INSTITUT DE LA BANQUE MONDIALE 22697 LES ECHANGES INTERNATIONAUX DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE ESPOIR OU STATU QUO ? Une Evaluation des Performances Récentes Par Francis NG et Alexander YEATS Banque Mondiale Résumé : Cette étude analyse les flux commerciaux des 28 pays africains principaux, divisés en deux échantillons, à savoir les 14 pays les plus importants en matière d'échanges, suivis des 14 autres pays supposés de taille moyenne, classement basé sur de nombreux indicateurs. Cette version de l'étude a été largement synthétisée à partir d'une étude antérieure plus exhaustive, et les tableaux organisés pour rendre compte de la situation de 4 pays africains francophones, la CÔTE d'IVOIRE et le CAMEROUN d'un côté, pays entrant parmi les grands pays échangistes, le BENIN et le SENEGAL d'autre part, considérés à jute titre comme pays intermédiaires. Les données sur les pays africains étant rares et peu fiables, seules les données du commerce extérieur de leurs pays partenaires extraites de la base des données des Nations-Unies (UN COMTRADE) sont utilisées ici.. 2 I - LES PERFORMANCES COMMERCIALES DES PAYS d'AFRIQUE SUBSAHARIENNE A - UNE PERSPECTIVE d'ENSEMBLE SUR LES EXPORTATIONS RECENTES Au cours des trois dernières décennies, les exportations des pays africains ont soit décliné, soit augmenté à un rythme inférieur à celui du commerce mondial. En dépit de ce que les conditions du marché mondial ont été plus favorables au milieu des années 1990 que dans les deux ou trois dernières décennies, l'évaluation empirique montre que l'Afrique est reste marginalisée dans le commerce mondial. La part des exportations africaines non pétrolières est aujourd'hui d'un demi point inférieure à sa valeur au début des années 1980. Sur un horizon de long terme, la caractéristique principale de la performance des pays africains, en matière d'échanges internationaux est leur importante marginalisation au niveau mondial. Au début des années 1950, l'Afrique Subsaharienne représentait 3.1% des exportations mondiales (2.9% en termes d'exports), part relative qui est tombée à 1.0% (1.1% pour les imports). Ces indications permettent de penser que si l'Afrique avait maintenu sa part de marché des années 1950 dans le total des exports mondiales, ces exportations auraient été de 65 milliards de $ supérieures à leur niveau actuel. La large diminution des parts de marchés africaines auprès des pays de l'OCDE explique en grande partie cette chute, les exportations traditionnelles des pays africains se faisant désormais concurrencer par des approvisionnements en provenance d'autres sources. NG et YEATS (1997) ont montré dans une étude antérieure que la perte de marché à l'export de 30 des principaux pays exportateurs, est à l'origine de la baisse de près de 11 milliards $EU des recettes d'export. Ces pertes de compétitivité, compte tenu de ce que la demande mondiale pour les produits exportés par l'Afrique subsaharienne a souvent été en moyenne inférieure à la demande mondiale pour les autres produits, sont à l'origine de la diminution du taux de croissance des exports en- dessous du taux de croissance du commerce mondial. La question pertinente aujourd'hui est de savoir si ces facteurs de déclin se sont inversés ? Le Tableau 1 présente les taux de croissance annuelle pondérée des exports non- pétrolières et manufacturières en particulier pour : - un échantillon sélectionné de pays africains ; - tous les pays non subsahariens pour différentes périodes au cours des années 1980 - 1990. * Les exportations non pétrolières africaines enregistrent des taux de croissance négatifs sur les périodes 1980-85 et 1990-93, alors que sur les années 1985-90 et 1996-98 le taux de croissance est positif, bien inférieur cependant aux taux correspondants pour les pays non africains. 3 * Toutefois, sur la période 1993-96, les exportations des grands pays africains échangistes ont augmenté plus rapidement que les exportations des pays non-africains. On peut donc penser que c'est une anomalie à la tendance générale, puisque la demande mondiale au cours de cette période de produits traditionnels d'exportation comme le coton, le café, le cacao, le cuir, etc..., a été au cours de cette période largement au-dessus de son niveau historique. Ces taux de croissance ont cependant chuté en 1997, en partie à cause de la crise en Asie de l'Est. En clair, les taux de croissance moyens indiqués au Tableau 1, traduisent une réduction constante de la part de l'Afrique dans le commerce mondial. Tableau 1 : Taux de Croissance Annuelle Pondérée des Exportations d'Un Echantillon de Pays d'Afrique Subsaharienne Croissance Annuelle Pondérée (%) Exportateur 1980-85 1985-90 1990-93 1993-96 1996-98 Tous Biens sauf le pétrole: Bénin 8.60 -9.89 4.39 34.03 2.86 Cameroun -5.92 4.34 -5.22 15.49 -0.32 Côte d'Ivoire -0.59 -1.40 -2.28 15.91 -1.15 Sénégal -2.98 12.31 -14.26 11.63 -4.28 Ghana -14.09 15.29 -1.71 12.91 4.82 Kenya -0.36 2.88 2.51 10.44 -2.06 Madagascar -7.34 3.28 4.97 18.18 4.73 Ile Maurice -0.77 20.34 2.65 6.81 2.76 Nigéria -14.84 6.93 -2.83 14.64 -7.16 Afrique du Sud -7.18 7.22 -0.32 14.73 3.36 Zambie -15.35 12.61 -15.35 -7.86 -0.89 Zimbabwe 10.49 12.17 -5.11 14.08 -5.10 Afrique SubSaharienne -5.35 6.37 -5.45 13.58 0.38 Autres PVD 1.15 16.57 3.31 12.64 2.48 Croissance Annuelles Pondérée (%) Exportateur 1980-85 1985-90 1990-93 1993-96 1996-98 Biens Manufacturés: Bénin -0.53 2.57 20.23 10.69 -9.55 Cameroun 1.78 7.35 -13.99 18.10 13.51 Côte d'Ivoire 0.10 23.91 -0.50 21.25 -30.82 Sénégal 3.32 4.40 -6.07 17.96 2.29 Afri. SubSaharienne -5.73 14.60 -0.07 9.16 3.29 Autres PVD 1.15 16.57 3.31 12.64 2.48 4 Source: Calculs effectués à partir de la base de données des Nations-Unies sur les partenaires de l'Afrique UN COMTRADE. Lorsque des statistiques identiques sont examinées pour les produits alimentaires ou manufacturiers, leur évolution est parallèle à celle des statistiques agrégées. Les exportations de produits alimentaires ont augmenté en moyenne à un taux toujours inférieur à celui des pays non africains, sauf entre 1993-96 où elles ont augmenté à un taux supérieur de 60% au taux de croissance des exportations de ces pays . Les données sont identiquement fluctuantes, mais les taux 1 de croissance des exports des produits manufacturés sont généralement plus bas que ceux des produits exportés par les pays non africains. Une autre manière d'examiner la performance des pays africains en matière d'échanges extérieurs, est d'étudier l'évolution récente de leur part relative dans le commerce mondial. Le Tableau 2 également construit à partir de la base de données des Nations Unies UN COMTRADE, fournit des informations précieuses sur la part relative moyenne de chaque pays africain dans le commerce mondial. Partant de la période 1980-85 comme base, on a alors l'évolution des parts relatives à l'exportation compte tenu des données de 1990 et 1998. Tableau 2 : L'Evolution des Parts Relatives dans le Commerce Mondial d'Un Echantillon de Pays Africains Francophones Exportateur 1980- 1990 1998 85 Tous biens sauf le pétrole Bénin 0.005 0.002 0.004 Cameroun 0.072 0.037 0.029 Côte d'Ivoire 0.195 0.089 0.076 Sénégal 0.027 0.018 0.009 Source: Calculs effectués à partir de la base de données des Nations-Unies sur les partenaires de l'Afrique (UN COMTRADE). Les parts relatives de l'Afrique ont brutalement chuté entre les années 1980 et les années 1990, malgré un retour récent à la stabilité. Seule l'ILE MAURICE a vu sa part dans le commerce mondial des produits non pétroliers exportés croître sur la base du niveau observé en 1980-85. Toutefois, cette conclusion doit être nuancée, la demande des produits traditionnellement exportés 1Les fèves de cacao ont eu une influence déterminante sur les taux de croissance des productions alimentaires, les exportations de cacao ayant doublé entre 1993 et 1996. 5 par l'Afrique ayant connu une croissance entre 1993 et 1996 en rupture avec sa tendance historique 2. Si l'on devait donc affirmer que la part relative des pays africains pris collectivement dans le commerce mondial s'est stabilisée aux alentours du milieu des années 1990, on pourrait l'affirmer avec encore plus de force pour ce qui concerne les produits manufacturés, même s'il est vrai que ceci ne concerne que quelques produits non traditionnels. L'ANGOLA, la République Démocratique du CONGO, le GHANA, l'ILE MAURICE, MADAGASCAR, ont élevé leurs parts relatives respectives dans le commerce mondial des produits manufacturés, au-dessus des niveaux antérieurs. Par contre, une détérioration évidente a affecté les parts relatives d'autres pays comme le GABON et le MOZAMBIQUE, dont le niveau des parts relatives des échanges de produits manufacturés, représente à peine 10% de leur niveau du début des années 1980. B - L'Evolution du Contenu des Exportations Africaines Pour le groupe des pays africains, la part relative des produits manufacturés exportés est passée de 17% à 27%. L'essentiel de cette croissance est due à des pays comme l'ILE MAURICE et l'AFRIQUE du SUD, en dépit de l'effet des exportations de quelques produits non traditionnels comme les métaux précieux dans la croissance de la part relative des exportations de plusieurs pays. Aucune croissance de la part relative des produits manufacturés des pays intermédiaires n'est intervenue, celle-ci étant restée stable à 13%. La part relative des produits alimentaires des plus grands pays échangistes de l'Afrique Subsaharienne a augmenté de 5% (pour se situer désormais à 19%), alors que celle des hydrocarbures a baissé de 20%. Les produits traditionnels représentent encore l'essentiel des exportations africaines. Certains économistes affirment que la concentration des exportations africaines dans les produits primaires est à l'origine de la faible croissance à long terme du continent, et surtout des perspectives limitées en matière d'industrialisation. Des cours volatils et des recettes d'exportation instables n'autorisent pas une planification sérieuse du développement. Les élasticités-revenu des principaux produits primaires sont si faibles, qu'une spécialisation absolue dans ces produits génère nécessairement l'affaiblissement de la part relative dans le commerce mondial, sauf lorsque le pays qui les exporte bénéficie d'un avantage décisif de coût ou de qualité sur ses concurrents. On assiste donc à la diminution des perspectives de recettes à l'exportation pour de nombreux produits primaires qui trouvent des substituts synthétiques, à l'instar du plastique qui se substitue de plus en plus aux matières premières, des fibres synthétiques prenant la place de fibres dures comme le jute ou le sisal. 2 Un autre problème subsiste, à savoir que les parts relatives dans le commerce mondial de l'Afrique sont influencées par les performances à l'exportation de certains pays non africains. Par exemple, la crise asiatique a eu un impact récessionniste sur les exportations de nombreux pays d'Asie de l'Est. Il est de ce fait possible que le retour à la stabilité des parts relatives des pays africains dans le commerce mondial soit dû davantage à cet effet récessionniste sur les performances de leurs concurrents, que de l'amélioration des performances autonomes des pays africains. 6 La question est donc de savoir si le contenu des exportations africaines a évolué en faveur des produits manufacturés ou de biens non traditionnels source de revenus d'exportation anticipés plus favorables ? Le Tableau 3 apporte une réponse à cette question, à partir de l'examen de parts relatives dans les exportations d'un ensemble de produits comme "les produits agricoles ou les matières premières, les produits miniers et minéraux ou les produits manufacturés", sur la période des années 1985-98. Le tableau fournit également des statistiques similaires pour un certain nombre de groupes de produits manufacturés à fort contenu en travail, tels que les textiles, l'habillement ou les chaussures. Ces produits ont souvent constitué le moteur de l'industrialisation des PVD. Pour les grands pays échangistes d'Afrique Subsaharienne, les produits manufacturés ont augmenté à un rythme en moyenne supérieur, car le total de leurs exportations a augmenté de près de 10% (pour atteindre 26.5% de part relative) pendant les années 1990. De même, les produits alimentaires ont augmenté de 5% sur cette période, alors que les hydrocarbures ont vu leur part relative baisser de 12% environ. Toutefois, les statistiques nationales présentent une grande source de variation. Les produits manufacturés représentent une part relative quoique stable au CAMEROUN, au NIGERIA, alors que cette part relative est très instable au GABON et au CONGO. Par contre, la part relative dans les exports de produits manufacturés a augmenté de plus de 8% pour le GHANA, la République Démocratique du CONGO et la Communauté Economique autour de l'Afrique du Sud. Il est cependant surprenant que les statistiques relatives aux six groupes de produits à plus fort contenu de travail révèlent que ces produits ont joué un rôle très marginal dans cette forte expansion. La part relative de l'habillement se situe en-dessous de 3% pour les grands pays africains échangistes, comme d'ailleurs celle des autres groupes de produits, à la fois faible et invariante. Sauf en ILE MAURICE où l'habillement représente 60% du total des exports, et a joué un rôle significatif dans l'expansion dans ce pays. Une évolution comparable est observée dans les autres grands pays échangistes comme dans les pays intermédiaires, à la différence qu'ici on a noté pendant les années 1990 une croissance de la part relative de l'habillement à hauteur de 5% dans l'ensemble des exportations. Ceci notamment à cause de la forte croissance des exportations d'habillement de MADAGASCAR, dont la part relative augmenté de près de 10 fois pour se situer à 34% des exportations au cours des années 1990. Tableau 3 : Variation dans la Structure des Exportations : 1985, 1990, 1994 et 1998 Part dans le Total des Exports (%)* Biens Manufacturés (Part dans le Total de Exportat Valeur Exports)** eur (million$ Biens Matériel Miner All Autre Cuirs Bois Text Fer Habille ) Alim s Co ais et Mfgs s et et iles et -ment entair Agricol mbu métau . Biens Caout Papi ACi es es stibl x chouc er er es Camero un 7 Part dans le Total des Exports (%)* Biens Manufacturés (Part dans le Total de Exportat Valeur Exports)** eur (million$ Biens Matériel Miner All Autre Cuirs Bois Text Fer Habille ) Alim s Co ais et Mfgs s et et iles et -ment entair Agricol mbu métau . Biens Caout Papi ACi es es stibl x chouc er er es 1985 2401 22.2 6.9 66.1 3.0 1.6 0.2 0.0 0.8 0.3 0.0 0.1 1990 2072 19.8 19.9 51.3 6.2 2.6 0.2 0.3 1.3 0.5 0.0 0.0 1995 1957 27.7 34.3 28.4 6.5 3.0 0.1 0.2 1.9 0.6 0.0 0.0 1998 1866 24.2 37.7 29.2 4.8 3.9 0.2 0.1 2.2 0.6 0.0 0.1 Côte d'Ivoire 1985 2657 79.7 14.5 2.3 0.2 3.1 0.2 0.0 1.0 0.8 0.0 0.1 1990 2497 64.2 22.9 2.9 0.3 9.7 0.1 0.0 2.8 1.7 0.0 0.4 1995 3397 71.5 17.2 1.4 0.2 9.5 0.1 0.0 2.4 1.1 0.0 0.2 1998 3502 79.0 13.2 1.5 0.2 6.0 0.1 0.1 2.6 1.2 0.0 0.1 Bénin 1985 163.7 36.5 22.9 37.2 0.9 2.3 0.1 0.0 0.0 0.1 0.0 0.0 1990 86.4 19.4 40.9 29.4 5.1 4.9 0.3 0.0 0.0 1.3 0.0 0.1 1995 145.9 14.3 71.8 6.9 0.3 5.0 1.7 0.0 0.2 1.8 0.0 0.0 1998 180.1 17.0 75.9 1.4 0.2 4.6 0.9 0.1 0.3 2.8 0.0 0.0 Sénégal 1985 286.5 66.6 7.0 0.9 18.2 6.2 1.1 0.0 0.0 0.9 0.1 0.2 1990 516.0 74.7 6.5 1.4 12.5 4.3 0.5 0.0 0.0 0.4 0.1 0.0 1995 443.5 80.0 5.5 0.6 7.4 5.9 0.6 0.0 0.1 0.5 0.0 0.1 1998 406.9 81.3 6.7 0.0 3.5 7.8 0.6 0.7 0.2 0.6 0.0 0.1 * Suivant la nomenclature STIC révisée (1° révision), les principaux produits sont constitués des produits alimentaires (0 + 1 + 22 + 4), les matières premières agricoles (2-22-27-28), les combustibles minéraux (3), les produits minéraux et manufacturés (27 + 28 + 68), et les autres biens (69). 8 ** Suivant la nomenclature STIC révisée (1° révision), les sous-groupes de produits sont : le cuir et le caoutchouc (61 + 62), le bois et le papier (63 + 64), le textile (65), le fer et l'acier (67), l'habillement (84) et les chaussures (85). Source : Calculs effectués à partir des statistiques des pays partenaires des pays africains selon la base de données UN COMTRADE 9 ENCADRE 1 : L'Importance du Textile et de l'Habillement dans les Exports des Pays Africains Alors que les Nouveaux Pays Industriels (N.P.I.) ont fondé leur croissance sur le textile et l'habillement dans les premières phases de leur développement, ces produits représentent une faible part des exportations des pays africains, à l'exception de MAURICE et de MADAGASCAR. Dans ce dernier cas d'ailleurs, à la suite de délocalisations d'unités de production de MAURICE à MADAGASCAR, pour saisir des avantages de coûts (faibles) de production, et éviter de subir les quotas de l'Accord Multifibre. Part Relative du Textile et de l'Habillement dans le Total des Exports (pourcentage) Exportateur 1985 1998 Bénin 0.1 2.8 Cameroun 0.4 0.7 Côte d'Ivoire 0.9 1.3 Sénégal 1.1 0.7 Ghana 0.0 0.5 Kenya 0.9 3.5 Madagascar 6.6 36.4 Maurice 38.5 59.3 Mozambique 0.9 3.5 C- Les Modifications dans la Concentration des Exportations Il n'y a pas eu une quelconque extension de la diversification des produits exportés par la plupart des pays africains subsahariens, en dépit de quelques exceptions comme MADAGASCAR et le KENYA. La concentration de la composition des produits exportés par l'Afrique s'est en effet accrue. La performance récente des pays africains a été fortement influencée par les exportations de produits traditionnels dont la demande mondiale a été très soutenue au milieu des années 1990. De façon surprenante, il en a découlé une moindre concentration de l'orientation géographique des exportations, dans le contexte du recul de la part relative des marchés des pays de l'OCDE. L'expérience empirique montre que les pays en développement ont généralement besoin de diversifier les exportations de leurs produits ainsi que la destination comme les sources de leur commerce extérieur, car les pays exportant un petit nombre de produits s'exposent aux retournements de conjoncture internationale en relation avec l'offre ou la demande mondiales. Ce problème devient crucial notamment pour des produits primaires soumis à des réductions de demande mondiale ou des rationnements de demande. De même, les pays dont le commerce extérieur est géographiquement très concentré, peuvent subir des abus de pouvoir de monopole de la part des pays partenaires. C'est le cas des anciennes colonies françaises, dont la une proportion 10 excessive des importations provient de FRANCE, ce qui les conduit à payer des prix largement plus élevés que les prix moyens. Les pays africains ont-ils alors élargi la base de leurs productions exportables et parallèlement la destination géographique de ces exportations ? Le Tableau 4 apporte une réponse à cette question à partir de trois mesures de la concentration des exportations africaines en 1990 et 1998. - La première est tout simplement un repérage des exportations suivant la nomenclature à 4 chiffres SITC, sous réserve que ces produits représentent au moins 1% des exports totales, du pays considéré, de façon à réduire les biais de mesure tout en excluant les produits marginaux. - La deuxième est relative à la proportion détenue par les quatre produits les plus exportés dans le total des exports des produits référencés dans la nomenclature SITC à 4 chiffres. - La dernière mesure porte sur la part des trois produits les plus exportés dans la nomenclature SITC à 3 chiffres. Ces différents indices ont été utilisés dans de nombreuses publications des Nations-Unies pour mesurer la concentration des exports. Le Tableau identifie également les produits non traditionnels comme les nouvelles formes d'exportation. 11 Tableau 4 : Modification de la Concentration des Exportations : de 1990 à 1998 Nombre de Part dans le Total des Exports (%) Produits Exportés Principaux Trois des Produits Exportés Principaux Nouveaux Produits exportés de (1) Produits Exportateur 199 199 1990 1998 1990 1998 0 8 Cameroun 15 13 41.0 27.9 65.9 42.6 Aucun Côte d'Ivoire 20 15 23.9 43.6 51.8 60.5 Aucun Bénin 17 10 24.5 74.3 50.1 88.6 Bois de charpente Coton tissé, fil de coton Sénégal 19 19 15.9 23.4 45.0 49.0 Pierres de bâtiment, coprah, charbon poissons, chaussures, arachides Madagascar 18 33 27.3 15.0 66.6 33.1 Produits variés de textile, poissons p d'hydrocarbures, coton brut, matière charpente, légumineuses sèches, sucr de raffinage Ghana 15 17 34.0 32.9 70.3 54.1 Mets de poissons, poisson congelé, Café Vert, Gaz Kenya 19 26 30.6 29.9 62.4 59.0 Mets de poissons, Pantalons d crustacés, tabac, chemises pour hom poisson salé, poisso Jarretières, coton tissé, pierres précie Ile Maurice 24 20 31.4 22.9 55.7 48.9 Véhicules à moteur de transport, vin papeterie, poisson congelé, plat de fe Notes : 1/ Les produits retenus ici sont inclus dans la nomenclature SITC révisée (1° révision) à 4 chiffres. Ils doivent représenter au moins ½ % ou plus du total des exports. 2/ Ces produits ont connu une évolution de leur part relative de moins de 0.5% à plus de 1% sur la période allant de 1990 à 1998. Le Tableau 4 ne fournit aucune indication d'une modification majeure de la concentration des exports sur la période 1990-98, en dépit d'une variation considérable dans les statistiques de certains pays. Par exemple, les trois indicateurs de concentration montrent que les exports de la CÔTE d'IVOIRE et de la République Démocratique du CONGO ont été davantage concentrées en 12 ce qui concerne les produits de la nomenclature SITC à 3 chiffres, puisque leur part relative a augmenté de 16% pour se situer désormais à 88.9% des exports totales. Dans le cas du CONGO, ceci est largement dû aux exports de diamant. Le pétrole tout seul a représenté une forte augmentation de la concentration des exports du GABON, celles-ci étant passées de 60% en 1990 à 70% en 1998. Il en est de même des exports de cacao en CÔTE d'IVOIRE dont la part relative est passée de 24 à 44%. L'exemple le plus frappant de déconcentration des exports des pays intermédiaires, est à trouver à MADAGASCAR, où la part relative des exports de produit SITC à 3 chiffres a baissé de 33% de sa valeur de 1990 (soit 67%). Alors que à la fin des années 1980, le café et les épices représentaient plus de 50% des exports, ces produits ne représentent plus que 20% en 1998. En dehors de l'exception malgache, il n'y a donc pas de preuve d'une déconcentration des exportations des pays africains . Parmi les pays intermédiaires, seulement 4 parmi les 14 ont pu 3 observer une réduction de 10% ou plus de leur ratio de concentration pour les produits SITC à 3 chiffres, alors que le même nombre de pays donnait à observer une augmentation de d'ampleur identique. En clair, s'il est vrai que l'expérience individuelle des pays est variée, on ne peut conclure à une diminution générale de la concentration de la base des productions exportables des pays africains. On peut comprendre d'ailleurs pourquoi une telle rigidité de la concentration. Les pays dépendant de quelques partenaires, subissent un pouvoir de monopole, et peuvent difficilement s'engager dans des spécialisations en rapport avec leurs besoins. Ces pays sont soumis à un niveau de risque supérieur au risque moyen, en cas de conflits internationaux ou de ruptures d'approvisionnement. La solution à ces problèmes est alors la diversification des origines des approvisionnements. Or, l'expérience empirique enseigne-t-elle une diversification des destinations des exportations ou des origines des importations des pays africains ? Le Tableau 5 se base sur les statistiques de la Direction du Commerce Extérieur du Fonds Monétaire International, pour examiner les destinations géographiques des grands pays africains exportateurs du milieu des années 1980 à 1998. A l'évidence, de nombreux pays d'Afrique Subsaharienne ont vu la part relative des marchés des pays industriels reculer parmi leurs marchés à l'exportation. La République Démocratique du CONGO, la CÔTE d'IVOIRE, le GHANA et le KENYA ou la ZAMBIE sont des exemples, alors que la Communauté Economique d'Afrique du Sud donne à observer un exemple contraire, du fait de la levée des sanctions. A l'inverse de la diversification de la base des produits, les exportations des pays africains connaissent cependant une diversification des destinations, comme dans le cas du GHANA et du KENYA où désormais les exportations se font également dans la région. Une évolution identique caractérise les pays intermédiaires, avec des évolutions dramatiques comme au BENIN où la part des marchés des pays industriels a chuté de 70%. Une analyse serrée des facteurs explicatifs de telles évolutions déborde le cadre de cette étude, quoiqu'elle soit largement souhaitable. Dans une telle analyse, on peut alors 3 Ceci peut apparaître quelque peu contradictoire avec les données du Tableau 3, indiquant une augmentation significative des exports de produits manufacturés des pays de l'Afrique Subsaharienne. En réalité, lorsqu'on examine attentivement les données, il apparaît que l'accroissement des exports de ces produits porte davantage sur des produits anciens que sur de nouveaux produits. 13 considérer quelques facteurs négatifs à l'origine de ces évolutions géographiques. Par exemple dans le cas de la ZAMBIE, la chute de la part de marché dans les pays de l'OCDE du cuivre non transformé, est à relier à la fois à la perte de compétitivité, mais également aux nationalisations des mines. Ces pertes de compétitivité ont induit l'accroissement de la part des marchés non industrialisés Tableau 5 : Modifications Récentes de la Concentration Géographique des Exportations Part des Exportations Totales Destinées à : Pays De: PVD De Exportateur/Année Industrie France Japon Allemag Royau Etats- Afrique Asie Moyen- Amérique ls ne me-Uni Unis Orient s Cameroun 1985 85.3 21.8 1.6 6.2 0.8 8.1 14.9 10.6 0.7 0.1 -- 1990 83.9 32.6 0.4 4.2 0.6 14.8 15.7 9.2 5.7 0.2 0.1 1995 75.2 22.0 1.4 4.8 2.1 2.3 24.8 15.5 5.7 0.1 2.2 1998 77.6 15.7 0.5 2.8 3.2 2.7 21.4 10.5 9.2 0.2 0.3 Côte d'Ivoire 1985 73.2 15.6 1.0 5.0 4.1 11.0 23.3 13.2 4.6 -- 0.1 1990 61.3 7.4 1.7 6.8 3.2 5.9 36.7 31.9 3.2 0.6 0.2 1995 67.2 17.5 0.5 4.9 3.3 3.8 32.1 22.7 4.2 0.6 0.1 1998 60.9 17.0 0.3 4.9 2.3 9.0 37.1 28.6 3.4 -- 0.3 Bénin 1985 95.3 4.8 -- 14.0 0.1 -- 4.5 3.7 0.6 -- -- 1990 77.9 0.4 0.7 0.6 26.7 45.0 20.6 -- -- 1.1 19.4 1995 37.3 2.3 -- 1.9 0.3 4.7 62.7 17.7 19.7 7.3 -- 1998 25.6 2.6 -- 1.7 0.8 1.6 74.4 5.8 25.1 8.7 33.8 Sénégal 1985 35.0 20.7 1.8 0.7 3.6 0.2 35.8 23.9 7.3 0.1 4.0 1990 61.2 34.8 1.8 2.0 1.2 0.6 31.6 17.0 14.3 0.1 0.1 1995 25.0 11.1 0.4 0.8 0.9 0.6 62.0 26.7 32.4 2.3 -- 1998 24.4 16.7 0.1 0.5 0.5 0.7 63.2 34.3 27.4 0.5 1.0 15 Source: Calculs effectués à partir des données de la Direction du Commerce Extérieur, FMI II - LES FACTEURS DE COMPETITIVITE ET L'EVOLUTION DES EXPORTATIONS AFRICAINES Les analyses de long terme des performances de l'Afrique en matière de commerce extérieur montrent que la région a subi une érosion importante de ces parts de marché dans les pays industriels. Une décomposition de ces performances en éléments de demande et éléments d'offre entre 1990-94 et 1994-98, enseigne que les pertes de compétitivité sont observées au cours des deux sous-périodes, à la différence qu'elles sont désormais plus faibles (avoisinant 0.5 milliard de $ contre 5.3 milliards de $). Les statistiques de base éclairent également une expansion remarquable de la demande mondiale de nombreux produits traditionnels exportés par l'Afrique sur la période 1993-96, comme le café, le cacao ou le coton, dont le taux de croissance a augmenté au minimum de moitié plus vite que la croissance de tous les produits. Cette expansion dans le commerce des biens a malheureusement ralenti en 1997-98, partiellement sans doute suite à la crise asiatique. Nous avons établi ci-dessus que les parts du marché mondial des pays de l'Afrique Subsaharienne se sont récemment stabilisées, en dépit du fait que des données nouvelles sont nécessaires pour être aussi affirmatif. Cette observation soulève deux questions : (i) Cette stabilisation potentielle traduit-elle une aptitude nouvelle de ces pays à s'engager dans la concurrence mondiale, ou, (ii) constitue-t-elle plutôt le résultat d'une croissance anormale de la demande mondiale ? En effet, si la demande agrégée des produits exportés par les pays africains devait croître en moyenne plus vite, la stabilisation apparente des parts de marchés à l'export de ces pays ne pourrait résulter d'une amélioration de leurs capacités concurrentielles . 4 Le Tableau 6 apporte une réponse à ces questions, en fournissant des données préliminaires sur la valeur et la part relative des exportations de chaque grand pays échangiste ou intermédiaire parmi les pays francophones retenus précédemment, ainsi que la part relative sur le marché des importations, pour les années 1990 et 1998. De même, à partir de la dernière colonne du Tableau, la part du marché mondial du pays est établie pour chaque produit, en rapportant les parts relatives de 1998 et 1990. Un ratio supérieur à l'unité traduit une amélioration de la position compétitive du pays pour ce produit, alors qu'une valeur inférieure à l'unité décrit une détérioration de sa position compétitive. Par exemple, le Tableau montre que le BENIN a exporté 34.5 millions $EU de coton brut en 1990, soit 40% de ses exportations totales. En 1990, ces exportations de coton béninois ne représentent que 0.5% du commerce mondial de coton, alors qu'en 1998 elles sont de 3.2% supérieures à leur part relative de 1990. Le fait de faire des comparaisons à partir d'une année de base permet d'examiner ensuite dans quelle mesure, et surtout dans quelle direction les parts de marché de chaque produit 4NG et YEATS (1996) ont établi que dans les trois dernières décennies, le taux de croissance du commerce extérieur des biens de l'Afrique a été de 7.4% environ, soit 4% en-dessous de la croissance du commerce mondial. Cette étude montre également que du début des années 1960 au début des années 1990, l'Afrique a subi une érosion significative de ses parts de marché en ce qui concerne les biens traditionnels. 17 d'exportation majeur se sont modifiées. Des pays comme la CÔTE d'IVOIRE pour le cacao et le KENYA pour le thé, sont devenus plus compétitifs, leurs parts de marché mondial ayant considérablement augmenté par rapport à 1990. Tableau 6 : Les Modifications de la Position Compétitive des Principaux Produits Exportés : de 1990 à 1998 1990 (Exports) 1998 (Exports) 1998 Part sur le Part Marché à Cumulée l'Import Exportateur : Produits Valeur Part Valeur Part 1990 1998 SITC (milliers en (%) (milliers (%) (Ratio/ de $) de $) 1990) CAMEROUN Total des Exports 2077425 100.0 1866496 100.0 333.0 Pétrole Brut 1004056 48.3 519223 27.8 27.8 0.533 0.621 247.2 Saw Logs 206701 9.9 368145 19.7 47.5 4.586 2.053 248.3 Bois de Charpente 79210 3.8 192516 10.3 57.9 1.453 1.839 072.1 Fèves de Cacao 130484 6.3 164836 8.8 66.7 6.243 0.822 057.3 Bananes et Plantains 60383 2.9 112207 6.0 72.7 1.438 1.272 071.1 Café vert ou séché 157713 7.6 107763 5.8 78.5 2.004 0.393 263.1 Coton Naturel 70512 3.4 86525 4.6 83.1 1.030 1.187 CÔTE D' IVOIRE Total Exports 072.1 Fèves de Cacao 2498959 100.0 3518144 100.0 43.4 34.19 1.392 072.3 Beurre et poudre de 714591 28.6 1528524 43.4 51.9 10.23 1.242 Cacao 164016 6.6 298720 8.5 60.4 2.035 1.071 071.1 Café vert et séché 160151 6.4 298185 8.5 67.6 4.720 0.744 248.3 Bois de charpente 252276 10.3 253010 7.2 037.1 Mets de Poisson 123624 4.9 229552 057.9 Fruits frais 95092 3.8 121403 6.5 74.1 3.416 1.177 263.1 Coton Naturel 126883 5.1 118939 3.5 77.5 1.596 0.894 057.3 Bananes et Plantains 76755 3.1 118157 3.4 80.9 1.853 0.907 232.0 Caoutchouc brut 65531 2.6 76088 3.4 84.3 1.827 1.054 2.2 86.4 1.647 1.029 BENIN Total Exports 263.1 Coton Naturel 86408 100.0 180856 100.0 222.3 Tiges de Coton 34310 39.7 133690 73.9 73.9 0.501 3.769 333.0 Pétrole Brut 9845 11.4 23184 12.8 86.7 12.59 1.051 223. Graines pour Huile 25376 29.4 2515 1.4 88.1 0.013 0.119 1282 1.5 2397 1.3 89.4 0.638 1.197 SENEGAL Total Exports 18 036.0 Huile de crustacés 516114 100.0 406632 100.0 037.1 conserves de 73770 14.3 95184 23.4 23.4 0.617 0.947 poissons 53855 10.4 56968 14.0 37.4 1.499 0.670 034.1 Poissons frais ou 7,7 11.5 48.9 0.773 0.878 marinés 39568 21.8 46869 11.1 423.4 Huile d'arachides 4.6 7.4 60.0 30.77 0.485 034.4 Filets de 112549 45044 poissons congelés 23733 30047 67.4 0.650 0.876 263.1 Coton Brut Note *La part du marché à l'importation en 1998 est le ratio de la part de marché de 1998 à celle de 1990 pour le produit concerné. Les résultats ne permettent cependant pas de discerner une modification significative des tendances, puisque les ratios par rapport à 1990 se situent au-dessus de l'unité pour 7 pays, alors qu'ils sont inférieurs à l'unité pour 7 autres pays. Des calculs identiques sont effectués pour les exports des 3 principaux produits de chaque pays, sans qu'il ne soit possible de distinguer une quelconque amélioration de tendance puisqu'on observe des augmentations de parts de marché en nombre identique aux réductions de parts de marché. Dans ce dernier cas, on notera le recul de la part de marché mondial pour le cuivre zambien, qui se situe désormais seulement au cinquième de sa valeur de 1990. Une évolution assez similaire caractérise la situation des pays intermédiaires, la moitié des pays ayant connu une forte croissance des exports de leurs principaux pays, alors que l'autre moitié connaissait des baisses de croissance des exports de produits majeurs. Le BENIN, l'ETHIOPIE et MADAGASCAR ont connu une croissance exceptionnelle et significative de leurs parts de marchés pour leurs principaux produits, à l'origine d'un surplus de revenus élevés d'exportations. Ainsi qu'indiqué ci-dessus, les facteurs de demande comme les facteurs d'offre influencent simultanément les performances en matière de commerce extérieur, la grande question étant de savoir quelle est leur influence respective sur les pays africains ? On peut répondre à cette question en établissant deux statistiques relevant d'un côté des conditions de demande et de l'autre côté des facteurs de compétitivité . 5 * L'influence de la demande dans les biens traditionnels (déjà exportés lors d'une période de base) est mesurée par la variation de la valeur des échanges mondiaux dans ces biens, ce qui suppose dès le départ que le pays maintient sa part de marché dans lesdits biens. Supposons pour le montrer que (Doj) et (Dtj) représentent respectivement la demande mondiale d'un bien (j) au temps (o) et au temps (t), la variation des exportations pour ce produit uniquement issue de la demande (Ed,i) est : 5Une description détaillée et l'une des premières applications de cette méthode ont été effectuées par le GATT (1966). Elle constitue également la base de l'analyse bien connue faite par KRAVIS (1970) de l'influence du commerce extérieur sur le développement des PVD au 20° siècle. 19 (1) Ed,i = (soj) * (Dtj - Doj) où (soj) est la part de marché du pays (i) dans les exportations mondiales du produit (j) à la période de base (o). A l'évidence, l'effet total de la demande sur le commerce extérieur du pays (i) impose d'agréger (1) pour tous les biens exportés simultanément. L'équation (1) peut donc être utilisée pour évaluer l'effet sur les exportations totales d'un pays si les conditions de demande uniquement de ces produits venaient à changer. * Quant à la modification de la position concurrentielle d'un pays, elle est mesurée ici par l'écart entre les exportations qui auraient dû prévaloir à la période (t) si la part de marché du pays était restée stable, et les exportations effectives. Ce facteur de compétitivité (Ec,i) peut donc s'écrire suivant (2) : (2) E(c,i) = (st,j - so,j) * (Dt,j) où (st,j) est la part relative du pays considéré dans les exportations mondiales du produit (j) à la période (t). On en déduit l'effet total sur les exportations tous produits confondus, en agrégeant (2) sur tous les produits effectivement exportés. Donc (2) indique de combien les exports ont varié au- dessus ou en-dessous du niveau permis par les modifications de la demande. L'écart entre les exportations totales d'un pays, et les exportations corrélées à l'effet-demande ou à l'effet- compétitivité, peuvent alors être attribuées à la diversification des produits par le pays . 6 Tableau 7 : L'Impact de la Compétitivité, de la Demande ou de la Diversification sur les Exportations : de 1990 à 1998 Facteurs Sous-Jacents Facteurs Sous-Jacents Exports (millions EU$) à la Croissance des à la Croissance des Exports en 1990-94 Exports en 1994-98 (millions $EU) * (millions $EU) * Exportateur 1990 1994 1998 Deman- Facteur Demande Facteur de Totale de Totale de Compéti- Compéti- tivité tivité Cameroun 2072 1725 1866 57.4 -407.9 72.7 66.2 Côte d'Ivoire 2497 2645 3502 611.0 -441.0 419.5 431.1 Bénin 86 118 180 3.1 28.2 1.0 61.7 6 Un simple exemple permet d'illustrer cette approche analytique. Admettons qu'un pays (i) exporte un produit (j), dont il détient 20% du marché mondial en exportant 20 millions EU$ en 1988, puis 25% du marché mondial pour 37,5 millions de EU$ d'exports. Au cours de cette période, la demande pour le produit (j) est passée de 100 à 150 millions de EU$. Dans ces conditions, la variation des exports de (i) due uniquement aux changements de demande est : (1') Ed,i = 0.20 * (150 - 100) = 10 millions EU$; la variation due au facteur de compétitivité étant : (2') Ec,i = (0.25 - 0.20) * 150 = 7.5 millions EU$. 20 Sénégal 516 394 407 130.8 -251.8 56.8 -45.3 Madagascar 339 519 724 76.4 104.9 94.5 110.8 Ghana 1,002 1270 1496 217.6 -118.2 208.9 20.5 Kenya 993 1172 1302 250.7 -63.1 240.0 -61.7 Ile Maurice 1198 1286 1661 256.8 -168.2 290.8 83.0 Mali 141 141 218 16.4 -33.6 12.4 61.6 Note * Le facteur de demande tente de repérer l'effet des accroissements ou des baisses de la demande mondiale sur les exports des pays africains. Ce facteur mesure en effet l'augmentation ou la baisse des exports africaines qui aurait prévalu si la part de marché du pays ne s'était modifiée par rapport à sa valeur de 1990 ou de 1994. Le facteur de compétitivité tient compte de la variation de la part de marché mondiale compte tenu d'une variation de la demande mondiale. Le facteur de diversification est lié à l'introduction de nouveaux produits. Toute différence entre le total des exports d'un pays, et la somme des exports issues du facteur de demande et issues du facteur de compétitivité, est attribuée au facteur de diversification, ou à défaut au fait que la somme des exports de la nomenclature SITC à 3 chiffres diffère de la somme des exports de la base UN COMTRADE. Source : Calculs effectués à partir des données du commerce des partenaires des pays africains selon la base de données des Nations-Unies (UN COMTRADE). Le Tableau 7 résume les résultats obtenus lorsque les équations (1) et (2) sont estimées pour les données de commerce extérieur pour les produits de la nomenclature SITC à 3 chiffres, sur la période 1990-94 et 1994-98. Le Tableau indique la valeur totale des exports au cours de chacune des 3 années, ainsi que les variations du commerce extérieur dues aux facteurs d'offre ou de demande. Par exemple, les exportations du KENYA au sens des données de ses partenaires, représentent 993 millions $EU, le facteur de demande représentant une augmentation potentielle de 250 millions $EU. Toutefois, une perte de compétitivité de certains produits est à l'origine d'une réduction des exports de 63 millions $EU. Malgré le maintien d'une demande mondiale forte pour le type de produits exporté par le KENYA, ses pertes de marché sur le café vert ou séché, sont à l'origine de pertes additionnelles de marché avoisinant 62 millions $EU entre 1994 et 1998. A l'exception de l'Afrique du Sud (non présente sur ce tableau d'ailleurs), les données du Tableau 7 illustrent une érosion continue des marchés des pays africains ayant un effet d'impact sur leurs recettes d'exportation. Entre 1990 et 1994, les parts de marché pour les grands pays exportateurs à l'exception de l'Afrique du Sud, les variations des parts de marché sont à l'origine de pertes de recettes avoisinant 5 milliards $EU, alors que les facteurs de de compétitivité contribuent à des pertes qui s'élèvent simplement à un demi milliard $EU. Ces deux chiffres réunis pourraient s'ils étaient interprétés avec optimisme, indiquer une atténuation des pertes des positions concurrentielles, conclusion qui demanderait cependant à être confirmée largement à l'aide d'autres données. 21 L'enseignement le plus intéressant de ce tableau, réside dans le fait que la demande mondiale pour les produits africains a fortement augmenté au cours de la période, avec pour conséquence un surplus de recettes avoisinant 1.8 milliard $EU. Et même s'il est vrai que les exports de produits primaires africains ont en moyenne augmenté moins vite sur la période 1994-98, les exports de produits tels que le café, le thé, les épices ou le tabac, ont augmenté autant sinon plus vite que le commerce mondial des marchandises. Toutefois, le taux de croissance de la demande mondiale a baissé à partir de 1997-98, suite à la crise en Asie de l'Est. Une évolution similaire caractérise les pays intermédiaires. En tant que groupe, ils ont pu inverser la tendance des pertes anciennes de marché d'un montant de 0.75 milliard $EU, et enregistrer des gains en 1994-98. Ceci grâce à 2 pays principalement, l'ETHIOPIE (pour le café), MADAGASCAR (pour les textiles) et dans une moindre mesure le MALI. III - LES CONSEQUENCES DES AVANTAGES COMPARATIFS DE L'AFRIQUE Les variations récentes des exportations africaines n'illustrent aucune augmentation du nombre des industries dans lesquelles la plupart des pays africains possède des "avantages comparatifs révélés". Ces résultats confirment l'hypothèse déjà avancée que les pays africains n'ont pas pu diversifier leur base d'exportation, leur commerce extérieur étant de ce fait très concentré. Bien plus, il n'y a pas de preuve empirique d'une production accrue de biens primaires transformés sur place, ni d'ailleurs d'accroissement du commerce intra-branche entre l'Afrique et les autres pays. L'examen des exportations des demi-produits et des composants, montre que les liens entre l'Afrique et l'économie mondiale sont à la fois statiques et incertains, malgré l'accroissement des importations par la région de ces biens. Des mesures des avantages comparatifs révélés (ACR) permettent d'identifier le potentiel d'exportation d'un pays. La question étant de savoir si les pays africains ont pu étendre leur base de produits, et dans cette hypothèse sont en mesure de réduire à l'avenir leur forte dépendance vis-à-vis d'un petit nombre de produits exportés. Une autre question est de s'interroger sur la capacité des pays africains à développer des avantages comparatifs dans des productions à plus grande valeur ajoutée, créatrices d'emplois et permettant l'accroissement des recettes d'exportation. Alternativement, leurs structures d'avantages comparatifs ont-elles été plutôt rigides et concentrées dans des produits primaires, soit parce que peu de temps a été consacré à la recherche de nouvelles lignes de produits soit parce que la conjoncture internationale n'est pas favorable à de nouvelles activités marchandes ? L'indice d'avantage comparatif révélé du pays (i) en bien (j) est mesuré par le rapport de la part de marché de ce produit dans le total des exportations du pays à sa part de marché sur le 22 marché mondial . Il peut être interprété facilement. Lorsqu'il est inférieur à l'unité, ceci implique un 7 désavantage comparatif pour le pays dans le produit, alors qu'une valeur supérieure à l'unité désigne l'existence d'un avantage comparatif pour le pays. Cet indicateur a été construit par BALASSA (1965), et est souvent utilisé pour mesurer les effets positifs potentiels des expériences régionales (YEATS 1998a). Toutefois, l'application de cet indicateur à l'Afrique doit tenir compte des influences des distorsions aux échanges, ayant caractérisé pendant longtemps les politiques commerciales et économiques de ces pays. Les avantages comparatifs révélés devraient être mesurés dans un contexte général de libre-échange, i.e. caractérisé à la fois par l'absence de distorsions tels que les tarifs ou barrières non tarifaires pratiqués dans les pays de l'OCDE et qui affectent le potentiel africain à l'export, et surtout l'absence d'interventions sur le marché et les politiques interventionnistes domestiques dont l'effet est d'induire des distorsions sectorielles ou un biais général anti-exportation. Les études de la Banque Mondiale montrent que les barrières aux échanges frappant les exportations africaines sont comparativement faibles par rapport à celles de leurs concurrentes (YEATS 1997), alors que les politiques interventionnistes domestiques sont de nature à réduire le potentiel d'accès des producteurs locaux sur les marchés étrangers (NG et YEATS 1997). Par conséquent, les véritables avantages comparatifs révélés pourraient s'écarter des estimations empiriques proposés ici. Le Tableau 8 propose des données sur les avantages comparatifs révélés des pays africains francophones de notre sous-échantillon témoin, pour les années 1990 et 1998. Les produits retenus sont 70 produits transformés utilisés pour les calculs des ACR à partir de la nomenclature SITC à 2 chiffres, et choisis sur la base de 2 critères : (i) : les indices ACR correspondants se situent au-dessus de l'unité sur cette période, révélant un gain d'avantage comparatif par le pays sur ce produit; ou (ii) : l'indice ACR correspondant est inférieur à l'unité, d'où une perte d'avantage comparatif par le pays . 8 Enfin, une donnée de synthèse à savoir "la variation de l'ACR de l'industrie " est présentée pour chaque pays. C'est la somme des industries ayant eu un avantage comparatif nette de la somme des industries qui ont perdu leurs avantages comparatifs. Deux principaux points émergent de ces calculs. On n'observe aucune croissance du nombre de produits ou de groupes de produits pour lesquels la plupart des pays africains bénéficient des avantages comparatifs. Ceci confirme le constat de la non-diversification des productions africaines exportables déjà établie précédemment. En fait 7 des 14 pays les gros échangistes, donnent à observer soit une nette réduction, soit au mieux la stabilité du nombre d'industries pour 7 Si en effet (xij) est la valeur des exports du pays (i) en bien (j), et Xij le total des exports de tous les produits par le pays, son indice d'avantages comparatifs révélés est : (3) ACRij = (xij / Xij) / (Xim / Xtm) où (m) désigne le monde. Les indices ACR sont souvent calculés uniquement pour les biens manufacturés ou transformés, car les échanges de biens agricoles subissent généralement des distorsions dues à des incitations aux exportations ou aux barrières tarifaires, dont la conséquence est de masquer l'ampleur d'un avantage ou d'un désavantage comparatif révélé dans ces biens. 8 Les groupes de produits de la nomenclature SITC à 2 chiffres, sélectionnés sur ce Tableau 8, autorisent une présentation plu simple, ce d'autant que le niveau d'agrégation est celui d'une industrie, au sens où de nombreuses analyses économiques la définissent. 23 lesquels les ACR excèdent l'unité. Les biens conférant d'ailleurs à ces pays un avantage comparatif, demeurent fortement concentrés parmi les biens non manufacturés (les biens manufacturés étant regroupés dans les nomenclatures SITC de 5 à 8 chiffres à l'exclusion des métaux non ferreux). Tableau 8 : Statistiques Agrégées sur les Avantages Comparatifs révélés des Pays Africains Exports en Indice ACR Exportateur/nomenclature SITC/Produit 1998 1990 1998 Varia- (milliers de tion $EU) CAMEROUN (Variation nette de l'ACR= -1) 05 Fruits et Légumes 120693 1.78 4.46 2.68 07 Café, Thé et Cacao 312571 24.50 25.7 1.21 21 Cuirs et Peaux 470 1.30 0.23 -1.07 23 caoutchouc naturel 43416 5.91 10.6 4.77 24 Le Liège et le Bois 566228 14.01 41.5 27.55 26 Fibres de Textile 86525 5.30 11.6 6.28 33 Pétrole et produits pétroliers 544660 5.64 6.11 0.47 63 Industries du bois et du Liège 40690 2.36 3.89 1.53 68 Métaux non ferreux et produits métalliques 94 82406 2.67 2.29 -0.38 Animaux de Zoo et animaux de compagnie 367 10.80 2.15 -8.65 CÔTE D'IVOIRE (Variation Nette ACR= 0) 03 Poissons frais et préparés 244935 6.57 7.44 0.87 05 Fruits et Légumes 261970 4.39 5.13 0.74 05 Sucre et Miel 4122 1.82 2.48 0.66 07 Café, Thé et Cacao 2190879 70.18 68.7 -1.46 08 Alimentation pour animaux 12451 1.46 1.70 0.24 22 Graines d'Huile Végétale 2788 2.01 2.24 0.23 23 Caoutchouc Naturel 76880 9.56 11.9 2.37 24 Liège et Bois 259695 14.65 20.2 5.60 26 Textile Fibers 120270 7.94 12.7 4.75 42 Huiles Végétales pures 52825 8.25 6.68 -1.57 63 Industries du Bois et de Liège 92590 5.05 5.00 -0.05 66 Industries de Métaux non ferreux 44836 1.75 2.02 1.27 Exports de Indices ACR Exportateur/nomenclature SITC/Produit 1998 en 1990 1998 Varia- milliers de tion EU$ BENIN (Variation nette ACR = -1) 08 Alimentation pour animaux 2246 0.53 1.23 0.70 03 Poissons frais et préparés 836 1.35 1.11 -0.24 24 22 Graines d'Huile 26140 41.73 47.25 5.52 26 Fibres textiles 134277 62.38 185.83 123.45 28 Minerais et autres métaux 363 3.67 0.21 -3.46 42 Huiles végétales pures 672 13.39 1.10 -12.29 94 Animaux de zoo 757 1.94 45.95 44.01 SENEGAL (Variation nette ACR = 1) 03 Poissons frais et préparés 260408 35.18 63.28 28.1 06 Sucre et Miel 444 1.93 0.42 -1.51 08 Alimentation pour animaux 9010 16.40 5.34 -11.06 21 Cuirs et Peaux 2477 3.99 5.52 1.53 22 Graines d'Huile 3241 6.60 2.60 -4.00 26 Fibres textiles 22084 6.50 13.56 7.06 27 Engrais bruts 9853 26.26 7.87 -18.39 29 Matières animale et végétale brute 2633 3.37 1.60 -1.77 42 Huiles végétales pures 45057 79.61 32.67 -46.94 56 Engrais industriels 3126 4.83 2.52 -2.31 61 Cuir peigné 2678 0.01 1.68 1.67 85 Chaussures 3589 0.48 1.01 0.53 94 Animaux de zoo 940 39.34 25.32 -14.02 Source: Calculs effectués à partir de la base de données des Nations-Unies sur les partenaires de pays africains, UN COMTRADE Des statistiques identiques sont effectuées pour les pays intermédiaires; et elles traduisent une situation encore moins bonne. Les ACR calculés pour 8 pays enregistrent soit une stabilité, soit un déclin important. L'ETHIOPIE a perdu des avantages comparatifs dans 6 produits sur la période 1990-98, vraisemblablement à cause des conflits internes, alors que MADAGASCAR, le MALI, le MOZAMBIQUE ou la TANZANIE ont perdu des avantages comparatifs dans 4 ou 5 groupes de produits . On peut donc en déduire suivant la théorie de la spécialisation, que les biens d'avantage 9 comparatif sont en Afrique des biens primaires (ressources naturelles) ou à forte intensité de main d'oeuvre alors que les biens capitalistique ou à forte intensité de main d'oeuvre qualifiée restent absents des branches productives. En dépit du constat de l'absence de croissance issue de la diversification ou de l'approfondissement des avantages comparatifs révélés, il est néanmoins intéressant d'examiner plus attentivement le degré de transformation des ressources naturelles dont l'exploitation est intensive. 9 Ces évolutions ne sont pas toutes négatives. MADAGASCAR a fortement accru ses avantages comparatifs et compétitifs dans un certain nombre de produits textiles à l'origine de l'augmentation globale de ses recettes d'exportation. De telles augmentations ont également été observées en ETHIOPIE, en relation avec les ACR du café et des huiles. Là encore, les hausses de recettes d'exportation sont le fait des produits traditionnels et non pas des produits nouveaux. 25 Des produits comme les contreplaqués ou les bois de placage, les industries de maroquinerie, de pneumatiques ou de métaux forgés, utilisent beaucoup d'intrants que l'Afrique produit. L'Afrique pourrait donc bénéficier d'un avantage compétitif dans la transformation de certains de ces produits - notamment ceux requérant des techniques de production à fort contenu de main d'oeuvre-, au lieu de persister dans la production de produits primaires à faible valeur ajoutée et dont les coûts nominaux de transport sont élevés. Il est également utile de s'interroger sur l'accroissement éventuel des échanges intra-branches, autre mesure de l'intégration réussie dans l'économie mondiale. A- Les Exportations de Produits Fondés sur les Ressources Naturelles Au sein des forums multilatéraux aux Nations-Unies ou au GATT lors des cycles de négociations commerciales d'Uruguay, les pays africains ont plusieurs fois souhaité la transformation de leurs productions primaires, en vue d'accélérer l'industrialisation et la croissance (CNUCED 1975). Le fondement d'une telle stratégie est triple : la transformation locale a des effets directs à la hausse de l'emploi; il en découle des échanges inter-branches entre l'industrie de transformation et le reste de l'économie; et surtout le lissage de l'instabilité des recettes d'exportation en cas d'accroissement des recettes d'exportation issues désormais de produits exportables et transformés à forte valeur ajoutée (voir ROEMER 1979 et YEATS 1981 pour une synthèse de cette littérature). Les pays africains ayant beaucoup de produits agricoles ou minéraux parmi leurs biens exportables, ils souhaitent préalablement à l'exportation transformer sur place certains de ces produits 10. Les pays africains ont-ils fait des progrès en faisant transiter leurs structures d'exportation vers des biens transformés, ou alors ont-ils accru leur compétitivité internationale dans ces produits ? Le Tableau 9 utilise la méthode de classification de la chaîne de transformation d'un produit développée par la Banque Mondiale (voir YEATS 1991 pour les détails), afin de repérer de tels changements de spécialisation parmi les principaux pays d'Afrique Subsaharienne. Cette méthode de classification distingue les produits primaires, semi-transformés et transformés, et ce pour tous les biens référencés dans la nomenclature SITC révisée (révision 1 : pour des biens comme les produits minéraux, elle distingue simplement le produit primaire du produit transformé). Par exemple, la chaîne du cacao distingue l'étape du bien primaire (fève de cacao), deux étapes pour le bien intermédiaire (poudre et beurre de cacao), et une étape pour le bien final (chocolat ou produits à base de chocolat). Pour simplifier et avant toute mesure, les chaînes ont été agrégées en quatre groupes de produits, à savoir les produits alimentaires 11, les minerais de fer et produits minéraux 12, les 10La question est alors de savoir si les pays africains ou les autres PVD ont un intérêt à la transformation sur place des produits primaires. La Banque Mondiale (1992) établit que la fabrication de métaux à partir de minerais de fer, requiert souvent des techniques fortement capitalistiques pour lesquelles les PVD n'ont pas toujours un avantage comparatif. 11La première étape dans la chaîne des produits alimentaires comporte : du poisson frais ou congelé, des fruits frais et des légumes, des fèves de cacao et des arachides, de l'huile de copra, des huiles d'amande ou des huiles de palme brut. L'étape du bien intermédiaire inclut le beurre ou la poudre de cacao, les noix de palme ou gâteaux de noix comme les huiles d'amande. 12La première étape inclut ici : les minerais de fer, les minerais de cuivre, la bauxite, les minerais de plomb et de zinc. L'étape du bien intermédiaire comporte du fer en gueuse, de l'aluminium, de l'aluminium non forgé, du cuivre, du plomb et du zinc. L'étape du bien final inclut des lingots d'acier, des laminoirs, du cuivre forgé, de l'aluminium, du plomb et du zinc. 26 hydrocarbures13 et autres produits manufacturés 14. Le tableau précise alors la valeur et la part relative de chaque pays dans les exports de chaque produit à chaque étape de sa chaîne de transformation, pour les années 1990 et 1998, ainsi que les parts de marché à l'importation sur les marchés mondiaux. Le Tableau 9 confirme les résultats précédents sur la faible diversification et les avantages comparatifs révélés, à savoir que l'on ne distingue pas de modifications significatives des exportations de biens transformés. Bien plus, l'on assiste à la réduction de la part des biens transformés dans certains pays intermédiaires. Les parts relatives à l'importation sont restées rigides en ce qui concerne la première étape, et ce pour tous les groupes de produits, à l'exception des hydrocarbures minérales dont la réduction a été la plus forte (de 10.6 à 9.2% des importations mondiales). Dans les étapes intermédiaire et finale, les parts de marché mondial à l'importation sont restées inertes ou en baisse comme pour les minerais de fer et les métaux 15. En clair, les données invalident l'hypothèse d'un quelconque progrès en matière de transformation des biens primaires, ou même celle d'une amélioration de la compétitivité des pays africains dans les biens primaires, semi-finis ou transformés. 13A savoir le pétrole brut à la première étape, le gaz, les produits pétroliers et autres produits raffinés à l'étape finale. 14Les produits primaires sont donc le caoutchouc naturel, le bois brut ou des pulpes de bois, de la laine naturelle, des peaux et cuirs, du coton brut, du jute et du sisal bruts. Les biens intermédiaires incluent le cuir, les contreplaqués et les bois de placage, les copeaux de bois, la laine et le coton transformés et le jute travaillé. Les biens finals sont les industries du cuir, de caoutchouc, de laine, de papier ou de produits à base de papier, de laine et de coton travaillés, des sacs de jute et les cordages. 15Une baisse de 1.4% est intervenue dans les exportations africaines de biens intermédiaires, en ce qui concerne les métaux et minerais, consécutivement à la baisse des exportations zambiennes de cuivre non forgé. 27 Tableau 9 : Analyse des Modifications de la Structure des Exportations des Principaux Produits Primaires ou Transformés par l'Afrique Exports Africaines en 1990 Exports Africaines en 1998 Part du groupe de produits Part du groupe de produits Groupes de Produits Valeur (%) Valeur (%) et Etape de la millions Dans les Part de millions Dans les Part de Transformation $EU exports l'Afrique sur de exportations l'Afrique sur africaines le marché $EU Africaines le marché totales de la mondial des totales de la mondial des chaîne imports (%) chaîne imports Biens Alimentaires Etape primaire 4853.6 83.5 4.2 7600.5 82.9 4.9 Etapes 379.5 6.5 1.3 652.8 7.1 1.9 intermédiaires 580.0 10.0 1.2 920.1 10.0 1.3 Etapes finales 5813.1 9173.4 Total Minerais et produits minéraux Etape primaire 1384.2 27.0 5.4 1249.0 32.0 5.0 Etapes 3122.1 60.9 4.5 1900.7 48.7 2.1 intermédiaires Etapes finales 621.1 12.1 1.0 752.9 19.3 0.9 Total 5127.4 3902.6 Combustibles minéraux Etapes primaires 19901 97.4 10.6 14387 97.4 9.2 Etapes finales 525.7 2.6 0.9 383.0 2.6 0.8 TOTAL 20427 Produits manufacturés Etapes primaires 1953.3 54.2 5.5 1721.4 44.7 5.2 Etapes 1120.6 31.1 1.5 1381.1 35.9 1.6 intermédiaires Etapes finales 525.7 14.6 0.4 746.4 19.4 0.4 Total 3599.7 Source : calculs effectués à partir de la base de données UN COMTRADE des partenaires des pays africains. En ce qui concerne la méthode de décomposition de chaînes de produits, bien vouloir consulter Alexander YEATS " »Do Natural Resource Based Industrialization Strategies Convey 28 Important (Unrecognized) Price Benefits for Commodity Exporting Developing Countries," World Bank Policy Research Working Paper No. 580, Janvier1991 ». B ­ Les Mutations des Echanges Intra-Branches Parmi les analyses des facteurs influençant l'industrialisation et la croissance, le commerce intra-branche est souvent supposé jouer dans ce sens un rôle décisif. Dans ces études, le partage des productions entre pays, semble reflété dans les échanges de demi-produits et de composants, ce qui conduit les pays à participer plus activement aux marchés mondiaux ou régionaux, les échanges intra- branches devenant un catalyseur de l'industrialisation et la croissance. En dehors de l'Afrique du Sud, on n'assiste pourtant pas en Afrique, à un accroissement significatif des échanges intra-branche, ni à des mécanismes de partage de production, ce type d'activités restant au demeurant très marginal. Il est possible de mesurer la mutation des échanges intra-branche à l'aide de nombreux indices. Le ratio d'échanges intra-branche (BRAGA, SAFADI et YEATS 1994 en donnent une application) en est un. Il est compris entre 0 et 1 ; plus il se rapproche de l'unité, davantage les échanges entre firmes de la même industrie sont importants. Un ratio élévé d'échanges intra- industries, signifie en conséquence des gains potentiels pouvant résulter de la spécialisation ou de la différentiation des produits, le pays participant à ce type d'échanges s'intégrant lui-même davantage à l'économie mondiale. Même si les échanges intra-branche restent généralement marginaux dans les pays pauvres, il demeure utile de s'interroger pour savoir si ce type d'échanges est en augmentation en Afrique ? Le partage de la production et le commerce international des demi-produits et des composants, permettent d'approximer les commerce intra-branche. Une étude récente de la Banque Mondiale a montré que le partage de la production ­ essentiellement fait d'échanges intra-branche- s'élève aujourd'hui à près de 30% du commerce mondial des biens manufacturés, et est devenu un facteur prépondérant de l'interdépendance c'est-à-dire l'intégration des pays (YEATS 1997). Le partage de la production implique l'initiation d'une partie du processus de production d'un bien spécifique, et le transfert de l'activité à un autre pays pour des opérations d'assemblage. Par exemple, des composants électroniques peuvent être produits aux Etats-Unis, expédiés aux Caraïbes pour être assemblés, et réexpédiés aux Etats-Unis ou dans un pays tiers. Les données disponibles de ces activités, qui se traduisent naturellement par des ratios élevés d'échanges intra-branche, autorisent de penser qu'elles sont source de bénéfices pour tous les pays participants, et de ce fait constituent un des instruments de l'accélération de l'industrialisation des PVD (Commission des Echanges Internationaux des Etats-Unis 1988). Ce type d'activités est-il en expansion entre les pays africains et les autres pays ? 16 16Le ratio d'échange intra-branche (EIB) se définit comme suit pour le bien spécifique (i) : (4) EIB = 1 - { [ Xijk - Mijk] / [Xijk + Mijk] } (Xijk) représente les exportations du produit de l'industrie (i) du pays (j) vers le pays (k), alors que (Mijk) représente les importations du produit de l'industrie (i) par le pays (j) en provenance du pays (k). A l'évidence le 29 Le Tableau 10 présente les ratios intra-branche pour les années 1990 et 1998. A titre de comparaison, les indices identiques sont fournis pour cinq autres pays se situant à un niveau de développement supérieur. L'enseignement principal est qu'un très faible potentiel d'échnages intr- branche existe, les différents ratios étant inférieurs à 0.1, soit moins que le coinquième de la valeur de cet indice pour le BRESIL, la COREE, ou TAÏWAN. L'Afrique du Sud a un indice égal à 0.296 soit au même niveau que celui de la TURQUIE, mais à peine la moitié du ratio atteint par les NPI d'Asie. Par ailleurs, les variations de ces ratios observées sur la période 1990-98 ont été ici très peu significatives. En ce qui concerne les pays intermédiaires, à l'exception du MOZAMBIQUE et de l'ETHIOPIE, on assiste à une détérioration du ratio d'échanges intra-branche. Au total, l'échange intra-branche n'est pas une réalité en Afrique. Tableau 10 : Les Ratios d'Echange Intra-Branche dans les Principaux Pays Exportateurs d'Afrique en 1990 et 1998 Ratios d'Echanges Intra-branche Machines et Autres Tous Produits Transport de Manufacturés machines Pays Années Produits Manufacturés Cameroun 1990 0.028 0.039 0.035 1998 0.019 0.069 0.046 Côte d'Ivoire 1990 0.052 0.091 0.079 1998 0.027 0.100 0.071 Bénin 1990 0.007 0.023 0.018 1998 0.009 0.031 0.023 Sénégal 1990 0.015 0.052 0.036 1998 0.052 0.084 0.070 Pour mémoire: Brésil 1998 0.614 0.491 0.558 Chili 1998 0.108 0.386 0.253 Corée du Sud. 1998 0.574 0.460 0.524 Turquie 1998 0.297 0.350 0.327 Taiwan ¨(Chine) 1998 0.652 0.473 0.580 Source : calculs effectués à partir de la base de données UN COMTRADE numérateur comporte uniquement des valeurs absolues. Cette analyse est généralement effectuée pour les biens manufacturés uniquement, classés dans la nomenclature SITC groupes 5 à 8 à l'exclusion des métaux non ferreux. 30 31 IV ­ LES IMPLICATIONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE Les statistiques sur les performances récentes de l'Afrique ne valident pas l'hypothèse de l'amélioration de sa place dans le monde et de l'arrêt du processus de sa marginalisation à long terme. Comment atteindre ces deux objectifs ? Des indicateurs comparés de la qualité de la gouvernance, des politiques commerciales et de la conjoncture internationale laissent penser qu'une amélioration est possible. Certes, la conjoncture internationale est moins favorable à de nombreux concurrents des pays africains. Toutefois, les politiques fiscales, la sécurité des droits de propriété, la réglementation des activités marchandes et des échanges internationaux sont plus interventionnistes que dans les autres PVD où l'industrialisation a été tirée par le commerce international. Afin d'arrêter sa marginalisation dans l'économie mondiale, l'Afrique doit par conséquent mettre en place rapidement des réformes de politique économique, et améliorer de ce fait significativement le climat des affaires. Le message le plus important consécutif à cette analyse des performances à l'exportation des pays africains est à la fois simple et lourd d'enjeux : il est bien difficile de mettre en évidence l'inversion (à défaut de l'arrêt) du processus de marginalisation de l'Afrique par rapport à l'économie mondiale. Cette conclusion résume les indicateurs précédents sur le partage des productions, la mesure de la diversification des bases des exportations, le commerce intra-branche, l'importance des échanges de demi-produits et des composants, ou les variations de la structure des exports de biens tout le long des chaînes de produits. Espoir ou Statu Quo ? Tel était le premier sous-titre de cet article. - En ce qui concerne l'espoir, on peut penser que la baisse des parts de marché de l'Afrique s'est stabilisée récemment. Mais des preuves supplémentaires sont nécessaires pour soutenir une telle hypothèse. De ce fait, on doit s'interroger sur les mesures de politique à adopter afin de stimuler les échanges internationaux et la croissance. - En ce qui concerne le statu quo, cette interrogation porte en elle-même la reconnaissance que de nombreuses politiques gouvernementales actuelles en Afrique, influencent le climat général des affaires, et ont de ce fait un impact sur l'aptitude d'un pays à s'engager dans la compétition internationale pour concrétiser son potentiel économique. Les politiques domestiques en matière de fiscalité et notamment les retenues sur les profits, les mesures de production de biens et de services collectifs, les réglementations dépendant de la stabilité politique mais qui affectent le climat général des affaires et le fonctionnement des entreprises, les politiques dont l'objet porte sur la qualité et la disponibilité des moyens de transport, des services financiers, de communication ou d'éducation, ont un effet direct sur l'attractivité d'un pays en matière d'investissement et des autres ressources susceptibles d'aider à une intégration plus rapide dans l'économie mondiale. La grande question est de savoir en quoi « l'environnement économique africain actuel facilite-t-il les échanges internationaux et la croissance » ? Un étude récente (NG et YEATS 1999) de la Banque Mondiale traite cette question. Elle tente d'abord d'examiner la relation entre des politiques inappropriées sur le plan commercial et en 32 matière de gouvernance, et les performances économiques médiocres réalisées par l'Afrique Subsaharienne. Les évaluations empiriques confirment cette relation : les indices de la qualité de la gouvernance locale montrent que ce sont les pays africains qui ont adopté les politiques les plus restrictives et inadaptées, sur le plan budgétaire, monétaire, des revenus de la propriété ou du travail, et leurs barrières aux échanges y compris les procédures douanières très défavorables à l'activité, sont comparativement à celles mises en place dans d'autres régions, les plus dissuasives du monde. James WOLFENSOHN, le Président du groupe Banque Mondiale, a dans un discours adressé à la Commission Economique pour l'Afrique en janvier 1998, magistralement illustré cette conclusion : Par ailleurs, qu'observons-nous d'autre en Afrique ? L'Afrique est absente des mouvements internationaux des facteurs. Sur 300 milliards $EU de flux de capitaux privés, l'Afrique Subsaharienne ne reçoit que 12 milliards $EU. Et parmi ces 12 milliards, 2.6 milliards $EU en investissements directs étrangers (I.D.E.), ce qui est infime par rapport au potentiel économique du continent. Les faits sont donc là : ce n'est pas la myopie du secteur privé qui l'écarte de l'Afrique, celle-ci n'accueillant qu'1% à peine de l'investissement direct étranger. L'Afrique a besoin de se redresser pour attirer l'investissement privé, ce qui implique un environnement réglementaire clair, un système judiciaire qui fonctionne bien, la reconnaissance des droits de propriété, un droit commercial, une clarté dans les relations avec les administrations publiques et la prévisibilité des taxes et impôts. Ceci implique le renforcement des capacités, du système de santé, et de l'infrastructure sous-jacente. Par- dessus tout, il en découle l'arrêt de la corruption. Sans ces réformes, les investisseurs privés ne vont tout simplement pas venir en Afrique. Très clairement, une inversion de tendance de la marginalisation de l'Afrique dans l'économie mondiale impose l'adoption de politiques économiques, juridiques et sociales clairvoyantes à l'intérieur des pays et du continent. C'est pourquoi, la plupart des problèmes auxquelles l'Afrique fait face, ne peuvent être résolus que par les africains eux-mêmes et non par des étrangers. 33 Bibliographie Amjadi, Azita and Alexander Yeats (1995). Non-tariff Barriers Facing Africa: What Did the Uruguay Round Accomplish and What Remains to be Done?," South African Journal of Economics, (September). Amjadi, Azita, Ulrich Reinke and Alexander Yeats (1996). "Did External Barriers Cause the Marginalization of Sub-Saharan Africa in World Trade," World Bank Discussion Paper Number. 348, (Washington: World Bank). Balassa, Bela (1978). 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