FILE COPY DIFFUSION RESTREINTE Rapport No. AW- 17a TRADUCTION NON-OFFICIELLE A TITRE D'INFORMATION Ce rapport a e'té prépar' a titre de document interne. Ni la Banque ni les organismes qui lui sont affiliés n'acceptent aucune responsabilité quant à son exactitude ou son caractère exhaustif. En aucun cas ce rapport ne saurait être publie' ou cité comme représentant leurs vues. BANQUE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION ET LE DEVELOPPEMENT ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DEVELOPPEMENT CROISSANCE ET PERSPECTIVES ECONOMIQUES DE LA COTE D'IVOIRE (rapport résume et quatre volumes) VOLUME IV EXPANSION DEMOGRAPHIQUE ET AMENAGEMENT URBAIN 24 juillet 1970 Département Afrique de l'Ouest TAUX DE CONVERSION avant le 11 aoûùt 1969: 1 dollar EU = 246, 85 francs CFA 1 franc francais = 50 francs CFA après le 1l aoû't 1969: 1 dollar EU 277, 71 francs CFA 1 franc frangais = 50 francs CFA Table des Matières Page RESUME i- iv I TENDANCES DEMOGRAPHIQUES Généralités Migration et urbanisation 3 Emploi et main-d'oeuvre 10 II PLANIFICATION REGIONALE ET URBAINE Politique de planification régionale 21 Planification urbaine 28 Les problèmes du logement 34 Transports urbains 40 Les systèmes d'adduction d'eau et d'égouts 42 Budget municipal uh Plans d'investissement des pouvoirs publics 44 TABLEAUX STATISTIQUES 47 Le présent rapport, établi sur la base des conclusions de la mission, dirigée par M. L. de Azcarate, qui s'est rendue en Côte d'Ivoire en novembre-décembre 1969, a été rédigé en majeure partie par M. E. Mulder, Consultant. HESUM ET CONCLUSIÔNS Démographie et emploi 1. La structure démographique de la Cdte-d'Ivoire s'est sensible- ment modifiée à la suite de la rapide expansion économique de ces der- nières décennies. Le développement des cultures de rapport dans la zone forestière (dont la majeure partie se trouve dans le sud du pays) a graduellement provoqué un passage a l'économie de marché, ce qui a con- duit à un notable accroissement des transactions commerciales et des transports. Cette évolution, les activités croissantes des administra- tions publiques après l'accession du pays a l'indépendance en 1960 et une première étape d'industrialisation ont déclenché un processus d'ur- banisation rapide. La population de la capitale, Abidjan, est passée de 120 000 habitants en 1955 à 330 000 en 1965, puis à quelque 550 000 à la fin de 1969; parallèlement, le nombre d'habitants de la ville de Bouak, qui était de 44 000 en 1958, s'est 'levé à près de 120 000 à la fin de 1969. D'autres agglomérations urbaines, moins importantes, se sont également rapidement agrandies. 2. La rapidité du développement urbain est due à la migration rurale et à l'immigration étrangère. Si la population dçAbidjan s'est accrue l'année dernière de quelque 12 pour cent, la croissance natu- relle n'y a contribué que pour 2,5 pour cent. L'installation d'établis- sements d'enseignement de plus en plus nombreux à travers le pays a ces derniers temps accéléré le processus d'urbanisation; dès la fin de leurs études primaires, de nombreux jeunes quittent en effet leurs villages pour venir tenter leur chance dans les villes, de préférence à Abidjan. 3. L'exode rural (selon l'expression consacrée) se poursuivra sans doute et ira même probablement en stamplifiant. D'après les pré- visions, la population urbaine doit atteindre 1,4 million en 1970, 2,2 millions en 1975, et 2,7 millions en 1980, soit 28 pour cent, 38 pour cent, et 40 pour cent respectivement de la population globale. 4. L'on n'est pas sans éprouver quelque inquiétude quant aux perspectives dtemploi à Abidjan, car ltexpansion démographique risque de dépasser la création d'emplois nouveaux. L'une des principales rai- sons de cette situation est le retour progressif à la normale de la structure économique de la ville après les violentes secousses qu'elle a subies du fait de la croissance rapide de 1économie ivoirienne et de son passage à une économie de marché. D'autre part, si la plupart des goulets d'étranglement de la structure économique de la ville ont été progressivement résorbés, son expansion future restera tributaire de la mise en valeur de son arrière-pays. 5. Une forte augmentation du ch6mage, qui pourrait atteindre plus de 30 pour cent de la main-deoeuvre masculine, est à prévoir au - ii - cours des prochaines années. Une nouvelle dégradation de la situation de l'emploi est également à craindre à Bouaké, la ville la plus impor- tante après Abidjan. Planification régionale et urbaine 6. L'exode vers les villes est en partie dû aux inégalités très accusées de revenus suivant les régions. Les pouvoirs publics ont l'in- tention d'appliquer une politique de développement régional afin d'at- ténuer ces inégalités. Des Commissions de Développement Régional ont été créées; elles devraient permettre à longue échéance de dresser des programmes de planification plus étroitement adaptés aux besoins et aux ressources des diverses régions. 7. Un grand projet régional actuellement en cours de réalisation est la construction du port de San Pedro; il doit permettre l'exploita- tion agricole, sylvicole, et éventuellement minière et industrielle, de la partie sud-ouest du pays demeurée jusqu'à présent pratiquement inhabitée. Bien des incertitudes subsistent encore quant aux possibi- lités de mise en valeur de la région, mais le projet étant désormais en cours d'exécution, sa poursuite pourrait favoriser l'expansion régionale tout en attirant des migrants qui auraient eu l'intention de s'installer à Abidjan. 8. L'un des objectifs primordiaux de la politique régionale des pouvoirs publics est le développement des ressources agricoles; le sec- teur d e l'agriculture demeure en effet, le principal moteur de l'expan- sion économique ivoirienne. C'est en poursuivant ses efforts dans le domaine de l'enseignement, tout en offrant aux exploitants agricoles des conditions de vie et des services publics meilleurs, que le gouver- nement espère augmenter le rendement du secteur agricole. D'autre part, étant donné qu'il existe déjà un certain nombre d'usines a Abidjan et que les établissements bancaires, les compagnies d'assurance et d'autres services ont tendance à s 'y concentrer, diverses industries continueront sans doute a s'y implanter de préférence à une autre ville. 9. L'urbanisation est dans l'ensemble assez bien organisée en Côte-d'Ivoire. Les décisions finales sont du ressort de la CIDRA (Com- mission Interministérielle pour le Développement de la Région d'Abidjan). L'AUFA (Atelier d'Urbanisme de la Région d'Abidjan), organisme spécialisé dans l'urbanisation, a préparé, à l'aide d'études approfondies, l'élabo- ration d'un nouveau Plan d'aménagement. 10. Ce Plan d'aménagement et les précisions qu'il apporte sur la répartition en quartiers résidentiels et zones industrielles et sur le tracé des réseaux de transport urbain tiennent en général dûment compte des impératifs géographiques et sont très nettement supérieurs aux - iii - travaux de planification urbaine entrepris dans la plupart des autres villes africaines. Néanmoins, dans un certain nombre de cas, tout ce qui semble présenter un intérêt drordre purement architectural et peut paraître souhaitable du seul point de vue de l'urbanisme y tient une trop large place. Le plan actuel ne paraît guère se soucier de la dé- gradation probable de la situation de l'emploi en ville, qui risque pourtant d'avoir un effet sur le volume des services urbains qu'il con- vient de prévoir. En outre, on ne semble pas avoir pris en considéra- tion l'existence de bidonvilles, sans parler de leur prolifération éven- tuelle,dans des agglomérations urbaines. Or, une partie de la popula- tion n'aura vraisemblablement pas les moyens d'accéder aux types de loge- ment prévus dans le Plan. Enfin, il est difficile de préciser si, et le cas échéant jusqu'à quel point, le Plan d'aménagement tient bien compte de l'incidence probable des contraintes financières. 11. Dans le domaine du logement, on a étudié avec beaucoup de soin le problème de lshabitat économique qui consiste en immeubles d'ha- bitation divisés en appartements d'un modèle simple. Des difficultés financières surgiront sans doute lors de la mise en application des programmes de construction envisagés. Dans le secteur traditionnel, la construction de logements est financée au moyen du système de crédit habituel dont le fonctionnement est compliqué et les taux d'intérêt souvent extrêmement élevés. 12. L'accroissement probable des difficultés de l'emploi dans les villes provoquera vraisemblablement une prolifération des bidonvilles qui entraînera une détérioration des quartiers résidentiels. Afin de limiter ce risque, il est recommandé de faire observer strictement les règlements relatifs aux répartitions par zones et de réserver des ter- rains dans les grandes zones résidentielles à la construction de loge- ments de type courant; on espère ainsi, sinon supprimer les bidonvilles, du moins freiner leur extension. 13. Il est indispensable d'apporter des améliorations aux systèmes deadduction d'eau et aux égouts. Les systèmes de drainage des eaux de pluie et de tout-à-l'égout sont particulièrement défectueux dans plusieur5 quartiers. Une étude relative à ces questions, et comportant l'élabora- tion d'un Plan d'aménagement, va être prochainement entreprise avec l'aide du Fonds Spécial du Programme des Nations Unies pour le Développement. Il reste à souhaiter qu'elle soit fondée sur des données précises portant sur le volume des travaux à entreprendre en fonction des perspectives d'emploi et du niveau des revenus. 14. Dans le secteur des transports urbains, certains projets pré- sentent un intérêt immédiat. Au contraire, il semble souhaitable, avant de mettre en oeuvre de nombreux autres projets, de les insérer plus strictement dans les plans globaux de développement concernant une agglomération urbaine donnée; celle de Banco, par exemple. On peut en - iv - effet constater à cet égard un certain manque de coordination ainsi que l'absence d'un ordre de priorités nettement défini. 15. Le coût du programme de développement urbain, selon les esti- mations de la première esquisse du Plan quinquennal 1971-1975, s'élève à un total de 16,1 milliards de francs CFA. Cn voit mal quels sont les critères retenus pour la détermination de la somme totale des inves- tissements à affecter au développement urbain et pour sa répartition entre Abidjan et les autres villes. Il n'est pas impossible que les pouvoirs publics, estimant que le Plan d'Aménagement d'Abidjan s'inspire de prévisions trop optimistes, adoptent de préférence une politique de prudence qui autorise une certaine souplesse dans la prise de décisions imposées par la situation concrète. I. TENDANCES DEMOGPAPHIQUES Généralités 1. L'expansion rapide de l'économie ivoirienne s'est accompagnée de changements spectaculaires dans la structure démographique du pays. L'accroissement de la production agricole commercialisée dans la zone forestière (qui constitue approximativement la moitié sud du pays) a suscité un développement rapide de l'économie de marché, du commerce et des transports. Cette évolution, les activités croissantes des ad- ministrations publiques après l'accession du pays à l'indépendance en 1960 et une première étape d'industrialisation ont déclenché un processus d'urbanisation rapide. La population do la capitale, Abidjan, est passée de 120 000 habitants en 1955 à 330 000 en 1965, puis à quelque 550 000 à la fin de l'année 1969. De même, la ville de Bouaké a vu sa population passer de h 000 habitants en 1958 à près de 120 000 à la fin de 1969. Des centres moins importants se sont également développés rapidement. Ce processus accéléré d'urbanisation a été rendu possible par la migration intérieure (en particulier en provenance de la znne des savanes située dans le nord du pays, oi prédomine encore l'agriculture de subsistance), ainsi que par l'immigration en provenance des pays voisins (surtout de la Haute-Volta et du 11ali) dont les populations sont attirées par les possibilités d'emploi en Côte d'Ivoire. 2. Il n'a jamais été procédé à un recensement complet de la popu- lation de la Côte d'Ivoire. Néanmoins, on dispose de données assez précises couvrant certaines périodes, qui parmettent de tirer des con- clusions en ce qui concerne la structure et le développement démogra- phiques ainsi que les migrations de population. Ces données ont été recueillies à l'aide de sondages durant la période 1955-1958 et au cours de la campagne de vaccination contre la petite vérole des années 1962..63. D'autre part, un certain nombre d'études régionales ont été réalisées au cours des années 1962-1964 sous l'égide du M1inistère du Plan: elles ont fourni de nombreuses informations sur la structure démographique du pays, et c'est principalement sur elles qu'ont été fondées les pro- jections des modèles de croissance démographique. Les renseignements fournis par ces sources, ainsi que les données des recensements adminis- tratifs, ont été collectés pour l'année 1965. (1) 3. La population totale de la Côte d'Ivoire s'élevait en 1965 à près de 4 000 000 d'habitants, la marge dîerreur possible étant d'environ (1) Ministère du Plan: Côte-d'Ivoire 1965, Population. Etudes régionales 1962-1965, Synthèse., juillet 1967. DIAGRAMME 1 LOCALISATION DES AGGLOMERATIONS DE 10000 HABITANTS ET Pl-US KORHOGO 0 Fi.rkossdrqgou 24000 12000 NO0 R D E S T segue6a 3d000 11000 8000 MA N @2700 Su:C E N T R E ø- 19000 170 16000 100 50000 ~ ~ ~ ~ i u00bkr SNGUO S U i T 14 00 -o 1i 000uuu 00E0 80 02PREFECTURE 0 SOUS-PREFE-.CTURE Source: COTE D'IVOIRE 1965 POPULATICN - 2 - 52 . Le chiffre réel de la population se situerait donc entre 3 800 000 et h 200 000. Ce chiffre comprend quelque 700 000 résidents d'origine étrangère, dont 670 000 Africains et 30 000 Européens et Libanais. En outre, il y avait près de 300 000 ouvriers agricoles étrangers en sé- jour temporaire (y compris leurs familles). Ainsi, près d'un million d'étrangers, soit plus de 20% de toute la population du pays, vivaient en C6te- d'Ivoire. 4. Le tableau suivant montre la répartition démographique en 1965 par divisions administratives et selon les agglomérations rurales, les centres semi-urbains et les villes. Répartition de la population totale dans les divisions j administratives selon l'importance des agglomérations en 1965 ( x 1 000) Population urbaine Départements Agglomérations Centres semi- Villes Abidjan Tot. rurales urbains Est 219 24 17 - Centre 948 77 105 - 1 G Centre-Ouest 267 21 52 - 3"l Nord 705 58 47 - 810 Ouest 389 28 43 - 460 Sud 492 62 116 330 1 00. Total 3 020 270 380 330 h 000 5. En ce qui concerne les unités administratives, le pays est divisé en "départements" administrés par un "Préfet", chaque département étant subdivisé en un certain nombre de rrsous-préfectures". Les villes ont été définies comme des agglomérations dont la population dépasse 10 000 habi- tants. Les centres secondaires ou semi-urbains sont tous des chefs-lieux de sous-préfectures ou des villages de 5 000 à 10 000 habitants. Les premiers sont considérés comme tels m6me s'ils ont moins de 5 000 habi- tants, parce qu'en tant que centres administratifs susceptibles de prendre une plus grande extension, il convient de les distinguer des villages strictement ruraux. Les divisions administratives et les villes sont représentées sur le diagramme 1 qui date de 1965. 6. La plupart des 8 000 villages des régions rurales ont moins de 500 habitants. Les régions situées à lfextrême nord-est et au sud-ouest Le nombre des départements vient d'tre notablement augment3, cette mesure devant être progressivement appliquée au cours des 2 ou 3 annéeS à venir. Les départements indiqués sur le tableau recevront dorénavmnt l'appellation de "régions économiques", de même que les régions de Sai Pedro et d'Abidjan qui étaient jusqu'ici comprises dans le Départament 13ud. -3- du pays sont pratiquement inhabitées. Quant à la main-d'oeuvre agri- cole étrangère en séjour temporaire, elle est presque exclusivement con- centrée dans les zones forestières du sud. 7. Du hit des études régionales réalisées durant la période 1962- 1964, les données concernant la structure démographique en 1965 sont assez précises. On ne dispose par contre que de renseignements beau- coup moins sûrs en ce qui concerne les facteurs qui conditionnent la croissance et lvévolution de la structure. Cette remarque s'applique en particulier aux données sur la migration, et cependant les facteurs de migration jouent un rôle important dans l'urbanisation de la Côte- d'Ivoire. 8. A de légers écarts près, le taux de natalité en milieu rural a été de 4,9 en 1965. Dans les villes, étant donné une structure par âges différente, le taux de natalité était un peu plus élevé: 5,2%. Le taux de mortalité, qui était de près de 2,99 dans les zones rurales, a été estimé à 2,5% dans les villes qui disposent de meilleures conditions sanitaires. (La mortalité infantile reste cependant élevée même en milieu urbain: 17,5 à Abidjan.) Le taux d'accroissement naturel de la population vers 1965 a donc été estimé comme suit (en 5): Population Population Population rurale urbaine totale Taux de natalité 4,9 5,2 4,95 Taux de mortalité 225 2,83 Taux d'accroissement naturel 2,0 2,7 2,12 Migration et urbanisation 9. Le mouvement migratoire est soumis aux influences simultanées de plusieurs courants: la migration intérieure entre zones rurales et des régions rurales vers les agglomérations urbaines, et l'immigration étrangère en direction des régions agricoles ou des villes. 10. Jusqu'en 1965, les courants migratoires entre zones rurales ont entraÎné quelque 150 000 personnes, avec une émigration nette de 100 000 personnes des savanes vers la zone forestière, en particulier vers le sud-est. Ce type de migration tend d'ailleurs à diminuer en raison de la difficulté croissante qu'on éprouve à obtenir des terrains disponibles dans les parties habitées de la zone forestière. 11. Le nombre des immigrants dans les zones rurales s'est élevé en 1965 à près de 300 000 personnes, dont plus des deux tiers se sont installées dans la région forestière. Ce type d'immigration en prove- nance en najeure partie de la Haute-Volta ou du Mali s'est chiffré à DIAGRAMME 2 IA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE DE CERTAINES VILLES ( en milliers d'habitant8) 30,) 10 00_ _- _--_ -_ -. --__- -- -- --- -, D~OUAKE 00 - - -__ _- -- - - -- - -- _ _ MAN 1jJ--~-~-~-- ------- ---DA-SA 20 -.,GR N ADNGU U 10 1920C 1925 19310 1 £15 194 0 19 45 150 ! e 195 5 1960 16 S0URCE: C0TE dV0lRE 1965 5 une moyenne de 13 000 personnes par an durant la période 1960-1965, mais il tend à diminuer par suite de la difficulté d'obtenir des terres dis- ponibles. En dehors de ces immigrants en séjour plus ou moins permanent, qui sont considérés comme des résidents en Côte-d'Ivoire, il y avait 300 000 manoeuvres étrangers (y compris leurs familles) qui avaient un emploi salarié dans l'agriculture et dont la présence dans le pays est considérée comme temporaire. 12. La migration intérieure vers les villes a pris une grande ex- tension. Provoquée au début par les perspectives d'emploi offertes par l'économie urbaine en pleine expansion, elle s'est accélérée par la suite avec l'exode des jeunes gens venus des régions rurales au terme de leurs études primaires. La structure démographique urbaine s'est marquée au début par une prédominance des migrants de sexe masculin. A Abidjan, on comptait, en 1955, 139 hommes pour 100 femmes, et en 1963 cette proportion était encore de 122%. Au cours de la période 1960- 1965, ce type de migration s'élevait en moyenne à 17 000 personnes par an, et son volume n'a cessé de croÎtre depuis. 13. L'inmigration dans les villes a largement contribué au pro- cessus d'urbanisation. En 1965, la population des villes ivoiriennes comprenait 400 000 immigrants étrangers dont 370 000 Africains et 30 000 Européens et Libanais. A Abidjan, près de 45% des habitants des groupes d'âges de 20 à 39 ans étaient nés à l'étranger, soit 55% des hommes et 35e des femmes. Au cours des années 1960-1965, 27 000 immigrants étrangers se sont en moyenne installés chaque année dans les villes, le mouvement tendant à s'accentuer légèrement. 14. L'importance de la migration pour l'expansion urbaine ressort des chiffres suivants qui donnent le taux annuel moyen d'accroissement dû aux mouvements migratoires (migration intérieure et immigration extérieure) pour la période 1960-1965. Abidjan 9C Abengourou 4% Anyama 7rf Bingerville l0r Dabou 13% Grand-Bassam 13% Ces taux concernent la migration nette, c'est-à-dire l'effectif des entrées de nouveaux immigrants diminué de celui des sorties de migrants arrivés les années précédentes. Ces chiffres montrent clairement que les effets de la migration dépassent souvent en importance ceux de la croissance naturelle (de l'ordre de 3%). Bien qu'on ne dispose pas de chiffres à ce sujet, on estime que les agglomérations urbaines des Départements Nord et Centre se développent constamment, mais à un taux DIAGRAMME 3 BILAN MIGRATOIRE ANNUEL DES DIFFÉRENTS FLUX DE POPULATION 1960-1965 ETRANGER MILIEU RLRAL 13000 IVOIRIEN /,0 000 Croissance naturelle: 58000 9Z000 10000 VILLES ET CENTRES [,I DJA N SE-Mi URBAINS IVOIRIENSý 3 000 .Croissance naturelle : 7000.. ýC rois san ce naturol.l.e::15 000 Source: COTE D'IVOIRE 1.965 de croissance inférieur, soit de 6% par an, ce qui implique qu'une augmentation d'environ 3 du taux de croissance doive être attribuée a la. migration. Le diagramme 2 indique les perspectives de la crois- sance à long terme de certaines villes jusqu'en 1965. 15. Préparé sur la base d'études et de renseignements antérieurs à 1965, le diagramme 3 présente une estimation approximative des diffé- rents mouvements de la population de la Cte-d'Ivoire durant les années 1960-1965. Les données fragmentaires dont on dispose pour les années suivantes laissent supposer que, dans ce diagramme, l'influence de l'exode rural a été sous-estimée. Nombreux sont les jeunes gens qui avaient été considérés comme des immigrants en séjour temporaire (à des fins d'études par exemple), et qui ne sont pas retournés à leurs villages. 16. Le processus rapide d'urbanisation s'explique par un en- semble de raisons, mais deux facteurs importants méritent d'être relevés. En premier lieu, l'expansion et la diversification de l'économie ivoirienne et le passage d'une économie de subsistance à une économie de marché, avec l'extension des activités de l'Etat à la suite de l'accession à lgindépendance, ont permis la création d'un grand nombre d'emplois dans les centres urbains, à Abidjan en particulier. L'ac- croissement rapide de la production agricole et les progrès de l'ur- banisation ont simultanément été rendus possibles par l'afflux, dans le secteur rural, d'une main-d'oeuvre étrangère immigrée qui a com- pensé la migration vers les villes. En second lieu, il faut signaler les progrés de ltenseignement dans le secteur rural. Les jeunes gens, au terme de leurs études primaires, ou même après quelques années seulement d'études, vont à la ville pour se procurer un poste dans l'Administration ou un emploi dans l'industrie ou le commerce. Ils pensent que l'instruction qu'ils ont reçue leur donne droit à ce genre d'emplois. La réticence envers les travaux des champs les pousse vers les villes où ils refusent souvent les travaux manuels qui sont en grande partie réservés aux immigrants. Il est hors de doute que cette mentalité est héritée de la période précédant l'indépendance, lorsque l'enseignement était surtout destiné à pourvoir aux besoins de l'Ad- rministration, de sorte que quiconque terminait ses études était plus ou moins assuré d'obtenir un poste dans l'Administration. 17. On peut juger de la rapidité de la croissance de l'appareil éducatif par le nombre d'élèves dans les écoles primaires: 30 000 en 1950, 70 000 en 1955, 240 000 en 1960 et 350 000 en 1965. Le taux de scolarisation effective des enfants d'âge scolaire reste néanmoins assez bas. En 1965, il n'atteignait même pas 151 dans le Département Nord, et, à l'exception du Département Centre-Ouest et de la partie sud-est de la zone forestière, il n'a jamais dépassé 40%. Il y a donc lieu d'intensifier l'effort dans le domaine de l'enseignement, au risque de voir augmenter la migration. - 6 - 18. Au début, l'exode rural des jeunes était surtout le fait de garçons, mais la croissance de la scolarité féminine a provoqué une migration tout aussi importante de jeunes filles à qui il répugne d'épouser un paysan parce qu'en général cela les vouerait à une vie faite de lourds travaux de ferme. En outre, comme l'exode rural cause dans les villages une pénurie d'hommes en âge de se marier, de nombreuses jeunes filles, dotées ou non dfune certaine instruction, se déplacent vers les centres urbains pour avoir plus de chance de trouver un mari. 19. Le fait qu'il ne soit habituellement pas indispensable d'ob- tenir tout de suite un emploi facilite beaucoup l'exode rural vers les villes. Les parents ou les anciens amis déjà installés dans les villes sont en général prêts à héberger les nouveaux venus et à subvenir à leurs besoins pendant une assez longue période, et il peut facilement s'écouler un ou deux ans avant qu'un emploi ne soit trouvé. C'est d'ailleurs pourquoi il est souvent difficile de faire la distinction entre les visiteurs en séjour temporaire et les immigrants permanents, d'autant plus que les migrants font preuve d'une grande mobilité et retournent souvent à leur village d'origine. Il n'en reste cependant pas moins que la balance migratoire vers les villes reste emplement excédentaire. 20. Bien que les attraits de la vie urbaine et la perspective de se libérer des coutumes traditionnelles des villages jouent un r6le indéniable, il est hors de doute que la principale raison du déplace- ment en masse vers les centres urbains réside dans la perspective qu'of- frent les villes d'un salaire plus élevé pour un travail qui nfest pas de nature agricole. Le revenu moyen d'un agriculteur, surtout dans la zone des savanes, reste très inférieur au salaire offert pour un emploi, fût-il modeste, dans le secteur moderne des villes. Comme nous le verrons plus loin, la disparité des revenus est très marquée entre les différentes régions. 21. Du fait qu'il existe encore une disparité sensible entre les revenus en Cdte-d'Ivoire et dans les pays voisins, il faut également s'attendre à voir se poursuivre la migration vers les villes ivoiriennes en provenance des pays étrangers, en dépit de l'hostilité croissante envers les travailleurs étrangers qui se manifeste dans les villes et qui pourrait ralentir le mouvement. 22. Il faut accepter avec une certaine réserve les projections démographiques à long terme qui ont été établies, d'autant plus que les résultats dépendent- moins de la croissance naturelle que des conséquences de la migration et de l'immigration. Bien que l'exode rural en particulier ne soit pas actuellement motivé au premier chef par les possibilités réelles d'emploi, il pourrait finalement diminuer non pas tant du fait que les migrants seront découragés par la pers- pective de longues années de ch6mage (car même dans ce cas la vie à la ville ne serait pas plus pénible que dans les communes rurales), mais parce qu'il sera de plus en plus difficile pour leurs parents déjà installés dans les villes de les accueillir et de subvenir à leurs oesoins. - 7 - 23. Compte tenu de ces incertitudes, la projection de la popu- lation en Cdte-d'Ivoire a été calculé3 à partie des hypothèses sui- vantes: 1965-1969 1970-1974 1975-1989 Taux de natalité 5,0 5,0 4,6 Taux de mortalité 2,7 2,5 2,0 Taux d'accroissement naturel 2,3 2,5 2,6 Immigration annuelle nette 30 000 30 000 20 000 En ce qui concerne l'immigration, une estimation moyenne a été adoptée, située entre les hypothèses forte et faible. La composition de la population se présenterait alors comme suit, en milliers d'habitants: 1965 1970 1975 1980 Population résidente 4 000 4 630 5 380 6 260 Manoeuvres agricoles étrangers en séjour temporaire 300 350 420 h40 Population totale 4 300 h 9860 5 800 6 700 Parmi les manoeuvres agricoles étrangers supposés être en séjour tem- poraire (y compris leurs familles), nombreux sont ceux qui en réalité sont installés en Côte-dvIvoire de façon permanente. On prévoit une augmentation de leur nombre du fait du déficit en main-d'oeuvre agri- cole causé par l'exode rural. 24. Voici une ventilation de la projection de la population ur- baine et rurale selon les facteurs qui contribuent aux mouvements pré- vus (en milliers d'habitants): 1965 Variation 1970 Variation 197W 1965-1970 - 1970-1975 Population urbaine totale 980 1 430 2 180 Exode rural de personnes alphabetisées + 75 +125 Exode rural de personnes analphabetes + 85 +225 Immigration étrangère +110 +110 Accroissement naturel +180 +290 Population rurale totale 3 020 3 200 3 200 Exode rural -160 -350 Immigration étrangère + 40 + 40 Accroissement naturel +300 +310 - 8 - Il a été ainsi estimé que le taux d'accroissement de la population ur- baine s'élèvera de 7,8% en 1965-1969 à 8,8% en 1970-1975, alors que la population rurale, après un léger accroissement en 1965-1970, demeurera stable de 1970 à 1975. 25, ý'exode rural entraînant surtout les jeunes, ces mouvements rapides de la population modifient aussi sensiblement la structure par âges. La proportion des hommes du groupe d'âges de 15 à 19 ans vivant dans les communes rurales, qui était de 78% en 1965, ne sera plus que de 31% en 1975. Cette évolution ne manquera pas de se répercuter sur le taux de natalité et contribuera à réduire l'accroissement naturel della popu- lation rurale. Du fait de la réduction des effectifs des travailleurs familiaux, il faudra avoir de plus en plus recours, dans les régions rurales, à la main-d'oeuvre agricole étrangère salariée, ou introduire des méthodes de culture mécanisées. Cette dernière solution ne sera pas facile à appliquer, du fait précisément de l'absence des jeunes gens qui sont les plus susceptibles d'être attirés par ces méthodes. 26. Le tableau suivant présente une projection de la réparti- tion de l'ensemble de la population résidente par régions économiques. Une nouvelle unité (le sud-ouest, région de San Pedro) y est mentionnée. La main-d'oeuvre agricole étrangère en séjour temporaire n'est pas in- cluse dans ces chiffres. Répartition de l'ensemble de la population résidente par régions économiques (x 1000) Pégion 1965 Taux annuel 1970 Taux annuel 1975 de variation de variation 1965-1969 1970-1974 Est 260 + 2,l% 290 + 1,6f 310 Centre 1 130 + 1,5% 1 220 + 1,0% 1 280 Centre-Ouest 340 + 4,0% 410 + 3,0% 470 Nord 810 + 0,8% 830 - 2,0% 720 Ouest 460 + 2,0% 510 + 1,5% 550 Sud (à lexception d'Abidjan et du Sud-Ouest) 600 + 5,0% 760 + 4,0% 920 Sud-Ouest 70 +11,0% 110 +16,0% 230 Abidjan 330 + 8,6% 500 +10, 820 Total 4 000 + 3,0% 4 639 + 2,7% 5 300 - 9 - 27. Le tableau permet de constater une diminution de la popula- tion dans le Département Nord, ainsi qu'une augmentation relative im- portante dans le sud-duest. Dans cette région actuellement presque inhabitée, de vastes terres forestières sont encore disponibles, et on pense qu'elles seront progressivement occupées, en raison également de l'aménagement du port de San Pedro. 28. Les prévisions en ce qui concerne l'accroissement de la po- pulation d'Abidjan, qui était censée atteindre 500 000 habitants à la fin de l'année 1970, ont déjà été dépassées (550 000 à la fin de l'année 1969). Le taux d'accroissement annuel s'est ëlevé à près de 11%) au lieu de 8,65. Et comme d'autres indices laissent également prévoir que le taux d'accroissement urbain prévu sera dépassé, les chiffres du tableau précédant doivent être considérés comme des pré- visions minimales. 29. La premiè%re esquisse du plan quinquennal de développement 1971-1975 le, qui ne concorde pas avec les projections démographiques de 1965, prevoit un taux d'urbanisation moins élevé entre 1970 et 1975, estimation qui risque de s'avérer trop faible. Projection de la population de la C6te d'Ivoire selon le Plan (x 1000) 1965 1970 1975 1980 Population urbaine -U0 17 2~ 03 2~6l Population rurale Savane 1 h60 1 520 1 410 1 460 Forêt (a) 1 860 2 030 2 360 2 600 Total 3 320 3 550 3 770 4 060 Population totale 4 300 5 000 5 o00 6 700 Population urbaine (totale) 980 1 450 2 030 2 6ho Abidjan 330 500 820 1 100 Autres centres 650 950 1 210 1 5h0 dont centres ruraux 200 230 250 270 Population rurale (totale) 3 320 3 550 3 770 h 060 dont population résidente 3 020 3 200 3 350 3 620 dont séjour temporaire 300 350 420 h40 Population européenne 30 35 40 45 (a) Population en séjour temporaire incluse 1 Première esquisse du Plan quinquennal de développement 1971-1975, Ministère du Plan, Abidjan, mai 196ô. - 10 - 30. Cette forte migration vers les villes n'est pas un phénomène particulier à la Côte-d'Ivoire. La même tendance prévaut dans la plupart des pays de l'Afrique occidentale. En fait, la croissance et la diversification de l'économie nécessitent dans une certaine mesure une nouvelle répartition de la population. Cependant, par ses dimen- sions, l'exode rural a acquis en Côte-d'Ivoire le caractère d'un fac- teur autonome, indépendant de la situation de l'emploi dans les villes. Nous en verrons plus loin les conséquences pour le marché urbain du travail. Emploi et main-d'oeuvre 31. Une série d'études ont été préparées ooncernant le marché du travail en Côte-d'Ivoire, et plusieurs projections des possibilités d'emploi dans l'avenir ont été dressées. Ces études sont en grande partie fondées sur des enquêtes régionales et urbaines des années 1962-1965. Une synthèse en a été faite pour l'année 1965 pour le compte du Ministère du Plan (1). 32. Les données disponibles les plus intéressantes sont celles concernant les salaires et traitements dans les statistiques de lOf- fice Ivoirien de la Main-d7Oauvre. Ces chiffres ne constituent cepen- dant souvent que des approximations grossières, en particulier ceux qui concernent le secteur traditionnel. Le tableau 1 (2) -présente une ventilation de l'emploi selon le secteur d'activité, la nationalité des travailleurs et la masse salariale. On remarquera la participa- tion réduite des Ivoiriens aux emplois salariés par rapport aux Afri- cains d'origines différentes. A l'exception du secteur public, le nombre des autres Africains dépasse toujours celui des Ivoiriens, sur- tout dans le secteur traditionnel. Par contre, du fait de la forte proportion des manoeuvres parmi les autres Africains, la part des travailleurs ivoiriens dans la masse salariale est plus importante. 33. Si l'on considère la question de l'emploi du point de vue des niveaux de qualification requis, il apparaît nettement que le person- nel ivoirien est très peu représenté aux extrémités de l'échelle de qualification (Tableau 2). Au niveau le plus élevé, les postes sont surtout occupés par des Européens expatriés. A l'autre extrémité de l'échelle, le travail manuel non qualifié est dans une large mesure laissé aux immigrants africains. (1) Ministère du Plan Côte d'Ivoire 1965, Emploi, Etudes régionales 1962-1965, Synthèse, octobre 196d (2) Les tableaux numérotés se trouvent dans l'Annexe statistique. - il - 34. Cet état de choses se reflète dans les niveaux des salaires urbains. Dans le secteur privé moderne, le salaire moyen en 1965 était d'environ 20 500 FCFA par mois, le salaire médian étant de l'ordre de 10 000 FCFA a 15 000 FCFA. Peu d'Ivoiriens salariés touchent moins de 10 000 FCFA, alors que le salaire mensuel moyen des inmigrants africains se chiffre à près de 15 000 FCFA. Dans le secteur public, le tableau change complètement, le salaire mensuel moyen étant de 41 400 FCFA et le salaire modal se situant entre 35 000 et 40 000 FCFA. Ce niveau sensiblement plus élevé des appointements des fonctionnaires s'explique par le nombre relativement peu élevé de travailleurs non qualifiés dans la fonction publique. 35. On constate une grande disparité entre les niveaux des salaires dans les secteurs moderne et traditionnel. Dans ce dernier secteur, on évalue le salaire mensuel moyen à environ 8 000 FCFA seulement. Dans les zones rurales, les salaires sont encore plus faibles. Un ouvrier agricole d'une plantation moderne gagne près de 6 000 FCFA par mois, et ce salaire tombe souvent à 2 500 FCFA dans les petites ex- ploitations privées, mais dans ce cas, le manoeuvre reçoit aussi d'ordinaire une certaine rétribution en nature. 36. La structure par âges des travailleurs salariés est telle que les places rendues disponibles par le départ à la retraite de leurs titulaires resteront encore très peu nombreuses dans un proche avenir. Les perspectives d'emploi dépendront donc presque exclusivement de la création de nouveaux emplois. 37. Le Tableau 3 présente un essai de répartition territoriale de l'emploi: on notera que l'emploi est fortement concentré a Abidjan et dans la ceinture qui l'entoure. La répartition entre les zones rurales et urbaines doit être tenue pour approximative. A ce propos, il y a lieu de signaler qu'exception faite pour Abidjan, une partie im- portante de la population urbaine est directement tributaire de l'agri- culture. En fonction de l'importance de la ville, cette proportion peut varier de 10 a 40%. Les agriculteurs résident souvent aà la ville tout en exploitant leur ferme ou leur plantation située dans le voisinage, soit personnellement, soit en louant de la main-d'oeuvre. 38. La comparaison des emplois remunérés des années 1960 et 1966 révèle que le nombre des Ivoiriens employés ne s'est accru dans l'in- tervalle que de 15% environ, alors que celui des imiugrants africains et des non-africains a augmenté respectivement de 405 et de 35%. Cette tendance se manifeste à tous les niveaux de qualification pro- fessionnelle. Pour les manoeuvres et les apprentis, le nombre des nationaux ivoiriens a même diminué dans l'absolu, de 16% pour les manoeuvres et de 41% pour les apprentis. Ce fait souligne une fois de plus la forte position des étrangers africains sur le marché ivoirien de l'emploi, ainsi que la répugnance de nombreux Ivoiriens - 12 - à accepter des travaux manuels. Si ces derniers persistent dans leur attitude, tout développement de l'économie ivoirienne ne saurait se faire sans un accroissement de l'immigration. 39. Les renseignements dont on dispose actuellement permettent de mieux juger de la situation de l'emploi dans les villes et laissent prévoir que l'exode des Ivoiriens des régions rurales provoquera une pénurie de main-d'oeuvre agricole, non seulement dans les régions de savane, mais aussi dans la zone forestière. Si ces prévisions sont justes, il est évident que les objectifs de production agricole dans le Plan ne pourront être atteints, à moins que les agriculteurs n'ap- pliquent des techniques plus modernes (il s'agirait surtout de méca- nisation de l'agriculture) ou qu'il ne soit fait appel à une main- d'oeuvre étrangère plus nombreuse. Il semble en outre douteux que les planificateurs, en fixant les objectifs de la production, aient suffisamment tenu compte de la nécessité d'accro'tre rapidement les cultures alimentaires en vue d'assurer l'approvisionnement de la population urbaine croissante. 40. Dans le cadre des études régionales et urbaines entre- prises sur l'initiative du Ministère du Plan durant les années 1962- 1965, l'agglomération urbaine d'Abidjan a également fait l'objet d'études approfondies. Une enquête réalisée par la SEMA, société française d'experts-conseils, a réuni un grand nombre de renseignements destinés à une étude du processus d'urbanisation de la ville.(l) 41. La SEMA a dressé un certain nombre de projections de la si- tuation de l'emploi dans la zone d'Abidjan, en distinguant principale- ment deux types d'activités: (a) celles dont le développement est en grande partie autonome, c'est-à-dire qu'elles ne dépendent pas directement de l'expansion de la ville, mais sont surtout déterminées par des facteurs externes, comme par exemple le développement de l'arrière-pays; (b) celles qui dépendent surtout du développement de la ville elle-même, du nombre de ses habitants ou de ses revenus. Cette distinction coïncide en grande partie avec celle que l'on établit entre les activités principales et subsidiaires en tant que facteurs fondamentaux de la croissance urbaine. (1) SEMA: Etude socio-économique de la zone urbaine d'Abidjan, vol. 15. 1967. - 13 - 42. Le premier groupe comprend les activités suivantes: (i) les activités découlant de la fonction de transit de la ville en provenance ou à dostination de l'arrière-pays, y compris certaines parties de la Haute-Volta et du Mali. Elles englobent les activités portuaires, les transports, l'entreposage et le coumerce de gros; (ii) les activités industrielles, en particulier le traite- ment des produits agricoles et la fabrication de produits de substitution aux importations; (iii) le bâtiment et la construction, à l'exception de l'élément traditionnel; (iv) les services privés comme les banques, les com- pagnies d'assurance, etc.; (v) les activités reliées à la fonction de la ville en tant que capitale du pays, c'est-à-dire le secteur public à l'exception des services municipaux. 43. Le second groupe comprend les activités qui dépendent plus directement de la dimension de la ville, comme l'artisanat, le commerce de détail, les services domestiques et l'administration locale. 44. Voici quelles étaient les estimations, vers le milieu de l'an- née 1963, des effectifs de l'emploi à Abidjan: Premier groupe d'activités secteur primaire moderne 1 700 activités de transit, dont il 100 port, etc. 8 300 transports ferroviaires 2 000 transports aériens 800 commerce de gros 8 000 activités industrielles il 200 bâtiment et construction 9 500 banques, compagnies d'assurance 1 500 services gouvernementaux 12 100 total partiel 55 100 - 14 - total partiel 55 100 Second groupe d'activités secteur primaire traditionnel l 600 commerce traditionnel et de détail 12 000 artisanat 6 800 services 1 900 services domestiques h 600 administration locale 2 800 total partiel 29 700 Total Général 84 800 45. Ces chiffres sont toujours approximatifs, en particulier en ce qui concerne les activités traditionnelles. Les 84 800 emplois sont répartis entre: 7 500 non-Africains et 77 300 Africains dont 70 000 homes et 7 300 femmes 46. L'étude de la SEMA comporte des projections fondées sur les prévisions du Ministère du Plan (1) et sur des enquêtes menées auprès d'entrepreneurs, etc. Il a été tenu compte de l'accroissement probable de la productivité, ainsi que de la nécessité d'augmenter la capacité de production en raison de l'accroissement de la population. Ces re- sultats apparaissent dans le Tableau 4 qui présente une répartition des emplois pour un certain nombre de secteurs économiques. Voici la projection de l'augmentation prévue de l'emploi total à Abidjan (pour les années 1955, 1963 et 1965, les chiffres sont effectifs): 1955 45 500 1963 8h 800 1965 96 8C0 1970 133 200 1975 175 100 1980 216 400 47. Les chiffres précédents permettent de calculer que l'accroisse- ment présumé des effectifs de l'emploi se présentera comme suit: 6.6' entre 1965 et 1970 5.6c entro 1970 et 1975 4.45 entre 1975 et 1980 (1) Perspectives décennales de développement économique et social de la C6te-d'Ivoire - 15 - Il faut donc s'attendre à une diminution du taux de croissance, par rap- port surtout à lap6riode 1955-1965 oi il s'était élevé à 7,8 . Pour la période 1965-1975, on présume que la croissance de l'emploi dans le secteur public s'effectuera au même taux que celui de l'ensemble de l'emploi. On s'attend à une progression identique de la partie "tra- ditionnelle" du secteur tertiaire. lais dans le secteur tertiaire moderne, composé surtout du commerce et des transports, le taux présumé de croissance serait inférieur à la moyenne, soit près de 3,9% par an, alors que l'industrie et l'artisanat se développeraient un peu plus vite, au taux de 9% par an. 83. Sans aucun doute, la principale raison pour laquelle on pré- voit un ralentissement des taux de croissance de l'emploi réside dans la normalisation progressive de la structure économique de la ville après les brusques bouleversements causés au début par l'essor rapide de l'économie ivoirienne et le passage à une économie de marché. Cette transition a rendu nécessaire une extension des fonctions de la ville en tant que centre du commerce et des transports du pays. Au lende- main de l'indépendance, la fonction publique s'est rapidement développée, et de nombreux emplois ont été créés par l'industrie en plein essor. L'ouverture du canal de Vridi et du port en 1950 a contribué à sup- primer un goulet d'étranglement qui faisait obstacle à l'expansion de la ville, et a permis à la capitale de s'adapter à l'6volution rapide de la structure économique du pays. Cependant, ce processus prend graduellement fin et l'économie de la ville aura de plus en plus une croissance normale. 49. Il ressort des projections que le total de la main-dfoeuvre disponible (composée de la population masculine âgée de plus de 15 ans et de 20% de la population féminine des groupes d'âges corres- pondants) dépassera considérablement le nombre d'emplois disponibles. 1970 1975 1980 Emploi total 133 200 175 000 216 400 Dnploi non-africain Il 0100 14-00 16 000 Emploi africain 122 200 1.61 000 200 400 dont emplois masculins 111 200 147 300 183 400 dont emplois féminins il 000 13 700 17 000 Main-d'oeuvre disponible totale 168 000 235 500 328 000 dont hommes 139 500 194 000 271 000 dont femmes 28 500 41 000 57 000 - 16 - 50. Sur la base de ces projections, la progression présumôe du nombre des chômeurs se présentera corme suit: en chiffres absolus 1970 1975 1980 main-d'oeuvre masculine sans emploi 28 300 47 200 87 600 main-d'oeuvre féminine sans emploi 17 500 27 300 40 000 total de la main-d'oeuvre sans emploi 45 800 74 500 127 600 en pocurcentago de l'offro main-d'oeuvre masculine sans emploi 20 24 32 main-d'oeuvre féminine sans emploi 61 67 70 total de la main-d'oeuvre sans emploi 27 32 39 51. Ces chiffres font ressortir une aggravation de la situation de l'emploi qui risque de devenir sérieuse. S'il est vrai que le sec- teur traditionnel, assez élastique, pourrait procurer un nombre d'em- plois plus grand que prévu, il faudrait voir là le résultat non pas d'une demande accrue, mais de la répartition d'un nombre donné de tâches parmi un plus grand nombre de personnes. Ainsi, la productivité, dans ce secteur où elle a toujours été faible, s'en trouverait d'autant plus diminuée. On notera que la projection de la main-d'oeuvre masculine sans emploi pour l'année 1970 (28 300) correspond à peu près au nombre des chômeurs effectivement inscrits à l'Office Ivoiriun de lu Main.. d'OeuvTe en novembre 1969 (25 000, dont 16 300 non qualiiés). 52. L'Office Ivoiriern dc la Main-d'Otuvre fait une distinction entre deux catégories de chômeurs, les véritables chômeurs d'une part, et d'autre part les personnes sans travail. Les "chômeurs" sont des personnes qui ont déjà eu un emploi, alors que les "sans travail" n'ont encore jamais travaillé. Des 16 300 personnes non qualifiées mention- nées dans le paragraphe précédent, 12 000 n'ont jamais eu d'emploi: elles préfèrent attendre de trouver un emploi à la ville plutôt que d'accepter du travail à la campagne; la preuve en est que dans la région d'Abidjan (qui forme une large ceinture autour de la capitale) 6 000 offres d'emploi dans l'agriculture de plantation enregistrées à l'Office de la main-d'oeuvre restent disponibles. (1) (1) Lors d'un recensement effectué récenment(en janvier 1970), on a dénombré 45 000 chômeurs à Abidjan parmi les seuls Ivoiriens. - 17 - 53. Il faut remarquer que la projection mentionnée plus haut a été faite sur la base de certaines hypothèses quant aux effets sur la migration, du chômage croissant et de la baisse du revenu moyen par habitant. Les études des années 1963,1964 montrent que pour les ménages qui disposent d'un revenu de moins de 25 000 FCFA par mois, la dimension du ménage tend à s'établir à un niveau tel que le revenu par habitant se stabilise aux environs de 4 400 FCFA (ce qui semble être le minimum vital à Abidjan). La croissance du chômage et la perspective de l'inflation dans le secteur traditionnel (qui provoquerait une dimi- nution du revenu moyen par habitant dans ce secteur) réduiraient une grande partie de la population à un revenu minimal qui ne permettrait plus la prise en charge de nouveaux immigrants pour une longue période. Il se pourrait donc que les migrations vers la ville se ralentissent. 54. Selon les calculs de la SEMA, la persistance du taux de migra- tion actuel provoquerait une baisse rapide du revenu moyen par habitant, ce qui serait incompatible avec les remarques précédentes. On a donc présumé une baisse continue du taux de migration qui permettrait de maintenir effectivement le revenu par habitant au niveau de 1963. Dans cette hypothèse, on s'attend à une baisse continue du taux de croissance global annuel de la ville de 12% en 1965, à 9,5ý en 1970, 7% en 1975 et 6 en 1980. Ce qui implique, étant donné un taux d'accroissement naturel constant (ou même en légère progression), un ralentissement tras mar- qué de la migration. 55. A partir des chiffres et des hypothèse ci-dessus, on a prévu que la population d'Abidjan atteindrait 500 000 habitants en 1970, 820 000 en 1975 et 1 100 000 en 1980. Les projections du chômage exposées plus haut sont fondées sur ces chiffres de la population. Cette même projec- tion de la population a également servi de base au Plan dressé par le Gouvernement. Nous avons déjà vu (paragraphe 28) que la population d'Abidjan s'est accrue durant les dernières années à un taux plus élevé que prévu. C'est pourquoi il n'est certainement pas exclu de la voir continuer à cro-tre, à l'avenir aussi, plus fortement que prévu, ce qui ne manquera pas d'aggraver la situation de l'emploi et des revenus. 56. De plus, en admettant mêne que la structure future de l'emploi demeure inchangée en ce qui concerne les niveaux de qualification re- quis, il est peu probable qu'un renforcement des moyens d'enscignement en général, et du système de formation professionnelle en particulier, puisse suffire à faire face à la demande de personnel qualifié; ce qui pourrait comporter des conséquences fâcheuses pour l'économie de la ville et entraverait le passage à des ty,pes d'activités qui requièrent de la main-d'oeuvre spécialisée. - 18 - 57. Dans certaines autres agglomérations urbaines, la situation sera presque aussi difficile. A Bouaké par exemple, l'accroissement très marqué de la population ces dernières années a provoqué un dé- veloppement rapide du secteur traditionnel, en particulier du commerce. Ce secteur a pris une telle extension qu'il en est résulté une baisse de la rému.ération par emploi, et un certain manque d'efficacité. A moins que de nouvelles activités ne se créent, le taux actuel de crois- sance de la porulation conduira à un abaissement du niveau de vie moyen. Ces dernières années, il n'y a pour ainsi dire pas eu de créa- tion de nouvelles industries à Bouaké. 58. La situation des centres urbains moins importants est quelque peu meilleure du fait qu'ils se trouvent en pleine période de transition. De nouveaux emplois continuent d'être créés pour combler le retard hérité du passé, en particulier dans les domaines de l'administration, du com- merce, des ateliers de réparation, etc. Ces agglomérations sont essen- tiellement les centres de zones agricoles plus étendues. Cette fonction limite en même temps leur importance et leur taux de croissance sou- haitables. 59. La comparaison entre les mouvements migratoires probables et les projections de la structure de l'emploi 'urbain mène aux conclu- sions suivantes: a) L'exode rural provoque une pénurie de main-dîoeuvre dans les zones rurales et un excédent de main-d9oeuvre non qualifiée dans les villes, en particulier à Abidjan. b) Le déficit de main-d'oeuvre dans les zones rurales doit être comblé, au moins partiellement, par un accroisse- ment de l'immigration. L'immigration de travailleurs étrangers vers les centres urbains devra aussi augmenter, à moins que les nationaux ivoiriens n'arrivent à sur- monter leur prévention contre les travaux manuels. c) La poursuite de l'expansion d'une économie moderne exigera des effectifs de personnel qualifié qui pourront difficilement être fournis dans un proche avenir. d) L'excédent de l'offre par rapport à la demande sur le marché urbain du travail contribuera à maintenir un important secteur traditionnel peu efficace et à bas niveau de revenus. 60. Quand même le déséquilibre de l'économie urbaine ne serait que passager, la prochaine décennie sera certainement difficile. Il y a lieu de sginquiéter. Le ch6mage croissant et les conditions mini- males de vie qui sont le sort d'une grande partie de la population - 12 - urbaine soumettront le (buvernement à une pression sociale et politique de plus en plus forto. La campagne pour une "ivoirisation" de l'emploi se fera plus pressante. La tension croissante entre les travail- leurs africains immigrés et les Ivoiriens sans travail pourrait pro- voquer un courant en faveur de la réduction de l'immigration. Dans le domaine du logement et des services publics, les revendications d'allo- cations de logement et de gratuité de l'approvisionnement en eau, du système des égouts et d'autres services publics se feront plus pres- santes et pourraient absorber une part de plus en plus importante des ressources disponibles. A ce sujet, le Gouvernement aura à Ëésoudre le problème du choix d'un juste milieu entre les extrTnes suivants: (a) soit assurer ces services coiteux à une population en partie non active et encourager par là mêne la migration vers les villes; (b) soit accepter une dégradation partielle de la ville avec un accroissement rapide des bidonvilles. 61. Le Gouvernement est certainement conscient de ces problèmes et espère trouver des solutions qui soient compatibles avec une progres- sion économique continue. Les facteurs politiques et sociaux ne lui laissent cependant qu'une marge étroite de manoeuvre. 62. "L'ivoirisation" de l'économie, tout en étant souhaitable, ne peut, sauf dans des cas exceptionnels, être réalisée que graduelle- ment, grâce à un effort soutenu dans le domaine de l'enseignement. Une promotion rapide d'Ivoiriens qui n'auraient pas le niveau de qualifi- cation requis pourrait aisément provoquer une baisse de la compétence dans les administrations publiques et dans le secteur privé. L'étude de la SI& mentionnée plus haut estime que pour assurer un fonctionne- ment satisfaisant de l'économie ivoirienne, il faudrait porter les effectifs du personnel non africain de ll 000 en 1970 à 16 000 en 1980, ces chiffres n'impliquant qu'une légère diminution de la part relative des non-Africains dans l'ensemble de l'emploi. 63. Des mesures visant à réduire l'immigration pourraient 6tre préjudiciables et il serait difficile de choisir des mesures suffisam- ment sélectives étant donné que la croissance de l'immigration est in- dispensable pour atteindre les objectifs de production fixés dans le Plan, et qu'il existe dans les centres urbains un besoin croissant de manoeuvres, lesquels sont recrutés jusqu'à présent parmi les immigrants. D'autre part, étant donné la disparité des potentiels économiques entre la Côte-d'Ivoire et les pays voisins comme le Mali et la Haute-Volta, toute mesure visant à priver les nationaux de ces pays de la possibi- lité de trouver de l'emploi en Côte-d'Ivoire serait considérée comme une atteinte à l'esprit de coopération régionale. - 20 - 64. Liamélioration des conditions de vie dans les zones non urbaines grâce à une politique résolue de développement régional pourrait également servir a ralentir la migration vers les villes. Il en sera question dans le chapitre suivant. Cuant aux dispositions a prendre en vue d'élever le niveau urbain, elles seront exposées dans le chapitre sur la planification urbaine. - 21 - II PLANIFICATIR REGICNALE ET URBAINE ?olitique de planification régionale 65. L'écart considérable entre les revenus des diverses régions constitue l'une des causes de la migration vers les villes- l'on peut s'en rendre compte en comparant le revenu net par habitant, pour 1965, dans un certain nombre de régions (voir également le Tableau 5 qui fournit des données sur le produit par région et sa composition). Revenu net par habitant en 1965 (en FCFA) Revenu total (comprenant le re- Revenu monétaire venu de subsistance) uniquement Département Nord (1) 18 600 5 hoo Département Centre 35 600 24 300 Zone forestière du Sud 49 000 37 500 Abidjan 205 000 201 000 Moyenne nationale 51 200 39 900 Même si l'on tient compte du revenu relativement élevé de la population non africaine qui réside principalement à Abidjan, l'écart entre les différentes régions est très prononcé et le revenu moyen des habitants d'Abidjan est beaucoup plus élevé que celui du reste de la population. Mais, en dehors même d'Abidjan, les revenus des zones ur- baines et rurales demeurent très inégaux. Revenu net par habitant en 1965 (en FCFA) Revenu total (comprenant le re- Revenu monétaire venu de subsistance) uniquement Département Nord) rural 15 300 3 000 ) urbain ho 700 19 hoo Département Centre ) rural 31 800 19 000 ) urbain 56 900 52 000 (1) uette répartition régionale coincide presque intégralement avec la divisior -n-re savane (Nord), zone de trarsi tion (Centre) et zone foreOPULK?IOIN RURALE TOTALE (b) (a) (b) SUD 7 900 492 000 EST 14 200 219 000 OUEST 20 200 389 000 1ORD 21 700 705 000 CENTRE-OUEST 25 800 267 000 CENTRE 22 600 948 000 TOTAL 16 560 3 020 000 Source: Pretaière Esquisse du Plan quinquennal de Dé- veloppement 1971-75 TABLEAU 8. REPARTITION DES SOUS-PREFECTURES EN FONCTION DU TAUX DE SCOLARISATION (EN POURCENTAGE) Taux Popula- Taux de scolarisation 0-10% 10-20% 20-40% 40-60% 60-80% 80% et Total Moyen tion rurale plus de scola- (en mil- risation liers) CENTRE-OUEST - - 12,5 37,5 37,5 12,5 100 62,5 267 SUD - 8,8 8,8 44,8 38,7 8,8 100 57,6 492 EST 12,5 12,5 37,5 12,5 25,0 - 100 40,9 219 CENTRE - 19,3 46,1 15,2 19,4 - 100 38,5 948 OUEST 8,4 16,6 33,3 33,3 - 8,4 100 29,8 389 NORD 41,0 44,0 15,0 - - - 100 14,6 705 Source: Première Esquisse du Plan quinquennal de Développement 1971-75 TABLEA,U 9. POU-CNTAGE DES LOCJP::TES OU ONT EU LIEU DES OPERATIONS DE ZONAGE: Nombre Nombre d'habitants 300- 600- 2 000- 3 000- 5 000- d'opérationo 600 2 000 3 000 5 000 1o 000 de zonage NORD 2,3 5,5 il 100 100 31 CENTRE 2,6 4,5 26 100 100 55 OUEST 1,6 3,3 37 100 100 18 CENTRE-OUEST 2,7 8,6 20 100 100 16 EST (PARTIE NORD) 1,1 1,3 -- 75 100 ) ) 21 EST (PARTIE SUD) 7,4 16,6 100 100 100 ) SUD (P.ARTIE EST) 6,9 14 30 50 100 47 SUD (PARTIE OUEST) -- -- TOT±.L 188 Source: Première Esquisse du Plan quinquennal de Développement 1971-75 Tý BLEAU 10. VSTISSEMENTS NECESSAIZS L LA FOURNITURE DE L'EAU DA.NS LES VILIAGES Nature de Nombre de villages Prix de revient Coût des in- l'adduction demeurant à unitaire en mil- vestissements d'eau pourvoir lions de FCFA nécessaires en milliards de FCFA - puits avec pompe à main 3 500 1,5 5,25 - forage avec pompe à main 1 400 3,h 4,75 - forage avec citerne 450 5,0 2,25 - forage profond 2 100 5,0 16,80 - forage avec système de distribution 100 5,5 0,55 Total 7 550 -- 30,00 Source: Première Esquisse du Plan quinquennal de Développement, 1971-1975 TaLEAU 11: VEINTIL2 TION DES INVESTISSEHENTS PUBLICS PREVUS EN M'ÇILLIARDS DE FRAN\CS CFA 1966-1970 1971-1975 1976-19 O Investissements des admi- nistrations centrales et locales a) Infrastructure adminis- trative 15,2 22,0 30,0 b) Santé publique 6,3 6,0 11,0 c) Infrastructure sociale 0,8 0,9 2,0 d) Enseignement, etc. 11,1 17,4 2h,0 e) Infrastructure économique i. transports routiers 21,2 25,0 42,0 ii. adduction d'eau 1,8 5,1 6,5 iii. investissements urbains, rues, égouts, etc. 10,1 14,0 22,5 iv. agriculture, pêche, élevage, sylviculture 4,3 4,4 6,0 Total 70,3 96,8 1h4,0 Investissements des entre- prises publiques et semi- publiques a) Agriculture 17,6 27,0 23,0 b) Ports et voies navigables 8,9 10,0 13,5 c) Aéroports 1,8 2,0 3,0 d) Electricité 7,7 23,6 11,5 e) R. et T. 3,9 5,7 6,0 f) Chemin de fer 5,3 6,5 8,0 Total 75,0 70,0 Participations et prêts 15,7 26,6 38,6 Total général 131,7 198,4 252,6 Source: Première Esquisse du Plan quinquennal de Développement 1971-1975 ThýLEAUJ 12 V-ZTILATILCA DES Lý IiV'ISTIR L'SIS LLS Ç)UARTIERS DEiSIDE'!ILLS DI' BA:NCC, A ABIDJA: !àT E 19(9 et 1975 (Ed MILLIOUS DE FALCS CFA) Population supplémentaire 110 0,0 Surface supplémentaire à prévoir 850 hectares coût à l'hectare coûts globaux Nivellement du terrain,etc. Drainage des eaux de pluie 0,45 382 E'gouts 0,71 595 Rues 1,12 956 Electricité q,35 722 Adduction d'eau 1,52 446 Téléphone 0,ot 64 Imprévus - 10% 0,37 317 Total 4,09 3 482 Coût par nouvel habitant 31 600 FCFA Source. AURA, Abidjan Plan d'Liénagement. Rarport justificatif mai 1969 TABLEAU 13. VNTILATION )LS SOP7ES A INVE7STIR DANS LLS OUVEAUX QUARTIERS L':SIDETIELS De L'ILE D7 PL'TIT-BASSKi A ABIDJAN ETTr 1969 ET i975 (en millions de francs CFA) Population supplémentaire P3 000 Surface supplémentaire à prévoir 476 hectares coet à l'hectare coûts globaux Mivellement du terrain 0,98 467 Drainage des eaux de pluie 1,10 524 Egouts 0,93 445 Rues 1,62 800 Electricité 0,85 405 Adduction d'eau 0,56 267 Té léphone ',08 36 Imprévus - 10% ', 52 294 Total 6,80 3 238 Coût par nouvel habitant - 38 1CO rC7A Source AURA, Abidjan Plan dAménagement. Rapport justificatif mai 1969 TAL LEAU 14: P2PARTTI9GDES RYV-E7US DZS . -iAGES AFICKJ D'ABIDJAP "E1 1975 iénagesénanages Nombre Revenu mensuel Locataires nropriétaires logés gra- total en francs CFA de leur habi- ciusement par de tation des parents ou må;nages des anis __ 5 C00 1 380 0 120 1 500 5 000-10 000 21 440 240 1 920 23 600 10 000-15 000 28 760 640 2 600 32 000 15 090-20 000 25 800 1 800 2 400 33 000 20 000-25 003 14 990 1 830 1 480 18 300 25 000-30 000 9 700 1 890 1 010 12 600 30 000-40 000 9 200 2 560 1 040 12 300 40 000-50 000 5 570 2 700 730 9 000 50 000-60 000 2 200 1 760 350 4 400 63 000-70 000 1 150 2 160 290 3 600 70 000-80 000 770 1 440 190 2 400 80 000-100 000 100 720 80 900 100 000-120 000 - - Total 121 240 1& 460 12 300 152 000 Source: SEMA, Politique du logement 3 Abidjan, 1967. TALLEAU 15 EPARTITI0N DES ?IG2NACES LOCATAILS D'ABIDJA: STJIIVPT LA TMLLE DE LA FPHILLE LT L; YU-T«*LT DU LOYE?. gU'ILS PEUVEIE PAYER-, EN 1975 Norrbre de menages comprenant L'yer mensuel 1 2-3 4-5 6-7 8 Dersonnes Total en francs CFA personne pers. pers. pers. et plus 500 - - - - . 500-1 000 330 770 230 - 1 330 1 000-1 530 4 290 3 450 3 175 600 11 515 1 500-2 000 4 400 5 700 4 750 1 500 1 040 17 390 2 00i-2 500 2 500 7 480 6 325 2 045 1 320 19 670 2 500-3 000 750 7 500 5 000 3 170 1 600 18 020 3 000-3 500 300 3 620 4 000 4 185 2 700 14 305 3 500-4 000 140 1 750 2 950 3 420 2 230 10 470 4 03-4 500 120 1 300 2 000 1 300 2 080 7 000 4 500-5 000 100 750 1 500 1 500 2 020 5 870 5 300-6 000 80 490 1 150 1 270 2 010 5 000 6 000-7 000 90 580 300 1 000 1 460 3 930 7 300-8 000 80 400 310 7:>0 1 200 2 740 8 000-9 000 - 115 145 50N 1 020 1 730 9 1G2-10 00, - - 80 285 525 890 10 000-12 000 - - 60 240 280 5C0 12 000-14 000 - - - - 100 100 14 000-16 000 - - - - 10O 100 1600 - - - - Total 13 130 33 605 32 525 22 245 19 685 121 440 Source: SEJIA: Politique du logement à Abidjan, 1967. TABL2AU 16: -UDGETS 1:ICIPAUJI 19-1962 (EN IILLIG~S 3Z "PETCS CFA) unicipalité 1965 196C 1967 l'63 1969 Abidjan 2 421 2 636 2 831 2 308 2 139 Eouaké 386 534 474 505 n.d. Abengourou 54 61 S, 59 n.d. Agboville 47 47 50 45 n.d. Daloa 83 113 101 117 n.d. Dimbokro 48 51 35 70 n.d. Gagnoa 62 69 71 79 n.d. "1an 57 1 69 56 n.d. Total 3 159 3 571 3 739 3 239 Source: :linistère rde 1'Intérieur, Abidjan. TABLLAU 17 TOTAL DJZS IETISSELES AIU7ICIPAUX 1966-19521_/ t~LLI~S DE FPANCS CFA) ;.unicipalité 19%6 1967 19 Abidjan 639 448 429 Abengourou 17 10 6 Bouaké &9 148 48 Daloa 3 2 142 Dinbokro 4 22 24 Gagnoa 4 167 1/ Y compris les investissements réalisés grâce à des prêts étrangers. L'importance des investissements varie considéra- blement suivant qu'ils portent sur un centre comnercial, l'ad- duction d'eau, etc. Source. iânist're de li ntérieur, Abidjan