Pourun 88908 v2 developpement intelligent face au eli mat Additionner les effets positifs des mesures qui contribuent aassurer Ia prosperite, mettre un terme aIa pauvrete et fa ire face au changement climatique VIES SAUVEES CULTURES PROTEGEES EN ERGlE ECONOMISEE PIB AUGMENTE RESUME ANALYTIQUE ClimateWorks GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE FOUNDATION Pour un développement intelligent face au climat Additionner les effets positifs des mesures qui contribuent à assurer la prospérité, mettre un terme à la pauvreté et faire face au changement climatique ©2014 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/ Banque mondiale et ClimateWorks Foundation Banque mondiale ClimateWorks Foundation 1818 H St NW 235 Montgomery Street, Suite 1300 Washington DC 20433 San Francisco, CA 94104 Téléphone : 202-473-1000 USA Site web : www.worldbank.org Site web : www.climateworks.org Le présent ouvrage est le fruit d’une collaboration entre la Banque mondiale et la ClimateWorks Foundation. Les constatations, interprétations et conclusions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de ses Adminis- trateurs ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données fournies dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénomina- tions et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et licences Le contenu de ce document fait l’objet d’un dépôt légal. La Banque mondiale et ClimateWorks encourageant la diffusion de leurs connaissances, la reproduction de cette publication est autorisée, en tout ou en partie, à des fins non commerciales sous réserve d’indication des références du présent document. Toute question relative aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doit être adressée à World Bank Publications, The World Bank Group, 1818 H St. NW, Washington, DC 20433, États-Unis d’Amérique ; télécopie : +1 202-522-2422 ; courriel : pubrights@worldbank.org. Crédit photos : Image de couverture reproduite avec l’autorisation de Shutterstock.com Remerciements La ClimateWorks Foundation et la Banque mondiale tiennent L’équipe chargée de ce projet à la Banque mondiale se composait à exprimer leurs remerciements aux équipes chargées de la de Sameer Akbar et Gary Kleiman (chefs d’équipe), Samuel Oguah, modélisation, aux réviseurs et aux équipes de projet pour leurs Robert Bisset, Fiona Douglas, Stacy Morford, Venkat Gopalakrishnan, contributions à l’élaboration du présent rapport. Karin Rives et Samrawit Beyene. La supervision a été assurée par Les travaux de modélisation ont été dirigés par Rita Van Karin Kemper et Jane Ebinger. Les conseils sur l’analyse macroé- conomique ont été fournis par Kirk Hamilton, Erika Jorgenson et Dingenen (Centre commun de recherche, Commission européenne), Stéphane Hallegatte. Le comité de lecture du rapport était composé Sarah Hunter (Oxford Economics) et Sudhir Gota (Clean Air Asia). de Masami Kojima, Andreas Kopp, Muthukumar Mani, Tijen Arin et L’équipe de ClimateWorks chargée de ce rapport se composait Carter Brandon. Nous remercions également les membres du personnel de Surabi Menon et Laura Segafredo (chefs d’équipe du projet), de la Banque mondiale suivants pour leurs contributions : Nupur Ruoting Jiang, ex-agent de ClimateWorks, qui s’est occupée de Gupta, Om Prakash Agarwal, Gaurav Joshi, Sintana Vergara, Marcus l’analyse pour les travaux de modélisation, Seth Monteith, qui Lee, Farouk Banna, Stephen Hammer, Yabei Zhang, Yun Wu, Charles a conçu les graphiques, et Debra Jones qui a révisé le rapport. Feinstein, Svetlana Edmeades, Tim Valentiner, Guillermo Hernández, La supervision a été assurée par Charlotte Pera. Onno Ruhl, Gloria Grandolini, Klaus Rohland et Deborah Wetzel. iii Glossaire des mots et expressions clés Anthropique : Causé par l’homme. Effets positifs économiques synergiques : Effets positifs macroé- conomiques liés aux effets multiplicateurs, aux effets d’entraî- Approche systémique : Approche prenant en compte les effets nement des investissements et aux interactions transsectorielles positifs directs et indirects des politiques et projets, et quanti- potentielles ; par exemple, effets positifs indirects pour la santé fiant leur impact macroéconomique ; elle vise à tenir compte et l’agriculture susceptibles de résulter de l’électrification de l’interconnexion des effets positifs identifiés. du secteur des transports si le secteur de l’électricité réduit simultanément son intensité de carbone et ses émissions de Atténuation : Mesures permettant de faire face au changement polluants carbonés du fait d’une norme de performance ou climatique en réduisant les gaz à effet de serre et d’autres d’une obligation en matière programme d’énergie renouvelable. agents de forçage du climat. Effets positifs socioéconomiques locaux : Effets positifs – tels Carbone noir (CN) : Fine particule noire qui contribue au réchauf- que la croissance du PIB, la création d’emplois, la réduction fement de la planète. Bien que le carbone noir soit une particule des coûts de l’énergie et des combustibles, les économies de plutôt qu’un gaz à effet de serre, il est le deuxième facteur temps, l’amélioration de la qualité de l’eau et de l’air, l’amé- de réchauffement du climat après le dioxyde de carbone. lioration du rendement des cultures agricoles et la réduction Contrairement à ce dernier, le carbone noir peut être rapide- de la mortalité – obtenus dans le pays qui adopte la politique ment neutralisé et éliminé de l’atmosphère si l’on met fin aux ou le projet considérés. émissions. Une réduction de ces particules dans l’atmosphère contribuerait également à améliorer la santé humaine. Facteurs de forçage ou polluants climatiques à courte durée de vie (PCCDV) : Substances – telles que le méthane, le carbone Charge mondiale de morbidité : Étude servant à estimer le nombre noir, l’ozone troposphérique et certains hydrofluorocarbures – de décès annuels enregistrés dans le monde liés à différentes ayant un impact significatif sur le changement climatique à maladies ou causes environnementales  ; peut aussi être court terme et une durée de vie dans l’atmosphère relativement répartie entre différentes régions et différents groupes. Voir courte par rapport au dioxyde de carbone et à d’autres gaz à http://www.healthmetricsandevaluation.org/gbd. longue durée de vie. Dioxyde de carbone (CO2) : Gaz à effet de serre qui contribue Forçage radiatif  : Mesure de la variation nette de l’équilibre le plus au réchauffement de la planète. Bien que plus de la énergétique entre la terre et l’espace, c’est-à-dire l’énergie moitié du CO2 émis soit éliminée de l’atmosphère en l’espace radiative reçue du soleil minorée de l’énergie radiative émise d’un siècle, une fraction (20 % environ) du CO2 émis persiste par la terre. À l’échelle de la planète, le forçage radiatif dans l’atmosphère pendant des milliers d’années. moyen annuel est mesuré dans les hautes couches de l’atmos- phère, ou tropopause. Il est exprimé en unités de puissance Effets positifs des biens publics mondiaux : Effets positifs – tels (watts, W) par unité de surface (mètres carrés, m 2). que la protection des services écosystémiques et la réduction des dépôts d’acides dans l’atmosphère, des pertes d’infrastruc- Hydrofluorocarbures (HFC)  : Substituts chimiques des subs- tures et des effets néfastes du changement climatique – qui tances qui appauvrissent la couche d’ozone et sont progres- dépassent les frontières d’un pays où une politique est mise sivement éliminées en vertu du Protocole de Montréal. Ces en œuvre ou un projet réalisé. substituts sont utilisés dans des systèmes de chauffage et de v Pour un dé v e loppe m e n t in t e l l ige n t fa c e a u c limat refroidissement ainsi que dans les aérosols. Bien qu’ils soient Ozone (O3) : Polluants dangereux et gaz à effet de serre qui ne se moins préjudiciables pour la couche d’ozone que les produits forment qu’à partir de réactions chimiques complexes avec qu’ils remplacent, leur potentiel de réchauffement planétaire d’autres substances présentes dans l’atmosphère (méthane, est très important. par exemple) ; ils peuvent nuire à la santé humaine et aux Méthane (CH4) : Gaz à effet de serre dont la durée de vie moyenne cultures agricoles. dans l’atmosphère est de 12 ans ; il est un facteur de réchauffe- ment climatique extrêmement puissant pendant cette période. Ozone troposphérique : Parfois appelé ozone de basse altitude, Une molécule de méthane a un effet de réchauffement près désigne l’ozone formé ou situé dans la partie de l’atmos- de 25 fois plus important que le CO2 sur 100 ans (et 72 fois phère comprise entre la surface de la terre et la tropopause plus important sur 20 ans). (les 10 à 20 km les plus bas de l’atmosphère). vi Avant-propos La preuve est faite que le changement climatique nuit déjà aux Elle décrit également l’impact que la mise à grande échelle pauvres. Il détériore les infrastructures, menace les villes côtières, de solutions de développement pourrait avoir au niveau national réduit le rendement des cultures agricoles et altère parallèlement dans cinq grands pays et dans l’Union européenne. Si elles étaient nos océans en mettant en péril les stocks de poissons et les espèces. appliquées simultanément, ces mesures pourraient contribuer à Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du réduire l’équivalent des émissions de gaz à effet de serre produites climat (GIEC) des Nations Unies a démontré, d’une manière plus par deux milliards de véhicules automobiles. claire que jamais, que le changement climatique est un problème Le rapport s’intéresse par ailleurs à quatre projets propres à des réel qui affecte tous les continents et océans. Des rapports suc- pays et à l’impact qu’ils auraient s’ils étaient réalisés à l’échelle cessifs du GIEC sont catégoriques : nous sommes mal préparés nationale. Par exemple, si l’Inde construisait 1 000 kilomètres de pour gérer les risques liés à la modification du climat et ses effets, nouvelles lignes d’autobus rapides dans une vingtaine de grandes et les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial aug- villes, les effets positifs sur 20 ans incluraient la préservation de mentent plus rapidement que jamais en dépit des efforts engagés plus de 27 000 vies humaines grâce à une réduction des accidents pour les réduire. et de la pollution de l’air, et la création de 128 000 emplois durables. Personne n’échappera à ces effets. Le changement climatique Le PIB et l’agriculture de l’Inde, ainsi que le climat mondial, constitue une menace grave pour la stabilité de l’économie mon- s’en porteraient également beaucoup mieux. diale. Si des mesures d’atténuation ne sont pas prises de toute Fruit d’une collaboration entre la Banque mondiale et la urgence, il ne sera pas possible de mettre fin à l’extrême pauvreté ClimateWorks Foundation, le rapport Pour un développement à l’horizon 2030. intelligent face au climat établit un cadre qui permet de mieux Nous savons, au sein du Groupe de la Banque mondiale, qu’il comprendre les risques et avantages climatiques liés à toute inter- peut en être autrement. Nous sommes convaincus qu’il est possible vention humaine. Il en ressort clairement qu’un développement de réduire les émissions et de créer des emplois et des opportunités bien maîtrisé peut avoir d’importants effets positifs pour le climat. économiques tout en réduisant les coûts dans les domaines de la Je recommande la lecture de cette publication aux décideurs santé et de l’énergie. Le présent rapport apporte des preuves tan- ainsi qu’aux acteurs du développement. gibles à l’appui de cette idée. Cette publication – Pour un développement intelligent face au climat – propose des solutions de développement modulables et s’appuie sur des travaux de recherche pour quantifier les effets positifs sociaux de l’action en faveur du climat. Elle présente des simulations d’études de cas de mesures susceptibles d’entraîner des réductions des émissions dans trois secteurs : les transports, Jim Yong Kim l’industrie et l’efficacité énergétique des bâtiments. Président du Groupe de la Banque mondiale vii Résumé analytique Les responsables de l’économie d’un pays ont pour principal souci des cas, ces avantages s’accumulent rapidement, à l’échelle locale, la création d’emplois, la stimulation de la croissance économique principalement dans le pays où la mesure est prise. et la promotion de la compétitivité. Ils s’inquiètent aussi des effets que le changement climatique aura sur l’avenir économique de leur pays. Ces responsables veulent de plus en plus savoir s’il Le poids des émissions est des investissements et des efforts qui peuvent être entrepris pour réaliser les priorités urgentes sur le plan du développement Il ne fait aucun doute que le changement climatique affecte le et, dans le même temps, relever les défis d’une planète dont le développement économique, portant gravement préjudice à l’agri- réchauffement s’accélère. culture, aux ressources en eau, aux écosystèmes, aux infrastructures Grâce à un corpus de recherches qui se développe rapide- et à la santé humaine. Ces méfaits s’avèrent dévastateurs pour les ment, il est désormais évident qu’un développement intelligent populations les plus vulnérables du monde. face au climat peut doper l’emploi et sauver des millions de vies. Si l’on veut éviter une élévation de la température de la planète Des politiques et projets de développement intelligents peuvent au-delà du seuil de 2°Celsius, il faudrait réduire considérablement aussi faire ralentir les effets néfastes du changement climatique. les émissions de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de À la lumière de ces nouveaux éléments scientifiques, et avec serre à longue durée de vie2. Si les initiatives prises pour réduire l’élaboration de nouveaux outils de modélisation économique ces polluants climatiques sont lentes, malgré quelques avancées, permettant de quantifier ces effets positifs, il va de soi que les il reste que certaines données scientifiques probantes récentes objectifs de développement économique et de protection contre indiquent que la réduction de ces fameux « polluants climatiques les aléas climatiques peuvent être complémentaires. à courte durée de vie », qui sont responsables de jusqu’à 40 % Le présent rapport a recours à de nouveaux outils de modé- du réchauffement actuel de la planète, peuvent avoir des effets lisation pour examiner toute la panoplie des avantages que des climatiques immédiats3. Des mesures complémentaires ciblant les politiques d’atténuation des effets du changement climatique gaz à effet de serre et les polluants climatiques à courte durée de peuvent procurer dans les secteurs des transports, de l’industrie vie peuvent contribuer à ralentir le réchauffement à moyen terme, et du bâtiment aux États-Unis, en Chine, au sein de l’Union européenne, en Inde, au Mexique et au Brésil. Il décrit également 1 On notera que le présent rapport n’utilise pas l’expression «  effets positifs les nombreux effets positifs de quatre projets de développement annexes », car celle-ci implique l’existence d’un effet positif principal, or cette étude simulés à l’échelle nationale. cherche à présenter les nombreuses raisons de réduire les émissions sans privilégier Le rapport se fonde sur les travaux réalisés récemment pour un effet positif plutôt qu’un autre. faire une estimation des effets positifs au plan du développement1 2 « Baissons la chaleur : pourquoi il faut absolument éviter une élévation de 4°C dont s’accompagne la réduction des polluants climatiques. On citera de la température de la planète », Banque mondiale, 2012a. 3 Les polluants climatiques de courte durée de vie tels que le méthane, le carbone parmi ces effets positifs, la croissance économique, la création noir, l’ozone troposphérique et certains hydrofluorocarbures ont un impact considé- d’emplois, l’augmentation du rendement des cultures agricoles, rable sur le changement climatique à court terme et une durée de vie relativement le renforcement de la sécurité énergétique, l’amélioration de la courte dans l’atmosphère comparés au dioxyde de carbone et à d’autres gaz à plus santé des personnes, et des millions de vies sauvées. Dans bien longue durée de vie. ix Pour un dé v e loppe m e n t in t e l l ige n t fa c e a u c limat Cadre d’évaluation des effets positifs à repousser les seuils de basculement dangereux4 et laisser ainsi du temps aux populations les plus pauvres du monde de s’adapter à l’évolution du climat. Le carbone noir et le méthane sont, parmi les polluants clima- Le présent rapport essaie de quantifier les investissements qui tiques à courte durée de vie, non seulement des facteurs climatiques, représentent un gain économique réel en termes d’accroissement mais aussi des polluants atmosphériques qui nuisent à la santé de la productivité économique6. Pour ce faire, il applique de nou- humaine et réduisent la production agricole. En les éliminant, veaux outils de modélisation qui comptabilisent d’une manière nous pouvons, chaque année, prévenir le décès de 2,4 millions plus exhaustive les effets positifs à court et à long terme des de personnes et accroître la production agricole de 32 millions interventions axées sur le climat et le développement. Le rapport : de tonnes de cultures qui auraient été perdues autrement5. Dans • établit un cadre global et modulable pour prendre en compte les zones rurales, des millions de décès prématurés peuvent être et mesurer les effets positifs multiples de la réduction des évités en adoptant des solutions non polluantes pour la cuisson émissions de plusieurs polluants, des aliments. Dans les villes, les habitants des banlieues peuvent • montre comment les décideurs locaux et nationaux, les membres gagner du temps, et des milliers de crises asthmatiques et cardiaques de la communauté internationale du développement et d’autres peuvent être en partie évitées grâce à des systèmes de transport intervenants peuvent utiliser ce cadre pour concevoir et ana- améliorés. La réduction de ces polluants grâce à un mécanisme lyser des politiques et des projets, de développement intelligent permet de renforcer les économies, • contribue à justifier la nécessité d’associer d’une façon efficace stimuler la production, améliorer l’état de santé des populations l’action en faveur du climat au développement durable et à la et ralentir le rythme de la modification du climat. croissance verte à travers le monde. Ce rapport est une réponse à la demande de pays qui s’efforcent Réaliser simultanément les objectifs de promouvoir les priorités locales de développement et d’apporter liés au développement et au climat des solutions aux exigences d’une économie résiliente et sobre en carbone. En considérant les politiques et les projets dans une démarche plus globale, on est mieux à même de déterminer la Les politiques qui permettent de réduire les émissions de GES et valeur totale des interventions visant à réduire les émissions de d’autres polluants climatiques à courte durée de vie peuvent avoir GES et de polluants à courte durée de vie, et de mieux défendre des effets positifs économiques, sanitaires et sociaux évidents. l’idée d’une coordination du développement et de l’action en Par exemple, une politique qui favorise des transports à plus faveur du climat. haut rendement énergétique – grâce notamment à des véhicules Le rapport propose le cadre d’analyse de politiques et de économes en carburant et à des transports en commun ration- projets suivant : nels – permettra d’économiser du carburant et du temps, ce qui améliorera la sécurité énergétique et la productivité de la main- 1. Identification de tout l’éventail d’effets positifs qui résultent d’œuvre. Ces politiques peuvent également contribuer à réduire d’un projet ou d’une politique, y compris l’amélioration de les troubles respiratoires liés au smog, sauvant ainsi des vies, et à la santé, l’augmentation du rendement des cultures agricoles, améliorer la visibilité, profitant ainsi aux investissements locaux les économies d’énergie, la croissance de l’emploi, l’amélio- dans des secteurs comme celui du tourisme et des loisirs. De ration de la productivité de la main-d’œuvre et la croissance même, un projet visant à améliorer la gestion des déchets solides économique, peut à la base être mis en œuvre en raison de ses effets positifs 2. Sélection des outils appropriés d’évaluation qui donnent une sur le plan de l’assainissement et de la santé ; il peut aussi aider idée de la valeur de chaque effet positif mesurable, à réduire les émissions de méthane, ce qui pourrait contribuer à 3. Choix d’un outil macroéconomique approprié pour analyser augmenter le rendement des cultures agricoles et à réaliser des les effets positifs économiques directs et synergiques économies d’énergie. Tous ces gains concourent directement à la 4. Estimation de l’ensemble des effets positifs et présentation croissance économique. des résultats au moyen d’indicateurs adaptés au public visé. Au niveau des projets, ces effets positifs n’ont pas souvent été pris en compte dans l’analyse économique parce que biens des effets positifs au plan de la santé et de l’environnement n’étaient pas facilement quantifiables. Aussi les décideurs ne disposaient-ils que 4 Avec un niveau de réchauffement supérieur à 2ºC, c’est le risque de dépassement d’analyses incomplètes. Des études récentes visant une meilleure des seuils d’activation des éléments de basculement non linéaires dans le système estimation de l’ensemble des effets des projets de développement Terre et d’effets climatiques irréversibles qui augmente. On pense notamment au dépérissement de la forêt tropicale amazonienne, aux conséquences sur les écosys- envisagés ont débouché sur l’élaboration de plusieurs outils et tèmes océaniques, et à la déstabilisation de la calotte glacière, « Baissons la chaleur : modèles d’analyse. Les économistes peuvent, à l’aide de ces outils, pourquoi il faut absolument éviter une élévation de 4°C de la température de la effectuer des évaluations plus complètes des nombreux effets des planète », Banque mondiale, 2012a. 5 «  Integration of Short-Lived Climate Pollutants in World Bank Activities  », polluants et procéder à une estimation de la valeur de la réduction Banque mondiale, 2013a. des émissions. Les outils d’aujourd’hui peuvent aussi modéliser 6 Des études ont déjà été réalisées sur l’examen de certains coûts cachés de l’atté- l’impact synergique des inconvénients et des avantages à mesure nuation, telles que celle de Paltsev S. et Capros P. en 2013. Il conviendrait de réaliser qu’ils se répercutent sur l’économie. des études similaires sur la valorisation des effets positifs. x R ésu mé a nalyti q ue Plusieurs études de cas sont utilisées dans ce rapport pour industrielle et un meilleur rendement énergétique des bâtiments montrer comment mettre en application ce cadre d’analyse. Elles et appareils électriques. portent sur de nombreux polluants (particules en suspension – Au nombre des effets positifs9 de ces seules politiques en 2030, principalement de carbone noir, et GES – y compris le méthane, on citera une croissance estimée du PIB se situant entre 1 800 et précurseur de l’ozone troposphérique, et le CO2) et bien de secteurs 2 600 milliards de dollars, la prévention de quelque 94 000 décès (transports, industrie, bâtiment, gestion des déchets et agriculture). dus à des maladies liées à la pollution, une production évitée de Ces études de cas présentent les avantages du cadre sous deux 8,5 milliards de tonnes d’émissions d’équivalent dioxyde de car- angles : d’une part les politiques sectorielles appliquées au niveau bone (eCO2)10 et près de 16 milliards de kilowattheures d’énergie national ou régional, et d’autre part les projets mis en œuvre à économisés, ce qui correspond globalement à la mise hors circu- l’échelon infranational. Appliquant le cadre à l’analyse de ces lation de 2 milliards de véhicules automobiles. À elles seules, ces deux types d’interventions, le rapport démontre l’importance de politiques représenteraient 30 % de la réduction totale nécessaire cette approche à l’intention des décideurs nationaux et locaux, en 2030 pour limiter l’élévation de la température de la planète des organismes financiers internationaux et d’autres intervenants. à 2°C11. La figure E-1 montre les effets positifs annuels de trois Le rapport évalue les effets positifs multiples des interventions études de cas dans des secteurs cruciaux en 2030. faisant l’objet des études de cas simulées de mesures publiques et Dans quatre études de cas portant sur des projets de dévelop- de projets. Il conviendrait de considérer ces analyses comme des pement infranational, on a simulé la poursuite de ces projets à « simulations de mise en œuvre intégrale »7 par rapport au scénario l’échelle nationale pour déterminer leurs effets positifs additionnels du statu quo. Les effets positifs quantifiés bénéficient d’un préjugé (au-delà de la valeur actuelle nette qui est généralement calculée favorable parce qu’ils ne sont pas nécessairement assortis de coûts dans l’analyse financière d’un projet) sur la durée de vie de chacun de transaction, de risques, de distorsions du marché et d’autres d’eux – en général 20 ans. Quatre projets ont été étudiés : extension facteurs qui seraient pris en compte dans une évaluation de la mise en œuvre d’une politique. Cela étant, ils constituent un bon point de départ pour affiner les formules, méthodes et outils d’analyse des 7 Ici, l’expression « mise en œuvre intégrale » signifie que l’on suppose que tout effets positifs multiples. Les résultats obtenus indiquent également le potentiel technique des politiques et des programmes est réalisé. Pour donner sa qu’il faudrait perfectionner les outils de modélisation afin d’obtenir pleine mesure à ce potentiel, il peut s’avérer nécessaire d’engager des coûts addition- une représentation plus exacte de la réalité. nels pour des programmes d’éducation, de sensibilisation ou de toute autre nature. 8 Pour simplifier les choses, le rapport fait référence à ces cinq grands pays et à l’Union européenne comme étant des régions. Les études de cas donnent lieu à des 9 Les études de cas relatives aux politiques sectorielles ne couvrant qu’un nombre limité de polluants (méthane et carbone noir seulement), les effets positifs pour la effets positifs non négligeables santé et l’agriculture sont sous-estimés. Toutefois, même avec peu de données sur les émissions dans cette étude, les effets positifs obtenus peuvent être significatifs. 10 Les équivalents CO (eCO ) utilisés dans le présent rapport n’incluent que le CO , 2 2 2 Dans trois études de cas simulées, on a analysé l’incidence de le carbone noir, le méthane (CH4), les HFC et l’oxyde nitreux (N2O). 11 Pour limiter l’élévation moyenne de la température de la planète à 2°C, les émis- politiques sectorielles cruciales pour déterminer les effets positifs sions d’eCO2 devront être limitées à environ 35 Gt en 2030 (PNUE, 2013 ; Spiegel et obtenus dans six régions8 (États-Unis, Chine, Union européenne, Bresch, 2013) ; selon les estimations, en 2030, les émissions d’eCO2 dans le scénario Inde, Mexique et Brésil) et l’impact sur le PIB mondial. Lesdites du statu quo s’élèveront à 63 Gt. politiques concernent les réglementations, la fiscalité et les mesures d’incitation visant à promouvoir l’adoption de modes de transport non polluants, l’amélioration de l’efficacité énergétique Figure E.2. Estimation des effets positifs cumulés de quatre projets de développement sur 20 ans Figure E.1. Effets positifs annuels totaux en 2030 de politiques sectorielles cruciales dans six régions Environ 1 million de vies sauvées Création de 195 000 à Hausse du PIB de l’ordre 261 000 emplois de 37 à 60 milliards de dollars Pertes de 1 à 1,5 million Réduction des émissions de tonnes de cultures d’eCO2 de l’ordre de agricoles évitées 350 à 520 Mt Méthanisation et énergie Transports durables : Fourneaux moins Gestion des déchets solaire photovoltaïque Inde polluants : Chine solides : Brésil dans l’agriculture : Mexique Effets positifs annuels Augmentation du rendement Réduction des Économies d’énergie 94 000 vies totaux en 2030 dans des cultures agricoles de émissions de 15 800 TWh sauvées certaines régions 1 million de tonnes métriques d’eCO2 de 8,5 Gt Note : Les résultats du Mexique et du Brésil sont combinés. Source : Auteurs. xi Pour un dé v e loppe m e n t in t e l l ige n t fa c e a u c limat du réseau de transport rapide par autobus en Inde, gestion intégrée du point de vue du changement climatique13. Il faudrait en outre des déchets solides au Brésil, utilisation de fourneaux moins pol- peaufiner davantage le cadre pour que l’on puisse l’appliquer à luants dans des zones rurales en Chine, et méthanisation et énergie chaque projet. Parmi les domaines où la recherche doit se pour- solaire photovoltaïque dans l’agriculture au Mexique. suivre, on citera : Selon les estimations, les effets positifs cumulés de ces pro- jets sur leur durée de vie incluent plus d’un million de vies sau- • des évaluations plus approfondies des effets positifs basées sur vées, des pertes d’environ 1 à 1,5 million de tonnes de cultures des données plus complètes relatives aux émissions, agricoles évitées, et quelque 200 000 emplois créés. Ces projets • une analyse macroéconomique multisectorielle qui illustre pourraient permettre de réduire les émissions d’eCO2 de l’ordre de mieux les effets positifs synergiques (par exemple, il peut être 355 à 520 millions de tonnes, ce qui correspond en gros à la fer- plus écologiquement avantageux d’utiliser des sources d’énergie meture de 100 à 150 centrales électriques à charbon. Si l’on tient plus propres pour répondre à la demande énergétique accrue compte des effets positifs pour la santé, des pertes de cultures agri- des véhicules électriques que d’avoir recours tout juste à des coles évitées, de l’incidence positive sur le PIB et des effets positifs modes de transport propres ou à une énergie propre), sociaux de la réduction des émissions de carbone, (en-dehors des • une analyse macroéconomique supplémentaire pour mettre effets positifs directs comme la valeur des actifs de carbone, la en évidence les effets positifs supplémentaires des solutions diminution des coûts d'exploitation et d'autres effets positifs liés d’investissement écologiques par opposition à celles qui ne au projet) tout cela représente une valeur additionnelle d’environ le sont pas. 100 à 134 milliards de dollars pour seulement trois de ces projets (Inde, Brésil et Mexique). En Chine, les décès prématurés évités Alors que les scientifiques continuent d’apporter des précisions pourraient à eux seuls représenter plus de 1 000 milliards de dollars. quant aux différentes manières dont la pollution atmosphérique La figure E-2 donne un aperçu des effets positifs de ces projets. locale, les polluants climatiques à courte durée de vie et les gaz à effet de serre nuisent à la santé, au bien-être et à l’environne- ment, le cadre présenté dans ce rapport peut être affiné grâce à Conclusions et prochaines étapes des analyses économiques plus exhaustives. Au final, le changement climatique est un problème pour l’éco- Cette analyse montre qu’en appliquant le cadre proposé, on peut nomie tout entière et le développement dans toutes ses dimensions. identifier des mesures qui aident à préserver la croissance, créer Tous les décideurs, que ce soit en conseil des ministres ou en conseil des emplois et accroître la compétitivité, sauver des vies et ralentir d’administration d’entreprise, doivent savoir quels sont les effets le rythme de la modification du climat. positifs au plan du développement et du climat des décisions qu’ils De nombreuses initiatives de développement – dans divers prennent. De même, ceux qui ont la charge d’étayer les décisions secteurs – portent en elles la promesse de la croissance écono- dans le domaine climatique doivent pouvoir présenter des analyses mique, comme le confirme l’analyse économique. Des activités et des éléments de preuve plus complets des effets globaux des qui réduisent les émissions – concernant divers polluants – ont projets et politiques qu’ils visent à mettre en place. des effets positifs au plan sanitaire, agricole et socioéconomique, qui font partie intégrante d’un effort de développement plus large. 12 Les études de cas relatives aux politiques utilisent des données d’un modèle basé La quantification et la prise en compte de ces effets positifs, lorsque sur une courbe des coûts marginaux de réduction des émissions qui ne tient compte cela est possible, peuvent mettre en lumière la valeur socioéco- que des coûts d’un projet de mise en œuvre d’une technologie de transition, et dont nomique des projets tout en justifiant davantage la nécessité des l’utilisation est par conséquent limitée pour ce qui est de l’analyse grandeur nature mesures d’atténuation. Compte tenu du coût croissant de l’inaction des coûts de mise en œuvre des politiques. Les résultats présentés n’ont aucune valeur face à l’évolution du climat, il est impératif de prendre en compte prescriptive du point de vue de l’évaluation des politiques. En raison de l’insuffisance les effets positifs globaux d’un développement intelligent dans les des informations existantes et des hypothèses, ces études de cas fournissent plutôt des simulations qui illustrent la manière dont les effets positifs additionnels pourraient analyses économiques. être quantifiés et intégrés à l’évaluation des politiques à l’avenir. Du fait des insuffisances du cadre et des outils de modélisation 13 Le coût social du carbone (CSC) est utilisé pour monétiser les dommages clima- actuels, ce rapport ne propose pas une évaluation, au niveau des tiques évités lorsque l’on réduit les émissions de CO2. En l’absence lignes directrices projets, des décisions prises, pas plus qu’il ne s’intéresse aux de la Banque mondiale concernant le coût social du carbone, on a utilisé les valeurs calculées par le Groupe de travail interagences du gouvernement des États-Unis sur questions ou aux coûts relatifs à la mise en œuvre des politiques, le coût social du carbone (2013). Le CSC représente l’évolution de la productivité dont il faut tenir compte pour l’évaluation exhaustive d’une poli- agricole, de la santé humaine et des dommages matériels liée à l’augmentation des tique12. Toutefois, ce rapport révèle les domaines dans lesquels des risques d’inondation (US EPA, 2013, http://www.epa.gov/climatechange/EPAactivities/ études plus poussées permettraient de combler les insuffisances economics/scc.html) ; toutefois, il n’inclut pas tous les dommages occasionnés par du cadre. Par exemple, il faudrait des outils plus perfectionnés une augmentation des émissions de CO2 et pourrait évoluer avec l’amélioration des connaissances scientifiques à l’avenir. L’utilisation de ces valeurs ne signifie pas que pour prendre en compte les changements de comportements, tels la Banque mondiale les entérine. Le CSC est très sensible au taux d’actualisation que l’adoption de transports collectifs et de fourneaux améliorés, utilisé. En outre, les coûts du changement climatique liés aux émissions de carbone et pour tenir expressément compte du coût intégral des émissions noir ne sont pas pris en compte. xii @ GROUPE DE LA BANOUE MONDIALE 1818 H Street, N.W. Washington, DC 20433