47275 NOTE FOCUS Nouveaux moyens de paiement : succés et échecs du « tout électronique » dans les pays développés S tocker de l’argent sur support électronique, vide entre les espèces, de caractère informel, et les envoyer de l’argent par voie électronique… Dans cartes de crédit, nécessitant des infrastructures de les pays développés, les transactions électroniques communication plus lourdes. sont devenues des gestes naturels et quotidiens pour une grande part de la population. En effet, qui hésite Pourtant, de nombreuses initiatives visant à repousser encore à utiliser sa carte de débit ou de crédit pour les frontières de l’argent électronique et des moyens payer un achat ou retirer des espèces ? de paiement électronique, et à reléguer les espèces au second plan derrière les cartes de débit, ont Les cartes de débit sont en train de devenir un moyen échoué, car bon nombre de consommateurs ne sont de paiement standard pour les personnes disposant toujours pas convaincus de la nécessité ou de la d’un compte courant ; leur nombre d’utilisateurs a commodité de tels systèmes. L’Europe, pionnière sur atteint une masse critique dans la plupart des pays ce terrain, a connu une série d’échecs retentissants – développés. À ce stade, leur expansion est freinée des porte-monnaie électroniques sur carte à puce par trois obstacles principaux : dans la seconde moitié des années 990 (Mondex, • la pénétration des comptes bancaires dans la Proton) aux plateformes interopérables de paiement population mondiale ; mobile au début des années 2000 (Simpay, Mobipay). • le faible attrait commercial que présente le développement d’un réseau suffisamment dense Ce sont les marchés les plus développés d’Asie de points d’acceptation (guichets automatiques ou (Japon, Hong Kong, Corée du Sud, Singapour et terminaux de paiement électronique) dans des Taïwan) qui sont aujourd’hui à la pointe du environnements où l’activité économique ou la développement de nouveaux systèmes, et ils ont, de densité de population sont faibles ; fait, connu certains succès. Ainsi, les fiascos des • le coût des communications qui sous-tendent expériences européennes sont dans une certaine l’autorisation des paiements en temps réel, mesure contrebalancés par quelques réussites en Asie. particulièrement élevé sur les marchés où les N° 51 infrastructures de communication sont limitées, et Même si les expériences des pays développés ne Décembre 2008 pour les transactions de très faible montant (les peuvent se traduire en enseignements coûts de communication, en proportion des frais de directement applicables aux pays en transaction, s’avèrent alors trop importants). développement, ce document nous montre Ignacio Mas et quelles sont les options envisageables et les Sarah Rotman Ces obstacles sont notables dans de nombreux pays adaptations nécessaires dans le contexte du en développement, où l’expansion des services et des monde en développement. infrastructures bancaires est souvent limitée par les conditions socio-économiques et géographiques. Ces succès relatifs en Asie s’expliquent peut-être par Même dans les pays développés, ces restrictions certains facteurs spécifiques à ce continent : la peuvent créer des niches de marché pour des modes fascination des consommateurs pour les nouvelles de paiement électroniques alternatifs, comblant le technologies, la place prépondérante de l’innovation 2 dans les arguments commerciaux des opérateurs de des cartes à puce, car ils présentent un certain téléphonie mobile et la faible pénétration des cartes nombre de caractéristiques et de problèmes de crédit. Certaines des formules testées en Asie communs avec les paiements mobiles. commencent à s’imposer en Europe. Le système de carte de transport lancé avec succès à Hong Kong Systèmes de monnaie électronique sur (Octopus) fait à présent ses preuves à Londres (Oyster). carte à puce Les opérateurs japonais (NTT DoCoMo [DCM]) et coréens (SK Telecom) sont parvenus à démontrer Mondex était une carte à puce prépayée permettant progressivement les avantages du téléphone mobile aux utilisateurs d’effectuer des paiements de faible utilisant des technologies de communication à très valeur directement dans les commerces. Elle se 1 courte distance pour les paiements directs par mobile, rechargeait depuis des comptes bancaires classiques si bien que de nombreux opérateurs européens sur des terminaux spécialement équipés, et l’argent attendent à présent impatiemment l’avènement en était stocké sur la carte même, sans sauvegarde sur Europe des mobiles à technologie NFC (Near Field un serveur, ce qui permettait des paiements hors ligne Communication) embarquée. plus rapides. Concurrencer les espèces sur leur terrain privilégié, celui des petits achats courants, s’est Ce document passe en revue les échecs les plus cependant avéré trop ambitieux. Les consommateurs marquants et certaines des expériences les plus n’ont pas perçu d’avantage notable par rapport au prometteuses dans l’utilisation de cartes à puce et de paiement en espèces et sont restés méfiants à l’égard téléphones mobiles comme plateformes de paiement de la sécurité et de la fiabilité du système. Le dans les pays développés. Nous n’avons sélectionné lancement de Mondex, annoncé en grande pompe qu’un petit nombre d’exemples (parmi des dizaines dans plusieurs pays, s’est donc traduit par un échec. 2 d’autres ) et n’entrons pas dans les détails de tel ou tel système. Au-delà de l’aspect descriptif, notre Octopus est également une carte à puce prépayée, propos est de tirer certaines leçons de ces diverses mais d’ambition beaucoup plus modeste : il s’agit expériences. Même si elles ne peuvent se traduire en d’un système de paiement des titres de transport en enseignements directement applicables aux pays en commun. Elle a obtenu d’excellents résultats dans développement, ce document nous montre quelles son application de niche, soutenue, il est vrai, par des sont les options envisageables et les adaptations grilles tarifaires très favorables. Octopus sort à nécessaires dans le contexte du monde en présent des stations de métro et de ferries où elle développement. s’est développée pour devenir un mode de paiement accepté dans de nombreux commerces de détail. Le Trois approches globales modèle est copié par des régies de transports en commun dans divers pays. Nous examinons trois approches globales, en prenant chaque fois deux exemples de prestataires de Opérateurs mobiles intégrant des services ayant atteint différents niveaux d’acceptation instruments de paiement existants sur le marché. Si le paiement par téléphone mobile nous semble le plus intéressant, nous nous penchons Avec Mobipay, des opérateurs mobiles espagnols ont tout d’abord sur le cas de deux systèmes basés sur tenté d’imposer le téléphone mobile comme 1 Nous employons ici le terme « communication à très courte distance » pour désigner les technologies à la fois de communication à infrarouge, d’identification par radiofréquence (RFID) et de communication en champ proche (NFC). 2 En Europe, les autres systèmes importants de porte-monnaie électronique sont Proton (Belgique), Chipknip (Pays-Bas), Quick (Autriche), GeldKarte (Allemagne) et CashCard (Suède). Parmi les initiatives asiatiques, on pourrait également citer la CashCard (Singapour), Touch’n Go (Malaisie) et emome (Chugwa Telecom, Taïwan). 3 portefeuille virtuel, c’est-à-dire comme interface Systèmes de paiement gérés par les unique par laquelle le consommateur accède à ses opérateurs mobiles divers moyens de paiement habituels. En intégrant le portefeuille au téléphone, les opérateurs entendaient Les principaux opérateurs de téléphonie mobile faire de ce dernier une application encore plus européens ont cherché à dépasser la simple personnelle et plus personnalisée de leurs services. transmission d’instructions de paiement. Ils ont conçu Contrairement à Mondex et à Octopus, Mobipay un dispositif appelé Simpay pour placer leur propre n’impliquait pas l’acceptation par le consommateur plateforme de paiement au cœur d’un nouveau d’un nouveau mode de paiement (même s’il système de paiement de petits montants3. Les biens introduisait l’option de paiement via la facture de achetés depuis un téléphone mobile ou un ordinateur l’opérateur). Son objectif était uniquement de devaient être facturés sur le compte du changer la façon dont les utilisateurs accédaient à consommateur (prépayé ou postpayé) auprès de leurs moyens de paiement existants. Mais Mobipay l’opérateur de téléphonie mobile. En court-circuitant n’a pas non plus suscité l’intérêt escompté : très peu les instruments traditionnels de paiement par compte de consommateurs y ont vu un avantage suffisant bancaire ou carte de crédit, les opérateurs pour expérimenter le système (au-delà d’un simple participants entendaient réduire le coût de ces petits mécanisme de recharge de temps de paiements, tout en renforçant leur propre relation de communication). facturation directe avec leurs clients. SK Telecom en Corée a suivi une approche similaire, Tirant les leçons de l’expérience Mondex, ils ont mais en simplifiant la procédure pour les initialement ciblé exclusivement les paiements en consommateurs : l’opérateur s’est concentré ligne, excluant les transactions pouvant être réglées exclusivement sur la facilitation des paiements par en espèces. L’utilisation de Simpay en tant que porte- carte de crédit. Les fonctions sans contact du monnaie électronique devait ensuite s’imposer téléphone étaient utilisées pour établir la naturellement à mesure que les consommateurs se communication avec les terminaux de paiement en familiariseraient avec le système. Mais Simpay n’a passant simplement le téléphone devant le terminal, jamais eu l’occasion de faire ses preuves auprès des l’étape de saisie des données de l’utilisateur sur les consommateurs. Le projet a échoué devant les terminaux de paiement électronique (TPE) étant alors divergences croissantes d’intérêts stratégiques des supprimée. Le système permettait également de différents partenaires, et la nature multiopérateur, stocker les détails de la carte de crédit directement paneuropéenne du concept s’est avérée sur une puce spéciale du téléphone pour effectuer techniquement trop complexe au regard des des transactions hors ligne. Cette fonctionnalité avait opportunités du marché. un coût : le système n’a pas été immédiatement compatible avec tous les terminaux TPE, et il DCM, premier opérateur mobile japonais, a lui aussi fonctionnait avec des téléphones spéciaux, ce qui a tenté de créer son propre système autonome de ralenti le démarrage sur le marché. Mais le problème transaction et de paiement, mais en exerçant un de fond est que la valeur ajoutée pour le contrôle beaucoup plus étroit sur la plateforme consommateur – éviter d’avoir à transporter une carte utilisée, et en se concentrant sur les paiements en plus du téléphone – n’a pas été démontrée. intérieurs plutôt que sur l’interopérabilité avec 3 Bien qu’il n’existe pas de définition stricte d’un paiement de « petit montant », on considère généralement qu’il s’agit d’un paiement inférieur à 10 euros (ou 14 dollars). Selon Jones (2008), pas moins d’un tiers des transactions effectuées en Europe concernent des montants inférieurs à 5 euros. 4 Illustration 1. Catégorisation des exemples examinés dans ce document Systèmes basés sur la téléphonie mobile Systèmes basés sur Gérés par une Gérés par un des cartes à puce société unique consortium Paiements depuis des comptes existants Carte de débit Moneta Mobipay Nouveaux moyens Mondex Osaifu-Keitai Simpay de paiement Octopus d’autres opérateurs. Il a également cherché à élargir physiques (dans les commerces) et dominent le les options de paiement offertes aux utilisateurs. marché des paiements à distance (par téléphone ou Dans ce système, appelé Osaifu-Keitai, les achats de sur Internet). produits et de services effectués avec le mobile sont soit portés sur la facture de téléphonie mobile de Selon Bolt et Humphrey (2007), les cartes prépayées DCM, payable en monnaie électronique, soit facturés totalisaient plus de milliard d’euros de transactions sur des cartes de crédit émises par DCM (ou par des dans pays européens en 2004 (une époque où elles tiers). DCM a compris l’importance de la promotion ne bénéficiaient déjà plus de l’attrait de la de l’acceptation du service, auprès tant des nouveauté). Mais cette même année, le volume des consommateurs que des commerçants, et a mis en transactions par carte de débit était estimé à plus de place une stratégie sophistiquée fondée sur le 1 000 milliards d’euros. Les cartes de débit ont en fait développement d’un système autonome. évolué vers ce à quoi Mondex aspirait : les Néanmoins, l’intérêt des consommateurs, et surtout consommateurs les utilisent maintenant pour des l’utilisation du service, resté extrêmement faible. transactions de très faible montant (moins de 5 euros). Retour aux cartes de débit et de crédit Pourtant, la question des moyens de paiement électroniques alternatifs est récurrente. Le marché L’historique de l’introduction de nouveaux dans ce domaine est loin d’être saturé, et ce, pour instruments et dispositifs de paiement électronique deux raisons principales : de détail dans les pays développés est-il réellement si sombre ? Pas du tout. Pensez à l’essor inexorable • Les cartes de débit et, plus nettement encore, les des cartes de crédit aux États-Unis dans les années cartes de crédit, demeurent des instruments 980 et au développement des cartes de débit en coûteux. Des études détaillées sur les coûts de Europe dans les années 990. Ces moyens de diverses alternatives de paiement en Belgique et paiement ont à présent largement remplacé les aux Pays-Bas ont révélé que les espèces restent chèques. Ils concurrencent aujourd’hui sérieusement plus économiques que les cartes de débit pour les les espèces dans le domaine des paiements achats inférieurs à 10 - 12 euros4 ; la différence est 4 Ces calculs prennent en compte (p. I) les coûts sociaux (c’est-à-dire les coûts nets pour toutes les parties impliquées, soit le consommateur, la banque et le commerçant) des divers instruments et (p. II) les coûts variables (à l’exclusion du coût des terminaux de paiement et des infrastructures administratives non évolutives). Voir Brits et Winder (2005) et la Banque nationale de Belgique (2006). 5 encore plus importante avec les cartes de crédit. L’illustration 1 propose une représentation visuelle Dans la plupart des publications techniques, les des principales différences, articulées sur trois axes : auteurs déplorent que les consommateurs ne soient ces systèmes peuvent fonctionner avec des comptes pas suffisamment incités à utiliser le mécanisme de en banque existants ou constituer de nouvelles paiement le plus économiquement adapté à formes de paiement (monnaie électronique, chaque type de transaction, une situation qui a paiement via la facture d’un opérateur) ; ils peuvent tendance à perpétuer l’usage des espèces et à utiliser une carte ou un téléphone mobile comme favoriser les alternatives plus coûteuses, telles que instrument de paiement ; et ils peuvent être gérés par les cartes de crédit, au lieu de promouvoir une entreprise unique ou par un consortium l’émergence de nouvelles options de paiement très interopérateur. Chaque système est positionné dans bon marché. la matrice en fonction de son application première. • Les paiements électroniques sont actuellement fermement ancrés dans les systèmes bancaires, Les cartes de débit constituent simplement un moyen qu’il s’agisse des cartes de crédit, des cartes de d’accéder à des liquidités se trouvant sur un compte débit ou de la banque par Internet. Il existe un bancaire classique. Mondex est une nouvelle forme besoin en instruments électroniques ciblant les de liquidité (monnaie électronique) distribuée (c’est- personnes ne possédant pas de compte en banque. à-dire vendue aux utilisateurs) par les banques et reliée à des comptes bancaires. Octopus est un Il existe donc probablement un marché pour un système de carte prépayée rechargeable instrument de paiement non bancaire, présentant indépendant, géré par une entreprise unique ; la tous les avantages d’une carte de débit, mais carte peut être rechargée de diverses façons, impliquant des coûts de transaction unitaires notamment aux guichets automatiques. beaucoup moins élevés. Peut-être les banques s’efforceront-elles de combler le vide, en trouvant des Sur le versant des téléphones mobiles, Moneta est moyens de réduire le coût du traitement des en premier lieu un système permettant d’effectuer transactions par carte et en lançant leurs propres des paiements par carte de crédit depuis un mobile produits alternatifs prépayés. Ou alors, pour (puce Moneta), même s’il comprenait initialement paraphraser Jones (2008), nous sommes voués à une option de monnaie électronique. À l’autre perdre la « guerre contre le cash ». Quelle que soit extrême, Simpay est un système destiné à l’origine à l’issue, nous n’avons certainement pas fini de voir supporter la facturation par les opérateurs (sur un apparaître des technologies et des systèmes compte de téléphonie mobile prépayé ou postpayé) commerciaux innovants pour s’attaquer à ce de paiements de faible montant. Il offre une plate- problème. forme de traitement alternative pour les transactions des consommateurs. Mobipay est un service de Tour d’horizon : classification portefeuille mobile supportant une gamme étendue des systèmes de paiement d’instruments de paiement bancaire (débit, crédit), considérés ainsi que, dans une moindre mesure, le paiement via la facture de l’opérateur. Enfin, Osaifu-Keitai est le Les six exemples que nous avons étudiés (sept si nous système le plus large en termes d’instruments de incluons les cartes de débit) sont très diversifiés en paiement supportés : cartes de crédit, monnaie termes de champ d’application, d’approche, de électronique et paiement via la facture de possibilités d’utilisation et de financement. l’opérateur. 6 Un substitut aux espèces : Les consommateurs chargent leur carte Mondex en Mondex en Grande-Bretagne transférant de l’argent depuis leur compte en banque (distinct) via un guichet automatique ou un téléphone Qu’est-ce que Mondex ? compatible Mondex, disposant d’un lecteur de carte et connecté au système Mondex. Les fonds (ou le Mondex est un système de monnaie électronique float, c’est-à-dire les soldes) sont détenus par stockée sur une carte. Il était destiné à se substituer l’émetteur Mondex (une société privée instituée par aux espèces, en particulier aux petites coupures et Mondex International dans chaque pays) auprès aux pièces de monnaie (et donc à s’appliquer aux duquel les banques participantes « achètent » des micropaiements) : les transactions avec Mondex avoirs Mondex pour répondre aux besoins de leurs devaient donc être extrêmement rapides et n’induire clients. aucun coût de transaction. Mondex a donc été conçu comme un mode de transaction hors ligne ne On peut transférer l'argent d'une carte à une autre nécessitant aucun mécanisme de compensation. De en les insérant dans un seul et même lecteur. Il s'agit nombreux systèmes de ce type, appelés « porte- le plus souvent d'un TPE dans un magasin (pour les monnaie électroniques », sont apparus en Europe à la transactions entre consommateurs et détaillants). fin des années 990 : le système Proton, géré par Visa Mais cela peut aussi se faire grâce à un appareil à en Belgique, et le système Danmont au Danemark double lecteur de carte (appelé « portefeuille ») qui ont également été parmi les premiers projets de ce tient dans la poche du consommateur et permet les type .5 transactions entre particuliers (P2P). Bien que Mondex ait été conçu au départ pour les paiements Le concept a été mis au point en 1990 en Grande- directs dans les commerces, avec ce dispositif Bretagne. La société Mondex UK a été officiellement accueillant deux cartes, l'argent peut également être fondée en 1992 par deux banques britanniques transféré entre des portefeuilles à distance via des (NatWest et Midland), et la société faîtière, Mondex téléphones compatibles Mondex. Mondex a International, a été créée en 1996. La même année, également mis au point un lecteur de carte pouvant MasterCard a acquis 51 % des parts de cette être relié à un PC afin de permettre les transferts compagnie. d'argent via Internet. Fonctionnement de Mondex Étant donné que les fonds sont stockés directement sur la carte, le dispositif n'a pas à établir de Dans le système Mondex, les consommateurs communication : les transactions entre cartes reçoivent une carte en plastique comportant une constituent l'étape finale et n'ont pas besoin de puce (un circuit intégré) sur laquelle les données recevoir d'autorisation ni de validation d'un tiers. Il peuvent être lues et actualisées par un lecteur. Le n'y a pas non plus d'authentification du détenteur de montant d’argent est stocké sur la puce, mais celle-ci la carte au moyen d'un mot de passe. Les transactions n’est reliée à aucun compte en banque, et peuvent donc s'opérer très vite et aucun coût de l’information n’est pas sauvegardée sur un serveur. communication n'est induit. Et comme le système ne Ainsi, la somme d’argent est définitivement perdue fonctionne pas à partir de comptes bancaires, les en cas de perte de la carte, mais ce système offre un transactions entre portefeuilles ne nécessitent ni niveau d’anonymat très élevé pour les utilisateurs. mécanisme de compensation ni système de 5 Cette section s’inspire de Clarke (2006), Stalder (1998) et Stalder (2002). 7 règlement entre banques, et n'engendrent donc pas évalué à partir de deux points essentiels : sa de coûts de gestion administrative. Les fonds étant commodité et son ubiquité. stockés sur des cartes individuelles, il n'y a pas de système comptable central. L'architecture de sécurité • Commodité. Les consommateurs n'ont pas trouvé de Mondex garantit que l'argent qui est versé sur une que l'utilisation de Mondex faisait gagner du temps carte est au même moment débité de l'autre. Les par rapport aux espèces. Mondex a cherché à fonds sont stockés sur du hardware (la puce de la concurrencer celles-ci sur le marché le plus difficile carte) et non via le logiciel d'un serveur, ce qui offre qui soit – celui des petites transactions dans les un niveau élevé de sécurité intrinsèque. commerces – et de l'avis général, il ne présentait pas de réel avantage. Ce n'était pas non plus une Verdict du marché et enseignements solution très pratique sur le marché des paiements P2P, car les consommateurs devaient acheter un Des essais de grande ampleur ont été menés à outil de portefeuille spécifique. Mondex s'est Swindon, au Royaume-Uni, entre 1995 et 1997, et à ensuite réorienté vers les paiements en ligne (e- Guelph, au Canada, en 1997-998. Dans les deux cas, commerce), mais il a été devancé par des systèmes il y a eu une forte incitation marketing afin qu'une plus simples tels que PayPal. masse critique de commerçants adoptent les lecteurs • Ubiquité. L'utilité de cette carte dépend de adéquats. À Swindon, 14 000 cartes avaient été l'adoption de lecteurs adaptés par les commerçants. distribuées au bout de trois ans lorsque les tests ont Leur intérêt est en soi beaucoup plus palpable pour été arrêtés, un chiffre à comparer avec les prévisions les commerçants que pour les clients dans la mesure qui avaient tablé sur 25 000 cartes rien que pour la où ils réduisent les coûts de manipulation des première année (Van Hove 2005). Quant à l'utilisation espèces et permettent une comptabilité de ces cartes, elle s'est avérée très décevante. Même automatisée des transactions. Mais le commerçant si ce service persiste dans quelques pays, il n'a jamais ne peut prendre conscience de ces avantages que rencontré un grand succès commercial. si un nombre important de clients opte lui aussi pour le même mécanisme. Or Mondex n'est jamais Les consommateurs adopteront une nouvelle parvenu à obtenir une masse critique suffisante de technologie ou un nouveau service de paiement détenteurs de cartes prêts à l'utiliser dans les lorsque (p. I) ceux-ci apporteront un avantage magasins, si bien que les commerçants n'ont pas évident par rapport aux alternatives actuelles et (p. encouragé cette forme de paiement, même si c'était II ) qu'ils pourront s'y fier grâce à une bonne dans leur intérêt collectif à long terme. compréhension des risques encourus. Or Mondex n'est parvenu à convaincre le grand public sur aucun Risques des deux tableaux. Au fil des essais, plusieurs aspects du service ont laissé les clients dubitatifs. L'utilisation de Mondex Intérêt semblait induire des risques substantiels dont les De par leur culture, les consommateurs sont habitués clients n'avaient pas à se soucier avec les espèces. à utiliser des espèces, si bien que les produits de substitution ne doivent pas seulement être « aussi • Perte d'argent. Même si, avec les espèces comme satisfaisants que les espèces », ils doivent l'être avec Mondex, toute perte est irrémédiable, ce encore plus pour justifier le changement. L'intérêt dernier est un moyen de paiement électronique, il d'un nouveau mécanisme de paiement peut être est donc plus vulnérable aux dommages physiques 8 (on peut récupérer des billets et des pièces sur non, du grand public, quant à la conservation de lesquels une voiture a roulé, par exemple) et il est certaines informations. également susceptible de mal fonctionner. Comme • Viabilité des fonds Mondex. Les utilisateurs qui les fonds ne sont pas sauvegardés sur un serveur, chargeaient leur carte Mondex se retrouvaient en Mondex ne pouvait garantir que ceux-ci seraient possession de quoi, au juste ? Du fait de l'absence restitués en cas de puce défectueuse, ce qui a fait de banques, les fonds, émis par Mondex lui- naître des doutes chez le consommateur quant à la même, n'étaient ni garantis par une banque fiabilité du système. Mondex était donc moins sûr partenaire ni soumis à un système gouvernemental que les espèces mais l’êtait autant que les autres de garantie des dépôts. Comment les utilisateurs formes de paiement électronique, car avec ces pouvaient-ils donc se prémunir contre un éventuel dernières la perte de la carte n'entraînait pas de effondrement de Mondex ? Ces questions n'ont perte d'argent, stocké à part sur un compte. jamais reçu de réponse exhaustive, si bien que les • Sécurité. Du fait que les transactions Mondex se clients n'avaient plus qu'à imaginer ce qui se font hors connexion, ne sont pas enregistrées dans passerait pour eux en pareil cas. Cette nouvelle des systèmes comptables centraux et fournissent forme d'argent a donc été accueillie avec peu ou pas de piste de vérification, il est très méfiance, une méfiance accrue par les inquiétudes difficile de détecter les cartes qui ont été falsifiées. quant à la sécurité du système. La sécurité du système repose donc sur les puces, qui doivent être inviolables, sans qu'il soit Une carte de transport : Octopus véritablement possible d'utiliser des méthodes de à Hong Kong détection d'intrusion fall back. Mais aucun hardware ne peut être totalement infalsifiable, si bien que les Qu'est-ce qu'Octopus ? failles dans la sécurité, si improbables soient-elles, peuvent avoir des répercussions très graves. C'est Le Mass Transit Railway (MTR) de Hong Kong a lancé, pourquoi, malgré les normes de sécurité très en 1979, une carte prépayée à bande magnétique strictes auxquelles s'est plié le système Mondex, les comme système de paiement des titres de transport consommateurs ont continué à douter de la fiabilité ferroviaire. Puis, en 1994, la joint-venture Creative du système à long terme. Star (rebaptisée Octopus Cards Ltd. en 2002) a été • Anonymat. Bien que Mondex ait été présenté au fondée, réunissant MTR et quatre autres opérateurs départ comme un système de transactions assurant de transports en commun afin de constituer un un anonymat complet, certaines données sont système de paiement intermodal (c'est-à-dire incluant néanmoins capturées par les lecteurs de carte. Des les bus, les ferries, le métro, etc.). La carte Octopus, groupes de défense de la vie privée se sont donc sans contact et équipée de la puce FeliCa de Sony, a inquiétés de l'utilisation de ces données par les été introduite en 1997 pour remplacer l'ancienne commerçants (ceux qui possèdent le lecteur de carte magnétique. Cette carte n'a pas besoin d'être carte) et par Mondex lui-même. Or, ce dernier n'a insérée physiquement dans un appareil pour être lue, pas souhaité dévoiler précisément quelles données ce qui rend les paiements très rapides pour les étaient capturées afin de protéger la confidentialité utilisateurs pressés : ils n'ont qu'à passer leur de son système de sécurité. Il n'est donc jamais portefeuille ou leur sac à main devant le lecteur pour parvenu à ébranler les convictions, justifiées ou payer leur trajet. 9 L'argent est stocké en toute sécurité sur la carte au moment de la rétrocession de Hong Kong à la même. Celle-ci peut être personnalisée par une Chine ; la population croyait en effet que les pièces à photo moyennant une somme supplémentaire et des l'effigie de la Reine allaient prendre de la valeur et données personnelles peuvent être enregistrées avait fait des réserves. dessus. Si une carte personnalisée est perdue ou volée, le client peut se faire rembourser l'argent qui Bien que la carte Octopus ait été conçue au départ restait dessus ; sa carte sera en outre désactivée pour pour fonctionner dans un seul secteur, elle a par la qu'elle ne puisse pas servir. suite été adaptée aux paiements de détail grâce au lancement de la carte Octopus Retail. Octopus a en La carte peut être rechargée au guichet des stations effet reçu en 2000 une autorisation d’exercer en tant ou dans des machines automatiques acceptant les qu’établissement de dépôt à finalité spécifique de la billets. Depuis peu, elle peut aussi l'être par Internet, Hong Kong Monetary Authority afin de développer dans les magasins 7-Eleven et par voie électronique différentes applications. L'utilisation de la carte a aux guichets automatiques de banque. Il existe alors été étendue dans un premier temps aux zones également un moyen pratique de la recharger : en en lien avec les moyens de transport (parkings, passant directement par un compte bancaire associé magasins situés à proximité des terminus, par à une carte de crédit (la carte de crédit est exemple) et, à partir de 2000, aux distributeurs automatiquement débitée de 250 HKD (22 euros) ou automatiques et aux points de vente au détail de 500 HKD (44 euros), qui sont versés sur la carte déconnectés des transports. En novembre 2004, tous Octopus dès que celle-ci devient débitrice). les parcmètres de Hong Kong étaient équipés pour L'approvisionnement maximal est d'environ fonctionner avec la carte Octopus. Chose 130 dollars. Les fonds sont gérés par Octopus Card intéressante, les taxis n'acceptent pas cette carte, car Limited et l'ensemble des sommes est déposé dans Octopus n'a pas de système automatique de mise à des banques. jour comptable, si bien que les chauffeurs seraient obligés de retourner chaque jour à leur bureau pour À l'époque du lancement d'Octopus, l'acquisition de des questions de comptabilité. Les commerçants la carte nécessitait un dépôt de 50 HKD (4,50 euros), versent quant à eux une commission à Octopus sur ce qui avait entraîné une réaction générale de rejet chaque paiement que leurs clients effectuent avec la vis-à-vis de ce nouveau système de paiement. Il a carte. cependant su séduire le grand public grâce à I ) une rapide conversion des tourniquets au nouveau La carte Octopus peut aussi être utilisée pour système ; à II ) une suppression progressive mais l'acquisition de billets multi-usages (c'est-à-dire qui rapide de l'ancien système de paiement qui s'est regroupent par exemple le ticket de parking, le billet étalée sur deux à trois mois seulement ; et à III ) une de train et l'entrée à un spectacle). Le programme grille tarifaire très défavorable de la seule alternative Octopus Rewards, lancé en novembre 2005, prévoit restante : le trajet simple. Cela a obligé tous les des avantages pour les commerçants participants. Et, utilisateurs des transports en commun à opter pour en juillet 2008, Citibank a lancé la carte Octopus sans le nouveau système, si bien qu'en trois mois, contact qui fait à la fois carte de transport et carte de 3 millions de cartes – soit l'équivalent de la moitié des crédit. habitants de Hong Kong – ont été vendues (Siu 2002). L'adoption de la carte a également été facilitée par La carte Octopus se transforme actuellement en une une pénurie de pièces de monnaie, survenue en 1997 plateforme multi-application. Les cartes 10 personnalisées peuvent ainsi être utilisées comme applications de faible montant6. Aux États-Unis clés pour accéder à des habitations ou à des bureaux, (EZPass) et en Australie (e-TAG), les chauffeurs se ou bien elles peuvent servir dans le cadre de servent eux aussi de cartes à puce pour franchir plus l'université à enregistrer la présence des étudiants ou rapidement les péages ; cette utilisation reste à gérer les prêts d'une bibliothèque. Il existe toutefois essentiellement cantonnée aux autoroutes également un plus grand nombre de supports : pour l'instant. Octopus vend ainsi des montres et des coques de téléphones portables qui fournissent les mêmes Des cartes à puce avec connexion à courte distance fonctions que la carte. ont également été testées dans des environnements TPE sans personnel, en dehors du champ des Dans le sillage d'Octopus transports en commun. Exxon, aux États-Unis, a ainsi introduit cette fonctionnalité dans un simple porte- Partout dans le monde, des opérateurs de transport clés (un dispositif de petite taille, donc) que les clients suivent la voie tracée par Octopus. Les transactions pouvaient utiliser pour payer l'essence en le passant qui pouvaient être effectuées grâce à la carte Oyster, simplement devant le terminal de paiement. délivrée par Transport of London, ont ainsi été étendues en janvier 2006 aux achats de faible Fort de son succès, Octopus a créé une filiale à part montant dans les commerces de détail. Les cartes de entière baptisée Octopus Knowledge Limited, qui transport pourront à terme être dématérialisées : les fournit des conseils au niveau international sur les paiements par carte Oyster constituent en effet moyens de paiement automatiques des titres de l'application qui a connu le plus grand succès lors des transport. essais menés par Nokia et l'opérateur de téléphonie mobile O2, début 2008 ; lors de ces essais, qui ont Verdict du marché et enseignements nécessité l'utilisation de nouveaux modèles de téléphones équipés de la technologie NFC, 89 % des Octopus constitue désormais un système de participants ont déclaré qu'ils aimeraient par la suite paiement électronique largement utilisé. À la mi- garder la fonctionnalité sur leur portable (Week in 2008, on comptait plus de 17 millions de cartes en Wireless 2008). circulation (ce qui équivaut à plus de deux fois la population de Hong Kong), avec plus de 10 millions De nombreuses villes adoptent aujourd'hui les cartes de transactions par jour, représentant une valeur de à puce pour le paiement des titres de transport en 85 millions de HKD (7,5 millions d’euros) (Citi 2008). commun. On trouve ainsi SmarTrip à Washington, T- La carte est utilisée par 95 % des habitants de Hong Money à Séoul, en Corée du Sud, Snapper à Kong âgés de 16 à 65 ans et chaque utilisateur la Wellington, en Nouvelle-Zélande, Suica dans charge en moyenne à hauteur de 63 à 65 HKD (5 à plusieurs zones métropolitaines du Japon et Easycard 6 euros). Elle est actuellement en train d'évoluer et, à Taipei. de simple carte de transport, de se transformer en une carte de paiement dans les commerces de détail Dans le même ordre d'idée, le paiement des péages ou « carte citadine ». Fin 2006, elle était acceptée par a donné naissance à un grand nombre de cartes de 3 800 magasins gérés par 379 sociétés différentes. monnaie électronique. Ainsi, la CashCard, à Selon De Jong (2006), seules 76 % des transactions Singapour, était le moyen de paiement dédié aux étaient liées aux services de transport. « Quand la péages sur l'île et elle s'est par la suite étendue à des société est née, son objectif était de fournir une 6 S'appuyant sur le succès de la CashCard, le gouvernement de Singapour a développé un programme baptisé Singapore Electronic Legal Tender pour accorder un statut de moyen de paiement légal à une certaine forme de monnaie électronique et éliminer ainsi toute utilisation d'espèces. On dispose de peu d'informations sur l'avancement de cette initiative, qui semble avoir perdu de son envergure et avoir été retardée. 11 technologie à but non lucratif permettant de réduire son utilisation par rapport aux autres moyens de les coûts ; aujourd'hui, c'est devenu une vraie paiement. organisation de marketing » (De Jong 2006). • Octopus s'est attaché à remplacer les espèces dans les points de vente sans personnel, c'est-à-dire les Papadopoulos (2007) est pour sa part beaucoup plus billetteries automatiques. Le fait de pouvoir fournir sceptique : l'entrée en force réussie d'Octopus sur le la somme exacte à tout moment grâce à une carte marché comme carte de paiement des titres de à puce a constitué un facteur de commodité transport « n'a pas débouché sur une plus grande important pour les utilisateurs. Mondex a en utilisation ni sur un développement plus rapide pour revanche tenté, du moins au début, de remplacer Octopus Retail que pour les autres programmes les espèces dans les magasins où il est beaucoup d'argent électronique partout ailleurs ». Cela « incite moins pénalisant pour les clients de ne pas avoir la à la prudence; [...] c'est sans doute facile de se somme exacte. développer en tant qu'unique moyen de paiement • Grâce à son utilisation sans contact, la carte dans un environnement protégé où l'émetteur crée Octopus est très pratique pour les utilisateurs : cela et contrôle la demande relative à son produit, mais prend moins de temps que l'utilisation d'espèces. c'est une tout autre histoire de concurrencer à armes Elle n'a pas besoin d'être insérée dans un appareil inégales l'utilisation établie des espèces dans les et, en général, il n'est même pas nécessaire de la commerces de détail ». sortir du portefeuille ou du sac à main pour la valider. Van Hove (2005) note quant à lui que Mondex n'a pas • Grâce à la personnalisation de la carte, les réussi à s'implanter à Hong Kong, contrairement à utilisateurs qui la perdent ou qui en ont une Octopus. Ce dernier possède quatre avantages bien défectueuse peuvent récupérer l'argent stocké particuliers sur Mondex : dessus. • En signant des partenariats avec les principaux Le portefeuille mobile opérateurs de transports en commun du territoire, interopérable supportant des Octopus a de facto obtenu le monopole auprès instruments de paiement d'une large base d'utilisateurs. Il a pu attirer un multiples : Mobipay en Espagne nombre substantiel de clients dans un laps de temps remarquablement court en installant les Qu'est-ce que Mobipay ? nouveaux lecteurs de carte dans tous les points qui étaient sous son contrôle direct et en appliquant Mobipay est un mécanisme de paiement mobile qui une tarification relative aux autres types de trajets permet aux consommateurs de payer des biens avec proposés (trajets simples). Dans les faits, les leur téléphone portable grâce à plusieurs moyens de utilisateurs se sont retrouvés sans alternative. Une paiement : carte de crédit, de débit et facture de fois que la carte Octopus a atteint une utilisation de l'opérateur. Il permet à la fois les paiements directs masse, elle a pu s'étendre au-delà de son marché dans les commerces et les paiements à distance. La captif jusqu'aux points de vente au détail. À plateforme est accessible à n'importe quel opérateur l'inverse, Mondex a dû apporter les preuves, sur la de téléphonie mobile et n'importe quel émetteur base de ses propres mérites, que sa carte était un d'instruments de paiement en Espagne. moyen de paiement à privilégier par rapport aux autres, et n'a pas eu la possibilité de manipuler les Le système fonctionne selon un modèle coopératif prix dans les commerces de détail afin de privilégier entre des opérateurs de téléphonie mobile et des 12 institutions financières. Mobipay España SA, qui gère en envoyant par message texte (SMS) le mot-clé le système, a été créée en juillet 2001. Elle est "ALTA" (inscription) suivi du numéro de la carte. Les codétenue par les trois principaux opérateurs de opérateurs enregistrent automatiquement le compte téléphonie mobile d'Espagne (qui en possèdent mobile comme moyen de paiement du ensemble 40 %), par plus de 30 institutions consommateur (qu'il soit en prépaiement ou financières (à hauteur de 48 %), ainsi que par les trois postpaiement) la première fois que celui-ci s'en sert. sociétés nationales de paiement par carte bancaire du pays (les 12 % restants). Lors de la création du Le téléphone portable ne sert qu'à initier le paiement, système, son développement a reçu le soutien car le traitement de la transaction est de la financier du ministère de l'Industrie espagnol. responsabilité de l'émetteur choisi. La principale Mobipay España SA est en fait la combinaison de interface utilisateur exploite le canal de deux projets concurrents : Movilpago (soutenu par télécommunications mobiles Unstructured une grande banque, BBVA, et l'opérateur de Supplementary Services Data (USSD), qui fonctionne téléphonie mobile Telefónica Móviles) et Pagomóvil sur la plupart des téléphones sans nécessiter de (soutenu par une autre grande banque, BSCH, et les configuration spéciale. La session USSD peut être deux autres opérateurs téléphoniques). déclenchée directement en composant un code USSD ou, ce qui est plus fréquent, en envoyant un SMS. Une Une société distincte, Mobipay Internacional SA, a session interactive en temps réel est alors établie été fondée afin de promouvoir ce système de entre le téléphone portable et le serveur Mobipay, qui paiement sur les marchés étrangers et plus consiste en une série de questions et de réponses. particulièrement en Amérique latine. Contrairement à Mobipay a également développé des interfaces qui l'entité espagnole, la société internationale n'est utilisent la reconnaissance vocale interactive (RVI), les contrôlée que par une seule entreprise de SMS (grâce à un système de mots-clés) ou le WAP.7 télécommunications, Telefonica Moviles, et par une seule banque (BBVA), ce qui devrait lui conférer une Il existe trois principaux moyens d'initier un paiement. cohérence stratégique plus forte. Elle a été lancée au Pour les petites transactions effectuées dans les Mexique via FINPE, une organisation créée en 2004 commerces, les consommateurs peuvent donner leur par un consortium de banques et d'opérateurs de numéro de téléphone au commerçant, qui émet alors cartes de crédit dans le seul but de faire la promotion la demande de paiement. Les magasins de plus des paiements électroniques au Mexique. grande taille peuvent, grâce à un lecteur de codes- barres passé directement sur le téléphone, obtenir le Fonctionnement de Mobipay numéro de celui-ci. Cela permet de réduire les risques d'erreur. Enfin, pour les achats effectués Chaque client de Mobipay reçoit un portefeuille depuis des machines ou à distance, le client entre un virtuel qui peut contenir jusqu'à neuf instruments de code de transaction qui permet d'identifier le produit paiement différents. Chaque fois que le client veut désiré (un parcmètre affichera par exemple le code effectuer un paiement, le système lui demande à quel *145*980*122#). Dans ce cas, c'est le client qui initie instrument il souhaite avoir recours. Les clients la demande de paiement. peuvent ajouter un moyen de paiement bancaire à leur portefeuille en en faisant la demande auprès de Dans chacun des cas, le consommateur reçoit un l'émetteur (dans une agence, à un guichet message avec le détail de la transaction (description automatique, par Internet ou par téléphone) ou bien du produit et montant du paiement) qu'il doit 7 Pour une description et une comparaison des différentes méthodes de communication mobile, USSD, IVF, SMS et WAP, consulter Mas et Kumar (2008), tableau 1. 13 autoriser en entrant le numéro d'identification logo Mobipay que ce mode de paiement est personnel (code PIN) relatif à l'instrument de disponible. De nombreux commerces de détail ont paiement choisi (ainsi, s'il a une carte de débit, le opté pour Mobipay, mais ce n'est pas le cas de la code PIN sera le même que celui utilisé aux guichets principale chaîne de grands magasins (El Corte Inglés) automatiques) ou en tapant sur la touche OK si la ni de la compagnie aérienne nationale (Iberia). transaction est imputée sur la facture de l'opérateur Aujourd'hui, Mobipay est avant tout un outil de (pas de code PIN, donc). Acheteur et vendeur paiement bancaire : 90 % des transactions se font reçoivent ensuite un message confirmant la dans ce cadre contre seulement 10 % qui sont transaction. imputées sur la facture de l'opérateur. L'utilisation de Mobipay ne coûte rien au Mobipay s'est récemment livré à toute une série consommateur. Les commerçants, en revanche, d'essais pour étendre son marché : il a testé doivent acquitter une commission normale associée à l'utilisation de téléphones NFC pour payer les trajets l'instrument de paiement choisi par le client (par dans les transports en commun à Málaga, une exemple, une carte de crédit), mais il n'y a pas de frais application de paiement du parking à Madrid, une additionnels à verser si le paiement est géré par les autre pour régler ses achats aux distributeurs infrastructures de Mobipay. Mobipay verse un automatiques du campus d'entreprise de Telefonica, montant fixe par transaction à l'opérateur du client ainsi qu'une troisième, avec la société privée Bet And (0,08 euro en cas d'utilisation d'une carte ou d'un Win, pour le paiement des paris. Mobipay voit surtout instrument bancaire et 0,15 euro si le paiement est des opportunités dans le secteur des transports grâce imputé sur la facture de l'opérateur) pour l'utilisation à la technologie NFC dont Octopus a montré de ses canaux de télécommunications. Enfin, l'intérêt. Mobipay fait payer un montant fixe à ses actionnaires pour couvrir ses coûts. Verdict du marché et enseignements Au départ, Mobipay a ciblé surtout l'achat de Mobipay a été testé mi-2002 dans une petite ville, contenu mobile (de sonneries, par exemple), les puis lancé au niveau national à la fin de la même petites transactions ponctuelles comme celles année. En moins d'un an, il a séduit 17 000 clients et effectuées dans les taxis (à Madrid et à Barcelone), 4 500 commerçants (2 800 virtuels et 1 700 réels). Six les transports publics (les bus de Málaga), les tickets ans plus tard, seuls 400 000 utilisateurs étaient de parking (utilisation assez peu répandue), ainsi que enregistrés, tous n'étant pas nécessairement actifs, les achats sur Internet. Ces dernières années, il s'est ce qui équivaut à moins de 1 % de la population. Et davantage orienté vers l'utilisation de la plateforme moins de 2 000 transactions sont réalisées chaque pour la recharge de la carte en prépaiement. Le client jour. a juste à envoyer un SMS codifié avec le mot « recarga » (recharge) et le montant souhaité. Cette contre-performance s'explique par deux facteurs principaux. Premièrement, il y a une forte La méthode de paiement Mobipay est pénétration en Espagne des services et des commercialisée par les opérateurs et les institutions infrastructures bancaires, si bien que Mobipay a eu financières et non par Mobipay lui-même. Les du mal à créer un marché de niche dans le secteur du consommateurs sont informés par la présence du commerce de détail. Deuxièmement, Mobipay ne 14 disposait pas d'un budget marketing pour faire la Paiements mobiles par carte de promotion de son propre service. Il a dû compter sur crédit : Moneta en Corée du Sud ses actionnaires (qui étaient aussi ses clients), lesquels n'ont pas vu l'intérêt qu'il y avait à promouvoir la Qu'est-ce que Moneta ? marque Mobipay, craignant que leurs concurrents (que ce soit les sociétés de télécommunications ou SK Telecom (SKT) appartient au troisième plus gros les banques) ne tirent autant profit que Mobipay chaebol (conglomérat) de Corée du Sud. Il contrôle d'une telle campagne. Résultat : Mobipay s'est environ la moitié du marché de la téléphonie mobile, affaibli en l'absence de marketing efficace et ce qui représente 20 millions de clients. SKT a d'« application phare » qui auraient fait prendre développé une structure générale pour à la fois les conscience au public de l'existence du service. paiements mobiles (Moneta), les services bancaires mobiles (Mbank) et le commerce mobile. Moneta a Les problèmes marketing de Mobipay sont été lancé en novembre 2002 sous la forme d'une symptomatiques des divergences d'intérêts et application de portefeuille mobile qui permettait aux d'expériences entre ses différents promoteurs, qui consommateurs d'effectuer des paiements de ont freiné son développement. Les proximité (dans les magasins) grâce à plusieurs télécommunications ont toujours considéré leur mécanismes. Au départ, Moneta supportait un implication comme une concession faite aux banques, produit de monétique mobile (Moneta Cash), puis il a qui étaient aussi leurs principaux actionnaires ; c'était évolué pour constituer une plateforme supportant les en quelque sorte une faveur qu'elles devaient à ces paiements par carte de crédit via le téléphone derniers8. Leur engagement plutôt timide est dû en portable. partie au fait qu'elles étaient habituées à des marges dépassant les 50 % avec leurs services de facturation Moneta s'est développé dans un contexte de forte précédents (grâce, par exemple, aux achats de concurrence de la part d'autres acteurs du marché et sonneries/logos au moyen de SMS facturés très cher), plus particulièrement de la plateforme BankOn alors que les banques se satisfaisaient de marges lancée par la puissante Kookmin Bank et soutenue beaucoup moins élevées. Les télécommunications par les deux concurrents de SKT dans la téléphonie considéraient en outre les banques comme mobile (LG Telecom et KTF). excessivement conservatrices. Les équipes techniques respectives des deux parties avaient un À l'origine : Moneta Cash état d'esprit bien spécifique, utilisaient une terminologie particulière et avaient leurs propres SKT a été le premier à proposer le paiement mobile préoccupations techniques. Et comme toutes les en Corée du Sud grâce à NeMo (contraction de grosses entreprises de télécommunications et toutes network et de money), un produit de monétique les grosses banques sauf une faisaient partie du mobile (m-cash) lancé au côté de neuf grandes consortium Mobipay, il n'y avait pas de réelle banques coréennes en 2001, puis rebaptisé Moneta concurrence, donc pas d'urgence à développer le Cash. Les clients qui optaient pour ce système marché. recevaient un compte virtuel, dont le numéro était le 8 C'est pour cela que les trois principales entreprises de télécommunications espagnoles ont sauté sur l'occasion de rejoindre le consortium Simpay lorsqu'il a été créé. Celui-ci serait « leur projet ». 15 même que celui de leur téléphone. Le solde du paiement, mais une application de portefeuille compte était situé sur un serveur de SKT (et donc pas mobile permettant au client de payer avec sa carte sur la carte) et ce dernier gérait les fonds. Grâce à de crédit à partir d'un terminal mobile. Cela leur téléphone portable, les clients pouvaient fonctionnait grâce à la carte Moneta qui était équipée approvisionner leur compte mobile à partir de d'une puce (c'était une carte de crédit au format comptes bancaires associés détenus chez les banques d'une carte à puce). La carte Moneta a été lancée en participantes. Le compte mobile comme le compte septembre 2001 ; au départ, la marque Visa y était bancaire étaient associés au numéro de téléphone du également apposée et elle était délivrée par cinq client et tous deux partageaient le même code PIN. grandes compagnies de cartes de crédit et banques Une fois que leur compte était approvisionné, les coréennes. SKT avait projeté de racheter une société clients pouvaient se servir de leur téléphone pour de cartes de crédit pour internaliser cet aspect du transférer de l'argent sur d'autres comptes Moneta service, mais cela ne s'est pas fait. Cash, y compris par le biais de TPE lors du paiement de produits. Les transactions étaient plafonnées à Du fait de la forme de départ de la carte, les clients 500 000 KRW (environ 300 euros), mais il n'y avait pas devaient utiliser des téléphones conçus spécialement de limite à la somme totale contenue sur la carte. avec un lecteur de carte classique dans lequel ils L'idée était de rendre les transactions pratiques et de inséraient leur carte Moneta quand ils voulaient ne pas avoir à donner de détails sur le compte effectuer un paiement à partir de leur compte bancaire au destinataire du paiement. Toutes les bancaire. En mars 2003, ces modèles de téléphones transactions étaient confirmées par SMS et les clients ont été remplacés par d'autres à l'intérieur desquels en recevaient quotidiennement un relevé. on pouvait placer une puce (puce Moneta) de la taille d'une carte SIM. Ainsi, les clients n'avaient plus Moneta Cash a atteint 3 millions de clients en 2004. besoin d'avoir sur eux la carte Moneta pour payer Mais une certaine tension est née au fil du temps avec leurs achats et la taille des téléphones a pu être les banques participantes qui percevaient de plus en réduite. Les utilisateurs devaient néanmoins posséder plus les comptes mobiles de SKT comme « l'intrusion un téléphone spécifique9 et les clients qui d'un étranger dans leur secteur d'activité » (Oh et al. souhaitaient payer avec d'autres cartes de crédit 2006). En 2006, certaines données clients sensibles devaient changer la puce à l'intérieur du téléphone. sont devenues accessibles par Internet et ont été utilisées de façon illicite. Bien que SKT ait affirmé qu'il Les clients peuvent utiliser leur portable équipé de la ne s'agissait pas d'un problème technique, mais puce Moneta dans les magasins affiliés possédant des d'une mauvaise protection par certains clients de terminaux TPE adaptés. Les commerçants doivent leurs données personnelles, Moneta Cash a été brancher une clé électronique sur leur terminal supprimé à la suite de cet incident. existant, clé qui permet de lire la puce Moneta à courte distance grâce à la technologie infrarouge ou L'atout majeur : la possibilité de payer RFID. Le fait de passer le téléphone devant la clé par carte de crédit grâce au téléphone déclenche le paiement. Une authentification supplémentaire par code PIN au moyen d'un SMS est Contrairement à Moneta Cash, qui allait de pair, pour demandée pour les transactions de plus grande le client, avec un nouveau type de compte, Moneta valeur. Moneta supporte les paiements à la fois en n'était pas à proprement parler un instrument de ligne et hors-ligne. Dans les commerces non équipés 9 Le réseau SKT fonctionne selon la norme CDMA et non GSM, et, en général, les téléphones CDMA ne contiennent pas de carte SIM. C'est pourquoi l'utilisation de la puce Moneta nécessitait que l'utilisateur ait un téléphone CDMA spécial avec lecteur de carte SIM. 16 de la clé électronique, les clients peuvent continuer à Séoul. En plus de cela, il a utilisé la plateforme de utiliser une carte Moneta adossée au même compte paiement pour proposer des services de m-shopping, bancaire. de m-banking (Moneta Bank ou Mbank) et de gestion mobile des stocks (Moneta Stock Trading). En 2006, Visa et MasterCard ont introduit des cartes de crédit de la taille d'une carte SIM qui fonctionnent MBank, lancé en mars 2004, est le résultat d'un sur leur plateforme de paiement de proximité, partenariat de SKT avec plusieurs petites banques. Ils respectivement VisaWave et PayPass10. En ont été rejoints en septembre 2004 par la Kookmin conséquence, les clés électroniques des Bank, une banque de plus grande taille, qui avait déjà commerçants sont pour la première fois devenues créé sa propre plateforme de m-banking. MBank interopérables pour tous les fournisseurs de services utilise une puce multiapplication afin de partager sans fil. l'utilisation de la puce Moneta du téléphone avec les banques : la puce est ainsi pour moitié contrôlée par En 2007, SKT s'est associé à Visa International pour SKT pour les services de paiement avec la carte créer une plateforme permettant aux abonnés de Moneta et pour moitié par la banque qui stocke des télécharger des données et applications pour leur informations pertinentes concernant le compte 11 carte de crédit sur la carte SIM de leur téléphone . bancaire. Cette évolution présente trois avantages pour le client. Premièrement, il peut régler ses achats avec Verdict du marché et enseignements n'importe laquelle de ses cartes de crédit Visa sans avoir à changer la puce de son téléphone. Fin 2003, SKT avait posé environ 400 000 clés Deuxièmement, les clients Moneta ne sont plus électroniques chez les commerçants. Moneta ne limités à un éventail réduit de téléphones comptait encore que 40 000 utilisateurs, bien que compatibles Moneta ; ils peuvent utiliser n'importe 400 000 téléphones compatibles aient alors été quel téléphone de troisième génération. Enfin, cette disponibles (Wallage 2003). De plus, seuls 21 % des plateforme offre la possibilité de télécharger d'autres utilisateurs enregistrés avaient effectué un achat avec applications d'opérations bancaires mobiles ou de leur téléphone. C'est la tranche d'âge 30-39 ans qui transports en commun sur la même puce, plutôt que comptait le plus grand nombre d’utilisateurs (29 %). de nécessiter leur préinstallation dans une puce En août 2005, SKT avait vendu 4,9 millions de dédiée pour chaque application (Bradford et Hayashi téléphones compatibles Moneta, soit une pénétration 2007). La plateforme Moneta est ainsi devenue la clef de 20 % de sa clientèle (Beerfiles 2005). En février de voûte de toute une série d'applications de 2007, 1,5 million d'utilisateurs des services Moneta m-banking et de m-commerce. étaient enregistrés en Corée (Payment News 2007), et la fonctionnalité carte de crédit était activée sur Évolution au-delà des paiements en 80 % des nouveaux téléphones de troisième magasin génération. Mais, selon certaines sources, l'utilisation reste très limitée et l'avenir de Moneta est incertain. Au fil du temps, SKT a étendu ses services de paiement Moneta au-delà des commerces de Moneta représente avant tout une nouvelle proximité (carte Moneta) pour proposer des services technologie de paiement à partir d'un compte de paiement en ligne (août 2003) et des services de bancaire avec carte de crédit. À travers ce système, paiement des titres de transport (pass Moneta) à SKT a simplement cherché à rendre le système de 10 Il s'agit de cartes à puce sans contact qui sont entièrement compatibles avec la norme internationale EMV et qui peuvent être lues après insertion dans un lecteur classique ou à courte distance (quelques centimètres) grâce à la technologie RFID. Elles représentent pour les consommateurs un moyen rapide et pratique d'effectuer leurs paiements, car aucune signature n'est demandée et il n'y a pas besoin de donner sa carte en caisse. 11 SKT a adopté la technique WCDMA (une évolution de la technologie GSM) comme norme pour son réseau de troisième génération. L'Universal SIM est une carte à puce normée embarquée dans tous les téléphones compatibles WCDMA. 17 paiement préexistant compatible avec la technologie nouvelles technologies jusqu'à ce que certaines mobile. En n'introduisant pas d'instrument de l'emportent clairement. De nombreux acteurs se sont paiement nouveau, il n'a pas eu à convaincre les positionnés avec leur propre technologie, permettant utilisateurs de la sécurité ni de la fiabilité d'un le paiement par carte de crédit via le téléphone nouveau type d'argent (contrairement à Mondex et portable : les deux plus grandes entreprises de Octopus, qui fonctionnaient à partir d'un nouveau télécommunications, SK Telecom et KTF, ont ainsi fait compte prépayé). De plus, en laissant aux banques le la promotion de leur norme ; la start-up Harex rôle d’émetteur de l’instrument de paiement, SKT n'a InfoTech a proposé quant à elle son propre service de pas eu à se charger de quelque recouvrement que ce paiement mobile par infrarouge, baptisé ZOOP, dans soit (contrairement au système Simpay, qui favorisait certaines zones de Séoul ; et certaines compagnies le paiement imputé sur la facture de l'opérateur). de cartes de crédit ont cherché à développer des solutions de paiement mobile par carte. Et pourtant, malgré l'apparente « simplification » de cette innovation que représente l'argent mobile, • La solution aurait été d'installer des lecteurs TPE Moneta a enregistré des niveaux d'utilisation propriétaires dans les magasins, or, pendant de relativement bas pour une population qui compte longues années, ils n'ont pas été interopérables parmi les plus conquises par les nouvelles entre les systèmes rivaux. Les commerçants technologies dans le monde. Il s'est avéré difficile de auraient donc dû déployer plusieurs dispositifs lui faire adopter un nouveau mode de présentation pour pouvoir accepter différentes cartes, ce qui et d'échange des données présentes sur la carte de aurait augmenté le coût et la complexité de leurs crédit, et ce pour trois raisons principales. opérations et aurait fini par rendre nul l'avantage du paiement électronique. Et ils ne souhaitaient Intérêt. Du point de vue du consommateur, pas non plus investir dans l'équipement qui leur l'avantage qu'offre Moneta par rapport aux systèmes auraient permis d'accepter les transactions via de paiement classiques avec carte de crédit n'est pas Moneta (la clé électronique) tant que la demande clair. Dans le fond, Moneta ne fait qu'associer pour ce genre de service n’était pas suffisamment physiquement le téléphone portable et la carte de prononcée. crédit. Quel avantage cela représente-t-il • De la même façon, les vendeurs de téléphonie véritablement ? Dans un monde où chacun continue mobile ne se sont véritablement mis à développer à avoir sur soi des espèces et donc un portefeuille, les fonctionnalités propres à Moneta (la puce duale quel avantage décisif y a-t-il pour le consommateur à sans contact) que lorsqu'ils ont constaté que le transférer sa carte de crédit de son portefeuille à son marché s'était bien développé (Wallage 2003). Les téléphone portable ? À ce manque de clarté quant à fabricants de téléphones coréens ont toujours été l'intérêt de Moneta pour le consommateur se sont enclins à présenter de nouvelles technologies. Mais, ajoutés des problèmes relatifs à sa commodité, car, ces dernières années, ils ont connu plus de succès du fait de la conception de l'interface utilisateur, le au niveau international, si bien que le fait d’offrir un consommateur devait faire défiler de nombreux produit plus exploitable au niveau international écrans successifs avant de pouvoir effectuer un simple influence leurs choix au niveau national. paiement (Bradford et Hayashi 2007). Défiance des institutions financières. L'essor des St a t u qu o technologique. En l'absence de norme paiements mobiles a été entravé par les querelles reconnue par le secteur, il peut arriver que les acteurs ouvertes entre les banques, les entreprises de du marché choisissent de repousser d'adoption de télécommunications et les différents consortiums. 18 • Il y a eu désaccord sur le modèle économique. Le le système était également conçu pour les achats sur secteur de la banque et des cartes de crédit s'est Internet à partir d'un PC. montré peu enthousiaste, car les opérateurs de téléphonie mobile ont réclamé une grande part Avant Simpay, le commerce mobile était des recettes tirées des transactions (Bradford et majoritairement réservé aux achats numériques de Hayashi 2007). Dans le même temps, SKT aurait faible valeur, tels que les sonneries de portable ou souhaité réduire à 1 % (au lieu des 2 à 3 % habituels) l'obtention de résultats sportifs, effectués à partir du la commission sur les transactions par carte de portail propriétaire de l'opérateur, et le paiement se crédit qui s'effectuaient sur son réseau pour faisait par un échange de SMS à tarif majoré entre le encourager les consommateurs (Wireless Week client et le commerçant. Les opérateurs ont vu dans 2002). l'avènement des réseaux de troisième génération des • La querelle classique entre les banques et les possibilités de commerce mobile accrues, à travers le télécommunications pour savoir à qui téléchargement de musique, les jeux Java, le appartiennent les clients s'est envenimée. La puce streaming vidéo et la télévision sur portable, et ce, Moneta contient en effet des données concernant grâce aux services de transmission de données. l'abonné SKT et des informations sur sa carte de crédit, voire sur son compte bancaire. Les banques Avec Simpay, les opérateurs ont cherché à faciliter ont donc craint que le contrôle exercé par SKT sur l'achat par leurs clients de contenus numériques la puce ne lui permette de contrôler également les depuis n'importe quelle source, que ce soit ou non services bancaires proposés aux clients. Il a fallu sur leur portail, à partir d'un appareil connecté attendre 2004 pour que SKT et la Kookmin Bank (téléphone portable ou PC), et depuis n'importe quel (jusque-là leader d'un système rival) se mettent pays couvert par le consortium. L'idée était d'attirer 12 d'accord sur la façon de collaborer . les commerçants qui, en optant pour Simpay et en s'interfaçant une fois au système, pourraient toucher Une plateforme multiopérateur les clients de tous les opérateurs du consortium, soit avec paiement via la facture : 280 millions de clients à l'époque. Les abonnés Simpay en Europe pourraient facilement acheter du contenu numérique chez un plus grand nombre de détaillants, qui, à leur Qu'est-ce que Simpay ? tour, présenteraient le paiement Simpay comme une méthode fiable. Simpay (baptisé au départ Mobile Payments Services Association) a été lancé en février 2003 par un Simpay est un système autonome qui s'appuie sur consortium constitué des quatre grands opérateurs des mécanismes de facturation via l'opérateur. Dans européens de téléphonie mobile : Orange, Vodafone, la mesure où il visait les petites transactions, il pouvait T-Mobile et Telefonica Moviles. Deux opérateurs être perçu comme complémentaire par rapport aux nationaux de moindre ampleur, Amena et Proximus, cartes de crédit et de débit et opérer dans le cadre se sont joints au projet début 2005. La mission de de la directive de l'Union européenne sur la monnaie Simpay était de développer et de gérer un système électronique. de paiement mobile paneuropéen centré sur le micropaiement (moins de 10 euros). En dépit du Cependant, Simpay représentait à plus long terme un slogan de la compagnie, « Payez avec votre portable », danger potentiel pour les cartes de crédit s'il venait à 12 Oh et al. (2006) écrivent d'ailleurs : « Bien que la Kookmin Bank ait rejoint Mbank [du concurrent SKT], c'est néanmoins elle qui a été considérée vainqueur, car elle a réussi à empêcher SK Telecom d'avoir le droit de contrôler les informations clients. » 19 remplacer l'utilisation de celles-ci chez certains membres, et avait promis de réduire le nombre consommateurs. Simpay, de son côté, a réfléchi à la d'étapes contractuelles entre les opérateurs et les possibilité de proposer par la suite à ses clients une commerçants tiers. Un commerçant pouvait s'affilier fonctionnalité de « portefeuille », ce qui leur aurait en passant par un acquéreur et vendre ses produits permis d'avoir le choix entre plusieurs méthodes de aux abonnés de n'importe quel réseau participant. Et paiement (via la facture de l'opérateur, par carte de le logo Simpay était largement diffusé pour informer crédit ou grâce à un compte prépayé, par exemple). les consommateurs que ce mode de paiement était disponible. Par la suite, la plateforme aurait aussi supporté les transactions plus importantes réalisées depuis un Les transactions avec l'étranger (c'est-à-dire lorsqu'un téléphone portable ou un PC (des billets de théâtre, abonné achète du contenu à un fournisseur d'un par exemple), ainsi que les transactions en magasin. autre pays) étaient censées respecter les conditions Pour certains opérateurs, Simpay devait à terme financières en vigueur le jour de l'achat. Simpay constituer une alternative aux espèces. négociait des taux de change à l'avance avec la banque de règlement et les appliquait à toutes les Le fonctionnement de Simpay transactions réalisées sur une journée donnée. Cela permettait à l'abonné d’avoir plus de certitude sur le Dans le système Simpay, les achats mobiles sont prix du produit que lors d’un paiement par carte de débités par l'opérateur sur le compte mobile de crédit, car, dans ce cas, il ignore quel sera le cours de l'abonné, qu'il soit prépayé ou postpayé. Ce dernier sa monnaie lorsque la transaction sera effective. authentifie donc la transaction, fournit le canal nécessaire et facture à l'utilisateur. Les transactions Simpay devait aussi permettre aux opérateurs de avec les commerçants (détaillants ou fournisseurs de profiler leurs clients à des fins marketing. En intégrant contenu) sont regroupées par des « acquéreurs » : il les données paiement du consommateur dans leur s'agit pour l'essentiel d'intermédiaires qui incitent les système de gestion des relations clients, les vendeurs individuels à adopter la plateforme opérateurs pensaient pouvoir développer un technique et qui canalisent les paiements entre marketing plus efficace et ainsi mieux fidéliser leurs Simpay et les commerçants. Simpay se situe entre les clients. différents opérateurs de téléphonie mobile et les acquéreurs, fournissant des services d'autorisation de La disparition de Simpay paiement, de compensation et de règlement. Les opérateurs peuvent aussi endosser le rôle Simpay a sélectionné quatre grandes entreprises pour d'acquéreurs, par exemple lorsque l'utilisateur achète développer, tester et gérer le système : Valista, du contenu depuis leur portail, mais ils autorisent Encorus, Privnet et Qpass. L'idée de départ était de également les utilisateurs à acheter du contenu à des pouvoir proposer le service dans 20 pays en 2004, acquéreurs tiers. mais il y a eu de nombreux contretemps. Simpay a été entravé par des problèmes stratégiques et Simpay a ainsi cherché à créer de facto une norme opérationnels. Malgré une vision commune au contrôlée entièrement par les opérateurs mobiles. Le départ, les opérateurs n'ont pas réussi à se mettre consortium avait dans ses projets une série d'accord sur les types de paiement mobile que d'interfaces techniques normalisées communes aux Simpay allait proposer. T-Mobile voulait inclure les plateformes de facturation de tous les réseaux puces sans contact dans la coque des téléphones 20 pour pouvoir accepter les paiements de proximité, non pour poursuivre un objectif commun. Au niveau tandis que Vodafone souhaitait mettre l'accent sur les opérationnel, les tensions étaient encore plus achats de contenu numérique. prononcées entre les opérateurs d'un côté et le personnel de Simpay de l'autre. Ce dernier était en Ces désaccords sont venus en partie du fait que le effet majoritairement issu du secteur bancaire et modèle économique de Simpay a été bousculé par financier et n'appréciait pas l'état d'esprit des deux préoccupations particulières des opérateurs. employés des opérateurs mobiles. Tout d'abord, ils ne voulaient pas renoncer aux marges élevées (environ 60 %) qu'ils faisaient sur les (Absence de) verdict du marché et SMS surfacturés destinés principalement à l'achat de enseignements sonneries et de logos. Ensuite, de nombreux participants avaient déjà mis en place leur propre Les divergences de vues entre les membres service de paiement mobile par Internet, tels que fondateurs ont conduit T-Mobile à se retirer de Mobipay pour les opérateurs espagnols et M-pay Simpay en juin 2005 et les activités du groupe ont été 13 pour Vodafone au Royaume-Uni . Ces services sont arrêtées peu après. Simpay n'a donc jamais vu le jour. d'ailleurs toujours en place à l'heure actuelle. L'objectif commun était de proposer de nouveaux Contrairement à Mondex, Simpay n'avait pas pour services de commerce mobile, mais la nature de ces objectif de remplacer les espèces, dans sa conception services demeurait peu claire. Et bien que les du moins. À l'instar d'Octopus, il a essayé de se opérateurs du consortium aient eu concentrer sur les petits paiements pour lesquels les fondamentalement intérêt à harmoniser leurs espèces ne sont pas pratiques et sur un plateformes, certains ont poursuivi leurs activités de environnement commercial qu'il pouvait contrôler de recherche et de développement de leur côté, comme près. Par sa spécialisation dans les achats de contenu s'ils avaient voulu assurer leurs arrières. numérique à distance, Simpay aurait proposé à ses clients un nouveau système de paiement à forte Il est apparu que la complexité de la tâche avait été valeur ajoutée, tout en jouant sur les atouts des largement sous-estimée. Beaucoup ont considéré opérateurs membres. Et en basant les paiements sur que ce système était surdimensionné par rapport au les plateformes de facturation de ses opérateurs, il très faible volume de services mobiles achetés à aurait évité les tensions entre banques et l'époque, au-delà des sonneries et des logos. télécommunications qui ont miné Mobipay et entravé Certains ont émis des doutes quant à l'intérêt de le développement de Moneta. Simpay aurait donc créer un réseau de paiement paneuropéen, du moins tracé une nouvelle voie et, à bien des égards, aurait dans un premier temps, car cela rendait inévitable su tirer les leçons des expériences que nous avons l'adoption d'une solution mal adaptée aux besoins passées en revue dans cette étude. spécifiques des différents marchés. Hélas, au fur et à mesure que le système a été Au fur et à mesure que les divergences stratégiques développé, la vision générale du produit n'a plus été ont pris de l'ampleur, les groupes de travail la même chez tous les opérateurs. De plus, la tâche définissant les caractéristiques techniques se sont de Simpay a été compliquée par la nature multipays essoufflés. Beaucoup n'étaient là que pour veiller à et multiopérateur de la plateforme qu'il devait ce que leurs concurrents ne prennent pas d'avance et construire. Enfin, Simpay n'est pas parvenu à 13 M-pay a évolué pour supporter le service « payforit », disponible au Royaume-Uni, qui permet d'imputer sur sa facture de téléphone l'achat sur le Web de n'importe quel service estampillé « compatible payforit ». Ce service est désormais proposé par tous les opérateurs de téléphonie mobile agréés du Royaume-Uni. 21 maintenir une cohérence stratégique entre ses Un système de transaction différents opérateurs, et ce pour plusieurs raisons : autonome : Osaifu-Keitai au Japon • D'un point de vue marketing, les avantages offerts par Simpay n'ont jamais été clairs. Beaucoup se Qu'est-ce qu'Osaifu-Keitai ? sont demandé si l'interopérabilité internationale était l'objectif à poursuivre étant donné qu'une DCM est l'opérateur mobile numéro un au Japon grande partie du contenu est de nature locale. Et si avec 53 millions d'abonnés en mars 2008, ce qui les commerçants avaient dû s'aligner sur l'opérateur représente plus de la moitié du marché japonais des de leur pays, quel avantage la plateforme aurait-elle téléphones portables. Il a lancé un service de offert par rapport aux méthodes de facturation de portefeuille mobile, Osaifu-Keitai (qui signifie chaque opérateur s'appuyant sur la facturation « téléphone-portefeuille mobile ») en juillet 2004. élevée des SMS ? Il est toujours difficile de concevoir des produits harmonisés sans perdre de Osaifu-Keitai fonctionne grâce à une carte FeliCa vue les attentes et les besoins des consommateurs. embarquée dans les téléphones portables (la même • Du point de vue du modèle économique, de que celle utilisée par Octopus à Hong Kong). Cette nombreux opérateurs ont eu beaucoup de mal à carte a été développée par Sony et les puces sont renoncer aux marges élevées qu'ils faisaient sur les commercialisées par FeliCa Networks, contrôlé par ventes de sonneries et de logos grâce aux SMS Sony avec une participation minoritaire (38 %) de surfacturés et, de ce fait, ont cantonné Simpay au DCM. La carte FeliCa contient une mémoire rôle de mécanisme de paiement des futurs achats rémanente intégrée grâce à laquelle les appareils mobiles de contenu sur Internet. Des achats qui ne mobiles peuvent stocker des données sous des sont d'ailleurs toujours pas possibles. La crainte formes multiples ; cela peut être des informations d'une cannibalisation des revenus existants a donc utilisateur ou des applications spécifiques au service sapé le développement de Simpay. (jusqu'à 10). La carte FeliCa comprend également une • Du point de vue de la gouvernance, il est très puce de communication sans fil, ce qui permet difficile de faire durer un consortium composé d'échanger des données par RFID lorsqu'on la met à d'acteurs aussi importants, même au sein de proximité d'un lecteur/graveur compatible. Les l'apparente homogénéité d'un club d'opérateurs consommateurs peuvent ainsi utiliser leur téléphone de téléphonie mobile. Malgré la cohésion initiale, la à la place des espèces ou des cartes de crédit aux véritable motivation et l'intérêt des partenaires ont distributeurs automatiques et sur les terminaux TPE évolué au fil du projet. Et certains opérateurs se des commerçants. Cela facilite en outre le paiement sont davantage préoccupés de leurs concurrents à distance. que de l'intérêt commun. Osaifu-Keitai est une solution de paiement mobile qui Avec des opérateurs incapables d'avoir une vision supporte à la fois les paiements de proximité dans les marketing claire de leur produit, Simpay a fini par magasins équipés d'un lecteur de puce FeliCa et les concevoir des projets techniques chimériques. paiements à distance (en ligne). Bien que la plate- Chaque opérateur a eu des exigences particulières forme s'appuyant sur la technologie FeliCa ait été en matière d'interface, ce qui a conduit à une développée par DCM, elle est aussi supportée depuis architecture technique excessivement complexe. 2005 par les deux autres principaux opérateurs de 22 téléphonie mobile japonais. Cela en fait donc la plate- • L'achat de titres de transport. East Railways (le forme de paiement mobile de référence dans ce troisième partenaire, détenteur de 5 % de FeliCa pays. Résultat : les lecteurs FeliCa (mais pas les Networks) a développé Mobile Suica, qui permet services de paiement) sont interopérables pour tous aux abonnés d'acheter des billets de train à partir les opérateurs de téléphonie mobile. d'un compte prépayé. Comme pour Edy, ce compte peut être approvisionné en espèces, par Osaifu-Keitai est une application de portefeuille une carte de crédit ou par un compte internet/ équipée de la puce FeliCa qui supporte de multiples mobile. instruments de paiement (Williams 2008) : • Les services postpayés. JCB et AEON Credit Services ont mis sur le marché QuickPay un service • Les cartes de crédit. DCM a développé une plate- postpayé qui a démarré en 2005. forme propriétaire, iD, afin de stocker les cartes de crédit mobiles des téléphones compatibles FeliCa La conviction profonde de DCM, qu'il a acquise grâce (identique dans sa fonctionnalité au système de la au succès de la plateforme de contenu i-mode au puce Moneta décrit plus haut). Elle est ouverte aux Japon, est que l'utilisation des services de paiement cartes d'autres émetteurs, en plus des cartes de est stimulée par la présentation d'un éventail de 14 crédit DCMX propres à DCM . Les paiements services au consommateur. C'est pourquoi il a défini effectués avec ces dernières sont facturés en même une approche très structurée pour attirer des temps que les frais de communication mensuels partenaires vers ses plateformes de contenu et de de l'abonné. paiement et pour encourager les innovations à venir. • Le paiement imputé sur la facture de l'opérateur. La plateforme supporte aujourd'hui toute une série Les petites dépenses peuvent être directement d'utilisations, qui vont au-delà de l'argent reportées sur la facture. Le service s'appelle DCMX électronique, telles que les billets d'avion, les cartes mini et le plafond de crédit est de 10 000 yens (75 de membre et l'accès à son domicile. Les utilisateurs euros). Les personnes souhaitant dépenser plus peuvent télécharger de nombreuses applications sur peuvent demander un crédit supplémentaire et la carte FeliCa pour qu'elle supporte chacun de ces utiliser le service comme une carte de crédit services. DCM a également pris conscience de classique. l'importance qu'il y avait à convaincre les chaînes de • L'argent électronique prépayé. DCM fait partie magasins de détail d'accepter son système de d'une joint-venture baptisée bitWallet avec Sony et paiement mobile. Ses équipes ont délibérément plusieurs institutions financières. bitWallet propose un souligné auprès des commerçants à quel point service d'argent électronique prépayé appelé Edy15. Osaifu-Keitai allait à la fois rendre le paiement plus Les clients peuvent approvisionner leur compte Edy pratique pour le consommateur et donner plus de avec des espèces, une carte de crédit ou depuis un valeur à leur activité grâce à I) la rapidité, II) la compte Internet/mobile. Le portefeuille Edy est limité polyvalence, et III) la sécurité (Jenkins 2008). à des transactions de faible montant (pas plus de 3 000 yens (22 euros)) et peut contenir jusqu'à 50 000 DCM semble cependant avoir gardé un contrôle yens (400 euros). Depuis février 2008, il est accepté étroit sur les options de paiement d'Osaifu-Keitai. Le dans plus de 71 000 épiceries de quartier, librairies système iD de paiement par carte de crédit était une et chaînes de cafés, ainsi qu'aux distributeurs exclusivité DCM, ce qui contraignait les commerçants automatiques. Le réseau Edy gère près de million de à installer des lecteurs compatibles iD. DCM a transactions par jour. annoncé vouloir collaborer plus étroitement avec les 14 Au Japon, les émetteurs de cartes de crédit ne doivent pas être obligatoirement des banques. DCM a acheté des parts à hauteur de 33 % dans Sumitomo Mitsui Card. 15 DCM détient 14 % du capital de bitWallet. 23 banques et les compagnies de cartes de crédit pour de développeurs et de partenaires, il a pu soutenir la continuer à étendre le marché japonais des réalisation d'importantes innovations sur de nouvelles paiements mobiles (Market Platform Dynamics 2006). plateformes comme Osaifu-Keitai. Le dynamisme En 2007, DCM, East Japan Railways, JCB et bitWallet apporté par DCM est sans précédent. Une telle se sont mis d'accord pour rendre leurs lecteurs approche n'est pas transposable à l'Europe, car les interopérables (Bradford et Hayashi 2007). marchés y sont plus fragmentés, que ce soit dans les télécommunications ou dans le secteur bancaire. Verdict du marché et enseignements Les leçons à tirer de ces expériences En janvier 2006, il y avait plus de 10 millions d'abonnés à Osaifu-Keitai disposant de téléphones Les expériences présentées dans ce document compatibles. Et, en 2008, ils étaient plus de témoignent du succès très limité des systèmes de 29 millions d'abonnés (NTT DoCoMo 2008). paiement électronique ou mobile autres que la carte L'application de portefeuille mobile est acceptée de débit. Le manque d'expérience utilisateur dans plus de 640 000 magasins (Contactless News convaincante et la persistance d'une certaine 2008). inquiétude au sujet de leur sécurité ont dissuadé le consommateur d'adopter ces systèmes. Les Osaifu-Keitai a atteint une bonne reconnaissance sur applications relatives aux transports restent le marché, mais son utilisation peine à suivre. Un aujourd'hui les plus utilisées et seront sans doute au sondage mené en juin 2007 auprès de 1 093 centre des développements futurs. L'introduction de utilisateurs japonais de téléphones portables montre services sans lien avec les transports semble servir que seuls 40 % d'entre eux avaient un téléphone avant tout de vitrine à la technologie sur les compatible Osaifu-Keitai, tandis qu'ils étaient deux marchésclés, comme le Japon et la Corée du Sud, fois plus à connaître ce service. Parmi ceux qui mais la logique commerciale de cette démarche est possédaient la fonctionnalité nécessaire, seuls 30 % encore limitée. Bien qu'il soit très difficile de se s'en servaient « parfois » ou « souvent16». procurer des données clients, on constate que le taux de pénétration de certains systèmes est assez élevé, Bien qu'Osaifu-Keitai ne connaisse pas pour l'instant mais que l'utilisation reste très réduite17. Le tableau 1 un succès assuré, ce service reste très prometteur. Ce montre (certes de façon un peu succincte) le degré qui le distingue des autres initiatives que nous avons de popularité de ces systèmes. passées en revue est la très forte domination que DCM exerce sur le marché mobile (avec le chiffre Les succès partiels et les nombreux échecs de ces impressionnant de 80 millions de clients) et sur le initiatives dans les pays développés sont dus en système en général. DCM a la capacité de peser partie au fait qu'il s'agit de marchés où les produits lourdement sur la conception des téléphones bancaires sont déjà très présents. Le consommateur portables grâce à sa relation privilégiée avec les n’a aucune raison de payer avec son téléphone fabricants, qui lui permet de rationaliser l'expérience portable quand il a sa carte de débit ou de crédit client ; il a acheté des parts dans une banque et dans dans son portefeuille. Et on ne voit pas non plus de une entreprise de traitement des transactions pour raison d'éradiquer les espèces, alors qu'il y a des réaliser des économies de gamme ; il a avancé des distributeurs automatiques à chaque coin de rue. On fonds pour inciter les commerçants à acheter les peut donc considérer ces expériences décevantes terminaux TPE nécessaires ; et, grâce à son équipe sous un autre angle en disant qu'une bataille 16 Ce sondage a été réalisé en ligne en juin 2007 par Goo Research et diffusé sur http://whatjapanthinks.com/tag/osaifu-keitai. 17 Van Hove (2005) présente des données concernant huit systèmes de paiement électronique en Europe. Y figurent entre autres le nombre de cartes émises, le nombre de points d'acceptation (terminaux), la fréquence d'utilisation et les fonds concernés. 24 technologique s'est déroulée en silence entre les fonctionnalités d'utilisation des espèces et des différents moyens de paiement électronique et que cartes de débit et celles des nouvelles formes ce sont les cartes de débit qui l'ont emporté. Ce ne d'argent électronique et de systèmes de paiement. sont pas les paiements électroniques qui ont essuyé Ce sera aux consommateurs de démontrer la une série d'échecs, mais bien plutôt la carte de débit supériorité des nouveaux systèmes de paiement qui a enregistré l'unique victoire. Dans les pays en dans quelques applications au moins. développement, en revanche, nombre de ces services • Celles qui ont trait au problème que rencontre le sont tellement hors de portée pour la population que grand public pour évaluer la sécurité des nouveaux les téléphones portables et les cartes à puce systèmes et donc pour leur accorder sa confiance. pourraient avoir un rôle à jouer. Il est donc important • Celles, enfin, qui ont trait à la difficulté de de bien comprendre les réalités économiques avec supplanter des mécanismes et des normes de lesquelles ces systèmes doivent compter pour réussir. paiement établis du fait des caractéristiques microéconomiques des marchés. Car même s'il ne Le problème des nouveaux systèmes de fait aucun doute qu'un nouvel instrument de paiement paiement est intrinsèquement meilleur, cela ne suffira pas à garantir son succès sur le marché. L'expérience a amplement démontré que les formes de paiement électronique autres que les cartes de Malgré tous les problèmes liés à la nature physique débit ne peuvent réussir du seul fait de la des espèces, elles possèdent néanmoins certaines propagation des technologies numériques telles que particularités qui les rendent très utiles : des siècles les cartes à puce ou les appareils mobiles. Elles d'utilisation en ont fait un moyen de paiement bien doivent apporter des avantages économiques à la connu de tous, leur valeur est facile à déterminer (il fois à l'acheteur et au vendeur et elles se doivent suffit de compter), on peut les échanger rapidement d'être au moins aussi fiables et pratiques que les (du moins pour les petites sommes), l'anonymat est formes de paiement qu'elles entendent remplacer. Il garanti (pas de traçabilité), elles sont solides (elles n'existe encore aucun dispositif de paiement qui résistent aux mauvais traitements), elles sont sache exploiter les capacités de saisie, de stockage, acceptées partout (elles ne peuvent pas entraîner de traitement et de communication des données des d'exclusion de jure ni de facto), elles sont divisibles téléphones mobiles (ou de leurs homologues plus (on n'est pas obligé d'avoir l'intégralité d'une somme limités, les cartes à puce) d’une manière qui lui sur soi) et n'induisent pas de coût de transaction assurerait d’être universellement adopté et marginal (du moins pas une fois qu'on les a en main). reproductible. Van Hove (2007) note que les consommateurs accordent une valeur au produit acheté et non au Pourquoi est-ce si difficile ? Pourquoi l'inertie est-elle service de paiement utilisé, si bien que ces si forte que le marché en arrive à soutenir d'anciens caractéristiques propres aux espèces sont à modes de fonctionnement, alors qu'il existe considérer à la fois individuellement et collectivement d'importantes innovations techniques ? Les raisons qui comme des facteurs dits « hygiéniques » [c’est-à-dire l’expliquent relèvent de trois grandes catégories : nécessaires - sans être suffisants - à la satisfaction, mais n’agissant pas comme des facteurs de • Celles qui ont trait à la stricte comparaison, du motivation], plutôt que comme de simples point de vue du consommateur, entre les caractéristiques séduisantes et interchangeables. 25 Les différents systèmes de paiement électronique que étaient stockés sur la carte. Enfin, pour payer, il nous avons passés en revue présentent peut-être faut disposer d'un lecteur de carte, ce qui réduit certains avantages sur les espèces et les cartes de grandement les possibilités de transactions entre débit, mais chacun d'eux possède au moins un particuliers. inconvénient par rapport à ces dernières, inconvénient • Les systèmes d'argent électronique en ligne sur jugé important par les consommateurs : réseau sont plus sûrs (les fonds n'étant pas stockés directement sur la carte), mais ils supposent la • Les systèmes d'argent électronique fonctionnant à présence d'intermédiaires financiers qui gèrent les partir d'une carte nécessitent que l'utilisateur soit comptes du payeur et du bénéficiaire. un minimum familiarisé avec la technologie. Ils Conséquences : la transaction prend plus de temps doivent absolument être approvisionnés. Il n'est qu'avec des espèces (car elle doit être sécurisée par pas facile pour l'utilisateur de savoir de combien il un code PIN et il faut attendre l'autorisation en dispose. Ils sont moins résistants que les espèces et temps réel de l'institution émettrice), il y a un coût peuvent être défectueux ; dans ce dernier cas, le de communication marginal à payer et elle peut consommateur risque de perdre les fonds qui être traçable. Ces systèmes fonctionnent en outre Tableau 1 . On en parle, mais à quel point ? (p.22) Nous avons voulu savoir à quel point les différents de presse. Nous avons ensuite classé les documents systèmes d'argent électronique étaient « tendance » : par années de publication. Les résultats sont en parle-t-on beaucoup, les analyse-t-on, ou bien présentés dans le tableau ci-dessous. appartiennent-ils déjà au passé ? Pour nous faire une idée, nous avons mené des recherches sur Osaifu-Keitai est le système dont on parle le plus, Google au sujet de chacun des systèmes passés en suivi d'Octopus et de Moneta. Mobipay ne parvient revue dans cette étude (les mots-clés figurent dans pas à susciter beaucoup d'enthousiasme. Et, la colonne de gauche ; nous avons voulu qu'ils comme on pouvait s'y attendre, le moribond soient aussi larges que possible et qu'ils ne soient Mondex et le défunt Simpay n'ont intéressé pas source de confusion avec d'autres usages personne ces dernières années. Si une recherche possibles des termes). Pour chacun des systèmes, sur Google peut apparaître comme un moyen nous avons sélectionné les dix premiers résultats rudimentaire de mesurer le succès ou l'échec d'un obtenus (et donc, vraisemblablement, les dix plus système de paiement électronique, il n'en demeure pertinents et ayant le plus de succès) présentant pas moins que celle-ci confirme ce que nous avons une analyse ou un commentaire avisé du système. constaté quant aux succès et aux échecs de ces Nous avons laissé de côté les résultats en lien avec différents systèmes. le site web de la société ou avec ses communiqués 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 Mondex Smart Card 2 2 3 2 1 Octopus Card 1 2 3 4 Mobipay 1 2 1 3 1 1 1 Moneta Korea 1 2 1 2 3 1 Simpay 1 2 7 Osaifu-Keitai 1 1 3 5 Total par année 2 2 3 2 0 1 3 4 7 10 5 10 11 Note : recherches menées [en anglais] sur google.com les 27 et 28 août 2008. 26 de la même manière que les cartes de débit, de (dysfonctionnement d'une carte à puce, par sorte qu'on ne voit pas très bien pourquoi les exemple). En conséquence, il est très difficile de les consommateurs sépareraient leurs liquidités entre rassurer au sujet des nouveaux dispositifs de un compte bancaire et un tel système d'argent paiement puisqu'on manque de recul à leur sujet et électronique. qu'ils sont plus sophistiqués techniquement. Ces préoccupations vont jusqu'à dissuader les Ces problèmes sont amplifiés par le fait que les consommateurs de se renseigner sur ces nouveaux avantages et les inconvénients des espèces et des mécanismes et de les essayer. Selon un récent moyens de paiement alternatifs ne sont pas les sondage mené dans un grand nombre de pays mêmes pour tous les acteurs. Du côté des détaillants, développés, 60 % des consommateurs « ont toujours il est fréquent que les petits commerçants donnent la des doutes sur le fait que leur portable puisse préférence aux espèces malgré le problème des vols effectuer une transaction en toute sécurité » et seuls et de la fausse monnaie. Seuls ceux qui possèdent un 10 % « sont susceptibles de faire du commerce commerce de plus grande taille cherchent à améliorer mobile18 ». leur efficacité en adoptant le paiement électronique (Jones 2008). Concernant le consommateur, on part Et même s'il existait un nouveau système de du principe – qui est à la base de nombreux systèmes paiement indubitablement meilleur du point de vue que nous avons vus, qu'il s'agisse de nouvelles formes de l'utilisateur, les caractéristiques suivantes, propres d'argent électronique ou de transactions opérées à au marché des paiements électroniques, mais aussi à partir d'une carte de débit ou de crédit – qu'il est de nombreux marchés en réseau, continueraient à en dans son intérêt de regrouper le contenu de ses empêcher l'adoption rapide et donc à favoriser les poches : on estime donc qu'il doit avoir une carte solutions existantes (telles que les espèces ou les plutôt qu'un portefeuille et un téléphone portable cartes de débit) : plutôt qu'une carte. Or ce n'est peut-être pas vrai, et il se pourrait même que les consommateurs préfèrent • Les économies en réseau : la valeur d’un réseau de posséder leur argent sous plusieurs formes (pièces, paiement croît avec le nombre d’agents avoirs, cartes) plutôt que de tout regrouper en un seul économiques qui l’utilisent. Or il est difficile de service mobile comme le téléphone portable. faire de nouveaux adeptes au départ, car les utilisateurs existants sont trop peu nombreux. Cela Il existe un défi particulier qui consiste à tenter de renforce ainsi les systèmes plus établis. rassurer le grand public quant à la sécurité et à la • Les économies d'échelle : les paiements fiabilité des nouveaux systèmes de paiement. Les électroniques se caractérisent par d'importants consommateurs réagissent mieux aux risques connus coûts fixes (terminaux des commerçants, dispositifs (l'éventualité d'être victime d'un vol dans la rue ou à de recharge de valeur, serveurs) et des coûts son domicile) qu'à ceux qu'ils ne connaissent pas marginaux très réduits. Cela crée donc des barrières (violations de la sécurité électronique). Ils sont à l'entrée et repousse le moment où de nouvelles également plus enclins à accepter les pertes d'argent solutions se justifient sur le plan commercial. quand celles-ci résultent de leur propre action ou • La dualité du marché : les formes de paiements inaction (le fait de perdre de l'argent par étourderie, électroniques doivent pénétrer les deux faces du par exemple) que lorsqu'elles se produisent dans des marché : les clients et les commerçants. Or les deux circonstances qu'ils ne peuvent pas maîtriser doivent être séduits simultanément, ce qui n'est pas 18 D'après Telecom Asia (2008), qui cite une étude d’Unisys. 27 sans évoquer le problème classique de la poule et portable (tels que le téléchargement de contenu de l'œuf. Ce problème est particulièrement critique mobile avec Mobipay ou Osaifu-Keitai). lorsque les deux types d'utilisateurs doivent • L'interopérabilité et les consortiums industriels sont procéder à des dépenses spécifiques (pour les à double tranchant. Il peut y avoir d'importants terminaux de paiement, par exemple) pour problèmes de coordination entre les différents participer. acteurs au sein des systèmes basés sur l'interopérabilité, tels que Simpay. Ces systèmes Du fait de ces trois freins, il va falloir beaucoup de risquent également de se retrouver écartelés entre temps aux nouveaux moyens de paiement pour plusieurs orientations stratégiques, ce qui peut s'implanter et se développer, et ce, même s'ils offrent avoir des conséquences néfastes sur le degré de aux consommateurs des avantages qui leur sont complexité technique, le coût du service, ainsi que propres. Et pendant toute la période où ils n'auront sur la qualité de l'expérience client. Cependant, il pas supplanté les moyens de paiement existants, leur est beaucoup plus difficile de faire adopter des valeur ajoutée va baisser : pourquoi adopter l'argent systèmes propriétaires tels que celui de SKT, car ils électronique alors que j'aurai de toute façon besoin nécessitent l’investissement dans des téléphones d'avoir du liquide sur moi ? C'est pourquoi les clients portables ou des terminaux spécifiques. Ces comme les commerçants seront sans doute peu systèmes peuvent également conduire le marché à enclins à utiliser une nouvelle méthode de paiement une certaine paralysie, les différents acteurs au moment où elle est lancée sur le marché, même si repoussant les décisions d'investissement jusqu'à ce c'est dans leur intérêt à long terme de l'adopter. qu'un leader se distingue clairement. • La praticité, et plus particulièrement la vitesse de Mais si vous devez vraiment essayer... transaction, sont décisives. Les systèmes qui ont connu le plus grand succès – Octopus, Osaifu-Keitai Notre étude des différents systèmes de paiement a et Moneta – s'appuient tous sur la communication permis de mettre en lumière les enseignements à courte distance (RFID ou NFC) qui fonctionne suivants : grâce à des lecteurs de carte sans contact et réduit la saisie de données par l'utilisateur. • Les systèmes qui se sont développés au sein de • Les mécanismes de paiement doivent être conçus marchés de niche captifs où ils ont pu exploiter comme des plateformes ou des systèmes à part certains avantages exclusifs par rapport aux entière et non comme des services. Les fournisseurs espèces ont connu un plus grand succès (quoique doivent s'attacher non pas tant à vendre qu'à toujours limité) que les systèmes de paiement orchestrer la création d'un nouveau marché. Inciter électronique plus généraux. Il existe de véritables les consommateurs à adopter ces systèmes possibilités de traiter d'une part les opérations nécessite d'avoir recours à des stratégies effectuées aux TPE automatiques (telles que les multipartites complexes et prend quoi qu'il arrive petites transactions d'un montant fixe destinées à du temps. Comme l'a montré DCM, ces systèmes acheter un titre de transport, une place de parking doivent se développer sur un mode ouvert et ou un produit dans un autre type de distributeur collaboratif, mais, dans le même temps, ils doivent automatique, transactions rendues possibles par être dirigés avec poigne. Or, il y a peu d'acteurs Octopus ou Suica (via Osaifu-Keitai), et d'autre part susceptibles d'avoir la puissance et les les achats à distance par Internet ou par téléphone compétences nécessaires pour y parvenir. 28 De nombreux observateurs s'accordent à dire que, Références dans un futur proche au moins, le secteur le plus prometteur pour le paiement électronique dans les Beerfiles. 2005. “Wallet Phones for Asia”. Blogpost, pays développés sera la vente de titres de transport. 15 septembre. http://www.beerfiles.com.au/content/ Les enseignements présentés ci-dessus, ainsi que blogsection/11/63/. l'étude du cas Octopus, sont à ce titre éloquents. Le système Octopus exploite une niche où les espèces Birch, Dave. 2002. “Purse Wars: What does the front ne sont pas très pratiques : celle des distributeurs line look like?.” http://www.arraydev.com/commerce/ automatiques de titres de transport. Le bailleur de jibc/9806-02.htm. fonds de ce système a réussi à le faire rapidement adopter par les utilisateurs en modifiant la tarification Bolt, Wilko, et Humphrey, David. 2007. “Payment classique afin de favoriser Octopus. De plus, comme Network Scale Economies, SEPA, and Cash il contrôlait un important réseau de terminaux, il a pu Replacement”. Research Department Working Paper les adapter très rapidement au nouveau système de No. 07-32. Philadelphia: Federal Reserve Bank of paiement. Cette double approche, - « Je vous facilite Philadelphia, juillet. http://papers.ssrn.com/sol3/ la vie » par l'adoption des cartes à puce et la papers.cfm?abstract_id=1077197. disparition des distributeurs automatiques de titres de transport, et « Je vous complique la vie » par Bradford, Terry, et Hayashi, Fumiko. 2007. “Complex l'augmentation des tarifs sur les achats de billets en Landscapes: Mobile Payments in Japan, South Korea, espèces – s'est révélée très efficace et a permis and the United States”. PaymentsvSystem Research l'adoption rapide d'Octopus. Une fois que les Briefing. Kansas City: Federal Reserve Bank of Kansas consommateurs prennent conscience de l'existence City, septembre. d'un système et s'habituent à s'en servir, son utilisation s'accroît naturellement et dépasse les Brits, Hans, et Winder, Carlo. 2005. “Payments Are objectifs de départ. No Free Lunch”. http://www.cepr.org/meets/wkcn/1/ 1627/papers/Winder.pdf. 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Mobile_Payment_Race.html. N° 51 Décembre 2008 Vous êtes invités à diffuser cette Note Focus auprès de vos collègues ou à demander des exemplaires supplémentaires de ce numéro ou d'autres de la même série. Vos commentaires au CGAP sur ce document sont les bienvenus. Toutes les publications CGAP sont disponibles sur le site web www.cgap.org. CGAP 1818 H Street, NW MSN P3-300 Washington, DC 20433 USA Tél. : 202-473-9594 Fax : 202-522-3744 E-mail : cgap@worldbank.org © CGAP, 2008 Ignacio Mas est conseiller en chef et Sarah Rotman est analyste associée David del Ser pour leurs analyses et leurs informations, ainsi que Sangwoo Yu, spécialisée en microfinance. Tous deux font partie du Programme Hyesoon Kim et Jaesic Jeon de SK Telecom, qui ont fourni des données et Technologie du CGAP. Les auteurs souhaitent remercier David Bridge et des commentaires au sujet de Moneta. Les publications du CGAP sont fréquemment citées dans d'autres études. La référence à utiliser pour ce dossier est la suivante : Mas, Ignacio, et Rotman, Sarah, 2008. « Nouveaux moyens de paiement : succès et échecs du “tout électronique” dans les pays développés. » Note Focus 51. Washington, D.C. ; CGAP, décembre.