BR E E 82389 OM T N NO 02 AVRIL 2012 FINDEX NOTES Base de données Global Findex De nouvelles données disponibles sur l'épargne, l'emprunt et la gestion des risques Asli Demirguc-Kunt Leora Klapper Selon les nouvelles statistiques de la base de données Inclusion financière mondiale (« Global Findex »), 22 % des personnes interrogées dans le monde déclarent avoir placé leur épargne auprès d'un établissement financier au cours de ces 12 derniers mois, tandis que 9 % affirment avoir contracté un nouvel emprunt formel. Les données révèlent également de fortes disparités entre les régions, les pays et les modes d'utilisation des habitants concernant les services financiers. Cette base de données permet d’évaluer l’impact des diverses politiques d’inclusion financière en vigueur à l’échelle mondiale et d’approfondir et d’affiner la compréhension du comportement des personnes à travers le monde quant à l’épargne, l’emprunt, aux paiements et la gestion des risques. WWW.WORLDBANK.ORG/GLOBALFINDEX Les systèmes financiers inclusifs peuvent jouer un rôle majeur dans la réduction de la pauvreté et des inégalités. Ils permettent aux populations pauvres d'épargner et d'emprunter, afin de pouvoir se constituer un patrimoine, d'investir dans l'éducation et la création d'entreprises et d'améliorer in fine leur niveau de vie. Ces services permettent également aux pauvres d’équilibrer leur rythme de consommation et de s'assurer contre les nombreux aléas économiques auxquels ils sont confrontés, de la maladie aux accidents en passant par les vols et le chômage. Nous savions jusqu'à présent bien peu de choses sur l’état du secteur financier à l’échelle mondiale, le degré d'inclusion financière et l'ampleur de l'exclusion des systèmes financiers formels de groupes tels que les pauvres, les femmes et les jeunes. Nous manquions d’indicateurs systématiques concernant l’utilisation des différents services financiers pour la plupart des pays. Le Global Findex permet d’obtenir de tels indicateurs, sur la base de données mesurant les comporte- ments des personnes vis-à-vis de l’épargne, de l’emprunt, des paiements et de la gestion des risques. Ces nouveaux indicateurs sont élaborés sur la base de données issues d'enquêtes menées auprès de plus de 150 000 adultes âgés de 15 ans ou plus, sélectionnés de manière aléatoire à l’échelle nationale. L’enquête a été réalisée au cours de l’année civile 2011 par Gallup, Inc., dans le cadre de son Enquête mondiale Gallup. Ce document présente les données de Global Findex concernant les comportements en matière d'épargne, les sources et les finalités des emprunts souscrits et la souscription d'une assu- rance maladie et agricole pour gérer les risques. Épargne L'épargne visant à couvrir les dépenses futures, l'éducation, un mariage, un gros achat, ou à se prémunir contre les urgences éventuelles est une tendance observée de par le monde. 36 % des personnes adultes interrogées dans le monde entier déclarent avoir épargné ou mis de l'argent de côté au cours des 12 derniers mois1. Les personnes résidant dans des pays à hauts revenus sont les plus enclins à le faire, suivis des habitants d'Afrique subsaharienne, d'Asie orientale et du Pacifique (graphique 1). Au niveau mondial, 22 % des personnes interrogées déclarent avoir placé leur épargne au cours de l'année sur un compte ouvert auprès d'une institution financière formelle. Le comportement en matière d'épargne varie d'une région à l'autre et selon le profil de l'épargnant. Les hommes appartenant aux FINDEX NOTES 1 UE AP 1 HIQ Épargne formelle et informelle GR Adultes ayant épargné au cours des 12 derniers mois (%) 100 80 Adultes ayant épargné 60 PAR DAUTRES MOYENS 40 AUPRÈS D’UNE 20 INSTITUTION FINANCIÈRE 0 MOYEN-ORIENT & EUROPE & ASIE AMÉRIQUE LATINE ASIE DE L'EST AFRIQUE PAYS À REVENUS AFRIQUE DU NORD ASIE CENTRALE DU SUD & CARAÏBES & PACIFIQUE SUBSAHARIENNE ÉLEVÉS Source: Demirguc-Kunt and Klapper 2012. quintiles à plus hauts revenus et les plus diplômés sont plus nombreux à avoir placé leur épargne auprès d'une banque, d'un établissement de crédit, d'une institution de microfinance au cours des 12 derniers mois. Dans les pays en développement, les personnes appartenant au quintile des revenus les plus élevés sont en moyenne trois fois plus nombreux à placer leur épargne auprès d'établissements formels que les plus pauvres. La proportion est près de deux fois plus importante dans les pays à hauts revenus. Le fait de posséder un compte formel n'implique pas nécessairement le fait d'épargner de manière formelle; même parmi les titulaires d'un compte, il existe de fortes variations d'utilisation des comptes formels pour y placer son épargne (graphique 2). Environ 43 % des titulaires de compte déclarent avoir épargné ou mis de l'argent de côté sur un compte ouvert auprès d'une institution financière formelle au cours des 12 derniers mois. Dans les pays à hauts revenus, en Asie orientale et dans la région Pacifique ainsi que dans l'Afrique subsaharienne, la moitié environ des titulaires de compte ont déclaré l'avoir fait. On peut en déduire que dans ces groupes de pays, l'accès à un établissement sûr pour y placer son épargne peut constituer un facteur incitatif important pour ouvrir et entretenir un compte formel. De nombreux adultes n'épargnent qu'à travers d'autres moyens, bien qu'ils soient titulaires d'un compte formel. Ces personnes, que l'on peut qualifier de « sous-bancarisées » représentent 12 % des titulai- res de compte dans le monde entier. Les personnes optant pour une méthode d'épargne informelle plutôt que de passer par leur compte formel peuvent y être incitées en raison du caractère prohibitif des coûts liés à l'utilisation active de leur compte, du fait de barrières comme les frais de retrait et de consultation du solde ou l'éloignement géographique. Il peut également arriver que les comptes pour le versement des salaires ouverts par les employeurs puissent ne pas être facilement utilisables en vue de placer son épargne. Dans les pays en développement, une grande partie des épargnants optent clairement pour des alter- natives aux comptes formels. Quelles sont les principales alternatives utilisées ? Les clubs d'épargne représentent une alternative courante (ou un complément) à l'épargne placée dans une institution financière formelle. Il existe une forme d'épargne répandue, appelée susu en Afrique de l'Ouest, arisan en Indonésie et pandero au Pérou, qui désigne un système collectif d'épargne et de crédit basé sur la rotation des bénéficiaires. Ces clubs fonctionnent généralement par prélèvement collectif des dépôts hebdomadaires de leurs adhérents et un reversement de l'intégralité de la somme collectée à un membre différent chaque semaine. Les méthodes d’épargne communautaire telles que les clubs d'épargne sont très répandues dans certaines régions du monde, notamment en Afrique subsaharienne. Dans cette région, 19 % des personnes déclarent avoir placé leur épargne au cours des 12 derniers mois auprès d'un club d'épargne ou une 2 FINDEX NOTES UE personne extérieure à la famille. Parmi ceux qui AP 2 HIQ Comportement en matiére d'épargne des titulaires de compte déclarent avoir épargné dans l'année, 48 % ont GR eu recours à des méthodes d'épargne collective. Adultes titulaires d'un compte par comportement d'épargne au cours des 12 mois (%) La pratique est particulièrement fréquente au 100 Nigeria, où 44 % des adultes (et 69 % des épargnants) PAS D’ÉPARGNE déclarent avoir eu recours à un club d'épargne ou 80 une personne extérieure à la famille. La popularité ÉPARGNE UNIQUEMENT des clubs d'épargne témoigne des avantages qu'ils 60 PAR DAUTRES procurent, mais ces méthodes présentent également MOYENS des inconvénients. Leur caractéristique essentielle, 40 l'informalité, s'accompagne de risques de fraude ÉPARGNE FORMELLE et d'effondrement (même si les comptes formels 20 peuvent également être confrontés à ces risques, en l'absence de garantie efficace par l'État des 0 dépôts bancaires, à l'instar de nombreux pays EUROPE & MOYEN- AMÉRIQUE ASIE ASIE DE PAYS À AFRIQUE en développement). Le caractère cyclique des ASIE ORIENT & LATINE DU SUD L'EST REVENUS SUBSAHARIENNE CENTRALE AFRIQUE & CARAÏBES & PACIFIQUE ÉLEVÉS contributions et des décaissements peut par ailleurs DU NORD être jugé trop contraignant pour certaines personnes Source: Demirguc-Kunt and Klapper 2012. et ne pas répondre à leurs besoins en matière de dépôt de leur excédent de revenus ou de retrait rapide des fonds en cas d'imprévu. Une part importante des personnes interrogées à travers le monde déclarant avoir épargné ou mis de l'argent de côté au cours des 12 derniers mois n'ont pas eu recours à une institution financière formelle, un club d'épargne informel ou une personne extérieure à la famille. Même si le sondage Global Findex n'a pas recueilli de données sur ces méthodes alternatives, celles-ci peuvent comprendre l'épargne sous forme d'accumulation d'actifs (comme l'or ou le bétail) et l'épargne placée « sous le matelas ». Ces adultes représentent 29 % des épargnants dans le monde et plus de la moitié des épargnants de 55 pays. Emprunt La plupart des personnes doivent emprunter de temps à autre de l'argent. Elles le font parfois pour acheter ou rénover une maison, investir dans l'éducation ou payer un mariage. Lorsqu'elles ne disposent pas de l'argent nécessaire, elles se tournent vers quelqu'un qui le leur prêtera, une banque, un cousin, un prêteur informel. Dans certaines régions du monde, de nombreuses personnes peuvent avoir recours à des cartes de crédit pour emprunter à court terme. Au niveau mondial, 9 % des adultes déclarent avoir souscrit un nouvel emprunt auprès d'une institution financière formelle au cours des 12 derniers mois, 14 % des adultes dans les pays à hauts revenus et 8 % dans les pays en développement. Environ la moitié des adultes des pays à hauts revenus déclarent posséder une carte de crédit, qui peut représenter une alternative aux prêts à court terme 2. 7 % seulement déclarent posséder une carte de crédit dans les pays en développement. Les amis et la famille sont les principaux pourvoyeurs de nouveaux prêts dans toutes les régions, à l'exception des pays à hauts revenus. En Afrique subsaharienne, 29 % des adultes déclarent avoir fait appel à des amis ou des proches pour obtenir de nouveaux prêts au cours des 12 derniers mois, tandis que 2 % ne se sont adressés qu'à une institution financière. Dans plusieurs régions, on compte une plus forte proportion de personnes empruntant auprès d'un magasin (en recourant au crédit échelonné ou à l'achat à crédit) qu'auprès d'une institution financière formelle. Dans les pays à hauts revenus, les institutions financières formelles sont les principaux pourvoyeurs de nouveaux prêts. Pourquoi les personnes sont-elles plus enclines à emprunter ? Environ 11 % des personnes adultes résidant dans des pays en développement déclarent rembourser un prêt pour des questions de santé ou des imprévus (un groupe dans lequel moins de 20 % déclarent avoir emprunté uniquement auprès d'une institution financière formelle). Les prêts en cours souscrits en vue de payer des frais de scolarité sont plus fréquents en Afrique subsaharienne, où 8 % des personnes interrogées déclarent en avoir contracté. 3 % des personnes interrogées dans des pays en développement déclarent avoir des prêts en FINDEX NOTES 3 cours en vue de payer des funérailles ou un mariage, cette proportion étant bien plus élevée néanmoins dans les pays fragiles et ravagés par les conflits comme l'Afghanistan, l'Irak et la Somalie3. Les données concernant le recours aux prêts hypothécaires révèlent une grande disparité entre les catégories de revenus : dans les pays à hauts revenus, 24 % des adultes déclarent avoir souscrit un prêt pour acheter une maison ou un appartement, contre 3 % seulement dans les pays en développement. Gestion des risques Seulement 17 % des personnes interrogées dans les pays en développement déclarent avoir souscrit personnellement une assurance maladie, proportion qui s'élève à seulement 2 % dans les pays à faibles revenus. Parmi les personnes travaillant dans l'agriculture, la sylviculture ou la pêche dans les pays en développement, 6 % seulement déclarent avoir souscrit une assurance pour le bétail, les récoltes ou les précipitations au cours des douze derniers mois. Conclusion En tant que première base de données publique d'indicateurs mesurant régulièrement l'utilisation des produits financiers sur la durée et dans différents pays, le Global Findex comble un manque en matière de statistiques sur l'inclusion financière. Les données permettent d’évaluer l’impact des diverses politiques d’inclusion financière en vigueur à l’échelle mondiale et d’approfondir et d’affiner la compréhension du comportement des personnes à travers le monde en ce qui concerne la gestion de leurs finances au quotidien. En permettant d'identifier les catégories de la population exclues du secteur financier formel, elles peuvent aider les responsables politiques à hiérarchiser les réformes en conséquence et suivre l'état d'avancement et l'efficacité de ces réformes au gré de la publication de nouvelles statistiques. WWW.WORLDBANK.ORG/GLOBALFINDEX 1. Les chiffres cumulés au niveau régional et mondial ne comptabilisent pas les pays pour lesquels Gallup exclut plus de 20 % de la population de l'échantillon, en raison des risques pour la sécurité ou parce que la population comprend des expatriés qui ne sont pas ressortissants d'un pays arabe. Les pays exclus sont l'Algérie, le Bahreïn, la République centrafricaine, Madagascar, le Qatar, la Somalie et les Émirats arabes unis. La République islamique d'Iran est également exclue car les données y ont été recueillies selon une méthode différente de celle utilisée pour les autres pays. 2. Les informations recueillies ne portent que sur le nombre de titulaires de cartes de crédit, et pas sur l'usage qui en est fait. 3. Les données sur la finalité première des prêts en cours n'ont été recueillies que pour les pays en dével- oppement car Gallup, Inc. applique une limite de temps pour les entretiens téléphoniques réalisés dans les pays à hauts revenus, ce qui limite le nombre de questions qui peuvent être ajoutées au questionnaire de base. Les personnes interrogées ont choisi parmi une liste de raisons pour lesquelles elles ont souscrit leur emprunt. Il est donc possible que les raisons n'apparaissant pas sur la liste (emprunter pour créer une entreprise, par exemple) puissent également être répandues. La citation de référence pour les données Global Findex est la suivante : Demirguc-Kunt, A. et L. Klapper. 2012. « Measuring Financial Inclusion: The Global Findex Database. » Document de travail consacré à la recherche sur les politiques 6025, Banque mondiale, Washington, DC. 4 FINDEX NOTES