Findings - Africa Region 27990 N° 66 Mars 2004 Notes CA fournit des rapports périodiques sur les Initiatives en matière de développement des Savoirs Locaux (IK) en Afrique Sub- Saharienne et occasionnellement sur des initiatives similaires en dehors de la Région. Il est publié par le Africa Region's Knowledge and Learning Center dans le cadre d'un partenariat évolutif entre la Banque mondiale, les communautés, les ONG, les institutions de développement et les organisations multilatérales. Les opinions exprimées dans le présent article sont celles des auteurs et ne devraient en aucun cas être attribuées au Groupe de la Banque mondiale ou ses partenaires dans cette initiative. Une page web sur les IK est disponible à l'adresse : http://www.worldbank.org/afr / ik/default.htm Plantes Médicinales: Conservation et utilisation rationnelle au Sri Lanka Au Sri Lanka, l'ayurveda (un système holistique de médecine et de soins de santé en provenance de l'Inde -- en Sanskrit, " Ayu " signifie " la vie " et " veda " signifie " connaissance de ") et le système traditionnel de soins de santé ont été systématiquement utilisés pendant plus de deux mille ans pour traiter les maladies. Selon le dernier inventaire réalisé, 1.414 espèces de plantes ont été utilisées à cette fin. Ces espèces comprennent plusieurs espèces endémiques qui deviennent de plus en plus rares et menacées d'extinction. Environ 200 espèces de plantes médicinales sont couramment utilisées, et parmi elles, 50 sont très utilisées dans les systèmes de soins de santé ayurvédiques et traditionnels. Près de 80 espèces de plantes médicinales sont actuellement considérées comme menacées d'extinction. En plus de la reconnaissance de leurs valeurs curatives et thérapeutiques, les Sri Lankais utilisent les plantes médicinales dans leurs rituels, leurs activités culturelles et pour des fonctions religieuses. On estime qu'environ 30 à 35 pour cent de la population a recours à l'ayurveda et aux systèmes traditionnels de soins de santé. Les médecins ayurvédiques et les praticiens de la médecine traditionnelle font partie de la société, et il y a des rapports étroits entre les communautés et ces praticiens. Dans les zones rurales, les habitants prélèvent les plantes médicinales dont ils ont besoin dans les forêts et les communautés pratiquaient jadis des concepts d'utilisation rationnelle, avec des dommages minimaux aux habitats dans lesquels ces plantes précieuses sont trouvées. La demande accrue aussi bien pour l'utilisation locale que pour l'exportation a mis à très rude épreuve les populations naturelles de plantes médicinales. Les collecteurs de plantes médicinales recourent maintenant à des méthodes d'exploitation non rationnelles provoquant ainsi une menace grave à la survie de certaines espèces. La diminution des stocks est aggravée par la destruction rapide des habitats naturels. En effet, les habitats aussi sont menacés. Également menacée est la base des connaissances sur lesquelles les systèmes médicinaux traditionnels sont fondés, dans la mesure où seulement une toute petite proportion des connaissances traditionnelles et de l'information ethnobotanique est documentée; la plus grande partie reste consignée dans des manuscrits antiques et obscurs sur ola (feuilles de palmier) dispersés dans le pays ou dans la mémoire de vieux praticiens. Ce système gurukula d'enseignement ancien des connaissances traditionnelles est en train de disparaître rapidement. Ces connaissances concernent non seulement la santé des individus, mais également l'entretien et la gestion traditionnels des ressources naturelles du milieu dans lequel vivent les communautés rurales. Il ne fait aucun doute que les plantes médicinales sont un trésor universel à préserver pour le bien de l'humanité. http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt66.htm (1 of 5)12/12/2005 9:54:41 AM Findings - Africa Region La nécessité de conserver les plantes médicinales, et de les utiliser d'une manière rationnelle, est facilitée par la Convention sur la Diversité Biologique (CBD), ratifiée par plus de 175 pays. La CBD offre le cadre pour l'utilisation rationnelle et le partage équitable des bénéfices tirés de l'exploitation des plantes médicinales. Le Projet de Conservation et d'Utilisation rationnelle des Plantes médicinales Le Projet de conservation et d'utilisation rationnelle des plantes médicinales a été lancé par le gouvernement du Sri Lanka en 1998, grâce à une subvention de US$ 4,6 millions du Fond pour l'Environnement Mondial (FEM). L'objectif du projet est d'assurer la conservation des espèces de plantes médicinales mondialement et nationalement importantes et leurs habitats. Le projet a atteint ces objectifs par (a) la conservation in situ en délimitant cinq aires de conservation des plantes médicinales (MPCAs) dans différentes zones écologiques du Sri Lanka, comprises dans, ou proches de forêts naturelles abritant certaines des espèces de plantes médicinales menacées; (b) la culture ex-situ en encourageant le développement de pépinières, la culture dans les jardins domestiques et dans les plantations et en soutenant la propagation et la recherche agronomique; et (c) en fournissant l'information et l'appui institutionnel, y compris la promotion d'un environnement juridique et de politique approprié. Un élément important de l'approche stratégique adoptée est la définition et la délimitation de réserves de plantes médicinales dans des zones biogéographiques représentatives et l'utilisation de ces dernières comme centres pour tout un ensemble d'activités. A cette fin, cinq aires de conservation de plantes médicinales (MPCAs) ont été établies à Bibile et Ritigala (zone sèche), Rajawake et Naula (zone intermédiaire), et Kanneliya (zone humide), adjacentes à des forêts naturelles abritant diverses espèces de plantes médicinales. Chaque MPCA se compose d'environ dix Divisions de Grama Niladhari (GND)1 contigus à la forêt principale de conservation. Le projet essaye d'impliquer activement les communautés vivant dans les MPCAs pour la promotion de la conservation et l'utilisation rationnelle des plantes médicinales. Chaque MPCA a un site comportant un jardin de plantes médicinales, qui servira de site de démonstration, un centre de traitement des plantes médicinales à l'usage des communautés, un dispensaire ayurvédique, qui est censé dépendre principalement des préparations faites par les communautés, et un centre d'information. Vue d'ensemble des activités Conservation in situ IDENTIFICATION DES DIVISIONS DE GRAMA NILADHARI DANS LES MPCAs ET MOBILISATION SOCIALE. Les " villages " ( Divisions de Grama Niladhari) formant les MPCAs ont été identifiés après de longues discussions avec les communautés, leurs organisations et d'autres parties prenantes au niveau des villages. L'identification des GNDs s'est faite sur la base de leur proximité étroite des zones de forêts principales, leurs niveaux de dépendance des ressources de ces forêts, en particulier pour les plantes médicinales, et la disposition des membres de la communauté à accepter des approches participatives pour assurer la conservation et l'utilisation rationnelle des plantes médicinales. Afin de faciliter une participation efficace des communautés aux efforts de conservation, des structures de gestion communautaire ont été mises en place au niveau des GND. Ce sont les comités villageois de gestion des projets (VPMCs) composés exclusivement de membres de la communauté. COLLECTE DE DONNÉES DE BASE. Les données de base se composent des données recueillies dans trois domaines séparés mais cependant étroitement liés, à savoir, une enquête socio-économique; une étude ethnobotanique, et l'inventaire des ressources. http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt66.htm (2 of 5)12/12/2005 9:54:41 AM Findings - Africa Region (a) L'enquête socio-économique. L'enquête socio-économique a fourni une mesure de la situation socio-économique des communautés vivant autour des aires de conservation des plantes médicinales. Les données nécessaires pour la planification des stratégies de conservation et des activités de développement associées ont également été collectées dans le cadre de l'enquête. Cette enquête, réalisée durant la deuxième moitié de 1999 dans toutes les MPCAs, a montré que plus de 68 pour cent de la population des GNDs enquêtés appartiennent aux groupes à faible revenu. La majorité des habitants pratique l'agriculture et des activités liées à l'agriculture. Il y a eu une dégradation environnementale progressive dans les MPCAs due à des activités humaines défavorables. Les principales menaces aux forêts comprennent le défrichage illicite, les feux de forêt et l'exploitation incontrôlée des produits forestiers non ligneux, dont les plantes médicinales. Au cours des années, les pratiques agricoles des habitants se sont transformées de l'agriculture de subsistance à la culture de rente. L'enquête socio-économique a également souligné la nécessité d'introduire la gestion communautaire de la forêt avec les populations vivant autour des MPCAs. (b) Etude ethnobotanique. L'étude ethnobotanique a été conçue pour être effectuée en deux phases. La phase préliminaire consistait à obtenir une claire image des rôles des plantes médicinales et d'autres produits de la forêt dans la vie et les économies de tous les groupes de parties prenantes dans chaque communauté cible. En général, la Phase 1 de l'étude ethnobotanique a produit beaucoup d'informations concernant les espèces médicinales, classifiées selon un score cumulatif d'importance domestique, d'intérêt commercial, de statut d'espèce menacée, etc... La Phase II de l'étude ethnobotanique a rassemblé des informations concernant l'utilisation des plantes médicinales et la collecte des spécimens représentatifs. (c) Inventaire des ressources. Des cartes de base des MPCA à l'échelle de 1:20000 ont été préparées à l'aide de cartes aérophotogrammétriques et de cartes de levé topographique, et ont été digitalisées. Les principaux types de forêt / types structurels de végétation naturelle [denses (>75% de couvert végétal); clairsemé (50-75% de couvert végétal); arbustes/herbages (< 50% de couvert végétal)] ont été reportés sur les cartes à partir de photos aériennes. La vérification des ressources sur ces cartes a été effectuée en utilisant le système mondial de positionnement (GPS). Les principaux objectifs de l'inventaire des ressources étaient de (a) permettre une évaluation de base de la répartition, des structures et des densités de population associées, ainsi que des conditions écologiques requises pour les différentes espèces de plantes médicinales trouvées dans les MPCAs; et (b) fournir une base fiable pour la conservation in situ en cours des espèces de plantes médicinales et la culture ex situ dans les jardins domestiques et les pépinières. L'analyse des données fournira les informations suivantes: q Une évaluation détaillée de la répartition et de l'abondance des différentes espèces (par exemple les espèces de plantes médicinales prioritaires) basée sur les informations obtenues sur les parcelles de terrain q Une base pour prévoir la répartition et l'abondance probables des différentes espèces (y compris les espèces prioritaires) ailleurs dans le MPCA. q Une base pour de futures études d'évaluation de viabilité et des ressources, et la planification de la conservation q Des critères solides pour le zonage des habitats pour les différentes catégories d'utilisateurs. PRÉPARATION DES PLANS DE VILLAGE (MICRO PLANS). http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt66.htm (3 of 5)12/12/2005 9:54:41 AM Findings - Africa Region Les données de base, les données ethnobotaniques et les données d'inventaire des ressources collectées pendant les deux premières années du projet ont été utilisées pour préparer des plans de village mettant l'accent sur la conservation in situ. La planification des villages a été entreprise dans les GNDs en utilisant des techniques participatives (PRA/PID) avec la participation active des membres des communautés et des responsables des VPMCs. Conservation ex situ Plusieurs approches ont été préparées pour la conservation ex situ des plantes médicinales, et ces activités compléteront les efforts in situ de conservation décrits plus haut. Comme activité majeure de cette composante du projet, la culture de plantes médicinales sur les propriétés familiales dans les MPCAs est encouragée et soutenue. En outre, les membres des communautés s'adonnant à l'agriculture ont été formés aux pratiques de confection des pépinières, aux pratiques agronomiques simples et dans d'autres domaines s'y rapportant. Par ailleurs, des pépinières de plantes médicinales ont été installées principalement pour recueillir des collections de plasma germinatif d'espèces importantes de plantes médicinales et pour fournir des plantes mères à d'éventuels pépiniéristes. Parallèlement à l'expansion de la culture sur les propriétés familiales et de la culture commerciale, des dispositions ont été prises pour fournir des informations commerciales et des débouchés de vente pour permettre aux communautés d'obtenir les meilleurs prix pour leurs produits. Comme activité complémentaire, un soutien est apporté à la recherche sur la propagation et la culture de certaines espèces choisies de plantes médicinales. DÉVELOPPEMENT INSTITUTIONNEL ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS. Le projet met un accent particulier sur le renforcement des capacités des communautés, particulièrement en ce qui concerne les aptitudes requises pour les activités du projet et la gestion des organisations communautaires. Un accent particulier est mis sur la protection des droits de propriété intellectuelle découlant des activités du projet. A cet égard un cadre juridique visant à préserver les savoirs traditionnels associés à l'utilisation des plantes médicinales a été préparé. En ce qui concerne la préservation des savoirs traditionnels, le projet a pris plusieurs initiatives remarquables. Parmi celles-ci on peut noter la transcription en cingalais des manuscrits antiques sur feuilles de palmier (feuilles d'Ola) mentionnées plus haut. Ces manuscrits sur feuilles de palmier sont vieux de plusieurs siècles, et contiennent des informations sur les maladies et leur diagnostic, ainsi que les ordonnances prescrites. Le projet a également lancé un programme dans les MPCAs visant à préserver les connaissances traditionnelles disponibles auprès des vieux praticiens traditionnels. Dans ce programme, des praticiens traditionnels ayant des connaissances spécialisées sur certaines maladies (et sur l'utilisation des plantes médicinales) ont été choisis, et des disciples leur ont été affectés pour apprendre. Ce système d'apprentissage est aussi vieux que les systèmes traditionnels de santé en question, et les disciples resteront attachés à leurs maîtres pour une période d'environ deux ans. 1. Un GND est une unité administrative contenant plusieurs villages. Cet article a été écrit par le Dr. Ranjith Mahindapala, Directeur du Programme, UICN ­ The World Conservation Union, N°.53, Horton Place, Colombo 7, SRI LANKA; Email: rma@iucnsl.org IK Notes intéresserait également: Nom ________________________ Institution ____________________ Adresse ______________________ http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt66.htm (4 of 5)12/12/2005 9:54:41 AM Findings - Africa Region Les lettres, commentaires, et demandes de publications doivent être adressées à: Editor: IK Notes Knowledge and Learning Center Africa Region, World Bank 1818 H Street N.W., Room J5-055 Washington, D.C. 20433 E-mail: pmohan@worldbank.org http://www.worldbank.org/afr/ik/french/friknt66.htm (5 of 5)12/12/2005 9:54:41 AM