83261 Vers un avenir d’énergie durable pour tous : Orientations pour le secteur de l’énergie du Groupe de la Banque mondiale RÉSUMÉ ANALYTIQUE 1. L’engagement du Groupe de la Banque mondiale dans le secteur de l’énergie vise à aider les pays clients à obtenir l’énergie abordable, fiable et durable dont ils ont besoin pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. 2. Cette approche reflète les objectifs de l’Initiative Énergie durable pour tous—qui vise à assurer un accès universel à l’énergie, accélérer l’efficacité énergétique et multiplier par deux la part de l’énergie renouvelable dans le monde d’ici 2030. Le Groupe de la Banque mondiale a conscience que chaque pays détermine lui-même sa stratégie de réalisation de ses aspirations énergétiques et que la transition vers un secteur énergétique durable implique une combinaison de possibilités et de défis d’exploitation de ressources qui lui sont propres, ce qui requière un accent différent sur l’accès à l’énergie, l’efficacité énergétique, et les énergies renouvelables. On s’efforcera dans toute la mesure du possible de réduire au minimum les coûts financier et environnemental de l’expansion de l’offre d’énergie fiable. 3. Priorité aux pauvres – L’accès universel • La priorité est d’assurer un accès universel fiable aux énergies modernes. La croissance économique, qui est indispensable à la réduction de la pauvreté, est impossible sans énergie en suffisance. Et on ne peut dire que la croissance économique apporte la prospérité pour tous quand 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité et que 2,8 milliards ne disposent pas d’installations de cuisson modernes. Le manque d’énergie limite les possibilités économiques, la création d’emplois, le développement des entreprises et l’accès à la santé et à l’éducation. • Dans les pays où le taux d’accès à l’énergie est bas, la priorité sera de fournir de manière fiable une énergie abordable. Il sera fait appel pour cela à toutes les solutions de fourniture d’électricité : réseau, mini-réseau et hors-réseau. Dans les zones rurales, isolées ou éloignées du réseau électrique, des solutions hors-réseau basées sur des énergies renouvelables et combinées à des technologies à grande efficacité énergétique sont peut-être la manière la plus rapide de fournir des services énergétiques efficaces pour leur coût. Les efforts en faveur de solutions propres de cuisson et de chauffage seront intensifiés. • Dans le cadre des efforts pour l’accès universel, des solutions ou des garanties financières pour les projets énergétiques les plus aisément réalisables seront proposées à l’intention des pauvres et des personnes vivant dans des États fragiles ou en proie à des conflits. Si les solutions adoptées à court terme comportent des émissions modérées ou élevées de gaz à effet de serre, un appui 1 complémentaire sera également fourni pour la mise en œuvre à moyen terme de solutions à faible émission. • Le Groupe de la Banque mondiale reconnait le défi mondial que représente la nécessité de fournir l’énergie nécessaire au développement tout en réduisant au minimum son impact sur le changement climatique, et aidera les pays clients à réaliser des alternatives abordables de remplacement aux centrales à charbon. Les projets de nouvelles centrales à charbon ne recevront que rarement un appui financier du Groupe de la Banque mondiale. Il s’agira des pays qui ne disposent pas d’alternatives réalistes au charbon pour faire face à leurs besoins énergétiques fondamentaux et qui ne peuvent financer la construction de centrales à charbon. Les « Critères du Cadre stratégique pour le développement et le changement climatique applicables à la sélection des projets de centrales à charbon » s’appliqueront à tous les projets de nouvelles centrales à charbon entrepris dans ces situations exceptionnelles. 4. Accélérer les gains d’efficacité énergétique • Les efforts pour améliorer l’efficacité énergétique—l’une des méthodes les plus efficaces pour accroître l’énergie disponible et réduire son impact sur l’environnement—seront élargis en fonction des besoins et des possibilités des pays. Les solutions possibles sont extrêmement variables mais comprennent l’amélioration de l’efficacité énergétique par la remise en état de l’infrastructure existante, la modération de la demande d’énergie, l’adoption de technologies plus efficaces et l’amélioration de l’efficacité énergétique des villes. 5. Expansion des énergies renouvelables • Le Groupe de la Banque mondiale continuera de soutenir et de financer toutes les formes d’énergies renouvelables, en fonction de la dotation en ressources naturelles, des capacités institutionnelles et techniques et du cadre de politiques des pays, ainsi que du financement disponible pour combler les écarts de coûts et des arbitrages envisageables. La baisse rapide des coûts rend les énergies éolienne et solaire compétitives dans certaines situations, tandis que la géothermie représente une source d’énergie renouvelable fiable et relativement bon marché. Les énergies tirées du biogaz et de la biomasse peuvent aussi jouer un rôle utile. • Le développement durable de centrales hydroélectriques conformes aux normes de sauvegarde environnementale et sociale sera poursuivi, qu’il s’agisse de centrales au fil de l’eau, par pompage d’accumulation ou par réservoir. En dépit de son potentiel, l’hydroélectricité demeure largement sous-exploitée en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et dans d’autres parties du monde en développement, et constitue peut-être dans certains pays la plus grande source disponible d’énergie renouvelable à bon marché. • Afin d’aider les pays à arbitrer entre les coûts financiers et environnementaux, le Groupe de la Banque mondiale soutiendra les solutions énergétiques plus coûteuses mais présentant une empreinte environnementale globale réduite lorsqu’elles sont fortement soutenues par le client 2 ou qu’il est possible d’obtenir un financement concessionnel de fonds climatiques pour couvrir les surcoûts. 6. Créer un environnement propice • Le Groupe de la Banque mondiale soutiendra une approche de planification sectorielle à long terme—au niveau national et, le cas échéant, au niveau régional—pour obtenir des résultats optimaux et efficaces pour leur coût. Cela exige de dépasser la perspective de projets individuels pour considérer l’ensemble des possibilités de fourniture d’énergie du pays concerné. Alors que le Groupe de la Banque mondiale soutiendra l’étude de toutes les solutions possibles au stade de la planification, son financement sera réservé de façon sélective aux domaines dans lesquels il jouit d’un avantage comparatif, étant donné les ressources limitées disponibles. • Les feuilles de route énergétiques régionales qui intègrent les principaux centres de demande avec les sources d’énergie les plus importantes et les plus avantageuses économiquement offrent la possibilité de réaliser plus rapidement et à meilleur coût les trois objectifs de l’énergie durable pour tous. Le Groupe de la Banque mondiale encouragera l’intégration régionale, comme un axe important de l’engagement transformationnel. • Le Groupe de la Banque mondiale privilégiera les solutions fondées sur le marché et recherchera un effet de levier accru pour ses ressources financières. Ses contributions consisteront à aider les États à créer les politiques et les cadres réglementaires et contractuels appropriés ; à renforcer les institutions qui régissent et régulent le secteur ; à veiller à assurer la solvabilité des services publics d’énergie ; et à proposer au besoin des garanties adaptées. • Le Groupe de la Banque mondiale contribuera à lever les obstacles réglementaires et financiers qui entravent l’adoption de solutions énergétiques intelligentes du point de vue climatique. Il s’agira entre autres de promouvoir le déploiement de solutions énergétiques à grande échelle pour réduire les coûts, d’émettre des signaux corrects au plan des prix, de fournir des informations à jour aux investisseurs et au public et d’établir et de faire respecter le cadre réglementaire approprié pour accélérer la transition vers un avenir sensible à la gestion intelligente du changement climatique. • Le Groupe de la Banque mondiale continuera de jouer son rôle de partenaire dans l’innovation et les transferts de technologies, à travers en particulier des projets témoins pour promouvoir les nouvelles technologies énergétiques propres, les instruments de politiques et les mécanismes de marché innovants, et le renforcement des capacités. • Les voies et moyens d’encourager la participation des communautés locales et des femmes à la mise au point de solutions durables seront identifiés. • Les ressources dont disposent les pays pour effectuer leur transition vers l’énergie durable sont très variables. Le gaz naturel pourrait problablement être très utile dans certains cas. Le gaz 3 naturel, dont l’empreinte carbone au point de combustion est inférieure de moitié à celle du charbon, peut être le moyen le moins coûteux de produire de l’électricité avec souplesse, face aux fluctuations de la demande et de l’offre. Cette flexibilité devient de plus en plus nécessaire avec l’intégration croissante des énergies éolienne et solaire dans les réseaux électriques. 7. Intensifier les efforts de sensibilisation au niveau mondial • Afin de ramener les coûts de l’efficacité énergétique et de l’énergie propre à des niveaux abordables pour les pays pauvres, le Groupe de la Banque mondiale encouragera les pays développés à offrir des incitations en faveur d’une production et d’une consommation plus efficaces et écologiquement rationnelles de l’énergie et soutiendra la recherche et le développement de nouvelles technologies énergétiques. • Le Groupe de la Banque mondiale reconnait que l’influence décisive que les pays développés et les grandes économies émergentes exercent sur le prix du carbone, la mise sur le marché et le déploiement à grande échelle de nouvelles technologies et d’autres innovations est cruciale pour résoudre le problème des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, la réalisation de l’accès universel n’aurait qu’un impact environnemental négligeable—elle n’accroîtrait les émissions de gaz à effet de serre que de moins de un pour cent. Le Groupe de la Banque mondiale poursuivra ses efforts en faveur des énergies renouvelables et d’une meilleure efficacité énergétique, mais sa démarche ne pénalisera pas les pauvres pour les actions des autres. • Un appui sera fourni aux États désireux de corriger la sous-évaluation du prix de l’énergie et de réduire les distorsions du marché tout en fournissant des dispositifs de protection sociale aux pauvres et aux personnes vulnérables. Cela permettra d’égaliser les conditions de concurrence pour tous les acteurs et de canaliser les économies réalisées vers des dépenses plus productives et favorables aux pauvres. 4