Guide à l’intention des décideurs : des solutions de marché favorables à la concurrence pour s’attaquer aux principaux goulots d’étranglement dans LA CHAÎNE DE VALEUR DE L’ARACHIDE AU SÉNÉGAL Juillet 2018 Couverture : Le Marché au Poisson, auteur du tableau Tony OKUJENI  a présente note a été préparée par Georgiana Pop (Économiste principale), Sara Nyman (Économiste), Julian Koschorke (Consultant), L Philana Mugyenyi (Spécialiste du secteur privé) et Marta Camiñas Mora (Consultante). La présente note résume les principales conclusions et recommandations d’un rapport du Groupe de la Banque mondiale : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence (avril 2018) de Georgiana Pop (Économiste principale), Sara Nyman (Économiste), Gonçalo Coelho (Consultant) et Julian Koschorke (Consultant) de l’équipe Marchés et politique de la concurrence. Martha Martinez Licetti (Économiste principale et Chef de file mondial Marchés et politique de la concurrence) a fourni de précieux conseils. la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 3 Le gouvernement du Sénégal est en train d’élaborer une nouvelle stratégie pour améliorer la compétitivité du secteur de l’arachide, visant à restaurer la position du Sénégal en tant que principal producteur d’arachide. La présente note identifie les principaux goulots d’étranglement à la concurrence le long de la chaîne de valeur de l’arachide au Sénégal, qui empêchent le secteur de s’adapter aux tendances mondiales et de réaliser les priorités fixées par le gouvernement pour le secteur. La note se focalise sur trois marchés le long de la chaîne de valeur de l’arachide qui s’avèrent essentiels pour déterminer les résultats du marché pour les agriculteurs, les consommateurs et la création d’emplois, à savoir : le marché des intrants, le marché de l’arachide brute et le marché des huiles végétales. Elle fournit des recommandations de politiques pour des réformes pro-concurrentielles qui, si elles sont mises en œuvre, devraient générer plus de 250 millions de dollars US pour tous les acteurs de la chaîne de valeur arachide du Sénégal, créer des emplois pour les femmes rurales pauvres et sortir 50 000 Sénégalais de la pauvreté. Figure 1 : Présentation de la chaîne de valeur arachidière du Sénégal Solution de marché Solution de marché pro-concurrentielle pro-concurrentielle • Éliminer la réglementation Solution de marché pro-concurrentielle • Éliminer la réglementation anticoncurrentielle anticoncurrentielle • Éliminer la réglementation • Promouvoir des conditions • Promouvoir des conditions de anticoncurrentielle de concurrence équitables concurrence équitables • Promouvoir des conditions de • Ouvrir les marchés concurrence équitables Question sectorielle 1 : Disponibilité limitée des Question sectorielle 4 : Garantir la capacité pour Question sectorielle 6 : Prix à la semences certifiées consommation de l'huile les transformateurs locaux • Amélioration possible de • L'absence d'une industrie locale l’allocation des semences de • Manque de semences de qualité compétitive augmente les prix pré-base • Droits d'importation sur les huiles • Amélioration possible de • Absence de signal de prix à végétales (palme, soja) l’allocation des semences la production orienté marché susceptible de concurrencer • Contrôles des prix sur l’huile dans le cadre du régime des subventions le prix à l’exportation Exportation ! Fourniture de 2 ! Vente de noix semences Production de Achat/Transport 1 noix brutes en comestibles Décorticage Objectifs du PSE Fourniture Achat auprès des ! coque agriculteurs ! d’engrais ! Production Raffinage de 1 Accroître la production ! d'huile brute l’huile dom. 3 Marché et la productivité des intrants Importation Importation 2 Encourager la d’huile brute d’huile raffinée diversification Marché de l’huile Marché de l’huile brute raffinée 3 Développer un secteur de l’huile d'arachide Question sectorielle 3 : viable Revenus bas des Question sectorielle 5 : Comment créer la valeur agriculteurs ajoutée locale ? Question sectorielle 2 : • Prix plancher fixé via Disponibilité limitée des engrais • La taxe à l’exportation dissuade la création de des négociations au valeur ajoutée locale pour les noix entières • Distortions dans le processus niveau du CNIA • Le ciblage étroit de l’État risque de ne pas d'appel d’offres pour la permettre l’entrée et freiner l’innovation subvention des engrais Solution de marché pro-concurrentielle Solution de marché pro-concurrentielle • Éliminer la réglementation anticoncurrentielle Solution de marché pro-concurrentielle • Éliminer la réglementation • Promouvoir des conditions de • Éliminer la réglementation anticoncurrentielle anticoncurrentielle concurrence équitables • Promouvoir des conditions de • Promouvoir des conditions de concurrence concurrence équitables équitables • Ouvrir les marchés Les arachides sont importantes pour le Sénégal L’arachide joue un rôle crucial dans le secteur agricole du Sénégal (Figure 1) et constitue une priorité pour le gouvernement sénégalais en raison de l’importance économique du secteur. 4 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide Figure 2 : Le secteur arachidier du Sénégal Emploie 482 000 agriculteurs sénégalais 9e plus grand producteur • 63 % de la population agricole d'huile d'arachide • 40 % de la population 1/3 de la superficie cultivable est Les arachides contribuent à consacré à la culture de hauteur de 2/3 des revenus l’arachide d’exportation Les arachides apportent une 15e plus grand producteur d'arachides contribution de 60% au PIB agricole Le secteur arachidier du Sénégal : objectifs des politiques publiques Le Plan Sénégal Émergent 2014 (PSE), plan de développement phare du pays, met en évidence trois objectifs clés pour le secteur de l’arachide (Figure 2) visant à stimuler la productivité, à encourager la diversification et à développer un secteur viable de transformation de l’huile d’arachide (malgré le manque actuel de rentabilité dans l’industrie de l’huile d’arachide). Les interventions pro-concurrentielles sont importantes pour atteindre les objectifs du Sénégal dans le secteur de l’arachide. Figure 3 : Objectifs clés du Plan Sénégal Emergent 2014 pour le secteur arachidier 1 2 Production & productivité : Diversification : remplacer Augmenter les rendements 10 à 20% de la production d’arachide de +50% d’ici d'huile d'arachide par des 2020 noix comestibles d’ici 2023 Les trois objectifs 3 Industrie de l’huile compétitive : remplacer 20 sont liés à travers la dynamique du à 30 % de la consommation marché d'huile importée par de l’huile d'arachide produite localement la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 5 Potentiel d’amélioration des performances du secteur Le gouvernement a désormais l’occasion de cibler ses efforts en matière de politiques et de mettre en œuvre des interventions favorables à la concurrence afin d’aligner le Sénégal sur les tendances et la demande mondiales actuelles et projetées. Cela permettra au pays d’atteindre les objectifs du PSE et d’améliorer les performances du secteur. Le Sénégal est bien placé pour tirer parti de l’abandon mondial de l’huile d’arachide au profit des arachides entières (et en particulier l’arachide entière de haute qualité, par exemple pour la confiserie et les snacks)- si les bonnes politiques de marché sont mises en place pour faciliter ce changement (figure 3). Le Sénégal produit généralement environ 1 million de tonnes d’arachides par an2 - dont la plus grande partie est au bout du compte exportée (figure 4). Figure 4 : Utilisations principales de la production d’arachides brutes sénégalaises (données 2015/16 et 2016/17) Autres utilisations Exportations auto-consommation, Taxe pré- semences recyclées, exportation : perte manutention 350.000 post-récolte : 240.000 tonnes tonnes Groundnuts (1000 tons) 16% 24% 25% 35% 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Production Transformation d'huile d'arachide artisanale locale : 160.000 « Seggal » et noix tonnes comestibles : 250.000 tonnes Source : visualisation des auteurs ; diverses sources 2  u cours de la campagne 2015/2016, le Sénégal a produit 1,1 million de tonnes d’arachides. USDA. 2017. Production, Supply and Distribution A Database. Disponible sur : https://apps.fas.usda.gov/psdonline/app/index.html#/app/home 6 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide Figure 5 : Exportations mondiales d’arachides (équivalent huile) et d’huile (1990 - 2016) du Sénégal Équivalent huile d’arachide en 1000 tonnes 1200 1000 800 600 400 200 0 Huile d'arachide d'exportation Arachide d'exportation (équivalent huile) Source : USDA (2017). Remarque : le taux moyen mondial d’extraction d’huile (OER) rapporté par l’USDA a été utilisé pour convertir les graines d’arachide en équivalent huile. Cette situation est bien illustrée par l’augmentation de la demande d’arachides sénégalaises - principalement de la part de la Chine et du Vietnam - après que le gouvernement a libéralisé les exportations d’arachides entières en 2013 (Figure 5). Les petits agriculteurs du Sénégal en ont été les principaux bénéficiaires, l’entrée des exportateurs augmentant les prix à la production de 19 à 40 % de plus que le prix plancher fixé. Figure 6 : Exportations mondiales d’arachides par les 5 principaux exportateurs actuels (1974 - 2017) 1800 Suppression de 1600 l’interdiction Inde d’exporter 1400 1200 Chine 1000 Argentine 800 États-Unis 600 400 Sénégal 200 0 Source : USDA (2017) la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 7 Le passage à la production et à l’exportation d’arachides entières est possible malgré un déclin constant de la position du Sénégal comme exportateur d’huiles d’arachide de premier plan au cours des dernières décennies (Figure 6), parallèlement à la baisse de la demande mondiale d’huile d’arachide. Cette dernière était principalement associée à la percée de l’huile de palme et de soja relativement bon marché et à un rapprochement de la production d’huile d’arachide vers les principaux points de consommation, notamment la Chine. Figure 7 : Part du Sénégal dans les exportations mondiales d’arachides et d’huile d’arachide 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 1972/73 1973/74 1974/75 1975/76 1976/77 1977/78 1978/79 1979/80 1980/81 1981/82 1982/83 1983/84 1984/85 1985/86 1986/87 1987/88 1988/89 1989/90 1990/91 1991/92 1992/93 1993/94 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01 2001/02 2002/03 2003/04 2004/05 2005/06 2006/07 2007/08 2008/09 2009/10 2010/11 2011/12 2012/13 2013/14 2014/15 2015/16 Part dans les exportations mondiales de l'huile d'arachide Part dans les exportations mondiales d'arachide Linéaire (part dans les exportations mondiales d'huile d'arachide) Source : USDA (2017) Une combinaison de tendances mondiales, conjuguée à une capacité faible et à un manque de politiques de marché pro-concurrentielles ont fait que même les plus gros producteurs d’arachides du Sénégal ont eu du mal à atteindre ne serait-ce que la moitié de leur capacité opérationnelle, réduisant ainsi leur compétitivité à l’échelle mondiale. Cette situation a prévalu malgré les taxes à l’exportation introduites durant la saison 2016/2017 qui ont permis aux huiliers sénégalais de rivaliser avec les exportateurs capables de payer des prix plus élevés pour les arachides entières. Le secteur arachidier du Sénégal 3 marchés clés Lorsqu’on analyse de près la chaîne de valeur, trois principaux marchés nécessitent une attention particulière : (i) les marchés d’intrants (semences et engrais) ; (ii) le marché des achats auprès des paysans ; et (iii) le marché de la production d’huile d’arachide et autres huiles végétales. Tous sont interdépendants et font partie des objectifs du PSE. La prise en charge des questions prioritaires du point de vue des marchés et de la concurrence s’avère essentielle pour le développement de la chaîne de valeur et peut compléter les interventions gouvernementales plus larges sur le développement des marchés, telles que le développement de normes et de qualité adéquates, les systèmes d’irrigation et l’agriculture contractuelle, ainsi que les mesures d’atténuation des risques pour les agriculteurs, notamment l’assurance-récolte et les mesures de protection sociale. 8 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide La dynamique de marché sur le marché des achats détermine les incitations des agriculteurs à produire et à investir dans les intrants, ainsi que la capacité de l’industrie de transformation à accéder aux intrants d’arachide. La concurrence dans l’industrie de la transformation : (i) favorise l’innovation pour élargir la gamme de produits à valeur ajoutée, et (ii) stimule la compétitivité internationale des produits de l’arachide, dont l’huile qui reçoit actuellement un soutien non négligeable de l’État. Le Sénégal pourrait ainsi accroître sa capacité d’exportation et faciliter la substitution des importations pour les produits où cette substitution s’avère efficace. Une productivité accrue et une plus grande diversité de produits devraient stimuler la concurrence sur le marché des produits agricoles, complétant ainsi le cercle vertueux (Figure 8). Figure 8 : Les trois marchés clés du Sénégal dans la chaîne de valeur de l’arachide qui forment un cercle vertueux ainsi que leur lien avec les objectifs du PSE Marché d’exportation Productivité 3 Concurrence Concurrence 1 sur le marché Revenus des pour l’achat sur le marché Prix à la Bien être des Agriculteurs 2 intérieur de la agriculteurs d’arachides consommation consommateurs brutes transformation Emploi Source : Visualisation des auteurs Au bout du compte, si les marchés fonctionnent bien et autorisent la concurrence entre les acteurs, un cercle vertueux entre les principaux acteurs de la chaîne de valeur peut entraîner des avantages en termes de bien-être pour les consommateurs (grâce à la baisse des prix à la consommation), pour les agriculteurs (grâce à l’augmentation des revenus) et peut aider à stimuler la compétitivité internationale et à créer de meilleurs emplois. La section suivante explore les politiques de marché actuelles qui peuvent empêcher la création de ce cercle vertueux et suggère des solutions pour y remédier. Principaux goulots d’étranglement et restrictions à la concurrence et leurs implications pour le secteur de l’arachide Le gouvernement intervient dans le secteur de l’arachide à tous les stades de la chaîne de valeur dans le but de soutenir les huiliers et les agriculteurs sénégalais et d’améliorer sa compétitivité. Ces interventions sur le marché sont à la fois indirectes (à travers des politiques et des réglementations qui fixent les règles de fonctionnement du marché) et directes (en étant directement acteur du marché). Elles se font également via la participation active dans l’organisation de la chaîne de valeur via le Comité National Interprofessionnel de l’Arachide (CNIA). Dans certains cas, toutefois, de telles interventions introduisent involontairement des distorsions dans la chaîne de valeur qui limitent le bon fonctionnement du marché et faussent les incitations ou la capacité des différents acteurs du marché - agriculteurs, négociants et transformateurs - à investir, à rivaliser et à se développer. De telles distorsions du fonctionnement du marché peuvent entraver la concurrence et entraver les signaux et les incitations qui auraient permis de créer des liens productifs entre les acteurs du marché. la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 9 Les interventions gouvernementales qui limitent la concurrence dans la chaîne de valeur de l’arachide peuvent contribuer à un manque d’intrants de qualité et donc à des rendements faibles, ce qui augmente les coûts pour les transformateurs en rendant plus difficile la réalisation d’une exploitation efficace (Figure 9). Cela aggrave la compétitivité limitée des exportations du secteur. De plus, les mesures antérieures de l’État pour sécuriser les débouchés des transformateurs d’huile locaux, tout en fixant un processus minimum pour les agriculteurs (par exemple en subventionnant les achats et en empêchant les exportateurs d’acheter auprès des agriculteurs) ont en fait affecté négativement les revenus des agriculteurs, car elles ont réduit les prix que les exportateurs étaient disposés à payer, et sont susceptibles de freiner les incitations à la production en entravant la concurrence pour la production agricole. Les restrictions à l’exportation initialement conçues pour stimuler l’industrie locale de transformation de l’arachide n’ont pas encouragé l’ajout de valeur locale des noix entières pour l’exportation, ce qui est particulièrement pertinent pour les cacahuètes-snacks, où le Sénégal dispose d’un avantage concurrentiel certain. Si l’industrie de la transformation de l’arachide (qui emploie environ 2 000 personnes) bénéficient de protections, ces dernières auraient été mises en place au détriment de plus de 480 000 agriculteurs et autres personnes employés dans la phase de création de valeur ajoutée pour les arachides entières destinées à l’exportation. Les interventions des pouvoirs publics dans le secteur de l’arachide peuvent également entraîner involontairement des prix plus élevés pour les huiles végétales (qui sont des substituts de l’huile d’arachide), affectant négativement le bien-être de plus de 14 millions de consommateurs au Sénégal. Figure 9 : Implications des règles qui restreignent la concurrence dans le secteur arachidier du Sénégal 14 millions de consommateurs sénégalais paient jusqu'à 60% de plus pour l'huile végétale, qui est un substitut à l'huile d'arachide Revenus de 482 000 agriculteurs négativement affectés 1,6 million de ménages pourraient bénéficier d'une huile végétale plus abordable 10 % de réduction dans le prix des huiles végétale et de palme pourraient sortir 50 000 personnes de la pauvreté Les transformateurs locaux du Sénégal fonctionnent en deçà de 50% de leur capacité Les politiques actuelles limitent le potentiel d'emploi de la chaîne de valeur de l’arachide. Source : visualisation des auteurs ; diverses sources 10 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide La prise en charge des questions prioritaires du point de vue des marchés et de la concurrence s'avère essentielle pour le développement de la chaîne de valeur et peut compléter les interventions gouvernementales plus larges sur le développement des marchés, telles que le développement de normes et de qualité adéquates, les systèmes d'irrigation et l'agriculture contractuelle, ainsi que les mesures d'atténuation des risques pour les agriculteurs, notamment l'assurance-récolte et les mesures de protection sociale. Recommandations de politiques pro-concurrentielles pour atteindre les objectifs du gouvernement pour le secteur de l'arachide au Sénégal (i) Marchés d'intrants - semences et engrais Le gouvernement participe à la fourniture d’intrants. Cependant, les caractéristiques de cette participation peuvent conduire à des inefficacités dans la chaîne de valeur de l’arachide. Semences : Plusieurs facteurs interdépendants et qui se renforcement créent des inefficacités sur le marché des semences au Sénégal, notamment : L’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), qui détient le monopole de la production de • semences de pré-base, n’est actuellement pas en mesure de produire suffisamment de semences de pré-base pour satisfaire la demande. La méthode actuelle de répartition des semences de pré-base chez les multiplicateurs ne semble • pas reposer sur des mécanismes de marché permettant une multiplication efficace. Ainsi, les semences d'arachides certifiées sont rares,3 et de nombreux agriculteurs dépendent plutôt de la culture d’arachides entières non traçables et dont la qualité est discutable, affectant leur compétitivité sur les marchés internationaux, tels que les exportations vers l'Union européenne4. La pénurie de semences de haute qualité est un des facteurs qui expliquent les faibles rendements • du Sénégal : même si le Sénégal dispose d'un solide avantage concurrentiel dans la production et l'exportation d'arachides de haute qualité, les usines d'huile d'arachide fonctionnent à 25-50 pour cent de la capacité de production (principalement en raison de la tendance actuelle à la baisse des prix de l'huile d'arachide5).6 Un mécanisme de distribution/allocation de semences subventionnées géré par l’État peut conduire en outre à une distribution inefficace des semences. Les recommandations les plus prioritaires pour remédier aux goulots d’étranglement sur le marché des semences certifiées du Sénégal sont axées sur la suppression des réglementations anticoncurrentielles. D’autres recommandations favorables à la concurrence visent à promouvoir des conditions de concurrence équitables et à ouvrir les marchés d’intrants (Figure 10). 3 Environ 25 % des semences seulement sont certifiées. 4 80 pour cent des exportations de noix de collation du Sénégal, du Ghana et de la Tanzanie vont vers l’UE, « dont 20 pour cent sont rejetés  en raison de l’aflatoxine (et vendus en Europe de l’Est (....)) ». Au Sénégal, la transformation et l’exportation de noix de collation vers l’UE a une rentabilité estimée à 36,4 pour cent (contre 25 pour cent pour la Tanzanie et 35 pour cent pour le Ghana). Voir SENSE 2016. Economic Analyses of Peanut Processing in Africa. 5  Voir « USDA Production, Supply and Distribution database » disponible sur https://apps.fas.usda.gov/psdonline/app/index.html#/app/ home tel qu’inclus dans la présentation du GBM « Rentabilité de la chaine de valeurs de l’arachide au Sénégal : « Compétitivité, avantage comparative et options politiques », p.9, de Toure, A., Économis agricole principal, Avril 2017. 6 Dakaractu. 2014. Le gouvernement veut éliminer graduellement les semences écrémées (ministre). Disponible sur : http://www.dakaractu.  com/Le-gouvernement-veut-eliminer-graduellement-les-semences-ecremees-ministre_a71043.html la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 11 Figure 10 : Des solutions de marché pro-concurrentielles pour remédier aux goulots d’étranglement sur le marché sénégalais des semences d’arachides certifiées Question sectorielle 1 : Disponibilité limitée des semences certifiées  La distribution suivant le principe du premier arrivé, premier servi pour les semences de pré-base par l'Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA) à des prix fixes empêche la distribution de semences de pré-base limitées aux multiplicateurs les plus efficaces, réduit les incitations à la production de semences de pré-base  Manque d'incitation à développer une filière commerciale de semences certifiées en raison du manque de semences de pré-base, éviction du secteur commercial par un système de subvention et manque de critères clairs pour l'allocation des semences sous subvention Fourniture de semences Recommandations Responsablité Priorité Fourniture Disponibilité des semences certifiées d’engrais Examiner les raisons pour lesquelles l'ISRA ne produit pas suffisamment de Marché des MAER, ISRA Élevé intrants semences de pré-base pour répondre à la demande du marché. Mettre en place un mécanisme de fixation des prix pour les semences de pré-base qui permettent à l’ISRA de satisfaire la demande de semences et de couvrir les coûts comme mesure complémentaire, mettre en place des MAER, ISRA Élevé mécanisme de traçabilité et de transparence, par exemple une plateforme éléctronique de semences. Examiner si l'ISRA pourrait fournir des semences de sélection aux opérateurs privés pour permettre une production accrue. Comme mesure complémentaire, MAER, ISRA Élevé identifier les éléments d’intérêt public de l’ISRA et allouer des fonds Affiner et mettre en œuvre des systèmes de subventions qui permettent la concurrence entre les distributeurs/sociétés semencières, par ex. le système MAER Élevé des bons Permettre au secteur privé de choisir la distribution géographique des MAER Moyen semences en fonction de la demande, sauf en cas de défaillance du marché. Source : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence, Groupe de la Banque mondiale (2018) Engrais : le gouvernement du Sénégal subventionne les engrais et participe à toutes les étapes de la chaîne de valeur, de la passation de marchés à la distribution. Si les subventions ne sont pas forcément mau- vaises, en particulier lorsqu’elles sont conçues pour remédier à des défaillances spécifiques du marché, elles peuvent également créer des distorsions sur le marché lorsque leur conception et/ou leur allocation confère des avantages indus à certains acteurs du marché. En ce qui concerne les engrais subventionnés, le gouvernement engage un processus de passation de marchés publics fondé sur la demande anticipée, puis attribue les marchés à quelques grands fournisseurs. Dans certains cas, les spécifications et conditions trop restrictives des règles d’appel d’offres semblent exclure les produits potentiellement substituables, ce qui pourrait augmenter les coûts et restreindre les choix des agriculteurs. Dans le cadre de la passation des marchés, les fournisseurs sont tenus de livrer des engrais à des endroits spécifiques déterminés par l’État. Ces règles limitent la capacité des incitations du marché à contribuer à une distribution efficace des engrais, à une meilleure qualité de production basée sur les exigences du sol, leur rapidité et à de meilleurs prix. D’après les estimations du GBM, ces problèmes peuvent contribuer à hausser les prix intérieurs des engrais jusqu’à 51 % par rapport aux prix internationaux, et cela signifie que les engrais subventionnés peuvent être jusqu’à 20 % plus chers que dans les canaux privés. Les recommandations prioritaires visant à remédier aux goulots d’étranglement sur le marché des engrais au Sénégal sont axées sur la suppression des réglementations anticoncurrentielles et la promotion de conditions de concurrence équitables (Figure 11). 12 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide Figure 11 : Des solutions de marché pro-concurrentielles pour remédier aux goulots d’étranglement sur le marché sénégalais des engrais Recommandations Responsablité Priorité Fourniture de Disponibilité des engrais semences Examiner les coûts et les avantages du maintien des spécifications de MAER Élevé formules restrictives dans les appels d’offres publics. Fourniture d’engrais Envisager d’autoriser les mélanges en en vrac pour les soumissions MAER Élevé Marché des intrants Séparer formellement l’appel d’offres pour la distribution d’engrais MAER Élevé subventionés du choix de fournisseur du soumissionnaire Question sectorielle 2 : Disponibilité limitée des Mettre en oeuvre des systèmes de subventions qui permettent la concurrenceentre les distributeurs et plus de choix pour les MAER Élevé engrais consommateurs, par exemple le système des bons Goulots d'étranglement dans le processus d'appel d’offres : Comme mesure complémentaire, envisager le soutien de l’État aux  Les spécifications trop intrants (engrais et semences) dans le cadre de programme d’agriculture restrictives de l'État au sujet contractuelle pour promouvoir la diversification et la diffusion de MAER, ISRA Élevé des appels d'offres peuvent technologies agricolesrespectueuses du climat, en particulier pour limiter l'introduction stimuler la production dans les zones touchées par les chocs climatiques d'éventuelles spécifications de remplacement.  L'interdiction sur les mélanges en vrac augmente Résultats : les coûts et exclut les acteurs  4 acteurs dominent les sociétés sélectionnées pour l'importation / distribution du Mali, du Burkina Faso, de d'urée (89% du volume total) la Côte d'Ivoire et de la  Un seul acteur domine pour l'engrais le plus largement utilisé Guinée  Deux producteurs (publics) d'engrais complexes phosphatés au Sénégal  Un bonus d'appel d’offre  Les prix intérieurs semblent être déconnectés des prix internationaux informel est offert aux  Les prix intérieurs ont été environ 51% plus élevés que les prix distributeurs qui acceptent internationaux en moyenne entre 2010 et 2013 d'acheter auprès des ICS  L'engrais à travers le canal subventionné (environ 23% du total) est 20% plus cher que via le canal privé Source : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence, Groupe de la Banque mondiale (2018) (ii) Le marché de l’achat d’arachides brutes auprès des agriculteurs Le fonctionnement du marché de l’achat d’arachides brutes auprès des agriculteurs est influencé non seulement par les caractéristiques du marché, mais également par les distorsions liées aux politiques, qui ont un impact négatif sur les revenus des agriculteurs, la transformation et la valeur ajoutée nationale. Après la suppression de l’interdiction des exportations d’arachides, de nombreux agriculteurs ont choisi de vendre leur production à des exportateurs disposés à payer des prix plus élevés que les transformateurs nationaux. Le Gouvernement a mis en place une taxe à l’exportation sur les arachides pendant la campagne 2016/2017. Cette taxe devait être une mesure visant à protéger l’industrie nationale de transformation, y compris la société d’État SONACOS. Elle devait également être maintenue à un faible niveau, un moyen de perception des recettes pour réinvestir dans la fourniture de biens publics afin d’assurer la qualité des produits. La taxe a malgré tout été suspendue à la fin de l’année 2017. La taxe avait déclenché un boycott principalement par des commerçants chinois, et ralenti des ventes d’arachides vers la fin de 2017, ce qui a en retour baissé les revenus des agriculteurs. En outre, l’incidence de la taxe est plus forte sur les noix décortiquées que sur les noix en coque non transformées, ce qui décourage la création de valeur ajoutée locale et de meilleurs résultats commerciaux. Dans le passé, les restrictions à l’exportation ont également renforcé la position sur le marché de ce qu’on appelle les OPS (Opérateurs Privés Stockeurs), qui sont des acheteurs agréés pour les producteurs nationaux d’huile. Cela leur a procuré des avantages la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 13 par rapport à des acheteurs potentiellement concurrents, en plus du fait qu’ils semblent déjà bénéficier d’infrastructures bien établies de points de collecte ainsi que d’autres avantages tels qu’un accès moins coûteux au financement.7 D’autres aspects de la chaîne de valeur peuvent continuer à entraver l’entrée et la dynamique de marché. Un exemple clé est la détermination de plusieurs paramètres importants de marché par le Comité National Interprofessionnel de l’Arachide (CNIA) - un organisme constitué d’acteurs du marché comprenant des représentants des producteurs, des transformateurs et des Opérateurs Privés Stockeurs (OPS) dans le cadre de son rôle dans la gestion de la chaîne de valeur. Avec l’approbation de l’État, le CNIA fixe le prix plancher de la campagne arachidière, qui s’applique à tous les achats effectués par les OPS et d’autres collecteurs officiels auprès des paysans. Cela élimine essentiellement la possibilité pour les transformateurs d’augmenter les prix payés aux paysans et de canaliser ainsi les intrants bruts vers l’utilisation la plus productive. Les effets de la suppression des prix plancher à la production pour les agriculteurs peuvent être atténués par d’autres instruments, tels que les filets de sécurité sociale dans le cas des plus pauvres. Compte tenu de son mandat, la représentation des acteurs du marché au CNIA et leur pouvoir de négociation relatif est un déterminant clé des résultats du marché, par exemple la fixation des prix. Selon les entretiens avec les parties prenantes, le pouvoir de négociation penche généralement du côté des transformateurs locaux plutôt que du côté des producteurs et, parce que la composition des membres du CNIA n’a pas été réformée ces dernières années, elle ne reflète pas nécessairement les réalités actuelles de la chaîne de valeur.8 Plus précisément, il ne semble pas y avoir de mécanisme formel pour permettre la représentation des nouveaux entrants ou des nouveaux entrants potentiels, ce qui pourrait désavantager ces acteurs par rapport aux opérateurs historiques puisque les membres du CNIA ont la possibilité d’influencer certains paramètres de marché tels que le prix plancher, la répartition des points de collecte ou la durée de la campagne, au détriment des entrants. Les subventions traditionnellement accordées aux producteurs d’huile pour l’achat d’arachides au prix plancher peuvent également déséquilibrer les règles du jeu si elles ciblent certains producteurs d’huile, en leur conférant un avantage sur les aux autres. En plus de cette subvention, la SONACOS, le plus grand producteur d’huile d’arachide du Sénégal, peut bénéficier d’avantages supplémentaires sur le marché de l’achat d’arachides par rapport à ses concurrents du secteur privé, notamment via les prêts accordés par le gouvernement.9 Ce dernier doit veiller à ce que les acteurs publics et privés aient les mêmes chances d’accès au financement afin de garantir des marchés neutres sur le plan de la concurrence. En outre, pour maximiser le financement du développement, le Gouvernement doit encourager l’investissement privé tout au long de la chaîne de valeur afin d’optimiser les ressources publiques et de les investir dans des biens publics favorables à l’accroissement de la productivité, tels que la recherche et les infrastructures de transport. De plus, l’investissement dans les arachides brutes peut également libérer le potentiel du marché des arachides transformées (snacks), qui représente une marge bénéficiaire estimée à 39,3 pour cent pour le Sénégal. Les exportations d’arachides de confiserie représentent notamment une opportunité rentable pour le Sénégal, compte tenu de la demande croissante de confiserie en Afrique et en Asie. Cette opportunité nécessite des investissements dans des normes de haute qualité, comme la détection et les mécanismes de contrôle des aflatoxines, afin de répondre aux tendances de consommation et aux exigences de qualité des pays importateurs. Par exemple, en Europe, les consommateurs préfèrent les arachides et les collations aromatisées, les confiseries ou les produits de chocolat à l’huile et au tourteau d’arachide. Certains pays comme l’Inde, l’Argentine ou le Brésil ont amélioré leurs normes pour aligner leur production nationale sur la demande internationale et sont devenus des exportateurs d’arachide de premier plan à l’échelle 7 Commission européenne. 2016. Analyse d’économie politique (PEA) des filières de l’arachide et du riz, p. 19 8 Banque mondiale. 2015. Étude Diagnostique de la Chaîne de valeurs arachide au Sénégal : Propositions de réformes, p. 62 9  Par exemple, l’État a obtenu un prêt de 75 millions de dollars de la part de l’Islamic Trade Finance Corporation pour s’assurer que la SONACOS puisse acheter des graines d’arachide pour la campagne agricole 2016/2017. ITFC. 2016. USD 75 million Murabaha financing agreement between ITFC and the government of Senegal for 2016-2017 groundnut campaign. Disponible sur http://www.itfc-idb.org/en/ content/usd-75-million-murabaha-financing-agreement-between-itfc-and-government-senegal-2016-2017 14 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide mondiale. En Inde, l’État a réussi à encourager les producteurs d’arachide à investir dans des normes d’augmentation de la qualité, les technologies de transformation et de stockage afin de s’adapter à ces tendances. L’Argentine, deuxième plus grand exportateur mondial d’arachide, a investi dans la technologie, le marketing et les normes de qualité afin d’intégrer son industrie nationale de l’arachide dans les marchés mondiaux. Le Brésil a également réussi à devenir un exportateur d’arachide en investissant dans ces trois domaines et en créant un label de contrôle de qualité, également appelé « label pro-cacahuètes ». De même, le Nigeria et le Ghana ont introduit des mesures pour améliorer les normes, notamment la détection et le contrôle des aflatoxines. Les principales recommandations visant à accroître les revenus des agriculteurs sont axées sur la suppression de la réglementation anticoncurrentielle existante et l’introduction de mécanismes visant à promouvoir des conditions de concurrence équitables dans le secteur (Figure 12). Les recommandations pour augmenter le revenu des agriculteurs vont également stimuler la capacité des transformateurs locaux et renforcer la valeur ajoutée locale. Des recommandations supplémentaires visant à créer de la valeur ajoutée locale sont axées sur l’élimination de la réglementation anticoncurrentielle, la promotion de conditions de concurrence équitables et l’ouverture des marchés (Figure 13). Figure 12 : Des solutions de marché pro-concurrentielles pour remédier aux goulots d’étranglement affectant les revenus des cultivateurs d’arachides sénégalais Fourniture de semences Production de Achat/ noix brutes en Transport Fourniture coque Recommandations Responsablité Priorité d’engrais Achat auprès des Marché des agriculteurs Revenus des agriculteurs intrants Envisager de réformer les restrictions à l’exportation, telles que la taxe à l’exportation sur Gouvernement Élevé les arachides Question sectorielle 3 : Revenus des agriculteurs Revoir le rôle du CNIA dans le développement du secteur.  La taxe à l'exportation réduit le prix que les exportateurs sont Élaborer des lignes directrices sur son mandat pour CNIA, prêts à payer aux agriculteurs rationaliser sa participation à la détermination des parties  Les variables qui affectent directement les revenus et les choix paramètres du marché (par exemple, les prix et la prenante Élevé des agriculteurs sont gérées et convenues entre les parties distribution géographique) et sur l'échange du CNIA, prenantes au forum du Comité National Interprofessionnel d'informations afin de réduire au maximum le risque de MAER faire prospérer des pratiques anticoncurrentielles. de l‘Arachide (CNIA), où le pouvoir de négociation semble résider entre les mains des acheteurs CNIA, • Le prix d'achat minimum sert de point focal pour le prix Revoir la composition des membres du CNIA et élaborer parties réalisé offert par les acheteurs/transformateurs des directives pour assurer une représentation suffisante Élevé prenante • Le prix plancher est fixé par une négociation au CNIA, des producteurs et des acteurs nouveaux/potentiels. du CNIA l'État jouant le rôle d’arbitre entre les producteurs et les Supprimer les restrictions qui limitent le nombre le transformateurs avec le prix basé sur un point de référence Moyen nombre d’acheteurs dans une zone spécifique CNIA, international pour l’huile brute (par exemple les restrictions relatives aux points de MAER • Les points de collecte de l'arachide semblent être collecte spécifiées par le CNIA), y compris celles qui répartis entre les opérateurs privés stockeurs (OPS) touchent les exportateurs. grâce à un accord facilité par le forum du CNIA qui restreint la concurrence au sein d’une certaine géographie Renforcer l’efficacité des marchés de distribution des intrants et l’accès au financement pendant les période MAER Moyen  La capacité des agriculteurs à changer d'acheteur est entravée de semailles par leur besoin d'établir des relations à plus long terme avec les OPS afin d'assurer la fourniture d'intrants (engrais et semences) Comme mesure complémentaire, promouvoir CNIA, l’agriculture contractuelle et un meilleur partage des cela est dû en partie aux inefficacités de la distribution d'intrants et parties risque entre producteurs et acheteurs en les des marchés financiers. En pratique, cela signifie que le prix proposé prenante encourageant à s’impliquer dans le financement de a parfois été inférieur au prix plancher. du CNIA Élevé la production. Source : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence, Groupe de la Banque mondiale (2018) la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 15 Figure 13 : Des solutions de marché pro-concurrentielles pour remédier aux goulets d’étranglement afin de stimuler la capacité des producteurs locaux et de créer de la valeur ajoutée locale Question sectorielle 5 : Comment créer Fourniture de la valeur ajoutée locale? semences Production de noix brutes Achat/Transport Décorticage  Le manque de concurrence dans la Fourniture en coque d’engrais Achat auprès transformation locale entrave Marché des des agriculteurs l'allocation efficace des ressources, intrants limite la productivité et ne permet pas l'innovation et une réponse rapide aux Question sectorielle : 4 Recommandations Responsablité Priorité marchés internationaux Garantir la capacité pour les  Le manque de concurrence sur le transformateurs locaux Graines d’arachide pour les transformateurs locaux marché de l'achat auprès des  Le manque d'intrants de et création de valeur ajoutée locale1 agriculteurs décourage la participation qualité réduit les rendements d'entreprises performantes dans la Déterminants globaux de la capacité de rendement des transformateurs (voir les restrictions ci-dessus). transformation locale locaux et création de valeur ajoutée locale :  Le manque de compétitivité  La taxe à l'exportation démotive la - La concurrence dans la transformation locale entraîne une distribution de l'industrie locale d'huile ne création de valeur ajoutée locale pour efficace des ressources et stimule la productivité permet pas aux transformateurs les noix entières (y compris le - La concurrence sur le marché pour l'achat auprès des agriculteurs encourage de concurrencer les prix payés décorticage, le blanchiment, etc.) étant la participation d'entreprises efficaces dans la transformation locale par les exportateurs, même donné que la «noix en coque» est Ces déterminants sont possibles via la mise en oeuvre des recommandations avec des subventions (achats taxée à un taux inférieur lors de ci-dessus en plus des réformes supplémentaires suivantes : et opérations) en place l'exportation  L'absence de signal de prix à  Le ciblage étroit du soutien de l'État à la production orienté marché Accélérer les incitations pour augmenter la production certains types de produits et d'acteurs conduit à une allocation de semences de qualité afin d’assurer des volumes peut ne pas permettre aux opérateurs suffisants pour l’industrie locale. Faciliter donc la MAER Élevé inefficace des ressources des historiques de réagir rapidement au agriculteurs en raison de la concurrence entre les producteurs d’huile et les autres marché international et d'innover sur de déconnexion entre les acheteurs, y compris les exportateurs. nouveaux produits (par exemple, opportunités locales et la tendances à l'exportation de noix décision des agriculteurs, par Fixer des objectifs clairs pour le soutien de l'État à MAER, entières (blanchies ou de confiserie) ex. des prix qui ne reflètent l’industrie par le biais de critères transparents afin Ministère  Le ciblage étroit du soutien de l'État à Élevé pas la demande entraîneront d’amoindrir les distorsion, dans le cadre des contrats. des certains types de produits et d'acteurs une sous-production Finances peut ne pas encourager l'entrée de nouvelles entreprises puisque le cadre Envisager de supprimer le prix plancher au producteur, d'accès aux incitations pour les tout en mettant en place des mécanismes de CNIA, Moyen nouvelles entreprises est indéfini protections du revenu des producteurs (par exemple, mesures de protection sociale, assurance MAER production et exportation, récépissé d’entrepôt). Comme mesure complémentaire, envisager d’investir MAER, dans l’amélioration des normes de qualité et les Ministère mécanismes pour la détection et le contrôle de Élevé des l’aflatoxime ; établire une stratégie pour répondre à la Finances demande croissante de l’industrie de la confiserie. 1 en plus des recommandations énumérées ci-dessous envisager de maintenir la suppression de la subvention à l’achat pour les transformateurs d’huile (conformément à la politique précédente) Source : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence, Groupe de la Banque mondiale (2018) (iii) Le marché des huiles végétales L’huile d’arachide fait partie du marché des huiles végétales qui comprend également l’huile de palme et l’huile de soja : pour les consommateurs sénégalais, ils sont tous des substituts l’un de l’autre. Dans le souci de protéger et de promouvoir les producteurs d’huile d’arachide, l’État impose des restrictions sur les importations d’huile de palme et de soja, car ces huiles sont des alternatives moins coûteuses pour les consommateurs. Les producteurs d’huile bénéficient également des restrictions à l’importation d’huiles végétales brutes et raffinées - mais au détriment des consommateurs, en particulier les ménages pauvres. Les restrictions à l’importation comprennent les droits élevés (par exemple, tarif douanier de la CEDEAO de 35 pour cent sur des biens spécifiques qui « contribuent à la promotion du développement économique de la région » appliqué depuis 2015), les taxes occasionnelles sur les importations (par ex. « Taxe Conjoncturelle à l’Importation » jusqu’en 2004, puis sauvegardes jusqu’en 2008)10 et les mesures non tarifaires. Les 10 Selon les données douanières. 16 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide consommateurs sont les plus touchés par les restrictions à l’importation et les droits de douane sur l’huile de palme et l’huile végétale : plus de 50 000 personnes pourraient sortir de la pauvreté si l’on baissait de 10 % le prix des huiles de palme et végétale. Outre ces restrictions à l’importation, le Gouvernement, par l’intermédiaire du ministère du Commerce, a apporté son soutien à une plate-forme récemment créée (comprenant des négociants, des producteurs, des transformateurs et des consommateurs) pour réglementer les importations d’huile au Sénégal. L’objectif politique déclaré est de stabiliser le marché de l’huile d’arachide et de veiller à ce que l’huile d’arachide raffinée ne soit commercialisée qu’auprès des négociants nationaux. L’analyse des effets de cette politique de protection de l’industrie de l’huile nationale n’est pas encore matérialisée et ne fait pas partie de l’analyse actuelle.11 Les politiques limitant la concurrence dans la chaîne de valeur de l’arachide semblent être préjudiciables au développement global du secteur. Ces politiques peuvent négativement affecter l’objectif de l’État d’augmenter les rendements et la production, ainsi que les revenus des agriculteurs à long terme. L’industrie de la transformation bénéficie des protections les plus explicites, mais celles-ci se font au détriment des agriculteurs et des consommateurs. Bien que les producteurs aient généralement été taxés, le gouvernement les a également subventionnés en fonction de l’année. Cette situation, conjuguée à l’inefficacité des marchés d’intrants (en particulier les marchés des semences et des engrais, et la commercialisation), peut entraver la productivité. De plus, l’industrie de transformation reçoit les protections les plus explicites, et les transformateurs nationaux finissent par assumer un faible risque de prix, ce qui a un coût pour les agriculteurs et les consommateurs. En outre, les transformateurs nationaux sont en proie à des difficultés malgré les mesures de protection contre les distorsions qu’ils reçoivent. Cette situation est due aux inefficacités dans la production qui persistent en raison du manque de pressions concurrentielles. De plus, ces politiques limitent le potentiel d’emploi de la chaîne de valeur. La mise en œuvre des recommandations des sections précédentes pour remédier aux goulots d’étranglement dans les marchés d’intrants, les revenus des agriculteurs et la valeur ajoutée locale devrait impacter les consommateurs lorsque les marchés locaux commenceront à mieux fonctionner, en réduisant les prix locaux et/ou en augmentant le choix des produits disponibles. Le bien-être des consommateurs sera davantage amélioré par des mesures visant à supprimer la réglementation anticoncurrentielle et à promouvoir des conditions de concurrence équitables dans la chaîne de valeur des huiles végétales au Sénégal (Figure 14). 11  oir « Sénégal : Commercialisation de l’huile d’arachide raffinée - L’Unacois jappo mobilise 1 milliard 500 millions de F CFA », disponible sur V http://fr.allafrica.com/stories/201805280103.html la chaîne de valeur de l’arachide - SENEGAL -- 17 Figure 14 : Solutions de marché pro-concurrentielles pour s’attaquer aux prix élevés de l’huile Exportation Recommandations Responsablité Priorité Vente de noix Prix à la consommation de l'huile comestibles En plus des recommandations précédentes ... Envisager de supprimer Gouvernement Moyen Fourniture de Raffinage de les droits d'importation semences Production de Production l’huile Achat/ Décorticage sur l'huile végétale brute noix brutes en d'huile brute domestique Fourniture Transport coque (et éventuellement raffinée) d’engrais Achat auprès des Importation Importation Marché des agriculteurs intrants d’huile brute d’huile raffinée Marché de Marché de l’huile l’huile brute raffinée Question sectorielle 6 : Prix à la consommation de l'huile végétale  Manque de compétitivité et inefficacités dans la chaîne de valeur locale de l'arachide susceptibles d'augmenter les prix du marché  Les droits d'importation historiques sur l'huile végétale dissuadent l'entrée de produits de substitution pour l'huile d'arachide locale et augmentent les prix (dans le même temps, les mesures de protection du secteur ne permettaient pas le développement de la production d'huile d'arachide): Par exemple : • En 2013 : Taxe globale ajustée de 47 % sur les importations d'huile de palme • Taux d'imposition pour les huiles raffinées provenant de l'extérieur de l'UEMOA 45% • L’huile provenant de l'UEMOA doit être exemptée de droits de douane, mais des interdictions ponctuelles ont été appliquées par le passé, par ex. l'interdiction de 2010 visait en partie les importations en provenance de Côte d'Ivoire en raison de leur teneur élevée en matières grasses  Cette situation a un impact sur les revenus des ménages et la pauvreté et, dans certains cas, a été gérée via le contrôle des prix sur les huiles  Plus de 50 000 personnes pourraient sortir de la pauvreté après une baisse de 10% du prix des huiles de palme et végétale Source : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence, Groupe de la Banque mondiale (2018) La mise en œuvre d’un sous-ensemble de recommandations de politiques pro-concurrentielles pourrait générer des gains significatifs pour le Sénégal Une estimation des gains potentiels de la mise en œuvre d’un sous-ensemble de réformes réalisables et déterminantes proposées indique des résultats positifs. Le sous-ensemble des réformes comprend la suppression récente des subventions à l’achat, la suspension récente de la taxe à l’exportation sur les noix décortiquées, ainsi que la suppression progressive de la fixation d’un prix plancher et l’élimination progressive des restrictions à l’importation sur les huiles végétales brutes. Cet ensemble de réformes prudentes contribuerait à amoindrir les distorsions du marché et permettrait au gouvernement d’atteindre ses objectifs en matière de politiques publiques (figure 15), sans lancer une libéralisation complète du secteur : c’est la solution du « juste milieu ». De plus, le gouvernement peut bénéficier d’applications technologiques pour faciliter les transactions et devenir plus compétitif sur les marchés mondiaux. Les technologies innovantes peuvent contribuer à réduire les contraintes budgétaires, par exemple en remplaçant les subventions par des robots capables de détecter les macronutriments. Certains pays producteurs d’arachide ont déjà intégré des technologies innovantes dans leurs procédés. Par exemple, l’Inde a adopté une technologie en ligne (cloud) et un système de renseignements commerciaux pour diffuser par SMS des informations sur les périodes de semailles et de récolte à l’intention des agriculteurs et des représentants de l’État. Au Nigeria, la technologie des tracteurs a permis aux petits agriculteurs de demander et de payer des services de tracteurs par SMS et à l’aide de l’argent mobile. D’après les estimations, la mise en œuvre de cet ensemble de réformes produit des avantages pour tous les acteurs de la chaîne de valeur, des avantages supérieurs à 150 milliards de F CFA (250 millions $ U.S.), crée des emplois pour les femmes pauvres du monde rural et sort 50 000 personnes de la pauvreté. Si elles sont utilisées correctement, les réformes des politiques augmenteraient les revenus des agriculteurs, abaisseraient les prix à la consommation, créeraient des emplois et généreraient des profits plus élevés. 18 -- SENEGAL - la chaîne de valeur de l’arachide En outre, si elles sont prises en considération, ces réformes devraient s’accompagner de mécanismes qui s’attaquent au risque de fluctuation des prix du marché pour les agriculteurs, tels que les transferts monétaires ciblés ainsi que les risques liés au climat et à la production, tels que l’assurance-récolte. Pour optimiser les ressources publiques et les investir dans des biens publics qui contribuent à accroître la productivité (recherche, infrastructures de transport), le gouvernement pourrait encourager l’investissement privé tout au long de la chaîne de valeur. L’intégration des investissements privés peut aider à optimiser l’utilisation des ressources publiques, tout en contribuant à réaliser d’autres objectifs tels que la bonne gouvernance et la durabilité environnementale et sociale. Pour assurer et accroître l’accès du secteur privé à diverses sources de financement (un large éventail allant de l’épargne personnel aux fonds d’investissement agricoles), le gouvernement du Sénégal doit absolument fournir un environnement favorable à tous les acteurs du secteur privé dans les chaînes de valeur agricoles (les agriculteurs qui sont de loin les plus grands investisseurs actuels, les fournisseurs d’intrants, les transformateurs, les distributeurs et les négociants). Cela ne veut pas dire que ce sous-ensemble de réformes est nécessairement ce que l’État doit adopter ou que d’autres réformes ne seraient pas nécessaires. Toutefois, elles indiquent l’étendue potentielle des avantages pour l’État du Sénégal si ces réformes sont mises en œuvre de façon méthodique et crédible. Figure 15 : Le « juste milieu » - la mise en œuvre d’un sous-ensemble de recommandations proposées pourrait générer des gains significatifs pour le Sénégal. Scénario de réforme Changement de politique proposé • Supprimer progressivement la fixation du prix plancher des arachides brutes, Court terme en plus de mécanismes pour protéger le revenu des producteurs • Supprimer progressivement la taxe à l’exportation sur les graines décortiquées (mais continuer de garantir une taxe à l’exportation équilibrée sur les noix Avantage de la réforme en coque) • Éliminer progressivement les barrières tarifaires et non tarifaires sur les Revenus des agriculteurs accrus importations d'huile végétale brute. Répercussions budgétaires • Perte de recettes de diverses taxes s'élevant entre 13 et 32 milliards FCFA Emploi pour les femmes rurales (24 millions à 60 millions USD) Période de transition : ajustement des Bénéfices accrus pou les transformateurs prix et des quantités • La chaîne de valeur change pour s'aligner sur les tendances du marché (par ex. passe de la transformation de l'huile d'arachide à l’exportation de graines Recettes plus élevées provenant des taxes décortiquées) à l’exportation • L’huile brute importée est raffinée • Des emplois sont créés dans les activités de décorticage et potentiellement de Des prix plus bas pour les consommateurs blanchiment, de grillage, etc. • L’élimination progressive des restrictions à l'importation sur l’huile brute fait baisser les prix à la consommation 50 000 Sénégalais sortis de la pauvreté Moyen terme Implications monétaires (estimations des auteurs) • Bénéfices provenant des exportations de noix entières : 150 à 178 milliards FCFA (282 millions USD-335 millions USD) Raffinage de l’huile de palme plus rentable • Bénéfices du raffinage local de l'huile de palme : 15 à 22 milliards FCFA (28 à 41 millions USD) Implications sociales • Des milliers d'emplois supplémentaires dans la transformation locale (décorticage) pour les femmes rurales pauvres et conditions d’emploi améliorées • Baisse des prix à la consommation : 50 000 personnes sorties de la pauvreté Remarque : Une décomposition détaillée des hypothèses est disponible dans le rapport complet du GBM sur le Sénégal Source : Sénégal : De meilleurs marchés pour tous via la politique de la concurrence, Groupe de la Banque mondiale (2018) Corniche Ouest x Rue Léon-Gontran Damas - B.P. 3296 - Dakar, Sénégal Tél. : +221 33 859 41 00 - Fax : +221 33 859 42 83 E-mail : worldbank-senegal@worldbank.org www.worldbank.org/senegal