Allocution prononcée par Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, à la conférence internationale sur la reconstruction de l'Iraq au Koweït 14 février 2018 Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale La conférence internationale sur la reconstruction de l'Iraq au Koweït Ville de Koweït, Koweït Tel que préparé pour l'allocution Excellence, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Secrétaire général, Madame Mogherini, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs – c’est un honneur pour moi de m’adresser à vous aujourd’hui. Je tiens à remercier les autorités koweïtiennes, certes de leur chaleureux accueil, mais aussi d’avoir organisé cet important débat pour déterminer comment soutenir de manière optimale le peuple iraquien dans le cadre des efforts qu’il déploie pour reconstruire son pays à l’issue du dernier chapitre d’un conflit qui dure depuis des décennies. Cette conférence, qui est parrainée conjointement par le Groupe de la Banque mondiale, l’Organisation des Nations Unies et l’Union européenne, montre à quel point la communauté internationale apprécie l’initiative prise par le Koweït d’organiser ce débat, et sa détermination à contribuer à améliorer les perspectives d’avenir de la population iraquienne. N’oublions pas que, il y a seulement quelques mois, nous étions témoins des bouleversements et des horreurs infligées par Daech à des innocents, sur une grande partie du territoire iraquien et de la région. Des milliers de membres des forces iraquiennes ont sacrifié leur vie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ; des milliers de civils innocents sont morts. Des millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur de l’Iraq et plus de 8.7 millions continuent d’avoir besoin d’une aide humanitaire immédiate. Les veuves, les orphelins et les groupes vulnérables sont confrontés à la tâche ardue qui consiste à reconstruire leurs foyers, rétablir leurs moyens d’existence et recommencer leur vie. Je tiens tout d’abord à féliciter le Premier Ministre, M. Haydar Abadi, son équipe gouvernementale, les forces armées iraquiennes et la coalition internationale du rôle moteur qu’ils ont joué et de la détermination dont ils ont fait preuve pour vaincre Daech J’applaudis également la contribution des institutions de l’ONU, les ONG et les organisations donatrices à l’apport rapide d’une aide humanitaire et d’un appui à la stabilisation au profit de la population iraquienne et d’autres peuples de la région. Le Groupe de la Banque mondiale s’est rapidement mobilisé lorsque le Premier ministre a demandé son aide, il y a presque trois ans de cela. M. Abadi a plaidé sa cause en invoquant des arguments inébranlables, ne laissant aucun doute sur la détermination de l’Iraq à combattre la menace mortelle posée par Daech et à permettre à l’État et à ses institutions de reprendre leurs activités, d’assumer à nouveau leur rôle et de rétablir leur crédibilité. Il lui fallait à cette fin obtenir un appui immédiat du Groupe de la Banque mondiale pour mener à la fois sa reconstruction et sa reprise économique. Par suite de votre demande, Monsieur le Premier ministre, la Banque mondiale a porté le montant de ses engagements financiers en Iraq de 600 millions de dollars en 2014 à plus de 4,7 milliards de dollars actuellement – pour soutenir la reprise économique grâce à un appui budgétaire et pour assurer sans plus attendre le rétablissement de services d’éducation et de santé, reconstruire des routes et des ponts importants et remettre en état les systèmes d’alimentation en électricité et en eau. Ces activités de reconstruction d’urgence ont créé des milliers d’emplois pour les Iraquiens. Grâce aux récentes activités du Groupe de la Banque mondiale, plus d’un million d’Iraquiens, dans sept villes libérées de l’emprise de Daech, ont davantage accès à l’électricité et à des services d’assainissement. Plus de 2,5 millions d’habitants de différents gouvernorats ont maintenant des routes et des ponts en meilleur état Nous avons eu pleinement recours à toute la gamme de nos instruments pour apporter un soutien au peuple iraquien. Grâce aux garanties souveraines du Canada et du Royaume-Uni, nous avons pu prêter un montant supplémentaire de un milliard et demi de dollars à l’Iraq en 2017 : L’IFC a investi et mobilisé 1,2 milliard de dollars, à l’appui d’investissements privés dépassant, globalement, plus de 3 milliards de dollars réalisés dans différents secteurs en Iraq, notamment l’électricité, les transports, les télécommunications, les services d’accueil, les agroindustries et le secteur bancaire ; La MIGA a eu recours à ses produits de garantie, qui ont pour effet de réduire les risques, pour mobiliser la contribution d’investisseurs étrangers dans des secteurs économiques cruciaux comme les télécommunications, la logistique portuaire, les petites et moyennes entreprises et les industries manufacturières. La dernière fois que je me suis rendu à Bagdad, en compagnie de l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, j’ai promis au Parlement iraquien de faire bénéficier l’Iraq du soutien total et inébranlable du Groupe de la Banque mondiale. Je réitère aujourd’hui cet engagement. Nous demeurerons aux côtés de l’Iraq à chaque étape de son processus de reconstruction. La stabilité et la prospérité de ce pays revêtent une importance cruciale pour le Moyen-Orient et pour le monde entier. Nous nous tiendrons à vos côtés, aussi longtemps qu’il le faudra pour reconstruire un Iraq encore plus fort qu’auparavant. Daech a provoqué des destructions massives et les besoins sont considérables, mais les possibilités de reconstruire un Iraq plus solide, mieux équipé et plus résilient – un Iraq caractérisé par des liens de cohésion sociale plus étroits offrant à tous les mêmes chances de forger leur destinée, sont tout aussi importantes. Nous devons agir sans plus attendre pour empêcher que la violence et les conflits ne reprennent. Notre démarche suit deux axes. Nous nous attaquons, certes, aux menaces immédiates, mais nous nous employons aussi à assurer une reprise économique durable à long terme. L’Iraq peut, et doit, exploiter ses ressources humaines et naturelles considérables pour attirer des investissements étrangers. Nous continuerons de soutenir la stratégie de relance et de développement formulée par les autorités iraquiennes, qui vise à améliorer le climat de l’investissement et à encourager le secteur privé. Je tiens à être clair : il ne sera pas possible d’assurer la reprise ni la reconstruction uniquement au moyen de ressources publiques, et les efforts ne produiront de résultats que s’ils sont pilotés par le secteur privé. Un grand nombre d’entreprises du monde entier se retrouvent aujourd’hui ici pour déterminer comment investir dans l’avenir de l’Iraq et créer les emplois qui contribueront à promouvoir la stabilité du pays. Leur présence montre bien que l’Iraq est prêt à reprendre ses activités. Nous mobiliserons toute la gamme des compétences spécialisées du Groupe de la Banque mondiale pour investir dans un nouvel Iraq, plus résilient. Nous continuerons de collaborer avec nos partenaires internationaux pour assurer une transition harmonieuse et durable, de la phase de stabilisation à celle de la reprise et, pour finir, à la reconstruction. Nous continuerons par ailleurs de nous employer à attirer des investissements du secteur privé dans toute la mesure du possible. Je suis venu, aujourd’hui, vous assurer que le Groupe de la Banque mondiale aidera l’Iraq à optimiser le financement de sa reconstruction grâce à la poursuite d’un soutien et de réformes stratégiques, au recours à des instruments de réduction des risques et à l’octroi de financements directs de l’IFC. Nous devons toutefois faire plus. Sa victoire sur Daech offre à l’Iraq la possibilité de redonner confiance à ses citoyens en mettant en place un nouveau modèle d’institutions inclusives pour assurer la sécurité, en reconstruisant les quartiers et les collectivités sur la base des principes de l’unité nationale, de la solidarité et de la réconciliation ; et en rétablissant une économie stimulée par l’énergie et l’innovation du secteur privé, source d’emplois et de possibilités pour tous. Le moment est également venu de reconstruire et d’investir dans la population iraquienne, en particulier les jeunes et les femmes, pour mettre en valeur le capital humain et ouvrir la voie à un avenir plus prospère. Le Groupe de la Banque mondiale a entrepris de lancer le Projet sur le capital humain, initiative ambitieuse et de grande envergure qui aidera les pays à investir davantage – et plus efficacement – dans leurs citoyens. Nous collaborerons avec l’Iraq et d’autres pays de la région pour promouvoir cet effort. Je demande instamment au secteur privé, en particulier, d’investir dans les jeunes Iraquiens, leur intelligence et leur ambition, d’investir dans les femmes iraquiennes et leur résilience, d’investir enfin pour aider à construire un pays solide, stable, qui peut offrir de nouveaux débouchés aux entreprises. Laissez-moi vous redire combien j’apprécie cette opportunité. Je me réjouis à la perspective d’associer nos efforts – pour reconstruire, un Iraq plus solide, plus stable et plus prospère, et pour répondre aux aspirations de millions d’Iraquiens au cours des années et des décennies à venir. Je vous remercie.