une gétiques dans les pays à revenu intermédiaire ont rattrapé étude106, le report jusqu’en 2050 des mesures d’atténuation celles des pays riches, et les émissions actuelles dues à un dans les pays en développement pourrait plus que doubler changement d’affectation des terres proviennent en majeure le coût total de la réalisation d’un objectif donné. Une autre partie des pays tropicaux102. Enfin et surtout, les projections estimation indique que l’adoption d’un accord international de la consommation de combustibles fossiles dans les pays qui ne couvrirait que les cinq principaux pays émetteurs (à à revenu intermédiaire indiquent que les émissions de CO2 l’origine des deux tiers des émissions mondiales) multiplie- de ces pays continueront d’augmenter et dépasseront les rait par trois le coût de la réalisation d’un objectif donné, émissions cumulées des pays développés dans les prochaines par rapport à un accord couvrant l’ensemble des pays107. En décennies103. effet, en réduisant la gamme des options d’atténuation envi- RapportMonde_LIVRE2.indb 58 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 59 sageables aux fins d’un objectif précis, on s’oblige à mettre visés à l’Annexe I109 des financements suffisants leur permet- en œuvre non seulement les mesures peu onéreuses ou ayant tant d’atteindre, en s’aidant de ces transferts de ressources un coût négatif, mais aussi des mesures très coûteuses. pour étendre sans délai la portée de leurs efforts d’atténua- Si le potentiel de mise en œuvre de mesures à coût néga- tion, un niveau de richesse au moins équivalent à celui qu’ils tif (offrant un bénéfice net) et de mesures très coûteuses est pourraient avoir s’ils attendaient une dizaine d’années, comparable dans les pays développés et les pays en dévelop- voire plus, pour s’engager à définir leurs propres objectifs pement, c’est principalement dans les pays en développe- et politiques d’atténuation. Chaque dollar transféré aux fins ment que la gamme intermédiaire des options d’atténuation d’un objectif d’atténuation donné pourrait en effet géné- à faible coût peut être mise en œuvre (notamment dans les rer en moyenne trois dollars sous forme d’amélioration du secteurs de l’agriculture et de la foresterie). Il faudra impéra- bien-être collectif, en éliminant les pertes pour la société, et tivement prendre toutes les mesures possibles pour obtenir ces améliorations pourraient ensuite être réparties confor- des résultats conséquents en matière d’atténuation, C’est ce mément à des conditions négociées. En d’autres termes, la qui ressort de l’analyse de McKinsey (figure 1.3 a), mais elle participation des pays en développement à la réalisation n’est pas la seule à parvenir à cette conclusion. Si les pays d’un objectif d’atténuation mondial présente un intérêt en développement ne réduisent pas leurs émissions, le coût considérable. La répartition des avantages tirés de l’élimi- total des mesures d’atténuation, quelle qu’en soit l’ampleur, nation des pertes de bien-être collectif peut ainsi encourager sera beaucoup plus élevé (le coût de dépollution marginal la participation de tous les pays à un accord équitable. Il ne est toujours plus important si ces mesures ne sont appli- s’agit pas là d’un jeu à somme nulle110. quées que dans les pays développés (la ligne violet foncé à Cela étant, il est impératif de ne pas sous-estimer les la figure 1.3 b) et non dans l’ensemble des pays du monde difficultés liées à l’établissement d’un accord sur les objectifs (la ligne violet clair à la figure 1.3 b). La baisse du poten- d’émission mondiaux. En effet, ce type d’accord se heurte à tiel d’atténuation total et l’augmentation des coûts d’atté- des difficultés qui tiennent à ce qu’il est convenu d’appeler la nuation mondiaux, qui découlent de l’approche consistant « tragédie des biens communs » : tous les pays peuvent tirer à concentrer l’essentiel des mesures d’atténuation dans les parti de la participation de tous à un effort commun, mais pays à revenu élevé, ne sont pas le fait d’un modèle parti- les incitations susceptibles de les encourager à s’associer de culier108. Elles ne tiennent pas non plus aux différences, en manière unilatérale à cet effort sont insuffisantes dans la possibilités et en coûts, entre les pays développés et les pays plupart des cas. La situation ne tient pas seulement au fait en développement : si les pays développés se refusaient à que les pays voudraient tous bénéficier sans contrepartie réduire leurs émissions, il en résulterait aussi une augmenta- des avantages découlant d’un tel accord111. La plupart des tion des coûts d’atténuation mondiaux et il faudrait renon- pays sont de taille suffisamment modeste pour qu’un accord cer dans une certaine mesure aux possibilités de dépollution international puisse continuer de fonctionner même si l’un (figure 1.3 c). d’entre eux décidait de s’en désolidariser. En revanche, Un tel accroissement des coûts de dépollution est une si tous les pays agissaient de même, il serait impossible de pure perte de bien-être collectif ; en d’autres termes les coûts conclure un tel accord112. additionnels n’entraînent en contrepartie aucune améliora- En fait, les simulations réalisées à partir des différents tion du bien-être. En évitant de telles pertes (zones en gris types d’alliance et modalités de transfert de ressources entre les courbes des coûts marginaux des figures 1.3 b et susceptibles de convaincre les participants réticents de ne 1.3 c), on crée de multiples incitations et on se donne toute pas faire cavalier seul montre combien il est difficile de la marge de manœuvre nécessaire pour négocier le finance- parvenir à un accord stable (compatible avec les intérêts ment et le lieu de mise en œuvre des mesures d’atténuation, de chacun) prévoyant des réductions massives et coûteuses tout en améliorant les conditions de vie de l’ensemble des des émissions mondiales. S’il est en revanche plus facile de parties concernées. En d’autres termes, l’application, dans conclure des accords stables et efficaces visant à opérer des tous les pays du monde, d’une gamme complète de mesures réductions moins importantes et moins coûteuses des émis- d’atténuation visant un objectif précis s’avèrerait beaucoup sions mondiales, de telles réductions ne sont pas suffisantes moins coûteuse pour la planète dans son ensemble. La pour faire face aux menaces que fait peser dans le long terme différence de coût serait telle que, si les pays déterminés à un changement climatique de plus grande ampleur113. atteindre l’objectif fi xé sont assez nombreux, tous les pays du monde verront leur situation s’améliorer, à condition Une occasion à saisir : programmes de relance toutefois que les pays développés prennent à leur charge dès immédiate et mutations à long terme aujourd’hui le coût du déploiement à plus grande échelle des En 2008, l’économie mondiale a été profondément ébranlée mesures d’atténuation dans les pays en développement. par les retombées de la crise du marché de l’immobilier et Les pays développés disposent des ressources et des des marchés financiers qui a frappé les États-Unis avant moyens d’incitation nécessaires pour transférer au pays non de s’étendre à de nombreux autres pays. Le monde n’avait RapportMonde_LIVRE2.indb 59 16/09/10 12:39 Figure 1.3 Évaluation des pertes de bien-être collectif découlant d’une participation partielle à un accord climatique a. Courbe du coût marginal d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre au-delà de 2030 (dans un scénario de laisser-faire) Coût marginal d’atténuation (USD/tCO2e) 120 Rendement énergétique des Utilisation des terres et changements d'affectation des terres, Technologies de pointe : 100 bâtiments résidentiels et principalement dans les pays en développement : réduction du piégeage et stockage du 80 commerciaux ; enveloppe de déboisement, gestion des prairies, régénération des sols, carbone 60 construction, chauffage et eau boisement, évolution des pratiques agronomiques et des 40 pratiques d'élevage, réduction de l’intensité de conversion des terres agricoles. 20 0 –20 Petites unités hydroélectriques et énergie –40 nucléaire dans les pays en développement Énergies renouvelables : éolien terrestre et maritime, –60 énergie solaire photovoltaïque et concentrée Amélioration du rendement énergétique des moteurs ; –80 cogénération d'énergie ; électricité issue des –100 déchets des décharges ; moteurs hybrides essence-électricité Coût marginal, tous pays confondus –120 Mesure d’atténuation dans un pays en développement –140 Coûts négatifs : les économies réalisées dans Mesure d’atténuation dans un pays à revenu élevé –160 le long terme l'emportent sur les coûts d'investissement 0 10 20 30 40 Potentiel d’atténuation (GtCO2e/an) b. Pertes de bien-être collectif résultant de mesures d'atténuation limitées aux seuls pays développés : courbe de coût marginal générée par une participation restreinte aux efforts d’atténuation Coût marginal d’atténuation (USD/tCO2e) 120 100 Atténuation à laquelle il a été renoncé, en Gt, au prix de 120 dollars/tCO2e 80 60 40 Surcoût d’une atténuation équivalant à 10 Gt 20 0 –20 –40 –60 –80 Coût marginal, tous pays confondus –100 Coût marginal, pays à revenu élevé seulement –120 Pertes de bien-être collectif –140 –160 0 10 20 30 40 Potentiel d’atténuation (GtCO2e/an) c. Pertes de bien-être collectif résultant de mesures d'atténuation limitées aux seuls pays en développement : courbe de coût marginal générée par une participation restreinte aux efforts d’atténuation Coût marginal d’atténuation (dollar/tCO2e) 120 100 Atténuation à laquelle il a été renoncé, en Gt, au prix de 120 dollars/tCO2e 80 60 Surcoût d’une atténuation 40 équivalant à 25 Gt 20 0 –20 –40 –60 –80 –100 Coût marginal, tous pays confondus –120 Coût marginal, pays en développement seulement –140 Pertes de bien-être collectif –160 0 10 20 30 40 Potentiel d’atténuation (GtCO2e/an) Source : McKinsey & Company 2009 et ventilation des données par l’équipe chargée du Rapport sur le développement dans le monde 2010. Note : À la figure (a), les barres représentent les mesures d’atténuation ; la largeur des barres indique le volume des réductions d’émissions résultant de chaque mesure, et la hauteur des barres le coût de la mesure considérée, par tonne d’émissions évitées. En traçant une ligne reliant les barres, on obtient la courbe du coût marginal d’atténuation. Les figures (b) et (c) présentent la courbe du coût marginal d’atténuation que l’on obtiendrait si les mesures d’atténuation étaient limitées aux seuls pays à revenu élevé (b) ou aux seuls pays en développement (c), et indiquent les pertes de bien-être collectif qui résulteraient de chacun de ces deux scénarios. Ces pertes pourraient être évitées ou réduites au minimum grâce à des mécanismes financiers permettant de dissocier les pays qui prennent des mesures d’atténuation de ceux qui les financent, et garantissant la mise en œuvre des mesures d’atténuation les plus efficaces par rapport à leur coût. RapportMonde_LIVRE2.indb 60 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 61 pas connu pareil bouleversement financier et économique Dans nombre de pays développés et en développement, les depuis la Grande crise de 1929. Les marchés du crédit ont été pouvoirs publics s’emploient à faire face à la crise en enga- paralysés, les investisseurs se sont mis à l’abri, des dizaines geant de vastes programmes d’investissement public. Ainsi, de monnaies ont subi un réalignement monétaire et les plusieurs pays ont prévu d’engager des dépenses comprises bourses du monde entier ont dévissé. Au plus fort de la crise, entre 2,4 et 2,8 milliers de milliards de dollars au titre de plans la volatilité financière du marché boursier américain était nationaux et régionaux de relance de l’économie120. L’objectif telle que des pertes d’une valeur de 1,3 millier de milliards est de préserver les emplois et d’en créer de nouveaux en de dollars ont été enregistrées en une seule séance114. stimulant la demande effective (mesure comptant au nombre Les conséquences mondiales de cette crise pour l’éco- des actions prioritaires pour inverser la tendance). La Banque nomie réelle et les indicateurs du développement ont été mondiale a proposé que 0,7 % des ressources que les pays à considérables et se font encore sentir aujourd’hui. Ainsi, on revenu élevé investissent dans leurs programmes de relance s’attend en 2009 à une contraction de l’économie mondiale. servent à alimenter un « fonds d’aide aux pays vulnérables » Le chômage est en augmentation partout dans le monde. Les visant à réduire au minimum le coût social de la crise écono- États-Unis ont perdu à eux seuls 5 millions d’emplois entre mique dans les pays en développement121. décembre 2007, date du début de la récession, et mars 2009115. Selon certaines estimations, les pertes d’emplois dans les pays Pour un plan de relance écologique Malgré le chaos en développement s’élèveraient à 32 millions116. En 2009, économique, les mesures de lutte contre le changement entre 53 millions et 90 millions de personnes ne parvien- climatique conservent tout leur caractère d’urgence. Cette dront pas à échapper à la pauvreté, victimes des retombées de urgence est d’autant plus pressante que la pauvreté et la la crise117. L’aide publique au développement, déjà nettement vulnérabilité s’aggravent partout dans le monde. C’est inférieure aux engagements pris par plusieurs pays bailleurs pourquoi le débat public s’est porté récemment sur la de fonds, diminuera probablement du fait de l’aggravation de possibilité de recourir à des mesures budgétaires pour la situation des finances publiques dans les pays développés promouvoir une économie plus écologique, de manière à et de l’attention accrue portée aux priorités nationales. lutter contre le changement climatique tout en favorisant la Ce repli économique a également accru la vulnérabilité croissance. de certaines régions face aux défis à venir : les économies Comment l’effet de relance de ces mesures budgétaires subsahariennes se sont rapidement développées au cours peut-il contribuer à la fois au redressement économique et des premières années du xxie siècle, mais l’effondrement des à l’atténuation du changement climatique ? La réponse à cours des produits de base et le ralentissement de l’activité apporter à la problématique climatique passe nécessaire- économique mondiale vont sans doute les mettre à rude ment par l’intervention des pouvoirs publics, notamment épreuve. Les transferts de fonds envoyés par les travailleurs parce que le changement climatique résulte d’externalités expatriés dans les pays développés ont diminué, et la situa- négatives de grande ampleur. Et parce que la crise excep- tion des pays et des communautés qui dépendent de ces tionnelle qui secoue actuellement les marchés financiers et ressources s’en est trouvée considérablement aggravée118. Au l’économie réelle appelle des dépenses publiques. Mexique, les transferts de fonds ont diminué de 920 millions Investir dans les politiques climatiques peut-être un de dollars au cours des six mois précédant mars 2009, ce qui moyen efficace de faire face à la crise économique dans le représente un recul de 14 %119. court terme. L’utilisation de technologies sobres en carbone La crise économique fait peser un poids supplémentaire pourrait favoriser une augmentation nette du nombre sur les efforts de développement et risque fort de détourner d’emplois, dans la mesure où ces technologies nécessitent l’attention portée à la question du changement climatique, une main-d’œuvre plus importante que les secteurs à forte qui revêt pourtant un caractère d’urgence. La vulnérabi- intensité de carbone122. Selon certaines estimations, des lité des individus, des communautés et des États face à la investissements publics d’un milliard de dollars dans des menace climatique va s’accroître à mesure du ralentissement projets à caractère environnemental permettraient de créer de la croissance économique, de la baisse des revenus et de 30 000 emplois en un an aux États-Unis, soit 7 000 de plus que la contraction de l’aide au développement. Le fléchissement les projets d’infrastructure traditionnels123. D’autres estima- de l’activité économique s’accompagnera, certes, d’un ralen- tions indiquent qu’en dépensant 100 milliards de dollars, on tissement temporaire des émissions, mais les populations pourrait créer près de 2 millions d’emplois, dont la moitié demeureront malgré tout vulnérables aux effets du chan- environ seraient des emplois directs124. Toutefois, l’effet de gement climatique qui s’est déjà amorcé. Et en l’absence ces investissements publics sur l’emploi pourrait finir par d’efforts concertés visant à dissocier les émissions de la s’estomper, comme c’est le cas pour tous les programmes de croissance, les émissions s’accéléreront à nouveau dès que la relance de courte durée125. reprise économique se confirmera. RapportMonde_LIVRE2.indb 61 16/09/10 12:39 62 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Dépenses mondiales consacrées à l’environnement création d’emplois. En Amérique latine, la plupart des Plusieurs États ont déjà intégré à leurs programmes de investissements seront réalisés dans le secteur des travaux relance économique une composante « écologique » axée publics, notamment pour la construction d’autoroutes, ce notamment sur les technologies sobres en carbone, la qui présente un potentiel limité en matière d’atténuation129. maîtrise de l’énergie, la recherche-développement et la En République de Corée, où 960 000 emplois devraient être gestion des ressources en eau et des déchets (figure 1.4). créés dans les quatre prochaines années, une part impor- Ainsi, la République de Corée prévoit de mettre en œuvre tante des investissements prévus, soit 13,3 milliards de un plan de relance budgétaire qui sera constitué à 80,5 % dollars sur une enveloppe totale de 36 milliards de dollars, de projets sur l’environnement. De même, les États-Unis sera consacrée à trois grands projets : la régénération des consacreront 100 à 130 milliards de dollars, au titre de cours d’eau, le développement des transports en commun leur programme de relance, à des investissements axés et du réseau ferroviaire et la conservation de l’énergie dans sur le changement climatique. Globalement, quelque les villages et les établissements scolaires. Ce programme 436 milliards de dollars seront investis dans des projets de relance par l’investissement devrait permettre la créa- concernant l’environnement, dont la moitié dès 2009, dans tion de 500 000 emplois130. De son côté, la Chine investira le cadre des différents programmes de relance engagés de 85 milliards de dollars dans le développement du transport par le monde126. ferroviaire afin de promouvoir des modes de transport sobres Les résultats de ces investissements seront fonction en carbone susceptibles de concurrencer le transport routier de la rapidité avec laquelle ils pourront être entrepris, de et aérien, mais aussi de réduire les goulots d’étranglement. leur capacité à créer des emplois et à promouvoir l’utilisa- Une deuxième enveloppe de 70 milliards sera allouée à la tion des ressources sous-exploitées et de leur contribution mise en place d’un nouveau réseau électrique qui permettra à une réorientation des économies qui privilégiera la mise d’améliorer le rendement énergétique et de faciliter l’accès en place d’infrastructures durables à faible intensité de à l’électricité131. Aux États-Unis, deux projets relativement carbone, la réduction des émissions et le renforcement des peu coûteux (un projet de rénovation des bâtiments fédé- capacités de résistance aux chocs climatiques127. Les inves- raux doté d’un budget de 6,7 milliards de dollars, et un autre tissements dans l’amélioration du rendement énergétique axé sur le renforcement de la capacité de résistance des loge- des bâtiments publics, par exemple, sont particulièrement ments aux phénomènes météorologiques, pour un budget de attrayants dans la mesure où ils peuvent généralement être 6,2 milliards de dollars) devraient générer, selon les estima- engagés rapidement, nécessitent une main-d’œuvre impor- tions, 325 000 emplois par an132. tante et offrent au secteur public la possibilité de réaliser des Dans la plupart des pays en développement, la compo- économies durables128. Les interventions visant à financer sante « réduction des émissions » des projets mis en œuvre d’autres mesures de maîtrise de l’énergie destinées à réduire au titre des programmes de relance est plutôt limitée, mais le coût social de l’énergie dans les bâtiments privés, de même pourrait néanmoins favoriser le renforcement des capaci- que la mise en place d’installations d’approvisionnement en tés de résistance au changement climatique et la création eau et d’assainissement ou l’amélioration de la circulation, d’emplois. En Colombie, l’amélioration des réseaux d’ap- présentent les mêmes avantages. provisionnement en eau et d’assainissement devrait créer Les portefeuilles de projets et d’investissements prévus 100 000 emplois directs pour chaque milliard de dollars varient considérablement d’un pays à l’autre, en fonction investi, tout en réduisant le risque de maladies à transmis- des conditions économiques et des besoins en matière de sion hydrique133. Les pays développés et en développement Figure 1.4 La part des programmes de relance consacrée à l’environnement est en augmentation Part des programmes de relance consacrée 94,1 à l’environnement (en milliards de dollars) 221,3 787,0 12,4 Montant total des programmes de relance 586,1 485,9 1,3 13,8 2,5 2,1 2,6 7,1 30,7 103.5 104,8 26,7 30,4 31,8 33,7 38,1 Australie Royaume Canada France Corée, Italie Allemagne Japon Chine États-Unis -Uni Rép. de Source : Robins, Clovern et Singh 2009 RapportMonde_LIVRE2.indb 62 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 63 doivent envisager des mesures d’adaptation axées notam- que soit le scénario retenu, la mise en œuvre de politiques ment sur la remise en état des cours d’eau et la régénéra- publiques résolues ne peut qu’aider les économies à absorber tion des zones humides, activités qui peuvent nécessiter une les chocs résultant des impacts inévitables du changement main-d’œuvre particulièrement importante et contribuer climatique, et contribuer à la réduction des pertes sociales de ce fait à réduire la vulnérabilité physique et financière nettes et à la protection du bien-être de ceux qui risquent de certains groupes. Le défi consisterait à garantir la péren- d’être le plus durement touchés. nisation des mesures d’adaptation après l’achèvement des Les interventions engagées en réponse au changement programmes d’investissement. climatique pourraient de surcroît enclencher une dyna- Ces chiffres préliminaires évolueront probablement à mique qui permettra de renforcer le processus de déve- mesure du déroulement de la crise. Rien ne permet d’af- loppement et de promouvoir l’adoption de programmes firmer que les composantes écologiques des programmes de réforme propices à l’amélioration du bien-être, et dont de relance par l’investissement public contribueront effec- on ne pourra de toute façon pas faire l’économie. À titre tivement à créer des emplois ou à réduire l’intensité de d’exemple, les efforts conjoints d’amélioration du rende- carbone. Quand bien même les résultats seraient très posi- ment énergétique et de promotion du développement pour- tifs, les interventions budgétaires ne suffiront pas à éliminer raient trouver une expression à la fois politique et tangible le risque lié à l’emprise des technologies à forte intensité de au travers de villes plus écologiques et mieux équipées pour carbone et à la vulnérabilité climatique. Néanmoins, l’occa- faire face au changement climatique. La mise en place de sion qui se présente de lancer des programmes d’investisse- schémas d’aménagement urbain améliorés visant à promou- ment en faveur de l’environnement et de jeter les bases de voir la maîtrise de l’énergie par le biais, notamment, d’un modes de développement économique sobres en carbone est accroissement de l’offre de transport public et l’application bien réelle et doit être saisie. d’une taxe de congestion, pourrait aussi contribuer à amélio- rer la sécurité physique et la qualité de vie des populations Des transformations fondamentales à moyen et long terme urbaines. Les solutions à mettre en œuvre dépendent dans Il ne suffira pas d’intégrer aux programmes de relance une large mesure de notre capacité à renforcer ou à rempla- engagés en réponse à la crise financière des volets cer des politiques et des mécanismes institutionnels inadap- « investissement » axés sur les technologies à faible intensité tés, en privilégiant les changements qu’appelle la menace du de carbone et le renforcement des capacités de résistance aux réchauffement climatique, et en renforçant l’assistance tech- chocs climatiques pour venir à bout des problèmes à long nique et financière internationale. terme qu’engendre le changement climatique. Il faudra aussi Les citoyens auront aussi, à titre individuel, un rôle majeur apporter des modifications fondamentales aux dispositifs à jouer dans le débat public et dans la mise en œuvre des de protection sociale, aux mécanismes de financement solutions envisageables. Les sondages d’opinion montrent à sur le marché du carbone, aux programmes de recherche- cet égard que les citoyens du monde entier sont préoccupés développement, aux marchés de l’énergie et à la gestion des par le changement climatique et qu’ils continuent de s’inté- ressources en terre et en eau. resser à cette question malgré la récente tourmente finan- Dans le moyen et le long terme, le défi consistera à trouver cière134 (bien que les tendances observées récemment aux des solutions nouvelles pour atteindre le double objectif du États-Unis soient plus nuancées)135. Par ailleurs, la plupart développement durable et de la limitation du réchauffement des États reconnaissent, du moins officiellement, la gravité climatique. La conclusion d’un accord mondial juste et équi- de la menace que représente le réchauffement climatique. La table marquerait à cet égard une étape majeure qui contri- communauté internationale tout entière a pris conscience buerait à éviter un scénario catastrophe. Mais il faudra pour du problème, comme en témoigne le prix Nobel de la paix cela modifier les modes de vie à forte intensité de carbone des 2007, qui a récompensé l’action menée en matière d’évalua- pays riches (et des riches où qu’ils se trouvent) et les trajec- tion scientifique et de communication dans le domaine du toires de croissance à forte intensité de carbone des pays en changement climatique. développement, ce qui suppose d’opérer un certain nombre Le défi que les décideurs vont devoir relever consiste à faire de changements socioéconomiques complémentaires. en sorte que cette prise de conscience puisse stimuler une L’adoption de normes sociales valorisant des modes de vie réforme des institutions et l’évolution des comportements, sobres en carbone pourrait influer de manière déterminante et serve les intérêts des populations les plus vulnérables136. sur le succès d’une telle entreprise (voir chapitre 8). Cela Après tout, les crises financières des années 90 ont été à étant, l’évolution des comportements doit s’accompagner de l’origine de la réforme des dispositifs de protection sociale réformes institutionnelles, de programmes de financement en Amérique latine et ont donné naissance à Progresa- complémentaires et d’innovations technologiques de nature Oportunidades au Mexique et à Bolsa Escola-Bolsa Familia à écarter tout risque d’un accroissement irréversible et catas- au Brésil, deux des innovations les plus remarquables de ces trophique des températures. En tout état de cause, et quel dernières décennies en matière de politique sociale137. RapportMonde_LIVRE2.indb 63 16/09/10 12:39 64 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E La récession qui sévit actuellement a ébranlé la confiance 23 Cruz et al. 2007. dans les marchés non réglementés. L’opinion attend désor- 24 Easterling et al. 2007. mais des réglementations plus efficaces, davantage d’inter- 25 Auffhammer, Ramanathan et Vincent 2006. vention et plus de transparence et d’obligation de rendre 26 Guiteras 2007. 27 Ligon et Sadoulet 2007. compte de la part des pouvoirs publics. Pour faire face aux 28 Campbell-Lendrum, Corvalan et Pruss-Ustun 2003. bouleversements climatiques, il faut mettre en place des 29 Parmi les nombreux pays et régions concernés, figurent réglementations supplémentaires intelligentes sur le plan notamment la Colombie (Vergara 2009), le Caucase (Rabie et al. climatique afin de favoriser l’adoption de stratégies inno- 2008), l’Éthiopie (Confalonieri et al. 2007) et les îles du Pacifique Sud vantes en matière d’atténuation et d’adaptation. De telles (Potter 2008). politiques permettront de réunir les conditions propices 30 Molesworth et al. 2003. à la mise en œuvre d’interventions publiques, d’ampleur 31 Confalonieri et al. 2007. et de portée adéquates, indispensables pour pallier les 32 Confalonieri et al. 2007 ; Morris et al. 2002. conséquences du changement climatique – la plus grave 33 Carter et al. 2007. défaillance du marché de l’histoire de l’humanité. 34 Banque mondiale 2001. 35 Azariadis et Stachurski 2005. 36 Lokshin et Ravallion 2000 ; Jalan et Ravallion 2004 ; Dercon Notes 2004. 1 Weiss et Bradley 2001. 37 Dercon 2004. 2 Ristvet et Weiss 2000. 38 Mueller et Osgood 2007. 3 Weiss 2000. 39 Azariadis et Stachurski 2005. 4 Harrington et Walton 2008 ; IWM et CEGIS 2007. 40 Rosenzweig et Binswanger 1993. 5 Schmidhuber et Tubiello 2007. 41 Jensen 2000. 6 Bates et al. 2008. 42 Alderman, Hoddinott et Kinsey 2006. 7 Commission mondiale pour l’environnement et le développe- 43 Ces chiffres recouvrent la totalité des gaz à effet de serre mais ne ment (CMED) 1987. tiennent pas compte des émissions liées au changement d’affectation 8 Chen et Ravaillon 2008. des terres. Lorsqu’il en est tenu compte, la part des pays en développe- 9 Banque mondiale 2009a. ment dans les émissions mondiales est proche de 60 % . 10 Nations Unies 2008. 44 WRI 2008. 11 Chen et Ravaillon 2008. 45 Chomitz et Meisner 2008. 12 AIE 2007. 46 Calculs établis par l’auteur à partir des outils d’analyse du climat 13 Nations Unies 2008. (Climate Analysis Indicators Tools – CAIT) du World Resources 14 Nations Unies 2008. Institute (WRI, 2008). Dans les pays à revenu élevé, les émissions par 15 PNUD 2008. habitant de gaz à effet de serre (à l’exclusion de celles liées au change- 16 IARU 2009. ment d’affectation des terres) sont comprises entre 4,5 et 55,5 tonnes 17 Smith et al. 2009. de CO2e (entre 7 et 27, si l’on exclut les petits États insulaires et les pays 18 Patriquin et al. 2005 ; Patriquin, Wellstead et White 2007 ; producteurs de pétrole). Les émissions pour 1 000 dollars de produit, Pacific Institute for Climate Solutions 2008. au taux de change du marché, sont comprises entre 0,15 et 1,72 tonne 19 Le constat vaut y compris si l’on tient compte du fait qu’en dans les pays à revenu élevé ; si la production est calculée sur la base de règle générale, les pays les plus pauvres sont aussi les plus chauds en la parité de pouvoir d’achat, on obtient une fourchette allant de 0,20 moyenne. Dell, Jones et Olken 2008. à 1,04 tonne. 20 Dell, Jones et Olken 2008. 47 Marcotullio et Schulz 2007. 21 Brown et al. 2009. 48 Rosenberg 1971. 22 GIEC 2007b. 49 GIEC 2007a. 50 Lipovsky 1995. « Prenez soin de votre terre, Veillez sur ses créatures. Ne laissez pas à vos enfants Une planète morte en héritage». — Lakshmi Shree, 12 ans, Inde RapportMonde_LIVRE2.indb 64 16/09/10 12:39 Comprendre les liens entre le changement climatique et le développement 65 51 Voir les chiffres relatifs aux exportations et à la production 83 Gjerde, Grepperud et Kverndokk 1999 ; Kousky et al. 2009. annuelles d’éthanol du Brésil 84 Hallegatte, Dumas et Hourcade 2009. http://english.unica.com.br/dadosCotacao/estatistica/ (consulté 85 Voir les études récentes de Pindyck (2007) et Quiggin (2008). en décembre 2008). 86 O’Neill et al. 2006. 52 Ummel et Wheeler 2008. 87 Dans leurs modèles, Sterner et Persson (2008) intègrent les 53 Hill et al. 2009. biens environnementaux à la fonction d’utilité. 54 Mitchell 2008. 88 Portney et Weyant 1999. 55 Ivanic et Martin 2008. 89 Fisher et al. 2007 ; Hourcade et Ambrosi 2007 ; Tol 2005. 56 Ng et Aksoy 2008 ; Banque mondiale 2008. 90 Diamond 2005. 57 Cramton et Kerr 1999. 91 Komives et al. 2007 ; Diamond 2005. 58 Ekins et Dresner 2004. 92 Diamond 2005. 59 Brenner, Riddle et Boyce 2007. 93 Hof, den Elzen et van Vuuren 2008. 60 Benitez et al. 2008. 94 Bruckner et al. 1999. 61 Estache 2009. 95 Yohe 1999. 62 Etriamihaja et Vecchi 2007. 96 Toth et Mwetosya 2001. 63 Komives et al. 2005. 97 Lempert et Schlesinger 2000. 64 Johnson et al. 2008. 98 Savage 1951 ; Savage 1954. 65 Pindyck 2007 ; Weitzman 2009a ; Hallegatte, Dumas et 99 Klaus, Yohe et Schlesinger 2008. Hourcade 2009. 100 GIEC 2007a. 66 Yohe 1999 ; Toth et Mwetosya 2001. 101 Voir à la figure 3 de l‘Abrégé les chiffres relatifs aux émissions 67 Lempert et Schlesinger 2000. cumulées par rapport à la proportion de la population. 68 Nordhaus 2008a. Pour plus d’informations sur les modèles et 102 Selon l’AIE (2008), les émissions annuelles liées à la produc- leurs résultats, voir notamment Heal 2008 ; Fisher et al. 2007 ; Tol tion d’énergie des pays non membres de l’OCDE (Organisation de 2005 ; et Hourcade et Ambrosi 2007. coopération et de développement économiques) ont atteint en 2004 69 L’estimation de 5 % tient en grande partie au taux le même niveau que celles des pays membres de l’Organisation (soit d’actualisation, mais l’écart entre 5 et 20 % tient à la prise en compte environ 13 gigatonnes de CO2 par an). L’analyse de la base de données des impacts non marchands (santé et environnement) et de la sensi- CAIT du WRI sur les émissions, qui s’appuie sur une définition des bilité du climat aux gaz à effet de serre, qui pourrait s’accentuer, ainsi pays développés et en développement identique à celle de la Banque qu’à l’utilisation de coefficients de pondération, qui répond à un souci mondiale, confirme cette tendance ; WRI 2008. d’équité. Stern 2007 ; Dasgupta 2007 ; Dasgupta 2008. 103 Wheeler et Ummel 2007. 70 Voir Dasgupta 2007 ; Dasgupta 2008 ; et l’encadré 1.4. 104 Le Plan d’action de Bali est présenté en détail dans l’encadré 71 Dasgupta 2008. 5.1 du chapitre 5. 72 Heal 2008 ; Sterner et Persson 2008. 105 Pour 2030, on estime cette proportion à 65-70 % de la réduction 73 Guesnerie 2004 ; Heal 2005 ; Hourcade et Ambrosi 2007. des émissions, ou 45-70 % des coûts d’investissement. Sur l’ensemble 74 Sterner et Persson 2008. du siècle (sur la base des valeurs actualisées de tous les investissements 75 Hourcade et al. (2001) analysent la sensibilité à la forme de la en 2100), la part des investissements qui devraient être réalisés dans courbe des dommages de sept modèles d’évaluation intégrés, et notent les pays en développement est, selon les estimations, comprise entre 65 que les trajectoires de concentrations de carbone optimales pourraient et 70 %. Voir la note 47 de l’Abrégé pour plus d’informations sur les être très éloignées des observations actuelles si des dommages impor- sources de ces données. tants surviennent avec un réchauffement de 3 °C ou des concentra- 106 Edmonds et al. 2008. tions de CO2 de 500 parties par million (ppm). Globalement, ils 107 Nordhaus 2008b. observent que des mesures précoces peuvent se justifier si l’on attribue 108 Voir notamment Edmonds et al. 2008. une probabilité non nulle à l’accroissement très rapide des dommages 109 Voir la note 108 ci-dessus et l’encadré 5.1 au chapitre 5. à mesure du réchauffement, de sorte que les dommages augmentent 110 Hamilton 2009. plus rapidement que le rythme auquel le processus d’actualisation 111 Barrett 2006 ; Barrett 2007. érode leur poids. 112 Barrett et Stavins 2003. 76 Solomon et al. 2009. 113 Carraro, Eykmans, et Finus 2009 ; Carlo Carraro (communi- 77 Mignone et al. 2008. cation personnelle), 2009. 78 Folger 2006 ; Auld et al. 2007. 114 Brinsley et Christie 2009. 79 Le processus de piégeage et de stockage du carbone est décrit au 115 Bureau of Labor Statistics 2009. chapitre 4, encadré 4.6. 116 OIT 2009. 80 Shalizi et Lecocq 2009. 117 Banque mondiale 2009a. 81 Pour un tour d’horizon de cette question, voir Arthur 1994 ; 118 Ratha, Mohapatra et Xu 2008. pour plus d’informations sur l’accroissement des rendements et la 119 Banco de México, http://www.banxico.org.mx/SieInternet/ nécessité d’investir dans des technologies innovantes de maîtrise de consultarDirectorioInternetAction.do?accion=consultarCuadro&id l’énergie, voir Mulder 2005. 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Tous les scientifiques s’accordent à reconnaître que la température de la planète se réchauffe, du fait principalement de l’activité humaine. Dans son quatrième Rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne que : « le réchauffement climatique est une réalité indiscutable »1. Pendant le million d’années qui a précédé la Révolution industrielle, les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère étaient comprises entre 17 et 280 parties par million (ppm). Elles sont aujourd’hui beaucoup plus importantes (387 ppm), et dépassent de loin le niveau maximum relevé pour les 800 000 dernières années. Le phénomène pourrait s’accélérer2 : si rien n’est fait pour infléchir la trajectoire à forte intensité de carbone de la planète, les concentrations de CO2 pourraient atteindre à la fin du siècle un niveau jamais égalé au cours de dizaines de millions d’années. L’article 2 de la Convention-cadre la mer qui en résulterait ; réduire le modèles, de 2,5 à 7 °C par rapport à des Nations Unies sur les changements nombre d’inondations, de sécheresses, l’ère préindustrielle à l’horizon 21006, climatiques (CCNUCC) a pour objec- et de feux de forêt dans de nombreuses selon l’ampleur et le rythme de la tif ultime de « stabiliser les concen- régions ainsi que l’augmentation de croissance énergétique, la nature des trations de gaz à effet de serre dans la mortalité et de la morbidité dues mesures prises pour limiter l’utilisa- l’atmosphère à un niveau qui empêche à la propagation des maladies infec- tion des sources d’énergie fossiles et les toute perturbation anthropique dange- tieuses et diarrhéiques et à la chaleur délais nécessaires à la mise au point de reuse du système climatique »3. Pour extrême ; prévenir la disparition de technologies énergétiques sans émis- empêcher toute perturbation « dange- plus d’un quart des espèces connues ; sion de carbone (voir chapitre 4). Si reuse », conformément aux termes de et éviter une baisse conséquente de la cette hausse des températures paraît la Convention, « il conviendra d’at- production vivrière mondiale5. modérée au regard des variations teindre ce niveau dans un délai suffi- Toutefois, la stabilisation de la saisonnières, l’extrémité inférieure de sant pour que les écosystèmes puissent température moyenne mondiale à cette fourchette représente malgré tout s’adapter naturellement aux change- 2 °C au-dessus des températures pré- un réchauffement qui placerait Oslo ments climatiques, que la production industrielles suffira à transformer à la latitude de Madrid. L’extrémité alimentaire ne soit pas menacée et que profondément la planète. La Terre supérieure de la fourchette correspond le développement économique puisse s’est réchauffée de 0,8 °C en moyenne quant à elle au réchauffement qui s’est se poursuivre d’une manière durable ». depuis l’ère préindustrielle, et les amorcé au plus fort de la dernière Il est difficile de dire si cet objectif est régions de latitude élevée sont déjà période glaciaire, et qui a conduit à la pleinement réalisable, dans la mesure confrontées à des bouleversements à fonte de la calotte glaciaire épaisse de où le lien entre le réchauffement la fois environnementaux et culturels. 2 km qui recouvrait alors l’Europe du climatique observé à l’heure actuelle Le réchauffement climatique se pour- Nord et l’Amérique du Nord7. Au cours et l’augmentation des sécheresses, des suit, et aura nécessairement d’autres des prochaines décennies, la tempé- inondations, des canicules, des feux de conséquences à l’avenir. Une hausse rature moyenne mondiale devrait forêts et des épisodes pluviométriques des températures de 2 °C accentuera augmenter de 0,2 à 0,3 °C tous les extrêmes qui menacent les sociétés la fréquence et la violence des phéno- 10 ans8, soit un rythme qui va mettre humaines et les systèmes naturels est mènes météorologiques extrêmes (des à l’épreuve les capacités d’adaptation désormais établi. canicules, notamment) –, et entraînera des espèces et des écosystèmes (voir On dispose de preuves convain- une intensification du stress hydrique le Thème B sur la biodiversité et les cantes qui montrent que la capacité des dans de nombreuses régions et une services des écosystèmes face au chan- sociétés et des écosystèmes à s’adapter baisse de la production vivrière en gement climatique). au réchauffement climatique serait zone tropicale. Elle causera de surcroît Définir ce qu’est une « perturbation mise à très rude épreuve au-delà d’un des dommages aux écosystèmes, et en anthropique dangereuse » relève d’une réchauffement moyen de 2 °C 4. Si l’on particulier la disparition de nombreux décision politique et non d’une analyse parvient à maintenir le réchauffement récifs coralliens, victimes du réchauf- scientifique. Dix ans après l’adoption d’origine anthropique à 2 °C au-dessus fement climatique et de l’acidification du Protocole de Kyoto, et alors que les des températures de la période préin- des océans. pays développés s’apprêtent à établir dustrielle, on devrait pouvoir limiter Si la communauté internationale pour la première fois une comptabilité dans des proportions significatives n’agit pas rapidement pour s’écar- précise de leurs émissions de carbone, le recul des calottes glaciaires du ter de trajectoires à forte intensité de la communauté internationale va Groenland et de l’Antarctique occi- carbone, la température moyenne devoir définir l’action à mener au cours dental et l’élévation du niveau de mondiale augmentera, selon certains des décennies à venir. La voie retenue RapportMonde_LIVRE2.indb 71 16/09/10 12:39 Thème A sera déterminante pour l’avenir de tique, le rythme de ce changement, le tionnement du système climatique, nos enfants : nous pouvons leur léguer risque d’un changement soudain ou les changements observés à ce jour, une planète sur laquelle le réchauffe- brutal et la probabilité que des seuils les effets prévisibles d’un réchauffe- ment aura été stabilisé aux alentours de danger soient irrémédiablement ment planétaire de 2 °C au-dessus des de 2 °C au-dessus des températures dépassés. Le caractère dangereux du températures préindustrielles et ceux préindustrielles, ou les contraindre à changement climatique est fonction d’un réchauffement de 5 °C ou plus, vivre dans un monde de plus en plus à la fois des effets de ce changement les risques que des « points de non- chaud. Le terme « dangereux » renvoie sur les systèmes humains et naturels retour » irréversibles soient franchis et à plusieurs aspects distincts : l’am- et de la capacité de ces systèmes à s’y les défis à relever pour parvenir à limi- pleur globale du changement clima- adapter. Le Thème A examine le fonc- ter le réchauffement à 2 °C. ENCADRÉ TA.1 Le cycle du carbone ATMOSPHÈRE (824) La quantité de dioxyde de carbone (CO2) rejetée dans l’atmosphère dépend de Puits de carbone cycles biogéochimiques qui redistribuent terrestres et Combustion de le carbone entre les océans, la terre, Production émissions dues Flux combustibles les matières vivantes et l’atmosphère. primaire à un changement océan-> fossiles et Respiration brute d’affectation des terres atmosphère processus industriels L’atmosphère contient actuellement quelque 824 gigatonnes (Gt) de carbone. En 2007, les émissions de carbone d’origine anthropique représentaient près de 9 Gt 119,6 120,2 2,7 1,5 92,2 90,6 7,7 de carbone, dont environ 7,7 Gt (soit 28,5 Gt de CO2) étaient issues de la combustion de combustibles fossiles, les émissions restantes étant dues à des modifications du couvert terrestre. (Une Gt équivaut à un milliard de tonnes métriques. Pour Carbone (Gt) convertir les émissions et les flux de OCÉAN (38 000) Flux naturel carbone en quantité de CO2, il suffit de Puits des flux de multiplier la quantité de carbone par 3,67.) VÉGÉTATION ET SOLS (2 300) carbone anthropique La concentration de CO2 dans l’atmosphère (carbone stocké) augmente actuellement à raison d’environ Source : Adapté de GIEC, 2007b. deux parties par million (ppm) par an, ce qui représente un accroissement de supérieures à celles qui ont été relevées. Il entreprise se heurtera nécessairement la charge en carbone de l’atmosphère semble que la différence soit actuellement à des difficultés liées aux changements de l’ordre de 4 Gt de carbone par an (en absorbée par les écosystèmes terrestres. climatiques et à l’augmentation de d’autres termes, la moitié des émissions de On pose pour hypothèse qu’un « puits la fréquence des feux de forêts, des dioxyde de carbone liées aux combustibles résiduel » de 2,7 Gt se serait formé du fait infestations d’organismes nuisibles, des fossiles est responsable de l’augmentation principalement de l’évolution du couvert sécheresses et du stress thermique. Dans le durable de la concentration de CO2 dans terrestre (augmentation nette du couvert même temps, si rien n’est fait pour réduire l’atmosphère). Les émissions de CO2 forestier attribuable à un reboisement/ les émissions de combustibles fossiles, on restantes sont absorbées par les « puits boisement supérieur au déboisement) risque fort d’observer un ralentissement du de carbone » , à savoir les océans et et de la fixation accrue du carbone processus de fixation des émissions par les les écosystèmes terrestres. Les océans liée à l’effet stimulant de la hausse des forêts et les autres écosystèmes terrestres, fixent près de 2 Gt de carbone par an concentrations de CO2 sur la croissance voire un renversement de tendance si (ce qui correspond à la différence entre des forêts du monde (appelé effet de ces écosystèmes deviennent à leur tour les 90,6 Gt et les 92,2 Gt indiquées dans fertilisation du CO2). des sources nettes d’émissions d’ici à la la figure, à laquelle s’ajoute un faible Les écosystèmes terrestres abritent des fin du siècle, comme le prévoient certains flux de carbone terre-océan) . Au total, réserves de carbone de l’ordre de 2 300 Gt modèles. De plus, si leur température la somme des quantités nettes de – soit quelque 500 Gt stockées dans la augmente, les océans absorberont le carbone absorbées par les océans et les biomasse aérienne et environ trois fois plus CO2 plus lentement, et une proportion écosystèmes terrestres (photosynthèse dans les sols. La réduction du déboisement plus importante des émissions dues moins respiration) et du volume estimé doit donc être une composante essentielle aux combustibles fossiles restera dans des émissions dues à un changement de l’action à engager pour ralentir l’atmosphère. d’affectation des terres et à la combustion l’augmentation des émissions. Si tout Sources : Fischlin et al. 2007 ; IPCC 2000 ; GIEC de combustibles fossiles représente doit être mis en œuvre pour accroître le 2001 ; Canadell et al. 2007 ; Houghton 2003 ; des concentrations atmosphériques stockage du carbone dans le sol, une telle Prentice et al. 2001 ; Sabine et al. 2004. RapportMonde_LIVRE2.indb 72 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 73 Fonctionnement du système cules extrêmement petites) influant provoqué par ces gaz présents natu- climatique sur l’équilibre entre le rayonnement rellement dans l’atmosphère est appelé Le climat de la Terre est régi par solaire et le rayonnement infrarouge « effet de serre naturel » . C’est grâce à l’énergie reçue du Soleil, l’énergie émis par la Terre. La vapeur d’eau, le cet effet de serre naturel que la tempé- émise par la Terre et les échanges CO2, le méthane (CH4), l’ozone (O3), rature de la planète est supérieure de d’énergie entre l’atmosphère, la terre, et l’oxyde d’azote (N2O) sont tous des 33 °C à ce qu’elle serait autrement, que les océans, les glaces et les orga- gaz à effet de serre (GES) présents la majeure partie de la surface de la nismes vivants. La composition de naturellement dans l’atmosphère. planète peut demeurer à l’état liquide, l’atmosphère revêt une importance Ils réchauffent la surface de la Terre et que la vie existe depuis l’équateur particulière du point de vue clima- en empêchant l’énergie infrarouge jusqu’aux zones polaires. tique, certains gaz et aérosols (parti- (chaleur) émise par la Terre de s’éva- Les émissions de gaz d’origine cuer vers l’espace. Le réchauffement anthropique ont considérablement Figure TA.1 Les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont augmenté a. Augmentation dans le temps b. Composition des émissions mondiales en 2004 Gt CO2e/an 5 N2O autres 0 N2O agriculture Gaz Fluorés N2O 1,1 % 7,9 % 10 CH4 autres CH4 déchets 5 CH4 agriculture CH4 CH4 énergie 14,3 % 0 10 CO2 CO2 décomposition (combustibles 5 et tourbe fossiles) CO2 déboisement 56,6 % 0 CO2 30 (déboisement, décomposition 25 de la biomasse) 17,3 % 20 CO2 autres CO2 (autres) 15 CO2 combustibles 2,8 % fossile) 10 5 0 1970 1980 1990 2000 2004 50 40 30 Total gaz 20 à effet de serre 10 0 1970 1980 1990 2000 2004 Source : Repris de Barker et al., 2007. Note : Cette figure indique les sources et les taux de croissance des émissions de certains gaz à effet de serre à durée de vie moyenne ou élevée. Les combustibles fossiles et le changement d’affectation des terres sont les principales sources de CO2, tandis que la production d’énergie et l’agriculture contribuent à parts égales aux émissions de CH4. Les émissions de N2O sont dues pour l’essentiel aux activités agricoles. Les autres gaz à effet de serre dont il n’est pas fait mention dans la figure sont le noir de carbone (suie), l’ozone troposphérique et les halocarbones. Les comparaisons entre les émissions équivalentes des différents gaz considérés se fondent sur le potentiel de réchauffement de la planète sur 100 ans (voir les explications données à la note 9). RapportMonde_LIVRE2.indb 73 16/09/10 12:39 74 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure TA.2 Principaux facteurs influant sur le climat depuis la révolution industrielle Facteurs de refroidissement Facteurs de réchauffement amplifié l’effet de serre naturel. La Activité humaine concentration moyenne mondiale Dioxyde de carbone de CO2 atmosphérique a fortement Gaz à (CO2) augmenté depuis le début de l’ère indus- effet de serre N2O Oxyde nitreux persistants trielle, en particulier ces 50 dernières CH4 Halocarbones années. Au cours du XXe siècle, la Méthane concentration de CO2 dans l’atmos- Ozone Stratosphérique Troposphérique phère est passée de 280 ppm à 387 ppm (– 0,05) – soit une augmentation de près de Vapeur d’eau 40 % – principalement en raison de la stratosphérique combustion de combustibles fossiles Réflectivité émettant du carbone et, dans une Affectation des terres Suie (noir de carbone) sur neige des surfaces moindre mesure du déboisement et du changement d’affectation des terres réfléchissantes Effet (voir encadré TA.1). La combustion de Particules direct Effet charbon, de pétrole et de gaz naturel réfléchissant est aujourd’hui à l’origine de près de des nuages 80 % des émissions annuelles de CO2, le déboisement et le changement d’af- Totale activité humaine nette fectation des terres des 20 % restants. En 1950, les combustibles fossiles et Total influences naturelles l’utilisation des terres contribuaient à (rayonnement parts égales aux émissions annuelles solaire) de CO2 ; depuis, la consommation –2 –1 0 1 2 Watts/mètre carré énergétique de la planète a été multi- pliée par 18. De même, les concentra- Source : Adapté de Karl, Melillo et Peterson 2009. Note : La figure ci-dessus indique l’effet de réchauffement (barres grises) ou de refroidissement (barres violettes) tions d’autres gaz piégeant la chaleur, que divers facteurs exercent sur le climat terrestre depuis le début de l’ère industrielle (soit de 1750 à nos jours). Les et notamment de méthane et d’oxyde résultats sont exprimés en watts par mètre carré. La première partie de la figure présente les principaux facteurs anthropiques, et la deuxième les effets du rayonnement solaire, seul facteur naturel ayant un impact durable sur le d’azote, ont fortement augmenté en climat. Le refroidissement climatique induit par les éruptions volcaniques, bien que naturel, est relativement éphémère raison de la combustion de combus- (deux à trois ans) et n’a donc pas été pris en compte. On peut voir, dans la partie inférieure de la figure, que l’effet net total (à savoir l’effet de réchauffement minoré de l’effet de refroidissement) des facteurs anthropiques influe fortement tibles fossiles, des activités agricoles et sur le réchauffement du climat. Les barres horizontales donnent une estimation du degré d’incertitude. industrielles et du changement d’affec- tation des terres (figure TA.1) 9. Figure TA.3 La température moyenne mondiale annuelle et la concentration de CO2 n’ont cessé d’augmenter au cours de la période 1880–2007 Certains polluants d’origine Température mondiale (en °C) Concentration de CO2 (ppm) anthropique émis dans l’atmosphère 400 réchauffent la Terre, et d’autres la 14,5 refroidissent (figure TA.2). Certains Température supérieure à la moyenne ont une durée de vie prolongée, d’autres 380 Température inférieure à la moyenne 14,3 Concentration de CO2 ont une durée de vie très courte. En 360 piégeant le rayonnement infrarouge, 14,1 le dioxyde de carbone, l’oxyde nitreux 340 et les halocarbones10 réchauffent la 13,9 planète. Les concentrations accrues 320 de ces gaz peuvent persister dans l’at- 13,7 mosphère pendant des siècles, et leur 300 influence sur le processus de réchauf- 13,5 fement entraîne en conséquence des 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 variations climatiques à long terme. À Année l’inverse, l’effet sur le réchauffement Source : Adapté de Karl, Melillo et Peterson, 2009. des émissions de méthane ne se mani- Note : Les barres violettes indiquent les températures supérieures à la moyenne relevée au cours de la période 1901– 2000, et les barres grises les températures inférieures à cette moyenne. La courbe noire indique l’augmentation de feste que pendant quelques décen- la concentration de CO2. Si une nette tendance au réchauffement à long terme du climat se dégage de ce graphique, nies, tandis que l’impact sur le climat la température n’augmente par systématiquement d’une année sur l’autre, et les changements sont plus marqués certaines années que d’autres. Ces fluctuations de température d’une année sur l’autre sont dues à des processus des aérosols – qui peuvent aussi bien naturels, et notamment aux effets des épisodes El Nino et La Niña et des éruptions volcaniques. contribuer à la rétention de chaleur, RapportMonde_LIVRE2.indb 74 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 75 Figure TA.4 Fonte de la calotte glaciaire du Groenland n’existaient pas, et s’il ne fallait pas plusieurs décennies pour que tempéra- 1992 2002 2007 tures des océans augmentent sous l’ef- fet du piégeage accru du rayonnement infrarouge, il est probable que l’acti- vité humaine aurait déjà entraîné une augmentation d’1 °C de la température moyenne mondiale. À elles seules, les concentrations accrues de gaz à effet de serre relevées à l’heure actuelle suffiraient pratiquement à condamner 70°N 70°N 70°N la planète à un réchauffement de 2 °C, ce qui pourrait déclencher des pertur- bations majeures aux conséquences potentiellement « dangereuses » 13. Variations climatiques 60°N 60°N 60°N observées à ce jour et incidences de l’évolution des 50°W 40°W 50°W 40°W 50°W 40°W connaissances sur les bases Calotte glaciaire Couverture de Calotte glaciaire permanente fondant l’été glace saisonnière permanente scientifiques du changement climatique Indice saisonnier de variabilité de la fonte des glaces par rapport à la moyenne (indice SMD) (x 1 000 km2) Les effets des variations climatiques 100 survenues depuis le milieu du xixe siècle 80 se traduisent déjà par une augmen- 60 tation de la température moyenne de 40 l’atmosphère et des océans, la fonte 20 massive des neiges et des glaces partout 0 dans le monde, en particulier dans l’Arctique et au Groenland (figure –20 TA.4), et l’élévation du niveau de la –40 mer. Les journées et les nuits froides –60 sont de plus en plus rares, tout comme –80 les gelées, la fréquence et l’intensité –100 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 des canicules ont augmenté, tandis Année que les inondations et les sécheresses se font de plus en plus fréquentes14. Sources : Carte adaptée de ACIA 2005 et de Cooperative Institute for Environmental Sciences (CIRES), http://cires. colorado.edu/steffen/greenland/melt2005/ (consulté en juillet 2009). Graphique du bas : Mote 2007. En dépit de l’augmentation globale Note : Sur les cartes du Groenland, les zones en mauve mettent en évidence l’étendue de la fonte des glaces en été, des précipitations totales, l’intérieur qui a considérablement augmenté ces dernières années. En 2007, la région a perdu 10 % de glace de plus qu’en 2005. Le graphique à barres montre que, nonobstant les variations observées d’une année sur l’autre, la couverture de glace des continents tend à s’assécher. À est en très net recul depuis plus de dix ans. l’échelle mondiale, les précipitations ont augmenté, le réchauffement ayant comme c’est le cas du noir de carbone l’effet de refroidissement des émission entraîné une accélération du cycle de (suie) qu’à la diminution de chaleur d’aérosols sulfatés issues pour l’essen- l’eau de la planète, alors qu’au Sahel et (aérosols sulfatés réfléchissants11) – tiel de la combustion du charbon, ce dans les régions méditerranéennes, la ne dure pas plus de quelques jours à qui conduirait à une augmentation des fréquence et la gravité des sécheresses quelques semaines12. En conséquence, températures de l’ordre de 0,5 °C. s’accentuent. Les fortes pluies et les une baisse sensible, au cours des Les températures actuelles sont inondations sont des phénomènes de prochaines décennies, des émissions d’ores et déjà supérieures de 0,8 °C plus en plus courants, et les données de CO2 imputables à la combustion à celles de l’ère préindustrielle disponibles montrent que l’intensité du charbon contribuerait à réduire (figure TA.3). Si les particules réflé- des tempêtes et des cyclones tropicaux le réchauffement à long terme, mais chissantes aux propriétés refroidis- s’est accrue15. s’accompagnerait d’une réduction de santes (comme les aérosols sulfatés) RapportMonde_LIVRE2.indb 75 16/09/10 12:39 Carte TA.1 Variations régionales de l’évolution du climat mondial au cours des 30 dernières années a. Température Évolution de la température (°C) <–1 –1– –0,6 –0,6– –0,2 –0,2–0,2 Données manquantes 0,2–0,6 0,6–1 1–1,4 >1,4 Source : Goddard Institute for Space Studies, http://data.giss.nasa.gov/cgi-bin/gistemp/do_nmap.py?year_last=2009&month_last=07&sat=4&sst=1&type=anoms&mean_gen=07&y ear1=1990&year2=2008&base1=1951&base2=1980&radius=1200&pol=reg (consulté en juillet 2009). Note : Les zones en rose, mauve et violet indiquent les augmentations moyennes des températures (°C) relevées de 1980 à nos jours par rapport aux trois décennies précédentes. C’est dans les régions de latitude élevée, et en particulier dans l’hémisphère nord, que le réchauffement climatique a été le plus prononcé. b. Précipitations Évolution des précipitations (millimètres par jour) <–1 –1– –0,5 –0,5– –0,3 –0,3– –0,1 –0,1–0,1 Données 0,1–0,3 0,3–0,5 0,5–1 >1 manquantes Source : Goddard Institute for Space Studies, http://data.giss.nasa.gov/cgi-bin/precipcru/do_PRCmap.py?type=1&mean_gen=0112&year1=1980&year2=2000&base1=1951&ba se2=1980 (consulté en mai 2009). Note : Les zones en mauve correspondent aux régions dans lesquelles les précipitations en millimètres par jour ont diminué, et les zones en gris celles dans lesquelles elles ont augmenté depuis 1980 par rapport aux trois décennies précédentes. L’assèchement a été particulièrement marqué dans les régions continentales intérieures, alors que les précipitations se sont intensifiées dans nombre de régions côtières. L’évolution de la répartition géographique des précipitations a de graves répercussions sur l’agriculture. RapportMonde_LIVRE2.indb 76 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 77 Ces impacts ne se répartissent pas Il est probable qu’au cours des données dont on dispose déjà mettent de manière équilibrée sur l’ensemble décennies à venir, les effets conju- en évidence le déplacement progressif de la planète (carte TA.1). Ainsi que gués du changement climatique et des d’un grand nombre d’espèces, à raison l’on pouvait s’y attendre, l’élévation autres contraintes environnementales de 6 km tous les dix ans en moyenne des températures est plus marquée aux comme la dégradation des habitats, dans la direction des pôles ou de six pôles, et certaines régions de l’Arc- les espèces envahissantes, la pollu- mètres par décennie vers des zones de tique ont enregistré un réchauffement tion atmosphérique et la pollution montagne plus élevées. Ce phénomène de 0,5 °C au cours des trois dernières de l’eau excéderont les capacités de résulte apparemment de la hausse des 16 décennies . Dans les régions de basse résistance de nombre d’écosystèmes. températures18. Dans nombre de cas, latitude, situées près de l’équateur, Les écosystèmes devraient subir ces changements rapides perturbent une proportion plus importante de des changements importants dus des relations prédateurs-proies ances- l’énergie infrarouge piégée est absor- notamment à l’impact du change- trales, certaines espèces arrivant trop bée au cours du processus d’évapo- ment climatique sur la répartition tôt ou trop tard dans les zones où elles ration, ce qui limite le réchauffement géographique des espèces végétales trouvent traditionnellement leurs mais entraîne une augmentation de la et animales. La productivité agricole, principales sources de nourriture. vapeur d’eau due à l’intensité accrue forestière et halieutique sera touchée, Ces 20 dernières années, notre des pluies provoquées par les tempêtes au même titre que d’autres services compréhension des bases scientifiques et les cyclones tropicaux convectifs. écologiques17. Les 20 000 séries de du changement climatique s’est consi- Figure TA.5 Des braises ardentes toujours plus chaudes : En 2007, l’évaluation des risques et des dommages liés au réchauffement climatique a été révisée à la hausse par rapport à 2001 Évaluation 2001 Évaluation 2007 5 5 Augmentation de la température moyenne du globe par rapport à 1990 (°C) Risques Forte Négative Effets Plus Risques Forte Négative Effets Plus généralisés Augmen- pour la négatifs élevé généralisés Augmen- pour la négatifs élevé tation plupart nets, tous tation plupart nets, tous des secteurs des secteurs régions confondus 4 régions confondus 4 3 3 Futur Impacts Impacts positifs ou positifs ou 2 2 négatifs négatifs sur les sur les Négative marchés ; Négative marchés ; pour effets pour effets Risques certaines négatifs 1 Risques certaines négatifs 1 pour régions ; sur la pour régions ; sur la certains positive plupart certains positive plupart éco- Augmen- pour des Très éco- Augmen- pour des Très systèmes tation d’autres individus faible systèmes tation d’autres individus faible 0 0 Passé –0,6 –0,6 A B C D E A B C D E Risques Risques de Répartition Effets Risques de Risques Risques de Répartition Effets Risques de encourus par phénomènes des cumulés singularités encourus par phénomènes des cumulés singularités les espèces/ météo- effets à grande les espèces/ météo- effets à grande écosystèmes rologiques échelle écosystèmes rologiques échelle uniques et extrêmes uniques et extrêmes menacés menacés Source : Repris de Smith et al. 2009. Notes : La figure compare les risques liés au changement climatique tels qu’ils étaient perçus en 2001 (graphique de gauche) et ceux estimés sur la base de données actualisées (graphique de droite). Les conséquences du changement climatique sont présentées sous la forme de barres, et l’augmentation de la température moyenne mondiale (de 0 à 5 °C) s’entend par rapport aux niveaux actuels. Chaque colonne correspond à un type d’impact précis. Par exemple, dans les « écosystèmes uniques et menacés » comme les prairies alpines et les écosystèmes arctiques, qui sont les plus vulnérables (comme l’indique le dégradé de couleurs dans la colonne A), une augmentation minime des températures suffirait à provoquer des pertes considérables. Le code couleur correspond à l’accroissement progressif du niveau de risque, qui peut aller du gris au violet. Entre 1900 et 2000, la température moyenne mondiale a augmenté de 0,6 °C environ (et de près de 0,2 °C ces dix dernières années), et les premiers impacts s’en font déjà sentir. Depuis 2001, l’évaluation des risques de dommages a été révisée à la hausse, y compris pour un réchauffement d’1 °C au-dessus des températures actuelles, soit environ 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. RapportMonde_LIVRE2.indb 77 16/09/10 12:39 78 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E dérablement améliorée. Ainsi, en 1995, tés massives de méthane, par exemple) Les impacts physiques de l’évo- le GIEC avançait dans son rapport que : seront beaucoup plus importants si la lution du climat sur les populations « Il y a un faisceau d’éléments suggérant température augmente encore de 2 °C humaines et l’environnement varie- une influence perceptible de l’homme par rapport aux niveaux actuels. ront selon l’ampleur de du réchauffe- sur le climat global »19. En 2001, il Depuis la parution du quatrième ment et les régions (voir figure TA.6). soulignait l’existence de « preuves Rapport d’évaluation du GIEC, en Une augmentation des températures nouvelles et encore plus solides que 2007, de nouvelles informations sont de 2 °C par rapport à l’ère préindus- l’essentiel du réchauffement observé venues enrichir notre compréhension trielle entraînerait une diminution ces 50 dernières années est imputable des bases scientifiques du change- des disponibilités en eau qui touche- à l’activité humaine »20. Six ans plus ment climatique. Il s’agit notamment rait entre 400 millions et 1,7 milliard tard, en 2007, le GIEC concluait que : d’observations actualisées des varia- de personnes dans les régions de lati- « le réchauffement du système clima- tions climatiques récentes, de données tude moyenne et les régions semi- tique est sans équivoque. L’essentiel de permettant d’attribuer de manière arides de latitude élevée. C’est surtout l’élévation de la température moyenne plus précise les variations climatiques en Afrique et en Asie que les pénu- du globe observée depuis le milieu du constatées à des causes humaines ries d’eau seront les plus graves. À de xxe siècle est très probablement attri- ou naturelles, de connaissances plus telles températures, la plupart des buable à la hausse des concentrations solides sur les rétroactions climat- récifs coralliens pourraient disparaître de GES anthropiques »21. carbone et de nouvelles projections sur (encadré TA.2), et certaines cultures, En 2001 et en 2007, la commu- l’évolution future des risques de phéno- notamment céréalières, ne pour- nauté scientifique, à la lumière des mènes météorologiques extrêmes et de raient plus pousser dans les régions connaissances les plus pointues sur les changements catastrophiques22. On de basse latitude au climat perturbé. impacts du changement climatique, estime aujourd’hui que nombre des Un réchauffement de 2 °C entraînerait a défini cinq principaux « motifs de risques liés au changement climatique aussi une augmentation du risque d’ex- préoccupation » correspondant aux sont en fait bien plus grands qu’on le tinction qui pèse sur près d’un quart risques associés à différents niveaux pensait, en particulier le risque d’une des espèces animales et végétales de la de réchauffement de la planète : les forte élévation du niveau de la mer au planète (voir Thème B)24. Les commu- risques encourus par les espèces/ cours de ce siècle et d’une augmenta- nautés humaines subiraient un stress écosystèmes uniques et menacés ; les tion de la fréquence des phénomènes thermique accru, et les zones côtières risques de phénomènes météorolo- météorologiques extrêmes. seraient plus fréquemment inondées25. giques extrêmes ; la répartition des Qu’adviendra-t-il si le réchauffe- effets ; les effets cumulés ; et les risques Changements à prévoir dans ment est de 5 °C au-dessus des tempé- de singularités à grande échelle. Dans l’hypothèse d’un réchauffement ratures préindustrielles ? Le stress le graphique « burning embers » (braises supérieur à 2 °C hydrique touchera quelque 3 milliards ardentes), l’intensité de mauve renvoie L’évolution du climat aura des réper- d’individus de plus, la plupart des au degré d’inquiétude que suscite l’ef- cussions très concrètes sur les popu- récifs coralliens disparaîtront, la moitié fet du changement climatique consi- lations humaines et l’environnement : environ des espèces seront rayées de déré (figure TA.5). Si l’on compare la elle entraînera notamment une inten- la surface de la Terre, la productivité colonne B de l’évaluation de 2001 à sification des pressions qui s’exercent agricole chutera dans les zones tempé- celle de 2007, on constate que les infor- sur les écosystèmes, voire l’effondre- rées comme en milieu tropical, 30 % mations recueillies entre 2001 et 2007 ment de ces derniers ; un appauvris- des zones humides côtières seront ont conduit à rapprocher la zone en sement de la diversité biologique ; un inondées, le monde entier sera sous la violet foncé de la ligne du degré zéro, bouleversement du cycle de crois- menace d’une élévation du niveau de la ce qui veut dire que, au niveau actuel sance des végétaux ; l’érosion des mer de plusieurs mètres et l’augmen- de la température moyenne mondiale, zones côtières et la salinisation des tation des cas de malnutrition et de les phénomènes météorologiques eaux souterraines ; la fonte des pergé- maladies diarrhéiques et cardio-respi- extrêmes sont déjà en augmentation. lisols ; l’acidification des océans23 et ratoires mettra les systèmes de santé De même, la comparaison des deux le déplacement des zones de réparti- à rude épreuve26. Les écosystèmes colonnes E montre que les risques de tion des organismes nuisibles et des terrestres, qui font office de « puits » singularités à grande échelle (modifi- maladies. La figure TA.6 décrit les de stockage du carbone, deviendront cation du système de répartition de la impacts prévisibles du réchauffement à leur tour des sources de carbone. Ce chaleur du « tapis roulant océanique », climatique en fonction des hausses de carbone, qu’il soit émis sous forme de fonte catastrophique de l’Arctique température et des régions du monde dioxyde de carbone ou de méthane, conduisant à la libération de quanti- considérées. ne fera qu’accentuer le réchauffement climatique27. Nombre de petits États RapportMonde_LIVRE2.indb 78 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 79 Figure TA.6 Impacts prévus du changement climatique, par région Température moyenne mondiale annuelle par rapport à l’ère préindustrielle (en °C) 0,8 1,8 2,8 3,8 4,8 5,8 10 à 15 % 25 à 40 % des espèces subsahariennes menacées d’extinction AFRIQUE Extension de 5 à 8 % des zones arides et semi-arides 75 à 250 350 à 600 de personnes de plus en situation de stress hydrique millions millions Diminution de 2 à 5 % de la Diminution de 5 à de personnes de plus production de blé et de maïs en Inde 12 % de la production Potentiel de rendement exposées chaque année au de riz en Chine des cultures risque d’inondation côtière ASIE Jusqu’à 2 millions Jusqu’à 7 millions 0,1 à 1,2 milliard 0,2 à 1 milliard de personnes de plus en situation de stress hydrique Blanchiment annuel des coraux de la Grande barrière AUSTRALIE/ 3 000 à 5 000 décès supplémentaires dus à la chaleur chaque année NOUVELLE ZÉLANDE –10 % Débit du fleuve Murray-Darling –50% Baisse de la sécurité hydrique dans le sud et l’est de l’Australie et dans certaines régions de l’est de la NZ + 5 % à + 15 % dans le Nord + 10 % à + 20 % Disponibilités en eau 0 à - 25 % dans le Sud - 5 à - 35 % EUROPE + 2 à + 10 % dans le Nord + 10 à + 25 % +10 à + 30 % Potentiel de rendement + 3 à + 4 % dans le Sud –10 à + 20 % –15 à + 30 % des cultures de blé Extinction potentielle d’environ 25 % des espèces Disparition potentielle d’arbres de la savane du centre du Brésil d’environ 45 % des espèces d’arbres d’Amazonie AMÉRIQUE LATIINE Disparition de nombreux glaciers tropicaux Disparition de nombreux glaciers de latitude moyenne 10 à 80 80 à 180 de personnes de plus en situation de stress hydrique millions millions Augmentation de 5 à 20 % du Augmentation de 70 à 120 % potentiel de rendement des surfaces forestières des cultures incendiées au Canada AMÉRIQUE Moindre utilisation des systèmes de chauffage, recours accru à la climatisation DU NORD Nombre de journées de Augmentation d’environ 70 % des journées canicule multiplié par 3 à 8 à pics d’ozone dans certaines villes Augmentation de 10 à 50 % de la toundra de l’Arc- la profondeur du 10 à 15 % 15 à 25 % 30 à 50 % tique remplacés par des forêts RÉGIONS dégel saisonnier des 15 à 25 % des déserts polaires pergélisols arctiques Recul de 20 à 35 % de la POLAIRES remplacés par la toundra superficie des pergélisols de l’Arctique Recul de 20 à 35 % de la superficie moyenne annuelle occupée par les glaces de mer de l’Arctique Augmentation de la fréquence des inondations côtières et des dommages causés aux infrastructures par la hausse du niveau de la mer Îles de latitude moyenne et élevée PETITS colonisées par des espèces ÉTATS envahissantes INSULAIRES Pertes agricoles pouvant atteindre 5 % du PIB sur les îles hautes et jusqu’à 20 % sur les îles basses 0 1 2 3 4 5 Hausse de la température moyenne mondiale annuelle par rapport à la période 1980–1999 (°C) Source : Adapté de Parry et al. 2007. RapportMonde_LIVRE2.indb 79 16/09/10 12:39 80 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ TA.2 Santé des océans : Récifs coralliens et acidification des océans Au cours des décennies et des siècles à disponibles mettent en évidence les à la surface des océans est une source venir, la concentration accrue de CO2 dans grandes incertitudes qui entourent encore d’agression pour les coraux, dont elle l’atmosphère aura pour conséquence la capacité des espèces et des écosystèmes provoque le blanchiment (la disparition directe une acidification des océans. marins à s’acclimater ou à évoluer face à ou la mort des algues symbiotes), En 200 ans, l’eau de mer de surface a cette modification brutale de la chimie des phénomène qui entraîne fréquemment absorbé près d’un tiers des émissions de océans. Pour l’heure, les recherches sur les une forte mortalité des coraux. Un « point CO2 d’origine anthropique, et a perdu impacts de fortes concentrations de CO2 de non-retour » écologique risque en conséquence 0,1 unité de pH (le pH, dans les océans n’en sont encore qu’à leur fort d’être atteint dans de nombreuses qui sert à mesurer le degré d’acidité début. régions si les températures des océans ou d’alcalinité d’un milieu, est mesuré En revanche, les effets néfastes de augmentent de plus de 2 °C par rapport sur une échelle logarithmique : une l’acidification des océans sur les récifs à l’ère préindustrielle, d’autant que diminution du pH de 0,1 correspond à coralliens sont déjà patents. Les récifs l’acidification des océans réduit les une augmentation de l’acidité des océans coralliens comptent parmi les écosystèmes concentrations en carbonate et inhibe de 30 %). Ces cent prochaines années, marins les plus vulnérables aux variations l’accrétion récifale. Une fois les coraux le pH des eaux de surface des océans du climat et de la composition de morts, des macroalgues colonisent les devrait diminuer, selon les projections, l’atmosphère, et sont aujourd’hui menacés récifs et empêchent la repousse du corail. de 0,3 à 0,5 unités, ce qui rendrait les par les impacts directs de l’activité Une mauvaise gestion des pêches peut océans plus acides qu’ils ne l’ont jamais humaine et par le changement climatique aussi amplifier ces dynamiques, dans été au cours de dizaines de millions mondial. Leur disparition aurait des la mesure où la surpêche des poissons d’annéesa. Cette acidification des océans répercussions directes sur des millions de récifs herbivores conduit à une aura notamment des conséquences d’individus. Les récifs coralliens tropicaux, prolifération des macroalgues, tandis sur les nombreux organismes marins comme les récifs d’eau profonde, abritent que la sédimentation et les apports par photosynthétiques comme les coraux, une biodiversité d’importance planétaire. ruissellement d’éléments nutritifs du sol, les bivalves et les espèces de planctons Ils fournissent à 500 millions de personnes directement imputables au déboisement qui fabriquent le carbonate de calcium des biens et des services évalués à et à l’utilisation de pratiques agricoles dont est constitué leur squelette ou leur 375 milliards de dollars par an. Près de inadaptées, favorisent la croissance des coquille. L’acidification de l’eau inhibera 30 millions des individus les plus pauvres macroalgues, ce qui ne fait qu’aggraver les ce processus de « calcification ». Les du monde dépendent directement des dommages causés aux coraux. planctons, qui constituent une des formes écosystèmes coralliens pour subvenir à de vie les plus abondantes de la planète leurs besoins alimentaires. Sources : Barange et Perry 2008 ; Doney et sont à la base du réseau trophique La hausse récente des températures a 2006 ; Fabry et al. 2008 ; Wilkinson 2008. marin, puisqu’ils sont une des principales durement éprouvé les récifs coralliens, a. Déclaration de Monaco sources de nourriture des poissons qui ont pratiquement atteint les limites http://ioc3.unesco.org/oanet/ et des mammifères marins, seront de leur capacité de résistance aux chocs Symposium2008/MonacoDeclaration.pdf particulièrement touchés. Les données thermiques. L’élévation des températures (consulté en mai 2009). insulaires et de plaines côtières seront et d’un assèchement de la forêt tropi- irréversibles potentiels du changement submergés par les ondes de tempête cale amazonienne30 est plus grande climatique et de l’inertie du système et la montée des eaux provoquées qu’on le pensait jusqu’à présent31. climatique, des infrastructures, des par le recul des principales calottes Si l’on a souvent invoqué l’in- processus technologiques et des glaciaires, lequel entraînera la dispari- certitude scientifique pour justifier systèmes socioéconomiques. tion des modes de vie traditionnels des d’attendre de disposer de preuves Va-t-on franchir un seuil ? peuples de l’Arctique. supplémentaires avant d’agir face au Ces impacts ne rendent pas plei- Des données récentes montrent changement climatique, le caractère nement compte de la probabilité et que la disparition des glaces de mer, inattendu des phénomènes consta- des incertitudes liées à un accrois- la fonte des calottes glaciaires du tés récemment montre malgré tout sement des phénomènes météorolo- Groenland et de l’Antarctique, l’éléva- que cette incertitude est valable pour giques extrêmes, et ne suffisent pas tion du niveau de la mer et le dégel des tous les scénarios, et que les résultats à définir les seuils au-delà desquels pergélisols et des glaciers de montagne peuvent être pires qu’on l’imaginait. pourraient survenir des événements sont en fait plus rapides que ne le Comme l’ont montré l’Abrégé et le catastrophiques aux conséquences prévoyait le GIEC dans son rapport chapitre 1, les incertitudes qui entou- irréversibles. On aurait tort de penser de 200728. De nouvelles analyses indi- rent encore l’évolution du climat que le changement climatique se quent, par ailleurs, que la probabilité exigent d’appliquer le principe de résume à un accroissement progressif de sécheresses en Afrique de l’Ouest29 précaution, compte tenu des impacts RapportMonde_LIVRE2.indb 80 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 81 de la température moyenne mondiale. réchauffement de la planète, et pour- tion. Les impacts du changement Cette définition est inadaptée et peut rait prendre plusieurs milliers d’an- climatique varieront considérablement prêter à confusion, pour au moins nées, voire plus. Dans le même temps, d’une région à l’autre, et entreront deux raisons. d’autres études plus récentes indiquent souvent en interaction avec d’autres Premièrement, les données histo- que la fonte des glaces du Groenland facteurs de stress environnemental. riques et paléoclimatiques indiquent et de l’Antarctique pourrait être beau- À titre d’exemple, l’évaporation et les que le changement climatique prévu coup plus rapide et s’étaler sur à peine précipitations augmentent et conti- pourrait survenir par à-coups, et non quelques siècles, dans la mesure où ces nueront d’augmenter partout dans le de manière progressive. Comme on l’a deux calottes glaciaires sont en grande monde mais, compte tenu de la modi- déjà souligné, les calottes glaciaires du partie en deçà du niveau de la mer et fication des courants atmosphériques, Groenland et de l’Antarctique occi- sont entourées d’eaux dont la tempéra- cet accroissement se manifestera diffé- dental sont particulièrement mena- ture augmente.33 L’accélération rapide remment selon les régions : certaines cées par le réchauffement planétaire, de la fonte de l’une ou l’autre de ces deviendront plus humides, et d’autres et certains mécanismes pourraient deux calottes glaciaires, voire des plus sèches. De même, l’évolution apparemment conduire à des modi- deux, et les modifications de la circu- du climat entraînera vraisemblable- fications rapides et importantes des lation océanique qui en résulterait ment une modification de la trajec- quantités de glace qu’elles contien- ne sont qu’un des scénarios suscep- toire des tempêtes, une intensification nent32. Cette découverte est particu- tibles de conduire à un basculement des cyclones tropicaux, des épisodes lièrement importante, dans la mesure du système climatique mondial (qui pluviométriques extrêmes, une éléva- où la disparition totale de la glace dépasserait alors le point de non-retour tion de la ligne des neiges qui entraî- stockée à l’heure actuelle dans les pour entrer dans un régime différent), nera une diminution de la couverture calottes glaciaires de ces deux régions et d’entraîner une augmentation du neigeuse au printemps, un nouveau entraînerait à terme une hausse du risque de graves perturbations envi- recul des glaciers de montagne35, une niveau de la mer d’environ 12 mètres. ronnementales et sociales34. réduction des surfaces enneigées et Selon certaines analyses, ce processus Deuxièmement, la température des glaces de mer, une accélération s’opérerait lentement, parallèlement au moyenne mondiale est une abstrac- de l’évaporation de l’humidité du sol Carte TA.2 Facteurs de basculement potentiels du système climatique : répartition mondiale Fonte de la Recul des glaces de mer de l’Arctique calotte glaciaire calotte glaciaire Recul des pergélisols du Groenland Trou de la couche et de la toundra d’ozone induit par le Dépérissement Dépérissement changement climatique de la forêt boréale de la forêt boréale Reverdissement Instabilité du Sahara de la mousson indienne Modification du régime des Modification de l’amplitude ou Dépérissement moussons d’Afrique occidentale de la forêt tropicale de la fréquence des épisodes ENSO la forêt tropicale de amazonienne Instabilité de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental Source : Adapté de Lenton et al. 2008. Note : Certaines composantes régionales du système climatique reposent sur un équilibre fragile qui peut basculer sous l’effet du changement climatique. En d’autres termes, une perturbation climatique minime survenant à un point critique pourrait déclencher un dérèglement brutal et irréversible du système climatique. De tels phénomènes pourraient se produire au cours de ce siècle, selon le rythme et l’ampleur du changement climatique. RapportMonde_LIVRE2.indb 81 16/09/10 12:39 82 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau TA.1 Facteurs de basculement potentiels du système climatique : Déclencheurs, horizon temporel et impacts Facteur de basculement Seuil de déclenchement Échelle temporelle de Principaux impacts transition Disparition des glaces de mer d’été + 0,5-2 °C ~ 10 ans (rapide) Réchauffement amplifié, modification des de l’Arctique écosystèmes Fonte de la calotte glaciaire + 1-2 °C > 300 ans (lent) Hausse de 2 à 7 mètres du niveau de la mer du Groenland Fonte de la calotte glaciaire de + 3-5 °C > 300 ans (lent) Hausse de 5 mètres du niveau de la mer l’Antarctique occidental Dérèglement de la circulation + 3-5 °C ~ 100 ans (progressif) Refroidissement de la région Europe thermohaline dans l’Atlantique Persistance de l’oscillation australe + 3-6 °C ~ 100 ans (progressif) Sécheresse en Asie du Sud-Est et ailleurs El Niño (ENSO) Mousson indienne d’été Sans objet ~ 1 an (rapide) Sécheresse Mousson du Sahara/Sahel et de + 3-5 °C ~ 10 ans (rapide) Augmentation de la capacité de charge l’Afrique de l’Ouest Assèchement et dépérissement de + 3-4 °C ~ 50 ans (progressif) Appauvrissement de la biodiversité, baisse des la forêt amazonienne précipitations Déplacement vers le nord de la forêt + 3-5 °C ~ 50 ans (progressif) Modification des biomes boréale Réchauffement des eaux de fond Indéterminé ~ 100 ans (progressif) Modification de la circulation océanique, stockage de l’Antarctique de carbone réduit Dégel de la toundra En cours ~ 100 ans (progressif) Amplification du réchauffement, modification des biomes Dégel des pergélisols En cours < 100 ans (progressif) Amplification du réchauffement lié à la libération du méthane et du dioxyde de carbone stockés dans les sols Libération des hydrates de méthane Indéterminé De 1 000 à 100 000 ans Amplification du réchauffement lié à la libération de des fonds océaniques méthane Source : Adapté de Lenton et al. 2008. Note : Les experts estiment à 16 % au minimum la probabilité que l’un ou l’autre de ces « points de non-retour » – fonte de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental, fonte de la calotte glaciaire du Groenland, assèchement de l’Amazone, modification de la circulation océanique (Kriegler et al. 2009) – soit franchi si les températures augmentent de 2 à 4 °C. Cette probabilité pourrait même atteindre plus de 50 % si la température moyenne mondiale venait à augmenter de 4 °C par rapport aux niveaux relevés en 2000. Globalement, ces estimations sont très largement supérieures aux taux de probabilité d’événements catastrophiques avancés dans les évaluations actuelles des dommages climatiques. Ainsi, selon Stern (2007), dans l’hypothèse d’un réchauffement de 5 °C, la probabilité d’un recul de 5 à 20 % des calottes glaciaires serait de 10 %. qui conduira à des sécheresses et des Peut-on se fixer pour objectif un et continueront de diminuer par la feux de forêts plus fréquents et plus réchauffement de 2 °C et éviter un suite. Toutefois, si l’on veut vraiment intenses, un recul des pergélisols et des réchauffement de 5 °C ou plus ? éviter de dépasser une température épisodes de pollution atmosphérique De nombreuses études avancent donnée, il faudra réduire les émissions plus fréquents. Sans doute faut-il aussi que, en cas de stabilisation des concen- de manière encore plus drastique. En s’attendre à des bouleversements du trations atmosphériques de gaz à effet effet, comme le montre la figure TA.7c, calendrier et du régime des moussons de serre à 450 ppm de CO2 ou d’équi- l’estimation la plus plausible, à savoir et des oscillations océan-atmosphère valent CO2 (CO2e), la probabilité d’une celle d’un réchauffement de 2 °C, n’ex- (comme dans le cas de l’oscillation hausse de la température moyenne clut pas le risque d’une hausse des australe El Niño et de l’oscillation mondiale n’excédant pas 2 °C par températures de 4 °C. nord-Atlantique) . La carte TA.2 et le rapport à l’ère préindustrielle serait de L’analyse du réchauffement du tableau TA.1 indiquent quelques-uns 36 point de vue du bilan total des émis- 40 à 50 % seulement . Pour atteindre des points de basculement possibles, cet objectif, plusieurs scénarios sont sions de carbone est une manière leur emplacement géographique, les envisageables, mais tous supposent que plus constructive d’appréhender le températures susceptibles de déclen- les émissions, après avoir atteint un problème. Pour maintenir le réchauf- cher des changements et l’impact pic au cours de la prochaine décennie, fement dû au seul CO2 à 2 °C, il faudra probables des phénomènes considérés. seront ramenées, à l’horizon 2050, à la limiter les émissions cumulées de CO2 moitié des niveaux relevés aujourd’hui à mille milliards de tonnes de carbone RapportMonde_LIVRE2.indb 82 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 83 Figure TA.7 Limitation du réchauffement à 2 °C au-dessus des températures préindustrielles : Scénarios envisageables a. Trajectoires idéales des émissions de CO2 b. Émissions cumulées de carbone c. Effet sur les températures Carbone/an (milliards de tonnes) Carbone (en millier de milliards de tonnes) Réchauffement dû au CO2 (°C) 1,2 4 14 1,0 12 Probabilité 3 10 0,8 8 0,6 2 Total 2008 6 0,4 4 1 2 0,2 0 0,0 0 1950 2000 2050 2100 2150 1950 2000 2050 2100 2150 1950 2000 2050 2100 2150 Année Année Année Taux de réduction maximale des émissions - 3 % par an - 4 % par an - 8 % par an Températures observées par rapport à la période 1900-1920 Source : Allen et al. 2009a. Note : Les trois trajectoires proposées (TA.7a) sont toutes compatibles avec des émissions totales cumulées (b) de mille milliards de tonnes de carbone. Toutes débouchent sur une même fourchette de projections de la hausse des températures (c), qui varie en fonction de l’incertitude relative à la réaction du système climatique (dégradé de gris et barre d’erreur en noir), dès lors que le total cumulé reste inchangé. Les courbes en violet, mauve et noir de la figure TA.7a sont toutes compatibles avec ce bilan carbone de mille milliards de tonnes, mais plus le pic des émissions est important et tardif, plus la réduction des émissions doit être rapide pour que les émissions se maintiennent dans les limites du bilan cumulé considéré. Les losanges de la figure TA.7c correspondent aux températures observées par rapport à la période 1900–1920. Si un réchauffement de 2 °C est le scénario le plus probable, la possibilité d’une hausse des températures atteignant jusqu’à 4 °C par rapport à l’ère préindustrielle ne peut être exclue. (soit 3 700 milliards de tonnes de global. À titre de comparaison, les méthane, le noir de carbone ou l’ozone 37 pays riches réunis à Kyoto ont convenu troposphérique peuvent contribuer CO2) . Or, les émissions relevées pour les 250 dernières années représentent de réduire les émissions de 5,2 % en à ralentir le réchauffement. En effet, déjà la moitié de cette quantité de moyenne au cours de la période 2008- la réduction des émissions de noir carbone. Si rien n’est fait au cours du 2012 par rapport aux niveaux enre- de carbone de 50 %, la réduction des xxie siècle pour infléchir la tendance, gistrés en 1990, alors que le maintien émissions d’ozone de 70 %39 ou l’ar- les 500 milliards de tonnes de carbone du réchauffement aux alentours de rêt des activités de déboisement sont restantes seront rejetées dans l’atmos- 2 °C suppose de réduire les émissions autant de mesures qui permettraient phère en 40 ans. En d’autres termes, les mondiales totales de 4 à 8 % par an. d’éliminer l’équivalent d’une décennie générations futures seront condam- Compte tenu de la contribution des d’émissions de combustibles fossiles nées à vivre dans un monde où les autres gaz à effet de serre comme le et contribueraient, en complément de émissions de carbone devront néces- méthane, le noir de carbone et l’oxyde mesures de réduction des émissions sairement être nulles. d’azote au réchauffement global, soit de CO2e, à limiter le réchauffement Le concept de bilan cumulé des environ 25 %, il faudra réduire encore planétaire. Cela étant, pour réduire émissions de carbone offre un cadre plus les émissions de CO2 si l’on veut de manière significative le risque d’un de réflexion plus adapté à la définition maintenir aux alentours de 2 °C le réchauffement excessif, peut-être des objectifs à atteindre à court et à réchauffement d’origine anthropique. faudra-t-il aussi se résoudre à atteindre long terme. Ainsi, plus les émissions Les autres gaz à effet de serre pour- des niveaux d’émission négatifs, ce qui seront importantes en 2020, plus elles raient représenter près de 125 milliards suppose l’absence totale de nouvelles devront être faibles en 2050 si l’on veut des 500 milliards de tonnes restantes émissions et l’élimination du CO2 les maintenir dans les limites du bilan de notre bilan d’émissions, ce qui veut présent dans l’atmosphère. On pour- global considéré. Si on laisse les émis- dire que la planète ne pourrait plus rait éventuellement y parvenir en sions de carbone augmenter encore émettre au total que 375 milliards de utilisant la biomasse pour produire de de 20 à 40 % avant de commencer à tonnes environ de dioxyde de carbone l’énergie et en fi xant le carbone (voir baisser, le taux annuel de réduction (mesuré en carbone)38. Les dispo- chapitre 4). des émissions devra être compris entre sitions qui pourraient être prises à 4 % (la courbe noire de la figure TA.7a) court terme pour réduire, à l’horizon Notes et 8 % (courbe violette) pour ne pas 2020, les émissions de gaz puissants 1 GIEC 2007b. Le Groupe d’experts dépasser les limites du bilan carbone mais à durée de vie limitée comme le intergouvernemental sur l’évolution du RapportMonde_LIVRE2.indb 83 16/09/10 12:39 84 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E climat (GIEC) a été créé en 1988 à l’initiative en fonction de la durée considérée : par violentes et, à d’autres, par des sécheresses conjointe de l’Organisation météorologique exemple, le PRP à court terme (20 ans) du plus prononcées. mondiale et du Programme des Nations méthane est de 75, ce qui signifie que, sur 15 Webster et al. 2005. Unies pour l’environnement. Il a pour fonc- de courtes périodes de temps, les émissions 16 La fonte des neiges et des glaces dans tion de faire le point des connaissances scien- de méthane sont très importantes et qu’en les régions de latitude élevée entraîne une tifiques relatives au changement climatique les maîtrisant, on peut ralentir le rythme du « amplification polaire » de la hausse des dans le cadre de rapports d’évaluation péri- changement climatique. températures. En effet, les surfaces réflé- odiques et approfondis. Le premier Rapport 10 Les composés halocarbonés sont des chissantes, en fondant, cèdent la place à des d’évaluation du GIEC a été établi en 1990, le substances chimiques contenant des atomes sols noirs ou à des eaux libres qui absorbent deuxième en 1995, le troisième en 2001 et le de carbone liés à des atomes halogènes la chaleur et créent une rétroaction positive quatrième en 2007. (fluor, chlore, brome ou iode). Nombre de favorisant l’intensification du réchauffement 2 Raupach et al.2007. ces composés généralement très persist- et de la fonte des glaces. 3 http://unfccc.int/essential_background/ ants et non réactifs ont été utilisés comme 17 Allison et al. 2005. convention/background/items/1353.php réfrigérants ou dans la fabrication de matéri- 18 Parry et al. 2007. (consulté le 30 août 2009). aux isolants avant d’être interdits en vertu 19 GIEC 1995. 4 Smith et al. 2009. de mesures de protection de la couche 20 GIEC 2001. 5 Parry et al. 2007. d’ozone. Tous ces composés contribuent au 21 GIEC 2007a. Par « très probablement », 6 La hausse des températures aux pôles réchauffement planétaire, et leur interdic- le GIEC entend avec un degré de certitude devrait être à peu près deux fois supérieure à tion au titre du Protocole de Montréal et des supérieur à 90 %. la moyenne mondiale. amendements qui y ont été apportés par la 22 Füssel 2008 ; Ramanathan et Feng 7 Schneider von Deimling et al. 2006. suite a donc permis de limiter le réchauffe- 2008. 8 Les augmentations relevées sont en ment (plus encore que les mesures prévues au 23 Brewer et Peltzer 2009 ; McNeil et moyenne de 0,2 °C par décennie depuis titre du Protocole de Kyoto). Si les composés Matear 2008 ; Silverman et al. 2009. 1990, ce qui permet d’établir des projec- qui leur ont été substitués ont un moindre 24 Parry et al. 2007. tions avec confiance. Voir le rapport 2007 impact sur le réchauffement de la planète 25 Parry et al. 2007, table TS3. du GIEC (2007a, tableau 3.1), qui définit une et l’appauvrissement de la couche d’ozone, 26 Battisti et Naylor 2009 ; Lobell et Field fourchette comprise entre 0,1 et 0,6 °C par ils sont utilisés dans de telles quantités qu’il 2007. décennie, tous scénarios confondus. pourrait en fait influer de manière signifi- 27 Groupe d’experts mondial sur l’adap- 9 Selon les estimations les plus récentes cative sur le réchauffement dans le temps. tation des forêts au changement climatique de l’Organisation météorologique mondi- Il faudra donc réduire les émissions de ces 2009. ale, la concentration moyenne de CO2 composés dans les décennies à venir. 28 US National Snow and Ice Data était de 387 parties par million (ppm) en 11 L’élimination naturelle, au cours des Center, http://nsidc.org (consulté en août 2008. Les concentrations de méthane et quelques semaines qui suivent leur forma- 2009) ; Füssel 2008 ; Rahmstorf 2007. d’oxyde nitreux ont également augmenté tion, des particules sulfatées présentes 29 Shanahan et al. 2009. pour atteindre des niveaux inégalés, à dans l’atmosphère est aussi le principal 30 Phillips et al. 2009. savoir 1 789 et 321 parties par milliard facteur d’acidification des précipitations 31 Allan et Soden 2008. (ppb) respectivement. La concentration (pluies acides). Ce phénomène entraîne une 32 Rignot et Kanagaratnam 2006 ; en équivalent dioxyde de carbone (CO2e) réduction de la fertilité des sols, cause des Steffensen et al. 2008. indique, pour un mélange et un volume dommages aux végétaux et aux bâtiments et 33 Füssel 2008. donnés de gaz à effet de serre, la quantité de menace la santé des populations humaines. 34 Lenton et al. 2008. CO2 qui pourrait contribuer au réchauffe- 12 Forster et al. 2007. 35 PNUE – Service de surveillance mon- ment climatique dans les mêmes propor- 13 Adger et al. 2008 ; SEG 2007. diale des glaciers (WGMS) 2008. tions sur une période donnée. À titre 14 Millennium Ecosystem Assessment 36 Voir également l’Abrégé et le d’exemple, pour un même volume de gaz, 2005. Cette apparente contradiction tient chapitre 4. le potentiel de réchauffement de la planète au fait que l’évaporation et la capacité 37 Allen et al. 2009b. (PRP) sur une période de 100 ans est de de l’atmosphère à piéger la vapeur d’eau 38 Meinshausen et al. 2009. 25 pour le méthane et de 298 pour l’oxyde augmentent à mesure de la hausse de la 39 Wallack et Ramanathan 2009. nitreux. En d’autres termes, des émissions température. Cet accroissement des quan- d’une tonne de méthane et d’oxyde d’azote tités de vapeur d’eau dans l’atmosphère auraient respectivement le même impact conduit à une intensification des pluies Bibliographie sur le réchauffement de la planète que des convectives, ce qui entraîne le plus souvent ACIA, Arctic Climate Impact Assessment. émissions de 25 et 298 tonnes de dioxyde des inondations. Dans le même temps, New York : Cambridge University Press, de carbone. Fort heureusement, les émis- l’augmentation des températures accélère 2005. sions de ces gaz en volume ne sont pas aussi l’évaporation en milieu terrestre, et par Adger, W. N., S. Dessai, M. Goulden, M. importantes que dans le cas du CO2, et voie de conséquence l’assèchement des sols, Hulme, I. Lorenzoni, D. R. Nelson, L. O. n’influent donc pas dans les mêmes propor- favorisant ainsi la survenue de sécheresses. Naess, J. Wolf et A. Wreford, « Are There Social tions sur le réchauffement climatique. On Une même région peut donc être touchée, à Limits to Adaptation to Climate Change? », notera cependant que le PRP peut varier certaines périodes, par des inondations plus Climatic Change 93 (3-4): 335-54, 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 84 16/09/10 12:39 Les bases scientifiques du changement climatique 85 Allan, R. P. et B. J. Soden, « Atmospheric Houghton et G. Marland, « Contributions Cambridge, Royaume-Uni : Cambridge Warming and the Amplification of to Accelerating Atmospheric CO2 Growth University Press, 2000. Precipitation Extremes », Science 321 (5895): from Economic Activity, Carbon Intensity, ———, Climate Change 2001: Synthesis 1481-84, 2008. and Efficiency of Natural Sinks », Proceedings Report. Contribution of Working Groups I, II Allen, M., D. Frame, K. Frieler, W. Hare, of the National Academy of Sciences 104 (47): and III to the Third Assessment Report of the C. Huntingford, C. Jones, R. Knutti, J. Lowe, 18866-70, 2007. Intergovernmental Panel on Climate Change, M. 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RapportMonde_LIVRE2.indb 86 16/09/10 12:39 PARTIE 1 RapportMonde_LIVRE2.indb 87 16/09/10 12:39 RapportMonde_LIVRE2.indb 88 16/09/10 12:39 CHAPITRE 2 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes Au Bangladesh, des familles décident si Au fur et à mesure que le climat change, elles doivent reconstruire leurs habitations un nombre croissant d’êtres humains sont et reconstituer leurs moyens de subsistance victimes de ce qu’il est convenu d’appeler le après une nouvelle inondation – un phéno- « déficit d’adaptation ». mène jadis occasionnel qui se produit Les ménages et les communautés1 ont maintenant à intervalles réguliers – ou de tout temps dû réduire leur vulnérabi- tenter leur chance à Dacca, la capitale lité et renforcer leur résistance aux aléas surpeuplée. Dans les forêts géantes du sud climatiques par le choix de leurs moyens de de l’Australie, d’autres familles doivent subsistance, de l’affectation de leurs actifs et décider si elles rebâtiront leurs maisons de leur lieu de résidence. On a constaté que après les pires incendies de l’histoire d’une les procédures de décision, la diversité et région qui continue de souffrir de la séche- l’apprentissage social à l’échelon local sont resse la plus longue et la plus grave jamais les caractéristiques essentielles de commu- enregistrée. Les phénomènes météorolo- nautés adaptables et résilientes2, et que les giques extrêmes provoquant inévitable- collectivités vulnérables peuvent être des ment des dégâts, les sociétés ont choisi de vecteurs efficaces d’innovation et d’adapta- manière explicite ou implicite les risques tion3. Le changement climatique, toutefois, qu’elles supportent et les stratégies d’adap- menace d’anéantir les efforts d’adaptation tation qui leur permettent d’y faire face. déployés au niveau local, exigeant davan- Dans certains cas, les dégâts sont tellement tage des structures de soutien nationales et élevés et le degré d’adaptation est si insuf- mondiales. fisant que le développement en est freiné. La vulnérabilité des populations n’est pas une donnée figée, et les effets du chan- gement climatique aggraveront la vulnéra- bilité de l’humanité à de nombreux titres. Idée force Les villes surpeuplées se développent dans Le changement climatique se poursuivra inévitablement. Il imposera à l’humanité des contraintes des zones à risque. L’agriculture moderne physiques et économiques, en particulier dans les pays pauvres. Pour s’adapter, il faudra bouleverse les systèmes naturels. La prendre des décisions vigoureuses – qui impliquent une planification à long terme fondée sur construction d’infrastructures (barrages, de nombreux scénarios climatiques et socioéconomiques. Les pays peuvent réduire les risques routes) crée de nouvelles opportunités, financiers et matériels associés à la variabilité du climat et aux phénomènes météorologiques mais aussi de nouveaux risques potentiels extrêmes. Ils peuvent également protéger leurs citoyens les plus vulnérables. Certaines pratiques pour les populations. Ajouté à ces facteurs, – comme les assurances et la protection sociale – devront être développées sur une plus le changement climatique exerce des pres- grande échelle, d’autres – comme la planification des villes et des infrastructures – devront sions supplémentaires sur les systèmes être modifiées. Ces mesures d’adaptation présentent des avantages même en l’absence de changement climatique. D’autres initiatives, prometteuses, sont proposées, mais leur poursuite à naturels, humains et sociaux. Les moyens l’échelle requise exigera des capitaux, des efforts, de l’ingéniosité et des informations. de subsistance des populations seront soumis à des conditions qui changeront RapportMonde_LIVRE2.indb 89 16/09/10 12:39 90 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E certainement, mais qu’il est impossible de prévoir avec Selon le scénario de l’augmentation de température la certitude. moins élevée, l’adaptation sera difficile et coûteuse, et les Quelle que soit la voie choisie pour atténuer les effets activités classiques de promotion du développement ne du changement climatique, l’évolution des températures sauraient suffire, loin s’en faut. Il est indispensable d’élar- et les autres changements climatiques qui se produiront au gir et d’accélérer la mise en œuvre de politiques qui ont fait cours des prochaines décennies seront très similaires. Les leurs preuves, ainsi que de prendre des mesures d’adap- températures sont déjà supérieures de 1 °C aux niveaux de tation qui mettent à profit l’ingéniosité des populations, la période préindustrielle, et tous les scénarios d’atténua- des institutions et des marchés. S’agissant du scénario des tion réalistes indiquent qu’une augmentation supplémen- températures les plus élevées, la question est de savoir si taire de 1 °C est probable d’ici à 2050. Toutefois, le monde le réchauffement approche – s’il ne les dépasse déjà – les de la seconde moitié du siècle sera très différent du monde niveaux auxquels il est possible de s’adapter8. Certains font actuel (l’ampleur des changements dépendra des mesures valoir à juste titre que l’adaptation de l’espèce humaine est d’atténuation). Envisageons deux scénarios pour les enfants davantage freinée par des questions d’éthique, de culture, et petits enfants de la génération actuelle : selon le premier, de savoir et de comportement à l’égard du risque que par l’humanité est en voie de limiter la hausse des températures des seuils physiques, biologiques ou économiques9. L’effort à 2-2,5 °C au dessus des températures préindustrielles ; selon d’adaptation qui sera exigé des prochaines générations le second, les émissions seront beaucoup plus élevées et les dépendra donc de l’efficacité avec laquelle nous atténuerons températures augmenteront d’environ 5 °C par rapport aux le changement climatique. niveaux préindustriels4. Les retombées progressives sur l’environnement iront de Même dans le premier cas, de nombreux écosystèmes pair avec des contraintes physiques croissantes sur le déve- seront soumis à des tensions croissantes, les pathologies loppement futur. Les politiques intelligentes sur le plan et les organismes nuisibles continueront d’évoluer et une climatique devront s’efforcer de résoudre les difficultés modification substantielle des activités agricoles et de leur découlant d’un environnement plus risqué et plus complexe. localisation s’imposera. Selon le second scénario, la plupart Les pratiques en usage dans le domaine du développe- des tendances négatives seront encore plus alarmantes et ment doivent s’adapter davantage à des bases de référence les rares évolutions positives, telles que l’accroissement mouvantes et s’inscrire dans des stratégies suffisamment de la productivité agricole dans les régions de cultures au solides pour résister à l’imperfection des connaissances10. climat relativement frais, seront inversées. Les pratiques Dans le domaine des cultures agricoles, il convient d’adop- agricoles et la localisation des cultures seront transformées. ter des stratégies qui, en privilégiant la viabilité à long terme Les tempêtes gagneront en intensité et le niveau de la mer de la production plutôt que sa maximisation, seront à même augmentera probablement d’environ un mètre5. Les inon- de résister à l’instabilité croissante des conditions météo- dations, les sécheresses et les températures extrêmes seront rologiques. Dans les villes côtières, les urbanistes doivent beaucoup plus fréquentes6. La décennie écoulée a été la plus anticiper les changements démographiques et les risques chaude jamais enregistrée, mais, d’ici à 2070, même les nouveaux engendrés par les inondations et la hausse du années les plus fraîches seront probablement plus chaudes niveau des mers. Le personnel des services de santé publique qu’aujourd’hui. Les tensions sociales augmenteront en doit se préparer à une évolution inattendue des pathologies même temps que les perturbations physiques et biologiques liées au climat11. L’information est essentielle à l’élabora- provoquées par le changement climatique. tion de stratégies et de mesures de planification axées sur le Selon le scénario de l’augmentation de température la plus risque : elle forme l’assise de politiques de qualité et d’une élevée, le réchauffement pourrait avoir de telles répercus- meilleure gestion du risque. sions sur le système terrestre qu’il serait difficile de freiner La gestion des écosystèmes et de leurs services gagnera en la hausse des températures, quelles que soient les mesures importance et en difficulté. Une bonne gestion des paysages d’atténuation mises en œuvre. Ces répercussions pourraient terrestres permet de maîtriser les eaux de crue. Des zones entraîner l’effondrement rapide des écosystèmes, une pers- humides côtières bien protégées peuvent atténuer les effets pective évoquée par certains au sujet de l’Amazone et des des tempêtes. La gestion des ressources naturelles devra tourbières boréales (voir thème A). Les pertes et les coûts toutefois tenir compte de la rapide évolution du climat des sociétés et des économies concernées augmenteraient dans un contexte où les phénomènes climatiques extrêmes rapidement – ce qui exigerait des mesures d’adaptation s’intensifieront et où les écosystèmes seront de plus en plus d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de l’huma- menacés par des facteurs (tels que l’utilisation des sols et nité. L’accès aux ressources pourrait provoquer des tensions les évolutions démographiques) autres que le climat12. La internationales, et les populations des zones les plus dure- gestion de ces risques physiques fait partie intégrante d’une ment touchées intensifieraient leurs migrations7. politique de développement intelligente sur le plan clima- RapportMonde_LIVRE2.indb 90 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 91 tique – une mesure essentielle pour prévenir des effets L’accumulation d’incertitudes – d’ordre démographique, évitables sur les populations. technologique, commercial et climatique – contraint à Pour autant, les effets physiques ne peuvent pas tous prendre des décisions, en matière de politiques et d’inves- être évités, notamment ceux qui sont liés aux phénomènes tissements, à partir d’informations imparfaites et incom- extrêmes et catastrophiques dont la probabilité est difficile plètes. Les décideurs locaux et nationaux sont confrontés à évaluer dans le contexte du changement climatique. Il est à des incertitudes plus grandes encore, car les prévisions impossible d’éliminer le risque que représentent les phéno- perdent généralement en précision aux échelles les plus fines mènes climatiques extrêmes et il serait très coûteux de cher- – un problème inhérent au processus consistant à ramener cher à le faire en raison de l’incertitude qui entoure l’endroit à l’échelle inférieure des modèles grossiers et globaux. S’il et le moment des impacts. Il est essentiel que les ménages et n’est pas possible d’observer et de mesurer les paramètres de les pouvoirs publics soient financièrement prêts à faire face décision15, il convient d’utiliser, dans un contexte de proba- aux effets du changement climatique, ce qui appelle la mise bilités inconnues, un cadre d’action reposant sur de solides en place de mécanismes souples de répartition des risques. stratégies (voir chapitre 1) qui tiennent directement compte Comme on l’a vu au chapitre 1, ce sont les pauvres qui des réalités d’un monde caractérisé par des paramètres sont les moins en mesure de faire face aux risques physiques mouvants et des perturbations intermittentes16. et financiers et les moins aptes à prendre des décisions à Le fait d’accepter que l’incertitude est inhérente au long terme en matière d’adaptation. Qu’ils pratiquent une problème du changement climatique et que la robustesse agriculture de subsistance ou qu’ils vivent en squatters sans doit être un critère de décision implique une modification terre dans une plaine inondable à la périphérie des villes, des stratégies de prise de décisions relatives aux investisse- leur existence est particulièrement influencée par le climat. ments de longue durée et à la planification à long terme. Une D’autres groupes sociaux ont de nombreuses vulnérabi- telle attitude exige que l’on repense les démarches tradition- lités en commun avec les populations pauvres, car ils sont nelles basées sur un modèle déterministe du monde selon dépourvus de droits et d’actifs productifs et ne parviennent lequel l’avenir est prévisible. pas à se faire entendre13. La politique sociale – complément Premièrement, il faut donner la priorité aux solutions essentiel à la gestion des risques physiques et financiers – « sans regrets », à savoir les politiques et les investisse- fournit de nombreux outils pour gérer les risques auxquels ments qui ont des retombées positives même en l’absence sont confrontées les populations les plus vulnérables et de changement climatique. Il en existe dans presque tous les permettre aux communautés de participer à la lutte contre domaines : la gestion des eaux et des sols (voir chapitre 3), les le changement climatique. opérations d’assainissement permettant de réduire les mala- Le présent chapitre examine les mesures qui aideront les dies hydriques (contrôle des fuites d’égouts), la réduction populations à faire face aux variations climatiques actuelles des risques de catastrophe (éviter les zones à risque élevé), la et à celles qui se produiront au cours des prochaines décen- protection sociale (aider les pauvres). Bien souvent, toutefois, nies. Il commence par décrire un cadre d’action basé sur ces solutions ne sont pas appliquées, à cause d’un manque des stratégies capables de résister aux aléas climatiques, et d’informations et des coûts de transaction, mais aussi des sur des modes de gestion aptes à s’adapter à l’évolution de défaillances intellectuelles et politiques (voir chapitre 8)17. la situation. Il examine ensuite les risques physiques, finan- Deuxièmement, il est possible d’accroître la résistance ciers et sociaux. aux chocs climatiques, pour un coût souvent modique, en incorporant des « marges de sécurité » dans les nouveaux Gestion évolutive : vivre avec le changement investissements. Par exemple, le coût marginal de la Le changement climatique est une source d’incertitudes construction d’un barrage plus élevé ou de l’inclusion de supplémentaires pour les dirigeants qui, sur le terrain, groupes supplémentaires dans un programme de protec- doivent prendre chaque jour des décisions dans un contexte tion sociale peut être faible18. Les marges de sécurité pren- incertain même en l’absence de changements climatiques. nent en compte, d’une part, les conséquences potentielles Face à l’imprévisibilité de la demande, les industriels du changement climatique (des phénomènes extrêmes plus investissent dans des unités de production souples qui nombreux), d’autre part l’incertitude qui entoure le déve- peuvent être rentables à des degrés de production divers. loppement socio-économique (variations de la demande). Les commandants militaires demandent à bénéficier d’une En troisième lieu, il convient de privilégier les solutions supériorité numérique écrasante. Les investisseurs finan- réversibles et souples, en acceptant que des décisions puis- ciers se protègent des fluctuations du marché en diversifiant sent se révéler malencontreuses et en maintenant ainsi le leurs placements. Toutes ces formes de couverture du risque coût de leur annulation au niveau le plus bas possible. Il peuvent produire des résultats sous-optimaux par rapport est plus facile et moins coûteux d’annuler des servitudes aux attentes, mais elles présentent l’avantage de bien résister d’utilité publique instituées en raison de risques d’inonda- aux incertitudes14. tions que de forcer les occupants à partir ou de renforcer les RapportMonde_LIVRE2.indb 91 16/09/10 12:39 92 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E mesures de protection. L’assurance est un moyen de gérer de façon irrégulière. L’étude finale, perçue comme exces- le risque et de protéger les investissements nécessaires, avec sivement technique, a eu peu de répercussions. Londres souplesse, lorsque l’orientation et l’ampleur des change- a suivi un processus partant de la base et impliquant de ments sont incertaines19. Les agriculteurs qui décident de se nombreuses parties concernées. Après la publication du reporter sur des cultures qui résistent bien à la sécheresse rapport « London Warming », le Partenariat de lutte contre (plutôt que d’investir dans des travaux d’irrigation) peuvent le changement climatique est passé du stade de l’organisa- assurer leurs investissements saisonniers dans de nouvelles tion des parties prenantes à la planification de l’adaptation26. semences pour les protéger contre des sécheresses excep- L’adaptation au changement climatique passe par l’utili- tionnellement graves. En ce qui concerne les zones mena- sation d’un modèle de prise de décision axé sur le risque, cées par les tempêtes, une combinaison de systèmes d’alerte privilégiant la robustesse et la planification à long terme avancée, de plans d’évacuation et d’assurances (potentielle- et reposant sur des structures locales, communautaires et ment coûteuses) sur les biens offre des moyens plus divers de nationales adéquates, ainsi que sur des systèmes nationaux sauver des vies et de remplacer des habitations qu’en proté- de gouvernance appropriés27. L’intensification des pressions geant des zones côtières entières par des infrastructures ou exercées sur des ressources limitées (terres, eau), conjuguée en les dépeuplant inutilement20. aux grandes mutations sociodémographiques (croissance de Quatrièmement, l’institutionnalisation de la planifica- la population, urbanisation, mondialisation) et à l’évolution tion à long terme nécessite une analyse de scénarios orien- du climat, crée une situation où l’on peut très difficilement tée vers l’avenir et l’évaluation de stratégies dans le contexte s’abstenir de gérer les risques. Une tempête qui s’abat sur une d’un large éventail d’avenirs possibles. Cette démarche ville côtière moderne dont la population est en pleine expan- conduit à l’examen périodique des investissements (et, le cas sion peut causer beaucoup plus de dégâts que dans le passé, échéant, à des modifications) et améliore les politiques et lorsque la côte était moins peuplée et moins construite. Face les pratiques grâce à un apprentissage par itération à partir aux incertitudes engendrées par le changement climatique, des résultats obtenus. Il est tout aussi important d’élargir la le recours à des stratégies robustes et à une gestion évolutive portée spatiale de la planification pour être prêt à faire face à des changements susceptibles de se propager sur de vastes distances : la fonte des glaciers qui modifie l’approvisionne- ment en eau des zones urbaines situées plusieurs centaines ENCADRÉ 2.1 Les caractéristiques de la gestion de kilomètres en aval ; les sécheresses de grande ampleur qui évolutive affectent les marchés céréaliers régionaux ; l’accélération de l’exode rural sous l’effet de la dégradation de l’environne- La gestion évolutive a pour objet de guider la mise en œuvre ment. Toutefois, il est parfois difficile d’apporter les chan- d’interventions dans un contexte incertain. Elle repose sur gements structurels nécessaires en raison de l’inertie qui le principe selon lequel les enseignements concrets tirés caractérise les pratiques de gestion en vigueur21. de l’application expérimentale des politiques et l’utilisation de nouvelles informations scientifiques et connaissances La mise en œuvre de telles stratégies dans le cadre d’une techniques permettent d’éclairer les mesures de gestion afin gestion évolutive passe par la production constante d’in- d’améliorer la compréhension des problèmes, d’orienter les formations, une planification et une conception souples et décisions futures, de suivre les résultats des interventions et robustes, une mise en œuvre participative, ainsi que le suivi de concevoir de nouvelles pratiques. Cette méthode permet et l’évaluation des retours d’information. Elle recadre les de définir des mécanismes d’évaluation de scénarios de décisions et la gestion en fonction des contextes et proces- rechange et de mesures structurelles et non structurelles, sus écologiques et sociaux, tels que les bassins versants et les de comprendre les hypothèses utilisées et de les remettre en question, et de prendre expressément en compte les écorégions, et peut être pilotée par des systèmes de gestion incertitudes. La gestion évolutive table sur le long terme communautaire ou locale22. Elle met l’accent sur la gestion aux fins de planification et de renforcement des capacités, guidée par les connaissances scientifiques et locales, ainsi que et s’aligne sur les processus écologiques à une échelle sur l’application expérimentale des politiques, ce qui permet spatiale appropriée. Elle crée un cadre propice aux éléments de mieux appréhender les problèmes, de faire de l’apprentis- suivants : la coopération entre les échelons administratifs, sage un objectif et d’améliorer la capacité de prise de déci- les secteurs et les services responsables ; la participation sions en dépit des incertitudes existantes (encadré 2.1)23)24. de nombreux acteurs (y compris les centres de recherche et les organisations non gouvernementales) à la recherche La participation des parties prenantes aux activités de de solutions et à la prise de décisions ; et une législation planification a pour effet d’accroître le degré d’adhésion de modulable visant à appuyer l’action locale et capable la population et la pérennité des mesures mises en œuvre25. d’intégrer de nouvelles informations. Les villes de Boston et Londres ont toutes deux adopté des stratégies climatiques. À Boston, l’initiative était fondée sur Sources : Basé sur Raadgever et al. 2008 ; Olsson, Folke et Berkes la recherche, et les parties intéressées n’y ont participé que 2004. RapportMonde_LIVRE2.indb 92 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 93 est le meilleur moyen de gérer les risques physiques, finan- évacuées ensuite par les systèmes de drainage naturels. En ciers et sociaux. revanche, les terres humides affectées à l’agriculture ou à des peuplements urbains, ainsi que les systèmes de drainage Gérer les risques physiques : éviter ce qui peut simplifiés, ne peuvent pas jouer ce rôle, ce qui entraîne des l’être inondations. Une approche globale de la gestion des inonda- Lorsqu’ils sont bien gérés, les systèmes naturels peuvent tions comporte les mesures suivantes : préserver les bassins atténuer la vulnérabilité de l’espèce humaine aux risques versants, gérer les terres humides et les lits des rivières, climatiques, produire des avantages annexes en termes de choisir soigneusement l’emplacement des infrastructures et développement et contribuer à réduire la pauvreté, préserver planifier le développement urbain de façon appropriée. De la diversité biologique et fi xer le carbone. L’adaptation basée même, les mangroves situées le long des côtes constituent sur les écosystèmes – préserver ou reconstituer les écosys- une protection contre les ondes de tempête, d’une part tèmes naturels pour réduire la vulnérabilité humaine – est en amortissant l’afflux d’eau, d’autre part en créant une un moyen de réduire les risques climatiques qui est efficace distance entre la mer et les habitats humains situés derrière par rapport aux coûts et présente de multiples avantages les mangroves. (voir thème B). Par exemple, les bassins versants boisés exer- Construire des villes intelligentes sur le plan cent sur l’écoulement des eaux provenant de pluies modé- climatique rées un effet régulateur bien supérieur à celui des bassins versants non boisés, mais cet effet d’éponge est rapidement La moitié de la population mondiale vit désormais en ville, saturé en cas de pluies abondantes et la majeure partie des une proportion qui atteindra 70 % d’ici à 205029. On estime eaux s’écoule alors rapidement sur les terres28. Des terres que l’accroissement de la population urbaine (5 millions humides abondamment recouvertes de végétation peuvent de nouveaux résidents par mois) aura lieu à 95 % dans les être nécessaires pour mieux maîtriser l’écoulement des eaux pays en développement ; ce sont les villes de petite taille qui Carte 2.1 En danger : Les populations et les mégalopoles se concentrent dans les zones côtières à faible élévation menacées par la hausse du niveau de la mer et les ondes de tempêtes Population vivant dans des zones côtières à faible élévation (ZCFE) (%) Mégalopoles <2 2–5 5–10 10–20 En dehors des ZCFE 20–50 >50 Pays enclavés/absence Dans les ZCFE de données Source : Organisation des Nations Unies 2008a. Note : en 2007, figuraient au nombre des mégalopoles les villes suivantes : Beijing, Bombay, Buenos Aires, Le Caire, Calcutta, Dacca, Istanbul, Karachi, Los Angeles, Manille, Mexico, Moscou, New Delhi, New York, Osaka, Rio de Janeiro, São Paulo, Séoul, Shanghai et Tokyo. Les mégalopoles sont les villes qui comptent plus dix millions d’habitants. RapportMonde_LIVRE2.indb 93 16/09/10 12:39 94 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E connaîtront la plus forte expansion30. Les zones urbaines ont ces efforts porte sur l’innovation technologique et offre de pour effet de concentrer les populations et les actifs écono- nouvelles possibilités pour concevoir des cités du futur aptes miques, souvent dans des zones menacées, car, à travers l’his- à relever les défis du changement climatique. toire, les villes se sont développées dans des zones côtières Les initiatives mises en œuvre pour orienter la réparti- et au confluent de rivières. De fait, environ 600 millions de tion spatiale par le biais d’interventions relevant de poli- personnes et 15 des 20 mégalopoles de la planète se situent tiques publiques ont toutefois donné des résultats mitigés. dans des zones côtières basses menacées par la hausse du Les efforts déployés par la République arabe d’Égypte niveau de la mer et les raz-de-marée (carte 2.1)31. pour décongestionner Le Caire grâce à la création de villes Le changement climatique n’est qu’un des multiples satellites n’ont pas permis d’attirer le nombre d’habitants facteurs de vulnérabilité des villes. Dans de nombreuses escompté et n’ont pas stoppé l’accroissement de la popula- villes côtières, les migrations gonflent le nombre d’habitants tion du Caire, en partie en raison de l’absence de politiques menacés par l’augmentation du niveau de la mer, les ondes d’intégration régionale38. Les politiques qui donnent de de tempête et les inondations32 ; c’est le cas à Shanghai, où bons résultats sont celles qui facilitent la concentration et l’afflux annuel net d’habitants est quatre fois supérieur à les migrations au début du processus d’urbanisation, et la la croissance naturelle de la population33. Par ailleurs, de connectivité interurbaine au cours des phases ultérieures. nombreuses villes situées dans des deltas s’affaissent sous Les investissements publics en infrastructures sont particu- l’effet du pompage d’eau souterraine et de la diminution lièrement efficaces lorsqu’ils aboutissent à une plus grande des dépôts de sédiments due aux barrages construits en équité sociale (grâce à un accès élargi aux services) et intè- amont. Si de nombreuses villes côtières (Nouvelle-Orléans, grent l’espace urbain (grâce aux systèmes de transport)39. Shanghai) sont confrontées depuis longtemps au problème L’urbanisation se fait rarement de façon harmonieuse : de l’affaissement des sols, la menace est nouvelle pour elle pollue, crée des poches d’extrême pauvreté et engendre Hanoi, Jakarta et Manille34. La poursuite du développement des fractures sociales majeures. Dans les zones urbaines urbain vers l’intérieur des terres accroît la demande d’eau des pays en développement, 746 millions de personnes (le en amont et de nombreuses rivières, dont le Nil, n’atteignent quart des pauvres du monde) vivent en dessous du seuil de plus leur delta. pauvreté40, et le faible niveau des revenus et de la consom- Si elle est convenablement réalisée, l’urbanisation mation n’est pas leur seul problème. Le surpeuplement, peut permettre de mieux résister aux risques climatiques. l’insécurité des titres de propriété, les implantations illé- L’accroissement de la densité démographique réduit le gales situées dans des zones inondables ou menacées par coût par habitant des services d’eau salubre courante, des les glissements de terrain, le manque d’assainissement, les réseaux d’égout, du ramassage des ordures et de la plupart habitations dangereuses, la malnutrition et le mauvais état des autres infrastructures et services publics. Une planifi- de santé de la population exacerbent les vulnérabilités des cation urbaine avisée s’attache à limiter les constructions 810 millions de personnes qui vivent dans les bidonvilles41. dans les zones inondables et à fournir un accès aux services Ces nombreuses vulnérabilités appellent une amélio- essentiels. La construction de certaines infrastructures ration de la planification urbaine et des activités de déve- (remblais ou digues) peut assurer une protection physique loppement dans leur ensemble. Les organismes publics, à un grand nombre de personnes ; il faudra toutefois notamment locaux, peuvent influencer la capacité d’adap- aménager des marges de sécurité supplémentaires là où le tation des ménages et des entreprises (encadré 2.2), mais changement climatique accroît les risques. Par ailleurs, de les activités des organisations communautaires et non solides systèmes de communication, de transport et d’alerte gouvernementales (ONG) sont aussi d’une grande impor- avancée permettent d’évacuer rapidement la population, tance, notamment l’action menée par les organisations comme c’est le cas à Cuba où quelque 800 000 personnes qui construisent des logements et fournissent directement sont régulièrement évacuées en 48 heures lorsqu’un ouragan des services, comme le font les associations d’habitants de menace35. Ces mesures peuvent aider les citadins à faire face bidonvilles42. Une planification avisée et une bonne régle- aux chocs à court terme et à s’adapter au changement clima- mentation permettent d’identifier les zones urbaines dange- tique à long terme36. reuses et d’aider les groupes à faible revenu à trouver un Les villes sont des systèmes dynamiques dotés d’une logement sûr à un prix abordable, comme c’est le cas à Ilo grande capacité d’adaptation qui offrent une vaste gamme (Pérou) où les autorités locales ont pu faire face, dans de de solutions novatrices aux problèmes environnementaux. bonnes conditions, au quintuplement de la population après Divers pays étudient de nouvelles stratégies de développe- 196043. Des investissements lourds dans le domaine des ment urbain visant à répartir la prospérité au plan régional. infrastructures peuvent cependant s’imposer pour protéger La République de Corée a lancé un ambitieux programme en les zones côtières – telles que les villes d’Afrique du Nord – vue de développer des « villes innovantes » pour décentrali- avec des digues et des murs de protection (encadré 2.3). ser les activités économiques du pays37. Une grande partie de RapportMonde_LIVRE2.indb 94 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 95 ENCADRÉ 2.2 Concevoir des villes plus vertes et plus sûres : l’exemple de Curitiba Bien que sa population ait septuplé L’utilisation des sols et les transports les quartiers à faible revenu où la gestion de 1950 à1990, la ville brésilienne de ont été planifiés selon une approche conventionnelle des ordures est difficile, le Curitiba a su, grâce à une bonne gestion intégrée, et le plan radial (ou axial) de la programme d’« achat de déchets » permet des affaires publiques et à la coopération ville a été tracé de manière à détourner aux habitants d’échanger leurs détritus sociale, demeurer une agglomération la circulation du centre-ville (les trois contre des jetons d’autobus, des produits propre et efficace. Le Plano Director, quarts des habitants utilisent un réseau alimentaires excédentaires et des blocs- programme innovateur adopté par la d’autobus très performant). La zone notes scolaires. ville en 1968 et exécuté par l’Instituto de industrielle a été construite à proximité Certaines villes suivent l’exemple de Pesquisa Planejamento Urbano de Curitiba du centre de l’agglomération pour réduire Curitiba. À Juarez (Mexique), par exemple, (IPPUC) , est la clé de cette réussite. autant que possible les déplacements de l’Institut municipal d’urbanisme construit Au lieu de recourir à des solutions de la main-d’œuvre. De nombreuses réserves de nouveaux logements et convertit en haute technologie, telles que le métro naturelles ont été aménagées autour parc municipal la zone inondable naguère ou de coûteuses installations de tri des de la zone industrielle pour réguler les habitée. déchets, en matière d’infrastructures inondations. urbaines, l’IPPUC utilise des technologies La gestion des déchets participe de cette efficaces au plan tant du coût que du réussite : 90 % des résidents recyclent au fonctionnement. moins les deux tiers de leurs détritus. Dans Source : Roman 2008. Les inondations sont un risque majeur en milieu urbain. ment un problème, car un réseau de drainage à ciel ouvert a Elles sont souvent dues aux bâtiments, infrastructures et été inséré dans le tissu urbain pour évacuer les eaux de crue surfaces revêtues qui empêchent l’infi ltration des eaux et provoquées par des phénomènes météorologiques extrêmes sont aggravées par les insuffisances des systèmes de drai- pour lesquels la capacité des infrastructures de protection nage. Dans les villes bien gérées, les inondations sont rare- se révèle insuffisante (voir encadré 2.3). En revanche, même ENCADRÉ 2.3 L’adaptation au changement climatique : Alexandrie, Casablanca et Tunis Alexandrie, Casablanca et Tunis – trois À la suite des inondations catastrophiques que les centrales électriques et les stations villes de trois millions à cinq millions dont elle a été récemment victime, de traitement des eaux, sont menacées. d’habitants – ont entrepris d’évaluer Casablanca a entrepris des travaux Certains grands projets d’aménagement l’ampleur des effets prévus du pour améliorer la gestion des bassins urbain, s’ils voient le jour, risquent aussi changement climatique et d’établir des versants en amont de la ville et élargir d’aggraver la vulnérabilité de la ville face à scénarios d’adaptation pour 2030 dans le les principaux canaux de drainage. l’élévation du niveau de la mer. cadre d’une étude régionale. Les mesures Les fuites du réseau d’alimentation en À Alexandrie, Casablanca et Tunis, qu’elles ont adoptées dans un premier eau des ménages ont été réparées, ce l’adaptation au changement climatique temps pour remédier à leur vulnérabilité qui a permis d’économiser l’équivalent devrait avant tout faire intervenir les croissante témoignent de stratégies de la consommation d’environ mesures suivantes : amélioration de d’adaptation contrastées.  800 000 personnes. Pour autant, la gestion l’urbanisme ; conception de scénarios À Alexandrie, la construction récente des zones côtières demeure un sujet de de développement et d’utilisation des de la corniche – une grande route à six préoccupation en raison du manque sols capables d’atténuer la vulnérabilité voies aménagée sur la côte même – a de moyens permettant de réfréner la de la ville ; recherche de solutions à la aggravé l’érosion du littoral, accentué construction et de réduire l’extraction de vulnérabilité d’infrastructures essentielles la pente des fonds marins et, ce faisant, sable sur les plages. telles que les ports, les routes, les prolongé la propagation des ondes Pour remédier au problème des ponts et les stations de traitement des de tempête à l’intérieur de la ville. Les inondations urbaines, Tunis améliore ses eaux ; renforcement de la capacité des autorités construisent des ouvrages de canaux de drainage et lutte contre les institutions concernées à coordonner la protection maritime sans avoir procédé constructions non autorisées autour de riposte et à gérer les situations d’urgence. à des études d’ingénierie adéquates, ni certains réservoirs naturels. Elle construit De surcroît, l’efficacité énergétique des établi un degré de concertation suffisant des ouvrages le long de la mer pour bâtiments et des réseaux municipaux entre les institutions responsables. Un lac protéger les quartiers côtiers les plus est conciliable avec le renforcement de proche de la ville, réceptacle naturel des menacés, et le nouveau plan d’urbanisme la capacité d’adaptation au changement eaux de drainage, est fortement pollué et oriente l’aménagement urbain du côté climatique tout en réduisant les gaz à effet suscite des pressions de la part du secteur opposé à la mer. Mais le centre-ville, déjà en de serre. immobilier, qui souhaite se l’approprier à dessous du niveau de la mer, s’affaisse ; les des fins de construction. installations portuaires et logistiques, ainsi Source : Bigio 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 95 16/09/10 12:39 96 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E des pluies de faible intensité peuvent saturer les canaux de banlieues en croissance rapide de villes telles que Bangkok drainage et provoquer rapidement des inondations locales et Hô Chi Minh-Ville empiètent sur les rizières, réduisent si la gestion des déchets solides et l’entretien des réseaux de les capacités de rétention et augmentent les risques d’inon- drainage laissent à désirer ; à Georgetown (Guyana) , ce type dation46. Ces risques peuvent s’aggraver lorsque les zones de de situation a provoqué 29 inondations entre 1990 et 199644. stockage situées en amont atteignent leur capacité maximale Les villes doivent aussi regarder au-delà de leurs fron- et doivent déverser de l’eau. Le niveau maximal des débits tières pour se préparer à affronter le changement climatique. fluviaux devrait augmenter dans les bassins d’Asie du Sud De nombreuses villes des Andes réaménagent leur approvi- et du Sud-Est sous l’effet du changement climatique, ce qui sionnement en eau en raison de la fonte des glaciers et en nécessitera un surcroît d’efforts en amont pour protéger les prévision de leur disparition totale. Par suite de la fonte des centres urbains situés en aval (carte 2.2)47. glaces, l’approvisionnement en eau n’est plus assuré durant Les municipalités peuvent promouvoir la réduction du la saison sèche et les réservoirs devront compenser le fait risque et la planification axée sur le risque. La création d’une que les glaciers ne jouent plus leur rôle de stockage et de base de données sur les risques – mise au point conjointe- régulation des eaux45. Dans les deltas d’Asie du Sud-Est, les ment par les citoyens, les entreprises et les autorités – est Sources : analyse de l’équipe chargée Carte 2.2 Un défi complexe : gérer la croissance urbaine et les risques d’inondation dans le contexte du changement de la rédaction du Rapport sur le climatique en Asie du Sud et du Sud-Est développement dans le monde. Données sur les inondations : Dartmouth Flood Observatory 2009. Données Brahmapoutre démographiques : CIESIN 2005. Note : le problème des inondations est indissociable de la culture et de l’activité économique des peuples d’Asie du Sud et du Sud-Est. Un grand nombre d’êtres humains vivent dans les plaines inondables de certains grands Gange bassins fluviaux (Gange, cartes du haut ; Mékong, cartes du bas), dans lesquels les activités agricoles et divers centres urbains en expansion sont exposés aux risques d’inondations saisonnières. Le changement climatique entraînera probablement une augmentation des inondations en raison de la fonte des glaciers dans la partie supérieure du bassin versant de la région de l’Himalaya et sous l’effet de pluies de mousson plus courtes mais plus intenses, qui modifieront sans doute le régime des crues dans la région. Simultanément, les centres urbains empiètent rapidement sur Inondations antérieures Densité démographiques (personnes/km2) les terres agricoles qui servent de zones de rétention naturelles aux eaux de crues, 2005 0–100 1001–2000 ce qui compliquera la gestion des crues 2004 101–250 >2000 et de l’urbanisation à l’avenir. 2003 251–500 Absence de données 2002 501–1000 Rivières Mék ong RapportMonde_LIVRE2.indb 96 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 97 la première étape d’un processus visant à fi xer des priori- étudiants de consacrer davantage de temps à la recherche de tés et à identifier les zones sensibles. De surcroît, l’adoption solutions sur le terrain. d’un mandat municipal par voie de décret et de législation peut favoriser la prise en compte systématique du problème, Maintenir les gens en bonne santé comme à Makati – ville des Philippines exposée aux risques Les maladies liées au climat – malnutrition, maladies diar- d’inondation –, où le Conseil de coordination pour les rhéiques et maladies à transmission vectorielle (notamment situations de catastrophe planifie la gestion municipale des le paludisme) – constituent déjà un gros problème dans risques liés aux catastrophes naturelles48. certaines régions, notamment en Afrique et en Asie du Sud. De nombreuses initiatives municipales visant à promou- Le changement climatique alourdira ce fardeau, surtout au voir le développement local et accroître la résistance aux détriment des pauvres (voir chapitre 1)52. Les 150 000 décès phénomènes extrêmes et aux catastrophes naturelles annuels supplémentaires que les estimations attribuent recoupent les mesures d’adaptation, notamment en ce qui au changement climatique durant les dernières décennies concerne l’approvisionnement en eau, l’assainissement, le ne sont peut-être que la partie émergée de l’iceberg53. Les drainage, les services de santé axés sur la prévention et la effets indirects du changement climatique qui s’exercent préparation aux situations de catastrophe (encadré 2.4). par le biais de l’eau, de l’assainissement, des écosystèmes, Ces interventions seront sans doute dans l’intérêt immé- de la production alimentaire et de l’habitat humain pour- diat des décideurs en milieu urbain (voir chapitre 8)49. De raient être beaucoup plus élevés. Les enfants sont parti- toute évidence, il est plus facile de surmonter les obstacles culièrement menacés, la malnutrition et les maladies politiques aux interventions climatiques si l’on présente les infectieuses (surtout les maladies diarrhéiques) s’inscrivant initiatives d’adaptation comme étant dans l’intérêt immé- dans un cercle vicieux à l’origine de problèmes cognitifs et diat de la ville50. de troubles de l’apprentissage qui nuisent de façon perma- La construction de villes « intelligentes » sur le plan clima- nente à la productivité. Au Ghana et au Pakistan, on estime tique nécessitera une utilisation intensive des nouvelles tech- que la malnutrition et les maladies diarrhéiques, en provo- nologies. Or, une grande partie des compétences techniques quant une baisse de la productivité à long terme, coûteront disponibles dans les pays en développement est concentrée aux pays jusqu’à 9 % de leur produit intérieur brut (PIB). dans l’administration centrale, les collectivités locales étant Ce coût augmentera inévitablement avec le réchauffement souvent contraintes de puiser dans un réservoir d’exper- climatique si les pays tardent à s’adapter à ces conditions54. tise limité51. Les universités urbaines peuvent jouer un rôle Les canicules récentes, telles que celle qui a provoqué la essentiel à l’appui des efforts déployés par les villes pour mort de 70 000 personnes en Europe en 2003, ont montré adopter et mettre en œuvre des pratiques intelligentes sur que même les pays à revenu élevé étaient vulnérables55. La le plan climatique en modifiant leurs programmes et leurs fréquence et l’intensité des vagues de chaleur augmente- méthodes d’enseignement de manière à permettre aux ront probablement (carte 2.3)56, les îlots de chaleur urbains ENCADRÉ 2.4 Promouvoir les synergies entre l’atténuation et l’adaptation L’organisation spatiale des villes, c’est-à- le recouvrement des surfaces d’infiltration hauteur des bâtiments, de leur disposition, dire leur structure, influe sur l’utilisation qui l’accompagne entravent le drainage en de l’espacement, des matériaux utilisés, de l’énergie et l’efficacité énergétique. La milieu urbain qui contribue à atténuer les de l’ombrage, de la ventilation et de la concentration des populations et de inondations. climatisation. la consommation tend à s’accroître Un urbanisme intelligent sur le plan De nombreux plans d’aménagement rapidement durant les phases initiales climatique peut créer des synergies intelligents au plan climatique, conjuguant de l’urbanisation et du développement. entre les efforts d’atténuation et les principes écologiques, les sensibilités Dans les zones urbaines à forte densité, d’adaptation. La promotion de sources sociales et l’efficacité énergétique, ont été l’efficacité énergétique est plus élevée d’énergie renouvelable tend à favoriser la conçus à l’intention de zones urbaines qu’ailleurs et les déplacements sont plus décentralisation de l’approvisionnement chinoises, telles que Dongtan, près de courts (voir chapitre 4, encadré 4.7). D’un énergétique. Les espaces verts procurent Shanghai, mais ils sont jusqu’à présent autre côté, l’augmentation de la densité de l’ombre et de la fraîcheur, ce qui réduit restés au stade de projets. démographique, de l’activité économique la nécessité de climatiser les bâtiments ou et des infrastructures amplifie les effets de quitter la ville pendant les canicules. Les du climat sur les villes. Par exemple, les toits végétalisés permettent d’économiser espaces verts, susceptibles d’atténuer de l’énergie, de maîtriser les eaux Sources : Girardet 2008 ; Laukkonen et al. l’effet « îlot thermique urbain », peuvent d’orage et de rafraîchir les constructions. 2009 ; McEvoy, Lindley et Handley 2006; pâtir de la construction d’immeubles. De Les synergies entre l’adaptation et Wang et Yaping 2004 ; Banque mondiale même, la densification de la population et l’atténuation dépendent souvent de la 2008g ; Yip 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 97 16/09/10 12:39 98 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Source : Analyse de l’équipe chargée de la Carte 2.3 Les villes du nord doivent se préparer à un climat méditerranéen – maintenant rédaction du Rapport sur le développement dans le monde ; tiré de Kopf, Ha-Duong et Hallegatte 2008. Note : sous l’effet de la hausse des températures mondiales, les zones Helsinki Saint-Pétersbourg climatiques se déplaceront vers le Oslo Stockholm nord ; vers le milieu du XXIe siècle, de nombreuses villes du centre et du nord de l’Europe auront un aspect méditerranéen. Cette évolution, qui n’est pas une bonne nouvelle, a de sérieuses répercussions : les services des eaux devront adapter leurs plans de gestion, tandis que les Berlin services de santé devront faire face à Londres des périodes de températures extrêmes plus fréquentes (semblables à la vague de chaleur qui a frappé l’Europe en 2003). Paris Quelques degrés supplémentaires peuvent Ternopil paraître agréables un jour d’hiver à Oslo (le scénario décrit sur la carte correspond approximativement à une hausse de 1,2 °C de la température mondiale par rapport à aujourd’hui), mais ils nécessiteraient d’importants changements en matière de planification, de santé publique et Rome d’infrastructures urbaines. Des bâtiments Soria Istanbul Barcelone qui avaient été conçus et aménagés Vila Real en prévision d’hivers rigoureux devront Teruel fonctionner dans un climat plus sec et plus Badajoz chaud, et les édifices à valeur patrimoniale risquent de subir des dommages Karaman irréparables. Aujourd’hui, la construction de nouveaux bâtiments pose un problème Chleff particulièrement difficile, car ceux-ci Nicosie doivent être conçus avec suffisamment de Ouezzane souplesse pour s’adapter progressivement à une évolution radicale des conditions extérieures durant les décennies à venir. ENCADRÉ 2.5 Se préparer aux vagues de chaleur À la suite des vagues de chaleur de 2003, mesures préventives et la protection Des programmes similaires sont en cours le ministère espagnol de la santé et les des populations à risque. dans d’autres endroits, tels que le Pays services de santé de Catalogne (CatSalut) de Galles, qui a mis en place un cadre de ont mis en œuvre un vaste plan d’action • Le niveau 2 est activé seulement préparation et de réaction aux vagues interministériel et interinstitutionnel lorsque les températures dépassent de chaleur. Le système se compose de pour atténuer les répercussions des le seuil d’alerte (35 °C dans les zones directives visant à prévenir et à soigner les futures canicules sur la santé a. Le plan côtières et 40 °C à l’intérieur des terres), maladies liées à la chaleur, d’un mécanisme prévoit le déclenchement de mesures stade auquel des mesures sont prises d’alerte avancée pour les mois d’été et de santé (à tous les niveaux de soins) et en matière de services de santé, de ser- d’un système de communication avec le vices sociaux et de services d’urgence. de communications grâce à un système centre météorologique b. La métropole de d’alerte « chaleur-santé ». Le plan d’action et son système Shanghai s’est équipée d’un système de Le plan prévoit trois niveaux d’action d’intervention sanitaire reposent sur préalerte « chaleur-santé » dans le cadre de durant la saison estivale : l’utilisation de centres de soins de santé son plan de gestion multirisques c. • Le niveau 0 intervient le 1er juin et primaires (services sociaux compris) porte essentiellement sur l’état de dans la région. Les centres identifient et préparation. localisent les populations vulnérables pour Sources : mieux les aider et diffuser des informations a. CatSalut 2008. • Le niveau 1 entre en vigueur en juillet b. Welsh Assembly Government 2008. de santé publique durant l’été. En outre, ils et août et concerne principalement les c. Projet témoin de système d’alerte avancée rassemblent des données sanitaires pour évaluations météorologiques (notam- multirisques de Shanghai, http://smb.gov. suivre et évaluer les effets des vagues de ment l’enregistrement quotidien des cn/SBQXWebInEnglish/TemplateA/Default/ chaleur sur la santé, ainsi que l’efficacité températures et du degré d’humidité), index.aspx (consulté le 13 mars 2009). des interventions. la veille sanitaire, l’évaluation des RapportMonde_LIVRE2.indb 98 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 99 produisant des températures supérieures de 3,5 °C à 4,5 °C d’ici à 207061. Les systèmes nationaux de santé ont besoin de aux valeurs enregistrées dans les zones rurales avoisinantes57. procédures de surveillance sanitaire plus perfectionnées et Plusieurs pays et zones métropolitaines ont mis en place des de systèmes d’alerte avancée pour détecter et suivre les mala- systèmes d’alerte « chaleur-santé » pour mieux se préparer à dies à tendance épidémique62. Aujourd’hui, la surveillance faire face au problème (encadré 2.5) . peine souvent à anticiper une nouvelle poussée de la mala- Les maladies à transmission vectorielle étendent leur die dans de nombreuses régions du monde, par exemple en présence géographique et réapparaissent en Europe de l’Est Afrique où le paludisme s’étend aux habitants des villes en et en Asie centrale58. Le paludisme met déjà à rude épreuve même temps que l’habitat urbain s’étend dans les zones de les économies des régions tropicales59 et provoque près d’un transmission63. La télédétection satellitaire et les biocapteurs million de décès par an (en majorité des enfants) ; selon les peuvent améliorer la fiabilité et la précision des systèmes de prévisions, rien qu’en Afrique, le changement climatique surveillance et prévenir les flambées épidémiques grâce à un exposera 90 millions de personnes supplémentaires (soit dépistage précoce de l’évolution des facteurs climatiques64. une augmentation de 14 %) à la maladie d’ici à 203060. La Les modèles perfectionnés de prévision de la climatolo- dengue s’est propagée à d’autres régions (carte 2.4) et le gie saisonnière permettent d’anticiper les périodes de forte changement climatique devrait doubler le taux de personnes transmission du paludisme et de fournir aux autorités régio- exposées à la maladie pour le faire passer de 30 % à 60 % nales africaines les informations dont elles ont besoin pour de la population mondiale (soit 5 à 6 milliards d’habitants) Carte 2.4 Le changement climatique accélère le retour de la dengue sur le continent américain Source : OPS 2009. Note : Les maladies infectieuses et vectorielles se sont propagées dans d’autres régions du monde. Sur le continent américain, la prévalence de la dengue s’est accrue sous l’effet de l’augmentation de la densité démographique et ÉTATS-UNIS ÉTATS-UNIS Porto Rico PuertoRico l’intensification des voyages et des HAITI HAÏTI (é) (Éu) (US) échanges internationaux. La hausse de l’humidité et des températures causée JAMAICA JAMA JAMAÏQUE RÉPUBLIQUE par le changement climatique accentue DOMINICAINE la menace et facilite la prolifération des vecteurs de maladie (moustiques) dans BAHAMAS des endroits qui, dans le passé, n’étaient MÉXIQUE MÉXIQUE COLOMBIA COLOMBIE pas propices à la maladie ; voir Knowlton, R.B. DE VENEZUELA Solomon et Rotkin-Ellman 2009. CUBA BELIZE HONDURAS GUATEMALA SALVADOR NICARAGUA R. B. DU GUYANA COSTA RICA VENEZUELA SURINAME Guyane française (Fr) PANAMA COLOMBIE ÉQUATEUR ÉQUATEUR PÉROU PÉROU BRÉSIL BRÉSIL BRÉ BOLIVIE PARAGUAY CHILI Évolution des taux d’incidence de la dengue ARGENTINE dans les Amériques (évolution en % URUGUAY de 1995 à 1997 et de 2005 à 2007) Taux en forte augmentation (>100 %) Augmentation : de 0 cas à un taux positif Taux en augmentation (de 10 % à 100 %) Taux en diminution (de –100 % à –10 %) RapportMonde_LIVRE2.indb 99 16/09/10 12:39 100 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E faire fonctionner des systèmes d’alerte avancée et davantage des services de santé et des catastrophes naturelles – peut de temps pour prendre des mesures plus efficaces65. avoir des retombées importantes. La mobilisation du secteur La plupart des mesures visant à prévenir ces maladies ne privé peut aussi procurer des avantages substantiels si elle sont pas nouvelles, mais, en raison du changement clima- contribue à améliorer les résultats. En Argentine, la privati- tique, il devient encore plus urgent d’améliorer l’exécution sation des services des eaux dans les années 90 a fortement des programmes de santé publique établis de longue date66. réduit la mortalité infantile liée aux maladies hydriques69. Pour interrompre le processus de transmission, il convient Le suivi et la gestion des effets du changement clima- d’améliorer la gestion de l’eau (drainage en milieu urbain), tique sur la situation sanitaire exigeront une utilisation plus d’améliorer l’assainissement et l’hygiène (réseaux d’égouts, poussée de nouveaux instruments de diagnostic. Les progrès installations d’assainissement, lavage des mains) et de réalisés dans le domaine de la génomique et en matière de contrôler efficacement les vecteurs de maladies en limitant technologie de l’information accélèrent la conception d’une le nombre d’insectes qui transmettent des agents pathogènes vaste gamme d’outils de diagnostic qui peuvent faciliter le ou en les éliminant67. suivi de la propagation des maladies existantes et de l’appari- Ces interventions exigent des mesures intersectorielles tion de nouvelles pathologies. Les nouveaux instruments de coordonnées, ainsi que des dépenses publiques. En ce qui communication faciliteront la collecte, l’analyse et l’échange concerne les maladies hydriques, les interventions doivent d’informations sanitaires dans des délais satisfaisants70. Ces inclure la participation des organismes de santé, des services outils, toutefois, ne suffiront pas si l’on ne dispose pas de de travaux publics et des services d’utilité publique68. Une programmes de grande envergure visant à former les agents gestion concertée des questions d’eau, d’assainissement, de santé. De même, il sera nécessaire de mettre en œuvre des d’hygiène et de sécurité alimentaire – conjuguée à la gestion réformes institutionnelles majeures pour intégrer les soins Graphique 2.1 Augmentation du nombre de personnes touchées par les catastrophes climatiques Sources : L’équipe chargée de la rédaction du Rapport sur le développement dans le monde ; CRED 2009. Nombre de décès par période de cinq ans (millions) Note : au cours des quarante dernières années, les pertes 1,00 humaines ont diminué, mais le nombre de personnes atteintes a doublé tous les dix ans (l’expression « personnes 0,75 atteintes » désigne les individus qui ont besoin d’une aide immédiate durant une période d’urgence ; elle peut englober 0,50 les personnes déplacées ou évacuées). Près de 8 % de la population des pays à revenu intermédiaire de la tranche 0,25 inférieure sont touchés chaque année. Cette augmentation ne peut être imputée au seul changement climatique ; elle tient 0 en grande partie à l’accroissement de la population, à une 1971–75 1976–80 1981–85 1986–90 1991–95 1996–2000 2001–05 plus grande exposition des infrastructures et à une meilleure information sur les catastrophes. Les répercussions sur les Nombre de personnes touchées par période de cinq ans (milliards) populations sont toutefois bien réelles et montrent combien il 2,00 est essentiel de se concentrer sur le déficit d’adaptation actuel tout en préparant un avenir moins problématique sur le plan 1,50 climatique. 1,00 0,50 0 1971–75 1976–80 1981–85 1986–90 1991–95 1996–2000 2001–05 Personnes touchées en proportion de la population (%) 8 7 6 5 4 3 2 1 0 1971–75 1976–80 1981–85 1986–90 1991–95 1996–2000 2001–05 Pays à faible revenu Pays à revenu intermédiaire, tranche supérieure Pays à revenu intermédiaire, tranche inférieure Pays à revenu élevé RapportMonde_LIVRE2.indb 100 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 101 de santé dans d’autres activités. Les écoles, par exemple, nisation des Nations Unies), les efforts de relèvement et de peuvent jouer un rôle important comme centres de services reconstruction sont conçus de manière à réduire les risques de santé de base et sources d’information et d’éducation de catastrophes futures par la convergence des programmes médicales. humanitaires et des programmes de développement75. Le secteur privé joue un rôle dans ce cadre via l’apport de Se préparer à des phénomènes extrêmes solutions financières (assurances, évaluation des risques) et Le coût économique des catastrophes naturelles s’alourdit, techniques (communications, construction, prestation de et il est essentiel de mieux gérer le problème dans le contexte services)76. de l’adaptation au changement climatique. S’il est vrai que le Le changement climatique accroît considérablement la nombre de décès dus à des catastrophes naturelles liées aux nécessité de bien gérer les phénomènes climatiques extrêmes aléas météorologiques diminue71, les pertes économiques et de pratiquer une gestion des risques de catastrophe à causées par les tempêtes, les inondations et les sécheresses même de renforcer l’état de préparation et de prévenir les augmentent (elles sont passées de 20 milliards de dollars pertes (encadré 2.6)77. Beaucoup d’endroits sont exposés à par an au début des années 80 à 70 milliards de dollars au des risques qui se concrétisaient autrefois rarement, mais qui début des années 2000 dans les pays à revenu élevé, et de prennent maintenant de l’ampleur. C’est le cas de l’Afrique 10 milliards de dollars à 15 milliards de dollars dans les pays où les inondations se multiplient (encadré 2.2) et du Brésil, à faible revenu et à revenu intermédiaire)72. Cette augmen- frappé en 2004 par le premier ouragan jamais observé dans tation, toutefois, s’explique davantage par l’accroissement de l’Atlantique Sud78. la valeur économique des zones exposées que par les effets La production d’informations sur la probabilité de du changement climatique73. Le nombre des personnes phénomènes climatiques extrêmes et leurs conséquences touchées (c’est-à-dire les populations qui ont besoin d’aide potentielles exige des données socioéconomiques (des cartes humanitaire après une catastrophe naturelle) continue de indiquant les densités de population ou la valeur des terres), croître ; la majeure partie d’entre elles vivent dans des pays ainsi que des données physiques (sur les précipitations ou les à revenu intermédiaire de la tranche inférieure qui s’urbani- phénomènes extrêmes)79. En raison du changement clima- sent rapidement (graphique 2.1)74. Environ 90 % des pertes tique, toutefois, le passé ne permet pas de prédire l’avenir économiques subies par les pays en développement sont (des phénomènes qui survenaient rarement naguère peuvent supportés par les ménages, les entreprises et les administra- devenir plus fréquents) et l’incertitude qui pèse sur l’évo- tions publiques, les 10 % restants étant couverts par les assu- lution du climat est une composante importante de l’éva- rances ou les fonds des donateurs. luation des risques et de la prise de décisions en matière de À moins de réduire significativement l’impact des catas- planification. Il importe tout autant d’assurer le suivi et la trophes, les progrès réalisés en termes de développement mise à jour régulière des données socioéconomiques pour seront menacés. Aussi, les priorités évoluent-elles du trai- rendre compte de l’évolution de l’utilisation des sols et de tement des catastrophes naturelles à une gestion à long la démographie. La technologie satellitaire et les systèmes terme des risques de catastrophe et à la mise en œuvre de d’information géographique offrent de puissants outils mesures préventives plutôt que réactives. Conformément capables de générer des données physiques et socioécono- au cadre d’action de Hyogo sur la réduction des risques de miques rapidement et à moindre coût (encadré 2.7 ; voir catastrophe (le cadre d’action adopté en 2005 par l’Orga- aussi les chapitres 3 et 7). Graphique 2.2 Les inondations se multiplient, même dans les zones d’Afrique sujettes à la sécheresse Source : Analyse de l’équipe chargée de la rédaction du Rapport sur le développement dans le monde, à partir de CRED 2009. Nombre de phénomènes par période de cinq ans Note : Les inondations augmentent partout, mais particulièrement en Afrique, où de nouvelles régions en sont victimes et où les 700 zones touchées ont moins de temps pour se remettre des effets 600 Afrique d’une inondation avant qu’une autre ne survienne. L’information Reste du monde sur les phénomènes naturels s’est peut-être améliorée depuis 500 les années 70, mais ce n’est pas la cause principale de la hausse du nombre d’inondations signalées, car la fréquence d’autres 400 catastrophes naturelles en Afrique, telles que les sécheresses et 300 les tremblements de terre, n’a pas augmenté de la même façon. 200 100 0 1971–75 1976–80 1981–85 1986–90 1991–95 1996–2000 2001–05 RapportMonde_LIVRE2.indb 101 16/09/10 12:39 102 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 2.6 Déjouer les obstacles et prendre les devants : gérer le risque des phénomènes extrêmes avant qu’ils ne virent à la catastrophe Les phénomènes climatiques extrêmes étudier, analyser, prévoir, modéliser et inondables où risquent de se produire qui se produisent de façon récurrente cartographier les risques et vulnérabilités des dégâts majeurs à l’avenir. Il faut donc – tempêtes, inondations, sécheresses, naturels. Les systèmes d’information intégrer les prévisions sur le changement incendies de forêt – se retrouvent dans géographique permettent d’intégrer climatique dans les prises de décisions de nombreuses régions du monde ces sources de données et constituent actuelles comme dans la planification à et font partie du système climatique. pour les décideurs un outil efficace de long terme. Le changement climatique modifiera compréhension des risques — tant au L’atténuation des risques suppose la probablement leur profil, mais il est niveau des administrations nationales mise en œuvre de mesures durant un possible d’en atténuer les effets négatifs qu’au plan local. De nombreux pays à phénomène naturel ou immédiatement grâce à une gestion systématique revenu faible ou intermédiaire procèdent après pour en réduire au minimum des risques. Les mesures de base sont actuellement à des évaluations de les effets. Grâce aux technologies de l’évaluation des risques, leur réduction et risques et renforcent systématiquement l’information et des communications, l’atténuation de leurs effets a. leurs capacités pour mieux gérer les les systèmes d’alerte avancée et de L’évaluation des risques, condition catastrophes b. surveillance peuvent annoncer les préalable à la gestion du risque, sert La réduction des risques demande la phénomènes extrêmes à l’avance. Pour d’assise à la prise de décisions judicieuses. prise en compte systématique des risques que ces informations puissent sauver des Elle permet de cibler les interventions dans le cadre stratégique global du vies, il faut cependant que les organismes et les ressources. La première étape développement, tâche plus importante de gestion des catastrophes disposent consiste à identifier les risques ; elle ne que jamais compte tenu de la densification de mécanismes qui leur permettent réclame généralement pas de techniques des populations et des infrastructures. de les recevoir et de les communiquer sophistiquées. Les riziculteurs asiatiques Depuis la fin des années 90, on s’accorde aux communautés bien avant que les font volontiers savoir quels sont leurs de plus en plus à reconnaître la nécessité phénomènes ne surviennent. Cela champs les plus exposés aux inondations. de traiter la question des risques naturels suppose une formation systématique en Les responsables des réservoirs d’eau dans les cadres de développement matière de préparation, le renforcement savent combien il est difficile de gérer les stratégiques à moyen terme, la législation des capacités, des opérations de impératifs concurrents de la distribution et les structures institutionnelles, les sensibilisation et la coordination des d’eau et d’électricité lorsque le niveau des stratégies et politiques sectorielles, les activités des entités nationales, régionales eaux est faible. Enfin, les communautés processus budgétaires, les projets et les et locales. Il est tout aussi important de savent quels individus et groupes activités de suivi-évaluation. La prise en prendre rapidement des mesures bien sociaux sont les premiers touchés par les compte systématique des risques impose ciblées après une catastrophe, y compris conditions météorologiques défavorables. d’analyser comment les dangers potentiels des mesures de protection sociale en L’étape suivante consiste à mesurer peuvent avoir des effets sur les politiques, faveur des plus vulnérables et la mise en les risques. Il existe pour cela diverses les programmes et les projets et vice-versa. œuvre d’une stratégie de redressement et méthodes qui varient selon la portée de Les projets de développement ne de reconstruction. l’évaluation des risques. Les communautés réduisent pas nécessairement la font appel à des techniques participatives vulnérabilité aux risques naturels et simples, basées sur des indicateurs faciles peuvent involontairement créer de Sources : L’équipe chargée de la rédaction à suivre (tels que le prix des cultures de nouvelles fragilités ou aggraver des du Rapport sur le développement dans le base sur le marché durant les sécheresses), vulnérabilités existantes. Il convient donc monde ; Ranger, Muir-Wood et Priya 2009 ; pour appliquer des mesures à l’échelon de chercher expressément des solutions Organisation des Nations Unies 2007 ; des ménages ou de la collectivité, ou elles visant tout à la fois à promouvoir le Organisation des Nations Unies 2009 ; utilisent une cartographie communautaire développement, à réduire la pauvreté NRC 2006 ; Benson et Twigg 2007. pour définir les zones inondables. et à renforcer la capacité de résistance a. Ici, le terme atténuation désigne la L’évaluation des risques au niveau sectoriel aux risques. Les efforts déployés pour prévention des pertes causées par les (agriculture ou énergie hydroélectrique) réduire les risques de catastrophe phénomènes météorologiques extrêmes en ou au plan national exige généralement doivent favoriser la résilience et aider les prenant des mesures à court terme, comme une analyse plus systématique et communautés à s’adapter à des risques l’évacuation des habitants d’une plaine quantitative des données (cartographie nouveaux et accrus. Or, même cette inondable, face à une menace immédiate. des terres agricoles ou hydrologie adaptation ne peut être garantie. Ainsi, b. Fonds mondial de prévention des régionale). la construction de systèmes de défense catastrophes et de relèvement, www.gfdrr. La compréhension des risques contre les inondations conçus en fonction org (consulté le 15 mai 2009) ; Prévention, exige un investissement dans des des probabilités établies à l’heure actuelle www.proventionconsortium.org (consulté capacités scientifiques, techniques et pourrait-elle aggraver les pertes futures en le 15 mai 2009). institutionnelles pour observer, enregistrer, encourageant l’aménagement de zones RapportMonde_LIVRE2.indb 102 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 103 ENCADRÉ 2.7 Les données satellitaires et les informations géographiques contribuent à la gestion des risques – et sont peu coûteuses Les données satellitaires et la technologie et la biomasse et de communiquer la compréhension des risques là où de l’information géographique sont aux habitants autochtones des forêts les données et les connaissances sont souvent disponibles gratuitement ou à des informations qui leur permettent actuellement limitées. un coût modéré, et les logiciels et outils d’agir. Les capteurs à haute résolution L’utilisation de ces services et de cette nécessaires pour utiliser ces technologies identifient la prolifération urbaine dans technologie de façon généralisée et fonctionnent sur des ordinateurs de les zones dangereuses. Les instruments efficace dans les pays en développement bureau. de positionnement géographique utilisés ne nécessite pas de gros investissements Les satellites permettent de mesurer dans les relevés peuvent produire de matériels : elle demande essentiellement l’humidité et la végétation et fournissent nouvelles informations sur les relations des investissements dans l’éducation des informations précieuses aux services entre les populations et l’environnement supérieure, le renforcement des capacités de vulgarisation agricole. Ils suivent la naturel. Les systèmes d’information institutionnelles, la mise en place de progression des tempêtes tropicales et géographique rationalisent la gestion des centres de recherche axés sur cette alertent à l’avance les communautés données, rendent l’information disponible mission et la promotion de l’entreprise côtières. En cartographiant les effets des en cas de besoin et fournissent un outil privée. inondations, ils facilitent les opérations rentable et rapide permettant d’enrichir de redressement et de reconstruction. la base de connaissances de manière à Ils permettent de représenter les forêts guider les prises de décision et faciliter Sources : ESA 2002 ; NRC 2007a, 2007b. De nombreux pays développés fournissent, à titre de service public, une cartographie détaillée des zones exposées ENCADRÉ 2.8 Créer des emplois pour réduire aux inondations aux propriétaires, entreprises et autorités locales80. En Chine, les pouvoirs publics dressent ce type de les risques d’inondations cartes depuis 1976 et publient une cartographie des zones Les pluies torrentielles sont fréquentes au Libéria, mais les exposées aux inondations qui délimite les zones à haut risque réseaux de drainage n’ont pas été entretenus pendant des dans les bassins fluviaux les plus peuplés. Grâce à ces instru- décennies en raison de longues périodes d’incurie et de guerre civile. En conséquence, les inondations sont à l’origine ments, les habitants savent quand et comment ils doivent de catastrophes récurrentes en milieu rural comme en milieu évacuer leur logement et où ils doivent se réfugier. Les cartes urbain. Le nettoyage des drains n’était pas une priorité pour peuvent servir aussi à la planification de l’utilisation des sols les citoyens et les agents des services publics, car personne et à la conception des bâtiments81. Mis à la disposition des ne disposait des ressources nécessaires. Les autorités ont communautés, ces services contribuent à promouvoir l’ac- toutefois adhéré à un programme de travail rémunéré tion au niveau local, comme à Bogota où un service d’infor- lorsqu’il a été proposé par Mercy Corps, une organisation non mation sur les risques dans les zones sismiques renforce la gouvernementale internationale. En septembre 2006, un projet d’un an visant à nettoyer et à remettre en état les réseaux capacité de résistance des communautés82. de drainage a été lancé dans cinq comtés. Ces travaux ont Comme il est impossible d’éliminer complètement les sensiblement facilité l’écoulement des eaux de pluie et réduit risques, la protection des populations exige que l’on soit les inondations ainsi que les risques sanitaires connexes. Le prêt à affronter des événements climatiques extrêmes. Les projet a également permis de remettre en état des puits et systèmes d’alerte et les plans d’intervention (par exemple d’améliorer l’accès au marché en dégageant les routes et en les systèmes d’évacuation d’urgence) permettent de sauver construisant des ponts de petite taille. des vies et de prévenir des pertes. En faisant participer les Source : Mercy Corps 2008. communautés aux activités de préparation et les systèmes de communication d’urgence, on les aide à protéger leurs moyens d’existence. Au Mozambique, par exemple, les populations vivant le long de la rivière Búzi préviennent Gérer les risques financiers : des instruments par radio les communautés situées en aval de l’imminence souples pour les imprévus d’une inondation83. Les efforts déployés à l’échelle locale Les politiques publiques mettent en place des cadres défi- peuvent atténuer les risques, créer des emplois et réduire la nissant clairement les rôles et les responsabilités du secteur pauvreté même dans les communautés isolées (encadré 2.8). public, du secteur privé, des ménages et des particuliers. Ces Au niveau national, il est crucial d’être financièrement prêt cadres reposent sur un ensemble de modes de gestion des à fournir une aide immédiate aux communautés après une risques modulée sur plusieurs niveaux de responsabilité. En catastrophe pour leur éviter des pertes durables. cas de sécheresse modérée provoquant de faibles pertes de RapportMonde_LIVRE2.indb 103 16/09/10 12:39 104 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 2.9 Les partenariats public-privé et le partage des risques climatiques : l’assurance du bétail en Mongolie Le partage des risques par les couvrent les pertes plus importantes (10 mongols à offrir des services d’assurance communautés, les administrations et à 30 %). Enfin, un programme d’assurance commerciale aux éleveurs — ce qu’ils les entreprises est une composante sociale géré par l’État prend en charge étaient réticents à faire jusque-là. importante de la gestion des risques les pertes associées à une mortalité Tout le monde y trouve son compte. Les climatiques. En Mongolie, les éleveurs, les catastrophique du cheptel auxquelles ni éleveurs peuvent s’assurer contre les autorités nationales et les compagnies les éleveurs ni les assureurs ne pourraient pertes inévitables. Les assureurs peuvent d’assurance ont créé un mécanisme pour faire face. Ce dispositif à plusieurs niveaux développer leurs activités en milieu gérer les risques financiers liés aux froids définit clairement un cadre de protection rural, contribuant ainsi à consolider les rigoureux qui surviennent en hiver et composé d’un système d’autoassurance services financiers ruraux. En offrant au printemps (dzuds) et qui entraînent organisé par les éleveurs, de polices un programme d’assurance sociale régulièrement une forte mortalité du d’assurance commerciale et d’un correctement structuré, l’État parvient à cheptel. Ces conditions ont provoqué la mécanisme d’assurance sociale. mieux gérer ses risques budgétaires. S’il mort de 17 % du bétail en 2002 (jusqu’à Une innovation importante est l’utilisation est vrai que les catastrophes exposent 100 % dans certaines zones), ce qui d’assurances indicielles par opposition aux l’État à des risques potentiellement représente des pertes de 200 millions de assurances couvrant chaque troupeau, élevés, ce dernier a dû prendre en charge, dollars (soit 16 % du PIB). qui se sont révélées inefficaces car la pour des raisons politiques, des risques En vertu du mécanisme, les éleveurs vérification des pertes individuelles encore plus importants dans le passé. continuent d’assumer les pertes de faible crée des risques moraux et engendre Grâce à la couverture des phénomènes ampleur qui ne compromettent pas la souvent des coûts prohibitifs. Avec le catastrophiques par l’État, les compagnies viabilité de leur entreprise ou de leur nouveau type d’assurance, les éleveurs d’assurance commerciales, qui limitent ménage ; ils s’arrangent souvent avec sont dédommagés en fonction du taux leur couverture à des niveaux de mortalité les membres de leur communauté pour de mortalité moyen du bétail dans leur modérés, peuvent proposer des tarifs se protéger contre ce type de revers. Les district : il n’est pas nécessaire de procéder abordables aux éleveurs. services d’assurance commerciale du à des évaluations de pertes au niveau bétail fournis par les assureurs mongols individuel. Ce système incite les assureurs Sources : Mahul et Skees 2007 ; Mearns 2004. production agricole, un partage informel et communautaire produits dérivés basés sur des indices météorologiques, ont des risques au sein de la population est suffisant – à moins été élaborées et testées sur le marché privé. Citons l’exemple que plusieurs sécheresses de faible ampleur ne se produisent du mécanisme de couverture des risques basé sur un indice à bref intervalle (voir chapitre 1). Lors d’une sécheresse plus météorologique qui permet de dédommager des centaines grave – du type, par exemple, de celles qui se produisent tous de milliers de petits exploitants agricoles indiens en cas de les dix ans –, on peut utiliser des instruments de transfert précipitations insuffisantes – ou celui du mécanisme d’as- de risque issus du secteur privé. Toutefois, dans les situa- surance contre les risques de catastrophe dans les Caraïbes tions les plus critiques et les phénomènes de grande ampleur, visant à fournir rapidement des liquidités aux autorités à la l’État doit assumer la fonction d’assureur de dernier ressort. suite de catastrophes naturelles86. Il doit mettre en place un cadre d’action permettant aux L’assurance, toutefois, n’est pas une panacée : elle n’est communautés de s’aider elles-mêmes et au secteur privé qu’un des éléments d’un cadre de gestion des risques de de jouer un rôle actif et commercialement viable, tout en plus grande ampleur qui vise à réduire les risques (éviter les prenant les dispositions nécessaires pour couvrir ses passifs pertes évitables) et encourage les bonnes pratiques de gestion découlant de catastrophes. du risque (de la même façon que l’installation de systèmes d’alarme incendie permet aux propriétaires de logement Assurer une protection différenciée de bénéficier d’une réduction de leur prime d’assurance). L’utilisation et l’appui des mécanismes d’assurance a suscité Si le climat évolue de façon prévisible (vers des conditions beaucoup d’intérêt dans le contexte de l’adaptation84. météorologiques plus chaudes et plus sèches, par exemple), L’assurance peut offrir une protection contre les pertes l’assurance n’est pas viable. Elle l’est lorsque les impacts sont liées aux phénomènes climatiques extrêmes et faciliter la aléatoires et rares : elle aide les ménages, les entreprises et les gestion des coûts qui ne peuvent être couverts par l’aide pouvoirs publics à étaler les risques dans le temps (en payant internationale, les pouvoirs publics ou les citoyens85. Des des primes à intervalles réguliers plutôt qu’en couvrant les méthodes originales, telles que les microassurances et les coûts en une seule fois) et dans l’espace (en partageant les RapportMonde_LIVRE2.indb 104 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 105 risques avec d’autres). Autrement dit, l’assurance n’élimine et risqué de proposer des services fi nanciers aux popula- pas le risque, mais elle réduit la variance des pertes suppor- tions rurales, car de nombreux ménages ruraux ne font tées par les participants à un pool d’assurance. pas partie de l’économie monétisée et sont très tributaires L’assurance contre les tempêtes, les inondations et les des conditions météorologiques. En milieu urbain, les sécheresses, qu’elle soit fournie à l’État ou aux particuliers, populations sont plus concentrées, mais il est néanmoins est difficile à gérer. En général, le risque climatique se mani- difficile d’atteindre les pauvres dans le secteur informel de feste simultanément au niveau de régions entières ou de l’économie. vastes groupes de population ; par exemple, les troupeaux Le changement climatique pourrait rendre les risques de milliers d’éleveurs mongols ont été décimés en 2002, liés au climat encore plus difficiles à assurer. Incontrôlé, lorsqu’un été sec a été suivi d’un hiver très froid (enca- il pourrait même rendre ces risques inassurables ou les dré 2.9) . Ces événements covariants sont caractéristiques primes d’assurance inabordables. Pour assurer un évène- de nombreux risques climatiques, ce qui les rend difficiles ment, il faut pouvoir identifier et quantifier (ou du moins à assurer : les demandes d’indemnisation tendent à s’accu- estimer partiellement) sa probabilité et les pertes qu’il pour- muler et nécessitent de grandes quantités de capitaux de rait engendrer, fi xer le montant des primes et diversifier le réserve et des efforts considérables au plan administratif87. risque parmi les individus ou les collectivités90. Lorsqu’elles C’est une des raisons pour lesquelles les risques climatiques sont réunies, ces trois conditions rendent l’assurance d’un majeurs sont rarement couverts par les assurances, en parti- risque possible, mais pas nécessairement rentable (comme le culier dans les pays en développement. D’ailleurs, les établis- montre le faible rapport primes/demandes d’indemnisation sements de microcrédit limitent souvent la part des prêts de nombreux programmes d’assurance agricole) , et les coûts agricoles dans leur portefeuille par crainte que de graves de transaction de l’exécution d’un programme d’assurance problèmes météorologiques n’empêchent leurs clients d’ho- peuvent être considérables91. Les incertitudes créées par le norer leurs obligations88. changement climatique brouillent les calculs actuariels La fourniture de services fi nanciers constitue depuis qui sous-tendent le marché de l’assurance92. De surcroît, il longtemps un défi dans le domaine du développement deviendra plus difficile de diversifier les risques lorsque le pour des raisons étrangères au changement climatique. changement climatique aura des effets plus concomitants, L’accès aux produits d’assurance est généralement beau- plus répandus et plus systémiques au plan mondial et régio- coup plus limité dans les pays en développement qu’ailleurs nal – effets difficiles à compenser dans d’autres régions ou (graphique 2.3), ce dont témoigne la pénétration générale- sur d’autres segments du marché. ment faible des services fi nanciers dans les zones rurales. La diminution de l’assurabilité basée sur le marché La Crop Insurance Corporation (société d’assurance des suppose un recours important à l’État comme assureur de récoltes) des Philippines, par exemple, ne touche que 2 % dernier recours, un rôle que de nombreuses administrations environ des agriculteurs, essentiellement dans les zones les publiques jouent implicitement. En la matière, toutefois, le plus productives et les plus riches du pays89. Il est difficile bilan de nombreux États n’est pas optimal, tant dans les pays Graphique 2.3 Les services d’assurance sont limités dans les pays en développement Volume des primes d’assurances-dommages en 2006 (volume total = 1 500 milliards de dollars) Pénétration de l’assurance-dommages en 2006 Amérique latine Primes/PIB (%) et Caraïbes 5,0 3% Afrique 1 % 4,5 Asie 13 % 4,0 3,5 3,0 2,5 Amérique 2,0 du Nord 46 % 1,5 1,0 0,5 Europe 0,0 35 % Amérique Océanie Europe Asie Amérique latine Afrique Monde Océanie 1 % du Nord et Caraïbes Source : Swiss Re, 2007. Note : l’assurance est avant tout une activité de pays développés, comme l’indiquent la répartition régionale des primes (à gauche) et les taux de pénétration (primes en pourcentage du PIB) de l’assurance-dommages (à droite). L’assurance-dommages comprend l’assurance des biens, l’assurance risques divers, l’assurance responsabilité civile (appelée aussi assurance générale), l’assurance maladie et des produits d’assurance qui ne font pas partie de l’assurance-vie. RapportMonde_LIVRE2.indb 105 16/09/10 12:39 106 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E en développement que dans le monde développé. En 2005, S’assurer que l’État dispose de suffisamment de par exemple, l’ouragan Katrina a mis le programme améri- liquidités cain d’assurance contre les inondations en faillite, celui-ci La planification financière permet aux pouvoirs publics de ayant reçu en un an plus de demandes d’indemnisation que se préparer aux conséquences des catastrophes climatiques durant ses 37 années d’existence, et pour un montant dix fois et d’assurer le maintien des services essentiels immédiate- supérieur à ses ressources. Par ailleurs, peu de programmes ment après de tels événements96. Des mécanismes financiers publics d’assurance des récoltes sont financièrement viables préétablis – tels que les fonds de réserve pour les situations de sans subventions importantes93. Dans le même temps, si catastrophe, les lignes de crédit conditionnelles et les obliga- l’ampleur des pertes liées aux récentes catastrophes est une tions catastrophes – permettent aux autorités publiques de indication de l’assurabilité des pertes qu’entraînera le chan- réagir rapidement, de renforcer les programmes de protec- gement climatique à l’avenir, le secteur public devra sans tion sociale et d’éviter les pertes à long terme qu’accumulent doute jouer un rôle plus formel pour absorber les dommages les ménages et les communautés lorsque les populations se que le secteur privé ne sera pas en mesure de couvrir94. trouvent sans abri, sans travail et dans un dénuement total97. L’assurance n’est pas une panacée en matière d’adapta- La disponibilité immédiate de fonds pour lancer le processus tion aux risques climatiques et ne constitue qu’une stratégie de remise en état et de redressement permet de limiter les parmi d’autres dans la lutte contre certains effets du chan- effets dévastateurs des catastrophes sur le développement. gement climatique. Elle ne convient généralement pas à des D’un point de vue financier, de nombreux petits pays sont impacts irréversibles et à long terme tels que la hausse du particulièrement vulnérables aux catastrophes en raison de niveau de la mer et la désertification – des phénomènes qui la disproportion entre l’ampleur de leurs pertes et la taille de infligeraient des pertes massives aux assureurs et ne seraient leur économie (carte 2.5) ; en 2004, par exemple, l’ouragan donc pas assurables. Il convient aussi d’examiner la ques- Ivan a causé à la Grenade des dégâts dont le montant a atteint tion de l’assurance dans le cadre d’une stratégie globale plus de 200 % du PIB du pays98. L’aide extérieure n’étant pas d’adaptation et de gestion du risque, qui inclurait une régle- toujours immédiatement disponible, 16 pays des Caraïbes mentation rigoureuse de l’utilisation des sols et des normes ont créé un mécanisme fi nancier de gestion des risques soli- de construction robustes, afin de prévenir les comporte- dement structuré afin de rationaliser le financement des ments néfastes – ou une mauvaise adaptation (la poursuite interventions d’urgence et de réduire autant que possible des constructions sur une côte exposée aux tempêtes, par les interruptions de services. Mis en place en 2007, ce méca- exemple) – que pourrait encourager le sentiment de sécurité nisme permet de fournir rapidement des liquidités aux auto- procuré par un contrat d’assurance95. rités des pays touchés par des ouragans et des tremblements ENCADRÉ 2.10 Le Mécanisme d’assurance contre les risques liés aux catastrophes dans les Caraïbes : l’assurance contre l’interruption des services après des catastrophes. Parmi les nombreux défis auxquels similaire à une assurance contre les pertes d’indemnisation, car l’évaluation de la sont confrontés les pouvoirs publics d’exploitation. Il leur permet de disposer force des phénomènes naturels se fait de des petits États insulaires au lendemain de liquidités à court terme en cas de pertes façon presque instantanée. Le Mécanisme de catastrophes naturelles, le plus catastrophiques dues à un ouragan ou un permet aux pays participants de regrouper pressant consiste à obtenir des tremblement de terre. leurs risques dans un portefeuille diversifié liquidités pour financer d’urgentes Il existe certes une large gamme et d’accéder plus facilement au marché mesures de redressement et assurer le d’instruments visant à financer le de la réassurance, ce qui permet d’étaler fonctionnement des services publics redressement à long terme, mais le davantage les risques en dehors de la essentiels. Ce problème se pose d’une Mécanisme pallie une lacune en finançant région. manière particulièrement aiguë dans les les besoins à court terme grâce à une Les mécanismes d’assurance de ce type pays des Caraïbes, dont la capacité de assurance paramétrique. Il décaisse des doivent s’inscrire dans une stratégie résistance économique est limitée par une fonds lorsque se produit un phénomène financière globale recourant à plusieurs vulnérabilité croissante et un endettement prédéfini d’une intensité donnée, sans sortes d’instruments pour couvrir divers élevé. qu’il faille attendre l’évaluation des types d’évènements et de probabilités. Le nouveau Mécanisme d’assurance contre dégâts sur le terrain, ni une confirmation les risques liés aux catastrophes dans officielle. En général, ce type d’assurance les Caraïbes fournit aux gouvernements est relativement peu coûteux et permet Sources : Ghesquiere, Jamin et Mahul 2006 ; de la région un instrument d’assurance de régler rapidement les demandes Banque mondiale 2008e. RapportMonde_LIVRE2.indb 106 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 107 Carte 2.5 Les pays petits et pauvres sont financièrement vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes Élevée 11–50 Vulnérabilité Fréquence des Moyenne 51–250 phénomènes financière Faible > 250 critiques (années) Sans objet Source : Mechler et al. 2009. Note : La carte indique le degré de vulnérabilité financière des pays aux inondations et aux tempêtes. Dans les pays en violet foncé, par exemple, un phénomène météorologique extrême dont les effets seraient tels que le secteur public n’aurait pas la capacité financière de remettre les infrastructures endommagées en état et de poursuivre les activités de développement comme prévu est attendu environ une fois tous les 11 à 50 ans (soit une probabilité annuelle de 2 à 10 %). La vulnérabilité financière élevée des petites économies souligne la nécessité d’adopter des plans d’intervention d’urgence susceptibles de renforcer la capacité de résistance des États aux catastrophes futures. L’analyse porte uniquement sur les 74 pays les plus exposés aux catastrophes qui ont subi des pertes directes équivalant à au moins 1 % de leur PIB à la suite d’inondations, de tempêtes et de sécheresses au cours des 30 dernières années. de terre destructeurs en recourant de façon innovante au versement d’une prime, une société internationale de réas- marché international de la réassurance pour diversifier et surance s’est engagée à verser un montant convenu à l’État compenser le risque au plan mondial (encadré 2.10). en cas de graves sécheresses, prédéfinies et mesurées par les Même les économies pauvres peuvent gérer les risques services météorologiques du Malawi. La Trésorerie de la climatiques plus efficacement grâce à l’information, aux Banque mondiale a fait office d’intermédiaire de confiance marchés, à une planification de qualité et à l’assistance entre le pays et le marché, et contribué ainsi à renforcer la technique. En scellant des partenariats avec les assureurs confiance de part et d’autre. Les paiements et les paramètres et les institutions financières internationales, , les pouvoirs de sécheresse ayant été fi xés à l’avance, les décaissements publics peuvent inciter le secteur privé à surmonter sa réti- au titre de cet instrument financier peuvent être effectués cence à engager des capitaux et des compétences sur les rapidement et les pouvoirs publics peuvent acheter à terme marchés à faible revenu. En 2008, le Malawi a innové en du maïs sur les marchés régionaux de produits de base pour lançant un contrat de gestion des risques météorologiques assurer l’approvisionnement alimentaire dans les meilleurs pour se protéger contre les sécheresses qui nuisent à la délais et avant que la sécheresse ne touche les populations production de maïs – sécheresses qui sont souvent source les plus vulnérables ; le coût des mesures d’intervention et la d’insécurité alimentaire et provoquent une forte instabilité dépendance à l’égard de l’aide internationale en sont sensi- des prix régionaux des produits de base. En contrepartie du blement réduits99. RapportMonde_LIVRE2.indb 107 16/09/10 12:39 108 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Pour que ces initiatives soient durables et d’un coût déployés pour conjuguer le développement et l’adaptation abordable, il convient d’encourager systématiquement l’at- au changement climatique en faveur des communautés ténuation des risques de catastrophe de sorte que l’État vulnérables peuvent s’inspirer des méthodes traditionnelles utilise le moins possible ces mécanismes financiers en cas de utilisées par les populations pour faire face aux risques envi- pertes ordinaires. Le financement conditionnel comprend ronnementaux : il en est ainsi des communautés africaines des coûts d’opportunité et devrait couvrir uniquement les qui se sont adaptées à des périodes de sécheresse prolon- besoins de financement publics les plus urgents et les pertes gées107. Toutefois, les mécanismes d’ajustement et stratégies les plus graves. Les services de vulgarisation agricole, l’appli- d’adaptation traditionnels peuvent préparer les commu- cation des normes de construction et les plans stratégiques nautés à affronter certains risques perçus, mais pas les d’aménagement urbain sont quelques-uns des domaines risques incertains et potentiellement différents engendrés où l’action publique peut limiter les conséquences évitables par le changement climatique108. Il se peut que les commu- et réduire la probabilité des cas de figure extrêmes. Les nautés soient accoutumées à leurs conditions climatiques systèmes d’alerte avancée qui permettent d’éviter la perte de actuelles, mais moins en mesure de s’adapter aux change- vies humaines et des dégâts économiques jouent un rôle tout ments climatiques à venir109. Deuxièmement, en raison aussi important. Ces systèmes, appuyés par l’État, peuvent du caractère local de l’adaptation, les politiques globales avoir des effets spectaculaires, comme au Bangladesh, où ils reposant sur une formule unique ne permettront pas de ont réduit le nombre des décès imputables aux inondations répondre aux besoins de différentes zones urbaines et loca- et aux tempêtes, et par conséquent les pertes que doivent lités rurales110. assumer les pouvoirs publics100. Les principes qui sous-tendent la capacité de résistance des populations – la capacité à préserver les fonctions essen- Gérer les risques sociaux : donner tielles, à s’organiser de façon autonome et à tirer les leçons du aux communautés les moyens de se protéger changement – sont mis en évidence dans le monde entier111. elles-mêmes Dans les régions côtières du Viet Nam, les ondes de tempête Le changement climatique ne touche pas tout le monde et l’élévation du niveau de la mer exercent déjà des pressions de façon uniforme101. Dans les populations pauvres, des sur les mécanismes d’ajustement. Suite à la réduction de tensions climatiques modérées peuvent provoquer des pertes nombreux services publics à la fin des années 90, les proces- irréversibles en capital humain et physique102. Les effets subis sus décisionnels collectifs locaux et les réseaux de crédit et par les enfants peuvent être durables et affecter les revenus d’échange ont remplacé la planification et les infrastruc- à l’échelle d’une vie à travers l’éducation (abandon de la tures de l’État par le capital et l’apprentissage sociaux (ces scolarité à la suite d’un choc), la santé (les effets exacerbants dernières années, toutefois, l’État a reconnu qu’il devait du manque d’installations d’assainissement et des maladies appuyer la capacité de résistance des communautés et le hydriques ou à transmission vectorielle) et les retards de développement de l’infrastructure ; il s’efforce maintenant croissance103. Les femmes des pays en développement souf- de promouvoir un vaste programme de gestion des risques frent des effets du climat de façon disproportionnée, car bon liés aux catastrophes naturelles)112. nombre de leurs tâches ménagères (la cueillette de produits Dans l’Arctique de l’Ouest, les Inuits, confrontés à la sauvages et leur vente, par exemple) sont sujettes aux aléas fonte de la glace marine et à la répartition changeante de météorologiques104. Les ménages et les communautés s’adap- la faune, ont ajusté le calendrier de leurs activités de subsis- tent par le choix de leurs moyens d’existence, de l’affectation tance et chassent un plus large éventail d’espèces. Par le de leurs actifs et de leur lieu de résidence, souvent en basant partage de la nourriture, l’intensification des échanges leurs décisions sur des savoirs traditionnels105. Les gens sont entre eux et la création de nouveaux organismes locaux, ils plus disposés et aptes à changer s’ils bénéficient de systèmes renforcent la résistance de leurs communautés113. De même, d’aide sociale qui associent le partage communautaire, l’as- les communautés autochtones des pays en développement surance sociale publique (les retraites, par exemple), les s’adaptent au changement climatique – par exemple grâce à services financiers et les services d’assurance privés, et les la collecte de l’eau de pluie, à la diversification des cultures et fi lets de sécurité publics. des moyens de subsistance, et à l’ajustement des migrations saisonnières – pour atténuer les effets négatifs et tirer parti Aider les communautés à s’adapter des nouvelles possibilités114. Il est important pour deux raisons de mettre à profit les En général, les communautés locales connaissent mieux savoirs traditionnels dans la gestion des risques clima- que d’autres les dangers climatiques locaux, y compris le tiques106. Premièrement, de nombreuses communautés moment et l’endroit où ils risquent de se concrétiser, et la – notamment les peuples autochtones – possèdent déjà des manière dont ils influent sur leurs actifs et leurs activités connaissances et des stratégies adaptées à leur environne- de production. Ces communautés, en outre, sont mieux à ment pour faire face aux risques climatiques. Les efforts même de gérer les liens sociaux et écologiques qui seront RapportMonde_LIVRE2.indb 108 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 109 marqués par le changement climatique. Enfin, elles exécu- fonciers des peuples autochtones et la promotion de leur rôle tent généralement les projets de développement et de dans les activités de gestion se sont traduits par une gestion protection de l’environnement à un coût moindre que les plus viable et plus rentable des ressources forestières et de la intervenants extérieurs (graphique 2.4). Un examen récent biodiversité, par exemple au Mexique et au Brésil119. de plus de 11 000 pêcheries a montré qu’il est possible de Les mesures d’adaptation efficaces prises au niveau réduire considérablement la probabilité d’un effondrement communautaire s’appuient sur l’apprentissage social, à des réserves de poissons en cessant de s’en tenir à des quotas savoir le processus consistant à échanger des connaissances de pêche globaux et en adoptant des quotas individuels au sujet d’expériences vécues, et à les intégrer à des données transférables appliqués au plan local115. La participation techniques et scientifiques120. Lorsque les gens migrent entre active des communautés locales et des principaux intéressés des zones urbaines et rurales à la recherche d’emplois saison- à la cogestion des ressources halieutiques est essentielle à la niers ou à la suite de catastrophes naturelles, leurs mouve- réussite du système116. ments migratoires imitent les déplacements antérieurs de En plus d’améliorer la résistance, la gestion décentralisée leurs parents et amis121. Lorsque les individus adoptent de des ressources peut avoir des effets synergiques en matière nouvelles technologies ou modifient les systèmes de culture, d’atténuation et d’adaptation. Par exemple, la gestion du leurs décisions dépendent de la circulation de l’information patrimoine forestier117 des régions tropicales a eu des effets au sein de réseaux sociaux122. Lorsqu’ils choisissent d’autres positifs simultanément sur les conditions de vie (adaptation) domaines dans lesquels améliorer leurs compétences et leur et le stockage du carbone (atténuation) lorsque les commu- éducation, leurs décisions sont liées à celles de leurs pairs123. nautés locales étaient propriétaires de leurs forêts, dispo- L’apprentissage social communautaire et basé sur l’expé- saient d’une grande autonomie décisionnelle et pouvaient rience a été l’un des principaux moyens utilisés dans le passé gérer de vastes zones forestières. Dans de nombreux pays, pour affronter les risques climatiques, mais il pourrait se la décentralisation de la gestion des forêts sur la base du révéler insuffisant face au changement climatique. En consé- principe des ressources communes a donné aux popula- quence, les stratégies d’adaptation axées sur les communau- tions locales la possibilité de gérer les forêts, d’utiliser leurs tés doivent trouver un juste équilibre entre les atouts de ces connaissances temporelles et spatiales des questions fores- collectivités (capacités et connaissances locales importantes, tières pour créer des règles et des institutions appropriées, réserves potentielles de capital social, faibles coûts) et leurs et d’œuvrer avec les organismes publics à l’application des lacunes (connaissances scientifiques limitées, marge d’ac- règles qu’elles ont élaborées118. Le renforcement des droits tion étroite). Graphique 2.4 Faire reculer le désert grâce aux savoirs des populations autochtones, à l’action des agriculteurs et à l’apprentissage social NIGER Libye Algérie Mali Ni ger Tchad Burkina Faso Nigéria Évolution de la verdure de la végétation, 1982–2006 11–25 >25 –10-10 (aucune évolution marquée) Sources : WRI et al. 2008 ; Botoni et Reij 2009 ; Herrmann, Anyamba et Tucker 2005. Note : Au Niger, les agriculteurs ont fait reculer le désert : des zones qui avaient perdu leur végétation durant les années 80 sont maintenant revêtues d’une couverture dense d’arbres, de buissons et de cultures. Cette transformation, tellement vaste qu’elle est observée par les satellites, concerne 5 millions d’hectares de terrain (environ la superficie du Costa Rica), soit presque la moitié des terres cultivées du Niger. Les nouvelles opportunités économiques nées du reverdissement ont profité à des millions de personnes sous la forme d’une sécurité alimentaire accrue et d’une plus grande résistance à la sécheresse. La clé de cette réussite réside dans une technique peu coûteuse – le renouvellement naturel géré par les agriculteurs – qui reprend, en l’adaptant, une méthode séculaire de gestion des espaces boisés. Après avoir constaté les premiers résultats de la réintroduction de cette technique autochtone dans les années 80, les agriculteurs ont pris conscience de ses avantages et les ont fait connaître autour d’eux. Les bailleurs de fonds ont renforcé l’effet d’apprentissage social en finançant des voyages d’études au profit des cultivateurs et en facilitant les échanges entre eux. L’administration centrale a joué un rôle essentiel en procédant à une réforme du régime foncier et de la politique forestière. RapportMonde_LIVRE2.indb 109 16/09/10 12:39 110 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E De nombreuses activités communautaires d’adaptation Les chocs climatiques présentent deux caractéristiques sont appuyées par un large éventail d’ONG et autres intermé- majeures. Premièrement, on ignore qui exactement en sera diaires, mais une infime minorité de populations menacées la victime et à quel endroit. Bien souvent, on ne découvre en bénéficie. Il est urgent de reproduire leurs bons résultats l’identité des populations concernées que lorsque la crise est à une échelle beaucoup plus grande. L’intensification de ces déjà à un stade avancé, c’est-à-dire lorsqu’il est difficile de efforts a souvent été freinée par la mauvaise qualité des rela- déclencher une riposte rapide et efficace. Deuxièmement, tions – voire les tensions – entre les parties prenantes locales on ne peut savoir à l’avance quand interviendront les chocs et les institutions publiques. Les problèmes de pouvoirs, éventuels. Ces deux caractéristiques ont une incidence de responsabilités et de financement entravent souvent les sur la conceptualisation et la conception des politiques efforts de coopération. Pour que l’expansion des initiatives sociales qui permettront de faire face aux menaces clima- de développement communautaires réussisse, il faut que tiques futures. Il convient de concevoir la protection sociale les promoteurs de ces opérations et les pouvoirs publics comme un système, plutôt que comme un ensemble d’inter- prévoient la suite du projet et élaborent des processus de ventions isolées, et de la mettre en place durant les périodes transformation ou de transition afin d’éviter l’interruption de prospérité. Il faut assortir les fi lets de sécurité de finance- brutale des projets faute de financements. La capacité d’agir ments souples et de cibles conditionnelles pour les renforcer – essentielle à la réussite des efforts engagés – implique la au moment où l’on voudra réagir efficacement aux chocs motivation et l’engagement, qui, à leur tour, supposent des épisodiques129. incitations adéquates à tous les niveaux124. Le nouveau Fonds Une vaste gamme de filets de sécurité dispense une aide d’adaptation peut sensiblement appuyer l’expansion des financière ou en nature aux ménages pauvres pour atténuer opérations puisqu’il devrait gérer des ressources de l’ordre les vulnérabilités chroniques130. S’ils sont utilisés de façon de 0,5 milliard de dollars à 1,2 milliard de dollars d’ici à efficace, ces instruments ont des effets immédiats sur la 2012 et soutenir directement les administrations publiques réduction des inégalités et permettent d’aborder de façon à tous les échelons, ainsi que les ONG et d’autres organismes optimale la question de l’impact de la hausse des prix des intermédiaires125. produits de base sur la pauvreté ; ils permettent aux ménages d’investir dans leurs moyens de subsistance futurs et de gérer Fournir une protection sociale aux populations les risques en réduisant le recours aux stratégies d’adapta- les plus vulnérables tion négatives (telles que la vente de bétail durant les séche- Le changement climatique amplifiera les vulnérabilités resses). Il est possible de concevoir les fi lets de sécurité de et exposera un plus grand nombre d’êtres humains aux manière à encourager les ménages à investir dans diverses risques climatiques, plus fréquemment et sur des périodes formes de capital humain (éducation, formation, nutrition) plus longues. Il faudra donc mettre en place des politiques susceptibles de renforcer leur résistance à long terme. sociales pour venir en aide aux groupes dont les moyens Face aux chocs, les fi lets de sécurité peuvent avoir une de subsistance risquent de diminuer progressivement sous fonction d’assurance s’ils sont souples et s’ils peuvent être l’effet du changement climatique. Les phénomènes extrêmes développés à une plus grande échelle. Ils sont souvent éche- pourraient aussi avoir des effets directs sur les ménages et lonnés, la priorité passant de la fourniture immédiate de nécessiter la mise en place de fi lets de sécurité (aide sociale) produits alimentaires, de services d’assainissement et d’ac- pour prévenir la ruine économique des populations les plus tivités de nettoyage aux travaux de redressement, de recons- vulnérables. Les épisodes prolongés de tensions climatiques truction et, éventuellement, de prévention et d’atténuation (telles que les sécheresses) peuvent favoriser la hausse et la des catastrophes. Pour remplir une fonction d’assurance, volatilité des prix des produits de base, pénalisant ainsi de les fi lets de sécurité doivent s’appuyer sur un budget anti- façon disproportionnée les populations pauvres et vulné- cyclique et évolutif et être assortis de critères de ciblage rables, comme ce fut le cas durant la crise alimentaire de permettant d’identifier les personnes dont les besoins sont 2008126. Le renchérissement des denrées alimentaires temporaires ; ils doivent être mis en œuvre avec souplesse de accentue la pauvreté de ceux qui doivent acheter de la nour- manière à permettre une intervention rapide après un choc ; riture pour subvenir aux besoins de leur famille, exacerbe enfin, ils doivent être régis par un système de responsabili- les problèmes de nutrition, réduit l’utilisation des services tés et de procédures administratives fondamentales convenu de santé et d’éducation et épuise les actifs productifs des bien avant la catastrophe131. Les alertes avancées publiées par pauvres127. Dans certaines parties du monde en dévelop- le biais de prévisions et bulletins saisonniers peuvent mobi- pement, l’insécurité alimentaire et les fluctuations des prix liser les fi lets de sécurité à l’avance et faciliter la mise en place des aliments constituent déjà une source systémique de de la logistique et des livraisons de produits alimentaires132. risques qui devrait s’accentuer sous l’effet du changement Les fi lets de sécurité devront être considérablement climatique128. renforcés lorsqu’ils existent ou mis en place lorsqu’ils font RapportMonde_LIVRE2.indb 110 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 111 défaut. De nombreux pays à faible revenu n’ont pas les nautés : stockage d’eau, systèmes d’irrigation et construc- moyens d’effectuer des transferts permanents au profit de tion de remblais. Pour être pleinement efficaces, cependant, leurs populations pauvres, mais des fi lets de sécurité évolu- ces programmes doivent être assortis d’objectifs clairs, être tifs qui fournissent une assurance non contributive de base composés de projets adéquats et bien conçus, disposer de peuvent constituer une forme de protection sociale essen- financements prévisibles, bénéficier de l’appui de spécia- tielle, capable de prévenir des décès et des pertes d’actifs listes en matière de sélection et d’exécution, et être accom- excessives, même dans les pays pauvres où ces systèmes n’ont pagnés de mécanismes de suivi et d’évaluation crédibles pas été souvent utilisés133. (encadré 2.11). Par exemple, le dispositif éthiopien de « fi let de sécu- Les fi lets de sécurité peuvent aussi favoriser la réforme rité productif » associe une aide sociale permanente (un des politiques énergétiques. Le relèvement des prix des programme d’allocation conditionnelle à long terme destiné combustibles améliore l’efficacité énergétique, engendre à 6 millions de foyers souffrant d’insécurité alimentaire) à des gains économiques et permet de dégager des économies des fi lets de sécurité évolutifs qui peuvent être rapidement budgétaires, mais comporte aussi des risques politiques et étendus à des millions de familles pauvres, de manière sociaux importants. Les fi lets de protection sociale peuvent temporaire, lors d’une importante sécheresse. Une inno- prémunir les pauvres contre la hausse des prix énergétiques vation importante est l’utilisation d’indices basés sur des et faciliter la suppression de vastes subventions énergétiques, événements météorologiques observés pour fournir une coûteuses, régressives et néfastes sur le plan climatique (voir assistance plus facilement ajustable et mieux ciblée aux chapitre 1)136. Les subventions énergétiques – fréquemment zones qui souffrent d’insécurité alimentaire, ainsi que le utilisées pour compenser le renchérissement des combus- recours à des mécanismes basés sur l’assurance permettant tibles – sont souvent inefficaces et mal ciblées, mais aussi d’accéder à des financements conditionnels134. difficiles à éliminer. Plusieurs pays à revenu intermédiaire Les programmes d’allocation conditionnellepeuvent (Brésil, Chine, Colombie, Inde, Indonésie, Malaisie et peuvent être une composante des interventions en matière Turquie) ont eu récemment recours à des fi lets de sécurité de protection sociale135. Il s’agit de travaux publics à haute pour faciliter la suppression de subventions aux combustibles intensité de main-d’œuvre qui fournissent un revenu aux fossiles137. Il convient de bien cibler les transferts monétaires populations ciblées tout en assurant la construction ou qui font suite à l’élimination des subventions, afin que les l’entretien d’infrastructures. Ces programmes se concen- pauvres soient correctement indemnisés. La réforme entre- trent sur des actifs et des activités produisant d’importants prise en Indonésie a montré que, même avec un ciblage très résultats susceptibles d’accroître la résistance des commu- imparfait, les catégories de population appartenant aux trois ENCADRÉ 2.11 Inde : le système d’allocation conditionnelle dans le cadre de la loi nationale sur la garantie de l’emploi en zone rurale Au fil des ans, l’Inde a mis au point un se situer dans un rayon de cinq kilomètres des bassins versants et les plantations. programme de garantie de l’emploi du lieu de résidence du ménage. Le Il finance les outils et autres éléments inspiré de la réussite d’un programme système est transparent : les listes nécessaires à la réalisation des activités similaire dans l’État du Maharashtra. Le d’emplois et d’entrepreneurs sont publiées et une aide technique à l’appui de la programme garantit à chaque ménage sur le site Internet du programme de sorte conception et de l’exécution des projets. qui en fait la demande, selon un système que le public puisse exercer un droit de Il peut ainsi devenir une composante d’autosélection, un emploi pour une regard et contrôler ainsi les risques de essentielle du développement des villages durée maximale de cent jours rémunéré corruption et les problèmes d’inefficacité. par le biais de la création et de l’entretien au salaire minimum légal. Les ménages ne Depuis le lancement du programme en d’actifs productifs et adaptés aux sont pas tenus de faire la preuve de leurs 2005, 45 millions de ménages ont effectué changements climatiquesb. besoins et des salaires sont parfois versés 2 milliards de journées de travail et 3 même s’il n’est pas possible de fournir du millions de tâchesa. travail aux intéressés. S’il bénéficie de conseils pertinents, le Sources : Le programme prévoit l’attribution d’un programme peut appuyer une politique a. National Rural Employment Guarantee Act tiers au moins des emplois aux femmes, de développement intelligente sur le plan (loi nationale sur la garantie de l’emploi en zone ainsi que des services de garde d’enfants climatique. Il fonctionne à l’échelle requise rurale) – 2005, http://nrega.nic.in/ (consulté en sur le lieu de travail et une assurance et peut diriger un volume d’emplois mai 2009). médicale couvrant les accidents du important vers des travaux d’adaptation b. CSE India, http://www.cseindia.org/ travail ; les emplois doivent être fournis appropriés dans des domaines tels que programme/nrml/update_january08.htm rapidement et, dans la mesure du possible, la conservation des eaux, la protection (consulté le 15 mai) ; CSE 2007. RapportMonde_LIVRE2.indb 111 16/09/10 12:39 112 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 2.12 Les migrations aujourd’hui Les estimations relatives aux migrations environ des migrants internationaux sont surmonter les obstacles aux déplacements. provoquées par le changement climatique des femmes. La moitié de ces mêmes Les schémas migratoires s’expliquent sont très incertaines et ambigües. À migrants viennent de 20 pays et moins largement par ces obstacles et les court terme, les pressions climatiques de 10 % sont contraints de franchir une conditions à remplir pour les surmonter. accentueront progressivement les frontière internationale pour fuir les Une partie de ces contraintes sont de parcours migratoires existants (carte persécutions (définition d’un réfugié) nature financière : les migrants doivent de gauche) plutôt que d’en créer de . Beaucoup de migrants forcés, en couvrir les frais de transport, de logement nouveaux. La plupart des migrants se revanche, appartiennent à la catégorie (à l’arrivée) et de subsistance tout en déplacent à l’intérieur de leur propre des personnes déplacées à l’intérieur de cherchant de nouvelles sources de revenu. pays. Ainsi, la Chine, à elle seule, compte leur propre pays (carte de droite) : on Les observations révèlent l’existence presque autant de migrants internes estime leur nombre à 26 millions dans le d’une « bosse » dans les flux migratoires : (environ 130 millions) qu’il y a de migrants monde. Les itinéraires et intermédiaires le taux de migration d’une communauté internationaux dans le monde entier utilisés par les migrants fuyant les guerres, augmente lorsque les revenus progressent (leur nombre était estimé à 175 millions les conflits ethniques et les violations des au-delà du niveau nécessaire à la en 2000). La majeure partie des migrants droits de l’homme sont de plus en plus satisfaction des besoins de subsistance, internes sont des migrants économiques, souvent les mêmes que ceux auxquels ont puis décroît lorsque l’écart entre les qui quittent les campagnes pour les recours les migrants économiques. Les revenus obtenus sur le lieu d’origine et villes. Les migrations d’une zone rurale à statistiques internationales disponibles ne le lieu de destination principal se réduit. l’autre représentent aussi un phénomène permettent pas d’attribuer spécifiquement Cette « bosse migratoire » explique important, quoique mal estimé ; elles les déplacements à l’intérieur des pays à pourquoi les plus démunis ne migrent pas lissent le rapport entre l’offre et la la dégradation de l’environnement ou aux ou migrent sur de très courtes distances. demande sur le marché du travail en catastrophes naturelles, mais la majeure zone rurale et constituent une étape de la partie des migrations forcées liées au migration des migrants ruraux. changement climatique continueront Sources : Tuñón 2006 ; Banque mondiale Les migrations internationales se probablement d’avoir lieu au sein des pays 2008f ; Organisation des Nations Unies produisent avant tout dans le monde et des régions. 2005 ; Organisation des Nations Unies 2006 ; développé : environ les deux tiers des Les flux migratoires se produisent non Migration DRC 2007 ; de Haas 2008 ; Lucas migrants internationaux se déplacent d’un pas de façon aléatoire, mais selon des 2006 ; Sorensen, van Hear et Engberg- pays développé à l’autre. L’augmentation schémas : ils se concentrent dans les Pedersen 2003 ; Amin 1995 ; Lucas 2006 ; des nouvelles arrivées est plus forte endroits où les migrants existants ont Lucas 2005 ; Massey et Espana 1987 ; de Haan dans les pays développés que dans les prouvé qu’il était possible de s’établir et 2002 ; Kolmannskog 2008. pays en développement, et la moitié où ils peuvent aider les futurs migrants à Migration internationale de la main-d’œuvre 19.1 18.6 12.5 25.9 23.0 2.0 0.7 11.8 7.2 0.5 8.7 13.5 5.1 11.3 8.4 3.5 10.0 15.2 2.7 0.6 Part des migrations internationales par région (%) Personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (millions) Nombre total de migrants en 2000 = 175 millions (100 %) 0–0,1 0,1–0,2 0,2–0,5 Entrées Sorties 0,5–1 >1 Néant/ aucune donnée Sources : Parsons et al. 2007 ; IDMC 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 112 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 113 déciles les plus bas étaient gagnantes durant la période de des migrants de la planète se déplacent au sein de leur propre transfert138. pays et que les voies de migration utilisées par les migrants économiques et les migrants forcés se recoupent largement. Faciliter les migrations face au défi du changement Il ne semble guère que les migrations provoquées par climatique le changement climatique entraînent des conflits ou les Les migrations seront souvent un moyen efficace – malheu- aggravent, mais cela pourrait changer. Les populations qui reusement le seul dans certains cas – de réagir au change- migrent en raison des modifications de l’environnement ment climatique. Selon les estimations, de 200 millions à un sont généralement impuissantes et n’ont guère les moyens de milliard de personnes pourraient être contraintes de migrer combattre142. Il n’y a pas nécessairement un rapport de cause ou être déplacées d’ici à 2050139 (ces estimations, toutefois, à effet lorsqu’une migration coïncide avec un conflit143. De reposent sur une évaluation globale du nombre d’individus même, le lien entre les conflits violents et la pénurie de exposés à l’accroissement des risques plutôt que sur des ressources (guerres de l’eau)144 ou leur dégradation a rare- analyses visant à déterminer si cette exposition au risque ment été prouvé (la pauvreté et les dysfonctionnements incitera les intéressés à migrer140). Les mesures d’adaptation, institutionnels expliquent davantage ces phénomènes)145. telles que la construction d’ouvrages de protection côtière, Toutefois, les incertitudes qui entourent l’enchaînement atténueront les effets des changements climatiques et rédui- causal de ces problèmes ne signifient pas que les futures ront les migrations141. migrations provoquées par le climat n’accroîtront pas les Les mouvements actuels permettent de prévoir de façon risques de conflit lorsqu’elles coïncideront avec des pressions approximative la géographie des déplacements dans un sur les ressources, l’insécurité alimentaire, les catastrophes avenir proche (encadré 2.12). Les migrations liées au chan- naturelles et le manque de gouvernance dans les régions où gement climatique partiront avant tout des zones rurales aboutissent les migrations146. des pays en développement pour se diriger vers les villes et L’image négative de la migration peut encourager l’adop- autres agglomérations. Les politiques visant à faciliter les tion de politiques visant à réduire et à contrôler leur inci- migrations doivent prendre en compte le fait que la plupart dence sans vraiment chercher à répondre aux besoins des Carte2.6 Les migrants sénégalais s’établissent dans des zones inondables autour de la ville de Dakar Guédiawaye Guédiawaye Pikine Pikine Dakar Dakar Dakar, SÉNÉGAL Évolution de la population entre 1999 et 2008 Risque d’inondation (nombre d’habitants/pixel) Risque d’inondation très élevé Faible Moyen Élevé <0 0–50 51–100 101–250 251–500 >500 Source : Geoville Group 2009. Note : La lenteur de la croissance économique dans le secteur agricole a fait converger sur Dakar l’exode des migrants venant du reste du pays. De 1988 à 2008, 40 % des nouveaux habitants de la ville se sont installés dans des zones fortement exposées aux risques d’inondations, soit deux fois plus que dans les communes urbaines (19 %) et rurales (23 %) de la capitale. L’expansion urbaine étant géographiquement limitée, l’afflux de migrants a entraîné une forte concentration démographique dans les zones urbaines et périurbaines (sur la carte, 16 pixels correspondent à un kilomètre carré). RapportMonde_LIVRE2.indb 113 16/09/10 12:39 114 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E migrants, lorsque la migration est la seule solution qui s’offre Certains enseignements se dégagent des expériences aux personnes touchées par les problèmes climatiques. En récentes en matière de réinstallation de migrants. Le premier fait, les mesures conçues pour freiner les migrations fonc- est qu’il est nécessaire de faire participer les communautés tionnent rarement, vont souvent à l’encontre des objec- réinstallées à l’organisation du déplacement et de la recons- tifs poursuivis et alourdissent les coûts supportés par les truction – et de recourir aussi peu que possible aux sous- migrants et les communautés d’origine et de destination147. traitants et organismes extérieurs. Les personnes réinstallées Si l’on veut faciliter les migrations face aux aléas climatiques, doivent percevoir des rémunérations conformes aux normes il est préférable de formuler des politiques traitant simulta- et aux prix en vigueur dans la région hôte, et être impliquées nément les questions de migration et de développement, qui dans la conception et la construction d’infrastructures dans peuvent répondre aux besoins des migrants volontaires et le lieu d’accueil. Dans la mesure du possible, les mécanismes mettre en valeur leurs capacités entrepreneuriales et leurs de décision de la communauté réinstallée doivent être plei- compétences techniques. nement respectés. Dans la mesure du possible, les politiques devraient décourager les migrants de s’installer dans des zones très Horizon 2050 : à quoi ressemblera le monde ? exposées aux risques climatiques persistants (carte 2.6) . En Un thème récurrent du présent rapport est qu’il est néces- Colombie, entre 1995 et 2005, 3 millions de personnes ont saire d’agir dès aujourd’hui en raison de la force d’inertie été déplacées en raison des troubles civils, en majeure partie des systèmes sociaux, climatiques et biologiques. Certains vers des villes petites ou moyennes. Bon nombre d’entre elles enfants de 2010 occuperont des postes à responsabilité en se sont installées dans des zones urbaines marginales inon- 2050. Selon le scénario d’un réchauffement de 2 °C, ils dables, menacées par les glissements de terrain ou situées seront confrontés à des changements radicaux, mais la à proximité de décharges ; de surcroît, en raison de leur gestion de ces changements ne sera pour eux qu’un défi manque d’instruction et de compétences professionnelles, parmi de nombreux autres. Dans l’hypothèse d’un réchauf- ces personnes ne gagnent que 40 % du salaire minimum148. fement de 5 °C, en revanche, l’avenir sera beaucoup plus Dans la perspective de migrations et de réinstallations sombre. Il deviendra alors évident que les mesures d’atté- forcées, les plans orientés vers le long terme devraient nuation prises durant plus d’un demi-siècle ont été insuffi- viser à identifier d’autres sites, à appliquer des mécanismes santes. Le réchauffement climatique ne sera pas seulement d’indemnisation permettant aux migrants de se réinstal- un problème parmi d’autres : il sera le problème dominant. ler et d’exploiter de nouveaux moyens de subsistance, et à construire des infrastructures publiques et sociales desti- nées à la vie communautaire. Là encore, ces politiques sont Notes très différentes de nombreuses initiatives menées à l’heure 1 WRI et al. 2008 ; Heltberg, Siegel et Jorgensen 2009. actuelle pour répondre aux besoins des réfugiés et des 2 Tompkins et Adger 2004. migrants forcés – que ces personnes soient déplacées à l’in- 3 Enfors et Gordon 2008. térieur du pays ou exilées à l’étranger. 4 Le premier scénario correspond approximativement au scénario B1 du RSSE selon lequel le monde est en bonne voie pour stabiliser les « Je voudrais m’adresser aux dirigeants du monde entier et leur demander de promouvoir l’éducation et d’encourager les efforts des collectivités locales pour donner aux enfants les moyens de protéger et de restaurer l’environnement. Les institutions sociales et politiques doivent agir et adapter leurs stratégies pour protéger la santé publique, notamment en faveur des enfants. En tant qu’élève de cinquième année, je pense que ces efforts peuvent contribuer à Raisa Kabir, Bangladesh, 10 ans assurer la survie de notre mère nourricière, la Terre ». — Dave Laurence A. Juntilla, Philippines, âgé de 11 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 114 16/09/10 12:39 Rendre l’humanité moins vulnérable en aidant les populations à s’aider elles-mêmes 115 gaz à effet de serre à 450–550 ppm de CO2e et la hausse des tempéra- 46 Hara, Takeuchi et Okubo 2005. tures à environ 2,5 °C au dessus des niveaux préindustriels. Le second 47 Bates et al. 2008. scénario, selon lequel les émissions sont nettement plus élevées, corre- 48 Banque mondiale 2008a. spond approximativement au scénario A1B du RSSE, qui conduirait 49 Satterthwaite et al. 2007. à une stabilisation à environ 1 000 ppm et à des températures 50 McEvoy, Lindley et Handley 2006. supérieures d’environ 5 °C à celles de la période préindustrielle ; voir 51 Laryea-Adjei 2000. Solomon et al. 2007. 52 Confalonieri et al. 2007. 5 Horton et al. 2008 ; Parry et al. 2007 ; Rahmstorf et al. 2007. 53 Ne comprend que la mortalité majeure due à des causes 6 Allan et Soden 2008. particulières et exclut les effets indirects et la morbidité ; voir 7 WBGU 2008. McMichael et al. 2004 ; Global Humanitarian Forum 2009. 8 Adger et al. 2008. 54 Banque mondiale 2008b. 9 Repetto 2008. 55 Robine et al. 2008. 10 Lempert et Schlesinger 2000. 56 Solomon et al. 2007 ; Luber et McGeehin 2008. 11 Keim 2008. 57 Corburn 2009. 12 Évaluation des écosystèmes pour le millénaire 2005. 58 Fay, Block et Ebinger 2010. 13 Ribot, à paraître. 59 Gallup et Sachs 2001. 14 Lempert et Schlesinger 2000 ; Lempert 2007. 60 Hay et al. 2006 ; cette estimation prend uniquement en compte 15 Lewis 2007. l’expansion du vecteur de maladie ; le gonflement de la population 16 Lempert et Schlesinger 2000 ; Lempert et Collins 2007. aggravera cet effet et accroîtra la population menacée de 390 millions 17 Bazerman 2006. de personnes (soit 60 %) par rapport à la base de référence démo- 18 Groves et Lempert 2007. graphique de 2005. 19 Ward et al. 2008. 61 Hales et al. 2002 ; en l’absence de changement climatique, seule- 20 Hallegatte 2009. ment 35 % de la population mondiale projetée en 2085 serait menacée. 21 Pahl-Wostl 2007 ; Brunner et al. 2005 ; Tompkins et Adger 62 OMS 2008 ; de la Torre, Fajnzylber et Nash 2008. 2004 ; Folke et al. 2002. 63 Keiser et al. 2004. 22 Cumming, Cumming, et Redman 2006. 64 Rogers et al. 2002. 23 Olsson, Folke et Berkes 2004 ; Folke et al. 2005 ; Dietz, Ostrom 65 Programme climatologique mondial 2007. et Stern 2003. 66 OMS 2005 ; Frumkin et McMichael 2008. 24 Olsson, Folke et Berkes, 2004 ; Folke et al., 2005 ; Dietz, Ostrom 67 L’amélioration de l’assainissement et de l’hygiène a des effets et Stern, 2003. bénéfiques sur la santé, comme le montre l’incidence des améliora- 25 Dietz et Stern 2008. tions sanitaires sur la santé des enfants de Salvador, ville brésilienne 26 Ligeti, Penney et Wieditz 2007. de 2,4 millions d’habitants. Le programme a réduit de 22 % la préva- 27 Pahl-Wostl 2007. lence des maladies diarrhéiques dans la ville entre 2003 et 2004 et de 28 FAO et CIFOR 2005. 43 % dans les communautés courant des risques élevés. Les améliora- 29 Organisation des Nations Unies 2008b. tions étaient imputables principalement aux nouvelles infrastructures 30 Organisation des Nations Unies 2008a. (Barreto et al. 2007). 31 Balk, McGranahan et Anderson 2008. Les zones côtières 68 AMWA 2007. de faible élévation désignent les terres côtières dont l’élévation est 69 Galiani, Gertler et Schargrodsky 2005. inférieure à 10 mètres ; voir Socioeconomic Data and Application 70 Richmond 2008. Center, http://sedac.ciesin.columbia.edu/gpw/lecz.jsp (accessed 71 Des preuves de plus en plus abondantes donnent à penser que January 8, 2009). les données existantes sur les pertes dues aux catastrophes naturelles 32 McGranahan, Balk et Anderson 2007. excluent la plupart des phénomènes mineurs qui représentent peut- 33 Le taux de migration net de Shanghai était de 4-8 % entre 1995 être jusqu’au quart des décès attribués aux risques naturels ; de and 2006, alors que le taux de croissance naturelle de la population nombreux responsables municipaux n’ont guère conscience des était inférieur à 2 % ; voir Organisation des Nations Unies 2008a. risques que le changement climatique fait courir aux habitants et aux 34 Nicholls et al. 2008. infrastructures de leur ville ; voir Awuor, Orindi et Adwera 2008 ; 35 Simms et Reid 2006. Bull-Kamanga et al. 2003 ; Roberts 2008. 36 Banque mondiale 2008a. 72 Hoeppe et Gurenko 2006. 37 Seo 2009. 73 Organisation des Nations Unies 2009. 38 Banque mondiale 2008g. 74 Organisation des Nations Unies 2008a. 39 Banque mondiale 2008g. 75 Stratégie internationale de prévention des catastrophes, http:// 40 En utilisant un seuil de pauvreté de 2,15 dollars par jour ; voir www.unisdr.org/eng/hfa/hfa.htm (consulté le 12 mars 2009). Ravallion, Chen et Sangraula 2007. 76 Forum économique mondial 2008. 41 Organisation des Nations Unies 2008a. 77 Milly et al. 2002. 42 Satterthwaite 2008. 78 The Nameless Hurricane, http://science.nasa.gov/headlines/ 43 Díaz Palacios et Miranda 2005. y2004/02apr_hurricane.htm (consulté le 12 mars 2009). 44 Pelling 1997. 79 Ranger, Muir-Wood et Priya 2009. 45 Banque mondiale 2008c. RapportMonde_LIVRE2.indb 115 16/09/10 12:39 116 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 80 Par exemple les services d’information fournis par l’Agence 121 Granovetter 1978 ; Kanaiaupuni 2000 ; Portes et Sensenbrenner écossaise pour la protection de l’environnement, www.sepa.org.uk/ 1993. flooding (consulté le 12 mars 2009). 122 Buskens et Yamaguchi 1999 ; Rogers 1995. 81 Lin 2008. 123 Foskett et Helmsley-Brown 2001. 82 Ghesquiere, Jamin et Mahul 2006. 124 Gillespie 2004. 83 Ferguson 2005. 125 Banque mondiale 2009. 84 Linnerooth-Bayer et Mechler 2006. 126 Ivanic et Martin 2008. 85 Mills 2007. 127 Grosh et al. 2008. 86 Manuamorn 2007 ; Giné, Townsend et Vickery 2008 ; Banque 128 Lobell et al. 2008. mondiale 2008e. 129 Kanbur 2009 ; Ravallion 2008. 87 Hochrainer et al. 2008. 130 Grosh et al. 2008. 88 Christen et Pearce 2005. 131 Grosh et al. 2008 ; Alderman et Haque 2006. 89 Llanto, Geron et Almario 2007. 132 Famine Early Warning Systems Network, www.fews.net 90 Kunreuther et Michel-Kerjan 2007 ; Tol 1998. 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Des questions d’équité se 139 Myers 2002 ; Christian Aid 2007. posent aussi : que faut-il faire au sujet des personnes qui ont toujours 140 Barnett et Webber 2009. vécu dans des zones très menacées, mais qui n’ont pas les moyens de 141 Black 2001 ; Anthoff et al. 2006. payer de véritables primes basées sur le risque ? 142 Gleditsch, Nordås et Salehyan 2007. 95 Kunreuther et Michel-Kerjan 2007. 143 Reuveny 2007. 96 Cummins et Mahul 2009. 144 Barnaby 2009. 97 Voir Cardenas et al. 2007 pour un exemple de l’utilisation 145 Theisen 2008 ; Nordås et Gleditsch 2007. d’instruments du marché en matière de gestion du risque financier 146 WBGU 2008 ; Campbell et al. 2007. souverain dans le cadre de catastrophes naturelles au Mexique. 147 WBGU 2008 ; Campbell et al. 2007. 98 Mechler et al. 2009. 148 Bartlett et al. 2009. 99 La Banque mondiale proposera des contrats sur produits dérivés climatiques basés sur un indice, http://go.worldbank. org/9GXG8E4GP1 (consulté le 15 mai 2009). 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Quelques dizaines d’espèces fournissent l’essentiel de leur nutri- tion de base : 20 % de leur apport en calories proviennent du riz3 et 20 % du blé4 , tandis que quelques espèces de bovins, de volailles et de porcins fournissent 70 % des protéines animales. Seuls les 20 % de protéines animales provenant des poissons, mollusques et crustacés recèlent une grande variété d’espèces alimentaires5. On estime que les êtres humains s’approprient le tiers de l’énergie solaire convertie en matière végétale6 . Le bien-être de l’humanité dépend témiques examinés se dégradent ou Menaces sur la biodiversité toutefois d’une multitude d’espèces sont utilisés de manière peu durable et les services des écosystèmes dont les complexes interactions au sein (tableau TB.1). Les principales causes Depuis environ deux siècles, l’espèce d’écosystèmes efficaces ont pour effet de cette dégradation sont la modifica- humaine joue un rôle prédominant de purifier l’eau, polliniser les fleurs, tion de l’utilisation des sols (généra- dans une des phases les plus intenses décomposer les déchets, préserver la lement au profit de l’agriculture et de de disparition d’espèces sur la planète. fertilité des sols, réguler l’écoulement l’aquaculture), un excès de nutriments En s’appropriant une grande partie des des eaux, amortir les phénomènes et le changement climatique. Les effets flux énergétiques à travers le réseau météorologiques extrêmes et satisfaire de la dégradation se concentrent sur trophique et en modifiant la compo- des besoins sociaux et culturels, parmi certaines régions, et les populations sition de la couverture des sols au bien d’autres (encadré TB.1). Selon pauvres en sont les premières victimes, profit des espèces les plus rentables, l’Évaluation des écosystèmes pour le car leur survie dépend le plus directe- elle a multiplié dans un rapport Millénaire, 15 des 24 services écosys- ment des services des écosystèmes7. allant de 100 à 1 000 le rythme de la disparition des espèces par rapport à la situation qui prévalait avant que l’homme ne domine la Terre8. Durant ENCADRÉ TB.1Qu’est-ce que la biodiversité ? Que sont les services les dernières décennies, les humains des écosystèmes ? ont pris conscience de leur impact sur la biodiversité et des menaces qui lui La biodiversité est la variété de toutes et plus de la moitié du nombre d’espèces les formes de vie, notamment des gènes, de mammifères et d’oiseaux vivant dans sont liées. La plupart des pays possè- des populations, des espèces et des ces deux pays. dent des programmes de protection de écosystèmes. Elle sous-tend les services Les services procurés par les la diversité biologique (d’une efficacité fournis par les écosystèmes et présente écosystèmes sont des processus ou des variable) et plusieurs traités et accords une valeur pour les usages présents fonctions présentant une valeur pour internationaux coordonnent la mise et de possibles usages futurs (valeurs les individus ou la société. L’Évaluation en œuvre de mesures visant à ralentir d’option), ainsi qu’une valeur intrinsèque. des écosystèmes pour le Millénaire ou stopper l’appauvrissement de la Le nombre d’espèces est souvent décrit cinq grandes catégories de utilisé comme indicateur de la diversité services écosystémiques : les services biodiversité. d’une zone, bien qu’il ne reflète que d’approvisionnement, tels que la L’évolution du climat fait peser une partiellement la diversité génétique production de nourriture et d’eau ; menace supplémentaire. Dans le passé, et la complexité des interactions les services de régulation, tels que la la biodiversité terrestre s’est adap- écosystémiques. Il existe entre 5 millions maîtrise du climat et des maladies ; les tée aux changements climatiques – y et 30 millions d’espèces sur la Terre ; la services de soutien, tels que le cycle des compris aux changements rapides – plupart sont des micro-organismes et éléments nutritifs et la pollinisation des par le biais de migrations ou de dispa- seulement environ 1,75 million d’espèces cultures ; les services culturels, tels que ont été formellement identifiées. Les les bienfaits spirituels et récréatifs ; et ritions d’espèces ainsi qu’en exploitant deux tiers de la diversité biologique se les services de préservation, tels que la les possibilités offertes à de nouvelles trouvent dans les régions tropicales ; en protection de la diversité. espèces. Cependant, le rythme du Équateur, on a constaté qu’une parcelle changement qui se poursuivra au cours de 25 hectares abritait davantage Sources : Évaluation des écosystèmes du siècle à venir, quelles que soient les d’essences d’arbres qu’il n’en existe dans pour le Millénaire, 2005 ; Kraft, Valencia et mesures prises pour atténuer l’évolu- l’ensemble des États-Unis et du Canada Ackerly 2008 ; Gitay et al. 2002. tion du climat, sera bien supérieur à celui des changements passés, si l’on RapportMonde_LIVRE2.indb 124 16/09/10 12:39 La biodiversité et les services des écosystèmes face au changement climatique 125 Tableau TB.1 Évaluation de l’évolution récente de la situation générale des principaux services fournis par les écosystèmes Service Sous- catégorie Situation Notes Service d’approvisionnement Nourriture Cultures ↑ Augmentation substantielle de la production Élevage ↑ Augmentation substantielle de la production Pêche de ↓ Baisse de la production due à la surpêche capture Aquaculture ↑ Augmentation substantielle de la production Nourritures ↓ Baisse de la production sauvages Fibres Bois d’œuvre +/– Diminution des forêts dans certaines régions, augmentation dans d’autres Coton, chanvre, +/– Baisse de la production de certaines fibres, augmentation pour d’autres soie Bois de feu ↓ Baisse de la production Ressources génétiques ↓ Pertes par extinction et perte de ressources génétiques des cultures Produits biochimiques, médicaments ↓ Pertes par extinction et surexploitation de la ressource naturels, produits pharmaceutiques Eau douce ↓ Utilisation non viable des ressources pour l’eau de boisson, l’industrie et l’irrigation ; volume d’énergie hydraulique inchangé, mais les barrages augmentent la capacité à utiliser cette énergie Services de régulation Régulation de la qualité de l’air ↓ Diminution de la capacité de l’atmosphère à se purifier Régulation du climat Niveau mondial ↑ Au plan mondial, les écosystèmes sont une source nette de séquestration de carbone depuis le milieu du siècle Niveau régional ↓ Prépondérance des impacts négatifs (par exemple, l’évolution de la et local couverture des sols peut influer sur la température et les précipitations locales) Régulation de l’eau +/– Varie suivant l’évolution et l’emplacement des écosystèmes Régulation de l’érosion ↓ Aggravation de la dégradation du sol Purification de l’eau et traitement des ↓ Dégradation de la qualité de l’eau déchets Régulation des maladies +/– Varie suivant les changements des écosystèmes Régulation des parasites ↓ Contrôle naturel dégradé par l’utilisation des pesticides Pollinisation ↓ Diminution apparente au niveau mondial de l’abondance de pollinisateurs Régulation des risques naturels ↓ Perte de tampons de protection naturels (zones humides, mangroves) Services culturels Valeurs spirituelles et religieuses ↓ Forte diminution des bois et espèces sacrés Valeurs esthétiques ↓ Déclin en quantité et en qualité des milieux naturels Récréation et écotourisme +/– Davantage de zones sont accessibles mais beaucoup sont dégradées Source : Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire, 2005. fait abstraction d’épisodes catastro- par an. Cette fourchette ne repré- à s’adapter, surtout dans les paysages phiques de disparition d’espèces tels sente que le dixième de la vitesse des fragmentés de notre époque, et bon que les impacts de météorite majeurs. changements qui se produiront dans nombre d’entre elles ne survivront pas Par exemple, le rythme de migration les zones climatiques durant le siècle au bouleversement de la composition des essences forestières au début et à venir9. Certaines espèces migre- des écosystèmes dont s’accompagnera à la fin de la période glaciaire la plus ront assez rapidement pour prospérer le changement climatique (carte TB.1). récente, il y a environ 10 000 ans, est dans de nouveaux endroits, mais de Selon les meilleures estimations de évalué à environ 0,3-0,5 kilomètre nombreuses autres ne parviendront pas disparitions d’espèces, environ 10 % RapportMonde_LIVRE2.indb 125 16/09/10 12:39 126 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Carte TB.1 Une grande partie des changements prévus dans les écosystèmes se situe dans des régions boréales et des zones désertiques qui ne sont pas considérées comme des zones sensibles en matière de diversité biologique, mais il existe encore d’importantes zones de chevauchement et sources de préoccupation Déplacement prévus des écosystèmes Zone sensible en matière de diversité biologique Chevauchement important entre les zones sensibles en matière de diversité biologique et les régions concernées par le déplacement des écosystèmes Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde, sur la base de Myers et al. (2000) et Fischlin et al., 2007. Note : La carte décrit le chevauchement entre les zones sensibles en matière de diversité biologique – caractérisées par une concentration exceptionnelle d’espèces endémiques souffrant d’une perte d’habitat hors du commun (Conservation International et Myers et al. 2000) –, ainsi que les changements prévus dans les écosystèmes terrestres d’ici à 2100 par rapport à 2000, tels qu’ils sont présentés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat dans Fischlin et al. (2007), graphique 4.3 (a), p. 238. Les changements ne doivent être considérés que comme une indication de l’ampleur possible des modifications écosystémiques et comprennent les gains et pertes en matière de couvert forestier, de prairies, de terres arbustives, de terrains boisés, de tapis herbacés et d’amélioration des déserts. des espèces seront condamnés à dispa- ténuation mal conçues, telles que le gestion actif et évolutif. Dans certains raître à chaque fois que la température défrichage de forêts et d’autres surfa- endroits, la gestion active consis- augmentera de 1 °C10, et un nombre ces boisées pour produire des biocar- tera à poursuivre l’amélioration de la encore plus grand sera menacé d’un burants, peuvent aller à l’encontre des protection de l’environnement face déclin important11. deux objectifs. Les grands barrages aux interventions humaines, tandis Les efforts déployés pour atténuer peuvent avoir de multiples effets posi- que dans d’autres la conservation des le changement climatique par des acti- tifs grâce à l’irrigation et la production ressources naturelles demandera une vités terrestres peuvent contribuer à d’énergie, mais ils peuvent aussi mena- intervention en faveur des espèces et préserver la biodiversité et les services cer la diversité biologique en provo- des processus qui régissent les écosys- des écosystèmes ou, au contraire, les quant des inondations directes ou en tèmes plus marquée et plus directe que menacer davantage. Il est possible d’ac- transformant radicalement le débit des les mesures actuelles. Dans tous les cas, croître les stocks de carbone dans le sol fleuves en aval et les écosystèmes qui les richesses de la biodiversité doivent et sur le sol grâce au reboisement et à en dépendent. être sérieusement prises en compte – la remise en végétation, ainsi que par dans le contexte du changement clima- le biais de pratiques agricoles telles que Que peut-on faire ? tique et des usages concurrentiels des la culture basée sur un faible travail La préservation de la diversité biolo- ressources terrestres et maritimes. du sol. Ces activités peuvent créer des gique dans le contexte du changement Il faudra pour cela adopter une paysages complexes et variés propices à climatique nécessite un réaménage- démarche permettant d’anticiper en la biodiversité, mais des mesures d’at- ment des priorités, ainsi qu’un mode de permanence la façon dont les écosys- RapportMonde_LIVRE2.indb 126 16/09/10 12:39 La biodiversité et les services des écosystèmes face au changement climatique 127 tèmes réagiront au changement clima- nement recherchés tout en conciliant Planification et gestion tique tout en subissant l’influence des impératifs concurrents12. de la biodiversité d’autres agents de modification de Toutefois, les zones protégées ne Il convient d’élaborer un plan visant à l’environnement. Certaines espèces peuvent pas à elles seules résoudre le gérer activement la viabilité des écosys- disparaîtront, d’autres survivront et problème du changement climatique. tèmes face au changement climatique certaines migreront et formeront de Le réseau de réserves de protection pour l’ensemble des terres et des eaux nouvelles combinaisons d’espèces. de l’environnement a rapidement protégées et les zones d’habitat impor- Comme il ne sera jamais possible augmenté au cours des dix dernières tantes, composé des éléments ci-après : d’anticiper complètement et parfai- années pour couvrir environ 12 % • Des plans de gestion intelligents sur tement ces changements, les mesures des terres émergées de la planète13, le plan climatique pour faire face de gestion devront s’inscrire dans un mais il ne suffit toujours pas à proté- aux facteurs de stress majeurs, tels cadre souple et évolutif. ger la diversité biologique. Compte que les incendies, les parasites et les La disparition de certaines espèces tenu des pressions démographiques charges en nutriments. est inévitable, et il sera peut-être et des conflits d’utilisation des sols, • Des mécanismes décisionnels et nécessaire d’en protéger d’autres dans un accroissement sensible des zones des déclencheurs permettant de les jardins botaniques, les parcs zoolo- protégées est improbable. Cela signifie modifier les priorités de la gestion giques ou les banques de semences. Il que les terres attenantes aux zones qui face au changement climatique. Par est essentiel d’identifier les espèces présentent une valeur et des priorités exemple, si une zone de préserva- majeures participant à la fourni- élevées en matière de préservation de tion de la biodiversité est touchée ture de services écosystémiques et, si l’environnement (la matrice environ- en un court laps de temps par deux nécessaire, de les gérer activement. nementale) et les personnes chargées incendies qui rendent improbable La gestion proactive des terres et des de gérer ces terres ou qui en dépendent le rétablissement de l’habitat et des mers dans le contexte du changement détermineront de plus en plus l’avenir valeurs dans leur état antérieur, climatique est un exercice relativement des espèces dans un contexte de chan- il conviendra de mettre en œuvre nouveau et mal défini. Le recensement gement climatique. un programme visant à gérer acti- de mesures de gestion réalistes est un En matière de protection de la vement la transition vers une autre domaine où l’information fait défaut : biodiversité, il sera plus nécessaire structure d’écosystèmes. il sera nécessaire de procéder à d’im- que jamais de disposer de stratégies • L’intégration dans les plans des portants échanges de connaissances et plus souples prenant en compte les droits, des intérêts et des contri- de meilleures pratiques et de renforcer intérêts de divers groupes sociaux. butions des peuples autochtones et sensiblement les capacités. À ce jour, ce sont les organisations d’autres populations directement non gouvernementales et les admi- tributaires des terres et des eaux Réserves de protection nistrations centrales qui ont été les concernées. de l’environnement plus actives dans la création de zones Une planification énergique de ce Toute expansion ou modification des protégées. Il faudra faire participer type est rare, même dans le monde zones prioritaires de préservation de un large éventail de gestionnaires, de développé15. Confronté au réchauffe- la biodiversité (réserves de protection propriétaires et de parties prenantes ment rapide de ses régions septentrio- de l’environnement) doit prendre en concernés par les terres et les eaux aux nales, le Canada a adopté une gestion compte les variables liées à l’altitude, partenariats de gestion afin d’atteindre proactive en matière de changement à la latitude, à l’humidité et aux sols. le degré de souplesse nécessaire à la climatique16. D’autres pays ont énoncé Les projets d’expansion ou de modi- préservation la biodiversité. Il faudra quelques-uns des principes fondamen- fication des réserves de protection de peut-être accorder des incitations et taux de la gestion proactive : prévi- l’environnement risquent de provo- des compensations à ces intervenants sion des changements ; gestion de la quer des conflits entre les différentes pour conserver une matrice capable biodiversité régionale, notamment des priorités concernant l’affectation des de fournir un refuge et des couloirs zones protégées et de leurs alentours ; terrains et les ressources dans le cadre de déplacement aux espèces. Parmi les définition de priorités à l’appui des de la gestion de la diversité biologique solutions possibles figurent les paie- prises de décisions pour faire face aux (faudra-t-il, par exemple, utiliser ments au titre de services environne- inévitables changements17. Dans de les fonds disponibles pour financer mentaux, les « banques d’habitats »14 nombreuses régions du monde, cepen- l’acquisition de terres ou plutôt une et l’approfondissement de « démarches dant, la gestion de base de la biodiver- gestion active de l’habitat ?). De puis- d’accès aux ressources axées sur les sité reste insuffisante. En 1999, l’Union sants outils permettent d’optimiser droits » telles que celles qui ont été internationale pour la conservation de l’affectation des terrains pour atteindre adoptées dans le domaine de la pêche. la nature a conclu que moins du quart les objectifs de protection de l’environ- RapportMonde_LIVRE2.indb 127 16/09/10 12:39 128 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E des zones protégées de dix pays en tèmes marins. La sédimentation et Rémunération des services développement étaient correctement l’eutrophisation causées par les eaux des écosystèmes gérées et que plus de 10 % étaient déjà de ruissellement réduisent la résistance La rémunération des services des écosys- fortement dégradées18. d’écosystèmes marins tels que les récifs tèmes est considérée depuis un certain coralliens21. La valeur économique de temps comme une façon efficiente et Gestion communautaire de ces récifs est souvent plus grande que équitable d’obtenir de nombreux résul- la protection de la biodiversité celle de l’agriculture pratiquée sur les tats dans le domaine de la préservation Il est possible de mettre en œuvre les terres qui altèrent leur intégrité22. de la biodiversité et de la fourniture de programmes de gestion communau- En ce qui concerne la pêche, les prin- ces services. Elle peut prendre diverses taire de la préservation de la diversité cipaux outils de gestion de la diversité formes : la rémunération des gestion- biologique à une échelle beaucoup biologique sont la gestion écosystémique naires des terres situées en amont des plus grande. Ces programmes visent des ressources halieutiques23, la gestion cours d’eau pour qu’ils gèrent les bassins à renforcer les droits d’utilisation et la intégrée des zones côtières (notam- versants de manière à protéger des gestion des ressources naturelles par ment les zones marines protégées)24 et services écosystémiques tels que l’écou- les populations locales en permettant des mesures contraignantes de coopé- lement des eaux propres ; le partage des aux populations les plus proches de ces ration internationale poursuivies dans bénéfices engendrés par les réserves de ressources, qui supportent déjà le coût le cadre du droit de la mer25. La pêche chasse avec les propriétaires terriens de la protection de la biodiversité (la est jugée être en crise et la mauvaise voisins dont les terres sont endomma- destruction des cultures par les animaux gestion des ressources halieutiques est gées par le gibier ; et, plus récemment, la sauvages, par exemple), de bénéficier mise en cause. Toutefois, les impéra- rémunération des propriétaires terriens aussi de ses avantages. Ces programmes tifs fondamentaux de la gestion de ces pour les inciter à maintenir ou accroître ne sont toutefois pas une panacée, et la ressources sont connus26. Le change- les stocks de carbone sur leurs terres. conception de programmes efficaces ment climatique peut relancer les efforts L’encadré TB.2 donne des exemples de exige davantage d’efforts. de réforme, notamment en réduisant la services de préservation de la biodiver- La participation des populations surcapacité de la flotte et en ramenant sité et de piégeage du carbone. locales est la condition sine qua non de l’effort de pêche à des niveaux tolé- Parce que les paiements sont effec- la réussite des activités de protection de rables27. Il convient de mettre en œuvre tués uniquement lors de la fourni- la biodiversité dans les pays en dévelop- une stratégie d’exploitation durable, ture d’un service, l’expérience passée pement, mais les exemples de succès qui évalue l’exploitation des stocks indique que les mécanismes financés durables (tels que la collecte d’œufs de par rapport à des niveaux de référence par les utilisateurs sont généralement tortue au Costa Rica et au Brésil) sont établis compte tenu des incertitudes et rares19. Il apparaît clairement que les mieux adaptés aux besoins locaux, du changement climatique28. Une des mieux suivis et mieux appliqués que facteurs suivants ont contribué à la principales difficultés est de traduire des programmes similaires financés réussite de certains programmes au les objectifs stratégiques en mesures par les pouvoirs publics30. plan régional, tels que les activités axées opérationnelles propices à une gestion sur les espèces sauvages en Afrique durable des ressources halieutiques29. australe : stabilité politique, ressources de grande valeur (faune embléma- tique), économies solides favorisant une utilisation des ressources axée sur ENCADRÉ TB.2 Rémunération des services des écosystèmes l’extérieur (activités relevant notam- et des services d’atténuation ment du tourisme et du safari), faible Parmi les programmes de rémunération 2,5 millions de tonnes d’équivalent densité démographique, gouvernance réussis figurent le projet de conservation dioxyde de carbone d’ici à 2017. En locale de qualité et politiques publiques des sols en Moldova et le programme Bolivie, les agriculteurs voisins du parc offrant un système de protection sociale de protection des oiseaux et des bassins national d’Amboró sont rémunérés pour qui soulage les populations durant versants de la vallée de Los Negros en protéger un bassin versant sur lequel se les années de vaches maigres. Dans Bolivie, – tous deux financés par le Fonds trouve une forêt de brouillard abritant certains pays, les pauvres ne bénéficient biocarbone de la Banque mondiale. En 11 espèces d’oiseaux migrateurs, – une généralement pas de retombées posi- Moldova, 20 000 hectares de terrains initiative qui a des effets positifs à la agricoles publics et communaux, fois sur la biodiversité locale et sur tives même quand ces conditions sont endommagés et érodés, font l’objet d’un l’approvisionnement en eau durant la remplies20. reboisement, ce qui contribue à atténuer saison sèche. Gestion des écosystèmes marins l’érosion et à alimenter les communautés locales en produits forestiers. Le projet Source : Unité des crédits carbone de la Une gestion des terres efficace a aussi devrait permettre de piéger environ Banque mondiale. des effets bénéfiques sur les écosys- RapportMonde_LIVRE2.indb 128 16/09/10 12:39 La biodiversité et les services des écosystèmes face au changement climatique 129 Carte TB.2 Le mécanisme REDD devrait profiter en priorité aux zones non protégées fortement menacées par la Le Programme de réduction des déforestation et abritant d’importants stocks de carbone. émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD) examiné par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques offre une possibilité Kalimantan Timur, appréciable d’accorder des paiements INDONÉSIE supplémentaires en faveur de la préser- vation de la biodiversité et de l’amélio- ration de la gestion des terres. REDD vise à atténuer les émissions de carbone en récompensant financièrement les pays qui luttent contre le déboisement et la dégradation du patrimoine fores- tier. Ces paiements pourraient s’ins- crire dans un mécanisme de marché établi dans le cadre du renforcement du processus du Mécanisme pour un développement propre ; il pourrait s’agir aussi de rémunérations versées hors marché par un nouveau méca- nisme de financement qui n’empiète pas sur les mécanismes de réduction des émissions de carbone. S’agissant de REDD, la difficulté se trouve dans la mise en œuvre, question examinée plus en détail au chapitre 6. REDD pourrait avoir un effet signi- ficatif à la fois sur la préservation de la biodiversité et sur l’atténuation du changement climatique s’il permet de protéger les zones riches en diversité biologique qui possèdent d’importants stocks de carbone et sont fortement menacées par la déforestation. Les techniques nécessaires pour identifier Frontière provinciale Frontière internationale ces zones existent et peuvent servir à orienter l’affectation des ressources Classement de la menace de déboisement/catégorisation du stock de carbone financières (carte TB.2)31. Faible menace/stocks moyens Menace modérée/stocks moyens Menace élevée/stocks moyens Pour faire face efficacement à Faible menace/stocks élevés l’évolution de l’impact et aux usages Menace modérée/stocks élevés Menace élevée/stocks élevés concurrentiels des écosystèmes dans Zone protégée Terres non forestières en 2003 Données non disponibles le contexte du changement climatique, les pouvoirs publics doivent mettre Sources : Brown et al., 1993 ; Harris et al., 2009. Note : Une étude réalisée récemment dans la région du Kalimantan oriental (Indonésie) à l’aide de GEOMOD et d’une en œuvre des politiques, des mesures base de données sur les stocks de carbone des forêts tropicales indonésiennes a permis de recenser les zones et des incitations solides, adaptées à les plus propices aux activités liées à l’initiative REDD. La carte qui en résulte met en évidence les zones fortement menacées par le déboisement qui abritent aussi des stocks de carbone élevés. La superposition des zones protégées la situation locale, pour modifier des existantes ou proposées permet aux décideurs d’orienter les ressources financières et les efforts de protection vers comportements existant depuis long- les zones où il est possible d’obtenir le maximum de résultats dans le cadre d’un mécanisme REDD (à savoir les zones en noir – menace élevée/stocks de carbone élevés – qui ne se situent pas dans les zones protégées existantes). temps, parfois illégaux. Comme ces mesures iront à l’encontre de certaines préférences locales, il est essentiel de trouver un équilibre entre la réglemen- tation et les incitations. REDD peut offrir des avantages aux habitants des RapportMonde_LIVRE2.indb 129 16/09/10 12:39 130 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E à la préservation, la régénération et ENCADRÉ TB.3Extraits de la Déclaration des populations la gestion des écosystèmes. Intégrée à une stratégie d’adaptation globale, autochtones sur le changement climatique cette démarche peut contribuer effica- « Toutes les initiatives prises au le renforcement des capacités et cement à l’adaptation au changement titre de l’Initiative de réduction des l’éducation. Nous insistons auprès des climatique tout en ayant des effets émissions dues au déboisement et à la instancescompétentes des Nations- positifs pour la société. dégradation des forêts (REDD) doivent Unies pour qu’elles facilitent et Outre leurs avantages directs en reconnaître et respecter les droits des financent la participation, l’éducation matière d’adaptation, les mesures peuples autochtones, notamment etle renforcement des capacités de la la sécurité des régimes fonciers, la jeunesse et des femmes autochtones d’adaptation à l’échelon de l’écosys- reconnaissance des titres fonciers pour garantirleur engagement dans tème peuvent avoir des effets positifs en vertu des usages traditionnels, tous les processus internationaux et indirects sur les populations, la biodi- les usages et lois coutumières et internationaux liés au changement versité et l’atténuation du changement les bénéfices multiples des forêts climatique » (Article 7). climatique. Par exemple, la régénéra- pour le climat, les écosystèmes et les « Nous offrons de partager avec tion des mangroves destinée à protéger populations avant que toute action soit l’humanité notre savoir traditionnel, nos contre les ondes de tempête peut aussi prise » (Article 5). innovations et pratiques concernant le « Nous demandons un financement changement climatique, si nos droits créer de nouvelles possibilités dans approprié et direct dans les États fondamentaux en tant que gardiens le domaine de la pêche et contribuer développés et en développement de ce savoir à travers les générations au piégeage du carbone. Les activités ainsi que la création d’un fonds pour sont pleinement reconnus et respectés. d’adaptation axées sur l’écosystème permettre la participation totale et Nous réaffirmons qu’il est urgent sont souvent davantage à la portée effectivedes peuples autochtones à tous d’entreprendre une action collective » des pauvres, des femmes et d’autres les processus liés au climat, notamment (Dernier paragraphe). groupes vulnérables vivant en milieu les activités d’adaptation, d’atténuation Cette déclaration a été publiée à et de suivi, ainsi que le transfert de l’occasion du sommet mondial des rural que les mesures basées sur l’in- technologies appropriées, de façon peuples autochtones qui s’est tenu à frastructure et l’ingénierie. À l’image à promouvoir notreautonomisation, Anchorage le 24 avril 2009. des méthodes d’adaptation basées sur les communautés locales, l’adaptation à l’échelle de l’écosystème tire effica- cement parti des connaissances et des forêts et aux communautés locales, barrages destinés à réguler le débit des besoins locaux. mais certaines conditions devront être rivières, sont autant de menaces pour L’adaptation reposant sur l’éco- remplies pour que ces avantages se la diversité biologique32. En matière système peut nécessiter de privilégier concrétisent. Les peuples autochtones, d’adaptation, il est souvent possible certains services écosystémiques au par exemple, ne tireront probablement d’obtenir des résultats en amélio- détriment d’autres. Ainsi, l’utilisation pas parti de REDD si leur identité et rant la gestion des écosystèmes plutôt des zones humides pour la protection leurs droits ne sont pas reconnus et s’ils qu’en procédant à des interventions du littoral peut-elle exiger que l’on ne disposent pas de droits de propriété physiques et techniques ; par exemple, mette l’accent sur l’accumulation et la sur leurs terres, territoires et ressources les zones tampons que forment les stabilisation du limon, au détriment (encadré TB.3). L’expérience tirée des écosystèmes côtiers peuvent amortir de la faune et des loisirs. La stabili- initiatives de gestion communautaire les ondes de tempête plus efficacement sation des versants à l’aide d’épais des ressources naturelles montre que la que les murs de protection. D’autres massifs d’arbustes est une méthode participation des populations locales, solutions consistent, d’une part, à gérer efficace d’adaptation écosystémique à notamment les peuples autochtones, les bassins hydrologiques et les plaines l’intensification des précipitations due au suivi collectif des ressources natu- inondables pour réguler le régime des au changement climatique. Durant relles permet de recueillir à peu de fleuves en aval, d’autre part à mettre en les périodes sèches souvent associées frais des données locales exactes sur place des agroécosystèmes à l’épreuve à la variabilité croissante des régimes l’évolution de la biomasse forestière et du changement climatique et à intro- pluviométriques résultant de l’évo- des ressources naturelles. duire le pastoralisme en terres arides lution du climat, les versants peuvent pour produire des moyens de subsis- toutefois être vulnérables aux feux de Adaptation basée sur tance durables. friches qui détruisent les arbustes et l’écosystème L’adaptation reposant sur l’écosys- compromettent de façon désastreuse Les mesures d’adaptation « dures », tème vise à renforcer la résistance et les efforts d’adaptation. Il convient telles que les murs de protection réduire la vulnérabilité des popula- donc d’évaluer l’adaptation à l’échelle du littoral, les digues fluviales et les tions au changement climatique grâce RapportMonde_LIVRE2.indb 130 16/09/10 12:39 La biodiversité et les services des écosystèmes face au changement climatique 131 de l’écosystème en fonction des risques 30 Wunder, Engel et Pagiola 2008. Cunningham, S. et T. Bostock, Successful et du rapport coût-efficacité. 31 Brown et al. 1993 ; Harris et al. 2009. Fisheries Management. Issues, Case Studies 32 Cette section s’appuie sur des and Perspectives, Eburon Academic données préparées par le Groupe ad hoc Publishers, Delft, 2005. Notes technique d’experts sur la biodiversité et Dudley, N. et S. Stolton, « Conversion 1 McGinley 2007. les changements climatiques (2009) pour la of Paper Parks to Effective Management: 2 Vitousek et al. 1999. Convention sur la diversité biologique et la Developing a Target », étude présentée lors 3 Fitzgerald, McCouch et Hall 2009. Convention-cadre des Nations unies sur les de l’Atelier commun du Projet d’innova- 4 Brown 2002. changements climatiques. tions forestières de l’UICN/WWF et devant 5 OMS et FAO 2009. la Commission mondiale des aires proté- 6 Haberl 1997. gées, en association avec l’Alliance Banque 7 Évaluation des écosystèmes pour le Bibliographie mondiale / WWF et la campagne « Des forêts Millénaire 2005. Bandyopadhyay, S. et G. Tembo, pour la vie », Turrialba, 14 juin 1999. 8 Lawton et May 1995. « Household Welfare and Natural Resource England, J. H., N. Atkinson, A. S. Dyke, 9 England et al. (2004) ont calculé que le Management around National Parks in D. J. A. Evans et M. Zreda, « Late Wisconsinan rythme annuel moyen du retrait des glaciers Zambia », Policy Research Working Paper Buildup and Wastage of the Innuitian Ice était de 0,1 kilomètre il y a environ 8 000 ans Series 4932, Banque mondiale, Washington Sheet across Southern Ellesmere Island, durant la dernière période glaciaire, ce qui a DC, 2009. Nunavut », Canadian Journal of Earth eu une incidence sur la vitesse à laquelle les Banque mondiale, The Sunken Billions: Sciences, 41 (1): 39-61, 2004. espèces pouvaient migrer en direction du The Economic Justification for Fisheries Évaluation des écosystèmes pour le pôle. Reform, Banque mondiale et FAO, Millénaire, Les Écosystèmes et le bien-être 10 Convention sur la diversité biologique Washington DC, 2008. humain : synthèse, World Resources Institute 2009 ; Fischlin et al. 2007. Beddington, J. R., D. J. Agnew et Washington DC, 2005. 11 Foden et al. 2008. C. W. Clark, « Current Problems in the FAO (Organisation des Nations Unies 12 Bode et al. 2008 ; Joseph, Maloney et Management of Marine Fisheries », Science, pour l’alimentation et l’agriculture), « The Possingham 2008 ; McCarthy et Possingham 316 (5832): 1713-16, 2007. Ecosystem Approach to Fisheries: Issues, 2007. Bode, M., K. A. Wilson, T. M. Brooks, Terminology, Principles, Institutional 13 UNEP-WCMC 2008. W. R. Turner, R. A. Mittermeier, Foundations, Implementation and 14 Il s’agit d’un système d’échange de M. F. McBride, E. C. Underwood et Outlook », Fisheries Technical Paper 443, terrains dont la protection représente un H. P. Possingham, « Cost-Effective Global FAO, Rome, 2004. intérêt particulier. Certains propriétaires de Conservation Spending Is Robust to ———, Putting Into Practice the terrains de ce type décideront de les placer Taxonomic Group », Proceedings of the Ecosystem Approach to Fisheries, FAO, Rome, dans une « banque d’habitats ». S’il se révèle National Academy of Sciences, 105 (17): 6498- 2005. nécessaire d’endommager des terres simi- 501, 2008. Fischlin, A., G. F. Midgley, J. T. Price, laires dans d’autres endroits, afin, par exem- Brown, S., L. R. Iverson, A. Prasad et R. Leemans, B. Gopal, C. Turley, ple, de construire une route, les promoteurs L. Dawning, « Geographical Distribution M. D. A. Rounsevell, O. P. Dube, du projet devront acheter à cette banque of Carbon in Biomass and Soils of Tropical J. Tarazona et A. A. Velichko, « Ecosystems, les droits de terrains présentant une valeur Asian Forests », Geocarto International, 4: Their Properties, Goods and Services », in équivalente du point de vue de la préserva- 45-59, 1993. Climate Change 2007: Impacts, Adaptation tion de l’environnement. Brown, T. A., Genomes, John Wiley & and Vulnerability. Contribution of Working 15 Heller et Zavaleta 2009. Sons, Oxford, 2002. Group II to the Fourth Assessment Report 16 Welch 2005. Campbell, L. M., B. J. Haalboom et of the Intergovernmental Panel on Climate 17 Hannah et al. 2002 ; Hannah, Midgley J. Trow, « Sustainability of Community- Change, sous la direction de M. Parry, et Miller 2002. Based Conservation: Sea Turtle Egg O. F. Canziani, J. P. Palutikof, P. J. Van 18 Dudley et Stolton 1999. Harvesting in Ostional (Costa Rica) Ten der Linden et C. E. Hanson, Cambridge 19 Campbell, Haalboom et Trow 2007. Years Later », Environmental Conservation, University Press, Cambridge (Royaume- 20 Bandyopadhyay et Tembo 2009. 34 (2): 122-31, 2007. Uni), 2007. 21 Smith, Gilmour et Heyward 2008. CIEM (Conseil international pour Fitzgerald, M. A., S. R. McCouch et 22 Gordon 2007. l’exploration de la mer), ICES Advice Book 9: R. D. Hall, « Not Just a Grain of Rice: The 23 FAO 2003 ; FAO 2005 ; Stiansen et al. Widely Distributed and Migratory Stocks, Quest for Quality », Trends in Plant Science, 2005. ICES Advisory Committee, Copenhague, 14 (3): 133-39, 2009. 24 Halpern 2003 ; Harmelin-Vivien et al. 2008a. Foden, W., G. Mace, J.-C. Vie, A. Angulo, 2008. ———, ICES Insight Issue No. 45, ICES, S. Butchart, L. DeVantier, H. Dublin, 25 Lodge et al. 2007. Copenhague, 2008b. A. Gutsche, S. Stuart et E. Turak, « Species 26 Cunningham et Bostock 2005. Convention sur la diversité biologique, Susceptibility to Climate Change Impacts », 27 OCDE 2008 ; Banque mondiale 2008. Draft Findings of the Ad Hoc Technical Expert in The 2008 Review of the IUCN Red List 28 Beddington, Agnew et Clark 2007. Group on Biodiversity and Climate Change, of Threatened Species, sous la direction de 29 FAO 2003 ; FAO 2005 ; ICES 2008a ; Convention sur la diversité biologique, J.-C. Vie, C. Hilton-Taylor et S. N. Stuart, ICES 2008b. Montréal, 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 131 16/09/10 12:39 132 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Union internationale pour la conservation REDD Intervention: East Kalimantan, and Implementation of Decommissioning de la nature, Gland, 2008. Indonesia, as a Case Study », Environmental Schemes in the Fishing Sector, OCDE, Paris, Gitay, H., A. Suarez, R. T. Watson et Research Letters, 3:035006, doi:10.1088/1748- 2008. D. J. Dokken (eds), Climate Change and 9326/3/3/035006, 2009. OMS et FAO (Organisation mondiale Biodiversity, étude technique du Groupe Heller, N. E. et E. S. Zavaleta, « Biodiversity de la Santé et Organisation des Nations d’experts intergouvernemental sur l’évolu- Management in the Face of Climate Change: Unies pour l’alimentation et l’agriculture), tion du climat, secrétariat du GIEC, Genève, A Review of 22 Years of Recommendations », « Global and Regional Food Consumption 2002. Biological Conservation, 142 (1): 14-32, 2009. 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Il réduira les rents et réduire sa vulnérabilité au change- rendements agricoles dans beaucoup de ment climatique, le monde devra concilier régions, de sorte qu’il sera plus difficile de deux objectifs : produire davantage à partir satisfaire les besoins alimentaires croissants de ses ressources naturelles, et protéger ces de la planète. Le changement climatique dernières. Cela signifie gérer les ressources survient alors même que la concurrence en eau, les terres, les forêts, les pêcheries pour les terres, les ressources en eau, la et la biodiversité de manière plus efficace biodiversité, les ressources halieutiques et pour pouvoir obtenir les produits et les autres ressources naturelles, s’intensifie. services dont l’humanité a besoin sans plus Dans le même temps, les sociétés humaines porter atteinte à ces ressources en les surex- ploitant, en les détruisant et en les polluant. Il faudra utiliser l’eau de manière plus rationnelle. Pour cela, les gestionnaires Idée force doivent réfléchir à l’échelle des bassins Le changement climatique accroîtra encore la difficulté que présente la production de denrées versants et trouver des moyens efficaces alimentaires en quantités suffisantes pour nourrir une population mondiale en expansion ; il et souples de répartir les ressources en eau modifiera aussi le volume et la qualité des ressources en eau ainsi que le moment où elles sont disponibles. Pour éviter d’empiéter sur des écosystèmes déjà perturbés, les sociétés humaines entre des impératifs quantitatifs et quali- devront pratiquement doubler le taux de croissance de la productivité agricole tout en réduisant tatifs concurrents – les besoins des popu- dans toute la mesure du possible les atteintes à l’environnement associées à un tel doublement. lations humaines (énergie, agriculture, Il faudra, pour cela, consacrer des efforts résolus au déploiement de pratiques connues mais pêche, consommation urbaine…) et ceux peu utilisées, identifier des variétés culturales capables de résister à des chocs climatiques, des écosystèmes (forêts, zones humides, diversifier les moyens de subsistance des populations rurales, améliorer la gestion des forêts et océans…). des pêcheries, et investir dans des systèmes d’information. Les pays devront coopérer pour gérer Les pays doivent tirer mieux parti de leur des ressources en eau partagées et améliorer le commerce des produits alimentaires. Il sera agriculture. La progression des rendements important de mettre en place des politiques de base performantes, mais aussi de s’appuyer sur des principales denrées agricoles se ralentit de nouvelles technologies depuis les années 60. Il sera impératif d’in- et pratiques. Les incitations financières pourront jouer un rôle utile. Certains pays réaffectent verser cette tendance pour que la planète au financement d’actions environnementales des fonds jusque-là consacrés aux subventions agricoles ; par ailleurs, l’attribution à une date future de crédits au titre du carbone stocké dans puisse satisfaire à ses besoins alimentaires les forêts et dans le sol pourrait promouvoir des réductions d’émissions et la réalisation des dans le contexte du changement climatique. objectifs de préservation. Les modèles varient, mais tous montrent la nécessité d’un fort accroissement de la RapportMonde_LIVRE2.indb 135 16/09/10 12:39 136 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E productivité1. Or cet accroissement ne pourra pas se faire raient toutefois bénéficier d’un regain d’intérêt pour trois aux dépens des terres, des ressources en eau et de la biodiver- raisons liées au changement climatique. Premièrement, tout sité, comme cela a été si souvent le cas par le passé. Les pays porte à croire que les prix des denrées alimentaires augmen- vont donc devoir accélérer leur effort de recherche, renforcer teront par suite de l’accroissement du nombre de chocs les services de vulgarisation et améliorer les infrastructures climatiques et de la progression de la demande. Cette hausse des marchés pour amener les produits jusqu’à ces derniers. des prix devrait stimuler l’innovation de manière à accroître Mais il leur faudra aussi offrir des incitations aux agricul- la productivité. Deuxièmement, il pourrait être possible teurs pour les encourager à réduire les émissions de carbone d’étendre la portée du marché du carbone afin de pouvoir générées par le travail du sol et le déboisement. Et ils devront rémunérer les agriculteurs qui stockent du carbone dans leurs aider ces mêmes agriculteurs à se prémunir contre les incer- sols, ce qui les encourageraient à préserver les forêts et à adop- titudes climatiques en diversifiant leurs sources de revenus ter des techniques culturales plus durables. Les techniques et les caractères génétiques des cultures, et à mieux intégrer requises ne sont pas encore éprouvées à l’échelle souhaitée, la biodiversité dans le paysage agricole. mais cette approche a un immense potentiel et présente en Une agriculture intelligente sur le plan climatique passera outre d’importants avantages concernant la productivité par une meilleure gestion de la biodiversité, à savoir l’intégra- agricole et la réduction de la pauvreté. Sous réserve d’un prix tion des habitats naturels dans les paysages ruraux, la protec- du carbone suffisamment élevé, les réductions des émissions tion des zones humides et le maintien des réservoirs d’eau générées, à l’échelle mondiale, dans le secteur agricole pour- que sont les aquifères. Les pays ont de plus en plus recours raient être aussi importantes que dans le secteur de l’énergie à des techniques qui améliorent la productivité du sol et de (voir Abrégé, encadré 8)2. Troisièmement, les pays pourraient l’eau. Mais ces innovations ne porteront leurs fruits que si les modifier la structure de leur appui à l’agriculture. Les pays décisions prises sont fondées sur une analyse intersectorielle riches consacrent 258 milliards de dollars par an au soutien solide et seulement si les utilisateurs reçoivent des incitations de leur secteur agricole3, et plus de la moitié de ce montant appropriées – des stratégies, des institutions et du marché. est accordé sur la base, uniquement, du volume de produc- Les ressources naturelles s’arrêtent rarement aux fron- tion ou des intrants utilisés. Bien qu’il soit difficile d’agir en tières politiques. Par suite du changement climatique qui ce domaine sur le plan politique, certains pays commencent complique la gestion des ressources, et la croissance démo- à modifier les conditions de ces subventions afin d’encoura- graphique qui accroît les pressions exercées au niveau de la ger la poursuite à grande échelle de pratiques intelligentes sur demande, les pays vont devoir coopérer bien plus étroitement le plan climatique. pour gérer les eaux, les forêts et les pêcheries internationales. Ce chapitre examine tout d’abord ce qui peut être fait au Il se tourneront tous, plus souvent, vers le marché agricole niveau national pour augmenter la productivité de l’agricul- international et bénéficieront donc d’un certain nombre de ture et de la pêche tout en protégeant mieux les ressources mesures – qu’elles concernent la gestion des stocks, l’adop- naturelles. Il passe ensuite en revue ce qui peut être fait pour tion de méthodes de passation des marchés plus concurren- soutenir les actions nationales, en mettant plus particulière- tielles, ou la logistique douanière ou portuaire – permettant ment l’accent sur la coopération internationale et le rôle essen- d’accroître la fiabilité et l’efficacité du commerce des denrées tiel de l’information tant au niveau mondial que local. Enfin, alimentaires. il montre la manière dont pourrait évoluer le cadre incitatif Le changement climatique accroît aussi l’importance que pour accélérer la mise en œuvre de pratiques bénéfiques et revêt la disponibilité d’informations sur les ressources natu- aider les sociétés humaines à concilier la nécessité de produire relles. Ces dernières – traditionnelles et nouvelles, internatio- davantage et celle de mieux protéger les ressources naturelles. nales et locales – seront d’un grand intérêt dans un contexte climatique plus variable et incertain, où les enjeux sont plus Poser les bases d’une bonne gestion élevés et la prise de décisions plus complexe. Elles appuient des ressources naturelles la gestion des ressources, la production de denrées alimen- Les études qui recommandent de renforcer les cadres stra- taires et les échanges. Lorsque les sociétés humaines produi- tégique et institutionnel ayant un impact sur la manière sent des informations fiables sur leurs ressources et peuvent dont les populations gèrent l’agriculture, l’aquaculture et les transmettre à des personnes en mesure de les utiliser, que des écosystèmes sains, abondent. Plusieurs mesures peuvent ce soit dans le cadre de la gestion des bassins versants inter- améliorer la productivité dans tous les secteurs et protéger nationaux ou dans les travaux des champs, celles-ci peuvent en même temps la santé de l’environnement à long terme. prendre des décisions en meilleure connaissance de cause. Aucune ne peut avoir d’effet si elle est prise indépendam- Beaucoup de ces approches n’ont rien de nouveau : elles ment de toute autre : chacune de ces mesures a besoin d’être sont préconisées de longue date dans les études consacrées appuyée par les autres pour produire des résultats, et toute aux ressources naturelles, mais la lenteur avec laquelle elles modification apportée à l’une d’elles peut avoir des ramifica- sont mises en œuvre est pour le moins décevante. Elles pour- tions dans l’ensemble du système. RapportMonde_LIVRE2.indb 136 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 137 Plusieurs thèmes se retrouvent quels que soient le secteur, liser les nouveaux systèmes. L’office d’irrigation, chargé de le climat et le groupe de revenu considérés. conseiller les agriculteurs, s’apprête à sous-traiter les services • Des outils décisionnels novateurs permettent aux utili- de conseil à des entreprises privées. Il va devoir trouver ces sateurs de déterminer les répercussions de différentes entreprises, conclure un accord avec elles et assurer leur actions sur les ressources naturelles. supervision – autant de tâches qui demandent des compé- Les activités de recherche et développement qui produi- tences très différentes. Et ces nouveaux conseillers devront sent des nouvelles technologies et les adaptent aux condi- également obtenir la confiance des agriculteurs. tions locales peuvent améliorer la gestion des ressources, , de La sélection des denrées que les agriculteurs cultivent même que les services de conseil qui aident les utilisateurs à est en partie déterminée par le soutien accordé par l’État mieux connaître les options disponibles. aux prix du sucre et du blé, soutien qui réduit l’intérêt que Les droits de propriété donnent aux utilisateurs des peuvent présenter d’autres cultures, telles que les fruits et ressources l’incitation requise pour les protéger ou investir légumes, qui ont une plus forte valeur ajoutée. Si les accords dans ces dernières. commerciaux internationaux permettaient de mieux • Une tarification des ressources reflétant leur pleine valeur garantir l’existence de débouchés fiables pour les nouvelles favorise une utilisation rationnelle de ces ressources. cultures, les agriculteurs pourraient se décider à changer • Des marchés bien réglementés sont nécessaires à beaucoup de cultures. Mais sans routes en bon état, sans transports de fonctions liées à l’agriculture ou aux ressources natu- réfrigérés et sans installations de conditionnement ultramo- relles ; les infrastructures revêtent aussi une importance dernes, les fruits et les légumes pourriront avant d’arriver à cruciale en donnant aux producteurs facilement accès à destination. ces marchés. Si les nouveaux services de conseil sont efficaces, les agri- • Il est important que des institutions solides puissent défi- culteurs apprendront à augmenter leurs revenus en cultivant nir et appliquer la réglementation. des fruits et des légumes pour l’exportation. Les services de L’information, à tous les niveaux, permet aux utilisateurs vulgarisation les aideront aussi à s’organiser et à travailler et aux gestionnaires de faire de meilleurs choix. avec les acheteurs européens. De nouvelles infrastructures Ces éléments fondamentaux valent aussi bien pour les (un poste de pesage fiable, une chambre froide) leur permet- ressources en eau que pour l’agriculture ou la pêche, comme tront de prendre le risque de changer de cultures. Si les le montre ce chapitre. agriculteurs peuvent obtenir des informations qu’ils jugent L’exemple des agriculteurs de la vallée de l’Oub Er Rbia, fiables sur les conséquences de leurs actions sur leurs nappes au Maroc, permet de comprendre comment ces facteurs phréatiques, ils décideront peut-être d’un commun accord agissent sur les incitations d’une communauté. Des ingé- d’utiliser l’eau de manière plus responsable. Si l’organisme nieurs ont conçu un système faisable d’irrigation au goutte- chargé de gérer un bassin versant dispose de nouveaux outils à-goutte, qui permettrait à ces agriculteurs d’accroître leurs de planification, il pourra répartir l’eau de manière plus revenus avec l’eau qu’ils reçoivent (en augmentant leurs rationnelle sur la base des priorités concurrentes de diffé- rendements ou en passant à des cultures à plus forte valeur rents utilisateurs, y compris l’environnement. À long terme, ajoutée). Des économistes ont déterminé que ce système sera de nouvelles mesures qui auront pour effet d’établir le prix rentable. Des hydrologues ont calculé la quantité d’eau qu’ils du carbone du sol ou de modifier l’allocation des ressources pouvaient raisonnablement allouer à ces agriculteurs sans en eau pourraient inciter les agriculteurs à utiliser d’autres compromettre la satisfaction des besoins environnemen- techniques de gestion du sol. Chaque élément du processus taux. Des sociologues ont rencontré les agriculteurs et déter- est réalisable et, à terme, profitera à chacun des intervenants. miné que 80 % de ces derniers souhaitaient investir dans Le problème consiste à coordonner l’ensemble des actions cette technologie. Des spécialistes du marketing ont contacté nécessaires au niveau de toutes les institutions impliquées, des entreprises agro-industrielles qui sont disposées à ache- et de persister à vouloir mener à son terme une opération ter le produit des nouvelles cultures. Les pouvoirs publics demandant beaucoup de temps. sont prêts à payer une bonne part des dépenses. Malgré cela, Il est impossible de gérer les ressources naturelles indé- il s’avère incroyablement difficile d’aller de l’avant. pendamment des autres, en particulier dans le contexte du Investir dans des canalisations neuves et modernes pour changement climatique. Il importe d’adopter de nouvelles faire venir de l’eau d’un barrage ne sera rentable que si une manières de procéder pour replacer l’eau, l’agriculture, les majorité d’agriculteurs mettent en place le système d’irri- forêts et la pêche dans un contexte plus large où les réalisa- gation au goutte-à-goutte dans leurs champs. Mais les agri- tions sont toutes interdépendantes. Dans certaines régions, culteurs ne verseront pas d’acompte pour l’achat du système les agriculteurs ont commencé à modérer leur consomma- d’irrigation avant d’être certains que les nouvelles canalisa- tion d’engrais pour protéger les écosystèmes aquatiques, et tions seront effectivement posées et amèneront bien l’eau. Ils les gestionnaires des pêcheries étudient comment l’imposi- ont également besoin d’informations sur la manière d’uti- tion de limites au volume des captures d’une espèce pourra RapportMonde_LIVRE2.indb 137 16/09/10 12:39 138 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E avoir un impact sur les captures d’autres espèces. Ces outils qui prennent en compte les effets potentiels de différentes de gestion rentrent dans le cadre d’approches désignées de actions dans de multiples conditions. diverses manières (gestion écosystémique, gestion intégrée La gestion évolutive (telle que décrite au chapitre 2) devra de la fertilité des sols, gestion évolutive, pour n’en citer que être appliquée à tous les niveaux de la gestion des ressources. quelques-unes). Ils ont toutefois tous un point commun : Les agriculteurs pourront surveiller l’état de leurs terres ils coordonnent une plus large gamme de variables (des pour adapter précisément l’emploi d’engrais aux conditions paysages plus vastes, des périodes plus longues, l’apprentis- locales (terres, eau, climat et cultures), sans porter atteinte sage par l’expérience) que les méthodes traditionnelles. Ils aux écosystèmes. Les populations rurales pourront déci- accordent également une grande importance à la nécessité der des cultures qu’elles planteront en fonction des quan- de disposer d’informations fiables sur les ressources exploi- tités d’eau qu’elles peuvent extraire sans risque des nappes tées afin que les recommandations soient adaptées, spéci- phréatiques, d’une année à l’autre, pour conserver l’eau fiques au site visé, et modulables en fonction de l’évolution de l’aquifère à titre d’assurance contre la sécheresse. Et les de la situation. En augmentant la variabilité du climat, le responsables de l’action publique pourront utiliser des outils changement climatique rendra les réactions des écosystèmes de prise de décision robuste pour négocier des accords inter- moins prévisibles ; les gestionnaires des ressources devront nationaux de partage des ressources plus solides. Ce chapitre pallier cette incertitude en établissant des plans « robustes », décrit de manière précise comment employer de nouveaux Figure 3.1 Le changement climatique dans un bassin versant type se fera sentir tout au long du cycle hydrologique Augmentation de la demande d’énergie hydraulique. La disponibilité d’eau en aval à différentes périodes se modifie. Modification de l’hydrologie forestière, conduisant à un appauvrissement La hausse des températures de la diversité biologique des forêts. entraîne la fonte des glaciers. L’écart se creuse entre les valeurs extrêmes des Le bassin reçoit plus d’eau La hausse des températures quantités d’eau disponibles (basses eaux plus faibles et moins de neige. accroît l’évaporation des et inondations plus fréquentes), ce qui a un impact sur masses d’eau et des sols. l’approvisionnement des centrales électriques Des pluies plus fortes en eau de refroidissement. accroissent l’érosion, L’augmentation de la production l’alluvionnement de biocombustibles accroît la Les villes côtières sont exposées aux et les glissements demande d’eau pour l’agriculture. inondations, aux tempêtes et à l’élévation de terrain. du niveau de la mer. L’augmentation des surfaces revêtues accélère le ruissellement et réduit la recharge de l’aquifère. Demande de ressources en hausse. La hausse des températures augmente AQUIF ÈRE les pertes par évaporation et la demande d’eau des cultures. Les périodes de végétation sont modifiées. Sécheresses plus fréquentes. Des précipitations moins fréquentes et plus fortes réduisent la recharge de l’aquifère. Les aquifères côtiers sont exposés à l’intrusion d’eau salée. L’augmentation de la concurrence pour l’eau L’intensification de la concurrence pour l’eau concentre la pollution. pourrait assécher les zones humides. Les changements de température, des volumes d’eau disponibles et de concentration d’éléments Sources : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde d’après Banque mondiale, à paraître d ; Bates et al. 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 138 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 139 outils et de nouvelles technologies pour gérer les ressources les systèmes naturels. Les régions actuellement tributaires en eau, l’agriculture et les pêcheries, et préconise la pour- des glaciers et de la fonte des neiges auront davantage de suite d’une démarche systémique pour faire face au change- ressources en eau douce dans un premier temps, mais ment climatique globalement dans ces trois domaines. celles-ci s’amenuiseront au fi l des ans5. Il est possible que les changements interviennent si rapidement et de manière Mieux exploiter et mieux protéger les ressources si imprévisible que les pratiques agricoles et de gestion de en eau l’eau traditionnelles cesseront de produire des résultats. C’est déjà le cas au Pérou, dans la Cordillère Blanche, où Le changement climatique va accroître la difficulté les conditions ont évolué si vite que les pratiques agricoles de la gestion des ressources en eau de la planète traditionnelles des populations autochtones sont mises en échec. Les pouvoirs publics et des scientifiques commencent Les effets du changement climatique se feront sentir à bien des à collaborer avec ces populations pour tenter de trouver de égards au niveau de l’eau. nouvelles solutions6. Le cycle de l’eau sera touché dans son intégralité (figure 3.1). Si, globalement, le monde doit devenir plus humide parce Il faudra améliorer nos connaissances sur les ressources en eau que le réchauffement climatique accélérera le cycle hydro- de la planète afin de pouvoir mieux la gérer. logique, l’augmentation de l’évaporation va aussi accroître Pour bien gérer les ressources en eau, il est essentiel de la prévalence de conditions de sécheresse (carte 3.1). Dans connaître la quantité d’eau disponible dans chaque bassin la plupart des régions, les précipitations seront plus intenses ainsi que ses différentes utilisations. Cela n’est toutefois et plus variables, et seront souvent entrecoupées de périodes pas aussi simple qu’il y paraît. Ainsi que le note le Rapport sèches plus longues (carte 3.2)4. Cette évolution aura des mondial sur la mise en valeur des ressources en eau publié répercussions généralisées sur les activités humaines et Carte 3.1 Les projections des quantités d’eau disponibles indiquent un changement radical d’ici le milieu du XXIe siècle dans de nombreuses régions du monde Évolution de l’écoulement annuel moyen (%) < –30 –30– –15 –15– –5 –5 – 5 Pas de données 5–15 15– 30 > 30 Concordance < 2/3 des modèles Sources : Milly et al. 2008 ; Milly, Dunne, et Vecchia 2005. Note : Les couleurs indiquent l’évolution en pourcentage des valeurs des écoulements annuels (sur la base de la médiane de 12 modèles climatiques mondiaux utilisés avec le scénario A1B du RSSE établi par le GIEC) entre les périodes 2041-2060 et 1900-1970. Les zones blanches correspondent aux régions pour lesquelles moins des deux tiers des modèles s’accordent à indiquer une augmentation ou une diminution des écoulements. L’écoulement est égal aux précipitations moins l’évaporation, mais les valeurs indiquées ici sont des moyennes annuelles, qui peuvent masquer une variabilité saisonnière des précipitations, par exemple l’augmentation à la fois des inondations et des sécheresses. RapportMonde_LIVRE2.indb 139 16/09/10 12:39 Carte 3.2 Le monde va connaître à la fois des périodes de sécheresse plus longues et des épisodes de précipitations plus intenses a. Des périodes sèches plus longues Évolution du nombre de jours de sécheresse consécutifs (en nombre de jours) < –20 –20 – –10 –10– –5 –5–0 Concordance < 2/3 des modèles 0–5 5 –10 10–20 > 20 b. Des chutes de pluie plus intenses Évolution de l’intensité des précipitations (% d’évolution du cumul de pluie moyen des jours pluvieux – SDII) < –15 –15 – –10 –10– –5 –5–0 Concordance < 2/3 des modèles 0–5 5 – 10 10–15 > 15 Source : Base de données multimodèle CMIP3 du Programme mondial de recherche sur le climat (http://www-pcmdi.llnl.gov/ipcc/about_ipcc.php). Analyse de la Banque mondiale. Note : Les cartes montrent l’évolution de la médiane (sur la base de 8 modèles climatiques utilisant le scénario A1B du RRSE) des valeurs annuelles entre les périodes 2030-2049 et 1980-1999. On parle de jour « de sécheresse » lorsque les précipitations sont inférieures à 1 millimètre, et de jour « pluvieux » lorsque les précipitations sont supérieures à 1 millimètre. L’intensité des précipitations (SDII, ou indice d’intensité moyen d’un jour de pluie) est égale au total des prévisions de précipitations annuelles divisé par le nombre de jours « pluvieux ». Les zones blanches sont celles pour lesquels les résultats des modèles ne concordent pas dans une large mesure (concordance de moins des deux tiers des modèles sur le signe de l’évolution). RapportMonde_LIVRE2.indb 140 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 141 par l’Organisation des Nations Unies, rares sont les pays La planète a une quantité fixe d’eau, dont la forme et la qui savent combien d’eau est utilisée sur leur territoire et à localisation varient dans l’espace et dans le temps9. Les êtres quelles fins, la quantité et la qualité de l’eau disponible, et humains n’ont guère la maîtrise de l’essentiel de cette eau – l’eau les volumes qui peuvent être prélevés sans que cela ne nuise salée des océans, l’eau douce des glaciers et l’eau contenue dans gravement à l’environnement, et même quelles sommes sont l’atmosphère. La plupart des investissements concernent l’eau investies dans des infrastructures pour l’eau7. La comptabi- des cours d’eau et des lacs, mais l’humidité du sol et les eaux lité des ressources en eau est une opération complexe. Les souterraines représentent, conjointement, 98 % de l’eau douce définitions et les méthodes varient, et sont souvent source de disponible dans le monde (figure 3.2)10. Beaucoup s’inquiètent confusion. Par exemple, selon Pacific Institute, les ressources des quantités d’eau potable disponibles, sans se rendre compte en eau renouvelables annuelles de la République arabe que la consommation humaine d’eau est avant tout le fait de d’Égypte seraient de 86,8 kilomètres cube pour 2007, tandis l’agriculture. Chaque jour, une personne boit entre 2 et 4 litres qu’Earthtrends évalue ces mêmes ressources à 58 kilomètres d’eau mais consomme des aliments dont la production a exigé cube. Les deux rapports indiquent la même source d’infor- entre 2 000 et 5 000 litres d’eau11. Ces moyennes masquent mation. Le problème tient au fait que le terme utilisation d’énormes variations. Dans certains bassins, ce sont les indus- est interprété différemment (le chiffre supérieur comprend tries et les zones urbaines qui consomment le plus d’eau ; ce les quantités d’eau recyclées en Égypte, contrairement au sera en outre le cas de plus en plus de bassins étant donné le chiffre inférieur) 8. rythme actuel de la croissance urbaine12. Figure 3.2 L’eau douce des cours d’eau représente une très petite partie de l’eau disponible sur la planète – et l’agriculture est le principal consommateur d’eau Ressources en eau douce de la planète Océans Végétation Zones humides Permafrost 1% 97,5 % 0,8 % 8,5 % Eau souterraine 30,1 % Atmosphère 9,5 % Surface Humidité et du sol Eau douce 12,2 % 2,5 % atmosphère 0,4 % Cours d’eau 1,6 % Lacs Glaciers d’eau douce 68,7 % 67,4 % Prélèvements d’eau par secteur Prélèvement net d’eau, par secteur (cours d’eau, lacs et eau souterraine) Industrie et Électricité ménages 10 – 11 % 7% Usages domestiques Agriculture et autres usages 93 % industriels Cours d’eau, lacs 19 – 20 % et eau souterraine Évaporation des réservoirs 3 –4 % Agriculture 67 – 68 % Source : Shiklomanov 1999 ; Shiklomanov et Rodda 2003 ; Vassolo et Döll 2005. Note : La consommation humaine d’eau influe sur la qualité et sur les quantités totales et à différentes périodes des ressources en eau disponibles pour d’autres utilisations. L’être humain prélève généralement l’eau qu’il utilise dans les lacs, les cours d’eau et les nappes souterraines ; l’eau peut être consommée puis retourner dans la partie atmosphérique du cycle hydrologique, ou bien être restituée dans le bassin versant. L’eau utilisées pour l’irrigation est prélevée sur une base nette – elle devient indisponible pour un autre usage dans le bassin. En revanche, le lâcher d’eau d’un barrage pour faire tourner des turbines hydroélectriques constitue une utilisation neutre sur le plan quantitatif car l’eau est disponible pour des utilisateurs en aval, même si ce n’est pas nécessairement au moment opportun. Les prélèvements effectués par une ville pour la distribution d’eau municipale sont pour l’essentiel neutres sur le plan quantitatif, mais si l’eau restituée n’est pas convenablement épurée, la qualité de l’eau en aval s’en trouve affectée. RapportMonde_LIVRE2.indb 141 16/09/10 12:39 142 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Le changement climatique aura pour effet de réduire la sur l’expérience pour prévoir les conditions hydrologiques quantité d’eau stockée naturellement dans les couvertures futures. C’est pourquoi, à l’instar d’autres gestionnaires de neigeuse et glacière, ce qui aura manifestement des consé- ressources naturelles, les ingénieurs en hydrologie mettent quences sur le stockage de l’eau dans les aquifères et obligera au point de nouveaux instruments pour étudier les impacts les organismes de gestion des eaux à concevoir et à exploi- à différentes échelles spatiales et temporelles et, ce faisant, ter les réservoirs différemment. Ces organismes devront faciliter l’évaluation des arbitrages nécessaires et faire des gérer l’intégralité du cycle de l’eau. Ils ne pourront plus se choix robustes face à avenir incertain (encadré 3.1)13. permettre de ne s’occuper que de la fraction des ressources en eau constituée par les cours d’eau et les lacs et de laisser En raison du changement climatique, il sera encore aux propriétaires fonciers le soin de gérer les eaux souter- plus important d’appliquer et de faire respecter des raines et l’humidité des sols. De nombreux bassins vont stratégies d’utilisation de l’eau rationnelles. être confrontés, simultanément, à une augmentation de la Il sera de plus en plus important d’allouer les ressources en demande, à une diminution des volumes disponibles et une eau de manière efficace et de plafonner la consommation à plus grande variabilité des ressources. Dans ces conditions, des niveaux viables. Lorsque les ressources en eau sont les responsables de la gestion de l’eau auront moins de marge peu abondantes, certains consommateurs peuvent en de manœuvre si leurs décisions ne sont pas robustes, c’est-à- consommer de trop grandes quantités ce qui a pour effet dire adaptées à de multiples situations. Pour aider les socié- d’en priver d’autres personnes ou de nuire aux écosystèmes tés humaines à faire face à ces changements, différents outils et de compromettre les services qu’ils fournissent. Lorsque existent, qui vont de réformes stratégiques aux protocoles la consommation dans un bassin dépasse la quantité d’eau décisionnels, et des technologies de collecte de données à la disponible, les usagers doivent consommer moins et l’eau conception de nouveaux types d’infrastructures. doit être répartie conformément à certaines procédures Parce que le changement climatique va modifier les ou certaines règles. Les responsables de l’action publique schémas hydrologiques, il ne sera plus possible de se fonder ont alors deux options: ils peuvent soit établir des ENCADRÉ 3.1 Prise de décision robuste : Une nouvelle manière de gérer les ressources en eau En situation d’incertitude, les processus la stratégie qui réduit le plus possible la conclure que les coûts atteindraient des décisionnels traditionnels ont recours vulnérabilité face à une gamme de risques niveaux inacceptables si trois phénomènes aux distributions de probabilités pour possibles. se produisaient simultanément : une forte classer les différentes actions possibles, La compagnie des eaux Inland Empire baisse des précipitations, une modification sur la base de l’enveloppe des risques Utilities Agency (IEUA) , qui opère dans importante du prix de l’eau importée, et antérieurs. Toutefois, cette méthode ne le sud de la Californie, a employé cette une diminution de la percolation naturelle peut pas être suivie lorsque les décideurs méthode pour intégrer les effets du dans le bassin versant. ne connaissent pas les relations de changement climatique dans son plan de L’objectif de l’opération était de réduire la cause à effet, ou ne parviennent pas gestion à long terme des eaux urbaines. vulnérabilité de la compagnie des eaux à s’entendre sur ces dernières, sur la Tout d’abord, elle a établi des projections dans le cas où ces trois phénomènes probabilité de différents événements, probables du climat dans la région en surviendraient simultanément. IEUA ou sur la manière dont différentes combinant les résultats de 21 modèles a identifié de nouvelles ripostes, réalisations doivent être évaluées. Comme climatiques. Grâce à l’intégration d’un notamment l’augmentation de l’efficacité indiqué au chapitre 2, la prise de décision modèle de simulation de gestion des de l’utilisation de l’eau, la collecte d’une robuste est un moyen différent de gérer ressources en eau, les hypothèses relatives plus grande quantité d’eaux pluviales les risques. Les stratégies robustes sont à l’évolution du climat, la quantité et pour recharger la nappe phréatique, le celles qui donnent de meilleurs résultats la disponibilité de l’eau souterraine, recyclage de l’eau, et l’augmentation des que les autres dans une large gamme l’urbanisation, les coûts des programmes importations d’eau les années pluvieuses de conditions futures plausibles. Elles et le coût de l’importation d’eau ont été afin de pouvoir prélever de plus grandes sont formulées au moyen de modèles examinées dans le contexte de centaines quantités d’eau souterraine les années de simulation informatiques qui ne de scénarios. IEUA a ensuite calculé la de sécheresse. La compagnie a constaté prédisent pas l’avenir mais établissent de valeur actuelle des coûts des différentes que, si toutes ces mesures étaient mises vastes ensembles de conditions futures méthodes d’approvisionnement en eau en œuvre, les coûts ne dépasseraient plausibles pour identifier les stratégies dans le cadre de 200 scénarios. Elle a pratiquement jamais le plafond de robustes envisageables et évaluer éliminé toutes les stratégies produisant 3,75 milliards de dollars. systématiquement les résultats qu’elles des coûts supérieurs à 3,75 milliards de produisent. Il ne s’agit pas ici d’aboutir dollars sur une période de 35 ans. L’analyse Source : Groves et al. 2008 ; Groves et Lempert à une solution optimale mais de trouver exploratoire de scénarios a permis de 2007 ; Groves, Yates, et Tebaldi 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 142 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 143 volumes limites déterminés pour les différentes catégories L’irrigation consomme de l’eau sur une base nette et se de consommateurs, et les faire respecter, soit agir au prête moins à l’établissement d’un système de tarification. niveau des prix pour encourager les usagers à réduire D’une part, la quantité d’eau effectivement consommée est leur consommation, voire même à acheter ou vendre des difficile à mesurer. D’autre part, l’expérience montre que droits d’utilisation. Quelle que soit l’option retenue, il faut les agriculteurs ne réduisent pas leur consommation tant des informations fiables et des institutions solides pour que le prix n’atteint pas un multiple du coût de la fourni- concevoir et appliquer des mesures judicieuses. ture du service. Mais pour la plupart des pays, il est poli- L’option de l’allocation de volumes prélevables est celle tiquement inacceptable de facturer beaucoup plus que le qui est le plus souvent retenue mais il est difficile de bien la montant nécessaire pour recouvrer les coûts d’exploitation. maîtriser. L’Afrique du Sud a élaboré l’un des dispositifs les Enfin, une augmentation trop importante du prix des eaux plus perfectionnés qui existe, mais elle s’efforce toujours de de surface encouragera tout agriculteur pouvant forer dans l’améliorer. Sa loi sur l’eau de 1998 stipule que l’eau est un un aquifère à utiliser à la place de l’eau souterraine, ce qui ne bien public et ne peut appartenir à une personne privée14. fera que déplacer le problème de surconsommation20. Tous les utilisateurs doivent s’enregistrer, obtenir un permis Dans la plupart des pays, l’État ou tout autre propriétaire de consommation, et payer pour cette consommation, y de l’eau fait payer à la compagnie des eaux municipale ou compris pour l’eau des cours d’eau ou l’eau souterraine qu’ils à l’office d’irrigation l’eau prélevée des cours d’eau ou des prélèvent à leurs frais. L’activité de réduction du débit des eaux aquifères, autrement dit l’eau en gros. Pour de multiples constitue une catégorie d’utilisation de l’eau, ce qui signifie raisons techniques et politiques, peu de pays lui appliquent que le propriétaire d’une plantation forestière doit obtenir un tarif suffisamment élevé pour modifier l’allocation des une autorisation au même titre qu’un agriculteur qui irrigue ressources entre les différentes utilisations concurrentes21. ses champs ou qu’une compagnie des eaux urbaines. Seules De fait, aucun pays n’alloue l’eau en gros sur la base de prix 22, les plantations forestières ont pour l’instant été classées dans bien que l’Australie s’achemine vers un système de ce type23. la catégorie des « activités de réduction du débit des eaux », Même si elle est loin d’être simple, la fi xation de quotas pour mais l’agriculture pluviale et les opérations de récupération la quantité cumulée d’eau de surface et d’eau souterraine de l’eau pourraient aussi l’être à terme. Le fait de considérer allouée à l’irrigation, ou mieux, la quantité d’eau effecti- l’industrie forestière comme un consommateur d’eau met vement consommée (évapotranspiration), semble être une directement en concurrence les modes d’utilisation des sols méthode plus réaliste sur le plan politique et administratif avec les autres utilisations des ressources en eau. Les droits que la fi xation de tarifs visant à limiter le prélèvement net à l’eau ne sont garantis que pour les réserves écologiques et total24. pour la consommation par chaque personne d’une quantité d’eau qui ne peut être inférieure à 25 litres par jour pour La mise en place d’un marché des droits sur l’eau pourrait pouvoir satisfaire à ses besoins fondamentaux15. améliorer la gestion de l’eau à long terme mais ne constitue Le prix de l’eau est presque toujours inférieur à sa valeur, pas une option réaliste à court terme dans la plupart des ce qui incite peu les usagers à l’utiliser de manière ration- pays en développement. Un marché des droits sur l’eau nelle16. Pratiquement toutes les études consacrées à ce sujet peut accroître dans une mesure considérable l’efficacité de prônent l’adoption d’instruments économiques pour réduire l’allocation d’eau et dédommager les personnes prêtes à la demande17. La facturation des services d’eau (irrigation, renoncer à une partie des quantités d’eau qu’elles pourraient eau potable, collecte et épuration des eaux usées) peut égale- utiliser25. Des marchés officiels de droits sur l’eau sont en ment permettre de recouvrer les coûts de la fourniture du place en Afrique du Sud, en Australie, au Chili, et dans l’ouest service et de l’entretien des infrastructures18. des États-Unis. Les études menées en Australie indiquent L’effet de la tarification sur le niveau de la demande varie que les marchés des droits sur l’eau ont aidé les agriculteurs selon l’utilisation qui est faite de l’eau. La tarification des eaux à faire face aux sécheresses et ont stimulé l’innovation et municipales permet généralement de réduire la demande, l’investissement sans intervention des pouvoirs publics. en particulier lorsque cette mesure s’accompagne d’efforts Toutefois, les aspects détaillés de la structure d’un tel d’éducation des usagers. Quand l’eau est chère, beaucoup marché déterminent son succès dans une large mesure, de compagnies des eaux et d’usagers réparent les fuites et et il faut du temps pour créer les institutions nécessaires. consomment seulement la quantité dont ils ont besoin19. Plusieurs dizaines d’années ont été nécessaires pour déve- Mais comme la consommation urbaine n’est responsable, en lopper ces capacités en Australie, alors même que ce pays moyenne, que de 20 % des prélèvements d’eau, les effets sur la jouissait de longue date d’une bonne gouvernance, avait une consommation totale de ces efforts sont limités (figure 3.2). population instruite et habituée à respecter certaines règles, Par ailleurs, comme l’utilisation des eaux municipales est et avait déjà un dispositif général d’allocation en place avant essentiellement neutre sur le plan quantitatif, la diminution la création du marché des droits sur l’eau26. Les pays qui de la consommation d’eau dans les villes augmente peu les autorisent les échanges de droits sur l’eau mais qui ne dispo- disponibilités dans le reste du bassin. sent pas des capacités institutionnelles nécessaires pour faire RapportMonde_LIVRE2.indb 143 16/09/10 12:39 144 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E appliquer les quotas attribués à chaque usager enregistrent Il sera nécessaire, face au changement climatique, généralement une forte augmentation de la surexploitation d’investir dans de nouvelles technologies et de mieux (encadré 3.2). exploiter les technologies existantes En réduisant la prévisibilité des ressources en eau qui seront disponibles à l’avenir, le changement climatique, Le stockage de l’eau peut aider à faire face à la variabilité complique encore le défi que pose la mise en place d’un accrue des ressources. Le stockage d’eau dans les rivières, marché des droits sur l’eau27. Même lorsque le climat est les lacs, les sols et les aquifères est un élément essentiel de stable, il est difficile à des organismes pourtant perfection- toute stratégie visant à gérer la variabilité des ressources en nés de déterminer à l’avance les volumes d’eau pouvant être eau – aussi bien pour faire face aux sécheresses (l’eau stockée alloués sans risque aux différents usagers, et les volumes est utilisée pendant les périodes sèches) qu’aux inondations qui devraient être mis en réserve pour les besoins de l’en- (le maintien d’une capacité de stockage suffisante vironnement28. Parce qu’ils n’ont pas pris suffisamment en permet d’absorber l’excédent d’eau). Dans la mesure où compte certaines utilisations (comme celles des plantations le changement climatique va réduire le stockage naturel forestières et de la végétation naturelle) ou certaines modi- sous forme de glace et de neige et dans les aquifères (en fications dans le comportement des usagers, les dispositifs ralentissant leur recharge), un grand nombre de pays vont mis en place en Australie et au Chili ont émis des droits devoir augmenter leurs capacités de stockage artificielles. pour des volumes d’eau supérieurs aux ressources réelle- La planification des ressources en eau devra prendre en ment disponibles. Il leur a fallu entreprendre un délicat, et compte les possibilités de stockage offertes par l’ensemble douloureux, processus de réallocation ou de réduction des du paysage. L’eau stockée dans le sol pourra être utilisée plus droits attribués29. Des marchés bien réglementés sur lesquels efficacement si l’on gère la couverture des sols, en particu- sont négociés des droits portant sur des quantités d’eau défi- lier en améliorant la productivité de l’agriculture pluviale. nies est un bon objectif à long terme, mais la plupart des La gestion des eaux souterraines, déjà difficile, revêtira une pays en développement devront passer par différentes étapes importance grandissante à mesure que la fiabilité des eaux intermédiaires, cruciales, avant d’y parvenir30. de surface diminuera. Les eaux souterraines servent de protection contre les aléas de l’approvisionnement public ENCADRÉ 3.2 Les dangers de créer un marché des droits sur l’eau avant la mise en place de structures institutionnelles Une étude du cas de l’Australie parvient subventions publiques), et les problèmes d’eau à laquelle chacun a droit, exprimée à la conclusion que « avec le recul et institutionnels (il faut mettre en place un en nombres d’heures d’écoulement. l’expérience acquise, il apparaît plus cadre réglementaire distinct et créer des Les dispositifs qui autorisent l’échange clairement que… de nombreux problèmes organismes pour définir les droits, gérer de quantités d’eau sans que les droits sur structurels doivent être résolus. Le les allocations et contrôler l’utilisation de l’eau aient été définis ou soient respectés marché des droits sur l’eau ne sera sans l’eau ; établir des registres fiables dès le peuvent aggraver la surexploitation. doute un succès incontestable que si et début du processus ; permettre le report Les agriculteurs de la région de Ta’iz, en seulement si les régimes de gestion des d’une année sur l’autre des quantités d’eau République du Yémen, vendent leur eau allocations et des utilisations sont conçus inutilisée ; mettre en place un secteur privé souterraine à des opérateurs de camions- pour permettre ce type de transactions du courtage ; et assurer la communication citernes qui approvisionnent la ville. Avant et si les mécanismes de gouvernance rapide de l’information à toutes les la création de ce marché, les agriculteurs correspondants empêchent toute parties). prélevaient de l’aquifère seulement les allocation excessive. Il est justifié de Certains pays pratiquent de longue quantités d’eau dont ils avaient besoin s’opposer à la création d’un tel marché tant date un commerce de l’eau informel. pour leurs cultures. Le commerce de l’eau, que tous les aspects du dispositif n’ont pas Les marchés qui fonctionnent bien qui a fait monter le prix unitaire de l’eau, fait l’objet d’études détaillées ». sont souvent fondés sur des pratiques accroît les profits tirés de l’utilisation de Les points délicats sont, notamment, coutumières. Au Maroc par exemple, l’eau souterraine. Et, comme les quantités la comptabilisation de l’eau (il importe les agriculteurs de Bitit procèdent à des d’eau qu’un agriculteur tire de son puits d’évaluer correctement l’utilisation échanges de droits sur l’eau depuis des ne sont pas contrôlées, les volumes qu’il combinée des eaux de surface et des eaux dizaines d’années, sur la base de règles peut prélever ne sont pas limités. Ce souterraines, d’anticiper une évolution vers établies par des pratiques coutumières. marché non réglementé accélère donc des conditions climatiques plus sèches Le système repose sur une liste détaillée l’épuisement de l’aquifère. et de prendre en compte l’augmentation à laquelle tous les membres de la de la consommation des plantations communauté ont accès, qui identifie Sources : CEDARE 2006 ; Banque mondiale forestières encouragées par des chaque participant et précise la quantité 2007b ; Young et McColl, à paraître. RapportMonde_LIVRE2.indb 144 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 145 et des précipitations. À titre d’exemple, elles fournissent, sécheresses et des inondations. Il existe peu d’analyses 60 % de l’eau utilisée par l’agriculture irriguée et 85 % de détaillées de l’impact économique de ces infrastructures l’eau potable des populations rurales en Inde, et la moitié de mais quatre études de cas montrent que les barrages consi- l’eau potable des habitants de Delhi. Les eaux souterraines dérés ont des effets économiques directs positifs et des peuvent continuer de servir de protection naturelle à condi- effets indirects importants, qui profitent parfois dans une tion d’être bien gérées, mais elles sont loin de l’être. Dans bien plus large mesure aux populations pauvres34. Le Grand les régions arides du monde entier, les aquifères sont surex- barrage d’Assouan, en Égypte, produit des bénéfices écono- ploités. Selon les estimations, la diminution des réserves miques nets annuels équivalents à 2 % du produit intérieur d’eau souterraine en Inde pourrait compromettre jusqu’à brut (PIB) du pays 35. Il génère 8 milliards de kilowattheures un quart de la production agricole annuelle31. d’énergie, soit une puissance suffisante pour alimenter en Pour améliorer la gestion de l’eau souterraine, il est néces- électricité toutes les villes et villages du pays. Il a permis de saire d’agir à la fois sur l’offre (recharge artificielle, recharge développer l’agriculture et d’assurer la navigabilité du Nil naturelle accélérée, barrières à l’intérieur des aquifères pour toute l’année (ce qui a encouragé la réalisation d’investisse- retarder les écoulements souterrains) et sur la demande. ments dans des croisières sur le fleuve) et il met les cultures Toutefois, il n’est pas possible de seulement gérer les eaux et les infrastructures nationales à l’abri des sécheresses et des souterraines – la gestion de ces dernières doit être intégrée inondations. Toutefois, les barrages ont également des effets à la régulation des eaux de surface32. Le recours à des tech- négatifs bien connus36, et il est important de bien peser leurs niques de renforcement de l’offre n’est pas sans complexité. avantages et leurs inconvénients. Avec le changement clima- Par exemple, une recharge artificielle présente peu d’intérêt tique, il devient crucial de trouver des options robustes : lorsque les ressources en eau et les aquifères adaptés à leur dans les pays qui ne peuvent pas établir avec certitude si stockage ne se trouvent pas au même endroit que les aqui- les précipitations vont augmenter ou diminuer, il peut être fères excessivement utilisés ; en Inde, 43 % des fonds affec- efficace par rapport aux coûts de construire des structures tés au programme de recharge artificielle, qui se chiffre à spécialement conçues pour pouvoir être modifiées ultérieu- six milliards de dollars, seront probablement employés pour rement. Par ailleurs, les équipements hydrauliques sont de recharger des aquifères qui ne sont pas surexploités33. plus en plus complexes, de sorte qu’il est essentiel que les Les barrages joueront un rôle important dans la gestion pays agissent sur la base d’analyses hydrologiques, opéra- de l’eau face au changement climatique. Il sera nécessaire de tionnelles, économiques et financières solides et par le biais les concevoir de manière à ce qu’ils permettent de gérer avec d’institutions capables (encadré 3.3). suffisamment de souplesse les changements pouvant inter- venir dans le niveau des précipitations et de l’écoulement Le recours à des technologies non conventionnelles peut dans leurs bassins. Même si beaucoup des meilleurs sites de accroître les quantités d’eau disponibles dans certaines barrages sont déjà exploités, il reste possible de construire régions pauvres en eau. Il est possible d’améliorer de nouveaux barrages, en particulier en Afrique. Un barrage l’approvisionnement en eau en dessalant l’eau de mer ou bien géré génère de l’électricité hydraulique et protège des les eaux saumâtres et en réutilisant les eaux usées épurées. ENCADRÉ 3.3 La gestion des ressources en eau en Tunisie Le cas de la Tunisie illustre bien les construit des barrages qu’elle a reliés par d’eau est la plus élevée. En outre, la Tunisie problèmes que pose la gestion de l’eau des conduites afin de pouvoir transférer épure et recycle un tiers de ses eaux usées dans les pays qui utilisent pratiquement l’eau entre les différentes régions du pays. urbaines pour l’agriculture et les zones l’intégralité de leurs ressources. La Une fois les sites les plus intéressants mis humides, et recharge artificiellement ses Tunisie ne compte que 400 mètres cube en exploitation, les autorités nationales aquifères. Les gestionnaires tunisiens de ressources en eau renouvelables ont entrepris d’ériger des infrastructures sont maintenant confrontés à la nécessité par habitant et, comme ces ressources dans des régions plus marginales. Des de prendre un ensemble complexe de sont extrêmement variables et réparties barrages ont été construits sur des décisions : ils doivent optimiser la quantité, inégalement dans le temps et dans fleuves se jetant dans la mer bien que la la disponibilité dans le temps et la qualité l’espace, la gestion de l’eau pose un défi demande d’eau dans les bassins de ces de l’eau, en même temps que le coût de considérable. Pourtant, contrairement cours d’eau soit limitée. L’eau stockée l’énergie ; les capacités humaines pouvant aux pays voisins du Maghreb, la Tunisie a peut être pompée à travers la montagne gérer des ressources de manière aussi traversé plusieurs périodes de sécheresse jusqu’au principal bassin fluvial du pays. intensive revêtent donc une grande consécutives sans rationner l’eau utilisée Les ressources ainsi amenées permettent importance. par les agriculteurs ni recourir à des barges d’accroître l’offre tout en diminuant la pour approvisionner ses villes. Elle a salinité dans la région où la demande Source : Louati 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 145 16/09/10 12:39 146 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Les opérations de dessalement, qui ont produit moins de La contribution de l’agriculture irriguée à la production 0,5 % du total de l’eau utilisée en 200437, sont appelées à se alimentaire mondiale est appelée à se développer car, en développer. dehors des bassins les plus dépourvus d’eau, l’agriculture Certains progrès techniques, tels que les fi ltres économes irriguée peut mieux résister aux chocs climatiques44. La en énergie, contribuent à faire chuter les prix du dessalement, productivité des cultures à l’hectare devra augmenter parce et des installations pilotes commencent à alimenter en éner- que la superficie totale irriguée ne pourra pas beaucoup gie renouvelable des usines de dessalement38. Une usine peut s’accroître. Il semble, en effet, que l’augmentation des terres produire et livrer l’eau qu’elle a traitée à une compagnie des irriguées ne doive pas dépasser 9 % entre 2000 et 205045. La eaux pour un prix qui peut être aussi faible que 0,50 dollar le productivité de l’eau (en l’occurrence, la production agricole mètre cube, selon sa taille et les technologies qu’elle emploie. par unité d’eau allouée à l’irrigation) devra elle aussi s’amé- Ce prix reste supérieur à celui de l’eau provenant de sources liorer, étant donné la demande d’eau sans cesse croissante traditionnelles d’eau douce39, de sorte que la production émanant des villes, des industries et des installations hydro- d’eau dessalée n’est généralement valable que pour les utili- électriques. Les nouvelles technologies offrent la possibilité sations à forte valeur ajoutée, comme la distribution d’eau d’améliorer la productivité de l’eau à condition d’être utili- dans les centres urbains ou les stations touristiques40. Cette sées dans un cadre stratégique et institutionnel solide46. eau est aussi souvent uniquement consommée dans les Accroître le rendement à la goutte d’eau nécessite un régions côtières car le transport d’eau dessalée à l’intérieur ensemble complexe d’investissements et de changements des terres ajoute encore à son coût41. institutionnels. Nombre de pays, de l’Arménie à la Zambie, investissent dans de nouvelles infrastructures qui amènent Il ne sera pas facile de produire davantage d’aliments avec l’eau des réservoirs aux cultures de façon efficace, en la même quantité d’eau, mais certaines méthodes nouvelles réduisant les pertes par évaporation. Toutefois, comme l’a pourraient rendre cette tâche plus aisée. Pour satisfaire montré précédemment l’exemple des agriculteurs maro- les besoins futurs, il sera nécessaire aussi d’utiliser l’eau cains, les investissements ne peuvent être productifs que plus efficacement, en particulier dans l’agriculture, qui est si les institutions locales assurent une distribution d’eau à l’origine de 70 % des prélèvements d’eau douce des cours fiable, si les agriculteurs ont la possibilité de participer à la d’eau et des nappes phréatiques (figure 3.2)42. prise de décisions, et s’ils peuvent obtenir les conseils dont Il semble possible d’accroître dans une certaine mesure ils ont besoin sur la manière de tirer le meilleur parti des la productivité de l’eau dans l’agriculture pluviale, qui fait nouvelles infrastructures ou des progrès technologiques. vivre la majorité des populations pauvres de la planète, génère Les nouvelles infrastructures ne permettront d’améliorer plus de la moitié de la valeur brute des cultures mondiales la gestion de l’eau que si elles sont associées à l’imposition et absorbe 80 % de l’eau utilisée pour les cultures dans le de limites rigoureuses à la consommation d’eau de chaque monde43. Les options, décrites à la section suivante, compren- individu, qu’il s’agisse aussi bien d’eau souterraine que d’eau nent le paillage, les pratiques culturales anti-érosives, et autres de surface. Dans le cas contraire, les profits accrus retirés techniques similaires qui augmentent la rétention d’eau dans de l’irrigation inciteront les agriculteurs à étendre les super- le sol et ont donc pour effet de réduire l’évaporation et d’ac- ficies cultivées ou à pratiquer deux, voire trois récoltes par croître la quantité d’eau disponible pour les plantes. Il est an sur leurs terres, de sorte qu’ils tireront encore plus d’eau également possible de retenir d’autres options, notamment la de leurs puits. Les agriculteurs y gagneront, certes, mais au récupération de l’eau de pluie à petite échelle. détriment des autres usagers de l’eau du bassin47. Parmi les différentes interventions possibles pour Une bonne gestion des cultures peut améliorer la produc- augmenter la production de l’agriculture pluviale, certaines tivité de l’eau grâce à la mise au point de variétés résistantes (le paillage, les pratiques culturales anti-érosives) retien- au froid, qui peuvent donc être cultivées en hiver c’est-à-dire nent certaines quantités d’eau qui, sinon, s’évaporeraient de à une période où elles ont moins besoin d’eau48. Les cultures manière improductive. D’autres (récupération de l’eau de sous serre ou sous ombrage peuvent également avoir une pluie, pompage de la nappe phréatique) captent de l’eau qui moindre demande évaporative que les cultures en champs aurait, sinon, été disponible pour d’autres usagers en aval. ouverts, bien que les coûts de production soient plus élevés49. Lorsqu’il y a abondance d’eau, les effets sur les autres usagers Quand les cultures dépérissent avant la récolte, l’eau qu’elles sont imperceptibles, mais plus l’eau devient rare, plus ils ont consommée est gaspillée. Par conséquent, l’adoption de deviennent importants. Dans ce cas encore, une comptabi- variétés tolérantes à la sécheresse et à la chaleur permettra lisation exhaustive de l’eau et une planification intégrée des d’améliorer aussi bien la productivité de l’eau que la produc- sols et de l’eau à l’échelon local, du bassin versant et de la tivité agricole50. région, peuvent rendre ces interventions efficaces en garan- Une bonne planification de l’apport d’eau d’irrigation tissant que leurs avantages et leurs inconvénients ont été présente aussi des avantages. Un agriculteur qui ne connaît correctement évalués. pas la quantité d’eau exacte dont il a besoin aura tendance RapportMonde_LIVRE2.indb 146 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 147 à trop irriguer, car les rendements agricoles sont moins dard adaptée aux conditions culturales locales. Chaque jour, affectés par un léger excédent que par un manque d’eau. le système enverra un message aux agriculteurs sur leurs En suivant l’absorption d’eau et la croissance durant toute téléphones portables pour leur indiquer combien d’heures la période de végétation, les agriculteurs peuvent fournir ils doivent irriguer ce jour-là compte tenu des conditions exactement la quantité d’eau nécessaire à leurs cultures et météorologiques dans leur région. Ils pourront ainsi éviter irriguer seulement lorsque c’est indispensable. Les systèmes de trop irriguer53. de télédétection commencent à permettre aux agriculteurs de déterminer les besoins en eau des plantes avec une grande Augmenter la production agricole tout en précision, avant même qu’elles ne montrent des signes de protégeant l’environnement stress51. Ce type de pratiques agricoles de précision exige toutefois le recours à des équipements technologiques et ne Le changement climatique encouragera les sociétés peut donc être pratiqué que par un faible pourcentage des humaines à accroître plus rapidement la productivité agriculteurs de la planète52. agricole En attendant que l’emploi de cette technologie se géné- Le changement climatique diminuera les rendements ralise, il est possible d’avoir recours à de simples systèmes agricoles. Le changement climatique exerce plusieurs automatisés pour aider les agriculteurs dont les moyens sont types de pressions contradictoires sur la production agricole. limités à accroître la précision des doses d’irrigation. Les Il aura un impact direct sur l’agriculture par suite de la hausse agriculteurs marocains qui décident de pratiquer l’irriga- des températures, de l’augmentation de la demande d’eau tion au goutte-à-goutte dans le cadre du dispositif gouverne- des cultures, de la plus grande variabilité des précipitations, mental évoqué plus haut bénéficieront de l’utilisation d’une et d’événements climatiques extrêmes tels que sécheresses technologie simple utilisant une formule d’irrigation stan- Carte 3.3 Le changement climatique se traduira, en 2050, par une baisse des rendements agricoles dans la plupart des pays si les pratiques agricoles et les variétés culturales actuelles continuent d’être employées Variation en pourcentage des rendements entre la période actuelle et 2050 Données non disponibles –50 –20 0 20 50 100 Source : Müller et al. 2009. Note : La figure indique les projections du pourcentage de variation des rendements de onze grandes cultures (blé, riz, maïs, mil, pois fourrager, betterave à sucre, patate douce, soja, arachide, tournesol et colza) pour la période 2046-2055, par rapport à la période 1996-2005. Les valeurs retenues sont les moyennes des valeurs provenant de l’application de cinq modèles climatiques à trois scénarios d’émissions, en posant en hypothèse l’absence de tout effet de fertilisation du CO2 (voir la note 54). Les projections font état d’impacts négatifs importants sur les rendements dans de nombreuses régions fortement tributaires de l’agriculture. RapportMonde_LIVRE2.indb 147 16/09/10 12:39 148 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E et inondations. Il augmentera aussi les rendements dans le blé en Asie du Sud, le riz en Asie du Sud-Est, et le maïs en certains pays mais les fera baisser dans la plupart des pays Afrique australe61. Ces projections sous-estiment vraisem- en développement au point que les rendements moyens blablement l’impact du changement climatique : les modèles mondiaux diminueront (carte 3.3). qui génèrent ces projections des effets du changement clima- Sous les latitudes moyennes à hautes, il est possible que tique sur l’agriculture prennent en compte généralement les des hausses locales de température ne dépassant pas 1 à 3 °C, évolutions moyennes et font abstraction des conséquences accompagnées d’un processus de fertilisation par le dioxyde des événements extrêmes, de la variabilité des conditions, de carbone54 et d’un changement du régime des précipita- et des ravageurs des cultures, qui seront probablement tous tions, aient un léger impact positif sur les rendements agri- plus nombreux. Le changement climatique va rendre aussi coles55. De par leur situation géographique, le Kazakhstan, certaines terres moins propices aux cultures, en particulier la Fédération de Russie et l’Ukraine devraient bénéficier de en Afrique62. Une étude estime que d’ici 2080, l’étendue ces hausses de température, mais ils ne seront peut-être pas des terres d’Afrique subsaharienne durement touchées par à même d’exploiter pleinement les opportunités offertes. des facteurs climatiques ou pédologiques augmentera d’une Depuis l’éclatement de l’Union soviétique, ces trois pays superficie comprise entre 26 et 61 millions d’hectares63, pour ont globalement cessé de cultiver 23 millions d’hectares constituer entre 9 à 20 % des terres arables de la région64. de terres arables, dont près de 90 % étaient consacrés à la production de céréales56. Alors que les rendements céréaliers Les mesures prises pour atténuer les effets du changement mondiaux augmentent, en moyenne, d’environ 1,5 % par an climatique accentueront la pression sur les terres. Outre depuis 1991, les rendements ont baissé au Kazakhstan et en qu’il réduira les rendements, le changement climatique Ukraine, et n’ont que faiblement progressé en Russie. Si ces fera pression sur les agriculteurs et les autres gestionnaires pays veulent profiter de la hausse des températures pour des terres pour qu’ils réduisent les émissions de gaz à effet améliorer leur production agricole, ils vont devoir mettre de serre. En 2004, environ 14 % des émissions mondiales en place des institutions plus solides et des infrastructures de ces gaz étaient imputables aux pratiques agricoles. Ces plus performantes57. Or, à supposer qu’ils y parviennent, gaz comprennent l’oxyde d’azote provenant des engrais ; l’amélioration des rendements moyens pourrait être réduite le méthane émis par le bétail, les rizières et le stockage à néant par des événements climatiques extrêmes : compte du fumier ; et le dioxyde de carbone (CO2) provenant du tenu de l’augmentation de la probabilité de tels phéno- brûlage de biomasse, mais elles ne comprennent pas le CO2 mène en Russie, les projections indiquent un triplement du résultant des pratiques de gestion des sols, de l’écobuage et nombre d’années durant lesquelles la production alimen- du déboisement65. Les régions en développement produisent taire sera déficitaire d’ici aux années 207058. la majorité de ces émissions de gaz à effet de serre puisque Selon les projections, dans la plupart des pays en déve- 80 % du total sont imputables à l’Asie, à l’Afrique et à loppement, le changement climatique aura un impact l’Amérique latine. . négatif sur l’agriculture par rapport à la situation actuelle. La foresterie, l’utilisation des terres et le changement Dans les régions de basse latitude, une hausse même modé- d’affectation des terres contribuent pour 17 % supplémen- rée de 1 à 2 °C des températures aura pour effet de réduire taires aux émissions annuelles de gaz à effet de serre, dont les rendements des principales céréales59. Selon les estima- les trois quarts proviennent du déboisement en zone tropi- tions fondées sur plusieurs études, la productivité agricole cale66. Les émissions restantes sont essentiellement impu- mondiale baisserait de 3 % d’ici les années 80 dans un tables au drainage et au brûlage de tourbières tropicales. La scénario d’émissions de carbone élevées accompagnées d’un quantité de carbone stockée dans les tourbières de la planète processus de fertilisation par le dioxyde de carbone, ou de est pratiquement la même que celle qui est stockée dans la 16 % en l’absence de fertilisation60. Pour le monde en déve- forêt ombrophile amazonienne. Elles représentent, toutes loppement, cette baisse devrait être encore plus prononcée, deux, environ neuf années des émissions mondiales dues les projections indiquant une diminution de 9 % en cas de aux combustibles fossiles. En Asie équatoriale (Indonésie, fertilisation par le dioxyde de carbone et de 21 % en l’ab- Malaisie, Papouasie-Nouvelle-Guinée), les émissions des sence de fertilisation. feux associés au drainage des tourbières et au déboise- D’après une analyse consacrée à 12 régions en situation ment sont comparables à celles des énergies fossiles67. Les d’insécurité alimentaire au moyen de modèles de cultures émissions imputables à l’élevage sont comptabilisées dans et des résultats produits par 20 modèles du climat mondial, plusieurs catégories (agriculture, foresterie, déchets), et l’Asie et l’Afrique enregistreront des baisses particulière- contribuent globalement, selon les estimations, jusqu’à 18 % ment marquées de leurs rendements à l’horizon 2030 à du total mondial, essentiellement en raison des émissions de moins qu’elles ne prennent des mesures d’adaptation. Les méthane des animaux, du fumier et du défrichage des terres pertes concerneront notamment certaines des cultures pour l’établissement de pâturages68. essentielles à la sécurité alimentaire de ces régions, telles que RapportMonde_LIVRE2.indb 148 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 149 Les cultures axées sur la production de biocombustibles sions de gaz à effet de serre parce que des énergies fossiles pour atténuer les effets du changement climatique aggra- sont utilisées dans le cadre de leur production et que le défri- veront encore la concurrence pour l’utilisation des terres. chage des terres est source d’émissions. Malgré le potentiel Selon les estimations actuelles, les cultures énergétiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre associé n’occupent que 1 % des terres arables mondiales, mais la aux biocombustibles, les avis divergent quant aux écono- législation sur les biocombustibles, dans les pays dévelop- mies nettes de carbone permises par la génération actuelle pés et en développement, encourage l’augmentation de leur de biocombustibles lorsqu’on tient compte des processus de production. La production mondiale d’éthanol est passée production et des changements d’affectation des terres. Par de 18 milliards de litres par an en 2000 à 46 milliards en ailleurs, les cultures axées sur la production de biocombus- 2007, tandis que la production de biodiesel a pratiquement tibles sont déjà en concurrence, pour l’utilisation des terres, été multipliée par 8 pour atteindre les 8 milliards de litres. avec les besoins liés à la préservation de la biodiversité. Il La superficie des terres allouées aux cultures axées sur la est donc important d’établir des lignes directrices pour le production de biocombustibles devrait, selon les projections, développement des biocombustibles, afin de ne pas évin- quadrupler d’ici 2030, cette expansion se produisant, pour cer d’autres objectifs environnementaux (encadré 3.4). La l’essentiel, en Amérique du Nord (10 % des terres arables comptabilisation des aspects des biocombustibles sur tout en 2030) et en Europe (15 %) 69. Toujours selon les projec- leur cycle de vie – c’est-à-dire aussi bien leur contribution tions, la proportion des terres arables affectées à ce type de à la réduction des émissions mais aussi leur consommation cultures sera de seulement 0,4 % en Afrique et d’environ d’eau et d’engrais – pourrait ralentir le rythme de conver- 3 % en Asie et en Amérique latine à l’horizon 203070. Dans sion des terres à ces cultures. certains scénarios d’atténuation du changement climatique, Les biocombustibles de la deuxième génération qui sont les projections pour les périodes ultérieures à 2030 indiquent actuellement à l’étude, tels que ceux produits à partir des que la superficie allouée aux cultures énergétiques passera à algues, du jatropha, du sorgho doux et de saules, pour- plus de 2 milliards d’hectares à l’horizon 2100 – un chiffre raient faire moins concurrence aux cultures alimentaires considérable si on le rapporte à la surface actuelle de terres parce qu’ils exigent des superficies moindres ou peuvent cultivées qui n’est « que » de 1,6 milliard d’hectares. Selon être produits sur des terres marginales, bien que dans ces scénarios, la plupart des terres consacrées à la produc- certains cas, ils puissent quand même entraîner la dispari- tion de biocombustibles à grande échelle proviendront de la tion de pâturages et d’écosystèmes de prairies. Des cultures conversion de forêts naturelles et de pâturages71. pérennes à systèmes racinaires plus profonds, comme le Si la demande augmente rapidement, les biocombustibles panic érigé, permettent de mieux combattre l’érosion des auront un important impact sur les marchés agricoles, en sols et la perte de nutriments, exigent moins d’apports de faisant monter les prix des produits de base. Une bonne partie nutriments, et piègent une plus grande quantité de carbone de la demande actuelle de cultures énergétiques est stimu- que les plantes actuellement utilisées pour produire des lée par les cibles établies par les autorités nationales, par les biocarburants72. Mais parce qu’elles ont besoin d’eau, ces subventions publiques et par les prix élevés du pétrole. Sans cultures ne sont forcément viables dans les zones arides. Les soutien artificiel, les biocombustibles sont encore loin d’être recherches doivent donc être poursuivies pour améliorer la compétitifs, à l’exception de l’éthanol brésilien fabriqué à productivité et le potentiel de réduction des émissions des partir de la canne à sucre. On ne sait pas réellement non plus futures générations de biocombustibles. dans quelle mesure les biocombustibles diminuent les émis- Figure 3.3 La production de viande consomme beaucoup plus d’eau que les principales cultures Source : Site de Waterfootprint (https:// www.waterfootprint.org), consulté le 15 mai 2009 ; Gleick 2008. Note : La figure indique le nombre de litres d’eau nécessaire pour produire un kilo de produit (ou un litre de lait). La consommation d’eau indiquée pour la production de bœuf ne concerne que les systèmes d’élevage intensif. 15 500 4 800 3 900 3 300 2 800 1 800 1 300 1 000 900 900 Pomme Bœuf Porc Poulet Riz Sorgho Soja Blé Lait Maïs de terre RapportMonde_LIVRE2.indb 149 16/09/10 12:39 150 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 3.4 Huile de palme, réduction des émissions et déboisement évité Les plantations de palmiers à huile culture offre une possibilité lucrative de émissions de carbone dépend de la illustrent un grand nombre des enjeux diversifier les moyens d’existence. Toutefois, couverture végétale en place avant la actuels de l’utilisation des sols. Le palmier les fruits du palmier doivent être amenés et plantation de la palmeraie (figure). Les à huile est une culture à haut rendement à transformés dans les huileries dans un délai réductions d’émissions sont importantes usage alimentaire et énergétique, source de 24 heures suivant leur récolte, de sorte là où les plantations ont été implantées d’opportunités pour les petits exploitants. que les palmeraies sont généralement sur d’anciennes prairies ou terres Mais les palmeraies empiètent sur les situées près des huileries. Un pourcentage arables, tandis que les émissions nettes forêts tropicales dont la superficie diminue important des terrains environnants sont augmentent fortement si les palmeraies en même temps que les nombreux ainsi convertis à la culture du palmier à remplacent des forêts tourbeuses. avantages qu’elles procurent, notamment huile, dans le cadre de grandes plantations La possibilité de négocier des réductions leur contribution à l’atténuation des commerciales, ou dans un ensemble d’émissions dues au déboisement et à émissions de gaz à effet de serre. La de petites exploitations rapprochées. la dégradation des forêts (REDD) sur culture du palmier à huile a triplé depuis Certaines pratiques paysagères, comme le marché du carbone offre un moyen 1961 pour couvrir 13 millions d’hectares. la création de ceintures agroforestières de important de faire la part entre, d’un Elle s’est développée principalement en transition entre les plantations de palmiers côté, les valeurs relatives de la production Indonésie et en Malaisie, sur des terrains à huile et les zones boisées, peuvent d’huile de palme et du déboisement récemment déboisés dans plus de la permettre de limiter l’impact négatif des et, de l’autre, la protection de la forêt. moitié des cas. Les nouvelles concessions plantations sur la biodiversité tout en Il sera essentiel de concilier ces deux pour les plantations de palmiers à huile offrant d’autres sources de diversification objectifs pour assurer la protection de la annoncées récemment en Amazonie aux petits exploitants. biodiversité et la réduction des émissions. brésilienne, en Papouasie-Nouvelle- L’intérêt que présente la fabrication de Des études récentes montrent que la Guinée et à Madagascar font craindre une biodiesel à partir de l’huile de palme pour conversion de terres en plantations poursuite probable de cette évolution. l’atténuation des effets du changement de palmiers à huile pourrait rapporter Les petits exploitants gèrent actuellement climatique est également discutable. entre six et dix fois plus que le maintien 35 à 45 % des terres plantées de palmiers à L’analyse détaillée de son cycle de vie des terrains en l’état et les paiements huile en Indonésie et en Malaisie, où cette montre que la réduction nette des effectués au titre des crédits carbone dans le cadre du dispositif de la REDD si Les réductions d’émissions imputables au biodiesel produit à partir d’huile de palme varient beaucoup selon les échanges de ces crédits continuent de le mode d’utilisation des terres avant l’implantation de la palmeraie. ne pouvoir s’opérer que sur des marchés Réduction d’émissions par tonne de biocombustible (tCO2) volontaires. Si, par contre, les crédits REDD 5,0 étaient évalués au même prix que les crédits carbone négociés sur les marchés 2,5 établis pour assurer le respect des limites d’émissions, la conservation des sols serait 0,0 bien plus rentable, au point qu’elle pourrait même générer des profits supérieurs à –2,5 ceux produits par l’huile de palme, de sorte qu’il serait moins intéressant de –5,0 convertir les terres à un usage agricole. Par –7,5 conséquent, des mesures de REDD bien conçues pourraient effectivement réduire –10,0 le déboisement et contribuer ainsi aux efforts d’atténuation mondiaux. –12,5 Prairie/terre arable Plantation d’hévéas Forêt Forêt sur tourbière Sources : Butler, Koh et Ghazoul, à paraître ; Utilisation antérieure des terres Henson 2008 ; Koh, Levang et Ghazoul, à Source : Henson 2008. paraître ; Koh et Wilcove 2009 ; Venter et al. 2009. La croissance démographique, l’augmentation de la faut des terres pour les pâturages et la production de céréales consommation de viande et le changement climatique fourragères. Les implications en termes de ressources nécessiteront une forte hausse de la productivité agricole. varient avec le type de viande et le mode de production. La Les superficies nécessaires pour nourrir l’humanité entière production d’un kilogramme de bœuf peut exiger jusqu’à en 2050 dépendront dans une large mesure de la quantité 15 000 litres d’eau lorsque les animaux sont élevés dans de viande qu’elle consommera. L’alimentation carnée est des parcs d’engraissement industriels comme c’est le cas une source de protéines à forte intensité de ressources car il aux États-Unis (figure 3.3)73,74. En revanche, la production RapportMonde_LIVRE2.indb 150 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 151 extensive de bœuf en Afrique ne demande que 146 à 300 litres contexte d’un changement climatique entraînant une baisse d’eau par kilo selon les conditions météorologiques75. des rendements – tout en préservant les écosystèmes qui Au kilo, la production de viande de bœuf génère aussi de stockent le carbone et fournissent d’autres services essen- grandes quantités de gaz à effet de serre, même comparée à tiels. Il est peu probable que des superficies plus importantes la production de viande d’autres animaux, puisque 16 kilos puissent être mises en culture. Selon les études consacrées d’équivalent CO2 (CO2e) sont émis pour chaque kilo de à ce sujet, à l’échelle de la planète, la superficie des terres viande produite (figure 3.4)76. cultivables sera la même en 2080 qu’aujourd’hui79 car l’aug- Malgré la consommation de ressources que sa production mentation des terres cultivables sous les hautes latitudes implique, la demande de viande devrait augmenter avec l’ac- sera largement compensée par la diminution des superficies croissement de la population et des revenus. La consomma- cultivables aux basses latitudes. tion de plus grandes quantités de viande profitera aux plus Il va donc falloir améliorer la productivité agricole (tonnes défavorisés qui ont besoin de protéines et d’éléments nutri- à l’hectare). Les modèles varient mais selon une étude, la tifs77. On compte toutefois que la production de bœuf, de productivité devra augmenter de 1,8 % par an jusqu’en 2055, volaille, de porc et de lait en 2050 représentera au moins le soit près de deux fois plus que le taux de 1 % par an qui double de celle de 2000 pour pouvoir satisfaire la demande serait nécessaire en l’absence de changement climatique d’une population plus nombreuse, en meilleure santé et plus (figure 3.5) 80. Cela veut dire que les rendements devront plus urbanisée78. que doubler en l’espace de 50 ans. De nombreux greniers à Le monde va devoir faire face à une demande croissante de blé de la planète, notamment l’Amérique du Nord, ont déjà denrées alimentaires, de fibres et de biocombustibles dans le pratiquement atteint les rendements maxima possibles pour Figure 3.4 L’élevage intensif du bœuf est un secteur très émetteur de gaz à effet de serre Source : Williams, Audsley et Sandars 2006. Émissions Note : La figure indique les émissions d’équivalent CO2 en Denrée kilogrammes générées par la production (dans un pays (1 kg) (kg CO2e) Équivalent en distance parcourue en voiture (km) industriel) de 1 kilo d’un produit donné. L’équivalent en distance parcourue en voiture correspond au nombre de kilomètres Pomme de terre 0,24 1,2 qu’un véhicule à essence, ayant une consommation moyenne correspondant à 11,5 kilomètres au litre de carburant, doit parcourir pour produire la quantité indiquée d’émissions Blé 0,80 4,0 de CO2e. Par exemple, produire 1 kilo de viande de bœuf ou parcourir 79,1 kilomètres génère 16 kilos d’émissions. Poulet 4,60 22,7 Porc 6,40 31,6 Bœuf 16,00 79,1 Figure 3.5 La productivité agricole devra augmenter encore plus vite du fait du changement climatique Source : Lotze-Campen et al. 2009. Note : La figure décrit la croissance annuelle de l’indice de productivité agricole qui est nécessaire dans deux scénarios. Indice de productivité agricole (2005 = 100) La valeur 100 correspond au niveau de productivité en 2005. Les projections couvrent toutes les grandes cultures 300 alimentaires et fourragères. La ligne en pointillés correspond à Besoins sans changement climatique un scénario dans lequel il n’y a pas de changement climatique 250 Besoins avec changement climatique et la population mondiale atteint 9 milliards en 2055 ; la Observations antérieures consommation totale de calories par habitant et la part de 200 calories animales dans le régime alimentaire augmentent au même rythme que le revenu par habitant sous l’effet de la croissance économique ; la libéralisation des échanges 150 (qui se traduit par un doublement de la part de la production agricole totale dans le commerce extérieur agricole au 100 cours des 50 prochaines années) se poursuit ; la superficie de terres cultivées continue d’augmenter au rythme de 0,8 % 50 par an observé jusqu’à présent; et le changement climatique n’a aucun impact. La ligne violette correspond à un scénario 0 dans lequel le climat change, et ses effets, ainsi que leurs 1960 1980 2000 2020 2040 2060 répercussions sur la société sont pris en compte (scénario A2 du RSSE établi par le GIEC) : il n’y pas de fertilisation par Année le CO2 et les échanges agricoles retombent à leur niveau de 1995 (environ 7 % de la production totale fait l’objet d’échanges internationaux) dans l’hypothèse que la volatilité des prix induite par le changement climatique engendre des réactions protectionnistes et que les mesures d’atténuation freinent l’expansion des superficies cultivées (afin de préserver les forêts) et augmentent la demande de bioénergies (qui atteint 100 EJ [1018 joules] à l’échelle de la planète en 2055). RapportMonde_LIVRE2.indb 151 16/09/10 12:39 152 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Carte 3.4 L’agriculture intensive dans le monde développé a contribué à la prolifération des zones mortes Zones mortes Source : Diaz et Rosenberg 2008. Note : Dans le monde développé, l’agriculture intensive a souvent provoqué des dégâts environnementaux importants dus, notamment, au ruissellement d’engrais employés en quantités excessives, qui créée des zones mortes sur le littoral. Les zones mortes sont des zones fortement hypoxiques puisque les concentrations en oxygène sont inférieures à 0,5 millilitre d’oxygène par litre d’eau. Cette situation entraîne normalement une mortalité massive des organismes marins, bien que dans certaines de ces zones, on a trouvé des organismes capables de survivre à des niveaux d’oxygène de 0,1 millilitre par litre d’eau. les principales céréales81, ce qui signifie qu’une grande partie un accroissement exponentiel du nombre de « zones de l’augmentation requise devra se produire dans les pays mortes » , déficitaires en oxygène, dans les eaux côtières : en développement. Il s’agira, pour ces pays, non seulement ces zones couvrent aujourd’hui quelque 245 000 kilomètres d’accélérer la progression des rendements mais aussi d’in- carrés, principalement sur le littoral des pays développés verser l’évolution à la baisse récemment observé ; en effet, (carte 3.4) 83. L’irrigation intensive entraîne aussi souvent le taux de croissance annuel des rendements de toutes les l’accumulation de sel dans le sol, qui en diminue la fertilité céréales s’est ralenti dans les pays en développement, pour et réduit la production alimentaire. La salinisation touche tomber de 3,9 % entre 1961 et 1990, à 1,4 % entre 1990 et actuellement entre 20 et 30 millions d’hectares, sur les 200782. 260 millions d’hectares de terres irriguées de la planète84. Il est indispensable d’intensifier l’agriculture par des Le changement climatique nécessitera des paysages moyens moins nuisibles pour l’environnement, surtout si agricoles très productifs et diversifiés l’on considère les problèmes écologiques associés à la pour- suite du développement d’une agriculture plus extensive à Les gains de productivité ne doivent pas être réalisés au rendement réduit. Sans hausse des rendements des cultures détriment des sols, de l’eau et de la biodiversité. L’agriculture et de l’élevage à l’hectare, la pression sur les ressources intensive a souvent un impact négatif sur les systèmes foncières s’accélérera au fur et à mesure que les surfaces naturels. L’agriculture à haute productivité, telle qu’elle est mises en culture ou en pâturage s’étendront dans le cadre pratiquée dans une grande partie du monde développé, est d’une production extensive. Depuis le milieu du xxe siècle, généralement le fait d’exploitations spécialisées dans une 680 millions d’hectares, soit 20 % des pacages de la planète, culture ou dans un type d’élevage et utilise des produits se sont dégradés85. La conversion de terres à un usage agri- agrochimiques de manière intensive. Ce type d’agriculture cole a déjà réduit notablement la superficie de nombreux peut réduire la qualité et les volumes d’eau disponibles. écosystèmes (figure 3.6). Depuis les années 60, le lessivage des engrais a provoqué RapportMonde_LIVRE2.indb 152 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 153 Figure 3.6 Une grande partie des écosystèmes a déjà été convertie à un usage agricole Source : Évaluation des écosystèmes en début de millénaire 2005. Note : Les projections reposent sur quatre scénarios décrivant Forêts, zones boisées et l’importance qui sera accordée dans le monde aux services maquis méditerranéens des écosystèmes. Elles reposent sur différentes hypothèses concernant la gestion des écosystèmes, la libéralisation des échanges, les technologies et le traitement des biens publics. Forêts, steppes et zones boisées tempérées Forêts mixtes et de feuillus tempérées Forêts de feuillus sèches tropicales et subtropicales Savanes et prairies inondables Prairies, savanes et maquis tropicaux et subtropicaux Forêts de conifères tropicales et subtropicales Déserts Prairies et maquis d’altitude Forêts de feuillus humides tropicales et subtropicales Forêts de conifères Conversion des biomes tempérées originaux Disparition avant 1950 Forêts boréales Disparition entre 1950 et 1990 Disparition anticipée d’ici à 2050 Toundra –10 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Superficie potentielle convertie (%) La Révolution verte illustre à la fois les immenses bien- nologies87. Même si, globalement, elle est une réussite, la faits d’une augmentation de la productivité agricole, et ses Révolution verte a entraîné dans de nombreuses régions inconvénients lorsque les solutions technologiques ne sont d’Asie des dommages environnementaux liés à un emploi pas accompagnées de mesures et d’investissements appro- excessif d’engrais, de pesticides et d’eau. Des subventions priés pour protéger les ressources naturelles. L’emploi de aux effets pervers et des politiques des prix et du commerce nouvelles technologies, appuyé par des investissements dans qui ont encouragé la monoculture du riz et du blé ainsi que des installations d’irrigation et des infrastructures rurales, la consommation intensive d’intrants ont contribué à ces a permis de doubler la production céréalière en Asie entre problèmes environnementaux88. 1970 et 1995. La croissance agricole et la baisse correspon- dante du prix des denrées alimentaires durant cette période Pour permettre aux agriculteurs de mieux résister aux chocs ont contribué à pratiquement doubler le revenu réel par climatiques, il faut diversifier leurs sources de revenus, les choix habitant, et le nombre de pauvres est tombé d’environ 60 % à de production et les matériels génétiques. Le changement 30 % de la population malgré une croissance démographique climatique créera un monde moins prévisible ; les mauvaises de 60 % 86. L’Amérique latine a également enregistré des récoltes seront plus fréquentes. La diversification à tous gains importants. Mais en Afrique, les carences des infras- les niveaux offre un moyen de se protéger contre cette tructures, la cherté des transports, la faiblesse des investis- incertitude (encadré 3.5). Le premier type de diversification sements dans l’irrigation, et la poursuite de politiques des concerne les sources de revenus, dont certaines se trouvent prix et de commercialisation défavorables aux agriculteurs en dehors de l’agriculture89. Au fur et à mesure que les ont été autant d’obstacles à l’adoption des nouvelles tech- superficies des fermes se réduiront et que les prix des intrants RapportMonde_LIVRE2.indb 153 16/09/10 12:39 154 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 3.5 Diversification des produits et des marchés : une autre option économique et écologique pour les paysans cultivant des terres à rendement marginal dans les tropiques Les régions tropicales sont confrontées à augmenté les prix du café produit dans la énergétiques), le piment de la Jamaïque, des défis majeurs : la pauvreté persistante région en créant l’« appellation d’origine le cacao, le maïs, la vanille, le piment des populations rurales, notamment des de Veracruz » et en ne subventionnant fort, le fruit de la passion, en plus du peuples autochtones, la dégradation des que les exploitants cultivant du café de café. Tous les arbres, les herbes et les ressources naturelles, l’appauvrissement haute qualité sur des terrains à plus de produits étaient connus dans la région, de la biodiversité, et les effets du 600 mètres d’altitude. Cette mesure étant à l’exception du cannellier. Il existe un changement climatique. La volatilité des préjudiciable aux milliers de producteurs marché potentiellement important pour la prix des produits tropicaux sur les marchés situés dans les zones de production de cannelle, qui est généralement importée. internationaux touche aussi les économies moindre qualité en dessous de 600 mètres Les agriculteurs apprennent maintenant locales. De nombreux agriculteurs d’altitude, les autorités publiques de l’État quelles pratiques et configurations offrent du monde entier ont leurs propres ont invité l’Université de Veracruzana à les meilleures perspectives de production mécanismes de survie mais, pour pouvoir rechercher des solutions de rechange à la dans ce système diversifié novateur. améliorer les moyens de subsistance monoculture du café. Une entreprise coopérative a constitué et faire face aux effets anticipés du Les efforts de diversification des activités des groupes de produits agricoles ayant changement climatique, il faut mettre des plantations de café productives des valeurs marchandes équivalentes en place des institutions novatrices et de basse altitude ont obtenu un appui mais différant par leur vulnérabilité aux des méthodes originales pour générer financier du Fonds commun des Nations conditions climatiques, aux ravageurs des revenus sûrs et assurer la sécurité Unies pour les produits de base, sous et aux risques du marché. Les premiers alimentaire. le parrainage et la supervision de résultats montrent que ces regroupements Dans ce contexte, la diversification des l’Organisation internationale du café. Les semblent donner de bons résultats, et produits agricoles et agroforestiers ouvre opérations ont été lancées dans deux améliorent les moyens de subsistance ainsi des perspectives très intéressantes de communes avec la participation d’un que la capacité des populations à faire face développement intelligent sur le plan groupe pilote de 1 500 paysans vivant aux aléas. La coopérative a pu vendre tous climatique. Cette stratégie permet aux dans des communautés isolées comptant les groupes de produits, dont plusieurs à agriculteurs de se nourrir et aussi d’avoir entre 25 et 100 ménages. un prix plus élevé qu’avant le démarrage en permanence des produits à vendre ou Un grand nombre des agriculteurs de du projet. Un million d’arbres autochtones à échanger sur le marché local, même en café avaient déjà pratiqué la polyculture, de haute futaie ont été plantés au cours cas de sécheresse, d’attaques de ravageurs ce qui a permis de tester sur chaque des deux premières années du projet. ou de baisse des prix sur les marchés parcelle, à côté des caféiers, différentes D’après les habitants de la région, ces internationaux. configurations d’autres espèces ligneuses pratiques ont diminué l’érosion et amélioré Le cas des petites plantations de café et herbacées ayant un intérêt économique les sols, ce qui a eu des effets bénéfiques au Mexique est un bon exemple. En ou culturel : le cèdre acajou et l’acajou sur l’écosystème environnant et réduit 2001 et en 2002, les cours mondiaux à grandes feuilles (pour le bois et les la vulnérabilité aux risques d’inondation ont chuté au point que les prix du café meubles), le Castilla elastica, le cannellier, associés au changement climatique. mexicain sont tombés en dessous des la goyave (pour les utilisations alimentaires coûts de production. Pour venir en aide et phytothérapeutiques), le jatropha aux producteurs, l’État de Veracruz a (pour les utilisations alimentaires et Source : Contribution d’Arturo Gomez-Pompa. augmenteront, les agriculteurs s’emploieront de plus en plus agriculture spécialisée92. Ces activités ont habituellement à diversifier leurs sources de revenus. De fait, dans une une rentabilité élevée par unité de terre et demandent beau- grande partie de l’Asie, les petits exploitants et les ouvriers coup de main-d’œuvre, de sorte qu’elles conviennent aux agricoles tirent généralement plus de la moitié du revenu du petites exploitations. ménage d’activités non agricoles90. Le troisième type de diversification donne lieu à l’aug- Un second type de diversification consiste à accroître mentation de la variabilité génétique d’une variété cultu- les types de production dans une même exploitation. Les rale particulière. La plupart des variétés à rendement élevé débouchés commerciaux de cultures diversifiées se dévelop- utilisées dans les exploitations très productives ont été pent dans beaucoup de régions d’agriculture intensive, du sélectionnées dans l’hypothèse que les conditions clima- fait de la plus grande ouverture des marchés d’exportation tiques fluctueraient à l’intérieur d’une enveloppe stable ; et d’une demande nationale vigoureuse dans les économies les sélectionneurs ont cherché à créer des semences de plus en expansion rapide, en particulier en Asie et en Amérique en plus homogènes. Mais dans le contexte du changement latine91. Dans ces régions, les cultivateurs peuvent avoir la climatique, les agriculteurs ne peuvent plus s’appuyer que possibilité de pratiquer aussi l’élevage, l’horticulture, et une sur une poignée de variétés adaptées à un ensemble limité RapportMonde_LIVRE2.indb 154 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 155 de conditions environnementales. Ils auront besoin de lots biodiversité. Pour pouvoir représenter de manière adéquate de semences contenant, chacun, un matériel génétique les espèces du continent dans des réserves, en couvrant suffisamment diversifié pour faire face à différentes condi- un pourcentage important de leurs aires de répartition, tions climatiques, de manière que, chaque année, certains l’Afrique devrait protéger 10 % de plus de ses terres, soit plants poussent quel que soit le climat. Sur plusieurs années, près du double des superficies actuellement protégées97. Les les rendements moyens obtenus avec des semences variées réserves, qui couvrent un site géographique fi xe et qui sont seront plus élevés que ceux de semences uniformes, même souvent isolées par la destruction des habitats, ne peuvent si les rendements observés pour une année « normale » pas suivre le déplacement des aires de répartition des peuvent être moins bons. espèces provoqué par le changement climatique. Selon les Les expériences menées dans le cadre des pratiques cultu- estimations d’une étude consacrée aux zones protégées en rales types montrent que, lorsqu’elles sont cultivées dans Afrique du Sud, au Mexique et en Europe occidentale, entre un environnement caractérisé par des concentrations de 6 et 20 % des espèces pourraient disparaître d’ici 205098. CO2 et des températures plus élevées (correspondant aux En outre, les réserves terrestres actuelles sont toujours projections pour 2050 du Groupe d’experts intergouver- menacées par les pressions économiques futures et par des nemental sur l’évolution du climat), les anciennes variétés cadres réglementaires souvent déficients et dont le respect de blé ou d’orge peuvent pousser plus vite et être plus avan- n’est guère assuré. En 1999, l’Union internationale pour la tageuses que les variétés plus modernes introduites à la fin conservation de la nature a établi, dans le cas de 10 pays en du xxe siècle93. En outre, les plantes sauvages apparentées développement, que moins d’un quart des zones protégées aux espèces cultivées actuellement contiennent du maté- étaient correctement gérées et que plus de 10 % des zones riel génétique pouvant contribuer utilement à la création protégées étaient déjà très dégradées99. Au moins 75 % des de cultures commerciales plus adaptables à l’évolution du zones forestières protégées dont la situation a été examinée climat. La hausse des températures et des niveaux de CO2 en Afrique manquent de financements à long terme, malgré ont un effet positif plus important sur certaines mauvaises les interventions de bailleurs de fonds internationaux dans herbes que sur les plantes apparentées cultivées94. Le maté- 94 % de ces zones protégées100. riel génétique des plantes adventices pourrait donc servir En gérant l’occupation des sols à l’échelle du paysage, il à améliorer les cultivars de cultures commerciales afin de est possible de favoriser la biodiversité en dehors des zones produire des variétés plus résistantes95. protégées, ce qui est essentiel étant donné le déplacement des écosystèmes, la dispersion des espèces et la promotion Les paysages productifs peuvent intégrer la biodiversité. Les des services des écosystèmes. Le secteur de l’écoagriculture zones protégées constituent bien sûr le maillon central des offre des perspectives intéressantes101. L’idée est d’amélio- stratégies de conservation, mais elles ne suffiront jamais à rer la productivité des terres cultivées tout en préservant la préserver la biodiversité face au changement climatique biodiversité et en améliorant les conditions environnemen- (voir le thème B sur la biodiversité). Même si le réseau tales sur les terres voisines. En adoptant les pratiques écoa- mondial des réserves a pratiquement quadruplé entre gricoles, les fermiers peuvent accroître leur production et 1970 et 2007, pour couvrir environ 12 % des terres de la diminuer leurs coûts, réduire la pollution agricole et créer planète96, cela ne suffira toujours pas pour préserver la des habitats propices à la biodiversité (figure 3.7). Figure 3.7 Simulation informatique d’une utilisation intégrée des terres en Colombie. Source : Photographie de Walter Galindo, provenant de la Fondation CIPAV (Centro para Investigación en Sistemas Sostenibles de Producción Agropecuaria), en Colombie. La photo représente la Finca « La Sirena », dans la Cordillère centrale, Valle del Cauca. Arango 2003. Note : La première photo est celle du paysage tel qu’il existe. La deuxième a été générée par ordinateur et montre à quoi ressemblerait la zone considérée si la productivité agricole s’améliorait grâce à l’application des principes de l’écoagriculture. L’augmentation de la productivité aurait pour effet d’atténuer la pression du pâturage sur les coteaux, de protéger les bassins versants, de piéger du carbone par le biais de l’afforestation, et d’étendre les habitats propices à la biodiversité entre les champs. RapportMonde_LIVRE2.indb 155 16/09/10 12:39 156 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Des mesures judicieuses de préservation de la biodiversité sols) ont été évalués à un montant compris entre 150 et encouragent les agriculteurs à limiter la conversion des aires 180 millions de dollars pour la même période111. naturelles à un usage agricole et à protéger, voire étendre, les L’expérience accumulée durant des dizaines d’an- habitats de haute qualité sur leurs terres. D’autres mesures nées dans le cadre des activités de développement montre sont envisageables, parmi lesquelles la création de réseaux et combien il est difficile, en pratique, de protéger les habitats de couloirs écologiques entre les zones protégées et d’autres pour promouvoir la biodiversité. De nouveaux mécanismes habitats. Des études réalisées en Amérique du Nord et en sont toutefois actuellement mis en place dans le but de Europe montrent que les terres qui ne sont plus affectées à fournir d’importantes incitations financières aux proprié- une production agricole conventionnelle (qui sont mises en taires terriens pour qu’ils cessent de convertir leurs terres. réserve) augmentent incontestablement la biodiversité102. Ces mécanismes comprennent, notamment, des moyens de Les pratiques agricoles favorisant la biodiversité présen- tirer des revenus des services fournis par les écosystèmes à tent souvent de nombreux avantages annexes ; elles la société (voir le thème B), la création de servitudes écolo- réduisent par exemple la vulnérabilité aux catastrophes giques (qui donnent lieu à des paiements aux agriculteurs naturelles, améliorent les revenus et la productivité agri- qui cessent d’exploiter des terres fragiles)112, et l’émission de coles et accroissent la résistance des cultures au changement droits d’aménagement négociables113. climatique. L’ouragan Mitch, en 1998, a causé des dégâts aux exploitations pratiquant l’écoagriculture inférieurs de Le changement climatique nécessitera l’adoption plus 58 %, 70 % et 99 % à ceux subis par les fermes employant des rapide de technologies et de méthodes permettant méthodes conventionnelles au Honduras, au Nicaragua et d’accroître la productivité, de faire face au au Guatemala, respectivement103. Au Costa Rica, les planta- changement climatique et de réduire les émissions. tions brise-vent et les haies ont augmenté les revenus tirés du Différentes options devront être poursuivies simultanément pâturage et du café par les agriculteurs tout en accroissant pour accroître la productivité. La recherche et la la diversité des espèces d’oiseaux104. En Zambie, le recours vulgarisation agricoles ont souffert de l’insuffisance des à des légumineuses105 et à des plantes de couverture dans financements accordés au cours des dix dernières années. le cadre de pratiques de jachère améliorées a permis d’ac- La part de l’aide publique au développement consacrée à croître la fertilité des sols, de faire obstacle aux adventices l’agriculture est tombée de 17 % en 1980 à 4 % en 2007114, et de réduire l’érosion et, partant, de pratiquement tripler alors même que, selon les estimations, les taux de rentabilité les revenus agricoles annuels nets106. La pollinisation par les des investissements dans la recherche et la vulgarisation abeilles est plus efficace lorsque les champs sont plus proches agricoles sont élevés (entre 30 et 50 %)115. Les dépenses des habitats naturels ou semi-naturels107 ; ce constat est très publiques de recherche et développement (R-D) agricoles important parce que 87 des 107 principales cultures alimen- augmentent lentement depuis 1980 dans les pays à faible taires du monde dépendent d’animaux pollinisateurs108. La revenu ou à revenu intermédiaire puisqu’elles sont passées de culture du café sous ombrage peut protéger les plants des six milliards de dollars en 1981 à dix milliards de dollars en températures extrêmes et de la sécheresse109. 2000 (en dollars PPA de 2005), et les investissements privés Au Costa Rica, au Nicaragua et en Colombie, les systèmes ne couvrent toujours qu’une faible proportion (6 %) de la sylvopastoraux intégrant arbres et pâturages améliorent la R-D agricole dans ces pays116. Il faudra inverser ces tendances viabilité de l’élevage bovin en même temps qu’ils diversi- pour satisfaire les besoins alimentaires de l’humanité. fient et accroissent les revenus des fermiers110. Ces systèmes L’Évaluation internationale des connaissances agri- offrent des moyens d’adaptation au changement climatique coles, de la science et de la technologie pour le développe- particulièrement utiles car les arbres gardent leur feuillage ment (EICASTD) , qui vient de s’achever, montre que, dans pendant la plupart des périodes de sécheresse, fournissent le contexte du changement climatique, le développement du fourrage et de l’ombre et stabilisent ainsi la production agricole ne pourra s’effectuer qu’en suivant conjointement de lait et de viande. Ils permettent également d’améliorer la des méthodes anciennes et nouvelles117. Tout d’abord, les qualité de l’eau. La production et les revenus de l’agriculture pays peuvent exploiter le savoir traditionnel des agricul- peuvent aller de pair avec la préservation de la biodiversité. teurs. Ce savoir recouvre une myriade d’options d’adap- De fait, les écosystèmes intacts génèrent fréquemment plus tation et de gestion des risques spécifiques à certains sites, de revenus que ceux qui ont été convertis. À Madagascar, la mais qui peuvent être appliquées de manière plus générale. gestion de 2,2 millions d’hectares de forêt sur 15 ans coûte Deuxièmement, des mesures ayant pour effet de modifier les 97 millions de dollars si l’on tient compte des bénéfices prix relatifs auxquels sont confrontés les agriculteurs offrent économiques qui auraient été générés par la conversion des d’excellentes possibilités de promouvoir des pratiques qui terres à un usage agricole. Mais les avantages procurés par aideront le monde à s’adapter au changement climatique (en une forêt bien gérée (qui tiennent pour moitié à la protec- augmentant la productivité) et à l’atténuer (en diminuant les tion des bassins versants et à la réduction de l’érosion des émissions de l’agriculture). RapportMonde_LIVRE2.indb 156 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 157 Troisièmement, l’adoption de pratiques agricoles En 2008, 100 millions d’hectares, constituant environ nouvelles ou non habituelles peut accroître la productivité et 6,3 % des terres arables du monde, ont été cultivés avec un réduire les émissions de carbone. Les agriculteurs commen- travail réduit du sol – soit deux fois plus qu’en 2001122. Cette cent à se tourner vers l’agriculture « de conservation » , qui pratique est essentiellement employée dans les pays dévelop- consiste à travailler le sol le moins possible (les semences pés, car elle nécessite beaucoup d’équipements et n’a pas été sont semées sans labour et la surface du sol est recouverte adaptée aux conditions observées en Asie et en Afrique123. d’au moins 30 % de résidus), à laisser des résidus de culture, Le travail réduit du sol accroît également la complexité de la et à pratiquer la rotation des cultures. Ces méthodes peuvent lutte contre les adventices, les ravageurs et les maladies, qui accroître les rendements118, limiter l’érosion et le lessivage doit donc être mieux gérée124. des sols119, augmenter l’efficacité de l’utilisation d’eau et de En Inde, néanmoins, les agriculteurs pratiquant la nutriments120, réduire les coûts de production et, fréquem- culture de riz-blé de la plaine Indo-Gangétique ont utilisé ment, piéger du carbone121. la technique de culture sans travail du sol sur 1,6 million ENCADRÉ 3.6 Des cultures biotechnologiques pour aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique Les méthodes classiques de sélection et Les gènes ayant un effet direct sur les résistantes aux maladies, et l’évolution d’amélioration des plantes ont produit rendements des cultures et ceux qui rapide de nouveaux biotypes de ravageurs des variétés modernes et permis d’obtenir sont associés à l’adaptation à différents adaptés aux plantes GM. Pourtant, des gains de productivité importants. À types de stress ont été identifiés et font les études scientifiques et dix années l’avenir, ce sont probablement surtout l’objet d’essais en champ. De nouvelles d’utilisation commerciale montrent que l’emploi conjoint de techniques de variétés pourraient améliorer la manière des mesures de précaution appropriées modification génétique permettant de dont les cultures s’accommodent d’une peuvent empêcher le développement sélectionner les caractères voulus et alimentation en eau aléatoire et, peut-être d’une résistance chez les ravageurs ciblés de méthodes classiques d’amélioration même, dont elles convertissent l’eau. Dans et les dommages environnementaux des plantes qui produiront des cultures le contexte du changement climatique, il pouvant être générés par la culture résistant mieux aux ravageurs, aux sera d’autant plus crucial de produire des commerciale de plantes transgéniques, sécheresses et aux autres stress variétés de plantes capables de survivre à notamment le flux génétique vers des environnementaux accompagnant le des épisodes de sécheresse plus longs. Les espèces sauvages apparentées. Il se changement climatique. premières expériences et essais en champ pourrait que la biodiversité des cultures De nombreuses cultures ayant des de cultures GM permettent de penser diminue si un petit nombre de cultivars caractéristiques génétiquement modifiées que des progrès pourraient être possibles GM supplantent les cultivars traditionnels, sont largement commercialisées depuis sans que les rendements soient affectés mais ce risque existe aussi avec les variétés une douzaine d’années. En 2007, selon durant les périodes hors sécheresse – un obtenues par les méthodes de sélection les estimations, les superficies plantées problème qui se pose avec les variétés classiques. L’impact sur la biodiversité de variétés culturales transgéniques, tolérantes à la sécheresse mises au point peut être réduit si l’on introduit plusieurs la plupart modifiées pour résister par les méthodes de sélection classiques. variétés d’une culture GM, comme en aux insectes ou tolérer les herbicides, Du maïs tolérant à la sécheresse est près Inde, où l’on trouve plus de 110 variétés couvraient 114 millions d’hectares, dont d’être commercialisé aux États-Unis, et est de coton Bt (Bacillus thuringiensis). Bien plus de 90 % étaient concentrés dans en phase de mise au point pour l’Afrique que le bilan des cultures GM soit positif, il seulement quatre pays (Argentine, Brésil, et l’Asie. est indispensable de mettre en place des Canada et États-Unis). Ces technologies Cependant, les cultures GM sont dispositifs réglementaires de biosécurité vont réduire sensiblement la pollution controversées et les questions reposant sur des bases scientifiques afin environnementale, augmenter la d’acceptation par le public et d’innocuité de pouvoir évaluer au cas par cas les productivité des cultures, abaisser les doivent être résolues. Les craintes du risques et les avantages, en comparant les coûts de production et diminuer les public portent sur l’aspect éthique, lié risques potentiels à ceux d’autres solutions émissions d’oxyde d’azote. À ce jour, les à la modification délibérée du matériel technologiques et en tenant compte de chercheurs ont réussi à produire des génétique, et sur les risques potentiels la caractéristique particulière considérée variétés, par exemple de manioc et de pour l’innocuité des aliments et et du contexte agroécologique de son maïs, qui résistent à différents ravageurs l’environnement. Après plus de dix ans, utilisation. et maladies, ainsi que des variétés de soja, alors qu’aucun cas d’impact négatif de de colza, de coton et de maïs qui tolèrent cultures alimentaires GM sur la santé les herbicides. Les agriculteurs qui utilisent humaine n’a été rapporté, le public reste Source : Benbrook 2001 ; FAO 2005 ; Gruere, des cultures génétiquement modifiées réticent. Les risques pour l’environnement Mehta-Bhatt, et Sengupta 2008 ; James 2000 ; (GM) résistantes aux insectes ont diminué comprennent la possibilité d’une James 2007 ; James 2008 ; Normile 2006 ; leur consommation de pesticides et le pollinisation croisée de plantes GM avec Phipps et Park 2002 ; Rosegrant, Cline, et nombre de substances actives dans les des plantes sauvages apparentées, qui ValmonteSantos 2007 ; Banque mondiale herbicides qu’ils utilisent. créerait des adventices agressives plus 2007c. RapportMonde_LIVRE2.indb 157 16/09/10 12:39 158 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 3.7 Le biochar : une solution prometteuse pour piéger le carbone et augmenter les rendements sur une grande échelle Des chercheurs étudiant des sols d’autres montrent que, dans certains sols, partant, réduire la nécessité d’utiliser des exceptionnellement fertiles dans le les effets positifs pourraient être beaucoup engrais artificiels et, donc, la pollution bassin amazonien ont constaté que ces moins importants. Néanmoins, le biochar des cours d’eau. Ce potentiel existe. Mais sols avaient été altérés par des processus peut piéger du carbone qui, sinon, serait deux défis doivent être surmontés, qui anciens de production de charbon de bois. rejeté dans l’atmosphère dans le cadre de consistent à démontrer les propriétés Les populations autochtones brûlaient de la combustion ou de la décomposition de chimiques du biochar, et à mettre au point la biomasse humide (résidus de cultures et la biomasse. des mécanismes pour pouvoir l’utiliser à fumier) à basse température en l’absence Le biochar pourrait donc fortement grande échelle. presque totale d’oxygène. Elles obtenaient contribuer aux efforts d’atténuation. Il importera d’examiner différents aspects ainsi une matière solide ressemblant à du Pour donner un ordre de grandeur, aux de l’utilisation du biochar, notamment charbon de bois et ayant une très haute États-Unis, la biomasse constituée par pour mettre au point des méthodes teneur en carbone, appelée biochar. Ce les déchets forestiers et agricoles, plus permettant de mesurer son potentiel de processus a, depuis, été reproduit dans la biomasse qui pourrait être produite piégeage du carbone à long terme, évaluer des installations industrielles modernes de sur des terres actuellement en friche, les risques environnementaux, déterminer plusieurs pays. pourraient produire suffisamment de son comportement dans différents types Le biochar se révèle extrêmement stable matière pour permettre aux États-Unis de sols, sa viabilité économique, et les dans le sol. Les études de la viabilité de piéger, par cette technique, 30 % avantages qu’il pourrait procurer aux pays technique et économique de ce procédé des émissions dues à sa consommation en développement. se poursuivent : certains résultats d’énergies fossiles. Le biochar peut indiquent que le biochar pourrait piéger le également améliorer la fertilité du sol. Il Sources : Lehmann 2007a ; Lehmann carbone dans le sol pendant des centaines se fixe aux nutriments et pourrait ainsi 2007b ; Sohi et al. 2009 ; Wardle, Nilsson, et voire des milliers d’années, tandis que contribuer à régénérer les terres et, Zackrisson 2008 ; Wolf 2008. d’hectares en 2005125. Selon les estimations, en 2007-08, culturales, l’augmentation du nombre d’espèces inclues dans deux États indiens (Haryana et Punjab), 20 à 25 % du dans le cycle de rotation des cultures (notamment pour les blé était cultivé par une méthode de travail réduit du sol cultures pérennes), le moindre recours aux terres en friche, employée sur 1,26 million d’hectares126. Les rendements ont la réduction du travail du sol, les cultures de couverture et augmenté de 5 à 7 %, et les coûts à l’hectare ont diminué de le biochar peuvent tous contribuer à accroître le stockage 52 dollars127. Au Brésil, ces pratiques sont utilisées sur près du carbone (encadré 3.7). Le drainage des rizières au moins de 45 % des terres arables128. La pratique du travail réduit une fois pendant la période de végétation et l’application de du sol va vraisemblablement continuer de gagner du terrain, résidus de paille de riz sur le sol pendant la contre-saison surtout si son utilisation donne lieu à la rémunération du pourraient réduire de 30 % les émissions de méthane130. piégeage de carbone dans le sol sur un marché du carbone Il est également possible de diminuer les émissions de établi pour assurer le respect des limites d’émissions. méthane des animaux d’élevage en utilisant des aliments Les biotechnologies pourraient profondément modifier de meilleure qualité, des stratégies d’alimentation plus fines les arbitrages qui doivent être faits entre l’imposition de et de meilleures pratiques pastorales131. L’amélioration des pressions sur les terres et les ressources en eau, d’une part, pâturages pourrait, à elle seule, réaliser environ 30 % du et la productivité agricole, d’autre part, car elles pourraient potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre permettre d’améliorer les rendements, d’augmenter la capa- de l’agriculture (1,3 gigatonne de CO2e par an d’ici 2030 sur cité d’adaptation des cultures aux sécheresses, à la chaleur 3 milliards d’hectares à l’échelle mondiale)132. et aux autres stress climatiques, d’atténuer les émissions de Étant donné l’intensification de la production agricole, gaz à effet de serre, de réduire l’épandage de pesticides et la question des impacts environnementaux des méthodes d’herbicides, et de modifier les plantes pour produire de employées pour fertiliser les sols va devenir primordiale133. meilleurs biocombustibles (encadré 3.6). Il y a néanmoins Les pays développés et de nombreuses régions d’Asie et peu de chances que des modifications génétiques puissent d’Amérique latine peuvent diminuer leur consommation modifier la productivité de l’eau à brève échéance129. d’engrais afin de réduire à la fois les émissions de gaz à effet Les pratiques agricoles intelligentes sur le plan clima- de serre et le lessivage des nutriments qui porte atteinte tique améliorent les moyens de subsistance des populations aux écosystèmes aquatiques. En modifiant la fréquence et rurales tout en atténuant le changement climatique et en le calendrier des applications d’engrais, il serait possible de favorisant l’adaptation. L’adoption de nouvelles variétés réduire les émissions d’oxyde d’azote provenant des microbes RapportMonde_LIVRE2.indb 158 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 159 du sol. L’azote à libération lente134 a un meilleur rendement sur l’ensemble du monde aquatique (voir le thème A sur les par unité d’azote mais, jusqu’à présent, il s’est révélé trop bases scientifiques du changement climatique)140. cher pour beaucoup d’agriculteurs des pays en développe- ment135. De nouveaux inhibiteurs biologiques qui réduisent Une gestion fondée sur l’écosystème peut faciliter une riposte la volatilisation de l’azote pourraient permettre d’atteindre à la crise dans le secteur de la pêche Même si l’on fait un grand nombre des résultats produits par l’azote à libé- abstraction du changement climatique, entre 25 et 30 % des ration lente, à moindre coût. Comme ils n’imposent pas de ressources halieutiques marines sont surexploitées, épuisées travail supplémentaire et n’exigent qu’une légère modifica- ou en voie de reconstitution – de sorte que les rendements tion de la gestion des activités, ils seront probablement bien n’atteignent pas leur potentiel. Environ 50 % des stocks accueillis par les agriculteurs136. Si des mesures d’incitation sont exploités à leur maximum : les prises ont atteint les encouragent les producteurs et les agriculteurs à adopter les limites viables, ou en sont très proches, sans laisser aucune nouvelles technologies de fertilisation et à utiliser les engrais marge de sécurité. Le pourcentage des stocks sous-exploités de façon efficiente, un grand nombre de pays pourront ou modérément exploités est passé de 40 % vers le milieu maintenir leur croissance agricole tout en réduisant leurs des années 70 à 20 % en 2007141. Il pourrait être possible émissions et la pollution de l’eau. d’augmenter la valeur des prises – par exemple en diminuant En Afrique subsaharienne en revanche, la fertilité natu- la quantité de poissons pêchés involontairement, estimée à relle des sols est faible et les pays n’ont pas d’autre choix un quart des prises mondiales142. Les pêches dans les océans que d’utiliser davantage d’engrais inorganiques. Des de la planète ont probablement atteint leur potentiel, et programmes de gestion évolutive intégrée donnant lieu à seules des pratiques plus durables permettront de maintenir des essais et des activités de suivi géographiquement ciblées la productivité du secteur143. peuvent réduire le risque d’épandage excessif d’engrais. Un mode de gestion écosystémique, qui porte sur l’éco- Toutefois, ces programmes sont encore rares dans la plupart système dans son ensemble et non pas sur une espèce ou des pays en développement, faute d’investissements publics un site particulier et prend en compte les êtres humains en suffisants dans les services de recherche, de vulgarisation et tant qu’éléments faisant partie intégrante du système, peut d’information nécessaires à une mise en œuvre réussie – un protéger la structure, le fonctionnement et les processus problème souvent évoqué dans ce chapitre. essentiels des écosystèmes côtiers et marins144. Les stratégies Une politique de fertilisation rationnelle, condition applicables comprennent la gestion du littoral, la gestion au nécessaire à l’accroissement de la productivité agricole niveau local, les zones marines protégées, l’imposition de dans les pays en développement, doit comprendre des limites à l’effort de pêche et aux engins de pêche, la déli- mesures visant à mettre les engrais à la portée des popu- vrance de permis de pêche, le zonage, et l’application des lois lations pauvres137. Elle doit aussi intégrer des programmes concernant le littoral. Une bonne gestion des écosystèmes de plus vaste portée, comme le Programme de promotion marins implique aussi de gérer certaines activités terrestres des intrants agricoles au Kenya, qui travaille avec des entre- afin de minimiser les épisodes d’eutrophisation qui pertur- prises locales et des fi liales des grands semenciers interna- bent les écosystèmes marins, par exemple les récifs coral- tionaux pour améliorer les intrants agricoles (en formulant liens, dans de nombreuses régions du monde145. La valeur des engrais employant des minéraux disponibles sur place, économique des récifs coralliens pourrait être considéra- en fournissant des semences améliorées et en distribuant blement supérieure à celle des activités agricoles qui sont à des engrais dans les zones rurales) et promouvoir les bonnes l’origine du problème146. pratiques agronomiques (enfouissage correct des engrais, Le monde en développement a déjà remporté quelques gestion des sols, et lutte efficace contre les adventices et les victoires. Dans la partie centrale des Philippines, un ravageurs). programme poursuivi sur le site du récif du banc Danajon permet à présent à la biomasse des poissons de dépasser ses Pêches et aquaculture : Produire plus et mieux niveaux historiques147. En fait, certains pays en développe- protéger ment mettent en œuvre une gestion basée sur l’écosystème de manière plus efficace que ne le font beaucoup de pays Les écosystèmes marins vont devoir faire face à des développés148. stress au moins aussi importants que les écosystèmes Le changement climatique créera de nouvelles pressions – terrestres une hausse prévisible des prix alimentaires, une demande Les océans ont absorbé environ la moitié des émissions accrue de protéines de poisson, et la nécessité de protéger anthropiques depuis 1800138, et plus de 80 % de la chaleur les écosystèmes marins – qui inciteront peut-être les États à générée par le réchauffement climatique139. La qualité de entreprendre des réformes prônées de longue date et consis- leurs eaux, qui se réchauffent et s’acidifient, se modifie de ce tant, notamment, à ramener les prises à des niveaux viables fait à un rythme sans précédent, ce qui a des répercussions et à éliminer les subventions aux effets pervers qui encou- RapportMonde_LIVRE2.indb 159 16/09/10 12:39 160 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 3.8 La demande de poissons d’élevage augmentera, en particulier en Asie et en Afrique Millions de tonnes Source : De Silva et Soto 2009. 35 Production aquacole en 2003 30 Demande aquacole en 2020 25 20 15 10 5 0 Chine Asie et Europe Amérique latine Amérique Afrique Pacifique et Caraïbes du Nord ragent la surcapacité des flottes de pêche149. Le nombre de Les projections de la demande de poissons d’élevage indi- bateaux de pêche construits chaque année représente moins quent une évolution à la hausse (figure 3.8), mais le chan- du dixième de celui enregistré à la fin des années 80, mais la gement climatique aura des répercussions sur l’aquaculture surcapacité continue de poser problème150. Le coût mondial dans le monde entier. L’élévation du niveau de la mer, l’ac- d’une piètre gouvernance des pêches de capture marines croissement de l’intensité des tempêtes et l’intrusion d’eau de est estimé à 50 milliards de dollars par an151. L’instauration mer dans les principaux deltas des tropiques vont compro- de systèmes fondés sur les droits de pêche peut constituer mettre l’aquaculture car les espèces aquacoles présentent, une incitation individuelle et collective à maintenir les en général, une faible tolérance à la salinité, comme le pois- captures à un niveau viable. Ces systèmes peuvent accorder son-chat dans le delta du Mékong. Le réchauffement de des droits d’accès de différents types, notamment pour la l’eau dans les zones tempérées pourrait porter les tempéra- pêche communautaire, et aussi imposer des quotas de pêche tures au-dessus de la fourchette optimale pour les espèces individuels152. cultivées. L’incidence et l’impact des maladies aquacoles devraient, de surcroit, augmenter avec les températures160. L’aquaculture contribuera à répondre à une demande L’aquaculture devrait se développer au rythme de 4,5 % alimentaire croissante par an entre 2010 et 2030161. Toutefois pour que l’expan- Les poissons, mollusques et crustacés fournissent sion de ce secteur soit durable, il faudra surmonter deux aujourd’hui quelque 8 % des protéines animales consom- obstacles majeurs. Le premier est l’emploi généralisé de mées dans le monde153. Le nombre d’habitants de la planète protéines et de graisses de poisson dans la composition augmentant d’environ 78 millions par an154, la produc- des farines utilisées pour nourrir les poissons d’élevage, tion de poissons, crustacés et mollusques devra s’accroître qui exerce une forte pression sur les stocks de poisson de chaque année d’environ 2,2 millions de tonnes pour assurer capture162. Il faudra que l’aquaculture se développe grâce le maintien du niveau de consommation actuel, qui est de à l’élevage d’espèces non tributaires d’aliments fabriqués à 29 kilos par personne et par an155. Si les stocks de pois- partir de farines de poisson ; aujourd’hui, 40 % de l’aquacul- sons de capture ne se reconstituent pas, seule l’aquaculture ture dépend d’aliments industriels, produits le plus souvent permettra de satisfaire la demande future156. à partir de ressources marines et côtières déjà en situation L’aquaculture a contribué pour 46 % au volume de pois- de stress163. Les aliments aquacoles d’origine végétale (tels sons consommés dans le monde en 2006157, et affiche un que les aliments fabriqués à partir de graines oléagineuses) taux de croissance annuel moyen (7 %) supérieur aux taux sont une option prometteuse164, et certaines exploitations de croissance démographique observés depuis plusieurs ont remplacé complètement les farines de poisson par des dizaines d’années. Sa productivité a considérablement produits végétaux dans l’alimentation des poissons herbi- augmenté pour certaines espèces, dont les prix ont chuté et vores et omnivores, sans compromettre leur croissance ou qui ont trouvé de plus amples débouchés158. Les pays en déve- les rendements165. Considéré sous l’angle d’une utilisation loppement, principalement dans la région Asie-Pacifique, rationnelle des ressources, il est souhaitable de privilégier dominent la production. Les poissons consommés en Chine l’élevage des espèces herbivores et omnivores – qui repré- proviennent à 90 % de l’aquaculture159. sentent aujourd’hui environ 7 % de la production totale166. RapportMonde_LIVRE2.indb 160 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 161 À titre d’exemple, pour produire un kilo de saumon, de pois- en vigueur parce qu’elle n’a pas été ratifiée par un nombre son de mer ou de crevettes en aquaculture, il faut utiliser suffisant de pays175. une grande quantité de ressources – entre 2,5 et 5 kilos de Il est indispensable que les pays riverains coopèrent pour poisson sauvage167. faire face aux problèmes associés aux ressources en eau Le deuxième problème tient aux dommages que l’aqua- provoqués par le changement climatique. Cette coopération culture peut causer à l’environnement. L’aquaculture côtière ne pourra se faire que dans le cadre d’accords globaux aux est responsable de la destruction de 20 à 50 % des mangroves termes desquels tous les pays riverains assumeront la respon- de la planète168 ; si ces destructions devaient se poursuivre, la sabilité de la gestion conjointe et de l’utilisation partagée du capacité des écosystèmes de résister à des chocs climatiques cours d’eau et qui prendront en compte la variabilité accrue serait compromise et les populations du littoral seraient des ressources en eau par suite aussi bien de sécheresses plus vulnérables aux tempêtes tropicales. L’aquaculture que d’inondations. En règle générale, les accords relatifs à peut également entraîner le rejet de déchets dans les écosys- l’eau allouent des quantités fi xes d’eau à chaque partie ; le tèmes marins et contribuer ainsi, dans certaines régions, changement climatique rend ce système problématique. au processus d’eutrophisation. Il est possible de réduire son L’établissement des allocations sur la base de pourcentages impact environnemental en adoptant de nouvelles tech- du volume des écoulements permettrait de prendre davan- niques de gestion des effluents – comme la recirculation tage en compte la variabilité des débits. Une démarche basée de l’eau169, un meilleur calibrage des aliments, ou encore la sur un « partage des avantages » serait encore plus optimale polyculture intégrée dans laquelle des organismes complé- puisqu’elle baserait les allocations non plus en termes de mentaires sont élevés ensemble pour réduire les déchets170 – volumes d’eau mais en fonction de la valeur économique, et en développant l’aquaculture dans des masses d’eau sociale, politique et environnementale produite par l’utili- sous-exploitées telles que les rizières, les canaux d’irrigation, sation de l’eau176. et les plans d’eau saisonniers. Des systèmes intégrés d’agri- culture-aquaculture favorisent le recyclage des nutriments, Les pays devront collaborer pour mieux gérer de sorte que les déchets de l’aquaculture peuvent devenir un les ressources halieutiques intrant (engrais) pour l’agriculture, et inversement, ce qui Le poisson est le produit alimentaire le plus international. optimise l’utilisation des ressources et réduit la pollution171. Un tiers de la production mondiale de poisson fait l’objet Ces systèmes permettent de diversifier les revenus et de four- d’échanges internationaux, soit la proportion la plus forte nir des protéines aux ménages dans de nombreuses régions enregistrée pour tous les produits primaires177. Face à la d’Afrique subsaharienne, d’Amérique latine et d’Asie172. diminution de leurs stocks de poisson, les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que nombreux États asiatiques Établir des accords internationaux flexibles ont entrepris d’accroître leurs importations de poisson en Gérer les ressources naturelles afin de faire face au chan- provenance des pays en développement178. En raison de gement climatique suppose d’améliorer la collaboration cette hausse de la demande, qui vient s’ajouter au suréqui- internationale. Cela suppose aussi des échanges de produits pement de certaines flottes de pêche (la flotte européenne alimentaires plus fiables à l’échelle internationale, pour a une surcapacité de 40 % par rapport à la capacité compa- permettre aux pays d’être mieux en mesure de faire face aux tible avec les stocks de poissons), l’appauvrissement des chocs climatiques et à la diminution du potentiel agricole. ressources marines se fera sentir de plus en plus vers le sud de la Méditerranée, dans les eaux de l’Afrique occidentale Les pays qui partagent des cours d’eau devront et dans celles de l’Amérique du Sud. Par ailleurs, bien que s’entendre sur la façon de les gérer le commerce international des pêches se chiffre à plusieurs Environ un cinquième des ressources en eau douce renou- milliards de dollars par an, les pays en développement ne velables de la planète traversent ou forment des frontières reçoivent encore que des montants relativement faibles sous internationales, et cette proportion est beaucoup plus élevée forme de redevances des flottes de pêche étrangères opérant dans certaines régions du monde en développement. Or, dans leurs eaux. Même dans les eaux riches en thon du seulement 1 % de ces eaux sont couvertes par un traité Pacifique occidental, les petits États insulaires en dévelop- quelconque173. En outre, seul un petit nombre des traités pement ne reçoivent qu’environ 4 % de la valeur des thons existants sur les cours d’eau internationaux couvre tous les pêchés179. En modifiant la répartition des stocks de poissons, pays traversés ou bordés par le cours d’eau en question174. La les réseaux trophiques et la physiologie d’espèces de poissons Convention des Nations Unies sur le droit relatif aux utili- déjà perturbées, le changement climatique ne fera qu’ag- sations des cours d’eau internationaux à des fins autres que graver la situation180. Les flottes confrontées à de nouvelles la navigation, adoptée par l’Assemblée générale de l’Orga- diminutions des stocks iront pêcher encore plus au large, et nisation de Nations Unies en 1997, n’est pas encore entrée de nouveaux accords de partage de ressources devront être négociés. RapportMonde_LIVRE2.indb 161 16/09/10 12:39 162 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 3.8 Les responsables de l’action publique au Maroc doivent rechercher un équilibre difficile pour maîtriser les importations de céréales Le Maroc, qui a des ressources en eau très satisfait par la production intérieure, il lui introduire des améliorations techniques limitées et une population en expansion, faudra accroître la productivité de l’eau, entre 100 % et 140 % plus rapidement importe la moitié des céréales qu’elle chaque année, de 4 % dans les terres qu’il ne serait nécessaire en l’absence de consomme. Même sans modification irriguées, ou de 2,2 % pour l’agriculture changement climatique. Seule une hausse du climat, pour pouvoir maintenir ses pluviale, ou encore toute combinaison beaucoup plus importante des gains importations céréalières à 50 % au des hausses de productivité représentée d’efficacité intérieurs permettrait au Maroc maximum de la demande sans augmenter par un point situé sur la ligne violette. de réduire ses importations nettes. la consommation d’eau, il lui faudra En d’autres termes, une option robuste réaliser des améliorations techniques pour contre le changement climatique parvenir à une solution combinant des pourrait consister, dans le cas du Maroc, à Source : Banque mondiale, à paraître a. gains de production allant de 2 % par unité d’eau allouée aux cultures de céréales Comment parvenir à l’autosuffisance sans augmenter la consommation d’eau au Maroc irriguées à 1 % la production par unité de terrain dans les zones d’agriculture Augmentation annuelle de l’efficacité de l’irrigation par des progrès techniques (%) pluviale (ces combinaisons sont décrites 4,5 Sans changement climatique, – 50 % des par la ligne grise sur la figure). 4,0 céréales produites sur le territoire national Les effets du réchauffement de Avec changement climatique, – 50 % des l’atmosphère et la diminution des 3,5 céréales produites sur le territoire national précipitations ajoutent encore à la Avec changement climatique, – 60 % des 3,0 céréales produites sur le territoire national complexité du problème : les progrès 2,5 techniques devront être de 22 à 33 % plus rapides qu’en l’absence de changement 2,0 climatique (selon la combinaison des 1,5 mesures décidées) (ligne en pointillés sur la figure). Toutefois, si le Maroc veut se 1,0 protéger davantage des effets des chocs 0,5 climatiques sur l’agriculture intérieure ainsi que des chocs exercés par les prix 0,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 du marché, et décide de porter de 50 à 60 % le pourcentage de sa consommation Augmentation annuelle des rendements de l’agriculture pluviale par des progrès techniques (%) Pour favoriser l’adaptation et réglementer les droits 2006, qui est la première institution de ce type établie pour d’accès aux pêcheries, il est important de mettre au point un grand écosystème marin. Les trois pays se sont engagés à des régimes internationaux, tant juridiques qu’institution- assurer une gestion intégrée des pêcheries afin de s’adapter nels, pour la gestion des ressources ainsi que les dispositifs au changement climatique183. de suivi correspondants. Le renforcement des organisa- tions régionales de gestion des pêcheries pourrait faciliter L’augmentation de la fiabilité des échanges la conclusion de tels accords181. Le Programme du Grand de produits de base agricoles aideront les pays écosystème marin du courant de Benguela est à cet égard confrontés à des aléas météorologiques extrêmes intéressant. L’écosystème du courant de Benguela, qui suit Même si les agriculteurs, les entreprises, les pouvoirs publics la côte occidentale de l’Angola, de la Namibie et de l’Afrique et les gestionnaires des ressources en eau parviennent à consi- du Sud, est l’un des plus productifs du monde. Il constitue dérablement accroître la productivité des terres et de l’eau, un réservoir de biodiversité abritant de nombreux poissons, certaines régions du monde ne disposeront pas de quantités oiseaux de mer et mammifères marins. Au sein de cet écosys- d’eau suffisantes pour produire chaque année la totalité des tème, on peut déjà constater que le changement climatique aliments dont ils ont besoin. Toute décision concernant la déplace des tropiques vers le pôle les zones de peuplement répartition de l’approvisionnement alimentaire entre impor- de certaines espèces commercialement très importantes182. tations et production intérieure a des conséquences en termes Ce déplacement vient s’ajouter aux stress déjà créés par la de productivité agricole et de gestion de l’eau (encadré 3.8). surpêche, l’exploitation des mines de diamant et la produc- Rechercher l’autosuffisance alimentaire lorsque la dotation en tion pétrolière et gazière. L’Afrique du Sud, l’Angola et la ressources et le potentiel de croissance sont insuffisants aura Namibie ont fondé la Benguela Current Commission en un coût économique et environnemental élevé. RapportMonde_LIVRE2.indb 162 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 163 Carte 3.5 Le commerce mondial des céréales repose sur les exportations d’un petit nombre de pays 7.6 33.9 55.5 7.9 56.9 102.2 30.7 52.7 4.3 12.2 4.8 0.1 27.3 17.6 1.1 0.7 20.2 7.92 13.6 11.0 19.7 1.2 27.7 19.4 Volumes de céréales 22.1 (millions de tonnes) 1.8 Exportés Importés Source : FAO 2009c. Note : Les exportations et les importations annuelles sont des moyennes sur quatre ans (2002–2006). Beaucoup de pays importent déjà une part importante Premièrement, les marchés céréaliers sont étroits : seule- de leur nourriture – la plupart des pays arabes importent ment 18 % du blé mondial et 6 % du riz mondial sont expor- au moins la moitié des calories alimentaires qu’ils consom- tés. Le reste est consommé dans le pays de production188. ment – et dans un contexte climatique de plus en plus Seuls quelques pays exportent des céréales (carte 3.5). difficile, tous les pays doivent se préparer à de mauvaises Sur un marché étroit, une faible variation de l’offre ou récoltes184. Le changement climatique accroîtra la sécheresse de la demande peut entraîner une modification des prix. de pays déjà arides, ce qui aggravera encore les pressions Deuxièmement, les stocks alimentaires mondiaux par habi- exercées par l’augmentation de la demande entraînée par tant se trouvaient à l’un des plus bas niveaux jamais enre- la progression des revenus et la croissance démographique. gistrés. Troisièmement, le développement du marché des Par conséquent, le nombre d’habitants augmentera dans biocombustibles a incité certains agriculteurs à délaisser les des régions qui importent chaque année une grande part cultures à vocation alimentaire, ce qui a contribué notable- de leurs produits alimentaires. Il augmentera aussi dans des ment à la hausse des prix alimentaires mondiaux. pays dont le secteur agricole est exposé aux chocs provoqués Quand les pays ne font pas confiance aux marchés inter- par des phénomènes climatiques extrêmes, dont la proba- nationaux, ils réagissent aux flambées des cours en prenant bilité et la gravité seront accrues par le changement clima- des mesures qui peuvent aggraver la situation. En 2008, tique. Les projections établies dans le cadre de plusieurs beaucoup de pays ont imposé des restrictions aux expor- scénarios mondiaux font état d’une hausse de 10 à 40 % des tations ou ont mis en place un système d’encadrement des importations nettes des pays en développement par suite du prix pour tenter de minimiser les effets des hausses de prix changement climatique185. D’après les projections, le volume sur leurs propres populations. Cela a notamment été le cas des échanges céréaliers devrait plus que doubler à l’horizon de l’Argentine, de l’Inde, du Kazakhstan, du Pakistan, de 2050, et celui des échanges de produits carnés devrait plus la Russie, de l’Ukraine et du Viet Nam. L’Inde a interdit que quadrupler186. Par ailleurs, le coefficient de dépendance les exportations de riz et de légumes secs, et l’Argentine a alimentaire augmentera principalement dans les pays en augmenté les taxes à l’exportation sur le bœuf, le maïs, le développement187. soja et le blé189. Comme en témoigne la flambée des prix alimentaires Les interdictions d’exportation et l’alourdissement des enregistrée en 2008, le marché mondial des produits alimen- droits d’exportation contribuent à accroître l’étroitesse et taires est volatil. Pourquoi les prix se sont-ils envolés ? la volatilité du marché international. À titre d’exemple, les RapportMonde_LIVRE2.indb 163 16/09/10 12:39 164 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E restrictions imposées sur les exportations de riz par l’Inde Il est également vital d’assurer des services de transport touchent durement les consommateurs au Bangladesh et par tous les temps afin de maintenir un accès aux marchés n’incitent guère les riziculteurs indiens à investir dans l’agri- 365 jours par an, en particulier dans des pays comme l’Éthio- culture, qui est un moteur de croissance à long terme. En pie, où le régime pluviométrique varie considérablement outre, les interdictions d’exportation favorisent la formation d’une région à l’autre. Des investissements plus importants de cartels, sapent la confiance dans le commerce extérieur, dans l’amélioration des infrastructures logistiques de la chaîne et encouragent le protectionnisme. L’encadrement des prix d’approvisionnement – routes, ports, installations douanières, intérieurs peut aussi avoir un effet négatif en empêchant marchés de gros, ponts-bascules et entrepôts – contribueraient ceux qui en ont le plus besoin de se procurer des revenus et à amener jusqu’aux consommateurs davantage de produits en réduisant l’intérêt qu’ont les agriculteurs d’accroître leur alimentaires à moindre coût. Mais il est aussi nécessaire d’avoir production alimentaire. des infrastructures institutionnelles. En matière de douanes et d’entreposage, la transparence, la prévisibilité et l’honnêteté Les pays peuvent prendre des mesures pour améliorer l’accès sont aussi importantes que les équipements. aux marchés Les États peuvent agir unilatéralement Les pays importateurs peuvent aussi investir dans diffé- pour améliorer leur accès aux marchés alimentaires rents maillons de la chaîne d’approvisionnement dans les internationaux. Les petits pays qui ont peu d’influence sur pays producteurs. Il pourrait être également possible, et en le marché mais qui importent néanmoins un pourcentage fait moins risqué, de concentrer les efforts sur les infrastruc- élevé de leurs denrées alimentaires ont particulièrement tures de la chaîne d’approvisionnement ou la recherche et le intérêt à le faire. L’un des moyens les plus simples consiste développement agricoles dans les pays producteurs. à améliorer les méthodes de passation des marchés. Le recours à des méthodes modernes telles que les procédures Les règles internationales du commerce continueront électroniques d’appel d’offres et de soumission et à des de jouer un rôle crucial instruments complexes de crédit et de couverture sont Le Programme de Doha pour le développement lancé sous autant de mécanismes qui peuvent permettre aux pouvoirs les auspices de l’Organisation mondiale du commerce visait publics d’obtenir de meilleures conditions sur le marché. à éliminer les obstacles aux échanges et à améliorer l’accès des Une autre option consiste à assouplir les réglementations pays en développement aux marchés. Mais les négociations nationales qui interdisent les marchés multinationaux, pour ont été suspendues en 2008. Selon une étude, si les dirigeants permettre aux petits pays de regrouper leurs achats et, ainsi, mondiaux ne parviennent pas à faire aboutir le Cycle de réaliser des économies d’échelle190. Doha, la valeur du commerce international pourrait enregis- Une troisième possibilité consiste à gérer les stocks de trer une perte d’au moins 1,1 millier de milliards de dollars193. manière active. Les pays doivent constituer des stocks La conclusion d’un accord dans le cadre de ces négocia- nationaux solides et disposer des derniers instruments de tions serait un premier pas décisif vers une amélioration du couverture des risques, de manière à conjuguer des stocks commerce alimentaire international. Les principales mesures physiques restreints à des stocks virtuels achetés dans le concernent le démantèlement des droits effectifs ainsi que la cadre de contrats à terme et d’options. Les calculs effectués à réduction des subventions à l’agriculture et l’allègement des partir de modèles montrent que, si l’Égypte avait conclu des dispositifs de protection dans les pays développés194. contrats à terme et pris des options, elle aurait pu réduire de 5 à 24 % la facture d’environ 2,7 milliards de dollars qu’elle a Des informations fiables : une condition sine qua du payer pour acheter du blé entre novembre 2007 et octobre non pour bien gérer les ressources naturelles 2008, lorsque les prix sont montés en flèche191. Des actions collectives de gestion des stocks à l’échelle mondiale contri- Les investissements dans les services météorologiques bueraient aussi à prévenir une flambée extrême des prix. et climatologiques couvrent eux-mêmes plusieurs fois Une réserve physique de denrées d’ampleur limitée pour- leur coût, mais ils font cruellement défaut dans le rait permettre de répondre sans délai aux urgences alimen- monde en développement taires. La constitution d’une réserve mondiale de produits En règle générale, les avantages économiques des services alimentaires coordonnée au plan international réduirait les météorologiques nationaux sont entre 5 et 10 supérieurs à pressions qui sont faites sur les pays pour qu’ils assurent leurs coûts195, voire même 69 fois supérieurs en Chine selon leur autonomie céréalière. Par ailleurs, la démarche nova- une estimation de 2006196. Les services météorologiques et trice consistant à créer une réserve virtuelle pourrait empê- climatologiques peuvent dans une certaine mesure atténuer cher l’envolée des cours et les maintenir à des niveaux plus les effets de phénomènes climatiques extrêmes (voir chapitres proches de ceux justifiés par les fondamentaux du marché 2 et 7). D’après la Stratégie internationale de prévention des à long terme sans grever les réserves mondiales gérées de catastrophes naturelles établie par les Nations Unies, les manière coordonnée192. alertes avancées en cas d’inondation peuvent réduire les RapportMonde_LIVRE2.indb 164 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 165 Carte 3.6 Les pays développés ont davantage de points de collecte de données et de plus longues séries chronologiques de données sur l’eau Période couverte (en années) 0–25 26–50 51–75 76–100 >100 Source : Les données sur la répartition dans le monde et la couverture des séries chronologiques proviennent du Global Runoff Data Center. Note : La carte indique le site des stations de suivi des écoulements, qui fournissent des informations sur les écoulements des rivières. dégâts causés à hauteur de 35 %197. Un grand nombre de pays vont varier sur quelques mois par rapport à la normale) se en développement, en particulier en Afrique, ont impérati- sont beaucoup améliorées, en particulier sous les tropiques vement besoin de meilleurs dispositifs de suivi et de prévi- et dans les régions touchées par le phénomène El Niño/ sion des conditions tant météorologiques qu’hydrologiques oscillation australe (ENSO) 200. Il est aujourd’hui possible (carte 3.6). Selon l’Organisation météorologique mondiale, de prévoir avec une plus grande précision l’arrivée des pluies l’Afrique ne compte qu’une station météorologique pour de la mousson en Indonésie et aux Philippines, et le nombre 26 000 kilomètres carré, soit un huitième du minimum de jours de pluie pendant une saison dans certaines parties recommandé198. Il sera aussi important d’assurer des fonc- de l’Afrique, au Brésil, en Inde et en Asie du Sud-Est201. Les tions de sauvetage et d’archivage des données car, pour prévisions saisonnières fondées sur ENSO en Amérique pouvoir comprendre pleinement la variabilité du climat, il latine, en Asie du Sud et en Afrique offrent de bonnes est indispensable de pouvoir analyser des séries chronolo- perspectives d’améliorer la production agricole et la sécu- giques longues de haute qualité. Un grand nombre des séries rité alimentaire202. Au Zimbabwe par exemple, les paysans de données climatiques existant dans le monde contiennent pratiquant une agriculture de subsistance ont augmenté des données numériques remontant jusqu’aux années 40, leurs rendements (d’un pourcentage compris entre 17 % les mais il n’existe que peu d’archives numériques de toutes les années où les pluies sont bonnes à 3 % les années où elles données disponibles antérieures à cette période199. sont faibles) lorsqu’ils ont commencé à se fonder sur les prévisions saisonnières pour adapter le calendrier de leurs De meilleures prévisions permettraient de prendre activités ou la variété de plantes cultivée203. de meilleures décisions Au Bangladesh, les prévisions relatives aux précipitations De nouvelles technologies de télédétection et de couvrent au maximum trois jours ; des prévisions à plus suivi offrent d’excellentes perspectives d’améliorer longue échéance donneraient aux agriculteurs le temps de la gestion des ressources naturelles modifier leur calendrier de semis, de récolte et d’application L’une des raisons pour lesquelles les responsables de l’action d’engrais, surtout dans les régions d’agriculture pluviale publique ont autant de mal à lutter contre la surexploitation où les crises alimentaires peuvent sévir pendant plusieurs des sols, des ressources en eau et des écosystèmes connexes est mois. Les prévisions climatiques saisonnières (qui indiquent que ni les gestionnaires, ni les utilisateurs des ressources ne dans quelle mesure les précipitations et les températures possèdent d’informations fiables et courantes. Ils ne savent RapportMonde_LIVRE2.indb 165 16/09/10 12:39 166 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 3.9 La télédétection est utilisée dans les vignobles du Worcester (province du Cap-Occidental, Source : Water Watch, www.waterwatch.nl (consulté le Afrique du Sud) pour évaluer la productivité de l’eau 1er mai 2009). Note : Les viticulteurs dont les parcelles apparaissent en violet clair utilisent quatre fois moins d’eau par litre de vin que ceux dont les parcelles figurent en violet foncé. Les pouvoirs publics peuvent recourir à cette technologie, non seulement Litres pour évaluer la productivité de l’eau mais aussi pour cibler les d’eau services de conseil ainsi que les services de contrôle et de par litre surveillance. de vin 150 300 450 600 pas quelles sont les quantités de ressources disponibles ou portée de beaucoup de pays en développement. Mesurer utilisées, ni les conséquences qu’auront leurs actions sur les les prélèvements de centaines de milliers de puits privés, quantités qui seront disponibles à l’avenir. Mais de nouvelles et installer et relever des compteurs étaient des opérations techniques de télédétection commencent à combler une trop onéreuses. Les nouvelles technologies de télédétection partie de ces lacunes, ce qui permet de prendre des décisions peuvent mesurer l’évaporation et la transpiration totales pour allouer l’eau de manière plus rationnelle et de faciliter d’une aire géographique. Si l’on connaît les quantités d’eaux le respect des limites imposées pour la consommation d’eau. de surface ruisselant sur cette aire sous la forme de précipita- La mesure de la productivité de l’eau est l’une des applica- tions ou d’apports d’eau d’irrigation, il est possible de calcu- tions les plus prometteuses de la télédétection204. En analy- ler la consommation nette d’eau souterraine205. Différents sant conjointement les images thermiques produites par les pays ont lancé des opérations pilotes consistant à utiliser les satellites et les données recueillies sur le terrain sur les types données générées par les nouvelles techniques de télédétec- de cultures pratiquées, puis en reliant ces informations et les tion pour faire respecter les limites d’utilisation des eaux cartes des systèmes d’information géographique, les spécia- souterraines, notamment par les agriculteurs marocains qui listes peuvent mesurer les rendements à n’importe quelle envisagent de se convertir à l’irrigation au goutte-à-goutte échelle géographique (exploitation, bassin ou pays). Les (voir le début du chapitre). Différentes options peuvent être gestionnaires des ressources en eau peuvent ainsi prendre retenues pour faire respecter ces limites, telles que l’instal- de meilleures décisions d’allocation de l’eau et orienter lation de pompes qui s’arrêtent automatiquement lorsque les services de conseil vers les agriculteurs qui affichent la l’agriculteur a dépassé la limite d’évapotranspiration fi xée, productivité de l’eau la plus faible. Ces données permettent ou des dispositifs qui envoient un texto à l’agriculteur sur également de prendre en meilleure connaissance de cause des son téléphone portable pour l’avertir qu’il va bientôt dépas- décisions d’investissement importantes – par exemple, pour ser la quantité d’eau souterraine allouée à sa parcelle, et augmenter la productivité de l’agriculture pluviale ou celle informent en même temps les inspecteurs pour qu’ils procè- de l’agriculture irriguée. Et elles peuvent aider les gestion- dent au suivi des activités sur la parcelle concernée206. naires à mesurer les résultats produits par des investisse- ments réalisés dans des techniques d’irrigation économes en Les cartes numériques établies à partir des données eau, ce qui était difficile auparavant (figure 3.9). produites par télédétection aideront les gestionnaires Il y a encore peu de temps, mesurer la consommation de ressources à de nombreux niveaux. d’eau souterraine était une opération difficile et coûteuse Les informations obtenues par télédétection permettront dans tous les pays. Elle n’était tout simplement pas à la de créer des cartes numériques de tous les sols africains, RapportMonde_LIVRE2.indb 166 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 167 qui seront très utiles pour assurer une gestion durable des lorsque les utilisateurs des ressources sont bien informés des sols. Les cartes pédologiques actuelles ont de dix à 30 ans conséquences de leurs actions, il ne leur est plus nécessaire d’âge et ne sont généralement pas numérisées, de sorte de passer par les pouvoirs publics car ils peuvent collaborer qu’elles ne sont d’aucune aide pour la formulation des stra- pour réduire la surexploitation, souvent tout en augmentant tégies de lutte contre les problèmes de fertilité et d’érosion leurs revenus. Il peut être utile de faire clairement valoir les des sols. Un consortium international a entrepris d’établir avantages économiques de réformes, comme en témoigne une carte mondiale numérisée au moyen des technologies une étude récente qui a mis en évidence le coût mondial de les plus récentes, en commençant par le continent afri- la piètre gouvernance des pêches de capture maritimes211. cain207. L’imagerie par satellite et de nouvelles applications En Inde, plusieurs exemples montrent comment l’amélio- permettent désormais aux scientifiques de mesurer les écou- ration de l’information a permis de rationaliser la produc- lements des cours d’eau, l’humidité des sols et les volumes tion agricole et d’accroître le bien-être des populations. Dans d’eau stockés (lacs, réservoirs, aquifères, neige et glace) et l’État de Madhya Pradesh, une fi liale d’ITC (Indian Tobacco de prévoir les inondations. Elles permettent aussi de déter- Company) a mis au point un système appelé eChoupals miner les rendements des cultures, le stress auquel elles sont afin de diminuer le coût de ses opérations de passation de soumises, l’absorption de CO2, les espèces représentées et marchés et d’améliorer la qualité du soja livré par les agri- leur diversité, la couverture des sols et son évolution (par culteurs. Les eChoupals sont des kiosques Internet installés exemple le déboisement), et la productivité primaire. Elles dans les villages et gérés par des entrepreneurs locaux, qui peuvent même cartographier la propagation de toute espèce fournissent aux agriculteurs des informations sur le prix des invasive208. Les échelles varient, de même que le calen- contrats à terme sur le soja et leur permettent de vendre leur drier des mises à jour. Mais grâce à la rapidité des progrès production directement à ITC, sans passer par des inter- technologiques, les gestionnaires peuvent effectuer des médiaires et par les marchés de gros (mandis). Grâce aux mesures avec une précision et une régularité inimaginables eChoupals, ITC paye moins cher la tonne de soja, et les agri- il y a encore quelques années. En fonction du satellite et des culteurs savent immédiatement le prix qu’ils vont obtenir. conditions météorologiques, les données peuvent être obte- Il y a ainsi moins de gaspillage et le travail est plus efficace. nues tous les jours ou même tous les quarts d’heure. Le coût d’investissement initial dans la mise au point des kiosques est recouvré en quatre à six ans212. Il sera nécessaire de poursuivre des travaux de Un projet parrainé par l’Organisation des Nations Unies recherche et développement pour exploiter pleinement pour l’alimentation et l’agriculture en Inde, dans l’État ces nouvelles technologies de l’information. d’Andhra Pradesh, a permis de réduire considérablement la Les nouvelles technologies et les nouveaux systèmes d’infor- surexploitation des aquifères. Il a eu recours à des méthodes mation ouvrent tout un champ d’applications à la gestion de faible technicité et peu coûteuses pour permettre aux des ressources naturelles dans le contexte du changement communautés d’évaluer l’état de leurs ressources. Au lieu climatique. Les investissements réalisés dans des données d’employer des matériels chers et des hydrogéologues, le satellite utiles pour gérer les ressources naturelles peuvent projet a fait appel à des sociologues et des psychologues être rentables à long terme. Mais leur potentiel est loin d’être pour déterminer la meilleure façon d’inciter les villageois exploité, surtout dans les pays les plus pauvres. Une étude à diminuer leur consommation d’eau. Le projet a formé des menée aux Pays-Bas a conclu que les nouveaux investisse- « hydrogéologues aux pieds nus » qui avaient pour mission ments dans des observations par satellite de la qualité de d’expliquer aux populations locales le rôle et le fonctionne- l’eau (eutrophisation, prolifération des algues, turbidité), y ment des formations aquifères sur lesquelles reposaient leurs compris le coût du satellite, ont 75 % de chances de générer moyens de subsistance (figure 3.10) . Ces non-spécialistes, des bénéfices financiers209. Le moment est donc venu pour qui sont souvent des paysans analphabètes, génèrent des les investisseurs publics et privés d’injecter des fonds dans la données tellement intéressantes qu’ils peuvent les vendre recherche et le développement de ces outils et leurs applica- aux services hydrogéologiques gouvernementaux. Grâce à tions dans les pays en développement210. ce projet, les villageois ont pris conscience des conséquences de leurs actions, ont reçu des informations sur de nouvelles Des informations plus fiables peuvent rendre les variétés et techniques culturales et un mécanisme de régula- populations locales plus autonomes et faire évoluer la tion sociale s’est mis en place, ce qui les à conduit à accepter gouvernance des ressources naturelles de changer leurs cultures et d’adopter des pratiques rédui- Pour gérer les ressources naturelles, les pouvoirs publics sant les pertes par évaporation. sont souvent amenés à formuler et à appliquer des lois, des Le projet, auquel participent près d’un million de quotas ou des tarifs, ce qui est très difficile compte tenu des paysans, opère totalement sur la base du principe de l’auto- pressions politiques et socioéconomiques– a fortiori lorsque réglementation ; il ne donne lieu à aucune incitation finan- les institutions du secteur formel sont déficientes. Toutefois, cière et n’impose aucune sanction en cas d’infraction. Les RapportMonde_LIVRE2.indb 167 16/09/10 12:39 168 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 3.10 En Andhra Pradesh (Inde), les agriculteurs produisent leurs propres prélèvements des villages participants ont diminué alors que données hydrologiques au moyen d’appareils et d’outils très simples, afin de réguler ceux des villages voisins continuent d’augmenter. Pour une les prélèvements dans les aquifères entreprise de cette envergure, le coût est remarquablement bas – 2 000 dollars par an pour chacun des 65 villages213. Le projet peut être facilement reproduit, mais principalement dans des zones où les aquifères sont formés dans une roche dure, se vident et se reconstituent rapidement, et ne présen- tent pas de vastes couches inférieures étendues communes à d’autres formations géologiques214. Les initiatives de cette nature qui encouragent les utili- sateurs à réduire la surexploitation des ressources naturelles peuvent rendre les populations moins dépendantes d’entités publiques déjà très sollicitées et résoudre des problèmes de gouvernance plus généraux. Les pouvoirs publics peuvent Source : Membres des services de la Banque. aussi les poursuivre, en collaboration avec les communautés Note : Sur la base des informations dont il dispose, chaque agriculteur fixe lui-même locales, pour changer le comportement des usagers. Le bassin la quantité limite d’eau qu’il peut extraire pour chaque période végétative. L’assistance du Hai, le moins riche en eau de tous les bassins chinois, technique les aide à tirer davantage de bénéfices de l’eau qu’ils utilisent en gérant mieux l’eau des sols, en changeant de cultures et en adoptant des variétés différentes. revêt une importance extrême pour l’agriculture. Avec deux bassins adjacents, il produit la moitié du blé chinois. Les ressources en eau du bassin du Hai sont polluées, les écosys- tèmes de ses zones humides sont menacés, et les eaux souter- Figure 3.11 Un paysage agricole idéal, intelligent sur le plan climatique, permettrait aux agriculteurs d’utiliser des techniques et des technologies nouvelles pour maximiser les rendements, et donnerait aux gestionnaires des terres la possibilité de protéger les systèmes naturels, les habitats naturels étant intégrés aux paysages productifs. Terres de parcours Systèmes de télédétection avec des races de bétail robustes • mesurent les déplacements des espèces • surveillent les quantités d’eau Systèmes de surveillance physique prélevées pour éviter tout problème • mesurent les quantités d’eau disponibles • donnent l’alerte rapidement en cas • alertent en cas d’inondations ou de d’inondation, de sécheresse ou de catastrophe naturelle glissement de terrain • détectent le déboisement Communautés traditionnelles autorégulent l’utilisation des eaux Écosystèmes forestiers originaux souterraines et des pâturages (en réponse • les investisseurs reçoivent une aux incitations associées aux crédits rémunération fondée sur le carbone carbone) : les agriculteurs utilisent des stocké dans le sol et la biomasse techniques de préservation des sols et de • les populations autochtones reçoivent l’eau ; plantent des coupe-vent naturels ; une rémunération pour leur travail de créent des zones tampons et des jachères, vérification du déboisement évité et de et donc des habitats favorisant la biodiversité préservée Foresterie • les réserves sont planifiées pour tenir la biodiversité commerciale compte du déplacement des espèces Canalisation sous l’effet du changement climatique des eaux depluies pour recharger les aquifères Les agriculteurs reçoivent des SMS du système de télédétection qui les Station de recherche alertent en cas de consommation d’eau trouve de nouvelles manières d’adapter excessive, de stress hydrique des les cultures et les techniques de gestion cultures, etc. aux nouvelles conditions climatiques Plantation de thé contribue au fonds de Travail réduit du sol et cultures conservation de la forêt pour les intercalaires services de pollinisation et de pour faire pousser des cultures pluviales préservation des sols rendus par la forêt Services de conseil privés et publics Le biochar aident les agriculteurs à adopter de obtenu à partir des résidus de cultures nouvelles méthodes agronomiques piège le carbone et fertilise le sol Employés qualifiés entreposent, Pompe amène de l’eau souterraine les transforment et conditionnent les produits années sèches et s’arrête automatiquement vendus directement sur les marchés quand les plafonds de prélèvements Crédits carbone encouragent les d’eau sont atteints agriculteurs à planter des arbres entre Réserves planifiées Irrigation au les cultures pour favoriser pour tenir compte du déplacement des goutte-à-goutte la biodiversité espèces sous l’effet du changement Sondes d’humidité mesurent l’humidité climatique du sol Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde. RapportMonde_LIVRE2.indb 168 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 169 Figure 3.12 Un paysage futur idéal, intelligent sur le plan climatique, utiliserait des techniques flexibles pour absorber les chocs climatiques par les biais d’infrastructures naturelles ou construites et de mécanismes de marché Ville, construite loin de la plaine Barrage inondable • fournit de l’énergie, de l’eau pour • dotée de réseaux de distribution l’irrigation, et protège contre les d’énergie, y compris des énergies sécheresses et les inondations renouvelables • réaménagé pour faire face à des • conçue pour limiter les émissions précipitations extrêmes et minimiser de carbone dues aux transports les atteintes à l’environnement • bâtiments construits avec des matériaux ayant un impact faible sur l’environnement • revêtements routiers et installations Installations portuaires et de drainage conçus pour des Fermes douanières modernisées pour faciliter températures plus élevées et des piscicoles le commerce international tempêtes violentes Centrale électrique carbone piégé Entrepôt de stockage et stocké dans le sous-sol pour stocker des réserves de céréales permettant d’absorver les fluctuations des cours mondiaux Arbres génétiquement améliorés piègent le carbone sur des terres Usine d’épuration des eaux usées précédemment incultes les eaux épurées sont : • injectées dans un aquifère pour le protéger de l’intrusion d’eau salée Variétés culturales modernes • pompées vers les zones humides Barrière anti-inondations adaptées au stress lié au littorales pour compenser les changement climatique prélèvements excédentaires • utilisées pour l’irrigation en amont Agriculture côtière irriguée avec l’eau provenant des aquifères côtiers Zones humides préservées pour protégés de l’intrusion d’eau salée piéger le carbone, fournir des habitats et purifier l’eau Usine de dessalement Mangroves protégées : • alimentée par des sources d’énergie • grâce aux mécanismes d’incitation renouvelables (crédits carbone) Fermes • fournit de l’eau à la ville et à • pour fournir des services piscicoles l’agriculture côtière environnementaux, notamment servir de frayères et de protection contre Pêches réglementées afin que les prises les tempêtes soient maintenues à un niveau viable Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde. raines sont très surexploitées. Chaque année, le bassin utilise L’initiative a été couronnée de succès. Les paysans ont 25 % d’eau souterraine de plus que ce qu’il reçoit sous la augmenté leurs revenus en même temps qu’ils ont réduit leur forme de précipitations215. consommation d’eau en passant à des cultures à plus forte Dans ce bassin, les autorités chinoises ont travaillé avec valeur ajoutée. La production des cultures commerciales a 300 000 agriculteurs pour mettre en place un mode de triplé, les revenus agricoles ont été jusqu’à quintupler en de gestion innovant des ressources en eau. Il ne s’agissait pas nombreux sites, et la production agricole par unité d’eau simplement d’augmenter la productivité de l’eau, mais plutôt consommée a augmenté de 60 à 80 %. La consommation de réduire la consommation totale d’eau. Cette initiative a totale d’eau dans la région a baissé de 17 %, et le taux de taris- conjugué des investissements dans des infrastructures d’irri- sement des eaux souterraines a été ramené à 0,02 mètre par gation et la fourniture de services de conseil pour optimiser an, contre 0,41 mètre par an en dehors du périmètre du projet. l’eau du sol. Elle a limité l’utilisation de l’eau de l’aquifère, En résumé, des technologies et des outils sont disponibles mis en place de nouveaux mécanismes institutionnels qui ont ou sont en cours de développement pour aider les agricul- donné lieu, notamment, au transfert de la responsabilité de la teurs et les autres gestionnaires de ressources à gérer les gestion des services d’irrigation à des groupes d’agriculteurs ressources en eau, les sols, les exploitations et les pêcheries. et à l’amélioration du recouvrement des coûts de l’irrigation Dans un monde idéal, les personnes compétentes auraient par les eaux de surface. Enfin, elle a fait appel aux techniques accès à ces technologies et ces outils. Toutefois, ceux-ci ne de suivi les plus modernes, en mesurant la productivité de pourront produire de résultats que dans un contexte carac- l’eau et la consommation d’eau souterraine au niveau de térisé par des politiques publiques adaptées et des infras- chaque parcelle grâce aux données satellite, ainsi qu’à des tructures appropriées. Ce monde idéal est représenté dans services agronomiques plus traditionnels. Les activités de les figures 3.11 et 3.12. De nombreux obstacles ont entravé les suivi apportent aux responsables de l’action publique et aux efforts déployés par les sociétés depuis des décennies pour agriculteurs des informations en temps réel qui leur permet- s’en rapprocher. Mais la situation évolue, et les progrès pour- tent d’ajuster leurs pratiques et de détecter les infractions216. raient s’accélérer. RapportMonde_LIVRE2.indb 169 16/09/10 12:39 170 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Le niveau des prix du carbone, des denrées tions à l’agriculture étaient, ne serait-ce qu’en partie, réaffec- alimentaires et de l’énergie tés à des activités de piégeage du carbone et à la préservation Ce chapitre propose un certain nombre de nouvelles de la biodiversité, ils permettraient de faire la démonstration démarches pour aider les pays en développement à gérer le à l’échelle nécessaire des techniques et méthodes exposées mieux possible leurs terres et leurs ressources en eau malgré dans ce chapitre. un surcroît de difficultés généré par le changement clima- La hausse des prix de l’énergie, de l’eau et des denrées tique. Il rappelle à maintes reprises que les nouvelles techno- agricoles pourraient stimuler l’innovation et les logies et les nouveaux investissements ne seront productifs investissements axés sur les gains de productivité que si les institutions sont solides et les politiques publiques rationnelles – c’est-à-dire si les fondamentaux sont corrects. Au cours des prochaines décennies, plusieurs facteurs conju- Malheureusement, les fondamentaux ne sont pas corrects gueront leurs effets pour faire monter les prix alimentaires. dans bon nombre des pays les plus pauvres de la planète. La demande de denrées alimentaires progressera du fait de Et même dans le meilleur des cas, l’établissement de bons l’accroissement démographique et de l’élévation des niveaux fondamentaux – c’est-à-dire la mise en place d’institutions de vie. L’augmentation de la production de biocombustibles solides, la transformation des régimes de subvention, et la pourrait intensifier la concurrence pour les terres agricoles modification de la manière dont les biens de valeur sont et l’eau. Le changement climatique pèsera de plus en plus sur alloués – est un processus de longue haleine. les cultures alimentaires. Et, comme indiqué au chapitre 4, Pour accroître encore la complexité du problème, un grand les politiques climatiques risquent fort de provoquer une nombre des approches proposées dans ce chapitre pour aider hausse des prix de l’énergie217. les pays à mieux gérer leurs terres et leurs ressources en eau Le prix de l’eau qui doit être pompée augmentera avec face au changement climatique exigent que les paysans, qui la hausse des tarifs de l’électricité. Il sera alors encore plus pour beaucoup comptent parmi les êtres les plus pauvres de important d’avoir des mécanismes d’allocation de l’eau bien la planète, modifient leurs pratiques. Elles exigent aussi que organisés, et de réduire les fuites qui se produisent dans les les personnes opérant hors la loi (en procédant de manière réseaux de transport et de distribution de l’eau mal entrete- illégale à des opérations d’abattage ou d’extraction minière), nus. Le renchérissement de l’énergie gonflera aussi le coût ainsi que des personnes riches et influentes (par exemple de pour l’État des subventions aux services d’eau. Cela pour- promoteurs immobiliers) mettent un terme à des activités rait inciter les pouvoirs publics à engager les réformes et les extrêmement lucratives. Ce chapitre propose d’accélérer investissements attendus de longue date dans le domaine de le rythme d’efforts qui n’ont produit que des résultats, au la gestion de l’eau218. Et, puisque les engrais. sont fabriqués mieux, modestes, au cours des dernières décennies. Est-il à partir de pétrole, le renchérissement des hydrocarbures réaliste d’espérer obtenir des transformations d’une ampleur favorisera une utilisation plus judicieuse de ces produits. suffisante pour pouvoir réellement s’attaquer aux problèmes Les prix alimentaires devraient évoluer à la hausse et être que nous pose le changement climatique ? plus volatils à long terme. Les projections établies au moyen Trois nouveaux facteurs pourraient créer une dynamique des modèles de l’EICASTD font état d’augmentations de 60 à de changement et permettre de surmonter certains des 97 % des prix du maïs, du riz, du soja et du blé entre 2000 et obstacles ayant empêché que des améliorations ne se produi- 2050 en l’absence de toute mesure climatique, et de 31 à 39 % sent jusqu’ici. En premier lieu, le changement climatique pour le bœuf, le porc et la volaille219. D’autres simulations entraînera vraisemblablement un renchérissement des prix du système alimentaire mondial montrent également que les de l’énergie, de l’eau et de la terre, et donc des denrées alimen- déficits céréaliers causés par l’évolution du climat entraîne- taires et des autres produits agricoles de base. Cette hausse ront une augmentation des prix alimentaires220. La plupart stimulera l’innovation et favorisera l’adoption de pratiques des estimations indiquent une hausse des prix des céréales, génératrices de gains de productivité. Elle accroîtra toutefois même lorsque les agriculteurs s’adaptent221. Les projections aussi les profits tirés de la surexploitation des ressources et à l’horizon 2080 produites par différents scénarios font état de la destruction des habitats naturels. Deuxièmement, la d’une hausse des prix alimentaires mondiaux de 7 à 20 % en fi xation d’un prix pour le carbone contenu dans les paysages cas de fertilisation par le CO2, et de 40 à 350 % en l’absence pourrait encourager les propriétaires fonciers à préserver de fertilisation (figure 3.13)222. les ressources naturelles. Si les problèmes de mise en œuvre Les populations pauvres, qui dépensent jusqu’à 80 % de peuvent être résolus, un mécanisme de ce type permettra de leur budget pour se nourrir, seront probablement les plus compenser le risque pris par les agriculteurs qui adoptent durement touchés par l’augmentation des prix alimentaires. de nouvelles pratiques. Il pourrait également être le meilleur La hausse des prix associée au changement climatique risque moyen d’inciter les propriétaires de terres à protéger les de réduire à néant les progrès réalisés par plusieurs pays à systèmes naturels. Troisièmement, si les 258 milliards de faible revenu sur le plan de la sécurité alimentaire. Bien que dollars absorbés chaque année dans le monde par les subven- les résultats des scénarios diffèrent, presque tous s’accordent RapportMonde_LIVRE2.indb 170 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 171 Figure 3.13 Les prix mondiaux des céréales devraient augmenter de 50 à 100 % d’ici Plus la qualité des infrastructures rurales est élevée et plus 2050 les agriculteurs bénéficient de la hausse des prix internatio- Augmentation des prix des céréales sans fertilisation naux. Des prix alimentaires élevés peuvent inciter à convertir par le CO2 (%) des terres à l’agriculture ou l’élevage et avoir ainsi des effets 400 négatifs sur les écosystèmes. Mais ils peuvent aussi générer 2020 de nouveaux investissements importants dans la recherche 2050 agricole, le développement de l’irrigation et les infrastruc- 350 2080 tures rurales pour intensifier la production. L’augmentation simultanée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires 300 permettra aussi à certains grands investissements de redeve- nir rentables, notamment les grands barrages conçus pour 250 produire de l’électricité et soutenir l’irrigation. Il faudra veiller à ce que les prix élevés des denrées alimentaires 200 procurent les incitations nécessaires à la réalisation d’inves- tissements novateurs et à la mise en œuvre de réformes pour stimuler la productivité agricole tout en assurant une utili- 150 sation viable des terres et des ressources en eau. 100 Un mécanisme international rémunérant les émissions évitées et le carbone piégé dans le cadre 50 de l’agriculture pourrait encourager une meilleure protection des systèmes naturels Conformément aux termes du Mécanisme pour un dévelop- 0 A2a B2a pement propre institué par le Protocole de Kyoto, les projets Scénario de piégeage du carbone dans les terres agricoles des pays en Source : Parry et al. 2004. développement ne peuvent pas générer de crédits carbone Note : La famille A2 de scénarios d’émissions du RSSE établis par le GIEC décrit un qui pourraient être vendus à des investisseurs du monde monde dans lequel la population continue d’augmenter, où la croissance du revenu par habitant et le rythme du changement technologique varient d’une région à l’autre et développé. S’il était décidé que de tels crédits carbone sont plus faibles que dans les autres scénarios. La famille de scénarios B2 correspond peuvent être émis, le cadre incitatif dans lequel opèrent les à un monde où la population mondiale augmente moins vite que dans les scénarios A2, tandis que le développement économique s’effectue à un rythme moyen et le agriculteurs et les autres utilisateurs des terres serait fonda- changement technologique est modéré. mentalement transformé. Des marchés du carbone couvrant les gaz à effet de serre émis par l’agriculture et les autres sur le fait que le changement climatique exposera un plus pratiques de gestion des terres pourraient constituer l’un des grand nombre d’habitants à souffrir de la faim dans les pays plus importants moteurs de développement durable dans un les plus pauvres, surtout en Asie du Sud et en Afrique223. monde affecté par le changement climatique. Ces marchés À l’instar du renchérissement de l’énergie, le niveau recèlent un immense potentiel, estimé selon une source à au élevé des prix alimentaires a des conséquences profondes moins 4,6 gigatonnes de CO2 par an d’ici 2030, ce qui repré- sur les ajustements qui peuvent être apportés dans le cadre sente plus de la moitié du potentiel de la foresterie (7,8 giga- de l’utilisation des terres et de l’eau du fait du changement tonnes de CO2 par an)225. À 100 dollars la tonne de CO2e, climatique. Les investissements dans l’agriculture, la terre les réductions potentielles d’émissions provenant de l’agri- et l’eau deviennent plus rentables pour les agriculteurs ainsi culture sont du même ordre que celles provenant du secteur que pour le secteur public et le secteur privé. Les entreprises énergétique (voir abrégé, encadré 8). D’après les modèles, la agricoles privées, les organismes d’aide internationale, les tarification du carbone lié à l’agriculture et au changement banques internationales de développement et les autorités d’affectation des terres contribuerait à prévenir la conver- nationales peuvent réagir relativement vite lorsqu’ils notent sion d’écosystèmes intacts (les « terres non exploitées » sur une hausse des prix mondiaux. Mais ces hausses ne sont la figure 3.14) afin de répondre à la demande croissante de répercutées que de manière imparfaite sur les agriculteurs, biocombustible. comme en témoigne la crise des prix alimentaires de 2007- Bien que les mécanismes de rémunération du piégeage 2008. Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne par du carbone dans le sol ne soient pas encore au point, les exemple, les agriculteurs n’ont vu les prix de leurs produits possibilités de réduire les émissions de l’agriculture sont augmenter qu’avec un certain décalage, et leur hausse s’est importantes. Même en Afrique, où les terres arides relati- répercutée plus lentement et moins complètement que dans vement pauvres en carbone couvrent 44 % du continent, les la majorité des pays d’Asie et d’Amérique latine224. possibilités de piégeage du carbone agricole sont très impor- RapportMonde_LIVRE2.indb 171 16/09/10 12:39 172 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 3.14 Une taxe carbone frappant les émissions dues à l’agriculture et au changement d’affectation des terres encouragerait la protection des ressources naturelles. a. Répartition des modes d’utilisation des terres à l’échelle b. Répartition des modes d’utilisation des terres à l’échelle mondiale mondiale lorsqu’une taxe carbone frappe les émissions lorsqu’une taxe carbone frappe seulement les émissions imputables à la fois à l’énergieet au changement d’affectation des terres imputables à l’énergie Part du total (%) Part du total (%) Terres urbaines Terres urbaines 100 100 Désert Désert Autres terres non exploitées Autres terres non exploitées 80 80 Forêts naturelles Forêts naturelles 60 60 Cultures bioénergétiques Forêts exploitées Forêts exploitées 40 Prairies 40 Prairies Pâturages naturels Pâturages naturels 20 20 Cultures Pâturages Pâturages Cultures bioénergétiques Cultures 0 0 1990 2005 2020 2035 2050 2065 2080 2095 1990 2005 2020 2035 2050 2065 2080 2095 Source : Wise et al. 2009. Note : Projections basées sur le modèle mondial intégré d’évaluation MiniCAM. Les deux scénarios décrivent une trajectoire qui aboutit à une concentration en CO2 de 450 ppm à l’horizon 2095. Dans la figure 3.14a, un prix est fixé pour les émissions de carbone dues aux énergies fossiles, à l’industrie et aux changements d’affectation des terres. Dans la figure 3.14b, ce même prix est appliqué seulement aux émissions dues aux énergies fossiles et à l’industrie. Lorsque les émissions terrestres ne sont assujetties à aucun prélèvement fiscal, les cultivateurs ont tendance à empiéter sur les habitats naturels, principalement pour répondre à la demande de biocombustibles. tantes226. Les projections du potentiel moyen d’atténuation tropicaux et subtropicaux, des infrastructures de vulgari- dans l’agriculture vont de 100 à 400 millions de tonnes de sation insuffisamment développées pour assurer la diffu- CO2e par an à l’horizon 2030227. Au prix relativement bas de sion des innovations, l’absence d’un régime des droits de dix dollars la tonne en 2030, les flux de financement générés propriété qui encouragerait la réalisation d’investissements seraient comparables au montant annuel de l’aide publique portant leurs fruits à long terme mais coûteux à court terme, au développement de l’Afrique228. Une étude de l’élevage une fiscalité inadaptée en ce qui concerne les engrais, et les pastoral en Afrique montre que des améliorations, même carences des infrastructures de transport. modestes, de la gestion des ressources naturelles pourraient La communauté internationale pourrait prendre quatre augmenter de 0,5 tonne la quantité de carbone piégée par mesures concrètes pour élargir le marché du carbone. Tout hectare et par an. Au prix de dix dollars la tonne de CO2 le d’abord, plutôt que d’essayer d’enregistrer la quantité exacte revenu des pasteurs augmenterait de 14 %229. de carbone émise ou fixée dans chaque champ, les interve- Le piégeage du carbone dans le cadre de l’activité agri- nants sur les marchés du carbone (au niveau national et cole est une riposte relativement efficace et peu onéreuse international) devraient s’entendre sur un système de compta- au changement climatique. Les coûts d’atténuation estimés bilisation actuariel simplifié permettant de suivre les activités pour l’agriculture en 2030 seraient presque dix fois inférieurs des agriculteurs et de produire des estimations prudentes des à ceux de la foresterie (1,8 dollar par tonne d’équivalent CO2 quantités de carbone piégées dans le cadre de ces activités231. contre 13,5 dollars par tonne d’équivalent CO2)230, ne serait- Il ne serait ni efficace au plan des coûts ni même faisable de ce que parce qu’un grand nombre des techniques agricoles mesurer les quantités de carbone piégées dans la multitude de améliorant le piégeage du carbone ont aussi souvent pour parcelles dispersées des petits exploitants des pays en dévelop- effet d’accroître les rendements et les revenus agricoles. pement. La méthode proposée est, en outre, transparente et Les techniques permettant de stocker davantage de permettrait aux agriculteurs de connaître d’avance les rému- carbone dans le sol existent, et pourtant elles ne sont pas nérations et les sanctions associées à différentes activités. appliquées. Les raisons sont nombreuses : le manque de Les processus par lesquels les sols fixent ou émettent du connaissances des techniques de gestion convenant aux sols carbone sont complexes. Ils varient d’un endroit à un autre RapportMonde_LIVRE2.indb 172 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 173 (même à l’échelle d’un champ) et dépendent des propriétés privés ou des ONG qui réduisent les coûts de transaction asso- du sol, du climat, des pratiques culturales, et des utilisations ciés à chaque activité en regroupant les coûts enregistrés par antérieures du sol. Par ailleurs, les variations annuelles sont un grand nombre de petits agriculteurs, habitants des forêts habituellement faibles par rapport aux stocks existants. Et les et pasteurs. Sans eux, le marché aura tendance à favoriser les quantités piégées cessent rapidement d’augmenter. Les sols grands projets de reboisement car, dans les pays en dévelop- dans lesquels le carbone s’accumule sont saturés après environ pement, les terres du petit exploitant individuel moyen ne 15 à 30 ans selon le type d’agriculture pratiquée, après quoi peuvent pas piéger de grandes quantités de carbone. Cette les réductions d’émissions sont peu importantes232. D’autre intégration spatiale permettra aussi d’atténuer les craintes part, l’agriculture sans labour sur des sols argileux lourds peut relatives au caractère incertain et non permanent du stock de entraîner des dégagements d’oxyde d’azote, qui est un puissant carbone. L’adoption d’une méthode actuarielle, le regroupe- gaz à effet de serre. Ces émissions auraient un impact négatif ment des projets dans un même portefeuille, et l’emploi d’es- supérieur aux avantages engendrés par le piégeage du carbone timations prudentes pourraient placer le piégeage de carbone du fait de l’adoption de ces nouvelles techniques pendant les dans le sol sur un pied d’égalité avec les réductions des émis- cinq premières années. Pour certains sols, la culture sans sions de CO2 dans d’autres secteurs237. labour n’est donc peut-être pas une bonne option pour réduire Le troisième point concerne les coûts immédiats asso- les émissions de gaz à effet de serre233. Il est cependant possible ciés à l’adoption de pratiques de gestion du piégeage du d’estimer de manière approximative les quantités de carbone carbone. L’adoption de nouvelles pratiques comporte un piégées par type de pratique culturale pour une zone agroé- risque, surtout pour les paysans pauvres238. Les fonds géné- cologique et climatique particulière au moyen des données rés sur le marché du carbone ne sont généralement versés et des modèles disponibles. De plus, il existe aujourd’hui des que lorsque les agriculteurs ont effectivement réduit les techniques efficaces par rapport aux coûts qui peuvent servir émissions (comme dans les projets pilotes menés au Kenya, à mesurer le carbone du sol en champ (laser, géoradar et spec- décrits dans l’encadré 3.9). Mais la promesse de finance- troscopie gamma), et qui permettent de calculer plus vite les ments de cette nature peut motiver des versements anticipés quantités de carbone piégées et d’actualiser les estimations des ayant pour effet de réduire les risques associés aux agricul- modèles sur des échelles spatiales plus réduites234. En attendant, teurs, soit parce qu’ils servent de sûreté pour un emprunt, les programmes peuvent utiliser des estimations prudentes des soit parce qu’ils constituent des paiements initiaux effectués quantités piégées dans différents types de sol et se concentrer par les investisseurs. sur les régions où les stocks et les flux de carbone sont mieux Enfin, les agriculteurs doivent connaître les options qu’ils connus (par exemple les régions agricoles très productives). peuvent envisager. Cela suppose d’améliorer les services En outre, il n’existe pas de recette universelle de piégeage du de conseil agricole dans le monde en développement. Les carbone (comme le travail réduit du sol) applicable à tous les services de vulgarisation agricole constituent un bon inves- systèmes culturaux et tous les types de sol. tissement : au niveau mondial, leur taux de rentabilité moyen Le Conservation Reserve Program, qui est administré est de 85 %239. Il faut également des entreprises ou des orga- par le ministère de l’Agriculture des États-Unis sur près de nismes susceptibles de mesurer ou vérifier les résultats. 14 millions d’hectares depuis 1986 pourrait servir de modèle Le Chicago Climate Exchange, qui constitue l’un des pour un système de ce type235. Ce programme volontaire, compartiments du marché volontaire, démontre les avan- créé au départ pour réduire l’érosion des sols, a donné lieu à la tages que peut procurer la négociation de crédits émis au titre rémunération des propriétaires fonciers et d’agriculteurs qui du piégeage du carbone permis par des interventions sur le s’engageaient par contrat à retirer de la production pendant paysage240. Cette bourse permet aux émetteurs de recevoir une période de dix à 15 ans des terres arables et des pâtu- des crédits carbone lorsqu’ils emploient de manière systé- rages très érodables et écologiquement fragiles. La portée du matique des techniques de travail réduit du sol, qu’ils plan- programme a été élargie par la suite pour inclure la préser- tent des prairies et qu’ils gèrent les parcours. Pour les crédits vation des habitats de la faune et de la flore sauvages et de la carbone agricoles, la bourse exige que les membres placent qualité de l’eau. Le montant des rémunérations est établi sur 20 % de toutes les contreparties de la fi xation de carbone la base d’un indice global des avantages environnementaux dans une provision à titre d’assurance s’ils reviennent ulté- pour la parcelle et l’activité concernée (zones tampons rive- rieurement à leurs pratiques antérieures. Le Chicago Climate raines, brise-vent…). Les effets positifs réellement générés Exchange montre donc que des règles simplifiées et les tech- pour l’environnement par chaque parcelle ne sont pas mesu- niques de suivi modernes peuvent permettre de surmonter rés directement, mais ils sont estimés sur la base de l’utili- les obstacles techniques. Certains détracteurs font toutefois sation de la parcelle. Un système similaire, également fondé valoir que l’« additionnalité » du marché n’a pas été entiè- sur l’utilisation des terres, pourrait être appliqué au piégeage rement évaluée : les réductions nettes des émissions ne sont du carbone dans le cadre de l’agriculture236. pas forcément supérieures à ce qu’elles auraient été en l’ab- La deuxième mesure concrète consiste à mettre en place sence de ce marché. des « agrégateurs » , c’est-à-dire, en général, des organismes RapportMonde_LIVRE2.indb 173 16/09/10 12:39 174 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 3.9 Projets pilotes de marché carbone agricole au Kenya Les résultats préliminaires de deux projets Les activités de piégeage comprennent opérations de suivi et au développement pilotes menés dans l’ouest du Kenya le travail réduit du sol, les cultures de du projet. montre qu’il serait possible d’étendre couverture, la gestion des résidus, le Deux enseignements ressortent de ces le marché du carbone à l’agriculture paillage, le compostage, les engrais verts, projets. Tout d’abord, il est essentiel pratiquée sur de petites exploitations. Le l’épandage plus ciblé des engrais, la d’avoir un bon agrégateur, capable en premier projet couvre 86 000 hectares sur diminution du brûlage de biomasse, et particulier de jouer aussi un rôle de lesquels sont pratiquées des polycultures, l’agroforesterie. Le suivi des projets se fait conseil en matière de pratiques agricoles. l’agrégateur, dans ce cas, étant une sur la base des activités. Les estimations Ensuite, la méthode de suivi doit être association regroupant 80 000 agriculteurs. du piégeage du carbone sur 20 ans sont simple, accessible et transparente pour Le second projet, plus petit, couvre jusqu’à calculées à partir d’un modèle appelé l’agriculteur, qui doit pouvoir consulter présent 7 200 hectares de plantations de RothC. Le Fonds « biocarbone » de la facilement un tableau afin de déterminer café, et a pour agrégateur une coopérative Banque mondiale achète les crédits le montant exact qu’il recevra pour chaque agricole de 9 000 membres. Dans les deux carbone au prix par tonne convenu entre activité ; un tel système encourage la projets, la taille moyenne des exploitations le Fonds et les promoteurs des projets, participation. est petite (environ 0,3 hectare). Vi Agroforestry, Swedish Cooperative Les estimations de la quantité de Centre, et le groupe agroindustriel ECOM. carbone piégé sont de 516 000 tonnes Le montant total des revenus perçus est Sources : Kaonga et Coleman 2008 ; Woelcke et de 30 000 tonnes de CO2e par an, réparti comme suit : 80 % reviennent à la et Tennigkeit 2009. respectivement. communauté et 20 % sont affectés aux À court terme, le marché volontaire permet de mettre un appui financier. La première de ces étapes donnerait lieu à l’essai des méthodes de piégeage dans le cadre de l’agri- à la démonstration de techniques, de méthodes de suivi et de culture ou d’activités au niveau du paysage. Mais pour que mécanismes de financement. Dans une deuxième étape, le ces mesures se développent réellement, il faudra établir des piégeage du carbone dans le sol serait intégré dans la couver- passerelles entre ce marché et le futur marché mondial des ture du marché du carbone établi pour assurer le respect des réductions de carbone obligatoires. Les économies d’échelle limites d’émissions244. susceptibles d’être réalisées grâce au piégeage du carbone au niveau du paysage seront plus faciles à réaliser s’il n’existe La réorientation des fonds consacrés aux subventions pas de séparation entre le piégeage dans l’agriculture et dans agricoles pourrait offrir un moyen important de gérer la foresterie. les sols et l’eau d’une manière intelligente sur le plan Les activités de piégeage du carbone ayant en général un climatique impact positif sur la gestion des sols et de l’eau ainsi que sur Les pays membres de l’Organisation de coopération et les rendements241, le principal intérêt d’un système de marché de développement économiques versent chaque année du carbone pour la gestion des sols pourrait être l’effet de 258 milliards de dollars aux agriculteurs à des fins de « levier » qu’il exercerait sur l’adoption des pratiques agricoles soutien, qui représentent 23 % des revenus agricoles de ces durables qui présentent aussi beaucoup d’autres avantages. derniers245. Soixante pour cent de cette aide sont accordés Selon les estimations, la dégradation des sols en Afrique a sur la base des quantités produites et de l’emploi de diffé- réduit la productivité agricole de 25 % entre 1945 et 1990242. rents intrants sans qu’aucune contrainte ne soit attachée à Environ 86 % des terres d’Afrique subsaharienne souffrent l’utilisation de ces derniers – seulement 2 % des subventions d’un stress hydrique243. Des mécanismes effectifs de marché sont accordés au titre de services indépendants des produits du carbone contribueraient à ralentir la dégradation des sols. cultivés (tels que la création de zones tampons pour protéger Un marché du carbone piégé dans les sols établi pour assurer les cours d’eau, la préservation des haies, ou la protection le respect des limites d’émission pourrait promouvoir dans d’espèces menacées). une mesure considérable la réalisation de l’équilibre néces- Les impératifs politiques du changement climatique saire entre l’intensification de la productivité et la protec- offrent une occasion de réformer ces systèmes de subven- tion des ressources naturelles, et en même temps favoriser le tions, de les cibler davantage sur des mesures d’atténuation développement rural au profit de certaines des communautés du changement climatique et d’adaptation à ses effets qui les plus pauvres du monde. Ce marché n’est pas encore prêt. présenteraient aussi des avantages pour les sols, les ressources Il faudra résoudre les problèmes techniques de vérification, en eau et la biodiversité et accroîtraient, de surcroît la déterminer l’échelle des activités et établir un calendrier. La productivité agricole. Outre ces effets directs, l’affectation de Convention-cadre des Nations Unies sur les changements ressources de cette ampleur permettrait aussi de déterminer climatiques propose une démarche en plusieurs étapes, qui si ces techniques intelligentes sur le plan climatique pourront commence par le renforcement des capacités et donne lieu à être appliquées à grande échelle dans le monde en dévelop- RapportMonde_LIVRE2.indb 174 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 175 pement, et encourager l’ingéniosité et l’esprit d’entreprise des efforts supplémentaires pour protéger les ressources à la nécessaires pour trouver de nouveaux moyens de résoudre mesure de ceux déployés pour accroître la production. les problèmes techniques et de suivi qui pourront se poser. De nombreux outils, techniques et méthodes existent L’Union européenne a déjà réformé sa Politique agricole pour aider les utilisateurs des ressources naturelles à mieux commune : le soutien des niveaux de revenu des agriculteurs les protéger. Mais les incitations nécessaires pour encou- est désormais subordonné au respect des normes environne- rager les utilisateurs à les employer font souvent défaut. La mentales et agricoles satisfaisantes, et les soutiens au déve- situation varie également dans l’espace et dans le temps. La loppement rural financent des mesures visant à améliorer la meilleure option pour un agriculteur n’est pas optimale compétitivité, à gérer l’environnement et les terres, à amélio- pour l’ensemble du paysage ou du bassin versant. Ce qui est rer la qualité de vie, et à promouvoir la diversification. Par optimal pour une courte période de temps ne l’est pas sur le biais des soutiens au développement rural, les agriculteurs plusieurs décennies. Pour modifier les manières de procéder, peuvent percevoir des fonds s’ils fournissent des services il est nécessaire de demander également aux agriculteurs et environnementaux allant au-delà des normes obliga- aux paysans pauvres de prendre des risques qu’ils ne sont toires246. Cette réforme constitue une initiative prometteuse peut-être pas enclins à accepter. pour le lancement de politiques agricoles et de gestion des Les autorités gouvernementales et les organismes publics ressources naturelles intelligentes sur le plan climatique et peuvent agir à trois égards pour rendre plus intelligentes au profitables aux agriculteurs, et l’Union européenne pourrait plan climatique les incitations offertes aux utilisateurs des servir de banc d’essai pour des mécanismes susceptibles de ressources. Tout d’abord, ils peuvent fournir des informa- promouvoir une gestion viable des terres et de l’eau dans le tions, grâce auxquelles les intervenants pourront faire des monde en développement. choix en connaissance de cause et appliquer les accords de Pour faire face aux effets du changement climatique sur coopération. Il peut s’agir d’informations très techniques, les ressources naturelles et réduire en même temps les émis- mais aussi de données que les communautés vont recueillir sions de gaz à effet de serre, les sociétés humaines doivent elles-mêmes. Ensuite, ils peuvent établir le prix du carbone produire davantage à partir des ressources en terres et en maintenu ou stocké dans le sol. Un juste prix réduira les eau disponibles, et aussi mieux protéger ces dernières. Pour risques que courent les exploitants qui adoptent de nouvelles produire davantage, elles doivent augmenter leurs investis- pratiques. Il aidera aussi les utilisateurs des ressources à repla- sements dans l’agriculture et la gestion de l’eau, en parti- cer leurs décisions dans une perspective à plus long terme. culier dans les pays en développement. Dans le domaine Troisièmement, ils peuvent réorienter les subventions agri- agricole, cela signifie investir dans des routes et dans la coles, en particulier dans les pays riches, de manière à encou- recherche et développement, mais aussi mettre en place des rager les pratiques de développement rural intelligentes sur le politiques plus rationnelles et des institutions plus perfor- plan climatique. Les mécanismes de subvention peuvent être mantes. Dans le domaine de l’eau, cela veut dire utiliser de transformés de manière à montrer comment les nouvelles nouveaux outils décisionnels et des données de meilleure techniques peuvent être adoptées à grande échelle, et ils qualité, renforcer les politiques et les institutions, et inves- peuvent contribuer à mieux adapter les actions individuelles tir dans les infrastructures. La hausse escomptée des prix aux besoins du paysage dans son ensemble. Enfin, ils peuvent des produits agricoles encouragera les agriculteurs et les stimuler l’esprit d’innovation et de créativité nécessaires pour autres utilisateurs des ressources à innover et investir. Mais parvenir à concilier la nécessité de nourrir neuf milliards l’augmentation de la rentabilité des activités créera aussi des d’être humains, la réduction des émissions de gaz à effet de incitations à surexploiter les ressources. Il faudra déployer serre, et la protection de la base des ressources naturelles. « L’environnement de notre planète est menacé par l’action de l’homme : l’abattage des arbres, la pollution de l’air, l’utilisation de matières plastiques qui ne peuvent pas être réutilisées ou recyclées, les produits chimiques dangereux employés dans l’agriculture… Planter des arbres diminuerait les émissions de CO2. » — Netpakaikarn Netwong, Thaïlande, 14 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 175 16/09/10 12:39 176 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Notes 44 Molden 2007. 1 Voir par exemple Lotze-Campen et al. 2009. 45 Rosegrant, Cai, et Cline 2002. 2 GIEC 2007b. 46 Par exemple, voir la référence à Indian Financial Express du 3 OCDE 2008. 1er décembre 2008, citée dans Perry et al., à paraître. 4 Burke et Brown 2008 ; Burke, Brown, et Christidis 2006. 47 De Fraiture et Perry 2007 ; Molden 2007 ; Ward et Pulido- 5 Milly et al. 2008 ; Barnett, Adam, et Lettenmaier 2005. Velazquez 2008. 6 de la Torre, Fajnzylber, et Nash 2008. 48 Perry et al., à paraître. 7 Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau 2009. 49 Moller et al. 2004 ; Perry et al., à paraître. 8 Perry et al., à paraître. 50 Perry et al., à paraître. 9 Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau 2009. 51 www.fieldlook.com (consulté le 5 mai 2009). 10 Banque mondiale, à paraître d. 52 Perry et al., à paraître. 11 Banque mondiale, à paraître d. 53 Banque mondiale, à paraître c. 12 Molden 2007. 54 Le dioxyde de carbone (CO2) est absorbé lors de la photosyn- 13 Milly et al. 2008 ; Ritchie 2008 ; Young et McColl 2005. thèse, processus par lequel les plantes utilisent la lumière du soleil 14 En tant qu’administrateur public des ressources en eau du pays, pour produire des glucides. Ainsi, l’élévation des concentrations de l’État sud-africain, par le biais du ministère de l’Eau, doit veiller à ce CO2 aura donc un effet positif sur de nombreuses cultures, et accroîtra que les ressources en eau soient protégées, utilisées, mises en valeur, l’accumulation de biomasse et le rendement final. Elle a aussi pour conservées, gérées et contrôlées d’une manière viable et équitable, effet de réduire les stomates des plantes – les pores par lesquels les dans l’intérêt de chacun et conformément à son mandat constitution- plantes transpirent, ou libèrent de l’eau – et donc de diminuer les nel. Salman M. A. Salman, membre des services de la Banque mondi- pertes d’eau. Les plantes dites de type C3, telles que le riz, le blé, le soja, ale, communication personnelle, juillet 2009. les légumineuses, ainsi que les arbres, devraient profiter de la hausse 15 Dye et Versfeld 2007. des concentrations dans une plus large mesure que les plantes de type 16 Bates et al. 2008. C4, telles que le maïs, le mil, et le sorgho. Toutefois, les expériences 17 Molle et Berkoff 2007. récemment menées sur le terrain montrent que les essais préalables en 18 Molle et Berkoff 2007 ; OCDE 2009. laboratoire avaient surestimé l’effet positif du CO2. Selon une étude, 19 Olmstead, Hanemann, et Stavins 2007. par exemple, à des concentrations en CO2 de 550 parties par million, 20 Molle et Berkoff 2007. l’augmentation du rendement est de 13 % pour le blé et non pas 31 %, 21 Asad et al. 1999. de 14 % pour le soja et non pas de 32 %, et de 0 % pour les plantes 22 Bosworth et al. 2002. en C4 et non pas 18 %. Cline 2007. C’est pourquoi les figures de ce 23 Voir l’accord relatif au bassin Murray-Darling, annexe E, chapitre n’indiquent que les rendements sans fertilisation par le CO2. http://www.mdbc.gov.au/about/the_mdbc_agreement. 55 Easterling et al. 2007. 24 Molle et Berkoff 2007. 56 BERD et FAO 2008. 25 Rosegrant et Binswanger 1994. 57 Fay, Block, et Ebinger 2010. 26 Banque mondiale 2007b. 58 Un déficit de production alimentaire est enregistré lorsque, 27 Bates et al. 2008 ; Molden 2007. par suite des conditions météorologiques, la production potentielle 28 Y Young et McColl 2005. annuelle des cultures les plus importantes dans une région adminis- 29 http://www.environment.gov.au/water/mdb/overallocation. trative représente moins de 50 % du niveau moyen de la production de html (consulté le 7 mai 2009). la région sur la période 1961-1990. La probabilité que des déficits soient 30 Molden 2007. observés dans plus d’une région durant une année donnée étant plus 31 Banque mondiale, à paraître b. élevée, la possibilité pour une région d’importer des denrées d’autres 32 Banque mondiale, à paraître b. régions pour compenser son déficit de production s’en trouve réduite, 33 Banque mondiale, à paraître b.. ce qui peut poser des problèmes de sécurité alimentaire. Alcamo et 34 Bhatia et al. 2008. al. 2007. 35 Strzepek et al. 2004. 59 Easterling et al. 2007. 36 Commission mondiale sur les barrages 2000. Pour une analyse 60 Cline 2007. Le scénario d’émissions élevées est le scénario A2 de l’impact du Grand barrage d’Assouan sur la fertilité des sols et le du RRSE établi par le GIEC. Lorsqu’il est employé avec différents littoral du delta du Nil, voir Ritchie 2008. modèles, il indique une augmentation de la température moyenne de 37 Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau 3,13 °C entre 2080 et 2099 par rapport à la période 1980-99. Meehl et 2009. al. 2007. 38 Danfoss Group Global. http://www.danfoss.com/Solutions/ 61 Lobell et al. 2008. Reverse+Osmosis/Case+stories.htm (consulté le 9 mai 2009). 62 Schmidhuber et Tubiello 2007. 39 FAO 2004b. 63 D’après cinq modèles climatiques utilisés avec le scénario 40 Le dessalement est également viable pour l’agriculture à d’émissions élevées A2 du RSSE. Fischer et al. 2005. forte valeur ajoutée dans certaines régions du monde, par exemple 64 Calculs basés sur FAO 2009c. l’Espagne. Gobierno de España 2009. 65 GIEC 2007a. 41 Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau 2009. 66 Les émissions sont dues à la conversion de terres non exploitées 42 Molden 2007. à un usage agricole, et à l’érosion des sols. 43 Molden 2007. 67 van der Werf et al. 2008. 68 Steinfeld et al. 2006. RapportMonde_LIVRE2.indb 176 16/09/10 12:39 Gérer les terres et l’eau pour nourrir neuf milliards d’êtres humains et protéger les systèmes naturels 177 69 Ces 18 % correspondent à la somme des estimations des 94 T. Christopher, « Can Weeds Help Solve the Climate Crisis? » contributions de la production animale aux émissions dans plusieurs New York Times, 29 juin 2008. catégories, comme l’utilisation des terres, le changement d’affectation 95 Ziska et McClung 2008. des terres, et la foresterie. Ce pourcentage comprend les émissions de 96 PNUE-CMSC 2008. Dans les océans, la part de la superficie gaz à effet de serre du bétail imputables au changement d’affectation protégée est encore plus dérisoire. Environ 2,58 millions de kilomè- des terres (36 %), à la gestion du fumier (31 %), aux émissions directes tres carrés, soit 0,65 % de la superficie des océans du globe et 1,6 % de des animaux (25 %), à la production de fourrage (7 %), aux activités la surface marine totale dans les Zones économiques exclusives, sont de traitement et aux transports (1 %). Steinfeld et al. 2006. des aires marines protégées. Laffoley 2008. 70 AIE 2006. Cette estimation repose sur l’hypothèse que les 97 Gaston et al. 2008. restrictions actuelles sur les échanges sont maintenues. Si ces restric- 98 Hannah et al. 2007. tions étaient modifiées, en particulier celles qui limitent les importa- 99 Dudley et Stolton 1999. tions de biocombustibles aux États-Unis, la répartition régionale de la 100 Struhsaker, Struhsaker, et Siex 2005. production pourrait être très différente. 101 Scherr et McNeely 2008 ; McNeely et Scherr 2003. 71 Gurgel, Reilly, et Paltsev 2008. 102 van Buskirk et Willi 2004. 72 NRC 2007 ; Tilman, Hill, et Lehman 2006. 103 McNeely et Scherr 2008. 73 Beckett et Oltjen 1993. 104 Chan et Daily 2008. 74 Hoekstra et Chapagain 2007. Pimentel et al. (2004) donnent 105 Les arbres légumineux contiennent des nodules bactériens une estimation de 43 000 litres par kilo de bœuf. symbiotiques qui fixent l’azote de l’air et enrichissent ainsi en nutri- 75 Peden, Tadesse, et Mammo 2004. Dans ce système, une tête ments les plantes et le sol. de bétail consomme 25 litres d’eau par jour pendant deux ans pour 106 McNeely et Scherr 2003. produire 125 kilos de viande parée et consomme des résidus de 107 Ricketts et al. 2008. cultures qui ne nécessitent pas d’apport d’eau supplémentaire. 108 Klein et al. 2007. 76 Williams, Audsley, et Sandars 2006. De plus, certaines sources 109 Lin, Perfecto, et Vandermeer 2008. donnent des estimations d’émissions plus élevées pour la production 110 Banque mondiale 2008a. de viande – jusqu’à 30 kilos de CO2e par kilo de bœuf produit, par 111 Banque mondiale 2008a. exemple (Carlsson-Kanyama et Gonzales 2009). 112 Sur les 6 milliards de dollars dépensés chaque année au titre 77 Randolph et al. 2007 ; Rivera et al. 2003. de fiducies foncières et de servitudes écologiques, un tiers le sont dans 78 Delgado et al. 1999 ; Rosegrant et al. 2001 ; Rosegrant, le monde en développement. Scherr et McNeely 2008. Fernandez, et Sinha 2009 ; Thornton 2009 ; Banque mondiale 2008e. 113 Un système typique de zonage de protection consiste à autor- 79 Selon une étude, la superficie de terres agricoles « bonnes » et iser l’aménagement de certaines zones et à limiter celui-ci dans les « très bonnes » disponibles restera pratiquement inchangée à 2,6 milli- secteurs à préserver. Un système de droits d’aménagement négociables ards et 2 milliards d’hectares, respectivement, en 2080 par rapport à est une solution de rechange au zonage pur ; il permet de substituer des la moyenne de la période 1961–1990 (d’après le modèle climatique zones à d’autres pour atteindre les objectifs de protection et favorise HadCM3 du Hadley Centre et le scénario d’émissions très élevées A1F1 ainsi le respect des obligations de conservation. Certains propriétaires du RRSE). Fischer, Shah, et van Velthuizen 2002 ; Parry et al. 2004. fonciers acceptent de limiter l’aménagement de leurs terres – et donc 80 Lotze-Campen et al. 2009. de limiter leurs droits de propriété – en échange d’une rémunération. 81 Cassman 1999 ; Cassman et al. 2003. Par exemple, l’État peut avoir promulgué une loi disposant que 20 % 82 Calculés d’après FAO 2009c. de la superficie de chaque propriété privée doit être préservé sous 83 Diaz et Rosenberg 2008. forme de forêt naturelle. Un propriétaire foncier ne serait, dans ce cas, 84 Schoups et al. 2005. autorisé à déboiser au point de tomber sous le seuil de 20 % que s’il 85 Delgado et al. 1999. achetait à d’autres propriétaires dont plus 20 % des superficies sont 86 Hazell 2003. boisées des droits d’aménagement correspondant à ces superficies 87 Hazell 2003 ; Rosegrant et Hazell 2000. boisées « excédentaires », qui acquièrent alors de manière irréversible 88 Pingali et Rosegrant 2001. le statut de réserve forestière. Chomitz 2004. 89 Reardon et al. 1998. 114 Banque mondiale 2008c. 90 Rosegrant et Hazell 2000. 115 Alston et al. 2000 ; Banque mondiale 2007c. 91 Rosegrant et Hazell 2000. 116 Beintema et Stads 2008. 92 Les produits agricoles spécialisés comprennent notamment 117 EICASTD 2009. les aliments dits « fonctionnels ». Il s’agit de produits ayant la forme 118 Blaise, Majumdar, et Tekale 2005 ; Govaerts, Sayre, et Deckers d’aliments ou de boissons, qui influent sur les fonctions du corps et 2005 ; Kosgei et al. 2007 ; Su et al. 2007. ont ainsi des effets positifs sur la santé, le bien-être ou les perform- 119 Thierfelder, Amezquita, et Stahr 2005 ; Zhang et al. 2007. ances au-delà de leur valeur nutritionnelle normale. Citons par exem- 120 Franzluebbers 2002. ple des aliments antioxydants tels que le guarana et la baie d’açaí, 121 Govaerts et al. 2009. le riz doré et la patate douce à chair orange riches en vitamine A, la 122 Derpsch et Friedrich 2009. margarine enrichie en stérols végétaux afin d’améliorer les niveaux de 123 Derpsch 2007 ; Hobbs, Sayre, et Gupta 2008. cholestérol, et les œufs contenant des acides gras oméga 3, bons pour 124 Banque mondiale 2005. le cœur. Kotilainen et al. 2006. 125 Derpsch et Friedrich 2009 ; Erenstein et Laxmi 2008. 93 Ziska 2008. 126 Erenstein 2009. 127 Erenstein et al. 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 177 16/09/10 12:39 178 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 128 de la Torre, Fajnzylber, et Nash 2008. 178 FAO 2009e. 129 Passioura 2006. 179 Duda et Sherman 2002. 130 Yan et al. 2009. 180 FAO 2009d ; Sundby et Nakken 2008. 131 Thornton 2009. 181 Lodge 2007. 132 Smith et al. 2009. 182 Programme BCLME 2007. 133 Doraiswamy et al. 2007 ; Perez et al. 2007 ; Singh 2005. 183 FEM 2009. 134 Par exemple l’enfouissement profond de briquettes ou de 184 Banque mondiale 2009. granulés d’urée. 185 Fischer et al. 2005. 135 Singh 2005. 186 Rosegrant, Fernandez, et Sinha 2009. 136 Singh 2005. 187 Easterling et al. 2007. 137 Poulton, Kydd, et Dorward 2006 ; Dorward et al. 2004 ; Pender 188 FAO 2008. et Mertz 2006. 189 Mitchell 2008. Ce n’est pas la première fois que des chocs 138 Hofmann et Schellnhuber 2009 ; Sabine et al. 2004. climatiques entraînent l’imposition de restrictions aux exportations 139 Hansen et al. 2005. de produits alimentaires et des hausses de prix importantes ; voir les 140 FAO 2009e. exemples donnés par Battisti et Naylor 2009. 141 FAO 2009e. 190 Banque mondiale 2009. 142 Delgado et al. 2003. 191 Banque mondiale 2009. 143 FAO 2009e. 192 von Braun et al. 2008. 144 Arkema, Abramson, et Dewsbury 2006. 193 Bouet et Laborde 2008. 145 Smith, Gilmour, et Heyward 2008. 194 D’autres problèmes doivent être examinés au cas par cas, par 146 Gordon 2007. exemple les exonérations des réductions de droits de douane sur des 147 Armada, White, et Christie 2009. produits spéciaux, comme le souhaitent les pays en développement 148 Pitcher et al. 2009. pour les produits considérés comme importants pour la sécurité 149 OCDE 2008 ; Banque mondiale 2008d. alimentaire, le maintien des moyens de subsistance et le développe- 150 FAO 2009e. ment rural. Banque mondiale 2007c. 151 Banque mondiale 2008d. 195 OMM 2000. 152 Costello, Gaines, et Lynham 2008 ; Hardin 1968 ; Hilborn 196 Xiaofeng 2007. 2007a ; Hilborn 2007b. 197 Organisation des Nations Unies 2004. 153 FAO 2009c. Les poissons et les fruits de mer comprennent 198 « Africa’s Weather Stations Need ‘Major Effort,’ » Réseau les poissons et les invertébrés de mer et d’eau douce. Les protéines Science et Développement. www.SciDev.net, 7 novembre 2006. animales totales comprennent toutes ces catégories, plus toutes les 199 OMM 2007. viandes d’animaux terrestres, le lait et les autres produits animaux. 200 Barnston et al. 2005 ; Mason 2008. Les données se rapportent à l’année 2003. 201 Moron et al., à paraître ; Moron, Robertson, et Boer 2009 ; 154 Organisation des Nations Unies 2009. 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RapportMonde_LIVRE2.indb 185 16/09/10 12:39 RapportMonde_LIVRE2.indb 186 16/09/10 12:39 CHAPITRE 4 Stimuler le développement sans nuire au climat L ’économie mondiale devant qua- et social grâce aux économies d’énergie, à drupler d’ici au milieu du siècle, l’amélioration de la santé publique, au ren- les émissions de dioxyde de car- forcement de la sécurité énergétique et à la bone (CO2) liées à la production création d’emplois. d’énergie devraient, au rythme actuel, plus Pour que ce scénario de gestion énergé- que doubler. Le monde serait alors placé sur tique durable puisse se concrétiser, il faut une trajectoire potentiellement désastreuse que tous les pays prennent immédiate- qui pourrait aboutir à une augmentation ment des mesures pour accroître fortement de 5 °C des températures par rapport à l’ère leurs rendements énergétiques et réduire préindustrielle. Ce scénario, pourtant, n’est sensiblement leur intensité de carbone. Le pas inévitable. Si l’on agit de façon concer- scénario suppose que les pays accordent tée au plan mondial en vue de poursuivre une place nettement plus large aux énergies des politiques judicieuses et d’utiliser des renouvelables, voire à l’énergie nucléaire, au technologies à faible émission de carbone, il détriment des combustibles fossiles dans la est possible de s’orienter dans une direction production totale d’énergie et qu’ils encou- plus viable qui limiterait le réchauffement ragent l’utilisation généralisée des techno- aux alentours de 2 °C. Un tel effort produ- logies de piégeage et de stockage du CO2. irait du même coup d’énormes avantages Un tel changement suppose, à son tour, que en matière de développement économique plusieurs conditions soient remplies : une réduction prononcée du coût de la tech- nologie des énergies renouvelables et une diffusion maximale de celle-ci ; des dispo- Idée force sitifs de sécurité permettant de contrôler Pour apporter une réponse au problème du changement climatique, il faudra que tous les pays les déchets nucléaires et la prolifération prennent des mesures immédiates et que des transformations fondamentales soient apportées des armes ; et des avancées décisives dans aux systèmes énergétiques – pour permettre un accroissement important des rendements divers domaines technologiques allant des énergétiques, pour accorder une place considérablement accrue aux énergies renouvelables et batteries au piégeage et stockage du CO2. peut-être même à l’énergie nucléaire, et encourager l’utilisation généralisée des technologies de Il exige aussi des transformations radicales pointe pour piéger et stocker le carbone émis dans l’atmosphère. Les pays développés devront en matière de développement économique prendre les devants et réduire leurs propres émissions à hauteur de 80 % à l’horizon 2050, et de modes de vie. Même si une seule de commercialiser de nouvelles technologies et contribuer au financement des mesures nécessaires ces conditions n’est pas remplie, il pourrait pour placer les pays en développement sur des trajectoires fondées sur des énergies propres. Il être impossible de limiter le réchauffement est également dans l’intérêt des pays en développement d’agir sans tarder pour éviter que leurs économies ne se retrouvent prisonnières d’infrastructures à forte intensité de carbone. Un grand aux alentours de 2 °C au-dessus des tempé- nombre de changements, tels que l’élimination de signaux par les prix sources de distorsions ratures préindustrielles. et l’accroissement des rendements énergétiques, présentent des avantages aussi bien pour le Pour pouvoir maintenir le réchauffe- développement que pour l’environnement. ment à 2 °C, il faut faire en sorte que les émissions mondiales atteignent un plafond au plus tard en 2020, puis diminuent de RapportMonde_LIVRE2.indb 187 16/09/10 12:39 188 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 50 à 80 % par rapport aux niveaux actuels entre cette date être déployées à une échelle beaucoup plus grande si l’on et 2050, et continuent de baisser jusqu’en 2100 et au-delà. Il met en place les cadres stratégiques appropriés. Leur généra- sera impossible d’atteindre cet objectif si la mise en œuvre lisation passe par la tarification des émissions de carbone et des mesures nécessaires est retardée de dix ans. En raison la création d’incitations financières visant à promouvoir les de l’inertie propre aux équipements énergétiques, les inves- technologies à faible intensité de carbone. Un large recours tissements réalisés durant les dix prochaines années déter- à ces technologies contribuerait à réduire leur coût et à les mineront largement le niveau d’émissions jusqu’en 2050 et rendre plus concurrentielles. par la suite. Si l’on tarde à réagir, le monde sera prisonnier Cependant, ces solutions, gagnantes sur tous les plans d’infrastructures à forte intensité de carbone et devra procé- puisqu’elles contribuent aussi bien au développement qu’à der plus tard à la modification coûteuse ou à la destruction la lutte contre le changement climatique, ne suffiront pas à prématurée d’équipements existants. elles seules à maintenir le réchauffement à 2 °C. Il est urgent La crise financière actuelle). ne doit pas servir d’excuse d’utiliser à une grande échelle des technologies de pointe aux pouvoirs publics pour retarder la lutte contre le change- qui n’ont pas encore démontré leur efficacité, telles que le ment climatique. La crise climatique qui se profi le à l’hori- piégeage et le stockage du CO2. Pour accélérer leur diffusion zon risque d’être beaucoup plus préjudiciable à l’économie et leur utilisation, il faudra renforcer considérablement les mondiale. La récession économique peut certes retarder la activités de recherche, de développement et de démonstra- croissance des émissions de quelques années, mais elle ne tion, ainsi que les échanges et transferts de technologies. changera sans doute pas fondamentalement son évolution Il est indispensable de mettre en place un mécanisme de à long terme. Pour autant, le ralentissement économique portée globale fondé sur le marché, tel qu’un programme de donne aux gouvernements l’occasion d’orienter les mesures de relance vers la production d’énergies propres et efficientes afin d’atteindre le double objectif consistant à stimuler la croissance économique et à atténuer le changement clima- ENCADRÉ 4.1 La crise financière est l’occasion de tique (encadré 4.1). promouvoir les énergies efficientes et propres Les pouvoirs publics peuvent adopter aujourd’hui des politiques intérieures « intelligentes » pour promouvoir La crise financière est source de défis et d’opportunités en l’utilisation de technologies à faible émission de carbone matière d’énergie propres. La chute des prix des combustibles fossiles décourage les économies d’énergie et rend pendant qu’un accord mondial sur le climat est négocié. l’énergie renouvelable moins concurrentielle. La faiblesse L’efficacité énergétique est la source de réductions d’émis- de l’environnement macroéconomique et le resserrement sions la plus importante et la moins coûteuse ; elle se justifie du crédit ont entraîné une diminution de la demande et en outre pleinement par son incidence positive sur le déve- des investissements ; les énergies renouvelables (qui se loppement et les économies d’énergie qu’elle engendrera à caractérisent par des coûts d’investissement initiaux élevés l’avenir. Les avantages potentiels sont énormes du point de et de faibles coûts d’exploitation et de combustibles) sont vue tant de l’offre d’énergie (notamment en ce qui concerne durement touchées en raison de leur forte intensité en capital. Au dernier trimestre de 2008, les investissements dans les la combustion de charbon, de pétrole et de gaz, ainsi que énergies propres avaient chuté de plus de 50 % par rapport à la production, le transport et la distribution l’électricité) leur niveau record de la fin de 2007a. que de la demande (utilisation d’énergie dans les bâtiments, Pour autant, la crise financière ne doit pas servir de prétexte les transports et l’industrie manufacturière). L’ampleur des pour retarder la mise en œuvre de mesures dans le domaine possibilités inexploitées en matière de rendements énergé- du changement climatique, car elle est l’occasion de s’orienter tique donne toutefois à penser qu’il ne sera pas aisé de les vers une économie à faible intensité de carbone (voir concrétiser. La réalisation d’économies d’énergie substan- chapitre 1). Tout d’abord, les mesures de relance économique axées sur les investissements en faveur de l’efficacité tielles demande une hausse des prix et l’élimination des énergétique, des énergies renouvelables et des transports en subventions aux combustibles fossiles, ainsi qu’une straté- commun peuvent contribuer à créer des emplois et accroître gie concertée visant à pallier les défaillances du marché et à la capacité productive de l’économieb. Ensuite, la baisse surmonter les obstacles non commerciaux grâce à une régle- des prix énergétiques offre une occasion exceptionnelle mentation efficace, des incitations financières, des réformes d’appliquer des programmes visant à éliminer les subventions institutionnelles et des mécanismes de financement. aux combustibles fossiles dans les pays émergents et La deuxième plus importante source de réductions d’imposer des taxes sur les combustibles dans les pays avancés de manière politiquement et socialement acceptable. potentielles d’émissions est l’utilisation de combustibles à émissions faibles ou nulles – notamment l’utilisation Sources : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde, d’énergies renouvelables – dans la production d’électricité. d’après : Bon nombre de ces technologies sont déjà commercialisées, a. Forum économique mondial 2009. ont des effets bénéfiques sur le développement et peuvent b. Bowen et al. 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 188 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 189 plafonnement et d’échange de carbone (cap-and-trade) ou sont nocifs à la santé humaine et produisent des pluies une taxe carbone (voir chapitre 6), pour inciter le secteur acides, mais ils ont aussi des effets refroidissants au plan privé à déployer des efforts d’investissement et d’innova- local qui atténuent le réchauffement. tion soutenus permettant de réduire fortement les émissions Les pays en développement ont besoin d’énergie fiable au moindre coût. Les pouvoirs publics doivent adopter des à un coût abordable pour assurer leur croissance et fournir démarches coordonnées et intégrées pour promouvoir une des services à 1,6 milliard de personnes qui n’ont pas accès à activité économique à faible intensité de carbone tout en l’électricité et aux 2,6 milliards d’êtres humains qui ne dispo- réduisant autant que possible les risques de perturbations sent pas de combustibles propres pour la cuisson des aliments. sociales et économiques. L’amélioration de l’accès des populations à ces combustibles Les pays développés doivent prendre l’initiative et s’en- et aux services d’électricité dans de nombreux pays en déve- gager à réduire fortement les émissions, tarifer le carbone et loppement à faible revenu, notamment en Asie du Sud et en développer des technologies de pointe. Cette démarche est le Afrique subsaharienne, augmenterait de moins de 2 % les meilleur moyen de stimuler le développement des technolo- émissions mondiales de CO22. Le remplacement des combus- gies nécessaires et de les diffuser à des prix concurrentiels. tibles issus de la biomasse, utilisés traditionnellement pour la Il ne sera cependant pas possible de limiter le réchauffement cuisson des aliments et le chauffage, par des sources d’éner- aux alentours de 2 °C au-dessus des températures préindus- gie moderne peut aussi atténuer les émissions de carbone noir trielles si les pays en développement ne commencent pas, – cause importante de réchauffement climatique3 –, améliorer eux aussi, à transformer leurs systèmes énergétiques tout en la santé des femmes et des enfants exposés à des niveaux élevés poursuivant leur processus de croissance. Cette transforma- de pollution de l’air intérieur par les combustibles tradition- tion demande d’importants transferts de ressources finan- nels issus de la biomasse et ralentir la déforestation et la dégra- cières et de technologies à faible intensité de carbone des dation des sols (voir chapitre 7, encadré 7.10)4. pays développés vers le monde en développement. L’approvisionnement en énergie pose aussi des problèmes Les méthodes d’atténuation des émissions d’origine éner- d’adaptation. La hausse des températures aura probable- gétique et l’assortiment de politiques et de technologies ment pour effet d’accroître la demande de refroidissement nécessaires à leur mise en œuvre varient parmi les pays à et de réduire la demande de chauffage5. L’augmentation de la revenu élevé, intermédiaire ou faible, selon leurs structures demande de refroidissement met à rude épreuve les réseaux économiques, les ressources dont ils disposent et leurs capa- d’électricité, comme ce fut le cas en Europe durant la vague cités institutionnelles et techniques. Une douzaine de pays de chaleur de 2007. Les phénomènes climatiques extrêmes à revenu élevé ou intermédiaire produisent les deux tiers ont été à l’origine de 13 % de la variation de la producti- des émissions mondiales liées à l’énergie : la réduction des vité énergétique dans les pays en développement en 20056. émissions de ces pays est essentielle pour prévenir un dérè- Des régimes de précipitation peu sûrs et changeants nuisent glement dangereux du climat. Le présent chapitre analyse les à la fiabilité de l’énergie hydroélectrique. Les sécheresses scénarios d’atténuation et les défis auxquels sont confrontés et les vagues de chaleur, qui influent sur la disponibilité certains de ces pays. Il décrit aussi un ensemble d’instru- et la température de l’eau, gênent la production d’éner- ments d’intervention et de technologies propres qu’il est gie thermique et nucléaire7, car les centrales ont besoin de possible d’utiliser pour suivre la trajectoire à 2 °C. grandes quantités d’eau pour refroidir leurs installations – le problème s’est posé en France lors des coupures d’électricité Maintenir un juste équilibre entre des objectifs survenues durant la canicule de 2007. concurrents Le défi consiste donc à fournir des services énergétiques Les politiques énergétiques doivent rechercher un juste équi- fiables et abordables à l’appui de la croissance et de la pros- libre entre quatre objectifs concurrents : soutenir la crois- périté économiques sans pour autant nuire au climat. Les sance économique, accroître l’accès des populations pauvres pays à faible revenu ne sont actuellement à l’origine que de à l’énergie, renforcer la sécurité énergétique et améliorer 3 % de la demande énergétique mondiale et des émissions l’environnement, autant d’objectifs difficiles à atteindre. liées à la production d’énergie. S’il est vrai que leur demande La combustion de matières fossiles est à l’origine d’environ d’énergie augmentera en même temps que leurs revenus, 70 % des émissions de gaz à effet de serre1 et constitue la leurs émissions ne devraient encore représenter qu’une principale source de pollution atmosphérique nocive au petite partie des émissions mondiales en 2050. En revanche, plan local. De nombreuses solutions avantageuses sur tous les pays à revenu intermédiaire, dont un grand nombre se les plans peuvent permettre d’atténuer le changement clima- trouve dans une phase de croissance économique et accorde tique et de réduire la pollution atmosphérique locale grâce une place importante à l’industrie lourde, ont des besoins à un moindre recours à la combustion de matières fossiles énergétiques gigantesques. Enfin, les pays développés ont (encadré 4.2). D’autres options exigent des compromis. Par besoin d’énormes quantités d’énergie pour préserver leurs exemple, les sulfates émis durant la combustion du charbon modes de vie actuels. RapportMonde_LIVRE2.indb 189 16/09/10 12:39 190 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.2 Une énergie efficiente et propre peut avoir des effets positifs sur le développement L’évaluation des avantages annexes rapport au scénario du laisser-faireb. En 20 % de l’intensité énergétique fixé par de l’énergie propre et de la maîtrise de 2006, l’industrie des énergies renouvelables les autorités pour la période 2005-2010 l’énergie au plan du développement – a créé (directement ou indirectement) devrait abaisser les émissions annuelles de surcroît d’économies d’énergie, réduction 2,3 millions d’emplois dans le monde et CO2 de 1,5 milliard de tonnes d’ici à 2010. Il de la pollution atmosphérique locale, les activités liées à l’efficacité énergétique s’agit de l’objectif de réduction d’émissions renforcement de la sécurité énergétique, ont produit huit millions d’emplois aux le plus ambitieux au monde : il équivaut à création d’emplois dans l’industrie locale et États-Unisc. En Californie, les programmes cinq fois la diminution de 300 millions de amélioration de la compétitivité grâce à la de maîtrise de l’énergie et d’innovation tonnes décidée par l’Union européenne hausse de la productivité – peut justifier en technologique des 35 dernières années ont dans le cadre de ses engagements au titre partie les coûts des mesures d’atténuation accru le produit brut de l’Étatd. du Protocole de Kyoto et huit fois la cible et renforcer l’attrait des politiques vertes. De nombreux pays, développés et en de réduction d’émissions (175 millions de Les économies d’énergie pourraient développement, se fixent des objectifs et tonnes) de la Californiee. compenser une part appréciable des coûts formulent des politiques dans le domaine d’atténuationa. Les mesures nécessaires des énergies propres (voir tableau). Certes, pour maintenir les concentrations de CO2 ces initiatives sont souvent déterminées Sources : autour de 450 parties par million (ppm), par les effets bénéfiques attendus au a. AIE 2008b ; McKinsey & Company 2009a. afin de limiter le réchauffement à 2 °C, plan du développement local, mais elles b. AIE 2008c. pourraient réduire de 20 à 35 %, d’ici à peuvent aussi contribuer sensiblement c. EESI 2008. 2030, la pollution atmosphérique locale à réduire les émissions de CO2. En Chine, d. Roland-Holst 2008. (dioxyde de soufre et oxydes d’azote) par par exemple, l’objectif de réduction de e. Lin 2007. De nombreux pays disposent de programmes ou projets en matière d’énergie et de changement climatique Énergies Pays Changement climatique Efficacité énergétique Transport renouvelables Union Réduction de 20 % des émissions de 1990 à 2020 20 % du bouquet 20 % d’économies 10 % du carburant utilisé dans européenne (30 % si d’autres pays s’engagent à réaliser des d’énergies primaires à d’énergie par rapport les transports proviendront des réductions importantes) ; réduction de 80 % de l’horizon 2020 au scénario de biocarburants à l’horizon 2020 1990 à 2050 référence d’ici à 2020 États-Unis Ramener les émissions à leur niveau de 1990 25 % de l’électricité à Relèvement des normes de consom- d’ici à 2020 ; réduction de 80 % de 1990 à 2050 l’horizon 2025 mation de carburant à 35 miles par gallon d’essence d’ici à 2016 Canada Réduction de 20 % de 2006 à 2020 Australie Réduction de 15 % de 2000 à 2020 Chine Plan national sur le changement climatique et 15 % de l’énergie Réduction de 20 % de Une norme d’économie de carburant de Livre blanc sur les politiques et les interventions primaire à l’horizon l’intensité énergétique 35 miles par gallon d’essence est déjà en matière de changement climatique ; groupe 2020 de 2005 à 2010 en vigueur ; objectif : être le numéro un chargé des questions d’économie d’énergie et mondial dans le secteur des véhicules de réduction des émissions créé et présidé par électriques ; construction massive de le premier ministre métros en cours Inde Plan d’action national sur le changement 23 gigawatts de 10 gigawatts Politique de transport urbain : climatique : les émissions par habitant ne capacités d’énergie d’économies d’énergie augmentation des investissements dans doivent pas dépasser le niveau des pays renouvelable à d’ici à 2012 les transports publics développés, création d’un groupe consultatif sur l’horizon 2012 le changement climatique présidé par le premier ministre Afrique du Sud Scénario d’atténuation à long terme : les 4 % du bouquet 12 % d’amélioration Objectif : être le leader mondial dans émissions atteignent leur niveau maximum entre énergétique à des rendements le secteur des véhicules électriques ; 2020 et 2025, stagnent pendant une décennie, l’horizon 2013 énergétiques d’ici à développement des réseaux express puis diminuent en valeur absolue 2015 d’autobus Mexique Réduction de 50 % des émissions de 2002 8 % du bouquet Normes de rendement Augmentation des investissements dans à 2050 ; stratégie climatique nationale : énergétique à énergétique, les transports publics commission intersecrétariats sur le changement l’horizon 2012 cogénération climatique établie à des fins de coordination Brésil Plan national sur le changement climatique : 10 % du bouquet 103 térawattheures Numéro un mondial de la production réduire la déforestation de 70 % d’ici à 2018 énergétique à d’économie d’énergie à d’éthanol l’horizon 2030 l’horizon 2030 Sources : Gouvernement chinois 2008 ; gouvernement indien 2008 ; gouvernement mexicain 2008 ; commission interministérielle brésilienne sur le changement climatique 2008 ; Pew Center 2008a ; Pew Center 2008b ; Project Catalyst 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 190 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 191 L’utilisation d’énergie à faible intensité de carbone peut qui leur sont liés exigent un soutien important de la part du améliorer sensiblement la sécurité énergétique en réduisant secteur public. l’instabilité des prix ou les risques d’interruptions dans l’approvisionnement énergétique8. L’efficacité énergétique Perdre l’habitude de consommer une énergie à forte peut faire baisser la demande d’énergie, tandis que l’utilisa- intensité de carbone tion d’énergies renouvelables permet de diversifier les types Les émissions de carbone associées aux processus éner- d’énergies utilisées et de réduire l’exposition aux chocs des gétiques sont déterminées par les effets conjugués de la prix de combustibles9. consommation totale d’énergie et de son intensité en Cependant, le charbon – l’énergie fossile qui émet le carbone (à savoir les unités de CO2 produites par une plus de carbone – est disponible en quantités abondantes unité d’énergie consommée). La consommation d’énergie à proximité de nombreuses régions en rapide expansion et augmente en même temps que le revenu et la population, assure un approvisionnement en énergie sûr et peu coûteux. mais dans une mesure qui varie beaucoup selon la struc- Les récentes fluctuations des prix pétroliers et l’incertitude ture économique (les activités manufacturières et minières qui entoure l’approvisionnement en gaz renforcent l’intérêt consomment davantage d’énergie que l’agriculture et les porté aux nouvelles centrales électriques au charbon dans services), le climat (qui influe sur les besoins de chauffage de nombreux pays (développés et en développement). La et de refroidissement) et les politiques publiques (dans les réduction de la dépendance vis-à-vis des importations de pays où l’énergie est chère et la réglementation exigeante, pétrole et de gaz grâce à la production basée sur la conver- l’énergie est utilisée de manière plus rationnelle qu’ailleurs). sion du charbon en carburant liquide ou gazeux augmente- De même, l’intensité en carbone de l’énergie varie selon les rait sensiblement les émissions de CO2. La consommation politiques et ressources énergétiques nationales (le pays est-il mondiale de charbon a progressé plus rapidement que celle riche en charbon ou dispose-t-il d’une capacité hydroélec- de n’importe quel autre combustible depuis 2000, ce qui trique importante ?). Parmi les leviers que peut actionner un crée de redoutables conflits entre croissance économique, pays pour se placer sur une trajectoire de croissance sobre en sécurité énergétique et changement climatique. carbone figurent donc la réduction de l’intensité énergétique Face à de tels défis et à de tels objectifs concurrents, le (à savoir l’énergie consommée pour un dollar de produit marché ne peut, à lui seul, fournir une énergie efficiente et intérieur brut) grâce à l’amélioration des rendements éner- propre dans les délais requis et à l’échelle nécessaire pour gétiques et l’adoption de modes de vie à faible consomma- prévenir un dérèglement dangereux du climat. Il convient tion d’énergie – et la réduction de l’intensité en carbone de d’établir le prix de la pollution. La réalisation des progrès l’énergie grâce à l’utilisation de combustibles à faible teneur nécessaires en matière de rendements énergétiques passe par en carbone, tels que les énergies renouvelables. la création d’incitations via les prix, l’adoption de réglemen- Le doublement de la consommation d’énergie depuis tations et la mise en œuvre de réformes institutionnelles. les années 70, conjugué à la quasi-stagnation de l’inten- L’ampleur des investissements nécessaires dans des techno- sité en carbone, a entraîné un doublement des émissions logies qui n’ont pas encore fait leurs preuves et les risques (graphique 4.1). L’intensité énergétique s’est améliorée, mais Graphique 4.1 Explication du doublement des émissions : l’amélioration de l’intensité énergétique et de Source : GIEC 2007. l’intensité de carbone n’a pas suffi à compenser l’accroissement de la demande d’énergie stimulée par la Note : Le PIB est évalué en dollars sur la base de la parité de hausse des revenus. pouvoir d’achat (PPA). Indice 3,0 2,8 2,6 Revenu 2,4 (PIB, PPA) Énergie (approvisionnement 2,2 en énergie primaire) 2,0 1,8 1,6 Émissions de CO2 1,4 1,2 Intensité de carbone 1,0 (CO2/énergie) 0,8 Intensité énergétique 0,6 (énergie/PIB, PPA) 0,4 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 Année RapportMonde_LIVRE2.indb 191 16/09/10 12:39 192 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Graphique 4.2 Sources d’énergie primaire 1850-2006. De 1850 à 1950, la consommation d’énergie a Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le augmenté de 1,5 % par an, principalement grâce au charbon. De 1950 à 2006, elle a progressé de 2,7 % par an, monde sur la base de Grübler 2008 (données de la période avant tout grâce au pétrole et au gaz naturel. 1850-2000) et AIE 2008c (données de 2006). Note : Afin d’assurer la cohérence des deux séries de données, Exajoules on a utilisé la méthode de conversion d’électricité hydraulique en équivalent d’énergie primaire – en posant en hypothèse la 500 quantité d’énergie nécessaire pour produire une quantité égale 450 Nucléaire d’électricité dans des centrales thermiques classiques ayant 400 un rendement moyen de 38,6 %. Énergie hydroélectrique 350 et autres énergies renouvelables 300 Gaz 250 Pétrole 200 Charbon Biomasse 150 100 50 0 1850 1875 1900 1925 1950 1975 2000 2006 Année trop peu pour compenser le triplement du revenu mondial. Par ailleurs, l’intensité en carbone est restée relativement constante, car l’impact des progrès accomplis dans la production d’énergie propre a été en grande partie annulé par l’augmentation massive de l’utilisation des combustibles Graphique 4.3 En dépit du faible niveau de leur consommation d’énergie et de leurs émissions par habitant, fossiles. Ceux-ci représentent l’essentiel de l’approvision- les pays en développement seront à l’origine d’une grande nement énergétique mondial puisqu’ils constituent plus de partie de l’augmentation future de la consommation totale d’énergie et de la hausse des émissions de CO2 80 % des énergies primaires utilisées (graphique 4.2)10. Les pays développés sont à l’origine des deux tiers envi- a. Consommation d’énergie par habitant ron du CO2 de source énergétique cumulé dans l’atmos- TEP/personne phère11. Ils consomment, en outre, cinq fois plus d’énergie 7 par habitant, en moyenne, que les pays en développement. 6 Ces derniers représentent toutefois déjà 52 % des émissions 5 annuelles liées à l’énergie, et leur consommation d’éner- 4 gie augmente rapidement : 90 % de la hausse prévue de la 3 consommation mondiale d’énergie, de la consommation de 2 charbon et des émissions CO2 de source énergétique durant 1 les 20 prochaines années proviendront probablement des 0 pays en développement12. Selon les prévisions, les pays en 1980 2006 2030 développement, parce qu’ils abritent une si grande propor- Année tion de la population mondiale, utiliseront chaque année b. Consommation totale d’énergie 70 % plus d’énergie que les pays développés d’ici à 2030, TEP (en millions) même si leur consommation d’énergie par habitant doit 12 000 rester faible (graphique 4.3). 10 000 À l’échelle planétaire, la production d’électricité est 8 000 la principale source d’émissions de gaz à effet de serre 6 000 (26 %) devant l’industrie (19 %), les transports (13 %) et 4 000 les bâtiments (8 %)13, les changements d’affectation des 2 000 terres, l’agriculture et les déchets venant compléter le total (graphique 4.4). La situation, toutefois, varie selon les caté- 0 1980 2006 2030 gories de revenu. Les émissions des pays à revenu élevé Année proviennent avant tout de la production d’électricité et Pays de l’OCDE des transports, alors que les changements d’affectation des Pays non membres de l’OCDE terres et l’agriculture sont les principales sources d’émis- sions dans les pays à faible revenu. Dans les pays à revenu Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde, sur la base des données de IEA 2008c. intermédiaire, ce sont la génération d’électricité, l’industrie Note : TEP = tonnes d’équivalent pétrole. RapportMonde_LIVRE2.indb 192 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 193 Graphique 4.4 Émissions de gaz à effet de serre par secteur : monde et pays à revenu élevé, intermédiaire et faible a. Monde Déchets et eaux usées 3% Changement d’affectation Électricité des terres 26 % et foresterie 17 % Agriculture 14 % Transports 13 % Bâtiments Industrie résidentiels 19 % et commerciaux 8 % b. Pays à revenu élevé c. Pays à revenu intermédiaire d. Pays à faible revenu Divers Changement 14 % d’affectation Agriculture des terres Divers 8% et foresterie 18 % Électricité Divers Industrie 23 % 5% 14 % 15 % Électricité Transports Changement 26 % 4% d’affectation Électricité des terres Industrie et foresterie 36 % 7% Agriculture 50 % Transports Agriculture 23 % 14 % 20 % Transports Industrie 7% 16 % Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde, à partir des données de Barker et al. 2007 (graphique 4a) et WRI 2008 (graphiques 4b, c et d). Note : . La répartition sectorielle des émissions mondiales décrite au graphique 4.4a est celle de 2004. La répartition sectorielle des émissions dans les pays à revenu élevé, intermédiaire et faible indiquée aux graphiques 4.4b, 4.4c et 4.4d est basée sur les émissions des secteurs énergétique et agricole en 2005 et les émissions provenant de l’affectation des terres et de la foresterie en 2000. La taille de chaque diagramme représente les contributions aux émissions de gaz à effet de serre (y compris les émissions dues aux changements d’affectation des terres) des pays à revenu élevé, intermédiaire et faible ; leurs parts respectives sont de 35, 58 et 7 %. Si l’on considère uniquement les émissions de CO2 liées à l’énergie, ces parts sont respectivement de 49, 49 et 2 %. Au graphique 4.4a, les émissions provenant de la consommation d’électricité dans les bâtiments sont incluses dans celles du secteur énergétique. Le graphique 4.4b ne comprend pas les émissions dues aux changements d’affectation des terres et à la foresterie, car leur niveau est négligeable dans les pays à revenu élevé. et les changements d’affectation des sols qui y contribuent le des émissions de CO2. La croissance urbaine sera specta- plus ; les émissions dues aux changements d’affectation des culaire durant les 20 prochaines années : la population des terres sont toutefois concentrées dans un petit nombre de villes passera de trois milliards à cinq milliards de personnes, pays (le Brésil et l’Indonésie représentent la moitié des émis- et cette hausse se produira essentiellement dans le monde en sions mondiales de ce type). Il est probable que la produc- développement14. Il est probable que la taille du parc immo- tion d’électricité restera la principale source d’émissions, bilier doublera entre l’époque actuelle et 205015, l’essentiel mais celles-ci devraient augmenter plus rapidement dans les des nouvelles constructions devant voir le jour dans les pays transports et l’industrie. en développement. Si les villes grandissent en accentuant Les villes de la planète, où se concentre une grande partie l’étalement de leurs banlieues plutôt qu’en se densifiant, les de la production et de la population, consomment plus des transports en commun répondront difficilement à la hausse deux tiers de l’énergie mondiale et produisent plus de 70 % de la demande de déplacement qui en résultera. RapportMonde_LIVRE2.indb 193 16/09/10 12:39 194 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Graphique 4.5 La possession d’automobiles augmente avec les revenus, mais la tarification, les transports publics, Sources : Schipper 2007 ; Banque mondiale l’urbanisme et la densité urbaine peuvent freiner l’utilisation des voitures 2009c. Note : Au graphique 4.5b, les données a. Possession de voitures et revenus, 2000 concernent l’Allemagne de l’Ouest jusqu’à la fin de 1992 et l’ensemble de l’Allemagne Voitures particuliers/1 000 personnes unifiée à partir de 1993. On notera que les taux de possession de véhicules sont 600 semblables aux États-Unis, au Japon, en France et en Allemagne (graphique a), mais que les distances parcourues varient Allemagne 500 beaucoup parmi ces pays (graphique b). France États-Unis 400 Royaume-Uni Japon Danemark 300 200 Fédération de Russie 100 AfriqueBrésil Mexique Singapour du Sud Hongkong Éthiopie Inde Chine (Chine) 0 4,5 5,5 6,5 7,5 8,5 9,5 10,5 Log PIB par habitant (en dollars internationaux de 2000, PPA) b. Utilisation de voitures et revenus, 1970–2005 Véhicule-km/par habitant (milliers) 16 14 12 10 8 6 États-Unis (voitures et véhicules utilitaires légers des ménages) 4 Allemagne France 2 Japon 0 10 15 20 25 30 35 40 PIB par habitant (en dollars de 2000, milliers) Les taux de possession d’automobiles augmentent rapide- automobilistes européens et japonais font entre 30 % et ment sous l’effet de la hausse des revenus. Au rythme actuel, 60 % de kilomètres de moins par véhicule que les automo- 2,3 milliards de voitures supplémentaires seront mises en bilistes américains pour des revenus et des taux de posses- circulation entre 2005 et 2050, dont plus de 80 % dans les sion d’automobile similaires. À Hong Kong (Chine), le pays en développement16. Si l’on applique des politiques judi- taux de possession est le tiers de celui de New York, la ville cieuses, toutefois, l’augmentation des taux de possession ne américaine présentant le plus faible taux d’automobiles par se traduira pas nécessairement par une hausse similaire de habitant18. Comment est-ce possible ? Grâce à une densité l’utilisation d’automobiles (graphique 4.5)17. L’utilisation de la urbaine élevée, une forte imposition des carburants, une voiture ayant pour effet d’accroître la demande d’énergie et les politique de tarification routière et une infrastructure de émissions causées par les transports., les politiques de tarifi- transport bien en place. De même, l’Europe possède quatre cation (telles que la tarification routière et les frais de station- fois plus de voies de transports publics pour 1 000 personnes nement élevés), les infrastructures de transports publics et la que les États-Unis19. Dans de nombreux pays en développe- structure des villes peuvent faire une grande différence. ment, cependant, les transports en commun n’ont pas suivi Les pays en développement peuvent s’inspirer de l’ex- la croissance urbaine, et la multiplication des voitures parti- périence de l’Europe et des pays asiatiques développés culières provoque des problèmes d’encombrement chro- pour dissocier possession et utilisation d’automobiles. Les niques et croissants. RapportMonde_LIVRE2.indb 194 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 195 Graphique 4.6 La direction dans laquelle le monde doit s’orienter : Émissions de CO2 d’origine énergétique par habitant Source : Adapté de NRC 2008, basé sur les données de la Banque mondiale (2008e). Émissions de CO2 par habitant (tonnes) Note : Les données relatives aux émissions 25 et au PIB par habitant portent sur la période 1980-2005. États-Unis 20 Australie 15 Fédération de Russie Irlande Royaume-Uni Corée, 10 Rép. de Malaisie Japon France Grèce 5 Chine Mexique Inde Brésil 0 0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000 45 000 PIB par habitant (en dollars internationaux constants de 2005, PPA) Les infrastructures de transport influent aussi sur les du climat et ce qu’il est techniquement possible de réali- types de peuplement : les réseaux routiers à forte densité ser à un coût acceptable. Limiter le réchauffement à 2 °C encouragent les peuplements de faible densité et les struc- au-dessus des températures préindustrielles signifie que les tures urbaines peu propices aux transports en commun. Les émissions mondiales doivent atteindre leur niveau maxi- peuplements de faible densité, à leur tour, rendent plus diffi- mal au plus tard en 2020, puis diminuer de 50 à 80 % d’ici cile la mise en place de systèmes de chauffage urbain à haut à 2050 par rapport aux niveaux actuels ; il sera peut-être rendement dans les bâtiments20. même nécessaire de parvenir à un niveau d’émissions néga- tif vers 210021. L’objectif est ambitieux : seulement la moitié La voie à suivre : tendre vers un monde viable des modèles énergétiques examinés le considère comme sur le plan énergétique réalisable (graphique 4.7), étant entendu au demeurant, Une croissance et une prospérité viables et équitables deman- dans la plupart de ces modèles, que tous les pays commen- dent que les pays à revenu élevé réduisent sensiblement leurs cent à prendre des mesures immédiatement. Plus précisé- émissions – y compris leurs émissions par habitant (flèches ment, pour limiter le réchauffement aux alentours de 2 °C, violettes dans le graphique 4.6). Elles dépendent aussi de la il faudra stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre volonté des pays en développement de ne pas emprunter la dans l’atmosphère à un niveau maximum de 450 parties par voie à forte intensité de carbone suivie par des pays déve- million (ppm) d’équivalent CO2 (CO2e)22. Or, ces concen- loppés tels que l’Australie ou les États-Unis, et d’opter trations sont déjà de 387 ppm de CO2e et augmentent d’envi- plutôt pour une croissance peu polluante (flèche grise). Il ron 2 ppm par an23. La marge d’augmentation des émissions faut donc que les pays développés modifient fondamentale- est donc faible si l’on veut limiter le réchauffement à environ ment leurs modes de vie et que les pays en développement 2 °C. Selon la plupart des modèles, la réalisation de l’ob- sautent une étape pour appliquer de nouveaux modèles de jectif de 450 ppm de CO2e suppose que l’on dépasse cette développement. concentration pendant quelques décennies avant de revenir Pour atteindre ces objectifs, il faut concilier ce qu’il à 450 ppm de CO2e vers la fin du siècle (tableau 4.1). Une importe de faire pour prévenir un dérèglement dangereux réduction plus rapide des émissions de gaz à effet de serre de RapportMonde_LIVRE2.indb 195 16/09/10 12:39 196 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Graphique 4.7 Seulement la moitié des modèles énergétiques considère qu’il est possible de réduire suffisamment les émissions pour rester proche d’une concentration 450 ppm de CO2e (2 °C) Évolution des émissions de CO2 en 2050 par rapport à 2000 (%) 140 650 ppm CO2e (4-5°C) 550 ppm CO2e (3°C) 450 ppm CO2e (2°C) ETSAP-TIAM 120 FUND 100 GTEM 80 IMAGE 60 IMAGE-BECS 40 MERGE optimiste 20 MERGE pessimiste 0 Émissions en 2000 MESSAGE –20 MESSAGE-NOBECS –40 MiniCAM-Base –60 MiniCAM-Lo Tech POLES –80 SGM –100 Émissions nulles WITCH –120 Pleine Report Pleine Report Pleine Report participation participation participation Pas de dépassement Pas de dépassement Pas de dépassement Source : Clarke et al. à paraître. Note : Chaque point représente la réduction d’émissions qu’un modèle donné associe à une cible de concentration – 450, 550, 650 parties par million (ppm) d’équivalent CO2 (CO2e) – en 2050. Le nombre de points figurant dans chaque colonne indique combien de modèles et de variantes de modèles, sur un total de 14, ont pu définir une trajectoire susceptible de conduire à la concentration indiquée. Le terme « dépassement » correspond à une trajectoire d’atténuation sur laquelle les concentrations peuvent aller au-delà du niveau visé avant de retomber à ce niveau à l’horizon 2100, tandis que l’expression « pas de dépassement » indique que la cible de concentration ne doit être dépassée à aucun moment. L’expression « pleine participation » indique que l’ensemble des pays participe pleinement, de sorte que les mesures de réduction d’émission sont mises en œuvre à l’endroit et au moment où elles sont les plus efficientes. Le terme « report » indique que les pays à revenu élevé commencent à réduire leurs émissions en 2012, le Brésil, la Chine, l’Inde et la Fédération de Russie en 2030 et le reste du monde en 2050. Tableau 4.1 Scénario des mesures à prendre pour atteindre l’objectif d’une concentration de 450 ppm de CO2e et maintenir le réchauffement aux alentours de 2 °C Pas de dépassement Dépassement 1) Participation immédiate de toutes les régions 1) Participation immédiate de toutes les régions Participation immédiate 2) Réduction de 70 % des émissions à l’horizon 2020 2) Construction de 126 nouveaux réacteurs nucléaires et piégeage de 3) Transformation substantielle du système énergétique d’ici à 2020, près d’un milliard de tonnes de CO2 à l’horizon 2020 y compris grâce à la construction de 500 nouveaux réacteurs nucléaires 3) Émissions mondiales négatives à la fin du siècle, ce qui nécessite un et au piégeage de 20 milliards de tonnes de CO2 piégeage et stockage (PSC) à grande échelle des émissions provenant de la biomasse 4) Prix du carbone de 100 USD/tCO2 au plan mondial en 2020 4) Le prix du carbone s’élève à 775 USD/tCO2 en 2095 5) Taxe sur les émissions associées à l’utilisation des sols à partir de 2020 5) Réalisable sans une taxe sur les émissions liées à l’utilisation des sols, mais il en résulterait un triplement des taxes sur le carbone et un renchérissement substantiel de la réalisation de l’objectif 1) Réduction très prononcée des émissions des pays non visés à l’Annexe I (pays en développement) au moment de leur participation Participation retardée 2) Émissions négatives dans les pays visés à l’Annexe I (pays à revenu élevé) à l’horizon 2050 et émissions mondiales négatives à la fin du siècle, ce qui exige l’application à grande échelle du PSC aux émissions provenant de la biomasse 3) Le prix du carbone part de 50 USD/tCO2 et passe à 2 000 USD/tCO2 4) Entraîne d’importantes fuites de carbone, car la production agricole est confiée à des régions non participantes, ce qui a pour effet d’accroître sensiblement les émissions dues au changement d’affectation des terres dans ces endroits Source : Clarke et al., à paraître. Note : Il est quasiment impossible de plafonner en permanence les émissions à 450 ppm de CO2e. Si on les laisse dépasser ce niveau avant 2100, le maintien du réchauffement aux alentours de 2 °C posera quand même de redoutables problèmes, comme le montre la colonne de droite. Les pays visés à l’Annexe I sont les pays de l’OCDE et les pays en transition qui se sont engagés à réduire leurs émissions dans le cadre du Protocole de Kyoto. Les pays non visés à l’Annexe I n’ont pas pris d’engagements à ce titre. RapportMonde_LIVRE2.indb 196 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 197 Graphique 4.8 Estimation du coût des mesures d’atténuation au plan mondial et du prix de carbone pour Sources : Équipe du Rapport sur le développement dans le des concentrations de 450 et 550 ppm de CO2e (2 °C et 3 °C) en 2030 selon cinq modèles monde sur la base de données provenant de Knopf et al., à paraître ; Rao et al. 2008 ; Calvin et al., à paraître. a. Coûts des mesures d’atténuation au plan mondial Note : Ce graphique compare les coûts des mesures % PIB d’atténuation et les prix du carbone selon cinq modèles énergie-climat de portée mondiale – MiniCAM, IMAGE, 1,0 MESSAGE, POLES et REMIND (voir la note 28 pour une 0,9 0,90 description des hypothèses et de la méthodologie des 0,8 0,78 0,77 modèles). MiniCAM, POLES, IMAGE et MESSAGE décrivent les 0,70 coûts de réduction des émissions relatifs à la transformation 0,7 des systèmes énergétiques par rapport à la base de référence 0,6 0,58 0,56 en pourcentage du PIB de 2030, le PIB étant dans ces modèles une variable exogène. 0,5 a. Les coûts des mesures d’atténuation selon REMIND sont 0,4 présentés comme des coûts macroéconomiques exprimés en 0,33 pertes de PIB en 2030 par rapport à la base de référence, le 0,3 PIB étant, dans ce modèle, une variable endogène. 0,2 0,18 0,1 0,0 MiniCAM POLES IMAGE MESSAGE REMINDa Modèle énergie-climat b. Prix du carbone USD/t CO2 120 100 100 92 86 80 71 60 50 49 40 34 38 24 20 0 MiniCAM POLES IMAGE MESSAGE REMINDa Modèle énergie-climat 550 parties par million 450 parties par million courte durée, tels que le méthane et le carbone noir, pour- La réalisation de l’objectif de 450 ppm de CO2e demande rait limiter le dépassement, mais non pas l’empêcher24. De l’utilisation de technologies d’un coût marginal de surcroît, les scénarios de 450 ppm de CO2e reposent sur 35 dollars à 100 dollars la tonne de CO2 en 2030 correspon- le recours au piégeage et stockage du CO2 provenant de dant à un investissement annuel mondial de 425 milliards la biomasse25 pour parvenir à des émissions négatives26. à 1 000 milliards de dollars en 2030 dans les mesures d’at- Cependant, compte tenu de la concurrence pour les terres ténuation (tableau 4.2)30. Les économies d’énergie qui en et l’eau aux fins de la production alimentaire et du stoc- découleront devraient couvrir ultérieurement une partie kage de carbone (voir chapitre 3), la production durable de importante de l’investissement initial31. Cependant, une biomasse posera problème27. Pour limiter le réchauffement grande partie de cet investissement doit être réalisée dans à 2 °C, il faudra donc modifier profondément la répartition les dix prochaines années dans des pays en développement des sources d’énergie au plan mondial (encadrés 4.3 et 4.4 ; aux ressources financières limitées. En outre, il sera difficile voir la note 28 pour plus d’informations sur les modèles)28. d’éliminer les obstacles à la réforme et d’orienter les capitaux Le coût des mesures d’atténuation nécessaires à la réalisa- vers les investissements à faible intensité de carbone à l’en- tion de l’objectif de 450 ppm de CO2e est évalué à 0,3-0,9 % droit et au moment où ils seront nécessaires. du PIB mondial en 2030, en supposant que ces mesures soient Une solution moins difficile consisterait à adopter une toutes prises au moment et à l’endroit où elles sont les moins concentration plus élevée comme objectif – par exemple coûteuses (graphique 4.8)29. Par comparaison, les dépenses 550 ppm de CO2e. Ce niveau de concentration correspond totales du secteur de l’énergie se montent aujourd’hui à 7,5 % du à une probabilité de 50 % que le réchauffement dépasse 3 °C PIB. Le coût de l’inaction – les dégâts que causerait un réchauf- et à un risque plus élevé de dégâts sous l’effet du changement fement plus prononcé – pourrait en outre fort bien dépasser climatique, mais il donnerait un peu plus de temps avant celui des mesures d’atténuation (voir chapitre 1 pour l’examen que les émissions n’atteignent leur niveau maximal (2030). du rapport coûts-avantages de la politique climatique). Les émissions devraient revenir à leur niveau actuel d’ici à RapportMonde_LIVRE2.indb 197 16/09/10 12:39 198 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 4.2 Investissements nécessaires pour limiter le réchauffement à mondiales de CO2 de source énergétique plafonnent à 28-32 2 °C (450 ppm de CO2e) en 2030 (en milliards de dollars constants de 2005) milliards de tonnes en 2020 contre 26 milliards de tonnes en Région AIE McKinsey MESSAGE REMIND 2005, puis redescendent à 12-15 milliards de tonnes à l’ho- Monde 846 1013 571 424 rizon 205034. Ce scénario suppose une réduction de 2 à 3 % des émissions chaque année à partir de 2020. Si les émis- Pays en 565 563 264 384 sions augmentent pendant dix ans au-delà de cette date, elles développement devront être réduites de 4 à 5 % par an. Or, les émissions ont Amérique du Nord 175 112 augmenté de 3 % par an de 2000 à 2006 : la plupart des pays Union européenne 129 92 se dirigent vers une trajectoire à forte intensité de carbone, Chine 263 49 selon laquelle les émissions mondiales de CO2 seront supé- Inde 75 43 rieures aux projections du scénario le plus pessimiste du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Sources : AIE 2008b ; Knopf et al., à paraître, et données supplémentaires communiquées par B. Knopf ; Riahi, Grübler et Nakićenović 2007 ; IIASA 2009 et données climat (GIEC) 35. supplémentaires fournies par V. Krey ; McKinsey & Company 2009a et ventilations de La construction de centrales électriques, bâtiments, données complémentaires communiquées par McKinsey (J. Dinkel). routes et chemins de fer supplémentaires au cours des dix prochaines années aura pour effet de verrouiller certaines 2050 et continuer de diminuer sensiblement après cette date. technologies et déterminera en grande partie le profi l Les coûts des mesures d’atténuation correspondant à l’ob- des émissions qui se produiront jusqu’en 2050 et au-delà. jectif de 550 ppm de CO2e sont un peu plus faibles que ceux Pourquoi ? Parce que les équipements énergétiques ont une de l’autre scénario – de 0,2 à 0,7 % du PIB mondial en 2030 longue durée de vie – le renouvellement des centrales élec- (graphique 4.8a) – et demandent l’utilisation de technolo- triques peut prendre des décennies, celui des infrastructures gies d’un coût marginal de 25 dollars à 75 dollars la tonne de urbaines un siècle36. Différer l’action aboutirait à alourdir CO2 en 2030 (graphique 4.8b) correspondant à un surcroît sensiblement le coût futur des mesures d’atténuation et d’investissement moyen d’environ 220 milliards de dollars emprisonnerait le monde dans des infrastructures à forte par an au cours des 20 prochaines années32. La réalisation de intensité de carbone pour des dizaines d’années. Il faudra cet objectif plus modeste nécessiterait quand même la mise des décennies pour que même les technologies propres et en œuvre de réformes majeures. peu onéreuses actuelles pénètrent pleinement le secteur énergétique. Étant donné le temps nécessaire au développe- Agir : immédiatement et dans le monde entier ment de nouvelles technologies, il faut prendre des mesures Si l’on repousse de plus de dix ans la mise en œuvre de énergiques aujourd’hui même pour déployer des technolo- mesures au plan mondial, il sera impossible de stabiliser la gies de pointe à une grande échelle à partir de 2030. concentration à 450 ppm de CO2e33. La marge de manœuvre Différer l’action obligerait de surcroît à procéder plus tard est faible en ce qui concerne le moment où les émissions à de coûteuses modifications d’infrastructures énergétiques doivent atteindre leur niveau maximal. Pour réaliser ou à leur fermeture anticipée. Il serait beaucoup plus onéreux l’objectif de 450 ppm de CO2e, il faut que les émissions de construire des installations – centrales électriques ou ENCADRÉ 4.3 Une concentration de 450 ppm de CO2e (correspondant à un réchauffement de 2 °C) exigerait une modification fondamentale du système énergétique mondial L’équipe chargée de rédiger le présent partir d’une base de référence caractérisée Une modeste diminution des émissions rapport a examiné cinq modèles énergie- par une forte intensité de combustibles avant 2050 devra être suivie de baisses climat de portée mondiale qui diffèrent fossiles et une croissance énergétique beaucoup plus marquées à long terme à plusieurs égards : méthodologie, élevée. grâce à l’utilisation généralisée du hypothèses relatives à la base de référence, Plusieurs modèles parviennent à atteindre piégeage et stockage du CO2 provenant état d’avancement des techniques, taux l’objectif de 450 ppm de CO2e à un de la biomasseb. Les différences de d’apprentissage, coûts et prise en compte coût modéré, en suivant, toutefois, des méthodologies et d’hypothèses des des gaz à effet de serre (en plus du CO2). La trajectoires d’émissions et des stratégies modèles se traduisent aussi par des faisabilité du scénario de 450 ppm de CO2e de réduction énergétique différentesa. Les besoins d’investissement différents à court dépend des caractéristiques de la base de divers scénarios d’émissions impliquent terme (2030), comme le montre le tableau référence. Certains modèles d’évaluation des choix en ce qui concerne la réduction 4.2. La répartition des sources d’énergie intégrés ne permettent pas d’atteindre des émissions à court ou moyen terme entre l’époque actuelle et 2050 varie aussi une trajectoire de 450 ppm de CO2e à (2005–2050) et à long terme (2050–2100). beaucoup d’un modèle à l’autre (voir RapportMonde_LIVRE2.indb 198 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 199 technologie devraient diminuer de manière significative. Selon génération. En effet, les énergies propres peuvent jouer un rôle ENCADRÉ 4.3 Une concentration de 450 ppm de CO2e (correspondant à un réchauffement de 2 °C) exigerait une modification fondamentale du système énergétique mondial (suite) graphique sur la page opposée), mais la Selon la plupart des modèles, il faudrait Une réduction de 50 % des émissions d’origine certains modèles de scénario de 450 ppm de CO2e, l’Inde devrait important et améliorer énergétique à l’horizon 2005 nécessite une conclusion reste la même : il est nécessaire que la part des combustibles fossiles s’appuyer sur la biomasse pour produire 30 % de son énergie l’accès à l’énergie, profonde décarburation du secteur de l’énergie de recourir à un ensemble de solutions dans l’approvisionnement énergétique primaire en 2050, ce qui pourrait excéder le potentiel de biomasse et la recherche de technologiques qui varieront d’un pays à passe de 80 % aujourd’hui à 50-60 % d’ici Estimation du pourcentage durable dont elle dispose, car la production de biomasse entrerait en l’efficacité énergétique l’autre et au fil du temps – les stratégies à 2050. L’avenir des combustibles fossiles de carbone qui doit être concurrence avec l’utilisation des terres et de l’eau par l’agriculture et représente une les moins coûteuses reposent toutes (notamment le charbon et le gaz) dans éliminé par secteur, les forêts. solution rentable à 2005-2050 sur une vaste gamme de technologies un monde où des limites sont imposées D’un point de vue économique, l’Inde possède un nombre limité court terme pour énergétiques. aux émissions de carbone dépendra de la Secteur AIE MiniCAM de sites disponibles pour le stockage du carbone, puisque sa répondre aux pannes généralisation des techniques de piégeage Le bouquet énergétique mondial capacité totale de stockage est inférieure à 5 gigatonnes de CO2, de courant. Énergie – 71 – 87 et stockage du CO2 (PSC) , qui devraient ce qui permettrait de stocker seulementCO2eans de dioxyde de selon le scénario de 450 ppm de trois Selon les scénarios Bâtiment – 41 – 50 être installées dans 80 à 90 % des centrales Pour si 90 % des centrales à charbon carbone maintenir les concentrations à étaient équipées d’un de stabilisation à au charbon d’ici à 2050, en supposant qu’il Transport – 30 + 47 450 ppm de CO2e, il de stockage système de piégeage etfaudra menerdu carbone en 2050, comme le une concentration soit techniquement et économiquement prévoient certains scénarios de à l’échelle à 450 ppm de CO2e. Mais une révolution énergétique stabilisation inférieure Industrie – 21 – 71 possible d’appliquer le PSC à grande l’évaluation de sites supplémentaires et les avancées technologiques mondiale caractérisée par une forte à 450 ppm Total – 50 – 50 de échelle dans les dix ou vingt prochaines réduction de la cette situation. d’énergie pourraient changerdemande totale Pour respecter le scénario CO2e des modèles c années (tableau ci-dessous) . Sources : Équipe du Rapport sur le développement d’une une modification majeure de à 450 ppm de CO2e, l’Inde et concentration des émissions la climatiques, il est dans le monde sur la base des données de l’AIE Il faudra compenser la forte réduction devrait effectuer un investissement annuel supplémentaire de 40 à répartition des sources d’énergie. Dans nécessaire que (2008b) ; Calvin et al., à paraître. la de l’usage des combustibles fossiles par cette perspective, (de 1,2 à 2,2 % du 75 milliards de dollarsil sera nécessaire, PIB) jusqu’en 2030. plupart des pays le recours aux énergies renouvelables selon les modèles climat-énergie, du L’Afrique subsaharienne (hors Afriquede Sud) représente aujourd’hui en développement et à l’énergie nucléaire. La plus forte 1,5 mettreémissions annuelles globales liées au CO2 et ce chiffre % des en œuvre de vigoureuses mesures augmentent leur augmentation se situerait dans le ne devrait croître que de 2 à 3 % jusqu’en 2050. Permettre aux d’économie d’énergie permettant de production d’énergie biomasse (avec ou sans piégeage et domaine de l’énergie renouvelable, dont plus pauvres d’accéder aux services énergétiques élémentaires réduire de façon spectaculaire la demande l’Amérique carbone), le reste devant renouvelable. L’Afrique,stockage dulatine et l’Asie pourraient la part passerait de 13 % aujourd’hui devrait constituer la priorité absolue et ne devrait augmenter mondiale d’énergie pour la faire passer provenir des énergies biomasse moderne. atteindre cet objectif grâce à l’utilisation de lasolaire, éolienne, (elle se compose principalement des qued’environ 900 exajoules d’ici à 2050 très légèrement les émissions mondiales de gaz à effet de hydroélectrique et géothermique (voir De plus, l’Amérique latine et l’Afrique disposent d’un potentiel le combustibles traditionnels de la biomasse serre. Pourtant, les pays laisser-faire à 650- également intérêt à selon le scénario du à faible revenu ont graphique). La part du que la fiabilité hydroélectrique inexploité considérable, bien nucléaire devra elle et de l’énergie hydroélectrique) à environ participer à la révolution mondiale énergétique et à en profiter 750 exajoules – soit une diminution de aussi être accrue – de 5 % en raison du de l’hydroélectricité soit inférieure aux prévisions,aujourd’hui à 30 à 40 % d’ici à 2050, principalement environ 8-15 % d’ici à 2050d. pour s’équiper directement des technologies propres de prochaine 17 à 28 %. changement climatique. Ces pays auraient également besoin grâce aux énergies modernes de la L’effort une part substantiel : il représente d’accorder requis estplus importante au gaz la mise naturel. en place de 17 000 éoliennes (produisant 4 mégawatts chacune), Le bouquet énergétique nécessaire pour atteindre l’objectif de 450 ppm de CO2e peut varier, Sources : Calvin et al., à paraître ; Chikkatur, 2008 ; mais nous devons exploiter toutes les options 215 millions de mètres carrés de panneaux Dahowski et al., 2009 ; de la Torre, Fajnzylber et Nash, solaires, 80 installations d’énergie solaire Bouquet Bouquet énergétique en 2050 2008 ; Dooley et al., 2006 ; Conseil consultatif allemand concentrée (produisant 250 mégawatts énergétique sur le changement mondial, 2008 ; Commission chacune) et 32 centrales nucléaires actuel de planification du gouvernement de l’Inde, 2006 ; (produisant 1 000 mégawatts chacune) Holloway et al., 2008 ; IEA, 2008b ; IEA, 2008c ; IIASA, Monde Monde États-Unis Union Chine Inde supplémentaires par an durant les européenne 2009 ; Lin et al., 2006 ; McKinsey & Company, 2009a ; 40 prochaines années par rapport à la base Riahi, Grübler et Nakićenović, 2007 ; Wang et Watson, Type d’énergie % du total de référencee. Le secteur de l’électricité 2009 ; Weber et al., 2008 ; Banque mondiale, 2008c ; devra être pratiquement décarburé, puis Charbon sans PSC 26 1-2 0-1 0-2 3-5 2-3 Zhang, 2008. ce sera le tour de l’industrie et du bâtiment Charbon avec PSC 0 1-13 1-12 2-9 0-25 3-26 (tableau ci-dessus). a. Ils sont fondés sur un marché intégré mondial du Pétrole 34 16-21 20-26 11-23 18-20 18-19 carbone et ne tiennent pas compte d’un partage Gaz sans PSC 21 19-21 20-21 20-22 9-13 5-9 explicite des charges entre les pays, ce qui semble Sources : Gaz avec PSC 0 8-16 6-21 7-31 1-29 3-8 peu probable dans les faits. Le partage des charges a. Knopf et al., à paraître ; Rao et al. 2008. est abordé au chapitre 1 et l’implication de la Nucléaire 6 8 8-10 10-11 8-12 9-11 participation retardée àNakićenović 2007 ; les pays b. Riahi, Grübler et ce programme par IIASA Biomasse sans PSC 10 12-21 10-18 10-11 9-14 16-30 non2009. par l’Annexe I est étudiée au chapitre 6. Nous visés c. également Calvin et al., à paraître ; pays avonsAIE 2008b ; examiné les modèles desRiahi,en Biomasse avec PSC 0 2-8 1-7 3-9 1-12 2-12 Grübler et Nakićenović 2007 ; IIASA 2009 ; van développement (Chine et Inde), mais aucune donnée Énergies renouvelables 3 8-14 7-12 7-12 10-13 Vuuren et al., à paraître ; Weyant et al. de 450 5-19 publique n’est disponible pour les scénarios2009. ppm autres que la biomasse d. AIE de CO2e. 2008b ; Calvin et al., à paraître ; Riahi, Total (exajoules par an) 493 665-775 87-121 70-80 130-139 66-68 Grübler et Nakićenović 2007 ; IIASA 2009 ; van Vuuren et al., à paraître. b. Lin et al., 2006. Les produits destinés à l’exportation Sources : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde sur la base des données de Riahi, Grübler et Nakic ´ ´enovic 2007 ; IIASA 2009 ; Calvin et al., à paraître ; AIE 2008b e. AIE 2008b. représentaient environ un tiers des émissions de la Chine en 2005 (Weber et al., 2008). RapportMonde_LIVRE2.indb 199 16/09/10 12:39 200 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Une concentration de 450 ppm de CO2e nécessite une modification fondamentale de la répartition des sources d’énergie primaire au plan mondial Exajoules Exajoules 1 400 1 400 1 200 MESSAGE 1 200 MESSAGE Base de référence B2 B2 450 ppm CO2e 1 000 1 000 800 800 600 600 400 400 200 200 0 0 2000 2020 2040 2060 2080 2100 2000 2020 2040 2060 2080 2100 Année Année Exajoules Exajoules 1 400 1 400 1 200 MiniCAM 1 200 MiniCAM Base de référence 450 ppm de CO2e 1 000 1 000 800 800 600 600 400 400 200 200 0 0 2000 2020 2040 2060 2080 2100 2000 2020 2040 2060 2080 2100 Année Année Exajoules Exajoules 1 400 1 400 1 200 REMIND 1 200 REMIND Base de référence B2 450 ppm de CO2e 1 000 1 000 800 800 600 600 400 400 200 200 0 0 2000 2020 2040 2060 2080 2100 2000 2020 2040 2060 2080 2100 Année Année Exajoules Exajoules 1 400 1 400 1 200 IMAGE 1 200 IMAGE Base de référence 450 ppm de CO2e 1 000 1 000 800 800 600 600 400 400 200 200 0 0 2000 2020 2040 2060 2080 2100 2000 2020 2040 2060 2080 2100 Année Année Nucléaire Biomasse Énergies renouvelables Gaz Pétrole Charbon Avec piégeage et autres que la biomasse stockage du CO2 RapportMonde_LIVRE2.indb 200 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 201 ENCADRÉ 4.4Le bouquet énergétique régional selon le scénario de 450 ppm de CO2e (visant à limiter de réchauffement 2 °C) Il est important que les responsables prendre ces mesures et surmonter les et extérieureb. La Chine produit 35 % de l’action publique au niveau national défis qui se poseront. Les deux régions de l’acier, 50 % du ciment et 28 % de comprennent l’incidence du scénario possèdent d’abondantes sources d’énergie l’aluminium fabriqués dans le monde. de 450 ppm de CO2e sur leurs systèmes renouvelable. Selon certains modèles, il Le stade de développement auquel se énergétiques. La plupart des modèles faudra installer des dispositifs de piégeage trouve le pays – là où les industries à forte d’évaluation intégrés suivent l’« approche et de stockage du CO2 dans 80 à 90 % intensité énergétique dominent l’économie la moins coûteuse », selon laquelle les des centrales au charbon et au gaz et – complique fortement le découplage des réductions d’émissions se concrétisent où dans 40 % des centrales alimentées à la émissions et de la croissance. que ce soit et au moment où elles sont biomasse aux États-Unis d’ici à 2050 (voir le La Chine a accru le rendement énergétique le moins onéreuses dans l’ensemble des tableau du bas de l’encadré 4.3). Au vu des moyen de ses centrales au charbon de secteurs et des paysa. Toutefois, le pays estimations des capacités de stockage du 15 % durant la décennie écoulée pour le dans lequel les mesures d’atténuation CO2, cet objectif est réalisable. Cependant, porter à 34 % en moyenne. Sa politique, sont prises n’est pas nécessairement celui le doublement de la part du gaz naturel consistant à fermer les centrales de petite qui en assume le coût (voir chapitre 6). Le dans les sources d’énergie primaire en taille pour les remplacer par de grandes présent chapitre ne vise pas à préconiser Europe – de 24 % aujourd’hui à 50 % à installations ayant un bon rendement telle ou telle approche en matière de l’horizon 2050 –, utilisé comme hypothèse énergétique durant les deux dernières partage de la charge ou de répartition des dans certains scénarios de 450 ppm de années, a permis de réduire les émissions réductions d’émission parmi les pays : il CO2e, peut créer un risque d’insécurité annuelles de CO2 de 60 millions de tonnes. s’agit là d’une question de négociations. énergétique, compte tenu notamment La majorité des nouvelles centrales au Les États-Unis, l’Union européenne et la des perturbations subies récemment par charbon sont équipées des dernières Chine produisent maintenant près de l’approvisionnement gazier de l’Europe. Le technologies supercritiques et ultra- 60 % du total des émissions mondiales. scénario de 450 ppm de CO2e suppose des supercritiquesc. L’Inde, à l’heure actuelle, est à l’origine de investissements annuels supplémentaires En dépit de ces progrès, la Chine devra seulement 4 % des émissions mondiales d’un montant de 110 milliards à encore réduire la part du charbon dans bien qu’elle abrite 18 % de la population 175 milliards de dollars pour les États- son bouquet énergétique primaire pour de la planète, mais sa part devrait passer Unis (0,8-1 % du PIB) et de 90 milliards à atteindre l’objectif de 450 ppm de CO2e à 12 % d’ici à 2050 si elle ne prend pas de 130 milliards de dollars en ce qui concerne (voir le tableau du bas de l’encadré 4.3). mesures d’atténuation. La participation de l’Union européenne (0,6-0,9 % du PIB) en Les énergies renouvelables pourraient ces pays à la réduction des émissions sera 2030 (voir tableau 4.2). satisfaire jusqu’à 40 % de la demande donc essentielle à la stabilisation du climat. totale d’énergie d’ici à 2050. Plusieurs Chine scénarios prévoient des programmes États-Unis et Union européenne Ramener les émissions nettement en- nucléaires extrêmement ambitieux selon Une bonne maîtrise de l’énergie deçà des niveaux actuels constitue un lesquels la Chine construirait des centrales permettrait aux pays développés de réduire défi redoutable pour la Chine, premier nucléaires à un rythme trois fois plus élevé leur demande d’énergie de 20 % en 2050 producteur et consommateur de charbon que celui atteint par la France, à tel point par rapport au scénario du laisser-faire. Un au monde. Le pays couvre 70 % de ses qu’en 2050 la capacité nucléaire chinoise tel effort exigerait une baisse de l’intensité besoins énergétiques commerciaux à serait sept fois supérieure à la capacité énergétique de 1,5 à 2 % par an au cours l’aide du charbon (contre 24 % pour les nucléaire française actuelle. Compte tenu des quatre prochaines décennies dans le États-Unis et 16 % pour l’Europe). Pour que des réserves de gaz limitées de la Chine, prolongement de la tendance suivie depuis l’objectif de 450 ppm CO2e soit atteint, la l’augmentation de la part du gaz dans 20 ans. Pour que l’objectif de 450 ppm demande totale d’énergie primaire devrait les sources d’énergie primaire prévue par de CO2e soit réalisable, il faudrait que les être inférieure de 20 à 30 % aux niveaux certains modèles, qui la font passer de États-Unis et l’Union européenne abaissent projetés selon le scénario du laisser-faire 2,5 % à l’heure actuelle à 40 % en 2050, fortement leur consommation de pétrole d’ici à 2050. Il faudrait que l’intensité paraît problématique. d’ici à 2050, un pari difficile puisque ces énergétique diminue de 3,1 % par an au Étant donné l’ampleur des réserves deux régions consomment aujourd’hui cours des 40 prochaines années. nationales, le charbon restera près de la moitié de la production mondiale Il est remarquable que le PIB chinois probablement une importante source de pétrole. Les États-Unis et l’Union ait quadruplé de 1980 à 2000 alors que d’énergie en Chine pendant des décennies. européenne devraient aussi restreindre la consommation d’énergie du pays a La technique du piégeage et stockage du considérablement leur consommation seulement doublé durant cette période. CO2 (PSC) est essentielle à la croissance de charbon – une tâche redoutable pour Après 2000, toutefois, la tendance s’est économique du pays dans un monde où les États-Unis, deuxième producteur et inversée, même si l’intensité énergétique des limites sont imposées aux émissions consommateur de charbon au monde – et continue de baisser dans les sous- de carbone. Selon certains scénarios de généraliser le recours aux techniques de secteurs industriels. Principale raison de 450 ppm de CO2e, il faudrait installer des piégeage et stockage du CO2. ce changement : une forte augmentation dispositifs de PSC dans 85 à 95 % des Les États-Unis et l’Union européenne de la part de l’industrie lourde, tirée par centrales au charbon chinoises d’ici à 2050 – disposent des ressources nécessaires pour le dynamisme de la demande intérieure RapportMonde_LIVRE2.indb 201 16/09/10 12:39 202 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.4 Le bouquet énergétique régional selon le scénario de 450 ppm de CO2e (visant à limiter de réchauffement 2 °C) (suite) c’est-à-dire davantage que ce qui peut être à l’horizon 2050 selon le scénario de énergétiques accrus est une solution réalisé selon les projections actuelles des 450 ppm de CO2e). Il existe des possibilités à court terme, efficace par rapport à capacités de stockage du CO2 (3 gigatonnes considérables mais inexploitées son coût, aux problèmes de coupure par an) susceptibles d’être utilisées de d’importer du gaz naturel et de l’énergie d’électricité. façon rentable dans un rayon de 100 km hydroélectrique des pays voisins, mais Selon les modèles climat-énergie, dans le des sources d’émissions. Cependant, la l’établissement d’accords commerciaux cadre des scénarios de 450 ppm de CO2e, poursuite de l’évaluation des sites, les transfrontaliers dans le domaine de la plupart des pays en développement progrès technologiques et la tarification l’énergie continue de rencontrer des devraient stimuler leur production future du carbone pourraient changer difficultés. Pour que l’énergie solaire puisse d’énergie renouvelable. L’Afrique, cette situation. Le scénario de 450 ppm jouer un rôle important, il faudrait que l’Amérique latine et l’Asie pourraient de CO2e exige que la Chine accroisse ses son coût diminue sensiblement. Selon contribuer à cet effort en recourant investissements de 15 milliards de dollars certains scénarios, l’Inde devrait recourir à la biomasse moderne. Par ailleurs, par an pour les porter à 300 milliards de à la biomasse pour couvrir 30 % de ses l’Amérique latine et l’Afrique disposent dollars (0,1-2,6 % du PIB) d’ici à 2030. besoins énergétiques primaires d’ici à 2050 d’un important potentiel hydroélectrique dans l’optique du scénario de 450 ppm encore inexploité, même si l’imprévisibilité Inde et autres pays en accrue du cycle hydrologique due au développement de CO2e. Cet objectif, toutefois, pourrait excéder le potentiel d’exploitation durable changement climatique pourrait modifier L’Inde est confrontée à d’énormes défis son volume. Ces pays devraient aussi en ce qui concerne la modification de de biomasse de l’Inde, car la production de la biomasse est en concurrence avec stimuler considérablement l’utilisation du sa trajectoire d’émissions en raison de gaz naturel. la faiblesse de son potentiel d’énergies l’agriculture et les forêts pour l’utilisation de substitution et de sites de stockage des terres et des eaux. Sources : Calvin et al., à paraître ; Chikkatur de carbone. Comme la Chine, l’Inde est L’Inde dispose d’un nombre limité de sites 2008 ; Dahowski et al. 2009 ; de la Torre, fortement tributaire du charbon (qui rentables de stockage du CO2 : sa capacité Fajnzylber et Nash 2008 ; Dooley et al. couvre 53 % de sa demande énergétique totale de stockage est inférieure à cinq 2006 ; German Advisory Council on Global commerciale). La réalisation de l’objectif de gigatonnes de CO2, ce qui permettrait Change 2008 ; Government of India Planning 450 ppm de CO2e exigerait une véritable de stocker seulement trois années de Commission 2006 ; Holloway et al. 2008 ; révolution énergétique de la part du pays. production de carbone si 90 % des AIE 2008b ; AIE 2008c ; IIASA 2009 ; Lin et Il faudrait que la demande totale d’énergie centrales au charbon étaient équipées al. 2006 ; McKinsey & Company 2009a ; primaire baisse d’environ 15 à 20 % d’ici à de dispositifs de piégeage et de stockage Riahi, Grübler et Nakićenović 2007 ; Wang 2050 par rapport aux projections établies du CO2 d’ici à 2050, comme le prévoient et Watson 2009 ; Weber et al. 2008 ; Banque dans l’hypothèse de politiques inchangées, certains scénarios de 450 ppm de CO2e. mondiale 2008c ; Zhang 2008. et l’intensité énergétique devrait diminuer L’évaluation de sites supplémentaires et a. Ces modèles sont basés sur un marché de 2,5 % par an entre aujourd’hui et 2050, les progrès technologiques pourraient mondial intégré du carbone et ne prennent ce qui correspondrait à un doublement changer cette situation. Le scénario pas explicitement en compte la répartition des efforts déployés durant les dix de 450 ppm de CO2e implique un de la charge entre les pays. En réalité, ces dernières années. Il existe de multiples investissement annuel supplémentaire de hypothèses ont peu de chances d’être valides. possibilités d’améliorer les rendements 40 milliards à 75 milliards de dollars de la La question du partage de la charge est énergétiques du pays et de réduire les part de l’Inde (1,2-2,2 % du PIB) en 2030. examinée au chapitre 1 et les conséquences 29 % de pertes enregistrées durant le L’Afrique subsaharienne (sans l’Afrique du report de la participation des pays non visés transport et la distribution pour rapprocher du Sud) est à l’origine de 1,5 % des à l’Annexe I sont analysées au chapitre 6. Par ce pourcentage de la moyenne mondiale émissions mondiales annuelles de CO2 ailleurs, nous avons examiné les modèles des (9 %). Les centrales au charbon indiennes liées à l’énergie, une proportion qui ne pays en développement (Chine et Inde), mais ont gagné en efficacité durant les dernières devrait pas aller au-delà de 2 à 3 % d’ici aucune information publique n’est disponible années, mais leur rendement énergétique à 2050. La priorité absolue devrait être pour les scénarios de 450 ppm de CO2e. moyen reste faible (29 %) et la quasi-totalité de fournir aux populations pauvres des b. Lin et al. 2006. La production de biens des centrales au charbon est sous-critique. services énergétiques modernes de base, d’exportation représentait environ le tiers En Inde, comme en Chine, la réalisation un effort qui n’accroîtrait que légèrement des émissions chinoises en 2005 (Weber et de l’objectif de 450 ppm de CO2e les émissions mondiales de gaz à effet al. 2008). passe par une très forte diminution de de serre. Pour autant, la révolution de c. Les centrales supercritiques et ultra- la part du charbon dans les sources l’énergie propre à l’échelle mondiale supercritiques fonctionnent à des pressions d’énergie primaire du pays. Le potentiel concerne aussi les pays à faible revenu, et des températures de vapeur plus élevées hydroélectrique (150 gigawatts) et éolien qui pourraient sauter une étape et passer que les autres installations pour atteindre sur terre (65 gigawatts) est important directement à la prochaine génération respectivement un rendement de 38 à 40 % en termes absolus, mais faible en de technologies. L’énergie propre peut et de 40 à 42 %, alors que le rendement comparaison des besoins énergétiques fortement contribuer à améliorer l’accès moyen des grandes centrales électriques futurs (12 % du bouquet énergétique à l’énergie, et la recherche de rendements sous-critiques est de 35 à 38 %. RapportMonde_LIVRE2.indb 202 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 203 Graphique 4.9 Il est essentiel de prendre des mesures bâtiments – selon les normes actuelles pour les modifier par au niveau mondial pour limiter le réchauffement à 2 °C (450 ppm) ou 3 °C (550 ppm). Les pays développés ne peuvent la suite que de bâtir d’emblée de nouvelles infrastructures pas, à eux seuls, placer le monde sur une trajectoire de 2 °C efficaces et à faible intensité de carbone. Cela est vrai aussi ou 3 °C, même s’ils parvenaient à éliminer complètement leurs émissions d’ici à 2050. pour la fermeture anticipée d’installations énergétiques inefficaces. Les économies d’énergie justifient souvent des Émissions annuelles de CO2 à l’horizon 2050 (Gt/an) dépenses d’investissement initiales élevées, mais elles sont 70 moins susceptibles de couvrir le remplacement prématuré des équipements. Même un prix du CO2 élevé ne suffirait 60 peut-être pas à changer la donne37. OCDE Si l’on veut éviter le verrouillage de certaines technologies, 50 il faut considérer l’ampleur et le rythme de l’urbanisation, particulièrement dans les pays en développement, comme 40 une occasion unique de prendre aujourd’hui des décisions 30 majeures sur la construction de villes à faible intensité de Pays carbone grâce à un aménagement urbain compact, à des 20 non transports publics de qualité, à la construction de bâtiments membres à haut rendement énergétique et à l’utilisation de véhicules de l’OCDE Monde 10 propres. Monde Un des effets bénéfiques de l’inertie de l’infrastructure 0 énergétique est que l’introduction de technologies efficaces à Scénario de Scénario Scénario référence de 550 ppm de 450 ppm faible émission de carbone dans de nouvelles infrastructures offre la possibilité de verrouiller un développement à faible Sources : Adapté de AIE 2008b ; Calvin et al., à paraître. intensité de carbone. Au moins la moitié des équipements Note : Même si les émissions d’origine énergétique des énergétiques de longue durée qui seront construits d’ici à pays développés (gris foncé) tombaient à zéro, les émissions des pays en développement (gris pâle) selon le scénario du 2020 le seront dans les pays en développement38. Par exemple, laisser-faire dépasseraient les niveaux d’émissions mondiales la moitié du parc immobilier que possédera la Chine en 2015 nécessaires pour concrétiser les scénarios de 550 ppm de CO2e et de 450 ppm de CO2e (mauve) à l’horizon 2050.. aura été construit entre 2000 et 201539. Les opportunités sont moins nombreuses dans les pays développés, où les bâtiments d’habitation tendent à se renouveler lentement – par exemple, 60 % des immeubles résidentiels dont devrait disposer la France en 2050 ont déjà été construits. Cette situation rend Tableau 4.3 La situation particulière des pays demande l’adoption de méthodes sur mesure Pays Technologies et stratégies à faible intensité en carbone Pays à faible revenu Accroître l’accès à l’énergie sur le réseau et hors réseau Recourir aux mesures d’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables chaque fois qu’elles sont l’option la moins coûteuse Supprimer les subventions en faveur des combustibles fossiles Adopter une tarification axée sur le recouvrement des coûts Passer directement à la production décentralisée d’électricité lorsque l’infrastructure de réseau fait défaut Pays à revenu intermédiaire Intensifier les efforts axés sur l’efficacité énergétique et exploiter les énergies renouvelables à plus grande échelle Replacer les démarches d’urbanisme et de transport dans une optique à faible intensité de carbone Éliminer les subventions en faveur des combustibles fossiles Adopter une tarification basée sur le recouvrement des coûts en incluant les externalités locales Procéder à des travaux de recherche, de développement et de démonstration dans le domaine des nouvelles technologies Pays à revenu élevé Réduire fortement les émissions dans ces pays Tarifer le carbone : plafonnement et échange de carbone ou taxe carbone Éliminer les subventions en faveur des combustibles fossiles Accroître les travaux de recherche, de développement et de démonstration dans les nouvelles technologies Modifier les modes de vie à forte consommation d’énergie Fournir des financements et des technologies à faible intensité de carbone aux pays en développement Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde. RapportMonde_LIVRE2.indb 203 16/09/10 12:39 204 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E plus difficile la réduction de la demande de chauffage et de pays développés doivent prendre l’initiative de la réduction climatisation, qui demande la transformation et le rempla- des émissions (voir chapitre 5). Ils ne peuvent pas cependant, cement de l’enveloppe des bâtiments. Les pays développés et à eux seuls, placer le monde sur une trajectoire de réchauf- en développement auront toutefois de nombreuses occasions, fement de 2 °C, même s’ils parvenaient à éliminer complè- durant les dix prochaines années, de construire de nouvelles tement leurs émissions (graphique 4.9). D’ici à 2050, sur les centrales électriques à l’aide de technologies propres, de neuf milliards d’habitants de la planète, huit milliards vivront manière à éviter de condamner davantage le monde à utiliser dans les pays appartenant aujourd’hui au monde en dévelop- des combustibles à forte intensité de carbone. pement et produiront 70 % des émissions prévues au niveau Pour les raisons citées dans le plan d’action de Bali, qui mondial40. Les pays développés peuvent toutefois apporter un influe sur les négociations en cours au titre de la Convention- appui financier aux pays en développement et effectuer des cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, les transferts de technologies à faible intensité de carbone en leur Graphique 4.10 En matière d’émissions, l’écart entre la trajectoire empruntée aujourd’hui par le monde et celle qu’il devrait Sources : Équipe du Rapport sur le suivre est immense, mais un portefeuille de technologies d’énergies propres peut aider l’humanité à respecter l’objectif de développement dans le monde, sur la 450 ppm de CO2e (2 °C) base des données de Riahi, Grübler et Nakic ´ ´enovic 2007 ; IIASA 2009 ; AIE 2008b. a. Émissions de CO2 provenant du secteur énergétique : analyse des « coins de stabilisation » Note : La substitution de combustibles pour le scénario bleu de l’AIE (450 ppm de CO2e) consiste à remplacer le charbon par le Émissions annuelles (Gt de CO2) gaz. Les énergies renouvelables autres que la biomasse sont les énergies solaire, 70 Technologies existantes éolienne, hydroélectrique et géothermique. Nous nous dirigeons vers 6°C : émissions accompagnées de politiques L’expression « combustibles fossiles annuelles de la base de référence = 62 Gt intérieures résolues avec PSC » désigne les combustibles 60 fossiles dont les émissions font l’objet Maîtrise de l’énergie d’opérations de piégeage et de stockage. du côté de la demande Le potentiel d’atténuation exact de chaque 50 (38 %) « coin de stabilisation » peut varier selon Substitution de les modèles en fonction de la base de combustible (7 %) référence, mais les conclusions générales 40 Nucléaire (6 %) restent les mêmes. Énergies renouvelables 30 autres que la biomasse (15 %) Biomasse (8 %) 20 Combustibles fossiles avec PSC (19 %) Nous voulons atteindre 2°C : Véhicules électriques 10 émissions pour 450 ppm = 14 Gt et à pile à combustible (8 %) 0 Technologies de pointe et 2000 2020 2035 innovations, accompagnées 2050 de politiques climatiques Année internationales et de R-D b. Émissions de CO2 provenant du secteur énergétique : analyse des « coins de stabilisation » pour le scénario MESSAGE B2 (450 ppm de CO2e) Émissions annuelles (Gt de CO2) 70 60 50 Maîtrise de l’énergie du côté de la demande (26 %) 40 Substitution de combustible (7 %) Nucléaire (12 %) 30 Énergies renouvelables autres que la biomasse 20 (6 %) Biomasse (18 %) Combustibles fossiles 10 avec PSC (33 %) 0 2000 2020 2035 2050 Année RapportMonde_LIVRE2.indb 204 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 205 faveur tout en développant des technologies de pointe à faible Il faudra utiliser cette gamme de technologies pour obte- émission de CO2 et en démontrant qu’une croissance à faible nir au moindre coût la forte réduction d’émissions exigée par intensité de carbone est possible (tableau 4.3). le scénario de 450 ppm de CO2e, car chacune d’entre elles présente des limites physiques et économiques, qui varient Agir sur tous les fronts techniques et stratégiques d’ailleurs d’un pays à l’autre. La maîtrise de l’énergie se heurte À quels changements fondamentaux faut-il procéder dans le à des obstacles et aux défaillances du marché. Le nombre secteur énergétique pour réduire l’écart entre la trajectoire limité de sites adéquats restreint les possibilités de produc- empruntée aujourd’hui par le monde et celle qu’il devrait tion d’énergie éolienne, hydroélectrique et géothermique ; la suivre ? La réponse réside dans un ensemble de technologies biomasse souffre de la concurrence des secteurs agricoles et énergétiques à la fois efficaces et propres permettant de faire forestiers pour les terres et l’eau (chapitre 3) ; l’énergie solaire baisser l’intensité énergétique et de privilégier les combus- est coûteuse (encadré 4.5). L’énergie nucléaire suscite des tibles à faible émission de carbone. Au rythme actuel, les préoccupations liées à la prolifération des armes, à la gestion émissions mondiales de CO2 d’origine énergétique passeront des déchets et à la sécurité des réacteurs. Quant à l’utilisation 41 de 26 gigatonnes en 2005 à 43-62 gigatonnes vers 2050 . Un des technologies de piégeage et de stockage du CO2 dans les scénario de 450 ppm de CO2e exige toutefois que l’on réduise centrales électriques, elle n’a pas fait ses preuves sur le plan les émissions d’origine énergétique de 12 à 15 gigatonnes, commercial, présente un coût élevé et risque d’être freinée par soit un effort d’atténuation de 28 à 48 gigatonnes d’ici à le manque de sites de stockage dans certains pays. 2050 (graphique 4.10). Les modèles font intervenir quatre L’analyse de sensibilité qui prend en compte ces technologies pour combler cet écart : la maîtrise de l’énergie contraintes technologiques laisse à penser qu’il ne sera pas (principal levier), les énergies renouvelables, le piégeage et possible d’atteindre l’objectif de 450 ppm de CO2e sans 42 stockage du CO2, et l’énergie nucléaire . recourir, sur une large échelle, à l’utilisation d’équipements Graphique 4.11 L’objectif consiste à faire passer les technologies à faible intensité de carbone du stade du concept non prouvé au déploiement à grande échelle et à un niveau de réduction d’émissions plus élevé Potentiel de réduction des émissions de CO2 (Gt/an) 8 7 Rendement énergétique dans le bâtiment Rendement énergétique 6 dans les transports 5 PSC dans la production d’électricité 4 PSC dans l’industrie Rendement énergétique dans l’industrie 3 Biocarburants de la Nucléaire seconde génération Éolien 2 Remplacement du Véhicules rechargeables Véhicules à pile et électriques charbon par le gaz à combustible Solaire photovoltaïque 1 Énergie solaire Cycle combiné à concentrée gazéification intégrée Hydroélectrique 0 Géothermique Concept non prouvé Techniquement Commercialement Financièrement Déploiement à scientifiquement viable viable viable grande échelle Stade de développement Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde, sur la base des données de la Banque mondiale (2008a) et de l’AIE (2008a) (potentiel d’atténuation selon le scénario bleu de l’AIE en 2050). Note : Une définition détaillée des divers stades de développement technologique figure au tableau 4.4. Un groupe technologique donné peut franchir diverses étapes de développement au même moment mais dans des contextes nationaux différents et à des échelles différentes. Le coût de l’énergie éolienne, par exemple, est déjà similaire à celui des centrales au gaz dans la majeure partie des États-Unis (Wiser et Bolinger 2008). En Chine et en Inde, en revanche, l’éolien peut être viable d’un point de vue économique, mais pas d’un point de vue financier par rapport aux centrales au charbon. Autrement dit, pour que les technologies propres soient adoptées dans davantage d’endroits et à une plus grande échelle, elles doivent passer du bas vers le haut du tableau 4.4. RapportMonde_LIVRE2.indb 205 16/09/10 12:39 206 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.5 Les technologies de l’énergie renouvelable ont un énorme potentiel, mais se heurtent à des contraintes Biomasse émissions de CO2 sur la base d’un cycle CO2. Cependant, grâce au processus De toutes les sources d’énergie de vie. Les biocarburants de la seconde d’apprentissage et aux économies renouvelable, c’est la biomasse moderne, génération basés sur les matières ligno- d’échelle, le coût de cette forme d’énergie utilisée comme combustible pour cellulosiques – paille, bagasse, herbe pourrait égaler celui du charbon en produire de l’électricité ou de la chaleur végétative et bois – laissent espérer une moins de dix ans et la puissance installée et faire fonctionner les transports, qui production durable à haut rendement au plan mondial pourrait passer à offre le plus de possibilités en matière qui émettra peu de gaz à effet de serre, 45–50 gigawatts d’ici à 2020f. De même, d’atténuationa. Elle provient des résidus mais se trouvent encore au stade de la le taux d’apprentissage de l’énergie de l’agriculture et des forêts, ainsi que recherche et du développement. solaire photovoltaïque fait que les coûts des cultures énergétiques. S’agissant de diminuent de 15 à 20 % chaque fois que l’utilisation des résidus, le plus grand défi Solaire la puissance installée est doubléeg. La L’énergie solaire – la source d’énergie la plus capacité mondiale étant encore modeste, consiste à assurer l’approvisionnement des centrales de façon fiable et durable abondante sur terre – est le type d’énergie les possibilités de réduction des coûts par et à un coût raisonnable ; les principaux renouvelable qui connaît la croissance le biais du processus d’apprentissage sont problèmes touchent aux obstacles la plus rapide. Elle se présente sous la substantielles. logistiques et au coût de la collecte forme de deux technologies principales : les systèmes solaires photovoltaïques et Énergies éolienne, hydroélectrique du combustible. Si elles ne sont pas et géothermique gérées convenablement, les cultures l’énergie solaire concentrée. Les systèmes photovoltaïques convertissent l’énergie La production d’énergie éolienne, énergétiques entrent en concurrence hydroélectrique et géothermique est avec la production alimentaire et peuvent solaire directement en électricité. L’énergie solaire concentrée utilise des miroirs limitée par la disponibilité des ressources avoir des effets néfastes sur les prix des et des sites. L’énergie éolienne a augmenté denrées alimentaires (voir chapitre 3). La pour focaliser la lumière du soleil sur un fluide caloporteur qui produit de la de 25 % par an au cours des cinq dernières production de la biomasse est sensible, années, et la puissance installée se montait en outre, aux effets physiques du vapeur pour faire tourner une turbine à 120 gigawatts en 2008. Cette année- changement climatique. classique. L’énergie solaire concentrée, là, l’Europe a installé plus de capacités Les projections surestiment probablement beaucoup moins coûteuse, est la mieux de production d’énergie dans l’éolien le rôle futur de la biomasse compte tenu à même de produire de l’électricité de que dans n’importe quel autre type de des limites de la production durable de base à grande échelle pour remplacer production d’électricité. Le changement biomasse, à moins que des technologies les centrales électriques alimentées aux climatique pourrait toutefois avoir une novatrices ne viennent améliorer combustibles fossiles. Cette technologie, incidence sur les ressources éoliennes : sensiblement la productivité. Selon les toutefois, nécessite de refroidir la turbine la vitesse des vents s’accroîtra, mais leur modèles climat-énergie, le recours à la avec de l’eau – ce qui pose un problème régime deviendra plus variableh. biomasse pourrait presque quadrupler dans les déserts, où les centrales solaires L’énergie hydraulique est la première pour atteindre environ 150-200 exajoules, sont souvent installées. L’utilisation de source d’électricité renouvelable et soit près du quart de l’énergie primaire cette technologie est donc limitée par la représente 16 % de la production mondiale, en 2050b. Toutefois, le niveau géographie (l’énergie solaire concentrée d’électricité à l’échelle planétaire. Son maximum du potentiel technique durable ne peut utiliser que les rayons provenant potentiel est limité par le nombre de des ressources de biomasse (résidus et directement du soleil), ainsi que par le sites adéquats (le potentiel mondial cultures énergétiques), sans perturbation manque d’infrastructures de transport et exploitable d’un point de vue économique des ressources alimentaires et forestières, l’ampleur des besoins de financement. Les est de 6 millions de gigawattheures par se situe entre 80 et 170 exajoules par installations solaires photovoltaïques sont an)i, des besoins en capitaux élevés, le an d’ici à 2050c, et seulement une partie moins sensibles à l’emplacement et plus temps nécessaire au développement, les de cette production apparaît réaliste et rapides à construire et conviennent aussi préoccupations relatives aux effets sociaux réalisable du point de vue économique. bien à la production décentralisée qu’aux et environnementaux, et la variabilité De surcroît, certains modèles climatiques applications hors réseau. Les chauffe-eaux climatique (s’agissant notamment des reposent sur l’utilisation du piégeage solaires peuvent réduire sensiblement la ressources en eau). Plus de 90 % du et stockage du CO2 provenant de la consommation de gaz ou d’électricité pour potentiel utilisable d’un point de vue biomasse, une technologie qui n’a pas fait chauffer l’eau dans les bâtiments. La Chine économique mais encore inexploité se ses preuves, pour parvenir à des émissions domine le marché mondial des chauffe- trouvent dans les pays en développement, négatives et gagner du temps durant la eaux solaires : elle produit plus de 60 % de principalement en Afrique subsaharienne, première moitié du siècled. la capacité mondiale. en Asie du Sud et de l’Est et en Amérique Certains biocarburants liquides tels Aux coûts actuels, l’énergie solaire latinej. L’Afrique exploite seulement 8 % de que l’éthanol à base de maïs, utilisés concentrée deviendrait compétitive ses capacités hydroélectriques. principalement dans les transports, avec le charbon, en termes de coût, Pour de nombreux pays d’Afrique et d’Asie peuvent aggraver plutôt qu’atténuer les au prix de 60 à 90 dollars la tonnee de du Sud, les échanges d’hydroélectricité à RapportMonde_LIVRE2.indb 206 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 207 ENCADRÉ 4.5 Les technologies de l’énergie renouvelable ont un énorme potentiel, mais se heurtent à des contraintes (suite) l’échelle du continent pourraient fournir besoins en électricité de l’Islande et 87 % de courantk. Les véhicules électriques l’apport énergétique le moins coûteux de la demande du pays en matière de peuvent stocker de l’électricité au moment possible, sans produire d’émissions de chauffage de bâtiments. Cette source souhaité et les usagers peuvent revendre carbone. Mais le manque de volonté et d’énergie nécessite toutefois d’importants du courant au réseau. Les compteurs de confiance politiques, ainsi que les investissements financiers dans les études électriques intelligents peuvent préoccupations suscitées par la sécurité géologiques initiales et le forage de communiquer avec les consommateurs, énergétique, limite ce type d’échanges. coûteux puits géothermiques. qui peuvent alors réduire leurs coûts Par ailleurs, l’accentuation de la en changeant leurs appareils ou en les Compteurs et réseaux électriques utilisant à certains moments. variabilité climatique influera sur le cycle intelligents hydrologique. Les sécheresses et la fonte Grâce aux communications numériques Sources : des glaces pourrraient réduire la fiabilité bidirectionnelles entre les centrales a. AIE 2008b. de l’approvisionnement hydroélectrique électriques et les usagers, les réseaux b. AIE 2008b ; Riahi, Grübler et Nakićenović dans certaines régions. Néanmoins, après électriques intelligents peuvent équilibrer 2007 ; IIASA 2009 ; Knopf et al., à paraître. deux décennies de stagnation, l’énergie l’offre et la demande en temps réel, lisser c. German Advisory Council on Global Change hydroélectrique prend de l’ampleur, les pics de demande et faire participer 2008 ; Rokityanskiy et al 2006 ; Wise et al. 2009. notamment en Asie, même si, en raison activement les consommateurs à la d. Riahi, Grübler et Nakićenović 2007 ; IIASA 2009. de la crise financière actuelle, il est plus production et à la consommation e. AIE 2008b ; Yates, Heller et Yeung 2009. difficile de trouver les fonds nécessaires d’électricité. L’augmentation de la f. Yates, Heller et Yeung 2009. pour couvrir d’importants besoins de production d’électricité à partir de g. Neij 2007. financement. ressources renouvelables variables, telles h. Pryor, Barthelmie et Kjellstrom 2005. L’énergie géothermique peut produire que les énergies éolienne et solaire, i. AIE 2008b. de l’électricité, du chauffage et du permet aux réseaux électriques intelligents j. Banque mondiale 2008b. refroidissement. Elle couvre 26 % des de gérer plus efficacement les fluctuations k. Worldwatch Institute 2009. Tableau 4.4 Instruments d’intervention adaptés au degré de maturité des technologies Mesures à prendre pour Degré de maturité État d’avancement Mesures de soutien passer au stade suivant Techniquement Le concept scientifique de base a été prouvé et Efforts de développement et de Politique de développement technologique : viable testé en laboratoire ou à une petite échelle. Des démonstration pour prouver la R-D publique et privée importante, projets de obstacles techniques subsistent, ainsi que des viabilité opérationnelle à une démonstration à grande échelle. barrières liées aux coûts. grande échelle et à réduire les Internaliser les externalités mondiales grâce coûts au minimum. Internaliser à la taxe carbone ou à un mécanisme de les externalités mondiales. plafonnement et d’échange. Transfert de technologies. Commercialement La technologie est disponible auprès de Rééquilibrer les règles du jeu Des politiques intérieures visant à rééquilibrer disponible et fournisseurs commerciaux. Les coûts projetés entre les énergies propres et les règles du jeu : économiquement sont bien appréhendés. La technologie est les combustibles fossiles. Éliminer les subventions en faveur des viable économiquement viable et se justifie par ses combustibles fossiles et internalisation des effets positifs sur le développement des pays. externalités locales. Mais elle ne peut pas encore faire concurrence Proposer des mécanismes d’incitation aux combustibles fossiles en l’absence financière en faveur des énergies propres. de subventions et/ou d’internalisation des externalités locales. Financièrement La technologie est financièrement viable du Les obstacles et les Réglementation et incitations financières viable point de vue des investisseurs du projet – son défaillances du marché visant à éliminer les obstacles et défaillances coût est similaire à celui des combustibles entravent l’accélération de du marché. fossiles ou elle se caractérise par des l’utilisation de la technologie Appui aux mécanismes de prestation et aux rendements financiers élevés et des délais de sur le marché. programmes de financement pour faciliter recouvrement courts du côté de la demande. l’utilisation de la technologie à plus grande échelle. Éducation des consommateurs. À grande échelle La technologie est largement adoptée par le biais du marché. Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde. RapportMonde_LIVRE2.indb 207 16/09/10 12:39 208 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E à haut rendement énergétique, aux énergies renouvelables et renouvelables et énergie nucléaire – sont disponibles sur le au piégeage et stockage du CO243 ; elle indique aussi que la marché et pourraient être déployés à une échelle beaucoup diminution de la place du nucléaire demanderait un recours plus grande si l’on adopte les politiques nécessaires et si considérablement accru aux énergies renouvelables et aux l’on met en place les dispositifs réglementaires requis. Des techniques de piégeage et de stockage du carbone prove- réseaux électriques intelligents et robustes peuvent renforcer nant de combustibles fossiles44. La disponibilité du PSC et le la fiabilité des réseaux électriques et réduire au minimum développement des biocarburants de la seconde génération les inconvénients liés à l’utilisation d’énergies renouvelables suscitent de grandes incertitudes. Les techniques connues à variables et à la production décentralisée (voir encadré 4.5). l’heure actuelle offrent une marge de manœuvre limitée à L’utilisation du gaz à la place du charbon permet aussi d’at- l’intérieur de la gamme de technologies. ténuer les risques de changement climatique, mais accroît le Jusqu’à présent, toutefois, l’innovation et le progrès tech- risque d’insécurité énergétique pour les pays importateurs nologique ont réduit le coût des efforts nécessaires pour de gaz. La plupart des technologies exploitant les énergies surmonter de redoutables obstacles techniques lorsque les renouvelables sont viables sur le plan économique, mais pouvoirs publics sont intervenus de façon efficace et oppor- pas encore sur le plan financier. Il est donc nécessaire de tune – un des défis majeurs auxquels le monde est confronté recourir à des subventions (pour internaliser les externa- à l’heure actuelle. Les pluies acides et l’appauvrissement de lités) afin de rapprocher le coût de ces techniques de celui la couche d’ozone stratosphérique sont deux exemples parmi des combustibles fossiles. Pour que ces technologies puis- de nombreux autres prouvant que les estimations des coûts sent être déployées à une plus grande échelle, il faut faire en de protection de l’environnement basées sur la technologie sorte que les prix des combustibles fossiles reflètent pleine- existant avant la réglementation sont très exagérées45. ment le coût de la production et des externalités, et mettre Les politiques de développement intelligentes sur le plan en place des incitations financières favorisant le recours aux climatique doivent être adaptées au degré de maturité de technologies à faible émission de carbone. chaque technologie et à la situation nationale, et peuvent accélérer le développement et le déploiement des technolo- Technologies de pointe S’il est vrai que les technologies gies (graphique 4.11 et tableau 4.4) ). disponibles sur le marché peuvent contribuer sensiblement à la mise en place des mesures d’atténuation nécessaires à Rendements énergétiques À court terme, la source de court et moyen terme48, un réchauffement ne dépassant réductions d’émissions la plus importante et la moins pas 2 °C demande le développement et le déploiement de coûteuse est l’augmentation du rendement énergétique du technologies de pointe (piégeage et stockage de CO2 dans côté de l’offre et une utilisation plus rationnelle de l’énergie le secteur de l’électricité et l’industrie ; biocarburants de la du côté de la demande dans le secteur électrique, l’industrie, seconde génération ; véhicules électriques) à une échelle et les bâtiments et les transports. Des technologies éprouvées à un rythme sans précédent (encadré 4.6). Les politiques permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre à visant à tarifer correctement le carbone sont essentielles, de court terme grâce au piégeage des émissions de méthane46 même que les efforts déployés au niveau international pour provenant de mines de charbon, de déchets municipaux transférer les technologies à faible intensité de carbone aux solides et du torchage du gaz, et en abaissant les émissions de pays en développement. Compte tenu des délais requis par carbone noir engendrées par les combustibles traditionnels le développement des technologies et parce que les émissions issus de la biomasse. Ces technologies peuvent aussi améliorer devront atteindre prochainement leur niveau maximum pour la sécurité dans les mines de charbon, ainsi que la santé que le réchauffement puisse être limité à 2 °C, les pouvoirs publique en réduisant la pollution atmosphérique47. Bien que publics doivent stimuler la recherche, le développement et les financièrement viables pour les investisseurs, de nombreuses activités de démonstration, dès aujourd’hui, afin d’accélérer mesures de maîtrise de l’énergie ne sont pas pleinement l’innovation et le déploiement de technologies de pointe. Les exploitées. La réalisation de ces économies peu coûteuses exige pays développés doivent prendre l’initiative pour que ces l’adoption de réglementations telles que les normes et les codes technologies deviennent une réalité. d’efficacité énergétique – en même temps que des incitations Il importe de concevoir une démarche fondée sur des financières, des réformes institutionnelles, des mécanismes systèmes intégrés pour assurer la compatibilité des poli- de financement et l’éducation des consommateurs – pour tiques en matière de réduction d’émissions au plan sectoriel remédier aux défaillances et obstacles du marché. comme au niveau global. Les mécanismes axés sur le marché, tels que les dispositifs de plafonnement et d’échange de Technologies à faible intensité de carbone existantes carbone et la taxe sur les émissions de CO2 (voir chapitre 6), du côté de l’offre encouragent le secteur privé à investir dans des technologies À court et moyen terme, des combustibles à émissions faibles à faible émission de carbone et à faible coût permettant de ou nulles utilisables dans le secteur de l’électricité – énergies réduire radicalement les émissions. RapportMonde_LIVRE2.indb 208 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 209 ENCADRÉ 4.6 Technologies de pointe La technique du piégeage et stockage émissions passe aussi par le stockage de il faudra au moins une dizaine d’années du carbone (PSC) pourrait permettre de carbone dans de profonds aquifères salins. pour résoudre l’ensemble des problèmes réduire de 85 à 95 % les émissions issues Par ailleurs, le PSC réduit sensiblement techniques, juridiques, institutionnels, de combustibles fossiles et déterminera l’efficience des centrales électriques et financiers et écologiques avant la mise en dans une grande mesure la capacité des présente des risques de fuites. œuvre intégrale des applications. combustibles fossiles à continuer de jouer La priorité à court terme doit être de La voiture hybride rechargeable est un rôle important dans un monde où des promouvoir de grands projets témoins une option à court terme susceptible limites sont imposées aux émissions de pour réduire les coûts et améliorer de faciliter la transition vers la voiture carbone. Elle comprend trois étapes : la fiabilité. Quatre grands projets entièrement électriquec. Elle allie • Le piégeage du CO2 émis par des commerciaux de démonstration de l’utilisation de batteries et de petits sources fixes importantes, telles que PSC sont en en cours d’exécution – à moteurs à combustion interne, qui lui les centrales électriques ou d’autres Sleipner (Norvège), Weyburn (Canada permettent de se mouvoir une partie procédés industriels, avant et après la – États-Unis), Salah (Algérie) et Snohvit du temps grâce à l’électricité qu’elle combustion. (Norvège) – principalement à partir du a emmagasinée en se rechargeant la gaz ou de la gazéification du charbon. nuit sur le réseau électrique. Lorsqu’ils • Le transport par canalisation vers des fonctionnent avec de l’électricité de source Ensemble, ces projets permettent de sites de stockage. renouvelable, ces véhicules émettent capter quatre millions de tonnes de CO2 • Le stockage grâce à l’injection du par an. Un scénario de 450 ppm de CO2e 65 % moins de CO2 que les voitures à CO2 dans des sites géologiques : les exige la construction de 30 grandes essenced. En revanche, ils entraînent gisements de pétrole et de gaz épui- installations témoins d’ici à 2020b. Le une augmentation de la consommation sés (pour assister la récupération du piégeage du CO2 dans des centrales d’électricité, et la réduction nette des pétrole et du gaz), les veines de char- électriques à faible rendement n’étant émissions dépend de la source d’électricité bon (pour faciliter la récupération du pas économiquement viable, il faudra utilisée. Il est nécessaire de procéder à des méthane des houillères), les formations construire de nouvelles centrales améliorations substantielles et de réduire salines situées en profondeur et les sensiblement les coûts dans le domaine électriques à l’aide de technologies à océans. du stockage de l’énergie. Les véhicules très haut rendement afin de pouvoir les électriques sont alimentés uniquement À l’heure actuelle, le PSC n’est compétitif équiper ultérieurement de dispositifs de par des batteries, mais nécessitent des avec le charbon classique qu’au prix de 50 PSC. Il faut élaborer des cadres juridiques accumulateurs d’une capacité beaucoup à 90 dollars la tonne de CO2 a. La technique et réglementaires régissant la question plus grande que celle des batteries de du PSC, qui se trouve encore au stade de la de l’injection de CO2 et des passifs à long voitures hybrides rechargeables et sont recherche et du développement, n’est pas terme. L’Union européenne a adopté une plus coûteux. mûre. Le nombre de sites géologiques à la directive sur le stockage géologique du fois viables d’un point de vue économique CO2, tandis que les États-Unis ont proposé et proches des sources d’émissions de une réglementation en matière de PSC. CO2 varie énormément d’un pays à l’autre. Il est nécessaire aussi de procéder à une Sources : Les gisements pétroliers épuisés et les évaluation détaillée des sites de stockage a. AIE 2008b. sites de récupération assistée de pétrole de carbone potentiels, notamment dans b. AIE 2008b. offrent la possibilité d’abaisser rapidement les pays en développement. Sans un c. AIE 2008b. les coûts, mais une forte réduction des effort international de grande envergure, d. NRDC 2007. Les démarches intégrées en matière d’urbanisme et de amélioration de la santé publique grâce à la réduction de la transport conjuguent l’aménagement urbain, les trans- pollution atmosphérique locale. ports en commun, l’efficacité énergétique des bâtiments, Il faudra certes prendre des mesures éducatives de façon la production décentralisée d’électricité à partir de sources concertée pendant de nombreuses années pour modifier d’énergie renouvelable, et les véhicules propres (encadré 4.7). les comportements et les modes de vie et parvenir ainsi à Les initiatives innovantes réalisées en Amérique latine dans vivre dans des sociétés qui émettent peu de carbone. Mais le le domaine des réseaux express d’autobus – voies réservées changement des modes de vie peut faire baisser les émissions aux autobus, paiement à l’avance des tickets et connexions annuelles de CO2 de 3,5 à 5 gigatonnes – c’est-à-dire 8 % intermodales efficaces – témoignent d’une transformation des réductions d’émissions nécessaires (voir chapitre 8) – plus générale du paysage urbain49. Le passage à des modes en réduisant les déplacements, le chauffage, les activités de de transports publics présente aussi des avantages au plan refroidissement, l’usage des appareils et en accroissant la du développement sous la forme de gains de temps dans les fréquentation des transports publics50. transports, d’une diminution des encombrements et d’une RapportMonde_LIVRE2.indb 209 16/09/10 12:39 210 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Les gouvernements ne doivent pas attendre un accord Réaliser des économies grâce à l’amélioration climatique mondial : ils peuvent dès maintenant prendre des des rendements énergétiques mesures au plan national en faveur des énergies propres et Globalement, l’investissement d’un dollar supplémentaire efficaces en les justifiant par les avantages connexes qu’elles dans l’amélioration des rendements énergétiques permet procurent en matière de développement et au plan financier. d’éviter d’investir plus de deux dollars du côté de l’offre ; Ces mesures intérieures, qui permettent de gagner sur tous l’effet est encore plus prononcé dans les pays en développe- les tableaux, peuvent contribuer sensiblement à combler le ment52. En matière de planification des ressources énergé- déficit d’atténuation51, mais elles doivent être complétées par tiques, il convient donc de mettre sur le même pied l’efficacité des accords climatiques internationaux qui permettront de énergétique (les negawatts) et les mesures classiques axées combler le déficit restant. sur l’offre (les mégawatts). L’efficacité énergétique permet de réduire le montant des factures énergétiques des usagers, d’accroître la compétitivité des industries et de créer des ENCADRÉ 4.7 Le rôle de la politique urbaine dans l’atténuation du changement climatique et la réalisation d’avantages connexes au plan du développement L’urbanisation est souvent citée parmi commerciaux et industriels –, et qu’il n’est ambitieuses, susceptibles d’avoir un plus les principales causes de l’accroissement pas facile de modifier une fois que les grand impact – telles que les taxes sur des émissions mondialesa, mais elle est schémas initiaux sont établis, ne fait que les encombrements de la circulation, les davantage perçue comme un moteur rendre encore plus impérative la nécessité incitations en faveur de la construction majeur du développementb. Elle se trouve de concevoir des villes à faibles émissions de bâtiments écologiques, le soutien donc à la croisée des politiques publiques de carbone dans les pays qui connaissent aux modes d’urbanisme propices à une sur le climat et le développement. La une urbanisation rapide. réduction de la dépendance vis-à-vis majeure partie des émissions se produit Comme on le verra au chapitre 8, les de l’automobile et l’intégration de la dans les villes précisément parce que c’est villes sont déjà devenues une source de tarification du carbone dans les taxes là que l’essentiel de la production et de dynamique politique et feront progresser foncières et les droits d’aménagement la consommation a lieu. En outre, la forte l’action en faveur de l’atténuation du – nécessitera en fin de compte un concentration de populations et d’activités changement climatique sur la scène élan culturel plus global amenant les économiques dans les agglomérations internationale, tout en poursuivant populations à triompher de leur désir peut être source d’efficacité – si elle leurs propres initiatives sur le territoire de préserver des modes de vie à forte s’accompagne de politiques judicieuses. national. Contrairement à l’idée reçue intensité de carbone, ou d’accéder à de Divers facteurs militent en faveur d’un selon laquelle les autorités locales se tels modes. Heureusement, un grand programme contre le changement concentrent uniquement sur les questions nombre de mesures pilotées par les climatique au niveau des villes. locales, plus de 900 villes des États-Unis villes en matière d’atténuation présente Premièrement, les villes denses sont se sont engagées à atteindre ou dépasser des avantages du point de vue de plus efficaces sur le plan de l’énergie et les objectifs du Protocole de Kyoto sur l’adaptation aux changements climatiques, des émissions (par exemple au niveau la réduction des émissions de gaz à effet ce qui réduira la nécessité de faire des des transports ; voir graphique ci- de serred, tandis que le C40 Groupe des compromis. dessous) et les politiques locales peuvent grandes villes pour le climat, dont l’objectif contribuer énormément à encourager est de promouvoir la lutte contre le leur densificationc. Deuxièmement, changement climatique, comprend des Sources : Équipe du Rapport sur le l’influence prononcée et persistante de villes de tous les continentse. développement dans le monde. l’infrastructure sur les décisions relatives Les villes sont particulièrement bien a. Dodman 2009. à l’emplacement des constructions placées pour apporter des réponses b. Banque mondiale 2008f. résidentielles et commerciales à long tangibles, au niveau local, à une question c. Banque mondiale 2009b. terme réduit la mesure dans laquelle les d’envergure mondiale telle que le d. U.S. Conference of Mayors Climate Change émissions peuvent se modifier sous l’effet changement climatique. Un grand Protection Agreement. de signaux des prix. Il est donc nécessaire nombre d’entre elles ont adopté des e. Voir http://www.c40cities.org/. de prendre des mesures complémentaires réglementations visant à restreindre Par ailleurs, les organisations « United Cities en matière de réglementation et de l’utilisation de sacs en plastique, de and Local Governments » et « International planification de l’utilisation des sols. gobelets jetables et d’eau en bouteille. Council for Local Environmental Initiatives » Troisièmement, l’interdépendance des Ces initiatives peuvent faire passer des ont adopté conjointement une résolution systèmes qui forment la structure des messages importants dans la société, demandant que les villes soient mieux villes – routes et réseaux de transports en mais elles n’ont eu, jusqu’ici, que des représentées dans le processus de commun ; services de l’eau, des eaux usées effets minimes sur l’environnement. négociation de la CCNUCC. et de d’électricité ; bâtiments résidentiels, La mise en œuvre d’initiatives plus RapportMonde_LIVRE2.indb 210 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 211 ENCADRÉ 4.7 Le rôle de la politique urbaine dans l’atténuation du changement climatique et la réalisation d’avantages connexes au plan du développement (suite) Les émissions produites par les transports sont beaucoup plus faibles dans les villes à forte densité Émissions individuelles provenant des transports (kg par habitant) 700 600 Marseille 500 Atlanta 400 Johannesburg 300 Kuala Lumpur Francfort Mexico 200 Paris Harare Cap Town Le Caire Los Curitiba São Paulo 100 Angeles Berlin Singapour Shanghai Delhi Bogota Séoul Mumbai Tokyo Santiago 0 0 50 100 150 200 250 300 350 Densité (nombre de personnes par hectare) Source : Banque mondiale 2009b. Note : Aucun ajustement n’a été effectué au titre du revenu car, selon une analyse de régression des émissions dues aux transports par rapport à la densité et au revenu, la densité est le facteur clé, et non le revenu. Données de 1995. emplois. Elle est essentielle à la réalisation du scénario du mies d’énergie peuvent être encore plus importantes dans réchauffement de 2 °C, car elle permet de gagner du temps les pays en développement en raison du faible niveau d’ef- en repoussant la construction de capacités supplémentaires ficacité énergétique qui constitue le point de départ. Par pendant que des technologies de pointe propres sont déve- exemple, la technologie utilisée actuellement en Chine pour loppées et mises sur le marché. chauffer les bâtiments consomme 50 à 100 % plus d’éner- Les bâtiments consomment près de 40 % de l’éner- gie que les techniques appliquées en Europe occidentale. gie finale utilisée dans le monde53, la moitié environ pour L’amélioration du rendement énergétique des bâtiments chauffer les locaux et l’eau, le reste pour faire fonctionner chinois alourdirait certes de 10 % les coûts de construction, les appareils, l’éclairage, la climatisation et la réfrigération54. mais elle permettrait de réduire les coûts énergétiques de Les possibilités d’amélioration des rendements énergétiques plus de 50 %57. Les innovations technologiques, telles que les résident dans l’enveloppe des bâtiments (toiture, murs, matériaux de construction de pointe, peuvent créer encore fenêtres, portes et isolation), le chauffage des locaux et de plus de possibilités d’économies d’énergie (voir chapitre 7). l’eau, et les appareils. Les bâtiments sont un des domaines où Les bâtiments intégrés à émissions nulles, qui conjuguent il est possible d’atténuer le plus efficacement les émissions : des mécanismes d’économie d’énergie et la production plus de 90 % du potentiel d’atténuation sont réalisables à d’électricité et de chauffage sur place à partir de l’énergie un CO2 de moins de 20 dollars la tonne55. Selon certaines solaire et de la biomasse, sont réalisables sur le plan tech- études, les technologies existantes en matière de rendement nique et économique – et leurs coûts diminuent58. énergétique permettraient d’économiser, de façon efficace L’industrie manufacturière est à l’origine du tiers de par rapport aux coûts, de 30 à 40 % de l’énergie utilisée dans la consommation mondiale d’énergie, et les possibilités les nouveaux bâtiments sur la base d’un cycle de vie56. d’économie d’énergie dans l’industrie sont particulière- La plupart de ces études reposent sur des données concer- ment élevées dans les pays en développement. Les princi- nant les pays à revenu élevé, mais les possibilités d’écono- pales options en la matière sont l’amélioration de l’efficacité RapportMonde_LIVRE2.indb 211 16/09/10 12:39 212 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E des équipements à forte intensité énergétique, tels que les que les économies futures sont moins tangibles, ce qui rend moteurs et les chaudières des industries caractérisées par ces investissements risqués en comparaison des opérations une grande intensité énergétique : production de fer, d’acier, d’approvisionnement énergétique reposant sur les actifs. La de ciment et de produits chimiques et pétrochimiques. Une recherche de l’efficacité énergétique se heurte à de nombreux des mesures les plus économiques consiste à conjuguer la obstacles et défaillances propres au marché, ainsi qu’à des chaleur et l’électricité. Certaines technologies connues, obstacles non commerciaux. Pour surmonter ces écueils, alliées à des pratiques optimales, pourraient réduire de 20 il faut mettre en œuvre des politiques et des interventions à 25 % la consommation énergétique du secteur indus- impliquant des coûts supplémentaires (encadré 4.8). triel, en amenuisant les empreintes carbone sans sacrifier L’« effet de rebond » est un autre sujet de préoccupation : la croissance59. Au Mexique, la cogénération réalisée dans l’acquisition d’équipements à haut rendement énergétique les raffineries de Pemex, la grande compagnie pétrolière entraîne un allègement des factures d’énergie qui incite les publique, pourrait fournir plus de 6 % de la capacité de consommateurs à en consommer davantage – ce qui annule puissance installée à un coût d’atténuation négatif (la vente une partie des économies d’énergie. Les données empiriques d’électricité et de chauffage, autrefois gaspillés, produirait révèlent toutefois que l’ampleur de ce rebond est faible ou suffisamment de recettes pour compenser largement les modérée : les effets à long terme se situent entre 10 et 30 % investissements requis) 60. en ce qui concerne les transports individuels ainsi que le L’amélioration du rendement énergétique des véhicules, chauffage et la climatisation des locaux63 et peuvent être par exemple grâce au passage à la voiture hybride, est le atténués grâce aux signaux par les prix. moyen le plus efficace au plan des coûts de réduire les émis- sions dans le secteur des transports à court et à moyen terme. Les prix devraient refléter les coûts véritables Nombreux L’amélioration des groupes motopropulseurs (notamment sont les États qui subventionnent les combustibles fossiles grâce à la réduction de la taille des moteurs à combustion de manière implicite ou explicite, faussant ainsi les décisions interne classiques) et d’autres modifications dans la concep- d’investissement dans les énergies propres. On estime que tion des véhicules, telles que la diminution du poids, l’opti- les subventions énergétiques des 20 pays en développement misation des transmissions et l’installation de mécanismes qui ont le plus recours à ce type de mesures se situaient marche-arrêt équipés de dispositifs de freinage par récupé- aux alentours de 310 milliards de dollars par an en 2007, ration, peuvent aussi améliorer le rendement énergétique des soit environ 0,7 % du PIB mondial64. Ces subventions véhicules. servent pour l’essentiel à abaisser artificiellement les prix De surcroît, une planification urbaine judicieuse – visant des combustibles fossiles, ce qui n’incite pas à économiser à créer des villes plus denses, plus compactes et reposant sur l’énergie et rend les énergies propres moins intéressantes un aménagement urbain polyvalent qui favorise la crois- d’un point de vue financier65. sance près des centres-villes et l’aménagement de corri- La suppression des subventions en faveur des combus- dors de transit pour éviter l’expansion tentaculaire des tibles fossiles réduirait la demande d’énergie, encourage- agglomérations – peut réduire sensiblement la demande rait l’offre d’énergie propre et abaisserait les émissions de d’énergie et les émissions de CO2. Elle réduit le nombre de CO2. Il n’est plus à démontrer que le renchérissement de voitures-kilomètres parcourus et rend possible le recours l’énergie entraîne une baisse sensible de la demande66. Si à des systèmes énergétiques intégrés et de district dans le l’Europe avait emboîté le pas aux États-Unis et prélevé des domaine du chauffage61. Au Mexique, par exemple, l’aména- taxes peu élevées sur les carburants, sa consommation de gement urbain à forte densité devrait réduire les émissions combustibles serait le double de ce qu’elle est aujourd’hui67. de 117 millions de tonnes de CO2e durant la période 2009- L’élimination des subventions sur les combustibles fossiles 2030, tout en engendrant des avantages sociaux et écolo- dans les secteurs électrique et industriel pourrait entraîner giques supplémentaires62. une réduction des émissions mondiales de CO2 de 6 % par an et une augmentation du PIB de la planète68. Défaillances du marché, obstacles commerciaux et non L’élimination de ces subventions n’est toutefois pas commerciaux L’ampleur du potentiel inexploité en chose facile : elle exige une grande détermination politique. matière de rendements énergétiques montre qu’il n’est pas L’argument souvent invoqué pour justifier les subventions facile de réaliser des économies d’énergie à faible coût. en faveur des combustibles est qu’elles visent à protéger les Les mesures d’économie d’énergie fragmentées, à petite pauvres, même si, souvent, elles profitent principalement aux échelle, impliquant la participation de multiples parties consommateurs plus aisés. Pour être politiquement viable prenantes et de dizaines de millions de décideurs, sont et socialement acceptable, comme on l’a vu aux chapitres 1 fondamentalement plus complexes que les mesures à grande et 2, la réforme doit se composer de mesures visant tout à échelle agissant sur l’offre. Les investissements dans la la fois à mettre en place une protection sociale efficace au maîtrise de l’énergie nécessitent des capitaux d’emblée, alors profit des groupes à faible revenu et à éliminer progressive- RapportMonde_LIVRE2.indb 212 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 213 ENCADRÉ 4.8 La maîtrise de l’énergie se heurte à de nombreux obstacles et défaillances sur le marché ainsi qu’à des obstacles non commerciaux • Énergie vendue à faible prix ou pas en économisant l’énergie. • Obstacles au financement et coûts de en dessous du prix du marché. La Pour la plupart des consommateurs, transaction élevés. De nombreux pro- faiblesse des prix énergétiques va à le coût de l’énergie est faible en com- jets de maîtrise de l’énergie peinent à l’encontre des incitations à faire des paraison des autres dépenses. Comme obtenir des financements. En général, économies d’énergie. ce sont les locataires qui règlent les institutions financières ne connais- généralement les factures d’énergie, sent pas les questions d’efficacité éner- • Carences de la réglementation. Les gétique ou s’y intéressent peu en raison les propriétaires de logements ne consommateurs qui ne payent pas leur de la faible taille des transactions, du sont guère enclins à investir dans des chauffage sur la base des quantités niveau élevé des coûts de transaction appareils efficaces, ni dans des travaux d’énergie consommées ne sont pas et de l’ampleur des risques perçus. Les incités à ajuster la température, et les d’isolation. sociétés de services énergétiques man- tarifs des services d’utilité collective • Préférences des consommateurs. En quent souvent de garanties. peuvent favoriser une utilisation peu matière d’achat d’automobiles, les rationnelle de l’énergie. • Produits non disponibles. Certains consommateurs prennent générale- équipements à haut rendement se • Absence de champion institutionnel ment leurs décisions en fonction de la trouvent facilement dans les pays à et faible capacité des prestataires taille, de la vitesse et de l’apparence des revenu élevé ou intermédiaire, mais de services. Les mesures axées sur la véhicules, plutôt que sur la base de leur pas dans les pays à faible revenu où des maîtrise de l’énergie sont fragmentées. efficacité énergétique. taxes d’importation élevées les rendent En l’absence d’un champion institution- • Coûts initiaux plus élevés. De nom- difficilement accessibles. nel apte à coordonner et à promouvoir breux produits à haut rendement une utilisation rationnelle de l’énergie, • Manque d’information. Les consom- demandent des investissements ini- mateurs disposent de peu d’informa- personne n’en fait sa priorité. En outre, tiaux élevés. Les consommateurs sou- tions sur les coûts, les avantages et la les prestataires de services de maîtrise haitent généralement que les délais de technologie de l’efficacité énergétique. de l’énergie sont peu nombreux et leur recouvrement soient très courts et ne Les entreprises ne sont pas prêtes à capacité ne sera pas mise en place du sont pas disposés à prendre en charge financer des audits énergétiques qui les jour au lendemain. des coûts initiaux élevés. Abstraction informeraient des possibilités d’écono- • Incitations inexistantes ou inadé- faite des préférences de chacun, les mies d’énergie. quates. Les compagnies d’électricité consommateurs à faible revenu n’ont réalisent des bénéfices en produisant et pas toujours les moyens d’acheter des Source : Équipe du Rapport sur le en vendant davantage d’électricité, non produits efficaces. développement dans le monde. ENCADRÉ 4.9 La tarification du carbone ne suffit pas La tarification du carbone ne peut à elle réduire leurs besoins en transport et est attrayant, mais les investisseurs seule garantir le déploiement à grande leur consommation d’énergie à usage peuvent être tentés de renoncer à investir échelle de technologies énergétiques domestique face à la variation des prix dans l’efficacité énergétique si d’autres efficaces et propres, car elle ne compense des combustibles. Les prix des carburants placements offrent des rendements plus pas pleinement les défaillances du automobiles se sont caractérisés dans le élevés pour des risques équivalents. marché, ni les barrières non commerciales passé par une élasticité à court terme de Autrement dit, il est important de à l’innovation et à la diffusion des seulement – 0,2 à – 0,4b (qui est même mettre en œuvre de solides politiques technologies à faible intensité de carbonea. tombée dans une fourchette de – 0,03 de tarification, mais cela ne suffit pas. Premièrement, les prix n’influent que à – 0,08 ces dernières années), mais Ces mesures doivent être conjuguées sur un obstacle parmi bien d’autres. Les présentent une élasticité à long terme à des réglementations visant à corriger autres barrières, telles que le manque située entre – 0,6 et –1,1. les défaillances du marché, à éliminer les obstacles commerciaux et non de financements et de capacités Troisièmement, la faible élasticité par commerciaux, et à promouvoir le institutionnelles, entravent la prestation de rapport aux prix qui caractérise l’adoption développement de technologies propres. services d’économie d’énergie. de nombreuses mesures d’économie Deuxièmement, si l’élasticité de la d’énergie découle peut-être aussi de demande d’énergie par rapport aux prix l’existence de coûts d’opportunité élevés apparaît élevée à long terme, elle est dans les pays en développement, tels que Sources : généralement faible à court terme, car les la Chine, qui connaissent une expansion a. ETAAC 2008. usagers disposent de peu de possibilités rapide. Un rendement de 20 % procuré b. Chamon, Mauro et Okawa 2008. aussi d’améliorer la c. Hughes, KnittelduSperling 2008. ment les subventions sur les combustibles fossiles. Il importe cacité énergétique à brève échéance à court terme pour par une mesure d’effi transparence et secteur énergétique en RapportMonde_LIVRE2.indb 213 16/09/10 12:39 214 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E exigeant des compagnies de distribution qu’elles communi- cières ont de bonnes chances de donner des résultats. En ce quent aux pouvoirs publics et aux autres parties prenantes qui concerne les transports, les bâtiments et l’industrie – où les informations essentielles dont elles ont besoin pour être la mise en œuvre de ce type de mesures dépend des préfé- mieux à même d’analyser la question de l’élimination des rences et de l’action d’un grand nombre d’individus décen- subventions et prendre des décisions en toute connaissance tralisés –, la demande d’énergie réagit moins aux signaux de cause. des prix et la réglementation est généralement plus efficace. Les prix de l’énergie devraient refléter le coût de la Divers instruments d’intervention peuvent reproduire les production et tenir compte des externalités environne- expériences qui ont permis d’éliminer les obstacles aux mentales aux plans local et mondial. La pollution de l’air économies d’énergie. des villes due à la combustion de matières fossiles aggrave les risques sanitaires et provoque des décès prématurés. Les Réglementation maladies respiratoires dues à la pollution atmosphérique Les objectifs d’intensité énergétique, les normes sur les sont une cause de mortalité majeure dans les pays à faible appareils, les normes de construction, les cibles de perfor- revenu et contribuent fortement au fardeau que représente mance de l’industrie (consommation d’énergie par unité la maladie au plan mondial69. En Chine, une réduction de de production) et les normes de rendement énergétique 15 % des gaz à effet de serre en dessous du niveau des émis- à l’échelle d’une économie font partie des mesures qui sions prévues dans le scénario du laissez-faire, d’ici à 2020, présentent le meilleur rapport coût-efficacité. Plus de permettrait d’éviter 125 000 à 185 000 décès prématurés par 35 pays ont adopté des cibles nationales d’efficacité énergé- an dus à la pollution engendrée par la production d’électri- tique. La France et le Royaume-Uni sont allés un peu plus cité et la consommation d’énergie domestique70. La tarifi- loin en demandant aux sociétés énergétiques de respecter cation de la pollution atmosphérique locale peut contribuer des quotas d’économie d’énergie. Au Japon, les normes de efficacement à abaisser les coûts sanitaires connexes. rendement énergétique exigent des services d’utilité collec- La tarification du carbone, par le prélèvement d’une taxe tive qu’ils réalisent des économies d’électricité égales à un sur les émissions de CO2 ou grâce à un mécanisme de plafon- certain pourcentage du niveau de référence de leurs ventes nement et d’échange (voir chapitre 6), est une des clés du ou de leur charge de base73. Le Brésil, la Chine et l’Inde déploiement à plus grande échelle des technologies énergé- ont adopté des lois sur les rendements énergétiques, mais, tiques propres de pointe et du rééquilibrage des règles du jeu comme partout, l’efficacité des textes dépend de leur degré pour permettre à ces technologies de lutter à armes égales d’application. Une autre option est l’élimination progressive avec les combustibles fossiles71. Elle crée des incitations et de l’éclairage incandescent. réduit les risques liés aux innovations et aux investissements Le respect des normes de rendement énergétique peut privés dans les technologies énergétiques efficaces et propres permettre d’éviter ou de reporter la construction de capacités à une grande échelle (voir chapitre 7)72. Les pays dévelop- de production d’électricité supplémentaires et de réduire les pés devraient prendre l’initiative en matière de tarification prix à la consommation. Les objectifs de performance éner- du carbone. La nécessité de protéger les pauvres contre la gétique dans l’industrie stimulent l’innovation et accrois- hausse des prix de l’énergie et de dédommager les industries sent la compétitivité. En Europe, les normes de construction perdantes, notamment dans les pays en développement, ont permis de réaliser environ 60 % d’économies dans les sont des préoccupations légitimes. Une solution réside nouveaux bâtiments par rapport aux bâtiments construits dans le recours aux programmes de protection sociale et avant le premier choc pétrolier dans les années 7074. Aux aux mécanismes de soutien des revenus non générateurs de États-Unis, les normes de rendement des réfrigérateurs ont distorsions, financés éventuellement par les recettes tirées permis d’économiser 150 gigawatts de demande d’électri- des taxes sur les émissions de CO2 ou les enchères de permis cité de pointe au cours des 30 dernières années, c’est-à-dire d’émissions (voir chapitres 1 et 2). davantage que la capacité installée de la totalité du parc nucléaire du pays75. Les normes de rendement énergétique et La tarification du carbone ne suffit pas : les politiques les programmes d’étiquetage coûtent environ 0,015 dollar le de rendement énergétique sont aussi très importantes kilowattheure, bien moins que toute option d’alimentation Les politiques de tarification du carbone ne pourront pas en électricité76. Le prix moyen des réfrigérateurs a baissé de assurer à elles seules le développement et le déploiement plus de 50 % aux États-Unis depuis les années 70, alors que à grande échelle de technologies à haut rendement éner- leur efficacité a augmenté de 75 %77. gétique et sobres en carbone (encadré 4.9). L’amélioration des rendements énergétiques se heurte à des obstacles dans Incitations financières plusieurs secteurs. Dans le secteur électrique, où un petit Dans de nombreux pays en développement, l’application nombre de responsables décident de l’opportunité d’adopter peu rigoureuse de la réglementation est un sujet de préoccu- des mesures d’économie d’énergie, les incitations finan- pation. La réglementation doit s’accompagner d’incitations RapportMonde_LIVRE2.indb 214 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 215 Tableau 4.5 Interventions des pouvoirs publics axées sur la maîtrise de l’énergie, les énergies renouvelables et les transports Domaine Interventions axées sur la maîtrise de Interventions axées sur les énergies Obstacles pris en compte d’intervention l’énergie et la gestion de la demande renouvelables À l’échelle de Élimination des subventions en faveur des combustibles fossiles Les externalités environnementales ne sont l’économie Fiscalité (taxe sur les combustibles ou le carbone) pas incluses dans le prix Limites quantitatives (mécanisme de plafonnement et d’échange) Distorsions dues aux subventions en faveur des combustibles fossiles : effets régressifs et augmentation de la demande Réglementation Cibles de maîtrise de l’énergie à Achat obligatoire, accès ouvert et Absence de cadre juridique pour les l’échelle de l’économie équitable au réseau producteurs indépendants d’énergie Obligations en matière de rendement Normes relatives aux portefeuilles renouvelable énergétique d’énergies renouvelables Manque d’accès de l’énergie renouvelable Normes des appareils Normes de carburant à faible intensité au réseau de transport Normes de construction de carbone Manque d’incitations ou incitations Cibles de performance énergétique Normes technologiques inadéquates en matière d’économie dans l’industrie Réglementation de l’interconnexion d’énergie Normes de consommation de carburant Démarche axée sur l’offre Conditions d’interconnexion mal définies Incitations Crédits d’impôt Tarifs de rachat d’électricité, comptage Coûts d’investissement élevés financières Subventions d’équipement net Règles de tarification défavorables Découplage des bénéfices et des ventes Certificats verts Manque d’incitations susceptibles de Rabais en faveur des consommateurs Tarification en temps réel pousser les consommateurs et les services Tarifs à différenciation temporelle Crédits d’impôt d’utilité collective à économiser l’énergie Taxes sur le carburant Subventions d’équipement Péage de congestion Taxe en fonction de la taille du moteur Assurances ou taxes sur les véhicules basées sur le nombre de kilomètres parcourus Taxes sur les véhicules utilitaires légers et les véhicules loisir-travail Mécanismes Service d’utilité collective Service d’utilité collective Un trop grand nombre d’acteurs institutionnels Organismes de promotion de la maîtrise Producteurs d’électricité indépendants décentralisés de l’énergie Autorité ou société indépendante Sociétés de services énergétiques (SSE) Mécanismes de Financements sous forme de prêts et Fonds de contribution aux avantages du Coûts d’investissement élevés et financement garanties partielles de prêts système inadéquation par rapport aux prêts à court SSE Gestion du risque et financement à long terme Efficacité énergétique des services terme Manque de garanties des SSE et faible d’utilité collective, programme de Prêts concessionnels montant des transactions gestion de la demande, y compris les Perception de risques élevés fonds de contribution aux avantages du Coûts de transaction élevés système Manque d’expérience et de connaissances Promotion et Étiquetage Éducation au sujet des avantages de Manque d’information et de sensibilisation éducation Installation de compteurs l’énergie renouvelable Perte de services Éducation des consommateurs Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde. financières à l’intention des consommateurs et des produc- producteurs efficaces sur le marché. De surcroît, la régle- teurs. Les consommateurs à faible revenu sont particulière- mentation étant vulnérable aussi aux « effets de rebond », ment sensibles aux coûts initiaux élevés des produits à haut il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques de tarifi- rendement. Les incitations financières visant à compenser cation pour décourager la consommation. Les taxes sur les ces coûts, tels que les rabais au profit des usagers et les prêts combustibles se sont révélées un des moyens les plus effi- hypothécaires qui prennent en compte les mesures d’éco- caces par rapport aux coûts de réduire la demande d’énergie 78 nomie d’énergie dans le logement , peuvent modifier le dans les transports, de même que les taxes de congestion, les comportement des consommateurs, rendre les produits plus assurances ou taxes sur les véhicules basées sur le nombre abordables et éliminer les barrières à l’entrée de nouveaux de kilomètres parcourus, et le relèvement des taxes sur les RapportMonde_LIVRE2.indb 215 16/09/10 12:39 216 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.10 Les programmes californiens de rendement énergétique et d’énergie renouvelable Aux États-Unis, la Californie joue un En Californie, la consommation d’électricité par habitant est inchangée depuis 30 ans, en grande partie grâce à la gestion de la demande par les services d’utilité collective et à l’adoption de normes de rendement rôle moteur en matière d’efficacité énergétique. Le coût de l’efficacité énergétique est beaucoup plus faible que celui de l’approvisionnement énergétique : elle maintient sa en électricité. consommation d’électricité par habitant a. Ventes d’électricité par habitant inchangée depuis 30 ans, à un niveau kWh/personne nettement inférieur à la moyenne 14 000 nationale américaine (graphique a ci-contre). Les normes de rendement 12 000 États-Unis Différences 2005 énergétique pour les appareils et les 10 000 = 5 300 kWh/an constructions, conjuguées aux incitations = 165 USD/habitant financières en faveur des programmes 8 000 de gestion par action sur la demande de 6 000 Californie services énergétiques, seraient à l’origine du quart de la différence (graphique b). 4 000 La Californie a découplé les bénéfices des services d’utilité collective et les ventes 2 000 d’énergie en 1982 et, récemment, est allée 0 plus loin avec sa politique de « découplage 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 renforcé » (decoupling-plus) : les services Année d’utilité collective gagnent plus d’argent s’ils atteignent ou dépassent les objectifs b. Économies d’énergie annuelles dues aux normes et aux programmes d’efficacité énergétique d’économie d’énergie. GWh Le programme de rendement énergétique 45 000 ~15 % de la consommation annuelle d’électricité en Californie en 2003 de l’État de Californie s’appuie sur un 40 000 budget annuel de 800 millions de dollars, 35 000 Programmes de alimenté par les surtaxes sur l’électricité et 30 000 rendement énergétique consacré aux passations de marchés, à la des services d’utilité collective gestion de la demande et aux activités de 25 000 à un coût de ~1 % de la recherche-développement. Le coût moyen 20 000 facture d’électricité du programme est d’environ 0,03 dollar Normes de 15 000 le kilowattheure, chiffre bien inférieur aux construction coûts d’approvisionnement (graphique c). 10 000 Pour promouvoir l’énergie renouvelable, 5 000 Normes des appareils l’État applique des normes de portefeuilles 0 d’énergies renouvelables visant à faire 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 passer à 20 % la part de ces énergies dans Année la production d’électricité d’ici à 2010. En juin 2005, la Californie est devenue c. Comparaison du coût des programmes de rendement énergétique californiens et des coûts de production d’électricité le premier État américain à publier un USD/kWh décret sur le changement climatique, dont Options Options côté offre 0,18 l’objectif est de ramener les émissions de côté demande 0,167 gaz à effet de serre à leur niveau de 2000 0,16 d’ici à 2010, à leur niveau de 1990 d’ici 0,14 à 2020 et à un niveau inférieur de 80 % 0,12 0,118 à celui de 1990 d’ici à 2050. L’efficacité 0,10 énergétique devrait contribuer à hauteur d’environ 50 % à cette réduction. 0,08 0,06 0,054 Sources : California Energy Commission 0,04 2007a ; Rosenfeld 2007 ; Rogers, Messenger 0,029 0,02 et Bender 2005 ; Sudarshan et Sweeney, à paraître. 0 Coût moyen des programmes Charge Production Production de rendement énergétique de base intermédiaire de pointe 2000 2004 RapportMonde_LIVRE2.indb 216 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 217 ENCADRÉ 4.11 L’expérience de la Banque mondiale dans le domaine du financement des mesures d’efficacité énergétique La Banque mondiale et la Société à des prêts de 93 millions de dollars aider à créer des mécanismes financiers, financière internationale (IFC) ont en faveur d’investissements au titre de et pour renforcer les capacités des financé divers projets faisant intervenir l’amélioration du rendement énergétique. promoteurs de projets. En Bulgarie, les des intermédiaires financiers dans le Aucune garantie n’ayant été exercée, les coûts de transaction du renforcement des domaine de l’efficacité énergétique, banques ont pris confiance et ont pu se capacités institutionnelles des institutions principalement en Europe de l’Est et en familiariser avec les prêts dans le domaine financières et des sociétés de services Asie de l’Est. L’IFC a promu l’utilisation de l’efficacité énergétique. énergétiques – de la conception du projet d’un mécanisme de garantie novateur Un des principaux enseignements tirés au bouclage financier – correspondaient par l’intermédiaire de certaines banques de l’expérience est l’importance de au début à environ 10 % du coût nationales avec le Fonds de garantie pour l’assistance technique, notamment au total des projets mais ils devraient, à terme, descendre à environ 5 à 6 %. une meilleure maîtrise de l’énergie en début, pour mieux faire connaître les Hongrie. Une subvention du Fonds pour questions d’efficacité énergétique, pour Sources : Équipe du Rapport sur le dévelop- l’environnement mondial d’un montant de dispenser des services de formation pement dans le monde ; Taylor et al. 2008. 17 millions de dollars a servi de garantie et de conseil aux banques afin de les véhicules utilitaires légers et les véhicules loisir-travail adéquates et être capables de travailler avec de nombreuses (tableau 4.5). parties prenantes, faire preuve d’indépendance et assurer un La gestion des services énergétiques par une action sur suivi crédible des résultats79. la demande a engendré d’importantes économies. La clé Les sociétés de services énergétiques (SSE) fournissent du succès dans ce domaine est le découplage des bénéfices des services, tels que les audits énergétiques, dans le domaine des services d’utilité collective et de la vente d’électricité de l’efficacité énergétique, recommandent des mesures en pour inciter les services à faire des économies. Les organes matière d’économie d’énergie et fournissent des finance- de réglementation prévoient l’évolution de la demande et ments aux clients ; elles font office aussi d’« agrégateurs » (ou autorisent les services d’utilité collective à appliquer des « intermédiaires ») de projets. La plupart des SSE peinent tarifs qui leur permettront de couvrir leurs coûts et d’ob- à obtenir des fonds suffisants auprès des banques commer- tenir un rendement fi xe établi à partir de cette prévision. ciales en raison de la faiblesse de leur bilan et des risques Si la demande se révèle plus faible que prévu, l’organisme apparemment plus élevés que présentent les prêts liés aux de réglementation laisse les prix augmenter pour permettre recettes tirées des économies d’énergie. Par leurs politiques, aux services d’utilité collective de réaliser le bénéfice prévu ; leurs financements et leur soutien technique, les pouvoirs si elle est supérieure aux prévisions, l’organe de réglementa- publics et les banques internationales de développement tion abaisse les prix pour restituer l’excédent aux consom- peuvent renforcer les SSE et systématiser leur modèle d’acti- mateurs (encadré 4.10). vité. En Chine, par exemple, après une décennie de renfor- cement des capacités appuyé par la Banque mondiale, le Réformes institutionnelles secteur des SSE est passé de trois entreprises en 1997 à plus Il est essentiel qu’un « champion institutionnel », tel qu’un de 400 sociétés qui représentaient un milliard de dollars de organisme spécifiquement chargé des questions d’effi- contrats de performance énergétique en 200780. cacité énergétique, coordonne les activités des diverses parties prenantes et s’efforce de promouvoir et de gérer les Mécanismes de financement programmes de rendement énergétique. Plus de 50 pays Le développement et l’exploitation de services d’efficacité (développés et en développement) disposent d’un organisme énergétique à des fins d’investissement dans l’efficacité national chargé des questions d’efficacité énergétique. Il énergétique sont avant tout une question institutionnelle. Le peut s’agir d’une organisation gouvernementale spécialisée manque de ressources nationales est rarement un problème, dans les questions d’énergie propre et de rendements éner- mais les carences des systèmes organisationnels et institu- gétiques (c’est le cas le plus fréquent), telle que le ministère tionnels nécessaires au développement des projets et à l’ob- thaïlandais de l’efficacité énergétique et du développement tention de fonds peuvent entraver les financements. Les trois des énergies de substitution ; il peut s’agir aussi d’une société principaux mécanismes de financement des projets d’effi- ou autorité indépendante, telle que la Société coréenne de cacité énergétique sont les SSE, les programmes de gestion gestion de l’énergie. Pour obtenir des résultats satisfai- de la demande de services énergétiques, et les mécanismes sants, ces organismes doivent s’appuyer sur des ressources de financement d’institutions spécialisées sous forme de RapportMonde_LIVRE2.indb 217 16/09/10 12:39 218 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.12 Il est difficile de comparer les coûts des technologies énergétiques : une question d’hypothèses Il est malaisé de comparer les coûts des coût élevé de ces installations. de la valeur de diversification du technologies énergétiques. On utilise Deuxièmement, une évaluation portefeuille dans l’évaluation des énergies fréquemment une méthode basée sur comparative intégrée rationnelle de renouvelables accroît l’attrait de celles-cib. le coût par kilowattheure (kWh) pour diverses technologies énergétiques donne Lorsque l’on traite de nouvelles comparer les technologies de production lieu à la comparaison de l’ensemble des technologies, il faut aussi prendre en d’électricité. La méthode des coûts caractéristiques économiques durant le compte les possibilités de réduction des normalisés de l’énergie sert souvent à cycle du carburant primaire pour une unité coûts. L’analyse dynamique des coûts futurs comparer, sur la durée de la vie utile, d’avantages énergétiques. La comparaison des nouvelles technologies est fonction les coûts économiques des énergies de du coût de l’énergie renouvelable avec le des hypothèses relatives au rythme substitution qui fournissent les mêmes coût de l’énergie tirée des combustibles d’apprentissage — les réductions de coûts services énergétiques. On commence fossiles et du nucléaire doit tenir compte liées au doublement de la capacité. Le coût par calculer les coûts d’investissement à des services fournis respectivement par de l’énergie éolienne a chuté de près de l’aide d’une simple méthode de taux de ces divers types d’énergie (assurance 80 % au cours des 20 dernières années. récupération du capitala. Cette technique de la charge de base ou production Les innovations technologiques et les consiste à diviser les coûts d’investissement intermittente). D’un côté, les installations économies d’échelle peuvent entraîner en une série de paiements égaux – le coût solaires et éoliennes produisent une des baisses de coûts plus rapides, ce qui, annualisé des investissements – sur la énergie variable, même si la production selon certains experts, conduira à une forte durée de vie de l’équipement. Ensuite, le peut être renforcée de diverses manières, diminution à brève échéance des prix de coût annualisé du capital est ajouté aux généralement avec un surcoût. D’un l’énergie photovoltaïquec. coûts annuels d’exploitation et d’entretien autre côté, ces installations peuvent être S’agissant de l’analyse financière, les et aux coûts des combustibles pour obtenir homologuées et construites beaucoup différences existant au plan institutionnel (financements publics ou privés) et au les coûts moyens normalisés. Autrement plus rapidement que les grandes centrales niveau des politiques publiques (impôts et dit, les coûts d’investissement, les coûts nucléaires ou à combustibles fossiles. réglementations) jouent souvent un rôle d’exploitation et d’entretien, les coûts des Troisièmement, il convient de tenir décisif. Les différences relatives aux coûts combustibles, le taux d’actualisation et le compte d’externalités, telles que les de financements sont particulièrement coefficient d’utilisation de la capacité sont coûts environnementaux et la valeur importantes dans le cas des technologies des éléments essentiels du calcul des coûts procurée par la diversification des à forte intensité de capital, telles que les moyens normalisés. portefeuilles, dans la comparaison du énergies éolienne, solaire et nucléaire. En réalité, les coûts sont fonction de coût de l’énergie tirée de combustibles Selon une étude californienne, le coût facteurs liés aux délais et à la localisation fossiles et du coût des énergies propres. d’une centrale éolienne varie beaucoup des installations. Les coûts des énergies La tarification du carbone fera une plus que celui d’une centrale à cycle renouvelables sont étroitement liés aux grande différence en relevant les coûts combiné au gaz, les conditions de ressources et aux sites locaux. Le coût des combustibles fossiles. La volatilité financement étant différentes selon qu’il de l’énergie éolienne, par exemple, varie des prix de ces combustibles crée des s’agit d’entreprises de services appartenant énormément selon les ressources en vent externalités négatives supplémentaires. au secteur privé (sociétés privées ou des sites concernés. Le coût de la main- Une augmentation de 20 % des prix des sociétés par actions) ou au secteur publicd. d’œuvre et les délais de réalisation sont aussi combustibles entraîne une hausse des des facteurs essentiels, notamment en ce coûts de production d’énergie de 16 % Sources : qui concerne les centrales à combustibles dans le cas du gaz et de 6 % pour le a. Taux de récupération du capital = fossiles et les centrales nucléaires. Le coût charbon, mais n’influe quasiment pas sur [i(1 + i)n]/[(1 + i)n – 1], où i désigne le taux d’actualisation et n la durée de vie ou la des centrales électriques au charbon les énergies renouvelables. Les sources période de recouvrement du capital de ces chinoises, par exemple, équivaut à environ d’énergie renouvelable fournissent de la systèmes. le tiers ou la moitié du prix de ce type valeur du point de vue de la diversification b. Forum économique mondial 2009. d’installations au plan international. Aux des portefeuilles, car elles constituent une c. Deutsche Bank Advisors 2008 (projections de États-Unis, les délais de construction de protection contre l’instabilité des prix et de la réduction du coût de l’énergie photovoltaïque). centrales nucléaires sont une des causes du l’offre de combustibles fossiles. L’inclusion d. California Energy Commission 2007b. prêts et de garanties partielles de prêts gérés par l’intermé- à atténuer les risques des projets d’efficacité énergétique diaire de banques commerciales ou sous forme de fonds auxquels sont confrontées les banques commerciales, ce qui renouvelables81. a contribué à les encourager à financer des projets d’amé- Les prêts réalisés par l’intermédiaire de banques lioration des rendements énergétiques (encadré 4.11). Les commerciales locales sont le meilleur moyen d’assurer la fonds renouvelables d’affectation spéciale spécialisés sont viabilité des programmes et d’obtenir le maximum de résul- une autre méthode fréquemment utilisée, notamment dans tats. Les institutions financières internationales ont appuyé les pays où l’investissement dans le domaine de la maîtrise des programmes de garanties partielles de risque visant de l’énergie en est à ses débuts et où les banques ne sont pas RapportMonde_LIVRE2.indb 218 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 219 ENCADRÉ 4.13 Le Danemark assure sa croissance économique tout en réduisant ses émissions De 1990 à 2006, le PIB du Danemark a la part des énergies renouvelables à au d’intensité énergétique, grâce, d’une part, progressé d’environ 2,3 % par an, chiffre moins 30 % d’ici à 2025. Le pays, en outre, à l’application de normes de rendement supérieur à la moyenne européenne (2 %). tire une souplesse additionnelle de sa très exigeantes pour les constructions et Dans le même temps, le Danemark a réduit participation au réseau d’interconnexion les appareils, d’autre part à des accords ses émissions de CO2 de 5 %. nordique (alimenté pour plus de 50 % d’économie d’énergie librement acceptés L’adoption de politiques judicieuses a par l’énergie hydroélectrique), qui lui dans l’industrie. Les réseaux de chauffage permis de découpler les émissions et la permet d’exporter son excédent d’énergie urbain alliant chaleur et électricité croissance. Le Danemark, comme d’autres éolienne et d’importer de l’hydroélectricité fournissent 60 % du chauffage hivernal du pays scandinaves, a appliqué la première norvégienne pendant les périodes où les pays, dont 80 % proviennent de la chaleur taxe au monde sur les émissions de CO2 ressources éoliennes font défaut. Vestas, la qui, dans le passé, était gaspillée pendant provenant de combustibles fossiles au grande société éolienne danoise, compte la production d’électricité. début des années 90. Dans le même 15 000 employés et représente le quart du temps, le pays a adopté une série de marché mondial des turbines éoliennes. mesures pour promouvoir l’utilisation En 15 ans, les exportations danoises Sources : Équipe du Rapport sur le d’énergie durable. Aujourd’hui, environ de technologies renouvelables se sont développement dans le monde à partir de 25 % de la production d’électricité du envolées pour atteindre 10,5 milliards de WRI 2008 ; fiche d’information sur le bouquet Danemark et 15 % de sa consommation dollars. énergétique danois (Denmark Energy Mix d’énergie primaire proviennent d’énergies Outre la faible intensité en carbone de Fact Sheet), http://ec.europa.eu/energy/ renouvelables, principalement l’éolien son énergie, le Danemark est le pays energy_policy/doc/factsheets/mix/mix_dk_ et la biomasse ; l’objectif est de porter européen qui présente le plus faible degré en.pdf (consulté le 27 août 2009). prêtes à fournir des financements82. Cette démarche est de l’efficacité énergétique et témoigner de leur détermination nature transitoire, et sa viabilité est un problème majeur. à montrer la voie dans ce domaine. Il faut toutefois que les La gestion de la demande par les services d’utilité collec- mandats aient été définis et que des incitations et des règles tive est généralement financée par un fonds de contribu- régissant les questions de budget et de passation des marchés tion aux avantages du système (alimenté par une surtaxe soient en place84. sur les kilowattheures perçue auprès de tous les usagers), source de financement plus viable que les budgets publics. Éducation des consommateurs Administrés soit par les services d’utilité collective, soit par L’éducation des consommateurs peut aider ceux-ci à modi- des organismes de promotion de la maîtrise de l’énergie, les fier leurs modes de vie et à faire des choix en toute connais- fonds de ce type couvrent le surcoût du passage des combus- sance de cause : étiquetage des produits selon leur rendement tibles fossiles aux énergies renouvelables, les rabais accordés énergétique ; installation accrue de compteurs d’électricité aux consommateurs, les prêts concessionnels, la recherche et et de chaleur, notamment de compteurs intelligents, etc. le développement, l’éducation des usagers et l’assistance aux Les campagnes de sensibilisation des consommateurs sont consommateurs à faible revenu. particulièrement efficaces lorsqu’elles s’accompagnent d’une réglementation et d’incitations financières. L’expérience Passation de marchés publics acquise en matière de santé publique indique que les inter- Les commandes à grande échelle de produits à haut rende- ventions visant à modifier les comportements doivent se ment énergétique peuvent réduire sensiblement les coûts, faire à plusieurs niveaux : dans le domaine des politiques et permettre de passer de gros contrats, d’obtenir d’importants de l’environnement physique (conception de villes que l’on financements bancaires et alléger les coûts de transaction. peut parcourir à pied et construction de bâtiments verts), En Ouganda et au Viet Namont, l’achat en gros d’un million ainsi qu’au plan socioculturel (communication par les de lampes fluorescentes compactes à abaissé fortement le médias), interpersonnel (contacts face-à-face) et individuel coût des lampes et amélioré la qualité des produits grâce à (voir chapitre 8) 85. l’imposition de spécifications techniques et à l’obligation de garantie ; une fois installées, ces lampes ont entraîné Utiliser plus largement les technologies à faible une baisse de la demande de pointe de 30 mégawatts83. La intensité de carbone existantes passation de marchés publics par l’intermédiaire d’orga- L’énergie renouvelable pourrait contribuer à hauteur d’en- nismes d’État, qui figurent généralement parmi les prin- viron 50 % au bouquet énergétique d’ici à 205086. Grâce à cipaux consommateurs d’énergie, peut abaisser les coûts, la diminution de leur coût durant les 20 dernières années, démontrer l’engagement des pouvoirs publics en faveur de RapportMonde_LIVRE2.indb 219 16/09/10 12:39 220 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.14 Lois sur le rachat d’électricité, concessions, crédits d’impôt et normes de portefeuille d’énergies renouvelables en Allemagne, en Chine et aux États-Unis Les pays en développement représentent classiques sur l’ensemble des usagers des du pays en exigeant que la capacité se 40 % de la capacité mondiale d’énergie services d’utilité collective du paysc. . compose à 70 % d’éléments d’origine renouvelable. En 2007, 60 pays, dont locale et en adoptant de nouveaux 23 pays en développement, avaient adopté Chine : loi sur l’énergie renouvelable modèles de transfert de technologie des politiques d’énergie renouvelablea. et concessions éoliennes pour recruter et acquérir des instituts La Chine a été l’un des premiers pays L’Allemagne, la Chine et les États-Unis sont internationaux de création technique. en développement à adopter une loi les trois pays qui possèdent la plus grande sur l’énergie renouvelable. Elle possède États-Unis : crédits d’impôt fédéraux quantité de puissance installée dans le aujourd’hui la plus importante capacité en faveur de la production et normes domaine de l’énergie renouvelable. de production d’énergie renouvelable au relatives aux portefeuilles d’énergies Allemagne : lois sur le rachat monde, dont elle tire 8 % de son énergie renouvelables des États fédérés d’électricité et 17 % de son électricitéd. La loi fixe le Un crédit d’impôt fédéral en faveur Au début des années 90, l’Allemagne ne prix du rachat de l’énergie provenant de de la production d’électricité à partir possédait quasiment aucune entreprise la biomasse, tandis qu’un système de d’énergies renouvelables a contribué à un d’énergie renouvelable. Aujourd’hui, elle concession établit les tarifs en matière accroissement sensible de la puissance fait partie des leaders mondiaux : son d’énergie éolienne. Les pouvoirs publics installée, mais l’incertitude qui pèse sur le secteur des énergies renouvelables brasse ont créé des concessions éoliennes en maintien de ce dispositif d’une année à des milliards de dollars et a créé 250 000 2003 afin d’encourager le développement l’autre a provoqué une alternance de forte nouveaux emploisb. En 1990, le pays a de la capacité de production et d’abaisser expansion et de ralentissement dans le adopté une loi sur le rachat d’électricité les coûts. Les soumissions retenues développement de l’énergie éolienne aux qui exige des services d’utilité collective durant les phases initiales ont été États-Unis. Par ailleurs, 25 États appliquent qu’ils achètent à prix fixe l’électricité inférieures aux coûts moyens et ont eu des normes relatives aux portefeuilles produite à partir de toute forme d’énergie un effet désincitatif sur les promoteurs d’énergies renouvelables. En conséquence, renouvelable. En 2000, la loi sur l’énergie et fabricants locaux du secteur éolien. l’énergie éolienne représentait 35 % de la renouvelable a fixé les tarifs de rachat L’amélioration du système de concession nouvelle capacité de production d’énergie d’électricité pour diverses technologies et la mise en place de tarifs de rachat en 2007 et les États-Unis possèdent d’énergies renouvelables sur une période d’électricité au niveau provincial ont aujourd’hui la plus grande puissance de 20 ans en se basant sur leurs coûts de permis à la Chine de se placer, en 2008, au éolienne installée au mondee. production d’électricité et leur capacité deuxième rang mondial pour ce qui est de production. Pour encourager la de la puissance éolienne nouvellement Sources : réduction des coûts et les innovations, installée. Il est probable que l’objectif de a. REN 21 2008. il est prévu que les prix diminuent au fil 30 gigawatts d’électricité éolienne fixé par b. Ministère fédéral de l’environnement 2008. des années selon une formule préétablie. l’État pour l’horizon 2020 sera atteint plus c. Beck et Martinot 2004. La loi, en outre, répartit le surcoût de tôt que prévu. Les pouvoirs publics ont d. REN 21 2008. l’énergie éolienne par rapport aux énergies stimulé l’industrie manufacturière éolienne e. Wiser et Bolinger 2008. les énergies éolienne, géothermique et hydroélectrique sont et réseaux électriques intelligents88. Ces derniers peuvent devenues concurrentielles avec les combustibles fossiles en accroître le niveau de fiabilité lorsqu’ils intègrent les éner- termes de coûts ou sont près de l’être87. Le solaire est encore gies renouvelables et la production décentralisée. Les lignes coûteux, mais son prix devrait baisser rapidement au cours à courant continu et à haute tension peuvent permettre le des prochaines années à mesure que l’expérience s’accroîtra transport d’électricité sur de longues distances avec de (encadré 4.12). Sous l’effet de la hausse des prix des combus- faibles pertes en lignes, ce qui atténue le fréquent problème tibles fossiles, l’écart de coût se rétrécit. La biomasse, de l’éloignement des sources d’énergie renouvelable par l’énergie géothermique et l’énergie hydroélectrique sont rapport aux centres de consommation. Par ailleurs, l’uti- capables d’assurer la charge de base, alors que la production lisation à grande échelle des énergies solaire et éolienne et des installations solaires et éoliennes est intermittente. des véhicules électriques nécessitera des réductions de coûts Si les sources de génération d’électricité intermittente supplémentaires ainsi qu’une amélioration des performances occupent une place importante dans le réseau électrique, la des techniques de stockage de l’énergie. S’il est vrai qu’il est fiabilité de l’approvisionnement peut s’en ressentir, mais il nécessaire d’accroître dans une mesure considérable l’utili- est possible d’atténuer ce problème de plusieurs manières : sation des énergies renouvelables, l’objectif est réalisable. Au stockage de l’énergie hydraulique ou accumulation par Danemark, par exemple, l’énergie éolienne représente 20 % pompage, gestion de la puissance appelée, installations de la production d’énergie (encadré 4.13). de stockage d’énergie, interconnexions avec d’autres pays RapportMonde_LIVRE2.indb 220 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 221 Stratégies de promotion des énergies renouvelables : à l’origine d’un pourcentage minimum de la production réglementation et incitations financières d’électricité ou représentent un certain niveau de puissance Les pratiques de tarification transparentes, concurrentielles installée, comme c’est le cas dans de nombreux États des et stables, reposant sur des contrats d’achat d’électricité États-Unis, au Royaume-Uni et dans les États d’Inde. Les à long terme, ont permis d’attirer les investisseurs vers les services d’utilité collective atteignent leurs cibles grâce à leur énergies renouvelables, et la mise en place d’un cadre juri- propre production d’énergie, à l’achat d’électricité à d’autres dique et réglementaire propice peut assurer aux producteurs producteurs, aux ventes directes de tiers à leurs clients ou d’électricité indépendants un accès équitable et libre aux à l’achat de certificats négociables d’énergie renouvelable. réseaux. Deux grandes stratégies de production d’électricité Toutefois, à moins que l’on fi xe des cibles technologiques à partir de sources d’énergie renouvelable à caractère obli- distinctes ou que l’on procède par appels d’offres, le système gatoire sont suivies dans le monde : l’adoption de lois sur des normes de portefeuille d’énergies renouvelables souffre le rachat d’électricité produite à partir d’énergies renouve- de l’incertitude qui caractérise les prix et tend à favoriser lables, qui imposent un prix fi xe, et l’application de normes les acteurs établis du secteur ainsi que les technologies les de portefeuilles d’énergies renouvelables, qui exigent qu’un moins coûteuses90. Ces normes, en outre, sont plus diffi- certain pourcentage de l’électricité produite provienne de ciles à concevoir et administrer que les lois sur le rachat sources renouvelables (encadré 4.14) 89. d’électricité. Les lois sur le rachat d’électricité prévoient l’achat obliga- L’appel d’offres est une autre façon d’atteindre les objectifs toire d’énergie renouvelable à prix fi xe. Ce type de législa- fi xés en matière d’énergies renouvelables : les producteurs tion, en vigueur par exemple en Allemagne, en Espagne, au d’énergie soumettent des offres concernant la fourniture Kenya et en Afrique du Sud, produit les taux de pénétration d’une quantité déterminée d’énergie renouvelable, et le du marché les plus élevés et ce, en peu de temps. Les inves- marché est attribué au soumissionnaire le moins disant – tisseurs prisent ces lois en raison du degré élevé de certitude comme cela se fait en Chine et en Irlande. L’appel d’offres qu’elles impliquent en matière de prix et de leur simplicité permet de réduire les coûts, mais présente un risque majeur : administrative, mais aussi parce qu’elles sont propices à la certains soumissionnaires proposent des prix excessivement création d’industries manufacturières locales. Trois critères bas et ne concrétisent pas leurs engagements par des projets sont fréquemment utilisés pour fi xer les tarifs de rachat réels sur le terrain. d’électricité : les coûts de production d’énergie classique Plusieurs types d’incitations financières permettent qui sont évités, les coûts de l’énergie renouvelable majorés d’encourager les investissements dans les énergies renou- de rendements raisonnables et les prix de détail moyens (le velables : les subventions visant à réduire le coût des système de comptage net permet aux usagers de revendre investissements initiaux ; les crédits d’impôt au titre de au réseau l’excédent d’électricité produit à partir de leur l’investissement ou de la production destinés à abaisser les domicile ou de leur entreprise, généralement à l’aide d’ins- coûts d’investissement et d’exploitation ; l’amélioration des tallations solaires photovoltaïques, aux prix de détail du sources de revenus par le biais de crédits d’émissions de marché). Le principal risque est de fi xer les prix à un niveau carbone ; un soutien financier sous la forme de garanties et trop élevé ou trop faible – d’où la nécessité d’ajuster périodi- de prêts concessionnels. S’agissant de la production d’élec- quement les tarifs. tricité d’origine renouvelable raccordée au réseau, les incita- Les normes de portefeuilles d’énergies renouvelables tions basées sur la production sont généralement préférables exigent des services d’utilité collective d’une région donnée aux incitations axées sur les investissements91. Les incita- qu’ils fassent en sorte que les énergies renouvelables soient tions basées sur l’investissement par kilowatt de puissance Graphique 4.12 Le coût de l’électricité photovoltaïque solaire diminue progressivement grâce à la R-D et Source : Basé sur Nemet 2006. sous l’effet d’une demande plus élevée que prévu qui encourage une production à plus grande échelle Note : Les réductions de coûts sont exprimées en dollars de 2002. Les colonnes indiquent le pourcentage de la réduction Réduction des coûts par facteur (USD/watt) du coût de l’électricité photovoltaïque solaire entre 1979 et 2001, en imputant la part de la réduction due à différents 25,30 $ facteurs tels que la taille des installations de production (qui 25 $ est déterminée par la demande escomptée) et l’amélioration 20 $ Effet de l’anticipation de la demande des rendements (qui résulte des innovations générées par la R-D). La catégorie « divers » recouvre la baisse du prix 15 $ 43 % du silicium, qui est un intrant essentiel (12 %), et un certain R-D nombre de facteurs beaucoup moins importants (notamment la 10 $ diminution des quantités de silicium nécessaires pour obtenir 30 % une certaine quantité d’énergie, et la baisse des taux de rejet 5$ 3,68 $ des produits par suite d’erreurs de fabrication). 22 % 5% 0 Prix de 1979 Taille des Rendement Divers Non expliqué Prix de 2001 installations de production RapportMonde_LIVRE2.indb 221 16/09/10 12:39 222 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 4.15 Énergie solaire concentrée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Le Plan solaire méditerranéen vise à excellente occasion de mettre en place concessionnels et des mesures de nature installer une puissance de 20 gigawatts un partenariat entre pays développés et à accroître les recettes, afin de couvrir d’énergie solaire concentrée, ainsi que en développement en vue d’exploiter les les surcoûts engendrés par l’énergie d’autres capacités de production d’énergie énergies renouvelables à une plus grande solaire concentrée, notamment en ce renouvelable, d’ici à 2020 pour à la fois échelle au profit tant de l’Europe que de qui concerne la part de cette énergie répondre aux besoins énergétiques des l’Afrique du Nord. qui servira à répondre aux besoins des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord Premièrement, la demande d’électricité marchés intérieurs du Moyen-Orient et et exporter de l’électricité en Europe. Cet verte et les tarifs attrayants pratiqués d’Afrique du Nord. ambitieux programme pourrait abaisser en Europe pour le rachat d’électricité Troisièmement, la réussite du programme suffisamment le coût de l’énergie solaire produite à partir de sources exige aussi que les pouvoirs publics de la concentrée pour la rendre concurrentielle renouvelables peuvent améliorer région prennent des mesures pour mettre par rapport aux combustibles fossiles. sensiblement la viabilité financière de en place un environnement propice aux L’installation de capacités de production l’énergie solaire. énergies renouvelables et éliminer les d’énergie solaire concentrée sur moins de Deuxièmement, le programme nécessite subventions en faveur de combustibles 1 % de la superficie du désert du Sahara la participation de fonds bilatéraux et fossiles. (voir carte ci-dessous) permettrait de multilatéraux – tels que le Fonds pour couvrir la totalité des besoins de l’Europe l’environnement mondial, le Fonds pour en électricité. les technologies propres et les crédits Source : Équipe du Rapport sur le Le financement de cette initiative est carbone – pour appuyer les subventions développement dans le monde. une tâche ardue, mais offre aussi une aux investissements, les financements Radiations solaires normales directes dans le monde (kilowattheures par mètre carré et par jour) Moyenne annuelle des radiations solaires directes dans le monde (kilowattheures par mètre carré et par jour) Nécessaire pour la technologie de l’énergie solaire 1 2 3 4 5 6 7 8 9 concentrée Source : Programme des Nations Unies pour l’environnement, Évaluation des sources d’énergie solaire et éolienne, http://swera.unep.net/index.php?id=metainfo&rowid= 277&metaid=386 (consulté le 21 juillet 2009). RapportMonde_LIVRE2.indb 222 16/09/10 12:39 Stimuler le développement sans nuire au climat 223 installée ne stimulent pas nécessairement la production mondial à un niveau inférieur à celui qui est indiqué dans d’électricité, ni la performance des centrales. En revanche, certains modèles climat-énergie96. les incitations axées sur la production par kilowattheure de puissance produite favorisent l’obtention du résultat recher- Accélérer l’innovation et le développement de ché : produire de l’électricité à partir d’énergies renouve- technologies de pointe lables. Le surcoût de l’énergie renouvelable par rapport aux L’accélération de l’innovation et du développement de combustibles fossiles peut être répercuté sur les usagers ou technologies de pointe passe par une tarification adéquate financé par un mécanisme de contribution aux avantages du du carbone, des investissements massifs dans la recherche, système, une taxe sur les émissions de CO2 dues à l’utilisa- le développement et les activités de démonstration, et un tion de combustibles fossiles ou un fonds spécialisé alimenté effort inédit de coopération mondiale (voir chapitre 7). Il est par les budgets publics ou les bailleurs de fonds. essentiel de stimuler à la fois la poussée technologique (en renforçant la recherche et le développement, par exemple) Énergie nucléaire et gaz naturel et la demande (afin d’accroître les économies d’échelle) L’énergie nucléaire est une option importante pour l’atté- pour réduire sensiblement le coût des technologies de pointe nuation du changement climatique, mais elle pose quatre (graphique 4.12). problèmes : un coût plus élevé que celui des centrales au Les technologies de production d’énergie à grande charbon92, le risque de prolifération des armes nucléaires, échelle demandent des stratégies et des démarches diffé- les incertitudes pesant sur la gestion des déchets, et l’in- rentes de celles qui s’appliquent aux technologies à échelle quiétude du public au sujet de la sécurité des réacteurs. Les réduite. Il sera sans doute nécessaire de mettre en œuvre un mesures de contrôle en vigueur dans le monde ne sont pas programme international similaire au projet Manhattan à la hauteur des problèmes de sécurité posés par le dévelop- pour développer des technologies telles que le piégeage et pement de l’énergie nucléaire93. La prochaine génération de stockage de CO2 produit par les centrales électriques à une réacteurs nucléaires se caractérise toutefois par une sécurité échelle suffisamment grande pour réaliser d’importantes et une rentabilité économique accrues par rapport aux réac- réductions de coûts à mesure que la technologie suivra sa teurs en activité. courbe d’apprentissage. Les promoteurs – services d’utilité Les installations nucléaires exigent d’importants capi- collective ou producteurs d’électricité indépendants – dispo- taux et une main-d’œuvre très qualifiée. En raison du temps sent généralement de ressources et de capacités suffisantes. nécessaire à leur mise en service, elles peuvent difficile- Pour autant, l’obstacle des coûts d’investissement élevés ne ment contribuer à la réduction des émissions de CO2 dans pourra pas être surmonté sans une tarification adéquate du un avenir proche. La planification, l’homologation et la carbone et le subventionnement des investissements. En construction d’une centrale nucléaire prennent en général ce qui concerne les technologies propres utilisées de façon au moins dix ans. En outre, les commandes ayant été rares décentralisée et à plus petite échelle, il faudra en revanche durant les dernières décennies, le monde ne dispose que de laisser « éclore un millier de fleurs » en répondant aux capacités limitées pour fabriquer bon nombre de compo- besoins de nombreux petits intervenant locaux par le biais sants essentiels des usines nucléaires, et il faudra dix ans ou de capitaux de lancement, de capital-risque et, dans les pays plus pour reconstituer cette capacité94. en développement, de services de conseil portant sur le Le gaz naturel est le combustible fossile qui présente la développement des entreprises. plus faible intensité de carbone dans le cadre de la production Pour que le scénario d’un réchauffement de 2 °C soit d’électricité et de l’utilisation résidentielle et industrielle. Le réalisable, les pays en développement doivent emprunter remplacement du charbon par le gaz naturel offre d’impor- une trajectoire technologique différente. Selon les projec- tantes possibilités de réduire les émissions de CO2 à court tions, la croissance de l’énergie et des émissions proviendra terme. Selon certains scénarios d’un réchauffement de 2 °C, en grande partie des pays en développement, mais les pays la part du gaz naturel dans le bouquet d’énergies primaires développés attirent beaucoup plus d’investissements dans passera de 21 % à l’heure actuelle à 27-37 % d’ici à 205095. les technologies propres. Traditionnellement, les nouvelles Le coût de l’énergie tirée du gaz naturel varie toutefois en technologies sont d’abord produites dans les pays dévelop- fonction du prix du gaz, très instable ces dernières années. pés, puis commercialisées dans le monde en développe- Par ailleurs, comme dans le cas du pétrole, plus de 70 % ment, comme ce fut le cas pour l’énergie éolienne97. Pour des réserves mondiales de gaz se situent au Moyen-Orient que les émissions plafonnent dans dix ans et que le monde et en Eurasie. La sécurité de l’approvisionnement en gaz est se maintienne sur une trajectoire à 2 °C, il faut que les pays un sujet de préoccupation pour les pays importateurs. En développés et en développement mettent en place simulta- conséquence, la diversification énergétique et l’inquiétude nément, dès aujourd’hui, de grands projets de démonstra- suscitée par la sécurité de l’approvisionnement pourraient tion des technologies de pointe. C’est fort heureusement limiter la part du gaz naturel dans le bouquet énergétique ce qui se passe sous l’effet de l’intensification rapide de la RapportMonde_LIVRE2.indb 223 16/09/10 12:40 224 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E recherche et du développement au Brésil,, en Chine, en Inde, d’aggraver la vulnérabilité aux effets du changement clima- et dans quelques autres pays en développement leaders dans tique99. Le déploiement des voitures hybrides rechargeables le domaine technologique. Les fabricants de piles photovol- et des véhicules électriques sur une grande échelle accroî- taïques, de matériel d’éclairage à haut rendement et d’étha- trait considérablement la demande d’électricité, ce qui nol dont les coûts sont les plus faibles se trouvent tous dans pourrait compromettre les réductions d’émissions atten- les pays en développement. dues de la technologie si la part des énergies à faible inten- Un des principaux obstacles auxquels se heurtent les pays sité de carbone dans l’approvisionnement du réseau n’est en développement est le surcoût engendré par le développe- pas accrue. Si elles ne sont pas conçues de façon judicieuse, ment et la démonstration de technologies de pointe propres. les mesures de promotion de l’énergie renouvelable peuvent Il est essentiel que les pays développés accroissent sensible- décourager la production efficace de chaleur dans le cadre ment leur aide financière et leurs transferts de technologies de la cogénération. à faible intensité de carbone aux pays en développement Il convient aussi d’harmoniser les politiques, les straté- par le biais de mécanismes tels qu’un fonds technologique gies et les mécanismes institutionnels entre les secteurs. Il mondial. Par ailleurs, les pays développés devront prendre est généralement difficile de mettre en œuvre des initiatives aussi l’initiative pour faciliter le progrès technologique (voir multisectorielles en raison du caractère fragmenté des méca- chapitre 7). Le Plan solaire méditerranéen est un exemple nismes institutionnels et de la faiblesse des incitations. Il est de coopération entre pays développés et en développement essentiel de trouver un « champion » capable de promou- pour la génération d’électricité solaire concentrée et la pour- voir les programmes d’action ; par exemple, les administra- suite d’activités de démonstration à grande échelle dans ce tions locales peuvent servir de point d’ancrage pour la mise domaine (encadré 4.15). en œuvre de mesures visant à réduire les émissions dans les villes, notamment au niveau des bâtiments et par le biais du Il faut intégrer les stratégies passage à des modes de transport différents. Il est important Il convient de coordonner et d’intégrer les instruments aussi d’harmoniser les politiques et les stratégies au niveau d’intervention pour qu’ils se complètent et pour prévenir les des administrations nationales, provinciales et locales (voir conflits. La réduction des émissions dans les transports, par chapitre 8). exemple, exige une démarche intégrée en trois temps dont En conclusion, les technologies à faible intensité de les composantes sont, par ordre de difficulté, les suivantes : carbone et l’action des pouvoirs publics peuvent placer le la transformation des véhicules (véhicules économes en monde sur la trajectoire d’un réchauffement de 2 °C, mais carburant, véhicules hybrides rechargeables et voitures il est nécessaire de procéder à des transformations radicales électriques), la transformation des carburants (fabrication pour décarburer le secteur énergétique. Pour cela, il faut des d’éthanol à partir de canne à sucre, seconde génération mesures immédiates, une coopération mondiale et l’engage- de biocarburants et hydrogène) et la transformation des ment des pays développés et en développement. Les pouvoirs besoins et modes de transports (planification urbaine et publics peuvent mettre en œuvre dès aujourd’hui des poli- transports publics) 98. Les stratégies relatives aux biocarbu- tiques qui leur permettent de gagner sur tous les fronts, rants doivent viser à coordonner les politiques énergétiques par exemple en procédant à des réformes réglementaires et les politiques de transport avec l’action publique dans les et institutionnelles et en mettant en place des incitations domaines de l’agriculture, de la foresterie et de l’affectation financières et des mécanismes de financement pour stimu- des terres afin de gérer les demandes concurrentes en eau ler l’utilisation des technologies à faible intensité de carbone et en terres (voir chapitre 3). Si les cultures énergétiques existantes, notamment dans les domaines des rendements réduisent la quantité de terres disponibles pour l’agricul- énergétiques et de l’énergie renouvelable. ture dans les pays pauvres, le « remède » peut être pire que Il est essentiel d’adopter une tarification adéquate du le « mal » dans le sens où les mesures d’atténuation risquent carbone et d’encourager l’innovation technologique pour « Si rien n’est fait, nous allons perdre notre planète bien-aimée. Nous devons tous ensemble trouver des solutions « non égoïstes » et rapides avant qu’il ne soit trop tard pour réparer les dégâts causés chaque jour ». — Maria Kassabian, Nigéria, 10 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 224 16/09/10 12:40 Stimuler le développement sans nuire au climat 225 accélérer le développement et le déploiement de technolo- de 6 % pour le charbon, mais n’influe quasiment pas sur les énergies gies de pointe à faible intensité de carbone. Les pays déve- renouvelables ; voir Forum économique mondial 2009. loppés doivent prendre les devants et démontrer qu’ils sont 10 AIE 2008b. déterminés à effectuer eux-mêmes d’importants change- 11 WRI 2008 ; voir aussi la présentation des émissions passées dans l’abrégé. ments, tout en mettant des financements et des technolo- 12 AIE 2008c gies émettant peu de carbone à la disposition des pays en 13 GIEC 2007. développement. Ces derniers doivent adopter des modèles 14 Nations Unies 2007. de développement radicalement nouveaux, intelligents sur 15 AIE 2008b. le plan climatique. Les moyens techniques et économiques 16 Chamon, Mauro et Okawa 2008. nécessaires à ces mutations existent, mais la concrétisation 17 Schipper 2007. des changements exige une grande détermination de la part 18 Lam et Tam 2002 ; 2000 U.S. Census, http://en.wikipedia.org/ des pouvoirs publics et une coopération sans précédent au wiki/List_of_U.S._cities_with_most_households_without_a_car plan mondial. (Consulté en mai 2009). 19 Kenworthy 2003. 20 Le chauffage urbain est un système consistant à distribuer aux Notes bâtiments résidentiels et commerciaux du chauffage produit de façon 1 GIEC 2007. centralisée à partir d’installations efficaces de cogénération ou de 2 Estimations des auteurs ; Socolow 2006. Les estimations sont grandes chaudières. basées sur une consommation mensuelle d’électricité de 100 kilowat- 21 Il est possible d’atteindre un niveau d’émissions négatif grâce theures par ménage pauvre composé en moyenne de sept personnes, au piégeage du carbone dans des écosystèmes terrestres (par exemple soit une consommation de 170 kilowattheures par personne et en plantant des arbres). Un autre moyen consiste à appliquer les tech- par an. L’électricité est générée avec une intensité de carbone nologies de piégeage et de stockage du carbone à l’énergie produite à (moyenne mondiale) de 590 grammes de CO2 par kilowattheure partir de la biomasse. pour 1,6 milliard de personnes, soit l’équivalent de 160 millions de 22 Avec une concentration de 450 ppm de gaz à effet de serre, la tonnes de CO2. Socolow (2006) pose en hypothèse que la fourni- probabilité de maintenir le réchauffement de la planète à un niveau ture de 35 kilogrammes de combustibles propres pour la cuisson des maximal de 2 °C au-dessus des températures préindustrielles est de 40 aliments (gaz de pétrole liquéfié) à 2,6 milliards de personnes entraî- à 50 %. Schaeffer et al. 2008 ; Hare et Meinshausen 2006. nerait l’émission de 275 millions de tonnes de CO2. En conséquence, 23 Tans 2009. 435 millions tonnes de CO2 ne représentent que 2 % des émissions 24 Rao et al. 2008. mondiales actuelles (26 000 millions de tonnes de CO2). 25 La biomasse tirée des plantes peut être un combustible neutre 3 Le carbone noir, produit par la combustion incomplète de en carbone, car le carbone absorbé par les plantes dans l’atmosphère matières fossiles, contribue au réchauffement climatique en absorbant durant leur croissance est libéré lorsque ces plantes sont brûlées de la chaleur dans l’atmosphère et, lorsqu’il se dépose sur la neige et la comme combustibles. Le piégeage et le stockage du carbone prove- glace, en réduisant le pouvoir réfléchissant de ces éléments et en accé- nant de la biomasse peuvent produire d’importantes « émissions lérant leur fonte. Contrairement au CO2, le carbone noir ne reste que négatives » en capturant le carbone émis durant la combustion de la quelques jours ou quelques semaines dans l’atmosphère : la réduction biomasse. de ce type d’émission aura presque immédiatement des effets d’atté- 26 Weyant et al. 2009 ; Knopf et al., à paraître ; Rao et al. 2008 ; nuation. De surcroît, le carbone noir est un polluant atmosphérique Calvin et al., à paraître. majeur et une importante cause de maladie et de décès prématurés 27 German Advisory Council on Global Change 2008 ; Wise et dans de nombreux pays en développement. al. 2009. 4 SEG 2007. 28 Ces cinq modèles (MESSAGE, MiniCAM, REMIND, IMAGE 5 Wilbanks et al.2008. et ETP de l’AIE) sont les principaux modèles énergie-climat au plan 6 McKinsey & Company 2009b. mondial. Mis au point en Europe et aux États-Unis, ils mêlent de 7 Ebinger et al. 2008. manière équilibrée des méthodes descendantes et ascendantes et 8 La signification et l’importance de la sécurité énergétique diverses trajectoires d’atténuation. Le modèle MESSAGE, créé par varient d’un pays à l’autre selon le revenu, la consommation d’énergie, l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA), les ressources énergétiques et les partenaires commerciaux. Pour de utilise le système de modélisation MESSAGE, qui comprend, outre nombreux pays, la dépendance à l’égard des importations de pétrole le modèle de gestion forestière DIMA et le cadre de modélisation et de gaz naturel est une source de vulnérabilité économique et peut agricole AEZ-BLS, le modèle d’optimisation technique des systèmes susciter des tensions internationales. Les pays les plus pauvres (ceux énergétiques MESSAGE et le modèle descendant d’équilibre macro- dont le revenu par habitant ne dépasse pas 300 dollars) sont parti- économique MACRO. Cette analyse examine des scénarios de type culièrement vulnérables aux fluctuations des prix des combustibles : B2, car ils se situent entre les scénarios A2 (qui prévoit une forte chaque hausse de 10 dollars du prix du baril de pétrole entraîne croissance démographique) et B1 (scénario le plus favorable plausible en moyenne une diminution moyenne de 1,5 % du PIB (Banque permettant de réduire les émissions en l’absence de politiques clima- mondiale 2009a). tiques énergiques), que caractérise un rythme d’évolution conforme 9 Une augmentation de 20 % des prix des combustibles entraîne à une « dynamique de laisser-faire » (Riahi, Grübler et Nakic ´ ´enovic une hausse des coûts de production d’énergie de 16 % pour le gaz et 2007 ; Rao et al. 2008). Le modèle MiniCAM, élaboré par le Pacific RapportMonde_LIVRE2.indb 225 16/09/10 12:40 226 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Northwest National Laboratory, allie un modèle mondial détaillé 51 Selon l’étude sur la réduction du carbone au Mexique, près de au plan technologique combinant énergie, économie, agriculture la moitié des réductions d’émissions susceptibles d’être réalisées sont et utilisation des sols à un ensemble de modèles associés du cycle imputables à des interventions qui auraient des effets positifs nets des gaz, du climat et de la fonte des glaces (Edmonds et al. 2008). (Johnson et al. 2008). Le modèle REMIND, développé au Potsdam Institute for Climate 52 Bosseboeuf et al. 2007. Impact Research, est un modèle de croissance optimale qui conju- 53 AIE 2008b ; Worldwatch Institute 2009. gue un modèle macroéconomique descendant et un modèle énergé- 54 PNUE 2003. tique ascendant, et vise à maximiser le bien-être (Leimbach et al., à 55 GIEC 2007. paraître). Le modèle IMAGE, créé par la Netherlands Environmental 56 Brown, Southworth et Stovall 2005 ; Burton et al. 2008. Selon Assessment Agency, est un modèle d’évaluation intégré qui associe un examen global de données empiriques relatives à 146 bâtiments le modèle énergétique TIMER 2 et le modèle de politique climatique écologiques situés dans dix pays, les coûts de construction de ce type FAIR-SiMCaP (Bouwman, Kram et Goldewijk 2006). Le cinquième de bâtiments sont supérieurs en moyenne de 2 % au coût des bâti- modèle est le modèle Energy Technology Perspective de l’AIE, un ments classiques, mais les bâtiments verts pourraient entraîner une modèle d’optimisation de programmation linéaire basé sur le modèle réduction médiane de 33 % de la consommation d’énergie (Kats énergétique MARKAL (AIE 2008b). 2008). 29 Les coûts d’atténuation comprennent les dépenses d’investis- 57 Shalizi et Lecocq 2009. sement supplémentaire, les coûts d’exploitation et d’entretien et les 58 Brown, Southworth et Stovall 2005. coûts de combustibles, comparés aux valeurs de référence. Rao et al. 59 AIE 2008b. 2008 ; Knopf et al., à paraître ; Calvin et al., à paraître ; Riahi, Grübler, 60 Johnson et al. 2008. et Nakic ´ ´enovic 2007 ; IIASA 2009. 61 Brown, Southworth et Stovall 2005 ; ETAAC 2008. 30 Riahi, Grübler et Nakic ´enovic ´2007 ; IIASA 2009 ; Knopf et al., 62 Johnson et al. 2008. à paraître ; AIE 2008c. 63 Sorrell 2008. 31 SnnbIEA 2008b ; McKinsey & Company 2009a. 64 AIE 2008c. 32 Knopf et al., à paraître ; Calvin et al., à paraître ; AIE 2008c. 65 Stern 2007. Une petite partie des subventions – dix milliards de 33 Rao et al. 2008 ; AIE 2008b ; Mignone et al. 2008. Cette asser- dollars par an en faveur des énergies renouvelables, par exemple – est tion vaut en l’absence de technologie de géo-ingénierie efficace et consacrée aux technologies propres. acceptable (voir le chapitre 7). 66 Banque mondiale 2008a. 34 AIE 2008b ; AIE 2008c ; Riahi, Grübler, et Nakic ´ ´enovic 2007 ; 67 Sterner 2007. IIASA 2009 ; Calvin et al., à paraître. 68 PNUE 2008. 35 Raupach et al. 2007. 69 Ezzati et al. 2004. 36 Shalizi et Lecocq 2009. 70 Wang et Smith 1999. 37 Philibert 2007. 71 Une taxe carbone de 50 dollars par tonne de CO2 se traduit 38 McKinsey & Company 2009b. par une taxe de 0,045 dollar le kilowattheure sur l’électricité produite 39 Banque mondiale 2001. à partir du charbon ou par une taxe de 0,45 dollar sur le gallon de 40 AIE 2008b ; Calvin et al., à paraître ; Riahi, Grübler et pétrole (soit 0,12 dollar le litre). Nakic ´ ´enovic 2007 ; IIASA 2009. 72 Philibert 2007. 41 AIE 2008b ; Calvin et al., à paraître ; Riahi, Grübler et 73 WBCSD 2008. Nakic ´ ´enovic 2007 ; IIASA 2009. L’ampleur des réductions d’émission 74 Conseil mondial de l’énergie 2008. nécessaires dépend fortement des scénarios de référence, qui varient 75 Goldstein 2007. beaucoup d’un modèle à l’autre. 76 Meyers, McMahon et McNeil 2005. 42 AIE 2008b ; Riahi, Grübler et Nakic ´ ´enovic 2007 ; IIASA 2009 ; 77 Goldstein 2007. IAC 2007. Il convient de noter que la modification de l’utilisation des 78 Les prêts hypothécaires tenant compte de l’efficacité énergé- sols et la réduction du méthane font aussi partie des mesures essen- tique permettent aux emprunteurs de prétendre à des emprunts plus tielles susceptibles d’être prises dans les secteurs non énergétiques élevés en incluant les économies d’énergie réalisées grâce à l’améliora- (voir chapitre 3) pour concrétiser le scénario de 450 ppm de CO2e, tion des rendements énergétiques. notamment pour gagner du temps à court terme dans l’attente du 79 ESMAP 2008. développement de nouvelles technologies. 80 Banque mondiale 2008d. 43 Knopf et al., à paraître ; Rao et al. 2008. 81 Taylor et al. 2008. 44 Rao et al. 2008 ; Calvin et al., à paraître ; Knopf et al., à paraître. 82 Banque mondiale 2008b. 45 Barrett 2003 ; Burtraw et al. 2005. 83 Dans le cadre de ces commandes en gros, chaque lampe 46 Une molécule de méthane, composante majeure du gaz natu- coûte environ un dollar (contre trois à cinq dollars en dehors de ces rel, peut contribuer 21 fois plus au réchauffement de la planète qu’une programmes), auquel s’ajoute un dollar correspondant aux coûts de molécule de CO2. transaction relatifs à la distribution, aux opérations de sensibilisation 47 SEG 2007. et de promotion, aux activités de suivi et de vérification, et aux essais. 48 AIE 2008b ; McKinsey & Company 2009b. 84 ESMAP 2009. 49 de la Torre et al. 2008. 85 Armel 2008. 50 McKinsey & Company 2009a. 86 AIE 2008b ; Riahi, Grübler et Nakic ´enovic´2007 ; IIASA 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 226 16/09/10 12:40 Stimuler le développement sans nuire au climat 227 87 Le coût des énergies éolienne, géothermique et hydroélectrique Davidson, P. R. Bosch, R. Dave et L. A. Meyer, Presse universitaire de varie beaucoup selon les ressources et les sites. Cambridge, Cambridge, Royaume-Uni, 2007. 88 AIE 2008a. Barrett, S., Environment and Statecraft: The Strategy of 89 ESMAP 2006. Environmental Treaty-Making, Oxford University Press. Royaume- 90 Par exemple, les normes de portefeuille d’énergies renouve- Uni, 2003. lables tendent à favoriser l’énergie éolienne et à défavoriser l’énergie Beck, F. et Martinot, E., « Renewable Energy Policies and Barriers », solaire. Encyclopedia of Energy, C. J. Cleveland, Amsterdam, Elsevier, 2004. 91 Banque mondiale 2006. Bosseboeuf, D., Lapillonne, B., Eichhammer, W. et Boonekamp, 92 MIT 2003 ; Keystone Center 2007. P., Evaluation of Energy Efficiency in the EU-15: Indicators and Policies, 93 MIT 2003. 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RapportMonde_LIVRE2.indb 230 16/09/10 12:40 PARTIE 2 RapportMonde_LIVRE2.indb 231 16/09/10 12:40 RapportMonde_LIVRE2.indb 232 16/09/10 12:40 CHAPITRE 5 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial L es vingt dernières années ont vu dont les forces et les faiblesses sont exami- se constituer et évoluer un régime nées au chapitre 6, n’a, jusqu’à présent, climatique mondial dont les pièces guère contribué à transformer les straté- maîtresses sont la Convention- gies de développement globales des pays, cadre des Nations Unies sur les changements tandis que le Fonds pour l’environnement climatiques (CCNUCC) et le Protocole de mondial a investi 2,7 milliards de dollars Kyoto (encadré 5.1), qui est un accord inter- dans des projets axés sur les changements national juridiquement contraignant fixant climatiques2, soit un montant très inférieur les limites applicables aux émissions de gaz à aux besoins. Le régime mondial n’a, à ce effet de serre des pays développés. Le Proto- jour, pas généré la coopération interna- cole a créé un marché du carbone pour pro- tionale pour la recherche-développement mouvoir l’investissement privé et abaisser ou la mobilisation des ressources requises le coût de la réduction des émissions, tout pour le transfert et le déploiement des tech- en incitant les pays à formuler des stratégies nologies nécessaires à un développement nationales pour faire face au changement sobre en carbone (voir chapitre 7) et, s’il climatique. a encouragé les pays pauvres à élaborer Mais tel qu’il existe aujourd’hui, le des programmes d’action nationaux pour régime mondial comporte de graves l’adaptation, il ne leur a toutefois fourni lacunes. Il n’a pas permis de maîtriser de qu’un appui concret limité. Enfin, après un manière notable la progression des émis- démarrage assez lent, le Fonds pour l’adap- sions, qui ont augmenté de 25 % depuis tation est encore loin de pouvoir répondre la signature du Protocole de Kyoto1, et aux besoins indiqués par les projections il n’a fourni qu’un appui très limité aux (voir chapitre 6). pays en développement. Le Mécanisme En 2007, le Plan d’action de Bali a lancé pour un développement propre (MDP), des négociations dans le but de « parve- nir d’un commun accord à un résultat » à Copenhague en 2009, lors de la quinzième Idée force session de la CCNUCC. Ces négociations Un problème mondial de l’ampleur de celui que pose le changement climatique nécessite étaient une opportunité de renforcer le une action coordonnée au plan international. La poursuite de cette action dépend toutefois régime climatique et de chercher à combler des mesures prises au niveau national. Pour être efficace, un régime climatique international ses lacunes. doit prendre en compte les préoccupations de développement, et s’affranchir du présupposé d’une dichotomie environnement-équité. On pourrait retenir un cadre à plusieurs vitesses Ériger un régime climatique en définissant des objectifs et des politiques différentes pour les pays développés et pour les pays en développement ; il faudrait, dans ce cas, formuler un processus pour définir et mesurer les réconciliant l’action climatique résultats positifs. Le régime du climat international devra également appuyer l’intégration de et l’action de développement3 l’adaptation dans le développement. Il est impossible de s’attaquer réellement au problème du changement climatique RapportMonde_LIVRE2.indb 233 16/09/10 12:40 234 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 5.1 Le régime climatique actuel La Convention-cadre des Nations Unies sur des décisions pour préciser les règles de Le Plan d’action de Bali, adopté par les les changements climatiques (CCNUCC), la Convention et négocier de nouveaux parties à la CCNUCC en 2007, a lancé adoptée en 1992 et entrée en vigueur en engagements concernant des questions un vaste processus pour permettre 1994, a pour objectif ultime de stabiliser de fond. l’application intégrale, effective et les concentrations de gaz à effet de Le Protocole de Kyoto complète et continue de la Convention par une action serre dans l’atmosphère à un niveau qui renforce la Convention. Adopté en 1997 concertée à long terme, dès à présent, empêche toute perturbation anthropique et entré en vigueur en février 2005, il d’ici à 2012 et au-delà, en vue de parvenir « dangereuse » du système climatique. Elle comptait 184 parties signataires au d’un commun accord à un résultat à classe les pays en trois grands groupes, 14 janvier 2009. Copenhague en décembre 2009, lors de la auxquels correspondent des engagements Fondamentalement, le Protocole fixe des quinzième session de la CCNUCC. différents : objectifs de réduction des émissions qui Les négociations engagées à Bali couvrent Les parties visées à l’Annexe I sont les sont juridiquement contraignants pour les quatre grands domaines : l’atténuation, pays industrialisés qui étaient membres Parties visées à l’Annexe I ; ces objectifs, l’adaptation, les technologies et les de l’Organisation de coopération et de qui sont propres à chaque Partie, ont financements. Les Parties sont également développement économiques (OCDE) été arrêtés à Kyoto à l’issue d’intenses convenues qu’elles devaient réfléchir à en 1992 et différentes économies négociations. une vision commune de l’action concertée en transition (Parties en transition), Outre les objectifs de réduction des à long terme, notamment à un objectif notamment la Fédération de Russie, les émissions fixés pour les Parties à l’Annexe I, global de réduction des émissions. États baltes et plusieurs États d’Europe de le Protocole de Kyoto contient une série l’Est et d’Europe centrale. Les membres de d’engagements généraux (faisant écho à ce groupe se sont engagés à adopter les ceux pris dans le cadre de la CCNUCC) qui politiques et les mesures d’adaptation au concernent toutes les Parties et visent, changement climatique qui s’imposent notamment, à : pour ramener leurs émissions de gaz • améliorer la qualité des données sur les à effet de serre aux niveaux de 1990 à Source : Tiré de CCNUCC 2005 ; Décision émissions, l’horizon 2000. 1/CP.13 de la CCNUCC, http://unfccc.int/ Les parties visées à l’Annexe II sont les pays • établir des programmes nationaux resource/docs/2007/cop13/fre/06a01.pdf membres de l’OCDE visés à l’Annexe I, mais d’adaptation et d’atténuation, (consulté le 6 juillet 2009). non les économies en transition. Ces pays a. Les Parties au Protocole de Kyoto ont • promouvoir le transfert de technolo- doivent fournir les ressources nécessaires accepté les objectifs de limitation ou de gies écologiquement rationnelles, pour aider les pays en développement réduction de leurs émissions. Le mécanisme à réduire leurs émissions dans le cadre • coopérer à la création de réseaux inter- de mise en œuvre conjointe permet à un pays de la CCNUCC et à s’adapter aux effets nationaux de recherche scientifique et devant atteindre un tel objectif de participer négatifs du changement climatique. Ils d’observation du climat, et à un projet qui donne lieu à des réductions doivent aussi « prendre toutes les mesures d’émission pouvant être prises en compte • soutenir des initiatives axées sur l’édu- aux fins de la réalisation de l’objectif fixé, mais possibles » pour promouvoir la mise au cation, la formation, la sensibilisation et qui est exécuté dans un autre pays ayant pris point de technologies écologiquement le renforcement des capacités. un engagement similaire. Le mécanisme pour rationnelles et leur transfert aux économies en transition et aux pays en Le Protocole a marqué un tournant un développement propre (MDP) permet à développement. décisif grâce à trois mécanismes un pays signataire du Protocole de poursuivre Les parties non visées à l’Annexe novateurs – le Mécanisme de mise en des projets de réduction d’émissions dans I sont, principalement, des pays en œuvre conjointe, le Mécanisme pour un pays en développement pour lequel développement et doivent, dans le cadre un développement propre et l’Échange aucun objectif n’a été fixé. L’échange de de leurs obligations générales, élaborer de droits d’émissions – conçus pour droits d’émission permet aux pays qui ont et mettre en œuvre des programmes accroître le rapport coût-efficacité accumulé des unités d’émissions, c’est-à-dire d’action nationaux pour l’atténuation et de l’atténuation des changements des droits d’émission inutilisés, de vendre ces l’adaptation. climatiques en offrant aux parties la droits aux pays qui ont dépassé leur plafond. L’organe de décision suprême est la possibilité de réduire les émissions ou de (Tiré de http://unfccc.int/kyoto_protocol/ Conférence des Parties à la Convention, renforcer les puits de carbone à moindre mechanisms/items/1673.php, consulté le qui se réunit tous les ans pour examiner la frais à l’étranger que sur leur propre 5 août 2009.) mise en œuvre de la Convention, adopter territoire. RapportMonde_LIVRE2.indb 234 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 235 sans prendre en compte la question du développement. Les L’atténuation des effets du changement climatique : émissions de gaz à effet de serre évoluent avec la croissance environnement et équité économique pour agir sur le climat. Pour être efficace, un Les objectifs d’équité et de protection de l’environnement régime climatique doit donc inciter à repenser les trajec- ont de tous temps été considérés comme des éléments fonda- toires d’industrialisation et à dénouer les liens entre le déve- mentaux du régime climatique. Au fi l des ans, toutefois, il a loppement et les émissions de CO2. Cependant, pour des fallu préciser ces objectifs qui ont alors perdu leur caractère raisons d’ordre éthique et pratique, l’approche retenue doit complémentaire pour devenir des éléments d’opposition, permettre de répondre aux aspirations des populations en et les négociations climatiques se sont enlisées. L’optique matière de développement et de forger un régime climatique d’équité et l’optique de protection de l’environnement sont équitable. apparues de plus en plus inconciliables et les pays ont opté Il y a encore peu de temps, le changement climatique ne pour l’une plutôt que l’autre, de manière prévisible, suivant semblait pas être une opportunité de repenser le développe- un axe Nord-Sud. ment industriel. Les débats en la matière se poursuivaient en Durant la majeure partie des vingt dernières années, le dehors des processus normaux de prise de décisions dans les changement climatique a été considéré comme un problème domaines du financement, des investissements, des techno- essentiellement environnemental, en raison des phéno- logies et des mutations institutionnelles. Ce n’est plus guère mènes scientifiques qui l’expliquent : les gaz à effet de serre le cas aujourd’hui. Dirigeants et citoyens ont pris conscience s’accumulent dans l’atmosphère et ont un impact sur le du changement climatique au point d’accepter la nécessité climat parce que les émissions anthropiques augmentent de prendre en compte la dimension climatique dans la prise et que la capacité d’absorption de ces gaz par les océans et de décisions de développement. la biosphère n’est pas infinie. Considéré sous cet angle, le Pour construire un régime climatique efficace sur cette problème doit être résolu par une action collective à l’échelle base, il faut poursuivre simultanément, et dans un souci mondiale, et la démarche privilégiée consiste à négocier des d’équité, de multiples objectifs concernant le climat et engagements de réduction des émissions en valeur absolue. le développement économique et social. Il serait naïf de Cette optique purement environnementale a provoqué nier les tensions qui existent entre ces objectifs. De fait, la l’apparition d’une perspective concurrente, dans laquelle le seule perspective de devoir faire des compromis peut être problème du changement climatique est essentiellement un un obstacle politique majeur à l’intégration du change- problème d’équité. Les tenants de cette approche reconnais- ment climatique et du développement. Les différences qui sent qu’il existe des limites environnementales mais, pour existent entre les perceptions et les cadres conceptuels des eux, le problème tient au fait que les pays riches occupent pays riches et des pays en développement peuvent aussi une part disproportionnée de l’espace écologique exis- compromettre la poursuite d’un utile débat sur la manière tant. Considéré sous cet angle, un régime climatique équi- d’intégrer les actions climatiques dans le cadre du dévelop- table doit s’appuyer sur des principes d’allocation qui sont pement. Bien souvent, ces tensions se manifestent entre le basés, notamment, sur les émissions par habitant et les émis- Nord et le Sud. sions passées. Pour ériger un régime climatique qui réponde aux préoc- Les objectifs d’équité et de protection de l’environne- cupations de développement, il est bon de faire le bilan des ment sont donc devenus les grands pôles du débat. Les pays opinions contraires et de chercher à surmonter les diver- à revenu élevé font valoir que les émissions des nouveaux gences. Ce chapitre examine quatre sources de tension entre pays industriels sont déjà importantes et qu’elles constitue- la perspective climatique et la perspective de développe- ront une proportion croissante des émissions mondiales – et ment : l’environnement et l’équité ; le partage de la charge c’est pourquoi il est nécessaire de réduire les émissions en et les actions précoces opportunistes ; une évolution clima- valeur absolue4. Les nouveaux pays industriels et les pays tique prévisible et un processus de développement impré- en développement considèrent qu’un régime basé sur des visible ; et la conditionnalité et l’adhésion. Ces sources de réductions négociées en valeur absolue les condamnerait à tension sont décrites ici en termes très généraux pour faire perpétuité à un système d’émissions inégales, qui ne serait ressortir les points de désaccord et les remèdes éventuels, pas viable pour eux. Leurs inquiétudes à ce sujet sont avivées sachant que, en réalité, les positions des pays, au nord par le fait que les émissions de nombreux pays à revenu élevé comme au sud, sont beaucoup plus nuancées que les situa- ont augmenté au cours des vingt dernières années, c’est- tions extrêmes décrites ici. La deuxième partie du chapitre à-dire depuis le début des négociations climatiques. Alors examine d’autres démarches qui pourraient être envisagées qu’il est plus urgent que jamais de trouver une solution, de pour intégrer les pays en développement dans l’architecture nombreux pays en développement, en particulier les grands internationale. pays en voie d’industrialisation rapide, craignent que l’at- tention ne se porte de plus en plus sur eux et que la respon- RapportMonde_LIVRE2.indb 235 16/09/10 12:40 236 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E sabilité de l’atténuation des émissions ne leur incombe dans un esprit pluraliste devraient constituer les bases nécessaires une mesure croissante. Ces craintes sont nourries par la pour s’affranchir du présupposé d’une dichotomie envi- perception que les « gros émetteurs », au nombre desquels ronnement-équité qui bloque les négociations climatiques figurent aussi les grands pays en voie d’industrialisation mondiales. . rapide, sont la principale source du problème. Pour être légitime et efficace, le futur régime clima- Le partage de la charge et une action précoce tique mondial devra surmonter ces clivages – et prendre en opportuniste compte ces deux perspectives. Tout d’abord, les négociations Que l’on aborde la question du changement climatique sous mondiales doivent être abordées dans une optique plura- l’angle de la protection de l’environnement ou sous celui de liste. Étant donné la rigidité des positions politiques prises l’équité, l’on part, dans les deux cas, de l’hypothèse fonda- de part et d’autre et le fait que des arguments valables exis- mentale que le problème se pose au niveau du partage de la tent pour l’une comme pour l’autre, ni le souci de protection charge. L’expression même de partage de la charge implique de l’environnement ni celui d’équité ne peut être le prin- que les mesures d’atténuation pèseront extrêmement lourd cipe directeur absolu des négociations ; les deux perspec- sur les économies nationales. Les infrastructures et les tives sont essentielles. Des démarches participant des deux modes de production actuels ayant été conçus dans un optiques ont été proposées, qui visent à recadrer les négo- monde où les émissions de carbone n’avaient pas de coût ciations dans le contexte du développement et ont l’avan- financier, l’édification de sociétés et d’économies dans un tage d’élargir le débat. L’une d’elle propose de reformuler le monde où ces émissions coûteront cher imposera d’énormes problème en termes de droit au développement plutôt qu’en coûts d’adaptation. Les problèmes auxquels se heurtent le termes de droit de produire des émissions, et de déterminer Nord et le Sud dans leurs débats sur le régime climatique la « responsabilité » et la « capacité » des pays d’agir face au sont étroitement liés à la question du partage de la charge, changement climatique5. Une autre envisage la formulation car ce partage, et partant son coût politique, sont très diffé- de « politiques et de mesures de développement durable » rents si l’on se place dans l’optique de protection de l’envi- (c’est-à-dire de mesures plaçant un pays sur une trajectoire ronnement ou dans celle de l’équité. sobre en carbone entièrement compatible avec les priori- Sachant que la question du partage de la charge incite les tés nationales de développement) par les pays en dévelop- responsables de l’action publique à se retrancher dans leurs pement, associées à des réductions des émissions en valeur positions, les partisans de la prise immédiate de mesures absolue des pays à revenu élevé6. Bien que les détails de ces d’atténuation s’efforcent de présenter ces mesures comme propositions soient matière à débat, le régime climatique une opportunité à saisir et non pas un fardeau à répartir. Ils aurait tout à gagner d’une démarche pragmatique basée font valoir que les actions menées en application de régle- sur l’intégration judicieuse des questions climatiques et de mentations environnementales se sont à maintes reprises développement. révélées moins onéreuses qu’on ne le craignait ; cela a été le Toutefois, pour convaincre les pays en développement cas, notamment, pour les mesures visant les pluies acides et que cette intégration ne les conduira pas à devoir peu à peu la destruction de la couche d’ozone 7. Même si les mesures assumer une part toujours plus grande des responsabili- d’atténuation ont un coût ultime, les premiers à adopter tés d’atténuation, il faudra faire du principe d’équité l’un des technologies d’atténuation jouissent d’un avantage rela- des piliers du régime mondial. On pourrait envisager, par tif car, à terme, ils se trouveront dans une position avan- exemple, d’adopter comme objectif à long terme la conver- tageuse pour tirer parti des nouveaux marchés engendrés gence des émissions par habitant de tous les pays dans une par la tarification du carbone. De nombreuses opportuni- fourchette donnée ; un tel objectif serait à la fois un précepte tés d’atténuation – notamment une utilisation rationnelle moral et un moyen d’éviter que le régime n’impose des de l’énergie – ont un coût économique négatif et présentent limites d’émissions foncièrement inégales pour l’avenir. Là aussi des avantages au plan du développement. De surcroît, encore, même si les détails peuvent être matière à négocier, à moyen terme, les sociétés qui sont les premières à agir tout régime climatique devra être ancré sur un principe peuvent exploiter les rétroactions positives entre les insti- d’équité pour être légitime. tutions, les marchés et les technologies pendant que leurs Étant donné que le Nord est responsable des stocks de gaz économies se préparent pour un avenir sobre en carbone. La à effet de serre accumulés dans le passé, comme le déclare forme la plus extrême de l’approche opportuniste consiste fermement la Convention à plusieurs reprises, il serait diffi- à prendre sans attendre des mesures d’atténuation, quelles cile d’envisager un régime mondial efficace qui ne donne- que soient les dispositions prises par les autres pays, pour rait pas lieu à l’adoption rapide de rigoureuses mesures occuper une position privilégiée. d’atténuation par les pays développés. La poursuite sans Il ne faudrait pas, toutefois, pousser cet argument trop attendre d’actions climatiques par le Nord, le respect d’un loin. En théorie, les imbrications étroites entre climat et robuste principe d’équité et des négociations menées dans développement industriel donnent à penser que les coûts RapportMonde_LIVRE2.indb 236 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 237 d’ajustement seront probablement élevés et que les exemples une réduction des émissions mondiales, à l’horizon 2050, passés comme ceux des pluies acides et de l’appauvrissement d’au moins 50 % (la limite inférieure de la fourchette de 50 de la couche d’ozone, ne sont guère pertinents. Pas plus le à 85 % établie par le GIEC) par rapport à leurs niveaux de capital industriel bâti dans un environnement où les émis- 19908. Plusieurs pays à revenu élevé ont réagi en soumettant sions de carbone n’étaient pas quantifiées que la dépendance des propositions d’objectifs de réduction nationaux (pour à l’égard des réserves de combustibles fossiles ne disparaî- 2050 et, dans certains cas, pour des années intermédiaires) 9, tront du jour au lendemain. Les sceptiques pourront faire le but fondamental étant d’établir des données de référence remarquer que, jusqu’à présent, le discours sur les opportu- et de mesurer les progrès accomplis dans la lutte contre le nités offertes par le changement climatique n’a débouché sur changement climatique. l’adoption, par les principaux pays à revenu élevé, d’aucune La fi xation d’un objectif mondial s’avère particulière- mesure concrète qui permettrait aux pays en développement ment utile lorsqu’il s’agit d’évaluer les engagements pris de saisir ces opportunités. par les pays à revenu élevé face à l’ampleur du problème. Qui plus est, même si les pays sont convaincus par les Toutefois, comme indiqué au chapitre 4, un simple calcul arguments en faveur d’une attitude opportuniste, ils conti- montre que la fi xation d’un tel objectif a des répercussions nueront probablement, pour des raisons stratégiques, à plai- sur les pays en développement. L’écart entre l’objectif global der haut et fort pour un partage de la charge adapté à leurs de réduction et la somme des objectifs établis pour les pays fins pour négocier les accords les plus avantageux possibles à revenu élevé devra être comblé par les pays en développe- même s’ils s’organisent, sans le proclamer, pour saisir les ment. C’est pourquoi plusieurs de ces derniers s’opposent à opportunités qui se présentent. Il est donc peu probable cette approche qui est, à leur avis, un moyen détourné de que l’exploitation des opportunités supplante le partage de les obliger à prendre des engagements, ou insistent pour que la charge en tant qu’argument dominant, du moins à court soit mené, en parallèle, un examen du cadre d’allocation10. terme – elle n’offre qu’un motif ténu de redéfinir des posi- Leur attitude tient moins à leur opposition à la fi xation tions politiques profondément enracinées dans le domaine d’un objectif mondial qu’à leur crainte que l’expression du du changement climatique. problème en termes d’objectifs prévisionnels ne conduise Il est toutefois important de s’engouffrer dans la brèche, à traduire toutes les actions en réductions d’émissions en aussi étroite soit-elle. La perspective de tirer des opportu- valeur absolue et, donc, à imposer un plafond implicite aux nités économiques du problème du changement climatique émissions des pays en développement. pourrait être l’incitation ultime nécessaire aux politiques Le défi climatique se présente de manière très diffé- pour s’atteler à la dure tâche qui consiste à placer les rente lorsque l’on se place dans une perspective de déve- économies et les sociétés sur une trajectoire menant à un loppement. Un nouveau courant de pensée, issu d’une avenir sobre en carbone. Il est beaucoup plus difficile de réflexion intellectuelle riche et complexe sur les questions convaincre quiconque de passer à l’action s’il n’y trouve de développement, met l’accent sur les institutions et leur aucun avantage. Et il est important de passer à l’action inertie qui bloque le développement (chapitre 8). Dans pour que se constituent des groupes d’intérêt détermi- cette optique, les « règles du jeu » officielles et les normes nés à promouvoir un avenir sobre en carbone, déclencher informelles, notamment culturelles, sont d’importants un processus d’expérimentation, accroître les coûts que facteurs déterminants des incitations économiques, des doivent assumer ceux qui ne suivent pas, et générer un transformations institutionnelles, de l’innovation tech- effet d’entraînement. Si la thèse opportuniste n’est pas sans nologique et des mutations sociales. La politique est au faille, elle peut néanmoins empêcher que l’argument du cœur de ce processus, puisque différents acteurs s’orga- partage de la charge continue de prédominer dans le débat nisent pour transformer les institutions et les incitations, sur le climat (encadré 5.2). au même titre que la vision intellectuelle de ce que ces acteurs peuvent apporter dans le cadre de leur participa- Évolution climatique prévisible et processus tion au processus de développement. Trois points essen- de développement imprévisible tiels méritent d’être soulignés à cet égard. Tout d’abord, Le partage de la charge résulte du cadre environnemental le développement est un processus de transformation qui dans lequel le problème climatique est replacé ; ce dernier s’effectue essentiellement de bas en haut. En second lieu, rend nécessaire la fi xation d’objectifs de réduction des émis- le développement dépend dans une mesure cruciale de sions en valeur absolue pour éviter un changement clima- l’histoire des sociétés et des structures institutionnelles tique catastrophique. Sur la base des recommandations du antérieures, ce qui limite grandement l’intérêt de modèles Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du standard – aucune stratégie n’est applicable à tous. Enfi n, climat (GIEC) , certains pays et analystes ont plaidé pour cette conception du changement vaut aussi pour les pays l’adoption d’un objectif global limitant la hausse des tempé- à revenu élevé, même si le défi posé par les imperfections ratures mondiales à un maximum de 2 °C, ce qui implique et les carences institutionnelles semble moins redoutable RapportMonde_LIVRE2.indb 237 16/09/10 12:40 238 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 5.2 Mécanismes proposés pour le partage de la charge Contraction et convergence Chine (10 %). La proportion des réductions • Accorder la priorité aux besoins essen- Le mécanisme de « contraction et imputable à l’Inde serait de l’ordre de 1 %. tiels signifie que la répartition des convergence » alloue à chaque être droits d’émission doit tenir compte des Proposition du Brésil : humain la même quantité de droits différences entre les environnements une responsabilité historique d’émission de gaz à effet de serre, de sorte naturels. En 1997, durant les négociations qui ont que, à terme, tous les pays auront la même Si l’on considère uniquement les émissions abouti au Protocole de Kyoto, le Brésil quantité d’émissions par habitant. Le de CO2 associées aux combustibles a proposé d’utiliser la « responsabilité volume total des émissions se contractera fossiles, et si ces émissions atteignent leur historique » comme base de répartition progressivement et les émissions par maximum en 2015 puis sont ramenées à des coûts d’atténuation entre les pays habitant convergeront vers la même 50 % du niveau de 2005 à l’horizon 2050, le visés à l’Annexe I (c’est-à-dire les pays quantité. La valeur effective vers laquelle budget carbone annuel par habitant pour pour lesquels des objectifs fermes avaient les émissions par habitant convergeront, la période 1900-2050 sera de 2,33 tonnes été fixés). Le but était de prendre en la trajectoire à suivre pour l’atteindre et de CO2. Les allocations de carbone compte « la relation entre les émissions l’horizon retenu sont autant de paramètres initiales devraient être, pour chaque de gaz à effet de serre des Parties sur une négociables. pays, proportionnelles à la population de période donnée et l’effet de ces émissions Droits au développement dans le sur le changement climatique, mesuré l’année de référence, et ajustées au titre contexte du changement climatique par l’accroissement de la température de facteurs naturels tels que le climat, Selon le Cadre des droits au moyenne mondiale à la surface ». les conditions géographiques et les développement dans le contexte du L’originalité de cette proposition tient à la ressources naturelles. changement climatique (« Greenhouse méthode utilisée pour répartir les coûts Les pays en développement qui, pour Development Rights »), il ne devrait pas de réduction des émissions entre les la plupart, affichent jusqu’à présent des être demandé aux pays qui s’évertuent pays, qui établit l’objectif d’émission de émissions inférieures aux limites du à faire reculer la pauvreté d’allouer en chaque pays visé à l’Annexe I en fonction budget carbone et ont, de ce fait, droit priorité leurs ressources limitées à la de la contribution relative de ces pays au à une croissance économique et à la lutte contre le changement climatique. réchauffement mondial. production d’émissions, sont contraints de Il faudrait, au contraire, que ce soit les Le Brésil avait inclus dans sa proposition transférer leurs crédits carbone aux pays pays plus riches, qui ont une plus grande un « modèle de décision » pour déterminer développés pour couvrir les excès passés capacité contributive et sont bien plus les objectifs d’émission des pays et un de ces pays et assurer la satisfaction à responsables du stock de carbone « modèle convenu de changement l’avenir de leurs propres besoins essentiels. accumulé à ce jour d’assumer la plus climatique » pour estimer la contribution La dette accumulée représente quelque grande partie des coûts d’un programme d’un pays au réchauffement planétaire. 460 gigatonnes de CO2, soit 59 000 mondial d’atténuation et d’adaptation. milliards de dollars (au coût actuel Budget carbone de 13 dollars la tonne). Ce chiffre est L’originalité de ce cadre tient au fait Selon un groupe de recherche de nettement supérieur au montant de qu’il définit et calcule les obligations l’Académie chinoise des sciences sociales : l’aide financière fournie aux pays en nationales sur la base du revenu des personnes et non du revenu national. • Les droits d’émission de gaz à effet de développement au titre de la lutte contre La capacité contributive d’un pays (les serre sont un droit fondamental qui le changement climatique. ressources qu’il peut investir sans devoir assure la survie et le développement. Les niveaux toujours importants des renoncer à satisfaire les besoins essentiels) Le but est d’assurer l’égalité entre les émissions par habitant dans les pays à et sa responsabilité (sa contribution êtres humains et non entre les pays. revenu élevé pourraient être en partie au problème climatique) sont donc compensés sur le marché du carbone. Mais • Pour promouvoir l’égalité entre les déterminées par l’excédent du revenu il faudra probablement imposer des taxes êtres humains, il est crucial de garantir national ou des émissions nationales par progressives sur le carbone, et prendre les droits de la génération actuelle. Une rapport à un « seuil de développement ». en compte les émissions excédentaires ligne d’action envisageable pour pro- Ce seuil est estimé à environ 20 dollars dans le cadre du prochain cycle de mouvoir un développement durable et par personne et par jour (soit 7 500 dollars négociations. ralentir les changements climatiques par personne et par an), et les émissions consiste à maîtriser la croissance sont considérées être proportionnelles Sources : Contraction and convergence : démographique. au revenu. Selon l’indice de capacité- Meyer 2001. Greenhouse development responsabilité établi sur la base de ce • Étant donné les richesses accumulées rights : Baer, Athanasiou et Kartha 2007. modèle, les États-Unis devront assurer pendant les phases d’un développe- Brésil : Proposition du Gouvernement 29 % de la réduction des émissions ment qui ont généré des émissions de brésilien soumise à la CCNUCC en 1997 mondiales nécessaires à l’horizon 2020 gaz à effet de serre, il ne sera possible (http://unfccc.int/cop3/resource/docs/1997/ pour limiter le réchauffement à 2 °C, suivis de parvenir à l’égalité aujourd’hui qu’en agbm/misc01a3.htm, consulté le 7 juillet de l’Union européenne (23 %) et de la assurant l’équité au regard du dévelop- 2009). Carbon budget : tiré de Jiahua et Ying pement passé, actuel et futur. 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 238 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 239 dans leur cas et si l’action publique et les signaux par les En outre, l’idée même d’un objectif implicite défini par la prix décidés en haut lieu sont considérés comme les prin- différence entre l’objectif de réduction mondial et les réduc- cipaux moteurs de changement. tions d’émissions des pays à revenu élevé ne peut qu’encou- Considéré sous cet angle, un développement sobre en rager des manipulations stratégiques : les pays auront en carbone dans les pays en développement sera un processus effet intérêt à persuader la communauté internationale que de longue haleine, qui se prêtera moins facilement à une les actions qu’ils peuvent mener sont très limitées et seront action déterminée par des objectifs et des calendriers fi xés très coûteuses. par les autorités que dans les pays à revenu élevé. Il ne sera Pour concilier ces deux perspectives, il pourrait être en fait possible d’orienter le développement vers une trajec- nécessaire de suivre un modèle imbriqué à deux niveaux toire à faible intensité de carbone qu’en intégrant cet objectif à court ou à moyen terme, au moins jusqu’en 2020. dans les processus de développement de plus vaste portée Conformément au principe des « responsabilités communes auxquels participent déjà les administrations, les entre- mais différenciées » énoncé dans la CCNUCC, les pays à prises, la société civile et les citoyens. En d’autres termes, il revenu élevé pourraient s’engager à planifier en priorité leurs faut intégrer la composante climatique dans le développe- mesures de réduction des émissions de carbone pour assu- ment. Cette démarche peut être illustrée par le replacement rer leur prévisibilité et garantir, dans une certaine mesure, de l’aménagement urbain dans le contexte d’un avenir sobre que le monde est sur la trajectoire requise pour relever le en carbone, c’est-à-dire le regroupement des lieux de travail défi climatique. Les cibles fi xées pour le court et le moyen et des lieux de vie pour réduire les besoins de transport, la termes, pour 2020 et 2030, sont dans ce cas aussi impor- construction de bâtiments « verts » et la formulation d’op- tantes que l’objectif visé pour 2050 parce qu’il est plus utile tions de transports publics (voir chapitre 4) par opposition à de réduire les émissions de carbone plus tôt que plus tard, et la poursuite d’une approche guidée par des objectifs à court parce que les mesures prises en ce domaine contribueront terme qui pourraient, par exemple, privilégier l’utilisation peut-être à donner confiance aux pays en développement. de voitures plus économiques en carburant dans les infras- Ces derniers pourraient suivre une deuxième voie, comme tructures urbaines existantes. expliqué plus loin dans ce chapitre, en définissant leurs prio- Comme l’explique le chapitre 4, ces deux approches sont rités pour réorienter leurs économies et leurs sociétés vers nécessaires, l’une pour produire des résultats à court terme un développement sobre en carbone. et l’autre pour permettre les transformations indispensables Il convient de souligner que ces démarches n’ont pas à long terme. Les deux perspectives sont donc complémen- nécessairement pour effet de remettre en cause les niveaux taires. Une perspective climatique peut amener à préconiser de vie et qu’elles ne doivent en aucun cas les compromettre ; toute une série de mesures à court terme applicables, pour au contraire, elles doivent viser systématiquement à explo- l’essentiel, dans la plupart des pays moyennant un ajuste- rer les avantages que le développement peut avoir sur le plan ment minimal, et qui procurent des avantages au plan du du changement climatique. Dans cette optique à plus long développement. Bon nombre de ces mesures concernent la terme, les pays en développement pourraient avoir pour maîtrise de l’énergie, telles que l’amélioration des codes du objectif connexe de convenir des « meilleures pratiques » à bâtiment, l’adoption de normes de fabrication des appareils court terme – notamment aux fins de la maîtrise de l’éner- ménagers, etc.11. Qui plus est, ces mesures peuvent s’inscrire gie – qui ont des effets positifs tant sur le développement que dans une démarche à plus long terme menant à repenser le sur le climat. S’ils convenaient de résolument poursuivre de développement dans une optique climatique. telles mesures, ils rassureraient dans une certaine mesure le Toutefois, le désir d’agir à brève échéance et le souci de monde que certains progrès prévisibles pourront être réali- promouvoir une action prévisible ne doit pas évincer ou sés à court terme dans le domaine climatique. exclure des mutations à plus long terme mais aussi plus fondamentales pour promouvoir un développement sobre Le problème du financement : conditionnalité en carbone. Or c’est bien là le risque auquel on s’expose en et adhésion cherchant trop à calibrer les efforts déployés par les pays en Les tensions décrites plus haut sont étroitement liées au développement par rapport à un objectif mondial à long problème du fi nancement de l’action climatique. Il est géné- terme. Comme indiqué précédemment, de nombreuses ralement admis que les pays à revenu élevé transfèreront des transformations ne peuvent pas être planifiées de haut en ressources au monde en développement dans le but précis de bas, de sorte qu’elles ne se prêtent pas à l’établissement de les aider à mener une action d’adaptation, et qu’ils fourniront calendriers et ne peuvent pas être facilement mesurées. En des financements distincts pour les mesures d’atténuation. fait, si l’accent est trop mis sur la nécessité de mesurer les Certains points restent toutefois à régler en ce qui concerne résultats et d’établir des prévisions, les pays concernés seront les volumes de financement disponibles et leurs sources et incités à limiter la portée de leurs interventions pour réduire aussi les modalités du contrôle des dépenses financées et les le plus possible le risque de ne pas tenir leurs engagements. bases de ce suivi. Ces questions sont examinées ci-dessous. RapportMonde_LIVRE2.indb 239 16/09/10 12:40 240 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Les autorités nationales des pays à revenu élevé tiennent à ment pas un moyen efficace d’amener les pouvoirs publics ce que les ressources que procurent leurs pays servent spéci- à prendre des mesures qui ne recueillent qu’un appui très fiquement à financer des mesures d’atténuation ou d’adap- limité au plan national. tation et produisent une réduction mesurable des émissions Il existe heureusement une meilleure façon de concep- ou de la vulnérabilité. Ils souhaitent donc superviser ces tualiser l’emploi des fonds climatiques. Tout d’abord, au lieu ressources, en particulier dans le climat d’austérité budgé- de chercher essentiellement à appliquer des mesures préé- taire actuel car les électeurs nationaux peuvent ne guère être tablies par un bailleur de fonds, il importe de structurer favorables à l’envoi de fonds à l’étranger. Cela vaut surtout les financements sur la base d’un processus qui encourage pour les financements destinés aux mesures d’atténuation. le pays bénéficiaire à formuler et à prendre en main son En fait, de nombreux pays à revenu élevé estiment que les propre programme de développement sobre en carbone. ressources publiques ne devraient contribuer que dans une Cette démarche est similaire à celle des stratégies de réduc- mesure limitée au financement des actions climatiques dans tion de la pauvreté examinées au chapitre 6, dans le cadre les pays en développement, jugeant préférable qu’une plus desquelles les bailleurs de fonds structurent leur aide sur la grande partie des fonds soit mobilisée par le biais des méca- base d’une stratégie conçue par le pays bénéficiaire et ayant nismes de marché. son adhésion. Cette démarche privilégierait un mécanisme Les pays en développement ont une vision totalement de gouvernance permettant aux bailleurs et aux bénéfi- différente de la raison d’être de ces financements qui, à leur ciaires des fonds d’examiner et de superviser conjointement sens, doivent les aider à s’ajuster à des conditions et à contri- le financement de l’action climatique. buer à atténuer un problème dont ils ne sont nullement Deuxièmement, le financement de l’action d’atténua- responsables. C’est pourquoi ils rejettent toute connotation tion doit à la fois promouvoir un développement sobre en d’assistance et s’opposent fermement à toute conditionnalité. carbone et soutenir des mesures d’atténuation bien déter- Ils considèrent au contraire que l’emploi de ces ressources minées dans les pays en développement. Il importe que les devrait être guidé par les priorités des pays bénéficiaires. prestataires et les bénéficiaires des fonds s’entendent sur des Certains arguments présentés à l’appui de l’une ou l’autre mesures concrètes qui atténuent les effets du changement position sont raisonnables. Il y a de bonnes raisons de ne climatique en même temps qu’elles contribuent au déve- pas replacer les transferts de fonds motivés par le change- loppement. De nombreuses mesures axées sur la maîtrise ment climatique dans le contexte de l’aide aux pays en déve- de l’énergie se prêteraient aisément à la réalisation d’un tel loppement car les pays à revenu élevé sont en grande partie objectif, comme indiqué précédemment. responsables du problème. Mais il serait politiquement diffi- Il sera plus difficile de trouver un terrain d’entente sur la cile aux pays à revenu élevé de donner leur blanc-seing sans manière de promouvoir un développement sobre en carbone demander la mise en place de dispositions permettant de car le processus est plus flou. L’examen de l’application de la rendre compte de l’emploi des fonds. Il pourrait être utile, conditionnalité montre toutefois qu’il ne sera possible d’as- pour sortir de cette impasse, d’examiner les enseignements surer une trajectoire de développement sobre en carbone qui peuvent être tirés du recours, dans le passé, à la condi- qu’en suivant une démarche permettant d’obtenir l’adhé- tionnalité en tant que moyen d’intervention. sion résolue des pays bénéficiaires. Les efforts déployés par Les positions prises par les pays en développement dans un certain nombre de pays, comme le Mexique et l’Afrique le débat climatique s’expliquent en partie par le lourd passé du Sud, pour formuler une stratégie à long terme de réduc- de la conditionnalité dans les débats sur le développement. tion des émissions de carbone sur la base de laquelle ils Pour la société civile et d’autres intervenants, la condi- identifient des mesures concrètes et sollicitent l’appui de la tionnalité, un instrument employé pour forcer la mise en communauté internationale, constituent un modèle intéres- œuvre de réformes impopulaires, fragilise la démocratie. sant. La suite de ce chapitre examine les voies qui peuvent Les conditions imposées n’ayant pas contribué de manière être empruntées pour formuler ces approches. particulièrement efficace à aider les gouvernements à entre- prendre des réformes politiquement difficiles, la condi- Options proposées pour intégrer l’action tionnalité a été abandonnée, moins de dix ans après son menée par les pays en développement adoption, pour faire place concept presque diamétralement dans l’architecture mondiale opposé de l’« adhésion » de l’emprunteur au programme de Pour que les pays en développement acceptent d’entre- réformes, qui est devenue une condition préalable à l’octroi prendre rapidement leur transition vers une trajectoire de financements à l’appui de réformes12. Il semble donc que de développement sobre en carbone, il importe de les l’on puisse déduire de cette expérience, aux fins du débat sur convaincre qu’il est concrètement possible d’intégrer la le changement climatique – ne serait-ce que pour des raisons lutte contre le changement climatique et le développement. purement pratiques, abstraction faite de toute notion de Et pour les encourager à prendre des mesures plus résolues, responsabilité – que la conditionnalité n’est tout simple- le régime climatique international doit faire intervenir de RapportMonde_LIVRE2.indb 240 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 241 nouvelles approches adaptées à leur situation. Tout effort permet, bien sûr, de réduire les émissions de gaz à effet de d’atténuation demandé aux pays en développement doit serre, mais elle procure aussi des avantages plus étroitement reposer sur « une bonne appréciation du contexte écono- liés aux objectifs de développement prioritaires des pays, tels mique et du cadre de gouvernance de leurs choix et de leurs que l’élargissement de l’accès à une énergie meilleur marché. priorités essentielles de développement13 ». Le futur régime Les pays pourraient, dans ce contexte, préparer différents doit être conçu de manière à reconnaître les effets déployés programmes d’action en fonction de leur situation, axés par les pays en développement pour réduire leurs émissions sur les objectifs fondamentaux du développement comme alors même qu’ils s’efforcent d’atteindre leurs objectifs de la croissance économique, la sécurité énergétique et l’amé- développement. lioration de la mobilité, qui, de surcroît permettraient de Dans le régime actuel, la fi xation d’objectifs d’émissions réduire les émissions. par pays qui sont définis par rapport aux niveaux des émis- Le problème fondamental consiste toutefois à trouver un sions de l’année de référence, comme dans le Protocole de moyen de concilier cette approche avec la nécessité impé- Kyoto, est le principal instrument de l’action d’atténuation. rieuse, comme expliqué au chapitre 4, de prendre immé- Cette approche basée sur les quantités de carbone produites diatement des mesures d’atténuation à l’échelle mondiale (c’est-à-dire la production d’émissions) vise fondamentale- car sinon il ne sera pas possible d’éviter que le réchauffe- ment à parvenir à stabiliser les concentrations de gaz à effet ment dépasse largement 2 °C (voir chapitre 4). Les nouvelles de serre dans l’atmosphère à un niveau tolérable14. La fi xation analyses des cadres à plusieurs vitesses et de l’impact de d’objectifs d’émissions par pays présente deux avantages : la prise d’engagements préalables, présentées ci-après, elle définit clairement le résultat écologique (à supposer que donnent à penser qu’une démarche souple pourrait s’avérer les objectifs soient atteints), et elle laisse aux pays une lati- efficace. tude considérable pour choisir les moyens d’exécution les mieux adaptés et les plus efficaces au plan des coûts. Cette Un cadre climatique intégré à plusieurs vitesses approche qui est définie par la poursuite d’objectifs précis Pour mieux intégrer les préoccupations de développement reste valable pour les pays développés. dans les efforts déployés face au changement climatique, Cette démarche, principalement climatique, est toutefois le régime climatique mondial doit devenir plus souple et jugée problématique pour les pays en développement, du prendre en compte des situations et des stratégies nationales moins en cette phase du régime climatique. De nombreux différentes, notamment dans le domaine de l’atténuation. Le pays en développement estiment que plafonner les émis- Protocole de Kyoto ne prévoit qu’un type d’engagement à des sions totales revient à plafonner la croissance économique. fins d’atténuation : le respect d’un plafond d’émission juri- Maintenant qu’ils ont prouvé qu’ils pouvaient être compé- diquement contraignant établi à l’échelle nationale. Si cette titifs, ils craignent que le programme climatique ne freine démarche est judicieuse en termes d’efficacité environne- leur croissance. Les principaux facteurs d’accroissement mentale et d’efficience économique, il est peu probable que des émissions dans ces pays sont, en effet, la production les pays en développement s’engagent sur cette voie, pour des d’énergie et la croissance économique – deux impératifs du raisons pratiques et politiques. développement. De surcroît, pour fi xer un objectif d’émis- Il est possible de concevoir un régime plus souple sions à l’échelle nationale et veiller à son respect, il faut permettant la poursuite d’approches différentes par des pouvoir mesurer, de façon précise et fiable, les émissions pays différents, qui revêtirait la forme d’un cadre « intégré à des projets réalisés dans l’ensemble de l’économie, ce qui plusieurs vitesses »15. De nombreux régimes internationaux n’est actuellement pas possible dans de nombreux pays en sont structurés de manière similaire. Par exemple, le régime développement. du commerce multilatéral comporte des accords ratifiés par Pour que les pays en développement s’investissent davan- tous les membres de l’Organisation mondiale du commerce tage dans le régime climatique, il peut être nécessaire de et des accords plurilatéraux conclus entre des sous-groupes poursuivre d’autres démarches, mieux adaptées à leur de pays membres. Le régime européen de la Convention sur situation, qui pourraient s’appuyer sur des mesures et des la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance stratégies déjà formulées ou appliquées au niveau national. et la Convention internationale pour la prévention de la Contrairement aux objectifs d’émissions, ces interven- pollution par les navires reposent sur des accords de base tions peuvent, en général, être considérées s’inscrire dans qui stipulent les clauses applicables à tous les membres et un programme d’action parce qu’elles portent sur les acti- sur des annexes définissant des obligations différenciées. vités qui produisent des émissions et non sur les émissions L’expérience acquise dans ces domaines est riche d’enseigne- proprement dites. Pour assurer la maîtrise de l’énergie, un ments pour les responsables de l’action climatique, bien que pays a, par exemple, la possibilité d’adopter une norme ou le régime climatique exige une architecture distincte répon- d’offrir des incitations dans le but de changer les compor- dant à un ensemble bien particulier d’impératifs politiques tements ou les technologies. Une politique de cette nature et stratégiques. RapportMonde_LIVRE2.indb 241 16/09/10 12:40 242 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 5.3 Les approches à plusieurs vitesses donnent de bons résultats au plan de l’efficacité et de l’équité Selon le modèle récemment établi normes de rendement énergétique et des du produit intérieur brut (PIB) mondial en par le Joint Global Change Research cibles d’utilisation de sources d’énergies 2050. Qui plus est, l’octroi de crédits sur la Institute du Battelle Memorial Institute en renouvelables). La nature et la rigueur base des stratégies poursuivies permet de collaboration avec le Pew Centre on Global des mesures varient selon les régions en redistribuer les coûts dans le monde ; ces Climate Change, un cadre climatique développement, qui reçoivent des crédits derniers sont donc sensiblement moins « intégré à plusieurs vitesses », dans d’émissions négociables pour une fraction élevés en pourcentage du PIB dans les lequel les pays développés s’engagent des réductions d’émissions obtenues régions en développement. Les premières à atteindre des objectifs d’émission grâce à ces mesures (celle-ci sera de 50 % années, les recettes générées par la vente définis au niveau national tandis que en 2020 mais diminuera par la suite pour de droits d’émission sont supérieures les pays en développement s’engagent devenir nul en 2050). aux coûts d’atténuation nationaux dans à poursuivre de nouvelles stratégies ne L’analyse montre que la réduction des certaines régions en développement, et comportant toutefois pas d’objectifs émissions mondiales en 2050 est presque engendrent donc des gains économiques quantifiés, permettra d’assurer une aussi importante que celle obtenue dans le nets. réduction des émissions mondiales scénario de la trajectoire idéale « efficace » compatible avec l’objectif de stabilisation qui ramène les concentrations à 450 ppm, Source : Calvin et al. 2009. des concentrations de gaz à effet de serre dans lequel les réductions d’émissions a. Le modèle ne couvre pas explicitement la à 450 ppm de CO2 à l’horizon 2100a. peuvent être effectuées là et quand elles hausse des températures. Une concentration Dans les scénarios proposés à l’échelle sont le moins onéreuses grâce à un système de 450 ppm de CO2 équivaut cependant à mondiale, les régions développées illimité d’échange des droits d’émission à une concentration de l’ordre de 550 ppm de ramènent leurs émissions à un niveau l’échelle du monde entier. Globalement, CO2e (qui mesure le volume total des gaz à inférieur de 20 % à celui de 2005 d’ici les coûts jusqu’à la fin 2050 sont plus effet de serre, pas seulement le volume de à 2020, et inférieur de 80 % à ce même élevés que dans le scénario de la trajectoire CO2) et, donc, à une augmentation possible niveau d’ici à 2050 ; les régions en efficace, ce qui souligne l’importance, à des températures d’environ 3 °C. Au moment développement adoptent différents trains terme, de prendre en compte la totalité des de la publication du présent rapport, aucun de mesures visant les secteurs de l’énergie, émissions et de promouvoir un système calcul n’avait été fait pour une concentration du transport, de la production industrielle mondial d’échange de tous les droits de 450 ppm de CO2e ; à ce dernier niveau, et du bâtiment, qui consistent à établir d’émission. Cela étant, malgré cette perte la probabilité que le réchauffement reste des objectifs d’intensité de carbone, des d’efficacité, les coûts restent inférieurs à 2 % inférieur à 2 °C est de 40 à 50 %. De manière générale, un régime climatique à plusieurs particuliers ou formuler des stratégies générales de vitesses pourrait comporter au moins deux processus d’at- développement à faible intensité de carbone identifiant ténuation différents : les secteurs et les mesures prioritaires ainsi que l’appui • Processus d’atténuation basé sur la réalisation des objec- nécessaire pour les mettre en œuvre. tifs. Pour les pays développés et les autres pays disposés à D’après les modèles récemment construits pour repré- s’engager sur cette voie, il s’agirait d’établir des objectifs senter ce cadre hybride, les approches à plusieurs vitesses d’émissions contraignants au niveau national, en valeur donnent de bons résultats sur le plan de l’efficience environ- absolue, qui succéderaient aux objectifs fi xés pour la nementale et de l’équité, et les pertes d’efficacité observées première période d’engagement du Protocole de Kyoto. peuvent être un prix raisonnable à payer pour assurer l’ad- Les pays pour lesquels de tels objectifs auraient été fi xés hésion générale à des stratégies qui mettent tous les pays sur auraient pleinement accès aux mécanismes internatio- la trajectoire requise pour obtenir une concentration de gaz naux d’échange de droits d’émission prévus par l’accord. à effet de serre de 450 parties par million (ppm) de CO2 ou • Processus d’atténuation basé sur un programme straté- de 550 ppm de CO2e (encadré 5.3). gique. Les pays optant pour ce processus d’atténuation D’autres modèles montrent aussi de façon convaincante s’engageraient à poursuivre des politiques et des mesures qu’un cadre à plusieurs vitesses peut être très efficace s’il ayant leur adhésion, qui auraient pour effet de réduire les permet de déterminer dans une certaine mesure le moment niveaux d’émissions ou de ralentir leur progression. Ces où un pays pourra devenir partie à un accord juridiquement programmes, qui seraient poursuivis au niveau secto- contraignant16. Cette réduction de l’incertitude a pour effet riel ou au niveau national, pourraient donner lieu, par d’abaisser le coût que devra assumer un pays pour deve- exemple, à l’adoption de normes de rendement énergé- nir partie à un tel accord à l’avenir parce que la période de tique, d’objectifs en matière d’énergies renouvelables, transition sera plus longue et que les investisseurs pourront de mesures budgétaires et de politiques d’utilisation des prendre leurs décisions en fonction des stratégies qui seront terres. Les pays pourraient proposer des trains de mesure probablement suivies et, ce faisant, réduire les coûts assu- RapportMonde_LIVRE2.indb 242 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 243 més, à terme, par ce pays au titre d’actifs devenus improduc- par des moyens qu’ils jugent compatibles avec leurs objec- tifs ou d’opérations d’adaptation des équipements existants. tifs de développement. Ensuite, il permet à chaque pays de Un accord global devra couvrir, outre les processus présenter un programme défini au plan national, adapté à sa d’atténuation : situation, aux moyens dont il dispose et à ses capacités d’adap- • un programme d‘adaptation pour aider les pays vulné- tation. Troisièmement, s’il est associé à un robuste système de rables à planifier et mettre en œuvre des mesures soutien, ce mécanisme permettra aux pays d’intensifier leurs d’adaptation actions ou de procéder par étapes en accroissant l’impact de • des activités habilitantes plurisectorielles axées sur la ces dernières parallèlement à l’augmentation de l’appui qu’ils fourniture d’un appui aux pays en développement dans reçoivent. Enfin, s’il trace une trajectoire de renforcement de les domaines technologiques et financiers et dans celui du l’action d’atténuation des pays en développement, il n’impose renforcement des capacités pas à ces derniers de plafonds d’émissions contraignants qui, • des moyens de mesurer, déclarer et vérifier les mesures pour ces pays, constituent un obstacle injustifié à leur crois- d’atténuation des pays en développement, et de soutenir sance et à leur développement. les efforts en ce domaine conformément aux dispositions Différents arguments en faveur d’une approche repla- du Plan d’action de Bali. çant l’atténuation dans un programme stratégique ont été Il a été établi au chapitre 4 qu’il sera pratiquement présentés dans des travaux de recherche. L’un d’entre eux impossible d’éviter que le réchauffement ne soit sensible- préconise une approche intitulée « politiques et mesures de ment supérieur à 2 °C si les pays en développement tardent développement durable » (sustainable development policies à agir. Les cadres à plusieurs vitesses permettent d’interve- and measures, ou SD-PAM) qui propose la prise d’enga- nir rapidement tout en privilégiant les options qui ne font gements volontaires par les pays en développement17. Une que des gagnants. Les modèles et les démarches examinés ici autre parle d’« engagements dans le cadre d’un programme montrent que la poursuite d’approches à plusieurs vitesses stratégique », et recommande un programme de mesures qui conjuguée à l’adoption de stratégies tournées vers l’avenir pourrait être identique à celui considéré dans une approche et prévisibles offrent de bons moyens de concilier la néces- SD-PAM mais qui serait intégré dans le cadre international sité d’agir rapidement et la nécessité de donner la priorité au sous forme d’engagements et non de mesures volontaires18. développement et à la réduction de la pauvreté. Après l’adoption du Plan d’action de Bali, les pays ont présenté des propositions concernant différents aspects du Activités d’atténuation dans le cadre d’un programme processus à suivre pour concrétiser en termes opérationnels stratégique une approchée fondée sur un programme stratégique dans le Pour avoir une vision exacte des efforts d’atténuation cadre d’un futur accord climatique19. déployés par les pays en développement et les promouvoir, Pour pouvoir concevoir une nouvelle démarche fondée il est nécessaire d’incorporer dans le régime climatique une sur des programmes stratégiques dans un cadre climatique nouvelle catégorie d’actions d’atténuation suffisamment international évolutif, les pays devront examiner plusieurs large et souple pour inclure toute une gamme d’interven- questions interdépendantes, notamment : tions. De nombreux pays en développement ont entrepris • le processus que doivent suivre les pays pour présenter d’identifier des politiques et des mesures de portée natio- leurs politiques et mesures et veiller à leur intégration nale qui ont été prises, ou pourraient l’être, pour des motifs dans le cadre international qui, même s’ils ne sont pas exclusivement ou même princi- • la nature juridique de ces politiques et mesures palement dictés par les préoccupations climatiques, contri- • les liens entre ces politiques et mesures et d’autres méca- buent néanmoins aux efforts d’atténuation. Ces politiques nismes conçus pour fournir des incitations et un appui à et mesures ayant une dimension nationale, elles reflètent leur mise en œuvre fondamentalement la situation du pays ainsi que ses objec- • les normes et mécanismes de mesure, de déclaration et tifs et priorités de développement. De fait, bon nombre de vérification des politiques et des mesures prises, et le d’entre elles sont motivées par la poursuite d’objectifs de soutien de ces efforts. développement tels que l’accès à l’énergie et la sécurité éner- gétique, l’amélioration de la qualité de l’air, l’amélioration Processus de présentation de mesures stratégiques. Pour des services de transport et une exploitation durable des que les mesures stratégiques nationales puissent être forêts ; leur effet d’atténuation est un avantage accessoire. acceptées dans le cadre international, il faut que les autorités Un mécanisme permettant d’intégrer dans le cadre inter- nationales mettent en place une procédure qui leur permette national des stratégies dictées par des politiques nationales de les présenter et, éventuellement, de les soumettre à de cet ordre présente quatre avantages pour les pays en déve- l’examen d’autres parties en vue de leur acceptation. Durant loppement. Tout d’abord, il donne à ces pays la possibilité de les négociations, certaines parties ont proposé de créer un contribuer à l’effort de lutte contre le changement climatique « registre » dans lequel les pays inscriraient les mesures RapportMonde_LIVRE2.indb 243 16/09/10 12:40 244 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E d’atténuation adaptées qu’ils prévoient ou proposent de juridiquement contraignants. De fait, les propositions mettre en œuvre20. formulées par ces derniers pays durant les négociations qui Une question cruciale se pose à cet égard : les mesures ont suivi la Conférence de Bali, notamment la proposition proposées doivent-elles être présentées durant les négocia- de création d’un registre des mesures d’atténuation des pays tions d’un nouvel accord ou en sont-elles l’aboutissement ? en développement, soulignent le caractère volontaire de ces La deuxième option pourrait être préférable pour la plupart mesures. des pays en développement. Dans ce scénario, un nouvel Le Plan d’action de Bali n’exclut toutefois pas expressé- accord établirait des objectifs d’émissions contraignants ment la prise d’engagements par des pays en développement, pour les pays développés, des mécanismes d’appui aux contrairement au Mandat de Berlin de 1995 qui a défini efforts d’atténuation et d’adaptation des pays en développe- le cadre des négociations débouchant sur le Protocole de ment, et la procédure à suivre par ces derniers pour, à ce Kyoto. Durant le cycle de négociations en cours, certains stade, définir leurs mesures d’atténuation. Les pays dévelop- pays développés ont déclaré que les mesures adoptées par pés pourraient toutefois manifester de la réticence à accepter certains pays en développement devraient avoir un caractère des objectifs d’émissions contraignants tant que les princi- contraignant22. Les pays en développement ne sont cepen- paux pays en développement n’auront pas accepté de présen- dant guère enclins à s’engager dans cette voie, du moins à ter les mesures qu’ils prendront. Dans ce cas, le processus de ce stade. formulation de ces mesures pourrait s’inscrire dans le cadre des négociations, l’objectif étant de parvenir à un accord Liens avec les mécanismes d’appui. Il ne sera possible général qui comporte des objectifs contraignants pour les aux pays en développement de déployer de robustes efforts pays développés et des mesures stratégiques bien définies que si la communauté internationale leur fournit un appui pour les pays en développement. plus résolu. Il est d’ailleurs indiqué, dans le Plan d’action Dans un cas comme dans l’autre, les parties doivent aussi de Bali, que les mesures d’atténuation prises par les pays en décider si le processus doit être totalement ouvert, c’est-à-dire développement doivent être « soutenues et rendues possibles ne limiter en aucune manière les catégories de politiques ou par des technologies, des moyens de financement et un de mesures que les pays peuvent proposer ou, au contraire, renforcement des capacités ». Les mécanismes qui pourraient quelque peu circonscrit. Une option envisagée durant les permettre de mobiliser cet appui sont examinés ci-dessous. négociations consiste à établir un menu ou « palette » de Si les parties optent pour l’adoption de programmes mesures d’atténuation pouvant être adoptées par les pays en d’atténuation stratégiques par les pays en développement, développement21. Le menu en question pourrait se compo- il leur faudra également déterminer comment associer les ser de grandes catégories ; les parties seraient invitées à en mesures prises dans le cadre de tels programmes à des flux choisir certaines et à proposer, pour chacune, des mesures d’appui particuliers. ou des plans d’action détaillés. Il pourrait alors être utile, Tout processus conçu pour permettre aux pays de propo- pour assurer la cohérence du processus et permettre d’éta- ser des mesures d’atténuation pourrait aussi identifier les blir des comparaisons, d’établir des modèles pour faciliter la moyens d’appuyer ces mesures et l’ampleur de cet appui. Par description par les pays de leurs mesures d’atténuation. exemple, un pays inscrivant une proposition dans le registre Il importe également de quantifier l’impact escompté des des mesures d’atténuation pourrait indiquer la nature et le mesures d’atténuation sur les émissions. Bien que les pays qui niveau de l’appui nécessaire pour sa mise en œuvre. Un pays ont un programme stratégique ne s’engagent pas à atteindre pourrait aussi préciser l’intensité de l’effort qu’il est disposé des objectifs d’émission spécifiques, les autres parties à accomplir au moyen de ses propres ressources et le surcroit voudront connaître l’impact probable de leurs mesures sur d’effort qu’il serait prêt à faire s’il bénéficiait d’un soutien. leurs émissions. Les pays poursuivant un programme straté- Il serait également possible d’envisager un scénario dans gique devraient, à tout le moins, être disposés à présenter des lequel l’inscription d’une ligne d’action au registre déclenche projections. Ces dernières pourraient aussi être établies ou une procédure d’examen par un organe désigné à cet effet, vérifiées par un organe intergouvernemental ou une autre menée sur la base de critères convenus afin de déterminer entité indépendante, selon le type de procédure adopté. l’aide dont le pays concerné a besoin compte tenu de sa situa- tion et de ses capacités. Ces différentes approches permet- Nature juridique. Le Plan d’action de Bali fait une traient toutes de fournir un appui du niveau requis pour les distinction entre « des engagements ou des initiatives mesures proposées. d’atténuation appropriés au niveau national » de la part des Mesure, notification et vérification. Les parties sont pays développés et « des mesures d’atténuation appropriées convenues à Bali que les mesures d’atténuation prises par les au niveau national » de la part des pays en développement. pays développés et les pays en développement – et le soutien Cela implique que les mesures prises par les pays en en faveur de l’action menée par ces derniers – doivent être développement ne revêtiront pas la forme d’engagements « mesurables, notifiables et vérifiables » ). La mise en place RapportMonde_LIVRE2.indb 244 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 245 de mécanismes de mesure, notification et vérification effi- large mesure, des types et des mécanismes de soutien rete- caces peut susciter la confiance des parties dans les efforts nus. Si l’aide accordée par des circuits bilatéraux est prise en déployés par les autres parties et dans le régime global. Pour compte dans le cadre d’un nouvel accord, il faudra définir bien fonctionner, ces mécanismes doivent concilier les impé- des critères pour distinguer les apports « liés au climat » des ratifs de transparence et d’obligation de rendre compte et le apports « nouveaux et supplémentaires ». De manière géné- souci normal des parties de maintenir leur souveraineté. rale, il sera plus facile de vérifier l’appui fourni par le biais Dans le régime actuel, les informations que doivent four- d’un instrument multilatéral, comme une taxe internatio- nir les pays en développement sont relativement limitées nale sur les émissions de carbone ou la vente aux enchères – les « communications » nationales (y compris les inven- des quotas d’émission internationaux. taires des émissions) ne sont pas fréquemment soumises et ne font pas l’objet d’un examen. Il est probable que, dans Appui à l’action d’atténuation dans les pays en le cadre d’un nouvel accord, le mécanisme de mesure, noti- développement fication et vérification des mesures d’atténuation des pays La capacité des pays en développement de formuler et en développement poursuivant un programme stratégique de mettre en œuvre des mesures d‘atténuation efficaces exigera une démarche plus rigoureuse. Les parties doivent dépendra en partie de la fourniture par la communauté commencer par déterminer les actions qui seront mesurées internationale d’un appui adéquat et prévisible. Cet appui et vérifiées. Certains pays en développement ont fait valoir s’inscrira dans trois grandes catégories : financements, trans- que le mécanisme de mesure, notification et vérification ne fert de technologies et renforcement des capacités, qui pour- devrait s’appliquer qu’aux activités pour lesquelles ils reçoi- raient couvrir l’analyse des possibilités d’atténuation dans vent un soutien. Il leur faudra aussi décider si le travail de le but d’identifier les opportunités de réduire les émissions vérification sera effectué par le pays, un organe international de gaz à effet de serre au moindre coût tout en maximisant ou une tierce partie. Dans certains régimes internationaux, les avantages connexes, la formulation et la mise en œuvre les parties procèdent elles-mêmes à la vérification de leurs des stratégies de réduction de ces émissions, la diffusion et le actions en appliquant des systèmes nationaux qui doivent déploiement des meilleures technologies disponibles, ainsi être conformes aux directives internationales. Dans d’autres que la mesure et la vérification des actions d’atténuation et régimes, des groupes d’experts examinent les informations de leur contribution accessoire à un développement durable. communiquées par les parties (c’est le cas, notamment, des Pour assurer un appui adéquat, il faudra mettre en communications nationales et des inventaires d’émissions place une gamme de mécanismes permettant de générer et soumis par les pays développés conformément à la CCNUCC d’acheminer des fonds publics de manière à pouvoir mobi- et au Protocole de Kyoto). liser les investissements privés qui, dans tous les scénarios, Troisièmement, il importe de déterminer les indicateurs constituent les principaux flux de ressources disponibles devant être mesurés, quelle que soit la méthode de vérifi- pour financer le passage à un monde sobre en carbone (voir cation retenue. L’option des programmes stratégiques se chapitre 6). Les financements nécessaires au régime clima- justifie, entre autres, par le fait qu’elle permet aux parties tique ont deux sources principales – les fonds publics et de suivre les lignes d’action les mieux adaptées à leur situa- les mécanismes basés sur le marché – qui devront, l’une et tion et à leurs objectifs de développement. La diversité des l’autre, générer des ressources considérablement plus élevées mesures qui s’ensuit créée cependant des problèmes de dans le cadre d’un nouvel accord. mesure, notification et vérification car il faut employer des indicateurs différents pour mesurer et vérifier des types Financements publics d’action différentes (normes de rendement énergétique, Il importera, dans le cadre de tout nouvel effort interna- objectifs d’utilisation d’énergies renouvelables ou taxes sur tional, d’accroître considérablement l’ampleur du soutien le carbone). La structure du mécanisme de mesure, noti- sous forme de financements publics en faveur des pays en fication et vérification dépend donc dans une très large développement. Différentes questions se posent, à cet égard, mesure de la manière dont les lignes d’action sont définies. qui concernent notamment les sources, les critères et les Ces dernières doivent toutefois, elles aussi, être mesurables instruments de financement, les liens avec les financements et vérifiables, et cet impératif pourrait influencer fortement privés, et la gestion et la gouvernance de tout nouveau méca- la manière dont les parties décident de les définir. Replacer nisme de financement (chacun de ces point est examiné en les diverses mesures dans des catégories acceptables dans le détail au chapitre 6). La présente section récapitule certaines cadre de programmes stratégiques, par exemple en établis- observations. sant un menu d’options, pourrait simplifier le processus de La plupart des ressources dégagées dans le cadre du régime mesure, notification et vérification. climatique résultent des promesses de contribution des pays La mesure et la vérification de l’appui fourni par les pays donateurs, de sorte que les flux générés sont insuffisants et développés dépendront, de même, probablement dans une imprévisibles. Plusieurs propositions à l’étude pourraient RapportMonde_LIVRE2.indb 245 16/09/10 12:40 246 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E produire des flux plus réguliers. Il est suggéré, par exemple, à ces problèmes, les parties ont commencé par approuver de baser les engagements pris en termes de financements l’adoption d’un cadre de « programme » pour le MDP, qui sur des critères d’évaluation convenus, de prélever une taxe permet de regrouper des activités multiples menées à diffé- sur les transports aériens internationaux ou d’autres activi- rents moments et en différents sites. Les réductions d’émis- tés sources d’émissions de gaz à effet de serre, ou encore de sions sont toutefois encore mesurées sur la base d’activités vendre aux enchères une partie des quotas d’émissions inter- distinctes. nationaux alloués aux pays développés. Une autre option D’autres modèles sont maintenant à l’étude, parmi – prônée par les pays en développement à la Conférence lesquels l’octroi de crédits d’émissions au niveau de secteurs des Nations Unies sur les changements climatiques tenue à ou de programmes stratégiques. En permettant que des Poznan (Pologne) en décembre 2008 – consiste à appliquer le crédits d’émissions soient générés sur la base de stratégies système actuel de prélèvements au titre du MDP) aux autres ou d’autres grands programmes, une approche de ce type mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto fondés sur encouragerait et soutiendrait le déploiement d’efforts de le marché (régime international d’échange de droits d’émis- réduction des émissions à plus grande échelle. Si l’on adop- sion et application conjointe)23. tait une approche sectorielle, par exemple, les émissions La création de nouveaux fonds permettrait de déployer seraient mesurées pour tout un secteur national, et des différents instruments de financement tels que des subven- crédits seraient attribués au pays considéré dès lors que les tions, des prêts concessionnels, des garanties de prêt ou émissions de ce secteur tomberaient à un niveau inférieur à autres instruments d’atténuation des risques, selon le un niveau de référence convenu. (Cette approche est parfois type d’activité à financer. Dans le domaine des technolo- qualifiée de « procédure d’octroi de crédits d’émissions gies, il serait possible de facturer l’accès à des technologies sectoriels sans pénalisation » parce qu’elle ne pénalise pas les couvertes par des droits de propriété intellectuelle ainsi que pays dont les émissions dépassent le niveau de référence.) Le l’utilisation de ces technologies et le savoir-faire correspon- niveau de référence convenu pourrait être celui du scénario dant. Les grands critères de sélection des activités à fi nancer du laisser-faire, auquel cas le pays serait récompensé pour pourraient comprendre, notamment, les projections de la toute réduction par rapport aux niveaux d’émissions indi- réduction des émissions par dollar investi, la contribution qués par les projections. Il serait aussi possible de fi xer ce d’un projet aux objectifs de développement durable du pays niveau en dessous de celui du scénario de laisser-faire, ce hôte, ou la capacité d’un projet à mobiliser des financements qui obligerait les pays à réduire leurs émissions avant d’être sur le marché du carbone ou d’autres investissements privés. admissibles à obtenir des crédits d’émissions. Étant donné les incertitudes dont sont entachées les projections des émis- Mécanismes fondés sur le jeu du marché sions futures, la définition de ce que représente le laisser- Le Mécanisme pour un développement propre du Protocole faire est quelque peu subjective et matière à controverse. de Kyoto mobilise d’importantes ressources à l’appui de la Dans un scénario d’octroi de crédits d’émissions dans promotion des énergies propres et d’autres projets de réduc- le contexte d’un programme stratégique, un pays pourrait tion des émissions de gaz à effet de serre dans les pays en obtenir des crédits d’émissions au titre des réductions véri- développement. Malgré les nombreux résultats positifs fiables résultant de l’application de mesures d’atténuation obtenus grâce à ce mécanisme, l’expérience a fait ressortir reconnues dans le cadre du régime climatique ou du déploie- divers points préoccupants et domaines appelant des ment de nouvelles technologies. Cette approche est tout à améliorations (voir chapitre 6). Les parties ont donc entre- fait compatible avec le principe d’activités d’atténuation pris de revoir la structure initiale du MDP, mais elles aussi dans le cadre de programmes stratégiques car elle a recours ont décidé d’examiner la possibilité de recourir à d’autres aux mécanismes du marché pour inciter les pays à formu- moyens que l’octroi de crédits d’émissions pour promouvoir ler, proposer et mettre en œuvre des stratégies d’atténuation la poursuite d’investissements et des efforts de réduction des qui sont alignées sur leurs objectifs de développement. Des émissions à plus grande échelle. méthodes de calcul des réductions associées à différentes Tel qu’il a été conçu et tel qu’il fonctionne actuellement, stratégies pourraient aussi être établies. Toutefois, l’octroi le MDP génère des crédits d’émissions au titre de projets de crédits d’émissions au titre de toutes les réductions dues qui sont proposés et certifiés au cas par cas. Nombreux sont aux mesures prises par les pays pourrait générer une quan- ceux qui estiment que cette approche par projet ne permet tité excessive de crédits d’émissions, et les pays développés pas de poursuivre un grand nombre de stratégies qui pour- pourraient s’opposer à cette approche en faisant valoir que raient avoir un effet d’atténuation plus important, qu’elle les pays en développement doivent assumer au moins une impose des coûts de transaction élevés et une lourde charge partie du coût de leurs actions. On pourrait toutefois envi- administrative et, partant, qu’elle limite considérablement sager, pour résoudre ce problème, de n’attribuer de crédits la mesure dans laquelle le MDP pourrait infléchir la trajec- d’émissions à un pays qu’à partir d’un certain niveau de toire des émissions à long terme. Pour tenter de remédier réduction, ou d’appliquer une décote (par exemple en RapportMonde_LIVRE2.indb 246 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 247 octroyant un crédit d’une tonne pour chaque réduction de des actions notables de mise en œuvre au niveau national, deux tonnes). l’accès aux technologies ou la mise en place des institutions nationales nécessaires pour donner une suite concrète au Promouvoir les efforts internationaux visant programme d’adaptation. Ces efforts sont entravés par le à intégrer l’adaptation dans un développement manque de fonds (voir chapitre 6) et la participation limitée intelligent sur le plan climatique des organismes nationaux de planification et de développe- Le renforcement de l’appui international aux efforts d’adap- ment. Le processus de la CCNUCC se déroule généralement tation s’impose : les impacts du changement climatique par le biais des entités chargées des questions environne- se font déjà sentir et ce sont les pauvres, qui contribuent mentales ; l’accent mis sur le changement climatique pour- le moins au problème, qui sont les plus menacés. Mais les rait ne pas se prêter à un effort d’adaptation multisectoriel et efforts d’adaptation ne doivent nullement rester cantonnés de grande envergure. dans le cadre climatique. Comme l’indiquent les chapitres 2 Renforcement de l’action d’adaptation dans le cadre et 3, il est nécessaire de prendre en compte les préoccupa- de la CCNUCC tions et les priorités en matière d’adaptation dans toute la Il est essentiel d’agir dans le cadre du processus de dévelop- gamme des activités de planification et de prise de décisions pement national pour encourager la planification au plus tôt économiques et de développement, au niveau national et au de mesures qui renforcent la capacité de protection contre niveau international. Le régime climatique mondial a pour les chocs climatiques et pour décourager les investissements rôle, en particulier, de mobiliser l’appui de la communauté qui accroissent la vulnérabilité au changement climatique. internationale et de faciliter les efforts nationaux d’adapta- Le processus de la CCNUCC peut compléter et faciliter cette tion. L’analyse qui suit a pour objet de définir les meilleures démarche de plusieurs manières qui consistent à : manières de promouvoir et de faciliter l’adaptation dans le • Appuyer des stratégies nationales d’adaptation détaillées cadre du régime climatique international. dans les pays vulnérables. Ces stratégies définiraient des Les efforts d’adaptation dans le cadre du régime cadres d’action et renforceraient les capacités nationales. climatique actuel Elles s’appuieraient sur les Programmes d’action natio- Toutes les parties à la CCNUCC se sont engagées à prendre naux pour l’adaptation, qui visent les priorités immé- des mesures d’adaptation au niveau national et à coopérer diates, pour établir des plans d’ensemble à long terme aux efforts déployés pour pouvoir faire face aux impacts du identifiant les risques climatiques, les capacités d’adap- changement climatique. Une attention spéciale est accordée tation existantes et nécessaires, ainsi que les politiques aux pays les moins avancés en raison de leurs besoins parti- nationales et les mesures à mettre en œuvre pour inté- culiers à cet égard24. Ces pays sont encouragés à élaborer un grer pleinement la gestion des risques climatiques dans Programme national d’action qui définit les mesures devant le processus de prise de décisions axées sur le développe- être prises en priorité pour répondre à leurs besoins urgents ment. Outre qu’elles permettraient d’organiser les efforts et immédiats d’adaptation et ils bénéficient d’un appui à ce nationaux d’adaptation, ces stratégies pourraient servir titre en vertu de la Convention (voir chapitre 8). À ce jour, de base au ciblage de l’assistance fournie à la mise en 41 pays classés parmi les moins avancés ont présenté un œuvre par le biais du régime climatique ou par d’autres programme d’action national25. Le Programme de travail circuits. de Nairobi (programme quinquennal adopté en 2005) vise • Échanger les données d’expérience et les meilleures à aider ces pays à mieux comprendre et évaluer les consé- pratiques, et coordonner l’organisation des actions menées quences du changement climatique et à décider en connais- dans le cadre de programmes pour soutenir les systèmes sance de cause des mesures concrètes d’adaptation qui d’adaptation et de protection contre les chocs climatiques s’imposent26. au niveau national, régional et international27. Ces initia- En vertu du processus établi par la CCNUCC, le finan- tives permettraient de guider les pays dans leurs efforts cement de l’adaptation s’effectue à présent essentiellement d’évaluation de la vulnérabilité et d’intégration des acti- dans le cadre des initiatives du Fonds pour l’environnement vités d’adaptation dans le cadre de la planification et des mondial axées sur sa priorité stratégique « adaptation » ; le politiques de développement sectoriels et nationaux, tout Fonds pour l’adaptation au changement climatique de la en facilitant l’accès aux technologies d’adaptation. De par CCNUCC dégagera des ressources supplémentaires lorsqu’il son caractère universel, la CCNUCC est un forum unique sera pleinement opérationnel. permettant aux pays, aux organisations et aux entités Les efforts déployés jusqu’ici par la communauté inter- privées de se retrouver pour se faire part de leur expérience nationale ont permis, dans une certaine mesure, de fournir et de leur savoir. Il est essentiel que les organismes natio- des informations et de renforcer les capacités en matière naux de développement participent à ce processus pour d’adaptation ; en revanche, ils n’ont pas contribué à faciliter obtenir des résultats. Il pourrait être utile de compléter RapportMonde_LIVRE2.indb 247 16/09/10 12:40 248 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E la diffusion de l’information dans le cadre du processus Comme indiqué au début de ce chapitre, le régime actuel de la CCNUCC en créant des centres d’excellence régio- de la CCNUCC ne comporte pas de dispositions adéquates naux pour catalyser les activités au niveau local, national pour l’adaptation. Le Plan d’action de Bali offre une excel- et régional. Le changement climatique faisant sentir son lente occasion de rationaliser le processus d’adaptation et impact direct au niveau local, il faut que les interventions de mobiliser des ressources appropriées pour soutenir cette soient adaptées aux conditions locales. Avec l’appui de la action. communauté internationale, des centres régionaux pour- raient promouvoir le renforcement des capacités, coor- donner les activités de recherche et échanger les données Notes d’expérience et les meilleures pratiques. 1 Les émissions de sources énergétiques ont augmenté de 24 % • Apporter des financements fiables aux pays pour qu’ils entre 1997 (lorsque le Protocole de Kyoto a été signé) et 2006 ; voir la puissent prendre les mesures hautement prioritaires défi- base de données du CDIAC (DOE 2009). nies dans leur stratégies nationales d’adaptation. Le finan- 2 Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) gère des projets cement des mesures d’adaptation provient en grande et des investissements par le biais de divers organismes multilatéraux. partie de sources publiques (voir chapitre 6). Pour que Il est aussi le mécanisme financier des conventions internationales relatives à l’environnement, notamment la CCNUCC. Le FEM a l’effort d’adaptation soit efficace, il est essentiel de trou- fourni 17,2 milliards de dollars au titre de cofinancements ; voir FEM ver de nouvelles sources de financement et d’intégrer 2009. leurs apports dans les ressources actuellement consacrées 3 Cette section est tirée de Dubash 2009. au développement. Ces apports pourraient provenir de 4 Une réduction en valeur absolue des émissions implique une bailleurs de fonds ou être générés par des prélèvements diminution nette des émissions par rapport aux niveaux actuels, par au titre du MDP, une taxe frappant les émissions ou la opposition à un changement de la trajectoire décrite par les projec- vente aux enchères des droits d’émission. Il est tout aussi tions des émissions. important de définir des critères d’affectation des fonds 5 Baer, Athanasiou et Kartha 2007. Voir également l’encadré 5.2. et de mettre en place des dispositifs institutionnels appro- 6 Baumert et Winkler 2005. priés pour gérer ces fonds (voir chapitre 6). Il est dans 7 Burtraw et al. 2005 ; Barrett 2006. l’intérêt de tous que les ressources d’adaptation soient 8 Ce point est examiné dans le Thème A (Bases scientifiques du changement climatique) et au chapitre 4. attribuées et utilisées de manière efficace et équitable ; un 9 Proposition de l’Union européenne à la CCNUCC, http:// emploi inapproprié de ces fonds pourrait compromettre unfccc.int/fi les/kyoto_protocol/application/pdf/ecredd191108.pdf l’adhésion du public à l’ensemble du programme d’action (consulté le 5 août 2009). climatique. 10 Propositions de l’Inde et de la Chine à la CCNUCC, http:// Il pourrait être nécessaire de créer un nouvel organe unfccc.int/files/kyoto_protocol/application/pdf/indiasharedvi- dans le cadre de la CCNUCC pour fournir des directives sionv2.pdf et http://unfccc.int/files/kyoto_protocol/application/pdf/ aux parties, évaluer les stratégies nationales d’adaptation china240409b.pdf (consulté le 6 juillet 2009). La perspective de la et formuler des critères d’allocation des ressources. Un tel société civile est exposée dans Third World Network, « Understanding organe devra collaborer étroitement avec d’autres orga- the European Commission’s Climate Communication », http:// nismes internationaux ayant une mission de développement www.twnside.org.sg/title2/climate/info.service/2009/climate. et être suffisamment indépendant pour pouvoir évaluer de change.20090301.htm (consulté le 8 juillet 2009). 11 Par exemple, selon le McKinsey Global Institute (2008), une manière crédible l’allocation des ressources et les stratégies action centrée sur six domaines d’intervention pourrait contribuer à nationales. « Travaillons tous ensemble . . . maintenant, avant qu’il ne soit trop tard pour sauver notre Terre. » — Sonia R. Bhayani, Kenya, 8 ans Tewanat Saypan, Thaïlande, 12 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 248 16/09/10 12:40 Intégrer le développement dans un régime climatique mondial 249 hauteur de 40 % environ aux possibilités de réduction identifiées par R. Bradley et K. Baumert, World Resources Institute, Washington, la méthode de la courbe des coûts de l’Institut. 2005. 12 Dollar et Pritchett 1998. Blanford, G. J., R. G. Richels et T. F. Rutherford, « Revised 13 Heller et Shukla 2003. Emissions Growth Projections for China: Why Post-Kyoto Climate 14 Heller et Shukla 2003. Policy Must Look East », document de travail de la Kennedy School, 15 Bodansky et Diringer 2007. juin 2008, Harvard Project on International Climate Agreements, 16 Blanford, Richels et Rutherford 2008; Richels, Blanford et Cambridge, 2008. Rutherford (à paraître). Bodansky, D. et E. Diringer : « Towards an Integrated Multi-Track 17 Winkler et al. 2002. Framework », Pew Center on Global Climate Change, Arlington, 2007. 18 Lewis et Diringer 2007. Burtraw, D., D. A. Evans, A. Krupnick, K. Palmer et R. Toth : 19 Voir par exemple les propositions de l’Afrique du Sud (http:// « Economics of Pollution Trading for SO2 and NOx », document de unfccc.int/files/meetings/dialogue/application/pdf/working_ travail, mai 2005, resources for the Future, Washington, 2005. paper_18_south_africa.pdf) et de la République de Corée (http:// Calvin, K., L. Clarke, E. Diringer, J. Edmonds et M. Wise, unfccc.int/resource/docs/2006/smsn/parties/009.pdf) à la CCNUCC « Modeling Post-2012 Climate Policy Scenarios », Pew Center on (consulté en juin 2009). Global Climate Change, Arlington, 2009. 20 Propositions de l’Afrique du Sud et de la République de CCNUCC (Convention-cadre des Nations Unies sur les change- Corée à la CCNUCC : http://unfccc.int/resource/docs/2006/smsn/ ments climatiques), Caring for Climate: A Guide to the Climate Change parties/009.pdf, (consulté en juin 2009). Convention and the Kyoto Protocol, CCNUCC, Bonn, 2005. 21 Proposition de l’Afrique du Sud à la CCNUCC : http://unfccc. DOE (U.S. Department of Energy) : « Carbon Dioxide Information int/files/meetings/dialogue/application/pdf/working_paper_18_ Analysis Center (CDIAC) », Oak Ridge, 2009. south_africa.pdf (consulté en juin 2009). Dollar, D. et L. Pritchett, Assessing Aid: What Works, What Doesn’t 22 Par exemple, dans leurs propositions à la CCNUCC, les États- and Why, Presse Universitaire d’Oxford, Oxford, 1998. Unis et l’Union européenne indiquent que les principaux pays en Dubash, N, « Climate Change through a Development Lens », développement doivent s’engager à formuler des stratégies à faible document d’information de la WDR 2010, 2009. intensité de carbone en vue de les présenter à la CCNUCC. Voir GEF (Global Environment Facility), « Focal Area: Climate UNFCCC/AWGLCA/2009/MISC.4 sur le site http://unfccc.int/ Change », Fact Sheet, GEF, Washington, juin 2009. resource/docs/2009/awglca6/eng/misc04p02.pdf (consulté le 5 août Heller, T. et P. R. Shukla, « Development and Climate Change: 2009). Engaging Developing Countries », in Beyond Kyoto: Advancing the 23 Akanle et al. 2008. Voir http://unfccc.int/kyoto_proto- International Effort against Climate Change, ed. J. E. Aldy, J. Ashton, col/mechanisms/items/1673.php (consulté le 8 juillet 2009) pour R. Baron, D. Bodansky, S. Charnovitz, E. Diringer, T. C. Heller, J. des informations sur les mécanismes de flexibilité prévus dans le Pershing, P. R. Shukla, L. Tubiana, F. Tudela et X. Wang, Pew Center Protocole de Kyoto. on Global Climate Change, Arlington, 2003. 24 Article 4.1 de la CCNUCC. Jiahua, P. et C. Ying : « Towards a Global Climate Regime », in 25 Secrétariat de la CCNUCC, http://unfccc.int/coopera- China Dialogue, 10 décembre. http://www.chinadialogue.net/article/ tion_support/least_developed_countries_portal/submitted_napas/ show/single/en/2616, 2008. items/4585.php (consulté le 5 août 2009). Lewis, J. et E. Diringer : « Policy-Based Commitments in a Post- 26 Décision 2/CP.11 de la CCNUCC. 2012 Framework », document de travail, Pew Center on Global 27 Groupe d’experts scientifiques sur le changement climatique Climate Change, Arlington, 2007. (SEG 2007). McKinsey Gloabl Institute, The Carbon Productivity Challenge: Curbing Climate Change and Sustaining Economic Growth, McKinsey & Company2008. Bibliographie Meyer, A, Contraction and Convergence: The Global Solution to Akanle, T., A. Appleton, D. Bushey, K. Kulovesi, C. Spence et Y. Climate Change, Green Books pour la Schumacher Society, Totnes, Yamineva, Summary of the Fourteenth Conference of Parties to the 2001. UN Framework Convention on Climate Change and Fourth Meeting Richels, R. G., G. J. Blanford et T. F. Rutherford, « International of Parties to the Kyoto Protocol, International Institute for Sustainable Climate Policy: A Second Best Solution for a Second Best World? » in Development, New York, 2008. Climate Change Letters, à paraître. Baer, P., T. Athanasiou et S. Kartha, The Right to Development in SEG (Scientific Expert Group on Climate Change), Confronting a Climate Constrained World: The Greenhouse Development Rights Climate Change: Avoiding the Unmanageable and Managing the Framework, fondation Heinrich Böll, Christian Aid, EcoEquity et le Unavoidable, Sigma Xi et la Fondation des Nations Unies, Washington, Stockholm Environment Institute, Berlin, 2007. 2007. Barrett, S., « Managing the Global Commons », in Expert Paper Winkler, H., R. Spalding-Fecher, S. Mwakasonda et O. Davidson, Series Two: Global Commons, Secretariat of the International Task « Sustainable Development Policies and Measures: Starting from Force on Global Public Goods, Stockholm, 2006. Development to Tackle Climate Change », in Building on the Baumert, K. et H. Winkler, « Sustainable Development Policies Kyoto Protocol: Options for Protecting the Climate, K. A. Baumert, and Measures and International Climate Agreements », in Growing O. Blanchard, S. Llosa et J. Perkaus, World Resources Institute, in the Greenhouse: Protecting the Climate by Putting Development First, Washington, 2002. RapportMonde_LIVRE2.indb 249 16/09/10 12:40 Thème C Le commerce et le changement climatique Les interactions entre le régime du commerce international et le régime climatique mondial pourraient avoir des réper- cussions majeures sur les pays en développement. S’il existe de bonnes raisons d’explorer les synergies qui peuvent exister entre les deux régimes et d’établir un cadre de politique apte à stimuler la production et les échanges de technologies propres ainsi que les investissements dans ces dernières, en pratique, les efforts ont essentiellement porté sur l’utilisation de mesures commerciales à des fins de sanction dans le cadre des négociations climatiques mondiales. Cette optique de sanction s’explique natoire, et à œuvrer en faveur de la Les pays en développement s’ac- principalement par le souci de rester protection de l’environnement et de la cordent largement à penser que compétitif des pays qui s’efforcent promotion du développement durable tout examen des questions relatives maintenant fiévreusement de réduire peuvent et doivent se renforcer mutuel- au changement climatique (et, de leurs émissions de gaz à effet de serre lement.3 » Les deux traités reconnais- manière plus générale, des questions pour atteindre les objectifs de Kyoto sent et respectent donc leurs mandats environnementales) dans le cadre 2012 et de l’après 2012. Ces préoccupa- respectifs. des négociations commerciales pour- tions, auxquelles s’ajoute la possibilité Toutefois, les programmes concer- rait déboucher sur l’adoption d’un d’une « fuite » des industries à forte nant le climat et le commerce ont « protectionnisme vert » par les pays à intensité de carbone vers les pays qui évolué, pour l’essentiel, indépen- revenu élevé, qui compromettrait leurs n’appliquent pas le Protocole de Kyoto, damment l’un de l’autre au cours des perspectives de croissance. Ils s’oppo- se sont métamorphosées en propo- années, malgré des objectifs qui se sent donc aux efforts déployés pour sitions d’ajustement des droits de renforcent mutuellement et des syner- inclure les aspects climatiques dans le douane et des taxes à la frontière pour gies exploitables. Bien que la mise programme de commerce en faisant compenser tout impact défavorable en œuvre du Protocole de Kyoto ait valoir que les questions de changement associé à la limitation des émissions de fait ressortir certains conflits entre la climatique relèvent essentiellement de dioxyde de carbone (CO2). croissance économique et la protec- la CCNUCC et qu’elles doivent donc Le régime du commerce mondial tion de l’environnement, la pour- être négociées dans son cadre. Même et celui du climat ont tous deux pour suite des objectifs du Protocole offre au sein de l’OMC, on observe une réti- objectif général d’améliorer le bien-être également une opportunité d’aligner cence générale à élargir l’action clima- de l’humanité, maintenant et à l’avenir. les politiques de développement et tique en l’absence d’une directive de À l’instar de l’Organisation mondiale de l’énergie de manière à stimuler la la CCNUCC. Il est donc intéressant du commerce (OMC) (OMC) recon- production et le commerce de techno- de noter que, malgré tous les discours naît l’importance de chercher à « pro- logies propres ainsi que les investisse- tenus, de plus en plus d’accords téger et préserver l’environnement »1, ments dans des programmes faisant commerciaux régionaux (dont un le Protocole de Kyoto, qui reconnaît appel à ces technologies. grand nombre ont été conclus avec des l’importance d’œuvrer « en vue à la fois Les efforts récemment déployés pays en développement) comportent de protéger et préserver l’environne- pour rapprocher les deux programmes maintenant des dispositions environ- ment2 », le Protocole de Kyoto indique ont été accueilli avec beaucoup de nementales détaillées. Il n’est toute- que les parties doivent s’efforcer « d’ap- scepticisme. Si les ministres du fois guère possible d’affirmer qu’ils pliquer les politiques et les mesures Commerce qui se sont réunis en 2007 ont contribué réellement à obtenir des … de manière à réduire au minimum dans le contexte de la Conférence des résultats positifs pour l’environne- les effets négatifs … sur le commerce Parties à la CCNUCC tenue à Bali se ment4. Les accords de commerce régio- international ». La Convention-cadre sont largement accordés sur le fait que naux ne sont peut-être pas non plus le des Nations Unies sur les change- les régimes du commerce et du climat contexte approprié pour s’attaquer ments climatiques (CCNUCC) reprend peuvent se renforcer mutuellement à des questions environnementales, cette idée en plusieurs endroits, et le dans plusieurs domaines, ils ont aussi comme le changement climatique, Communiqué de Doha note que « les noté qu’ils pouvaient être sources qui exigent des réponses de portée objectifs consistant à maintenir et de tensions, en particulier dans le mondiale. à préserver un système commercial contexte des négociations des engage- multilatéral ouvert et non discrimi- ments climatiques pour l’après 2012. RapportMonde_LIVRE2.indb 250 16/09/10 12:40 Le commerce et le changement climatique 251 Évolution récente la Convention sur le commerce inter- Protocole de Kyoto mais aussi auraient de la situation national des espèces menacées d’ex- un impact sur la compétitivité des La proposition de recourir à des sanc- tinction et la Convention de Bâle ont industries des pays à revenu élevé. Pour tions commerciales punitives pour recours à des restrictions commerciales les industries à forte intensité d’énergie promouvoir l’application de mesures pour atteindre leurs objectifs et ces comme la production de ciment et de climatiques nationales continue restrictions sont acceptées par toutes produits chimiques, la compétitivité de susciter beaucoup d’intérêt et a les parties aux accords. Toutefois, il internationale est une question impor- encore gagné du terrain par suite de est particulièrement difficile, lorsque tante qui fait pendant aux débats sur la crise financière. Tous les projets de l’on s’efforce de déterminer la compa- les « refuges pour pollueurs » omni- loi récemment présentés au Congrès tibilité de la politique de lutte contre le présents dans les études consacrées au des États-Unis dans les domaines de changement climatique et des mesures commerce et à l’environnement dans la politique énergétique et de la poli- commerciales, de résoudre le problème les années 90. tique climatique comportent des que peut poser l’adoption de mesures La Banque mondiale a récem- dispositions prévoyant l’imposition de unilatérales fondées sur les politiques ment consacré une étude à l’examen sanctions commerciales ou la percep- nationales ou des normes de produits des informations disponibles sur les tion de droits de douane (ou tout basés sur les procédés et méthodes relocalisations d’industries à forte instrument équivalent) sur certains de production, ou encore les deux. intensité de carbone imputables à biens provenant des pays qui n’impo- Les « ajustements fiscaux à la fron- l’adoption de politiques climatiques sent pas de limites aux émissions de tière » soulèvent, par ailleurs, un autre plus rigoureuses, en particulier dans carbone. Dans le même ordre d’idées, problème qui n’a guère attiré l’atten- les pays à revenu élevé. Les opérations la Commission européenne reconnaît tion et qui concerne leurs produits des secteurs à forte intensité d’énergie que les nouveaux textes de loi asso- financiers. L’économie politique sont généralement fonction, bien sûr, ciés aux plans qu’elle a élaborés pour pourra être fort différente selon que les du coût des terrains et de la main- accroître la rigueur du régime de montants générés par ces ajustements d’œuvre, mais aussi du prix relatif de réduction des émissions de gaz à effet seront intégralement reversés aux pays l’énergie. Dans l’étude de la Banque, de serre en Europe pourraient désa- imposés ou demeureront dans le pays les ratios importations-exportations vantager, sur le marché, les sociétés qui impose la taxe. de produits à forte intensité d’énergie européennes par rapport aux entre- Les juristes ne parviennent toutefois dans les pays à revenu élevé et dans prises de pays dont les lois axées sur pas à s’entendre sur la compatibilité les pays à revenu faible et intermé- la protection climatique sont moins d’une taxe sur le contenu carbone avec diaire sont utilisés comme valeur de rigoureuses. les règlements relatifs au commerce remplacement de tout déplacement des L’adoption de mesures aux fron- parce que, jusqu’à présent, l’OMC n’a structures de production et des flux tières pour des motifs environnemen- pas émis de dispositions précises en la commerciaux (figure TC.1) Banque taux fait l’objet de nombreuses études matière. Néanmoins, les propositions mondiale 20086. Les ratios impor- économiques et juridiques. Les accords récemment formulées pourraient avoir tations-exportations affichent une de l’OMC et autres accords commer- des répercussions importantes sur le tendance à la hausse dans le cas des ciaux prévoient « des exceptions » pour commerce des produits manufacturés pays à revenu élevé et une tendance à la des mesures commerciales qui, sinon, dans les pays en développement (enca- baisse pour les pays à revenu faible et violeraient les règles du libre-échange, dré TC.1). intermédiaire. Bien que cette analyse lorsqu’elles peuvent être justifiées par De nombreux pays à revenu élevé ne soit pas concluante, elle permet de la nécessité de protéger l’environne- se sont également déclarés préoccupés penser que la relocalisation d’indus- ment ou de conserver des ressources par le fait que tout plan qui aurait pour tries à forte intensité d’énergie dans naturelles épuisables ou lorsqu’elles effet de dispenser les pays en dévelop- les pays qui ne sont pas assujettis à des sont liées à des efforts déployés pour pement du respect des limites d’émis- limites d’émissions de gaz à effet de ces motifs, à condition qu’elles aient sion ne serait guère efficace puisque serre se produit déjà dans une certaine un caractère « non discriminatoire » et les industries à forte intensité de mesure. Ce ratio demeure néanmoins qu’elles imposent « le moins de restric- carbone n’auraient qu’à déplacer leurs inférieur à un pour les pays à revenu tion possible au commerce »5. Les opérations pour les installer dans un élevé et reste supérieur à un pour les mesures commerciales sont souvent pays exempté. Les fuites de carbone, économies en développement : les pays justifiées par le fait qu’elles constituent expression employée pour désigner ce à revenu élevé sont donc toujours des un mécanisme assurant le respect des type de délocalisation, non seulement exportateurs nets et les pays en déve- accords environnementaux multilaté- iraient à l’encontre des avantages envi- loppement des importateurs nets de raux (AEM) . De fait, des AEM comme ronnementaux que peut procurer le produits à forte intensité d’énergie. RapportMonde_LIVRE2.indb 251 16/09/10 12:40 ENCADRÉ TC.1 La taxation du contenu carbone Faut-il imposer les émissions de carbone là Émissions liées à la production et à la consommation (millions de tonnes de CO2) où elles se produisent, ou faut-il imposer le 6 000 Contenu carbone de la demande finale intérieure (sources extérieures) « contenu carbone » c’est-à-dire la quantité Contenu carbone de la production intérieure de carbone émise durant le processus de 5 000 Contenu carbone de la demande finale intérieure production et le transport de produits, au (sources intérieures) lieu de consommation de ces produits ? 4 000 Les gros exportateurs sont nombreux à faire valoir qu’ils seraient pénalisés par la 3 000 taxation du carbone au lieu d’émission alors que, en pratique, la majeure partie de 2 000 ce carbone est émis durant la production de biens d’exportation – c’est-à-dire de 1 000 biens dont jouissent des consommateurs d’autres pays. L’analyse des flux de carbone 0 Brésil Canada Chine UE Inde Japon Mexique Fédération États- Afrique à partir d’un tableau d’entrées-sorties des 15 de Russie Unis du Sud multirégional montre que la Chine et la Source : Atkinson et al. 2009. Fédération de Russie sont des exportateurs Note : les barres violet foncé indiquent le montant total des émissions générées par la production des biens et nets de contenu carbone tandis que services ; la barre grise représente la quantité de carbone émise dans le pays pour répondre à la demande finale l’Union européenne, les États-Unis et le intérieure (contenu carbone de sources intérieures) ; les barres mauves montrent combien de carbone est émis à l’étranger pour répondre à la demande finale intérieure (contenu carbone de sources extérieures). Si la hauteur Japon sont des importateurs nets. de la barre violet foncé est supérieure à la somme des hauteurs des deux autres barres indiquées pour un pays, Toutefois, les pays imposant une taxe cela signifie que ce pays est un exportateur net de contenu carbone. sur le carbone seront confrontés à un problème de compétitivité et de fuite de dans la Communauté européenne était de pourrait provoquer l’adoption de carbone si les autres pays ne suivent pas 35 euros en 2008. Il s’ensuit, sur la base du multiples mesures commerciales dans leur exemple, et ils pourraient envisager tableau, que les taux des droits frappant d’autres domaines où les conditions de d’imposer les importations de contenu le contenu carbone des exportations des concurrence ne sont pas jugées égales carbone pour égaliser leurs chances. Le pays en développement pourraient être pour tous. Il serait aussi extrêmement tableau indique les taux d’imposition élevés si ce système est adopté. difficile de mesurer exactement le contenu effectifs en sus des taux en vigueur qui L’imposition unilatérale de droits de carbone et les résultats obtenus pourraient frapperaient les pays si le contenu carbone douanes sur le contenu carbone créerait être contestés. Par ailleurs, l’imposition des biens et services importés était toutefois manifestement des tensions de droits d’entrée sur le contenu carbone assujetti à une taxe de 50 dollars la tonne entre les partenaires commerciaux et pourrait pénaliser des pays à faible revenu de CO2. compromettrait un système de commerce qui n’ont guère contribué au problème du Le chiffre de 50 dollars la tonne de CO2 international déjà secoué par la crise changement climatique. est réaliste puisque le prix des permis financière que traverse actuellement d’émissions délivrés dans le cadre du le monde. Permettre la perception de système d’échanges de quotas d’émissions taxes aux frontières au titre du climat Source : Atkinson et al. 2009. Moyenne des droits de douane sur les importations de biens et services avec un carbone virtuel taxé à 50 dollars la tonne de CO2 (en pourcentage) Pays importateurs EU Fédération États- Afrique Brésil Canada Chine des 15 Inde Japon Mexique de Russie Unis du Sud Moyenne Brésil 0,0 3,4 3,2 3,2 2,8 4,0 2,7 2,6 3,0 2,9 3,1 Canada 4,5 0,0 3,4 3,4 3,7 3,2 2,8 2,8 2,6 3,0 2,8 Chine 12,1 10,5 0,0 10,5 13,4 10,4 9,9 10,0 10,3 11,1 10,5 EU des 15 1,6 1,1 1,1 0,0 1,3 1,2 1,1 1,1 1,2 1,2 1,2 Pays exportateurs Inde 8,3 7,8 9,2 7,7 0,0 6,8 8,1 8,7 7,9 5,3 7,8 Japon 1,4 1,3 1,5 1,4 1,6 0,0 1,4 1,4 1,2 1,3 1,4 Mexique 3,5 2,1 4,2 4,0 10,8 4,0 0,0 4,1 1,7 3,5 2,1 Fédération 18,0 14,3 12,4 11,8 12,8 11,3 14,7 0,0 10,4 15,9 11,7 de Russie États-Unis 3,3 3,0 3,1 3,1 3,3 3,0 2,8 2,8 0,0 3,2 3,0 Afrique du 15,9 10,1 10,6 9,8 11,5 11,4 16,6 7,9 8,9 0,0 10,1 Sud Moyenne 3,7 2,9 2,2 5,0 4,5 4,8 3,3 2,6 3,0 2,9 Source : Atkinson et al. 2009. Note : La dernière colonne est le tarif moyen pondéré par les échanges frappant le pays exportateur ; le dernier rang est le tarif moyen pondéré par les échanges frappant le pays importateur. RapportMonde_LIVRE2.indb 252 16/09/10 12:40 Le commerce et le changement climatique 253 Dans la même optique, les entre- le profi l des émissions est extrême- particulier du processus de fabrication prises de certains pays à revenu élevé ment complexe et font ressortir un fait et de l’utilisation des produits, et la adoptent un système d’« étiquetage très important : le lieu géographique, manière dont il importe de les calcu- carbone » des produits pour atténuer considéré indépendamment de tout ler, pose des difficultés techniques. le changement climatique. Cet étique- autre facteur, est une mauvaise variable Troisièmement, le choix du cadre tage carbone consiste à mesurer les de remplacement des émissions car d’analyse, qui définit les processus émissions de carbone associées à la des conditions de production favo- inclus dans l’évaluation des émissions production de biens ou de services et rables peuvent largement compenser de gaz à effet de serre, revêt une grande à transmettre cette information aux les inconvénients associés aux trans- importance. Les estimations de l’em- consommateurs et à ceux qui décident ports. Par exemple, les émissions de preinte carbone d’un système, d’un des sources d’approvisionnement dans carbone générées par la production de produit ou d’une activité dépendront les entreprises. Il se peut qu’un méca- roses sont très nettement inférieures en effet de la définition de ce cadre nisme bien conçu incite des produc- pour les fleurs cultivées au Kenya et d’analyse. teurs à différents niveaux de la chaîne transportées par fret aérien jusqu’aux d’approvisionnement à se déplacer marchés européens que celles des roses Un programme d’actions vers des sites où les émissions sont plus cultivées aux Pays-Bas. positives faibles. L’étiquetage carbone pourrait Il importera aussi de considérer un Le transfert de technologies est, depuis ainsi donner aux consommateurs qui certain nombre de défis techniques quelques temps, un autre domaine le souhaitent le moyen de se joindre à complexes aux stades de la concep- commun au régime du commerce et la lutte contre le changement clima- tion et de la mise en œuvre d’un au régime climatique. Le Mécanisme tique en affichant leurs préférences par programme d’étiquetage carbone8. de développement propre ne se prêtant le biais de leurs achats. Premièrement l’utilisation de données pas réellement à des transferts de L’inconvénient des mécanismes secondaires provenant des produc- technologies du type et de l’ampleur d’étiquetage carbone tient à l’impact teurs de pays riches pour estimer les nécessaires pour lutter contre l’aug- significatif qu’ils auront probable- émissions de carbone des producteurs mentation des émissions de gaz à effet ment sur les exportations des pays à des pays à faible revenu ne permettra de serre dans le monde en développe- faible revenu7. Certains ont fait valoir, pas de tenir compte du fait que les ment (voir chapitre 6), il a été suggéré en effet, que ces pays auront de plus pays riches et les pays à faible revenu que l’élargissement de la portée des grandes difficultés à exporter leur utilisent des technologies très diffé- règles de commerce et de la réglemen- production vers des pays appliquant rentes. Deuxièmement, l’utilisation tation des investissements pourrait des règles climatiques qui exigent des facteurs d’émission, c’est-à-dire le être un moyen d’accélérer ces trans- de mesurer les émissions de carbone montant de carbone émis à un stade ferts9. La libéralisation du commerce et de les faire certifier pour pouvoir participer au commerce de produits avec étiquetage carbone. Les produits Figure TC.1 Ratios importations-exportations des produits à forte intensité énergétique enregistrés pour les pays exportés par les pays à faible revenu à revenu élevé et pour les pays à revenu faible et intermédiaire sont généralement transportés sur de Ratio longues distances et sont produits par 2,5 des entreprises de taille relativement limitée ou par de très petites exploi- tations agricoles qui auront du mal à 2,0 participer à des mécanismes complexes d’étiquetage carbone. 1,5 La structure des émissions de carbone tout au long des chaînes 1,0 d’approvisionnement internationales auxquelles participent des pays à faible revenu est mal connue et des études 0,5 Pays à revenu faible ou intermédiaire scientifiques devront être consa- Pays à revenu élevé crées à cette question pour combler 0 les importantes lacunes qui demeu- 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 rent. Les quelques études menées Année dans ce domaine laissent penser que Source : Banque mondiale 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 253 16/09/10 12:40 254 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E des biens et services environnemen- consommateurs, les pays en développe- de leurs administrations des douanes taux a toujours figuré à l’ordre du jour ment commencent à s’imposer dans le et à l’harmonisation des classifica- du cycle des négociations de Doha de domaine de la fabrication des techno- tions douanières des biens respectueux l’OMC. Tous les membres de l’OMC logies propres11. Le marché mondial de du climat. Il serait bon que de telles s’accordent à reconnaître que la libé- l’électricité éolienne a été marqué par actions bénéficient d’un appui finan- ralisation des biens environnemen- l’arrivée sur la scène de la Chine et la cier et d’une assistance technique. taux devraient avoir pour objectif de place importante qu’elle occupe désor- Il serait malavisé de reporter toute protéger l’environnement. Les progrès mais tant au niveau de la fabrication de décision concernant le programme accomplis restent néanmoins minimes produits qu’à celui de l’investissement commercial et le programme clima- parce que les pays à faible revenu et les dans des capacités d’énergie éolienne tique à une nouvelle série de négocia- pays en développement n’ont pas la supplémentaires. D’autres pays en tions prolongées de l’OMC, une fois même idée des biens qu’il convient de développement commencent eux aussi le cycle de Doha achevé, car le risque libéraliser et de la manière de procéder à produire des technologies d’énergies de l’imposition de sanctions commer- à cette opération. renouvelables. La capacité de produc- ciales axées sur le climat du type de Des efforts ont été déployés, notam- tion d’énergie photovoltaïque solaire celle que proposent les États-Unis et ment par la Banque mondiale10, pour de l’Inde s’est considérablement accrue l’Union européenne est imminent. faire progresser ces négociations en au cours des quatre dernières années, Si les mesures commerciales liées identifiant des biens et services respec- tandis que le Brésil reste le premier au climat sont assez dures, les pays en tueux du climat qui se heurtent actuel- producteur mondial de biocarburants. développement pourront chercher à les lement à des obstacles tarifaires et non C’est pourquoi il importe de libéraliser alléger dans le cadre des négociations tarifaires, et en faisant de l’élimination le commerce bilatéral en technologies commerciales et climatiques, à moins de ces obstacles une priorité des négo- propres, qui pourrait aussi dynamiser qu’ils ne décident de s’adapter aux ciations de l’OMC. Cet objectif s’est les transferts de technologie Sud-Sud à nouvelles normes établies par leurs avéré très difficile à atteindre, parce l’avenir. principaux partenaires commerciaux que les membres de l’OMC ne sont pas pour continuer d’avoir accès à leurs encore parvenus à s’entendre sur une La voie de l’avenir dans le marchés. Dans tous les cas, ils devront définition de l’expression « respec- domaine du commerce et dans se doter des capacités requises pour tueux du climat » qui contribue à la celui du changement climatique mieux comprendre l’évolution de la fois à promouvoir les objectifs de la Les pays hésitent généralement à situation et y faire face. On ne saurait, politique climatique et à assurer une rapprocher le régime du commerce et par ailleurs, trop insister sur la néces- répartition équilibrée des avantages le régime climatique de peur que l’un sité de promouvoir des transferts finan- commerciaux entre les États membres. ne domine l’autre. Cela est regrettable ciers et technologiques dans le cadre de Deux éléments sont particulière- parce que le commerce des techno- tout accord mondial sur le commerce ment controversés : les technologies à logies relatives aux énergies propres et le changement climatique. « double usage » qui peuvent servir à pourrait être source d’opportunités Si le rapprochement des régimes réduire les émissions mais aussi à satis- économiques pour les pays en déve- du commerce et du climat peut offrir faire d’autres besoins de consomma- loppement qui sont en train de devenir de nombreux avantages, il importe tion, et les produits agricoles, dont les d’importants producteurs et exporta- de ne pas sous-estimer l’impact néga- négociations dans le cadre du cycle de teurs de ce type de technologie. tif que pourraient avoir sur le régime Doha sont engluées dans d’incessantes Il est possible de réaliser des commercial international des mesures querelles. progrès dans le cadre du régime du telles que l’imposition unilatérale de Le potentiel considérable des commerce, même dans des domaines taxes aux frontières sur le carbone, échanges de technologies propres entre très complexes. Le succès remporté par d’autant plus qu’elles frapperont les pays en développement (commerce l’OMC en 1997 avec l’Accord sur les pays en développement de manière Sud-Sud) est un autre aspect de la ques- technologies de l’information permet disproportionnée. Il est donc dans tion dont il est souvent fait abstraction. de penser que la mise en œuvre de tout l’intérêt des pays en développement de Jusqu’à présent, les pays en développe- accord sur des biens et des technologies s’assurer que la poursuite d’objectifs ment étaient généralement des impor- qui ne nuisent pas au climat devra se climatiques mondiaux cadre avec le tateurs, et les pays à revenu élevé des dérouler de manière progressive pour maintien d’un système de commerce exportateurs, de technologies propres. permettre aux pays en développement multilatéral équitable et ouvert, dont Toutefois, par suite de l’amélioration de poursuivre un processus graduel de le fonctionnement obéit à des règles de leur climat de l’investissement et de libéralisation qui donne lieu, notam- et sur lequel ils peuvent baser leur l’ampleur considérable de leur base de ment, à l’amélioration de l’efficacité croissance et leur développement. Les RapportMonde_LIVRE2.indb 254 16/09/10 12:40 Le commerce et le changement climatique 255 pays développés ont aussi beaucoup 7 Brenton, Edwards-Jones, et Jensen 2009. Country Exports: An Issues Paper », à gagner du système de commerce 8 Brenton, Edwards-Jones, et Jensen 2009. Development Policy Review 27 (3), p. 243-267, multilatéral et il leur incombe d’assu- 9 Brewer 2007. 2009. mer la plus grande part des responsa- 10 Banque mondiale 2008 Brewer, T. L., « Climate Change 11 Banque mondiale 2008. Technology Transfer: International Trade bilités du maintien de ce système. and Investment Policy Issues in the G8+5 Countries », document présenté au Dialogue Notes Références bibliographiques sur le changement climatique du G8+5, Atkinson, G., Hamilton, K., Ruta, G. et Université de Georgetown, Washington, 1 Préambule de l’accord de Marrakech van der Mensbrugghe, D., « Trade in ‘Virtual 2007. instituant l’Organisation mondiale du Carbon’: Empirical Results and Implications Gallagher, K. P., Free Trade and the commerce en 1995. for Policy », document d’information pour la Environment: Mexico, NAFTA and Beyond, 2 Préambule de l’Accord de Marrakech WDR 2010, 2009. Presse Universitaire de Stanford, Palo Alto, portant création de l’OMC en 1995. Banque mondiale, International Trade 2004. 3 Cité dans Banque mondiale 2008. and Climate Change: Economic, Legal and OMC (Organisation mondiale du 4 Gallagher 2004. Institutional Perspectives, Banque mondiale, commerce), Texte du GATT (General 5 Voir l’Article XX (b) et (g) de l’Ac- Washington, 2008. Agreement on Tariffs and Trade) de 1947, cord général sur les tarifs douaniers et le Brenton, P., Edwards-Jones, G. et Jensen, OMC, Genève, 1986. commerce de 1947. OMC 1986. M., « Carbon Labeling and Low Income 6 Banque mondiale 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 255 16/09/10 12:40 RapportMonde_LIVRE2.indb 256 16/09/10 12:40 CHAPITRE 6 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation L es pays développés doivent jouer Les apports de fonds des pays dévelop- un rôle moteur dans la lutte contre pés aux pays en développement au titre de le changement climatique. Toute- l’action climatique, que ce soit sous forme fois, leurs efforts d’atténuation ne de transferts budgétaires ou de transac- seront ni efficaces ni rationnels si les pays tions sur droits d’émissions, sont le prin- en développement ne prennent pas eux aussi cipal moyen de concilier les objectifs des mesures en ce domaine. Tels sont les d’équité, d’efficacité et de rationalité dans deux idées-force des précédents chapitres. la lutte contre le changement climatique. La problématique climatique a néanmoins Ces fonds peuvent aider les pays en déve- une dimension supplémentaire, qui revêt loppement à réduire leurs émissions de gaz une importance cruciale : l’équité. Une à effet de serre et à s’adapter aux effets du approche équitable de la réduction des émis- changement climatique. Le développement sions mondiales de gaz à effet de serre doit et la diffusion de technologies nouvelles tenir compte du fait que les pays en dévelop- généreront par ailleurs des besoins de pement ont des besoins de développement financement. Les efforts d’atténuation légitimes, que le changement climatique et d’adaptation ainsi que le déploiement risque de compromettre leur développe- des technologies devront être menés de ment et qu’ils n’ont guère jusqu’ici contri- manière à permettre aux pays en dévelop- bué au problème. pement de poursuivre leur croissance et de réduire la pauvreté. Il est donc d’une importance cruciale d’assurer à ces pays des flux de financement supplémentaires. Idée force Les financements requis pour faire face Le financement de l’action climatique est un moyen de concilier l’équité, l’efficacité et la aux besoins d’atténuation, d’adaptation et rationalité dans le cadre des actions menées pour réduire les émissions et s’adapter au de transfert de technologies sont considé- changement climatique. Les niveaux de financement actuels sont toutefois loin de pouvoir suffire rables. Les mesures d’atténuation dans les face aux estimations des besoins : les flux globaux actuels de ressources destinées aux pays pays en développement pourraient coûter en développement sont de 10 milliards de dollars par an alors que les montants indiqués par entre 140 et 175 milliards de dollars par les projections des besoins à l’horizon 2030 sont de l’ordre de 30 à 100 milliards de dollars pour an au cours des 20 prochaines années (et l’adaptation et de 140 à 175 milliards de dollars (auxquels s’ajoutent des besoins de financement donner lieu à des besoins de financement de 265 à 565 milliards de dollars) pour l’atténuation. Pour combler cet écart, il faudra procéder à de 265 à 565 milliards de dollars) ; sur la une réforme du marché du carbone actuel et trouver de nouvelles sources de financement telles période 2010-2050, les investissements que des taxes sur le carbone. La tarification du carbone transformera le financement de l’action annuels dans des mesures d’adaptation climatique au niveau national, mais il restera néanmoins nécessaire de procéder à des transferts financiers internationaux et de réaliser des transactions sur droits d’émissions pour éviter que la pourraient être compris, en moyenne, croissance et la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement ne soient compromises entre 30 et 100 milliards de dollars (après dans un monde où des limites sont imposées aux émissions de carbone. arrondissement), alors que l’aide au déve- loppement se chiffre aujourd’hui à quelque RapportMonde_LIVRE2.indb 257 16/09/10 12:40 258 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 100 milliards de dollars par an. Or les efforts déployés pour sera. La facture des mesures d’adaptation sera directement mobiliser des fonds aux fins d’atténuation et d’adaptation fonction de l’efficacité de cet accord. S’agissant de l’adapta- n’ont permis de lever que l’équivalent de moins de 5 % des tion, le chapitre 1 montre que repousser la mise en œuvre besoins indiqués par les projections, ce qui est très loin du de mesures de réduction des émissions, dans les pays déve- compte. loppés comme dans les pays en développement, risque d’ac- Par ailleurs, les instruments de financement existants croître considérablement le coût des actions nécessaires sont inadaptés à certains égards et présentent des lacunes pour limiter l’ampleur du réchauffement de la planète. Il notables. Les ressources publiques provenant des pays est indiqué, dans l’abrégé, que pour que le monde suive une à revenu élevé sont fragmentées et tributaires des cycles trajectoire de stabilisation au moindre coût, une grande politiques et budgétaires. Malgré les réalisations qu’il a partie des mesures d’atténuation (au moins 65 %1) devront permises, le Mécanisme pour un développement propre être prises dans les pays en développement. Les pays à revenu (MDP), jusqu’ici la principale source de financement de l’ac- élevé pourraient donc réduire sensiblement les coûts asso- tion d’atténuation dans les pays en développement, présente ciés à la limitation du réchauffement mondial en offrant aux des insuffisances au niveau structurel ainsi que des points pays en développement les incitations financières requises faibles aux niveaux opérationnel et administratif. L’ampleur pour qu’ils se placent sur une trajectoire de développement des ressources qui pourront être levées aux fins d’adapta- plus sobre en carbone. Toutefois, comme le soulignent les tion par le biais du MDP, qui procure actuellement au Fonds autres chapitres, pour y parvenir, il faudra non seulement pour l’adaptation l’essentiel de ses revenus, sont donc égale- assurer aux pays en développement des financements mais ment limitées. aussi faciliter leur accès aux technologies et renforcer leurs Il faudra donc trouver de nouvelles sources de finance- capacités. ment. Les États souverains devront certes intervenir, mais Le présent chapitre examine les moyens de mobiliser il sera tout aussi important de créer des mécanismes de suffisamment de ressources pour réduire les émissions et financement novateurs et de mobiliser des capitaux privés. faire face aux effets des changements inévitables. Il évalue Le secteur privé aura un rôle clé à jouer dans le financement l’écart entre les besoins de financement des mesures d’at- de l’action d’atténuation, par le biais du marché du carbone ténuation et d’adaptation indiqués par les projections et et d’instruments connexes. Les apports de capitaux privés les financements disponibles à l’horizon 2012. Il examine devront néanmoins être complétés par des apports de fonds les inefficacités des instruments actuels de financement de publics et autres financements internationaux pour renfor- l’action climatique ainsi que les sources de financement qui cer les capacités, remédier aux imperfections du marché et pourraient venir s’ajouter aux sources actuelles (tableau 6.1). cibler des domaines négligés par le marché. Les capitaux Enfin, il présente des modèles pour accroître l’efficacité des privés joueront aussi un rôle important pour l’adapta- dispositifs existants, en particulier le Mécanisme pour un tion parce que celle-ci sera essentiellement le fait d’agents développement propre, et pour allouer les fonds d’adap- privés – les ménages et les entreprises. La réussite de l’effort tation. Tout au long de ce chapitre, l’analyse porte sur les d’adaptation est cependant indissociable de celle de l’action besoins de financement des pays en développement dans un de développement, et ce sont les pauvres et les groupes défa- cadre défini par les impératifs d’efficacité, de rationalité et vorisés dans les pays en développement qui auront le plus d’équité. besoin d’aide pour s’adapter. Les financements publics joue- ront donc un rôle crucial. Le déficit de financement Il sera essentiel, bien sûr, de mobiliser des financements Pour mener une action climatique efficace, il faudra dépenser additionnels mais aussi d’utiliser plus efficacement les des milliers de milliards. Le montant exact des coûts engen- ressources disponibles. Cela signifie qu’il faudra à la fois drés dépendra de l’ampleur et du mode d’organisation de exploiter les synergies avec les flux financiers actuels, notam- l’action menée au niveau international, du calendrier des ment l’aide au développement, et coordonner la mise en mesures prises, de l’efficacité de la mise en œuvre, des lieux œuvre des actions menées. Étant donné l’ampleur des défi- dans lesquels les mesures d’atténuation sont exécutées et de cits de financement, la diversité des besoins, et les situations la manière dont les fonds sont mobilisés. Ces coûts seront différentes des pays, il sera nécessaire de pouvoir recourir assumés par la communauté internationale, les gouverne- à un large éventail d’instruments. Il faudra aussi répondre ments nationaux, les collectivités locales, les entreprises et aux impératifs d’efficacité et de rationalité en mobilisant et les ménages. en dépensant les ressources consacrées à l’action climatique de manière cohérente. Le besoin de financements Les besoins de financement dépendront du champ Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolu- d’application de l’accord international sur le changement tion du climat (GIEC), qui examine les estimations de coût climatique qui pourra être conclu, et du moment où il le dans son quatrième rapport d’évaluation, il pourrait falloir RapportMonde_LIVRE2.indb 258 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 259 Tableau 6.1 Instruments actuels de financement de l’action climatique Recherche, développement Type d’instrument Atténuation Adaptation et déploiement Recours aux mécanismes du marché pour réduire Échanges de droits d’émission Assurance (pools, indices, le coût des actions climatiques et créer des (MDP, mise en œuvre conjointe, dérivés climatiques, obligations incitations contributions volontaires), catastrophe), facturation des certificats d’énergies services des écosystèmes, renouvelables échangeables, instruments de la dette instruments de la dette (obligations) (obligations) Octroi de ressources et de financements FEM, FTP, UN-REDD, FIP, FCPF Fonds pour l’adaptation, FEM, FEM, FEM/IFC Fonds pour concessionnels (prélèvements et contributions, Fonds PMA, SCCF, PPCR et la planète, GEEREF notamment aide publique au développement autres fonds bilatéraux et et philanthropie) pour essayer de nouveaux multilatéraux instruments, intensifier et catalyser l’action, et fournir le capital d’amorçage nécessaire à la mobilisation du secteur privé. Autres instruments Incitations budgétaires (allégements fiscaux sur les investissements, prêts bonifiés, taxes ou subventions ciblées, crédits à l’exportation), normes (y compris étiquetage), prix d’encouragement et garanties de marché, et accords sur les échanges et les technologies Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde. Note : MDP = Mécanisme pour un développement propre ; FTP = Fonds pour les technologies propres; FCPF = Fonds de partenariat pour la réduction des émissions dues à la déforestation; FIP = Programme d’investissement forestier; GEEREF = Fonds mondial pour la promotion de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables (Union européenne); FEM = Fonds pour l’environnement mondial; IFC = Société financière internationale; Fonds PMA = Fonds pour les pays les moins avancés (CCNUCC/FEM); PPCR = Programme pilote pour la résistance aux chocs climatiques; SCCF = Fonds spécial pour les changements climatiques (CCNUCC/FEM); UN-REDD = Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier des Nations Unies. consacrer entre 1 % et 3 % du PIB pour réduire de 50 % les fonds initiale, même s’ils permettent par la suite de réduire émissions mondiales de gaz à effet de serre à l’horizon 20502. les coûts d’exploitation, le surcroît de financement requis est La plupart des experts estiment qu’il s’agit là du pourcen- généralement supérieur aux coûts calculés sur la durée de tage de réduction minimal nécessaire pour avoir une chance vie de l’investissement dans les modèles d’atténuation (ils raisonnable de stabiliser le réchauffement de la planète aux peuvent être jusqu’à trois fois plus élevés, comme le montre alentours de 2 °C au-dessus des températures préindus- le tableau 6.2). Ces lourds coûts d’équipement initiaux pour- trielles (voir l’abrégé). raient contribuer à dissuader les pays en développement, Les coûts d’atténuation sont toutefois sensibles aux choix dont les ressources budgétaires sont limitées, de réaliser des qui sont faits au niveau de l’action climatique. Ils augmen- investissements dans des technologies à faible intensité de tent très rapidement dès lors que l’on cherche à atteindre un carbone. objectif de réduction des émissions plus ambitieux et que l’on veut avoir une probabilité plus élevée d’atteindre cet objectif (figure 6.1). Le coût total des mesures d’atténuation Figure 6.1 Les coûts d’atténuation annuels augmentent avec la rigueur de l’objectif fixé pour la hausse des températures et la probabilité d’atteindre cet objectif sera également plus élevé si le monde s’écarte de la trajec- Coûts d’atténuation (en % PIB) toire de réduction des émissions au moindre coût. Comme 2,0 l’expliquent les chapitres précédents, la facture mondiale 1,8 sera beaucoup plus lourde si les pays en développement ne 1,6 sont pas inclus dans les efforts d’atténuation dès le départ (c’est pour cette raison que le Mécanisme pour un dévelop- 1,4 1,5°C pement propre a été mis en place dans le cadre du Protocole 1,2 1,0 2°C de Kyoto). De même, le fait d’ignorer certaines possibilités d’atténuation alourdira fortement la facture globale. 0,8 2,5°C Il importe également de faire une distinction entre les 0,6 coûts d’atténuation (c’est-à-dire le surcoût d’un projet à 0,4 3°C faible intensité de carbone durant sa durée de vie) et les 0,2 nouveaux investissements requis (c’est-à-dire les besoins 0 de financement supplémentaires engendrés par le projet). 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 Étant donné que les investissements dans les technologies Probabilité d’atteindre l’objectif propres demandent généralement une importante mise de Source : Schaeffer et al., 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 259 16/09/10 12:40 260 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 6.2 Estimations des besoins de financement annuels de l’action climatique dans les pays en développement Milliards d’USD de 2005 Source des estimations 2010-20 2030 Coûts d’atténuation 175 McKinsey & Company 139 Pacific Northwest National Laboratory (PNNL) Besoins de financement au titre de l’atténuation 2010-20 2030 International Institute for Applied Systems Analysis 63-165 264 (IIASA) International Energy Agency (IEA) Energy 565a Technology Perspectives McKinsey & Company 300 563 Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) 384 Coûts d’adaptation 2010-2015 2030 Mesures Court terme 9-41 Banque mondiale Coût de la mise à l’épreuve du changement climatique : aide au développement et investissement étranger et intérieurs Stern Review 4-37 Coût de la mise à l’épreuve du changement climatique : aide au développement et investissement étranger et intérieurs Programme des Nations Unies pour le 83-105 Mêmes mesures que la Banque mondiale, plus coût de développement l’adaptation des Documents de stratégie de réduction de la pauvreté et renforcement des interventions en cas de catastrophe Oxfam > 50 Mêmes mesures que la Banque mondiale, plus coût des Programmes d’action nationaux pour l’adaptation et des projets menés par des organisations non gouvernementales Moyen terme 26-67 Horizon 2030 : coûts dans : agriculture, foresterie, Convention-cadre des Nations Unies sur les approvisionnement en eau, santé, protection du littoral et changements climatiques (CCNUCC) infrastructure Project Catalyst 15-37 Horizon 2030 : coût du renforcement des capacités, recherche, gestion des catastrophes et secteurs couverts par la CCNUCC (pays les plus vulnérables et secteur public uniquement) Banque mondiale (EACC) 75-100 Coûts d’adaptation annuels moyens pour la période 2010-2050 dans les secteurs suivants : agriculture, foresterie, pêche, infrastructure, gestion des ressources en eau et protection des zones côtières, y compris impacts sur la santé, services des écosystèmes et effets des phénomènes météorologiques extrêmes. Sources : Pour l’atténuation, IIASA 2009 et données supplémentaires communiquées par V. Krey ; AIE 2008 ; McKinsey & Company 2009 et données supplémentaires communiquées par McKinsey (J. Dinkel) pour 2030, converties au taux de change de 1,25 dollar pour 1 euro ; chiffres PNNL : Edmonds et al. 2008, et données supplémentaires communiquées par J. Edmonds et L. Clarke ; chiffres PIK : Knopf et al. (à paraître), et données supplémentaires communiquées par B. Knopf ; pour l’adaptation : Agrawala et Fankhauser 2008 pour tous les chiffres sauf Banque mondiale EACC (Economics of Adaptation to Climate Change) : Banque mondiale 2009 ; et Project Catalyst 2009. Note : Les estimations sont effectuées sur la base d’une stabilisation des gaz à effet de serre à 450 ppm de CO2e, pour laquelle la probabilité de maintenir le réchauffement de la planète à moins de 2 °C à l’horizon 2100 est de 40 à 50 %. a. Les chiffres de l’AIE sont des moyennes annuelles pour la période allant jusqu’à 2050. Le tableau 6.2 indique les surcoûts et les besoins de financement connexes seront compris entre 265 et 565 financement connexes des mesures d’atténuation requises milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Quant aux pour stabiliser les concentrations de CO2e (la somme des coûts d’adaptation, les estimations qui se prêtent le mieux émissions de gaz à effet de serre exprimées en équivalent à des comparaisons sont les projections à moyen terme de de dioxyde de carbone) à 450 parties par million (ppm) au la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements cours de la prochaine décennie, ainsi que le montant estimé climatiques (CCNUCC) et de la Banque mondiale, qui se des investissements nécessaires à l’adaptation à l’horizon situent entre 30 et 100 milliards de dollars. 2030. Si l’on retient l’objectif de 450 ppm, les coûts d’atté- Un grand nombre, mais non la totalité, des besoins d’adap- nuation dans les pays en développement seront de l’ordre tation recensés, nécessiteront des financements publics. de 140 à 175 milliards de dollars par an et les besoins de Selon le Secrétariat de la CCNUCC3, le secteur privé pourrait RapportMonde_LIVRE2.indb 260 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 261 Estimation des coûts d’adaptation au changement climatique dans les pays en ENCADRÉ 6.1 développement Une étude publiée par la Banque mondiale Le secteur des infrastructures est ventilé de modèles de circulation générale en en 2009 sur l’économie de l’adaptation en sous-secteurs : transports, énergie, eau replaçant les projections des conditions au changement climatique contient les et assainissement, communications et climatiques, des plus humides aux plus estimations les plus récentes et les plus infrastructures urbaines et sociales. sèches, dans le scénario A2 du GIEC complètes des coûts d’adaptation dans Base de référence. Les estimations décrivant les évolutions socioéconomiques les pays en développement. Les éléments ne tiennent pas compte du « déficit et les trajectoires d’émissions possibles. clés de l’étude, qui présente des études d’adaptation » actuel, c’est-à-dire de la Sur la base de ces éléments, l’étude produit de cas par pays ainsi que des estimations mesure dans laquelle l’adaptation des des estimations indicatives du coût total mondiales, sont les suivants : pays à la variabilité climatique actuelle est de l’adaptation au changement climatique Champ d’application. Les domaines incomplète ou sous-optimale. dans les pays en développement, qui vont couverts par l’étude sont l’agriculture, la Niveau d’adaptation. Pour la plupart des de 75 à 100 milliards de dollars par an en foresterie, la pêche, les infrastructures, secteurs, l’étude estime les coûts associés moyenne sur la période 2010-2050a. la gestion des ressources en eau et les au rétablissement du bien-être au niveau zones côtières (l’étude examine, dans qu’il aurait en l’absence de changement chacun de ces secteur, les impacts sur climatique. la santé humaine et sur les services Incertitude. Pour donner une idée des Source : Banque mondiale 2009. des écosystèmes) et les effets des conséquences extrêmes du changement a. En dollars constants de 2005. phénomènes météorologiques extrêmes. climatique, l’étude utilise les résultats financer environ 25 % des investissements identifiés, mais il tions climatiques, par exemple pour faire face à l’impact de est peu probable que ce chiffre prenne en compte l’intégralité l’augmentation des revenus et de la croissance démogra- des investissements privés au titre de l’adaptation. phique ou pour réduire un déficit d’adaptation préexistant. Bien qu’elles donnent un ordre de grandeur des coûts Mais dans la pratique, il n’est pas facile de faire la distinction d’adaptation, ces estimations ne sont ni vraiment exactes entre le financement des mesures d’adaptation et le finan- ni complètes. Elles reposent essentiellement sur des calculs cement de l’action de développement. Les investissements empiriques du coût des mesures visant à protéger les infras- dans l’éducation, la santé, l’assainissement et la sécurité des tructures futures des effets du changement climatique. Elles moyens de subsistance, par exemple, constituent de bons sous-estiment la diversité des mesures d’adaptation qui choix de développement. Ils contribuent également à réduire seront probablement prises et ne prennent pas en compte les la vulnérabilité socioéconomique aux chocs climatiques et changements de comportements, l’évolution des pratiques non climatiques. Il ne fait aucun doute que, à court terme, opérationnelles, le déplacement des centres d’activité écono- l’aide au développement fournira des fonds complémen- mique ni les innovations qui se produiront. Elles font égale- taires probablement indispensables pour combler le déficit ment abstraction de la nécessité de s’adapter aux effets non d’adaptation, réduire les risques climatiques et accroître la marchands du changement climatique, notamment sur la productivité économique. Il faudra néanmoins aussi mobi- santé humaine et sur les écosystèmes naturels. Certaines liser des ressources supplémentaires aux fins d’adaptation. options laissées pour compte pourraient alléger la facture de l’adaptation (par exemple, en évitant de coûteux investisse- Le montant des financements disponibles à ce jour ments structurels), tandis que d’autres l’alourdiraient4. Les pour l’action d’atténuation estimations ne tiennent pas non plus compte des dommages Au cours des prochaines décennies, des milliers de milliards résiduels qui ne pourront être évités même si les efforts de dollars seront consacrés à la modernisation et au dévelop- d’adaptation sont efficaces. L’encadré 6.1 décrit une étude pement des infrastructures énergétiques et de transport. Ces récemment menée pour tenter d’incorporer ces complexités investissements massifs offrent une opportunité d’orienter dans le calcul des coûts d’adaptation. de manière décisive l’économie mondiale vers une trajectoire Les estimations des coûts d’adaptation ne prennent pas sobre en carbone ; ne pas la saisir pourrait verrouiller l’avenir non plus en considération le lien étroit qui existe entre de la planète dans des modes de fonctionnement à forte l’adaptation et le développement. Bien que cela ne ressorte intensité de carbone. Comme l’expliquent les chapitres précé- clairement que dans un petit nombre d’études, elles mesu- dents, il faut orienter les nouveaux investissements dans l’in- rent le surcoût des mesures d’adaptation au changement frastructure vers des réalisations à faible teneur en carbone. climatique par rapport aux dépenses qui seraient de toute Ces investissements devront être financés à la fois par façon consacrées à des investissements résistant aux condi- le secteur public et par le secteur privé. Il existe déjà de RapportMonde_LIVRE2.indb 261 16/09/10 12:40 262 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 6.3 Crédits carbone susceptibles d’être générés par les projets nombreux instruments à cet effet (tableau 6.1), qui auront MDP et recettes correspondantes à l’horizon 2012, par région tous un rôle de catalyseur à jouer dans l’action climatique, Millions en mobilisant des ressources supplémentaires, en réorien- d’unités de tant les flux de financements publics et privés vers des inves- Pourcentage réduction USD millions du total tissements sobres en carbone et à l’épreuve du changement certifiée des Par région émissionsa climatique, en appuyant la recherche-développement et en Asie de l’Est et Pacifique 871 10 453 58 déployant des technologies non préjudiciables au climat. Chine 786 9 431 52 Le secteur public financera essentiellement les grands projets d’infrastructure, tandis qu’une grande partie des Malaisie 36 437 2 investissements nécessaires pour créer une économie à Indonésie 21 252 2 faible intensité de carbone – qu’ils visent des équipements à Europe et Asie centrale 10 119 1 haut rendement énergétique, des voitures moins polluantes Amérique latine et 230 2 758 15 ou les énergies renouvelables – proviendra du secteur Caraïbes privé. À l’échelle mondiale, les finances publiques couvrent Brésil 102 1 225 7 aujourd’hui moins de 15 % des investissements d’un pays, Mexique 41 486 3 bien que l’État contrôle la plupart des investissements dans les infrastructures qui déterminent les opportunités concer- Chile 21 258 1 nant les produits à haut rendement énergétique. Argentine 20 238 1 Il existe différents moyens d’encourager l’investissement Moyen-Orient et Afrique 15 182 1 privé dans des projets d’atténuation5 mais le Mécanisme du Nord pour un développement propre (MDP) est le principal Asie du Sud 250 3 004 17 instrument de marché auquel peuvent participer les pays Inde 231 2 777 16 en développement. Le MDP a permis de lancer plus de Afrique subsaharienne 39 464 3 4 000 projets de réduction des émissions à ce jour. D’autres Nigéria 16 191 1 mécanismes similaires, tels que la Mise en œuvre conjointe (l’équivalent du MDP pour les pays industrialisés) et les Pays développés 85 1 019 6 marchés libres du carbone, jouent un rôle important dans Par niveau de revenu certaines régions (pays en transition) et secteurs (foresterie) Revenu faible 46 551 3 mais ils ont une bien moindre envergure. Dans le cadre du Nigéria 16 191 1 MDP, les activités de réduction des émissions dans les pays Revenu intermédiaire, 1 127 13 524 75 en développement peuvent générer des « crédits carbone » tranche inférieure – mesurés par rapport à une norme de référence convenue et Chine 786 9 431 53 vérifiés par un organe indépendant opérant sous l’égide de la CCNUCC – qui sont échangés sur le marché du carbone. Par Inde 231 2 777 16 exemple, une société d’électricité européenne peut acquérir Indonésie 21 252 2 des crédits de réduction des émissions (par achat direct ou Revenu intermédiaire, 242 2 906 166 sous la forme d’une aide financière) provenant d’une aciérie tranche supérieure chinoise qui lance un projet de maîtrise de l’énergie. Brésil 102 1 125 7 Les revenus financiers générés par le MDP sont modestes Mexique 41 486 3 par rapport aux montants qui devront être levés pour faire Malaisie 36 437 2 face aux besoins d’atténuation. Mais ils sont, à ce stade, la principale source de financement de l’atténuation dans les Chili 21 258 1 pays en développement. Entre 2001, année de lancement des Argentine 20 238 1 premiers projets du MDP, et 2012, date d’expiration de la Revenu élevé 85 1 019 6 première période d’engagement du Protocole de Kyoto, le Corée, Rép. de 54 653 4 MDP devrait avoir généré des réductions d’émissions de Total 1 500 18 000 100 l’ordre de 1,5 milliard de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone (CO2e) grâce, essentiellement, à des projets Source : PNUE 2008. Note : Les volumes comprennent les projets abandonnés ou rejetés. d’énergies renouvelables, de maîtrise de l’énergie et de a. 1 million d’unités de réduction certifiée des émissions = 1 million de tonnes de CO2e. substitution de combustibles. Les revenus directement tirés du carbone par les pays en développement pourraient se chiffrer à 18 milliards de dollars (entre 15 et 24 milliards de dollars), selon le prix du carbone (tableau 6.3) 6. En RapportMonde_LIVRE2.indb 262 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 263 outre, chaque dollar supplémentaire généré sur le marché Figure 6.2 L’écart est important : Estimations des besoins de financement annuels de l’action climatique pour assurer une trajectoire à 2 °C avec les ressources actuelles du carbone permet de mobiliser 4,60 dollars en moyenne, voire même jusqu’à 9 dollars dans le cas de certains projets Milliards d’USD constants de 2005 d’énergies renouvelables. Selon les estimations, des investis- 200 sements dans des énergies propres d’une valeur d’environ Atténuation : USD 95 milliards de dollars ont bénéficié du MDP entre 2002 et 139-175 milliards 175 2008. À titre de comparaison, le montant de l’aide publique au développement consentie au titre de l’atténuation de 2002 150 à 20077 s’est établi, selon les estimations, aux alentours de 19 milliards de dollars, et 80 milliards de dollars ont été 125 investis dans des énergies viables dans les pays en dévelop- pement sur la période 2002-20088. Adaptation : USD 28-100 milliards Les bailleurs de fonds et les institutions fi nancières 100 internationales mettent en place de nouveaux instruments financiers pour accroître l’envergure de leur appui aux investissements dans des projets à faible intensité de carbone 75 à l’horizon 2012 (tableau 6.4). Ces initiatives devraient géné- rer un montant total de 19 milliards de dollars d’ici à cette 50 date ; ce chiffre couvre toutefois les financements au titre de Financement l’atténuation et de l’adaptation. de l’adaptation L’insuffisance actuelle des financements au titre de l’at- 25 et de l’atténuation : ténuation est flagrante (figure 6.2). Si l’on ajoute les apports USD 9 milliards des bailleurs de fonds indiqués au tableau 6.4 (en supposant 0 qu’ils sont exclusivement alloués aux mesures d’atténua- 2008–2012 2030 tion) aux financements du MDP indiqués par les projections Source : Pour 2030, voir le tableau 6.2 ; pour 2008-2012, voir le texte. jusqu’à 2012, les ressources fournies jusqu’à cette échéance au titre de l’atténuation se chiffrent à approximativement 37 milliards de dollars, soit moins de 8 milliards de dollars par an, ce qui est très inférieur aux coûts d’atténuation dans Les financements qui pourraient actuellement être desti- les pays en développement (qui devraient, selon les estima- nés à l’adaptation n’atteignent pas un milliard de dollars tions, être compris entre 140 et 175 milliards de dollars à par an, alors que les besoins annuels de financement sont l’horizon 2030), et bien loin de répondre aux besoins de de l’ordre de 30 à 100 milliards de dollars à moyen terme financement correspondants (265 à 565 milliards de dollars). (voir le tableau 6.2). La figure 6.2 compare le montant des ressources disponibles pour l’action climatique sur la Le montant des financements disponibles à ce jour période 2008-2012 (environ dix milliards de dollars par an pour l’action d’adaptation pour l’atténuation et l’adaptation) et les besoins de finance- Les flux de financement au titre de l’adaptation sont un ment à moyen terme indiqués par les projections. phénomène récent. Les fonds proviennent essentiellement de la communauté internationale, par le biais d’organismes bila- Inefficacité des instruments actuels téraux ou d’institutions multilatérales comme le Fonds pour de financement de l’action climatique l’environnement mondial (FEM) et la Banque mondiale. Le manque d’efficacité risque d’alourdir encore le coût d’une La création en décembre 2007 du Fonds pour l’adaptation, initiative dont on sait déjà qu’elle sera d’une ampleur consi- qui est un mécanisme de financement doté de ses propres dérable et extrêmement onéreuse. Il est donc manifestement ressources, a marqué un tournant décisif. Ce fonds est prin- impératif de veiller à ce que les ressources consacrées à l’ac- cipalement alimenté par un prélèvement de 2 % sur le MDP, tion climatique soient mobilisées et dépensées à bon escient. mécanisme novateur (examiné plus en détail ci-après) qui Trois facteurs d’inefficacité du financement de l’action pourrait générer entre 300 et 600 millions de dollars à moyen climatique sont examinés ci-après : la fragmentation des terme, selon le prix du carbone (voir le tableau 6.4 et la note 7). sources de financement, les points faibles des marchés des Si l’on fait abstraction des financements privés, les unités de réduction des émissions aux fins d’atténuation, et ressources mobilisées d’ici à 2012 au titre de l’adaptation les coûts potentiels de prélèvements sur les unités de réduc- devraient être comprises entre 2,2 et 2,5 milliards de dollars, tion certifiée des émissions (URCE) pour financer le Fonds selon les montants mobilisés par le Fonds pour l’adaptation. pour l’adaptation. RapportMonde_LIVRE2.indb 263 16/09/10 12:40 264 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 6.4 Nouveaux fonds bilatéraux et multilatéraux consacrés à l’action climatique Fonds Montant total (USD millions) Période Financement au titre de la CCNUCC Priorité stratégique « Adaptation » 50 (A) FEM 3-FEM 4 Fonds pour les pays les moins avancés 172 (A) Octobre 2008 Fonds spécial pour les changements climatiques 91 (A) Octobre 2008 Fonds pour l’adaptation au changement climatique 300-600 (A) 2008-12 Initiatives bilatérales Cool Earth Partnership (Japon) 10 000 (A+M) 2008-12 ETF-IW (Royaume-Uni) 1 182 (A+M) 2008-12 Initiative sur le climat et les forêts (Norvège) 2 250 Fonds PNUD/Espagne pour la réalisation des ODM 22 (A) / 92 (M) 2007-10 GCCA (Commission européenne) 84 (A) / 76 (M) 2008-10 Initiative internationale pour la protection du climat 200 (A) / 564 (M) 2008-12 (Allemagne) IFCI (Australie) 160 (M) 2008-12 Initiatives multilatérales GFDRR 15 (A) (sur 83 millions de dollars de 2007-08 contributions annoncées) UN-REDD 35 (M) Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de 500 (M) (engagements : 140) carbone (Banque mondiale) Fonds de partenariat pour la réduction des émissions 385 (M) (engagements :160) 2008-20 dues à la déforestation (Banque mondiale) Fonds d’investissement climatiques : 6 200 (A+M) 2009-12 Fonds pour les technologies propres 4 800 (M) Fonds climatique d’investissement stratégique : 1 400 (A+M) Programme d’investissement forestier 350 (M) Développement des énergies renouvelables 200 (M) Programme pilote de protection contre l’impact du 600 (A) changement climatique Source : CCNUCC 2008a et mises à jour des auteurs. Note : Pour plusieurs initiatives bilatérales, une partie des fonds sera allouée dans le cadre d’initiatives multilatérales (c’est le cas, par exemple, de certaines contributions aux Fonds d’investissement climatiques ou au Fonds de partenariat pour la réduction des émissions dues à la déforestation), ce qui entraîne un double comptage. Il est donc difficile de dresser un tableau précis des ressources qui seront affectées aux changements climatiques dans les pays en développement. Les Fonds d’investissement climatiques sont administrés par la Banque mondiale et les banques multilatérales de développement. Toutes les données concernant ces Fonds datent de juillet 2009 – le Fonds climatiques d’investissement stratégique avait un solde non affecté de 250 millions de dollars à cette date, et le programme de développement des énergies renouvelables devra recevoir un minimum de 250 millions de dollars d’engagements pour être opérationnel. A = financements au titre de l’adaptation ; M = financements au titre de l’atténuation ; ETF-IW = Environmental Transformation Fund-International Window (Fonds de transformation environnementale – guichet international de financement) ; GCCA = Alliance mondiale pour la lutte contre le changement climatique ; IFCI = Initiative internationale sur le carbone forestier ; UN-REDD = Fonds de partenariat des Nations Unies pour la réduction des émissions de carbone forestier ; GFDRR = Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement. Les annonces de contributions à l’Initiative sur le climat et les forêts (Norvège) se chiffraient à 430 millions de dollars en juin 2009. La fragmentation des sources de financement du développement ou de l’action climatique, engendre diffé- de l’action climatique rents coûts qui sont, notamment les coûts de transaction Comme le montre le tableau 6.4, il existe un risque de proli- (dont le montant total augmente avec le nombre de sources fération des fonds climatiques à vocation spéciale. Une telle de financement), les problèmes d’allocation des fonds fragmentation menace de réduire l’efficacité générale des (surtout lorsque ces derniers ont des objectifs étroitement financements de l’action climatique car l’adhésion des pays circonscrits) et les limites imposées à l’échelle des projets. bénéficiaires diminue à mesure que leurs coûts de tran- La fragmentation et la faiblesse actuelles des ressources saction augmentent et qu’il devient plus difficile d’aligner font clairement ressortir l’importance des négociations cette action sur les objectifs de développement nationaux. consacrées à la formulation d’une architecture de finance- Chaque nouvelle source de financement, que ce soit à l’appui ment de l’action climatique qui permettra de mobiliser des RapportMonde_LIVRE2.indb 264 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 265 ressources à la hauteur des besoins et d’utiliser efficacement fi xés dans le Protocole de Kyoto fait ressortir la respon- un grand nombre d’instruments et de circuits. sabilité qui leur incombe en ce domaine. Tout accord Bien qu’il soit impossible d’établir un strict parallèle mondial sur le changement climatique doit définir un entre le financement de l’action climatique et l’aide au déve- cadre dans lequel les pays à revenu élevé sont tenus de loppement, certains des enseignements tirés des études de s’employer à atteindre leurs propres objectifs d’émissions l’efficacité de l’aide sont particulièrement pertinents pour le et de fournir des ressources pour l’action climatique, et financement climatique. L’un des principaux objectifs de la les pays en développement doivent rendre compte des Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développe- mesures prises dans ce domaine et de l’utilisation des ment était de répondre aux préoccupations suscitées par les fonds, comme stipulé dans le Plan d’action de Bali. Outre effets négatifs de la fragmentation de l’aide. En signant cette la mobilisation des ressources nécessaires, le suivi des déclaration, les donateurs et les bénéficiaires de l’aide se sont flux de financement de l’action climatique, la notification engagés à incorporer les principes fondamentaux d’appro- et la vérification des résultats, sont au cœur des négocia- priation, d’alignement, d’harmonisation, d’orientation sur tions actuelles sur le climat. les résultats et de responsabilité mutuelle dans leurs activités Le choix des investissements devant être financé par les de développement, autant de principes qui ont été récem- fonds climatiques et les modalités de financement corres- ment réaffirmés dans le Programme d’action d’Accra. pondantes sont, au même titre que les sources des finan- La Déclaration de Paris soulève des points importants cements, des questions d’une importance fondamentale. pour le financement des investissements dans le domaine du Certains investissements porteront sur des projets spéci- climat, qui sont pour la plupart largement acceptés et énon- fiques – la construction de centrales électriques à faible cés dans les textes issus des négociations, tels que le Plan intensité de carbone, par exemple – mais il sera souvent d’action de Bali9 : possible de réaliser des gains d’efficacité en suivant une • Appropriation. Pour renforcer l’adhésion des pays, il approche-programme ou sectorielle. Dans le cas de l’adap- est essentiel de s’entendre sur le fait que le changement tation, les fonds devraient, dans la plupart des cas, non pas climatique est un problème de développement – il s’agit là être alloués à des projets spécifiques, mais associés au finan- d’un élément central de ce rapport. Il faudra alors parve- cement du développement au niveau national. nir à intégrer ce consensus dans les stratégies nationales De manière plus générale, il vaudrait mieux éviter de de développement. donner un caractère trop normatif au financement de l’ac- • Alignement. L’alignement de l’action climatique sur les tion climatique en adoptant une approche similaire à celle priorités nationales est la deuxième condition indispen- retenue pour les stratégies de réduction de la pauvreté dans sable à un accroissement de l’efficacité du financement de nombreux pays en développement, qui consiste à subor- climatique. Le passage d’une approche-projet à une donner l’aide fournie au titre de la réduction de la pauvreté approche-programme ou sectorielle pourrait faciliter à l’élaboration d’une stratégie à cette fin par le pays béné- ce processus. La prévisibilité et la durabilité du finance- ficiaire. L’aide budgétaire globale fournie par les bailleurs ment est un autre aspect essentiel de l’alignement. Les de fonds à l’appui d’un programme d’action pour la réduc- programmes d’action climatique au coup par coup, tribu- tion de la pauvreté s’articule autour de cette stratégie, qui taires de la volatilité des ressources disponibles, réduisent est basée sur une analyse de la pauvreté et la définition des l’efficacité générale. priorités nationales, validées avec la société civile dans le • Harmonisation. Dans la mesure où les différents fonds cadre de processus participatifs. Les projets isolés sont alors climatiques peuvent avoir des objectifs différents, cette l’exception plutôt que la règle. Si les pays intégraient l’action fragmentation des ressources est un obstacle majeur à climatique dans leurs stratégies de développement, il devrait l’harmonisation des sources de financement et à l’ex- être possible de suivre une démarche similaire pour le finan- ploitation des synergies entre le financement de l’adapta- cement dans le domaine du climat. tion, le financement de l’atténuation et le financement du développement. Le manque d’efficacité du Mécanisme pour un • Résultats. Le programme d’action climatique axé sur les développement propre résultats n’est pas vraiment très différent de ceux pour- Le MDP est le principal instrument utilisé pour promouvoir suivis dans d’autres domaines du développement. Il sera le financement de l’atténuation dans les pays en développe- essentiel d’élaborer et d’utiliser des indicateurs de réali- ment. Il a dépassé toutes les attentes, prouvé que les marchés sations pertinents pour préserver le soutien du public au pouvaient stimuler la réduction des émissions, fourni des financement climatique et obtenir l’adhésion des pays éléments d’information essentiels, fait davantage prendre aux actions en ce domaine. conscience de la problématique et renforcé les capacités. • Responsabilité mutuelle. Les faibles progrès réalisés dans Mais le MDP présente certaines insuffisances qui remet- de nombreux pays développés en direction des objectifs RapportMonde_LIVRE2.indb 265 16/09/10 12:40 266 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 6.2 Évaluation des avantages connexes du MDP Le Mécanisme pour un développement technologies. En outre, ce type de transfert indiquent avoir un impact sur l’emploi propre présente trois grandes catégories s’effectue généralement dans le cadre de et 23 % font valoir qu’ils améliorent les d’avantages pour les pays hôtes (outre projets de grande envergure. Bien qu’un moyens de subsistance. Les effets positifs les revenus tirés de la vente de crédits tiers seulement des projets comportent un sur l’emploi sont moins souvent cités carbone) : il permet de transférer volet Transfert de technologie, ces projets dans le cas des projets de réduction et de diffuser des technologies ; il génèrent 66 % des réductions d’émissions. des gaz industriels (réduction des contribue à la création d’emplois et à la Les projets expressément définis comme émissions d’hydrofluorocarbures, de croissance économique ; et il favorise des « petits » projets, et traités comme tels, perfluorocarbures et d’oxyde d’azote un développement écologiquement et ne contribuent au transfert de technologie – 18 %) et de remplacement des socialement durable. que dans 26 % des cas. combustibles fossiles par des combustibles Il est possible de jauger la mesure dans Le transfert de technologie est toutefois moins polluants (43 %) que dans les laquelle les projets contribuent à ces un concept difficile à définir. Dans autres secteurs, où 65 % au moins des trois objectifs en recherchant dans le domaine de l’atténuation, il s’agit descriptifs de projet indiquent présenter les descriptifs de ces projets les mots moins du transfert de technologies des avantages au niveau de l’emploi. clefs associés à différents avantages. brevetées que du transfert du savoir-faire Si l’on utilise une définition plus Cette méthode a été utilisée par Haites, opérationnel et managérial nécessaire traditionnelle et plus étroite du Maosheng et Seres pour évaluer les pour utiliser un procédé particulier. Selon développement durable, 67 % des avantages du MDP en termes de une étude consacrée par Dechezleprêtre projets indiquent qu’ils procurent des transfert de technologie et par Watson et et ses collègues tout particulièrement avantages sur le plan de la formation ou Fankhauser pour évaluer sa contribution au transfert de technologies protégées de l’éducation (valorisation du capital à la croissance économique et au par un brevet, le Protocole de Kyoto n’a humain), 24 % réduisent la pollution ou développement durable. pas contribué à accélérer les échanges produisent des avantages écologiques Haites, Maosheng et Seres ont constaté technologiques, bien qu’il puisse avoir (accroissement du capital naturel) et qu’un tiers seulement des projets du MDP encouragé l’innovation en général. 50 % procurent des avantages sur le plan ciblent le transfert de technologie par le Selon Watson et Fankhauser, 96 % de l’infrastructure ou de la technologie biais de la fourniture d’équipement et/ou des descriptifs de projet font valoir (accroissement du capital créé par de savoir-faire. Un examen plus approfondi qu’ils contribuent à la viabilité l’homme). montre qu’il s’agit essentiellement environnementale et sociale, mais il de projets auxquels participent des s’agit dans la plupart des cas d’une Sources : Haites, Maosheng et Seres 2006 ; promoteurs étrangers. Un quart seulement contribution à la croissance économique Watson et Fankhauser 2009 ; Dechezleprêtre des projets conçus unilatéralement par et, en particulier, à la création d’emplois. et al. 2009. le pays hôte mentionnent le transfert de Un peu plus de 80 % des projets tent en question le dispositif général et son efficacité en tant des activités à mettre en œuvre pour simplifier davantage qu’instrument de financement : la préparation et le suivi des projets. Un retour sur la notion d’additionalité permettra de pallier les principales sources Une contribution environnementale douteuse. À terme, le d’inefficacité qui entravent le bon fonctionnement du MDP succès du MDP sera évalué sur la base de sa contribution tout en améliorant sa crédibilité. à une réduction mesurable des émissions de gaz à effet de serre. Afin de ne pas réduire l’efficacité environnementale Une contribution insuffisante au développement durable. des mesures prévues par le Protocole de Kyoto, les réductions Le MDP a été créé dans un double objectif : atténuer les effets d’émissions générées par le MDP doivent venir s’ajouter à du changement climatique à l’échelle mondiale et promouvoir celles qui seraient obtenues sans ce mécanisme. Le degré le développement durable des pays en développement. Mais d’additionnalité des projets du MDP fait l’objet d’intenses il a davantage contribué à réduire les coûts d’atténuation débats10. L’additionalité d’un projet particulier est difficile qu’à promouvoir le développement durable11. Un projet à établir et encore plus difficile à vérifier parce que le point est réputé contribuer au développement durable si les de référence est, par défi nition, une situation hypothétique autorités nationales attestent officiellement qu’il procure qu’il est impossible de définir sans prêter à controverse ou de nombreux avantages locaux additionnels et répond aux de prouver de manière irréfutable. Alors que le processus priorités nationales de développement (encadré 6.2). Bien du MDP reste enlisé dans les polémiques sur les notions de que cette définition générale soit acceptée par de nombreux base de référence et d’additionalité, il est temps d’envisager détracteurs12, diverses organisations non gouvernementales d’autres moyens plus simples de démontrer l’additionalité, ont fait état de problèmes au niveau de la sélection de certains en établissant des normes de référence et une liste positive types de projet (centrales hydroélectriques, plantations de RapportMonde_LIVRE2.indb 266 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 267 palmiers à huile, destruction des gaz industriels) et de leur en développement à se placer sur une trajectoire de mise en œuvre. Si l’on examine de plus près le portefeuille de développement sobre en carbone21. Les incitations qu’il projets du MDP en préparation, on constate que la question offre ne suffisent pas à encourager la transformation de du développement durable est abordée de façon sommaire l’économie, sans laquelle l’intensité de carbone continuera et inégale dans les descriptifs de projet et que les promoteurs d’augmenter dans les pays en développement22. L’approche des projets n’attachent guère d’importance à ce concept ou par projet du MDP et l’insuffisance de son pouvoir de le maîtrisent mal. mobilisation ont limité son action à un nombre assez réduit de projets. Le fait que la survie du marché du carbone ne soit Une gouvernance insuffisante et un fonctionnement inefficace. pas assurée au-delà de 2012 a également un effet dissuasif Le MDP se distingue par le fait qu’il réglemente un marché sur les transactions. dominé par des acteurs privés, par l’intermédiaire d’un conseil exécutif – essentiellement un comité des Nations Le coût-efficacité du financement de l’adaptation Unies – qui approuve les méthodes de calcul et les projets Une importante source de financement des activités d’adap- qui créent les actifs sous-jacents du marché. La crédibilité du tation – et la principale source de revenu du Fonds pour MDP dépend dans une grande mesure de la robustesse de son l’adaptation – est le prélèvement de 2 % sur les montants cadre réglementaire et de la confiance du secteur privé dans des projets du MDP, qui pourrait également être appliqué les opportunités offertes par le mécanisme13. Le manque à d’autres mécanismes d’échange tels que la Mise en œuvre persistant de transparence et de prévisibilité des décisions conjointe. Si ce prélèvement offre de bonnes perspectives du conseil suscite de plus en plus de critiques14. Par ailleurs, de mobiliser, au profit du Fonds d’adaptation, des finance- le MDP commence à afficher des faiblesses structurelles ments qui ont un caractère clairement additionnel, il soulève indiquant qu’il est victime de son succès. Nombreux sont toutefois aussi des questions économiques fondamentales. ceux qui se plaignent du nombre d’années que peut prendre La principale objection pourrait tenir au fait que le prélève- l’approbation des méthodologies15 et du retard de 1 à 2 ans ment sur le MDP taxe un bien (le financement de l’atténua- que peut prendre l’évaluation des projets16. Ce sont là des tion) et non un mal (les émissions). Plus généralement, deux obstacles majeurs à la poursuite de l’expansion du MDP grandes questions se posent : en tant qu’instrument majeur du financement des efforts • Dans quelle mesure le prélèvement permettra-t-il d’ac- d’atténuation dans les pays en développement. croître le volume des financements pour l’adaptation, et quelle est la perte d’efficacité économique (ou perte de Une couverture limitée. Les projets du MDP ne sont pas bien-être collectif, dans le jargon économique) associée également répartis. Le Brésil, la Chine et l’Inde reçoivent à ce prélèvement ? à eux trois 75 % des recettes issues des contreparties de • De quelle manière la charge fiscale est-elle répartie entre la fi xation de carbone (voir le tableau 6.3). Les pays à les vendeurs (les pays en développement) et les acheteurs faible revenu ne sont pratiquement pas couverts par le (les pays développés) ? MDP : ils n’ont en effet reçu que 3 % des recettes tirées du Selon une analyse basée sur le modèle GLOCAF mis au carbone, et un tiers de celles-ci sont dues à trois projets point par les autorités au Royaume-Uni, la capacité d’un de brûlage à la torche au Nigéria. On note également une marché du carbone élargi à mobiliser des financements forte concentration sectorielle, les mesures de dépollution supplémentaires au titre de l’adaptation dépendra du type portant essentiellement sur une poignée de projets de gaz d’accord climatique mondial conclu23. Les recettes varieront industriels. Le MDP n’a appuyé aucun projet d’accroissement en fonction de la demande escomptée, qui pourra être limitée des rendements énergétiques dans les domaines du bâtiment ou non par l’imposition de restrictions supplémentaires pour ou du cadre ménager ou dans les systèmes de transports, encourager la réduction des émissions au niveau national ; qui produisent 30 % des émissions mondiales de carbone17 elles varieront aussi, dans une moindre mesure, en fonction et qui sont ceux dans lesquels les émissions augmentent le de l’offre escomptée, qui dépendra notamment de l’inclusion plus rapidement sur les marchés émergents18. Le MDP n’a ou non dans un futur régime des crédits générés par le déboi- pas non plus contribué à assurer des moyens de subsistance sement évité et d’autres secteurs et régions qui ne contribuent durables pour les populations pauvres des zones rurales et actuellement guère aux échanges de crédits carbone. périurbaines ni à améliorer leur accès à l’énergie19. Enfin, Les recettes dépendront aussi du taux de prélèvement. alors que le déboisement est la principale source d’émissions Au niveau actuel de 2 %, la taxe devrait permettre de lever dans de nombreux pays tropicaux, les projets de conservation quelque deux milliards de dollars par an d’ici à 2020 si la des forêts sont exclus du MDP20. demande n’est pas limitée, mais seulement moins de la moitié de ce montant si les achats de crédits sont plafonnés L’insuffisance des incitations est renforcée par l’avenir (tableau 6.5). Pour lever dix milliards de dollars par an, il incertain du marché. Le MDP n’a pas amené les pays faudrait porter le taux de prélèvement à 10 % et supprimer RapportMonde_LIVRE2.indb 267 16/09/10 12:40 268 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 6.5 Incidence d’un prélèvement pour l’adaptation sur les projets relevant du Mécanisme pour un développement propre (2020) Millions d’USD Coût pour les pays Taux d’imposition Recettes générées Perte de bien-être collectif en développement 2% Demande plafonnée et offre faible 996 1 249 Demande non plafonnée et offre importante 2 003 7 1 257 10 % Demande plafonnée et offre faible 4 946 20 869 Demande non plafonnée et offre importante 10 069 126 6 962 Source : Fankhauser, Martin et Prichard, à paraître. Note : Dans un scénario de demande plafonnée, les régions peuvent acheter des droits d’émission à hauteur de 20 % de leur objectif ; dans un scénario de demande non plafonnée, aucune limite n’est imposée. Dans un scénario d’offre faible, le MDP fonctionne dans les mêmes secteurs et régions qu’à l’heure actuelle. Dans un scénario d’offre importante, le marché du carbone est élargi à d’autres régions et secteurs, y compris pour les crédits alloués au titre de la réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (bien que, comme on l’a vu plus haut, ces réductions ne soient actuellement pas prises en compte dans le MDP). Le marché total se chiffre à 50 milliards de dollars environ dans le scénario demande plafonnée-offre faible et à 100 milliards de dollars environ dans le scénario demande non plafonnée-offre importante. toutes les restrictions. Même au taux de 10 %, la taxe aurait autorités nationales, les organisations internationales un coût économique relativement faible par rapport à l’effet ainsi que des ressources dans le cadre de mécanismes de positif global des transactions. financement spéciaux tels que le Fonds pour l’adaptation. Comme pour toutes les taxes, le coût du prélèvement est • Améliorer l’efficacité des marchés du carbone en restruc- réparti entre les acheteurs et les vendeurs de crédits carbone, turant le MDP pour en faire le principal mécanisme de selon leur sensibilité aux variations des prix (élasticités- mobilisation de financements privés destinés aux activi- prix de l’offre et de la demande). Dans les scénarios dans tés d’atténuation. lesquels la demande est limitée, les acheteurs ne réagissent • Étendre les mesures d’incitation basées sur les résultats à guère à la taxe et supportent donc l’essentiel du fardeau. l’utilisation des terres, au changement d’affectation des Mais la situation est différente lorsqu’aucune contrainte terres et à la foresterie afin de modifier la répartition des ne s’exerce au niveau de la demande. L’incidence fiscale se financements entre les sources publiques et les sources déplace clairement au détriment des pays en développement, privées dans ce domaine important. qui doivent assumer plus des deux tiers de la charge fiscale • Mobiliser des financements privés pour les activités pour maintenir le prix de leurs crédits à un niveau compéti- d’adaptation. tif. En d’autres termes, la principale contribution au Fonds Les pays devront également réfléchir au cadre budgétaire pour l’adaptation proviendrait des pays en développement de l’action climatique. Les mesures d’atténuation et d’adap- (sous la forme des revenus auxquels ils doivent renoncer sur tation prises au niveau national peuvent avoir des répercus- le marché du carbone). Au lieu de transférer les fonds des sions importantes sur les recettes publiques, les subventions pays développés vers les pays en développement, le prélè- et les flux financiers internationaux. Les principaux éléments vement sur les projets du MDP entraînerait un transfert de d’un tel cadre sont, notamment, les suivants : ressources des principaux pays dans lesquels sont menés les Choix de l’instrument d’atténuation. Une taxe sur le projets du MDP (Brésil, Chine et Inde – voir le tableau 6.3) carbone ou un système d’échange de droits d’émission aux pays vulnérables admis à recevoir des financements au sera plus efficace qu’un cadre réglementaire et ces instru- titre de l’adaptation. ments peuvent, l’un comme l’autre, générer d’importantes recettes (à condition que les droits d’émission soient vendus Accroître l’ampleur du financement de l’action aux enchères par l’État). L’encadré 6.3 décrit les principales climatique caractéristiques des taxes sur le carbone et du système de Pour combler le déficit de financement, il faudra diversi- plafonnement et d’échange. fier les sources de fonds et modifier les instruments exis- Neutralité budgétaire. Les pays ont la possibilité d’utili- tants de manière à les rendre plus efficaces et à mobiliser les ser le produit de la taxe sur le carbone pour réduire d’autres ressources nécessaires. La présente section expose certains impôts sources de distorsions, ce qui pourrait avoir un fort des principaux défis que pose la réalisation de cet objectif et impact sur la croissance et le bien-être collectif. Toutefois, fait valoir qu’il importe de : l’étroitesse de la base des recettes fiscales qui caractérise de • Mobiliser de nouvelles sources de fonds à l’appui des nombreux pays en développement pourrait être un obstacle efforts d’adaptation et d’atténuation déployés par les à la recherche d’une neutralité budgétaire totale. RapportMonde_LIVRE2.indb 268 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 269 ENCADRÉ 6.3 Taxes sur le carbone et mécanisme de plafonnement et d’échange Les principaux instruments du marché qu’un pays ne dépassera pas son plafond directe de revenus que l’État peut utiliser utilisés pour l’atténuation du changement (en supposant que le mécanisme est bien pour financer les dépenses publiques ou climatique sont les taxes sur le carbone appliqué), mais cet avantage peut avoir qu’il peut « recycler » en réduisant ou en et les mécanismes de plafonnement et pour contrepartie des incertitudes quant au éliminant d’autres taxes. Dans la mesure d’échange. Parce qu’ils n’imposent pas niveau et à la stabilité du prix des permis. où le recyclage accroît l’efficacité générale de quotas d’émissions ni de normes Les deux instruments sont différents à du système fiscal, le pays enregistre un technologiques (qui sont les mécanismes plusieurs égards importants : « double dividende » – qui n’est cependant de réglementation généralement utilisés pas garanti si les taxes sur le carbone par les pouvoirs publics), ces instruments Efficacité accentuent les inefficacités du système Étant donné que les informations sur les laissent le champ libre aux entreprises fiscal. Si les droits d’émission sont vendus coûts d’atténuation sont imparfaites, il et aux ménages pour décider comment aux enchères par l’État, ils sont alors eux est possible qu’un instrument de marché atteindre un objectif climatique au aussi une source de recettes fiscales pour réduise trop, ou pas assez, les émissions moindre coût. l’État. ce qui pourrait alourdir excessivement les Une taxe sur le carbone est un instrument fondé sur le prix ; en général la taxe est coûts dans le premier cas et les dommages Économie politique dans le second cas. Une démonstration Étant donné que, quel que soit l’objectif perçue sur la teneur en carbone des bien connue de Weitzman montre que climatique retenu, le monde a un bilan combustibles utilisés comme intrants, et le choix de l’instrument en situation carbone bien déterminé, certains groupes incite donc les consommateurs à utiliser des d’incertitude dépend de la relation entre pourraient être attirés par la certitude que combustibles moins riches en carbone ou la pente de la fonction des coûts des procure un instrument quantitatif. Aucune à utiliser les combustibles de manière plus dommages et la pente de la fonction entreprise, aucun particulier n’aime payer rationnelle. Toutefois, les pouvoirs publics des coûts de dépollution. Il est difficile des impôts. Cette logique peut sembler n’ont que des informations imparfaites sur de déterminer ce qu’il faut en déduire faire pencher la balance en faveur du les coûts de la substitution de combustibles dans le cas du changement climatique système de plafonnement et d’échange, ou de l’amélioration de la maîtrise de car la forme de la fonction des coûts des mais l’aversion que les entreprises peuvent l’énergie, de sorte qu’il n’est pas possible dommages est entachée d’une très forte éprouver pour la fiscalité signifie aussi d’établir avec certitude dans quelle mesure incertitude. Toutefois, comme les gaz à qu’elles résisteront à la mise en enchères un taux d’imposition donné contribuera effet de serre s’accumulent et forment des droits d’émissions et pourraient même effectivement à réduire les émissions. Si les des stocks de polluants, nombreux sont faire pression pour obtenir des permis autorités nationales imposent un plafond ceux qui font valoir que, à court terme, les gratuits. Un système d’octroi de permis qui d’émissions dans le cadre d’un accord dommages d’une tonne marginale seront ne donne pas lieu à leur mise aux enchères mondial, il leur faudra peut-être établir relativement constants, de sorte que la a généralement tendance à encourager la le taux d’imposition par approximations taxe est une meilleure option. recherche de rente et des comportements successives afin de maintenir les émissions qui peuvent être sources de corruption. en dessous du plafond. Volatilité des prix Dans un système de plafonnement et Le système de plafonnement et d’échange Efficacité administrative d’échange,, l’État délivre des permis permet d’établir avec certitude le Le coût d’administration de la politique d’émissions qui donnent le droit d’émettre volume des émissions, mais peut être climatique et les besoins en capital du carbone ; les participants au système source d’incertitudes au niveau des institutionnel et humain sont des sont libres d’échanger ces permis. prix. Par exemple, toute modification de considérations particulièrement Étant donné que le coût marginal de la conjoncture ou des prix relatifs des importantes dans les pays en la substitution de combustibles ou de combustibles à faible teneur en carbone développement. Une taxe sur la teneur l’amélioration du rendement énergétique et des combustibles à forte teneur en en carbone des combustibles pourrait varie selon les entreprises et les secteurs, carbone a un impact direct sur le prix avoir un très bon rapport coût-efficacité ces échanges peuvent être sources de des permis. Non seulement la volatilité car elle pourrait être administrée par les gains. Par exemple, si le coût marginal des prix complique la planification des biais des systèmes administratifs déjà d’atténuation est beaucoup moins élevé stratégies de dépollution, mais elle a aussi utilisés pour le prélèvement des droits de pour une entreprise que pour une autre, un effet dissuasif sur l’investissement consommation frappant les combustibles. la première peut vendre un permis à dans la recherche-développement sur En revanche, la mise en place d’un marché un prix supérieur à son coût marginal les nouvelles techniques antipollution. pour la vente aux enchères et l’échange d’atténuation, réduire ses émissions en La constitution de réserves de droits de permis peut être une opération très conséquence et dégager un profit – et d’émissions et la possibilité d’emprunter complexe, et il est nécessaire de créer tant que le prix du permis est inférieur au des droits sont deux mécanismes simples un organe de contrôle pour surveiller coût marginal d’atténuation de l’acheteur, qui peuvent contribuer à amortir cette l’exercice des pouvoirs d’intervention sur la transaction est également avantageuse volatilité des prix. le marché. Un système de permis exige pour lui. Le système de plafonnement et également que le respect des règles d’échange étant un instrument quantitatif, Recyclage des recettes soit suivi et assuré au niveau de chaque on peut être raisonnablement certain Une taxe sur le carbone est une source émetteur, alors que le suivi de l’application RapportMonde_LIVRE2.indb 269 16/09/10 12:40 270 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 6.3 Taxes sur le carbone et mécanisme de plafonnement et d’échange (suite) de taxes sur le carbone peut être assuré de installations industrielles à forte intensité devient le principal mécanisme utilisé manière bien moins onéreuse au niveau de carbone et transports aériens), pour réglementer les émissions de gaz des vendeurs en gros de combustibles. soit 40 % environ du volume total des à effet de serre à l’échelle nationale (et Les taxes sur le carbone et le système de émissions de l’UE. D’autres instruments est complété par des dispositifs comme plafonnement et d’échange ne sont pas (notamment une taxe sur le carbone les normes régissant la part des énergies incompatibles. L’Union européenne a imposée dans plusieurs pays européens) renouvelables dans le portefeuille opté pour un régime d’échange de droits visent les émissions d’autres secteurs, énergétique). d’émission qui sera mis progressivement tels que le logement et les services, les en place à partir de 2011 pour les gros transports, la gestion des déchets et Sources : Bovenberg et Goulder 1996 ; émetteurs (services d’utilité collective, l’agriculture. En Australie et aux États-Unis, Weitzman 1974 ; Aldy, Ley et Parry 2008 ; sources de production de chaleur, grosses le système de plafonnement et d’échange Newell et Pizer 2000. Simplicité administrative et faibles coûts d’administra- rait atteindre plusieurs dizaines ou centaines de milliards de tion. Les taxes sur le carbone frappent la teneur en carbone dollars par an puisse être essentiellement financée par des des combustibles, de sorte qu’il est possible de simplement contributions de l’État. Bien que des compléments de finan- les intégrer au régime d’imposition des combustibles déjà en cement aient été annoncés, on a pu constater, dans le cadre place. L’allocation des permis et le contrôle du respect des de l’aide au développement, que les montants que peuvent règles établies dans un système de plafonnement et d’échange fournir les bailleurs traditionnels sont assujettis à certaines peuvent générer d’importants frais d’administration. limites. D’autre part, les pays en développement craignent Impact sur la répartition des revenus. Tout instrument que les apports des pays développés ne constituent pas tota- d’atténuation basé sur les prix a un effet de répartition des lement une addition à l’aide au développement. revenus pour différents groupes de revenus, selon l’inten- Il faudra donc mobiliser d’autres sources de financement. sité de carbone de la consommation des membres de chaque Plusieurs options ont été proposées, en particulier pour groupe et selon qu’ils travaillent ou non dans des secteurs l’adaptation : en perte de vitesse à cause de l’imposition d’une taxe sur le carbone ou du plafonnement des émissions. Il peut donc être Une taxe sur le carbone coordonnée sur le plan international. nécessaire de prendre des mesures budgétaires compensa- Les propositions en faveur d’une taxe sur le carbone toires si les ménages à faible revenu sont touchés de manière administrée au niveau national mais levée au niveau disproportionnée. international sont intéressantes parce qu’elles assurent Cohérence des politiques. Les mécanismes d’octroi de une large base d’imposition ainsi que des flux de recettes subventions actuels, en particulier au titre de l’énergie et relativement assurés. En outre, contrairement au prélèvement de l’agriculture, peuvent aller à l’encontre des mesures d’at- sur les projets du MDP, la taxe frapperait les émissions et non ténuation du changement climatique et d’adaptation à ses pas les réductions d’émissions. Au lieu d’entraîner une perte effets. Les subventions versées au titre de biens qui devien- de bien-être collectif, cette taxe aurait un effet correctif, ce dront plus rares sous l’effet du changement climatique, qui est un avantage appréciable. Le principal inconvénient comme l’eau, risquent également d’avoir des effets pervers. d’une taxe coordonnée sur le plan international est qu’elle L’encadré 6.4 décrit les efforts déployés par le ministère risque d’empiéter sur l’autorité fiscale des États souverains. indonésien des Finances pour intégrer la problématique du Il pourrait donc être difficile de dégager un consensus climat dans la politique macroéconomique et budgétaire international en faveur de cette option. nationale. Une taxe sur les émissions générées par les transports Trouver de nouvelles sources de financement de internationaux. Une taxe plus étroitement ciblée sur l’adaptation et de l’atténuation les transports aériens ou maritimes internationaux aurait Les institutions publiques – les administrations nationales, l’avantage de viser deux secteurs qui échappent jusqu’à les organismes internationaux et les mécanismes de finance- présent à la réglementation du carbone alors que leurs ment prévus par la CCNUCC – sont les principaux moteurs émissions augmentent rapidement. Compte tenu du caractère d’un développement intelligent sur le plan climatique. international de ces secteurs, une telle taxe pourrait être Jusqu’à présent, elles ont presque exclusivement eu recours plus acceptable pour les ministres nationaux des finances, aux recettes publiques pour financer leurs activités. Mais il est et sa base d’imposition serait suffisamment large pour lever peu probable qu’une facture de l’action climatique qui pour- des sommes considérables. Mais la gouvernance mondiale RapportMonde_LIVRE2.indb 270 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 271 ENCADRÉ 6.4 L’engagement du Ministère indonésien des finances face au changement climatique Le ministère indonésien des Finances en même temps qu’un cadre intégré de L’Indonésie a déjà pris des mesures pour a reconnu que l’atténuation du mesures nationales, un cadre général rationaliser la tarification de l’énergie en changement climatique et l’adaptation à porteur et des mesures d’incitations à réduisant les subventions aux combustibles ses effets passent par une bonne gestion investir à long terme. fossiles en 2005 et en 2008, pour freiner macroéconomique, la planification des L’avantage comparatif dont jouit le le déboisement en améliorant les mesures budgétaires, la création de ministère des Finances tient au fait qu’il programmes de suivi et d’application, nouvelles sources de revenus, l’existence peut considérer des mesures d’incitation et pour encourager l’importation et de marchés des assurances et des options et de répartition des ressources qui l’installation de dispositifs antipollution d’investissement à long terme. Tout en ont un impact sur l’économie dans son en accordant des allégements fiscaux. Les accordant la priorité au développement, ensemble. Pour bien gérer les possibilités ministères des Finances et de la Planification l’Indonésie s’efforce de concilier ses de financement de l’action climatique, le du développement ont établi une feuille objectifs économiques, sociaux et ministère sait combien il importe que les de route nationale et l’ordre des priorités environnementaux. Le pays a intérêt investissements et les bailleurs de fonds budgétaires pour intégrer le changement à investir dans des technologies non aient confiance dans sa démarche et ses climatique dans le processus national préjudiciables au climat pour se placer sur institutions. Consciente que les apports de développement. Le ministère des une trajectoire de croissance plus propre des donateurs – que ce soit sous forme Finances étudie actuellement des mesures et plus efficace. La réduction des émissions de dons ou de prêts concessionnels budgétaires et financières qui stimuleront ainsi obtenue ou le ralentissement du – seront toujours bien plus faibles des investissements n’ayant pas d’impact rythme annuel de déboisement lui que les investissements privés dans le défavorable sur le climat, orienteront le permettrait de dégager des recettes sur développement du secteur énergétique, pays vers des sources d’énergies à faible le marché du carbone. Le ministère des l’infrastructure et le logement, l’Indonésie teneur en carbone, comme les énergies Finances jouera un rôle essentiel dans le continuera de devoir formuler des mesures renouvelables et le géothermique, et financement, l’élaboration et la mise en et des incitations judicieuses pour pouvoir offriront des incitations financières plus œuvre de politiques et de programmes attirer des investissements privés et intéressantes dans le secteur forestier. d’action climatique. Pour mobiliser les démultiplier leur impact en vue d’assurer fonds nécessaires, l’Indonésie prévoit de un développement durable et plus sobre Source : Ministère des Finances (Indonésie) mettre en place plusieurs mécanismes en carbone. 2008. de ces secteurs est complexe, et des organes internationaux gratuitement. Ce type de mécanisme étant déjà en place ou à tels que l’Organisation maritime internationale jouissent l’étude dans la quasi-totalité des pays développés, il s’agit là de pouvoirs très étendus. La mise en place d’une telle taxe d’une hypothèse raisonnable. Mais, à l’instar d’une taxe sur pourrait donc poser d’énormes difficultés administratives. le carbone coordonnée au niveau international, l’affectation spéciale du produit des enchères empiéterait sur l’autonomie La mise aux enchères des unités de quantité attribuées. Les budgétaire des gouvernements nationaux. Cette option engagements de réduction des émissions pris par les parties risque donc d’être aussi difficile à mettre en œuvre. au Protocole de Kyoto sont exprimés en unités de quantité Chacune de ces options présente des avantages et des attribuées (UQA) – qui représentent le volume de carbone inconvénients24. L’essentiel est que les options retenues qu’un pays est autorisé à émettre. Une option novatrice, assurent des flux de revenus stables, prévisibles et suffi- initialement suggérée par la Norvège, donnerait lieu à la sants. Il semble donc que les financements devront prove- mise en réserve d’une partie des unités de quantité attribuées nir de diverses sources. Le tableau 6.6 indique les différentes à chaque pays ; les unités ainsi mises en réserve seraient sources de financement proposées par les pays développés et vendue aux enchères à l’acheteur faisant la meilleure offre par les pays en développement. et les recettes ainsi générées seraient uniquement affectées à À court terme, les mesures de relance budgétaire adop- des activités d’adaptation. tées par différents pays pour surmonter la crise écono- mique actuelle (voir le chapitre 1) et réamorcer l’activité Le produit des ventes aux enchères nationales. La économique pourraient fournir une impulsion supplémen- proposition d’affectation spéciale du produit des ventes taire25. Plus de 2 000 milliards de dollars ont été engagés à aux enchères repose sur l’hypothèse que la plupart des pays l’échelle mondiale dans le cadre de différents programmes développés auront bientôt mis en place des systèmes de budgétaires, dont 800 milliards de dollars dans le cadre du plafonnement et d’échange de relativement grande portée programme des États-Unis et 600 milliards de dollars dans et que la plupart des permis délivrés dans le cadre de ces celui du plan chinois. Environ 18 % de ces engagements, soit systèmes seront vendus aux enchères et non pas attribués 400 milliards de dollars, concernent des investissements RapportMonde_LIVRE2.indb 271 16/09/10 12:40 272 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 6.6 Sources de financement possibles de l’atténuation et de l’adaptation Financement annuel Proposition Source de financement Note (USD milliards) Groupe des 77 et Chine 0,25-0,5 % du produit national brut des Parties visées à Calculé sur la base du PNB de 2007 201-402 l’Annexe I Suisse 2 dollars par tonne de CO2 avec une exonération fiscale Par an (basé sur les projections à 18,4 de 1,5 tonne de CO2e par habitant l’horizon 2012) Norvège Vente aux enchères de 2 % des UQA Par an 15-25 Mexique Contributions basées sur le PIB, les émissions de gaz à Contributions annuelles ; augmentent 10 effet de serre et la population ; et éventuellement vente avec le PIB et le volume des émissions aux enchères des permis dans les pays développés Union européenne Maintien d’un prélèvement de 2 % sur les montants Fourchette faible demande - forte 0,2-0,68 générés par les projets MDP demande en 2020 Bangladesh, Pakistan Prélèvement de 3 à 5 % sur les montants générés par Fourchette faible demande - forte 0,3-1,7 les projets MDP demande en 2020 Colombie, pays les moins Prélèvement de 2 % sur les montants générés par les Annuel, après 2012 0,03-2,25 avancés activités de mise en œuvre conjointe et les échanges de droits d’émission Pays les moins avancés Taxe sur les transports aériens internationaux (IATAL) Annuel 4-10 Pays les moins avancés Taxe sur les combustibles de soute (IMERS) Annuel 4-15 Tuvalu Vente aux enchères des crédits d’émissions provenant Annuel 28 des transports aériens et maritimes internationaux Source : CCNUCC 2008a. Note : UQA : Unité de quantité attribuée ; IATAL : International Air Travel Adaptation Levy (Redevance sur les transports aériens internationaux au titre de l’adaptation) ; IMERS : Iinternational Maritime Emission Reduction Scheme (Mécanisme de réduction des émissions des transports maritimes internationaux). Parties visées à l’Annexe I : Groupe constitué par les pays à revenu élevé qui étaient membres de l’OCDE en 1992 et par des économies en transition. Les membres de ce groupe ont pris des engagements spécifiques en vue de ramener individuellement ou conjointement leurs émissions à leurs niveaux de 1990. « verts » dans la maîtrise de l’énergie et les énergies renou- À terme, la stabilisation des températures exigera la pour- velables, et, dans le cas de la Chine, dans l’adaptation26. suite d’un effort d’atténuation d’envergure planétaire. Le Ces investissements, qui seront déployés au cours des 12 à carbone aura alors un prix mondial et les émissions seront 18 prochains mois, pourraient contribuer pour beaucoup échangées, imposées ou réglementées dans tous les pays. Une à orienter le monde vers une trajectoire sobre en carbone. fois qu’un système de tarification rationnel aura été mis en Mais, de par leur nature même, les trains de mesures adop- place, les forces du marché orienteront la plupart des déci- tés visent à stimuler les économies nationales et auront tout sions de consommation et d’investissement vers des options au plus un effet indirect sur le financement international de à faible intensité de carbone. Lorsqu’il aura une couverture l’action climatique dans les pays en développement. mondiale, un grand nombre des problèmes qui se posent actuellement au niveau du marché du carbone – additio- Il ne suffit pas de mobiliser des financements : nalité, transfert d’émissions, compétitivité, échelle – seront s’il est essentiel de trouver des solutions faisant appel éliminés. Ces problèmes sont très importants aujourd’hui aux mécanismes du marché, il faudra aussi déployer et il ne faut pas oublier que leur règlement passe par la mise d’autres moyens d’action en place progressive et harmonieuse d’un marché mondial Étant donné l’augmentation du nombre d’initiatives natio- du carbone. Certaines défaillances du marché seront toute- nales ou régionales lancées pour examiner les possibilités fois inévitables et les autorités nationales devront intervenir d’échange de droits d’émission, le marché du carbone pour y remédier. devrait jouer un important rôle de catalyseur et contribuer Pour mener une action d’atténuation efficace, il sera à financer la réorientation des investissements et la transfor- nécessaire de prendre des décisions qui contribuent à l’éta- mation des styles de vie qui sont nécessaires. En permettant blissement, à long terme, d’un prix du carbone prévisible et l’achat de contreparties de la fi xation du carbone dans les adéquat. Mais, comme on l’a vu au chapitre 4, cela ne sera pays en développement, les mécanismes de plafonnement pas suffisant. Certaines activités, telles que la recherche- et d’échange peuvent financer des investissements dans des développement dans des domaines où les risques sont plus projets à moindre intensité de carbone dans ces pays. Les grands ou l’amélioration des rendements énergétiques, sont marchés du carbone galvanisent également la recherche de entravées par les défaillances du marché ou du cadre régle- solutions efficaces au problème climatique. mentaire ; d’autres, telles que l’aménagement urbain, ne RapportMonde_LIVRE2.indb 272 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 273 réagissent pas directement aux prix. Les secteurs forestier Toutefois, la demande des pays visés à l’Annexe I sur et agricole offrent aussi de grandes possibilités de réduction le marché international des contreparties de fi xation du des émissions et de piégeage du carbone dans les pays en carbone restera probablement encore longtemps inférieure développement mais ces activités sont trop complexes et ont au niveau nécessaire pour rétribuer la totalité des actions trop de ramifications sociales pour qu’il soit possible de ne d’atténuation des pays en développement tout en mainte- recourir qu’à des incitations commerciales. De nombreuses nant le prix du carbone à un niveau suffisamment élevé. La actions climatiques exigeront des financements complé- définition d’objectifs plus ambitieux pour les pays visés à mentaires et des interventions de l’État – par exemple, pour l’Annexe I28 inciterait ces derniers à coopérer plus étroite- surmonter les obstacles à une meilleure maîtrise de l’éner- ment avec les pays en développement pour poursuivre l’ac- gie, apaiser les craintes, étendre les circuits des marchés tion d’atténuation sur une plus grande échelle, à condition financiers et des capitaux nationaux et accélérer la diffusion de pouvoir créer une offre crédible de contreparties d’émis- des technologies non préjudiciables au climat. sions de l’ampleur nécessaire. Les préoccupations suscitées par l’efficacité et l’effi- Accroître la portée et l’efficacité des marchés cience du MDP ont donné lieu à la formulation d’une large du carbone gamme de propositions visant à renforcer, élargir ou trans- La solution de continuité des marchés du carbone après 2012 former le mécanisme. D’une manière générale, les propo- est le plus important obstacle à la poursuite de son essor sitions rentrent dans deux grandes catégories. Certaines actuel. L’existence même d’un marché mondial du carbone visent à rationaliser le MDP pour qu’il soit mieux adapté au-delà de 2012 est source de graves incertitudes de même à un marché en expansion dominé par le secteur privé, en que l’ambition des objectifs d’atténuation, la demande améliorant l’efficacité et la gouvernance tout au long du escomptée de crédits carbone, le degré d’interconnexion des cycle des projets et en réduisant les coûts de transaction. différents systèmes d’échange et le rôle que peuvent avoir Les autres préconisent de sortir de l’approche-projet pour les mécanismes de contrepartie dans les régimes actuels et fortement accroître le pouvoir de transformation du MDP et futurs. La définition d’un objectif d’atténuation mondial du marché du carbone en mettant l’accent sur l’orientation à l’horizon 2050, assorti d’objectifs intermédiaires (déter- des investissements et l’infléchissement de l’évolution des minés dans le cadre du processus de la CCNUCC) fourni- émissions. rait au secteur privé des informations sur le prix du carbone Il ne serait pas réaliste de compter pouvoir faire plus à long terme et lui permettrait, au cours des prochaines qu’apporter des améliorations progressives aux MDP d’ici années, de prendre dans un cadre suffisamment certain des à 2012. Certains praticiens réclament des changements décisions d’investissement très importantes qui auront un majeurs. Mais de nombreux pays ne maîtrisent pas encore impact durable sur la trajectoire des émissions. totalement le mécanisme et leurs premiers projets sont tout La mise en place d’un marché mondial du carbone doit, juste entrés, au cours des derniers mois, dans la phase de dans un deuxième temps, donner lieu à l’adoption par les préparation de projets au titre du MDP. D’autres mettent pays développés de trajectoires sobres en carbone et à la l’accent sur la conclusion d’un accord et les instruments mobilisation des financements et autres ressources néces- requis pour poursuivre les efforts d’atténuation à une plus saires pour aider les pays en développement à s’orienter grande échelle après 2012. Il n’existe pratiquement aucune vers un sentier de développement à plus faible intensité de marge de manœuvre politique pour procéder à un réamé- carbone. L’un des principaux défis, dans le contexte de l’ac- nagement en profondeur du MDP avant 2012, comme l’ont cord climatique, consistera à définir un cadre qui appuie souligné les pays en développement qui ont fait valoir que et favorise cette transformation et facilite le passage à un la plupart des modifications nécessiteraient un amendement système de plus grande portée, dans lequel la plupart des au Protocole de Kyoto. Pour définir les étapes d’une éven- pays s’engagent à atteindre des objectifs de réduction des tuelle transformation du mécanisme, il pourrait être utile de émissions. Comme indiqué au chapitre 5, on pourrait envi- distinguer deux types de modifications ou d’améliorations sager un processus d’intégration graduel dans lequel des du MDP tel qu’il se présente actuellement, qui aboutiraient mesures plus rigoureuses seraient progressivement mises à terme à la mise en place de deux mécanismes de finance- en place, selon le degré de responsabilité et les capacités des ment, opérant en parallèle et complétés par un mécanisme pays ; cette progression donnerait lieu à l’adoption de poli- hors marché financé par des sources publiques. tiques non préjudiciables au climat (étape déjà atteinte par bon nombre de pays en développement), au ralentissement Un MDP basé sur les activités. Il est possible de justifier de la croissance des émissions et à la fi xation d’objectifs de la poursuite des opérations du MDP basé sur les activités réduction des émissions. Pour faciliter ce processus graduel, actuel, en suivant les règles existantes, moyennant des différents modèles basés sur un marché du carbone ont été améliorations ponctuelles. Dans le système actuel, la base proposés27. de référence et l’additionalité sont déterminées pour chaque RapportMonde_LIVRE2.indb 273 16/09/10 12:40 274 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E activité de projet et les règles visent à détecter et récompenser non préjudiciables au climat dans les pays en développement. les activités qui dépassent les normes (au lieu de promouvoir Les options proposées envisagent toutes un mécanisme de l’adoption d’une norme plus élevée). La plupart des marché du carbone qui récompenserait les résultats mesu- installations de moyenne à grande taille dans les petits pays rables (en termes de réduction des émissions) d’un train de peuvent faire l’objet de propositions de projets individuels mesures. Ces options diffèrent les unes des autres en ce qui au titre du MDP, et les microtechnologies telles que la concerne la nature des engagements pris par les pays dans le fabrication d’ampoules et de fourneaux peuvent désormais cadre d’un accord international (engagements obligatoires être enregistrées en tant que programmes d’activités dans ou souples), leur portée géographique (régionale ou natio- le cadre du MDP actuel (en regroupant les opérations, il est nale) et les secteurs couverts (envergure sectorielle ou inter- possible de réduire les coûts de transaction). La plupart des sectorielle). Parmi ces options, le mécanisme des objectifs petits pays ou des pays les moins avancés ont bien davantage sectoriels sans pénalisation suscite un vif intérêt : dans ce besoin de renforcer leurs capacités institutionnelles, qui système, un pays peut en effet vendre des crédits carbone sont très faibles, que d’élaborer des systèmes complexes s’il ramène ses émissions en dessous d’un seuil convenu (qui de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre. serait inférieur au niveau de référence du scénario du lais- Cela signifie que certains pays en développement, sinon la ser-faire), sans pour autant être pénalisé si l’objectif proposé plupart, n’ont pas besoin d’un nouvel ensemble de règles n’est pas atteint. Ce mécanisme serait adapté, pour les pays pour offrir leur potentiel d’atténuation sur le marché. en développement qui ont besoin d’accroître fortement l’in- Les principales améliorations d’ordre administratif vise- vestissement privé – dans une mesure bien supérieure à celle raient, par exemple, à accroître la qualité, la pertinence et la permise actuellement par le MDP – en fonction de leurs cohérence des informations entre les participants au MDP ; priorités de développement durable. à doter le Comité exécutif du MDP d’une équipe de spécia- listes employés à temps complet pour trouver les moyens Créer des incitations financières en faveur de lui permettre de mieux représenter les praticiens ; et à du programme REDD accroître la transparence du processus en créant un méca- Une question particulièrement préoccupante pour les pays nisme permettant aux auteurs des projets de contester les en développement est l’absence d’incitations financières décisions du Comité. Les pays, quand à eux, devraient créer pour la réduction des émissions dues au déboisement et à la un cadre des affaires favorable, de manière générale, à la dégradation des forêts (REDD) . En 2005, près d’un quart des poursuite d’investissements dans des opérations à faible émissions des pays en développement ont résulté du change- intensité de carbone. ment d’affectation des terres et de la foresterie. L’exclusion de ces sources de réduction a donc un impact non négligeable29. Un mécanisme du marché infléchissant les trajectoires. Mais l’utilisation des terres, le changement d’affectation des Ce nouveau mécanisme viserait à infléchir l’évolution terres et la foresterie ont toujours été des questions délicates générale des émissions à long terme de manière beaucoup et sujettes à controverse dans les négociations sur le climat. plus générale. Intégré ou non au MDP actuel, il aiderait à Leur inclusion dans le Protocole de Kyoto ayant suscité une mettre en œuvre les mesures prises dans le cadre de l’action vive opposition, seuls les projets de boisement et de reboi- publique pour placer les pays en développement sur une sement peuvent être financés dans le cadre du MDP ; ces trajectoire sobre en carbone. Il prendrait en compte et projets sont toutefois exclus du système européen d’échange encouragerait les réductions d’émissions obtenues grâce de droits d’émissions. à des mesures ou des programmes permettant de réduire Le programme REDD a initialement visé les pays les émissions de toutes sources. Replacer les opérations du connaissant un déboisement (tableau 6.7). Toutefois, MDP dans le cadre d’une approche-programme serait un certains pays très boisés connaissent un faible taux de déboi- premier pas sur la voie d’un mécanisme de marché capable sement et sollicitent des financements à l’appui des efforts d’infléchir la tendance, en permettant de regrouper un qu’ils déploient pour gérer et protéger durablement leurs nombre illimité d’activités comparables grâce à la mise en forêts, surtout lorsque les activités menées par d’autres pays œuvre d’une stratégie qui transcende le temps et l’espace. dans le cadre du programme REDD contribuent à pousser Les propositions en faveur de l’adoption d’une approche l’exploitation forestière et l’expansion agricole au-delà de sectorielle se répartissent en deux grandes catégories : celles leurs frontières (phénomène de fuite). D’autres pays ont qui reposent sur un accord entre les entreprises opérant dans déjà pris des mesures et formulé des stratégies pour assurer un même secteur mais dans des pays différents ; et celles qui une gestion durable de leurs forêts et souhaitent que leurs résultent de la décision d’un pays de mettre en œuvre une efforts de réduction des émissions soient reconnus par des politique ou un programme particulier. mécanismes de marché équivalant à une rémunération Les idées abondent sur la manière dont le MDP et le des services écologiques. Comme indiqué au chapitre 3, la marché du carbone pourraient promouvoir des politiques conservation du carbone dans les sols (encadré 6.5), grâce RapportMonde_LIVRE2.indb 274 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 275 ENCADRÉ 6.5 Conservation du carbone dans les terres agricoles Le secteur agricole pourrait avoir un la tonne de CO2e est inférieur à 20 dollars, qui ralentit l’érosion et l’appauvrissement fort potentiel d’atténuation – estimé le potentiel économique mondial des en nutriments. Un sol plus riche en à quelque six gigatonnes d’équivalent mesures d’atténuation dans le secteur carbone retient mieux l’eau et accroît donc de dioxyde de carbone (CO2e) par an à agricole serait de l’ordre de 2 gigatonnes mieux la résistance des systèmes agricoles l’horizon 2030 – principalement grâce au de CO2e par an à l’horizon 2030. aux sécheresses. Ces effets biophysiques piégeage du carbone. De nombreuses La prise en compte du carbone présent positifs du piégeage du carbone méthodes d’atténuation (telles que la dans les terres agricoles permettrait au contribuent directement à améliorer le gestion des terres arables, la gestion des marché du carbone de jouer un plus grand rendement des cultures, des fourrages et pâturages, la gestion des sols organiques, rôle dans l’amélioration des modes de des plantations ainsi que la productivité la restauration des sols dégradés et gestion des sols. Le piégeage du carbone des terres. Il reste cependant à résoudre la gestion de l’élevage) utilisent des peut aider à accroître la productivité les questions de suivi et de vérification des technologies existantes et peuvent agricole et la capacité d’adaptation des volumes supplémentaires piégés, ainsi être immédiatement mises en œuvre. agriculteurs au changement climatique. que de la permanence du piégeage du Ces options sont également d’un coût Une plus forte teneur des sols en carbone carbone. compétitif : si l’on suppose que le prix de améliore la structure de ces derniers, ce Source : GIEC 2007. à des mécanismes basés sur les résultats, gagne aussi du et de déboisement en dehors du territoire national vers des terrain mais les négociations sont moins avancées que dans régions abritant une riche biodiversité (un autre exemple de le cas du programme REDD. fuite). Le programme REDD touche de nombreux groupes, Il est généralement admis que, avant de pouvoir béné- concerne divers objectifs sociaux et a souvent des effets qui ficier des incitations financières du programme REDD, peuvent être positifs ou négatifs. Il pourrait représenter une les pays forestiers doivent jeter les bases stratégiques, juri- nouvelle source de revenu pour les populations autoch- diques, institutionnelles et techniques nécessaires pour y tones, qui craignent cependant – non sans raison – que accéder, c’est à dire procéder aux activités de préparation au les mécanismes REDD ne soient utilisés pour limiter leurs titre de l’initiative REDD. Les éléments clés de ce processus droits d’accès et leur utilisation des terres traditionnelles. Le de préparation doivent être mis en place au niveau national programme pourrait fournir des ressources permettant de (et non pas au niveau des projets) pour faire face aux causes mieux protéger des régions qui abritent une riche biodiver- systémiques du déboisement et de la dégradation des forêts sité, mais il pourrait aussi déplacer les activités d’abattage et limiter les fuites. Le Fonds de partenariat pour la réduction des émis- sions dues à la déforestation) a été conçu dans le but d’ai- Tableau 6.7 Initiatives nationales et multilatérales de lutte contre le der les pays forestiers des régions tropicales et subtropicales déboisement et la dégradation des forêts à se préparer à participer au programme REDD, ainsi qu’à Montant total mener des opérations pilotes pout tester des mesures d’in- Initiative Période (USD millions) citation basées sur les résultats. Dans le cadre du Fonds, les Initiative internationale sur le 160 2007-12 activités de préparation au titre de l’initiative REDD consis- carbone forestier (Australie) tent à élaborer une stratégie REDD nationale et un dispo- Initiative sur le climat et les forêts 2 250 2008-12 sitif de mise en œuvre, à formuler un scénario de référence (Norvège) pour les émissions résultant du déboisement et de la dégra- Fonds de partenariat pour la 300 2008-18 dation des forêts, et à établir un système national de suivi, réduction des émissions dues à la de notification et de vérification. Le programme REDD des déforestation (Banque mondiale) Nations Unies est un programme similaire lancé conjointe- Programme d’investissement 350 209-12 ment par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimenta- forestier (fait partie des Fonds d’investissement climatiques) tion et l’agriculture, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Programme des Nations Unies pour Programme UN-REDD 35 2008-12 l’environnement. Fonds amazonien 1 000 2008-15 Dans le cadre de sa stratégie nationale REDD, un pays Fonds forestier du Bassin du Congo 200 Incertaine évaluera sa politique foncière et forestière et identifiera les Source : CCNUCC 2008b. facteurs du déboisement et de la dégradation des forêts. Il Note : Les pays ou institutions à l’origine des propositions figurent entre parenthèses. formulera des options stratégiques pour s’attaquer à ces RapportMonde_LIVRE2.indb 275 16/09/10 12:40 276 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E facteurs et évaluera leur coût-efficacité, leur équité et leur de gestion durable des forêts, et atténuer les pressions exer- durabilité. Il déterminera ensuite les dispositifs juridiques cées sur celles-ci – par exemple en réinstallant les opérations et institutionnels nécessaires pour mettre en œuvre la stra- agroindustrielles dans des sites plus éloignés des forêts ou en tégie REDD, notamment l’organe (ou les différents organes) améliorant la productivité agricole. Plusieurs initiatives ont devant coordonner le programme au niveau national, le été lancées ou sont à l’étude pour fournir une assistance aux promouvoir et mobiliser des fonds ; il définira les méca- pays dans ces domaines (tableau 6.7). La Banque mondiale a nismes de répartition des avantages associés aux flux finan- aussi proposé la création d’un programme d’investissement ciers attendus dans le cadre du programme REDD ; et il forestier financé par les Fonds d’investissement climatiques. établira un registre national du carbone pour gérer les acti- Par ailleurs, la Coalition des pays à forêt ombrophile et le vités REDD (aussi bien les réductions d’émissions que les Projet en faveur des forêts ombrophiles lancé par le Prince recettes qu’elles génèrent). Le pays déterminera également ce de Galles ont récemment proposé que les institutions finan- dont il aura besoin en termes d’investissements et de renfor- cières procèdent à une émission d’obligations pour aider cement des capacités pour mettre en œuvre la stratégie et les pays forestiers à financer les programmes de protection évaluera l’impact environnemental et social des différentes et de valorisation des forêts. Cet exemple montre qu’il est options stratégiques et modalités d’application (leurs avan- nécessaire d’avoir une palette d’instruments pour guider tages, les risques qu’elles posent et les mesures d’atténuation les changements de comportements et les décisions d’in- des risques). vestissement : les apports de fonds initiaux (financements Les pays prêts à participer au programme REDD doivent concessionnels et novateurs) doivent être assortis d’incita- établir un scénario de référence national. Ce scénario devra tions fondées sur les résultats pour promouvoir les réformes, comprendre une analyse rétrospective, présentant les calculs renforcer les capacités et lancer des programmes d’investis- du volume moyen des émissions au cours des dernières sement. Il souligne aussi le rôle crucial de catalyseur comme années, et éventuellement une analyse prospective, présen- catalyseur de l’action climatique joué par les financements tant les prévisions des émissions futures établies sur la base publics. de l’évolution de la croissance économique et des plans nationaux de développement. Mobiliser des financements privés aux fins Un système de paiement sur la base des résultats doit d’adaptation nécessairement reposer sur un système national de suivi, de Alors que, dans le cas de l’atténuation, ce sont les capitaux notification et de vérification (SNV). Le système SNV pour- privés levés sur le marché du carbone qui doivent jouer un rait couvrir l’impact des paiements non seulement sur les rôle primordial, dans celui de l’adaptation, ce sont les finan- niveaux de carbone mais aussi sur la diversité biologique et cements publics qui sont principalement visés. Cela n’est pas les moyens de subsistance. L’emploi des techniques de télé- surprenant parce qu’il existe un lien étroit entre l’adaptation détection et des mesures au sol doit être replacé dans le cadre et un développement réussi et que bon nombre de mesures de ce système. L’expérience acquise dans le contexte des d’adaptation sont des biens publics – comme la protection initiatives de gestion des ressources naturelles au niveau des des zones côtières (bien public local) et la diffusion en temps communautés montre que la participation des populations voulu d’informations sur le climat (bien public national). locales, et notamment des groupes autochtones, à des acti- Même si les financements publics doivent jouer un rôle vités de suivi des ressources naturelles peut également aider important, les particuliers et les entreprises assumeront une à recueillir d’une manière efficace par rapport aux coûts des grande partie du fardeau de l’adaptation. Les assurances informations locales exactes sur l’évolution de la situation contre le risque climatique, par exemple, relèvent essentielle- de la biomasse forestière et des ressources naturelles30. Les ment du secteur privé. De même, la protection du patrimoine communautés locales peuvent assurer le suivi des stocks physique mondial – logements, usines, équipements – de ressources naturelles, du partage des avantages et des contre les aléas climatiques incombera principalement aux effets écologiques et sociaux plus généraux des mécanismes propriétaires privés, bien que l’État soit responsable de la REDD. Les démarches participatives offrent la possibilité protection contre les inondations et des secours en cas de d’améliorer sensiblement la gouvernance et la gestion de ces catastrophe. En outre, certaines infrastructures collectives, mécanismes. telles que ports maritimes, centrales électriques et réseaux Avant qu’un important système de paiements basés sur les de distribution d’eau et d’assainissement, qui devront être résultats au titre des interventions REDD ne puisse commen- adaptées pour faire face au réchauffement de la planète, sont cer à fonctionner, la plupart des pays forestiers devront entre- détenues et gérées par des sociétés privées. prendre des réformes et des programmes d’investissement. Faire participer le secteur privé au financement des Il se peut qu’ils doivent investir pour renforcer les capacités mesures d’adaptation pose un triple défi aux pouvoirs institutionnelles, améliorer la gouvernance et l’information publics : il s’agit d’inciter les acteurs privés à s’adapter, de forestières, accroître l’envergure des efforts de protection et partager avec eux les coûts d’adaptation des infrastructures RapportMonde_LIVRE2.indb 276 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 277 publiques et de mobiliser des financements privés au titre guère adaptées à un environnement caractérisé par des chan- d’investissements dans des mesures d’adaptation. gements imprévus. Des nouvelles approches, novatrices, de la Inciter les acteurs privés à s’adapter de manière efficace. réglementation offrent des possibilités prometteuses. C’est le La plupart des choix de consommation des particuliers ou cas, par exemple, du modèle adopté par l’agence britannique des décisions des entreprises sont directement ou indirec- de réglementation du secteur énergétique, qui peut jouer un tement influencés par des facteurs climatiques, qu’il s’agisse rôle d’auditeur et laisse aux principaux intervenants publics des vêtements portés, des cultures plantées ou du type de et privés le soin de définir les priorités d’investissement32. bâtiment construit. Ces décisions d’adaptation sont prises de manière implicite. Le principal rôle de l’État est de créer Mobiliser des financements privés au titre d’investissements un environnement économique qui facilite ces décisions, dans des mesures d’adaptation. L’ampleur de par le biais d’incitations économiques (allégements fiscaux la contribution du secteur privé au financement pour les projets d’adaptation, impôt foncier modulé en fonc- d’infrastructures spécifiques pour l’adaptation est tion du risque, primes d’assurance différenciées), du cadre probablement limitée, et ce pour plusieurs raisons. Étant réglementaire (planification par zones, codes de construc- donné que ces investissements ne génèrent en principe pas de tion) ou simplement par l’éducation et la diffusion d’infor- recettes pour les opérateurs privés, ces derniers doivent être mations de meilleure qualité (prévisions météorologiques à rémunérés par l’État qui assume, de ce fait, un engagement long terme, services de vulgarisation agricole). représentant un quasi-endettement qui doit être enregistré Ces mesures auront un coût économique qui résultera, par dans les comptes publics. Il n’est pas non plus vraiment exemple, de l’obligation de respecter des règles de construc- convaincant d’invoquer le motif d’efficacité33. Les ouvrages tion plus strictes, d’utiliser différentes variétés de semences, d’adaptation tels que les digues de protection contre les ou de payer des primes d’assurance plus élevées, etc. Ce crues étant relativement bon marché et simples à exploiter, coût sera supporté par l’économie et réparti entre différents les opérateurs privés ont une faible marge de manœuvre secteurs car les producteurs répercuteront la hausse de leurs pour réaliser des gains d’efficience au niveau des opérations. coûts sur leurs clients et les régimes d’assurance contribue- Ces gains pourraient être plus appréciables aux stades de la ront à étaler les risques sur un pool d’assurés. Il ne sera guère construction et de la conception, mais ils pourraient tout nécessaire de mobiliser des fonds spéciaux au titre de l’adap- aussi bien résulter du recours à des mécanismes de passation tation, sauf peut-être pour couvrir les dépenses administra- de marché appropriés. tives de l’État ou pour protéger les groupes vulnérables des D’une manière plus générale, les financements privés ne retombées préjudiciables de certaines mesures. permettent de satisfaire qu’une petite part des besoins de financement des infrastructures dans les pays en développe- Partager les coûts d’adaptation des infrastructures ment et resteront probablement peu importants tant que la publiques. Les coûts des mesures prises pour mettre crise financière actuelle durera34. Pour cette raison et celles les infrastructures de transport, les réseaux d’électricité, qui sont mentionnées plus haut, les spécialistes de l’infras- les systèmes d’alimentation en eau et les réseaux de tructure sont d’avis qu’il ne faut pas compter outre mesure communication à l’épreuve du changement climatique sur les partenariats public-privé pour lever des fonds au titre constitueront l’essentiel de la facture d’adaptation publique. de la lutte contre le changement climatique35. Que ces services soient assurés par des entités publiques, des sociétés privées ou des établissements publics à caractère Veiller à une utilisation transparente, rationnelle commercial, les coûts devront être couverts soit par les et équitable des fonds contribuables (nationaux, ou étrangers si une aide extérieure Même s’il s’avère possible de mobiliser un complément de est fournie aux fins d’adaptation) soit par les usagers (par le financement, les ressources allouées à l’action climatique biais d’une hausse des tarifs). seront limitées. Il est donc essentiel de les utiliser de manière Pour les prestataires de services d’infrastructure, le rationnelle, suivant des modalités d’allocation transparentes changement climatique (et la politique climatique) sera un et équitables. nouveau facteur de risque à prendre en considération, qui Dans le domaine de l’atténuation, l’allocation des viendra s’ajouter aux risques réglementaires, commerciaux ressources sera dictée avant tout par des considérations d’ef- et macroéconomiques31. Il serait donc judicieux d’intégrer ficacité. L’atténuation est un bien public mondial et produit systématiquement, aussi rapidement et de manière aussi les mêmes avantages partout, quel que soit le lieu où les acti- prévisible que possible, la notion de responsabilité de l’adap- vités de dépollution sont poursuivies (bien que la répartition tation dans le régime réglementaire. Face à l’accroissement des coûts d’atténuation pose un problème d’équité). Sous des facteurs d’incertitude qui ont un impact sur le monde réserve qu’un cadre approprié ait été mis en place, c’est-à- physique, il est également essentiel d’accroître la souplesse dire, essentiellement, un marché du carbone permettant du régime réglementaire car des dispositions ex ante ne sont de rechercher les possibilités d’atténuation dans le monde RapportMonde_LIVRE2.indb 277 16/09/10 12:40 278 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E entier tout en protégeant les intérêts des pays hôtes, les Le gaspillage des ressources peut saper le soutien du public marchés du carbone associés à d’autres mécanismes fondés en faveur de l’action climatique dans son ensemble. C’est sur les résultats et à des financements publics pour combler pourquoi il est essentiel d’assurer une allocation transpa- les domaines auxquels le marché ne s’intéresse pas, peuvent rente, efficace et équitable de ces ressources. Pour illustrer la permettre d’allouer les ressources de manière assez efficace. manière dont les institutions de développement procèdent En revanche, dans le domaine de l’adaptation, l’allocation à l’allocation de ressources financières, il suffit de prendre des ressources soulève d’importantes questions d’efficacité l’exemple de l’Association internationale de développement mais aussi d’équité. Contrairement à l’allocation des fonds (IDA) , qui établi un indice intégrant le besoin de finance- d’atténuation, l’allocation des fonds d’adaptation a de fortes ment, la capacité d’absorption de l’État et la performance répercussions sur la répartition des revenus. Les ressources de l’administration centrale (encadré 6.6). La démarche consacrées à la protection des petits États insulaires sont de l’IDA n’est pas parfaite : parce que la même formule est autant de ressources en moins pour les agriculteurs afri- utilisée pour tous les pays, elle impose essentiellement le cains. Le débat continue sur le mode de classification des même modèle de développement à tous ces pays36. Cela est fonds d’adaptation, et s’étend à la question de l’allocation déjà problématique pour les questions de développement de ces ressources. Les pays en développement sont enclins à habituelles, cela pourrait l’être bien plus dans le domaine penser que les financements accordés au titre de l’adaptation du changement climatique, car on est beaucoup plus loin le sont à titre de dommages-intérêts, et invoquent le principe de pouvoir définir le bon modèle d’adaptation. Il n’empêche du pollueur-payeur. Ils estiment donc que la question de que la mise au point d’une méthode empirique d’allocation l’utilisation des fonds d’adaptation n’est pas du ressort des des fonds d’adaptation pour s’attaquer à ces questions aurait pays à revenu élevé. Ces derniers, par contre, sont profondé- au moins trois avantages : elle permettrait de réduire les ment convaincus de la nécessité d’utiliser efficacement des coûts de transaction si le processus d’allocation ne fait l’objet ressources peu abondantes, quelle que soit la justification ou ni de pressions de groupes d’intérêt ni de négociations ; de l’origine des financements. promouvoir la politique de résultats par le biais d’un proces- Il est manifestement dans l’intérêt de toutes les parties sus d’allocation basé sur des mesures empiriques ; et de en présence que les financements au titre de l’adaptation soutenir le principe de responsabilité mutuelle en assurant soient alloués et utilisés de manière rationnelle et équitable. la transparence du processus d’allocation. ENCADRÉ 6.6 Allocation des financements concessionnels en faveur du développement On pourrait s’inspirer, notamment, de décaissement et les annulations de prêts structurelles, et à la capacité d’absorption. la formule utilisée par l’Association ou de crédits indiquent clairement un Le résultat obtenu est ensuite multiplié par internationale de développement manque de capacité d’absorption de le nombre d’habitants du pays, pondéré (IDA) pour allouer les financements financements additionnels. À la lumière par le revenu moyen de la population concessionnels de manière transparente des études réalisées sur l’efficacité de (pour tenir compte des besoins), de et empirique. Ce modèle évolutif, qui se l’aide au développement, la formule manière à produire la note finale sur la perfectionne peu à peu depuis une dizaine est pondérée en faveur des pays dont base de laquelle repose l’allocation des d’années, alloue approximativement la gouvernance est la plus solide parce fonds concessionnels. dix milliards de dollars de financements que l’expérience montre que ce sont Cette formule risquant de pénaliser concessionnels par an aux pays les plus ceux qui parviennent le mieux à traduire certains des pays dont les besoins sont les pauvres. l’aide reçue en croissance économique. plus grands, une partie des financements La formule d’allocation de l’IDA utilise La performance de l’administration annuels disponibles est allouée d’office : trois critères de base : le besoin de centrale est, quant à elle, mesurée par chaque pays reçoit un montant minimum ; financement concessionnel, la capacité deux indices subsidiaires : la qualité les pays sortant d’un conflit et dont les d’absorption et la performance de des politiques macroéconomiques, institutions sont extrêmement fragiles l’administration centrale. L’indice de base structurelles et sociales et des institutions reçoivent une aide supplémentaire ; et retenu pour le besoin de financement et la qualité de la gouvernance, qui sont la situation des pays touchés par des est le niveau de pauvreté moyen d’un basés sur l’Évaluation de la politique et catastrophes naturelles est également pays (pondéré de manière à favoriser les des institutions nationales de la Banque prise en compte. Les financements de l’IDA pays les plus pauvres) multiplié par le mondiale. sont par ailleurs plafonnés pour les pays nombre d’habitants du pays en question. La formule attribue des coefficients à financement mixte, qui ont accès aux La capacité d’absorption est mesurée par de pondération de 68 %, 24 % et 8 % financements du marché. la performance du portefeuille de projets respectivement à la gouvernance, aux de la Banque mondiale – les retards de politiques macroéconomiques, sociales et Sources : IDA 2007; Burnside et Dollar 2000. RapportMonde_LIVRE2.indb 278 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 279 L’indicateur des besoins de financement devrait être Comme c’est le cas pour les allocations de l’IDA, l’indice étroitement lié à la notion de vulnérabilité au climat. Telle d’allocation des fonds d’adaptation au changement clima- que définie par le GIEC, la vulnérabilité dépend de la capa- tique risque de pénaliser les pays pauvres ayant un haut cité d’adaptation, de la sensibilité aux facteurs climatiques degré de sensibilité et d’exposition aux aléas climatiques et et de l’exposition au changement climatique37. Les besoins des institutions très précaires. Si l’on adopte le système de la de financement pourraient donc être mesurés par un indice formule d’allocation, il importera de prévoir des allocations de sensibilité et d’exposition pondéré par le nombre d’ha- spéciales pour les pays extrêmement fragiles. bitants et, éventuellement, le niveau de pauvreté. Pour les Certains des premiers efforts déployés pour établir un grands pays en particulier, il importe aussi de tenir compte indice de vulnérabilité sont décrits dans l’encadré 6.7, dont de la répartition des impacts et des différences qui existent le diagramme présente les valeurs d’une fonction d’un indice au niveau de la vulnérabilité dans différentes parties du composite de l’impact physique par rapport à un indice territoire. composite de la capacité sociale. Il s’agit d’un schéma très S’il est clair que la capacité d’adaptation d’un pays dépend simplifié et les résultats ont une valeur purement indicative ; de la performance de l’administration centrale et de la capa- ils montrent toutefois que la majorité des pays les plus vulné- cité d’absorption de ressources financières, ces facteurs ne rables se trouvent en Afrique subsaharienne39. L’encadré 6.8 sont pas les seuls déterminants de l’adaptation au change- présente un diagramme des valeurs prises par une fonction ment climatique. Il est également important de prendre en du même indice des effets par rapport à une mesure de la compte la « capacité sociale » pour déterminer la gravité performance d’un pays (une combinaison de la capacité de des effets du changement climatique sur un pays ; cette l’administration centrale et de la capacité d’absorption de notion recouvre des facteurs tels que l’inégalité (coefficient ressources financières par l’État) basée sur la formule d’al- de Gini), la complexité des marchés financiers, le rapport location de l’IDA. Là encore, les projections placent les pays de dépendance économique, le taux d’alphabétisation des d’Afrique subsaharienne dans le quadrant correspondant à adultes et le niveau d’instruction des femmes. des impacts élevés et à une faible capacité d’adaptation. En résumé, un indice d’allocation des fonds d’adaptation pourrait comprendre les éléments suivants : Assurer une correspondance entre les besoins et les sources de financement Indice d’allocation = Performance de l’administration centrale La lutte contre le changement climatique pose d’énormes Capacité d’absorption défis socioéconomiques, technologiques, institutionnels Manque de capacité sociale et stratégiques. Elle pose aussi d’importants problèmes de Sensibilité au climat financement, en particulier dans les pays en développe- Exposition au changement climatique ment. Les investissements annuels supplémentaires requis Pondération par la « population » aux fins d’atténuation dans ces pays pourraient être compris Pondération par la « pauvreté » entre 140 et 175 milliards de dollars à l’horizon 2030 (et les besoins de financement connexes entre 265 et 565 milliards L’établissement de cet indice présente plusieurs diffi- de dollars), tandis que les ressources nécessaires au titre cultés. Les informations sur la vulnérabilité des pays en de l’adaptation pourraient atteindre 30 à 100 milliards de développement restent sommaires. Les circuits complexes dollars par an. Ces financements devront venir s’ajouter aux et souvent mal définis par lesquels les effets potentiels des ressources allouées au développement, qui demeurent essen- changements climatiques, eux-mêmes incertains, devien- tielles et aideront à combler en partie le déficit de finance- nent sources de vulnérabilité accroissent la difficulté de ment de l’adaptation. l’opération. Les incertitudes concernant la relation entre les Bien qu’ils augmentent, les flux de ressources destinés aux impacts environnementaux et les effets socioéconomiques pays en développement au titre du changement climatique sont encore accrues par les incertitudes qui caractérisent les ne couvrent actuellement qu’une très petite fraction des scénarios de l’évolution future du climat. Tous les modèles besoins estimés. Aucune source de fi nancement ne pourra, s’appuient sur un nombre limité de prévisions socioécono- seule, produire les fonds supplémentaires requis et il faudra miques et chacun d’entre eux considère une gamme de chan- faire appel à plusieurs sources de financement. Les fonds gements possibles. La plupart des études liées aux scénarios d’adaptation pourraient provenir de la taxe prélevée sur les de l’évolution climatique future portent donc sur les effets projets MDP, qui pourrait générer quelque deux milliards escomptés dans un secteur ou sur des résultats spécifiques, de dollars par an à l’horizon 2020 si elle est également appli- tels que l’impact sur la santé ou les pertes dues à l’élévation quée à une plus large gamme de transactions sur le marché du niveau de la mer. Peu d’études ont cherché à exprimer ces du carbone. La vente d’UQA, l’imposition des émissions résultats en termes de vulnérabilité sur le terrain38. des transports internationaux et une taxe mondiale sur le RapportMonde_LIVRE2.indb 279 16/09/10 12:40 280 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 6.7 Vulnérabilité climatique et capacité sociale Asie de l’Est et Pacifique Le diagramme présente les valeurs Europe et d’une fonction d’un indice composite de Vulnérabilité aux effets du changement climatique Asie centrale l’impact physique (lui-même fonction de 2,50 Moyen-Orient et la sensibilité au climat et de l’exposition Afrique du Nord 2,00 Amérique latine au changement climatique, et établi à et Caraïbes partir de différentes études d’impact 1,50 Asie du Sud à l’échelle mondiale) par rapport à un Afrique subsaharienne indice composite de la capacité sociale 1,00 (établi à partir de différents indicateurs 0,50 socioéconomiques). La capacité sociale et la vulnérabilité, 0,00 telles qu’indiquées par les projections des impacts, sont des indices composites –0,50 des indicateurs énumérés dans le tableau –1,00 ci-après. –1,50 –2,00 –2,50 –2,00 –1,50 –1,00 –0,50 0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 Capacité d’adaptation Indicateur Mesure Source Hypothèses Impact Élévation du niveau de % de la population touché par Dasgupta et al. Aucun impact sur les pays sans littoral la mer une élévation de 1 mètre 2007 Agriculture Perte de rendement en % en Parry et al. 2004 Une baisse de rendement représente une perte 2050, scénario A2B du RSSE de bien-être collectif. Une hausse de rendement établi par le GIEC représente un gain de bien-être. Mesures d’adaptation au niveau de l’exploitation agricole Santé % de décès supplémentaires Bosello, Roson Décès supplémentaires représentatifs de tous les en 2050 et Tol 2006 impacts du changement climatique sur la santé Catastrophes % de la population victime CRED 2008 Les caractéristiques actuelles des catastrophes naturelles de catastrophes naturelles sont considérées représentatives des futures (données historiques) menaces Capacité Alphabétisme % de la population âgée de plus Banque La capacité sociale augmente avec le taux sociale de 15 ans qui est alphabétisée mondiale 2007c d’alphabétisation (1991-2005) Rapport de Rapport de la population non Banque La capacité sociale est d’autant plus élevée que le dépendance active à la population active mondiale 2007c rapport de dépendance économique est faible économique (2006) Taux d’achèvement du % de filles achevant leurs Banque La capacité sociale augmente avec le taux cycle primaire (filles) études primaires (1991-2006) mondiale 2007c d’achèvement du cycle primaire Gini Coefficient de Gini (pour Banque La capacité sociale est d’autant plus élevée que le la dernière année où il est mondiale 2007c degré d’inégalité est faible disponible) Crédit intérieur au Crédit intérieur au secteur privé Banque La capacité sociale augmente avec secteur privé en % du PIB (1998-2006) mondiale 2007c l’investissement Gouvernance WGI (Indice mondial de Kaufman, Kraay La capacité sociale augmente avec l’indice WGI gouvernance) participation et et Mastruzzi 2008 transparence RapportMonde_LIVRE2.indb 280 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 281 ENCADRÉ 6.8 Vulnérabilité climatique et capacité d’adaptation Le diagramme représente les valeurs prises Asie de l’Est par une fonction de l’indice des effets par et Pacifique rapport à une mesure de la performance Vulnérabilité aux effets du changement climatique Europe et d’un pays (basée à la fois sur la capacité de 2,50 Asie centrale l’administration centrale et sur la capacité Moyen-Orient et d’absorption financière), établie par la 2,00 Afrique du Nord Amérique latine formule d’allocation de l’IDA. 1,50 et Caraïbes La capacité d’adaptation est un indice Asie du Sud composite des indicateurs décrits dans 1,00 Afrique le tableau ci-après. Elle est calculée au subsaharienne moyen de la formule suivante : 0,50 Performance-pays = 0,24 × moyenne 0,00 (CPIAa, CPIAb et CPIAc) + 0,68 × CPIAd + 0,08 × ARPP – 0,50 CPIA = Évaluation de la politique et des institutions nationales ; ARPP = Rapport – 1,00 annuel sur la performance du portefeuille. – 1,50 – 2,00 – 4,00 – 3,00 – 2,00 – 1,00 0,00 1,00 2,00 3,00 Capacité d’adaptation Indicateur Mesure (année) Source Hypothèses Capacité Gestion économique CPIAa (2007) Banque mondiale La capacité d’adaptation d’un pays d’adaptation augmente avec sa performance économique Mesures structurelles CPIAb (2007) Banque mondiale Mesures en faveur de CPIAc (2007) Banque mondiale l’intégration sociale et de l’équité Gestion du secteur public et CPIAd (2007) Banque mondiale institutions (gouvernance) Capacité d’absorption ARPP (2007) Portefeuille à risque Banque mondiale financière de la Banque mondiale (en fonction de l’âge) Sources : Chiffres CPIA : http://go.worldbank.org/S2THWI1X60. Pour des précisions sur le calcul des scores CPIA, voir Banque mondiale 2007b. Pour les scores ARPP (rapport annuel sur la performance du portefeuille), voir Banque mondiale 2007a. carbone sont autant d’options qui permettraient, chacune, aussi fi xer de rigoureux objectifs d’émissions – pour les de générer près de 15 milliards de dollars par an. pays à revenu élevé dans un premier temps, puis pour de Les mesures d’atténuation prises au niveau national nombreux autres pays – afin de créer une demande suffi- devront, quant à elles, essentiellement être financées par sante de contreparties aux émissions de carbone et soutenir le secteur privé. L’État devra toutefois s’employer à créer le prix du carbone. un environnement porteur, qui encourage les entreprises à Une fois que des plafonds d’émissions auront été établis investir dans les technologies à faible intensité de carbone, pour la plupart des pays dans le cadre d’un accord climatique notamment, mais pas seulement, en élargissant la portée international, les marchés pourront générer de manière d’un marché du carbone efficace et bien réglementé. Un autonome l’essentiel des fonds d’atténuation nécessaires aux complément de financement public – probablement sous pays parce que les décisions de consommation et de produc- forme de transferts budgétaires – pourrait s’avérer nécessaire tion seront fonction des prix du carbone, soit par le biais des pour surmonter les obstacles à l’investissement (notamment taxes prélevées sur le carbone soit par le jeu du mécanisme ceux liés au risque) et couvrir des domaines vers lesquels de plafonnement et d’échange. Les marchés nationaux du le secteur privé ne se tournera probablement pas. Il faudra carbone ne généreront toutefois pas automatiquement des RapportMonde_LIVRE2.indb 281 16/09/10 12:40 282 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E flux financiers internationaux. Les fonds destinés à financer plusieurs fois de mains sur le marché secondaire avant d’atteindre des mesures d’atténuation dans les pays en développement l’utilisateur final. Les intermédiaires financiers sur le marché secon- peuvent provenir de transferts budgétaires, de liens établis daire qui assument le risque de livraison sont rémunérés par l’obten- entre les systèmes nationaux d’échange de droits d’émission tion d’un prix de vente plus élevé si le risque ne se matérialise pas. Ces transactions ne donnent pas directement lieu à des réductions d’émis- ou éventuellement des échanges d’UQA. Les pays dévelop- sions, contrairement aux transactions sur le marché primaire. Le pés peuvent donc procurer des financements aux pays en marché secondaire MDP a continué de se développer en 2008, puisque développement de différentes manières. Mais ces apports les transactions se sont chiffrées à plus de 26 milliards de dollars (soit sont essentiels si l’on veut trouver une solution efficace et cinq fois plus qu’en 2007). En revanche, la valeur du marché primaire rationnelle au problème climatique qui sera aussi une solu- a diminué pour la première fois, pour tomber à 7,2 milliards de dollars tion équitable. (soit un recul de 12 % par rapport aux niveaux de 2007), victime du ralentissement économique et de l’incertitude qui pèse sur l’avenir du marché au-delà de 2012. Voir Capoor et Ambrosi 2009. Notes 7 OCDE/CAD, Rio Marker for climate change, http://www.oecd. 1 Voir l’abrégé pour de plus amples détails. org/document/11/0,3343,en_2649_34469_11396811_1_1_1_1,00. 2 Barker et al. 2007. html (site consulté en mai 2009). 3 CCNUCC 2008a. 8 PNUE 2009. Les estimations des investissements dans les éner- 4 Agrawala et Fankhauser (2008) passent en revue les études gies propres qui bénéficient du MDP ont tendance à être supérieures portant sur les coûts d’adaptation ; Klein et Persson (2008) examinent au montant effectif des investissements des pays en développement le lien entre adaptation et développement. Parry et al. (2009) évaluent dans les énergies viables parce que bon nombre des projets MDP en les estimations de la CCNUCC sur les coûts d’adaptation qui, à leur sont encore à un stade précoce (ils ne sont pas encore opérationnels avis, pourraient en fait être deux à trois fois plus élevés. ou bien leur montage financier n’a pas été arrêté) au moment des tran- 5 Outre les marchés du carbone, les systèmes d’échange de certifi- sactions sur URCE. cats verts et de certificats blancs (qui visent respectivement à promou- 9 Voir Décision 1/CP.13, treizième Conférence des Parties à voir les énergies renouvelables et à améliorer la maîtrise de l’énergie la CCNUCC, Bali, décembre 2007, http://unfccc.int/resource/ par des mesures de gestion de la demande) sont d’autres exemples de docs/2007/cop13/eng/06a01.pdf#page=3 (site consulté le 3 juillet mécanismes fondés sur le marché qui pourraient procurer des avan- 2009). tages au plan de l’atténuation. D’autres instruments peuvent aussi être 10 Michaelowa et Pallav (2007) et Schneider (2007), par exemple, employés, notamment des incitations financières (taxes ou subven- pensent qu’un certain nombre de projets auraient été de toute façon tions, soutien des prix, allégements fiscaux sur les investissements mis en œuvre. En revanche, les entreprises se plaignent de la rigueur ou prêts bonifiés) ainsi que d’autres mesures et stratégies (normes, excessive du critère d’additionalité (IETA 2008 ; CCNUCC 2007). étiquetage). 11 Olsen 2007 ; Sutter et Parreno 2007 ; Olsen et Fenhann 2008 ; 6 Le gain financier pour les pays hôtes est inférieur au gain total Nussbaumer 2009. pouvant être tiré du marché du MDP, et ce pour deux raisons. Tout 12 Cosbey et al. 2005 ; Brown et al. 2004 ; Michaelowa et d’abord, la grande majorité des transactions du MDP sur le marché Umamaheswaran 2006. primaire sont des contrats d’achat à terme, et le paiement est effec- 13 Streck et Chagas 2007 ; Meijer 2007 ; Streck et Lin 2008. tué lorsque les réductions d’émissions se matérialisent. Le montant 14 IETA 2005 ; Stehr 2008. et le calendrier de livraison des crédits carbone varient considérable- 15 IETA 2008. ment en fonction des résultats des projets. Les promoteurs des projets 16 Michaelowa et Pallav 2007; IETA 2008. vendent à terme des crédits souvent avec une décote pour tenir compte 17 Barker et al. 2007. de ces risques de livraison. Deuxièmement, les crédits MDP changent 18 Sperling et Salon 2002. « Les glaciers fondent parce qu’il fait plus chaud. Le garçon qui est assis est contrarié. Un oiseau est tombé – une autre victime de la pollution atmosphérique. Les fleurs qui poussent à côté de la poubelle meurent avant que le garçon ne puisse les donner à l’oiseau. Pour que la situation change, j’implore les dirigeants mondiaux de garder la nature propre, d’utiliser l’énergie solaire et éolienne, et d’améliorer les technologies. » — Shant Hakobyan, 12 ans (Arménie). RapportMonde_LIVRE2.indb 282 16/09/10 12:40 Générer les financements nécessaires à l’atténuation et à l’adaptation 283 19 Figueres et Newcombe 2007. Références biblographiques 20 Eliasch 2008. Agrawala, S. et Fankhauser, S., Economic Aspects of Adaptation to 21 Figueres, Haites et Hoyt 2005 ; Wara 2007 ; Wara et Victor 2008. Climate Change: Costs, Benefits and Policy Instruments, Organisation 22 Sterk 2008. de coopération et de développement économiques, Paris, 2008. 23 Voir Fankhauser, Martin et Prichard (à paraître). AIE (Agence internationale de l’énergie), Energy Technology 24 Voir Müller 2008. Perspective 2008: Scenarios and Strategies to 2050, IEA, Paris, 2008. 25 Barbier 2009 ; Bowen et al. 2009. Alcamo, J. et Henrichs, T., « Critical Regions: A Model-based 26 Robins, Clover et Magness 2009 (voir chapitre 1). Estimation of World Water Resources Sensitive to Global Changes », 27 Certains modèles supposent que les réductions d’émissions Aquatic Sciences, 64 (4), p. 352-62, 2002. sont rémunérées en fonction des secteurs, d’autres reposent sur diffé- Aldy, J. E., Ley, E. et Parry, I., A Tax-Based Approach to Slowing rents types d’objectifs, tels que la réduction de l’intensité de carbone Global Climate Change, Resources for the Future, Washington, 2008. ou du niveau absolu ou relatif des émissions. Les crédits peuvent être Arnell, N. W., « Climate Change and Global Water Resources: SRES attribués au niveau national ou au titre de projets. Ils peuvent être Emissions and Socio-Economic Scenarios », Global Environmental basés sur une allocation initiale de quotas d’émission (système de Change, 14 (1), p. 31-52, 2004. plafonnement et d’échange) ou alloués ex post (octroi de crédits si les Banque mondiale, « Annual Report On Portfolio Performance, niveaux d’émissions sont ramenés en dessous d’un seuil de référence). Fiscal Year 2006 », Groupe d’assurance de qualité, Banque mondiale, Et ils peuvent être liés ou non aux marchés existants du carbone. Les Washington, 2007a. mécanismes basés sur les échanges de quotas d’émissions peuvent être Banque mondiale, « Country Policy And Institutional directement ou indirectement liés aux autres marchés du carbone et Assessments 2007: Assessment Questionnaire », Politiques opération- générer des crédits entièrement ou partiellement fongibles, ou non nelles et services aux pays de la Banque mondiale, Banque mondiale, fongibles, avec ceux émis sur les marchés existants. Washington, 2007b. 28 Même si les pays à revenu élevé atteignent les objectifs de réduc- Banque mondiale, World Development Indicators 2007, Banque tion retenus, le volume total des émissions ne baisserait que de 10 à mondiale, Washington, 2007c. 15 % par rapport aux niveaux de 1990 à l’horizon 2020, soit beaucoup Banque mondiale, The Economics of Adaptation to Climate Change, moins que les réductions de 25 à 40 % recommandées par le GIEC à ce Banque mondiale, Washington, 2009. même horizon ; voir Howes 2009. Bättig, M. B., Wild, M. et Imboden, D. M., « A Climate Change 29 WRI 2008 ; Houghton 2009. Index: Where Climate Change May Be Prominent in the 21st 30 Danielsen et al. 2009. Century », Geophysical Research Letters, 34 (1), p. 1-4, 2007. 31 Vagliasindi 2008. Barbier, E. B., A Global Green New Deal, Programme des Nations 32 Pollitt 2008. Unies pour l’environnement, Genève, 2009. 33 Agrawala et Fankhauser 2008. Barker, T., Bashmakov, I., Bernstein, L., Bogner, J. E., Bosch, 34 Les engagements au titre d’investissements dans le cadre de P. R., Dave, R., Davidson, O. R., Fisher, B. S., Gupta, S., Halsnaes, partenariats public-privé ont représenté entre 0,3 et 0,4 % du PIB des K., Heij, B., Khan Ribeiro, S., Kobayashi, S., Levine, M. D., Martino, pays en développement sur la période 2005-2007 (Base de données sur D. L., Masera, O., Metz, B., Meyer, L. A., Nabuurs, G.-J., Najam, la participation du secteur privé aux travaux d’infrastructure, http:// A., Nakićenović, N., Rogner, H.-H., Roy, J., Sathaye, J., Schock, R., ppi.worldbank.org/), alors que les besoins d’investissement dans l’in- Shukla, P., Sims, R. E. H., Smith, P., Tirpak, D. A., Urge-Vorsatz, D. et frastructure sont de l’ordre de 2 à 7 % du PIB selon les estimations (les Zhou, D., « Technical Summary », Climate Change 2007: Mitigation, besoins annuels se chiffrent à 7 % du PIB dans les pays à croissance Contribution au groupe de travail III du quatrième rapport d’évalua- rapide comme la Chine et le Viet Nam). Estache et Fay 2007. tion du GIEC, ed. B. Metz, O. R. Davidson, P. R. Bosch, R. Dave et L. 35 Estache 2008. A. Meyer, Presse Universitaire de Cambridge, Cambridge, 2007. 36 Kanbur 2005. Bosello, F., Roson, R. et Tol, R. S. J., « Economy-Wide Estimates 37 Füssel 2007. of the Implications of Climate Change: Human Health », Ecological 38 Diverses études ont été consacrées à l’impact du changement Economics, 58 (3), p. 579-91, 2006. climatique et la vulnérabilité, notamment : Bättig, Wild et Imboden Bovenberg, A. L. et Goulder, L., « Optimal Environmental (2007) ; Deressa, Hassan et Ringler (2008) ; Diffenbaugh et al. (2007) ; Taxation in the Presence of Other Taxes: General Equilibrium et Giorgi (2006). D’autres travaux portent sur les pertes sectorielles Analyses », American Economic Review, 86 (4), p. 985-1000, 1996. ou présentent des études de cas sur la vulnérabilité de certains Bowen, A., Fankhauser, S., Stern, N. et Zenghelis, D., An Outline pays : voir Dasgupta et al. (2007) sur les zones côtières ; Parry et al. of the Case for a « Green » Stimulus, Grantham Research Institute on (1999) et Parry et al. (2004) sur l’évolution des rendements agricoles Climate Change and the Environment et Centre for Climate Change mondiaux ; Arnell (2004) et Alcamo et Henrichs (2002) sur l’évolu- Economics and Policy, Londres, 2009. tion des ressources en eau ; Tol, Ebi et Yohe (2006) et Bosello, Roson et Brown, K., Adger, W. N., Boyd, E., Corbera-Elizalde, E. et Tol (2006) pour l’impact sur la santé. 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RapportMonde_LIVRE2.indb 285 16/09/10 12:40 RapportMonde_LIVRE2.indb 286 16/09/10 12:40 CHAPITRE 7 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies B ien avant la découverte de privés, qui ont permis de réduire le coût de l’électricité, les paysages euro- la technologie éolienne tout en en augmen- péens étaient parsemés de mou- tant le rendement. lins à vent qui produisaient Bien que la majorité de la puissance l’énergie nécessaire aux activités agricoles. installée se trouve en Europe et aux Aujourd’hui, grâce à l’innovation et à la États-Unis, cette situation est en train de diffusion des technologies, l’énergie éoli- changer. En 2008, l’Inde et la Chine ont, enne pourrait bien annoncer le début d’une chacune, installé une puissance éolienne véritable révolution énergétique. Entre 1996 plus importante que les autres pays, à l’ex- et 2008, la puissance éolienne installée à ception des États-Unis, et elles détiennent l’échelle mondiale a été multipliée par 20 actuellement, à elles deux, près de 20 % de pour dépasser 120 gigawatts, ce qui a per- la capacité mondiale. Une société indienne, mis d’éviter l’émission d’un volume estimé Suzlon, qui emploie 13 000 personnes à 158 millions de tonnes de dioxyde de car- dans toute l’Asie, compte parmi les plus bone (CO2) par an tout en créant quelque grands fabricants de turbines éoliennes au 400 000 emplois (figure 7.1)1. Une bonne monde. L’essor mondial des technologies part de cette expansion a tenu aux incita- éoliennes ouvre ainsi la voie à un dévelop- tions gouvernementales et à la recherche pement intelligent sur le plan climatique financée par des fonds publics et des intérêts et les progrès complémentaires accomplis dans des domaines comme la constitution de données géospatiales sur les ressources Idée force Figure 7.1 La puissance éolienne installée cumulée dans le monde a considérablement augmenté au cours des dix Pour faire face au changement climatique et atteindre les objectifs de développement, il faudra dernières années considérablement intensifier les efforts internationaux déployés pour diffuser les technologies existantes et pour en développer et déployer de nouvelles. Les investissements publics et Gigawatts privés – qui se chiffrent actuellement à des dizaines de milliards de dollars par an – devront 140 considérablement augmenter pour atteindre plusieurs centaines de milliards de dollars par 120 an. Des politiques de « stimulation par la technologie » fondées sur un volume croissant 100 d’investissements publics dans la R-D ne suffiront pas. Elles devront s’accompagner de politiques 80 « d’entraînement par le marché » offrant aux secteurs public et privé des incitations à faire preuve d’esprit d’entreprise, à collaborer et à rechercher des solutions novatrices hors des sentiers 60 battus. Pour diffuser des technologies intelligentes sur le plan climatique, il ne sera pas possible 40 de se contenter d’expédier des matériels prêts à l’emploi aux pays en développement ; il faudra 20 constituer des capacités d’absorption et renforcer les moyens dont disposent les secteurs 0 public et privé pour identifier, adopter, adapter, améliorer et employer les technologies les plus 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 appropriées. Année Source : Conseil mondial de l’énergie éolienne, 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 287 16/09/10 12:40 288 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Carte 7.1 Les progrès de la cartographie des vents offrent de nouvelles possibilités Vitesse moyenne annuelle du vent (mètres/seconde) Faible Élevée 3 6 9 Source : 3 Tier Inc. Remarque : Cette carte, d’une résolution de 5 kilomètres, indique la vitesse moyenne annuelle du vent mesurée à une altitude de 80 mètres (hauteur de certaines éoliennes) au-dessus de la masse terrestre. éoliennes mondiales facilitent le choix des sites d’implanta- qué au chapitre 8, il ne sera possible d’exploiter les avantages tion (carte 7.1). des transformations technologiques qu’au prix de profonds La gestion du changement climatique à un coût raison- changements des comportements humains et organisation- nable passe nécessairement par l’innovation technologique nels, et de l’adoption d’une multitude de mesures de soutien et les ajustements institutionnels qui doivent l’accompagner. visant à réduire la vulnérabilité des populations humaines et Le renforcement de l’innovation et des capacités technolo- à gérer les ressources naturelles. giques nationales peut devenir un catalyseur important du Toutefois, les efforts internationaux déployés à ce jour développement2. Les économies à revenu élevé, qui sont les pour innover et diffuser des technologies intelligentes sur principales responsables des émissions à l’échelle mondiale, le plan climatique sont loin d’être suffisants pour permettre peuvent remplacer leurs technologies à forte intensité de une atténuation et une adaptation significatives au cours des carbone par des solutions intelligentes sur le plan climatique décennies à venir. Les investissements dans la recherche, le tout en investissant massivement dans des innovations qui développement, la démonstration et le déploiement (RDD-D) produiront les grandes percées technologiques de demain. sont trop faibles, et la crise financière a eu pour effet de Les pays à revenu intermédiaire peuvent veiller à ce que leurs réduire les dépenses privées au titre de technologies intel- investissements favorisent une croissance à faible intensité de ligentes sur le plan climatique et d’en retarder la diffusion. carbone et à ce que leurs sociétés tirent parti des technologies Pour mobiliser les technologies et promouvoir l’innovation à existantes pour être concurrentielles sur le marché mondial. une échelle appropriée, il faudra non seulement que les pays Les pays à faible revenu peuvent s’assurer qu’ils disposent collaborent et mettent leurs ressources en commun mais des capacités technologiques nécessaires pour s’adapter au aussi qu’ils élaborent des politiques nationales favorables changement climatique en identifiant, en évaluant, en adop- à la mise en place de l’infrastructure nécessaire à la diffu- tant les technologies existantes et en les améliorant grâce sion des connaissances et à un environnement commercial aux connaissances et au savoir-faire locaux. Comme indi- propice. La majorité des pays en développement, en parti- RapportMonde_LIVRE2.indb 288 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 289 culier les pays à faible revenu, ont des marchés de petite examine comment les politiques internationales et natio- taille qui, individuellement, présentent peu d’intérêt pour nales peuvent combler ce fossé. les entrepreneurs désireux de lancer de nouvelles technolo- gies. Il sera toutefois possible à des pays contigus de former Des outils, technologies et institutions une masse critique sous réserve d’une meilleure intégration appropriés peuvent mettre un monde intelligent économique régionale. sur le plan climatique à notre portée Il importera d’accroître considérablement la coopéra- Pour éviter que les températures mondiales n’augmentent de tion internationale pour mobiliser des financements plus plus de 2 °C, il faudra que les émissions mondiales de gaz à importants et formuler des moyens d’intervention stimu- effet de serre diminuent de 50 à 80 % au cours des décennies lant la demande d’innovations intelligentes sur le plan à venir. À court terme, il serait possible de les réduire dans climatique plutôt que de se contenter de lever des fonds pour une mesure considérable en accélérant le déploiement des subventionner la recherche. L’harmonisation internationale technologies d’atténuation existantes dans les pays qui sont des incitations réglementaires (telles que la tarification du de gros émetteurs. carbone) peut avoir un effet multiplicateur sur l’investisse- Mais les objectifs d’émissions plus ambitieux retenus ment en créant des économies d’échelle et une dynamique pour le moyen terme ne pourront pas être atteints sans propice aux technologies intelligentes sur le plan clima- percées technologiques. Les modèles montrent que le rende- tique. L’attribution de prix pour récompenser l’innovation ment énergétique, le piégeage et le stockage du carbone, les et l’offre de subventions pour encourager la passation de énergies renouvelables de la prochaine génération, dont la marchés sont autant de mesures qui peuvent générer une biomasse, l’énergie éolienne et solaire, et l’énergie nucléaire demande et stimuler l’ingéniosité. Et lorsque les activités pourraient à terme constituer les quatre pierres angulaires de recherche prioritaires ont des coûts élevés, il est possible technologiques d’une solution (voir chapitre 4)3. Il faut donc de conjuguer les efforts de RDD-D pour repousser les fron- déployer de plus amples efforts de recherche, développement tières techniques. Il importera aussi d’élargir la définition du et démonstration (RD-D) dans ces quatre domaines pour concept de transfert de technologies pour inclure les capaci- déterminer si les technologies correspondantes pourront tés des pays à absorber les technologies existantes. Un traité être rapidement déployées sur le marché sans conséquence international sur le climat qui met l’accent sur des systèmes néfaste. ou des sous-systèmes technologiques spécifiques offre une Bien qu’elles soient très prometteuses, les stratégies de occasion unique de le faire et il sera plus facile de conclure réduction des émissions à court et à moyen terme se heur- un accord si les dispositions relatives au partage des coûts tent à des obstacles considérables. Les technologies d’utili- sont liées à celles concernant les transferts de technologies. sation finale qui améliorent les rendements et utilisent des En adoptant des mesures complémentaires, les pays ont sources générant peu d’émissions offrent la possibilité de la possibilité d’assurer une sélection, une adaptation et une réduire la demande énergétique totale à condition, toutefois, absorption efficaces des technologies. Mais l’identifica- que les comportements des utilisateurs et des entreprises tion, l’évaluation et l’intégration de technologies étrangères se modifient (voir chapitre 8). Le piégeage et le stockage du imposent des coûts d’apprentissage souvent négligés, tout carbone pourraient jouer un rôle important sous réserve comme leur modification et leur amélioration. Il importe qu’il soit possible d’identifier des sites géologiquement donc de constituer les capacités nécessaires à cette fin en appropriés à proximité des centrales électriques et que les soutenant l’infrastructure nécessaire à la diffusion des pouvoirs publics fournissent les ressources et prennent les connaissances au niveau des universités, des instituts de mesures nécessaires pour permettre de piéger le carbone recherche et des entreprises. à long terme4. La biotechnologie et les biocombustibles de Ce chapitre fait fond sur l’analyse des systèmes dans le deuxième génération pourraient largement contribuer à cadre desquels la technologie a décliné ou prospéré et sur modérer les émissions de carbone, au prix toutefois de l’af- la multitude de politiques et de facteurs qui ont été des fectation de superficies plus importantes à cette fin (voir obstacles ou des catalyseurs, pour brosser une esquisse de chapitre 3). Les énergies éolienne et solaire (photovoltaïque ce qui peut être accompli lorsque certaines politiques sont et thermique) pourraient se développer plus rapidement poursuivies de concert et leur portée élargie. Il décrit dans mais il faudrait pour cela que les possibilités de stockage un premier temps l’importance du rôle de la technologie et transport de l’électricité s’améliorent. Il serait possible, dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les par ailleurs, d’installer de nombreuses centrales nucléaires outils nécessaires pour faire progresser l’adaptation au chan- de dernière génération dans le monde à condition, toute- gement climatique, et la contribution de ces deux éléments fois, de pouvoir surmonter les obstacles institutionnels, les à la création d’économies compétitives. Il évalue ensuite le problèmes de sécurité et de prolifération et la résistance des fossé qui sépare les phases d’invention ou d’innovation et la populations de différents pays. Pour certains, la géo-ingé- phase de diffusion généralisée sur le marché et, pour finir, nierie offre la possibilité non seulement de réduire les taux RapportMonde_LIVRE2.indb 289 16/09/10 12:40 290 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 7.1 La géo-ingénierie ou comment sauver le monde du changement climatique Compte tenu du rythme du changement L’apport d’eau fraîche et riche en Une autre solution consisterait à pulvériser climatique, il est possible que les nutriments à la surface de l’océan pourrait de l’eau de mer dans l’atmosphère à partir mesures d’atténuation et d’adaptation également stimuler la productivité marine d’une flotte de navires automatisés, de actuellement proposées ne soient pas et, éventuellement, éliminer le CO2 de la sorte à « blanchir » et à augmenter la suffisantes pour éviter des impacts surface de l’eau. Un tel rafraîchissement réflectivité des nuages bas qui couvrent considérables. C’est dans ce contexte serait également bénéfique aux coraux, un quart des océans de la planète. Une que le potentiel de la géo-ingénierie qui sont très sensibles à l’élévation des répartition inégale des nuages pourrait semble retenir de plus en plus l’attention. températures. Enfin, le rafraîchissement des toutefois produire des points chauds et La géo-ingénierie peut être définie eaux de surface pourrait atténuer l’intensité froids à l’échelle des régions et provoquer comme les actions ou interventions des ouragans. Les premiers travaux des sécheresses dans les zones sous le ayant pour principal objectif de limiter de recherche consacrée à une pompe vent par rapport aux navires. les causes du changement climatique ou alimentée par énergie houlomotrice, Il pourrait aussi être souhaitable d’accroître les impacts de ce dernier. Elle s’entend conçue pour faire monter de l’eau fraîche la réflectivité des terres émergées. Adopter des mécanismes conçus dans le but à la surface laissent penser que ce système le blanc ou une couleur pâle pour les d’améliorer l’absorption ou la fixation par pourrait produire de bons résultats ; il toitures et les revêtements routiers les océans ou la végétation du dioxyde faudra néanmoins étudier la question de contribuerait à réduire le réchauffement de carbone (CO2), de dévier ou réfléchir manière beaucoup approfondie. de la planète d’une part en permettant la lumière du soleil ou encore de stocker Les autres options de géo-ingénierie de réaliser des économies d’énergie et, dans des réservoirs le CO2 produit par la proposées pour éliminer des gaz à effet d’autre par, en réfléchissant la lumière consommation énergétique. Ce dernier de serre comprennent le nettoyage de du soleil vers l’espace, et aurait le même mécanisme étant examiné au chapitre 4, l’atmosphère à l’aide d’une solution impact que la mise hors circulation de l’analyse ne porte ici que sur les deux absorbant le CO2 (puis la séquestration toutes les voitures du monde entier premiers. du carbone ainsi piégé sous la surface pendant 11 ans. Les options proposées pour séquestrer terrestre ou dans les grands fonds Il a aussi été proposé de placer un de plus grandes quantités de dioxyde de océaniques), et l’utilisation de lasers pour déflecteur solaire entre le soleil et la terre. carbone comprennent les pratiques de détruire les molécules d’halocarbone Un disque d’environ 1 400 km de diamètre gestion terrestre, examinées au chapitre 3, qui ont une longue durée de vie – pourrait réduire le rayonnement solaire qui augmentent la quantité de carbone mieux connues pour leur contribution d’environ 1 %, ce qui équivaudrait au piégé dans les sols ou les arbres. Mais il en à l’appauvrissement de la couche forçage radiatif des émissions indiquées existe d’autres, qui consistent notamment d’ozone, ces molécules sont également par les projections pour le XXIe siècle. Les à stimuler la croissance du phytoplancton de puissants gaz à effet de serre (se analyses réalisées montrent toutefois et la prolifération d’algues dans les océans reporter au Thème A intitulé « Les bases que le moyen le plus efficace au plan en ajoutant les nutriments nécessaires, tels scientifiques du changement climatique). des coûts de poursuivre cette stratégie que fer ou urée. Ces minuscules plantes Ces techniques n’en sont encore qu’à un consisterait à installer sur la Lune les absorbent le dioxyde de carbone des eaux stade très expérimental. équipements nécessaires pour construire de surface par photosynthèse. L’efficacité Plusieurs approches ont été proposées ce déflecteur, ce qui tient de la gageure. des efforts de stimulation de ce processus pour réfléchir la lumière du soleil. Dans le même ordre d’idées, il a été dépend de ce que devient, à long terme, Certaines d’entre elles pourraient envisagé d’utiliser un très grand nombre le CO2 ainsi absorbé ; s’il est intégré dans être utilisées dans des régions bien de miroirs (par exemple, en mettant en les déjections des animaux planctivores déterminées, pour arrêter la fonte des orbite 55 000 miroirs solaires ayant chacun et déposé sur les fonds marins, le CO2 glaces marines arctiques ou de la calotte une superficie de 10 km²). Mais comme il sera essentiellement retiré du système glaciaire du Groenland, par exemple. se produirait une éclipse du soleil chaque pendant des millénaires. Toutefois, L’une des techniques proposées consiste fois qu’un miroir passerait entre le soleil et de récentes études montrent que les à injecter des aérosols sulfatés dans la Terre, la lumière du soleil clignoterait à la évaluations quantitatives antérieures l’atmosphère. Il s’agit d’une méthode surface de la Terre. ont probablement considérablement efficace de refroidissement, comme en Des propositions de géo-ingénierie visant surestimé la capacité d’élimination atteste l’éruption du Mont Pinatubo plutôt à modifier le climat ont même été de carbone. Il faudra par ailleurs en 1991 qui a entraîné une baisse des soumises, telles les tentatives de renvoi poursuivre les expériences concernant températures mondiales de près de 1 °C des tempêtes tropicales vers le large, la durée de séquestration et les impacts pendant un an environ. Mais l’effet de loin des établissements humains, afin de toxicologiques que pourraient avoir une refroidissement ne pourrait être maintenu réduire les dommages qu’elles peuvent augmentation brusque des quantités de qu’au prix de flux constants ou d’injections provoquer. Bien que la recherche dans fer et d’urée dans les écosystèmes marins. régulières d’aérosols dans l’atmosphère. ces domaines fasse ses tous premiers pas, Si de nouvelles études confirment son Les aérosols sulfatés peuvent par ailleurs les modèles climatiques les plus récents potentiel, cette option de géo-ingénierie exacerber l’appauvrissement de la couche commencent à pouvoir analyser leur pourrait être rapidement mise en œuvre à d’ozone, augmenter les pluies acides et efficacité potentielle, ce qui n’était pas une échelle pertinente. avoir des effets défavorables sur la santé. possible lors des premières expériences de RapportMonde_LIVRE2.indb 290 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 291 ENCADRÉ 7.1 La géo-ingénierie ou comment sauver le monde du changement climatique (suite) modification des ouragans réalisées il y a questions soulevées par l’utilisation de la Sources : S. Connor, « Climate Guru : ‘Paint plusieurs décennies. géo-ingénierie pour limiter l’intensité des Roofs White.’» New Zealand Herald, May 28, Bien que des dispositifs de géo-ingénierie cyclones tropicaux ou du réchauffement 2009 ; American Meteorological Association, puissent être mis en place par un seul de l’Arctique sont encore plus complexes. http://www.ametsoc.org/policy/2009geo pays, leur impact sera ressenti par toutes Il importe donc d’apporter un appui, non engineeringclimate_amsstatement.html les nations du monde. Il est donc impératif seulement à la recherche scientifique (consulté le 27 juillet 2009) ; Atmocean, d’engager un débat sur les questions pour déterminer les approches possibles Inc., http://www.atmocean.com/(consulté de gouvernance en ce domaine. Les et leurs impacts, mais aussi à des études le 27 juillet 2009) ; MacCracken 2009 ; essais de fertilisation des océans au des aspects sociaux, éthiques, juridiques « Geo-engineering : Every Silver Lining moyen de particules de fer financés par et économiques de ces interventions pour Has a Cloud, » Economist, 29 janvier 2009 ; des investisseurs ont lancé le débat sur déterminer les mesures de géo-ingénierie voir également U.S. Energy Secretary, l’entité ou l’institution internationale qui peuvent ou ne peuvent pas être Steven Chu, http://www.youtube.com/ qui a compétence en ce domaine. Les acceptées au niveau international. watch?v=5wDIkKroOUQ. d’émission mais également d’atténuer l’impact du change- et de nouvelles stratégies d’amélioration de la résistance aux ment climatique (encadré 7.1). chocs climatiques et assurer une meilleure planification des Le rôle de la technologie et de l’innovation a été moins interventions d’urgence. Il importe donc que des capacités bien étudié dans le contexte de l’adaptation que dans celui scientifiques existent au niveau national. de l’atténuation, mais il ne fait aucun doute que les condi- tions climatiques futures seront fondamentalement diffé- La capacité à mener des actions d’atténuation et rentes de celles que nous connaissons aujourd’hui. La d’adaptation contribuera à l’édification d’économies riposte à des changements sortant du cadre de l’expérience fortes et compétitives historique nécessitera une coordination institutionnelle De nombreuses technologies de pointe, notamment dans le accrue à l’échelle régionale, de nouveaux outils de plani- domaine des technologies de l’information et de la commu- fication et la capacité de répondre à de multiples pressions nication, peuvent contribuer de manière spéciale aux efforts environnementales venant se greffer sur le changement menés face au changement climatique tout en étant suffi- climatique. Il sera nécessaire d’accroître les investissements samment génériques pour permettre d’améliorer la produc- pour comprendre les facteurs de vulnérabilité, réaliser des tivité dans de multiples autres sphères. Les capteurs sont évaluations itératives et élaborer des stratégies pour aider les d’une grande utilité en automatisation industrielle mais sociétés à faire face à l’évolution climatique5. ils aident aussi les responsables de la gestion des déchets à L’intégration des questions climatiques dans les stratégies limiter la pollution. Les téléphones portables facilitent les de développement favorisera la réflexion sur l’adaptation6. interventions en cas de catastrophe naturelle, comme dans le Le chapitre 2 explique que, face au changement climatique, village côtier de Nallavadu (Inde) lors du tsunami de 20047, il faudra concevoir des infrastructures physiques appro- mais ils peuvent également augmenter la productivité des priées et protéger la santé humaine. Le chapitre 3 montre que entreprises. Dans certaines régions du Bénin, du Sénégal et l’adaptation nécessitera de nouvelles méthodes de gestion de la Zambie, la téléphonie mobile est utilisée pour diffuser des ressources naturelles. La diversification des systèmes des informations sur les prix des denrées alimentaires et sur énergétiques, des cultures et des activités économiques, par des pratiques culturales novatrices8. exemple, pourrait aussi aider les communautés à faire face L’exploitation des possibilités technologiques découlant à des conditions en rapide évolution. L’innovation sera un des préoccupations liées au changement climatique peut ingrédient nécessaire de toutes ces activités. également être source de supériorité technologique et d’avan- Il faudra aussi mener des travaux de recherche pour tage concurrentiel. La Chine, par exemple, n’est pas encore comprendre les effets du changement climatique et de diffé- irrémédiablement vouée à une croissance à forte intensité de rentes options d’adaptation dans chaque pays. Ces travaux carbone et a donc des opportunités considérables (et écono- devront établir les effets des nombreuses agressions dont miquement avantageuses) de sauter les étapes caractérisées sont victimes les systèmes naturels et socio-économiques, par le recours aux anciennes technologies peu efficaces. la biodiversité et les efforts menés pour la préserver, et les Contrairement aux pays développés, la Chine n’a pas encore modifications de la circulation atmosphérique et océanique ; construit une grande partie de son patrimoine résidentiel ils devront aussi produire de nouveaux outils de surveillance et industriel pour la décennie à venir. En utilisant les tech- RapportMonde_LIVRE2.indb 291 16/09/10 12:40 292 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E nologies existantes, notamment en optimisant les systèmes une occasion opportune d’effectuer de nouveaux investisse- motorisés (pompes et compresseurs), elle pourrait réduire ments dans l’innovation intelligente sur le plan climatique sa demande énergétique industrielle de 20 % d’ici 2020 tout (voir chapitre 1)15. en augmentant sa productivité9. La crise mondiale actuelle offre également des possibi- La crise que traverse actuellement le monde peut être lités de restructuration économique dans les pays à revenu une opportunité favorable à l’innovation et à une crois- élevé dont l’avenir est verrouillé dans des modes de fonc- sance intelligente sur le plan climatique. Les crises stimulent tionnement à forte intensité de carbone.. L’inertie techno- l’innovation en créant un besoin urgent de mobiliser des logique et le statisme institutionnel restent les plus grands ressources et en éliminant les obstacles qui entravent généra- obstacles à l’amorce par ces pays d’une trajectoire axée sur lement l’innovation10. Le coût d’opportunité de la recherche une économie à faible intensité de carbone16. Indissociables et développement (R-D), qui représente un investissement des systèmes techno-économiques existants, ils ne pourront à long terme, est, de surcroît, moindre en période de crise être éliminés par des processus diplomatiques et nécessite- économique11. Au début des années 90, la Finlande a essen- ront la modification des structures économiques. Les poli- tiellement réussi à sortir de la profonde récession écono- tiques intelligentes sur le plan climatique devront inclure des mique dans laquelle elle était plongée en se restructurant et mécanismes permettant d’identifier les perdants éventuels en fondant son économie sur l’innovation, grâce à une forte et de minimiser les bouleversements socio-économiques. augmentation de l’aide publique à la R-D, qui a préparé le Bien que l’innovation intelligente sur le plan climatique terrain pour le secteur privé. Des résultats semblables pour- soit essentiellement le fait des pays à revenu élevé, les pays en raient provenir d’une R-D intelligente sur le plan climatique. développement commencent à avoir une importante contri- Par ailleurs, avec ses taux de rendement élevés, la R-D bution dans ce domaine. En 2007, 23 % (26 milliards de offre des opportunités inexploitées de croissance écono- dollars) des nouveaux investissements axés sur le rendement mique. Les évaluations des taux de rendement de la R-D se énergétique et les énergies renouvelables étaient imputables situent, en majorité, entre 20 et 50 %, soit nettement plus aux pays en développement, contre 13 % en 200417. Quatre- que les taux de rentabilité des investissements en capital12. vingt-deux pour cent de ces investissements ont été réalisés Les estimations indiquent également que les pays en déve- par trois pays : le Brésil, la Chine et l’Inde. Les voitures élec- loppement pourraient investir deux fois plus qu’ils ne le triques les plus vendues dans le monde sont conçues et fabri- font actuellement13. Toutefois, l’expérience montre que la quées par une société indienne, Reva Electric Car Company. R-D suit l’évolution du cycle économique pour augmenter Grâce à son action pionnière, la société a réussi à pénétrer le en période d’expansion et diminuer en période de récession marché des constructeurs automobiles, y compris dans les parce que les entreprises opèrent généralement dans une pays à revenu élevé18. optique à court terme en période de crise, même si cette Le Brésil, la Fédération de Russie, l’Inde, l’Indonésie, la stratégie est loin d’être optimale14. Les plans de relance mis Chine et l’Afrique du Sud n’étaient à l’origine que de 6,5 % en place par de nombreux pays pour faire face à la crise sont des brevets mondiaux sur les énergies renouvelables en 200519 Figure 7.2 Les budgets nationaux de RD-D dans le domaine l’énergie sont au plus bas et le nucléaire Sources : AIE 2008a ; AIE, http://www.iea.org/Textbase/stats/ domine rd.asp (consulté le 2 avril 2009) ; Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), http://www.oecd. org/statsportal (consulté le 2 avril 2009). RD-D publique (milliards de dollars) R-D énergie/R-D totale (%) Remarque : RD-D calculée aux prix et taux de change de 2007. 25 12,5 Les valeurs de l’axe de gauche représentent la RD-D (c’est- Piles à hydrogène et à combustible à-dire la recherche-développement et la démonstration) comme c’est généralement le cas pour le secteur énergé- Autres tique. Toutefois, l’axe de droite ne représente que la R-D car 20 Rendement énergétique 10,0 seuls les totaux de R-D intersectorielle sont disponibles. Énergie renouvelable Combustibles fossiles Nucléaire 15 Part de la R-D sur l’énergie dans 7,5 la R-D totale 10 5,0 5 2,5 0 0 1974 1977 1980 1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 Année RapportMonde_LIVRE2.indb 292 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 293 mais ils s’emploient à rapidement rattraper les pays à revenu ou pétroliers est encore plus frappant (figure 7.3). Il est toute- élevé puisque leurs taux d’accroissement annuels des dépôts fois possible de répondre aux appels récemment lancés dans de brevets sont deux fois plus élevés que ceux de l’Union le but d’accroître la recherche-développement sur l’énergie européenne (UE) ou des États-Unis. Ils sont par ailleurs en pour en porter le montant de 100 à 700 milliards de dollars voie d’acquérir un avantage technologique dans le domaine par an21. Le Japon a déjà pris l’initiative, en affectant 0,08 % des énergies renouvelables car environ 0,7 % de leurs brevets de son produit intérieur brut (PIB) à la RD-D publique sur déposés entre 2003 et 2005 concernaient ce secteur, contre l’énergie, soit nettement plus que la moyenne de 0,03 % des moins de 0,3 % aux États-Unis. En 2005, la Chine était pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire (tranche supé- septième au classement des dépôts de brevets sur les éner- rieure) membres de l’Agence internationale de l’énergie22. gies renouvelables et deuxième, derrière le Japon, dans les Par suite de leur récent essor, les dépenses privées en domaines de la géothermie et du ciment, deux importantes RD-D sur l’énergie, qui sont de l’ordre de 40 à 60 milliards sources potentielles de réduction des émissions20. de dollars par an, dépassent de loin les dépenses publiques. Leur montant ne représente toutefois que 0,5 % des revenus, Tous les pays devront intensifier leurs efforts pour c’est-à-dire un pourcentage nettement inférieur aux 8 % des diffuser les technologies intelligentes sur le plan recettes investies dans la RD-D dans le secteur électronique climatique et en créer de nouvelles et aux 15 % investis dans le secteur pharmaceutique23. Le financement de la recherche, du développement et du Les progrès sont simplement trop lents dans certains déploiement dans le domaine énergique, qu’il soit public domaines technologiques. Bien que le nombre de brevets ou privé, est loin d’atteindre les niveaux nécessaires pour déposés concernant des énergies renouvelables ait rapide- assurer la transition vers un monde intelligent sur le plan ment augmenté depuis le milieu des années 90, il repré- climatique. Les budgets de RD-D se contractent en valeur sentait moins de 0,4 % de tous les brevets en 2005 ; par absolue depuis le début des années 80 et ont diminué de près ailleurs, seulement 700 demandes avaient été déposées24. de moitié entre 1980 et 2007 (figure 7.2). La part des budgets L’augmentation du nombre de dépôts de brevet au titre de publics de recherche-développement (hors démonstration) technologies à faible intensité de carbone s’est essentielle- consacrée à l’énergie a également chuté, pour tomber de 11 % ment effectuée dans les domaines des déchets, de l’éclairage, en 1985 à moins de 4 % en 2007 (cette évolution est décrite du méthane et de l’énergie éolienne ; elle a été plus limitée par la courbe verte de la figure 7.2), et a essentiellement visé dans de nombreux autres secteurs technologiques promet- l’énergie nucléaire. Le tableau brossé par les comparaisons teurs tels que l’énergie solaire, océanique et géothermique des subventions publiques au titre des produits énergétiques (figure 7.4) et elle ne contribuera guère à faire chuter les coûts. Les pays en développement sont toujours en retard sur les Figure 7.3 Les dépenses annuelles de R-D concernant l’énergie et le changement climatique sont dérisoires autres pays en ce qui concerne l’innovation pour l’adapta- comparées aux subventions tion. Bien qu’il soit plus efficace sur le plan des coûts d’adop- ter des technologies étrangères plutôt que de les réinventer, USD (milliards) ces technologies ne sont pas toujours adaptées aux problèmes 350 locaux 25. L’innovation ne présente donc pas uniquement 300 un intérêt pour les économies à revenu élevé. Les progrès 250 200 Figure 7.4 Le rythme des inventions n’est pas le même pour toutes les technologies à faible intensité de carbone 150 Énergie océanique 100 Énergie solaire Production de ciment 50 Énergie hydroélectrique 0 Énergie géothermique Bâtiment Subventions Subventions Financement mondiales mondiales public mondial Bioénergie - énergie - produits pour la R-D Moteurs à injection pétroliers pour l’énergie Énergie éolienne Méthane Éclairage Sources : AIE 2008a ; AIE 2008b ; AIE, http://www.iea.org/ Déchets Textbase/stats/rd.asp (consulté le 2 avril 2009). –100 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Remarque : Les estimations des subventions mondiales sont basées sur les subventions des 20 pays non membres de l’OCDE Augmentation des brevets entre 1978 et 2003 (%) accordant les plus grosses subventions (les subventions des pays de l’OCDE sont minimes dans le domaine énergétique). Source : Dechezleprêtre et al. 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 293 16/09/10 12:40 294 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 7.1 Accords internationaux à caractère technologique spécifiques au changement climatique Types d’accords Sous-catégorie Accords existants Impact Risque Mise en Objectif potentiel œuvre Harmonisation Déploiement et Très peu nombreux Impact Mauvais choix Difficile Technologies énergétiques ayant du cadre législatif performances (essentiellement dans élevé technologiques par d’importants effets de verrouillage et réglementaire technologiques l’UE) l’État (transport) et étant fortement décentralisées (rendement énergétique) Partage des Échange des Nombreux (notamment Impact Pas de risque majeur Facile Tous les secteurs connaissances connaissances et ceux de l’Agence faible et coordination coordination de la internationale de recherche l’énergie) Normes et Plusieurs (EnergyStar, Impact Adoption limitée des Facile Produits industriels et de étiquetages non ISO 14001) faible normes et étiquetages consommation ; systèmes de obligatoires par le secteur privé communication Innovation fondée Instruments Très peu nombreux Impact Incertitude des Difficile RD-D avant le stade de la sur le partage des subventionnés de (ITER) élevé résultats des concurrence avec d’importantes coûts « stimulation par recherches économies d’échelle (piégeage la technologie » et stockage du carbone, énergie éolienne au large) Instruments Très peu nombreux Impact Rémunération et Difficulté Problèmes spécifiques à d’« entraînement (Ansari X-prize) moyen efforts nécessaires moyenne moyenne échelle ; solutions par le marché » risquant de produire pour les marchés des pays axés sur des des niveaux en développement ; solutions récompenses inappropriés ne nécessitant pas de R-D d’innovation fondamentale Instruments Très peu Impact Financement inutilisé Difficulté Technologies en phase de visant à combler nombreux (Fonds élevé faute d’activités à moyenne démonstration et de déploiement les lacunes d’investissement poursuivre existantes Qatar-R-U. sur les technologies propres) Transfert de Transfert de Plusieurs Impact Faibles capacités Difficulté Technologies établies (énergie technologie technologie (Mécanisme pour élevé d’absorption des pays moyenne éolienne, rendement énergétique), un développement bénéficiaires spécifiques au contexte régional propre, Fonds pour (agriculture) et adoptées par le l’environnement secteur public (alerte avancée, mondial) protection des côtes) Sources : Davis et Davis 2004 ; De Coninck et al. 2007 ; Justus et Philibert 2005 ; Newell et Wilson 2005 ; Philibert 2004 ; Banque mondiale 2008a biotechnologiques, par exemple, offrent des opportuni- La collaboration internationale et le partage des tés d’adaptation aux événements climatiques (sécheresses, coûts peuvent mobiliser des efforts nationaux vagues de chaleur, espèces nuisibles et maladies) qui ont pour promouvoir l’innovation un impact sur l’agriculture et la foresterie. Les brevets Les mesures de coopération qui peuvent être prises pour issus des pays en développement ne représentent cepen- promouvoir des avancées technologiques concernent dant toujours qu’une partie infime des brevets mondiaux notamment l’harmonisation des cadres juridiques et régle- en biotechnologie26, de sorte qu’il sera difficile de monter mentaires, le partage des connaissances et leur coordina- des ripostes culturales et sanitaires au changement clima- tion, le partage des coûts et les transferts de technologies tique au niveau local. Qui plus est, la R-D agricole n’attire (tableau 7.1). Certains efforts ont été entrepris mais d’autres que peu de financements dans les pays en développement, opportunités existent, qui ne sont pas exploitées. même s’ils évoluent à la hausse depuis 1981. Les économies Il importe de poursuivre toutes ces approches coopéra- à revenu élevé continuent d’effectuer plus de 73 % des inves- tives parce que différentes combinaisons de technologies tissements mondiaux dans la R-D agricole. Dans les pays en peuvent être nécessaires et parce que toutes les technologies développement, 93 % des investissements en R-D agricole n’ont pas atteint le même stade de leur développement ou sont imputables au secteur public, contre 47 % dans les pays n’ont pas été adoptées dans la même mesure partout dans le à revenu élevé. Or, les organisations du secteur public sont monde. Des technologies intelligentes sur le plan climatique généralement moins efficaces que le secteur privé lorsqu’il ne peuvent, de surcroît, pas être le fruit d’efforts dispersés. s’agit de commercialiser les résultats de leurs recherches27. L’innovation doit être considérée comme un système faisant RapportMonde_LIVRE2.indb 294 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 295 intervenir conjointement de multiples intervenants et tech- par exemple, pour la consommation de carburant des auto- nologies, « effets de sentier » et processus d’apprentissage, mobiles (voir chapitre 4), ont un bon rapport coût-effica- et non pas uniquement comme le produit de la R-D (enca- cité et peuvent promouvoir le développement et la diffusion dré 7.2)28. Il faut que les subventions de recherche, dévelop- de technologies à faible intensité de carbone. C’est pour- pement, démonstration et déploiement soient associées à des quoi plusieurs pays ont adopté des mesures pour éliminer incitations commerciales pour encourager les entreprises à progressivement l’utilisation d’ampoules incandescentes à la innover et à faire progresser les technologies le long de la suite de l’apparition de technologies plus efficaces, comme chaîne d’innovation (figure 7.5)29. Enfin, l’innovation doit les ampoules fluorescentes compactes et les diodes électro- s’appuyer sur les flux intersectoriels de connaissances et les luminescentes. Appliquées de manière uniforme à l’échelle progrès réalisés dans les grandes technologies, notamment mondiale, des réglementations de ce type pourraient orienter les technologies d’information et de communication et la le marché vers des produits à faible intensité de carbone, biotechnologie. tout comme l’harmonisation des normes de télécommuni- cations GSM a créé une masse critique pour le marché des L’harmonisation des réglementations est absolument téléphones portables en Europe dans les années 90. essentielle à tout accord sur les technologies intelligentes sur le plan climatique Des accords de partage des connaissances L’harmonisation d’incitations ayant une vaste portée et de coordination complètent utilement ces efforts géographique peut attirer de nombreux investisseurs dans La conclusion d’accords sur le partage des connaissances l’innovation intelligente sur le plan climatique et créer de peut contribuer à remédier aux défaillances du marché et vastes marchés en ce domaine. La tarification du carbone, du système dans les domaines de l’innovation et de la diffu- les normes réglementant la part d’énergie devant provenir de sion, en permettant de coordonner les programmes natio- sources renouvelables et les critères de performance établis, naux de recherche, les systèmes d’échange d’informations, ENCADRÉ 7.2 L’innovation est un processus désordonné et ne peut être encouragée que grâce à des politiques visant de multiples éléments d’un système complexe Dans la majorité des pays, les politiques d’expérience des fabricants au cours de marché). Bien que ces deux catégories gouvernementales continuent d’être l’étape de déploiement, ou des détaillants de politiques soient extrêmement formulées sur la base d’une conception et consommateurs au cours de l’étape importantes, elles font abstraction des linéaire et dépassée de l’innovation, qui de diffusion, viennent progressivement effets des nombreuses interactions entre passe nécessairement par quatre étapes éclairer les étapes précédentes ; ils les intervenants aux différentes étapes de successives : peuvent ainsi modifier complètement le l’innovation : entreprises, consommateurs, • La R-D, pour trouver des solutions cours de l’innovation et déboucher sur de pouvoirs publics, universités, etc. Les à des problèmes techniques spéci- nouveaux concepts et produits inattendus partenariats et l’apprentissage nécessité fiques et les appliquer à de nouvelles et, parfois, engendrer des coûts imprévus. par la vente, l’achat, ou encore l’imitation technologies. Il arrive que de grandes innovations ne d’une technologie jouent des rôles soient pas le produit de la R-D mais de particulièrement importants, tout comme • Les projets de démonstration, pour nouveaux modèles d’activité regroupant les forces qui régissent sa diffusion. La adapter la technologie et démontrer des technologies existantes. Par ailleurs, compatibilité et les avantages apparents son fonctionnement dans des applica- les courbes d’apprentissage, suivant de nouveaux produits, de même que tions concrètes et à grande échelle. lesquelles les coûts unitaires baissent en les coûts d’apprentissage connexes, • Le déploiement, lorsque les obstacles fonction de la production cumulée ou sont tous des facteurs essentiels en techniques fondamentaux ont été réso- de la RDD-D cumulée, ne sont pas bien matière d’innovation. Pour être efficaces, lus et le potentiel commercial d’une comprises. les politiques doivent donc envisager technologie devient apparent. Quelle est l’importance de tout cela sur le l’innovation de manière systémique et plan stratégique ? La conception linéaire trouver les moyens de stimuler toutes les La diffusion, lorsque la technologie devi- donne à tort l’impression qu’il est possible facettes du processus d’innovation, en ent compétitive sur le marché. de gérer l’innovation simplement en particulier lorsque le marché ne joue pas Or, l’expérience montre que l’innovation accroissant les intrants nécessaires à la le rôle qu’il devrait. est un processus beaucoup plus complexe. recherche (stimulation par la technologie) La majorité des innovations échoue et en créant une demande au niveau des marchés (entraînement par le Sources : Tidd 2006 ; Banque mondiale 2008a. à une étape ou une autre. Les retours RapportMonde_LIVRE2.indb 295 16/09/10 12:40 296 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 7.5 Les stratégies publiques touchent tous les maillons de la chaîne d’innovation Source : Basé sur AIE 2008a. Cadre porteur : stabilité macroéconomique, éducation, protection de la propriété intellectuelle, intégration commerciale, réglementation... État Financement de la technologie et des idées Nombre de projets Recherche - Démonstration Déploiement Développement Rétroinformation les normes non obligatoires et les politiques d’étiquetage. importante ne soit laissée pour compte, notamment celles Les accords de coordination des programmes de recherche qui présentent de l’intérêt pour les pays en développement comprennent une grande partie des 42 accords techno- (telles que les biocombustibles issus des produits d’alimen- logiques de l’Agence internationale de l’énergie, dans le tation et la production d’électricité par des installations de cadre desquels les pays financent et mettent en œuvre leurs faible capacité dans le cas des pays en développement). Les propres contributions à différents projets sectoriels, allant réseaux d’échange d’informations comprennent le Système des piles à combustible avancées aux véhicules électriques30. des systèmes mondiaux d’observation de la Terre, qui donne Des accords de ce type permettent d’éviter que des investis- accès à des données issues de divers réseaux d’observation sements dans des pays différents ne fassent double emploi. et de systèmes de mesure (encadré 7.3). L’étiquetage Energy Ils permettent aux pays de convenir ensemble de la répar- Star est un excellent exemple de coordination internatio- tition des tâches, en veillant à ce qu’aucune technologie nale permettant à des organismes publics de différents pays ENCADRÉ 7.3Pour une surveillance novatrice : création d’un service climatique mondial et d’un « système de systèmes » La demande de données et d’informations Une société de services climatiques aux questions relatives aux choix régulières et fiables sur les tendances, mondiaux pourrait fournir les d’infrastructures urbaines pouvant résister les événements exceptionnels et les informations climatiques nécessaires aux précipitations extrêmes et ondes prévisions à long terme n’a jamais été aussi aux populations de la planète pour de tempête centenaires qui, désormais, forte qu’elle ne l’est aujourd’hui. Nombre mieux prévoir et anticiper les conditions se produiront avec une intensité et d’organismes publics et privés opérant climatiques à des horizons allant de une fréquence croissante, d’aider les dans des secteurs aussi divers que les quelques mois à plusieurs décennies. agriculteurs à choisir les meilleures transports, les assurances, l’énergie, l’eau, Une telle société pourrait s’appuyer sur cultures et méthodes de gestion de l’agriculture et les pêches, incorporent de les systèmes d’observation existants l’eau en période de sécheresse, de plus en plus les informations climatiques mais devrait étendre la portée de son suivre l’évolution des stocks et des flux dans leur planification. Ces prévisions sont action bien au-delà de ces systèmes. de carbone dans les forêts et les sols, à présent un élément essentiel de leurs Elle aurait pour mission de fournir des et d’évaluer l’efficacité des stratégies stratégies d’adaptation. informations permettant de répondre RapportMonde_LIVRE2.indb 296 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 297 ENCADRÉ 7.3 Pour une surveillance novatrice : création d’un service climatique mondial et d’un « système de systèmes » (suite) d’intervention en cas de catastrophe dans Oceanic and Atmospheric Administration) des ressources marines ; la préservation des conditions climatiques en évolution. et de ses partenaires dans toute la région du de la biodiversité ; l’agriculture et la Une société de services climatiques mondiaux Pacifique. foresterie durables ; la santé publique ; la devra pouvoir s’appuyer sur des partenariats C’est également le cas des centres distribution de ressources énergétiques ; novateurs entre les autorités nationales, le climatiques régionaux que l’Organisation et la surveillance météorologique. Les secteur privé et les autres institutions, et sa météorologique mondiale (OMM) essaye informations rassemblées proviennent structure sera d’une importance capitale. Il officiellement d’établir et de mettre en de bouées océaniques, de stations faudra, au moyen des observations et des place depuis 1999. L’OMM reconnait le hydrologiques et météorologiques, de capacités de modélisation actuellement bien-fondé de l’argument selon lequel satellites de télédétection et de portails disponibles, élaborer un système constitué les responsabilités des centres régionaux Internet de surveillance de la Terre. de multiples réseaux en étoile interconnectés ne doivent pas recouper ou remplacer Des progrès ont déjà été enregistrés : qui mettront les services mondiaux à la celles des organismes existants mais portée de prestataires de services régionaux, doivent, plutôt, consister à fournir un • En 2007, la Chine et le Brésil ont lancé eux-mêmes chargés de transmettre les appui dans cinq domaines clés : les ensemble un satellite d’imagerie ter- informations aux prestataires locaux. Cela activités opérationnelles, notamment restre et se sont engagés à transmettre évitera que chaque communauté ne doive pour l’interprétation des données des leurs données d’observation à l’Afrique. générer elle-même des informations très centres mondiaux de prévisions ; les • Les États-Unis ont récemment ouvert complexes. efforts de coordination qui renforcent l’accès à 40 ans de données provenant la collaboration au niveau des réseaux de la plus grande archive du monde Mise en place des éléments d’observation, de communication et de d’images de télédétection. composant une société de services traitement informatique ; les services de climatiques mondiaux • SERVIR, réseau régional de visualisa- production et d’archivage des données et Une partie des informations dont tion et de surveillance de la Méso- de contrôle de leur qualité ; la formation aurait besoin une société de services Amérique, est aujourd’hui la plus et le renforcement des capacités ; et la climatiques mondiaux sont produites par grande banque de données envi- recherche sur la variabilité et la prévisibilité les centres de services météorologiques ronnementales, d’images satellitaires, du climat et leurs impacts dans une région. et hydrologiques des États-Unis (United de documents, de métadonnées, et States National Meteorological and Intégration des services climatiques d’applications de cartographie en ligne Hydrologic Service Centers) et, de à d’autres systèmes de surveillance accessibles à tous. Le nœud régional plus en plus, par le Système mondial novateurs africain de ce réseau, situé à Nairobi, d’observation du climat, par le biais de La mise en place d’un vaste système établit des prévisions concernant les divers organes publics et institutions intégré conçu pour suivre l’évolution des inondations dans des zones à haut non gouvernementales. Plusieurs conditions environnementales à l’échelle risque et les flambées épidémiques de autres institutions, telles que les Centres de la planète n’est pas à la portée d’un fièvre dans la vallée du Rift. mondiaux de données et l’Institut seul pays, pas plus que l’analyse des international de recherche, fournissent innombrables données qu’il produirait. • GEO commence à mesurer les stocks et régulièrement des données et des produits C’est pourquoi le Groupe sur l’observation les émissions de carbone liés aux forêts climatiques, notamment des prévisions de la Terre (GEO), partenariat volontaire à l’aide de modèles intégrés, d’activités pour des périodes allant d’un mois à un an. de gouvernements et d’organisations de surveillance in situ et de mesures de Quelques services climatiques régionaux internationales, a élaboré le concept télédétection. commencent également à s’établir. C’est de Système des systèmes mondiaux le cas, par exemple, de Pacific Climate d’observation de la Terre (GEOSS). En Information System (PaCIS), cadre fournissant les mécanismes institutionnels régional qui doit permettre d’intégrer les nécessaires à la coordination, au Sources : Système des systèmes mondiaux observations climatiques actuelles et futures, renforcement et à la complémentation d’observation de la Terre, http://www. les services de prévisions opérationnels des systèmes mondiaux d’observation epa.gov/geoss (consulté en janvier 2009) ; et les prévisions climatiques. PaCIS facilite de la Terre existants, le GEOSS appuie Groupe sur l’observation de la Terre, http:// la mise en commun de ressources et de les responsables de l’action publique, www.earthobservations.org (consulté savoir-faire ainsi que l’identification des les responsables de la gestion des en janvier 2009) ; IRI 2006 ; note de Tom priorités nationales. Dans ce contexte, la plus ressources, les chercheurs scientifiques Karl, National Oceanic and Atmospheric haute priorité doit être donnée à la création et un large éventail de décideurs dans Administration, National Climatic Data d’un portail web facilitant l’accès aux neuf domaines : l’atténuation des Center, 2009 ; Pacific Region Integrated données, produits et services climatiques de risques de catastrophes ; l’adaptation Climatology Information Products, http:// l’Administration nationale de l’océan et de au changement climatique ; la gestion www.pricip.org/(consulté le 29 mai 2009) ; l’atmosphère des États-Unis (U.S. National intégrée des ressources en eau ; la gestion Rogers 2009 ; Westermeyer 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 297 16/09/10 12:40 298 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E d’harmoniser leurs programmes non obligatoires d’étique- plan climatique par le biais d’un traité sur le climat assorti tage du rendement énergétique sur la base d’un ensemble de normes d’application volontaire élaborées séparément unique de critères31. par voie de consensus dans le cadre d’un processus ouvert33. Les comités d’évaluation technologique et économique Les normes d’application volontaire, l’étiquetage et la du Protocole de Montréal offrent un modèle d’accord tech- coordination de la recherche sont des instruments de coopé- nologique sur le changement climatique, qui porte sur ration technologique à moindre coût mais il est difficile de les effets de l’appauvrissement de la couche d’ozone. Ces déterminer s’ils génèrent de nouveaux investissements tech- comités ont réunis des représentants de gouvernements, nologiques34. Il est peu probable que ce type de coopération d’entreprises, d’organisations non gouvernementales et puisse à lui seul permettre de répondre aux énormes besoins des universitaires pour former des groupes de travail char- d’investissement, de faire face à l’urgence de la situation et gés de déterminer la faisabilité technique de technologies à la nécessité d’apprendre par la pratique qui caractérisent et d’établir des calendriers bien définis en vue de l’élimi- les technologies nécessaires, par exemple, au piégeage et au nation de la production et de l’utilisation de chlorofluoro- stockage du carbone. carbones et d’autres substances chimiques appauvrissant la couche d’ozone. Ils ont montré que les résultats des accords Ce sont les accords de partage des coûts qui de coordination de technologies sont meilleurs lorsque ces pourraient se révéler le plus rentable, à condition accords sont assortis d’engagements en matière d’émissions qu’il soit possible de surmonter les obstacles à leur car les industries sont alors incitées à y participer32. L’un mise en œuvre des problèmes que pose l’utilisation de ce modèle dans le Les accords de partage des coûts peuvent être des accords de contexte du changement climatique est le grand nombre de « stimulation par la technologie », aux termes desquels de comités qui serait nécessaire pour couvrir le large éventail nombreux pays subventionnent le développement conjoint de des technologies concernées. Il serait à cet égard plus réaliste technologies prometteuses (flèche rose pâle en haut à gauche de de limiter dans un premier temps cette approche à quelques la figure 7.5) avant de savoir si elles tiendront leurs promesses. secteurs stratégiques. Ils peuvent également revêtir la forme d’accords d’« entraîne- La « Nouvelle approche » de l’Union européenne en ment par le marché », aux termes desquels les financements matière de normalisation offre également un modèle d’har- réunis auprès de nombreux pays sont utilisés pour des tech- monisation des normes intelligentes sur le plan climatique. nologies qui ont prouvé leur potentiel commercial – par des Les produits faisant l’objet d’échanges entre pays membres signaux du marché suivant des chaînes de rétroinformation. de l’UE doivent respecter des règles de base en matière de Ils peuvent aussi remplacer le maillon manquant de la chaîne sécurité, de santé publique, de protection du consommateur d’innovation entre la recherche et le marché. et de protection de l’environnement. L’UE a dans un premier temps exigé de ses États membres qu’ils harmonisent Accords de recherche. Les programmes internationaux de leurs textes de lois contenant des prescriptions techniques partage des coûts qui stimulent l’innovation dans le domaine détaillées. Cette approche a cependant engendré des désac- du changement climatique sont très peu nombreux. L’un cords persistants au sein du Conseil européen et il s’est avéré deux est le réacteur à fusion ITER qui dispose d’un budget difficile de mettre à jour les textes de loi pour tenir compte de 12 milliards de dollars (encadré 7.4) ; d’autres accords des progrès technologiques. Une « Nouvelle approche » a de technologie, coordonnés par l’Agence internationale de donc été formulée en 1985 pour surmonter ce problème. l’énergie, qui bénéficient de budgets de plusieurs millions de Les produits classés dans le cadre de cette approche doivent dollars, rentrent aussi dans cette catégorie. L’Institut inte- simplement respecter des « exigences essentielles », très géné- raméricain de recherches sur les changements à l’échelle rales et technologiquement neutres, énoncées dans les textes du globe est un autre modèle de partenariat d’instituts de de loi qui doivent être adoptés par chaque État membre de recherche. Cette organisation intergouvernementale, qui l’UE. Pour satisfaire aux exigences de la Nouvelle approche, regroupe 19 pays des Amériques, a vocation à promouvoir les produits doivent respecter des normes européennes l’échange d’informations entre scientifiques mais aussi harmonisées établies par l’un des trois organismes régio- entre ces derniers et les responsables de l’action publique. Ce naux volontaires de normalisation. Ces organismes sont centre a pour mission d’encourager une approche régionale composés de comités techniques représentant l’industrie, plutôt que nationale. les gouvernements, les milieux universitaires et les consom- Les accords de partage des coûts de recherche pourraient mateurs de différents pays de l’UE qui édictent des normes connaître un essor considérable dans le cadre de projets de par consensus. Ces comités techniques sont ouverts à toutes recherche fondamentale et de démonstration, qui se carac- les parties prenantes des États membres de l’UE désirant y térisent par des niveaux de dépense et un degré d’incerti- siéger. Une approche semblable pourrait permettre d’har- tude élevés. Les groupes de recherche se prêtent également moniser des réglementations générales intelligentes sur le bien à la poursuite de travaux de recherche à long terme RapportMonde_LIVRE2.indb 298 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 299 ENCADRÉ 7.4 ITER : Un exemple de lancement laborieux d’un système de partage des coûts de R-D dans le domaine énergétique ITER est un projet international de construction d’un réacteur expérimental incertains. Le financement de la phase de recherche-développement conçu pour à partir de 1997, mais celle-ci a été construction a finalement été approuvé démontrer la faisabilité scientifique et repoussée par les négociations sur le en 2006. ITER devrait être opérationnel technique du recours à la fusion nucléaire protocole expérimental, le partage des pendant 20 ans une fois sa construction pour produire de l’électricité sans générer coûts, le site de conception, le site de achevée, vers 2017. les déchets radioactifs associés à la fission construction et la dotation en personnel. nucléaire. Les partenaires pour ce projet Plusieurs pays ont abandonné le projet ; Source : http://www.iter.org (consulté sont la Chine, les États-Unis, la Fédération certains ont décidé par la suite de s’y le 12 décembre 2008). de Russie, l’Inde, le Japon, la République associer à nouveau tandis que d’autres ont Remarque : ITER est l’abréviation de Corée et l’Union européenne. retiré temporairement leur financement. d’« International Thermonuclear ITER a été proposé en 1986 et ses ITER illustre les difficultés inhérentes à la Experimental Reactor » (réacteur installations ont été mises au point en négociation d’un projet de recherche de thermonucléaire expérimental 1990. Le programme initial prévoyait la plus de 12 milliards de dollars aux résultats international). dans des domaines qui se prêtent à des économies d’échelle afin que les technologies puissent ultérieurement être diffu- et des économies d’apprentissage, comme le piégeage et le sées sur le marché. stockage du carbone (encadré 7.5), les unités photovol- taïques de troisième génération, l’énergie éolienne au large, Accords d’entraînement par le marché axés sur les récom- les biocombustibles de deuxième génération et les technolo- penses. De nombreuses innovations majeures sont le gies de surveillance du climat. Les possibilités de coopéra- fruit d’efforts menés hors des sentiers battus qui n’apparais- tion sont plus limitées pour les technologies plus proches du sent généralement pas sur les écrans radar des programmes stade de la commercialisation, lorsque les droits de propriété de subvention. En 1993, un ingénieur japonais, Shuji intellectuelle entrent en ligne de compte et que certains pays Nakamura, travaillant avec un budget limité dans une désirent se positionner en tant que pionniers. petite entreprise de province, a stupéfait la communauté Les accords de partage des coûts peuvent couvrir quelques scientifique en produisant les premières diodes électrolumi- domaines hautement prioritaires et être négociés par des nescentes bleues. Cette invention est à l’origine des diodes institutions internationales centralisées dotées de structures électroluminescentes blanches à haut rendement que l’on de négociation. Le projet ITER montre que les accords de produit aujourd’hui36. De nombreux innovateurs mondiaux, partage des coûts de très grande envergure sont difficiles à dont le géant de l’informatique Dell, investissent une part mettre en œuvre lorsque les pays peuvent revenir sur leurs beaucoup plus faible du produit de leurs ventes dans la R-D engagements ou être en désaccord sur les modes de mise en que leurs concurrents37, mais ils sont extraordinairement œuvre. Pour assurer la pérennité des financements de ces adeptes à rechercher partout dans le monde les technologies accords, il sera nécessaire de fournir des incitations supplé- et les idées ayant un fort potentiel, à collaborer à des projets mentaires ; celles-ci pourront revêtir la forme de sanctions de R-D et à commercialiser de nouvelles technologies38. Il est imposées aux pays qui se retirent ou l’obligation pour probable que certaines des technologies intelligentes sur le chaque partie à l’accord de s’engager à accroître le montant plan climatique les plus prometteuses viendront de secteurs de ses financements (jusqu’à une valeur maximale) lorsque que l’on n’associe généralement pas au changement clima- de nouvelles parties signent l’accord, afin de décourager les tique. Des polymères hydrophiles pourraient par exemple comportements opportunistes et de faire des accords de fortement contribuer à la remise en végétation des terres partage des coûts un élément incontournable de tout traité arides et d’autres écosystèmes dégradés en retenant l’eau sur le climat35. La majeure partie des efforts technologiques dans le sol. Or, cette technologie intéresse au prime abord les peut être prise en charge par les pays à revenu élevé. Mais fabricants de couches pour bébés. De même, les fabricants pour être efficaces, les accords de recherche collaborative de matières hydrophobes pourraient produire des vêtements devront subventionner la participation des pays en dévelop- qui peuvent être lavés moins souvent et contribuer ainsi à pement, en particulier les pays à revenu intermédiaire affi- une réduction de la consommation d’eau et d’énergie. chant une forte croissance et devant rapidement se doter des Les instruments financiers récompensant la prise de risque, capacités technologiques qui seront essentielles à un déve- plutôt que le choix des gagnants d’entrée de jeu, offrent des loppement intelligent sur le plan climatique. Le secteur privé opportunités inexploitées considérables. Il peut arriver que doit également être inclus dans les partenariats de recherche des problèmes technologiques soient résolus grâce à de rapides RapportMonde_LIVRE2.indb 299 16/09/10 12:40 300 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 7.5 Les technologies permettant de piéger et de stocker le carbone à l’échelle requise nécessitent des efforts d’envergure internationale Pour que le piégeage et le stockage du La technologie de piégeage et de stockage du carbone nécessite des efforts supplémentaires considérables carbone permettent de réduire d’un CO2 éliminé/an (millions de tonnes) cinquième les émissions et, donc, de limiter les concentrations atmosphériques 25 000 à, par exemple, 550 parties par million, il 22 330 faudra que la technologie permettent de porter les quantités de carbone piégées de 3,7 millions de tonnes de carbone 20 000 aujourd’huia à plus de 255 millions de tonnes d’ici 2020 et à au moins 22 milliards de tonnes d’ici la fin du siècle, soit environ le même volume que les émissions mondiales actuelles issues de 15 000 la consommation énergétique (figure). La construction d’une installation de piégeage et de stockage coûte entre 1,5 et 2,5 milliards de dollars, de sorte que le déploiement des 20 à 30 installations 10 000 nécessaires d’ici 2020 pour prouver la viabilité commerciale de cette technologie serait prohibitif pour un seul pays. Il n’existe actuellement que quatre projets commerciaux de piégeage et de stockage 5 000 du carbone et leur capacité de stockage est inférieure de un à deux ordres de 2160 grandeur à la capacité requise pour une centrale de 1 000 mégawatts pendant sa 4 257 durée de vie escomptée. 0 2000 2020 2050 2095 Sources : Edmonds et al. 2007 ; AIE 2006 ; AIE Remarque : Données observées pour 2000. Pour toutes les autres années, les prévisions sont fondées sur les efforts nécessaires pour limiter les concentrations de gaz à effet de serre à 550 ppm. 2008b. a. Pour convertir des tonnes de carbone en CO2, multiplier par 3,67. progrès dans des domaines inattendus ou à de nouveaux climatique, mais de récentes initiatives nationales publiques modèles d’activité que les programmes traditionnels de et privées suscitent un intérêt croissant. Le « Ansari X-Prize », subvention de la R-D peuvent facilement négliger. De nouveaux d’une valeur de dix millions de dollars, a été créé au milieu instruments financiers internationaux offrent aux marchés la des années 90 pour encourager les vols spatiaux hors de tout souplesse nécessaire pour trouver des solutions novatrices. programme gouvernemental. Ce concours a attiré des inves- Les prix d’encouragement et les mécanismes de garantie tissements dans des travaux de recherche du secteur privé de marché constituent deux types d’incitation étroitement totalisant 100 millions de dollars, soit dix fois le montant liés qui rentrent dans la catégorie des mécanismes d’en- du prix, et mobilisé 26 équipes avant que le gagnant ne soit traînement par le marché, dont le but est de récompenser, annoncé en 200439. En mars 2008, la Fondation X-Prize et un par voie de concours, les innovations qui atteignent des partenaire commercial ont annoncé un nouveau concours objectifs technologiques prédéfinis. Les prix d’encourage- international de dix millions de dollars portant sur la ment procurent une récompense déterminée tandis que les conception, la construction et la commercialisation de véhi- mécanismes de garantie de marché donnent lieu à des enga- cules à haut rendement énergétique. Au total, 111 équipes gements financiers qui permettront de subventionner les issues de 14 pays se sont inscrites40. futurs achats d’un produit ou service à hauteur de prix et de Les mécanismes de garantie de marché, qui encouragent volumes prédéterminés. l’innovation en garantissant un minimum de débouchés Il n’existe actuellement aucun exemple de prix internatio- pour réduire les incertitudes, appuient le développement naux récompensant des innovations intelligentes sur le plan de technologies intelligentes sur le plan climatique par le RapportMonde_LIVRE2.indb 300 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 301 ENCADRÉ 7.6 Le réfrigérateur à haut rendement : un programme novateur de garantie de marché ? En 1991, un groupe de services d’utilité prescriptions réglementaires en vigueur. Il est toutefois probable que ce concours collective a accepté de fournir plus de Le gagnant devait recevoir une prime a eu des retombées positives et incité 30 millions de dollars pour récompenser, fixe pour chaque unité vendue, jusqu’au les concurrents de Whirlpool à concevoir dans le cadre du Programme pour des maximum défini par le montant du leur propre gamme de réfrigérateurs réfrigérateurs à haut rendement, un fonds. La société Whirlpool a dépassé les performants. fabricant capable de produire et de prescriptions de performance et remporté commercialiser un réfrigérateur sans le prix tout en bénéficiant d’une publicité chlorofluorocarbone (substance qui au niveau national. Elle n’a toutefois pas Sources : Davis et Davis 2004 ; Newell et appauvrit la couche d’ozone) consommant pu obtenir l’intégralité du prix en raison du Wilson 2005. 25 % d’énergie de moins que les faible succès commercial du réfrigérateur. biais de l’Agence pour la protection de l’environnement d’organiser des concours encourageant les innovations des États-Unis (U.S. Environmental Protection Agency), en aux stades initiaux de technologies propres appuyées par le partenariat avec des groupes sans but lucratif et des services nouveau Fonds pour la Terre lancé par le Fonds pour l’envi- d’utilité collective (voir encadré 7.6). Plus récemment, un ronnement mondial et la Société financière internationale programme pilote international sur les vaccins antipneu- Les garanties de marché peuvent être un instrument utile mococciques a été conçu par l’Alliance mondiale pour les lorsque les coûts d’apprentissage et de déploiement sont vaccins et la vaccination (GAVI) et la Banque mondiale41. prohibitifs, lorsqu’aucun utilisateur n’est prêt à payer plus En 2007, les donateurs se sont engagés à fournir 1,5 milliard cher pour de nouvelles technologies ou lorsque le marché est de dollars sous la forme de garanties de marché dans le cadre trop limité ou risqué. C’est le cas, notamment, des technolo- de ce projet pilote. Les vaccins sont achetés avec des fonds gies de production et de consommation d’énergie mais aussi garantis par les donateurs et un faible financement des pays des technologies d’adaptation (telles que traitements anti- bénéficiaires s’ils répondent aux objectifs de performance paludiques et variétés culturales résistantes à la sécheresse), spécifiés. Il est encore trop tôt pour juger du succès, toutefois lorsque la demande est fragmentée (États individuels), les probable, de ce projet42. ressources sont limitées (en particulier dans les pays en Les techniques d’entraînement par le marché peuvent développement) et la taille potentielle du marché est difficile compléter les actions de stimulation par la technologie sans à jauger (par suite des incertitudes qui caractérisent la scène toutefois les remplacer. Elles contribuent à multiplier les politique à long terme)43. ressources financières publiques et à promouvoir la compé- Accords permettant de faire la soudure avec la phase de tition aux fins de l’élaboration de prototypes de validation commercialisation. La « vallée de la mort », où l’absence de ou fonctionnels. Il est facile de participer à ces programmes ; financement pour commercialiser la recherche appliquée, en effet les financements ne sont pas attribués sur la base est l’un des principaux obstacles à l’innovation (figure 7.6). de portefeuilles de projets de recherche antérieurs, de sorte que de petites organisations ou des organisations de pays en Figure 7.6 La « vallée de la mort » entre la recherche et le marché développement ont la possibilité de concourir. Toutefois, ces incitations ne parviennent pas réduire les risques au point que des investisseurs privés soient prêts à financer des Crédits bancaires, Financements disponibles recherches à grande échelle ou très précoces. Financement équité, public de subventions, Les prix décernés dans le cadre de compétitions et les la recherche clients garanties de marché se prêtent bien à des financements Capital- risque multilatéraux. Les prix n’ayant pas vocation commerciale, ils peuvent être offerts pour résoudre des problèmes de recherche antérieurs à la phase de commercialisation des Investisseurs produits dans des technologies telles que les accumula- providentiels teurs et les convertisseurs photovoltaïques. Les organismes publics et privés en quête de solutions technologiques pour- Recherche fondamentale Produits ayant raient organiser des concours offrant des récompenses en fait leurs preuves Maturité de la technologie espèces sur un marché technologique mondial. Le Groupe de la Banque mondiale étudie actuellement la possibilité Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde RapportMonde_LIVRE2.indb 301 16/09/10 12:40 302 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Les pouvoirs publics sont généralement prêts à financer raux spéciaux soutiennent des projets de recherche auxquels la R-D dans des technologies n’ayant pas encore fait leurs participent des pays en développement. Ces fonds peuvent preuves tandis que le secteur privé n’hésite pas à financer encourager la poursuite de travaux de recherche dans des des technologies qui ont fait leurs preuves sur le marché domaines présentant de l’intérêt pour les pays en dévelop- – le rectangle de la R-D de la figure 7.3 – mais les finance- pement, par exemple des cultures résistantes à la sécheresse. ments sont très limités aux stades de la démonstration et Les efforts multilatéraux peuvent également promouvoir du déploiement44. Les autorités nationales sont rarement des fonds de capital-risque intelligents sur le plan climatique enclines à financer des projets à un stade précoce de peur dans les pays à revenu élevé et dans le petit groupe de pays à de fausser le marché, tandis que les investisseurs privés les revenu intermédiaire en rapide expansion qui poursuivent trouvent trop aléatoires, à l’exception d’un nombre restreint des activités innovantes et ont des infrastructures finan- d’investisseurs indépendants appelés « investisseurs provi- cières suffisamment importantes pour attirer des investis- dentiels » par certaines sociétés. Les investisseurs en capital- seurs en capital-risque. Ce groupe comprend notamment risque, qui ne financent généralement que les sociétés dotées la Chine et l’Inde. En Israël, en République de Corée et à de technologies ayant fait leurs preuves, n’ont pas été en Taïwan (Chine), l’État procure un capital-risque ; il assume mesure d’affecter plus de 73 % du capital disponible dans le ainsi le rôle d’investisseur principal et mobilise des finance- secteur des technologies propres en 2006 en raison du faible ments d’autres sources50. Des stratégies de ce type peuvent nombre de sociétés de ce secteur qui ont survécu à la « vallée fournir les moyens de survie nécessaires pour permettre aux de la mort »45. technologies naissantes de se développer au point de pouvoir De nombreuses technologies intelligentes sur le plan prendre racine dans l’économie mondiale. climatique ne peuvent par ailleurs pas bénéficier de fonds de capital-risque. Il est peu probable que les investisseurs soient L’ampleur et la portée des efforts internationaux sont attirés par des segments de marché portant sur des techno- nettement insuffisantes logies à forte intensité de capital pour lesquels les risques Les transferts de technologie couvrent les processus néces- sont particulièrement élevés et les coûts de démonstration saires à la transmission de l’information, du savoir-faire, peuvent être prohibitifs. Il est aussi vraisemblable que la crise de l’expérience et des matériels aux gouvernements, entre- financière ralentira les flux de capital-risque en raison de la prises, associations sans but lucratif, instituts de recherche cherté des emprunts46. L’essentiel de l’industrie mondiale du et établissements éducatifs. L’absorption de technologies capital-risque se trouve de surcroît concentré dans quelques étrangères nécessite bien plus que le simple financement pays développés, loin des opportunités offertes par plusieurs du matériel et des licences technologiques. Elle nécessite le pays à revenu intermédiaire en rapide expansion47. renforcement des capacités nationales requises pour iden- Les programmes de commercialisation de la techno- tifier, comprendre, utiliser et reproduire des technologies logie peuvent également appuyer l’établissement de liens utiles. Comme indiqué ci-dessous, les stratégies internatio- avec des utilisateurs potentiels de technologies intelli- nales peuvent appuyer les efforts nationaux pour améliorer gentes sur le plan climatique, notamment en ciblant les les institutions nationales et créer un environnement favo- petites entreprises où naissent de nombreuses innova- rable aux transferts de technologie. tions majeures mais qui sont confrontées aux plus grands Organisations internationales. De nombreuses organi- obstacles en matière de financement et d’accès au marché. sations internationales qui ont pour mandat de s’attaquer Pour commercialiser des idées répondant à ses besoins tech- aux grands problèmes d’environnement ont des missions nologiques, l’Agence pour la protection de l’environnement spécifiques : il s’agit notamment de l’Organisation mondiale des États-Unis (U.S. Environmental Protection Agency) a de la santé, de l’Organisation des Nations Unies pour l’ali- mis en place un programme de financement des activités de mentation et l’agriculture et du Programme des Nations recherche menées par les petites entreprises (Small Business Unies pour l’environnement. Celles-ci peuvent toutefois être Innovation Research Program)48. Le programme Passerelle encouragées à conjuguer leurs efforts pour améliorer l’effi- de l’État français accorde des cofinancements aux grandes cacité et la cohérence des interventions des institutions en sociétés acceptant d’investir dans des projets d’innova- place pour relever le défi du changement climatique. tion pouvant présenter de l’intérêt, qui sont exécutés par De nombreux accords internationaux ont, de même, été de petites entreprises49. D’autres programmes offrent des adoptés pour s’attaquer à des problèmes environnementaux subventions spéciales à des projets menés en collaboration particuliers mais leurs effets devraient mutuellement se afin d’encourager les retombées technologiques. renforcer lorsqu’ils seront mis en application51. Ils peuvent Parce que le fossé entre la recherche et le marché est parti- être évalués sur la base de leurs objectifs et des moyens de les culièrement grand dans les pays en développement et que atteindre par comparaison à leur capacité à appuyer l’atté- de nombreuses solutions à des problèmes locaux peuvent nuation et l’adaptation nécessaire pour un réchauffement de provenir d’autres pays, il importe que des fonds multilaté- la planète de 2 °C ou de 5 °C ou plus. RapportMonde_LIVRE2.indb 302 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 303 Mécanismes de financement. Le Mécanisme pour un premiers pays à bénéficier d’un financement conjoint d’un développement propre (MDP), qui est le principal circuit milliard de dollars provenant de ce fonds. de financement des investissements dans des technologies à Le Protocole de Montréal a montré qu’il est possible faible intensité de carbone dans les pays en développement, d’assurer la pérennité de financements multilatéraux en mobilise des capitaux publics et privés et a financé plus de inscrivant dans les obligations imposées par un traité envi- 4 000 projets sobres en carbone. Toutefois la majorité des ronnemental le financement des surcoûts engendrés par projets du MDP ne donne lieu à aucun transfert de connais- l’adoption de technologies modernes. Le Fonds multilatéral sances ou de matériel en provenance de l’étranger52. (Le pour la mise en œuvre du Protocole de Montréal a incité les chapitre 6 examine les difficultés que peut poser un accrois- pays en développement à adhérer au Protocole en affectant sement de l’envergure du MDP qui lui permettrait d’accélé- des ressources au financement des surcoûts dus au respect rer les transferts de technologie.) des prescriptions technologiques56. En contrepartie, les Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) est pays en développement ont accepté d’éliminer progressive- aujourd’hui la principale source de financement de projets ment l’utilisation de substances qui appauvrissent la couche favorisant la protection de l’environnement tout en appuyant d’ozone. Le Fonds a fourni des subventions ou des prêts pour les objectifs nationaux de développement durable. Le FEM couvrir les coûts liés à la conversion des installations, aux est l’organe de financement de la CCNUCC et fournit son activités de formation, aux dépenses de personnel et à l’ac- appui à l’évaluation des besoins technologiques dans plus de quisition des licences nécessaires pour utiliser les technolo- 130 pays. La majorité des financements du FEM au titre de gies. Bien que le Protocole de Montréal soit considéré offrir l’atténuation entre 1998 et 2006, soit environ 250 millions un bon modèle de diffusion des technologies, les sources des de dollars par an, visait à supprimer les obstacles à la diffu- émissions de gaz à effet de serre sont considérablement plus sion de technologies à rendement énergétique élevé53. Les importantes que les chlorofluorocarbones et de nombreuses efforts d’adaptation du FEM sont axés sur le renforcement technologies de réduction des émissions ne sont pas dispo- des capacités nécessaires pour identifier les besoins urgents nibles sur le marché. Il faudra par conséquent mettre en et immédiats des pays les moins avancés. L’impact du FEM place un fonds pour le changement climatique comparable est toutefois limité par la faiblesse du budget proposé pour au Fonds multilatéral, d’une ampleur appropriée57. les projets d’adaptation, qui est de 500 millions de dollars Ressources financières et technologiques. Comme le pour la période 2010-201454. souligne le chapitre 6, il sera nécessaire de dégager des finan- Le nouveau Fonds carbone de partenariat apportera une cements beaucoup plus importants pour les pays en dévelop- aide complémentaire aux pays en développement en finan- pement. Les estimations du complément d’investissement au çant d’importants investissements à haut risque dans les titre de l’atténuation et de l’adaptation se situent entre 170 et énergies et les infrastructures propres qui offrent de bonnes 765 milliards de dollars par an à l’horizon 2030. Mais l’appui perspectives de réduction des émissions à long terme55. Le requis ne se limite pas aux seuls transferts financiers. Loin Fonds pour les technologies propres est une initiative multi- d’être facile, l’acquisition de technologies est un processus donateurs de 5,2 milliards de dollars et a été mis en place long, coûteux et risqué marqué par de nombreux échecs en 2008 pour fournir un financement à faible taux d’intérêt commerciaux. Les technologies d’adaptation dépendent des pour la démonstration, le déploiement et le transfert de tech- compétences techniques et des connaissances locales car nologies à faible intensité de carbone. En 2009, le Mexique, elles impliquent la conception de systèmes répondant aux la République arabe d’Égypte et la Turquie deviendront les besoins locaux (encadré 7.7). ENCADRÉ 7.7 Une innovation prometteuse pour l’adaptation côtière La fréquence des ondes de tempête avec du plastique recyclé pour former un apporteront leur savoir-faire en matière de et des marées dévastatrices devrait matériau de construction extrêmement production à grande échelle de produits à augmenter sur le littoral bangladais du solide. Le jute peut être cultivé sans base de jute. fait du changement climatique. Alabama engrais, pesticides ou irrigation, est University at Birmingham travaille avec des biodégradable, peu coûteux, et est déjà chercheurs bangladais sur des fondations couramment utilisé au Bangladesh dans Sources : Alabama University at Birmingham, et charpentes utilisant un matériau la production de textiles, de cordes et http://main.uab.edu/Sites/MediaRelations/ composite léger qui plie sans rompre, d’autres produits. Des architectes locaux articles/55613/(consulté le 17 février 2009) ; en cas d’ouragan, et flotte en cas d’onde collaborent au projet pour intégrer cette entretien avec le professeur Nassim Uddin, de tempête. Des fibres de jute, plante technologie dans la conception des Alabama University at Birmingham, le 4 mars commune au Bangladesh, sont tissées logements. Les chercheurs bangladais 2009. RapportMonde_LIVRE2.indb 303 16/09/10 12:40 304 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 7.2 Grandes priorités stratégiques nationales en matière d’innovation Pays Principales strategies À faible revenu Investir dans des compétences en ingénierie, conception et gestion Accroître le financement des instituts de recherche pour la recherche, le développement, la démonstration et la diffusion dans le domaine de l’adaptation Intensifier les liens entre les établissements d’enseignement et de recherche, le secteur privé et les organismes publics de planification Mettre en place des subventions pour l’adoption de technologies d’adaptation Améliorer le cadre des affaires Importer des connaissances et technologies étrangères dans la mesure du possible À revenu intermédiaire Mettre en place des normes intelligentes sur le plan climatique Créer des incitations à l’importation de technologies d’atténuation et, dans les pays en phase de rapide industrialisation, mettre en place les conditions nécessaires à un cadre favorable, à long terme, à la production locale Créer des incitations à l’investissement de capital-risque intelligent sur le plan climatique dans les pays en phase de rapide industrialisation ayant une densité critique d’innovation (tels que la Chine et l’Inde) Améliorer le cadre des affaires Renforcer le régime de droits de propriété intellectuelle Faciliter les investissements étrangers directs dans des technologies intelligentes sur le plan climatique Intensifier les liens entre les établissements d’enseignement et de recherche, le secteur privé et les organismes publics de planification À revenu élevé Mettre en place des normes de performance intelligentes sur le plan climatique et une tarification du carbone Augmenter l’innovation et la diffusion de technologies d’atténuation et d’adaptation grâce à des subventions, des prix, des incitations à l’investissement de capital-risque et l’adoption de mesures politiques pour encourager la collaboration entre sociétés et d’autres sources et utilisateurs d’innovations intelligentes sur le plan climatique Aider les pays en développement à améliorer leur capacité d’absorption et d’innovation technologiques Favoriser les transferts de savoir-faire et de technologie vers les pays en développement Favoriser la participation des pays à revenu intermédiaire aux projets à long terme de RDD-D dans le domaine de l’énergie Partager les données sur le changement climatique avec les pays en développement Tous les pays Supprimer les obstacles au commerce des technologies intelligentes sur le plan climatique Éliminer les subventions profitant aux technologies à forte intensité de carbone Redéfinir les institutions du savoir, notamment les universités, en tant que lieux de diffusion des pratiques à faible intensité de carbone Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le monde Même lorsqu’il est possible d’importer une technologie, rer des lois de ce type, ce qui est un obstacle supplémentaire il faut pouvoir procéder aux recherches nécessaires, posséder au déploiement de ces technologies. des connaissances techniques et avoir les compétences et les Le financement multilatéral peut avoir un plus fort ressources requises pour pouvoir l’utiliser de manière effi- impact sur le transfert et l’absorption de technologies s’il cace. Cette capacité dépend de diverses formes de connais- couvre non plus seulement le transfert de technologies sances, qui sont en grande partie tacites et ne peuvent pas physiques et codifiées mais aussi l’amélioration des capaci- être codifiées ou transférées. Dans le cas de projets énergé- tés d’absorption des individus et des organisations dans les tiques à grande échelle qui peuvent être sous-traités à des pays en développement. L’absorption de technologie est une sociétés étrangères, par exemple, il est nécessaire que le pays question d’apprentissage qui se fait par le biais de l’investis- hôte ait les capacités requises pour permettre aux respon- sement dans des technologies étrangères, de la formation et sables de l’action publique d’évaluer le mérite desdits projets de l’éducation, de l’interaction et de la collaboration à l’in- mais aussi pour assurer l’exploitation et l’entretien des térieur des frontières nationales et au-delà, et de la R-D. Les installations. L’Union européenne a entrepris de rédiger des financements multilatéraux peuvent favoriser les transferts textes législatifs qui doivent permettre de gérer les risques de technologies de trois manières : en subventionnant les associés au piégeage et au stockage du carbone,58 mais peu investissements dans des technologies locales ou étrangères de pays ont les capacités techniques nécessaires pour élabo- dans les pays en développement ; en subventionnant la parti- RapportMonde_LIVRE2.indb 304 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 305 Figure 7.7 Les inscriptions dans la filière ingénierie restent faibles dans de nombreux pays en Source : Équipe du Rapport sur le développement dans le développement monde, d’après les données de l’Institut de statistiques de l’UNESCO, http://stats.uis.unesco.org/unesco/ReportFolders/ Inscriptions dans l’enseignement supérieur, filières ingénierie, ReportFolders.aspx (consulté le 30 août 2009). techniques de fabrication et bâtiment par rapport à la population totale (%) 1,6 1,4 Bélarus Ukraine 1,2 Iran, Rép. islamique d’ Lithuanie 1,0 Colombie Mongolie 0,8 Chili Bulgarie 0,6 Lettonie République kirghize Jordanie Turquie Hongrie 0,4 Mexique Éthiopie Tunisie Géorgie El Salvador Algérie 0,2 Cambogde Maurice Guatemala Afrique du Sud RDP lao 0 Pakistan Swaziland Pérou 0 2 000 4 000 6 000 8 000 10 000 12 000 14 000 16 000 18 000 20 000 PIB par habitant (USD, PPA) cipation des pays en développement aux accords d’échange faible revenu, interviennent dans la mise en œuvre de tech- de connaissances, de coordination et de partage des coûts nologies d’adaptation spécifiques au contexte local et jouent mentionnés plus haut ; et en appuyant les infrastructures un rôle critique dans les phases de reconstruction suivant les nationales de diffusion des connaissances et le secteur privé, catastrophes naturelles (figure 7.7). Le Bangladesh, particu- comme indiqué dans la section suivante. lièrement vulnérable aux ouragans et à l’élévation du niveau de la mer, est un exemple extrême : les étudiants inscrits dans Les institutions, politiques et programmes des fi lières d’ingénieur représentaient à peine 0,04 % de la publics favorisent l’innovation et accélèrent population en 2006, contre 0,43 % en République kirghize, sa diffusion qui a un PIB par habitant très semblable59. Les compétences L’innovation est le résultat d’un système complexe, tribu- administratives et entrepreneuriales, nécessaires pour taire des capacités individuelles d’une multitude de parties : concrétiser les connaissances techniques en applications pouvoirs publics, universités et instituts de recherche, entre- pratiques dans le secteur privé, sont tout aussi importantes. prises, consommateurs et organisations sans but lucratif. Le Quant aux compétences requises dans le secteur public, elles renforcement des capacités de cette large gamme d’interve- couvrent de nombreux domaines parmi lesquels la régle- nants et de leurs modes d’interaction est une tâche difficile mentation des services d’utilité collective, les communica- mais nécessaire si l’on veut s’attaquer conjointement aux tions, l’aménagement urbain et l’élaboration de politiques questions de développement et de changement climatique. climatiques. Le tableau 7.2 répertorie les principales actions devant être Il est possible de promouvoir l’acquisition de compé- menées en priorité pour encourager l’innovation dans des tences et de connaissances en investissant dans les insti- pays rentrant dans des catégories de revenu différentes. tutions et les programmes qui forment l’infrastructure du Les compétences et les connaissances sont l’un des fonde- savoir d’un pays. Des institutions telles que les universités, ments d’une économie intelligente sur le plan climatique. Si les écoles, les instituts de formation, les centres de R-D et l’éducation élémentaire est la base de tout processus d’ab- les laboratoires, et des services technologiques tels que la sorption technologique et permet de réduire les inégalités vulgarisation agricole et l’éclosion d’entreprises60 peuvent économiques, il est également essentiel de disposer d’un soutenir les capacités du secteur privé et du secteur public nombre suffisant d’ingénieurs et de chercheurs qualifiés. Les à utiliser les technologies intelligentes sur le plan climatique ingénieurs, particulièrement peu nombreux dans les pays à et à prendre des décisions fondées sur des données scienti- fiques fiables. RapportMonde_LIVRE2.indb 305 16/09/10 12:40 306 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 7.8 Les universités doivent innover : le cas de l’Afrique La majeure partie de l’aide des bailleurs à la diffusion des connaissances agricoles qui avait pour objectif de renforcer de fonds à l’Afrique ne répond pas à sont, à cet égard, un modèle intéressant. les compétences dans les nouvelles la nécessité de mettre l’ensemble des Il importera donc d’apporter des technologies de domaines tels que la connaissances accumulées dans le monde modifications de nature qualitative aux télédétection, la conduite des engins entier au service du développement à long objectifs, aux fonctions et à la structure spatiaux et les sciences de la terre. En terme. En Afrique, les taux d’inscription des universités, qui exigeront de profondes Ouganda, Makerere University a adopté dans l’enseignement supérieur sont réformes des programmes de cours, de de nouvelles méthodes d’enseignement proches, en moyenne, de 5 %, contre plus l’enseignement, des implantations, de la qui permettent aux étudiants de s’attaquer de 50 % dans les économies développées. sélection des étudiants et de la gestion des aux problèmes de santé publique qui Toutefois, s’il convient d’élargir l’accès établissements universitaires. existent dans leurs communautés dans le aux universités africaines, il est tout aussi La formation devra devenir plus cadre de leur formation. Des démarches important de faire de ces dernières des interdisciplinaire pour aborder les semblables peuvent être suivies par moteurs du développement. problèmes complexes qui ne s’arrêtent les étudiants dans d’autres domaines Il faudrait que les universités forgent pas aux frontières traditionnelles entre techniques, tels que le développement et des liens plus étroits avec le secteur les différentes disciplines. Stellenbosch l’entretien des infrastructures. privé, forment davantage de diplômés University, en Afrique du Sud, offre poursuivant des carrières spécialisées un excellent exemple d’adaptation et diffusent le savoir dans leur pays. Les des programmes aux besoins des Sources : Juma 2008 ; Land grant colleges, écoles d’agriculture installées sur un organisations de R-D. Elle a été la première https://www.aplu.org/NetCommunity/Page. domaine cédé par l’État qui, aux États- université au monde à concevoir et à aspx?pid=183 ; sea grant colleges, http:// Unis, coopèrent directement depuis le lancer un microsatellite perfectionné dans www.seagrant.noaa.gov/ (consulté le 31 août e 2009). XIX  siècle avec les communautés locales le cadre de son programme de formation, Le développement d’économies intelligentes sur le plan leur fournissant des conseils et une formation, en effectuant climatique dépend également de la mise en place de mesures des tests et en procédant à la détection et à la solution des incitant le secteur privé à investir dans ces technologies. problèmes. Cela suppose la création d’incitations réglementaires mais Les instituts de recherche des pays à revenu intermé- également d’un milieu propice, bénéficiant de programmes diaire peuvent également résoudre les problèmes d’atténua- publics de soutien à l’innovation des entreprises et à l’ab- tion à long terme. La maîtrise de technologies énergétiques sorption des technologies par ces dernières. qui pourront être utiles exige un processus d’apprentissage pouvant prendre des dizaines d’années. La santé et l’agricul- L’infrastructure du savoir est essentielle à la création ture sont tributaires des biotechnologies qui permettent de et à l’adaptation de systèmes locaux d’atténuation développer de nouvelles technologies et de la climatologie et d’adaptation qui fournit des éléments pour planifier l’avenir. Le dévelop- Les instituts de recherche des pays en développement pement de réseaux intelligents de distribution d’électricité peuvent aider les pouvoirs publics à mieux se préparer aux repose sur la maîtrise des technologies intégrées de commu- conséquences du changement climatique. En Indonésie et nication, de détection et de mesure. en Thaïlande, par exemple, ces instituts utilisent des satel- Pourtant, bien qu’ils aient investi dans des établissements lites de la NASA pour suivre les facteurs environnemen- de recherche et des instituts universitaires, les pouvoirs taux influençant la transmission du paludisme en Asie du publics de nombreux pays ont constaté que les retombées Sud-Est, tels que les régimes de précipitations et l’état de la de ces investissements au plan du développement étaient végétation61. Ils peuvent former des partenariats avec des minimes63. En effet, la recherche n’est généralement pas organismes publics et des entreprises privées pour identifier, entraînée par la demande et il n’existe que peu de liens entre concevoir, mettre en œuvre, exploiter et entretenir des tech- les instituts de recherche, les universités, le secteur privé nologies d’adaptation côtière appropriées. Ils peuvent parti- et les communautés au sein desquelles ils opèrent (enca- ciper à l’élaboration de stratégies d’adaptation destinées aux dré 7.8) 64. De surcroît, les universités de nombreux pays en agriculteurs, en alliant connaissances locales et tests scien- développement ont de tous temps orienté leurs activités sur tifiques de nouvelles méthodes d’agroforesterie, ou contri- l’enseignement aux dépens de la recherche. buer à la gestion forestière, en alliant les savoirs autochtones La réorientation des ressources publiques en faveur du pour la protection de la forêt et l’utilisation de plants géné- financement d’activités de recherche sur une base compé- tiquement supérieurs62. Ils peuvent aider les entreprises à titive, aux dépens de financements institutionnels garantis, améliorer le rendement énergétique de leurs processus en contribuerait fortement à augmenter l’efficacité des instituts RapportMonde_LIVRE2.indb 306 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 307 publics de recherche. En Équateur, le Programme public de ger les solutions et expériences dans ce domaine68. Alors que modernisation des services agricoles finance un système de les planificateurs, les gestionnaires et les responsables de l’ac- bourses de recherche attribuées sur une base compétitive qui tion publique commencent à reconnaître que les décisions contribue à des activités stratégiques d’innovation visant à que chacun d’eux prennent peuvent, conjointement contri- ouvrir de nouveaux marchés d’exportation en luttant contre buer à réduire la vulnérabilité au changement climatique, les mouches des fruits, en réduisant les coûts de production il importe de saisir l’opportunité extraordinaire qui s’offre des nouveaux produits d’exportation et en luttant contre de renforcer la coordination intersectorielle pour améliorer les maladies et les espèces nuisibles frappant les cultures l’utilisation des ressources et partager de précieuses infor- traditionnelles d’exportation. Ce programme a instauré une mations avec d’autres nations, régions et localités69. La créa- nouvelle culture de recherche et a attiré de nouvelles orga- tion et la gestion d’un « centre d’échanges » diffusant les nisations dans le réseau de chercheurs. L’obligation de cofi- succès remportés et les options recensées dans le monde en nancement a permis d’accroître le montant des ressources matière d’adaptation aideront les communautés à prendre consacrées à la recherche nationale de 92 % 65. Des réformes des décisions dans ce domaine70. institutionnelles faisant davantage participer le secteur privé dans la gouvernance des instituts de recherche et récompen- La tarification du carbone et la réglementation, sant le transfert de connaissances et de technologies à des instruments de mobilisation du secteur privé clients externes peuvent également jouer un rôle utile66. Comme expliqué au chapitre 4, il est essentiel d’établir une Dans certains cas, les « institutions-relais », telles que les tarification du carbone pour catalyser l’innovation pilotée pépinières d’entreprises, peuvent faciliter la diffusion des par le marché et l’adoption de technologies d’adaptation71. connaissances au-delà des instituts de recherche. En 2007, Les entreprises seront probablement incitées à financer de 283 sociétés de production de technologies propres étaient nouveaux types d’investissements technologiques par suite en phase d’incubation dans le monde (sans même compter de l’évolution des prix relatifs ; ils pourraont ainsi réaliser des la Chine), soit deux fois plus qu’en 200567. économies en ayant moins recours aux intrants dont le prix Les pays à revenu élevé peuvent appuyer le dévelop- a augmenté72. Tout indique que la tarification peut amener pement et la diffusion à l’échelle mondiale de systèmes des changements technologiques73. Une étude a montré que, intelligents sur le plan climatique en contribuant au si les prix de l’énergie étaient restés à leurs faibles niveaux de renforcement des capacités et en établissant des partena- 1973 jusqu’en 1993, le rendement énergétique des climati- riats avec les instituts de recherche des pays en dévelop- seurs aurait été 16 % plus faible aux États-Unis74. pement. International Research Institute for Climate and Un cadre réglementaire bien appliqué peut également Society (Institut international de recherche pour le climat stimuler l’innovation. À l’instar de la tarification du carbone, et la société) de Columbia University, aux États-Unis, qui les normes en matière d’émissions ou de rendement éner- collabore avec des instituts nationaux en Afrique, en Asie gétique peuvent amener des changements technologiques et en Amérique latine est un bon exemple de ce type de car elles peuvent être assorties de prix implicites que les partenariat. entreprises doivent payer en cas d’émission de polluants75. C’est également le cas du Groupe consultatif pour la Aux États-Unis, les demandes de brevets portant sur des recherche agricole internationale (CGIAR), réseau mondial technologies visant à réduire les émissions de dioxyde de coopératif, décentralisé et financé par les bailleurs, qui soufre (SO2) n’ont commencé à augmenter qu’à la fin des regroupe des instituts de recherche et cible déjà plusieurs années 60, en prévision de l’entrée en vigueur de nouvelles domaines pertinents pour l’adaptation au changement normes nationales. Entre 1975 et 1995, les progrès tech- climatique (encadré 7.9). Une approche similaire pour- nologiques ont permis de réduire de moitié les coûts d’in- rait être utilisée pour d’autres technologies climatiques. vestissement associés à l’élimination du SO2 produit par L’expérience du CGIAR suggère que les pays en développe- les centrales électriques ; le pourcentage des émissions de ment peuvent financer des centres régionaux de recherche SO2 éliminées est passé de 75 à 95 %76. La réglementation pour qu’ils concentrent leurs travaux sur un nombre peut également fournir aux entreprises des micromarchés, restreint de domaines clairement définis au niveau de la propices à l’élaboration de nouvelles technologies, et procu- région, tels que la biomasse, la bioénergie, les bâtiments à rer aux pays un avantage concurrentiel. En 2004, l’interdic- rendement énergétique élevé, l’atténuation des émissions de tion des motos à essence dans plusieurs zones urbaines de méthane et la gestion forestière. Chine – qui a coïncidé avec l’amélioration des technologies Les institutions du savoir peuvent éclairer l’action de propulsion électrique et de stockage de l’électricité, le publique et en faciliter la coordination, surtout en ce qui développement de l’urbanisation et l’augmentation des prix concerne les politiques d’adaptation propres au contexte de l’essence et du pouvoir d’achat – a favorisé le développe- local. Il est important, à mesure que l’adaptation au change- ment du marché des vélos électriques, dont le nombre est ment climatique s’intègre aux processus politiques, de parta- passé de seulement 40 000 en 1998 à 21 millions en 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 307 16/09/10 12:40 308 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 7.9 Le CGIAR : un modèle à retenir pour la lutte contre le changement climatique ? Le Groupe consultatif pour la recherche les carences en micronutriments et le elle jouit d’un avantage comparatif et que agricole internationale (CGIAR) est un changement climatique. En 2008, le CGIAR l’élargissement de son mandat a amoindri partenariat stratégique qui rassemble a lancé un examen indépendant de sa son impact. Dans le même temps, la 64 membres représentant des pays gouvernance, de ses activités scientifiques volatilité des prix des denrées alimentaires, en développement et industrialisés, et de ses partenariats, qui a abouti à la l’intensification des phénomènes des fondations et des organisations conclusion que les recherches du Groupe climatiques extrêmes, l’augmentation de internationales, parmi lesquelles figure consultatif avaient, globalement, produits la demande alimentaire mondiale et les la Banque mondiale. Fondé en 1971 de très bons résultats depuis sa création pressions pesant de plus en plus sur les alors que l’on craignait que de nombreux et que leurs retombées positives étaient ressources naturelles rendent la tâche du pays en développement ne succombent de loin supérieures aux coûts encourus. CGIAR extrêmement difficile. à la famine, il a fortement contribué Les gains permis par l’amélioration et la Le CGIAR a adopté un nouveau modèle à l’augmentation de la productivité stabilisation des rendements obtenus de fonctionnement en décembre 2008. agricole, grâce à l’amélioration des variétés grâce aux variétés culturales produites par Cette réforme a donné lieu à l’adoption culturales, et a joué un rôle déterminant les centres et leurs partenaires nationaux d’une approche-programme visant un dans l’avènement de la Révolution verte. sont estimés à plus de dix milliards de nombre restreint de « mégaprogrammes » Le mandat du CGIAR s’est progressivement dollars par an et sont essentiellement dus stratégiques portant sur des problèmes élargi pour inclure les aspects politiques à l’amélioration des variétés de blé, de de fond. Elle privilégie également la et institutionnels, la conservation de la riz et de maïs. La recherche sur la gestion formulation et la gestion de programmes biodiversité et la gestion des ressources des ressources naturelles peut également de recherche axés sur les résultats, une naturelles, dont les pêcheries, les forêts, les procurer des avantages substantiels et définition claire des responsabilités, la sols et l’eau. d’importants retours sur investissement. rationalisation de la gouvernance et des Le CGIAR appuie la recherche agricole Mais l’impact de ces efforts varie selon les programmes et le renforcement des non seulement en fournissant une régions en raison de multiples facteurs tels partenariats. Grâce à cette réforme, le assistance à 15 centres de recherche, que la possibilité d’une action collective, la CGIAR devrait pouvoir s’attaquer plus institutions indépendantes disposant de disponibilité de services de vulgarisation efficacement à de nombreux problèmes leurs propres personnels et structures ou le système d’assignation des droits de mondiaux tels que le changement de gouvernance, situées en majorité propriété. Pour reprendre les termes de climatique. Il est toutefois encore trop tôt dans les pays en développement, mais l’examen, le CGIAR est « un des partenariats pour mesurer son succès. aussi en poursuivant des programmes de développement les plus novateurs du pionniers. Ces partenariats de recherche monde » grâce à la multidisciplinarité de Sources : Groupe consultatif pour la recherche indépendants de grande envergure ont ses travaux de recherche et à l’éventail agricole internationale, http://www.cgiar. été constitués pour s’attaquer à de grands de ses activités de collaboration. Mais org/(consulté le 5 mars 2009) ; Comité problèmes mondiaux ou régionaux, tels l’examen a aussi débouché sur la d’examen indépendant du CGIAR 2008 ; que la conservation et l’amélioration des conclusion que le CGIAR a cessé d’axer Conseil scientifique du CGIAR 2008 ; Banque ressources génétiques, les pénuries d’eau, son action sur les domaines dans lesquels mondiale 2008a. Ces vélos sont aujourd’hui le mode de transport motorisé le plus efficace, tant que leur élaboration et leur application se moins cher et le plus propre, devant les autobus (figure 7.8), font de manière prévisible pour les parties prenantes78. et la Chine exporte désormais ces véhicules à faible intensité de carbone aux pays développés77. Un environnement économique propice fournit Mais la réglementation peut aussi présenter des incon- le cadre de base nécessaire à l’innovation et à la vénients si elle est utilisée indépendamment de tout autre diffusion de technologies intelligentes sur le plan facteur. Contrairement aux signaux par les prix, elle peut climatique limiter la marge de manœuvre des entreprises, notamment Il faut que les marchés fonctionnent correctement pour que lorsqu’elle vise des technologies spécifiques. Elle peut égale- les entreprises ne soient pas exposées à des risques inutiles, ment se solder par des options d’atténuation plus coûteuses aient accès à l’information, opèrent dans un cadre juridique pour la société. Mais elle constitue un complément nécessaire clairement défini et puissent s’appuyer sur des autorités à la tarification du carbone (voir chapitre 4). Des études ont responsables. La consolidation des régimes fonciers, la docu- analysé les effets comparatifs sur l’innovation des réglemen- mentation des droits fonciers, le renforcement des marchés tations environnementales et des incitations guidées par le de la location et de la vente de biens fonciers et l’élargis- marché : il est généralement admis que l’association de diffé- sement de l’accès aux services financiers peuvent créer rents moyens d’intervention est probablement l’approche la des incitations au transfert de technologies pour les petits RapportMonde_LIVRE2.indb 308 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 309 Figure 7.8 Les vélos électriques comptent parmi les moyens de transport les moins chers et les plus propres de Chine Coût/km (centimes de USD) 12 10 8 6 4 2 0 Bicyclette Vélo Bus Scooter Petite électrique (à essence) voiture (à essence) CO2 (g/passager/km) 350 300 250 200 150 Sources : Cherry 2007 ; Weinert, Ma et Cherry 100 2007 ; photographie de la Fondation Wikipedia. Remarque : Les émissions des vélos électriques 50 couvrent l’intégralité de leur cycle de vie, à savoir la production, la production d’énergie et 0 l’utilisation. Dans le cas des bicyclettes clas- Bicyclette Vélo Vélo Bus Véhicule siques, les émissions comprennent uniquement électrique électrique à moteur celles associées à la production. exploitants ruraux (voir chapitre 3)79. Un cadre des affaires L’élimination des obstacles tarifaires et non tarifaires porteur doit toutefois reconnaître les droits fondamentaux aux technologies faisant appel à des énergies propres des groupes vulnérables, en particulier des peuples autoch- – telles que le charbon propre, l’énergie éolienne, les tones, qui dépendent fortement de la terre et des ressources convertisseurs photovoltaïques et l’éclairage à haut rende- naturelles. Un grand nombre d’entre eux ont perdu leurs ment énergétique – pourrait accroître de 14 % le volume terres, vivent sur de petites parcelles ou ne jouissent pas d’un des échanges de ces technologies dans les 18 pays en déve- statut d’occupation assuré80. loppement où les taux d’émission de gaz à effet de serre La réduction des obstacles à la participation des entre- sont élevés83. Les obstacles commerciaux aux importa- prises et l’existence d’un marché du travail souple favori- tions, tels que les quotas, les règles d’origine ou le manque sent le lancement de jeunes sociétés technologiques pouvant de clarté des nomenclatures douanières, peuvent entraver produire des innovations majeures et des agroindustries le transfert de technologies intelligentes sur le plan clima- pouvant offrir de nouveaux types d’engrais ou de semences tique en augmentant leur prix sur les marchés intérieurs aux agriculteurs81. Le cas du millet perlé hybride en Inde et en diminuant leur rapport coût-efficacité. En Égypte, montre que la libéralisation du marché à la fin des années les droits de douane applicables aux panneaux photovol- 80 a accru non seulement le rôle des sociétés privées dans taïques sont de 32 % en moyenne, soit dix fois plus que le développement et la distribution de semences mais égale- les 3 % imposés par les pays à revenu élevé membres de ment les taux d’innovation82. La stabilité macroéconomique l’Organisation de coopération et de développement écono- est une autre condition essentielle à un environnement miques (OCDE). Au Nigéria, les utilisateurs potentiels de économique porteur, au même titre qu’un secteur financier panneaux photovoltaïques sont soumis à des obstacles non fonctionnant de manière harmonieuse. Il est aussi indispen- tarifaires de 70 % en plus de droits de douane de 20 % 84. sable que les services d’infrastructure de base soient fiables, Les droits de douane sont particulièrement élevés pour les notamment pour assurer un approvisionnement continu en biocombustibles. Les droits frappant l’éthanol et d’autres énergie et en eau. produits entrant dans la fabrication du biodiesel, y compris RapportMonde_LIVRE2.indb 309 16/09/10 12:40 310 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E les droits d’importation et d’exportation d’éthanol brési- lectuelle protègent bien le transfert de technologies étran- lien, se sont élevés à six milliards de dollars en 2006. Cette gères et la R-D. année-là, les subventions fournies par les pays de l’OCDE Dans les pays où les droits de propriété intellectuelle (DPI) à leurs producteurs de biocombustibles se sont chiffrées à ne sont guère respectés (voir figure 7.9), les sociétés étran- onze milliards de dollars. Il s’ensuit que les investissements gères ne sont pas nécessairement enclines à accorder des ne sont pas réalisés là où les technologies ont le meilleur licences portant sur leurs technologies les plus complexes, rapport coût-efficacité. Le Brésil, qui produit l’éthanol le de peur que leurs concurrents ne les utilisent – ce qui est moins cher du monde, a augmenté sa production de 6 % le cas de l’équipement éolien en Chine91. L’insuffisance des seulement entre 2004 et 2005 tandis que les États-Unis et efforts déployés pour assurer le respect des DPI décourage les l’Allemagne ont augmenté leur production de 20 et 60 % fi lières étrangères d’accroître l’envergure de leurs activités de respectivement parce celle-ci était protégée par l’imposi- R-D et les investisseurs étrangers en capital-risque d’investir tion de droits d’entrée de plus de 25 % aux États-Unis et dans des entreprises nationales prometteuses92. Bien qu’elles de plus de 50 % dans l’UE85. L’élimination de ces droits et investissent dans le secteur manufacturier local et la R-D, les subventions aurait vraisemblablement pour effet de dépla- fi liales étrangères de producteurs mondiaux d’équipement cer la production vers les producteurs de biocombustibles éolien déposent très peu de brevets au Brésil, en Chine, en les plus efficaces86. Inde ou Turquie. Les carences que présentent les régimes de Un climat propice aux investissements étrangers directs DPI dans ces pays pourraient décourager la poursuite de la (IED) est essentiel à l’accélération du transfert et de l’absorp- R-D à plus grande échelle93. tion des technologies87. En 2007, les IED ont représenté, dans Il peut toutefois aussi arriver que les DPI entravent l’in- les pays en développement, 12,6 % de la formation brute novation ; c’est le cas lorsqu’un brevet fait obstacle à d’autres totale de capital fi xe dans les domaines de l’électricité, du gaz inventions utiles parce que son champ d’application est trop et de l’eau, soit le triple de l’aide multilatérale et bilatérale88. large. D’aucuns font valoir que certains brevets de biologie Les entreprises transnationales ayant leur siège dans des synthétique, prometteurs pour la fabrication de biocom- pays à revenu élevé ont investi massivement dans la produc- bustibles synthétiques, ont une portée tellement vaste tion de convertisseurs photovoltaïques en Inde (BP Solar), qu’ils pourraient enrayer les progrès scientifiques dans des d’éthanol au Brésil (Archer Daniels Midland et Cargill) et domaines connexes94. Des DPI trop stricts peuvent égale- d’énergie éolienne en Chine (Gamesa et Vestas). La Chine ment entraver le transfert de technologie si les entreprises comptait un laboratoire de R-D sous contrôle étranger en refusent d’octroyer des licences pour préserver leur emprise 1993, mais 700 en 200589. General Electric, un leader mondial sur le marché. dans les domaines des équipements de production d’éner- Rien ne permet d’affirmer que des DPI trop restric- gie et de produits à haut rendement, a ouvert en 2000 des tifs aient fortement entravé le transfert de la capacité de centres mondiaux de R-D en Inde et en Chine, qui emploient production d’énergies renouvelables vers les pays à revenu aujourd’hui des milliers de chercheurs. La figure 7.9 illustre intermédiaire, mais certains craignent que cela puisse deve- les opportunités nées de la mondialisation de la R-D et de nir le cas. Le Brésil, la Chine et l’Inde ont rejoint les grands la production d’équipements éoliens dans les pays à revenu leaders industriels mondiaux en matière de convertisseurs intermédiaire. photovoltaïques, d’énergie éolienne et de biocombustibles, Le développement de capacités de production intérieures souvent en acquérant des technologies exploitées sous peut aider, à long terme, ces pays à absorber des technologies licence. Les DPI pourraient constituer un obstacle croissant intelligentes sur le plan climatique et à être compétitifs sur aux transferts de technologies à mesure que les dépôts de les marchés mondiaux, ce qui fera baisser les prix et amélio- brevets sur les convertisseurs photovoltaïques et les biocom- rera les performances. Il est possible d’accélérer ce processus bustibles augmenteront et que les fabricants d’équipements par le biais de la concession de licences ou d’investissements éoliens se regrouperont95. étrangers directs. Dans les pays à faible revenu, le peu de moyens dispo- Pour faciliter le transfert de technologies intelligentes sur nibles pour faire respecter les DPI ne semble pas entraver le le plan climatique, les pays à revenu intermédiaire peuvent déploiement de technologies complexes, intelligentes sur le autoriser des sociétés étrangères à créer des fi liales dont elles plan climatique. Des DPI fiables et clairement définis pour- détiennent l’intégralité du capital plutôt que d’obliger ces raient néanmoins stimuler le transfert de technologies en sociétés à former des coentreprises ou à obtenir des licences provenance de l’étranger. Dans ces pays, les accords d’ex- d’exploitation. Ils peuvent également créer une base de four- ploitation sous licence et la fabrication de versions locales nisseurs locaux et de partenaires potentiels pour des sociétés d’une technologie ne sont pas des options réalistes parce dont le capital est détenu par des intérêts étrangers en inves- que les capacités de production nationale sont limitées96. tissant dans la formation et le renforcement des capacités90. L’absorption des technologies énergétiques passe généra- Et ils peuvent veiller à ce que leurs droits de propriété intel- lement par l’importation de matériel. En ce qui concerne RapportMonde_LIVRE2.indb 310 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 311 Figure 7.9 Les pays à revenu intermédiaire attirent des investissements des cinq plus grands fabricants d’équipements éoliens mais les lacunes des régimes de protection des droits de propriété intellectuelle entravent les transferts de technologie et les capacités de R-D a. Respect des droits de propriété intellectuelle Indice de protection des droits de propriété intellectuelle < 3,50 3,51–4,50 4,51–5,50 Pas de données 5,51–6,50 6,51–7,50 > 7,50 b. Nombre de brevets sur l’énergie éolienne en 2007 c. Site des investissements des cinq plus grandes sociétés éoliennes Australie : Inde : Chine : Italie : Nombre d’investissements en R-D et en production 1 2 2 2 8 7 Usines de production Royaume 6 -Uni : 10 Centres de R-D 5 Espagne : 23 4 3 2 1 États- Unis : 0 Al nde ne is Es e Da gne Ho rk Si nde Au ur Be lie ue Ca il da lie Po e l e um ie i ga Un és in èg èd Un u a o ra Ita ag iq na 29 Ch rtu Ro urq m ap e- Br I pa lla rv Su lg s- st Danemark : m ne No ng T at le Ét ya 86 Allemagne : 41 Sources : Données sur les brevets publiés provenant des bases de données des États-Unis, du Japon, ainsi que des bases de données européennes et internationales sur les demandes de brevets, de rapports annuels et des sites web de Vestas, General Electric, Gamesa, Enercon et Suzlon (consultés le 4 mars 2009) ; Dedigama 2009. Remarque : Le score d’un pays correspond à son rang, fondé sur l’indice DPI, qui dépend des politiques de protection de la propriété intellectuelle et de leur respect. l’adaptation au changement climatique, les brevets et droits concurrents potentiels. Les pays les plus démunis peuvent d’obtention végétale détenus par les pays développés posent donc décider d’utiliser un gène ou un outil provenant de rarement problème dans les pays à revenu faible et intermé- l’étranger97. diaire. Un brevet déposé dans un pays particulier ne peut Les pays à revenu élevé peuvent veiller à ce qu’une conso- être protégé que sur le marché correspondant et les sociétés lidation excessive des entreprises dans les secteurs intelli- étrangères ne protègent pas leur propriété intellectuelle dans gents sur le plan climatique ne réduise pas les incitations à de nombreux pays à faible revenu car ces derniers ne présen- signer des contrats d’exploitation sous licence avec les pays tent pas des débouchés intéressants ou ne comptent pas de en développement. Ils peuvent également veiller à ce que les RapportMonde_LIVRE2.indb 311 16/09/10 12:40 312 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E politiques nationales n’empêchent pas les sociétés étrangères des investissements du secteur privé dans l’innovation et la d’accorder des licences portant sur des recherches financées diffusion des technologies, motivent les politiques de finan- par des fonds publics pour des technologies intelligentes sur cement public depuis des décennies101. le plan climatique importantes à l’échelle mondiale. Dans Dans les pays à revenu intermédiaire dotés de capacités de nombreux pays, les universités ne sont pas autorisées à industrielles, l’aide financière peut appuyer la conception, octroyer à des sociétés étrangères des licences portant sur la production et l’exportation de systèmes intelligents sur des technologies financées par l’État98. D’autres proposi- le plan climatique. Les politiques de financement public tions ont été avancées, notamment le rachat de brevets et le peuvent définir l’innovation au sens large de sorte à inclure transfert de DPI intelligents sur le plan climatique dans le l’adaptation, l’amélioration et le développement de produits, domaine public par des organisations internationales. de processus et de services nouveaux pour une entreprise, Les pays à revenu élevé peuvent également veiller à ce que les qu’ils soient ou non nouveaux pour leurs marchés. Cette préoccupations concernant les DPI et l’innovation et le trans- approche permet de prendre en compte les retombées de la fert de technologies intelligentes sur le plan climatique soient R-D sur le renforcement de la capacité d’absorption tech- prises en compte dans les traités internationaux tels que ceux nologique102. Par exemple, la Fondation turque pour le de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’accord développement de la technologie offre des prêts pouvant de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle atteindre un million de dollars et ne portant pas intérêt aux qui touchent au commerce (ADPIC) définit les normes juri- entreprises qui adoptent ou développent des systèmes axés diques minimales de protection des membres de l’OMC. Mais sur le rendement énergétique, les énergies renouvelables ou cet accord reconnaît également que les brevets ne devraient des modes de production propre103. Dans les petits pays à pas être employés de manière abusive, c’est-à-dire qu’ils ne faible revenu, où les obstacles à l’absorption des technolo- devraient pas empêcher l’utilisation de technologies néces- gies sur le marché sont encore plus nombreux, les autorités saires pour répondre à des besoins urgents dans des pays en publiques peuvent financer, sur une base sélective, l’absorp- développement. En pratique, l’accord sur les ADPIC contient tion de technologies dans les entreprises, ainsi que la forma- des dispositions qui permettent aux pays en développement tion et les conseils techniques correspondants. d’exploiter des inventions brevetées sans le consentement du Les programmes de diffusion de la technologie bénéfi- détenteur des DPI99. L’OMC et ses membres peuvent limiter ciant d’une aide publique peuvent combler les lacunes en les abus associés à la protection des DPI en veillant à ce que matière d’information et de savoir-faire dont souffrent les l’accord sur les ADPIC accorde des exceptions de ce type pour entreprises, les agriculteurs et les organismes publics. Les les technologies d’atténuation et d’adaptation. programmes les plus efficaces sont ceux qui répondent à Il est toutefois fort possible que, de manière générale, une demande réelle, s’attaquent à de multiples obstacles l’impact des DPI sur le transfert de technologies soit exagéré et font participer les institutions communautaires dès le par comparaison à celui d’autres facteurs comme les coûts départ. Cette démarche permet en effet d’obtenir le soutien de gestion et de formation, ou d’obstacles tels qu’une capa- des communautés locales et d’assurer la pérennité des cité d’absorption limitée. Le renforcement des compétences programmes ainsi que leur compatibilité avec les objectifs d’ingénierie pourrait contribuer pour beaucoup à l’amélio- de développement locaux104. En Afrique du Sud, le Projet de ration de la capacité d’absorption des pays en développement. démonstration de production propre destiné aux ateliers de finissage du métal a donné de bons résultats essentiellement Des financements publics peuvent aider les parce qu’il s’est attaqué simultanément à toute une gamme entreprises à surmonter les défaillances du marché de problèmes allant du manque d’information sur les avan- dans les domaines de l’innovation et de la diffusion tages des technologies propres, à l’absence de textes de loi et des technologies des moyens de les faire respecter. Ce projet entraîné par la Il existe une limite à la mesure dans laquelle la tarification demande a obtenu le soutien de toutes les parties prenantes, du carbone et les normes d’émission peuvent contribuer à soit un large éventail de propriétaires de sociétés, d’adminis- accroître les investissements dans l’innovation et les tech- trateurs, d’employés, de consultants, de responsables de la nologies à faible intensité de carbone. Les technologies ne réglementation et de fournisseurs, et a donné lieu, conjoin- sont pas toujours adoptées rapidement, même lorsqu’elles tement, à des campagnes de sensibilisation, à des activités de sont économiquement intéressantes pour leurs utilisateurs formation, à des services de conseils techniques et à un appui potentiels (voir encadré 4.5 du chapitre 4). Pour accélérer financier105. En Chine, la stratégie adoptée par l’État pour l’évolution technologique, il importe d’associer l’octroi de améliorer et diffuser des fourneaux à biomasse utilisés pour fonds publics à la tarification du carbone et aux réglemen- la cuisson des aliments a également remporté un vif succès tations de manière à pouvoir explorer un large portefeuille parce qu’elle a reconnu la nature novatrice de ces systèmes et d’options technologiques100. Les défaillances bien connues qu’elle a été essentiellement formulée pour répondre à une du marché en ce domaine, dont témoigne l’insuffisance demande (encadré 7.10). RapportMonde_LIVRE2.indb 312 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 313 ENCADRÉ 7.10L’utilisation de fourneaux améliorés pour la cuisson des aliments peut réduire la production de suie et présente d’importants avantages pour la santé humaine et pour l’atténuation Près de deux milliards d’habitants de est resté hors de portée de la majorité des Une femme prépare un repas sur un poêle Envirofit pays en développement dépendent de la populations pauvres. Les programmes G-3300 biomasse pour se chauffer et se nourrir. publics menés ces vingt dernières Les fourneaux rudimentaires utilisés dans années pour promouvoir l’adoption de les zones rurales que ce soit d’Amérique fourneaux à biomasse améliorés n’ont centrale ou d’Afrique, en Inde ou en pas toujours eu les résultats escomptés. Chine émettent du CO2 ainsi que du noir En Inde, l’État a subventionné à 50 % le de carbone (minuscules particules de coût des huit millions de fourneaux qu’il carbone composant la suie) et des produits a distribués. Le programme a toutefois de combustion incomplète (monoxyde rencontré quelques problèmes initiaux de carbone, composés azotés, méthane parce que la conception des fourneaux et composés organiques volatils). Ces était mal adaptée aux ustensiles produits présentent un risque grave pour la employés et aux aliments cuisinés par santé. On estime que l’inhalation de fumée les utilisateurs ; l’État a donc mené de due à la combustion de biomasse solide nouveaux travaux de recherche durant Photo : Envirofit India. à l’intérieur d’une habitation contribue les cinq dernières années dans le but chaque année à la mort de 1,6 milliard de d’y pallier. Les fourneaux améliorés personnes dans le monde, dont un million commencent à connaître un certain d’enfants de moins de cinq ans. succès dans d’autres pays. En Chine, les de l’Inde. En mesurant les polluants à De récentes études suggèrent que la pouvoirs publics ont reconnu qu’il leur l’aide de capteurs ultramodernes, ainsi contribution du noir de carbone au fallait impérativement répondre aux que le réchauffement solaire de l’air, et changement climatique pourrait être besoins des populations, et que cela en intégrant ces données aux mesures deux fois plus élevée que ne l’indiquaient n’était pas compatible avec une approche données par les satellites de la NASA, les estimations antérieures du Groupe descendante fondée sur l’offre. Ils ont l’équipe du projet espère observer un d’experts intergouvernemental sur donc limité leur rôle à la recherche, à la « trou de noir de carbone », à savoir l’évolution du climat. Selon de nouvelles formation technique, à la formulation des l’absence des particules de noir de analyses, le noir de carbone pourrait normes de fabrication et à la réduction des carbone habituelles, au-dessus des zones être responsable de plus de 70 % du obstacles bureaucratiques à la production d’intervention, et mesurer leur impact réchauffement de l’Arctique depuis 1976 et à la diffusion des nouveaux fourneaux, sur les températures et la santé publique et avoir largement contribué au recul des tandis que le secteur privé a été mobilisé dans la région. Cette étude permettra glaciers de l’Himalaya. pour assurer leur distribution sur le terrain. également de mieux comprendre Si l’on considère que les combustibles Compte tenu des récents progrès comment les futurs programmes de solides utilisés dans les fourneaux technologiques dans le domaine promotion de fourneaux doivent servant à la cuisson des aliments dans des fourneaux à biomasse, de leur prendre en compte les besoins et les les pays en développement sont à effet sur la santé et de leur impact, comportements des ménages. l’origine de 18 % des émissions de noir récemment établi, sur le changement de carbone, il ne fait aucun doute que les climatique, il est souhaitable de produire nouvelles technologies, qui améliorent la et de commercialiser des quantités combustion et réduisent donc la suie et les considérablement plus importantes de émissions d’autres gaz, peuvent présenter fourneaux à biomasse de haute qualité. des avantages non seulement pour la Les fourneaux les plus efficaces seront santé des populations mais aussi pour ceux qui sont accessibles aux plus pauvres, l’atténuation du changement climatique. adaptables aux besoins de cuisson Sources : Bond et al. 2004 ; Columbia De nombreux financements ont été locales, durables et attrayants pour le Earthscape, http://www.earthscape.org/r1/ accordés dans le but de promouvoir consommateur. Le projet Surya, qui est un kad09/(consulté le 14 mai 2009) ; Forster et al. l’utilisation de fourneaux à gaz de pétrole programme pilote, va lancer l’évaluation 2007 ; Hendriksen, Ruzibuka et Rutagambwa liquéfié (GPL), plus propres que les scientifique la plus détaillée et rigoureuse 2007 ; Projet Surya, http://www-ramanathan. fourneaux à biomasse, essentiellement effectuée à ce jour de l’efficacité des ucsd.edu/ProjectSurya.html (consulté le revêtues sous forme de subventions du nouveaux fourneaux sur le plan du 31 août 2009) ; Ramanathan et Carmichael GPL ; ces efforts n’ont toutefois pas permis changement climatique et de la santé 2008 ; Ramanathan, Rehman et Ramanathan de diffuser largement cette technologie humaine. Le projet appuiera la distribution 2009 ; Shindell et Faluvegi 2009 ; Smith, dans les pays en développement car, de nouveaux modèles de fourneaux Rogers et Cowlin 2005 ; PNUE 2008b ; Watkins malgré les subventions, accordées, le GPL à 15 000 ménages dans trois régions et Ehst 2008. RapportMonde_LIVRE2.indb 313 16/09/10 12:40 314 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Comme indiqué au chapitre 4, la passation des marchés pas possible de se contenter d’expédier des matériels prêts publics est un autre instrument d’entraînement par le à l’emploi aux pays en développement. Il faudra constituer marché susceptible de créer des créneaux pour les technolo- des capacités d’absorption des technologies et renforcer les gies intelligentes sur le plan climatique, mais elle exige une moyens dont disposent les secteurs public et privé pour bonne gouvernance et un cadre institutionnel solide. Les identifier, adopter, adapter, améliorer et employer les tech- préférences manifestées dans le cadre des marchés publics nologies les plus appropriées. Il faudra également créer des peuvent stimuler l’innovation intelligente sur le plan clima- environnements propices au transfert de technologies d’atté- tique et l’adoption des technologies lorsque l’État est un nuation et d’adaptation entre pays, par le biais du commerce client important dans des domaines tels que la gestion des et de l’investissement. eaux usées, le bâtiment et l’équipement et les services de transport. L’Allemagne et la Suède demandent déjà le respect de critères écologiques dans plus de 60 % de leurs appels Notes d’offres106. 1 Conseil mondial de l’énergie éolienne, http://www.gwec.net/ fi leadmin/documents/PressReleases/PR_stats_annex_table_2nd_ Pour éviter un changement climatique ingérable, feb_final_final.pdf (consulté en avril 2009) surmonter ses impacts inévitables sur la société et atteindre 2 Metcalfe et Ramlogan 2008 les objectifs de développement mondiaux, il faudra consi- 3 Edmonds et al. 2007 ; Stern 2007 ; Banque mondiale 2008a dérablement intensifier les efforts internationaux déployés 4 La majorité des modèles d’évaluation intégrée indique que la pour diffuser les technologies existantes et en déployer de demande de capacité de stockage ne devrait pas dépasser 600 giga- nouvelles. Dans le cas d’ambitieuses initiatives hautement tonnes de carbone (2 220 gigatonnes de dioxyde de carbone) au prioritaires, telles que le piégeage et le stockage du carbone, les cours du siècle. Les estimations publiées situent la capacité de stoc- pays peuvent mettre leurs ressources en commun et partager kage géologique potentielle mondiale à environ 3 000 gigatonnes les risques et les connaissances tirées des activités conjointes de carbone (11 000 gigatonnes de dioxyde de carbone). Dooley, de RDD-D. Ils peuvent également créer de nouveaux méca- Dahowski et Davidson 2007. nismes de financement mondiaux. Il ne suffira pas de mener 5 SEG 2007. Voir en particulier l’annexe B « Sectoral Toolkit for Integrating Adaptation into Planning/Management and des politiques de « stimulation par la technologie » fondées Technology/R & D. » sur un volume croissant d’investissements publics dans la 6 Heller et Zavaleta 2009. R-D pour atteindre les objectifs technologiques. Il faudra 7 Hulse 2007 aussi mener des politiques « d’entraînement par le marché » 8 Secrétariat du Commonwealth 2007. offrant aux secteurs public et privé des incitations à faire 9 McKinsey Global Institute 2007. preuve d’esprit d’entreprise, à collaborer et à rechercher des 10 Leadbeater et al. 2008. solutions novatrices hors des sentiers battus. 11 Aghion et al. 2005. Le monde doit veiller à ce que les progrès technologiques 12 Salter et Martin 2001. atteignent rapidement les pays qui sont les moins aptes à les 13 De Ferranti et al. 2003. adopter mais qui en ont le plus besoin. Pour diffuser des 14 Barlevy 2007. technologies intelligentes sur le plan climatique, il ne sera 15 Robins et al. 2009. 16 Berkhout 2002. « J’aimerais que cette peinture transmette à tout le monde, y compris aux dirigeants de la planète, mon espoir d’arrêter le réchauffement planétaire, de promouvoir l’utilisation du soleil car il est puissant, propre et pratiquement inépuisable… Si nous le voulons, nous pouvons en faire notre source d’énergie quotidienne. Les autorités nationales et les sociétés devraient encourager l’utilisation de l’énergie solaire et les scientifiques devraient chercher le meilleur moyen de le faire, de sorte que les gens puissent facilement l’utiliser dans leurs maisons, appareils, machines, usines et véhicules. » — Laura Paulina Tercero Araiza, Mexique, 10 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 314 16/09/10 12:40 Accélérer l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies 315 17 PNUE 2008a. diversité biologique), la désertification (Convention sur la lutte contre 18 A. Gentleman, « Bangalore Turning into a Power in Electric la désertification), la Convention de Ramsar sur les zones humides, les Cars. » International Herald Tribune, 14 août 2006 ; Maini 2005 ; cours d’eau internationaux partagés et les ressources phytogénétiques S. Nagrath, « Gee Whiz, It’s A Reva ! The Diminutive Indian Electric pour l’alimentation et l’agriculture. Car Is a Hit on the Streets of London. » Businessworld, 19 décembre 52 Brewer 2008 ; De Coninck, Haake et van der Linden 2007 ; 2008. Dechezleprêtre, Glachant et Ménière 2007. 19 Le nombre de brevets est souvent utilisé pour mesurer l’activité 53 Doornbosch, Gielen et Koutstaal 2008 ; Fonds pour l’environ- inventive mais il présente des inconvénients car certains types d’in- nement mondial, http://www.gefweb.org/(consulté le 4 décembre ventions se prêtent moins au dépôt de brevets que d’autres 2008). 20 OCDE 2008 ; Dechezleprêtre et al. 2008 54 FEM 2008 ; FEM 2009. 21 AIE 2008a ; SEG 2007 ; Stern 2007 ; Nemet et Kammen 2007 ; 55 Banque mondiale, Unité de financement du marché du Davis et Owens 2003 ; PCAST 1999 carbone, http://wbcarbonfinance.org/(consulté le 4 décembre 2008). 22 D’après les statistiques de l’Agence internationale de l’énergie 56 Barrett 2006. (AIE) sur la RD-D menée par ses pays membres à revenu élevé et à 57 De Coninck et al. 2007. revenu intermédiaire (tranche supérieure), à l’exception de l’Austra- 58 CCS in Europe, http://ec.europa.eu/environment/climat/ccs/ lie, de la Belgique, de l’Espagne, de la Grèce, du Luxembourg, de la work_en.htm (consulté le 2 juillet 2009). Pologne, de la République slovaque et de la République tchèque 59 Institut de statistiques de l’UNESCO, http://www.uis.unesco. 23 AIE 2008a. org (consulté le 18 janvier 2009). 24 OCDE 2008. 60 Lundvall 2007 25 Par exemple, les variétés et méthodes culturales doivent 61 Humanitarian Practice Network, http://www.odihpn.org/ souvent être adaptées aux conditions climatiques, pédologiques et report.asp?id=2522 (consulté le 14 janvier 2009) ; Kiang 2006. technologiques locales. 62 GIEC 2000. 26 OCDE 2008 63 Goldman et Ergas 1997 ; Banque mondiale 2007a. 27 Beintema et Stads 2008 64 Juma 2006. 28 Carlsson 2006 ; Freeman 1987 ; Lundvall 1992 ; Nelson 1996 ; 65 Banque mondiale 2005. 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La majorité des pays continuent – tous ces mécanismes ont été mis à l’essai de concevoir leurs actions et institutions de et étudiés depuis des décennies. Mais leur réglementation de sorte à garantir l’appro- mise en œuvre n’en reste pas moins dif- visionnement énergétique plutôt qu’à gérer ficile. Leur succès dépend non seulement la demande. L’instauration de taxes sur la de l’existence de nouveaux financements pollution dans des économies où elle n’est et de nouvelles technologies mais aussi de pas considérée comme un mal public se facteurs sociaux, économiques et politiques heurtera à la résistance des décideurs et du complexes et contextuels que l’on regroupe public. Et les intérêts économiques peuvent généralement sous le terme institutions : les entraver le déploiement de technologies à règles formelles et informelles influençant la haut rendement énergétique2. conception, la mise en œuvre et les résultats Ces exemples illustrent une autre des politiques1. dimension de l’urgence de s’attaquer au Les valeurs, normes et dispositifs orga- changement climatique. Outre l’inertie nisationnels peuvent entraver la réorienta- du climat, de la technologie et du capital tion de l’action publique. Les expériences social, l’action publique doit surmonter façonnent les actions d’aujourd’hui et de l’inertie institutionnelle. Les institutions demain. Les modes de comportement indi- ont une tendance à la rigidité ; une fois en place et acceptées, elles peuvent limiter la réorientation de l’action publique et les choix futurs3. Idée force L’inertie institutionnelle a trois inci- Pour obtenir des résultats dans le cadre des efforts déployés face au défi climatique, il faudra dences en matière de politique de dévelop- faire plus que mobiliser des financements et des technologies au niveau international ; pement intelligente sur le plan climatique. il faudra aussi s’attaquer aux obstacles psychologiques, institutionnels et politiques à l’action Premièrement, la réorientation des insti- climatique. Ces obstacles découlent de la manière dont le public perçoit et comprend le problème tutions doit être une priorité. Le succès climatique, la manière dont les administrations fonctionnent et des intérêts qui définissent passera nécessairement par la réforme du l’action publique. Pour réorienter l’action publique, il sera nécessaire de modifier les incitations cadre institutionnel appuyant les inter- politiques, voire même les responsabilités institutionnelles. Il faudra également déployer un ventions. Deuxièmement, la réforme insti- effort résolu d’explication des politiques climatiques, et s’appuyer sur les normes sociales et les tutionnelle porte ses fruits. La prise en comportements pour que chacun d’entre nous passe du stade des préoccupations à celui de la compte des déterminants institutionnels compréhension et du stade de la compréhension à celui de l’action – en commençant à notre propre niveau. de la politique climatique peut assurer l’ef- ficacité et la pérennité des interventions, maximiser l’impact des financements et RapportMonde_LIVRE2.indb 321 16/09/10 12:40 322 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E de la technologie et apporter d’autres avantages en matière produisent environ 33 % des émissions de dioxyde de carbone de développement. Troisièmement, la transformation des (CO2) du pays, soit plus que l’industrie nationale et que tout institutions est faisable. L’intégration accrue des questions autre pays à l’exception de la Chine (figures 8.1 et 8.2)5. de parité hommes-femmes, la reconnaissance des droits des L’adoption généralisée des mesures existantes d’améliora- peuples autochtones, la réforme des droits fonciers et la mise tion de l’utilisation rationnelle de l’énergie par les ménages en place d’incitations peuvent exiger d’importants efforts et du rendement énergétique des véhicules à moteur pour- mais ne sont pas impossibles. Bon nombre de ces change- rait entraîner des économies proches de 30 %, soit 10 % de ments peuvent être réalisés sans avancée technologique la consommation totale des États-Unis6. Deuxièmement, les ni financement supplémentaire. Mais surtout, un grand particuliers sont à l’origine des grands changements interve- nombre de ces interventions relève de la politique natio- nant dans les organisations et les systèmes politiques. Dans nale, voire locale ; un accord mondial sur le climat n’est par les pays démocratiques en particulier, une grande partie de exemple pas nécessaire pour améliorer la liberté de la presse l’action gouvernementale est le fruit de pressions citoyennes ou mieux faire entendre la voix de la société civile4. et électorales. Troisièmement, lors de la conception et de la Le présent chapitre examine les déterminants comporte- mise en œuvre d’actions publiques, les décideurs suivent les mentaux, organisationnels et politiques de l’inertie institu- mêmes processus mentaux que les particuliers. tionnelle qui entravent le développement intelligent sur le Le débat sur la modification des comportements indivi- plan climatique. Il montre comment ces forces influencent duels porte sur les mécanismes de marché. Une meilleure la mise en œuvre de nouvelles politiques et entravent leur tarification de l’énergie et des ressources peu abondantes succès dans les pays développés et en développement. Et il peut décourager une consommation à forte intensité de fait valoir que l’inertie ne pourra être vaincue qu’en réexa- carbone et encourager les particuliers à préserver des habitats minant la portée et la qualité du rôle des gouvernements. menacés et à mieux gérer les écosystèmes. Mais la consom- Commençons par examiner les comportements individuels. mation des particuliers et des groupes n’est pas uniquement régie par les prix. De nombreuses technologies à haut rende- Tirer parti des changements de comportements ment énergétique et efficaces sur le plan des coûts existent individuels depuis des années. Des investissements « sans regrets », tels Le succès des politiques de développement intelligent sur le que l’amélioration de l’isolation des bâtiments, la réparation plan climatique passe impérativement par la compréhension des fuites d’eau et la limitation de la construction dans les du comportement humain. Une multitude d’actes privés de zones sujettes aux inondations, offrent des avantages allant consommation sont à l’origine du changement climatique. bien au-delà de l’atténuation et de l’adaptation. Alors, pour- En tant que consommateurs, les particuliers représentent un quoi n’ont-ils pas été adoptés ? Parce que préoccupation n’est réservoir de capacité d’atténuation. Une grande partie des pas synonyme de compréhension, de même que compréhen- émissions des pays développés est directement liée aux déci- sion n’est pas synonyme d’action. sions des particuliers, notamment en matière de transport, Préoccupation n’est pas synonyme de compréhension de chauffage et d’alimentation. Aux États-Unis, les ménages La prise de conscience du changement climatique a augmenté au cours des dix dernières années sans toutefois entraîner de Figure 8.1 Les actions directes des consommateurs américains produisent jusqu’à un tiers des émissions totales de CO2 de leur pays réaction généralisée chez les particuliers7. En fait, les dépla- cements aériens et automobiles, les vacances à l’étranger et Ménages l’utilisation des appareils ménagers ne cessent d’augmenter (gaz naturel, électricité, GPL et fioul) à l’échelle mondiale8. Industrie 27 % 21 % Comment peut-on expliquer un tel décalage entre la perception et l’action ? Le fait d’être préoccupé par la ques- Transports (véhicules particuliers tion du changement climatique ne signifie pas nécessaire- et bateaux) ment que l’on comprenne les déterminants et la dynamique Commercial 12 % qui en sont responsables ni les interventions nécessaires. Les 18 % sondages montrent que le public admet ne pas comprendre Transports (camions et camionnettes, bus, trains, avions, etc.) clairement les causes du changement climatique ni les solu- 22 % tions possibles9. Cette « lacune verte » au niveau des atti- tudes du public tient en partie à la façon dont la science du Actions directes climat est communiquée et à notre (mauvaise) compréhen- Actions indirectes sion de la dynamique climatique (encadré 8.1)10. Les modèles classiques des déficits informationnels Sources : EIA 2009 ; EPA 2009. supposent qu’un public mieux éduqué agit différemment11. Remarque : GPL = gaz de pétrole liquéfié RapportMonde_LIVRE2.indb 322 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 323 Figure 8.2 De petits ajustements locaux aux grandes conséquences mondiales : remplacer les VLT Source : Calculs de l’équipe du Rapport sur le développement par des voitures particulières consommant peu de carburant ne serait-ce qu’aux États-Unis compenserait dans le monde sur la base des chiffres de BTS 2008. pratiquement les émissions résultant de l’alimentation en électricité de 1,6 milliard de personnes de plus Note : Les estimations sont basées sur les hypothèses suivantes : les États-Unis comptent 40 millions de VLT (véhi- Émissions (millions de tonnes de CO2) cules loisir travail) qui couvrent au total 480 milliards de miles sur la base d’une distance parcourue moyenne de 12 000 par 350 véhicule et par an. Si l’on considère que la consommation de carburant moyenne d’un VLT est de 18 miles au gallon, le parc de VLT consomme 27 milliards de gallons d’essence par an en 300 émettant 2 421 grammes de carbone par gallon. Le remplace- ment des VLT par des voitures économiques en carburant qui respectent la norme moyenne de consommation de carburant des nouvelles voitures particulières vendues dans l’Union 250 européenne (45 miles au gallon ; voir ICCT 2007) se traduit par une réduction des émissions de 142 millions de tonnes de CO2 (39 millions de tonnes de carbone) par an. La consommation 200 d’électricité des ménages pauvres des pays en développement est, selon les estimations, de 170 kilowattheures par personne et par an et, si l’on pose que l’électricité est générée avec une intensité (moyenne mondiale) de 160 grammes de carbone au 150 kilowattheure, on obtient l’équivalent de 160 millions de tonnes de CO2 (44 millions de tonnes de carbone). La taille du symbole de l’électricité qui apparaît sur la carte du monde indique le 100 nombre de personnes qui n’ont pas l’électricité. 50 0 Réduction d’émissions associées Augmentation des émissions associées au remplacement du parc de VLT à la fourniture d’un service d’alimentation en américain par des automobiles aux normes électricité de base à 1,6 milliard de personnes Le public est aujourd’hui exposé à une grande quantité souligner les responsabilités partagées en matière d’atténua- d’informations sur les causes, la dynamique et les effets tion et d’adaptation rappelle que la solution ne dépend pas du changement climatique. Ces informations ont de toute d’un seul intervenant et entraîne un sentiment de vulné- évidence renforcé ses préoccupations sans toutefois inciter rabilité et d’impuissance14. Ceci peut expliquer pourquoi à l’action12. Pourquoi ? Parce que l’information peut donner les habitants des pays développés, où les informations sur un faux sentiment de « puissance » qui se transforme en le changement climatique sont plus facilement accessibles, impuissance ambivalente en présence de messages plus sont moins optimistes quant à la possibilité de parvenir à « réalistes ». Le fait d’attirer l’attention sur l’urgence de la une solution (figure 8.3). situation en soulignant la nature et l’ampleur inédites des Pour se transformer en action, la sensibilisation doit problèmes peut entraîner la paralysie13. De même, le fait de reposer sur des informations claires provenant de sources ENCADRÉ 8.1 La mauvaise communication du besoin d’agir dans le domaine climatique La communication sur le changement car l’être humain a tendance à penser un décalage qui compromet la crédibilité climatique peut malheureusement avoir que les conditions météorologiques des messages et incite les gens à croire un effet contreproductif et entraîner une ne peuvent être contrôlées, évitées ni qu’ils n’y peuvent rien. Une émission sur certaine paralysie. Une analyse linguistique modifiées par lui. Tout juste peut-on s’y le réchauffement planétaire, qui présente de la couverture médiatique et de la préparer, s’y adapter ou s’y soustraire. Et des preuves scientifiques, expose les communication des groupes écologiques l’accent mis sur des horizons très lointains conséquences graves de l’inaction et sur le changement climatique a montré et l’ampleur du changement climatique demande à ce que des mesures soient que plus les auditeurs et les lecteurs encourage les intéressés à penser qu’ils ne prises sans tarder, peut laisser penser que sont bombardés de mots ou d’images connaîtront pas ça de leur vivant ou qu’il toute action préventive est dénuée de sur les effets dévastateurs et quasi n’y a rien à faire. sens. apocalyptiques du changement climatique Le fait d’attirer l’attention sur l’immensité et plus ils risquent de se démobiliser. La du problème climatique tout en disant aux Source : Retallack, S., www.opendemocracy. présentation du changement climatique membres de la population qu’ils peuvent net/globalization-climate_change_debate/ comme un phénomène météorologique le résoudre par de simples gestes (en ankelohe_3550.jsp (consulté le 17 juillet inquiétant peut avoir des effets pernicieux changeant une ampoule par exemple) crée 2008). RapportMonde_LIVRE2.indb 323 16/09/10 12:40 324 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Figure 8.3 Le désir des particuliers de lutter contre le changement climatique varie selon les pays et ne se traduit pas toujours par des mesures concrètes a. À l’échelle mondiale, les intentions personnelles b. Les populations des marchés émergents croient plus volontiers à une solution ne débouchent pas encore sur des actions concrètes au changement climatique et ont davantage l’intention d’agir Oui, j’ai changé de fournisseur d’énergie pour des raisons écologiques Grande confiance et faibles intentions Grande confiance et fortes intentions 15 J’envisage de changer Inde de fournisseur Oui, je veux bien Chine changer de fournisseur Afrique du Sud d’énergie pour des Italie raisons écologiques 89 Japon Australie Brésil Je n’ai pas changé Canada de fournisseur et 73 ne l’envisage pas États-Unis Irlande Argentine Pays-Bas France Espagne Chili Royaume-Uni Allemagne Fédération de Russie Non, je ne Pays veux pas changer 11 scandinaves de fournisseur Intentions Mesures Faible confiance et faibles intentions Faible confiance et fortes intentions déclarées prises entre en 2007, % 2007 et 2008, % Source : Accenture 2009. Note : L’enquête sur le changement climatique réalisée par Accenture en 2009 a porté sur un échantillon de 10 733 personnes vivant dans 22 pays développés et émergents. Cet échantillon était représentatif de l’ensemble de la population des pays développés et de la population urbaine des pays en développement. Diagramme a : il a été demandé aux personnes interrogées s’ils seraient prêts à changer de fournisseur d’énergie en vue d’obtenir des services contribuant à la réduction des émissions de carbone. Les intentions ne se sont pas concrétisées, la majorité des personnes interrogées ne changeant pas de fournisseur. Diagramme b : Les pays ont été classés selon deux critères, la confiance et l’intention, sur la base de leurs réponses au questionnaire. La confiance mesure l’optimisme avec lequel la personne interrogée considère la capacité de la population, des politi- ciens et des fournisseurs d’énergie de trouver une solution. Les personnes interrogées dans les pays émergents sont généralement plus optimistes quant à la capacité des sociétés humaines à prendre les mesures nécessaires pour résoudre le problème du changement climatique mondial. fiables. La manière dont la science du changement clima- La manière dont l’esprit appréhende le problème est un tique est communiquée au public peut compliquer les autre obstacle entravant la transition entre la préoccupation choses. Le débat scientifique repose sur la vérification et et la compréhension. La dynamique du changement clima- le recoupement des théories et des conclusions. La façon tique teste nos capacités mentales de diverses manières18. de présenter l’actualité peut aller d’un extrême à l’autre et La recherche psychologique montre que les gens ont du mal entretenir la confusion du public, qui risque alors de perce- à appréhender des problèmes ayant de multiples causes19. voir le débat non pas comme le fruit des progrès scientifiques Simplifier les problèmes en leur associant des causes uniques mais comme la prolifération d’opinions contradictoires15. entraîne la recherche de remèdes uniques et de solutions Qui plus est, les média, soucieus de présenter les choses avec technologiques miracles (souvent inexistantes). L’inertie impartialité, ont accordé une couverture disproportion- de nos réactions peut être liée à une compréhension limi- née aux climato-sceptiques, sans véritables compétences ni tée des relations entre les stocks et les flux qui caractérisent statut scientifiques16. la concentration, l’élimination et la stabilisation des gaz à Les médias, par goût du sensationnel, ont tendance à éviter effet de serre. Le fait que les réductions des émissions les plus les formulations prudentes utilisées par la communauté scien- spectaculaires et les plus rapides n’éviteront pas la poursuite tifique pour exprimer l’incertitude. Les lecteurs sont alors du réchauffement planétaire, ou n’élimineront pas le besoin confrontés à des messages dénués de prudence scientifique et d’adaptation à court et moyen termes, est une notion que contenant de vigoureux appels à l’action, qui peuvent ensuite nous avons du mal à appréhender et à comprendre sans être réfutés par d’autres déclarations tout aussi énergique- explication rationnelle (encadré 8.2)20. ment formulées, ce qui a pour effet de nuire à la crédibilité de la source d’information. Outre le fait de déconcerter le public Compréhension n’est pas synonyme d’action (et les décideurs) quant aux causes, impacts et solutions Nos connaissances sont influencées par nos systèmes de potentielles, différents types de présentation peuvent susciter valeurs, façonnés par les facteurs psychologiques, culturels un sentiment de rejet, de culpabilité, voire de dénigrement, et économiques qui conditionnent notre action ou inaction. lorsque le problème de la consommation est présenté comme Là encore, le problème n’est pas que nous sommes irra- un problème de consommateurs17. Ce type de situation peut tionnels mais plutôt que nous devons mieux comprendre entraîner un rejet plutôt qu’une volonté de réaction. comment nous prenons des décisions. Notre évolution en RapportMonde_LIVRE2.indb 324 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 325 ENCADRÉ 8.2 La mauvaise compréhension de la dynamique du changement climatique encourage l’apathie Le soutien aux mesures de lutte contre émissions s’apparente plus à celui de processus de stocks et de flux favorise les émissions de gaz à effet de serre est l’eau remplissant une baignoire : tant l’attentisme et limite la pression du public entravé par la compréhension limitée de que le flux entrant est supérieur au flux et la volonté des politiques de mettre en la dynamique du changement climatique. sortant, le niveau de l’eau continue de place des politiques actives pour stabiliser Les expériences montrent que la majorité monter. Les concentrations de gaz à le climat. Ces fausses impressions peuvent de la population comprend mal la effet de serre continueront d’augmenter être dissipées grâce à des stratégies de nature du problème : elle pense que la tant que les émissions dépasseront les communication utilisant des analogies, stabilisation des émissions à des niveaux quantités pouvant être absorbées par comme celle de la baignoire. proches des niveaux actuels stabiliserait les systèmes terrestres et aquatiques. les concentrations atmosphériques Même chez ceux qui considèrent le de gaz à effet de serre et enrayerait le changement climatique comme une Sources : Sternman et Sweeney 2007 ; Moxnes changement climatique. Mais le flux des priorité, la mauvaise compréhension du et Saysel 2009. tant qu’espèce a façonné nos processus cérébraux. Nous L’économie comportementale montre que notre instinct réagissons particulièrement aux menaces qui peuvent avoir naturel d’adaptation est réprimé lorsque nous devons prendre un visage humain ; qui sont imprévues, inquiétantes et des décisions en situation d’incertitude22. Nous avons tendance immédiates ; qui touchent directement à la santé humaine ; à sous-estimer les probabilités cumulées (la somme des proba- qui remettent en question notre ordre moral, en provoquant bilités qu’un événement se produise au cours d’un intervalle des réactions viscérales ; ou qui évoquent de récentes expé- de temps donné), ce qui explique que l’on continue de bâtir riences personnelles21. La lenteur du changement clima- dans des zones sujettes aux incendies, aux inondations et aux tique alliée au caractère différé, intangible et statistique des tremblements de terre. Les gens privilégient de loin le statu quo risques associés ne nous émeut pas (encadré 8.3). et préfèrent ne le modifier que très progressivement. Ils sont ENCADRÉ 8.3 Comment notre perception des risques peut contrecarrer les politiques : la gestion des risques d’inondation La propension de l’être humain à prévenir fréquents tels que les ondes de tempêteb. s’attribuer le mérite d’avoir évité des un risque est essentiellement liée à Ces modes de comportement ont été conséquences négatives mais uniquement la façon dont il perçoit la gravité et la observés chez les agriculteurs et dirigeants s’ils prennent des mesures visibles, par vraisemblance des impacts associés. du Mozambique suite aux inondations exemple en aidant les agriculteurs à La perception des probabilités et les de 2000 et pendant le programme de subsister en cas de réinstallation. méthodes que le public a tendance à réinstallation ultérieurement mis en Les différentes parties concernées utiliser pour les estimer peuvent être œuvre par les autorités. Les agriculteurs perçoivent les probabilités de manière trompeuses. Il évalue par exemple la étaient plus favorables (que les dirigeants) différente. Les dirigeants de Maputo probabilité qu’un événement se produise à un retour à la situation antérieure : ces ont tendance à uniquement associer la en un lieu donné en fonction de la derniers s’efforcent de faire la part entre plaine alluviale du Limpopo au risque similitude entre ce lieu et les endroits les mesures d’adaptation aux facteurs d’inondation. Pour ceux qui y vivent, où de tels événements se produisent climatiques et les risques de résultats en revanche, la vie dans la plaine est généralementa. L’existence de souvenirs négatifs. La décision de s’installer dans définie par de nombreux facteurs en sus récents et frappants d’un événement incite une zone moins vulnérable, sur des des risques climatiques. Comparés aux à surestimer sa probabilité. Il a été observé terrains plus élevés par rapport au agriculteurs, les dirigeants ont tendance que l’être humain a tendance à surestimer niveau de la mer, présente le risque à surestimer les risques climatiques. la probabilité d’événements peu de perdre son moyen d’existence D’importantes différences dans la probables et à sous-estimer la probabilité ou de s’éloigner de sa communauté. perception des risques peuvent entraver d’événements fort probables. Les gens ont La décision de cultiver des espèces l’élaboration et la mise en œuvre des par exemple certainement plus facilement résistantes à la sécheresse comporte actions publiques, à moins que l’analyse peur dans un avion que dans une voiture, le risque d’un rendement moindre et la communication des risques ne soient bien que le risque de mourir dans un en cas de précipitations abondantes. dûment prises en compte. accident de voiture soit nettement Les agriculteurs désirant éviter d’être plus élevé. De même, des catastrophes personnellement responsables de résultats Sources : Patt et Schröter 2008. naturelles rares telles que les tsunamis négatifs éviteront de faire de nouveaux a. Tversky et Kahneman 1974. inquiètent plus que des événements plus choix. À l’inverse, les dirigeants peuvent b. Kahneman et Tversky 1979. RapportMonde_LIVRE2.indb 325 16/09/10 12:40 326 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E perplexes lorsque les succès sont difficilement mesurables, et, bien souvent, l’adaptation, se présentent comme des tragé- comme dans le cas de la préparation aux catastrophes natu- dies du patrimoine commun nécessitant une action collec- relles, où il est difficile de connaître les conséquences exactes tive. Les individus rationnels et individualistes se heurtent de l’inaction. Nous sommes des « décideurs myopes », qui à des obstacles structurels qui les découragent de coopérer accordent un poids très faible aux événements futurs et à la résolution de ces problèmes25. Pour coopérer dans de donnent une plus grande priorité aux problèmes plus immé- telles conditions, les retombées doivent en effet être claire- diats dans le temps et dans l’espace. Nous sommes, par ment définies, ce qui n’est manifestement pas le cas avec les exemple, plus facilement mobilisés par des problèmes envi- impacts du changement climatique et les ripostes associées26. ronnementaux visibles (pollution atmosphérique urbaine) La compréhension des obstacles à l’évolution des compor- que d’autres moins visibles (extinction d’espèces). Nous tements nécessite également d’aller au-delà des explications accordons moins d’importance au changement climatique psychologiques fondées sur l’individu en tant qu’unité qu’à d’autres problèmes environnementaux qui semblent d’analyse et de tenir compte de la manière dont les facteurs nous toucher de plus près (figure 8.4)23. sociaux influencent nos perceptions, décisions et actions. Même si les êtres humains étaient totalement rationnels, Nous avons naturellement tendance à écarter et rejeter des ce qu’ils savent ne les pousseraient pas nécessairement à informations allant à l’encontre de nos valeurs culturelles l’action. Leur capacité limitée à faire front simultanément à ou croyances idéologiques. Ces informations peuvent par plusieurs préoccupations pourrait les empêcher de réagir à exemple remettre en question des notions d’appartenance et des informations existantes car ils privilégient leurs besoins d’identité ainsi que nos droits à la liberté et à la consomma- essentiels comme la sécurité, l’habitat, etc.24. Ils évaluent tion. Les notions de besoins et les priorités qui en décou- également les coûts marchands et non marchands de leurs lent sont des concepts sociaux et culturels27. Ceci pourrait décisions. Les coûts non marchands associés à des déci- expliquer pourquoi la sensibilisation aux problèmes envi- sions prises en réaction à des informations remettant en ronnementaux augmente généralement avec la richesse, question leurs systèmes de valeurs (tels que des appels à des contrairement aux préoccupations liées au changement migrations et réinstallations ou à la réduction des modes de climatique (figure 8.5)28. Les individus (et les nations) dont consommation) peuvent être élevés. Au demeurant, le fait les revenus sont élevés (tout comme leurs émissions de d’interpréter ou de concilier de nouvelles informations est dioxyde de carbone) peuvent faire abstraction du réchauf- en lui-même coûteux. Les coûts de transaction peuvent être fement planétaire afin d’éviter d’encourir les coûts poten- élevés, tant pour un ménage devant décider s’il doit rebâtir tiels de solutions associées à une baisse de leurs niveaux de dans une zone sujette aux inondations que pour un fonc- consommation et à une modification de leur train de vie29. tionnaire local devant élaborer et faire respecter un code du Les gens construisent et reconstruisent également l’infor- bâtiment dans des plaines côtières. Qui plus est, l’atténuation mation pour la rendre moins préoccupante, entraînant ainsi Figure 8.4 Le changement climatique n’est pas encore une priorité Source : Sondage Gallup, www.gallup.com/poll/106660/Little- Increase-Americans-Global-Warming-Worries.aspx (consulté Réchauffement planétaire le 6 mars 2009). Note : La question suivante a été posée aux personnes inter- rogées : « Je vais vous lire une liste de problèmes environne- Extinction d’espèces animales et végétales mentaux. Après chaque problème mentionné, veuillez me dire s’il vous préoccupe fortement, modérément, un peu ou pas du Perte de forêts pluviales tout. » Les résultats ont été obtenus lors d’entretiens télépho- niques menés entre le 5 et le 9 mars 2009. L’échantillon était composé de 1 012 citoyens américains ayant au moins 18 ans. Pollution atmosphérique Approvisionnement des ménages en eau douce Contamination toxique des sols ou de l’eau Pollution de l’eau Pollution de l’eau potable 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 Pourcentage de personnes fortement ou modérément préoccupées par chaque problème RapportMonde_LIVRE2.indb 326 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 327 Source : Sandvik 2008. Figure 8.5 Les craintes liées au changement climatique diminuent avec l’augmentation de la richesse Note : La mesure dans laquelle le public est préoccupé par le réchauffement planétaire est représentée par le pourcentage Pourcentage de personnes estimant que le changement climatique est un problème grave des personnes interrogées ayant entendu parler du change- ment climatique ou ayant lu des articles à ce sujet qui esti- FRA 100 IDN PHL THA CHL PRT GRC ment que le changement climatique est un problème grave. JAP HKG Les chiffres proviennent d’un sondage en ligne réalisé par 95 IND CHN TURBRA ARG KOR ESP SGP CHE ACNielsen en 2007 sur les attitudes des consommateurs face MYS ZAF HON TCH ITA GBR CAN IRL au réchauffement planétaire. Il a été demandé aux personnes VNM LTU 90 POL SWE AUT interrogées, qui étaient réparties dans 46 pays, d’indiquer sur FIN une échelle de 1 à 5 la gravité du réchauffement climatique. 85 NZL NOR LET BEL DNK 80 EST RUS USA 75 70 65 PBA 60 0 10 20 30 40 50 la mise en place de stratégies de déni social qui façonnent modifier le mode de diffusion de l’information sur le chan- la manière dont les sociétés et gouvernements interprètent gement climatique31. Premièrement, l’approche de commu- le changement climatique et y répondent30. L’évolution des nication sur le changement climatique, actuellement axée descriptions du changement climatique en est un exemple. La sur l’information, doit être réorientée vers le public. Les quantification des émissions par pays plutôt que par habitant scientifiques et les médias doivent collaborer pour amélio- permet aux personnes vivant hors des grands pays émetteurs rer la pertinence de leurs messages. Deuxièmement, comme de minimiser leur responsabilité et de rationaliser leur immo- dans d’autres domaines d’action tels que la lutte contre le bilisme. Les vigoureux appels en faveur d’une riposte inter- sida, cette réorientation devrait amener l’adoption d’une nationale ont tendance à minimiser le fait que des mesures approche « commerciale » de la communication, selon nationales devront être prises quoi qu’il en soit. Et les incerti- laquelle les gens ne sont plus les destinataires passifs de l’in- tudes concernant la dynamique et les impacts du changement formation mais des agents actifs au niveau des causes et des climatique peuvent être surestimées pour justifier l’inaction. solutions (encadré 8.4). Ces formes de déni ne sont pas abstraites, ni même limi- Des campagnes de communication bien planifiées et tées aux politiques climatiques. Des mécanismes semblables axées sur des individus considérés en tant que membres interviennent à divers niveaux du processus décisionnel d’une communauté locale, et non pas comme des membres quotidien et leur prise en compte s’inscrit dans le cadre impuissants d’un groupe trop grand pour être gérable, de la résolution d’importants obstacles au développement, peuvent donner à ces individus des moyens d’agir. Une telle tels que la réduction de la propagation du VIH/SIDA ou de approche peut contribuer à accroître la pertinence et l’ur- l’incidence de maladies liées à l’eau et à l’assainissement. gence d’un phénomène mondial à un niveau personnel et Plutôt qu’une aberration, le déni doit être considéré comme à renforcer l’appropriation locale et individuelle des solu- une stratégie d’ajustement déployée par les individus et les tions. Pour éviter les équivoques et les retours de bâton, communautés confrontés à des événements ingérables et il est important que les entreprises et les administrations préoccupants. La résistance au changement n’est jamais publiques évitent de tout « peindre en vert », c’est-à-dire de simplement le fruit de l’ignorance ; elle découle des percep- convenir publiquement de la réalité du changement clima- tions, besoins et désirs des individus, façonnés par leurs tique sans pour autant agir (encadré 8.5). valeurs matérielles et culturelles. La compréhension approfondie par le public de problé- matiques fort complexes comme le changement climatique Encourager l’évolution des comportements est-elle possible, voire nécessaire, pour élaborer des poli- Les décideurs doivent être conscients de ces obstacles et tiques efficaces ? Il s’agit là d’une question controversée. envisager les possibilités d’action dans ce contexte. Les trois Mais la réponse est non ou, du moins, pas toujours. Un domaines d’action concernés sont la communication, les grand nombre des décisions prises au niveau des politiques mesures institutionnelles et les normes sociales. reposent sur des détails techniques que le public ignore De l’information à la communication. Dans l’état actuel totalement. Peu nombreux sont ceux qui comprennent les des choses, l’information, l’éducation et la sensibilisation ne rouages complexes des politiques commerciales influençant sont, au mieux, pas suffisantes pour inciter les gens à l’action le prix des denrées alimentaires qu’ils achètent et consom- et, au pire, contraires au but recherché. D’où le besoin de ment, ou produisent et vendent. Lorsque le soutien du public est nécessaire, il est souvent encouragé par d’autres moyens. RapportMonde_LIVRE2.indb 327 16/09/10 12:40 328 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 8.4Les communautés contribuent pleinement à la réduction des risques de glissement de terrain dans les Caraïbes Le programme MoSSaiC, qui a pour objet suivi des conditions d’écoulement des a été adoptée pour le transposer dans d’améliorer la gestion des pentes dans les eaux souterraines peu profondes et la d’autres communautés. Il montre communautés des Caraïbes orientales, a construction de systèmes de drainage que la modification des attitudes mis à l’essai un nouveau mécanisme de peu onéreux. Toutes ces activités sont communautaires en matière d’atténuation réduction des risques de glissement de sous-traitées au sein de la communauté. des dangers peut améliorer leur terrain dans les communautés vulnérables. Cet engagement communautaire de bout perception des risques climatiques. Il a Ce programme recense et met en œuvre en bout encourage la participation à la également permis de mettre en place une des approches communautaires peu planification, l’exécution et l’entretien de la boucle de rétroaction entre les intrants coûteuses en demandant aux résidents gestion des eaux de surface sur les pentes et extrants du projet, puisque plus de d’indiquer les zones semblant présenter à haut risque. Le programme est ainsi 80 % des fonds sont dépensés dans des problèmes de drainage avant d’évaluer placé sous le contrôle de la communauté les communautés, ce qui permet à ces les possibilités de réduction des risques plutôt que d’être imposé par un organisme dernières et aux pouvoirs publics d’établir par la gestion des eaux de surface. ou les pouvoirs publics. un lien explicite entre la perception Les activités mises en œuvre comprennent Ce programme a réduit les risques de des risques, les intrants et des extrants la gestion de toutes les eaux de surface glissement de terrain en sensibilisant tangibles. (eaux recueillies par les toits, eaux la communauté et en lui offrant des grises et eaux de ruissellement), le emplois et une approche participative Source : Anderson et Holcombe 2007. Mais il serait faux de penser que l’information et la sensi- montré que l’un des principaux facteurs responsables de la bilisation du public sont superflues. De récents travaux ont négativité du public vis-à-vis des programmes de plafonne- montré que l’information est essentielle pour obtenir le ment des émissions et d’échange de droits d’émission n’est soutien du public concernant des mesures coûteuses. Les pas lié à leur coût mais plutôt au fait que leur efficacité est avantages liés à la diffusion d’informations plus fiables sur peu connue, ce qui érode la confiance du public32. De même, les décisions de consommation, par exemple grâce à l’éti- l’opposition aux écotaxes semble s’amenuiser dès que le quetage du carbone ou des compteurs intelligents, ne sont public comprend pleinement qu’il ne s’agit pas uniquement plus à démontrer. Une enquête réalisée aux États-Unis a de collecter des fonds mais de modifier les comportements33. ENCADRÉ 8.5 La communication sur le changement climatique La manière de présenter une Une telle approche pourrait être appliquée concept permettant de retenir l’atten- problématique, à savoir le cadre (mots, à la communication sur le changement tion et de comprendre les informations métaphores, anecdotes et images) climatique sous diverses formes : et mettre en place un raisonnement utilisé pour transmettre l’information, • En plaçant la problématique dans approprié (parler de « piège à chaleur » conditionne l’action. Ce cadre se réfère le contexte de valeurs plus élevées, plutôt que d’« effet de serre »). à des visions du monde profondément telles que la responsabilité, la bonne • En réorientant la communication pour ancrées, des hypothèses largement intendance, la compétence, la vision souligner les causes humaines du pro- acceptées et des modèles culturels pour et l’ingéniosité. blème et les solutions qui existent pour juger le message et pour l’accepter ou • En présentant les actions d’atténuation s’y attaquer, en suggérant que les êtres le rejeter. Si les faits n’entrent pas dans comme la résultante d’une nouvelle humains peuvent et devraient agir sans ce cadre, ce sont eux qui sont rejetés, réflexion, de nouvelles technologies, plus tarder pour éviter le problème. pas le cadre. À partir de cela, on peut décider si une d’une planification prospective, d’une • En évoquant d’emblée l’existence et cause est mieux servie en relayant ou démarche intelligente, clairvoyante, l’efficacité des solutions. en déconstruisant le discours dominant, équilibrée, efficace et prudente. ou en présentant une problématique à • En simplifiant le modèle, l’analogie ou l’aide de concepts, de mots et d’images la métaphore pour aider le public à différents pour évoquer une autre façon comprendre la dynamique du réchauf- Source : Lorenzoni, Nicholson-Cole et de penser et faciliter de nouveaux choix. fement planétaire ; présenter un Whitmarsh 2007. RapportMonde_LIVRE2.indb 328 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 329 Mesures institutionnelles. Au-delà de la communication, obtenir des avantages à long terme (tels que ceux dérivés la politique climatique doit impérativement concevoir des des investissements axés sur les rendements énergétiques). interventions tenant compte des limites sociales et psycho- Il serait également utile de donner aux acteurs privés une logiques susceptibles d’entraver une action positive. Des idée des orientations stratégiques à long terme. Une étude mesures d’adaptation efficaces devraient réduire les coûts internationale réalisée en 2007 auprès de chefs d’entreprises de transaction des individus relatifs à la prise de décision a indiqué que 81 % d’entre eux pensaient que l’État devrait et améliorer leur adhésion aux informations disponibles. leur fournir une indication claire des politiques à long terme Les stratégies d’adaptation devront donc tenir compte des pour les aider à trouver des incitations au changement et perceptions communautaires des risques, de la vulnérabilité planifier leurs investissements35. (Les mécanismes pouvant et de la capacité (voir encadré 8.5). L’institutionnalisation être utilisés par les pouvoirs publics pour communiquer d’autoévaluations participatives de la préparation aux catas- leurs orientations à long terme sont examinés plus loin.) trophes, de l’adaptation et de l’atténuation peut s’avérer utile. La politique climatique devrait également tenir compte Un autre domaine d’action concerne la tendance des de la tendance humaine à favoriser des résultats locaux, individus à accorder une moindre valeur à l’avenir qu’au visibles et pouvant être obtenus à titre privé. Les mesures présent. Bien qu’il s’agisse d’une propension innée, elle d’atténuation produisent des avantages généraux et diffus et varie néanmoins en fonction de caractéristiques sociales les avantages directs des mesures d’adaptation ne sont pas et de pressions externes. On a par exemple observé que les toujours immédiatement apparents, selon le type de phéno- agriculteurs péruviens qui ont un accès limité au crédit et mène climatique envisagé et le rythme de changement. Ces à l’assurance et des droits fonciers mal établis ont des taux avantages peuvent donc être jugés distants et incertains d’actualisation plus élevés, et que plus ces taux s’accroissent par l’ensemble du public. Il incombe aux institutions de rapidement, plus les individus sont enclins à déboiser34. communiquer clairement les avantages directs et connexes Des réformes institutionnelles ayant pour effet d’améliorer de l’adaptation et de l’atténuation, en attirant particulière- l’accès au crédit et de renforcer les droits fonciers peuvent ment l’attention sur ceux qui concernent la santé humaine, modifier les facteurs associés aux comportements innés qui un sujet qui touche tout le monde. déterminent la valeur accordée à l’avenir. Il en va de même L’amélioration des outils sur les coûts et les avantages peut pour l’éducation (encadré 8.6). encourager les décideurs publics et privés à agir de manière De la même manière, il faudrait envisager d’associer plus résolue. L’estimation des coûts et avantages des projets l’offre d’une assistance immédiate sous la forme de dégrè- axés sur le rendement énergétique ne comprend générale- vements fiscaux ou de subventions aux particuliers et aux ment pas les avantages connexes non énergétiques. Ceux-ci entreprises décidant de poursuivre des interventions qui sont, notamment, les avantages procurés au plan de la santé nécessitent la prise en charge de coûts initiaux pour pouvoir publique par l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, ENCADRÉ 8.6 L’intégration de l’éducation climatique dans les programmes scolaires L’éducation peut contribuer à l’évolution les inventaires d’émissions. En 2007, les aussi importante (voir chapitre 7). Enfin, des comportements. Aux Philippines, provinces canadiennes se sont engagées une population éduquée est indispensable le président a promulgué en 2008 le à inclure le changement climatique pour faciliter le changement. Les National Environmental Awareness dans leurs programmes scolaires. Dans recherches montrent que les élèves, les and Education Act, qui encourage le cadre de sa troisième communication étudiants et le public continuent de se l’intégration de l’éducation portant sur nationale sur le changement climatique, méprendre au sujet de divers aspects le changement climatique dans tous le gouvernement australien contribue à du changement climatique, de l’effet les programmes scolaires. Les réformes la promotion de l’éducation portant sur de serre et de l’appauvrissement de éducatives menées au Liban en 1998 le changement climatique, notamment la couche d’ozonea. Pour combler ces ont intégré l’étude de l’environnement, par le biais de la production du kit scolaire lacunes, le public doit recevoir de manière dont le changement climatique, dans les élaboré par Australian Greenhouse Office. systématique des informations correctes programmes de sciences, d’éducation L’intégration de l’éducation au sur le changement climatique. civique et de géographie. En 2006, United changement climatique dans les States Environmental Agency (Agence programmes scolaires n’est toutefois pour la protection de l’environnement qu’un premier pas. La mise en place d’un – États-Unis) a créé un kit éducatif sur le nouveau corps de professionnels devant Sources : Hungerford et Volk 1990 ; Kastens et changement climatique destiné aux élèves aborder les problèmes complexes posés Turrin 2006. du secondaire, qui leur permet de calculer par le changement climatique est tout a. Gautier, Deutsch et Rebich 2006. RapportMonde_LIVRE2.indb 329 16/09/10 12:40 330 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E l’accroissement possible du confort des occupants d’un bâti- dix grandes agglomérations des États-Unis, dont Chicago et ment et la hausse de la productivité de la main-d’œuvre36. La Seattle, soucieux de réduire la consommation énergétique. transition d’énergies fossiles vers des énergies renouvelables Le pouvoir des normes sociales ne peut être exploité peut être créatrice d’emplois37. Les études de cas réalisées qu’en augmentant la visibilité des comportements et de leurs dans le secteur manufacturier ont conclu que ces avantages conséquences. Les décisions et actions individuelles influant peuvent être considérables, voire équivalents à la valeur des sur la consommation énergétique sont en grande partie invi- économies d’énergie38. Les investissements peuvent ainsi sibles du public et même des cercles restreints de la famille être amortis beaucoup plus rapidement, ce qui encourage et des amis. L’activité humaine ne peut alors pas profiter leur poursuite. De même, l’affectation des recettes issues des du principe de réciprocité, des pressions par les pairs et des taxes sur le carbone ou l’énergie peut augmenter la visibi- comportements de groupe généralement associés aux cas lité des avantages de l’atténuation. Bien que l’affectation des plus visibles d’évolution des comportements et de respect recettes fiscales soit jugée économiquement inefficace, elle des règles, comme dans le cas du respect du code de la route. peut augmenter l’acceptation politique de nouvelles taxes Les recherches sur la coopération arrivent à la même car le public voit clairement où va l’argent. conclusion. Les individus ont tendance à ne pas coopérer en l’absence d’informations sur le comportement des autres Normes sociales. Les normes sociales sont les modes de intervenants41. Il faudrait non seulement fournir aux agri- comportement approuvés par la majorité des gens, les réfé- culteurs d’un même bassin hydrographique des informations rences qu’ils utilisent pour évaluer le bien-fondé de leur sur leur consommation d’eau mais également leur indiquer propre conduite. En influençant l’activité humaine, les si celle-est inférieure ou supérieure à la norme établie par normes sociales peuvent produire des résultats socialement leurs homologues. Il est possible d’encourager les résidents désirables, généralement pour un coût relativement faible. des zones sujettes aux inondations à adopter des mesures de L’idée de base est que les membres de la population veulent protection en leur montrant que d’autres membres de leur agir de manière socialement acceptable et ont tendance à communauté ont rapidement adopté de telles mesures. En faire comme les autres, surtout lorsque ces derniers sont revanche, des communications attirant l’attention sur le nombreux et qu’ils les considèrent commet leurs pairs. faible nombre de personnes ayant adopté des mesures d’éco- Les normes sociales ont un impact particulièrement nomie d’énergie entraîneraient inévitablement une réduc- important dans un climat d’incertitude39. Un individu cher- tion et non une augmentation de leur adoption. chant à déterminer comment se comporter s’inspire de ce Les normes sociales peuvent compléter les approches que font les autres. Les appels à des comportements écolo- et mesures traditionnellement adoptées par les pouvoirs giques reposant sur des normes sociales sont plus efficaces publics, telles que la réglementation, la fiscalité et la tarifi- que les moyens de persuasion traditionnels. Le maintien de cation. La prise en compte des comportements de groupe la propreté de la voie publique en est un exemple. peut améliorer l’impact de ces mesures et offrir des oppor- Dans le domaine climatique, une expérience psycho- tunités d’utiliser conjointement des instruments différents. logique a été réalisée auprès de résidents californiens pour Mais certaines mesures fondées sur des incitations écono- mesurer l’impact des normes sociales sur la consommation miques peuvent faire plus de mal que de bien en réduisant d’énergie40. La norme sociale établie, c’est-à-dire la consom- l’effet des normes sociales. La tarification de la pollution ou mation énergétique moyenne des ménages, a été indiquée des émissions peut donner aux pollueurs l’impression qu’ils sur les factures adressées à un groupe de ménages à consom- peuvent polluer tant qu’ils payent leur juste part. De la même mation élevée et à deux autres groupes à consommation manière, des réglementations mal appliquées ou l’impression faible. Une appréciation positive (émoticône souriante) que les règles officielles peuvent être ignorées peuvent favori- a été donnée à l’un des deux groupes de ménages à faible ser des comportements égoïstes et entraver la coopération42. consommation, en signe d’approbation de leur empreinte Certains recours, plus radicaux, aux normes sociales énergétique, tandis que les ménages à consommation élevée sont axés sur d’autres paramètres de progrès, comme ceux ont reçu une appréciation négative (émoticône triste), en qui préconisent des notions de bien-être dissociées de la signe de désapprobation. Ces mesures se sont traduites par : consommation43. Et l’opposition politique à des instru- la réduction de la consommation des ménages à consom- ments tels que les écotaxes peut être surmontée grâce à des mation élevée ; le maintien de celle des ménages à consom- régimes de dégrèvements fiscaux. En Suède, par exemple, les mation inférieure à la moyenne ; et l’augmentation de la taux d’imposition très élevés frappant les émissions d’oxyde consommation du troisième groupe (ménages à faible d’azote des producteurs d’énergie ont été politiquement consommation énergétique exposés à la norme sociale mais acceptables car les taxes ont été totalement compensées par n’ayant pas reçu de commentaires positifs). Cette approche des dégrèvements proportionnels à la quantité d’électricité a depuis été adoptée par les services d’utilité collective de produite44. RapportMonde_LIVRE2.indb 330 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 331 Ces mesures ne sont bien entendu pas suffisantes pour tés d’État ou des sociétés privées dont les opérations sont assurer le succès des politiques climatiques. Mais elles réglementées par l’État. La modification de la combinaison pourraient bien s’avérer nécessaires. L’encouragement de des différents types d’installations de production pourrait l’évolution des comportements aux fins d’atténuation et nécessiter l’octroi de subventions et le financement d’inves- d’adaptation ne se limite pas à la fourniture d’informations, tissements de capital fi xe initiaux. Il ne fait aucun doute que de financements ou de technologies. Les mesures tradition- les entreprises sont incitées à bénéficier des excellents rende- nelles peuvent être complétées par d’autres interventions, ments des investissements axés sur le rendement énergétique souvent peu onéreuses. Plutôt que de traiter ces facteurs mais, comme indiqué au chapitre 4, elles auront probable- sociaux et psychologiques en tant qu’obstacles à l’adapta- ment besoin d’un appui de l’État en raison des contraintes tion et à l’atténuation, les décideurs peuvent les utiliser pour du marché. Lorsque les coûts élevés des nouvelles techno- élaborer des politiques plus efficaces et durables. logies (véhicules produisant de faibles émissions ou géné- ration d’électricité solaire, par exemple) entravent l’offre et Refaire une place à l’État la demande, diverses mesures gouvernementales peuvent Au cours des 30 dernières années, le rôle de l’État s’est s’avérer nécessaires pour élargir le marché. amenuisé dans divers domaines importants pour la riposte Deuxièmement, les actions d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, notamment celui de la recherche entraîneront probablement une augmentation des dépenses énergétique. La réduction des interventions directes a accom- publiques. La vente aux enchères de permis d’émissions ou pagné le recul de la place accordé au concept de « gouverne- la taxation du carbone sont génératrices de recettes. Pour ment » au profit de la notion de « gouvernance » et la mission maintenir les dépenses au même niveau, il faudrait que l’État de l’État a évolué pour essentiellement servir de guide et accorde des remboursements d’impôt portant sur l’intégra- de catalyseur du secteur privé45. Cette tendance générale lité des montants perçus ou qu’il réinjecte l’intégralité des masque néanmoins une situation complexe. L’Europe du recettes. Mais ce type de neutralité budgétaire pourrait être xxe siècle a connu diverses formes et manifestations du perçu comme un luxe dans les pays qui s’efforcent de trouver capitalisme d’État. L’essor des économies de l’Asie de l’Est, des ressources pour financer de nouveaux investissements y compris de la Chine, a démontré la prééminence de l’État publics d’adaptation ou de nouvelles infrastructures éner- dans la « conduite du marché » pour produire l’exemple le gétiques tout en limitant le déficit des finances publiques. plus flagrant de développement accéléré46. Plus récemment, Comme le montre le chapitre 7, l’État doit développer la crise financière de 2008 a exposé les pièges de la dérégle- encore plus son rôle, déjà important, dans les domaines de la mentation et des marchés libéralisés et a amorcé un retour recherche, du développement et des démonstrations techno- vers un plus grand rôle de l’État. logiques. Les autorités peuvent modifier les incitations, soit Le changement climatique nécessite des interventions en subventionnant des investissements offrant des avan- gouvernementales pour pallier les nombreuses défaillances tages sociaux plus diversifiés, que les marchés ont tendance du marché qui y contribuent, que ce soit aux niveaux de la à négliger (comme la R-D dans des segments plus risqués de tarification, de la recherche et du développement techno- la recherche énergétique) soit en taxant ou réglementant les logique, ou de la coordination et de l’action collective aux actions préjudiciables à la société. plans mondial, national et local47. En tant que fournisseurs Troisièmement, la fréquence et la gravité accrues des de biens publics et correcteurs des externalités, les adminis- phénomènes météorologiques extrêmes amèneront l’État à trations publiques sont censées remédier à ces défaillances. assumer un plus grand rôle d’assureur. Comme indiqué au Toutefois, l’intervention de l’État a des raisons d’être plus chapitre 2, les marchés de l’assurance ne peuvent pas totale- spécifiques. ment sécuriser les risques climatiques. Les systèmes d’assu- Premièrement, la participation du secteur privé à la rance du monde développé sont déjà mis à rude épreuve par riposte au changement climatique revêt une importance l’augmentation des dangers menaçant les côtes américaines cruciale mais il serait malavisé de l’exagérer. Malgré l’en- et japonaises, les îles des Caraïbes à revenu intermédiaire thousiasme suscité par la contribution du secteur privé à (tranche supérieure) et les plaines alluviales de l’Europe du des grands projets d’investissement pendant les années 80 Nord. Le changement climatique exacerbera les problèmes et 90, la participation privée reste limitée dans le domaine d’assurabilité et nécessitera vraisemblablement la renégo- des infrastructures. S’il est vrai que l’essentiel des investis- ciation de la limite entre les systèmes d’assurance publics et sements et des financements supplémentaires nécessaires à privés. Les pouvoirs publics seront soumis à des pressions l’atténuation et à l’adaptation doivent provenir du secteur visant à faire de l’État l’assureur de dernier recours pour privé, il n’en demeure pas moins que les politiques et inci- une partie croissante de la population et pour un plus grand tations gouvernementales joueront un rôle fondamental48. nombre de dommages. Ils devront parallèlement s’attaquer Qui plus est, les producteurs d’énergie et les services de aux risques moraux qui incitent les gens à faire de mauvais distribution d’électricité sont généralement des socié- choix parce qu’ils sont assurés. RapportMonde_LIVRE2.indb 331 16/09/10 12:40 332 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Quatrièmement, l’État devra renforcer sa contribution les leçons qui s’imposent. Les études consacrées à ce sujet dans les domaines du savoir et de l’apprentissage, en parti- font de ces problèmes les principales causes de l’immobi- culier en ce qui concerne l’adaptation au changement clima- lisme des organisations54. tique49. Comme expliqué au chapitre 7, les pouvoirs publics Il est crucial que l’action publique soit efficace pour devront pour cela augmenter les investissements en R-D et pouvoir tirer le meilleur parti du financement de l’adapta- améliorer l’efficacité des marchés en matière d’innovation tion. Comme indiqué au chapitre 6, la majorité des activités technologique. Il faudra également transformer les services d’adaptation est exécutée dans le cadre de projets autonomes météorologiques en services climatiques, superviser la diffu- et indépendants. La fragmentation du financement de sion de l’information à différents niveaux et avoir recours l’adaptation entrave l’intégration et le renforcement des aux organisations et régimes internationaux pour mettre processus de planification et de développement, augmente en commun les connaissances des autorités compétentes et les coûts de transaction des bénéficiaires et des donateurs adapter les politiques aux conditions locales. et détourne l’attention et le temps des politiciens et des Cinquièmement, en tant que principaux dépositaires de fonctionnaires qui doivent s’employer à gérer les activités la légitimité politique, les pouvoirs publics devront guider le d’aide au détriment des priorités nationales. Les dizaines secteur privé, contribuer au succès des actions communau- de milliards de dollars nécessaires à l’adaptation risquent taires et décentraliser au mieux les décisions et actions en d’augmenter les pressions sur les capacités d’absorption matière d’adaptation et d’atténuation. Outre leur fonction déjà limitées des pays en développement. Un grand nombre de chef de fi le, les pouvoirs publics devront également assu- de ces pays qui ont le plus besoin d’assistance en matière mer une fonction de réalisation et veiller à ce que les cibles d’adaptation sont également ceux qui ont la plus faible capa- et objectifs soient atteints en renforçant la réglementation, la cité de gestion et d’absorption des financements. Lorsque la fiscalité, la planification à long terme et la communication50. capacité d’un bénéficiaire à gérer des fonds est limitée, les Cela ne signifie pas pour autant que la taille de l’État doive donateurs contrôlent plus étroitement ces fonds et les moda- augmenter car il n’y a pas toujours de corrélation entre la lités des projets, ce qui a pour effet d’augmenter les pres- taille des administrations publiques et la fourniture de biens sions sur les systèmes nationaux, entraînant ainsi un cercle publics51. Il s’agit plutôt de reconnaître, comme indiqué au vicieux de réduction des capacités, de déficits budgétaires et chapitre 2, que les nouveaux défis posés par le changement de fragmentation55. climatique augmenteront également le coût des défaillances gouvernementales. Ces défis ne pourront être relevés qu’en Améliorer la capacité de l’administration centrale élargissant les objectifs et programmes de l’État ainsi que le Les pays vont de l’avant lorsque les dirigeants politiques type, la portée et la qualité des interventions publiques. s’investissent résolument et orientent l’attention des fonc- tionnaires, de l’opinion publique et des parties prenantes Vers des administrations publiques intelligentes extérieures. Réciproquement, les pays restent à la traîne sur le plan climatique lorsque leurs dirigeants font preuve d’immobilisme. Cela Pour pouvoir s’attaquer avec succès au problème du chan- n’est guère surprenant. Les décideurs sont des êtres humains gement climatique, les administrations publiques devront et le fonctionnement des organisations et des adminis- revoir leur mode de fonctionnement. Le passage du stade trations publiques est influencé par les problèmes qu’ils de l’identification des causes et des impacts du chan- rencontrent lorsqu’ils prennent leurs décisions56. Toutefois, gement climatique à celui de l’élaboration de ripostes le leadership n’a pas uniquement une dimension indivi- devra être accompagné d’un remaniement des structures duelle ; il a également une dimension institutionnelle liée à gouvernementales52. la manière d’organiser la responsabilité, la coordination et La majorité des pays ne sont pas dotés d’un organisme l’obligation de rendre des comptes en matière de politique public pouvant contrôler tous les éléments de la stratégie climatique (figure 8.6). de lutte contre le changement climatique car les mandats, responsabilités et groupes concernés sont répartis entre Attribuer la responsabilité en matière de politique climatique. différents ministères. Rares sont les pays dotés d’un orga- Le changement climatique continue de relever du minis- nisme capable de faire respecter les bilans carbone. De plus, tère de l’environnement dans la majorité des pays. Mais la le cadre temporel des impacts du changement climatique et politique climatique couvre des domaines qui dépassent les des ripostes associées dépasse de loin celui d’un gouverne- limites de la protection de l’environnement et comprennent ment élu. Par ailleurs les administrations n’apprennent pas le commerce, l’énergie, les transports et la politique budgé- vite53. Parce que le changement climatique est un domaine taire. Les administrations chargées de l’environnement ont de politique publique relativement nouveau et qu’il est en règle générale moins de poids que les services du trésor, impératif d’agir au plus tôt, les responsables de l’action les ministères du commerce ou du développement écono- publique doivent se préparer à essuyer des échecs et à en tirer mique. Leurs ressources sont souvent moindres et elles sont RapportMonde_LIVRE2.indb 332 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 333 Figure 8.6 Une gouvernance efficace va de pair avec une bonne performance environnementale Sources : Kaufman, Kraay et Mastruzzi 2007 ; Esty et al. 2008. Note : La performance environnementale est mesurée par un Performance environnementale indice de performance environnementale (http://epi.yale.edu/). 100 L’efficacité de la gouvernance est indiquée par une valeur située entre 0 et 1 et est obtenue par transformation logarith- mique des indicateurs d’efficacité de la gouvernance tirés de la 90 base de données sur les indicateurs de la gouvernance dans le monde (World Governance Indicatorsà) qui couvrent 212 pays 80 sur la période 1996-2007. Elle est fondée sur les opinions d’un grand nombre d’entreprises, de citoyens et d’experts de pays à 70 revenu élevé et en développement. 60 50 40 30 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0 Faible Efficacité de la gouvernance Élevée généralement représentées à un niveau moins élevé au sein nation ne pourra sans doute être assuré sans repenser le rôle de l’équipe gouvernementale. des services hydrométéorologiques (voir chapitre 7). Bien qu’il n’y ait pas de règle unique régissant l’attribution De nouveaux organes de coordination – un comité du mandat en matière climatique, il est impératif d’accorder ministériel chargé des questions de changement climatique un plus grand poids aux responsabilités dans ce domaine permettant d’établir des rapports directs entre les respon- (encadré 8.7). Le renforcement des services administra- sables des questions climatiques et ceux d’un domaine tifs, fondé sur l’indépendance budgétaire, un personnel d’intervention crucial comme l’énergie, ou un comité de spécialisé et le pouvoir de proposer et d’appliquer des lois, coordination intragouvernemental présidé par l’organe concentre l’autorité et évite la dispersion des responsabilités directeur – pourraient réunir les responsables chargés des qui peut conduire à l’immobilisme. La création d’organes questions relatives au changement climatique au sein des ministériels dirigés par des ministres de premier plan ou administrations publiques. La coordination des politiques l’inclusion de politiques climatiques dans les programmes climatiques pourrait également relever du premier ministre d’importants organes existants sont des signes de renforce- si, par exemple, une fonction consultative était créée au sein ment administratif. de son cabinet. Il importe d’accorder une attention particulière à l’éla- Faciliter l’intégration et la coordination interorganisations. boration de politiques et de stratégies sectorielles dans un Bien qu’important, le renforcement des administrations ne but aussi bien d’intégration que de coordination. Comme le sera probablement pas suffisant. Et la création d’un organe montre le chapitre 4, la politique énergétique de nombreux spécialisé pourrait même aller à l’encontre du but recher- pays privilégie la réforme du marché et la tarification, l’ou- ché. Pour assurer la cohérence des stratégies au sein d’une verture du secteur énergétique à la concurrence et la mise en administration, il est nécessaire d’intégrer la planification place d’institutions de réglementation pour offrir des prix climatique dans l’ensemble des organes administratifs. Le avantageux et des approvisionnements fiables aux consom- problème tient au cloisonnement traditionnel des tâches mateurs57. Il y a peu de temps encore, l’atténuation n’était gouvernementales et à la tendance, pour les organismes, à même pas un aspect périphérique des politiques énergé- traiter des problèmes multidimensionnels sans se consul- tiques. Les mandats des organes chargés de l’énergie ainsi ter. L’intégration peut passer par la création d’unités sur le que les politiques et stratégies qui les guident seront élargis climat dans chaque ministère ou organe, appuyées par des pour inclure les approvisionnements à faible intensité de programmes sectoriels d’atténuation et d’adaptation aux carbone et le rendement énergétique dans leurs responsa- niveaux national et local. Les organes publics concernés, bilités fondamentales parallèlement à la montée en impor- tels que ceux chargés de la santé publique, de l’énergie, des tance du changement climatique sur le plan politique. forêts, de l’aménagement du territoire et de la gestion des Des documents d’orientation peuvent accroître la coor- ressources naturelles, pourraient non seulement poursuivre dination des activités d’adaptation. Les Programmes d’ac- leurs mandats révisés, mais aussi coordonner leurs travaux tion nationaux pour l’adaptation au changement climatique sous l’égide d’un organe directeur chargé des questions (PANA) des pays les moins avancés en sont un bon exemple. concernant le changement climatique. Ce type de coordi- Conçus en tant qu’exercices techniques de définition de RapportMonde_LIVRE2.indb 333 16/09/10 12:40 334 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 8.7 Les réformes institutionnelles engagées par la Chine et l’Inde en matière climatique En Chine, la responsabilité de l’action réforme gouvernementale de 2008, l’habitat durable, la conservation de climatique, autrefois en marge de l’activité le bureau général de cet organe a été l’eau, la préservation de l’écosystème gouvernementale, est aujourd’hui au cœur intégré à la Commission nationale pour himalayen, la création d’une « Inde verte », même de celle-ci. Le gouvernement a le développement et la réforme, qui est l’agriculture durable et la création d’une dans un premier temps, en 1990, mis en chargée des activités générales relatives plateforme stratégique de connaissances place des institutions spécialisées dans au changement climatique et est appuyée sur le changement climatique. Le Plan les questions de changement climatique. par un comité d’experts présentant des d’action national vise une transition Reconnaissant l’importance et le caractère données scientifiques pour éclairer la prise progressive des combustibles fossiles vers intersectoriel du problème, il a ensuite de décision. les combustibles non fossiles et les sources créé, en 1998, un Comité de coordination En Inde, pour prendre un autre exemple, d’énergie renouvelable. national des activités relatives au le Conseil sur le changement climatique, Des mesures semblables de réforme changement climatique. présidé par le premier ministre, a institutionnelle ont déjà été adoptées par En 2007, ce comité est devenu l’Organe élaboré le Plan d’action national face au plusieurs autres pays, développés et en national chargé de l’action menée face changement climatique et est responsable développement. au changement climatique. Présidé de sa mise en œuvre. Ce Plan d’action par le premier ministre chinois, il couvre huit missions nationales qui coordonne les stratégies, politiques et relèvent de divers ministères sectoriels mesures de 28 services répartis dans car elles portent sur l’énergie solaire, Source : Équipe chargée du Rapport sur le divers organismes publics. Lors de la l’amélioration du rendement énergétique, développement dans le monde. priorités, ces programmes analysent les impacts spécifiques publiques plus comptable envers le parlement, le public aux pays et formulent des ripostes adaptées en faisant partici- et des organes autonomes (encadré 8.9). Les parlements per différents organes et niveaux de gouvernement ainsi que peuvent organiser des débats, suivre les résultats obtenus, des représentants du monde des affaires et de la société civile. éduquer le public et exiger du gouvernement qu’il s’engage à Ils peuvent ainsi fournir un cadre institutionnel permettant fournir des rapports réguliers sur ses objectifs, politiques et de placer l’adaptation au cœur des priorités gouvernemen- réalisations en matière climatique. L’intégration de cibles et tales. Mais leurs fonctions stratégiques ne pourront être d’objectifs climatiques dans les textes juridiques peut sensi- regroupées que si elles font l’objet d’une attention accrue de blement contribuer à la responsabilisation du gouvernement la part des partenaires internes et externes (encadré 8.8). et à la pérennité des mesures au-delà des courts échéanciers qui les caractérisent. Un organe consultatif d’experts indé- Renforcer la responsabilité des pouvoirs publics. Lorsque les pendants peut formuler des recommandations à l’intention pouvoirs publics ne donnent pas suite à certaines questions du gouvernement et faire rapport au parlement. stratégiques, cela peut être parce les responsabilités ne sont pas clairement définies, en raison de la nature du problème ou Tirer le meilleur parti des mesures prises à cause de carences institutionnelles. Les interventions en cas par les administrations locales de catastrophe naturelle offrent de bons exemples. À moins Les administrations locales et régionales peuvent consti- qu’un pays ne soit régulièrement frappé par des phénomènes tuer des espaces politiques et administratifs plus proches des météorologiques graves, la prévention des catastrophes et les sources d’émissions et des impacts du changement clima- mesures d’intervention associées ne figurent généralement tique. Chargées de la mise en œuvre et de la concrétisa- pas à l’ordre du jour des pouvoirs publics. Les dirigeants ne tion des politiques nationales, elles assurent des fonctions craignent guère d’être en butte à des critiques, récompensés de décision, de réglementation et de planification dans des ou sanctionnés en raison de mesures qu’ils étaient censés secteurs essentiels aux activités d’atténuation (transports, prendre (la prévention des catastrophes) mais auxquelles le construction, services publics, sensibilisation au niveau public ne prête pas attention. Les équipes au pouvoir sont peu local) et d’adaptation (protection sociale, réduction des motivées à agir lorsque le public ne voit pas de relation claire risques de catastrophes, gestion des ressources naturelles). entre efforts et résultats. Plus proches des citoyens, ces administrations infranatio- Il est possible d’améliorer la responsabilité des pouvoirs nales peuvent sensibiliser le public et mobiliser des acteurs publics en matière de politique climatique en rendant les non étatiques. Comme elles sont, de surcroît, la charnière organismes d’exécution plus comptables envers les grands entre l’État et la population, c’est à leur niveau que les ministères, comme le Trésor ou le cabinet du premier pouvoirs publics sont mis en demeure de dûment s’acquitter ministre et en rendant l’ensemble des administrations de leurs responsabilités en fournissant une riposte adaptée58. RapportMonde_LIVRE2.indb 334 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 335 ENCADRÉ 8.8 Les Programmes d’action nationaux pour l’adaptation au changement climatique Les Programmes d’action nationaux Bien que les besoins et projets limité, ce qui suscite des préoccupations pour l’adaptation au changement d’adaptation puissent paraître semblables justifiées quant à l’appui des donateurs et climatique (PANA), qui sont les efforts lorsqu’ils sont examinés collectivement, accentue encore le manque de confiance. nationaux les plus visibles menés par les ils varient considérablement d’un pays à Carences de l’architecture : Les dispositifs pays les moins avancés pour recenser l’autre en fonction des dangers et menaces institutionnels établis pour l’adaptation leurs domaines prioritaires en matière climatiques recensés comme étant les plus au changement climatique doivent avoir d’adaptation, ont suscité trois critiques. sérieux. Les lignes directrices sur les PANA un caractère plus permanent, permettre La première est que le processus PANA expliquent certaines similitudes dans le l’entretien de rapports plus étroits avec les donne lieu à la mise en place des projets langage utilisé pour défendre les projets différents ministères, bénéficier du soutien semblables dans différents pays, sans tenir considérés nécessaires pour répondre des ministères des finances et du plan, compte de leurs besoins d’adaptation aux besoins d’adaptation les plus urgents. et assurer des liens plus solides avec les spécifiques. La seconde est qu’il est La prépondérance de projets portant sur provinces et districts. Un organe spécialisé souvent difficile de faire la distinction les ressources agricoles et naturelles et la peut s’occuper de la planification mais entre les projets d’adaptation et les gestion des catastrophes reflète le fait que les activités devront être exécutées par projets de développement classiques. La les impacts du changement climatique le biais de structures institutionnelles et troisième est que le processus PANA ne seront ressentis en premier lieu dans les administratives existantes car de nombreux fait pas participer les principaux ministères domaines des produits primaires et de la projets sont de portée sectorielle. et décideurs du pays ou ne tiennent gestion des catastrophes. Enfin, les PANA Faiblesse des capacités : Les capacités pas suffisamment compte des besoins ont été préparés avec très peu de moyens de planification et d’exécution de projets institutionnels aux niveaux infranational de sorte que la planification n’a pas pu d’adaptation continuent d’être très faibles et local. dépasser le niveau national ou couvrir dans la majorité des pays les moins Pour répondre à ces critiques, l’équipe plusieurs ministères ou décideurs. avancés. Les capacités techniques, les chargée du Rapport sur le développement Mais les critiques tiennent également à connaissances, la formation, les matériels dans le monde a organisé deux réunions un autre facteur, qui est la manière dont et équipements et la modélisation devront de fonctionnaires de haut niveaux les pays les moins avancés considèrent les s’améliorer ; des spécialistes de ces chargés des PANA en Afrique et en Asie : PANA qu’ils ont préparés. questions venant des milieux universitaires une à Bangkok, en octobre 2008, et une Faiblesse du soutien financier : Le coût et de la société civile pourraient fournir à Johannesburg, en novembre 2008. total de l’ensemble des projets qualifiés certaines de ces capacités. Ces réunions ont dressé un tableau plus d’urgents dans les 38 PANA s’élève à moins complexe et ont permis d’établir que de 2 milliards de dollars. Malgré ce faible Source : Équipe chargée du Rapport sur le certaines critiques étaient injustifiées. coût, le soutien financier accordé est resté développement dans le monde. Le renforcement de la responsabilité du gouvernement en matière climatique au ENCADRÉ 8.9 Royaume-Uni La restructuration et la mise en place du carbone dans l’ensemble de l’économie. prélèvements d’eau et la réduction de dispositif institutionnel d’action dans le l’intensité de CO2 dans l’économie du • désigné l’organisme chef de file chargé domaine climatique au Royaume-Uni pays. du changement climatique, qui est le se sont accompagnées de mesures qui Department of Energy and Climate • constitué un comité chargé des ques- obligent les autorités à être davantage Change. tions relatives au changement clima- comptable de leurs résultats. En effet, le tique sous la forme d’un organisme Royaume-Uni a : • établi de manière officielle, par le Public consultatif d’experts indépendants sus- • adopté un projet de loi établissant un Sector Agreement 27, l’obligation du ceptible de recommander aux autorités fondement légal pour les cibles offi- Department of Energy and Climate des moyens d’atteindre leurs cibles. Ce cielles d’émissions de CO2 au Royaume- Change de rendre compte au Trésor comité présente des rapports annuels Uni à court, moyen et long termes, par des résultats concernant divers objec- au Parlement et le gouvernement est le biais de bilans carbone quinquennaux tifs de l’action publique, et il a fixé des tenu d’y répondre de manière officielle. définissant des niveaux annuels d’émis- échéances pour mesurer les progrès Le comité fournira tous les cinq ans une sions acceptables. Trois bilans couvrant accomplis au plan de la mise en œuvre. évaluation détaillée des progrès du pays une période de 15 ans seront en vigueur Ces cibles comprennent des mesures en direction de ses cibles à long terme. à tout moment, qui permettront de spécifiques visant la réduction des replacer dans une optique à moyen émissions totales du Royaume-Uni, Source : Équipe chargée du Rapport sur le terme l’évolution des émissions de l’augmentation du niveau durable des développement dans le monde. RapportMonde_LIVRE2.indb 335 16/09/10 12:40 336 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E C’est probablement pour ces raisons que les collectivités l’atteinte des cibles. Les mesures directives comprennent les locales devancent souvent les administrations nationales lois nationales prescrivant aux collectivités locales d’élabo- lorsqu’il s’agit de mener une action climatique. Comme rer des plans stratégiques dans les secteurs pertinents ou des indiqué au chapitre 2, les niveaux régional et local sont régimes de réglementation conçus pour rendre les fonction- souvent plus propices à la conception et la mise en œuvre naires locaux comptables devant l’administration centrale, de mesures d’adaptation dans l’agriculture, la planification comme dans le cas de l’aménagement du territoire. de l’infrastructure, la formation et la gestion de l’eau. Mais les collectivités locales peuvent également donner l’exemple Envisager la stratégie climatique d’un point de dans le domaine de l’atténuation. Divers États situées sur les vue politique côtes américaines, par exemple, ont élaboré des stratégies et Les politiques publiques et leurs résultats sont façonnés par cibles avec leurs responsables locaux avant de s’associer pour la vigueur, la densité et le rôle de la société civile ; la culture tester des marchés du carbone régionaux (encadré 8.10). administrative et les lois de finances ; ainsi que les facteurs Plusieurs villes du monde se sont dotées de leurs propres influençant l’articulation et l’organisation des intérêts poli- plans d’action et stratégies climatiques, en adoptant les tiques60. Les combustibles fossiles, outre qu’ils alimentent cibles de Kyoto pour compenser l’inaction des administra- les économies des pays développés et en développement, tions nationales et en participant activement à des initia- présentent également une importance particulière pour tives urbaines nationales et internationales comme le réseau certains groupes d’intérêts spéciaux qui orientent leurs C40 des plus grandes villes du monde engagées dans la lutte politiques. Dans de nombreux pays en développement, contre le changement climatique. le carbone non seulement n’est pas tarifé, il est également L’importance du rôle des administrations locales prône subventionné (voir chapitre 4). À la fin de 2007, près d’un en faveur de l’inclusion de ces administrations dans la cinquième des pays subventionnait l’essence et légèrement politique climatique. La décentralisation de la politique plus d’un tiers le gazole. Plus des deux tiers des pays à climatique présente des avantages et des inconvénients, et revenu faible ou intermédiaire (tranche inférieure) subven- l’ampleur et l’envergure optimales de cette décentralisa- tionnaient le kérosène61. Les pays dotés de vastes secteurs tion dépendent du contexte59. Les administrations locales énergétiques reposant sur les combustibles fossiles sont se heurtent aux mêmes contraintes que les administrations manifestement réfractaires au changement62. Il s’ensuit que, centrales et, généralement, dans une plus large mesure. à l’échelle mondiale, les sources et facteurs à l’origine des Au niveau local, la politique climatique relève habituelle- émissions de carbone sont souvent liés à la légitimité poli- ment d’un service de l’environnement, qui se heurte à des tique des gouvernements. problèmes d’intégration et de coordination. Les adminis- Chaque système politique présente des avantages et des trations infranationales disposent souvent de ressources et inconvénients pour la lutte contre le changement clima- de compétences insuffisantes et ont un pouvoir budgétaire tique. Prenons la démocratie. Les faits montrent clairement moindre qui les empêche d’avoir recours aux écotaxes. Bien que les démocraties obtiennent de meilleurs résultats que les qu’elles soient proches des citoyens, les collectivités locales autocraties dans le domaine environnemental63. Les libertés ont rarement la même légitimité que les administrations politiques améliorent la performance environnementale, en nationales, en raison du faible taux de participation aux particulier dans les pays les plus pauvres64. Il existe un lien élections locales et de leurs mandats électoraux ou capaci- entre une plus grande liberté civile et la qualité de l’air ou de tés d’action limités. La dévolution de la politique climatique l’eau, notamment une concentration moindre de dioxyde de s’en trouve compliquée d’autant. soufre et de particules dans l’air et de coliformes et d’oxy- Pour améliorer la collaboration verticale, les administra- gène dissous dans l’eau65. Les démocraties sont davantage tions nationales peuvent prendre des mesures habilitantes, susceptibles d’adhérer à des régimes et traités environne- financières et directives. Les mesures habilitantes compren- mentaux internationaux, qu’elles ratifient généralement nent le transfert de connaissances et de pratiques optimales. plus vite, et elles ont prouvé qu’elles pouvaient résoudre des Les initiatives d’établissement de références en matière problèmes touchant au patrimoine commun de l’humanité, de concurrence et les prix récompensant les collectivités tels que l’appauvrissement de la couche d’ozone66. locales les plus performantes revêtent un intérêt particu- Toutefois, le bilan des démocraties est parfois meilleur lier à cet égard ; l’indice provincial de compétitivité utilisé en termes de résultats (signature d’engagements inter- au Viet Nam est un bon exemple de ce type de référence au nationaux) que de réalisations (réductions effectives des niveau infranational. Les mesures financières comprennent émissions), comme dans le cas de Kyoto67. À l’instar des les accords axés sur les performances conclus dans le cadre consommateurs et des électeurs, les démocraties sont plus du secteur public, qui établissent un lien entre, d’une part, facilement prêtes à s’engager à résoudre un problème qu’à l’octroi de financements et, d’autre part, le nombre d’habi- le résoudre vraiment, et la « lacune verte » des compor- tants et la couverture géographique de l’autorité mais aussi tements des consommateurs se retrouve au niveau des RapportMonde_LIVRE2.indb 336 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 337 ENCADRÉ 8.10 Le fédéralisme vert et la politique du changement climatique Les juridictions infranationales des systèmes environnementales menées à l’initiative des un apprentissage novateurs au niveau fédéralistes sont de longue date considérées administrations infranationalesb. infranationalc. Les critiques du fédéralisme comme des laboratoires d’essai et de Les tenants du fédéralisme vert font valoir, vert citent les risques de fuites de carbone réforme des politiquesa. Les administrations notamment, l’aptitude des administrations ainsi que l’intérêt pour les entreprises des États d’une fédération, de même que locales à adapter les stratégies en fonction de s’installer dans des juridictions moins les administrations provinciales et locales de leurs ressources et caractéristiques strictes. Ce processus est souvent qualifié ont obtenu des résultats plus ou moins démographiques uniques, ainsi que la de course au nivellement par le bas car positifs en ce qui concerne l’efficacité et la possibilité de prendre les commandes il nuit à la qualité de l’environnement et productivité des politiques de « fédéralisme de politiques nationales plus lentes se traduit par une offre insuffisante de vert », c’est-à-dire les politiques en procédant à des expériences et à services et de biens publicsd. Le fédéralisme vert aux États-Unis : l’action menée au niveau des États et des régions Initiatives régionales concernant Observateur de l’accord MRGRA les gaz à effet de serre (RGGI) Registre climatique Initiative climatique de l’Ouest (WCI) Observateur de l’Iniatitive RGGI Registre climatique + déclaration obligatoire Observateur de l’Initiative WCI Accord de la région centre-ouest Programme de plafonnement et Registres volontaires indépendants sur la réduction des GES (MRGRA) d’échange instauré par un État RapportMonde_LIVRE2.indb 337 16/09/10 12:40 338 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E ENCADRÉ 8.10 Le fédéralisme vert et la politique du changement climatique (suite) Toutefois, le fédéralisme vert a donné des plans d’atténuation et d’adaptation ou ont se sont fixés pour 2020, les émissions résultats prometteurs dans le domaine adopté des normes standard relatives aux nationales des États-Unis pourraient, à cet climatique. Les États-Unis en fournissent sources d’énergie renouvelables ainsi que horizon, se stabiliser au niveau de 2010g. l’un des plus clairs exemples (voir carte). des objectifs de réduction des émissions. Malgré la décision de l’administration Les villes et municipalités ont également fédérale de ne pas ratifier le Protocole mis en place des programmes détaillés Source : Les actions des États sont suivies par de Kyoto, et en l’absence de politique d’audit et de planification de mesures Pew Center on Global Climate Change (www. fédérale sur le changement climatique, climatiques, en fixant leurs propres pewclimate.org). les gouvernements infranationaux ont objectifs de réduction des émissions. a. Osborne 1988. montré l’exemplee. De nombreuses Ces actions produisent, globalement, b. Oats et Portney 2003. régions sont dotées de programmes d’importantes réductions et d’aucuns c. Lutsey et Sperling 2008. de suivi des émissions de gaz à effet de prétendent qu’elles ont entraîné une d. Kunce et Shogren 2005. serre, de registres ainsi que d’objectifs de course au nivellement par le hautf. Si les e. Rabe 2002. réduction de ces émissions. Des douzaines quelques États dotés de cibles d’émissions f. Rabe 2006. d’États ont élaboré et mis en œuvre des fermes atteignent les objectifs qu’ils g. Lutsey et Sperling 2008. gouvernements dont les paroles ne sont pas toujours concré- manière préventive. Les décideurs sont donc incités à négli- tisées par des actes (figure 8.7) 68. Il y a plusieurs raisons à ger la prévention et la préparation, qui ne leur rapportent pas cela. Malgré la prise de conscience croissante du change- de votes. Et la réalisation par les décideurs que les secours ment climatique par le public, les politiciens continuent de en cas de catastrophe ont des meilleures retombées poli- craindre que leurs électeurs seront moins favorables à l’ac- tiques que la préparation clôt le cycle du risque moral. Cette tion climatique lorsqu’ils seront personnellement touchés assertion est loin d’être purement théorique. Si les coûts des par les coûts directs et visibles qu’elle entraîne (taxes sur catastrophes ont considérablement augmenté, c’est en partie le carbone et l’énergie, augmentation des prix, perte d’em- parce que les pouvoirs publics ont compris que l’indem- plois) 69. Cela pourrait expliquer pourquoi il est plus difficile nisation des groupes et zones frappés par des phénomènes de réduire les émissions en imposant des restrictions limi- météorologiques graves a d’excellentes retombées électo- tant les choix individuels. Il est politiquement plus délicat rales73. Cette prise de conscience entrave la réorientation de de prendre des mesures affectant les décisions en matière de l’action publique tout en renforçant les mauvaises politiques. mobilité que de viser les centrales électriques70. L’assurance récolte fournie par l’État réduit la motivation des En termes politiques, l’action climatique se heurte à une agriculteurs à éviter les dégâts dus aux intempéries. La pers- « limite de proximité ». L’être humain a tendance à s’at- pective d’obtenir des secours en cas de catastrophe incite les taquer en priorité aux sujets de préoccupation visibles et populations et les administrations locales à compter sur une directs, ce qui se traduit par un parti pris politique favori- indemnisation plutôt qu’à prendre des mesures préventives74. sant la résolution de problèmes environnementaux locaux Les réformes climatiques ont besoin d’un soutien poli- (infrastructures d’assainissement, qualité de l’air et de l’eau, tique. Toute réorientation de l’action publique suscite risques associés aux rejets toxiques et protection des habi- généralement une résistance, surtout lorsqu’elle entraîne tats locaux) aux dépens des problèmes transfrontières (perte des coûts visibles pour des acteurs nombreux et divers. La de biodiversité, surpêche, changement climatique, etc.)71. politique climatique est un excellent exemple car ses coûts La limite de proximité a également une dimension tempo- seront évidents pour divers groupes économiques et pour relle. Les problèmes de longue haleine, en particulier ceux l’ensemble de la population. Le soutien public à la politique concernant les biens publics, sont difficiles à résoudre et le climatique peut être renforcé de diverses manières. changement climatique ne fait pas exception à la règle72. Les problèmes intergénérationnels nécessitent des cadres d’ac- Adopter des interventions ayant le soutien du plus grand tion à long terme incompatibles avec les échéanciers gouver- nombre possible des (principaux) acteurs politiques nementaux et les cycles électoraux. Concevoir des politiques présentant des avantages connexes. Lorsque les causes politiques n’ont pas de public pour Les pays qui respectent leurs obligations internationales en les défendre, la myopie qui s’ensuit peut produire des effets matière d’environnement sont généralement motivés par pervers. La gestion des risques de catastrophe montre que des raisons locales : pollution atmosphérique, dégradation des mesures d’adaptation classiques peuvent échouer parce de la qualité de l’eau, menaces environnementales directes que le public (ou les électeurs) ne pense généralement pas de et visibles75. Les individus contribuent aux biens collectifs RapportMonde_LIVRE2.indb 338 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 339 Figure 8.7 Le bilan des démocraties est meilleur en termes de résultats que de réalisations Résultats : politiques, lois et accords internationaux 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1 2 3 4 5 6 7 Indices de démocratie Réalisations : réduction des émissions 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1 2 3 4 5 6 7 Indices de démocratie Source : Bättig et Bernauer 2009. Note : Un résultat est un indice de comportement coopératif en matière de politique du changement climatique et couvre la ratification d’accords, la présentation d’informations et le financement ; cet indice prend une valeur comprise entre 0 et 1, qui augmente avec le degré de coopération. Une réalisation est un indice de comportement coopératif en matière de politique du changement climatique et couvre l’évolution et les niveaux des émissions ; cet indice prend une valeur comprise entre 0 et 1, qui augmente avec le degré de coopération. Political Rights Index de Freedom House est une mesure de la démocratie qui prend en compte le degré de liberté du processus électoral, le pluralisme et la parti- cipation politiques et le fonctionnement des administrations publiques. Freedom House évalue les droits politiques sur une échelle de 1 à 7, où 1 représente les pays les plus libres et 7 les moins libres. L’échelle figurant sur cette figure a toutefois été inversée et les valeurs élevées correspondent à un niveau élevé de démocratie. Les données représentent les moyennes de la période 1990-2005. La figure montre qu’il existe une relation positive entre le résultat et le niveau de démocratie, tel que représenté par l’indice des droits politiques de Freedom House ; le résultat des pays démocratiques est généralement meilleur. En revanche, aucune relation significative n’a pu être établie entre le niveau de démocratie et les réalisations climatiques sous la forme de réduction des émissions (mesurée par la réduction des émissions en 2003 par rapport aux niveaux de 1990). plus facilement lorsqu’ils peuvent percevoir un avantage tion climatique en termes d’objectifs et d’avantages locaux, direct. La recherche active d’objectifs et d’avantages qui se privés et à court terme, tels que la sécurité énergétique, le recoupent devrait être au cœur d’une politique climatique rendement énergétique, la santé publique, la lutte contre la politiquement durable76. Les politiques de développement pollution et la réduction des risques de catastrophes. intelligentes sur le plan climatique ne portent pas nécessai- Viser les principaux groupes intéressés. Les avantages rement sur le climat, et diverses actions peuvent remédier connexes de la politique climatique peuvent permettre de aux compromis (apparents) entre développement écono- convaincre les groupes d’intérêt qui y sont opposés. C’est le mique et action climatique. Le défi consiste à formuler l’ac- cas, par exemple, sur le marché du travail. Lorsque l’effet à RapportMonde_LIVRE2.indb 339 16/09/10 12:40 340 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E court terme de la politique climatique sur l’emploi est néga- réduire les retombées politiques négatives. Outre le recen- tif, il importe d’exposer clairement les avantages compensa- sement des avantages connexes, les politiques consensuelles toires que cette politique peut avoir pour la main-d’œuvre comprennent la mise en place de systèmes consultatifs et de organisée. Il peut être possible de gagner la bonne volonté régimes volontaires qui lient les principaux acteurs, dont les des syndicats en leur montrant qu’une économie à faible groupes industriels, aux principes de la politique climatique. intensité de carbone nécessite une main-d’œuvre plus Les systèmes politiques consultatifs semblent être les plus importante qu’une économie classique ; que les économies efficaces en matière de politique environnementale77. d’énergie peuvent se traduire par une augmentation des dépenses à fort coefficient de main-d’œuvre ; que l’investis- Augmenter l’adhésion du public aux réformes sement dans le développement et le déploiement de la tech- Rechercher l’équité, l’impartialité et l’inclusion. L’aversion nologie peut créer des emplois ; et que les recettes des taxes d’un décideur pour l’iniquité est une question d’éthique et sur l’énergie peuvent compenser les prélèvements fiscaux sur de politique, car la redistribution entraîne généralement des la main-d’œuvre et ainsi augmenter la demande de travail. retombées politiques, positives ou négatives selon la réac- Il est important de déterminer avec le plus grand soin si les tion des électeurs. Le public est plus susceptible d’accepter politiques peuvent sembler exagérément favorables à un la réorientation de l’action publique s’il estime qu’elle s’at- groupe ou à un autre. Le soutien à la politique climatique taque à un problème grave et que les coûts et avantages qui est fort parmi les groupes qui voient un débouché dans une en résulteront seront équitablement répartis. Il convient économie à faible intensité de carbone tandis que les indus- donc de concevoir des politiques climatiques progressistes tries établies y restent opposées. L’exemption de permis et équitables faisant intervenir des mesures compensatoires d’émissions des entreprises déjà en place est souvent citée transparentes à l’intention des plus démunis. Les politiques comme une mesure stratégique visant à obtenir le soutien à budgétaires vertes peuvent être progressistes et contribuer long terme de la communauté des affaires, mais ce système largement à promouvoir l’équité78. Le recyclage des revenus suscite également la résistance du public (encadré 8.11). d’une taxe sur le carbone ou des permis d’émission vendus S’appuyer sur des processus et des instruments consen- aux enchères peut financer des réductions d’impôts et stimu- suels. L’obtention de l’accord préalable des principales ler l’économie. L’affectation spéciale des revenus des permis parties intéressées concernant des mesures spécifiques peut et taxes sur le carbone à des systèmes de protection sociale peut augmenter l’acceptation des réformes de tarification de l’énergie. Dans plusieurs pays européens, les recettes issues de prélèvements fiscaux sur les polluants atmosphériques, Mobiliser le soutien au ENCADRÉ 8.11 les déchets dangereux et les produits chimiques toxiques mécanisme de plafonnement et d’échange permettent de réduire les impôts sur le revenu et les contri- butions à la sécurité sociale. L’Union européenne a récemment mis en place un système d’échange de droits d’émissions pour satisfaire à ses Montrer l’exemple. Les responsables de l’action publique obligations aux termes du Protocole de Kyoto. Ce système peuvent définir des normes sociales en modifiant le compor- présente de nombreuses caractéristiques intéressantes. L’une tement des administrations publiques. L’écologisation de de ses particularités est que les pays de l’UE doivent accorder gratuitement des crédits aux entreprises, malgré les rentes ces dernières peut jouer un important rôle de communica- procurés par ces crédits, qui peuvent être considérables, et tion tout en fournissant des avantages immédiats en matière les gains économiques pouvant manifestement être générés de réduction des émissions et de promotion de la recherche par leur vente aux enchères. Cette règle et la reconnaissance et de l’investissement dans de nouvelles technologies. Les implicite des importantes rentes générées par les crédits autorités devraient aussi, dans la mesure du possible, appor- expliquent en partie pourquoi le mécanisme d’attribution ne ter des modifications à divers instruments, notamment dans couvre que des périodes de cinq ans. le cadre des marchés publics, pour privilégier une perspec- L’objectif est d’éviter que la création et la collecte de rentes ne sacrifient trop de richesses. Mais les énormes avantages qui tive écologique. en découlent pour les gros pollueurs ont attiré l’attention des médias et suscité l’hostilité du public. Ce système quinquennal Utiliser les catastrophes naturelles liées au climat à des fins a également créé un cadre incitatif allant à l’encontre du but pédagogiques. Les catastrophes peuvent servir de cata- recherché, en encourageant l’adoption d’un comportement lyseurs et permettre une rapide réorientation de l’action stratégique pour influencer la prochaine règle d’attribution, et publique, mais l’occasion doit généralement être saisie sans a été mal reçu par les entreprises désirant entrer sur le marché. tarder79. La vague de chaleur qui s’est abattue sur l’Europe en Source : Équipe chargée du Rapport sur le développement dans le 2003, l’ouragan Katrina qui a frappé les États-Unis en 2005 monde. et les incendies qui ont ravagé l’Australie en 2009 ont attiré l’attention sur le changement climatique. De tels événements RapportMonde_LIVRE2.indb 340 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 341 permettent aux pouvoirs publics de prendre des mesures qui de ces groupes, dont l’objectif est de contrôler ou de détour- seraient impopulaires en temps normal80. La reconstruction ner les politiques climatiques, comprennent le renforcement à la suite de catastrophes naturelles offre également l’occa- du pluralisme politique. Les impacts d’un tel renforcement sion de rompre avec les anciennes pratiques et de bâtir des sur la réorientation de l’action publique peuvent être divers communautés et des sociétés plus résistantes. et variés. Un grand nombre d’objecteurs ayant un pouvoir de véto peut entraîner la paralysie des politiques84. Mais le Augmenter l’acceptabilité des politiques. L’adoption pluralisme politique limite généralement les manœuvres rapide et soudaine de mesures par les autorités nationales de couloir et la corruption en donnant la parole aux inté- peut permettre de déjouer les manœuvres des groupes dési- rêts divergents85. Les intérêts écologiques ont prévalu sur rant maintenir le statu quo, et de créer un sentiment d’inévi- les intérêts commerciaux qui ont essayé de freiner l’austé- tabilité si la dynamique est maintenue81. Mais une démarche rité des politiques environnementales dans les domaines graduelle peut également augmenter l’acceptabilité des poli- de l’innocuité des produits alimentaires, des normes stan- tiques, car leur réorientation progressive attire généralement dards relatives aux sources d’énergie renouvelables et de la moins l’attention et suscite une résistance moindre. Ceci réglementation des déchets86. Le pluralisme politique peut pourrait expliquer pourquoi les grandes économies ont mis également promouvoir des alliances d’intérêts écologiques du temps à commencer à réduire leurs émissions. Des chan- et commerciaux qui deviennent des facteurs de changement. gements progressifs et de portée restreinte peuvent établir un cadre propice à des modifications ultérieures plus impor- Promouvoir la transparence. Une présentation claire tantes. La prévisibilité, c’est-à-dire la définition de l’orienta- du coût de l’énergie et de ses composants (production, tion à long terme de l’action gouvernementale, permet aux importations, subventions à la distribution et taxes) peut parties prenantes (publiques et privées) de recenser les inci- contribuer à apporter un soutien à la réforme des marchés tations nécessaires pour réorienter leurs activités82. énergétiques. Dans le domaine de l’atténuation, la présenta- tion du surcoût du carbone en termes relatifs constitue l’un Améliorer la communication. Des stratégies de commu- des principaux avantages de la déclaration transparente du nication bien conçues peuvent contribuer à l’évolution des coût de l’énergie. Cette transparence a contribué tout parti- comportements mais également mobiliser un soutien poli- culièrement à faire prendre conscience au public du coût des tique aux réformes. Les campagnes d’information du public subventions énergétiques, à évaluer les compromis et à iden- ont fortement contribué au succès des réformes des subven- tifier les gagnants et les perdants. Certains pays sont dotés de tions, même lorsque les groupes bénéficiant des subventions systèmes de déclaration des subventions destinés à améliorer étaient mieux organisés et plus puissants que les bénéficiaires la compréhension par le public de leurs coûts et avantages87. des réformes (consommateurs et contribuables). La commu- nication devrait avoir pour objet de combler les lacunes des Créer des obstacles à l’abandon des politiques. La mise connaissances et de répondre à l’opposition rationnelle aux en place de mécanismes et de modalités politiques et réformes. La démystification d’une partie des perceptions institutionnels peut éviter que l’action sur le changement négatives et injustifiées des politiques climatiques peut par climatique ne soit transférée des générations actuelles aux exemple réduire l’incertitude et l’opposition. Les études générations futures en créant des obstacles à l’abandon des menées en ce domaine montrent que les craintes d’une course politiques climatiques. De tels mécanismes ou modalités au nivellement par le bas et de perte de capacité concurren- pourraient inclure des amendements constitutionnels et tielle sont exagérées et que l’investissement dans des nouvelles des lois sur le changement climatique88. Mais ils pourraient technologies vertes peut entraîner le développement de également donner lieu à la création d’institutions indépen- marchés pour des biens et services environnementaux83. De dantes ayant une perspective à plus long terme, à l’instar des même, les écotaxes seront mieux acceptées par le public s’il institutions monétaires qui luttent contre l’inflation. est démontré à ce dernier qu’elles ne constituent pas simple- ment une source de recettes publiques mais sont également Le développement intelligent sur le plan un moyen déterminant de modifier les comportements. climatique commence chez soi La recherche de ripostes appropriées au changement clima- Aborder les déficiences structurelles des systèmes tique a longtemps été guidée par la nécessité d’un accord politiques international – d’une solution mondiale réelle. Bien qu’im- Renforcer le pluralisme politique. Les groupes de pres- portant, un accord international ne répond toutefois que sion, notamment ceux qui craignent que les politiques partiellement au problème. Si le changement climatique climatiques ne nuisent à leurs entreprises ou industries, représente indiscutablement un échec du marché mondial, pourraient avoir intérêt à limiter la portée et l’impact des il est fonction de causes et d’effets définis à l’échelle locale et politiques climatiques. Les mesures visant à réduire l’activité modifié par des circonstances spécifiques au contexte local. RapportMonde_LIVRE2.indb 341 16/09/10 12:40 342 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Cela signifie que la politique climatique (couvrant l’atté- être trouvées à l’intérieur des frontières nationales, par le nuation et l’adaptation) a des déterminants locaux. Une étude biais d’avantages concentrés au niveau local tels que l’amé- portant sur l’adoption de normes standards relatives aux lioration de la qualité de l’air, le transfert de technologie et la sources d’énergie renouvelables réalisée dans l’ensemble des sécurité énergétique. États-Unis a montré que le libéralisme politique, le potentiel L’action climatique est déjà engagée. Les pays ne montrent des énergies renouvelables et les concentrations de polluants pas tous la même détermination et affichent des résultats atmosphériques locaux sont autant de facteurs qui augmen- différents en ce qui concerne la réduction de leurs émis- tent la probabilité qu’un État adopte ce type de normes. En sions. Les petits pays, qui en théorie pourraient être incités revanche, l’intensité de carbone a tendance à faire baisser à profiter du système sans y adhérer, compte tenu de leur cette probabilité89. Les régimes internationaux influencent rôle négligeable dans la réduction des émissions mondiales, les politiques nationales, mais l’inverse est également vrai. ont à ce jour pris des mesures plus énergiques que les prin- Le comportement d’un pays en ce qui concerne l’élabora- cipaux pays responsables. Dans certains pays, les mesures tion, le respect et la mise en œuvre d’un accord climatique infranationales et celles prises par les pouvoirs publics dépend des incitations nationales. Les normes politiques, locaux influencent déjà la politique nationale et la position les structures institutionnelles et les groupes d’intérêts des pays sur la scène internationale. Enfin, le secteur privé influencent l’intégration des normes internationales dans montre que les vieilles pratiques peuvent céder la place à de le dialogue politique interne et les actions nationales, tout nouvelles perspectives (encadré 8.12). en influant sur le régime international en dictant les actions L’inertie institutionnelle qui entrave la politique clima- nationales90. La richesse d’un pays, son panier énergétique et tique ne pourra être vaincue que grâce à une modification ses préférences économiques – pour une intervention déter- profonde de l’interprétation de l’information et de la prise minée par l’État ou le libre jeu des forces du marché – façon- de décision. Diverses actions peuvent être prises à l’inté- neront la politique d’atténuation. Les traditions culturelles rieur des frontières par les administrations nationales et et politiques s’ajoutent aux considérations économiques et infranationales ainsi que par le secteur privé, les médias et administratives lorsqu’il s’agit de choisir entre l’imposition la communauté scientifique. Bien que la mise en place d’un de taxes ou l’adoption d’un mécanisme de plafonnement et régime climatique international efficace soit une préoccupa- d’échange. Et, en l’absence de mécanisme international, les tion justifiée, elle ne devrait pas encourager l’attentisme, qui incitations à respecter les engagements mondiaux doivent ne peut que renforcer l’inertie et entraver la riposte. ENCADRÉ 8.12 Les pratiques du secteur privé évoluent même en l’absence de législation nationale Les acteurs du secteur privé ont renforcé produisant d’importantes émissions de gaz de l’industrie à modifier leurs pratiques. leurs actions visant la réduction des à effet de serre et plusieurs organisations En mars 2009, l’association des assureurs émissions de gaz à effet de serre, même non gouvernementales, a présenté un américains a été la toute première à dans les pays qui ne sont pas dotés de plan unifié en vue d’une action législative prescrire à ses membres d’évaluer les lois-cadres sur le changement climatique. fédérale demandant la réduction de 80 % risques climatiques pesant sur les sociétés Un nombre croissant d’entreprises se fixe des niveaux d’émissions de 2005 d’ici 2050. qu’ils assurent et de divulguer leurs plans des cibles d’émissions et des normes de Business Roundtable, une association de gestion de ces risques. Ces derniers déclaration non obligatoires. En 2008, de grandes sociétés américaines, a comprennent les risques directs posés par un nombre record de résolutions sur le élaboré une stratégie pour améliorer la les impacts du changement climatique et changement climatique (57) a été présenté conservation, l’efficacité et la production les risques indirects posés par les actions aux conseils d’administration d’entreprises énergétique nationales d’ici 2025. Prince visant l’atténuation du changement américaines, soit deux fois plus que of Wales International Business Leaders climatique. De même, le secteur des cinq ans auparavant. Ces mesures ont Forum, une organisation indépendante au placements financiers s’apprête à renforcer en moyenne été appuyées par 23 % des service de plus de 100 sociétés comptant la divulgation des risques climatiques actionnaires, un autre record. parmi les plus grandes à l’échelle associés aux sociétés cotées en bourse Les entreprises à forte intensité de carbone mondiale, a lancé le programme Business tout en encourageant les investissements ont également uni leurs forces pour and the Environment en reconnaissance intelligents sur le plan climatique. examiner des stratégies d’atténuation de l’impact du changement climatique du changement climatique. Début 2009, sur les opérations et responsabilités des U.S. Climate Action Partnership, qui entreprises. Source : Équipe chargée du Rapport sur le regroupe plus d’une vingtaine de sociétés Cette campagne incite des pans entiers développement dans le monde. RapportMonde_LIVRE2.indb 342 16/09/10 12:40 Surmonter les inerties dans les comportements et les institutions 343 Notes 39 Cialdini et Goldstein 2004 ; Griskevicius 2007 1 North 1990 40 A. 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Sur la Lune, Mars ou Vénus ? Mais nous savons que notre Terre est la plus belle planète de toutes. Je veux continuer de vivre dans ce lieu merveilleux, avec ses oiseaux qui gazouillent, ses fleurs parfumées, ses montagnes vertes et ses icebergs bleus. Alors, je vous demande à tous de travailler ensemble pour conserver la beauté de la Terre mère. Aidez-moi à bâtir un monde meilleur. » — Giselle Lau Ching Yue, Chine, 9 ans RapportMonde_LIVRE2.indb 343 16/09/10 12:40 344 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 78 Ekins et Dresner 2004 Birkland, T. A., Lessons from Disaster: Policy Change after 79 Birkland 2006 Catastrophic Events, Georgetown University Press, Washington, 2006. 80 Compston et Bailey 2008 Bostrom, A., M. G. Morgan, B. Fischhoff et D. Read, « What Do 81 Kerr 2006 People Know about Global Climate Change? 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Karmorh, George Kasali, Roy Katayama, taires et de leurs apports à Shardul Agrawala, Montek Andrzej K˛edziora, Michael Keen, Kieran Kelleher, Claudia Singh Ahluwalia, Nilufar Ahmad, Kulsum Ahmed, Sadiq Kemfert, Karin E. Kemper, Qaiser Khan, Euster Kibona, Ahmed, Ahmad Ahsan, Ulrika Åkesson, Mehdi Akhlaghi, Richard Klein, Masami Kojima, Auguste Tano Kouamé, Jarl Mozaharul Alam, Vahid Alavian, Harold Alderman, Sara Krausing, Holger A. Kray, Alice Kuegler, Norman Kuring, Amiri, David Anderson, Simon Anderson, Ken Andrasko, Yevgeny Kuznetsov, Christina Lakatos, Julian A. Lampietti, Juliano Assunçao, Giles Atkinson, Varadan Atur, Jessica Perpetua Latasi, Judith Layzer, Danny Leipziger, Robert Ayers, Abdulhamid Azad, Sushenjit Bandyopadhyay, Ian Lempert, Darius Lilaoonwala, James A. Listorti, Feng Liu, Bannon, Ellysar Baroudy, Rhona Barr, Scott Barrett, Wim Bertrand Loiseau, Laszlo Lovei, Magda Lovei, Susanna Bastiaanssen, Daniel Benitez, Craig Bennett, Anthony Lundstrom, Kathleen Mackinnon, Marília Magalhães, Bigio, Yvan Biot, Jeppe Bjerg, Brian Blankespoor, Melinda Olivier Mahul, Ton Manders, McKinsey & Company (Jeremy Bohannon, Jan Bojo, Benoît Bosquet, Aziz Bouzaher, Oppenheim, Jens Dinkel, Per-Anders Enkvist, and Biniam Richard Bradley, Milan Brahmbhatt, Carter Brandon, Gebre), Marília Telma Manjate, Michael Mann, Sergio Gernot Brodnig, Marjory-Anne Bromhead, Andrew Burns, Margulis, Will Martin, Ursula Martinez, Michel Matera, J. Anil Cabraal, Duncan Callaway, Simon Caney, Karan M. Mauskar, Siobhan McInerney-Lankford, Robin Mearns, Capoor, Jean-Christophe Carret, Rafaello Cervigni, Rita Malte Meinshausen, Abel Mejía, Stephen Mink, Rogerio de E. Cestti, Muyeye Chambwera, Vandana Chandra, David Miranda, Lucio Monari, Paul Moreno López, Roger Morier, Chapman, Joelle Chassard, Flávia Chein Feres, Ashwini Richard Moss, Valerie Müller, Robert Muir-Wood, Enrique Chhatre, Kenneth Chomitz, David A. Cieslikowski, Murgueitio Restrepo, Siobhan Murray, Everhart Nangoma, Hugh Compston, Luis Constantino, Jonathan Coony, Mudit Narain, John Nash, Vikram Nehru, Dan Nepstad, Charles Cormier, Christophe Crepin, Richard Damania, Michele de Nevers, Ken Newcombe, Brian Ngo, Carlo del Stephen Danyo, Michael Davis, Melissa Dell, Shantayanan Ninno, Andy Norton, Frank Nutter, Erika Odendaal, Ellen Devarajan, Charles E. Di Leva, William J. Dick, Simeon Olafsen, Ben Olken, Sanjay Pahuja, Alessandro Palmieri, Djankov, Carola Donner, Diletta Doretti, Krystel Dossou, Gajanand Pathmanathan, Nicolas Perrin, Chris Perry, Navroz Dubash, Hari Bansha Dulal, Mark Dutz, Jane Djordjija Petkoski, Tanyathon Phetmanee, Henry Pollack, Olga Ebinger, M. Willem van Eeghen, Nada Eissa, Siri Joanna Post, Neeraj Prasad, Tovondriaka Rakotobe, Nithya Eriksen, Antonio Estache, James Warren Evans, Mandy Ramanathan, V. Ramanathan, Nicola Ranger, Dilip Ratha, Ewing, Pablo Fajnzylber, Charles Feinstein, Gene Feldman, Keywan Riahi, Richard Richels, Brian Ricketts, Jeff Ritchie, Erick C. M. Fernandes, Daryl Fields, Christiana Figueres, Konrad von Ritter, David Rogers, Mattia Romani, Joyashree Cyprian F. Fisiy, Ariel Fiszbein, Richard Fix, Paolo Frankl, Roy, Eduardo Paes Saboia, Claudia Sadoff, Salman Salman, Vicente Fretes Cibils, Alan Gelb, Francis Ghesquiere, Dolf Jamil Salmi, Klas Sandler, Apurva Sanghi, Shyam Saran, Gielen, Indermit S. Gill, Habiba Gitay, Barry Gold, Itzhak Ashok Sarkar, John Scanlon, Hartwig Schäfer, Imme Scholz, Goldberg, Jan von der Goltz, Bernard E. Gomez, Arturo Sebastian Scholz, Claudia Sepúlveda, Diwesh Sharan, Bernard Gomez Pompas, Christophe de Gouvello, Chandrasekar Sheahan, Susan Shen, Xiaoyu Shi, Jas Singh, Emmanuel Govindarajalu, Margaret Grosh, Michael Grubb, Arnulf Skoufias, Leopold Some, Richard Spencer, Frank Sperling, Grübler, José Luis Guasch, Eugene Gurenko, Stéphane Sir Nicholas Stern, Thomas Sterner, Andre Stochniol, Rachel Hallegatte, Tracy Hart, Marea Eleni Hatziolos, Johannes Strader, Charlotte Streck, Ashok Subramanian, Vivek Suri, Heister, Rasmus Heltberg, Fernando L. Hernandez, Jason Joanna Syroka, Mark Tadross, Patrice Talla Takoukam, Hill, Ron Hoffer, Daniel Hoornweg, Chris Hope, Nicholas Robert P. Taylor, Dipti Thapa, Augusto de la Torre, Jorge E. Howard, Rafael de Hoyos, Veronika Huber, Vijay Iyer, Uquillas Rodas, Maria Vagliasindi, Hector Valdes, Rowena Michael Friis Jensen, Peter Johansen, Todd Johnson, Torkil A. Valmonte-Santos, Trond Vedeld, Victor Vergara, Walter RapportMonde_LIVRE2.indb 347 16/09/10 12:40 348 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Vergara, Tamsin Vernon, Juergen Voegele, Paul Waide, Foa, Roberto, « Social and Governance Dimensions of Alfred Jay Watkins, Kevin Watkins, Charlene Watson, Sam Climate Change: Implications for Policy ». Wedderburn, Bill Westermeyer, David Wheeler, Johannes Hallegatte, Stéphane, Patrice Dumas et Jean-Charles Woelcke, Henning Wuester, Winston Yu, Shahid Yusuf, N. Hourcade, « A note on the economic cost of climate change Robert Zagha, Sumaya Ahmed Zakieldeen et Jürgen Zattler. and the rationale to limit it below 2°K ». Nous tenons à exprimer notre reconnaissance à ceux Hourcade, Jean-Charles et Franck Nadaud, « Long-run qui, partout dans le monde, ont participé aux consultations Energy Forecasting in Retrospect ». et nous ont fait part de leurs commentaires. Nous tenons Irwin, Tim, « Implications for Climate-change Policy of aussi à remercier les blogueurs hôtes et les personnes qui ont Research on Cooperation in Social Dilemmas ». formulé des commentaires sur notre blog « Development in Liverani, Andrea, « Climate Change and Individual a Changing Climate ». Behavior: Considerations for Policy ». Nous avons également reçu un appui précieux de Gytis MacCracken, Mike, « Beyond Mitigation: Potential Kanchas, Polly Means, Nacer Mohamed Megherbi, Swati Options for Counter-Balancing the Climatic and Mishra, Prianka Nandy, Rosita Najmi, et Kaye Schultz. Anita Environmental Consequences of the Rising Concentrations Gordon, Merrell J. Tuck-Primdahl et Kavita Watsa ont aidé of Greenhouse Gases ». l’équipe dans le cadre des consultations et de la diffusion. Meadowcroft, James, « Climate Change Governance ». En dépit de tous nos efforts pour n’oublier personne, il Mechler, Reinhard, Stefan Hochrainer, Georg Pflug, se peut que nous ayons omis par inadvertance le nom de Keith Williges et Alexander Lotsch, « Assessing Financial certains de ceux qui nous ont aidés. Nous tenons à nous Vulnerability to Climate-Related Natural Hazards ». en excuser et à réaffirmer notre reconnaissance envers tous Norgaard, Kari, « Cognitive and Behavioral Challenges ceux qui ont apporté leur contribution à la préparation du in Responding to Climate Change ». présent rapport. Ostrom, Elinor, « A Polycentric Approach for Coping Les auteurs du rapport se sont appuyés sur une large with Climate Change ». gamme de documents de la Banque mondiale et sur de Ranger, Nicola, Robert Muir-Wood et Satya Priya, nombreuses sources extérieures. Les documents de réfé- « Assessing Extreme Climate Hazards and Options for Risk rence préparés expressément pour le Rapport sont dispo- Mitigation and Adaptation in the Developing World ». nibles sur le web, à l’adresse www.worldbank.org/wdr2010 Shalizi, Zmarak et Franck Lecocq, « Climate Change and ou peuvent être obtenus auprès du bureau du Rapport sur the Economics of Targeted Mitigation in Sectors with Long- le développement dans le monde. Les opinions exprimés lived Capital Stock ». dans ces documents ne sont pas nécessairement celles de Strand, Jon, « ‘Revenue Management’ Effects of Climate la Banque mondiale ou celles qui sont représentées dans le Policy-Related Financial Flows ». présent rapport. Thornton, Philip, « The Inter-linkages between Rapid Growth in Livestock Production, Climate Change, and the Documents de référence Impacts on Water Resources, Land Use, and Deforestation ». Atkinson, Giles, Kirk Hamilton, Giovanni Ruta et Watson, Charlene et Samuel Fankhauser, « The Clean Dominique van der Mensbrugghe, « Trade in ‘Virtual Development Mechanism: Too Flexible to Produce Carbon’: Empirical Results and Implications for Policy ». Sustainable Development Benefits? » Barnett, Jon et Michael Webber, « Accommodating Migration to Promote Adaptation to Climate Change ». Notes de référence Benitez, Daniel, Ricardo Fuentes Nieva, Tomas Serebrisky Benitez, Daniel et Natsuko Toba, « Transactional Costs et Quentin Wodon, « Assessing the Impact of Climate and Marginal Abatement Costs », « Review of Energy Change Policies in Infrastructure Service Delivery: A Note Efficiency Policies », « Promoting Energy Efficiency: Issues on Affordability and Access ». and Lessons Learned ». Brown, Casey, Robyn Meeks, Yonas Ghile et Kenneth Beringer, Tim et Wolfgang Lucht, « Second Generation Hunu, « An Empirical Analysis of the Effects of Climate Bioenergy Potential ». Variables on National Level Economic Growth ». Estache, Antonio, « Public Private Partnerships for Climate Caney, Simon, « Ethics and Climate Change ». Change Investments: Learning from the Infrastructure PPP Dubash, Navroz, « Climate Change Through a Experience ». Development Lens ». Estache, Antonio, « What Do We Know Collectively Figueres, Christiana et Charlotte Streck, « Great about the Need to Deal with Climate Change? ». Expectations: Enhanced Financial Mechanisms for Post- Estache, Antonio, « How Should the Nexus between 2012 Mitigation ». Economic and Environmental Regulation Work for Infrastructure Services? ». RapportMonde_LIVRE2.indb 348 16/09/10 12:40 Note bibliographique 349 Füssel, Hans-Martin, « Review and Quantitative Analysis Imam, Bisher, « Waters of the World ». of Indices of Climate Change Exposure, Adaptive Capacity, Lotze-Campen, Hermann, Alexander Popp, Jan Philipp Sensitivity, and Impacts ». 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RapportMonde_LIVRE2.indb 349 16/09/10 12:40 Glossaire Adaptation : Ajustement des systèmes naturels ou des fournir une protection à l’assuré lorsque l’indice atteint des systèmes humains en réponse à des stimuli climatiques valeurs qui sont tellement élevée ou tellement faibles qu’elles présents ou futurs ou à leurs effets, afin d’atténuer les effets devraient se traduire par des pertes de récolte. L’indemnité néfastes ou d’exploiter des opportunités bénéfiques. On est calculée sur la base de la somme prédéterminée par unité distingue divers types d’adaptation, notamment l’adapta- de l’indice (par exemple USD/millimètre de pluie). tion anticipée et réactive, l’adaptation autonome et planifiée Atténuation : Intervention anthropique pour réduire les et l’adaptation publique et privée. émissions ou renforcer les puits de gaz à effet de serre. Additionalité : Dans le contexte du Mécanisme pour un Bien public : Bien présentant la double caractéristique de développement propre (MDP), il y a additionalité si les émis- non-exclusion (il est impossible d’empêcher quiconque sions de carbone générées par un projet ont pour contre- d’en profiter) et de non-rivalité (les avantages qu’en tire une partie des réductions d’émission additionnelles à celles qui personne ne diminue nullement les avantages que peuvent se produiraient en l’absence des incitations financières et en tirer d’autres personnes). L’atténuation du changement techniques du mécanisme MDP. Le niveau des émissions climatique est un exemple de bien public : il serait en effet qu’aurait produites une activité en l’absence d’un projet du impossible d’empêcher un individu ou un État de jouir MDP est le niveau de référence par rapport auquel l’addi- des avantages de la stabilisation du climat, et les avantages tionalité est mesurée. La création et la vente de contrepar- procurés par cette stabilisation du climat à un individu ne ties d’émissions de carbone provenant d’un projet MDP ne réduit en rien les avantages que d’autres personnes peuvent produisant pas d’additionalité peut entraîner un accroisse- en tirer. ment des émissions dans l’atmosphère par rapport aux émis- sions qui auraient été enregistrées si l’acquéreur potentiel de Biocombustible : Combustible obtenu à partir de matière la contrepartie avait, en fait, réduit ses propres émissions, organique sèche ou d’huiles combustibles d’origine végé- sur son territoire. tale. L’alcool, la boue noire résultant du processus de fabri- cation du papier, le bois et l’huile de soja sont des exemples Anthropique : Directement causé par l’activité humaine. de biocombustibles. Biocombustibles de la deuxième généra- Par exemple, la combustion de combustibles fossiles pour tion : produits comme l’éthanol et le biodiesel obtenus par produire de l’énergie entraîne des émissions de GES anthro- l’application de processus chimiques ou biologiques à des piques, tandis que la décomposition naturelle de la végéta- matières ligneuses. tion est source d’émissions non anthropiques. Biodiversité : Variété de toutes les formes de vie, notamment Apprentissage social : Processus par lequel une personne des gènes, des populations, des espèces et des écosystèmes. apprend un nouveau comportement par suite d’un renforce- ment direct ou d’une punition, ou bien en observant d’autres Boisement : Plantation de nouvelles forêts sur des terres qui intervenants sociaux dans leur environnement. Lorsqu’une n’en ont jamais été couvertes ou ne l’ont pas été récemment. personne note que le comportement particulier d’autres Capacité d’adaptation : Capacité d’ajustement d’un système individus produit des résultats positifs et souhaitables, elle face aux changements climatiques (y compris à la variabilité est davantage encline à prendre ce comportement comme climatique et aux extrêmes climatiques) afin d’exploiter les modèle, à le reproduire et à l’adopter. opportunités, d’atténuer les effets potentiels ou de faire face Assurance climatique basée sur un indice : Assurance aux conséquences. donnant lieu au versement d’une indemnité lorsque l’indice Capacité de survie : Capacité des êtres humains, des orga- retenu pour un paramètre météorologique déterminé atteint nisations et des systèmes à faire face à des conditions défa- des valeurs préétablies, sur une période de temps égale- vorables, des situations d’urgence ou des catastrophes et à ment préétablie, dans une station météorologique particu- gérer ces dernières avec les compétences et les ressources lière. Le produit d’assurance peut être conçu de manière à RapportMonde_LIVRE2.indb 351 16/09/10 12:40 352 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E disponibles. Il s’agit de la capacité immédiate de riposte à un de descente d’échelle statistique utilise des relations statis- phénomène, tandis que la capacité d’adaptation est la capa- tiques entre les variables atmosphériques à grande échelle et cité de procéder à long terme à des changements systémiques les variables climatiques locales et régionales. pour réduire l’impact du changement climatique. Dioxyde de carbone (CO2) : Gaz qui se produit naturelle- Coefficient de Gini : coefficient couramment employé pour ment et qui est également le produit dérivé de la combus- mesurer le degré d’inégalité de la répartition des revenus ou tion de combustibles fossiles (gisements de carbone fossile, du patrimoine, dont la valeur est comprise entre 0 (égalité comme le pétrole, le gaz et le charbon), de la combustion de totale) et 1. la biomasse, de changements d’affectation des terres et de plusieurs processus industriels. C’est le principal gaz à effet Complémentarité : Le Protocole de Kyoto dispose que les de serre anthropique qui influe sur le bilan radiatif de la échanges de droits d’émission et les activités de mise en terre. Il sert de référence pour la mesure d’autres gaz à effet œuvre conjointe doivent venir en complément des mesures de serre et il a donc un potentiel de réchauffement mondial prises au niveau national (telles que l’imposition de taxes de 1. sur l’énergie, de normes de rendement énergétique) par les pays développés pour réduire leur émissions de GES. Droits de la propriété intellectuelle : Droits de propriété Conformément aux termes de certaines des définitions reconnus par la loi sur les créations artistiques et commer- proposées pour la complémentarité, les pays développés ciales, notamment les brevets relatifs aux nouvelles techno- pourraient être tenus de réaliser sur leur propre territoire logies, et les domaines juridiques correspondants. une proportion déterminée des réductions d’émission qu’ils Eau virtuelle : Quantité d’eau directement ou indirecte- ont pour objectif. Ce point doit faire fera l’objet de plus ment consommée dans le cadre de la production d’un bien amples débats et être précisé par les parties. ou d’un service. Convention-cadre des Nations Unies sur les changements Empreinte carbone : Quantité d’émissions de carbone climatiques (CCNUCC) : Convention adoptée en mai 1992 associée à une activité particulière ou à l’ensemble des acti- qui a pour objectif ultime de « stabiliser les concentrations vités d’une personne ou d’une organisation. Il est possible de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui de mesurer l’empreinte carbone de nombreuses manières, empêche toute perturbation anthropique dangereuse du notamment en considérant les émissions indirectes générées système climatique ». tout au long de la chaîne de production des intrants d’une Coûts de transaction : Coûts associés à l’échange de biens activité. et services qui viennent s’ajouter au coût monétaire ou au Entraînement par le marché : Allocation de ressources à prix des biens et services échangés. Il s’agit, par exemple, des la recherche et au développement (R-D) en fonction de la coûts de recherche et d’information ou des coûts de contrôle demande de produits et services sur le marché, et non pour et d’application des règlements. des motifs d’intérêt scientifique ou par suite de décisions de Dégradation des forêts : Réduction de la biomasse forestière l’État. par suite de pratiques forestières ou d’utilisation des terres Équivalent-CO2 (CO2e) : Manière d’exprimer la quantité non durables, telles que coupes d’arbres, brûlis et autres d’un mélange de différents gaz à effet de serre. À volume perturbations anthropiques. égal, les différents gaz à effet de serre contribuent dans une Dépollution / voir atténuation mesure différente au réchauffement planétaire ; par exemple, l’émission d’une quantité donnée de méthane dans l’atmos- Dérivé climatique : Instrument financier employé pour phère a un effet de réchauffement environ 20 fois plus élevé réduire le risque lié à des conditions météorologiques défa- que l’émission de la même quantité de dioxyde de carbone. vorables, par exemple, en donnant lieu au versement d’une CO2e représente la quantité d’un mélange de gaz à effet de indemnité si un phénomène météorologique déterminé se serre équivalent à la quantité de CO2 qui produirait le même produit (tel qu’un mois d’août inhabituellement froid ou réchauffement que le mélange de gaz. Les émissions (flux) chaud). comme les concentrations (stocks) de gaz à effet de serre Descente d’échelle : Méthode permettant de tirer des infor- peuvent être exprimées en CO2e. Il est également possible mations à l’échelle locale ou régionale (10 à 100 km) de d’exprimer une quantité de gaz à effet de serre en son équi- modèles de projections climatiques ou d’analyses de données valent carbone en multipliant la quantité de CO2e par 12/44. à plus grande échelle (200 km et plus). Le processus de Évaluation des risques : Méthode standardisée couvrant descente d’échelle dynamique consiste à utiliser les modèles l’identification, la quantification, la réduction et l’atténua- à haute résolution établis pour une région particulière dans tion des risques. le contexte d’un modèle global à grande échelle ; le processus RapportMonde_LIVRE2.indb 352 16/09/10 12:40 Glossaire 353 Évaluation intégrée : Méthode d’analyse qui combine les du soleil et à fertiliser les océans avec du fer pour accroître la résultats et les modèles des sciences physiques, biologiques, fi xation de CO2 par des algues. économiques et sociales, et les interactions entre ces compo- Gestion évolutive : Processus systématique suivi pour santes en un cadre cohérent afin de permettre l’établis- améliorer continuellement les politiques et les pratiques de sement de projections des conséquences du changement gestion en tirant les enseignements de l’application des poli- climatique et des actions publiques qui peuvent être menées tiques et pratiques antérieures dans le cadre d’une démarche pour y faire face. clairement expérimentale. Évapotranspiration : Phase importante du cycle de l’eau qui Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du combine l’évaporation de la surface de la terre (de sources climat (GIEC) : Constitué en 1988 par l’Organisation météo- telles que le sol et les masses d’eau) et de la transpiration rologique mondiale et le Programme des Nations Unies de la végétation (perte d’eau par les plantes par évaporation, pour l’environnement, le GIEC évalue les études scienti- essentiellement au niveau des feuilles). fiques et techniques mondiales et publie des rapports d’éva- Fertilisation par le dioxyde de carbone : luation qui, de l’avis général, sont les sources d’information les plus crédibles sur le changement climatique. Le GIEC Amélioration de la croissance des végétaux à la suite de l’aug- prépare aussi des méthodologies et répond à des demandes mentation de la concentration atmosphérique de dioxyde précises des organes subsidiaires de la Convention-cadre des de carbone (CO2). Selon leur processus de photosynthèse, Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). certains types de plantes sont plus sensibles aux change- Le GIEC est indépendant de la CCNUCC. ments de la concentration atmosphérique de CO2. Incertitude : Expression de la mesure dans laquelle une Filet de sécurité : Mécanisme conçu pour protéger les indi- valeur (l’état futur du système climatique, par exemple) est vidus de l’impact de chocs dus, par exemple, à des inonda- inconnue. L’incertitude peut être due à un manque d’in- tions, à la sécheresse, au chômage, à la maladie ou au décès formations ou à un désaccord sur ce qui est connu, voire du soutien de famille. sur ce qui peut être connu. Elle peut avoir des origines Fonction de dommage : Dans le contexte du changement diverses, depuis des erreurs quantifiables au niveau des climatique, cette fonction décrit la relation entre les modi- données jusqu’à des projections incertaines du comporte- fications du climat et la réduction de la production ou de la ment humain. L’incertitude peut donc être représentée par consommation, ou encore la perte d’actifs (qui pourraient des mesures quantitatives, par exemple, une fourchette de inclure la santé des écosystèmes ou la santé des populations). valeurs calculées par divers modèles, ou par des énoncés qualitatifs, reflétant l’opinion d’un groupe d’experts. En Fonds d’adaptation : Le Fonds d’adaptation a été constitué économie, toutefois, l’incertitude s’entend de l’incertitude pour financer des projets et des programmes d’adaptation knightienne, qui est incommensurable ; elle diffère donc du concrets dans les pays en développement qui sont Parties au risque dans le cas duquel la réalisation de certains évène- Protocole de Kyoto. Le Fonds est financé par une partie des ments est associée à une distribution de probabilité qui peut ressources du Mécanisme de développement propre (MDP) être connue. ainsi que des fonds d’autres sources. Innovation : Création, assimilation ou exploitation d’un Fuite : Dans le contexte du changement climatique, produit ou service, méthode ou processus nouvellement processus par lequel les émissions augmentent à l’extérieur conçu ou ayant fait l’objet d’améliorations notables. de la zone couverte par un projet d’atténuation par suite des activités de réduction des émissions à l’intérieur de ladite Institutions : Structures et mécanismes d’ordre social et zone, ce qui a pour effet de réduire l’efficacité du projet. de coopération régissant le comportement d’un ensemble d’individus. Gaz à effet de serre (GES) : Tout gaz de l’atmosphère qui entraîne un changement climatique en retenant la chaleur Intensité de carbone : De manière générale, quantité du soleil dans l’atmosphère de la Terre et donc, en causant de carbone ou de CO2 émise par unité de PIB dans une un effet de serre. Les gaz à effet de serre les plus courants économie. Il peut s’agir de la quantité de carbone émise par sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde unité d’activité, par exemple, la production brute ou la valeur d’azote (N2O), l’ozone (O3), et la vapeur d’eau (H2O). ajoutée d’une entreprise particulière, ou bien de la quantité de carbone émise par unité d’énergie ou de combustible Géo-ingénierie : Application de moyens d’ingénierie à consommée. grande échelle à l’environnement pour lutter contre les effets du changement climatique ou pour contrer ces effets. Les Mauvaise adaptation : Activités ou actions qui augmentent mesures proposées consistent, notamment, à injecter des la vulnérabilité au changement climatique. particules dans la haute atmosphère pour refléter la lumière RapportMonde_LIVRE2.indb 353 16/09/10 12:40 354 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Mécanisme de plafonnement et d’échange : Démarche réservoirs tels que de nouvelles forêts, le sol ou des réservoirs faisant appel à la fois au marché et à la réglementation souterrains. Les méthodes biologiques de piégeage consistent pour maîtriser les émissions polluantes. Une limite globale à éliminer le CO2 de l’atmosphère pour le stocker dans des (plafond) est fi xée pour les émissions pendant une période matières organiques par les changements d’affectation des de temps déterminée, et les différentes parties reçoivent terres, le boisement, le reboisement, le stockage de carbone des per mis (par a l location directe ou par voie d’enchères) dans des décharges et des pratiques agricoles qui augmen- qui leur donnent, sur le plan juridique, le droit d’avoir des tent le carbone présent dans le sol. émissions polluantes à hauteur de la quantité établie par Piégeage et stockage de carbone (PSC) : Processus consis- les permis qu’ils détiennent. Lesdites parties sont libres tant à séparer le CO2 de ses sources industrielles ou énergé- d’échanger leurs permis d’émissions, les échanges corres- tiques, à le transporter dans un lieu de stockage et à l’isoler pondants pouvant être sources de gains si le coût marginal de l’atmosphère sur le long terme. d’atténuation de la pollution est différent selon les parties. Plan d’action de Bali : Plan sur deux ans lancé à la Conférence Mécanisme pour un développement propre (MDP) : des Nations Unies sur les changements climatiques tenue en Mécanisme établi dans le cadre du Protocole de Kyoto par 2007 à Bali (Indonésie) dans le but de négocier une action l’intermédiaire duquel les pays développés peuvent financer concertée à long terme au-delà de 2010 et de par venir d ’un des projets de réduction ou d’élimination d’émissions de gaz commun accord à un résultat au Danemark à la fin de 2009. à effet de serre dans des pays en développement, en échange Le plan comporte quatre grands axes : atténuation, adapta- de quoi ils reçoivent des crédits qu’ils peuvent utiliser pour tion, financement et technologie. remplir leurs engagements concernant le respect des limites imposées à leurs propres émissions. Le MDP permet de Prélèvement net d’eau : Quantité d’eau extraite des poursuivre des projets de réduction des émissions de gaz à ressources disponibles qui n’est pas rejetée dans un système effet de serre dans des pays signataires du Protocole pour de ressources en eau (par exemple, quantité d’eau utilisée lesquels aucun objectif d’émission n’a été établi. dans le cadre d’activités manufacturières ou agricoles et de la préparation d’aliments qui n’est pas renvoyée dans un Mesures doublement (triplement) bénéfiques : Dans le circuit, une rivière ou une station d’épuration). présent rapport, mesures propices à l’adaptation et à l’atté- nuation (et au développement). Principe de précaution : Principe selon lequel, en l’absence de certitude scientifique qu’une action ou une politique ne Normes sociales : Valeurs implicites ou explicites, croyances causera pas de perturbation grave ou irréversible, c’est à ceux et règles adoptées par un groupe pour assurer l’autorégle- qui prônent ladite action ou ladite politique qu’il appar- mentation des comportements par le biais de pressions par tient d’en fournir la preuve. Dans la Convention-cadre des les pairs ; critères sur la base desquels les individus déter- Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), minent si un comportement est acceptable ou inacceptable. l’Article 3 stipule, notamment, qu’il incombe aux Parties de Parties visées à l’Annexe I : Groupe constitué par les pays prendre des mesures de précaution pour prévoir, prévenir industrialisés qui étaient membres de l’OCDE (Organisation ou atténuer les causes des changements climatiques et en de coopération et de développement économiques) en 1992 limiter les effets néfastes. Quand il y a risque de perturba- et par des économies en transition (Parties en transition), tions graves ou irréversibles, l’absence de certitude scien- notamment la Fédération de Russie, les États baltes et tifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour différer plusieurs pays d’Europe de l’Est et d’Europe centrale. Les l’adoption de telles mesures, étant entendu que les politiques membres de ce groupe se sont engagés à limiter leurs émis- et mesures qu’appellent les changements climatiques requiè- sions de gaz à effet de serre. Parties non visées à l’Annexe I : rent un bon rapport coût-efficacité, de manière à garantir groupe constitué principalement de pays en développement des avantages globaux au coût le plus bas possible. qui n’ont pas pris un tel engagement mais qui, en revanche, Principe pollueur-payeur : Principe relevant du droit de reconnaissent qu’ils ont pour obligation générale d’élaborer l’environnement selon lequel le pollueur doit assumer le et de mettre en œuvre des programmes d’action nationaux à coût de la pollution. Le pollueur doit ainsi assumer le coût des fins d’atténuation et d’adaptation. des mesures de prévention et de lutte contre la pollution. Période de retour : Durée séparant les occurrences d’un Prise de décision robuste : Face aux incertitudes, choix non phénomène particulier. pas de la mesure ou de la politique qui serait optimale dans Perte de bien-être collectif : Coût qui n’a pour contrepartie le monde tel qu’il se présentera probablement à l’avenir, aucun avantage. mais de la mesure ou de la politique qui serait acceptable dans toute une gamme de conditions futures possibles. Ce Piégeage : Dans le contexte climatique, processus consistant processus de prise de décision donne lieu à l’évaluation des à enlever le carbone de l’atmosphère et à le stocker dans des RapportMonde_LIVRE2.indb 354 16/09/10 12:40 Glossaire 355 options considérées pour déterminer comment minimiser structure fondamentale et les mêmes manières de fonc- les regrets dans le cadre de différents modèles, hypothèses tionner, capacité d’auto-organisation, et capacité d’adapta- et fonctions de pertes considérés, et non pas maximiser les tion au stress et au changement. rendements dans le contexte d’un avenir unique probable. Rétroaction positive : Mécanisme par lequel une variable Projet « sans regrets » : Dans le contexte du changement d’un système déclenche des changements au niveau d’une climatique, projet ayant des avantages nets sur le plan social deuxième variable qui, à son tour, influe sur la variable et/ou économique, qu’il ait ou non un impact sur le climat initiale : une rétroaction positive renforce l’effet initial, et ou que le climat ait ou non un impact sur le projet. une rétroaction négative le réduit. Programmes d’action nationaux pour l’adaptation Scénarios du RSSE : Séries de descriptions ou de canevas de (PANA) : Documents préparés par les pays les moins avancés conditions futures utilisées dans les modèles concernant le (PMA) identifiant les activités à mener pour répondre aux changement climatiques établis pour le GIEC. Ces scénarios besoins urgents et immédiats d’adaptation au changement servent à établir des projections des émissions futures sur climatique. la base d’hypothèses relatives à l’évolution démographique, technologique et sociétale. Quatre familles de scénarios Protection sociale : Ensemble d’interventions publiques forment l’ensemble des scénarios du RSSE : A1, A2, B1 et B2. ayant pour objet de fournir un appui aux membres les plus A1 décrit un monde futur dans lequel la croissance écono- pauvres et les plus vulnérables de la société, et d’aider les mique sera très rapide, la population mondiale atteindra un individus, les familles et les communautés à gérer le risque. maximum au milieu du siècle pour décliner ensuite et de Ces interventions peuvent revêtir la forme de programmes nouvelles technologies plus efficaces seront introduites rapi- d’assurance chômage, de garantie de ressources, et de dement. A2 décrit un monde très hétérogène un accroisse- services sociaux. ment continu de la population mondiale. Le développement Protocole de Kyoto : Accord lié à la Convention-cadre des économique a une orientation principalement régionale, et Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) la croissance économique par habitant et l’évolution tech- adopté en 1997 à Kyoto (Japon) par les parties à la CCNUCC. nologique sont plus fragmentées et plus lentes que dans Le Protocole contient des engagements de réduction des les autres canevas. B1 décrit un monde convergent avec la émissions de gaz à effet de serre par les pays développés qui même population mondiale culminant au milieu du siècle et ont force obligatoire. déclinant ensuite, comme dans le canevas A1, mais avec des changements rapides dans les structures économiques vers Puits de carbone : Tout processus, activité ou mécanisme qui une économie de services et d’information, avec des réduc- élimine du dioxyde de carbone de l’atmosphère. Les forêts et tions dans l’intensité des matériaux et l’introduction de autres types de végétation sont considérés comme des puits technologies propres et utilisant les ressources de manière car ils éliminent le dioxyde de carbone par photosynthèse. efficiente. Enfin, B2 décrit un monde où l’accent est placé sur RDD-D : Recherche, développement, démonstration et des solutions locales dans le sens de la viabilité économique, déploiement de nouvelles méthodes, technologies, matériels sociale et environnementale. La population mondiale s’ac- et produits. croît de manière continue mais à un rythme plus faible que dans A2, il y a des niveaux intermédiaires de développement Réassurance : Transfert d’une partie des risques d’assurance économique. primaire à des assureurs secondaires (réassureurs) ; fonda- mentalement « assurance pour assureurs ». Sensibilité du climat : Changements de la température moyenne mondiale à la surface à la suite d’un doublement Reboisement: Plantation de forêts sur des terres qui ont de la concentration de CO2e atmosphérique. Paramètre autrefois contenu des forêts mais qui ont été transformées essentiel à l’utilisation des projections des émissions pour en vue d’une autre affectation. établir des projections de réchauffement et, par conséquent, Réduction des émissions dues au déboisement et à la des impacts. dégradation des forêts (REDD) : REDD est une initiative Services des écosystèmes : Processus ou fonctions des caractérisée par un ensemble d’actions visant à réduire les écosystèmes qui ont une valeur pour les individus ou pour émissions de gaz à effet de serre au niveau des terres boisées. la société, par exemple la fourniture de produits alimen- Les incitations financières du programme REDD pourraient taires, la purification de l’eau et des opportunités d’activités être un élément de l’action publique menée face au change- récréatives.Seuil : Dans le contexte du changement clima- ment climatique. tique, niveau au dessus duquel des changements soudains ou Résistance : Aptitude d’un système social ou écologique rapides se produisent. à absorber des perturbations tout en maintenant la même RapportMonde_LIVRE2.indb 355 16/09/10 12:40 356 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Solaire photovoltaïque : Domaine des technologies et de scientifiques et technologiques sont accessibles à une plus la recherche portant sur la conversion directe de la lumière large gamme d’utilisateurs. solaire, notamment les radiations ultraviolettes, en électri- Unités de quantité attribuées (UQA) : Volume total des gaz à cité ; technologie employée pour créer et utiliser les cellules effet de serre – mesuré en tonnes de CO2e – que chaque pays solaires qui composent les panneaux solaires. visé à l’Annexe I est autorisé à émettre durant la première Stationnarité : Idée que les systèmes naturels fluctuent à phase du Protocole de Kyoto. l’intérieur d’une enveloppe constante de variabilité définie Utilisation des terres, changement d’affectation des terres par la gamme des expériences antérieures. et foresterie (UTCAFT) : Ensemble d’activités comprenant Stimulation par la technologie : Allocation de ressources l’utilisation des terres, le changement d’affectation des terres de R-D essentiellement pour des raisons d’intérêt purement et les activités de foresterie dues à l’homme qui entraînent scientifique et non en réponse à la demande du marché. l’émission et l’élimination de gaz à effet de serre de l’atmos- phère. Catégorie utilisée pour les rapports sur les inventaires Système d’alerte avancée : Mécanisme permettant de générer de gaz à effet de serre. et de diffuser en temps opportun des avertissements perti- nents pour permettre aux individus, aux communautés et Verrouillage d’émissions de carbone : Actions qui perpé- aux organisations menacées par un risque de se préparer et de tuent un niveau d’émissions de carbone donné. Par prendre les dispositions nécessaires suffisamment à l’avance exemple, l’expansion des réseaux routiers et autoroutiers pour réduire la possibilité d’impacts négatifs ou de pertes. a généralement pour effet de verrouiller des émissions de carbone provenant de la consommation de combustible Taux d’actualisation : Taux d’arbitrage entre la consomma- fossiles pendant plusieurs dizaines d’années à moins que tion ou le bien-être au moment présent et la consommation des mesures compensatoires ne soient prises pour limiter la ou le bien-être à une date future des individus ou des entre- consommation de carburant ou l’utilisation de véhicules. prises ; il est généralement exprimé en pourcentage. Vulnérabilité (climatique) : Mesure dans laquelle un Taxe verte : Taxe ayant pour objet d’accroître la qualité système risque de subir ou d’être affecté négativement par de l’environnement en imposant les actions qui lui sont les effets néfastes des changements climatiques, y compris la nuisibles. variabilité climatique et les phénomènes extrêmes. La vulné- Transfert de technologies : Processus d’échange de compé- rabilité dépend du caractère, de l’ampleur, et du rythme des tences, de connaissances, de technologies et de procédés changements climatiques auxquels un système est exposé, de fabrication ayant pour objet d’assurer que les avancées ainsi que de sa sensibilité, et de sa capacité d’adaptation. RapportMonde_LIVRE2.indb 356 16/09/10 12:40 Grands indicateurs Tableau A1 Émissions de sources énergétiques et intensité de carbone Tableau A2 Émissions d’origine terrestre Tableau A3 Approvisionnement total en énergie primaire Tableau A4 Catastrophes naturelles Tableau A5 Terres, eau et agriculture Tableau A6 Patrimoine des Nations Tableau A7 Innovation, recherche et développement Sources et définitions Grands indicateurs du développement dans le monde Introduction Classification des économies par région et par niveau de revenu, Ex. 10 Tableau 1 Principaux indicateurs du développement Tableau 2 Pauvreté Tableau 3 Objectifs de développement pour le Millénaire : Éradiquer la pauvreté et améliorer les conditions de vie Tableau 4 Activité économique Tableau 5 Commerce, aide et flux financiers Tableau 6 Principaux indicateurs pour les autres économies Notes techniques RapportMonde_LIVRE2.indb 357 16/09/10 12:40 358 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau A1 Émissions énergétiques et intensité carbone Émissions de gaz autres Émissions de dioxyde de carbone (CO2) que le CO2 (CH4, N2O) Intensité carbone Porportion du Émissions total annuel cumulées Total annuel Variation Par habitant mondial depuis 1850 Total annuel Énergie Revenu Tonnes Tonnes Tonnes d’équivalent- Tonnes de CO 2 par tonne Tonnes de CO2 par millier (millions) % Tonnes % (milliards) CO 2 (millions) d’équivalent pétrole de $ du PIB 1990 2005 1990–2005 a 1990 2005 2005 1850–2005 1990 2005 1990 2005 1990 2005 Afrique du Sud 255 331 29,9 7,2 7,1 1,25 14,1 10,6 12,5 2,79 2,59 0,93 0,93 Algérie 68 91 33,3 2,7 2,8 0,34 2,8 9,6 15,5 2,86 2,63 0,44 0,39 Allemagne 968 814 –15,9 12,2 9,9 3,06 117,8c 47,8 28,9 2,72 2,36 0,49 0,32 Arabie Saoudite 169 320 89,6 10,3 13,8 1,21 7,4 2,3 3,9 2,75 2,28 0,54 0,65 Argentine 105 142 35,3 3,2 3,7 0,54 5,6 10,0 19,1 2,28 2,24 0,43 0,34 Australie 260 377 45,0 15,2 18,5 1,42 12,5 27,5 38,8 2,97 3,12 0,65 0,58 Autriche 58 77 33,6 7,5 9,4 0,29 4,3 1,4 1,4 2,31 2,27 0,28 0,28 Bélarus 108 61 –43,8 10,6 6,2 0,23 4,0 2,9 3,3 2,55 2,26 1,65 0,73 Belgique 109 112 2,7 10,9 10,7 0,42 10,4 2,8 2,4 2,19 1,81 0,44 0,34 Brésil 195 334 70,8 1,3 1,8 1,26 8,8 10,9 14,7 1,40 1,54 0,18 0,21 Bulgarie 75 46 –38,7 8,6 6,0 0,17 3,0 6,0 4,8 2,61 2,30 1,13 0,64 Canada 433 552 27,5 15,6 17,1 2,08 23,8 41,0 57,8 2,07 2,02 0,58 0,49 Chili 32 59 81,7 2,5 3,6 0,22 1,8 2,4 3,4 2,30 1,99 0,37 0,30 Chine 2 211 5 060 128,9 1,9 3,9 19,06 94,3 192,9 218,7 2,56 2,94 1,77 0,95 Colombie 45 61 34,0 1,4 1,4 0,23 2,2 5,1 7,1 1,83 2,12 0,26 0,23 Corée, Rép. dém de 114 73 –35,5 5,6 3,1 0,28 5,9e 26,9 27,3 3,43 3,42 .. .. Corée, Rép. de 227 449 97,6 5,3 9,3 1,69 9,0e 6,6 7,7 2,43 2,11 0,50 0,44 Danemark 51 48 –5,9 9,9 8,8 0,18 3,4 0,9 1,6 2,84 2,43 0,39 0,26 Égypte, Rép. arabe d’ 81 149 83,3 1,5 2,0 0,56 3,2 8,5 16,0 2,54 2,43 0,45 0,45 Émirats arabes unis 52 112 114,1 28,0 27,3 0,42 2,2 20,1 40,0 2,26 2,45 0,60 0,57 Espagne 208 342 64,7 5,3 7,9 1,29 10,0 5,3 6,6 2,28 2,36 0,27 0,29 États-Unis 4 874 5 841 19,9 19,5 19,7 22,00 324,9 298,8 242,8 2,53 2,49 0,61 0,47 Finlande 55 55 0,7 11,0 10,6 0,21 2,3 1,4 1,8 1,92 1,61 0,47 0,35 France 355 388 9,3 6,3 6,4 1,46 31,7 16,3 13,2 1,56 1,41 0,25 0,21 Grèce 71 96 35,6 6,9 8,6 0,36 2,6 4,6 5,8 3,18 3,08 0,34 0,29 Hongrie 71 58 –18,3 6,8 5,7 0,22 4,1 6,0 5,4 2,47 2,07 0,55 0,34 Inde 597 1 149 92,6 0,7 1,1 4,33 28,6 53,1 89,2 1,87 2,14 0,58 0,47 Indonésie 151 349 131,7 0,8 1,6 1,31 6,8 41,2 58,8 1,46 1,98 0,41 0,49 Irak 61 99 62,0 3,3 3,5 0,37 2,2 4,1 3,3 3,21 3,31 .. .. Iran, Rép. islamique d’ 178 431 142,3 3,3 6,2 1,62 8,6 24,4 64,9 2,58 2,73 0,52 0,67 Irlande 31 44 41,7 8,8 10,5 0,16 1,6 1,3 1,8 3,00 2,89 0,50 0,28 Israël 34 60 78,3 7,2 8,6 0,23 1,5 0,2 0,4 2,77 2,83 0,41 0,38 Italie 398 454 14,0 7,0 7,7 1,71 17,9 16,8 18,5 2,69 2,44 0,30 0,28 Japon 1 058 1 214 14,8 8,6 9,5 4,57 46,1 10,0 7,1 2,38 2,30 0,33 0,31 Kazakhstan 233 155 –33,6 14,3 10,2 0,58 9,9d 28,8 13,2 3,17 2,73 2,01 1,17 Koweït 27 76 184,0 12,7 30,1 0,29 1,6 5,4 9,1 3,36 2,71 .. 0,67 Libye 37 47 28,8 8,4 7,9 0,18 1,3 .. .. 3,16 2,65 .. 0,63 Malaisie 52 138 163,9 2,9 5,4 0,52 2,7e .. .. 2,24 2,09 0,43 0,46 Maroc 20 41 111,2 0,8 1,4 0,16 0,9 .. .. 2,72 3,08 0,29 0,39 Mexique 293 393 33,9 3,5 3,8 1,48 12,5 47,9 86,1 2,38 2,22 0,38 0,33 Nigeria 68 97 43,0 0,7 0,7 0,36 2,3 25,8 66,2 0,95 0,92 0,49 0,39 Norvège 30 38 27,9 7,0 8,2 0,14 1,9 0,9 1,7 1,39 1,15 0,22 0,17 Ouzbékistan 120 110 –8,4 5,9 4,2 0,41 6,9d 28,1 40,3 2,59 2,34 2,93 2,10 Pakistan 61 118 94,1 0,6 0,8 0,45 2,4e 7,5 12,5 1,40 1,55 0,34 0,35 Pays-Bas 158 183 15,6 10,6 11,2 0,69 8,3 3,3 2,6 2,36 2,22 0,41 0,32 Philippines 36 77 113,1 0,6 0,9 0,29 1,9 3,6 2,6 1,38 1,76 0,24 0,31 Pologne 349 296 –15,3 9,2 7,8 1,11 22,6 23,5 20,9 3,50 3,19 1,14 0,57 Portugal 40 63 59,1 4,0 6,0 0,24 1,7 1,1 1,7 2,30 2,32 0,26 0,30 Qatar 14 44 202,1 30,8 54,6 0,16 0,9 .. .. 2,21 2,71 .. 0,77 Rép. arabe syrienne 32 48 51,6 2,5 2,6 0,18 1,2 .. .. 2,72 2,62 0,85 0,64 République slovaque 57 38 –32,8 10,8 7,1 0,14 3,2b 1,7 1,6 2,67 2,03 0,86 0,45 République tchèque 154 118 –23,3 14,9 11,5 0,44 10,7b 10,9 7,2 3,14 2,61 0,92 0,57 Roumanie 167 91 –45,5 7,2 4,2 0,34 6,9 24,5 13,2 2,67 2,37 0,91 0,45 Royaume-Uni 558 533 –4,4 9,7 8,8 2,01 68,1 36,9 27,0 2,63 2,27 0,42 0,28 Russie, Fédération de 2 194 1 544 –29,6 14,8 10,8 5,81 92,5d 406,4 206,4 2,50 2,35 1,17 0,91 Serbie 59 50 –14,3 7,8 6,8 0,19 .. .. .. 3,02 3,13 .. 0,78 Singapour 29 43 49,7 9,5 10,1 0,16 1,4 0,2 0,8 2,16 1,39 0,39 0,23 Suède 53 51 –4,5 6,2 5,7 0,19 4,1 2,1 2,2 1,12 0,98 0,25 0,18 Suisse 41 45 9,0 6,2 6,1 0,17 2,4 0,7 0,6 1,67 1,67 0,18 0,17 Thaïlande 79 214 172,6 1,4 3,4 0,81 3,9 13,0 19,2 1,79 2,13 0,35 0,48 Turkménistan 47 42 –11,3 12,8 8,6 0,16 2,1d 19,7 46,4 2,38 2,51 .. .. Turquie 129 219 70,3 2,3 3,0 0,82 5,3 26,1 56,6 2,43 2,56 0,31 0,29 Ukraine 681 297 –56,4 13,1 6,3 1,12 22,6d 139,7 118,4 2,68 2,07 1,63 1,13 Venezuela, R. B. du 112 150 33,4 5,7 5,6 0,56 5,3 30,5 46,3 2,56 2,48 0,59 0,57 Viet Nam 17 81 376,5 0,3 1,0 0,31 1,5e 3,5 4,9 0,70 1,58 0,28 0,45 Toutes économies 20 693t 26 544t 28,3w 4,0w 4,2w 100,00w 1 169,1s 1 861,0t 1 978,9t 2,39w 2,35w 0,57w 0,47w à revenus faibles 549 707 28,9 0,7 0,6 2,66 24,0 115,5 256,4 1,38 1,26 0,46 0,38 à revenus 9 150 12 631 38,0 2,6 3,0 47,59 395,1 1 168,3 1 279,4 2,41 2,49 0,80 0,61 intermédiaires à revenus élevés 10 999 13 207 20,1 11,8 12,7 49,75 750,1 577,2 557,1 2,44 2,32 0,47 0,39 Union européenne 15 3 122 3 271 4,8 8,6 8,5 12,32 284,8 142,1 115,7 2,36 2,11 0,36 0,28 OCDE 11 121 12 946 16,4 10,7 11,1 48,77 764,7 644,6 651,4 2,46 2,33 0,47 0,37 a. Concerne la modification en pourcentage des émissions de CO2 entre 1990 et 2005. b. Le pourcentage des émissions cumulées pour la République tchèque et la République slovaque avant 1992 a été calculé à partir du pourcentage global d’émissions combinées pendant la période 1992-2006. c. Le pourcentage des émissions cumulées pour l’Allemagne avant 1991 a été calculé à partir du total pour la République démocratique allemande et la République fédérale d’Allemagne ajouté aux émissions imputables à l’Allemagne entre 1991 et 2006. d. Le pourcentage des émissions cumulées pour le Bélarus, la Fédération de Russie, le Kazakhstan, le Turkménistan, l’Ukraine et l’Ouzbékistan avant 1992 a été calculé à partir du pourcentage des émissions combinées imputables aux pays de l’ancienne Union soviétique entre 1992 et 2006. e. Les émissions imputables à la République démocratique de Corée et à la République de Corée proviennent de données relatives à la Corée unie avant 1950. Les émissions imputables au Pakistan et au Bangladesh proviennent de données relatives au Pakistan oriental et au Pakistan occidental avant 1971. Les émissions imputables à la Malaisie incluent le pourcentage d’émissions de la Fédération de Malaisie. Les émissions imputables au Vietnam incluent les émissions de la République démocratique du Vietnam et de la République du Sud-Vietnam. RapportMonde_LIVRE2.indb 358 16/09/10 12:40 Grands indicateurs 359 Tableau A2 Émissions d’origine terrestre Tableau A2a Émissions de CO2 associées au déboisement Moyenne annuelle Proportion moyenne Émissions totales Par habitant du total Tonnes métriques (millions) Classement Tonnes métriques Classement % 1990-2005 a 1990-2005 a 1990-2005 a 1990-2005 a 1990-2005 a Argentine 33 25 0,9 48 0,6 Bolivie 139 7 15,2 1 2,5 Brésil 1 830 1 9,8 5 32,4 Cambodge 84 10 6,0 13 1,5 Cameroun 70 12 3,9 18 1,2 Canada 70 12 2,2 29 1,2 Chine 57 18 0,0 83 1,0 Congo, Rép. dém du 176 4 3,0 24 3,1 Équateur 84 10 6,5 12 1,5 Guatemala 62 16 4,9 17 1,1 Honduras 48 20 7,0 10 0,8 Indonésie 1 459 2 6,6 11 25,9 Malaisie 139 7 5,4 15 2,5 Mexique 40 23 0,4 63 0,7 Myanmar 158 5 3,3 20 2,8 Nigeria 158 5 1,1 40 2,8 Papouasie-Nouvelle- 44 21 7,2 8 0,8 Guinée Pérou 70 12 2,6 27 1,2 Philippines 70 12 0,8 50 1,2 Russie, Fédération de 58 17 0,4 61 1,0 Tanzanie 51 19 1,3 35 0,9 Tunisie 34 24 0,5 58 0,6 Venezuela, R. B. du 187 3 7,0 9 3,3 Zambie 106 9 9,3 6 1,9 Zimbabwe 40 22 3,1 22 0,7 a. Valeurs moyennes sur la période 1990-2005. Tableau A2b Émissions de gaz autres que le CO2 (Méthane [CH4], oxyde d’azote [N2O]) associées à l’agriculture Total annuel Proportion du total Par habitant Tonnes d’équivalent-CO 2 (millions) % Tonnes d’équivalent-CO 2 Rang 1990 2005 2005 1990 2005 1990 2005 Allemagne 110 84 1,4 1,4 1,0 32 37 Argentine 114 139 2,3 3,5 3,6 6 7 Australie 97 110 1,8 5,7 5,4 4 4 Bangladesh 60 80 1,3 0,5 0,5 77 70 Bolivie 22 46 0,8 3,3 5,0 7 5 Brésil 426 591 9,7 2,9 3,2 8 8 Canada 57 73 1,2 2,1 2,3 15 10 Chine 905 1 113 18,3 0,8 0,9 62 48 Colombie 61 89 1,5 1,8 2,1 19 11 Congo, Rép. dém du 36 75 1,2 0,9 1,3 53 21 États-Unis 427 442 7,3 1,7 1,5 20 17 Éthiopie 39 55 0,9 0,8 0,7 60 58 France 110 103 1,7 1,9 1,7 18 15 Inde 330 403 6,6 0,4 0,4 84 83 Indonésie 106 132 2,2 0,6 0,6 73 66 Mexique 67 77 1,3 0,8 0,7 61 57 Myanmar 50 78 1,3 1,2 1,6 38 16 Nigeria 75 115 1,9 0,8 0,8 63 52 Pakistan 58 79 1,3 0,5 0,5 76 73 Royaume-Uni 54 48 0,8 0,9 0,8 57 54 Russie, Fédération de 222 118 1,9 1,5 0,8 25 50 Thaïlande 79 89 1,5 1,4 1,4 27 18 Tunisie 80 76 1,3 1,4 1,1 29 31 Venezuela, R. B. du 47 52 0,9 2,4 1,9 11 12 Viet Nam 48 65 1,1 0,7 0,8 67 55 RapportMonde_LIVRE2.indb 359 16/09/10 12:40 360 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau A3 Approvisionnement total en énergie primaire Approvisionnement total en énergie primaire (ATEP) Consommation d’électricité Proportion des combustibles fossiles Proportion des énergies dans l’ATEP renouvelables dans l’ATEP Proportion nucléaire Taux Total annuel % du total % du total dans l’ATEP Par habitant d’électrifi cation hydro, solaire, Tonnes d’équivalent gaz éolienne et biomasse kilowatt- variation pétrole (millions) charbon naturel pétrole géothermique et déchets % du total heures en % % de population 1990 2006 2006 2006 2006 2006 2006 2006 2006 1990-2006 a 2000-2006 b Afrique du Sud 91,2 129,8 71,7 2,9 12,4 0,3 10,5 2,4 4 810 8,5 70 Albanie 2,7 2,3 1,1 0,6 66,8 19,1 10,1 0,0 961 84,0 .. Algérie 23,9 36,7 1,9 65,2 32,6 0,1 0,2 0,0 870 60,6 98 Allemagne 355,6 348,6 23,6 22,8 35,4 1,4 4,6 12,5 7 175 8,0 100 Angola 6,3 10,3 0,0 6,4 27,5 2,2 63,9 0,0 153 155,5 15 Antilles néerlandaises 1,5 1,7 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0 0,0 5 651 59,2 .. Arabie Saoudite 61,3 146,1 0,0 36,7 63,3 0,0 0,0 0,0 7 079 77,8 97 Argentine 46,1 69,1 1,1 49,3 38,0 4,7 3,7 2,9 2 620 100,7 95 Arménie 7,9 2,6 0,0 53,1 15,2 6,1 0,0 26,6 1 612 –40,7 .. Australie 87,7 122,5 43,9 19,1 31,6 1,3 4,1 0,0 11 309 34,6 100 Autriche 25,1 34,2 11,8 21,8 42,0 9,6 13,1 0,0 8 090 32,5 100 Azerbaïdjan 26,1 14,1 0,0 63,5 34,4 1,5 0,0 0,0 2 514 –2,7 .. Bahreïn 4,8 8,8 0,0 75,4 24,6 0,0 0,0 0,0 12 627 92,1 99 Bangladesh 12,8 25,0 1,4 46,6 17,8 0,5 33,7 0,0 146 221,2 32 Bélarus 42,3 28,6 0,1 60,3 31,5 0,0 4,9 0,0 3 322 –24,2 .. Belgique 49,7 61,0 7,8 24,6 40,1 0,1 5,9 19,9 8 688 36,2 100 Bénin 1,7 2,8 0,0 0,0 37,1 0,0 61,1 0,0 69 104,5 22 Bolivie 2,8 5,8 0,0 27,5 55,5 3,2 13,8 0,0 485 76,9 64 Bosnie et Herzégovine 7,0 5,4 62,4 5,9 22,3 9,3 3,4 0,0 2 295 –24,6 .. Botswana 1,3 2,0 32,5 0,0 36,6 0,0 23,2 0,0 1 419 96,0 39 Brésil 140,0 224,1 5,7 7,8 40,2 13,4 29,6 1,6 2 060 41,5 97 Brunei Darussalam 1,8 2,8 0,0 73,1 26,9 0,0 0,0 0,0 8 173 87,7 99 Bulgarie 28,8 20,7 34,1 14,0 24,7 1,9 3,9 24,6 4 315 –9,3 .. Cambodge 0,0 5,0 0,0 0,0 28,4 0,1 71,3 0,0 88 .. 20 Cameroun 5,0 7,1 0,0 0,0 16,3 4,5 79,2 0,0 186 –3,1 47 Canada 209,5 269,7 10,2 29,5 35,3 11,4 4,7 9,5 16 766 3,8 100 Chili 14,1 29,8 13,3 21,9 38,3 9,9 15,9 0,0 3 207 157,3 99 Chine 863,2 1 878,7 64,2 2,5 18,3 2,2 12,0 0,8 2 040 299,1 99 Chypre 1,6 2,6 1,4 0,0 96,4 1,7 0,5 0,0 5 746 78,9 .. Colombie 24,7 30,2 8,2 20,3 45,0 12,2 14,9 0,0 923 11,6 86 Congo, Rép. dém du 11,9 17,5 1,5 0,0 3,1 3,9 92,4 0,0 96 –19,9 6 Congo, Rép. du 0,8 1,2 0,0 1,6 35,2 2,7 57,5 0,0 155 –8,2 20 Corée, Rép. de 93,4 216,5 24,3 13,3 43,2 0,2 1,1 17,9 8 063 239,8 100 Corée, Rép. dém de 33,2 21,7 86,9 0,0 3,3 5,0 4,8 0,0 797 –36,1 22 Costa Rica 2,0 4,6 0,9 0,0 47,6 35,8 15,5 0,0 1 801 65,7 99 Côte d’Ivoire 4,4 7,3 0,0 18,8 16,9 1,8 63,8 0,0 182 21,3 .. Croatie 9,1 9,0 7,0 26,2 51,5 5,8 4,1 0,0 3 635 21,5 .. Cuba 16,8 10,6 0,2 8,3 79,5 0,1 11,9 0,0 1 231 1,6 96 Danemark 17,9 20,9 26,2 21,7 39,4 2,6 12,9 0,0 6 864 15,5 100 Égypte, Rép. arabe d’ 32,0 62,5 1,4 44,4 50,0 1,9 2,3 0,0 1 382 100,2 98 Émirats arabes unis 23,2 46,9 0,0 72,0 28,0 0,0 0,0 0,0 14 569 66,2 92 Équateur 6,1 11,2 0,0 5,0 83,2 5,5 5,2 0,0 759 58,5 90 Erythrée .. 0,7 0,0 0,0 26,9 0,0 73,1 0,0 49 .. 20 Espagne 91,2 144,6 12,4 21,5 49,0 3,0 3,6 10,8 6 213 76,3 100 Estonie 9,6 4,9 57,0 16,5 15,1 0,2 10,7 0,0 5 890 0,0 .. États-Unis 1 926,3 2 320,7 23,7 21,6 40,4 1,6 3,4 9,2 13 515 15,6 100 Éthiopie 15,0 22,3 0,0 0,0 8,8 1,3 90,0 0,0 38 91,5 15 Finlande 28,7 37,4 13,7 10,4 28,2 2,7 20,4 15,9 17 178 37,6 100 France 227,6 272,7 4,8 14,5 33,3 1,9 4,4 43,0 7 585 26,9 100 Gabon 1,2 1,8 0,0 5,8 33,4 4,5 56,4 0,0 1 083 13,9 48 Géorgie 12,3 3,3 0,3 41,3 23,5 14,0 19,3 0,0 1 549 –42,1 .. Ghana 5,3 9,5 0,0 0,0 31,7 5,1 63,3 0,0 304 –1,1 49 Grèce 22,2 31,1 27,0 8,8 57,3 2,5 3,3 0,0 5 372 69,0 100 Guatemala 4,5 8,2 4,8 0,0 39,7 4,0 51,6 0,0 529 136,8 79 Haïti 1,6 2,6 0,0 0,0 23,3 0,9 75,8 0,0 37 –36,2 36 Honduras 2,4 4,3 2,7 0,0 50,6 5,1 41,5 0,0 642 72,2 62 Hong Kong, Chine 10,7 18,2 38,6 13,2 44,9 0,0 0,3 0,0 5 883 40,8 .. Hongrie 28,6 27,6 11,1 41,5 27,6 0,4 4,3 12,8 3 883 13,2 .. Iceland 2,2 4,3 1,8 0,0 22,9 75,3 0,1 0,0 31 306 94,0 100 Inde 319,9 565,8 39,4 5,5 24,1 1,9 28,3 0,9 503 82,3 56 Indonésie 102,8 179,1 15,5 18,6 33,0 3,7 29,2 0,0 530 228,3 54 Irak 19,1 32,0 0,0 8,9 90,5 0,1 0,1 0,0 1 161 –7,6 15 Iran, Rép. islamique d’ 68,8 170,9 0,7 51,5 46,3 0,9 0,5 0,0 2 290 134,9 97 Irlande 10,3 15,5 11,0 26,0 54,8 1,3 1,4 0,0 6 500 72,1 100 Israël 12,1 21,3 36,0 8,8 52,4 3,4 0,0 0,0 6 893 65,1 97 Italie 148,1 184,2 9,1 37,6 44,1 4,6 2,6 0,0 5 762 39,0 100 Jamaïque 2,9 4,6 0,5 0,0 88,7 0,3 10,5 0,0 2 450 178,8 87 Japon 443,9 527,6 21,3 14,7 45,6 2,1 1,3 15,0 8 220 26,7 100 Jordanie 3,5 7,2 0,0 28,0 70,0 1,4 0,0 0,0 1 904 81,2 100 Kazakhstan 73,6 61,4 49,3 30,6 18,8 1,1 0,1 0,0 4 293 –27,3 .. Kenya 11,2 17,9 0,4 0,0 20,2 5,9 73,6 0,0 145 16,3 14 Koweït 8,0 25,3 0,0 38,3 61,7 0,0 0,0 0,0 16 314 101,2 100 Lettonie 7,9 4,6 1,8 30,5 31,9 5,1 25,9 0,0 2 876 –15,1 .. Liban 2,3 4,8 2,8 0,0 91,5 1,4 2,7 0,0 2 142 354,9 100 RapportMonde_LIVRE2.indb 360 16/09/10 12:40 Grands indicateurs 361 Approvisionnement total en énergie primaire (ATEP) Consommation d’électricité Proportion des combustibles fossiles Proportion des énergies dans l’ATEP renouvelables dans l’ATEP Proportion nucléaire Taux Total annuel % du total % du total dans l’ATEP Par habitant d’électrifi cation hydro, solaire, Tonnes d’équivalent gaz éolienne et biomasse kilowatt- variation pétrole (millions) charbon naturel pétrole géothermique et déchets % du total heures en % % de population 1990 2006 2006 2006 2006 2006 2006 2006 2006 1990-2006 a 2000-2006 b Libye 11,5 17,8 0,0 29,4 69,7 0,0 0,9 0,0 3 688 130,1 97 Lituanie 16,2 8,5 3,1 28,7 30,3 0,4 8,8 27,0 3 232 –19,7 .. Luxembourg 3,5 4,7 2,3 26,2 63,3 0,4 1,3 0,0 16 402 20,1 100 Macédoine, ERY 2,7 2,8 45,4 2,4 35,0 5,5 6,0 0,0 3 496 25,3 .. Malaisie 23,3 68,3 12,0 44,4 38,8 0,9 4,1 0,0 3 388 187,5 98 Malte 0,8 0,9 0,0 0,0 100,0 0,0 0,0 0,0 4 975 79,1 .. Maroc 7,2 14,0 27,8 3,4 63,3 1,1 3,2 0,0 685 85,8 85 Mexique 123,0 177,4 4,9 27,4 56,8 4,8 4,6 1,6 1 993 50,3 .. Moldavie 9,9 3,4 2,5 66,7 19,4 0,2 2,2 0,0 1 516 –44,4 .. Mongolie 3,4 2,8 71,7 0,0 24,0 0,0 3,8 0,0 1 297 –19,1 65 Mozambique 6,0 8,8 0,0 0,3 6,6 14,4 81,6 0,0 461 1 040,4 6 Myanmar 10,7 14,3 0,8 12,4 12,7 2,0 72,1 0,0 93 104,5 11 Namibie .. 1,5 1,9 0,0 65,4 8,8 12,7 0,0 1 545 .. 34 Népal 5,8 9,4 2,7 0,0 8,6 2,4 86,2 0,0 80 129,2 33 Nicaragua 2,1 3,5 0,0 0,0 39,0 8,7 52,2 0,0 426 44,7 69 Nigeria 70,9 105,1 0,0 8,6 11,2 0,6 79,6 0,0 116 32,6 46 Norvège 21,4 26,1 2,7 18,2 34,0 39,6 5,1 0,0 24 295 4,0 100 Nouvelle-Zélande 13,8 17,5 11,9 18,7 39,4 24,0 6,0 0,0 9 746 14,5 100 Ouzbékistan 46,4 48,5 2,2 85,8 10,9 1,1 0,0 0,0 1 691 –29,1 .. Pakistan 43,4 79,3 5,4 31,6 23,9 3,5 34,9 0,8 480 73,6 54 Panama 1,5 2,8 0,0 0,0 71,7 11,1 17,4 0,0 1 506 76,4 85 Paraguay 3,1 4,0 0,0 0,0 30,5 116,5 52,0 0,0 900 78,4 86 Pays-Bas 67,1 80,1 9,7 42,7 40,4 0,3 3,3 1,1 7 057 35,2 100 Pérou 10,0 13,6 5,9 12,3 50,3 14,0 17,4 0,0 899 64,1 72 Philippines 26,2 43,0 13,4 5,8 31,8 22,9 26,1 0,0 578 60,7 81 Pologne 99,9 97,7 58,5 12,7 24,1 0,2 5,5 0,0 3 586 9,3 .. Portugal 17,2 25,4 13,0 14,3 53,8 5,1 11,9 0,0 4 799 89,0 100 Qatar 6,5 18,1 0,0 82,2 17,8 0,0 0,0 0,0 17 188 75,7 71 Rép. arabe syrienne 11,7 18,9 0,0 27,0 71,2 1,8 0,0 0,0 1 466 117,6 90 République dominicaine 4,1 7,8 6,4 3,5 70,4 1,5 18,0 0,0 1 309 242,1 93 République kirghize 7,6 2,8 18,3 22,9 20,8 45,5 0,1 0,0 2 015 –12,9 .. République slovaque 21,3 18,7 23,9 28,8 18,3 2,1 2,6 25,4 5 136 –7,3 .. République tchèque 49,0 46,1 45,2 16,4 21,4 0,5 4,0 14,8 6 511 16,6 .. Roumanie 62,5 40,1 23,5 36,4 25,3 4,0 8,1 3,7 2 401 –17,9 .. Royaume-Uni 212,3 231,1 17,9 35,1 36,3 0,3 1,7 8,5 6 192 15,6 100 Russie, Fédération de 878,9 676,2 15,7 53,0 20,6 2,3 1,1 6,1 6 122 –8,3 .. Salvador 2,5 4,7 0,0 0,0 44,0 24,4 31,6 0,0 721 95,9 80 Sénégal 1,8 3,0 3,4 0,3 55,7 0,7 39,6 0,0 150 52,3 33 Serbie 19,5 17,1 51,0 11,7 27,5 5,5 4,7 0,0 4 026 13,9 .. Singapour 13,4 30,7 0,0 20,9 79,0 0,0 0,0 0,0 8 363 72,1 100 Slovénie 5,6 7,3 20,3 12,4 36,5 4,3 6,5 19,9 7 123 39,9 .. Soudan 10,7 17,7 0,0 0,0 21,8 0,7 77,5 0,0 95 91,5 30 Sri Lanka 5,5 9,4 0,7 0,0 40,7 4,2 54,3 0,0 400 159,5 66 Suède 47,6 51,3 4,7 1,7 28,5 10,5 18,4 34,0 15 230 –3,8 100 Suisse 24,8 28,2 0,6 9,6 46,0 10,1 7,2 25,8 8 279 11,7 100 Sultanat d’Oman 4,6 15,4 0,0 67,6 32,4 0,0 0,0 0,0 4 457 107,3 96 Tadjikistan 5,6 3,6 1,3 13,4 44,7 39,1 0,0 0,0 2 241 –33,0 .. Tanzanie 9,8 20,8 0,2 1,5 6,6 0,6 91,0 0,0 59 15,0 11 Thaïlande 43,9 103,4 12,1 25,8 44,4 0,7 16,6 0,0 2 080 181,4 99 Togo 1,3 2,4 0,0 0,0 13,4 0,3 84,5 0,0 98 12,6 17 Trinidad et Tobago 6,0 14,3 0,0 87,7 12,1 0,0 0,2 0,0 5 008 87,0 99 Tunisie 5,1 8,7 0,0 39,4 47,2 0,1 13,3 0,0 1 221 91,2 99 Turkménistan 19,6 17,3 0,0 71,3 29,4 0,0 0,0 0,0 2 123 –7,4 .. Turquie 52,9 94,0 28,1 27,6 33,4 5,5 5,5 0,0 2 053 130,2 .. Ukraine 253,8 137,4 29,1 42,4 10,8 0,8 0,4 17,1 3 400 –29,0 .. Uruguay 2,3 3,2 0,1 3,2 64,6 9,7 14,9 0,0 2 042 63,9 95 Venezuela, R. B. du 43,9 62,2 0,1 37,6 50,6 11,0 0,9 0,0 3 175 28,9 99 Viet Nam 24,3 52,3 16,8 9,5 23,4 3,9 46,4 0,0 598 511,2 84 Yémen, Rép. du 2,6 7,1 0,0 0,0 98,9 0,0 1,1 0,0 190 58,9 36 Zambie 5,5 7,3 1,4 0,0 9,7 11,0 78,2 0,0 730 –3,2 19 Zimbabwe 9,4 9,6 22,2 0,0 7,1 5,0 63,3 0,0 900 4,5 34 Monde 8 637,3t 11 525,2t 26,6w 21,0w 35,7w 2,8w 9,8w 6,3w 2 750w 29,6w .. Revenus faibles 400,2 575,5 7,3 19,1 7,8 3,1 53,8 0,1 311 18,7 .. Revenus intermédiaires 3 797,2 5 348,7 35,8 19,2 29,9 3,2 12,3 2,0 1 647 58,2 .. Revenus élevés 4 479,4 5 659,1 13,9 22,9 43,7 2,5 3,4 11,0 9 675 27,5 .. Union européenne 15 1 324,2 1 542,8 20,5 24,5 40,9 2,4 5,0 15,1 7 058 25,5 .. OCDE 4 521,8 5 537,4 20,5 21,9 39,7 2,8 3,8 11,1 8 413 24,4 .. a. Indique la variation en pourcentage de la valeur de la variable sur la période considérée. b. Les données indiquées sont celles de l’année la plus récente pour laquelle elles sont disponibles. RapportMonde_LIVRE2.indb 361 16/09/10 12:40 362 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau A4 Catastrophes naturelles Mortalité Personnes touchées Pertes économiques Perte la plus élevée Inonda- Proportion Inonda- engendrée Population des Superfi cie des Inondations tions et de la popu- tions et par une zones côtières zones côtières Sécheresse et tempêtes Sécheresse tempêtes lation Sécheresse tempêtes catastrophe Côte peu élevées peu élevées Nombre de personnes Nombre de personnes (milliers) % USD (milliers) % du PIB Kilomètres % % 1971-2008 a 1971-2008 a 1971-2008 a 1971-2008 a 1971-2008 a 1971-2008 a 1971-2008 a 1961-2008 b 2008 2000 2000 Afrique du Sud 0 34 460 22 1,1 26 316 50 502 0,7 2 798 1,0 0,1 Angola 2 7 69 18 2,2 0 263 .. 1 600 5,3 0,3 Argentine 0 13 0 355 1,1 3 158 229 348 0,8 4 989 10,9 1,9 Australie 0 10 186 108 4,8 262 447 390 461 3,2 25 760 12,1 1,6 Bahamas, les 0 1 0 1 0,2 0 67 116 9,8 3 542 87,6 93,2 Bangladesh 0 5 673 658 8 751 9,1 0 445 576 9,8 580 45,6 40,0 Belize 0 2 0 8 3,6 0 14 862 200,2 386 40,3 15,6 Bénin 0 3 58 56 5,3 17 214 .. 121 21,0 1,6 Bolivie 0 22 92 62 2,4 25 411 43 050 18,7 0 0,0 0,0 Brésil 1 102 993 384 1,4 124 289 157 849 1,2 7 491 6,7 1,4 Cambodge 0 30 172 251 5,8 3 632 8 634 9,2 443 23,9 7,4 Chine 93 1 304 9 642 53 460 5,2 522 350 4 791 624 2,9 14 500 11,4 2,0 Corée, Rép. de 0 116 0 76 0,2 0 391 754 1,2 2 413 6,2 5,0 Corée, Rép. dém de 0 49 0 314 1,4 0 622 156 .. 2 495 10,2 3,8 Costa Rica 0 5 0 39 1,0 632 19 668 2,4 1 290 2,4 3,5 Cuba 0 6 22 331 3,1 4 819 287 436 .. 3 735 13,3 21,1 Djibouti 0 6 26 18 8,5 0 151 .. 314 40,6 1,9 Dominique 0 1 0 3 3,5 0 7 412 100,8 148 6,7 4,5 Équateur 0 21 1 43 0,5 0 40 972 3,3 2 237 14,0 3,2 Espagne 0 22 158 21 2,5 280 526 245 471 2,4 4 964 7,7 1,3 États-Unis 0 272 0 672 0,1 187 763 12 104 146 1,0 19 924 8,1 2,6 Éthiopie 10 536 51 1 361 59 6,6 2 411 424 .. 0 0,0 0,0 Fidji 0 8 8 26 4,8 789 18 078 17,1 1 129 17,6 10,6 Géorgie 0 3 18 1 0,8 5 263 15 259 26,8 310 6,2 2,2 Ghana 0 7 329 94 8,1 3 882 4,5 539 3,7 1,0 Grenade 0 1 0 2 1,6 0 23 803 205,1 121 6,4 6,5 Guatemala 1 73 5 24 0,2 632 48 434 3,9 400 1,4 2,1 Guyane 0 1 16 12 5,7 763 16 692 56,3 459 54,6 3,7 Haïti 0 225 55 131 2,8 0 21 707 62,6 1 771 9,2 5,1 Honduras 0 621 19 109 2,9 447 130 421 72,9 820 4,6 5,6 Inde 8 2 489 25 294 22 314 7,2 61 608 1 055 375 2,5 7 000 6,3 2,5 Indonésie 35 182 121 206 0,3 4 216 62 572 9,3 54 716 19,6 9,3 Iran, Rép. islamique d’ 0 102 974 101 4,8 86 842 202 133 3,5 2 440 2,1 1,6 Italie 0 8 0 2 0,1 21 053 597 289 2,7 7 600 9,3 6,3 Jamaïque 0 7 0 56 2,4 158 68 304 26,1 1 022 7,9 6,9 Jordanie 0 1 9 0 0,2 0 26 7,5 26 0,0 0,0 Kenya 5 23 960 56 9,7 39 588 .. 536 0,9 0,4 Liban 0 1 0 3 0,1 0 4 342 2,8 225 13,7 1,6 Madagascar 5 54 74 231 3,6 0 55 337 14,8 4 828 5,5 2,7 Malaisie 0 12 0 15 0,1 0 28 039 0,9 4 675 23,5 6,2 Malawi 13 16 518 50 12,3 0 837 .. 0 0,0 0,0 Maurice 0 1 0 26 2,9 4 605 16 352 21,3 177 9,4 6,1 Mongolia 0 5 12 53 3,7 0 2 376 145,3 0 0,0 0,0 Mozambique 2 633 65 455 328 13,8 1 316 22 846 9,9 2 470 11,8 3,2 Népal 0 137 121 87 2,0 263 25 804 24,6 0 0,0 0,0 Nicaragua 0 105 15 53 1,4 474 46 256 27,7 910 2,1 6,2 Niger 0 3 335 10 13,2 0 295 .. 0 0,0 0,0 Pakistan 4 273 58 1 163 1,3 6 500 120 942 10,5 1 046 2,9 2,8 Pérou 0 55 87 75 0,7 7 526 1 916 5,2 2 414 1,8 0,5 Philippines 0 743 172 2 743 4,5 1 696 164 362 11,0 36 289 17,7 7,7 Porto Rico 0 15 0 5 0,1 53 82 789 3,2 501 18,4 10,8 RDP lao 0 5 112 123 6,3 26 8 657 22,8 0 0,0 0,0 République dominicaine 0 75 0 111 1,6 0 71 240 36,4 1 288 3,3 4,7 République tchèque 0c 2c 0c 8c 0,1c 0c 122 263c 3,2 0 0,0 0,0 Russie, Fédération de 0c 32c 26c 58c 0,1c 0c 147 461c 6,9 37 653 2,4 1,7 Sainte-Lucie 0 2 0 2 1,9 0 29 731 365,0 158 4,3 4,1 Samoa 0 1 0 7 4,6 0 13 858 248,4 403 23,6 8,4 Sénégal 0 6 199 18 11,3 9 863 1 168 13,6 531 31,5 7,5 Soudan 3 947 19 611 155 6,0 0 14 505 1,1 853 0,6 0,1 Sri Lanka 0 45 165 282 3,1 0 12 049 3,7 1 340 11,8 8,3 Swaziland 13 1 43 24 18,3 46 1 426 10,7 0 0,0 0,0 Tadjikistan 0c 39c 100c 19c 2,9c 1 500c 12 037c 15,7 0 0,0 0,0 Tanzanie 0 15 210 22 2,0 0 179 .. 1 424 2,3 0,3 Tchad 0 8 62 18 6,0 2 184 30 .. 0 0,0 0,0 Thaïlande 0 95 618 929 2,2 11 166 132 709 .. 3 219 26,3 6,9 Tunisie 0 8 1 7 0,1 0 8 889 7,8 1 148 14,8 3,3 Vanuatu 0 3 0 6 4,4 0 5 395 139,9 2 528 4,5 7,4 Venezuela, R. B. du 0 801 0 20 0,1 0 84 697 3,3 2 800 6,8 3,6 Viet Nam 0 393 161 1 749 3,0 17 082 157 603 .. 3 444 55,1 20,2 Zimbabwe 0 4 365 9 10,7 67 105 7 308 29,3 0 0,0 0,0 a. Indique les valeurs annuelles moyennes des variables sur la période 1971-2008. b. Indique la perte la plus importante due à une catastrophe durant la période 1961-2008. c. Les données pour les années antérieures à 1990 sont basées sur les informations détaillées sur les catastrophes contenues dans EM-DAT pour la Yougoslavie, la Tchecoslovaquie et l’Union soviétique. RapportMonde_LIVRE2.indb 362 16/09/10 12:40 Grands indicateurs 363 Tableau A5 Terres, eau et agriculture Projections des impacts matériels à l’horizon 2050 Projections des impacts agricoles Changement de la durée Proportion des Production Évolution des des vagues de Intensité des Production Rendement Terres arables terres irriguées aquacole températures chaleur Précipitations précipitations agricole agricole % des terres hectares cultivées en nombre de (millions) permanence USD (millions) °C jours % de variation % de variation 2005 2003 2007 2000-2050 2000-2050 2000-2050a 2000-2050 a 2000-2080 a 2000-2050 a Afrique du Sud 14,8 9,5 33,3 1,5 9,5 –4,5 1,4 –33,4 –5,2 Algérie 7,5 6,9 0,9 1,9 22,2 –4,9 7,2 –36,0 –6,7 Allemagne 11,9 4,0 191,1 1,5 14,8 2,4 5,0 –2,9 9,5 Arabie Saoudite 3,5 42,7 186,4 1,8 13,9 –10,5 1,8 –21,9 –28,3 Argentine 28,5 .. 16,7 1,2 5,9 0,7 3,5 –11,1 –13,8 Australie 49,4 5,0 478,8 1,5 10,9 –1,4 2,1 –26,6 –16,4 Bangladesh 8,0 56,1 1 522,6 1,4 8,7 1,4 5,4 –21,7 8,9 Bélarus 5,5 2,0 1,8 1,7 28,8 2,7 4,9 .. 29,6 Bolivie 3,1 4,1 2,0 1,6 16,4 –0,9 2,5 .. –13,7 Brésil 59,0 4,4 598,0 1,5 13,5 –2,0 3,0 –16,9 –16,1 Bulgarie 3,2 16,6 18,2 1,7 27,2 –4,3 3,0 .. –7,0 Burkina Faso 4,8 0,5 0,9 1,4 5,7 0,3 0,0 –24,3 –4,4 Cambodge 3,7 7,0 7,6 1,2 4,0 3,3 1,7 –27,1 –19,3 Cameroun 6,0 0,4 0,8 1,3 2,0 0,9 3,0 –20,0 –6,6 Canada 45,7 1,5 788,2 2,1 28,2 8,5 4,9 –2,2 19,5 Chili 2,0 81,0 5 314,5 1,2 4,9 –3,5 1,2 –24,4 47,7 Chine 143,3 35,6 44 935,2 1,7 16,1 4,5 5,4 –7,2 8,4 Colombie 2,0 24,0 277,2 1,4 4,0 1,2 2,4 –23,2 –3,3 Congo, Rép. dém du 6,7 0,1 7,4 1,4 2,0 0,8 3,1 –14,7 –7,0 Corée, Rép. dém de 2,8 50,3 32,6 1,7 10,0 6,0 7,0 –7,3 –0,7 Côte d’Ivoire 3,5 1,1 2,2 1,3 1,9 –0,3 –0,2 –14,3 –12,9 Cuba 3,7 19,5 35,0 1,1 2,0 –12,0 –0,9 –39,3 –18,1 Danemark 2,2 9,0 11,4 1,4 11,0 5,0 5,8 .. 16,1 Égypte, Rép. arabe d’ 3,0 100,0 1 192,6 1,6 14,7 –7,0 –1,6 11,3 –27,9 Espagne 13,7 20,3 384,2 1,6 15,2 –11,9 0,9 –8,9 –1,3 États-Unis 174,4 12,5 944,6 1,8 24,4 2,7 4,0 –5,9 –1,7 Éthiopie 13,1 2,5 .. 1,4 3,1 2,4 5,0 –31,3 0,5 Finlande 2,2 2,9 63,8 2,1 29,6 5,6 4,4 .. 15,7 France 18,5 13,3 757,2 1,5 12,3 –3,5 3,2 –6,7 –2,6 Ghana 4,2 0,5 2,5 1,3 1,3 –1,0 0,8 –14,0 –10,1 Grèce 2,6 37,9 533,3 1,7 16,0 –10,9 1,8 –7,8 –3,5 Hongrie 4,6 3,1 4,6 1,9 25,0 –1,3 6,5 .. –10,8 Inde 159,7 32,9 4 383,5 1,6 10,8 1,9 2,7 –38,1 –12,2 Indonésie 23,0 12,4 2 854,9 1,2 0,4 1,8 2,5 –17,9 –17,7 Irak 5,8 58,6 35,8 1,8 22,3 –13,3 6,1 –41,4 –18,5 Iran, Rép. islamique d’ 16,5 47,0 451,1 1,8 19,9 –15,6 4,2 –28,9 –7,3 Italie 7,7 25,8 757,4 1,5 12,3 –7,0 4,6 –7,4 –2,7 Japon 4,4 35,1 4 279,9 1,4 4,0 0,5 3,8 –5,7 0,6 Kazakhstan 22,4 15,7 0,9 1,8 28,5 5,6 5,0 11,4 7,7 Kenya 5,3 1,8 6,3 1,2 2,5 7,5 8,0 –5,5 6,1 Madagascar 3,0 30,6 47,5 1,2 2,1 –4,1 1,1 –26,2 –0,5 Malawi 2,6 2,2 3,6 1,4 7,5 –0,1 2,4 –31,3 –3,0 Mali 4,8 4,9 0,6 1,7 16,1 8,4 3,8 –35,6 –9,6 Maroc 8,5 15,4 6,9 2,1 21,1 –16,8 5,3 –39,0 –25,2 Mexique 25,0 22,8 535,5 1,6 16,8 –7,2 1,6 –35,4 –0,5 Mozambique 4,4 2,6 4,6 1,3 5,9 –2,7 1,4 –21,7 –10,4 Myanmar 10,1 17,0 1 862,4 1,3 8,6 1,9 3,7 –39,3 –15,4 Népal 2,4 47,1 43,7 1,7 21,8 3,6 4,9 –17,3 –10,6 Niger 14,5 0,5 0,9 1,6 16,1 5,6 2,5 –34,1 –1,7 Nigeria 32,0 0,8 24,8 1,3 4,1 0,6 1,1 –18,5 –9,9 Ouganda 5,4 0,1 115,7 1,3 1,7 3,4 6,6 –16,8 –5,0 Ouzbékistan 4,7 84,9 2,4 1,7 21,5 –0,1 3,4 –12,1 –2,8 Pakistan 21,3 82,0 214,2 1,8 19,8 –3,0 3,5 –30,4 –32,9 Pérou 3,7 27,8 271,8 1,5 5,0 1,2 3,3 –30,6 0,6 Philippines 5,7 14,5 1 371,4 1,2 1,3 2,1 1,7 –23,4 –14,3 Pologne 12,1 .. 15,0 1,7 21,6 1,8 4,4 –4,7 16,7 Rép. arabe syrienne 4,9 24,3 24,8 1,7 23,4 –13,6 3,7 –27,0 –4,5 République tchèque 3,0 0,7 49,5 1,7 20,3 0,3 4,6 .. 14,3 Roumanie 9,3 5,8 22,5 1,7 28,9 –4,2 5,3 –6,6 –8,1 Royaume-Uni 5,7 3,0 927,9 1,1 5,1 2,5 3,7 –3,9 3,2 Russie, Fédération de 121,8 3,7 326,1 2,2 29,5 8,8 5,5 –7,7 11,0 Sénégal 2,6 4,8 0,2 1,6 6,0 –1,9 3,1 –51,9 –19,3 Soudan 19,4 10,2 3,8 1,6 9,5 –0,6 –0,1 –56,1 –7,0 Suède 2,7 4,3 21,4 1,8 22,0 5,1 5,3 .. 19,8 Tanzanie 9,2 1,8 0,1 1,3 2,3 4,4 6,0 –24,2 –2,0 Thaïlande 14,2 28,2 2 432,8 1,2 8,1 2,7 2,2 –26,2 –15,9 Togo 2,5 0,3 12,0 1,3 1,5 –2,0 –0,5 .. –14,0 Turquie 23,8 20,0 64,6 1,7 24,3 –10,2 1,0 –16,2 –1,0 Ukraine 32,5 6,6 76,9 1,7 28,5 –0,7 4,0 –5,2 –7,4 Venezuela, R. B. du 2,7 16,9 65,8 1,6 10,3 –6,4 1,1 –31,9 –9,8 Viet Nam 6,6 33,7 4 544,8 1,2 7,3 3,6 1,7 –15,1 –11,4 Zambie 5,3 2,9 8,7 1,5 8,1 0,6 3,9 –39,6 1,3 Zimbabwe 3,2 5,2 5,1 1,5 12,3 –3,7 4,8 –37,9 –10,6 a. Indique la variation en pourcentage de la valeur de la variable durant la période considérée. RapportMonde_LIVRE2.indb 363 16/09/10 12:40 364 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau A6 Patrimoine des nations Ressources Capital Terres forestières Patrimoine produit Capital Capital Terrains cultivées en Zones autres que Ressources Actifs total et espace intangible naturel de pâture permanence protégées le bois en bois sous-terrains USD par USD par USD par USD par USD par USD par USD par USD par USD par USD par habitant habitant habitant habitant habitant habitant habitant habitant habitant habitant 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 2000 Afrique du Sud 59 629 7 270 48 959 3 400 637 1 238 51 46 310 1 118 Algérie 18 491 8 709 –3 418 13 200 426 859 161 16 68 11 670 Allemagne 496 447 68 678 423 323 4 445 1 586 1 176 1 113 39 263 269 Argentine 139 232 19 111 109 809 10 312 2 754 3 632 350 219 105 3 253 Australie 371 031 58 179 288 686 24 167 5 590 4 365 1 421 551 748 11 491 Autriche 493 080 73 118 412 789 7 174 2 008 1 298 2 410 144 829 485 Bangladesh 6 000 817 4 221 961 52 810 9 2 4 83 Belgique 451 714 60 561 388 123 3 030 2 161 575 0 20 254 20 Bolivie 18 141 2 110 11 248 4 783 541 1 550 232 1 426 100 934 Brésil 86 922 9 643 70 528 6 752 1 311 1 998 402 724 609 1 708 Bulgarie 25 256 5 303 16 505 3 448 1 108 1 650 217 102 126 244 Burkina Faso 5 087 821 3 047 1 219 191 547 100 142 239 0 Cameroun 10 753 1 749 4 271 4 733 179 2 748 187 357 348 914 Canada 324 979 54 226 235 982 34 771 1 631 2 829 5 756 1 264 4 724 18 566 Chili 77 726 10 688 56 094 10 944 1 001 2 443 1 095 231 986 5 188 Chine 9 387 2 956 4 208 2 223 146 1 404 27 29 106 511 Colombie 44 660 4 872 33 241 6 547 978 1 911 253 266 134 3 006 Corée, Rép. de 141 282 31 399 107 864 2 020 275 1 241 441 30 0 33 Côte d’Ivoire 14 243 997 10 125 3 121 72 2 568 11 102 367 2 Égypte, Rép. arabe d’ 21 879 3 897 14 734 3 249 0 1 705 0 0 0 1 544 Équateur 33 745 2 841 17 788 13 117 1 065 5 263 1 057 193 335 5 205 Espagne 261 205 39 531 217 300 4 374 971 2 806 360 105 81 50 États-Unis 512 612 79 851 418 009 14 752 1 665 2 752 1 651 238 1 341 7 106 Éthiopie 1 965 177 992 796 197 353 167 16 63 0 France 468 024 57 814 403 874 6 335 2 091 2 747 1 026 77 307 87 Ghana 10 365 686 8 343 1 336 43 855 7 76 290 65 Grèce 236 972 28 973 203 445 4 554 573 3 424 57 101 82 318 Guatemala 30 480 3 098 24 411 2 971 218 1 697 181 57 517 301 Haïti 8 235 601 6 840 793 112 668 3 3 8 0 Hongrie 77 072 15 480 56 645 4 947 1 131 2 721 366 42 152 536 Inde 6 820 1 154 3 738 1 928 192 1 340 122 14 59 201 Indonésie 13 869 2 382 8 015 3 472 50 1 245 167 115 346 1 549 Iran, Rép. islamique d’ 24 023 3 336 6 581 14 105 611 1 989 109 26 0 11 370 Italie 372 666 51 943 316 045 4 678 1 083 2 639 543 51 0 361 Japon 493 241 150 258 341 470 1 513 316 710 364 56 38 28 Kenya 6 609 868 4 374 1 368 529 361 113 129 235 1 Madagascar 5 020 395 2 944 1 681 345 955 36 171 174 0 Malaisie 46 687 13 065 24 520 9 103 24 1 369 161 188 438 6 922 Malawi 5 200 542 3 873 785 45 474 26 56 184 0 Mali 5 241 621 2 463 2 157 295 1 420 44 276 121 0 Maroc 22 965 3 435 17 926 1 604 453 993 7 24 22 106 Mexique 61 872 18 959 34 420 8 493 721 1 195 176 128 199 6 075 Mozambique 4 232 478 2 695 1 059 57 261 9 392 340 0 Népal 3 802 609 1 964 1 229 111 767 81 38 233 0 Niger 3 695 286 1 434 1 975 187 1 598 152 28 9 1 Nigeria 2 748 667 –1 959 4 040 78 1 022 6 24 270 2 639 Pakistan 7 871 975 5 529 1 368 448 549 94 4 7 265 Pays-Bas 421 389 62 428 352 222 6 739 3 090 1 035 527 7 27 2 053 Pérou 39 046 5 562 29 908 3 575 341 1 480 98 570 153 934 Philippines 19 351 2 673 15 129 1 549 45 1 308 59 17 90 30 Portugal 207 477 31 011 172 837 3 629 934 1 724 385 107 438 41 Rép. arabe syrienne 10 419 3 292 –1 598 8 725 730 1 255 0 6 0 6 734 République dominicaine 33 410 5 723 24 511 3 176 386 1 980 461 37 27 286 Roumanie 29 113 8 495 16 110 4 508 1 154 1 602 175 65 290 1 222 Royaume-Uni 408 753 55 239 346 347 7 167 1 291 583 495 14 44 4 739 Russie, Fédération de 38 709 15 593 5 900 17 217 1 342 1 262 1 317 1 228 292 11 777 Rwanda 5 670 549 3 055 2 066 98 1 849 27 9 81 2 Sénégal 10 167 975 7 920 1 272 196 608 78 147 238 4 Sri Lanka 14 731 2 710 11 204 817 84 485 166 24 58 0 Suède 513 424 58 331 447 143 7 950 1 676 1 120 1 549 908 2 434 263 Tchad 4 458 289 2 307 1 861 316 787 80 366 311 0 Thaïlande 35 854 7 624 24 294 3 936 96 2 370 855 55 92 469 Tunisie 36 537 6 270 26 328 3 939 736 1 546 8 12 27 1 610 Turquie 47 859 8 580 35 774 3 504 861 2 270 86 34 64 190 Venezuela, R. B. du 45 196 13 627 4 342 27 227 581 1 086 1 793 464 0 23 302 Zambie 6 564 694 4 091 1 779 98 477 78 716 276 134 Zimbabwe 9 612 1 377 6 704 1 531 258 350 70 341 211 301 Toutes économies 95 860 16 850 74 998 4 011 536 1 496 322 104 252 1 302 à revenus faibles 7 532 1 174 4 434 1 925 189 1 143 111 48 109 325 à revenus intermédiaires 27 616 5 347 18 773 3 426 407 1 583 129 120 169 1 089 à revenus élevés (OCDE) 439 063 76 193 353 339 9 531 1 552 2 008 1 215 183 747 3 825 RapportMonde_LIVRE2.indb 364 16/09/10 12:40 Grands indicateurs 365 Tableau A7 Innovation, recherche et développement Absorption des Dépenses de Familles Indice de Disponibilité technologies recherche et Chercheurs en de brevets l’économie du des dernières au niveau des développement R-D triadiques savoir technologies entreprises Par million Par million % du PIB d’habitants d’habitants Indice Indice Indice 2005-2006 a 2005-2006 a 2005 2008 2008-2009 a 2007-2009 a Afrique du Sud 0,9 361 0,6 5,6 5,4 5,5 Allemagne 2,5 3 359 76,4 8,9 6,2 6,0 Autriche 2,4 3 473 39,7 8,9 6,2 6,2 Belgique 1,9 3 188 34,4 8,7 6,1 5,5 Canada 2,0 .. 24,0 9,2 6,2 5,6 Chine 1,3 .. 0,3 4,4 4,2 5,1 Corée, Rép. de 3,0 3 756 58,4 7,7 5,8 5,8 Danemark 2,5 5 202 42,2 9,6 6,5 6,2 Espagne 1,1 2 528 4,5 8,2 5,2 5,0 Estonie 0,9 2 478 .. 8,3 5,8 5,5 États-Unis 2,6 4 651 53,1 9,1 6,5 6,3 Finlande 3,5 7 545 53,0 9,4 6,6 6,1 France 2,1 3 353 39,4 8,5 6,2 5,6 Grèce 0,5 1 744 .. 7,4 4,7 4,4 Hongrie 0,9 1 574 4,1 7,9 4,7 4,7 Inde .. .. 0,1 3,1 5,2 5,5 Irlande 1,3 2 797 15,0 8,9 5,5 5,5 Islande 2,8 7 287 .. 8,9 6,7 6,6 Israël 4,5 .. 60,3 8,2 6,1 6,0 Italie 1,1 1 407 12,3 7,9 4,7 4,6 Japon 3,3 5 512 117,2 8,6 6,2 6,3 Koweït .. 74 .. 6,0 5,4 5,5 Lithuanie 0,8 2 230 .. 7,7 5,0 5,0 Luxembourg 1,6 4 877 50,5 8,7 5,7 5,5 Macédoine, ERY 0,2 547 .. 5,3 3,6 3,4 Norvège 1,5 4 668 25,6 9,3 6,4 6,1 Nouvelle-Zélande 1,2 4 207 15,3 8,9 .. 5,5 Pays-Bas 1,7 2 477 66,9 9,3 6,2 5,5 Pologne 0,1 1 627 .. 7,4 4,4 4,7 Portugal .. 2 007 .. 7,5 5,7 5,4 République slovaque 0,5 2 027 .. 7,3 5,1 5,4 République tchèque 1,4 2 371 .. 7,8 5,1 5,4 Royaume-Uni 1,8 2 995 27,4 9,1 6,2 5,6 Russie, Fédération de 1,1 3 227 0,4 5,4 3,9 4,1 Singapour 2,4 5 497 24,3 8,2 6,2 6,0 Slovénie 1,5 2 627 .. 8,3 5,1 4,9 Suède 3,9 6 095 81,0 9,5 6,6 6,2 Suisse .. .. 107,6 9,2 6,4 6,2 Tunisie 1,0 1 450 .. 4,7 5,4 5,4 Ukraine 1,0 .. .. 5,8 4,2 4,5 Remarque : Les 40 pays inclus dans le tableau ont été sélectionnés parce que des données étaient disponibles pour au moins quatre des six variables considérées. a. Les données indiquées sont celles de l’année la plus récente pour laquelle elles sont disponibles. RapportMonde_LIVRE2.indb 365 16/09/10 12:40 366 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Définitions et notes Tableau A1 Émissions de sources énergétiques Colonne Indicateur Notes Émissions de dioxyde de carbone 1, 2 Volume total des émissions de CO2 du secteur de l’énergie, y compris pour la production d’électricité Total annuel (millions de et de chaleur, les industries manufacturières et les activités de construction, le brûlage à la torche, tonnes) les transports et d’autres activités industrielles, indiqué par WRI (2008). Les émissions des processus industriels (essentiellement la fabrication de ciment) qui constituent environ 4 % des émissions de CO2 de sources énergétiques ne sont pas prises en compte. Les 65 économies incluses dans le tableau ont été sélectionnées parce qu’elles sont à l’origine de 96 % des émissions annuelles mondiales de CO2 dans le secteur de l’énergie pour 2005. Les chiffres globaux ont été établis au moyen des données relatives aux 210 économies qui constituent la liste intégrale. 2, 3 Variation (%) Variation en pourcentage des émissions de CO2 de sources énergétiques entre 1990 (année de base) et 2005. 4, 5 Par habitant (tonnes) Émissions annuelles divisées par la population en milieu d’année (Banque mondiale 2009) exprimées en tonnes de CO2 par personne. 6 Part du total mondial (%) Proportion des émissions totales mondiales de CO2 de sources énergétiques imputables à un pays donné, à un groupe de revenu déterminé ou à une région particulière. 7 Cumulées depuis 1850 Les émissions cumulées de CO2 entre 1850 et 2005 sont tirées de DOE (2009). Les émissions proviennent, (milliards de tonnes) notamment, de la combustion de combustibles solides, liquides et gazeux ainsi que de la production de ciment et du brûlage des gaz à la torche. Pour assurer la cohérence des données dans le temps, on a utilisé les données sur la production de combustibles de préférence aux données sur la consommation. Les émissions de CO2 ne comprennent pas les émissions des déchets, de l’agriculture, des changements d’affectation des terres ou des combustibles de soute utilisés dans les transports internationaux. Les émissions cumulées ont été calculées à partir des données disponibles : leur couverture commence en 1850 pour la majorité des 25 principaux émetteurs, et entre 1900 et 1950 pour les pays moins vastes et les États insulaires. 8, 9 Émissions annuelles totales de Émissions totales de méthane (CH4) et d’oxyde nitreux (N2O) en équivalent CO2 du secteur de l’énergie, gaz autres que le CO2 (millions tirées de WRI (2008). Cet indicateur comprend les émissions de la combustion de biomasse, celles de tonnes d’équivalent CO2) provenant des systèmes fonctionnant au pétrole et au gaz naturel, des industries extractives et d’autres sources stationnaires et mobiles. La conversion en équivalent CO2 permet d’exprimer le volume d’un mélange de gaz à effet de serre sous forme du volume de CO2 qui produirait le même réchauffement que le mélange de gaz (voir le Glossaire). 10, 11 Intensité carbone de l’énergie Rapport entre les émissions de dioxyde de carbone et la production d’énergie. Ce ratio mesure le caractère (tonnes de CO2 par tonne écologique de la production d’énergie et est exprimé en tonnes de CO2 (WRI 2008) par tonne d’équivalent d’équivalent pétrole) pétrole (AIE 2008a, 2008b). 12, 13 Intensité carbone du revenu Rapport entre les émissions de dioxyde de carbone et le produit intérieur brut. Ce rapport est un indicateur du (tonnes de CO2 par millier de caractère écologique de l’économie et exprimé en tonnes de CO2 par millier de dollars PPA de PIB. Les chiffres dollars PPA du PIB) des émissions sont tirés de WRI (2008) et les données sur le PIB proviennent de Banque mondiale (2009). Tableau A2 Émissions d’origine terrestre Tableau A2.a Émissions de CO2 associées au déboisement Colonne Indicateur Notes 1, 2 Émissions annuelles moyennes Les estimations des émissions de CO2 associées au déboisement sont basées sur Houghton (2009) et ont de CO2 (millions de tonnes) été établies à partir des estimations de la modification du couvert forestier tropical tirées de l’évaluation et rang des ressources forestières mondiales 2005 (FAO 2005). Les estimations des émissions de CO2 associées au déboisement varient dans le temps et par suite des carences des données : des différences existent entre les estimations des taux de déboisement et les estimations des stocks de carbone des forêts affectées à d’autres usages. Afin de prendre en compte l’évolution de la situation d’une année sur l’autre ainsi que les incertitudes dont sont entachées les mesures, les chiffres indiqués ici sont basés dur les émissions annuelles moyennes entre 1990 et 2005. Les 25 économies ayant le plus contribué aux émissions de CO2 associées au déboisement en 2005, qui figurent dans le tableau, sont à l’origine d’environ 95 % du total mondial. Le déboisement net dans les pays à revenu élevé est, selon les estimations, pratiquement nul sinon faiblement négatif. Le rang est basé sur les émissions annuelles moyennes sur la période 1990-2005. 3, 4 Émissions de CO2 par habitant Rapport entre les émissions annuelles moyennes associées au déboisement et la population en milieu (tonnes) et rang d’année, exprimé en tonnes de CO2 par personne. Les chiffres relatifs à la population proviennent de Banque mondiale (2009). Le rang attribué pour les émissions par habitant est basé sur le classement de 186 économies (voir chapitre 1, figure 1.1). 5 Proportion moyenne du total Proportion des émissions de CO2 correspondant aux émissions annuelles moyennes entre 1990 et 2005 en (mondial) pourcentage des émissions mondiales associées au déboisement. RapportMonde_LIVRE2.indb 366 16/09/10 12:40 Grands indicateurs 367 Tableau A2.b Émissions de gaz autres que le CO2 associées à l’agriculture Colonne Indicateur Notes 1, 2 Émissions annuelles (millions Émissions totales de méthane (CH4) et d’oxyde nitreux (N2O) en équivalent CO2 du secteur agricole, tirées de tonnes d’équivalent CO2) de WRI (2008). La conversion en équivalent CO2 permet d’exprimer le volume d’un mélange de gaz à effet de serre sous forme du volume de CO2 qui produirait le même réchauffement que le mélange de gaz (voir le Glossaire). Les émissions du secteur agricole proviennent principalement de la riziculture, des sols agricoles, de la gestion du fumier et de la fermentation entérique du bétail. Pour assurer la conformité avec les catégories établies par le GIEC pour les sources et les puits de carbone, les émissions de CO2 dues à la combustion de combustibles dans le secteur agricole sont imputées au secteur de l’énergie et non au secteur agricole. Les 25 économies ayant le plus contribué aux émissions de CO2 associées à l’agriculture, qui figurent dans le tableau, sont à l’origine d’environ 70 % du total mondial. 3 Proportion du total (mondial) Proportion du total des émissions totales à l’échelle mondiale associées au secteur agricole imputée à un (%) pays donné ou à une région particulière. 4–7 Émissions par habitant Rapport entre les émissions annuelles associées au secteur agricole et la population en milieu d’année, (million de tonnes métriques en 1990 et 2005 (Banque mondiale 2009) exprimé en tonnes d’équivalent CO2 par personne. Le rang attribué d’équivalent-CO2) et pour les émissions par habitant est basé sur le classement de toutes les économies (plus de 200). classement Tableau A3 Approvisionnement total en énergie primaire Colonne Indicateur Notes 1, 2 Approvisionnement en énergie L’approvisionnement total en énergie primaire (ATEP) est un indicateur de la consommation d’énergie primaire, total annuel (millions commerciale. L’ATEP est la somme de la production intérieure, des importations et des variations de stocks, de tonnes d’équivalent pétrole) moins les exportations et les combustibles utilisés pour des transports maritimes internationaux. Plus la proportion de l’ATEP provenant des combustibles fossiles est faible et celle des énergies renouvelables est élevée et plus l’économie suit une trajectoire écologique. Les données pour les 135 économies proviennent de AIE (2008a) pour les membres de l’OCDE et d’AIE (2008b) pour les autres économies. 3–5 Proportion des combustibles Proportion de l’énergie primaire totale provenant de combustibles fossiles, notamment le charbon, le fossiles dans l’ATEP (%) pétrole et le gaz naturel. La catégorie du charbon comprend aussi les produits qui en sont dérivés (AIE 2008a, 2008b). La catégorie du pétrole comprend le pétrole brut, les liquides de gaz naturel, les matières premières et les produits pétroliers. La catégorie du gaz naturel ne couvre que le gaz naturel. 6, 7 Proportion des énergies Proportion de l’énergie primaire totale d’origine hydraulique, solaire, éolienne, géothermique, ou provenant renouvelables dans l’ATEP (%) de la biomasse et des déchets (AIE 2008a, 2008b). La biomasse, aussi appelée combustibles traditionnels, se compose de matières animales et végétales (bois, déchets végétaux, éthanol, matières/déchets animaux et lignosulfites). Les déchets comprennent les déchets municipaux (déchets résidentiels, commerciaux, et des services publics collectés par les autorités locales en vue de leur décharge dans un centre où ils sont utilisés pour générer de la chaleur et/ou de l’électricité) et les déchets industriels. 8 Proportion de l’énergie Proportion de l’énergie primaire totale provenant de l’énergie nucléaire (AIE 2008a, 2008b). nucléaire dans l’ATEP (%) 9, 10 Consommation d’électricité par La consommation d’électricité par habitant mesure le nombre moyen de kilowattheures (kWh) d’électricité habitant (kilowattheures) généré par personne dans un pays donné (AIE 2008c) ou dans une région (AIE 2008d). L’électricité générée provient, notamment de centrales publiques et privées et d’installations de cogénération ainsi que de centrales nucléaires et hydroélectriques (à l’exception des centrales de pompage), géothermiques, éoliennes, solaires et autres centrales alimentées par des énergies renouvelables. L’électricité produite par la chaleur générée par des processus chimiques n’est pas incluse ici. La consommation d’électricité est égale à la somme de la production et des importations moins les exportations et les pertes de distribution. 11 Taux d’électrification (%) Proportion de la population ayant accès à l’électricité entre 2000 et 2006, tirée de AIE (2002, 2006). RapportMonde_LIVRE2.indb 367 16/09/10 12:40 368 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau A4 Catastrophes naturelles Colonne Indicateur Notes 1, 2 Mortalité (nombre de Nombre de personnes confirmées mortes et de personnes portées disparues et présumées mortes (chiffres personnes) officiels lorsqu’ils sont disponibles) par suite d’une catastrophe (telle que sécheresse, inondation et tempête) basé sur le CRED (2009). Les chiffres sont des moyennes annuelles pour la période 1971-2008. 3–5 Personnes touchées (milliers) Personnes blessées, sans abri et ayant besoin d’une aide immédiate par suite d’une catastrophe (telle que sécheresse, inondation et tempête) ; cette rubrique peut aussi comprendre les personnes déplacées ou évacuées indiquées dans le CRED (2009). Les chiffres sont des moyennes annuelles pour la période 1971-2008. 6, 7 Pertes économiques Estimation des dégâts engendrés par une catastrophe en dollars, sur la base du CRED (2009). Les chiffres (USD milliers) sont des moyennes annuelles pour la période 1971-2008. 8 Perte la plus élevée engendrée Estimation du total des dégâts représentant la perte la plus élevée engendrée par une catastrophe à par une seule catastrophe évolution lente ou rapide entre 1961 et 2008 (Mechler et al. 2009). Les économies inclues dans le tableau ont (% du PIB) subi au moins une perte due à une catastrophe se chiffrant à plus de 0,8 % de leur PIB durant la période considérée. Parmi les catastrophes considérées figurent, notamment, sécheresse, inondation, tempête, vague de froid et incendie de forêt. La perte la plus élevée engendrée par une seule catastrophe est définie comme la perte totale due à la catastrophe en question, exprimée en dollars (CRED 2009), divisée par le PIB total (Banque mondiale 2009). 9 Côte (kilomètres) Longueur totale de la limite entre la terre et la mer (y compris autour des îles), tirée de CIA (2009). 10 Population des zones côtières Proportion de la population totale vivant dans des zones côtières peu élevées (définies ici comme des peu élevées (%) zones terrestres contiguës à côte et ne se trouvant pas à plus de 10 mètres d’altitude), tirée de CIESIN (2006). 11 Superficie des zones côtières Proportion de la superficie totale constituée par des zones côtières peu élevées (définies ici comme peu élevées (%) des zones terrestres contiguës à côte et ne se trouvant pas à plus de 10 mètres d’altitude), tirée de CIESIN (2006). Tableau A5 Terre, eau et projections des impacts du changement climatique Colonne Indicateur Notes 1 Terres arables (million Les terres arables sont des terres qui sont adaptées à des cultures qui donnent lieu à de nouvelles d’hectares) plantations après chaque récolte, comme le blé, le maïs et le riz. Banque mondiale (2009). 2 Proportion des terres irriguées Proportion du total des terres cultivées en permanence qui sont irriguées, tirée de Banque mondiale (2009) (% des terres cultivées en permanence) 3 Production aquacole La production aquacole comprend les produits de l’élevage d’organismes aquatiques tels que poissons, (USD millions) mollusques et crustacés et de la culture de plantes aquatiques dans de l’eau saumâtre, de l’eau douce ou de l’eau de mer ; dans des lasses d’eau intérieures et dans des zones marines. La production aquacole couvre plus précisément les produits des activités aquacoles devant faire l’objet d’une récolte finale en vue de leur consommation. Données de la FAO (2009) 4–7 Projections des impacts Projections des impacts physiques du changement climatique à l’horizon du milieu du 21e siècle. Les physiques indicateurs retenus sont, notamment, l’évolution des températures annuelles moyennes, la variation des précipitations et de leur intensité, et l’allongement de la durée des vagues de chaleur. Ces projections sont des moyennes obtenues à partir de 19 modèles de circulation utilisées par le GIEC pour le quatrième rapport d’évaluation (GIEC 2007). Les variations sont estimées pour la période future 2030-2049 par rapport à la période 1980-1999. Les indicateurs sont des moyennes pondérées par des coefficients spatiaux. 8, 9 Projections des impacts Variation en pourcentage de la production agricole (définie par les recettes à l’hectare) entre 2000 et 2080 agricoles établie sur la base des « estimations préférentielles » de Cline (2007). Les impacts sur le rendement agricole sont définis par la variation moyenne en pourcentage des rendements entre 2000 et 2050 du blé, du riz, du maïs, du mil, du pois fourrager, de la betterave sucrière, de la patate douce, du soja, des arachides, du tournesol et de colza, établie à partir de Muller et al. (2009). RapportMonde_LIVRE2.indb 368 16/09/10 12:40 Tableau A6 Richesse des nations Colonne Indicateur Notes 1 Patrimoine total (USD par Patrimoine global produit par les nations dans le passé, qui représente la valeur de tous les biens, habitant) ressources et services, y compris le capital naturel, le capital produit et le capital intangible. Les sous- catégories du capital naturel sont les forêts, les sols et les ressources agricoles qui sont un indicateur de la mesure dans laquelle un pays est tributaire de ses ressources naturelles et est vulnérable au changement climatique. Tous les indicateurs sont exprimés en USD pat habitant, la valeur obtenue étant égale à la valeur totale divisée par la population en milieu d’année (Banque mondiale 2005). 2 Capital produit (USD par habitant) Le capital produit comprend les matériels, machines et structures ainsi que les espaces urbains 3 Capital intangible Le capital intangible comprend la main-d’œuvre au sens propre, le capital humain, le capital social et (USD par habitant) d’autres facteurs comme la qualité des institutions. Il est calculé sous forme de résidu, et correspond à la différence entre le patrimoine total et la somme du capital produit et du capital naturel. 4 Capital naturel Le capital naturel comprend les ressources énergétiques (pétrole, gaz naturel, houille et lignite), (USD par habitant) les ressources minérales (bauxite, cuivre, or, fer, plomb, nickel, phosphates, argent, étain et zinc), les ressources ligneuses, les ressources forestières autres que le bois, les terres cultivées en permanence, les terrains de pâture, et les zones protégées. 5 Terrains de pâture Le capital naturel associé aux terrains de pâture correspond à la valeur annuelle des terrains de pâture (USD par habitant) utilisés pour la production de biens. Les terrains de pâture sont supposés avoir une rentabilité égale à 45 % de la valeur de la production, qui est établie sur la base de la production de bœuf, d’agneau, de lait et de laine évaluée sur la base des prix mondiaux 6 Terres cultivées Le capital naturel associé aux terres cultivées en permanence correspond à la valeur annuelle de la en permanence production agricole établie sur la base des terres disponibles. Les terres cultivées en permanence ont (USD par habitant) une rentabilité égale à la différence entre la valeur marchande des cultures et les coûts de production de chaque culture. 7 Zones protégées Le capital naturel associé aux terres cultivées en permanence correspond à la valeur annuelle des avantages (USD par habitant) procurés par les zones protégées, notamment leur valeur récréative, touristique et autre valeur d’existence. 8 Ressources forestières autres Les avantages procurés par les ressources forestières autres que le bois comprennent des produits que le bois forestiers mineurs, la chasse, les loisirs et la protection des bassins versants. Pour calculer les avantages (USD par habitant) annuels, il a été posé en hypothèse qu’un dixième des superficies forestières de chaque pays est accessible et procure des avantages dont la valeur se situe entre 190 dollars l’hectare dans les pays développés et 145 dollars l’hectare dans les pays en développement 9 Ressources en bois Les ressources en bois couvrent le bois rond (dans son état naturel) des essences de conifères et de non- (USD par habitant) conifères. Les valeurs marchandes étant employées pour estimer la valeur du bois sur pied, une distinction a été faite entre les forêts exploitables pour leur bois et les forêts non exploitables pour leur bois. Les superficies des forêts exploitables pour leur bois sont celles qui sont situées à moins de 50 kilomètres d’infrastructures. 10 Actifs souterrains Les actifs souterrains sont les réserves prouvées de gisements minéraux situés à la surface de la terre ou (USD par habitant) sous terre, qui peuvent être exploitées de manière économique avec les technologies existantes et aux prix relatifs en vigueur. Tableau A7 Innovation, recherche et développement Colonne Indicateur Notes 1 Dépenses en recherche et Les dépenses de recherche et développement sont les dépenses de fonctionnement et d’équipement (publiques développement (% du PIB) et privées) consacrées à des efforts de création entrepris de manière systématique pour accroître la base de connaissances, y compris la connaissance de l’humanité, de la culture et de la société, et à l’utilisation de cette base de connaissances pour concevoir de nouvelles applications. La R-D couvre la recherche de base, la recherche appliquée et le développement expérimental. La proportion des dépenses de R-D est égale au montant total des dépenses de R-D divisé par le PIB d’une année donnée. Les données proviennent de la Banque mondiale. 2 Chercheurs en R-D Nombre de chercheurs en R-D par million d’habitants. (par million d’habitants) 3 Familles de brevets Séries de brevets déposés, pour une même invention, auprès de l’Office européen des brevets, du Japan triadiques (par million Patent Office et du United States Patent and Trademark Office. Constitue un bon indicateur du nombre de d’habitants) brevets déposés et de brevets par habitant (OCDE 2008). 4 Indice de l’économie L’indice de l’économie du savoir (Banque mondiale 2008) est un indice synthétique basé sur la méthode du savoir d’évaluation des connaissances 2008 de la Banque mondiale (KAM) et indique la mesure dans laquelle un pays ou une région peut opérer dans le cadre de l’économie du savoir. L’indice (KEI) est une moyenne simple de 4 sous-indices représentant les quatre pierres angulaires de l’économie du savoir : 1) Incitations économiques et régime institutionnel, 2) Éducation et formation, 3) Innovation et adoption de technologies, et 4) Infrastructure des technologies de l’information et des communications. 5 Disponibilité des dernières Indice mesurant la disponibilité des dernières technologies dans un pays. Cet indice se situe entre 1 (faible technologies disponibilité et faible utilisation) et 7 (importante disponibilité et forte utilisation). Pour une liste exhaustive des pays, voir le Forum économique mondial (2009). 6 Absorption des technologies Indice mesurant la capacité d’un pays à absorber les nouvelles technologies. Cet indice se situe entre par les entreprises 1 (capacité d’absorption nulle) et 7 (forte capacité d’absorption). Pour une liste exhaustive des pays, voir le Forum économique mondial (2009). RapportMonde_LIVRE2.indb 369 16/09/10 12:40 370 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Symboles et agrégats FAO. 2009. “Global Aquaculture Production 1950-2007.” Rome, Italie : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agri- Le symbole .. signifie que les données ne sont pas culture, Département des pêches et de l’aquaculture. Disponible à disponibles ou qu’il n’a pas été possible de calculer des l’adresse http://www.fao.org/fishery/statistics/global-aquaculture- agrégats en raison de l’absence de données pour les années production/query/en (consultation en juillet 2009). indiquées. Houghton, R. A. 2009. “Emissions of Carbon from Land Les nombres 0 et 0,0 indiquent une valeur nulle ou Management.” Note préliminaire pour RDM 2010. inférieure à la moitié de l’unité considérée. AIE (Agence internationale de l’énergie). 2002. World Energy Les agrégats établis pour les régions et les groupes de Outlook 2002. Paris : AIE. revenus sont des sommes simples lorsqu’ils sont exprimés ———. 2006. World Energy Outlook 2006. Paris: AIE. sous forme de niveau. Les taux et ratios des agrégats sont des ———. 2008a. Energy Balances of Non-OECD Countries – 2008 moyennes pondérées. Edition. Paris: AIE. Les chiffres récapitulatifs sont des totaux (et sont suivis de ———. 2008b. Energy Balances of OECD Countries – 2008 Edition. Paris: AIE. la lettre t si leur calcul a fait intervenir des estimations parce ———. 2008c. Energy Statistics of Non-OECD Countries – 2008 que des données manquent ou que des économies n’ont pas Edition. Paris: AIE. communiqué leurs données, ou de la lettre s s’il s’agit d’une ———. 2008d. Energy Statistics of OECD Countries – 2008 simple somme des données disponibles), des moyennes Edition. Paris: AIE. pondérées (lettre w), ou des valeurs médianes (lettre m) Mechler, R., S. Hochrainer, G. Pflug, K. Williges, et A. Lotsch. pour les groupes d’économies. Les données sur les pays qui 2009. “Assessing the Financial Vulnerability to Climate-Related ne figurent pas dans les tableaux principaux sont prises en Natural Hazards.” Document préliminaire pour le RDM 2010. compte dans le calcul des chiffres récapitulatifs. Müller, C., A. Bondeau, A. Popp, K. Waha, et M. Fader. 2009. “Climate Change Impacts on Agricultural Yields.” Note préliminaire pour le RDM 2010. Bibliographie OCDE. 2008. Compendium of Patent Statistics 2008. Paris : CCIA. 2009. “The World Factbook 2009.” Washington, DC: Organisation de coopération et de développement économiques. Central Intelligence Agency. Disponible à l’adresse https://www.cia. ———. 2009. “OECD Science and Technology Database - Main gov/library/publications/the-world-factbook/index.html (consulta- Science and Technology Indicators.” Paris, Organisation de coopéra- tion en juillet 2009). tion et de développement économiques. Disponible à l’adresse http:// CIESIN. 2006. “Low Elevation Coastal Zone (LECZ) Urban- www.sourceoecd.org (consultation en juillet 2009). Rural Estimates, Global Rural-Urban Mapping Project (GRUMP), Banque mondiale. 2005. Where is the Wealth of Nations? Measuring Alpha Version.” Palisades, NY: Socioeconomic Data and Applications Capital for the 21st Century. Washington, DC : Banque mondiale. Center (SEDAC), Columbia University. Disponible à l’adresse http:// ———. 2008. “Knowledge Assessment Methodology - sedac.ciesin.columbia.edu/gpw/lecz (consultation en juillet 2009). Knowledge Economy Index (KEI).” Washington, DC : Banque Cline, W. R. 2007. Global Warming and Agriculture: Impact mondiale. Disponible à l’adresse http://info.worldbank.org/etools/ Estimates by Country. Washington, DC: Center for Global kam2/KAM_page5.asp (consultation en août 2009). Development and Peterson Institute for International Economics. ———. 2009. World Development Indicators 2009. Washington, CRED. 2008. “EM-DAT: The OFDA/CRED International DC : Banque mondiale. Emergency Disaster Database.” Bruxelles, Belgique : Centre de Forum économique mondial. 2009. Global Information Technology Recherche sur l’Epidémiologie des désastres (CRED), Université Report 2008-2009. Genève, Suisse : Forum économique mondial. Catholique de Louvain - École de Santé Publique. WRI. 2008. “Climate Analysis Indicators Tool (CAIT).” DOE (U.S. Department of Energy). 2009. “Carbon Dioxide Washington, DC : Institut des ressources mondiales. Information Analysis Center (CDIAC).” DOE, Oak Ridge, TN. RapportMonde_LIVRE2.indb 370 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 D ans le rapport de cette année, les données sur le institutions spécialisées, le Fonds monétaire international développement sont présentées dans six tableaux (FMI) et l’Organisation de coopération et de développement contenant des données socio-économiques com- économiques (OCDE) (se reporter aux sources des données paratives sur plus de 130 économies pour l’année qui figurent à la suite des notes techniques pour une liste la plus récente pour laquelle elles sont disponibles et, dans exhaustive de ces sources).. Bien que les normes internatio- le cas de certains indicateurs, pour une année antérieure. nales applicables en matière de couverture, de définitions et Un tableau supplémentaire contient les indicateurs de base de classification soient respectées pour la plupart des statis- pour 78 économies pour lesquelles on ne dispose que de tiques communiquées par les pays et les institutions inter- données fractionnaires ou qui comptent moins de 3 millions nationales, il existe inévitablement des différences au niveau d’habitants. du degré d’actualité et de fiabilité des données, qui tiennent Les indicateurs présentés ici ont été sélectionnés à partir à la diversité des capacités des ressources consacrées à la col- de plus de 800 indicateurs inclus dans la publication World lecte et à la compilation des données de base. Dans certains Development Indicators 2009. Cette publication (WDI), qui domaines, les services de la Banque mondiale doivent exam- paraît une fois par an, donne une vue générale du processus iner des données d’origines différentes pour s’assurer que ce de développement. Ses six sections reflètent la contribution sont les données les plus fiables qui sont présentées. Dans d’une large gamme de facteurs : les progrès accomplis en certains cas, les données disponibles ne sont pas incluses direction des objectifs de développement pour le Millénaire dans le rapport parce qu’elles sont jugées trop déficientes et la valorisation du capital humain, la viabilité de l’environ- pour fournir une évaluation fiable des niveaux et des ten- nement, les résultats macroéconomiques, le développement dances, ou parce qu’elles ne respectent pas suffisamment les du secteur privé et le climat de l’investissement, et les rela- normes internationales. tions internationales qui influent sur le contexte extérieur Les données présentées sont, dans l’ensemble, compa- du développement. Il importe de noter ici que, dans l’édition rables à celles qui ont été publiées dans World Development de cette année, le tableau concernant la pauvreté (tableau 2) Indicators 2009. Les chiffres ont toutefois été révisés et mis à présente des estimations de la pauvreté établies sur la base jour chaque fois que de nouvelles informations étaient deve- de seuils de pauvreté internationaux de 1,25 et 2 dollars par nues disponibles. Les écarts observés peuvent également jour, qui sont fondées sur de nouvelles estimations de la tenir aux révisions apportées aux séries chronologiques et parité du pouvoir d’achat (PPA) ayant 2005 pour année de aux méthodes employées. Les chiffres publiés dans diffé- référence. rentes éditions d’une même publication de la Banque mon- World Development Indicators est complété par une base diale n’ont pas toujours été établis à la même époque. Il est de données publiées séparément, qui donne accès à plus de donc recommandé aux lecteurs de ne pas compiler de séries 800 séries chronologiques d’indicateurs pour 227 écono- statistiques à partir de chiffres provenant de publications mies et régions. Cette base de données peut être obtenue par différentes ou d’éditions différentes d’une même publica- abonnement en ligne (WDI Online) ou sur CD-ROM. tion. Il est possible d’obtenir des séries chronologiques cohé- rentes en se reportant au CD-ROM de World Development Sources de données et méthodes Indicators 2009 ou au WDI Online. Les données socio-économiques et environnementales Sauf indication contraire, tous les montants en dol- présentées dans ce rapport proviennent de différentes lars sont exprimés en dollars courants des États-Unis. Les Sources : elles peuvent être des données primaires col- diverses méthodes utilisées pour convertir les chiffres en lectées par la Banque mondiale, être tirées de publica- monnaie nationale sont décrites dans les notes techniques. tions statistiques nationales ou avoir été établies par les Les activités principales de la Banque mondiale consis- instituts de recherche ou des organisations internationales tant à accorder des fi nancements et à fournir des conseils comme l’Organisation des Nations Unies (ONU) et ses sur l’action à mener à ses États membres à revenu faible ou à revenu intermédiaire, les domaines couverts par ces tableaux RapportMonde_LIVRE2.indb 371 16/09/10 12:40 372 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E mettent essentiellement l’accent sur ces économies. Les à des informations manquantes. La section des Notes tech- informations disponibles sur les économies à revenu élevé niques consacrée aux Méthodes statistiques fournit de plus sont également présentées à titre de comparaison. Le lecteur amples informations sur les méthodes employées pour cal- peut se reporter aux publications statistiques nationales ainsi culer les valeurs des agrégats. Les coefficients de pondération qu’aux publications de l’OCDE et de l’Union européenne utilisés pour construire les agrégats sont indiqués dans les (EU) pour de plus amples informations sur les économies notes techniques relatives à chaque tableau. à revenu élevé. Terminologie et couverture des données Classification des économies et chiffres Le terme de pays n’implique pas nécessairement l’indépen- récapitulatifs dance politique, mais peut désigner tout territoire pour lequel Les chiffres récapitulatifs portés au bas de la plupart des les autorités communiquent séparément des statistiques tableaux ont été établis sur la base des chiffres relatifs aux sociales ou économiques. Les données sont présentées pour économies classées par niveau de revenu par habitant et par les économies telles qu’elles étaient constituées en 2008, les région. Le revenu national brut (RNB) par habitant est le chiffres se rapportant aux périodes antérieures ont été modi- critère retenu pour définir les classifications de revenus sui- fiés sur la base de la situation politique actuelle. Dans tous vantes : économie à faible revenu, 975 dollars ou moins en les tableaux, une note de bas de page indique les exceptions. 2008 ; économies à revenu intermédiaire, entre 976 et 11 905 Sauf indication contraire, les données relatives à la Chine ne dollars ; et économies à revenu élevé, à partir de 11 906 dol- couvrent pas les données pour Hong Kong (Chine) ; pour lars. La catégorie des économies à revenu intermédiaire est Macao (Chine) ; ou pour Taïwan (Chine). Les données pour elle-même décomposée en deux sous-catégories selon que le l’Indonésie comprennent les données pour le Timor-Leste RNB par habitant de l’économie est inférieur à 3 855 dollars jusqu’à la fi n de 1999 sauf indication contraire. Le Monté- (économie à revenu intermédiaire, tranche inférieure), ou négro a déclaré son indépendance de la Serbie-et-Monténé- supérieur à ce montant (économie à revenu intermédiaire, gro le 3 juin 2006. Lorsqu’elles sont disponibles, les données tranche supérieure). Les économies sont reclassées chaque relatives à chacun des deux pays sont indiquées séparément. année sur la base de leur revenu par habitant, de sorte que la Toutefois, certains indicateurs relatifs à la Serbie continuent composition des groupes de revenus peut se modifier chaque d’être établis sur la base de données qui incluent des chiffres année. Lorsque la classification est modifiée sur la base des pour Monténégro jusqu’à la fin de 2005 ; ils sont indiqués par estimations les plus récentes, les agrégats établis à partir une note de bas de page. Par ailleurs, les données relatives à des nouvelles classifications de revenu sont recalculés pour la plupart des indicateurs relatifs à la Serbie établis à partir toutes les périodes antérieures pour assurer le maintien de la de 1999 ne comprennent pas les données relatives au Kosovo cohérence des séries chronologiques. La liste des économies qui, en 1999, est devenu un territoire sous administration comprises dans chaque groupe (y compris les économies qui internationale en vertu de la Résolution 1244 du Conseil de comptent moins de 3 millions d’habitants) figurent dans le sécurité des Nations Unies (1999) ; toute exception à cette tableau sur la classification des économies, à la fin du présent règle est dûment notée. volume. Les chiffres récapitulatifs sont des totaux (et sont suivis de Notes techniques la lettre t si leur calcul a fait intervenir des estimations parce La qualité des données et des comparaisons internationales que des données manquent ou que des économies n’ont pas étant souvent sources de difficultés, le lecteur est invité à se communiqué leurs données, ou de la lettre s s’il s’agit d’une référer aux notes techniques, au tableau de la classification simple somme des données disponibles), des moyennes pon- des économies par revenu et par région et aux notes de ren- dérées (lettre w), ou des valeurs médianes (lettre m) calculées voi des tableaux. Pour tous renseignements supplémentaires, pour les groupes d’économies. Les données sur les pays qui le lecteur peut se reporter à World Development Indicators ne sont pas inclues dans les tableaux principaux (c’est-à-dire 2009. les pays inclus dans le tableau 6) sont prises en compte dans le calcul des chiffres récapitulatifs, directement lorsqu’elles Symboles sont disponibles ou ; sinon, sous forme d’estimations établies Le symbole .. signifie que les données ne sont pas disponibles en suivant la tendance générale des pays déclarants. Cela per- ou qu’il n’a pas été possible de calculer des agrégats en raison met de standardiser les pays couverts pour chaque période et, de l’absence de données pour les années indiquées. partant, de parvenir à des agrégats plus cohérents. Toutefois, Les nombres 0 et 0,0 indiquent une valeur nulle une aucun chiffre récapitulatif n’est indiqué pour le groupe de valeur suffisamment faible pour que le chiffre soit arrondi à pays et la mention non disponible est portée dans le tableau zéro au nombre de décimales indiquées. lorsque au moins un tiers de l’estimation globale correspond RapportMonde_LIVRE2.indb 372 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 373 Le signe / entre deux dates, par exemple 2003/2004, signi- à des taux de croissance calculés sur une période moins fie que la période de temps considéré, qui est généralement longue que la période indiquée. de 12 mois, s’étend sur deux années calendaires et corres- • Les données relatives à des années éloignées de plus de pond à une campagne, une année d’enquête ou un exercice trois ans de l’intervalle indiqué font l’objet d’une note de budgétaire. renvoi. Le terme « dollar » et le symbole « USD » désignent le dol- Le lecteur peut obtenir de plus amples informations sur lar des États-Unis courant, sauf indication contraire. le WDI 2009, et peut passer une commande en ligne, par Le signe > signifie « supérieur à ». téléphone ou par télécopie comme indiqué ci-après : < signifie « inférieur à ». Pour de plus amples informations et pour passer une commande en ligne, se rendre l’adresse : http://www.world- Conventions typographiques bank.org/data/wdi2009/index.htm. • Un blanc signifie que la catégorie est sans objet ou, dans Pour commander par téléphone, appeler le : 1-800-645- le cas d’un agrégat, qu’elle n’est pas significative pour 7247 ou 703-661-1580 ; et pour commander par télécopie, l’analyse. envoyer la commande au : 703-661-1501 Pour commander par courrier, envoyer une demande à : • Un milliard est égal à 1 000 millions. The World Bank, P.O. Box 960, Herndon, VA 20172-0960, • Un millier de milliards est égal à 1 000 milliards. U.S.A. • Les chiffres en italique se rapportent à des années ou à des périodes autres que celles qui sont indiquées, ou encore RapportMonde_LIVRE2.indb 373 16/09/10 12:40 374 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Classification des économies par région et niveau de revenu, Ex. 10 Afrique subsaharienne Amérique latine et Caraïbes Europe et Asie centrale Économies à revenu élevé Afrique du Sud ERIS Argentine ERIS Albanie ERII membres de l’OCDE Angola ERII Belize ERII Arménie ERII Allemagne Bénin ERF Bolivie ERII Azerbaïdjan ERIS Australie Botswana ERIS Brésil ERIS Bélarus ERIS Autriche Burkina Faso ERF Chili ERIS Bosnie et Herzégovine ERIS Belgique Burundi ERF Colombie ERIS Bulgarie ERII Canada Cameroun ERII Costa Rica ERIS Géorgie ERIS Corée, Rép. de Cap-Vert ERII Cuba ERIS Kazakhstan ERII Danemark Comores ERF Dominique ERIS Kosovo ERF Espagne Congo, Rép. dém. Du ERF Équateur ERII Lettonie ERIS États-Unis Congo, Rép. du ERII Grenade ERIS Lituanie ERIS Finlande Côte d’Ivoire ERII Guatemala ERII Macédoine, ERY ERII France Érythrée ERF Guyana ERII Moldavie ERIS Grèce Éthiopie ERF Haïti ERF Monténégro ERIS Hongrie Gabon ERIS Honduras ERII Ouzbékistan Irlande Gambie ERF Jamaïque ERIS Pologne ERIS Islande Ghana ERF Mexique ERIS Rép. kirghize ERIS Italie Guinée ERF Nicaragua ERII Roumanie ERIS Japon Guinée-Bissau ERF Panama ERIS Russie, Féd. de ERIS Luxembourg Kenya ERF Paraguay ERII Serbie ERF Norvège Lesotho ERII Pérou ERIS Tadjikistan ERIS Nouvelle-Zélande Libéria ERF Rép. dominicaine ERIS Turkménistan ERII Pays-Bas Madagascar ERF Sainte-Lucie ERIS Turquie ERII Portugal Mawati ERF Saint-Kitts-et-Nevis ERIS Ukraine ERF République slovaque Mali ERF Saint-Vincent-et-les-Grenadines ERIS République tchèque Maurice ERIS Salvador ERII Asie de l’Est et Pacifique Royaume-Uni Mauritanie ERF Suriname ERIS Cambodge ERF Suède Mayotte ERIS Uruguay ERIS Chine ERII Suisse Mozambique ERF Venezuela, R. B. de ERIS Corée, Rép. dém. de ERF Namibie ERIS Fidji ERIS Autres économies à revenu Niger ERF Asie du Sud Indonésie ERII élevé Nigéria ERII Afghanistan ERF Kiribati ERII Andorre Ouganda ERF Bangladesh ERF Malaisie ERIS Anglo-Normandes, Iles République centrafricaine ERF Bhoutan ERII Marshall, Îles ERII Antigua-et-Barbuda Rwanda ERF Inde ERII Micronésie, États fédérés de ERII Antilles néerlandaises Sao Tomé-et-Principe ERII Maldives ERII Mongolie ERF Arabie saoudite Sénégal ERF Népal ERF Myanmar ERIS Aruba Seychelles ERIS Pakistan ERII Palaos ERII Bahamas Sierra Leone ERF Sri Lanka ERII Papouasie-Nouvelle-Guinée Bahreïn Somalie ERF Philippines ERII Barbade Soudan ERII RDP Lao ERII Bermudes Swaziland ERII Salomon, Îles ERF Brunei Darussalam Tanzanie ERF Samoa ERII Caïman, Îles Tchad ERF Samoa américaines ERII Chypre Togo ERF Thaïlande ERIS Croatie Zambie ERF Timor oriental ERII Émirats arabes unis Zimbabwe ERF Tonga ERII Estonie Vanuatu ERII Groenland Viet Nam ERF Guam Guinée équatoriale Moyen-Orient et Afrique Hong Kong (Chine) du Nord Îles Féroé Algérie Île de Man Cisjordanie et Gaza ERIS Îles Vierges (É.-U.) Djibouti ERII Israël Égypte, Rép. arabe d’ ERII Koweit Irak ERII Liechtenstein Iran, Rép. islamique d’ ERII Macao (Chine) Jordanie ERII Malte Liban ERII Mariannes du Nord, Îles Libye ERIS Monaco Maroc ERIS Nouvelle-Calédonie Rép. arabe syrienne ERII Oman Tunisie ERII Polynésie française Yémen, Rép. Du ERII Puerto Rico ERF Qatar Saint-Marin Singapour Slovénie Taiwan (Chine) Trinité-et-Tobago Ce tableau classe toutes les économies membres de la Banque mondiale et toutes les autres économies comptant plus de 30 000 habitants. Les économies sont classées par groupes de revenus sur la base de leur RNB par habitant de 2008, calculée au moyen de la méthode de l’Atlas de la Banque mondiale. Les groupes retenus sont : les économies à faible revenu (EFR), 975 dollars ou moins ; les économies à revenu intermédiaire, tranche inférieure (ERII), entre 976 et 3 855 dollars ; les économies à revenu intermédiaire, tranche supérieure (ERIS), entre 3 856 et 11 905 dollars ; et les pays à revenu élevé, 11 906 dollars et plus. Source : Données de la Banque mondiale. RapportMonde_LIVRE2.indb 374 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 375 Tableau 1 Principaux indicateurs du développement Évaluation PPA du Revenu national brut revenu national brut par Taux Espérance de vie d’alphabé- Population (RNB) habitant (RNB) Produit à la naissance tisation Taux de intérieur des adultes croissance Densité de Composition brut par (15 ans annuel population de la pulation USD USD par USD USD par habitant, % et plus) Millions moyen en % au km² par âge milliards habitant milliards habitant accroiss. Hommes Femmes (%) Afghanistan .. .. .. .. 9,8 ..c 30,6 d .. .. .. .. .. Afrique du Sud 49 1,3 40 31 283,3 5 820 476,2 9 780 1,3 49 52 88 Albanie 3 0,3 115 24 12,1 3 840 25,0 7 950 5,6 73 80 99 Algérie 34 1,5 14 28 146,4 4 260 272,8d 7 940d 1,5 71 74 75 Allemagne 82 0,0 236 14 3 485,7 42 440 2 952,4 35 940 1,5 77 82 .. Angola 18 2,9 14 45 62,1 3 450 90,5 5 020 11,8 45 49 .. Arabie Saoudite 25 2,2 11 33 374,3 15 500 554,4 22 950 2,1 71 75 85 Argentine 40 1,0 15 25 287,2 7 200 559,2 14 020 6,0 72 79 98 Arménie 3 0,0 109 21 10,3 3 350 19,4 6 310 6,6 70 77 99 Australie 21 1,4 3 19 862,5 40 350 727,5 34 040 1,9 79 84 .. Autriche 8 0,5 101 15 386,0 46 260 314,5 37 680 1,5 77 83 .. Azerbaïdjan 9 0,9 105 25 33,2 3 830 67,4 7 770 9,6 64 71 100 Bangladesh 160 1,6 1 229 32 82,6 520 230,6 1 440 4,7 65 67 53 Bélarus 10 –0,4 47 15 52,1 5 380 117,6 12 150 10,2 65 76 100 Belgique 11 0,5 354 17 474,5 44 330 372,1 34 760 0,4 77 83 .. Bénin 9 3,3 78 43 6,0 690 12,7 1 460 1,8 60 62 41 Bolivie 10 1,9 9 37 14,1 1 460 40,1 4 140 4,3 63 68 91 Bosnie et Herzégovine 4 0,3 74 16 17,0 4 510 32,5 8 620 6,2 72 78 .. Brésil 192 1,2 23 26 1 411,2 7 350 1 932,9 10 070 4,1 69 76 90 Bulgarie 8 –0,7 70 13 41,8 5 490 91,1 11 950 6,5 69 76 98 Burkina Faso 15 3,1 56 46 7,3 480 17,6 1 160 1,5 51 54 29 Burundi 8 2,8 314 39 1,1 140 3,1 380 1,4 49 52 .. Cambodge 15 1,7 83 34 8,9 600 26,8 1 820 3,4 57 62 76 Cameroun 19 2,2 41 41 21,8 1 150 41,3 2 180 1,9 50 51 .. Canada 33 1,0 4 17 1 390,0 41 730 1 206,5 36 220 –0,6 78 83 .. Chili 17 1,0 22 23 157,5 9 400 222,4 13 270 2,2 75 82 97 Chine 1 326 0,6 142 21 3 899,3 2 940 7 984,0 6 020 8,4 71 75 93 Cisjordanie et Gaza 4 3,4 638 45 .. ..f .. .. .. 72 75 94 Colombie 45 1,4 40 30 207,4 4 660 379,1 8 510 1,3 69 77 93 Congo, Rép. dém. du 64 3,0 28 47 9,8 150 18,4 290 3,2 45 48 .. Congo, Rép. du 4 2,2 11 41 7,1 1 970 11,2 3 090 3,7 53 55 .. Corée, Rép. de 49 0,4 492 17 1 046,3 21 530 1 366,9 28 120 1,9 76 82 .. Costa Rica 5 1,8 89 26 27,5 6 060 49,6d 10 950d 1,5 76 81 96 Côte d’Ivoire 21 2,2 65 41 20,3 980 32,6 1 580 –0,1 56 59 .. Croatie 4 0,0 79 15 60,2 13 570 81,7 18 420 2,4 72 79 99 Danemark 5 0,4 130 18 325,1 59 130 205,0 37 280 –1,8 76 81 .. Égypte, Rép. arabe d’ 82 1,9 82 32 146,9 1 800 445,4 5 460 5,1 68 72 66 Émirats arabes unis 4 4,0 54 19 .. ..i .. .. 5,7 77 81 90 Équateur 13 1,1 49 31 49,1 3 640 104,7 7 760 5,4 72 78 84 Érythrée 5 3,8 49 42 1,5 300 3,1d 630d –1,2 56 60 .. Espagne 46 1,5 91 15 1 456,5 31 960 1 418,7 31 130 –0,3 78 84 98 États-Unis 304 0,9 33 20 14 466,1 47 580 14 282,7 46 970 0,2 75 81 .. Éthiopie 81 2,6 81 44 22,7 280 70,2 870 8,5 54 56 .. Finlande 5 0,3 17 17 255,7 48 120 189,5 35 660 0,4 76 83 .. France 62 0,7 113 18 2 702,2e 42 250e 2 134,4 34 400 –0,2 78 85 .. Géorgie 4 –1,0 63 17 10,8 2 470 21,2 4 850 2,8 67 75 .. Ghana 23 2,2 103 39 15,7 670 33,4 1 430 4,0 56 57 65 Grèce 11 0,4 87 14 322,0 28 650 320,0 28 470 2,5 77 82 97 Guatemala 14 2,5 126 42 36,6 2 680 64,2d 4 690d 1,5 67 74 73 Guinée 10 2,0 40 43 3,7 390 11,7 1 190 6,0 56 60 .. Haïti 10 1,6 355 37 6,5 660 11,5d 1 180d –0,5 59 63 .. Honduras 7 1,9 65 38 13,0 1 800 28,0d 3 870d 2,2 67 74 84 Hong Kong, Chine 7 0,6 6 696 13 219,3 31 420 306,8 43 960 1,6 79 85 .. Hongrie 10 –0,2 112 15 128,6 12 810 178,6 17 790 0,8 69 77 99 Inde 1 140 1,4 383 32 1 215,5 1 070 3 374,9 2 960 5,7 63 66 66 Indonésie 228 1,3 126 27 458,2 2 010 875,1 3 830 4,9 69 73 92 Irak .. .. .. .. .. ..f .. .. .. .. .. .. Iran, Rép. islamique d’ 72 1,5 44 24 251,5 3 540 769,7 10 840 4,2 69 73 82 Irlande 4 2,0 65 21 221,2 49 590 166,6 37 350 –4,4 77 82 .. Israël 7 1,9 338 28 180,5 24 700 200,6 27 450 2,3 79 83 .. Italie 60 0,6 204 14 2 109,1 35 240 1 810,6 30 250 –1,8 79 84 99 Japon 128 0,1 350 13 4 879,2 38 210 4 497,7 35 220 –0,7 79 86 .. Jordanie 6 2,6 67 35 19,5 3 310 32,7 5 530 2,3 71 74 91 Kazakhstan 16 0,6 6 24 96,2 6 140 152,0 9 690 1,9 61 72 100 Kenya 39 2,6 68 43 29,5 770 60,9 1 580 0,9 53 55 .. Liban 4 1,2 405 26 26,3 6 350 45,0 10 880 6,9 70 74 90 Libéria 4 3,7 39 43 0,6 170 1,1 300 2,4 57 59 56 Libye 6 2,0 4 30 72,7 11 590 98,1d 15 630d 5,0 72 77 87 Lituanie 3 –0,5 54 15 39,9 11 870 61,1 18 210 3,6 65 77 100 Madagascar 19 2,8 33 43 7,8 410 19,9 1 040 4,1 59 62 .. Malaisie 27 1,9 82 30 188,1 6 970 370,8 13 740 2,9 72 77 92 Malawi 14 2,6 152 46 4,1 290 11,9 830 7,0 48 48 72 Mali 13 3,0 10 44 7,4 580 13,9 1 090 1,9 52 57 26 Maroc 31 1,2 70 29 80,5 2 580 135,3 4 330 4,6 69 73 56 Mauritanie 3 2,8 3 40 2,6 840 6,3 2 000 –0,6 62 66 56 RapportMonde_LIVRE2.indb 375 16/09/10 12:40 376 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 1 Principaux indicateurs du développement Évaluation PPA du Revenu national brut revenu national brut par Taux Espérance de vie d’alphabé- Population (RNB) habitant (RNB) Produit à la naissance tisation Taux de intérieur des adultes croissance Densité de Composition brut par (15 ans annuel population de la pulation USD USD par USD USD par habitant, % et plus) Millions moyen en % au km² par âge milliards habitant milliards habitant accroiss. Hommes Femmes (%) Mexique 106 1,0 55 29 1 061,4 9 980 1 517,2 14 270 0,8 73 77 93 Moldovie 4 –1,5 111 17 5,3g 1 470g 11,7 3 210 8,2 65 72 99 Mozambique 22 2,2 28 44 8,1 370 16,7 770 4,5 42 42 44 Myanmar 49 0,9 75 27 .. ..c 63,1 d 1 290 d 11,7 59 65 .. Népal 29 2,0 200 37 11,5 400 32,1 1 120 3,6 63 64 57 Nicaragua 6 1,3 47 36 6,1 1 080 14,9d 2 620d 2,2 70 76 78 Niger 15 3,5 12 50 4,8 330 10,0 680 6,0 58 56 29 Nigéria 151 2,4 166 43 175,6 1 160 293,1 1 940 3,0 46 47 72 Norvège 5 0,8 16 19 415,3 87 070 279,0 58 500 0,7 78 83 .. Nouvelle-Zélande 4 1,3 16 21 119,3 27 940 107,1 25 090 –2,5 78 82 .. Ouganda 32 3,2 161 49 13,3 420 36,1 1 140 6,0 52 53 74 Ouzbékistan 27 1,3 64 30 24,7 910 72,6d 2 660d 7,2 64 70 .. Pakistan 166 2,3 215 37 162,9 980 448,8 2 700 3,7 65 66 54 Panama 3 1,8 46 30 21,0 6 180 39,5d 11 650 7,5 73 78 93 Papouasie-Nouvelle-Guinée 6 2,3 14 40 6,5 1 010 12,9d 2 000 3,7 55 60 58 Paraguay 6 1,9 16 34 13,6 2 180 30,0 4 820 4,0 70 74 95 Pays-Bas 16 0,4 485 18 824,6 50 150 685,1 41 670 1,7 78 82 .. Pérou 29 1,3 23 31 115,0 3 990 230,0 7 980 8,6 71 76 90 Philippines 90 1,9 303 34 170,4 1 890 352,4 3 900 2,0 70 74 93 Pologne 38 –0,1 124 15 453,0 11 880 659,7 17 310 4,8 71 80 99 Portugal 11 0,5 116 15 218,4 20 560 234,6 22 080 –0,2 75 82 95 RDP Lao 6 1,7 27 38 4,7 750 12,8 2 060 5,6 63 66 73 Rép. arabe syrienne 21 3,1 116 35 44,4 2 090 92,4 4 350 1,6 72 76 83 Rép. centrafricaine 4 1,7 7 41 1,8 410 3,2 730 0,9 43 46 .. République dominicaine 10 1,5 203 32 43,2 4 390 77,6d 7 890d 4,1 69 75 89 République kirghize 5 1,0 28 30 3,9 740 11,3 2 130 6,2 64 72 99 République slovaque 5 0,0 112 16 78,6 14 540 115,2 21 300 6,2 71 78 .. République tchèque 10 0,2 135 14 173,2 16 600 237,6 22 790 2,3 74 80 .. Roumanie 22 –0,5 94 15 170,6 7 930 290,3 13 500 9,4 69 76 98 Royaume-Uni 61 0,5 254 18 2 787,2 45 390 2 218,2 36 130 0,1 77 82 .. Russie, Fédération de 142 –0,4 9 15 1 364,5 9 620 2 216,3 15 630 7,5 62 74 100 Rwanda 10 2,5 394 42 4,0 410 9,9 1 010 8,2 48 52 .. Salvador 6 0,4 296 33 21,4 3 480 40,9d 6 670d 2,1 67 76 82 Sénégal 12 2,6 63 44 11,8 970 21,5 1 760 –0,2 54 57 42 Serbie 7 –0,3 83 18 41,9 5 710 81,9 11 150 6,1 71 76 .. Sierra Leone 6 3,4 78 43 1,8 320 4,2 750 2,4 46 49 38 Singapour 5 2,3 7 024 17 168,2 34 760 232,0 47 940 –4,1 78 83 94 Somalie 9 3.0 14 45 .. ..c .. .. .. 47 49 .. Soudan 41 2,1 17 40 46,5 1 130 79,8 1 930 5,9 56 60 .. Sri Lanka 20 0,9 310 24 35,9 1 790 89,9 4 480 5,8 69 76 91 Suède 9 0,5 22 17 469,7 50 940 352,0 38 180 –1,0 79 83 .. Suisse 8 0,8 191 16 498,5 65 330 354,5 46 460 0,5 79 84 .. Tadjikistan 7 1,3 49 38 4,1 600 12,7 1 860 6,2 64 69 100 Tanzanie 42 2,7 48 45 18,4h 440h 52,1 1 230 4,4 55 56 72 Tchad 11 3,4 9 46 5,9 530 12,9 1 160 –3,1 49 52 32 Thaïlande 67 1,0 132 22 191,7 2 840 403,4 5 990 2,0 66 72 94 Togo 6 2,6 119 40 2,6 400 5,3 820 –1,4 61 64 .. Tunisie 10 1,0 66 24 34,0 3 290 73,0 7 070 4,1 72 76 78 Turkménistan 5 1,4 11 30 14,3 2 840 31,2d 6 210d 8,4 59 68 100 Turquie 74 1,3 96 27 690,7 9 340 1 017,6 13 770 2,5 69 74 89 Ukraine 46 –0,8 80 14 148,6 3 210 333,5 7 210 2,7 63 74 100 Uruguay 3 0,1 19 23 27,5 8 260 41,8 12 540 8,6 72 80 98 Vénézuela, R. B. de 28 1,7 32 30 257,8 9 230 358,6 12 830 3,1 71 77 95 Viet Nam 86 1,3 278 27 77,0 890 232,9 2 700 4,7 72 76 .. Yémen, Rép. du 23 3,0 44 44 21,9 950 50,9 2 210 0,9 61 64 59 Zambie 13 2,3 17 46 12,0 950 15,5 1 230 3,4 45 46 71 Zimbabwe 12 0,0 32 40 .. .. .. .. .. 43 44 91 Toutes économies 6 692s 1,2w 52w 27w 57 637,5t 8 613w 69 309,0t 10 357w 0,8w 67w 71w 84w à faibles revenus 973 2,1 52 38 509,6 524 1 368,8 1 407 4,1 57 60 64 à revenus intermédiaires 4 651 1,1 60 27 15 159,6 3 260 28 619,5 6 154 5,0 67 71 83 Tranche inférieure 3 702 1,2 119 28 7 691,9 2 078 17 001,7 4 592 6,3 66 70 81 Tranche supérieure 948 0,8 21 25 7 471,9 7 878 11 663,5 12 297 3,8 68 75 93 à revenus faibles et interm. 5 624 1,3 59 29 15 683,1 2 789 29 971,3 5 330 4,9 65 69 81 Afrique subsaharienne 818 2,5 35 43 885,3 1 082 1 628,3 1 991 2,5 51 53 62 Amérique latine 565 1,2 28 29 3 833,0 6 780 5 827,4 10 309 3,2 70 76 91 & Caraïbes Asie de l’Est et Pacifique 1 931 0,8 122 23 5 080,5 2 631 10 425,9 5 398 7,2 70 74 93 Asie du Sud 1 543 1,6 323 33 1 521,6 986 4 217,6 2 734 5,3 63 66 63 Europe & Asie centrale 441 0,1 19 19 3 274,0 7 418 5 393,2 12 219 5,2 65 74 98 Moyen-Orient et Afrique 325 1,9 38 31 1 052,9 3 242 2 330,6 7 308 3,9 68 72 73 du Nord Économies à revenus élevés 1 069 0,7 32 18 42 041,4 39 345 39 686,3 37 141 0,0 77 82 99 a. Calculé selon la méthode de l’Atlas de la Banque mondiale. b. PPA est la parité du pouvoir d’achat (voir Notes techniques).c. Estimé appartenir aux revenus faibles (935 dollars ou moins). d. L’estimation est basée sur la régression ; d’autres sont extrapolées à partir des estimations de référence les plus récentes du Programme de comparaison internationale. e. Les estimations du RNB et du RNB par habitant incluent les départements français d’outre-mer de Guyane, Guadeloupe, Martinique et Réunion. f. Estimé appartenir à la tranche inférieure des revenus intermédiaires (entre 976 et 3 855 dollars). g. N’inclut pas les données de la Transnistrie. h. Les données ne concernent que la Tanzanie continentale. i. Estimé être des revenus élevés (11 906 dollars ou plus). RapportMonde_LIVRE2.indb 376 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 377 Tableau 2 Pauvreté Seuil de pauvreté national Seuil de pauvreté international Population en dessous du seuil de pauvreté Population Écart de Population Population Écart de Population dont le revenu pauvreté, dont le revenu dont le revenu pauvreté, dont le revenu Année de National Année de National Année de est inférieur à seuil de 1,25 $ est inférieur à 2 $ Année de est inférieur à seuil de 1,25 $ est inférieur à 2 $ l’enquête % l’enquête % l’enquête 1,25 $ par jour % par jour % par jour % l’enquête 1,25 $ par jour par jour % par jour % Afghanistan 2007 42,0 .. .. .. .. .. .. .. Afrique du Sud .. .. 1995a 21,4 5,2 39,9 2000a 26,2 8,2 42,9 Albanie 2002 25,4 2005 18,5 2002a <2,0 <0,5 8,7 2005a <2,0 <0,5 7,8 Algérie 1988 12,2 1995 22,6 1988a 6,6 1,8 23,8 1995a 6,8 1,4 23,6 Allemagne .. .. .. .. .. .. .. .. Angola .. .. .. .. .. 2000a 54,3 29,9 70,2 Arabie Saoudite .. .. .. .. .. .. .. .. Argentine 1998 28,8b 2002 53,0b 2002 b,c 9,9 2,9 19,7 2005b,c 4,5 1,0 11,3 Arménie 1998-99 55,1 2001 50,9 2002a 15,0 3,1 46,7 2003a 10,6 1,9 43,4 Australie .. .. .. .. .. .. .. .. Autriche .. .. .. .. .. .. .. .. Azerbaïdjan 1995 68,1 2001 49,6 2001a 6,3 1,1 27,1 2005a <2 <0,5 <2,0 Bangladesh 2000 48,9 2005 40,0 2000a 57,8d 17,3d 85,4d 2005a 49,6d 13,1d 81,3d Bélarus 2002 30,5 2004 17,4 2002a <2,0 <0,5 <2,0 2005a <2,0 <0,5 <2,0 Belgique .. .. .. .. .. .. .. .. Bénin 1999 29,0 2003 39,0 .. .. .. 2003a 47,3 15,7 75,3 Bolivie 1999 62,0 2002 64,6 2002c 22,8 12,4 34,2 2005a 19,6 9,7 30,3 Bosnie et Herzégovine 2001-02 19,5 .. 2001a <2,0 <0,5 <2,0 2004a <2,0 <0,5 <2,0 Brésil 1998 22,0 2002-03 21,5 2005c 7,8 1,6 18,3 2007c 5,2 1,3 12,7 Bulgarie 1997 36,0 2001 12,8 2001a 2,6 <0,5 7,8 2003a <2,0 <0,5 <2,0 Burkina Faso 1998 54,6 2003 46,4 1998a 70,0 30,2 87,6 2003a 56,5 20,3 81,2 Burundi 1998 68,0 .. 1998a 86,4 47,3 95,4 2006a 81,3 36,4 93,4 Cambodge 1994 47,0 2004 35,0 1993-94a,e 48,6 13,8 77,8 2004a 40,2 11,3 68,2 Cameroun 1996 53,3 2001 40,2 1996a 51,5 18,9 74,4 2001a 32,8 10,2 57,7 Canada .. .. .. .. .. .. .. .. Chili 1996 19,9 1998 17,0 2003c <2,0 <0,5 5,3 2006c <2,0 <0,5 2,4 Chine 1998 4,6 2004 2,8 2002a 28,4f 8,7f 51,1f 2005a 15,9f 4,0f 36,3f Cisjordanie et Gaza .. .. .. .. .. .. .. .. Colombie 1995 60,0 1999 64,0 2003c 15,4 6,1 26,3 2006c 16,0 5,7 27,9 Congo, Rép. dém. du 2004-05 71,3 .. .. .. .. 2005–06a 59,2 25,3 79,5 Congo, Rép. du 2005 42,3 .. .. .. .. 2005a 54,1 22,8 74,4 Corée, Rép. de .. .. .. .. .. .. .. .. Costa Rica 1989 31,7 2004 23,9 2003c 5,6 2,4 11,5 2005c 2,4 <0,5 8,6 Côte d’Ivoire .. .. 1998a 24,1 6,7 49,1 2002a 23,3 6,8 46,8 Croatiz 2002 11,2 2004 11,1 2001a <2,0 <0,5 <2,0 2005a <2,0 <0,5 <2,0 Danemark .. .. .. .. .. .. .. .. Égypte, Rép. arabe d’ 1995-96 22,9 1999-2000 16,7 1999-2000a <2,0 <0,5 19,3 2004-05a <2,0 <0,5 18,4 Émirats arabes unis .. .. .. .. .. .. .. .. Équateur 1998 46,0 2001 45,2 2005c 9,8 3,2 20,4 2007c 4,7 1,2 12,8 Érythrée 1993-94 53,0 .. .. .. .. .. .. .. Espagne .. .. .. .. .. .. .. .. États-Unis .. .. .. .. .. .. .. .. Éthiopie 1995-96 45,5 1999-2000 44,2 1999-2000a 55,6 16,2 86,4 2005a 39,0 9,6 77,5 Finlande .. .. .. .. .. .. .. .. France .. .. .. .. .. .. .. .. Géorgie 2002 52,1 2003 54,5 2002a 15,1 4,7 34,2 2005a 13,4 4,4 30,4 Ghana 1998-99 39,5 2005-06 28,5 1998-99a 39,1 14,4 63,3 2006a 30,0 10,5 53,6 Grèce .. .. .. .. .. .. .. .. Guatemala 1989 57,9 2000 56,2 2002c 16,9 6,5 29,8 2006c 11,7 3,5 24,3 Guinée 1994 40,0 .. 1994a 36,8 11,5 63,8 2002-03a 70,1 32,2 87,2 Haïti 1987 65,0 1995 66,0g .. .. .. 2001c 54,9 28,2 72,1 Honduras 1998-99 52,5 2004 50,7 2005c 22,2 10,2 34,8 2006c 18,2 8,2 29,7 Hong Kong, Chine .. .. .. .. .. .. .. .. Hongrie 1993 14,5 1997 17,3 2002a <2,0 <0,5 <2,0 2004a <2,0 <0,5 <2,0 Inde 1993-94 36,0 1999-2000 28,6 1993-94a 49,4f 14,4f 81,7f 2004-05a 41,6f 10,8f 75,6f Indonésie 1996 17,6 2005 16,0 .. .. .. .. .. .. Irak .. .. .. .. .. .. .. .. Iran, Rép. islamique d’ .. .. 1998a <2,0 <0,5 8,3 2005a <2,0 <0,5 8,0 Irlande .. .. .. .. .. .. .. .. Israël .. .. .. .. .. .. .. .. Italie .. .. .. .. .. .. .. .. Japon .. .. .. .. .. .. .. .. Jordanie 1997 21,3 2002 14,2 2002-03a <2,0 <0,5 11,0 2006a <2,0 <0,5 3,5 Kazakhstan 2001 17,6 2002 15,4 2002a 5,2 0,9 21,5 2003a 3,1 <0,5 17,2 Kenya 1994 40,0 1997 52,0 1997a 19,6 4,6 42,7 2005-06a 19,7 6,1 39,9 Liban .. .. .. .. .. .. .. .. Libéria .. .. .. .. .. 2007a 83,7 40,8 94,8 Libye .. .. .. .. .. .. .. .. Lituanie .. .. 2002a <2,0 <0,5 <2,0 2004a <2,0 <0,5 <2,0 Madagascar 1997 73,3 1999 71,3 2001a 76,3 41,4 88,7 2005a 67,8 26,5 89,6 Malaisie 1989 15,5 .. 1997c <2,0 <0,5 6,8 2004-05c <2,0 <0,5 7,8 Malawi 1990-91 54,0 1997-98 65,3 1997-98a 83,1 46,0 93,5 2004-05a,h 73,9 32,3 90,4 Mali 1998 63,8 .. 2001a 61,2 25,8 82,0 2006a 51,4 18,8 77,1 Maroc 1990-91 13,1 1998-99 19,0 2000a 6,3 0,9 24,3 2007a 2,5 0,5 14,0 Mauritanie 1996 50,0 2000 46,3 1995-96a 23,4 7,1 48,3 2000a 21,2 5,7 44,1 Mexique 2002 20,3 2004 17,6 2004a 2,8 1,4 7,0 2006a <2,0 <0,5 4,8 Moldavie 2001 62,4 2002 48,5 2002a 17,1 4,0 40,3 2004a 8,1 1,7 28,9 Mozambique 1996-97 69,4 2002-03 54,1 1996-97a 81,3 42,0 92,9 2002-03a 74,7 35,4 90,0 Myanmar .. .. .. .. .. .. .. .. Népal 1995-96 41,8 2003-04 30,9 1995-96a 68,4 26,7 88,1 2003-04a 55,1 19,7 77.6 RapportMonde_LIVRE2.indb 377 16/09/10 12:40 378 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 2 Pauvreté Seuil de pauvreté national Seuil de pauvreté international Population en dessous du seuil de pauvreté Population Écart de Population Population Écart de Population dont le revenu pauvreté, dont le revenu dont le revenu pauvreté, dont le revenu Année de National Année de National Année de est inférieur à seuil de 1,25 $ est inférieur à 2 $ Année de est inférieur à seuil de 1,25 $ est inférieur à 2 $ l’enquête % l’enquête % l’enquête 1,25 $ par jour % par jour % par jour % l’enquête 1,25 $ par jour par jour % par jour % Nicaragua 1998 47,9 2001 45,8 2001c 19,4 6,7 37,5 2005c 15,8 5,2 31,8 Niger 1989-93 63,0 .. 1994a 78,2 38,6 91,5 2005a 65,9 28,1 85,6 Nigéria 1985 43,0 1992-93 34,1 1996-97a 68,5 32,1 86,4 2003-04a 64,4 29,6 83,9 Norvège .. .. .. .. .. .. .. .. Nouvelle-Zélande .. .. .. .. .. .. .. .. Ouganda 1999-2000 33,8 2002-03 37,7 2002a 57,4 22,7 79,8 2005a 51,5 19,1 75,6 Ouzbékistan 2000-01 31,5 2003 27,2 2002a 42,3 12,4 75,6 2003a 46,3 15,0 76,7 Pakistan 1993 28,6 1998-99 32,6 2001-02a 35,9 7,9 73,9 2004-05a 22,6 4,4 60,3 Panama 1997 37,3 .. 2004c 9,2 2,7 18,0 2006c 9,5 3,1 17,8 Papouasie-Nouvelle- 1996 37,5 .. .. .. .. 1996a 35,8 12,3 57,4 Guinée Paraguay 1990 20,5i .. 2005c 9,3 3,4 18,4 2007c 6,5 2,7 14,2 Pays-Bas .. .. .. .. .. .. .. .. Pérou 2001 54,3 2004 53,1 2005c 8,2 2,0 19,4 2006c 7,9 1,9 18,5 Philippines 1994 32,1 1997 25,1 2003a 22,0 5,5 43,8 2006a 22,6 5,5 45,0 Pologne 1996 14,6 2001 14,8 2002a <2,0 <0,5 <2,0 2005a <2,0 <0,5 <2,0 Portugal .. .. .. .. .. .. .. .. RDP Lao 1997-98 38,6 2002-03 33,0 1997-98a 49,3d 14,9d 79,9d 2002-03a 44,0d 12,1d 76,8d Rép. arabe syrienne .. .. .. .. .. .. .. .. République 2000 27,7 2004 42,2 2003c 6,1 1,5 16,3 2005c 5,0 0,9 15,1 dominicaine a Rép. centrafricaine .. .. 1993 82,8 57,0 90,7 2003a 62,4 28,3 81,9 République kirghize 2003 49,9 2005 43,1 2002a 34,0 8,8 66,6 2004a 21,8 4,4 51,9 République slovaque 2004 16,8 .. 1992c <2,0 <0,5 <2,0 1996c <2,0 <0,5 <2,0 République tchèque .. .. 1993c <2,0 <0,5 <2,0 1996c <2,0 <0,5 <2,0 Roumanie 1995 25,4 2002 28,9 2002a 2,9 0,8 13,0 2005a <2,0 <0,5 3,4 Royaume-Uni .. .. .. .. .. .. .. .. Russie, Fédération de 1998 31,4 2002 19,6 2002a <2,0 <0,5 3,7 2005a <2,0 <0,5 <2,0 Rwanda 1993 51,2 1999-2000 60,3 1984-85a 63,3 19,7 88,4 2000a 76,6 38,2 90,3 Salvador 1995 50,6 2002 37,2 2003c 14,3 6,7 25,3 2005c 11,0 4,8 20,5 Sénégal 1992 33,4 .. 2001a 44,2 14,3 71,3 2005a 33,5 10,8 60,3 Serbie .. .. .. .. .. .. .. .. Sierra Leone 1989 82,8 2003-04 70,2 1989-90a 62,8 44,8 75,0 2002-03a 53,4 20,3 76,1 Singapour .. .. .. .. .. .. .. .. Somalie .. .. .. .. .. .. .. .. Soudan .. .. .. .. .. .. .. .. Sri Lanka 1995-96 25,0 2002 22,7 1995-96a 16,3 3,0 46,7 2002a 14,0 2,6 39,7 Suède .. .. .. .. .. .. .. .. Suisse .. .. .. .. .. .. .. .. Tadjikistan 1999 74,9 2003 44,4 2003a 36,3 10,3 68,8 2004a 21,5 5,1 50,8 Tanzanie 1991 38,6 2000-01 35,7 1991-92a 72,6 29,7 91,3 2000-01a 88,5 46,8 96,6 Tchad 1995-96 43,4 .. .. .. .. 2002-03a 61,9 25,6 83,3 Thaïlande 1994 9,8 1998 13,6 2002a <2,0 <0,5 15,1 2004a <2,0 <0,5 11,5 Togo 1987-89 32,3 .. .. .. .. 2006a 38,7 11,4 69,3 Tunisie 1990 7,4 1995 7,6 1995a 6,5 1,3 20,4 2000a 2,6 <0,5 12,8 Turkménistan ,, .. 1993c 63,5 25,8 85,7 1998a 24,8 7,0 49,6 Turquie 1994 28,3 2002 27,0 2002a 2,0 <0,5 9,6 2005a 2,7 0,9 9,0 Ukraine 2000 31,5 2003 19,5 2002a <2,0 <0,5 3,4 2005a <2,0 <0,5 <2,0 Uruguay 1994 20,2b 1998 24,7b 2005b,c <2,0 <0,5 4,5 2006b,c <2,0 <0,5 4,2 Vénézuela, R. B. de 1989 31,3 1997-99 52,0 2003c 18,4 8,8 31,7 2006c 3,5 1,2 10,2 Viet Nam 1998 37,4 2002 28,9 2004a 24,2 5,1 52,5 2006a 21,5 4,6 48,4 Yémen, Rép. du 1998 41,8 .. 1998a 12,9 3,0 36,3 2005a 17,5 4,2 46,6 Zambie 1998 72,9 2004 68,0 2002-03a 64,6 27,1 85,1 2004-05a 64,3 32,8 81,5 Zimbabwe 1990-91 25,8 1995-96 34,9 .. .. .. .. .. .. a. Sur la base des dépenses. b. Ne couvre que les zones urbaines. c. Sur la base des revenus. d. Ajusté sur la base des informations géographiques sur les indices de prix à la consommation. e. Pour des raisons de sécurité, l’enquête n’a couvert que 56 % des villages ruraux et 65 % de la population rurale. f. Moyenne pondérée des estimations urbaines et rurales. g. Ne couvre que les zones rurales. h. Le plan d’enquête ayant été modifié, l’enquête la plus récente n’est pas totalement comparable à la précédente. i. L’enquête couvre la région métropolitaine d’Asunción. RapportMonde_LIVRE2.indb 378 16/09/10 12:40 Tableau 3 Objectifs de développement pour le Millénaire : éliminer la pauvreté et améliorer les conditions de vie Assurer Mettre en place l’éducation Promouvoir Réduire la Améliorer un partenariat primaire pour l’égalité des mortalité la santé Combattre le VIH/sida et Assurer un environnement mondial pour le Éliminer l’extrême pauvreté et la faim tous sexes infantile maternelle d’autres maladies durable développement Taux de Part de la mortalité Accès à consommation Ratio filles/ maternelle Emissions des équi- ou du revenu Prévalence de Taux d’achè- garçons dans Taux de pour Prévalence de dioxyde pements national Emploi la malnutrition vement les écoles mortalité 100 000 du VIH, % de Incidence de de car- sanitaires revenant au précaire infantile du cycle primaires et des moins nais- la population la tuberculose bone par améliorés Internautes quintile le plus % du nombre % enfants primaire secondaires de 5 ans, sances âgée de 15 à pour 100 000 habitant, % de la pour 100 pauvre % total d’em- moins de 5 ans (%) (%) pour 1000 vivantes 49 ans personnes tonnes population personnesa 1990-2007b plois 2007 2000-2007b 2007 2007 2007 2005 2007 2007 2005 2006 2008 Afghanistan .. .. 32,9 38 58 257 1 800 .. 168 .. 30 1,9 Afrique du Sud 3,1c 3 .. 84 100 59 400 18,1 948 8,7 59 8,6 Albanie 7,8c .. 17,0 96 97 15 92 .. 17 1,1 97 15,1 Algérie 6,9c .. 10,2 95 99 37 180 0,1 57 4,2 94 10,3 Allemagne 8,5e .. .. 103 99 4 4 0,1 6 9,5 100 76,1 Angola 2,0c .. 27,5 .. .. 158 1 400 2,1 287 0,5 50 3,1 Arabie Saoudite .. .. .. 93 94 25 18 .. 46 16,5 99 29,2 Argentine 3,4d,e 20 f 2,3 99 104 16 77 0,5 31 3,9 91 28,1 Arménie 8,6c .. 4,2 98 104 24 76 0,1 72 1,4 91 5,6 Australie 5,9e 9 .. .. 97 6 4 0,2 6 18,1 100 55,7 Autriche 8,6e 9 .. 102 97 4 4 0,2 12 8,9 100 59,3 Azerbaïdjan 13,3c 53 14,0 113 97 39 82 0,2 77 4,4 80 10,8 Bangladesh 9,4c 85 39,2 56 107 61 570 .. 223 0,3 36 0,3 Bélarus 8,8c .. 1,3 92 101 13 18 0,2 61 6,5 93 29,0 Belgique 8,5e 10 .. 86 98 5 8 0,2 12 9,8 .. 65,9 Bénin 6,9c .. 21,5 64 73 123 840 1,2 91 0,3 30 1,8 Bolivie 1,8c .. 5,9 98 99 57 290 0,2 155 1,0 43 10,5 Bosnie et Herzégovine 6,9c .. 1,6 .. 99 14 3 <0,1 51 6,9 95 34,7 Brésil 3,0e 27 2,2 106 103 22 110 0,6 48 1,7 77 35,5 Bulgarie 8,7c 8 1,6 98 97 12 11 .. 39 5,7 99 30,9 Burkina Faso 7,0c .. 35,2 37g 84g 191 700 1,6 226 0,1 13 0,9 Burundi 9,0c .. 38,9 39 90 180 1 100 2,0 367 0,0 41 0,8 Cambodge 7,1c .. 28,4 85 90 91 540 0,8 495 0,0 28 0,5 Cameroun 5,6c .. 15,1 55 85 148 1 000 5,1 192 0,2 51 3,0 Canada 7,2e 10f .. 96 99 6 7 0,4 5 16,6 100 72,8 Chili 4,1e 25 0,6 95 99 9 16 0,3 12 4,1 94 32,6 Chine 5,7c .. 6,8 101 100 22 45 0,1h 98 4,3 65 22,5 Cisjordanie et Gaza .. 36 .. 83 104 27 .. .. 20 .. 80 9,6 Colombie 2,3e 41 5,1 107 104 20 130 0,6 35 1,4 78 38,4 Congo, Rép. dém. 5,5c .. 33,6 51 73 161 1 100 .. 392 0,0 31 0,5 Congo, Rép. du 5,0c .. 11,8 72 91 125 740 3,5 403 0,6 20 4,3 Corée, Rép. du 7,9e 25 .. 102 96 5 14 <0,1 90 9,4 .. 77,1 Costa Rica 4,2e 20 .. 91 102 11 30 0,4 11 1,7 96 33,6 Côte d’Ivoire 5,0c .. 16,7 45 .. 127 810 3,9 420 0,5 24 3,2 Croatie 8,7c 16 .. 101 102 6 7 <0,1 40 5,2 99 50,6 Danemark 8,3e .. .. 101 102 4 3 0,2 8 8,5 100 84,2 Égypte, Rép. arabe d’ 9,0c 25 5,4 98 95 36 130 .. 21 2,2 66 15,4 Émirats arabes unis .. .. .. 105 101 8 37 .. 16 30,1 97 86,1 Équateur 3,4e 34 f 6,2 106 100 22 210 0,3 101 2,2 84 9,7 Érythrée .. .. 34,5 46 78 70 450 1,3 95 0,2 5 3,0 Espagne 7,0e 12 .. 99 103 4 4 0,5 30 7,9 100 57,4 États-Unis 5,4e .. 1,3 96 100 8 11 0,6 4 19,5 100 72,4 Éthiopie 9,3c 52 f 34,6 46 83 119 720 2,1 378 0,1 11 0,4 Finlande 9,6e .. .. 98 102 4 7 0,1 6 10,1 100 78,8 France 7,2e 6 .. .. 100 4 8 0,4 14 6,2 .. 51,2 Géorgie 5,4c 62 .. 92 98 30 66 0,1 84 1,1 93 8,2 Ghana 5,2c .. 13,91 78 g 95g 115 560 1,9 203 0,3 10 4,3 Grèce 6,7e 28 .. 101 97 4 3 0,2 18 8,6 98 32,3 Guatemala 3,4e .. 17,7 77 93 39 290 0,8 63 0,9 84 10,1 Guinée 5,8c .. 22,5 64 76 150 910 1,6 287 0,1 19 0,9 Haïti 2,5e .. 18,9 .. .. 76 670 2,2 306 0,2 19 10,4 Honduras 2,5e .. 8,6 89 106 24 280 0,7 59 1,1 66 9,1 Hong Kong, Chine 5,3e 7 .. 102 98 .. .. .. 62 5,7 .. 59,1 Hongrie 8,6c 7 .. 92 99 7 6 0,1 17 5,6 100 54,8 Inde 8,1c .. 43,5 86 91 72 450 0,3 168 1,3 28 7,2 Indonésie 7,1c 63 24,4 105 98 31 420 0,2 228 1,9 52 11,1 Irak .. .. 7,1 75 78 44 300 .. 56 .. 76 0,9 Iran, Rép. islamique d’ 6,4c 43 .. 105 105 33 140 0,2 22 6,5 .. 32,0 Irlande 7,4e 11 .. 97 103 4 1 0,2 13 10,2 .. 63,5 Israël 5,7e 7 .. 102 101 5 4 0,1 8 9,2 .. 27,9 Italie 6,5e 22 .. 102 99 4 3 0,4 7 7,7 .. 48,6 Japon 10,6e 11 .. .. 100 4 6 .. 21 9,6 100 69,0 Jordanie 7,2c .. 3,6 102 102 24 62 .. 7 3,8 85 25,4 Kazakhstan 7,4c .. 4,9 104 g 99g 32 140 0,1 129 11,9 97 12,3 Kenya 4,7c .. 16,5 93 95 121 560 .. 353 0,3 42 8,7 Liban .. .. .. 83g 103g 29 150 0,1 19 4,2 .. 38,3 Libéria 6,4c .. 20,4 55g .. 133 1 200 1,7 277 0,1 32 0,6 Libye .. .. .. .. 105 18 97 .. 17 9,5 97 4,7 Lituanie 6,8c .. .. 95 100 8 11 0,1 68 4,1 .. 52,9 Madagascar 6,2c 86 36,8 62 96 112 510 0,1 251 0,2 12 1,7 Malaisie 7,0c .. 18,4 55 100 111 1 100 11,9 346 0,1 60 2,2 Malawi 6,4e 22 .. 96 104 11 62 0,5 103 9,3 94 62,6 Mali 6,5c .. 27,9 52 76 196 970 1,5 319 0,0 45 1,0 Maroc 6,5c 52 9,9 83 88 34 240 0,1 92 1,6 72 33,0 Mauritanie 6,2c .. 30,4 59 103 119 820 0,8 318 0,6 24 1,4 RapportMonde_LIVRE2.indb 379 16/09/10 12:40 Tableau 3 Objectifs de développement pour le Millénaire : éliminer la pauvreté et améliorer les conditions de vie Assurer Mettre en place l’éducation Promouvoir Réduire la Améliorer un partenariat primaire pour l’égalité des mortalité la santé Combattre le VIH/sida et Assurer un environnement mondial pour le Éliminer l’extrême pauvreté et la faim tous sexes infantile maternelle d’autres maladies durable développement Taux de Part de la mortalité Accès à consommation Ratio filles/ maternelle Emissions des équi- ou du revenu Prévalence de Taux d’achè- garçons dans Taux de pour Prévalence de dioxyde pements national Emploi la malnutrition vement les écoles mortalité 100 000 du VIH, % de Incidence de de car- sanitaires revenant au précaire infantile du cycle primaires et des moins nais- la population la tuberculose bone par améliorés Internautes quintile le plus % du nombre % enfants primaire secondaires de 5 ans, sances âgée de 15 à pour 100 000 habitant, % de la pour 100 pauvre % total d’em- moins de 5 ans (%) (%) pour 1000 vivantes 49 ans personnes tonnes population personnesa 1990-2007b plois 2007 2000-2007b 2007 2007 2007 2005 2007 2007 2005 2006 2008 Mexique 4,6c 29 3,4 105 99 35 60 0,3 20 4,1 81 21,9 Moldavie 7,3c 32 3,2 93 102 18 22 0,4 141 2,1 79 19,1 Mozambique 5,4c .. 21,2 46 85 168 520 12,5 431 0,1 31 1,6 Myanmar .. .. 29,6 .. .. 103 380 0,7 171 0,2 82 0,1 Népal 6,1c .. 38,8 78g 98g 55 830 0,5 173 0,1 27 1,4 Nicaragua 3,8e 45 7,8 74 103 35 170 0,2 49 0,7 48 2,8 Niger 5,9c .. 39,9 40 71 176 1 800 0,8 174 0,1 7 0,5 Nigéria 5,1c .. 27,2 72 84 189 1 100 3,1 311 0,8 30 7,3 Norvège 9,6e 6 .. 97 99 4 7 0,1 6 11,4 .. 84,8 Nouvelle-Zélande 6,4e 12 .. .. 102 6 9 0,1 7 7,2 .. 69,2 Ouganda 6,1 .. 19,0 54 98 130 550 5,4 330 0,1 33 7,9 Ouzbékistan 7,1c .. 4,4 97 98 41 24 0,1 113 4,3 96 8,8 Pakistan 9,1c 62 31,3 63 80 90 320 0,1 181 0,9 58 11,1 Panama 2,5e 28 .. 99 101 23 130 1,0 47 1,8 74 22,9 Papouasie-Nouvelle-Guinée 4,5c .. .. .. .. 65 470 1,5 250 0,7 45 1,8 Paraguay 3,4e 47 .. 95 99 29 150 0,6 58 0,7 70 8,7 Pays-Bas 7,6e .. .. .. 98 5 6 0,2 8 7,7 100 86,8 Pérou 3,9e 40f 5,2 104 102 20 240 0,5 126 1,3 72 24,7 Philippines 5,6c 45 20,7 94 102 28 230 .. 290 0,9 78 6,0 Pologne 7,3c 19 .. 96 99 7 8 0,1 25 7,9 .. 44,0 Portugal 5,8e 18 .. 104 101 4 11 0,5 30 5,9 99 41,9 PDR Lao 8,5c .. 36,4 77 86 70 660 0,2 151 0,2 48 1,6 République arabe syrienne .. .. .. 114 96 17 130 .. 24 3,6 92 16,8 République dominicaine 4,0e 43 4,2 91g 103g 38 150 1,1 69 2,0 79 26,0 République centrafricaine 5,2c .. 21,8 30g .. 172 980 6,3 345 0,1 31 0,4 République kirghize 8,1c 47 2,7 95 100 38 150 0,1 121 1,1 93 14,3 République slovaque 8,8e 10 .. 94 100 8 6 <0,1 17 6,8 100 51,3 République tchèque 10,2e 12 2,1 93 101 4 4 .. 9 11,7 99 48,3 Roumanie 8,2c 32 3,5 120 99 15 24 0,1 115 4,1 72 23,9 Royaume-Uni 6,1e .. .. .. 102 6 8 0,2 15 9,1 .. 79,4 Russie, Fédération de 6,4c 6 .. 93 98 15 28 1,1 110 10,5 87 21,1 Rwanda 5,3c .. 18,0 35 100 181 1 300 2,8 397 0,1 23 3,1 Salvador 3,3e 36 6,1 91 101 24 170 0,8 40 1,1 86 12,5 Sénégal 6,2c .. 14,5 50 94 114 980 1,0 272 0,4 28 8,4 Serbie 8,3c,i 23 1,8 .. 102 8 .. 0,1 32 6,5j 92 32,1 Sierra Leone 6,1c .. 28,3 81 86 262 2 100 1,7 574 0,2 11 0,3 Singapour 5,0e 10 3,3 .. .. 3 14 0,2 27 13,2 100 67,7 Somalie .. .. 32,8 .. .. 142 1 400 0,5 249 0,1 23 1,1 Soudan .. .. 38,4 50 88 109 450 1,4 243 0,3 35 9,2 Sri Lanka 6,8c 41f 22,8 104 .. 21 58 .. 60 0,6 86 5,7 Suède 9,1e .. .. 95 99 3 3 0,1 6 5,4 100 79,7 Suisse 7,6e 10 .. 88 97 5 5 0,6 6 5,5 100 75,2 Tadjikistan 7,7c .. 14,9 95 89 67 170 0,3 231 0,8 92 7,2 Tanzanie 7,3c 88 f 16,7 112g .. 116 950 6,2 297 0,1 33 1,2 Tchad 6,3c .. 33,9 30 64 209 1 500 3,5 299 0,0 9 1,2 Thaïlande 6,1c 53 7,0 101 104g 7 110 1,4 142 4,1 96 20,0 Togo 7,6c .. .. 57 75 100 510 3,3 429 0,2 12 5,4 Tunisie 5,9c .. .. 100 104 21 100 0,1 26 2,2 85 27,1 Turkménistan 6,0c .. .. .. .. 50 130 <0,1 68 8,6 .. 1,4 Turquie 5,2c 36 3,5 97 90 23 44 .. 30 3,5 88 33,1 Ukraine 9,0c .. 4,1 101 100 24 18 1,6 102 6,9 93 22,4 Uruguay 4,5e 25 6,0 104 98 14 20 0,6 22 1,7 100 40,2 Venezuela, R. B. du 4,9e 30 .. 95g 102g 19 57 .. 34 5,6 .. 25,6 Viet Nam 7,1c .. 20,2 .. .. 15 150 0,5 171 1,2 65 21,0 Yémen, Rép. du 7,2c .. .. 60 66 73 430 .. 76 1,0 46 1,4 Zambie 3,6c .. 23,3 88 96 170 830 15,2 506 0,2 52 5,5 Zimbabwe 4,6c .. 14,0 .. 97 90 880 15,3 782 0,9 46 11,4 Toutes économies ..w 23,1w 87w 95w 68w 400w 0,8w 139w 4,5w, k 60w 21,3w à faibles revenus .. 27,8 65 91 120 790 2,3 275 0,5 38 3,7 à revenus intermédiaires .. 22,7 91 96 58 320 0,6 138 3,1 58 14,7 Tranche inférieure .. 25,8 90 94 65 370 0,4 147 2,6 52 11,7 Tranche supérieure 24 .. 98 100 25 110 1,5 105 5,1 82 26,6 Revenus faibles et intermédiaires .. 24,0 86 95 74 440 0,9 162 2,7 55 12,8 Afrique subsaharienne .. 26,5 63 88 146 900 5,0 369 0,9 31 4,5 Amérique latine & Caraïbes 31 4,5 97 101 26 130 0,5 50 2,5 78 26,6 Asie de l’Est & Pacifique .. 12,6 100 100 27 150 0,2 136 3,6 66 23,3 Asie du Sud .. 40,9 79 90 78 500 0,3 174 1,1 33 6,6 Europe & Asie centrale 19 .. 98 97 23 45 0,6 84 7,0 89 23,4 Moyen-Orient & Afrique du Nord 37 .. 91 93 38 200 0,1 41 3,6 74 24,2 Économies à revenus élevés .. .. 98 99 7 10 0,3 16 12,6 100 67,1 a. Les données proviennent de la base des données du Rapport sur le développement mondial des télécommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Prière de citer l’UIT en cas d’utilisation de ces données. b. Les chiffres indiqués sont ceux de l’année la plus récente pour laquelle ils sont disponibles. c. Part des dépenses établie à partir des centiles de population classés sur la base des dépenses par habitant. Chiffres relatifs aux populations urbaines. e. Part des revenus établie à partir des centiles de population classés sur la base du revenu par habitant. f. Couverture limitée. g. Les chiffres se rapportent à 2008. h. Y compris Hong Kong (Chine). i. Y compris Monténégro. j. Y compris le Kosovo et Monténégro. k. Comprend les émissions non imputées à un pays particulier. RapportMonde_LIVRE2.indb 380 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 381 Tableau 4 Activité économique Produit intérieur brut Productivité agricole Valeur ajoutée en tant que % du PIB Solde des Déflateur Valeur ajoutée Dépenses de échanges implicite par travailleur Dépenses de consommation Formation extérieurs de du PIB Croissance consommation finale des brute de biens et de Accroissement Millions annuelle ($ de 2000) Agriculture Industrie Services finale des administra- capital services annuel moyen de dollars moyenne (%) ménages tions publiques % du PIB % du PIB 2008 en % 2008 2000-2008 1990-92 2003-05 2008 2008 2008 % du PIB 2008 % du PIB 2008 2008 2000-2008 Afghanistan 10 170 .. .. .. 37 25 38 98 11 31 –39 7,1 Afrique du Sud 276 764 4,3 1 786 2 495 3 31 66 61 20 22 –4 7,1 Albanie 12 295 5,4 778 1 449 21 20 59 85 10 32 –27 3,5 Algérie 173 882 4,3 1 911 2 225 9 69 23 22 7 37 35 9,4 Allemagne 3 652 824 1,2 13 724 25 657 1 30 69 57 18 18 7 1,1 Angola 83 383 13,7 165 174 10 86 4 37 ..a 12 50 48,1 Arabie Saoudite 467 601 4,1 7 875 15 780 2 70 27 26 20 19 35 8,9 Argentine 328 385 5,3 6 767 10 072 9 34 57 59 13 24 4 12,8 Arménie 11 917 12,4 1 476b 3 692 18 45 37 75 12 38 –25 4,6 Australie 1 015 217 3,3 20 839 29 908 .. .. .. 55 18 29 –2 3,8 Autriche 416 380 2,1 12 048 21 920 2 31 67 54 18 21 7 1,8 Azerbaïdjan 46 259 18,1 1 084b 1 143 6 71 23 25 10 23 42 10,9 Bangladesh 78 992 5,9 254 338 19 29 52 79 5 24 –8 4,8 Bélarus 60 302 8,6 1 977b 3 153 9 39 53 54 16 35 –6 25,5 Belgique 497 586 2,0 .. 39 243 1 24 75 52 22 22 3 2,0 Bénin 6 680 3,9 326 519 .. .. .. .. .. .. .. 3,3 Bolivie 16 674 4,1 670 773 14 42 44 61 12 16 12 7,0 Bosnie et Herzégovine 18 452 5,5 .. 8 270 .. .. .. 85 22 23 –30 3,8 Brésil 1 612 539 3,6 1 507 3 119 7 28 65 61 20 19 0 8,1 Bulgarie 49 900 5,8 2 500 7 159 7 31 61 70 16 37 –23 5,6 Burkina Faso 7 948 5,6 110 173 33 22 44 75 22 18 –15 2,4 Burundi 1 163 2,9 108 70 .. .. .. 91 29 16 –36 9,6 Cambodge 9 574 9,7 .. 314 32 27 41 83 3 21 –8 4,7 Cameroun 23 396 3,5 389 648 20 33 48 68 13 19 1 2,2 Canada 1 400 091 2,5 28 243 44 133 .. .. .. 56 19 23 3 2,0 Chili 169 458 4,4 3 573 5 309 4 47 49 55 10 21 14 6,6 Chine 4 326 187 10,4 258 407 11 49 40 37 14 43 7 4,3 Cisjordanie et Gaza .. –0,9 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 3,4 Colombie 242 268 4,9 3 080 2 749 9 34 57 64 13 24 –1 6,9 Congo, Rép. dém. du 11 588 5,5 184 149 41 27 31 82 11 17 –10 28,3 Congo, Rép. du 10 699 4,0 .. .. 5 60 35 29 14 27 30 7,0 Corée, Rep. de 929 121 4,5 .. 11 451 3 37 60 55 15 31 –1 2,2 Costa Rica 29 834 5,5 3 143 4 506 7 29 64 69 13 27 –10 10,2 Côte d’Ivoire 23 414 0,6 598 795 24 25 51 77 8 10 5 3,4 Croatie 69 333 4,6 5 425b 11 354 6 28 65 59 19 31 –8 3,8 Czech Republic 216 485 4,6 .. 5 521 2 38 60 48 20 27 5 2,2 Danemark 342 672 1,7 15 190 38 441 1 26 73 50 26 23 1 2,3 Égypt, Rép. arabe d’ 162 818 4,7 1 528 2 072 14 36 50 72 11 24 –7 7,8 Émirats arabes unis 163 296 7,7 10 454 25 841 2 59 39 45 10 21 24 7,7 Équateur 52 572 5,0 1 686 1 676 7 36 57 67 12 24 –3 9,5 Érythrée 1 654 1,3 .. 71 24 19 56 86 31 11 –28 18,0 Espagne 1 604 174 3,3 9 511 18 619 3 30 67 57 18 31 –7 3,9 États-Unis 14 204 322 2,5 20 793 42 744 1 22 77 70 16 20 –6 2,6 Éthiopie 26 487 8,2 .. 158 43 13 45 85 11 21 –17 8,7 Finlande 271 282 3,0 18 818 31 276 3 32 65 52 21 22 5 1,1 France 2 853 062 1,7 22 234 44 080 2 21 77 57 23 22 –2 2,1 Géorgie 12 793 8,1 2 443b 1 791 10 24 66 76 21 31 –28 7,3 Ghana 16 123 5,6 293 320 32 26 42 81 14 32 –26 18,7 Grèce 356 796 4,2 7 536 8 818 4 23 73 71 17 26 –13 3,3 Guatemala 38 977 3,9 2 120 2 623 11 28 62 90 4 24 –18 5,2 Guinée 4 266 3,1 142 190 8 35 58 85 5 13 –2 20,2 Haïti 6 953 0,5 .. .. .. .. .. 98 ..a 26 –23 16,7 Honduras 14 077 5,3 1 193 1 483 13 27 61 83 14 30 –28 6,5 Hong Kong, Chine 215 355 5,2 .. .. 0 8 92 60 8 20 11 –1,7 Hongrie 154 668 3,6 4 122 6 922 4 29 66 67 9 22 1 5,0 Inde 1 217 490 7,9 324 392 18 29 53 56 11 39 –6 4,6 Indonésie 514 389 5,2 484 583 14 48 37 63 8 28 1 10,9 Irak .. .. .. 1 756 .. .. .. .. .. .. .. .. Iran, Rép. islamique d’ 385 143 6,0 1 954 2 561 10 45 45 45 14 31 10 17,9 Irlande 281 776 5,0 .. 17 107 2 35 63 46 16 27 11 2,9 Israël 199 498 3,5 .. .. .. .. .. 58 25 19 –2 1,1 Italie 2 293 008 0,9 11 528 23 967 2 27 71 59 20 21 0 2,6 Japon 4 909 272 1,6 20 445 35 668 1 30 68 57 18 24 1 –1,2 Jordanie 20 013 6,7 1 892 1 360 4 32 64 108 18 19 –45 4,2 Kazakhstan 132 229 9,5 1 795b 1 557 6 42 52 35 10 35 20 15,1 Kenya 34 507 4,6 334 333 21 13 65 79 11 25 –14 6,5 Liban 28 660 4,0 .. 29 950 5 22 73 91 14 20 –25 2,2 Libéria 870 –1,1 .. .. 54 19 27 116 15 20 –51 10,5 Libye 99 926 4,1 .. .. .. .. .. .. .. .. .. 22,2 Lituanie 47 341 7,7 .. 3 790 4 33 63 66 18 27 –11 4,0 Madagascar 8 970 3,8 186 174 25 17 57 85 5 36 –25 11,5 Malaisie 194 927 5,5 386 525 10 48 42 46 12 22 20 4,4 Malawi 4 269 4,2 72 116 34 21 45 85 11 32 –28 19,3 Mali 8 740 5,2 208 241 37 24 39 76 11 23 –10 4,2 Maroc 86 329 5,0 1 430 1 746 16 20 64 61 16 33 –9 1,6 RapportMonde_LIVRE2.indb 381 16/09/10 12:40 382 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 4 Activité économique Produit intérieur brut Productivité agricole Valeur ajoutée en tant que % du PIB Solde des Déflateur Valeur ajoutée Dépenses de échanges implicite par travailleur Dépenses de consommation Formation extérieurs de du PIB Croissance consommation finale des brute de biens et de Accroissement Millions annuelle ($ de 2000) Agriculture Industrie Services finale des administra- capital services annuel moyen de dollars moyenne (%) ménages tions publiques % du PIB % du PIB 2008 en % 2008 2000-2008 1990-92 2003-05 2008 2008 2008 % du PIB 2008 % du PIB 2008 2008 2000-2008 Mauritanie 2 858 5,1 574 356 13 47 41 61 20 26 –7 11,3 Mexique 1 085 951 2,7 2 256 2 793 4 37 59 66 10 26 –2 8,2 Moldavie 6 048 6,3 1 286b 816 11 15 74 97 19 37 –53 11,6 Mozambique 9 735 8,0 107 148 28 26 46 75 12 23 –10 8,1 Myanmar .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Népal 12 615 3,5 191 207 34 17 50 79 10 32 –21 6,2 Nicaragua 6 592 3,5 .. 2 071 19 30 51 90 12 32 –34 8,5 Niger 5 354 4,4 152 157b .. .. .. .. .. .. .. 2,6 Nigéria 212 080 6,6 .. .. 31 41 28 .. .. .. 13 17,0 Norvège 449 996 2,5 19 500 37 039 1 43 56 42 20 23 16 4,7 Nouvelle-Zélande 130 693 3,0 19 155 27 189 .. .. .. 60 19 23 –1 3,0 Ouzbékistan 27 918 6,6 1 272b 1 800 23 33 43 55 16 19 10 25,5 Pakistan 168 276 5,8 594 696 20 27 53 80 9 22 –10 7,3 Panama 23 088 6,6 2 363 3 904 6 17 76 65 11 23 1 2,2 Papouasie-Nouvelle-Zélande 8 168 2,8 500 595 33 48 19 44 10 19 27 7,3 Paraguay 15 977 3,7 1 596 2 052 23 20 57 69 9 20 3 10,5 Pays-Bas 860 336 1,8 24 914 42 049 2 24 74 47 25 20 8 2,2 Pérou 127 434 6,0 930 1 481 7 38 55 61 9 27 2 3,5 Philippines 166 909 5,1 905 1 075 15 32 53 77 10 15 –2 5,2 Pologne 526 966 4,4 1 502b 2 182 4 30 65 66 15 23 –3 2,6 Portugal 242 689 0,9 4 642 6 220 3 24 73 65 20 22 –7 2,9 RDP lao 5 431 6,9 360 459 40 31 29 69 8 38 –15 9,4 Rép. arabe syrienne 55 204 4,4 2 344 3 261 20 35 45 75 12 14 0 8,4 Rép. centrafricaine 1 970 0,6 287 381 53 14 32 95 3 10 –9 2,2 République dominicaine 45 790 5,4 1 924 3 305 11 28 61 81 6 20 –7 15,0 République kirghize 4 420 4,4 675b 979 34 19 48 101 18 26 –45 6,8 République slovaque 94 957 6,3 .. 5 026 4 41 55 54 16 28 1 3,7 Roumanie 200 071 6,3 2 196 4 646 8 34 58 73 11 26 –10 17,0 Royaume-Uni 2 645 593 2,5 22 664 26 942 1 23 76 63 22 19 –4 2,7 Russie, Fédération de 1 607 816 6,8 1 825b 2 519 5 38 57 45 19 25 11 16,5 Rwanda 4 457 6,7 167 182 35 12 53 90 9 21 –19 10,0 Salvador 22 115 2,9 1 633 1 638 13 28 58 98 9 15 –22 3,7 Sénégal 13 209 4,4 225 215 15 23 62 82 10 30 –22 2,9 Serbie 50 061 5,7 .. .. 13 28 59 84 17 23 –24 17,2 Sierra Leone 1 953 10,3 .. .. 43 24 33 80 13 20 –12 9,3 Singapour 181 948 5,8 22 695 40 419 0 28 72 39 11 31 19 1,5 Somalie .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. Soudan 58 443 7,4 414 667 26 34 40 59 16 24 1 9,9 Sri Lanka 40 714 5,5 679 702 13 29 57 70 16 27 –13 10,6 Suède 480 021 2,8 22 533 35 378 2 29 70 47 26 20 8 1,7 Suisse 488 470 1,9 19 884 23 588 1 28 71 59 11 22 8 1,0 Tadjikistan 5 134 8,6 346b 409 18 23 59 114 8 20 –42 21,0 Tanzaniec 20 490 6,8 238 295 45 17 37 73 16 17 –6 9,4 Tchad 8 361 10,4 173 215 23 42 35 69 6 15 10 8,3 Thaïlande 260 693 5,2 497 624 12 46 43 51 13 28 8 2,4 Togo 2 823 2,5 312 347 .. .. .. .. 16 .. –27 1,1 Tunisie 40 180 4,9 2 422 2 700 10 28 62 65 14 25 –3 2,9 Turkménistan 18 269 14,5 1 222b .. .. .. .. .. .. .. 11 12,2 Turquie 794 228 5,9 1 770 1 846 10 28 62 71 13 22 –5 16,9 Uganda 14 529 7,5 155 175 23 26 52 82 12 24 –18 5,1 Ukraine 180 355 7,2 1 195b 1 702 8 37 55 64 17 25 –6 15,7 Uruguay 32 186 3,8 6 304 8 797 11 27 63 69 12 23 –4 8,2 Vénézuela, R. B. de 313 799 5,2 4 483 6 331 .. .. .. 53 10 23 14 26,3 Viet Nam 90 705 7,7 214 305 20 42 38 66 6 42 –13 7,8 Yémen, Rép. du 26 576 3,9 271 328b .. .. .. .. .. .. .. 13,6 Zambie 14 314 5,3 159 204 21 46 33 66 9 22 3 17,1 Zimbabwe .. –5,7 240 222 .. .. .. .. .. .. .. 232,0 Toutes économies 60 587 016t 3,2w 731w 908w 3w 28w 69w 61w 17w 22w 0w à revenus faibles 568 504 5,8 222 268 25 29 46 75 9 27 –11 à revenus intermédiaires 16 826 866 6,4 470 650 10 37 53 56 14 30 1 Tranche inférieure 8 377 130 8,3 359 499 14 41 45 50 13 36 1 Tranche supérieure 8 445 380 4,6 1 998 2 721 6 33 61 61 15 23 1 à revenus faibles et 17 408 313 6,4 432 577 11 37 53 57 14 29 1 intermédiaires Afrique subsaharienne 987 120 5,2 263 279 14 32 54 67 16 23 –3 Amérique latine & Caraïbes 4 247 077 3,9 2 125 3 044 6 32 62 63 14 23 0 Asie de l’Est & Pacifique 5 658 322 9,1 295 438 12 48 41 42 13 39 6 Asie du Sud 1 531 499 7,4 335 406 18 29 53 61 11 36 –7 Europe & Asie centrale 3 860 600 6,3 1 749 2 076 7 34 60 60 15 24 0 Moyen-Orient & Afrique du 1 117 198 4,7 1 583 2 204 12 41 48 57 12 28 3 Nord Économies à revenus élevés 43 189 942 2,3 15 906 25 500 1 26 73 62 18 21 –1 a. Les données sur les dépenses de consummation finale des administrations publiques ne sont pas disponibles séparément; elles sont inclues dans les dépenses de consommation finale des ménages. b. Les données ne sont pas disponibles pour l’ensemble de la période de trois ans. c. Les données ne couvrent que la partie continentale de la Tanzanie. RapportMonde_LIVRE2.indb 382 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 383 Tableau 5 Échanges, aide et flux financiers Commerce de marchandises Exporta- Importa- Dette extérieure tions tions Exportations Exportations Solde Entrées nettes Aide publique Crédit inté- de produits produits haute compte d’investisse- au développe- Valeur rieur venant manufacturés en technologie en % courant ments étran- ment, nette actuelle du secteur Migrations USD USD % total export. export. produits USD gers directs USD par Total USD en % bancaire nettes millions millions marchandises manufacturés millions USD millions habitant millions RNB % du PIB Milliers Afghanistan 680 3 350 .. .. .. 288 .. 2 041 18d 0 .. Afrique du Sud 80 781 99 480 51f 6 –20 981 5 746 17 43 380 19 88 700 Albanie 1 353 5 230 70 12 –1 924 477 97 2 776 22 68 –100 Algérie 78 233 39 156 1 2 .. 1 665 12 5 541 4 –12 –140 Allemagne 1 465 215 1 206 213 83 14 243 289 51 543 .. .. .. 126 930 Angola 66 300 21 100 .. .. 9 402 –893 14 12 738 32 10 175 Arabie Saoudite 328 930 111 870 9 1 95 080 –8 069 –5 .. .. 10 285 Argentine 70 588 57 413 31 7 7 588 6 462 2 127 758 63 24 –100 Arménie 1 069 4 412 56 2 –1 356 699 114 2 888 38 17 –100 Australie 187 428 200 272 19 14 –44 040 39 596 .. .. .. 151 641 Autriche 182 158 184 247 82 11 14 269 30 717 .. .. .. 129 220 Azerbaïdjan 31 500 7 200 6 4 16 454 –4 749 26 3 021 14 17 –100 Bangladesh 15 369 23 860 91 .. 857 653 10 22 033 22 60 –700 Bélarus 32 902 39 483 53 3 –5 050 1 785 9 9 470 25 31 20 Belgique 476 953 469 889 78 7c –12 015 72 195 .. .. .. 115 196 Bénin 1 050 1 990 9 0 –217 48 56 857 12d 15 99 Bolivie 6 370 4 987 7 5 1 800 204 50 4 947 24d 48 –100 Bosnie et Herzégovine 5 064 12 282 61 3 –2 765 2 111 117 6 479 42 59 62 Brésil 197 942 182 810 47 12 –28 191 34 585 2 237 472 25 102 –229 Bulgarie 23 124 38 256 55 6 –12 577 8 974 .. 32 968 100 67 –41 Burkina Faso 620 1 800 .. .. .. 600 63 1 461 14d 16 100 Burundi 56 403 21 4 –116 1 59 1 456 97d 35 192 Cambodge 4 290 6 510 .. .. –1 060 867 46 3 761 46 16 10 Cameroun 4 350 4 360 3 3 –547 433 104 3 162 5d 6 –12 Canada 456 420 418 336 53 14 27 281 111 772 .. .. .. 191 1 089 Chili 67 788 61 901 10 7 –3 440 14 457 7 58 649 45 83 30 Chine 1 428 488 1 133 040 93 30 426 107 138 413 1 373 635 13 126 –2 058 Cisjordanie et Gaza .. .. .. .. .. .. 504 .. .. .. 11 Colombie 37 626 39 669 39 3 –6 761 9 040 17 44 976 28 43 –120 Congo, Rép. dém. du 3 950 4 100 .. .. .. 720 20 12 283 111d 5 –237 Congo, Rép. du 9 050 2 850 .. .. –2 181 4 289 36 5 156 93d –19 4 Corée, Rép. de 422 007 435 275 89 33 –6 350 1 579 .. .. .. 113 –65 Costa Rica 9 675 15 374 63 45 –1 578 1 896 12 7 846 35 54 84 Côte d’Ivoire 10 100 7 150 18 32 –146 427 8 13 938 67d 20 –339 Croatie 14 112 30 728 68 9 –6 397 4 916 37 48 584 109 75 –13 Danemark 117 174 112 296 66 17 6 938 11 858 .. .. .. 210 46 Égypte, Rép. arabe d’ 25 483 48 382 19 0 412 11 578 14 30 444 25 78 –291 Émirats arabes unis 231 550 158 900 3 1 .. .. .. .. .. 67 577 Équateur 18 511 18 686 8 7 1 598 183 16 17 525 50 18 –400 Érythrée 20 530 .. .. .. –3 32 875 41d 125 229 Espagne 268 108 402 302 75 5 –154 184 60 122 .. .. .. 213 2 504 États-Unis 1 300 532 2 165 982 77 28 –673 261 237 541 .. .. .. 220 5 676 Éthiopie 1 500 7 600 13 3 –828 223 31 2 634 8d 47 –340 Finlande 96 714 91 045 81 21 10 121 11 568 .. .. .. 88 33 France 608 684 707 720 79 19 –52 911 159 463 .. .. .. 126 761 Georgie 1 498 6 058 45 7 –2 851 1 728 87 2 292 20 33 –309 Ghana 5 650 10 400 11 1 –2 151 970 50 4 479 22d 33 12 Grèce 25 311 77 970 52 8 –51 313 1 959 .. .. .. 109 154 Guatemala 7 765 14 545 50 3 –1 697 724 34 6 260 21 37 –300 Guinée 1 300 1 600 .. .. –456 111 23 3 268 64d .. –425 Haïti 490 2 148 .. .. –80 75 73 1 598 20d 23 –140 Honduras 6 130 9 990 29 1 –1 225 816 65 3 260 21d 50 –150 Hong Kong, Chine 370 242e 392 962 68e 19 30 637 54 365 .. .. .. 125 113 Hongrie 107 904 107 864 81 25 –12 980 37 231 .. .. .. 81 70 Inde 179 073 291 598 64 5 –9 415 22 950 1 220 956 20 70 –1 540 Indonésie 139 281 126 177 42 11 606 6 928 4 140 783 43 37 –1 000 Irak 59 800 31 200 0 0 2 681 383 .. .. .. .. .. Iran, Rép. islamique d’ 116 350 57 230 10 6 .. 755 1 20 577 8 51 –993 Irlande 124 158 82 774 84 28 –12 686 26 085 .. .. .. 194 230 Israël 60 825 67 410 76 8 1 596 9 664 .. .. .. 81 115 Italie 539 727 556 311 84 7 –78 029 40 040 .. .. .. 133 1 750 Japon 782 337 761 984 90 19 156 634 22 180 .. .. .. 293 82 Jordanie 7 790 16 888 76 1 –2 776 1 835 88 8 368 54 122 104 Kazakhstan 71 184 37 889 13 23 6 978 10 189 13 96 133 131 34 –200 Kenya 4 972 11 074 37 5 –1 102 728 34 7 355 26 35 25 Liban 4 454 16 754 .. .. –1 395 2 845 229 24 634 111 177 100 Libéria 262 865 .. .. –211 132 192 2 475 978d 161 62 Libye 63 050 11 500 .. .. 28 454 4 689 3 .. .. –47 14 Lituanie 23 728 30 811 64 11 –5 692 2 017 .. .. .. 64 –36 Madagascar 1 345 4 040 57 1 .. 997 48 1 661 21d 9 –5 Malaisie 199 516 156 896 71 52 28 931 8 456 8 53 717 34 115 150 Malawi 790 1 700 11 2 .. 55 53 870 9d 16 –30 Mali 1 650 2 550 3 7 –581 360 82 2 018 16d 13 –134 Maroc 20 065 41 699 65 9 –122 2 807 35 20 255 29 98 –550 Mauritanie 1 750 1 750 0 .. .. 153 117 1 704 85d .. 30 RapportMonde_LIVRE2.indb 383 16/09/10 12:40 384 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 5 Échanges, aide et flux financiers Commerce de marchandises Exporta- Importa- Dette extérieure tions tions Exportations Exportations Solde Entrées nettes Aide publique Crédit inté- de produits produits haute compte d’investisse- au développe- Valeur rieur venant manufacturés en technologie en % courant ments étran- ment, nette actuelle du secteur Migrations USD USD % total export. export. produits USD gers directs USD par Total USD en % bancaire nettes millions millions marchandises manufacturés millions USD millions habitant millions RNB % du PIB Milliers Mexique 291 807 323 151 72 17 –15 957 24 686 1 178 108 20 37 –2 702 Moldavie 1 597 4 899 32 5 –1 009 493 73 3 203 72 40 –320 Mozambique 2 600 4 100 6 2 –975 427 83 3 105 15d 14 –20 Myanmar 6 900 4 290 .. .. 802 428 4 7 373 46 .. –1 000 Népal 1 100 3 570 .. .. 6 6 21 3 645 22d 53 –100 Nicaragua 1 489 4 287 10 4 –1 475 382 149 3 390 31d 66 –206 Niger 820 1 450 6 14 –314 27 38 972 12d 6 –29 Nigéria 81 900 41 700 1 8 21 972 6 087 14 8 934 6 26 –170 Norvège 167 941 89 070 18 18 83 497 3 788 .. .. .. .. 84 Nouvelle-Zélande 30 586 34 366 25 10 –11 317 2 753 .. .. .. 151 103 Ouganda 2 180 4 800 21 11 –1 088 484 56 1 611 9d 12 –5 Ouzbékistan 10 360 5 260 .. .. .. 262 6 3 876 20 .. –400 Pakistan 20 375 42 326 79 1 –8 295 5 333 14 40 680 25 46 –1 239 Panama 1 180 9 050 11 0 –2 792 1 907 –40 9 862 70 86 8 Papouasie-Nouvelle-Zélande 5 700 3 550 .. .. .. 96 50 2 245 42 26 0 Paraguay 4 434 10 180 14 6 –345 196 18 3 570 35 22 –45 Pays-Bas 633 974 573 924 60 26 65 391 123 609 .. .. .. 198 110 Pérou 31 529 29 981 12 2 1 505 5 343 9 32 154 42 19 –525 Philippines 49 025 59 170 51 54 4 227 2 928 7 65 845 51 46 –900 Pologne 167 944 203 925 80 4 –29 029 22 959 .. 195 374 53 60 –200 Portugal 55 861 89 753 74 9 –29 599 5 534 .. .. .. 185 291 RDP Lao 1 080 1 390 .. .. 107 324 65 3 337 84 7 –115 Rép. arabe syrienne 14 300 18 320 32 1 920 600 4 .. .. 37 300 Rép. centrafricaine 185 310 36 0 .. 27 41 973 48d 18 –45 République dominicaine 6 910 16 400 .. .. –2 068 1 698 13 10 342 33 39 –148 République kirghize 1 642 4 058 35 2 –631 208 52 2 401 43d 14 –75 République slovaque 70 967 73 321 87 5 –4 103 3 363 .. .. .. 54 10 République tchèque 146 934 141 882 90 14 –6 631 9 294 .. .. .. 58 67 Roumanie 49 546 82 707 80 4 –24 642 9 492 .. 85 380 67 41 –270 Royaume-Uni 457 983 631 913 74 20 –78 765 197 766 .. .. .. 215 948 Russie, Fédération de 471 763 291 971 17 7 102 331 55 073 .. 370 172 39 27 964 Rwanda 250 1 110 5 16 –147 67 75 496 8d .. 6 Salvador 4 549 9 755 55 4 –1 119 1 526 14 8 809 50 45 –340 Sénégal 2 390 5 702 36 4 –1 311 78 71 2 588 21d 25 –100 Serbie 10 973 22 999 66 4 –15 989 3 110 113 26 280 86 38 –339 Sierra Leone 220 560 .. .. –181 94 99 348 10d 14 336 Singapour 338 176e 319 780 76e 46 39 106 24 137 .. .. .. 84 139 Somalie .. .. .. .. .. 141 44 2 944 .. .. –200 Soudan 12 450 9 200 0 1 –3 268 2 426 52 19 126 93d 17 –532 Sri Lanka 8 370 14 008 70 2 –3 775 603 29 14 020 42 43 –442 Suède 183 975 166 971 77 16 40 317 12 286 .. .. .. 136 186 Suisse 200 387 183 491 91 22 41 214 49 730 .. .. .. 185 200 Tadjikistan 1 406 3 270 .. .. –495 360 33 1 228 30 28 –345 Tanzanie 2 870 6 954 17 1 –1 856 647 68 5 063 15d,g 17 –345 Tchad 4 800 1 700 .. .. .. 603 33 1 797 19d –3 219 Thaïlande 177 844 178 655 76 27 15 755 9 498 –5 63 067 29 136 1 411 Togo 790 1 540 62 0 –340 69 19 1 968 80d 25 –4 Tunisie 19 319 24 612 70 5 –904 1 620 30 20 231 65 73 –81 Turkménistan 10 780 4 680 .. .. .. 804 6 743 7 .. –25 Turquie 131 975 201 960 81 0 –41 685 22 195 11 251 477 47 51 –71 Ukraine 67 049 84 032 74 4 –12 933 9 891 9 73 600 66 82 –173 Uruguay 5 949 8 933 30 3 –1 119 879 10 12 363 69 33 –104 Vénézuela, R. B. de 93 542 49 635 5 3 39 202 646 3 43 148 26 20 40 Viet Nam 62 906 80 416 51 6 –6 992 6 700 29 24 222 35 95 –200 Yémen, Rép. du 9 270 9 300 1 1 –1 508 917 10 5 926 23 11 –100 Zambie 5 093 5 070 13 2 –505 984 85 2 789 7d 19 –82 Zimbabwe 2 150 2 900 48 3 .. 69 37 5 293 121 .. –700 Monde 16 129 607t 16 300 527t 72w 18w 2 139 338s 16w ..s 158w ..wh Revenus faibles 167 308 239 464 44 4 19 975 37 156 551 46 –3 728 Revenus intermédiaires 4 905 095 4 547 215 61 19 501 721 9 3 260 910 74 –14 512 Tranche inférieure des RI 2 627 173 2 376 905 71 23 232 806 9 1 228 986 98 –11 119 Tranche supérieure des RI 2 276 454 2 164 216 52 13 268 916 9 2 031 924 53 –3 393 Revenus faibles et intermédiaires 5 072 412 4 786 667 60 19 521 696 19 3 417 461 74 –18 240 Afrique subsaharienne 336 637 296 944 30 8 28 734 44 195 094 41 –1 611 Amérique latine & Caraïbes 873 299 896 683 54 12 107 270 12 825 697 62 –5 738 Asie de l’Est & Pacifique 2 081 208 1 762 013 77 31 175 340 4 741 471 117 –3 722 Asie du Sud 225 882 380 660 66 5 29 926 7 304 713 69 –3 181 Europe & Asie centrale 1 141 248 1 146 612 45 6 151 521 13 1 214 038 42 –2 138 Moyen-Orient & Afrique du Nord 418 183 315 621 16 4 28 905 55 136 448 48 –1 850 Revenus élevés 11 060 159 11 522 679 75 18 1 617 642 0 191 18 091 a. La distinction entre l’aide publique, pour les pays figurant dans la partie II de la Liste du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques, et l’aide publique au développement a été abandonnée en 2005. Les chiffres indiqués pour les régions comprennent des données concernant des économies qui ne figurent pas dans le tableau. Les chiffres globaux indiqués pour toutes les économies et pour les différentes catégories de revenu comprennent l’aide non imputée par pays ou par région. b. Total pour la période de cinq ans. c. Y compris le Luxembourg. d. Les données proviennent de l’analyse du niveau d’endettement tolérable pour les pays à faible revenu. e. Y compris les réexportations. f. Les chiffres indiqués pour le total des exportations et pour le total des importations ne concernent que l’Afrique du Sud. Les chiffres concernant la part des exportations de marchandises concernent l’Union douanière d’Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Lesotho et Namibie). g. Les chiffres du RNB ne concernent que la partie continentale de la Tanzanie. h. La somme des migrations à l’échelle de toutes les économies, telle que calculée par l’ONU, est nulle, mais comme les agrégats indiqués ici sont établis sur la base des définitions de la Banque mondiale, les sommes indiquées pour les régions et pour les catégories de revenu ne sont pas nulles. RapportMonde_LIVRE2.indb 384 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 385 Tableau 6 Indicateurs de base pour les autres économies Revenu national brut Évaluation PPA du revenu Espérance de vie Population (RNB) national brut (RNB) à la naissance Taux Taux de Densité Produit inté- d’alphabé- croissance de popu- Composition de rieur brut par tisation des annuel lation au la population USD USD par USD USD par habitant, % Hommes Femmes adultes dès Milliers moyen en % km 2 par âge milliards habitant millions habitant accroiss. Nb années Nb années 15 ans et 2008 2000-08 2008 0-14 ans (%) 2008 2008 2008 2008 2007-2008 2007 2007 plus (%) Andorre 84 3,7c 178 .. .. ..e .. .. .. .. .. .. Antigua-et-Barbuda 86 1,3 194 .. 1 165 13 620 1 760f 20 570f 1,6 .. .. .. Antilles néerlandaises 194 0,9 242 21 .. ..e .. .. .. 71 79 96 Aruba 105 1,9 586 20 .. ..e .. .. .. 72 77 98 Bahamas, les 335 1,3 33 26 .. ..e .. .. –0,2 71 76 .. Bahreïn 767 2,1 1 080 27 .. ..e .. .. .. 74 77 89 Barbades 255 0,2 594 18 .. ..e .. .. .. 74 80 .. Belize 311 2,7 14 36 1 186 3 820 1 875f 6 040f 0,9 73 79 .. Bermudes 64 0,4 1 284 .. .. ..e .. .. 4,3 76 82 .. Bhoutan 687 2,5 15 31 1 302 1 900 3 349 4 880 12,0 64 68 53 Botswana 1 905 1,2 3 34 12 328 6 470 24 964 13 100 –2,2 50 51 83 Brunei Darussalam 397 2,2 75 27 10 211 26 740 19 540 50 200 –1,3 75 80 95 Cap-Vert 499 1,6 124 37 1 561 3 130 1 720 3 450 4,5 68 74 84 Chypre 864 1,2 93 18 19 617h 22 950 h 20 549 24 040 3,3 77 82 98 Comores 644 2,2 346 38g 483 750 754 1 170 –1,4 63 67 75 Corée, Rép, dém, de 23 858 0,5 198 22 .. ..j .. .. .. 65 69 .. Cuba 11 247 0,1 102 18 .. ..d .. .. .. 76 80 100 Djibouti 848 1,9 37 37 957 1 130 1 972 2 330 2,1 54 56 .. Dominique 73 0,3 98 .. 349 4 770 607f 8 300f 2,9 .. .. .. Estonie 1 341 –0,3 32 15 19 131 14 270 25 848 19 280 –3,6 67 79 100 Fidji 839 0,6 46 32 3 300 3 930 3 578 4 270 –0,3 67 71 .. Gabon 1 448 2,0 6 37 10 490 7 240 17 766 12 270 0,2 59 62 86 Gambie, La 1 660 3,0 166 42 653 390 2 130 1 280 3,0 54 57 .. Grenade 106 0,6 310 28 603 5 710 850f 8 060f 2,2 67 70 .. Groenland 57 0,1 0i .. .. ..e .. .. .. .. .. .. Guam 175 1,5 325 28 .. ..e .. .. .. 73 78 .. Guinée équatoriale 659 2,8 24 41 9 875 14 980 14 305 21 700 8,4 49 51 .. Guinée-Bissau 1 575 2,4 56 43 386 250 832 530 0,5 46 49 .. Guyane 763 0,1 4 30 1 081 1 420 1 916f 2 510f 3,1 64 70 .. Îles Anglo-Normandes 149 0,2 787 16 10 241 68 640 .. .. 5,7 77 81 .. Îles Caïmans 54 3,7 209 .. .. ..e .. .. .. .. .. 99 Îles de Man 81 0,6 141 .. 3 516 43 710 .. .. 7,3 .. .. .. Îles Féroé 49 0,7 35 .. .. ..e .. .. .. 77 81 .. Îles Mariannes du Nord 85 2,3c 186 .. .. ..e .. .. .. .. .. .. Îles Marshall 60 1,9 331 .. 195 3 270 .. .. –0,8 .. .. .. Îles Salomon 507 2,5 18 39 598 1 180 1 309f 2 580f 4,9 63 64 .. Îles Vierges (É.-U.) 110 0,1 314 21 .. ..e .. .. .. 76 82 .. Islande 317 1,5 3 21 12 702 40 070 7 993 25 220 –1,6 79 83 .. Jamaïque 2 689 0,5 248 30 13 098 4 870 19 785f 7 360f –1,8 70 75 86 Kiribati 97 1,7 119 .. 193 2 000 353f 3 660f 1,8 59 63 .. Kosovo .. .. .. .. .. ..k .. .. .. .. .. .. Koweït 2 728 2,7 153 23 99 865 38 420 136 748 52 610 3,7 76 80 94 Lesotho 2 017 0,8 66 39 2 179 1 080 4 033 2 000 3,4 43 42 .. Lettonie 2 266 –0,6 36 14 26 883 11 860 37 943 16 740 –4,2 66 77 100 Liechtenstein 36 1,1 222 .. .. ..e .. .. .. .. .. .. Luxembourg 488 1,4 188 18 41 406 84 890 31 372 64 320 –2,5 76 82 .. Macao, Chine 526 2,2 18 659 13 18 142 35 360 26 811 52 260 10,4 79 83 94 Macédoine, ERY 2 038 0,2 80 18 8 432 4 140 20 266 9 950 5,0 72 77 97 Maldives 310 1,6 1 035 29 1 126 3 630 1 639 5 280 4,0 68 69 97 Malte 411 0,7 1 286 16 6 825 16 680 9 192 22 460 3,1 77 82 92 Maurice 1 269 0,8 625 23 8 122 6 400 15 841 12 480 4,7 69 76 87 Mayotte 191 2,9l 511 40 .. ..d .. .. .. .. .. .. Micronésie, États fédérés de 111 0,5 159 37 260 2 340 334f 3 000f –1,3 68 69 .. Monaco 33 0,3c 16 821 .. .. ..e .. .. .. .. .. .. Mongolie 2 632 1,2 2 27 4 411 1 680 9 158 3 480 7,9 64 70 97 Monténégro 622 –0,7 45 20 4 008 6 440 8 661 13 920 6,9 72 76 .. Namibie 2 114 1,5 3 37 8 880 4 200 13 248 6 270 1,0 52 53 88 Nouvelle-Calédonie 246 1,8 13 26 .. ..e .. .. .. 72 80 96 Oman 2 785 1,8 9 32 32 755 12 270 55 126 20 650 5,1 74 77 84 Palaos 20 0,7 44 .. 175 8 650 .. .. –1,6 66 72 .. RapportMonde_LIVRE2.indb 385 16/09/10 12:40 386 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Tableau 6 Indicateurs de base pour les autres économies Revenu national brut Évaluation PPA du revenu Espérance de vie Population (RNB) national brut (RNB) à la naissance Taux Taux de Densité Produit inté- d’alphabé- croissance de popu- Composition de rieur brut par tisation des annuel lation au la population USD USD par USD USD par habitant, % Hommes Femmes adultes dès Milliers moyen en % km 2 par âge milliards habitant millions habitant accroiss. Nb années Nb années 15 ans et 2008 2000-08 2008 0-14 ans (%) 2008 2008 2008 2008 2007-2008 2007 2007 plus (%) Polynésie française 266 1,5 73 26 .. ..e .. .. .. 72 77 .. Porto Rico 3 954 0,4 446 21 .. ..e .. .. .. 74 83 .. Qatar 1 281 9,1 116 16 .. ..e .. .. .. 75 77 93 Sainte-Lucie 170 1,1 279 27 940 5 530 1 561f 9 190f 1,1 73 76 .. Saint-Kitts et Nevis 49 1,3 189 .. 539 10 960 746f 15 170f 8,8 .. .. .. Saint-Marin 31 1,3m 517 .. 1 430 46 770 .. .. 3,1 79 85 .. Saint-Vincent-et-les-Grenadines 109 0,1 280 27 561 5 140 957f 8 770f 0,9 69 74 .. Samoa 182 0,6 64 40 504 2 780 789f 4 340f –3,6 69 75 99 Samoa américaines 66 1,7 331 .. .. ..d .. .. .. .. .. .. São Tomé-et-Principe 161 1,7 168 41 164 1 020 286 1 780 3,9 64 67 88 Seychelles 86 0,8 188 .. 889 10 290 1 707f 19 770f 1,3 69 78 .. Slovénie 2 039 0,3 101 14 48 973 24 010 54 875 26 910 2,5 74 82 100 Suriname 515 1,2 3 29 2 570 4 990 3 674f 7 130f 6,0 65 73 90 Swaziland 1 168 1,0 68 40 2 945 2 520 5 852 5 010 1,1 46 45 .. Timor oriental 1 098 3,7 74 45 2 706 2 460 5 150f 4 690f 9,6 60 62 .. Tonga 104 0,6 144 37 265 2 560 402f 3 880f 0,7 69 75 99 Trinidad et Tobago 1 338 0,4 261 21 22 123 16 540 32 033f 23 950f 3,0 68 72 99 Vanuatu 231 2,5 19 39 539 2 330 910f 3 940f 4,2 68 72 78 a. Calculé par la méthode de l’Atlas de la Banque mondiale. b. PPA signifie parité du pouvoir d’achat ; voir les Notes techniques. c. Les données couvrent la période 2003-2007. d. Considéré, sur la base des estimations comme ayant un revenu intermédiaire, tranche supérieure (USD 3 856 à USD 11 905). e. Considéré, sur la base des estimations, comme ayant un revenu élevé (USD 11 906 ou plus). f. Estimations effectuées par une analyse de régression ; les autres chiffres sont des extrapolations des estimations de référence les plus récentes du Projet de comparaison internationale. g. Y compris Mayotte. h. À l’exclusion de la zone chypriote turque. i. Moins de 0,5. j. Considéré, sur la base des estimations, comme ayant un revenu faible (USD 975 ou moins). k. Considéré, sur la base des estimations, comme ayant un revenu intermédiaire, tranche inférieure (USD 976 à USD 3 855). l. Les données couvrent la période 2002-2007. m. Les données couvrent la période 2004-2007. RapportMonde_LIVRE2.indb 386 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 387 Notes techniques rencontrant des problèmes (par exemple due à des conflits) Les notes techniques examinent les sources et méthodes uti- qui ont un impact sur la collecte et la présentation des don- lisées pour compiler les indicateurs inclus dans cette édition nées. C’est pourquoi, bien que les données proviennent des des grands indicateurs du développement dans le monde. Les sources considérées comme les plus fiables, il importe de les notes sont organisées dans l’ordre dans lequel les indicateurs considérer uniquement comme des indications de tendance apparaissent dans les tableaux. ou des descriptions des différences majeures entre les écono- mies plutôt que comme des mesures quantitatives précises Sources de ces différences. Les divergences constatées au niveau Les données incluses dans les grands indicateurs du dével- des données présentées dans différentes éditions tiennent oppement dans le monde sont tirées de World Development aux mises à jour des données effectuées par les pays et aux Indicators 2009. Toutefois, les révisions apportées aux don- révisions apportées aux séries chronologiques ou encore à nées après date-butoir de cette édition ont été incluses dans la l’adoption de nouvelles méthodes. Il est donc recommandé mesure du possible. Par ailleurs, les estimations de la popula- aux lecteurs de ne pas comparer les séries de données de pub- tion et du RNB par habitant pour 2008 qui viennent d’être lications différentes ou d’éditions différentes d’une même publiées ont été incluses dans le tableau 1 et dans le tableau 6. publication de la Banque mondiale. Ceux-ci trouveront des La Banque mondiale a recours à diverses sources pour séries chronologiques cohérentes sur le CD-ROM de World établir les statistiques publiées dans World Development Development Indicators 2009 et dans WDI Online. Indicators. Les données relatives à la dette extérieure sont directement communiquées à la Banque mondiale par ses Ratios et taux de croissance pays membres en développement au moyen du système de Les tableaux présentent généralement les données sous forme notification de la dette. Les autres données proviennent de ratios et de taux de croissance, et non les valeurs à par- essentiellement des Nations Unies et de ses institutions tir desquelles ces derniers ont été calculés, de manière à en spécialisées, du FMI, et des rapports communiqués par les faciliter la consultation. Les valeurs initiales figurent sur pays à la Banque mondiale. Les estimations des services de le CD-ROM de World Development Indicators 2009. Sauf la Banque sont aussi utilisées dans le but de mettre à jour indication contraire, les taux de croissance ont été calculés ou d’accroître la cohérence des données. Pour la plupart des par la méthode des moindres carrés (voir la section intit- pays, les estimations des comptes nationaux sont obtenues ulée « méthodes statistique »). Cette méthode prenant en des gouvernements membres par les missions économiques compte toutes les observations disponibles sur une période, de la Banque mondiale. Dans certains cas, elles sont ajustées les taux de croissance qui en résultent reflètent des tendances par les services de la banque de manière à assurer leur con- générales qui ne sont pas indûment influencées par des val- formité avec les définitions et les concepts retenus au plan eurs exceptionnelles. Afin d’éliminer les effets de l’inflation, international. La plupart des données sociales provenant de il est procédé au calcul des taux de croissance sur la base sources nationales sont extraites des dossiers administratifs, d’indicateurs économiques en prix constants. Les données d’enquêtes spéciales ou de recensements périodiques. en italique se rapportent à d’autres années ou à d’autres Des notes plus détaillées sur les données sont présentées périodes que celle indiquée en tête de colonnes, dans une par la publication de la Banque mondiale intitulée World fourchette allant jusqu’à deux ans avant ou après la période Development Indicators 2009. de l’année considérée pour les indicateurs économiques et jusqu’à 300 avant ou après ladite année ou période pour les Cohérence et fiabilité des données indicateurs sociaux, car les données relatives à ces derniers Des efforts considérables ont été déployés pour normaliser sont en général collectées moins régulièrement et changent les données ; il est toutefois impossible d’assurer une parfaite de manière moins prononcée sur de courtes périodes. comparabilité des données et il importe donc de faire preuve de prudence dans le cadre de l’interprétation des indicateurs. Séries de prix constants De nombreux facteurs influent sur la disponibilité, la compa- La croissance d’une économie est mesurée par l’augmentation rabilité et la fiabilité des données ; les systèmes statistiques de de la valeur ajoutée produite par les personnes physiques et beaucoup d’économies en développement présentent encore les personnes morales qui opèrent dans cette économie. Pour des lacunes ; les méthodes, les couvertures, les pratiques et mesurer la croissance réelle, il faut donc disposer d’estimations les définitions statistiques varient fortement d’un pays à un du PIB et de ses composantes évaluées en prix constants. autre ; les comparaisons entre pays et d’une période à une La banque mondiale collecte des séries de données sur les autre posent toujours des problèmes techniques et théoriques comptes nationaux en prix constants, exprimées en mon- complexes qu’il est impossible de résoudre parfaitement. Il se naies nationales et enregistrées pour l’année de base retenue peut que la couverture des données ne soit pas exhaustive en par le pays considéré. Pour obtenir des séries de données en raison de circonstances particulières dans le cas d’économies prix constants qui soient comparables, la banque ramène les RapportMonde_LIVRE2.indb 387 16/09/10 12:40 388 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E valeurs du PIB et de la valeur ajoutée par branche d’activité à La densité de population est le rapport entre le nombre une même année de référence (2000 pour la version actuelle d’habitants en milieu d’année et superficie des terres en kilo- des World Development Indicators. Ce processus fait appa- mètres carrés. La superficie des terres est la superficie totale raître un écart entre le PIB ramené à la nouvelle base et la d’un pays, non compris la superficie couverte par les eaux somme de ses composantes également ramenées à la nouvelle intérieures. (Eurostat, Division de la population des Nations base. L’allocation de cet écart étant source de distorsions pour Unies, et Banque mondiale). le taux de croissance, il n’est pas procédé à cette opération. La composition de la population par âge, 0 à 14 ans est le pourcentage de la population totale âgée de zéro à 14 ans. Chiffres récapitulatifs (Eurostat, Division de la population des Nations Unies, et Les chiffres récapitulatifs par région et par catégorie de Banque mondiale) revenu, indiqué à la fin de la plupart des tableaux, sont cal- Le revenu national brut (RNB), qui est l’indicateur le culés par simple addition lorsque les données communiquées plus général du revenu national, mesure la valeur ajoutée pour une variable sont exprimées en valeur absolue. Les totale par des sources nationales et étrangères revenant aux taux de croissance globaux et les ratios sont généralement et résidents d’une économie. Le RNB est égal à la somme du moyenne pondérés. Pour les indicateurs sociaux, les chiffres PIB et des revenus primaires provenant d’unités non résiden- récapitulatifs sont pondérés par la population ou des sous- tes. Les données en monnaies nationales sont converties en groupes de la population, à l’exception de ceux de la mortalité dollars des États-Unis courants par la méthode utilisée pour infantile qui sont pondérés par le nombre de naissances. Le l’Atlas de la Banque mondiale. Cette opération donne lieu à lecteur est invité à se reporter aux notes relatives aux indica- l’utilisation d’une moyenne sur trois ans pour lisser les effets teurs en question pour de plus amples informations. des fluctuations temporaires des taux de change. (Voir la sec- Lorsque les chiffres récapitulatifs portent sur un grand tion consacrée aux méthodes statistiques pour un examen nombre d’années, les calculs sont fondés sur un ensemble plus détaillé de la méthode de l’Atlas.) (Banque mondiale) uniforme d’économies de sorte que la composition du Le RNB par habitant est égal au RNB divisé par la popu- groupe ne se modifie pas d’une année sur l’autre. Les indi- lation en milieu d’année. Le chiffre obttenu est converti en cateurs de groupe ne sont calculés que si les économies pour dollars courants par la méthode de l’Atlas. La Banque mon- lesquelles on dispose de statistiques pour une année donnée diale classe les pays en fonction de leur RNB par habitant en représentent au moins les deux tiers de l’ensemble du groupe, dollars des États-Unis à des fins analytiques et pour déter- tel qu’il est défi ni pour l’année de référence, c’est-à-dire miner leur éligibilité à emprunter. (Banque mondiale) 2000. Tant que cette condition est remplie, les économies Le revenu national brut sur la base de la PPA est égal au pour lesquelles on ne dispose pas de données sont supposées RNB converti en dollars internationaux au moyen des facteurs avoir évolué de la même manière que les économies qui ont de conversion de la parité du pouvoir d’achat (PPA). Les taux communiqué des estimations. Le lecteur ne doit pas perdre de change ne reflétant pas toujours les différences entre les de vue que les chiffres récapitulatifs sont des estimations prix relatifs sur les marchés de différents pays, le présent tab- d’un agrégat représentatif pour chaque rubrique et qu’il leau convertit les estimations du RNB et du RNB par habitant n’est pas possible de déduire quoi que ce soit de significatif en dollars internationaux sur la base du taux de la PPA. Ces sur le comportement d’une économie ou d’une autre à partir derniers taux fournissent un indicateur type qui permet de des indicateurs globaux. En outre, le processus d’estimation comparer les niveaux réels des dépenses entre pays de la même peut faire apparaître des écarts entre la somme des totaux manière que les indices des prix conventionnels permettent de par sous-groupe et les totaux généraux. comparer les valeurs réelles à différentes périodes. Les facteurs de conversion PPA utilisés ici ont été établis sur la base des Tableau 1. Principaux indicateurs du développement enquêtes sur les prix réalisés par le Projet de comparaison La population totale comprend tous les résidents d’une internationale menée dans 146 pays. Dans le cas des pays de économie, quelque soit leur statut juridique ou leur citoy- l’OCDE, les données proviennent des séries d’enquêtes les plus enneté, à l’exclusion des réfugiés qui ne sont pas installés récentes qui se sont achevées en 2005. Les estimations rela- défi nitivement dans le pays d’accueil et qui sont générale- tives aux pays qui ne sont pas couverts par les enquêtes ont ment considérés comme appartenant à la population de leur été calculées au moyen de modèles statistiques et des données pays d’origine. Les valeurs indiquées sont des estimations en disponibles. Pour plus d’information sur le Programme de milieu d’année. (Banque mondiale, Division de la popula- comparaison 2005, se rendre à l’adresse www.worldbank.org/ tion des Nations Unies, et Eurostat). data/icp. (Banque mondiale, Eurostat/OCDE) Le taux de croissance annuel moyen de la population est Le RNB par habitant sur la base de la PPA est égale au le taux de variation exponentielle sur la période (voir la sec- RNB sur la base de la PPA divisé par la population en milieu tion consacrée aux méthodes statistiques). (Eurostat, Division d’année. (Banque mondiale, Eurostat/OCDE) de la population des Nations Unies, et Banque mondiale). RapportMonde_LIVRE2.indb 388 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 389 Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) La Banque mondiale produit également des estimations par habitant est basé sur le PIB mesuré en prix constants. Il de la pauvreté sur la base de seuils de pauvreté internation- est considéré constituer un indicateur général de l’expansion aux pour suivre les progrès accomplis dans la lutte contre la d’une économie. Il est possible d’estimer le PIB en prix pauvreté à l’échelle mondiale. Les premières estimations de constants en mesurant les quantités totales de biens et de la pauvreté pour l’ensemble des pays en développement ont services produites durant une période déterminée, en évalu- été produites pour le « Rapport sur le développement dans le ant ces quantités au moyen d’une série de prix en vigueur monde 1990 : La pauvreté », sur la base des données d’enquêtes durant une année de base convenue, et en retranchant de la auprès des ménages menés dans 22 pays (Ravallion, Datt, et valeur obtenue le coût des intrants intermédiaires, également van de Walle 1991). Depuis lors, le nombre de pays procédant évalué en prix constants. Voir la section sur les méthodes à des enquêtes sur le terrain portant sur les revenus et les statistiques pour de plus amples détails sur le calcul du taux dépenses des ménages a considérablement augmenté. de croissance par la méthode des moindres carrés. (Banque mondiale, Eurostat/OCDE) Seuils de pauvreté nationaux et internationaux. Les seuils de L’espérance de vie à la naissance indique le nombre pauvreté nationaux permettent d’effectuer des estimations d’années que vivrait un nouveau-né si les tendances de de la pauvreté dans le contexte des conditions économiques la mortalité observées à la date de sa naissance restaient et sociales particulières de l’économie considérée mais qui inchangées tout au long de son existence. Les données sont ne peuvent être employés pour procéder à des comparaisons présentées séparément pour les hommes et pour les femmes. des taux de pauvreté à l’échelle internationale. Les niveaux (Eurostat, Division de la population des Nations Unies, et auxquels sont fi xés les seuils de pauvreté nationaux sont Banque mondiale) fonction des niveaux de consommation ou de revenu jugés, Le taux d’alphabétisation des adultes est la propor- dans le pays, nécessaires pour ne pas être pauvres. La limite tion des personnes âgées de 15 ans et plus sachant lire, en subjective qui sépare une personne pauvre et une personne le comprenant, et écrire intelligiblement, un texte court et non pauvre augmente avec le revenu moyen d’une économie simple sur leur vie quotidienne. En pratique, il est difficile de et ne constitue donc pas une mesure pouvant être utilisée de mesurer l’alphabétisme. Pour évaluer le taux d’alphabétisme manière uniforme pour comparer les taux de pauvreté d’un sur la base de cette défi nition, il faut établir des mesures à pays à un autre. Les estimations de la pauvreté nationales partir de recensement ou d’enquête par sondage mené dans sont néanmoins manifestement l’indicateur qu’il convient les conditions bien défi nies. De nombreux pays estiment d’utiliser pour définir les politiques nationales de lutte con- le nombre d’adultes alphabétisés à partir des déclarations tre la pauvreté et assurer le suivi de leurs résultats. mêmes des intéressés. D’autres utilisent les données sur le La comparaison des estimations de la pauvreté au plan nombre d’années de scolarité comme variable de remplace- international pose des problèmes aussi bien théoriques que ment mais retiennent des scolarités de longueurs différentes pratiques. La pauvreté est défi nie de manière différente ou des niveaux d’achèvement de la scolarité différents. Les selon les pays et il est difficile d’effectuer des comparaisons définitions et les méthodes de collecte des données différant cohérentes entre ces derniers. Les seuils de pauvreté nation- d’un pays à un autre, il importe d’interpréter ces données aux correspondent généralement à des pouvoirs d’achat avec prudence. (Institut de statistique de l’UNESCO) plus élevés dans les pays riches, qui ont des normes plus généreuses que les pays pauvres. L’établissement de seuils de Tableau 2. Pauvreté pauvreté internationaux vise à maintenir la valeur réelle du La Banque mondiale prépare périodiquement des évalua- seuil de pauvreté à un niveau constant d’un pays à un autre, tions de la pauvreté dans les pays dans lesquels elle pour- comme pour les comparaisons dans le temps, quel que soit suit un programme d’activités, en étroite collaboration avec le revenu moyen des économies considérées. les institutions nationales, d’autres organismes de dével- Depuis le Rapport sur le développement dans le monde oppement et des groupes de la société civile, notamment 1990, la Banque mondiale s’efforce d’appliquer une norme les organisations représentant des groupes de populations commune pour mesurer l’extrême pauvreté, qui correspond à pauvres. Les évaluations de la pauvreté indiquent l’ampleur la notion de pauvreté dans les pays les plus pauvres du monde. et les causes de la pauvreté et proposent des stratégies pour Il est possible de mesurer le degré de bien-être de personnes la réduire. Depuis 1992, la Banque mondiale a réalisé envi- vivant dans des pays différents en se référant à une même ron 200 évaluations de la pauvreté, qui sont les principales échelle à condition de procéder à un ajustement pour pren- sources des données utilisées pour établir les estimations sur dre en compte les différences qui existent entre les pouvoirs la base des seuils de pauvreté nationaux présentés dans le d’achat des différentes monnaies. La norme habituellement tableau. Les pays font état d’évaluations similaires dans le utilisée, c’est-à-dire 1 dollar par jour, aux prix mondiaux de cadre de leur Stratégie de réduction de la pauvreté. 1985, ajustée en monnaie nationale sur la base de la PPA, a été retenue pour le Rapport sur le développement dans le monde RapportMonde_LIVRE2.indb 389 16/09/10 12:40 390 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E 1990 parce qu’elle était représentative des seuils de pauvreté nées sur la consommation ne sont pas toujours disponibles : des pays à faible revenu à l’époque. Par la suite, ce seuil a été les dernières estimations présentées dans cette édition sont porté à 1,08 dollar par jour, aux prix mondiaux de 1993. Plus basées sur des données sur la consommation pour environ récemment, les seuils de pauvreté internationaux ont été révi- deux tiers des pays. Une autre difficulté tient au fait que des sés sur la base des nouvelles données relatives à la PPA com- enquêtes similaires peuvent ne pas être strictement compa- pilées sur la base des séries d’enquêtes de 2005 du Programme rables parce qu’elles identifient un nombre différent de caté- de comparaison internationale ainsi que de données générées gories de biens de consommation, demandent aux personnes par une série plus importante d’enquêtes sur le revenu et la qui répondent à l’enquête d’indiquer leurs dépenses pour consommation des ménages. Le nouveau seuil d’extrême pau- des périodes de durées différentes et sont effectuées par des vreté est de 1,25 dollar par jour sur la base de la PPA de 2005, enquêteurs ayant des compétences et des formations différen- et correspond à la moyenne des seuils de pauvreté des 15 pays tes. Le refus de certains enquêtés de participer à une enquête les plus pauvres classés en fonction de leur consommation par peut également être source de difficultés dans certains cas. habitant. Le nouveau seuil de pauvreté repose sur la même Les différences concernant l’importance relative de la norme d’extrême pauvreté – le seuil de pauvreté caractéris- consommation de biens non marchands rendent les com- tique des pays les plus pauvres du monde – mais il actualise paraisons difficiles entre pays ayant atteint des niveaux de son niveau sur la base des dernières informations disponibles développement différents. La valeur sur le marché local de sur le coût de la vie dans les pays en développement. la consommation en nature (y compris la consommation par un ménage de sa propre production, qui est particu- Qualité et disponibilité des données d’enquêtes. Les esti- lièrement importante dans les économies rurales les moins mations de la pauvreté sont calculées à partir des données développées) devrait être prise en compte dans l’évaluation d’enquêtes menées sur le terrain pour collecter, entre autres, des dépenses totales de consommation, mais ce n’est pas des informations sur le revenu ou la consommation d’un toujours le cas. Les enquêtes produisent maintenant cour- échantillon de ménages. Pour pouvoir contribuer utile- amment des valeurs imputées pour l’autoconsommation ment à l’estimation de la pauvreté, les enquêtes doivent être de la production agricole. Il importe aussi d’inclure dans le représentatives sur le plan national et inclure suffisamment revenu le bénéfice imputé au titre de la production de biens d’informations pour qu’il soit possible de calculer une esti- non marchands, mais ce n’est pas toujours fait en pratique mation globale du montant total de la consommation ou des (bien que cette omission ne constitue plus un problème aussi revenus des ménages (y compris l’autoconsommation ou le important qu’il l’était pour les enquêtes réalisées avant les revenu tiré par les ménages de leur propre production), à années 80). La plupart des enquêtes produisent maintenant partir de laquelle il est possible d’établir la répartition de des évaluations de l’autoconsommation des ménages ou des la consommation ou du revenu par habitant correctement revenus correspondants, bien que les méthodes d’évaluation pondérée. Au cours des 20 dernières années, le nombre de puissent différer. pays qui procèdent à des enquêtes et la fréquence de ces enquêtes ont considérablement augmenté. La qualité des Définitions données générées s’est aussi grandement améliorée. La base L’année de l’enquête est l’année pendant laquelle les données de données de la Banque mondiale utilisée pour assurer le de base ont été recueillies. suivi de la pauvreté est maintenant alimentée par plus de La population en dessous du seuil de pauvreté national 600 enquêtes couvrant 115 pays en développement. Plus est le pourcentage de la population dont le revenu est inféri- de 1,2 million de ménages sélectionnés par un processus eur au seuil de pauvreté national. Les estimations nationales d’échantillonnage aléatoire ont été interrogés dans le cadre sont établies sur la base des estimations effectuées à partir de ces enquêtes, et représentent 96 % de la population des des données des enquêtes auprès de sous-groupes de ménages pays en développement. pondérées par le nombre d’habitants. (Banque mondiale) La population dont le revenu est inférieur à1,25 dollar Problèmes posés par l’utilisation des données des enquêtes. par jour et la population dont le revenu est inférieur à 2 dol- Outre la fréquence et le degré d’actualité des données des lars par jour sont les pourcentages de la population ayant, enquêtes, d’autres problèmes se posent lorsque l’on s’efforce respectivement, moins de 1,25 dollar par jour et moins de de mesurer les niveaux de vie des ménages. L’un d’eux a deux dollars par jour pour vivre aux prix internationaux de trait au choix du revenu ou de la consommation comme 2005. Par suite des révisions apportées aux taux de change sur indicateur de bien-être. Il est généralement plus difficile de la base de la PPA, il n’est pas possible de comparer le taux de mesurer le revenu de manière précise, et la consommation est pauvreté actuel d’une économie aux taux indiqués pour cette plus directement liée au concept de niveau de vie. Le revenu économie dans des éditions précédentes. (Banque mondiale) peut en outre se modifier sur une certaine période sans que L’écart de pauvreté est l’écart négatif moyen par rapport le niveau de vie ne change pour autant. Toutefois, les don- au seuil de pauvreté (étant entendu que cet écart est nul pour RapportMonde_LIVRE2.indb 390 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 391 les non pauvres) exprimé en pourcentage du seuil de pau- Le taux d’achèvement du cycle primaire est le pourcent- vreté. Cet indicateur mesure l’intensité ainsi que la préva- age des élèves ayant achevé avec succès la dernière année du lence de la pauvreté. (Banque mondiale) cycle d’enseignement primaire. Il est égal au nombre total d’élèves en dernière année du primaire, moins le nombre Tableau 3. Objectifs de développement pour le Millénaire : de redoublants pour cette année, divisé par le nombre total éliminer la pauvreté et améliorer les conditions de vie d’enfants ayant l’âge théorique pour cette dernière année. La part de la consommation ou du revenu national revenant Le taux d’achèvement du primaire est calculé sur la base du au quintile le plus pauvre est la part de la consommation ou, cycle d’enseignement primaire, tel que défi ni par la Clas- dans certains cas, du revenu imputable aux 20 % les plus pau- sification internationale type de l’éducation (CITE), dont vres de la population. Il s’agit d’un indicateur de répartition. la durée va de trois ou quatre ans (dans un très petit nom- Les économies qui se caractérisent par une répartition de la bre de pays) à cinq ou six ans (dans la majorité des pays) et consommation (ou du revenu) plus inégale ont un taux de sept ans (dans un petit nombre de pays). Les programmes pauvreté plus élevé à un même niveau de revenu moyen. Les et les critères définissant ce en quoi consiste l’enseignement données proviennent d’enquêtes auprès de ménages représen- primaire variant d’un pays à un autre, un taux élevé tatifs au plan national. Les méthodes et le type de données d’achèvement du primaire n’implique pas nécessairement collectées dans le cadre des enquêtes sur les ménages différant un niveau d’apprentissage élevé pour les élèves. (Institut de d’un pays à un autre, les statistiques de répartition ne sont statistique de l’Unesco) pas strictement comparables d’une économie à une autre. Les ratios fi lles /garçons scolarisés dans le primaire et Les services de la Banque mondiale se sont efforcés de rendre dans le secondaire sont les rapports entre le taux brut de les données aussi comparables que possibles et ils ont utilisé, scolarisation des fi lles dans le primaire et dans le secondaire dans la mesure du possible, les chiffres de la consommation et les taux bruts de scolarisation correspondants des garçons. de préférence à ceux du revenu. (Banque mondiale) Éliminer les disparités entre les garçons et les fi lles dans L’emploi précaire est égal à la somme du nombre de tra- l’enseignement contribuerait à améliorer la condition et les vailleurs familiaux non rémunérés et des personnes travail- capacités des femmes. Cet indicateur est une mesure impar- lant pour leur propre compte exprimée en pourcentage du faite de l’accessibilité relative des fi lles à l’éducation. Les nombre total d’emplois. Cette proportion est établie sur la données sur les inscriptions scolaires sont communiquées à base des informations sur le statut de l’emploi. Chaque caté- l’Institut de statistique de l’UNESCO par les autorités aca- gorie de travailleurs est confrontée à des risques économiques démiques nationales. L’enseignement primaire inculque aux différents, et les travailleurs familiaux non rémunérés et les enfants des connaissances de base en lecture, écriture et cal- personnes travaillant pour leur propre compte sont les plus cul et leur donne un aperçu élémentaire de matières telles que vulnérables, et donc ceux qui courent le plus de risque de l’histoire, la géographie, les sciences naturelles, les sciences tomber dans la pauvreté. Ce sont aussi ceux qui ont la prob- sociales, l’art et la musique. L’enseignement secondaire com- abilité la plus faible de bénéficier de conditions de travail plète l’enseignement de base entrepris au niveau primaire et formelles, d’une protection sociale et de fi lets de sécurité et a pour objet d’établir les fondements d’un apprentissage et qui sont souvent dans l’incapacité de générer suffisamment d’une valorisation des capacités humaines sur toute la durée d’épargne pour faire face à ces problèmes. (Organisation de vie en offrant une instruction plus ciblée sur certaines internationale du travail) matières et domaines de compétence assurée par des ensei- La prévalence de la malnutrition juvénile est le pourcent- gnants plus spécialisés. (Institut de statistique de l’Unesco) age d’enfants de moins de cinq ans dont le rapport poids/âge Le taux de mortalité des moins de cinq ans est égal à la est au moins deux écarts-types en dessous de la médiane de probabilité, représentée par le nombre de décès pour 1 000 la population de référence internationale âgée de 0 à 59 mois. enfants, qu’un enfant né l’année considérée mourra avant Le tableau présente les données compte tenu des nouvelles d’atteindre l’âge de cinq ans si l’on applique le taux de mor- normes de croissance des enfants publiées par l’Organisation talité par âge à la période considérée. Les principales sources mondiale de la santé (OMS) en 2006. Les estimations de la de données sur la mortalité sont les bureaux de l’État civil des malnutrition juvénile sont basées sur des données provenant pays ou bien les estimations effectuées directement ou indi- d’enquêtes nationales. rectement sur la base d’enquêtes par sondage ou de recense- La proportion d’enfants souffrant d’un déficit pondéral est ments. Pour que les estimations de la mortalité des moins l’indicateur de malnutrition le plus couramment employé. de cinq ans puissent être comparable d’un pays à un autre et Un déficit pondéral, même faible, accroît le risque de décès dans le temps, et pour assurer la compatibilité des estima- et compromet le développement cognitif de l’enfant. Ce pro- tions établies par des organismes différents, l’UNICEF et la blème se transmet en outre d’une génération à l’autre car des Banque mondiale ont mis au point et adopté une méthode femmes mal nourries courent davantage de risque de donner statistique qui utilise toutes les informations disponibles. naissance à des enfants d’un poids insuffisant. (OMS) (Groupe inter-agences sur la mortalité des enfants) RapportMonde_LIVRE2.indb 391 16/09/10 12:40 392 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Le taux de mortalité maternelle indique le nombre de et gazeux et du brûlage des gaz à la torche ; les émissions décès de femmes lié à la maternité, durant la grossesse et par habitant sont les émissions divisées par la population en lors de l’accouchement, pour 100 000 naissances vivantes. milieu d’année. (Centre d’analyse des informations sur le gaz Les chiffres indiqués dans le tableau sont des estimations carbonique, Banque mondiale) établies à partir de modèles. Elles ont été calculées dans le L’accès à des installations d’assainissement améliorées cadre d’un exercice mené par l’OMS, le Fonds des Nations est le pourcentage de la population ayant accès à des instal- Unies pour l’enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies lations d’évacuation des excréments (privées ou partagées pour la population (FNUAP) et la Banque mondiale. Pour les mais non publiques) qui peuvent efficacement empêcher pays dont les systèmes de l’État civil fournissent des données tout contact entre les excréments et les humains, les animaux complètes et indiquent correctement la cause du décès, les et les insectes (les installations ne sont pas nécessairement données sont utilisées telles qu’elles sont déclarées. Pour les associées à un système de traitement destiné à rendre les pays dont les données nationales, qu’elles proviennent de sys- eaux d’égout sans danger). Les installations améliorées vont tèmes d’État civil présentant des données détaillés mais com- des latrines à fosse simple, mais abritée, aux toilettes avec portant une cause de décès incertaine ou mal indiquée, ou chasse d’eau et tout-à-l’égout. Pour bien fonctionner, toutes d’enquêtes auprès des ménages, le taux de mortalité mater- les installations doivent être construites et entretenues cor- nelle a été ajusté généralement au moyen d’un coefficient de rectement. (OMS et UNICEF). sous-enregistrement ou d’attribution des décès à des causes Les internautes sont les personnes ayant accès au réseau erronées. Dans le cas des pays dans lesquels il n’y a pas de mondial. (Division des télécommunications internationales) données nationales empiriques (environ 35 % des pays), la mortalité maternelle a été estimée au moyen d’un modèle Tableau 4. Activité économique de régression et d’informations socio-économiques, notam- Le produit intérieur brut est égal à la somme de la valeur ment le taux de fécondité, le nombre d’accoucheuses et le PIB ajoutée brute, aux prix d’acquisition, par l’ensemble des (OMS, UNICEF, FNUAP, Banque mondiale). producteurs résidents de l’économie, majorée des impôts La prévalence du VIH et le pourcentage des personnes et minorée des subventions qui ne sont pas inclus dans âgées de 15 à 49 ans infectées par le VIH. Les taux de préva- l’évaluation des produits. Il n’est tenu compte ni de la dépré- lence du VIH chez les adultes représentent le taux d’infection ciation des actifs fabriqués ni de l’épuisement ou de la dégra- par le VIH de la population de chaque pays. Des taux de préva- dation des ressources naturelles. La valeur ajoutée est égale lence nationaux peu élevés peuvent toutefois être trompeurs. à la production nette d’une branche d’activité, qui s’obtient Ils masquent souvent de graves épidémies, qui sont au départ en faisant la somme de tous les produits et en déduisant les concentrées dans certains sites ou dans certains groupes de facteurs de production intermédiaire. L’origine par branche population et menacent de se propager dans la population d’activité de la valeur ajoutée est déterminée sur la base de générale. Dans de nombreuses régions du monde en dével- la classification internationale type par industrie, (CITI) oppement, la plupart des nouveaux cas d’infection appa- révision 3. La Banque mondiale utilise, par convention, raissent chez les jeunes adultes ; les jeunes femmes sont les valeurs en dollars des États-Unis et applique le taux de particulièrement vulnérables. (Programme commun des change officiel indiqué par le FMI pour l’année considérée. Nations Unies sur le VIH/SIDA [ONUSIDA] et OMS) Elle utilise toutefois un autre facteur de conversion lorsque le L’incidence de la tuberculose est le nombre estimatif de taux de change officiel est considéré diverger par une marge nouveaux cas de tuberculose (pulmonaire, à frottis positif exceptionnellement importante du taux effectivement appli- ou extra pulmonaire). La tuberculose est l’une des princi- qué aux transactions en devises et aux produits faisant l’objet pales causes de décès par un unique agent infectieux dans d’échanges internationaux. (Banque mondiale, OCDE, la population adulte des pays en développement. Dans les Nations Unies) pays à revenu élevé, la tuberculose réapparaît essentiellement Le taux de croissance annuel moyen du produit inté- par suite des cas d’infection enregistrés chez les immigrants. rieur brut est calculé à partir des données du PIB en prix Les estimations de l’incidence de la tuberculose portées constants en monnaie nationale. (Banque mondiale, OCDE, dans le tableau sont basées sur une méthode donnant lieu à Nations Unies) l’ajustement du nombre de cas déclarés par un ratio égal au La productivité agricole est égale au rapport entre la rapport entre le nombre de cas déclarés et la part estimative valeur ajoutée agricole, mesurée en dollars de 2000, et le des cas dépistés par des panels de 80 épidémiologistes organ- nombre de travailleurs dans le secteur agricole. La produc- isés par l’OMS. (OMS) tivité agricole est mesurée par la valeur ajoutée par unité de Les émissions de dioxyde de carbone sont les émissions facteurs de production. La valeur ajoutée agricole comprend produites par la combustion de combustibles fossiles et la la valeur ajoutée de la foresterie et de la pêche. Il importe fabrication de ciment ; elles comprennent les émissions asso- donc de faire preuve de prudence lorsque l’on interprète la ciées à la consommation de combustibles solides, liquides productivité des terres. (FAO) RapportMonde_LIVRE2.indb 392 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 393 La valeur ajoutée est le produit net d’une branche valeur est également considérée comme une formation de d’activité ; elle est égale à la somme de tous les produits capital. (Banque mondiale, OCDE) moins les facteurs de production intermédiaires. L’origine Le solde des échanges extérieurs de biens et de services par branche d’activité de la valeur ajoutée est déterminée sur est égal à la différence entre les exportations et les impor- la base de la CITI, révision trois. (Banque mondiale) tations de biens et de services. Les échanges de biens et de La valeur ajoutée agricole est la valeur ajoutée par les services recouvrent toutes les transactions entre les résidents activités correspondant aux divisions 1 à 5 de la CITI, y com- d’une économie et le reste du monde donnant lieu au transfert pris la foresterie et la pêche. (Banque mondiale) de la propriété de marchandises diverses, de produits devant La valeur ajoutée par l’industrie est la valeur ajoutée par faire l’objet d’opérations de transformation ou de réparation, les activités des industries extractives, manufacturières, le d’or non monétaire et de services. (Banque mondiale, OCDE) secteur du bâtiment et les secteurs de l’électricité, de l’eau Le déflateur implicite du PIB mesure les variations du et du gaz (divisions 10 à 45 de la CITI). (Banque mondiale, niveau des prix de toutes les catégories de demande fi nale, OCDE, Nations Unies) telles que la consommation des administrations publiques, la La valeur ajoutée par les services correspond aux activi- formation de capital et les échanges internationaux et, prin- tés des divisions 50 à 99 de la CITI. (Banque mondiale, cipalement, la consommation fi nale du secteur privé. Il est OCDE, Nations Unies) égal au rapport entre le PIB au prix courant et le PIB en prix Les dépenses de consommation finale des ménages cor- constants. Le déflateur du PIB peut également être calculé de respondent à la valeur marchande de tous les biens et ser- manière explicite par la formule de l’indice des prix de Paas- vices, y compris les biens de consommation durables (tels che, dans laquelle les coefficients de pondération sont les vol- qu’automobiles, machines à laver et ordinateurs personnels) umes produits à la période considérée. (Les indicateurs des achetés par les ménages. Elles ne comprennent pas les achats comptes nationaux de la plupart des pays en développement de logements, mais elles incluent le loyer imputé des logements sont obtenus des organismes statistiques nationaux et des occupés par leurs propriétaires. Elles comprennent également banques centrales par les membres des missions périodiques les paiements et redevances versées à l’État pour obtenir des ou résidentes de la Banque mondiale. Les données relatives permis et licences. Dans le présent tableau, les dépenses de con- aux économies à revenu élevé proviennent de l’OCDE). sommation des ménages comprennent les dépenses des institu- tions sans but lucratif au service des ménages, même lorsque Tableau 5. Échanges, aide et flux financiers celles-ci sont enregistrées séparément dans les comptes nation- La rubrique des exportations de marchandises indique aux. En pratique, les dépenses de consommation des ménages la valeur FAB (franco à bord) en dollars des marchandises peuvent comprendre tout écart statistique constaté entre fournies au reste du monde. l’emploi et l’offre de ressources. (Banque mondiale, OCDE) La rubrique des importations de marchandises indique Les dépenses de consommation fi nale des administra- la valeur CAF (le coût des marchandises inclut les frais tions publiques comprennent toutes les dépenses courantes d’assurances et les dépenses de fret), en dollars, des march- de l’État au titre de l’acquisition de biens et services (y com- andises achetées au reste du monde. (Les données sur les pris les traitements et salaires des employés). Elles compren- échanges de marchandises sont tirées du rapport annuel de nent également la plupart des dépenses au titre de la défense l’Organisation mondiale du commerce (OMC).) nationale et de la sécurité du territoire mais excluent les Les exportations de produits manufacturés recouvrent dépenses militaires qui font partie de la formation de capital les produits classés aux sections 5 (produits chimiques), 6 de l’État. (Banque mondiale, OCDE) (articles manufacturés), 7 (machines et équipements de trans- La formation brute de capital comprend les dépenses port) et 8 (articles manufacturés divers), de la Classification consacrées à l’accroissement du capital fi xe de l’économie, type pour le commerce international (CTCI), à l’exception de plus les variations nettes du niveau des stocks et des objets la division 68. (Base de données de la Division des statistiques de valeur. Le capital fi xe recouvre les améliorations fon- des Nations Unies sur le Commerce des produits) cières (clôtures, fossés, canaux d’écoulement, etc.) ; les Les exportations de produits de haute technicité installations, et les achats d’outillage et de matériel ; et la sont des produits à forte intensité de R-D. Il s’agit notam- construction de bâtiments, de routes, de voies ferrées et ment de produits de haute technicité dans le domaine de autres infrastructures, y compris les établissements commer- l’aérospatiale, de l’informatique, des produits pharmaceu- ciaux et industriels, les immeubles de bureaux, les écoles, les tiques, des instruments scientifiques et des équipements hôpitaux et les logements privés. Les stocks comprennent les électriques (base de données de la Division des statistiques quantités de marchandises détenues par les entreprises pour des Nations Unies sur le Commerce des produits). faire face à des fluctuations temporaires ou imprévues de la Le solde du compte courant est égal à la somme des production ou des ventes, et pour exécuter les « opérations exportations nettes de biens et services, du revenu net et des en cours ». Selon le SCN 1993, l’acquisition nette d’objets de transferts courants nets. (FMI) RapportMonde_LIVRE2.indb 393 16/09/10 12:40 394 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Les entrées nettes d’investissements étrangers directs par les pays membres qui ont reçu un prêt de la Banque inter- (IED) sont les entrées nettes d’investissements effectués pour nationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) acquérir des droits durables (représentant au moins 10 % des ou un crédit de l’Association internationale de développe- actions donnant droit de vote) sur une entreprise fonction- ment (IDA) ; elles sont complétées par des informations sup- nant dans une autre économie que celle de l’investisseur. plémentaires tirées des dossiers de la Banque mondiale, du Elles sont égales à la somme des participations au capital, des FMI, de la Banque africaine de développement et du Fonds bénéfices réinvestis, des autres capitaux à long terme, et des africain de développement, de la Banque asiatique de dével- capitaux à court terme, tels qu’ils apparaissent dans la bal- oppement et du Fonds asiatique de développement, et de la ance des paiements. (Les données sur les IED sont basées sur Banque interaméricaine de développement. Les tableaux les statistiques de la balance des paiements communiquées récapitulatifs de la dette extérieure des pays en développe- par le FMI et sur les estimations des services de la Banque ment sont publiés chaque année dans le rapport de la Banque mondiale effectuées à partir des données présentées par la mondiale intitulé Global Development Finance.) Conférence des Nations Unies sur le commerce et le dével- Le crédit intérieur accordé par le secteur bancaire recou- oppement et par des sources nationales publiques.) vre tous les crédits aux différents secteurs, enregistrés sur L’aide publique au développement, nette (APD) des pays une base brute, à l’exception des concours à l’administration à revenu élevé membres de l’OCDE est la principale source centrale, qui sont enregistrés sur une base nette. Le secteur de fi nancement extérieur publique des pays en développe- bancaire comprend les autorités monétaires, les banques ment ; une APD est toutefois aussi accordée par certains de dépôts et autres institutions bancaires pour lesquels des importants pays donateurs qui ne sont pas membres du données sont disponibles (y compris les institutions qui CAD de l’OCDE. Le CAD retient trois critères pour l’APD : n’acceptent pas de dépôts transférables mais contractent des elle provient du secteur officiel ; elle a principalement pour engagements sous forme de dépôts à terme et d’épargne). objectif de promouvoir le développement économique et le Au nombre de ces autres institutions bancaires figurent les bien-être social ; et elle est assortie de conditions concession- caisses d’épargne et de crédit et les caisses d’épargne loge- nelles, les prêts comportant un élément de don d’au moins ment. (Les données sont tirées du rapport du FMI intitulé 25 % (calculé sur la base d’un taux d’actualisation de 10 %). International Finance Statistics.) L’aide publique au développement se compose de dons et Les migrations nettes indiquent le nombre total de de prêts, nets des remboursements, qui satisfont à la défini- migrants durant la période. Ce chiffre est égal au nombre tion de l’APD du CAD et qui sont destinés à des pays ou à des total des immigrants moins le nombre total des émigrants, territoires figurant sur la liste des bénéficiaires de l’aide du qu’il s’agisse de citoyens ou non. Les données sont des esti- CAD. La nouvelle liste des bénéficiaires du CAD a été établie mations sur cinq ans. (Les données sont tirées de la pub- sur la base de critères plus objectifs, fondés sur les besoins, lication de la Division de la population des Nations Unies que les listes précédentes et elle comprend l’intégralité des intitulée World Population Prospects: The 2008 Revision.) pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, à l’exception des pays membres du G-8 ou de l’Union européenne (y com- Tableau 6. Indicateurs de base pour les autres économies pris les pays dont la date d’adhésion à l’UE a été fi xée). (CAD Se reporter aux notes techniques du tableau 1. Principaux de l’OCDE). indicateurs de développement. La dette extérieure totale est la dette due à des non-rési- dents, remboursable en monnaie étrangère, en biens ou en Méthodes statistiques services. Elle est la somme de la dette publique, de la dette La présente section décrit les méthodes de calcul du taux à garantie publique et de la dette privée non garantie à long de croissance par la méthode des moindres carrés, par terme, du recours au crédit du FMI et de la dette à court la méthode du taux de croissance exponentiel (points terme. La dette à court terme englobe toutes les obligations extrêmes), ainsi que par la méthode suivie dans l’Atlas de ayant une échéance initiale ne dépassant pas un an ainsi que la Banque mondiale pour calculer le facteur de conversion les intérêts en arriérés dus au titre de la dette à long terme. employé pour estimer les valeurs du RNB et de celles du (Banque mondiale) RNB par habitant en dollars. La valeur actuelle de la dette extérieure est égale à la somme de la dette extérieure à court terme et de la valeur Taux de croissance calculé par la méthode des moindres actualisée de la somme de tous les paiements au titre du ser- carrés vice de la dette à long terme publique, à garantie publique On calcule les taux de croissance par la méthode des moin- et privée non garantie sur la période totale couverte par les dres carrés chaque fois que l’on a des séries chronologiques prêts en cours. (Les données sur la dette extérieure provien- suffisamment longues pour que les calculs soient fiables. On nent essentiellement de rapports soumis à la Banque mon- ne calcule pas ce type de taux lorsque l’on ne dispose que de diale dans le cadre de son Système de notification de la dette moins de la moitié des observations pour la période. RapportMonde_LIVRE2.indb 394 16/09/10 12:40 Grands indicateurs du développement dans le monde 2010 395 On estime le taux de croissance, r, en déterminant par la variation du déflateur de son PIB. Le taux d’inflation l’équation d’une droite de régression par la méthode des du Japon, du Royaume-Uni, des États-Unis et la zone Euro, moindres carrés à partir des valeurs logarithmiques de la qui représente le taux d’inflation international, est mesuré variable pour chacune des années de la période considérée. par la variation du déflateur du Droit de tirage spécial (DTS). Cette équation de régression revêt la forme suivante : (Le DTS est l’unité de compte du FMI).) Le déflateur du DTS est la moyenne pondérée des déflateurs du PIB de ces écono- ln Xt = a + bt, mies exprimés en DTS. Les pondérations sont déterminées qui est la transformée logarithmique de l’équation du taux par le montant de chaque monnaie entrant dans la composi- de croissance géométrique : tion d’un DTS. Elles varient dans le temps parce que la com- Xt = Xo (1 + r) t. position monétaire du DTS et les taux de change relatifs de chaque monnaie se modifient. Le déflateur du DTS est cal- Dans ces équations, X est la variable, t est la période, a = Log culé à partir de données en DTS, puis converti en dollars des X0 et b = Log (1 + r ) sont les paramètres que l’on cherche à esti- États-Unis au moyen d’un facteur de conversion de l’Atlas du mer. Si b* est l’estimation de b produite par la méthode des DTS en dollar. Le RNB d’une économie est alors multiplié par moindres carrés, il suffit, pour obtenir le pourcentage moyen le facteur de conversion de l’Atlas. Le RNB en dollars produit de croissance annuelle, r, de calculer [exp(b*) – 1], puis de par cette opération est divisé par la population en milieu multiplier le résultat par 100. d’année de manière à produire le RNB par habitant. Le taux de croissance ainsi calculé est un taux moyen Lorsque les taux de change officiels sont jugés peu fiables représentatif des observations disponibles sur la période ou non représentatifs des taux de change effectifs pour la considérée. Il n’est pas nécessairement égal au taux de crois- période considérée, la formule de l’Atlas fait intervenir une sance effectif entre deux périodes données. autre estimation du taux de change (voir ci-dessous). Les formules ci-après décrivent le mode de calcul du Taux de croissance calculé à partir du modèle exponentiel facteur de conversion pour l’année t : Dans le cas de certaines statistiques démographiques, cou- vrant notamment la population active et la population totale, 1⎡ ⎛ p ps$ ⎞ ⎛ p ps$ ⎞ ⎤ et* = ⎢et − 2 ⎜ t / st$ ⎟ + et −1 ⎜ t / st$ ⎟ + et ⎥ le taux de croissance entre deux dates différentes est calculé 3⎢ ⎣ ⎝ pt − 2 pt − 2 ⎠ ⎝ pt −1 pt −1 ⎠ ⎥ ⎦ au moyen de l’équation suivante : r = ln (pn /p1)/n, Et celui du RNB par habitant en dollars pour l’année t : dans laquelle pn et p1 sont respectivement la dernière et la Yt $ = (Yt/Nt)/et* première observation de la période, n le nombre d’années où et* est le facteur de conversion de l’Atlas (unités de mon- de la période, et Log l’opérateur du logarithme népérien. naie nationale par rapport au dollar) pour l’année t, et est le Ce taux de croissance est basé sur un modèle de croissance taux de change annuel moyen (de la monnaie nationale par exponentiel continue entre deux dates. Il ne prend pas en rapport au dollar) pour l’année t, pt est le déflateur du RNB compte les valeurs intermédiaires de la série. Il convient ici pour l’année t, pS$ est le déflateur du DTS en dollars pour de noter que le taux de croissance calculé à partir du modèle l’année t, Yt $ est le RNI calculé par la méthode de l’Atlas en exponentiel ne correspond pas au taux de croissance annuel dollars pour l’année t, Yt est le RNB courant (en monnaie mesuré à des intervalles d’un an, qui est donné par la formule nationale) pour l’année t, et Nt est la population au milieu (pn – pn–1)/pn–1. de l’année t. Méthode de l’Atlas de la Banque mondiale Autres facteurs de conversion Pour calculer le RNB et le RNB par habitant en dollars des La Banque mondiale vérifie systématiquement si les taux de États-Unis pour certaines opérations, la Banque mondiale change officiels sont des facteurs de conversion adéquats. Elle utilise le facteur de conversion de l’Atlas. L’emploi de ce utilise un autre facteur de conversion, lorsque l’écart entre le facteur a pour objet de réduire l’impact des fluctuations de taux de change officiel et le taux effectivement employé dans taux de change sur les comparaisons des revenus nationaux le cadre des transactions intérieures faisant intervenir des des différents pays. Le facteur de conversion de l’Atlas pour devises ou des échanges internationaux de marchandises, est une année quelconque est la moyenne du taux de change jugé exceptionnellement important. Ce n’est le cas que pour d’un pays (ou du facteur de conversion retenu) pour l’année un petit nombre d’économies comme le montrent le tableau en cause et des taux de change des deux années précédentes, donnant le profi l des données primaires de World Develop- après ajustement au titre de l’écart d’inflation entre le pays ment Indicators 2009. Des facteurs de conversion autres que concerné et le Japon, le Royaume-Uni, les États-Unis et la le taux de change sont utilisés dans le cadre de la méthode de zone Euro. Le taux d’inflation d’un pays est mesuré par son l’Atlas et, dans certains cas, dans les Grands indicateurs du déflateur du RNI. Le taux d’inflation d’un pays est représenté développement pour une année déterminée. RapportMonde_LIVRE2.indb 395 16/09/10 12:40 Index A aquaculture 160 Acceptation des réformes 340 barrages 145 Accord chute des rendements agricoles due au changement entraînement par le marché 299 climatique 148 sur les technologies de l’information 254 émissions dues aux incendies 148 TRIPS 311 hydroélectricité 48 Accords environnementaux multilatéraux (AEM) 251 inondations 101 Accumulation par pompage 220 maladies 97, 99 Action pénuries d’eau résultant du changement climatique 78 changement climatique 321, 326 prévisions météorologiques 165 collective 164 production de biocarburants 149 incitations 334 programmes de préservation de la faune sauvage 128 Actions déterministes 57 sécheresse 108 Adaptation 291 zones protégées bénéfiques à la biodiversité 155 capacité d’adaptation et vulnérabilité 281 Afrique du Nord, énergie solaire 222 CCNUCC 248 Afrique du Sud coût et financement 263 droits négociables sur l’eau 143 de la technologie 291 législation du rachat d’énergie 221 financement loir sur l’eau 143 alignement 265 stratégies d’atténuation 240 appropriation 265 zones protégées 155 extension du financement 277 Afrique subsaharienne financement privé 277 aquaculture 161 formules d’allocation des fonds 278 conséquences du changement climatique 279 fragmentation 265 prix alimentaires 171 harmonisation 265 utilisation d’engrais 159 résultats 265 Agrégateurs, rôle des 173 fonds du Protocole de Kyoto 263 Agriculture 135, 147 innover 293 accélération de la productivité 147 nouvelles sources de financement 258, 259 assurance des cultures 92, 105 politique climatique 341 atténuation du changement climatique, effet de l’ 148 solutions de marchés 273 autonomisation des femmes 45 stratégies à long terme 92, 273 baisse de productivité due au changement climatique 42, synergies entre atténuation et adaptation 97 77 taxation du mécanisme pour un développement propre CGIAR 308 (MDP) 279 chute des rendements agricoles due au changement vulnérabilité de lAfrique subsaharienne 279 climatique 135, 148 Adaptation écosystémique 130 commerce des denrées agricoles 162 Affections conversion des écosystèmes pour l’ 152 cardiorespiratoires 78 cultures biotechnologiques 158 diarrhéiques 44, 71, 78 de conservation 157 Afrique écoagriculture 155 innovations technologiques 153, 156, 169 RapportMonde_LIVRE2.indb 397 16/09/10 12:40 398 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E labour minimum, méthodes de 157, 173 chute des rendements agricoles due au changement le monde en 2050 et au-delà 90 climatique 148 modification génétique des cultures 157 émissions dues aux incendies 148 piégeage du carbone et 171 innovations agricoles 154 R-D 294 pénuries deau résultant du changement climatique 78 résistante au climat 153 prix alimentaires 171 subventions agricoles 136, 174 production céréalière 153 variétés culturales et diversification 154, 157 production de biocarburants 149 zones mortes, prolifération de 152 utilisation de la voiture 194 Aides de l’État 312 Asie-Pacifique, aquaculture 160 Alertes Association internationale de développement (AID) 278 systèmes dalerte avancée 92, 94, 98, 102 Assouan, Haut barrage (Égypte) 145 systèmes dalerte canicule et santé 99 Assurabilité du risque climatique 105 Alexandrie, risques d’inondation et exposition aux tempêtes Assurance 92, 104 95 bétail 105 Allemagne climatique 104, 331 législation du rachat d’énérgie 220 Atténuation loi sur les énergies renouvelables 220 actions immédiates 203 Amazonie 90 à plusieurs vitesses forêt tropicale 80 piste par objectif 242 Amérique du Nord coûts 197, 257, 261 production de biocarburants 149 avantages des énergies propres 190 rendements agricoles 151 barrières 212 zones protégées pour la biodiversité 156 effet de rebond 212 Amérique latine initiaux 213 aquaculture 161 émissions 289 émissions dues aux incendies 148 équité des approches à plusieurs vitesses 242 innovations agricoles 154 financement 240 prix alimentaires 171 mécanisme de financement 263 production de biocarburants 149 multipistes transports publics 209 piste politique 242 Amérique latine et Caraïbes politiques 189 Caribbean Catastrophe Risk Insurance Facility 106 registre 243 système dassurance mutuelle 104 stratégies à long terme 92 Analyse coûts-avantages, services de prévisions synergies entre atténuation et adaptation 97 météorologiques 164 Australie Années de vie en bonne santé, perte d’ 43 droits négociables sur l’eau 143 Ansari 300 tarification de l’eau 143 Antarctique, calotte glaciaire 71, 80 Autochtones, peuples et savoirs 108, 130, 139 Antiquité et changements environnementaux 39 Automobile Appauvrissement de la couche d’ozone 208 préférences des consommateurs 213 Apprentissage social 109 taux de propriété et utilisation 194 Approches intégrées véhicules hybrides et électriques 209, 212 actions des pays en développement dans une structure Autonomisation mondiale 245 des communautés pour se protéger elles-mêmes 108 Appropriation et conditionnalité 240 des femmes 45 Aquaculture 160 Argentine B embargo sur les exportations 49 Bali, Plan d’action de (CCNUCC), coût d’une atténuation privatisation de la distribution de l’eau 100 retardée 58 restrictions des exportations 163 Bangladesh Asie inondations 303 aquaculture 160, 161 systèmes d’alerte avancée 108, 165 RapportMonde_LIVRE2.indb 398 16/09/10 12:40 Index 399 Banque mondiale ouragans 101 coûts de l’adaptation et finances nécessaires 260 pauvreté 44 évaluation de la politique et des institutions nationales peuples autochtones et gestion des forêts 109 278 prévisions météorologiques 165 Fonds Protocole de Kyoto 238 biocarbone 128 revenus du MDP 267 de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) 275 sécheresse 46 d’investissement climatique pour la forêt 276 Brevets 292, 293 Banques d’habitat 127 Budget carbone 238 Barèmes carbone 307 Bulgarie, efficacité énergétique 217 Barrages 94, 130, 145 Bureaucratie Bases scientifiques du changement climatique 71 coordination 333 Bassins fluviaux 135, 142 regroupement 333 Bâtiments publics et rendement énergétique 62 Battelle Memorial (institut) 242 C Biens respectueux du climat 254 C40 Groupe des grandes villes pour le climat 210 Biocapteurs 99 Café, production 154 Biocarburants Caire, planification urbaine 94 à base de maïs 48 Californie, gestion des ressources hydriques 142 Brésil, leader mondial 254 Canada de deuxième génération 149, 208 gestion de la biodiversité au 127 production de 149, 163, 170 industrie forestière 42 Biochar 158 Canicules Biodiesel 149 augmentation des 71 Biodiversité conséquence du changement climatique 71, 75 conservation communautaire 128 systèmes dalerte canicule et santé 99 Convention sur le commerce international des espèces Cannelle 154 de faune et de flore sauvages menacées d’extinction Capacités 251 gouvernements 332 effet de l’étiquetage du carbone sur 253 Capacité sociale impact du changement climatique sur la 77 et vulnérabilité 280 marine 128 Capital-risque 302 modèles économiques et 52 Caraïbes, glissements de terrain 328 participation des femmes et 45 Carbone planification et gestion de la 127, 136 barème de prix 307 protection et entretien de la 126 crédits 173, 262 réserves de conservation 127 cycle 72 zones protégées 155 du sol 137, 173 Biomasse 148, 189, 206 émissions de carbone noir 189 pour les fourneaux 312 étiquetage 253 Biotechnologiques, cultures 158 fuites 251 Bœuf, production de viande 148, 150, 151 mécanisme de plafonnement et d’échange 207 Bolivie, protection des écosystèmes 128 piégeage et séquestration 275 Bosse migratoire 112 piégeage et stockage du carbone (PSC) 54, 199, 209 Boston, stratégie pour le changement climatique de 92 en Inde 199, 202 Brésil piéger et stocker 289, 300 biocarburants 254 prix et marchés 136, 171, 172, 273 Bolsa Escola-Bolsa Família 63 puits 72, 78 culture de lhuile de palme 150 Taxation du carbone virtuel 252 culture sans travail du sol 158 taxe carbone 189 innovations et technologies 224 dans les pays développés 214 inondations 101 Caribbean Catastrophe Risk Insurance Facility 106 législation sur l’efficacité énergétique 214 Cartographie numérique 166 RapportMonde_LIVRE2.indb 399 16/09/10 12:40 400 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Casablanca, risques d’inondation 95 efficacité énergétique 201 Catastrophes énergie éolienne 254 programmes de gestion des risques 45, 101 éolien 220 risques 54, 91 gestion et suivi des ressources hydriques 168 Catastrophes naturelles information sur les inondations 103 vulnérabilité aux 42, 101 innovations et technologies 224 CCNUCC interruption des transports due à la tempête de janvier Fonds pour ladaptation 247 2008 48 gestion de l’adaptation 248 législation sur lefficacité énergétique 214 Céréales migration 112 commerce 162 plans de relance et dépense verte 62 prix 163, 170 réduction des émissions nécessaires 238 rendement 148 réforme institutionnelle 334 CGIAR 308 revenus du MDP 267 Changement climatique 321 systèmes de prévisions météorologiques 164 agir 321, 326 Chocs climatiques 110 assurances 331 Choix normatifs en matière d’agrégation et de valeurs 55 avantages des politiques 338 Cités bases scientifiques du 71 consommation énergétique 193 chocs climatiques 42 de l’innovation, République de Corée 94 communication 327, 328 développement urbain 193 comprendre 324 Climat coopération 307 droits au développement dans un monde sous contrainte dangers 50, 72, 75 carbone 238 démocratie 336 équité déni 327 et environnement 236 effet sur le développement 39 extension du financement de l’adaptation 277 enseignement 329 fragmentation du financement 265 et commerce 255 gestion du risque indexée sur le 107 et sanctions pour raisons climatiques 251 modèles climatiques 201, 202 financer 293 politiques de développement intelligentes 208 informations 322, 326 régime climatique et croissance économique 240 juridictions infranationales 337 régime climatique international 248 médiatisation 324 traité international 289 mesures institutionnelles 329 vulnérabilité normes sociales 330 Afrique subsaharienne 279 obstacles 321 et capacité d’adaptation 281 politique 327 et capacité sociale 280 politique publique 336 Coalition des pays à forêt ombrophile 276 préoccupation 322 Codes de construction, renforcement 277 recherche 291 Colombie rôle de l’État 331 migration 114 Changement d’affectation des terres 58 plans de relance et dépense verte 62 et changement climatique 74 utilisation intégrée des terres 155 Charbon, consommation 54, 75 Combustibles fossiles 148, 198 Chicago Climate Exchange 173 Commerce Chili, droits négociables sur l’eau 143 et changement climatique 255 Chine sanctions pour raisons climatiques 251 aquaculture 160 Communication baisse des récoltes due au changement climatique 43 changement climatique 327, 328 budget carbone 238 politique climatique 341 carbone, technologie de piégeage et de stockage 54 Communiqué de Doha 250 écotaxes 50 articles controversés 254 RapportMonde_LIVRE2.indb 400 16/09/10 12:40 Index 401 Comportement humain, modification 322 Couche d’ozone Compréhension du changement climatique 324 appauvrissement 208 Compteurs et réseaux intelligents 207 Couche d’ozone, appauvrissement 236 Concentration de dioxyde de carbone (CO2) due à la Coûts-avantages, analyse 50 combustion de biomasse 148 cadres alternatifs 57 Conditionnalité et appropriation 240 taux dactualisation 52, 56 Conférence sur les changements climatiques (ONU) 246 Coûts de l’atténuation 197 Conflits et migration 113 Crédit d’impôt fédéral aux États-Unis 220 Connaissances Crédits carbone 173, 262 coordonner 295 Crise et innovation 292 rôle des ingénieurs 305 Crise financière Conseil et conséquences sur les politiques climatiques 188 services de 137 plans de relance intégrant des initiatives vertes 59 Consensus 340 Croissance démographique 42, 93 Conservation Croissance économique 39 agriculture de 157 cadres alternatifs 39 communautaire 128 choix normatifs 55 Conservation Reserve Program (ministère de l’Agriculture dépense verte et 62 américain) 173 développement durable 41 Consommateurs, sensibilisation et éducation 215 écotaxes et 50 Consommation, tarification 322 et régime climatique 240 Construction Services climatiques mondiaux 297 évaluation des compromis 50 Contrôle des émissions 325 inertie et 55 Convention-cadre des Nations Unies sur les changements pertes dues aux catastrophes naturelles 101 climatiques prise en compte des incertitudes 54 contenu 234 Cuba, évacuation due aux ouragans 94 Convention-cadre des Nations Unies sur les changements Curitiba, BrésilBrésil climatiques (CCNUCC) 161, 174, 233 planification urbaine et infrastructures, planification et Article 2 71 infrastructures urbaines à 95 contenu 250 Cycle hydrologique 139 coûts de l’adaptation et finances nécessaires 260 Cyclones, intensité des 75 et Protocole de Kyoto 250 indemnisation des pays développés 58 D responsabilités communes mais différenciées 58 Danemark Convention de Bâle 251 croissance économique et réduction des émissions 219 Convention internationale pour la prévention de la énergie éolienne 219 pollution par les navires 241 Déboisement Convention sur le commerce international des espèces de changement climatique et 72, 74 faune et de flore sauvages menacées d’extinction 251 Déchets, gestion dans les zones urbaines 95 Coopération 294 Déclaration changement climatique 307 des peuples autochtones sur le changement climatique entre les pays 289 130 Coopération internationale 161 Déclaration de Paris 265 pêches 161 Déflection solaire, disque 290 Coordination des connaissances 295 Déforestation Cordillère blanche (Pérou) et gestion de l’eau 139 au Japon 55 Corée et dégradation des forêts (REDD) 274 cités de linnovation 94 réduction de la 72 plans de relance et dépense verte 62 Démocratie et changement climatique 336 Société de gestion de l’énergie 217 Dendroctone du pin 42 Costa Rica, politiques agricoles préservant la biodiversité Dengue 43 156 Déni du changement climatique 327 Côte d’Ivoire, régimes de précipitations et éducation 46 RapportMonde_LIVRE2.indb 401 16/09/10 12:40 402 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Département du développement des énergies alternatives et Écotaxes 50 de l’efficacité énergétique 217 Éducation Dépense verte 62 chocs climatiques et 46 Dessalement 146 et sensiblisation des consommateurs 215 Développement durable 171 Effet de rebond 212 Diagnostic, instruments 100 Effet de serre naturel 73 Diarrhéiques, affections 97 Efficacité énergétique 188, 199, 208, 219 Diffusion Bulgarie 217 innovations 287 Californie 216 technologies 288 coûts initiaux 213 Dioxyde de carbone (CO2), concentration de 74 dans les pays développés 201 Disque de déflection solaire 290 dans les pays en développement 202 Diversification des cultures 153 dysfonctionnements et barrières liés ou non au marché Documentation 212 NAPA 333 économies financières 214 Doha, Programme pour le développement (OMC) 164 éducation des consommateurs 219 DPI, droits de propriété intellectuelle 311 éducation et sensibilisation des consommateurs 215 Droit de la Mer 128 entreprises de services énergétiques (SSE) 217 Droits financement 217 à la nourriture 56 incitations financières 214 à l’eau 56 législation 214 au développement dans un monde sous contrainte marchés publics 219 carbone 238 mécanismes de financement 217 à un abri 56 pays en développement 211 de développement négociables 156 quotas 214 de l’homme 55 réformes institutionnelles 217 de propriété 137 réglementations 208 sur l’eau 144 Effluents, gestion des Durable, développement 171 aquaculture et 161 Durables, pratiques agricoles 174 dans les zones urbaines 145 Égypte E accès aux marchés alimentaires 164 Eau antiquité et changements environnementaux 39 de boisson 139 Haut barrage dAssouan 145 de pluie, récolte 146 planification urbaine autour du Caire 94 en gros 143 ressources en eau 141, 145 refroidir 290 El Niño-oscillation australe (ENSO) 82, 165 Eaux souterraines 144, 166 Émissions EChoupals (Inde) 167 atténuer 289 Écosystèmes juguler 325 adaptation écosystémique 93, 130 réduction dans un régime climatique à plusieurs vitesses croissance démographique et 42 242 cycle du carbone et 72 réduire 289 écosystèmes marins 159 Émissions de gaz à effet de serre garde-fous 57 carbone noir 189 marins 80, 128 crédits carbone 262 modèles économiques et 52 dans les villes 210 réactions incertaines des 138 Protocole de Kyoto 210 résistance des 77 dans lindustrie 211 services 124 décès prématurés 214 paiements pour les 129 le pire scénario 198 utilisation agricole des 152 mécanisme de plafonnement et d’échange 207 Écosystémique, adaptation 130 négatives 195 RapportMonde_LIVRE2.indb 402 16/09/10 12:40 Index 403 objectifs de 450 ppm 203 réduction des émissions 207 par secteur 192 solaire 206 réduction dans les pays à revenus élevés 189 subventions 208 réduction grâce aux énergies renouvelables 207 solaire 220 sources 193 Afrique du Nord 222 système d’échange de quotas de l’Union européenne 274 concentrée 206 système de plafonnement et d’échange 269 Moyen-Orient 222 Émissions industrielles 251 Plan solaire méditerranéen 222 émissions négatives 83 subventions 214 Emplois, création 103 tarification 212 grâce aux énergies renouvelables 190 Énergies fossiles 71, 83 programmes dallocations conditionnelles 111 Énergie solaire en Inde 254 Empreinte carbone 46 Engagement de marché Énergie le super-réfrigérateur 301 comparaison des coûts des technologies énergétiques 218 Engrais 137, 148, 149, 158, 170 compteurs et réseaux intelligents 207 Enseignement comsommation (1850-2006) 192 changement climatique 329 dans les zones urbaines 97 information sanitaire 101 efficacité énergétique 188, 199, 208, 219 technologie 305 Bulgarie 217 Entraînement par le marché 299, 301 Californie 216 Entreprises de services énergétiques (SSE) 217 coûts d’atténuation initiaux 213 Environnement et équité 257 dysfonctionnements et barrières liés ou non au marché Éolien 220 212 Danemark 219 économies financières 214 en Chine 254 éducation des consommateurs 219 Éolienne, parc 287 éducation et sensibilisation des consommateurs 215 Equilibrium Fund 45 financement 217 Équité incitations financières 214 des approches à plusieurs vitesses 242 législation 214 et environnement 236, 257 marchés publics 219 intergénérationnelle 56 mécanismes de financement 217 Espagne pays en développement 211 canicules, préparation aux 98 quotas 214 législation du rachat dénérgie 221 réformes institutionnelles 217 Espèces, conservation et extinction des 124 éolienne 220 Étapes d’innovation 295 Chine 220 État Danemark 219 aides 312 gaz naturel 223 changement climatique 331 géothermique 220 rôle dans la technologie 314 gestion de l’adaptation 187 rôle sur le marché 331 hydraulique 220 États-Unis nucléaire 205, 223 crédit dimpôt fédéral 220 rachat délectricité 220 dépense verte dans le plan de relance 61 renouvelables droits négociables sur l’eau 143 biomasse 206 efficacité énergétique 201 Chine 220 Californie 216 création demplois 190 production de biocarburants aux 48 géothermie 207 réduction des émissions nécessaires 238 hydroélectricité 206 taxation des carburants comparés à l’Union européenne incitations financières 223 212 normes pour le portefeuille de l’énergie renouvelable Éthiopie 221 Productive Safety Net 111 RapportMonde_LIVRE2.indb 403 16/09/10 12:40 404 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E réduction des précipitations 46 simplicité et coût administratifs 270 Éthique 56, 157 technologie 303 Étiquetage du carbone 253 vulnérabilité 279 Europe Fleuves 135, 142 canicule (2007) 189 Fonds production de biocarburants 48, 149 biocarbone (Banque mondiale) 128 régime sur la pollution atmosphérique transfrontalière à commun des Nations Unies pour les produits de base longue distance 241 154 utilisation de la voiture 194 d’adaptation 258 zones protégées 155 d’adaptation du Protocole de Kyoto 110 zones protégées pour la biodiversité 156 d’aide aux pays vulnérables 61 Évacuation, plans 92, 94 de garantie d’efficacité énergétique (Hongrie) 217 Évaluation de la politique et des institutions nationales 278 de partenariat pour le carbone forestier) 275 Évaluation des écosystèmes pour le Millénaire 124 de réserve pour les catastrophes naturelles 106 Évaluation internationale des sciences agronomiques pour l’environnement mondial (FEM) 222 et technologiques en faveur du développement pour l’environnement mondial (FEM) 217 (EICASTD) 156, 170 pour les technologies propres 222 renouvelables 218 F technologique mondial 224 Famine, impact du changement climatique 171 Fonds Carbone de Partenariat 303 Farm Inputs Promotion Programme (Kenya) 159 Fonds pour l’adaptation 233 FCP 303 Fonds pour l’adaptation (CCNUCC) 247 Fédéralisme vert 337 Fonds pour l’environnement mondial Fenêtres de tolérance, approche des 51 adaptation 247 Feux de forêts Fonds pour l’environnement mondial (FEM) 233 augmentation des 72 Fonds pour l’Environnement Mondial(FEM) 303 Filets de sécurité pour les plus vulnérables 110 Forestière, industrie 42 Financement Forêts adaptation émissions de gaz à effet de serre dues aux 148 coûts 257, 261 et utilisation de l’eau 143 déficit de financement 263 gestion du patrimoine forestier 109 fonds privés 277 tropicales 80, 90 fragmentation 265 Fossiles, combustibles 148 nouvelles sources 258, 259 Fourneaux privé 277 à biomasse 312 atténuation, fonds privés et fonds publics 282 France besoins pour la vulnérabilité 279 canicule européenne (2007) 189 changement climatique 293 efficacité énergétique, quotas 214 cohérence des politiques 270 Fuites de carbone 251 conditionnel 108 du régime climatique international 247 G finances publiques 245 Garde-fous et objectifs d’atténuation 57 mécanismes de marché 246 Gaz à effet de serre efficacité énergétique 217 avantages passés 56 et conditionnalité 240 effet de serre naturel 73 fonds de réserve pour les catastrophes naturelles 106 rétenteurs de chaleur 74 formules d’allocation des fonds 278 Gaz, lavage 290 impacts sur la répartition des revenus 270 Gaz naturel 208, 223 innovation 299 Génomique 100 mécanismes 303 GEO 297 neutralité budgétaire 268 Géographique, information 102, 103 privé et public 261 Géo-ingénierie 290, 291 public 312 déflection solaire 290 RapportMonde_LIVRE2.indb 404 16/09/10 12:40 Index 405 lavage de l’atmosphère 290 Hongrie, fonds de garantie d’efficacité énergétique 217 piéger le carbone 290 Huile de palme 150 pulvérisation d’eau de mer 290 Hydro-électricité 220 réflectivité 290 Hydroélectricité 48, 189, 199, 206 réflexion des rayons solaires 290 Hyogo, Cadre d’action de (Nations Unies) 101 refroidissement de l’eau 290 Georgetown (Guyana), inondations 96 I GEOSS 297 Ignorance excusable 56 Géothermie 207, 220 Ilo (Pérou), planification urbaine 94 Gestion adaptative 138 Imagerie satellitaire 167 adaptation écosystémique 93, 130 Incendies le monde en 2050 et au-delà 90 émissions dues aux 148 résistance des communautés et 108 Incertitudes 54, 91, 105 synergies entre atténuation et adaptation 97 Incitations Gestion de l’adaptation énergétique 187 à agir 334 Gestion des ressources naturelles 136 pour les utilisateurs de ressources 175 Gestion du risque technologie 308 évaluation du risque 102 vélos électriques 307 partage du risque 104 Inde programmes de gestion des risques de catastrophes 101 allocations conditionnelles 111 risque urbain 97 assurance climatique basée sur un indice 104 Gestion évolutive 91, 159 baisse des récoltes due au changement climatique 43 caractéristiques d’une 92 eChoupals 167 Ghana, maladies 97 efficacité énergétique 202 Glaciers embargo sur les exportations 49 disparition 40, 92, 96, 139 énergie solaire photovoltaïque 254 fonte 80 gestion de leau 145, 167 Glissement de terrain aux Caraïbes 328 inégalité et risque climatique 46 Gouvernements innovations et technologies 224 capacités 332 législation sur l’efficacité énergétique 214 incitations à agir 334 National Rural Employment Guarantee Act 111 locaux 334 piégeage et stockage du carbone 199 organisation 332 prévisions météorologiques 165 récompenses 336 réduction des émissions nécessaires 238 Grenade, cyclone Ivan à la 106 réforme institutionnelle 334 Groenland restrictions des exportations 163 calotte glaciaire 71, 75, 180 revenus du MDP 267 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Indian Tobacco Company (ITC) 167 climat 71, 155 Indonésie Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du culture de l’huile de palme 150 climat (GIEC) 198, 237 ministère des finances et questions climatiques 271 coût de réduction des émissions 258 paiements de transfert espèces 111 faible gouvernance 267 prévisions météorologiques 165 sur le réchauffement observé 78 Inertie vulnérabilité 279 du système climatique 40, 52 Guatemala, autonomisation des femmes 45 institutionnelle 321 Information H enseignement de l’information sanitaire 101 Harmonisation de la réglementation 295 sur la gestion de l’eau 164, 165 Honduras sur la gestion des ressources naturelles et la production autonomisation des femmes 45 alimentaire 136, 137, 138, 164 ouragan Mitch (1998) 44 utilisation de l’information géographique 102, 103 Hong-Kong, utilisation de la voiture 194 Informations sur le changement climatique 322, 326 RapportMonde_LIVRE2.indb 405 16/09/10 12:40 406 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Infrastructures ITER 299 financement privé 277 Ivan, cyclone 106 gestion de l’agriculture et de l’alimentation 164, 171 Ingénieurs 305 J Inland Empire Utilities Agency (Californie) 142 Japon Innovation baisse des récoltes due au changement climatique 43 capital-risque 302 utilisation de la voiture 194 coopération entre les pays 289 Joint Global Change Research (institut) 242 coordination des connaissances 295 Juridictions infranationales 337 diffuser 287 effet de la crise 292 K étapes 295 Katrina, ouragan 48, 106 financement 299 Kazakhstan législation 305 effet du changement climatique 148 moyens de survie 302 restrictions des exportations au 163 partager les coûts 298 Kenya pour l’adaptation 293 Farm Inputs Promotion Programme 159 prévisions 296 financements carbone dans l’agriculture 174 R&D 292 législation du rachat d’énérgie 221 universités 306 Kyoto, Protocole, fonds d’adaptation 110 vallée de la mort 301 Innovations et nouvelles technologies L agriculture et 153, 156, 169 Législation ressources hydriques et 144, 167 innovation 305 Innovations et technologies 222 tarifs de rachat subventionnés 221 Brésil 224 Libéria, inondations 103 changement de combustibles 208 loi sur l’eau (Afrique du Sud) 143 Chine 224 Londres, stratégie pour le changement climatique 92 Inde 224 technologies à faible intensité de carbone M technologies de pointe 208 Madagascar Inondations 303 écotaxes 50 annonce avancée 164 forêts 156 assurance contre les 105 Makati (Philippines), gestion du risque de catastrophes 97 au Brésil 101 Maladies augmentation des 71, 75 à transmission vectorielle 97 création d’emplois pour en réduire le risque 103 cardio-vasculaires 44 dans le Sud et le Sud-Est asiatiques 96 contagieuses 42 en Afrique 101 hydriques 100 information et cartographie du risque 103 infectieuses 97 planification urbaine et 95, 103 Malnutrition 97 Institutions Mandat de Berlin 244 inertie 321 Mangroves 48, 130, 161 Institutions de microcrédit 105 Marché, rôle de l’État 331 Instituto de Pesquisa Planejamento Urbano de Curitiba Marins, écosystèmes 128, 159 (IPPUC) 95 Maroc Instituts de recherche 306 gestion de l’eau au 144, 147, 166 Insulaires, impact du changement climatique sur les petits importations céréalières au 162 États 80 irrigation du bassin d’Oum Errabia 137 Intégration dans une structure mondiale 245 Mawati, gestion du risque indexée sur le climat 107 Inuits, adaptation au changement climatique 108 Mécanisme de développement propre (MDP) 253 Investissement dans la technologie 310 Mécanisme de plafonnement et d’échange 340 Irrigation, systèmes 137, 147, 152 RapportMonde_LIVRE2.indb 406 16/09/10 12:40 Index 407 Mécanisme de suivi, de notification et de vérification (SNV) Montréal, protocole 298, 303 276 Mortalité Mécanisme pour un développement propre (MDP) 233, canicule de 2003 en Europe 42, 43 246, 248 décès prématurés dus aux émissions de gaz à effet de avantages connexes 266 serre 214 basé sur l’activité 274 Mortalité infantile 42, 100 boisement et reboisement 274 Moussons 82 faiblesses Moyen-Orient, énergie solaire 222 gouvernance et fonctionnement 267 Moyens de survie 302 faiblesses 267 MRV Plan d’action de Bali 245 contribution au développement durable 266 couverture 267 N incitations 267 NAPA 333 intégrité environnementale 266 Nations Unies, Hyogo, Cadre d’action 101 financement par les taxes 267 Neutralité budgétaire 268 fonds potentiels et revenus du carbone 263 Nicaragua lacunes 258 autonomisation des femmes au 45 modifications 274 Niger, agriculture 109 paiements pour les services d’écosystèmes 129 Nil 94 projets de piégeage agricole du carbone du sol 171 Niveau des mers taxe d’adaptation 279 élévation 42, 71, 78 Mécanismes de financement 303 Noir de carbone 189 Mécanismes de garantie de marché 300 Non-linéarités et effets économiques indirects 53 Médiatisation du changement climatique 324 Normes de construction, application des 108 Méningite, épidémies 44 Normes pour le portefeuille de l’énergie renouvelable 221 Mercy Corps 103 Normes sociales 330 Mésopotamie, antiquité et changements environnementaux Nouvelle approche 298 39 Noyer à pain 45 mesure, notification et vérification (MRV) 244 Nucléaire 223 mesures de couverture des risques 57 Numérique, cartographie 166 Mesures institutionnelles 329 Météorologie, prévisions 297 O Mexique Obstacles à l’action 321 cuisinières à bois 50 Océans développement urbain 212 acidification des 78 peuples autochtones et gestion des forêts 109 fixation du carbone par les 72, 80 production de café 154 impact du changement climatique sur les 71 Progresa-Oportunidades 63 villes côtières menacées 94 stratégies d’atténuation 240 Organisation zones protégées 155 gouvernements 332 Microcrédit, institutions de 105 internationale du café 154 Migration maritime internationale 271 bosse migratoire 112 météorologique mondiale 165 d’espèces 124 mondiale de la santé 43 en réponse au changement climatique 90, 113 mondiale du commerce 164 implantation dans des zones exposées 114 Organisation des Nations Unies (ONU) réinstallation 114 Conférence sur les changements climatiques 246 urbaine 112 initiative REDD 275 MiniCAM, modèle climatique 201, 202 pour l’alimentation et l’agriculture 275 Modèle climatique en image 201, 202 pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) 167 Modèles climatiques 201, 202 Organisation mondiale du commerce (OMC) 241, 250, 254 Modification génétique des cultures 157 Organisations internationales 302 Mongolie, assurance bétail 105 Organisations non gouvernementales (ONG) 94 RapportMonde_LIVRE2.indb 407 16/09/10 12:40 408 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Oscillation nord atlantique 82 hydroélectricité dans les 48 Ouganda, approvisionnement en masse 219 insécurité alimentaire dans les 110 Ouragan Mitch 156 mode de vie des classes moyennes dans les 46 Ouragans 94, 101 plans de relance et dépense verte dans les 62 Ozone, appauvrissement de la couche d’ozone 236 stock de capital 203 subventions énergétiques 50 P taux démissions des 40, 41 Paiements de transfert en espèces 111 Pêches Pakistan aquaculture et 160 restrictions des exportations 163 coopération internationale 161 Pakistan, maladies 97 demande de production alimentaire et 159 Paludisme 43, 97 gestion des 109, 128 Panels d’évaluation 298 impact du changement climatique sur les 128 Parc d’éolienne 287 Pérou, peuples autochtones et gestion de l’eau 139 Partage Petits pays, vulnérabilité des 106 des coûts 298 Pew Centre on Global Climate Change 242 en matière de recherche 298 Philippines Partage des charges et action opportuniste précoce 236, 238 gestion des écosystèmes marins aux 159 Partenariats public-privé pour le partage des risques gestion du risque de catastrophes aux 97 climatiques 104, 107 prévisions météorologiques aux 165 Partenariat sur le changement climatique (Londres) 92 Piégeage Participatives, conception et exécution 92 dioxyde de carbone 290 Pauvreté du carbone 289 citadins pauvres 94 Piégeage du carbone 171, 174 effet du changement climatique sur la 91, 108, 170 Piégeage et stockage du carbone 300 Pays à faible revenu, empreinte carbone 46 Piégeage et stockage du carbone (PSC) 187, 199, 209 Pays à revenu élevé Inde 199, 202 aide aux pays en développement 40 par la biomasse 197 empreinte carbone 46 Plan d’action de Bali relocalisations des industries énergivores 251 cadre de responsabilité 265 taux démissions 40, 41 pays développés et pays en développement 204 Pays à revenu intermédiaire Plan d’action de Bali (CCNUCC) 233 émissions dans les 58 contenu 234 empreinte carbone 46 MRV 245 évaluation du risque dans les 102 pays développés et en développement 245 subventions énergétiques dans les 111 Plans de relance et dépense verte 59 Pays à revenus élevés, réduction des émissions 189 Plan solaire méditerranéen 222 Pays de Galles, préparation aux canicules 98 Pluies acides 189, 208, 236 Pays développés Pluralisme efficacité énergétique 201 politique climatique 341 et pays en développement dans le Plan daction de Bali Points de basculement 52, 80 204 Pôles taxe carbone 214 impact du changement climatique aux 77 Pays en développement Politique accès à l’assurance dans les 105 avantages connexes 338 agriculture dans les 148 changement climatique 327 coûts d’atténuation pour les 58 publique 336 demande d’énergie des 54 Politique agricole commune de l’Union européenne 175 efficacité énergétique 202, 211 Politique climatique équipements efficaces indisponibles 213 adapter 341 évaluation du risque dans les 102 au plan local 342 gestion de la biodiversité dans les 128 ciblage 339 gestion des écosystèmes marins dans les 159 communication 341 RapportMonde_LIVRE2.indb 408 16/09/10 12:40 Index 409 consensus 340 et CCNUCC 250 donner l’exemple 340 fonds d’adaptation 263 État 331 fonds d’adaptation 258 obstacles à labandon 341 Fonds pour l’adaptation 233, 247 pluralisme 341 fuites de carbone 251 responsabilités 332 proposition du Brésil 238 secteur privé 342 responsabilité des gouvernements 265 transparence 341 révisions 273 Politiques climatiques Protocole de Montréal 298, 303 atténuation 189 Puits résiduels 72 de développement intelligent 208 Pulvérisation d’eau de mer 290 et crise financière 188 Politiques et mesures pour un développement durable (SD- R PAMs) 243 Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur Politiques intelligentes sur le plan climatique 90, 97 des ressources en eau 141 Pollinisation par les abeilles 156 Rayons solaires Pollueur-payeur, principe 56 réfléchir 290 Pollution atmosphérique R-D 292 conséquence du changement climatique 82 agricole 294 réduction 208 RDD-D 288 Pratiques agricoles durables 174 Réacteur Précipitations ITER 299 accroissement des 75, 81 Recettes, recyclage des 50 augmentation des 148 Réchauffement Préoccupations contenu à 2 °C 71, 82 changement climatique 322 Recherche Préparation REDD 275 changement climatique 291 Prêts à démarrer, projets 62 instituts 306 Prévisions partager les coûts 298 innovation 296 Recherche et développement météorologie 297 dans lagriculture 156 panels d’évaluation 298 gestion des ressources naturelles 137, 167 réseau en étoile 297 Récifs coralliens 78, 128, 159 Prix Récompenses aux gouvernements locaux 336 filets de sécurité protégeant les pauvres des tarifs élevés Récupération du capital 218 de lénergie 111 Réduction de débit fluvial 143 hausse des prix de lénergie 170 Réduction des émissions 289, 323 Prix dencouragement 300 Réduction des émissions dues au déboisement et à la Prix Nobel de la paix (2007) 63 dégradation des forêts (REDD) 129, 150 Processus de décision Réflectivité des terres 290 options souples et réversibles 91, 103 Réforme institutionnelle Productive Safety Net (Éthiopie) 111 Chine 334 Programme d’action d’Accra 265 Inde 334 Programme des Nations Unies pour l’environnement 275 Réformes Programmes d’action nationaux pour ladaptation 233 faire accepter 340 Programmes d’actions nationaux (PANA) 243, 247 Refroidissement des eaux 290 Programmes d’allocations conditionnelles 111 Réfugiés 112 Projet en faveur des forêts ombrophiles 276 Régime climatique à plusieurs vitesses 242 Protections contre les effets du changement climatique 104 Régime climatique international 248 Protection sociale 91, 106, 110 à plusieurs vitesses Protocole de Kyoto 190 piste par objectif 242 contenu 234, 250 piste politique 242 émissions de gaz à effet de serre dans les villes 210 approches hybrides 236 RapportMonde_LIVRE2.indb 409 16/09/10 12:40 410 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E droits au développement dans un monde sous contrainte Restauration carbone 238 des zones humides 63 équité des approches à plusieurs vitesses 242 du lit des cours deau 63 et croissance économique 240 Rétroactions positives 52 financement 240, 247 Revennus, impact des chocs environnementaux sur les 46 finances publiques 245 Réversibles, options décisionnelles 103 mécanismes de marché 246 Révolution verte 153 partage des charges et action opportuniste précoce 236, Riposte des États au changement climatique 238 comme assureurs de dernier recours 104 politiques et mesures pour un développement durable liquidité permettant la 106 (SD-PAMs) 243 partenariats public-privé pour le partage des risques Régime sur la pollution atmosphérique transfrontalière à climatiques 104, 107 longue distance 241 Riz, productivité du 148 registre d’actions politiques 243 Robuste, prise de décision 142 Réglementation Robustes harmoniser 295 stratégies 90 inconvénients 308 Rôle de l’État 331 Réglementations Royaume-Uni efficacité énergétique 208 prise de responsabilités 335 Regroupement quotas efficacité énergétique 214 bureaucratique 333 taxe carbone 50 Réinstallation, programmes de 113 Russie Relocalisations des industries énergivores 251 effet du changement climatique 148 Rendements du riz 43 restrictions des exportations 163 Réseau en étoile 297 Réserves de conservation 127 S Résistance Salvador, autonomisation des femmes 45 agriculture résistante au climat 153 Santé bâtir des communautés résistantes 108 adaptation du système de 97 croissance économique et 46 autonomisation des femmes et 45 réduction des risques et catastrophes et 102 chocs climatiques et 46 villes et 94 réduction de la pollution atmosphérique 208 Responsabilité des gouvernements 265 Satellitaire, imagerie 167 Responsabilités Sécheresse changement climatique 332 augmentation des 75 gouvernement local 334 Sécheresses 44, 80 Royaume-Uni 335 adaptation des communautés aux 108 Ressources alimentaires augmentation des 71, 72, 139 approvisionnement 164 gestion du risque indexée sur le climat au Mawati 107 aquaculture et 160 Secteur privé 342 coopération internationale 161 Services crises alimentaires (2008) 110, 163, 171 culturels 124 déficit de production alimentaire 148 d’approvisionnement 124 gestion de leau 146 d’écosystèmes 124 prix des 136, 170 paiements pour les 129 réserve mondiale 164 de préservation 124 stocks 164 de régulation 124 Ressources en eau de soutien 124 développement urbain à l’intérieur des terres 94 Services climatiques mondiaux 296 effet des augmentations de température sur les 78 construire 297 privatisation et contrôle des maladies 100 Servitude écologique 156 projets de systèmes de drainage 103 Seuils Ressources hydriques 139 de catastrophes irréversibles 80 RapportMonde_LIVRE2.indb 410 16/09/10 12:40 Index 411 effets de 52 Taxe carbone 50 Shanghai Technologie migration vers 94 adapter 291 préparation aux canicules 97 aide de l’État 312 Signaux d’alerte 57 brevets 292, 293 Société coréenne de gestion de l’énergie 217 diffusion 288 Société financière internationale (IFC) 217 enseignement 305 Socioéconomiques, changements 91 financement public 312 Socioéconomiques, transformations 63 financer 303 Soja, graines de 167 investir 310 Solaire, énergie 48 rôle de l’État 314 Souples, options décisionnelles 91, 103 structures politiques 292 Soviétique, plan de développement 48 transférer 302 Stern, rapport sur les aspects économiques des changements transfert 289 climatiques 51 Technologies, incitations 308 Stratégie de développement intelligente sur le plan Télédétection 147, 166 climatique 47 Télédétection par satellite 99 Stratégie internationale de prévention des catastrophes Température moyenne du globe 75 (Nations Unies) 164 Tempêtes, intensité des 75 Stratégies robustes 57, 90 Tensions Subventions pour l’énergie renouvelable 208 Nord-Sud 235 Sud et Sud-Est asiatiques Terres humides inondations 96 comme protections côtières 130 maladies 97 pour amortir les dégâts causés par les tempêtes 90 Super-réfrigérateur 301 Thaïlande, Département du développement des énergies SUV 323 alternatives et de l’efficacité énergétique 217 Système climatique, fonctionnement 73 Tourbières 148 Systèmes Tragédie du patrimoine commun 59 d’alerte avancée 92, 94, 98, 102, 165 Traité climatique 289 d’irrigation 137, 147, 152 Transfert de technologies 289 T technologie 302 Tarifs Transferts de fonds 61 consommation 322 Transferts de technologie 253 Taux d’émissions Sud-Sud 254 étiquetage du carbone et 253 Transmission vectorielle, maladies à 97 Taux d’émissions Transparence de la politique climatique 341 garde-fous et objectifs d’atténuation 57 Transports 194 pays à revenu élevé 40, 41 publics 193 pays en développement 40, 41 Amérique latine 209 Taxation taxation des émissions du transport international 270, carbone virtuel 252 279 des carburants aux États-Unis et dans l’Union TRIPS 311 européenne 212 Tunisie, gestion de l’eau 145 du carbone 270, 281 Tunis, risques d’inondation 95 transports internationaux 270, 279 énergie 214 U Mécanisme pour un développement propre (MDP) 279 Ukraine taxe carbone 189 embargo sur les exportations 49 relocalisations des industries énergivores 251 restrictions des exportations 163 taxe carbone dans les pays développés 214 Union européenne taxes aux frontières 254 échange de quotas démission de gaz à effet de serre 274 taxes climatiques aux frontières 252 efficacité énergétique 201 RapportMonde_LIVRE2.indb 411 16/09/10 12:40 412 R A P P O RT 2 0 1 0 S U R L E D É V E LO P P E M E N T DA N S L E M O N D E Politique agricole commune 175 migration vers les 94, 112 prix de lénergie 212 riposte au changement climatique 93, 95 réduction des émissions nécessaires 238 Vulgarisation agricole, organismes de 156, 173 taxation des carburants comparés aux États-Unis 212 Vulgarisation agricole, services de 103, 108 Union internationale pour la conservation de la nature 127, Vulnérabilité 89 155 Afrique subsaharienne 279 Unités de quantité attribuées (UQA) 271, 279 autonomisation des communautés pour se protéger Universités 306 elles-mêmes 108 Utilisation des terres aux catastrophes naturelles 101 écoagriculture et 155 besoins de financement 279 émissions de gaz à effet de serre dues au changement des petits pays 106 daffectation des terres 148 des villes 93 zones protégées 155 et capacité d’adaptation 281 Utilitarisme actualisé 56 et capacité sociale 280 filets de sécurité pour les plus vulnérables 110 V gestion évolutive 91 Vallée de la mort 301 Vélos électriques 307 X Versants, consolidation des 130 X-Prize 300 Viet Nam approvisionnement en masse 219 Y restrictions des exportations 163 Yémen, droits sur l’eau négociables 144 Villes améliorer la conception des 93, 95, 108 Z aménagement urbain amélioré 63 Zambie, politiques agricoles préservant la biodiversité 156 consommation deau dans les 143 Zimbabwe croissance démographique dans les 42 autonomisation des femmes au 45 croissance démographique des 93 effet des chocs climatiques sur la santé et l’éducation 46 développement urbain 212 prévisions météorologiques au 165 émissions de gaz à effet de serre 210 Zones côtières à risque 94, 95 Protocole de Kyoto 210 Zones côtières menacées 161 RapportMonde_LIVRE2.indb 412 16/09/10 12:40 La réalité du changement climatique accroît la complexité des défis considérables que pose actuellement le développement. Ces deux dynamiques sont inextricablement liées et il importe de leur accorder, conjointement, une attention immédiate. Le changement climatique menace tous les pays, mais plus particulièrement les pays en développement. Comprendre ce qu’il implique pour la politique de développement est l’objectif principal du Rapport sur le développement dans le monde 2010. Selon les estimations, les pays en développement devraient assumer entre 75 et 80 % du coût des dommages causés par le changement climatique. Ils ne peuvent donc absolument pas se permettre de faire abstraction de l’évolution du climat, pas plus qu’ils ne peuvent porter toute leur attention sur les seules mesures d’adaptation. Il est par conséquent impératif de mener une action pour réduire leur vulnérabilité et préparer le passage à des formes de croissance sobres en carbone. Le Rapport sur le développement dans le monde 2010 explore les manières dont les politiques publiques peuvent être modifiées pour mieux aider les populations à faire face à des risques nouveaux ou accrus, dont la gestion des terres et des ressources en eau doit être adaptée pour mieux protéger un environnement naturel menacé tout en nourrissant une population de plus en plus nombreuse et prospère, et dont les systèmes énergétiques devront être transformés. Les auteurs examinent comment intégrer les réalités du développement dans la politique climatique — dans les accords internationaux, dans les instruments adoptés pour générer des financements par le jeu du marché du carbone, et dans les mesures prises pour promouvoir l’innovation et la diffusion de nouvelles technologies. Le Rapport sur le développement dans le monde 2010 lance un appel pressant à l’action, à la fois aux pays en développement qui s’efforcent d’assurer la poursuite de politiques adaptées aux réalités et aux dangers d’une planète plus chaude, et aux pays à revenu élevé qui doivent entreprendre d’ambitieux programmes d’atténuation tout en appuyant les efforts des pays en développement. Les auteurs font valoir qu’un monde intelligent sur le plan climatique est à portée de main à condition d’agir maintenant en raison de l’inertie considérable qui caractérise le climat, les infrastructures, les comportements et les institutions ; d’agir ensemble pour concilier les besoins de croissance et des choix de développement prudents et d’un coût abordable ; et d’agir différemment en investissant dans une révolution énergétique essentielle et en prenant les mesures nécessaires pour s’adapter sur une planète en rapide évolution. ISBN : 978-2-7440-7460-8 Pearson Education France 7460 0410 49,90 € 47 bis, rue des Vinaigriers 75010 Paris Tél. : 01 72 74 90 00 Fax : 01 42 05 22 17 www.pearson.fr 7460-rapport mondial.indd 1