FORUM POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ A F R I Q U E 52102 Infrastructures africaines Une transformation impérative Vue d’ensemble LA BANQUE MONDIALE LA BANQUE MONDIALE SKU 32292 Vue d’ensemble Infrastructures Africaines Une Transformation Impérative Vivien Foster et Cecilia Briceño-Garmendia Editeurs Une publication conjointe de l’Agence française de développement et de la Banque mondiale Cette brochure donne une vue d’ensemble ainsi qu’une idée du contenu du livre à paraître, Infrastructures africaines : Une transformation impérative. Pour commander un exemplaire de cet ouvrage publié par la Banque mondiale, veuillez utiliser le formulaire placé au dos de cette brochure. © 2010 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 Internet : www.worldbank.org Email : feedback@worldbank.org Tous droits réservés 1 2 3 4 12 11 10 09 Cette brochure est produite par le personnel de la Banque internationale pour la recon- struction et le développement/la Banque mondiale. Les constats, interprétations et conclu- sions qui y sont exprimés ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque ni des États qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données figurant dans cet ouvrage. 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Pour obtenir l’autorisation de photocopier ou reproduire une quelconque partie de cet ouvrage, veuillez en faire la demande, accompagnée de toute l’information nécessaire, auprès du Copyright Clearance Center Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, USA ; télé- phone : 978-750-8400 ; fax : 978-750-4470 ; Internet : www.copyright.com. Toute autre question relative droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doit être adressée à l’Office of the Publisher, World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA ; fax : 202-522-2422 ; email : pubrights@worldbank.org. Le manuscrit de cette vue d’ensemble diffuse les constats d’un travail encore en cours, afin d’encourager l’échange d’idées sur les questions de développement. Son texte n’est pas définitif et n’est pas destiné à être cité. Conception de la couverture et de l’intérieur : Naylor Design Photo de couverture : Arne Hoel/World Bank; technician in a chlorination facility at a water treatment plant in Senegal. Série Forum pour le développement de l’Afrique Créée en 2009, la série Forum pour le développement de l’Afrique se concentre sur des questions particulièrement pertinentes pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne. Son but est, d’une part, de faire le point des connaissances sur un sujet particulier et, d’autre part, de contribuer aux débats locaux, régionaux et mondiaux actu- ellement en cours sur les politiques. Elle est aussi spécifiquement conçue pour fournir aux professionnels, chercheurs universitaires et étudiants les résultats des recherches les plus récentes, tout en mettant en évidence les promesses, défis et opportunités existant sur le continent. La série est parrainée par l’Agence française de développement et la Banque mondiale. Les manuscrits choisis pour être publiés constituent le meilleur des résultats des recherches et activités de ces deux institutions et ont été sélectionnés pour leur pertinence par rapport à l’agenda du développement. Travaillant ensemble, avec un même sens de leur mission et un but interdisciplinaire, les deux institutions ont entrepris de dépasser les frontières tra- ditionnelles, dans une recherche commune d’une nouvelle compréhension et de nouvelles façons d’analyser les réalités du développement de l’Afrique subsaharienne. Membres du Comité consultatif Agence française de développement Pierre Jacquet, directeur de la stratégie et chef économiste Robert Peccoud, directeur de la recherche Banque mondiale Shantayanan Devarajan, chef économiste, Région Afrique Jorge Arbache, économiste principal Contenu Préface Remerciements Abréviations Vue d’ensemble  Infrastructures africaines : Une transformation impérative Partie 1 Toute l’histoire Introduction  Le Diagnostic des infrastructures en Afrique 1 Satisfaire les besoins d’infrastructures de l’Afrique 2 Combler le déficit de financement de l’Afrique 3 S’attaquer à la pauvreté et aux inégalités 4 Mettre en place des institutions solides 5 Apporter des réponses à l’urbanisation 6 Approfondir l’intégration régionale Partie 2 Coups d’œil sur les secteurs 7 Technologies de l’information et de la communication : Un coup de fouet pour la croissance de l’Afrique 8 Énergie : Rattraper le retard v vi Contenu   9 Transports : Plus que la somme de ses parties 10 Routes : Aller au-delà d’un réseau interurbain 11 Chemins de fer : À la recherche du trafic 12 Ports et expéditions : Vers une approche propriétaire 13 Aéroports et transports aériens : Libéraliser pour la croissance, réglementer pour la sécurité 14 Ressources en eau : Gérer le fonds commun 15 Irrigation : Un potentiel important 16 Alimentation en eau : Plus de financement et une meilleure efficacité 17 Assainissement : Mesurer l’amélioration du bien-être Préface Cette étude fait partie du Diagnostic des infra- site Web interactif, qui permettra aux utilisa- structures nationales en Afrique (AICD), un teurs de télécharger des rapports personnali- projet conçu pour élargir la connaissance mon- sés et de procéder à diverses simulations. Une diale de l’infrastructure physique de l’Afrique. grande partie de ces données ont été rassem- L’AICD constituera une base de référence par blées expressément pour l’AICD. rapport à laquelle les futures améliorations La première phase de l’AICD s’est concen- de l’infrastructure pourront être mesurées, trée sur 24 pays représentant ensemble 85 % de façon à pouvoir suivre les résultats obte- du produit intérieur brut, de la population et nus avec le support des bailleurs de fonds. des flux de l’aide aux infrastructures en Afrique Elle devrait également constituer une base subsaharienne. Il s’agit de l’Afrique du Sud, du empirique plus solide pour la détermination Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du des priorités d’investissement et la conception Cap-Vert, de la Côte d’Ivoire, de l’Éthiopie, du des réformes des politiques dans le secteur des Ghana, du Kenya, du Lesotho, de Madagascar, infrastructures en Afrique. du Malawi, du Mozambique, de la Namibie, du L’AICD est basé sur un effort sans précé- Niger, du Nigeria, de l’Ouganda, de la Répub- dent réalisé pour récolter des données lique démocratique du Congo, du Rwanda, du économiques et techniques détaillées sur les Sénégal, du Soudan, de la Tanzanie, du Tchad secteurs infrastructurels africains. Le projet a et de la Zambie. Dans la deuxième phase du produit une série de rapports originaux sur les projet, la couverture est étendue pour inclure dépenses publiques, les besoins de dépenses et autant d’autres pays africains que possible. les performances de chacun des principaux L’AICD a été commandé par le Consor- secteurs infrastructurels, à savoir l’énergie, tium pour les infrastructures en Afrique les technologies de l’information et de la télé- (ICA) suite au Sommet 2005 du G-8 (Groupe communication, l’irrigation, les transports des huit) de Gleneagles en Écosse, qui a ainsi que l’eau et l’assainissement. Le présent pointé l’importance d’un passage à l’échelle volume fait la synthèse des constats les plus supérieure du financement des infrastruc- significatifs de ces rapports. Les données qui tures accordé par les bailleurs de fonds pour l’étayent de même que les rapports sectoriels soutenir le développement de l’Afrique. La seront mis à la disposition du public sur un Banque mondiale est en train de mettre en vii viii Préface œuvre l’AICD sous la houlette d’un comité l’examen par les pairs de tous les principaux de pilotage où sont représentés l’Union résultats de l’étude afin d’en garantir la qual- africaine, le Nouveau partenariat pour le ité technique. développement de l’Afrique (NEPAD), les Le Programme de politiques de trans- communautés économiques régionales de port en Afrique subsaharienne (SSATP) l’Afrique, la Banque africaine de développe- et le Programme d’alimentation en eau et ment (BAD), la Development Bank of South- d’assainissement (WSP) ont apporté une assis- ern Africa (DBSA) et les principaux bailleurs tance technique à la collecte des données et à de fonds du secteur des infrastructures. Le l’analyse relative à leurs secteurs respectifs. financement de l’AICD provient d’un fonds Le présent volume et les autres qui analy- fiduciaire multi-donateurs dont les prin- sent des sujets clés liés aux infrastructures, cipaux contributeurs sont le Département ainsi que les sources de données sur lesquels pour le développement international du ils s’appuient, pourront être téléchargés à par- Royaume-Uni (DFID), le Fonds de conseil tir du site http://www.infrastructure.africa. en infrastructure publique-privée (PPIAF), org. Des résumés indépendants sont mis à l’Agence française de développement (AFD), disposition en français et en anglais. la Commission européenne et la Kreditanstalt Toutes les demandes relatives à la dis- fur Wiederanfbaw de la République fédérale ponibilité d’ensembles de données doivent être d’Allemagne (KfW). Un groupe de représent- adressées aux éditeurs, à la Banque mondiale, ants distingués du monde politique et univer- Washington, DC. sitaire de l’Afrique et d’ailleurs ont procédé à Remerciements Ce rapport a été entrepris par le Bureau du sur des sujets environnementaux et Stephen directeur du Département du développement Minsk sur des aspects ruraux et agricoles. durable de la Région Afrique de la Banque Un jury consultatif technique extérieur a mondiale. Un certain nombre de directeurs procédé à un examen par les pairs indépen- ont surveillé la mise en œuvre du projet tout au dant, de la qualité des documents de référence long de son exécution, notamment (par ordre sur lesquels est basé ce document. Il était co- chronologique) Michel Wormser, John Henry présidé par Shanta Devarajan (chef économiste, Stein (acting) et Inger Andersen. Région Afrique, Banque mondiale) et Louis Les chefs de projet pour la rédaction Kasekende (chef économiste, Banque afri- du rapport étaient Vivien Foster et Cecilia caine de développement). Il rassemblait Adeola Briceño-Garmendia, et l’équipe de base du Adenikinju (professeur, Université d’Ibadan, projet incluait Aijaz Ahmad, Dominique Akele, Nigeria), Emmanuelle Auriol (professeur, Uni- Sudeshna Ghosh Banerjee, Sophie Hans- versité de Toulouse, France), Tony Gomez- Moevi, Elvira Morella, Nataliya Pushak, Maria Ibanez (professeur, John F. Kennedy School Shkaratan et Karlis Smits. of Government, Harvard University), Cheikh L’équipe de projet est reconnaissante à un Kane (expert indépendant en financement de certain nombre de collègues de la Banque l’infrastructure), et Xinzhu Zhang (professeur, mondiale qui leur ont servi de conseillers pour Académie chinoise des sciences sociales, Pékin). d’importants aspects transversaux du rapport. L’équipe éditoriale comprenait Bruce Ross- Parmi eux, Antonio Estache, Jose Luis Irigoyen Larson, Steven Kennedy et Joseph Caponio et et Jyoti Shukla ont fourni des conseils sur des a grandement contribué à améliorer la qualité questions générales d’infrastructure, Sarah du manuscrit final soumis au Bureau des pub- Keener sur des questions sociales, Paul Martin lications de la Banque mondiale. ix x Abréviations Abréviations AEA Alimentation en eau et assainissement AFRICATIP Association africaine des agences d’exécution des travaux d’intérêt public AGETIP Agence d’exécution des travaux d’intérêt public AICD Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (Africa Instructure Country Diagnostic) AMADER Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et l’électrification rurale APD Aide publique au développement BPC Botswana Power Corporation (compagnie d’électricité du Botswana) CEAR Central East African Railways (chemins de fer de l’Afrique centrale et orientale) Commercial Reorientation of the Electricity Sector Toolkit (outil de réorientation commerciale du secteur CREST de l’électricité) E&M Exploitation et maintenance EASSy Eastern African Submarine Cable System (le système de câble sous-marin de l’Afrique orientale) EDS Enquête démographique et de santé EP Entreprise privée EVP Equivalent vingt pieds FAD Fonds africain de développement GSM Réseau mondial de téléphonie mobile IBNET International Benchmarking Network IDA Association internationale de développement (International Development Association) KenGen Kenya Electricity Generating Company (la compagnie de production d’électricité du Kenya) KPLC Kenya Power and Lighting Company (la compagnie d’électricité et d’éclairage du Kenya) NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (New Partnership for Africa’s Development) NWSC National Water and Sewerage Corporation (la compagnie nationale des eaux et de l’assainissement) OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OMD Objectif du Millénaire pour le développement PCS Programme conjoint de surveillance PEI Producteur d’énergie indépendant PPI Participation privée dans l’infrastructure PSP Participation du secteur privé RNB Revenu national brut SAT-3 Câble sous-marin de l’Atlantique Sud 3/Afrique de l’Ouest South Africa-East Africa-South Asia-Fiber Optic Cable (le câble en fibre optique Afrique du Sud-Afrique de SEACOM l’Est- Asie du Sud) SIG Système d’information géographique SODECI Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire Programme de politiques de transport en Afrique subsaharienne (Sub-Saharan Africa Transport Policy SSATP Program) TEAMS The East Africa Marine System (Système de câble sous-marin de l’Afrique de l’Est) TIC Technologies de l’information et de la communication TIR Transports internationaux routiers TPT Tarif progressif par tranches USD Tous les montants sont en dollars EU sauf indication contraire VoIP Voix sur IP (Internet protocol) Worldwide Interoperability for Microwave Access (système de normes pour les transmissions de données à WiMAX haut-débit par voie hertzienne) Vue d’ensemble Infrastructures africaines : une Transformation impérative L e Diagnostic des infrastructures nationa- le développement de l’infrastructure de les en Afrique constitue une tentative sans la région. précédent pour rassembler des données • Le coût des services d’infrastructure afri- complètes sur les différents secteurs de l’infras- cains est deux fois plus élevé qu’ailleurs, tructure du continent – à savoir l’énergie, les reflétant ainsi à la fois l’absence d’écono- transports, l’irrigation, l’eau et l’assainissement, mies d’échelle au niveau de la production et les technologies de l’information et de la et les marges bénéficiaires élevées résultant communication (TIC) – et pour présenter une d’un manque de compétition. analyse intégrée des défis à relever dans chacun d’entre eux. L’important travail de terrain réa- • L’énergie est de loin le plus gros défi infras- tructurel de l’Afrique : une trentaine de lisé dans toute l’Afrique au titre de ce diagnos- pays sont ainsi régulièrement confrontés tic a permis de faire les constats suivants : à des pénuries d’électricité et beaucoup • Plus de la moitié des gains en matière de payent un prix élevé pour une alimentation croissance en Afrique est due aux infras- électrique de secours. tructures et la contribution à la croissance • Les coûts nécessaires à la satisfaction des de ces dernières pourrait être encore plus besoins d’infrastructure africains sont plus importante à l’avenir. de deux fois supérieurs aux estimations • Les réseaux d’infrastructure africains sont faites en 2005 par la Commission pour de plus en plus à la traîne par rapport à l’Afrique : environ 93 milliards de dol- ceux d’autres pays en développement ; ils se lars EU par an, dont environ un tiers pour caractérisent par un manque de connexions la maintenance. régionales ainsi que par une stagnation de • Le défi posé par les infrastructures varie l’accès offert aux individus. sensiblement selon les types de pays – • La géographie économique difficile de les États fragiles doivent faire face à un l’Afrique représente un défi majeur pour fardeau colossal, et les pays disposant de 1 2 Infrastructures africaines : une Transformation impérative ressources abondantes sont à la traîne malgré progrès de la pénétration des services de télé- leur richesse. communications. Par contre, la détérioration • Une part importante des infrastructures de la quantité et de la qualité de l’infrastruc- africaines est financée par des ressources ture énergétique au cours de la même période nationales, le budget des pouvoirs publics a ralenti la croissance, enlevant 11 points de centraux constituant le principal moteur de base à la croissance par habitant dans l’ensem- l’investissement dans le domaine. ble de l’Afrique et jusqu’à 20 points de base en Afrique australe. • Même si les principaux gains d’efficacité Les effets d’une amélioration supplémen- potentiels étaient réalisés, l’Afrique resterait confrontée à un écart de financement des taire des infrastructures africaines sur la crois- infrastructures de 31 milliards de dollars sance pourraient être encore plus importants. EU par an, essentiellement dans le secteur En effet, des simulations suggèrent que si tous de l’énergie. les pays africains rattrapaient l’Île Maurice (le leader régional en matière d’infrastructures), • Les réformes institutionnelles, réglemen- la croissance par habitant dans la région pour- taires et administratives en Afrique n’ont rait augmenter de 2,2 points de pourcentage. été qu’en partie réalisées, mais leurs effets Rattraper la République de Corée l’augmente- sur l’efficacité opérationnelle sont déjà rait de 2,6 points de pourcentage par an. En visibles. Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo et au Sénégal, les effets seraient encore Constat 1 : Les infrastructures ont plus importants. Dans la plupart des pays africains, en par- contribué à plus de la moitié de ticulier les pays à faible revenu, les infras- l’amélioration des performances de tructures apparaissent comme la principale l’Afrique au niveau de la croissance contrainte imposée aux affaires, faisant bais- ser la productivité des entreprises d’environ La croissance de l’Afrique s’est améliorée de 40 % (Escribano, Guasch et Pena, 2008). façon manifeste au cours de la dernière décen- Très souvent, les effets négatifs de l’insuffi- nie. Entre 2001 et 2005, les pays africains ont sance des infrastructures sont au moins aussi vu leurs économies croître au rythme soutenu pénalisants que ceux de la criminalité, la de 4 % par an. Les pays riches en ressources, bureaucratie, la corruption et les contraintes qui ont bénéficié de l’augmentation des cours des marchés financiers. Dans plusieurs pays, des produits de base, ont affiché les taux de l’énergie apparait comme le facteur de limita- croissance les plus élevés. La croissance géné- tion de loin le plus important, cité par plus de rale n’a cependant pas atteint les 7 % requis la moitié des entreprises dans plus de la moi- pour réduire sensiblement la pauvreté et tié des pays comme un obstacle majeur aux réaliser les Objectifs du millénaire pour le affaires. Dans d’autres pays, l’inefficacité des développement (OMD). Les infrastructures, activités portuaires et du dédouanement des essentielles pour le redressement de l’écono- marchandises est également très grande. Les mie africaine, devront jouer un rôle encore insuffisances des services de transport et des plus important pour permettre au continent TIC sont moins souvent citées mais peuvent d’atteindre les objectifs de développement être substantielles dans certains cas. qu’il s’est assignés. Les infrastructures contribuent non seule- Entre 1990 et 2005, les infrastructures ont, ment à la croissance économique mais aussi à travers l’Afrique, apporté 99 points de base à au développement humain (Fay et coll., 2005). la croissance économique par habitant, contre Elles sont un ingrédient clé de la réalisation 68 points de base pour les autres politiques des OMD. Une alimentation aisée et sûre en structurelles (Calderon, 2008). Cette contri- eau permet de gagner du temps et de stopper bution est presque entièrement attribuable aux la propagation de plusieurs maladies graves, Infrastructures africaines : une Transformation impérative 3 dont la diarrhée, l’une des principales cau- est très important pour ses pays à revenu fai- ses de mortalité et de malnutrition des petits ble ou revenu intermédiaire (voir Tableau 0.1). enfants. L’électricité facilite les services de Les différences sont considérables au niveau santé et d’éducation et stimule la productivité des routes revêtues, des lignes téléphoniques des petites entreprises. Les réseaux routiers et de la production d’énergie. Dans ces trois permettent d’atteindre les marchés locaux et domaines, l’Afrique a développé son parc d’in- mondiaux. Enfin, les TIC démocratisent l’ac- frastructures beaucoup plus lentement que cès à l’information et réduisent les coûts de d’autres régions en développement. Et si rien transport en permettant aux gens de réaliser ne change, l’écart va continuer à se creuser. des transactions à distance. Dans quelle mesure le déficit actuel de l’Afrique est-il dû à la faiblesse de son parc infrastructurel de départ ? L’Afrique a débuté Constat 2 : Les infrastructures avec un parc qui n’était généralement pas très africaines ont un retard considérable différent de ceux de l’Asie du Sud et de l’Est des années 1960 pour les routes, des années par rapport à celles d’autres pays en 1970 pour le téléphone et des années 1980 développement pour l’énergie. La comparaison avec l’Asie du Sud, dont le revenu par habitant est simi- Pour pratiquement chaque mesure de la cou- laire à celui de l’Afrique, est particulièrement verture des infrastructures, les pays africains frappante. En 1970, l’Afrique subsaharienne se situent loin derrière leurs pairs du monde disposait d’une capacité de production d’élec- en développement (Yepes, Pierce et Foster, tricité par million d’habitants presque trois 2008). Ce retard de l’Afrique subsaharienne fois supérieure à celle de l’Asie du Sud. En 2000, celle-ci avait laissé l’Afrique loin der- rière elle, avec une capacité de production Tableau 0.1  Déficit infrastructurel de l’Afrique d’électricité par million d’habitants près de Pays à faible deux fois supérieure. Toujours en 1970, l’Afri- revenu de Autres l’Afrique sub- pays à faibles que subsaharienne avait une densité de lignes Unités normalisées saharienne revenus téléphoniques principales double de celle de Densité des routes 31 134 l’Asie du Sud, alors qu’en 2000 cette dernière revêtues l’avait rattrapée. Densité totale du 137 211 Depuis 1990, la fourniture des services aux réseau routier ménages s’est à peine améliorée (voir Figure Densité des lignes 10 78 0.1a). Il est donc peu probable que l’Afrique téléphoniques atteigne les OMD relatifs à l’eau et à l’assai- Densité de la télépho- 55 76 nissement. De plus, selon les tendances actuel- nie mobile les, l’accès universel à ces services ainsi qu’à Densité d’Internet 2 3 d’autres services aux ménages demandera Capacité de production 37 326 encore 50 ans dans la plupart des pays afri- d’électricité cains (Banerjee, Wodon et coll., 2008). Même Couverture de 16 41 l’électricité là où les réseaux infrastructurels sont déjà Eau améliorée 60 72 en place, un pourcentage élevé des ménages n’est toujours pas raccordé, sans doute à cause Assainissement 34 51 amélioré d’obstacles liés à l’aspect demande mais aussi Source : Yepes, Pierce et Foster, 2008. parce que l’accès universel comprend plus que Note : La densité des routes est mesurée en kilomètres pour la mise en route physique des réseaux. Comme 100 kilomètres carrés de terres arables ; la densité téléphoni- que en lignes par millier d’habitants ; la capacité de production on pouvait s’y attendre, l’accès aux services d’électricité en mégawatts par million d’habitants ; la couverture d’infrastructure dans les zones rurales n’atteint de l’électricité, de l’eau et de l’assainissement en pourcentage de la population. qu’une partie de ce qu’il est en zone urbaine, 4 Infrastructures africaines : une Transformation impérative Figure 0.1  Accès des ménages aux services a. Stagnation des tendances b. Répartition zones rurales et urbaines 40 80 Pourcentage de la population Pourcentage de la population 30 60 20 40 10 20 0 0 1990–95 1996–2000 2001–05 Eau courante Électricité Toilettes à Téléphonie chasse d’eau fixe Eau courante Électricité National Rural Urbain Toilettes à Téléphonie fixe chasse d’eau Source : Banerjee, Wodon et coll., 2008. même si la couverture des villes reste faible par fluviaux) ou faites par la main de l’homme rapport aux normes internationales (Banerjee, (comme les villes et leur capacité d’accès à Wodon et coll., 2008) (voir Figure 0.1b). des canaux commerciaux tels que les ports). La connectivité intra-régionale est donc très faible, qu’on la mesure en termes de liaisons Constat 3 : La géographie économique autoroutières transcontinentales, d’intercon- nexions électriques ou de dorsales en fibre difficile de l’Afrique pose un défi optique. La plupart des corridors de transport majeur au développement des continus visent à fournir un accès aux ports de infrastructures sur le continent mer, tandis que le réseau routier intra-régional se caractérise par des discontinuités importan- Par rapport aux autres continents, l’Afrique se tes. Il existe peu d’interconnexions transfron- caractérise par une faible densité globale de la talières favorables à un commerce régional de population (36 personnes au kilomètre carré) l’énergie, malgré le fait que beaucoup de pays et un faible taux d’urbanisation (35 %), mais sont trop petits pour produire eux-mêmes une une croissance urbaine relativement rapide électricité économiquement rentable. Jusqu’à (3,6 % par an), un nombre relativement élevé récemment, toute l’Afrique de l’Est était privée de pays enclavés (15) et de nombreuses peti- d’accès à un câble sous-marin mondial per- tes économies. De plus, les conditions hydro- mettant des communications internationales logiques sont très variables, avec des écarts de et un accès à l'Internet à un coût raisonnable. précipitations considérables entre les régions, Le réseau interrégional à fibre optique est lui les saisons et les moments, une situation que le aussi incomplet, même s’il se développe rapide- changement climatique devrait exacerber. ment. À cause de leur isolement géographique, La fragmentation des réseaux d’infrastruc- les pays enclavés souffrent particulièrement du tures africains est le reflet de celle des États- manque de connectivité régionale. nations de la région. L’Afrique subsaharienne Tant la répartition dans l’espace que la comprend 48 États-nations, dont beaucoup migration rapide des populations de l’Afrique sont très petits. La majeure partie de ces pays constituent des problèmes majeurs pour la ont des populations de moins de 20 millions réalisation de l’accès universel. En zone rurale, d’habitants et des économies inférieures à plus de 20 % de la population vit dans des 10 milliards de dollars EU. Les frontières inter- sites de peuplement dispersés avec des densi- nationales n’ont qu’un faible rapport avec des tés de population avoisinant 15 personnes au caractéristiques naturelles (comme des bassins kilomètre carré. Les coûts de fourniture des Infrastructures africaines : une Transformation impérative 5 infrastructures sont donc comparativement Constat 4 : Les services élevés. En zone urbaine, des taux de crois- d’infrastructure sont deux fois plus sance démographique moyens de 3,6 % par élevés en Afrique qu’ailleurs an imposent une pression considérable sur les fournisseurs des services d’infrastructure. Non seulement les réseaux d’infrastructu- La couverture des services urbains a donc en res d’Afrique sont déficients, mais le prix des fait diminué au cours de la dernière décennie, services fournis est très élevé par rapport aux et des options à moindres coûts comblent les normes mondiales (voir Tableau 0.2). Que ce lacunes ainsi créées (Banerjee, Wodon et coll., soit pour l’énergie, l’eau, le transport routier, 2008 ; Morella, Foster et Banerjee, 2008). De la téléphonie mobile ou les services Internet, plus, la densité de population dans les villes les tarifs africains sont plusieurs fois supé- africaines est relativement faible par rapport rieurs à ceux pratiqués dans les autres parties aux normes mondiales et ne permet pas de du monde en développement. L’explication bénéficier de fortes économies d’échelle dans de ces prix plus élevés réside parfois dans la fourniture des services d’infrastructure. En des coûts réellement supérieurs et d’autres conséquence, les coûts de la fourniture d’un fois dans des profits élevés. Ces deux cas relè- train de services infrastructurels de base peu- vent, bien évidemment, de politiques radicale- vent facilement être deux fois plus élevés que ment différentes. ceux d’autres villes du monde en développe- L’énergie constitue l’exemple le plus fla- ment (Dorosh et coll., 2008). grant d’une infrastructure présentant des coûts Les ressources en eau de l’Afrique sont réellement plus élevés en Afrique qu’ailleurs. abondantes, mais vu le manque d’infrastruc- Beaucoup de petits pays ont des systèmes éner- ture de stockage et de distribution, elles sont gétiques nationaux inférieurs à 500 mégawatts, largement sous-exploitées. C’est pourquoi la sécurité liée à l’eau – une alimentation en eau fiable et des risques acceptables d’inonda- tions et d’autres événements imprévisibles, y Tableau 0.2  L’infrastructure coûteuse de l’Afrique compris ceux liés au changement climatique – Autres régions en demandera une augmentation substantielle de Secteur de Afrique sub- développe- la capacité de stockage de l’eau, actuellement l’infrastructure saharienne ment de 200 mètres cubes par habitant (Grey et Tarifs de l’électricité (dol- 0,02 – 0,46 0,05 – 0,10 Sadoff, 2006). Dans d’autres parties du monde, lars EU par kilowattheure) une telle capacité est de l’ordre de milliers de Tarifs de l’alimentation 0,86 – 6,56 0,03 – 0,60 en eau (dollars EU par mètres cubes. Les coûts de l’extension du stoc- mètre cube) kage de l’eau sont extrêmement élevés par rap- Tarifs de fret routier 0,04 – 0,14 0,01 – 0,04 port à la taille des économies d’Afrique, ce qui (dollars EU par tonne- plaide en faveur d’investissements progressifs, kilomètre) concentrés au départ sur la sécurité des res- Téléphonie mobile (dollars 2,60 – 21,00 9,90 sources en eau des pôles de croissance clés. EU par offre par mois) L’eau doit aussi être distribuée à des fins Téléphonie internationale 0,44 – 12,50 2,00 (dollars EU par appel de agricoles. Seuls 7 millions d’hectares situés 3 minutes vers les dans une poignée de pays sont équipés pour États-Unis) l’irrigation. Bien que ces surfaces représen- Service Internet par ligne 6,70 – 148,00 11,00 tent moins de 5 % des surfaces cultivées de téléphonique (dollars EU par mois) l’Afrique, elles génèrent 20 % de la valeur de Sources : Estimations des auteurs basées sur Africon 2008 ; la production agricole. Environ 12 millions Bannerjee, Skilling et coll., 2008 ; Eberhard et coll., 2008 ; d’hectares supplémentaires pourraient être Minges et coll., 2008 ; Teravaninthorn et Raballand, 2008 ; Wodon, 2008a et b. rendus économiquement viables sous irriga- Note : Les fourchettes reflètent les prix dans différents pays et tion à condition que les coûts soient maîtrisés pour des niveaux de consommation variés. Les prix pour les servi- ces de téléphonie et d’Internet représentent toutes les régions en (You, 2008). développement, Afrique comprise. 6 Infrastructures africaines : une Transformation impérative 6 AFRICA’S INFRASTRUCTURE: A TIME FOR TRANSFORMATION 0.2  Underlying Figure O.2 Figure Causes sous-tendant de la fourniture la crisePower Causes of Africa’s d’électricité en Afrique Supply Crisis MAURITANIA CAPE VERDE MALI NIGER SE CHAD SUDAN ERITREA NE GA GAMBIA L BURKINA DJIBOUTI GUINEA FASO GUINEA-BISSAU BENIN NIGERIA GHANA D'IVOIRE ETHIOPIA CÔTE SIERRA LEONE CENTRAL ON AFRICAN REPUBLIC RO LIBERIA IA ME TOGO AL DEMOCRATIC CA M SO EQUATORIAL GUINEA REPUBLIC OF UGANDA CONGO GABON KENYA GO SAO TOME AND PRINCIPE RWANDA S CON LE BURUNDI EL TANZANIA YCH SE COMOROS MALAWI Main cause or trigger MAYOTTE ANGOLA natural causes (droughts) ZAMBIA E IQU oil price shock MB AR ZA ZIMBABWE ASC NAMIBIA MO system disrupted by conflict MAURITIUS DAG high growth, low investment/structural issues BOTSWANA MA SWAZILAND SOUTH AFRICA LESOTHO Source : Eberhard et coll., 2008. Source: Eberhard and others 2008. Finding doncInfrastructure 6: Africa’s et ils dépendent souvent d’une petite • réglementé Interconnect fonctionnant capitals, ports,sur le principe border cross- du Spending production au Needs at diesel, Billion $93le dont coût peut aller «  de rôle  tourand ings, », où le secondary fretwith cities est attribué a good- aux jusqu’à 0,35 dollar a Year Are More than Double soit envi- par kilowattheure, transporteurs via un système centralisé de quality road network. ron deux fois Previous celui des pays Estimates the grands dotés by plus « queue » , au lieu deroad access aux permettre opérateurs • Provide all-season to Africa’s de centrales à charbon ou hydroélectriques de agricultural des passer directement high-value land.contrats bilatéraux Commission for Africa (Eberhard et coll., 2008). avec les clients. Les prix élevés du transport routier en • More than double Africa’s irrigated area. Les coûts élevés de la téléphonie interna- Meeting Africa’s infrastructure needs calls for • tionale Meet the Afrique sont plus a very substantial dus à de program of grosses marges infrastructure et MDGs for water des services and sanitation. Internet sont dus à une bénéficiaires qu’à des coûts investment and maintenance: importants (Tera- • combinaison de facteurs de coûts Raise household electrifi cation rates by profits. et de 10 vaninthorn et Raballand, 2008). Les prix pra- percentage points. Les pays qui n’ont pas accès à un câble sous- • Develop an additional 7,000 megawatts tiqués par les transporteurs routiers ne sont • marin Providepour globalleurs connexions systems internationales mobile voice signal a year of new power generation capacity pas beaucoup plus élevés en Afrique que dans doivent and publicavoir recours access à une broadband technologie percent de to 100 (about half through multipurpose water d’autres parties du monde, même en tenant of the population. communication par satellite, à des prix géné- storage schemes). compte des paiements non officiels. Les mar- ralement doubles de ceux dont bénéficient les • Enable regional power trade by laying ges bénéficiaires sont, par contre, exception- Implementing such an ambitious program to pays qui y ont accès. Même avec un accès à un 22,000 megawatts of cross-border transmis- address Africa’s infrastructure needs would cost nellement élevées, en particulier en Afrique câble sous-marin, les pays où existe un mono- sion lines. around $93 billion a year (about 15 percent of centrale et occidentale où elles atteignent pole sur ce portail international pratiquent des • Complete the intraregional fiber-optic 60 à 160 %. La cause en est une compétition the region’s GDP). Some two-thirds of this total tarifs sensiblement plus élevés que ceux sans backbone network and continental subma- relates to capital expenditure, and the remain- réduite combinée avec un marché fortement ing one-third (Minges monopole et coll., to operation and 2008). maintenance rine cable loop. AIATT OB 1-30.indd 6 10/13/09 11:27:18 PM Infrastructures africaines : une Transformation impérative 7 Constat 5 : L’énergie est de loin le de secours est onéreuse et, pour certains pays, plus grand défi infrastructurel de la note peut grimper jusqu’à 4 % du PIB. Sa facture absorbe une part importante des res- l’Afrique sources budgétaires, réduisant ainsi les moyens financiers disponibles pour des solutions à plus Qu’on les mesure en termes de capacité de pro- long terme. duction, de consommation électrique ou de sécurité de la distribution, les infrastructures énergétiques africaines ne fournissent qu’une partie des services dont dispose le reste du Constat 6 : Les besoins de l’Afrique en monde en développement (Eberhard et coll., matière de dépenses d’infrastructure, 2008). Les 48 pays de l’Afrique subsaharienne évalués à 100 milliards de dollars (800 millions d’habitants) génèrent plus ou EU par an, ont plus que doublé par moins la même quantité d’électricité que l’Espagne (45 millions d’habitants). Avec 124 rapport aux estimations précédentes kilowattheures par habitant et par an, actuel- de la Commission pour l’Afrique lement en baisse, la consommation d’électri- cité n’atteint que 10 % de celle que l’on trouve La satisfaction des besoins d’infrastructure ailleurs dans le monde en développement, soit de l’Afrique exige un important programme à peine assez pour alimenter une ampoule de d’investissement dans l’infrastructure et 100 watts par personne pendant trois heures l’entretien : par jour. Plus de 30 pays d’Afrique connaissent des • Mettre en place une capacité de production supplémentaire de 7 000 mégawatts par an pénuries d’énergie et des coupures régulières (dont environ la moitié à travers des systèmes de courant (voir Figure 0.2). Les causes sous- de stockage de l’eau à usages multiples). jacentes varient : incapacité à disposer d’une nouvelle capacité pour s’adapter à la demande • Rendre possible la vente d’électricité au issue de la croissance économique ; sècheres- niveau régional grâce à l’installation de ses réduisant la production d’hydroélectricité lignes de transport transfrontalières de en Afrique de l’Est ; hausses des prix pétroliers 22 000 mégawatts. pesant sur les importations de diesel de beau- • Achever le réseau interrégional princi- coup de pays d’Afrique de l’Ouest ; et destruc- pal de communication par fibre optique tion de l’infrastructure énergétique suite à des et la boucle du câble sous-marin autour conflits dans les États fragiles. Les entreprises du continent. africaines font état d’une perte de 5 % de leurs • Relier les capitales, ports, points de passages ventes, due à la fréquence des coupures de cou- des frontières ainsi que les villes secondaires rant – un pourcentage passant à 20 % dans le par un réseau routier de bonne qualité. cas des entreprises du secteur informel, qui ne peuvent se permettre un générateur de secours. • Fournir un accès routier en toutes saisons aux terres agricoles à haute valeur de l’Afrique. Dans l’ensemble, le coût des coupures de cou- rant pour l’économie peut facilement atteindre • Plus que doubler la surface sous irrigation de l’Afrique. 1 à 2 % du PIB. Une réaction fréquente à cette situation • Atteindre les OMD relatifs à l’eau et à consiste à passer des contrats à court terme de l’assainissement. fourniture d’électricité de secours. Ces fourni- • Relever les taux d’électrification des ména- tures atteignent au moins 750 mégawatts en ges de 10 points de pourcentage. Afrique subsaharienne, ce qui représente une • Fournir à 100 % de la population un accès part importante de la capacité nationale instal- aux systèmes mondiaux de téléphonie lée de certains pays. Avec un coût allant de 0,20 mobile et aux réseaux à large bande ouverts et 0,30 dollar le kilowattheure, cette électricité au public. 8 Infrastructures africaines : une Transformation impérative La mise en œuvre d’un programme aussi Tableau 0.3  Besoins globaux de dépense ambitieux de redressement de l’infrastructure d’infrastructure pour l’Afrique subsaharienne Milliards de dollars EU par an africaine devrait coûter quelque 93 milliards de dollars EU par an (environ 15 % du PIB de Secteur de Dépense Exploitation l’infrastruc- d’investisse- et mainte- Dépense la région). À peu près les deux tiers de ce mon- ture ment nance totale tant concernent les dépenses d’investissement TIC 7,0 2,0 9,0 et le dernier tiers les besoins d’exploitation Irrigation 2,9 0,6 3,4 et maintenance (voir Tableau 0.3 ; Briceño- Électricité 26,7 14,1 40,8 Garmendia, Smits et Foster, 2008). Ce montant est plus de deux fois supérieur Transports 8,8 9,4 18,2 aux 39 milliards de dollars EU de dépenses Eau et 14,9 7,0 21,9 assainissement d’infrastructure estimés par la Commission pour l’Afrique dans son rapport 2005. Ce Total 60,4 33,0 93,3 chiffre était fondé sur une étude économé- Source : Estimations des auteurs basées sur Banerjee, Wodon et coll., 2008 ; Carruthers, Krishnamani et Murray, 2008 ; trique inter pays plutôt que sur une modé- Mayer et coll., 2008 ; Rosne et Vennemo, 2008. Note : Les totaux pourraient ne pas être exacts à cause des lisation microéconomique plus détaillée au erreurs d’arrondi. TIC = technologies de l’information et de niveau des pays (Estache, 2005). Une mise à la communication. jour récente du modèle inter pays utilisé pour le rapport de la Commission pour l’Afrique donne une estimation révisée dans une four- ont tous contribué à la situation, le dernier fac- chette de 80 à 90 milliards de dollars EU, net- teur étant de loin le plus important. tement plus proche du montant cité plus haut On peut s’attendre à ce que la crise finan- (Yepes, 2007). cière mondiale de 2008 réduise la demande de Environ 40 % du total des besoins de certains types d’infrastructure, mais cela ne dépense ont trait à l’énergie, reflétant ainsi les devrait pas changer grand-chose à l’estima- déficits particulièrement élevés de l’Afrique. tion des besoins de dépense. C’est plus la pla- Environ un tiers des besoins d’investissement nification et les objectifs sociaux que la crois- dans l’énergie (quelque 9 milliards de dollars sance économique qui déterminent la majeure EU par an) est associé au stockage d’une eau partie des dépenses. Par exemple, les dépenses à usage multiple pour la gestion de l’énergie de transport sont largement basées sur des hydraulique et des ressources en eau. Après impératifs de connectivité, tandis que celles l’énergie, l’alimentation en eau et l’assainisse- de l’alimentation en eau et de l’assainissement ment suivis des transports sont les postes de sont déterminées par la réalisation des OMD. dépense les plus importants. Les besoins de dépense ayant le lien direct le Vu la récente escalade des coûts unitai- plus fort avec la croissance économique sont res, ces estimations constituent une limite ceux du secteur de l’énergie. Cependant, étant inférieure. Bien que l’estimation des besoins donné l’énorme retard d’investissement dans d’investissement soit basée sur les données de ce secteur, l’estimation des besoins doit prévoir coûts unitaires les plus précises disponibles, les un poste important pour la remise à neuf et la agences de développement signalent d’impor- mise à niveau de l’infrastructure. Ainsi, même tantes augmentations dans les coûts des projets en réduisant de moitié l’estimation de la crois- en cours d’exécution. Pour les projets routiers, sance économique de la région, les besoins ces hausses sont en moyenne de 35 %, mais de dépenses pour l’énergie ne diminueraient dans certains cas elles peuvent aller jusqu’à 50 que de 20 %. Il faut aussi s’attendre à ce que à 100  %. Un examen plus approfondi mon- la récession mondiale affecte la demande de tre que cette escalade n’est pas due à un seul services TIC ainsi que d’infrastructure liée facteur. L’inflation intérieure, les conditions au commerce, telle que les chemins de fer et serrées du secteur de la construction, la hausse les ports. La part de ces infrastructures dans des cours des produits pétroliers et une concur- le total des besoins de dépense n’est toutefois rence insuffisante en matière d’appels d’offres pas beaucoup plus élevée que 10 %. Infrastructures africaines : une Transformation impérative 9 Constat 7 : Le défi posé par les Figure 0.3  Poids des dépenses d’infrastructure infrastructures varie sensiblement 40 selon les types de pays 35 Pourcentage du PIB (%) 30 25 Le défi posé par l’infrastructure en Afrique 20 diffère considérablement selon les groupes 15 de pays (Briceño-Garmendia, Smits et Fos- 10 ter, 2008). Vu la grande diversité de situations 5 nationales sur le continent, il est utile d’établir 0 ag le Fr Non ou en éd enu une distinction entre (i) les pays à revenu inter- Fr aib s ile s re ss s ile rce rm v re iche R- iai nu F te Re ag PF ve s à médiaire (comme le Cap-Vert et l’Afrique du In à R Re Pay ys Pa Sud), (ii) les pays riches en ressources avec des économies fortement dépendantes des revenus Investissements Exploitation et maintenance des produits pétroliers ou minéraux (comme le Nigéria et la Zambie), (iii) les États fragiles Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. sortant d’un conflit (comme la Côte d’Ivoire Note : Les chiffres ont trait à l’investissement (à l’exception du et la République démocratique du Congo), et secteur public) et comprennent les dépenses récurrentes. Le secteur public couvre les entreprises publiques et non-financières générales. (iv) les autres pays à faible revenu qui ne sont ni fragiles ni riches en ressources (comme le Sénégal et l’Ouganda). C’est dans les États fragiles que l’enver- 25 % de leur PIB à la construction et au sou- gure des défis en matière d’infrastructure est, tien d’un parc infrastructurel de base, une et de loin, la plus grande (voir Figure 0.3). exigence difficile à envisager en pratique. Ces Les conflits récents qui ont affecté ces pays pays devront donc faire des choix difficiles ont généralement mené à la destruction ou quant aux priorités accordées à leurs investis- au démembrement de leurs (déjà modestes) sements dans l’infrastructure et la plupart ont parcs infrastructurels nationaux. En Répu- encore un long chemin à faire pour améliorer blique démocratique du Congo, environ l’efficacité des opérations de l’infrastructure 50 % des actifs d’infrastructure ont besoin existante. d’être réhabilités. Les besoins de dépense Les pays riches en ressources sont, en prin- dans l’infrastructure des États fragiles sont cipe, plus à même de satisfaire leurs besoins particulièrement importants, surtout com- de dépense dans l’infrastructure, même si en parés à la dimension de leur économie. Pour pratique, ils ont été peu enclins à le faire. Ces construire un parc infrastructurel solide, ces besoins pourraient être satisfaits pour le coût pays devraient consacrer en moyenne 37 % plus raisonnable, d’environ 12 % de leur PIB. de leur PIB aux dépenses d’infrastructure. Vu De plus, les confortables redevances qu’ils ont leur environnement difficile, ils attirent rela- perçues pendant le récent boom des produits tivement peu de financements extérieurs, ne de base constituent une source de financement bénéficiant que de 10 % de l’assistance étran- toute trouvée. Malgré cela, leurs stocks d’actifs gère au développement et de 6 % des flux infrastructurels sont à la traîne par rapport à de capitaux privés alloués à l’infrastructure. ceux des pays non fragiles à faible revenu et leur En plus de supporter des charges financières dépense dans l’infrastructure est moindre. Ils considérables, les États fragiles ne font pas le n’ont pas consacré leurs richesses supplémen- meilleur usage des ressources dont ils dispo- taires au développement de leurs infrastruc- sent ; ils sous-investissent dans l’entretien et tures mais au remboursement de leurs dettes. traitent souvent avec des prestataires de servi- Dans un environnement riche en ressources, ces inefficaces. les problèmes de gouvernance pourraient donc Les pays non fragiles à faible revenu bien empêcher la transformation de la richesse devraient consacrer, en moyenne, environ en infrastructures. 10 Infrastructures africaines : une Transformation impérative Tableau 0.4  Dépense actuellement affectée aux besoins d'infrastructure de l'Afrique subsaharienne Milliards de dollars EU par an Exploitation et maintenance Dépense d’investissement Secteur de l’in- Dépense Secteur Secteur Financiers Secteur frastructure totale public public APD non OCDE privé Total TIC 9,0 2,0 1,3 — — 5,7 7,0 Électricité 11,6 7,0 4,1 — — 0,5 4,6 Transports 16,2 7,8 2,4 1,9 3,0 1,1 10,9 Eau et 7,6 3,1 0,7 1,1 0,7 2,1 4,6 assainissement Irrigation 0,9 0,6 0,1 0,2 0,0 — 0,3 Total 45,3 20,4 9,4 3,6 2,5 9,4 27,4 Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note : Basé sur les moyennes annualisées pour 2001 à 2006. Moyennes pondérées par le PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations basées sur l’échantillon de 24 pays couverts dans la Phase 1 de l’AICD. Les totaux pourraient ne pas être exacts à cause des erreurs d’ar- rondi. TIC = Technologies de l’information et de la communication ; APD = aide publique au développement ; OCDE = Organisation pour la coopération et le développement économiques. — Non disponible. Satisfaire les besoins d’infrastructure des liards de dollars EU proviennent de sources pays à revenu intermédiaire semble beaucoup extérieures (voir Tableau 0.4). plus facile à gérer. Avec 10 % de leur PIB, ces Le secteur public reste la principale source pays devraient être en mesure de faire face à de financement pour l’eau, l’énergie et le trans- leurs besoins de dépense dans l’infrastructure. port dans tous les États, hormis ceux qui sont Ils sont aussi nettement meilleurs en matière fragiles. L’investissement public est largement d’entretien des actifs et d’efficacité institution- financé par les impôts et les taxes et passe par nelle. Le fait qu’une plus grande partie de leur les budgets des pouvoirs publics centraux, tan- population soit regroupée dans les villes facilite dis que les dépenses d’exploitation et mainte- aussi la mise en place des réseaux de services. nance sont en grande partie financées par les redevances des consommateurs et réalisées à travers les entreprises publiques. Par rapport au PIB, les niveaux actuels des financements Constat 8 : Une part importante des publics sont substantiellement plus élevés dans infrastructures africaines est financée les pays à faible revenu, absorbant générale- par des ressources nationales ment 5 à 6 % du PIB total (voir Figure 0.4). Toutefois, en termes absolus, ces dépenses res- Les dépenses actuelles relatives aux infrastruc- tent très faibles, ne représentant pas plus de tures africaines sont plus élevées que ce qu’on 20 à 30 dollars EU par habitant et par an (Bri- avait imaginé. Elles s’élèvent à 45 milliards ceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008). de dollars EU par an en tenant compte des Si on ne considère que l’investissement, dépenses budgétaires et extrabudgétaires (y l’aide publique au développement, la par- compris les entreprises publiques et les fonds ticipation privée dans l’infrastructure et les extrabudgétaires) et des financements exté- financements non-OCDE dépassent ensemble rieurs. Ceux-ci incluent le secteur privé, l’aide l’investissement public financé sur ressour- publique au développement et les financiers ces nationales (Briceño-Garmendia, Smits et n’appartenant pas à l’Organisation pour la Foster, 2008). Le secteur privé est de loin la coopération et le développement économiques source la plus importante, à part égale avec (OCDE). Jusqu’à deux tiers de ces dépenses l’investissement public national. Des flux de globales proviennent de sources nationales : 30 capitaux moins importants, quoiqu’encore milliards de dollars EU de dépenses annuelles significatifs, sont fournis par l’aide publique au sont financés par le contribuable africain et développement et, dans une moindre mesure, l’usager des infrastructures, et 15 autres mil- par les pays bailleurs de fonds non membres Infrastructures africaines : une Transformation impérative 11 Figure 0.4  Dépenses publiques d’infrastructure par En premier lieu, certains pays allouent à des rapport au PIB domaines infrastructurels des ressources qui 7.0 ne sont pas totalement justifiées (Briceño-Gar- mendia, Smits et Foster, 2008). Dans l’ensem- 6.0 ble, cet « excès de dépenses » atteint 3,3 mil- Pourcentage du PIB (%) 5.0 liards de dollars EU par an. La majeure partie de cet excès de dépenses correspond à la dépense 4.0 publique en faveur des infrastructures TIC 3.0 que le secteur privé pourrait prendre charge, en particulier dans les pays à revenu intermé- 2.0 diaire. Quoique certaines de ces «  dépenses 1.0 excédentaires » puissent se justifier par une découpe en phases ou un séquençage, elles 0 pourraient, au moins en partie, être réallouée e éd nu gil u ou en ev e à nn fra n re es s m ve n eve à des secteurs sous-financés. Il faut donc un e r gil ss s rie u rce re iche en iai er re ibl ra ha no le r int ys à fa s f R sa contrôle plus rigoureux de la cohérence entre aib y b- Pa Pa àf su ue les dépenses d’infrastructures et les besoins et ys Pa riq Af priorités identifiés, en prenant en compte les Investissements Exploitation et maintenance rendements économiques attendus. Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. En deuxième lieu, les pays africains n’exé- cutent en général que deux-tiers des bud- gets alloués à l’investissement public dans les infrastructures (Briceño-Garmendia, Smits et de l’OCDE comme la Chine, l’Inde et les États Foster, 2008). Utilisé autrement, l’investisse- arabes. Les centres d’intérêt sont nettement ment public pourrait théoriquement augmen- différents dans chaque cas. Ainsi, l’aide publi- ter de 30 % sans accroissement des dépenses, que au développement contribue de façon simplement en éliminant les goulets d’étran- significative à la gestion des ressources en eau glement institutionnels qui entravent l’exécu- et aux transports, en particulier dans les États tion des budgets d’investissement. Parmi les fragiles. Le financement non-OCDE est impor- changements, il faudrait améliorer la planifica- tant dans l’énergie et les chemins de fer, spécia- tion des projets d’investissement, réaliser plus lement dans les pays riches en ressources. La tôt les études de faisabilité, avoir des processus participation privée dans les infrastructures est de passation des marchés plus efficaces et pas- fortement concentrée sur les TIC. ser à une budgétisation pluriannuelle à moyen terme. Le fait de faire passer à 100 % le taux d’exécution des budgets permettrait de déga- Constat 9 : En tenant compte des ger quelque 1,9 milliard de dollars EU supplé- gains d’efficacité potentiels, le déficit mentaires par an pour l’investissement public. de financement des infrastructures En troisième lieu, environ 30 % des actifs infrastructurels africains nécessitent une réha- africaines est supérieur à 31 milliards bilitation (voir Figure 0.5). Cette proportion de dollars EU par an, essentiellement est même plus élevée pour les infrastructures dans le secteur de l’énergie rurales et dans les pays affectés par des conflits violents. Le retard accumulé dans les travaux Une réduction majeure des inefficacités actuel- de réhabilitation est une séquelle de la fai- les pourrait apporter un dividende annuel blesse des dépenses allouées à l’entretien, un de 17 milliards de dollars EU à l’enveloppe gaspillage de taille, étant donné que le coût de actuelle des ressources. Ce dividende est donc réhabilitation des infrastructures est plusieurs une mesure du défaut d’efficacité global de fois supérieur au coût total d’un bon entretien l’infrastructure africaine (Briceño-Garmendia, préventif. Ainsi, 1 dollar EU dépensé à l’entre- Smits et Foster, 2008). tien des routes permet d’économiser 4 dollars 12 Infrastructures africaines : une Transformation impérative Figure 0.5  Retard accumulé dans les travaux de réhabilitation vances et l’excès de personnel sont des causes 50 majeures du défaut d’efficacité des installations africaines d’eau et d’électricité (voir Figure 0.6). Indice moyen de réhabilitation (%) Les compagnies publiques n’encaissent géné- 40 ralement que 70 à 90 % des sommes facturées et les pertes dans la distribution peuvent faci- 30 lement atteindre le double de celles des prati- ques modèles techniques. D’après les enquêtes 20 sur les ménages, environ 40 % des personnes raccordées aux services publics ne semblent 10 pas payer pour ceux-ci, et cette proportion passe à 65 % dans une importante minorité 0 de pays. Le sous-recouvrement constitue aussi gie le s n s s ale r les e fe ale ine le tio un problème pour certains fonds routiers afri- ra nn ra ra ur er de ru iga ip ba e ru ru én er oy inc ins n ur Irr s es nn no M n cains (Gwilliam et coll., 2008). Les entreprises ne pr s em tio ut ne e zo ne oy es Ro uc Ch zo en ut M u od publiques de télécommunication occupent à Ea u Ro oy Pr Ea M peu près six fois plus d’employés par raccorde- Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. ment que les opérateurs privés des autres pays Note : L’indice de réhabilitation donne le pourcentage moyen à travers les pays de chaque type d’infrastructure en mauvais état et nécessitant donc une réhabilitation. en développement. Pour les TIC, les pays où subsistent des entreprises publiques subissent souvent des pertes importantes, en moyenne EU en réhabilitation. Une certaine réalloca- de 0,2 % du PIB, à cause de l’excès de person- tion des ressources de l’investissement vers nel. De même, quoique à un degré moindre, l’entretien peut donc se justifier, en particulier le suremploi dans les compagnies d’eau et dans les pays à faible revenu où les dépenses d’électricité est de 20 à 80 % supérieur à celui d’entretien sont très faibles. Pour les routes, des compagnies comparables dans d’autres on estime que 2,4 milliards de dollars EU de régions en développement. Dans l’ensemble, dépenses d’investissement dans la réhabilita- les pertes de revenu dues à ces manques d’ef- tion auraient pu être évités grâce à un entretien ficacité peuvent facilement être plusieurs fois préventif correct. supérieures au chiffre d’affaires actuel des ser- En quatrième lieu, les pertes dans la distri- vices publics concernés. Pour l’électricité, ces bution, le recouvrement insuffisant des rede- pertes sont également conséquentes au niveau Figure 0.6  Coûts cachés des inefficacités des services publics a. Énergie b. Eau 5 5 Pourcentage du PIB Pourcentage du PIB 4 4 3 3 2 2 1 1 0 0 ne ne éd nu ou en gil u gil e éd nu ou en gil u gil e fra ibl fra n fra ibl fra ven ien ien re s es es m ve n eve re s es es m ve ss s rce ss s nu fa rce re iche nu fa iai re iche er re ar iai er re e ar no e r ve s à no le r ve s à ah ah int ys à int ys à r r l re ay aib bs re Pay ys aib bs ys n Pa P Pa su Pa Pa su àf àf ue ue ys ys riq riq Pa Pa Af Af Pertes non comptabilisées Inefficacités dans la collecte Emplois redondants Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Infrastructures africaines : une Transformation impérative 13 national, absorbant en moyenne chaque année de la subvention des services résidentiels. En en Afrique subsaharienne jusqu’à 0,5 % du fait, le manque de ciblage est tel qu’un proces- PIB ou 3,4 milliards de dollars EU (Briceño- sus complètement aléatoire d’allocation des Garmendia, Smits et Foster, 2008). En ce qui subventions au sein de la population serait concerne l’eau, la valeur absolue des ineffica- trois fois plus performant pour atteindre les cités est plus faible, avec un montant moyen personnes pauvres. correspondant à 0,2 % du PIB, soit 1 milliard Le déficit global de financement nécessaire de dollars EU par an. pour satisfaire les besoins d’infrastructure en En cinquième lieu, la sous-tarification des Afrique est donné par la différence entre les services d’infrastructure est conséquente. Bien besoins estimés de dépense dans l’infrastruc- que les prix pratiqués en Afrique pour l’infras- ture et une enveloppe potentielle de ressources tructure soient supérieurs aux normes interna- comprenant les dépenses actuelles et les gains tionales, il en va de même pour les coûts, et les d’efficacité possibles. Même si ces gains pou- tarifs relativement élevés ne réussissent pas à vaient être entièrement réalisés, il subsisterait couvrir plus que les coûts d’exploitation. Sans un écart de financement d’environ 31 milliards tenir compte des subventions importantes de dollars EU par an (voir Tableau 0.5). Il ne octroyées aux gros consommateurs industriels, pourrait être comblé que par une levée de qui ne peuvent être facilement quantifiées, la fonds supplémentaires, ou par l’adoption de sous-tarification de l’eau et de l’électricité technologies moins coûteuses, ou par le choix entraîne un manque à gagner dont le mon- de cibles de développement des infrastructures tant total pourrait atteindre 4 milliards de moins ambitieuses. dollars EU par an – une subvention implicite En considérant l’ensemble des secteurs, aux consommateurs de ces services (Briceño- environ 60 % de ce déficit de financement Garmendia, Smits et Foster, 2008). À cause du concerne l’électricité (voir Figure 0.7, panneau retard dans l’accès aux services d’infrastruc- a). Le reste a trait à l’eau et à l’irrigation. Il n’y ture en Afrique, environ 90 % des personnes a pas de déficit de financement important pour bénéficiant de la distribution d’eau courante les TIC ou le transport. ou d’électricité font partie des 60 % les plus Pour l’ensemble des pays, le montant en riches de la population (voir Figure 0.9, pan- dollars EU du déficit financier est uniformé- neau a ; Banerjee, Wodon et coll., 2008). Les ment réparti entre les différents groupes de ménages plus aisés profitent donc largement revenu. Même si les écarts de financement les Tableau 0.5  Trouver des ressources : le défaut d’efficacité et le déficit de financement Milliards de dollars EU par an Eau et assai- nisse- Gain trans- Indicateurs Énergie TIC Irrigation Transports ment sectoriel Total Besoins de dépense dans l’infrastructure (40,8) (9,0) (3,4) (18,2) (21,9) (93,3) Dépense orientée vers les besoins 11,6 9,0 0,9 16,2 7,6 45,3   Défaut d’efficacité : 6,0 1,3 0,1 3,8 2,9 3,3 17,4  Gains provenant de l’exécution des 0,2 0,0 0,1 1,3 0,2 1,9 investissements  Gains provenant de l’élimination des 3,4 1,2 0,0 2,4 1,0 8,0 inefficacités opérationnelles  Gains provenant du recouvrement 2,3 0,0 0,0 0,1 1,8 4,2 des coûts  Potentiel de réallocation 3,3 Déficit de financement (23,2) 1,3 (2,4) 1,9 (11,4) 3,3 (30,6) Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note : TIC = Technologies de l’information et de la communication. — Non disponible. Vide : non applicable. 14 Infrastructures africaines : une Transformation impérative plus importants concernent les dépenses d’in- ils devraient en effet augmenter encore subs- vestissement, les déficits relatifs à l’exploitation tantiellement leurs dépenses pour atteindre et à l’entretien sont également conséquents, en leurs objectifs d’investissement dans des délais particulier dans les États fragiles. Le ratio du raisonnables. déficit de financement infrastructurel au PIB Une autre possibilité serait d’adopter des illustre la difficulté de le combler. Le poids de technologies moins coûteuses afin de com- ce déficit est insurmontable pour les États fra- primer les besoins d’investissement. Environ giles. En plus de leur dépense actuelle, il leur un tiers des besoins de dépense pourraient faudrait consacrer 25 % de leur PIB pour com- être économisés dans les transports ainsi que bler leur manque d’infrastructure. Par rapport l’eau et l’assainissement, en adoptant des à la taille des économies, les déficits de finan- routes d’une conception moins chère et des cement de loin les plus importants concernent solutions plus modestes pour l’eau et l’assai- l’énergie, les transports et l’eau dans les États nissement (telles que des bornes-fontaines et fragiles (voir Figure 0.7, panneau b). des latrines améliorées). Les pays sont confron- Comme montré plus haut, l’écart de finan- tés à la nécessité de compromis rigoureux cement, en particulier dans les pays à faible entre le niveau de service fourni et la vitesse revenu, représente probablement plus que à laquelle ils peuvent desservir l’entièreté de ce qu’ils pourraient raisonnablement espérer leur population. mobiliser à travers les circuits de financement disponibles. Des mesures supplémentaires devraient être prises pour ce groupe de pays Constat 10 : Les réformes particulièrement difficiles. institutionnelles, réglementaires et Une des options possibles serait de prolon- ger la durée des programmes d’investissement administratives africaines n’ont été proposés. Les simulations montrent que les qu’en partie réalisées pays à faible revenu pourraient atteindre leurs objectifs d’investissement en 20 ans sans aug- Au cours de la dernière décennie, les États afri- menter les enveloppes de dépenses actuelles, à cains ont fait des efforts concertés en faveur condition d’exploiter complètement les gains d’une réforme institutionnelle des infrastruc- d’efficacité. On ne peut toutefois pas dire la tures. Il faut cependant honnêtement recon- même chose des États fragiles. Même si les naitre que cette réforme n’est probablement inefficacités étaient entièrement éliminées, arrivée qu’à mi-chemin (Vagliasindi et Nellis, Figure 0.7  Déficit de financement des infrastructures, par secteur et type de pays a. Par secteur b. Par type de pays 4 30 25 Pourcentage du PIB Pourcentage du PIB 3 20 2 15 10 1 5 0 0 un et e té t rts n m n sd gil e gil u ou es iai u en tio fra aibl fra n éd n ici ica de po ss ch m tio ie es es s n eve m ve em re iga rce ctr n co a log s re s ri nu f er re tio an ss no le r Éle ve s à Irr la form no en Pay int ys à i Tr ain re Pay aib h l’in Tec s Pa as àf et ys Pa u Ea Investissement Exploitation et maintenance Source : Briceño-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Infrastructures africaines : une Transformation impérative 15 Figure 0.8  État de la réforme institutionnelle à travers les secteurs d’infrastructure a. Services publics b. Transport 100 100 90 90 80 80 Scores de l’indicateur Scores de l’indicateur 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 gie u om rts Ea de ins er Po léc r em fe Én Té Ch Réformes Réglementation Gouvernance Source : Vagliasindi et Nellis, 2009. 2009). Des progrès ont certes été réalisés, mais routes à péage sont cantonnées à l’Afrique du peu de pays possèdent un cadre institution- Sud, le volume du trafic dans les autres parties nel moderne pour ces secteurs. Globalement, de l’Afrique n’étant pas suffisant pour rendre les télécommunications enregistrent les plus ce type d’entreprise financièrement rentable. grands progrès, tandis que les transports res- Dans l’électricité, l’eau et les chemins de fer, tent en queue de peloton (voir Figure 0.8). le secteur privé a apporté des améliorations à L’approche varie aussi suivant les secteurs. la performance des opérations mais pas de Ainsi dans les télécommunications, l’accent a nouveaux financements. Les nombreuses été mis sur la mise en œuvre d’une réforme concessions (et les formes contractuelles cor- du secteur tandis que pour l’eau il portait sur respondantes) dans les chemins de fer, l’élec- l’amélioration de la gouvernance des entrepri- tricité et la distribution d’eau n’ont pas donné ses publiques. lieu à des investissements importants. À cause Le degré de participation du secteur privé d’une combinaison de tarifs bas et de faibles varie énormément (Vagliasindi et Nellis, 2009). volumes, aucune de ces activités ne dégage des Depuis le milieu des années 1990, beaucoup de flux de trésorerie suffisants pour financer des pays africains ont tenté différentes formes de investissements. Cependant, ces mécanismes participation du secteur privé dans l’infras- contractuels ont souvent (quoique pas tou- tructure, avec des résultats très divers (voir jours) été bénéfiques aux performances opéra- Tableau 0.6). tionnelles, même s’ils ont été marqués par des Le secteur privé ne s’est montré disposé à renégociations et des annulations prématurées. investir que dans la téléphonie mobile, les cen- De plus en plus de nouveaux mécanismes sont trales électriques et les terminaux à conteneurs. mis à l’essai ; c’est le cas par exemple du contrat Le nombre d’abonnés au téléphone mobile et pluriannuel basé sur la performance passé avec la part de la population captant des signaux le secteur privé pour l’entretien des routes, qui mobiles ont été multipliés par dix en cinq ans, semble prometteur pour la garantie des acti- grâce à la concurrence entre les opérateurs vités d’entretien et le maintien des coûts à un privés. Les investisseurs privés ont aussi fourni niveau raisonnable. d’importants moyens financiers à la produc- Quelques progrès ont été réalisés au niveau tion thermique d’énergie (3 000 mégawatts) de la réforme de la gouvernance des entrepri- et aux terminaux à conteneurs dans les ports, ses publiques, où les contrats de performance même si ces moyens restent nettement infé- basés sur l’incitation et les audits externes rieurs aux besoins. Les concessions pour les semblent donner des résultats. Les réformes 16 Infrastructures africaines : une Transformation impérative Tableau 0.6  Aperçu de la participation privée dans les infrastructures plus ou moins indépendants, commencent à Secteur de l’in- Degré de participa- Nature de se répandre à travers les secteurs, même si peu frastructure tion du privé l’expérience Perspectives d’entreprises sont entièrement transformées TIC en sociétés, avec une obligation limitée, un Téléphonie mobile Plus de 90 % des pays Extrêmement bénéfi- Plusieurs pays peuvent taux de rentabilité à atteindre et une politique ont délivré des licences à que, avec une crois- encore potentiellement de dividendes. Les contrats de performance des opérateurs multiples sance exponentielle de accorder des licences la couverture et de la supplémentaires accompagnés d’incitations et d’audits externes pénétration indépendants sont devenus des caractéristi- Téléphonie fixe Environ 60 % des pays Contestable dans cer- Plusieurs pays ont ques essentielles du processus de réforme de ont cédé des parts dans tains cas, mais a aidé encore le potentiel la gouvernance dans les entreprises publiques, les services publics de à améliorer l’efficacité d’entreprendre des télécommunications globale du secteur désinvestissements tant pour l’électricité que pour l’eau. Associées Électricité à des incitations à la performance managériale, ces mesures semblent avoir un effet concret Production 34 projets d’électricité Peu d’annulations mais Continuation probable, d’électricité indépendants fournissent des renégociations vu les considérables sur la performance générale. L’introduction 3 000 MW de capaci- fréquentes ; les accords demandes non satisfaites d’audits indépendants a aussi accru l’effica- tés supplémentaires ; d’achat d’électricité se et la capacité limitée du investissements de 2,5 sont avérés chers pour secteur public cité des services publics tant de l’eau que de milliards de dollars EU les services publics l’électricité. Distribution 16 concessions et 17 Problématique et Mouvement vers des La preuve d’un lien entre l’introduction d’électricité contrats de gestion et de contestable ; un quart modèles hybrides impli- d’un organe de réglementation indépendant et bail dans 24 pays des contrats ont été quant le secteur privé annulés avant leur local dans des cadres l’amélioration de la performance est moyenne- expiration semblables ment claire (Vagliasindi et Nellis, 2009). Cer- Transports tains critiques avancent que les agences de régle- Aéroports Quatre concessions Pas d’annulations, mais Nombre limité d’aéro- mentation ont tout simplement créé des risques aéroportuaires, investis- quelques leçons ont ports supplémentaires supplémentaires à cause du caractère impré- sements de moins de 0,1 été tirées viables pour des milliard, plus quelques concessions visible de leurs décisions, dû à leur pouvoir désinvestissements discrétionnaire et à des objectifs trop larges Ports 26 concessions pour des Les processus peuvent Bon potentiel pour (Eberhard, 2007). L’autonomie réglementaire terminaux à conteneurs, être contestables, mais continuer demeure hors d’atteinte : dans certains pays, le investissements de 1,3 les annulations ont été milliard de dollars EU peu nombreuses et les taux de rotation des commissaires a été élevé résultats positifs et l’écart entre la loi (ou les règlements) et la Chemins de fer 14 concessions de Renégociations fré- Continuation probable pratique a été profond. Pour l’eau, où la grande chemins de fer, investisse- quentes, faible trafic mais le modèle doit être majorité des prestataires de services sont des ments de 0,4 milliard de et des obligations de adapté dollars EU services publics coûteu- entreprises publiques, il n’y a aucune preuve ses gardent le niveau d’avantages dus à la réglementation. Pour des investissements en dessous des attentes l’électricité et les télécommunications, certains effets sont perceptibles, mais ils sont loin d’être Routes 10 projets de routes à Pas d’annulations Limité, parce que seule- péage, presque tous en signalées ment 8 % du réseau rou- sans équivoque. La faiblesse de l’autonomie Afrique du Sud, investis- tier satisfait aux seuils de réglementaire et des contraintes de capacité sements de 1,6 milliard trafic minimum, presque de dollars EU tous en Afrique du Sud sapent la crédibilité des régulateurs indépen- dants. La plupart des organes de réglementa- Eau tion africains sont embryonnaires et manquent Eau 26 transactions, princi- Problématique et Mouvement vers des palement des contrats de contestable ; 40 % modèles hybrides impli- de moyens financiers et, dans bien des cas, de gestion et de bail des contrats ont été quant le secteur privé personnel qualifié. annulés avant leur local dans des cadres expiration semblables Sources : Élaboré par les auteurs sur la base de Bofinger, 2009 ; Bullock, 2009 ; Eberhard et coll., 2008 ; Gwilliam et coll., 2008 ; Minges et coll., 2008 ; Mundy et Penfold, 2008 et Svendsen, Ewing et Msangi, 2008. Principales recommandations Note : TIC = Technologies de l’information et de la communication ; MW = mégawatts. En se fondant sur ces Constats, on peut formu- de la gouvernance d’entreprise, y compris la ler les 10 recommandations clés suivantes : mise en place de conseils d’administration Infrastructures africaines : une Transformation impérative 17 • S’attaquer au défaut d’efficacité des infras- • Combler le déficit de financement des tructures africaines est une priorité absolue infrastructures africaines est essentiel dont le dividende potentiel s’élève à 17 mil- pour la prospérité de la région, et la crise liards de dollars EU par an. financière mondiale n’a fait que rendre la question des infrastructures encore plus • L’une des inefficacités les plus flagrantes est pertinente. l’incapacité à assurer l’entretien des actifs infrastructurels – l’entretien doit être consi- déré comme un investissement dans la pré- Recommandation 1 : S’attaquer au servation des actifs. défaut d’efficacité des infrastructures • La réforme institutionnelle reste essentielle africaines constitue une priorité absolue si l’on veut s’attaquer aux inefficacités opé- des politiques rationnelles des services publics à travers, à Les Constats présentés soulignent l’ampleur de la fois, la participation du secteur privé et l’inefficacité avec laquelle l’Afrique dépense ses des réformes de la gouvernance des entre- ressources d’infrastructures actuelles. Sur ses prises publiques. 93 milliards de dollars EU annuels de besoins de dépense dans l’infrastructure, jusqu’à 17 • La réforme institutionnelle devrait aller milliards de dollars EU pourraient être trou- au-delà des entreprises publiques pour renforcer les fonctions de planification des vés tout simplement en utilisant les ressources ministères techniques et éliminer les sérieu- existantes de manière plus efficace. ses déficiences du processus budgétaire. L’obtention des dividendes de ces gains d’efficacité doit être pour la région une prio- • Des réformes « non matérielles » sont néces- rité majeure des politiques, et les efforts pour saires pour obtenir la plus grande valeur accroître le financement des infrastructures possible des infrastructures existantes, où doivent être faits dans la perspective d’un de nombreux goulets d’étranglement tant véritable engagement en faveur de l’efficacité. administratifs que réglementaires empêchent L’injection de fonds supplémentaires dans des de tirer pleinement parti des installations. secteurs caractérisés par des niveaux élevés • L’intégration régionale peut contribuer de d’inefficacité n’a pas beaucoup de sens. Toute- façon appréciable à réduire les coûts d’in- fois, retarder l’augmentation du financement frastructure, en permettant aux pays de jusqu’à ce que l’efficacité s’améliore n’est pas profiter d’économies d’échelle et de gérer non plus une option valable : le coût pour la efficacement les biens publics régionaux. croissance économique et le développement humain serait tout simplement trop élevé. À • À des fins stratégiques, le développement la place, les efforts faits par les partenaires au des réseaux d’infrastructure doit être informé de la distribution spatiale des développement pour fournir des ressources activités économiques et des économies supplémentaires en faveur du financement des d’agglomération. infrastructures doivent aller de pair avec des efforts des pouvoirs publics pour améliorer • Afin d’accélérer l’accès aux services, la poli- leur efficacité dans l’utilisation de ces ressour- tique sociale liée aux infrastructures doit ces. Les progrès doivent être réalisés en paral- être repensée, en mettant plus l’accent sur lèle sur les deux fronts. le recouvrement des coûts auprès de ceux De plus, il faut parfois investir des fonds qui peuvent se le permettre et en redirigeant pour éliminer les inefficacités (par exemple, les subventions. quand un réseau routier doit être réhabilité • La réalisation de l’accès universel deman- avant de pouvoir revenir à un état « maintena- dera de porter une plus grande attention à ble », ou lorsque des appareils de mesure doi- l’élimination des barrières qui empêchent vent être installés pour améliorer la collecte des la mise en œuvre des services ainsi qu’à redevances). Ces types d’investissements liés à l’offre de solutions de rechange pratiques l’efficacité méritent une priorité à cause de leur et avantageuses. rendement généralement élevé. 18 Infrastructures africaines : une Transformation impérative La crise financière mondiale actuelle ne fait efficace des services par les réseaux d’infras- que raffermir la motivation en faveur de l’élimi- tructure existants et qui imposent des coûts nation des inefficacités des infrastructures. Les substantiels à leurs utilisateurs ; pays africains commençant à ressentir l’effet de • Profiter des économies d’échelle et des la crise et les sources extérieures de financement avantages de la coordination associée à l’in- à se tarir, les mesures visant à améliorer l’effi- tégration régionale, ce qui, rien que dans le cacité de l’utilisation des ressources existantes cas de l’électricité, peut déjà ramener 2 mil- deviennent particulièrement intéressantes. Elles liards de dollars EU par an ; génèrent une source de financement intérieur supplémentaire pour un coût financier relative- • Obtenir les meilleurs rendements des nou- veaux investissements dans les infrastruc- ment faible. Évidemment, dans certains cas, des tures, en les utilisant pour dégager des investissements importants peuvent être néces- économies d’agglomération et pour faciliter saires avant que des gains d’efficacité ne soient le développement d’activités productives dégagés (par exemple, la réduction des per- dans les corridors économiques clés ; tes dans la distribution d’eau et d’électricité). Dans d’autres cas, le contexte économique de • Repenser la politique sociale liée aux infras- tructures pour mettre plus l’accent sur le crise pourrait augmenter le coût politique de la recouvrement des coûts auprès de ceux qui prise de ces mesures, telles que l’amélioration peuvent se permettre de payer, et réorienter du recouvrement des coûts ou le licenciement les actuelles subventions annuelles de 4 mil- du personnel excédentaire. liards de dollars EU afin d’accélérer l’accès Les gains d’efficacité potentiels peuvent des groupes à faible revenu ; prendre une grande diversité de formes, décri- tes dans les recommandations qui suivent. En • Réduire les coûts de réalisation des objec- résumé, elles portent sur les points suivants : tifs clés d’infrastructure en adoptant des technologies moins coûteuses, offrant des • Protéger les dépenses d’entretien afin d’évi- niveaux de service raisonnables à un prix ter d’avoir à gaspiller des ressources en abordable tant pour les consommateurs réhabilitations répétées des actifs existants ; que pour les pouvoirs publics. pour le seul secteur routier, ceci permet- trait d’économiser 2,6 milliards de dollars Recommandation 2 : Faire davantage EU par an en dépenses d’investissement d’efforts pour garantir le financement évitables ; des dépenses d’entretien • Réformer les institutions afin d’améliorer La traditionnelle négligence vis-à-vis des les performances opérationnelles des ser- dépenses d’entretien doit être éliminée : il faut vices publics et autres prestataires, qui per- repenser l’entretien en tant que préservation dent actuellement 6 milliards de dollars EU des actifs. Un tiers des actifs infrastructurels par an à cause d’inefficacités telles qu’un africains doit être réhabilité, ce qui montre personnel en surnombre, une collecte insuf- bien le caractère endémique de leur manque fisante des redevances et des pertes dans d’entretien historique. Pour les États fragiles la distribution ; et les infrastructures rurales, la part des actifs • S’attaquer aux faiblesses du cadre de la à réhabiliter est beaucoup plus élevée. Les 600 dépense publique, où 3,3 milliards de dol- millions de dollars EU par an non consacrés à lars EU par an de ressources d’infrastruc- l’entretien des routes coûtent annuellement à ture sont mal répartis entre les différents l’Afrique 2,6 milliards de dépenses d’investis- secteurs et où l’exécution incomplète du sement évitables ; autrement dit, 1 dollar EU budget empêche chaque année 1,8 milliards dépensé pour l’entretien permet d’en écono- de dollars EU de fonds d’investissement miser environ 4 en réhabilitation. publics d’être dépensés ; Pour combler le déficit de financement des • Moderniser les cadres administratif et infrastructures africaines, il ne suffit donc pas réglementaire afin de réduire les goulets de trouver des fonds pour les seules dépenses d’étranglement qui empêchent la prestation d’investissement, une grande partie doit être Infrastructures africaines : une Transformation impérative 19 consacrée à l’entretien. Dans la mesure où nécessité d’entretien. Même si celles-ci ont celui-ci offre un des rendements les plus éle- un coût d’investissement plus élevé à court vés des dépenses d’investissement, il doit être terme, leurs coûts globaux sur la durée de vie considéré comme une sorte d’investissement des équipements peuvent être plus faibles si la dans la préservation des actifs. reconstruction peut être évitée ou retardée. À Le secteur routier montre que l’entretien mesure que les bailleurs de fonds orienteront peut être amélioré à travers des réformes ins- leurs interventions vers un soutien budgétaire titutionnelles appropriées. Depuis le milieu sectoriel, ils auront plus de chance de veiller à des années 1990, la majorité des pays africains ce que les dépenses d’entretien soient correc- ont constitué des fonds routiers pour canaliser tement prévues dans l’enveloppe budgétaire. les frais d’utilisation de la route vers l’entre- En tout cas, en tant que principe général, tien du réseau. Les pays dotés de fonds rou- la définition d’un cadre approprié pour le tiers réussissent nettement mieux à assurer un financement de l’entretien devrait constituer financement adéquat de l’entretien, lorsque un préalable au financement des grands pro- les redevances sur le carburant versées à ces grammes d’investissement. fonds sont fixées à un niveau suffisamment élevé pour assurer le financement du matériel. Recommandation 3 : Introduire une Les pays ayant à la fois un fonds routier et une réforme institutionnelle (largement agence routière parviennent beaucoup mieux conçue) pour s’attaquer à l’inefficacité à préserver la qualité de leur réseau. L’utilisa- Depuis le milieu des années 1990, l’agenda des tion pour les routes de contrats pluriannuels institutions s’est élargi et approfondi (Vaglia- basés sur la performance a également contri- sindi et Nellis, 2009). Dans les années 1990, la bué à l’efficacité et à l’efficience de l’entretien réforme institutionnelle a mis l’accent sur la routier. Ces Constats montrent bien qu’une restructuration sectorielle et la participation combinaison de mécanismes de financement, du secteur privé, transposant ainsi en Afrique de capacité institutionnelle et d’incitations les expériences réalisées dans d’autres parties contractuelles est nécessaire pour résoudre le du monde en développement. Cette approche problème de l’entretien. a donné des résultats spectaculaires dans les Les bailleurs de fonds ont traditionnelle- télécommunications, mais ailleurs, les avanta- ment évité de financer l’entretien, en invo- ges ont été plus limités et les expériences plus quant l’avantage du financement direct à problématiques. Malgré cela, l’ampleur du partir des budgets nationaux sur le plan de la financement privé des infrastructures africai- soutenabilité. L’argument est valable. Cepen- nes venu d’ailleurs a été comparable à celle de dant, la propension des bailleurs de fonds à l’aide étrangère au développement. financer la réhabilitation des actifs d’infras- Aujourd'hui, la perception du secteur privé tructure peut avoir l’effet pervers d’inciter est plus nuancée et moins dogmatique. Elle les pays à négliger l’entretien, étant donné reconnait les avantages du financement privé que les pouvoirs publics sont confrontés au dans la téléphonie mobile, la production choix de lever aujourd’hui des taxes pour le d’électricité et les ports, tout en reconnaissant financer ou de simplement attendre quelques ses limites dans le domaine des routes, des années avant d’obtenir des bailleurs de fonds chemins de fer, de l’énergie et de l’eau (voir des capitaux subventionnés pour la recons- le Tableau 0.6). Même pour les infrastructu- truction. Dans les environnements à faible res peu gourmandes en financement privé, la revenu et faibles capacités, où l’entretien ne contribution potentielle du secteur privé à devrait pas être pour bientôt, les bailleurs de l’élimination des inefficacités de gestion coû- fonds seraient bien avisés de tenir explicite- teuses (collecte insuffisante des redevances ment compte de ce choix dans l’élaboration des services publics, faible productivité de la de leurs projets, au lieu de supposer simple- main-d’œuvre ou négligence dans l’entretien ment que l’entretien sera effectué. Une façon des routes) reste précieuse. En effet, les gains de le faire est d’opter pour des technologies d’efficacité résultant de ces améliorations de à plus forte intensité de capital et à faible performance constituent une importante 20 Infrastructures africaines : une Transformation impérative source de financement du secteur. En outre, mation, ou pire encore, sans actions basées sur le concept même de la participation privée le contenu de l’information, on ne peut s’at- a beaucoup évolué. L’accent a été mis sur le tendre à de meilleurs résultats. Les mesures secteur privé local (pas international) et les clés à entreprendre comprennent l’audit et la modèles hybrides tentant différentes manières publication des comptes financiers ainsi que de répartir les responsabilités entre les parte- l’utilisation de systèmes complets de comp- naires publics et privés. tabilité des coûts permettant une ventilation Une autre dimension importante de l’élar- fonctionnelle de ceux-ci et une meilleure per- gissement de l’agenda de la réforme institu- ception des centres de frais. Une fois ces fonda- tionnelle est l’accent plus fort mis sur la qualité tions établies, les mécanismes de passation des de la gouvernance dans les entreprises qui res- marchés peuvent améliorer la performance, au tent la propriété de l’État (Vagliasindi et Nel- sein du secteur public ou avec le secteur privé. lis, 2009). Lorsqu’il est devenu apparent que les Les contrats de performance du secteur entreprises publiques étaient là pour durer, le public nécessitent de fortes mesures d’incita- secteur privé a cessé d’apparaître comme un tion à la performance. Les premières tentatives prestataire de services potentiellement omni- d’amélioration des entreprises publiques afri- présent. Un réengagement dans le difficile pro- caines par le biais de contrats de performance cessus de réforme des entreprises publiques est avec leur ministère technique ou d’autres orga- donc indispensable. nes de supervision ont été médiocrement effi- Des efforts accrus en faveur de la réforme caces. De récents efforts réalisés dans le secteur des entreprises publiques devraient privilégier de l’eau (en Ouganda) ont toutefois eu un effet la gouvernance plutôt que les aménagements beaucoup plus positif. La caractéristique clé techniques. Une meilleure gouvernance des de ces contrats est qu’ils incluent des mesures entreprises publiques peut heureusement amé- d’incitation à une bonne performance mana- liorer leur performance. Les efforts consentis gériale (et du personnel) et, plus rarement, dans le passé pour améliorer la gestion des des sanctions en cas d’échec dans la réalisation services publics étaient trop fortement centrés des objectifs. sur les questions techniques, au détriment de La mise en place de mesures efficaces visant la gouvernance et de la redevabilité. Les futures à rehausser les performances peut s’avérer dif- réformes des entreprises publiques semblent ficile dans le secteur public, faisant ainsi des justifiées pour autant qu’elles se concentrent contrats de gestion avec le secteur privé une sur des questions institutionnelles plus pro- option pertinente. Des contrats peuvent être fondes. Les mesures clés à envisager incluent passés avec des équipes de gestion aussi bien une plus grande autonomie décisionnelle locales que composées d’expatriés, chacune des conseils d’administration, des critères de ayant ses avantages. Étant donné leur courte sélection des cadres supérieurs plus objectifs, durée, il est essentiel que les contrats stipu- la détection rigoureuse des conflits d’intérêt, lent clairement ce qui peut et ne peut pas être et des processus de recrutement plus transpa- réalisé. Au mieux, un contrat de gestion peut rents et basés sur le mérite. améliorer la performance d’une poignée d’as- Des efforts peuvent être entrepris en paral- pects relativement gérables de l’efficacité, tels lèle pour renforcer le suivi financier et opé- que la collecte des redevances et la productivité rationnel des entreprises publiques par leurs de la main-d’œuvre. Il ne peut pas résoudre organes de supervision, qu’il s’agisse des les faiblesses du cadre institutionnel général ; ministères techniques ou des Finances. La idéalement, celles-ci devraient être éliminées transparence et la redevabilité des entreprises au préalable. De même, il ne peut pas non plus publiques dépendent de systèmes fiables de mobiliser des fonds pour l’investissement ni gestion financière, de passation des marchés et avoir sur la qualité du service des effets béné- de gestion de l’information. Aujourd’hui, les fiques majeurs nécessitant des investissements données opérationnelles et financières de base substantiels ou une longue gestation. sur la performance des sociétés ne sont pas En principe, la réglementation peut jouer produites, rapportées ou utilisées. Sans infor- un rôle important, mais en pratique, sa mise Infrastructures africaines : une Transformation impérative 21 en œuvre s’est avérée difficile. Des organes de ques démarre assez tôt pour qu’ils soient prêts réglementation ont été mis en place partout lorsqu’on aura besoin d’eux. Trop souvent en Afrique, précisément pour isoler les ser- négligée ou réduite à peu de chose au cours vices publics de toute interférence politique, des efforts de restructuration du secteur, la tout en exerçant un suivi serré des entreprises. planification est une fonction sectorielle cru- L’amélioration des performances de la régle- ciale. Il est essentiel de rétablir cette capacité mentation est un processus à long terme, qui vitale de planification au sein des ministères doit être poursuivi et au sein duquel la partici- techniques et d’élaborer des méthodes tech- pation privée et la pression de la concurrence niques sûres pour identifier et sélectionner jouent un rôle important. Le défi que repré- les projets d’infrastructure. Un filtrage plus sente la mise en place de nouvelles institutions rigoureux des projets peut garantir que les publiques dans les pays en développement investissements d’infrastructure soient sélec- est souvent sous-estimé. Une réglementation tionnés en fonction des rendements attendus indépendante exige un engagement politique et correctement séquencés et synchronisés les fort ainsi que des institutions et des personnes uns avec les autres, ainsi qu’avec les plans de compétentes. Lorsque certains ou tous ces élé- développement plus larges, de manière à maxi- ments sont absents, il est prudent d’envisager miser les synergies et à éviter de coûteux gou- des options complémentaires ou transitoires lets d’étranglement. réduisant le degré de pouvoir discrétionnaire La production d’électricité fournit un au niveau de la prise de décision réglemen- exemple particulièrement parlant. Tradition- taire, à travers des règles et des procédures nellement, la planification et la passation des plus explicites ou l’externalisation de fonc- marchés des nouvelles infrastructures éner- tions réglementaires vers des organes-conseils gétiques relevaient des autorités locales dont de réglementation et des panels d’experts dépendait le service public concerné. Suite (Eberhard, 2007). aux réformes du secteur de l’électricité et à l’apparition de producteurs indépendants, ces Recommandation 4 : Veiller à ce que fonctions ont souvent été déplacées vers les la réforme institutionnelle englobe les ministères en charge de l’énergie. Le transfert ministères techniques et les processus des compétences ne s’est toutefois pas toujours budgétaires fait en une fois, de sorte que les plans ne reflé- Dans les réformes récentes, l’accent a large- taient pas toujours correctement la complexité ment été mis sur la restructuration des pres- de la situation sur le terrain. Dans beaucoup de tataires ou des services publics, en y intégrant cas, la planification a tout simplement disparu. une gestion privée, un suivi réglementaire, etc. Les nouveaux sites sont rarement prêts dans Peu d’attention a été accordée au renforcement les temps et creusent ainsi un déficit d’énergie institutionnel des ministères techniques des obligeant à faire appel à une électricité tem- secteurs concernés. Ceux-ci ont des respon- poraire et décourageant les investisseurs. Lors- sabilités qui, si elles ne sont pas correctement que la passation des marchés est (finalement) assumées, peuvent compromettre le fonction- entreprise, les autorités ne se donnent pas tou- nement du secteur. Ils sont à la tête de la plani- jours la peine de procéder à des appels d’offres fication du secteur, participent à l’élaboration ouverts internationaux. Cette conséquence des budgets publics et réalisent les investisse- est d’autant plus regrettable qu’un processus ments. On constate cependant certaines fai- d’offres rigoureux confère de la crédibilité et blesses dans chacun de ces domaines. À moins de la transparence à la passation des marchés que celles-ci ne soient abordées de front, les et aboutit à une tarification plus compétitive effets de la réforme sur les prestataires de ser- de l’énergie. vices resteront limités. La dépense publique intérieure finançant Une planification sectorielle plus solide la majeure partie des investissements dans est nécessaire dans les ministères techniques l’infrastructure en Afrique, les partenaires en charge des infrastructures afin de garantir au développement doivent disposer d’une que la construction des nouveaux actifs criti- meilleure vision de la qualité de la dépense 22 Infrastructures africaines : une Transformation impérative publique. La plupart des investissements dans L’eau offre des exemples intéressants de la les différents secteurs de l’infrastructure pas- façon dont les goulets d’étranglement des pro- sent par les ministères techniques à travers cessus budgétaires arrivent à empêcher l’utili- le processus budgétaire. Une mauvaise façon sation des ressources disponibles. En Afrique d’allouer et de dépenser le reste du budget sec- de l’Ouest, la contrainte la plus forte n’est sou- toriel peut donner lieu à un financement du vent pas l’indisponibilité des ressources budgé- développement trop étroitement concentré sur taires mais plutôt l’incapacité de les dépenser les interventions dans des projets spécifiques. au bon moment (Prevost, 2009). En Tanzanie, C’est donc en tant qu’appui budgétaire aux le secteur a certes bénéficié d’une forte crois- programmes ou à travers des projets sectoriels sance de ses allocations budgétaires, après que les ressources des bailleurs de fonds sont le que l’eau ait été identifiée en tant que priorité mieux canalisées, et les partenaires au dévelop- dans la stratégie de réduction de la pauvreté pement doivent en conséquence faire preuve du pays, mais les décaissements ont augmenté d’un plus grand intérêt pour la qualité géné- à un rythme beaucoup plus lent, empêchant rale de la dépense publique. Les interventions ainsi tout effet immédiatement perceptible sur d’infrastructure doivent donc être fondées sur l’accès (Van den Berg, 2009). une compréhension plus complète du cadre Des améliorations doivent simultanément des dépenses publiques dans chaque secteur. être apportées à la façon dont le financement Le processus budgétaire est trop souvent des bailleurs de fonds est canalisé. Vu l’am- caractérisé par des priorités politiques oppor- pleur des fonds extérieurs, pour que les pays tunistes, avec peu ou pas de fondement écono- africains puissent disposer d’un système fia- mique. Le cycle budgétaire annuel ne permet ble de gestion des dépenses publiques, il faut pas d’assurer un suivi adéquat du financement que le soutien des bailleurs de fonds soit plus des projets d’infrastructure pluriannuels. En ce prévisible et que leurs procédures de finance- qui concerne la mise en œuvre, beaucoup de ment soient rationalisées et harmonisées. À cet pays rencontrent des problèmes majeurs dans égard, le mieux est de mettre l’accent sur les l’exécution des budgets, les goulets d’étrangle- initiatives multi-bailleurs regroupant des fonds ment de la passation des marchés empêchant pour fournir un appui budgétaire général à un l’allocation budgétaire de se concrétiser entiè- programme sectoriel d’interventions. rement dans des dépenses effectives. Il faut considérer des aspects clés du cadre Recommandation 5 : Procéder à des des dépenses publiques. Le processus bud- réformes « non matérielles » pour gétaire doit évoluer vers un cadre à moyen tirer la plus grande valeur possible des terme et relier les allocations des ressources infrastructures existantes aux objectifs sectoriels. Il doit également être L’Afrique n’arrive pas à tirer pleinement parti soutenu par des plans sectoriels clairs, des- du potentiel de développement de ses réseaux cendant jusqu’aux activités spécifiques et aux infrastructurels existants. Des déficiences coûts associés. L’intégration de l’entretien dans administratives et règlementaires créent des les outils de planification sectorielle à moyen goulets d’étranglement et empêchent les actifs terme pourrait éviter le besoin croissant de infrastructurels de fournir les services qu’on réhabilitation des actifs. L’évaluation des pro- attend d’eux. Ces problèmes sont particu- jets devrait étayer le processus budgétaire de lièrement évidents dans le transport, où de l’investissement public, pour garantir que tous profondes réformes doivent être apportées les investissements considérés dans le cadre d’urgence. des politiques atteignent un seuil minimum Une libéralisation de l’industrie du trans- de soutenabilité économique. Les processus port routier peut réduire les coûts exorbitants administratifs qui retardent le décaissement du fret routier en Afrique centrale et occiden- des fonds budgétés doivent être révisés, et tale. Ce sont les structures de la réglementation les procédures de passation des marchés, les et du marché de l’industrie du transport rou- décaissements, la gestion financière et la rede- tier, et non la qualité des infrastructures routiè- vabilité doivent être rénovés et rationalisés. res, qui sont les principales contraintes pesant Infrastructures africaines : une Transformation impérative 23 sur les corridors internationaux (Teravanin- Des services d’interconnexion plus fiables thorn et Raballand, 2008). Les tarifs du fret peuvent éviter des retards encore plus consé- routier, qui peuvent atteindre 0,08 à 0,13 dol- quents le long des corridors internationaux lar EU par tonne-kilomètre en Afrique centrale des chemins de fer. Les locomotives d’un pays et occidentale, sont le reflet des marges béné- ne sont généralement pas autorisées à circuler ficiaires élevées des services de camionnage sur le réseau d’un autre pays, principalement (60 à 160 %). Le cadre réglementaire du tour à cause de l’incapacité à fournir un service de rôle, qui repose sur un partage du marché et de dépannage aux opérateurs étrangers. C’est une allocation centralisée du fret, limite le kilo- pourquoi, le fret ferroviaire qui traverse une métrage des véhicules et sape les incitations à frontière doit attendre d’être pris en charge améliorer la qualité des flottes. L’alternative par une locomotive différente. Ces attentes serait d’associer la liberté d’accès au marché et peuvent être longues. Un voyage de 3 000 kilo- d’établissement des prix à une mise en applica- mètres depuis Kolwezi, situé à la frontière tion réglementaire des dispositions relatives à orientale de la République démocratique du la qualité du service et au comportement opé- Congo, jusqu’au port de Durban en Afrique rationnel. Déjà appliquées en Afrique australe, du Sud prend 38 jours : 9 jours pour le trajet ces réformes peuvent faire tomber les tarifs et 29 jours passés essentiellement à charger et du fret routier à 0,05 dollar EU par tonne- à transborder le fret. Ce délai reflète en par- kilomètre. Sans elles, les nouveaux investis- tie un manque de locomotives fiables et bien sements dans l’amélioration de la qualité du entretenues, mais aussi l’absence d’incitations réseau routier ne réussiront simplement qu’à contractuelles claires à accepter le trafic venant augmenter les marges bénéficiaires de l’indus- du réseau d’un pays voisin. La réduction de trie du transport routier, sans réduction des ces délais nécessite de repenser entièrement coûts de transport pour les consommateurs. les relations contractuelles et les droits d’accès Les guichets uniques aux postes frontières liant les chemins de fer le long d’un corridor. sont indispensables pour éviter des retards Elle demanderait probablement aussi un orga- énormes dans le trafic de transit le long des nisme régional de compensation pour garantir corridors routiers internationaux. La condi- la transparence et l’équité dans les droits d’ac- tion des routes le long des principaux corridors cès réciproques aux voies. internationaux africains est satisfaisante. Les De son côté, la lenteur des déplacements des camions peuvent y tenir des vitesses moyennes conteneurs et des marchandises à travers les de 50 à 60 kilomètres à l’heure mais les retards ports africains entraîne des coûts économiques importants aux frontières les ramènent de fait très élevés. Beaucoup d’entreprises citent les à un peu plus de 10 kilomètres à l’heure. Un goulets d’étranglement dans les ports comme déplacement de 2 500 kilomètres depuis Lusaka leur plus forte contrainte infrastructurelle, en Zambie jusqu’au port de Durban en Afrique dans des pays aussi divers que le Burkina Faso, du Sud prend en moyenne huit jours : quatre le Cameroun, le Malawi, Maurice et l’Afrique jours pour le trajet et quatre autres jours pour le du Sud. En Afrique de l’Est et de l’Ouest, les passage des frontières. À titre de comparaison, temps d’immobilisation à quai des conteneurs le passage des frontières terrestre ne prend pas sont de l’ordre de 12 à 15 jours, soit deux fois plus de 30 minutes dans les pays industrialisés. les 7 jours de la pratique modèle internationale. Le coût des retards pour un camion tirant une La plupart des retards sont causés par la lenteur remorque à huit essieux est estimé à environ de la manutention et de l’administration dans 300 dollars EU par jour. Les investissements des zones portuaires engorgées, plutôt que par requis pour installer des guichets uniques aux de réelles limitations de la capacité d’accueil frontières et pour moderniser les procédu- des quais. Ces retards peuvent être très coû- res douanières sont relativement modestes et teux. En 2006, chaque journée supplémentaire pourraient être récupérés en à peine une année. passée dans un port coûtait plus de 35 000 Sans de telles réformes, de nouveaux investisse- dollars EU pour un porte-conteneurs de 2 200 ments dans le réseau routier auront peu d’effet EVP (équivalent vingt pieds) et proportion- sur les temps de transit totaux. nellement plus pour les plus grands navires. 24 Infrastructures africaines : une Transformation impérative Les lignes maritimes ont réagi en appliquant maillon le plus faible, qui est d’habitude le pas- des surestaries : pour un conteneur de vingt sage d’un mode de transport à l’autre – comme pieds, celles-ci allaient en 2006 de 35 dollars de la route au rail ou du rail à la mer. Les fai- EU par jour à Dakar, au Sénégal, à 420 dollars blesses sont en partie matérielles, lorsqu’il EU par jour à Tema, au Ghana. n’existe pas de connexions physiques entre La solution réside dans la modernisation de les modes ni d’équipement pour le transbor- l’administration douanière et l’amélioration de dement. Mais elles sont aussi partiellement l’efficacité de la manutention du fret. Les deux institutionnelles, la responsabilité des change- principaux goulets d’étranglement au sein des ments de mode n’incombant pas clairement à ports sont l’embarquement et le débarquement une agence modale ou à une autre. Enfin, elles du fret et l’administration douanière ; les deux sont également opérationnelles dans la mesure doivent être abordés simultanément. L’inadé- où la collecte des taxes et des droits par les quation des grues constitue certes une partie du pouvoirs publics ou le paiement de pots-de- problème, mais un nouvel équipement ne suf- vin au personnel ralentissent les mouvements fira pas à améliorer les performances, à moins et font grimper les coûts. Même au niveau de que les pratiques du personnel soient elles aussi la politique et de la planification du secteur, modernisées. Les taux de manutention ont aug- la responsabilité des modes de transport menté dans les ports mettant en concession les africains est trop souvent répartie entre des terminaux à conteneurs. La modernisation de ministères techniques différents, empêchant l’administration douanière nécessite une tech- ainsi l’émergence d’un cadre cohérent pour le nologie de l’information moderne et les systè- transport intermodal. mes de bases de données correspondants. Ces infrastructures « non matérielles » ont tradi- Recommandation 6 : Promouvoir tionnellement été sous financées, contribuant l’intégration régionale pour réduire les ainsi à la faible efficacité des ports. Des problè- coûts d’infrastructure mes de gouvernance peuvent aussi pénaliser L’intégration régionale réduit les coûts à tous l’administration douanière. les niveaux des infrastructures. Le coût élevé Les infrastructures portuaires et terrestres des services d’infrastructure en Afrique est en de distribution doivent être intégrées. L’ab- partie imputable à la fragmentation des limites sence d’un système intégré de distribution ter- territoriales nationales qui empêche la réalisa- restre, en particulier pour le trafic en transit, tion d’économies d’échelle. handicape lui aussi le trafic des conteneurs. Pour les TIC, l’énergie, les ports et aéroports, C’est dans les exportations du vrac sec et la collaboration régionale permet essentielle- liquide que le plus de progrès sont enregistrés. ment des économies d’échelle qui réduisent le Beaucoup d’installations portuaires y sont la coût des services. La plupart des pays africains propriété du privé et intégrées dans un système sont tout simplement trop petits pour déve- logistique complet. Le trafic des conteneurs, lopper seuls des infrastructures rentables. Dans par contre, est souvent organisé de façon très les TIC, grâce à la collaboration régionale, des légère. Les conteneurs sont simplement dépo- câbles sous-marins continentaux en fibre opti- sés et repris à proximité des ports, et ils ne que permettraient de réduire de moitié les prix bénéficient pas des avantages normalement d’Internet et des appels internationaux, par associés à l’intégration avec des corridors de rapport à ceux des communications par satel- transport multimodal. En conséquence, le tra- lite dont dépendent les pays. Pour l’énergie, fic des conteneurs vers les pays enclavés est fai- 21 pays ont des systèmes nationaux ne dépas- ble, et l’essentiel des importations de ces pays sant pas le niveau d’efficacité minimal d’une est transporté comme du fret classique. seule centrale. Grâce à un partage entre les De manière générale, le cadre réglementaire pays de ressources énergétiques rentables, pro- et administratif des transports doit plus acti- duites à grande échelle, le commerce régional vement promouvoir l’intégration des réseaux de l’énergie permettrait de réduire les coûts de de transport multimodal. Aucune chaîne l’électricité de 2 milliards de dollars EU par an. de transport ne peut être plus forte que son Le trafic de la plupart des ports et aéroports Infrastructures africaines : une Transformation impérative 25 nationaux africains est trop faible pour per- Une part substantielle de cette électricité pro- mettre les économies d’échelle indispensables viendrait alors d’États fragiles comme la Répu- pour attirer les services des principales com- blique démocratique du Congo et la Guinée. pagnies de navigation et aériennes interna- Des institutions régionales sont nécessaires tionales. La collaboration régionale au sein de pour faciliter les accords et mettre en œuvre plaques tournantes multinationales peut aider des mécanismes de compensation. Certains à surmonter ce problème. pays ont davantage à gagner de l’intégra- Au niveau des corridors routiers et ferroviai- tion régionale que d’autres. Dans la mesure res ainsi que des bassins fluviaux transfronta- où celle-ci génère un dividende économique liers, la gestion collaborative des biens publics substantiel, il devrait être possible de conce- régionaux amène une réduction des coûts. voir des mécanismes de compensation per- Beaucoup des actifs infrastructurels et des res- mettant à tous les pays participants de mieux sources naturelles de l’Afrique sont des biens s’en sortir. Les traités internationaux relatifs publics régionaux qui dépassent les frontières aux bassins fluviaux, comme celui du Sénégal, nationales et ne peuvent efficacement être mis ont ouvert la voie à un partage des avantages en valeur et entretenus que grâce à une colla- qui pourrait maintenant être étendu à d’autres boration internationale. Les corridors routiers infrastructures régionales. L’Afrique possède et ferroviaires doivent être gérés de manière une vaste panoplie d’organismes politiques collaborative pour faciliter les services liés au et techniques régionaux, mais les adhésions à transport et au commerce destinés aux 15 pays ces organismes se chevauchent, et la capacité enclavés africains et éviter les longues attentes technique de ceux-ci est limitée, de même que aux frontières, qui font tomber à 10 kilomè- leurs pouvoirs de mise en application. Ils ne tres à l’heure la moyenne du transport rou- disposent pas non plus de la capacité de met- tier international du fret. Pour les 63 bassins tre en œuvre des mécanismes de compensation internationaux de l’Afrique, une gestion coo- transfrontaliers. pérative des ressources en eau et une coordi- Il est important de faire avancer des pro- nation des investissements est nécessaire pour jets régionaux produisant rapidement des accroître la production de nourriture, d’élec- résultats positifs. Vu l’ampleur de l’agenda tricité et les autres opportunités économiques, d’investissement, la séquence et la priorité des tout en renforçant la viabilité de l’environne- projets régionaux doivent impérativement ment et en atténuant les effets des sècheresses être mieux déterminées. Les approches politi- et des inondations. que, économique et spatiale ont toutes été lar- Pour bénéficier de ces avantages, il faudra gement discutées. Les projets régionaux vont affronter de nombreux défis institutionnels de la coopération bilatérale pour une ligne tels que la démonstration d’une volonté poli- de transport d’énergie ou un poste frontière tique, la mise en place d’institutions régionales jusqu’à des interventions vastes et complexes, efficaces, une saine détermination des priori- ayant parfois une portée continentale. Compte tés, l’harmonisation des procédures réglemen- tenu de la taille des défis, il serait sage de débu- taires et la facilitation de la préparation et du ter modestement avec des projets produisant financement des projets. des résultats concrets évidents et de s’appuyer Malgré l’argument économique en faveur de sur les succès engrangés pour poursuivre de l’intégration régionale, la démonstration d’une manière progressive. volonté politique rencontre de sérieux obsta- L’harmonisation de la réglementation doit cles. Les infrastructures régionales nécessitent aller de pair avec l’intégration physique. À un haut niveau de confiance entre les pays, sur- moins que les cadres réglementaires et les pro- tout à cause de la dépendance qu’elle implique cédures administratives ne soient harmonisés vis-à-vis des pays voisins pour des ressources pour permettre la libre circulation des services clés comme l’énergie et l’eau. Par exemple, si le à travers les frontières nationales, l’intégration commerce de l’électricité était complètement physique des réseaux d’infrastructure restera développé, 16 pays africains importeraient inefficace. Le coût monétaire d’une réforme plus de la moitié de leurs besoins énergétiques. réglementaire est relativement faible, mais 26 Infrastructures africaines : une Transformation impérative celle-ci peut avoir un rendement très élevé. La ventions entre les secteurs infrastructurels et Décision de Yamoussoukro est un bon exemple : entre les infrastructures et les secteurs éco- en ouvrant le ciel au transport aérien à travers nomiques des clients. Des travaux de recher- l’Afrique, elle a apporté une plus grande liberté che récents montrent que, grâce à des effets dans la négociation des accords bilatéraux. de synergie, le regroupement d’interventions La préparation, particulièrement coûteuse d’infrastructure dans une zone spatiale don- et longue, de projets régionaux complexes née (Torero et Escobal, 2005) ou le long d’un demande de plus gros efforts. Ceci est particu- corridor spatial donné (Briceño-Garmendia et lièrement vrai lorsque les projets sont grands Foster, 2009a, 2009b) produit des rendements par rapport à la taille des économies qui les plus élevés que lorsque ces mêmes investisse- accueillent et lorsqu’ils dépendent essentiel- ments ne sont pas spatialement coordonnés. lement du financement de bénéficiaires situés Trop souvent en Afrique, la dispersion du peu en aval. Ils mettent également sous pression d’infrastructures disponibles empêche de tirer les systèmes de financement des bailleurs de parti de telles synergies. fonds, en général davantage tournés vers des Le processus d’urbanisation demande de investissements nationaux. considérer le développement des infrastruc- tures sous un angle régional où chaque centre Recommandation 7 : Considérer urbain et son arrière-pays rural constituent les priorités de développement des une unité économique intégrée. L’urbanisation infrastructures sous un angle spatial de l’Afrique est rapide et entraîne des change- Les réseaux d’infrastructure sont spatiaux par ments prévisibles et bénéfiques pour les zones nature, reflétant et sous-tendant la distribution tant urbaines que rurales. Prospérité et densité géographique de l’activité économique. Les vont de pair, étant donné que l’amélioration infrastructures jouent un rôle clé en permet- de la productivité nécessite des économies tant aux villes de bénéficier d’économies d’ag- d’agglomération, des marchés plus vastes et glomération. Les réseaux de transport relient une meilleure connectivité. La concentration les centres urbains les uns aux autres et avec les et l’urbanisation entraînent la prospérité dans réseaux commerciaux internationaux, fournis- les zones aussi bien urbaines que rurales, et les sant une base pour les échanges entre les éco- villes qui fonctionnent bien facilitent la transi- nomies urbaines et rurales. L’énergie, l’eau et tion à partir d’une agriculture de subsistance, les TIC améliorent la productivité à l’intérieur en ouvrant un grand marché aux produits des espaces urbains et ruraux. C’est pourquoi, ruraux et en soutenant les activités non agri- les plans et les priorités de l’infrastructure doi- coles. Le débat opposant le développement vent être éclairés de manière stratégique par rural au développement urbain devrait donc une compréhension claire de la répartition être remplacé par la compréhension que les spatiale de l’activité et des potentiels économi- deux sont étroitement liés et mutuellement ques. Un exemple clair de cette approche est dépendants, et que l’intégration économique l’Initiative pour le développement spatial du des zones rurales et urbaines est la seule façon Nouveau partenariat pour le développement de produire de la croissance et un développe- de l’Afrique (NEPAD). ment inclusif. Le point de vue spatial fournit une base Dans les zones urbaines, les faiblesses des utile à la détermination de la priorité des inves- politiques et des plans fonciers sont deve- tissements dans l’infrastructure et donne une nues un énorme obstacle à l’extension des bonne idée des liens intersectoriels. Elle permet services d’infrastructure. Les villes d’Afrique également d’identifier les goulets d’étrangle- se développent rapidement, mais avec des ment existant le long des différents corridors infrastructures insuffisantes et des institu- commerciaux, qui constituent généralement tions faibles, la plupart des nouveaux établis- les interventions dotées des rendements les sements sont informels et ne bénéficient pas plus forts. Les liens intersectoriels apparais- des services de base. La planification urbaine sent mieux à travers une vue spatiale qui met doit être renforcée pour éviter une extension en lumière la nécessité de coordonner les inter- anarchique, améliorer la densification, préve- Infrastructures africaines : une Transformation impérative 27 nir le développement dans des zones environ- Figure 0.9  Faible accès des démunis aux services nementales précaires et garantir un équilibre inabordables destinés aux ménages approprié entre les terrains publics et privés, a. Accès par quintile de manière à protéger les réseaux interurbains 80 Pourcentage des ménages clés. Les droits de propriété doivent être clai- 60 rement définis, afin que les marchés fonciers puissent fonctionner correctement. Les centres 40 urbains n’ont souvent pas la base financière 20 pour développer les infrastructures crucia- les pour leur réussite. L’assiette fiscale locale, 0 Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 quoique potentiellement vaste, est générale- Quintiles budgétaires ment inexploitée, obligeant les municipalités Eau courante Électricité à dépendre des transferts de fonds, trop sou- vent insuffisants et imprévisibles, des pouvoirs b. Courbe d’abordabilité publics centraux. 100 Pourcentage des ménages situés au-dessous du seuil Les grands secteurs agricoles et les éco- d’abordabilité de 5 % 80 nomies rurales restent primordiaux pour la croissance économique et la réduction de 60 la pauvreté en Afrique. Et pourtant, l’accès 40 des populations rurales à l’infrastructure est 20 extrêmement lent. Les routes rurales et les systèmes d’irrigation sont sans doute les deux 0 2 4 6 8 10 12 14 16 types d’infrastructures rurales dont le besoin Dollars EU par mois est le plus pressant. Les deux vont de pair et Pays à faible revenu leur développement devrait tenir compte de Pays à revenu intermédiaire la valeur des terres agricoles et de la proximité Ensemble Afrique subsaharienne des marchés urbains. L’accès aux TIC a large- ment progressé en zone rurale, un Africain sur Source : Banerjee, Wodon et al, 2008. Note : Q1 = premier (ou plus pauvre) quintile budgétaire ; deux étant maintenant à portée du signal d’un Q2 = second quintile budgétaire ; Q3 = troisième quintile (ou système mondial de téléphonie mobile (GSM). intermédiaire) budgétaire ; Q4 = quatrième quintile budgétaire ; Q5 = quintile budgétaire le plus élevé (ou le plus riche). . Cette plateforme peut contribuer à la produc- tivité agricole grâce à des services simples de vulgarisation par texto, l’envoi de bulletins des prix sur les marchés agricoles ou de pré- visions météorologiques, et en tant qu’outil de ont un caractère très rétrograde et échappent transmission pour les transactions financières. largement aux pauvres (voir la Figure 0.9). Le Les possibilités commencent tout juste à être sous-recouvrement des coûts affecte la santé explorées. financière des services publics et ralentit le rythme de l’expansion des services. Recommandation 8 : Repenser Les préoccupations relatives à la capacité la politique sociale associée à de paiement sont généralement prétexte à l’infrastructure une sous-tarification des services mais elles ne Bien que les services d’infrastructure soient résistent pas à l’examen (voir la Figure 0.9). La relativement chers en Afrique, les coûts restent redevance mensuelle des services publics cor- encore plus élevés que les prix, et le manque respondant au niveau de subsistance, tarifée de recouvrement des coûts a des effets très dans une optique de recouvrement des coûts, néfastes. La sous-tarification des services d’in- se monte d’habitude à 6 à 10 dollars EU. Dans frastructure est en train de coûter à l’Afrique les pays à revenu intermédiaire, des factures de 4,2 milliards de dollars EU par an en pertes de cet ordre ne semblent pas constituer un pro- revenus. De plus, à cause de l’accès inéquitable blème de capacité de paiement, quel que soit aux services d’infrastructure, ces subventions le niveau des revenus des consommateurs. 28 Infrastructures africaines : une Transformation impérative Elles ne sont pas non plus un problème pour de pays africains jusqu’à 1 % de leur PIB. À les groupes aisés des pays à faible revenu, qui mesure que les pays évoluent vers un accès uni- sont les principaux bénéficiaires de l’accès aux versel, ce fardeau de la subvention s’accroîtra services. La capacité de paiement ne pourra en proportion et deviendra rapidement trop devenir une contrainte sérieuse dans les pays lourd pour le budget national. Les pays doi- à faible revenu que lorsque la couverture des vent donc considérer la manière dont le coût services commencera à dépasser 50 %. Il n’y de toute politique de subvention envisagée a en fait que dans les pays les plus pauvres et augmenterait avec l’extension de la couver- dans ceux où les coûts d’infrastructure sont ture. Ce test d’abordabilité budgétaire des exceptionnellement élevés que le recouvre- subventions constitue un important exercice ment intégral des coûts pourrait être inabor- de confrontation avec la réalité qui peut éviter dable pour les consommateurs aisés actuels. aux pays de s’embarquer dans des politiques Même dans ces cas, le recouvrement des coûts qui ne peuvent tout simplement pas être por- de fonctionnement resterait un objectif réali- tées à l’échelle supérieure et dont la couverture sable, les subventions étant limitées aux coûts devra rester faible. des investissements. Des simulations montrent que l’augmentation des tarifs de manière à Recommandation 9 : Trouver des recouvrer les coûts n’aurait qu’une incidence moyens pratiques pour étendre l’accès minimale sur les taux de pauvreté dans la plu- aux services d’infrastructure part des cas. L’accès universel aux services d’infrastructure Le fait de pouvoir se permettre des services reste lointain pour la plupart des pays africains. dépend non seulement du prix, mais aussi du La grande majorité des ménages africains n’a type de modalités de paiement proposé aux toujours pas accès à une énergie moderne, à consommateurs. Le prépaiement (lancé dans l’eau courante, aux égouts et même à des rou- le secteur de la téléphonie mobile) peut aider tes utilisables en toutes saisons desservant leurs les ménages à budgétiser leur consommation communautés. Les très lents progrès réalisés tout en réduisant les risques de perte de reve- dans l’extension de cet accès depuis le milieu nus pour les opérateurs. La même approche est des années 1990 suggèrent que l’accès universel technologiquement possible pour l’électricité, aux infrastructures devra attendre encore plus et un nombre croissant d’opérateurs sont en d’une cinquantaine d’années dans la plupart train de l’adopter. des pays d’Afrique. Les subventions sont importantes, mais leur Cette situation appelle une approche diffé- conception doit être repensée en profondeur, rente de l’extension des services d’infrastruc- en mettant plus l’accent sur la subvention des ture modernes et une plus grande attention raccordements, qui peut être plus équitable et aux solutions de second choix. La conduite efficace au niveau de l’extension de la couver- habituelle des affaires n’amènera pas l’accé- ture. La capacité à payer les frais de raccorde- lération de l’accès aux infrastructures dont ment est souvent un problème plus aigu que l’Afrique a besoin. De plus, même si cette celui lié à l’utilisation du service. De plus, l’ab- accélération pouvait être obtenue, beaucoup sence de raccordement pourrait elle-même de personnes continueront pendant de nom- constituer une bonne variable de ciblage pour breuses années à dépendre d’alternatives aux identifier les ménages désavantagés, sauf dans services d’infrastructure modernes. C’est pour- les environnements où l’accès est faible et la quoi les politiques sociales africaines liées aux couverture loin d’être étendue à tous, même infrastructures doivent porter une plus grande pour les ménages aisés. considération à l’amélioration et à l’extension Un important test de cohérence à appliquer des solutions de second choix. à une politique de subvention consiste à déter- En développant les réseaux d’infrastruc- miner si elle resterait abordable pour le pays ture modernes, une plus grande attention si l’accès était universel. La sous-tarification devrait être accordée à l’aspect demande de actuelle des services publics, qui ne bénéficie l’équation. La révolution de la téléphonie qu’à une faible minorité, coûte à beaucoup mobile a clairement démontré que l’Afrique Infrastructures africaines : une Transformation impérative 29 est capable d’adopter rapidement et largement l’éclairage public) semble constituer le cœur des services d’infrastructure modernes. De du problème. Elle rend les coûts difficiles à faibles frais de raccordement initial rendent récupérer par les prestataires des services et l’entrée sur le marché abordable. Les systèmes complique grandement l’administration des de prépaiement éliminent les risques associés équipements. Des dispositions institutionnel- au crédit et donnent aux consommateurs un les efficaces doivent être trouvées pour appuyer contrôle complet sur leurs dépenses. Les ser- la mise en œuvre de ces solutions. Un autre vices sont bien adaptés à leurs besoins. Les problème est le fait que certaines de ces alter- responsables des autres services basés sur des natives, bien que moins chères, peuvent tout réseaux, notamment l’électricité et l’eau, ont simplement ne pas être suffisamment bon eu tendance à considérer l’accès comme une marché pour être abordables pour tous. simple question d’installation de nouveaux réseaux, en négligeant le fait que même dans Recommandation 10 : Combler l’écart les endroits où ceux-ci existent, les taux de de financement des infrastructures raccordement sont relativement faibles. Ils En dépit de l’importance de toutes ces mesures doivent porter une plus grande attention aux d’efficacité, il demeure un substantiel écart de problèmes liés à la demande qui empêchent financement des infrastructures de 31 milliards les consommateurs de se raccorder : des frais de dollars EU par an. Un tel déficit paraissait de raccordement beaucoup trop élevés pour insurmontable même avant le début de la crise les revenus des ménages, ainsi que des ques- financière mondiale. tions foncières et de développement urbain. Depuis la fin 2007, beaucoup de facteurs La façon la plus rentable d’accroître l’accès à ont concouru pour provoquer des augmen- beaucoup de services publics peut passer par tations rapides et soutenues dans toutes les des programmes de densification accélérant le principales sources de financement extérieur raccordement aux réseaux existants à travers des infrastructures en Afrique. À la suite du un travail communautaire de proximité des- Sommet de Gleneagles, l’aide au développe- tiné à mieux comprendre l’aspect demande ment de l’OCDE a mis un plus grand accent du marché. sur l’appui aux infrastructures de l’Afrique. Les solutions de second choix pourraient Les flux de l’aide publique au développement être affinées afin d’offrir des services d’infras- ont presque doublé, passant de 4,1 milliards tructure réalisables et attractifs à ceux qui, sans de dollars EU en 2004 à 8,1 milliards en 2007. eux, ne seraient pas desservis. La vaste majorité La reprise de la croissance économique sur le des personnes dépourvues d’accès aux services continent a amené une hausse de la participa- d’infrastructure modernes dépendent d’alter- tion privée. Depuis la fin des années 1990, les natives traditionnelles, telles que les bougies, les flux de l’investissement privé dans les infras- puits ou les latrines non améliorées. Même si tructures subsahariennes ont presque triplé, elles font l’affaire, elles ont tendance à être peu passant d’environ 3 milliards de dollars EU en commodes, de moindre qualité et insalubres. 1997 à 9,4 milliards en 2006/07 (soit à peu près Des solutions de second choix, comme l’éclai- 1,5 % du PIB régional). De plus, les pays non rage des rues, les lampes solaires, les bornes- membres de l’OCDE – notamment la Chine fontaines et les latrines améliorées offriraient et l’Inde – ont manifesté un intérêt croissant aux ménages des services de meilleure qualité à pour le financement des infrastructures dans un coût un peu plus élevé que celui des alterna- le cadre de la coopération Sud-Sud. De presque tives traditionnelles mais nettement inférieur à rien au début des années 2000, leur engage- celui des services modernes. De manière assez ment dans le financement des infrastructures surprenante, ces solutions de second choix ne africaines est passé à environ 2,6 milliards de sont pas très répandues en Afrique, et même là dollars EU par an entre 2001 et 2006. Même si où elles existent, elles sont généralement mises les décaissements ont tendance à être en retard à la disposition des plus aisés. de plusieurs années par rapport aux engage- La nature de bien public de beaucoup de ments, les promesses de financement extérieur ces solutions (comme les bornes-fontaines et des infrastructures africaines pourraient conti- 30 Infrastructures africaines : une Transformation impérative nuer à augmenter dans les prochaines années, projections de 4 % pour 2010 au lieu de 1,7 % si les engagements record de 2007 sont pleine- pour l’après-crise. À long terme, l’Afrique ment honorés. pourrait espérer un accroissement permanent À moins que des mesures ne soient prises de 2,5 % de son PIB (voir ODI, 2009). pour les soutenir, les dépenses nationales dans Tout accroissement du financement des l’infrastructure devraient diminuer, com- bailleurs de fonds en faveur des infrastructures promettant la reprise économique et aggra- africaines devrait prêter une attention particu- vant la pauvreté. Le déficit financier actuel lière au secteur de l’énergie et aux États fragiles. de 31 milliards de dollars EU par an pourrait Depuis les années 1990, les bailleurs de fonds encore se creuser avec la compression des négligent le secteur de l’énergie. Même si le budgets publics, la diminution des flux de secteur privé peut contribuer au financement capitaux extérieurs et l’érosion de la capacité de la production de l’énergie, les bailleurs de des consommateurs à payer des redevances fonds devront néanmoins augmenter substan- pour l’utilisation des services. La capacité de tiellement leur appui pour résoudre la crise construire de nouvelles infrastructures, d’éli- qui affecte actuellement le secteur. Ce passage miner les goulets d’étranglement régionaux à l’échelle supérieure était déjà en cours avant et d’entretenir les actifs existants subirait une le début de la crise, les engagements des dona- chute sévère. En Amérique latine, au cours des teurs ayant atteint le milliard de dollars EU en années 1990, environ 50 % de la compression 2005 et un pic de 2,3 milliards de dollars EU budgétaire visant à équilibrer les comptes en 2007. Les États fragiles font exception, ils publics provenaient des coupes opérées dans ont en effet reçu des bailleurs de fonds moins les dépenses d’infrastructure. En Indonésie, que la part de financement de l’infrastructure suite à la crise asiatique, les investissements à laquelle ils avaient équitablement droit. Vu publics dans les infrastructures sont tombés l’ampleur du déficit de financement auquel de 7 % à 2 % du PIB. La croissance en Améri- ces pays sont confrontés par rapport à la taille que latine et en Asie a été compromise pendant de leur économie, ainsi que l’importance des « une décennie perdue ». infrastructures dans la régénération de leur En temps de crise économique, beaucoup développement, il serait justifié qu’ils béné- de pays, depuis la Chine et l’Inde jusqu’à ficient progressivement des ressources des l’Argentine et au Mexique, se sont servis des bailleurs de fonds. infrastructures comme stimulants budgétaires. Certains des grands pays d’Afrique à faible À condition de cibler correctement les goulets revenu pourraient mobiliser des fonds locaux d’étranglement économiques clés et d’être importants en faveur des infrastructures à complétés par des réformes des politiques, les condition que les instruments appropriés soient investissements dans l’infrastructure peuvent développés. Dans un petit nombre de pays afri- préparer la route à une reprise ultérieure de la cains, les marchés nationaux des capitaux sem- croissance économique. De plus, certains types blent suffisamment grands et bien assis pour de contrats de travaux publics sont à forte fournir des fonds importants au financement intensité de main-d’œuvre et créent un emploi des infrastructures, le Nigeria étant l’exemple à court terme contribuant à alléger la pauvreté. le plus remarquable (Irving et Manroth, 2009). L’Afrique pourrait certainement tirer avantage La grande partie de ces fonds prend néanmoins d’un tel programme mais le continent n’a pas la forme de prêts des banques commerciales les moyens de le financer sans appui extérieur. à relativement courte échéance, qui ne sont Les estimations indiquent qu’un train bud- souvent pas les plus appropriés pour des pro- gétaire de 50 milliards de dollars EU serait jets d’infrastructure. Les marchés des obliga- nécessaire pour compenser l’impact de la crise tions de sociétés devraient être renforcés et les économique sur l’Afrique et qu’en le concen- conditions réglementaires d’une plus grande trant sur les investissements dans l’infras- participation des investisseurs institutionnels tructure, on peut obtenir les effets les plus au financement des investissements dans l’in- importants sur la croissance du PIB, avec des frastructure devraient être mises en place. Infrastructures africaines : une Transformation impérative 31 Notes Commission pour l’Afrique, 2005 : Our Common Cecilia Briceño-Garmendia et Vivien Foster Interest: Report of the Commission for Africa. sont les auteurs de ce chapitre. Londres : Commission pour l’Afrique. Dorosh, Paul, Hyoung-Gun Wang, Liang You et Bibliographie Emily Schmidt, 2008 : “Crop Production and Africon, 2008 : “Unit Costs of Infrastructure Pro- Road Connectivity in Sub-Saharan Africa: A jects in Sub-Saharan Africa.” Background Paper Spatial Analysis.” Working Paper 19, Africa 11, Africa Infrastructure Sector Diagnostic – Infrastructure Country Diagnostic – Banque Banque mondiale, Washington D.C. mondiale, Washington D.C. 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Eberhard, Anton, Vivien Foster, Cecilia Briceño- Banerjee, Sudeshna, Quentin Wodon, Amadou Garmendia, Fatimata Ouedraogo, Daniel Camos Diallo, Taras Pushak, Hellal Uddin, Clarence et Maria Shkaratan, 2008 : “Underpowered: Tsimpo et Vivien Foster, 2008 : “Access, Afforda- The State of the Power Sector in Sub-Saharan bility, and Alternatives: Modern Infrastructure Africa.” Background Paper 6, Africa Infrastruc- Services in Africa.” Background Paper 2, Africa ture Sector Diagnostic – Banque mondiale, Infrastructure Sector Diagnostic – Banque Washington D.C. mondiale, Washington D.C. Escribano, Alvaro, J. Luis Guasch et Jorge Pena, Bofinger, Heinrich C., 2009 : “Air Transport: Chal- 2008 : “Impact of Infrastructure Constraints on lenges to Growth.” Background Paper 16, Africa Firm Productivity in Africa.” Working Paper 9, Infrastructure Sector Diagnostic Banque mon- Africa Infrastructure Sector Diagnostic – diale, Washington D.C. Banque mondiale, Washington D.C. 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Teravaninthorn, Supee et Gael Raballand, 2008 : “Transport Prices and Costs in Africa: A Review of the Main International Corridors.” Working Paper 14, Africa Infrastructure Sector Diagnos- tic – Banque mondiale, Washington D.C. Une version française intitulée "Infrastructures africaines : une Transformation impérative" est en cours de publication et sera disponible en 2010. Four easy ways to order Online: Fax: Phone: Mail: +1-703-661-1580 or P.O. Box 960 www.worldbank.org/publications +1-703-661-1501 1-800-645-7247 Herndon, VA 20172-0960, USA PRODUCT STOCK # PRICE QTY SUBTOTAL Africa’s Infrastructure A Time for Transition 18041 US$39.95 (ISBN 978-0-8213-8041-3) Subtotal * Geographic discounts apply – depending on ship-to country. See http://publications.worldbank.org/discounts Geographic discount* ** Within the US, charges on prepaid orders are US$8 per order, plus US$1 per item. Institutional customers using a purchase order will be charged actual shipping costs. 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Infrastructures africaines Une transformation imperative Vivien Foster et Cecilia Briceiio-Garmendia Editeurs Une publication conjointe de l'Agence Fran~aise de Developpement et de la 8anque mondiale © 2010 Banque internationale pour la reconstruction et Ie developpement/Banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 Telephone: 202-473-1000 Internet: www.worldbankorg Email: feedback@worldbankorg Tous droits reserves 1 234 12 11 10 09 This work was originally published by The World Bank in English as Africa's Infrastructure: A Time for Transformation in 2010. In case of any discrepancies, the original language will govern. The findings, interpretations, and conclusions expressed herein are those of the author( s) and do not necessarily reflect the views of the Executive Directors of The World Bank or the governments they represent. The World Bank does not guarantee the accuracy of the data inclUdt:d in this work The boundaries, colors, denominations, and other information shown on any map in this work do not imply any judgement on the part of The World Bank concerning the legal status of any territory or the endorsement or acceptance of such boundaries. Ce travail a ete initialement publie par la Banque mondiale en anglais, so us Ie titre Africa's Infrastructure: A Time for Trans- formation in 2010. En cas de divergence, la langue originale primera. Cette brochure est produite par Ie personnel de la Banque intern at ion ale pour la reconstruction et Ie developpement/la Banque mondiale. Les constats, interpretations et conclusions qui y sont exprimes ne refletent pas necessairement les vues des Administrateurs de la Banque ni des Etats qu'ils representent. La Banque mondiale ne garantit pas l'exactitude des donnees figurant dans cet ouvrage. Les frontieres, couleurs, denomina- tions et autres informations reprises dans les cartes geographiques qui l'illustrent n'impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale quant au statut legal d'un quelconque territoire, ni l'aval ou l'acceptation de ces frontieres. Droits et autorisations Le materiel contenu dans cette publication est protege par la loi sur Ie droit d'auteur. La copie ou la communication sans auto- risation de parties ou de la totalite de ce travail peuvent etre considerees com me une violation des lois en vigueur. La Banque internationale pour la reconstruction et Ie developpement/la Banque mondiale encourage la diffusion de son travail et accorde habituellement la permission d' en reproduire des parties dans des delais assez brefs. Pour obtenir l'autorisation de photocopier ou reproduire une quelconque partie de cet ouvrage, veuillez en faire la demande, accompagnee de toute l'information necessaire, aupres du Copyright Clearance Center Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 01923, USA; telephone: 978-750-8400 ; fax: 978-750-4470 ; Internet: www.copyright.com. Toute autre question relative aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doit etre adressee a l'Office of the Publisher, World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA; fax: 202-522-2422; email: pubrights@worldbankorg. Maquettes de couverture et interieur : Naylor Design Photo de couverture: Arne HoellBanque mondiale; technicien it l'a.:uvre dans une installation de chloration d'une station de traitement d' eau au Senegal. Mise en page: Compo-Meca ISBN: 978-2-7440-7461-5 Creee en 2009, la collection « L'Afrique en developpement » s'interesse aux grands enjeux sociaux et economiques du developpement en Afrique subsaharienne. Chaque numero de cette collection dresse l'etat des lieux d'une problematique et contribue a alimenter la reflexion sur l' elaboration des politiques locales, regionales et mondiales. Decideurs, chercheurs et etudiants, y trouveront les resultats de travaux de recherche les plus recents, mettant en evidence les difficultes et les opportu- nites de developpement du continent. Cette collection est dirigee par l'Agence Fran<;:aise de Developpement et la Banque mondiale. Pluridisciplinaires, les manus- crits selectionnes emanent des travaux de recherche et des activites de terrain des deux institutions. Ils sont choisis pour leur pertinence au regard de l'actualite du developpement. En travaillant ensemble sur cette collection, l'Agence Fran<;:aise de Developpement et la Banque mondiale entendent renou- veler les fa<;:ons d'analyser et de comprendre Ie developpement de I'Afrique subsaharienne. Membres du Comite consultatif Agence Franraise de Developpement Pierre Jacquet, directeur de la strategie et chef economiste Robert Peccoud, directeur de la recherche Banque mondiale Shantayanan Devarajan, chef economiste, Region Afrique Jorge Arbache, economiste principal iii Table des matieres Preface xix Remerciement xxi Abreviations xxiii Vue d' ensemble Infrastructures africaines : une transformation imperative 1 Constat 1 : les infrastructures ont contribue a plus de la moitie de l'amelioration des performances de l'Afrique au niveau de la croissance 2 Constat 2 : les infrastructures africaines ont un retard considerable par rapport acelles d'autres pays en developpement 2 Constat 3 : la geographie economique difficile de l' Afrique pose un defi majeur au developpement des infrastructures sur Ie continent 3 Constat 4: les services d'infrastructure sont deux fois plus eleves en Afrique qu'ailleurs 4 Constat 5: l'energie est de loin Ie plus grand defi infrastructurel de I'Afrique 5 Constat 6: les besoins de I'Afrique en matiere de depenses d'infrastructure, evalues a 100 milliards de dollars EU par an, ont plus que double par rapport aux estimations precedentes de la Commission pour l'Afrique 5 Constat 7 : Ie defi pose par les infrastructures varie sensiblement selon les types de pays 7 Constat 8 : une part importante des infrastructures africaines est financee par des ressources nationales 8 Constat 9: en tenant compte des gains d'efficacite potentiels, l'ecart de financement des infrastructures africaines est superieur a 31 milliards de dollars EU par an, essentiellement dans Ie secteur de l' energie 9 Constat 10 : les reformes institutionnelles, reglementaires et administratives africaines n' ont ete qu' en partie realisees 12 Principales recommandations 14 Notes 25 Bibliographie 25 v vi Table des matieres PARTIE 1 La situation globale 27 Introduction Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 29 Genese du projet 30 Etendue du projet 31 Note 40 Bibliographie 40 1 Satisfaire les besoins d'infrastructure de l'Afrique 41 Infrastructure: la de d'une acceleration de la croissance en Afrique 42 Deficit infrastructurel de l' Afrique 46 Prix excessif des infrastructures en Afrique 48 Combien l'Afrique doit-elle depenser pour les infrastructures? 50 Cout global 56 Notes 58 Bibliographie 58 2 Combler I'ecart de financement de l'Afrique 61 Depenses allouees a la satisfaction des besoins infrastructurels 62 Que peut-on faire de plus avec l'enveloppe de ressources actuelle? 64 Ecart annuel de financement 70 Combien de fonds supplementaires peut-on mobiliser? 72 Couts des capitaux provenant de differentes sources 78 Les moyens les plus prometteurs d'accroitre les fonds 79 Que peut-on faire de plus? 79 Notes 80 Bibliographie 81 3 Lutter contre la pauvrete et les inegalites 83 Acces aux services de l'infrastructure moderne : stagnation et inegalite 84 Accessibilite des services de l'infrastructure moderne : subvention des menages aises 86 Alternatives aux services de l'infrastructure moderne : la voie du milieu 90 Defis politiques lies al'acceleration de l'extension des services 93 Notes 98 Bibliographie 98 4 Creer des institutions intelligentes 101 Reformes institutionnelles : un verre a moitie plein 102 La participation du secteur prive fonctionne-t-elle? 107 Table des matU:res vii Comment ameliorer les performances des entreprises publiques? 115 Les organismes de reglementation independants sont-ils utiles? 118 Notes 120 Bibliographie 120 5 Faciliter I'urbanisation 123 Considerer les villes comme des moteurs pour la croissance 124 Renforcer les liens ville-campagne 124 Couts de fourniture de l'infrastructure sensible a la den site 128 Investissements necessaires 130 Financement de l'infrastructure 131 Problemes et implications des politiques 135 Six principes pour une urbanisation efficace 138 Notes 138 Bibliographie 139 6 Approfondir I'integration regionale 141 Pourquoi l'integration regionale est importante 142 Possibilites de cooperation regionale a travers les secteurs des infrastructures 143 Relever les defis de l'integration region ale des infrastructures en Afrique 152 Notes 157 Bibliographie 158 PARTIE 2 Aper~us sectoriels 159 7 Technologies de I'information et de la communication: stimuler la croissance 161 La revolution des TIC en Afrique 161 Evolution du secteur des TIC 164 Reformes institutionnelles dans Ie secteur des TIC 165 Achever Ie reste du programme d'investissement 168 Defis politiques 170 Notes 174 Bibliographie 174 8 Energie electrique : rattraper Ie retard 177 Les problemes chroniques de l' energie elect rique en Afrique 178 Un enorme retard d'investissement 180 Les promesses du commerce regional de 1'electricite 182 Ameliorer la performance des services publics grace a des reformes institutionnelles 183 viii Table des matieres Le defi du recouvrement des couts 186 Defis politiques 190 Notes 197 Bibliographie 198 9 Transport: plus que la somme de ses parties 199 Integrer Ie transport multimodal 200 Developper les systemes logistiques 201 Developper des corridors de transit pour les pays enclaves 202 Accroitre la concurrence 203 Revoir les positions a!' egard de la fourniture et des profits prives 204 Satisfaire les obligations sociales 205 Notes 206 Bibliographie 206 10 Les routes: etendre Ie programme 207 Infrastructure routiere - Leger retard par rapport a d'autres regions 208 Institutions et fin an cement de l'infrastructure routiere - Evolutions prometteuses 209 Depenses en faveur des routes - Plus d'entretien, moins de rehabilitation 210 Etat des routes - Reflet de la qualite de la gouvernance du secteur 213 Besoins de depense dans l'infrastructure - Vne moyenne de 1,5 % du PIB par an 214 Services de transport - Le pro bleme oublie 215 L'avenir - Elargir l'agenda de la reforme 216 Notes 222 References 222 11 Chemins de fer: a la recherche de trafic 223 Les reseaux ferroviaires africains 224 Le marche ferroviaire africain 228 A quel point les investissements sont-ils justifies? 231 Dispositions et performances institutionnelles 233 Problemes cles pour les Etats 239 La voie asuivre 241 Notes 241 Bibliographie 241 12 Ports et activites maritimes: recherche proprietaires 243 Le marche maritime africain 244 Ports africains 246 Table des matieres ix Problemes politiques et detis de la mise en reuvre 250 Notes 253 Bibliographie 253 13 Aeroports et transport aerien : Ie del est la limite 255 Le marche du transport aerien en Afrique 256 La politique de transport aerien en Afrique 260 Infrastructure du transport aerien en Afrique 261 Problemes des politiques 263 Notes 266 Bibliographie 266 14 Les ressources en eau : un interet commun 267 Ressources en eau et developpement economique : des defis pour l'Afrique 268 Relever les defis 273 Investir dans la securite de l'eau de l'Afrique 276 Note 280 Bibliographie 280 15 Irrigation: un potentiel aexploiter 283 Agriculture et reduction de la pauvrete 284 Situation actuelle de l'irrigation 284 Potentiel et besoins en matiere d'investissement economique 286 Impact de l'expansion de l'amenagement des eaux a usage agricole 289 Defis de la mise en reuvre 291 Notes 293 Bibliographie 293 16 Alimentation en eau : les objectifs seront-ils atteints? 295 L'objectif du Millenaire pour Ie developpement relatif al'eau - Souvent hors de portee 296 Des schemas d'acces differents en ville et ala campagne 296 Financer l'OMD 299 Utiliser des technologies adaptees 301 Le defi du recouvrement des couts 303 AmeIiorer les performances des services publics grace a des rHormes institutionnelles 305 Reformes en milieu rural 311 Recommandations pour les politiques 312 Notes 318 Bibliographie 318 x Table des matieres 17 Assainissement: passer a I'echelon superieur 321 L'etat de l'assainissement en Afrique 322 Defis et options en matiere de politiques 327 Il reste plusieurs defis communs a tous les pays 331 Notes 332 Bibliographie 333 Index 335 Table des matieres xi Encadres I.l La plate forme des systemes d'information geographique pour l'Afrique de l'AICD 34 1.1 Introduction d'une typologie des pays 49 2.1 L'investissement public dans l'infrastructure finance en creusant Ie deficit est-il payant? 74 3.1 Acces a l'infrastructure de base et utilisation du temps 91 3.2 Acces, accessibilite financiere et alternatives - Transports publics urbains 92 3.3 Les subventions de raccordement ciblent-elles bien les pauvres? 94 4.1 Fiche d' evaluation institutionnelle des infrastructures 102 4.2 Privatisation dans les ports africains III 4.3 Enseignements tires du contrat de concession de DAWASA (Tanzanie) 114 4.4 Enseignements tires de la reforme reussie d'une entreprise publique, la Botswana Power Corporation 116 4.5 Contrat de performance avec la Compagnie nation ale des eaux et de l'assainissement en Ouganda 117 4.6 Reglementation atravers les contrats au Senegal 119 5.1 Les questions foncieres en Tanzanie 134 6.1 Not So EASSy 146 6.2 Des postes frontieres a guichet unique pour faciliter les echanges 157 8.1 La crise de l'offre energetique en Afrique du Sud 180 8.2 Le succes du Kenya avec la participation privee au secteur de l'energie 186 8.3 Le succes du Botswana avec une entreprise publique d'electricite 187 8.4 CREST prop age les pratiques modeles 193 8.5 Electrification rurale au Mali 195 9.1 Obstacles a la croissance du trafic de transit sur Ie corridor de Maputo 203 9.2 Une nouvelle tentative de reforme du systeme de transit sur Ie corridor Cameroun- Republique centrafricaine-Tchad 204 10.1 Le role des AGETIP 211 12.1 Participation privee et efficacite des ports: L'exemple du terminal a conteneurs d'Apapa, a Lagos (Nigeria) 252 14.1 Le barrage de Metolong et Ie programme d'alimentation en eau du Lesotho 274 15.1 Hypotheses pour l'etude du potentiel d'investissement dans l'irrigation 287 15.2 Un environnement favorable a la reforme : l'Office du Niger 292 15.3 L'association nigeriane des utilisateurs de l'eau de Fadama: Expansion de l'irrigation 293 16.1 La Iegalisation des menages revendeurs d'eau en Cote d'Ivoire 298 16.2 Bornes-fontaines aKigali (Rwanda) 302 16.3 Recouvrement des couts, equite et efficacite des tarifs de l'eau en Afrique 304 16.4 L'experience reussie de participation du secteur prive au Senegal 309 16.5 Un exemple reussi de reforme d'une entreprise publique en Ouganda 310 16.6 Problemes entravant l'alimentation en eau en milieu rural dans l'Etat de Cross River, au Nigeria 313 17.1 Qu'est-ce que l'assainissement ameliore? 322 xii Table des matieres 17.2 La reus site de l'Ethiopie avec un programme pilote par les communautes 329 17.3 Taxe d'assainissement au Burkina Faso .332 Figures 0.1 Acces des menages aux services 3 0.2 Causes sous-tendant la crise de la fourniture d'electricite en Afrique 6 0.3 Poids des depenses d'infrastructure 7 0.4 Depenses publiques d'infrastructure par rapport au PIB 9 0.5 Retard accumule dans les travaux de rehabilitation 10 0.6 Cout caches des inefficacites des services publics 11 0.7 Ecart de financement des infrastructures, par secteur et type de pays 12 0.8 Etat de la reforme institutionnelle a travers les secteurs d'infrastructure 13 0.9 Faible acces des demunis aux services inabordables destines aux menages 23 1.1 Couverture des pays consideres par Ie Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 32 1.2 Representativite des pays consideres dans la Phase I de l' AICD 32 1.1 Variations de la croissance par habitant dues a une modification des determinants de la croissance 43 1.2 Variations de la croissance par habitant dues a des changements dans les differents types d'infrastructures 43 1.3 Contribution de l'infrastructure a la productivite totale des facteurs des entreprises 44 1.4 Comparaison de la croissance des stocks d'infrastructures de 1'Afrique et de 1'Asie 47 1.5 Besoins en depenses infrastructurelles de 1'Afrique subsaharienne 2006-2015, par pays 57 2.1 Sources de fin an cement des depenses en capital pour l'infrastructure 63 2.2 Partage des responsabilites d'investissement entre 1'Etat et les entreprises publiques 65 2.3 Actifs infrastructurels necessitant une rehabilitation 70 2.4 Couts du capital par source de financement 78 2.5 Etalement de 1'investissement dans Ie temps 80 3.1 Couverture des services de 1'infrastructure reseau, 1990-2005 84 3.2 Extension des services alternatifs par rapport aux services modernes (du milieu des annees 1990 au milieu des annees 2000) 85 3.3 Acces universel a 1'eau courante dans les pays d'Afrique subsaharienne d'ici 2050 et au- dela 85 3.4 Couverture des services de l'infrastructure moderne par quintile de budget 85 3.5 Part du budget des menages consacree aux services d'infrastructure, par quintile de revenu 87 3.6 Population raccordee aux services et qui ne les paye pas 87 3.7 Accessibilite financiere de la consommation de subsistance au tarif permettant Ie recouvrement des couts 88 3.8 Degre auquelles subventions de 1'electricite et de l'eau atteignent les pauvres, par pays 89 3.9 Montant des subventions necessaires pour maintenir 1'accessibilite financiere des services des eaux et de 1'electricite - 2005 90 3.10 Incidence de la repartition des services alternatifs de l' eau et de l' assainissement 91 Table des matii~res xiii 3.11 Augmentation des tarifs industriels et commerciaux, Niger et Malawi 95 3.12 Clients residentiels utilisant des compteurs a. carte prepayee, par service public 96 4.1 Avancees institutionnelles dans les pays par groupes de revenu, dependance vis-a.-vis de l'aide et richesse en ressources 104 4.2 Progres institutionnels au sein des secteurs 105 4.3 Progres institution nels pour les reformes, la reglementation et la gouvernance 106 4.4 Mise en ceuvre de la participation privee a. travers les secteurs 107 4.5 Participation privee dans la gestion et l'investissement a. travers les secteurs 108 4.6 Liens entre la participation du secteur prive et les indicateurs de performance dans les telecommunications 109 4.7 Liens entre la concentration du marche et les indicateurs de performance dans les telecommunications 110 4.8 Liens entre les concessions portuaires et les indicateurs de performance III 4.9 Liens entre les concessions ferroviaires et les indicateurs de performance 112 4.10 Lien entre les contrats de gestion dans l'electricite et les mesures de performances 113 4.11 Prevalence de pratiques de bonne gouvernance au sein des entreprises publiques d'infrastructure 117 4.12 Prevalence des contrats de performance pour l' electricite et l' eau 118 5.1 Acces aux infrastructures par localisation 127 5.2 Evolution de la couverture des services urbains et ruraux 127 5.3 Differentiel de qualite entre les reseaux de routes principales et rurales 128 5.4 Accessibilite financiere d'une offre d'infrastructure de base destinee aux menages 130 5.5 Repartition spatiale des investissements infrastructurels passes 131 5.6 Repartition spatiale des besoins en investissements futurs 131 5.7 Schemas institutionnels de l'alimentation en eau et electricite dans les zones urbaines 132 5.8 Budgets municipaux de quelques villes africaines selectionnees 132 6.1 Les defis infrastructurels regionaux de l'Afrique 144 6.2 Economies realisees grace au commerce de l'energie pour les principaux pays potentiellement importateurs d'energie 147 6.3 Inegalite de la repartition des centres aeroportuaires a. travers I'Afrique : flux du trafic entre les 60 principales paires regionales 150 7.1 Comparaison de la penetration des services TIC dans Ie monde, 2006 162 7.2 Couverture du reseau mondial de telephonie mobile (GSM) en Afrique, 1998 au troisieme trimestre 2006 162 7.4 Panier des prix pour l'acces Internet, 2005 163 7.3 Prix d'un appel d'une minute aux heures de pointe vers les Etats-Unis, 2006 163 7.6 Couts du sureffectif pour les operateurs de teIephonie fixe en place dans quelques pays 164 7.5 Changement net dans Ie marche de la telephonie fixe, 2001-05 164 7.7 Taxe sur la valeur ajoutee et droits d'accise sur les services de telephonie mobile, 2006 165 7.8 Etat de la concurrence dans la telephonie mobile, 1993-2006 166 7.9 Reequilibrage des tarifs dans les pays africains suite a. la liberalisation du secteur des telecommunications, 1993-2006 166 xiv Table des matieres 7.10 Deficit de couverture de la telephonie vocale dans 24 pays subsahariens 169 7.11 Deficits de couverture de la large bande dans 24 pays africains 169 8.1 Causes sous-jacentes de la crise de l'offre energetique de I'Afrique 179 8.2 Couts economiques des interruptions de courant dans quelques pays 180 8.3 Poids economique associe aux inefficacites des services publics de l'electricite dans quelques pays 184 8.4 Inefficacites dans les performances des services publics 185 8.5 Effets des differentes mesures de reforme sur les couts caches 185 8.6 Sous-tarification de l'electricite dans quelques pays 188 8.7 Couts et recettes de l'eIectricite par types de systemes energetiques, 2001-2005 188 8.8 Situation passee et future du recouvrement des couts 189 8.9 Accessibilite financiere de la consommation eIectrique de subsistance au tarif de recouvrement des couts 190 8.10 Engagements de financement exterieur en faveur du secteur africain de l'energie, 1994- 2007 197 9.1 L'Afrique enregistre de faibles scores pour l'indice de performance logistique, 2007 201 10.1 Progres des reformes des fonds routiers 209 10.2 Depense moyenne annuelle dans Ie transport routier, par pays, 2001-05 211 10.3 Depense en rehabilitation et entretien par rapport aux normes 212 10.4 Distribution de la longueur du reseau routier en fonction des categories d'etat des routes, par pays 213 11.1 Carte des reseaux de chemin de fer africains 224 11.2 Taille et trafic des reseaux de chemin de fer par region 225 11.3 Densite de trafic moyenne des reseaux de chemin de fer, 2001-2005 226 11.4 Volume de trafic moyen des chemins de fer, 2001-2005 228 11.5 Participation privee dans les chemins de fer africains depuis 1990 233 11.6 Productivite du travail sur les reseaux de chemin de fer africains 235 11.7 Productivite de la main d'reuvre des concessions ferroviaires 236 12.1 Repartition des conteneurs en Afrique subsaharienne 245 12.2 Ports africains, par taille 246 12.3 Mouvements moyens par heure, par categorie de ports 249 l3.1 Croissance du trafic aerien, 1997-2006 256 13.2 Les 60 premieres routes internationales en Afrique subsaharienne, 2007 257 13.3 Zones de croissance regionale en nombre de sieges offerts, to utes categories de vols 258 l3.4 Tarifs aeriens par distance sur les routes africaines, Afrique du Nord comprise, 2008 259 13.5 Analyse de la securite en Afrique realisee par I'Organisation de l'aviation civile internationale, 2004 265 14.1 Variabilite hydroclimatique interannuelle en Afrique, pour une selection de regions et pays 269 14.2 Les bassins hydrographiques internationaux en Afrique 270 14.3 Potentiel d'energie hydroelectrique de I'Afrique 271 Table des matii~res xv 14.4 Potentiel d'irrigation de I'Afrique subs aha rienne 272 14.5 Securite de l'eau et croissance 273 14.6 Interventions de I'eau en faveur de la pauvrete 275 14.7 Stockage de I'eau en reservoir par habitant dans une selection de pays, 2003 277 14.8 Degre de cooperation region ale dans Ie secteur de I'eau 280 15.1 Pourcentage des surfaces cultivees equipees pour I'irrigation, par pays 286 15.2 Investissements potentiels dans I'irrigation basee sur les barrages et apetite echelle 288 16.1 Accroissement de l'acces a I'eau par source d'alimentation, des annees 1990 au debut des annees 2000 299 16.2 Couverture des services d'alimentation en eau, par quintile de budget 299 16.3 Fardeau economique de la sous-tarification de l'eau, par pays 303 16.4 Accessibilite financiere des tarifs permettant Ie recouvrement des couts dans les pays afaible revenu 305 16.5 Fardeau economique des inefficacites operationnelles des services des eaux, par pays 306 16.6 Effet de I'inefficacite du service public sur l'extension de I'acces et la qualite de I'eau 307 16.7 Couts caches et cadres institutionnels 307 16.8 Apen;:u des reformes affectant les services publics urbains 307 16.9 Apen;:u des reformes de l'alimentation en eau en milieu rural 312 17.1 L'echelle de I'assainissement 323 17.2 Pourcentage de la population partageant des installations de toilettes 323 17.3 Couverture de I'assainissement par quintile de revenu 324 17.4 Croissance annuelle de la couverture des types d'assainissement, 1990-2005 324 17.5 Grimper sur Ie premier barreau de I'echelle de I'assainissement : Cote d'Ivoire et Ethiopie, 1999-2005 325 17.6 Amelioration des latrines: Madagascar et Rwanda, 1990-2005 325 17.7 Generalisation des fosses septiques: Senegal, 1990-2005 325 17.8 Caracteristiques des modes d'acces a l'assainissement en zones urbaines et rurales 326 Tableaux 0.1 Deficit infrastructurel de l'Afrique 3 0.2 L'infrastructure couteuse de I'Afrique 4 0.3 Besoins globaux de depense d'infrastructure pour I'Afrique subsaharienne 6 0.4 Depense actuellement affectee aux besoins d'infrastructure de l' Afrique subsaharienne 8 0.5 Trouver des ressources : ecart d' efficacite et ecart de financement 11 0.6 Apen,:u de la participation privee dans les infrastructures 14 I.1 Documents de reference de I'AICD 31 1.2 Documents de travail de I'AICD 39 1.1 Relation entre infrastructure et croissance en Afrique: qu' en disent les analystes? 42 1.2 Preuves de la relation entre I'infrastructure et les OMD en Afrique 45 1.3 Point de vue international sur Ie deficit infrastructurel de I'Afrique 46 1.4 Point de vue intra regional sur Ie deficit des infrastructures de l'Afrique 48 xvi Table des matieres 1.5 Couts eleves de l'infrastructure africaine 48 1.6 Objectifs economiques et sociaux it 10 ans pour les estimations des besoins d'investissement, 2006-15 50 1. 7 Besoins energetiques de l' Afrique, 2006-15 51 1.8 Besoins en depenses dans 1'energie, 2006-15 52 1.9 Besoins en depenses dans 1'irrigation, 2006-15 53 1.10 Besoins en depenses dans l' eau et l' assainissement, 2006-15 53 1.11 Besoins en depenses dans les transports, 2006-15 55 1.12 Besoins en depenses dans les TIC au-delit de ceux purement lies au marche : investissements uniquement,2006-15 56 1.13 Total des besoins en depenses dans 1'infrastructure de 1'Afrique subsaharienne, 2006-15 56 2.1 Depense liees aux besoins pour les acteurs les plus importants (flux annualises) 63 2.2 Flux budgetaires annuels 64 2.3 Ratios moyens de variation budgetaire des depenses en capital 66 2.4 Decaissements actuels superieurs it ceux destines aux besoins infrastructurels - Flux annualises 66 2.5 Taux de rentabilite economique pour les infrastructures des 67 2.6 Gains potentiels d'un meilleur recouvrement des couts 67 2.7 Gains potentiels lies it une plus grande efficacite operationnelle 69 2.8 Ecart d'efficacite et ecart de financement 71 2.9 Ecarts de fin an cement par secteurs et groupes de pays 71 2.10 Evolution nette des budgets de 1'Etat, par utilisation economique (1995-2004) 72 2.11 Flux d'investissement de l'APD annualises 74 2.12 Historique des flux d'investissements annualises de la Chine, de l'Inde et des pays arabes 75 2.13 Flux annuels d'investissement de la participation privee 76 2.14 Financement en cours dans les infrastructures, pour 2006 77 3.1 Com prendre la couverture des services d'infrastructure : Ie role des facteurs lies it l'offre et it la demande 86 3.2 Budget mensuels des menages 86 3.3 Cout en capital pour une solution de premier choix, de second choix et une alternative traditionnelle 93 3.4 Resultats potentiels du ciblage de la subvention du raccordement selon differents scenarios 97 4.1 Correlation entre les resultats institutionnels pour les infrastructures et les mesures de la gouvernance au niveau des pays 104 4.2 Annulation des contrats africains de participation privee 108 4.3 Resume des constats relatifs it la participation privee dans 1'infrastructure 115 4.4 Liens entre la gouvernance et les indicateurs de performance pour 1'electricite et 1'eau 118 4.5 Liens entre la reglementation et les indicateurs de performance pour les telecommunications, l' electricite et l' eau 119 4.6 Liens entre Ie type de regulateur et les indicateurs de performance pour l' eau 119 5.1 Relation entre la productivite agricole et la distance par rapport aux centres urbains 124 Table des matii:~res xvii 5.2 Repartition de la population par types d'habitat et de pays 125 5.3 Differentiel economique entre les populations rurale et urbaine par type de pays 126 5.4 Contributions sectorielles au RNB et it sa croissance 126 5.5 Menages ayant acces it un ou plusieurs services infrastructurels modernes 128 5.6 CoM du capital par habitant de la fourniture d'infrastructures, par densite 129 5.7 Aperyu des mecanismes locaux de financement des infrastructures 133 5.8 Densite de la population par type de pays 134 6.1 Couts necessaires it la connectivite intercontinentale et intra-regionale complete 145 6.2 Avantages de l'acces it un cable sous-marin 147 6.3 Profil des six principaux pays potentiellement exportateurs d' energie 148 6.4 Delais moyens de livraison des conteneurs, du bateau au destinataire 149 6.5 Principaux corridors de transport pour les echanges internationaux en Afrique subsaharienne 149 7.1 Prix de l'acces it la telephonie vocale internationale et de la connectivite it Internet 167 7.2 Investissements necessaires pour combler les deficits dans la couverture de la telephonie vocale et de la large bande en Afrique subsaharienne 168 8.1 Cout economique de la production d' electricite de secours 181 8.2 Besoins en depenses du secteur de l'energie 182 8.3 Flux de financement destines au secteur de l'energie 182 8.4 Composition de l'ecart de financement du secteur de l'energie 183 8.5 Cout et accessibilite financiere des factures mensuelles d'electricite au tarif de recouvrement des couts: passe et futur 189 10.1 Trafic quotidien moyen sur Ie reseau routier principal 208 10.2 Besoins de depense du secteur routier 214 10.3 Flux de financement en faveur du secteur des routes 215 10.4 Aperyu des parametres cles du transport routier des marchandises sur les principaux corridors internationaux 216 12.1 Evolution du trafic lie aux echanges par conteneurs, ports d'Afrique subsaharienne, par region, 1995-2005 244 12.2 Evolution du trafic du fret general, 1995-2005 245 12.3 Transactions privees pour l'ensemble des secteurs portuaires, 2000/07 248 12.4 Retards moyens aux ports 249 12.5 Tarifs habituels de la manutention des conteneurs et du fret general aux points de passage 250 13.1 Croissance du trafic aerien en Afrique subsaharienne, 2001-07 257 13.2 Liberalisation des services aeriens en Afrique suivant les groupements regionaux 261 13.3 Qualite des pistes en Afrique subsaharienne, 2007 262 14.1 Disponibilite et utilisation des ressources en eau (metres cubes par habitant) 270 14.2 Besoins en capital du stockage hydroelectrique it grande echelle it usages multiples d'ici 2015 277 15.1 Quelques indicateurs relatifs aux investissements dans l'irrigation en Afrique subsaharienne 285 xviii Table des matii~res 15.2 Besoins d'investissements potentiels dans l'irrigation it grande echelle basee sur les barrages et l'irrigation it petite echelle compIementaire en Afrique subsaharienne 287 15.3 Part des cultures so us irrigation et evaluation des besoins d'investissement dans l'irrigation 289 15.4 Sensibilite du potentiel d'irrigation aux hypotheses sur les couts d'investissements 289 15.5 Evolution du prix des aliments pour differents indicateurs, 2020 et 2050 290 16.1 Evolution de la couverture de l'alimentation en eau en Afrique, par source 297 16.2 Services fournis par les entreprises publiques dans leur zone de desserte 297 16.3 Qualite des services fournis par les entreprises publiques dans leur zone de service 298 16.4 Prix moyen du service de l'eau dans les quinze plus gran des villes, par type de fournisseur 298 16.5 Estimation du fin an cement annuel necessaire pour atteindre l'OMD relatif it l'eau 300 16.6 Flux financiers actuels destines it l'alimentation en eau et it l'assainissement 300 16.7 Composition de l'ecart de financement du secteur de l'eau 301 16.8 Apenru des effets de la participation du secteur prive sur les performances des services publics 308 16.9 Rapport entre l'indice de reforme rurale et Ie succes de l'extension de la couverture du service en milieu rural 312 17.1 Modes d'acces it l'assainissement en Afrique 323 17.2 Cout des installations d'assainissement au Senegal 329 Cette etude fait partie du Diagnostic des infrastructures L'AICD a ete prepare it la demande du Consortium pour nationales en Mrique (AICD), un projet dont l'ambition est les infrastructures en Afrique (lCA) suite au Sommet 2005 de develop per la connaissance de l'infrastructure physique du G-8 (Groupe des huit) it Gleneagles en Ecosse. Ce som- africaine dans Ie monde. L'AICD constituera une base qui met avait souligne l'importance pour soutenir Ie developpe- servira de reference pour mesurer les futures ameliorations ment de I'Afrique d'accelerer Ie financement international de l'infrastructure, et d'assurer ainsi un suivi des resultats de de ses infrastructures. La Banque mondiale met en ceuvre l'aide internationale. Ce diagnostic constituera egalement une I'AICD so us la supervision d'un comite de pilotage OU sont base empirique solide pour la determination des priorites representes I'Union africaine, Ie Nouveau partenariat pour d'investissement et la conception des reformes de politiques Ie developpement de I'Afrique (NEPAD), les communautes dans Ie secteur des infrastructures en Afrique. economiques regionales africaines, la Banque africaine de L'AICD est Ie fruit d'un effort sans precedent en matiere de developpement (BAD), la Development Bank of Southern collecte de donnees economiques et techniques detaillees sur Africa (DBSA) et les principaux bailleurs de fonds du sec- les secteurs infrastructurels africains. Le projet a ainsi permis teur des infrastructures. Le financement de l' AICD provient de produire differents rapports sur les depenses publiques, les d'un fonds fiduciaire multi-donateurs dont les principaux besoins de depenses et les performances de chacun des princi- contributeurs sont Ie Departement pour Ie developpement paux secteurs infrastructurels, it savoir l' energie, les technolo- international du Royaume-Uni (DFID), Ie Private Public gies de l'information et de la telecommunication, l'irrigation, Infrastructure Advisory Fund (PPIAF), I'Agence franc;:aise de les transports ainsi que l'eau et l'assainissement. L'ouvrage developpement (AFD), la Commission europeenne et la KfW ci-apres fait la synthese des constats les plus significatifs de Entwicklungsbank de la Republique federale d'Allemagne. ces rapports. Un groupe de represent ants eminents du monde politi que et La premiere phase de I'AICD s'est concentree sur 24 pays universitaire de I'Afrique et d'ailleurs ont pro cede it un exa- representant ensemble 85 % du produit interieur brut, de la men par les pairs des principales conclusions de l'etude afin population et des flux de l'aide aux infrastructures en Afrique d' en garantir la qualite technique. subsaharienne. II s'agit de I'Afrique du Sud, du Benin, du Bur- Le Programme de politiques de transport en Afrique kina Faso, du Cameroun, du Cap-Vert, de la Cote d'Ivoire, subsaharienne (SSATP) et Ie Programme d'alimentation de I'Ethiopie, du Ghana, du Kenya, du Lesotho, de Madagas- en eau et d'assainissement (WSP) ont apporte leur assistance car, du Malawi, du Mozambique, de la Namibie, du Niger, technique it la collecte des donnees et it l' analyse de leurs secteurs du Nigeria, de I'Ouganda, de la Republique democratique du respectifs. Congo, du Rwanda, du Senegal, du Soudan, de la Tanzanie, Le present ouvrage et d'autres analyses des infrastructures, du Tchad et de la Zambie. Une deuxieme phase du projet se ainsi que les sources de donnees qui ont servi it leur confec- propose d'etendre la couverture de fac;:on it inclure autant tion, pourront etre telecharges it partir du site http://www. d'autres pays africains que possible. infrastructure. africa. org. Des resumes separes de ces rapports sont disponibles en franc;:ais et en anglais. xix Toutes les demandes relatives a la disponibilite de don- nees doivent etre adressees aux editeurs, a la Banque mondiale, Washington, DC. 1fr- . .. L.......:;;=:.._ _ _ _- - ' aft AcUlinFIlAH<;Alst Ol DivtLOPnMlNf DFID "'"'''''''''' 1"1,, p" I I" 'I'"' I nl DB9\. Development Bank ... "i' kfw .::::. •• ENTWICKLUNGSBANK . * **• *** * •• of Southern Africa (<., NEPAD -) THE WORLD BANK Remerciements Ce rapport a ete produit par Ie Bureau du directeur du Depar- De fa<;:on a assurer la participation et la consultation des tement du developpement durable de la Region Afrique de la pratiques techniques de la Banque mondiale la plus large pos- Banque mondiale. Plusieurs aut res directions de la Banque sible, des groups de revue interne par les pairs ont ete mis ont participe a differents stades de la production du rapport, en place avec pour mission de fournir a l'equipe de redac- dont celles (par ordre chronologique) de Michel Wormser, tion un feedback sur les differentes versions preIiminaires du John Henry Stein (acting) et Inger Andersen. rapport. Ces groups etaient composes comme suit: Pour Ie La production de ce rapport est Ie fruit des travaux d'une secteur TIC- Mavis Ampah, Philippe Dongier, Clemencia equipe dirigee par Vivien Foster et Cecilia Briceno-Gar- Torres, et Mark Williams; pour Ie secteur irrigation- Bar- mendia, et composee de : Aijaz Ahmad, Dominique Akele, bara Miller, Stephen Mink, et Ashok Subramanian; pour Ie Sudeshna Ghosh Banerjee, Carolina Dominguez Torres, secteur energie-Philippe Benoit, David Donaldson, Vijay Sophie Hans-Moevi, Elvira Morella, Nataliya Pushak, Rupa Iyer, Luiz Maurer, Rob Mills, Lucio Monari, Kyran O'Sullivan, Ranganathan, Maria Shkaratan et Karlis Smits. Prasad Tallapragada, Clemen cia Torres, et Tjaarda Storm Van Cette equipe tient a exprimer sa reconnaissance a plu- Leeuwen; pour Ie secteur transport - Pierre Pozzo di Borgo, sieurs collegues de la Banque mondiale pour leurs con seils et Michel Luc Donner, Michel Iches, Marc Juhel, Cornelis Kruk, leurs apports portant sur d'importants aspects transversaux Alain Labeau, Charles Schlumberger, et Kavita Sethi; pour Ie du rapport. Elle tient a remercier Antonio Estache, Jose Luis secteur approvisionnement en eau et assainissement-Ven- Irigoyen et Jyoti Shukla pour leurs conseils sur des questions tura Bengoechea, Jaime Biderman, Matar Fall, Sarah Keener, generales d'infrastructure, Sarah Keener sur des questions Peter Kolsky, Alex McPhail, Eustache Ouayoro, Christophe sociales, Paul Martin sur des questions environnementales Prevost, Caroline van den Berg, et Meike van Ginneken ; pour et Stephen Minsk pour ses apports sur les aspects ruraux et Ie theme financement-Gerardo Corrochano, Michael Fuchs, agricoles. James Leigland, Anand Rajaram, Sudhir Shetty, Jyoti Shukla, Un groupe consultatif technique exterieur, compose de Clemencia Torres, Marilou Uy, et Marinus Verhoeven; pour pairs independants, a procede a un exam en de la qualite des Ie theme pauvrete et inegalite-Judy Baker, Douglas Barnes, documents de reference sur lesquels se fonde ce document. Ellen Hamilton, Julian Lampietti, et Kenneth Simler; pour Ie II etait co-preside par Shanta Devarajan (chef economiste, theme institutionel-James Leigland et Jyoti Shukla; pour Ie Region Afrique, Banque mondiale) et Louis Kasekende (chef theme urbain-Jaime Biderman, Catherine Farvacque-Vitko- economiste, Banque africaine de developpement). II rassem- vic, Matthew Glasser, Sumila Gulyani, et Uri Raich ; pour Ie blait Adeola Adenikinju (professeur, Universite d'Ibadan, theme integration regionale-Uwe Deichmann, Jakob Kols- Nigeria), Emmanuelle Auriol (professeur, Universite de Tou- ter, et Mark Tomlinson. louse, France), Tony Gomez- Ibanez (professeur, John F. Ken- Une equipe editoriale composee de Bruce Ross-Larson, nedy School of Government, Harvard University), Cheikh Steven Kennedy et Joseph Caponio a gran dement contribue Kane (expert independant en financement de l'infrastruc- a ameliorer la qualite du manuscrit final soumis au Bureau ture), et Xinzhu Zhang (professeur, Academie chinoise des des publications de la Banque mondiale. JPD Systems a assure sciences sociales, Pekin). la traduction fran<;:aise de la version finale du manuscrit. xxi Abreviations' AEA Alimentation en eau et assainissement NWSC National Water and Sewerage Corpora- AFRICATIP Association africaine des agences d' execution des tion (Ia compagnie nationale des eaux et de travaux d'interet public l' assainissement) AGETIP Agence d'execution des travaux d'interet public OCDE Organisation de cooperation et de developpe- AI CD Diagnostic des infrastructures nation ales en ment economiques Afrique (Africa Instructure Country Diagnostic) OMD Objectif du Millenaire pour Ie developpement AMADER Agence malienne pour Ie developpement de PCS Programme conjoint de surveillance l' energie domestique et l' electrification rurale PEl Producteur d' energie independant APD Aide publique au developpement PPI Participation privee dans l'infrastructure BPC Botswana Power Corporation (compagnie d' elec- PSP Participation du secteur prive tricite du Botswana) RNB Revenu national brut CEAR Central East African Railways (chemins de fer de SAT-3 Cable sous-marin de l'Atlantique Sud 3/Afrique I'Afrique centrale et orientale) de I'Ouest CREST Commercial Reorientation of the Electricity Sec- SEACOM South Africa-East Africa-South Asia-Fiber Optic tor Toolkit (outil de reorientation commerciale Cable (Ie cable en fibre optique Afrique du Sud- du secteur de l' electricite) Afrique de I'Est- Asie du Sud) E&M Exploitation et maintenance srG Systeme d'information geographique EASSy Eastern African Submarine Cable System (Ie sys- SODECI Societe de distribution d'eau de la Cote d'Ivoire ti~me de cable sous-marin de I'Afrique orientale) SSATP Programme de politiques de transport en Afrique EDS Enquete demographique et de sante subsaharienne (Sub-Saharan Africa Transport EP Entreprise privee PolicyProgram) EVP Equivalent vingt pieds TEAMS The East Africa Marine System (Systeme de cable FAD Fonds africain de developpement sous-marin de l'Afrique de I'Est) GSM Reseau mondial de telephonie mobile TIC Technologies de l'information et de la IBNET International Benchmarking Network communication IDA Association internationale de developpement TIR Transports internationaux routiers (International Development Association) TPT Tarif progressif par tranches KenGen Kenya Electricity Generating Company (la com- USD Tous les montants sont en dollars EU sauf indi- pagnie de production d'electricite du Kenya) cation contraire KPLC Kenya Power and Lighting Company (la compa- VoIP Voix sur IP (Internet protocol) gnie d'electricite et d'eclairage du Kenya) WiMAX Worldwide Interoperability for Microwave Access NEPAD Nouveau partenariat pour Ie developpement (systeme de normes pour les transmissions de de l' Afrique (New Partnership for Africa's donnees a haut-debit par voie hertzienne) Development) xxiii Vue d' ensemble Infrastructures africaines : une transformation imperative e Diagnostic des infrastructures nation ales en Afrique • L'energie est de loin Ie plus gros defi infrastructurel de L constitue une tentative sans precedent pour rassembler des donnees completes sur les differents secteurs de 1'in- frastructure du continent - a savoir l' energie, les transports, l'Afrique: une trentaine de pays sont ainsi regulierement confrontes a des penuries d'electricite et beaucoup payent un prix eleve pour une alimentation electrique de secours. 1'irrigation, l' eau et l' assainissement, et les technologies de l'in- • Les couts necessaires a la satisfaction des besoins d'in- formation et de la communication (TIC) - et pour presenter frastructure africains sont plus de deux fois superieurs une analyse integree des defis a relever dans chacun d' entre aux estimations faites en 2005 par la Commission pour eux. L'important travail de terrain realise dans to ute l'Afrique l' Afrique: environ 93 milliards de dollars EV par an, dont au titre de ce diagnostic a perm is de faire les constats suivants ; environ un tiers pour la maintenance. • Plus de la moitie des gains en matiere de croissance en • Le defi pose par les infrastructures varie sensiblement Afrique est due aux infrastructures et la contribution a selon les types de pays -les Etats fragiles doivent faire face la croissance de ces dernieres pourrait etre encore plus a un fardeau colossal, et les pays disposant de ressources importante a l' avenir. abondantes sont a la traine malgre leur richesse. • Les reseaux d'infrastructure africains sont de plus en plus • Vne part importante des infrastructures africaines est ala traine par rapport a ceux d'autres pays en developpe- financee par des ressources nationales, Ie budget des pou- ment ; ils se caracterisent par un manque de connexions voirs publics centraux constituant Ie principal moteur de regionales ainsi que par une stagnation de l'acces offert 1'investissement dans Ie domaine. aux individus. • Meme si les principaux gains d' efficacite potentiels etaient • La geographie economique difficile de l'Afrique represente realises, 1'Afrique resterait confrontee a un ecart de finan- un defi majeur pour Ie developpement de 1'infrastructure cement des infrastructures de 31 milliards de dollars EV de la region. par an, essentiellement dans Ie secteur de l' energie. • Le cmIt des services d'infrastructure africains est deux fois • Les reformes institutionnelles, reglementaires et admi- plus eleve qu' ailleurs, refietant ainsi a la fois l' absence d' eco- nistratives en Afrique n'ont ete qu'en partie realisees, nomies d' echelle au niveau de la production et les marges mais leurs effets sur 1'efficacite operationnelle sont deja beneficiaires elevees resultant d'un manque de competition. visibles. 2 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Constat 1 : les infrastructures ont contribue affaires. Dans d'autres pays, l'inefficacite des activites por- a plus de la moitie de I'amelioration tuaires et du dedouanement des marchandises est egalement tres grande. Les insuffisances des services de transport et des des performances de I'Afrique au niveau TIC sont moins souvent citees mais peuvent etre substan- de la croissance tie!les dans certains cas. Les infrastructures contribuent non seulement a la crois- La croissance de 1'Afrique s'est amelioree de fac;:on manifeste sance economique mais aussi au deve!oppement humain (Fay au cours de la derniere decennie. Entre 2001 et 2005, les pays et coll., 2005). Elles sont un ingredient cle de la realisation africains ont vu leurs economies croitre au rythme soutenu des OMD. Une alimentation aisee et sure en eau per met de de 4 % par an. Les pays riches en ressources, qui ont beneficie gagner du temps et de stopper la propagation de plusieurs de 1'augmentation des cours des produits de base, ont affiche maladies graves, dont la diarrhee, 1'une des principales causes les taux de croissance les plus eleves. La croissance generale de mortalite et de malnutrition des petits enfants. L'electri- n'a cependant pas atteint les 7 % requis pour reduire sensible- cite facilite les services de sante et d'education et stimule la ment la pauvrete et realiser les Objectifs du millenaire pour productivite des petites entreprises. Les reseaux routiers per- Ie developpement (OMD). Les infrastructures, essentielles mettent d'atteindre les marches locaux et mondiaux. Enfin, pour Ie redressement de 1'economie africaine, devront jouer les TIC democratisent 1'acces a 1'information et reduisent un role encore plus important pour permettre au continent les couts de transport en permettant aux gens de realiser des d'atteindre les objectifs de developpement qu'il s'est assignes. transactions a distance. Entre 1990 et 2005, les infrastructures ont, a travers 1'Afrique, apporte 99 points de base a la croissance econo- mique par habitant, contre 68 points de base pour les autres Constat 2 : les infrastructures africaines politiques structurelles (Calderon, 2008). Cette contribution est presque entierement attribuable aux progres de la pene- ont un retard considerable par rapport a tration des services de telecommunications. Par contre, la celles d'autres pays en developpement deterioration de la quantite et de la qualite de l'infrastructure energetique au cours de la meme periode a ralenti la crois- Pour pratiquement chaque mesure de la couverture des sance, enlevant 11 points de base a la croissance par habitant infrastructures, les pays africains se situent loin derriere leurs dans 1'ensemble de 1'Afrique et jusqu'a 20 points de base en pairs du monde en developpement (Yepes, Pierce et Foster, Afrique australe. 2008). Ce retard de l'Afrique subsaharienne est tres important Les effets d'une amelioration supplementaire des infras- pour ses pays a revenu faible ou revenu intermediaire (voir tructures africaines sur la croissance pourraient etre encore Tableau 0.1). Les differences sont considerables au niveau des plus importants. En effet, des simulations suggerent que routes revetues, des lignes telephoniques et de la production si tous les pays africains rattrapaient 1'Ile Maurice (Ie lea- d'energie. Dans ces trois domaines, 1'Afrique a developpe son der regional en matiere d'infrastructures), la croissance par parc d'infrastructures beaucoup plus lentement que d'autres habitant dans la region pourrait augmenter de 2,2 points de regions en developpement. Et si rien ne change, 1'ecart va pourcentage. Rattraper la Republique de Coree 1'augmente- continuer a se creuser. rait de 2,6 points de pourcentage par an. En Cote d'Ivoire, en Dans queUe mesure Ie deficit actue! de 1'Afrique est-il du Republique democratique du Congo et au Senegal, les effets ala faiblesse de son parc infrastructure! de depart? L'Afrique seraient encore plus importants. a debute avec un parc qui n'etait generalement pas tres diffe- Dans la plupart des pays africains, en particulier les pays rent de ceux de 1'Asie du Sud et de l'Est des annees 1960 pour a faible revenu, les infrastructures apparaissent comme la les routes, des annees 1970 pour Ie telephone et des annees principale contrainte imposee aux affaires, faisant baisser 1980 pour 1'energie. La comparaison avec 1'Asie du Sud, dont la productivite des entreprises d'environ 40 % (Escribano, Ie revenu par habitant est similaire a ce!ui de I' Afrique, est Guasch et Pena, 2008). Tres souvent, les effets negatifs de 1'in- particulierement frappante. En 1970, l'Afrique subsaharienne suffisance des infrastructures sont au moins aussi penalisants disposait d'une capacite de production d'electricite par mil- que ceux de la criminalite, la bureaucratie, la corruption et lion d'habitants presque trois fois superieure a celle de 1'Asie les contraintes des marches financiers. Dans plusieurs pays, du Sud. En 2000, celle-ci avait laisse l' Afrique loin derriere 1'energie apparait comme Ie facteur de limitation de loin Ie e!le, avec une capacite de production d'electricite par million plus important, cite par plus de la moitie des entreprises dans d'habitants pres de deux fois superieure. Toujours en 1970, plus de la moitie des pays comme un obstacle majeur aux l' Afrique subsaharienne avait une den site de lignes telepho- Infrastructures africaines : une transformation imperative 3 niques principales double de celIe de l' Asie du Sud, alors vices d'infrastructure dans les zones rurales n'atteint qu'une qu'en 2000 cette derniere l'avait rattrapee. partie de ce qu'il est en zone urbaine, meme si la couverture Depuis 1990, la fourniture des services aux menages s' est des villes reste faible par rapport aux normes internationales a peine amelioree (voir Figure O.la). II est donc peu probable (Banerjee, Wodon et colI., 2008) (voir Figure O.lb). que I'Afrique atteigne les OMD relatifs a l'eau et a l'assainis- sement. De plus, selon les ten dances actuelles, l'acces uni- versel a ces services ainsi qu'a d'autres services aux menages Constat 3 : la geographie economique demandera encore 50 ans dans la plupart des pays africains difficile de I'Afrique pose un defi majeur (Banerjee, Wodon et colI., 2008). Meme la ou les reseaux au developpement des infrastructures infrastructurels sont deja en place, un pourcentage eleve des menages n' est toujours pas raccorde, sans doute a cause sur Ie continent d'obstacles lies a I'aspect demande mais aussi parce que l'ac- ces universel comprend plus que la mise en route physique Par rapport aux aut res continents, l' Afrique se caracterise des reseaux. Comme on pouvait s'y attendre, l'acces aux ser- par une faible densite globale de la population (36 personnes au kilometre carre) et un faible taux d'urbanisation (35 %), mais une croissance urbaine relativement rapide (3,6 % par an), un nombre relativement eIeve de pays enclaves (15) et de Tableau 0.1 Deficit infrastructure I de l'Afrique nombreuses petites economies. De plus, les conditions hydro- Pays it faible logiques sont tres variables, avec des ecarts de precipitations revenu de I'Afrique Autres pays a Unites nolmalisees subsaharienne faibles revenus considerables entre les regions, les saisons et les moments, une Densite des routes revetues 31 134 situation que Ie changement climatique devrait exacerber. La fragmentation des reseaux d'infrastructures africains Densite totale du reseau routier 137 211 est Ie reflet de celIe des Etats-nations de la region. L'Afrique Densite des lignes telephoniques 10 78 subsaharienne comprend 48 Etats-nations, dont beaucoup Densite de la telephonie mobile 55 76 sont tres petits. La majeure partie de ces pays ont des popu- Densite d'internet lations de moins de 20 millions d'habitants et des economies Capacite de production d'electricite 37 326 inferieures a 10 milliards de dollars EU. Les frontieres inter- Couverture de I'electricite 16 41 nationales n'ont qu'un faible rapport avec des caracteris- Eau amelioree 60 72 tiques naturelles (comme des bassins fluviaux) ou faites par Assainissement ameliore 34 51 la main de I'homme (comme les villes et leur capacite d'acces a des canaux commerciaux tels que les ports). La connecti- Source: Yepes, Pierce et Foster, 2008 Note. La densite des routes est mesuree en kilometres pour 100 kilometres carres de vite intra-regionale est donc tres faible, qu'on la mesure en terres arables ; la densite telephonique en lignes par millier d'habitants , la capacite termes de liaisons autoroutieres trans continentales, d'inter- de production d'electricite en megawatts par million d'habitants , la couverture de I'electricite, de I'eau et de I'assainissement en pourcentage de la population. connexions electriques ou de dorsales en fibre optique. La Figure 0.1 Acces des menages aux services a. Stagnation des ten dances b. Repartition zones rurales et urbaines c 40 c 80 [ . .~ 30 ~ o [ 60 ------------------- o Q. &. ..!!! ..!!! ~ . 01 20 ~ . 01 40 !!! ....-._.......................................................... ~ c ~ :; 10 _ _ _ - -- _.... .... _... .... _...- ... ......- .... .. ~ :; 20 o ~ 0 +-------r-----r-----.., "- 0 1990-95 1996-2000 2001-05 Eau courante Electricite Chasses d'eau Telephonie fixe - Eau CDurante - - - Electricite ........ Chasses d'eau _00- Telephonie fixe I_ national 0 rurale III urbaine 1 Source: Banerjee, Wodon et coil., 2008. 4 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE plupart des corridors de transport continus vi sent a fournir L'eau do it aussi etre distribuee a des fins agricoles. Seuls un acces aux ports de mer, tandis que Ie reseau routier intra- 7 millions d'hectares situes dans une poignee de pays sont regional se caracterise par des discontinuites importantes. II equipes pour l'irrigation. Bien que ces surfaces representent existe peu d'interconnexions transfrontalieres favorables a moins de 5 % des surfaces cultivees de l'Afrique, elles gene- un commerce regional de I'energie, malgre Ie fait que beau- rent 20 % de la valeur de la production agricole. Environ 12 coup de pays sont trop petits pour produire eux-memes une millions d'hectares supplement aires pourraient etre rendus electricite economiquement rentable. Jusqu'a recemment, economiquement viables sous irrigation a condition que les toute I'Afrique de I'Est etait privee d'acces a un cable sous- couts soient maitrises (You, 2008). marin mondial permettant des communications internatio- nales et un acces a Internet a un cout raisonnable. Le reseau interregional a fibre optique est lui aussi incomplet, meme Constat 4 : les services d'infrastrudure sont s'il se developpe rapidement. A cause de leur isolement geo- deux fois plus eleves en Afrique qu'ailleurs graphique, les pays enclaves souffrent particulierement du manque de connectivite regionale. Non seulement les reseaux d'infrastructures d' Afrique sont Tant la repartition dans l'espace que la migration rapide deficients, mais Ie prix des services fournis est tres eleve par des populations de l' Afrique constituent des problemes rapport aux normes mondiales (voir Tableau 0.2). Que ce soit majeurs pour la realisation de I'acces universel. En zone pour l' energie, l' eau, Ie transport routier, la telephonie mobile rurale, plus de 20 % de la population vit dans des sites de ou les services Internet, les tarifs africains sont plusieurs fois peuplement disperses avec des densites de population avoisi- superieurs a ceux pratiques dans les autres parties du monde nant 15 personnes au kilometre carre. Les couts de fourniture en developpement. L'explication de ces prix plus eleves reside des infrastructures sont donc comparativement eleves. En parfois dans des couts reellement superieurs et d'autres fois zone urbaine, des taux de croissance demographique moyens dans des profits eleves. Ces deux cas relevent, bien evidem- de 3,6 % par an imposent une pression considerable sur les ment, de politiques radicalement differentes. fournisseurs des services d'infrastructure. La couverture des L'energie constitue I'exemple Ie plus flagrant d'une infras- services urbains a donc en fait diminue au cours de la der- tructure presentant des coUts reellement plus eleves en niere decennie, et des options a moindres couts comb lent les Afrique qu'ailleurs. Beaucoup de petits pays ont des systemes lacunes ainsi creees (Banerjee, Wodon et colI., 2008 ; Morella, energetiques nationaux inferieurs a 500 megawatts, et ils Foster et Banerjee, 2008). De plus, la densite de population dependent donc souvent d'une petite production au diesel, dans les villes africaines est relativement faible par rapport aux normes mondiales et ne permet pas de beneficier de fortes economies d'echelle dans la fourniture des services Tableau 0.2 L'infrastructure coilteuse de I' Afrique d'infrastructure. En consequence, les couts de la fourniture Afrique Autres regions en d'un train de services infrastructurels de base peuvent faci- Secteur de I'infrastructure subsaharienne developpernent lement etre deux fois plus eleves que ceux d'autres villes du Tarifs de I'electricite (dollars EU 0,02 - 0,46 0,05 - 0,10 monde en developpement (Dorosh et colI., 2008). par kilowattheure) Les ressources en eau de l' Afrique sont abondantes, mais Tarifs de I'alimentation en eau 0,86 - 6,56 0,Q3 - 0,60 vu Ie manque d'infrastructure de stockage et de distribution, (dollars EU par metre cube) elles sont largement sous-exploitees. C'est pourquoi la secu- Tarifs de fret routier (dollars EU 0,04-0,14 0,01 - 0,04 par tonne-kilometre) rite liee a l' eau - une alimentation en eau fiable et des risques acceptables d'inondations et d'autres evenements impre- Telephonie mobile (dollars EU 2,60 - 21,00 9,90 par oflre par mois) visibles, y compris ceux lies au changement climatique- Telephonie internationale 0,44-12,50 2,00 demandera une augmentation substantielle de la capacite de (dollars EU par appel de stockage de l'eau, actuellement de 200 metres cubes par habi- 3 minutes vers les Etats-Unis) tant (Grey et Sadoff, 2006). Dans d'autres parties du monde, Service Internet par ligne 6,70 - 148,00 11,00 une telle capacite est de l'ordre de milliers de metres cubes. telephonique (dollars EU par mois) Les couts de l'extension du stockage de l'eau sont extreme- ment eIeves par rapport a la taille des economies d' Afrique, ce Sources. Estimations des auteurs basees sur Africon 2008 ; Bannerjee, Skilling et coli, 2008, Eberhard et coil., 2008 , Minges et coil., 2008 ;Teravaninthorn et Raballand, qui plaide en faveur d'investissements progressifs, concentres 2008 ;Wodon, 2008a et b. Note: Les fourchettes refletent les prix dans differents pays et pour des niveaux de au depart sur la securite des ressources en eau des poles de consommatlon varies. Les prix pour les services de telephonie et d'internet representent croissance cles. to utes les regions en developpement, Afrique comprise. Infrastructures africaines : une transformation imperative 5 dont Ie Co\lt peut aller jusqu'a 0,35 dollar par kilowattheure, d'hydroelectricite en Afrique de I'Est ; hausses des prix petro- soit environ deux fois celui des pays plus grands dotes de cen- liers pesant sur les importations de diesel de beaucoup de pays trales a charbon ou hydroelectriques (Eberhard et colI., 2008). d'Afrique de I'Ouest ; et destruction de l'infrastructure ener- Les prix eleves du transport routier en Afrique sont plus getique suite a des conflits dans les Etats fragiles. Les entre- dus a de grosses marges beneficiaires qu'a des couts impor- prises africaines font etat d'une perte de 5 % de leurs ventes, tants (Teravaninthorn et Raballand, 2008). Les prix pratiques due a la frequence des coupures de courant - un pourcentage par les transporteurs routiers ne sont pas beau coup plus ele- passant a 20 % dans Ie cas des entreprises du secteur informel, ves en Afrique que dans d'autres parties du monde, meme qui ne peuvent se permettre un generateur de secours. Dans en tenant compte des paiements non officiels. Les marges l' ensemble, Ie colit des coupures de courant pour l' economie beneficiaires sont, par contre, exceptionnellement elevees, en peut facilement atteindre 1 a 2 % du PIB. particulier en Afrique centrale et occidentale OU elles attei- Vne reaction frequente a cette situation consiste a pas- gnent 60 a 160 %. La cause en est une competition reduite ser des contrats a court terme de fourniture d'electricite de combinee avec un marche fortement reglemente fonction- secours. Ces fournitures atteignent au moins 750 megawatts nant sur Ie principe du « tour de role », ou Ie fret est attribue en Afrique subsaharienne, ce qui represente une part imp or- aux transporteurs via un systeme centralise de « queue », au tante de la capacite nation ale installee de certains pays. Avec lieu de permettre aux operateurs de passer directement des un colit all ant de 0,20 et 0,30 dollar Ie kilowattheure, cette contrats bilateraux avec les clients. electricite de secours est onereuse et, pour certains pays, la Les colits eleves de la telephonie internationale et des note peut grimper jusqu'a 4 % du PIB. Sa facture absorbe une services Internet sont dus a une combinaison de facteurs de part importante des ressources budgetaires, reduisant ainsi couts et de profits. Les pays qui n'ont pas acces a un cable les moyens financiers disponibles pour des solutions a plus sous-marin pour leurs connexions internationales doivent long terme. avoir recours a une technologie de communication par satel- lite, a des prix generalement doubles de ceux dont beneficient les pays qui y ont acces. Meme avec un acces a un cable sous- Constat 6 : les besoins de I'Afrique en marin, les pays ou existe un monopole sur ce portail interna- matiere de depenses d'infrastructure, tional pratiquent des tarifs sensiblement plus eleves que ceux evalues ill 100 milliards de dollars EU par sans monopole (Minges et colI., 2008). an, ont plus que double par rapport aux estimations precedentes de la Commission Constat 5 : I'energie est de loin Ie plus grand pour I'Afrique defi infrastructurel de I'Afrique La satisfaction des besoins d'infrastructure de I'Afrique exige Qu'on les mesure en termes de capacite de production, de un important programme d'investissement dans l'infrastruc- consommation electrique ou de securite de la distribution, les ture et l' entretien : infrastructures energetiques africaines ne fournissent qu'une • Mettre en place une capacite de production supplemen- partie des services dont dispose Ie reste du monde en deve- taire de 7000 megawatts par an (dont environ la moi- loppement (Eberhard et colI., 2008). Les 48 pays de l' Afrique tie a travers des systemes de stockage de l'eau a usages subsaharienne (800 millions d'habitants) gene rent plus ou multiples). moins la meme quantite d'electricite que I'Espagne (45 mil- • Rendre possible la vente d'electricite au niveau regional lions d'habitants). Avec 124 kilowattheures par habitant et grace a l'installation de lignes de transport transfronta- par an, actuellement en baisse, la consommation d' electricite lieres de 22 000 megawatts. n'atteint que 10 % de celle que 1'0n trouve ailleurs dans Ie • Achever Ie reseau interregional principal de communica- monde en developpement, soit a peine assez pour alimenter tion par fibre optique et la boucle du cable sOllS-marin une ampoule de 100 watts par personne pendant trois heures autour du continent. par jour. Plus de 30 pays d'Afrique connaissent des penuries d'ener- • Relier les capitales, ports, points de passages des frontieres gie et des coupures regulieres de courant (voir Figure 0.2). ainsi que les villes secondaires par un reseau routier de Les causes sous-jacentes varient : incapacite a disposer d'une bonne qualite. nouvelle capacite pour s'adapter a la demande issue de la • Fournir un acces routier en to utes saisons aux terres agri- croissance economique ; secheresses reduisant la production coles a haute valeur de I'Afrique. 6 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 0.2 Causes sous-tendant la crise de la fourniture d'electricite en Afrique TOGO / GUINtE tQUATORIAlE " /, SAO TOMt ET PRINCIPE I i. .. \ Cause au declencheur principal • Causes naturelles (secheresses) • Choc des prix petroliers II1II Systemes perturbes par des conflits D Croissance elevee, investissements faibles, problemes structure Is Source' Eberhard et coil.. 2008. • Plus que doubler la surface sous irrigation de l' Afrique. Tableau 0.3 Besoins globaux de de pense d'infrastructure pour l'Afrique subsaharienne • Atteindre les OMD relatifs it l'eau et it l'assainissement. Milliards de dollars EU par an • Relever les taux d' electrification des menages de 10 points Secteur de D6pense Exploitation -at de pourcentage. I'infrastrudure d'investisseJnent maintenance Depense totale • Fournir it 100 % de la population un acces aux systemes TIC 7,0 2,0 9,0 mondiaux de telephonie mobile et aux reseaux it large Irrigation 2,9 0,6 3,4 bande ouverts au public. Electricite 26,7 14,1 40,8 La mise en ceuvre d'un programme aussi ambitieux de Transports 8,8 9,4 18,2 redressement de l'infrastructure africaine devrait couter Eau et assainissement 14,9 7,0 21,9 quelque 93 milliards de dollars EU par an (environ 15 % du Total 60,4 33,0 93,3 PIB de la region). A peu pres les deux tiers de ce montant Source: Estimations des auteurs basees sur Banerjee, Wodon et coil., 2008 ; concernent les depenses d'investissement et Ie dernier tiers Carruthers, Knshnamani et Murray. 2008 ;Mayer et coil., 2008; Rosne et Vennemo, les besoins d'exploitation et maintenance (voir Tableau 0.3 ; 2008. Note. Les totaux pourraient ne pas Hre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008). technologies de I'information et de la communication. Infrastructures africaines : une transformation imperative 7 Ce montant est plus de deux fois superieur aux 39 mil- demande de services TIC ainsi que d'infrastructure liee au liards de dollars EU de depenses d'infrastructure estimes commerce, telle que les chemins de fer et les ports. La part de par la Commission pour I'Afrique dans son rapport 2005. ces infrastructures dans Ie total des besoins de depense n' est Ce chiffre eta it fonde sur une etude econometrique inter toutefois pas beaucoup plus eievee que 10 %. pays plutot que sur une modelisation microeconomique plus detaillee au niveau des pays (Estache, 2005). Une mise a jour recente du modele inter pays utilise pour Ie rapport de Constat 7 : Ie defi pose par les infrastructures la Commission pour I'Afrique donne une estimation revisee varie sensiblement selon les types de pays dans une fourchette de 80 a 90 milliards de dollars EU, net- tement plus proche du montant cite plus haut (Yepes, 2007). Le defi pose par I'infrastructure en Afrique differe conside- Environ 40 % du total des besoins de depense ont trait a rablement selon les groupes de pays (Briceno-Garmendia, l' energie, refletant ainsi les deficits particulierement eleves de Smits et Foster, 2008). Vu la grande diversite de situations I'Afrique. Environ un tiers des besoins d'investissement dans nationales sur Ie continent, il est utile d' etablir une distinction I'energie (quelque 9 milliards de dollars EU par an) est asso- entre (i) les pays a revenu intermediaire (comme Ie Cap-Vert cie au stockage d'une eau a usage multiple pour la gestion de et l'Afrique du Sud), (ii) les pays riches en ressources avec des l' energie hydraulique et des ressources en eau. Apres l' energie, economies fortement dependantes des revenus des produits l' alimentation en eau et l' assainissement suivis des transports petroliers ou mineraux (comme Ie Nigeria et la Zambie), (iii) sont les postes de depense les plus importants. les Etats fragiles sortant d'un conflit (comme la Cote d'Ivoire Vu la recente escalade des couts unitaires, ces estimations et la Republique democratique du Congo), et (iv) les aut res constituent une limite inferieure. Bien que I'estimation des pays a faible revenu qui ne sont ni fragiles ni riches en res- besoins d'investissement soit basee sur les donnees de couts sources (comme Ie Senegal et l'Ouganda). unitaires les plus precises disponibles, les agences de deve- C' est dans les Etats fragiles que l' envergure des defis en loppement signalent d'importantes augmentations dans les matiere d'infrastructure est, et de loin, la plus grande (voir couts des projets en cours d'execution. Pour les projets rou- Figure 0.3). Les con flits recents qui ont affecte ces pays ont tiers, ces hausses sont en moyenne de 35 %, mais dans cer- generalement mene a la destruction ou au demembrement tains cas elles peuvent aller jusqu'a 50 a 100 %. Un exam en de leurs (deja modestes) parcs infrastructurels nationaux. En plus approfondi montre que cette escalade n' est pas due a un Republique democratique du Congo, environ 50 % des actifs seul facteur. L'inflation interieure, les conditions serrees du d'infrastructure ont besoin d'etre rehabilites. Les besoins de secteur de la construction, la hausse des cours des produits depense dans I'infrastructure des Etats fragiles sont parti- petroliers et une concurrence insuffisante en matiere d'appels d'offres ont to us contribue a la situation, Ie dernier facteur etant de loin Ie plus important. Figure 0.3 Poids des depenses d'infrastructure On peut s' attendre a ce que la crise financiere mondiale de 2008 reduise la demande de certains types d'infrastruc- 40 ture, mais cela ne devrait pas changer grand-chose a I'esti- 35 mation des besoins de depense. C'est plus la planification '" ;;: 30 et les objectifs sociaux que la croissance economique qui ." 25 "C ~ 20 determinent la majeure partie des depenses. Par exemple, les c .. 15 depenses de transport sont largement basees sur des impe- ~ g c.. 10 ratifs de connectivite, tandis que celles de I'alimentation en eau et de I'assainissement sont determinees par la realisation o des OMD. Les besoins de depense ayant Ie lien direct Ie plus fort avec la croissance economique sont ceux du secteur de I'energie. Cependant, etant donne I'enorme retard d'investis- sement dans ce secteur, l' estimation des besoins do it prevoir un poste important pour la remise a neuf et la mise a niveau • Investissement • Exploitation et maintenance de I'infrastructure. Ainsi, meme en reduisant de moitie I'esti- mation de la croissance economique de la region, les besoins Source.- Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. de depenses pour I'energie ne diminueraient que de 20 %. II Note.- Les chiffres ant trait a I'investissement (!l I'exception du secteur public) et comprennent les depenses recurrentes. Le secteur public couvre les entreprises faut aussi s'attendre a ce que la recession mondiale affecte la publiques et non financieres generales. 8 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE culierement importants, surtout compares it la dimension de les problemes de gouvernance pourraient donc bien empe- leur economie. Pour construire un parc infrastructurel solide, cher la transformation de la richesse en infrastructures. ces pays devraient consacrer en moyenne 37 % de leur PIB aux Satisfaire les besoins d'infrastructure des pays it revenu depenses d'infrastructure. Vu leur environnement difficile, ils intermediaire semble beaucoup plus facile it gerer. Avec 10 % attirent relativement peu de financements exterieurs, ne bene- de leur PIB, ces pays devraient etre en mesure de faire face it ficiant que de 10 % de l'assistance etrangere au developpement leurs besoins de depense dans l'infrastructure. Us sont aussi et de 6 % des flux de capitaux prives alloues it l'infrastructure. nettement meilleurs en matiere d'entretien des actifs et d'ef- En plus de supporter des charges financieres consider ables, les ficacite institutionnelle. Le fait qu'une plus grande partie de Etats fragiles ne font pas Ie meilleur usage des ressources dont leur population soit regroupee dans les villes facilite aussi la ils disposent ; ils sous-investissent dans l'entretien et traitent mise en place des reseaux de services. souvent avec des prestataires de services inefficaces. Les pays non fragiles it faible revenu devraient consacrer, en moyenne, environ 25 % de leur PIB it la construction et au Constat 8 : une part importante soutien d'un parc infrastructurel de base, une exigence diffi- des infrastructures africaines est financee cile it envisager en pratique. Ces pays devront donc faire des par des ressources nationales choix difficiles quant aux priorites accordees it leurs investis- sements dans l'infrastructure et la pI up art ont encore un long Les depenses actuelles relatives aux infrastructures africaines chemin it faire pour ameliorer l'efficacite des operations de sont plus elevees que ce qu'on avait imagine. Elles s'elevent l'infrastructure existante. it 45 milliards de dollars EU par an en tenant compte des Les pays riches en ressources so nt, en principe, plus it depenses budgetaires et extrabudgetaires (y compris les entre- meme de satisfaire leurs besoins de depense dans l'infrastruc- prises publiques et les fonds extrabudgetaires) et des finan- ture, meme si en pratique, ils ont ete peu enclins it Ie faire. cements exterieurs. Ceux-ci incluent Ie secteur prive, l'aide Ces besoins pourraient etre satisfaits pour Ie cout plus raison- publique au developpement et les financiers n'appartenant nable, d'environ 12 % de leur PIB. De plus, les confortables pas it l'Organisation pour la cooperation et Ie developpement redevances qu'ils ont pen;:ues pendant Ie recent boom des economiques (OCDE). Jusqu'it deux tiers de ces depenses produits de base constituent une source de financement toute glob ales proviennent de sources nationales : 30 milliards de trouvee. Malgre cela, leurs stocks d'actifs infrastructurels sont dollars EU de depenses annuelles sont finances par Ie contri- it la traine par rapport it ceux des pays non fragiles it faible buable africain et l'usager des infrastructures, et 15 aut res revenu et leur depense dans l'infrastructure est moindre. Us milliards de dollars EU proviennent de sources exterieures n'ont pas cons acre leurs richesses supplementaires au deve- (voir Tableau 0.4). loppement de leurs infrastructures mais au remboursement Le secteur public reste la principale source de financement de leurs dettes. Dans un environnement riche en ressources, pour l' eau, I' energie et Ie transport dans tous les Etats, hormis Tableau 0.4 Depense actuellement affectee aux besoins d'infrastructure de l'Afrique subsaharienne Milliards de dollars EU par an Exploitation et maintenance Depense d'investissement Secteur de Depense Financiers non I'infrastructure totale Secteur public Secteur public APD OCDE Secteur prive Total TIC 9,0 2,0 1,3 5,7 7,0 Electricite 11,6 7,0 4,1 0,5 4,6 Transports 16,2 7,8 2,4 1,9 3,0 1,1 10,9 Eau et assainissement 7,6 3,1 0,7 1,1 0,7 2,1 4,6 Irrigation 0,9 0,6 0,1 0,2 0,0 0,3 Total 45,3 20,4 9,4 3,6 2,5 9,4 27,4 Source: Briceno-Garmendia, Smits eet Foster, 2008. Note: Base sur les moyennes annualisees pour 2001 a 2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations basees sur I'echantillon de 24 pays couverts dans la Phase 1 de I'AICD. Les totaux pourraient ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'information et de la communication; APD = aide publique au developpement , OCDE = Organisation pour la cooperation et Ie developpement economiques. - Non disponible. Infrastructures africaines : une transformation imperative 9 ceux qui sont fragiles. L'investissement public est largement Figure 0.4 Depenses publiques d'infrastructure par rapport au PIB finance par les impots et les taxes et passe par les budgets des pouvoirs publics centraux, tandis que les depenses d'exploi- tation et maintenance sont en grande partie financees par les redevances des consommateurs et realisees atravers les entre- 5,0 prises publiques. Par rapport au PIB, les niveaux actuels des '" ii: financements publics sont substantiellement plus eleves dans . ::> ." Cl 4,0 les pays a faible revenu, absorbant generalement 5 a 6 % du PIB total (voir Figure 0.4). Toutefois, en termes absolus, ces . !9 c ~ ::> 3,0 0 depenses restent tres faibles, ne representant pas plus de 20 Q. 2,0 a 30 dollars EU par habitant et par an (Briceno-Garmendia, 1,0 Smits et Foster, 2008). Si on ne considere que l'investissement, l'aide publique au developpement, la participation privee dans 1'infrastructure et les financements non-OCDE depassent ensemble 1'inves- tissement public finance sur ressources nationales (Briceno- Garmendia, Smits et Foster, 2008). Le secteur prive est de loin la source la plus importante, apart egale avec 1'investissement • Investissement III Exploitation et maintenance public national. Des flux de capitaux moins importants, quoiqu'encore significatifs, sont fournis par 1'aide publique Source Bnceiio-Garmendia, Smits et Foster, 2008. au developpement et, dans une moindre mesure, par les pays bailleurs de fonds non membres de l'OCDE comme la Chine, l'Inde et les Etats arabes. Les centres d'interet sont nettement correspond a la depense publique en faveur des infrastruc- differents dans chaque cas. Ainsi, l'aide pub Ii que au deve- tures TIC que Ie secteur prive pourrait prendre charge, en loppement contribue de facron significative a la gestion des particulier dans les pays a revenu intermediaire. Quoique cer- ressources en eau et aux transports, en particulier dans les taines de ces « depenses excedentaires » puissent se justifier par Etats fragiles. Le financement non-OCDE est important dans une decoupe en phases ou un sequencrage, elles pourraient, au l'energie et les chemins de fer, specialement dans les pays moins en partie, etre reallouee ades secteurs sous-finances. II riches en ressources. La participation privee dans les infras- faut donc controle plus rigoureux de la coherence entre les tructures est fortement concentree sur les TIC. depenses d'infrastructures et les besoins et priorites identifies, en prenant en compte les rendements economiques attendus. En deuxieme lieu, les pays africains n' executent en general Constat 9 : en tenant compte des gains que deux-tiers des budgets alloues a l'investissement public dans les infrastructures (Briceno-Garmendia, Smits et Fos- d'efficacite potentiels, I'ecart de ter, 2008). Utilise autrement, l'investissement public pourrait financement des infrastructures africaines theoriquement augmenter de 30 % sans accroissement des a est superieur 31 milliards de dollars EU depenses, simplement en eliminant les goulets d'etrangle- par an, essentiellement dans Ie secteur ment institutionnels qui entravent l'execution des budgets de I' energie d'investissement. Parmi les changements, il faudrait amelio- rer la planification des projets d'investissement, realiser plus Une reduction majeure des inefficacites actuelles pourrait tot les etudes de faisabilite, avoir des processus de passation apporter un dividende annuel de 17 milliards de dollars EU des marches plus efficaces et passer aune budgetisation plu- a l' enveloppe actuelle des ressources. Ce dividende est donc riannuelle a moyen terme. Le fait de faire passer a 100 % Ie une mesure de l'ecart d'efficacite global de l'infrastructure taux d' execution des budgets permettrait de de gager quelque africaine (Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008). 1,9 milliard de dollars EU supplementaires par an pour l'in- En premier lieu, certains pays allouent a des domaines vestissement public. infrastructurels des ressources qui ne sont pas totalement En troisieme lieu, environ 30 % des actifs infrastructu- justifiees (Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008). Dans rels africains necessitent une rehabilitation (voir Figure 0.5). l'ensemble, cet « exces de depenses » atteint 3,3 milliards de Cette proportion est meme plus elevee pour les infrastruc- dollars EU par an. La majeure partie de cet exces de depenses tures rurales et dans les pays affectes par des conflits violents. 10 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 0.5 Besoins de rehabilitation dus aux retards dans I'entretien 50% c .~ 40% !9 =~ -g", ~ ~ 30% ~ Q) Q) v ." 5 c 0 ~ c. 20 % o c E~ eJ '6 10% .5 0% Source.' Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note.' L'indice de rehabilitation donne Ie pourcentage moyen a travers les pays de chaque type d'infrastrueture en mauvals etat et neeessitant done une rehabilitation. Le retard accumule dans les travaux de rehabilitation est une vent des pertes importantes, en moyenne de 0,2 % du PIB, a sequelle de la faiblesse des depenses allouees a 1'entretien, un cause de 1'exces de personnel. De meme, quoique a un degre gaspillage de taille, etant donne que Ie cout de rehabilitation moindre, Ie suremploi dans les compagnies d'eau et d'elec- des infrastructures est plusieurs fois superieur au coUt total tricite est de 20 a 80 % superieur a celui des compagnies d'un bon entretien preventif. Ainsi, 1 dollar EU depense a comparables dans d'autres regions en developpement. Dans l'entretien des routes permet d'economiser 4 dollars EU en 1'ensemble, les pertes de revenu dues aces manques d'effi- rehabilitation. Une certaine reallocation des ressources de l'in- cacite peuvent facilement etre plusieurs fois superieures au vestissement vers 1'entretien peut done se justifier, en parti- chiffre d'affaires actuel des services publics concernes. Pour culier dans les pays a faible revenu OU les depenses d'entretien 1'electricite, ces pertes sont egalement consequentes au niveau sont tres faibles. Pour les routes, on estime que 2,4 milliards de national, absorbant en moyenne chaque annee en Afrique dollars EU de depenses d'investissement dans la rehabilitation subsaharienne jusqu'a 0,5 % du PIB ou 3,4 milliards de dol- auraient pu etre evites grace a un entretien preventif correct. lars EU (Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008). En ce En quatrieme lieu, les pertes dans la distribution, Ie recou- qui concerne 1'eau, la valeur absolue des inefficacites est plus vrement insuffisant des redevances et l'exces de personnel faible, avec un montant moyen correspondant a 0,2 % du PIB, sont des causes majeures de 1'ecart d'efficacite des installa- soit 1 milliard de dollars EU par an. tions africaines d'eau et d'electricite (voir Figure 0,6). Les En cinquieme lieu, la sous-tarification des services d'in- compagnies publiques n'encaissent generalement que 70 a frastructure est consequente. Bien que les prix pratiques en 90 % des sommes facturees et les pertes dans la distribution Afrique pour 1'infrastructure soient superieurs aux normes peuvent facilement atteindre Ie double de celles des pratiques internationales, il en va de meme pour les coUts, et les tarifs modeles techniques. D'apres les enquetes sur les menages, relativement eleves ne reussissent pas a couvrir plus que environ 40 % des personnes raccordees aux services publics les coUts d'exploitation. Sans tenir compte des subventions ne semblent pas payer pour ceux-ci, et cette proportion passe importantes octroyees aux gros consommateurs industriels, a 65 % dans une importante minorite de pays. Le sous-recou- qui ne peuvent etre facilement quantifiees, la sous-tarification vrement constitue aussi un probleme pour certains fonds de l' eau et de l' electricite entraine un manque a gagner dont Ie routiers africains (Gwilliam et colI., 2008). Les entreprises montant total pourrait atteindre 4 milliards de dollars EU par publiques de telecommunication occupent a peu pres six an - une subvention implicite aux consommateurs de ces ser- fois plus d'employes par raccordement que les operateurs vices (Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008). A cause du prives des autres pays en developpement. Pour les TIC, les retard dans 1'acces aux services d'infrastructure en Afrique, pays OU subsistent des entreprises publiques subissent sou- environ 90 % des personnes beneficiant de la distribution Infrastructures africaines : une transformation imperative 11 Figure 0.6 CoOt caches des inefficacites des services publ ics a. Energie b.Eau "" a:: :::J 4 "" a:: :::J 4 -c -c '" '" '" '" ~ !!l <: '" ~ :::J '" ~ :::J 0 0 CI.. CI.. 0 0 • unaccounted losses D collection inefficiencies II labor redundancies Source.' Briceno-Garmendia. Smits et Foster, 2008. d'eau courante ou d'electricite font partie des 60 % les plus les depenses actuelles et les gains d' efficacite possibles. Meme riches de la population (voir Figure 0.9, panneau a; Banerjee, si ces gains pouvaient etre entierement realises, il subsiste- Wodon et colI., 2008). Les menages plus aises profitent donc rait un ecart de financement d'environ 31 milliards de dollars largement de la subvention des services residentiels. En fait, EU par an (voir Tableau 0.5). II ne pourrait etre comble que Ie manque de ciblage est tel qu'un processus completement par une levee de fonds supplementaires, ou par l'adoption aleatoire d'allocation des subventions au sein de la population de technologies moins couteuses, ou par Ie choix de cibles de serait trois fois plus performant pour atteindre les personnes developpement des infrastructures moins ambitieuses. pauvres. En considerant l'ensemble des secteurs, environ 60 % L'ecart global de fin an cement necessaire pour satisfaire de cet ecart de financement concerne l'electricite (voir les besoins d'infrastructure en Afrique est donne par la diffe- Figure 0.7, tableau a). Le reste a trait a l'eau et a l'irrigation. II rence entre les besoins estimes de depense dans l'infrastruc- n'ya pas d'ecart de financement important pour les TIC ou ture et une enveloppe potentielle de ressources comprenant Ie transport. Tableau 0.5 Trouver des ressources : ecart d' efficacite et ecart de financement Milliards de dollars EU par an Eau et Gain Indicateurs tnergie TIC Irrigation Transports assainissement trans-sectorie' Total Besoins de depense dans I'infrastructure (40,8) (9,0) (3,4) (18,2) (21,9) (93,3) Depenses orientee vers les besoins 11,6 9,0 0,9 16,2 7,6 45,3 Ecart d'efficacite : 6,0 1,3 0,1 3,8 2,9 3,3 17,4 Gains provenant de I'execution 0,2 0,0 0,1 1,3 0,2 1,9 des investissements Gains provenant de I'elimination 3,4 1,2 0,0 2,4 1,0 8,0 des inefficacites operationnelles Gains provenant du recouvrement 2,3 0,0 0,0 0,1 1,8 4,2 des coOts Potentiel de reallocation 3,3 Ecart de financement (23,2) 1,3 (2,4) 1,9 (11,4) 3,3 (30,6) Source' Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note. TIC = Technologies de I'information et de la communication - Non disponible. Vice: non applicable. 12 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Pour 1'ensemble des pays, Ie montant en dollars EU de ment. Environ un tiers des besoins de depense pourraient etre 1'ecart financier est uniformement reparti entre les differents economises dans les transports ainsi que 1'eau et 1'assainisse- groupes de revenu. Meme si les ecarts de financement les ment, en adopt ant des routes d'une conception moins chere plus importants concernent les depenses d'investissement, et des solutions plus modestes pour 1'eau et l'assainissement les ecarts relatifs a l' exploitation et a l' entretien sont egale- (telles que des bornes-fontaines et des latrines ameliorees). ment consequents, en particulier dans les Etats fragiles. Le Les pays sont confrontes a la necessite de compromis rigou- ratio de l' ecart de financement infrastructurel par rapport au reux entre Ie niveau de service fourni et la vitesse a laquelle ils PIB illustre la difficulte de Ie combler. Le poids de cet ecart est peuvent desservir 1'entierete de leur population. insurmontable pour les Etats fragiles. En plus de leur depense actuelle, illeur faudrait consacrer 25 % de leur PIB pour com- bIer leur manque d'infrastructure. Par rapport a la taille des Constat 10 : les reformes institutionnelles, economies, les ecarts de financement de loin les plus imp or- reglementaires et administratives africaines tants concernent l' energie, les transports et l' eau dans les Etats n'ont ete qu'en partie realisees fragiles (voir Figure 0.7, panneau b). Comme montre plus haut, 1'ecart de financement, en par- Au cours de la derniere decennie, les Etats africains ont fait ticulier dans les pays a faible revenu, represente probablement des efforts concertes en faveur d'une reforme institution- plus que ce qu'ils pourraient raisonnablement esperer mobi- nelle des infrastructures. II faut cependant honnetement liser a travers les circuits de financement disponibles. Des reconnaitre que cette reforme n'est probablement arrivee mesures supplement aires devraient etre prises pour ce groupe qu'a mi-chemin (Vagliasindi et Nellis, 2009). Des progres de pays particulierement difficiles. ont certes ete realises, mais peu de pays possedent un cadre Une des options possibles serait de prolonger la duree institutionnel moderne pour ces secteurs. Globalement, les des programmes d'investissement proposes. Les simulations telecommunications enregistrent les plus grands progres, montrent que les pays a faible revenu pourraient atteindre tan dis que les transports restent en queue de peloton (voir leurs objectifs d'investissement en 20 ans sans augmenter Figure 0.8). L'approche varie aussi suivant les secteurs. Ainsi les enveloppes de depenses actuelles, a condition d'exploiter dans les telecommunications, 1'accent a ete mis sur la mise complHement les gains d'efficacite. On ne peut toutefois pas en reuvre d'une reforme du secteur tan dis que pour 1'eau il dire la meme chose des Etats fragiles. Meme si les inefficacites portait sur 1'amelioration de la gouvernance des entreprises etaient entierement eliminees, ils devraient en effet augmen- publiques. ter encore substantiellement leurs depenses pour atteindre Le degre de participation du secteur prive varie enor- leurs objectifs d'investissement dans des delais raisonnables. mement (Vagliasindi et Nellis, 2009). Depuis Ie milieu des Une autre possibilite serait d'adopter des technologies annees 1990, beaucoup de pays africains ont tente differentes moins couteuses afin de comprimer les besoins d'investisse- Figure 0.7 Ecart de financement des infrastructures, par secteur et type de pays a. Par secteur b. Par type de pays 30 ~ 25 .g 20 Q) ~ 15 c ~ 10 :; ... o o • Investissements III Exploitation et maintenance Source. Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Infrastructures africaines : une transformation imperative 13 Figure 0.8 Etat de la reforme institutionnelle atravers les secteurs d'infrastructure a. Telecommunications, electricite, et eau b. Ports et chemins de fer 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 o o Telecommunications Electricite Eau Ports Chemins de fer I_ ReformesD Reglementation I11III Gouvernance 1 I_ Reformes I11III Reglementation 1 Source. Vagllasindi et Nellis, 2009. formes de participation du secteur prive dans l'infrastructure, Quelques progres ont ete realises au niveau de la reforme avec des resultats tres divers (voir Tableau 0.6). de la gouvernance des entreprises publiques, OU les contrats Le secteur prive ne s'est montre dispose it investir que dans de performance bases sur l'incitation et les audits externes la telephonie mobile, les centrales electriques et les terminaux semblent donner des resultats. Les reformes de la gouver- it conteneurs. Le nombre d'abonnes au telephone mobile et nance d'entreprise, y compris la mise en place de conseils la part de la population captant des signaux mobiles ont ete d'administration plus ou moins independants, commencent multiplies par dix en cinq ans, grace it la concurrence entre it se rep andre it travers les secteurs, meme si peu d' entreprises les operateurs prives. Les investisseurs prives ont aussi fourni sont entierement transformees en societes, avec une obliga- d'importants moyens financiers it la production thermique tion limitee, un taux de rentabilite it atteindre et une politique d'energie (3000 megawatts) et aux terminaux it conteneurs de dividendes. Les contrats de performance accompagnes dans les ports, meme si ces moyens restent nettement infe- d'incitations et d'audits externes independants sont deve- rieurs aux besoins. Les concessions pour les routes it peage nus des caracteristiques essentielles du processus de reforme sont cantonnees it l' Afrique du Sud, Ie volume du trafic dans de la gouvernance dans les entreprises publiques, tant pour les autres parties de l'Afrique n'etant pas suffisant pour rendre l' electricite que pour l' eau. Associees it des incitations it la per- ce type d' entreprise financierement rentable. formance manageriale, ces mesures semblent avoir un effet Dans l'electricite, l'eau et les chemins de fer, Ie secteur concret sur la performance generale. L'introduction d'audits prive a apporte des ameliorations it la performance des ope- independants a aussi accru l'efficacite des services publics tant rations mais pas de nouveaux financements. Les nombreuses de l' eau que de l' electricite. concessions (et les formes contractuelles correspondantes) La preuve d'un lien entre l'introduction d'un organe de dans les chemins de fer, l'electricite et la distribution d'eau reglementation independant et l'amelioration de la perfor- n'ont pas donne lieu it des investissements importants. A mance est moyennement claire (Vagliasindi et Nellis, 2009). cause d'une combinaison de tarifs bas et de faibles volumes, Certains critiques avancent que les agences de reglementation aucune de ces activites ne degage des flux de tresorerie suf- ont tout simplement cree des risques supplementaires it cause fisants pour financer des investissements. Cependant, ces du caractere imprevisible de leurs decisions, du it leur pouvoir mecanismes contractuels ont souvent (quoique pas toujours) discretionnaire et it des objectifs trop larges (Eberhard, 2007). ete benefiques aux performances operationnelles, meme s'ils L'autonomie reglementaire demeure hors d'atteinte : dans ont ete marques par des renegociations et des annulations certains pays, Ie taux de rotation des commissaires a ete eleve prematurees. De plus en plus de nouveaux mecanismes sont et l' ecart entre la loi (ou les reglements) et la pratique a He mis it l'essai; c'est Ie cas par exemple du contrat pluriannuel profond. Pour l'eau, ou la grande majorite des prestataires de base sur la performance passe avec Ie secteur prive pour l'en- services sont des entreprises publiques, il n'y a aucune preuve tretien des routes, qui semble prometteur pour la gar an tie d'avantages dus it la reglementation. Pour l'electricite et les des activites d'entretien et Ie maintien des couts it un niveau telecommunications, certains effets sont perceptibles, mais ils raisonnable. sont loin d'etre sans equivoque. La faiblesse de l'autonomie 14 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Tableau 0.6 Aperc;u de la participation privee dans les infrastructures Secteur de I'infrastructure Degre de participation du prive Nature de I'experience Perspectives TIC Telephonie mobile Plus de 90 % des pays ont delivre des Extremement benefique, avec une croissance Plusieurs pays peuvent encore licences ades operateurs multiples exponentielle de la couverture et de la potentiellement accorder des licences penetration supplementaires Telephonie fixe Environ 60 % des pays ont cede des Contestable dans certains cas, mais a aide a Plusieurs pays ont encore Ie potentiel parts dans les services publics de ameliorer I'efficacite globale du secteur d'entreprendre des desinvestissements telecommunications Electricite Production d'electricite 34 projets d'electricite independants Peu d'annulations mais des renegociations Continuation probable, vu les considerables fournissent 3 000 MW de capacites frequentes; les accords d'achat d'electricite demandes non satisfaites et de la capacite supplementaires ; investissements de se sont averes chers pour les services publics limitee du secteur public 2,5 milliards de dollars EU Distribution d'electricite 16 concessions et 17 contrats de gestion et Problematique et contestable; un quart des Mouvement vers des modeles hybrides de bail dans 24 pays contrats ont ete annules avant leur expiration impliquant Ie secteur prive local dans des cadres semblables Transports Aeroports Quatre concessions aeroportuaires, Pas d'annulations, mais quelquesle~ons ont Nombre limite d' aeroports supplementaires investissements de moins de 0,1 milliard, ete tirees viables pour des concessions plus quelques desinvestissements Ports 26 concessions pour des terminaux a Les processus peuvent etre contestables, Bon potentiel pour continuer conteneurs, investissements de 1,3 milliard mais les annulations ont ete peu nombreuses de dollars EU et les resultats positifs Chemins de fer 14 concessions de chemins de fer, Renegociations frequentes, faible trafic et Continuation probable mais Ie modele doit investissements de 0,4 milliard de dollars EU des obligations de services publics couteuses etre adapte gardent Ie niveau des investissements en dessous des attentes Routes 10 projet5 de routes a peage, presque Pas d'annulations signalees Limite, parce que seulement 8 % du reseau tous en Afrique du Sud, investissements routier satisfait aux seuils de trafic minimum, de 1,6 milliard de dollars EU presque tous en Afrique du Sud Eau Eau 26 transactions, principalement des contrats Problematique et contestable; 40 % des Mouvement vers des modeles hybrides de gestion et de bail contrats ont ete annules avant leur expiration impliquant Ie secteur prive local dans des cadres semblables Sources' Elabore par les auteurs sur la base de Bofinger, 2009 ; Bullock, 2009 ; Eberhard et coil., 2008 ; Gwilliam et coil., 2008 ; Minges et coil., 2008 ; Mundy et Penfold, 2008 et Svendsen, Ewing et Msangi, 2008. Note. TIC = Technologies de I'information et de la communication; MW = megawatts. n?glementaire et des contraintes de capacite sapent la credi- • L'une des inefficacites les plus flagrantes est 1'incapacite a bilite des regulateurs in dependants. La plupart des organes de assurer l' entretien des actifs infrastructurels - l' entretien reglementation africa ins sont embryonnaires et manquent de doit etre considere comme un investissement dans la pre- moyens financiers et, dans bien des cas, de personnel qualifie. servation des actifs. • La reforme institutionnelle reste essentielle si 1'on veut s'attaquer aux inefficacites operationnelles des services Principales recommandations publics a travers, a la fois, la participation du secteur prive et des reformes de la gouvernance des entreprises En se fondant sur ces constats, on peut formuler les lO recom- publiques. mandations des suivantes : • La reforme institutionnelle devrait aller au-dela des entre- • S'attaquer a 1'ecart d'efficacite des infrastructures afri- prises publiques pour renforcer les fonctions de planifi- caines est une priorite absolue dont Ie dividende potentiel cation des ministeres techniques et eliminer les serieuses s' eleve a 17 milliards de dollars EU par an. deficiences du processus budgetaire. Infrastructures africaines: une transformation imperative 15 • Des reformes « non materielles » sont necessaires pour liorer leur efficacite dans 1'utilisation de ces ressources. Les obtenir la plus grande valeur possible des infrastructures progres doivent etre realises en parallele sur les deux fronts. existantes, ou de nombreux goulets d'etranglement tant De plus, il faut parfois investir des fonds pour eliminer les administratifs que reglementaires empechent de tirer plei- inefficacites (par exemple, quand un reseau routier doit etre nement parti des installations. rehabilite avant de pouvoir revenir a un etat « maintenable », • L'integration regionale peut contribuer de fayon appre- ou lorsque des appareils de mesure doivent etre installes pour ciable a reduire les couts d'infrastructure, en permettant ameliorer la collecte des redevances). Ces types d'investisse- aux pays de profiter d'economies d'echelle et de gerer effi- ments lies a 1'efficacite meritent une priorite a cause de leur cacement les biens publics region aux. rendement generalement eleve. • Ades fins strategiques, Ie developpement des reseaux d'in- La crise financiere mondiale actuelle ne fait que renforcer frastructure doit etre informe de la distribution spatiale des la necessite de s'attaquer a 1'inefficacite des infrastructures. activites economiques et des economies d'agglomeration. Les pays africains commenyant a ressentir 1'effet de la crise et les sources exterieures de fin an cement a se tarir, les mesures • Afin d'accelerer l'acces aux services, la politique sociale vis ant a ameliorer l'efficacite de 1'utilisation des ressources liee aux infrastructures do it etre repensee, en mettant plus exist antes deviennent particulierement interessantes. Elles l'accent sur Ie recouvrement des couts aupres de ceux qui generent une source de financement interieur supplemen- peuvent se Ie permettre et en redirigeant les subventions. taire pour un colit financier relativement faible. Evidemment, • La realisation de l'acces universel demandera de porter dans certains cas, des investissements importants peuvent etre une plus grande attention a l'elimination des barrieres qui necessaires avant que des gains d'efficacite ne soient degages empechent la mise en ~uvre des services ainsi qu'a l'offre (par exemple, la reduction des pertes dans la distribution de solutions de rechange pratiques et avantageuses. d'eau et d'electricite). Dans d'autres cas, Ie contexte econo- • Combler l'ecart de financement des infrastructures afri- mique de crise pourrait augmenter Ie cout politique de la caines est essentiel pour la prosperite de la region, et la prise de ces mesures, telles que l'amelioration du recouvre- crise financiere mondiale n'a fait que rendre la question ment des couts ou Ie licenciement du personnel excedentaire. des infrastructures encore plus pertinente. Les gains d' efficacite potentiels peuvent prendre une grande diversite de formes, decrites dans les recommanda- Recommandation 1 : s'attaquer al'ecart d'efficacite tions qui suivent. En resume, elles portent sur les points sui- vants: des infrastructures africaines constitue une priorite absolue des politiques • Proteger les depenses d'entretien afin d'eviter d'avoir a Les Constats presentees soulignent l'ampleur de l'inefficacite gaspiller des ressources en rehabilitations repetees des avec laquelle I' Afrique depense ses ressources d'infrastruc- actifs existants ; pour Ie seul secteur routier, ceci permet- tures actuelles. Sur ses 93 milliards de dollars EU annuels de trait d'economiser 2,6 milliards de dollars EU par an en besoins de depense dans 1'infrastructure, jusqu'a 17 milliards depenses d'investissement evitables ; de dollars EU pourraient etre trouves tout simplement en uti- • Reformer les institutions afin d' ameliorer la performance lisant les ressources exist antes de maniere plus efficace. operationnelles des services publics et autres prestataires, L'obtention des dividendes de ces gains d'efficacite do it qui perdent actuellement 6 milliards de dollars EU par an a etre pour la region une priorite majeure des politiques, et les cause d'inefficacites telles qu'un personnel en surnombre, efforts pour accroitre Ie fin an cement des infrastructures doi- une collecte insuffisante des redevances et des pertes dans vent etre faits dans la perspective d'un veritable engagement la distribution; en faveur de 1'efficacite. L'injection de fonds supplement aires • S'attaquer aux faiblesses du cadre de la depense publique, dans des secteurs caracterises par des niveaux eleves d'ineffica- ou 3,3 milliards de dollars EU par an de ressources d'in- cite n'a pas beaucoup de sens. Toutefois, retarder 1'augmenta- frastructure sont mal repartis entre les differents secteurs tion du financement jusqu'a ce que 1'efficacite s'ameliore n'est et ou l' execution incomplete du budget empeche chaque pas non plus une option valable : Ie colit pour la croissance annee 1,8 milliard de fonds d'investissement publics d'etre economique et Ie developpement humain serait tout simple- depenses; ment trop eleve. A la place, les efforts faits par les partenaires • Moderniser les cadres administratif et reglementaire afin au developpement pour fournir des res sources supplemen- de reduire les goulets d' etranglement qui empechent la taires en faveur du financement des infrastructures doivent prestation efficace des services par les reseaux d'infras- aller de pair avec des efforts des pouvoirs publics pour ame- 16 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE tructure existants et qui imposent des coUts substantiels a un fin an cement adequat de l' entretien, lorsque les redevances leurs utilisateurs ; sur Ie carburant versees a ces fonds sont fixees a un niveau • Profiter des economies d' echelle et des avantages de la suffisamment eleve pour assurer Ie fin an cement du materiel. coordination associee a l'integration region ale, ce qui, rien Les pays ayant ala fois un fonds routier et une agence routiere que dans Ie cas de l'electricite, peut deja ramener 2 mil- parviennent beaucoup mieux a preserver la qualite de leur liards de dollars EU par an ; reseau. L'utilisation pour les routes de contrats pluriannuels • Obtenir les meilleurs rendements des nouveaux investisse- bases sur la performance a egalement contribue a l' efficacite ments dans les infrastructures, en les utilisant pour dega- et a 1'efficience de l'entretien routier. Ces Cons tats mont rent ger des economies d'agglomeration et pour faciliter Ie bien qu'une combinaison de mecanismes de financement, developpement d'activites productives dans les corridors de capacite institutionnelle et d'incitations contractuelles est economiques des; necessaire pour resoudre Ie probleme de l'entretien. Les bailleurs de fonds ont traditionnellement evite de • Repenser la politique sociale liee aux infrastructures pour financer 1'entretien, en invoquant 1'avantage du fin an cement mettre plus 1'accent sur Ie recouvrement des couts aupres direct a partir des budgets nationaux sur Ie plan de la sou- de ceux qui peuvent se permettre de payer, et reorienter tenabilite. L'argument est valable. Cependant, la propension les actuelles subventions annuelles de 4 milliards de dol- des bailleurs de fonds a financer la rehabilitation des actifs lars EU afin d'accelerer 1'acces des groupes a faible revenu; d'infrastructure peut avoir 1'effet pervers d'inciter les pays a • Reduire les couts de realisation des objectifs des d'infras- negliger l' entretien, etant donne que les pouvoirs publics sont tructure en adoptant des technologies moins couteuses, confrontes au choix de lever aujourd'hui des taxes pour Ie offrant des niveaux de service raisonnables a un prix abor- financer ou de simplement attendre quelques annees avant dable tant pour les consommateurs que pour les pouvoirs d'obtenir des bailleurs de fonds des capitaux subventionnes publics. pour la reconstruction. Dans les environnements a faible revenu et faibles capacites, ou 1'entretien ne devrait pas etre Recommandation 2 : faire davantage d' efforts pour pour bient6t, les bailleurs de fonds seraient bien avises de garantir Ie financement des depenses d' entretien tenir explicitement compte de ce choix dans 1'elaboration de La traditionnelle negligence vis-a-vis des depenses d'entre- leurs projets, au lieu de supposer simplement que l'entretien tien do it etre eliminee : il faut repenser 1'entretien en tant sera effectue. Une fa'"t:I dans Ie secteur de la telephonie mobile) peut aider les -- --- 20 menages it budgeter leur consommation tout en reduisant 0 les risques de perte de revenus pour les operateurs. La meme 01 02 03 04 05 Ouintiles budgetaires approche est technologiquement possible pour l' electricite, et un nombre croissant d'operateurs sont en train de l'adopter. 1-- Eau courante - - - Electricite 1 Les subventions sont importantes, mais leur conception do it etre rep en see en profondeur, en mettant plus l'accent sur b. Courbe d'abordabilite 100 la subvention des raccordements, qui peut etre plus equitable '" '# '" '" '" 80 et efficace au niveau de l' extension de la couverture. La capacite ... '" :::J '" c"t:l"t:l '" E::::J:f: o .- it payer les frais de raccordement est souvent un probleme plus "''''.Q 60 II'IVI=-= "t:I"'", aigu que celui lie it l'utilisation du service. De plus, l'absence aJ"9"C "':::J~ 40 de raccordement pourrait elle-meme constituer une bonne ~::.g C1I'I1I" variable de ciblage pour identifier les menages desavantages, v:::J"t:I g.~ =s 20 sauf dans les environnements OU l'acces est faible et la couver- <>. :l( 0 ture loin d' etre etendue it tous, meme pour les menages aises. 4 6 8 10 12 14 16 Un important test de coherence it appliquer it une politique Dollars EU par mois de subvention consiste it determiner si elle resterait abordable - - Pays afaible revenu - - - Pays arevenu intermediaire pour Ie pays si l'acces eta it universel. La sous-tarification ........ Ensemble Afrique subsaharienne actuelle des services publics, qui ne beneficie qu'it une faible minorite, coute it beaucoup de pays africains jusqu'it 1 % de Source: Banerjee, Wodon et coil., 2008. leur PIE. A mesure que les pays evoluent vers un acces uni- Note' 01 = premier (au plus pauvre) quintile budgetaire ; 02 = deuxieme quintlle versel, ce fardeau de la subvention s'accroitra en proportion budgetaire , 03 = troisieme quintile (au intermediaire) budgetaire , 04 = quatrieme quintile budgetaire ; 05 = quintile budgetaire Ie plus eleve (au Ie plus riche). et deviendra rapidement trop lourd pour Ie budget national. Les pays doivent donc considerer la maniere dont Ie cout de to ute politique de subvention envisagee augmenterait avec mais elles ne resistent pas it l'examen (voir la Figure 0.9). La l'extension de la couverture. Ce test d'abordabilite budgetaire redevance mensuelle des services publics correspondant au des subventions constitue un important exercice de confron- niveau de subsistance, tarifee dans une optique de recouvre- tation avec la realite qui peut eviter aux pays de s'embarquer ment des couts, se monte d'habitude it 6 it 10 dollars ED. Dans dans des politiques qui ne peuvent tout simplement pas etre les pays it revenu intermediaire, des factures de cet ordre ne portees it l'echelle superieure et dont la couverture devra res- semblent pas constituer un probleme de capacite de paie- ter faible. ment, quel que soit Ie niveau des revenus des consommateurs. Elles ne sont pas non plus un probleme pour les groupes aises Recommandation 9 : trouver des moyens pratiques des pays it faible revenu, qui sont les principaux beneficiaires de l'acces aux services. La capacite de paiement ne pourra pour etendre l'acces aux services d'infrastructure L'acces universel aux services d'infrastructure reste loin- devenir une contrainte serieuse dans les pays it faible revenu tain pour la plupart des pays africains. La grande majorite que lorsque la couverture des services commencera it depas- des menages africains n'a toujours pas acces it une energie ser 50 %. 11 n'y a en fait que dans les pays les plus pauvres et moderne, it l' eau courante, aux egouts et meme it des routes dans ceux OU les couts d'infrastructure sont exceptionnelle- utilisables en toutes saisons desservant leurs communautes. ment eleves que Ie recouvrement integral des couts pourrait Les tres lents progres realises dans l' extension de cet acces etre inabordable pour les consommateurs aises actuels. Meme depuis Ie milieu des annees 1990 suggerent que l'acces uni- dans ces cas, Ie recouvrement des couts de fonctionnement versel aux infrastructures devra attendre encore plus d'une resterait un objectif realisable, les subventions etant limitees cinquantaine d'annees dans la plupart des pays d'Afrique. 24 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Cette situation appelle une approche differente de l'exten- meme la OU elles existent, elles sont generalement mises ala sion des services d'infrastructure modernes et une plus grande disposition des plus aises. attention aux solutions de second choix. La conduite habi- La nature de bien public de beaucoup de ces solutions tuelle des affaires n'amenera pas l'acceleration de l'acces aux (comme les bornes-fontaines et l'eclairage public) semble infrastructures dont l'Afrique a besoin. De plus, me me si cette constituer Ie creur du probleme. Elle rend les coUts difficiles a acceleration pouvait etre obtenue, beaucoup de personnes recuperer par les prestataires des services et complique gran- continueront pendant de nombreuses annees a dependre dement l'administration des equipements. Des dispositions d'alternatives aux services d'infrastructure modernes. C'est institutionnelles efficaces doivent etre trouvees pour appuyer pourquoi les politiques sociales africaines liees aux infrastruc- la mise en reuvre de ces solutions. Un autre probleme est Ie tures doivent porter une plus grande consideration a l'ame- fait que certaines de ces alternatives, bien que moins cheres, Ii oration et a l'extension des solutions de second choix. peuvent tout simplement ne pas etre suffisamment bon mar- En developpant les reseaux d'infrastructure modernes, une che pour etre abordables pour tous. plus grande attention devrait etre accordee a l'aspect demande de l'equation. La revolution de la telephonie mobile a claire- Recommandation 10 : combler l' ecart de financement ment demontre que l'Afrique est capable d'adopter rapide- des infrastructures ment et largement des services d'infrastructure modernes. En depit de l'importance de to utes ces mesures d'efficacite, il De faibles frais de raccordement initial rendent l'entree sur demeure un substantiel ecart de financement des infrastruc- Ie marche abordable. Les systemes de prepaiement eliminent tures de 31 milliards de dollars EU par an. Un tel ecart parais- les risques associes au credit et donnent aux consommateurs sait insurmontable meme avant Ie debut de la crise financiere un contr61e complet sur leurs depenses. Les services sont bien mondiale. adaptes a leurs besoins. Les responsables des aut res services Depuis la fin 2007, beaucoup de facteurs ont concouru bases sur des reseaux, notamment l'electricite et l'eau, ont pour provoquer des augmentations rapides et soutenues eu tendance a considerer l'acces comme une simple question dans to utes les principales sources de financement exterieur d'installation de nouveaux reseaux, en negligeant Ie fait que des infrastructures en Afrique. A la suite du Sommet de Gle- me me dans les endroits OU ceux-ci existent, les taux de raccor- neagles, l'aide au developpement de l'OCDE a mis un plus dement sont relativement faibles. Ils doivent porter une plus grand accent sur l'appui aux infrastructures de l'Afrique. Les grande attention aux problemes lies ala demande qui empe- flux de l'aide publique au developpement ont presque double, chent les consommateurs de se raccorder : des frais de raccor- passant de 4,1 milliards de dollars EU en 2004 a 8,1 milliards dement beaucoup trop eleves pour les revenus des menages, en 2007. La reprise de la croissance economique sur Ie conti- ainsi que des questions foncieres et de developpement urbain. nent a amene une hausse de la participation privee. Depuis La fa<,:on la plus rentable d'accroitre l'acces a beau coup de ser- la fin des annees 1990, les flux de l'investissement prive dans vices publics peut passer par des programmes de densification les infrastructures subsahariennes ont presque triple, passant accelerant Ie raccordement aux reseaux exist ants a travers un d'environ 3 milliards de dollars EU en 1997 a 9,4 milliards en travail communautaire de proximite destine a mieux com- 2006/07 (soit a peu pres 1,5 % du PIB regional). De plus, les prendre l' aspect demande du marche. pays non membres de l'OCDE - notamment la Chine et l'Inde Les solutions de second choix pourraient etre affinees - ont manifeste un interet croissant pour Ie fin an cement des afin d' offrir des services d'infrastructure realisables et infrastructures dans Ie cadre de la cooperation Sud-Sud. De attractifs a ceux qui, sans eux, ne seraient pas desservis. presque rien au debut des annees 2000, leurs engagements La vaste majorite des personnes depourvues d'acces aux dans Ie fin an cement des infrastructures africaines est passe a services d'infrastructure modernes dependent d'alterna- environ 2,6 milliards de dollars EU par an entre 2001 et 2006. tives traditionnelles, telles que les bougies, les puits ou les Meme si les decaissements ont tendance a etre en retard de latrines non ameliorees. Meme si elles font l'affaire, elles ont plusieurs annees par rapport aux engagements, les promesses tendance a etre peu commodes, de moindre qualite et insa- de financement exterieur des infrastructures africaines pour- lubres. Des solutions de second choix, comme l'eclairage des raient continuer a augmenter dans les prochaines annees, si rues, les lampes solaires, les bornes-fontaines et les latrines les engagements record de 2007 sont pleinement honores. ameliorees offriraient aux menages des services de meilleure A moins que des mesures ne soient prises pour les sou- qualite a un coUt un peu plus eleve que celui des alternatives tenir, les depenses nationales dans l'infrastructure devraient traditionnelles mais nettement inferieur a celui des services diminuer, compromettant la reprise economique et aggravant modernes. De maniere assez surprenante, ces solutions la pauvrete. L' ecart financier actuel de 31 milliards de dol- de second choix ne sont pas tres repandues en Afrique, et lars EU par an pourrait encore se creuser avec la compression Infrastructures africaines : une transformation imperative 25 des budgets publics, la diminution des flux de capitaux exte- que l'importance des infrastructures dans la regeneration de rieurs et l'erosion de la capacite des consommateurs a payer leur developpement, il serait justifie qu'ils beneficient progres- des redevances pour l'utilisation des services. La capacite de sivement des ressources des bailleurs de fonds. construire de nouvelles infrastructures, d'diminer les goulets Certains des grands pays d' Afrique a faible revenu pour- d'etranglement regionaux et d'entretenir les actifs existants raient mobiliser des fonds locaux importants en faveur des subirait une chute severe. En Amerique latine, au cours des infrastructures a condition que les instruments appro pries annees 1990, environ 50 % de la compression budgetaire soient developpes. Dans un petit nombre de pays africains, vis ant a equilibrer les comptes publics provenaient des coupes les marches nationaux des capitaux semblent suffisamment operees dans les depenses d'infrastructure. En Indonesie, suite grands et bien assis pour fournir des fonds importants au a la crise asiatique, les investissements publics dans les infras- financement des infrastructures, Ie Nigeria etant l' exemple Ie tructures sont tombes de 7 % a 2 % du PIB. La croissance en plus remarquable (Irving et Manroth, 2009). La grande partie Amerique latine et en Asie a ete compromise pendant « une de ces fonds prend neanmoins la forme de prets des banques decennie perdue ». commerciales a relativement courte echeance, qui ne sont sou- En temps de crise economique, beaucoup de pays, depuis vent pas les plus appro pries pour des projets d'infrastructure. la Chine et l'Inde jusqu'a I'Argentine et au Mexique, se sont Les marches des obligations de societes devraient etre renforces servis des infrastructures comme stimulants budgetaires. A et les conditions reglementaires d'une plus grande participa- condition de cibler correctement les goulets d'etranglement tion des investisseurs institutionnels au financement des inves- economiques des et d'etre completes par des reformes des tissements dans l'infrastructure devraient etre mises en place. politiques, les investissements dans l'infrastructure peuvent preparer la route a une reprise ulterieure de la croissance Notes economique. De plus, certains types de contrats de travaux Cecilia Bricefio-Garmendia et Vivien Foster sont les auteurs de publics sont a forte intensite de main-d'reuvre et creent ce chapitre. un emploi a court terme contribuant a alleger la pauvrek L'Afrique pourrait certainement tirer avantage d'un tel pro- Bibliographie Africon, 2008 : "Unit Costs of Infrastructure Projects in Sub-Saha- gramme mais Ie continent n'a pas les moyens de Ie financer ran Africa." Background Paper 11, Africa Infrastructure Sector sans appui exterieur. Les estimations indiquent qu'un train Diagnostic - Banque mondiale, Washington D.C. budgetaire de 50 milliards de dollars EU serait necessaire pour Banerjee, Sudeshna, Heather Skilling, Vivien Foster, Cecilia compenser l'impact de la crise economique sur I'Afrique et Bricefio-Garmendia, Elvira Morella et Tarik Chfadi, 2008 : qu'en Ie concentrant sur les investissements dans l'infras- "Ebbing Water, Surging Deficits: Urban Water Supply in Sub- tructure, on peut obtenir les effets les plus importants sur la Saharan Africa." Background Paper 12, Africa Infrastructure Sec- croissance du PIB, avec des projections de 4 % pour 2010 au tor Diagnostic - Banque mondiale, Washington D.C. lieu de 1,7 % pour l'apres-crise. A long terme, I'Afrique pour- Banerjee, Sudeshna, Quentin Wodon, Amadou Diallo, Taras Pus- rait esperer un accroissement permanent de 2,5 % de son PIB hak, Hellal Uddin, Clarence Tsimpo et Vivien Foster, 2008 : "Access, Affordability, and Alternatives: Modern Infrastructure (voir om, 2009). Services in Africa." Background Paper 2, Africa Infrastructure Tout accroissement du financement des bailleurs de fonds Sector Diagnostic - Banque mondiale, Washington D.C. en faveur des infrastructures africaines devrait preter une Bofinger, Heinrich c., 2009 : ''Air Transport: Challenges to attention particuliere au secteur de l'energie et aux Etats fra- Growth." Background Paper 16, Africa Infrastructure Sector Dia- giles. Depuis les annees 1990, les bailleurs de fonds negligent Ie gnostic Banque mondiale, Washington D.C. secteur de l' energie. Meme si Ie secteur prive peut contribuer Bricefio-Garmendia, Cecilia et Vivien Foster, 2009a : "Democratic au financement de la production de l'energie, les bailleurs de Republic of Congo: Prioritizing Infrastructure Investments-a fonds devront neanmoins augmenter substantiellement leur Spatial Approach." - Banque mondiale, Washington D.C. appui pour resoudre la crise qui affecte actuellement Ie secteur. - - - . 2009b : "Republic of Congo: Prioritizing Infrastruc- Ce passage a l' echelle superieure etait deja en cours avant Ie ture Investments-a Spatial Approach." - Banque mondiale, debut de la crise, les engagements des donateurs ayant atteint Washington D.C. Ie milliard de dollars EU en 2005 et un pic de 2,3 milliards de Bricefio-Garmendia, Cecilia, Karlis Smits et Vivien Foster, 2008 : dollars EU en 2007. Les Etats fragiles font exception, ils ont en "Financing Public Infrastructure in Sub-Saharan Africa: Patterns, Issues, and Options." AICD Background Paper 15, Africa Infras- effet reyu des bailleurs de fonds moins que la part de finance- tructure Sector Diagnostic - Banque mondiale, Washington D.C. ment de l'infrastructure a laquelle ils avaient equitablement Bullock, Richard, 2009 : "Taking Stock of Railway Companies in droit. Vu l'ampleur de l'ecart de financement auquel ces pays Sub-Saharan Africa:' Background Paper 17, Africa Infrastructure sont confrontes par rapport a la taille de leur economie, ainsi Sector Diagnostic - Banque mondiale, Washington D.C. 26 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Calderon, Cesar, 2008 : "Infrastructure and Growth in Africa." Africa: A Sector Review." Background Paper 10, Africa Infras- Working Paper 3, Africa Infrastructure Country Diagnostic - tructure Sector Diagnostic - Banque mondiale, Washington D.C. Banque mondiale, Washington D.C. Morella, Elvira, Vivien Foster et Sudeshna Ghosh Banerjee, 2008 : Carruthers, Robin, Ranga R. 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De plus, au debut des annees 2000, compte. Dans son celebre rapport, Notre interet commun les flux de capitaux prives etaient faibles suite it la crise asia- (Our Common Interest), la Commission a identifie l'infras- tique. Le rapport de la Commission affirmait que tructure comme l'un des principaux defis du continent: en depit de ces avantages evidents, les Etats africains et leurs L'infrastructure est un element ele du elimat d'investis- partenaires au deve/oppement ont, dans les annees 1990, consi- sement, reduisant Ie cout des alfaires et permettant aux gens derablement reduit la part des ressources allouee aux infrastruc- d' avoir acces aux marches. Bile est capitale pour faire progresser tures, traduisant ainsi la moindre priorite qui leur etait accordee l' agriculture, joue un role majeur de facilitation du commerce dans les discussions sur les politiques. Retrospectivement, la et de l'integration, est essentielle pour compenser les elfets de la communaute internationale a commis la une erreur politique fragmentation geographique et du morcellement de la souve- grave, qui a nui aux perspectives de croissance et genere un rainete, et est indispensable pour permettre a l'Afrique de per- retard considerable dans l'investissement, retard qui ne pourra cer sur les marches mondiaux. Bile est en outre fondamentale etre rattrape qu'avec beaucoup de temps et des mesures vigou- pour Ie developpement humain, y compris pour la prestation reuses. (Commission pour l'Afrique 2005 : chap. 7, para. 63, des services d' education et de sante aux populations pauvres. citations omises) [Traduction non officielle]. L'investissement dans l'infrastructure represente egalement un enorme potentiel non exploite de creation d' emplois productifs. SeIon Ie rapport, les besoins de financement de I' Afrique (Commission pour I' Afrique 2005 : chap. 7, para. 61, citations subsaharienne sont estimes it 39 milliards de dollars EU omises) [Traduction non officielle]. par an, repartis it parts pratiquement egales entre les depenses d'investissement (22 milliards de dollars EU) et Durant les annees qui ont precede Ie rapport de la Com- les depenses d' exploitation et maintenance (17 milliards mission, les flux exterieurs de capitaux destines aux infras- de dollars EU). Sur la base de ces estimations, Ie rapport tructures africaines ont atteint un minimum historique. Au recommandait un doublement des depenses d'infrastruc- cours des annees 1990, de nombreux bailleurs de fonds ont ture dans la region, it financer par une augmentation des 29 30 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE apports des bailleurs de fonds de I' ordre de 10 milliards de Un comite directeur preside par la Commission de dollars EU jusqu'en 2010. 1'Union africaine a ete mis en place pour superviser Ie pro- Peu apres la publication du rapport de la Commission, Ie jet de 1'AICD. Il etait compose de representants de la Banque sommet de Gleneagles du Groupe des huit exprimait un ferme africaine de developpement, du Nouveau partenariat pour Ie engagement politique envers un accroissement du finance- developpement de 1'Mrique (NEPAD) et des communautes ment des bailleurs de fonds en faveur de 1'infrastructure en economiques regionales (le Marche commun de l' Afrique Afrique, ce qui a donne lieu a la creation du Consortium pour orientale et australe, la Communaute economique des Etats les infrastructures en Afrique. Celui-ci s'est converti en un de 1'Afrique centrale, la Communaute economique des Etats forum ou les donateurs bilateraux et multilateraux les plus de 1'Afrique de 1'Ouest, la Communaute de 1'Afrique orien- importants peuvent collaborer avec les institutions conti- tale et la Communaute de developpement de l' Afrique aus- nentales et regionales afin de promouvoir 1'integration eco- trale). L'Agence franyaise de developpement, Ie Departement nomique et de maintenir l' elan des engagements pris par les pour Ie developpement international du Royaume-Uni, la dirigeants politiques a Gleneagles. Commission europeenne, Ie Kreditanstalt fur Wiederaufbau (la cooperation au developpement de la Republique federale d'Allemagne), Ie Fonds de conseil en infrastructure publique- Genese du projet privee (Public-Private Infrastructure Advisory Facility) et la Banque mondiale se sont engages a allouer des fonds au Des sa creation, Ie Consortium a reconnu que Ie manque projet. La mise en cruvre de 1'AICD a ete deleguee ala Vice- d'information et d'analyses sur les infrastructures en presidence pour 1'Afrique de la Banque mondiale. Le comite Afrique empechait severement Ie passage de l'action a directeur a egalement reuni un groupe consultatif technique 1'echelle superieure. Meme les donnees les plus elementaires d'universitaires issus du monde entier afin de garantir un exa- - sur la quantite et la qualite des stocks d'actifs infrastructu- men in dependant des etudes. rels, 1'acces aux services, les prix et les couts, les parametres Le travail technique du projet a demarre a la mi-2006 d'efficacite, les depenses effectuees et les besoins d'investis- et s'est deroule en trois etapes. La premiere, de mi-2006 a sement futurs - etaient soit inexistantes soit insuffisantes en mi-2007, a ete consacree a la collecte de donnees primaires termes de couverture. La plupart des bases de donnees stan- au niveau des pays et a donne lieu a la creation d'une serie de dards mondiales sur les infrastructures couvraient a peine nouvelles bases de donnees sur les infrastructures en Afrique. quelques pays africains. La deuxieme etape, de mi-2007 a mi-2008, etait axee sur 1'ana- Un document de synthese conduait que la situation des lyse des donnees. Elle a conduit a l'elaboration d'un certain donnees entravait gravement la capacite de la region a interpre- nombre de documents de reference analysant les aspects des ter et comprendre 1'etat de ses infrastructures. Il affirmait qu'il des infrastructures au niveau du continent (voir Tableau I.1). ne nous est pas possible de « savoir precisement dans quelle La troisieme etape, de mi-2008 a mi-2009, incluait des mesure 1'Afrique subsaharienne satisfait ses besoins d'infras- consultations et la diffusion des constats preliminaires et s' est tructure, car la qualite et la quantite des donnees est devenue concentree sur l' elaboration de ce rapport. extremement faible. L'amelioration de la capacite de 1'Mrique Aux fins du diagnostic, la definition de 1'infrastructure a contr61er et com parer sa performance devrait constituer une englobait tous les principaux reseaux, a savoir ceux lies aux priorite majeure pour la communaute internationale et sera technologies de 1'information et de la communication (TIC), sans doute un defi tres important exigeant une forte coordi- a1'irrigation, al' energie, al' assainissement, al' eau et au trans- nation entre les pays et les bailleurs de fonds» (Estache 2005 : port (y compris aerien, maritime, ferroviaire et terrestre). Le Resume analytique, 1). Le Consortium concluait que, sans ces diagnostic vise, autant que possible, acouvrir non seulement informations, il serait difficile d'evaluer Ie succes des interven- les infrastructures physiques, mais aussi les services qu'elles tions anterieures, de determiner les priorites des allocations de dispensent. L'accent est mis sur 1'infrastructure d'acces public ressources actuelles et d' elaborer un cadre de reference pour la et l' etude ne couvre donc pas les oleoducs et gazoducs ni les mesure des progres futurs. En consequence, Ie Consortium a infrastructures portuaires et ferroviaires privees destinees a decide de participer a un programme de connaissance conjoint, 1'usage exclusif d'activites minieres ou industrielles particu- Ie Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD lieres. Le diagnostic n'envisage pas non plus les besoins d'in- - Africa Infrastructure Country Diagnostic). L' objectif de l'AICD frastructures de stockage de 1'eau necessaires pour proteger consiste a ameliorer la base de connaissance sur les secteurs de les pays des secheresses et des inondations, mais se limite a 1'infrastructure en Afrique. ceux requis pour des utilisations particulieres en aval, telles Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 31 Tableau 1.1 Documents de reference de I'AICD que la generation d'energie hydroelectrique, l'irrigation et Numero Categorie et titre Auteurs l'alimentation en eau. Sujets transversaux L'unite primaire d'analyse pour Ie diagnostic est Ie pays. BP2 Acces, accessibilite financiere et options: Sudeshna Banerjee, Quentin L'accent est mis sur l'Afrique subsaharienne, compte tenu de Services de I'infrastructure moderne en Wodon, Amadou Diallo, Taras la genese du projet en tant que reponse aux deficits majeurs Afrique Pushak, Helal Uddin, Clarence d'infrastructure dans cette partie du continent. En raison Tsimpo et Vivien Foster des contraintes budgetaires et de faisabilite, Ie diagnostic BPll CoOts unitaires des projets d'infrastructure Willem van Zyl, Lynette Coetzer en Afrique subsaharienne et Chris Lombard s'est limite initialement a 24 des 48 pays de l'Afrique sub- saharienne (Figure 1.1). Cet echantillon de la Phase I couvre BP1S Financement public de I'infrastructure Cecilia Briceno-Garmendia., en Afrique subsaharienne : Modeles, Karlis Smits et Vivien Foster pratiquement tous les grands pays de la zone, qui represen- problemes et options tent ensemble environ 85 % de la population et du PIB de Etudes des besoins d'investissement la region. Ils ont ete consciencieusement selectionnes afin de BP3 Chiffrer les besoins d'investissement dans Rebecca Mayer, Ken Figueredo, representer la diversite economique, geographique, cultu- les infrastructures TIC en Afrique Mike Jensen, Tim Kelly, Richard relle et politique qui caracterise la region (Figure 1.2). Cet Green et Alvaro Federico Barra echantillon de 24 pays est donc statistiquement representa- BPS Dynamiser I'energie : Chiffrer les besoins d'investissement dans I'infrastructure Orvika Rosnes et Haakon Vennemo tif et fournit une base suffisante pour tirer des conclusions a energetique en Afrique australe et propos de la situation generale des infrastructures en Afrique occidentale subsaharienne. BP7 Ameliorer la connectivite : Investir dans Robin Carruthers, Ranga Rajan Ulterieurement, Ie comite directeur du projet a recom- I'infrastructure de transport en Afrique Krishnamani et Siobhan Murray subsaharienne mande d'etendre la couverture du diagnostic au plus grand nombre possible des pays africains restants. Grace de l'ob- BP9 Besoins d'investissement dans I'irrigation Liang Zhi You en Afrique subsaharienne : Une question tention de fonds supplementaires, la Phase II du projet a ete d'echelle entamee au milieu de 1'annee 2008. Elle integre 16 pays sup- Examens de la situation sectorielle plementaires, elevant ainsi Ie total a 40. Meme si l'attention BPl Bloque dans Ie trafic : Le transport urbain Ajay Kumar et Fanny Barrett demeure fixee sur 1'Afrique subsaharienne, la Phase II com- en Afrique prend une plus grande couverture des pays de 1'Afrique du BP4 Indicateurs de performance du secteur de Mark Svendsen, Mandy Ewing Nord dans un certain nombre de domaines, afin de completer I'irrigation en Afrique subsaharienne et Siwa Msangi rim age de la situation en Afrique et de fournir un point de BP6 Sous-alimente : ttat du secteur de Anton Eberhard, Vivien Foster, comparaison avec la region subsaharienne. I' energie en Afrique subsaharienne Cecilia Briceno-Garmendia, Fatimata Ouedraogo, Daniel Camos et Maria Shkaratan BP8 Franchir les goulets d'etranglement : Les Michael Mundy et Andrew Etendue du projet ports en Afrique subsaharienne Penfold BP10 Technologies de I'information et de la Michael Minges, Cecilia Les resultats de la Phase II n'etant pas disponibles au moment communication en Afrique subsaharienne : Briceno-Garmendia, Mark Examen du secteur Williams, Mavis Ampah, Daniel ou ce document a ete redige, les resultats presentes dans ce Camos et Maria Shkratan volume se basent sur 1'analyse des 24 pays de la Phase 1. Nean- BP12 Une eau en baisse, des deficits en hausse : Sudeshna Banerjee, Heather moins, tous les agregats financiers qui y sont contenus ont ete Distribution de I'eau dans les villes de Skilling, Vivien Foster, Cecilia l'Afrique subsaharienne Briceno-Garmendia, Elvira adaptes pour couvrir l' ensemble de l'Afrique subsaharienne. Morella et Tarik Chfadi Les estimations financieres ont ete proportionnees afin de BP13 Ameliorer les conditions de vie: ttat de Elvira Morella, Vivien Foster et refleter Ie poids des 24 pays de l' echantillon dans Ie PIB glo- I'assainissement en Afrique subsaharienne Sudeshna Ghosh Banerjee bal de la region. BP14 Le poids de la maintenance: Les routes en Ken Gwilliam, Vivien Foster, L'analyse au niveau des pays repose sur les trois piliers Afrique subsaharienne Rodrigo Archondo-Callao, suivants: Cecilia Briceno-Garmendia, Alberto Nogales et Kavita Sethi • Le pilier des besoins en depenses qui evalue Ie c01It des BP16 Transport aerien : Le defi de la croissance Heinrich C. Bofinger futurs besoins d'infrastructure ; BP17 Inventaire des compagnies ferroviaires en Dick Bullock • Le pilier des couts budgetaires qui presente les actuels Afrique subsaharienne modeles de depenses dans 1'infrastructure. 32 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 1.1 Couverture des pays consideres par Ie Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique "', ' • Phase I o Phasell o Phase II (partiel) Note. © 8anque mondiale. Figure 1.2 Representativite des pays consideres dans la Phase 1de I' AICD 100 90 80 70 ~ ~ 60 '" ~ 50 '" 40 ~ c: ~ 30 " 20 ~ 10 o • Afrique subsaharienne III Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique Note' PFR = pays a faible revenu, PRII = pays a revenu Intermediatre, tranche inferieure ; PRIS = pays a revenu intermediaire, tranche superieure. Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 33 • Le pilier des performances sectorielles qui precise l' etendue marche et destines a suivre Ie rythme de la demande issue des ameliorations de l'efficacite ainsi que des reformes d'une economie en croissance, et les objectifs d'investisse- structurelles et politiques. ment fixes par les politiques en vue de satisfaire les besoins sociaux et qui ne sont pas obligatoirement commercialement rentables sans subventions publiques. Tout aussi importants Estimation des futurs besoins en depenses que I'estimation des besoins d'investissement, les modeles Au debut du projet AICD, seul un petit nombre d'etudes calculent les besoins en depenses pour la rehabilitation des inter pays normalisees cherchaient a evaluer l'ampleur des actifs infrastructurels existants, ainsi que les besoins de main- besoins en depenses de l'Afrique et la couverture de la plu- tenance des actifs operationnels (existants et neufs). part etait limitee. Les etudes transnationales mondiales les l' objectif n' etait pas tant de produire des estimations que plus connues estiment les besoins d'investissements en uti- de creer un modele permettant d'examiner les besoins en lis ant des techniques econometriques et les donnees macro- depenses en fonction de to ute une serie d'hypotheses dif- economiques d'un panel (Estache 2005 ; Fay et Yepes 2003 ; ferentes relatives a la croissance economique, aux objectifs Yepes 2007). Elles identifient les relations passees entre Ie PIB sociaux, aux couts unitaires et a d'autres parametres per- et les stocks d'actifs infrastructurels physiques afin de deter- tinents. Les projections etaient basees sur les previsions de miner les besoins d'infrastructure en fonction des previsions croissance du PIB de la Banque mondiale pour la prochaine actuelles de croissance. Les couts unitaires des infrastruc- decennie et sur les previsions demographiques des Nations tures sont ensuite utilises pour convertir ces previsions en Unies. estimations financieres. Ces types d' etudes fournissent une Dans la plupart des cas, on ne disposait pas d'antecedents approximation de premier ordre et coherentes au niveau methodologiques clairs permettant d' elaborer au niveau des international des besoins d'investissement. Toutefois, il est pays des estimations des besoins en depenses sur la base de probable qu' elles sous-estiment les besoins, parce qu' elles ont ce type de modelisation microeconomique. Une technique ten dance a se centrer sur la quantite plut6t que sur la qua- adoptee dans bon nombre de ces etudes est la modelisation lite, ne tiennent pas compte de la demande reprimee ni des spatiale utilisant les outils des systemes d'information geo- objectifs sociaux et utilisent des parametres de couts unitaires graphique (SIG). La creation d'une base de donnees SIG uniques, mondiaux (par rapport aux parametres specifiques africaine alimentee a partir de sources diverses et permettant aux pays) bases sur une mise en reuvre efficace. la superposition des caracteristiques geophysiques, agro-eco- Des etudes, nationales ou sectorielles sur les couts d'inge- logiques, demographiques et economiques avec les reseaux nierie etaient disponibles pour des groupes d'infrastructures d'infrastructures a rendu cette approche possible (voir Enca- determines: par exemple, Ie Plan directeur du P6le energe- dre I.l). Les parametres d'entree necessaires pour utiliser tique de I'Afrique de I'Ouest (West Africa Power Pool Master les modeles de besoins en depenses ont pu etre deduits, en Plan) et l' etude de la Banque africaine de developpement sur grande partie, d'un exam en documentaire complet des infor- Ie reseau routier transafricain, ainsi que divers plans direc- mations disponibles. teurs nationaux ou region aux. Ces etudes sont generalement Bien que des efforts aient ete faits pour develop per des exactes et integrent les objectifs definis par les politiques, mais methodologies coherentes a travers les differents secteurs, elles presentent un certain nombre d'inconvenients. Leur les specificites de chaque secteur ont souleve des problemes production est couteuse et elles ne sont pas disponibles pour particuliers qui ont exige certaines adaptations. Dans tous les to us les pays ni to us les secteurs et ont tendance a adopter une cas, les besoins en depenses incluent les nouveaux investisse- grande variete de methodologies qui limitent les possibilites ments, la rehabilitation des actifs existants et l'exploitation et de comparaison entre les differents pays. maintenance des actifs neufs et existants. Le projet AICD a etudie les besoins en depenses dans cinq secteurs : technologies de I'information et de la com- • Pour les technologies de I'information et de la communica- munication (TIC), irrigation, energie, transport et eau et tion (TIC), I'analyse spatiale a ete utilisee pour estimer les assainissement. 1'objectif des etudes etait de developper une couts, les revenus et donc la viabilite financiere du deploie- methodologie microeconomique basee sur les pays, simple ment des services dans les communautes rurales eloignees. mais solide, sensiblement plus precise que les etudes macro- • Pour I'irrigation, la viabilite financiere de l'irrigation des economiques « allant du haut vers Ie bas» et en meme temps cultures situees a differents endroits a ete jugee adequate substantiellement plus directe et normalisee que les etudes pour Ie developpement a grande ou petite echelle, sur base d'ingenierie « allant du bas vers Ie haut ». La methodologie de la proximite d'un grand barrage pour la premiere et vise a identifier a la fois les investissements suscites par Ie d'un reseau routier pour la seconde. 34 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Encadre 1.1 La plateforme des systemes d'information geographique pour I'Afrique de I'AICD Tn?s rapidement au debut du processus de I'AICD, il est La plateforme SIG a ete construite a partir d'une grande devenu evident que les systemes d'information geographique variete de sources. Les donnees ouvertes au public de la pouvaient etre une ressource ele pour beaucoup d'aspects de Banque mondiale et d'autres organisations, telles que l'Asso- I'analyse de I'infrastructure. La decision a donc ete prise de ciation des Nations Unies pour I'alimentation et I'agriculture, rassembler au sein d'une plateforme SIG unique, toutes les I' Institut international de recherche sur les politiques alimen- bases de donnees geographiques disponibles relatives aux taires, l'Union internationale pour la conservation de la nature, secteurs infrastructurels africains. I'U.S. Geological Survey, Ie Centre pour un reseau d'informa- Cette plateforme ineluait des ensembles de donnees pour des tion international en sciences de la terre, I'U.S. National Geos- echelles, niveaux de detail, annees de reference et modeles patial Intelligence Agency et l'Oak Ridge National Laboratory de codifications differents. Dans tous, plus de 20 couches the- ont constitue les principales ressources. Dans certains cas, les matiques separees d'information geographique couvraient les agences publiques de transport et autres organismes ont ega- sujets suivants : lement fourni des donnees. Les bases de donnees ont aussi • Reseaux d'infrastructure: centrales electriques, lignes ete alimentees a partir de sources sectorielles privees ou de de transport, sites de barrages, zones irriguees, routes (y donnees prima ires des pays recoltees dans Ie cadre du projet compris leur type, etat, et trafic), chemin de fer, ports, AleD. Autant que possible, un effort a ete fait pour mettre a aero ports, cables sous-marins, dorsales en fibre optique et jour les ensembles de donnees avec I'information relative a couverture du signal GSM (Global Systems Mobile de la I'etat, au statut ou a d'autres caracteristiques, tiree d'evalua- telephonie mobile) ; tions d'experts ou d'autres sources. • Caracteristiques physiographiques: topographie, meteo- La plateforme SIG de !'AICD est ouverte au public sur Ie site rologie, cours d'eau, types de sols, couverture des terres, Web du projet http://www.infrastructureafrica.org, OU les uti- ainsi qu'utilisation et potentiel agricoles ; lisateurs peuvent consulter des atlas des infrastructures pre- • Caracteristiques socioeconomiques: vi lies, densites de definis pour chaque pays et secteur, faire usage de I'outil SIG population, mines, champs petroliers, indicateurs de pau- pour creer leurs prop res cartes ou telecharger des fichiers en vrete, temps de deplacement jusqu'au plus proche centre vue d'une analyse SIG plus technique. urbain, et acces des menages aux services. • Pour Ie transport, l'analyse spatiale a ete utilisee pour • Les resultats des etudes de l' AICD sur les besoins en mesurer l'etendue du reseau routier necessaire pour satis- depenses sont presentes dans Ie Chapitre 1 et examines faire un ensemble de normes de connectivite regionale, plus en detail dans les chapitres sectoriels correspon- nation ale, urbaine et rurale. II n'a pas ete possible d'asso- dants de la deuxieme partie. Des documents de reference cier ces normes aux objectifs economiques. detailles donnent aussi une presentation plus detaillee de • Pour l'energie, Ie modele est base sur un modele d'optimi- la methodologie et des resultats pour chacun des secteurs sation it moindre colit qui selectionne l'option d'expan- (voir Tableau 1.1). sion la plus efficiente pour Ie developpement du secteur Tous les modeles des besoins en depenses elabores pour energetique national ou regional dans Ie but de repondre Ie projet peuvent etre consultes en ligne sur Ie site Internet it une projection donnee de la demande. du projet. Les versions Web permettent aux utilisateurs de • Pour l'eau et l'assainissement, Ie modele s'est appuye sur determiner la sensibilite des besoins en depenses it differentes les travaux existants (Mehta, Fugelsnes, et Virjee 2005 ; hypotheses couvrant une large gamme de parametres d' entree Programme 2006 pour l'eau et l'assainissement) et utilise pour les pays. Les resultats sont affiches it la fois numerique- les tendances de croissance demographique pour analy- ment et spatialement, sous forme de cartes. ser Ie nombre de nouvelles connexions necessaires pour realiser les Objectifs du Millenaire pour Ie developpement Documentation des modeIes de depense existants (OMS et UNICEF 2006), en fonction d'une serie de choix Au debut du projet AICD, on ne disposait pratiquement d'au- technologiques differents. Cline information sur la maniere dont les pouvoirs publics Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 35 africains et leurs organismes parastataux consacraient leurs publiques arrivent aux infrastructures. Le travail a commence ressources au developpement et a la maintenance des infras- par un exam en detaille du budget des pouvoirs publics cen- tructures. Les Statistiques financieres de l'Etat du Fonds traux. Les etats financiers ont ensuite ete recueillis aupres de monetaire international rap portent les depenses budgetaires toutes les agences parastatales et fonds speciaux identifies lors des pouvoirs publics centraux en faveur d'un certain nombre de 1'analyse institutionnelle. de secteurs d'infrastructure largement definis, mais ne com- Dans les pays ou les prestataires des services d'infrastruc- prennent pas les depenses des entreprises publiques ni les ture sont fortement decentralises (comme dans Ie cas des ser- fonds speciaux non budgetaires alloues aux infrastructures, vices municipaux de distribution d'eau), les etats financiers pourtant eminemment significatifs pour Ie secteur. De plus, n' ont pu etre recueillis qu' aupres des trois prestataires les plus elles ne ventilent pas les depenses en fonction des secteurs importants. Les prestataires de services d'infrastructure priva- infrastructurels et des depenses fonctionnelles engagees telles tises ont ete inclus dans 1'etude pour autant que la majorite de que les depenses en capital ou de maintenance et les depenses leurs parts etait toujours so us Ie controle de 1'Etat ou lorsqu'ils operationnelles. Plus important encore, meme les donnees continuaient a dependre de subventions publiques pour leur tres limitees enregistrees dans les Statistiques financieres capital ou l' exploitation. Ainsi, les prestataires des services de de l'Etat du Fonds n'etaient disponibles que pour quelques telecommunication ont generalement ete inclus dans 1'etude pays africains. contrairement aux operateurs de telephonie mobile. En exploitant les donnees limitees disponibles a 1'epoque, Dans certains pays, les pouvoirs publics locaux ont com- les chercheurs ont produit quelques estimations de premier mence a jouer un role de plus en plus important dans la ordre de la depense publique de 1'Afrique dans 1'infrastruc- prestation des services d'infrastructure, mais des donnees ture (voir Estache 2005; Estache, Gonzalez et Trujillo 2007). completes sur les depenses n'ont pas toujours pu etre obte- Malgre les nombreuses restrictions relatives a la qualite et a nues au niveau des administrations locales. Dans certains la couverture des donnees financieres publiques, 1'image glo- cas, cependant, les pouvoirs publics centraux produisent bale qui a ete degagee montrait clairement un declin des allo- des comptes consolides pour les administrations locales. A cations budgetaires des Etats au secteur des infrastructures defaut, une autre source d'information a pu etre trouvee entre 1980 et 2000. dans les transferts budgetaires des pouvoirs publics centraux Sans une comprehension detaillee des modeles de depense vers les administrations locales, consignes dans Ie budget et des institutions publiques cles -les pouvoirs publics centraux dont celles-ci dependent, etant donne 1'insuffisance de leurs et les entreprises publiques - il est difficile de definir 1'am- sources alternatives de revenus. Dans certains cas, les trans- pleur et la nature des ecarts de financement des infrastruc- ferts etaient clairement destines aux depenses dans 1'infras- tures de la region ou d'evaluer 1'efficience et 1'efficacite de la tructure ; dans d'autres, la part allouee a celle-ci a seulement depense publique. Pour surmonter ces limitations, Ie projet pu etre estimee. AICD a elabore une nouvelle base de donnees comprenant Les donnees ont ete recueillies afin de permettre une clas- des informations transnationales normalisees, vis ant a offrir sification a la fois verticale et horizon tale en categories eco- une representation detaillee mais neanmoins complete de la nomiques et fonctionnelles. Cela signifie qu'une matrice a ete depense publique dans les infrastructures, tant dans Ie cadre creee afin de pouvoir repartir les depenses de chaque catego- des budgets des pouvoirs publics centraux et qu'en dehors de rie fonctionnelle suivant la nature economique de la depense ceux-ci. La collecte des donnees s'appuyait sur une metho- et vice versa. La classification fonctionnelle suivait aussi stric- dologie normalisee et couvrait, dans la mesure du possible, tement que possible la categorie a quatre chiffres ou Ie niveau la periode 2001-06l. Pour permettre la comparaison des de la categorie de la classification fonctionnelle (COFOG) donnees entre les differents pays, une methodologie detaillee, prop osee dans Ie Manuel 2001 des Statistiques financieres incluant des documents modeles, a ete adoptee pour la col- de 1'Etat du Fonds monetaire international (FMI 2001), ce lecte de donnees sur Ie terrain, leur traitement administratif qui permettait d'identifier tous les grands sous-secteurs de et la documentation (Briceno-Garmendia 2007). 1'infrastructure. La classification economique des depenses La methodologie a ete conc;:ue pour etre complete dans suivait elle aussi Ie cadre du Fonds, ce qui permettait de dis- la mesure OU elle couvre tous les domaines pertinents des tinguer, dans une certaine mesure, les depenses courantes, les depenses, budgetaires ou non, dans 1'infrastructure. La col- depenses d'investissement et diverses sous-categories. lecte des donnees sur les depenses s' est appuyee sur une vue Une grande partie des donnees necessaires a pu etre obte- d' ensemble du cadre institutionnel pour la prestation des ser- nue directement a partir des documents budgetaires et des vices d'infrastructure dans chacun des pays, tout en vis ant etats financiers des agences parastatales concernees, meme si a identifier to us les canaux a travers lesquels les ressources dans beaucoup de cas, une reprogrammation minutieuse des 36 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE donnees a ete necessaire pour les adapter au modele du pro- mas de depense par institution, par secteur et par categorie jet. Les consultants locaux ont execute un travail de terrain, fonctionnelle. coordonne au niveau central afin de garantir Ie contr6le de la L'analyse des schemas de depense publique a ete completee qualite et la coherence des donnees. L'accent de la collecte de par une etude des couts unitaires des projets d'infrastructure, donnees eta it mis sur les depenses effectuees, mais, chaque qui comprenait un exam en des coUts et des structures de fois que possible, les depenses budgetees et approuvees ont couts pour un echantillon de projets finances par des bailleurs aussi ete relevees. de fonds et portant sur les routes, l'energie et l'alimentation La periode ciblee pour la collecte de donnees couvrait 2001 en d'eau. Les resultats habituels de ces projets ont ete nor- a 2006, meme si des series chronologiques completes n' etaient malises afin de permettre la determination de couts unitaires pas toujours disponibles. Toutes les donnees financieres sont normalises. Les donnees ont ete recoltees a partir des devis presentees comme des moyennes annuelles sur la periode, quantitatifs des contrats de travaux publics de ces projets et afin d'attenuer les fluctuations annuelles et d'optimiser les ont ete introduites dans Ie modele normalise. L'echantillon points des donnees disponibles. Toutes les donnees etaient comprenait 115 projets de routes, 144 projets relatifs a l'eau libellees en monnaie locale et normalisees au niveau central et 58 projets lies a l'energie. La base de donnees des couts uni- en utilisant les taux de change, Ie PIB et la population tires des taires resultante montre la dispersion qui peut etre observee Indicateurs du developpement dans Ie monde de la Banque dans les projets d'infrastructure finances par les bailleurs de mondiale. fonds en fonction d'une serie de facteurs. Les donnees relatives ala depense publique ont ete com- pletees par des donnees financieres issues de sources secon- Comprendre les performances du secteur daires, afin de fournir une vue complete des flux financiers A ses debuts, Ie projet disposait de relativement peu de destines a l'infrastructure africaine et de l'importance rela- documentation systematique, complete et empirique- tive des differents acteurs. Ces sources secondaires com pre- ment justifiee sur les performances des cinq secteurs de naient notamment la base de donnees de la Banque mondiale l'infrastructure. sur la Participation privee a l'infrastructure, qui documente Afin d'etablir un portrait detaille et exhaustif des sec- les tendances des flux de capitaux prives ; la base de donnee teurs d'infrastructure en Afrique subsaharienne, I'AICD a du Comite de l'aide au developpement de I'Organisation de developpe une serie d'indicateurs de performance normali- cooperation et de developpement economiques (OCDE), qui ses couvrant Ie point de vue a la fois des consommateurs et comprend l'appui financier exterieur offert par les bailleurs des prestataires des services. Ces indicateurs ont ete recueillis de fonds bilateraux et multilateraux de I'OCDE ; et une pour la totalite des sous-secteurs d'infrastructure, notam- nouvelle base de donnees sur Ie financement non OCDE ment Ie transport aerien, les TIC, l'irrigation, les ports, l' ener- destine au secteur des infrastructures en Afrique (Foster gie, les voies ferrees, les routes et l'eau et l'assainissement. et autres 2008). Pour rendre ces flux financiers coherents Dans chaque cas, une structure conceptuelle commune a ete du point de vue methodologique avec ceux des depenses adoptee. publiques, les chercheurs ont converti en decaissements les Un premier bloc d'indicateurs qualitatifs a ete genere grace engagements pris par les financiers exterieurs, en utilisant a un important questionnaire abordant les details du cadre les profils de decaissement habituels des projets d'infrastruc- legal, institutionnel et reglementaire. Ces indicateurs sont ture. Tous les efforts possibles ont ete deployes pour eviter resumes dans une serie d'indices specialement definis a cet la double comptabilisation de la depense publique et du effet (voir Chapitre 4 de ce volume). Les donnees qualitatives financement exterieur. fournissent un instantane de la situation telle qu'elle se pre- Les resultats de l' analyse de la depense publique ont consti- sentait en 2006, au moment de la collecte des donnees. Un tue la base du Chapitre 2 de ce rapport et sont exposes plus en deuxieme bloc d'indicateurs quantitatifs reflete les aspects detail dans Ie Document de reference 15 (voir Tableau U). operationnels, techniques et financiers des performances du A I'heure actuelle, nous pouvons dire que Ie niveau de la secteur, avec une attention to ute particuliere pour les presta- depense publique dans les infrastructures en Afrique est subs- taires de services d'infrastructure tels que les services publics. tantiellement plus eleve que ce que l'on imaginait auparavant Chaque fois que possible, les donnees quantitatives se rappor- - et assurement plusieurs fois superieur aux estimations ante- tent a la periode 2001 a 2006 et c'est l'annee la plus recente rieures. La base de donnees donnant la depense publique est disponible qui est utilisee. maintenant accessible au public sur Ie site Internet du pro- Pour chaque secteur, des manuels detailles ont ete deve- jet et peut etre telechargee par les utilisateurs a des diverses loppes pour guider la collecte des donnees relatives aux fins. Elle comprend des informations detaillees sur les sche- indicateurs. Ces manuels donnent la justification et la struc- Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 37 ture conceptuelle de la collecte des donnees, des definitions grees dans une meta-base de donnees unique qui permettait detaillees des indicateurs, des formulaires pour les question- d'analyser de fa<;:on coherente les ten dances chronologiques naires aidant it recolter I'information, et une structure de base au sein des pays et les schemas divergents entre les pays. de donnees pour l' encodage des donnees. Ils ont ete con<;:us Vne approche normalisee a ete utilisee pour regrouper les pour aider les consultants responsables de la collecte des menages suivant des criteres socio-economiques, en fonction donnees et pour garantir les possibilites de comparaison des des quintiles d'actifs dans Ie cas des EDS et de quintiles de indicateurs entre les differents pays et, plus tard, au cours du depense dans Ie cas des enquetes sur Ie budget. La meta-base temps, si Ie processus est reproduit. de donnees couvre 39 pays d' Afrique; les ten dances chrono- Pour certains secteurs (energie, voies ferrees, routes, eau logiques sont disponibles pour 23 de ces pays. et assainissement), les indicateurs n'ont pu etre obtenus que La principale source de donnees sur les telecommu- grace it un travail de terrain approfondi dans les pays. Pour nications pour l' Afrique est I'Union internationale des certains aut res secteurs (transport aerien, TIC, irrigation, telecommunications, qui recueille les donnees de series chro- ports), les donnees ont pu etre recoltees it distance grace it nologiques sur un certain nombre d'indicateurs et publie des des questionnaires accompagnes d'un suivi telephonique et it informations sur les reglementations en matiere de telecom- la compilation des donnees tirees de publications et sources munications. En outre, un certain nombre de rapports spe- existantes. La collecte des donnees a necessite de contacter ciaux ont ete rediges sur Ie secteur des telecommunications plusieurs centaines d'institutions liees it I'infrastructure it tra- en Afrique. Ils ont malheureusement ete tres vite depasses et vers toute I'Afrique, notamment plus de 16 operateurs ferro- sont souvent limites it un certain groupe de pays. Le projet viaires, 20 institutions routieres, 30 compagnies d'electricite, AI CD a ameliore la fraicheur, Ie niveau de detail et I'etendue 30 ports, 60 aeroports, 80 compagnies des eaux et 100 opera- de ces ensembles de donnees, notamment en recueillant des teurs TIC, ainsi qu'avec les ministeres techniques correspon- donnees plus recentes disponibles aupres de sources intergou- dants dans to us les pays. vernementales, en verifiant l' exactitude des informations exis- La collecte de donnees s'est concentree sur la compila- tantes, en elargissant et completant la couverture pour tous tion des informations existantes qui pouvaient etre obtenues les pays africains, et en ameliorant les donnees pour qu' elles dans les rapports annuels des institutions cibles, leurs bases integrent des indicateurs plus detailles et plus specifiques de donnees internes et it travers les connaissances de leurs pour les tarifs, les reglementations, la structure des marches cadres. Le contenu des bases de donnees refiete donc I'etat et Ie point de vue de I'usager, entre autres choses. Le projet des connaissances que les institutions ont d'elles-memes. Le a egalement structure les donnees en categories analytiques projet ne disposait pas des ressources necessaires pour entre- et rassemble plusieurs indices afin de faciliter la comprehen- prendre un travail d'enquete primaire afin d'obtenir les don- sion de la grande quantite de donnees. En bref, I'information nees sur les indicateurs manquants. contenue dans les ensembles de donnees de I'AICD relatives Les donnees recoltees ont de centralisees et soumises it aux TIC fournit un cadre structure de donnees completes, deux types de controle de qualite. Le premier consistait en un inclusives et it jour sur la situation du secteur TIC en Afrique, examen effectue par des specialistes connaissant bien les pays qui ne sont disponibles dans aucune autre source unique. concernes. Le second comprenait une serie de verifications Dans Ie domaine des transports, Ie Programme de poli- de la logique et la coherence de la base de donnees dans son tique de transport en Afrique subsaharienne (PPTAS) a ensemble au moyen de l' examen des schemas de donnees et joue un role important dans Ie developpement de la base de des valeurs aberrantes. connaissance it travers une abondante litterature comprenant L'enquete aupres des prestataires de services d'infrastruc- des etudes de cas et des rapports sur les politiques. Le PPTAS ture a ete completee par des travaux sur les schemas d' acces a fait certains efforts en direction d'un ensemble d'indicateurs des menages it ces services et des depenses qu'ils y consacrent, quantitatifs pour Ie secteur des transports, me me si leur por- visant it integrer to utes les etudes existantes sur les menages tee reste limitee. Le programme a joue un role moteur dans realisees en Afrique de 1990 it 2005. Ces sources comprenaient Ie developpement d'outils de modelisation du secteur rou- 67 enquetes demographiques et de sante (EDS) et d'enquetes tier, en particulier Ie RONET, qui permet d'estimer les couts relatives it des ensembles multi-indicateurs contenant des d'entretien des routes sur la base d'une specification phy- informations detaillees sur les schemas d'acces des menages, sique detaillee du reseau routier. De plus, certains travaux ont ainsi que 30 enquetes budgetaires contenant des informations contribue de maniere significative it la comprehension de la detaillees sur les schemas de depense des menages. Les don- reforme institutionnelle dans Ie secteur des routes (Benmaa- nees de to utes ces enquetes ont ete normalisees (sur la base mar 2006) et on a egalement pu beneficier de certains travaux d'une comparaison minutieuse des questionnaires) et inte- sur les performances des concessions ferroviaires en Afrique. 38 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Toutefois, au debut du projet AI CD, il n'existait aucune base L'energie etait sans nul doute Ie secteur africain de l'in- de donnees normalisee sur Ie type, la situation et Ie trafic des frastructure Ie moins documente au debut du projet (Estache routes. Ces donnees ont ete recueillies sur une base geocodee et Gassner 2004a). Certains indicateurs de base sur l'equi- section par section, qui permet de presenter l'information de libre energetique global et sur les portefeuilles nationaux de maniere graphique sur une carte et qui soutient une analyse production d'energie etaient disponibles aupres de I'Agence financiere detaillee du reseau routier grace a l'utilisation du internationale de l'energie et d'autres organismes, mais la modele RONET. couverture des pays africains restait assez limitee, et les indi- Au debut du projet, il existait relativement peu d'analyses, cateurs disponibles ne refletaient pas la situation reelle de la au niveau du continent, des services de distribution d'eau en performance des services publics d'energie. Bien que I'Union Afrique (Estache et Gassner 2004b). Le point de depart pour la des producteurs, transporteurs et distributeurs d' energie collecte des donnees sur les services des eaux a ete les bases de elect rique en Afrique (l'association africaine des services de donnees developpees par Ie Water Utilities Partnership (Par- distribution d'electricite) ait developpe sa propre base de tenariat des services des eaux) et Ie reseau IBNET (Interna- donnees des indicateurs de performance, celle-ci n'est pas tional Benchmarking Network). Ces deux sources couvraient ouverte au public. La Commission africaine de l' energie est un nombre limite de pays et s'attachaient principalement a la egalement en train de developper une base de donnees des performance operationnelle des services publics sans appro- indicateurs de l' energie pour Ie continent, mais elle n' etait pas fondir Ie cadre institutionnel. Ces deux initiatives ont eclaire disponible au moment de l'elaboration de ce projet. l'elaboration par I'AICD, d'indicateurs coherents avec elles Les resultats des diverses etudes sectorielles ont constitue au niveau des domaines communs. Le processus de collecte une base pour les chapitres correspondants aux differents sec- de donnees a ete coordonne avec I'IBNET afin d'augmen- teurs qui figurent dans la deuxieme partie (Chapitres 7-17) ter la couverture des pays africains par les deux projets. De de ce rapport. De plus, les resultats de l'analyse des enquetes maniere generale, les indicateurs de performance financiere aupres des menages sont presentes au Chapitre 3 qui traite et operationnelle de I'AICD constituent un sous-ensemble de la pauvrete et l'inegalite, tandis que les conclusions glo- de ceux recueillis par IBNET, meme si les indicateurs qua- bales de l'analyse institutionnelle sont resumees au Chapitre 4 litatifs et les tarifs recueillis par l'AICD vont bien au-dela sur les institutions. Les bases de donnees sur les indicateurs de to utes les analyses anterieures. Cinq modules de donnees de performance sectorielle sont maintenant accessibles au qualitatives ont ete rassembles pour chaque pays, couvrant public sur Ie site Internet du projet, http://www.infrastruc- Ie cadre institutionnel et reglementaire de l'alimentation en tureafrica.org, et a travers la Plate forme de donnees sur Ie eau, les accords de gouvernance de services publics des eaux developpement de la Banque mondiale. La base de donnees, particuliers, Ie statut du secteur de l'assainissement, celui du qui contient des informations detaillees sur les indicateurs secteur rural de l' eau dans chaque pays, et la prevalence et les institutionnels, operationnels, techniques et financiers relatifs caracteristiques des petits prestataires de services dans la plus a chacun des secteurs consideres, peut etre telechargee pour grande ville de chaque pays. Les indicateurs quantitatifs visent to ute une variete d'usages. a determiner la performance operationnelle et financiere des Le travail axe sur les trois piliers et les questions intersec- services de 2001 a 2006, ainsi que leurs listes de prix. Dans les torielles a abouti a l' elaboration des 17 documents de refe- pays ou la prestation des services est decentralisee, des don- rence originaux sur lesquels se fonde ce « Rapport phare » nees completes n' ont pu etre recueillies pour tous les services (Tableau 1.1). Les principales conclusions qui y sont presen- publics, mais des efforts ont ete faits pour couvrir les trois tees font reference a ce materiel. Les lecteurs desireux d'obte- plus gran des compagnies de chaque pays. nir plus de details techniques sur l'un ou l'autre de ces themes Dans Ie cas de l'irrigation, des donnees limitees etaient peuvent trouver ces documents sur Ie site Internet du projet disponibles au niveau des pays. L'Afrique subsaharienne a (http://www.infrastructureafrica.org). En temps voulu, ils peu d'experience de la culture irriguee. La plupart des indi- seront rassembles dans quatre volumes sectoriels sur les TIC, cateurs de performance sont limites a certains systemes d'ir- l' energie, les transports, et l' eau et l' assainissement, qui seront rigation specifiques. La meilleure source unique de donnees les complements techniques de ce rapport phare. sur des indicateurs transnationaux comparables etait les bases En plus des trois piliers centraux de la collecte des don- de donnees mondiales de I'Organisation des Nations Unies nees, plus de 20 documents de travail ont ete realises sur une pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Ces donnees ont serie de sujets ad hoc pertinents par rapport a l'infrastructure ete completees, Ie cas echeant, par des donnees de la Banque africaine (Tableau 1.2). Ceux-ci comprennent notamment les mondiale et de I'Institut international de recherche sur les liens entre les infrastructures, la croissance et la soutenabi- politiques alimentaires (IFPRI). lite budgetaire, les effets des reformes d'infrastructure sur Ie Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique 39 Tableau 1.2 Documents de travail de I'AICD Numero Titre Auteurs WPl Donner du sens ala dotation infrastructurelle de l'Afrique subsaharienne: Une approche Tito Yepes, Justin Pierce et Vivien Foster comparative WP2 Payer Ie prix pour une distribution electrique fiable : La production de leur propre electricite par Vivien Foster et Jevgenijs Steinbuks les entreprises africaines WP3 Infrastructure et croissance en Afrique Cesar Calder6n WP4 Reformes de I'electricite au Mali: Une analyse micro- et macroeconomique des effets sur la Dorothee Boccanfuso, Antonio Estache et Luc Savard pauvrete et la distribution WP5 Reformes de I'electricite au Senegal: Une analyse micro- et macroeconomique des effets sur la Dorothee Boccanfuso, Antonio Estache et Luc Savard pauvrete et la distribution WP6 Traduire les preoccupations sectorielles en programmation financiere macroeconomique : Les Antonio Estache et Rafael Munoz enseignements du Senegal et de I'Ouganda WP7 Recuperation des coOts, equite et efficacite dans les tarifs de I'eau : Elements concrets tires des Sudeshna Banerjee, Vivien Foster, Yvonne Ying, Heather Skilling services publics africa ins et Quentin Wodon WP8 Le potentiel de financement prive local des infrastructures en Afrique Jacqueline Irving and Astrid Manroth WP9 Impact des contraintes imposees par les infrastructures sur la productivite des entreprises en Alvaro Escribano, J. Luis Guasch et Jorge Pena Afrique WP10 Le conte de trois cites: Comprendre les differences dans la prestation des services modernes Sumila Gulyani, Debabrata Talukdar et Darby Jack WPll Les pauvres et les prix de I'electricite : Etudes de cas en Afrique subsaharienne Quentin Wodon WP12 Les pauvres et les prix de I'eau : Etudes de cas en Afrique subsaharienne Quentin Wodon WP13 Alimenter les pauvres en eau en Afrique: Les marches informels de I'eau et I'experience des Sarah Keener, Manuel Luengo, and Sudeshna Banerjee bornes-fontaines WP14 Prix et coOts du transport en Afrique: Un examen des principaux corridors internationaux Supee Teravaninthorn and Gael Raballand WP15 L'impact de la depense dans I'infrastructure en Afrique subsaharienne : une approche de Jean-Fran~ois Perrault and Luc Savard modelisation par Ie CGE WP16 Reformes de I'eau au Senegal: Une analyse micro- et macroeconomique des elfets sur la Dorothee Boccanfuso, Antonio Estache et Luc Savard pauvrete et la distribution WP17 CoOts budgetaires de la fourniture d'infrastructure : Un guide pour les specialistes Cecilia Briceno-Garmendia WP18 CoOts du cycle de vie des routes suivant dilferents scenarios de maintenance Kavita Sethi, Arnaud Desmarchelier et Alberto Nogales WP19 Production des cultures et connectivite routiere en Afrique subsaharienne : Une analyse spatiale Paul Dorosh, Hyoung-Gun Wang, Liang You et Emily Schmidt WP20 L'impact de la decision Yamassoukro Charles Schlumberger WP21 Recuperation des coOts, equite et elficacite dans les tarifs de I'electricite : Elements concrets tires Cecilia Briceno-Garmendia et Maria Shkaratan des services publics africains WP22 Que no us apprend I'enquete apres des menages sur I'utilisation du carburant de cuisine en Daniel Camos Afrique subsaharienne ? WP23 Evaluation de I'experience de l'Afrique en matiere de reforme institutionnelle des secteurs de Maria Vagliasindi et John Nellis I'infrastructure bien-etre, les tarifs des services publics et les subventions, les les informations de la base de reference recueillies pour les services de l'infrastructure urbaine, Ie financement prive local secteurs infrastructurels africains dans Ie cadre de ce projet. de l'infrastructure, l'impact sur les entreprises d'une distribu- La valeur along terme de ce travail depend du maintien des tion inadequate de l' energie et Ie role des petits distributeurs efforts de collecte des donnees, qui permettra d' obtenir une d'eau independants. Les documents de travail sont eux aussi vision temporelle des ten dances des des infrastructures sur disponibles sur Ie site Internet du projet. Ie continent et de mesurer avec precision les progres reali- Au-deLl des donnees de la base de reference initiale eta- ses par rapport acette base de comparaison. Le Departement blie ici, Ie projet AICD vise a creer une base durable pour la statistique de la Banque africaine de developpement envisage collecte continue des donnees relatives aux secteurs infras- actuellement de reprendre a long terme Ie travail de collecte tructurels africains. Ce rapport phare presente et analyse des donnees sur la base du cadre methodologique developpe 40 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE dans Ie cadre du projet AleD. Les promoteurs de celui-ci gar- Estache, Antonio, Marianela Gonzalez, and Lourdes Trujillo. 2007. dent la volonte ferme de garantir la soutenabilite de l'effort "Government Expenditures on Health, Education and Infrastruc- ture: A Na·ive Look at Levels, Outcomes and Efficiency." Policy de collecte des donnees. Research Working Paper 4219, World Bank, Washington, DC. Fay, Marianne, and Tito Yepes. 2003. "Investing in Infrastructure: Note What Is Needed from 2000 to 201O?" Policy Research Working Cecilia Briceno-Garmendia et Vivien Foster sont les auteurs de Paper 3102, World Bank, Washington, DC. http://ssrn.com/ ce chapitre. abstract=636464. Foster, Vivien, William Butterfield, Chuan Chen, and Nataliya Bibliographie Pushak. 2008. Building Bridges: China's Growing Role as Infras- Benmaamar, Mustapha. 2006. "Financing of Road Maintenance tructure Financier for Sub-Saharan Africa. Trends and Policy in Sub-Saharan Africa: Reforms and Progress towards Second Options no. 5. Washington, DC: Public-Private Infrastructure Generation Road Funds." Discussion Paper 6, Road Manage- Advisory Facility, World Bank. ment and Financing Series, Sub-Saharan Africa Transport Policy IMF (International Monetary Fund). 2001. Government Financial Program, World Bank, Washington, DC. Statistics Manual 2001 (GFSM 2001). Washington, DC: IMF Briceno-Garmendia, Cecilia. 2007. "Fiscal Costs ofInfrastructure Statistics Department. Provision: A Practitioner's Guide." Working Paper 17, Africa Mehta, Meera, Thomas Fugelsnes, and Kameel Virjee. 2005. Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, Washington, "Financing the Millennium Development Goals for Water and DC. Sanitation: What Will It Take?" International Journal of Water Commission for Africa. 2005. Our Common Interest: Report of the Resources Development 21 (2): 239-52. Commission for Africa. London: Commission for Africa. London: Water and Sanitation Program. 2006. Getting Africa on Track to Commission for Africa Meet the MDGs for Water and Sanitation: A Status Overview Estache, Antonio. 2005. "What Do We Know about Sub-Saharan of Sixteen African Countries. Joint Report of African Ministers Africa's Infrastructure and the Impact ofIts 1990 Reforms?" Council on Water, African Development Bank, European Union World Bank, Washington, DC. Water Initiative, and Water and Sanitation Program. Nairobi: Estache, Antonio, and Katharina Gassner. 2004a. 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I Les avancees notables en matiere de technolo- gies de I'information et de la communication (TIC) ont, par exemple, ajoute jusqu'a un point de pourcentage au taux dollars EU par an (15 % du PIB de la region) - so it plus de deux fois les estimations etablies en 2005 par la Commission pour l'Afrique. Les depenses totales estimees sont assez equi- de croissance par habitant de l'Afrique au cours de la der- tablement reparties entre les pays a revenu intermediaire, niere decennie, depuis la moitie des annees 1990. A contrario, les pays riches en ressources et les Etats non fragiles a faible les deficiences de l'infrastructure amputent la croissance par revenu (de I'ordre de 28 a 30 milliards de dollars EU par an), habitant du continent d'au moins un point de pourcentage. les Etats fragiles a faible revenu representant une plus petite Dans de nombreux pays, Ie manque d'infrastructures, notam- part des besoins totaux (environ 14 milliards de dollars EU ment electriques, reduit la productivite au moins autant par an). Le fardeau pour leurs economies varie considera- que la bureaucratie, la corruption et l'ecart de financement blement selon les groupes de revenu, allant de 10 a 12 % du (les suspects habituels que beaucoup de gens ont a I'esprit PIB pour les pays a revenu intermediaire et les pays riches lorsqu'ils pensent aux contraintes pesant sur la croissance). en ressources, a 25 % du PIB pour les pays non fragiles a Les pays africains tant a faible revenu qu'a revenu inter- faible revenu et a 36 % pour les Etats fragiles. Le C0l1t total mediaire sont a la traine de leurs pairs du monde en develop- est reparti dans un rapport de deux a un entre les depenses pement en ce qui concerne la densite des routes revetues, la d'investissement et les frais d'exploitation et maintenance. capacite de production d'energie et la couverture des lignes Plus de 40 % des depenses necessaires concernent Ie sec- de telephonie fixe. Il y a quelques decennies, des annees 1960 teur de l'energie qui doit se doter chaque annee d'une nou- a 1980, la richesse en infrastructures de l' Afrique etait simi- velle capacite de production de 7 000 megawatts, rien que laire a celle de l' Asie de l'Est et du Sud, mais ces regions ont pour suivre Ie rythme de la demande. Un peu plus de 20 % depuis etendu plus rapidement leurs actifs infrastructurels, sont lies a la realisation des objectifs du Millenaire pour Ie surpassant I'Afrique. La satisfaction des besoins d'infrastruc- developpement (OMD) en matiere d'alimentation en eau ture de I'Afrique et Ie developpement de modes efficients de et d'assainissement. Quelque 20 % des besoins en depenses prestations des services d'infrastructure passent par un vaste sont egalement necessaires dans Ie secteur du transport pour programme d'investissements dans les infrastructures. Outre atteindre un niveau raisonnable de connectivite aux niveaux la construction de nouvelles infrastructures, les installations regional, national, rural et urbain ainsi que pour maintenir existantes doivent Hre rehabilitees et entretenues. les biens existants. 41 42 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Infrastructure: la de d'une acceleration de la tructures africaines jusqu'au niveau de certaines references croissance en Afrique regionales ou internationales a, de maniere tres coherente, un effet estime de 1 ou 2 points de pourcentage sur la croissance Les economies africaines ont connu ces dernieres annees une par habitant. solide croissance annuelle de 4 % en moyenne. C'est dans Vne question de pour les decideurs est de savoir jusqu'a les pays riches en res sources naturelles, qui ont beneficie de quel point Ie developpement des infrastructures contribue a 1'augmentation des cours des produits de base, que les taux la croissance par rapport aux autres parametres des politiques. de croissance ont ete les plus eleves. Dans presque tous les cas, Vne etude a revele que la contribution de 1'expansion et de la croissance generale n'a cependant pas atteint les 7 % requis l'amelioration des infrastructures a la croissance economique pour reduire sensiblement la pauvrete et realiser les OMD. par habitant a ete de 1 point de pourcentage environ de 1990 a Meme si 1'infrastructure a contribue a la recente remontee de 2005, contre seulement 0,8 point de pourcentage pour les poli- 1'economie africaine, il en faudra bien plus pour atteindre les tiques structurelles et de stabilisation macroeconomiques (Cal- objectifs de developpement du continent. deron, 2008). Les politiques de stabilisation comprennent des 1'insuffisance des infrastructures empeche une croissance mesures pour contr6ler 1'inflation des prix et contenir les defi- plus rap ide en Afrique. Ce point de vue, mis en lumiere par cits budgetaires, tan dis que Ies politiques structurelles induent la Commission pour 1'Afrique (2005), s'appuie sur d'impor- des mesures visant a renforcer Ie capital humain, approfondir tantes recherches economiques (Tableau 1.1.). Sur la base les activites financieres, promouvoir l' ouverture des echanges d'une analyse econometrique inter pays et de quelques etudes commerciaux et ameliorer la gouvernance. l'Afrique centrale nationales, la recherche confirme l'existence d'un lien fort et est la region ou 1'amelioration des infrastructures a Ie plus significatif entre Ies actifs infrastructurels et la croissance contribue a la croissance recente de 1'ordre avec 1,1 point de economique. Meme si cette relation est indubitablement pourcentage. n n'y a qu'en Afrique de 1'Ouest que 1'effet des bidirectionnelle - les infrastructures appuyant la croissance politiques macroeconomiques sur la croissance depasse celui et la croissance favorisant les infrastructures - les techniques des infrastructures. Pendant la meme periode, les infrastruc- modernes de recherche permettent d'isoler Ie premier de ces tures de 1'Asie de l'Est ont contribue a hauteur de 1,2 point de effets avec une certaine precision. l' amelioration des infras- pourcentage a la croissance par habitant (Figure 1.1). Tableau 1.1 Relation entre infrastructure et croissance en Afrique: qu'en disent les analystes ? Etude Methode Portee Secteur Conclusions Easterly et Levine 1997 MUlti-pays Afrique Telecommunications, energie L'infrastructure est fortement correlee avec la croissance. Esfahani et Ramirez 2003 Multi-pays Afrique Telecommunications, energie La croissance par habitant de l'Afrique sera it de 0,9 point superieure a I'infrastructure de l'Asie orientale. Calderon et Serven 2008 MUlti-pays Afrique Telecommunications, energie, La croissance par habitant de l'Afrique sera it de 1,0 point superieure a routes I'infrastructure de la Republique de Coree. Estache, Speciale et Veredas MUlti-pays Afrique Divers Confirme les travaux anterieurs et souligne une pertinence egale pour les 2005 pays cetiers et pays enclaves. Calderon 2008 Multi-pays Afrique Telecommunications, energie, La croissance par habitant de l'Afrique serait de 2,3 points superieure a routes celie de I'infrastructure de Maurice. Calderon et Serven 2008 MUlti-pays Afrique Telecommunications, energie, Developpe les resultats anterieurs pour montrer que I'infrastructure a routes egalement des elfets negatifs sur les inegalites. Fedderke et Bogetic 2006 Etude pays Afrique du Sud Divers a A trouve une relation long terme entre I'infrastructure et la croissance en se basant sur des techniques econometriques eprouvees. Ayogu 1999 Fonction de Nigeria Divers A trouve une relation importante entre I'infrastructure et les resultats des production donnees de I'echantillon. Kamara 2008 Fonction de Divers Afrique Divers A trouve une relation importante entre I'infrastructure et les resultats des production donnees de I'echantillon. Reinikka et Svensson 1999a Enquetes Ouganda Energie Un secteur energetique non fiable constitue un important facteur de d' entreprise dissuasion pour I'investissement du secteur prive. Escribano, Guasch et Pena Enquetes Afrique Divers L'infrastructure a un elfet significatif sur la productivite totale 2008 d'entreprise des facteurs. Source. travaux des auteurs. Satisfaire les besoins d'infrastructure de [,Afrique 43 La contribution significative des infrastructures it la recente donnees montrent de maniere coherente une forte relation croissance de l' Afrique est presque entierement imputable entre les actifs infrastructurels et Ie resultat, la productivite et aux progres de la penetration des services de telecommuni- Ie mode d'investissement des entreprises. Une etude exhaus- cations (Figure 1.2). Par contre, I'inadequation de l'infras- tive a analyse I'ensemble des enquetes sur Ie climat d'inves- tructure energetique a ralenti la croissance, dont elle a reduit tissement en Afrique (Escribano, Guasch, et Pen a 2008) et Ie taux par habitant de 0,11 point de pourcentage dans l'en- conclu que pour la plupart des pays africains, notamment semble de I' Afrique et de 0,2 point de pourcentage en Afrique les pays it faible revenu, les infrastructures constituent une australe. L' effet des infrastructures routieres est generalement contrainte majeure pour les affaires et font baisser la pro- positif, quoiqu'assez faible, peut-etre it cause du manque de ductivite des entreprises d' environ 40 %. L' etude a d' abord disponibilite d'une mesure de la qualite des routes, qui est la considere la contribution relative des variables d'investisse- principale variable affectant les couts du transport. ment infrastructurel et non infrastructurel it la productivite Un travail microeconomique plus detaille sur la relation des entreprises (Figure 1.3). Pour beaucoup de pays tels que entre l'infrastructure et les performances des entreprises (voir I'Ethiopie, Ie Malawi et Ie Senegal, les effets negatifs de l'in- Tableau 1.1) corrobore ces cons tats macroeconomiques. Les suffisance des infrastructures sont au moins aussi penalisants Figure 1.1 Variations de la croissance par habitant dues 11 une modification des determinants de la croissance 2,5 ..!!! -0,5 + - - - - - , - - - - - , - - - - - - , - - - - - - , - - - - , - - - - - , - - - - , - - - - - , .Ii" ",e ,,'Ii ",e i. ",,0 ,0 ,:,e <} ,0' oe ",e ~7> ~'Ii ",e ~(3 ;::,'" (j 0':' oe 'Ii'5 ce'" ~ OC ° c.,tique de I'Afrique australe); WAPP = Western African Power Pool (Ie pool energetique de l'Afrique de l'Ouest). a Les totaux peuvent ne pas etre parfaltement exacts cause des erreurs d'arrondi Satisfaire les besoins d'infrastructure de I'Afrique 53 a une rehabilitation de l'infrastructure. La repartition de ces d'un modele qui tient compte du retard de maintenance de investissements sur une duree de 10 ans amene a 2,9 milliards 1'infrastructure du reseau dans chaque pays. de dollars EU par an, plus 0,6 milliards de dollars EU par an pour la maintenance des anciens et nouveaux systemes Les besoins de transport sont enormes (Tableau 1.9). La den site des routes africaines semble faible par rapport a l'immensite du continent, sans toutefois etre deraisonnable Realisation des OMD lies al'eau et a l'assainissement par rapport a la population et aux revenus de celui-ci. Les Les OMD relatifs a 1'acces a une eau saine ciblent 75 % de chapitres 9 a 13 du present volume offrent une analyse plus la population d'ici 2015 et 63 % pour 1'amelioration de 1'as- detaillee des defis du transport en Afrique. La meilleure sainissement. En 2006, la derniere annee pour laquelle des maniere d'evaluer 1'adequation du reseau de transport actuel donnees officielles ont ete publiees, les chiffres pour l'Afrique de 1'Afrique est de determiner si elle fournit un niveau cor- etaient de respectivement 58 % et 31 %. Pour atteindre la rect de connectivite facilitant la circulation des personnes cible des OMD, Ie nombre de personnes ayant acces a l'eau et des biens entre les regions, au sein des nations, hors des potable devrait passer de 411 millions a 701 millions d'ici zones rurales, et entre les villes. L'utilisation d'un modele 2015, soit une augmentation de 29 millions de personnes par spatial permet d'evaluer les coUts de connexion des nceuds an, au lieu des 11 millions par an actuellement recemment economiques et demographiques par des infrastructures de atteints. Pour 1'assainissement, Ie nombre de personnes ayant transport, de maniere a assurer une connectivite regionale, acces a des services ameliores devrait passer de 272 millions nationale, urbaine et rurale. en 2006 a 617 millions en 2015, soit une augmentation de 35 La connectivite region ale au sein du continent africain millions de personnes par an au lieu des actuels 7 millions exige un reseau reliant to utes les capitales et villes de plus par an. Les chapitres 16 et 17 de ce volume donnent plus de d'un million d'habitants aux ports en eau profonde et aux details, respectivement, sur les defis de l' Afrique en matiere frontieres internationales. Cet objectif peut etre atteint avec d'approvisionnement en eau et d'assainissement. un reseau a deux voies d'un peu plus de 100 000 kilometres Le cOlIt total de la realisation des OMD relatifs a 1'eau main tenus en bon etat. Environ 70 % de ce reseau est deja et a l'assainissement est estime a 22 milliards de dollars EU en place, mais un quart doit passer d'une a deux voies, et la (environ 3,3 % du PIB de l'Afrique) dont plus des deux tiers qualite des trois quarts environ do it etre amelioree. Le coUt pour 1'eau (Tableau 1.10). Les besoins en depenses d'inves- global de la realisation de cet objectif s'eleve a 2,7 milliards de tissement peuvent, au bas mot, etre chiffres a 15 milliards de dollars EU par an, soit a peine 15 % des besoins en depenses dollars EU par an (2,2 % du PIB de la region). Ces besoins totales du secteur des transports. L'essentiel de ces depenses incluent les nouvelles infrastructures et la rehabilitation des concerne les investissements. actifs existants. Les estimations sont basees sur des normes minimales et acceptables pour les actifs. En supposant que les modes d'acces (ou la prevalence relative des modalites d'ali- Tableau 1.10 Besoins en depenses dans I'eau et I'assainissement, mentation en eau et d'assainissement) restent globalement 2006-15 in changes entre 2006 et 2015 et que les services ne sont ame- Milliards de dollars EU par an liores que pour un nombre minimum de clients, les besoins Secteur Total Investissement Maintenance d' entretien s' elevent a 7 milliards de dollars EU par an (1,1 % Eau 16,5 11,0 5,5 du PIB de la region). L'exploitation et l'entretien des services Assainissement 5,4 3,9 1.4 de reseau et hors reseau representent respectivement 3 % et Total 21,9 14,9 7,0 1,5 % de la valeur de remplacement de l'infrastructure ins- Source Banerjee et coil. 2008. tallee. Les couts de rehabilitation ont ete evalues sur la base Tableau 1.9 Besoins en depenses dans I'irrigation, 2006-15 Milliards de dollars EU par an Investissement Total Systemes agrande Systemes a Total Total maintenance investissement Rehabilitation echelle petite echelle 3,4 0,6 2,9 0,6 0,8 1,6 Source. You 2008. 54 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE La connectivite regionale exige en plus un reseau ferro- generalement une densite de 300 metres pour 1 000 habitants. viaire, des ports d'une capacite suffisante, et des aeroports. Atteindre l'objectif de 500 metres exigerait d'ajouter 17 000 Pour Ie chemin de fer, les principaux couts concernent la kilometres a l'actuel reseau routier urbain, et de moderniser rehabilitation des voies ferrees existantes. Les ports ont, eux, et ameliorer 70 000 kilometres du reseau existant, pour un besoin de plus de postes a conteneurs pour suivre Ie rythme cout de 1,6 milliard de dollars EU par an, qui souligne l'im- de la croissance du commerce international. Pour Ie trans- portance des routes urbaines dans l' ensemble des besoins de port aerien, Ie modele ne voit aucune necessite de nouveaux transport de I'Afrique. L'essentiel de cette somme est neces- terminaux mais propose une certaine extension sur la base saire pour elargir et revetir les routes urbaines existantes. des projections du trafic des passagers. Les investissements La creation d'un reseau de transport assurant une bonne pour les pistes portent essentiellement sur l'amelioration de connectivite routiere region ale, nationale, rurale et urbaine, l'etat de celles qui existent. Aucun besoin de construction de complete par des infrastructures ferroviaires, portuaires et nouvelles pistes n'a ete identifie, meme s'il peut etre perti- aeroportuaires appropriees, exigera des depenses importantes nent, dans certains cas, d'allonger les pistes existantes pour de l' ordre de 18 milliards de dollars EU par an, dont la moiM permettre l'utilisation de plus gros avions. pour la maintenance (Tableau 1.11). Les besoins d'investis- La connectivite a l'interieur d'un pays exige l'extension du sement derivent essentiellement des depenses necessaires au reseau regional pour relier les capitales a leurs centres pro- changement de categorie des actifs existants (par exemple, vinciaux et a d'autres villes de plus de 25 000 habitants avec, d'une route en gravier vers une route revetue), a I'ameliora- au moins, une route a une voie revetue. L'ensemble du reseau tion de l' etat (d'un etat mediocre vers un etat bon ou accep- regional et ces reseaux nationaux devraient couvrir 250 000 table), et a l'extension de la capacite des actifs existants (par kilometres pour atteindre cet objectif. Pres de la moitie existe exemple, d'une a deux voies). Un peu plus de la moitie de ces deja sous la forme de routes revetues, tan dis que l'autre moi- depenses devrait aller aux modes de transport non routiers, tie devrait etre transformee en routes revetues. Le cout de la en particulier a leur entretien. Le reste est a peu pres equita- realisation de cet objectif s'eleve a 2,9 milliards de dollars EU blement reparti entre la connectivite nationale, la connecti- par an. Un part significative de ce montant est consacre au vite urbaine, et la connectivite rurale. revetement des routes non revetues existantes. La connectivite rurale consiste a fournir en toute saison un Les besoins en depenses dans les TIC semblent plus acces routier aux zones agricoles a haute valeur. Seul un tiers gerables des communautes rurales africaines vivent a proximite d'une Les progres de l' Afrique en matiere de TIC se rapprochent route praticable en to ute saison contre deux tiers de la popu- de ceux observes ailleurs dans Ie monde en developpement. lation des autres regions en developpement. En raison de la Le pourcentage de la population africaine vivant a portee du faible densite de la population dans les zones rurales afri- signal d'un systeme mondial de telephonie mobile (GSM) est caines, accroitre cet in dice d'acces rural a 100 % en Afrique passe de 5 % en 1999 a 57 % en 2006 (Minges et coil., 2008). serait inabordable. Une autre approche consiste a porter a Au cours de la meme periode, plus de 100 millions d' Africains 100 % la connectivite rurale des zones dont les terres ont se sont abonnes au telephone mobile. En effet, dans certains la plus grande valeur agricole. En limitant l'acces aux zones pays, l'acces des menages aux services de telephonie mobile ayant 80 % de la plus grande valeur de production agricole, depasse maintenant celui a l'eau courante. La penetration de Ie cout s'eleve a 2,5 milliards de dollars EU par an, soit pres I'Internet est tres loin derriere, avec un peu plus de 2 mil- de 13 % de l'ensemble des besoins en depenses. A peu pres lions d'abonnes, et on estime a 12 millions supplementaires Ie la moitie de cette somme concerne la maintenance, Ie reste nombre des personnes ayant acces aux installations ouvertes etant prevu pour l'amelioration de l'etat des routes rurales au public. La revolution des TIC s'est largement operee grace existantes, la modernisation du revetement des routes afin ala liberalisation du marche et aux investissements du secteur d'assurer leur utilisation en toute saison et, dans une moindre prive qui continuer a d'etre Ie principal moteur des investisse- mesure, I'adjonction de nouvelles routes pour atteindre les ments futurs. L'Etat devra continuer a investir dans certains populations isoIees. domaines critiques. Le chapitre 7 du present volume contient La connectivite urbaine est Ie fait de veiller a ce que une analyse plus detaillee des defis lies aux TIC en Afrique. l'ensemble de la population urbaine ne vive pas a plus de Le secteur prive engagera les principales depenses dans ce 500 metres d'une route revetue capable de supporter un acces secteur pour servir I'augmentation de la demande du marche. motorise. Aujourd'hui, les villes africaines ont des densites Le marche urbain des services TIC est bien etabli et rentable. de routes revetues nettement inferieures a la moyenne des La demande de services vocaux sur ce marche est appelee a villes bien dotees des autres pays en developpement, qui ont croitre en meme temps que les taux de penetration augmen- Satisfaire les besoins d'infrastructure de I'Afrique 55 Tableau 1.11 Besoins en depenses dans les transports, 2006-15 Milliards de dollars EU par an Investissement Total Total Total Amelioration Passage 0} la Ajoutde Secteur/zone general maintenance investissement des conditions categorie sup. capacite Connectivite regionale 2) 0,9 1,8 0,5 1,1 0,2 Connectivite nationale 2,9 1,0 1,9 0,5 1.2 0,2 Connectivite rurale 2,5 1.2 1.3 0,8 0,4 0,1 Connectivite urbaine 1,6 0,5 1,1 0,3 0,4 0,4 Chemins de fer, ports et aeroports 8,6 5,9 2) 0,2 0,6 1,9 Total 18,2 9,6 8,6 2.2 3.7 2.7 Source.' Carruthers, Krishnamani et Murray 2008. Note.' Les chemins de fer, les ports et les aeroports integrent les investissements de la compagnie publique sud-africaine Transnet et d'autres besoins en investissement regis par la demande, lesquels sont couverts par Ie secteur prive. a Les totaux peuvent ne pas etre parfaitement exacts cause des erreurs d'arrondi. tent de 20 a 46lignes pour 100 habitants. De plus, les marches ments ou Ie trafic est Ie plus dense devraient bientot benefi- naissants des services a large bande devraient augmenter de cier de financements prives. Cependant, plus les ambitions 0,04 a 2,54 lignes pour 100 habitants. Ces de man des pour- d'extension de la connectivite seront elevees, plus la part du raient etre entierement satisfaites par les investissements du financement public requis sera importante. secteur prive. Un modeste niveau de service a large bande pourrait etre Les modeles spatiaux sont utilises pour simuler la viabilite fourni grace a la technologie WiMAX qui permet d'offrir commerciale d'une extension supplementaire de la couver- une connectivite a faible volume a un certain nombre d'ins- ture des signaux vocaux et a large bande dans les zones rurales titutions et de teIe-centres ouverts au public dans les zones au moyen de technologies GSM et WiMAX (acces Internet rurales. En suivant cette approche et toujours en 1'absence sans fil) (Mayer et colI., 2008). Ces modeIes evaluent Ie c01lt de barrieres commerciales, Ie secteur prive pourrait a lui seul du deploiement du reseau sur la base de facteurs topogra- etendre de maniere profitable la couverture WiMAX a envi- phiques et de la disponibilite de 1'energie au niveau local. ron 89 % de la population africaine (Mayer et colI., 2008). Ils evaluent egalement les recettes locales potentielles sur la Les 11 % restants, vivant dans des communautes rurales iso- base de la densite de la population, du revenu par habitant, et lees, ne sont pas commercialement viables et auraient besoin d'une estimation du taux d'abonnement. d'une subvention importante de 1'Etat pour etre connectes En absence de barrieres commerciales, Ie secteur prive au reseau. Comme pour les systemes vocaux, Ie pourcen- pourrait a lui seul etendre de maniere tout a fait rentable la tage de la population non commercialement viable a couvrir couverture des signaux GSM a environ 95 % de la population varie considerablement selon les pays, all ant de moins de africaine (Mayer et colI., 2008). Les 5 % restants, vivant dans 1 % au Nigeria a plus de 70 % en Republique democratique des communautes rurales isolees, ne sont pas economique- du Congo. ment viables et devraient beneficier d'une importante sub- Enfin, 1'Afrique est en train de completer un reseau de vention de 1'Etat pour etre connectes. Le pourcentage de la cables sous-marins pour Ie relier a l' ensemble du reseau population qui n' est pas economiquement viable varie consi- intercontinental. Plusieurs projets sont deja en cours pour derablement selon les pays, allant de moins de 1 % au Nigeria fermer la boucle du cable autour de la partie orientale du a plus de 20 % en Republique democratique du Congo. continent. Le systeme sous-marin ouest-africain a egalement Le service a large bande n'en est par contre qu'a ses debuts besoin d'un certain renforcement ainsi que de liens avec les et ne se developpera que si des investissements import ants iles plus eIoignees telles que les Comores, Madagascar et les sont realises pour la mise en place de cables en fibre optique Seychelles. Le secteur prive manifeste actuellement un grand de grande capacite a travers Ie continent. L'interconnexion appetit pour ce genre d'investissement. de to utes les capitales africaines necessiterait a elle seule un Les couts d'investissement de ces infrastructures TIC sup- reseau de 36 000 kilometres de cables en fibre optique. L'ex- pIementaires, au dela de ce qui peut etre purement lie au mar- tension du reseau a toutes les villes de 500 000 habitants ou che, sont relativement modestes compares a ceux des autres plus, exigerait plus de 100 000 kilometres de cables. Les seg- secteurs d'infrastructures. Parvenir a un acces rural universel 56 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE it la fois aux services vocaux et it des services it large bande tallations est de l' ordre de 93 milliards de dollars EU par an de limites bases sur la technologie WiMAX pourrait se faire avec 2006 it 2015 (15 % du PIB africain; Tableau 1.13 et Figure 1.5). un investissement de 1,7 milliard de dollars EU par an, dont la majeure partie pourrait provenir du secteur prive, avec un Comparaisons avec les estimations de la Commission fin an cement public supplementaire de maximum 0,4 milliard pour l'Afrique de dollars EU par an. L'achevement de la dorsale sous-marine L'estimation de 93 milliards de dollars EU est plus de deux fois et interregionale en fibre optique necessiterait un investisse- superieure it celle realisee en 2005 par la Commission pour ment annuel (du secteur prive) de moins de 0,2 milliard de 1'Afrique, sur la base d'une etude econometrique inter pays dollar EU, mais cette somme pourrait doubler si un reseau au lieu de la modelisation microeconomique plus detaillee plus ambitieux reliant to utes les villes de plus de 500 000 au niveau des pays du Diagnostic des infrastructures natio- habitants etait envisage (Tableau 1.12). L'affacturage sur un nales en Afrique (Estache 2006). Une mise it jour recente du marche mene par les investissements est necessaire pour modele inter pays utilise pour Ie rapport de la Commission suivre Ie rythme de la demande des marches urbains etablis ; pour 1'Afrique a fourni une estimation revisee de 80 it 90 mil- Ie besoin d'investissement annuel estime dans Ie secteur des liards de dollars EU (Yepes, 2007). TIC grimpe it 7 milliards de dollars EU par an ; et deux aut res Environ 40 % du total concernent l' energie qui requiert it milliards de dollars EU par an doivent etre consentis pour peu pres 41 milliards de dollars EU par an (6 % du PIB africain ; l' exploitation et l' entretien. Rosnes et Vennemo 2008). Une part importante des besoins d'investissement dans l' energie est destinee aux systemes de stoc- kage de l' eau it usage multiple, apportant ainsi une contribution Cout global importante it la gestion des ressources en eau. Le deuxieme poste Ie plus important est lie it la realisation des OMD relatifs it l' eau et Le cout global necessaire it 1'Afrique pour construire de it l' assainissement (environ 22 milliards de dollars EU ou 3 % du nouvelles infrastructures, rehabiliter celles qui sont delabrees, PIB regional) et Ie troisieme concerne Ie secteur des transports et exploiter et entretenir toutes les anciennes et nouvelles ins- avec un peu plus de 18 milliards de dollars EU (3,6 % du PIB). Tableau 1.12 Besoins en depenses dans les TIC au-dela de ceux purement lies au marche: investissements uniquement, 2006-15 Milliards de dollars EU par an Acces universel Acces universel aux Dorsale en fibre optique Cables Type d'investissement au signal vocal plates-formes a large bande reliant les capitales sous-marins Prive 0,58 0,68 Public 0,20 0,23 Total investissements 0,78 0,91 0,Q3 0,18 Source' Mayer et coil. 2008. Note. Contrairement aux tableaux precedents, les depenses d'exploitation et maintenance sont exclues en raison de la dlfficulte que presente leur repartition au sein des differentes so us-categories presentees. - Non disponible. Tableau 1.13 Total des besoins en depenses dans I'infrastructure de I' Afrique subsaharienne, 2006-15 Milliards de dollars EU par an Secteur Depenses en capital Exploitation et maintenance Total des besoins TIC 7,0 2,0 9,0 Irrigation 2,9 0,6 3,4 Energie 26,7 14,1 40,8 Transports 8,8 9,4 18,2 AEA 14,9 7,0 21,9 Total 60,4 33,0 93,3 Sources Calculs des auteurs bases sur Banerjee et coil. 2008, Carruthers, Krishnamani et Murray 2008; Mayer et coil. 2008; Rosnes et Vennemo 2008. Note.' TIC = Technologies de I'information et de la communication, AEA = Alimentation en eau et assainissement. a Les totaux peuvent ne pas €tre parfaitement exacts cause des erreurs d'arrondi. Satisfaire Ies besoins d'infrastructure de l'Afrique 57 Figure 1.5 Besoins en depenses infrastructurelles de I' Afrique subsaharienne 2006-2015, par pays a. Besoins totaux en infrastructure (en pourcentage du PI B) b_ Besoins totaux en infrastructure (milliards de dollars EU par an) ASS , ._ _ ASS , . ._ _ _ _ _ _ _ _ __ PFR-Fragile • • • • • • • • PRI PFR-NonFragile • • • • • • Riches en ressources Riches en ressources LlC-NonFragile PRI LlC-Fragile RDCCongo, Rep. dem Afrique du Sud Ethiopie Nigeria Niger Soudan Madagascar tthiopie Senegal RDC Congo, Rep. dem Mozambique Kenya Tchad Tanzanie Tanzanie Cote d'ivoire Kenya Senegal Ouganda Madagascar Burkina Faso Ghana Soudan Cameroun Zambie Mozambique Ghana Ouganda Benin Tchad Cote d'ivoire Zambie Rwanda Niger Malawi Burkina Faso Lesotho Benin Nigeria Namibie Cameroun Malawi Namibie Rwanda Afrique du Sud Lesotho Cap-Vert Cap-Vert 0 10 20 30 40 50 60 70 0 20 40 60 80 100 Part du PIB (%) Milliard de dollars EU par an I_ Investissement (Nouveau + Rehab.) • E&M 1 Sources: Calculs des auteurs bases sur Banerjee et coil. 2008 , Carruthers, Krishnamani et Murray 2008; Mayer et coli. 2008; Rosnes et Vennemo 2008. Repartition des depenses entre les pays ales besoins en depenses les plus importants, avec 27 mil- Trois groupes de pays - les pays a revenu intermediaire, les liards de dollars EU par an. pays riches en ressources et les Etats non fragiles a faible Le poids des depenses par rapport au PIB des pays varie revenu - se partagent a peu pres equitablement la majeure enormement selon les groupes. Pour les pays a revenu inter- partie des depenses totales. Chacun doit debourser environ 28 mediaire et les pays riches en ressources, Ie fardeau semble a 30 milliards de dollars EU pour satisfaire ses besoins d'in- gerable puisque n'excedant pas 10 a13 % de leurs PIB respec- frastructure. Le cout pour les Etats fragiles n'atteint qu'a peu tifs. Par contre, les pays a faible revenu devraient y consacrer pres la moitie, soit un maximum de 13 milliards de dollars jusqu'a 25 % de leur PIB, et les Etats fragiles a faible revenu EU. L'Afrique du Sud est de loin Ie pays qui, a titre individuel, devraient aller jusqu'au taux incroyable de 37 %. L'Ethiopie, 58 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Madagascar, Ie Niger, et surtout, la Republique democratique de depense. Vne grande partie de ceux-ci est determinee par du Congo sont confrontes a un defi insurmontable avec des des objectifs plutot que par la croissance economique. C'est Ie besoins d'infrastructures aU ant de 26 a plus de 70 % de leur cas par exemple des depenses de transport, qui sont largement PIB (voir Figure 1.5, partie A). basees sur des imperatifs de connectivite, tan dis que ceUes de 1'alimentation en eau et assainissement sont determinees par Repartition des depenses entre investissements la realisation des OMD. Les besoins en depenses ayant Ie lien et entretien direct Ie plus fort avec la croissance economique sont ceux du Les besoins totaux de depenses se repartissent globalement secteur de l' energie. Cependant, etant donne l' enorme retard dans un rapport de deux pour un entre les frais d'investisse- d'investissement dans ce secteur, l' estimation des besoins pre- ment et d'exploitation et maintenance, la distribution entre voit un poste important pour la remise a neuf et la mise a les deux pouvant legerement varier d'un groupe de pays a niveau des infrastructures. Ainsi, meme en reduisant de moi- 1'autre. Dans les pays a revenu intermediaire, les besoins en tie l' estimation de la croissance economique de la region, les depenses sont plus orientes vers 1'entretien, qui absorbe plus besoins en depenses pour l'energie ne diminueraient que de de la moitie du montant total. Ces pays ont deja mis en place 20 %. n faut aussi s'attendre a ce que la recession mondiale une grande partie de 1'infrastructure dont ils ont besoin, et affecte la demande de services TIC ainsi que de 1'infrastruc- leur principal defi est de la garder en bon etat. Dans les trois ture liee au commerce, telle que les chemins de fer et les ports. autres groupes de pays, pres des trois quarts des besoins en La part de ces infrastructures dans Ie total des besoins en depenses se rap portent aux investissements contre seulement depenses ne depasse toutefois pas beaucoup les 10 %. un quart pour l'exploitation et maintenance. Ces pays ont un vaste programme de construction (et reconstruction) a ache- Notes ver avant d'avoir beaucoup a entretenir. Cecilia Briceno-Garmendia et Vivien Foster sont les auteurs de ce chapitre. Cesar Calderon, Alvaro Escribano, J. Luis Guasch, Paul Lombard, Siobhan Murray, Jorge Pena, Justin Pierce, Tito Les couts vont-ils croitre on diminner? Yepes, et Willem van Zyl y ont egalement contribue. Ces estimations de 1'investissement sont fondees sur les 1. Bien que Ie projet de Diagnostic national des infrastructures afri- coUts en vigueur en 2006, 1'annee de base pour 1'ensemble caines se limite a1'etude des pays de 1'Afrique subsaharienne, cet des chiffres du Diagnostic des infrastructures nationales en ouvrage utilise quelques fois « Afrique » pour designer l' Afrique Afrique. n est bien connu que les couts unitaires de la fourni- subsaharienne. Le lecteur doit cependant garder a l'esprit que ture d'infrastructures ont augmente de maniere significative I'information ne concerne que l'Afrique subsaharienne. ces dernieres annees (Africon 2008). 2. La densite du reseau routier est mesuree en kilometres par 100 L'exemple Ie plus fiable disponible est celui du secteur rou- kilometres carres, la den site des lignes telephoniques par millier tier, ou les depassements de couts rapportes sur les projets des d'habitants, la production d'electricite en megawatts par million agences multilaterales en 2007 etaient de 60 % en moyenne. d'habitants, et la couverture de l' electricite, de l' eau et de l' assai- La hausse des couts n'est pas uniquement imputable a 1'in- nissement en pourcentage de la population. 3. Sauf indication contraire, les mont ants sont en dollars EU. flation des cours du petrole et des intrants associes, mais elle reflete aussi 1'absence de concurrence au niveau des marches de travaux de genie civil et la situation ten due de l'industrie Bibliographie Africon. 2008. "Unit Costs ofInfrastructure Projects in Sub-Saha- mondiale de la construction, ainsi que les longs retards dans la ran Africa." Background Paper II, Africa Infrastructure Sector mise en ~uvre des projets. Des cas isoles d' escalade des couts Diagnostic, World Bank, Washington, DC. unitaires ont egalement ete rapportes dans d'autres domaines Aker, Jenny. 2008. "Does Digital Divide or Provide? The Impact of des infrastructures, notamment 1'energie. La recente pression Cell Phones on Grain Markets in Niger:' Center for International a la hausse des couts des infrastructures pourrait etre inversee and Development Economics Research, University of California, avec les effets nefastes du ralentissement mondial de 1'activite Berkeley. economique, mais c'est difficile a prevoir. Sur la base de la Ayogu, Melvin. 1999. "Before Prebendalism: A Positive Analysis of situation de 2006, les estimations ci-dessus rep res en tent sans Core Infrastructure Investment in a Developing Fiscal Federa- doute la limite inferieure prudente du cout de developpement lism." African Development Review 11 (2): 169-98. des actifs infrastructurels aux prix actuels. Banerjee, Sudeshna, Quentin Wodon, Amadou Diallo, Taras Pus- La crise financiere mondiale de 2008 devrait reduire la hak, Hellal Uddin, Clarence Tsimpo, and Vivien Foster. 2008. "Access, Affordability, and Alternatives: Modern Infrastructure demande de certains types d'infrastructures, mais cela ne Services in Africa." Background Paper 2, Africa Infrastructure devrait pas changer profondement 1'estimation des besoins Sector Diagnostic, World Bank, Washington, DC. Satisfaire les besoins d'infrastructure de l'Afrique 59 Barnes, Douglas F. 1988. Electric Power for Rural Growth: How Elec- Eberhard, Anton, Vivien Foster, Cecilia Briceno-Garmendia, Fati- tricity Affects Rural Life in Developing Countries. Boulder, CO: mata Ouedraogo, Daniel Camos, and Maria Shkaratan. 2008. Westview Press. Barwell, Ian. 1996. 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Environ la moitie ment allouent a certains secteurs infrastructurels 3,3 mil- des besoins en depense d'investissement ont trait a 1'energie, liards de dollars EU qui semblent excedentaires par rapport refietant ainsi les deficits physiques particulierement eleves aux besoins infrastructurels de base (comme defini au Cha- dans ce secteur. pitre 1 du present volume), ce qui indique que des ressources Les depenses actuelles sont superieures a ce qu'on avait ima- publiques et de l'aide peuvent etre reaffectes a des domaines gine. Les Etats africains, les usagers des infrastructures, Ie secteur ayant un plus grand impact sur Ie developpement. prive et les sources exterieures contribuent ensemble a hauteur En deuxieme lieu, etant donne que seulement deux tiers d' environ 45 milliards de dollars EU ala satisfaction directe des des budgets d'investissements alloues aux infrastructures sont besoins d'infrastructures prececiemment identifies. Environ un effectivement executes, environ 2 milliards de dollars EU d'in- tiers de ce montant est depense par les pays a revenu interme- vestissement public sont perdus. diaire contre a peine 5 % (environ 2 milliards de dollars EU au En troisieme lieu, la depense insuffisante consacree a l' en- total) par les Etats fragiles, refietant ainsi la faiblesse de leurs tretien des actifs infrastructurels constitue un autre gaspillage economies et l' enorme disparite en termes de financement et enorme des ressources parce que Ie cout de rehabilitation des de capacites institutionnelles entre les pays d'Afrique subsaha- infrastructures est plusieurs fois superieur au cout total d'un rienne. Environ deux tiers des depenses actuelles proviennent de bon entretien preventif. Rien que dans Ie secteur routier, en sources nationales, (impots et redevances de consommation) et allouant a l'entretien la somme de 0,6 milliard de dollars EU passent par des institutions publiques, faisant du secteur public qui lui manque aujourd'hui, il serait possible d'economi- (pouvoirs publics et entreprises publiques non financieres com- ser 2,6 milliards de dollars EU par an en rehabilitation. En prises) Ie principal pourvoyeur de fonds finan<;:ant plus de la d'autres termes, chaque dollar depense en entretien permet moitie du total des investissements. d'en economiser 4 en rehabilitation. Des elements probants indiquent que beaucoup plus En quatrieme lieu, les services publics des eaux et de pourrait etre fait avec I' enveloppe de ressources actuelle de l'electricite et les entreprises publiques de telecommunica- 1'Afrique. Les inefficacites de divers ordres coutent pres de tion gaspillent environ 6 milliards de dollars EU par an en 61 62 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE inefficacites telles que Ie suremploi, Ie sous-recouvrement des Depenses allouees it la satisfaction recettes et les pertes dans la distribution. des besoins infrastructurels En cinquieme lieu, les pertes de revenus liees a la sous-tari- fication des services d'infrastructure se chiffrent a 4 milliards L'Afrique depense 45 milliards de dollars EU par an pour satis- de dollars EU par an. faire ses besoins infrastructurels. Les depenses actuelles dans En fin de compte, avec Ie schema d'allocation actuel et les infrastructures africaines sont plus elevees que ce qu'on meme si les gains d'efficacite potentiels sont entierement rea- avait imagine, en tenant compte des depenses budgetaires et lises, il subsistera un ecart de fin an cement de 31 milliards de extrabudgetaires (y compris les entreprises publiques et les dollars EU par an, dont trois quarts pour les investissements fonds extrabudgetaires) et des financements exterieurs (y et un quart pour l'entretien. Environ 23 milliards de dollars compris l'aide publique au developpement [APD], les finan- EU de cet ecart ont trait a l'energie et 11 aut res milliards a ciers n'appartenant pas a l'Organisation pour la cooperation l'alimentation en eau et assainissement (AEA). Pour les Etats et Ie developpement economiques [OCD E], et la participa- fragiles, l'ecart de financement atteint en moyenne Ie taux tion privee a l'infrastructure [PPI]). Ce niveau de depenses incroyable de 25 % du PIB, reparti presque equitablement est associe aux allocations directement destinees a couvrir entre l'energie, l'eau et Ie transport. les besoins identifies au Chapitre 1. En pratique, cependant, Comment l' Afrique peut-elle combler un aussi grand ecart dans certains sous-secteurs infrastructurels, certains pays de financement, representant un tiers des besoins estimes depensent plus que les valeurs de references requises, tout en pour les infrastructures? Des fonds supplementaires seront creusant un ecart financier dans d'autres sous-secteurs. Les necessaires, et dans certains pays, notamment les Etats fra- depenses actuelles qui peuvent etre reallouees ne sont pas giles, au vu de l'ampleur de l'ecart financier, il y a lieu d'envi- prises en compte ici mais sont considerees un peu plus loin sager des delais plus longs pour la realisation des objectifs ou dans Ie present chapitre. l'utilisation de technologies moins couteuses. Les tendances Les quatre categories de pays introduites au chapitre 1 du historiques laissent entrevoir peu de perspectives d'augmen- present volume - c'est-a-dire les pays a revenu intermediaire, tation des allocations a partir du budget de l'Etat : meme les pays riches en ressources, les Etats fragiles et les aut res pays lorsqu'il existe des excedents budgetaires, ceux-ci n'ont visi- a faible revenu - servent de base pour resumer la diversite blement pas beneficie aux infrastructures. Les financements des defis du financement des infrastructures (voir Encadre exterieurs ont ete nombreux au cours des dernieres annees et 1.1.). Exprimees en pourcentage du PIB, les depenses dans les decaissements devraient continuer a augmenter a mesure l'infrastructure sont comparables dans les differents types de que les projets engages evoluent vers la phase de mise en pays, se situ ant autour de 5 a 6 % du PIB, sauf dans les pays ceuvre. Avec la crise financiere actuelle, les perspectives de non fragiles a faible revenu qui y consacrent 10 % de leur PIB. nouveaux engagements ne semblent toutefois pas tres bonnes. En valeur absolue, ce sont les pays a revenu intermediaire On peut s'attendre a une reduction des flux de capitaux pri- qui depensent Ie plus dans l'infrastructure (environ 16 mil- yes, en particulier. La pression budgetaire est croissante dans liards de dollars EU), ce qui traduit leur plus grand pouvoir les pays donateurs et a en juger par les crises passees, l'aide d'achat. Par contre, les Etats fragiles n'y consacrent qu'une etrangere risque de connaitre un ralentissement. infime partie de leurs depenses totales (environ 2 milliards En retardant les cal en driers des investissements et en sup- de dollars EU), refletant ainsi la faiblesse de leurs economies posant que les gains d'efficacite soient entierement realises, (Tableau 2.1). beaucoup de pays pourraient atteindre leurs objectifs infras- Avec la part du lion dans les depenses, Ie secteur public tructurels sans augmenter leur enveloppe de depenses. Viser est de loin Ie financier Ie plus important. Dans les pays a un niveau eleve de services peut ne pas toujours etre Ie mieux revenu intermediaire, les ressources publiques nationales pour un pays. Des technologies moins couteuses peuvent (incluant les taxes et les redevances pen;:ues par les entreprises permettre d' elargir la part de la population ayant acces a un publiques) constituent l'essentiel des depenses dans tous les certain niveau de services. sous-secteurs infrastructurels. A travers les differents types Combler l'ecart de financement de I'Afrique exige inevi- de pays, les ressources du secteur public national contribuent tablement la mise en ceuvre des reformes necessaires pour pour pres de la moitie a la de pense totale. Un tiers de cette reduire ou eIiminer les insuffisances du systeme. Ce n'est depense totale du secteur public (soit 1,5 % du PIB) va a qu'a ce prix que Ie secteur des infrastructures attirera un plus l'investissement. grand eventail d'investisseurs et que les pays beneficieront Le niveau d'effort consenti par les Etats africains pour pleinement de financements supplementaires. Autrement, developper leurs infrastructures semble derisoire en compa- quel est l'interet de verser de l'eau dans un tonneau creve? raison de ce que les pays de l'Asie de l'Est ont realise au cours Combler l'ecart de financement de l'Afrique 63 Tableau 2.1 Depense liees aux besoins pour les acteurs les plus importants (flux annualises) Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU E&M Depenses d'investissement E&M Depenses d'investissement Secteur Secteur Financiers Total Secteur Secteur Financiers Total Type de pays public public APD nonOCDE PPI depenses Total public public APD nonOCDE PPI depenses Total Revenu intermediaire 3) 1,2 0,1 0,0 0,8 2,1 5,8 10,0 5,0, 0,2 0,0 2,5 7,7 17,8 Riches en ressources 1,1 1,5 0,2 0) 1,7 4,1 5,2 2,5 4,1, 0,5 1,6 4,1, 10,3 12,8 Faible revenu non 4,0 1,5 2,2 0,5 1,9 6,1 10,1 4,4 2,5, 2,6 0,6 2,2 8,0 12,4 fragiles Faible revenu fragiles 2,0 0) 1,0 0,8 1,4 3,9 5,9 0,8 0,4 0,4 0,3 0,5 1,6 2,4 Afrique 3,2 1,2 0) 0,4 1,5 3,9 7,1 20,4 9,4 3,6 2,5 9,4 24,9 45,3 Sources· Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) , Briceno-Garmendia, Smits et Foster (2008) pour les depenses publiques ; PPIAF (2008) pour les flux prives ; Foster et autres (2008) pour les financiers non OCDE. Remarque. La colonne Secteur public couvre les pouvoirs publics cent raux et les entreprises publiques non financieres. Les chiffres sont des extrapolations effectuees a partir de I'echantillon de 24 pays analyses dansla phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. E&M = exploitation et maintenance, APD = Aide publique au developpement ; OCDE = Organisation de cooperation et de developpement economiques ; PPI = participation privee dans I'infrastructure. des dernieres decennies. La Chine a par exemple ado pte une exterieur est principalement consacre a l'investissement - strategie claire et resolue d' accroissement des investissements generalement defini de fa\on a comprendre la rehabilitation (tant publics que prives) dans l'infrastructure, en tant que et la reconstruction des actifs - et dans la plupart des cas, il moyen d'accelerer la croissance economique. La formation de ne prevoit par l'E&M (exploitation et maintenance). Depuis capital fixe dans l'infrastructure chinoise a plus que double la fin des annees 1990, la PPI a ete la plus importante source entre 1998 et 2005. En 2006, les investissements infrastructu- de financement exterieur, suivie par l'APD et les financements rels representaient plus de 14 % du PIB, probablement Ie taux des pays non membres de l'OCDE, qui sont dans l'ensemble, Ie plus eleve au monde. de niveaux similaires. En dehors des pays a revenu intermediaire, les finan- Les schemas de specialisation sont clairs a travers les dif- ciers exterieurs contribuent pour plus ou moins la moitie ferentes sources de fin an cement exterieures (Figure 2.1). Au aux depenses totales dans l'infrastructure. Au nombre des niveau des secteurs, la participation privee dans les infras- sources exterieures figurent l'APD des pays de l'OCDE, l'aide tructures est fortement concentree sur les technologies de publique des pays non membres de l'OCDE (tels que la Chine, l'information et de la communication (TIC), qui presen- l'Inde et les Fonds arabe) ainsi que la PPI. Le fin an cement tent les plus hauts rendements commerciaux. L'APD tend a Figure 2.1 Sources de financement des depenses en capital pour I'infrastructure a.Secteur b. Type de pays 10 10 => 9 w 8 ~ 7 :g 6 OJ 5 " ~ 4 ~ ~ 2 o o TIC Energie Transport AEA PRI Riche en PFR PFR ressources non fragile fragile • Public 121 Aide publique au developpement II Participation privee dans I'infrastructure D Financiers non OCDE Sources: Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) ; Briceno-Garmendia, Smits et Foster (2008) pour les depenses publiques ; PPIAF (2008) pour les flux prives ; Foster et autres (2008) pour les financiers non OCDE. Note: TIC = Technologies de I'mformation et de la communication, PFR = Pays a faible revenu, PRI = Pays a revenu ,ntermed,aire. 64 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE se focaliser sur les biens publics it fortes retombees sociales, des signaux de prix plus efficaces et de recuperer les revenus notamment les routes et l' eau. Beaucoup de financements des perdus. Quatriemement, la reduction des inefficacites opera- pays non membres de l'OCDE sont alles it 1'energie et dans tionnelles des services publics et autres prestataires de service une moindre mesure, aux chemins de fer, deux secteurs forte- permettrait d'eviter Ie gaspillage de ressources importantes, ment lies it l'industrie et au secteur minier. La PPI a plutot eu de rendre les services publics plus sains et d'ameliorer la qua- ten dance it aller vers les pays it revenu intermediaire et les pays lite des services. riches en ressources qui ont les plus grandes capacites pour payer ces services. Les financements des pays non membres Ameliorer l'execution des budgets d'investissement de 1'OCDE ont marque une preference pour les pays riches Les pouvoirs publics centraux africains consacrent, it eux seuls, en ressources avec un lien fort entre les investissements dans en moyenne 1,5 % de leur PIB (soit 6 it 8 % de leurs budgets 1'infrastructure et l'extraction des ressources naturelles, tan- nationaux) it 1'appui it la fourniture des infrastructures. Pour dis que l' APD a prefere les Etats non fragiles it faible revenu l' Afrique, cet effort se traduit par un investissement de pres qui ont des ressources nationales limitees mais des capacites de 300 millions de dollars EU par an pour un pays moyen, ce institutionnelles adequates. Les Etats fragiles ne semblent pas qui ne mene pas tres loin beaucoup de pays africains. Pour avoir obtenu une part equitable des ressources exterieures. remettre ces chiffres en perspective, un investissement de 100 millions de dollars EU permet d'acheter environ une produc- tion de 100 megawatts d'electricite, 100 000 nouveaux rac- Que peut-on faire de plus avec I'enveloppe cordements it l' egout et it l' eau, ou 300 kilometres de routes de ressources aduelle ? revetues it deux voies. Ce mont ant est nettement inferieur aux besoins d'investissements estimes au Chapitre 1 du present L'Afrique perd pres de 17 milliards de dollars EU par an dans volume (voir Chapitre 1 pour les details). differentes inefficacites dans l' exploitation ou les depenses de En pourcentage du PIB, la depense budgetaire dans les 1'infrastructure. Dans ce contexte, quatre possibilites de gains infrastructures est comparable dans les pays it faible revenu d' efficacite peuvent etre identifiees. Premierement, l' ameliora- et ceux it revenu intermediaire. En valeur absolue, cependant, tion des taux d'execution des budgets permettrait d'accroitre les pays it revenu intermediaire ces derniers disposent d'un Ie potentiel d'utilisation complete des ressources allouees aux budget d'infrastructure plus important avec une depense par investissements publics. Deuxiemement, la reallocation des habitant de 150 it 200 dollars EU contre 20 it 40 dollars EU depenses actuelles vers les sous-secteurs qui en ont Ie plus dans les pays it faible revenu. Autrement dit, la depense bud- besoin et qui ont donc les rendements economiques les plus getaire par habitant dans l'infrastructure des pays it revenu importants permettrait de mieux couvrir les besoins existants intermediaire est pres de cinq fois superieure it celIe des pays avec 1'enveloppe budgetaire actuelle. Troisiemement, porter it faible revenu. les redevances des consommateurs it des niveaux proches Dans 1'ensemble, la depense dans les transports (notam- de ceux du recouvrement des couts permettrait de donner ment les routes) constitue Ie poste infrastructurel Ie plus Tableau 2.2 Flux budgetaires annuels Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU Type de pays Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Revenu 0,0 0,1 0,1 0,6 0,7 1,5 0,0 0,2 0,2 1,7 1,8 4,0 intermediaire Riches en res sources 0,4 0,0 0,1 0,8 0,3 1,6 0,8 0,0 0,3 1,7 0,7 3,6 Faible revenu non 0,1 0,1 0,3 0,7 0,3 1,5 0,1 0,1 0,3 0,8 0,4 1,7 fragiles Faible revenu 0,6 0,1 0,7 0,2 0,0 0,3 fragiles Afrique 0,1 0,1 0,1 0,7 0,5 1,5 0,8 0,4 0,8 4,4 3,1 9,5 Sources: Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) ; Briceno-Garmendia, Smits et Foster (2008). Notes. Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'information et de la communication; AEA = Alimentation en eau et assainissement, - Non disponible. Combler I'ecart de financement de l'Afrique 65 important dans les comptes de 1'Etat. n va d'a peu pres la confronte a des problemes majeurs dans l'execution de ses moitie de la depense de 1'Etat dans l'infrastructure dans les budgets d'infrastructure. En moyenne, les pays africains sont pays a revenu intermediaire, a 60 % dans les pays a faible incapables de depenser plus du quart de leurs budgets d'inves- revenu. L'eau et 1'assainissement constituent Ie deuxieme tissement et du tiers de leurs budgets recurrents au cours de poste de depenses Ie plus important, notamment dans les l'exercice correspondant (Tableau 2.3). La mauvaise program- pays a revenu intermediaire. Les depenses dans l' energie sont mation des evaluations de projets et les retards dans la libe- importantes dans les pays riches en ressources. ration des fonds budgetes a cause de problemes de passation Du point de vue fonctionnel, plus de 80 % des depenses des marches empechent souvent l'utilisation des ressources budgetaires vont aux investissements. Sauf dans les pays a dans Ie cycle budgetaire. Les retards affectant la liberation des revenu intermediaire et a 1'exception des TIC, l'Etat pour- fonds dans l'annee sont egalement lies a la mauvaise prepara- voit a l'essentiel des investissements publics, meme dans les tion des projets, qui entraine des changements dans les termes secteurs ou les entreprises publiques fournissent la majorite convenus avec les contractants dans Ie contrat originel (delais, des services. De maniere etonnante, par rapport a l'Etat, les specifications techniques, budgets, couts, etc.). Dans d'autres institutions publiques non financieres, telles que les ser- cas, l'argent est realloue a des depenses non discretionnaires vices publics et autres prestataires de services, investissent determinees par des pressions politiques et sociales. Histori- peu dans les infrastructures (Figure 2.2). Les entreprises quement, Ie secteur routier est celui qui utilise Ie moins les publiques ont essentiellement un role d'administrateur des allocations budgetaires, all ant souvent jusqu'a 60 % de non actifs. Ce schema de depense rem~te Ie controle de 1'Etat sur utilisation du budget. certaines des principales sources de financement des inves- L'amelioration de 1'efficacite de 1'execution budgetaire tissements, depuis la perception des royalties (dans les pays permettrait de mettre a la disposition du secteur des infras- riches en ressources) jusqu'a 1'aide exterieure (dans les pays tructures 2 milliards de dollars EU supplementaires par an. a faible revenu). nest egalement, jusqu'a un certain point, Si les goulets d' etranglement dans l' execution des investisse- Ie reflet de la capacite limitee des entreprises publiques a ments pouvaient etre leves, les pays pourraient, en moyenne, financer leur investissements a 1'aide des redevances des augmenter leurs depenses d'investissement de 30 % sans avoir consommateurs. a accroftre leurs allocations budgetaires actuelles. Parce que l'Etat est un acteur aussi important au niveau de Ce constat suppose, sans doute de maniere un peu abusive, l'investissement dans 1'infrastructure, les inefficacites existant que les estimations budgetaires sont realistes et compatibles au sein des systemes de gestion de la depense publique sont avec les ressources disponibles. Quoi qu'il en soi, les econo- particulierement dommageables. A titre d'exemple, l'Etat est mies correspondantes montrent que la resolution de ces defis Figure 2.2 Partage des responsabilites d'investissement entre l'Etat et les entreprises publiques TIC Energie Transport Eau ,_ Etat iii Entreprises publiques , Sources: Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique (AICD) ; Briceno-Garmendia, Smits et Foster (2008) Notes· Donnees reposant sur les moyennes annuallsees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. 66 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Tableau 2.3 Ratios moyens de variation budgetaire des depenses en capital Type de pays Infrastructure globale Electricite Communication Routes Transports AEA Irrigation Revenu intermediaire 78 100 75 100 66 60 Riches en ressources 65 60 37 71 73 43 Faible revenu non fragiles 76 75 64 72 72 72 68 Faible revenu fragiles Afrique subsaharienne 75 66 72 73 79 66 66 Sources' Diagnostic des infrastructures nation ales en Afrique (AICD) ; d'apres Bnceno-Garmendia, Smits et Foster (2008). Notes' Donnees basees sur les moyennes annualisees de 2001-2006. AEA = Alimentation en eau et assainissement. - Non disponible. de planification, de budgetisation et de passation des marches de ces depenses apparemment excessives concerne les tele- doivent etre au c~ur de 1'agenda de reforme de la region. communications dans les pays OU la telephonie fixe appartient Meme si les budgets sont totalement depenses, il subsiste toujours a l'Etat. Non seulement les entreprises publiques de encore la question de savoir si les fonds parviennent bien telecommunications consomment des ressources publiques a leur destination finale. Quelques enquetes sur la depense pour des activites que Ie marche deja concurrentiel pourrait publique ont tente de suivre la part de chaque dollar du leur offrir, mais elles privent egalement 1'Etat des futures budget donnant lieu a des depenses productives prioritaires. recettes fiscales liees a l' expansion de l' activite commerciale. Meme si la plupart des etudes de cas existantes concernent les Dans une moindre mesure et uniquement dans les pays a secteurs sociaux plutot que les infrastructures, elles mettent revenu intermediaire, l'autre secteur present ant un poten- neanmoins en evidence des pertes allant jusqu'a 92 % dans tiel de reallocation est Ie transport. Dans ce cas, les depenses les depenses publiques (voir Pritchett 1996; Swaroop 2002 ; excessives correspondent a un investissement apparemment Reinikka et Svensson 2002,2003 ; Warlters et Auriol 2005 ; et trop important dans les reseaux routiers qui, comme on Ie les references qui y sont citees). verra plus loin, coexiste paradoxalement avec une insuffisance d'entretien (Tableau 2.4). Reallouer les depenses actuelles aux sous-secteurs A quel point cet « exces » de depenses dans les besoins qui en ont besoin infrastructurels est-il influence par les facteurs politiques ? Environ 3,3 milliards de dollars EU par an sont depenses au- Jusqu' ou ces decisions a connotation politique proviennent- del a des besoins estimes pour satisfaire les besoins infrastruc- elles d'un souhait d'optimisation economique ? Comment turels identifies (voir Chapitre 1 du present volume). Cette ces ressources devraient-elles etre reallouees ? Les estima- depense, financee par (ou a travers) les budgets publics, com- tions des taux de rentabilite economique des principales prend les fonds leves au niveau national ainsi que 1'aide inter- interventions dans l'infrastructure peuvent fournir des nationale (sources OCDE et aut res que 1'OCDE). La majorite reponses. Tableau 2.4 Decaissements actuels superieurs a ceux destines aux besoins infrastructure Is - Flux annualises Pourcentage du PIS Milliards de dollars EU Type de pays Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Revenu 1,4 0,0 0,1 1,5 3,7 0,0 0,3 4,1 intermediaire Riches en 0,0 0,4 0,4 0,0 0,8 0,8 ressources Faible revenu non 0,1 0,2 0,3 0,1 0,3 0,4 fragiles Faible revenu fragiles Afrique 0,5 0,5 3,3 3,3 Source Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD). Notes: Base sur les moyennes annuallsees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux pour l'Afrique different de la somme des groupes individuels dans la mesure ou la reallocation est uniquement autorisee au sein des groupes. TIC = Technologies de I'information et de la communication; AEA = Alimentation en eau et assainissement - Non disponible. Combler l' ecart de financement de l'Afrique 67 Parmi les interventions dans 1'infrastructure en Afrique, pour la sante et de productivite, a condition d' etre associes a les taux de rentabilite de l'entretien des routes sont les plus ceux de la production d'energie a travers des investissements eleves, avec une moyenne de plus de 100 % de taux de ren- coordonnes dans les reseaux de transport et de distribution. tabilite economique pour Ie continent, bien superieure aux rendements de la rehabilitation et des nouvelles construction Ameliorer Ie recouvrement des couts avec (Tableau 2.5). En favorisant 1'investissement au detriment Ies redevances des consommateurs de la maintenance, les Etats africains assimilaient implicite- Les deux tiers des services publics des eaux et de 1'electricite ment les investissements publics a des depenses productives, appliquent des tarifs permettant de couvrir confortablement meme si to us les investissements ne sont pas productifs et les couts d'exploitation mais seulement un cinquieme d'entre si toutes les depenses ne sont pas du gaspillage. 1 La mainte- eux pratiquent des tarifs assez eleves pour recouvrer les couts nance des biens publics relevant de la competence de 1'Etat d'investissement. Rien qu' en parvenant a recouvrer les couts est essentielle pour tirer profit des avantages economiques d'exploitation, l'ensemble des services publics des eaux et de des investissements et eviter des rehabilitations couteuses. Les l' electricite en Afrique pourraient lever 2,5 milliards de dollars plus grandes retombees de la maintenance s'observent sur les EU par an (0,4 % du PIB de la region). Une revision des tarifs, reseaux deja bien developpes, en particulier dans les pays a leur permettant d'egaler les couts marginaux a long terme et revenu intermediaire et les pays non fragiles a faible revenu. rendant ainsi les services publics des eaux et de 1'electricite a Parmi toutes les interventions sectorielles dans 1'infrastruc- meme de recouvrer egalement leurs couts d'investissement, ture, ce sont les investissements dans les chemins de fer qui devrait porter les gains d' efficacite potentiels a 4,2 milliards presentent la rentabilite economique la plus faible. Les inter- de dollars EU par an (0,7 % du PIB de la region; Tableau 2.6). ventions de rehabilitation des chemins de fer ne sont justifiees Bien que la sous-tarification existe aussi bien dans les ser- que pour quelques systemes a plus haut trafic. Les investisse- vices publics des eaux que de l' electricite, la valeur des pertes ments dans l'alimentation en eau et 1'irrigation pourraient pro- de revenus en termes de PIB est legerement plus elevee pour duire des rendements tres interessants en termes d'avantages 1'electricite (0,4 % du PIB) que pour 1'eau (0,3 %). Tableau 2.5 Taux de rentabilite economique pour les infrastructures des Rehabilitation Rehabilitation Amelioration Maintenance Production Type de pays chemin de fer Irrigation des routes des routes des routes energetique Eau Revenu intermediaire 18,5 19,3 45,4 19,8 143,0 13,6 26,8 Riches en ressources 10,8 24,2 16,2 17,4 114,5 20,2 37,0 Faible revenu non fragiles 6,2 17,2 17,6 12,8 125,7 14,3 7,7 Faible revenu fragiles 2,5 9,2 12,0 67,6 24,7 36,9 Afrique subsaharienne 5,1 22,2 24,2 17,0 138,8 18,9 23,3 Source: Diagnostic des infrastructures natlonales en Afrique (AICD). Note: - = Non disponible Tableau 2.6 Gains potentiels d'un meilleur recouvrement des couts Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU annuels Type de pays Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Revenu intermediaire 0,0 0,0 0,4 0,4 0,0 0,0 1,0 1,0 Riches en ressources 0,8 0,0 0,1 0,9 U 0,0 0,2 1,9 Faible revenu non 0,8 0,1 0,3 1,1 0,8 0,1 0,3 U fragiles Faible revenu fragiles 0,0 0,0 0,6 0,6 0,0 0,0 0,2 0,2 Afrique 0,4 0,0 0,3 0,7 2,3 0,1 1,8 4,2 Source: Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD). Notes: Sase sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIS des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'information et de la communication, AEA = Alimentation en eau et assainissement; - Non disponible. 68 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE L'augmentation des tarifs jusqu'au niveau de recouvre- Cette section examine quatre types d'inefficacites ope- ment des couts est evidemment plus facile a dire qu'a faire et rationnelles et estime leur valeur monetaire potentielle. En elle implique un ensemble de defis sociaux et politiques. Le premier lieu, les entreprises publiques peuvent utiliser un Chapitre 3 du present volume examine ces questions plus en personnel plus nombreux que strictement necessaire pour profondeur et donne une evaluation realiste de la faisabilite les taches existantes, souvent a cause de pressions poli- de l' amelioration du recouvrement des couts pour les services tiques poussant a offrir des emplois aux membres de cer- publics en Afrique. tains groupes d'interet. Ce probleme affecte 1'ensemble des Dans Ie secteur des routes, il y a actuellement un mou- entreprises publiques, y compris celles des secteurs des TIC, vement generalise en faveur du prelevement d'impots sur Ie de 1'energie et de 1'eau. En deuxieme lieu, les services publics carburant et d'autres taxes en tant que redevances indirectes encourent d' enormes pertes sur leurs reseaux de distribution d'utilisation (voir Chapitre 10 du present volume). Pour que d'eau et d'electricite. Tant Ie mauvais entretien des reseaux, ce systeme fonctionne, les taxes sur Ie carburant doivent etre qui est a l' origine de pertes physiques, que la mediocre gestion fixees a un niveau suffisamment eleve pour couvrir les frais du reseau, qui favorise les connexions clan destines et diffe- d'entretien imposes par l'utilisation du reseau routier. Une rentes formes de vols, contribuent aces pertes. En troisieme comparaison entre les taxes actuelles sur Ie carburant et les lieu, les services publics des eaux et de 1'electricite connaissent niveaux requis pour garantir 1'entretien des routes permet de serieux problemes dans l'encaissement de leurs factures, d'evaluer la sous-tarification dans Ie secteur des routes. La en grande partie a cause des obstacles sociaux et politiques sous-tarification des redevances des usagers coute a la region a la deconnexion des services, qui induisent une culture de pres de 0,13 milliard de dollars EU par an (0,02 % du PIB). non paiement. En quatrieme lieu, la maintenance insuffisante des actifs infrastructurels est generalisee mais ne represente Reduire les inefficacites operationnelles des services qu'une fausse economie dans la mesure OU leur rehabilitation publics est generalement beaucoup plus chere en valeur actualisee Les entreprises publiques africaines se caracterisent par la fai- qu'un entretien preventif evitant leur degradation. blesse des investissements et de grandes inefficacites opera- Surernploi. Le suremploi co ute 1,5 milliard de dollars EU tionnelles. Ces entreprises representent entre 80 % (energie) par an (0,24 % du PIB ; Tableau 2.7). On 1'observe genera- et 40 % (eau) du total de la depense publique (entreprises lement dans les services publics des telecommunications publiques generales et non financieres). En depit des res- des pays ou la telephonie fixe continue d'etre la propriete de sources confortables dont elles disposent, elles investisse- l'Etat. En Afrique subsaharienne, ces services publics realisent ment comparativement peu - en moyenne 1'equivalent de en moyenne 94 connexions par employe par rapport ala refe- 15 % (energie) et 18 % (eau) de leur enveloppe des ressources rence de 420 connexions par employe dans les pays en deve- nationales. En consequence, l'Etat est generalement oblige loppement, soit un ratio de suremploi de 600 %. De meme, d'intervenir pour assumer la pi up art des responsabilites d'in- les services publics africains des eaux et de l' electricite ont des vestissements des entreprises publiques, dont Ie role est limite ratios de suremploi de 88 % et de 24 % respectivement, bien aux activites quotidiennes d'exploitation et maintenance. superieurs aux normes des pays en developpement non afri- Dans beaucoup de cas, les investissements sont hors de leur cains. Ces resultats etonnants des inefficacites operationnelles portee en raison de la sous-tarification importante des ser- soulignent 1'importance d'un renforcement des mecanismes vices, qui permet a peine de recouvrer les couts d' exploitation. de gouvernance externe susceptibles d'imposer une discipline Par ailleurs, la plupart des entreprises publiques sont au comportement des entreprises publiques. Le suremploi tenues a bout de bras par 1'Etat et, en pratique, n'arrivent explique en partie pourquoi, dans les pays africains qui ont pas a satisfaire les criteres d'une bonne gestion commerciale. un operateur public, la part des depenses allouee a 1'investis- Lorsqu'elles sont confrontees a des difficultes financieres, sement reste frequemment en dessous de 25 % de la depense l'Etat - en tant que principal intervenant - joue en dernier totale malgre les besoins d'investissements pressants. ressort Ie role de preteur, en absorbant les dettes et assumant Pertes dans la distribution. Les pertes dans la distribution par defaut les risques financiers, politiques, reglementaires et s'elevent a 1,8 milliard de dollars EU par an (0,3 % du PIB). de mauvaise gestion. Les capitalisations en bloc et les echanges Les services publics africains perdent generalement 23 % de de creances couvrant Ie cout total des inefficacites operation- leur energie dans la distribution, soit plus de deux fois la pra- nelles, sont des evenements frequents dans Ie secteur des tique modele de 10 %. De meme, les services publics africains services publics africain, ce qui represente potentiellement des eaux perdent generalement 35 % de leur eau dans la dis- un danger moral de perpetuation des inefficacites operation- tribution, soit a peu pres Ie double de la reference de 20 %. nelles si des reformes proactives ne sont pas entreprises. La valeur financiere de ses pertes dans la distribution est Combler l'ecart de financement de l'Afrique 69 Tableau 2.7 Gains potentiels lies a une plus grande efficacite operationnelle Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU annuels Inefficadte Transport Transport operationnelle ~nergie TIC Irrigation (routes) AEA Total Energie TIC Irrigation (routes) AEA Total Pertes 0,2 0,1 0,3 1.3 0,5 1,8 Sous-recouvrement 0,3 0,0 0,1 0.4 1,9 0,0 0,5 2.4 Suremploi 0,0 0,2 0,2 0,3 1.3 0,0 1,5 Maintenance insuffisante 0.4 0.4 2.4 2.4 Total 0,5 0,2 0.4 0,2 1.3 3.4 1.3 2,4 1,0 8,0 Source.' Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique (AICD). Notes.' Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'information et de la communication, AEA = Alimentation en eau et assainissement. - Non disponible. nettement plus elevee pour l' energie (1,3 milliard de dollars 25 % ailleurs et 40 % pour les routes. II existe de grandes dif- EU par an) que pour I'eau (0,5 milliard de dollars EU par an). ferences entre les pays. Dans Ie meilleur des cas (Burkina Faso Sous-recouvrement des factures. Le montant des factures et Afrique du Sud), un peu plus de 10 % des actifs ont besoin non per<;:u est de 2,4 milliards de dollars EU par an ~0,4 % d'une rehabilitation et dans Ie pire (Republique democra- du PIB). Les services publics africains des eaux et de l'elec- tique du Congo, Nigeria, Rwanda et Ouganda), plus de 40 % tricite s' efforcent d' encaisser environ 90 % des factures dues des actifs sont concernes. par leurs clients, un taux inferieur it la pratique modele de Rien que pour les routes, I'insuffisance d'entretien au 100%. A nouveau, bien qu'en la matiere, les services publics cours du temps entraine des depenses d'investissement sup- des eaux affichent un moins bon pourcentage que ceux de plementaires de 2,4 milliards de dollars EU par an (0,37 % du I'electricite, la valeur financiere des pertes est beaucoup plus PIB). Meme si I'insuffisance de la maintenance affecte to us les elevee pour l' electricite. Dans beaucoup de pays africains, les secteurs de l'infrastructure, seulle secteur des routes dispose institutions publiques figurent parmi les creanciers les plus de donnees suffisantes pour quantifier Ie couto Chaque dollar recalcitrants. Le sous-recouvrement des impots sur Ie carbu- EU non depense dans l' entretien routier en entraine quatre en rant destine it l' entretien des routes constitue egalement un obligation de rehabilitation (Nogales 2009). C' est pourquoi la probleme, meme si la valeur absolue de cette inefficacite est depense d'investissement dans les routes est plus elevee qu'elle relativement faible. Ie serait si, au lieu de creer de nouveaux actifs, on maintenait Insuffisance d'entretien. Remettre it plus tard les depenses en permanence en bon etat ceux qui existent. La grande majo- de maintenance est peut etre l'inefficacite la plus perverse et la rite des pays d'Afrique subsaharienne ne couvre pas les couts plus difficile it quantifier. Etant donne la situation financiere d'entretien des routes; plus de la moitie presentent un ecart precaire des secteurs infrastructurels, la reduction des frais de plus de 40 % par rapport aux besoins d'entretien, Les ins- de maintenance est souvent Ie seul moyen de joindre les deux titutions pourraient avoir un role important ajouer. Les pays bouts mais constitue une fausse economie. La rehabilitation qui ont des fonds routiers de seconde generation bien con<;:us ou Ie remplacement d'actifs mal entretenus revient beaucoup semblent mieux reussir it satisfaire leurs besoins d'entretien plus cher que leur maintien par un bon entretien preventif. (voir Chapitre 10 du present volume). De plus, les consommateurs finissent par en patir puisque la qualite du service baisse progressivement. En effet, ne pas Combler l'ecart d'efficacite grace a des reformes investir dans l' entretien et Ie remplacement est les moyens les Au total, 17,4 milliards de dollars EU pourraient etre econo- plus onereux de financer aujourd'hui les operations. mises grace a des ameliorations dans la gestion des infras- En moyenne, 30 % des actifs infrastructurels de l' Afrique tructures et des institutions. Les plus grands gains potentiels, ont besoin d'etre rehabilites (Figure 2.3). Bien qu'il soit de I'ordre de 8 milliards de dollars EU par an, pourraient etre difficile de documenter I'ampleur exacte du manque d'en- obtenus de la suppression des inefficacites dans I'exploitation. tretien, la part des actifs existants qui ont besoin d'une reha- L' entretien insuffisant des routes et l' efficacite des services bilitation est un bon indicateur de la negligence passee. En publics de l' electricite constituent les problemes les plus pres- general, l' etat des infrastructures rurales est encore pire que Ie sants mais aussi ceux dont la resolution serait la plus rentable. reste, 35 % des actifs ayant besoin d'une rehabilitation contre Les deuxiemes gains potentiels les plus importants, de I'ordre 70 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 2.3 Actifs infrastructurels necessitant une rehabilitation 50% c .g 40% i'l :3W ~ '" E 30% Cl ~ ~ c 6 ~ c. 20% o c E~ QJ u '0 10% .!: 0% Source. Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) de 3,3 milliards de dollars EU par an, pourraient provenir de dollars EU de gains d'efficacite potentiels, laissent encore un 1'amelioration de 1'allocation des ressources existantes entre ecart de fin an cement des infrastructures de 31 milliards de les secteurs, essentiellement en transferant des ressources des dollars EU par an (Tableau 2.8). domaines apparemment trop finances vers ceux qui sont clai- rement sous-finances. D'autres gains potentiellement impor- tants (4,2 milliards de dollars EU par an) devraient resulter Ecart annuel de financement de 1'augmentation des redevances des usagers des services infrastructurels. Une fois encore, c' est dans l' electricite qu'une Pour mesurer l'ampleur de 1'ecart, les depenses existantes meilleure tarification genererait les meilleurs dividendes. et les gains eventuels d'efficacite peuvent etre deduits des Enfin, 1'augmentation des ratios d'execution des budgets par besoins en ciepenses. Le resultat montre que l' Afrique est 1'amelioration du cadre des depenses publiques permettrait toujours confrontee a un ecart de financement annuel de de gagner 2 autres milliards de dollars EU par an. l'ordre de 31 milliards de dollars EU (soit 5,1 % du PIE). S'attaquer a certaines des inefficacites operationnelles peut Plus de 70 % de l'ecart de financement des infrastructures, exiger des investissements substantiels dans la rehabilitation soit 23 milliards de dollars EU par an, concernent l'ener- des reseaux ou la mise a niveau des systemes. La reallocation gie. Le reste a trait a 1'alimentation en eau et a 1'assainisse- des ressources, 1'augmentation des redevances des consom- ment (AEA) - OU quelque 11 milliards de dollars EU par mateurs et la reduction du suremploi ont to utes d'impor- an sont necessaires pour pouvoir atteindre les Objectifs tants couts politiques qui compliquent leur mise en ceuvre. du Millenaire pour Ie developpement (OMD) - et, dans nest donc irrealiste d' esperer que tous ces gains d' efficacite une moindre mesure, a l'irrigation dont l'ecart represente puis sent etre entierement realises. Etant donne 1'ampleur des environ 2 milliards de dollars EU par an. Aucun ecart de besoins, n'en realiser que la moitie ameliorerait deja signi- financement n' est observe dans les secteurs des TIC et des ficativement Ie financement et les perspectives de nouveaux transports, qui pourraient, au contraire presenter un gain financements dans les secteurs infrastructurels africains. d'efficacite de respectivement environ 1 et 2 milliards de Meme si tous ces gains d'efficacite pouvaient etre tota- dollars EU par an, si les inefficacites y etaient supprimees lement realises, il subsisterait tout de meme un important (Tableau 2.9). ecart financier. Le chapitre 1 du present volume a identifie des Pres de 60% de l' ecart de financement concerne l' ensemble besoins en depenses de 93 milliards de dollars EU par an pour des pays fragiles a faible revenu et des pays non fragiles. Un satisfaire les besoins d'infrastructures de 1'Afrique. Sur base quart de cet ecart est genere par les pays riches en ressources de ces exigences, les 45 milliards de dollars EU de depenses et 18 % sont attribuables aux pays a revenu intermediaire. En actuellement reliees aces besoins, ajoutes aux 17 milliards de pourcentage du PIB, Ie poids de l'ecart est moindre pour les Combler l'eeart de financement de l'Afrique 71 Tableau 2.8 Ecart d'efficacite et ecart de financement Milliards de dollars EU par an Gain Energie TIC Irrigation Transports AEA transsectoriel Total Besoins en depenses infrastrudurelles (40,8) (9,0) (3,4) (18,2) (21,9) n.a. (93,3,) Oepenses existantes liees aux besoins 11,6 9,0 0,9 16,2 7,6 n.a. 45,3 Gains d'effieacite 6,0 1,3 0,1 3,8 2,9 3,3 17,4 Gain tire d'une amelioration de I'execution du budget 0,2 0,0 0,1 1,3 0,2 n.a. 1,9 Gain tire de fa suppression des inefficacites operationnelles 3,4 1,2 2,4 1,0 n.a. 8,0 Gain tire du recouvrement des coOts par fes tarifs 2,3 0,1 1,8 n.a. 4,2 Reaffectation potentielle des ressources n.a. n.a. n.a. n.a. n.a. 3,3 3,3 teart financier (23,2) 1,3 (2,4) 1,9, (11,4) 3,3 (30,6) Source' Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AleD). Notes: Les totaux peuvent ne pas €Ire exacts a cause des erreurs d'arrondi. Tie = Technologies de I'information et de la communication; AEA = Alimentation en eau et assainissement ; - Non disponible ; n.a. = non applicable; les parentheses indiquent les valeurs negatives. Tableau 2.9 Ecarts de financement par secteurs et groupes de pays Pourcentage du PIB Milliards de dollars annuels Potentiel de Potentiel de Type de pays Energie TIC Irrigation Transports AEA reaffectatlon Total Energie TIC Irrigation Transports AEA reaffectation Total Revenu 3,9 (0,3) 0,0 (0,1) 0,0 (1,5) 2,0 10,7 (0,9) 0,1 (0,3) 0,0 (4,1) 5,5 intermediaire Riches en 2,0 0,2 0,8 (0,6) 1,7 (0,4) 3,7 4,5 0,5 1,8 (1,4) 3,7 (0,8) 8,2 ressources Faible revenu non 4,2 (0,2) 0,6 (0,4) 4,7 (0,3) 8,6 4,7 (0,2) 0,7 (0,5) 5,2 (0,4) 9,5 fragiles Faible revenu 7,1 1,9 0,1 5,3 10,2 0,0 24,6 2,7 0,7 0,0 2,0 3,9 0,0 9,4 fragiles Afrique 3,6 (0,2) 0,4 (0,3) 1,8 (0,5) 4,8 23,2 (1,3) 2,4 (1,9) 11,4 (3,3) 30,6 Source' Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (Ale D). Notes. Base sur les moyennes annualisees de 2001~2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de l'AleD. Les totaux pour l'Afrique different de la somme des groupes individuels dans la mesure OU la reallocation est uniquement autorisee au sein des groupes. TIC = Technologies de I'information et de la communication, AEA = Alimentation en eau et assainissement. pays riches en ressources et a revenu intermediaire, avec res- fragiles a faible revenu et les Etats fragiles doivent respecti- pectivement 2 et 4 % du PIB, contre 9 % pour les pays non vement investir 8 % et 18 % de plus. Le reste de l'ecart de fragiles a faible revenu et les insurmontables 25 % des pays financement des infrastructures concerne l'exploitation et fragiles. Les plus grands ecarts de financement par rapport au maintenance: les pays a faible revenu couvrent tout au plus, PIB sont enregistn's dans les secteurs de l'energie et de l'eau deux tiers de leurs besoins en la matiere. des pays fragiles. Une partie de l'ecart de financement des infrastructures Meme si l' ecart de financement des infrastructures de 31 milliards de dollars EU peut certes etre comblee par des concerne en premier lieu les depenses d'investissement, il fonds supplementaires mais il est egalement possible d'en- existe aussi un ecart pour l'exploitation et maintenance. Envi- vi sager de mettre plus de temps pour atteindre les objectifs ron deux tiers de l'ecart de financement des infrastructures ou d'utiliser des technologies moins couteuses. Le reste de ce correspondent a l'ecart relatif aux depenses d'investissement. chapitre evalue Ie potentiel de mobilisation de fonds supple- Dans l'ensemble, l'Afrique doit augmenter ses depenses d'in- mentaires et analyse, de fa<;:on assez generale, les politiques vestissement dans les infrastructures de 5 % de son PIB (soit d'ajustement vis ant a reduire les couts et Ie poids de l'ecart environ 28 milliards de dollars EU par an) ; les pays non financier. 72 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Combien de fonds supph!mentaires peut-on Dans quelle mesure les ressources supplementaires dispo- mobiliser? nibles pendant la recente reprise de la croissance ont-elles ete allouees aux infrastructures? La reponse est: etonnamment Seul un nombre limite de sources de fin an cement sont dispo- peu (Tableau 2.10). Le cas Ie plus extreme est celui des pays nibles, et la crise financiere mondiale actuelle est susceptible riches en ressources, en particulier Ie Nigeria. Les enormes de les affecter negativement. En premier lieu, Ie financement remboursements de la dette ont plus qu'entierement absorbe public national constitue actuellement la source la plus la manne budgetaire de ces pays. La depense budgetaire a donc importante, mais il a peu de chances d'augmenter, sauf peut- effectivement diminue de 3,7 % du PIB, essentiellement au etre dans les pays beneficiant de ressources naturelles abon- detriment de l'investissement dans l'infrastructure, qui a subi dantes. En deuxieme lieu, l'APD en faveur des infrastructures une chute equivalente aI,S % du PIB. Dans les pays a revenu africaines a considerablement augmente ces dernieres annees, intermediaire, les depenses budgetaires ont augmente de pres conformement aux engagements politiques, mais cette aide de 4,1 % du PIB, mais l' effet sur les depenses infrastructurelles pourrait ralentir en cas de mise en place d'une assistance a ete quasiment negligeable et les ressources supplementaires contracydique. En troisieme lieu, les fin an cements des pays sont allees principalement aux depenses actuelles du secteur non membres de l'OCDE montent en fleche, mais leur ave- social. II n'y a que dans les pays a faible revenu que I'aug- nir est desormais incertain. En quatrieme lieu, la participa- mentation glob ale des depenses budgetaires a eu un certain tion du secteur prive, egalement tres soutenue au cours de la effet sur les depenses infrastructurelles. Meme la, l' effet est recente hausse de croissance africaine, sera particulierement neanmoins relativement modeste et limite aux depenses d'in- vulnerable a la recession sur les marches mondiaux. Enfin, la vestissement. Les pays non fragiles a faible revenu ont alloue contribution des marches locaux des capitaux au fin an cement 30 % de leur augmentation budgetaire aux investissements des infrastructures a jusqu'ici ete faible, en dehors de l'Afrique infrastructurels. Meme s'ils ont enregistre une hausse globale du Sud, mais pourrait finalement devenir plus importante de leurs depenses budget aires d'environ 3,9 % de leur PIB, dans certaines des plus gran des economies de la region. les Etats fragiles n'en ont alloue que 6 % aux infrastructures. Par rapport aux autres regions en developpement, les capa- Peu de possibilites de mobilisation de fonds cites de financement public de l' Afrique subsaharienne sont caracterisees par un faible recouvrement des recettes fiscales. nationaux supplementaires La generation de recettes nationales a hauteur d'environ 23 % 1'une des questions de c'est a quel point les pays sont dis- du PIB est inferieure aux moyennes des aut res pays en deve- poses a allouer des ressources budgetaires supplementaires loppement et encore plus faible pour les pays a faible revenu aux infrastructures. A la veille de la crise financiere actuelle, (moins de 15 % du PIB par an). Malgre les taux de croissance la situation budgetaire etait favorable en Afrique subsaha- eleves des 10 dernieres annees, les recettes nationales pen;:ues rienne. De 2001 a 2005, la croissance economique rap ide de ont augmente de moins de 1,2 % du PIB. Ce constat montre 4 % en moyenne par an s'est traduite par une augmentation que l'augmentation des recettes nationales au-dela du niveau des recettes budgetaires nation ales d'un peu plus de 3 % du actuel necessiterait des reformes institutionnelles relevant du PIB en moyenne. Dans les pays riches en ressources, les rede- defi pour ameliorer I'efficacite du recouvrement des recettes vances croissantes dues aux royalties sur les ressources ont et elargir I'assiette fiscale. Sans ces reformes, la generation de ajoute 7,7 % du PIB au budget public. Dans les pays a faible recettes nationales restera faible. revenu, l'allegement substantiel de la dette a augmente les La capacite d'emprunt aupres de sources exterieures et subventions exterieures de pres de 2 % du PIB. interieures est egalement limitee. l' emprunt national est Tableau 2.10 Evolution neUe des budgets de l'Etat, par utilisation economique (1995-2004) Pourcentage du PIB Afrique Revenu Riches en Faible revenu, non Faible revenu, Utilisation subsaharienne intermediaire ressources fragiles fragiles Budget net des depenses 1,89 4,08 (3)3) 1,69 3,85 Depenses infrastructurelles actuelles en part des depenses 0,00 0,D2 0,D3 0,00 0,D9 Depenses d'investissement dans les infrastructures en part des depenses (0,14) 0,04 (1,46) 0,54 0,22 Sources.' Di,agnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD) , d'apres Briceno-Garmendia, Smits et Foster (2008). Note~ . Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Combler l'ecart de financement de I'Afrique 73 souvent tres cher, avec des taux d'interet bien superieurs a ceux tout porte a croire qu'il faut s'attendre a ce qu'en Afrique, des prets concessionnels exterieurs. Dans les pays pauvres en les changements dans l' enveloppe budgetaire totale affectent particulier, a cause de la limitation de l' epargne privee inte- les investissements dans 1'infrastructure de la meme maniere rieure, l' emprunt public national a ten dance a creer un cercle pro-cyclique. vicieux en provoquant une augmentation assez raide des taux d'interet. Pour beaucoup de pays subsahariens, les ratios de Aide publique au developpement - Soutenir service de la dette par rapport au PIE sont superieurs a 6 %. Ie passage al' echelle superieure On peut s'attendre a ce que la crise financiere mondiale Pendant presque toutes les annees 1990 et au debut des annees reduise les recettes budgetaires a cause de la diminution des 2000, l'APD en faveur des infrastructures est reste stable en rentrees fiscales, des royalties et des redevances des consom- Afrique subsaharienne, avec 2 maigres milliards de dollars EU mateurs et usagers. 1'Afrique n'est pas a 1'abri de son impact. par an. Le lancement, en 2004, du rapport de la Commission Les projections de croissance pour les annees a venir ont pour l' Afrique a ete suivi par Ie sommet reunissant Ie Groupe ete revues a la baisse, soit de 5,1 a 3,5 %, ce qui reduira les des huit a Gleneagles en juillet 2005, OU Ie Consortium pour recettes fiscales et probablement la demande et la volonte a les infrastructures en Afrique (lCA) a ete cree pour se concen- payer pour les services d'infrastructure. Les prix des produits trer sur 1'augmentation du financement des bailleurs de fonds de base sont retombes a leur niveau du debut des annees destines a satisfaire les besoins infrastructurels de l'Afrique. 2000. Toutefois, 1'effet sur les recettes des royalties dependra Les principaux bailleurs de fonds bilateraux et multilateraux du regime d'epargne de chaque pays. Un certain nombre de se sont engages a doubler, d'ici 2010, les flux (deja plus eleves) pays producteurs de petro Ie epargnaient la partie des revenus de 2004 afin d' atteindre 10 milliards de dollars EU par an, so it de leurs royalties depassant 60 dollars EU par baril, de sorte environ 1,6 % du PIE de 1'Afrique a l'epoque. Les bailleurs de que Ie ralentissement actuel affectera davantage les comptes fonds ont jusqu'ici tenu leurs promesses et les flux de 1'APD d'epargne que les budgets. Dans l'ensemble, cette situation en faveur des infrastructures africaines ont presque double, defavorable creee par la crise financiere mondiale exercera passant de 4,1 milliards de dollars EU en 2004 a 8,1 milliards une pression importante sur les budgets du secteur public. de dollars EU en 2007. Pres des trois quarts de 1'APD sont De plus, beaucoup de pays africains sont en train de deva- fournis par les bailleurs de fonds multilateraux (la Banque luer leur monnaie, reduisant ainsi Ie pouvoir d' achat des res- africaine de developpement, la Communaute europeenne et sources nationales. 1'Association internationale de developpement [IDA]), tandis Sur la base de l' experience mondiale recente, les episodes que Ie Japon et les Etats-Unis sont en tete du doublement des d'ajustement budgetaire ont ten dance a affecter de maniere engagements bilateraux. disproportionnee 1'investissement public - les infrastruc- Ii existe un decalage important entre les engagements tures en particulier. 2 l' experience des crises anterieures en de I' APD et leur decaissement, ce qui laisse penser que ces Extreme-Orient et Amerique latine montre que la depense derniers devraient continuer a augmenter dans les annees a dans 1'infrastructure est particulierement vulnerable aux venir. Les engagements signales sont sensiblement plus ele- reductions budgetaires en periodes de crise. Sur la base des yes que les decaissements de 1'APD estimes a 3,8 milliards moyennes de huit pays d'Amerique latine, la compression des de dollars EU (Tableau 2.11). Cet ecart reflete Ie decal age investissements dans 1'infrastructure correspondait a environ habituel associe a la mise en ~uvre des projets. Etant donne 40 % de 1'ajustement budgetaire observe entre Ie debut des que 1'aide publique au developpement passe par Ie budget de annees 1980 et la fin des annees 1990 (Calderon et Serven 1'Etat, 1'execution des fonds connait certains des problemes 2004). Cette reduction etait d'autant plus remarquable que affect ant les investissements publics nationaux, y compris les 1'investissement public dans l'infrastructure representait retards dans la passation des marches et la faible capacite des deja moins de 25 % de 1'investissement public total dans les pays a mettre en ~uvre des fonds. Des divergences entre les pays d'Amerique latine. Ces reductions de 1'investissement systemes financiers des bailleurs de fonds et des pays ainsi que dans l'infrastructure ont ete identifiees par la suite comme Ie caractere imprevisible de la liberation des fonds peuvent Ie probleme qui a empeche la croissance economique dans encore retarder Ie decaissement des ressources des bailleurs l'ensemble de la region pendant les annees 2000 (Encadre de fonds. Sachant cela, si tous les engagements pris jusqu' en 2.1). Des schemas semblables ont ete observes en Asie de l'Est 2007 etaient entierement honores, on pourrait s'attendre a pendant la crise financiere du milieu des annees 1990. Par une augmentation significative des decaissements de l' APD exemple, Ie total des investissements publics de 1'lndonesie (FMl 2009; Perspectives economiques mondiales 2008). dans l'infrastructure a chute de 6-7 % du PIE en 1995-1997 a Les engagements de l' APD etaient eux aussi supposes 2 % en 2000. Compte tenu des recents schemas de depenses, augmenter avant la crise, mais les perspectives ne sont plus 74 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Encadre 2.1 L'investissement public dans .'infrastructure finance en creusant Ie deficit est-il payant ? Le sous-investissement dans I'infrastructure, la sante et I'edu- dettement a cause de leur productivite relativement faible. cation, qui a marque la majeure partie des annees 1990, a Une meilleure fa<;on de financer les infrastructures pourrait allume un debat anime sur la question de savoir si certains consister a ameliorer les actifs existants en donnant a I'ex- pays pourraient supporter un deficit public plus important si ploitation et maintenance la priorite sur les nouveaux d'inves- leurs ressources supplementaires etaient investies dans les sec- tissements. Meme si I'accroissement des depenses publiques teurs ameliorant la croissance. L'analyse menee par Ie Fonds dans la sante et I'education conduit lui aussi a des resultats monetaire international ne prend pas explicitement en compte assez eleves, son effet n'a pas la me me ampleur que dans la relation potentielie entre I'investissement public et la crois- I'infrastructure. sance mais uniquement ses coOts a court terme. Et pourtant, Au Senegal, au contraire, I'jnvestissement public dans I'infras- Ie fait de gerer aujourd'hui un deficit acourt terme peut aider tructure ne semble pas stimuler la croissance de fa<;on aussi a atteindre une croissance qui, plus tard, equilibrera Ie budget. efficace. Tant les depenses dans I'exploitation et maintenance En integrant cet effet a long terme de la croissance aux des infrastructures que "investissement public dans d'autres modeles standards utilises pour evaluer la soutenabilite bud- secteurs, tels que la sante et I'education, semblent avoir un getaire, il est possible de determiner si une perspective a plus effet plus decisif sur fa croissance. Toutefois, independam- long terme place les infrastructures financees en creusant un ment de la maniere dont les depenses sont allouees, elles deficit dans une situation plus favorable. Les resultats s'ave- semblent aggraver Ie ratio de I'endettement par rapport au rent tres specifiques aux pays et soulignent la difficulte qu'il PIB, refh~tant dans ce cas la faible productivite de la depense peut y avoir a generaliser en la matiere. publique. En Ouganda, si les investissements dans I'infrastructure gene- rent davantage de resultats, ils aggravent aussi Ie ratio d'en- Source: Estache et Munoz 2008. Tableau 2.11 Flux d'investissement de I'APD annualises Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU Type de pays Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Revenu intermediaire 0,01 0,00 0,00 0,Q3 0,04 0,08 0,Q3 0,01 0,00 0,09 0,10 0,23 Riches en ressources 0,Q3 0,01 0,00 0,11 0,11 0,25 0,08 0,01 0,00 0,23 0,24 0,56 Faible revenu non fragiles 0,50 0,Q3 0,00 1,12 0)1 2,36 0,55 0,04 0,00 1,24 0)8 2,61 Fa'lble revenu fragiles 0,10 0,01 0,00 0,64 0,29 1,04 0,04 0,00 0,00 0,23 0,10 0,38 Afrique 0,11 0,01 0,00 0,28 0,19 0,59 0,69 0,06 0,00 1,80 1,23 3,77 Source: Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD). Notes' Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'information et de la communication; AEA = Alimentation en eau et assainissement. aussi bonnes. Les trois agences multilaterales - la Banque d'urgence, les ressources multilaterales prevues pour les pro- africaine de developpement, la Commission europeenne et jets d'infrastructure. Basee sur les allocations budgetaires la Banque mondiale - ont obtenu des reconstitutions record annuelles, 1'aide bilaterale peut etre plus sensible aux restric- de leurs fin an cements concessionnels pour les trois ou quatre tions budget aires intervenant dans les pays de 1'OCDE, et on annees suivant 2008. En principe, les allocations destinees peut s' attendre a ce qu'dle connaisse un certain declin. Les aux infrastructures africaines, d'un montant total de 5,2 mil- tendances historiques montrent que 1'APD est plus souvent liards de dollars EU par an, pourraient provenir des seules pro-cyclique que contracyclique (FMI 2009 ; om 2009 ; UBS agences multilaterales dans un proche avenir. Toutefois, dans Investment Research 2008 ; Perspectives economiques mon- la pratique, la crise pourrait detourner vers l' appui budgetaire diales 2008 ; et references citees). Combler I' ecart de financement de l'Afrique 75 Financiers non membres de l'OCDE - La croissance kilometres), et pres de 100 millions de dollars EU par an au se poursuivra-t-elle? Soudan (pour un oleoduc de 700 km all ant de Khartoum a Les pays non membres de l'OCDE ont finance annuellement Port Soudan et quatre centrales electriques de 125 kilowatts). I'infrastructure africaine a raison d'environ 2,6 milliards de A travers leurs differentes agences de developpement, les dollars EU entre 2001 et 2006 (Tableau 2.12).3 Ce montant Etats du Golfe fin an cent les infrastructures africaines depuis n' est pas tres loin des volumes de l' APD. Toutefois, l' objectif un certains temps. Des projets infrastructurels a plus petite du financement est tres different. Les financiers non membres echelle que ceux finances par les Etats chinois et indien de I'OCDE ont ete essentiellement actifs dans les pays expor- caracterisent leur portefeuille, avec un solide appui a des pays tateurs de petrole (Angola, Nigeria et Soudan). La majeure comme Ie Mali, la Mauritanie, Ie Senegal et Ie Soudan. Les partie de leurs res sources est allee aux secteurs de l' energie et ressources provenant des Etats du Golfe ont ete reparties de du transport. Dans I'energie, les projets hydroelectriques ont maniere presque egale entre I'eau, les routes et les petits pro- notamment rec,:u un milliard de dollars EU par an, tan dis que jets energetiques. les transports et les chemins de fer beneficiaient de pres d'un Malgre certains chevauchements, il existe une grande milliard de dollars EU par an. Pour I'electricite ce montant complementarite entre les trois principales sources de finan- correspond a 0,17 % du PIB africain, beaucoup plus que Ie cement exterieures. La PPI recherche les opportunites les plus pourcentage de 0,11 % venant de l' APD. rentables commercialement dans les telecommunications. L'aide economique officielle de la Chine a quadruple Les financiers non membres de l'OCDE se con cent rent sur entre 2001 et 2005, touch ant plus de 35 pays subsahariens. les infrastructures productives (essentiellement la produc- La majorite de ces apports est allee aux pays riches en res- tion electrique et les chemins de fer). L'APD traditionnelle sources, faisant dans certains cas usage d'un dispositif de est essentiellement axee sur Ie fin an cement des biens publics troc suivant Ie « mode angola is ».4 Ce type de cooperation (comme les routes et I'alimentation en eau) et joue un plus Sud-Sud s'appuie sur les complementarites economiques grand role dans Ie developpement du systeme energetique et entre I'Afrique et la Chine. Celle-ci manifeste un interet stra- de l' electrification. tegique pour Ie secteur des ressources naturelles de I'Afrique, Un schema semblable de specialisation est en train de se tandis que cette derniere exploite les atouts de la Chine dessiner au plan geographique, OU differents pays se basent a dans la construction afin de developper ses infrastructures des degres divers sur differentes sources de financement. Les economiques. pays les plus dependants de l'IPP sont Ie Kenya, et Ie Nigeria, L'Inde est devenue un important financier des projets avec en sus, l'APD au Kenya et les financements chinois au d'energie en Afrique. L'aide financiere qu'elle apporte etait Nigeria. Les pays qui dependent principalement des finan- initialement axee sur les credits a I'exportation afin de faci- ciers non membres de I'OCDE sont souvent producteurs de liter l'achat de biens indiens. Elle s'est cependant fortement petro Ie (Angola, Gabon, Guinee, Mauritanie et Soudan). La engagee a apporter un appui aux grands projets infrastruc- plupart des aut res pays dependent essentiellement de l' APD turels, surtout dans Ie domaine de I'energie, avec jusqu'a un traditionnelle (Burundi, Mali, Niger, Rwanda et Tanzanie). milliard de dollars EU au Nigeria (notamment pour une raf- D'autres pays (la Republique democratique du Congo et la fin erie produisant 9 millions de tonnes par an, une centrale Guinee) beneficient d'un melange de sources OCDE et hors electrique de 200 megawatts et un chemin de fer de 1 000 OCDE. Tableau 2.12 Historique des flux d'investissements annualises de la Chine, de l'lnde et des pays arabes Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU Type de pays Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Energie TIC Irrigation Transports AEA Total Revenu intermediaire 0,00 0,01 0,00 0,01 0,00 0,02 0,00 0,Q2 0,00 0,02 0,01 0,05 Riches en ressources 0,33 0,06 0,00 0,34 0,04 0,76 0,74 0,13 0,00 0,75 0,08 1,69 Faible revenu non fragiles 0,12 0,15 0,00 0,22 0,05 0,54 0,13 0,17 0,00 0,24 0,05 0,59 Faible revenu fragiles 0,58 0,07 0,00 0,11 0,06 0,82 0,21 0,Q3 0,00 0,04 0,02 0,30 Afrique 0,17 0,05 0,00 0,16 0,Q3 0,41 1,08 0,34 0,00 1,06 0,16 2,64 Source' Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD). D'apres Foster et autres (2008). Note~ . Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIS des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'information et de la communication' AEA = Alimentation en eau et assainissement. ' 76 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Les processus de mise en ceuvre de 1'APD et du finance- Investissement prive - Panorama ment hors OCDE sont completement differents. La grande Depuis la fin des annees 1990, les flux de 1'investissement difference entre Ie financement chinois et 1'APD est Ie fait que prive en faveur des infrastructures ont triple en Afrique celle-ci passe par Ie budget de l'Etat alors que Ie premier a subsaharienne, passant de pres de 3 milliards de dollars EU tendance a etre directement mis en ceuvre par la Chine, sou- en 1997 a 9,4 milliards en 2006/07. Cela represente envi- vent avec une importation des res sources humaines. Bien que ron 1,5 % du PIB regional pour l' ensemble des secteurs, un cette approche souleve des problemes importants, elle offre chiffre superieur aux recents flux de 1'APD (0,6 % du PIB, ou au moins la possibilite de contourner certaines des difficultes 3,7 milliards de dollars EU par an) mais neanmoins inferieur d'execution budgetaire generalement associees aux investis- ala moitie de la depense publique generale (Tableau 2.13). sements publics. Pres de deux tiers des engagements prives cumules entre Le financement des pays non membres de 1'OCDE sou- 1990 et 2006 concernaient des projets lies aux TIC (Leigland leve egalement des questions de soutenabilite. L'attention des et Butterfield 2006). L'electricite venait en deuxieme position. financiers non membres de 1'OCDE (la Chine, l'Inde et les Les secteurs socialement sensibles, tels que 1'alimentation en Etats du Golf) se tourne surtout vers les secteurs, pays et acti- eau et 1'assainissement, n'ont presque pas attire d'initiative vites correspondant a leurs inten~ts commerciaux nationaux. privee. II en est de me me pour les projets a plus long terme et lIs proposent des options de financements realistes dans Ie a plus haut risque. Au cours de l' annee 2004, les projets inno- domaine de 1'energie et du transport et aux pays sortant de vants et de petite taille representaient 70 % de l' ensemble de la conflits qui disposent de ressources naturelles. Les organisa- PPI, tan dis que l' octroi de concessions et Ie desinvestissement tions non gouvernementales commencent a faire entendre dans les services publics en place representaient moins de leurs preoccupations par rapport a la maniere dont ils res- 10 %. Les transactions innovantes, sans risque a long terme et pectent les normes environnementales et sociales. Les finan- avec peu ou pas d'investissement, sont beaucoup plus repan- ciers non membres de 1'OCDE apportent egalement des fonds dues que dans d'autres regions et ont ten dance a etre petites. d'investissement sans appui operationnel, institutionnel et Les pays africains riches en ressources ont beneficie de la politique, faisant ainsi naitre des questions sur la soutenabilite plus grande partie de la participation privee. Par rapport a des nouveaux actifs. leur PIB, les pays africains a revenu intermediaire n'y arrivent Compte tenu de la nature relativement recente de ces pas aussi bien, tandis que les pays a faible revenu, meme les apports de capitaux, il est difficile de predire comment Ie Etats fragiles, beneficient de flux de capitaux de l' ordre de 1 % ralentissement economique actuel affectera les finances des de leur PIB. pays non membres de l'OCDE. Provenant des res sources bud- Depuis Ie milieu des annees 1990, un glissement s' est opere getaires et des royalties dans leurs pays d' origine, ces apports en faveur des projets a long terme. Les concessions et les actifs subiront probablement des compressions budgetaires. La existants ont atteint 20 % des partenariats prives dans les chute du cours mondiaux des produits de base pourrait ega- infrastructures. Les secteurs autres que les TIC ont augmente. lement affecter la motivation de certains des financements Le transport enregistre les transactions les plus importantes, infrastructurels chino is lies au developpement des ressources comme les concessions pour Ie port de Juba au Soudan (30 naturelles. millions de dollars EU) et Ie chemin de fer de la vallee du Rift Tableau 2.13 Flux annuels d'investissement de la participation privee Pourcentage du PIB Milliards de dollars EU Type de pays ~nergie TIC Irrigation Transports AEA Total ~nergie TIC Irrigation Transports AEA Total Revenu intermediaire 0,00 0,60 0,00 0,16 0,08 0,84 0,01 1,63 0,00 0,44 0,21 2,28 Riches en ressources 0,13 1,13 0,00 0,21 0,24 1,71 0,28 2,52 0,00 0,47 0,53 3,80 Faible revenu non fragiles 0,15 1,19 0,00 0,12 0,41 1,87 0,16 1,32 0,00 0,13 0,45 2,06 Faible revenu fragiles 0,Q2 0,72 0,00 0,04 0,66 1,44 0,01 0,26 0,00 0,01 0,24 0,52 Afrique 0,Q7 0,89 0,00 0,16 0,33 1,46 0,46 5)2 0,00 1,05 2,14 9,38 Source. Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique (AICD). D'apres Foster et autres (2008). Notes Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chiffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. TIC = Technologies de I'informatlon et de la communication; AEA = Alimentation en eau et assainissement. Combler I'ecart de financement de l'Afrique 77 en Ouganda (400 millions de dollars EU). De plus, des pro- ont attire a peine 3,5 % (474 millions de dollars EU), dont jets d' electrification de plus grande envergure commencent a pres des trois quarts sous forme de financements bancaires emerger a cote des concessions et des contrats de gestion. Les et Ie reste en actions emises par des societes en Cote d'Ivoire. flux de capitaux prives, en particulier, sont susceptibles d' etre Pour les pays riches en ressources, les 4,9 milliards de dollars affectes par la crise financiere mondiale. A la suite de celIe qui EU de financement local de 1'infrastructure etaient consti- a sevi en Asie, la participation privee dans les pays en develop- tues d'un melange a peu pres egal de financement ban caire pement a chute d'a peu pres la moitie sur une periode de cinq et d'actions. Pour les trois pays a revenu intermediaire, plus ans, apres Ie pic atteint en 1997. Les transactions actuelles de la moitie des 544 millions de dollars EU de fin an cement commencent egalement a ressentir la pression due aux dif- local s' est fait sous forme d' obligations de societes, Ie tout en ficultes de refinancement de la dette a court et moyen terme. faveur du transport. Seuls 10 % des prets bancaires en cours sont destines au Sources de financement locales - une possibilite financement des investissements infrastructurels. Avec envi- it moyen terme ron 5 milliards de dollars EU, ce montant est legerement infe- Les marches locaux des capitaux constituent une source rieur au total de celui de la seule Malaisie. majeure de financement des infrastructures en Afrique du Une tendance recente indique que de nouveaux emetteurs Sud, mais ce n'est pas encore Ie cas ailleurs. Le financement (en particulier, les obligations de societes) arrivent sur Ie mar- des infrastructures locales comprend principalement des prets che dans plusieurs pays, avec dans certains cas une premiere consentis par des banques commerciales, certaines emissions emission. Plus de la moitie (52 %) des obligations de societes d'obligations de societes et d'actions, ainsi que l'apparition cotees sur Ie marche a la fin 2006 provenaient de societes d'in- recente d'investisseurs institutionnels. Vu 1'importance du frastructures. Ala fin 2006, selon les informations rapportees financement local en Afrique du Sud et son evolution nette- par les marches des obligations, la part des obligations de ment en avance sur celIe des autres regions, 1'accent est mis ici societes en circulation, emises pour financer les infrastruc- sur les perspectives des autres parties de la region. tures, depassait la moitie dans 7 des 11 pays. La Bourse regio- En dehors de l'Afrique du Sud, l' ensemble du fin an cement nale de 1'Afrique de 1'Ouest, la BRVM (Bourse regionale des local actuel des infrastructures se chiffre a 13,5 milliards de valeurs mobilieres), detenait la plus grande part des emissions dollars EU (Tableau 2.14). Ce montant comprend Ie trans- financ;:ant les infrastructures (plus de 90 %). Le montant du port, Ie premier secteur attirant Ie financement local des fin an cement reste neanmoins faible. infrastructures avec 47 % du montant total, suivi par les TIC Les marches financiers locaux restent peu developpes, avec 32 %. 5 superficiels et de petite taille. Les financements a long terme Les pays non fragiles a faible revenu ont ete la destina- avec des echeances adaptees aux projets d'infrastructure sont tion de 55 % du financement local total de 1'infrastructure rares. 6 La capacite des systemes bancaires locaux reste trop identifie dans la presente etude. Les deux pays fragiles a faible faible et limitees par des obstacles structurels au finance- revenu (Cote d'Ivoire et Republique democratique du Congo) ment des infrastructures. Les banques de la plupart des pays Tableau 2.14 Financement en cours dans les infrastructures, pour 2006 Millions de dollars EU Financement en cours % du financement dans les infrastructures AEA ~Iectricite TIC Transport Travaux publics Total en cours total Revenu intermediaire (hors Afrique du Sud) 82,0 440,7 21,3 544,0 4,0 Riches en ressources 1.7 1097,6 2303,9 1459,1 46,8 4909,1 36,5 Faible revenu, non fragiles 1496,7 1984,5 4065,5 4,4 7551,0 56,1 Faible revenu, fragiles 63,0 53,4 346,3 462,7 3,4 Total 1,7 2 739,3 4341,8 6311.7 72,4 13 466,9 Part du financement total en cours (%) 0,01 20,34 32,24 46,87 0,54 100,0 Source. Adapt", d'irving et Manroth (2009). Notes: Base sur les moyennes annualisees de 2001-2006. Moyennes ponderees par Ie PIB des pays. Les chlffres sont des extrapolations effectuees sur I'echantillon de 24 pays utilise dans la phase 1 de I'AICD. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. Les financements en cours comprennent les prets bancalres, les obligations d'Etat, les obligations de societes et les emissions d'actions. Le niveau du financement rapporte dans la colonne " Transport» peut etre surestime du fait que de nombreux pays a a aJoutent celte categorie des elements de communication et de stockage. Base sur les donnees des 18 pays suivants . a) Pays revenu intermediaire Cap-Vert, Lesotho et a Namibie , b) Pays riches en ressources : Cameroun, Tchad et Nigeria; c) Pays faible revenu : Burkina Faso, Republique democratique du Congo, Ethiopie, Ghana, Madagascar, Malawi, Mozambique, Niger, Rwanda, Tanzanie, Ouganda et Zambie. AEA = Alimentation en eau et assainissement. - Non disponible. 78 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE affichent des decal ages import ants au niveau de l'echeance les marches nationaux des capitaux. lis pourraient egalement des actifs/passifs pour Ie financement des infrastructures. Les aider les entreprises et l'Etat a mobiliser des fin an cements depots bancaires et autres passifs ont encore largement des pour l'infrastructure. 7 Jusqu'ici, cette approche intra-regio- teneurs a court terme. II pourrait y avoir plus de potentiel nale de financement des infrastructures est restee largement pour des prets syndiques avec la participation des banques inexploitee. 8 locales, meme si I' augmentation qu' ont connue les nouveaux Le systeme bancaire africain n' a pas ressenti les effets de la prets au cours de la periode 2000-06 s'est faite dans un envi- crise financiere mondiale au debut, mais celle-ci est en train ronnement de fin an cement exterieur favorable. d' affecter lentement mais surement les systemes financiers de L'exploitation du potentiel important des marches locaux la region, venant ainsi s'ajouter au defi deja enorme de deve- des capitaux pour Ie financement des infrastructures, en par- loppement des marches financiers locaux. ticulier les marches obligataires locaux, depend de leur plus developpement futur, mais egalement des reformes, y compris celles qui renforceront la base des investisseurs institutionnels Couts des capitaux provenant de differentes au niveau local. Des investisseurs institutionnels locaux fonc- sources tionnant bien et adequatement reglementes (fonds de pension et compagnies d'assurance) pourraient etre des sources natu- Le cout du capital associe aux differentes sources de finan- relies de financement a long terme pour les infrastructures cement de l'infrastructure examinees dans les sections pre- dans la mesure OU leurs engagements correspondent mieux a cedentes varie enormement (Figure 2.4). En ce qui concerne la longue duree des projets d'infrastructures. Les organismes les fonds publics, la collecte des impots n'est pas un exercice prives servant des pensions ont commence a apparaitre et denue de couts. Chaque dollar EU perc;:u et depense par un se sont accompagnee du passage d'un regime d'avantages Etat en I' Afrique subsaharienne a un cout social (ou cout determines a un regime de cotisations determinees considere marginal des fonds publics) de l'ordre de 20 %. Celui-ci comme moins couteux, plus transparent et facile a gerer. De prend en compte l'incidence de cet impot sur Ie bien-etre de plus, les investisseurs institutionnels locaux adoptent une la societe (\iee, entre autres, aux changements dans les sche- approche de portefeuille plus diversifiee en matiere d'alloca- mas de consommation et dans les couts administratifs).9 tions des ressources. Pour faciliter les comparaisons entre les sources financieres, L'integration regionale des marches financiers peut per- la presente etude a normalise les termes financiers tels que la mettre de passer a une echelle superieure et d'arriver a une valeur actualisee d'un dollar mobilise a travers chacune des meilleure liquidite. Davantage de cotations (tant des obli- differentes sources. En faisant cela, elle reconnaissait que to us gations de societes que des actions) et d'investissements (en les prets doivent en finale etre rembourses avec l'argent du particulier des investisseurs institutionnels locaux) trans- contribuable, chacun impliquant un surcout de 20 %. frontaliers intra-regionaux pourraient aider a surmonter II existe de grandes variations dans les termes des prets. les obstacles lies a la petite taille, au manque de liquidite et Les prets les plus concessionnels de l'IDA chargent un taux a l'inadequation des infrastructures du marche qui affectent d'interet nul (avec 0,75 % de frais de service) avec un delai de Figure 2.4 Couts du capital par source de financement Fonds publics • • • • • • • • • • • • • • • • 1,17 Secteurprive • • • • • • • • • • • • • • 1,1 Inde • • • • • • • • • • • • o,91 Chine • • • • • • • • • • • • 0,87 Etats du Golfe • • • • • • • • • 0,65 APD • • • • •_0,51 IDA~~~~~0=,3~3~__. -__- .____. -__- . o 0,20 0,40 0,60 0,80 1,00 1,20 Couts du capital par source de financement Sources Cout marginal moyen des fonds publics tel qu'estime par Warlters et Auriol (2005) ; couts des fonds propres pour Ie secteur prive tels qu'estlmes par Estache et Pinglo (2004) et Sirtaine et autres (2005) ; calculs des auteurs. Notes' IDA = Association rnternationale de developpement , APD = Aide publique au developpement Combler l'ecart de financement de I'Afrique 79 grace de lOans. L'Inde, la Chine, et les Etats du Golfe chargent me me si to utes les sources de financement existantes, y com- respectivement des taux d'interet de 4 %,3,6 % et 1,5 %, avec pris les gains d'efficacite, etaient exploitees. Quelles autres un delai de grace de 4 ans. 1O options ces pays ont-ils ? De fa'ron realiste, illeur faut soit Le coUt des financements des pays non membres de differer la realisation des objectifs d'infrastructure proposes l'OECD se situe quelque part entre celui des fonds publics ici, soit essayer de les realiser avec des technologies moins et de l' APD. Le facteur de subvention pour les fonds indiens couteuses. et chinois est de l' ordre de 25 % contre 50 % pour les fonds arabes. L' APD fournit generalement un facteur de subvention Se donner plus de temps de 60 %, grim pant a 75% pour les ressources de I'IDA. En Les besoins d'investissement presentes dans cet ouvrage sont plus du cout du capital, les differentes sources de financement bases sur l'objectif de resorption du retard infrastructurel de se distinguent par leurs coUts de transaction qui peuvent I'Afrique en 10 ans. Pour l'atteindre, les pays a revenu inter- attenuer ou accentuer certaines de ces differences. mediaire, les pays riches en ressources et les pays non fragiles a faible revenu devront accroitre leurs depenses infrastructu- relIes actuelles de 50 a 100 %, tandis que les Etats fragiles a Les moyensles plus prometteurs d'accroitre faible revenu devront, eux, les porter au taux impossible de les fonds 350 %. La prolongation des deIais de realisation de ces objec- tifs rendrait leur execution plus abordable. Mais de com- Etant donne la situation actuelle, quels sont les meilleurs bien devront-ils etre allonges pour permettre la realisation moyens d' accroitre la disponibilite de fonds pour Ie develop- des objectifs infrastructurels sans pour autant augmenter les pement des infrastructures? Pour commencer, il faut claire- enveloppes de depenses actuelles? ment tirer Ie maximum des enveloppes budgetaires existantes, En les retardant de seulement trois ans, soit un echelon- qui peuvent fournir au niveau interne jusqu'a 17,4 milliards nement des besoins d'investissement sur 13 ans au lieu de de dollars EU par an de ressources supplementaires. Au- 10, les pays a revenu intermediaire pourraient atteindre les dela de cela, il subsiste un important ecart de financement. objectifs proposes avec les enveloppes de depenses actuelles Avant la crise financiere, les perspectives de reduire, voire de (Figure 2.5, Tableau a). Toutefois, cette conclusion suppose combler, cet ecart etaient assez bonnes. Les royalties sur les qu'ils aient au prealable realise to us les gains d'efficacite. Sans ressources etaient au plus haut et to utes les sources de finan- ceux-ci, les objectifs ne pourront etre atteints, meme en plus cement exterieur etaient soutenues et auguraient une plus de 30 ans, sans une augmentation des depenses au dessus des grande croissance. Avec Ie debut de la crise financiere mon- niveaux actuels (Figure 2.5, Tableau b). diale, la situation a considerablement change et d'une fa'ron Les pays non fragiles a faible revenu et les pays riches en pas encore tout a fait previsible. II faut envisager la possibilite ressources auront besoin d'un delai supplementaire de 10 ans que to utes les sources de fin an cement de l'infrastructure en pour atteindre les objectifs avec les niveaux actuels de depense. Afrique diminuent au lieu d'augmenter, contribuant ainsi a En echelonnant les besoins d'investissement sur 20 ans au lieu encore creuser l'ecart de fin an cement. Seuls les pays riches en de 10, ces pays pourraient atteindre les objectifs proposes avec ressources ont la possibilite d'utiliser les comptes d'epargne les enveloppes de depenses actuelles (Figure 2.5, Tableau a). A des res sources naturelles comme source de financement des nouveau, ces resultats ne seront possibles qu'a la seule condi- infrastructures, a condition que les conditions macroecono- tion que les gains d'efficacite soient entierement exploites. miques Ie permettent. Une des rares choses qui pourraient Dans Ie cas contraire, il faudra plus de 30 ans pour atteindre renverser la situation generale serait l'accord de la commu- l'objectif avec les ressources actuelles (Figure 2.5, Tableau b). naute internationale sur un important train d'incitations en Les Etats fragiles a faible revenu auront besoin de deux faveur de I' Afrique, avec un accent sur les infrastructures dans decennies supplementaires pour atteindre les objectifs d'in- Ie cadre des efforts vis ant a relancer la croissance economique frastructure avec les niveaux actuels de depense. En eche- et a sauvegarder l'emploi. lonnant les investissements sur 30 ans au lieu de 10, ils pourraient atteindre les objectifs proposes avec les enve- loppes de depenses actuelles (Figure 2.5, Tableau a). Cepen- Que peut-on faire de plus? dant, sans gains d'efficacite, illeur faudra bien plus de 30 ans pour atteindre les objectifs ou alternativement doubler leurs La plupart des pays a faible revenu, et en particulier les Etats depenses actuelles pour atteindre l'objectif en 30 ans (Figure fragiles, sont confrontes a un ecart de financement enorme, 2.5, Tableau b). 80 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 2.5 Etalement de I'investissement dans Ie temps a. Enveloppe des ressources plus gains potentiels d'efficacite b. Enveloppe actuelle des ressources ~ ~ 500 500 .;0 V'I rna; 0.= 450 Q} u 0 ~ C _ 400 u 'Q).- C ro rtl 350 Q} :~ (IJ "- 300 ~"O "- :::::IQ)..Q 250 0"0 (IJ ~ ~~ 200 Vl.s::.... Q.J C .ro "O(lJt: 150 100 ..... -"':---- .... , ... _- ·· . ·•·.•..•..... h:::::.:.::::.::::::::::::::.":::::::':::::'!':.-::."!':.-::.":'!.-:"!_~.-:!JI1I!F.1.~."='J c ~ 0 50 ... .g 5 §: ............ .~ E: r: 0 ... h ::::'~:::.':.~.~.':'!'.::::.~.::=.:..: =:...: ••••••••••••••••••• =:. : = :...: : >'" -50 1011 12 13 14 15 16 17 18 192021 222324252627282930 1011 1213 14 15161718192021 222324252627282930 Annees necessaires pour atteindre les objectifs d'investissement Annees necessaires pour atteindre les objectifs d'investissement - PFR Fragile - - - PFR non fragile ....... PRI - .. - Riches en res sources Source. Calculs des auteurs. Note· PFR = Pays a faible revenu , PRI = Pays a revenu intermediaire. Utilisation de technologies moins couteuses services de haut niveau), comparee it celle ayant acces aux II existe beaucoup de solutions technologiques alternatives solutions bas de gamme telles que les bornes fontaines et les pour atteindre un objectif infrastructurel donne et chacune latrines non ameliorees reste la meme qu'aujourd'hui (voir presente une combinaison particuliere de emIt financier et de Chap it res 16 et 17 du present volume). Ainsi, it mesure que qualite de service. Lorsque les budgets sont limites, les deci- la population croit, Ie nombre de personnes ayant acces aux deurs sont confrontes au choix de fournir des services haut services haut de gamme augmentera en valeur absolue. Si au de gamme it un nombre limite de personnes ou des services lieu de cela, toutes les personnes supplementaires desservies d'un niveau moindre it une plus grande partie de la popu- utilisent des solutions moins couteuses telles que les bornes lation. Des compromis critiques doivent etre envisages, et il fontaines et latrines ameliorees dans les zones urbaines ou des ne faut pas tirer la conclusion hative que des services haut puits et latrines non ameliorees dans les zones rurales, Ie cout de gamme correspondent toujours au meilleur interet d'un global de la realisation des OMD chutera de 30 %. pays. Le niveau de disponibilite de technologies moins cheres varie d'un secteur it 1'autre. Deux des cas les plus clairs sont Utilisation des technologies alternatives pour les routes. Dans 1'eau et les routes, qui sont abordes en detail un peu plus loin. Ie cas des routes, Ie cout de la realisation des objectifs de Malheureusement Ie secteur de l' energie (auquel sont associes connectivite regionale et nationale peut etre reduit de 30 % les besoins d'investissement de loin les plus importants) ne en adopt ant des normes moins elevees pour les routes inte- dispose pas de beaucoup d'alternatives technologiques per- rurbaines. Les objectifs de connectivite routiere peuvent etre mettant de reduire Ie cout de la production de l'electricite. atteints en appliquant differentes normes d'ingenierie. Le scenario considere ici est celui ou les connectivites regionale Utilisation des technologies alternatives dans l'ABA. Dans Ie et nationale sont realisees grace it un reseau de routes asphal- cas de l'eau et de l'assainissement, Ie cout de la realisation des tees en bon etat, avec au moins deux voies pour les routes OMD chute de 30 % lorsque plus de technologies it moindre regionales et au moins une voie pour la connectivite natio- cout sont utilisees. Les OMD peuvent etre atteints en utili- nale. La meme connectivite pourrait etre atteinte avec un cout sant soit des solutions plus haut de gamme telles que l'eau reduit de 30 % si les routes revetues it couche unique dans un courante et les fosses sceptiques, ou des solutions moins cou- etat acceptable sont remplacees par des routes asphaltees en teuses telles que les bornes fontaines et les latrines ameliorees. bon etat. Le scenario envisage ici est celui ou les OMD sont realises grace it une combinaison de technologies haut de gamme Notes et moins ambitieuses. Cela veut dire que la proportion de Cecilia Briceno-Garmendia et Nataliya Pushak sont les auteurs la population beneficiant d'un acces direct it l'eau courante, de ce chapitre largement inspire du materiel de reference et des aux egouts ou aux fosses sceptiques (consideres comme des contributions de William Butterfield, Chuan Chen, Vivien Fos- Combler l' ecart de financement de l'Afrique 81 ter, Jacqueline Irving, Astrid Manroth, Afua Sarkodie et Karlis. De Haan, Jakob, Jan Sturm, and Bernd Sikken. 1996. "Government Smits Capital Formation: Explaining the Decline." Weltwirtschaftliches 1. La maintenance est en particulier essentielle pour tirer profit Archiv 132 (1): 55-74. des retombees economiques des capitaux, mais les donnees de Estache, Antonio, and Rafael Munoz. 2008. "Building Sector bonne qualite sur Ie volume des depenses actuelles consacrees a Concerns into Macro-Economic Financial Programming: I' entretien sont difficiles a trouver. Lessons from Senegal and Uganda." Working Paper 6, Africa 2. Serven (2005) et Hicks (1991) resument les faits sur I'Amerique Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, Washington, latine et les autres pays en developpement. Pour les pays indus- DC. trialises, voir aussi Roubini et coil. (1989) ; De Haan, Sturm et Estache, Antonio, and Maria Elena Pinglo. 2004. "Are Returns to Sikken (1996) documentent I' experience des pays industrialises. Private Infrastructure in Developing Countries Consistent with 3. Cette section s'appuie fortement sur Foster et coil. (2008). Risks since the Asian Crisis?" Policy Research Working Paper 4. Le mode « angolais }} a essentiellement ete con<;u pour per- 3373. World Bank, Washington, DC. mettre aux pays africains de payer les infrastructures avec des Foster, Vivien, William Butterfield, Chuan Chen, and Nataliya Pus- ressources naturelles. En une seule transaction, la Chine integre hak. 2008. Building Bridges: China's Growing Role as Infrastruc- l'aide du type « developpement » avec un financement base sur ture Financier for Sub-Saharan Africa. Trends and Policy Options des echanges commerciaux. Une entreprise utilise des ressources no. 5. Washington, DC: Public-Private Infrastructure Advisory Facility, World Bank. chinoises pour payer les droits sur Ie petrole ou les minerais. La ban que chinoise d'import-export agit en tant que courtier, Hicks, Norman. 1991. "Expenditure Reductions in Developing en encaissant l'argent des ventes et en payant I'entrepreneur Countries Revisited." Journal of International Development 3 (l): pour I'infrastructure fournie. Cet arrangement protege de la 29-37. non-convertibilite des devises, de I'instabilite politique et de Irving, Jacqueline, and Astrid Manroth. 2009. "Local Sources of I' expropriation. Financing for Infrastructure in Africa: A Cross-Country Analy- 5. Les donnees datent de fin 2006, ou sont les plus recentes qui sis." Policy Research Working Paper 4878, World Bank, Washing- existent, pour les pays de l'echantillon, al'exception de I'Afrique ton, DC. du Sud. IMF (International Monetary Fund). 2009. The State of Public 6. Parce que les marches financiers de I'Afrique du Sud sont tel- Finances: Outlook and Medium- Term Policies after the 2008 Crisis. lement plus developpes que ceux des 23 aut res pays etudies, ce Washington, DC: IMF. pays n'est pas pris en compte dans la presente section. Leigland, James, and William Butterfield. 2006. "Reform, Private 7. Le Fonds pan africain de developpement des infrastructures est Capital Needed to Develop Infrastructure in Africa: Problems une nouvelle initiative. II s'agit d'un fonds regional a 15 ans des- and Prospects for Private Participation." Gridlines, Note 8 (May), tine a mobiliser des financements pour les projets infrastructu- Public-Private Infrastructure Advisory Facility, World Bank, rels commercialement viables en Afrique. En 2007, il avait leve Washington, DC. 625 millions de dollars EU au moment de sa premiere cloture, y Nogales, Alberto. 2009. "The Cost of Postponing Roads Mainte- compris des fonds fournis par des investisseurs institutionnels nance." World Bank, Washington, DC. du Ghana et de l'Afrique du Sud. ODI (Overseas Development Institute). 2009. A Development 8. De plus, I'absence d'une courbe de rendement de reference Charter for the G-20. London: 001. PPIAF (Public-Private dans la grande majorite des pays africains qui disposent d'un Infrastructure Advisory Facility). 2008. Private Participation in marche obligataire organise a limite l'emission d'obligations de Infrastructure Project Database, http://ppi.worldbank .org/. societes, tout comme l'absence generale des agences de notation Pritchett, Lant. 1996. "Mind Your P's and Q's. The Cost of Public et Ie manque de sensibilisation des emetteurs et investisseurs Investment Is Not the Value of Public Capital." Policy Research poten tiels. Working Paper 1660, World Bank, Washington, DC. 9. Le coilt marginal des fonds publics mesure Ie changement dans Rajkumar, Andrew, and Vinaya Swaroop. 2002. "Public Spending Ie bien-etre associe a la levee d'une unite supplementaire de and Outcomes: Does Governance Matter?" Policy Research Wor- recettes fiscales (Warlters et Auriol 2005). king Paper 2840, World Bank, Washington, DC. 10. Pour plus de details, voir Foster et coil. (2008). Reinikka, Ritva, and Jakob Svensson. 2002. "Explaining Leakage of Public Funds." Discussion Paper 3227, Centre for Economic Bibliographie Policy Research, London, U.K. Briceno-Garmendia, Cecilia, Karlis Smits, and Vivien Foster. 2008. - - - . 2003. "The Power of Information: Evidence from a News- "Fiscal Costs of Infrastructure in Sub-Saharan Africa." Africa paper Campaign to Reduce Capture." Policy Research Working Infrastructure Country Diagnostic. Washington, DC: World Bank. Paper 3239, World Bank, Washington, DC. Calder6n, Cesar, and Luis Serven. 2004. "Trends in Infrastructure Roubini, Nouriel, Jeffrey Sachs, Seppo Honkapohja, and Daniel in Latin America, 1980-2001:' Policy Research Working Paper Cohen. 1989. "Government Spending and Budget Deficits in the 3401, World Bank, Washington, DC. Industrial Countries." Economic Policy 8 (4): 99-132. 82 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Serven, Luis. 2005. "Fiscal Discipline, Public Investment and UBS Investment Research. 2008. "Global Economic Perspectives: Growth." World Bank, Washington, DC. The Global Impact of Fiscal Policy." Sirtaine, Sophie, Maria Elena Pinglo, J. Luis Guasch, and Viven Fos- Warlters, Michael, and Emmanuelle Auriol. 2005. "The Marginal ter. 2005. How Proft table Are Infrastructure Concessions in Latin Cost of Public Funds in Africa." Policy Research Working Paper America? Empirical Evidence and Regulatory Implications. Trends 3679, World Bank, Washington, DC. and Policy Options no. 2. Washington, DC: Public-Private World Economic Outlook. 2008. "Estimating the Size of the Euro- Infrastructure Advisory Facility, World Bank. pean Stimulus Packages for 2009." Chapitre 3 Lutter c~ntre la pauvrete et les inegalites a couverture des services de 1'infrastructure moderne a que les bornes-fontaines, les latrines ameliorees ou 1'eclairage L stagne depuis Ie milieu des annees 1990 et reste encore fortement axees sur les menages les mieux nantis. En milieu urbain, les personnes incapables de se connecter aux public. Cependant, la prevalence de ces solutions de second choix est etrangement faible en Afrique, et celles qui existent ten dent a privilegier davantage les groupes a revenu eleve que reseaux voisins constituent une frange importante de la popu- ceux a revenu intermediaire. La majorite des Africains a plu- 1ation non desservie, signe que la demande connait elle aussi tot recours aux alternatives traditionnelles telles que les puits, certaines limitations. Dans ces circonstances, la question cle est les latrines non ameliorees ou les lampes a petrole. Un des de savoir si les menages africains ont les moyens de s' offrir les grands defis de 1'extension de la couverture avec des solutions services de l'infrastructure moderne, et dans Ie cas contraire, si de second choix est que, du fait de leur nature de bien public, les Etats africains sont capables de subventionner ces services? certaines de ces technologies sont plus difficiles a exploiter sur La facture minimale d'eau et d'electricite varie entre 2 et une base commerciale par des operateurs de services. 8 dollars EU par mois. Ce cOllt est tout a fait abordable pour L'approche habituelle en matiere d'extension de la cou- la plupart des menages des pays africains a revenu interme- verture des services en Afrique ne semble pas fonctionner. diaire et pour les couches plus nanties qui jouissent actuel- Pour renverser cette situation, il faudra la repenser de quatre lement de 1'acces aux services publics dans les pays a faible manieres. Premierement, l' extension de la couverture n' est revenu. Toutefois, l'accessibilite financiere deviendra defini- pas seulement une question de deploiement du reseau mais tivement un probleme pour la majorite des populations des aussi de resolution du probleme des barrieres imposees a la pays a faible revenu les plus pauvres en cas d'extension de la demande, telles que les prix eleves du raccordement ou Ie couverture. regime foncier. Deuxiemement, Ie recouvrement des couts des Les Etats africains depensent deja 4,1 milliards de dollars services destines aux menages devra etre ameliore pour assu- EU par an (0,7 % du PIB) en subventions de l'electricite et de rer aux services publics 1'assise financiere dont ils ont besoin 1'eau qui ne profitent qu'a un petit groupe de clients nantis. pour investir dans l' extension. Troisiemement, la conception Ii serait financierement ins outen able pour la plupart des pays des subventions des services publics devrait etre revue afin de d'etendre ces niveaux de subventions a toute la population. mieux les cibler et d'accelerer 1'extension des services. Qua- En 1'absence de services de 1'infrastructure moderne, la triemement, to ute nouvelle approche doit prendre en compte meilleure option rest ante serait de toucher les menages au Ie niveau actuel des services que peuvent s' offrir les menages moyen de solutions moins couteuses de second choix, telles et que les Etats peuvent se permettre de subventionner, tout 83 84 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE en mettant plus d'accent sur les alternatives de second choix Figure 3.1 Couverture des services de I'infrastructure reseau, 1990-2005 aux services de I'infrastructure moderne. 35 % ----- --- --- 30% Acces aux services de I'infrastructure 25 % 20% -- --- r-----------_______________ 15% moderne : stagnation et in.!galite 10% ................................................................. 5% - _ .. .. - .. - ... .. - .. -.-_ .. .. .. ... - _ _ La couverture des services de l'infrastructure moderne en O%+-------------r-----------~ Afrique est tres faible par rapport aux normes internatio- 1990-95 1996-2000 2001-05 nales (Estache et Wodon 2007). La couverture en electricite - Eau courante - - - Electricite est d' environ 20 % en Afrique; 33 % en Asie du Sud et plus de ........ Chasses d'eau _ .. - Telephonie 85 % en Asie de l'Est, en Amerique latine et au Moyen-Orient. La couverture en eau courante est de 12 % en Afrique, 21 % Source' Banerjee, Wodon et autres (2008b). en Asie du Sud et plus de 35 % dans d' autres regions en deve- loppement. La couverture en toilette it chasse d' eau est de 6 % exceptionnelles realisees par certains pays. Pour I'eau cou- en Afrique, 34 % en Asie du Sud et plus de 30 % dans d'autres rante, Ie Benin, la Cote d'Ivoire et Ie Senegal touchent 1,5 it regions en deve!oppement. La couverture en telecommuni- 2,0 % de population en plus par an contre moins de 0,1 % cation de I'Afrique est, par contre, legerement meilleure que pour l'ensemble de I'Afrique. celie de I'Asie du Sud et it peine inferieure it celie des autres La plupart des pays ne parviendront pas it l'acces universe! regions en developpement. Les agglomerations urbaines favo- aux services de l'infrastructure moderne en moins de 50 ans. risant l'extension des reseaux d'infrastructures, la faible cou- Sur la base des projections des taux actuels d'extension des verture en services infrastructure!s en Afrique reflete en partie services et de la croissance demographique prevue, on peut Ie taux d'urbanisation relativement faible du continent. 1 estimer I' annee it laquelle les pays atteindront I' acces universe! Des enquetes sur les menages ne montrent que de modestes it chaque service d'infrastructure moderne. Les resultats don- avancees dans l'acces aux services de l'infrastructure moderne nent it reflechir. En ne change ant rien it la fa<;:on de proceder, de 1990 it 2005 (Figure 3.1). Cette situation generale de sta- moins de 20 % des pays d' Afrique subsaharienne arriverons gnation cache deux ten dances divergentes. La couverture des it un acces universe! it l'eau courante d'ici 2050 et moins de services en milieu rural a legerement augmente tandis que 45 %, un acces universe! it l'electricite (Figure 3.3). Environ celie des zones urbaines a, en fait, diminue. Ainsi par exemple, un tiers des pays ne verront pas I'acces universel it l'eau cou- la couverture des zones urbaines en eau courante a chute de rante et aux toilettes it chasse d'eau au cours de ce siecle. 50 % au debut des annees 1990 it 39 % au debut des annees La couverture varie de fa<;:on spectaculaire suivant les 2000, et la couverture en toilette it chasse d'eau est passee de niveaux de budget des menages (Figure 3.4). Pour les 60 % 32 % it 27 %. Meme si beaucoup de nouveaux raccordements les plus pauvres de la population, la couverture de la quasi- sont actuellement en cours dans les zones urbaines, Ie declin totalite des services de I'infrastructure moderne est nette- de la couverture urbaine reflete en grande partie l'incapacite ment inferieure it 10 %. Inversement, la grande majorite des des prestataires de services it suivre Ie rythme de la croissance menages desservis appartiennent aux 40 % les plus aises. demographique de 3,6 % par an. Dans la plupart des pays, I'inegalite d'acces a augmente au fil Le rythme de l'extension des services varie de fa<;:on spec- du temps, preuve que la pI up art des nouveaux raccordements taculaire suivant les secteurs et les pays. Le pourcentage de sont alles aux menages les mieux nan tis (Diallo et Wodon personnes suppJementaires couvertes chaque annee par les 2005). Cette situation n'est pas vraiment surprenante etant services de l'infrastructure moderne est une bonne mesure de donne que, meme au sein des menages dotes d'un plus grand l'intensite des efforts d'extension realises, et il differe conside- pouvoir d' achat, la couverture est loin d' etre universelle et rablement suivant les services (Figure 3.2). Moins de 0,5 % de nettement inferieure it 50 % dans la plupart des cas. Par rap- la population s'ajoute au reseau d'eau courante et de toilettes port aux autres services de l'infrastructure moderne, la cou- it chasse d'eau contre environ 1,5 % aux reseaux electriques verture en electricite est quelque peu plus elevee. et de telephonie mobile. En ce qui concerne I'eau et l'assai- Les faibles taux de couverture peuvent refleter des fac- nissement, Ie taux d'extension des services alternatifs te!s que teurs lies it la fois it l'offre et it la demande. D'une part, un les latrines, les bornes-fontaines et les forages est beaucoup menage peut etre geographiquement eloigne d'un reseau plus eleve que ce!ui de I' eau courante et des toilettes it chasse d'infrastructure (et donc etre confronte it un manque d'offre). d'eau. Ces moyennes regionales cachent des performances Lutter contre Ia pauvrete et Ies inegalites 85 Figure 3.2 Extension des services alternatifs par rapport aux services modernes (du milieu des annees 1990 au milieu des annees 2000) c .g 2,0 ~ c E ",01 ',5 :J= ~ ~l,O 01 C "'''' 0,5 E 01 u :; O+--L-,- o a. Source' Banerjee, Wodon et autres (2008b). Figure 3.3 Acces universel a I'eau courante dans les pays d'Afrique Figure 3.4 Couverture des services de I'infrastructure moderne par subsaharienne d'ici 2050 et au-dela quintile de budget ~ 100 ~ 100% '" c. 80 1:: ~ 01 ~ 80% "0 60 o ~ 60% 01 '" ~ c 40 "0 01 20 ~ 40% ~ ~ :J 0 0 c: a. Eau courante Chasses Electricite Telephonie ~ d'eau fixe " o "- Ql Q2 Q3 Q4 Q5 I_ En 2050 D 2050-2100 II 2100-2200 D Apr,,"s 2200 1 Quintile de budget Source' Banerjee et autres (2008b). - - Eau courante - - - Electricite ....... Chasses d' eau -" - Telephonie - Telephonie - - - Collecte des fixe mobile immondices D'autre part, il peut choisir de ne pas se connecter a un reseau meme lorsqu'il en est proche (exprimant ainsi un manque de Source: Banerjee, Wodon et autres (2008b). Note. Les donnees sonl celles de 2006, fa derniere annee disponibfe. demande). n est important de comprendre cette difference parce que les implications politiques varient radicalement. En exploitant les donnees de 1'enquete sur la repartition spa- tiale des menages en milieu urbain, on peut quantifier l'im- d' electricite alors que des !ignes de transport de courant pas- portance relative de ces facteurs d'offre et de demande pour sent au dessus de leurs tetes. expliquer la faible couverture des services. En suivant cette Dans l'ensemble, Ie deficit de couverture en eau cou- approche, on peut distinguer Ie pourcentage de la population rante est avant tout attribuable aux facteurs lies a 1'offre qui a aCCl?S au service (celle qui vit a proximite des infras- (Tableau 3.1). L'extension physique du reseau d'eau cou- tructures) et Ie pourcentage de la population qui s'y connecte rante est plus limitee, ne touchant que 73 % de la population lorsqu'il est disponible. urbaine, avec des taux de raccordement reels de seulement Le manque de couverture de l' offre d' electricite en milieu 48 % pour les personnes vivant a proximite. Le role des fac- urbain est lie de maniere egale aux facteurs d'offre et de teurs lies ala demande est generalement plus important dans demande. Les infrastructures electriques sont physiquement les pays a revenu intermediaire que dans les pays a faible proches de 93 % de la population urbaine, mais seuls 75 % revenu, dans la mesure OU les reseaux d'infrastructure sont de ceux qui y ont acces utilisent effectivement Ie service. Cela beaucoup plus developpes dans les premiers, avec une plus signifie que la moitie de la population non desservie vit a grande couverture geographique. proximite des infrastructures electriques. On peut souvent II peut sembler paradoxal que les menages ne soient pas observer ce phenomene dans les villes africaines, OU des habi- tous raccordes aux services de 1'infrastructure moderne a tats informels longeant les grands axes routiers manquent mesure que ceux-ci deviennent physiquement disponibles. n y 86 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Tableau 3.1 Comprendre la couverture des services d'infrastructure : Ie role des facteurs lies a I'offre et ala demande Pourcentage (moyenne ponderee par rapport a la population) Decomposition de la couverture Non desservis a cause des facteurs de Infrastructure Acces Raccordement Couverture Offre Demande Eau sous conduite Pays afaible revenu 68 42 31 86 14 Pays arevenu intermediaire 91 74 69 64 36 Total 73 48 38 81 19 Electricite Pays afaible revenu 93 73 69 50 50 Pays a revenu intermediaire 95 86 81 39 61 Total 93 75 71 48 52 Source. Banerjee et autres (2008b). Note L'acces est defini comme Ie pourcentage de la population vivant physiquement a proximlte de I'infrastructure. Le raccordement designe Ie pourcentage de la population connectee a I'infrastructure lorsque celle-ci est disponible. La couverture est Ie pourcentage de la population qui benef,cie du service de I'infrastructure 01 s'agit essentiellement du produit de I'acces et du raccordement). Pour Ie calcul de la part de I'ecart imputable aux facteurs lies a I'offre et ala demande, Ie taux de raccordement du quintile de budget superieur de chaque zone geographique a ete utilise en tant que borne superieure du potentiel de raccordement, en absence de contraintes du cote de la demande. a des raisons economiques claires a cela. Dans certains cas, les a revele que la couverture en eau courante et en electricite est menages peuvent avoir acces a des substituts peu couteux, tels plus deux fois superieure chez les proprietaires-occupants que que les forages. II y a plus de solutions de remplacement pour les locataires (Gulyani, Talukdar, et Jack 2008). Meme parmi l' eau courante que pour l' electricite, ce qui peut expliquer les les proprietaires-occupants, Ie manque de titres legaux formels tres faibles taux de raccordement a la premiere. Dans d'autres peut affecter Ie raccordement aux services. cas, les frais de raccordement sont exorbitants pour les menages afaible revenu. Par exemple, 60 % des services publics des eaux consideres dans la presente enquHe facturent des frais de rac- Accessibilite des services de I'infrastrudure cordement de plus de 100 dollars EU. Les frais varient entre a moderne : subvention des menages aises peu pres 6 dollars EU dans Ie Nil superieur au Soudan et plus de 240 dollars EU en Cote d'Ivoire, au Mozambique, au Niger Les menages africains subsistent avec des budgets familiaux et en Afrique du Sud. Les frais moyens de raccordement dans tres limites. Le menage africain moyen de cinq personnes dis- la region representent 28 % du revenu national brut (RNB) par pose d'un budget mensuel de moins de 180 dollars EU, allant habitant. Pour Ie Niger, ils depassent 100 % du RNB par habi- de 60 dollars EU environ pour Ie quintile Ie plus pauvre a 340 tant. De meme, les frais fixes par les cinq services publics des dollars EU pour Ie plus riche (Tableau 3.2). Par consequent, eaux du Mozambique depassent 75 % du RNB par habitant. Ces Ie pouvoir d'achat, me me des menages africains les plus aises, comparaisons montrent bien a quel point des frais de raccor- est modeste en valeur absolue. Dans les pays a revenu inter- dement eleves constituent un obstacle a l' accessibilite. Le titre mediaire, les budgets des menages avoisinent Ie double de d'occupation des menages peut egalement constituer un obs- ceux des pays a faible revenu. tacle majeur au raccordement a l'infrastructure moderne. Une La plupart des menages africains depensent plus de la moi- etude sur les menages des bidonvilles de Dakar et de Nairobi tie de leurs mod estes budgets en nourriture, de sorte qu'il n'en Tableau 3.2 Budget mensuels des menages Dollars EU de 2002 Moyenne Quintile Second Troisieme Quatrieme Cinquieme Groupe de revenu nationale Ie plus pauvre quintile quintile quintile quintile Total 177 59 97 128 169 340 Pays afaible revenu 139 53 80 103 135 258 Pays arevenu intermediaire 300 79 155 181 282 609 Source Banerjee, Wodon et autres (2008b). Lutter contre la pauvrete et les inegalites 87 reste que tres peu pour d'autres postes. Les depenses consa- paiement, meme dans les quintiles les plus aises, montre qu'il crees aux services d'infrastructure (y compris les services existe une culture de defaut de paiement en plus des questions publics, l'energie et Ie transport) atteignent en moyenne 7 % d' accessibilite financiere. du budget des menages, et meme de 15 a 25 % dans certains Le coU.t de la fourniture d'une consommation d'eau au pays, representant dans l'ensemble une part importante du d'electricite de subsistance va de 2 a 8 dollars EU par mois budget cons acre aux postes non alimentaires. A mesure que suivant Ie niveau de consommation et de recouvrement des les budgets des menages augmentent, les services d'infrastruc- couts (Figure 3.7). Une methode plus formelle pour evaluer ture en absorbent une part croissante, grim pant de moins de l'accessibilite financiere est de comparer Ie cout des factures 4 % dans Ie quintile Ie plus pauvre a plus de 8 % chez les plus des services publics avec les budgets des menages. Pour l'eau riches (Figure 3.5). En valeur absolue des depenses, cette dif- courante, Ie coUt d'une consommation mensuelle de sub- ference est encore plus prononcee : alors que les menages du sistance peut aller de 2 dollars EU (sur la base d'un prix de quintile Ie plus pauvre ne depensent en moyenne pas plus de 0,40 dollars EU par m 3 permettant Ie recouvrement des couts 2 dollars EU par mois pour l'ensemble des services d'infras- de fonctionnement et de la consommation minimale absolue tructure, ceux du quintile Ie plus riche y con sac rent pres de de 4 m 3 ) a 8 dollars EU (sur la base d'un prix de 0,80 dollars 40 dollars EU par mois. EU par m 3 permettant Ie recouvrement integral des couts et Etant donne ces faibles budgets familiaux, la question cle de la consommation plus habituelle de 10 m 3 pour un menage est de savoir si les menages peuvent s'offrir les services de modeste). Pour l'electricite, Ie coUt d'une consommation l'infrastructure moderne. Une des mesures de l'accessibilite mensuelle de subsistance peut aller de 2 dollars EU (sur la financiere est Ie non paiement des services d'infrastructure. base du prix de 0,08 dollars EU par kilowattheure pratique Celui-ci limite directement la capacite des services publics et dans les pays peu chers et de la consommation minimale des prestataires de services a etendre les reseaux et a amelio- absolue de 25 kilowattheures) a 8 dollars EU (sur la base rer leurs services, en compromettant leur pouvoir financier. du prix de 0,16 dollars EU par kilowattheure pratique dans Sur la base des enquetes sur les menages, on peut comparer les pays tres chers et de la consommation plus habituelle de pour chaque quintile Ie pourcentage des menages qui affir- 50 kilowattheure pour un menage modeste). ment payer pour Ie service a celui des menages qui declarent Un seuil d'accessibilite financiere fixe a 5 % du budget des utiliser Ie service. Au nombre de ceux qui ne paient pas, figu- menages permet de determiner Ie montant des factures des rent les utilisateurs clandestins et les clients officiels qui n'ar- services publics qui serait abordable pour les menages afri- rivent pas a honorer leurs factures. Dans l' ensemble, pres de cains. Sur base de la repartition des budgets des menages, 40 % des personnes reliees aux services d'infrastructure ne il est possible de calculer Ie pourcentage des menages pour les paient pas (Figure 3.6). Les taux de defaut de paiement lesquels ces factures absorberaient plus de 5 % des bud- vont de 20 % environ pour Ie quintile Ie mieux nanti a 60 % gets et seraient donc inabordables. Des factures mensuelles environ pour Ie plus pauvre. Le taux important de defaut de de 2 dollars EU sont abordables pour la quasi-totalite de la Figure 3.5 Part du budget des menages consacree aux services Figure 3.6 Population raccordee aux services et qui ne les paye pas d'infrastructure, par quintile de revenu 100% 9% 40 c 8% 35 £c ., .0 90% 80% ~ 7% o '" :; 30 -€ c. 0 70% QJ 6% ::::> c. 25 ~ 60% '" -g 5% ~ ~ C1J 50% ..c 20 -0 :J 4% o C1J 40% -0 t 3% 15 ~ '" ;:g C1J c 30% '" -' ~!J:I Q'" ,,[? !J 0' Quintiles Quintiles III Part du budget (axe gauche) - Depenses (axe droit)1 I_ Electricite II Eau courante 1 Source.' Banerjee, Wodon et autres (2008b). Source.' Banerjee et autres (2008b). 88 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE population africaine. Des factures mensuelles de 8 dollars EU l' eIectricite et de l' eau font leur chemin au sein de l' economie, restent abordables pour l' ensemble de la population des pays des effets secondaires plus larges sur les salaires et Ie prix des africains a revenu intermediaire, ce qui indique que Ie recou- marchandises peuvent avoir un impact beaucoup plus impor- vrement des couts ne devrait pas y constituer un probleme tant sur la pauvrete (Boccanfuso, Estache et Savard 2008a, majeur. 2008b,2008c). Des tarifs permettant Ie recouvrement des couts seraient Malgre ces cons tats, la plupart des pays africains subven- egalement abordables pour les menages qui y ont actuelle- tionnent fortement les services des eaux et de l'electricite. En ment acces dans les pays a faible revenu, mais pas pour Ie moyenne, les tarifs de l' eIectricite ne permettent de recouvrer reste de population. Dans ces pays, des factures mensuelles que 75 % de la totalite des couts et ceux de l'eau, 64 % seu- de 8 dollars EU resteraient tout a fait abordables pour les 20 a lement. La subvention imp Ii cite des services qui en resulte 40 % les plus aises, la seule partie de la population beneficiant s'eIeve a 4,1 milliards de dollars EU par an (0,7 % du PIE de de l'acces. Cependant, ces factures ne seraient pas abordables I'Afrique), rep art is equitablement entre l'electricite et l'eau pour les 60 a 80 % les plus pauvres, qui de toute fa~on n'ont (voir Chapitre 2 du present volume). pas acces aux services, meme lorsque ceux-ci sont etendus La subvention de l' electricite et de l' eau etant genera- jusqu'a eux. Les problemes d'accessibilite financiere lies ala lement justifiee par Ie besoin de rendre les services abor- politique d'acces universel seront particulierement enormes dables pour les menages a faible revenu, la question de est pour les quelques pays les plus pauvres a faible revenu comme de savoir si elle parvient effectivement a ces menages. Dans Ie Burundi, la Republique democratique du Congo, I'Ethio- un grand nombre de pays africains, les resultats obtenus a pie, la Guinee-Bissau, Ie Malawi, Ie Niger, la Tanzanie et I'Ou- la fois pour les secteurs de l'eIectricite et de I'eau montrent ganda, ou 80 % de la population ne peut se permettre des que la part des subventions allant aux pauvres n'atteint pas factures mensuelles de 8 dollars EU. la moitie de celle des pauvres dans la popUlation totale, ce L'effet immediat lie a la pauvrete de l'augmentation des qui indique une repartition tres regressive (Figure 3.8). Ce tarifs a un niveau permettant Ie recouvrement des couts est resultat n' est pas surprenant etant donne que les raccor- generalement assez minime, meme s'il peut avoir des effets dements aux services des eaux et de l' electricite privile- secondaires. Une analyse detaillee de l'effet d'augmentations gient deja nettement les menages plus aises. Pour placer ces tarifaires importantes de l'ordre de 40 % pour les services des resultats dans leur contexte, il faut les comparer au ciblage eaux et de l'electricite au Senegal ainsi que pour les services pratique par d'autres formes de politique sociale. Des esti- de l'electricite au Mali confirme un faible effet immediat lie mations pour Ie Cameroun, Ie Gabon et la Guinee montrent a la pauvrete sur les consommateurs, essentiellement parce que les depenses en faveur de l'enseignement primaire et que tres peu de consommateurs pauvres beneficient des ser- des so ins de sante de base atteignent mieux les pauvres que vices (Boccanfuso, Estache et Savard 2008a, 2008b, 2008c). A les subventions de l' electricite et de l' eau (Wodon 2008a, mesure que les consequences de l'augmentation des prix de 2008b). Figure 3.7 Accessibilite financiere de la consommation de subsistance au tarif permettant Ie recouvrement des couts 2 4 6 8 10 12 14 16 Facture mensuelle (dollars EU/mois) • Borne superieure pour la consommation de subsistance - Pays afaible revenu II Borne inferieure pour la consommation de subsistance - - - Pays a revenu intermediaire Source. Banerjee, Wod~n et autres (2008b). Lutter contre la pauvrete et les inegalites 89 Figure 3.8 Oegre auquelles subventions de I'electricite et de I'eau atteignent les pauvres, par pays a. Electricite b. Eau Nigeria Senegal Gabon RCA Gabon Congo Congo Cote d'ivoire Nigeria Kaduna Cap-Vert Togo Togo RDC Sao Tome Nigeria FCT Senegal Cameroun Cameroun ~ Cote d'ivoire ~ ~ Niger Mozambique ~ '" [ .~ - Ghana Tchad RCA Cap-Vert Burundi Guinee Malawi Blantyre .- Burundi Ghana Burkina • Guinee Tchad Ouganda Malawi ~ Malawi Lilongwe Ouganda ~ Burkina Rwanda Rwanda 0,2 0,6 0,8 1,2 ° 0,4 Mesure de I'incidence de la repartition ° 0,2 0.4 0,6 0,8 Mesure de I'incidence de la repartition 1,2 Sources: Banerjee, Wodon et autres (2008) ; Wodon (2008a, 2008b). Note: Ces diagrammes donne une mesure de I'incidence de la repartition, qui materialise Ie pourcentage de la valeur totale des subventions qui atteint les pauvres par rapport au pourcentage des pauvres dans la population. Une valeur superieure a 1 implique que la distribution des subventions est progressive (pro-pauvre), parce que la part des avantages allouee aux pauvres est superieure a la part de ceux-ci dans la population. Une valeur inferieure a 1 implique que la repartition est regressive. Les Etats africains peuvent-ils se permettre d'etendre Ie sont elevees comparees aux depenses actuelles d'exploitation modele de subvention actuel pour atteindre l' acces universel ? et maintenance. II est donc difficile de croire que les budgets La subvention des services publics est actuellement peu justi- publics pourraient se les permettre (Figure 3.9). fiee dans la mesure ou, en regie generale, elle ne parvient pas Les subventions accordees une seule fois pourraient etre aux menages Ii faible revenu non desservis, mais tend plutot Ii octroyees Ii moindre COlIt et, reparties sur 20 ans, etre abor- profiter aux menages plus nan tis beneficiant des services, qui dables, mais pas plus. Le CotIt de l'octroi sur 20 ans d'une n'ont en fait pas besoin de subventions pour se les permettre. subvention unique de 200 dollars EU couvrant les couts de Les analyses ci-dessus mont rent cependant que 1'accessibilite raccordement au reseau de to us les menages non connectes financiere deviendra un probleme majeur dans la mesure ou pourrait etre tres faible, avec seulement 0,35 % du PIB pour les pays africains Ii faible revenu se dirigent agressivement l'electricite et environ 0,25 % du PIB pour 1'eau courante. La vers l'acces universel. Compte tenu du Cotlt macroecono- grande difference est que Ie cout de cette subvention unique mique actuellement tres eleve de la subvention de la minorite disparaitrait Ii la fin des deux decennies, alors que celle desti- ayant acces Ii 1'electricite et Ii 1'eau, la question legitime Ii se nee Ii 1'utilisation des services continuerait indefiniment. poser c' est de savoir si les Etats africains peuvent se permettre La question de l' aide sociale se pose avec acuite pour la d'etendre ce modele de subvention au reste de la population. subvention unique soutenant Ie raccordement universel. Les L'octroi de subventions pour 1'utilisation des services des menages sans acces aux services publics payent dans ce cas eaux et de l' electricite absorberait Ie pourcentage inabordable des prix beaucoup plus eleves et limitent, en consequence, de 1,6 % du PIB, en plus des depenses actuelles, avec environ leur consommation Ii des niveaux tres bas. Les operateurs des deux tiers pour l' electricite et un tiers pour I' eau. Ces valeurs petits systemes de distribution facturent 1,5 fois Ie prix du 90 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 3.9 Montant des subventions necessaires pour maintenir I'accessibilite financiere des services des eaux et de I'electricite - 2005 a. Subvention permanente de I'utilisation des services b. Subvention unique du raccordement 2,5 2,5 1i: 2,0 '" a ii: 2 ::> ' ::> -c ~ 1,5 ~ 1,5 '" l!l l!l c lii 1,0 ~ 1,0 ~ ::> ~ 0,5 ~ 0,5 a a Eau Eau • Subvention de I'exploitation necessaire • Subvention en capital necessaire au maintien au maintien de I'accessibiliite financiere de I' accessibiliite financiere II Depenses d' exploitation et maintenance (2005) II Depenses en capital (2005) Source: Banerjee, Wodon et autres (2008). reseau officiel, les sources ponctuelles appliquent des prix 4,5 de depense les plus importants du budget des menages, fois superieurs a ceux du reseau officiel et les distributeurs absorbant 4 a 6 % de celui des menages ayant declare leurs ambulants peuvent facturer jusqu'a 12 fois Ie tar if des ser- depenses. L'Encadre 3.2 detaille certains des defis lies a l'acces vices publics (Kariuki et Schwartz 2005). Une enquete recente et a l' accessibilite financiere, qui se posent au transport urbain a Accra, Dar es Salam et Nairobi a reveie que Ie prix de l'eau dans les villes africaines en pleine croissance. courante fournie par les services publics varie de 0,5 a 1,5 dol- lar EU par metre cube, tan dis que les petites entreprises du secteur de l'eau facturent entre 4 et 6 dollars EU (McGrana- Alternatives aux services de I'infrastructure han et colI. 2006). De meme, pour l'electricite, l'eclairage de moderne : la voie du milieu base a l'aide de bougies ou obtenu a travers l'achat de kilowat- theures est nettement plus cher que l'electricite facturee par Meme en redoublant d' efforts, la plupart de pays Africains ne unite d'eclairage efficace (Foster et Tre 2003). realiseront pas l'acces universel aux services d'infrastructure II est interessant de noter que, bien que les vendeurs autres avant des decennies. En attendant, la plupart des menages que les services publics pratiquent des prix eleves, ceux qui continueront d'avoir recours aux methodes alternatives pour leur achetent de l'eau ne depensent pas forcement plus que satisfaire leurs besoins en eau et energie (Figure 3.10). L'essen- ceux qui sont raccordes aux services publics - ils ajustent tout tiel de ces methodes comprend des alternatives traditionnelles simplement la quantite consommee. telles que les puits, les latrines non ameliorees et les lam pes Les avantages non monetaires du raccordement peuvent a petrole. II existe, cependant, des alternatives de second choix aussi etre tres importants. Au-dela des gains monetaires qui offrent un niveau de service nettement plus eleve que les potentiels, l'eau courante et l'electricite sont associees a une solutions traditionnelles, mais a un cout moindre que Ie rac- large gamme d'avantages en termes de sante, d'education cordement a l'eau courante ou a l'electricite. On peut egale- et de productivite (voir Chapitre 1 du present volume). Un ment citer les bornes-fontaines pour l'alimentation en eau, les meilleur service de l'eau et de l'assainissement est associe a latrines ameliorees pour l' assainissement, et l' eclairage public moins de malnutrition et de retard de croissance, et illibere pour l'eclairage de base du voisinage. les femmes des longues corvees de transport de l'eau, leur Bien que les alternatives traditionnelles soient large- donnant ainsi plus de temps a consacrer a des activites gene- ment utilisees, les solutions de second choix ne sont pas tres rat rices de revenus. (Encadre 3.1). Une meilleure distribution repandues dans beaucoup de pays. Ce point est tres clai- de l' electricite ameliore les taux d' alphabetisation et d' acheve- rement illustre par les secteurs de l'eau et l'assainissement. ment des etudes primaires, parce qu'une lumiere de meilleure Dans les deux cas, les alternatives traditionnelles, (que ce qualite permet aux etudiants de lire et d'etudier apres Ie cou- soit des puits ou des latrines non ameiiorees) fournissent cher du soleil. la plus grande partie des services, tous revenus confondus. Enfin, les preoccupations liees a l'accessibilite financiere Par contre, les alternatives de second choix (bornes-fon- concernent egalement les services de transport urbain. Parmi taines ou latrines ameliorees) ont des taux de couverture les services d'infrastructure, Ie transport est l'un des postes comparables ou meme inferieurs aux meilleures alternatives Lutter contre la pauvrete et les inegalites 91 Encadre 3.1 Accas a I'infrastructure de base et utilisation du temps II est d'usage de dire que I'acces aux infrastructures de base Des elements probants issus des enquetes sur les menages contribue a accroTtre les revenus des menages, a la fois en ren- indiquent que Ie temps economise gr:ice aux infrastructures dant leur travail plus productif et en Iiberant du temps consa- de base peut effectivement etre substantieL Sur la base des cre aux t:iches domestiques - un temps qui peut alors etre donnees de la Sierra Leone, Wodon et Ying (2009) montrent consacre a un travail productif. Certains auteurs soutiennent que les femmes consacrent plus de temps que les hommes que les menages sont confrontes a un « forfalt temporel », a aux t:iches domestiques et que la charge supportee par les savoir Ie nombre minimal d'heures que leurs membres doivent enfants est egalement elevee. L'acces a !'eau et a ,'electricite consaerer aux t:iches de base indispensables au bien-etre et aide a reduire Ie temps de travail domestique de 10 heures a la survie de la famille. II indut Ie temps passe a la prepa- par semaine. A partir de donnees sur la Guinea, Bardasi et ration des repas, la lessive, Ie menage, Ie transport de t'eau Wodon (2009) ont observe des effets du meme ordre sur et la collecte de combustible pour la cuisine et Ie chauffage. I'utilisation du temps pour I'acces a I'eau. La question qui se l'acces aux infrastructures de base peut reduire de fa<,;on signi- pose est de savolr si les membres des menages reussiront a ficative cette contrainte et liberer ainsi du temps qui peut etre trouver des opportunites d'emploi en utilisant Ie temps libere consaere a des activites productives. Paree que les menages par I'aeces aux infrastructures. Meme si les gains de temps qui n'ont pas acees aux infrastructures de base ont tendanee n'etaient remuneres que sur la base d'une partie du salaire a etre pauvres et que la plupart de leurs membres souhaitent minimal, la rentabilite economique de ces projets est souvent travailler plus longtemps pour accroltre leurs revenus, I'acces tres elevee en raison des gains de temps dont beneficient les a I'infrastructure peut eontribuer a reduire la pauvrete gr:ice a menages. une nouvelle repartition du temps des membres des menages. Figure 3.10 Incidence de la repartition des services alternatifs de I'eau et de I'assainissement a. Services alternatifs de I'eau b. Services alternatifs d'assainissement 60 50 60 50 _-_ _ _ _-_ .. .... ... ... .. - - .... - .... .... .... , ............ ~ 40 ~ 40 .... '" l!J ~u 30 iii 30 I:; :; ::J !1. 20 !1. 20 .................................................. 10 10 O+-----~=---~----~------~--~ Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Quintile de revenus Quintile de revenus - Eau courante -- - Eau de surface - Defecation en plein air ........ Chasses d'eau ........ Bornes·fontaines ---- Puits - - - Latrines VIP/ ---- Latrines publiques Chimiques/SANPLAT traditionnelles Source. Banerjee. Wodon et autres (2008). (eau courante ou toilettes a chasse d'eau) en depit de leur de la couverture des alternatives de second choix. 11 s'agit, substantiel avantage de couto En outre, la couverture des entre autres, de la Republique democratique du Congo, alternatives de second choix est tout aussi regressive que du Mozambique, de la Tanzanie, et de l'Ouganda pour celle des meilleures alternatives. Neanmoins, certains pays les bornes-fontaines; et du Burkina Faso, du Cameroun, ont enregistre des avancees notables en matiere d'extension du Ghana, de Madagascar, et du Rwanda pour les latrines 92 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Encadre 3.2 Acces, accessibilite financiere et alternatives - Transports publics urbains L'acces aux services de transport urbain en Afrique subsaha- horaires fantaisistes et des discriminations tarifaires, qui favori- rienne est restreint par la portee limitee a la fois du reseau de sent davantage les interets commerciaux que ceux des usagers. routes revetues urbaines et de la flotte de bus. Le prix du billet de bus dans les villes africaines est d'environ Seul un tiers des routes sont revetues dans les vi lies africaines, 0,30 dollar EU pour un aller simple, quelle que soit la taille allant d'a peine 10 % a Kinshasa (Republique democratique des bus. Des informations probantes issues d'enquetes sur les du Congo) et Kigali (Rwanda) a plus de 70 % a Kampala budgets indiquent que les menages de pen sent en moyenne (Ouganda). La densite des routes revetues est habituellement entre 12 a 16 dollars EU par mois dans les transports en d'environ 300 metres pour 1 000 habitants, par rapport aux commun urbains. Cette somme est suffisante pour acheter 1 000 metres que I'on trouve plus couramment dans les vi lies environ 20 billets aller-retour par mois, c'est-a-dire, de quoi en developpement du reste du monde. Dans I'ensemble, Ie couvrir les besoins d'un seul usager par menage. II ne reste reseau routier represente moins de 7 % du territoire de la donc plus rien pour couvrir les besoins de transport des autres plupart des villes africaines, contre 25 a 30 % dans les vi lies membres du menage. Les niveaux de depenses des menages des pays develop pes. La faible couverture du reseau routier les plus pauvres seraient ainsi insuffisants pour couvrir les revetu limite la portee des services d' autobus. Dans beaucoup coOts de transport ne fOt-ce que d'un usager par menage. de villes africaines, nombre de banlieues eloignees ne peu- Une importante minorite de menages urbains ne deciarent vent etre ralliees qu'en vehicule a deux roues. aucune depense dans les transports urbains, ce qui laisse La disponibilite habituelle des services de bus dans les villes supposer que leurs besoins en la matiere sont entierement africaines est generalement de 30 a 60 sieges pour 1 000 satisfaits par la marche a pied. Les donnees sur la repartition habitants, pouvant me me descendre jusqu'a 10 sieges a modale des trajets urbains indiquent qu'en moyenne, 37 % Addis-Abeba (Ethiopie), Kinshasa (RDC) et Ouagadougou des deplacements dans les villes sont effectues en bus et (Burkina Faso). Contrairement aux pays a revenu intermediaire egalement 37 % a pied, Ie reste etant effectue selon divers qui disposent generalement de 30 a 40 sieges de grands bus modes prives. Le pourcentage des deplacements a pied peut pour 1 000 habitants, les pays africain a faible revenu n'en atteindre 50 % ou plus, avec 47 % a Nairobi (Kenya), 60 % a compte que 6 pour 1 000 habitants. Douala (Cameron) et 78 % a Conakry (Guinee). La proliferation des services informels de minibus a ete une La combinaison du faible taux d'acces et de I'accessibilite reponse privee a la debacle financiere des services publics de financiere limitee des services de transport concourt a res- bus dans la plupart des vi lies. Bien que ces minibus apportent treindre serieusement la mobilite des residents des vi lies, une bonne reponse a la demande, ils n'en posent pas moins empechant celles-ci de tirer pleinement profit de leur poten- une serie de problemes d'ordre social tels que la congestion, tiel d'integration des hommes, des services et des opportuni- la pollution et la securite routiere. En outre, Ie manque de tes economiques. reglementation efficace de ces minibus conduit a des pratiques Source.' Kumar et Barrett (2008). commerciales, telles que I'entassement des passagers, des ameliorees. Malgre Ie manque de donnees disponibles II est donc important de comprendre les facteurs sous-ten- pour une comparaison similaire pour l'eciairage, il est bien dant cette « voie du milieu». Une fois encore, les questions de connu que la couverture de I' eciairage public est toujours it demande et d'offre se conjuguent pour limiter l'extension des la traine. alternatives de second choix. Les couts d'investissement des alternatives de second Du cote de la demande, les couts des solutions de second choix ne representent toujours qu'une fraction de ceux des choix peuvent toujours etre relativement trap eIeves pour les meilleures alternatives, meme s'ils sont quand meme net- budgets limites des menages. L'eau des bornes-fontaines, bien tement plus eleves que ceux des alternatives traditionnelles que relativement bon marche it fournir, est souvent revendue (Tableau 3.3). Les alternatives de second choix offrent donc par des intermediaires avec des majorations substantielles qui la possibilite de faire en sorte que les budgets d'investissement annihilent les avantages lies aux couts de construction. Les limites aillent davantage it I' extension des services ameliores latrines ameliorees, bien que moins cheres que les toilettes it et I' accelerent. chasse d'eau, sont nettement plus couteuses que les latrines Lutter contre Ia pauvrete et Ies inegalites 93 Tableau 3.3 Cout en capital pour une solution de premier choix, de second choix et une alternative traditionnelle Dollars EU par habitant Alternative Eau Assainissement Eclairage Traditionnelle Puits 21 Latrines traditionnelles 39 Lampe a petrole Second choix Bornes-iontaines 80 Latrines ameliorees 57 Eclairage des rues Premier choix Eau courante 283 Toilettes equipes de chasses d'eau 125 Electricite 133 Source' Chapitre 5 de cet ouvrage. Note. Les estimations de coOt en capital sont basees sur une densite de 3 272 personnes par km 2 Non disponible. non ameliorees, et les menages non eduques peuvent ne pas dont ils ont besoin pour investir dans l' extension des services. etre informes de leurs avantages pour la sante. Troisiemement, la conception des subventions des services Du cote de 1'offre, leur nature de bien public complique publics devrait etre revue afin de mieux les cibler et d' accele- enormement la mise en ceuvre des solutions de second choix. rer l' extension des services. Quatriemement, Ie niveau actuel La mise a disposition des bornes-fontaines et de 1'edairage des services que peuvent s'offrir les menages et que les Etats public n'attire pas les services publics a cause de leur faible peuvent se permettre de subventionner doit etre examine de possibilite de generation de recettes et de leur potentiel plus maniere realiste, en mettant plus d' accent sur les alternatives eleve de perte de revenu du a 1'augmentation des raccorde- de second choix aux services de 1'infrastructure moderne. ments dandestins une fois les reseaux mis en place. Pour les latrines ameliorees, l' experience limitee du secteur local de la Integrer la demande al' equation construction restreint la disponibilite de ces modeles et main- Negliger l'aspect demande du deploiement du reseau peut tient les couts a des niveaux superieurs a ce qu'ils seraient mener a une rentabilite bien moindre des investissements dans un marche de masse (voir Chapitre 17 de ce volume). infrastructurels. Le defi lie a la realisation de l' acces universel est generalement considere comme un probleme, lie a l' offre, de deploiement des reseaux d'infrastructure a des popula- a Defis politiques lies I'acceleration de tions de plus en plus eloignees. Cependant, 1'information tiree I' extension des services des enquetes sur les menages montre qu'un segment impor- tant de la population urbaine non desservie vit a proximite L'approche conventionnelle d'extension de la couverture des d'un reseau. Le taux relativement faible de raccordement services en Afrique ne semble pas fonctionner. La couverture aux reseaux d'infrastructure existants conduit a des niveaux lente et limitee des services destines aux menages a un prix plus bas de rentabilite financiere, economique, et sociale des socioeconomique tres eleve. La plupart des pays africains se investissements correspondants, dans la mesure OU les equi- sont attaques au probleme de 1'acces universel en fournissant pements fonctionnent en de<;:a de leur potentiel. Ce constat a les meilleures options a grand renfort de subventions, comme des implications pour la strategie de deploiement des reseaux. l' eau courante et l' electricite. Cette approche a eu tendance a En premier lieu, Ie raccordement - plutot que 1'acces - doit ruiner et affaiblir les institutions du secteur sans pour autant etre considere comme la mesure de du succes. Les interven- amener une acceleration significative de la couverture. Les tions qui vi sent 1'extension de la couverture des services mesu- subventions publiques associees ont aussi largement rate les rent trop souvent leurs resultats par Ie nombre de personnes groupes dans Ie besoin. Peu de services et de pays etendent pouvant se connecter au reseau fourni. Tres peu d'attention leur couverture a des taux suffisamment eleves pour anticiper est donc portee a la question de savoir si ces connexions se la croissance demographique, et en particulier 1'urbanisation. concretisent reellement apres la fin du projet. A moins que Pour renverser cette situation, 1'approche d'extension des 1'attention du suivi et evaluation ne so it redirigee de 1'acces services doit etre repensee de quatre manieres. Premierement, vers les raccordements, les personnes impliquees dans l' ex- l' extension de la couverture n' est pas seulement une question tension des services auront peu de raisons de penser a 1'aspect de deploiement du reseau mais aussi de resolution du pro- demande de la couverture des services. bleme des barrieres a la demande, telles que les prix eleves du En deuxieme lieu, Ie moyen Ie plus rentable d'accroitre raccordement ou Ie regime foncier. Deuxiemement, Ie recou- la couverture pourrait etre de poursuivre les programmes vrement des couts des services destines aux menages doit etre de densification qui augmentent les taux de raccordement ameliore afin d'assurer aux services publics 1'assise financiere dans des zones ciblees. La population non desservie vivant 94 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE a proximite des reseaux d'infrastructures pourrait (en prin- echelonnes, la socialisation des couts de raccordement en les cipe) etre couverte pour un Cot)t d'investissement moindre recouvrant a travers Ie tarif general et en les repartissant ainsi que celui a consentir pour celle vivant beaucoup plus loin, ce sur 1'ensemble de la clientele, ou la subvention directe par Ie qui permettrait d'obtenir Ie rendement Ie plus eleve possible budget de 1'Etat (Voir encadre 3.3). pour un budget d'investissement limite. Cette population En cinquieme lieu, l'extension des reseaux des services pourrait etre considerees comme prioritaire dans Ie cadre de publics do it etre etroitement coordonnee avec Ie developpe- l' extension de la couverture. ment urbain. Dans beaucoup de quartiers periurbains, cette En troisieme lieu, l'extension de la couverture necessite extension est entravee par 1'absence de regime foncier et des l'engagement de la communaute. La levee des barrieres impo- taux eleves de rotation des locataires, pour ne rien dire de sees a la demande, qui empechent Ie raccordement, exige une l'espacement inadequat des habitations. La fourniture de ser- comprehension plus approfondie des clients potentiels du vices aces communautes necessitera une collaboration etroite service public. Quelles sont leurs alternatives? Combien peu- avec les autorites urbaines car beau coup de ces questions ne vent-ils se permettre de payer? A quelles aut res contraintes peuvent etre resolues que si elles sont abordees de maniere sont-ils confrontes ? Cette approche imp Ii que des compe- synchronisee et coordonnee. tences plus etendues que celles dont disposent habituellement les services publics et qui vont au-dela de 1'expertise normale Examiner tres serieusement la question de en ingenierie de reseau, pour englober des capacites d'analyse l' accessibilite financiere sociologique, economique et juridique des populations cibles Le sous-recouvrement des couts affecte serieusement la ainsi que d'engagement avec celles-ci. sante financiere des services publics et ralentit Ie rythme de En quatrieme lieu, une attention particuliere doit etre 1'extension des services. Beaucoup de services publics afri- accordee a la maniere de recouvrer les couts de raccordement. cains des eaux et de 1'electricite ne recoltent que deux tiers Comme indique precedemment, les frais eleves de raccorde- des recettes dont ils ont besoin pour fonctionner de fa~on ment - tres courants en Afrique - constituent une barriere durable. Ce deficit des revenus est rarement couvert par des evidente imposee a la demande, meme si les couts d'utilisa- transferts budgetaires en temps voulu et explicites. Au lieu de tion des services etaient abordables. Dans ces conditions, on cela, les activites d'entretien et d'investissement sont reduites peut legitimement se demander si 1'encaissement d'un droit pour arriver a joindre les deux bouts, privant ainsi Ie service unique payable a 1'avance constitue Ie meilleur moyen de public des fonds necessaires a l' extension de la couverture des recouvrer les couts de raccordement. D'autres options peu- services et nuisant a la qualite des services offerts aux clients vent etre envisagees comme Ie reglement des frais de raccor- existants (voir Ie Chapitre 8 sur 1'electricite et Ie Chapitre 16 dement sur plusieurs annees a travers un plan de paiements sur les services des eaux dans Ie present volume). Encadre 3.3 Les subventions de raccordement ciblent-elles bien les pauvres ., Dans Ie cadre de la strategie de reduction de la pauvrete au de frais administratifs. II devait de plus ~tre a m~me de payer Niger, quelque 11 200 branchements sociaux au reseau de ses factures mensuelles en un seul versement. Les 11 200 rac- I'eau ont ete realises en 2002-2004, dont a peu pres la moiM cordements devaient initialement s'etaler sur 5 ans, mais ils a Niamey. Pour pouvoir en beneficier, les menages devaient ont finalement ete realises en un an et demi, et quelque 600 ~tre etablis dans un rayon de 20 metres autour des conduites demandes n'ont pu ~tre satisfaites. principales et leurs maisons devaient ~tre construites en mate- Les menages qui ont beneticie d'un raccordement social riaux solides (constructions permanentes). Un certain ciblage appartenaient au quintile Ie plus pauvre de la population, ce geographique en faveur des pauvres a eu lieu en realisant les qui permet de condure que ces raccordements ont ete assez raccordements sociaux dans les quartiers pauvres et periphe- bien cibles. riques des villes. Pour obtenir un raccordement social, un menage devait effec- tuer un depot de 17500 francs (FA plus 2500 francs (FA Source: Tsimpo et Wodon (2009). Lutter contre la pauvrete et les inegalites 95 L'accessibilite financiere est Ie pretexte habituel a une sous- a partir d'une base assez etroite. Ainsi, l'effet mineur d'une tarification des services, mais elle ne resiste pas a l' exam en. augmentation tarifaire sur la pauvrete pourrait etre com pense L'economie politique fournit sans doute la veritable raison, par une reaffectation des subventions aux services publics a les populations connectees aux services publics etant genera- d'autres domaines des depenses publiques qui ont une inci- lement celles qui font Ie plus entendre leurs voix. La subven- dence pro-pauvre plus importante. tion implicite creee par la sous-tarification est extremement Diverses mesures tactiques peuvent ameliorer Ie carac- regressive en termes d'incidence de la repartition. Dans tous tere acceptable des augmentations tarifaires, mais leur sou- les pays africains, al' exception des plus pauvres, la couverture tenabilite est Ie plus important. Les augmentations tarifaires des services pourrait etre considerablement amelioree avant peuvent se faire par phases so it progressivement, so it instan- que ne se posent de reels problemes d'accessibilite financiere. tanement atravers un ajustement unique. Les deux approches Dans les plus pauvres des pays a faible revenu, l'accessibilite comportent des avantages et des inconvenients. L'acceptation financiere est une preoccupation legitime pour la majorite de des augmentations tarifaires par Ie public peut etre facilitee la population et devrait constituer un obstacle a la couver- si celles-ci font partie de mesures de plus grande envergure, ture universelle. Mais, meme dans les pays les plus pauvres, incluant une amelioration de la qualite des services. Une Ie recouvrement des couts d'investissement reste neanmoins methode pour renforcer la redevabilite sociale consiste a un objectif realisable, avec des subventions limitees des couts adopter des strategies de communication qui relient les tarifs d'investissement. a des normes de prestation des services et qui proposent des Comment la suppression des subventions aux services mesures de conservation pour maitriser l' ensemble des fac- publics pourrait-elle affecter la lutte contre la pauvrete ? tures. Dans tous les cas, Ie plus important est peut etre de Pour la plupart des pays, les depenses d'electricite et d'eau ne veiller a ce que Ie realignement des tarifs et des couts soit sou- representent qu'une infime partie de la consommation totale. tenu en prevoyant une indexation automatique et des revi- Au niveau national, une augmentation de 50 % ou me me un sions periodiques des tarifs. doublement des tarifs n' aura qu'un effet marginal, la part de Les pays ont suivi differents chemins pour augmenter la population vivant dans la pauvrete n'augmentant que de les tarifs, une mesure indispensable pour assurer une sou- 0,1 point de pourcentage apeine. Parmi les menages raccordes tenabilite operationnelle et financiere. Au Niger, les tarifs au reseau, l'effet est plus important mais reste limite. En effet, pour les bornes-fontaines et les faibles volumes n'ont prati- une augmentation de plus de 1 ou 2 points de pourcentage de quement pas augmente depuis 2000. Par contre, ceux pour la proportion des menages pauvres se produit rarement. Parce l'industrie et Ie commerce ont subi une hausse en valeur que les menages raccordes ont aussi ten dance a etre mieux nominale de 6 a 7 % (Figure 3.11). A Lilongwe, au Malawi, nantis que les autres, l'augmentation de la pauvrete demarre les memes augmentations ont ete appliquees a to utes les Figure 3.11 Augmentation des tarifs industriels et commerciaux, Niger et Malawi a. Niger (SPEN), 2000-2006 b. Malawi LWB, 1999-2006 500 120 450 OJ ""iii u 400 _.. - .. _.. -., OJ ""iii u 100 .Q 350 .Q ~ 80 300 ~ .. -" _.. _.. _" .-", _.. _.. _.. - .. - .. _.. - .~ .~ 'OJ c 250 ·W 60 c 0 200 0 E E 40 2 150 'c 100 ----------------------_. 2 'c ::::l ::::l 20 50 0 O+----r--~r---,---~----._--._--_. 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 -Etat - Commerce Septembre - - - Industrie ....... Residentiel 41-75 m 3 - - - Institutionnel - - - Residentiel 0-10 m 3 3 ....... Residentiel 0-15 m _ .. - Residentiel >75 m 3 ....... Residentiel 10-40 m 3 - .. - Residentiel > 40 m 3 - ..• Residentiel 11-40 m 3 - Industrie > 100 m 3 Source: Banerjee, Wodon et autres (2008b). Note. LWB ; Lilongwe Water Boards; SPEN ; Societe de patrimoine des eaux du Niger; m3 ; metres cubes 96 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE categories tarifaires. Par ailleurs, Ie Botswana, la Namibie, Figure 3.12 Clients residentiels utilisant des compteurs a carte prepayee, par service public l1li------------- 1'Afrique du Sud (Eskom) et la Tanzanie ont recemment augmente les couts de 1'electricite suite aux chocs petroliers Tshwane LEC~::::::::::::::::::::::~:::' de 2007-2008. Il y a toujours un danger qu'une augmentation des tarifs NORED ~ entraine une diminution des recettes collectees, mais les .!o! ~ ESKOM :0 Electrogaz )1_________ compteurs a prepaiement peuvent etre utiles. En absence ~ VRA)I_ __ d'une veritable culture de paiement, les clients refractaires .~ Escom'" a 1'augmentation des tarifs peuvent « se venger » en refu- V1 Sonabel __ sant de payer leurs factures. Ainsi, avant d'envisager des SBEE • ajustements tarifaires, les services publics doivent travailler TANESCO .. +-~~~~~~~~~ a relever leurs taux de perception des recettes au niveau des o 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 pratiques modeles et instaurer une culture de paiement. Au Pourcentage des clients residentiels equipes moins pour l' energie, une solution technologique envisa- de compteurs acarte prepayee geable consiste a utiliser des compteurs a prepaiement qui Source: Eberhard et autres (2008). permettent aux clients d'utiliser un systeme de cartes de Notes. Electrogaz = Service public de I'electricite du Rwanda, Escom = Electricity debit similaire a celui des telephones portables. Pour les Supply Corporation (Malawi); ESKOM = Service public de I'electricite de l'Afrique du Sud, LEe = Lesotho Electricity Company (Lesotho) , NORED = Northern Electricity services publics, cette approche elimine Ie risque associe au Distribution Service (Namlbe); SBEE = Societe beninolse d'energle electrique (Benin); credit et evite les defauts de paiement. Pour les clients, illeur Sonabel = Societe nationale d'electricite du Burkina ;TANESCO = Tanzania Electricity Supply Company Limited (Tanzanie); Tshwane = Tshwane Local Electric Utility (Afrique permet de controler leurs depenses et d' eviter de consommer du Sud); VRA = Autonte de la nVlere Volta (Volta RIVer Authority). au-dela de leurs moyens. L'Afrique du Sud a ete au premier rang en ce qui concerne Ie developpement du compteur elec- trique a prepaiement a clavier. ESKOM a lance Ie premier est potentiellement plus equitable et efficace pour 1'extension produit, Cashpawer, en 1990. Tshwane en Afrique du Sud de la couverture. Le probleme d'accessibilite financiere asso- revendique une couverture universelle de ses clients grace cie aux frais de raccordement est souvent plus aigu que celui aux compteurs a prepaiement. Au Lesotho, en Namibie et lie a 1'utilisation des services. Parce que les raccordements au Rwanda, la majorite des abonnes residentiels utili sent des sont aussi concentres de fas:on disproportionnee chez les compteurs a prepaiement. Au Ghana et au Malawi, il existe mieux nantis, l' absence de connexion touche les plus pauvres une politi que claire visant a augmenter rapidement la pro- de fas:on disproportionnee, ce qui peut faciliter Ie processus portion des clients residentiels dotes de compteurs a prepaie- de ciblage. ment (Figure 3.12). La qualite du ciblage de la subvention du raccordement depend en fin de compte de la fas:on d'octroyer les nouvelles Cibler les subventions pour promouvoir l' extension connexions. Dans les pays africains, ou la couverture est loin des services d'etre universelle, meme parmi les groupes a revenu plus Les subventions ont-elles aussi un role a jouer mais leur eleve, la subvention du raccordement peut etre tout aussi conception do it etre repensee en profondeur. Ce role est regressive que celle de la consommation, essentiellement important et legitime quand les circonstances sont appro- parce que les groupes non des servis a revenu plus eleve seront priees. Elles peuvent 1'etre lorsque les menages sont dans probablement les premiers a beneficier de l' extension de la l'incapacite de payer pour une allocation de subsistance cor- couverture. Des simulations montrent que, si les nouveaux respondant a un service leur apportant d'importants avan- raccordements subventionnes refietent la repartition des tages socioeconomiques non seulement a eux-memes mais connexions existantes, la part de la subvention du raccorde- egalement a leur entourage, a mains que l'Etat ne paye ces ment beneficiant aux pauvres serait de l'ordre de 36 % de la subventions. Il n'en reste pas moins que la conception et Ie partie pauvre de la population, un resultat tres regressif et qui ciblage de la subvention des services publics doivent etre n' est aucunement meilleur que celui de l' actuelle subvention radicalement ameliores pour lui permettre de jouer son role. de la consommation (Tableau 3.4). Com me indique precedemment, les subventions accordees Le fait de limiter les subventions pour Ie raccordement aujourd'hui aux services publics africains echappent large- au deploiement d'un nouveau reseau plutot que de 1'appli- ment aux plus pauvres. quer a la densification du reseau existant devrait permettre Les services publics africains subventionnent generalement d'ameliorer significativement Ie ciblage. La part des subven- la consommation alors que la subvention des raccordements tions du raccordement allant aux pauvres devrait augmenter Lutter contre la pauvrete et les inegalites 97 Tableau 3.4 Resultats potentiels du ciblage de la subvention du raccordement selon differents scenarios Pourcentage du total des pauvres beneficiant de subventions pour Ie raccordement par rapport au pourcentage des pauvres au sein de la population. Nouveaux raccordements Seuls les menages situes en dehors de refletent Ie modele actuel la portee de reseau existant rec;oivent Tous les menages non raccordes Service public des raccordements une subvention pour Ie raccordement re4$oivent une subvention tlectricite 37 95 118 Eau 35 74 112 Sources. Banerjee, Wodon et autres (2008) ; Wodon (2008a, 2008b). a 74-95 % de leur part dans la population, en fonction du ces tarifs ne s'ameliorera que legerement et ne deviendra pas service public concerne, mais Ie resultat resterait regressif. fortement pro-pauvres en termes absolus. L'octroi d'une subvention au raccordement susceptible L'experience mondiale montre que Ie ciblage de la sub- d' atteindre de maniere equitable tous les menages non des- vention des services publics peut etre ameliore et devenir servis permettrait au pourcentage beneficiant aux pauvres raisonnablement progressif, si certaines variables de ciblage de depasser leur part de la population de 112 a 118 0/0, ce geographiques ou socioeconomiques sont utilisees en plus du qui constituerait en fin de compte, un resultat progressif. niveau de consommation (Komives et autres 2005). Toute- L'amelioration de l'incidence de la repartition au-dela de ce fois, de tels systemes de ciblage s'appuient sur I'existence de modeste niveau necessitera d'accompagner les subventions registres des menages ou cadastraux qui permettent la classi- du raccordement avec d'autres mesures socioeconomiques. fication des beneficiaires, ainsi que sur un volume important Ces constats montrent que, dans Ie contexte de faible acces de de capacites administratives. Ces deux facteurs font souvent la plupart des pays africains, l'absence de raccordement reste defaut en Afrique, en particulier dans les pays a faible revenu. une variable de ciblage relativement faible. Un important test de coherence a appliquer a une poli- Peut-on faire quelque chose pour ameliorer Ie ciblage tique de subvention consiste a determiner si elle resterait des subventions a l'utilisation des services? Les faibles per- abordable pour Ie pays si l'acces etait universeL La sous-tari- formances de la subvention actuelle des services publics fication des services publics, qui ne beneficie qu'a une faible s' expliquent par la couverture favorable aux riches et par l'uti- minorite, coute a beaucoup de pays africains jusqu'a 1 % de lisation generalisee de systemes de tarification progressive par leur PIB. A mesure que les pays evoluent vers un acces uni- tranches (TPT) mal con<;us. Les defauts de conception cou- versel, ce fardeau de la subvention s' accroitra en proportion et rants des systemes TPT de l' eau incluent les redevances fixes deviendra rapidement trop lourd pour Ie budget national. Les elevees et des niveaux de consommation minimale qui pena- pays doivent donc considerer la maniere dont Ie cout de toute lisent les petits consommateurs, ainsi que la trop grande taille politique de subvention envisagee augmenterait avec l'exten- et I'applicabilite universelle du premier bloc subventionne sion de la couverture. Ce test d'accessibilite budgetaire des (Banerjee, Foster et autres 2008). Les defauts de conception subventions constitue un exercice important qui peut eviter habituels des TPT de l'electricite sont, entre autres, des seuils aux pays de s'embarquer dans des politiques qui ne peuvent de subsistance trop eleves qui ne permettent qu'aux consom- tout simplement pas etre portees a I'echelle superieure. mateurs dont la consommation est exceptionnellement ele- Une autre methode de ciblage potentiellement efficace vee de contribuer pleinement au recouvrement des coUts consiste a limiter l'allocation des subventions aux solutions (Briceno-Garmendia et Shkaratan 2008). II est difficile d'ap- moins cheres et de moindre qualite qui favorisent l'auto- porter des ameliorations majeures au ciblage des subventions selection. Pour les services comme I'eau, pour lesquels il existe de I'utilisation des services, en revoyant la conception de la differents modes de prestation des services, les subventions tarification progressive par tranches (systeme TPT). Quelques pourraient eventuellement se concentrer sur les alternatives ameliorations dans Ie ciblage pourraient se faire en eliminant de second choix, telles que les bornes-fontaines, tout en exi- les redevances fixes, en reduisant la taille des premiers blocs geant un recouvrement integral des couts de raccordements afin de ne couvrir que la consommation reellement de sub- prives a l'eau courante. La theorie est que les clients plus aises sistance, et en passant d'un systeme TPT a un tar if differencie vont eviter les services de second choix et choisir automati- sur la base du volume OU ceux qui consomment plus qu'un quement de payer Ie cout integral de la meilleure solution, certain niveau renoncent completement au tarif subventionne s'identifiant ainsi eux-memes et laissant les services subven- du premier bloc. Meme avec ces modifications, Ie ciblage de tionnes aux clients moins bien nantis. En Afrique, toutefois, 98 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE I'utilisation de l'auto-seIection peut etre moins efficace, parce pratique aux bornes-fontaines, meme elle est rarement recon- que la couverture des alternatives de second choix, telles que nue legalement. En outre, les robinets exterieurs desservant les bornes-fontaines et les latrines ameliorees, est tout aussi quatre ou cinq menages - pas des centaines - peuvent reduire regressive que celie des meilleures alternatives comme l'eau les couts tout en evitant certains des problemes les plus diffi- courante et les toilettes it chasse d'eau. ciles lies aux biens publics. Accorder plus d'attention aux solutions de second Notes choix Sudeshna Ghosh Banerjee, Vivien Foster et Quentin Wodon sont Les solutions de second choix semblent offrir un heureux les auteurs de ce chapitre. compromis, mais comportent de nombreux defis de mise en Amadou Diallo, Sarah Keener, Taras Pushak, Maria Shkaratan, Clarence Tsimpo, et Helal Uddin y ont egalement contribue. ~uvre. Comme indique precedemment, elles procurent des 1. Les chiffres transregionaux sur la couverture des infrastructures services modernes de loin preferables, en termes de bien- ne sont que des moyennes simples non ponderees. etre, aux alternatives traditionnelles, tout en etant nettement moins cheres que les meilleurs services de I'infrastructure Bibliographie moderne. Alors, pourquoi ces services de deuxieme choix Banerjee, Sudeshna, Vivien Foster, Yvonne Ying, Heather Skilling, sont-ils si peu repandus en Afrique - et aussi detournes vers and Quentin Wodon. 2008. ''Achieving Cost Recovery, Equity les menages plus aises ? and Efficiency in Water Tariffs: Evidence from African Utilities." Un probleme de de beaucoup des solutions de second Working Paper 7, Africa Infrastructure Country Diagnostic, choix est leur nature de bien public qui en complique I'adop- World Bank, Washington, DC tion. Tant les bornes-fontaines que l' edairage des rues sont Banerjee, Sudeshna, Quentin Wodon, Amadou Diallo, Taras Pus- hak, Hellal Uddin, Clarence Tsimpo, and Vivien Foster. 2008. essentiellement des biens publics. Ce caractere fait qu'il est ''Access, Affordability, and Alternatives: Modern Infrastructure difficile aux services publics d'en recouvrer les couts et les Services in Africa." Background Paper 2, Africa Infrastructure expose au vol en etendant Ie reseau aux zones it faible revenu. Sector Diagnostic, World Bank, Washington, DC Les services publics n'ont donc aucun interet reel it fournir Bardasi, Elena, and Quentin Wodon. 2009. "Working Long Hours de tels services exposes it des risques de pertes. En outre, and Having No Choice: Time Poverty in Guinea." Policy les installations sont vulnerables aux problemes de mainte- Research Working Paper 4961, World Bank, Washington, DC nance, car personne n' est responsable de la prevention, de la Boccanfuso, Dorothee, Antonio Estache, and Luc Savard. 2008a. signalisation ni de la resolution des problemes. Une solution "Electricity Reforms in Mali: A Micro-Macro Analysis of the serait de charger un agent de la gestion de l'installation, de la Effects on Poverty and Distribution." Working Paper 4, Africa facturation des services, et de la demande de maintenance. Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC Cependant, la prise en charge du salaire de l'agent augmente sensiblement Ie coUt de la solution de second choix, et les - - - . 2008b. "Electricity Reforms in Senegal: A Micro-Macro Analysis of the Effects on Poverty and Distribution." Working agents abusent souvent de leur position pour appliquer des Paper 5, Africa Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, tarifs excessifs. Washington, DC L'experience africaine avec les bornes-fontaines fournit - - - . 2008e. "Water Reforms in Senegal: A Micro-Macro Ana- des pistes d'amelioration de la performance de ces installa- lysis of the Effects on Poverty and Distribution." Working Paper tions publiques (Keener, Luengo et Banerjee, 2008). Lorsque 16, Africa Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, les bornes-fontaines sont gerees par des agents locaux, Ie Washington, DC modele de gestion do it etre base sur la culture dominante de Briceno-Garmendia, Cecilia, and Maria Shkaratan. 2008. ''Achie- la communaute beneficiaire. Des poids et contrepoids sont ving Cost Recovery, Equity, and Efficiency in Power Tariffs: Evidence from African Utilities." Working Paper 21, Africa necessaires pour s'assurer que Ie gestionnaire designe se com- Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, Washington, porte de fa<;:on responsable. Le service public doit egalement DC s'impliquer etroitement dans Ie suivi de l'etat des bornes-fon- Diallo, Amadou, and Quentin Wodon. 2005. "A Note on Access to taines, la collecte reguliere des recettes, et la mise it disposition Network-Based Infrastructure Services in Africa: Benefit and d'une assistance technique aux operateurs des bornes-fon- Marginal Incidence Analysis." World Bank, Washington, DC taines. II est donc essentiel de definir un ensemble de mesures Eberhard, Anton, Vivien Foster, Cecilia Briceno-Garmendia, Fati- d'incitation pour renforcer I'interet du service public pour mata Ouedraogo, Daniel Cam os, and Maria Shkaratan. 2008. une participation aux affaires de bornes-fontaines. Dans "Underpowered: The State of the Power Sector in Sub-Saharan certains environnements, la revente de l'eau par les menages Africa." Background Paper 6, Africa Infrastructure Sector Dia- beneficiant d'un raccordement prive peut etre une alternative gnostic, World Bank, Washington, DC Lutter contre la pauvreti et les inigalitis 99 Estache, Antonio, and Quentin Wodon. 2007. Infrastructure and Kumar, Ajay, and Fanny Barrett. 2008. "Stuck in Traffic: Urban Poverty in Sub-Saharan Africa. Directions in Development Series. Transport in Africa." Background Paper 1, Africa Infrastructure Washington, DC: World Bank. Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC. Foster, Vivien, and Jean-Philippe Tre. 2003. "Measuring the Impact McGranahan, Gordon, Cyrus Njiru, Mike Albu, Mike Smith, and of Energy Interventions on the Poor-An Illustration from Gua- Diana Mitlin. 2006. How Small Water Enterprises Can Contribute temala:' In Infrastructure for Poor People: Public Policy for Private to MDGs: Evidence from Dar es Salaam, Nairobi, Khartoum, and Provision, ed. Penelope Brook and Tim Irwin, 125-78. Washing- Accra. Leicestershire, u.K.: Water, Engineering and Development ton, DC: World Bank. Centre, Loughborough University. Gulyani, Sumila, Debabrata Talukdar, and Darby Jack. 2008. ''A Tsimpo, Clarence, and Quentin Wodon. 2009. "Who Benefits from Tale of Three Cities: Understanding Differences in Provision Electricity Consumption versus Connection Subsidies? Evidence of Modern Services." Working Paper 10, Africa Infrastructure from Niger." Development Dialogue on Values and Ethics, World Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC. Bank, Washington, DC. Kariuki, Mukami, and Jordan Schwartz. 2005. "Small-Scale Private Wodon, Quentin, ed. 2008a. "Electricity Tariffs and the Poor: Case Service Providers of Water and Electricity: A Review of Inci- Studies from Sub-Saharan Africa." Working Paper 11, Africa dence, Structure, Pricing, and Operating Characteristics:' Policy Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, Washington, Research Working Paper 3727, World Bank, Washington, DC. DC. Keener, Sarah, Manuel Luengo, and Sudeshna G. Banerjee. 2008. - - - . 2008b. "Water Tariffs and the Poor: Case Studies from "Provision of Water to the Poor in Africa: Informal Water Mar- Sub-Saharan Africa." Working Paper 12, Africa Infrastructure kets and Experience with Water Standposts." Working Paper Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC. 13, Africa Infrastructure Country Diagnostic, World Bank, Wodon, Quentin, and Yvonne Ying. 2009. "The Determinants of Washington, DC. Domestic Work Time in Sierra Leone." Development Dialogue Komives, Kristin, Vivien Foster, Jonathan Halpern, and Quentin on Values and Ethics, World Bank, Washington, DC. Wodon. 2005. Water, Electricity, and the Poor: Who Benefits from Utility Subsidies? Washington, DC: World Bank. Chapitre 4 Creer des institutions intelligentes a competence et la capacite institutionnelles ont un role en grande partie dans la faiblesse relative des pratiques, des L determinant dans les performances des prestataires de services d'infrastructure dans to us les secteurs. Cela semble evident, pourtant une analyse systematique n'a pas politiques et des agences (c'est-a-dire des institutions) afri- caines qui orientent et supervisent les secteurs et les entre- prises des infrastructures en Afrique, publics ou prives. ete realisee sur la nature et la portee des liaisons entre les L'analyse statistique qui sous-tend ce chapitre suggere que capacites des institutions et la qualite des resultats : speci- la qualite institutionnelle a un role cleo Elle revele l' existence fiquement, un acces plus large, une qualite de service supe- de liens forts entre les reformes institutionnelles et Ie renforce- rieure et un service plus efficace du point de vue financier. Ce ment de la gouvernance des pays, des secteurs et des entreprises chapitre examine les differents modeles institution nels appli- - et les ameliorations au niveau de la quantite et la qualite des ques, les approches visant a renforcer les institutions jouant services d'infrastructures (avec des variations sectorielles). un role dans les infrastructures et 1'impact de ces differentes Compte tenu, d'une part, du lien entre Ie developpement ins- approches sur les performances. titutionnel et les ameliorations de la performance, et d'autre Le programme standard prescrit au cours des annees 90 en part, des couts eleves de 1'inaction, Ie renforcement des institu- matiere de reforme et de politiques infrastructurelles - res- tions sectorielles et de la gouvernance des pays et des secteurs tructuration du marche, participation du secteur prive pou- constitue un investissement extremement recommandable. vant aller jusqu'a la privatisation, etablissement d'organes de La plupart des pays africains ont entrepris des reformes regulation independants et renforcement de la concurrence - institutionnelles preliminaires, principalement des mesures a eu des resultats positifs en Afrique. Cette conclusion merite juridiques et politiques d' ordre general au niveau du sec- d'etre soulignee : les resultats positifs de ces reformes sont teur, dont plusieurs peuvent etre executees sans difficultes souvent passes inaperyus ou ont ete, tout au moins, sous- majeures. Par contre, les r<'formes relatives a la reglementa- estimes. Neanmoins, la mise en ceuvre de ces reformes s'est tion et agouvernance ont pris du retard: elles ont mis beau- averee plus difficile en Afrique que dans d'autres regions: la coup plus de temps a porter leurs fruits. En effet, renforcer mise en ceuvre souffre de nombreuses lacunes ou n'est que 1'efficacite de la reglementation, par exemple, impose la crea- partielle; des contrats avec les prestataires prives sont souvent tion d'institutions susceptibles de prevaloir sur les interets renegocies, voire annules; les resultats sont souvent inferieurs etablis. Une meilleure gouvernance, en particulier dans les aux previsions; et tant les instances officielles que Ie public est societes publiques (SP), requiert d'harmoniser les mesures souvent tres sceptique en ce qui concerne les resultats que l' on d'incitation internes et externes, ce qui exige encore une fois peut escompter d'une mise en ceuvre de ce programme stan- des reformes plus larges de l' environnement externe pour les dard. II est probable que les causes de cette situation resident prestataires des services d'infrastructure. 101 102 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Reformes institutionnelles : un verre rents pays: dans les pays les plus avances (Kenya), la valeur amoitie plein de cet in dice est d'environ 70 %, c~ntre 30% (Benin) dans les pays les plus en retard. Le cadre institutionnei qui gouverne l'infrastructure afri- Au niveau des pays, les progres realises dans un secteur caine n'a pas depasse la mi-parcours d'une trajectoire qui d'infrastructure ne constituent pas une garantie de progres devrait mener it la pratique modele. Les composantes des dans d'autres secteurs. En d'autres termes, Ie deveioppement indicateurs de performance des institutions elabores pour institutionnei varie selon les secteurs infrastructurels au sein cette etude refletent les differentes caracteristiques de l'en- d'un meme pays, et selon les pays. Les pays qui ont de bons vironnement institutionnei (Encadre 4.1). Le score cumule resultats dans un secteur infrastructurel n'en ont pas neces- d'un pays enregistre pour cet indice suggere l'ampleur des sairement dans les autres secteurs. Cette conclusion suggere reformes institutionnelles. Dans l'ensemble, si la quasi-tota- que les limitations propres it un secteur determine peuvent lite des pays africains ont entrepris des reformes institution- etre aussi importantes que les limitations propres it un pays. nelles, ils n'ont guere adopte, en moyenne, plus de 50 % des Elle revele egalement l'interet d'une plus grande pollinisation bonnes pratiques institutionnelles. Cependant, les perfor- croisee des experiences entre les differents secteurs au sein mances peuvent varier du simple au double entre les diffe- d'un meme pays. Encadre 4.1 Fiche d'evaluation institutionnelle des infrastructures Pour analyser la relation entre les facteurs institutionnels lies treprise (telles que I'externalisation vers Ie secteur prive et I'in- aux infrastructures et les resultats obtenus au niveau des troduction de la discipline exigee par les marches du travail et secteurs et des entreprises, la presente etude a adopte une des capitaux). Notons que les reformes et la reglementation methodologie normalisee basee sur des enquetes, qui deerit sont des indicateurs valables au niveau des pays, tandis que la la nature de chaque r€forme institutionneUe et mesure I'in- gouvernance se mesure au niveau des entreprises. tensite des efforts consentis pour celle-ci. La methodologie La Fiche d'evaluation institutionnelle de I'infrastructure utili- prend appui sur d'autres publications recentes sur Ie sujet, et see dans ce chapitre resulte d'une enqu~te detaillee sur les est tout-a-fait compatibles avec elles. secteurs et les entreprises d'infrastructure en Afrique. Les La methodologie prevoit la production d'une« fiche d'evalua- fiches concernant res reformes et la reglementation couvrent tion », qui donne, secteur par secteur, un resume instantane tous les secteurs de 24 pays (a I'exception des chemins de fers de ce qui s'est passe, selon trois dimensions institutionnelles : et des ports, pour lesquels seuls 21 et 15 pays ont ete respec- a) les grandes reformes des politiques sectorielles ; b) "eten- tivement etudies). Les fiches d'evaluation de la gouvernance due et la qualite de la reglementation ; et c) la gouvernance ont ete recueillies pour les 24 operateurs des telecommunica- d'entreprise. Premierement, Ie terme de reforme s'entend tions et /es 21 compagnies ferroviaires. Un echantillon de 30 comme la mise en ceuvre d'une legislation sectorielle, la res- services publics d'electricite et de 52 services publics des eaux tructuration des entreprises, I'introduction d'une supervision a ete examine. des politiques et de la participation du secteur prive. Deuxie- La liste des reformes institutionnelles obtenue a ete affinee et mement, la qualite de fa reglementation recouvre les progres etendue par rapport aux tentatives precedentes visant a pro- realises dans la mise en place d'organismes de reglementation duire une fiche d'evaluation globale des reformes institution- autonomes, transparents et redevables, ainsi que d'outils de nelles dans les secteurs infrastructurels. Le choix des indicateurs reglementation (tels qu'une methodologie pour les normes de a ete fait en consultation avec des experts en infrastructure. qualite et les tarifs). Troisiemement, la gouvernance implique Des indicateurs pertinents en termes operation nels ont ete la mise en ceuvre de mesures au sein des entreprises (telles selectionnes, chacun devant satisfaire a deux conditions. Tout que Ie renforcement de la voix des actionna/res et de la super- d'abord, une action a ete choisie a condition qu'il existe un vision qu'ils exercent, I'autonomie du conseil d'administration consensus la reconnaissant com me une « pratique modele », et de la direction, et des mecanismes pour la comptabilite et et elle a alors ete appliquee a differents secteurs. Ensuite, les la divulgation de I'information), ainsi que des mesures visant donnees necessaires au calcul de I'indicateur ont ete relative- a ameliorer I'environnement exterieur dans lequel evolue I'en- ment faciles a obtenir au niveau sectoriel et des entreprises. Creer des institutions intelligentes 103 Encadre 4.1 (Suite) Reformes Gouvernance interne Legislation Qualite de la propriete et des actionnaires Existence d'une r!'!forme de droit Concentration de la propriete Mise en ceuvre des reformes Privatisation/responsabilite limitee Restructuration Taux de rentabilite et politique en matiere de dividendes Degroupage/separation des branches d'adivites Autonomie de la direction et du conseil d'administration Privatisation des entreprises d'Etat Autonomie de recrutementllicenciementlfixation des Existence d'un organe de reglementation salaireslproduction/vente Surveillance des politiques Taille du conseil d'administration Surveillance du suivi de la reglementation en dehors du Selection des membres du consell d'administration ministere Presence de directeurs independants Arbitrage des conflits en dehors du ministere Comptabilite, divulgation et suiv; des performances Approbation des tarifs en dehors du ministere Publication de rapports annuels Plan d'investissement en dehors du ministere Normes internationales de rapportage financier/audits Normes techniques en dehors du ministere externes/audits independants Implication du secteur prive Publication des audits Implication privee de droitlde fait Remuneration des adivites non commerciales Gestionllnvestissementlpropriete du sedeur prive Contrats de performance/avec mesures d'incitation Absence de desordreslrenegociationlrenationalisation Penalisation des mauvaises performances Suivi/Suivi par un tiers Reglementation Autonomie Gouvernance externe Autonomie formelle de recrutementllicenciement Discipline du marche du travail Autonomie financiere (partielie/complete) Restrictions sur Ie licenciement du personnel Autonomie de gestion (partielie/complete) Salaires, compares aceux du secteur prive Organismelcommissaires multisectoriels Avantages, compares a ceux du secteur prive Transparence Discipline des marches des capitaux Publication des decisions au moyen de rapportS/lnternetl Pas d'exoneration fiscale auditions publiques Acces au financement, compare au secteur prive Redevabi/lte Pas de garantie de l'Etat Possibilite d'interjeter appel Admission publique en bourse Independance de ,'instance d'appel (partielie/complete) Externalisation Outils Facturation et recouvrement Existence d'une methodologie et d'une indexation tarifaires Releve des compteurs Existence d'un examen reglementaire; duree de I'examen Technologie de I'information pour les ressources humaines reglementaire Prises conjointement, les trois categories d'indicateurs indicateur procure une base pour mesurer les effets (agreges (reformes, reglementation et gouvernance) resument Ie et desagreges) de la progression des reformes et des perfor- niveau general et Ie type des r!'!formes institutionnelles de mances de I'entreprise. n'importe quel pays donne. Considere separement, chaque Source: Vagliasindi (2008c). En outre, la qualite du cadre institutionnel varie suivant revenu et dependant de l'aide exterieure sont substantielle- les groupes de pays, comme d'ailleurs, l'ampleur des reformes ment plus avances dans les reformes du secteur de l'eau, ce institutionnelles, qui reflete les caracteristiques generales des qui traduit peut-etre Ie role significatif des bailleurs de fonds pays (Figure 4.1). Par exemple, les pays a revenu interme- dans ce secteur. Quant aux reformes des telecommunications, diaire sont substantiellement plus avances en ce qui concerne les pays afaible revenu et riches en ressources enregistrent des la reforme du secteur de l'energie, alors que les pays a faible scores plus eleves. 104 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE II existe une correlation entre la qualite des institutions Figure 4.1 Avancees institutionnelles dans les pays par groupes de d'infrastructure et la qualite globale des institutions dans Ie revenu, dependance vis-ii-vis de I'aide et richesse en ressources Resultat en pourcentage obtenu dans la fiche d'evaluation pays. Elle est particulierement significative pour l'electricite institutionnelle mais moins pour l'eau (Tableau 4.1). Cette correlation sous- tend une question fondamentale, asavoir aquel point un pays 100 a. Groupes de revenu est ame me de realiser des progres dans la reforme de ses ins- 90 titutions d'infrastructure si son cadre de gouvernance global 80 70 est deficient (Levy 2007). De nombreux indicateurs ont ete 60 developpes au cours de ces dernieres annees (par exemple, par 50 Kaufrnan, Kraay et Mastruzzi 2008) afin d'identifier Ie niveau 40 30 general de gouvernance et de controle de la corruption 1, ainsi 20 que la qualite de l'administration publique. Un indicateur des 10 mesures de controle du pouvoir executif mesure egalement la o Electricite Eau Telecommunications portee des freins et contrepoids du systeme de gouvernement I_ Faible revenu III Revenu intermediaire 1 (Center for Systemic Peace 2006). Pourtant, certains pays affichent de bons resultats dans b. Dependance vis-ii-vis de I'aide Ie do maine des infrastructures, malgre des deficiences en 100 90 matiere de gouvernance nationale. L'inverse est vrai aussi. 80 Au Kenya et au Niger, par exemple, la faiblesse des scores 70 60 des indicateurs de gouvernance au niveau national n' ont pas 50 empeche ces pays d'avoir de bons resultats dans to utes leurs 40 30 reformes institutionnelles des services publics. De meme, la 20 faiblesse des scores de la Zambie en matiere d'execution bud- 10 o getaire et de gestion financiere ne l'ont pas empeche d'avoir Electricite Eau Telecommunications des resultats raisonnablement satisfaisants dans ses reformes _ Dependants III Non dependants institutionnelles des infrastructures. En revanche, Ie Benin et vis-ii-vis de I'aide vis-ii-vis de I'aide Ie Lesotho, dont Ies scores en matiere de gouvernance natio- c. Richesse en ressources 100 nale et de redevabilite du pouvoir executif sont eleves et OU, 90 de plus, les normes de gestion financiere et budgetaire sont 80 considerees comme satisfaisantes, n'ont pas un score institu- 70 60 tionnel eleve au niveau des services publics. 50 Le developpement institutionnel dans Ie secteur des ser- 40 vices d'utilite publique est largement en avance sur celui 30 20 du secteur des transports (Figure 4.2). Comme il fallait s'y 10 attendre, Ie developpement institutionnel est Ie plus avance o Electricite Eau Telecommunications dans Ie secteur des telecommunications, ou Ie changement technologique et la concurrence ont sus cite une transforma- _ Pas riches en ressources III Riches en ressources tion significative et ont contribue aelever Ie score moyen en matiere de reforme a un niveau legerement inferieur a 50 %. Source: Vagliasindi et Nellis 2009 Notes' Voir Vagliasindi (2008c) pour la definition des indicateurs institution nels. Les telecommunications ont une legere avance sur l'electri- Tableau 4.1 Correlation entre les resultats institutionnels pour les infrastructures et les mesures de la gouvernance au niveau des pays Secteur Ingerence Budget et gestion Administration Gouvernance Contrale infrastructurel des politiciens financiere publique gimerale de la corruption tlectricite 0,34 0,29 0,53 0,49 0,46 Eau 0,08 0,33 0,3 0,18 0,08 Sources: Vagllaslndi et Nellis (2008) , Center for Systemic Peace (2006) pour les resultats sur I'ingerence des politiciens ; IDA (2008) pour I'evaluation des politiques et des Institutions nationales ; Kaufmann, Kraay et Mastruzzi (2008) pour la gouvernance et Ie controle de la corruption. Creer des institutions intelligentes 105 Figure 4.2 Progres institution nels au sein des secteurs Resuftat en pourcentage obtenu dans fa fiche d'evafuation institutionne//e a. Telecommunications, electricite et eau b. Ports et chemins de fer 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 o Electricite Eau Telecommunications Ports Chemins de fer I_ Reformes 0 Reglementation III Gouvernance 1 I_ Reformes III Reglementation 1 Source. Vagliasindi et Nellis (2009). Note· Voir Vagliasindi (2008e) pour la definition des indicateurs institutlonnels. cite et I'eau dont les scores de reforme institutionnelle sont nouveaux organes de reglementation ont ete crees pour les legerement superieurs a 40 %. telecommunications et I'electricite. Par contre, peu de pays Malgre leur retard dans la mise en ceuvre des programmes ont etabli des organes de regulation pour les secteurs de I'eau de reforme institutionnelle par rapport aux telecommunica- et des transports. La qualite de la reglementation peut etre tions, les secteurs de l' energie et de l' eau ont des resultats lege- mesuree en fonction de plusieurs parametres (Figure 4.3, rement superieurs en matiere de qualite de la regulation. De panneau b). Du point de vue technique, la reglementation meme, Ie cadre de gouvernance qui regit les principaux pres- do it etre basee sur de solides outils methodologiques et les tat aires de services est substantiellement meilleur que celui decisions adoptees doivent etre communiquees au public qui regit les operateurs de services de telecommunication a d'une maniere transparente. Les organes de reglementation ligne fixe. Par contre, les scores institution nels pour les ports africains obtiennent les scores les plus eleves pour ces aspects et les chemins de fer atteignent seulement la moitie des scores de la reglementation, meme si (en termes absolus) des ame- enregistres pour les services publics. Ces secteurs ont realise liorations sont encore necessaires. Du point de vue politique, des progres substantiels en matiere de reforme, mais sont en la regulation requiert une certaine autonomie par rapport a retard dans Ie developpement du cadre reglementaire. I'intervention du gouvernement, tout en conservant sa res- Pour l' ensemble des pays et des secteurs, les plus grands ponsabi!ite vis-a-vis de la societe. Ces aspects reglementaires progres ont ete enregistres dans la reforme sectorielle. Les se sont averes plus difficiles et ont enregistre des scores qui scores moyens sont superieurs a 60 % pour la reforme du sont restes relativement bas. cadre juridique et 50 % pour la restructuration sectorielle, La gouvernance marque du retard par rapport a d'autres la surveillance des politiques et la participation du secteur domaines du developpement institutionnel et seules les pra- prive (Figure 4.3, panneau a). Les telecommunications, OU les tiques de gestion internes ont enregistres des progres !imites. progres sont les plus avances, obtiennent un score d'environ Si I'importance des reformes sectorielles et reglementaires 80 % pour I'indice de pratique modele dans tous les domaines est largement reconnue, Ie regime de gouvernance a fait l'ob- de la reforme sectorielle. Le score equivalent pour I'electricite jet d'une attention plus limitee de la part des decideurs et est d'environ 60 % et d'environ 50 % pour I'eau. Le secteur analystes politiques. Cet aspect du developpement institu- des transports obtient un score d' environ 50 % en matiere de tionnel affiche, pour la quasi-totalite des pays de I'Afrique participation du secteur prive, bien que cette evolution n'ait subsaharienne, des scores substantiellement et regulierement pas ete accompagnee des reformes structurelles et juridiques inferieurs aux autres aspects (Figure 4.3, panneau c). Pour la plus generales observes dans les services publics. pi up art des pays, les resultats en gouvernance interne sont Dans de nombreux pays, I'ingerence des gouvernements superieurs a ceux obtenus pour la gouvernance externe. La continue a entraver l'independance reglementaire. La regle- gouvernance interne a trait aux structures etab!ies au sein mentation des infrastructures en Afrique n'en est encore de l' entite prestataire du service, par exemple la mesure qu'a ses debuts. De maniere generale, de nouvelles lois et de dans laquelle sa structure s'assimile aux modes standards 106 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 4.3 Progres institution nels pour les retormes. la reglementation et la gouvernance Resultat en pourcentage obtenu dans la fiche d'evaluation institutionnelle a. Reformes sectorielles 100 90 80 70 60 50 - 40 30 20 10 o - L b. Qualite de la reglementation 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 o c. Qualite de la gouvernance 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 O~~~~~~~-B~.u~~~----~~--~~~--~~~ ~e?:; .~ .... 'e, ~o<:.:- ~ ,P&~o<:- ,;.~ :ii>"~ ~~ .. ~o ~ ,~<5 0'" ,<:-v 0" ,?,>:-<;.§ <1:-"" ,,'" ><:-'e (?A~ ",-I' ,c.; ,. ~~ • Telecommunications 0 Electricite III Eau 0 Ports 0 Chemins de fer Source: Vagliasindi et Nellis (2009) Note' Voir Vagliasindi (200Se) pour la definition des indieateurs institution nels Creer des institutions intelligentes 107 d'organisation; les qualifications et l'autonomie de ses cadres Figure 4.4 Mise en Cl!uvre de la participation privee 11 travers les secteurs dirigeants et de son conseil d'administration, la nature, la 100% qualite et la rapidite de l'information qu'elle presente it ses 90% auto rites de tutelle ; et son adoption de normes reconnues en 80% matiere de comptabilite et de divulgation ~ 70% La gouvernance externe, en revanche, fait reference aux '" CI. disciplines de marche externes : l'assujettissement aux sys- '" OJ "t> 60 % OJ temes de comptabilite et d'audit du secteur prive plutot qu'it C\ 50% .:s c ceux du secteur public, la sous-traitance d'activites non essen- OJ 40% ~ :::J tieIles it des prestataires prives et l'obligation de souscrire des 0 0- 30% fonds de participations ou de financement de la dette sur 20% les marches de capitaux prives, qu'ils soient nationaux ou 10% internationaux. 0% Seuls Ie Kenya et I'Afrique du Sud ont su mobilise des -<~q; ~" s.,i-~ ~o ~>-..(l; fonds importants sur les marches de capitaux externes. Le ~<..:?> 'V Kenya a trans forme en societe son service de distribution ~~v ~~~~~~~~~~____~ ,-0 I• Autorise par la loi III Actuellement en place I d'electricite et, plus recemment, sa compagnie de generation, et a ensuite emis une minorite d'actions de chacune de ces Source. Vagliaslndi et Nellis (2009). societes it la Bourse de Nairobi. L'emission publique initiale de 2006 de 30 % des actions de KenGen a permis de mobiliser 35 millions de dollars, un debut modeste mais significatif. En Afrique du Sud, l'emission d'actions n'avait pas ete conside- En Afrique, la participation privee dans les secteurs de ree viable, mais Ie service national de distribution, ESKOM, I' eau, de l' electricite, des chemins de fer et des ports a utilise, transforme en societe, avait obtenu une cote de credit et avait en majorite, des methodes autres que celles d'un retranche- ensuite emis des obligations de societe - 120 millions de dol- ment integral de l'Etat, it savoir des contrats de gestion, des lars uniquement en 2007. baux et des concessions. C'est uniquement dans Ie secteur Les donnees traitees dans les chapitres sectoriels et l'ana- des telecommunications que Ie retranchement a ete appli- lyse de la « fiche d'evaluation » institutionnelle ont clarifie que de maniere generalisee. Le degre de participation privee, considerablement l' efficacite des trois piliers fondamentaux quelle qu'en soit la forme, varie d'un secteur it l'autre : cette de la reforme institutionnelle des infrastructures, it savoir, participation est la plus importante dans Ie secteur des tele- la participation du secteur prive (PSP), la gouvernance des communications et la moins import ante dans celui de l'eau entreprises puhliques et les organes de regulation. (Figure 4.5). Comme nous l'avons remarque precedemment, la parti- cipation privee en Afrique a rencontre plusieurs problemes. La participation du secteur prive Dans Ie secteur de l'eau, 25 % des contrats signes ont ete annules contre 15% dans celui de l'electricite (Tableau 4.2). fonctionne-t-elle ? II convient de souligner que ces annulations ne comprennent pas les contrats qui ont ete renegocies en raison des plaintes Les le<;:ons tirees de l'experience glob ale en matiere de parti- formulees par l'une ou l'autre (ou les deux) des parties au cipation du secteur prive (PSP) montrent que l'efficacite de contrat. Ces annulations ne comprennent pas compte non celle-ci varie seIon les secteurs. Alors que certains secteurs plus des cas ou Ie renouvellement anticipe des contrats de presentent un degre substantiel de PSP qui a contribue it des location et surtout des contrats de gestion ne s'est pas produit, resultats appreciables (telephonie mobile, generation d' elec- occasionnant ainsi une reprise de la gestion par l'Etat. Dans tricite et ports), les resultats sont mitiges dans d'autres sec- tous les secteurs d'infrastructure, la negociation, Ie controle et teurs (routes, distribution d'eau et d'electricite). l'execution des contrats ont pris plus de temps et ont ete plus Le degre de participation du secteur prive varie conside- complexes que ce que l'on avait prevu. rablement suivant les secteurs. Malgre une legislation gene- En depit de ces difficultes, l'enquete realisee pour ce cha- ralisee dans la region qui autorise l'entree d'operateurs prives pitre revele que la participation du secteur prive a debou- dans Ie secteur des infrastructures, les retards de mise en che sur des avantages substantiels dans certains secteurs et ceuvre sont monnaie courante, specialement dans Ie cas de pour certains aspects de la performance. Vne participation l'eau et des chemins de fer (Figure 4.4). 108 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 4.5 Participation privee dans la gestion et l'investissement a Tableau 4.2 Annulation des contrats africa ins de participation privee travers les secteurs Nombre Pourcentage 100% Type de contrat de contrats des annulations 90% Eau 80% Contrat de gestion 15 20 ~ >- 70% Contrat de bail 45 '" c. ~ Q) 60% Contrat de concession 4 50 " Q) Ol BTO/BOO o ;g 50% c: Q) u 40% Cession o :; ° a. 30% Total 28 25 20% Electricite 10% Contrat de gestion au de bail 17 24 0 Contrat de concession 16 31 co~o~ villes laisses sans infrastructures pour les besoins domestiques "<1l ~ ..$' et industriels (Figure 5.2). Ce constat montre neanmoins que les fournisseurs des services urbains se sont battus pour suivre I_ Zone rurale II1II Zone urbaine 1 Ie rythme d'un processus d'urbanisation qui s'accelere. La densite limitee du reseau routier laisse beaucoup de Source.' Banerjee et coil. 2008. zones rurales isolees des marches urbains. Un tiers seulement des Africains vivant en zone rurale se trouvent it moins de Dans les pays ou l' expansion de la couverture urbaine en eau 2 kilometres d'une route praticable en toute saison. La densite et electricite est plus rapide, celle de la couverture rurale a est de 134 kilometres pour 1 000 kilometres carres de terres aussi ten dance it I'Nre, ce qui suggere qu'un reseau urbain cultivables pour les routes revetues et de 490 kilometres pour facilite 1'expansion vers les zones rurales. Cela pourrait ega- les routes non revetues. De plus, la qualite du reseau rural est lement indiquer une subvention croisee des reseaux ruraux sensiblement inferieure it celle du reseau principal, et la moi- d'eau et d'electricite par les clients urbains. tie est en mauvais etat (Figure 5.3). L'absence de transports Chaque annee, depuis 1990, 0,9 % supplementaire de la urbains adequats est un obstacle it la marche des affaires et it population urbaine a eu acces it une eau amelioree et 1,7 % la mobilite de la main d' ceuvre. Figure 5.2 Evolution de la couverture des services urbains et ruraux a. Eau amelioree b. Assainissement ameliore 100 100 ., c: .0 80 ---- ---- --- ., c: .0 80 '" :; ---- --. '" :; c. 60 c. 60 0 0 c. c. o!!! 40 o!!! 40 Q) Q) "0 "0 ;§. 20 ;§. 20 0 0 1990-95 1996-2000 2001-05 1990-95 1996-2000 2001-05 c. Electricite d. Lignes terrestres 100 100 c: c: ., .0 80 ., .0 80 'c. :;" 60 '" :; c. 60 0 0 c. c. o!!! 40 o!!! 40 Q) Q) "0 "0 ;§. 20 ;§. 20 0 0 1990-95 1996-2000 2001-05 1990-95 1996-2000 2001-05 1- Rural - - - Urbain 1 Source.' Banerjee et coil. 2008. 128 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 5.3 Differentiel de qualite entre les reseaux de routes du regroupement des services en lots est plus eleve pour les principales et rurales menages beneficiaires que s'ils sont fournis separement. Par 100% exemple, au Perou, l'acces conjoint a deux services ou plus 90% produit une amelioration du bien-etre des menages ruraux 80% superieure a celIe obtenue lorsque ces services sont fournis 70% separement (Torero et Escobal 2005). Cette observation est 60% 50% egalement valable pour les habitants des villes, au moins 40% pour l' eau, I' assainissement, l' eIectricite et Ie telephone, quelle 30% que soit la maniere dont les services sont combines (Chong, 20% 10% Hentschel et Saavedra 2007). L'acces a des services multiples 0% reduit aussi plus largement les couts d' opportunite, car l'inte- Reseau principal Reseau rural raction entre les services comporte des effets positifs, comme I_ Bon D Correct IIMediocrel Ie gain de temps ou une meilleure connectivite. Dans Ie contexte africain, non seulement Ie niveau de cou- Source' Gwilliam et coil. 2008. verture des services destines aux foyers est trop bas mais ils souffrent aussi d'un manque de coordination. II s'ensuit que la proportion des foyers ayant acces a un paquet de plusieurs L'empreinte spatiale des reseaux d'infrastructure est plus services d'infrastructure est tres basse, meme parmi les plus large que ce que suggerent les taux de couverture. Dans les nantis (Tableau 5.5). arriere-pays ou habite Ie gros de la population rurale afri- caine, de 40 a 50 % des personnes vivent a portee d'un reseau d'infrastructure. Meme dans les zones rurales isolees, cette proportion atteint 15 %. Cette information suggere que les Couts de fourniture de I'infrastructure taux de connexion aux reseaux d'infrastructure sont plus bas a sensible la densite en milieu rural. Dans certains cas, ceci traduit vraisemblable- ment un pouvoir d'achat rural bien plus reduit. Dans d'autres, Le cout de l'expansion du reseau d'infrastructure est tres sen- il est possible que des limitations techniques empechent les sible a la densite de population. Pour exactement Ie meme habitants de la campagne de se raccorder aux reseaux d'in- lot d'infrastructures, aussi bien urbaines que rurales, Ie cout frastructure, meme quand ils en sont proches. en capital par habitant diminue avec la densite. Pour la plus Les investissements dans les infrastructures (en parti- forte densite, Ie colit d'un lot de services de haute qualite culier en zone rurale) continuent de se concentrer sur des est de 325 dollars EU par habitant; dans les villes de den- interventions specifiques a certains secteurs plutot que de site moyenne, il est de 665 dollars EU ; dans l'arriere-pays se synchroniser spatialement et de rassembler la fourniture rural, de 2 837 dollars EU ; et dans les zones isolees, de 4 879 de differents services infrastructurels dans des « lots» plus dollars EU (Tableau 5.6). Ces montants illustrent bien Ie fait larges. L'information disponible montre que Ie rendement qu' en matiere de couts, les villes africaines sont desavantagees Tableau 5.5 Menages ayant acces a un ou plusieurs services infrastructurels modernes Pourcentages Quintile Nombre de services National Rural Urbain Le plus pauvre Second Troisieme Quatrieme Cinquieme Un quelconque service d'infraSlructure 33 15 76 4 17 23 44 78 moderne Deux quelconques services 17 4 47 o 19 56 d'infrastructure modernes Trois quelconques services 9 28 o o 11 32 d'infraSlructure modernes quelconques Quatre quelconques services 4 o 12 o o 4 16 d'infrastructure modernes quelconques Source' Banerjee et coil. 2008. Note. Les taux de couverture des menages sont ponderes par la population pour la derniere annee disponible. Les services d'infrastructure modernes incluent I'eau courante, les toilettes a chasses d'eau, I'energle et la telephonie fixe. Faciliter l'urbanisation 129 Tableau 5.6 CoOt du capital par habitant de la fourniture d'infrastructures, par densite Dol/ar EU par habitant sauf indication contraire Villes Arriere-pays Milieu rural Type d'infrastructure Grandes villes secondaires rural profond Densite (habitants/km 2) 30000 20000 10000 5008 3026 1455 1247 38 13 Eau Robinet prive 104,2 124,0 168,7 231,8 293,6 416,4 448,5 1 825,2 3 156,2 Poste fontaine 31,0 36,3 48,5 65,6 82,4 115,7 124,5 267,6 267,6 Puits 21,1 21,1 21,1 21,1 21,1 21,1 21,1 53,0 159,7 Pompe manuel Ie 8,3 8,3 8,3 8,3 8,3 8,3 8,3 16,7 50,4 Assa;n;ssement Fosse sceptique 125,0 125,0 125,0 125,0 125,0 125,0 125,0 125,0 125,0 Latrines ameliorees 57,0 57,0 57,0 57,0 57,0 57,0 57,0 57,0 57,0 Latrines non ameliorees 39,0 39,0 39,0 39,0 39,0 39,0 39,0 39,0 39,0 Energ;e Reseau 63,5 71,2 88,5 112,9 136,8 184,3 196,7 487,7 943,1 Mini-reseau 87,6 95,2 112,5 136,9 160,8 208,3 220,7 485,8 704,2 Solaire photovolta',que 92,3 92,3 92,3 92,3 92,3 92,3 92,3 92,3 92,3 Routes Haute qualite 31,6 47,4 94,7 189,2 313,1 651,3 759,8 269,1 232,4 Mediocre qualite 23,6 35,4 70,7 141,2 233,8 486,3 567,3 224,3 193,6 TIC Capacite constante 1,1 1,7 3,3 6,6 10,9 22,8 26,6 39,8 129,7 Capacite reelle 1,1 1,7 3,3 6,6 10,9 22,8 26,6 129,7 422,1 Total Qualite variable 325 369 480 665 879 1 031 1061 940 836 Qualite constante (eleved 325 369 480 665 879 1400 1 557 2837 4879 Source' Compilation des auteurs basee sur de nombreuses sources du Diagnostics des infrastructures nationales en Afrique, Note, TIC = Technologies de I'information et de la communication, a. En ce qui concerne la qualite variable, la technologie differe en densite et localisation de la maniere suivante :(a) Eau - robinets prives dans les grandes villes, pastes fontaines dans les petites villes, puits dans les villes secondaires urbaines, pompes manuelles en zone rurale ; b) Assainissement - fosses sceptiques dans les grandes villes, latrines ameliorees dans les petites villes et les vi lies secondaires, latrines traditionnelles en zone rurale ; c) Energie - reseau en zone urbaine, mini-reseau dans I'arriere-pays rural, panneaux solaires en milieu rural profond ; d) Routes - scenario de haute qualite , e) TIC - Capacite constante dans les zones urbarnes et rurales, b, En ce qui concerne la qualite constante (elevee), la meme technologie - la plus chere - est utilisee pour toutes les densites, sauf pour I'energie, ou les reseaux concernent tous les niveaux de densite, par rapport aux villes asiatiques tres peuplees, du fait que d'envisager un ensemble d'alternatives technologiques moins leur population est generalement moins dense. L'expansion cheres, telles que les panneaux solaires, les pompes manuelles urbaine africaine s'accompagne d'une baisse des den sites et I'assainissement sur place. Le cout d'une technologie de (expansion en tache d'huile), ce qui fer a encore grimper les qualite variable augmente plus graduellement : de 325 dollars couts d'infrastructure par habitant. EU par habitant dans les villes 3 haute den site de population Pour les plus grandes villes d'Afrique, de plus de 3 millions 3665 dollars EU dans celles 3 densite moyenne et 940 dol- d'habitants et d'une densite moyenne de 5 000 habitant par lars EU dans I'arriere-pays rural; il redescend 3 836 dollars kilometre carre, I'eau et l'assainissement ont Ie poids Ie plus EU dans les regions isoIees (Tableau 5.6). C'est donc dans les eleve dans Ie lot d'infrastructures (54 %), suivis par les routes zones urbaines secondaires que se retrouve Ie coUt par habi- (28 %), l'eIectricite (17 %) et les TIC (1 %). tant Ie plus eleve. Les densites y sont suffisamment elevees Les economies dues 3 la den site sont si importantes que Ie pour exiger des solutions de plus haute qualite mais pas assez deploiement de l'infrastructure de reseau devient inabordable pour pouvoir beneficier d' economies d' echelle significatives 13 ou la densite est basse. Dans ces cas, il peut etre raisonnable dans la fourniture des services. 130 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE La densite de la population n'influence pas seulement Ie trieS; les lignes de transport de I' energie ; les dorsales en fibre cout de l' expansion des reseaux mais aussi la disponibilite des optique ; et les principaux composants du systeme national ressources pour la payer. Le pouvoir d'achat total des menages de transport, incluant les routes nationales, les chemins de fer, par kilometre carre va d' environ 3 500 dollars ED par an dans les aeroports et les ports de mer. La deuxieme categorie com- les zones rurales profondes a 2,5 millions de dollars ED par an prend les infrastructures desservant specifiquement l' espace dans les villes de plus de 3 millions d'habitants avec une den- urbain, comme les routes et les TIC urbaines, d'e!ectricite site de 5 000 habitants par kilometre carre. Ainsi donc, dans et les reseaux d'alimentation en eau. La troisieme categorie les zones rurales Ie cout d'un lot d'infrastructures de haute comprend les infrastructures desservant specifiquement l' es- qualite atteint 10 a 20 fois Ie budget annuel des menages, ce pace rural, comme les routes rurales, les services destines aux qui est manifestement prohibitif (Figure 5.4). Ce rapport des- menagers ruraux et l'irrigation. cend en fleche en zone urbaine, OU Ie meme lot ne coute que Historiquement, l' Afrique a, comme indique au chapitre 2, de 1 a 3 fois Ie budget annuel des menages. Pour les villes den- investi environ 26 milliards de dollars ED par an dans l'in- sement peuplees (au-dela de ce que 1'0n trouve en Afrique), frastructure 6 • Sur ce total, a peu pres 30 % sont alles a l'in- ce rapport tombe a moins des deux tiers du budget annuel frastructure productive soutenant l' economie nationale, 50 % des menages. aux services destines a l' espace urbain, et les 20 % restants aux services lies a l'espace rural (Figure 5.5).7 Dans Ie secteur de l' energie, la part du lion a servi a financer Ie developpement Investissements necessaires de la capacite energetique destinee a la production indus- trielle ainsi que Ie transport d' electricite. L'infrastructure Comme on l' a vu au chapitre 2 de ce volume, l' Afrique devrait liee a l'economie nationale represente egalement une part depenser jusqu'en 2015, environ 93 milliards de dollars par importante de l'investissement dans les transports. Tous sec- an pour satisfaire ses besoins d'infrastructure pendant la pro- teurs confondus, les infrastructures destinees l' espace urbain chaine decennie. Deux tiers environ de ce total rep res en tent absorbent une plus grande part des investissements que celles l'investissement en capital, et Ie tiers restant les couts d'ex- desservant a l' espace rural. Seules exceptions: l' eau et l' as- ploitation et maintenance (Briceno-Garmendia, Smits et Fos- sainissement, OU Ie partage est plus equitable meme s'il reste ter 2008). Ces besoins d'investissement peuvent etre classes biaise en faveur des villes, dans la mesure OU la population est en trois categories. La premiere comprend les investissements en majorite rurale. necessaires pour etendre l'infrastructure productive qui Selon les estimations presentees au chapitre 1 de ce sous-tend l'ensemble de l'economie nationale : par exemple, volume, l'Afrique devra a l'avenir investir 60 milliards de la capacite de generation d'electricite necessaire a l'indus- dollars ED par an. Le schema spatial de ces futurs investisse- Figure 5.4 Accessibilite financiere d'une offre d'infrastructure de base destinee aux menages Densite (habitants par kilometre carre) Source: Compilation des auteurs. Note' Abordable correspond aux densites de population pour lesquelles Ie cout en capital par hectare d'une offre de services d'infrastructure de base ne represente pas plus d'une annee de revenus pour les habitants de cet hectare. Inabordable correspond aux densites de population pour lesquelles Ie cout en capital par hectare d'une offre de services d'infrastructure de base excede de plusieurs lois Ie revenu annuel des habitants de cet hectare. Faciliter l' urbanisation 131 Figure 5.5 Repartition spatiale des investissements infrastructurels passes 100% 80% 60% 40% 20% 0% Energie TIC Transport Eau et assain. I_ National D Urbain !II Ruraq Source. Compilation des auteurs. Note: TIC = Technologies de I'information et de la communication. Economie nationale designe I'infrastructure productive qUI soutient I'economie natlonale et ne peut etre specifiquement affectee en tant que services aux habitants de I'espace urbain ou rural (par exemple, Ie reseau interurbain, Ie systeme energetique national, les principaux ports et aeroports). L'espace urbain et I'espace rural designent l'lnfrastructure qui est principalement orientee vers la satisfaction des besoins de services des habitants des zones urbaines et rurales (par exemple les services destines aux menages urbains ou ruraux ou encore, les routes urbaines ou rurales). ments sera quelque peu different de celui du passe: 34 % du Urbaine ou rurale designent 1'infrastructure qui est princi- total devront aller a 1'infrastructure productive qui soutient paIement orientee vers la satisfaction des besoins en services l'economie nationale ; 32 % iront aux services de l'espace des habitants des zones urbaines ou rurales (par exemple les urbain, et les 34 % restants a l'espace rural (Figure 5.6). La services destines aux menages urbains ou ruraux ou encore, part destinees au soutien de l' economie nationale augmente les routes urbaines ou rurales). donc legerement, tandis que celle destinee aux services des espaces urbains diminue et celle consacree a l' espace rural s'accroit? Ce me me modele se retrouve dans les secteurs pris Financement de I'infrastructure individuellement. L'in!rastructure productive soutient l' economie nationale et La juridiction responsable du fin an cement et de la fourni- ne peut etre specifiquement affectee en tant que services aux ture de 1'infrastructure varie fortement d'un secteur ou d'un habitants de 1'espace urbain ou rural (par exemple, Ie reseau pays a l'autre. Si les TIC et l'electricite relevent generalement interurbain, Ie systeme energetique national, les principaux de 1'autorite nationale, la responsabilite de 1'alimentation en ports et aeroports). eau en zone urbaine est largement decentralisee (Figure 5.7). Figure 5.6 Repartition spatiale des besoins en investissements futurs 100% 80% 60% 40% 20% 0% Energie TIC Transports Eau et Irrigation assain. _ Infrastructure productive D Urbaine!ll Rurale Source. Compilation des auteurs. Note' TIC = Technologies de I'information et de la communication. 132 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 5.7 Schemas institutionnels de I'alimentation en eau faire les besoins d'infrastructure crees par la rapide crois- et electricite dans les zones urbaines sance urbaine. Les donnees recoitees sur un echantillon de a. Alimentation en eau villes montrent que la depense moyenne par habitant et par an depasse rarement 10 dollars E1 (Figure 5.8). Avec 1 163 dollars EU pour Le Cap et 1 152 dollars EU pour Durban, l'Afrique du Sud fait figure d'exception. 39 Les transferts de l'Etat ou Ie financement direct sont devenus les principales sources de financement des infras- tructures locales (Tableau 5.7). Dans la pi up art des pays africains, les villes dependent des transferts de l'Etat pour plus de 80 % de leurs recettes d' exploitation. Cette depen- dance diminue l'incitation des pouvoirs publics locaux a lever leurs prop res recettes. Les transferts sont souvent Sources." Banerjee et call. 2008 , Eberhard et coil. 2008. imprevisibles, ce qui freine les projets et la planification a long-terme. Ils favorisent souvent les petites localites au Cependant, dans beaucoup de pays, en particulier franco- detriment des plus grandes villes connaissant de graves phones, l'exploitation est confiee a des services publics qui goulets d'etranglement en matiere d'infrastructure. Du restent nation aux. La ou il existe des services publics muni- point de vue des recettes, les pouvoirs publics locaux ont cipaux, ils n'appartiennent que rarement, en tout ou en par- un pouvoir d'imposition limite, meme si l'assiette fiscale tie, aux pouvoirs publics communaux. La responsabilite des potentielle est importante. Dans les grandes villes, la plu- infrastructures de transport est rep artie entre les juri dictions part des recettes fiscales sont transferees vers Ie Tresor nation ales et locales, dans une proportion qui varie selon les public national. pays. Les pouvoirs publics centraux sont generalement res- L'utilisation des budgets des pouvoirs publics locaux est ponsable du reseau des routes principales ainsi que des che- tres variable selon les pays. Au Ghana, les recettes sont sur- mins de fer, des ports et des aero ports. Les pouvoirs publics tout destinees aux depenses en capital (78 %), tan dis qu'en regionaux ont habituellement la responsabilite des routes Cote d'1voire et au Senegal ce sont les depenses courantes locales. qui en absorbent la plus grande partie (80 et 90 % respec- La plupart des juridictions locales, qu'elles soient urbaines tivement). Au Ghana, les taxes et les ressources locales sont ou rurales, ne disposent pas de la base de ressources suffi- pratiquement inexistantes, tandis qu'en Cote d'1voire et au sante pour fournir des services d'infrastructure adequats Senegal, elles representent une part importante des recettes. aux menages et aux entreprises. Les budgets municipaux Les recettes propres per<;:ues par les pouvoirs publics locaux sont tres faibles par rapport au C0l1t necessaire pour satis- representent moins de 1 % du PIB dans les trois pays. Figure 5.8 Budgets municipaux de quelques vi lies africaines selectionnees Arusha, Tanzanie ~• • • • • • • • • • • • • • •_ Beira, Mozambique • • • • • • • Maputo, Mozambique • • • • • • Nairobi, Kenya • • • • Porto Novo, Benin Lagos, Nigeria Dar es Salaam, Tanzanie Kinshasa, RDC Monrovia, Liberia o 5 10 15 20 25 30 35 Doliars EU/hab. Sources. Global Urban Observatory 1998 , documents budgetaires munlcipaux correspondants. Faciliter l'urbanisation 133 Tableau 5.7 Aperc;u des mecanismes locaux de financement des infrastructures Mecanisme Urbain Rural Fourniture directe centralisee TIC, energie et parfois eau TIC, irrigation, occasionnellement I'energie et I'eau Transferts des pouvoirs publics centraux Non dedicaces et generalement mod estes Non dedicaces et generalement modestes, utilisation croissante des fonds ruraux Impots locaux Potentiel important mais requiert des droits de propriete clairs Potentiel bien plus limite et une plus grande formalisation de I'economie urbaine Dette municipale Nombre limite de cas solvables Pas de solvabilite Ventes immobilieres Potentiel important mais requiert une definition claire prealable Potentiel bien plus limite des titres de propriete fonciere Charges utilisateurs Potentiel important Potentiel infime du fait d'achats energetiques reduits par les menages. Source: Compilation des auteurs. Note: TIC = Technologies de I'information et de la communication. Amenagement de l' espace, reglementation fonciere couts deja eleves de 1'infrastructure africaine urbaine grimpe- etlogement ront encore avec la future extension en tache d'huile, rendant Les limites des villes se sont etendues, et des zones rurales moins abordables les services de base et aggravant 1'impact au milieu des annees 1980 font maintenant partie de 1'aire environnemental et l' empreinte carbone. metropolitaine entourant les gran des villes africaines. Cette Dans beaucoup de pays africains, les institutions foncieres tendance est particulierement evidente dans les pays OU la en sont encore a leurs debuts, refietant l' economie politique et croissance urbaine est plus rapide, comme Ie Burkina Faso, 1'heritage colonial. En Afrique, 1'acces ala propriete fonciere Ie Cameroun et Ie Ghana (Farvacque-Vitkovic, Glasser et est rendu difficile par l' extreme centralisation des procedures, colI. 2008). Le schema indique une forte croissance physique, les couts d'obtention d'un titre de propriete et Ie rapide epui- caracterisee par une densification moderee et irreguliere au sement des reserves foncieres de l'Etat. Dans ce contexte, des sein du noyau interieur des villes, les zones residentielles habitats spontanes se sont developpes. La disponibilite limi- laissant la place a une utilisation commerciale, tandis que la tee des terres et les prix eleves affectent Ie choix des lieux et croissance peripherique se developpe de maniere anarchique excluent les menages a bas revenus du marche foncier officiel. avec une faible densite. Beaucoup d'Etat ont subsidie des parcelles, mais l'offre est Dans beau coup de cas, 1'expansion spatiale des villes a bien inferieure a la demande. Les Etats ont essaye d'aider les ete plus rapide que la croissance demographique, avec une residents exclus des marches fonciers et ont etendu les infras- reduction de la densite. La den site dans les villes africaines va tructures aux nouveaux habitats, mais les resultats ont ete de 1 000 a 4000 habitants par kilometre carre (Tableau 5.8). decevants. Des travaux recents realises au Burkina Faso, au La densite dans les zones rurales est inferieure a 100 habi- Ghana et au Mali font apparaitre la coexistence de systemes tants par kilometre carre. Les megalopoles africaines sont de droit foncier traditionnel et public, ce qui complique la plus denses, mais loin derriere leurs seeurs asiatiques. Seule tenue de cadastres et rend redondants les droits fonciers, qui une poignee de villes africaines (comme Ifon Osun au Nige- sont difficiles a faire appliquer (Farvacque-Vitkovic et colI. ria, Mbuji-Mayi en Republique democratique du Congo ou 2007, Farvacque-Vitkovic, Raghunath et colI. 2008). La taille Mombasa au Kenya) atteignent des densites de population limitee du marche foncier et Ie monopole des proprietaires de lO 000 a 20 000 habitants par kilometre carre, a comparer traditionnels entrainent une offre insuffisante de terrains aux densites de 20 000 a 40 000 de Bangalore, Haiderabad et urbains et font monter les prix. Mumbai en Inde, Guangzhou et Shangai: en Chine, et Seoul l' absence de titres de propriete fonciere freine Ie develop- en Republique de Coree (Bertaud 2003). Les den sites les plus pement des affaires et l' etablissement de nouvelles entreprises. habituelles des megalopoles africaines de moins de 5 000 Sans acces a la terre et installes dans des zones peripheriques habitants par kilometre carre sont comparables a celles des non desservies, les pauvres souffrent d'une mauvaise connec- villes des pays membres de 1'OCDE telles que Londres et New tivite et de difficultes d'acces aux marches du travail. La York. Les zones construites grandissent plus vite que les popu- resistance des proprietaires fonciers et l' absence de cadastres lations urbaines dans 7 villes africaines sur 10, ce qui suggere empechent aussi les villes de percevoir des impots sur les ter- une chute des den sites (Angel, Sheppard et Civco 2005).8 Les rains urbains (Encadre 5.1) 134 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Tableau 5.8 Densite de la population par type de pays RNB par Densite habitant (doliarEU Villes Centres urbains Zones Arriere-pays Zones rurales Type de pays par hab.) Megapoles moyennes secondaires periurbaines rural isolees Afrique subsaharienne 875 3621 1482 1281 89 35 13 Pays enclaves afaible revenu 245 2529 1 702 1 306 132 71 14 Pays cbtiers afaible revenu 472 4083 1661 1492 100 35 13 Pays a revenu intermediaire 5081 1229 574 824 58 45 19 Source: Compilation des auteurs basee sur les analyses des systemes d'information geographique du Projet de cartographie urbaine et rurale (donnees sur la densite de la population) et Henderson 2002 pour les mega poles. Note' RNB = Revenu national brut. Le RNB est calcule en dollars courants a I'aide de la methode Atlas. Les estimations sont basees sur un echantillon de 20 pays. Densite = Nombre de personnes par kilometre carre. Les megapoles comptent plus d'un million d'habitants , les villes moyennes entre 100000 et un million d'habitants ; les villes secondaires entre 100 000 et 50 000 habitants; les zones periurbaines sont situees a moins d'une heure des villes de plus de 50 000 habitants les plus proches , les arriere-pays ruraux sont situes a une distance comprise entre 1 et 6 heures des villes de plus de 50 000 habitants les plus proches ; et les zones isolees sont situees a plus de 6 heures des villes de plus de 50 000 habitants les plus proches. Les villes africaines sont confrontees au manque de loge- 20 % de la demande annuelle d'abris (Farvacque-Vitkovic, ments et d'abris. Dans la plupart des pays, Ie marche immo- Raghunath et colI. 2008). A Accra, l'augmentation du pouvoir bilier et les agences publiques satisfont tout au plus un quart d'achat des habitants, due aux envois d'argent par les emigres de la demande annuelle de logements ; les trois quarts des a provoque une hausse de l'immobilier, et des restrictions demandeurs restants se toument vers Ie marche informel et cadastrales et legales limitent artificiellement la disponibilite la construction de leur propre logement. Dans les capitales des terrains pour Ie logement. du Burkina Faso et du Mali, plus de 45 % des habitants vivent Beaucoup de gouvemements ont essaye d'aider les pauvres dans des habitats informels (Farvacque-Vitkovic et colI. 2007 ; en subventionnant la construction, en proposant des encou- Banque mondiale 2002). Au Ghana, Ie marche ne produit que ragements fiscaux aux promoteurs, ou en construisant des Les questions foncieres en Tanzanie L'urbanisation en Tanzanie n'en est qu'a ses debuts, et la En 1998, I'habitat informel couvrait 48 % des zones baties population aug mente dans la plupart des zones urbaines. de Dar es Salaam et de recentes estimations montrent meme Depuis les annees 1960,Ia demande de terrains urbains dotes jusqu'a 70 a 80 %. de services excede de beaucoup et de fac;on systematique La rarete des parcelles est due aux sous-performances du I'offre des pouvoirs publics, La demande officielle de terrains systeme public, au manque de ressources institutionnelles s'eleve en moyenne a 75 000, tandis que I'offre est inferieure et financieres, ainsi qu'a la concurrence entre les systemes a 6 000 par an. La plupart des demandeurs perdent espoir et formel et informel d'amenagement des terrains (ce dernier finissent par se tourner vers Ie marche informel afin d'obtenir s'averant meilleur marche et plus aise). II existe egalement des terrains pour repondre a leurs besoins de developpement. des contraintes institutionnelles. La Loi fonciere de 1999 a II est egalement extremement difficile d'acceder a des terrains concentre la plupart des pouvoirs de gestion des terrains au a des fins d'investissement. Le Centre pour I'investissement sein des pouvoirs publics centraux, privant ainsi les autorites de la Tanzanie a enregistre 4 210 projets d'investissement, locales de la structure institutionnelle dont elles ont besoin dont 80 % necessitent d'avoir acces a des terrains. Cepen- pour s'acquitter de leurs responsabilites en matiere fonciere. dant, Ie Centre estime que seul un quart des projets enregis- Les objectifs fonciers ne sont pas explicites et les lois ne sont tres pourra acquerir du terrain dans Ie cadre du systeme offi- pas appliquees de fac;on coherente. La repartition des respon- ciel existant. Entre 2004 et 2007, 440 demandes de terrains sabilites entre les differents intervenants n'est pas claire et ont ete rec;ues, mais seuls 13 demandeurs ont obtenu des souffre d'un manque de coordination. titres de propriete ; preuve que Ie systeme officiel d'attribu- tion des terrains dans les zones urbaines ne fonctionne pas. Source: Muzzini et Lindeboom 2008 ; Raich et Sarzin (a paraitre). Faci/iter l'urbanisation 135 logements publics, mais les effets de ces mesures ont ete vendue par les marchands prives que ceux qui ont l'eau cou- minimes (Farvacque-Vitkovic, Glasser et coil. 2008). Les couts rante (Farvacque-Vitkovic, Glasser et coil. 2008). Dans l'en- de la construction sont tres eieves, notamment dans les pays semble de I'Afrique, Ie prix du metre cube d'eau courante est enclaves. 9 Le ciment, Ie fer et d'autres materiaux sont imp or- de 0,50 dollar EU, contre 4,75 dollars EU pour I'eau achetee tes, ce qui met les logements a des prix inabordables. aux marchands ambulants. L'acces insuffisant aux services de La plupart des nouveaux logements vont aux menages base a egalement des consequences pour la sante et Ie deve- a revenu intermediaire. Selon les estimations, sur cinq loppement humain. De plus, la situation geographique peu demandes, seul un logement est accorde a un menage dans favorable et les distances limitent l'acces a l'education et aux Ie besoin. 1o possibilites d'activites lucratives. Croissance urbaine et habitats informels Un probleme majeur pour les villes d' Afrique en croissance Problemes et implications des politiques est la rap ide extension des habitats informels. Le manque de lotissements abordables dotes de services et les politiques Financement de l'infrastructure de zonage empechent souvent les pauvres de s'integrer au Les villes devraient depenser plus et avec plus de sagesse. developpement urbain et les laissent dans des abris sous- Bien que l'infrastructure et les services principaux ayant des desservis (bidonvilles), tant en peripherie qu'au creur des retombees importantes relevent clairement de la responsabi- gran des villes. lite des pouvoirs publics centraux, les villes sont responsables La definition standard de bidonville donnee par l'ONU fait des clechets solides, des egouts, du drainage et de I' eclairage. reference au surpeuplement, aux logements informels ou Dans beaucoup de cas, leur aide est egalement sollicitee pour de pietre qualite, a l'acces insuffisant a une eau saine et au les abris. Les avantages attendus de la decentralisation ne se manque de securite fonciere. Sur la base de cette definition, sont pas materialises parce que les politiques en la matiere ont 70 % de la population urbaine d'Afrique vit dans des bidon- attribue aux villes plus de responsabilites (notamment dans villes (ONU-Habitat 2003), et de 1990 a 2001 la population les secteurs sociaux), mais pas plus de ressources. Sans sources des bidonvilles s'est accrue de 4,4 % par an, plus vite que la de revenus independantes ou previsibles, les villes africaines population urbaine. Si cette ten dance se main tie nt, en 2020, sont rarement capables de planifier ou decider de la meilleure 218 millions d'Africains de plus vivront dans des bidonvilles, maniere d'allouer leurs ressources. et presque un tiers des habitants de bidonvilles dans Ie monde En principe, les villes disposent d'un plus grand poten- seront en Afrique. tiel en matiere de recettes locales. Premierement, l'economie Les conditions de vie et Ie niveau des revenus des habi- urbaine plus vaste constitue une base importante pour les tants des bidonvilles presentent une grande heterogeneite taxes locales, meme si son caractere essentiellement infor- d'une ville a l'autre. Toutes les personnes vivant dans ces habi- mel rend l'imposition difficile. Deuxiemement, les pro- tats n'ont pas de faibles revenus, bien que Ie chevauchement prietes urbaines de valeur constituent elles aussi une base soit significatif, et leurs niveaux de vie different d'un pays fiscale potentielle importante, bien que l'absence de titres a l'autre. Dans beaucoup de cas, les habitats informels sont de propriete bien etablis en empeche la mise en reuvre. Troi- disperses dans les villes, OU ils c6toient des residences mieux siemement, Ie pouvoir d'achat plus eleve et Ie plus dense nanties. En Tanzanie, les citadins des zones periurbaines ne regroupement geographique des menages urbains rendent vivent pas trop mal, profitant de la liberte que donne l'in- plus aise Ie recouvrement d'une part significative des besoins formalite, meme sans titres de propriete ni murs acheves. En de fin an cement de I'infrastructure. effet, les zones periurbaines informelles sont parfois les plus La dette a long terme reste une alternative (du moins theo- dynamiques, justement parce les reglements tatillons ne les riquement), mais peu de villes africaines ont une solvabilite atteignent pas. II y a aussi un fort « effet de ville ». Grace au suffisante pour organiser eux-meme Ie financement de leur leadership, ala securite fonciere, a la propriete et a la parti- dette, et les rares exemples (Afrique du Sud et Zimbabwe) ont cipation des citoyens, les habitants des bidonvilles de Dakar mis en evidence la faiblesse du systeme et la necessite d'une (Senegal) ont un niveau de vie bien plus eleve que ceux de notation impartiale du credit. Nairobi (Kenya), maigre les niveaux de revenus et d'education Les villes plus gran des disposent d'une assise economique plus eieves de ces derniers (Gulyani, Talukdar et Jack 2008). plus large et de plus d'autonomie pour lever leurs propres Le plus gros probleme des bidonvilles et de l'informalite imp6ts. Cependant, les recettes fiscales sont souvent transfe- est l'exclusion des commodites de base. Les habitants des rees vers les pouvoirs publics centraux, et des facteurs poli- bidonvilles de Nairobi paient jusqu'a 11 fois plus cher l'eau tiques entravent l'application des taxes sur la propriete. Bien 136 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE que les villes africaines generent 80 % des recettes fiscales des allouent une partie des fonds recueillis pour les routes natio- pays, elles n'en obtiennent en fin de compte que moins de nales a la maintenance du reseau rural (60 % des pays). Cette 20 %.11 D'autre part, les zones urbaines plus grandes sont decision peut s'averer une bonne strategie: les pays qui consa- censees avoir moins de responsabilites de depense dans la crent aux routes rurales au moins 0,015 dollar EU par litre de mesure ou elles sont souvent desservies par des prestataires leurs taxes sur les carburants ont une proportion de routes de services nationaux (par exemple pour l'eau et l'electricite), rurales en bon etat bien superieure a ceux qui en allouent ce qui les degage de certaines depenses budgetaires qui autre- moins (36 % contre 21 %). ment leur reviendraient. Dans des villes comme Dar es-Salaam (Tanzanie) ou Nai- Politiques foncieres et planification urbaine robi (Kenya), une amelioration des institutions de gestion et territoriale des terres pourrait ouvrir la porte a une augmentation des Des politiques et des marches fonciers adequats sont la de de recettes municipales liees a la propriete, a une plus grande uti- voute d'une transition urbaine performante. Les institutions lisation des terres, a des recettes sur les ventes pour l'Etat et a de gestion de la terre induent un registre cadastral complet, un financement prive supplementaire. Ainsi, Le Caire a orga- des mecanismes credibles pour l'application des contrats et la nise la vente aux encheres de plusieurs terrains reconvertis, resolution des litiges, des lois de zonage flexibles, et une regle- qui ont ajoute 10 % au budget de la ville. Celle-ci a egalement mentation souple des subdivisions, qui facilite plus qu'elle accorde a des infrastructures privees des permis de construire n' entrave la conversion des terrains a differentes utilisations. sur des terrains publics. Pour les gran des villes de Chine, la Les droits de propriete lies aux titres fonciers sont essentiels location de terrains est la methode habituelle pour mobiliser pour transformer les actifs en richesses utilisables. Dans Ie des ressources, de meme qu'a Mumbai et a Bangalore en Inde. secteur agricole, il est important de passer des droits sur des Dans 11 pays africains, la mise en place d'un systeme d'adres- terres communales aux droits de propriete individuelle pour sage des rues dans les principales municipalites a permis a permettre la conversion des terres rurales en terrains urbains, celles-ci d'augmenter de pres de 50 % leur facture fiscale, mais c'est un processus qui peut prendre beaucoup de temps. avec un taux de recouvrement de 90 %. Au Burkina Faso, en Les reglementations sur l'utilisation de la terre et la Mauritanie et au Togo, l'adressage des rues a aide a recenser constructibilite prennent plus d'importance a mesure que la base fisc ale locale et a appliquer la taxation residentielle l'urbanisation avance. Les gouvernements reglementent les (Farvacque-Vitkovic et colI. 2007; Farvacque-Vitkovic, Glas- marches fonciers pour assurer la separation des terres entre ser et colI. 2008; Kessides 2006). Au Benin, la gestion decen- les differentes utilisations ainsi que l'integration des usages tralisee a permis une hausse de 82 % des recettes municipales publics et prives des terrains, comme la fourniture d' espaces a Cotonou, de 131 % a Parakou et de 148 % a Porto Novo, pour les infrastructures de transport dans les zones dense- avec egalement une amelioration des taux de recouvrement ment peuplees. Les reglementations foncieres peuvent cepen- (Kessides 2006). dant etre exagerees, alterant la motivation des entreprises Dans les zones rurales, ce sont les transferts completes par et des menages a s'etablir dans les villes et faisant grimper des fonds centralises qui prevalent. Beaucoup de pays ont les prix, poussant ainsi les habitants et les activites vers des essaye de financer l'investissement rural en introduisant des places non reglementees. Les delais d'acquisition des terrains mecanismes de financement centralises pour attirer vers l'in- sont tres longs en Ethiopie et en Zambie. Au Mozambique, frastructure rurale des fonds d'affectation speciale de l'Etat les entreprises paient en moyenne 18000 dollars EU de frais ainsi que des ressources des donateurs. Ces mecanismes de procedure, et au Nigeria elles doivent enregistrer leurs ter- comprennent des fonds pour l'alimentation en eau en milieu rains pour pouvoir les mettre en garantie, une procedure qui rural (90 % des pays), pour l'electrification rurale (76 %), et peut prendre jusqu'a deux ans et couter 15 % de la valeur des pour les telecommunications rurales (29 %). Pour l'electri- terrains (Kessides 2006). cite, les fonds ruraux accelerent l' expansion de la couverture Les institutions foncieres peuvent ameliorer l'information, de la population rurale : on observe une croissance annuelle renforcer les droits de propriete, enregistrer les transactions de 0,72 % dans les pays OU ces fonds existent, par rapport a du marche, et avancer progressivement vers des marches fon- la contraction annuelle de -0,05 % dans les autres. Pour les ciers plus ouverts. Avec une dotation de 100 kilometres carres fonds destines a l'eau et aux TIC ruraux, on n'observe pas de de terres, la Tema Development Corporation est en train de pla- difference significative dans les taux d'expansion. nifier et amenager au Ghana la Zone Tema, en y construisant Les fonds de l'Etat central peuvent aussi soutenir la main- des routes et un systeme d'egouts, en preparant et realisant tenance de l'infrastructure rurale. Pour surmonter les pro- des projets de logement, et en gerant des locations. Les permis blemes lies a l'inadequation de l'entretien, beaucoup de pays de construire pour les logements sont soumis aux autorites, Faciliter l' urbanisation 137 qui font payer des droits calcules sur la valeur de la propriete mise l' effet economique et social de la prestation des services a construire (Farvacque, Vitkovic et McAuslan 1993). d'infrastructure dans les zones rurales en facilitant 1'ac- L'expansion urbaine et les besoins d'infrastructure qu'elle ces aux opportunites economiques et en reduisant Ie fosse implique devraient etre guides par une planification urbaine. entre pauvres et non-pauvres. Les politiques d'investisse- A cause de son approche descendant du haut vers Ie bas et ment devraient donc, surtout quand 1'infrastructure rurale de sa mediocre mise en reuvre, la planification urbaine et est concernee, rechercher une meilleure complementarite les plans d'urbanisme ont perdu leur sens dans beaucoup de entre les secteurs. Celle-ci exige un deploiement adequat de villes africaines. La dynamique urbaine est rarement prevue la coordination et planification institution nelles, ainsi que de fa<;:on adequate et, dans la plupart des cas, c'est 1'econo- de la capacite financiere. Meme s'il constitue une oppor- mie politique qui a Ie dernier mot dans la determination de tunite de realiser un meilleur retour sur investissement, Ie l' emplacement des infrastructures ou des projets de develop- regroupement des infrastructures ne suffit cependant pas a pement importants. Pour etre efficace et utile, la planifica- lui seul a dynamiser Ie developpement economique et social tion urbaine do it etre souple, participative et indicative (10 a rural. Ii faut une vision plus large du developpement rural 15 ans). Les cartes urbaines de reference doivent montrer les qui optimise la coordination et la complementarite entre les grands axes et les services, les espaces pour l' expansion et les secteurs au-dela du strict domaine des infrastructures - pour reserves pour les commodites. lesquelles Ie regroupement reste un outil essen tiel. Tel est Ie La planification doit contr61er l' expansion en tache champ d'action du developpement territorial. d'huile, favoriser la densification, eviter Ie developpement dans des zones environnementales precaires, et privilegier la Habitats informels fourniture de terrains dotes d'infrastructures et de services, a Eviter la formation des bidonvilles et ameliorer ceux qui un prix abordable. Idealement, la planification doit prendre existent sont des preoccupations majeures pour les respon- appui sur des strategies participatives et s'aligner sur les bud- sables des politiques. Normalement, une seule de ces deux gets locaux et nationaux. Sans une projection realiste des approches est adoptee. ressources qui seront disponibles, les plans urbains perdent La premiere est centree sur l' amelioration des conditions souvent to ute credibilite. Dakar (Senegal), Lagos (Nigeria) de vie des habitants des bidonvilles, la OU ils sont installes. et Maputo (Mozambique) ont recemment mis au point des Un statut d'occupation leur est accorde, les zones de bidon- strategies de developpement urbain encourageant la par- villes sont dotees des infrastructures de base, et les abris sont ticipation de la communaute a la discussion sur les defis et ameliores pour en faire des constructions de meilleure qualite les opportunites. et plus durables. Des investissements dans des programmes Dans les zones rurales, la planification territoriale est sociaux et de transports sont egalement realises pour resserrer essentielle pour promouvoir une approche plus integree du les liens entre les zones de bidonvilles et Ie reste de la ville, et developpement et pour renforcer les opportunites de crois- pour faciliter l'integration sociale. sance. Le developpement rural exige une fourniture coordon- Le Projet de rehabilitation du district d'Accra, au Ghana, nee des services d'infrastructure pour soutenir la production est un exemple d'amelioration reussie, de meme que plusieurs agricole et les activites non agricoles, telles que 1'infrastruc- programmes nationaux d'amelioration en Ethiopie, au Kenya ture pour 1'irrigation, les routes rurales et les services de et en Ouganda. transport associes, ainsi que l'infrastructure d'entreposage et La seconde approche, plus controversee, consiste a relo- de distribution des produits agricoles. Dans les zones rurales, ger les habitants des bidonvilles, soit dans des quartiers exis- la capacite d' administration limitee fait obstacle a une vision tants, soit dans de nouveaux lieux moins surpeuples et plus integree. La coordination peut etre encore compliquee par surs. Dans 1'un ou 1'autre cas, les habitants sont indemnises Ie fait que certains services, comme 1'irrigation, peuvent etre pour leur deplacement et la perturbation de leurs moyens du ressort de l'Etat central, tan dis que d'autres (comme les d' existence. routes) relevent des autorites locales. Chongqing, l' expe- Beaucoup de choses peuvent etre faites, it commencer rience chinoise de mise en reuvre d'un plan de developpe- par la fourniture des services et des infrastructures de base, ment territorial a l'echelle regionale, est un exemple qui peut combinee avec une politique fonciere efficace. La legislation interesser l'Afrique. qui gonfle Ie prix des terrains et exclut les pauvres devra etre Le regroupement des services d'infrastructure peut sen- revue. Des lots de base de services (eclairage des rues, reve- siblement augmenter Ie rendement des investissements qui tement, drainage, routes) doivent etre fournis au plus grand y sont faits. Ii garantit non seulement plus de bien-etre pour nombre de personnes, au meilleur cout possible. Au Kenya, au les menages (aussi bien urbains que ruraux), mais maxi- Mozambique et au Nigeria, des ameliorations majeures sont 138 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE possibles pour apeine 150 dollars EU par habitant, acompa- dont les ressources sont limitees doivent investir au niveau de rer aux 1 800 dollars EU ou plus que coutent les solutions plus l'ensemble de la ville, dans des lots minimaux d'infrastruc- achevees. Grace au transport urbain, les citadins pauvres peu- ture d'eau-assainissement-electricite destines aux quartiers vent avoir acces aux grands marches du travail. Une politique informels mal desservis, et resister a l'idee de transformer les a grande echelle et coherente d'octroi de tit res de propriete bidonvilles en quartiers parfaits. Pour environ 1 200 dollars apporterait de la darte et une previsibilite au marche foncier, EU par habitant, on peut apporter a beaucoup d'Africains developperait la propriete individuelle et encouragerait l'in- des bidonvilles les services de base, a comparer aux 18 000 vestissement prive. Dans beaucoup de pays, l'octroi de tit res dollars EU depenses dans des projets plus complets et plus de propriete resterait difficile (bien plus que l'extension des sophistiques en Amerique latine (Farvacque-Vitkovic, Glasser services de base) a cause de la politi que economique et de la et colI. 2008). faible capacite administrative. Quatriemement, se concentrer sur les villes et les zones importantes pour l'economie. Priorite doit etre donnee a I'amelioration du cadre institutionnel (surtout pour les Six principes pour une urbanisation efficace marches fonciers), a l'octroi de ressources techniques et financieres pour la planification et Ie developpement des Sur la base de la discussion qui precede, six principes des ont infrastructures et des services de base, a l'exploitation des ete degages pour la realisation efficace de l'urbanisation. economies d'agglomeration, et a la gestion de la congestion. Premierement, adopter un cadre analytique solide pour Cinquiemement, ameliorer les politiques foncieres pour aider a definir les priorites et la sequence des actions. Dans assouplir les marches pour leur permettre de reagir ala hausse les zones principalement rurales, les autorites doivent res- de la demande. Ceci exige d'inventorier les terres de l'Etat ter neutres et jeter les bases d'une urbanisation performante ainsi que leurs exploitants formels et informels, de recolter les (Banque mondiale 2009). De bonnes politiques foncieres et prix et les couts des parcelles de terrain et de la construction, la fourniture universelle des services de base sont essentielles et de planifier largement en vue de l'extension des habitats La ou l'urbanisation s'est acceleree, la priorite devrait aller urbains, en tenant compte des transports, de la connectivite aux investissements dans la connectivite pour assurer que les et des facteurs environnementaux. avantages de l'augmentation de la densite economique soient Sixiemement, ameliorer la solidite de la fiscalite des villes : largement partages. Dans les zones tres urbanises, des inter- a) ameliorer la transparence et la previsibilite des transferts ; ventions ciblees peuvent etre necessaires pour prendre en b) renforcer et simplifier I'imposition locale, en fondant la charge la question des bidonvilles et de l'exdusion. taxe fonciere sur l'occupation plutot que sur la propriete des Deuxiemement, admettre que l' economie politi que terres ; c) tirer avantage du recouvrement des couts des ser- influence la transition urbaine. Les villes africaines ne sont vices producteurs de revenus, tels que les marches et les auto- pas tres puissantes. Contrairement aux villes d' Asie de l'Est ou bus - ils peuvent representer 70 % des recettes d'une ville de d'Amerique latine, elles ont peu d'autonomie et dependent taille moyenne ; et d) utiliser des contrats municipaux (entre des pouvoirs publics centraux pour leurs ressources, projets les pouvoirs publics centraux et locaux) et l'adressage des rues d'infrastructure, et meme developpement territorial. Les pour aider les gouvernements locaux a gerer leurs ressources. maires chinois sont nommes par Ie parti, mais leurs carrieres politiques dependent de la maniere dont ils developpent leurs Notes villes. Surtout lorsqu'ils sont elus, les maires des Etats-Unis et Les auteurs de ce chapitre sont Paul Dorosh, Maria Emilia Freire, de l'Europe peuvent voir leurs villes comme un tremplin vers et Elvira Morella. Alvaro Federico Barra, Catherine Farvacque- des postes politiques plus eleves, voire vers la presidence. En Vitkovic, Matthew Glasser, Sumila Gulyani, Darby Jack, Austin Kilroy, Barjor Mheta, Stephen Mink, Siobhan Murray, Madhu Afrique, la liberte d'action des maires est limitee. Beaucoup Raghimath, Uri Raich, Raj Salooja, Zmarak Shalizi et Debabrata des difficultes rencontrees par les villes africaines au niveau Talukdar y ont egalement contribue. de la perception des impots fonciers sont liees a l'influence 1. II convient de souligner que les premieres etapes de cette transi- politi que des grands proprietaires terri ens qui y sont opposes. tion n'impliquent pas necessairement des deplacements de per- Troisiemement, etre pragmatique. Meme si I' objectif a sonnes ni d'activites ; les menages ruraux tirent de plus en plus long terme est d'avoir des droits de propriete dairement defi- des revenus d'activites rurales non agricoles (transformation de nis et un regime foncier legal, a court terme, les villes peu- produits agricoles, construction, commerce, services prives). vent etre amenees a « louvoyer » avec l'octroi des tit res de 2. Cette correlation entre la production agricole et la proximite des propriete et a considerer l'occupation des terres comme une marches urbains (exprimee en temps de trajet) subsiste meme base pour leur enregistrement et leur imposition. Les Etats en tenant compte de l'agro-ecologie. Faciliter l'urbanisation 139 3. II n'y a pas de norme internationalement reconnue identifiant Bibliographie les zones urbaines, et chaque pays a tendance it utiliser sa pro pre AGETIPE (Agence d'execution des travaux d'interet public pour definition. Cette situation gene toute tentative de comparaison l'emploi). 2005. Contract documents. www.agetipe.org. sensee entre les pays. Dans ce chapitre, les zones urbaines, depuis Angel, Schlomo, Stephen C. Sheppard, and Daniel 1. Civco, 2005. les villes secondaires jusqu'aux megalopoles, sont identifiees en The Dynamics of Global Urban Expansion. Washington, DC: utilisant un sous-ensemble de la couche d' extension urbaine Transport and Urban Development Department, World Bank. du GRUMP (Projet mondial de cartographie rurale-urbaine) Banerjee, Sudeshna, Quentin Wodon, Amadeu Diallo, Taras Pus- (CIESIN 2004). Les donnees du GRUMP sur l'etendue des villes haic, Hellal Uddin, Clarence Tsimpo, and Vivien Foster. 2008. ont ete reliees it un ensemble de donnees sur la population des "Access, Affordability, and Alternatives: Modern Infrastructure villes recueillies par Henderson (2002), et sur la taille des villes Services in Africa." Background Paper 2, Africa Infrastructure classees par nombre d'habitants. Pour determiner Ie gradient Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC. urbain-rural, les zones non urbaines ont ete classees par distance Bertaud, Alain. 2003. "Order without Design." http://ww.alain-ber- ou par temps de trajet jusqu'it la ville la plus proche. La combi- taud.com. naison de l'etendue et de la population des villes a permis de Bricerio-Garmendia, Cecilia, Karlis Smits, and Vivien Foster. 2008. dresser une typologie des villes fondee sur la densite. Toutefois, "Financing Public Infrastructure in Sub-Saharan Africa: Pat- compte tenu des limitations de ces donnees d'entree, les calculs terns, issues, and Options." Background Paper 15, Africa Infras- de densite sont, au mieux, des approximations. Meme ainsi, la tructure Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC. caracterisation des zones « urbaines » sur la base de la densite CLESIN (Center for International Earth Science Information permet des comparaisons entre regions et refiete la relation Network), 2004. Global Rural-Urban Mapping Project (GRUMP): entre les densites et les economies d'agglomeration. Urban Extents. Palisades, NY: CIESIN, Columbia University. 4. Le Rapport mondial sur Ie developpement 2009 utilise la trans- Chong, Alberto, Jesko Hentschel, and Jaime Saavedra. 2007. "Bun- formation geographique pour exprimer Ie developpement des dling of Basic Public Services and Household Welfare in Deve- regions en avance et en retard. Bien que les unes et les autres loping Countries: An Empirical Exploration for the Case of puissent inclure des zones urbaines et rurales, donc agricoles Peru." Oxford Development Studies 35 (3): 329-46. et non agricoles, en Asie du Sud les regions « en retard » sont Dorosh, Paul, Hyoung-Gun Wang., Liang You, and Emily Schmidt, essentiellement rurales et l' agriculture y reste Ie principal moyen 2008. "Crop Production and Road Connectivity in Sub-Saharan de subsistance. Africa: A Spatial Analysis." Working Paper 19, Africa Infrastruc- 5. Comme on I'a vu, Ie principal obstacle it la production econo- ture Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC. mique est la distribution d'electricite. Dans beaucoup de pays, Eberhard, Anton, Vivien Foster, Cecelia Bricerio-Garmendia, Eati- celle-ci represente la moitie de la valeur du produit final. mata Ouedraogo, Daniel Camos, and Maria Shkaratan. 2008. 6. Ces fonds comprennent les investissements publics annuels, "Underpowered: The State of the Power Sector in Sub- Saharan l'aide publique au developpement annualisee, les financements Africa." Background Paper 6, Africa Infrastructure Country Dia- annualises des bailleurs de fonds emergents n'appartenant pas it gnostic, World Bank, Washington, DC. I'OCDE, et la participation privee annualisee it I'infrastructure. Farvacque-Vitkovic, Catherine, Alicia Casalis, Mahine Diop, and 7. L'eJectricite et les routes sont comprises dans ces chiffres; il n'y a Christian Eghoff. 2007. "Development of the Cities of Mali: pas de donnees disponibles sur la part des investissements dans Challenges and Priorities." Africa Region Working Paper 104a, les TIC et I'eau it usage industriel. World Bank, Washington, DC. 8. Les donnees demographiques sont tin~es des recensements Farvacque-Vitkovic, Catherine, Matthew Glasser, Barior Mehta, nation aux. Madhu Raghunath, Austin Kilroy, Alvaro Federico Barra, and 9. Le prix de la construction est estime it 222 dollars EU par metre Raj Salooja. 2008. "Africa's Urbanization for Development: Understanding Africa's Urban Challenges and Opportunities." carre, de sorte qu'un logement de 75 metres carres couterait World Bank, Washington, DC. environ 17000 dollars EU (terrain non compris) (AGETIPE 2005). Le revenu moyen est de 850 dollars EU par an, ce qui Farvacque-Vitkovic, Catherine, and Lucien Godin, 1998. The Future of African Cities: Challenges and Priorities for Urban Deve- donne un rapport entre Ie prix du logement et Ie revenu de 2 000 lopment. Washington, DC: World Bank. it I, un des plus eleves du monde. 10. Les efforts pour mettre en place des systemes hypothecaires pour Farvacque-Vitkovic, Catherine, and Patrick McAuslan. 1993. "Poli- les menages africa ins it bas revenus se sont heurtes en Afrique tiques Fonciere des Villes en Developpement.» World Bank, Washington, DC. it plusieurs problemes : manque d'historique du credit, absence de revenus reguliers, faible profondeur du marche financier, Farvacque-Vitkovic, Catherine, Madhu Raghunath, Christian absence de financement it long terme, absence de registres cadas- Eghoff, and Charles Boakye. 2008. "Development of the Cities of traux, taux de pret eIeves et hauts risques du credit. Ghana: Challenges, Priorities and Pools." Africa Region Working Paper 110, World Bank, Washington, DC. 11. Trop souvent, Ie gouvernement central s'approprie les recettes fiscales des villes et les distribue it des secteurs qui ne sont pas Global Urban Observatory 1998 necessairement les plus productifs, et certainement pas ceux qui Gulyani, Sumila, Debabrata Talukdar, and Darby Jack. 2008." A pourraient alimenter I' economie urbaine. Tale of Three Cities: Understanding Differences in Provision 140 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE of Modern Services." Working Paper 10, Africa Infrastructure Raich, Uri, and Zara Sarzin. Forthcoming. Financing the Urban Country Diagnostic, World Bank, Washington, DC Expansion in Tanzania. Washington, DC: World Bank. Gwilliarn, Ken, Vivien Foster, Rodrigo Archondo-Callao, Cecilia Torero, Maximo, and Javier Escobal. 2005. "Measuring the Impact Briceno-Garmendia, Alberto Nogales, and Kavita Sethi. 2008. of Asset Complementarities: The Cast of Rural Peru." Cuadernos 'The Burden of Maintenance: Roads in Sub-Saharan Africa: de Economia 42 (May): 137-64. Background Paper 14, Africa Infrastructure Country Diagnostic, UN-Habitat (United Nations Human Settlement Programme). World Bank, Washington, DC 2003. "Global Urban Observatory." http://ww2.unhabitatorg/ Henderson, J. Vernon. 2002. "World Cities Data." http://www.econ. programmes/guo. brown.edu/facultythenderson/ worldcities.html. World Bank. 2002. Inman 2007. ----.2007. "The Challenge of Urbanization in Ethiopia: Kessides, Christine. 2006. The Urban Transition in Sub-Saharan Implications for Growth and Poverty Alleviation." Africa Africa: Implications for Economic Growth and Poverty Reduction. Region, Water and Urban Development Unit 2, Washington, Washington, DC: The Cities Alliance. DC Maal, Simen Jansen. 2008. "Measuring the Contribution of Urban ----.2008. World Development Report 2008: Agriculture for Centers to the National Economy of Tanzania." Report to World Development. Washington, DC: World Bank. Bank, Dar es Salaam, Tanzania. ----.2009. World Development Report 2009: Reshaping Econo- Muzzini, Luisa, and Wietze Lindeboom. 2008. The Urban Transi- mic Geography. Washington, DC: World Bank. tion in Tanzania: Building the Empirical Base for Policy Dialogue. Washington, DC: World Bank. Chapitre 6 Approfondir I'integration regionale vec ses nombreuses petites economies isolees, la geo- aeroportuaires regionaux. C'est Ie cas aussi des 63 bassins flu- A graphie economique de l'Afrique constitue un reel defi. L'integration regionale est sans doute la seule voie pour surmonter ces handicaps et participer a. l' economie viaux internationaux de I'Afrique. La mise a. profit effective de ces avantages pose cependant des defis institutionnels : globale. L'integration de l'infrastructure physique est a. la fois • Construire un consensus politique. Les obstacles politiques un debut et un moyen de favoriser une integration econo- prendre Ie pas sur les arguments economiques. L'infras- mique plus profonde, permettant aux pays de faire des econo- tructure regionale suppose un haut degre de confiance mies d'echelle et d'exploiter les biens publics region aux. Pour entre les pays, ne fUt-ce qu'a. cause de la dependance reussir l'integration regionale, les pays doivent commencer qu'elle implique vis-a.-vis des voisins pour des ressources « petit », prendre appui sur les reus sites, penser « mondial », cle comme l'eau et l'electricite. relier l'Afrique it plus de marches etrangers, et offrir des com- pensations aux moins nantis en reconnaissant que les avan- • Mettre en place des institutions regionales efficaces. Les tages ne sont pas toujours equitablement distribues. institutions regionales doivent faciliter les accords et la Les avantages de l'integration regionale sont visibles dans compensation. L'Afrique possede une vaste trame d'orga- to us les aspects des reseaux d'infrastructures. Dans les tech- nismes politiques et techniques regionaux, mais ceux-ci nologies de l'information et de la communication (TIC) et sont confrontes it des problemes dus au chevauchement de l'energie, l'infrastructure regionale permet des economies des affiliations, a. la limitation des capacites techniques et it d'echelle qui reduisent substantiellement les couts d'exploi- la faiblesse des pouvoirs de mise en application. tation. Ainsi, des cables continentaux sous-marins en fibre • Fixer des priorites pour les investissements regionaux. Etant optique peuvent reduire de moitie les tarifs d'Internet et donne Ie caractere impressionnant de l'agenda d'investisse- des appels internationaux. De meme, des poles energetiques ment, les questions d'ameIioration de l'ordonnancement et regionaux permettant aux pays de partager les ressources de fixation des priorites des projets regionaux ont ete eludees. energetiques les plus rentables peuvent reduire les couts de Les approches politique, economique et spatiale de la deter- l' electricite de deux milliards de dollars EU par an. Pour les mination des priorites ont toutes fait l'objet de vastes debats. transports et l'eau, la collaboration regionale permet une • Elaborer des cadres reglementaires regionaux. L'integration gestion optimale et Ie developpement de biens publics trans- physique des reseaux d'infrastructure ne sera realisable frontaliers. Les corridors routiers et ferroviaires reliant a. la qu'avec des cadres reglementaires harmonises et des pro- mer les pays enclaves sont des exemples de ce genre de biens cedures administratives permettant la libre circulation des publics regionaux, de meme que les ports de mer et les centres services a. travers les frontieres nationales. 141 142 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE • Faciliter la preparation des projets et Ie financement trans- regionale, tels que beaucoup de types d'investissement dans frontalier. La complexite des projets d'infrastructure~ les transports, produisent des biens publics, ou facilitent 1'ac- regionales rend leur preparation longue et couteuse. CeCl ces aux ressources d'un pole commun, comme dans la gestion est particulierement vrai lorsque les projets sont grands de l'eau pour 1'irrigation ou pour d'autres usages. Les biens par rapport a 1'economie hote, et que leur financement publics et les res sources d'un pole commun exigent une solide depend essentiellement des beneficiaires en aval. coordination. Comme la qualite d'un reseau de transports depend de son maillon Ie plus faible, une large participation est essentielle, meme lorsque les avantages sont repartis de maniere inegale. l' eau peut s' epuiser, et les usagers situes en Pourquoi I'intt!gration regionale est importante amont sont mieux places que ceux qui se trouvent en aval. Des accords collectifs, un suivi efficace et des mecanismes de Les approches regionales peuvent etre un moyen de s'atta- resolution des con flits peuvent assurer une distribution equi- quer au retard des infrastructures en Afrique et de dynamiser table des couts et des benefices. la croissance economique, en surmontant les difficultes geo- Le but de tous les efforts entrepris dans 1'infrastructure graphiques de la region (Limao et Venables 1999). 1'Afrique region ale est de faciliter 1'organisation spatiale de l'activite subsaharienne compte 48 pays, la plupart peu peuples (plus economique en tant que catalyseur de 1'accelaration de la de 20 pays ont une population de moins de 5 millions d'ha- croissance. Les le~ons de la nouvelle geographie economique, bitants). Les economies sont egalement tres petites (20 pays pour lesquelles Paul Krugman s'est vu decerner Ie Prix Nobel ont un PIB inferieur a 5 milliards de dollars EU). A cause de d'Economie en 2008, expliquent ce concept. Les exporta- cette petite echelle, les Etats ont difficile a financer les couts tions de ressources naturelles resteront importantes mais fixes eleves associes au developpement de 1'infrastructure. De elles creent peu d'emploi, et il est rare que leurs avantages plus, 15 pays africains sont enclaves et dependent donc de soient largement partages. Le syndrome hollandais, la plus leurs voisins pour acceder aux marches mondiaux. grande volatilite macroeconomique et la faible gouvernance La plupart des investissements dans 1'infrastructure presen- ont ralenti la croissance dans certains pays africains riches en tent les caracteristiques des biens publics, et tous beneficient ressources (Collier 2007). La croissance rap ide de l'emploi et a un degre ou a un autre des economies d'echelle. Le partage 1'ameIioration soutenue du bien-etre dans les pays en deve- des infrastructures permet d'affronter les problemes de petite loppement appellent un vir age vers l' activite manufacturiere echelle et de situation geographique defavorable. La presta- moderne, visant essentiellement l'exportation. La transfor- tion conjointe des services etend l'echelle de la construction, mation du commerce qui a permis la rapide croissance de de l' exploitation et de la maintenance des infrastructures. Elle l'Asie de l'Est peut egalement profiter a l'Afrique. Dans les reduit les couts, renforce, en les groupant, les capacites tech- regions du monde OU la croissance est la plus rapide, la plus niques et de gestion limitees, et cree un plus vaste marche. Les grande multiplication des echanges commerciaux a eu lieu au economies d'echelle sont particulierement import antes dans sein des processus in dust riels, au nivdeau des pieces et com- les cas des TIC et de 1'electricite. De grands projets hydroe- posants fabriques dans un lieu et assembles dans un autre. La lectriques, qui ne seraient pas economiquement viables pour fabrication concerne plus les taches specialisees que les pro- un seul pays, deviennent raisonnables lorsque des voisins en duits finis (Collier etVenables 2007). partagent les avantages. Bien que les nouveaux systemes ~e 1'eclatement des processus de fabrication permet une TIC, en particulier la telephonie mobile, puissent etre explO!- beaucoup plus grande specialisation, qui genere des econo- tes par des operateurs locaux, pour connecter l' Afrique au mies d'echelle et donc des avantages au niveau des couts. II reste du monde, il faut de gros investissements initiaux dans en resulte une concentration de la production specialisee dans des cables sous-marins ou les communications par satellite. de nouveaux centres manufacturiers repartis dans Ie monde Pour 1'engagement prive dans les TIC ou 1'energie, la possibi- et relies entre eux par-dessus les frontieres nationales par des lite de debouches sur un marche regional plus large rend les reseaux de production region aux. Lancer de tels processus en gros investissements initiaux plus attrayants. Les aeroports et Afrique ne sera pas facile, mais certains gene raux peuvent etre ports de mer doivent etre organises en centres regionaux afin etablis. Le « Rapport sur Ie developpement dans Ie monde d' atteindre l' echelle necessaire pour attirer les compagnies 2009 : Repenser la geographie economique » identifie trois aeriennes et maritimes des autres continents. principes pour 1'economie region ale : commencer petit, pen- La gestion et l'investissement coordonnes permettent aux ser mondial, et offrir des compensations aux moins nantis pays de profiter au mieux des systemes d'infrastructures mul- (Banque mondiale 2009). tinationaux. Certains investissements dans 1'infrastructure Approfondir l'integration regionale 143 Commencer petit bon dimat d'investissement. Il est economiquement raison- L'infrastructure regionale est un excellent point d'entree pour nable de favoriser de telles zones, du moins au debut, lorsqu' on les processus d'integration, parce que les couts et avantages planifie des investissements dans 1'infrastructure regionale. ainsi que les droits et responsabilites y sont plus faciles a definir. Avec les politiques complementaires adequates, d'autres zones Par Ie passe, beaucoup d'accords regionaux ont echoue parce de la region pourraient egalement beneficier d'avantages. La que, trop ambitieux, ils voulaient en faire trop et trop vite. Le mobilite de la main d'cruvre donnera lieu it des envois d'ar- partage regional des infrastructures met en place des institu- gent par les travailleurs migrants trouvant un emploi dans les tions qui encouragent une plus etroite integration economique, centres de croissance dynamiques. La specialisation permet et la dependance mutuelle est un facteur de stabilite politique. meme aux petits acteurs de trouver une niche. Par exemple, Ie Les pays seront plus disposes a ceder un peu de leur souve- montage de voitures n' est peut-etre possible que dans quelques rainete en echange d'avantages concrets, comme Ie partage de grands pays d' Afrique comme Ie Nigeria ou l' Afrique du Sud, l' eau ou des prix plus avantageux pour l' electricite ou les TiC. mais des petits pays comme Ie Cameroun ou la Zambie peuvent se specialiser dans les composants. Mais pour cela, il faut que les Penser mondial couts regionaux du transport et des communications baissent. L'integration region ale ne devrait pas se con tenter d'adap- Dans certaines regions, cependant, aucun investissement, quel ter au niveau regional des politiques ratees de substitution que soit son volume, ne pourra dedencher la croissance. La, il des importations. Elle ouvre au contra ire la voie vers une faudra des incitations coordonnees, des allocations preferen- meilleure integration mondiale. Meme regroupes par regions, tielles soutenant l' education et la sante pour creer des « actifs les marches africains sont trop petits pour soutenir une crois- portables» sous la forme de capital humain, pouvant emigrer sance elevee. L'integration region ale fait passer 1'offre a une lit ou se trouvent les possibilites d' emploi. echelle superieure en creant de plus grands reseaux de pro- L'Afrique est confrontee a de serieux defis pour se diversi- duction et une agglomeration avantageuse. Cependant, 1'ob- fier en dehors des exportations de matieres premieres et pour jectif de est la connexion des intrants intermediaires et des penetrer les marches mondiaux avec des produits manufactu- produits semi-finis ou finis aux marches mondiaux. Cette res. La Chine et 1'Inde ont des marches unifies avec des popu- approche comporte des implications pour Ie developpement lations respectivement de 70 % et 50 % plus nombreuses que de l'infrastructure regionale. celle de toute l' Afrique subsaharienne. Alors que Shanghai Pour se connecter aux marches mondiaux, les princi- ou Shenzhen en Chine, disposent pour leur main d'cruvre paux centres de production (le plus souvent situes pres des et leurs produits, d'un marche captif de plusieurs centaines cotes) doivent devenir des centres infrastructurels regionaux de millions de personnes, Ie marche local de la plupart des dotes de ports et d'aeroports performants. Ces grands blocs centres de croissance africains est limite a quelques mil- d'investissements doivent etre con centres la ou s'annoncent lions. Pour permettre a 1'Afrique de developper des noyaux 1es meilleures rentabilites economiques. 11 est absurde de industriels n~gionaux capab1es de soutenir 1a concurrence construire plusieurs ports en eaux profondes dans des pays mondia1e, il faut abaisser 1es barrieres a la fois a l'interac- voisins, alors que leur trop petite echelle dissuade les compa- tion productive et (au moins temporairement) a l'acces pre- gnies de fret internationales de desservir beaucoup de ports ferentiel aux marches mondiaux en assouplissant les regles africains. L'infrastructure de connection complementaire d'origine. L'integration regionale est capitale, et Ie part age (routes, services de transports, allegement des procedures des infrastructures regionales doit etre une toute premiere douanieres) encourage la mobilite regionale des facteurs priorite. Les programmes nationaux d'infrastructure com me regionaux et Ie commerce des intrants intermediaires. Avec ceux de l'Inde ou de la Chine (par exemple, Ie programme ses nombreux petits pays, l'Afrique rencontre un gros pro- autoroutier du Quadrilatere d'Or) necessiteront des accords bleme de coordination dans la gestion des infrastructures de entre de nombreux pays d'Afrique. Mais les benefices d'une reseaux. Par exemple, pour relier les principales agglomera- meilleure coordination et d'une integration des infrastruc- tions du Ghana et du Nigeria, les moyens de transport regio- tures seront considerables. naux traversent aussi Ie Togo et Ie Benin. Offrir des compensations aux moins nan tis Possibilites de cooperation regionale Les avantages de la concentration impliquent en fait que la crois- ill travers les secteurs des infrastructures sance devrait Ie plus souvent se produire dans un petit nombre de villes beneficiant d'avantages geographiques et d'une base Les reseaux regionaux d'infrastructures de 1'Afrique presen- economique existante, telles que les villes cotieres dotees d'un tent des lacunes majeures qui gonflent les couts des affaires 144 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE et empechent de faire des economies d'echelle. La fourniture gration regionale plus efficace des infrastructures est neces- d'infrastructures en tant que biens publics et la gestion de saire dans tous les secteurs : TIC, transports, electricite et eau poles de res sources communes ont ete deficientes. Une inte- (Figure 6.1). Figure 6.1 les defis infrastructurels regionaux de I' Afrique a. TIC - Boucler la boucle b, Bassins fluviaux - Gerer les res sources communes Bassins fluviaux intemationaux et pays, lerrltolres 81 zones d'Afrique mBassins nationaux o Bassins intemationaux c. Routes - Relier les points d. Energie - Vendre I'electricite au niveau regional Principaux corridors routiers ~- Bon au satisfaisant - _ Mediocre ou absent MOZAMBIQUE ZIMaA6WE SWAZILAND () Reseaux electriques _ _ Existant MOZAMBIQUE """"WE"lJ"'" SWAZILAND :- """'''''''"''' - - Manquanl Source Cartes fournies par la Banque afncaine de developpement, 2008 Approfondir l'integration regionale 145 TIC - Tailler dans les couts de la connectivite Plusieurs projets sont deja en train de completer la boucle internationale vocale et d'Internet de cables sous-marins autour de 1'Afrique, pour un cout esti- Comme dans les autres parties du monde, la teIephonie mobile mate a 1,8 milliards de dollars EU (Tableau 6.1). La plupart a grandement ameliore les telecommunications en Afrique. sont finances par Ie secteur prive et commercialement par- Les avantages ont cependant ete limites aux communications raines, comme Ie projet du Systeme de cable sous-marin de locales et nationales. Les reseaux nationaux de telecommuni- 1'Afrique de 1'Est (TEAMS) destine a relier 1'Afrique du Sud et cation de la region sont mal integres entre eux et avec ceux du la Corne de 1'Afrique (Encadre 6.1). Le cout de 1'achevement reste du monde. La fibre optique constitue la technologie de du reseau en fibre optique naissant reliant les capitales de transmission la moins chere et dotee de la plus haute capacite l'Afrique subsaharienne aux principaux cables sous-marins pour Ie telephone, Internet et aut res trafics de donnees. Les n'est que de 316 millions de dollars EU, si on se base sur Ie cables de communication sous-marins ou terrestres allient prix de 27 000 dollars EU par kilometre. vitesse et capacite. Meme si les investissements initiaux sont Les avantages directs les plus immediats de 1'ameliora- eleves, les couts marginaux de transmission sont tres bas. tion de la connectivite sont la baisse des tarifs et 1'amelio- L'acces au reseau mondial de cables sous-marins est limite ration du service pour les appels vocaux internationaux et en Afrique, specialement dans les pays enclaves qui dependent pour la liaison a Internet. Les prix de la plupart des services de leurs voisins pour cet acces. II faut a la fois une coordina- dans les pays ayant acces au cablage sous-marin sont deux tion et des investissements massifs. Le principal cable sous- fois inferieurs a ceux des pays sans cet acces (Tableau 6.2). marin international de la region est Ie SAT-3 (Atlantique Sud Une telle diminution des prix pourrait stimuler la demande 3/Afrique de l'Ouest), qui longe Ie Golfe de Guinee et descend de ces services et, en fin de compte, la productivite de l'eco- vers l'Afrique du Sud. Sur toute la cote orientale de l' Afrique, nomie. Cependant, l'acces aux cables sous-marins reste trop il n'y a aucun acces a un cable sous-marin. La connectivite souvent aux mains de l'operateur en place qui, en absence par cable en fibre optique est egalement limitee entre les de controles reglementaires adequats, applique des tarifs de regions. La plupart des pays dependent des satellites pour monopole qui empechent les consommateurs de beneficier leurs communications internationales, y compris Internet, ce completement des avantages de cout de cette technologie. Les qui explique les prix pratiques pour Internet tant a haut qu'a pays dotes de passerelles internationales multiples connais- bas debit, deux fois superieurs a ceux d'autres regions. Les sent une legere pression concurrentielle, qui y maintient les capacites de transmission sont faibles et les couts eleves. Les prix des services sensiblement plus bas que dans les pays OU pays sans acces a un cable sous-marin ne disposent que d'une un cable sous-marin constitue la seule passerelle internatio- largeur de bande de 3 bits de largeur par habitant, contre 24 nale (Tableau 6.2). bits pour ceux qui 1'ont. Le prix moyen d'un appel interna- En plus des avantages directs, l'amelioration de la connec- tional a partir d'un poste fixe situe a 1'interieur de 1'Afrique tivite contribue a resserrer les reseaux economiques regio- subsaharienne est de 1,23 dollar EU par minute, pres du naux et it l'integration aux marches internationaux (Leamer double de celui des Etats-Unis (0,73 dollar EU par minute). et Storper 2001). Pour passer d'une fabrication standardisee Le trafic des appels intra-regionaux n'est que de 113 millions a basse technologie a une production internationalement de minutes, alors que Ie trafic intercontinental est de 250 mil- competitive et pour assurer un acd~s aux marches mondiaux lions de minutes. 1 aux produits manufactures et aux services commerciaux, une Tableau 6.1 Couts necessaires a la connectivite intercontinentale et intra-regionale complete Millions de dollars EU Connectivite intercontinentale Connectivite intra-nigionale Region Projets Investissement requis Projets Investissement requis Afrique orientale EASSy, TEAMS 260 Interconnecter les principaux 132 concentrateurs au sein Afrique australe Infraco, SRI I 510 et entre les sous-regions Afrique centrale Infinity, GLO-l, WAFS 1010 et aux cables sous-marins 131 Afrique de l'Ouest 46 Total Afrique subsaharienne 1 780 316 Source.' Mayer et autres 2008. Notes. Les donnees intra-regionales portent sur 24 pays. EASSy = Systeme de cables sous-marins de I' Afrique orientale, GLO-l = Globacom-l , SRII = Initiative regionale pour l'lnfrastructure de I'informatlon de la Communaute de developpement de l'Afrique australe , TEAMS = Systeme marin de l'Afrique orientale, WAFS = Ie systeme de feston de I' Afrique de l'Ouest (West African Festoon System). 146 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Not 50 EA55y Le systeme de cable sous-marin de l'Afrique de l'Est (EASSy) Conc;u pour assurer une concurrence et une regulation effi- est un cable en fibre optique souterrain allant de l'Afrique du caces, EASSy appartient a un consortium, qui comprend aussi Sud au Soudan, qui permet a tous les pays longeant sa route une entite a vocation specifique appartenant a un groupe de de se connecter au systeme mondial de cables sous-marins. plus petits operateurs de la region. Le soutien financier au Developpe et detenu par un consortium de quelque 25 opera- developpement est fourni a EASSy en tant que prets a cette teurs de telecommunication, principalement d'Afrique orien- entite avocation specifique, qui peut vendre de la capacite sur tale et australe, Ie cable devrait coOter 230 millions de dollars tous les marches de la region a des operateurs detenteurs de EU. Un tiers environ du financement proviendra de prets non licences, sur une base de libre acces et de non discrimination, concessionnels fournis par cinq institutions de financement donc de concurrence avec les autres membres du consortium. du developpement : la Societe financiere internationale, la A mesure que les volumes du trafic augmenteront, I'entite a Banque europeenne d'investissement, la Banque africaine de vocation specifique est tenue de repercuter les reductions de developpement, l'Agence franc;aise de developpement et la coats vers les clients. Banque allemande de developpement. Le reste proviendra II n'a pas ete aise de parvenir a un consensus sur ces condi- d'actions ordinaires commerciales. tions d'acces et cela a retarde Ie projet. Entretemps, Ie Kenya Le projet a pris environ trois ans. La premiere etape com- a progesse dans I'installation de son propre cable sous-marin, prenait des discussions et des negociations avec les parties Ie Systeme marin de l'Afrique orientale (TEAMS), relie aux concernees pour determiner la structure du projet. La deu- tmirats arabes unis. Techniquement beaucoup plus simple, xieme etape eta;t centree sur les details techniques et finan- ce projet beneficie d'un important soutien prive. Toutefois, ciers de la mise en ceuvre. La troisieme etape, la pose du a moins que Ie systeme ne puisse s'integrer dans un reseau cable, a commenc;e en 2008. regional, les coats seront plus eleves et les benefices moins Les decideurs et les institutions de financement du develop- largement partages qu'avec un effort regional. Un troisieme pement se sont efforces de ne pas repeter I'experience du effort, a financement prive, Ie cable en fibre optique Afrique cable SAT-3, qui longe la cote ouest. Ce projet a, lui aussi, du Sud-Afrique de J'Est-Asie du Sud (SEACOM) est prevu pour ete finance, construit et gere par un consortium d'operateurs, connecter I' Afrique du Sud et plusieurs pays d' Afrique orien- mais chaque membre de celui-ci a Ie controle exclusif de I'ac- tale aux reseaux mondiaux a la mi-2009. ces au cable dans son propre pays. L'absence de concurrence a fait que les prix sont restes eleves et que les avantages pour Source: Fonde sur des entretiens avec des membres du Departement des les clients ont ete minces. politiques TIC de la Banque mondiale. 2008. bonne communication est une condition prealable it la nais- lourdement 21 des 48 pays subsahariens : les couts y attei- sance de reseaux acheteur-fournisseur pour une production gnent 0,25 dollar EU par kilowattheure contre 0,13 dollar EU specialisee tirant parti des economies d' echelle. par kilowattheure dans les regions ayant des systemes energe- tiques de plus grande dimension. Electricite - Profiter des economies d' echelle pour Le souhait de mettre en commun les ressources ener- reduire les couts de l' energie getiques et de provoquer des economies d'echelle dans Ie Bien que riches en res sources hydroelectriques et thermiques, developpement du secteur energetique a conduit it la forma- les pays africains n'ont developpe qu'une petite fraction de tion de poles energetiques regionaux dans Ie sud et l'ouest ce potentiel. Quelques unes des ressources energetiques les de I'Afrique au milieu des annees 1990, et plus recemment plus rentables de la region sont eloignees des grands centres en Afrique centrale et de I'Est. Le commerce n' a neanmoins de la demande, dans des pays trop pauvres pour mobiliser les pas encore demarre. Le commerce transfrontalier de l'eIec- milliards de dollars EU necessaires it leur developpement. Par tricite ne concerne que 16 % de la consommation eIectrique exemple, 60 % du potentiel hydroeIectrique de la region se de la region, dont plus de 90 % au sein du Pole energetique trouve en Republique democratique du Congo et en Ethiopie. de I'Afrique australe, et une bonne partie de ceux-ci repartis Leur capacite de generation de moins de 200 megawatts (infe- entre l' Afrique du Sud et ses voisins immediats. En absence rieure it l'echelle de production minimale efficace) penalise d'empechements physiques ou reglementaires, environ 40 % Approfondir l'integration regionale 147 Tableau 6.2 Avantages de I'acces a un cilble sous-marin Prix en dollars EU Prix it Ja minute Prix it la minute Prix pour 20 heures Prix mensuel d'un acces d'un appel en Afrique d'un appel vers par mois d'acces Internet it large bande Niveau d'acces Part des pays (%) subsaharienne les Etats-Unis commute it Internet ADSL Sans acces au cable sous-marin 67 1,34 0,86 67,95 282,97 Acces au cable sous-marin 32 0,57 0,48 47,28 110,71 Monopole sur les passerelles 16 0,70 0,72 37,36 119,88 internationales Passerelles internationales concurrentes 16 0,48 0,23 36,62 98,49 Source: Minges et autres 2008. Note. ADSL = Asymetric digital subscriber line (Iigne d'abonne numerique asymetrique) de la consommation electrique de 1'Afrique orientale et aus- Figure 6.2 Economies realisees grace au commerce de I'energie pour trale devrait pouvoire etre commercialisee a travers les fron- les principaux pays potentiellement importateurs d'energie tieres nationales (Rosnes et Vennemo 2008). Guinee-Bissau • • • • • • • • • • • Utilise au maximum de son potentiel economique, Ie Liberia • • • • • • • • • commerce regional pourrait reduire Ie cOlIt marginal de la production d'electricite d'environ 0,01 dollar EU par kilo- Niger • • • • • • • • • wattheure dans chacun des poles energetiques. Le commerce Angola . . . . . .. regional de l' electricite devrait generer une economie totale Tchad • • • • • • de 52 milliards de dollars EU par an sur les couts de develop- Burundi . . . . . . pement et exploitation du systeme electrique (soit environ Senegal . . . . . . 5 % des couts totaux du systeme electrique). Les economies Mali • • • • • proviennent en grande mesure du remplacement de 1'energie thermique par l'hydroelectricite, meme si celui-ci necessite de Congo • • • • plus forts investissements immediats. Guinee equatoriale • • • Le commerce regional met egalement 1'Afrique sur la voie Mozambique d'un developpement plus propre en termes d'emissions de Sierra Leone carbone. Le commerce regional de l' electricite augmenterait la Lesotho part de 1'hydroelectricite dans Ie portefeuille de generation du Namibie continent de 36 a 48 %, en supprimant du processus 20 000 megawatts d' energie thermique et en evitant 70 millions de Afrique du Sud tonnes d' emissions de carbone (8 % des emissions prevues Gabon pour l'Afrique subsaharienne d'ici 2015). En appliquant Ie Kenya mecanisme de developpement propre a 15 dollar par tonne de o 2 345 6 7 8 carbone, les emissions de la region devraient encore chuter de Cents de dollar EU par kilowattheure 4 %. Une integration plus etroite des reseaux electriques aide- rait aussi a equilibrer les charges si d'autres sources d'energie Source. Tire de Rosnes et Vennemo 2008. renouvelables, comme 1'energie solaire concentree ou 1'ener- gie geothermique, sont deployees a grande echelle. importations d'electricite doit etre politiquement accepte. Pas Les 10 principaux pays potentiellement importateurs moins de 16 pays africains auraient interet, en termes pure- d' electricite pourraient reduire leurs couts marginaux along ment economiques, a importer plus de 50 % de 1'electricite terme de 1'electricite de 0,02 a 0,07 dollar EU par kilowat- dont ils ont besoin. theure (Figure 6.2). Les pays susceptibles de faire les gains L'avenir du commerce de 1'electricite depend de la sante les plus importants sont les petits pays ou ceux qui depen- du secteur electrique dans une poignee de pays exportateurs dent fortement de 1'energie thermique, comme 1'Angola, Ie des dotes de ressources hydroelectriques exceptionnelle- Burundi, la Guinee- Bissau, Ie Liberia, Ie Niger, Ie Senegal ment importantes et pas cheres. Par potentiel d'exportation et Ie Tchad. Cependant, pour recolter tous les avantages du decroissant, il s'agit de la Republique democratique du commerce de l' electricite, Ie fait de dependre fortement des Congo, l'Ethiopie, la Guinee, Ie Soudan, Ie Cameroun et Ie 148 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Tableau 6.3 Profil des six principaux pays potentiellement exportateurs d' energie Revenu net Investissement requis Potentiel d'exportation Millions de Pourcentage Millions de Pourcentage Pays (terawatt-heure par an) dollars EU par an duPIB dollars EU par an duPIB Republique democratique du Congo 51,9 519 6,1 749 8,8 tthiopie 26,3 263 2,0 1003 7,5 Guinee 17,4 174 5,2 786 23,7 Soudan 13,1 131 0,3 1 032 2,7 Cameroun 6,8 68 0,4 267 1,5 Mozambique 5,9 59 0,8 216 2,8 Source: Tire de Rosnes et Vennemo 2008. Notes· Le revenu net est calcule en multipliant Ie volume estlme des exportations par une marge beneficialre indicative de 0,01 dollars EU par kilowattheure exporte. L'investissement requis est I'investissement necessarre pour que Ie pays explolte pleinement son potentiel d'exportateur energetique. Mozambique (Tableau 6.3). Les trois premiers repn'sentent Commerce exterieur. La geographie economique du conti- 74 % des exportations potentielles d'electricite, qui pour- nent fait de la connexion avec Ie monde par les transports raient devenir pour eux une activite economique tres imp or- un veritable bien public. Les grands corridors menant a la tante. En nous basant sur une marge beneficia ire purement mer relient les 15 pays enclaves du continent aux principaux indicative de 0,01 dollar EU par kilowattheure pour les ports maritimes, par une infrastructure combinant la route et ventes d' electricite, les revenus d' exportation nets pour ces Ie chemin de fer. Les ports principaux comprennent Douala trois principaux exportateurs pourraient representer de 2 a (Cameroun) pour l'Afrique centrale; Durban (Afrique du 6 % de leur PIB respectifs. Cependant, la taille des investisse- Sud) et Maputo (Mozambique) pour l'Afrique australe ; Dar ments necessaires pour realiser ces volumes d' exportations est es-Salaam (Tanzanie) et Mombasa (Kenya) pour l'Afrique effrayante. Chacun d'eux devrait investir plus de 700 millions orientale; et Abidjan (Cote d'ivoire), Cotonou (Benin) et de dollars EU par an pendant la prochaine decennie pour Dakar (Senegal) pour l'Afrique occidentale (Tableau 6.4). Ces developper la capacite de generation necessaire a l'exporta- corridors, d'une longueur d'a peine 10 000 kilometres, voient tion, soit plus de 8 % de leur PIB. Illeur serait donc difficile passer quelque 200 milliards de dollars EU d'importations et d'affronter de tels investissements sans d'importants accords exportations par an. Environ 70 % de ce kilometrage est dans de fin an cement transfrontaliers permettant aux beneficiaires un etat bon ou acceptable, les bailleurs de fonds canalisant importateurs de contribuer au capital initial. plus de res sources pour ameliorer les infrastructures Ie long Pour rendre ce commerce possible, les pays devraient cleve- des routes. lopper quelque 22 000 megawatts d'interconnecteurs pour Cependant, des obstacles reglementaires et administra- permettre Ie libre passage du courant a travers les frontieres tifs continuent a gonfler les couts et a allonger les delais des nationales, pour un coUt de plus de 500 millions de dollars deplacements du fret Ie long de ces axes strategiques (Tableau EU par an pendant la prochaine decennie. Le Pole energe- 6.4). Bien que l'etat physique des routes soit raisonnablement tique de l'Afrique australe obtient de ses interconnecteurs un bon, la vitesse imp Ii cite de deplacement du fret ne depasse rendement allant jusqu'a 120 %, et il est generalement de 20 a pas 10 kilometres a l'heure (a peu pres celle d'une voiture a 30 % dans les autres poles electriques. Pour les pays qui ont Ie cheval). Cette lenteur est imputable aux delais enormes, de plus a gagner des importations d'electricite, l'investissement 10 a 30 heures, imposes au passage des frontieres et dans les dans Ie transport transfrontalier d'energie presente des taux ports. Les temps de parcours entre les principales villes sont de rentabilite exceptionnellement eleves, permettant genera- tres longs par rapport aux normes internationales (Tableau lement un amortissement en moins d'un an. 6.4) Les pays membres se ont organises en associations de corridors pour tenter de lever les obstacles non physiques a la Infrastructure de transport - Faciliter Ie commerce circulation, en mettant en place des postes frontiere integres interieur et exterieur (guichet unique) et en ameliorant l'administration des ports Les infrastructures de transport sont critiques pour relier et des douanes. l'Afrique a l'economie mondiale et promouvoir l'integration Les tarifs du fret routier peuvent Hre plusieurs fois plus economique au sein du continent. Cependant, les besoins eleves que dans d'autres parties du monde en cleveloppe- d'infrastructures sont fort differents dans les deux cas. ment (Tableau 6.5), ce qui ne peut etre attribue aux couts Approfondir l'integration regionale 149 Tableau 6.4 Delais moyens de livraison des conteneurs, du bateau au destinataire Distance Duree du transit Point d' entree Destination (kilometres) Oours) Mombasa, Kenya Kampala, Ouganda 1100 20 Mombasa, Kenya Kigali, Rwanda 1 700 27 Dar Es Salaam, Tanzanie Bujumbura, Burundi 1800 21 Abidjan, Cote d'ivoire Ouagadougou, Burkina Faso 1200 Abidjan, Cote d'ivoire Bamako, Mali 1200 Dakar, Senegal Bamako, Mali 1 200 10 Cotonou, Benin Niamey, Niger 1000 11 Douala, Cameroun Ndjamena, Tchad 1900 38 Lagos, Nigeria Kano, Nigeria 1 100 21 Source. Arvis 2005, citant une societe internatlonale de logistique. Tableau 6.5 Principaux corridors de transport pour les echanges internationaux en Afrique subsaharienne Densite des echanges Tarifs du fret Longueur Routes en bon etat (millions de dollars EU Vitesse implicitea (dollars EU par tonnel Corridor (kilometres) (pourcentage) par kilometre de route) (kilometreslheure) kilometre) Occidental 2 050 72 8,2 6,0 0,08 Central 3280 49 4,2 6,1 0,13 Oriental 2845 82 5,7 8,1 0,07 Austral 5 000 100 27,9 11,6 0,05 Source· Teravaninthorn et Raballand 2008 Note. a. Comprend Ie temps de stationnement dans les ports, au passage des frontieres et autres arrets. du transport en Afrique proprement dits, mais plutat aux deviendront attrayants que lorsque des reformes reglemen- marges beneficiaires exceptionnellement elevees des trans- taires et institutionnelles plus fondamentales ameliorerent la porteurs routiers (Teravaninthorn et Raballand 2008). A leur productivite du transport routier, tour, ces marges sont Ie reflet de Ia cartellisation et des cadres Pour Ie transport aerien, Ie marche est tout simplement n?glementaires restrictifs, tels que les barrieres a l'entree sur trop reduit pour soutenir une proliferation de transporteurs Ie marche, les reglements techniques, et Ie systeme de « tour nationaux centres sur leurs propres installations aeropor- de role» qui attribue Ie fret sur la base de queues, en particu- tuaires et leur pro pre fiotte. n faut au contraire des centres lier en Afrique centrale et occidentale. Ce systeme favorise les regionaux desservant plusieurs pays, avec des fiottes d'avions gran des fiottes composees principalement de camions plus navettes plus petits pour transporter les pas sagers Ie long des anciens et en mauvais etat. De plus, il encourage la corruption rayons et vers les centres (reseau en etoile). La liberalisation car un transporteur peut augmenter son volume de cargaison entamee en vertu de la Decision de Yamoussoukro en 1999 en soudoyant les employes des bureaux du fret, les organismes devrait permettre aux transporteurs aeriens des servant les d'Etat qui distribuent Ie chargement aux transporteurs. routes des de se regrouper, et donner lieu au developpement La remise en etat du reste des corridors men ant ala mer d'un meilleur ensemble de services intraregionaux. Cepen- est estimee a 1,5 milliards de dollars EU, Ie cout annuel de dant, la mise en ~uvre a traine, notamment au niveau de la maintenance etant proche d'l,O milliard. Les simulations l'harmonisation des regles de concurrence et de la suppres- montrent que la rehabilitation du corridor nord de l'Afrique sion des barrieres non physiques comme les droits d'escale orientale produirait un taux de rentabilite interne de 20 a et les tarifs. En Afrique orientale et australe, ce groupement 60 %. Toutefois, Ie faible trafic, la mauvaise utilisation des des transporteurs et des centres a deja eu lieu, les principaux cam ions et Ie veillissement de la fiotte en Afrique centrale et etant Ethiopian Airlines (Addis Abeba), Kenyan Airways (Nai- occidentale affaibliraient la viabilite economique de la reno- robi) et South African Airlines (Johannesburg). Par contre, en vation des corridors. Les investissements dans ces regions ne Afrique centrale et occidentale, les centres brillent par leur 150 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE absence (Figure 6.3). L'effondrement de compagnies regio- Djeddah, Arabie Saoudite; et Salalah, Oman). Pour l'Afrique nales des, notamment Air Afrique, est peut etre en partie la australe, Ie gouvernement sud-africain a decide de creer un cause de cette lacune. L'echec de Lagos a s'eriger en centre grand centre portuaire a Richards Bay, qui pourra capter une pour I'Afrique occidentale est particulierement frappant. bonne partie du commerce maritime entre l' Asie et l' Afrique Pour les ports de mer, les grands navires (plus de 200 000 subequatoriale. Sur la cote ouest, malgre la croissance de equivalents 20 pieds par an qui permettent des economies Tanger (Maroc), il reste encore de la place pour un ou deux d'echelle dans Ie commerce maritime passant par les ports centres regionaux. Avec sa recente concession du terminal a est-ouest) ne peuvent aujourd'hui faire escale que dans une conteneurs et ses plans d'expansion du port, Dakar est un poignee de grands ports de l' Afrique subsaharienne (Luanda, candidat serieux. Bien que sa situation soit plus centrale, Angola; Abidjan, Cote d'Ivoire ; Tema, Ghana; Mombasa, Apapa (Lagos) a deja fort a faire avec son marche local et se Kenya; Maputo, Mozambique; Apapa (Lagos), Nigeria; trouve fortement congestionne. Dakar, Senegal; Durban et Le Cap, Afrique du Sud; Dar Commerce intra-regional. Le commerce intra-regional es-Salaam, Tanzanie ; et Lome, Togo). Plusieurs de ces ports depend du reseau interieur reliant les pays africains entre eux. jouent Ie role de centres regionaux, mais avec des volumes de Sauf en Afrique australe, Ie reseau ferroviaire n'assure gene- transbordement relativement petits. Theoriquement, il serait ralement pas une telle connectivite intra-regionale, a cause souhaitable de coordonner Ie choix des centres portuaires sur de l'incompatibilite de l'ecartement des rails et du paralle- les differentes cotes de l' Afrique pour arriver a de meilleures lisme et de l'isolation des corridors menant a la mer. Meme economies d'echelle, mais en pratique, c'est difficile a cause Ie long des corridors menant a la mer les plus frequentes, la de la rivalite entre les ports nation aux. plupart des chemins de fer africains se debattent pour etre Pour les ports de la cote est, les principaux centres regio- economiquement viables a cause des tres petits volumes du naux sont deja en cours de developpement au Moyen- trafic. Les volumes du trafic sur les lignes intra-regionales Orient (Djibouti, Djibouti; Djebel Ali, Emirats arabes un is ; etant encore bien plus reduits que sur les corridors men ant Figure 6.3 Inegalite de la repartition des centres aeroportuaires a travers l'Afrique : flux du trafic entre les 60 principales paires regionales Source. Boflnger 2008. Note· L'epaisseur des traits reflete Ie volume du trafic. Approfondir l'integration regionale 151 a la mer, la faisabilite d'une plus grande integration intra- offrir une hydroelectricite a bon marche, une irrigation abon- regionale des reseaux ferroviaires semble difficile a imaginer dante et des transports de surface economiquement rentables. dans un proche avenir. Cependant, la variabilite hydrologique et les capacites de stoc- II s'ensuit que c'est Ie reseau routier qui presente Ie plus kage limitees laissent les economies ala merci des inondations grand potentiel pour la prise en charge du commerce intra- et des secheresses. regional. Dans les annees 1970, Ie systeme autoroutier tran- Le caractere transfrontalier de la plupart des bassins ver- safricain a ete conc;:u comme un reseau de routes praticables sants de l'Afrique renforce l'importance a la coordination en toutes saisons pour permettre des trajets directs entre les region ale dans la gestion de l'eau (UNESCO 2003). Ce qui capitales de la region; pour contribuer a l'integration et a la se passe dans un pays situe en amont peut profiter ou nuire cohesion politiques, economiques et sociales de la region; et a son voisin en aval. L'infrastructure hydroelectrique et de pour assurer Ie transport routier entre les zones importantes stockage de l'eau permet de produire une energie moins de production et de consommation (BAD et ONUCEA 2000). chere et de reguler les debits de l'eau, mais un prelevement Cependant, les Etats ont eu du mal a soutenir les investis- excessif ou la pollution en amont peuvent nuire a l'agriculture sements necessaires. Le systeme officiel des autoroutes tran- ou a la disponibilite d'eau potable en aval. La coordination safricaines comprend neuf corridors principaux et compte regionale fondee sur une legislation publique internationale un peu plus de 50 000 kilometres. A la mi-2008, pres de la etablie reglementant Ie partage de l'eau peut assurer une moitie du reseau etait en mauvais etat, avec environ 70 % de distribution equitable des avantages des ressources en eau routes revetues, mais avec 25 % soit en terre, soit non nivelees. communes. Pour les voisins en amont, outre une plus grande Beaucoup de ces liaisons manquantes -celles qui ont Ie plus stabilite regionale, les avantages impliquent un partage des grand potentiel pour relier ensemble les economies du conti- gros investissements dans les infrastructures hydroelectriques nent - se trouvent en Afrique centrale (Buys, Deichrnann, et ou d'irrigation. Wheeler 2006). La gestion des ressources en eau transfrontalieres exige L'extension du reseau pour relier toutes les villes subsaha- un fort engagement institutionnel. Entre les annees 1960 et riennes de plus de 500 000 habitants represente 50 000 kilo- 1980, de nombreux pays ont mis en place des dispositifs pour metres de routes supplementaires. Les couts necessaire pour les bassins fluviaux, comme l'Organisation pour la mise en completer un tel reseau routier intra-africain sont superieurs valeur du fleuve Senegal en 1972, l'Organisation pour la mise a ceux lies aux corridors menant a la mer. Certaines estima- en valeur du fleuve Gambie en 1978, et la Commission du tions Ie chiffrent a 20 milliards de dollars EU, a debourser en fleuve Niger en 1964, devenue plus tard l'Autorite du bassin une fois, auxquels il faut ajouter un cout annuel de main- du Niger. A travers la mediation et son soutien financier, l' aide tenance de 1 milliard (Buys, Deichmann, et Wheeler 2006). exterieure a encourage l'enthousiasme de depart. Cependant, Les avantages associes sont plus speculatifs. Des relations bien une trentaine d'annees plus tard, a de rares exceptions pres, connues entre Ie volume des echanges commerciaux et les ces organisations transfrontalieres en sont encore au stade couts du transport indiquent qu'un reseau autoroutier tran- initial. Certains des problemes auxquels ils ont ete confron- safricain completement operationnel pourrait presque tripler tes incluent Ie declin de l'engagement politique, Ie manque Ie commerce intra-africain, de 10 milliards de dollars EU par de cooperation, des difficultes techniques et de gestion, des an a pres de 30 milliards (Buys, Deichmann, et Wheeler 2006). conflits armes et l'instabilite politique, et des objectifs mal Meme en supposant que les couts de renovation atteignent 20 definis ou une capacite insuffisante pour les plans proposes. A milliards de dollars EU, Ie rapport benefice-cout sur 15 ans mesure que Ie soutien des donateurs s'amenuisait, les organi- serait de 5 a 1. Cependant, meme ce volume considerable- sations de bassins se sont retrouvees sans Ie soutien financier ment accru du commerce regional semble petit compare au necessaire pour mener leurs programmes a terme. volume actuel du commerce international de l' Afrique, qui Les couts de la coordination sont eIeves, a cause du carac- approche les 200 milliards de dollars EU par an. tere sensible des ressources en eau, en particulier pour les pays situes dans des zones arides. L'assistance technique et Ie Ressources en eau - Minimiser les conflits, renforcement des capacites peuvent etre d'une grande aide maximiser les benefices pour les organisations de bassins. Un outil de coordination L'Afrique compte plus de 60 bassins fluviaux transfrontaliers, est un systeme de gestion qui mesure les progres de la gestion dont pres de la moitie sont part ages par trois pays ou plus des ressources en eau dans les bassins fluviaux (voir NARBO avec des droits de riverains. Les ressources en eaux de surface 2004; UNESCO 2006). Un tel systeme etablit des references de la region profitent au developpement economique de plu- et definit un cadre pour Ie suivi des debits, de la qualM et des sieurs manieres. Des ressources en eau bien gerees peuvent effets sur Ie developpement. 152 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE L'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Senegal dependants de corridors routiers et ferroviaires perform ants passe generalement pour avoir reussi dans la cooperation men ant a la mer, ainsi que des reseaux federateurs en fibre transfrontaliere pour la gestion de l' eau. Elle a construit les optique intra-continentaux qui les relient aux cables sous- barrages de Manantali et de Diama, qui ont permis d'irri- marins. Les pays cotiers sont particulierement dependants guer quelque 375 000 hectares de terres, cree une production d'une gestion serieuse des ressources en eau en amont. Les hydroelectrique de 800 gigawattheures par an, et ajoute envi- petits pays tirent tout particulierement avantage du com- ron 800 kilometres de voies navigables sur Ie fleuve Senegal, merce regional de 1'electricite, qui en reduit les couts. Dans la du Senegal jusqu'a Kayes (Mali). Une etroite coordination mesure ou 1'integration regionale procure des dividendes eco- entre riverains voisins permet aussi une prise en charge pre- nomiques substantiels a quelques-uns des pays participants, coce des effets nefastes du developpement de la gestion de on doit pouvoir concevoir des mecanismes de compensation l'eau sur 1'agriculture ou la peche. permettant a chacun d'y trouver son compte. Le concept de partage des avantages a ete tente pour la premiere fois a tra- vers les traites relatifs aux bassins fluviaux internationaux, Relever les defis de I'integration regionale comme celui du fleuve Senegal, et pourrait etre applique plus des infrastructures en Afrique largement aux infrastructures regionales. Une condition prealable cle de toute initiative regionale est Les avantages du developpement de l'infrastructure regio- l'obtention d'un consensus politique au niveau tant national nale sont clairs, mais avant de pouvoir en beneficier, il faut que transfrontalier. Meme si les methodes varient d'un pays a d' abord surmonter des defis politiques, institutionnels, 1'autre, quelques grands principes s'appliquent toujours. economiques et financiers qui sont loin d'etre evidents. La premiere chose a faire est d'arriver a un consensus politique S'assurer un ralliement a haut niveau. L'Afrique a besoin de entre les pays voisins qui peuvent avoir des agendas nationaux plus de defense des politique et de leadership a haut niveau divergents ou meme une histoire recente de conflit. Ensuite, pour promouvoir 1'integration regionale en matiere de deve- il faut des institutions regionales efficaces pour faire avancer loppement de 1'infrastructure et plus. Les questions d'inte- un programme transfrontalier commun de developpement gration regionale tiennent tres peu de place dans les debats des infrastructures et assurer une distribution equitable des parlementaires de la plupart des pays. Entre les rares ren- avantages. Etant donne 1'importance des besoins et la limi- contres regionales de chefs d'Etat, un sentiment d'inertie et tation des ressources, certaines priorites doivent etre fixees de manque de suivi s'installe souvent. Les gouvernements et pour guider les efforts inscrits a l'agenda de l'integration les institutions internationales doivent faire preuve de lea- regionale. Meme lorsque celles-ci sont claires, il reste nean- dership. L'Union africaine a pour mandat de coordonner moins les questions non evidentes du financement et de la Ie programme d'integration region ale de l'Afrique, exprime realisation d' etudes completes pour la preparation des projets dans Ie traite d'Abuja (1991), qui a cree la Communaute et du montage financier transfrontalier de projets complexes economique africaine, avec les communautes economiques impliquant plusieurs milliards de dollars EU. De plus, une fois regionales comme composantes de base. L'Union africaine 1'infrastructure regionale en place, son efficacite dependra en a identifie 1'infrastructure et 1'integration regionale en tant fin de compte de l'harmonisation des procedures reglemen- qu'elements majeurs de la croissance economique et de la taires et administratives associees. reduction de la pauvrete en Afrique. Le principal instru- ment est Ie Nouveau partenariat pour Ie developpement de 1'Afrique (NEPAD), qui n'a pas toujours obtenu Ie soutien Arriver aun consensus politique necessaire des dirigeants politiques pour etablir un consen- Les infrastructures regionales ne sont qu'un aspect d'une sus sur les projets financierement et economiquement viables. integration regionale plus large. Contrairement a l'integra- Le Comite des Chefs d'Etat et de Gouvernement charge de tion economique ou politique, la cooperation dans la fourni- la mise en reuvre du NEPAD, cree pour aider a surmonter ture d'infrastructures est plus facile a realiser car les avantages les obstacles politiques aux projets, n'a guere ete efficace et sont plus clairement definis et parce que les pays doivent faire se reunit actuellement moins souvent que prevu au depart. moins de concessions sur leur souverainete. La cooperation Une forte implication des dirigeants regionaux est essentielle en matiere d'infrastructure regionale est donc un premier pas pour faire avancer les projets. Lorsque Ie Gazoduc de 1'Afrique efficace sur la voie d'une integration plus profonde. occidentale a ete confronte a des divergences politiques, par Certains pays ont plus a gagner que d'autres de l'inte- exemple, c'est la« diplomatie navette» du president du Nige- gration regionale. Les pays enclaves sont particulierement ria, Olusegun Obasanjo, qui a maintenu Ie projet sur les rails. Approfondir [,integration regionale 153 Installer la confiance. La confiance est importante pour 1'in- Penser a Ia region, meme en developpant Ies politiques natio- tegration regionale, surtout lorsque certains pays pourraient naies. L'interdependance regionale est une realite de la vie en beneficier plus que d'autres. Des pays se mefiant les uns partout en Afrique. Elle est critique non seulement pour les des autres auront difficile it trouver des solutions fondees pays enclaves, mais aussi pour les pays cotiers et plus grands, sur la cooperation. Par exemple, la mise en ~uvre du pro- impliques dans des echanges, la migration des travailleurs et jet de pont routier et ferroviaire entre Kinshasa et Brazzaville l' expansion des marches au niveau regional. Les responsables et la prolongation du chemin de fer Kinshasa-llebo visent it politiques nationaux doivent donc tenir compte des conse- accelerer les echanges entre la Republique democratique du quences regionale des politiques nationales. Les bailleurs de Congo et la Republique du Congo. La con fiance entre les fonds peuvent encourager cette approche. Ainsi par exemple, deux pays sera un facteur essen tiel de la decision de realiser Ie il n'est guere logique d'elaborer une strategie d'assistance projet. Commencer petit, avec des projets relativement bien pour Ie Burkina Faso sans considerer sa place dans la region delimites, est une maniere de construire cette confiance. De par rapport it la Cote d'lvoire, au Ghana et au Mali. frequentes interactions entre les decideurs it tous les niveaux de gouvernement tissent des relations qui aident it surmonter Mettre en place des institutions regionales efficaces les inevitables desaccords. Les organisations supranationales Les institutions regionales ne manquent pas en Afrique, mais peuvent jouer Ie role d'intermediaire impartial dans Ie par- peu sont efficaces. L'architecture institutionnelle qui soutient tage des benefices et la resolution des litiges. 1'integration africaine comprend plus de 30 organismes exe- cutifs continentaux, communautes economiques regionales Investir dans la credibilite de l'information. La con fiance dont les affiliations se chevauchent tres souvent, entites tech- est d'autant plus facile it etablir que les faits sont it la dispo- niques sectorielles et organes de planification nationaux. II en sition de tous. Une information de bonne qualite doit etre resulte une grande complexite, des responsabilites fonction- recueillie et mise it la disposition des decideurs pour leur nelles floues au niveau du developpement des strategies et des permettre d' evaluer l' entierete des couts et avantages des projets, ainsi que des strategies de financement incertaines. Ce investissements dans 1'infrastructure, qui impliquent souvent manque de clarte a freine les efforts entrepris pour arriver it de grosses allocations de fonds et quelques concessions sur des strategies regionales coherentes, des programmes realistes la souverainete. Les communautes economiques regionales repondant aux priorites d'integraton (comme les infrastruc- doivent fa ire connaitre les avantages potentiels it to utes les tures regionales ou 1'integration du commerce), et la planifi- parties prenantes pour aider it arriver it un consensus. Les pays cation technique de projets specifiques. seront peu disposes it assumer tous les couts des biens pubics II est plus facile de gagner en efficacite pour des organisa- s'ils n'en pers:oivent pas clairement les avantages. L'integra- tions vouees it un petit nombre de taches que pour celles ayant tion pouvant faire des gagnants et des perdants, cela pourrait un mandat plus large. La Commission de 1'Union africaine aider d'evaluer les couts et les avantages potentiels. a eu du mal it accomplir Ie sien it cause du manque de res- sources humaines et financieres et du manque de clarete des Se centrer sur Ie partage des avantages, pas sur celui des res- responsabilites. Les communautes economiques regionales sources. Une cause frequente d'echec des projets regionaux ont des attributions et des res sources limitees et, surtout, peu est la perception d'une inegalite d'acces it une ressource d'autorite pour faire appliquer les decisions. II y a souvent un naturelle ou d'infrastructure. Cependant, ce qui compte ecart entre ce qui est ecrit dans les traites et ce qui se passe c'est la maniere de partager les avantages economiques des sur Ie terrain. Les institutions gagneraient en efficacite si les ressources ou des infrastructures. La meilleure illustration pays etaient plus disposes it ceder un peu de leur souverainete de cette philo sophie est la gestion des ressources en eau en echange de plus grands avantages economiques. Un plus transfrontalieres, dont les avantages comprennent la protec- grand recours it la regIe de la majorite qualifiee dans certains tion contre les inondations, l'hydroelectricite, 1'irrigation, la domaines de l' elaboration des politiques pourrait simplifier la peche, les loisirs, Ie tourisme, ainsi que la paix et la securite. prise de decision. Plusieurs communautes economiques regio- Un pays peut profiter plus de 1'hydroelectricite, tandis que nales ont, sans resultat, debattu de cette question pendant un pour un autre l'important est un acces permanent it 1'eau certain temps. Le financement adequat est egalement un pro- d'irrigation. Ce partage des avantages a ete une reussite dans bleme dans la mesure OU les Etats membres omettent sou- Ie Projet hydraulique des Hautes Terres du Lesotho ainsi vent de payer les contributions prevues, en tout ou en partie. que 1'accord de partage de 1'eau du bassin de l'Incomati, qui Les communautes economiques regionales ont de multiples contribuent it une plus large cooperation politique et econo- fonctions, dont les infrastructures ne sont pas necessairement mique et it la stabilite. les principales (ICA 2008). II en resulte qu'elles ne reussissent 154 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE souvent pas a recruter et a retenir un personnel qualifie, ayant nationaux de planification doivent ameliorer leur aptitude a l'experience necessaire pour identifier et promouvoir des pro- resserrer les liens entre les strategies regionales et les plans de jets d'infrastructure regionale complexes. developpement nationaux. Cinquiemement, les mecanismes En 2006, la strategie region ale de reduction de la pauvrete de realisation des programmes prioritaires (par exemple les en Afrique occidentale definie par la Communaute econo- infrastructures regionales) doivent etre renforces afin d'etayer mique des Etats de l'Afrique de l'Ouest et I'Union economique la confiance dans l'integration avec des resultats concrets. et monetaire ouest -africaine a constitue un jalon significatif. Les efforts de I'Afrique pour affermir l'integration regio- D'autres regions ont egalement mene a bien des exercices de nale se sont concentres sur la cinquieme action. Cependant, planification strategique : par exemple, Ie Plan indicatif regional d'une maniere generale, les priorites nation ales ont limite Ie de developpement strategique (elabore par la Communaute de soutien des programmes region aux. La faible prise en compte developpement de I'Afrique australe) et Ie Plan directeur de la des priorites regionales dans les plans nationaux a ralenti les Communaute de I'Afrique de l'Est. Cependant, les liens entre programmes prioritaires, min ant ainsi la volonte des gou- ces plans strategiques regionaux et les programmes nationaux vernements de ceder une certaine souverainete a d'autres restent laches. Le resserrement de ces liens est essen tiel pour initiatives regionales et creant un cercle vicieux. Pour faire une mise en ceuvre cordonnee des programmes regionaux, eux- progresser la situation, il faut reequilibrer les efforts entre les memes cruciaux pour obtenir des resultats au niveau des pays. cinq defis institutionnels. Par exemple, Ie Marche commun de I'Afrique orientale et aus- trale, la Communaute de l' Afrique de I'Est et la Communaute Fixer des priorites pour les infrastructures regionales de developpement de l' Afrique australe ont coordonne avec Con frontes au gros retard des investissements dans l'infras- succes des programmes atravers un groupe de travail tripartite. tructures et a la limitation de leur espace budgetaire et de Des organisations regionales a but specifique ou des leur capacite d'emprunt, les pays africains doivent imperati- organes techniques sectoriels ont ete plus efficaces. Un pole vement determiner des priorites pour les investissemnts dans energetique, par exemple, a une mission claire, une autono- l'infrastrucure. Les projets doivent etre solidement justifies mie suffisante pour assumer ses responsabilites, un meca- pour pouvoir concurrencer les investissement dans d'autres nisme de financement qui lui est specialement consacre, et secteurs, tels que la sante ou l'education. A cause de la longue des possibilites de carriere capables d'attirer et retenir un per- duree de vie des infrastructures, les consequences des mau- sonnel de haut niveau. II beneficie aussi d'un important ren- vaises decisions se feront sentir pendant des decennies. Un forcement des capacites. Les membres d'un pole energetique investissement mal avise peut entrainer, pour des annees, les sont des services publics d'electricite nationaux, egalement pouvoirs publics dans un projet inefficace, qui exigera en plus dotes de fonctions et de roles clairs au sein de leurs contextes une couteuse maintenance. Comment etablir les priorites ? nationaux, et moins soumis ades pressions politiques directes Les criteres adequats sont la rentabilite economique prevue, Ie que les organismes publics moins techniques. ciblage spatial et les possibilites de participation privee. Le besoin de renforcer les capacites et de simplifier la prise de decision concerne aussi les organismes nationaux. Pour les Rentabilite economique. Les projets les plus rentables ne sont projets d'infrastructure regionale complexes, plusieurs minis- pas toujours ceux qui creent de nouvelles infrastructures. Les teres techniques sont souvent impliques dans chaque pays. investissements strategiques ameliorant la performance des Cette pratique complique l'obtention d'un consensus et l'at- systemes d'infrastructure, tels que la reduction des goulets tribution de responsabilites claires. Un autre probleme est Ie d'etranglement dans les ports ou aux frontieres, ou l'installa- manque frequent de suivi par les autorites gouvernementales tion d'interconnecteurs electriques entre des pays OU Ie diffe- de haut niveau, des engagements regionaux pris en matiere de rentiel des couts est important, sont souvent les plus efficaces. mise en ceuvre au niveau national. Les investissements dans la maintenance ou la rehabilitation Cinq actions visant arenforcer l' efficacite des institutions d'infrastructures existantes, comme les routes ou les liaisons peuvent aider la cooperation regionale en matiere de fourni- ferroviaires d'un reseau, offrent souvent des avantages eco- ture d'infrastructures. Premierement, les roles et responsa- nomiques plus immediats que ceux qui creent de nouvelles bilites des organismes regionaux concernes par l'integration infrastructures de transports. regionale doivent etre clarifies. Deuxiemement, l'autorite legale des organismes regionaux doit etre accrue pour ame- Ciblage spatial. Trop souvent, l'opportunisme politique liorer et accelerer les processus de prises de decision. Troisie- encourage la dispersion des investissements sur toutes les par- mement, les organismes regionaux cles doivent approfondir ties d'un pays ou d'une region, alors que la concentration des leur capacite profesionnelle. Quatriemement, les organismes investissements productifs dans des zones a potentiel eleve Approfondir l'integration regionale 155 genererait des avantages economiques nettement plus impor- Possibilites de participation privee. Les TIC, les centrales tants (Banque mondiale 2009). L'initiative de developpement electriques et les ports et aeroports presentent un impor- spatial soutenue par Ie NEPAD vise a relier l'infrastructure tant potentiel de fourniture et d'exploitation par Ie prive. principale aux lieux OU se trouvent les ressources naturelles La perspective d'un elargissement du marche regional peut des pays. Cette initiative s'inspire du Corridor de developpe- etre attractive pour Ie financement prive ou les partenariats ment de Maputo, qui a regroupe les investissements dans l'in- publics-prives. Une plus grande implication du prive peut frastructure et utilise Ie fin an cement prive comme catalyseur aider a surmonter Ie large ecart de financement des infrastruc- pour exploiter les ressources naturelles Ie long d'un corridor tures, mais il faut pour cela que les pouvoirs publics adoptent reliant Ie Mozambique et l' Afrique du Sud. et mettent en reuvre des proto coles facilitant 1'investissement. Le leadership de l' Afrique du Sud a joue un role de dans Dans beaucoup de pays, Ie controle de I'Etat continue a etouf- l'avancement de cette initiative. Cependant, il n'est pas sur fer 1'investissement prive. Pour les ports, par exemple, seuls qu'un leadership comparable puisse apparaitre dans d'autres deux pays africains (Ie Ghana et Ie Nigeria) ont adopte Ie parties de la region. En effet, la plupart des initiatives de deve- modele proprietaire-Iocataire (landlord model) internationa- loppement spatial concerne des friches OU il existe deja cer- lement privilegie, qui recherche un equilibre entre les interets taines infrastructures regionales. Ceci souleve la question de publics (autorite portuaire) et prives (activite portuaire). savoir pourquoi on n'a pas encore pu observer des placements Des exercices de determination des priorites sont actuel- prives surs Un des sujets de preoccupation est Ie fait que Ie lement en cours ou planifies. Un nouveau groupe de travail developpement d'un corridor ne facilite que les exportations continental prepare un rapport sur un large ensemble de cri- de matieres premieres, alors que Ie but devrait etre Ie deve- teres, pour aider les institutions de developpement a fixer les loppement economique et la croissance de l'emploi a travers priorites d'investissement dans chacun des principaux sec- l' exportation de produits manufactures. teurs de 1'infrastructure. Ce rapport fera partie du Programme Un autre exemple d'approche spatiale est 1'amelioration des de developpement des infrastructures en Afrique - une etude liaisons entre les grandes agglomerations cotieres du golfe de conjointe de 1'Union africaine, du NEPAD et de la Banque Guinee (Abidjan, Accra, Cotonou, Lagos et Lome) et la creation africaine de developpement - qui doit definir une vision de d'un environnement d'affaires competitif soutenu par une har- 1'integration regionale sur Ie continent a travers les infrastruc- monisation des politiques Ie long du corridor. Une telle initiative tures. Ce programme devra tenir compte d'autres processus permettrait a tous les pays de beneficier d'une acces aux grands actuellement en cours, tels que Ie Partenariat Afrique-UE ports d'Abidjan et de Lagos et, en fin de compte, de reduire les pour l' energie, qui recherche un accord sur un Plan directeur couts du transport international pour toute la sous-region. de l' electricite pour l' Afrique, ou Ie Sommet 2009 de 1'Union A travers Ie partage des infrastructures et une meilleure africaine qui s'est mis d'accord sur une liste de projets-phares facilitation des echanges, l'Afrique pourrait faire com me les candidats a un soutien et a des investissements prioritaires. economies de l' Asie de l'Est, qui ont tire profit des comple- De plus, beaucoup de communautes economiques regionales mentarites economiques des regions frontalieres pour aug- et autres institutions regionales techniques ont des plans d'in- menter 1'investissement et faciliter les reformes des affaires. Le vestissements a 10 ans qui presentent un vaste menu d'inves- triangle de croissance Zambie-Malawi-Mozambique, lance en tissement destine aux financiers exterieurs. 2000 et recouvrant Ie nord de la Zambie, Ie nord et Ie centre La transparence dans la prise de decision et 1'accord sur du Malawi et quelques parties du centre-est du Mozambique, les criteres de selection sont une condition indispensable semble avoir facilite Ie commerce et fait naitre de nouvelles de toute fixation des priorites. La prise de decision doit etre activites economiques. 3 bien documentee et motivee, avec des donnees suffisamment La Communaute economique des Etats de I'Afrique de detaillees et une explication claire des hypotheses, Ie tout l'Ouest a recemment adopte pour les zones frontieres presen- publiquement accessible. Les investissements dans l'amelio- tant des complementarites economiques, des initiatives trans- ration de l'information aux niveaux national et regional sont frontalieres telles que l'initiative Sikasso-Korhogo-Bamako petits par rapport aux fonds publics et prives qui sont en jeu, (fondee sur Ie bassin cotonnier partage par Ie Burkina Faso, mais les avantages pour la prise de decision sont importants. la Cote d'Ivoire et Ie Mali) et l'initiative Kano-Katsina-Maha- radi (fondee sur l'agriculture et l'elevage dans la region fron- Faciliter Ia preparation des projets et Ie financement taliere Nigeria-Niger). En identifiant ce qui est necessaire pour transfrontalier faciliter les reseaux de production transfrontaliers, les pays La conception d'un projet est un processus complexe. La phase limitrophes pourraient faire des investissements dans 1'infras- d'evaluation determine la faisabilite sociale, economique, tructure regionale fondes sur des projets conjoints rentables. financiere, technique, administrative et environnementale 156 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE (Leigland et Roberts 2007). Pour les projets regionaux, la coor- de deux pays. Pour encourager l' appropriation par les pays, dination entre les organismes nationaux, dotes de procedures, les deux institutions utilisent Ie principe des un tiers-deux capacites et contraintes administratives differentes, ajoute a tiers, ou les participants doivent utiliser un credit de l'IDA cette complexite. C'est pourquoi les couts de preparation des ou du Fonds africain de developpement (FAD) pris sur leur projets regionaux ten dent a etre plus eleves, et Ie processus allocation pays et Ie completer avec deux credits provenant peut prendre plus de temps que pour les projets nationaux. de ressources destinees a la region. Actuellement, 17,5 % des Les couts de preparation s'elt~vent generalement a environ ressources du FAD et 15 % de celles de l'IDA sont consacrees 5 % du financement total, so it a peu pres Ie double du coUt de a des programmes regionaux. preparation des projets nationaux. Ces depenses se presentent Les projets eligibles au Fonds fiduciaire UE-Afrique pour au debut, lorsque Ie succes du projet et les chances d'un retour les infrastructures doivent beneficier d'une appropriation sur investissement suffisant sont encore incertains. Les insti- africaine et etre soutenables a long terme. Ils doivent aussi tutions regionales et les bailleurs de fonds ont tente d' abor- etre transfrontaliers ou bien nationaux avec un effet regional der ce probleme et ont mis sur pied plus de 20 mecanismes sur deux pays ou plus. Les projets regionaux finances par la pour la preparation des projets, dont beaucoup soutiennent Banque de developpement de I'Afrique australe doivent soit explicitement les activites regionales (rCA 2006). Cependant, impliquer au moins deux pays, soit etre situes dans un seul les ressources ne couvrent pas les besoins des regions. Les pays mais comporter des avantages pour la region. pays africains doivent engager plus de fonds et de personnes Quelques defis subsistent. Bien que les beneficiaires des possedant les competences techniques, legales et financieres fonds du FAD et de l'IDA puis sent obtenir une allocation pays adequates en matiere de planification des infrastructures et en participant a des projets regionaux, ceux qui n' en w;:oivent la mise en reuvre des projets. Lexecution en temps voulu des qu'une petite peuvent etre reticents a en utiliser une grande activites de preparation des projets et un reservoir suffisant de partie pour un seul projet regional dont les avantages ne sont nouveaux projets encouragent aussi la participation du sec- pas clairs. La maniere d'allouer ces ressources concession- teur prive. Pour les operateurs qui dependent du fin an cement nelles, et la question de savoir si la part de l' enveloppe totale prive, la vue d'un planning d'aspect solide est encore plus cri- consacree aux projets regionaux est suffisante continuent a tique que pour Ie secteur public (ICA 2009). etre des sujets de discussion. Par ailleurs, Ie nombre des ins- Le soutien apporte aux projets regionaux par Ie Consor- truments de financement destines aux pays a revenu interme- tium pour les infrastructures en Afrique a grimpe d'environ diaire est limite, ce qui pose un probleme en Afrique du Nord 430 millions de dollars EU en 2005 a 2,8 milliards en 2007 (pour la connectivite avec les pays qui sont au sud du Sahara) (rCA 2007).2 Bien que la part des projets bilateraux ait aug- et en Afrique australe (pour les projets pouvant impliquer Ie mente avec Ie temps, les membres multilateraux representent Botswana ou l'Afrique du Sud). encore 60 % du total engage en 2007 (Banque mondiale 2008). A cause de leur nature supranationale, les organisations Les institutions multilaterales ont developpe des mecanismes regionales ne reunissent pas toujours a se qualifier pour les specifiques pour la prise en charge des projets regionaux. dons ou fin an cements concession nels des institutions dona- La Banque mondiale applique quatre criteres d'eligibilite trices, ce qui limite la disponibilite des ressources pour Ie ren- des projets regionaux aux fin an cement concessionnel de l' As- forcement des capacites. De plus, certains projets ayant des sociation internationale de developpement (IDA) : a) trois retombees regionales importantes peuvent ne pas impliquer pays au moins doivent participer, meme s'ils peuvent inte- trois pays ou plus, et donc ne pas etre eligibles a un finan- grer Ie projet a differentes etapes ; b) les pays et l' organisme cement regional, comme l'interconnexion Ethiopie-Soudan regional concerne doivent faire preuve d'un fort engagement; ou les projets nationaux de generation d'electricite ayant un c) les avantages economiques et sociaux doivent avoir des potentiel d' exportation. retombees au-dela des frontieres nationales ; et d) les pro- jets doivent fournir une plateforme pour I'harmonisation Elaborer des cadres n!glementaires regionaux des politiques entre les pays, et etre prioritaires au sein d'une A lui seul, la construction d'infrastructures physiques ne pro- strategie region ale bien con<;:ue et largement soutenue. Une duira pas un rendement economique important en termes de recente evaluation des projets d'integration regionale de la croissance region ale et d' emploi. Il faut en plus ameliorer l' en- Banque mondiale a conclu que les programmes regionaux vironnement legal, reglementaire et administratif pour assu- ont ete efficaces, quoiqu'a une echelle encore relativement rer une utilisation efficace des infrastructures (Encadre 6.2) petite (Banque mondiale 2007). Le transport aerien est suffisamment rentable pour que La Banque africaine de developpement a ado pte des prin- Ie secteur prive ou les partenariats publics-prives y investis- cipes semblables en 2008, mais n'exige la participation que sent et en ameliorent l'infrastructure, mais l'environnement Approfondir l'integration regionale 157 Des postes fronth!res it guichet unique pour faciliter les echanges La logistique commerciale possede trois composantes : les Ie commerce regional a ete lance en 2006. Les postes fron- expeditions internationales, les operations a I'entree sur un tiere a guichet unique nes de cette initiative montrent bien ce territoire (dedouanement ou autorisation de transit et manu- que la volonte politi que peut obtenir. Les mesures facilitant Ie tention), et les mouvements au sein des pays (souvent en commerce identifiees par Ie groupe de travail induent I'utili- transit). Au paste de Chirundu, separant la Zambie et Ie Zim- sation d'un document unique pour Ie dedouanement, I'har- babwe, Ie temps de transit moyen des camions allant vers Ie monisation de la technologie de I'information et des systemes nord est de 26 a 46 heures. La frontiere compte plus de 15 electroniques de gestion des douanes, I'harmonisation des bureaux administratifs des deux pays, appliquant chacun des droits sur la charge par essieu et Ie transit routier, et I'instau- morceaux de la legislation. ration d'un perm is de conduire et d'un systeme d'assurance Un groupe de travail conjoint mis en place par Ie Marche au niveau regional. commun de I'Afrique orientale et australe, la Communaute de developpement de I' Afrique australe, et la Communaute Source: Fonde sur des entretiens avec des membres du Departement des de l'Afrique orientale pour I'harmonisation des accords sur transports de la region Afrique de Ie Banque mondiale, 2008. reglementaire et les regimes publics de securite et de surete Les quatre poles energetiques de l' Afrique subsaharienne sont des facteurs cle de succes. La declaration de Yamous- se trouvent a des stades de developpement differents mais, soukro sur Ie libre acces aux cieux africains a ameliore la a mesure que les pays passent des echanges d'energie bila- connectivite intra-regionale et internationale. teraux a des echanges multilateraux, il devient essen tiel de Une etude realisee sur 73 ports africains a conclu que les disposer d'un cadre commercialement acceptable. En 2006, ajouts de capacite et la reforme institutionnelle doivent etre Ie pole energetique ouest-africain s'est vu accorder un statut menes de maniere acceleree pour realiser Ie potentiel. Meme special reaffirm ant son autonomie, et la ratification en 2007 si certains pays sont en train de rediger de nouveaux plans d'un cadre legal superieur (Ie protocole pour l'energie de la directeurs pour leurs ports nationaux, ils ne considerent pas CEDEAO, la Communaute economique des Btats de l' Afrique tous Ie besoin d'ameliorer les faibles competences de la main de l'Ouest) aidera a promouvoir la securite des investisseurs d'ceuvre, de rationaliser la trop lourde bureaucratie et de dis- et aconsacrer Ie principe de 1'« acces ouvert» aux reseaux de poser d'une reglementation independante. transport nationaux de l' energie it travers la region. En 2008, Dans Ie secteur de l'energie, les frontieres africaines limi- l'organisme regional de regIe mentation de l'electricite de la tent la taille des marches par des barrieres politiques et regle- CEDEAO a ete mis en place pour reglementer les echanges mentaires imposees au commerce de l'electricite et par des transfrontaliers d'electricite entre les Btats membres. barrieres physiques. L'infrastructure electrique regionale a besoin d'une tarification harmonisee et d'une regIe mentation de l'acces des tiers, de contrats de commercialisation trans- Notes frontaliere efficaces, et des services publics nationaux fiables Les auteurs de ce chapitre sont Souleyrnane Coulibaly, Uwe et solvables. Dans presque toute l' Afrique subsaharienne, les Deichmann, Vivien Foster et Andrew Roberts. Alvaro Federico accords bilateraux entre les services publics integres vertica- Barra, Pinki Chauduri, Jacob Kolster, Siobhan Murray, Alex lement guident les echanges transfrontaliers d' electricite, bien Rugamba et Mark Tomlinson y ont egalement participe. 1. Les deux figures incluent l' Afrique du Sud. que des poles energetiques regionaux sont, de plus en plus, en 2. voir http://www.afrol.com/News/maw008growth_triangle.htm train de liberaliser les marches de l' electricite. 3. Les membres du Consortium pour les infrastructures en Afrique L'experience mondiale dans la mise en place de poles sont Ie Groupe des huit, Ie Groupe de la Banque mondiale, la energetiques a amene un consensus sur trois facteurs cles de Banque africaine de developpement, l'Union europeenne, la succes : un cadre legal et reglementaire commun, un cadre Banque europeenne d'investissement et la Banque de develop- durable pour la planification et l'exploitation des systemes, et pement de l'Afrique australe. un cadre commercial equitable pour les echanges d'electricite (USAID 2008). 158 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Bibliographie tor in Infrastructure Investment." Gridlines, Note 18 (March), AtDB (African Development Bank) and UNECA (United Nations Public- Private Infrastructure Advisory Facility, World Bank, Economic Commission for Africa). 2000. 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En moins de sance et Ie developpement du secteur. 10 ans, les reseaux mobiles ont couvert 91 % de la popula- • Assurer un acces a faible cout a l'infrastructure interna- tion urbaine et la couverture des zones rurales est en hausse. tionale, en evitant tout monopole sur les installations des. Toutefois, ces niveaux eleves de couverture cachent d' enormes • Promouvoir Ie developpement des infrastructures d'inter- disparites entre les pays, notamment en ce qui concerne la connexion a large bande passante (les reseaux assurant le proportion de la population qui a acces a ces services. Cer- trafic des communications entre les points fixes dans un tains pays ont beau coup mieux reussi que d'autres a offrir des reseau). services vocaux de base, et certains secteurs du marche, tels que les services de telephonie fixe et de l'Internet ahaut debit, • Favoriser l'innovation dans l'utilisation des technologies ont moins bien reussi que la teIephonie mobile. Les taux de sans fil en reformant la maniere d' attribuer et de gerer Ie penetration de la teIephonie fixe restent faibles et sont en spectre des radiofrequences. baisse dans la plupart des pays, tandis que l'Internet a haut • Promouvoir l'acces universel pour assurer une disponibi- debit est cher et accessible a seulement une petite partie de lite des TIC la plus extensive possible. la population. En depit des changements operes dans une grande par- tie des TIC, il reste encore beau coup a faire. Les responsables La revolution des TIC en Afrique des politiques doivent entreprendre les eta pes suivantes pour aborder les defis specifiques qui se posent au secteur des TIC En Afrique, l'expansion la plus forte dans Ie secteur des TIC en Afrique : a concerne les services telephoniques vocaux. Les services • Achever l'agenda des reformes en instaurant une pleine Internet, en revanche, n'ont progresse que lentement. Dans concurrence dans Ie secteur. l' ensemble, Ie secteur des TIC a eu un grand effet positif sur Ie PIB de l'Afrique. 161 162 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 7.1 Comparaison de la penetration des services TIC dans Ie monde, 2006 100 - ~ '" c :.c 80 '" ..c 0 60 ~ :;; Co c 40 0 .;::; ~ 'IV C 20 'IV "- o lignes de telE~phonie fixe Abonnes ala Utilisateurs d'internet telephonie mobile • Revenu eleve 0 Asie de l'Est et Pacifique III Asie du Sud OAfrique subsaharienne Source. Minges et autres, 2008. Acces aux services telephoniques de base Figure 7.2 Couverture du reseau mondial de telephonie mobile (GSM) L'Afrique subsaharienne a enregistre une croissance specta- en Afrique, 1998 au troisieme trimestre 2006 culaire dans la penetration des services TIC depuis la moitie 100 c: _ - - - - - - 94 des annees 1990 - principalement dans la telephonie mobile o .~ 80 ou Ie nombre des usagers est passe de 10 millions en 2000 a :; c. plus de 180 millions en 2007 (UIT 2008). Le milieu des annees o ~ 60 .............. 62 / 2000 a vu plus de 25 millions de nouveaux abonnes au mobile
  • 0,5 ~ ~ 30 c 0,4 ~ ~ o 20 0,3 is Cl 0,2 a. 10 0,1 o a Asie du Sud Revenu eleve Asie de l'Est Afrique et Pacifique subsaharienne III Prix de I'acces aInternet - - - Prix de I'acces aInternet (dollars EU) (% du PI B) Source: Minges et autres, 2008. 164 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Evolution du secteur des TIC par employe contre 427 dans la region Amerique latine et CaraYbes, et 700 dans les pays membres de I'Organisation de La croissance dans Ie secteur des TIC en Afrique s'est essen- cooperation et de developpement economiques. tiellement operee dans la telephonie mobile it travers les La faible productivite des compagnies de telecommunica- reseaux mondiaux de telephonie mobile (GSM - global sys- tion en place creee des couts caches pour l'economie it travers tems mobile). Les economies d'echelle generees par la nor- une allocation sous-optimale des ressources au secteur et la malisation internationale des equipements GSM ont reduit, faible consommation des services de telecommunications. Le de fa~on spectaculaire, les prix des combines telephoniques cout de l' exces de main d' ceuvre peut atteindre 0,4 % du PIB, et des equipements de reseau, et les normes internationales voire plus dans certains cas (Figure 7.6). Pour Ie Cameroun, permettent aux clients d'utiliser des reseaux dans plus d'un Ie Ghana et la Namibie, entre aut res pays, Ie niveau de cette pays it moindre coUt. Plusieurs operateurs panafricains ont inefficacite depasse Ie cout de realisation de l'objectif d'acces donc vu Ie jour et se sont montres hautement innovants dans universel. leurs tarifs et services. L'itinerance internationale (roaming), par exemple, est une question litigieuse dans de nombreuses Impact economique de l'industrie des TIC regions du monde, mais les operateurs multinationaux afri- Le secteur des TIC a positivement influe sur la croissance cains comme Celtel, MTN, Safaricom et Vodacom ont des economique en Afrique. La recherche montre que l'augmen- tarifs internationaux via Ie Net qui permettent it leurs clients tation des investissements dans les services des TIC produit de faire des economies de 1'0rdre de 15 % par minute sur des taux de croissance economique it long terme plus eleves les frais de communication. La principale norme mondiale alternative aux services de telephonie sans fil, l' AMRC (acces multiple par repartition en codee) enregistre egalement des Figure 7.5 Changement net dans Ie marche de la telephonie fixe, 2001-05 progres lents mais constants en Afrique. Les operateurs de la 600 region ont egalement lance des services innovants utilisant les ~ 500 reseaux de telephonie mobile, tels que les services bancaires 15 ~ 400 I: .!:! mobiles et Ie paiement des envois de fonds. :::J:= 300 "'E Le marche des lignes fixes en Afrique subsaharienne i ~ 200 continue it etre domine par les operateurs historiques, qui c::§ 100 c: 0 appartenaient ou appartiennent toujours it I'Etat et dont les ~~ O+-~~~~~-4 __~~~~- performances restent relativement faibles (Figure 7.5). Leur .g 'c -100 > -w -200 +---.,----.------r--~-----, productivite est basse et ils sont pour la plupart, en sureffectif 2001 2002 2003 2004 2005 par rapport aux normes internationales, comme Ie montre I_ Afrique du Sud 0 Nigeria II Autres I Ie nombre de lignes par employe. En juillet 2008, les opera- teurs d' Afrique subsaharienne enregistraient 20 it 346 lignes Source.' Minges el aulres, 2008. Figure 7.6 Couts du sureffectif pour les operateurs de telephonie fixe en place dans quelques pays 1,0 co 0,8 a: ::l ~ 0,6 Ol '" ~ 0,4 u :; i1. 0,2 III Couts du sureffectif - Besoins d'investissement I Source· Minges el autres, 2008. Technologies de l'information et de la communication: stimuler la croissance 165 (Roeller et Waverman, 2001) ; selon les estimations, la revo- Reformes du marche lution des TIC en Afrique est responsable d'une amelioration La liberalisation generalisee des marches en Afrique et l' emer- du taux de croissance economique par habitant d'un point gence de la concurrence, en particulier entre les operateurs de pourcentage environ entre la moitie des annees 1990 et de telephonie mobile, ont ete les principaux moteurs de la 2000 (Calderon 2008). Cet effet positif continuer a puisque performance du secteur des TIC (Figure 7.8). les investissements se poursuivent dans Ie secteur et que l'uti- Les pays dotes de marches plus concurrentiels couvrent, en lisation des TIC augmente la productivite dans to us les types moyenne, 64 % de leur population avec des reseaux mobiles d' entreprises. contre 57 % pour les marches moins concurrentiels. Parmi les Les investissements prives a grande echelle, d'une valeur pays africains a faible revenu, ceux qui ont des marches plus totale d'environ 20 milliards de dollars ED, ont ete Ie moteur concurrentiels ont des taux de penetration du mobile supe- de l'expansion de l'acces aux TIC. Entre 1992 et 2005, la rieurs de 31 %, des prix de la telephonie mobile inferieurs de majeure partie des 82 transactions du secteur prive dans les 6 % et des tarifs d'appels internationaux inferieurs de 39 % TIC concernait de nouvelles operations dans la telephonie (mesures par Ie prix d'un appel vers les Etats-Dnis). mobile (Banque mondiale, 2009). Les privatisations d'entre- prises publiques et les droits d'immatriculation ont genere 3,3 autres milliards de dollars ED de recettes pour I'Etat. Cet Figure 7.7 Taxe sur la valeur ajoutee et droits d'accise sur les services investissement se poursuit aujourd'hui avec l'annonce regu- de telephonie mobile, 2006 liere de nouvelles affaires dans la region. La crise financiere Ouganda actuelle a affecte negativement Ie taux d'investissement en Tanzanie limitant l'acces des operateurs au financement. Kenya Dans l'ensemble, les emplois TIC ont enregistre une Niger hausse, Ie secteur de la telephonie mobile ayant directement Cameroun ou indirectement cree des emplois supplementaires dans les Senegal pays africains. Les effets multiplicateurs et les nouvelles lignes Madagascar d'activite (revendeurs de temps d' emission mobile et transac- Cote d'ivoire tions electroniques par telephone mobile) contribuent egale- ment a la croissance de l'emploi et a la generation de revenus. Tchad Burkina Faso En Afrique de i'Est, l'industrie de la telephonie mobile fournit directement ou indirectement des emplois a pres de 500 000 Benin Zambie personnes (GSMA 2007). Malawi La nouvelle infrastructure des TIC et les reformes asso- ciees ont augmente les recettes publiques a travers les droits Mozambique Rwanda uniques de licence et les paiements permanents de taxes et Namibie licences. Les recettes generees par l'industrie des TIC dans les pays africains varient de 1,7 % a 8,2 % du PIB, avec une Ghana Ethiopie moyenne de 4 %. Les recettes fiscales et des licences generees Cap-Vert par i'industrie ont egalement eu un effet budgetaire positif Afrique du Sud important (Figure 7.7). - Congo, Rep. Dem. du Soudan Nigeria Reformes institutionnelles dans Ie secteur Lesotho des TIC o 5 10 15 20 25 30 Pourcentage de surcharge sur les services mobiles La liberalisation du marche a ete l'un des facteurs les plus • Taxe sur la valeur ajoutee importants de la croissance du secteur des TIC en Afrique. III Droits d'accise Les reformes reglementaires et la privatisation des entreprises Source. Minges et autres, 2008. publiques ont complete ces reformes du marche. Note: Au Kenya, en Tanzanle et en Ouganda, les droits d'accise sont appliques aux appels mobiles. Le Rwanda prevoit de mettre en place des droits d'accise sur Ie temps de communication dans la telephonie mobile. 166 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 7.8 Etat de la concurrence dans la teh!phonie mobile, 1993-2006 24r:"~_. 20 ~ 2l. 16 C1I -0 V> 12 ~ .n E 8 o z 4 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 • Pas de reseau D Monopole II Duopole 0 Trois operateurs ou plus Source.' Minges et autres, 2008. Les avantages de la liberalisation des marches augmentent munications. Generalement, une nouvelle loi (accompagnee a mesure que la concurrence s'intensifie. En general, Ie taux de decrets et reglementations) met en place une agence natio- de penetration annuel augmente avec Ie nombre d' entreprises nale de reglementation avec des dispositions generales pour la entrant sur Ie marche. ny a relativement peu de croissance dans concurrence, l' octroi des licences, l'interconnexion, l' attribu- la penetration du marche lorsqu' on passe au depart, d'un mono- tion des ressources limitees (telles que la numerotation et la pole a un duopole, mais, apres l' octroi de la quatrieme licence frequence), et la tarification. Sur les 24 pays de 1'echantillon, de telephonie mobile, Ie taux de penetration du pays augmente 23 disposent d'un tel cadre institutionnel et d'organes de en moyenne de pres de trois points de pourcentage par an. Le reglementation independants, contre 5 en 1996. revenu moyen d'un pays affecte egalement les performances du Les organes de reglementation continuent d'exercer un secteur des telecommunications. Dans les pays les plus pauvres, controle important sur les tarifs des operateurs en place de une concurrence accrue se fait sentir lorsque Ie marche atteint telephonie fixe. Ils leur ont permis de faire face a la concur- quatre operateurs, alors que dans les pays arevenu intermediaire, rence en reequilibrant leurs tarifs, en autorisant une augmen- l' effet est Ie plus fort avec 1'introduction du troisieme operateur. tation des redevances fixes mensuelles et une reduction du Certains des pays qui ont mis en place un cadre juridique prix des appels nationaux et internationaux. Les organes de pour un marche liberalise n' ont neanmoins pas reussi a ins- reglementation ont moins de controle sur les tarifs des ope- taurer une concurrence efficace. Peu de pays disposent d'une rateurs de telephonie mobile, qui sont tires vers Ie bas par la legislation interdisant formellement la concurrence dans les concurrence (Figure 7.9). telecommunications, mais beaucoup ont des restrictions sur la concurrence decoulant de clauses d'exclusivite accordees dans Figure 7.9 Reequilibrage des tarifs dans les pays africa ins suite les licences des operateurs existants. Dans 12 pays ou les donnees ala liberalisation du secteur des telecommunications, 1993-2006 etaient disponibles, un delai d'au moins deux ans s'est ecoule 250 entre la fin des restrictions legales en matiere de concurrence et l' octroi de nouvelles licences. n existe une concurrence sur les marches des lignes fixes et des communications internationales dans douze pays d'Afrique subsaharienne, mais peu d' entre eux ont plus de deux operateurs dans ces segments. Meme dans Ie segment de la telephonie mobile, apeine la moitie des pays dis- pose de plus de trois operateurs actifs meme s'il est prouve que 0+-----,------.-----.-----.-----. la plupart des marches de la region peuvent en accueillir plus. 2000 2001 2002 2003 2004 2005 La reforme des marches est loin d' etre achevee dans la region. - - - Panier telephonie fixe - - - Panier telephonie mobile ....... Appel de 3 minutes aux heures de pointe Reforme reglementaire vers les USA l' evolution du cadre juridique regissant Ie secteur s' est alignee sur les reformes de la structure du marche. Tous les pays afri- Source· Minges et autres, 2008. Note· L'indice des prix represente les prix en pourcentage de leur valeur au cours cains ont des lois et reglementations applicables aux telecom- de I' annee de base (2000), de sorte que seuls les changements relatifs sont mis en evidence au cours du temps. Technologies de l'information et de la communication: stimuler la croissance 167 Certains organes de reglementation ont reussi a mettre en notamment du Moyen Orient et de l'Asie du Sud. Ces pri- place des tarifs de vente en gros (les droits que les operateurs vatisations et partenariats ont eu des resultats mitiges. Dans se paient les uns aux autres pour Ie traitement des appels pas- certains cas, comme celui de 1'Ouganda, la privatisation des sant d'un reseau a 1'autre) qui sont directement repercutes entreprises publiques de telephonie fixe s'inscrivait dans Ie sur les prix de detail payes par les clients pour leurs appels. A cadre d'une reforme glob ale reussie du secteur. Dans d'autres mesure que la concurrence se developpe, en particulier entre cas, les investisseurs prives se sont retires, avec pour conse- les operateurs de telephonie mobile, la reglementation de ces quence, une renationalisation des actifs TIC. Le Ghana et Ie frais d'interconnexion gagne en importance. Les organes de Rwanda ont revendu leurs affaires apres l' echec de leur pre- reglementation dotes de capacites techniques et de compe- miere operation de privatisation, marquant ainsi un engage- tences juri diques limitees peuvent eprouver des difficultes a ment soutenu en faveur des reformes. imposer des decisions aux operateurs, mais certains y sont Malgre des succes remarquables, les pouvoirs publics de recemment parvenus. En Tanzanie, l'autorite reglementaire nombreux pays africains continuent d'Hre proprietaires d'au nationale a mis en place une reduction progressive des tarifs moins un operateur de telecommunications, une situation de terminaison d' appel mobile bases sur un calcul des couts qui fausse Ie marche et cree des inefficacites. La region a des operateurs. L' organe de reglementation du Nigeria a fixe encore du chemin a faire avant de disposer d'un marche des une cible pour les tarifs de terminaison d' appel mobile, tan dis telecommunications totalement concurrentiel et appartenant qu'au Kenya, illeur a recemment fixe un seuil ainsi qu'un pla- entierement au secteur prive. fond pour les prix de detail des appels entre reseaux. Acces ala connectivite internationale Reforme des entreprises puhliques L'un des principaux facteurs du cout eleve de l'Internet et des A mesure que les Etats ont liberalise leurs marches et reforme appels telephoniques internationaux est Ie prix de la connecti- les institutions les reglementant, beaucoup ont egalement vite internationale, determine par 1'acces physique aux cables reforme les operateurs dont ils etaient anciennement proprie- sous-marins en fibre optique et Ie niveau de la concurrence taires. Fin 2006, 15 pays africains avaient vendu au secteur sur Ie marche international. Dans les pays qui ont acces aux prive des parts dans les operateurs publics de telecommuni- cables sous-marins, les prix des appels internationaux sont cation. Ces transactions ont largement implique des capitaux inferieurs a ceux des pays qui n'y ont pas acces. De plus, dans et des partenariats de gestion avec des investisseurs strate- les pays OU l'acces est concurrentiel, les prix sont nettement giques ; seuls Ie Nigeria et Ie Soudan ont privatise en emettant plus bas que dans ceux OU il existe un monopole sur la passe- des actions sur les marches boursiers locaux ou regionaux. 1 relle. (Tableau 7.1). De 1993 a2006, la valeur totale de ces privatisations s' elevait L'acces a1'infrastructure sous-marine en fibre optique de a 3,5 milliards de dollars EU, dont la moitie pour la societe haute capacite est donc une condition necessaire mais non Telkom d' Afrique du Sud. suffisante pour des services telephoniques internationaux La nature des partenariats strategiques et leurs succes ont a faible COllt. Les pays doivent egalement veiller a ce que Ie varie au fil du temps. L'investissement direct des investisseurs segment des services internationaux soit concurrentiel pour des pays developpes dans la telephonie fixe a ete complete que les clients puissent beneficier de prix plus bas et d'une par des ventes a des investisseurs de pays en developpement, meilleure qualite de service. Tableau 7.1 Prix de I'acces ala telephonie vocale internationale et de la connectivite a Internet Prix d'un appel Prix pour 20 heures Prix de I'acck ADSL Prix d'un appel au sein vers les Hats-Unls d'acces commute a l'lnternet a haut Part des pays de I'Afrique subsaharienne (dollars EU a Internet debit (dollars Niveau d'acces taillee des besoins en depenses du secteur de I'energle, VOir la Chapltre 2 de ce volume. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi. Tableau 8.3 Flux de financement destines au secteur de I'energie Exploitation et maintenance Oepenses d'investissement Secteur Secteur Financiers Oepenses Type de pays public public APO nonOCOE PPI Total totales Afrique subsaharienne 7,00 2,40 0,70 1,10 0,50 4,60 11,60 Pays a revenu inlermediaire 2,66 0,80 0,03 0 0,01 0,80 3,50 Pays fragiles a faible revenu 0,60 0 0,04 0,20 0,01 0,30 0,80 Pays non fragiles a faible revenu 2,00 0,40 0,60 0,10 0,20 1,30 3,20 Pays riches en ressources 1,60 1,20 0,10 0,70 0,30 2,30 3,90 Source: Brrceno-Garmendla, Smits et Foster 2008 = Note L'exploitatlon et maintenance Inclut les autres depenses (Durantes. APD Aide publlque au developpement, OCDE = Organisation pour la cooperation el Ie developpement economiques , PPI = partiCipation privee dans les Infrastructures. Les totaux peuvent ne pas etre exacts a cause des erreurs d'arrondi publics de l' electricite permettrait de reduire l' ecart de fin an - l' exploitation et a l' entretien, La plus grande partie de cet ecart cement de 3,3 milliards de dollars EU par an, ameliorer Ie (pres de 11 milliards de dollars EU par an) est liee aux pays a recouvrement des coUts permettrait de gagner 2,2 milliards revenu intermediaire. Toutefois, Ie poids financier Ie plus lourd de dollars EU supplementaires par an, tan dis que 0,3 milliard pese sur les Btats fragiles afaible revenu, dont l' ecart de finance- de dollars EU pourrait etre recupere chaque annee grace a ment represente environ 7 % du PIB. une meilleure execution du budget d'investissement Toutefois, meme si ces inefficacites etaient entierement eli- minees, Ie secteur de l'energie electrique souffrirait toujours Les promesses du commerce regional d'un ecart de financement important, de l' ordre de 23 milliards de I'eledricite de dollars EU par an (Tableau 8A), Les trois quarts de cet ecart correspondent aune insuffisance des depenses d'investissement, Bien que l' Afrique subsaharienne soit bien dotee en res- et Ie quart restant a une insuffisance des depenses destinees a sources hydroelectriques et thermales, seule une fraction de Energie electrique : rattraper Ie retard 183 Tableau 8.4 Composition de I'ecart de financement du secteur de I'energie milliards de dollars EU annuels Pourcentage du PIB ~cart des ~cart ~cart des ~cart depenses d'exploitation ~cart depenses d'exploitation Type de pays d'investissement et maintenance total d'investissement et maintenance ~cart total Afrique subsaharienne 17,6 5,6 23,2 2,7 0,9 3,6 Pays a revenu intermediaire 2,6 0,1 2,8 6,9 0,2 7,1 Pays fragiles a faible revenu 4,5 0,1 4,7 4,1 0,1 4,2 Pays non fragiles a faible revenu 5,5 5,2 10,7 2,0 1,9 3,9 Pays riches en ressources 3,5 1,0 4,5 1,6 0,5 2,0 Sources: Briceno-Garmendia, Smits et Foster 2008 , Yepes, Pierce et Foster 200B. Note: Les totaux ne s'additionnent pas car les gains d'efflcdClte ne peuvent etre reportes d'un groupe de pays a I'autre ce potentiel est actuellement exploitee. Parmi les 48 pays sub- transport transfrontalier d'electricite peut atteindre 120 % sahariens,21 possedent une capacite de production de moins en ce qui concerne Ie pole de l'Afrique australe, et plus gene- de 200 megawatts, nettement inferieure a la taille minimale ralement 20 a 30 % pour les autres poles. En augmentant la requise pour etre efficace et qu'ils paient au prix fort: les couts part de l' energie hydroelectrique, Ie commerce regional redui- atteignent 0,25 dollar EU par kilowattheure, c'est-a-dire deux rait aussi de 70 millions de tonnes ses emissions annuelles de fois Ie montant de 0,13 dollar EU par kilowattheure des sys- carbone. temes de generation de plus grande taille de la region. L'une Dans ce commerce regional de 1'electricite, une poignee des raisons tient au fait que certaines des ressources energe- de grands pays exportateurs pourraient desservir un grand tiques les plus rentables de la region sont trop eloignees des nombre d'importateurs. La Republique democratique du principaux centres de demande dans des pays trop pauvres Congo, l'Ethiopie et la Guinee pourraient endosser Ie role d' ex- pour reunir les milliards de dollars necessaires a leur mise en portateurs majeurs d'energie hydroelectrique. Au moins 16 valeur. Par exemple, a eux seuls, deux pays detiennent 61 0/0 pays se porteraient mieux (d'un point de vue purement econo- du potentiel hydroelectrique de la region : la Republique mique), en important plus de 50 % de leurs besoins electriques democratique du Congo et l'Ethiopie. par Ie biais du commerce regional. Les economies realisees se La mise en commun des ressources energetiques par Ie situeraient entre 0,01 et 0,07 dollar EU par kilowattheure. De biais du commerce regional de l'energie laisse esperer une maniere generale, les plus grands beneficiaires seraient les reduction du collt de l'electricite. Les poles energetiques du plus petites nations sans ressources hydroelectriques natio- Sud, de 1'Ouest, de 1'Est et du Centre de l'Afrique, crees prin- nales. Pour ces pays, les couts associes a la construction d'in- cipalement pour soutenir les efforts commerciaux, ont atteint frastructures transfrontalieres de transport d'energie seraient differents etats de maturite. rembourses en moins d'un an, une fois que les pays voisins Si son potentiel economique etait pleinement atteint, Ie auraient developpe une capacite de production suffisante commerce regional permettrait de reduire les couts annuels pour soutenir Ie commerce. (Pour une analyse plus detaillee d'exploitation et de developpement des systemes electriques du potentiel du commerce regional, veuillez vous reporter au de 2 milliards de dollars EU (environ 5 % du cOlIt total du Chapitre 6 de ce volume sur 1'integration regionale.) systeme electrique). Ces economies sont deja incorporees aux besoins en depenses du secteur electrique presentees plus haut. Elles proviennent principalement du rem placement de l' energie thermique par l' energie hydroelectrique, reduisant Ameliorer la performance des services sensiblement les couts d'exploitation meme s'il demande des publics grace ill des reformes institutionnelles investissements initiaux plus eleves dans une energie hydro- electrique a haute intensite de capital et dans Ie transport Les inefficacites operationnelles des services publics de 1'elec- transfrontalier d'electricite correspondant. La rentabilite du tricite coutent a la region 2,7 milliards de dollars EU par an 184 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE (0,8 % du PIB en moyenne ; Figure 8.3). Elles se repartissent Figure 8.3 Poids economique associe aux inefficacites des services a peu pres egalement entre les pertes sur la distribution et Ie publics de I'electricite dans quelques pays sous-recouvrement des recettes. En Afrique, la moyenne des Afrique du Sud pertes en ligne est de 23,3 %, plus du double de la norme Zambie de 10 % et affectant tous les pays a un degre plus ou moins Benin eleve. Le taux de recouvrement moyen y est de 88,4 % par Tchad rapport a la pratique modele de 100 %. Les moins per<;us sont bien plus eleves au Burkina Faso, au Ghana, au Niger et en Kenya Ouganda que dans les autres pays, OU ils representent jusqu'a Mozambique 1 % du PIB. Ethiopie Les inefficacites operationnelles ralentissent Ie rythme de Lesotho I'electrification et empechent les services publics d'equili- Rwanda brer l'offre et la demande. Elles epuisent les fonds publics et Madagascar nuisent a la performance des services publics. L'entretien est Burkina Faso I'une des victimes de I'insuffisance des recettes. Les dirigeants Tanzanie des services publics de l'eIectricite doivent souvent choisir entre Ie versement des salaires, l'achat du carburant ou ceiui Senegal des pieces de rechange. Pour se procurer celles-ci, ils doivent Nigeria souvent cannibaliser d'autres equipements en etat de marche. Cameroun Le programme d'investissement est une autre victime. Les Malawi services publics dont l'efficacite est inferieure a la moyenne Cap-Vert n'eIectrifient chaque annee que 0,8 % de la population de Niger • • • • leur zone de desserte, soit bien moins que Ie resultat de 1,4 % Ouganda atteint par les services publics dont l'efficacite se situe au-des- sus de la moyenne. Les services publics faiblement efficaces Ghana ~• • • •I ont egalement bien plus difficile a satisfaire la demande. Dans ces pays, la demande latente ou non satisfaite depasse 13 % de o 2 3 4 5 la demande totale, contre 6 % dans les pays dont l'efficacite Pourcentage du PIB est meilleure (Figure 8.4). I_ Pertes non comptabilisees !II Sous·recouvrement 1 Les mesures de reforme institutionnelle sont la de de l'amelioration de la performance des services publics. Les Source. Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note. Les inefficacites du secteur de I'energie incluent Ie sous-recouvrement des pays qui sont bien avances dans leur programme de reforme recettes et les pertes de distribution non comptabilisees. institutionnelle du secteur electrique presentent des coUts caches bien inferieurs aux autres pays, tout comme les pays dont les cadres reglementaires sont plus developpes et qui L'application de contrats de gestion s'est averee plus com- font preuve d'une meilleure gouvernance de leurs services plexe que prevu. Plus de 20 pays ont essaye de faire participer publics de I'electricite (Figure 8.5). Les mesures qui semblent Ie secteur prive a la distribution de l' electricite, par Ie biais de avoir de l'effet sur la reduction des couts caches sont la par- concessions et de contrats de gestion a part egale. Les contrats ticipation du secteur prive dans Ie secteur de la distribution de gestion ont suscite I'interet car ils representent un moyen electrique et (parmi les services publics) les contrats de per- plus simple de resoudre les inefficacites, mais leur mise en formance induant des mesures incitatives daires. Le cas de application s'est revelee complexe et litigieuse, et ils ne se sont la Kenya Power and Lighting Company est particulierement pas toujours averes soutenables. Sur 17 contrats de gestion frappant (Encadre 8.2). africains,4 ont ete annuJes avant la date d'expiration fixee Le personnel en surnombre est une autre source d'inef- initialement et au moins 5 de plus n'ont pas ete renouveies a ficacite des services publics. Dans les services publics de l'expiration de leur premier terme, l'exploitation retournant I'electricite africains, Ie suremploi atteint 88 % de la valeur a l'Etat. Seuls 3 contrats de gestion sont toujours en place. de reference de 413 connexions par employes existant dans Parmi les problemes associes aux contrats de gestion, les pays en developpement. Le suremploi dans les services il faut citer les attentes non realistes et la capacite limitee a publics entraine un gonflement des depenses salariales de repondre aux defis plus larges du secteur. En premier lieu, de l'ordre de 0,07 a 0,6 % du PIB. nombreux contrats de gestion ont ete elabores en impliquant Energie electrique : rattraper Ie retard 185 Figure 8.4 Inefficacites dans les performances des services publics a. Effet sur Ie rythme de I'electrification b. Effet sur I'amplitude de la demande supprimee 1,6 16 VI 1,4 14 .", c '" OJ OJ en ~ 12 ~~ 1,2 c '" '~ "C ~ " :::J 1,0 '" :::J "'"C :§ [ 10 0 (jj Q. ... :::J C c c~ '" .S! 'v c 0,8 i5. .. ~~ '" '" "Cen 8 1; '.5 0,6 c" 6 - OJ ei C l'" O g':; - E :'" 0,4 '" c 8 OJ Q. 4 :J C V> 1,2 01 C 0.01 '01 E "0 V> <;:; 01 01 01"0 0,8 :J '" C-" '01 E :; 0,6 v>~ 01 01 "0"0 0,4 ~~ ~'" c 01 0,2 01"0 ~ V> ------------------ :J :J 0':0.. ° 2 4 6 8 10 12 Dollars EU par mois 14 16 18 _ Facture au tarif de recouvrement des couts, limite inferieure _ Facture au tarif de recouvrement des couts, limite superieure = - Facture au tarif de recouvrement des couts, limite moyenne a Pays faible revenu a - - - Pays revenu intermediaire Source. Banerjee et autres, 2008. Note: Une facture d'electricite pour une consommation de subsistance de 50 kilowattheures par mois est consideree comme abordable si elle n'absorbe pas plus de 5 % des revenus des menages. Defis politiques Renforcer la planification sectorielle La pI up art des marches africains presentent un aspect institu- Etant donne la profondeur et I'etendue de la crise de l'elec- tionnei « hybride », avec des acteurs publics et prives operant tricite en Afrique et les couts qui y sont associes, des efforts en parallele. Les reformes des annees 1990, qui prescrivaient la redoubles devront etre consentis pour relever les defis poli- separation des activites et la privatisation et qui ont entralne tiques et institutionnels necessaires pour ameIiorer les per- une concurrence dans Ie domaine de la vente en gros et au formances et Ie financement, Les defis des peuvent etre detail, se sont averees peu adaptees au contexte africain, prin- caracterises de la maniere suivante : cipalement parce que la pi up art des systemes de production d'energie de la region sont simplement trop petits pour per- • Renforcer la planification sectorielle mettre une competition digne de ce nom. La nouvelle realite • Renouveler I'engagement en faveur de la reforme des africaine est ainsi celIe des « marches hybrides », dans lesquels entreprises publiques les services publics res tent toujours intacts et occupent une • Ameliorer Ie recouvrement des couts position dominante sur Ie marche. ParalleJement, comme • Accelerer l' electrification de nombreux Etats et services publics ne disposent pas des • Elargir Ie commerce regional de l' energie ressources suffisantes pour investir, Ie secteur prive participe generalement en tant que producteurs d'energie indepen- • Combler I'ecart de fin an cement dants (PEl). Les marches hybrides africains de I'electricite Ces defis interdependants doivent etre abordes simultane- posent de nouveaux defis en matiere de politiques, reglemen- ment. Les efforts pour stimuler la production par Ie biais du tation, planification et passation des marches. Les pannes commerce regional resteront vains si les services publics, qui d' electricite largement repandues a travers Ie continent et la continueront d'assumer Ie role central, demeurent inefficaces dependance croissante vis-a-vis de la production electrique et insolvables. II serait aussi dairement futile de deveiopper de secours mettent en evidence I'ampleur de ces defis. les systemes de distribution de l' electricite sans resoudre la Trop souvent, la fonction de planification est laissee aux question des penuries de production ni ameliorer la capa- oubliettes. Traditionnellement, la planification et la passation cite de transport. En outre, se concentrer uniquement sur la des marches pour la construction de nouvelles infrastruc- reforme des services publics serait infructueux si des inves- tures etaient Ie domaine des services publics. Dans Ie sill age tissements substantieis de longue duree ne sont pas effectues des reformes du secteur de I'energie et avec I'avenement des aussi bien dans la production que I'acces, afin d'ameliorer la PEl, ces fonctions sont souvent devenues la responsabilite du qualite des services et de rendre ceux-ci viables. En resume, ministere de I'Energie ou de l'Electricite. Toutefois, un trans- ces priorites strategiques doivent progresser de front. fert simultane de competences n'a pas toujours eu lieu, si Energie electrique : rattraper Ie retard 191 bien que les projets n' ont pas toujours pris adequatement en Les partenaires au developpement doivent traiter Ie mar- compte la complexite du terrain: un nouveau marche hybride che hybride avec prudence. lIs peuvent apporter une aide constitue d'acteurs publics et prives. Dans de nombreux cas, en offrant des conseils pour la mise en place de cadres et de la planification s' est effondree. Lorsqu' eIle subsistait, eIle avait processus contractuels transparents et en partageant leur tendance a prendre la forme de plans directeurs depasses et expertise avec les gouvernements et les services publics, rigides. Le manque de planification et de politiques strate- alors que ces derniers cherchent a equilibrer leurs comptes giques pour Ie secteur de I'electricite au niveau des pouvoirs avec les sponsors des projets et les investisseurs prives. Les publics centraux est une faiblesse grave. Les interventions se prets aux services publics doivent se faire avec precaution: sont faites au coup par coup plutot que de maniere integree ; octroyes sans prendre en compte les particularites du marche beaucoup de pays ont concentre leur attention sur la pro- hybride, ils risquent d'avoir pour effet non desire de renforcer duction d' electricite sans investir dans un systeme efficace de les contradictions inherentes a ce genre de marche et meme transport et de distribution de l' energie. d' evincer les investissements prives. Ce qui est avant tout Cette situation a provo que de couteux retards dans la necessaire c'est de renforcer les institutions publiques pour mise en service de nouvelles centrales. En I'absence d'un leur permettre de s' engager efficacement avec Ie secteur prive. leadership politique solide, d'une information de qualite et de la capacite de planification requise, les services publics en Renouveler l' engagement en faveur de la reforme place empechent souvent I'entree des PEl sur Ie marche, en des entreprises puhliques affirm ant pouvoir fournir une energie a un cout plus faible Les efforts renouveles en faveur de la reforme des entreprises ou de maniere plus rap ide que les alternatives privees, meme publiques devraient privilegier la gouvernance plutot que les lorsqu'ils ne disposent pas des res sources pour Ie faire. Une problemes techniques. Les services publics dominent tou- comprehension insuffisante du marche hybride prive les res- jours en Afrique et sont generalement moins performants ponsables des politiques de criteres clairs et transparents pour que dans d'autres regions. Heureusement, I'amelioration de la la repartition des nouvelles centrales entre les services publics gouvernance des entreprises publiques peut en ameliorer les existants et les PEL Les nouvelles centrales sont rarement performances. Les efforts passes vis ant a ameliorer la gestion commandees au moment opportun, ce qui entraine des defi- des services publics se concentraient trop sur les questions cits d'electricite, qui poussent les consommateurs a utiliser techniques en excluant les questions de gouvernance et de des sources d'energie temporaires et decouragent les inves- redevabilite. Les futures reformes des entreprises publiques tisseurs. Lorsque la passation des marches est (finalement) semblent justifiees pour autant qu'elles portent cette fois sur entreprise, les autorites ne prennent pas toujours la peine de ces questions institutionnelles plus profondes. lancer des appels d'offres internationaux. II s'agit la d'une Le point de depart de toute reforme des entreprises decision malheureuse car un processus d'appel d'offres rigou- publiques devrait etre la reforme de la gouvernance d' entre- reux rend la passation des marches credible et transparente et, prise. Les mesures des comprennent une plus grande auto- en fin de compte, Ie tarif de l'electricite plus competitif. nomie du conseil d'administration en matiere de prise de II est imperatif de restaurer et renforcer les capacites de pla- decision, la mise en place de criteres plus objectifs pour la nification. Les marches hybrides de I' energie ne sont pas pres selection des cadres superieurs, et la divulgation rigoureuse de disparaitre du paysage africain. Pour en tirer Ie plus grand des contlits d'interets, ainsi que des processus de recrutement avantage, les gouvernements africains et leurs partenaires plus transparents et bases sur Ie merite. au developpement doivent s'efforcer de mettre en place de Parallelement, des efforts sont necessaires pour renforcer robustes fondations institutionnelles pour un modele a ache- Ie suivi financier et operationnel des entreprises publiques teur unique, do tees de criteres clairs pour les contrats d'achat par leurs organes de supervision, que ce so it Ie ministere des (d' exploitation) de l' energie et les livraisons d' electricite au Finances ou tout autre ministere technique. La transparence titre de ces contrats. Les Etats doivent restaurer une solide et la redevabilite des entreprises publiques dependent de la capacite de planification du secteur au niveau des ministeres robustesse de la gestion financiere, du processus de passa- techniques, etablir des politiques et des criteres precis pour tion des marches et des systemes d'information de gestion. l' attribution des nouvelles centrales entre les services publics Aujourd'hui, les donnees operationnelles et financieres de et les PEl et s'engager a lancer des appels d'offres au moment base sur les performances de l' entreprise ne sont ni produites, opportun. Un plan clairement enonce pour Ie secteur permet- ni communiquees dans des rapports, et ne debouchent sur tra aux Etats d'evoluer au-dela du role de « pompiers » qui a aucune action. Sans information, ou, pire peut-etre, sans diminue leur capacite a anticiper les chocs exogenes, teIs que action basee sur I'information disponible, il est impossible les secheresses ou la hausse des cours du petrole. d' esperer de meilleurs resuItats. Les mesures cUs comprennent 192 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE l' audit et la publication des comptes financiers, ainsi que l'uti- donc une option pertinente. Ils peuvent etre mis en applica- lisation de systemes complets de comptabilite basee sur les tion avec des equipes de gestion so it locales soit etrangeres, couts, permettant une ventilation fonctionnelle des coUts et chacune offrant des avantages differents. Neanmoins, il est donnant une image plus claire des centres de couts. important d' enoncer clairement ce qu' elles peuvent et ne peu- En principe, la reglementation peut jouer un role impor- vent pas realiser, en particulier etant donne leur horizon a tant dans ce processus mais, en pratique, elle est difficile a court terme. Au mieux, un contrat de gestion peut ameliorer elaborer. Des organes de regIe mentation de l'electricite ont certains aspects de 1'efficacite qu'il est possible de gerer, tels ete mis en place a travers 1'Afrique, precisement pour pro- que la perception des recettes et la productivite des employes. teger les services publics des interferences politiques tout en 11 ne peut toutefois pas resoudre les defaillances du cadre ins- suivant de pres les performances des entreprises. Certaines titutionnel plus large, qui devraient idealement etre resolues critiques soutiennent que ces organes de reglementation ont plus tot, et il n'est pas non plus capable de mobiliser un finan- simplement cree des risques supplementaires avec 1'imprevi- cement pour les investissements ou d'influencer de maniere sibilite de leurs decisions, nee d'un pouvoir discretionnaire significative la qualite du service lorsque des investissements excessif et d'objectifs beaucoup trop larges. De plus, l'auto- substantiels ou de longue duree sont necessaires. nomie reglementaire demeure insaisissable : dans certains Les services publics dont les bases institutionnelles sont en pays, la rotation des commissaires est elevee, tan dis que l' ecart place devraient probablement tirer avantage d'une assistance entre la loi (ou la reglementation) et la pratique est souvent technique (Encadre 8.4). En particulier, des programmes d'ef- considerable. Le defi que represente la creation de nouvelles ficacite operationnelle sont necessaires pour reduire Ie taux institutions publiques dans les pays en developpement est eleve des pertes techniques, non techniques (vol d'electricite) souvent sous-estime. Une regIe mentation independante et de perception des recettes. De tels programmes peuvent exige un engagement politique fort, de meme que des insti- inclure un renforcement des capacites et une assistance tech- tutions et des personnes competentes. Lorsque ces elements nique afin d'ameliorer la gestion, les pratiques commerciales sont partiellement ou totalement absents, il semble sage de se et la planification. Les priorites sont 1'amelioration de la ges- tourner vers des options complementaires ou transitionnelles tion de la puissance appelee sur Ie reseau (pour que l'offre qui diminuent Ie pouvoir discretionnaire dans Ie processus de reponde mieux aux besoins des clients prioritaires), des ini- decision reglementaire, a travers des regles et des procedures tiatives de reduction des vols et l'optimisation de la percep- plus explicites ou en confiant les fonctions de reglementation tion des recettes (grace a un meilleur systeme de comptage et a des organes consultatifs specialises et des comites d'experts des equipes de service ala clientele fonctionnant mieux). Il est (Eberhard 2007). aussi possible de reduire les depenses en capital en utilisant Une fois ces bases en place, des mecanismes de passation des normes technologiques a faible coUt, comme c' est Ie cas des marches peuvent etre utilises pour ameliorer les perfor- en Guinee et au Mali. Parmi les innovations, on peut compter mances. Ils peuvent prendre la forme de contrats de perfor- 1'ajustement des normes de conception technique pour satis- mance dans Ie secteur public ou de contrats de gestion avec faire les exigences reduites des systemes it petit debit, l'optimi- Ie secteur prive. sation de l'utilisation de materiel fourni par les communautes Les contrats de performance du secteur public doivent locales (tels que des poteaux de bois de provenance locale) com prendre de solides mesures d'incitation ala performance. et Ie recrutement d'employes et de superviseurs issus de la Les premieres tentatives d'amelioration des entreprises communaute locale. publiques africaines au moyen de contrats de performance Enfin, Ie changement institutionnel prend toujours du avec les ministeres techniques ou tout autre organisme de sur- temps, mais Ie jeu en vaut la chandelle. Sur ce front, les vic- veillance se sont averees peu efficaces. Des efforts plus recents to ires seront petites et viendront lentement. Les bailleurs de dans Ie secteur de l'eau (par exemple en Ouganda) ont eu un fonds prefereront peut-etre les actions de plus grande enver- impact plus important et bien plus positif. La caracteristique gure et rapides, mais ils doivent reconnaitre que les change- cle de ces contrats est d'inclure des mesures d'incitation a la ments positifs dans ce domaine sont au creur de la reforme du bonne performance des cadres (et du personnel) et, plus rare- secteur de l' energie en Afrique. ment, des sanctions si les objectifs ne sont pas atteints. Cette approche vis ant a etablir des contrats de performance plus Anumorer Ie recouvrement des couts complets doit faire l'objet d'une plus grande consideration. La viabilite financiere des services publics en place est 1'une La mise en place de mesures d'incitation a la performance des cles d'un secteur de 1'energie en bonne sante. Lorsqu'ils efficaces dans Ie contexte du secteur public peut s'averer dif- sont financierement viables, les services sont plus efficaces du ficile. Les contrats de gestion avec Ie secteur prive constituent point de vue operationnel, dans la mesure OU ils sont capables Energie electrique : rattraper Ie retard 193 CREST propage les pratiques modeles La bOlte a outils pour la reorientation commerciale du sec- tension, de cables aeriens a conducteurs multiples, armes et teur de I'electricite (CREST - Commercial Reorientation of the d'une grande fiabilite, afin de reduire les vols) et des change- Electricity Sector Toolkit) est une experience en cours dans ments manageriaux (introduction de ta facturation sur place plusieurs localites desservies par des fournisseurs d'electricite ou ({ spot billing », combinant I'enregistrement et Ie trans- ouest-africa ins. Basee sur les pratiques modeles issues des fert des donnees, et la production et I'envoi de fa facture). nkentes reformes de compagnies de I'electricite indiennes, Les temps de transaction diminuent, et les flux de tresorerie europeennes et americaines, CREST est une demarche allant s'ameliorent. Les premieres mises en application de CREST du bas vers Ie haut pour s'attaquer aux pertes du systeme, ont, semble-t-il, introduit des changements positifs dans plu- aux faibles taux de recouvrement des recettes et a la mauvaise sieurs quartiers en Guinee et au Nigeria, deux contextes pour- qualite des services clients. tant difficiles. Pour atteindre ses objectifs, CREST utilise des moyens tech- niques {rem placement des lignes basse tension par des lignes Source: Base sur des entretiens avec Ie personnel du Departement de haute tension, et installation au point de consommation basse I'energie en Afrique de la Banque mondiale, 2008. de financer les activites de maintenance en temps voulu. Us malgre Ie commerce regional). Les faits indiquent donc que presentent aussi une meilleure solvabilite et peuvent ainsi ces pays pourraient commencer a modifier leurs tarifs pour commencer a garantir leur propre acces aux marches des atteindre a plus long terme des niveaux permettant de recou- capitaux national et international. Pour atteindre cet objectif, vrir les couts, tout en acceptant que Ie secteur continue a les tarifs de l' electricite doivent etre suffisamment eleves pour enregistrer des pertes financieres a court terme. couvrir les couts d'exploitation et couvrir autant que possible Le recouvrement des couts est particulierement important les couts d'investissement. pour les locations de moyens de production de secours, afin Le recouvrement des couts apparait deja realisable dans d' eviter de detourner des ressources budgetaires des investis- les pays possedant des sources d'energie nationales a relati- sements a long terme. Nombre de pays africains ont reagi a la vement faible coUt d' exploitation. Dans les plus grands pays crise de 1'energie en louant des moyens de production d'elec- du continent, ainsi que dans ceux qui dependent de l' energie tricite de secours. Cette solution est rapide et efficace mais hydroelectrique et des centrales a charbon, les tarifs permet- aussi couteuse et temporaire. Les couts se situent en general tant un recouvrement des couts semblent abordables pour entre 0,20 et 0,30 dollar EU par kilowattheure, hors couts de la majorite de la population, et certainement pour la mino- transport et de distribution et pertes associees. Etant donne rite aisee qui beneficie de 1'acces a 1'electricite. Les faits indi- que Ie cout de la production d'energie de secours pour Ie sec- quent donc que ces pays devraient serieusement considerer teur prive s' eleve a environ 0,40 dollar EU par kilowattheure la possibilite de se rapprocher d'un recouvrement complet et que la valeur de la charge electrique perdue est probable- de leurs couts. ment plus elevee que cela, Ie secteur prive devrait etre dispose Pour les pays OU 1'energie nationale est couteuse, Ie recou- a payer Ie prix complet de cette energie de secours. Nean- vrement des couts peut sembler realisable a moyen terme, a moins, lorsque l'electricite de secours est fournie sans ajus- mesure que se developpe Ie commerce regional. Dans les pays tement des tarifs, la perte budgetaire qui en resulte peut etre plus petits du continent, et dans ceux qui dependent prin- tres importante, detournant ainsi des ressources deja limitees cipalement du petrole pour leur production electrique, les des investissements necessaires pour apporter une solution a tarifs permettant Ie recouvrement des couts sont largement long terme aux problemes d' electricite. Pour eviter cette perte inabordables. Toutefois, avec Ie developpement du commerce budgetaire, les services publics doivent fixer Ie tar if de 1'elec- regional et 1'ouverture de 1'acces a des sources d'energie plus tricite d'urgence pour les clients non residentiels a un niveau rentables, Ie cout total de la production d'energie diminuera, permettant Ie recouvrement des couts. faisant du recouvrement des couts un objectif bien plus rea- Les subventions destinees au secteur de 1'electricite seront liste a moyen terme (a l' exception possible de l' Afrique de toujours necessaires, mais elles devront etre bien ciblees et se 1'Ouest, OU Ie prix de 1'energie restera relativement eleve, concentrer au depart sur l'extension de 1'acces. Les actuelles 194 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE subventions de l'energie beneficient largement aux groupes de raccordement et l'insecurite liee au regime foncier. L'ex- les mieux nantis et ne favorisent que tres peu la generalisa- tension au sein des bidonvilles periurbains devra faire face tion de l'acces it l'electricite. Une revision des subventions au probleme du vol d'electricite, contre lequel il existe des de l'energie permettrait de liberer des ressources budgetaires solutions techniques (voir Encadre 8.4). limitees, qui pourraient etre redirigees vers la subvention de En ce qui concerne I'electrification rurale, des elements l'extension des reseaux electriques pour desservir les commu- probants plaident en faveur d'une approche plus centralisee nautes rurales et periurbaines it faible revenu ou vers d'autres (Mostert 2008). Les pays dotes de fonds specialement consa- programmes de reduction de la pauvrete. Dans certains des cres it l'electrification rurale presentent un taux plus eIeve pays les plus pauvres d'Afrique, meme une energie elect rique d'electrification que les pays qui n'en possedent pas. II est tou- it faible coUt demeurera hors de portee pour une minorite tefois tres interessant de se pencher sur les differences entre importante de la population; la strategie mise en place pour les pays disposant de ces fonds. Les etudes de cas indiquent arriver it un acces universel devra donc inclure des subven- que les pays qui ont adopte une approche centralisee pour tions bien ciblees. Ce qui est toutefois clairement inacceptable, l' electrification, ou Ie service public national est responsable c'est la situation OU les subventions de l'electricite ne benefi- de l'extension du reseau, ont rencontre de plus grands succes cient qu'it une minorite privilegiee de la population, tout en que les pays ayant ado pte une approche decentralisee, ou une constituant un lourd boulet budgetaire pour l'economie. agence rurale d'electrification a cherche it recruter differents services publics ou entreprises privees pour la campagne Accelerer l' electrification d'electrification. II semble donc peu realiste d'esperer que des Du point de vue politique et social, l'elargissement de l'acces agences specialisees puissent relever Ie defi de l'electrification est imperatif. Cependant, Ie financement de cet elargissement rurale. II serait probablement plus utile qu'elles se concentrent aux foyers it faible revenu exercera une pression encore plus sur la promotion de mini-reseaux et d'options hors reseau en forte sur la viabilite du secteur de l'energie. Pour resoudre ce tant que complements aux efforts d'extension, du reseau du dilemme, un fin an cement concessionnel bien plus important service public national, comme au Mali (Encadre 8.5). de la part des partenaires au developpement sera necessaire L'electrification rurale ne pourra peut-etre se faire qu'apres pour les programmes d'acces, de meme qu'une amelioration l'electrification urbaine. Dans Ie contexte africain, on peut des performances financieres et operationnelles des services legitimement se demander dans quelle mesure l'eIectrifica- publics. tion rurale peut progresser alors que I' electrification urbaine Etant donnee la taille des investissements requis, il est est loin d'etre achevee. A travers les differents pays, il existe crucial d'adopter une approche systematique pour la planifi- une forte correlation entre les taux d' electrification rurale et cation et Ie financement des nouveaux investissements. L'ac- urbaine, de meme qu'un ecart systematique entre les deux. tuelle approche opportuniste, projet par projet, adoptee par Les pays disposant d'une capacite de production serieuse- les partenaires au developpement pour leurs financements ment sous-developpee et d'une petite base de clients urbains a entraine la fragmentation de la planification, la volatilite ne sont pas bien places pour entamer une electrification et l'imprevisibilite des flux financiers et une redondance des rurale, ni du point de vue technique, it cause des penuries efforts. Un engagement dans des programmes pluriannuels de d'electricite, ni du point de vue financier, it cause du manque deploiement de I' acces, avec Ie soutien de parten aires au deve- de base pour une subvention croisee. loppement multiples, dans Ie cadre d'une strategie nationale II est egalement important de trouver des moyens de coherente, canalis era les ressources d'une maniere plus sou- disseminer plus largement les avantages de l'electrification. tenue et plus rentable vers Ie sous-secteur de la distribution. Comme l'electrification universelle des menages deman- Une action coordonnee des partenaires au developpement dera encore plusieurs decennies dans de nombreux pays, les reduira egalement les couts unitaires de la generalisation de approches programmatiques sectorielles doivent garantir que l'acces, en permettant des economies d'echelle dans la mise les avantages de l'electrification touchent aussi les menages en ceuvre. les plus pauvres qui peuvent se trouver trop loin du reseau ou Afin d'achever Ie processus d'electrification urbaine, il fau- simplement etre incapables de payer pour Ie raccordement. dra preter une attention particuliere aux questions sociales L'eclairage des rues peut etre l'un des moyens d'y parvenir qu'il souleve. Le Chapitre 3 de ce volume montre qu'envi- dans les zones urbaines. Dans les regions rurales, un autre ron la moitie de la population urbaine non raccordee au moyen est l' electrification par panneaux solaires des cliniques reseau electrique vit it proximite de celui-ci. La densification et ecoles qui fournissent des services publics essentiels aux est donc l'un des principaux defis. Ce processus do it s'atta- communautes it faible revenu. Un autre encore est Ie recours it quer aux obstacles du cote de la demande, tels que les frais des technologies appropriees, telles que des lanternes solaires Energie eZectrique : rattraper Ze retard 195 Electrification rurale au Mali Parmi les nouvelles agences africaines d'electrification rurale, mine des normes minimales de qualite pour Ie service tech- AMADER (Agence malienne pour Ie developpement de "ener- nique et commercial et les tarifs maximum autorises pour les gie domestique et I'electrification rurale) a connu un SUCcE!S clients, qu'ils aient ou non un compteur. considerable. Le point de depart d'AMADER est un pays OU Pour garantir la viabilite financiere des projets, AMADER per- seuls 3 % environ de la population rurale ont acces a I'electri- met aux operateurs de facturer des tarifs residentiels et com- cite. Tant qu'ils ne sont pas raccordes au reseau, la plupart des merciaux superieurs a ceux factures a des clients sembi abies menages ruraux satisfont leurs besoins d'eclairage et d'lmer- raccordes au feseau national. Par exemple, la facture pour gie avec du kerosene, des piles seches et des batteries de voi- les clients residentiels dotes d'un compteur et raccordes a ture, ce qui represente une depense mensuelle par menage un mini-reseau isole est environ 50 % plus chere que celie allant de 4 a 10 dollars EU. des clients residentiels desservis par Energie du Mali (Ie ser- (reee par une loi en 2003, AMADER suit principalement deux vice public national d'electricite). Beaucoup des operateurs approches pour I'electrification rurale : a) une electrification du mini-reseau fournissent aussi leurs services aux clients sans spontanee, allant du bas vers Ie haut. de communautes speci- compteur, auxquels est generalement applique un tarif forfai- fiques ; et b) I'electrification planiMe et allant du haut vers Ie taire mensuel par ampoule et par prise de courant, combine a bas, de vastes zones geographiques. L'approche ascendante, des dispositifs limitant la charge pour s'assurer que les clients qui comprend generalement de mini-reseaux geres par des n'utilisent pas leurs ampoules et appareils electriques au-dela petits operateurs locaux prives, a rencontre plus de sUCc€!S. A de ce pour quoi ils ont paye. la fin 2008, environ 41 projets ascendants avaient ete finan- Le financement s'est revele un probleme tant pour AMADER ces, avec 36 277 menages raccordes pour un prix moyen de que pour les operateurs potentiels. AMADER a ete ralenti 776 dollars EU par connexion. Habltuellement, AMADER sub- par un financement incertain et insuffisant pour subvention- ventionne environ 75 % du coOt d'investissement de chaque ner les coats d'investissement. Les operateurs potentiels ont connexion. rencontre des difficultes pour rassembler des fonds propres Comme Ie Mali est dote de ressources renouvelables limitees, ou obtenir des pr~ts pour les 20 a 25 % des coats d'inves- la plupart des systemes de mini-reseaux fonctionnent au die- tissement non finances par AMADER. La promotion d'ac- seL Les clients raccordes aces mini-reseaux isoles rec;oivent cords de location-bail et la mise en place d'un programme typiquement six a huit heures d'electricite par jour. En pro- de garantie des pr~ts pour les banques maliennes disposees mouvant ces nouveaux projets, AMADER remplit trois fonc- a pr~ter aux operateurs potentiels ont ete envisagees en tant tions principales, en agissant comme : a) fournisseur de sub- que methodes permettant de reduire les obstacles financiers ventions ; b) fournisseur d'assistance technique en matiere rencontres par ceux-ci. d'ingenierie et de commerce ; et c) organe regulateur de facto, par Ie biais de ses accords de subvention avec les ope- rateurs. Les accords de subventions peuvent ~tre consideres Source,' Entretiens avec Ie personnel du Departement de I'energie en comme une forme de « regulation par contrat » qui deter- Afrique de la Banque mondiale, 200B. portables it faible C01.1t qui sont bien plus accessibles et abor- est de realiser une nouvelle generation de grands pro- dables pour les populations rurales. L'initiative « Eclairer jets de production d' electricite. Un grand nombre de ces l'Afrique» apporte son appui au developpement du marche projets transformationnels devraient etre realises a breve de tels produits. echeance pour qu'une difference sensible puisse etre per- c,:ue au niveau de l'equilibre entre l'offre et la demande. Extension du commerce regional Cependant, a titre individuel, les pays ne disposent pas du L'une des priorites strategiques est de s'attaquer de front capital d'investissement necessaire, ni meme de la demande au deficit de la capacite de production it travers des pro- d' electricite suffisante, pour se lancer dans ces grands pro- jets regionaux de grande envergure. Les considerables jets. Il faut une approche de financement des projets basee ressources de l' Afrique en energie hydroelectrique, en gaz sur la consommation regionale de 1'energie et combinant et en charbon restent sous-exploitees. Le meilleur moyen une participation privee et Ie financement par les bailleurs d'augmenter la production au colit unitaire Ie plus faible de fonds. 196 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Le developpement de poles energetiques doit avoir lieu en avantages de 1'interconnexion restent evidents. Etant donnees parallele afin que cette nouvelle capacite puisse etre transmise la petite echelle et la nature peu diversifiee de la plupart des aux utilisateurs. Les defis communs a to us les poles sont la systemes de production electrique des pays africains, Ie trans- rehabilitation et 1'expansion des infrastructures transfronta- port transfrontalier d'electricite sera toujours justifie comme lieres de transport de 1'energie afin d'optimiser Ie potentiel moyen de renforcer 1'efficacite et la fiabilite de la production commercial, ainsi que 1'harmonisation des reglementations et d'energie. des accords d'exploitation des systemes. Formuler les meca- nismes commerciaux du marche est tout aussi important, afin Combler l' ecart de financement que 1'energie supplementaire generee par ces grands projets L'ecart de financement du secteur de 1'energie africain est par- puisse etre tarifee et donc allouee efficacement et equitable- ticulierement intimidant, et d'autant plus dans Ie contexte de ment (par exemple, par des tirages au sort concurrentiels). la crise financiere mondiale. S' elevant a 23 milliards de dollars Bien que leurs donnees economiques soient convaincantes, EU, cet ecart de fin an cement est Ie plus important parmi tous les grands projets regionaux de production risquent de faire les secteurs de 1'infrastructure, et la crise financiere viendra naitre d'importants defis politiques. L'Afrique pourrait eco- sans doute exacerber Ie probleme. Comme mentionne plus no miser 2 milliards de dollars EU par an de couts energe- tot, Ie ralentissement de la croissance pourrait entrainer une tiques si Ie commerce etait developpe aut ant que cela est reduction des besoins en depenses allant jusqu'a 20 %, et souhaitable, mais les gains seraient bien plus importants pour la contraction des marches financiers pourrait de la meme certains pays que pour d'autres. Les petits pays dependants maniere reduire Ie fin an cement disponible, creusant encore de 1'energie thermique et une poignee de grands pays expor- plus 1'ecart de financement. tateurs devraient etre ceux qui en tireraient les plus grands L'amelioration de la solvabilite est une premiere etape avantages. Environ un tiers des pays africains finiraient par importante qui pourrait au bout du compte favoriser 1'acces importer plus de la moitie de leurs besoins energetiques, et aux marches des capitaux. Bien que substantielles, les econo- 1'autosuffisance a parfois plus de poids politique que 1'acces a mies de subventions immediates resultant d'une resolution une energie a faible cout. des deficiences operationnelles et d'un meilleur recouvrement En outre, tirer avantage du commerce regional de l' energie des couts sont loin de suffire a combler 1'ecart. En principe, depend essentiellement de la realisation d'immenses inves- les services (tant publics que prives) qui reussissent a fonc- tissements dans trois pays difficiles. En effet, la Republique tionner avec efficacite et a recouvrer leurs couts pourraient democratique du Congo, 1'Ethiopie et la Guinee pourraient esperer lever leur propre capital sur les marches interieurs etre les principaux exportateurs dans un systeme commercial ou internationaux, mais cette possibilite reste encore hors regional. Toutefois, pour devenir acquerir ce statut, ces trois de portee. Le financement exterieur du secteur de 1'energie pays devraient investir massivement dans 1'energie hydroe- africain est reste tres bas pendant un certain temps, mais a lectrique, ce qui pourrait facilement absorber plus de 8 % augmente ces dernieres annees (Figure 8.10). de leur PIB pendant dix ans. Meme avec un appui financier L'aide publique au developpement destinee aux investis- international, cela reste une gageure, etant donne la capacite sements publics dans 1'energie a sensiblement augmente. En financiere limitee de ces pays et les nombreux defis de gouver- reponse a la crise de l' electricite, les bailleurs de fonds ont nance auxquels sont confrontes les Etats fragiles (Republique porte une attention plus soutenue au secteur de 1'energie. Les democratique du Congo et Guinee). engagements representaient en moyenne 1,5 milliards de dol- Ces considerations appellent donc une approche incre- lars EU par an entre 2005 et 2007, culminant a 2,3 milliards mentale pour Ie developpement du commerce regional. Au de dollars EU en 2007. n s'agit la d'une importante reprise du depart, il faudrait s'attacher a degager quelques resultats financement, mais il en faudra bien plus produire des avan- rapides en mettant en place des echanges bilateraux entre cees significatives dans la resolution des problemes du secteur voisins ou des gains economiques particulierement interes- de 1'energie en Afrique. sants peuvent etre realises et OU Ie contexte politique est favo- Les pays non membres de 1'OCDE sont devenus de nou- rable. Cette strategie permettra de consolider graduellement veaux financiers majeurs du secteur de l'energie en Afrique l'experience commerciale, ouvrant la voie a 1'introduction (Foster et aut res 2008). Leurs engagements, et en particulier d'une plus grande complexite au fil du temps. Meme si les ceux des banques d'import-export chinoises et indiennes, meilleures options africaines de production d'energie ne peu- sont passes de rien a une moyenne de 2 milliards de dollars vent pas toujours etre mises en place ou si Ie meilleur systeme EU environ par an pour la periode 2005-2007. L'essentiel de production energetique du continent s'avere justifie par un du financement chinois est alle a 10 grands projets hydroe- moteur financier plutot que par 1'expansion economique, les lectriques, d'une capacite de production totale superieure a Energie electrique : rattraper Ie retard 197 Figure 8.10 Engagements de financement exterieur en faveur du secteur africain de I'energie, 1994-2007 6000 5000 ;:, w ~ 4000 ~ 0 "1J Q) 3000 "1J ~ " 2000 ~ ~ 1000 o 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 • Aide publique au developpement III Pays non OeDE 0 Participation privee dans I'infrastructure Source. Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note: OeDE = Organisation de cooperation et de developpement economiques. 6 000 megawatts. Une fois acheves, ces projets augmenteront Les projets regionaux ambitieux presentent indubitablement de 30 % la capacite hydroelectrique installee de I'Afrique sub- des risques techniques, financiers et politiques et continue- saharienne. La Chine finance aussi 2 500 megawatts d'elec- ront d'etre soutenus par de substantielles contributions du tricite thermique, tan dis que la Banque indienne a, quant a secteur public et des bailleurs de fonds. elle, finance d'importants projets de production thermique Enfin, des mesures a court terme en matiere d'efficacite au Nigeria et au Soudan. energetique pourraient faciliter la transition. La plupart des Le financement prive a aussi ete soutenu jusqu'en 2007, mesures dec rites ici portent sur Ie moyen terme et ne peuvent bien que nettement inferieur au fin an cement officiel. Les etre mises en place du jour au lendemain. Dans les annees engagements prives dans Ie secteur de I' energie africain s' ele- a venir, de nombreux pays subsahariens continueront a etre vaient en moyenne a un milliard de dollars EU par an entre confrontes a un equilibre difficile entre I' offre et la demande. 2005 et 2007, ce qui les pla<;:ait en troisieme position apres C'est pourquoi des mesures a court terme d'attenuation des Ie financement des pays non membres de I'OCDE et l'aide effets economiques et sociaux de la penurie d'eIectricite doi- publique au developpement classique. La majeure partie des vent venir completer les efforts a long terme de resolution ressources privees est allee a des projets de production d'ener- des problemes structurels sous-jacents a la crise de l'offre gie independants, representant 3 000 megawatts. Meme s'il electrique. Les experiences recentes de pays tels que Ie Bresil ne suffira pas a combler I'ecart de financement, Ie finance- indiquent que, du cote de la demande, des mesures de gestion ment prive est grandement necessaire. Les investissements bien con<;:ues (par exemple, un systeme de quotas avec des prives reussis dans des projets d'energie restent cependant signaux de prix, associe a une campagne publique en faveur rares en Afrique et l'augmentation des investissements prives de l'efficacite energetique) peuvent contenir sensiblement n'aura pas lieu simplement parce qu'il existe de grands ecarts la demande de pointe, reduisant ainsi substantiellement Ie de financement. II faut tirer les enseignements des echecs pas- rationnement de l'eIectricite avec un Callt economique et ses car l'investissement prive ne se manifestera que la OU il social peu eleve. peut etre prouve que les retributions sont plus importantes que les risques. Quelques signes precoces mais encourageants Notes indiquent que l'augmentation de la capacite de production a Les auteurs de ce chapitre sont Anton Eberhard, Vivien Fos- travers de grands projets conduits par Ie secteur prive com- ter, Cecilia Briceno-Garmendia et Maria Shkaratan. Ils se sont mence a gagner du terrain. Un exemple interessant est celui bases sur Ie materiel de reference et les contributions de Daniel de la centrale hydroeIectrique privee de 250 megawatts de Camosi-Daurella, Gabriel Goddard, Jaakko Hellaranta, Rob Bujagali en Ouganda, soutenu par des garanties du Groupe Mills, Fatimata Ouedraogo, Timo Reiss, Orvika Rosnes, Jevge- nijs Steinbuks, Prasad V. S. N. Tallapragada, Maria Vagliasindi, de la Banque mondiale et finance par un consortium prive. Tjaarda Storm P. Van Leeuwen et Haakon Vennemo. 198 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE 1. Les zones isolees se trouvent it plus de 50 kilometres d'une sous- Grid and Grid Electrification Technologies ». ESMAP Technical station et se situent soit dans la zone tampon d'une centrale Paper 121/07, Banque mondiale, Washington, DC. elect rique (dans un rayon de 10 kilometres pour une capacite Foster, Vivien, William Butterfield, Chuan Chen et Nataliya Pushak. inferieure it 10 megawatts, de 20 kilometres pour une capacite 2008. Building Bridges: China's Growing Role as Infrastructure inferieure it 100 megawatts et de 50 kilometres pour une capacite Financier for Africa. Trends and Policy Options No 5. Washing- inferieure it 100 megawatts) ou dans un rayon de 10 kilometres ton, DC : Fonds de conseil en infrastructure publique-privee, d'une zone urbaine eclaire ou d'un pixel eclaire. Les zones eloi- Banque mondiale. gnees se situent it plus de 50 kilometres d'une sous-station et Foster, Vivien et Jevgenijs Steinbuks. 2008. « Paying the Price for en dehors de la zone tampon d'une centrale elect rique ou d'un Unreliable Power Supplies: In-House Generation of Electri- rayon de 10 kilometres d'une zone urbaine eclairee ou d'un pixel city by Firms in Africa ». Policy Research Working paper 4913, eclaire. Banque mondiale, Washington, DC. 2. Ces couts sont calcules pour un niveau de consommation de 100 Gratwick, Katharine Nawaal et Anton Eberhard. 2008. « An Ana- kilowattheures par mois. lysis of Independent Power Projects in Africa: Understanding Development and Investment Outcomes ». Development Policy Review 26 (3): 309-38. Bibliographie Banerjee, Sudeshna, Quentin Wodon, Amadou Diallo, Taras Pus- Molethi, Benjamin O. C. et L. J. Grobler. 2006. « Demand-Side hak, Hellal Uddin, Clarence Tsimpo et Vivien Foster. 2008. 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Vagliasindi, Maria et John Nellis. 2009. « Evaluating Africa's Expe- Eberhard, Anton. 2007. « Matching Regulatory Design to Country rience with Institutional Reform for the Infrastructure Sectors ». Circumstances: The Potential of Hybrid and Transitional Working paper 23, Diagnostic des infrastructures nationales en Models ». Gridlines, Note 23 (mai). Fonds de conseil en infras- Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. tructure publique-privee, Banque mondiale, Washington, DC. Wodon, Quentin, ed. 2008. « Electricity Tariffs and the Poor: Case Eberhard, Anton, Vivien Foster, Cecilia Briceno-Garmendia, Fati- Studies from Sub-Saharan Africa ». Working paper 11, Diagnos- mata Ouedraogo, Daniel Camos et Maria Shkaratan. 2008. tic des infrastructures nation ales en Afrique, Banque mondiale, « Underpowered: The State of the Power Sector in Sub-Saharan Washington, DC. Africa ». Background paper 6, Diagnostic des infrastructures World Bank. 2005. 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Working paper 1, Diagnostic des infrastruc- (ESMAP - Energy Sector Management Assistance Program). tures nationales en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. 2007.« Technical and Economic Assessment of Off-Grid, Mini- Chapitre 9 Transport: plus que la somme de ses parties 1 existe une telle variete parmi les modes de transport et la plupart des regions du monde, la concurrence a entraine leur infrastructure, tant en termes de politiques que de I'expansion du role du secteur prive. Les franchises et conces- 1 techniques, que les quatre chapitres qui suivent traitent sions permettent de realiser cette expansion sans perte de chacun d' eux separement. La maniere dont ces modes agis- l'influence de I'Etat sur les activites considerees comme strate- sent et se connectent en eux est complexe, mais ils compor- giques. Les transports en bus et par camion sont d'ores et deja tent neanmoins des problemes communs. essentiellement prives. De nombreux chemins de fer africains Beaucoup des mouvements de passagers et de fret impli- sont maintenant organises en concessions, et Ie role du sec- quent plus d'un mode de transport, avec pas mal de difficultes teur prive augmente au sein des ports et du transport aerien. aux points d'interconnexion, souvent causees par une admi- Cependant, la reglementation de ces marches reste souvent nistration douaniere corrompue ou des restrictions a l' entree plus obstructive que constructive, Ie systeme par tour de role sur Ie marche du transport. En matiere de fret, I'Afrique sub- d'allocation et de repartition du trafic reduisant l'efficacite et saharienne souffre particulierement de ce type de blocages, augment ant les couts. qui retardent les expeditions, font augmenter les couts et Vne raison habituelle de la restriction de la concurrence freinent Ie developpement des systemes logistiques, pourtant est la conviction que l'Etat ne peut garantir la fourniture de tellement essentiels sur les marches mondiaux sophistiques. services socialement souhaitables que si ceux-ci sont deli- Parce que l'Afrique compte tant de pays enclaves, ce probleme vres par une entreprise pub Ii que ou des entreprises privees est multinational et doit etre aborde sur une base regionale ou fortement protegees. Cependant, cette conviction est large- au niveau des corridors. ment erronee, en particulier lorsque les fournisseurs proteges L'une des principales raisons poussant a restreindre l'en- ne sont pas incites a etre efficaces ou lorsqu'aucun segment tree est l'impression de devoir proteger les transporteurs du marche n'est assez rentable pour soutenir des services nationaux ou existants. Bien que cette protection ait large- « sociaux» non remunerateurs. Les chemins de fers, compa- ment diminue au niveau des expeditions internationales et gnies aeriennes, maritimes et de bus detenus par l'Etat ont du transport aerien inter africain, elle prevaut toujours dans tous plus ou moins echoue. Il reste donc beaucoup a fa ire, Ie domaine du fret routier. tant au niveau national que regional, pour mettre en place La plupart des modes de transport sont confrontes au defi des regimes de reglementation conciliant les interets publics d'augmenter la concurrence entre les transporteurs. Dans et prives. 199 200 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Inbf!grer Ie transport multi modal de chemins de fer font partie d'un corridor finance par un bailleur de fonds, OU les dispositions transfrontalieres ont ete Le cout du transport interieur restreint souvent serieusement reformees. Certains pays ten tent maintenant de developper Ie commerce exterieur, qui transite par un port de mer ou des systemes de corridors coordonnes, tels que ceux de Ghana un aeroport avant de passer par un ou plusieurs modes de Gateway et de Maputo. transport terrestre. Par exemple, on estime que Ie transport D'autres modes de transport peuvent aussi etre concer- interieur represente 40 % du coUt total, depuis Ie lieu d'ori- nes. Historiquement, Ie transport fluvial interieur a ache- gine jusqu'au port de destination, des exportations de cacao mine des marchandises primaires en provenance des pays et de cafe de I'Afrique de I'Ouest. enclaves, mais est aujourd'hui en declin. Les trois princi- Les chaines de transport ne sont pas plus solides que leur paux lacs de l'Afrique de I'Est et centrale (Victoria, Tan- maillon Ie plus faible, en generalles points d'interconnexion. ganyika et Malawi) etaient importants pour Ie transit et Ie Les faiblesses sont en partie physiques, en raison d'une commerce intra-regional. En particulier sur Ie lac Victoria, absence de connexion physique entre les modes de transport les services lacustres faisaient partie des systemes ferro- et d'infrastructure de transbordement ; en partie institution- viaires reliant les tetes de ligne aux ports interieurs de Bell nelles, la responsabilite des interconnexions n'etant pas clai- (Ouganda), Kisumu (Kenya) et Mwanza (Tanzanie). Les rement attribuee a une agence modale en particulier ; et en operations lacustres kenyane et ougandaise ont ete organi- partie operationnelle, I'Etat prelevant des taxes et des droits sees en concessions en collaboration avec les chemins de fer ou son personnel exigeant des pots-de-vin, ce qui ralentit les de ces pays, tandis qu'en Tanzanie, les services lacustres ont mouvements et gonfle les couts. ete separes des chemins de fer. Seul un service fonctionne La liaison port-rail constitue la premiere faiblesse majeure. main tenant sur Ie lac Victoria et certaines des lignes ferro- Meme si Ie transport ferroviaire est avantageux sur les longs viaires menant aux ports sont en mauvais etat, en particu- trajets et pour les marchandises non perissables, il depend lier au Kenya. fortement du trafic internationalement commercialise. Pour L'histoire est la meme en Afrique de I'Ouest et du centre, pouvoir etre maintenu, ce trafic do it etre relie de maniere OU Ie bassin du Congo dispose d'un reseau navigable de efficace a de bonnes connexions portuaires, mais les conflits 12000 kilometres, couvrant presque 4 millions de kilo- entre les juridictions du rail et des ports sur les segments fer- metres carres dans neuf pays. En principe, ces voies navi- roviaires dans les zones portuaires handicapent souvent ces gables pourraient etre tres precieuses au sein d'un reseau liaisons. A part en Afrique du Sud, Ie transport interieur et de transport multimodal des servant la region, en particu- son equipement ne suivent pas bien Ie developpement des lier grace a leurs faibles couts de transport (0,05 dollar EU ports. Le depotage et l' empotage des containers dans les par tonne-kilometre contre 0,15 dollar EU par tonne-kilo- aires portuaires aug men tent egalement la congestion dans de metre pour Ie fret routier ou ferroviaire en Afrique centrale), nombreux ports. Ce n'est pas par accident que certaines des meme si elles sont significativement plus lentes. En pratique, lignes chemins de fer les plus prosperes de I'Afrique operent cependant, Ie corridor fluvial souffre d'une infrastructure dans des corridors nationaux OU les equipements ferroviaires depassee et insuffisante, d'un marquage et d'une mainte- et portuaires specialises sont integres verticalement (par nance des canaux inadequats, d'une faible reglementation et exemple, les lignes de charbon et de minerai Spoornet, ainsi de nombreux obstacles non physiques au deplacement. Par que Ie minerai de manganese au Gabon). consequent, il est encore plus marginal en termes de trans- De bonnes liaisons entre les systemes ferroviaires com- port. Reconnaissant ce potentiel non exploite, Ie Secretaire plementaires sont egalement essentielles. Certaines organi- general de la Communaute economique et monetaire de sations ferroviaires y contribuent deja. Les chemins de fer I'Afrique centrale a, en octobre 2005, encourage les gouver- binationaux Cote d'Ivoire-Burkina Faso et Senegal-Mali en nements du Cameroun, de la Republique centrafricaine, de sont de bons exemples, tout comme l'exploitation de chemins la Republique democratique du Congo et de la Republique de fer voisins par Ie meme concessionnaire (Central East Afri- du Congo a mettre en place la Commission internationale can Railways au Mozambique et au Malawi). Cependant, ils du bassin Congo-Oubangui-Sangha afin d'ameliorer les creent egalement des monopoles locaux qui peuvent accroitre dispositions physiques et reglementaires de la navigation leurs profits au moyen de pratiques predatrices, comme Ie interieure. Une etude examine les dispositions actuelles des traitement par la Zambie des exportations de cuivre de la quatre pays participants et identifie les mesures a prendre Republique democratique du Congo (voir Chapitre 11 de pour entamer Ie redeploiement effectif de la navigation inte- ce volume). En Afrique de I'Est, les concessions conjointes rieure (CICOS 2007). Transport: plus que la somme de ses parties 201 Developper les systemes logistiques 2008). Les gouvernements africains doivent comprendre l'im- portance des aspects qualitatifs de la performance logistique Les problemes du transport lie aux affaires en Afrique ne sont et agir pour supprimer les obstacles administratifs. pas qu'une question d'infrastructure mediocre ou de couts A travers la subornation d'une serie de fonctionnaires dis- de transport eleves. Les systemes logistiques modernes met- posant a la fois d'un pouvoir discretionnaire et d'une posi- tent egalement 1'accent sur 1'efficacite des douanes et aut res tion de quasi-monopole au sein de la chaine logistique, la agences frontalieres, la facilite et l' accessibilite financiere corruption pose un probleme critique. Par exemple, elle peut des dispositions d'expedition internationale, la competence augmenter Ie cout total d'expedition - incluant les couts de du secteur logistique local, la capacite de suivre les envois, transport terrestre, de dedouanement et de transport ocea- ainsi que leur respect des delais. Ces differents aspects de la nique d'un container standard de six metres allant du pole performance logistique sont resumes par un index de perfor- economique de l'Afrique du Sud a l'Afrique de 1'Est ou 1'Ex- mance logistique (Figure 9.1). A 1'exception de 1'Afrique du treme-Orient - de jusqu'a 14 %, et les couts portuaires totaux Sud, la performance des pays de 1'Afrique subsaharienne est de jusqu'a 130 %. Contrairement a 1'idee generale, aucune mediocre, non seulement en termes de qualite de 1'infrastruc- preuve solide ne relie la corruption au faible niveau des ture mais aussi sur tous les principaux aspects de la compe- salaires ou au manque de rotation des emplois. Elle est plutot tence logistique. fortement correlee avec la latitude que les regles, la reglemen- L'Afrique est donc consideree comme peu accueillante du tation et les caracteristiques organisationnelles des adminis- point de vue de la logistique ; les systemes logistiques tiers, trations laissent aux fonctionnaires de fixer les droits a payer, si import ants pour 1'augmentation de 1'efficacite de la pro- de maniere a extorquer des pots-de-vin aux expediteurs. duction et de la distribution dans les pays industriels, sont La comparaison entre les ports de Maputo (Mozambique) faiblement developpes en Afrique. Quel que soit Ie mode et de Durban (Afrique du Sud), montre que la corruption de transport principal, les obstacles les plus serieux sont de des fonctionnaires des douanes representait 80 % de la cor- nature administrative. Par exemple, dans Ie transport routier, ruption totale a Maputo, mais seulement 10 % a Durban ce sont les structures de la regIe mentation et du marche de (Sequeira et Macchi, 2009). L'explication en est qu'a Maputo, 1'industrie du fret routier, plutot que la qualite de 1'infrastruc- Ie niveau d'automatisation est faible et que tant la surveillance ture routiere, qui constituent les contraintes les plus fortes aux que la sanction sont limitees, alors que la situation est inver- mouvements internationaux (Teravaininthorn et Raballand, see a Durban. Par contre, la corruption des fonctionnaires Figure 9.1 L' Afrique enregistre de faibles scores pour I'indice de performance logistique, 2007 ID 1 <= IPL <= 2,29 D 2,29 <= IPL <= 2,53 • 2,53 <= IPL <= 3,14 • 3,14 <= IPL <= 5 D Pas de donnees I Source. Banque mondiale, 2007. Note. IPL = Indice de performance logistique ,lest Ie score Ie plus bas et 5 Ie plus eleve. 202 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE portuaires €tait plus faible au sein des concessions privees du potentiellement beneficiaires peuvent envoyer de mauvais port de Maputo, ou on observe un niveau d'automatisation, signaux (voir l'Encadre 9.1). de surveillance et de sanction plus eleve qu'a Durban, ou Ces problemes lies aux pays de transit sont de plus en plus Ie port est gere par l'Etat, l'automatisation faible, et la sur- reconnus. En aout 2003, les participants a une conference veillance et la sanction limitees. intergouvernementale organisee a Almaty, au Kazakhstan, se sont mis d'accord sur un Programme d'action appelant les pays enclaves et de transit a realiser des efforts communs pour Developper des corridors de transit reviser leurs cadres reglementaires et ameliorer l'infrastruc- pour les pays enclaves ture et les procedures de transit, avec I' assistance d' autres pays et d'institutions de microfinance. La faiblesse des systemes logistiques affecte la plupart des Certains elements critiques d'un programme de reforme pays enclaves. En Afrique australe, les couts d' exploitation ne peuvent etre identifies. Vne reforme des reglementations du sont pas excessivement plus eleves qu'en Europe (0,08 dol- transport par cam ions est essentielle et est examinee plus loin lar EV par tonne-kilometre en 2008), mais les files d'attente au Chapitre 10 de ce volume. Elle doit etre completee par une qui se forment aux frontieres et les restrictions a l'entree sur reingenierie du systeme de transit. A long terme, un systeme Ie marche font que les tarifs des routes internationales sont similaire a celui des transports internationaux routiers (TIR) plus eleves de 10 a 30 %. Le fait d'etre enclave rallonge la europeens, qui offre un systeme fiable base sur un manifeste distribution terrestre de quatre jours pour les exportations unique (Ie carnet TIR) et une chaine de garanties, pourrait et de neuf jours pour les importations, par rapport a une accelerer Ie passage des frontieres internationales par Ie fret, distance egale parcourue dans un pays disposant de ports de meme si on peut douter de l'introduction immediate d'un mer. Cependant, cette difference est generalement inferieure tel systeme. De maniere plus immediate, des postes fron- au temps de transit maritime. La grande variabilite du temps tieres a guichet unique, ou les deux pays voisins partagent les de transit est encore plus problematique, en particulier pour informations fournies, pourraient supprimer la duplication les importations. Le manque de fiabilite des chaines d'impor- et accelerer Ie transit. Les douanes doivent etre automatisees, tation et d'exportation resulte en grande partie de l'inade- limitant ainsi Ie contact direct entre les fonctionnaires et les quation des procedures de transit, de la sur-reglementation, agents; la surveillance et la sanction doivent etre renforcees ; de la multiplicite des controles et de la mediocrite du service et la gestion portuaire doit etre privatisee afin de reduire la aux frontieres (Banque mondiale 2008). En outre, la corrup- corruption. Les centres de dedouanement ou les ports secs tion et les frais inutiles peuvent accroitre les coUts de trans- interieurs, qui traitent Ie trafic sous douane, peuvent contour- port de 50 % entre un port et un pays enclave. En raison de ner les traditionnels obstacles des ports de mer. Le develop- ces obstacles, la participation au commerce international des pement du fret aerien peut aussi venir a bout des contraintes pays enclaves est bien inferieure a celles des pays littoraux et pour une certaine partie du trafic. ils demeurent principalement dependants des exportations Des progres ont ete realises dans cette direction. La regle- de matieres premieres. Meme si l'augmentation du cours de mentation du camionnage est plus liberale en Afrique aus- celles-ci aux cours des cinq dernieres annees ait aide les pays trale que dans les autres regions de l'Afrique subsaharienne. enclaves d'Afrique, ils demeurent vulnerables a un change- Vne reforme du systeme de transit a ete lancee afin de faciliter ment de cette tendance. Ie trafic de transit a travers Ie Cameroun jusqu'au Tchad et a La pi up art des obstacles critiques a la facilitation du com- la Republique centrafricaine (voir Encadre 9.2). merce resulte des procedures et des services dans les pays Des initiatives de postes frontieres a guichet unique sont de transit, qui ne voient souvent aucun avantage pour leur appliquees a Malaba, entre Ie Kenya et l'Ouganda ; a Chirundu, propre economie a satisfaire les besoins de ce type de trafic. entre la Zambie et Ie Zimbabwe; a Forbes/Machipanda, entre Ce point de vue peut en fait etre errone lorsque Ie trafic de Ie Zimbabwe et Ie Mozambique; Ie long du corridor Trans- transit contribue aux economies d'echelle realisees dans les Kalahari; et en Afrique de l'Ouest, sur certaines frontieres du secteurs des services portuaires, maritimes ou aeriens des Burkina Faso, du Ghana, du Mali et du Togo. Quelques pays pays de transit eux-memes, en particulier quand les biens enclaves dis po sent deja d' entrepots de stockage dans des ports transportes completent plutot que concurrencent les propres d'Afrique de l'Ouest, et les concessionnaires ferroviaires sont produits du pays. Cependant, meme dans ces circonstances, en train de developper des installations pour accelerer Ie tran- les interets acquis des beneficiaires de pots-de-vin et des four- sit, com me Ie projet de terminal intermodal de Sitarail a Oua- nisseurs des services frontaliers inutiles peuvent etre difficiles gadougou au Burkina Faso ; la caution en douane de la societe a surmonter. De plus, les gouvernements des pays de transit ZRS au poste frontalier de Victoria Falls separant la Zambie et Transport: plus que la somme de ses parties 203 Obstacles ala croissance du trafic de transit sur Ie corridor de Maputo Maputo est Ie port Ie plus proche d'un centre industrlel de Mitsui aSK. Lines) n'y font pas d'escales directes a cause l'Afrique du Sud, en I'occurrence celui de la province du Gau- des volumes trop bas, les usagers du port de Maputo sont teng (581 kilometres contre 750 entre Durban et Johannes- confrontes a une imprevisibilite croissante du transport. La burg), et la congestion actuelle du port de Durban lui confere corruption est egalement plus elevee a Maputo, atteignant en un avantage evident pour les expediteurs de marchandises moyenne 15 % du coat d'expedition terrestre en aller simple perissables. Si Maputo pouvait attirer 1 % des 700 millions d'un conteneur de 40 pieds, contre 7 % seulement a Durban de tonnes du trafic a destination et au depart des provinces (Sequeira et Macchi 2009). du Gauteng et du Mpumaianga, il pourrait doubler son debit Surtout, Ie gouvernement du Mozambique n'a rien entrepris total. Cependant, malgre I'investissement majeur consent; pour surmonter ce manque de confiance, comme Ie montre, dans les routes au niveau du corridor Maputo-Gauteng et par exemple, la politi que qu'jI a suivie en matiere de scanning un processus assez reussi de concession du port, Ie transit ne des marchandises. En avril 2006, il a octroye la concession representait que moins de 40 % du trafic total de Maputo en d'un scanneur a Kudumba, un operateur prive. Initialement, 2007, et Ie port ne tournait qu'a 30 % de sa capacite. Pour- toutes les exportations devaient etre scannees, y compris Ie quoi un recours aussi faible a Maputo et une telle conges- fret en vrac (pour un prix a la tonne) et les voitures exportees tion a Durban, alors que les deux pays devraient pouvoir tirer par l'Afrique du Sud. Bien que les droits de scanning prati- avantage d'une augmentation du trafic de transit? ques par certains operateurs de terminaux aient considera- Pourquoi n'y sont-ils pas encore parvenus? L'etat des routes blement diminue depuis 2006 (de 100 a 15 dollars EU par ne constitue pas un obstacle majeur, et les prix du transport voiture par exemple), les prix restent eleves compares aux ne sont pas anormalement eleves Ie long du corridor inter- pratiques mondiales. Le manque de transparence et de parti- national. Beaucoup des grands expediteurs sud-africains cipation dans la decision d'introduction de la technologie du Msitent cependant a detourner leurs voles de transport de scanning et la determination des droits, ainsi que I'opacite Durban parce que Ie climat des affaires du Mozambique leur du processus d'appel d'offres pour I'octroi de la concession a semble trop imprevisible pour investir dans une reorienta- Kudumba n'ont fait que renforcer Ie sentiment d'incertitude tion de leurs chemins logistiques. L'indice de performance dans I'environnement des affaires. logistique du Mozambique est inferieur a la moyenne de l'Afrique subsaharienne et tres inferieur a celui de l'Afrique du Sud. Du fait que les lignes de navigation (a I'exception des Source: Raballand et Macchi 2008. Ie Zimbabwe; et Ie terminal a conteneurs so us douane prevu comme cela est demontre dans ce volume, aux chapitres 10 par Madarail pres d' Antananarivo a Madagascar. sur Ie transport routier et 13 sur Ie transport aerien). La II reste beaucoup a faire pour combler les lacunes de la concurrence entre les modes peut egalement entrainer Ie rem- mise en reuvre du programme d'Almaty. II faut des indica- placement de l'un par un autre. Par exemple, en Mauritanie, teurs de surveillance des corridors unanimement acceptes l' amelioration des routes a efficacement elimine Ie transport pour contr6ler les progres effectues. Les reformes des marches aerien interieur, et tous les chemins de fer africains ont des du camionnage, ainsi que du secteur de l'expedition de fret difficultes a conserver leur trafic pas sagers lit ou il existe une qui leur est associe, doivent etre elargies. Un accord entre pays alternative routiere. Cependant, differents modes peuvent voisins sur les reformes du systeme de transit doit etre encou- etre simultanement complementaires ou concurrents. nest rage par les contributions des bailleurs de fonds et facilite par tres difficile de reconcilier ces tensions. Ie developpement de standards issus des pratiques modeles. La ou les modes de transport se font concurrence, une repartition efficace du trafic entre eux devrait normalement dependre de leurs prix relatifs, refletant leurs couts relatifs ; Accroitre la concurrence cependant, cela peut etre difficile it interpreter. Lorsque Ie trafic est lourdement desequilibre (comme c' est Ie cas pour La concurrence entre les fournisseurs d'un mode de trans- Ie commerce international) et que les structures de couts port donne ameliore la qualite du service et reduit les couts, different selon les modes, tant la pression commerciale que 204 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Une nouvelle tentative de reforme du systeme de transit sur Ie corridor Cameroun- Republique centrafricaine-Tchad Une reforme majeure est en train d'etre menee dans Ie cadre n'a jamais ete suivie d'effets. En 2008, malgre les reticences du Projet de facilitation du transport et du transit en Afrique des groupes d'interets en place craignant de perdre les mul- centrale, finance par la 8anque africaine de developpement, tiples rentes que leur sert Ie systeme existant, et principale- l'Agence franc;aise de developpement, l'Union europeenne et ment grace au ferme leadership et a la pression en faveur ,'Association internationale de developpement. L'objectif est des r€formes du gouvernement et des douanes camerounais, de repondre aux besoins de deux pays enclaves, la Republique un accord a ete obtenu sur un systeme de transit conside- centrafricaine et Ie Tchad, qui subissent certains des coOts de rablement revu. Ses principaux elements sont I'introduction transport internationaux les plus eleves et des pires conditions d'un document de transit unique, la suppression de tous les logistiques de tous les pays en developpement. Les bureaux points de contrale sur les routes et I'utilisation du systeme de fret gerent Ie transport international entre les deux pays et ASYCUDA (Automated SYstem for CUstoms Data - systeme Ie port de Douala au Cameroun, en allouant de maniere obli- automatise de gestion des donnees douanieres) base sur les gatoire les cargaisons sur la base de files d'attente. Les princi- technologies de I'information et developpe par la conference paux problemes de I'actuel regime de transit comprennent la des Nations Unies sur Ie commerce et Ie developpement. Ce tres lente liberation des marchandises au port de Doula, qui systeme introduit sur Ie document de transit et les conteneurs exige sept documents, devant tous etre vises par trois bureaux un code barres lu optiquement au depart, a destination et a separes. II existe egalement de multiples points de contrale et la frontiere, afin de simplifier les procedures de transit pour verifications sur res routes menant aux pays enclaves. Tant les les expediteurs de fret autorises, qui ont obtenu une garan- frais de transport que les garanties exigees par les banques tie douaniere permanente du systeme bancaire. S'ils sont mis sont considerablement plus eleves que ceux des services com- en O?uvre, ces changements devraient presenter des avan- parables dans d'autres pays. tages majeurs : raccourcissement des delais de livraison, plus Une convention de transit international routier basee sur Ie grande previsibilite et prix moins eleves. systeme TIR (Transport international routier), la TIPAC (Transit inter-etats des pays de I' Afrique centrale), signee en 1991, Source: Banque mondiale 2008. l'efficacite economique peuvent entrainer une large variete fer sous concession a montre que les tarifs routiers etaient de ratios prix-couts marginaux, et la fixation de prix abusifs superieurs aux tarifs ferroviaires de 44 a 213 %. Davantage de peut etre difficile a etablir. concurrence entre les routes et les chemins de fer, encouragee L'attention portee a l'equite des conditions de concurrence par la hausse du cout des routes, pourrait reduire les marges est importante. Les routes sont mises, par l'Etat, a la dispo- beneficiaires des transporteurs routiers au lieu d'augmenter sition de tous les usagers a des couts ne couvrant meme pas Ie partage modal ou Ie pouvoir de fixation des prix des che- leur entretien, tan dis que Ie service ferroviaire fourni par Ie mins de fer. Etant donne les cartels et les taux de profit eleves prive est suppose couvrir l'ensemble de ses couts, y compris du transport routier, une plus grande concurrence au sein de celui des voies. Ne pas faire payer Ie prix reel de l'entretien celui-ci pourrait tout simplement mener a un accroissement des routes, ni appliquer la limite de charge a l'essieu peut etre des profits. defavorable a la viabilite des chemins de fer sous concessions privees. Les strategies nationales de transport determinant sur une base commune Ie prix des infrastructures routieres et ferro- Revoir les positions ill I'egard de la fourniture viaires reduiraient probablement la charge budgetaire et ame- et des profits prives lioreraient la condition des routes. L' effet net sur la repartition modale est plus difficile a predire en raison de la securite, de La participation du secteur prive a la fourniture, essentielle la fiabilite et d'autres facteurs non lies au cout pris en compte pour la concurrence, peut accroitre l'efficacite de l'exploi- dans la determination des choix. Par exemple, une compa- tation et la mobilisation du capital prive. Cependant, pour raison des tarifs routiers et ferroviaires de cinq chemins de obtenir ces avantages, les Etats doivent comprendre les realites Transport: plus que la somme de ses parties 205 commerciales qui motivent les entreprises privees. Les profits La mise en place d'institutions de contr61e et de regle- prives excessifs resultant d'un monopole devraient certes etre mentation appropriees doit donc etre I'objet d'une attention limites, mais les entreprises privees ne participeront jamais si particuliere. La creation et l' exploitation de pouvoirs mono- I'Etat leur refuse un retour sur investissement raisonnable, ce polistiques a travers une cartellisation doivent etre examinees qui, pour une activite privee, constitue une necessite, et non en permanence, tant au niveau de la structure industrielle que un peche. du comportement commercial. Beaucoup de pays pourraient Pour attirer Ie financement et la gestion du secteur prive, mettre en place une unite, petite mais competente, chargee de les politiques coherentes devraient inelure une definition conseiller les gouvernements et les regulateurs modaux spe- explicite des objectifs de la participation de celui-ci. Les res- cialises, en ce qui concerne les principes de reglementation. ponsables des politiques devraient reconnaitre que la par- Une autre preoccupation qui merite d'etre consicieree ticipation du prive peut apporter des gains d'efficacite non est liee a la participation privee etrangere dans la fourniture seulement quand la viabilite commerciale est margin ale, mais des services. La crainte de voir des services essentiels pour egalement dans les secteurs consicieres comme extremement la securite nationale ciependre du contr6le prive etranger a rentables (ports) ou comme souhaitables bien qu'extreme- largement ete utilisee comme argument pour maintenir un ment peu rentables (certaines concessions ferroviaires). transport aerien et des flottes maritimes nationaux, et pour Cette prise de conscience demande une plus grande diversite limiter la part du capital etranger dans Ie financement de de formes de participation du prive, y compris les conces- I'infrastructure nationale. En pratique, de petites compagnies sions negatives et les dispositions d'affermage2. Une agence aeriennes et flottes maritimes, non rentables et protegees par nation ale specialisee dans la privatisation pourrait contri- la reservation des cargaisons, ten dent a gonfler les couts et a buer a I'elaboration de ces types de politiques et de formes de pomper les ressources nation ales (au detriment de la securite participation. nationale). De plus, la resistance a la participation des opera- L'utilisation par l'Etat du pouvoir monopolistique du teurs mondiaux de terminaux portuaires a conteneurs prive secteur public pour generer des revenus excessifs peut etre les pays de I'efficacite et de I'investissement qu'elle pourrait tout aussi prejudiciable, meme si ceux-ci sont ostensiblement apporter. destines a soutenir d'autres services non rent abies. Les sub- Les pays ont donc besoin de mecanismes pour reconci- ventions interieures croisees ont generalement eu des effets lier la participation privee (et etrangere) dans Ie fin an cement negatifs. Par exemple, en Afrique du Sud, Spoornet reyoit de de I'infrastructure du transport avec leurs objectifs econo- subventions croisees pour Ie transport deficitaire fret et pas- miques, sociaux et strategiques. Cette approche demande de sagers, a la fois des services elairement profitables de trans- porter une attention plus approfondie a la nature et a I'ade- port du minerai et du charbon et, via Transnet, des ports quation des objectifs sociaux et strategiques, et d'analyser I'ef- et pipelines. fica cite relative des differents instruments pour la realisation En pratique, cela a eu pour effet de detourner l'investis- de ces objectifs. Une partie de ce defi consiste a concevoir une sement des services fondamentaux. En Afrique, l'age moyen serie de modeJes contractuels adaptes aux differents objectifs. des locomotives est de 25 ans et celui des wagons de marchan- dises de 25 a 30 ans, ces deux chiffres representant presque Ie double des pratiques modeles internationales. Dans Ie Satisfaire les obligations sociales transport du minerai, il existe un deficit de capacite, et les resultats enregistres par Spoornet en matiere de securite sont Soucieux de montrer qu'ils offrent un transport public des mediocres et vont en s'empirant. Le systeme portuaire se voit passagers abordable, la plupart des gouvernements afri- egalement prive d'investissement. En ciepit des competences cains ont contenu Ie tarif des billets de bus et de train a un techniques elevees du systeme sud-africain, la recente Etude niveau assez bas. Cependant, lorsque les tarifs ne sont pas nationale de la logistique en matiere de fret conelut « que res- commercialement viables, ils sont susceptibles de fragiliser taurer la fiabilite ferroviaire est fondamental et represente Ie la fourniture des services publics. Meme la OU les contr61es defi Ie plus important auquel est confrontee la logistique du ne s'appliquent qu'aux modes de transport fournis par fret en Afrique du Sud» (Departement des transports, 2005: I'Etat (notamment les services ferroviaires ou de transport 13). Les aeroports de plusieurs pays connaissent egalement conventionnel par grands bus), il existe generalement une les dangers d'une exploitation du pouvoir monopolistique activite informelle pratiquant des tarifs plus eleves ou offrant public, lorsque les gains d'efficacite generes par une ges- une moindre qualite de service, echouant ainsi a as sister les tion privee sont sacrifies en maintenant ces activites dans Ie citoyens les plus pauvres. secteur public. 206 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Les Etats devraient payer une compensation lorsqu'ils 2. Une concession negative est une concession offerte pour un imposent des obligations sociales. Cependant, il est rare que service deficitaire, pour lequella concurrence se joue autour de cette remuneration des obligations de service public so it ade- la subvention pub Ii que minimale exigee par]' operateur pour quate et versee dans les temps, comme 1'est Ie soutien de la reprendre ce service non rentable. Un contrat d'affermage est similaire it un contrat de gestion, mais ]' operateur prive y compagnie publique d'autobus d'Addis-Abeba. De maniere assume la responsabilite de to utes les fonctions d' exploitation plus generale, ces paiements tardifs retardent, mais n'empe- et de maintenance, tant techniques que commerciales. chent pas l' effondrement des services publics de bus. 11 semble en etre de meme des subventions destinees au trafic passa- Bibliographie gers de certaines concessions ferroviaires. Lorsqu'il existe des CICOS (Commission internationale du bassin Congo-Oubangui- alternatives routieres economiquement viables aux services Sangha). 2007. Plan d'action strategique pour la promotion de la ferroviaires subventionnes, cette subvention (lorsqu' elle est navigation dans Ie bassin Congo-Oubangui-Sangha. Hambourg: payee) detourne de l'economie les ressources publiques. Des HPC Hamburg Port Consulting GmbH. strategies plus completes et mieux pensees de contr6les des Departement des transports. 2005. « National Freight Logistics tarifs et des subventions, passant probablement par la four- Strategy». Departement des transports, Republique d'Afrique niture de services subventionnes au moyen d'appels d'offres, du Sud. peuvent garantir 1'usage Ie plus efficace de 1'infrastructure Raballand, Gael et Patricia Macchi. 2008. The Critical Importance of Strengthened Regional Integration for Growth and Development in des transports. Mozambique. Washington, DC: Banque mondiale. Sequeira, Sandra et Patricia Macchi. 2009. « The Importance of Soft Notes Transport Infrastructure: Customs Officials in Maputo versus the Port Operators in Durban », Afrique contemporaine 230 (2). L'auteur de ce chapitre est Kenneth Gwilliam, qui s'est appuye sur Ie materiel de reference et les contributions de Jean-Fran- Teravaininthorn, Supee et Gael Raballand. 2008. Transport Prices cois Arvis, Rodrigo Archondo-Callao, Jose L. Guasch, Alberto and Costs in Africa: A Review of the Main International Corri- Nogales, Gael Raballand, Sandra Sequeira et Kavita Sethi. dors. Serie Directions in Development. Washington, DC : Banque 1. La repartition par tour de role est un systeme OU les cargaisons mondiale. sont strictement allouees aux fournisseurs de services dans Banque mondiale. 2007. Connecting to Compete: Trade Logistics I'ordre determine par une file d'attente. Elle est largement uti- in the Global Economy-the Logistics Performance Index and Its lisee dans Ie transport public et les marches du camionnage. Ce Indicators. Washington, DC: Banque mondiale. systeme limite la concurrence directe et entraine generalement ---.2008. Improving Trade and Transport for Landlocked une faible utilisation des vehicules et des couts unitaires eleves. Developing Countries. Washington, DC: Banque mondiale. Chapitre 10 Les routes : etendre Ie programme es gouvernements africains ont aborde Ie probleme de les routes rurales. Meme si l'agriculture est consideree comme L la faible densite et de l'etat mediocre de leurs reseaux routiers. La reforme institutionnelle entreprise depuis Ie milieu des annees 90 a bien progresse, avec un remarquable un moteur de la croissance, seul un tiers de la population rurale vit dans un rayon de deux kilometres d'une route pra- ticable en to ute saison. Doubler ce pourcentage serait tres consensus sur Ie contenu. La plupart des pays disposent de coliteux et absorberait plus de 1 % du PIB par an pendant fonds routiers de seconde generation sou tenus par des taxes dix ans. L'environnement rural presente des difficultes ins- sur Ie carburant, et beau coup d'autres pays ont des agences titutionnelles specifiques en ce qui concerne la maintenance routieres autonomes. Des agences specialisees dans la gestion des routes. de la maintenance ont ete creees et de nouvelles formes de En second lieu, Ie transport terrestre ne depend pas que maintenance basee sur des contrats ont ete introduites. Bien du bon etat des routes. L'Afrique continue a etre desavanta- qu'il subsiste d'importants ecarts de financement, les resul- gee par des tarifs de transport routier tres eleves, dus princi- tats sont perceptibles. En moyenne, 80 % du reseau des routes paIement a des marges beneficiaires elevees plutot qu'a des principales est dans un etat bon ou acceptable, et la valeur couts eleves (ou a des routes en mauvais etat). En Afrique actuelle des reseaux de routes nationales atteint au moins centrale et de l'Ouest, en particulier, les cartels de 1'industrie 70 % de leur potentiel. Les series chronologiques limitees qui du camionnage, et l' affectation des cargaisons par tour de role sont disponibles suggerent egalement qu'un certain nombre et les pratiques d'expedition restrictives sont responsables du de pays ont ameliore l'etat de leurs routes au fil du temps. faible kilometrage des vehicules et de la qualite mediocre de la Malgre ces progres, l' agenda des reformes est incomplet. flotte. Les reformes les plus urgentes concernent la liberation Dans de nombreux cas, Ie niveau des taxes sur Ie carburant du transport routier, tout en attenuant 1'impact social. Sans est trop bas pour etre efficace et les fonds et les agences rou- de telles mesures, les nouvelles ameliorations de la qualite tie res ne satisfont pas toujours a tous les criteres de bonnes des routes auront pour seul resultat une augmentation des pratiques en matiere de conception. Les methodes modernes marges beneficiaires pour l'industrie du camionnage. de passation des marches et de gestion des contrats sont loin Troisiemement, les villes africaines en croissance rapide d'etre generalisees. De plus, tandis que l'attention des deci- sont confrontees a des problemes majeurs de mobilite. La deurs politiques etait centree sur les institutions et les flux densite des routes urbaines est basse par rapport aux criteres financiers pour les routes interurbaines, d'autres problemes des pays en developpement. De plus, suite a la disparition ont surgi et exigeront des types de solutions differents. des grands bus dans beaucoup de villes, une myriade d'ope- En premier lieu, les reformes apportees au reseau des rateurs informels de minibus dominent largement les ser- routes interurbaines ont eu une bien moindre incidence sur vices de transport urbain. Leurs services sont couteux et leur 207 208 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE disponibilite insuffisante. Peu de pays trouvent des ressources est superieure a 30 % du PIB, ce qui donne une idee de 1'im- financieres suffisantes pour developper et entretenir Ie reseau portance du poids economique de la maintenance. En conse- des voies urbaines. Le chevauchement des juridictions natio- quence, 1'etat des routes est un peu en retard sur celui des nales, metropolitaines et municipales donne lieu a de serieux autres regions en developpement, mais un peu moins pour problemes institutionnels. En outre, les liens trans-sectoriels Ie reseau des routes principales que pour les aut res routes ente Ie transport urbain et la planification de 1'amenagement (Gwilliam et aut res 2008). du territoire ne sont pas exploites. Avec 1'acceleration de 1'urbanisation, 1'Afrique doit deve- lopper ses routes intra-urbaines. Pourtant, dans 14 villes afri- caines, les reseaux s'averent inferieurs aux normes (Kumar et Infrastructure routiere - Leger retard Barrett 2007). La densite des routes (en particulier, des routes par rapport ill d'autres regions revetues) est largement en retard par rapport a celle d'autres villes en developpement. La capacite est generalement limi- Le reseau des routes principales de la region est compose de tee. La majorite des routes ont une seule voie dans chaque corridors commerciaux strategiques reliant les ports en eaux direction et lorsque les routes sont plus larges, les pietons profondes aux zones economiques de 1'arriere-pays. Ces cor- et les voitures garees occupent souvent l'espace d'une voie. ridors, qui transportent annuellement environ 200 milliards Les croisements sont proches les uns des autres et sont mal de dollars EU de marchandises, ne comprennent pas plus de con<;:us pour les changements de direction. Les voies de ser- 10000 kilometres de routes. Le concept d'un reseau princi- vice n'existent pas, Ie revetement se deteriore et 1'edairage de pal intra-regional, ou auto route transafricaine, demeure une la chaussee est rudimentaire. La gestion du trafic est limitee, realite lointaine en raison des connexions manquantes et du ce qui donne lieu a des accidents frequents, dont les victimes mediocre entretien des tron<;:ons des. Une telle connectivite mortelles sont pour les deux tiers des pietons. intercontinentale necessite entre 60 000 et 100 000 kilometres Pour les routes rurales, au-dela du reseau dasse tertiaire, de routes. qui releve generalement de la responsabilite des pouvoirs La densite des routes nationales en Afrique est substan- publics locaux, un vaste reseau non dasse de pistes desservant tiellement inferieure a celle des autres regions en develop- les zones rurales releve generalement de la responsabilite des pement : seulement 204 kilometres de routes pour 1 000 communautes locales. Neanmoins, les communautes rurales kilometres carres de superficie, avec seulement un quart africaines disposent, et de loin, de la plus faible accessibilite a de routes revetues, par rapport a une moyenne mondiale une route praticable en toute saison dans Ie monde en deve- de 944 kilometres pour 1 000 kilometres carres, avec plus loppement. Des elements demontrent que 1'isolement phy- de la moitie de routes revetues. Cette densite atteint moins sique empeche de vastes zones du continent de realiser leur de 30 % du result at de la region ayant la seconde densite la potentiel agricole. Avec la faible den site demographique, l' ob- plus basse, 1'Asie du Sud. Toutefois, la densite des routes en tention d'une bonne accessibilite rurale glob ale impliquerait Afrique subsaharienne par rapport a la population est lege- au moins Ie doublement de la longueur du reseau dasse dans rement superieure a celle de l'Asie du Sud et seulement lege- la plupart des pays (Starkey et autres 2002). rement inferieure a celle du Moyen-Orient et de l'Afrique Les volumes du trafic demeurent bas et fortement concen- du Nord. tres sur Ie reseau des routes principales (Tableau 10.1). Dans Par rapport a son PIB, l' Afrique subsaharienne a toutefois la plupart des pays, au moins 90 % du trafic enregistre sur un vaste reseau routier. A Madagascar, au Malawi, au Mozam- Ie reseau dasse utilise les reseaux principaux. 1 En dehors bique et au Niger, la valeur patrimoniale du reseau routier du Nigeria et de 1'Afrique du Sud, Ie trafic sur Ie reseau des Tableau 10.1 Trafic quotidien moyen sur Ie reseau routier principal Reseau classifie Reseau Reseau Reseau Type de pays classifie Primaire Secondaire Tertiaire revl!tu non revt!tu Faible revenu 236 934 182 28 1050 54 Revenu intermediaire, tranche inferieure 341 1 186 303 39 1474 95 Revenu intermediaire, tranche superieure 1066 5469 117 24 288 Source.· Gwilliam et autreslQQ8 Les routes: etendre Ie programme 209 routes principales en Afrique atteint une moyenne d' environ Dispositions de financement 500 vehicules par jour. Les bailleurs de fonds ont joue un role essentiel dans la pro- Les reseaux ruraux sup portent habituellement moins de motion de ce cadre institutionnel. La plupart des pays dispo- 10 % du trafic du reseau classe, me me s'ils vehiculent plus sent deja de fonds routiers de deuxieme generation de ce type, de 20 % du trafic en Ethiopie, au Malawi et au Nigeria. Sauf et pratiquement tous les autres, a l'exception du Nigeria et de au Nigeria, les volumes absolus du trafic sur Ie reseau rural l'Afrique du Sud, sont en train de les mettre en place. Tous sont tres bas, atteignant une moyenne d' environ 30 vehicules les fonds n' ont toutefois pas ete con~us suivant les bonnes par jour. pratiques et leurs performances varient considerablement (Figure 10.1). Meme si l'application des taxes sur Ie carburant est lar- Institutions et financement gement repandue pour Ie financement de la maintenance de I'infrastructure routiere - des routes, leur niveau et, par consequent, leur utilite varie Evolutions prometteuses enormement d'un pays a l'autre. Elles vont du niveau sym- bolique et beaucoup trop bas d'environ 0,03 dollar EU par l' elan initial de la r€forme institutionnelle a consiste a creer litre, a environ 0,16 dollar par litre, qui couvre la plupart une source de fin an cement independante pour la mainte- des besoins d'entretien des routes. Beaucoup de pays ont de nance des routes, basee sur les redevances des usagers de la gran des difficultes a prelever ces taxes, que ce so it en raison de route, separee du budget general de l'Etat et administree par la fraude (Tanzanie) ou du retard dans Ie transfert des recettes un organe independant. (Rwanda), et n'obtiennent probablement que la moitie des Figure 10.1 Progres des retormes des fonds routiers a. Prevalence des caracteristiques de conception b. Scores pour les indices de performance globale de seconde generation Tanzanie Audit in dependant Namibie Kenya Rwanda Tarification pour les usagers de la route Malawi Madagascar Ghana Regles d'allocation des ressou rces Ethiopie Tchad Zambie Separation des fonctions Niger Mozambique Cameroun Cadre legal clair .. Lesotho Cote d'ivoire .. Transfert direct Benin Afrique du Sud Senegal Representation des usagers dans Cap-Vert les conseils d'administration Burkina Faso o 20 40 60 80 100 o 20 40 60 80 100 Pourcentage des pays Pourcentage des resultats Source Gwilliam et autres, 2008, sur la base de donnees recueillies par la 8anque mondlale, 2007. 210 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE ressources prevues. C'est pourquoi, les fonds routiers du Les economies realisees grace aux contrats d'entretien des Benin, de la Cote d'Ivoire, de 1'Ethiopie, du Gabon et de la routes revetues bases sur les performances vont de 10 a 40 % Zambie dependent encore d'allocations budgetaires pour dans les pays industrialises et de IDa 20 % dans plusieurs pays plus des trois quarts de leurs ressources, au lieu de les tirer en developpement (Stankevich, Qureshi, et Queiroz 2005). en grande partie des taxes sur Ie carburant, com me les fonds Meme lorsque de telles economies n' ont pas ete realisees, les routiers en ont 1'intention. avantages ont ete considerables. Au Tchad, Ie seul exemple en Les routes a peage con cement a peine 0,1 % du reseau clas- Afrique francophone, Ie COlIt par kilometre de 1'entretien de sifie de la region, presque entierement en Afrique du Sud. Les routine dans Ie cadre d'un contrat de performance portant concessions des routes a peage ont obtenu moins de 1,6 mil- sur un ensemble de routes en gravier etait substantiellement liard de dollars EU d'engagements d'investissement, un mon- superieur (5 000 dollars EU) a celui d'un contrat d'entretien tant tres bas par rapport aux besoins de la region. Moins de traditionnel (1 500 dollars EU), mais avec 1'avantage que 10 % du reseau routier de la region attire les 15000 vehicules 1'entrepreneur etait responsable du maintien d'un niveau de par jour qui representent Ie flux de trafic minimal necessaire service lie a 1'etat du revetement des routes. Avec un contrat pour que les concessions soient economiquement rentables. d'entretien base sur la performance, 1'etat des routes s'ame- Les routes a peage n' ont un potentiel de developpement qu' en liore progressivement, tan dis que dans l'approche tradition- Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, au Nigeria. nelle, 1'etat des routes s'ameliore pendant une breve periode apres la realisation des travaux et commence ensuite a se Agences de mise en reuvre deteriorer rapidement jusqu'a ce que de nouveaux travaux de Une seconde etape de la reforme a donne lieu a la creation maintenance soient effectues. d' agences routieres, independantes des ministeres tech- Un developpement institutionnel parallele, particulie- niques et responsables de la passation des marches de travaux rement important pour les routes rurales, implique la dele- publics. Environ deux tiers des 24 pays etudies ont une agence gation de la gestion des projets a des agences specialisees. routiere et les autres projettent d'en creer une, mais Ie secteur Dans de nombreux pays, des agences d' execution des travaux prive n' est represente que dans seulement un tiers des conseils d'interet public (AGETIP) dirigent maintenant des consul- de ces agences. Le Nigeria, Ie Senegal et 1'Afrique du Sud ont tants et des entrepreneurs prives pour Ie compte des pouvoirs une agence routiere mais pas de fonds routier. Leur autono- publics et assument toutes les fonctions indispensables a la mie va de la responsabilite complete de la gestion du reseau preparation, la mise en oeuvre et la supervision des contrats routier jusqu'a une responsabilite limitee a des programmes (Encadre 10.1). d'entretien des routes de finis par Ie departement ou Ie minis- tere des routes. Environ la moitie des pays etudies sous-traitent plus de 80 % des travaux de maintenance. Certaines agences rou- Depenses en faveur des routes - tieres adoptent des contrats de maintenance bases sur la Plus d'entretien, moins de rehabilitation performance, en vertu desquels un entrepreneur prive entre- tient une voie publique suivant une serie de criteres speci- En Afrique subsaharienne, les pays depensent en moyenne fiques a atteindre et a maintenir, pendant des periodes all ant 9 000 dollars EU par kilometre pour les reseaux des routes de 3 a 10 ans, en contrepartie du paiement d'un montant principales, soit presque 2 % du PIB, contre 1 % dans les forfaitaire. Les avantages de ces contrats sont qu'ils peuvent pays industrialises et 2 a 3 % dans les economies emergentes inciter fortement les entrepreneurs a realiser un entretien a croissance rap ide (Figure 10.2). Meme si 1'effort est impor- efficace et qu'ils peuvent reduire 1'incertitude des depenses tant par rapport a la dimension des economies de l'Afrique, il pour Ie fonds routier. Les contrats de ce type ont ete mis en reste bas en valeur absolue : les pays a faible revenu ne depen- oeuvre pour la premiere fois au Canada a la fin des annees sent pas plus de 7 dollars EU par habitant et par an. Pour Ie 80, et les pays industrialises les ont adoptes depuis lors. Dans reseau des routes principales, la depense d'entretien va d'a les pays en developpement, ils ont ete mis en oeuvre pour la peine 200 dollars EU par kilometre au Tchad a plus de 6 000 premiere fois en Argentine au milieu des annees 90, mais se dollars EU par kilometre en Zambie. La depense d'entretien sont rapidement repandus dans les pays voisins, de sorte que par kilometre dans Ie reseau principal atteint en general Ie plus de 40 000 kilometres de routes d'Amerique latine sont double de celle du reseau rural. maintenant entretenues en vertu de contrats de ce type. En Paradoxalement, les pays a faible revenu depensent dans Afrique, 1'Ethiopie, Ie Ghana et la Zambie ont commence a 1'ensemble 50 % de plus par kilometre que les pays a revenu les utiliser. intermediaire, tan dis que les pays ayant des agences routieres Les routes: etendre Ie programme 211 Le role des AGEIIP La delegation de la fonction de gestion de la planification. une partie importante de leur travail. On compte actuel- de passation des marches et d'execution des travaux publics lement 19 agences de ce type dans 17 pays, francophones a une agence privee specialisee est solidement etablie dans de l'Afrique de l'Ouest pour la plupart. L'association interna- I'administration publique franc;aise. Dans de nombreux pays tionale AFRICAnp (Association africaine des agences d'exe- africains, les agences d'execution des travaux d'inter~t public cution des travaux d'interet public) developpe et diffuse les (AGETIP) interessaient les institutions internationales de finan- pratiques modeles parmi ses membres. cement en tant que moyen pour arriver a une mise en cpuvre Les agences jouent trois rOles ; a) agences techniques com- plus efficace des travaux finances par les bailleurs de fonds, petentes utilisant des procedures de paiement et de recrute- en particulier dans les secteurs ruraux, OU les competences ment du secteur prive ; b) gestionnaires de fonds speciaux ; administratives sont les plus faibles. et c) directeurs de la planification et de la programmation des Suite a la creation de la premiere AGETIP Me a un projet de investissements des autorites locales. Elles fournissent aussi sites et de services finance par un bailleur de fonds au Sene- des manuels techniques et de la formation aux entrepreneurs. gal en 1989, la nette amelioration de I'administration des Bien qu'elles aient ete etablies a I'origine pour faciliter Ie travaux publics et les paiements dans les temps ont contri- financement des bailleurs de fonds, elles gerent aujourd'hui bue a une hausse substantielle de la participation des petites des fonds principalement nationaux et sont devenues des ins- et moyennes entreprises dans les programmes de travaux truments du developpement des entreprises autochtones. publics, utilisant souvent des techniques a haute intensite de main-d'cpuvre. Les routes, en particulier rurales, constituent Source: Diou, Henry et Demy 2007 Figure 10.2 Depense moyenne annuelle dans Ie transport routier, par pays, 2001-05 4.5 35 4.0 30 3.5 ~ c O:l a: 3.0 25 e :0 :::l "0 1!, 2.5 20 ~ '" e c 2.0 0. QJ U 15 3 :; 1.5 0 '" ~ "- 10 '3 1.0 0 5 0.5 0 0 Source. Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. et des taxes elevees sur Ie carburant semblent depenser un adequats pour Ie financement de l'entretien des routes. Les peu moins que ceux qui n' en ont pas. l' explication en est un pays a revenu intermediaire et ceux qui appliquent des taxes desequilibre prononce dans les depenses routieres, OU l'inves- elevees sur Ie carburant ont tendance a depenser plus en tissement represente les deux tiers de la depense totale dans maintenance sans augmenter la depense dans son ensemble. les pays a faible revenu et riches en ressources naturelles, en Cette constatation montre clairement qu'une attention portee particulier ceux depourvus de mecanismes institutionnels en temps opportun a l'entretien reduit la depense necessaire 212 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE pour maintenir Ie systeme routier sur Ie long terme (Harral Figure 10.3 Depense en rehabilitation et entretien par rapport aux et Faiz 1988). l' aide a en partie alimente ce desequilibre en normes faveur de l'investissement. Par exemple, Ie financement fourni Afrique du Sud par l'aide couvre un peu plus de 50 % de l'investissement dans Zambie les routes au Senegal et environ 90 % au Rwanda. Cameroun Le desequilibre en faveur de l'investissement serait encore plus prononce si les budgets d'investissement etaient inte- Namibie gralement executes. En moyenne, les pays ont budgete 50 % Benin de plus que ce qu'ils depensent effectivement pour l'inves- Mozambique tissement routier pendant un cycle budgetaire donne. Cette Tanzanie sous-depense donne lieu a un ratio moyen d'execution Kenya budgetaire de l'investissement d'environ 70 %. Les defi- Ghana ciences dans la planification des projets et les retards dans Rwanda les processus de passation des marches sont les principaux Lesotho responsables. Les pays a revenu intermediaire et ceux qui ont des fonds routiers et des taxes sur Ie carburant sont les Ethiopie plus performants en matiere d'execution de leurs budgets Madagascar d'investissement. Malawi Vne depense d'investissement elevee peut etre justifiee Senegal par de grands travaux de rehabilitation. Sauf au Tchad et Niger en Ethiopie, la depense d'investissement de beaucoup des Ouganda pays etudies est en effet nettement inferieure ou proche de Nigeria ce qui est necessaire pour apurer les retards de rehabilitation Tchad dans une periode (raisonnable) de cinq ans. Neanmoins, des niveaux de depense aussi eleves dans la rehabilitation n'ont -200 -100 a 100 200 300 400 500 du sens que lorsqu'une politique plus large est mise en place Pourcentage de deviation par rapport It la norme pour garantir l' entretien adequat de ces routes apres leur I_ Entretien • Rehabilitation 1 rehabilitation. Dans la pratique, la moitie des pays faisant partie de l'echantillon ne consacrent pas les ressources suffi- Source.' Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008; Gwililam et autres, 2008. santes a l' entretien du reseau des routes principales et environ la moitie de ce sous-groupe ne depense meme pas suffisam- En raison de ces couts plus eleves, il est deux fois plus ment pour l'entretien de routine (Figure 10.3). Au Tchad, important de garantir que les normes d'ingenierie soient les au Niger, au Nigeria, au Senegal et en Ouganda, la depense plus rentables possibles. Vne analyse du reseau revele que, consacree a!' entretien des routes n' atteint meme pas la moitie en moyenne, environ 30 % des reseaux des routes princi- du seuil minimum. pales sont con<;:us suivant des normes techniques excessives Les couts unitaires de construction des routes ont recem- par rapport aux volumes de trafic enregistres, et que ces ment grimpe, avec des depassements sur les projets des normes ne sont sous-estimees que dans seulement 10 % de agences multilaterales de l'ordre de 30 % en 2005 et allant ces reseaux. En particulier dans les cas OU il est souhaitable jusqu'a plus de 60 % en 2007, ce qui menace de reduire encore de developper rapidement l'etendue du reseau routier pra- davantage l' adequation des allocations budgetaires actuelles. ticable, comme en Republique democratique du Congo, il 1'inflation a ete considerable pour Ie panier des intrants de peut etre raisonnable d'adopter des normes moins elevees et la construction routiere lies au prix du petrole, mais elle de n'ameliorer Ie niveau des routes que lorsque la croissance n'explique pas tout. Le manque de concurrence effective du trafic ou des engorgements locaux Ie requierent. Environ pour les contrats de travaux publics, avec un petit nombre 15 % des reseaux ruraux sont sous-amenages. Des efforts de soumissionnaires et des ecarts de prix importants entre supplementaires do it etre faits pour adapter les normes les differentes offres, semble etre Ie principal coup able (Van de conception des routes aux conditions et aux materiaux Zyl, Coetzer et Lombard 2008). Des retards substantiels dans locaux afin d'eviter des couts de construction excessifs, en la mise en reuvre des projets contribuent aussi a augmenter particulier pour les routes a faible trafic. les couts. Les routes: etendre Ie programme 213 Etat des routes - Reflet de la qualite climatiques fondamentales. Les pays montagneux et humides de la gouvernance du secteur ont generalement des routes en moins bon etat, sur leurs reseaux tant principaux que ruraux, pour des raisons liees au Environ la moitie du reseau principal est en bon etat et un climat plutot qu'au trafic. tiers supplementaire est dans un etat acceptable, tan dis que Meme en controlant Ie revenu et Ie climat, on observe seulement un quart du reseau rural est en bon etat et un autre des differences de qualite substantielles dans les routes des quart dans un etat acceptable (Figure 10.4). differents pays, en fonction de la qualite des institutions de Les differences importantes exist ant dans la qualite des leur secteur routier et de leur cadre de fin an cement. Les pays routes sont Ie reflet de plusieurs facteurs interconnectes. Tout ayant ala fois des fonds routiers et des agences routieres ont d' abord, leur accessibilite financiere. Le PIB par habitant est des routes en bien meilleur etat que ceux qui n'en ont pas. Ie plus fortement correle avec Ie pourcentage du reseau rou- De plus, tant la conception du fonds routier que Ie niveau tier principal en bon etat, ce qui suggere que les pays plus des taxes sur Ie carburant semblent influencer de maniere riches ont ten dance a depenser plus en maintenance. Toute- significative la qualite du reseau routier principal, bien que, fois, il n'y a pas de relation claire dans Ie cas des routes rurales. encore une fois, 1'impact sur la qualite des routes rurales so it En second lieu, il y a certaines influences topographiques et beaucoup moins prononce. La principale exception, l'Afrique Figure 10.4 Distribution de la longueur du reseau routier en fonction des categories d'etat des routes, par pays -- a. Reseau principal b. Reseau rural Afrique du Sud Burkina Faso - III Burkina Faso Ghana -- Kenya Namibie Kenya Malaw i -- -- Ethiopie Tchad Malaw i Namibie Ghana Cameroun Zambia Mozambique Niger Cameroun - Ethiopie Lesotho Niger Tanzanie Nigeria Afrique du Sud Madagascar Cote d'ivoire Tanzanie Benin Tchad Senegal - Senegal Mozambique -- Lesotho Zambie - Benin Nigeria Rwanda Ouganda Cote d'ivoire - ... o 25 50 75 -- -- 100 Madagascar Ouganda Rwanda a 25 So 75 100 Pourcentage de la longueur du reseau routier Pourcentage de la longueur du reseau routier ,_ Bon D Moyen • Mediocre' Source: Gwilliam et autres, 2008 214 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE du Sud, possede d'excellentes routes principales, alors qu'elle dans les zones agricoles abritant 80 % de la valeur de produc- ne dispose d'aucun fonds routier conventionnel de seconde tion la plus €levee dans chaque pays; et d) situer la population generation, mais a une agence routiere tres efficace et bene- urbaine dans un rayon de 500 metres d'une route supportant ficie d'un engagement stable de 1'Etat envers Ie fin an cement un service de bus roulant en to ute saison. adequat de l' entretien des routes. Sur la base de ce programme, les besoins de depense pour On observe etonnamment peu de difference dans la valeur Ie secteur des routes s'elevent a 9,6 milliards de dollars EU patrimoniale du reseau routier en pourcentage de sa valeur par an, essentiellement pour les depenses d'investissement potentielle si la totalite du reseau etait en bon etat. Tous les (Tableau 10.2). A cause de la maturite de leur reseau routier, pays realisent au moins 70 % de ce potentiel, ce qui suggere les pays a revenu intermediaire rep res en tent seulement un que les efforts de maintenance sont relativement bien centres peu plus de 10 % de ce total. A part dans les pays a revenu sur la preservation du reseau a haute valeur des routes reve- intermediaire, environ deux tiers des besoins de depense sont tues. En outre, les series chronologiques limitees dont nous destinees aux investissements, Ie restant a 1'exploitation et disposons indiquent que la plupart des pays ont ameli ore la maintenance. Dans 1'ensemble, la region do it donc consacrer qualite de leurs routes au cours des dernieres annees. 1,5 % du PIB aux routes, dont 0,6 % du PIB necessaire pour La bonne gouvernance est donc essentielle pour preserver l'entretien des routes. Toutefois, Ie fardeau pour les Etats fra- la qualite des routes a travers un financement budgetaire ade- giles a faible revenu est extremement lourd - superieur a 7 % quat et une agence publique de mise en ceuvre competente et du PIB. professionnelle. Les pays dotes d'un fonds routier et de taxes La depense actuelle du secteur s' eleve a 6,9 milliards de elevees sur Ie carburant reussissent beaucoup mieux a lever dollars EU par an, substantiellement moins que ce qui est des financements qui se traduisent par plus de depenses dans necessaire (Tableau 10.3). La depense est particulierement 1'entretien des routes. Les pays ayant des fonds routiers et des faible dans les Etats fragiles et atteint a peine un dixieme des agences routieres quasi independantes ont des reseaux de besoins. Le secteur public finance les deux tiers de la depense routes principales d'une qualite largement superieure. du secteur des routes et plus de la moitie de ses investisse- ments. Dans les pays a faible revenu - fragiles ou non - envi- ron la moitie de la depense du secteur est financee par les Besoins de depense dans I'infrastructure - bailleurs de fonds. La contribution du secteur prive au finan- Une moyenne de 1,5 % du PIB par an cement des routes en Afrique est pratiquement negligeable. Les financiers n'appartenant pas a 1'Organisation de coope- Un modeste ensemble d'objectifs de connectivite pourrait ration et de developpement economiques ne contribuent pas viser a : a) relier les grandes villes aux frontieres internatio- de maniere notoire ace secteur. nales par une route revetue a deux voies, de bonne qualite ; La mise en ceuvre de reformes axees sur l' efficacite pourrait b) relier les villes intermediaires et les capitales provinciales degager 3,8 milliards de dollars EU par an, ce qui eliminerait par une route revetue a une voie, de bonne qualite ; c) porter en grande partie l' ecart de financement, excepte dans les Etats a 100 % la proportion de la population rurale vivant dans un fragiles. Le plus important potentiel de gains d' efficacite reside rayon de 2 kilometres d'une route praticable en to ute saison dans la realisation d'une bonne maintenance preventive qui, a Tableau 10.2 Besoins de depense du secteur routier Milliards de dollars EU par an Pourcentage du PIS Exploitation Exploitation Depense et Depense Depense et Depense d'investissement maintenance totale d'investissement maintenance totale Afrique subsaharienne 5,98 3,65 9,63 0,93 0,57 1,50 Revenu intermediaire 0.40 0,46 0,86 0,15 0,17 0,32 Faible revenu, fragile 1,89 0,83 2.72 4,92 2,15 7,07 Faible revenu, non fragile 1,84 1.23 3,07 1,67 1,11 2,78 Riche en ressources 1,86 1,14 3,00 0,84 0,51 1,35 Source.' Carruthers, Knshnamanl et Murray 2008 Note: il est possible que les totaux ne soient pas exacts en raison d'erreurs d'arrondi Les routes: etendre Ie programme 215 Tableau 10.3 Flux de financement en faveur du secteur des routes explOitation et Maintenance Depense d'investissement Secteur Secteur Financiers Depense Type de pays public public APD nonOCDE PPI Total totale Afrique subsaharienne 1,45 3,22 1,80 0,37 0,05 5,44 6,88 Revenu intermediaire 0,41 1,21 0,09 0,02 0,05 1,37 1,77 Faible revenu, fragile 0,06 0,19 0,23 Om 0 0,45 0,50 Faible revenu, non fragile 0,61 0,58 1,24 0,14 0 1,96 2,57 Riche en ressources 0,31 1,29 0,23 0,17 0 1,69 2,01 Source.· Briceno-Garmendla, Smits, et Foster 2008. Note. L'exploitation et maintenance comprend les autres depenses recurrentes. APD = Aide publique au developpement , OCDE = Orgamsation de cooperation et de developpement economiques, PPI = participation privee dans I'inlrastructure. Les totaux peuvent ne pas etre exacts en raison d'erreurs d'arrondi moyen terme, pourrait reduire considerablement les investis- thorn et Raballand 2008). Bien que l'infrastructure routiere sements necessaires pour apurer les retards de rehabilitation. correspondante so it generalement en bon etat, les engorge- Cela permettrait d'economiser une somme de 1,9 milliard de ments administratifs aux frontieres et dans les ports main- dollars EU par an. Les faibles taux d'execution des budgets tiennent extremement basse la vitesse effective de transit sur d'investissement contribuent egalement a freiner l'investisse- ces routes (generalement a moins de 10 kilometres a l'heure). ment public dans les routes. Si ce probleme etait resolu, on Meme pour Ie trafic national, les tarifs exceptionnellement pourrait obtenir quelque 1,3 milliard de dollars EU supple- eleves du transport routier dans certaines regions d' Afrique mentaires chaque annee. Enfin, certains pays ont des diffi- - atteignant 0,13 dollar EU par tonne-kilometre en Afrique cultes pour collecter les recettes dues aleurs fonds routiers. La centrale - resultent de marges beneficiaires elevees (60- resolution de ce probleme permettrait d'obtenir 0,6 milliard 160 %) plutot que d'un quelconque desavantage lie aux couts de dollars EU de res sources annuelles supplementaires. (Tableau 10.4). Des ecarts prononces de performance existent entre les differentes sous-regions. Les resultats les plus mediocres sont Services de transport - Le probleme oublie enregistres en Afrique centrale et de l'Ouest et les meilleurs en Afrique australe. l' Afrique de l'Est obtient des resultats Les interventions dans Ie secteur des routes se sont tradition- intermediaires. Ces differences s'expliquent par l'existence de nellement centrees sur la construction et l'amelioration de cartels dans l'industrie des transports en Afrique centrale et l'infrastructure « dure ». Cependant, ce qui importe en fin de l'Ouest, ainsi que par Ie cadre reglementaire appliquant de compte du point de vue economique, c'est a quel point les Ie tour de role. Ce cadre est base sur Ie part age du marche et routes soutiennent des services de transport efficaces, fiables l'assignation centralisee du fret qui limite Ie kilometrage des et surs pour les differents types de fret, ainsi que pour les vehicules et sape l'incitation a ameliorer la qualite de la £lotte. populations urbaines et rurales. Meme si c' est generalement En Afrique australe, en revanche, une bien plus grande part Ie secteur prive qui fournit ces services, les Etats ont un role du trafic des marchandises est assignee atravers des contrats essentiel a jouer en tant que regulateur et facilitateur de la bilateraux concurrentiels etablis entre clients et transporteurs. prestation des services de transport. Ces questions de trans- port « souples » meritent une plus grande attention. Transport routier rural La plus grande partie du transport rural se fait a proximite des Transport routier des marchandises villages. Les trajets portent generalement sur de courtes dis- Plutot que la qualite de l'infrastructure routiere, ce sont les tances et de petits chargements transportes sur des chemins, structures de la regIe mentation et du marche de l'industrie habituellement pour la pratique d'activites commerciales, du transport routier des marchandises qui determinent la Ie transport de l'eau et du bois de chauffage, et les cultures performance dans les corridors internationaux (Teravanin- et les animaux. La plupart des trajets sont effectues a pied. 216 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Tableau 10.4 Aper~u des parametres des du transport routier des marchandises sur les principaux corridors internationaux Oensite du commerce Vitesse implicite Tarif du transport Routes en (millions de dollars (Kilometres (millions de dollars Marges Corridor bon etat(%) EU par kilometre) par heure) EU par tonne-kilometre) beneficiaires(%) Occidental 72 8,2 6,0 0,08 80 Central 49 4,2 6,1 0,13 70-160 Oriental 82 5,7 8,1 0,07 70-90 Austral 100 27,9 11,6 0,05 20-60 Source.' Teravanlnthorn et Raballand 2008. Le transport non motorise, comme la bicyclette, est souvent kilometres par jour. La qualite du transport public est donc inabordable et, lorsqu'un moyen de transport mecanique insuffisante, avec des longues peri odes de marche it pied et est disponible dans Ie menage, il est generalement monopo- d'attente qui doublent generalement Ie temps passe dans les lise par Ie chef de famille masculin. Changer cette pratique vehicules. Les vehicules sont en general bondes, en particulier peut s'averer une tache culturelle ardue. Dans certaines par- les grands bus. A environ 0,30 dollar, Ie cout moyen d'un aller ties de I' Afrique, I'utilisation des bicyclettes par les femmes simple est cher pour les budgets des menages. Les reglemen- peut etre jugee inconvenante. Neanmoins, lorsque suffisam- tations vis ant it maintenir les prix des billets des grands bus ment de femmes commencent it I'utiliser et que les avantages it un niveau inferieur it ceux des minibus ainsi que des refe- pour l'ensemble du menage deviennent evidents, la pratique rences de couts inappropriees ont contribue it la disparition beneficie rapidement de l'approbation sociale, comme c'est des grands bus. Ie cas dans certaines parties du Burkina Paso. Les trajets en La propriete des minibus est en general extremement frag- dehors des villages avec des moyens de transport motorises, mentee et la plupart des entrepreneurs individuels ne posse- depuis les villages jusqu'aux villes-marches et des villes vers dent pas plus d'un ou deux vehicules, habituellement loues it les grandes agglomerations, sont moins courants. Loffre est des chauffeurs. Les organisations, associations ou syndicats generalement fragmentee et informelle et les communautes puissants qui organisent Ie secteur et mettent en place un rurales sont souvent des marches captifs pour les detenteurs certain degre d'autoreglementation, generalement base sur de monopoles locaux. un partage equitable du marche par Ie biais du systeme de tour de role, compensent la grande fragmentation du marche. Transport routier urbain Cette approche contribue de maniere significative au faible Les bus constituent Ie mode de transport public habituel dans niveau d'utilisation des vehicules et aux longues periodes de la plupart des villes (Kumar et Barrett 2007). A l'exception marche it pied et d'attente aux stations. de quelques cas, les minibus sont beaucoup plus utilises que Meme si elle ne concerne pas uniquement la situation du les grands bus. Environ deux fois plus de trajets sont effec- transport urbain, la securite routiere est aussi un probleme tues par les minibus et les taxis collectifs que par les grands tres important dans la plupart des pays africains. Au debut des bus. Lutilisation de motos pour Ie transport commercial s'est annees 2000, on recensait chaque annee pres de 3 000 morts egalement developpee tres rapidement au cours de ces der- sur les routes du Kenya, soit environ 68 morts pour 1 000 nieres annees, principalement en it cause du mauvais etat des vehicules enregistres, un taux 30 it 40 fois superieur it celui routes et de l'incapacite des compagnies de bus it faire face it la des pays fortement motorises. Les accidents de la circulation demande croissante. De petits reseaux ferroviaires de banlieue representent la troisieme cause de mortalite apres la malaria et existent dans quelques villes, mais ne rep res en tent en aucun Ie VIH/SIDA et sont it I' origine de problemes majeurs de sante cas plus de 2 % du marche. publique en termes de couts d'invalidite et de soins de sante. Loffre est insuffisante et les tarifs eleves. La plupart des villes africaines offrent 30 it 60 sieges de vehicules de trans- port public pour 1 000 residents, mais seulement 6 sieges L'avenir - Elargir I'agenda de la reforme de grands bus pour 1 000 habitants (contre 30 it 40 dans les pays it revenus intermediaires). La faible capacite de la flotte Lagenda de la reforme institutionnelle do it etre complete et des vehicules, pourtant limitee, est accentuee par son utili- eIargi afin d'englober les besoins de connectivite tant urbains sation reduite, avec des vehicules parcourant moins de 200 que ruraux. Cette connectivite ne concerne pas uniquement Les routes: etendre Ie programme 217 l'infrastructure physique mais aussi Ie cadre reglementaire leur recouvrement complet. Une administration efficace est regissant les services de transport. La recente hausse - qui donc elle aussi importante. continuera probablement a s'accentuer - des couts uni- Les agences routieres de mise en ceuvre efficaces consti- taires routiers affectera les budgets de transport deja limites. tuent un complement indispensable aux fonds routiers, afin La securite routiere demeure elle aussi preoccupante. Pour de garantir une depense appropriee des ressources. Cepen- relever ces defis, il faudra porter une attention continue a la dant, les agences routieres quasi autonomes ne sont pas creation de structures d'agences efficaces pour gerer les pro- encore aussi rep an dues que les fonds routiers. De plus, beau- grammes routiers et renforcer les capacites de contr61e de coup d'entre elles manquent de bonnes pratiques, en particu- l'Etat. L'agenda comprend les points suivants : lier en termes d'autonomie et de representation des usagers au sein des conseils d' administration. Un facteur cle de succes • Achevement des reformes institutionnelles semble etre I'adoption de contrats de maintenance bases sur • Augmentation de l'accessibilite rurale la performance, qui sont toujours moins repandus en Afrique • Developpement des services de transport urbain que dans d'autres regions du monde. • Liberalisation du transport routier des marchandises Meme si les agences peuvent surmonter les contraintes • Adaptation a la hausse des couts unitaires de salaires et de processus du secteur public, les structures • Amelioration de la securite routiere. etatiques doivent neanmoins exercer des fonctions cles : a) determiner les normes de qualite des routes; b) effectuer la classification des routes; et c) definir des objectifs de pla- Achevement des rt!formes institutionnelles nification a long terme. Les Etats continueront a formuler Les pays disposant de fonds routiers parviennent mieux a la politique des transports et a reglementer et superviser les orienter les frais et la depense d' entretien des routes vers les nouvelles institutions routieres. S'ils n'exercent pas ces fonc- segments qui maximisent la valeur du reseau, tan dis que ceux tions efficacement, les nouvelles institutions seront appelees a qui ont aussi des agences routieres consacrent des ressources en souffrir. Par exemple, les fonds routiers pourraient ne pas plus importantes a l'amelioration de la qualite des routes. obtenir les ressources supplementaires dont ils ont besoin et Bien que les reformes du secteur soient repandues, une ana- les agences routieres ne pas etre en mesure de produire des lyse plus approfondie revele que la qualite et l'ampleur de ces programmes realistes d'amelioration du reseau. reformes varient considerablement d'un pays a l'autre. Les fonds routiers doivent etre con<;:us suivant des criteres Augmentation de l'accessibilite rurale reconnus de bonnes pratiques. Les principales deficiences L'accessibilite totale aux routes pour l'ensemble de la popu- incluent a) un manque de representation des usagers au sein lation rurale en Afrique requerrait une vaste expansion du des conseils d' administration des fonds routiers ; b) l' absence reseau des routes praticables en toute saison, dont la longueur de mecanismes de transfert direct permettant de garantir que devrait etre pratiquement triplee. Pour beaucoup de pays, cet les ressources issues des taxes sur Ie carburant parviennent objectif est vraisemblablement inabordable a moyen terme, ce directement aux fonds (sans passer par les budgets natio- qui met en evidence la necessite de soigneusement selection- naux) ; c) une solide base legale pour les fonds routiers afin ner les investissements dans les routes rurales et determiner de preserver leur autonomie; d) des regles d'allocation claires leurs priorites. Une maniere de Ie faire consiste a aligner stra- pour les ressources des fonds routiers ; et e) un manque tegiquement les investissements dans les routes rurales sur les d'analyse economique systematique orientant l' allocation des programmes de developpement agricole au niveau national, ressources. Certains elements indiquent que les avant ages des de fa<;:on a donner la priorite aux routes rurales susceptibles fonds routiers sont plus importants lorsque les pays adop- d'avoir l'impact Ie plus important sur la productivite agri- tent pour leur conception la totalite des criteres de bonnes cole et l'acces aux marches. Une etude recente portant sur pratiques. l'Afrique centrale suggere que les investissements les plus Les taxes sur Ie car bur ant doivent etre fixees a un niveau interessants dans les routes rurales pourraient se situer dans suffisant et soutenues par un mecanisme de prelevement effi- les zones se trouvant a une certaine distance des principaux cace. Bien que de nombreux pays appliquent des taxes sur marches urbains, mais dans un rayon neanmoins raisonnable, Ie carburant, seul une partie d'entre eux applique des taxes car dans ces cas-la, les investissements dans les routes rurales suffisamment elevees (plus de 0,10 dollar EU par litre) pour peuvent constituer l'intervention critique indispensable a l' ac- generer des revenus a la mesure des besoins d'entretien des cessibilite des marches (Bricefio-Garmendia et autres 2009a, routes. Meme dans les cas OU Ie niveau des taxes est correct, 2009b). En revanche, les investissements routiers dans les des problemes dans la collecte des recettes peuvent empecher zones rurales tres isolees pourraient etre moins interessants, 218 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE dans la mesure OU ils n'amelioreraient pas suffisamment les formel garantissant sa responsabilite en matiere de routes temps globaux de deplacement pour fournir un acces appro- locales. Meme si 60 % des revenus des fonds routiers sont prie aux marches. generalement alloues au reseau routier interurbain principal, Compte tenu de 1'ampleur considerable du reseau rou- les pays en ont, a des degres divers, cons acre une certaine par- tier rural potentiel en Afrique, Ie controle des couts unitaires tie a 1'entretien des reseaux routiers ruraux. Cette approche devient une question particulierement critique. Les respon- semble efficace. Dans les pays qui consacrent au moins 0,015 sables des politiques sont confrontes a un choix difficile entre dollar EU de leurs taxes sur Ie carburant aux routes rurales, les normes de construction des routes rurales et 1'etendue du 36 % des reseaux ruraux sont en bon etat, contre 21 % dans reseau rural qui peut etre developpe sur la base d'une enve- les pays qui ne Ie font pas. loppe budgetaire determinee. Ce choix souleve des ques- H n'est ni realiste ni efficace de chercher a renforcer la tota- tions a propos du type de routes rurales dont les agriculteurs lite des capacites de to utes les fonctions de gestion dans cha- ont reellement besoin. Dans de nombreuses communautes cune des administrations et communautes locales. Les reseaux rurales, les volumes de production sont parfois nettement des pouvoirs publics locaux pris separement sont petits et les inferieurs au seuil justifiant 1'utilisation d'un camion pour contrats de gestion avec une administration locale indivi- ramasser les produits cultives, et des routes plus simples, duelle peuvent etre trop modestes pour attirer des cabinets plutot axees sur une accessibilite pour les vehicules a deux de consultants competents. A Madagascar, la taille moyenne roues ou les charrettes a traction animale, peuvent etre plus des reseaux des administrations locales est de 140 kilometres; appropriees (Raballand et autres 2009). A d'autres endroits, au Cameroun et au Nigeria, elle atteint 180 kilometres et en 1'accessibilite en to ute saison peut etre obtenue simplement Tanzanie et en Zambie, 280 kilometres. Tous ces reseaux sont moyennant des ameliorations ponctuelles de points vulne- bien loin des 500 a 2 000 kilometres necessaires pour justifier rabIes (tels que les ruisseaux et lits des cours d'eau) sans qu'il 1'emploi d'un ingenieur dans une unite locale. Des comites de ne soit necessaire d'ameliorer Ie revetement des routes sur services conjoints entre autorites locales peuvent obtenir des toute leur longueur. economies d'echelle dans la passation des marches des auto- Quel que soit l'objectif choisi pour Ie developpement des rites qu'ils representent, mais requierent habituellement une routes rurales, Ie fin an cement reste sans doute un probleme. assistance technique substantielle de la part des ministeres Les ressources propres mobilisees par les pouvoirs publics centraux ou des bureaux regionaux d'une auto rite routiere locaux sont modestes et proviennent principalement des taxes principale. Dans les pays disposant d'une auto rite routiere sur les commerces et les entreprises. Dans de nombreux pays, autonome responsable des routes principales, les pouvoirs les transferts entre les niveaux de pouvoirs constituent, par publics locaux peuvent signer des contrats avec celle-ci pour consequent, la principale source de financement interieure qu' elle gere les routes en leur nom ou les assiste dans les taches pour la depense des administrations locales. Cette situation de planification et de passation des marches. pose trois problemes majeurs. En premier lieu, dans la quasi- Certains pays centralisent la responsabilite technique des totalite de I' Afrique subsaharienne, moins de 5 % des revenus routes rurales. S'appuyer sur un ministere des routes ou sur publics totaux sont en general alloues aux administrations un autre ministere central pour la gestion des routes rurales locales responsables de la gestion des reseaux ruraux. En deu- presente 1'avantage d'offrir un canal formel pour Ie support xieme lieu, les budgets generaux consacrent rarement des technique. Toutefois, l'inconvenient est que Ie ministere opere fonds suffisants a 1'entretien des routes principales, et encore souvent de maniere totalement independante de la structure moins a celui des routes rurales. En troisieme lieu, les alloca- des pouvoirs publics locaux et n'est donc pas toujours bien tions en capital et recurrentes aux pouvoirs publics locaux au courant des besoins et des developpements locaux. En ne sont generalement pas fongibles et 1'allocation destinee principe, une unite centrale de coordination pour les routes aux depenses recurrentes peut a peine couvrir les sal aires de relevant des pouvoirs publics locaux devrait travailler d'une 1'unite responsable des routes rurales. De plus, Ie cycle bud- maniere aussi efficace que Ie departement des routes rurales getaire determine ces transferts, de sorte que ceux allant des des pouvoirs publics centraux. Dans la pratique, cependant, pouvoirs publics cent raux vers les pouvoirs publics locaux ne les unites de coordination des routes relevant des pouvoirs sont generalement ni adequats ni dans les temps pour assurer publics locaux ne sont pas toujours aussi fortes qu'elles 1'entretien des routes relevant des pouvoirs publics locaux. devraient 1'etre, comme 1'illustre 1'experience de la Tanzanie Un fin an cement suffisant et regulier de l' entretien assure et de la Zambie a la fin des annees 90. par les pouvoirs publics locaux est plus susceptible d' etre La delegation de la planification, de la passation des mar- obtenu d'un fonds routier dedicace a cet effet, lorsque la legis- ches et de la gestion a deja ete amelioree dans de nombreux lation reglementant Ie fonds routier prevoit un engagement pays grace a l' etablissement des agences d' execution des Les routes: etendre Ie programme 219 travaux d'interet public (AGETIP). Les institutions nationales meilleures telecommunications rurales peuvent contribuer a ont egalement beneficie de leur association au sein d'AFRICA- une adaptation plus efficace des vehicules aux chargements. TIP et de l' aide des bailleurs de fonds. Il reste cependant de Compte tenu du pouvoir monopolistique des prestataires de nombreux domaines a ameliorer dans Ie travail des AGETIP, services, les communautes peuvent s'organiser pour augmen- en particulier en ce qui concerne leur capacite technique, la ter leur pouvoir de negociation grace a un groupe de pression qualite des etudes preliminaires et la supervision des contrats, collectif. Les subventions a 1'exploitation sont generalement ainsi que les retards dans la mise en ceuvre des projets (Diou, irrealisables, mais 1'octroi de credits pour 1'achat de vehicules, Henry et Demy 2007). eventuellement en combinaison avec des programmes de cre- Les options ne sont pas mutuellement exclusives. Par dit agricole, est une option a envisager. exemple, un comite conjoint de services peut avoir recours a des consultants prives engages atravers une agence de gestion Developpement des services de transport urbains des contrats. La meilleure option pour la gestion des routes Le transport public urbain requiert une attention simulta- rurales depend de nombreux facteurs locaux, dont la taille nee et integree a la planification des structures urbaines, a la des administrations, la nature du reseau et la competence du construction et a l'entretien des infrastructures et a 1'organi- secteur prive ou des organes superieurs de 1'autorite publique. sation des services de transport. Dans la pratique, ces trois L'infrastructure communautaire, incluant principale- fonctions fondamentales relevent rarement de la competence ment des routes et pistes non classifiees dont aucun niveau d'une seule et meme institution, et meme lorsqu'elles sont de pouvoirs publics officiels n'assume la responsabilite, est aux mains des pouvoirs publics cent raux, elles impliquent confrontee a des problemes specifiques. Les contributions, en generalement l'intervention de plusieurs ministeres. Seules especes et en nature, des communautes sont particulierement quelques villes africaines ont des agences dotees de respon- appropriees pour les routes et les pistes communautaires, sabilites metropolitaines et assumant des fonctions vraiment meme si les contributions en nature peuvent etre inefficaces importantes. Lorsqu'elles existent, ces agences n'ont pas Ie et si d'autres sources en especes sont necessaires. Le partage pouvoir executif suffisant pour mettre en ceuvre leur vision et des couts entre les communautes locales et d'autres agences elles doivent travailler par l'intermediaire d'autres organismes publiques ou exterieures peut aider a augmenter Ie volume publics. des res sources mobilisees et, par consequent, la proportion du Les dispositions institutionnelles pour les routes urbaines reseau qui beneficie d'un entretien periodique. Un finance- sont souvent complexes. La legislation relative aux routes ment bien structure des bailleurs de fonds, via des projets de est generalement separee de celle des services de transport, routes rurales ou des fonds infrastructurels sociaux et com- et plusieurs organes nationaux et locaux partageant souvent munautaires ou ruraux peut soutenir 1'investissement dans les juridictions. A Conakry, en Guinee, plusieurs institu- les infrastructures communautaires. Le partage des couts peut tions sont responsables pour les segments du reseau routier. aussi etre une solution efficace pour l'entretien des routes A Accra, au Ghana, la responsabilite du transport urbain a communautaires. Beaucoup d'autorites locales africaines ont ete transferee de 1'administration centrale a 1'administration plus de routes a entretenir que de fonds a y affecter et Ie par- locale, au moins en principe. Cependant, les gouvernements tage des couts avec les communautes merite d'etre envisage. locaux n'ont ni les ressources ni les competences techniques Le manque de competence technique constitue souvent necessaires pour exercer les fonctions qui leur sont assignees, un obstacle a la gestion communautaire. Les communautes de sorte que c' est Ie ministere des Transports (a travers Ie de 1'Afrique subsaharienne ont besoin de conseils techniques departement des routes urbaines) qui est responsable, dans (pour la conception et les normes des routes, les materiaux la pratique, de l'entretien et du developpement des routes. appropries, la planification des travaux) et de conseils de ges- En ce qui concerne Ie marche du transport des passagers, tion (pour la comptabilite financiere, la gestion des contrats, 1'autoreglementation des associations et cartels d'operateurs la passation des marches) pour exercer les responsabilites qui a fige la fragmentation des activites informelles et les proce- vont de pair avec la propriete des routes. dures institutionnalisees peu rentables. L'offre est inadequate Pour les services de transport ruraux, les principaux pro- et couteuse. Il existe deux options principales pour remedier blemes concernent 1'accroissement de la qualite des services acette situation: les vehicules de taille petite et moyenne, et et Ie maintien des prix a un niveau abordable. La priorite dans les gran des agglomerations, Ie railleger. pour les services de transport en zones rurales do it etre de En principe, les services traditionnels et disciplines de maintenir tout au long de 1'annee une accessibilite de base grands vehicules pourraient etre retablis, mais des tentatives pour tous les types de vehicules susceptibles d' etre utilises. Le de ce type - a Dakar (Senegal), Accra et dans d'autres villes volume de 1'acces est encore plus important que sa qualite. De - ont echoue. L' association de vehicules de grande taille avec 220 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE de grandes entreprises publiques monopolistiques tradition- a la qualite et au comportement operationnel, comme dans nelles a rendu celles-ci vulnerables a l'intervention politique les efficaces marches du transport routier de l'Europe et des et aux deficiences dans Ie controle des couts, qui ont ete les Etats-Unis. premieres causes de leur disparition. En outre, meme si des La protection nation ale semble garantir une part « equi- subventions peuvent etre necessaires pour maintenir Ie niveau table» du trafic aux transporteurs de chacun des parten aires des services et l'accessibilite financiere des tarifs, la subven- nationaux d'un marche de transit. Elle s'applique a travers tion illimitee d'un operateur public est souvent plus suscep- des quotas qui reduisent l'utilisation des vehicules et augmen- tible de profiter aux cadres et aux employes qu'aux passagers. tent par consequent les couts. Elle est souvent soutenue par Pendant un certain temps, les vehicules de taille petite et l'application de tarifs reglementes, qui privent l'expediteur de moyenne doivent faire partie de la structure, non seulement la possibilite de chercher a obtenir de meilleures conditions. parce que peu d'Etat ont les ressources budgetaires neces- L'alternative consiste a combiner l'acces libre au marche avec saires pour retablir un secteur de transport par grands bus, une application rigoureuse de regles nationales de compor- alors que Ie secteur prive hesite a investir dans de grands tement operationnel et de securite dans tous les pays. Les vehicules. Les options a court terme consistent donc a faire systemes reglementaires pourraient combiner un controle de con fiance a une autoreglementation du secteur, qui a gene- qualite strict avec des approches liberales de la tarification et ralement echoue, ou a mettre en place des structures concur- d'entree sur Ie marche. S'engager dans cette direction impli- rentielles, so it « pour» soit « dans» Ie marche, afin de susciter querait l' elaboration de strategies internationalement accep- la confiance privee dans un marche prive bien gere. nest aussi tees pour ameliorer l'eventail des elements sur les principaux possible d'essayer de stimuler une augmentation de la taille corridors de transit et renforcer la mise en application des des vehicules, comme en Afrique du Sud. Ce type de strate- reglementations en matiere de surcharge. gie a obtenu un succes modere dans quelques pays de I' Asie Rompre Ie statu quo reglementaire en Afrique centrale et centrale. de l'Ouest est une tache ardue, en raison de la coalition des Dans les grandes villes, des systemes routiers de voies groupes d'interets qui s'opposent au changement. Les trans- reservees, comme un transport rapide par bus ou un service porteurs ont de forts moyens de pression sur les auto rites de (plus couteux) de rail leger, peuvent jouer un role significatif. haut niveau, dans la mesure OU ils disposent d'un pouvoir de De tels developpements sont envisages actuellement a Dar es monopole suffisant pour bloquer Ie commerce. n y a aussi des Salaam en Tanzanie et a Lagos au Nigeria, mais en sont encore problemes de gouvernance, etant donne que certaines auto- au stade experimental. rites de haut niveau possedent ou controlent indirectement des camions ou des entreprises de transport et profitent donc Liberalisation du transport routier des marchandises du statu quo et des systemes actuels de part age du marche. Les tarifs du transport des marchandises appliques dans la La dereglementation de l'industrie du camionnage en majeure partie de l'Afrique sont inutilement eleves a cause Afrique centrale et de l'Ouest s'apparente donc davantage des reglementations restrictives et du faible niveau de concur- a un defi politique et social qu'a un defi technique. La pre- rence entre les transporteurs. L'aspect Ie plus prejudiciable de occupation majeure est la reduction potentielle du nombre l'organisation du camionnage est la combinaison de l'autore- de cam ions en vue d'une adaptation a la demande de trans- glementation avec la protection nationale. Les deux favorisent port routier. Cette reduction pourrait entrainer une baisse les interets des operateurs nationaux en place au detriment de de l'emploi et des benefices dans Ie camionnage, etant donne leurs clients. Elles creent des conditions favorables a la corrup- que certaines entreprises (ou operateurs-proprietaires) dis- tion tout en ne resolvant pratiquement aucun des problemes paraitraient et d'autres retreciraient. De tels impacts sociaux socialement couteux, tels que la surcharge des vehicules. Ces devraient etre attenues. n ya des chances que la coalition des deux domaines offrent des alternatives. groupes d'interets opposes au changement dans Ie marche L'autoreglementation est un moyen d'assurer la disci- du transport de la majorite des pays d' Afrique centrale et de pline routiere dans un marche excessivement fragmente. l'Ouest ne puisse resister aux reformes si des programmes Elle comb Ie Ie vide cree par l'absence d'une reglementation d'indemnisation prennent en charge, du moins en partie, les publique efficace. De par sa nature, elle s'efforce d'assurer couts sociaux. une distribution equitable du trafic entre les membres de Le marche du transport international en Afrique australe l'association, generalement a travers l'onereuse procedure est un bon modele pour Ie reste du continent, car il com- operationnelle de la repartition par tour de role. L'alternative bine la liberalisation de l'entree sur Ie marche avec l'appli- consiste a combiner une liberte d'acces au marche et de tari- cation de regles de qualite et de controle des charges a tous fication, avec une application independante de regles relatives les operateurs. Les operations au depart et a destination de Les routes: etendre Ie programme 221 1'Afrique du Sud sont regies par des accords bilateraux qui vraisemblablement leur ten dance a la hausse contraignant garantissent Ie partage d'information sur l' evolution du trafic encore plus des budgets sectoriels deja limites. En plus des et de finis sent les types de permis qui peuvent etre delivres. Ce mesures visant a ameliorer la passation des marches, il est systeme reserve Ie transport des marchandises du commerce egalement important de considerer comment concevoir les bilateral aux operateurs des deux pays concernes et interdit routes de maniere a diminuer les couts. La construction des Ie cabotage.2 Il n'etablit cependant aucun quota et autorise routes suivant des normes techniques excessives - avec un l' etablissement des tarifs par Ie marche afin de permettre les type de revetement trop cher pour les volumes de trafic pre- transactions directes entre expediteurs et transporteurs et vus - est un probleme dans certains parties de l' Afrique et l'octroi de mesures d'incitation aux operateurs performants. represente un gaspillage de ressources qui doit etre evite. Vne analyse economique scrupuleuse des investissements rou- Adaptation ala hausse des couts unitaires tiers peut eviter 1'utilisation de normes techniques excessives La recente escalade des couts des travaux routiers peut etre dans les reseaux, telle que celle que l' on observe dans certains attribuee a 1'augmentation du prix des intrants dans un pays. De plus, l'experimentation avec des technologies nova- contexte de demande croissante de contrats de construc- trices qui reduisent les couts, en ayant davantage recours, par tion, qui semble avoir ete exploitee dans un environnement exemple, aux materiaux disponibles localement, merite d' etre de concurrence generalement faible. Il n'y a pas de solution prise en consideration. unique. L'inflation du cout des intrants echappe au contr61e des responsables des politiques, mais ils peuvent neanmoins Amelioration de la securite routiere adopter d'autres mesures. Les Etats reconnaissent la gravite du probleme de la securite Vne des questions des est de garantir une concurrence routiere. La Conference panafricaine sur la securite routiere reelle pour l'attribution des contrats. Les agences routieres qui s' est tenue a Accra, au Ghana, en fevrier 2007 a decide de doivent activement mettre les contrats sur Ie marche afin placer la securite routiere au rang des priorites nationales en d'obtenir un choix de soumissionnaires appropries. Si un matiere de sante et de transport. Les domaines de financement ensemble competitif de soumissionnaires n'apparait a aucune comprennent a) Ie renforcement des services pre-hospitaliers etape d'un appel d'offres (par exemple, pendant la phase de d'urgence ; b) 1'integration des questions de conception de preselection), il y a certainement un dysfonctionnement la securite au sein des programmes d'investissement dans les serieux, et 1'agence do it envisager de reporter Ie processus routes; c) la collecte de statistiques fiables sur les accidents jusqu'a ce qu' elle ait identifie et resolu les problemes sous- de la route; and d) la promulgation de legislations nationales jacents. Poursuivre 1'appel d'offres sans un veritable choix de visant a combattre les exces de vitesse, la conduite de vehi- soumissionnaires, en esperant obtenir un prix acceptable, est cules impropres a la circulation, Ie non respect de l' obligation un pari inutile. du port des casques de securite, l'utilisation de telephones Vne meilleure comprehension des tendances de couts mobiles pendant la conduite et la conduite sous l'influence sous-jacents et de leurs relations avec la determination des de l' alcool. prix des contrats est egalement essentielle. Bien que 1'infla- En ce qui concerne les dispositions institutionnelles, Ie tion des coUts echappe au contr61e des auto rites sectorielles, choix se situe entre l'etablissement d'une agence speciale celles-ci peuvent augmenter l' exactitude des estimations de et l'adjonction de competences et procedures de securite cout de conception, ameliorer la tolerance aux fluctuations (comme les audits de securite des projets et politiques) dans des coUts et contr61er les augmentations de couts tout au toutes les agences concernees. Il faut, au minimum, impli- long de la periode de passation des marches. Pour ce faire, quer les agences de transport, d'education et de sante, ce qui les agences doivent mieux comprendre la structure des couts requiert probablement au moins 1'intervention d'une agence sous-tendant les contrats routiers et suivre 1'evolution dans Ie nationale de coordination, telle que Ie Comite national de temps des prix internationaux des principaux intrants. securite routiere au Ghana. Pour disposer d'un pouvoir, La capacite d'execution des projets des agences do it aussi 1'agence doit etre directement responsable vis-a-vis du pre- etre renforcee afin de soutenir la mise en oeuvre des contrats mier ministre ou de son cabinet. L'equivalent urbain serait dans les temps. Les retards resultent souvent d'erreurs dans une unite speciale au sein de l'administration municipale. la planification et la passation des marches des agences sec- Pour ce qui est de la composition du programme, Ie choix torielles, ce qui represente un troisieme domaine d' attention. se situe entre une serie de mesures coherentes et une approche Quelles que soient les ameliorations apportees aux pro- globale de type « big bang ». Dans diverses parties du monde, cessus de passation des marches des agences routieres, les des elements indiquent que les programmes d'action concen- couts unitaires de 1'infrastructure routiere maintiendront tres et multidimensionnels sont les plus efficaces. Le Japon, 222 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE par exemple, a rendu exemplaire une situation catastrophique terns, Issues, and Options", Background Paper 15, Diagnostic en relativement peu de temps en combinant des regles plus des infrastructures nationales en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. severes sur l' etat des vehicules, la vitesse et la conduite en etat d'ivresse avec des camp agnes publicitaires de haut niveau et Carruthers, Robin, Ranga R. Krishnamani et Siobhan Murray. 2008. "Improving Connectivity: Investing in Transport Infrastruc- une application stricte par la police de la circulation. Vne ture in Sub-Saharan Africa", Background Paper 7, Diagnostic des initiatives les plus reussies en Afrique a ete Ie large pro- des infrastructures nation ales en Afrique, Banque mondiale, gramme mis en reuvre dans la zone de Richards Bay au Kwa- Washington, DC. zoulou-Natal, sur la base d'un modele deja utilise a Victoria, Diou, Christian, Michel Henry et Babaly Deme. 2007. La delega- en Australie. tion de la maitrise d'ouvrage en Afrique en 2007. Republique Avant tout, l'application des regles devra etre amelioree du Senegal, Fonds de conseil en infrastructure publique-privee de maniere significative. L' eradication de la corruption dans et AFRICATIP. http://www.africatip.net/fr/publications/ down- loads/2008-II-II %2006:28:29/RapporCAGETIP _MOD _vfinale. 1'octroi des permis, 1'imposition de comportements appro- pdf. pries sur la route ainsi que 1'inspection et Ie contr6le de 1'etat Gwilliam, Ken, Vivien Foster, Rodrigo ArchondoCallao, Ceci- des vehicules sont des elements essentiels. L'utilisation de la lia Briceno-Garmendia, Alberto Nogales et Kavita Sethi. 2008. technologie pour eliminer l' arbitraire dans la mise en reuvre, "The Burden of Maintenance: Roads in Sub-Saharan Africa", combinee avec des mesures d'incitation du marche bien Background Paper 14, Diagnostic des infrastructures nationales con<;:ues, a donne de bons resultats dans la privatisation de en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. 1'inspection des vehicules au Mexique. Harral, Clell et Asif Faiz. 1988. Road Deterioration in Developing Countries. Banque mondiale, Washington, DC. Notes Kumar, Ajay et Fanny Barrett. 2007. "Stuck in Traffic: Urban Les auteurs de ce chapitre sont Kenneth Gwilliam, Kavita Sethi, Transport in Africa", Background Paper 1, Diagnostic des Alberto Nogales et Vivien Foster. Ils ont utilise la documentation infrastructures nation ales en Afrique, Banque mondiale, et les contributions de Rodrigo Archondo-Callao, Fanny Barrett, Washington, DC. Cecilia Briceno-Garmendia, Robin Carruthers, Arnaud Desmar- Raballand, Gael, Somik Lall, Arnaud Desmarchelier et Patricia chelier, Ranga Krishnamani, Ajay Kumar, Gael Raballand, Karlis Macchi. 2009. "Economic Geography and Aid Effectiveness in Smits et Supee Teravaninthorn. Transport in Sub-Saharan Africm>, Rapport, Departement des 1. Ces reseaux comprennent habituellement un reseau principal transports, Region Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. administre centralement, plus des reseaux secondaires, mais Stankevich, Natalya, Navaid Qureshi et Cesar Queiroz. 2005. au Malawi, au Nigeria, en Afrique du Sud et en Ouganda, seul "Perforrnance-Based Contracting for Preservation and Improve- Ie reseau principal est administre par les auto rites centrales et ment of Road Assets': Transport Note TN-27, Banque mondiale, indus ici. Washington, DC. 2. Le cabotage est la prestation d'un service de transport dans un Starkey, Paul, Iohn Hine, Simon Ellis et Anna Terrell. 2002. "Impro- pays par un operateur etranger. ving Rural Mobility: Options for Developing Motorized and Non- Motorized Transport in Rural Arcas", Technical Paper 525, Banque mondiale, Washington, DC. References Briceno-Garmendia, Cecilia, Vivien Foster, Hyoung Wang, Alvaro Teravaninthorn, Supee et Gael Raballand. 2008. "Transport Prices Federico Barra et Ranga Rajan Krishnamani. 2009a. "Prioritizing and Costs in Africa: A Review of the Main International Corri- Infrastructure Investments in the Democratic Republic of Congo: dors': Working Paper 14, Diagnostic des infrastructures natio- A Spatial Approach", Rapport, Departement du developpement nales en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. durable, Region Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. Van Zyl, Willem, Lynette Coetzer et Chris Lombard. 2008. - 2009b. "Prioritizing Infrastructure Investments in the Republic of "Unit Costs of Infrastructure Projects in Sub-Saharan Africa", Congo: A Spatial Approach", Rapport, Departement du develop- Background Paper 11, Diagnostic des infrastructures nation ales pement durable, Region Afrique, Banque mondiale, Washington, en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. DC. Banque mondiale. 2007. "Road Maintenance Initiative Matrix", Pro- Briceno-Garmendia, Cecilia, Karlis Smits et Vivien Foster. 2008. gramme de transport en Afrique subsaharienne, Banque mon- "Financing Public Infrastructure in Sub-Saharan Africa: Pat- diale, Washington, DC. Chapitre 11 Chemins de fer: a la recherche de trafic es chemins de fer africains ont enormement change au En consequence, certains reseaux ont ferme et de nombreux L cours des 30 dernieres annees. Dans les annees 1980, de nombreux reseaux ferroviaires supportaient une part importante du trafic de leur pays parce que Ie transport routier autres sont dans un etat relativement mauvais, souffrant de retards d'investissements de plusieurs annees. Peu de voies ferrees sont cap abIes de generer des finance- etait in ada pte ou confronte it des reglementations restrictives, ments importants en faveur de l'investissement. En dehors et que les clients des chemins de fer etaient des entreprises eta- des lignes uniquement destinees au transport des mineraux, blies qui n'avaient d'autre choix que d'utiliser les chemins de les investissements sont generalement venus de donateurs fer, soit parce qu'elles y etaient effectivement physiquement bilateraux et multilateraux. Presque to us les services passagers reliees, soit (dans Ie cas des organismes parastataux) parce que restants ne parviennent pas it couvrir leurs couts, et les tarifs les politiques leur imposait d'utiliser d'autres organismes para- des services de fret sont restreints par la competition routiere. publics. Depuis, la plupart des economies nationales et des che- En outre, tant que les chemins de fers seront exploites par les mins de fer nationaux ont ete liberalises. Associee it l' ameliora- pouvoirs publics, les contraintes administratives et Ie manque tion generale des infrastructures routieres, cette liberalisation d'incitations commerciales les empecheront de faire face it la a entraine une intense competition intermodale. Aujourd'hui, concurrence avec succes. Depuis 1993, plusieurs Etats afri- en dehors de 1'Afrique du Sud, peu de chemins de fer autres cains ont reagi en mettant leurs reseaux en concession, en que les lignes specialement dediees au transport des mineraux l'accompagnant souvent d'un programme de rehabilitation sont essentielles pour Ie fonctionnement de l' economie. finance par des institutions financieres internationales. Les reseaux ferroviaires africains sont deconnectes, et Dans la plupart des cas, les concessions ont permis d'ame- beaucoup sont en piteux etat. Bien qu'un systeme complet liorer la performance operationnelle. Bien que les resultats base en Afrique australe aille aussi loin que la Republique aient de mitiges, beaucoup de concessionnaires ont aug- democratique du Congo et l' Afrique de 1'Est, la plupart des mente Ie volume du trafic et ont generalement fonctionne aut res chemins de fer sont des lignes deconnectees reliant les de maniere plus efficace, et il n'y a eu que quelques rares ports it 1'interieur des terres et desservant des marches consi- exemples de comportements monopolistiques. Toutefois, les deres comme petits selon les normes ferroviaires modernes. relations avec les pouvoirs publics se sont souvent revelees La plupart ont ete construits plutot legerement et, en dehors difficiles, particulierement en ce qui concerne la compensa- de Spoornet en Afrique du Sud, peu ont investi dans la tion adequate des obligations liees aux services passagers non modernisation et Ie renouvellement des infrastructures et rentables ; et, de nombreux Etats avaient des attentes irrea- du materiel roulant. De plus, differents conflits et guerres listes manquaient quant it la capacite du secteur prive it ame- ont rendu inutilisables plusieurs connections ferroviaires. liorer les operations et it stimuler les investissements. 223 224 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Les concessionnaires ne semblent disposes a utiliser leurs des lignes appartenaient a l'Etat, bien que certaines aient ete propres fonds que pour la maintenance quotidienne, et non construites en tant que concessions ou, dans Ie cas de certaines pour l'infrastructure. Le financement du renouvellement et exploitations de mineraux, dans Ie cadre des operations d'une de la modernisation des actifs demeure une question ouverte compagnie mini ere. Bien que des plans directeurs ferroviaires pour la plupart du reseau ferroviaire africain. Sans investisse- continentaux aient ete elabores depuis plus d'un siecle, la ments dans l'infrastructure, la concurrence des reseaux rou- plupart des reseaux ferroviaires africains restent deconnec- tiers menacera la survie du transport ferroviaire, sauf pour tes, operant au sein d'un seul pays ou reliant un port a son Ie transport de mineraux a grande echelle. Bien que la mise arriere-pays regional immediat. Le seul reseau international en concession ait generalement ameli ore Ie service et reduit d'importance est concentre en Afrique australe et s'etend au Ie fardeau financier pour les Etats, elle n'apparait pas comme nord vers Ie Zimbabwe, la Zambie et la Republique democra- une solution complete pour Ie financement des investisse- tique du Congo (Figure 11.1). Le commerce entre pays afri- ments dont les voies ferrees africaines ont besoin. cains (autres qu'en provenance ou a destination de l'Afrique du Sud) a toujours ete minimal, en grande partie a cause de la similitude des produits exportes, ce qui indique que, meme Les reseaux ferroviaires africa ins s'ils existaient, des liens interregionaux seraient peu utilises. Fin 2008, 47 voies ferrees etaient en operation dans 32 pays Faible densite des voies ferrees et du trafic d' Afrique. Le developpement des chemins de fer a suivi un La densite spatiale des reseaux ferroviaires africains, une schema semblable dans presque tous les pays africains : en mesure qui compare la longueur des voies avec la taille du general, des lignes isolees reliaient un port a un centre com- pays, est peu elevee (UIC 2008).1 La plus haute densite spa- mercial ou une mine a l'interieur des terres, puis, au fil du tiale s' eleve a 16 pour I' Afrique du Sud, alors que dans la temps, quelques embranchements ont ete ajoutes. La plupart plupart des autres pays elle se situe entre 1 et 6, tandis que Figure 11.1 Carte des reseaux de chemin de fer africains - Chemin de fer A Port principal Source' Bullock, 2009. Chemins de fer: ii la recherche de trafic 225 13 pays n'ont aucune voie ferree en operation. II ne faut A elles seules, ces mesures ne peuvent toutefois pas justifier toutefois pas accorder trop d'importance it cet indicateur : l' expansion en Afrique. Pour representer un investissement la densite du reseau depend fortement des schemas de peu- economique, une nouvelle ligne a besoin d'un minimum de plement. L'Australie, Ie Canada, la Chine et la Federation de trafic, et la distribution geographique des clients potentiels Russie, des pays comprenant to us de vastes regions non deve- dans un pays et Ie niveau d'utilisation auquel on peut s'at- loppees et peu peuplees, presentent des den sites situes entre tendre sont plus importants que ces moyennes nationales. 5 et 7, alors que celle de la plupart des pays d'Europe se situe L'Afrique du Sud possede Ie reseau Ie plus important entre 20 et 100. (Figure 11.2). En Afrique occidentale et australe, des lignes La densite du reseau par millions d'habitants constitue un speciales pour Ie transport des mine raux transportent plus de indicateur complementaire. Elle est la plus haute au Gabon la moitie du fret regional, dont la plupart sur les lignes d' expor- (520) et au Botswana (480), suivis par 1'Afrique du Sud (460). tation de charbon et de minerai de Spoornet. L'Afrique australe Dans la plupart des autres pays africains, elle se situe entre do mine Ie fret ferroviaire general, transportant plus de 80 % 30 et 50. Dans les pays europeens, elle va de 200 et 1 000 et des marchandises sur les lignes non dediees aux miner aux. depasse 1 500 en Australie et au Canada. En Chine, elle est L'Afrique australe domine aussi Ie transport des passagers, avec nettement inferieure, s'elevant it 50. plus de 70 % de celui-ci, en grande partie it cause du grand Figure 11.2 Taille et trafic des reseaux de chemin de fer par region a. Part du reseau et du trafic par region c. Transport des passagers 100 14 90 -E 12 80 ~ 70 'f:': 10 OJ c Cl ~ 60 ~ 8 c ~ OJ 50 -OJ ~ E :;J 40 .Q 6 0 ~ c.. 30 Qj 4 Cl 20 ffi 2 10 '" c.. 0 0 Kilometre de route Passagers-kilometre Tonnes-kilometre nettes Afrique Afrique Afrique Afrique australe centrale orientale occidentale _ Afrique D Afrique III Afrique D australe centrale orientale Afrique occidentale I_ Non urbain ill De banlieue 1 b_ Kilometres de route en operation d.Transport du fret 40 140 ~ 12 35 ~ 120 ~ ~ -f:': 'f:': 30 c 100 c ~ ~ 25 ~ ~ :;J ~ c 80 e 20 OJ '0 ~ -OJ 60 15 ~ E ~ -OJ .Q 40 10 32 E .;, .Q OJ c 20 " 0 ~ c 0 Afrique Afrique Afrique Afrique Afrique Afrique Afrique Afrique australe centrale orientale occidentale australe centrale orientale occidentale I_ Fret general ill Mineraux 1 I_ Fret general III Mineraux 1 Source. Bullock, 2009. Note: Afrique australe = Angola, Botswana, Madagascar, Malawi, Mozambique, Namibie, Afrique du Sud, Swaziland, Zambie et Zimbabwe; Afrique centrale = Cameroun, = Republique democratique du Congo, Gabon et Republique du Congo, Afrique de l'Est Djibouti, trythree, tthlopie, Kenya, Soudan, Tanzanie, et Ouganda ; Afrique de l'Ouest = Benin, Ghana, Guinee Mali, Mauritanie, Nigeria, Senegal et Togo. 226 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE nombre de voyageurs navetteurs des villes. D'autres villes afri- de trafic moyenne, en dehors de Spoornet, est celui du Gabon caines ont egalement des services de banlieue mais, it l' excep- (2,7 millions d'unites de trafic), tandis que Ie Cameroun et Ie tion de Dakar au Senegal, il ne s'agit generalement que d'un Swaziland sont les seuls autres pays dont la densite est supe- ou deux trains aux heures de pointe, sur une petite distance. rieure it 1 million; la plupart des voies ferrees presentent une La den site du trafic sur les voies ferrees africaines est gene- moyenne inferieure it 300 000 unites (Figure 11.3). A titre ralement faible. 2 Le reseau qui presente la plus haute densite de comparaison, la densite de trafic moyenne sur les reseaux Figure 11.3 Densite de trafic moyenne des reseaux de chemin de fer, 2001-2005 Madarail, Madagascar (EAR, Malawi CDN, Mozambique CCFB, Mozambique ' -• •l1li RVRC-URC, Duganda • • • • Transrail, Mali RSZ, Zambie Sitarail, Burkina Faso and Cote d'ivoire (amrail, Cameroun TRC, Tanzanie • • •1 RVRC -KRC, Kenya SETRAG, Gabon FCE, Madagascar NRC, Nigeria CFMK, Rep. demo du Congo DCBN, Benin (DE, Ethiopie GRC, Ghana CFCD, Rep. du Congo (FM, Mozambique SNCC, Rep. demo du Congo SR, Swaziland BR, Botswana TAZARA, Tanzanie SRC, Soudan Transnamib, Namibie ~~~~--'----r---.----'---'---' a 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 Unites de trafic par km de route (en millions) I_ Passagers II Fret Source: Bullock, 2009. Note: Le nombre total d'unites de traf,c transportees par un chemin de fer est la somme des passagers-kilometre et des tonnes-kilometre nettes de fret transportes. Cette mesure simple et standardisee est couramment utilisee en tant que moyen de totaliser Ie trafic fret et passagers. La ponderation relative des passagers et du fret est fixee par convention a 1:1. BR = Botswana Railways; Camrail = Cameroon Railway Corporation, CCFB = Companhia dos Caminhos de Ferro de Beira (Mozambique), CDE = Chemin de fer djibouto- ethioplen , CDN = Corredor de Desenvolvimento do Norte (Mozambique) , (EAR = Central East African Railways Corporation (Malawi) , CFCO = Chemin de fer Congo-Ocean (Republique de Congo) ; CFMK = Chemin de fer Matadi-Kinshasa (Republlque democratique du Congo) , CFM = Caminhos de Ferro do Macambique , FCE = Fianarantsoa Cote Est (Madagascar) ; GRC = Ghana Railways Corporation; NRC = Nigeria Railways Corporation; OCBN = Organisation commune Benin-Niger; RSZ = Railway Systems of Zambia Ltd , RVRC-KRC = Rift Valley Rail Corporation-Kenya Railways Corporation; RVRC-URC = Rift Valley Rail Corporation-Uganda Railways Corporation, SETRAG = Societe transgabonnaise (Gabon) , SNCC = Societe natlonale des cheminS de fer du Congo (Republique democratique du Congo) ; SR = Swaziland Railways; SRC = Sudan Railways Corporation, TAZARA = Tanzania-Zambia Railway; TRC = Tanzania Railways Corporation. Chemins de fer: ala recherche de trafic 'l27 du Maghreb (Algerie, Maroc et Tunisie) avoisine les 2 mil- Sur de nombreux reseaux, la signalisation se fait tou- lions d'unites, tandis qu'avec son important trafic passagers, jours par des systemes manuels. Sur les lignes it faible la Republique arabe d'Egypte depasse 8 millions d'unites. densite de trafic, les signaux mecaniques sont adequats du La plupart des systemes europeens presentent une moyenne point de vue de la capacite mais d'importants problemes comprise entre 2 et 5 millions d'unites, et seuls l' Albanie et de securite peuvent resulter d'erreurs humaines. Sur les Ie Montenegro ont une densite inferieure it 1 million d'uni- lignes equipees de signaux electriques, ceux-ci sont sou- tes. Avec une utilisation aussi minime, de nombreux reseaux vent hors service it cause de courts-circuits, de penuries ont difficile it generer suffisamment de fonds pour simple- d'electricite ou du delabrement des reseaux de cables. ment assurer l'entretien, et encore plus it renouveler, leurs De meme, dans de nombreuses compagnies, les centres infrastructures. de commutation sont obsoletes, present ant une capacite limitee et un besoin de pieces de rechange virtuellement Vne infrastructure delabn!e impossibles it trouver. En dehors de l' Afrique du Sud, la plupart des reseaux fonction- La plupart des reseaux ferroviaires africains utilisent nent toujours avec leurs installations d'origine. Peu de travaux soit l' ecartement du Cap ou « voie metrique anglaise » de modernisation ont ete realises, et les reseaux sont toujours (1,067 metre ou 3 pieds 6 pouces) soit une « voie metrique ». caracterises par une faible charge par essieu, une vitesse limi- Le reseau principal en Afrique australe et centrale utilise tee, une petite taille et une sous-capitalisation mal adaptes aux l'ecartement du Cap, qui est aussi utilise dans certains pays besoins du monde moderne. Une grande partie des structures anglo phones plus au nord. La voie metrique est utili see et quelques travaux de voie ont aujourd'hui plus de 100 ans. De dans la plupart de l' Afrique francophone et de l' Afrique de nombreuses sections sont deteriorees au point de ne plus etre l'Est. Un certain nombre de lignes isolees utilisent l'ecarte- reparables. Meme si cette situation est tolerable sur les lignes ment standard et servent principalement au transport des secondaires it petit volume, et si elle est peut -etre Ie seul moyen mineraux, bien que Ie Nigeria soit en train de developper viable d'en exploiter certaines, elle constitue toutefois un han- un nouveau reseau base sur un ecartement standard pour dicap majeur pour la concurrence avec les routes modernes en desservir sa capitale, Abuja. Des lignes it voie etroite ont cours de construction sur les principaux corridors. aussi ete utilisees it differentes periodes mais la plupart sont D'importantes sections de voies ont besoin d' etre reparees aujourd'hui abandonnees. En dehors du reseau de l' Afrique ou remplacees sur la plupart des reseaux ferroviaires. Sur cer- de l'Est et de celui qui part de l' Afrique du Sud en direc- tains, de grandes sections ne sont pas en operation et devront tion du nord, peu de voies ferrees traversent des frontieres etre rehab iii tees avant de pouvoir etre it nouveau exploitees. internationales : elles aboutissent en general it des terminaux Meme lorsqu'elles sont en service, Ie mauvais etat des voies ferroviaires d'ou Ie trafic peut ensuite etre transporte plus impose des limitations de vitesse, ce qui reduit la competi- loin par la route. tivite du transport ferroviaire et la productivite du materiel En depit de la multiplicite des ecartements de voie, l'inte- roulant. roperabilite ne constitue pas un probleme majeur en Afrique. Dans certains pays, des segments du reseau ne sont pas Deux ecartements ne coexistent que dans trois endroits : deux exploites it cause des dommages causes par les guerres, les en Tanzanie et un en Guinee. Toutefois, la mixite des ecarte- catastrophes naturelles ou la negligence generale. La plupart ments finira par constituer un probleme si certaines des lignes des reseaux du centre et du nord du Mozambique et les che- de connexion proposees sont construites. mins de fer de l' Angola, de la Cote d'Ivoire, de I'Erythree, de En resume, la plupart des chemins de fer africains sont l'Ethiopie et de la Republique du Congo ont ete endomma- confrontes it des problemes majeurs d'infrastructure, asso- ges ou ont vu leurs operations suspendues, parfois pendant cies principalement it l'anciennete des voies : ballast insuffi- 20 ans. Au total, Ie reseau africain s' etend sur environ 69 000 sant, usure des rails, remblais et profils deteriores, structures kilometres, dont quelque 55 000 kilometres actuellement en delabrees et systemes de signalisation et de telecommu- operation (voir Figures 11.1 et 11.2). Le reseau est presque nication dotes d' equipements obsoletes et manquant de entierement it voie unique, it l' exception de quelques sections pieces detachees. Le cout de la rehabilitation des reseaux est du reseau Spoornet. La plupart du reseau sud-africain est eleve en comparaison des volumes de trafic existants et des electrifie, et les seules autres sections qui Ie sont en Afrique recettes actuelles. Ainsi, la question centrale it la quelle doi- subsaharienne se trouvent dans la region miniere de la Repu- vent repondre la plupart des chemins de fer africains est la blique democratique du Congo et sur une courte section du maniere dont la rehabilitation peut etre realisee sur une base reseau zimbabween (non utili see actuellement). soutenable. 228 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Le marche ferroviaire africain Ie premier representant 80 % du trafic entre 1995 et 2005. Presque toutes les voies ferrees transportent des passagers ; En general, les voies ferrees africaines sont modestes, avec un seuls Ie Swaziland et l'Ouganda ont des voies ferrees destinees trafic ne depassant pas celui d'une branche moyennement uniquement au fret. Le transport de passagers est toutefois en frequentee dans d'autres regions du monde. Les voies ferrees baisse constante, et si plusieurs chemins de fer parviennent africaines transportent bien plus de fret que de passagers : toujours a transporter un nombre raisonnable de passagers, Figure 11.4 Volume de trafic moyen des chemins de fer, 2001-2005 Madarail, Madagascar CEAR, Malawi CON, Mozambique CCFB, Mozambique RVRC-URC,Ouganda Transrail, Mali .iliillllIIIIIIIIIIlII RSZ, Zambie 111I11III--. Sitarail, Burkina Faso et Cote d'ivoire 11I11III---- Camrai/, Cameroun • • •- -_ _ _ _liliiii TRC, Tanzanir RVRC -KRC, Kenya l::::::::::::~ SETRAG, Gabon .IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII_ FCE, Madagascar NRC, Nigeria CFMK, Rep. demo du Congo OCBN, Benin CDE, Ethiopie GRC, Ghana CFCO, Rep. du Congo .>i :0 :J CFM, Mozambique jplllllllllllllllllllllllll Q.. SNCC, Rep. demo du Congo 1IIBlllllIIIIIIIIIII- SR, Swaziland BR, Botswana )m----- lll111--IIIIIi_ 1IIIIIIIIIII TAZARA, Tanzanie • • •IIIIIi_ _ _• SRC, Soudan ._IIIIIiIlllli_ _ __ Transnamib, Namibie ,.1IIIIi1lllli_ _ _1IIIIi1lllli1lllli1lllli I:> ~I:>I:> r,.1:>1:> s,<:l s;)1:> r;:,1:> 1:>1:> 1:>1:> r;:,1:> s;)1:> r;:,1:> v u 'l:l ,'is ,~ ,?l ,,? ,'? ,,,'is Unites de trafic par km de route (en millions) • Tonnes-kilometre nettes • Passagers-kilometre Source: Bullock, 2009. Note' Les unites de tralic sont les passagers-kilometre pour Ie tralic passagers et les tonnes-kilometre nettes pour Ie Iret. BR = Botswana Railways, Camrail = Cameroon Railway Corporation, CCFB = Companhia dos Caminhos de Ferro de Beira (Mozambique) ; CDE = Chemin de ler djibouto-ethiopien , CON = Corredor de Desenvolvimento do Norte (Mozambique) ; CEAR = Central East African Railways Corporation (Malawi) , CFCO = Chemin de ler Congo-Ocean (Repub/ique de Congo) , CFMK = Chemin de ler Matadi- Kinshasa (Repub/ique democratique du Congo) ; CFM = Caminhos de Ferro do Macambique , FCE = Fianarantsoa Cote Est (Madagascar) ; GRC = Ghana Railways Corporation, NRC = Nigeria Railways Corporation; OCBN = Organisation commune Benin-Niger; RSZ = Railway Systems of Zambia Ltd , RVRC -KRC = Rift Valley Rail Corporation-Kenya Railways Corporation; RVRC-URC = Rift Valley Rail Corporation-Uganda Railways Corporation, SETRAG = Societe transgabonnaise (Gabon); SNCC = Societe nationale des chemins de ler du Congo (Repub/ique democratlque du Congo) ; SR = Swaziland Railways; SRC = Sudan Railways Corporation; TAZARA = Tanzania-Zambia Railway, TRC = Tanzania Railways Corporation. Chemins de fer: ala recherche de trafic 229 c'est parce qu'aucune route ne leur fait concurrence ou que de la meme periode, dont deux avaient ete mis en conces- les routes concurrentes sont en mauvais etat. sion. Un autre chemin de fer a connu une augmentation de son trafic pas sagers, tan dis que tous les aut res enregistraient Le trafic : peu eleve et en lente augmentation une baisse. Quant au trafic des marchandises, il a augmente En dehors de 1'Afrique duSud, les volumes de trafic des che- sur 15 chemins de fer. Enfin, sur les chemins de fer exploi- mins de fer africains sont tres bas : environ la moitie des tes en concession, Ie trafic des marchandises a generalement 26 operateurs ferroviaires etudies transportent moins de augmente, tandis que Ie trafic des passagers a generalement 500 000 unites de trafic par an, seuls 5 d' entre eux transpor- stagne, voire decline. tant plus d'un million d'unites par an - un volume compa- La croissance ou Ie declin du trafic sur de nombreux rable a celui d'une ligne modestement utilisee dans d'autres reseaux au cours des dix dernieres annees sont rarement lies chemins de fer (Figure 11.4). Par contre, en Afrique du Sud, aux changements de la demande sous-jacente. Dans certains Spoornet transporte 1 million d'unites de trafic tous les trois cas, ce sont les guerres ou les catastrophes naturelles qui ont jours (Thompson 2007). Dans certains cas, Ie trafic est peu eu un impact majeur; dans d'autres, Ie volume transporte developpe a cause du manque de demande ; dans d'autres, reflete la disponibilite du materiel roulant, en particulier il provient du manque de materiel roulant, en particulier de des locomotives, dont beaucoup de reseaux manquent. Si locomotives. cette situation s'ameliorera avec l'acquisition de locomotives Bien que Ie parcours moyen sur les reseaux africains so it neuves ou d' occasion, ou grace a un projet de renovation des relativement long par rapport a leur taille, il ne l' est pas autant locomotives, Ie trafic augmentera en consequence. lorsqu'on Ie compare au transport routier. Certains chemins de fer assurent principalement un transport d'une extremite Les services passagers : en declin a 1'autre ; la compagnie ferroviaire de Tanzanie (Tanzania Plusieurs villes africaines ont annonce des plans de crea- Railways Corporation), Tazara (Tanzania-Zambia Railway tion de reseaux de banlieue modernes en raillourd. Ce type Authority) et Transrail (la voie ferree Dakar-Bamako) trans- de services est actuellement limite a l'Afrique du Sud et a portent toutes des marchandises sur une distance moyenne de Dakar, au Senegal. L'experience des autres regions du monde 1 000 kilometres, et certaines voies ferrees plus petites, telles indique que tout nouveau service aura besoin d'un impor- que l'Uganda Railway ou les CEAR (Central East African Rai- tant appui financier exterieur, tant en capital que pour les lways), servent de lignes secondaires pour d'autres reseaux, couts d'exploitation recurrents, et devrait €:tre exploite par qui acheminent Ie trafic quelques centaines de kilometres plus de nouvelles autorites de transport independantes. Presque loin. Ces reseaux sont de bons concurrents potentiels pour Ie tous les autres services pas sagers sont con frontes a une dure trafic du fret general, meme si Ie reseau routier s'ameliore, tant concurrence de la part des bus et des taxis collectifs, tant qu'un niveau de service satisfaisant sera atteint. Par contre, les en ce qui concerne Ie prix que la frequence des services, et systemes plus courts, qui necessitent un transbordement vers il ne reste que quelques corridors sur lesquels les services la route au terminal ferroviaire, ne pourront en general etre passagers par train constituent Ie seul moyen de transport. des concurrents serieux que pour Ie trafic du fret en vrac. Les tarifs des bus sont en general 30 a 50 % plus eleves que La plupart des reseaux n'offrent que des services passagers ceux des trains en classe economique, mais sur la plupart des limites, quand il y en a, et la distance moyenne des trajets routes, les bus sont plus rap ides (parfois meme deux fois plus passagers correspond a celle entre la capitale du pays et les rapides) et plus frequents. Les bus se taillent la part du lion principaux centres provinciaux. Les seuls flux transfronta- sur Ie marche, bien qu'ils souffrent des memes problemes que liers importants sont assures par les reseaux Sitarail (Cote Ie rail: departs peu fiables, retards, pannes et nombre excessif d'Ivoire), Tazara et Transrail. de passagers. Depuis Ie milieu des annees 1990, la plupart des pays afri- Les perspectives a long terme des services ferroviaires non- cains ont connu une croissance economique soutenue. Leur urbains sont generalement sombres (Amos et Bullock 2007). PIB a augmente de 4 % en moyenne, avec une augmentation Les services ferroviaires commencent a pouvoir concurrencer correspondante des echanges commerciaux. Le PIB par habi- les routes a partir d'une vitesse superieure a 70 kilometres par tant a quant a lui connu une hausse d'environ 1,5 % par an. heure. Toutefois, Ie C011t de l'entretien des voies et des sys- Des pays tels que Ie Mali, Ie Mozambique et la Tanzanie, qui temes de signalisation qui permettrait d'atteindre ces vitesses ont evite l'instabilite politi que, ont enregistre une croissance commerciales est sensiblement plus eleve que celui autori- jusqu'a 50 % plus rap ide. En depit de ce contexte economique sant une vitesse de 30 a 40 kilometres/heure, suffisante pour generalement favorable, seuls quatre chemins de fer africains Ie transport du fret par Ie rail. De plus, de tres grands inves- ont augmente leur trafic passagers et marchandises au cours tissements seraient necessaires pour construire de nouvelles 230 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE voies ferrees interurbaines a vitesse moyenne (par exemple, lib res importants entre Ie trafic dans les deux directions. 200 kilometres/heure). De tels investissements ne seraient jus- Meme lorsque Ie tonnage est plus ou moins equilibre, les tifies que par une demande substantielle (plusieurs millions differences dans la composition des marchandises, dont de passagers par an) de la part de pas sagers au revenu relati- beaucoup necessitent des wagons speciaux, signifient que les vement eleve, qui ont les moyens de couvrir au minimum les trains de marchandises sont rarement completement char- couts operationnels. Peu de corridors africains, voire meme ges dans chaque direction. Dans certains cas, ce desequilibre aucun, peuvent justifier de tels investissements, du moins a naturel du trafic est accentue pour Ie rail car les vehicules moyen terme. routiers livrant les importations ont tendance a ramener du Des mecanismes officiels, tels qu'une indemnisation pour fret pour un cout marginal, laissant les chemins de fer trans- les obligations de service public, ont ete mis en place dans porter les marchandises restantes sans chargement de retour quelques cas pour soutenir les services ferroviaires passagers, compensatoire. mais ils les indemnites sont rarement versees dans les temps. Les tarifs africains du transport des marchandises se Les paiements sont parfois en retard de plusieurs annees ou situent entre 0,03 et 0,05 dollar EU par tonne-kilometre nette, peuvent prendre la forme d'une subvention calculee pour un niveau de tarifs du fret ferroviaire sembi able a celui de atteindre Ie seuil de rentabilite, limitant ainsi la capacite des pays comparables. Les tarifs sont generalement limites par la chemins de fer a augmenter la maintenance et empechant concurrence avec Ie transport routier ou les routes alternatives toute tentative pour ameliorer la performance financiere des (en particulier dans la region des Grands Lacs, au Malawi, en services de fret. En consequence, la plupart des services pas- Afrique de l'Ouest et en Zambie) et sont aussi influences par sagers longue distance en Afrique sont prisonniers d'un cycle les structures tarifaires traditionnelles basees sur la valeur, d'investissement minimal, de deterioration des services, de par Ie cout relatif de transport des differentes marchandises declin de la clientele et de pertes financieres. (exprime en tonnes nettes par aller-retour en wagon), par la Les quelques exemples OU des trains locaux desservent des direction du trajet et par Ie volume. Bien que la plupart des villages sans connexion routiere posent un probleme diffe- tarifs ferroviaires soient nettement inferieurs aux tarifs rou- rent. Ces trains sont utilises par des negociants pour achemi- tiers correspondants, en particulier pour les conteneurs, les ner les marchandises vers et a partir des centres regionaux, et chemins de fer ne transportent generalement qu'entre 20 et malgre leur grand nombre de passagers, ils subissent tout de 50 % du trafic d'un corridor donne, et cette part est encore meme des pertes importantes. Bien que ce type de services moins importante pour certains chemins de fers publics de puisse etre finance par des subventions publiques, la solution plus petite taille. along terme consiste aconstruire des voies secondaires per- Les tarifs du transport de ligne ne sont qu'un des facteurs mettant un acces motorise, afin de fournir un moyen plus de l'equation des couts du trafic des marchandises. On fait rentable de transporter des marchandises et d'ameliorer net- souvent cas du colit inferieur inherent au transport ferro- tement l'acces aces lieux. viaire par rapport au transport routier. Cela est vrai lorsque des mineraux doivent etre transportes d'une mine reliee par Le transport de marchandises : un besoin un reseau ferroviaire a un port relie lui aussi au rail, mais ce d' amelioration n'est pas aussi evident pour Ie fret general trans porte sur une Le trafic du fret par Ie rail concerne surtout Ie vrac et Ie distance moyenne et transborde par la route entre les termi- semi-vrac, principalement en provenance et a destination naux ferroviaires. Le transport entre la voie ferree et I' origine des ports. Les marchandises effectivement transportees ou la destination finale peut parfois etre etonnamment cher, refletent la structure economique des pays desservis par Ie representant parfois l'equivalent de 200 ou meme 300 kilo- chemin de fer: les produits miniers y occupent une place metres de transport de ligne et annulant ainsi tout avantage importante dans plusieurs pays, de meme que Ie bois de du rail en matiere de tarifs purement de transport de ligne. construction et les cultures d' exportation en Afrique de De nouvelles voies d' evitement sont parfois construites mais l'Ouest. Les importations sont principalement des produits elles ont besoin d'un certain volume de trafic pour etre ren- manufactures, telles que Ie ciment et les produits petroliers, tables. Le trafic qui do it etre collecte dans un depot central ainsi que des marchandises generales. Sur certains reseaux, avant d'etre expedie par Ie rail est plus expose a la concur- la plupart du fret general est conteneurise (les cultures de rence de la route, et meme Ie vrac n' en est pas exempt lorsque rente de haute valeur sont de plus en plus souvent trans- les distances a parcourir ne sont pas trop longues. Dans de portees de cette maniere), en particulier lorsque Ie trajet nombreux pays, les chaines de collecte et de distribution sont traverse une frontiere avant d'atteindre Ie port. Contraire- en cours de rationalisation, ce qui implique souvent l'elimi- ment aux services passagers, il existe souvent des desequi- nation de depots et centres de distribution eIoignes des cotes, Chemins de fer: a la recherche de trafic 231 tan dis que les canaux de distribution se sont diversifies. Les augmentant la contribution potentielle du fret en faveur de chemins de fer ont souvent mis du temps a reagir, perdant l'entretien et de la renovation des infrastructures. Cette ame- ainsi continument des parts de marche. lioration est l'un des principaux avantages qu'un concession- Le niveau de service est un facteur cle du transport du fret. naire peut offrir a un chemin de fer public. Pour que Ie rail puisse jouer un role important dans Ie systeme En outre, a cause du manque d'interconnexions et de de transport des marchandises generales, il doit ameliorer son contrats de service transfrontalier, Ie fret ferroviaire est vic- service (en particulier, Ie temps de transit general, la fiabilite, time de retards considerables lorsqu'il traverse des frontieres la securite et la frequence) et s'assurer qu'il repond bien aux nationales. Par exemple, Ie transport de marchandises par rail besoins des clients. Trop souvent, les services de transports sur un trajet de 3 000 kilometres entre Kolwezi, a la frontiere offerts par Ie rail ont ete bien differents de ceux offerts par de la Republique democratique du Congo, et Ie port de Dur- Ie transport routier concurrent, et les transporteurs routiers ban en Afrique du Sud prend 38 jours, ce qui correspond a peuvent facturer des prix bien plus eleves. En general, les mar- une vitesse effective de seulement 4 kilometres/heure. Seuls ches du fret en Afrique ont besoin de services fiables (une 9 de ces jours sont cons acres au transport, tandis que Ie reste vitesse commerciale de 40 kilometres/heure est generalement (un total stupefiant de 29 jours) est essentiellement consacre suffisante) plutot que de services a grande vitesse, avec a) des au chargement et a l'echange du fret, ainsi qu'aux controles infrastructures ferroviaires et du materiel roulant bien entre- douaniers. Chaque jour de retard coMe 200 dollars EU par tenus, b) une discipline operationnelle pour garantir que les wagon. La raison principale des problemes du secteur fer- horaires sont respectes, et c) des dispositions commerciales roviaire est l'absence de services d'interconnexion fiables pour s'assurer que les clients remplissent leurs responsabilites lorsque les trains franchissent les frontieres. Les locomotives contractuelles. d'un pays ne sont pour l'instant pas autorisees avoyager sur Ie La plupart des chemins de fer peuvent gagner au niveau reseau d'un autre pays, principalement acause de l'incapacite du trafic des mineraux lorsque celui-ci est offert, mais Ie a fournir un service de depannage aux operateurs etrangers. transport des marchandises generales necessite que Ie rail En consequence, Ie fret ferroviaire traversant les frontieres doit fournisse un niveau de service raisonnable s'il veut concur- attendre d'etre recupere par une locomotive differente. Les rencer la route autrement qu'en offrant des tarifs beaucoup retards sont souvent prolonges, en partie a cause du manque moins eleves. D'ici 2025, il ne restera plus aucun monopole de locomotives fiables et bien entretenues. Les retards refle- pour Ie transport de marchandises generales, et Ie seul trafic tent aussi Ie manque de mesures contractuelles claires incitant qui restera entre les seules mains des chemins de fer africains adesservir Ie trafic du reseau d'un pays voisin. Pour reduire de sera celui des mineraux (bien que les compagnies minieres se tels retards, il faudrait donc repenser entierement les relations chargent de plus en plus souvent elles-memes de ce trafic, soit contractuelles et les droits d'acces qui relient les chemins de en tant qu'operateurs tiers soit sur leurs propres reseaux pri- fer Ie long d'un corridor. Il faudrait en outre etablir un centre yes). L'experience de nombreux pays indique que Ie transport d'echanges regional pour garantir la transparence et l'equite des marchandises generales demande aux operateurs d'etre des droits d'acces reciproques aux voies ferrees. flexibles, reactifs et adaptables. De moins en moins de clients sont d'autres parastataux ayant pour obligation d'utiliser un chemin de fer public, et peu d'organisations publiques, quel Aquel point les investissements sont-ils que so it leur type de privatisation, ont la liberte commerciale justifies? d'operer efficacement dans un environnement pleinement competitif. L'estimation des investissements dont ont besoin les chemins Le rail africain doit se transformer en entreprise commer- de fer africains est une tache impressionnante (Carruthers, ciale de transport au sens Ie plus large du terme, et doit etre Krishnamani et Murray 2009). En plus de l'etablissement capable de s'adapter aux nouveaux marches. La situation dif- d'inventaires et d'evaluations detailles de l'infrastructure et ficile des chemins de fer restes publics indique toutefois que de l'identification de ce qui doit etre repare ou remplace, la Ie rail ne peut se poser en concurrent serieux tant qu'il est question du volume des investissements economiquement handicape par des contraintes administratives et Ie manque justifies doit etre posee. Les lignes qui ont ete supplantees par d'incitations commerciales et de redevabilite d'une organisa- des developpements routiers et celles dont Ie trafic reste peu tion etatique. Un niveau de service acceptable, associe a une eleve meritent rarement d'etre reconstruites ou de beneficier politique de tarification flexible et a une strategie d'offre de d'investissements, et les fonds devraient au contraire etre diri- services de transport au lieu d'un simple transport de ligne, ges vers des segments du reseau ayant une valeur along terme. peut reduire la difference de prix entre Ie rail et la route, Meme si Ie souhait des Etats de rehabiliter ce type de liaisons 232 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE soit comprehensible, Ie prix peut souvent s'averer particuW~­ dollars EU en moyenne par an, ce qui equivaut a 0,04 dollar rement eleve. EU par tonne-kilometre nette ou par passager-kilometre. En Historiquement, les investissements ont ete orientes vers regime de croisiere, les investissements dans Ie reseau africain les nouvelles constructions, 1'achat ou Ie rem placement du au nord de l' Afrique du Sud devraient se situer autour de 200 materiel roulant et parfois la rehabilitation et Ie remplace- millions de dollars EU par an (dont 20 millions de dollars EU ment des voies. La negligence de 1'entretien a long terme a pour les installations, la maintenance, les equipements et les entraine un enorme retard d'investissement allant jusqu'a aut res couts). 3 milliards de dollars EU pour les chemins de fer africains. Cela represente au total un programme annuel de 500 mil- En pratique, cette depense unique necessaire pour combler lions de dollars EU sur 10 ans, apres quoi les investissements les retards de rehabilitation pourrait Hre etalee sur 10 ans, a flechiraient a un niveau regulier de 200 millions de dollars raison de 300 millions de dollars EU par an. EU (Bullock 2009). Les 500 millions de dollars EU annuels Une fois Ie reseau remis en etat, la facture annuelle serait necessaires se rap portent a la periode au cours de laquelle les beaucoup moins elevee, couvrant uniquement les travaux retards de remise en etat seront combles. Ces calculs ne don- necessaires pour la rehabilitation et Ie renouvellement des nent toutefois qu'un ordre de grandeur. Le montant neces- voies. En dehors de 1'Afrique duSud, Ie reseau subsaharien saire pour surmonter les problemes est neanmoins important, comprend environ 44 000 kilometres de voies, dont 34 000 egal aux recettes de certains chemins de fer et bien superieur a sont operationnels. Sur ce reseau, 1'infrastructure aura une leurs capacites d'autofinancement. Dans la plupart des cas, la duree de vie de 40 ou 50 ans minimum, etant donne les seule option est de trouver de larges prHs concessionnels ou volumes de trafic generalement faibles ; Ie emIt de la recons- des subventions offertes par des tiers. truction periodique (environ 350 000 dollars EU par kilo- En plus du reinvestissement dans Ie reseau actuel, 1'in- metre) correspond ainsi a un emIt annuel de 8 000 dollars vestissement dans de nouveaux projets doit etre envisage. EU par kilometre. Peu de lignes dont la den site moyenne est Pendant des annees, des propositions ont ete faite pour la inferieure a 1 million de tonnes nettes par an pourront justi- creation de nouvelles routes vers les pays enclaves et pour 1'in- fier ce genre de depenses de rehabilitation, parce que Ie trafic tegration des reseaux isoles. La proposition la plus complete devrait rapporte 0,08 dollar EU par tonne-kilometre nette etait Ie plan directeur de 1976 de 1'Union africaine pour un pour financer les travaux, alors que les tarifs habituels du fret reseau ferroviaire panafricain comprenant 26 000 kilometres ferroviaire ne depassent pas 0,05 dollar EU par tonne-kilo- de nouvelles voies. Con~u pour creer un reseau soutenant Ie metre. Les lignes d'une densite inferieure a 250 000 tonnes developpement du commerce intra-africain et 1'integration par an ne peuvent probablement rien se permettre d'autre economique regionale, il avait re~u 1'approbation de 1'Orga- qu'une maintenance de routine. Meme si les lignes a faible nisation de l'unite africaine en 1979, mais peu des liaisons volume etaient reconstruites avec des materiaux moins chers proposees, voire aucune, ont depasse Ie stade de l' etude. de seconde main, ce niveau de depenses ne serait probable- L'Union des chemins de fer africains se concentre actuelle- ment pas justifiable pour plus de 20 000 kilometres du reseau. ment sur un plan revise comprenant un sous-ensemble de Dans 1'ensemble, Ie emIt annuel permanent de reconstruction 10 corridors, dont sont deja partiellement construits, et la des voies se situerait autour de 100 millions de dollars EU proposition a genere un certain nombre d'etudes et de plans en moyenne. d'action regionaux. Plusieurs propositions ont ete enoncees Maintenir une flotte adequate de materiel roulant coute- pour des segments individuels, et les compagnies minieres rait chaque annee 80 millions de dollars EU supplementaires. ont propose un certain nombre de lignes reservees au trans- Le cout de remplacement du materiel roulant peut etre eva- port des mineraux. lue en utilisant une estimation de la duree de vie moyenne Peu de ces projets seront financierement ou economique- des actifs. Le reseau subsaharien, a l' exclusion de l' Afrique ment viables. Le cout de la construction d'une nouvelle voie du Sud, transporte environ 15 milliards de tonnes-kilometre unique non electrifiee, sur un terrain relativement plat, est nettes par an, hors lignes destinees au transport des mine- d'au moins 1,5 million de dollars EU par kilometre, et passe a raux, et environ 4 milliards de passagers-kilometre. Ce niveau environ 5 millions de dollars EU sur un terrain plus accidente. de trafic demandera de remplacer en moyenne 500 wagons Dans beaucoup de cas, les nouvelles voies proposees seraient de marchandises, 20 wagons de passagers et environ 20 loco- en concurrence avec des routes et des voies ferrees existantes, motives par an. Comme pour l'infrastructure, la plupart ce qui limiterait les tarifs facturables a un maximum de 0,05 de ce materiel sera d'occasion (en provenance de 1'Inde ou dollar EU par tonne-kilometre nette. Dans Ie cas du trafic de de l'Afrique du Sud) et son cout est estime a 80 millions de mineraux a 1'exportation, Ie tar if potentiel est generalement limite a 0,02 ou 0,03 dollar EU par tonne-kilometre nette Chemins de fer: ala recherche de trafic 233 par Ie prix fourni it long terme par Ie marche. Comme il est La plupart des pays d' Afriq ue centrale, de l'Est et de generalement possible de construire une route it deux voies l'Ouest sont passes partiellement ou entierement au systeme pour environ 1 million de dollars EU par kilometre, les inves- des concessions, souvent sous la pression d'organisations tissements supplementaires necessaires pour la construction multilaterales et bilaterales, qui etaient jusqu'it recemment d'une voie ferree ne seraient economiquement justifies que si la seule source de prets importants en faveur de la rehabi- Ie trafic attendu se situait au moins entre 2 et 4 millions de litation et du renouvellement des actifs. A l'exception de tonnes par an. Toutefois, si les couts en capitaux des infras- l'Afrique australe (Botswana, Namibie, Afrique du Sud et tructures ne doivent pas etre recouvres, les lignes peuvent Swaziland) et des pays souffrant ou se relevant de troubles probablement etre exploitees avec succes avec un trafic de 0,5 civils (Angola, Republique democratique du Congo et Zim- it 1 million de tonnes. babwe), la plupart des pays ont atteint divers degres dans les reformes. Parmi les 30 pays africains dont les chemins de fer sont publics, 14 ont choisi des accords de concession et un Dispositions et performances opere sous un contrat de gestion (Figure 11.5). Quatre aut res institutionnelles ont mis en route ce processus. Jusqu' aux annees 1980, presque to utes les compagnies de che- Les concessions: en passe de devenir la norme min de fer africaines etaient des entreprises publiques, avec L'introduction de concessions a necessite d'importantes des degres variables d'autonomie financiere ou de gestion. Les modifications des cadres legislatifs et reglementaires dans tentatives de commercialisation tout conservant la propriete de nombreux pays. Dans les pays francophones, l'octroi de de l'Etat ont generalement echoue, et les concessions ont ete concessions est generalement permis par Ie systeme legislatif introduites dans les annees 1990. Aux termes de ces accords en place, mais la plupart des pays anglophones ont du modi- de concession, l'Etat reste proprietaire d'une partie ou de l'en- fier leurs lois sur les chemins de fer. Des dispositions ont ega- semble des actifs existants, generalement l'infrastructure, et lement ete prises en matiere de reglementation economique transfere au concessionnaire les autres actifs (normalement et de securite des concessions, et de nouveaux organes publics Ie materiel roulant) ainsi que la responsabilite d'exploiter et ont ete mis en place en tant que proprietaires des actifs loues d' entretenir Ie chemin de fer. aux concessionnaires. Figure 11.5 Participation privee dans les chemins de fer africains depuis 1990 • Projets de participations du secteur prive planifies ou • Partie du reseau ferroviaire actuellement sous gestion privee • Chemins de fer actuellement sous gestion privee Source: Bullock, 2009. Note BBR = Beitbridge Bulawayo Railway; CANACIWACEM = CANAC Railway Services Inc.lWest African Cement; C(FB = Companhia dos Caminhos de Ferro de Beira ; CDN = Corredor de Oesenvolvimento do Norte, CEAR = Central East African Railways Corporation, RSZ = Railway Systems of Zambia Ltd, RVRC = Rift Valley Rail Corporation; TRC = Tanzania Railways Corporation. 234 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Les chemins de fer qui ne sont pas mis en concession demeu- Ie transit en provenance de la Republique democratique du rent sujets a une importante influence politique et gouverne- Congo et en direction de Dar es Salam en Tanzanie, alors mentale. Les dispositions varient d'un pays a 1'autre, mais Ie qu'il ne facture que 0,05 dollar EU par tonne-kilometre pour ministere sectoriel (en general, les Transports) est en charge du to us les autres frets. Le but est de detourner Ie trafic de la controle politique et administratif, tandis que Ie ministere des Republique democratique du Congo all ant au sud, vers Ie Finances exerce Ie controle financier. Les conseils d'administra- port de Durban en Afrique duSud, en passant par Ie pont de tion rassemblent generalement des representants des ministeres Beit, exploite par Ie meme concessionnaire. En consequence, et des cadres superieurs internes, souvent nommes par 1'Etat. Le la plupart des exportations de cuivre de la Republique demo- Parlement est generalement charge de la supervision, bien qu' en cratique du Congo sont achemines vers Durban par la route. pratique un tel controle se limite souvent a l'audit des comptes Un certain nombre de mecanismes de protection des de la societe figurant dans son rapport annuel (avec souvent consommateurs sont en place, mais ils sont rarement utilises. plusieurs annees de retard). Bien que les cadres reglementaires Les deux types de protection les plus frequents sont a) la possi- qui les regissent prevoient en principe une autonomie finan- bilite de faire appel des tarifs des chemins de fer apres de 1'Etat ciere et de gestion, cette disposition est, en pratique, considera- ou d'une autorite in depend ante et b) la possibilite de per- blement limitee par Ie nombre d' occasions ou une intervention mettre ades operateurs tiers du chemin de fer de concurrencer de 1'Etat est permise par les cadres reglementaires et legislatifs, Ie concessionnaire. Lorsqu'un concessionnaire ne se conforme au niveau tant institutionnel que juridictionnel. Ce con flit entre pas aux conditions de la concession, que ce so it volontaire- les fonctions de controle et de decision, ainsi que les examens ment ou par la force des choses, des procedures sont prevues frequents exerces par les auto rites politiques des initiatives pour mettre fin ala concession. Elles ont toutefois rarement ete prises au sein de la compagnie par les representants auto rises de appliquees. Une ou deux concessions seulement ont ete resi- l'Etat decouragent 1'initiative et I' efficacite des cadres superieurs. liees (par exemple, Ressano Garcia au Mozambique), et deux C' est en Afrique de 1'Ouest que les premiers chemins de fer concessions (Transrail et Rift Valley) ont change d'operateur. ont ete mis en concession, avec en 1995, la concession Sitrail En Afrique, les concessions de chemin de fer ont attire un reliant Ie Burkina Faso ala Cote d'Ivoire et en suite, ala fin des nombre limite d'operateurs prives, principalement etran- annees 1990, Ie Cameroun, Ie Gabon et Ie Malawi. Le rythme gers. Its se partageaient en deux groupes distincts : a) ceux des reformes s' est accelere dans les annees 2000, mais la mise recherchant 1'integration verticale de la chaine de distribu- en ceuvre a souvent ete un processus lent, s'etalant typique- tion a travers l' acquisition de positions dominantes dans des ment sur trois acinq ans, et parfois bien plus. secteurs specifiques de production et de transport, et b) ceux La plupart des reseaux africains laissent peu de place a la se specialisant dans une activite de transport unique (telle concurrence, et peu d'Etats ont serieusement pris en conside- que les chemins de fer ou les ports). Toutefois, les analyses ration Ie modele europeen de separation verticale totale. Tou- de rentabilisation de ces investissements dans les chemins de tefois, des operateurs tiers exploitent des lignes publiques au fer apparaissent souvent faibles, ce qui indique que les entre- Kenya et au Senegal, et un service de convoi de marchandises prises qui recherchent ce genre de concession se concentrent d'entier parcours est en operation depuis plusieurs annees sur les avantages financiers qu'elles peuvent tirer de la gestion entre I' Afrique du Sud et la Tanzanie. Les concessions ne por- de vastes projets d'investissements (finances en grande partie tent pas toujours sur 1'ensemble d'un reseau, les branches peu par 1'Etat), plutot que sur les rentrees de fonds commerciales. frequentes en etant parfois exclues. Dans to utes les concessions, les entreprises privees sont a La duree initiale d'une concession varie entre 15 et ce jour actionnaires majoritaires. C'est au Mozambique que 30 ans, et Ie concessionnaire est libre de mener son activite 1'Etat detient la participation la plus importante, avec 49 % comme une entreprise commerciale, avec des tarifs de fret de CCFB (Companhia dos Caminhos de Ferro da Beira) et generalement determines par l'offre et la demande, et des de CDN (Corredor de Desenvolvimento do Norte) et une tarifs passagers soumis a une certaine forme d'indexation. participation importante dans CEAR, la concession voisine. Les structures reglementaires officielles disposant d'un reel L'Etat detient 25 % de Madarail a Madagascar, et de 10 et pouvoir sont rares en Afrique, et de nombreuses concessions 20 % du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou (Sitarail), de chemins de fer sont potentiellement ouvertes aux abus Dakar-Bamako (Transrail), et de la Cameroon Railway Cor- de marches, meme si les accords de concessions incluent poration (Camrail). La participation des entreprises privees generalement un certain niveau de protection, du moins sur locales dans les concessions est en generale relativement faible Ie papier. Par exemple, Ie concessionnaire de chemin de fer et s'accompagne de multiples difficultes au cours du proces- zambien pratique des tarifs ouvertement discriminatoires, sus de passation des marches. L'actionnariat salarie, s'il existe, facturant Ie fret a 2,00 dollars EU par tonne-kilometre pour demeure en dessous de 5 %. Chemins de fer: ala recherche de trafic 235 Les performances operationnelles : les concessions proprietaire. Sous concession, ces indicateurs se sont toutefois peuvent aider grandement ameIiores, en partie grace ala croissance du trafic Par rapport a celle existant ailleurs, la productivite tant de la mais surtout grace a une importante reduction des effectifs. main d'reuvre que des actifs (utilisation des locomotives et En effet, depuis 1990 environ, presque to utes les com- des wagons) est faible dans la plupart des reseaux africains pagnies de chemin de fer ont rationalise leurs effectifs. Ces a cause du mauvais etat de l'infrastructure et du materiel mesures ont souvent ete Ie prelude a la mise en concession, roulant, du trafic peu eleve, et du fait que l'Etat est toujours mais dIes ont aussi constitue, dans certains cas, une politique Figure 11.6 Productivite du travail sur les reseaux de chemin de fer africains Madarail, Madagascar CEAR, Malawi CON, Mozambique CCFB, Mozambique c: RVRC-URC,Ouganda o .~ Q) Transrail, Mali u c: RSZ, Zambie 8 v> :::J o Sitarail, Burkina Faso et Cote d'ivoire • • • • VI Camrail, Cameroun TRC, Tanzanie RVRC-KRC, Kenya SETRAG, Gabon FCE, Madagascar NRC, Nigeria CFMK, Rep. demo du Congo OCBN, Benin CDE, Ethiopie GRC, Ghana CFCO, Rep. du Congo .;! :c CFM, Mozambique " "- SNCC, Rep. demo du Congo SR, Swaziland • • • • • • • • • • • • • • • • BR, Botswana ~• • • • • • TAZARA, Tanzanie SRC,Soudan Transnamib, Namibie !~~~~---r---.,-----.,.--- o 500 1000 1500 2000 2500 Unites de tralic par employe (en milliers) Source. Bullock, 2009. Note. Des moyennes ordinaires ont ete utilisees pour Ie Kenya et l'Ouganda, qui sont inclus dans une seule concession, et pour Nacla (Mozambique) et Ie Malawi, qui se partagent des ressources communes. Le nombre total d'unites de trafic transportees par un chemin de fer est la somme des passagers-kilometre et des tonnes-kilometre nettes de fret transportes. Cette mesure simple et standardisee est couramment utilisee en tant que moyen de totaliser Ie trafic fret et passagers. La ponderation relative des passagers et du fret est fixee par convention a 1:1. BR = Botswana Railways, Camrail = Cameroon Railway Corporation; CCFB = Companhia dos Caminhos de Ferro de Beira (Mozambique), CDE = Chemin de fer djibouto-ethiopien ; CDN = Corredor de Desenvolvimento do Norte (Mozambique) , (EAR = Central East African Railways Corporation (Malawi) ; CFCO = Chemin de fer Congo-Ocean (Republique de Congo) , CFMK = Chemin de fer Matadi-Kinshasa (Republique democratique du Congo) , CFM = Caminhos de Ferro do Macambique ; FCE = Fianarantsoa Cote Est (Madagascar), GRC = Ghana Railways Corporation, NRC = Nigeria Railways CorporatIon; OCBN = Organisation commune Benin-Niger; RSZ = Railway Systems of Zambia Ltd , RVRC -KRC = Rift Valley Rail Corporation-Kenya Railways Corporation; RVRC -URC = Rift Valley Rail Corporation-Uganda Railways Corporation, SETRAG = Societe transgabonnaise (Gabon) , SNCC = Societe nationale des chemins de fer du Congo (Republique democratique du Congo) ; SR = Swaziland Railways; SRC = Sudan Railways Corporation; TAZARA = Tanzania-Zambia Railway; TRC = Tanzania Railways Corporation. 236 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE generale visant aameliorer 1'efficacite. Pourtant, la producti- du materiel roulant obsolete et de l'augmentation du trafic vite de la main d'ceuvre dans la plupart des reseaux africains (Figure 11.7). demeure relativement faible par rapport aux normes mon- La securite est aussi un aspect important des performances diales, et peu de chemins de fer atteignent plus de 500 000 operationnelles. Voyager par Ie rail demeure plus sur que unites de trafic par employe et par an, alors que la moyenne voyager par la route, mais Ie niveau de securite des chemins de 1'operateur sud-africain Spoornet est de 3,3 millions d'uni- de fer africains est bien pire que dans toute autre region du tes de trafic par employe et par an (Figure 11.6). Cette faible monde, a cause de la vetuste des infrastructures des voies, productivite non seulement refiete l'utilisation continue de du mauvais entretien du materiel roulant et du manque de methodes a haute intensite de main d'ceuvre fa is ant peu discipline operationnelle. Toutefois, comme pour la pro- appel a l' externalisation, mais elle est aussi la consequence ductivite, la securite s'est generalement amelioree grace aux d'un declin du trafic sans ajustement du niveau des effectifs. conceSSlOns. Comme les sal aires sont bas, 1'impact financier direct n'est pas forcement catastrophique, mais Ie fait qu'une grande partie Les performances financieres : generalement non des effectifs soit sous-employee nuit au moral des travailleurs soutenables et decourage fortement ceux qui desireraient ameliorer l'ef- La plupart des chemins de fer publics d' Afrique atteignent ficacite de l' entreprise. Une des consequences importantes tout juste Ie seuil de rentabilite une fois qu'ils ont benefi- est que les chemins de fer ont difficile a recruter et retenir cie de 1'appui de 1'Etat. Cet equilibre des comptes ne peut du personnel techniquement competent ou a introduire la souvent etre obtenu que grace au report d'une grande par- technologie necessaire pour ameliorer Ie niveau des services, tie de la maintenance; lorsque les retards de maintenance pour lesquels une main d'ceuvre mieux payee et plus qua- deviennent trop importants, ils sont generalement apures au lifiee est essentielle. La productivite des actifs est tout aussi moyen d'un emprunt traite comme un investissement. Les faible, generalement a cause de leur faible disponibilite, due deux societes mises depuis Ie plus longtemps en concession au manque de pieces de rechange. (Camrail et Sitarail) realisent quelques modestes benefices La productivite du travail et des actifs a augmente de d'exploitation. La performance de RSZ (Railway Systems of maniere reguliere dans la plupart des concessions, doublant Zambia, Ie reseau des chemins de fer zambien) est inconnue, en general a la suite des reductions d'effectif operee avant et il est encore trop t6t pour juger de la situation au Kenya ou au moment de la mise en concession, de la mise au rebut et en Tanzanie. Figure 11.7 Productivite de la main d'ceuvre des concessions ferroviaires 700 600 500 ////.,..,..'\ - :~~....-' \ 400 300 / ... .•..•.. 200 ......::~:.r':--._.._ .......... _ ../ " , // ---"" ..... 100 -----------_/ -5 -4 -3 -2 -1 a Nombre d'annees depuis la mise en concession 1- Camrail - - CEAR ....... RSZ _.. _.. Sitaraill Source: Bullock. 2009. Note. Le nombre total d'unites de trafic transportees par un chemin de fer est la somme des passagers-kilometre et des tonnes-kilometre nettes de fret transportes. Cette mesure a simple et standardlsee est couramment utilisee en tant que moyen de totallser Ie trafic fret et passagers. La ponderation relative des passagers et du fret est fixee par convention 1: 1. Le pont Rivi-Rivi se trouve sur la riviere Rivi-Rivi au Balaka, Malawi. Camrail ; Cameroon Railway Corporation; CEAR ; Central East African Railways Corporation (MalaWI) , RSZ ; Railway Systems of Zambia Ltd, Sitarail ; explo'ltant des chemins de fer au Burkina Faso et en C6te d'ivolfe. Chemins de fer: ala recherche de trafic 237 Les services passagers ne contribuent generalement pas valeur ajoutee, taxes sociales pour Ie personnel, impot sur Ie beaucoup au COllt de la maintenance des infrastructures ou revenu), souvent du meme ordre de grandeur. Etant donnee la des fonctions auxiliaires. Dans quelques cas, ils couvrent taille relative des taxes (principalement l'impot sur Ie revenu) leurs couts marginaux (equipage des trains, maintenance du et des redevances de concession, les Etats devraient prendre materiel roulant, carburant ou electricite pour la traction, et en consideration l'effet combine de ces deux flux de revenus couts de traitement des passagers). Sur de nombreux chemins au cours des negociations de la concession. Independamment de fer, les tarifs passagers sont essentiellement reglementes, de la combinaison de taxes et redevances et de toute promesse souvent au sein d'un cadre qui ne comprend qu'un sous- faite au cours du processus de passation du marche, la stra- ensemble de couts totaux. Toutefois, beaucoup des reseaux les tegie d'un chemin de fer en concession sera toujours limitee moins performants d'Afrique seraient incapables de couvrir par les fondements commerciaux du marche de privatisation les depenses autres que de fonctionnement du chemin de fer des chemins de fer qui est propose. Un concessionnaire ne sur l'ensemble du reseau, meme si elles avaient la possibilite pourra supporter qu'un niveau fini de charges, qu'elles soient d' etablir leurs propres tarifs. des redevances de concession, des couts d'emprunt ou des Les services de fret couvrent generalement leurs couts couts d'acquisition de materiel roulant ; ainsi les concessions d'exploitation evitables. Certains eng ran gent egalement des devant s'acquitter de dettes importantes et de redevances ele- recettes suffisantes pour couvrir les coUts d'infrastructure vees seront-elles les premieres candidates a la renegociation. et meme les couts en capital du materiel roulant. Les pro- fits sont une fonction du tarif et de la charge moyenne des Verdict sur les concessions: geDt!ralement wagons - du cote des recettes - et de facteurs tels que la taille avantageuses mais pas la reponse atous des trains, la vitesse commerciale ainsi que l'utilisation et les problemes la disponibilite du materiel roulant - du cote des couts. En Depuis 1992, 16 concessions de chemin de fer ont ete general, Ie fret rapporte suffisamment pour justifier Ie service octroyees en Afrique. Deux d' entre elles ont ete annulees, une des operations, mais il ne permet de financer Ie remplace- a ete fortement affectee par la guerre, tan dis qu'une autre a ment du materiel roulant que dans certains cas seulement, et ete victime de catastrophes naturelles et de retards de proce- il parvient rarement a generer suffisamment de profits pour dure. Six sont en operation depuis au moins cinq ans, dont financer Ie renouvellement des infrastructures. deux seulement n'ont connu aucune sorte de perturbation Lorsque les chemins de fer ont ete mis en concession, . lmportante. 3 des prets a faible interet gar ant is par l'Etat accordes aux A l' exception des chemins de fer immediatement adjacents concessionnaires ont generalement contribue de maniere al'Afrique du Sud, ceux qui n'ont pas ete mis en concession substantielle au financement des investissements. Les conces- ont subi une deterioration continue depuis Ie milieu des sionnaires apportent une portion relativement peu imp or- annees 1990. Dans de nombreux cas, ces declins devraient tante de capitaux propres. La plupart envisagent de financer etre irremediables. Beaucoup d'Etats africains n'envisagent les plus de 80 % de leurs investissements par l'emprunt, et la part concessions qu'en dernier recours mais, mais dans beaucoup des investissements finances de maniere privee se situe dans de cas, les chemins de fer ont ete trop longtemps abandonnes de nombreux cas bien en dessous de 50 %. Les concessions a la deterioration et il sera difficile de rectifier la situation. ayant envisage une contribution substantielle de l'emprunt Les concessions ont -elles aussi eu leurs problemes. Dans de commercial ont ete l'objet de constantes critiques pour leur nombreux cas, il a ete difficile de trouver plus que quelques manque d'investissement en pratique. Comme la valeur du soumissionnaires, et dans plusieurs situations les ressources materiel roulant transfere au concessionnaire com pense lar- financieres des soumissionnaires se sont revelees insuffisantes gement, dans la plupart des cas, les capitaux prop res investis pour financer les investissements majeurs requis. En conse- dans les concessions, il en resulte un transfert important des quence, l'Etat a du garantir les investissements ; et meme risques financiers associes aux investissements dans l'infras- alors, la mobilisation du financement s'est faite a pas lents. tructure, du secteur prive vers Ie secteur public. Les fonde- Les concessionnaires ont en general manifeste peu d'enthou- ments commerciaux de nombreuses concessions ne suffisent siasme al'idee de devoir delivrer des services passagers, qui ne pas a soutenir des investissements de grande envergure sur generent pas les memes recettes que Ie fret; et cette situation une base commerciale, et elles sont bien trop souvent sujettes a n'a ete rendue que plus delicate par les retards et les litiges lies d'importants problemes de liquidites. L'entretien des actifs et au versement d'une indemnisation par l'Etat pour les services Ie reinvestissement sont donc susceptibles de poser probleme. non rentables. D'autres problemes ont vu Ie jour apropos du Les concessions versent normalement des redevances a niveau des redevances de concession, de la duree de la conces- l'Etat, ainsi qu'un ensemble de taxes (par exemple, taxe sur la sion et des dispositions relatives au personnel excedentaire. 238 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Dans certains cas, ces problemes ont entraine une renegocia- de vue operationnel ou que les obligations de paiement tion du contrat de concession. du service public ne se sont pas materialisees. Beaucoup Malgre ces vicissitudes, les resultats sont, a ce jour, encou- de ces services sont des heritages, et les services passagers rageants. Meme si toutes les attentes n' ont pas ete satisfaites, seraient souvent plus economiques s'ils etaient offerts par un la plupart des chemins de fer mis en concession ont ameliore systeme routier. leur niveau de trafic et leur productivite et offrent un meilleur Un recent examen de quatre concessions a detecte peu de service aux usagers - bien que cela ait necessite une solide signes d'un comportement monopolistique des concession- injection d'investissements de la part des bailleurs de fonds et naires (Pozzo di Borgo et autres 2006 ; Banque mondiale des institutions financieres internationales. On pourrait sou- 2006). Cette analyse a examine les tarifs du fret et la possi- tenir que certaines de ces ameliorations auraient eu lieu de bilite de reduire les services afin de redeployer les ressources to ute fa<;:on. De plus, la responsabilite de la rehabilitation et vers des usagers favorises, en dehors des changements dans maintenance permanentes des voies devient rapidement une les services que tout chemin de fer commercial effectue en question cle entre les concessionnaires et les pouvoirs publics. reponse aux modifications des schemas de trafic. Peu de Un objectif cle des Etats dans beaucoup de concessions ferro- concessions sont a l'abri de la concurrence de la route, sauf viaires est d' obtenir un financement (prive ou par Ie biais des dans les quelques cas OU les routes doivent encore toujours institutions financieres internationales) pour la renovation de Hre construites ou bien ou il y a d'importants mouvements l'infrastructure des voies. Pour la plupart des operateurs prives, de mineraux. Aucune donnee n'indique que Ie transport des la rehabilitation des voies, en particulier leur renouvellement, personnes est devenu plus cher pour les personnes pauvres. represente cependant une depense majeure qui epuise les fonds La plus grande deception pour les Etats a ete Ie manque disponibles, mais qui peut aussi etre facilement repoussee. de financement des infrastructures par d'autres sources L'impact Ie plus important des concessionnaires est l'ame- que les institutions financieres internationales. Les accords lioration des operations. Etant donne la faiblesse des investis- de concessions attribuaient clairement la responsabilite du sements et du climat reglementaire dans de nombreux pays financement de l'entretien et du renouvellement des voies africains, les flux d'investissement ont ete limites. Avec les aux operateurs prives. De meme, Ie financement du materiel concessions, les operations se sont bien deroulees et une nette roulant a aussi ete laisse aux concessionnaires aux termes de amelioration de l'efficacite a ete constatee. La productivite de leurs contrats. Pour Ie fin an cement des infrastructures, la plu- la main d'ceuvre a aug mente de maniere reguliere dans toutes part de ceux-ci se sont initialement appuyes sur des prHs des les concessions en exploitation depuis plus de cinq ans, et les institutions internationales, avec des couts d'emprunt infe- concessions plus recentes produiront vraisemblablement des rieurs a ceux du marche, de longues durees et des periodes resultats semblables. La productivite des actifs a elle aussi de grace. Les exceptions sont Ie chemin de fer Beitbridge (du augmente. Meme si les concessionnaires africains disposent Zimbabwe a l'Afrique duSud), qui s'appuie sur des clauses de en general d'une structure de couts plus appropriee que celle prise ferme (de type prendre ou payer) qui garantissent des de leurs predecesseurs, elle est rarement la structure de cout recettes minimales ; Ie chemin de fer Nacala au Mozambique, ideale. Les couts d'exploitation des chemins de fer sont une qui est finance a des taux semi commerciaux ; et les chemins fonction du capital investi, de meme que de l'efficacite ope- de fer de la Zambie et de la Vallee du Rift (couvrant Ie Kenya rationnelle, et beaucoup de chemins de fer africains ont ete et l'Ouganda), ou Ie programme d'investissement est modeste prives d'investissement, ce qui a substantiellement augmente et finance directement par Ie concessionnaire. Des prets ont leurs couts d'exploitation generaux. parfois ete octroyes pour Ie materiel roulant, mais pour beau- L'allocation efficiente des ressources est difficile a mesurer coup des operateurs a faible volume, Ie choix raisonnable directement, mais les donnees disponibles sont generalement consiste a trouver du materiel d' occasion. A ce jour, la plupart encourageantes. L' amelioration de la productivite, la recherche des investissements ont ete destines aux retards de mainte- active de nouveau trafic par les concessionnaires et de meilleures nance et de renouvellement, sans lesquels Ie chemin de fer ne pratiques commerciales internes ont toutes contribue a l'ame- pourrait souvent plus fonctionner, et peuvent etre qualifies lioration des structures des couts et des prix des chemins de d'investissements non renouvelables realises pour garantir Ie fer et a celle du niveau des services. Cela a aide a attirer Ie trafic fonctionnement du reseau. Toutefois, meme ce genre d'inves- vers Ie mode de transport qui peut Ie prendre en charge Ie plus tissement a ete lent: plus de quatre ans au Cameroun et cinq efficacement, et a ameliorer la concurrence intermodale. ans sur la ligne Nacala - une attente tres longue lorsqu'une La plupart des concessionnaires ont satisfait les exigences entreprise atteint a peine Ie seuil de rentabilite. liees aux services passagers inscrites dans leurs accords de Les concessions sont-elles une reponse a long terme ? Ou concession, meme lorsque cela s'est avere difficile du point bien sont-elles seulement des palliatifs rapides dependant Chemins de fer: ala recherche de trafic 239 des investissements de tierces parties, qui se reveleront non sont pourtant bien plus importantes pour Ie pays, du point sou ten abies a long terme ? Que faire de plus pour garantir la de vue economique. soutenabilite du secteur ? La reponse a un grand nombre de ces questions doit venir des Etats. Capacite ou volonte des operateurs prives de financer Ie renouvelIement des voies Peu de concessions, si pas aucune, ne generent suffisamment Problemes des pour les Etats de profits pour leurs operateurs et certainement pas assez pour financer les renouvellements a long terme. Bien que la plupart II y a peu de chances qu' en Afrique, les systemes de conces- des concessionnaires payent des redevances contribuant aux sion dassiques 4 s'averent financierement interessants pour recettes de l'Etat, aucun n' ales moyens financiers de Ie faire et des soumissionnaires autres que ceux cap abies d'en tirer des d'accumuler en me me temps les fonds necessaires aux futurs avantages financiers non directement lies a l'exploitation renouvellements. II est douteux qu'un modele de concession des chemins de fer. s En consequence, a moins que ne soit purement finance par Ie prive soit sou tenable dans la plupart modifiee la structure des concessions ferroviaires en Afrique de l' Afrique. Les structures des voies ont (ou devraient avoir) ou que l'environnement de marche OU ils operent n'evolue une duree de vie de plusieurs dizaines d'annees, etant donne favorablement, les operateurs prives continueront a ne mani- Ie trafic generalement supporte par les chemins de fer afri- fester qu'un interet limite pour les concessions ferroviaires cains. Sur un petit reseau, Ie renouvellement des voies n'est africaines. Deux domaines des doivent etre abordes : les ser- necessaire a l'un ou l'autre endroit que tous les 20 ans envi- vices passagers ainsi que Ie renouvellement et la rehabilitation ron. II est presque toujours possible de differer Ie renouvelle- des voies principales, necessitant tous deux un fin an cement ment de plusieurs annees, quoiqu'au prix de la deterioration public important dans la plupart des concessions. Une fois de l' etat des voies et de la reduction de la vitesse de transport. ce financement acquis, les Etats devront egalement renforcer Pour tout concessionnaire doutant de l'avenir, la decision la leur capacite de reglementation pour garantir que les condi- plus sure est de renouveler Ie moins de voies possibles. tions sont remplies et que les consequences sur Ie secteur des Meme s'ils desirent renouveler les voies, les operateurs chemins de fer en general, et sur les concessionnaires en par- prives connaitront souvent des difficultes a rassembler les ticulier, sont correctement considerees lorsque d'autres poli- fonds necessaires. Peu de concessions sont financierement tiques sont elaborees dans d'autres secteurs de l'economie. robustes. Si I'Etat fait du niveau des redevances ou du prix d'achat du materiel roulant l'ultime mesure du succes du Services passagers marche de concession, cela limiter a la capacite du soumis- Si les Etats souhaitent que les concessionnaires assurent des sionnaire choisi a renouveler l'infrastructure. Meme si un services passagers, ils doivent prevoir un systeme d'indemni- operateur a suffisamment de liquidites, sur un petit reseau sation clair et controlable. Peu de services ferroviaires pour ou les depenses n'interviennent que tous les 5 ou 10 ans, il passagers couvrent ne serait-ce que Ie cout d'exploitation y a peu de chances qu'un concessionnaire reserve des fonds des voies. Leur contribution aux couts des infrastructures est annuellement et les conserve pendant aussi longtemps. De minimale, et peu d'entre eux pourraient justifier des investis- plus, l'obtention d'un emprunt pour les reparations ne sera sements dans Ie materiel roulant, qu'il soit par locomotive ou generalement possible que par Ie biais d'un pret general autotracte. Si ces services doivent se poursuivre au-dela des d'entreprise, ce qui est pratiquement impossible pour un premieres annees de la concession, les Etats doivent mettre petit chemin de fer autonome. au point des systemes d'indemnisation simples avec des paie- II faut donc elever les profits du concessionnaire, ou deve- ments en temps voulu. Tout systeme devrait permettre au lopper des sources supplementaires de financement, ou les concessionnaire de conserver la totalite des recettes, ce qui deux. Aujourd'hui, les concessions ferroviaires africaines encouragera une exploitation maximum, et devrait indure presentent deux modeles de financement de l'infrastruc- une contribution publique, eventuellement par wagon-kilo- ture. Dans Ie premier, les Etats financent les coUts initiaux metre, au coUt de l'exploitation des services pas sagers non de rehabilitation et de renouvellement des voies, en general rentables. Ce systeme devrait etre facilement audite et revu en obtenant des prets aupres d'institutions financieres inter- periodiquement, par exemple tous les cinq ans. nationales. Ces prets sont ensuite accordes aux operateurs Si aucun systeme de ce type n' est introduit, les services pas- prives et couvrent generalement uniquement Ie plan d'in- sagers resteront une source permanente de conflit entre I'Etat vestissement quinquennal initial, dans l'espoir que cela suf- et l'operateur. En outre, ce probleme detournera l'attention fise a propulser Ie trafic de chaque concessionnaire jusqu'au du concessionnaire des services de fret, OU les ameliorations niveau necessaire pour permettre I' autofinancement des 240 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE investissements uIterieurs dans les voies. Cette approche est rapports, stipulees par les accords de concession. Dans certains couramment utili see pour les chemins de fer ayant un ratio cas, cette situation est due a 1'intransigeance des operateurs et eleve d'investissement initial par rapport aux recettes et qui dans d'autres, a leur manque de savoir-faire ou d'initiative. ont ainsi peu de chances de pouvoir mobiliser suffisamment De fa~on non surprenante, tant les politiciens que les res- de capitaux prives. Dans Ie second modele, les Etats ne finan- ponsables administratifs sont souvent mal informes des pro- cent pas Ie renouvellement initial des voies mais s'engagent a blemes auxquels sont con frontes les concessionnaires et des indemniser les concessionnaires pour leurs investissements a remedes auxquels ils ont recours. La plupart des concessions la fin de la concession (c' est Ie cas, par exemple, des chemins comprennent une longue liste d'exigences que Ie concession- de fer du Kenya, de 1'Ouganda et de la Zambie). Dans de tels naire doit satisfaire, et accepter que la production de rapports cas, Ie montant initial a investir est relativement modeste par soit negligee ouvre la porte a des litiges ulterieurs. Les organes rapport aux recettes attendues, et les operateurs prives sont de reglementation doivent renforcer leurs capacites et imposer senses etre capables d' obtenir un financement prive grace dans les contrats de concession des audits financiers et opera- aux merites de leur analyse de rentabilisation. Dans les deux tionnels in dependants annuels. Une solution pour Ie finance- modeles, les Etats acceptent generalement d'acheter, a la fin de ment de ces organes de reglementation consisterait a utiliser la concession, la partie non amortie des investissements dans les redevances des concessions, mais un fonds de transport 1'infrastructure finances par les concessionnaires. Toutefois, la routier serait preferable, s'il est possible d'en creer un. capacite des Etats a assumer de tels paiements reste incertaine dans beaucoup de cas, ce qui affecte souvent les investisse- Comportement coherent de I'Etat aregard ments dans 1'infrastructure au cours des eta pes uIterieures de des concessionnaires ferroviaires, en accord avec la concession, meme si une gar an tie partielle des risques peut les pratiques modeIes commerciales renforcer l' engagement de remboursement pris par 1'Etat. Les actions non coordonnees des ministeres ont eu des Trois conditions doivent etre remplies pour obtenir un consequences nefastes sur les performances d'un certain fin an cement prive de 1'investissement dans les voies : a) 1'Etat nombre de concessions. Les exemples vont de 1'imposition garantit que la concession (et donc, Ie financement des voies administrative du niveau des salaires, aux restrictions d'ac- propose) est financierement solide ; b) la valeur non amor- ces aux installations pour conteneurs, en passant par des tie des actifs due au concessionnaire a la fin de la periode de exigences de service public non fondees. La plupart de ces concession demeure raisonnable ; et c) l' accord de concession actions pourraient etre evitees en mettant en place un organe permet une extension eventuelle de la periode de concession. de surveillance adequatement finance et dote de personnel Toutefois, les Etats devront souvent apporter leur assis- Oa contrepartie de la concession est generalement Ie choix tance. Malgre les ameliorations probables de l' efficacite Ie plus evident). L'Etat devrait s'assurer qu'un tel organe dis- apportees par la concession, de nombreux accords ne reussi- pose des pouvoirs politiques et techniques necessaires pour ront sans doute pas a franchir Ie premier obstacle de la solidite coordonner et controler les actions des pouvoirs publics financiere. Si 1'Etat souhaite neanmoins poursuivre la conces- envers les operateurs ferroviaires prives. En pratique, cela sion a cause des avantages du transport ferroviaire, il devra lui implique que l'organe se reunisse regulierement pour dis- octroyer regulierement des fonds de subvention. Une option cuter des problemes non resolus avec Ie concessionnaire. II possible est de financier partiellement Ie renouvellement de devrait inclure ou avoir un acces direct a un expert technique l'infrastructure, independamment du concessionnaire, par et a un expert financier specialises dans les chemins de fer, Ie biais d'un fonds de renouvellement du transport terrestre, et il devrait etre dirige par une personne dont la seule res- qui pourrait etre une extension d'un fonds routier, cree en ponsabilite serait de controler la concession ferroviaire et de tant que fonds commun par les secteurs routier et ferroviaire. rendre compte directement aux ministres des Finances et des Par exemple, les redevances des concessions pourraient etre Transports, au minimum. versees dans ce fonds plutot que d'etre integrees aux recettes generales. II est possible de justifier cette option par les couts Approche coherente de I'Etat du recouvrement externes evites grace au transport des pas sagers et du fret par des couts d'infrastructure la route plutot que par Ie rail. Les Etats devraient aussi definir une politique logique et rea- liste pour Ie recouvrement des couts d'infrastructure. Le sec- Reglementation effective et efficace des operateurs teur routier dispose d'un lobby bien con~u et organise. Les ferroviaires prives defenseurs des chemins de fer d'Etat, la OU ils sont presents, En pratique, beaucoup de concessions ignorent la plupart ou se sont en general montres incompetents et mal prepares, la totalite de leurs obligations en matiere de production de Chemins de fer: ii la recherche de trafic 241 meme si les concessionnaires sont generalement capables alignes sur les objectifs economiques a long terme de l'Etat. de defendre agressivement leurs inten~ts. Plus les couts du Les accords de concession doivent autant que possible s'ef- transport routier sont bas, plus il est perm is de surcharger les forcer de reconcilier ces deux objectifs, et Ie respect de leurs vehicules, plus les tarifs du fret tant par la route que par Ie rail dispositions devrait en suite etre regulierement contr61e. seront faibles, moins Ie concessionnaire disposera de fonds En depit de ces problemes, des chemins de fer fonction- pour entretenir et renover I'infrastructure ferroviaire. nant bien devraient toujours constituer la solution la plus La concurrence de la route est la plus intense en Afrique economique pour Ie transport sur les corridors principaux, australe, qui possede la structure de marche la plus liberale, les des marchandises generales non perissables sur des distances plus gros camions et les meilleures routes. De plus, Ie niveau de 500 a 800 kilometres au minimum, et sur de plus courtes des frais pour les usagers de la route et la generalisation de la distances pour Ie transport de fret en vrac. La relance des surcharge des vehicules affectent profondement Ie rail. Exiger chemins de fer a travers des concessions est gar an tie lorsque de celui-ci qu'il finance sa maintenance et sa modernisation les fondements commerciaux sur lesquels ils s'appuient sont a long terme, tout en tolerant Ie sous-recouvrement des couts sains. En meme temps, de meilleures solutions doivent etre du transport routier et les exces de charge sur les routes, peut imaginees pour garantir que, tandis que les Etats continuent aider l'Etat a equilibrer son budget a court terme, mais repre- a recolter les substantiels avantages economiques des conces- sente un obstacle presque impossible a surmonter pour la sions, la rentabilite financiere des operateurs prives so it suf- plupart des transports ferroviaires de marchandises. fisamment elevee pour attirer une participation plus large et plus competitive des investisseurs. La voie it suivre II existe souvent un ecart important dans l' esprit des repre- sentants de l'Etat entre ce qu'ils attendent des la mise en concession et ce qui se passe reellement apres I'octroi. Les volumes des services sont faibles sur la plupart des chemins de fer africains, souvent proches de ceux d'une branche modere- ment frequentee dans de nombreux pays. Ces faibles volumes Notes ne peuvent pas justifier commercialement plus que la main- Les auteurs de ce chapitre sont Dick Bullock et Kenneth tenance minimum des infrastructures, pour permettre une Gwilliam. Us se sont appuyes sur des documents de reference et exploitation a une vitesse de 40 a 60 kilometres/heure. Cette autres contributions de Pierre Pozzo di Borgo. vitesse ne rend pas les services passagers attractifs, sauf la OU 1. La den site spatiale se mesure en kilometres de route pour 1 000 il n'existe aucune alternative, une situation de plus en plus kilometres carres. 2. La densite de trafic s'exprime en unite de trafic par kilometre rare. Les Etats qui ne sont pas disposes a investir une par- de route. Le nombre total d'unites de trafic transportees par tie importante de leurs propres fonds dans la maintenance un chemin de fer est la somme des passagers-kilometre et des et la modernisation des infrastructures ne doivent s'attendre tonnes-kilometre nettes de fret transportes. U s'agit d'une qu'a un service de transport ferroviaire du fret taille pour les mesure simple et standardisee, couramment utilisee, bien qu' elle besoins de la cause et operant a une vitesse modeste mais avec presente certaines limites en tant qu'indicateur (par exemple, fiabilite et en toute securite. Ce type de chemin de fer peut un passager-kilometre en premiere classe dans un train com- etre exploite avec succes sous concession avec les densites mercial a grande vitesseest considere de la meme fa<;:on qu'un de trafic habituelles en Afrique. Si les volumes de trafic sont pas sager-kilometre dans un train de banlieue bonde). La ponde- tres faibles (250000 tonnes par an ou moins) ou si un haut ration relative des passagers et du fret est fixee par convention a degre de service aux pas sagers est attendu, Ie soutien financier 1:1, bien que d'autres ponderations aient ete utilisees de temps a autre sur certains chemins de fer, generalement dans Ie but de continu de l'Etat sera necessaire. refieter les couts relatifs. Apres l'octroi d'une concession, l'Etat doit contr6ler Ie 3. Pour des discussions plus detaillees, voir Bullock 2005. comportement du concessionnaire et s' assurer que les interets 4. Les systemes de concession classiques demandent au secteur de l'Etat sont respectes. Plus important encore, l'Etat do it s'as- prive d'assumer un fardeau de la dette important par rapport surer que l'infrastructure ne se deteriore pas pendant la duree aux recettes. de la concession, com me c'est souvent Ie cas. La deterioration 5. C'est-a-dire en contr61ant I'ensemble de la chaine de distri- intervient generalement lorsque les concessionnaires ont des bution ou par la fourniture d'equipements ferroviaires et de objectifs financiers a court ou moyen terme qui ne sont pas services. 242 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Bibliographie Pozzo di Borgo, Pierre, Alain Labeau, Raphael Eskinazi, Julien Amos, Paul et Richard Bullock. 2007. « The Financial Performance Dehornoy, Alan Parte et Marouane Ameziane. 2006. « Review of Non-Urban Passenger Services». Transport Paper 14, Banque of Selected Railway Concessions in Sub-Saharan Africa ». Banque mondiale, Washington, DC. mondiale, Washington, DC. Bullock, Richard. 2005. « Results of Railway Privatization in Thompson, Louis. 2007. « Spoornet and Transnet Sectoral Reference Africa ». Transport Paper 8, Banque mondiale, DC. Paper » Banque mondiale, Washington, DC. ---.2009. « Taking Stock of Railway Companies in Sub-Saharan UIC (Union internationale des chemins de fer)-Centre des statis- Africa ». Background Paper 17, Diagnostic des infrastructures tiques 2008. Railway Time-Series Data 2007. Paris: Railway Tech- nation ales en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. nical Publications. Carruthers, Robin, Ranga R. Krishnamani et Siobhan Murray. Banque mondiale. 2006.« Sub-Saharan Africa: Review of Selected 2008. « Improving Connectivity: Investing in Transport Infrastruc- Railway Concessions ». Rapport sur Ie secteur des transports en ture in Sub-Saharan Africa ». Background Paper 7, Diagnostic Afrique 36491, Banque mondiale, Washington, DC. des infrastructures nationales en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. Chapitre 12 Ports et activites maritimes : recherche proprietaires es activites maritimes africaines ont ete considerable- Djibouti; Durban en Afrique du Sud; et Mombasa au Kenya) L ment dereglementees. Toutefois, de nombreux pays africains restent prisonniers du cercle vicieux cree par les tarifs douaniers eleves qui decouragent Ie trafic et font ne constituent pas d'importantes plaques to urn antes des itineraires internationaux, et ne semblent pas en passe de Ie devenir. Plusieurs ports souffrent d'une capacite reduite, en augmenter les couts. La situation est encore aggravee par la particulier en ce qui concerne Ie stockage en terminal, l' entre- mediocrite des liaisons terrestres et Ie coUt eleve de 1'adminis- tien et Ie dragage. L'utilisation totale de la capacite des ports tration des ports. De plus, 1'absence d'un systeme de distribu- africa ins est cependant estimee dans 1'ensemble it 80 % et tion terrestre integre, en particulier pour Ie transit, entrave Ie devrait rester it ce niveau dans les annees it venir. trafic des conteneurs. Beaucoup de ports sont mal equipes et inefficacement Depuis Ie milieu des annees 1990, Ie volume tant des mar- exploites. Le taux de manutention des conteneurs est bien chandises generales que du fret conteneurise passant par les inferieur aux normes internationales. En revanche, les rede- ports africains a triple. L' Afrique australe a connu la plus vances portuaires pour les conteneurs et les marchandises forte progression en ce qui concerne Ie trafic du fret general generales sont sensiblement plus elevees que dans les autres et l'Afrique occidentale en ce qui concerne Ie trafic de conte- regions. Les normes de securite demeurent extremement neurs, meme si Ie point de depart etait bas. Le trafic du vrac variables, et peu de ports sont prepares aux changements solide (charbon, cereales et certains produits chimiques) et spectaculaires qui sont en train de se produire dans Ie com- du vrac liquide (principalement de petrole) a aussi connu une merce et les modeles d' expedition. rapide progression. Cependant, au regard des normes inter- Les principales exigences sont organisationnelles. Beau- nationales, ces categories de trafic ne sont pas equilibrees, ce coup de contraintes de capacite pourraient etre surmontees qui augmente les couts du commerce africain. Pour Ie vrac en rendant simplement les ports existants plus efficaces. solide et liquide, Ie volume des exportations depasse de loin Une planification portuaire regionale est necessaire pour celui des importations, tandis qu'on assiste it l'inverse dans Ie combattre les couts lies it la fragmentation. 11 faudrait que commerce du fret general et par conteneur. les politiques de tarification et de reglementation des activi- Le trafic passe par un grand nombre de ports, dont peu tes portuaires soient plus commerciales et repondent mieux sont importants selon les normes internationales. Les princi- aux be so ins du marche international des transports mari- paux ports de transbordement du commerce regional (Abi- times. Des politiques globales sont necessaires pour 1'inte- djan en Cote d'Ivoire; Dar es Salam en Tanzanie ; Djibouti it gration modale et la simplification administrative, et la mise 243 244 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE en place de structures modernes de gestion portuaire est de l'Est presente une forte concentration a Mombasa (6 % essentielle. du total de l'Afrique subsaharienne, se!on la Conference des Le systeme de port proprietaire a mieux reussi que ce!ui Nations Unies sur Ie commerce et Ie deve!oppement) tandis du port de service en Afrique (comme ailleurs) et est plus que l'Afrique de l'Ouest compte cinq ports traitant chacun approprie a I'introduction du secteur prive. Dans une struc- plus de 350 000 EVP. ture de port proprietaire, l'efficacite pourrait etre ameIioree L'absence d'un systeme de distribution terrestre integre, en parvenant a attirer des operateurs de lignes de conteneurs en particulier pour Ie trafic de transit, entrave Ie trafic par et les principaux operateurs de terminaux internationaux. conteneurs. C' est Ie traitement des exportations de vrac solide Le Ghana et Ie Nigeria ont evolue vers Ie modele du port et liquide qui connait la plus forte progression, avec beaucoup proprietaire, tandis que plusieurs pays franco phones ont d'installations portuaires detenues par Ie prive et integrees adopte un modele hybride. Le developpement demeure tou- dans un systeme logistique complet. tefois lent et tres peu d'operateurs prives mondiaux efficaces De 1995 a 2005, Ie fret general a augmente avec un taux sont impliques. annuel moyen de 6,6 %, pouvant aller jusqu'a 15,7 % en Afrique australe (Tableau 12.2), des taux bien superieurs a ceux du reste du monde a cause de la conteneurisation tar- Le marche maritime africain dive. Les marchandises generales sont traditionnellement Ie principal type fret transporte vers les pays enclaves. Les ports Le trafic maritime africain a rapidement progresse pour to us soufrent peu de congestion, mais la manipulation y est ineffi- les types de fret, meme si Ie trafic par conteneurs est forte- cace et Ie transfert d'une partie de ce trafic vers les conteneurs ment desequilibre et confronte a de grands defis a cause du depend des systemes de distribution terrestre. manque de liaisons terrestres efficaces avec l'arriere-pays. Les Le trafic du vrac solide est parfois traite dans les installa- marches maritimes sont petits et etroits, ce qui contribue a tions d'usage commun destinees aux marchandises generales, entrainer des couts relativement eleves. mais les flux les plus importants (cereales de Mombassa, fer- rochrome de Maputo et charbon de Richards Bay, Afrique Trafic maritime: en augmentation mais desequilibre du Sud) passent par des terminaux destines au vrac solide et En dehors de l'Afrique du Sud, Ie trafic par conteneurs en liquide, detenus et exploites par Ie prive, OU les volumes du tra- Afrique subsaharienne n'en est toujours qu'a ses debuts, mais fic ne sont generalement pas bien rapportes. En 2007, Ie debit i1 se developpe rapidement a partir d'une to ute petite base, total de Richards Bay etait de 66 millions de tonnes, ce qui avec un taux moyen de croissance annuelle de 7,2 %, allant en faisait Ie neuvieme port d'exportation de vrac du monde. jusqu'a 13,8 % en Afrique de l'Ouest (Tableau 12.1). Sur Parce que des interets mondiaux majeurs contr61ent ces activi- les 7,6 millions d'equivalents vingt pieds (EVP) traites par tes, les installations portuaires et d'expedition sont en general I'ensemble des ports de l'Afrique subsaharienne en 2005, conformes aux meilleures normes internationales. Une partie Durban en a manipule pres de 2 millions, tandis que les du trafic du vrac solide est toujours traitee sur les quais du fret trois principaux ports de l'Afrique du Sud en ont, ensemble, general, ce qui indique que la specialisation pourrait encore manipule plus de 3 millions. L'Afrique de l'Ouest represente progresser, a condition que Ie flux de base soit suffisant. moins d'1 % du trafic mondial total par conteneurs et un Le trafic du vrac liquide comprend principalement Ie peu plus de 2 % de l'ensemble du trafic africain. L'Afrique petrole, avec 11 pays (domines par Ie Nigeria et l'Angola) Tableau 12.1 Evolution du trafic lie aux echanges par conteneurs, ports d'Afrique subsaharienne, par region, 1995-2005 Evolution EVP Evolution moyenne Region 1995 2005 globale(%) annuelle (%) Afrique orientale-Ocean indien 505 100 1 394956 176 5,8 Afrique australe 1 356000 3091 846 128 2,5 Afrique occidentale 673400 3126901 364 13,8 Total 2534500 7613703 200 7,2 Source· Mundy et Penfold 200R Note: EVP unite d'eqUivalent vmgt pieds Ports et activites maritimes: recherche proprietaires 245 Tableau 12.2 Evolution du trafic du fret general, 1995-2005 Evolution Milliers de tonnes Evolution moyenne Region 1995 2005 globale (%) annuelle (%) Afrique orientale-Ocean indien 13,84 38,42 177 5,9 Afrique australe 2,73 14,52 431 15,7 Afrique occidentale 19,57 51,68 164 5,1 Total 36,14 104,62 189 6,6 Source: Mundy et Penfold 2008, fournissant 12 % de la demande mondiale et 19 % de la ras (Espagne) et Tanger (Maroc) comme plaques tournantes demande des Etats-Unis. En 2006, Ie petro Ie representait pour ses echanges en Afrique de 1'Ouest. Le nombre d'es- 85 % de la valeur des exportations de 1'Afrique de 1'Ouest et cales directes est donc en baisse dans certaines regions, et la de 1'Afrique centrale. Le secteur est en pleine croissance, avec capacite des navires porte-conteneurs desservant les ports des pays asiatiques (en particulier la Chine) et les Etats-Unis africains est relativement faible, generalement en dessous de effectuant d'importants investissements en Afrique, y com- 2000 EVP. pris pour 1'installation de plateformes d'exportation appro- La proliferation des ports et les limitations du volume du priees. lei aussi, les normes internationales sont generalement trafic contribuent aux couts eleves des expeditions maritimes respectees. vers 1'Afrique, Les seules solutions pour que les petits ports Pour la plupart, les pays africains exportent des mineraux intensifient leur trafic sont 1'amelioration de 1'efficacite des (y compris Ie petrole) et des produits agricoles, traites soit activites portuaires et 1'integration region ale pour etablir de par des terminaux specialises ou dedicaces au vrac liquide meilleures liaisons entre les ports et leur arriere-pays. Sans et solide, so it par des installations destinees au fret general. une plus grande efficacite des activites portuaires et de la dis- Par exemple, sur les quais des installations destinees au fret tribution, plusieurs pays maritimes continueront d't~tre des- general, les produits agricoles sont souvent manipules par des servis par des services de collecte (en particulier en Afrique bennes preneuses ou des transporteurs mobiles. Le volume de 1'Est) et par les services de lignes regionales (en Afrique des exportations (chargements) est bien plus eleve que celui de 1'Ouest). des importations (dechargements) en ce qui concerne Ie Les retards subis dans les ports sont aussi tres couteux, En vrac solide et liquide, tandis que ce sont les importations qui 2006, chaque jour supplementaire passe au port coutait plus dominent dans Ie commerce des marchandises generales. de 35 000 dollars EU pour un navire de 2 200 EVP, et propor- La predominance des importations est plus prononcee tionnellement plus pour les plus grands bateaux. Les lignes dans les echanges par conteneurs, ce qui fait augmenter les couts. Sur l' ensemble des conteneurs quittant l' Afrique, 23 % sont pleins, et ce taux tombe a 12 % pour 1'Afrique de 1'Ouest. Figure 12.1 Repartition des conteneurs en Afrique subsaharienne Seuls les ports d'Afrique australe s'approchent des niveaux ~ "0 3500 000 d'echanges de la plupart des autres regions du monde, avec 30 '" '0. a40 % de conteneurs pleins au retour vers 1'Asie (Figure 12.1). 0, 3 000 000 c 'S: 2500 000 ~ c 2 000 000 Configuration du trafic - Petits volumes, '" -;;; > ':; 1500 000 couts eleves ,'" C" 1 000 000 'c L'activite maritime africaine a ete largement dereglementee ~ 500 000 et 1'Afrique a ete integree au reseau mondial des lignes de 'c :J a navigation a travers l'acquisition d'operateurs regionaux par Afrique Afrique Afrique de l'Est de !'Ouest australe des acteurs mondiaux et Ie remplacement d' escales directes • Importes remplis 0 Exportes remplis par des transbordements venus d'ailleurs. Par exemple, II Exportes 11 vide Maersk utilise Salalah (Oman) comme plaque tournante pour ses activites commerciales en Afrique de 1'Est, et Algesi- Source' Mundy et Penfold, 2008. 246 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE maritimes ont reagi en introduisant des « frais de congestion» corridors permettrait de reduire les blocages administratifs qui allaient de 35 dollars EU par jour pour un conteneur de pour y fluidifier Ie flux des marchandises. 20 pieds a Dakar a 425 dollars EU par jour a Tema (Ghana), en 2006. Les retards sont souvent causes par Ie temps de trai- tement et d' administration et la mediocre manipulation dans Ports africains les zones portuaires congestionnees, plutot que par Ie manque de capacite de base sur les quais. Lorsque la reglementation L'Afrique compte de nombreux ports de petite et moyenne douaniere permet Ie transport de boites so us douane, certains envergure, presentant une faible concentration par rapport ports ont cree des terminaux en dehors de la zone portuaire normes mondiales. L'Afrique de 1'Ouest est do tee d'environ principale, pour pouvoir deplacer les parcs a conteneurs vers 25 ports importants mais aucun ne figure parmi les 70 plus des zones moins congestionnees. grands ports du monde. De plus, Ie developpement de nou- La plupart des pays enclaves disposent de debouches alter- veaux ports accentue cet eparpillement (Figure 12.2). natifs sur la mer. Par exemple, les 5 pays enclaves de l'Afrique de l'Ouest ont 15 possibilites de transit, et la Zambie dis- Configuration des ports: necessite d'un meilleur pose a elle seule de 5 corridors concurrents. Le cout total systeme de plaques tournantes et ports de collecte (incluant les retards aux frontieres et au port) determine Ie Les trois regions d'Afrique subsaharienne - orientale, occi- choix des expediteurs. En Afrique australe, la plupart du trafic dentale et australe - declarent souffrir de problemes de capa- emprunte la route la plus longue vers Ie port, congestionne et cite specifiques. Mombasa et Dar es Salam ont atteint leur plutot inefficace, de Durban a cause des dispositifs plus libe- limite de stockage des conteneurs dans leurs terminaux. Dur- raux et plus efficaces au niveau du transport terrestre et des ban se bat pour trouver une nouvelle capacite afin de satisfaire frontieres existant sur cette route, ainsi que des departs plus la demande de manipulation et d'entreposage de conteneurs. frequents. Une plus grande competition entre les differents En Afrique de l'Ouest, Luanda et Tema ont une capacite en Figure 12.2 Ports africa ins, par taille Fret (millions de tonnes) • <3 • 3-10 • 10-50 >50 - Chemins de fer - Grandes routes Source' Mundy et Penfold, 2008. Ports et activites maritimes: recherche proprihaires 247 conteneurs insuffisante et sont sous pression, de meme que une importante capacite de transbordement it 1'Afrique de Douala (Cameroun), en ce qui concerne Ie fret general. De l'Est et 1'Ocean Indien. En outre, les installations du terminal nombreux facteurs en sont la cause. L'emplacement de cer- it conteneur de Djeddah (Arabie saoudite) sont en cours d'ex- tains ports dans de gran des zones urbaines en limite la capa- tension, et, en 2008, DPWorld a obtenu une concession pour cite (Apapa [Lagos], Nigeria). Pour de nombreux ports, la 1'exploitation et Ie developpement du terminal it conteneurs disponibilite des equipements et l'entretien constituent des d' Aden, au Yemen. Depuis 2008, un consultant met au point contraintes. Le dragage d'entretien est souvent inadequat les derniers details d'un projet de strategie portuaire nationale (et bien plus cher qu'il y a quelques annees) dans la mesure pour la Tanzanie. ou il depend aujourd'hui de contrats ponctuels plutot que En Afrique du Sud, Durban lutte pour traiter son propre de contrats de performance it long terme. De plus, beaucoup trafic national et connait regulierement des episodes critiques de ports sont dotes de systemes d'aide it la navigation assez de congestion des postes it quai pendant la haute saison. Les mediocres. compagnies maritimes menacent de reintroduire la surcharge En depit de ces circonstances, une source considere que pour retards d'immobilisation it quai, qui existait entre 2002 et l'usage total de la capacite des ports africains se situe dans 2005. Durban connait aussi des problemes d'environnement, l'ensemble it 80 % et devrait rester it ce niveau jusqu'en de securite, de connexions avec 1'arriere-pays et de manque 2010 (Drewry Shipping Consultants Ltd. 2006, 2008). Une de place. Bien qu'il existe des plans pour mettre en service de meilleure efficacite des ports devrait surmonter beaucoup des nouvelles capacites, telles que Ie nouveau systeme Pier One, contraintes de capacite, etant donne que les taux de mani- la demande est tres elevee et risque it court ou moyen terme pulation sont inferieurs aux normes internationales. Par de depasser les nouvelles capacites. Le nombre de transpor- exemple, Ie terminal it conteneurs de Durban n'effectue que teurs cherchant des lieux alternatifs de transbordement dans 17 mouvements par grue it 1'heure, bien moins que la norme les iles de l'Ocean indien (notamment it Maurice) reflete internationale de 25 it 30 mouvements. bien les problemes de Durban. Bien que la superstructure et Sur Ie littoral est-africain, Mombasa et Dar es Salam sont 1'infrastructure soient generalement separees en Afrique du en concurrence en tant que ports de transbordement regio- Sud, Ie fait que les deux appartiennent it l'entreprise publique naux, et to us deux sont confrontes it de severes contraintes de Transnet n'a de toute evidence pas permis d'effectuer les capacite it court terme. Tous deux sont desservis par des ports ameliorations necessaires pour qu'un grand port, situe dans de collecte, principalement Salalah (Oman) et DubaY (Emirats un emplacement ideal, puisse servir de centre de transbor- arabes unis). Par exemple, Rotterdam (Pays-Bas), Ie principal dement pour l' Afrique australe. Actuellement, l' Afrique du port europeen, n'a aucun flux direct de conteneurs it destina- Sud est un pays en bout de ligne et, au contraire des autres tion de ces deux ports. Le trafic par Dar es Salam a fortement plaques tournantes majeures ou mondiales situees sur 1'une augmente depuis que Hutchinson Port Holdings y a repris Ie des principales routes Est-Ouest, qui realisent des economies contrat de gestion du terminal it conteneurs, jusque lit detenu d'echelle, ses problemes viennent au moins partiellement de par International Container Terminal Services, Inc. Hutchin- son organisation et de la disponibilite et gestion de ses instal- son n'a toutefois pas accepte la responsabilite d'investir dans lations et sites de manutention, tout aut ant que de la capacite l'infrastructure. Une combinaison de nombreux facteurs a de base de ses quais. Cette difference implique que la solution conduit it la congestion du terminal, entrainant des temps se trouve dans des reformes institutionnelles et la mobilisa- d'immobilisation it quai des conteneurs pouvant aller jusqu'it tion des competences de gestion portuaire du secteur prive, 30 jours et des temps d'attente plus eleves pour les navires. ainsi que dans les investissements du secteur public. Le contrat actuel se termine en 2010, et des negociations sont Sur la cote ouest-africaine, Abidjan a remporte un certain en cours pour Ie prolonger pour une periode bien plus lon- succes en tant que centre de transbordement de conteneurs gue, avec des achats d'equipements supplementaires prevus. mais a souffert des luttes internes du pays et des problemes A Mombasa, un contrat est en train d' etre passe pour l' appro- specifiques lies it la propriete des droits d'exploitation du fondissement Ie port, tan dis que la construction d'un nouveau terminal it conteneurs. Le besoin d'une alternative it Abidjan terminal it conteneurs est envisagee pour faire concurrence it est mis en lumiere par 1'utilisation par Maersk Line (et sa Dar es Salam. Dans un futur proche, toutefois, ces deux ports societe affiliee Safmarine) du port espagnol d' Algesiras et du devraient rester relativement pauvres en installations, perfor- nouveau terminal it conteneurs de Tanger (Maroc) en tant mances et connexions avec l'arriere-pays. Entretemps, Dji- que principales plaques tournantes pour son commerce par bouti pourrait bientot fa ire concurrence it Salalah et DubaY, conteneurs avec l'Afrique de 1'Ouest, afin de relayer Ie fret car il est prevu que DPWorld construise it Doraleh un nou- ouest-africains it destination ou provenant de 1'Europe et de veau terminal it conteneurs, destine specifiquement it offrir l' Asie. Le nombre de partenariats public-prive est neanmoins 248 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE en augmentation et la competition entre les operateurs por- Depuis 2000, quelques grands terminaux it conteneurs tuaires prives est feroce dans la region. En consequence, ont ete donnes en concession aux principaux operateurs certains des grands operateurs mondiaux ont commence it internationaux de terminaux (Tableau 12.3). Toutefois, la s'interesser it des projets de terminaux de taille moyenne et participation d' operateurs prives internationaux efficaces meme de petite taille, qu'ils snobaient auparavant (Harding, reste faible ; en 2007, les 20 operateurs de terminaux les plus P 2l 60 c '" ~ 50 .~ 40 o c ~ 30 " 'g' 20 E ~ 10 :::> o a. Source. OACI, 2004. Note: DAC = Direction de I'aeronautlque civile. d'un fonds central ouvert aux pays de la communaute. Dans jour et a augmente Ie volume des passagers de 69 %. La Ie cadre du programme de developpement cooperatif de la concurrence est importante ici. Sur la ligne Johannesburg- securite operationnelle et du maintien de la navigabilite, deux Lusaka (sur laquelle South African Airways avait ete l'unique projets sont en train d' etre planifies pour la Communaute de operateur pendant plus de 10 ans), la designation de la ligne developpement de l' Afrique australe et la Communaute eco- sud-africaine a bas prix Kulula en tant qu'operateur zambien nomique et monetaire de 1'Afrique centrale. Ainsi, la mise en a reduit les tarifs de 33 a 38 % et contribue a augmenter Ie commun des ressources au niveau regional contribue a reme- nombre des passagers de 38 %. dier aux lacunes de l' Afrique en matiere de contr61e. Une recente modelisation indique qu'une liberalisa- tion complete dans la Communaute de developpement de Liberaliser les marches du transport aerien l'Afrique australe reduirait les tarifs aeriens de 18 a40 % si un L'application formelle de la Decision de Yamoussoukro reste operateur a bas prix entrait sur Ie marche et augmenterait Ie tres lente, en particulier en Afrique australe. De nombreux volume du trafic de 20 % (Genesis Analytics et aut res 2006). responsables des compagnies aeriennes nationales ont signale Un demi-million de touristes etrangers supplementaires uti- a leurs gouvernements que celles-ci n' etaient pas pretes pour liseraient chaque an nee la voie des airs et depenseraient plus un marche libre et avaient encore besoin de protection. Beau- de 500 millions de dollars EU. L'effet multiplicateur contri- coup craignent qu'une politique de ciels ouverts dans Ie trans- buerait a augmenter Ie PIB de la Communaute de developpe- port intercontinental, en particulier vers 1'Europe, ecarte les ment de l' Afrique australe d' environ 1,5 milliard de dollars, transporteurs africains du marche intercontinental, avec des representant une croissance de 0,5 %. Une autre etude de la effets secondaires nefastes sur les liaisons internationales et liberalisation des lignes reliant par couple 20 villes a Addis- interieures en Afrique. Abeba avait tire une conclusion semblable (Abate 2007). Cette attitude entrave certainement Ie developpement regional. n existe deja des preuves probantes des avantages Financer les infrastructures pour 1'Afrique australe d'une liberalisation plus generalisee. Deux agences sont typiquement concernees par les infras- Par exemple, la liberalisation en 1990 du marche national en tructures de transport aerien. Le contr61e du trafic aerien Afrique du Sud a alimente une croissance du nombre de passa- releve generalement de la competence d'une autorite natio- gers de 80 % entre 1994 et 2004, et a conduit, en fin de compte, nale de l'aviation civile, tan dis que l'infrastructure aeropor- a la creation de compagnies aeriennes interieures a bas prix. tuaire (tant aerienne que terrestre) incombe habituellement De meme, la liberalisation de la ligne Nairobi-Johannes- a une agence pour les aeroports. Les deux types d' agences ont burg en 2000 a fait passer Ie nombre des vols de 4 a 14 par des problemes de financement. 266 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Les autorites de l'aviation civile subsistent sur la base de Notes redevances. Lorsque la superficie terrestre est grande et la Les auteurs de ce chapitre sont Heinrich Bofinger et Kenneth situation geographique importante, de substantiels frais de Gwilliam qui ont utilise la documentation de reference et les navigation aerienne (superieurs aux charges de beaucoup contributions de Michel Iches, Pierre Pozzo di Borgo et Charles d'autres services dont dependent les autorites) peuvent etre Schlumberger. 1. Les huit « libertes de l'air » constituent les points centraux de obtenues des survols. Neanmoins, la reallocation de ces la reglementation internationale du transport aerien. Les pre- charges peut Hre politiquement problematique. Un organe miere et deuxieme libertes sont les libertes techniques de survol de regulation reellement independant pourrait ameliorer les d'un pays etranger ou d'atterrissage it des fins de ravitaillement services, mais dans beaucoup de cas, les revenus sont accapa- en carburant. Les troisieme et quatrieme libertes sont les liber- res par Ie Tresor national. tes commerciales de transport de passagers du pays d'origine La meme situation s'applique aux aeroports. Dans une de I'operateur vers un autre pays ou vice versa. Les cinquieme, etude realisee par l'Organisation de l'aviation civile interna- sixieme et septieme libertes concernent les droits de trans- tionale sur la base de donnees de 2005 (OAel 2008), les princi- port des pas sagers entre deux pays etrangers, soit dans Ie cadre paux aeroports d'acces au continent africain etaient consideres d'une extension d'un vol en provenance du pays d'origine (cin- comme intrinsequement rentables. Toutefois, Ie non paie- quieme), d'une escale dans Ie pays d'origine (sixieme) ou sans ment des droits par les faibles compagnies aeriennes natio- service continu vers la base principale (septieme). La huitieme liberte, Ie cabotage pur, est Ie droit d'assurer la liaison entre deux nales menace les finances des aero ports dans les petits pays, points situes dans un pays etranger. de meme que l'affectation au Tresor national de beaucoup 2. Le manque d'installations radar do it etre discute en termes des revenus des aeroports (comme ceux des survols), une part d'infrastructure de surveillance, etant donne que Ie radar est minime etant laissee au secteur. La strategie d'investissement aujourd'hui une technologie obsolete. Des technologies plus raisonnable consisterait it investir dans les infrastructures exis- recentes, bien plus precises et beaucoup moins couteuses sont tantes et non dans la construction de nouveaux aero ports, et it installees aujourd'hui, comme aux Etats-Unis. Meme, les aides it utiliser des technologies plus recentes et moins couteuses pour la navigation sont remplacees dans les avions modernes par des la surveillance du trafic aerien et les systemes de navigation. technologies basees sur les systemes GPS. 3. Lors d'un recent accident survenu au Cameroun avec un nou- Developper et maintenir les competences veau Boeing 737, l'avion n'a pas pu etre localise immediatement, parce que sa derniere position connue etait l'extremite de depart L' Association du transport aerien international a identifie Ie de la piste. manque de formation efficace et de competence du personnel volant comme une des principales causes des problemes de securite. Lorsque la formation est adequate, dans les pays plus Bibliographie pauvres, Ie personnel hautement qualifie a generalement acces Abate, Megersa A. 2007. "The Economic Effects of Progressive Air Transport Liberalization in Africa". School of Graduate Studies, it des salaires plus eleves lorsqu'il travaille pour une compagnie Universite d'Addis-Abeba, Ethiopie. aerienne etrangere plus importante. Une fuite similaire des Bofinger, Heinrich C. 2009. "Air Transport: Challenges to Growth". talents affecte Ie personnel de reglementation. Les inspecteurs Background Paper 16, Diagnostic des infrastructures nation ales de securite formes grace aux fonds des donateurs abandon- en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. nent presque immediatement la surveillance pour les salaires Genesis Analytics, Andrew Myburgh, Fathima Sheik, Fatima Fian- beaucoup plus eleves proposes par les compagnies aeriennes. deiro et James Hodge. 2006. Clear Skies over Southern Africa. Beaucoup des problemes sont lies entre eux. Les pays Wood mead, Afrique du Sud: ComMark Trust. pauvres qui tentent de maintenir une compagnie aerienne OACl (Organisation de l'aviation civile internationale). 2004. nationale ne paient pas suffisamment pour former et main- "An Update of the ICAO Universal Safety Oversight Audit Pro- tenir de bons equipages. Les fonds etant generalement insuf- gramme". Presentation au seminaire de I'OACl, Singapour, 12-14 fisants pour offrir des salaires competitifs aux inspecteurs janvier, pages 9 et 11. http://www.icao.int/icao/enltcb/TCB-Sin- gapore- 20041 Attachements/PresentationslAcrobat/l CAO%20 de la securite, Ie niveau du contr6le en pMit. Le maintien du USOAP%20&%20Follow-up%20Programme.pdf. personnel est donc lie aux politiques en matiere de compa- ---.2008. "Financial Situation of Airports and Air Navigation gnies aeriennes nationales, it la liberalisation des marches et Service Providers 2005". OACl, Montreal, Canada. au financement du secteur. A ce niveau de problemes, seul Schlumberger, Charles E. 2008. "Air Transport Policy Research: The un ensemble de politiques, coherent et budgetairement abor- Implementation of the Yamoussoukro Decision". Working Paper dable, peut donner lieu it un secteur du transport aerien plus 20, Diagnostic des infrastructures nation ales en Afrique, Banque sou tenable en Afrique subsaharienne. mondiale, Washington, DC. Chapitre 14 Les ressources en eau : un interet commun Le renforcement des infrastructures de l' eau alimentera la L a gestion de I'eau est essentielle pour la resolution des problemes de developpement de I'Afrique. Bien que croissance, reduira les risques lies aux conditions meteorolo- I'eau so it vitale pour l'agriculture, seulement 5 % de giques et attenuera les conflits lies a!' eau. Les projets d'infras- terres cultivees sont irriguees. L' energie hydroelectrique est tructure, tant a grande qu'a petite echelle, doivent faire partie elle aussi largement sous-developpee en Afrique: moins de d'un programme equilibre d'investissement dans l' eau offrant 10 % de son potentiel a ete exploite. L' eau destinee aux per- une alimentation fiable a la sante humaine et aux activites sonnes et aux animaux est vitale pour la sante et les moyens economiques tout en protege ant les actifs environnemen- de subsistance et pourtant seulement 58 % des Africains ont taux et les ressources naturelles en eau. Le developpement de acces it l' eau potable. grandes installations de stockage a usages multiples (souvent Les economies africaines dependent d'une alimentation couplees a la generation hydroelectrique) est necessaire pour en eau suffisante et fiable, mais les precipitations importantes attenuer les effets economiques de la variabilite hydro-clima- et la variabilite hydrologique donnent lieu a des secheresses tique, garantir une alimentation en eau fiable et assurer l'uti- frequentes et a des inondations qui minent la croissance eco- lisation de l' eau disponible. Les approches de gestion de l' eau nomique. De plus, les ressources en eau partagees par plu- a petite echelle ameliorent la capacite des populations rurales sieurs pays posent de complexes problemes politiques et de defavorisees a faire face aux crises de 1'eau en augmentant la gestion. productivite agricole et en offrant une alimentation en eau La securite de l' eau pour soutenir la croissance et renforcer rentable et une attenuation des secheresses. De solides insti- la capacite de resistance au climat est au c~ur de la gestion tutions de gestion de l' eau sont indispensables pour garantir des ressources en eau en Afrique. Elle reflete la capacite d'un une rentabilite soutenue des investissements dans l'infras- pays a agir de maniere productive en depit de la vulnerabi- tructure et pour optimiser I'utilisation de 1'eau par les dif- lite de I'eau. C'est la une condition prealable pour soutenir ferents utilisateurs et au-dela des frontieres administratives et accroitre la rentabilite des investissements et pour assurer et politiques. une croissance economique dynamique. Une capacite mini- L'estimation du COl)t annuel des investissements dans male des infrastructures et des institutions, soutenue par de l'infrastructure liee aux res sources en eau est d' environ solides systemes d'information sur I'eau, est indispensable 10 milliards de dollars EU, dont pres de 80 % sont desti- pour garantir une securite nationale de base dans Ie secteur nes au developpement de grandes installations de stockage de I'eau. a usages multiples pour la generation hydroelectrique et 267 268 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE e approximativement 10 % sont destines respectivement au it la fin du XXI siecle, par rapport it la decennie 1980-1990 developpement de grandes capacites de stockage pour 1'ali- (GIEC 2007). Les lisieres semi-arides du Sahara et la partie mentation en eau des villes et it 1'investissement dans Ie deve- centrale de 1'Afrique australe seront les plus affectees, tan dis loppement de projets d'infrastructure it petite echelle. En que les latitudes equatoriales et les zones cotieres seront les complement de ces investissements physiques, 1'Afrique aura moins affectees. Selon Ie Groupe d'experts intergouverne- besoin d'un montant annuel supplementaire d'un milliard de mental sur 1'evolution du climat, les precipitations annuelles dollars ED pour developper des reseaux hydrologiques, com- moyennes et 1'ecoulement diminueront en Afrique septen- bIer les lacunes en matiere d'information sur 1'eau et develop- trionale et australe et augmenteront en Afrique orientale d'ici per les institutions de gestion de 1'eau. it la moitie du siecle. 1'intensite des precipitations devrait elle aussi augmenter dans l'ensemble du continent. 1'effet positif de la hausse des precipitations dans les zones plus humides Ressources en eau et developpement pourrait etre annule par la concentration des precipitations economique : des defis pour I'Afrique en phenomenes meteorologiques plus extremes et donc moins exploitables. Dans les zones plus seches, 1'ecart entre Avec sa grande variabilite et sa multiplicite de bassins hydro- les ecoulements eleves et faibles devrait se creuser, compli- graphiques transfrontaliers, Ie patrimoine hydrologique quant ainsi de maniere considerable la question de la gestion auquel l' Afrique est confrontee est complexe. Ces deux des res sources en eau. difficultes peuvent entraver la croissance economique du Le second probleme est l'heritage politique et geogra- continent. phique de l' Afrique ou plusieurs pays partagent les memes bassins hydrographiques. 1'Afrique a plus de 60 cours d'eau transfrontaliers, de nombreux pays partageant Ie meme bas- Le patrimoine hydrologique de I'Afrique sin. Les bassins internationaux couvrent plus de 60 % du En raison de ces deux aspects de son patrimoine hydrolo- continent, et la quasi-totalite des cours d'eau de la region tra- gique, 1'Afrique est confrontee it un defi difficile en matiere versent plusieurs frontieres : Ie Nil en traverse 10, Ie Niger 9, de gestion des ressources en eau. La premiere difficulte est Ie Senegal 4 et Ie Zambeze 8 (Figure 14.2). la variabilite hydro-climatique elevee. La quantite d'eau en Les ressources en eau partagees representent un defi de Afrique est comparable it celIe d'autres regions du monde. Le gestion et requierent des investissements dans une capacite continent dispose de 9 % des ressources mondiales en eau et abrite 11 % de la population mondiale. Toutefois, la richesse et des institutions de gestion de 1'eau transfrontalieres, meme si elles constituent aussi des opportunites de cooperation et en eau de l' Afrique dissimule Ie caractere variable et impre- d'action conjointe. Les cours d'eau transfrontaliers compor- visible des precipitations sur une grande partie du continent, tent encore d'autres implications en termes de securite et de aussi bien d'une annee it 1'autre qu'au sein d'une meme annee. mise en valeur regionales, en particulier lorsque l'Afrique La variabilite interannuelle des precipitations africaines, par- tente de developper et gerer ses ressources en eau en vue de ticulierement en Afrique orientale et australe, est elevee. Ces son developpement economique. regions connaissent, d'une annee it l'autre, des fluctuations Combines au sous-developpement des infrastructures de superieures it 30 % par rapport it la moyenne, soit un taux l'eau, ces heritages presentent des risques sociaux, econo- largement superieur it celui des climats temperes de l'Europe miques et politiques considerables. La faible capacite de la et de 1'Amerique du Nord (Figure 14.1). La variabilite saison- region it amortir les effets de la variabilite hydrologique est niere elevee multiplie ces effets, provoquant des secheresses et source d'incertitude et de risques pour l'activite economique. des inondations. l' ecoulement est exceptionnellement bas en La perspective de variabilite et d'imprevisibilite des preci- Afrique, deux fois moins qu' en Asie, en Australie, en Europe pitations et de l'ecoulement peut encourager un comporte- et en Amerique du Nord, malgre des precipitations moyennes ment d'aversion au risque it tous les niveaux de l'economie. identiques. Ce faible ecoulement combine it la grande variabi- II decourage l'investissement dans la terre, les technologies lite des precipitations explique les flux saisonniers et annuels avancees ou l'agriculture. Dne alimentation en eau non imprevisibles et relativement bas dans de nombreux cours fiable constitue aussi un important element dissuasif pour d' eau africains. l'investissement dans l'industrie et les services. La demande Le changement climatique devrait augmenter cette varia- croissante d'eau genere une situation de concurrence dans bilite. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur 1'evo- l'utilisation de l'eau, ce qui represente des risques sociaux lution du climat prevoit que 1'Afrique subira une hausse de pour les communautes plus defavorisees. La faiblesse des ins- temperature significative, d'environ 3 it 4 degres Celsius, d'ici titutions et des relations internationales en ce qui concerne la Les ressources en eau : un interet commun 269 Figure 14.1 Variabilite hydroclimatique interannuelle en Afrique, pour une selection de regions et pays a. Le Sahel a. Soudan 150 130 cu ~ _ 110 ::JE Ie E cu- 90 E cu 70 'Q) § g~ SO .00 .~ E 30 '" > 10 -10 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2 4 5 6 7 8 9 10 11 12 b. Afrique orientale b.Ouganda ~ 80 200 '" 60 1:: 180 ,--"\ cu cu ~ 5 ::J 0 40 ..!! 4i_ 160 ~ ~ 140 I I \ \ / /----- -~ \ I / § .3- 20 cu -120 I \-- \ E cu \ '" '" 0j----'1II!III1IIIIlI1IlIQI1lPIII1lJI! ~§ 'cu § 100 I I \ rc ·z E J!i -20 ~ ~ 80 .0 0 / I ;- ..' ................. ... ~ " \ .~ E 60 / f3--40 'cu 0.-60 '" > 40 '" 20 ~-80+--r-'-.--r-'-.--r-'-.--r~~ 0 1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2 4 6 7 8 9 10 11 12 c. Afrique australe et orientale c. Malawi 350 ..!! 300 ~ E250 ~ E. 200 E cu ~ ~ 150 :":>, ~ ~ 100 ~ 50 234567 8 9 10 11 12 - - - Moyenne + ecart type - - Moyenne\ ....... Moyenne - ecart type Source: Hulme et autres, 2001. gestion des bassins hydrographiques transfrontaliers peuvent plus de un point de pourcentage par an a cause des crises de causer des tensions regionales et d' eventuels conflits entre les l'eau (Banque mondiale 2007). En Zambie, une etude de l'im- pays riverains. pact de la variabilite hydrologique sur l'economie a revele que celle-ci coutera au pays une perte de PIB de 4,3 milliards de Effets sur Ie developpement economique dollars EU en 10 ans et qu'elle reduit chaque annee la crois- La variabilite hydrologique est a I'origine de pertes econo- sance agricole du pays d'un point de pourcentage (Banque miques substantielles et limite la croissance (Grey et Sadoff mondiale 2008). 2006b). L'Afrique n'a pas la capacite necessaire pour amortir Le sous-developpement des ressources en eau mene a une les crises causees par les frequentes secheresses et inonda- sous-exploitation du potentiel economique. En valeur abso- tions. L'abondance ou Ie manque de precipitations affecte les lue, les ressources en eau de I' Afrique subsaharienne sont com- productions agricoles nationales. Au Kenya, les pertes resul- parables a celles d'autres pays du monde. La region possede tant des inondations causees par EI Nino en 1997-98 et ala 9 % des res sources mondiales en eau et environ 6 000 metres secheresse provoquees par La Nina en 1998-2000 represen- cubes de ressources annuelles en eau renouvelables par habi- tent entre 10 et 16 % du PIB de ces annees (Banque mondiale tant, par rapport a4 000 metres cubes en Asie et 1 500 metres 2004). Au Mozambique, la croissance du PIB est reduite de cubes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Pourtant, en 270 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 14.2 Les bassins hydrographiques internationaux en Afrique • Bassins hydrographiques internalionaux Source· Oregon State University. Reproduction autorisee. Afrique, l'utilisation d'eau par habitant est la plus faible au Le faible niveau de mobilisation de l'eau mene au sous- monde (environ 170 metres cubes) en raison de la variabilite developpement du potentiel economique de l'Afrique : hydrologique, du sous-developpement des infrastructures de moins de 5 % des terres cultivees sont irriguees et moins l'eau et de la gestion actuelle des ressources en eau. L'Asie et de 10 % du potentiel hydroelectrique est developpe I'Europe utilisent environ trois fois plus d'eau par personne j (Figure 14.3). Les terres irriguees ne representent qu'envi- Ie Moyen-Orient, pauvre en ressources en eau, en consomme ron 10 % de la production agricole en Afrique, seuls 8,5 % une quantite plus de quatre fois superieure et I'Amerique du environ des terres cultivees etant irriguees (Figure 14.4). Nord plus de huit fois superieure (Tableau 14.1). Moins de 58 % de la population africaine a acces a l'eau Tableau 14.1 Disponibilite et utilisation des res sources en eau (metres cubes par habitant) Renouvellement reel par habitant Utilisation totale des ressources Region des ressources en eau en eau par habitant et par an Asie (hors Moyen-Orient) 4079,0 631 Amerique centrale et Caraibes 6924,4 603 Europe 10655,1 581 Moyen-Orient et Afrique du Nord 1505,0 807 Amerique du Nord 19992,5 1663 Amerique du Sud 47044,0 474 Oceanie 54636,8 900 Afrique subsaharienne 6322,5 173 Source. FAO 2003. Les ressources en eau : un interet commun 271 potable et 31 % aux services d'assainissement (WHO/ ressources en eau, ce qui contribue a l'inefficacite et a la dete- UNICEF 2006). rioration des ressources. L'absence de regimes de droits sur La faible capacite institutionnelle de planification et de 1'eau et de mesures d'incitation pour une allocation et une gestion des bassins hydrographiques entraine des conflits conservation efficace des ressources accentue Ie probleme. potentiels et la perte d'avantages. Des conflits surgissent a La gestion conjointe des ressources en eau dans les bas- propos de 1'allocation et de 1'utilisation des ressources en eau sins hydrographiques internationaux est indispensable pour dans differentes parties de la region. De nombreux lacs (par augmenter leur production de denrees alimentaires, d'ener- exemple, les lacs Victoria et Tana) et de nombreux bassins gie et d'opportunites economiques ainsi que pour renforcer font l' objet de revendications concurrentes sur les ressources la soutenabilite environnementale et attenuer les effets des en eau a usage economique et environnemental. La demande secheresses et des inondations. Le cout de la non coopera- croissante d' eau emanant des principaux secteurs des econo- tion est eleve, notamment Ie coM economique des impacts mies africaines, en particulier l' agriculture, limite de maniere environnementaux negatifs, de la mise en valeur sous opti- substantielle la croissance a moyen et long terme de la dis- male des ressources en eau, des tensions politiques liees aux ponibilite d'eau dans certains bassins hydrographiques. La ressources partagees et de la perte des avantages du develop- croissance attendue de la production hydroelectrique exigera pement conjoint des ressources en eau (Sadoff, Whittington probablement une augmentation de la capacite de pointe, et Grey 2003). qui intensifiera encore la concurrence. Neanmoins, les ins- Le manque d'infrastructure et la gestion inappropriee de titutions de gestion de 1'eau necessaires pour la resolution l'eau affectent principalement les pauvres. La pauvrete de de ces conflits sont faibles et fragmentees dans de nombreux l' Afrique est etroitement liee a la dependance vis-a-vis d'une pays africains. Les agences competentes dans un secteur eco- agriculture de subsistance sur des terres non irriguees. Envi- nomique determine prennent souvent des decisions non ron 28 % de la population active africaine travaille dans la coordonnees a propos de 1'allocation et de l'utilisation des production agricole, avec des taux allant de 4 % en Afrique Figure 14.3 Potentiel d'energie hydroelectrique de l'Afrique Source. Agence internationale de I'energie 2006 (EI-Gazzar et autres, 2007, p. 7). 272 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 14,4 Potentiel d'irrigation de I' Afrique subsaharienne ( ,.,, ./TUN1$IE \ ) i>" 1\lGl., " ( •... "'... :. , GUINI':E~QUATORIALE~_. • _. I OcEAN SAO TOME ETPRINCIPE < .. JI''>CONGOj ATLANTIQUE GAB~:! /" 1 ./ OCEAN INDIEN Zones de gestion des ressources en eau en pourcentage des potentiels d'irrigation _76%-100% .51%-75% [Z2J 26%-50% l1li10%-25% 0-10% _.- Ffonti~resln{emationale5 Cet1e,,,,, •• el~roOaj,seeparle5ervI'~deCllrtogfop/1lede~Ba"'l"" s.oo,eeAquastat200S rn"deIaBan"uemond'aj... autUflJug .......n!«lncem..,'I. '1tua!,onl~"""'d.'I.ml<>"","'I·.pPtobotlooou;>CCept;lt""'d'" fr""',I".,.r'>dI~ Source. ECA, 2006. du Sud a 47 % au Rwanda (You 2008). L'agriculture de sub- on s' attend a ce que chaque nouveau barrage se remplisse de sistance etant Ie moyen d'existence predominant, les preci- sediments quelques annees seulement apres sa mise en ser- pitations, les secheresses et les inondations, combinees it la vice. Les barrages les plus importants du pays sont les installa- faiblesse du reseau de commercialisation et it la difficulte tions hydroelectriques sur la riviere Shire, qui sont fortement d'acces physique a de nombreuses zones, affectent la secu- affectees par la sedimentation. Au Kenya, Ie taux de sediments rite alimentaire au sein de la region. Combines it 1'irrigation deverses par Ie fleuve Athi -Galana -Sabaki dans l' ocean Indien reduite et au sous-developpement des infrastructures de est passe d' environ 50 000 tonnes par an dans les annees 50 l'eau, ces facteurs accentuent la vulnerabilite de 1'economie a 8,4 millions de tonnes par an en 1992 (Banque mondiale rurale face aux crises liees it l'eau. Chaque annee, quelque 2004). Dans les pays ou les captages sont degrades, Ie develop- 220 millions d' Africains sont exposes a la secheresse et plus pement d'infrastructures de stockage de l'eau doit s'accom- de 1,5 million ont ete affectes par des inondations en 2007. pagner d'une meilleure protection des bassins versants pour La degradation des points de captage des eaux sape les rendre 1'investissement durable. investissements deja realises dans les ressources en eaux. La Des donnees fiables sur l'hydrologie et la qualite des res- perte de vegetation, 1'erosion et la sedimentation constituent sources en eau sont necessaires pour pouvoir gerer efficace- des menaces majeures pour les ressources en eaux de surface, ment ces dernieres et eclairer la prise de decision. Les reseaux etant donne qu' elles reduisent les flux de base et accroissent hydrographiques sont obsoletes ou doivent etre rehabilites Ie debit de pointe des crues. La mediocre gestion des captages dans de nombreux pays. en Afrique a conduit a une erosion excessive des sols, a une Le contr61e regulier du systeme hydrologique (par exemple augmentation des couts de traitement de 1'eau, a 1'envase- via les stations meteorologiques, les pluviometres et Ie suivi ment rapide des reservoirs, au declin de la vie economique du debit des cours d'eau) est en declin constant et la plu- et a des perturbations dans l' alimentation en eau. Au Malawi, part des pays africains n'ont pas mis it jour leurs evaluations. Les ressources en eau : un interet commun 273 L'Afrique est aussi en retard par rapport au reste du monde Figure 14.5 Securite de I'eau et croissance en ce qui concerne Ie nombre de stations meteorologiques ou PIB les donnees peuvent etre systematiquement recueillies pour ...... Scenario 2: I'eau transmission aux utilisateurs. Selon I'Organisation meteoro- ameliore la croissance ... la securite de base logique mondiale, I'Afrique n'a que 1 150 stations d'observa- de I'eau est atteinte tion - soit un huitieme du nombre recommande (CCNUCC ...-............-...........•....• cenario 1 : economie 2006). vulnerable vis-a-vis de I'eau ... avec Ie changement climatiqu L _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Annees Relever les defis Source .- Conc;u par les auteurs. Arriver a. la securite dans Ie do maine de l'eau est une condi- tion prealable pour attirer les investissements et promouvoir croissance et freinent Ie developpement. Les pays africains la croissance economique en Afrique. doivent atteindre la securite de l'eau afin de maintenir les risques lies aux secheresses, aux inondations et l'alimentation Securite de l' eau, investissements et croissance non fiable en eau a. un niveau economiquement et sociale- Pour garantir une securite de base de l'eau dans un pays, il ment acceptable. Plusieurs etudes ont mis en evidence la cor- faut un minimum d'infrastructures et de capacites institu- relation etroite entre la variabilite des precipitations et Ie PIB tionnelles (Grey et Sadoff 2006b). La securite de l'eau est la national dans des pays aussi differents que I'Ethiopie, Ie Kenya, capacite d'un pays a. fonctionner de maniere productive mal- Ie Lesotho, Ie Mozambique et la Zambie (Banque mondiale gre sa vulnerabilite intrinseque dans Ie domaine de l' eau. La 2004,2006,2007,2008,2009). De recents elements revelent securite de l'eau d'un pays depend a. la fois de ses modeles aussi une correlation entre la disponibilite des infrastructures intrinseques d'offre et de demande d'eau et de sa capacite.a. de stockage de l'eau et des infrastructures routieres et les flux affronter sa vulnerabilite dans Ie do maine de l' eau. Elle constl- d'investissements directs etrangers (Brown et autres 2008). tue une condition prealable au maintien et a. l'augmentation de la rentabilite des investissements ainsi qu'a. la realisation Atteindre la securite de l' eau : domaines prioritaires d'une croissance economique dynamique. d'action Plus une economie est vulnerable face a. la variabilite de Des investissements equilibres dans les infrastructures et l'eau, plus lourd est l'investissement necessaire pour atteindre les institutions liees aux ressources en eau sont necessaires la securite de l' eau. Si un pays ne peut pas garantir la securite pour augmenter les usages productifs de l'eau, pour atte- de l'eau, il n'arrivera pas a. resister aux crises liees a. l'eau et nuer l'effet des inondations et des secheresses recurrentes, n'aura pas une alimentation en eau fiable (Figure 14.5, scena- et pour atteindre une securite de l' eau elementaire en tant rio 1; Subramanian, Yu et Dankova 2008). Lorsqu'un niveau que plate-forme de croissance economique de l'Afrique. La acceptable de securite de l'eau est atteint, avec une resilience priorite doit etre accordee aux investissements qui a) mettent de base au climat et une attenuation suffisante des risques, la l' accent sur la croissance; b) reduisent la pauvrete rurale ; c) vulnerabilite ne represente plus une grave contrainte pour la renforcent la resilience et l'adaptation au climat; et d) encou- croissance. Au dela. de ce stade, les nouveaux investissements ragent la cooperation au niveau des bassins hydrographiques dans l'infrastructure de l'eau contribuent a. la croissance eco- internationaux. nomique (Figure 14.5, scenario 2). Le changement climatique devrait imposer des couts supplementaires pour atteindre et Mettre l'accent sur la croissance preserver la securite de l' eau a. cause de son i~pact ~u.r .l~ Les gouvernements devraient relier leurs interventions modele spatial et temporel de demande et de dlspomblhte en faveur de l'eau a. leurs objectifs de developpement et de d'eau, et de son effet multiplicateur sur la variabilite hydrolo- reduction de la pauvrete. Pour obtenir de meilleurs rende- gique dans certaines zones. ments economiques et promouvoir la croissance nationale, il La securite de l'eau est un etat dynamique. Sa definition est raisonnable d'axer les investissements dans les infrastruc- varie dans les differentes parties du monde dans la mesure ou tures autour des principaux centres de croissance et Ie long elle reflete les facteurs geographiques, sociaux et politiques des grands corridors de developpement ou se concentrent ainsi que Ie stade de developpement economique. En Afrique, la production, Ie developpement industriel et Ie commerce. la variabilite hydrologique et les extremes sont au creur de La disponibilite d'une alimentation fiable en eau dans les la vulnerabilite vis-a.-vis de I' eau, parce qu'ils entravent la 274 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE centres de croissance protege l'investissement des risques lies Un rapport recent de l'Organisation des Nations Unies it la variabilite hydrologique et ameliore la performance des pour l'alimentation et l'agriculture (Faures et Santini 2008) secteurs de l'industrie et des services. Elle attire de nouveaux decrit des reductions potentielles de la pauvrete rurale it investissements et permet aux industries d'adopter des tech- travers des interventions en faveur des ressources en eau en nologies economisant l'eau lorsque des mesures d'incitation Afrique, en particulier australe et orientale, et Ie long de la economiques sont en place. Pour les services publics muni- ceinture centrale est-ouest (Figure 14.6). Ces zones presentent cipaux, la combinaison de mesures d'attenuation des risques des niveaux eleves de pauvrete rurale, de larges opportunites hydrologiques et de l'augmentation de la de man de d'eau, tant de croissance agricole et suffisamment d'eau en termes phy- industrielle que domestique, dans les zones de croissance, leur siques absolus. permet de profiter d'economies d'echelle dans la production Cependant, en meme temps, l'eau constitue un facteur et la distribution, pour ainsi etendre la couverture et ame- limitatif pour ces moyens de subsistance ruraux en raison de liorer l' exploitation et la maintenance des systemes. Le Pro- la considerable variabilite saisonniere et interannuelle et du gramme de barrage de Metolong et d' alimentation en eau du manque de contrale de l'eau. Ces zones offrent les meilleures Lesotho (Encadre 14.1) est un exemple de politique axee sur opportunites de developpement de la production alimentaire la croissance. it travers l'irrigation, l'agriculture pluviale non irriguee, la col- lecte des eaux de pluie et la preservation de l'humidite du sol. Reduire la pauvrete rurale La gestion et Ie developpement par les communautes des L'eau est un bien essentiel pour les populations rurales defa- bassins versants locaux et des ressources en eaux souterraines vorisees en Afrique. La grande variabilite des precipitations dans les zones les plus pauvres sont essentiels pour soutenir et l' acces incertain it l' eau pour la consommation et pour les moyens de subsistance locaux face aux effets de la variabi- l'agriculture constituent cependant des obstacles majeurs it la lite climatique. Ces mesures incluent notamment la construc- reduction de la pauvrete dans les zones rurales de l'Afrique. tion de petites structures hydrauliques, l'introduction de Le barrage de Metolong et Ie programme d'alimentation en eau du Lesotho Le developpement du secteur de I'eau au Lesotho fait partie kare (Caledon), qui est non fiable, insuffisante et de qualite des efforts de l'Etat pour diversifier I'economie et ameliorer la inferieure. prestation des services essentiels. Pour repondre au besoin d'une alimentation a long terme en La zone elargie de Maseru est Ie centre de I'industrie de eau fiable des basses terres, I'Etat a commande en 2004 une confection du pays. Elle compte plus de 50 entreprises etude de faisabilite du Systeme d'alimentation en eau des employant environ 50 000 personnes. Ce secteur de I'indus- basses terres du Lesotho, avec I'appui du Fonds europeen de trie a connu un quasi quadruplement des exportations depuis developpement. Cette etude, ainsi qu'une autre financee en I'annee 2000 et sa contribution aux revenus en devises attei- 2003 par la Banque arabe pour Ie developpement en Afrique, gnait 567 millions de dollars EU en 2006 (38 % du PIB). Les a identifie la construction et la mise en service du Barrage du services d'alimentation en eau et assainissement sont essen- Metolong et du Programme d'alimentation en eau com me la tiels pour la poursuite de la contribution economique de ces a solution long terme la moins couteuse pour I'alimentation entreprises. Celles-ci consomment actuellement la moitie des massive en eau de la zone de Maseru et des basses terres ressources en eau de la zone de Maseru et Ie manque d'in- avoisinantes. Avec une capacite d'alimentation de 75000 frastructures d'alimentation en eau et assainissement consti- metres cubes d'eau traitee par jour, Ie barrage, combine aux tue une importante limitation au maintien de la croissance systemes d'alimentation actuels, assurera une disponibilite economique. La croissance industrielle a egalement stimule de 115000 metres cubes d'eau par jour, ce qui permettra une augmentation de la migration urbaine. Maseru, la cap i- a a a Maseru de repondre ses besoins en eau usage domes- tale du Lesotho, a enregistre une croissance demographique tique et industriel pendant au moins les quarante prochaines de 5,5 % par an entre 1996 et 2006, atteignant une popu- annees. Le debut de la construction du Barrage du Metolong lation de plus de 350 000 personnes. Actuellement, la seule est prevu en 2012. source d'eau brute pour Ie traitement et I'alimentation de Maseru provient d'une prise d'eau unique sur Ie fleuve Moho- Source: 8anque mondiale 2009. Les ressources en eau : un interet commun 275 Figure 14.6 Interventions de I'eau en faveur de la pauvrete .. Legende Potentiel de reduction de la pauvrete _eleve - - - - frontieres nation ales M0z.ambique - - - - cours d'eau _ organismes des eaux Madagascar .~-==- o ••• 250 510 ~~~=- 1000 ••• 1 500 Kilometres 2045 Source.' Faures et Santini, 2008. 276 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE stations hydroelectriques a l'echelle locale, la collecte des voirs dans les plaines arides en aval (Sadoff, Whittington, et eaux, Ie developpement de systemes d'irrigation par les petits Grey 2003). Les pays devraient aussi profiter d'investisse- exploitants agricoles et l'installation de mesures de protection ments conjoints dans les infrastructures de l'eau, reduisant contre les inondations. ainsi les couts d'infrastructure et optimisant la rentabilite. En revanche, les decisions unilaterales et non coordonnees prises Renforcer la resilience au climat par les pays riverains en matiere de ressources en eau peu- La gestion de la variabilite des precipitations constitue une vent conduire a une intensification des tensions et des conflits tache essentielle pour les pays africains. L'expansion des politiques et reduire les opportunites de developpement dans installations de stockage de l' eau (ainsi que l' amelioration les bassins. de la gestion des structures hydrauliques existantes) devrait attenuer les effets des crises liees a l'eau et renforcer la resi- lience au climat. En plus des grandes structures hydrau- Investir dans la securite de I'eau de l'Afrique liques et de stockage, Ie developpement de petites structures a usages multiples represente une opportunite majeure La plupart des pays africains disposant de faibles stocks d'in- pour les nouveaux investissements. Ceux-ci devraient tenir frastructures hydrauliques, les investissements axes sur les compte des effets potentiels du changement climatique. Des infrastructures sont appropries pour eux. Toutefois, la mise investissements judicieux dans l'irrigation contribueraient a en place et la reforme des institutions, l'amelioration de la augmenter la productivite agricole et a attenuer de maniere gestion et de l'exploitation des ressources en eau et Ie ren- significative les dangers de la variabilite des precipitations. forcement des systemes d'information sur l' eau doivent venir Des investissements vis ant a reduire la vulnerabilite vis-a-vis completer la croissance de l'infrastructure. Le developpement du climat devraient aussi comprendre des services hydrome- des institutions est un processus lent et onereux et, bien pro- teorologiques et des systemes de controle, de protection et de gramme et equilibre, il doit progresser en meme temps que gestion des captages, ainsi que d'evaluation et d'attenuation les investissements dans les infrastructures, en pretant une des risques. attention particuliere au developpement des organisations de bassin. Renforcer la cooperation transfrontaliere L'optimisation de la productivite economique et de la soute- Investir dans les infrastructures de stockage : nabilite environnementale implique de gerer les cours d'eau Ii la fois Ii grande et petite echelle en tant qu'unites hydrologiques au niveau des bassins. Les Le developpement des infrastructures de l'eau est une condi- grands defis hydrologiques auxquels les pays sont confron- tion prealable de la securite de l'eau en Afrique et de la reali- tes en matiere de la gestion des res sources en eau au niveau sation des huit objectifs du Millenaire pour Ie developpement. national (comme la variabilite des precipitations et de l' ecou- Des installations artificielles de stockage de l'eau d'une capa- lement, la degradation de la qualite de l'eau et la protection cite suffisante sont indispensables pour assurer une alimenta- face aux inondations) constituent des opportunites de tirer tion en eau fiable pendant les periodes de secheresse et pour des avantages significatifs de la cooperation au niveau des retenir l'excedent d'eau pendant les periodes de crue. Mal- bassins hydrographiques communs. Une gestion conjointe gre la vulnerabilite de l' Afrique aux frequentes secheresses et des res sources en eau aug mente les rendements des bassins inondations, la capacite de stockage reste sous-developpee. en termes de denrees alimentaires, d'energie et d'autres biens Sa capacite de stockage moyenne par habitant est d'envi- economiques, tout en renfon;:ant la soutenabilite environne- ron 200 metres cubes par an, soit beaucoup moins que dans mentale et en attenuant les effets des secheresses et des crues. d'autres regions du monde (Figure 14.7). Les pays riverains des fleuves Senegal et Niger ont commence L'irrigation et l'energie hydroelectrique ont ete les prin- a recolter les benefices d'une approche cooperative conjointe cipaux moteurs de la construction de barrages en Afrique. de la gestion des ressources en eau qu'ils partagent (Ander- Cependant, un systeme de stockage conc;:u pour un objectif sen et autres 2005; Yu 2008). Les pays riverains du lac Vic- unique a une capacite limitee de reponse a d'autres besoins toria tirent des avantages environnementaux de leurs efforts economiques et sociaux, et l'investissement correspondant a conjoints pour eliminer les envahissantes jacinthes d'eau et souvent un cout d'opportunite eleve. Le barrage de Cahora aut res plantes nuisibles. Le rendement global de l'eau du Nil sur Ie Zambeze, par exemple, a ete construit avec pour pourrait vraisemblablement augmenter de plusieurs points seul objectif de generer de l'energie hydraulique. Les crues de pourcentage par an si la cooperation menait au stockage devastatrices qui ont frappe Ie Mozambique en 2000 ont de l'eau en amont et a une exploitation coordonnee des reser- montre que Ie barrage pourrait jouer un role essen tiel dans Les ressources en eau : un interet commun 277 Figure 14.7 Stockage de I'eau en reservoir par habitant dans une Les avant ages economiques directs et in directs along terme selection de pays, 2003 de l'investissement dans de gran des installations de stockage 7000 sont nombreux, mais requierent des investissements initiaux 5961 6000 en capitaux considerables. L'ensemble des besoins de depense :0 5000 4717 dans l'infrastructure en Afrique est expose au Chapitre I de .0 a 4000 3386 ce volume. Les investissements lies aux res sources en eau etant ~ 3000 2486 generalement integres dans des programmes d'investissement ,'" ::;: 2 000 en faveur d'autres secteurs tels que l'irrigation, l'energie et 1000 l'alimentation en eau, les composantes specifiques aux res- 38 0+--.,-11--,- sources en eau sont mis en evidence de maniere explicite dans Ie present chapitre. Le tableau 14.2 detaille la partie des besoins d'investis- sement dans Ie secteur de l'energie qui est explicitement imputable au stockage de l'eau dans de grands barrages. Si Source Grey et Sadoff, 2006a. Ie commerce regional de l'energie pouvait etre exploite de maniere efficace, une capacite supplementaire d' energie hydraulique de 50 000 megawatts devrait etre mise en place l' attenuation des inondations, mais ses regles operationnelles entre 2006 et 2015, mais sans expansion du commerce regio- ne permettent pas l'utilisation de sa capacite de stockage pour nal, seuls 33 000 megawatts pourraient etre ajoutes. Le scena- amortir les crises liees a l' eau. La conversion de ce barrage en rio commercial se traduirait, pendant la peri ode 2006-15, en un reservoir a objectifs multiples s' avererait trop couteuse. En un besoin d'investissement annuel moyen de 7,8 milliards de plus du besoin d'energie, d'autres considerations, telles que dollars EU dans des installations de stockage a grande echelle Ie contr61e des inondations, la lutte contre la salinisation, Ie destinees a soutenir la generation d' electricite (Rosnes et Ven- developpement de l'irrigation et les specifications environne- nemo 2008,2009). mentales, plaident pour Ie developpement d'installations de Non seulement l' expansion du commerce regional stockage a usages multiples. Les projets d'eau a usages mul- conduirait au developpement de davantage d'installations de tiples aboutissent generalement a un developpement optimal stockage de l'eau, mais il ameliorerait egalement la rentabilite des ressources en eau, maximisent la rentabilite economique de ce dernier. Le cout unitaire de l'investissement hydroelec- des investissements et doivent etre mis en ~uvre dans un trique passerait de 5,9 millions a 5,4 millions de dollars EU contexte global de bassin. Deux principes importants caracte- par megawatt (Tableau 14.2), car la collaboration transfron- risent Ie developpement des gran des infrastructures destinees tali ere permettrait de developper des sites de stockage plus a l'eau : Ie partage equitable des avantages entre les popu- vastes et plus efficaces. lations affectees et l'attenuation des eventuels effets negatifs Le probleme fondamental est Ie fin an cement des milliards sur l'environnement. La participation des parties interessees necessaires aux projets de stockage a grande echelle pour est donc necessaire a to us les stades du processus de prise de convertir ces economies en une rea lite. Les pays qui possedent decision, de la conception des projets et de leur execution. les meilleurs sites de stockage sont souvent ceux qui disposent Tableau 14.2 Besoins en capital du stockage hydroelectrique a grande echelle a usages mUltiples d'ici 2015 Production d'lmergie hydro~ledrique basee CoOts en capital unitaires (millions CoOts en capital totaux a sur Ie stockage grande echelle (m~awattsl de dollars EU par ~wattl (milliards de dollars EU par an) Expansion du commerce Pas d'expansion du Expansion du commerce Pas d'expansion du Expansion du commerce Pas d'expansion du r~ional de I'energie commerce de I'energie regional de I'imergie commerce de I'energie regional de I'Imergie commerce de I'lmergie Afrique australe 16764 10797 0,96 1,21 1,95 1,59 Afrique orientale 10675 4170 1,81 1,96 2,35 0,99 Afnque occidentale 17260 14845 1,32 1,37 2,77 2,48 Afrique centrale 4847 3567 1,28 1,37 O}5 0,59 Total 49546 33379 5.37 5,91 7,82 5,65 Source. Calculs des auteurs bases sur Rasnes et Vennemo 2008 Note: Ces estimations du coOt d'investissement sont basfes sur les proJets hydroelectnques reels plani!les de stock age d grande echelle (a usages multiples) presentes pour chaque region dans Rosnes et Vennemo 2008 et 2009. les totaux peuvent ne pas correspondre exactement a la somme des montants a cause du calcu! des moyennes 278 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE des capacites financieres les plus reduites pour les develop- Le coUt estime pour les petites installations de reservoir per. La collaboration regionale offre la possibilite d' etablir des est base sur une evaluation du potentiel de developpement accords de partage de coUts entre les pays pour de gran des de 1'irrigation a petite echelle entre 2006 et 2015 (You 2008). infrastructures d'eau, permettant ainsi aux pays beneficiaires Cette analyse a utilise un modele d'allocation spatiale sur en aval, disposant d'une plus grande solvabilite, d'apporter une grille glob ale de 10 kilometres, tenant compte de la ren- une contribution initiale. Par exemple, un effort de coope- tabilite economique, des modeles de culture, des prix, de la ration entre Ie Burundi, Ie Rwanda et la Tanzanie pour la productivite de l' eau destinee aux cultures, du bilan et de la conception et la construction du projet hydroelectrique des disponibilite des ressources en eau, ainsi que de la distance de chutes de Rusumo sur Ie fleuve Kagera pourrait fournir une chaque element par rapport aux marches. Un macro-modele capacite d'energie renouvelable de 60 megawatts dans une hydrologique a utilise des donnees climatiques pour calculer zone ou seulement 2 % des menages ont acces a 1'electricite. 1'ecoulement de chaque element. La superficie totale de 1'ir- Les Etats ont traditionnellement assume la responsabi- rigation a petite echelle a ete estimee a environ lO millions lite du financement des grandes structures hydrauliques, y d'hectares et les besoins totaux de stockage a environ 35 mil- compris la plupart des barrages a usages multiples. La parti- liards de metres cubes pour les pays etudies. Le cOl.It total des cipation du secteur prive dans de tels investissements est ega- petites installations de stockage a des fins d'irrigation se basait lement possible pour les projets a usages multiples presentant sur la superficie de developpement de 1'irrigation, Ie volume a la fois des composants generateurs de revenus (comme la de stockage necessaire et leurs couts moyens. production d' energie hydroelectrique, 1'irrigation commer- Un certain volume de stockage est egalement necessaire ciale et les fonctions d'alimentation en eau des villes) et des pour suivre Ie rythme de la demande croissante d'alimenta- fonctions non generatrices de revenus et de service public tion en eau des villes. L'investissement correspondant peut (comme Ie contr61e des crues, 1'elevage de poissons, les loi- etre estime sur la base de la croissance demographique, des sirs, 1'irrigation a petite echelle, etc.). La promotion des par- objectifs du Millenaire pour Ie developpement, des tendances tenariats public-prive pour Ie financement des projets de de la consommation d'eau, ainsi que sur 1'eau non comptabi- ressources en eau a usages multiples constitue un des defis lisee et la disponibilite d'alimentation a partir de differentes majeurs des decideurs. sources. Le besoin de stockage s'eleve a 5,4 milliards de metres Une serie d'options allant des grands aux petits projets cubes. d'infrastructure doit faire partie d'une approche equilibree Les besoins totaux d'investissements pour Ie developpe- de 1'investissement. Les petites installations de stockage de ment des infrastructures liees a l' eau pour la periode 2006- l' eau peuvent augmenter la resilience au climat et ameliorer 15 sont estimes a environ 10 milliards de dollars EU par an, la securite alimentaire. Les approches a petite echelle de la inclus dans les estimations presentees pour 1'energie (7,8 mil- gestion de l'eau aident les populations rurales pauvres en liards), l'alimentation en eau (1,3 milliard de dollars EU) apportant des solutions rentables a 1'alimentation en eau et et 1'irrigation (0,8 milliard) dans Ie Chapitre 1 du present a 1'attenuation des secheresses. Elles ameliorent la capacite volume. des populations rurales defavorisees a lutter contre l'inse- curite alimentaire en augmentant la productivite agricole. Investir dans les institutions et l'information : Les options de stockage a petite echelle incluent a) les gerer les ressources en eau dans to us les secteurs et reservoirs de derivation; b) les etangs de stockage dans les juridictions exploitations agricoles et les reseaux de petits reservoirs a De bonnes institutions de gestion des res sources en eau usages multiples; c) Ie stockage des eaux souterraines ; et garantiront en Afrique des rendements durables aux investis- d) Ie stockage de l'eau a travers des zones d'enracinement sements dans les infrastructures et optimiseront l'allocation utilisant toute une serie de techniques de collecte des eaux et et 1'utilisation des ressources en eau par les differents secteurs de preservation de l'humidite du sol. Les structures de col- de l' economie et a travers les frontieres administratives et lecte des eaux de pluie requierent peu d'espace et ne sont pas politiques. a haute intensite de main-d'reuvre, mais elles doivent etre Malgre les faibles niveaux d'utilisation de 1'eau a des fins conc,:ues en conformite avec l'utilisation prevue et les condi- productives en Afrique, des conflits surgissent a propos de tions locales afin de garantir leur rentabilite. Des etudes 1'eau dans les zones de concentration de 1'activite econo- realisees au Botswana et au Zimbabwe montrent que 80 a mique. Ces conflits s'intensifient souvent durant les periodes 85 % de l' ensemble des pluies quantifiables peuvent etre de penurie d'eau. La chute du niveau du lac Victoria suite a collectees en dehors des zones de captage et stockees (Dixit l' augmentation des prelevements et ala secheresse de 2003-06 et PatilI996). a affecte d' aut res utilisateurs de l' eau autour du lac. Dans Ie lac Les ressources en eau : un interet commun 279 Tana d'Ethiopie, la reduction des flux entrants et I'augmenta- du lac Tchad a ete cree en 1973 afin de soutenir les activites tion des prelevements entre 2003 et 2004 a mis en evidence la de la Commission du bassin du lac Tchad. Plus recemment, necessite d'une planification et d'une gestion coordonnee des en 1999, les pays riverains du Nil ont forme I'Initiative du ressources en eau. Le besoin de meilleurs regimes d'allocation bassin du Nil en tant que prelude it une institution plus per- de I'eau en vue d'une utilisation multisectorielle res sort daire- manente. En 2005, les pays riverains du lac Victoria ont cree ment des demandes d' eau conflictuelles dans Ie delta interieur la Commission du bassin du lac Victoria so us les auspices de du Niger au Mali et dans les revendications concurrentes qui la Communaute de I'Afrique orientale. commencent it apparaitre de la part des plans d'expansion Malgre ces debuts precoces et it part quelques rares excep- de l'irrigation, de la production hydroelectrique et des utili- tions, ces organisations de bassins transfrontaliers en sont sations it des fins environnementales dans Ie bassin du Kafue toujours it un stade embryonnaire et demeurent relative- en Zambie. La definition de priorites pour les investissements ment faibles (ONU-Eau/Afrique 2006). Elles souffrent d'un lies it I'eau et de politiques daires reglementant l'allocation engagement politique en dedin, d'une faible cooperation, de optimale des res sources en eau aux secteurs economiques sera difficultes techniques et de gestion, des con flits armes et de essentielle pour favoriser ou limiter leur croissance relative. I'instabilite politique dans les Etats membres, de l'absence Tout ceci do it resulter d'une bonne planification des bassins d'objectifs definis ou du peu de mesures d'incitation it la hydrographiques it moyen et long terme. cooperation regionale, et d'une capacite insuffisante de rea- La pleine realisation du potentiel des ressources en eau de lisation de leurs plans. Avec Ie de din de l'aide des bailleurs l' Afrique et leur allocation optimale aux differents secteurs de fonds, Ie soutien financier des organisations de bassin a exigent la mise en place de dispositifs institutionnels appro- ete insuffisant pour pouvoir mener it bien leurs programmes. pries au niveau national, notamment : a) des organisations Actuellement, ces organisations se trouvent it differents stades competentes pour la gestion de l' eau ; b) des dispositions en de developpement (Figure 14.8). vue de la participation du secteur public dans les decisions Dans quelques cas, cependant, les organisations de bas- relatives it la gestion de l'eau ; c) des regimes de droits sur sin ont ete soutenues par un degre eleve d'appropriation et I'eau; et d) des systemes d'incitation tailles sur mesure. De d' engagement des Etats et ont beneficie de l' appui de divers nombreux pays africains commencent it mettre en place des bailleurs de fonds, ce qui leur a permis de soutenir avec SUCcE~s institutions nation ales pour la gestion de l' eau. La Tanzanie, plusieurs annees de developpement des institutions, d'adop- par exemple, a identifie neuf bassins hydrographiques pour ter des mesures renfon;:ant la con fiance et de planifier des lesquels elle va elaborer des plans de mise en valeur durable. investissements cooperatifs. L'Autorite du bassin du Niger, Ce mecanisme institutionnel envisage de creer des forums par exemple, a entrepris une evaluation des institutions afin de discussion destines aux parties prenantes afin d'aborder de preparer la reorientation de ses efforts au debut de l'annee la question des usages multiples et d'optimiser les avantages 2000. Suite it quoi, elle a introduit une structure organisa- dans I'ensemble des secteurs et des juridictions administra- tionnelle approuvee par Ie Conseil des ministres du bassin du tives. L'Afrique du Sud a promulgue une legislation ambi- Niger, a recrute par concours une equipe de professionnels tieuse pour l' eau et Ie Botswana est en train de restructurer et a renforce ses systemes fiduciaires. L'autorite a egalement ses institutions liees it I'eau. Les pays africains disposent d'une avalise une charte de I'eau qui de fin it les regles d'engagement experience assez riche en matiere de gestion des reseaux d'ali- des pays riverains, y compris les procedures de partage de l'in- mentation en eau et assainissement par les services publics. n formation et d'elaboration des programmes d'investissement. n' en va pas de meme pour la gestion des ressources en eau, OU Les neuf pays riverains du Niger ont adhere it un plan d'action des institutions solides et durables doivent encore etre creees de 20 ans pour Ie developpement durable et ont accepte Ie dans la majorite des pays africains. programme d'investissement correspondant. L'Afrique a un historique plus long de mise en place d'ins- L'experience de ces organisations indique que Ie processus titutions regionales pour la gestion des ressources en eau de mise en valeur des bassins hydrographiques requiert un transfrontalieres. Les premieres organisations regionales de leadership politique, I'engagement des gouvernements, une bassin ont ete creees au milieu du XXe siede (la Commission confiance mutuelle entre les pays et la realisation d'avantages du fleuve Niger a ete fondee en 1964 pour se transformer en concrets. Des investissements substantiels sont necessaires 1980 en Autorite du bassin du Niger; I'Organisation de bas- pour les evaluations, la preparation des projets et les etudes sin du Senegal a ete creee en 1972 et I'Organisation pour Ie de faisabilite. Les investissements destines it faciliter une plus developpement du fleuve Gambie en 1978). Le Burundi, Ie grande cooperation regionale au sein des organisations de Rwanda et la Tanzanie ont fonde I'Organisation du bassin du bassin ont aussi une importance capitale. Ces investissements Kagera en 1977. Un fonds pour Ie developpement du bassin peuvent soutenir un forum regional ouvert au dialogue, it la 280 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 14.8 Degre de cooperation regionale dans Ie secteur de I'eau Vers une cooperation rllgionale pour les ressources en eau partagees Initiative du Autorite du Autorite du bassin Bassin du Nil Bassin du Nil du fleuve Senegal .9 pays • 4 pays • 9 pays + 1 observateur • mise en place en 1963, • mise en place en 1972 • mise en place en 1999 relancee en 2001 • cadre de traite formel et • aucun cadre de traite formel • cadre de traite formel organisation formelle de • renforcement de la et organisation formelle de bassin bassin confiance et programmes • programme de • programme de develop· d'investissement en place developpement durable en place pement durable en place Accent sur la Planification Planification Planification Propriete demande consultative, cooperative, et gestion conjointe nationale et dialogue demande regionale cooperatives, des actifs, Ie march!! exploratoire et considerations optimisation gestion national regionale du marche regionale conjointe Source. Adapti' de Grey et Sadoff, 2006a. resolution des conflits et a la cooperation en matiere de ges- Diffusion: Proto coles de diffusion aux utilisateurs fin aux. tion des ressources partagees (Sadoff et Grey 2005). Les recentes experiences des projets lies aux ressources Des informations pertinentes, ad equates et fiables ren- en eau indiquent que les investissements dans les systemes forcent la capacite des institutions a prendre des decisions. d'information et dans les institutions requerront un montant Un systeme efficace d'information sur l'eau exige une action equivalent apres de 10 % de l'investissement dans les infras- du cote aussi bien de la demande que de l'offre. Les planifi- tructures liees a l'eau. Compte tenu de l'estimation annuelle cateurs et decideurs doivent etre conscients de l'importance de 10 milliards de dollars EU pour les investissements dans de l'information dans Ie processus de decision. Les gestion- ces infrastructures, des ressources supplementaires s' eIevant naires de l'information doivent etre cap abIes de developper a pres d'un milliard de dollars EU par an seront necessaires la combinaison appropriee de systemes de connaissance et de pour faire progresser les agendas relatifs a l'information et communication formels et informels necessaires pour assis- aux institutions. ter les decideurs. Un systeme d'information sur l'eau devrait comprendre les elements suivants : Note Information hydrologique : systeme de collecte (y com- Les auteurs de ce chapitre sont Rimma Dankova, Satoru Ueda, pris les instruments, Ie controle de qualite, l'encodage) des Ashok Subramanian, Winston Yu et Iyothsna Mody qui ont uti- donnees relatives aux eaux de surface, aux eaux souterraines lise la documentation de reference et les contributions de Vahid et aux parametres de qualite de l'eau, et des informations Alavian. environnementales telles que les sediments et les pecheries. Le processus doit inclure des ordinateurs pour l'analyse et Ie Bibliographie stockage de l'information. II inclura aussi des services d'assis- Andersen, Inger, Ousmane Dione, Martha Jarosewich-Holder et Jean-Claude Olivry. 2005. The Niger River Basin: A Vision tance pour Ie calibrage periodique des instruments. for Sustainable Management. Katherin George Golitzen, ed. Donnees spatiales : Images satellite, surveillance aerienne, Washington, DC: Banque mondiale. releves au sol, bathymetrie et autres series de donnees issues Brown, Casey, Daniela Domeisen, Robyn Meeks, Kenneth Hunu de systemes d'information geographique. et Winston Yu. 2008. "Exploring the Effect of Hydro-Climatic Gestion de l'information : Outils d'aide a la conception Variability on Economic Growth in Sub-Saharan Africa: A Water hydrologique (comme les cartes de precipitations maximales Security Index". 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Washington, DC: des ressources en eau de la Region Afrique, Banque mondiale, Banque mondiale. Washington, De. Chapitre 15 Irrigation: un potentiel aexploiter ne grande partie de la population de l'Afrique subsa- Ces resultats dependent toutefois de maniere critique de U harienne vit en milieu rural et depend largement de l' agriculture. La croissance agricole est dairement un element de pour la reduction de la pauvrete et la realisation de la capacite it contenir Ie COtIt d'investissement au niveau des pratiques modeles de 3 000 dollars EU par hectare pour la composante distribution d'eau de 1'irrigation it grande echelle l' objectif du Millenaire pour Ie developpement visant it reduire et de 2 000 dollars EU par hectare pour l'irrigation it petite la pauvrete de moitie d'ici 2015. La performance agricole s'est echelle, au lieu des niveaux sensiblement plus eleves souvent considerablement amelioree depuis 2000, mais la productivite observes au niveau du projet dans un passe recent. Un autre reste la plus faible au monde. Le changement dimatique et la constat de est que 1'irrigation n'est viable dans la plupart des crise mondiale des prix alimentaires constituent des defis sup- cas que pour les cultures de rente ou les cultures vivrieres it plementaires. Un vaste effort s'impose pour accroitre 1'inves- fort rapport economique (comme l'horticulture) qui gene- tissement dans l'intensification de l'agriculture. 1'eau it usage rent plus de 2 000 dollars EU par hectare; relativement peu agricole est un ingredient critique de ces programmes. d'hectares sont viables pour 1'irrigation des cultures vivrieres 1'eau it usage agricole reste relativement peu developpee de base. en Afrique, malgre un potentiel economiquement viable Quel serait 1'effet sur Ie developpement d'une expan- d'expansion des zones irriguees. Aujourd'hui, seuls 3,5 % sion agressive de la surface agricole irriguee en Afrique? Si des terres agricoles de l'Afrique sont equipees pour l'irriga- l' Afrique n' acceiere pas sa la lente croissance dans Ie domaine tion, soit quelque 7 millions d'hectares concentres dans une de 1'irrigation, elle connaitra une reduction progressive de poignee de pays. Une plus grande expansion des superficies l' offre alimentaire it cause du changement dimatique, avec irriguees serait, toutefois, rentable. Au moins 1,4 millions pour consequence, une forte hausse des importations de d'hectares pourraient etre amen ages en utilisant les barrages cereales et une augmentation significative de la malnutrition existants ou prevus dans Ie cadre de projets de developpe- infantile. En revanche, si la superficie irriguee de l' Afrique ment hydroelectrique, pour un investissement unique supple- pouvait tripler d'ici 2050, l'offre alimentaire s'en trouverait mentaire de 2,6 milliards de dollars EU dans la distribution nettement ameiioree, avec une baisse significative des impor- de 1'eau it usage agricole. Par ailleurs, au moins 5,4 millions tations de cereales. Par rapport au scenario avec moins d'ir- d'hectares seraient viables pour 1'irrigation it petite echelle, rigation, 2 millions d'enfants de moins seraient malnutris, avec un investissement unique supplementaire de 17,8 mil- soit it peu pres ce qu'on aurait pu esperer sans Ie changement liards de dollars EU. En general, la rentabilite economique dimatique. l' amenagement agressif des eaux it usage agricole est plus elevee pour les systemes it petite echelle (en moyenne pourrait donc combattre les effets nefastes d'un rechauffe- 26 %) que pour ceux it grande echelle (en moyenne 17 %). ment climatique modere sur la securite alimentaire. 283 284 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Une hausse spectaculaire des investissements dans l' eau a provient de l' expansion de la surface cultivee contre moins de usage agricole souleve des questions a propos de la perfor- 20 % dans toutes les autres regions. mance et de la soutenabilite de l'agriculture irriguee. Des Le changement dimatique et la crise mondiale des prix ali- considerations de viabilite economique, de rentabilite des mentaires, des changements susceptibles de frapper l' Afrique exploitations agricoles et de soutenabilite doivent guider les de maniere disproportionnee, constituent de nouveaux defis futures decisions d'investissement. En particulier, les inves- pour la performance agricole. Les sources d' eau deviendront tissements dans l' eau a usage agricole doivent etre envisages plus variables. Les secheresses et inondations mettront les sys- en tant que composantes d'un train de mesures complet, temes agricoles arude epreuve. Les mers inonderont certaines induant : a) des organisations paysannes autonomes ; b) zones cotieres de cultures vivrieres, et la production alimen- des services d'appui agricole durables, efficaces et respon- taire diminuera dans certaines zones de l'interieur. II subsiste sables; et c) des marches accessibles et rentables. Par ailleurs, toutefois de grandes incertitudes quant aux endroits OU les les efforts d'expansion de l'irrigation devraient se faire dans effets seront les plus importants. Ie cadre de strategies nationales d'amenagement des eaux a Un tres vaste effort est indispensable pour ameliorer la usage agricole OU l'accent est mis sur l'importance d'un envi- productivite agricole. Les investissements en faveur d'un ronnement institutionnel plus encourage ant, constituant une acces plus fiable a l'eau it usage agricole 1 sont essentiels pour base pour des programmes sectoriels comb in ant investisse- appuyer cet objectif (Banque mondiale 2008). Cet acces aug- ments infrastructurels et investissements dans les reformes mentera la possibilite d'utiliser des intrants ameliorant la pro- institutionnelles. ductivite et appuiera ainsi l'intensification et la diversification agricole ainsi que l'augmentation des emplois remuneres dans Ie secteur agricole. II reduit egalement les prix des produits Agriculture et reduction de la pauvrete alimentaires locaux, ameIiorant ainsi les revenus reels nets. II peut aussi indirectement reduire la pauvrete it travers une La croissance agricole est essentielle pour la reduction de augmentation des emplois non agricoles en milieu rural et des la pauvrete. Plus de la moitie de la population de I'Afrique emplois en zone urbaine. En outre, les investissements dans subsaharienne vit en milieu rural et l'agriculture represente l'irrigation ameliorent l'acces aux marches. Une offre plus un pourcentage eleve du PIB. Environ 85 % des pauvres de fiable de produits pendant to ute l'annee, une qualite ameIio- I'Afrique vivent en zone rurale et dependent largement de ree et plus uniforme des produits et la possibilite de maitriser l'agriculture pour leur subsistance. La croissance du PIB issue les dates de recolte pour tirer profit de prix saisonniers plus de l'agriculture est pres de quatre fois plus efficace pour l'aug- eleves donnent beaucoup d'importance a l'irrigation. mentation des revenus des personnes extremement pauvres Les dirigeants africains ont identifie l'amenagement de que la croissance du PIB induite par un facteur exterieur au l'eau a usage agricole comme un domaine de d'investisse- secteur - et les effets multiplicateurs potentiels de l'investis- ment. Le Programme detaille de developpement de l'agri- sement dans l'eau a usage agricole sont nettement plus eleves culture africaine elabore en 2002 dans Ie cadre du Nouveau (Banque mondiale 2008). partenariat pour Ie developpement de I'Afrique a fait de la La performance agricole dans la region s' est considerable- gestion des terres et de l'eau Ie premier de ses quatre piliers ment amelioree depuis 2000. La croissance du PIB agricole en d'investissement prioritaire. II a propose d'etendre, d'ici 2015, Afrique subsaharienne s'est acceleree, passant de 2,3 % par la superficie sous gestion durable des terres et equipee de sys- an dans les annees 1980 a 3,8 % par an entre 2000 et 2005. temes fiables de maitrise de l' eau it 20 millions d'hectares, so it Depuis Ie milieu des annees 1990, les revenus moyens en plus du double de la zone actuellement sous gestion de l'eau Afrique subsaharienne ont augmente en meme temps que en Afrique subsaharienne (NEPAD 2003). En reponse a cet ceux d'autres regions. appel it l'action, Ie Partenariat pour l'eau ausage agricole en Malgre ces progres encourageants, la productivite agricole Afrique a ete recemment lance pour accroitre l'echelle des est la plus faible au monde, avec une production par habitant investissements dans l'eau it usage agricole et harmoniser les representant seulement 56 % de la moyenne mondiale. La programmes des bailleurs de fonds. production n'a pas suivi Ie rythme de la croissance demogra- phique et l'augmentation s'est largement operee atravers une expansion des superficies cultivees (plutot que par une utili- Situation actuelle de I'irrigation sation plus intensive des surfaces actuellement exploitees) : plus de 80 % de l'augmentation de la production depuis 1980 L'irrigation dispose d'un grand potentiel d'amelioration de la productivite agricole. L'agriculture irriguee represente pres de Irrigation: un potentiel it exploiter 285 25 % de la valeur de la production agricole en Afrique sub- des investissements. La moyenne des prelevements d'eau Ii saharienne (Tableau 15.1). Cette part n'est produite que sur usage agricole represente 1,3 % des ressources en eau renou- 3,5 % des surfaces cultivees, confirm ant ainsi la capacite de velables j l'utilisation des eaux souterraines concerne moins 1'irrigation a ameliorer les moyens de subsistance en Afrique de 20 % des reserves renouvelables, indiquant qu'il existe des subsaharienne et suggerant qu'un accroissement des inves- possibilites enormes pour un amenagement beaucoup plus tissements dans 1'irrigation produirait d' en ormes avantages. important des eaux souterraines et de surface. L' expansion de Cependant, l' eau Ii usage agricole en Afrique subsaharienne la superficie irriguee a ete lente en Afrique subsaharienne. Au reste peu developpee. Sur une surface cultivee de 197 mil- cours des 40 dernieres annees, seuls 4 millions d'hectares de lions d'hectares, seuls 7 millions d'hectares sont so us irriga- nouvelles terres irriguees ont ete amenagees, de loin la plus tion, et 2 aut res millions sous d'autres formes de gestion de petite extension de toutes les regions. Au cours de la meme l'eau. Dans 1'ensemble, cette zone ne represente que 23 % des periode, la Chine a ajoute 25 millions d'hectares, et l'Inde 32 39 millions d'hectares juges physiquement appropries (mais millions. La croissance annuelle du developpement de 1'irri- pas forcement viables du point de vue economique) Ii 1'irriga- gation dans la region etait de 2,3 % de 1973 Ii 2000, avec un tion. La part des surfaces cultivees equipees pour 1'irrigation ralentissement entre 2000 et 2003, et une reprise au cours des en Afrique subsaharienne varie considerablement suivant les dernieres annees notamment en Republique centrafricaine, pays mais est generalement tres faible, peu de pays atteignant au Kenya, Ii Maurice, au Nigeria, au Senegal et en Zambie. la barre des 20 % (Figure 15.1). En valeur absolue, plus de Un cadre institutionnel approprie est necessaire pour gerer 60 % de la superficie tot ale est concentree dans seulement l' eau Ii des fins de croissance. Le cadre des institutions liees Ii trois pays: Madagascar, l'Afrique du Sud et Ie Soudan - cha- 1'irrigation est peu developpe en Afrique subsaharienne. Ces cun ayant plus d'un million d'hectares de surfaces irriguees. institutions sont importantes pour la gestion et Ie partage Les investissements des bailleurs de fonds dans 1'eau Ii des eaux dans differentes zones agro-ecologiques et hydro- usage agricole ont chute de maniere brutale. De 1994 Ii 1996, la logiques ainsi que dans les bassins transfrontaliers. La mise valeur totale des projets finances par 1'ensemble des bailleurs en place et Ie bon fonctionnement des organes de gestion de fonds dans Ie domaine de 1'irrigation et du drainage etait de 1'eau fourniront Ie cadre institutionnel et preciseront OU inferieure de 10 % aux niveaux d'il y a 20 ans - juste 127 mil- se situent les responsabilites de planification et de mise en lions de dollars EU, to utes sources confondues (Banque mon- ceuvre des investissements pour les projets d'infrastructure diale 2007). Il existe des possibilites enormes d'augmentation d'irrigation. Tableau 15.1 Quelques indicateurs relatifs aux investissements dans I'irrigation en Afrique subsaharienne pourcentage Pn!levements des Capadtedes Eaux souterraines Extension Valeur de Ia produ- eaux II usage agricole barrages en pompees enpour- amuelle ction agricoIe irriguee Potentiel en pourcentage du pourcentage du total centagedu total des moyenne de Ia en pourcentage de Surface equipee d'irrigation total desressources des eaux de nappes phreatiques zone irriguee Ia valeur totale de Ia Region pour I'irrigation realise en eau renouvelables surface disponibles renouvelables 1973-2000 production agricoIe Soudano-sahelienne 6,9 50 21,8 9,7 38,1 2,7 58,3 Orientale 2,6 11 4,9 5,5 3,1 2,4 5,0 Golfe de Guinee 1,5 1,2 47,1 2,2 6,3 Centrale 0,7 0,1 1) 0 0,5 7,3 Australe 4,2 36 6,2 99,0 17,8 3,2 6,6 iles de I'ocean Indien 30,4 71 4,2 0,1 8,7 3,5 0 Mayenne de l'Afrique subsaharienne 3,5 18 1,3 11,2 17,5 2,3 24,5 Moyenne de I' Asle 33,6 67 15,8 12,0 2,6 Source: Svendsen, Svendsen, EWing el Msangl, 2009_ Note_ les r<'glOm presentees sonl celles adoptees dans Frenken (2005)_ Le regroupement des pays dans ces n!>glons est base sur l'homogenMe geographique et climatlque qUllnfiuence drrertemenl l'lrrlgatlon. La '''partition est alnsi qU'11 SUit _Region sDudano-sohelienne - Burkina faso, Cap-Vert, Tchad, Niger, Senegal, Soudan, region onentale tthiople, Kenya, Rwanda, Tanzame et Ouganda; Golfe de GUlnee Benin, C6te d'ivorre, Ghana, Nigena, ,eglon centrale - Cameroun, Republlque democratique du Congo; region dustrale Lesotho, MalaWI, Mozambique, Namible, Afrique du Sud, Zambie , fles de !'ocean Ind,en - Madagascar_ - Non dr;ponlble 286 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 15.1 Pourcentage des surfaces cultivees equipees pour Potentiel et besoins en matiere I'irrigation, par pays d'investissement economique Madagascar ~ _ _ _ _ _ _ _ __ Swaziland • • • • • • • •_ Quelque 39 millions d'hectares de terres agricoles africaines Maurice 1-______ sont juges physiquement aptes aI'irrigation, mais cette apti- Sao Tome-et-Principe )III• • • • • tude n' est pas forcement synonyme de viabilite economique Soma lie 1-____ (Encadre 15.1). Le potentiel economique de I'irrigation est Soudan 1-___ tres sensible aux couts d'investissement initial et necessite un Afrique du Sud . _ . acces aux marches, des apports complementaires, I'extension Mauritanie du credit, et un environnement propice et favorable. Tant les Cap-Vert systemes d'irrigation a grande echelle (distribution de l' eau Zimbabwe collectee dans de grands barrages) que les systemes d'irriga- Guinee tion a petite echelle (collecte d' eau au niveau local dans les Mali exploitations) sont pertinents pour I'Afrique. Vne irrigation Senegal agrande echelle rentable, basee sur des barrages, semble rea- Sierra Leone lisable sur 1,35 millions d'hectares (Tableau 15.2), si I'on ne Seychelles prend en compte que les projets dont Ie taux de rentabilite Guinee-Bissau interne depasse Ie seuil de 12 %. L'investissement non renou- Tanzanie velable associe au niveau des exploitations s'eleve a 2,6 mil- Erythree liards de dollars EV, a etaler tout de me me, sur au moins une Zambie decennie. Les pays ayant Ie plus grand potentiel d'investisse- Mozambique ment de large envergure dans les barrages sont : I'Ethiopie, Ie Ethiopie Nigeria, Ie Soudan et Ie Zimbabwe, ayant chacun un potentiel Malawi evalue a plus de 100 000 hectares. Ces estimations reposent Angola sur l'hypothese que la construction des barrages est rentable Kenya dans une perspective purement hydroelectrique et que les Niger seuls couts acouvrir pour les systemes d'irrigation connexes Burundi Cote d'ivoire concernent I'infrastructure de distribution d' eau. Nigeria Le potentiel d'irrigation a petite echelle est beaucoup plus Namibie grand parce que de grandes zones non-irriguees exist antes Gabon pourraient utilement etre converties a I'irrigation a petite Lesotho echelle. Les couts ne seraient que legerement plus bas parce Tchad que, pour I'irrigation a petite echelle, un systeme de stockage Rwanda de I'eau doit etre construit au niveau de I'exploitation en plus Gambie de l'infrastructure de distribution d'eau. Seules les terres Burkina Faso situees a une distance de trois heures de route d'une ville Ghana importante sont jugees appropriees pour Ie developpement Congo, Rep. du de I'irrigation a petite echelle, limitant ainsi son utilisation Cameroun a quelque 30 % des terres cultivees. Encore une fois, en se Botswana focalisant sur les projets dont Ie taux de rentabilite interne est Benin superieur a 12 %, une irrigation a petite echelle rentable est Togo realisable sur 5,44 millions d'hectares, pour un cout unique Liberia Ouganda Congo, Rep. demo du Comores Source: Svendsen, Ewing et Msangi, 2009. Note: Avec 100 % de sa surface cultivee equipee pour I'irrigation, Djibouti n'est pas presente ici pour Republique centrafricaine une meilleure visibilite des autres pays. Les pourcentages de la superficie equipee pour I'irrigation et +--r-.--.--.--,-,--, reeliement irriguee s'etalent sur une large fourchette en Afrique subsaharienne. Dans I'ensemble, Ie o 5 10 15 20 25 30 35 taux d'utilisation moyen est de 71 % dans la region contre un taux similalre, mais legerement inferleur Pourcentage de 67 % en Asie. Irrigation: un potentiel il exploiter 287 Hypotheses pour .'etude du potentiel d'investissement dans "irrigation Pour cette etude, I'analyse spatia Ie realisee combinait des pour I'exploitation et I'entretien. Un temps de deplacement parametres hydro-geographiques et economiques pour esti- jusqu'au marche Ie plus proche de trois heures a ete fixe en mer Ie potentiel d'investissement. Deux types de developpe- tant que valeur seui! pour I'acces au marche, excluant ainsi ment de I'irrigation ont ete evalues : a) I'irrigation a grande tous les pixels n'entrant pas dans cette fourchette. L'efficadte echelle basee sur les barrages et assodee aux reservoirs hydro- de I'utilisation des eaux de ruissellement pour les petits sys- electriques (tant existants que prevus) identifies par une etude temes a ete fixee a 30 %, ce qui signif!e que seulement 30 % s~ur portant sur I'hydroelectricite; et b) I'irrigation a petite des eaux de ruissellement collectees sont utilisables pour I'irri- echelle basee sur de petits reservoirs, des bassins de stockage gation apetite echelle. au niveau des fermes, des pompes a pedale et des structures les hypotheses pour l'irri9ation a grande echelle sont : un de conecte locale de "eau de ruissellement. I.es prindpaux cout d'investissement moyen de 3 000 dollars EU par hec- ensembles de donnees precisaient a) la repartition spatiale tare POUI" I »amenagement au niveau des exploitations; 0,25 actuelle des cultures; b) Ie potentiel biophysique spatial spe- dollar EUlmetre cube pour la fourniture et Ie transport de dfique aux cultures; et c) Ie ruissellement potentiel ainsi que I'eau ; une variable de remplacement pour I'exploitation et les pluies reelles d'un modele hydrologique pour I'irrigation I'entretien des canaux ; ainsi que 10 dollars EU par hectare a petite echelle. Les prix des produits agricoles, bases sur les pour I'exploitation et IJentretien au niveau des exploitations. cours mondiaux des matieres premieres de 2004 a 2006, ont Un horizon d'investissement de 50 ans a ete utilise. Les coOts ete ajustes pour tenir compte des differences existant entre des barrages n'ont pas ete pris en compte dans la mesure les pays en matiere de politiques des prix et de couts de tran- ou ils sont supposes entierement justifies et totalement cou- saction sur Ie marche. verts par les systemes hydroelectriques associes aux barrages Les hypotheses pour I'irrigation a petite echelle sont : un concernes. l'efficacite globale de I'irrigation a grande echelle cycle d'investissement quinquennal ; un cout d'investisse- est supposee etre de 40 %. ment moyen de 2 000 dollars EU par hectare pour les Inves- tissements dans les exploitations et 80 dollars EU par hectare Source: You 2009. Tableau 15.2 Besoins d'investissements potentiels dans I'irrigation a grande echelle basee sur les barrages et I'irrigation a petite echelle complementaire en Afrique subsaharienne Irrigation a grande echelle Irrigation II petite echelle Augmentation de Ia Augmentation de la superfide irriguee Coilt d'investissement superficie irriguee CoQt d'investissement Region (en millions d'l1ectares) (en millions de dollars EU) TRI moyen ('Yo) (en millions d'hectares) (en millions de dollars EU) TRI moyen ('Yo) Soudano-sahelienne 0,26 508 14 1,26 4391 33 Orientale 0,25 482 18 1,08 3873 28 Golfe de Guinee 0,61 1188 18 2.61 8233 22 Centrale 0,00 4 12 0,30 881 29 Australe 0,23 458 16 0.19 413 13 lies de I' ocean Indien 0,00 a 0,00 Total 1,35 2640 17 5.44 17 790 ° 26 Source. YOJ 2009 Note: Voir Tableau 15.1 pour ia definition des groupes regionaux. La vaieur moyenne du TRI est ponder"e par "augmentation de la superfioe irriguee. Le Benin. Ie Tchad et Madagascar n'ont pas de systeme d'irrigation 11 grand€ echelle rentable. TRI = Taux de rentabilite interne. - Non disponibie. a. Contralrement aux estimations des couts presentees dans d'autres parties du present rapport. line S'8glt iei que de eoQts d'investlssement uniques el non de chiffres annualrses. de 17,8 milliards de dollars EU, a etaler sur au moins une echelle a un taux de rentabilite interne superieur a celui de decennie (voir Tableau 15.2 et Figure 15.2). Dans to utes les l'irrigation a grande echelle. Le Nigeria est de loin Ie pays regions, al' exception de l'Afrique australe, 1'irrigation apetite disposant du plus grand potentiel, avec plus de 2,5 millions 288 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE d'hectares (quasiment la moitie de la superficie appropriee). certaine fac;:on permettre de faire face aux couts d'un pro- Des pays comme Ie Cameroun, Ie Tchad, l'Ethiopie, Ie Mali, gramme d'irrigation elargi. Ie Niger, l'Afrique du Sud, Ie Soudan, la Tanzanie, Ie Togo La plupart des hectares identifies comme viables sous irri- et l'Ouganda ont au moins un potentiel de 100 000 hectares gation seraient consacres a des cultures a plus grande valeur chacun. (Tableau 15.3). Dans la majorite des cas, l'irrigation n'est Le plein developpement du potentiel economique de l'ir- jugee viable que si des cultures gene rant des revenus substan- rigation double la part des terres cultivees so us irrigation, tiels sont cultivees, qu'il s'agisse de cultures de rente tradition- augmentant Ie pourcentage de ces terres de 3,5 % a 7 %. Les nelles (le cafe par exemple) ou des cultures vivrieres a plus couts d'investissement annualises sur 10 ans representeraient grande valeur (comme l'horticulture). Plus de la moitie des respectivement 1,8 % du PIB de 2000 et 88 % des depenses hectares viables identifies sont associes a des cultures pouvant agricoles. Pour beaucoup de pays, cela impliquerait une aug- produire plus de 2 000 dollars EU par hectare et par an. On mentation substantielle des depenses agricoles. Cependant, trouve relativement peu d'hectares la OU les investissements dans Ie cadre du Programme detaille de developpement de dans l'irrigation peuvent facilement se justifier par la produc- l'agriculture africaine du Nouveau partenariat pour Ie deve- tion de denrees de consommation courante. loppement de l'Afrique, les pays africains se sont deja enga- Les estimations des coUts d'investissement utilisees ici ges a porter a 10 % de leurs budgets la part des ressources refletent l'experience des pratiques modeles mais les coUts nationales allouees au developpement agricole et rural, d'ici reels peuvent souvent etre plus eleves. Des etudes indiquent 2015. Cette augmentation prevue des depenses pourrait d'une que les projets d'irrigation bien conc;:us et convenablement Figure 15.2 Investissements potentiels dans I'irrigation basee sur les barrages et a petite echelle • Zone rentable dans a I'irrigation petite echelle • Zone rentable dans I'irrigation agrande echelle Source: You, 2009. Note. Les zones en gris fonce ont un taux de rentabilite Interne positif pour I'irrigation basee sur les barrages. Les zones en gris clair indiquent des zones rentables pour I'lrrigation a petite echelle. Les pays laisses en blanc n'ont pas ete pris en compte dans I'echantillon. Irrigation: un potentiel ii exploiter 289 mis en reuvre en Afrique peuvent entrainer des couts n'exce- viabilite economique d'une grande partie des terres poten- dant pas 2 000 dollars EU par hectare pour les systemes d'ir- tiellement irrigables de I' Afrique depend de maniere critique rigation a petite echelle et 3 000 dollars EU par hectare (pour du maintien des couts d'investissement au niveau de ceux des la composante de distribution) pour les systemes d'irrigation pratiques modeIes. a grande echelle. I1s sont donc les principaux parametres uti- lises dans cet exercice de modeIisation. N eanmoins, dans la pratique, les projets d'irrigation en Afrique peuvent avoir des Impact de I'expansion de I'amenagement couts d'investissement nettement superieurs a 4 000 dollars des eaux it usage agricole EU par hectare (Inocencio et ai, 2005). II convient donc de tenir compte de la sensibilite de ces resultats a d' eventue!s Que! serait l'effet de deve!oppement d'une expansion agres- changements dans les couts unitaires d'investissement. sive de la superficie des terres agricoles irriguees en Afrique? Les estimations du potentiel de l'irrigation a grande echelle II a deja ete etabli qu'il existe un argument economique en et (surtout) a petite echelle sont tres sensibles aux hypotheses faveur de l'amenagement de 6,8 millions d'hectares supple- sur les couts d'investissement (Tableau 15.4). Les resultats mentaires de terres irriguees avec des rentabilites respectables sont sensibles aux hypotheses sur les coUts d'investissement d'au moins 12 %. Cette conclusion s'accompagne de deux par hectare et autres parametres (voir Encadre 15.1). Pour reserves importantes. En premier lieu, les couts d'investis- l'irrigation a grande echelle, Ie nombre d'hectares viables sement doivent etre contenus dans une fourchette de 2 000 devrait descendre a 54 % du scenario de base si les couts a 3 000 dollars EU par hectare. En deuxieme lieu, dans un d'investissement devaient passer de 3 000 a 6 000 dollars EU souci de viabilite, la plupart des amenagements d'irrigation par hectare, ce qui pourrait par exemple etre Ie cas lorsque doivent se concentrer sur les cultures a plus haute valeur. En l'irrigation do it contribuer aux couts de stockage de I'eau et supposant que ces conditions sont reunies, que! serait l'effet pas seulement d'infrastructure de distribution. Pour I'irriga- de developpement Ie plus important? Un exercice de mode- tion a petite echelle, l'histoire est beaucoup plus dramatique. lisation exemplatif est utilise pour voir comment I'accroisse- Une augmentation de 2 000 a 5 000 dollars EU par hectare du ment des rendements agricoles resultant de l'augmentation cout d'investissement par rapport a la situation de base aurait d'echelle de l'irrigation affecterait l'economie alimentaire a pour effet d' eIiminer les arguments economiques en faveur I'horizon 2020 et au-dela. de I'irrigation a petite echelle. Ce constat montre combien la Tableau 15.3 Part des cultures sous irrigation et evaluation des besoins d'investissement dans I'irrigation Revenu moyen Cultures (dollars EUlhectare/an) Pourcentage total des hectares viables Canne asucre, orge, soja, et autres legumes secs < 100 16 Bananes, haricots, pommes de terre, sorgho, betterave sucriere, arachide, 100-500 14 manioc, ma'ls, coton fibre Cafe, riz, patates douces, millet 500-1 000 16 Horticulture et autres culture de valeur > 2 000 54 Source Tire de You 2009 Tableau 15.4 Sensibilite du potentiel d'irrigation aux hypotheses sur les couts d'investissements Irrigation a grande echelle Irrigation ell petite echelle Coilt d'investissement initial/hectare Hectares Coilt d'investissement initial/hectare Hectares (dollars EU) (pourcentage de base) (dollars EU) (pourcentage de base) 1000 112 600 226 3000 100 2000 100 6 000 54 5 000 Source: You 2009. . . did b I .' t t Note. Le scenario de base est note en gras et prend en compte taus les projets ayant une valeur actualisee nette positive, y comprls ceux ant e taux e renta lite In erne es inferieur au seuil de 12 %. 290 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Une augmentation annuelle de 3,6 %, importante mais En accroissant la production d'aliments du cru, les investisse- realisable, des investissements dans l'irrigation triplerait ments dans l'irrigation pourraient faire descendre les impor- la superficie des terres agricoles irriguees, la portant a 22 tations de produits alimentaires a seulement 11 000 tonnes millions d'hectares en 2050. Le rendement de l'agriculture d'ici 2050. irriguee devrait augmenter de 10 % paralleIement a une aug- Sans etre spectaculaires, certains effets devraient etre mentation progressive de 10 % de la productivite des cultures perceptibles sur la malnutrition (Tableau 15.5). A cause des pluviales (grace a un accroissement de l'efficacite des pluies tendances defavorables observees sur Ie marche, la malnu- de 5 % d'ici 2020 et de 10 % d'ici 2050). L'effet de ces inves- trition infantile devrait augmenter legerement au cours des tissements est perceptible dans trois domaines : les prix ali- pro chaines decennies, passant de 32,7 millions de cas en mentaires, les importations de produits aliment aires et les 2000 a 33,8 millions en 2050. Une meilleure disponibilite des resultats nutritionnels. aliments due aux investissements dans l'irrigation devrait Une plus grande disponibilite de la nourriture devrait aider a resoudre ce probleme, en limitant Ie nombre de cas aider a maitriser les fortes hausses prevues dans les prix des a 31,6 millions en 2050, meme s'il ne s'agit que d'une bien denrees alimentaires (Tableau 15.5). En Afrique, ceux-ci modeste reduction. devraient passer de 117 dollars EU par tonne de cereales Dans l' ensemble, les investissements dans l'irrigation (niveau de reference de 2000) a 205 dollars EU d'ici 2050. contribuent a compenser certains des effets nefastes prevus L'augmentation de la production de produits alimentaires du fait du changement climatique (Tableau 15.5). Celui-ci generee par l'expansion de l'irrigation aiderait a limiter cette est un facteur important de la deterioration de la situa- pression inflationniste en main tenant Ie prix d'une tonne de tion de l'offre alimentaire prevue en Afrique. Les investis- cereales a un bas niveau, a savoir 177 dollars EU d'ici 2050. sements dans l'irrigation peuvent etre consideres camme L'expansion de l'irrigation reduirait egalement la depen- une mesure d'adaptation dans la mesure OU ils contribuent dance de l'Afrique vis-a-vis des importations alimentaires a compenser les effets secondaires negatifs du changement (Tableau 15.5). En 2000, I'Afrique a importe plus de 23 000 climatique. Ainsi, l'irrigation compense les effets du chan- tonnes de cereales par an. II est prevu que Ie deficit africain du gement climatique sur la malnutrition infantile, et fait plus commerce des produits alimentaires se creusera de maniere que compenser l'effet sur la balance commerciale alimen- spectaculaire pour atteindre plus de 98 000 tonnes en 2050, taire. Les prix des aliments devraient rester un peu plus refletant la hausse substantielle de la demande alimentaire eleves que ce qu'ils auraient ete sans Ie changement cli- d'une population en pleine croissance et de plus en plus urba- matique, mais nettement inferieurs a ce qu'ils auraient ete nisee, combinee a une expansion assez lente de la production. sans irrigation. Tableau 15.5 Evolution du prix des aliments pour differents indicateurs, 2020 et 2050 cereales Cereales Production Production Moymne des Importations produito. produites non irriguee irriguee de cours mondiaux nettes de Nombro Calories en zone non en zone de cerealos cereales descereales cereales d'enfants disponlbles irriguee Irrlgu"e {milliers (milliers (dollars EU par (milliers malnutris (kilocalories! (milliers (milliers de tonnes de tonnes Annee tonne mi'!trlque) de tonnes) (en milliers) personnoljour) d'hectares) d'heetares) metriques) metrlques) Projection des niveaux d'investissements actuels avec Ie changement climatique 2000 117 23638 32669 2277 74303 3783 75283 6829 2020 187 4370 44041 2241 87 109 4847 132184 12851 2050 205 75417 33756 2761 92908 6294 203680 26011 Projection des niveaux d'investissements actuels sans changement climatique 2000 117 23 638 32669 2277 74303 3783 75283 6829 2020 179 6398 43646 2263 86908 4858 132 125 12891 2050 159 98963 31894 2886 92441 6441 204427 26454 Augmentation des investissements avec Ie changement climatique 2000 117 23638 32669 2277 74303 3783 75283 6829 2020 182 -7331 42507 2235 85793 7666 138904 18625 2050 177 11 134 31640 2852 89560 21 722 220820 86003 Source Estimations fournies par I'lnsti!ut International de recherche sur les politiques alimentarres, Washington, D.c, 2009 Irrigation: un potentiel a exploiter 291 Defis de la mise en ceuvre mentaux charges du developpement des infrastructures (un ministere en charge de 1'eau) et ceux responsables de l'agri- L'augmentation considerable des investissements dans 1'irri- culture irriguee (un ministere de l' agriculture), de renforcer gation souleve des questions quant a leur performance et a les capacites et de mettre en place des mesures incitatives leur soutenabilite. Un diagnostic multi-donateur recent de la afin d'amener les agences publiques a adopter un nouveau performance de 1'irrigation a identifie les defis a lever pour paradigme pour l' amenagement des eaux a usage agricole ameliorer la performance des investissements dans l'irriga- (Encadre 15.2). II est egalement souhaitable d'elaborer les ins- tion. Cette section resume les conclusions et recommanda- truments necessaires ala participation du secteur prive par Ie tions de ce rapport (Banque mondiale 2007). biais de partenariats public-prive. La responsabilite du developpement doit, dans la mesure Adopter une vision strategique du possible, etre decentralisee sur la base du principe de sub- Les strategies nationales d'amenagement de 1'eau a usage sidiarite. Dans la quasi-totalite des cas, les reformes seront agricole doivent etre encouragees. Elles doivent reconnaitre : axees sur l'autonomisation des usagers potentiels de 1'eau a) la contribution potentielle de 1'eau a usage agricole a la a usage agricole pour leur permettre d'assumer leurs nou- reduction de la pauvrete et a la croissance; b) les imperatifs veaux roles et responsabilites et de traiter efficacement avec de rentabilite et de viabilite economique au niveau de 1'ex- les prestataires de services, y compris les agences d'irrigation ploitation ; etc) Ie besoin de politiques, de cadres juridiques et (qui devront commencer a rendre des compte a leurs clients), d' organismes encourageant une agriculture rentable, OU I' eau les organismes de credit et les marches d'approvisionnement est geree de maniere durable par les petits exploitants agri- en intrants et de production. Cette mesure doit s'accompa- coles. Les strategies doivent analyser les compromis et exploi- gner d'investissements dans Ie renforcement des capacites des ter les synergies des differentes options d'investissement. Les organisations paysannes. De maniere plus generale, Ie role des domaines cles qui doivent etre couverts par ces strategies agriculteurs dans Ie partage des couts, l' exploitation et l' entre- incluent : a) l'augmentation de la productivite et de la ren- tien doit etre defini en toute transparence. tabilite des systemes d'irrigation existants ; b) I' expansion ou Le suivi et evaluation doit etre un outil de gestion indis- 1'amenagement de nouveaux systemes d'irrigation (y compris pensable pour les agriculteurs, les agences de mise en ~uvre ceux bases sur la collecte de 1'eau) ; c) 1'experimentation et la et les parten aires financiers. Une exigence minimale pour les diffusion des technologies de collecte de 1'eau de pluie ; d) la systemes de suivi et evaluation est de me surer les intrants, les mise en place de chaines logistiques soutenables pour les equi- couts et les changements intervenus dans la production, les pements destines a l'eau a usage agricole ; et e) l'investisse- revenus, l' emploi, la sante et l' environnement. ment dans la recherche sur la gestion de l' eau a usage agricole. Les strategies relatives a 1'eau a usage agricole doivent Entreprendre des projets viables et soutenables etre integrees dans des strategies sectorielles plus larges pour Les decisions futures en matiere de conception et d'inves- l' agriculture, Ie developpement rural et l' eau. Les strategies tissement doivent etre uniquement fondees sur la viabilite pour l' eau doivent se baser sur des principes de gestion inte- economique, la rentabilite au niveau de l'exploitation et la gree des ressources en eau qui promeuvent une allocation soutenabilite. Les investissements non viables visant des economiquement efficace de l'eau au secteur agricole, s'assu- objectifs « sociaux » ou « strategiques » doivent etre evites. rent que I' allocation et la gestion de l' eau prennent en compte Les subventions doivent (Ie cas echeant) se limiter a) aux ele- les besoins des pauvres, et prevoient la participation effec- ments ayant une duree de vie economique a moyen ou long tive des petits exploitants a la planification des bassins. Les terme (Ies ouvrages de prise d'eau et les canaux principaux besoins de l' eau a usage agricole doivent etre beaucoup plus sur les grands systemes), dont Ie cout depasse les capacites clairement exprimes dans les documents de strategie pour la financieres de la plupart des agriculteurs, et non aux inves- reduction de la pauvrete ou autres strategies de developpe- tissements a moindre cout qui ont une courte duree de vie ment national similaires. economique (pompes a pedales ou amelioration au niveau des exploitations pour une meilleure gestion des eaux de pluie Investir dans les reformes institutionnelles dans les champs) ; et b) au developpement et a la promo- Les nouvelles strategies de l'eau a usage agricole devraient tion de la technologie. Les subventions aux services d' appui servir de base aux programmes sectoriels qui combinent les ainsi qu'a 1'exploitation et entretien doivent de preference investissements dans l'infrastructure et dans les reformes etre evitees ou, sinon, soigneusement ciblees et fournies uni- institutionnelles. Un point de depart pour les reformes est quement a court terme pour Ie demarrage de la production d'ameliorer la coordination entre les organismes gouverne- commerciale. 292 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Un environnement favorable ala reforme: l'Office du Niger Cree en 1932 par les Franc;ais, l'Office du Niger est I'un des Des facteurs techniques, institution nels et economiques sont plus anciens et plus grands systemes d'irrigation de l'Afrique a I'origine des succes enregistres par Ie projet. Au nombre subsaharienne. Situe au Mali, il a initialement ete mis en place des facteurs techniques figurent la gestion de I'eau a tra- pour approvisionner I'industrie textile franc;aise en coton et vers la rehabilitation physique des reseaux d'irrigation et de ameliorer la securite alimentaire au Sahel. Malgre une per- drainage, un ensemble complet de technologies ameliorees formance decevante pendant les premieres decennies avec, et une mecanisation agricole appropriee. Les facteurs institu- entre autres, un amenagement limite des zones, un mau- tionnels et economiques s~nt, entre autres, la liberalisation de vais entretien des infrastructures et de faibles rendements, la commercialisation et de la transformation du riz paddy, fa Ie systeme a ete rehabilite au debut des annees 1980 avec securite du regime foncier, I'amelioration de I'infrastructure, I'aide de l'Union europeenne, de la Banque mondiale et de les reformes institutionnelles et des partenariats plus solides la France, de l'Aliemagne, des Pays-Bas et des ttats-Unis. De avec les agriculteurs. La coordination des bailleurs de fonds, vastes reformes et une rehabilitation ont triple les rendements I'engagement des pouvoirs publics et un environnement moyens de riz paddy qui sont passes a 5 tonnes par hectare, macroeconomique et politique approprie ont egalement porte la superficie cultivee a environ 80 000 hectares, accru constitue des elements importants. la population installee dans Ie peri metre de plus de 220 % et augmente la production de riz paddy par habitant de 0,9 a 1,6 tonnes, reduisant ainsi la pauvrete et ameliorant la secu- Source: Sur la base d'entretiens avec Ie personnel du Departement des rite alimentaire. ressources en eau de I' Afrique a la Banque mondiale, 2008. La reduction des couts d'amenagement par hectare est Fournir l' eau a usage agricole dans Ie cadre essentielle pour la reussite des programmes d'irrigation. Le d'un paquet global cout de l'amenagement des perimetres irrigues publics en Les investissements dans l'eau it usage agricole font partie Afrique subsaharienne a ete excessivement eleve. Beaucoup d'une strategie globale visant it accroitre la production et de systemes d'irrigation n'ont pas reussi it produire des ren- incluant, entre autres, des organisations paysannes auto- dements nettement plus eleves et une intensification des nomes, des services d'assistance agricole durables, efficaces cultures, ni it soutenir une transition vers des cultures de plus et redevables, ainsi que des marches accessibles et rentables. grande valeur. Dans ces conditions, des couts d'amenagement C'est pourquoi les investissements dans l'eau it usage agricole eleves erodent rapidement la rentabilite des investissements. ne doivent pas seulement se concentrer sur la fourniture des Les couts ont baisse ces dernieres annees en raison de la infrastructures, mais aborder egalement de maniere holis- concurrence entre les entrepreneurs, de l'emergence de nou- tique la question de l'intensification agricole (Encadre 15.3), veaux entrepreneurs, en particulier des pays it faible revenu ; En effet, sans des efforts complementaires pour ameliorer la et de l'introduction de technologies d'irrigation abordables. productivite agricole par d'autres moyens, l'irrigation est peu La maitrise de ces couts est importante car les projets it faible susceptible de produire l'augmentation significative des ren- rentabilite ont des couts de developpement par hectare quatre dements necessaire pour justifier l'investissement initial. fois superieurs it ceux des projets it bonne rentabilite. II est Les investissements doivent etre pro-pauvres. Les etudes donc essentiel de concevoir l'irrigation dans une optique de preparatoires des projets doivent permettre de comprendre rentabilite maximale, ce qui implique it la fois un bon rapport la maniere dont les investissements dans I' eau it usage agri- cout-efficacite et une strategie efficace pour l'augmentation cole peuvent aider les beneficiaires it ameliorer leurs moyens de la production. Dne nouvelle generation de projets d'irri- d'existence. Cette comprehension permettra de rendre les gation bien con'rus et bien mis en reuvre s'est averee it peine investissements plus favorables aux pauvres en choisissant plus couteuse que ceux d'autres regions. des options technologiques comportant peu de risques et Irrigation: un potentiel a exploiter 293 L'association nigeriane des utilisateurs de .'eau de Fadama: expansion de .'irrigation Le developpement pilote par les eommunautes peut favoriser re~u 10 % du coOt des actifs. La valeur des actifs produc- I'expansion de I'irrigation en Afrique subsaharienne, notam- tifs destines a I'eau et a I'irrigation, y compris les pompes a ment au sein de groupes homogenes ou regne une grande eau, les forages et les puits tubulaires, a done augmente de egalite sodale. Le Projet Fadama II de developpement agrieole pres de 3 000 %. En outre, I'investissement dans I'irrigation au Nigeria a 50utenu les associations d'utilisateurs de I'eau. a entralne une hausse de la productivite agrieole dans les II a ameliore I'acces aux actifs et infrastructures productifs, y regions seehes, augmentant ainsi d'environ 80 % les revenus compris les intrants agricoles, les infrastructures d'irrigation et dans les savanes seches. les equipements post-recoltes. Les groupes eommunautaires Source: Sur la base d'entretiens avec Ie personnel du Departement des ont ete organises en groupes d'utilisateurs sur la base de leur ressources en eau de l'Afrique a la Banque mondiale, 2008 secteur agricole (elevage, culture, foresterie et autres) et ont abordables pour les pauvres, tout en cherchant a maximiser Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et la rentabilite au niveau des exploitations ainsi que les emplois l' agriculture. remuneres dans Ie secteur agricole et autres opportunites Inocencio, Arlene, Masao Kikuchi, Manabu Tonosaki, Atsushi d'emplois indirects. La conception institutionnelle doit, en Maruyama et Hilmy Sally. 2005. "Costs of Irrigation Projects: A Comparison of Sub-Saharan Africa and Other Developing Regions outre, veiller ala prise en compte et au renforcement du role and Finding Options to Reduce Costs". Rapport de la composante des femmes dans les systemes de production et leur gestion. etude du Collaborative Programme, International Water Manage- ment Institute, Pretoria, Afrique du Sud. Notes NEPAD (Nouveau partenariat pour Ie developpement de Les auteurs du present chapitre sont Mark Rosegrant, Claudia l'Afrique). 2003. Programme detaille de deveioppement de Ringler et IIsbrand de Jong, qui se sont bases sur les documents I'agriculture africaine. http://www.nepad-caadp.net/. de reference et les contributions de Salah Darghouth, Mandy Svendsen, Mark, Mandy Ewing et Siwa Msangi. 2008. "Watermarks: Ewing, Stephen Mink, Siwa Msangi, Siobhan Murray, Mark Indicators of Irrigation Sector Performance in Sub-Saharan Africa". Svendsen, et Liang Zhi You. Background Paper 4, Diagnostic des infrastructures nation ales en 1. Les termes « eau 11 usage agricole » et « irrigation » sont utilises Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. de fac;:on interchangeable, et se rapportent tous deux it la fourni- Banque mondiale. 2007. Investment in Agricultural Water for ture d'eau aux cultures et au betail, en complement des precipi- Poverty Reduction and Economic Growth in Sub-Saharan Africa: tations (Ie cas echeant). Dans ce rapport, I'eau it usage agricole Synthesis Report. Washington, DC: Banque mondiale. et I'irrigation comprennent, si necessaire, Ie drainage. - - - . 2008. World Development Report 2008: Agriculture for Development. Washington, DC: Banque mondiale. Bibliographie You, Liang Zhi. 2008. "Irrigation Investment Needs in Sub-Saha- Frenken, Karen, ed. 2005. Irrigation in Africa in Figures: AQUAS- ran Africa". Background Paper 9, Diagnostic des infrastructures TAT Survey - 2005. Rapport sur I'eau n° 29 de la FAO. Rome: nationales en Afrique, Banque mondiale, Washington, DC. Chapitre Alimentation en eau : les objectifs seront-ils atteints ? D ans l' ensemble, l' Afrique subsaharienne a peu de 1,8 milliard de dollars EU en recettes. En general, les couts chances d'atteindre l'objectif du Millenaire pour Ie en capital ont ete subventionnes mais ces subventions sont developpement (OMD) relatif a l' alimentation en eau. regressives. Le recouvrement complet des couts d'investisse- La couverture dans les zones urbaines a decline etant donne ment devrait etre abordable pour la moitie de la population, y que les services ont eu des difficultes a suivre Ie rythme de la compris la majorite de ceux qui ont aujourd'hui acces a l'eau croissance de la population. Dans les zones rurales, plus de courante, mais ne serait pas abordable pour l'autre moitie. 40 % de la population depend toujours des eaux de surface. De plus, les defaillances operationnelles des services de En general, les puits et les forages sont les sources d'approvi- l'eau coutent quelque 0,9 milliard de dollars EU par an et sionnement qui connaissent la croissance la plus rapide. entravent l'extension des services. La cle de l'amelioration de Le prix de la realisation de l'OMD portant sur l'acd~s a une la performance se trouve dans la mise en place de reformes meilleure source d'eau est estime a 16,5 milliards de dollars institutionnelles des cadres legislatifs et reglementaires. La EU par an (environ 2,6 % du PIBde l'Afrique). Pour de nom- participation privee, en particulier les contrats de location, breux pays, ce Cotlt parait prohibitif. En mettant l'accent sur a fortement affecte la performance des services, mais les ser- des technologies a faible cotlt, telles que les bornes-fontaines vices publics demeurent les principaux acteurs et de plus et les forages, ces pays peuvent reduire Ie CotIt de realisation grands efforts sont necessaires pour ameliorer leurs cadres de de I'OMD. Toutefois, l'utilisation de bornes-fontaines ren- gouvernance. contre certains problemes institutionnels qui n' ont pas encore Meme si toutes ces defaillances pouvaient etre eiiminees, ete resolus. l' ecart de financement total du secteur de l' eau serait toujours Les depenses dans Ie secteur de l'eau s'elevent aujourd'hui de 7,8 milliards de dollars EU par an (1,2 % du PIB). a 3,6 milliards de dollars EU, soit un quart des besoins. Tou- Pour l' avenir, l' agenda des reformes institutionnelles tefois, environ 2,7 milliards de dollars EU a la disposition du demeure aussi pertinent que par Ie passe, meme si sa vision secteur sont actuellement gaspilles par manque d'efficacite. du role des secteurs public et prive est devenue plus plura- Un exemple majeur d'inefficacite est la sous-tarification liste. II doit aussi aller au-dela des services pour s'etendre aux des services. Le prix de l'eau est d'environ 0,67 dollar EU par ministeres techniques ainsi qu'au cadre complet des depenses metre cube, un Cotlt inferieur au seuil de recouvrement des publiques qui sous-tend, et trop souvent entrave, les pro- couts juste superieur a 1 dollar EU par metre cube. Cette sous- grammes d'investissement dans Ie secteur. II existe aussi des tarification fait perdre annuellement au secteur au moins possibilites de meilleur recouvrement des couts, de maniere 295 296 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE a rediriger les subventions limitees vers la promotion de I'ac- ainsi que les facteurs les plus critiques pour l'extension de ces a I'eau parmi les plus pauvres. Pour la majorite de ceux la couverture. qui n'ont pas acces a I'eau courante, il faut considerer de plus Les options de service pour I'alimentation en eau peu- pres comment les bornes-fontaines peuvent etre integrees de vent etre classees selon une hierarchie basee sur la methode maniere plus efficace au systeme urbain d'alimentation en de fourniture et la qualite du service associe. Tout en haut eau. La proliferation de I'utilisation de puits et forages pour de la liste se trouve I'eau courante, a la fois potable et pra- I'alimentation des zones urbaines exige I'attention urgente tique. Les bornes-fontaines fournissent une eau tout aussi des responsables des politiques, tant pour une meilleure com- potable mais d'une maniere moins commode et qui presente prehension de la situation que pour Ie developpement d'ou- quelques risques de contamination de I'eau au cours de la tils reglementaires adaptes. Dans les zones rurales, en plus de collecte. Viennent en suite les puits et forages, qui, suivant la poursuite de I'extension de I'acces, Ie grand defi est Ie taux leur emplacement, peuvent s'averer plus ou moins pratiques eleve d'interruptions de service dues au manque d'entretien que les bornes-fontaines. L'eau fournie peut etre de bonne qui menace la soutenabilite de ce qui a deja ete realise. qualite, bien que cela depende de la nappe aquifere locale et de la protection contre la contamination. L'eau de sur- face se trouve tout en bas du classement car sa qualite est la L'objectif du Millenaire pour plupart du temps douteuse, et qu'elle est rarement pratique. Ie developpement relatif I'eau- a Bien que I'objectif soit de fournir un acces universel a l'eau courante, celui-ci n'est pas toujours realisable ni abordable a Souvent hors de portee court terme. Une premiere etape importante est de detour- ner les populations des eaux de surface en leur donnant acces Alors que Ie reste du monde est en bonne voie pour atteindre a d'autres moyens d'approvisionnement situes un peu plus I'OMD relatif a I'approvisionnement en eau 1, en I'Afrique haut dans Ie classement. subsaharienne, seuls 58 % de la population ont acces a une eau potable sure, alors que I'objectif est d'atteindre 75 % d'ici 2015 (OMS/UNICEF 2006).2 Les progres ont ete modestes : Des schemas d'acces differents en ville I'acces n'a augmente que de 9 points de pourcentage entre 1990 et 2006, so it moins d'un point de pourcentage par an. a et la campagne Pour atteindre I'objectif, la croissance devrait se situer au-dela Les zones rurales dependent toujours principalement des de 2 points de pourcentage par an. En consequence, l'Afrique eaux de surface. La proportion de la population qui a recours subsaharienne se retrouve derriere toutes les autres regions, y aux eaux de surface a connu une forte baisse dans les annees compris I'Asie duSud, dont la performance etait auparavant 1990, passant de 50 % a un peu plus de 40 %, niveau auquel assez semblable a celle de I'Afrique subsaharienne mais qui a elle s'est stabilisee jusqu'en 2005 (Tableau 16.1). Les forages evolue bien plus rapidement ces dernieres annees. sont la principale source d' eau amelioree, dont dependent Certains pays sont plus proches que d'autres de la reali- 40 % de la population. L'acces a I'eau courante et aux bornes- sation des objectifs. Selon les donnees les plus recentes du fontaines est tres restreint et a tres peu augmente au cours Programme commun OMS/UNICEF de surveillance de l'eau des 15 dernieres annees. En effet, dans de nombreux pays, et de l'assainissement pour 2006, cinq pays africains ont deja moins d'l % de la population rurale re~oit l'eau courante. atteint I'OMD : l' Afrique du Sud, Ie Burkina Faso, Ie Ghana, II est toutefois surprenant de constater que dans les pays OU Ie Malawi et la Namibie. A ceux-ci s'ajoutent douze pays l'urbanisation est la plus avancee, I'acces a I'eau courante en qui ont de bonnes perspectives d'atteindre I'objectif d'ici zone rurale est sensiblement plus developpe. 2015 s'ils continuent de progresser a un rythme regulier : Ie Dans les regions urbaines, la croissance rap ide de la popu- Cameroun, les Comores, la Cote d'Ivoire, l'Erythree, la Gui- lation a entraine une baisse importante de la couverture de nee, Ie Mali, la Mauritanie, l'Ouganda, la Republique cen- I'eau courante au cours des 15 dernieres annees. Toutefois, trafricaine, Ie Senegal, Ie Soudan et Ie Zimbabwe. A I'autre avec pres de 40 %, elle demeure la source d'alimentation en extremite du classement, certains des pays les plus peuples eau la plus repandue. La couverture des bornes-fontaines a d' Afrique, tels que la Republique democratique du Congo et elle aussi decline, tandis que celle des forages a augmente, si la Nigeria, sont encore loin d'atteindre I'objectif. La proxi- bien que ces deux types de service alimentent chacun 24 % de mite de 2015 et I'amplitude des defis mettent en lumiere a la population urbaine. La couverture inferieure des bornes- quel point il est important de comprendre la performance du fontaines par rapport a l' eau courante est particulierement secteur de I'eau dans la region, ses reussites et ses faiblesses, frappante, etant donne leur cout relativement faible et la Alimentation en eau : les objectifs seront-ils atteints? 297 Tableau 16.1 Evolution de la couverture de I'alimentation en eau en Afrique, par source Pourcentage de la population Eau courante Bornes-fontaines Puits et forages' Eau de surface Pet-iade Zone urbaine Zane rurale Zone urbaine Zone rurale Zone urbaine Zone rurale Zone urbaine Zone rurale 1990-95 50 4 29 9 20 41 6 50 1995-2000 43 4 25 9 21 41 41 2001-05 39 4 24 11 24 43 42 Source: Banerjee, Wodon et autres 2008 Note' Les chiffres sont bases sur les enqui'tes aupres des menages a . Le Programme conjoint de surveillance OMS/UNICEF considere les puits et les forages proteges comme des sources d'eau ameliorees. Cependant, il n'est pas possible de distinguer les donnees relatives aux puits et forages proteges et non proteges, dans les enquetes aupres des menages utilisees pour Ie Diagnostic des infrastructures nationales en Afrique. pression en faveur d'un developpement rap ide des services. que la Cote d'Ivoire illustre les avantages potentiels de la Avec 7 % de la population urbaine, la dependance envers les legalisation (Encadre 16.1). eaux de surface a peu change. Les services publics declarent fournir environ 20 heures de Les services publics sont au cceur de l'alimentation en service par jour, et un peu plus de 80 % de leurs echantillons eau en zone urbaine. Dans l'ensemble, environ deux tiers satisfont les tests du chlore (Tableau 16.3). Ils produisent en de la population urbaine dependent de l'eau distribuee par general un peu plus de 200 litres d' eau par personne servie, la les services publics. Dans les pays a revenu intermediaire, les quantite produite dans les pays a revenu intermediaire attei- services publics sont essentiellement les seuls acteurs, des- gnant Ie double de celle des pays a faible revenu. Si la pro- servant environ 99 % de la population urbaine, la grande duction totale des services publics etait rep artie de maniere majorite par Ie biais de raccordements prives a l'eau cou- egale sur l'entierete de la population de la zone desservie, elle rante. Dans les pays a faible revenu, seuls 49 % des residents representerait 74 litres d'eau par personne et par jour, soit urbains beneficient de l'eau des services publics, et moins juste assez pour satisfaire les besoins humains essentiels. de la moitie d' entre eux par Ie biais de raccordements pri- Les foyers urbains qui ne sont pas alimentes en eau des yes (Tableau 16.2). Pour Ie reste, Ie partage informel de services publics se tournent vers plusieurs autres solutions. raccordements a travers la revente entre voisins (15 % de L'expansion rap ide des forages en zone urbaine a deja ete la population urbaine) est presque aussi courant que Ie remarquee. Les vendeurs d'eau, qui representent une autre partage formel a travers les bornes-fontaines (19 % de la possibilite, vendent l'eau des services publics, des forages ou population urbaine). A Maputo, au Mozambique, un tiers des sources de surface, qu'ils transportent en cam ion ou en des menages non raccordes achetent de l'eau a leurs voisins, chariot, ou qu'ils vendent parfois par Ie biais de leurs propres tan dis qu'a Maseru, au Lesotho, les revendeurs particuliers reseaux prives de distribution. Les vendeurs d'eau ne repre- fournissent de l'eau a 31 % de la population, y compris a sentent que 3 % du marche urbain africain, allant jusqu'a pres de la moitie des foyers non raccordes. Quoique preva- 7 % en Afrique de l'Ouest. Dans certains pays, toutefois, leur lente, la revente par les menages est souvent illegale, bien contribution au systeme d'alimentation en eau est bien plus Tableau 16.2 Services fournis par les entreprises publiques dans leur zone de desserte Pourcentage Population beneficiant Population obtenant chaque annee deja d'un acces a I'eau courante un acces aI'eau courante Revente de I'eau Type de pays Eau courante Bornes-fontaines aux voisins Total Eau courante Bornes-fontaines Total Faible revenu 30 19 15 68 1,9 1,0 2,9 Revenu intermediaire 89 10 0 99 4,5 -0,2 4,5 Moyenne a 44 14 6 86 2,5 0,9 3,2 Source' Banerjee, Skilling et autres 2008. Note. Les chiffres sont bases sur les donnees des entreprises publiques sur leurs zones de service. La couverture est supeneure a a celie obtenue partir des enquetes aupres des menages car les zones de service ne couvrent pas la totalite des zones urbaines et que, pour certains pays, les donnees n'etaient disponlbles que pour les entreprises publiques dans les plus grandes villes. a . La moyenne est ponderee par la population. 298 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE La legalisation des menages revendeurs d'eau en Cote d'ivoire La Cote d'ivoire a legalise les menages revendeurs d'eau dans a Ce systeme est toutefois confronte certains defis de mise les sites d'habitation informels afin d'aider les pauvres avoir a en ceuvre. Les revendeurs particuliers paient doublement la a acces I'eau potable. Cette legislation permet la Societe de a SODECI : leurs droits de revendeurs ainsi qu'une majoration distribution d'eau de la Cote d'ivoire (SODECI) d'influencer pour les extensions de reseau dans les zones desservies. De de maniere indirecte Ie prix et la qualite de I'eau dans ces plus, aucun tarif special ne s'applique aux revendeurs par- zones. Ce service public a distribue environ 1 000 permis de ticuliers : ils paient plein tarif pour la consommation. Ainsi a revente de I'eau des revendeurs qui peuvent investir dans les motivations pour devenir revendeur particulier sont-elles des extensions de reseau du dernier kilometre afin de satis- limitees, et la plupart des menages paient Ie prix ordinaire de faire la demande des quartiers pauvres. La SODECI reduit Ie consommation domestique. risque de non-paiement en demandant un depot de garantie consequent (environ 300 dollars EU) et en facturant les reven- deurs mensuellement. Source: Collignon et vezina 2000. Tableau 16.3 Qualite des services fournis par les entreprises publiques dans leur zone de service Disponibilite de I'eau fournie par I'entreprise publique Qualite de I'eau fournie Litres par personne disponibles Litres par personne pour les residents de la zone disponibles pour les clients Heuresfjours de service Pourcentage des echantillons Type de pays de service de I'entreprise publique continu passant les tests du chlore Faible revenu 74 149 19 83 Revenu intermediaire 272 277 24 99 Moyenne a 167 224 21 83 Source' Banerjee, Skilling et autres 2008. a : La moyenne est ponderee par la population. importante: Nigeria (10 %), Tchad (16 %), Niger (21 %), et surface continue de s'accroitre, ce qui en soi constitue deja Mauritanie (32 %). Dans 15 gran des villes d'Afrique, Ie cout une statistique inquietante (Figure 16.1). A tous les niveaux, pratique par ces vendeurs, en particulier lorsque l' eau est les puits et forages etendent leur couverture bien plus rapi- transportee directement jusqu' aux foyers, peut etre 2 a 11 fois dement que toutes les autres possibilites reposant sur les plus eleve que celui d'un raccordement (Tableau 16.4). Cette services publics reunies. Dans Ie cadre des services publics, forte propension a se procurer de l' eau aupres de ces vendeurs l'acces aux bornes-fontaines semblent s'accroitre plus rapi- represente une source potentielle de revenus que les services dement que celui a I' eau courante. Toutefois, Ie taux de publics sont en general in cap abIes d'exploiter, croissance combine des differentes formes ameliorees d'ali- La dynamique de I' extension des services presente un mentation en eau en zones urbaines (moins d'l % par an) schema general semblable dans les zones urbaines et rurales : reste bien en-deya du taux de croissance de la population Ie nombre absolu des personnes dependant des eaux de (plus de 4 % par an). Tableau 16.4 Prix moyen du service de I'eau dans les quinze plus grandes villes, par type de fournisseur Raccordement Petit reseau Borne- Revendeur Reservoir Vendeur a domicile d' eau courante fontaine particulier d'eau d'eau PrIX moyen (en dollars EU par metre cube) 0,49 1,04 1,93 1,63 4,67 4,00 Ma!oratlon par rapport au raccordement J domiole (%) 100 214 336 402 1103 811 Source. Keener, Luengo et Banerjee 2008 Alimentation en eau : les objectifs seront-ils atteints? 299 Figure 16.1 Accroissement de I'acces a I'eau par source d'alimentation, des annees 1990 au debut des annees 2000 c a. Zone urbaine b. Zone rurale cu·g 2,0 g 2,0 :~ -S ~a. ~ 8. l,S :~ ~ ~ g. 1,5 c '" ~ a. "'- .2 ~ 100' 1,0 § c '" ~ 1,0 - c ~ ~ 0,5 N~ 0,5 E ,(I] 1D2 §,,~ Clu ~~ 0+------,.-- 0+ - - - - - - u cu Alimentation Bornes- Puitset Eau de ::l 0,20 $ et <0,40 $ progressives o >0,40 $ et <0,80 $ • > 0,80$ Alimentation en eau : les objectiJs seront-ils atteints? 305 plus de 80 % des menages raccordes a l' eau courante appar- recouvrement complet des couts pour une consommation tiennent aux deux quintiles superieurs de la distribution des plus modeste d'environ 6 metres cubes d'eau par mois (ou revenus. Les menages les plus pauvres se retrouvant presque 40 lit res par personnes et par jour). entierement exclus, ils ne peuvent beneficier des subventions integrees dans Ie prix de l' eau courante. Dans de nombreux cas, les faibles performances du ciblage sont encore exacer- Ameliorer les performances des services bees par la mediocre conception de la tarification, prevoyant publics grace ill des reformes institutionnelles une utilisation generalisee de tarifs minimum et une tarifica- tion par tranches qui offrent a tous les clients des tranches de Les deficiences operationnelles des services publics de l'eau, base fortement subventionnees. y compris la sous-perception des recettes, les pertes dans la Le recouvrement complet des couts d'investissement est distribution et 1'inefficacite de 1'organisation du travail, cou- generalement abordable dans les pays a revenu intermediaire tent a la region 0,9 milliard de dollars EU par an (ou jusqu'a mais ne Ie serait abordable que pour 40 % de la population 0,15 % du PIB). Les inefficacites operationnelles sont tres dans les pays a faible revenu. En supposant une consomma- repandues au sein des services publics africains et se repartis- tion de subsistance de 10 metres cubes par mois et par menage sent a peu pres egalement entre la sous-perception des recettes (soit de 65litres environ par personne et par jour), la facture et les pertes de distribution. A 90 %, les taux de perception d'eau mensuelle sur base d'un tarif d'l dollar EU permettant moyens sont relativement eleves en Afrique mais demeu- Ie recouvrement complet des couts, s'eleverait a 10 dollars EU rent inferieurs a la pratique modele de 100 %. En Afrique, les environ. En se basant sur un seuil d'accessibilite financiere de pertes de distribution sont en moyenne de 35 %, bien au-dela 5 % du revenu des menages, les tarifs permettant un recou- de la norme commune de 20 %, et affectent to us les pays a vrement complet des couts ne seraient abordables que pour un degre plus ou moins eleve. Il est possible de quantifier la 40 % de la population dans les pays a faible revenu (Figure magnitude totale de ces defaillances en comparant les recettes 16.4). En plus des 10 % de la population nationale deja rac- dont disposent les services publics avec celles pen,:ues par un cordes directement a 1'eau courante, 30 % supplementaires service public ideal capable de facturer des tarifs de recouvre- pourraient aussi beneficier de ce service et etre capable de ment des couts, de percevoir l' ensemble de ses recettes et de la payer. La majorite des 60 % restants pourrait se permettre maintenir les pertes de distribution au niveau minimum tech- une facture d'environ 6 dollars EU par mois correspon- nique (Ebinger 2006 ; Saavalainen et ten Berge 2006). Dans dant so it au recouvrement des couts d'exploitation, soit au les pires situations, comme en Republique democratique du Figure 16.4 Accessibilite financiere des tarifs permettant Ie recouvrement des couts dans les pays it faible revenu t?- 100 OJ) ~ 90 o+---~--L-r---~~~----~~~----.----.---- 2 4 6 8 10 12 14 16 Facture d'eau mensuelle (en dollars EUj • Montant de la facture permettant Ie recouvrement des coOts, limite int€rieure D Montant de la facture permettant Ie recouvrement des coOts, limite moyenne II Montant de la facture permettant Ie recouvrement des coOts, limite superieure - Pourcentage de la population des pays afaible revenu incapable de payer Source' Adapte de Banerjee, Wodon et autres, 2008. . 0 Note: Les tarils sont consideres comme abordables lorsque la lacture mensuelle basee sur une consommation de subsistance ne represente pas plus de 5 Yo du budget des menages. 306 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Congo, au Ghana et en Zambie, les inefficacites operation- Les inefficacites operationnelles ont egalement entrave nelles peuvent se traduire par un fardeau economique de 0,7 l'extension des services. Non seulement elles accaparent l'ar- a 1,0 % du PIE (Figure 16.5). gent public mais elles nuisent aussi serieusement aux perfor- Le sureffectif represente une autre source d'inefficacite. mances des services publics. Les entreprises publiques peuvent constituer des amortis- L'entretien est l'une des victimes de l'insuffisance des seurs sociaux en transferant (avec une grande inefficacite) recettes. Le taux d'edatements par kilometre de conduite des revenus et des ressources a la population. Les services d'eau maitresse donne une indication de l'etat de la struc- publics africains emploient en moyenne cinq personnes pour ture sous-jacente et donc de l'adequation de son exploita- 1 000 raccordements, soit plus de deux fois plus que les deux tion et entretien. Parmi les services publics africains, il existe employes pour 1 000 raccordements frequemment utilises de grandes variations entre les pays a faible revenu et ceux comme reference internationale pour les pays en developpe- a revenu intermediaire, avec des taux d'edatements de cinq ment (Tynan et Kingdom 2002). par kilometre dans les premiers contre un peu plus d'un par kilometre pour les derniers. Les dirigeants des services publics doivent souvent choisir entre Ie versement des salaires, l' achat de carburant et l'achat de pieces de rechange. Ils doivent aussi Figure 16.5 Fardeau economique des inefficacites operationnelies des frequemment se procurer ces pieces en cannibalisant d'autres services des eaux, par pays equipements en etat de marche. Le programme d'investisse- Congo, Rep.dem. du • • • • • • • • • • • • ment est une autre grande victime. Ghana • • • • • • • • • • • L'extension des services (mesuree en pourcentage de la population residant dans la zone desservie par l'entreprise Zambie • • • • • • • • • publique, qui obtient chaque annee un acces al'eau courante ou a une borne-fontaine) est nettement plus eIevee dans les Malawi • • • • • • • • • Cap-Vert • • • • • entreprises publiques efficaces. En particulier, les entreprises Ouganda • • • • dont les couts caches sont faibles parviennent generalement Soudan • • • • a etendre annuellement leur couverture a plus de 3 % de la Mozambique • • • population residente, so it deux fois plus que l'extension des Burkina Faso entreprises publiques dont les couts caches sont eIeves (Figure Rwanda 16.6). Pour des raisons semblables, les entreprises publiques plus Madagascar efficaces fournissent une eau de meilleure qualite (Figure Kenya 16.6). Les entreprises publiques employant moins de per- Afrique du Sud sonnes par raccordement parviennent a fournir 85 % de leur Nigeria eau avec un taux de chlore approprie, contre 75 % pour les Lesotho autres. Inversement, les entreprises publiques presentant des Ethiopie couts caches plus eIeves ont tendance afournir une eau d'une Namibie qualite legerement meilleure. Les reformes institutionnelles sont la de de l'ameliora- Benin tion des performances des services publics. De bons cadres Tanzanie institutionnels sont utiles pour faire diminuer Ie nombre de Niger deficiences des services publics. Les services publics qui ont Cote d'ivoire decentralise leurs activites ou adopte une gestion privee ont Senegal des couts caches substantiellement moins eleves que les autres (Figure 16.7). De plus, la separation des activites a un impact ° 0,2 0,4 %du PIB 0,6 0,8 1,0 considerable sur l'efficacite du service, meme si elle demeure • Pertes non facturees rare en Afrique et reste exdusivement concentree dans les • Ineflicacites du recouvrement pays a revenu intermediaire, dont les meilleures performances peuvent s'expliquer par bien d'autres raisons. Inversement, Source: Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. un degre plus eleve de reglementation et de gouvernance, Note. Les inefficacites operationnelles sont definies com me les recettes perdues a cause de la sous-perception de I'eau facturee, ainsi que la valeur des pertes d'eau de meme que de privatisation, est associe a une meilleure techniques et non techniques sur Ie reseau de distribution, evaluees au tari! de recouvrement complet des couts. efficacite. Alimentation en eau : les objectifs seront-ils atteints? 307 Figure 16.6 Effet de I'inefficacite du service public sur I'extension de I'acces et la qua lite de I'eau a. Extension de I'acces b. Qualite de I'eau 90 o Employes par connexion CoOts caches Employes par connexion CoOts caches _ Au-dessus de la moyenne II1II En dessous de la moyenne Source: Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008. Note' Les coOts caches sont une mesure de I'inefficacite du service public, qui totalise les recettes perdues a cause de la sous-tarification, des pertes de distribution et de la sous- perception des receltes facturees. Le nombre d'employes par connexion est une deuxieme mesure de I'inefficacite qui se rapporte au sureffectif. Neanmoins, introduire des reformes semble plus facile des pays d'une maniere ou d'une autre. La plupart ont pris a dire qu'a faire. Ces dernieres annees, de nombreux pays la forme d'un contrat de location (ou « affermage »). L' ex- africains ont commence a reformer Ie secteur de l' eau afin perience de la participation du secteur prive se concentre d'en ameliorer les performances (Figure 16.8). Cet agenda de de maniere disproportionnee dans les pays francophones de reforme a permis deux avancees majeures : l'encouragement I'Afrique de I'Ouest (Cote d'Ivoire, Guinee, Niger et Senegal), de la participation privee et l'amelioration de la gouvernance avec quelques exceptions (Mozambique et Ouganda). Une interieure. autre caracteristique distinctive de l'experience africaine est La premiere avancee a porte sur l'experimentation de la Ie recours aux concessions alliant les services public de l' eau participation privee. En tout, 26 transactions privees ont eu et de l'electricite, comme au Gabon ou au Mali. lieu dans Ie secteur africain de l'eau, affect ant la majorite Le taux de resiliation des contrats du secteur prive pour l'alimentation en eau en Afrique a ete bien plus eleve que dans toute autre region. Quelque 29 % de ces contrats pri- Figure 16.7 Couts caches et cadres institutionnels yes ont pris fin prematurement, un taux plus eleve que 200 dans toute autre region en developpement. Par consequent, #- Ie nombre d'operateurs prives actifs a decru pour ne plus ij "' 150 representer qu'une poignee, dont quatre en Afrique du Sud ':;:;'.& ~~ 100 '" u ~ V> V>
  • 100 >- '" 0- V> 80
  • , OJ les reformateurs moderes, les resultats peuvent etre bons ou c. 80 ~ OJ non (Encadre 16.6). -0 60 OJ 0\ Le niveau des reformes affecte aussi la qualite de 1'en- l!l 40 tretien des points d'eau ruraux. Le pourcentage des points c OJ ~ d'eau ruraux ayant besoin d'une rehabilitation a tendance ::l 20 0 "- 0 a etre moins eleve dans les pays OU Ie processus de reforme rurale est Ie plus avance. 4 Ainsi Ie Benin et l'Ouganda font-ils preuve d'une bonne performance tant au niveau des reformes sectorielles qu'au niveau de la maintenance des points d'eau ruraux. L'inverse est aussi vrai, comme en Republique demo- cratique du Congo et au Malawi. Source Banerjee, Skilling et autres, 2008. Recommandations pour les politiques - sans exception - des reformateurs les plus actifs de l'Afrique Sur la base de ce diagnostic, Ie secteur de 1'eau presente un (Tableau 16.9). Le Benin, la Cote d'Ivoire, Ie Mozambique, la certain nombre de domaines des necessitant une attention Namibie, Ie Nigeria, Ie Senegal et 1'Ouganda reussissent de politique. L'agenda des reformes institutionnelles demeure maniere exceptionnelle a reduire la part de leur population aussi pertinent que par Ie passe, meme s'il a evolue vers une consommant de 1'eau de surface et sont egalement les plus vision plus diversifiee des roles des secteurs public et prive. Ii avances en matiere de reforme rurale. Inversement, la Repu- faut aussi qu'il aille au-dela des simples entreprises de service blique democratique du Congo, Ie Kenya, Ie Malawi, Ie Niger pour englober les ministeres techniques ainsi que l'entierete et la Zambie ont de plus en plus recours aux eaux de surface du cadre de la depense publique, qui sous-tend et trop sou- et affichent un in dice de reforme rurale tres faible. Le Burkina vent entrave les programmes d'investissement dans Ie secteur. Faso et la Tanzanie font une faible performance en matiere Ii existe aussi des possibilites d'amelioration du recouvrement Tableau 16.9 Rapport entre I'indice de ri!forme rurale et Ie succes de I'extension de la couverture du service en milieu rural Succes rencontre dans Ie detournement des populations des eaux de surface Baisse de la dependance vis-a-vis Augmentation de la dependance vis-a-vis Score de la reforme des eaux de surface des eaux de surface Reformateurs actifs avec un indice de reforme rurale Benin Burkina Faso superieur a80 % Cote d'ivoire Tanzanie Mozambique Namibie Nigeria Senegal Ouganda Reformateurs moderes avec un indice de reforme rurale Ethiopie Tchad de 40 a80 % Lesotho Rwanda Reformateurs lents avec un Indice de reforme rurale Congo, Rep.dem. du inferieur a40 % Kenya Malawi Niger Zambie Source. Banerjee, Skilling et autres 2008. Alimentation en eau : les objectifs seront-ils atteints? 313 Problemes entravant "alimentation en eau en milieu rural dansl'Etat de Cross River, au Nigeria L'ttat de Cross River, I'un des 36 Etats du Nigeria, se trouve en milieu rural de l'Etat), qui demeure une section de la Rural dans la ceinture de foret tropicale du pays. Environ 75 % de Development Agency (I'agence pour Ie developpement rural). sa population, soit 3,25 millions de personnes, vivent en zone Au contraire des autres ftats, aucun ministere responsable ne rurale et pratiquent I'agriculture de subsistance. Plus de 70 % defend les reformes ou les allocations. Plus important encore, vivent avec moins d'un dollar EU par jour. bien qu'il existe une politi que de I'eau rurale au niveau natio- l'alimentation en eau dans l'Etat de Cross River est en crise. nal, les politiques des Etats ne la refletent pas necessaire- La couverture n'est que de 25 % en zone urbaine et 31 % en ment, et aucune cooperation efficace n'est poursuivie entre zone semi-urbaine et rurale. l'eau rurate provient principale- les autorites nationales et celles des ttats. Les responsabili- ment de puits et de forages equipes de pompes manuelles, tes sont decentralisees localement, mais la State Rural Water dont 65 % ne sont pas en etat de marche. De plus, aucun Supply and Sanitation Agency continue a se caracteriser par traitement de I'eau n'est effectue. Pour atteindre "OMDrela- un mandat fragile et insuffisamment finance et de faibles tif a I'eau, il faudrait construire, a travers I'ttat et d'ici 2015, connexions avec Ie secteur national de I'eau. 10098 forages avec pompes manuelles et 2525 forages La maintenance et la rehabilitation des systemes d'eau rurale motorises supplementaires, une tache intimidante etant don- sont handicapees par Ie manque de main-d'ceuvre qualifiee nee les actuelles capacites financieres, institutionnelles et et Ie sous-developpement important du secteur prive local. La techniques de l'Etat. capacite technique d'entretien de routine reste insuffisante ; L'ttat de Cross River a recemment ete I'objet d'une evalua- les pieces de rechange pour les forages sont difficiles a trou- tion de I'alimentation en eau rurale basee sur I'examen des ver et tres cheres lorsqu'elles sont disponibles. depenses publiques pendant la periode allant de 2002 a 2007. Entin, aucune strategie efficace visant a stimuler la participa- Cet examen revele deux contraintes majeures : I'absence de tion communautaire n'a ete mise en place, avec pour resultat financement budgetaire adequat et la faible efficacite des une implication des communautes locales dans I'approvision- decaissements. L'eau rurale ne represente que 0,5 % du bud- nement en eau qui demeure au mieux superficielle. N'eprou- get d'investissement de I'ttat, tandis que les taux d'execution vant aucun sentiment d'appropriation, les communautes se situent en moyenne autour de 20 %. La faiblesse des ins- rurales ne prennent aucune responsabilite dans la preserva- titutions et la fragmentation des responsabilites se traduisent tion et la reparation des equipements. Sans une formation par un faible leadership et un retard de I'eau rurale par rap- adequate, elles ne sauraient de toute fa<;on pas comment port a I'agenda des potitiques. Le secteur est place sous la proceder. responsabilite de la State Rural Water Supply and Sanitation Agency (I'agence d'alimentation en eau et d'assainissement Source: lIiyas, Eneh et Oside 2009. des couts, de maniere a rediriger les ressources limitees des reformes institutionnelles creent des institutions sectorielles subventions vers la promotion de 1'acces a l'eau parmi les plus plus efficaces et efficientes et favorisent une extension plus pauvres. Pour la majorite qui ne beneficie pas d'un acces a rap ide de services de meilleure qualik Le profit potentiel 1'eau courante, il faut considerer de fa'fon plus approfondie est consequent car l'elimination des deficiences des services comment rendre les bornes-fontaines plus efficaces pour publics pourrait aelle seule contribuer substantiellement ala 1'alimentation en eau en milieu rural et comment tirer Ie reduction de 1'ecart de financement du secteur dans de nom- meilleur profit des petits fournisseurs in dependants. Lemer- breux pays. gence de l'utilisation des puits et forages pour alimenter les Bien que la majorite des pays africains se soient lances dans zones urbaines exige l' attention urgente des responsables des un agenda de reformes sectorielles, peu l'ont acheve. n reste politiques, afin qu'ils comprennent mieux ce phenomene et encore beaucoup a faire, mais l'experience des pays qui ont mettent au point des outils reglementaires adaptes. atteint un stade assez avance peut servir de guide a la region. Dans les zones rurales, quelques interventions cruciales Poursuivre les ft!formes institutionnelles peuvent faire la difference. La mise en place d'une politique Les reformes institutionnelles sont la cle de l' amelioration des sectorielle claire, la creation d'une solide capacite centrale performances du secteur de l'eau. Les pays poursuivant des pour Ie financement du secteur et la mise en reuvre des 314 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE projets, l'amelioration du recouvrement des couts, et 1'elabo- des performances, est essentielle pour Ie renforcement de ration d'un systeme de controle de la l'etat des points d'eau 1'application des principes commerciaux et des mecanismes ruraux sont des mesures qui, appliquees toutes ensemble, de redevabilite. Des mesures d'elargissement duconseil d'ad- peuvent stimuler les performances. ministration, de multiplication des audits externes et des En milieu urbain, la situation est plus complexe. 1'agenda verifications independantes des comptes et d'integration de de reforme traditionnel des annees 1990 n'a pas entierement membres in dependants ne provenant pas du secteur public demontre sa pertinence dans Ie secteur. De fa, ..c ::J 0 U '" ..c 01 > 5 u u .!!! -1,0 .!!! -1,0 Fosse Latrines Latrines Defecation Fosse Latrines Latrines Defecation septique ameliorees non en septique ameliorees non en ameliorees plein air ameliorees plein air Source. Morella, Foster et Banerjee, 2008. Assainissement : passer al'echelon superieur 325 Figure 17.5 Grimper sur Ie premier barreau de I'echelle de I'assainissement : Cote d'ivoire et Ethiopie, 1999-2005 a. Cote d'ivoire b. Ethiopie § 8,0 C 0 8,0 ~~ 6,0 VI '';:; c:..!!1 6,0 -00. ~ 8. 4,0 '" " -0 0. Qj 0 4,0 0. c:..!!1 c: Q) 2,0 "c:..!!1 c: 2,0 "'-0 '" Q) ~ ~ _-0 0+----------....---- ~e. 0 E Q) E Q) ~ :J-2,O Q) -2,0~ c: t:: 01" c:t:: ~ ~-4,0 -4,0 u 15 '" ~ >Q) u " 0 -6,0 ~-6,0 u Fosse Latrines Latrines Defecation ..!!1 Fosse Latrines Latrines Defecation septique ameliorees non en septique ameliorees non en ameliorees plein air ameliorees plein air Source Morella, Foster et Banerjee, 2008. Figure 17.6 Amelioration des latrines: Madagascar et Rwanda, 1990-2005 a. Madagascar b. Rwanda g 8,0 § 8,0 VI ~ -00. -s "';:; 6,0 VI fd -00. "';:; -S 6,0 ~ 8. 4,0 Qj 8. 4,0 c:..!!1 2,0 ~~ 2,0 c: Q) c: Q) "'-0 ;::-0 0+------- ~s 0 -2,0 ~ ~ -2,0 01" -4,0 ~ 'ii -4,0 -6,0 +-------,--------,------r-----, -5 ~ u -6,0 +-------,-------..,..-----..,..------ Fosse Latrines Latrines Defecation ..!!1 Fosse Latrines Latrines Defecation septique ameliorees non en septique ameliorees non en ameliorees plein air ameliorees plein air Source' Morella, Foster et Banerjee, 2008. Figure 17.7 Generalisation des fosses septiques : Senegal. 1990-2005 urbaines, Ie plus courant est celui OU les latrines non ame- c liorees dominent ; Ie second correspond a la situation OU la VI·g 8,0 defecation en plein air est la plus repandue ; et dans Ie troi- c:..!!1 ~ 5. 6,0 sieme, la couverture des latrines ameliorees s' accroit, bien que ~ 8. 4,0 la plupart des gens utilisent des latrines non ameliorees ou c:..!!1 ~ ~ 2,0 pratiquent la defecation en plein air. ~ ~ 0 E Q) ~ ~ -2,0 Un effort institutionnel disperse ~ ~ -4,0 u 15 Comme Ie montre une etude des institutions du secteur dans u -6,0 +------.,-------.,-------.,---------, ..!!1 Fosse Latrines Latrines Defecation 24 pays, la complexite, une multiplicite d'acteurs et l'ab- septique ameliorees non en sence de redevabilite de la direction sectorielle sont les trois ameliorees plein air caracteristiques dominantes du cadre institutionnel regis- Source. Morella, Foster et Banerjee, 2008. sant Ie secteur de l'assainissement. Contrairement a l'eau, de nombreuses parties de la chaine logistique de l'assainis- sement (promotion de l'hygiene, construction et vidange des toujours largement presentes ; dans Ie troisieme, une moitie latrines par exemple) sont aux mains de differents acteurs de la population utilise des fosses septiques et l'autre moi- publics et prives, ce qui empeche un organe d'etre Ie cham- tie des latrines non ameiiorees, tandis que la couverture des pion du secteur et contribue afa ire tomber l'assainissement latrines ameiiorees est presque inexistante. De la meme, il y a aux oubliettes. La recente tendance a la decentralisation trois modes possibles en zone rurale. Comme pour les zones des pouvoirs publics a complique l'obtention de ressources 326 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Figure 17.8 Caracteristiques des modes d'accE!s a I'assainissement en zones urbaines et rurales a. Urbain: prevalence des latrines non ameliorees' d. Rural: prevalence de la defecation en plein aird Fosse Latrines Latrines Defecation Fosse Latrines Latrines Defecation septique ameliorees non en septique amelion~es non en ameliorees plein air ameliorees plein air b. Urbain: prevalence des latrines ameliorees b e. Rural: prevalence des latrines non ameliorees e Fosse Latrines Latrines Defecation Fosse Latrines Latrines Defecation septique ameliorees non en septique ameliorees non en ameliorees plein air ameliorees plein air c. Urbain: schema bimodal c f. Rural: prevalence des latrines ameliorees! Fosse Latrines Latrines Defecation Fosse Latrines Latrines Defecation septique ameliorees non en septique ameliorees non en ameliorees plein air ameliorees plein air Source. Morella. Foster et Banerjee, 2008. Note.' a. Les donnees incluent la Republique centrafricaine, Ie Tchad, les Comores, la Republique democratique du Congo. l'Ethiopie, la Guinee, Ie Lesotho, Ie Malawi, Ie Mali, la Mauritanie, Ie Mozambique, Ie Nigeria, la Republique du Congo, Ie Soudan, la Tanzanie et l'Ouganda. b. Les donnees incluent Ie Benin, Ie Burkina Faso, Ie Cameroun, Ie Ghana, Madagascar, Ie Niger et Ie Rwanda. c. Les donnees incluent la Cote d'ivoire, Ie Gabon, Ie Kenya, la Namibie, Ie Senegal, l'Afrique du Sud, la Zambie et Ie Zimbabwe. d. Les donnees incluent Ie Benin, Ie Burkina Faso, Ie Tchad, la Cote d'ivoire, l'Ethiopie, la Mauritanie, Ie Mozambique, la Namibie, Ie Niger et Ie Soudan. e. Les donnees incluent Ie Cameroun, les Comores, la Republique democratique du Congo, Ie Gabon, Ie Ghana, la Guinee, Ie Kenya, Ie Malawi, Ie Mali, Ie Nigeria, la Republique du Congo, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie. f. Les donnees incluent la Republique centrafricame, Ie Lesotho, Madagascar, Ie Rwanda, Ie Senegal et Ie Zimbabwe. publiques adequates pour I'assainissement et en a confie Ia seulement disposent d'un fonds ou d'un poste budgetaire responsabilite a des entites depourvues de capacites tech- consacre a l' assainissement (exclusivement finance par Ies niques. Quinze pays ont ado pte une politique nationale bailleurs de fonds dans certains cas, comme au Tchad et en officielle pour I'assainissement et Ia plupart des pays en Ethiopie, ou par une combinaison entre 1'Etat, une imposi- ont accepte une definition et disposent d'un programme tion du secteur et des bailleurs de fonds). La Cote d'Ivoire de promotion de 1'hygiene. Mais seulement sept pays ont possede Ie seul fonds entierement finance par une imposi- des politiques prevoyant Ie recouvrement des coUts et huit tion du secteur. Assainissement : passer al'echelon superieur 327 Les menages paient la facture depenses publiques dans l' exploitation et la maintenance Sur la base d'un travail precedent (Mehta, Fugelsnes et Vir- semblent avoir deja atteint ce niveau, mais les donnees sont jee, 2005), on peut estimer Ie prix total de la realisation de limitees et les depenses connues correspondent principale- 1'OMD a 6 milliards de dollars EU par an, so it environ 0,9 % ment aux reseaux d'egouts. L'exploitation et la maintenance du PIB de l'Afrique (Morella, Foster et Banerjee, 200S). Sur la de l'assainissement sur place relevent toujours de la respon- base de normes correspondant au minimum acceptable pour sabilite des menages, et les installations sont notoirement mal les actifs et en incluant tant la nouvelle infrastructure que la entretenues. rehabilitation d'actifs existants, les besoins d'investissement Meme si Ie cout de realisation de 1'OMD est eleve, les divi- en capital peuvent etre evalues de maniere prudente a 4,5 mil- dendes sanitaires qui y sont associes Ie sont tout autant (Hut- liards de dollars EU par an (0,7 % du PIB de la region). Les ton et autres, 2007). L'assainissement reduit Ie risque de vers exigences pour la maintenance representent 1,5 milliard de intestinaux, de diarrhee et de trachome, et est tres important dollars EU par an (0,2 % du PIB de la region). - plus que 1'acces a une eau salubre - pour la lutte contre 11 n' existe aucune donnee fiable sur les depenses d'assai- 1'ankylostomiase (Esrey et colI., 1991). On estime que l'acces a nissement parce que les menages individuels en assument un assainissement adequat reduit l'incidence de la diarrhee de en grande partie la charge. Cependant, les enquetes aupres 36 %. L'incidence du trachome a ete reduite de 75 % dans des des menages permettent d'estimer l'investissement recent, villages de Gambie uniquement en controlant les mouches en utilisant Ie nombre des menages ayant accede a 1'assai- qui se reproduisent lorsque les excrements ne sont pas eli- nissement au cours des dernieres annees et un coM unitaire mines de maniere sure (Emerson et autres, 2000). Une etude standard. Cette methode considerant toutes les installations, estime qu'atteindre ala fois les deux OMD lie a l'eau et a 1'as- nouvelles ou ameliorees, comme recemment construites, elle sainissement en Afrique empecherait 172 millions de cas de surestime sans doute Ie cout de l'accroissement de 1'acces, diarrhee par an, ce qui permettrait d'economiser I,S milliards principalement realise a travers un passage a des latrines de dollars EU en cout de traitement (Hutton, 2000).3 ameliorees. Cette approche indique que les pays africains investissent en moyenne environ 0,5 % de leur PIB dans de nouvelles installations sanitaires, ce qui est assez proche du Defis et options en matiere de politiques niveau d'investissement recommande. La moitie des pays semblent investir moins de 0,7 % de leur PIB, ce qui cor- L'une des conclusions les plus nettes se degageant de cet exa- respond au niveau necessaire pour atteindre 1'OMD relatif men est la maniere dont Ie defi lie a 1'assainissement differe a l' assainissement. Certains pays, en particulier Madagascar d'un pays a 1'autre ainsi qu'entre les zones urbaines et rurales et Ie Rwanda, semblent avoir effectue de rapides progres, d'un meme pays. Les decisions sur les barreaux de l' echelle investissant jusqu'a 1,0 % de leur PIB. A 1'autre extremite du sanitaire sur lesquels les politiques doivent se concentrer doi- spectre, Ie Kenya, Ie Lesotho et la Namibie depensent moins vent etre eclairees par les modes d'acces. Les recommanda- de 0,2 % de leur PIB. tions distingueront donc les differents groupes identifies a la 11 est difficile de dire exactement quelle proportion de l' es- Figure 17.S. Des interventions publiques judicieuses et peu timation des depenses totales dans l'assainissement sort des couteuses peuvent encourager les depenses des menages dans budgets publics. Les quelques pays disposant de donnees ne la construction de latrines. rapportent qu'un investissement public negligeable dans 1'as- L'objectif ultime devrait etre la fourniture d'un acces uni- sainissement, environ 0,02 % de leur PIB en moyenne, meme versel en developpant Ie service et en reduisant la defecation si de serieux problemes de mesure sont lies au fait qu'une en plein air autant que possible. Les responsables des poli- grande partie de 1'investissement public dans l' assainissement tiques sont souvent tentes de se concentrer sur les barreaux n'est probablement pas enregistree separement de 1'alimen- de 1'echelle sanitaire situes bien au-dessus des realites de leur tation en eau (Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 200S). societe: par exemple, en canalisant des ressources publiques II n'en reste pas moins que les menages semblent payer la limitees vers des reseaux d'egouts ne des servant que quelques majeure partie de la facture de 1'investissement. Dans les pays milliers de personnes, tout en ignorant Ie besoin urgent de ou Ie niveau des depenses courantes est tres faible, il n'est pas faire abandonner la defecation en plein air par des millions certain que les menages soient a eux seuls capables d'accroitre de personnes. L'attention des politiques do it se concentrer sur 1'investissement jusqu'au niveau necessaire. De plus, aucun Ie fait de faire grimper la population au-dela des barreaux renseignement n' est disponible sur leurs depenses en matiere inferieurs de 1'echelle. Les options plus couteuses doivent etre d'exploitation et de maintenance, dont on estime qu'elles reservees aux menages disposant des res sources suffisantes representeront a 1'avenir 0,2 % du PIB supplementaires. Les pour les assumer. 328 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Les pays africains peuvent etre confrontes a une preva- presentent toujours des risques eleves de contamination envi- lence elevee de la defecation en plein air, surtout dans les ronnementale et de maladie. C'est pourquoi il n'est pas tres zones rurales, a la domination des latrines non ameliorees, logique de mettre en place un programme d'investissements ou a un developpement significatif des fosses septiques dans physiques sans l'accompagner d'une promotion de I'hygiene. une petite partie de la population, principalement urbaine De plus, une promotion efficace de I'hygiene peut a elle seule et aisee. Les options en matiere de politiques pour chacune stimuler l'investissement autofinance des menages dans de de ces situations sont presentees separement ci-dessous. Les meilleures installations. Ces aspects « souples » de l'assainis- pays peuvent devoir utiliser differentes combinaisons de ces sement sont trop souvent negliges et la priorite est donnee approches. La premiere priorite est de stimuler la demande aux aspects « durs », tels que la mise en place et l' amelioration d'assainissement et Ie changement de comportement la OU de l'infrastructure. prevaut la defecation en plein air. La deuxieme priorite est Pour changer les comportements, une communication et de garantir une offre adequate d'options sanitaires ameIio- une education soutenues du public sont necessaires au niveau rees dans les zones OU les latrines non ameliorees do mine nt, communautaire. II est important de comprendre les motiva- avant d'evaluer Ie besoin d'interventions des politiques sur la tions qui ameneront la population a s'interesser a I'hygiene demande du marche. La troisieme priorite est d'elargir l'acces et a I'assainissement. La sante est une consideration, mais de plus larges portions de la population a un assainissement pas necessairement la premiere venant a l'esprit de la popu- ameliore, ce qui requiert de rendre les egouts plus abordables lation : la commodite, la dignite et Ie statut social peuvent dans les zones densement peuplees. etre plus importants. II est crucial d'adapter les programmes de promotion de I'hygiene et de l'assainissement aux normes Stimuler la demande d'assainissement culturelles et institutionnelles, puis de les vendre activement et Ie changement de comportement la oil prevaut afin de stimuler un engagement de l'ensemble de la commu- la defecation en plein air naute. La pression sociale, poussant a ameliorer son statut, Contrairement aux autres services d'infrastructure, la peut egalement y contribuer. Lorsqu'une communaute recon- demande d'assainissement ne peut pas etre prise en charge. nait des comportements priviIegies, il en resulte une pression Un changement substantiel des valeurs culturelles et du incitant a s'y conformer, et les structures sociales ainsi que les comportement peut etre necessaire pour que la population leaders commencent a y participer. La campagne de promo- habituee a defequer en plein air utilise des installations fixes. tion et de defense de l'assainissement lancee en 2003 dans Ie Sans un tel changement, les gens peuvent ne pas utiliser les sud de I'Ethiopie par I'Office regional de la sante des nations latrines ou les utiliser d'une maniere qui compromet les avan- du Sud est un bel exemple de reussite. Elle a fait augmenter tages sanitaires potentiels. Une etude effectuee dans Ie sud de la couverture des latrines de 13 % de la population a 78 % l'Inde a montre qu'un important investissement de fonds en seulement deux ans (Encadre 17.2). Une fois qu'une for- publics dans les latrines, non accompagne d'une education a mule culturellement appropriee a ete trouvee, un changement I'hygiene n'a convaincu que 37 % des hommes d'utiliser ces spectaculaire peut etre realise grace a des depenses publiques installations, en depit d'une couverture de 100 % (Banque modestes ciblant la promotion de l'assainissement plutot que mondiale, 2002). L'education a I'hygiene est cruciale, quel que Ie financement de l' equipement. soit Ie type de defi auquelle pays est confronte en matiere d'assainissement; l'elimination sure des excrements et Ie Garantir une offre adequate avant de s'attaquer lavage des mains avec du savon protegent la sante quelle que ala demande dans les situations oil predominent soit la situation sanitaire. La promotion de I'hygiene peut ini- les latrines non ameliorees tialiser un cercle vertueux conduisant a une demande pour un Lorsque les latrines non ameliorees sont les plus repandues, meilleur assainissement, a une prise de conscience des avan- Ie probleme central est de savoir comment les transformer en tages de l'assainissement, ainsi qu'a la creation de codes de installations plus hygieniques afin d'en tirer tous les avantages conduite et de nouvelles normes de vie. sanitaires lies a une defecation fixe. Les pays OU les latrines L'usage incorrect des latrines peut reduire de maniere non ameIiorees sont largement utilisees ont deja surmonte spectaculaire leurs avantages sanitaires, ou meme les inver- Ie defi comportemental en faisant abandonner la defecation ser. Une installation est hygienique et sure non seulement en plein air a la population. Leur probleme se situe plutot au en raison de la technologie et du materiel utilise, mais aussi niveau de l'amelioration des installations. Au centre du debat en raison des bonnes pratiques et comportements, tels que se situe alors la question de savoir si Ie principal obstacle a garder I'installation propre et sous controle. Des latrines l'ameIioration des latrines vient du cote de 1'0ffre ou de la ameliorees qui ne sont pas utilisees et videes correctement demande. Assainissement : passer al'echelon superieur 329 La reussite de "Ethiopie avec un programme pilote par les communautes La region sud de I'tthiopie - berceau de diverses cultures et communautes dans la promotion de I'hygiene et la supervi- groupes ethiques - compte 15 millions d'habitants, bien plus sion de la construction. que beaucoup de pays d' Afrique. Sa densite de population Au niveau des menages, les femmes ont ete identifies en varie, culminant a 1 100 habitants par kilometre carre dans Ie tant que principaux moteurs de la construction des latrines. district de Wanago. Pendant les reunions de construction d'un consensus, elles Au debut 2003, j'acces a I'assainissement sur place etait se sont plaintes de la maniere dont la defecation en plein air inferieur a 13 %, moins que la moyenne nationale de 15 % affectait leurs vies, soulignant les risques pour la sante du (voir Figure). Les latrines traditionnelles etaient les plus repan- contact avec les dejections dans les plantations de bananes dues mais peu utilisees, mal entretenues, malodorantes et et les champs ou est recoltee la nourriture pour Ie beta!i. Elles dangereuses pour les enfants et les animaux. L'expansion ont egalement exprime leurs doleances a propos de I'odeur demographique, la croissance de la densite des menages et et de la gene de voir les personnes defequer en public. Des la deforestation se conjuguaient pour reduire les possibilites anecdotes identifiaient la honte com me un facteur impor- individuelles de defecation en plein air. tant pour la creation d'un consensus et une forte motivation L'Office regional de la sante des nations du Sud, charge par Ie pour la construction de latrines. Aux cOtes d'agents de vul- ministere national de la Sante de promouvoir I'assainissement garisation et de membres du comite de la sante du sous-dis- et I'hygiene, a adopte une approche d'assainlssement total trict, les promoteurs communautaires volontaires de la sante pilotee par les communautes, n'incluant aucune subvention ont fait du porte a porte dans les villages pour persuader les mais permettant aux communautes d'imaginer leurs propres menages de construire des latrines, et lis ant ensuite super- modeles innovants et abordables. vise celle-ci. Avec un budget modeste mais reserve, une campagne de En plus d'autres avantages pour la sante: publique, les latrines communication de masse a ete lancee autour du slogan a fosse ont augmente de 13 % en septembre 2003 a plus de « L'assainissement est I'affaire de chacun et la responsabilite 50 % en aoOt 2004. En aoClt 2005, elles atteignaient 78 %, de tous ». A travers une prise de conscience et un encoura- et une an nee plus tard, elles etaient en bonne voie d'arriver gement a I'autofinancement, elle encourageait un assainis- a88%. sement durable et abordable au sein de tous les quintiles de revenu. Une etroite collaboration avec tous les intervenants Source: Reproduit a partir du Programme d'alimentation en eau et assai- a aide a etablir un consensus et a facilite I'engagement des nissement 2008. A I'aide des couts standardises du secteur senegalais de coM des latrines ameliorees est bien superieur au revenu l'assainissement, on peut estimer Ie pourcentage du bud- mensuel d'un menage au Senegal, meme pour les menages get mensuel d'un menage qui serait absorbe par I'investis- appartenant au groupe de revenu Ie plus eleve. Ces consta- sement initial dans differents types d'installations sanitaires tations sont coherentes avec les modes d'acces aI'assainisse- (Tableau 17.2). Alors que les latrines non ameliorees sont ment observes dans l'ensemble du spectre socioeconomique financierement abordables a tous les niveaux de revenu, Ie de l'Afrique. Le fait que la moitie des menages africains aient Tableau 17.2 Cout des installations d'assainissement au Senegal pourcentage du budget mensuel des menages Quintile Deuxieme Troisieme Quatrieme Quintile Installation National Rural Urbain Ie plus pauvre quintile quintile quintile Ie plus riche Fosse septique 289 427 209 641 491 396 292 167 Latrines ameliorees 194 286 140 430 330 266 196 112 Latrines non ameliorees 22 32 16 48 37 30 22 13 Budget mensuel des menages 227 154 315 102 134 166 225 394 (dollars EU de 2002) Source: Morella, Foster et Banerjee 2008. 330 INFRASTRUCTURES AFRICAINES UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE investi dans des latrines non ameliorees en 1'absence de toute latrines ameliorees. L'innovation technologique est necessaire subvention suggere que ces modestes couts d'investissement pour obtenir de plus grands avantages sanitaires a partir de sont financierement abordables pour 1'ensemble du spectre variantes moins cheres, adaptees a un endroit. Cette innova- des revenus. Le fait que les latrines ameliorees ne se retrou- tion devrait etre basee sur une meilleure comprehension des vent que parmi les menages les plus aises indique que leur modeles de latrines non ameliorees les plus repandus dans accessibilite financiere pourrait bien constituer un probleme. un endroit donne et devrait rechercher la maniere dont des De plus, dans les zones urbaines, les habitants pauvres des modifications relativement mineures apportees a ces plans bidonvilles ne sont souvent pas proprietaires de leur terrain pourraient contribuer a obtenir des avantages sanitaires. ou maison, et sont donc moins incites a investir dans 1'ame- Les politiques doivent remedier aux limitations de l'offre. lioration de leurs conditions de vie. Le soutien de 1'Etat est optimallorsqu'il est canalise vers a) la La reponse appropriee des politiques aces contraintes recherche et Ie developpement des produits ; b) la commer- pesant sur la demande engendre pourrait inclure une sub- cialisation des latrines; et c) l'ouverture de canaux d'appro- vention publique pour les couts en capital supplementaires visionnement pour les intrants des. II peut egalement etre associes a un package standard d'installations ameliorees. utile de former les petits prestataires de service et de fournir Cependant, une subvention peut presenter des inconvenients, un acces au credit. Le Programme national d'assainissement dont la distorsion de la demande et des marches. Les sub- du Lesotho, cree il y a vingt ans, est consacre a la promotion ventions peuvent reduire la demande des menages ayant les de 1'assainissement et a la formation du secteur prive. Les moyens de payer. De plus, proposer un package standard peut menages emploient directement des constructeurs de latrines provoquer chez les menages pauvres Ie sentiment qu'une telle prives, formes dans Ie cadre de ce programme. Celui-ci a fait installation est un du, qu' elle soit ou non la plus appropriee a augmenter la couverture nationale de 1'assainissement de 20 leur situation et localisation geographique. L'adoption gene- a 53 % de la population. ralisee d'un package standard peut egalement decourager les innovations qui pourraient reduire les couts. C'est pourquoi, Rendre les egouts plus abordables dans les zones dans Ie contexte africain, beaucoup aut res mesures politiques densement peuplees peuvent sans doute etre prises avant que les subventions ne Dans la majeure partie de 1'Afrique, l'assainissement sur deviennent pertinentes. place est la plus economique et la seule fac;:on pratique d'ob- Du cote de l'offre, la mauvaise connaissance dans Ie sec- tenir les avantages sanitaires lies a l' elimination hygienique teur du batiment des elements de conception necessaires, Ie des excrements. Neanmoins, il a ses limites. A mesure que manque d'ouvriers du biltiment qualifies et une penurie de la population urbaine s'accroit, la consommation d'eau aug- materiel peuvent expliquer la faible prevalence des latrines mente, creant un probleme d'evacuation de grands volumes ameliorees. Les modes d'acces donnent deja une idee du fait d'eaux usees. De plus, etant donne la densite croissante de la que les problemes pesant sur 1'offre sont de reelles contraintes population urbaine, la limitation des surfaces disponibles res- en Afrique. Premierement, la prevalence des latrines amelio- treint l'utilisation des latrines (en particulier les types les plus rees est faible, meme dans les pays a revenu intermediaire, a simples), qui exigent une rotation des sites. Pour des den sites l'exception d'une poignee de cas. Deuxiemement, 40 a 50 % de population elevees, les egouts sont a la fois plus appropries de la population utilisent des latrines non ameliorees, meme et plus economiques. parmi les groupes au revenu Ie plus eleve qui pourraient avoir Avec une croissance demographique annuelle d'environ les moyens de payer des installations plus perfectionnees. 2,5 % en Afrique, la population urbaine s'accroit de 3,9 % Le probleme au niveau de l'offre est la faiblesse du secteur chaque annee. D'ici 2020, presque 60 % de la population afri- prive, do mine par de petits entrepreneurs au niveau local. La caine vivront en zone urbaine, et d'ici 20 ans, la population de construction de latrines exige des competences qui ne sont la plupart des villes africaines aura double. Les villes africaines pas tres rep an dues et les petites entreprises ne disposent sou- en pleine croissance seront obligees de developper des reseaux vent pas des ressources necessaires au developpement de nou- d' egout plus complets. Les statistiques sur l' accessibilite velles competences ou a l'adoption de nouvelles technologies. financiere reprises dans Ie Tableau 17.2 sont particulierement II faudrait remedier en priorite aux blocages exist ant au inquietantes. Si les menages ont des difficultes a financer des niveau de l' offre. Sinon, les ressources fournies par les subven- latrines ameliorees, ils sont encore moins susceptibles d'avoir tions risquent d'etre gaspillees pour des menages qui auraient les moyens de financer un tout-a-l'egout, et les subventions pu financer eux-memes leur installation. Permettre au mar- publiques soutenant de tels reseaux d'egouts sont tout aussi che local de se developper laisse egalement a l'innovation la inabordables financierement. II est donc crucial de reduire Ie possibilite de se developper de maniere a reduire Ie cout des cout des reseaux d' egouts grace a l'innovation technologique. Assainissement: passer ii l'echelon superieur 331 Les reseaux de collecte condominiaux representent une implique des depenses proches des niveaux necessaires alternative moins coliteuse, developpee en Amerique latine pour realiser l'OMD, mais celui-ci sera cependant difficile mais dont l'utilisation pourrait etre envisagee en Afrique. a atteindre a cause de la necessite de rattraper Ie retard des Ces reseaux sont con<;:us pour maintenir les couts a un bas performances passees. Vne meilleure comptabilisation des niveau, Ie reseau de collecte public ne fa is ant que toucher depenses publiques dans l'assainissement sera egalement chaque bloc d'habitations (ou condominium) au lieu de necessaire pour pouvoir controler les progres en direction de l'entourer et les tuyaux desservant chaque menage etant ins- l' objectif. talles au sein du bloc lui-meme a l'initiative des habitants. Meme si les Etats sont appeles a fournir plus de res- Des microsystemes decentralises de traitement et d'elimi- sources, des approches de financement innovantes aid ant nation peuvent egalement remplacer les systemes centrali- les fournisseurs et les operateurs sont egalement necessaires. ses de traitement conventionnels. Les couts de construction Le recouvrement des couts s' est avere une mesure incitative sont reduits grace a l'utilisation de tuyaux de petit diametre limitee, parce que les seuls prix appliques dans Ie secteur de enterres a une profondeur relativement peu importante, les l'assainissement sont ceux des egouts et qu'ils ne concernent travaux etant effectues par les habitants. Les experiences rea- que la minorite de la population desservie par ce reseau. De lisees en Amerique latine revelent jusqu'a 65 % d' economies plus, la plupart des services publics africains responsables des (Melo, 2005). Des systemes pilotes de collecte condominiaux services de traitement des eaux usees fournissent egalement sont en cours de mise en place dans plusieurs pays africains, l'alimentation en eau et il est vraisemblable que l'eau paye plus particulierement dans les zones periurbaines de Dakar pour l'assainissement, ces services n'etant pas comptabilises au Senegal. D'ici a 2009, Ie systeme de Dakar devrait fournir de maniere separee. Le Burkina Faso a adopte une approche un assainissement sur place a 60 000 menages (270 000 per- innovante en prelevant sur la facture d'eau une taxe d'assai- sonnes) et soutenir 160 systemes condominiaux desservant nissement, qui est ensuite utilisee pour subventionner 1'ac- 130 000 personnes. ces a des installations sanitaires ameliorees a Ouagadougou (Encadre 17.3). II reste plusieurs defis communs it tous On recherche un champion pour Ie secteur les pays de l'assainissement Etant donne que l'assainissement sur place, plutot que Ie tout- Quelle que soit la position d'un pays sur l'echelle de l'assainis- a-l'egout, restera probablement predominant en Afrique, ce sement, plusieurs defis sont communs a toutes les situations seront les menages et non l'Etat qui continueront a occuper en matiere d'assainissement : a) garantir un espace budge- Ie devant de la scene. Il n' en reste pas moins que Ie role de taire a l'assainissement; b) coordonner les nombreux acteurs l'Etat est toujours de promouvoir la demande et de lever les du secteur ; et c) developper une approche plus sophistiquee bloc ages du cote de l'offre. Trop souvent, la dispersion et la pour la me sure des progreso redondance des fonctions sanitaires, meme au sein du secteur public, empechent une entite de prendre la tete du secteur et Obtenir des res sources supplementaires les questions sanitaires tombent aux oubliettes. La nature peu seduisante de l'assainissement Ie desavantage Vne question politique cle est donc l'identification et l'ha- au sein de la competition pour les ressources budgetaire. La bilitation d'un champion clair de l'assainissement au sein du decentralisation gouvernementale et la mediocre comptabi- secteur public. Au Senegal, la decision de prendre l' assainis- lisation des depenses du secteur empechent de determiner Ie sement au serieux s'est traduite par la creation d'un service montant exact des fonds publics alloues. Moins de la moi- public cons acre a l'assainissement. Le Senegal a egalement ete tie des pays interroges ont signale certaines depenses dans Ie premier pays a creer un organe public au niveau national, Ie l'assainissement et, lorsque qu'il y en avait, ces dernieres ne ministere de la Prevention, de 1'Hygiene publique et de 1'As- representaient en moyenne pas plus de 0,23 % du PIB, a la sainissement (recemment reorganise en ministere des Affaires fois pour l'investissement et l' exploitation et maintenance urbaines, du Logement, de l'Eau en milieu urbain, de 1'Hy- (Briceno-Garmendia, Smits et Foster, 2008). giene publique et de 1'Assainissement), afin de coordonner En 2008, lors de la Conference africaine sur l'assainis- l'activite du secteur. Bien que la creation d'un ministere au sement et 1'hygiene a Durban, en Afrique du Sud, les Etats niveau central ne soit pas toujours necessaire, Ie Senegal livre se sont engages a augmenter les depenses publiques dans une le<;:on importante en distinguant une entite avec un clair 1'assainissement a 0,5 % du PIB d'ici 2010. Cet engagement mandat de direction. 332 INFRASTRUCTURES AFRICAINES : UNE TRANSFORMATION IMPERATIVE Taxe d'assainissement au Burkina Faso a Les problemes de I'assainissement sur place Ouagadougou lent d'une subvention d'environ 30 %, les menages financ;ant sont specifiquement abordes dans Ie Plan strategique pour a Ie reste. II finance cette subvention travers une petite taxe I'assainissement actuellement mis en