RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE Gestion des répercussions de la chute brutale des prix du pétrole AUTOMNE 2016 RAPPORT DE SUIVI DE LA SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE Gestion des répercussions de la chute brutale des prix du pétrole AUTOMNE 2016 Conception de la couverture The Word Express, Inc Photo de couverture par cdrin/Shutterstock.com. TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v CHAPITRE 1. RÉSUMÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 ‫ ملخص تنفيذي‬. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 ?????????????????? CHAPITRE 2. RÉCENTS DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE ÉCONOMIQUES ET DE POLITIQUES PUBLIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2.1.  Secteur réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2.2.  Finances publiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.3. Prix, monnaie et activités bancaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.4.  Situation de la balance des paiements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 CHAPITRE 3. PERSPECTIVES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 CHAPITRE 4. GROS PLAN SUR : LA GESTION DE LA VOLATILITÉ DES PRIX DU PÉTROLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 4.1. Dynamique des prix pétroliers et secteur des industries extractives en Algérie . . . . . . . . . . . . 13 4.2.  Politiques publiques algériennes en réponse aux effets du choc causé à l’économie par la chute des prix du pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 4.3. Implications pour la stratégie économique algérienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 ANNEXE : INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES ESSENTIELS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Reference . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Liste des figures Graphique 1 : La croissance du PIB est principalement soutenue par le secteur hors hydrocarbures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Graphique 2 : La situation budgétaire souffre du déclin des recettes des hydrocarbures et de la hausse des dépenses (% du PIB) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Graphique 3 : Les dépenses courantes pèsent sur la situation fiscale (% du PIB) . . . . . . . . . . . . . . 6 Graphique 4 : Algérie – Prix à la consommation, 2012–2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 iii iv SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE Graphique 5 : Un déclin brutal des exportations et une augmentation des importations devraient, selon les projections, placer la balance commerciale en position déficitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Graphique 6 : La balance des paiements courants est entrée en territoire déficitaire pour la première fois en quinze ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Graphique 7 : Prix mensuel du pétrole brut, 2011–2016 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Graphique 8 : Réserves pétrolières prouvées en 2012 (en milliards de bbl) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Graphique 9 : Part des hydrocarbures dans l’économie algérienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Graphique 10 : Algérie – Doing business, pourcentage de déviation par rapport au meilleur résultat obtenu, 2016 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Liste des tableaux Tableau 1 : Algérie : Indicateurs économiques et financiers sélectionnés, 2012–18 . . . . . . . . . 19 PRÉFACE L e rapport de suivi de la situation économique de (Global Practice for macroeconomics and Fiscal mana- l’Algérie permet de faire le point sur les princi- gement, GMFDR) de la Banque mondiale. Il a été prépa- pales évolutions et politiques économiques des ré par Fulbert Tchana Tchana (senior economist) et Sel- six mois précédents. Ce rapport présente également les ma Daki (consultante), sous la direction de Jean-Pierre conclusions de travaux récents de la Banque mondiale Chauffour (lead economist) et d’Auguste Tano Kouame en Algérie. Il les inscrit dans une perspective à plus (Practice manager). long terme, ainsi que dans le contexte international, Les constatations, interprétations et conclusions et évalue les implications de ces mutations, de même contenues dans ce Rapport sont celles du personnel de que celles d’autres changements affectant les politiques la Banque mondiale et ne reflètent pas nécessairement publiques, du point de vue des perspectives du pays. les vues du conseil d’administration de la Banque Son spectre va de la dimension macroéconomique aux mondiale ou des pays qu’ils représentent. indicateurs de bien-être et de développement humain, Pour plus d’information au sujet de la Banque en passant par les marchés financiers. Il est destiné à un mondiale et de ses activités en Algérie, consultez www. large public, et notamment aux décideurs politiques, worldbank.org.dz. aux chefs d’entreprise, aux participants aux marchés Pour vos questions et commentaires concernant financiers, et à la communauté des analystes et des le contenu de cette publication, prière contacter Ful- professionnels intervenant en Algérie. Les données et bert Tchana Tchana (ftchanatchana@worldbank.org) projections macroéconomiques sont en date du 15 sep- ou Jean-Pierre Chauffour (jchauffour@worldbank. tembre 2016. org). Les questions émanant de représentants des mé- Le rapport de suivi de la situation économique dias peuvent être adressées à Donia Jemail (djemail@ de l’Algérie est réalisé par l’équipe du département de worldbank.org). gestion macroéconomique et des finances publiques v RÉSUMÉ 1 E n dépit d’une forte baisse des prix du pétrole des recettes budgétaires basée sur une hausse de 36 % et de conditions météorologiques défavo- des prix de l’essence, et une augmentation des taxes rables, l’Algérie a su maintenir une crois- sur l’électricité et les immatriculations de véhicule. Ce sance économique respectable en 2015 ainsi qu’au budget conférait également aux autorités financières le cours du premier semestre de l’année 2016. En pouvoir d’approuver de nouvelles réductions de dé- 2015, la croissance s’est élevée à 3,9 %, grâce à la pre- penses dans le cas où les prix du pétrole passeraient mière augmentation de la production d’hydrocarbures sous le seuil de l’hypothèse de prix moyen du pétrole, en une décennie, et à une croissance stable des secteurs ainsi que d’autoriser, l’échéant, des emprunts exté- hors hydrocarbures, bien que l’économie ait été frappée rieurs. Au cours du 1er trimestre 2016, les dépenses de plein fouet par la baisse des prix pétroliers. Au cours de l’État se sont toutefois envolées (en hausse d’envi- du premier semestre 2016, l’Algérie a connu une crois- ron 60 % en glissement annuel), signe de difficultés sance relativement vigoureuse de 3,6 % (en glissement de mise en œuvre de l’assainissement des finances annuel), sous-tendue par une production d’hydrocar- publiques. bures en voie de redressement qui a compensé une Le déficit de la balance des paiements cou- croissance plus atone des secteurs hors hydrocarbures. rants est demeuré stable, à 15,5 % du PIB, en 2015, La production d’hydrocarbures a progressé de 3,2 % au avant de s’aggraver durant le 1er semestre 2016. La cours du premier semestre, en hausse par rapport à une valeur des importations a diminué de 11,8 % en 2015 contraction de –0,8 % au cours de la même période de et de 8,7 % (en glissement annuel) au cours du premier 2015. La production des secteurs hors hydrocarbures trimestre 2016, ce qui n’a toutefois pas suffi à com- a ralenti à 3,8 % contre 5,1 % au cours du premier se- penser les reculs des exportations de respectivement mestre 2015. Ce ralentissement a été particulièrement 42,3 % et 36,6 % (en glissement annuel) en 2015 et marqué dans les secteurs de l’agriculture (en raison de au 1er trimestre 2016. En 2016, de nouvelles licences conditions météorologiques défavorables), de l’eau et d’importation ont été mises en place dans le but de de l’énergie, mais a également affecté d’autres secteurs. réduire encore le déficit de la balance des paiements Du côté de la demande, la contribution de la consom- courants. mation publique du secteur à la croissance a été plus En dépit d’une politique monétaire restrictive, importante en 2015 et au cours du premier semestre l’inflation a atteint 4,8 % en 2015, ce chiffre reflé- 2016, alors que, dans le même temps, la part de la tant en partie les effets de la dépréciation nominale consommation et de l’investissement privés baissait. d’environ 20 % du dinar visant à compenser le dé- Cette croissance soutenue a été obtenue au séquilibre des paiements extérieurs. Au cours du 1er prix d’un déficit fiscal croissant, qui a plus que dou- semestre 2016, les autorités monétaires ont permis une blé, atteignant 16,8 % en 2015, alors que le gouver- nouvelle dépréciation du dinar, alors que les autorités nement repoussait l’assainissement des finances s’efforçaient d’éviter une chute brutale des réserves de publiques. Le déficit s’est encore aggravé au cours change sous le seuil de 100 milliards USD. La baisse du du premier semestre 2016, les pouvoirs publics ren- dinar devrait contribuer à de fortes tensions inflation- contrant des difficultés dans l’application des mesures nistes, avec une projection d’inflation de 5,9 % en 2016. fiscales envisagées par la loi de finances 2016. Celle-ci La croissance du PIB réel devrait ralentir à prévoyait une baisse de 9 % des dépenses (principale- 3,6 % en 2016, avant de diminuer encore pour at- ment d’investissements) et une augmentation de 4 % teindre 2,6 % en 2018. Les prévisions ont été revues 1 2 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE à la baisse d’environ 0,5 point de pourcentage en 2017 la conjoncture : la volatilité des prix du pétrole par rapport aux projections des Réunions de printemps et le mécontentement social. Du fait de sa dépen- 2016, sous l’effet du retard pris en matière d’assainis- dance à l’égard des recettes des hydrocarbures, l’Al- sement des finances publiques. En 2017 et 2018, une gérie demeure très vulnérable à la volatilité des cours augmentation substantielle de la production d’hydro- mondiaux du pétrole dans un contexte de stocks pé- carbures, consécutive à la mise en exploitation de nou- troliers élevés partout dans le monde et d’une reprise veaux puits, atténuera l’effet négatif du déclin projeté de la demande plus faible que prévue. Une chute des des prix du pétrole sur les secteurs réels non pétroliers. prix du pétrole peut également avoir une incidence Un taux de chômage élevé devrait peser sur les dé- sur les investissements dans le secteur des hydro- penses des ménages. L’hypothèse de base présume des carbures. La montée du mécontentement social ré- avancées des pouvoirs publics en matière d’assainisse- sultant de la contraction des dépenses publiques, de ment des finances publiques. Le déficit fiscal devrait hausses d’impôts et de taux élevés de chômage chez néanmoins demeurer important, à environ 13,6 % du les jeunes pose également un risque. Il existe une PIB en 2016 (bien que se réduisant progressivement volonté politique de plus en plus affirmée de rationa- à 8 % en 2018), du fait de l’incidence sur les recettes lisation des aides publiques inefficaces, inéquitables fiscales de prix pétroliers peu élevés. Les économies et onéreuses, et un consensus national émerge peu budgétaires (Fonds de régulation des recettes, FRR) di- à peu en faveur de cette idée. Mais une telle réforme minuant, le déficit devrait être financé par l’émission de requiert des filets de sécurité améliorés, un système nouveaux titres de dette, le taux d’endettement attei- de transferts sociaux touchant les plus démunis, gnant, selon les projections, 13,3 % du PIB en 2016 et une campagne efficace de promotion dans les mé- 24,7 % en 2018. L’actuel déficit de la balance des paie- dias au cours de la mise en œuvre de cet effort, et ments courants devrait diminuer légèrement et revenir un système statistique plus robuste permettant un à 15,5 % du PIB en 2016 et à 10,4 % en 2018. suivi plus dense des conditions de vie des ménages. Ces perspectives sont sous réserve d’au Aucune de ces mesures d’accompagnement n’est ac- moins deux risques importants de dégradation de tuellement en place. ‫ملخص تنفيذي‬ ‫وهي تعتبر نسبة قليلة للغاية لتعويض الخسارة في الصادرات التي بلغت‬ ‫نسبة ‪ 42.3‬في المائة و ‪ 36.6‬بالمائة (على أساس سنوي) في عام ‪2015‬‬ ‫والنصف األول من عام ‪ 2016‬على التوالي‪ .‬وقد تم إصدار تراخيص جديدة‬ ‫لالستيراد للحد من العجز المتزايد في الحساب الجاري وذلك في عام ‪.2016‬‬ ‫ستطاعت الجزائر اإلبقاء على نمو اقتصادي ال يستهان به خالل عام ‪2015‬‬ ‫وخالل النصف األول من عام ‪ 2016‬على الرغم من االنخفاض الحاد في‬ ‫أسعار النفط وسوء األحوال الجوية‪ .‬وفي خالل عام ‪ ،2015‬بلغ النمو‬ ‫‪ 3.9‬في المائة بسبب أول زيادة تسجل خالل عقد من الزمان في نتاج‬ ‫الهيدروكربون والنمو المستقر للمنتجات غيرالهيدروكربونية على الرغم‬ ‫ا‬ ‫وعلى الرغم من السياسة النقدية الصارمة‪ ،‬فقد ارتفع معدل التضخم‬ ‫من الضربة االقتصادية علي أثر هبوط سعر النفط‪ ،‬حيث احتفظت الجزائر‬ ‫ليسجل ‪ 4.8‬في المائة في عام ‪ ،2015‬مما يعكس اجتياز انخفاض االستهالك‬ ‫بنمو قوي نسبيا بلغ ‪ 3.6‬في المائة (على اساس سنوي)‪ ،‬مدعوما بتعافي‬ ‫االسمي للدينار لما يقرب من ‪ 20‬في المائة‪ ،‬بهدف تصحيح االختالل‬ ‫إنتاج الهيدروكربون الجاري مما خفف من النمو البطيء للمنتجات غير‬ ‫الخارجي‪ .‬ففي النصف األول من السنة المالية ‪ ،2016‬سمحت السلطات‬ ‫الهيدروكربونية وذلك خالل النصف األول من عام ‪ ،2016‬وقد ارتفع إنتاج‬ ‫النقدية بخفض أكبر للدينار حيث حاولت السلطات تجنب انخفاضا حادا في‬ ‫الهيدروكربون بمقدار ‪ 3.2‬في المائة خالل النصف األول لعام ‪ 2016‬بالمقارنة‬ ‫احتياطي النقد األجنبي وابقاء االحتياطي في الواليات المتحدة عند حد ‪100‬‬ ‫بنسبة ‪ -0.8‬في المائة المسجلة في نفس الفترة من عام ‪ .2015‬ومن جهة‬ ‫مليار دوالر أمريكي أو أعلى‪ ،‬إذ تستمر ضغوط التضخم عالية مع انخفاض‬ ‫أخرى‪ ،‬انخفضت المنتجات غير الهيدروكربونية إلى ‪ 3.8‬في المائة مقارنة‬ ‫قيمة الدينار‪ ،‬مع توقع بلوغ التضخم نسبة ‪ 5.9‬في المائة في عام ‪.2016‬‬ ‫بنسبة ‪ 5.1‬في المائة المسجلة في النصف األول من عام ‪ .2015‬فقد أدى‬ ‫النمو الضعيف في الزراعة (بسبب سوء األحوال الجوية) والمياه والطاقة‬ ‫من المتوقع تباطؤ نمو إجمالي الناتج المحلي الحقيقي ليسجل‬ ‫وغير ذلك من الصناعات إلى هذا التباطؤ‪ .‬ومن حيث الطلب‪ ،‬فقد ساهم‬ ‫‪ 3.6‬في المائة عام ‪ 2016‬وإجراء مزيد من التخفيف للسياسة النقدية‬ ‫استهالك الحكومة في ارتفاع النمو في عام‪ 2015‬و خالل النصف األول‬ ‫ليصل النمو إلى ‪ 2.6‬في المائة في عام ‪ .2018‬وقد تم استعراض التنبؤات‬ ‫من عام ‪ ،2016‬في حين انخفضت مساهمة االستهالك واالستثمار الخاص‪.‬‬ ‫في اتجاه االنخفاض بحوالي ‪ 0.5‬نقطة مئوية في عام ‪ 2017‬منذ تنبؤات‬ ‫«اجتماع الربيع‪ « Spring Meetings‬عام ‪ ،2016‬بسبب التأخير في تنفيذ‬ ‫تحقق النمو المستدام على حساب العجز المالي األخذ في االتساع‬ ‫التوحيد المالي‪ .‬وفى عامى ‪ 2017‬و‪ 2018‬سوف يخفف إرتفاع عظيم فى‬ ‫بأكثرمن الضعف مسجال ‪ 16.8‬في المائة عام ‪ 2015‬حين أرجأت الحكومة‬ ‫إنتاج الهيدروكربون من اآلثارالسلبية النخفاض أسعارالنفط المتوقعة على‬ ‫توحيد النظام المالي‪ .‬فقد ازداد اتساع العجز في النصف األول من عام‬ ‫القطاعات غير النفطية الحقيقية‪ ،‬حيث بدأت أبار النفط الجديدة في‬ ‫‪ ،2016‬حيث واجهت الحكومة صعوبة في تنفيذ التدابيرالمالية المنصوص‬ ‫اإلنتاج‪ .‬ومن المتوقع أن تؤثر معدالت البطالة بثقلها على إنفاق األسر‬ ‫عليها في قانون ميزانية عام ‪ .2016‬فهذا القانون يدعو إلى خفض االنفاق‬ ‫المعيشية‪ .‬يفترض خط األساس إحراز الحكومة بعض التقدم في مجال‬ ‫بنسبة ‪ 9‬في المائة (الغالبية العظمى من الخفض في مجال االستثمارات)‬ ‫التوحيد المالي‪ .‬غير أنه من المتوقع أن يظل العجز المالي كبيرا بما يقرب‬ ‫وزيادة االيرادات الضريبية بنسبة ‪ 4‬في المائة‪ ،‬استنادا إلى ارتفاع نسبة ‪36‬‬ ‫من ‪ 13.6‬في المائة من إجمالي الناتج المحلي في عام ‪( 2016‬وأن كان هذا‬ ‫في المائة في أسعارالبنزين وفرض ضرائب أعلى على الكهرباء وعلى تسجيل‬ ‫العجز يضيق تدريجيا ليصل إلى ‪ 8.0‬في المائة بحلول عام ‪ )2018‬حيث‬ ‫السيارات‪ .‬كما تخول الميزانية السلطات المالية الموافقة على إجراء مزيد‬ ‫تؤثر أسعار النفط المنخفضة على اإليرادات الضريبية‪ .‬ومع نفاد المدخرات‬ ‫من التخفيضات في حالة هبوط أسعارالنفط إلى أقل من متوسط سعر النفط‬ ‫المالية‪ ،‬من المتوقع تمويل العجز من خالل إصدارديون جديدة مع توقع‬ ‫المفترض‪ ،‬والقيام باالقتراض من الخارج إذا ما اقتضى األمر‪ .‬ومع ذلك فقد‬ ‫ارتفاع نسبة الدين إلى إجمالي الناتج المحلي من ‪ 13.3‬في المائة في عام‬ ‫سجل انفاق الحكومة انفاقا عاليا للغاية‪ ،‬في النصف األول من عام ‪،2016‬‬ ‫‪ 2016‬إلى ‪ 24.7‬في المائة في عام ‪ .2018‬و من المتوقع انخفاض قليل في‬ ‫( بلغ إلى ما يقرب من ‪ 60‬في المائة على اساس سنوي)‪ ،‬مما يشير إلى‬ ‫عجز الحساب الجاري من ‪ 15.5‬في المائة من إجمالي الناتج المحلى في‬ ‫الصعوبات في تنفيذ التوحيد المالي‪.‬‬ ‫عام ‪ 2016‬إلى ‪ 10.4‬في المائة في عام ‪.2018‬‬ ‫لقد ظل العجز في الحساب الجاري مستقرا عند مستوى‪ 15.5‬في‬ ‫تخضع وجهة النظرة هذه إلى خطرين رئيسيين على األقل هما‪ :‬تقلب‬ ‫المائة من إجمالي الناتج المحلي في عام ‪ 2015‬ولكنه تدهور خالل النصف‬ ‫أسعار النفط واالستياء االجتماعي‪ .‬فاالعتماد على إيرادات الهيدروكربون‬ ‫األول من عام ‪ 2016‬فقيمة الواردات انخفضت بنسبة ‪ 11.8‬في المائة في عام‬ ‫يجعل الجزائر معرضة تعرضا شديدا للتأثر بالتقلبات في أسعار النفط‬ ‫‪ 2015‬و ‪ 8.7‬في المائة (على أساس سنوي) في النصف األول من عام‪،2016‬‬ ‫‪4‬‬ ‫‪SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE‬‬ ‫مثل هذا اإلصالح يتطلب تحسين شبكات األمان وبلورة نظام تحويل نقدى‬ ‫العالمية في مواجهة مخزون النفط العالمي الكبير وأضعف من أن تحقق‬ ‫للوصول إلى المحتاجين وتنظيم حملة إعالمية قوية لمواجهة المعارضة أثناء‬ ‫النهوض المتوقع في الطلب‪ .‬كما أن انخفاضا في أسعار النفط قد يؤثر على‬ ‫تنفيذها ووضع نظام إحصائي قوى يتيح مزيدا من الرصد لظروف حياة األسر‬ ‫االستثمار في قطاع الهيدروكربون‪ .‬من جهة أخرى‪ ،‬يشكل االستياء االجتماعي‬ ‫المعيشية وال يجرى تنفيذ أي من هذه التدابير المصاحبة في الوقت الحالي‬ ‫المتصاعد من الحكومة من حيث خفض اإلنفاق في االستثمارات وزيادة‬ ‫كما إنه من غير المتوقع تطبيقها في القريب العاجل‪.‬‬ ‫الضرائب وارتفاع مستويات بطالة الشباب خطرا أيضا‪ .‬وتنمو اإلرادة السياسية‬ ‫والتوافق الوطني لترشيد الدعم غير الفعال وغير العادل والمكلف‪ ،‬ولكن‬ 2 RÉCENTS DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE ÉCONOMIQUES ET DE POLITIQUES PUBLIQUES 2.1.  Secteur réel En fait, ces dernières années, l’Algérie a re- lancé sa production d’hydrocarbures pour dynami- En 2015 et au cours du 1er semestre 2016, l’Algérie ser ses exportations. Au cours de la décennie écoulée, a poursuivi sa croissance relativement forte, princi- la production pétrolière et gazière a décliné continû- palement due à une reprise de la production d’hy- ment alors que la consommation intérieure de pétrole drocarbures. Le taux de croissance du PIB a augmenté, augmentait, ce qui a pesé sur les exportations natio- passant de 3,8 % en 2014 à 3,9 % en 2015, soit un nales. Pour développer davantage les ressources en hy- niveau supérieur à la moyenne régionale (2,8 %). En drocarbures du pays, les pouvoirs publics ont réformé 2015, l’économie a dépendu principalement du sec- le droit des hydrocarbures1 et lancé, en 2014, une cam- teur des hydrocarbures, qui a connu, cette année-là, pagne de délivrance de permis. Le gouvernement pré- un taux de croissance de 0,4 %, correspondant à un voit d’apporter de plus amples ajustements au régime redressement appréciable après un déclin important de de permis dans le but d’atténuer certaines des craintes –0,6 % en 2014. Il s’agit d’un bouleversement dans ce des investisseurs. secteur caractérisé, depuis plus d’une décennie, par un La conjugaison d’une demande atone et de déclin de la production. Au cours du 1er semestre 2016, conditions météorologiques défavorables a conduit la croissance du PIB a été de 3,6 %, en légère hausse à un ralentissement des secteurs hors hydrocar- par rapport au premier semestre 2015. Une croissance bures. Au cours du 1er semestre 2016, la croissance soutenue dépendait de la reprise de la production des relativement robuste de l’Algérie a été tempérée par hydrocarbures, le secteur renouant avec une crois- le ralentissement des secteurs hors hydrocarbures. La sance positive de 3,2 % au cours de la première moitié croissance de ces derniers a été de 3,8 %, en baisse par de l’année 2016, en hausse par rapport à un recul de rapport à 5,1 % pour le premier semestre 2015. Cette –0,8 % au cours de la même période en 2015 (voir décélération est principalement imputable à la perte Graphique 1). de vitesse de l’agriculture (en raison de conditions mé- téorologiques défavorables) et de la production indus- trielle. En 2015, les secteurs hors hydrocarbures sont La croissance du PIB est GRAPHIQUE 1 •  demeurés fondamentalement stables, avec une crois- principalement soutenue par le secteur hors hydrocarbures sance d’environ 5,5 %. Le taux de chômage de l’Algérie est demeuré 10 élevé, en particulier chez les femmes et les jeunes. En 2015, le chômage a progressé pour s’établir à deux 5 variation (%) chiffres (11,2 %) ; le taux est resté pratiquement in- 0 changé au premier semestre 2016. Les taux de chômage –5 –10 1 La loi, adoptée le 31 janvier 2014, prévoit la réorganisa- 2012 2013 2014 2015e 2016p 2017p 2018p tion du cadre institutionnel des industries extractives. Elle PIB hydrocarbures PIB Réel facilité la participation des entités non étatiques à l’explo- ration et au développement de ressources, mais maintient PIB hors hydrocarbures que, dans le cas de «ressources stratégiques», les entités Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque appartenant à l’état doivent conserver une participation mondiale d’au moins 51 % dans le projet. 5 6 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE des femmes et des jeunes ont particulièrement été éle- Des mesures destinées à atténuer l’impact vés et ont atteint, en 2015, respectivement 16,6 % et de la faiblesse des recettes pétrolières sont mises 29,9 %. Le taux de chômage est supérieur en Algérie à en œuvre ; elles n’ont toutefois rencontré qu’un ce qu’il est dans des pays à richesse comparable (il est, succès limité. En 2015, les coupes budgétaires af- par exemple, de 4,2 % en Équateur, de 6,3 % en Indo- fectant les investissements publics n’ont pas empêché nésie, de 4,9 % au Mexique, de 7,5 % au Nigeria et de une hausse des dépenses d’équipement, qui sont pas- 7,5 % au Venezuela). Les opportunités d’emploi dans sées de 14,5 % du PIB en 2014 à 16,4 % du PIB en le secteur privé sont limitées, et celles qui sont offertes 2015 (voir Graphique 3). Un important déficit fiscal ne correspondent souvent pas à l’offre de compétences sur le marché du travail. Ce dernier est, en outre, ca- ractérisé par des rigidités en matière de recrutement et La situation budgétaire souffre GRAPHIQUE 2 •  de licenciement, ainsi que par des coûts de transaction du déclin des recettes des élevés (indemnités de licenciement et prélèvements sur hydrocarbures et de la hausse les salaires importants), qui, non seulement, entravent des dépenses (% du PIB) la création d’emplois et le développement du secteur 90 –18 formel, mais restreignent également la capacité des 80 entreprises à s’adapter aux évolutions de la demande. 70 –14 Pour tenter de remédier à ces problèmes, les autorités 60 –10 publiques ont adopté, en août 2015, une loi destinée à 50 développer l’offre de main-d’œuvre qualifiée. Le gou- 40 –6 30 vernement étudie actuellement la réglementation du 20 –2 marché du travail et conduit une évaluation de pro- 10 grammes de création d’emplois temporaires et d’encou- 0 2 ragement à la création d’entreprises par les chômeurs 2012 2013 2014 2015e 2016p 2017p 2018p pour orienter l’avenir des politiques publiques. Dépenses totales Solde budgétaire global Recettes totales Recettes des hydrocarbures Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque 2.2.  Finances publiques mondiale Remarque : Solde financier des administrations publiques global (axe droit) Bien qu’en déclin, les recettes des hydrocarbures constituent toujours une part importante des re- cettes publiques, rendant ainsi la politique fis- Les dépenses courantes pèsent GRAPHIQUE 3 •  cale algérienne vulnérable à la volatilité des prix sur la situation fiscale (% du PIB) du pétrole. Le déclin de la production et des prix a ramené les recettes des hydrocarbures de 19,7 % du 50 PIB en 2014 à 14 % en 2015. Parallèlement, des re- 40 cettes des secteurs hors hydrocarbures ont augmenté, % du PIB 30 passant de 13,5 % du PIB en 2014, à 14,9 %. Cette tendance n’a pas changé fondamentalement au cours 20 du premier semestre 2016. La baisse des recettes pé- 10 trolières a conduit au quasi-épuisement de l’épargne 0 publique détenue par le Fonds algérien de régulation 2012 2013 2014 2015e 2016p 2017p 2018p des recettes (FRR), dont la taille a décliné, passant d’un Dépenses courantes Dépenses totales pic de 43 % du PIB en 2009 à 16,2 % en 2015 puis Dépenses en capital Dépenses personnelles à 4,4 % en février 2016 (740 milliards DZD, le seuil Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque légal impératif). mondiale RÉCENTS DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE ÉCONOMIQUES ET DE POLITIQUES PUBLIQUES 7 de 15,9 % du PIB a ainsi été en grande partie finan- En l’absence d’assainissement effectif des fi- cé sur les produits du Fonds algérien de régulation nances publiques, le déficit budgétaire a continué des recettes. La loi de finances 2016 approuvait une à se creuser. Le déficit fiscal a plus que doublé, attei- baisse de 9 % des dépenses (principalement d’inves- gnant 16,8 % du PIB en 2015 (voir Graphique 2), avant tissements) et une augmentation de 4 % des recettes de se réduire légèrement au cours du premier semestre budgétaires basée sur une hausse de 36 % des prix 2016, pour parvenir à 13,6 % du PIB. Alors que les re- des carburants, un relèvement de la TVA sur les car- cettes décroissaient brutalement, d’environ 12,3 % en burants et l’électricité, et un alourdissement des droits 2015, les dépenses augmentaient de 2,1 %. Selon les d’immatriculation. Pourtant, les chiffres des dépenses projections de tendance actuelles, les recettes devraient de l’État pour le premier trimestre font apparaître une diminuer de 2,2 % en 2016, tandis que les dépenses forte hausse des dépenses d’équipement au cours de diminueront de seulement 0,6 %. cette période, ce qui témoigne des difficultés ren- contrées par les autorités pour mettre en œuvre des réformes. D’ailleurs, la loi de finances 2016 confère Prix, monnaie et activités 2.3.  aux autorités le pouvoir d’édicter des coupes supplé- bancaires mentaires et souscrire des emprunts extérieurs si les prix du pétrole connaissent une baisse plus forte que Si l’inflation annuelle s’est accélérée, atteignant prévue. Les pouvoirs publics ont également mis en 4,8 % en 2015 contre 2,9 % en 2014, les tensions place de nouvelles licences d’importation, et ont per- inflationnistes sont demeurées largement sous mis une plus ample dépréciation de la monnaie natio- contrôle. En 2015, l’inflation s’est en grande partie ac- nale (dinar) en termes nominaux par rapport au dollar célérée sous l’effet de la dépréciation du dinar. Néan- américain, afin d’éviter l’accélération de l’épuisement moins, la baisse des prix internationaux des denrées des actifs étrangers. Les subventions onéreuses et dé- alimentaires (qui constituent un élément d’importation gressives dans le domaine de l’énergie ont été réduites important) et des mesures de contrôle des prix de mul- grâce à une hausse des taxes sur les prix de l’électricité tiples produits de base entrant dans la composition de et des carburants. Le gouvernement a également en- l’indice des prix à la consommation (IPC) ont continué gagé un examen des programmes de transfert sociaux à contenir l’inflation intérieure. dans le cadre d’une stratégie destinée à améliorer leur La solidité du secteur bancaire, dominé par efficacité, dans la perspective d’un recrutement ulté- les banques publiques, s’est améliorée ces dernières rieure et d’amélioration de leur ciblage. années mais l’intermédiation de crédit reste faible. Le secteur bancaire est dominé par des banques pu- bliques contrôlant environ 90 % des actifs bancaires. GRAPHIQUE 4 •  Algérie – Prix à la consommation, Les octrois de crédits à l’économie continuent à aug- 2012–2018 menter, atteignant environ 44,7 % du PIB en 2015, en hausse par rapport à 38,3 % en 2014. L’augmen- 10 tation de l’importance des circuits financiers algériens 9 varaition (%), en moyenne 8 est faible par comparaison avec d’autres pays à revenu 7 intermédiaire, principalement en raison du sous-dé- pour la période 6 veloppement des marchés financiers. Le développe- 5 4 ment de l’intermédiation de crédit est limité par la loi 3 de 2009, qui prohibe les prêts à la consommation. Le 2 coefficient global d’adéquation du capital a diminué, 1 0 passant de 23,4 % en 2012 à 21,5 % en 2013. La part 2012 2013 2014 2015e 2016p 2017p 2018p des prêts non productifs dans le crédit bancaire total a décliné considérablement, passant de 21,2 % en 2009 à Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque mondiale 9,2 % en 2014. La majorité de ces prêts non productifs 8 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE (70 %) était entièrement provisionnée en 2015. Un Un déclin brutal des exportations GRAPHIQUE 5: •  certain nombre de progrès ont été enregistrés dans la et une augmentation des importations devraient, selon les modernisation du système de paiement, qui demeure projections, placer la balance néanmoins dominé par les transactions en espèces. commerciale en position déficitaire En février 2016, la Banque centrale a injecté des espèces dans le système financier pour amé- 70 20 Balance commerciale (en % du PIB) liorer la liquidité de certaines banques dont les 60 15 Exportations et importations ressources avaient considérablement diminué en 50 10 (en % du PIB) 2015. Le système financier a été affecté par la baisse 40 5 spectaculaire des prix du pétrole, qui a eu des effets im- médiats sur la liquidité de l’économie. En mai 2016, la 30 0 liquidité globale des banques était estimée à 1 465 mil- 20 –5 liards DZD, contre 1 832 milliards DZD en décembre 10 –10 2015 et 2 730 milliards DZD en 2014. 0 –15 2012 2013 2014 2015e 2016p 2017p 2018p Enfin, au cours du premier semestre 2015, les autorités monétaires ont laissé le dinar se déprécier un peu plus par rapport au dollar américain pour éviter Exportations Balance commerciale un décalage, et il devrait en résulter une relance de Importations l’inflation, qui pourrait atteindre 5,9 % en 2016 (voir Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque Graphique 4). mondiale Le solde du compte courant de la GRAPHIQUE 6: •  2.4.  Situation de la balance des balance des paiements est entrée paiements en territoire déficitaire pour la première fois en quinze ans En 2015, la situation de la balance des paiements de 10 40 l’Algérie s’est considérablement dégradée et ne s’est Réserves en mois d’importations 35 pas améliorée au cours du premier semestre 2016. Compte financier courant 30 En 2015, le pays a connu un important déficit des de l’année suivante 0 (en % du PIB) paiements courants (15,2 % du PIB). La balance com- 25 merciale a été en déficit pour la première fois depuis 20 15 ans (voir Graphique 5). La valeur des importations 15 –10 algériennes a diminué de 11,8 % en 2015 et de 8,7 % 10 au cours du premier trimestre 2016, soit trop peu pour 5 compenser le déclin brutal des exportations, de 42,3 % –20 0 2012 2013 2014 2015e 2016p 2017p 2018p en 2015 et de 36,6 % au cours du premier trimestre 2016. Les réserves de change ont chuté, après un pic Solde du compte Compte financier de 178 milliards USD (environ 83 % du PIB) en 2014 courant pour s’établir à 140 milliards USD (83 % du PIB) en Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque 2015. À un niveau correspondant à 29 mois d’impor- mondiale tations, les réserves excèdent de très loin les seuils in- ternationaux d’adéquation de réserves mais diminuent rapidement (voir Graphique 6). La dette extérieure Les apports de capitaux sont faibles et en reste faible, à moins de 12,2 % du PIB en raison de la déclin en dépit de la nécessité d’investissements politique appliquée par l’État au cours de la décennie considérables dans le pays. Les investissements écoulée, consistant à ne pas emprunter à l’étranger. étrangers directs (IED) ont décliné et sont passés de RÉCENTS DÉVELOPPEMENTS EN MATIÈRE ÉCONOMIQUES ET DE POLITIQUES PUBLIQUES 9 3,1 milliards USD en 2012 (1,5 % du PIB) à environ ont récemment fait part de leur souhait d’accélérer le 1,2 milliard USD en 2015 (0,7 % du PIB). Diverses processus, actuellement au point mort, d’adhésion de restrictions introduites en 2009 en matière d’investis- l’Algérie à l’Organisation internationale du commerce sements étrangers directs, et notamment un plafond (OMC). Les discussions portent notamment sur divers de participation étrangère de 49 % pour tout nouveau plans de réforme législative et des politiques publiques projet d’IED, n’ont pas contribué à contenir la tendance (par exemple, les politiques agricole et industrielle, au déclin des apports nets d’IED. En fait, la réglemen- les obstacles techniques au commerce, les droits de tation des changes mise en place par l’Algérie compte propriété intellectuelle liés au commerce et les me- parmi les plus rigoureuses des pays arabes. Les inves- sures d’investissement) en vue de l’adhésion du pays tisseurs étrangers potentiels indiquent que ces restric- à l’OMC. L’Algérie a également signé six accords bila- tions constituent un obstacle majeur à leurs activités téraux d’accès au marché avec Cuba, le Venezuela, la en Algérie. Suisse, le Brésil et l’Uruguay, et a manifesté de l’intérêt En 2015, le dinar algérien s’est déprécié par pour l’Accord multilatéral sur les technologies de l’in- rapport au dollar américain, et cette dépréciation formation qui lui permettrait de s’ouvrir au commerce s’est poursuivie au 1er semestre 2016.2 Depuis le mi- de produits informatiques. En 2009, l’Algérie a adhé- lieu de l’année 2014, le dinar s’est considérablement ré à la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), affaibli par rapport au dollar américain et à l’euro, la qui vise à abolir les tarifs douaniers et à libéraliser les baisse des prix du pétrole plaçant le dinar sous pres- marchés des biens industriels et agricoles de 22 pays sion, et la Banque d’Algérie ayant permis à la devise, membres de la Ligue arabe, mais a récemment ralen- très contrôlée, de se dévaluer dans un effort pour dé- ti sa mise en œuvre après avoir constaté une hausse courager la demande d’importations et protéger les ré- des importations en provenance de ses partenaires serves de change du pays. En fait, le dinar est passé de régionaux. 107,3 DZD pour un dollar américain en moyenne en 2015, contre 87,9 DZD pour un dollar américain en 2014 et 78,2 DZD pour un dollar américain en 2013. 2 En juin 2016, les autorités algériennes ont remplacé le Sur le marché parallèle néanmoins, les principales de- gouverneur de la banque centrale. Même si aucune ré- vises s’échangent avec une prime d’environ 40 % qui orientation de la politique monétaire n’a encore été an- atteste de l’importance des contrôles des changes et de noncée, il est possible que ce changement constitue un tournant vers un contrôle accru du dinar. Cette éven- la faiblesse de la demande de devise locale. tualité serait de nature à conduire à un ajustement fiscal Il y a un regain d’intérêt pour l’agenda d’in- plus rigoureux qui se traduira à moyen terme par une tégration dans le commerce international ; les pro- nouvelle dégradation des indicateurs économiques et de grès demeurent néanmoins très lents. Les autorités bien-être. PERSPECTIVES 3 L a croissance de l’économie algérienne devrait de la balance des paiements courants devrait être ra- ralentir au second semestre 2016, ainsi qu’au mené à 14,3 % du PIB en 2016, 10,4 % en 2017 et cours de la période 2017–2018. La croissance 8 % en 2018. Les réserves officielles exprimées en mois du PIB réel devrait ralentir à 3,6 % en 2016, avec des d’importation devraient descendre à 21 mois en 2016 risques importants de décrochage si le contrôle des dé- et 13 mois en 2018 (voir Graphique 6). penses mis en œuvre depuis le mois d’août est mainte- Au cours des années à venir, l’État n’aura nu. Les projections de taux de croissance sont de 2,9 % d’autre choix que d’emprunter à l’étranger ou sur pour 2017 et de 2,6 % pour 2018, ce qui correspond le marché financier algérien, et/ou de prendre des à une révision à la baisse d’environ 0,5 point de pour- mesures fiscales supplémentaires pour assainir ses centage par comparaison avec les prévisions du prin- finances publiques. Concernant ce dernier point, les temps 2016 (voir Graphique1). En 2017 et 2018, une pouvoirs publics pourraient accroître l’efficacité de la augmentation importante de la production d’hydro- dépense publique en examinant leurs transferts sociaux carbures provenant de la mise en exploitation de nou- et le pipeline d’investissements publics, ainsi qu’en ren- veaux puits de pétrole devrait atténuer les effets néga- forçant les prestations de services dans la perspective tifs de la baisse anticipée des prix du pétrole. Si les prix de l’assainissement fiscal. Enfin, pour accroître des re- du pétrole se redressent, le pays serait fondé à espérer cettes publiques, l’État pourrait accroître la production une accélération de sa croissance, bien qu’avec des des secteurs privés hors hydrocarbures, en adoptant et fondamentaux affaiblis. Cette perspective suppose une en mettant en œuvre des mesures visant à attirer les in- amélioration modérée de l’environnement extérieur. vestissements privés, ainsi qu’en renforçant la produc- Un déclin des prix mondiaux des denrées pétrolières tivité de la main d’œuvre susceptible d’être améliorée (poste d’importation important) devrait contribuer à à court terme pour mieux répondre aux exigences de la juguler l’inflation et à la stabiliser aux alentours de 4 % demande de main-d’œuvre. au cours de la période 2016–18. Ces perspectives sont sous réserve d’au Le financement des déficits des finances pu- moins deux risques importants de dégradation de bliques et de la balance des paiements courants de- la conjoncture : la volatilité des prix du pétrole et vrait constituer un défi majeur au cours des trois le mécontentement social. Du fait de sa dépendance années à venir. Le déficit des finances publiques de- à l’égard de revenus volatiles d’hydrocarbures, l’Algérie vrait s’établir à 13,6 % en 2016, et rester élevé, à en- demeure vulnérable à la volatilité des prix du pétrole, viron 8,9 % en 2017–18 (voir Graphique 3). Les re- les surplus pétroliers continuant à s’accumuler et la de- cettes publiques devraient diminuer encore en 2016 mande restant atone. L’Algérie devrait être particulière- (de 15 %, sous l’effet d’un déclin de 38 % des recettes ment vulnérable à une poursuite de la baisse des prix des hydrocarbures), et il est peu probable que cette pétroliers et notamment du point de vue du niveau de baisse soit compensée par une réduction des dépenses la production d’hydrocarbures. Il existe également des publiques). Les déficits qui s’ensuivront devraient être risques associés à l’essor du mécontentement social cau- financés par l’émission de nouveaux titres de dette, sé par les réductions de dépenses, les hausses d’impôt l’épargne publique étant épuisée. Le taux d’endette- et les taux de chômage élevés des jeunes. Il existe une ment devrait augmenter et atteindre 13,3 % du PIB en volonté politique de plus en plus affirmée de rationa- 2016 puis 17,8 % en 2017 et 24,7 % en 2018. Faisant lisation des aides publiques inefficaces, inéquitables et écho aux évolutions en matière fiscale, le déficit projeté onéreuses, et un consensus national émerge peu à peu 11 12 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE en faveur de cette idée. Mais une telle réforme requiert l’être à court terme. Une analyse récente des effets distri- des filets de sécurité améliorés, un système de transferts butifs des nouveaux prix de l’énergie adoptés par la loi sociaux touchant les plus démunis et une campagne ef- de finances 2016 confirme leur progressivité : la classe ficace de promotion dans les médias capable d’exposer moyenne et les populations aisées sont les plus touchées, la logique du changement. Aucune de ces mesures d’ac- car leur consommation de ces produits est plus impor- compagnement n’est actuellement en place ni ne devrait tante (de même que les dépenses qu’ils y consacrent). 4 GROS PLAN SUR : LA GESTION DE LA VOLATILITÉ DES PRIX DU PÉTROLE Dynamique des prix pétroliers 4.1.  Réserves pétrolières prouvées GRAPHIQUE 8: •  et secteur des industries en 2012 (en milliards de bbl) extractives en Algérie Brésil Algérie Depuis juillet 2014, les prix internationaux du pé- Angola trole et des matières premières ont fortement recu- États-Unis lé et ils ne devraient pas connaître de rebond dans Chine un proche avenir. Après quatre années de relative sta- Qatar Qatar bilité autour de 105 UDS/baril, les prix pétroliers ont Kazakhstan Nigéria commencé à baisser mi-2014 (voir Graphique 7). Pour Libye être brutale, cette chute des cours du pétrole n’est pas Russie sans précédent. Au cours des trois dernières décen- Émirats arabes unis nies, cinq autres épisodes de baisse de prix d’au moins Koweït 30 % sur sept mois ont eu lieu, impactant fortement Iraq Iran les marchés pétroliers et l’économie mondiale. Il est Canada généralement admis que la chute actuelle des cours est Arabie saoudite le résultat de plusieurs facteurs, au nombre desquels Vénézuela la faiblesse de la demande, la production du pétrole 0 50 100 150 200 250 300 350 non conventionnelle et le basculement de la politique Source : Sources diverses et OPEC Annual Statistical Bulletin de l’OPEP. En effet, l’abandon par l’OPEP d’un prix de soutien et la rapide expansion des approvisionnements pétroliers de sources non conventionnelles semble avoir joué un rôle clé, puisqu’il semble que l’Arabie saoudite ait donné la priorité au maintien de sa part de GRAPHIQUE 7: •  Prix mensuel du pétrole brut, marché sur les objectifs du cartel en termes de prix.3 2011–2016 La baisse des prix du pétrole a été cause de transferts importants de revenus réels des exportateurs aux im- 140 portateurs pétroliers, ce qui a, en conséquence, affecté 120 les dynamiques fiscales et des paiements courants de 100 ces deux groupes de pays. 80 L’Algérie dispose d’importantes réserves 60 d’hydrocarbures mais a rencontré des difficultés 40 pour transformer ce potentiel considérable en 20 production effective. L’Algérie est un producteur 0 et un exportateur mondial majeur de pétrole et de Jan-11 Apr-11 Jul-11 Oct-11 Jan-12 Apr-12 Jul-12 Oct-12 Jan-13 Apr-13 Jul-13 Oct-13 Jan-14 Apr-14 Jul-14 Oct-14 Jan-15 Apr-15 Jul-15 Oct-15 Jan-16 Apr-16 Jul-16 pétrole brut, moyenne pétrole brut, Brent 3 Kose, Ayhan (2015), “Understanding the Oil Plunge”, Mi- Source : Données de prix des matières premières de la Banque mondiale meo Presentation, Washington DC. 13 14 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE gaz naturel. Les réserves pétrolières prouvées de l’Al- produits pétroliers en Algérie, qui a été, en moyenne, gérie sont estimées à 12,2 milliards de barils de pé- de 5,3 % par an au cours de la période 2004–2014, trole, ce qui place le pays au 4ème rang africain, après l’une des plus fortes des pays exportateurs de pétrole, la Libye, le Nigéria et l’Angola (voir Graphique 8), a conduit à un recul plus rapide des exportations de et ses réserves prouvées de gaz naturel à 4,5 billions pétrole au cours de cette période. de mètres cubes, ce qui en fait le deuxième pays du L’économie algérienne est extrêmement dé- continent, après le Nigeria, et le onzième pays de la pendante du secteur des hydrocarbures. L’écono- planète en termes de réserves de gaz naturel. Et pour- mie algérienne est dominée par le secteur du pétrole tant, le pays s’est heurté à bien des difficultés pour et du gaz naturel. Le secteur des hydrocarbures repré- convertir ce potentiel considérable en production sente approximativement 30 % du PIB, 97 % du total effective, cette production ayant effectivement décli- des exportations et environ les deux tiers des recettes né d’environ 40 % depuis 2006. L’Algérie a été en budgétaires (voir graphique 9). Grâce à ces recettes, mesure de produire 1,5 million de barils/jour et 80 l’État a pu mettre en œuvre des plans d’investissement milliards de m3 de gaz naturel par an. Au cours de à grande échelle, augmenter ses dépenses courantes et la dernière décennie, la production gazière a stagné assurer la stabilité sociale. Fiscalement aussi, l’Algérie tandis que la production pétrolière reculait. dépend à l’excès des recettes des hydrocarbures. Les Ces tendances au déclin de la production s’ex- recettes des hydrocarbures ont joué un rôle essentiel pliquent par le report de projets de développement dans le maintien des niveaux de dépense au cours imputables à des retards administratifs, par les dif- de ces dernières décennies. Avec une part moyenne ficultés rencontrées pour attirer des investisseurs et de 52 % des recettes budgétaires totales entre 2000 par diverses questions à caractère technique. L’Al- et 2014, les prélèvements obligatoires sur le pétrole gérie dispose de six raffineries de pétrole d’une capaci- et le gaz représentaient 40 % du total des dépenses té nominale, en 2014, de 650 000 barils/jour, qui est budgétaires, ce qui a permis au pays de maintenir une également demeurée stagnante ces dernières années. politique expansionniste et d’engranger des excédents De ce fait, la valeur du secteur des hydrocarbures a budgétaires systématiques. Ces quatre dernières an- constamment décliné depuis 2006, avec une croissance nées, néanmoins la tendance s’est inversée. Depuis moyenne de –3,5 % entre 2006 et 2014. En outre, la 2001, les dépenses liées à la masse salariale, d’une croissance rapide de la consommation intérieure de part, et les actions économiques et sociales, de l’autre, ont excédé les recettes fiscales pétrolières et gazières, reflétant l’engagement des autorités à préserver la sta- bilité sociale tout en ignorant les appels aux réformes Part des hydrocarbures dans GRAPHIQUE 9: •  l’économie algérienne politique et économique. En 2000 a été créé un Fonds de régulation 120 des recettes (FRR) destiné à gérer les excédents 100 budgétaires liés aux exportations de pétrole et à 80 protéger l’Algérie de la volatilité des cours du pé- trole et du gaz. En collectant des revenus supplémen- 60 taires sur la base d’un prix de référence par baril, le 40 FRR a, en moyenne, accumulé annuellement, de 2000 20 à 2014, l’équivalent de 25 % du PIB (soit environ 0 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 29 300 milliards de dinars algériens). Jusqu’en 2005, PIB hydrocarbures (% du PIB) le FRR avait vocation à rembourser par anticipation la Recettes des hydrocarbures (en % des recettes) dette extérieure de l’Algérie. Cette situation a toutefois Exportations d’hydrocarbures (en % des exportations) évolué depuis 2012, année durant laquelle les pouvoirs publics ont commencé à utiliser ce Fonds pour finan- Source : Estimations des autorités algériennes et des personnels de la Banque mondiale cer le déficit budgétaire. LES FEMMES FACE À LA LOI 15 Politiques publiques algériennes 4.2.  du taux de change était ajustée pour laisser le dinar se en réponse aux effets du choc déprécier. De ce fait, en dépit des efforts de la Banque causé à l’économie par la chute d’Algérie pour contrôler l’inflation, la conjoncture fis- des prix du pétrole cale flexible s’est avérée trop onéreuse et la banque cen- trale n’a eu d’autre choix que de laisser le change ab- Au vu du recul brutal des niveaux de production sorber en partie les répercussions du choc commercial. pétrolière et gazière depuis 2005, une série de chan- Un programme d’assainissement des finances gements positifs ont été apportés au droit des hy- publiques, s’articulant autour de mesures fiscales et drocarbures, au cours des deux dernières années, de réductions de dépenses, visant essentiellement à dans le but d’encourager les investissements étran- réduire les aides énergétiques, a été adopté dans le gers. Au nombre des modifications figurent le fait de cadre de la loi de finances 2016. En 2016, l’Algérie baser la fiscalité sur les bénéfices et non sur les recettes, a adopté une batterie de mesures correctives destinées l’apport de précisions quant à la répartition des coûts à réduire les aides dans le domaine de l’énergie, avec divers supportés lors de l’exploitation et de la produc- notamment une hausse de la TVA sur les carburants tion, et l’introduction de mesures incitatives destinées et l’électricité (portée à 17 %) et une augmentation des à encourager l’exploitation des dépôts non convention- prix de vente publics des carburants en moyenne de nels, par exemple, schisteux. Avec le commencement 36 %. Spécifiquement, de nouvelles mesures ont été de l’exploitation de plusieurs projets, les autorités ont approuvées dans le budget 2016, et notamment : une bon espoir d’accroître de 30 % la production annuelle augmentation des droits d’immatriculation de véhicule, de gaz au cours des dix prochaines années. Cependant, une hausse de la TVA (passant de 7 % à 17 %) sur y parvenir ne sera pas aisé car il incombe encore aux le gasoil, le gaz naturel et l’électricité (cette dernière autorités de relever les défis liés aux lourdeurs admi- applicable aux ménages dont la consommation excède nistratives dans le secteur de l’énergie, aux fréquents 250 Kw/h), et une nouvelle taxe sur la consommation retards de mise en œuvre des projets et à la lourdeur d’essence : 600 dinars/hl pour le supercarburant, 500 de la fiscalité sur les producteurs de pétrole étrangers.4 dinars pour l’essence ordinaire et 100 dinars pour le Les autorités algériennes ont révisé le cadre gasoil). Les autres mesures incluaient une proposition de leur politique monétaire/de change pour éviter d’amnistie visant les acteurs du secteur informel, qui une déviation trop importante du dinar par rapport disposent d’un an pour déposer auprès des banques à son niveau d’équilibre, tout en contenant les ten- les revenus des activités commerciales non déclarés, et sions inflationnistes. La réaction algérienne à la chute acquitter sur ces montants un prélèvement de 7 %. À des prix du pétrole n’a pas été isolée ; elle correspond défaut, ils feront l’objet de poursuites. Dans l’hypothèse au menu bien connu de mesures adoptées par les pays d’un redressement tardif ou partiel des prix du pétrole, riches en ressources du Moyen-Orient et d’Afrique du il est toutefois peu probable que ces mesures suffisent nord lorsqu’ils sont confrontés à un choc extérieur.5 à garantir une certaine viabilité fiscale à moyen terme. Comme d’autres pays riches en ressources, l’Algérie a Pour cela, d’autres révisions des politiques publiques adopté une politique fiscale initiale contracyclique. En seront nécessaires, telles que la réduction d’aides exis- 2015, sur fond de creusement des déficits jumeaux, la tant de longue date dans le domaine de l’énergie. Les contraction des dépôts monétaires provenant des hy- rigidités en matière de fixation des prix de l’énergie sur drocarbures a contribué à une croissance très faible le marché intérieur sont gages d’inefficacité et d’impor- de la masse monétaire, la croissance de M2 passant de tantes subventions implicites. 14,4 % en 2014 à 2,7 % en 2015. L’excédent de liqui- dité généré par les facilités de rachat ou de dépôt a été 4 Les prix du gaz naturel sont également un facteur à absorbé par l’émission de titres de dette par la banque prendre en compte. S’ils restent très bas, les investisse- centrale, tandis que les actifs étrangers nets s’effon- ments peuvent ne pas se réaliser. draient et que le crédit global de l’économie déclinait 5 “Policy Responses to the Commodity Downturn”, MFM également. En outre, la politique publique de gestion Brief, Washington DC, Banque mondiale 2015. 16 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE Les pouvoirs publics ont récemment fait énormes excédents budgétaires sont devenus des défi- montre d’un intérêt accru pour la reconnaissance cits considérables, la faiblesse des prix pétroliers peut d’un rôle plus important pour le secteur privé dans encourager le pays à adopter des réformes structurelles l’économie, dans le but d’encourager une croissance visant à améliorer l’efficacité énergétique et à diversi- intégratrice. La loi de finances algérienne de 2016 a fier l’économie. L’effondrement des cours de l’énergie récemment modifié la règle dite du «49/51» pour atti- combiné avec un déclin obstiné des volumes d’expor- rer plus d’investissements publics étrangers. Reste tou- tation d’hydrocarbures obérera la performance écono- tefois à voir si cette révision s’avèrera efficace. En août mique au cours des prochaines années. Le déclin des 2016, le gouvernement a également adopté, en conseil prix pétroliers résonne donc comme un avertissement des ministres, un nouveau modèle économique, avec soulignant l’urgence de la mise en œuvre de réformes pour objectif de réduire la prédominance du secteur de structure et de la diversification de la production public dans l’économie. nationale en faveur d’initiatives hors du secteur non échangeable et d’un développement de l’emploi pri- vé. Ces réformes incluront notamment : i) l’encoura- Implications pour la stratégie 4.3.  gement d’activités à forte valeur ajoutée et d’exporta- économique algérienne tion dans des secteurs peu gourmands en ressources ; ii) l’adoption de dispositifs incitatifs plus favorables La chute des cours du pétrole présente des défis pour les salariés et les entreprises ; iii) l’évolution des mais peut également être, pour l’Algérie, l’occa- attitudes sociales envers l’investissement dans le capi- sion d’adopter des réformes structurelles propres tal humain, entrepreneuriat et l’emploi dans le secteur à assainir durablement ses finances publiques et à privé ; et iv) l’adoption d’ajustements supplémentaires lui ouvrir la voie d’une diversification économique des politiques publiques en matière d’aides et de sub- accrue. Si la croissance globale a diminué et si les ventions (mieux ciblées et plus efficaces au niveau des bénéficiaires ciblés) pour préserver la viabilité budgé- taire à moyen terme.6 GRAPHIQUE 10: • Algérie – Doing business, Des politiques publiques destinées à amélio- pourcentage de déviation par rer l’efficacité de la régulation et à maintenir ouverts rapport au meilleur résultat les marchés pour le développement d’un secteur obtenu, 2016 privé plus dynamique sont extrêmement souhai- tables. Ses réserves pétrolières permettent à l’Algérie Création d’entreprises de conserver son niveau de production actuel jusqu’en Obtention des permis 2025. Avec des technologies pétrolières avancées (ré- de construction Raccordement au cupération assistée du pétrole/récupération améliorée réseau électrique du pétrole), il serait possible d’obtenir des taux de Protection des investisseurs minoritaires récupération supérieurs. Le climat actuel des affaires, Exécution des contrats la situation politique du pays et le déclin des prix du pétrole découragent toutefois les compagnies pétro- Résolution de l’insolvabilité lières internationales d’investir dans le développement Ensemble des gisements pétrolifères algériens. L’environnement Paiement des impôts des affaires demeure difficile pour les investisseurs en Enregistrement de la raison de ce que les marchés considèrent comme une propriété foncière mainmise de l’État sur l’économie (Graphique 10). Commerce transfrontière Obtention de crédit 0 10 20 30 40 50 60 70 80 6 Même en tenant compte de la hausse des prix de 2016, les prix publics de vente des carburants pratiqués en Algérie Source : Ease of doing business (2016), Banque mondiale. comptent parmi les plus faibles des pays pétroliers. LES FEMMES FACE À LA LOI 17 Si des réformes ont été introduites dans le secteur de L’Algérie aurait tout à gagner à accroître la l’énergie, les investisseurs étrangers n’en demeurent part des énergies renouvelables, qui sont extrême- pas moins confrontés à un environnement des affaires ment concurrentielles en termes de coûts. Les enga- peu favorable, empreint d’incertitudes réglementaires, gements pris lors de la COP21 sont gages d’un nouvel de procédures administratives lourdes et de corrup- élan dans l’effort pour adopter des systèmes à plus faible tion endémique. D’importantes avancées structurelles empreinte carbone, plus efficaces d’un point de vue contribueraient à la réalisation des objectifs d’élargis- énergétique. En accordant une part accrue aux énergies sement de la base d’exportation et d’accroissement des renouvelables dans son mix énergétique, l’Algérie sera IED dans le secteur de l’énergie. Entre autres réformes à même d’exporter plus de gaz naturel jusqu’ici absorbé requises, il convient de mentionner l’amélioration de par la production électrique nationale. L’augmentation l’environnement des affaires, l’ouverture du régime des des gains d’efficacité dans le domaine énergétique au IED, la simplification administrative, l’adaptation du niveau de l’industrie, des habitations et des bâtiments marché du travail à l’offre d’emploi et la modernisation publics, s’accompagnant d’une disparition progressive du système financier. Ces réformes seraient précieuses des aides et subventions à la production et à la consom- pour attirer les investissements étrangers et faciliter mation d’énergie, ira dans le même sens. le développement d’une base économique diversifiée pour parvenir à une croissance plus rapide et durable à moyen terme. ANNEXE : INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES ESSENTIELS TABLEAU 1 : • Algérie : Indicateurs économiques et financiers sélectionnés, 2012–18 Est. Proj. 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Revenu national et prix               PIB nominal (en milliards DZD) 16 115 16 644 17 205 16 799 17 738 19 701 21 385 PIB secteurs autres qu’hydrocarbures (en pourcentage du PIB) 65,6 70,2 72,9 80,8 83,6 81,4 80,4 PIB réel (variation en %) 3,3 2,8 3,8 3,9 3,6 2,9 2,6 PIB hydrocarbures (variation en %) –3,4 –5,5 –0,6 0,4 3,0 2,0 2,4 PIB hors hydrocarbures (variation en %) 7,1 7,1 5,6 5,5 3,7 3,1 2,7 PIB par habitant (USD) 5542,0 5476,0 5459,0 4175,0 4116,0 4273,0 4335,0 Indice des prix à la consommation (variation en %, moyenne 8,9 3,3 2,9 4,8 5,9 4,8 4,3 périodique) Finances publiques (en % du PIB) Total des recettes publiques 39,7 35,8 33,4 30,0 27,8 29,4 30,0 dont recettes hydrocarbures 26,0 22,1 19,7 14,1 11,8 13,1 13,7 Dépenses et prêts nets 43,8 36,7 41,3 46,8 41,3 39,3 38,0 Dépenses courantes 29,7 24,8 26,1 27,3 25,7 24,6 23,9 Frais d’infrastructures 14,1 11,4 14,5 18,8 15,2 14,5 14,1 Solde financier des administrations publiques global –8,0 –0,9 –8,0 –16,8 –13,6 –9,9 –8,0 Balance des paiements (en pourcentage du PIB) Balance des paiements courants 6,0 0,4 –4,4 –16,5 –14,3 –10,4 –8,0 Balance commerciale 9,7 4,5 0,1 –10,8 –11,4 –9,8 –6,3 Exportations de marchandises 34,5 30,7 28,0 20,7 17,5 19,7 20,5 dont hydrocarbures 34,0 30,1 27,3 19,8 16,5 18,7 19,5 Importations de marchandises –24,8 –26,2 –27,9 –31,5 –28,9 –29,4 –26,8 Compte financier –0,1 –0,3 1,7 –0,1 1,5 3,9 4,0 Investissements étrangers directs 0,7 1,0 0,7 –0,6 0,9 1,1 1,3 Solde de la balance extérieure globale 5,9 0,0 –2,8 –16,5 –14,0 –10,5 –6,4 Financement Réserves banque centrale (milliards USD, hausse) –12,2 –0,1 5,9 27,5 23,5 18,5 11,7 Dette publique extérieure Encours estimé de la dette (milliards USD) 3,6 3,4 3,7 3,0 4,1 7,8 11,7 en pourcentage du PIB 1,7 1,6 1,7 1,8 2,4 4,4 6,4 (suite à la page suivante) 19 20 SITUATION ÉCONOMIQUE DE L’ALGÉRIE TABLEAU 1 : • Algérie : Indicateurs économiques et financiers sélectionnés, 2012–18 (suite) Est. Proj. 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Postes pour mémoire Prix du pétrole algérien (USD/baril) 110,8 109,5 99,4 53,1 44,2 52,0 55,3 Réserves officielles brutes (milliards USD, e.o.p) 190,7 192,0 177,0 143,0 119,0 101,0 89,0 Réserves brutes en mois d’importations 35,0 32,0 33,0 29,0 23,0 20,0 19,0 Solde financier des administrations publiques non pétrolier –30,7 –22,7 –27,5 –30,7 –25,0 –22,4 –21,0 primaire (en pourcentage du PIB) Sources : Estimations et projections des autorités algériennes et des personnels du FMI et de la Banque mondiale Est. signifie estimation, et Proj., projection REFERENCE Banque mondiale . 2015. “Policy Responses to the Kose, Ayhan (2015), “Understanding the Oil Plunge”, Commodity Downturn”, MFM Brief, Washington Mimeo Presentation, Washington DC. DC. Banque mondiale .2016. Ease of doing business, Wash­ ington DC. 21 1818 H Street, NW Washington, DC 20433