DIFFUSION RESTREINTE Rapport No. AW-Z7a TRADUCTION NON-OFFICIELLE A TITRE D'INFORMATION Ce rapport ne peut être utilisé que par le Groupe de la Banque et les organisations ou personnes spécialement autorisées, et à des fins officielles seulement. Il ne peut être ni publié ni cité sans l'autorisation du Groupe de la Banque, lequel ne garantit en aucune manière son exactitude ou son caractère exhaustif. BANQUE INTERNATIONALE POUR LA RECONSTRUCTION ET LE DEVELOPPEMENT ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DEVELOPPEMENT SITUATION ET PERSPECTIVES ECONOMIQUES DE LA MAURITANIE (en quatre volumes) VOLUME II ELEVAGE le 5 août 1971 Departement Afrique de l'Ouest TAUX DE CONVERSION Unité monétaire: Franc CFA (FCFA) Avant le 11 août, 1969: 1,00 dollar E.U. 246,85 FCFA 1.000 FCFA = 4,05 dollars E.U. Après le 11 aoûÛt, 1969: 1,00 dollar E.U. 277,71 FCFA 1.000 FCFA 3,60 dollars E.U. POIDS ET MESURES 1 tonne métrique (t) 2.205 livres 1 kilogramme (kg) 2,2 livres 1 kilomètre (km) 0,62 mile 1 mètre (m) 3,28 pieds COMPOSITION DE LA MISSION Ce rapport est basé sur les observations de la mission qui a séjourné en Mauritanie en mars-avril 1970; elle comprenait: Heinz B. Bachmann Chef de mission Carlos Merayo Economiste général Hohamed Moghazi Economiste agricole Dr M. Lacrouts (Consultant) Expert en élevage Dr R. Moal (Consultant) Expert en pêche Remi van Waeyenberghe (Consultant-UNESCO) Expert en education Ce volume a été préparé par Dr M. Lacrouts (Consultant). Table des Matières NO des pages A, LA SITUATION ACTUELLE DE L'ELEVAGE EN MAURITANIE....oz..oo... 1 I, Observations générales................................... 1 II. Le cheptel national...................... 1 1. Estimation de l'effectif total du cheptel..........,.... 1 2. Les races animales en Mauritanie................... h 3. Composition du troupeau national - Production........... 5 III. L'Elevage en Mauritanie..e ............................... 7 IV. Systèmes de comercialisation......... 8 1. La commercialisation traditionnelle................ 8 2. Les problèmes de la commercialisation de la viande de Kaedi............................. 10 V. Données macro-économiques sur l'élevage..........s....o. 12 1. Production de viande .......... ............. 12 2. Utilisation de la production de viande................ 13 3. Consommation nationale deviande....... ... ........ 16 h. Valeur ajoutée par le c 18 5. Revenus assurés par l'élevage....................... 20 VI. L'Elevage et le secteur public,........................... 21 1. Ressources budgétaires provenant de l'élevage ................................ 21 2. Crédits accordés au service de l'élevage.............. 23 B. PRINCIPALES DIFFICULTES RENCONTREES PAR LE DEVELOPPEMENT DE L'ELEVAGE ............................ 26 I. Productivité du troupeau bovin............................ 26 1. Manque de précocité....... .............. 26 2. Faible taux de fécondité............................... 27 3. Mortalité des jeunes animaux.......................... 27 4. Mortalité des adultes, des taurillons et des génsse........................... 28 5. Faiblesse du poids moyen des carcasses...........e..... 29 N- des pages II. Le milieu . 30 1. Les pâtuage.................................. ... .. 30 3. Conclusions sur les pâturages et l'hydraulique,...... 33 III. La p 33 IV. La conduite du troupeau (aspect social de l'élevage) .... 35 C. ELEMENTS D'UN PROGRAMIE DE DEVELOPPEMENT.................... 37 I. Généralités............................. .. 37 II. Lutte contre les maladies dubétail................... 38 1. La situation du service de l'élevage................ 38 2. Lutte contre les maladies endémiques.............. 41 3. Lutte contre divers parasitismes..................... 41 4. Difficultés d'un tel programme..........,............ 42 III. Hydraulique pastorale................................. 43 D. L'AVENIR DE L'ELEVAGE..e .................... ..... 47 A. LA SITUATION ACTUELLE DE L'ELEVAGE EN MAURITANIE I. Observations générales 1. C'est de l'élevage que la population mauritanienne tire l'es- sentiel de ses moyens d'existence, Toute la population rurale place sa confiance dans l'élevage des bovins dont la production doit être améliorée. Bien que la qualité des statistiques ne soit pas sans défaut, elles font toutes ressortir la situation prédominante de l'élevage dans l'économie nationale. 2. Les estimations du PIB de la République islamique de Mau- ritanie donnent, en francs CFA, les chiffres de valeur ajoutée suivants: - Industries extractives l.2 milliards - Production animale 10.6 milliards - Production végétale 3.2 milliards - Pêches 1.0 milliards 3. Sur une population de 1,140.000 habitants., 820.000 sont des nomades qui tirent de l'élevage la quasi totalité de leurs revenus; 160.000 sont des ruraux ou des agriculteurs qui vivent dans le bassin du Sénégal et dont le cheptel devrait augmenter de façon substantielle à l'avenir; le solde, soit 160.000, constitue la population urbaine dont une grande partie possède encore des animaux. 4. L'élevage occupe de toute évidence une situation priviligiée dans le pays et sa production doit augmenter si l'on veut améliorer le niveau de vie de la plus grande partie de la population. II. Le cheptel national 1. Estimation de l'effectif total du cheptel 5. Dans tous les pays africains, il est extrêmement difficile de déterminer l'effectif exact du cheptel ainsi que son évolution numérique, car il est perçu une taxe sur chaque tête de bétail. 6. Q trouvera dans le tableau ci-après une récapitulation des estimations établies par le Service de l'élevage à la suite de la visite en Mauritanie des membres du service de vaccination. - 2 - Tableau No. 1 - CHIFFRE ESTIMATIF DE L'EFFECTIF DU CHEPTEL (milliers de têtes) 1964 1966 1967 1968 1969 Bovins 2'000 2 000 2 275 2 500 2 000 Ovins et criprins 4 600 5 900 6 550 6 700 7 000 Chameaux 500 700 710 720 720 Chevaux et ânes 250 270 280 300 300 Ce tableau appelle les observations suivantes: a. Le chiffre de 2,5 millions de bovins pour l'année 1968 est tiré du rapport technique général sur la campagne commune de lutte contre la peste bovine. Les personnes chargées de cette campagne fondent ce chiffre sur les 2.343.000 vaccina- tions effectuées en 1968, le taux de couverture probable étant de 80%. b. La baisse de l'effectif de bovins en 1969 (environ 20%) est due à une pluviosité très faible en 1968. Il en est résulté pendant la saison sèche de 1969 une hécatombe causée en premier lieu par la famine (insuffisance de pâturages), puis par les maladies qu'elle a entraînées (botulisme, par exemple), enfin, par les avortements (dûs à l'épuisement physiologique) et par l'augmentation de la mortalité parmi les jeunes animaux privés de lait. Cn a également constaté parmi les ovins et les caprins des pertes dues à la sécheresse (15% environ de l'effectif total, selon les estimations du Service de l'élevage). 7. Toutefois, on ne saurait prendre comme hypothèse de travail une baisse.de l'effectif total qui serait ainsi tombé à 5.700.000 têtes en 1969. En effet: 1. Premièrement, au cours des dix dernières années, les estimations ont été faibles et sans aucun doute très inférieures à l'effectif réel. Dès 1960, on estimait à sept millions de tetes l'effectif total d'ovins et de caprins. 2. Deuxièmement, les fluctuations de l'effectif total de petits ruminants sont courantes et il s'en produit chaque année, en particulier durant la saison dc-s pluies, par suite de l'incidence des maladies parasit'ires. Mais le taux de reproduction de ces animaux est très élevé et ils atteignent rapidement leur taille adulte, de sorte que les pertes du troupeau sont reparées par la rapide reproduction. - 3 - 3. Il convient d'observer également que, si la saison sèche a entraîné des pertes dues à la malnutrition, la mortalité habituelle causée par les maladies parasitaires a été évitée par suite du manque d'eau. En conclusion, nous retiendrons, comme le Service de l'élevage de Nouakchott, le chiffre de sept millions de têtes de petits ruminants en 1969. Au total, les autres espèces animales (chameaux, chevaux et âne3) ont moins souffert durant la difficile période de 1969. 4. La répartition des animaux sur l'ensemble du pays a été déterminée en 1967. Fort heureusement, les estimations totales établies à cette occasion, coincident très étroite- ment avec celles que nous avons utilisées. Il faut donc supposer qu'elles reflètent de façon assez fidèle la situation actuelle. Tableau No, 2: REPARTITION DES ANIMAUX PAR REGION Unité: Nombre de têtes CAPRINS BOVINS ET OVINS CAIELIDES lère Région NEMA 450 000 2 000 000 120 000 2ème Région AIOUN 280 000 1 400 000 70 000 3ème Région KIFFA 320 000 900 000 50 000 hème Région SELIBABY 130 000 150 000 5ème Région KAEDI 200 000 360 000 50 000 6ème Région BOGHE 370 000 700 000 20 000 7ème Région TIDJIKJA 110 000 550 000 70 000 8ème Région ROSSO 220 000 650 000 9ème Région NORD 20 000 350 000 250 000 TOTAL 2 100 000 7 060 000 720 000 8. Ctest la lère région qui a l'effectif le plus élevé de bovins et la 9ème qui a le plus de camelides. Il convient de souligner que le bassin du Sénégal (régions de Selibaby, Boghe, Kaedi et Rosso) a h% de l'effectif total de bovins et 26% seulement de celui d'ovins et de caprins. 9. S'agissant du cheptel, il est à noter que les statistiques de l'élevage sont très incomplètes. Cette remarque vaut également pour la structure des troupeaux et l'utilisation des produits animaux. Force nous sera dans les chapitres suivants de procéder sur la base d'hypo- thses successives, ce qui, de toute évidence, ne nous permettra. d'obtenir que des résultats assez douteux. Un effort devra donc être fait pour obtenir de bonnes statistiques, soit par la méthode des sondages, soit par des recensements systématiques effectués à l'occasion d'examens du service de santé soit par des inspections effectuées sur les itinéraires empruntés par les troupeaux. Cela est indispensable non seulement pour obtenir des sources de renseignements dignes de foi, mais également pour déterminer les faits économiques intéressant le cheptel, sa composition, l'évolution de sa structure, l'importance de l'élevage et ses implications sur le plan commercial. 2. Les races animales en Mauritanie 10. BOVINS: On trouve en Mauritanie deux races de bovins. Le Zébu Maure, qui se caractérise par sa taille moyenne, sa robe brune, son pis et ses cornes courtes. Il est de bonne conformation et, lorsqu'il est en bonne condition, s'est un excellent produit de boucherie. Le poids vif des animaux mâles d'abattage ayant atteint leur taille adulte varie entre 330 et 380 kilogrammes. Le troupeau national est composé pour la plus grande part d'animaux de cette race. M. Troquereau h estime qu'environ 85% sont de race maure, ce qui signifie qu'au total l'effectif de cette race avoisinerait 1.700.000 têtes. Le Zébu Peul est plus gros, plus lourd et a souvent des membres assez souples. Il a généralement un pelage clair et de longues cornes. Les animaux d'abattage sont plus gros que les précédents et les mâles pèsent de 400 à 420 kilogrammes. Si l'on s'en tient au pourcentage donné par M. Troquereau, il y aurait environ 300.000 de ces animaux dans le pays. OVINS: Il s'agit d'animaux à poil long qui se répartissent en deux catégories: Le Mouton Peul, qui est un gros animal, au poil lisse avec une toison de deux couleurs, de longues pattes, une grande robustesse et un museau busqué. Ce sont des animaux qui peuvent parcourir de longues distances et dont le rendement en viande est satisfaisant. Leur poids-carcasse est d'environ 13 à 15 kilogrammes. les ressources animales de la R.I.M. (FAC 1959). Le Mouton Maure a une toison noire à long poil, Il est plus petit que le précédent; il a une jolie forme, et il est remarquablement adapté au Sahel. C'est un excellent animal de boucherie; son poids-carcasse est légèrement inférieur à celui du mouton Peul. CAPRINS: L'élevage des caprins est trs développé en Mauritanie. La seule race que l'on y trouve est la chèvre du Sahel, un animal de belle taille, à longues pattes et de poids notable (de 25 à 35 kilogrammes lorsqu'elle a atteint son plein développement). Elle a une tête petite et bien faite, un pelage de plusieurs couleurs (noir,blanc, rouge, brun et gris). Elle a des mamelles bien dével- oppées et c'est une excellente laitière, 3. Composition du troupeau national - Production 11. Les documents mis à notre disposition ne permettent pas de déterminer les structures réelles des troupeaux vérifiées sur le terrain. D'un autre côté, l'étude effectuée par la firme yougoslave "Energoproject" fait état d'une composition de troupeau dont les données semblent avoir été fournies par le-Service de l'élevage. Ceci nous permet de proposer une structure théorique acceptable du troupeau. La composition proposée est la suivante: Mâles - de plus de 4an..........81 Femelles - de plus de 4 ans.,..........38,5% Mâles - de 1 à 3 ans...................... 18 0 Génisses - de'l à. ahs.. Veaux.....................1 12. En ce qui concerne les veaux, il y a autant de mâles que de femelles, soit 7,5% de l'effectif total, de sorte que l'efíactif de jeunes femelles non encore reproductrices atteint 23,. Les vaches représentent 38,5% de l'effectif total de bovins. ALnsi, avec cette structure, le nombre de femelles qui vont venir remplacer les matrices représente 28,1/38,5 = 72,9 pour cent des vaches adultes. Ce pour- centage permet manifestement un accroissemert du troupeau. Le nombre de mâles semble, en proportion assez élevé; toutefois, la plupart d'entre eux sont des taurillons ce qui cadre avec les observations faites dans les pays voisins où l'élevage s'effectue dans des condi- tions analogues. - 6 - 13. Dans notre étude sur le Mali, nous avons retenu comme hypo- thèse une composition du troupeau qui était sensiblement la même, ainsi qu'il ressort du tableau comparatif suivant: MALI MAURITANIE Femelles adultes 38% "£38>5% Génisses 32% 28,1% Mâles adultes 7% 8,1% Jeunes mâles 23% 25,5% 14. On revient donc en définitive au même taux d'exploitation que pour le Mali, à savoir 12%, qui se décompose comme suit 1/: Vaches réformées h,2% de la population totale Vaches stériles 0,8% de la population totale Mâles adultes h,2% de la population totale Taurillons 2,9% de la population totale 15. Pour arriver à un chiffre plus juste du rendement réel du cheptel mauritanien, une étude détaillée serait indispensable. Elle ferait certainement apparaitre un nombre légèrement moindre de taurillons vendus au commerce et un chiffre de mâles adultes légèrement plus 61evé1, si les pourcentages que nous avons donnés sont exacts. Toute- fois, on peut conidérer que pour une première approximation, ces pourcentages sont plus justes que le taux d'exploitation de 8% retenu jusqu'ici. Dans l'étude sur le Mali, où dans la structure du troupeau, les géniades représentaient 8% de la population femelle adulte, le taux de croissance annuel est estimé à 3%. Dans ce cas, les génisses, par opPecition aux vaches, représentent 73% du total, de sorte que le tuX de croissance potentiel est théoriquement moindre. Toutefois, tant que nous n'aurons pas de statistiques plus précises, nous appliquerons la même hypothèse que dans notre étude sur l'élevage au Mali et nous retiendrons un taux de croissance de 2% seulement. 1 Nous nous bornons à appliquer les résultans d'une analyse de la population de bovins au Mali où les conditions de l'élevage sont sensiblement identiques. On trouvera à l'Annexe No. 6 des études de structures théoriques de troupeaux. La structure No. 1 est assez voisine, sans être absolument comparable, à celle que nous retenons ' ici comme hypothese. Cet exemple montre comment on détermine les pourcentages des différents types d'animaux vendus au commerce. - 7- III. L'Elevage en Mauritanie 16. Il serait plus exact de parler d'élevage au Sahel. Pour assurer leur existence, les homes doivent adapter leur mode de vie aux exigences du bétail. En Mauritanie, l'élevage sédentaire n'occupe pas la place qu'il devrait avoir dans le développement agricole et il se caractérise actuellement par les mouvements de transhumance, Pour des raisons d'environnement (pâturages et eau), les animaux ne peuvent survivre que si on leur fait entreprendre régulièrement de longs déplacements de transhumance selon la saison. L'époque et l'itinéraire sont toujours les mêmes. 17. Pendant la saison despluies (de juillet à septembre), les troupeaux sont dans le nord oÙ la pluviosité est suffisante pour assurer les herbages verts dont ils ont besoin et alimenter les points d'eau. C'est la saison faste où, sans aucun secours des pasteurs, les animaux ont suffisamment à manger et à boire. En octobre-novembre commence la saison sèche et les mares où se trouvent les animaux s"assèchent graduellement. Le déplacement vers le sud commence alors, divisé en autant d'étapes qu'il y a de points d'eau temporaires sur le chemin. Vers le mois de décembre, tous les pasteurs sont groupés autour des points d'eau permanents (puits ou cours d'eau)0 Ils y resteront jusqu'aux premières pluies, passant ainsi le plus fort de la saison sèche sur des p9turages composés de chaumes de graminées, de rares légumineuses et de quelques arbres qui fournissent un complément d'alimentation très utile. Lorsque les pluies sont suffisantes pour que l'herbe repousse (en juin-juillet), le mouvement vers le nord reprend et les animaux regagnent les parcours luxuriants de la saison des pluies. 18. La durée de la transhumance varie selon la région; certains troupeaux vont jusqu'au Mali ou au Sénégal et les mouvements sont extrême- ment réguliers si rien ne les entrave. En réalité, les pasteurs reviennent toujours vers les mêmes pâturages, en suivant les mermes routes de transhumance, et il est fréquent que les puits soient considérés comme appartenant à certaines familles ou à certains groupes. 19. Les facteurs externes qui peuvent modifier le cours des choses sont le manque d'eau (lorsque les puisards le long de la route suivie, se sont asséchés) ou le manque de pâturages dû à l'insuffisance des précipitations (comme en 1969) ou aux feux de brousse. - 8 - En réalité, chaque année des incendies que rien ne vient contrarier détruisent d'immenses étendues de parcours et parfois même le meilleur parcours. Lorsqu'il y a surpaissance pendant la saison sèche, autour d'un puits, par exemple, le puits est abandonné et n'est plus d'aucune utilitéc 20. La connaissance des mouvements de transhumance est indispen- sable pour les travaux du Service de l'élevage. Il est rare que l'on puisse entreprendre une activité quelconque pendant la saison des pluies, car les routes sont alors impraticables et les pasteurs sont disséminés sur toute la région Nord. D'un autre c6té, pendant que les troupeaux se déplacent à pied, on peut parfois entreprendre certains travaux sur les itinéraires suivis par les bestiaux, aux points de passage obliga- toire, et particulièrement pendant la saison sèche, car les animaux sont rassemblés et restent au même endroit pendant cinq à six mois et sont beaucoup plus accessible. Il faut cependant se dire que, dans de telles conditions, il est souvent difficile de mettre en oeuvre ou de maintenir des mesures sanitaires strictes. Pendant les déplacements des animaux, par exemple, il est presque impossible d'isoler les bêtes malades et d'éviter les contacts entre troupeaux. IV. Systèmes de commercialisation 21. La grande masse de la production s'écoule sur les marchés traditionnels,. Toutefois, des dispositions tout à fait différentes doivent être prises dans la région de Kaedi et nous les examinerons séparément. 1. La commercialisation traditionnelle 22. Bien qu'imprécises, les estimations que nous donnons dans le chapitre suivant indiquent que 130.000 bovins, 900,000 ovins et caprins et 30,000 chameaux sont vendus à l'exportation et à la consommation nationale. 23. Le système de commercialisation a été exposé dans un certain nombre de rapports et n'a pas varié, la plupart des transactions passant par les marchands de bestiaux traditionnels et les bouchers, Les prix à la production, d'après les relevés officiels, semblent av6ir augmenté de 5 à 10% depuis 1964, selon les animaux et selon les régions. Il convient de ne pas oublier que les conclusions des études de marché sur lesquelles on s'est fondé pour établir ces listes de prix sont inévi- tablement assez approximatives. Elles indiquent toutefois des tendances qui sont acceptables sur une assez longue période. 24. La demande extérieure s'accroÎt régulièrement. Ce phénomène est commun à tous les marchés africains de bétail et de viande. Comme on ne dispose d'aucune base statistique solide, nous avons pris le chiffre de 100.000 bovins seulement à l'exportation. Cependant, nous sommes certains que ce chiffre est déjà dépassé. Sur les marchés intermédiaires, les prix, en ce qui concerne les bovins d'exportation, sont de l'ordre de 70 à 80 francs CFA par kilogramme net poids vif pour les animaux de bonne qualité à Aioun el Atrousse et de 80 à 100 francs CFA à Kaedi. Ce phénomène est extrêmementimportant, car il confirme que les efforts entrepris pour développer la production ne seront pas vains et les pasteurs pourront toujours vendre les animaux qu'ils amèneront sur le marché. 25. Les besoins nationaux de la Mauritanie sont considérables; nos calculs font apparaitre un niveau de consommation individuelle très élevé, phénomène que les Mauritaniens reconnaissent comme évident. Mais la demande ne peut s'accroftre que par suite de l'augmentation de la population et du taux trèà élevé d'urbanisation que le pays a connu ces quelques dernières années. Les difficultés d'approvisionnement de Nouakchott en bovins se sont atténuées grâce à l'amélioration du prix de la viande. En fait, en 1961, le prix de la viande de boeuf avec os était de 80 francs CFA par kilogramme et celui de la viande de mouton, de 200 francs CFA; en 1970, le prix du boeuf atteignait 125 francs CFA par kilogramme, celui de la viande de mouton n'avait pas changé. 26. Grâce à une augmentation de 56 pour cent du prix de la viande, un certain nombre de boeufs ont pu être acheminés vers la capitale, malgré les difficultés que les animaux ont à se déplacer et à survivre dans cette région. Néanmoins, on constate encore aujourd'hui que, pendant la période la plus difficile, qui est celle de mai à juillet, il y a pénurie de viande de boeuf; pour compenser, on abat alors davantage de chameaux, car le chameau peut gagner Nouakchott facilement à n'importe quelle saison de l'année. 27. A cet égard, il convient de mentionner une mesure extrdme- ment intéressante qui a été adoptée à Selibaby, où le prix de la viande est fixé selon la période de l'année; un kilogramme de boeuf avec os coûte 80 francs CFA du l,è août au 30 septembre et 90 francs du ler janvier au 31 juillet. La viande de mouton avec os coûte 90 francs CFA par kilogramme du ler août au 30 septembre et 100 francs du ler janvier au 31 juillet. Cet exemple devrait être suivi par toutes les grandes villes. Le semestre le plus difficile devrait être identifié et un Prix de vente au détail légèrement plus élevé (de l'ordre de 10 pour cent) devrait être autorisé. Nous avons proposé la même solution en ce qui concerne Dakar. - 10 - 2. Les problèmes de la commercialisation de la viande de Kaedi 28. Un abattoir industriel bien équipé et bien géré, qui serait également une conserverie, a été conçu pour servir les clientèles exigeantes du pays (Nouakchott, de Nouadhibou, et des mines de fer et de cuivre) et des Iles Canaries. Ces installations ont commencé à fonctionner il y a un an environ. Plusieurs marchés ont ainsi été ouverts sur le plan intérieur (Viferma à Nouadhibou, Lycée de Nouakchott, Ecole Normale d'Instituteurs de Nouakchott, Centre de Formation et de Vulgarisation Agricoles de Kaedi, le Gouvernorat de la hème Région, Collège de Kaedi, Boucherie Barbosa, la SIGP de Nouadhibou, etc.), mais il n'est pas encore possible de desservir le marché des Canaries. Un examen rapide de la situation actuelle montre qu'il subsiste des problèmes d'ordre administratif et commer- cial. a. Gestion des installations proprement dites 29. Un établissement public, jouissant de l'autonomie financière et de la personnalité civile, a été créé avec soin; la fabrique de conserves de viande est bien gérée. Cependant, une difficulté fond- amentale demeure: le coût des services. La viande à expédier doit acquitter un montant de 15 francs CFA par kilogramme de poids-carcasse pour l'abattage et de 15 francs CFA pour la réfrigération; ces sommes ne comportent pas de taxes, mais uniquement le coût réel des services rendus. 30. Ces redevances sont très lourdes et leur taux élevé est dâ à ce que la quantité de viande traitée est faible et à ce que le personnel engagé ne travaille qu'un nombre d'heures limité par jour. Leur nombre est cependant suffisant pour faire fonctionner l'étab- lissement à pleine capacité. Toutefois, la contrainte la plus lourde provient de ce que, pendant la construction, une modification capitale a été apportée au projet initial. Les experts et techniciens du FAC avaient souligné la nécessité d'inclure dans la réalisation les investissements nécessaires pour l'approvisionnement en eau et en électricité. Actuellement, la centrale électrique, ainsi que les installations de fourniture d'eau et la station de pompage ont été construites séparément (en prélevant, il convient de le préciser, les crédits nécessaires sur ceux qui avaient été prévus pour la construc- tion de la fabrique de conserves de viande) et aujourd'hui, la société qui exploite l'abattoir industriel doit acheter l'eau et l'électricité à un tarif exorbitant, ce qui rend difficile une exploitation économique. Le problème doit &re réexaminé aujourd'hui si l'on veut que les prix pratiqués pour la fourniture des services soient raisonnables. b) Problèmes commerciaux 31. La Société COVIMA (Compagnie de commercialisation des viandes de Mauritanie) a été créée pour écouler la viande amenée à Kaedi. Le volume des affaires traitées dura,nt la première année d'exploitation a été faible, ce qui n'est pas grave en soi, car à ce niveau d'activité on peut, dans des conditions favorables, "roder" tous les mécanismes de la société et des installations de conserverie. Il s'agit maintenant de développer les marchés intérieurs en appliquant rigoureusement les décisions réglementant la priorité à donner aux viandes locales et tout devrait également être mis en oeuvre afin d'exporter à destination des Iles Canaries et peut-être à destination du Maroc. 32. La vente de viande aux Canaries pose trois préalables: - Nécessité d'obtenir l'agrément des autorités espagnoles pour l'introduction de viande en provenance de Mauritanie. Cet agrément a été obtenu grâce à un accord conclu en 1969. - Etablissement d'une station sanitaire, qui sera financée grâce à l'assistance française. - Existence de conditions économiques favorables. Il est nécessaire pour cela de bien connaître le coût du bétail à Kaedi, celui des services et du transport, de même que les prix de vente que les Iles Canaries peuvent payer. 33. Actuellement, la COVIMA n'est pas en mesure de résoudre tous ces problèmes. Un expert du Secrétariat d'Etat aux Affaires étrangères fournira les renseignements économiques nécessaires, Il s'efforcera ensuite de mettre en place un système efficace et dynamique de commercialisation aux Iles Canaries si le marché peut être créé. 34. Il convient de souligner à ce point que les très lourdes impositions perçues sur l'abattoir de Kaedi et sur la comnercialisation de la viande rendent tout succès manifestement difficile. En ce qui concerne l'abattoir, outre la solution du problème des tarifs excessifs de l'eau et de l'électricité, il convient de prévoir quatre ou cinq années de démarrage avant le début du remboursement des capitaux empruntés. Il serait également prudent d'exonérer la COVIIA de tous impâts et redevances, y compris la patente, tant qu'elle n'aura pas atteint le seuil de rentabilité. Enfin, il y a également la taxe dite de circulation des viandes, qui est de 15 francs CFA par kilogramme et qui, en principe, n'est pas perçue à l'exportatione toutefois, le Directeur de l'abattoir voudrait que les viandes destinées au marché intérieur en soient également exemptées. Enfin, en ce qui concerne les exportations de viande, la réglementation prévoit un droit de sortie de 6,90 pour cent ad valorem, ainsi qu'une perception fiscale de 1 pour cent, une taxe de conditionnement de 0,5 pour cent et une taxe d'achat de 5,h pour cent. Il serait indispensable, pour ouvrir le marché des Canaries, de supprimer ces droits et taxes dans les meilleurs délais. - 12 - 35. Le compte de profits et pertes de la COVINA pour les trois premiers mois de 1970, toutes charges comprises, s'établit comme suit: Dépenses d'exploitation 7.906.569 francs CFA Impôt nur le chiffre d'affaires + 870.78h francs CFA 8.777.353 francs CFA Recettes totales - 8.h59-076 francs CFA Solde débiteur 318.277 francs CFA Comme mn pourra le voir, sans charge d'impôt, la COVIMA a réalisé un bénéfice de 552.507 francs CFA. 36-. Enfin, il convient de souligner l'importance, pour le développement de l'élevage d'un réseau moderne de distribution de viande. Nous verrons plus tard que les possibilités d'engraissement des bovins en Mauritanie sont extrêmement limitées. Cette activité ne saurait être recommandée que s'il s'agissait d'alimenter un marché de qualité améliorée. Ainsi, s'il était impossible d'effectuer des expéditions à partir de Kaedi, tout l'avenir de l'amélioration de l'élevage de cette zone serait compromis. V. Données macro-économiques sur l'élevage.. 1. Production de viande a. Production de bovins 37. Nous avons précisé dans le deuxième paragraphe du présent rapport que nous retiendrons comme hypothèse un taux d'exploitation du cheptel de 12 pour cent, se ventilant comme suit: Vaches de réforme 4,2% Vaches stériles 0,8% Mâles adultes h,1% Taurillons 2,9% 38. Le prix moyen des animaux à la production est estimé à 6000 francs CFA en ce qui concerne les vaches de réforme, à 15.000 francs CFA pour les mâles adultes et les vaches stériles, et à 8.000 francs CFA pour les taurillons. Compte tenu de ces chiffres théoriques, nous pouvons établir le tableau suivant: - 13 - Tableau No. 3: PRODUCTION P'ROBABLE DU TROUPEAU NATIONAL EN MAURITANIE Effectif com- Effet Prix uni- Valeur de la mercialisé, en théorique taire à production pourcentage de commercialisé la produc- nationale Type d'animal l'effectif (Nombre de tion (FCFA (millions de commercialisé total têtes) par tête) FCFA Vaches de réforme 4,2% 84 000 6 000 504 Vaches stériles 0,8, 16 000 15 000 470 Mâles adultes h,1% 82 000 Taurillons 2,9% 58 000 8 000 464 TOTAL 12 % 2h0 000 2 438 b. Production des troupeaux nationaux d'ovins et de caprins 39. Dans l'hypothèse d'un taux d'exploitation de 25% et d'un prix moyen aux éleveurs de 1.400 francs CFA pour les animaux de boucherie, les troupeaux nationaux d'ovins et de caprins fourniraient chaque année: 1.750.000 animaux de boucherie, représentant une valeur de 2.h0 millions de francs CFA. c. Production des troupeaux de chameaux 40. Si l'on tient compte de ce que ces animaux n'ont pas un développement précoce, le taux d'exploitation de ce troupeau pourrait difficilement dépasser 9% par an et, si le prix moyen à la production d'un animal de boucherie est de 15.000 francs CFA, le troupeau produirait chaque année 65.000 bêtes, représentant une valeur de 975 millions de francs CFA. 2. Utilisation de la production de viande a. Production de bovins hl. Exportations: -Dans notre étude sur le Sénégal, nous avons estimé qu'en 1966, 65.000 bovins provenaient de Mauritanie. En 1967, nos collaborateurs, dans une analyse des approvisionnements en viande de l'Afrique Centre Ouest 1/, ont déclaré que 20.000 bêtes avaient quitté la Mauritanie pour le Mali et 8.000 pour la Câte-d'Ivoire. Aux environs de 1967, 93.000 têtes au moins ont donc été exportées. La demande s'accroÎt et il est par conséquent certain qu'un chiffre de 100.000 têtes à l'exportation en 1969 ne serait par surfait. 1/ L'approvisionnement en viande de l'Afrique Centre Ouest. Tyc, Sarniguet, Peyredieu du Charlat. Secrétariat d'Etat aux Affaires Etrangères. Tableau No. 4: UTILISATION DE LA PRODUCTION DE BOVINS EN NOMBRE DE TETES TONNAGE DE CARCASSE Unités: Boeufs 4 Tauril- Total Boeufs 4 Tauril- Total Poids Total car- Tgte de Vaches Vaches lons Vaches Vaches lons des casses 4 bétail Stériles Stériles abats abats et tonnes (tonnes) Exportations 9 000 80 000 il 000 100 000 720 12 800 880 14 400 3 300 18 000 Consommation des villes 7 000 6 000 7 000 20 000 560 960 560 2 080 520 2 600 Consommation des nomades 60 000 10 000 35 000 105 000 4 800 1 600 2 800 9 200 2 300 11 500 Consommation rurale 8 ooo 2 000 5 000 15 000 640 320 400 1 360 340 1 700 Total 84 000 98 000 58 000 240 000 6 720 15 680 4 640 27 040 6 760 33 800 - 15 - 42. Consommation nationale: En ce qui concerne la consommation nationale, nous etblirons une distinction entre population urbaine, population nomade et population rurale. De toute évidence, il s'agit la d'une ventilation arbitraire, d'autant plus que dans certaines zones la population de passage n'est aucunement négligeable (Aloun, Kiffa, par exemple). Toutefois, cette ventilation nous permet de définir approximativement l'importance des différentes consommations, h3. La population nomade est estimée à 820,000 habitants; la population rurale, qui se situe presque entièrement dans la Vallée du Sénégal, à 170.000 et la population urbaine à 150.000 Les abattages contrôlés alimentent la quasi totalité de la consommation des villes et ont porté sur environ 20.000 têtes en 1969; selon les relevés d'abattoirs, la production est d'environ 30% de mâles adultes, 35% de vaches de réforme et 35% de taurillons. En ce qui concerne la population rurale et les nomades, la consommation consiste pour la plus grande partie en taches de réforme et en taurillons. Sur les marchés importants et à l'occasion de certaines fêtes ou cérémonies religieuses, on abat des boeufs et même des taureaux. h Le tableau h récapitule, en nombre de têtes et en tonnage, les diverses utilisations des animaux de boucherie. Les poids moyens suivants ont été utilisés: Vaches de réforme et taurillons Poids carcasse: 80 kg. Taureaux, boeufs ou vaches stériles Poids carcasse:160 kg. Poids des abats 25% du poids carcasse b. Production de petits ruminants 45, On estime les exportations a 700.000 têtes par an. La consommation nationale est difficiles àventiler, car la plus grande partie des abattages sont destinés à la consommation familiale tant dans les villes que dans la brousse. Nous proposons le tableau suivant, qui a été établi dans l'hypothèse d'un poids carcasse moyen de 12 kilos et d'un poids d'abats représentant 25% du poids carcasse. (Tableau h) Tableau No. 5: UTILISATION DES OVINS ET CAPRINS (Unités = Nombre de têtes et tonnes) Nombre Poids car- Poids des Poids total d'animaux casse (tonnes) abats (tonnes) (tonnes) Exportation 700 000 8 h00 2 100 10 500 Consommation des villes 150 000 1 800 450 2 250 Consommation des nomades 800 000 9 600 2 h00 12 000 Consommation rurale 100 000 1 200 300 1 500 Totel.e 1 750 CO0 21 000 5 250 26 250 - 16 - c. Production de chameaux 46. Les exportations sont estimées à 20.000 têtes par an. La consommation nationale est limitée à la population urbaine et à la population nomade. Le poids carcasse moyen est de 130 kilos et le poids des abats est de 25% du poids carcasse. Tableau No. 6: UTILISATION DES CHAMEAUX (Unités : nombre de t9tes et tonnes) Nombre Poids car- Poids des Poids total d'animaux casse (tonnes) abats (tonnes) (tonnes) Exportations 20 000 2 600 650 3 250 Consommation des villes 10 000 1 300 320 1 620 Consommation des nomades 35 000 h 550 1 330 5 880 Total 65 000 8 450 2 300 10 750 3. Consommation nationale de viande 47. On trouvera au tableau 8 ci-après le détail de la consoà,imation intérieure de viande et d'abats. Tableau No. 8: CONSOMMATION NATIONALE DE VIANDE (Unités = tonnes et kilogrammes) Consommation Consommation Consommation Consommation Urbaine des nomades Rurale nationale (150,o00 hab) (820,000 hab.) (170.000 hab.) (1,ho.000 ) Total Kg. Total Kg. Total Kg. Total Kg. (tonnes) par (tonnes) par (tonnes) par (tonnes)par hab. hab, hab. hab. Viande de boeuf 2 600 17,3 11 500 14 1 700 10 15 800 13,8 Viand&s ovine et caprine 2 250 15 12 000 14,6 1 500 8,8 15 750 13,8 Viande de chameau 1_620 108 5 800 _7.8 7 500 _, Total 6 470 43,1 29 380 36,4 3 200 18,8 39 050 3h Tableau No. 7: RESSOURCES EN BETAIL ET UTILISATIONS Poids Poids Poids Poids Poids Nombre Poids carcasse Nombre carcasse carcasse Nombre carcasse carcasse de têtes carcasse * de (tonnes) - de têtes (tonnes) (tonnes) abats têtes abats abats (tonnes) (tonnes) (tonnes) Vaches réformées 84 000 6 720 8 400 9 000 720 900 75 000 6 000 7 500 M^les adultes 8p 000 15 680 19 600 80 000 12 800 16 000 18 000 2 880 3 600 Vaches stériles 16 000 Taurillons 58 000 4 640 5 800 11 000 880 1 100 47 000 3 760 4 700 Total partiel 1 240 000 27 040 33 800 100 000 14 400 18 000 140 000 12 640 15 800 Ovins - Caprins Total partiel 2 1 750 000 21 000 26 250 700 000 8 400 10 500 1 050 000 12 600 15 750 Chameaux Total partiel 3 65 000 8 450 10 750 20 000 2 600 3 250 45 000 5 850 7 500 Total général 1.2.3 56 490 70 800 25 400 31 750 31 090 39 050 - 1 - 4. Valeur ajoutée par le commerce 48. Le principal poste des ventes commerciales est constitué par les animaux sur pied, destinés à l'exportation et à la consommation intérieure (à l'exception de l'auto-consommation); viennent ensuite les viandes destinées aux villes, aux villages et aux marchés mauritaniens. a. Le commerce des animaux sur pied 49. Le chiffre estimé de la valeur ajoutée par le commerce intérieur est de 1.000 francs CFA par bovin et par chameau et de 200 francs CFA par ovin et caprin, En ce qui concerne le commerce d'exportation, elle est de 1.000 francs CFA par petit ruminant, de 2.000 francs par chameau et de 4.000 francs par bovin. Il convient de souligner que tout ce commerce est pratiqué par des Mauritaniens et, par conséquent, les rentrées qui en résultent doivent être incluses dans le revenu de la Mauritanie. Le tableau 9 ci-apiès donne le total de la valeur ajoutée à cet égard. Tableau No. 9: VALEUR AJOUTEE PAR LE COMMERCE DES BESTIAUX Nombre de Valeur ajoutée Vpleur ajoutée têtes par tête totale Bovins Exportations 100 000 4 000 francs CFA 400 millions Marché intérieur 30 000 1 000 francs CFA 30 millions Ovins et Exportations 700 000 1 000 francs CFA 700 millions Caprins Marchéyintérieur 200 000 200 francs CFA 40 millions Chameaux Exportations 20 000 2 000 francs CFA 40 millions Marché intérieur 10 000 10 millions 1 220 millions b. Le commerce intérieur de viande 50. Nous avons constaté prequepartout en Afrique que la marge entre le prix de la viande au détail et le prix net d'un kilogramme poids vif est de 25% 1/. Ainsi, en multipliant le tonnage des carcasses commercialisées par le quart du prix de la viande au détail, on obtient la valeur ajoutée par le commerce de la viande. Nous donnons également une estimation approximative de la quantité de viande consommée dans la brousse grce aux ventes effectuées dans les petits centres et sur les marchés ordinaires. Le tableau 10 donne le total de la valeur ajoutée par le commerce intérieur des viandes. If Le prix net par kilogramme poids vif s'obtient en divisant le prix de l'animal vivant par son poids carcasse. - 19 - Tableau No. 10: VALEUR AJOUTEE PAR LE COMMERCE DE LA VIANDE Prix de _Marge:de Tonnage de Total de la va- détail de 25% viande com- leur ajoutée la viande mercialisée par le commerce de la viande Viande de boeuf Villes 100 FCFA 25 FCFA 2 080 T 52 millions Brousse 70 FCFA 17 FCFA 800 T 14 millions Viandes ovine Villes 150 FCFA 35 FCFA 1 800 T 63 millions et caprine Brousse 100 FCFA 25 FCFA 600 T 21 millions Viande de chameau Villes 150 FCFA 35 FCFA 1 300 T 45 millions Brousse 100 FCFA 25 FCFA 1 000 T 25 millions 220 millions c. Production laitière 51. Le tableau 11 recapitule des données utilisées pour estimer la production laitière des différentes espèces animales., Tableau No. 11: PRCDUCTION LAITIERE Lait de Lait de Lait de Lait de vache brebis chèvre chamelle Taille du troupeau 2 000 000 2 600 000 h 400 000 720 000 national Pourcentage de femelles 38% 50% 50% 40% Nombre de femelles 760 000 1 300 000 2 200 000 288 000 Pourcentage des femelles gestantes 66% 90% 90% 50' Nombre de femelles lactantes 502 000 1 170 000 1 980 000 14 000 Production indi- viduelle 400 litres 40 litres 70 litres h00 litres Production totale 200 800 000 46 800 000 138 600 000 57 600 000 (litres) Total général: 443.800.000 litres - 20 - Ces 4.438.000 hectolitres représentent, sur la base du prix à la production. en valeur de h.438 millions de francs CFA à raison de 10 francs CFA le litre. Une petite partie de cette production est commercialisée. Le reste est consommé par les pasteurs. 52. Le prix du litre de lait à la production que nous avons indiqué peut paraître faible. Mais nous ne pouvons ps f'or.mler un prix plus élevé pour une denrée alimentaire qn pct pas ét,e commercialisée, tout d'abord, parce que les eloeeurs e -a r la priorité, ensuite, parce que la plupart du temps !os cJiants potentiels sont très éloignés. Le Service de l'éleva-;e a ca.iculé que le comrierce du lait proprement dit rapporterait 700 m:d.l.ions de fCrs 'iA aux producteurs, soit l'équivalent de 70.000 hecto e '100 ':ancs CFA le litre. 5. Revenus assurés par l'élevage 53. Si l'on récapitule les données du tablcau pré'Àdant et si l'on considère que le commerce du lait assre aux producteurs un revenu additionnel, car c'est généraleene sa famille qui vend le produit, on peut dire que le revenu total das éleveurs s'établit comme suit: r: l1iion de francs CFA Production de bovins 2 438 Prcductirn d'ovin-.s et 2 450 de capris Production de chameaux 975 Production du "Lait 4 I38 Commerce du lait 3 10 931 5h. Nous estimons que le :evenu monétaire, pour le producteur est de l'ordre da quatre mii.ads de frarcs CFA, qui se distribuent comme suit: -llion de francs CFA Bovins 1 624 Ovins - caprins 1 260 Chameaux 450 Lait 700 lf Valeur du produit commercialisé 700 Moins prix payé au producteur -70 - 21 - Au surplus, les ressources apýportées par le commerce des bestiaux et de la viande seraient de l.h40 millions de francs CFA. 55. On voit, malgré le caractère approximatif de nos estimations: a. que les revenus de l'élevage dépassent 12 milliards de francs CFA dont 11 au moins vont directement aux éleveurs, essentiellement sous la forme d'une auto-consommation, car sur ce total, quatro milliards seulement leur parviennent en numéraire. On peut estimer les ressources de façon très approximative si l'on suppose qu'un cinquième du revenu total va à 34.000 familles d'éleveurs sédentaires et le solde, soit les quatre-cinquièmes, à 160.000 familles de nomades; on peut alors construire le tableau suivant, dans leqüel-les révenus sont exprimés en chiffres ronds. Revenu total par famille, Revenu moné- y compris auto-consom- taire par mation famille Nomades 55.000 francs CFA 22.000 FCFA Eleveurs sédentaires 6.500 francs CFA 2.300 FCFA 56. b. C'est la production de lait qui représente la valeur la plus élevée, même si on affecte un prix assez faible au lait. Il n'y a donc aucune sous-exploitation du lait, comme on l'affirme quelquefois; au contraire, il ne faut pas oublier que cette importante contribution alimentaire assure aux pasteurs l'essentiel de leur subsistance. 57. c. La production des petits ruminants de boucherie a sensible- ment la même valeur que celle des bovins. Il convient d'en tenir compte dans l'établissement des programmes de développement, VI. L'Elevage et le secteur public 1. Ressources budgétaires provenant de l'élevage 58. Les ressources que l'Etat retire de l'élevage proviennent des impositions qui frappent les exportations du bétail et les viandes destinées à la consommation intérieure. On trouvera au tableau ci-après une récapitulation du produit des impositions. - 22 - Tableau 12: PRODUIT EFFECTIF DES IMPOSITIONS SUR LE BETAIL ET LA VIANDE 196h 1965 1966 1967 1968 1969 Taxes sur le bétail 26,0 25,0 33,2 25,3 17,0 15,0 Taxes sur la viande 2_ 2e4 21L8 2 23,2 32,1 Total 50,5 h5,h 55,0 4892 hO,2 47,l 59. La taxe de sortie sur les bovins est perçue avant l'établissement du passeport sanitaire, mais elle a été majorée à compter du ler avril 1965. Cela a entrainé d'excellentes rentrées en 1966, après quoi la fraude est devenue de plus en plus courante et les montants des percep- tions sont allés en diminuant. D'un autre c8té, la taxe sur la viande est "payante" car pour les bovins comme pour les chameaux, les bouchers sont obligés de se rendre à l'abattoir et de verser la taxe. 60. Ces recettes ne comprennent pas les taxes perçues sur le marché des bovins ni les taxes sur l'abattage ou la vente au détail, qui sont perçues par les municipalités. Il est également perçu une taxe sur chaque animal vivant, qui est versée au budget de la région. Nous n'avons pas encore pu obtenir le chiffre exact du produit de cette taxe, car il aurait fallu parcourir toutes les régions pour se procurer les renseignements nécessaires. Il semblerait qu'en 1970, le produit de cette taxe ait été de 260 millions de francs CFA. 61. En 1969, les recettes totales des budgets régionaux ont atteint 599.887.191 francs CFA. L'impftsur le bétail produit 273.161.321 francs CFA et les centimes additionnels, 130.190.262 francs CFA. Les taxes diverses ont rapporté 196.535.608 francs CFA. La plupart des recettes des budgets régionaux sont founies par l'élevage. Les quelque 82 millions de recettes qui correspondent aux centimes additionnels proviennent des activités pastorales. En définitive, celles-ci contrib- uent aux budgets des régions pour environ 345 millions de francs CFA. - 23 - 2. Crédits accordés au Service de 11élevage 62. Les crédits alloués au Service de l!élevage par les autorités locales au cours de ces dernières années sont indiqués dans les tableaux suivants: Tableau 13: DEPENSES EFFECTIVES DU SERVICE DE L'ELEVAGE APRES APUREMENT DES COMPTES (Unité = millions de francs CFA) 1960 1961 1962 1963 196h 1965 1966 1967 Personnel 5h 53 55 56 58 53 60 68 Fournitures et matériel 62 25 32 26 27 26 20 20 Total 116 78 87 82 85 79 80 88 Tableau 1h: INSCRIPTIONS BUDGETAIRES FAITES AU TITRE DU SERVICE DE L'ELEVAGE (Unité = millions de francs CFA - en chiffres arrondis) 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969 1970 Personnel 57,h -58,8 56,0 60,7 60,5 61,0 64,5 73,8 72,2 74,9 80,3 Fournitures et matériel 69,2 3h,5 32,8 33,0 29 29,0 25 8 21, 253 32,8 Total 126,6 93,3 88,8 93,7 90,0 90,0 90,0 94,6 93,6100,2 113,1 63. Ces chiffres montrent à quel point les dotations du Service - de l'élevage sont relativement disproportionnées, alors que la plupart des habitants du pays tirent l'essentiel de leurs moyens de vie du cheptel. Cn note également une certaine baisse dans les allocations budgétaires au moment où le Fonds Européen de Développement et l'AID des Etats-Unis ont apporté une contribution importante (pour la cam- pagne contre la peste bovine), sous la forme de personnel de niveau élevé et de crédits d'assistance technique. 6h. Les dépenses en matériel se chiffrent à 20 millions pour les années 1966 et 1967 (voir tableau 13). Ces tableaux montrent une cer- taine croissance des dépenses de personnel tandis que les dépenses de fournitures et de matériel restent inchangées: les dotations sont les mêmes en 1970 quten 1962. - 2h - 65. Pour l'exercice 1970, les crédits votés pour le Service de l'Elevage (personnel et fournitures et matériel) ne représentent que 1,35% de l'ensemble du budget de la nation. Toutefois, il faut ajouter que les achats des vaccins nécessaires sont imputés sur les budgets régionaux et représentent environ 40 millions de francs CFA. Actuellement, les revenus tirés de l'élevage dépassent certainement h00 millions de francs CFA si l'on ajoute aux taxes d'Etat et à l'impôt sur le bétail la patente payée par les commerçants et les impositions prélevées par les municipalités (centimes additionnels). En ce qui concerne la taxe sur les bovins, dont nous estimons qu'elle rapporte 355 millions de francs CFA, il faut souligner que, sur un revenu monftair de quatre milliards de francs CFA, elle représente une charge de 8,9. 66. S'agissant d'un programme sur l'élevage, l'insuffisance de crédits appellent de notre part les remarques suivantes: a. Les activités du Service de l'Elevage sont fonctions des crédits budgétaires alloués notamment en matière de cam- pagne axée sur l'utilisation d'équipes mobiles, de mise en oeuvre de mesures préventives, de reconnaissance des pâturages, de surveillance de l'utilisation des points d'eau et de la transhumance, de contrôle de la commer- cialisation, etc. b. Les ressources budgétaires ne semblent pas permettre aux responsables de faire face à la nécessité de sauvegarder les investissements vitaux précédemment effectués. On trouvera à l'Annexe 4 la liste des dons accordés à la Mauritanie par dessources d'aide extérieure, entre 1960 et 1969. Ces dons atteignent au total 1.100 millions de francs CFA environ. Les résultats des programmes sont très variables. Les études des pâturages, de l'hydro- géologie et de la commercialisation fournissent des données fondamentales extrêmement précieuses qui n'ont peut-être pas été pleinement exploitées. Les centres d'immunisation et les postes de vaccination accomplissent un travail excellent. Toutefois, les responsables ont souligné, lors de notre voyage, l'impossibilité de maintenir cette infrastructure en bon état d'entretien, faute des crédits nécessaires. On peut noter la disparition des pare-feu et le manque d'équipement des centres d'entretien. Il existe encore des puits, mais certains ont besoin soit d'une remise en état complète soit d'être reconstruits. La campagne de lutte contre la peste bovine a été couronnée de succès, mais l'effort entrepris devrait être poursuivi pour atteindre le but visé. If Cette taxe représenterait pour un salarié l'équivalent de plus d'un mois de traitement par an. L'abattoir de Kaedi a commencé à fonctionner dans des conditions favorables. Jusqu'ici, aucune action n'a été entreprise en ce qui concerne la station sanitaire de Kaedi. c. Il se peut qu'un programme d'assistance remédie tempo- rairement à la situation actuelle, mais il convient de préciser tout de suite qu'il est indispensable de prévoir des dépenses récurrentes de façon à permettre: - au Service de l'Elevage de maintenir le niveau d'acti- vité que l'assistance extérieure a rendu possible (de préférence sans réductions de crédits, comme cela a été le cas au cours de la campagne PC 15); - au personnel des travaux publics de réparer immédiate- ment tous les dégâts causés aux puits; - au Service des Eaux et Forêts d'entretenir les pare-feu. Les travaux que les éleveurs ne peuvent pas effectuer eux-mêmes devraient dans la mesure du possible être exécutés par les autorités régionales ou par l'Etat. Un engagement formel de la part des autorités en ce qui concerne ces problèmes semblerait nécessaire pour la pour- suite et le succès de tout programme. La persévérance dans l'action entreprise dans ce domaine est une qualité importante. - 26 - B. PRINCIPALES DIFFICULTES RENCONTREES PAR LE DEVELOPPEMENT DE L'EIEVAGE I. Productivité du troupeau bovin 67. Nous avons essayé, dans diverses études antérieures, de donner une idée de la "productivité" des élevages africains en calculant quellà est la production de viande rapportée à la tête de bovin entretenue. Dans le tableau No. 4, on constate que la production de viande bovine exprimée en tonnes de carcasses est estimêe à 27.040 tonnes pour un effectif de 2 millions d'animaux. La production par tête de bovin entretenu est donc d'environ 13,5 kilogrammes de carcasse, ce qui est faible com- paré aux élevages améliorés. En effet, le même calcul donne: 4j'kg en Grèce, 46 kg en Yougoslavie, 51 kg en Espagne, 59 kg au Japon, 68 kg en Suède, 79 kg aux Etats-Unis, 80 kg en France, 85 kg en Allemagne, 93 kg en Belgique. 68. Les possibilités d'accroissement de la production sont donc très grandes. Il faut connaître les raisons de la faiblesse actuelle pour essayer d'envisager quelles sont les opérations ayant le plus d'efficacité pour accroître la production. Si on laisse le cheptel se développer sans intervention particulière, il pourra s'accroître vraisemblablement de 2 à 3 pour cent par an, à condition que l'on ouvre de nouvelles surfaces de pâturages par une politique bien comprise de l'eau. En 10 ans, l'effectif atteindrait de 2.45000 ttes (hypothse 2 pour cent d'augmentation) à 2.700.000 (hypothèse 3 pourcent) sans que sa "productivité" soit modifiée, Dans les paragraphes suivants, nous allons examiner les causes de la faiblesse de la productivité et celles sur lesquelles on peut intervenir. 1. Manque de précocité 69. Les Zébus sahéliens sont des animaux très peu précoces. Les femelles ne donnent leurs premiers veaux que dans leur quatrième année et les mâles n'atteignent leur format de boucherie que vers cinq ans. Dans un programme à moyen terme, on ne peut modifier cet élément car pour cela il faudrait: - procéder à une sélection des races animales, ce qui deman- dera 20 ou 25 ans de travail; - changer le milieu pour que ces animaux améliorés puissent extérioriser leurs qualités. 70. Ces programmes ne doivent pas être ignorés mais ils ne font pas partie des activités qui peuvent faire l'objet d'un prêt de la Banque. On doit cependant faire remarquer que la précocité a une incidence très considérable sur la productivité. En étudiant un troupeau Baoulé où les animaux sont adultes à 2 ans, nous av-ons constaté que le taux d'exploitation pouvait facilement atteindre 20 pour cent au lieu des 12 pour cent envisagés ici, malgré de mauvaises conditions de milieu. - 27 - 2. Faible taux de fécondité 71. Les femelles adultes ne donnent en général que deux veaux tous les trois ans durant la période féconde de leur vie. Cela correspond à un taux de 66 pour cent de reproduction qui est directement lié au rythme des saisons des pluies: seules périodes de l'année où les animaux trouvent dans l'herbe verte les facteurs nutritifs conditionnant leur fécondité. C'est encore un élément sur lequel il est pratiquement impossible d'intervenir. L'incidence de ce taux de fécondité est aussi très importante. Avec un taux de naissance comparable à celui des élevages améliorés (90 pour cent des vaches fécondes), on pourrait, toutes choses égales d'ailleurs, passer de 12 à 17 pour cent d'exploita- tion, en nombre de têtes, par rapport à l'effectif total. 3. Mortalité des jeunes animaux 72. Ce n'est qu'un aspect particulier de la pathologie mais sans doute le plus dramatique, celui qui à coup sûr a les plus fortes répercussions économiques. La mortalité des jeunes animaux durant leur première année est toujous élevée; elle peut parfois dépasser 60 pou cent des naissances, elle en atteint presque régulièrement 40 pour cent et ne tombe que très rarement au dessous de 30 pour cent. Il est vraisemblable que les pertes de jeunes ont été fortes en 1969 après la saison exceptionnellement sèche où les mères n'ont pas eu beaucoup de lait. 73. Toute intervention ayant pour résultat d'abaisser la mortalité des jeunes permettra d'accroître la productivité par deux processus: - en provoquant une augmentation régulière du nombre des reproductrices et en élevant aissi le taux d'accroissement du cheptel; - en produisant davantage de mâles chaque année qui se re- trouveront dans des lots.conmercialisables. 74. Un schéma très simple permet d'apprécier l'incidence de la lutte contre la mortalité des veaux sur la production. Partant d'une unité de 100 têtes, on suppose que le taux de fécondité est de 66 pour cent et que, dans un cas, le pourcentage de survivants à un an est de 60 pour cent, dans l'autre de 80 pour cent. Cela se traduit par le tableau suivant: - 28 - Hypothèse mortalité Hypothèse mortalité à1 an de 40% 1 an de 20% Effectif du troupeau 100 têtes 100 têtes Nombre de reproductrices 38 vaches 38 vaches Taux de fécondité 66 pour- cent 66 pour cent Nombre de naissance dans ltannée 25 têtes 25 têtes Pourcentage de veaux sur- vivants à 1 an 60 pour cent 80 pour cent Nombre de veaux survivants à ian 15 20 75. On constate que la production de jeunes animaux (mâles et femelles) d'un an passe de 15 pour cent dans le premier cas à 20 pour cent dans le second en intervenant pour réduire seulement de moitié la mortalité des veaux. Les 15 pour cent de survivants correspondent à peu près à la possibilité dtune production égale à 12 pour cent de l'ef- fectif et d'un accroissement du nombre des animaux de 2 pour cent par an (car il faut tenir compte aussi de la mortalité des adultes). Dans le second cas, on pourrait facilement atteindre par exemple 15 pour cent de production et un accroissement de 4 pour cent du cheptel. On constate donc que la lutte contre les pertes des jeunes animaux doit être prior- itaire surtout dans les années qui suivent des saisons particulièrement meurtrières pour le bétail. 4. Mortalité des adultes, des taurillons et des génisses 76. Le taux de mortalité diminue lorsque l'âge croit; ce sont les adultes qui sont le moins atteints; puis à nouveau, avec la vieill- esse, ce taux se relève. En moyenne, on admet pour l'Afrique sahélienne, une mortalité de 5 à 10 pour cent pour les taurillons et les génisses et de 2 à 5 pour cent pour les adultes. Il est évident que la lutte contre les grandes endémies devrait abaisser le taux de mortalité d'ensemble et accroÎtre la production d'au moins 2 à 3 pour cent par an, si l'on considère une période d'action suffisante: 5 ans par exemple. L'effet cumulatif de cette opération est considérable, c'est ce qui explique l'importance de la lutte contre les grands endémies notamment la peste bovine qui tuait aux tépoques historiques" plus de 80 pour cent des jeunes veaux, des taurillons et des génisses. - 29 - 77. Il nous semble très important de rappeler que l'incidence économique des maladies infectieuses et contagieuses ne doit pas s'exprimer seulement en considérant les pertes numériques ou pondérales constatées. Il faut surtout tenir compte de l'abaissement très fort de la production qu'elles entraînent: - les avortements consécutifs à ces affections sont fréquents lorsqu'elles provoquent une misère physiologique; - la baisse de la production lactée a souvent pour conséquence la perte du veau; - la mort d'une vache correspond à un abaissement du taux de croissance du troupeau. En effet, les veaux qu'elle aurait eus durant "sa vie de reproductrice" ne naîtront pas et elle- même ne peut être remplacée. Sa disparition en réalité provoque intrinsèquement un "manque" de plusieurs unités dans le troupeau. Enfin pour la péripneumonie certains animaux apparemment sains sont pcrteurs de germes et disséminent la maladie dans le troupeau. Aussi l'utilisation d'un médicament comme le NOVARSENOBENZOL, qui "blanchit" les animaux malades mais en fait des porteurs sains, doit être abandonnée. 78. Ces considérations techniques montrent qu'il est extrêmement difficile de chiffrer les pertes économiques des maladies endémiques mais que celles-ci sont beaucoup plus fortes qu'on ne le suppose en s'en tenant aux seules mortalités. Dans le passé, lorsque la protection sanitaire du cheptel n'existait pas, les effectifs subissaient d'énormes fluctuations causées par les atteintes de toutes sortes. Depuis vingt-cinq ans environ des vaccins efficaces 1/ ont été produits, des moyens suffi- sants mis en oeuvre pour intervenir et appliquer le maximum de mesures de prophylaxie et ainsi juguler l'incidence de grandes maladies contagieuses. C'est grâce à ces actions que les effectifs ont pu s'accroître et que les taux actuels d'exploitation sont atteints. Mais il ne faut surtout pas relâcher les efforts, dans aucun des domaines d'intervention car un retour à la situation antérieure serait alors inéluctable. 5. Faiblesse du poids moyen des carcasses 79. Le poids faible des animaux de boucherie tient d'abord aux races animales constituant les troupeaux et à ce titre c'est l'action géné- tique dont nous avons traité au début de ce chapitre qu'il faut entre- prendre. Mais nous avons aussi relevé que sur 240.000 bovins utilisés pour la viande, on compte 58.000 taurillons, soit près du quart de la production. Ces jeunes mâles sont abattus souvent pour moins de 80 kilogrammes de carcasse; théoriquement, si on pouvait les élever jusqu'à l'âge adulte (ou les emboucher) le gain de poids de carcasse serait de l'ordre de 4.600 tonnes soit un accroissement de la production de viande bovine de 17 pour cent. 1/ Pour la péripneumonie ceux-ci sont récents et n'apportent encore qu'une immunité d'assez courte durée. - 30 - II. Le milieu 80. Les éléments essentiels du milieu qui interviennent directement sur l'élevage sont les pâturages et l'eau disponibles pour les animaux. 1. Les pâturages 1/ 81. Le Sahel, domaine de la steppe où dominent des plantes annuelleg possède deux caractéristiques principales: - la période de végétation active est réduite et des plantes, souvent adaptées à la sécheresse, effectuent leur cycle annuel en un temps trZs court; - les feux n'y sont pas systématiques et la partie aérienne sèche du tapis herbacé reste sur le sol après les pluies. 82. La plupart des espèces sont des graminées annuelles, il peut donc y avoir des variations quantitatives considérables d'une année à l'autre. La saison particulièrement sèche de 1968 en est la preuve. Les séquelles catastrophiques montrent l'ampleur des risques, car le stock annuel de matériel végétal est directement fonction des précipita- tions. Il n'existe pas de méthode capable de modifier cette production aléatoire. Les graines tombent du sol et échappent à toutes les formes de destruction (feux, consommation) mais il faut empdcher que les jeunes pousses soient entièrement consommées au début de leur cycle végétatif par les animaux. Lestr s risguent donc surtout d'être très sérieusement dégradés par la sédentarisation, cela s'est produit au Ségal Proince du Ferlo), au Nigrla7àutur de forages artésiens). Les légumineuses existent mais ne représentent pas un pourcentage important de la végétation. Par contre, le pâturage aérien (feuilles et fruits des arbres) est très recherché et apporte un appoint con- sidérable durant la saison la plus sèche. 83. La charge théorique idéale de ce genre de pâturage est de 4 hectares par tête de bovin adulte, en fait, cela ne peut être retenu dans la réalité, à cause: a. d'une répartition très inégale de l'herbe avec une zone improductive autcur des puits; b. des variations de qualité des graminées en cause; c. de la présence ou non d'arbres utilisables par les animaux. 1/ De nombreuses notations sont extraites du "Manuel sur les pâturages tropicaux et les cultures fourragères". Institut d'élevage et de médicine vétérinaire des pays tropicaux. - 31 - 84. Les propriétaires de bestiaux ont indiqué que l'effectif actuel du bétail correspondait à l'utilisation maximale du territoire exploitable par les boeufs moutons et chèvres, sans surcharge excessive des terrains de parcours. H L'estimation est faite pour une surface de 300.000 km.2 au sud du 18ème parallèle (correspondant à l'isomyète 200 m/m) avec l'utilisation suivante: - 2.300.000 bovins à 8 ha par tête 184O000 km2 - 6.700.000 ovins et caprins à 1,6 ha par tête 107.000 km2 - 300.000 ânes à 6 ha par tête 18.000 km2 310.000 km2 85. Le calcul est évidemment très théorique. Il ne tient pas compte: - du fait qu'une partie non négligeable du troupeau mauritanien transhume au Sénégal et surtout au Mali durant la saison sache; - que la charge acceptable dans les zones de transhumance le long du fleuve Sénégal est plus forte à coup sur quo celle qui est envisagée en moyenne; - que sur le terrain, on se rend compte, au plus dur de la saison sèche, que de très nombreux parcours ne sont pas utilisés. Dans les régions d'Aioun el Atrouss, de Kiffa ou de Selibaby, les responsables locaux nous ont déclaré que 40 pour cent à 60 pour cent des pâturages restaient vides de troupeaux. 86. Entre ces deux observations, l'une retenant une utilisation maximum l'autre indiquant la possibilité de presque doubler le nombre d'animaux, il faut faire un choix. Nous pensons que les possibilités d'entretenir plus de bétail sont réelles, les signes d'une surcharge n'existent pas encore en Mauritanie. Tout au plus, peut-on constater, à la suite de l'hécatombe de 1968/1969 que dans les conditions actuelles d'abreuvement, la zone des pâturages exploités est à la limite de charge lorsqu'une année particulièrement mauvaise ne permet qu'une production fourragère très faible. 1/ Comptes économiques de la RIM-Mlademoiselle Etienne - 32- 2. L'eau 87. Dans tout le Sahel, le disponible en eau durant la saison sèche conditionne les possibilités de vie. du cheptel et de l'homme. La auritanie doit résoudre dans les meilleurs délais, le problème difficile de l'exploitation de ses ressources hydrauliques. Cela suppose une prise de conscience de la part des autorités et la volon- té de rechercher des solutions rationnelles. 88. Cn constate en effet que, théoriguement, il devrait y avoir assez de puits dans le pays: si l'on trace un cercle représentant la surface accessible au bétail, autour de chaque poJnt d'eau, on recouvre toute la zone de pâturages exploitables. Sur le terrain, au contraire, il est à constater que parfois 60 pour cent des parcours sont désertés faute d'eau. Cn se trouve devant le même dilemme que pour les pâturages oA calculs théoriques ne concordent pas du tout avec les faits. 89. Les problèmes des pâturages et d'eau de saison sèche ne peuvent être examinés séparément. Brémaud et Pagot 1/ font remarquer très justement: "pour qu'un programme d'équipement hydraulique ait un rendement maximum, il convient de ne pas perdre de vue qu'un puits ne doit être foré que si le pâturage voisin peut supporter le bétail que le débit du puits permettra d'abreuver, sinon, on risque de voir succéder au pâturage sans eau, l'abreuvement sans pâturages0 90. La Mauritanie possède 3.000 puits permanents (sans compter ceux des palmeraies qui sont peut-être au nombre de 2.000) mais l'insuffisance d'entretien d'un grand nombre les rend inutilisable. Beaucoup d'ouvrages exécutés sur des fonds d'assistance extérieure ont été implantés en prenant en considération des facteurs autres que les possibilités de pâturage. Il est aussi vraisemblable que la mise en service de certains puits a provoqué l'abandon de puisards ou d'ouvrages modestes. Nous avons également noté que dans certaines régions considérées comme "riches en eau" on n'avait pas fait de programme. Une meilleure connaissance des réalités tangibles sur le terrain permettrait d'améliorer sensiblement les conditions de l'éle- vage en équipant toutes les zones qui méritent de l'être sans en éliminer une seule avant un examen très attentif. C'est certainement le critère du nombre des animaux occupant la région et des utilisateurs qui devrait être retenu avant toute chose pour définir les priorités du programme d'hydraulique. l/ Pâturages, nomadisme et transhumance en zone sahélienne (Colloque sur les zones arides, UNESCO 1960). - 33 - 3. Conclusions sur les pâturages et l'hydraulique 91 Il apparalt clairement que les possibilités d'accroissement de l'effectif du cheptel sont directement conditionnées par une augmentation des surfaces de pâturages de saison sèche, bien équipées en eau, bien protégées du feu. Or, toute intervention ayant pour objet d'augmenter la production entraînera inéluctablement une aug- mentation du nombre d'animaux. Il est donc indispensable de doter en eau la plus grande partie possible de la surface utile de bons pâturs ages. L'utilisation de l'ensemble du couvert devra toujours se faire grâce à des transhumances de plus ou moins grande amplitude qui seules permettent une exploitation réaliste et rationnelle des pâturages. Compte tenu de l'état de nombreux puits, un programme devrait comprendre en priorité l'entretien de ce qui existe, la remise en état de ce qui peut être repris, enfin seulement la création de nouveaux ouvrages. 92. Ce programme devrait être possible car malgré les apparences, la Mauritanie n'est pas défavorisée dans le domaine de la richesse en eau et la connaissance hydrogéologique du pays est bonne (les dernières prospections seront faites grâce au programme PNUD sur les eaux souterraines). III. La pathologie 93. Nous avons traité de l'aspect économique des maladies du bétail dans le premier paragraphe de ce chapitre traitant des difficultés rencontrées par l'éleveur. Il nous faut ici aborder ces problèmes sur le fonds. Si l'aménagement des pâturages, grâce à une politique d'hydraulique cohérente, est le moyen de permettre d'entretenir plus d'animaux, il faut savoir que la façon la plus efficace pour augmenter les effectifs, c'est de lutter contre les maladies décimant réelle- ment le bétail. 94. Dans la pathologie, on doit distinguer les grandes endémies et les maladies des jeunes, mais il faut bien considérer que les moyens à mettre en oeuvrè pour approcher les éleveurs sont les mêmes dans les deux cas, en utilisant des équipes mobiles d'intervention. La peste bovine a été l'objet de la campagne conjointe (programme P.C.15) dont les résultats ont été très spectaculaires. Le tableau suivant donne l'évolution du nombre des foyers. En 1969, trois foyers ont réapparu (à Aioun à la fin de l'année). Tableau 15: NRMRE DE FOYERS DE PESTE BOVINE DE 1964 A 1969 Année Nombre de foyers Morbidité Mortalité 1964 52 922 594 1965 57 572 242 1966 86 706 347 1967 43 451 357 1968 3 5 5 1969 3 66 63 - 34 - 95. Il est nécessaire maintenant de poursuivre l'pération de protection car cette affection est une "maladie sociale" 1/ liée aux conditions de l'élevage, et à l'impossibilité de faire appliquer de façon draconienne les mesures de prophylaxie sanitaire. Compte tenu de la sensibilité des jeunes bovins à cette maladie, il est indispensable d'assurer annuellement, une couverture complète du pays par vaccination systématique. Les vaccins modernes sont très efficaces et assurent une immunité de longue durée. 96. Pour la péripneumonie, le problème est beaucoup plus délicat car on ne dispose pas de vaccins apportant une immunité de plus de six mois. Il conviendrait donc d'envisager deux passages par an. Pour cette lutte, il est également nécessaire d'intervenir sur tout le pays et il faut bien constater que la vaccination seule ne donne pas des résultats définitifs mais qu'il faudrait aussi assurer des contrâles très sévères des déplacements des animaux et des marchés dans les régions où éclatent des foyers. Le marquage efficace des malades en un premier temps, puis leur abattage devraient être envisagés. Les crédits pour une telle opération pourraient être dégagés par les autorités locales (car ces dépenses devraient en grande partie pouvoir être récupérées grâce aux taxes sur les bêtes passées en boucherie sur place). 97. Il faut également souligner que les autres maladies contag- ieuse causent des pertes plus importantes que la peste et la péri- pneumonie. Le botulisme, par exemple, est responsable à lui seul du plus grand nombre de morts d'après les chercheurs du laboratoire de l'IEMVT ayant fait l'enquête pour dévouvrir la cause de cette morta- lité. Enfin, la disparition, dans la première année, d'un très grand nombre de veaux et de génisses provoque une baisse sensible de la productivité. Nous avons vu que c'est certainement en s'attaquant à ce problème qu'on pourrait accroître le plus efficacement la pro- duction de l'élevage. Le parasitisme gastro-intestinal et la mal- nutrition des animaux, singulièrement à l'époque de sevrage, sont les causes de la mortalité des jeunes. Pour remédier à cette situation il est conseillé aux propriétaires des animaux de prendre en charge les traitements à appliquer. Mais dans une première phase il est indis- pensable d'organiser des campagnes pour montrer les méthodes à employer et les résultats qu'elles donnent sur le terrain. 98. Il convient également de faire une place à la pathologie des petits ruminants. Moutons et chèvres pour la boucherie apportent à l'éleveur autant que son cheptel bovin. Les maladies de ces animaux sont diverses mais une seule présente un caractère de gravité exceptionnelle, c'est le parasitisme gastro-intestinal qui peut pro- voquer, durant certaines saisons particulièrement humides, des pertes considérables (jusqu'au quart de l'effectif). Ce problème serait à traiter comme celui du parasitisme des veaux. 1/ De même que la péripneumonie. 99. En conclusion, on peut affirmer que le seul moyen d'accroître la production du troupeau (moyen qui ne peut être envisagé que si l'on augmente la surface de pâturage), c'est de lutter contre toutes les maladies du bétail sur l'ensemble du territoire. Après une période particulièrement dure qui a provoque la disparition d'un grand nombre d'animaux parmi lesquels, malheureusement, une majorité de très jeunes et de jeunes reproductrices, il est absolument nécessaire de mettre en place une politique permettant de reconstituer aussi rapidement que possible la masse des "reproductrices" qui conditionne l'accroisse- ment du cheptel. IV. La Conduite du Troupeau (aspect social de l'élevage) 100. Pour 820.000 habitants de la Mauritanie (Maures ou Peuls), l'élevage est pratiquement l'unique ressource leur permettant de vivre. Ces gens plient leur mode de vie aux exigences du bétail et partent pour des transhumances longues et pénibles afin de pouvoir conserver leur cheptel. Le bétail tient donc une place essentielle pour ces nomades et si une partie de ces gens éprouve le besoin de sédentarisation, parfaitement ressenti dans tous le pays à la suite de cette année catastrophique, il n'en reste pas moins qu'ils prennent toutes les mesures nécessaires pour que les transhumances ancestrales puilsent se poursuivre. Par la production laitière, le troupeau permet aux éleveurs de vivre: c'est en effet l'aliment de base et souv2nt aussi un élément de troc pour obtenir du mil. L'autoconsom- mation de viande, surtout de petits ruminants, apporte aussi une part importante de l'aliment noble en protéines. 101. Nous avons calculé dans la première partie de ce rapport que l'élevage devait apporter à chaque famille nomade environ 69.000 francs CFA par an dont 25.000 en espèces. Ces revenus sont modestes mais ils sont les seuls possibles dans cette région et l'on peut affirmer que, dans toute la zone pastorale de la Mauritanie (soit tout le pays moins la vallée du fleuve Sénégal) il n'y aurait pas d'hommes s'il n'y avait pas d'élevage. Tout programme ayant pour objet d'améliorer les conditions de vie de ces pasteurs doit donc tendre à accroitre le cheptel (au moins au même rythme que l'accroisse- ment démographique) et à augmenter sa productivité. 102. Les troupeaux individuels sont de très petite taille. La moyenne, non significative, calculée à partir des statistiques glo- bales, est de: 2.000.000 : 12 boeufs par famille 160.000 et 7.000.000 : 44 moutons par famille 160.000 - 36 - Ces chiffres ne peuvent être pris pour exacts car il y a des familles de serviteurs n'ayant pas de bétail, mais ils montrent cependant que les grands troupeaux ne peuv.ot être qu'exceptionnels. Or les éleveurs n'interviennent sur le bétail que pour prélever le lait et les animaux disponibles (véritable "cueillette") sans jamais apporter de nourriture, donc sans action productive. Dans ces conditions, on constate qu'un nombre très anormal d'animaux "non finis" pour la boucherie sont vendue; notamment, une masse de taurillons abattus à moins de la moitié du poids qu'ils pourraient atteindre. 103. Ces pratiques ont une influence directe sur: - la structure du troupeau où l'on compte très peu de m9les adultes (taureaux ou castrés); - la productivité qui est évidemment faible; - la valeur des animaux chez le producteur qui ne peut être définie d'après des critères de coût de la nourriture ou du travail, mais s'établit en fonction de ce que peuvent payer les marchés de consommation. Il est évidemment difficile d'agir sur ces facteurs; seule la modernisation de certains circuits et la transformation fondamentale du comportement des éleveurs pourrý.nt modifier cette situation. 104. Il faut donc conclure qu'au coeur des problèmes soulevés par le développement de l'élevage se trouve l'éleveur ]ai-mâme. En effet, les qualités des pasteurs sont très remarquables puisqu'elles ont permis de maintenir et d'accroître un troupeau important dans un milieu particulièrement ingrat. Mais au stade actuel de l'évolution du pays on constate que rien ne pourra être entre- pris pour augmennter la production sans une participation active de l'éleveur, ni surtout sans un changement progressif de son comportement vis-à-vis de son troupeau. Il faudrait passer de 1téquilibre naturel avec le milieu à un stade plus élaboré où l'on apportera plus de soins aux jeunes animaux, où l'on portera plus d'attention nux maladies des adultes. A un stade plus avancé le pasteur devrait chercher.à produire des animaux plus lourds, à nourrir les animaux au travail et en production laitière. - 37 - C. EEMENTS D'UN PROGRAIE DE DEVELOPPEIENT I. Généralités 105. L'analyse de la production actuelle et de sa valeur met en évidence trois éléments fondamentaux: 1. l'exploitation laitière est forte compte tenu des faibles qualités du cheptel bovin en ce domaine. Chevre et chameaux sont proportionnellement de meilleurs producteurs; 2. les petits ruminants jouent un râle prépondérant dans les ressources pastorales; 3. la presque totalité des revenus monétaires provient des animaux de boucherie. Il faut rappeler que la demande en viande de tous les pays voisins est élevée et qu'elle ne fera que s'accroître dans les prochaines années. 106. Pour les bovins, tous les efforts devraient donc être portés sur la viande, la production laitière augmentera, du même coup, proportionellement au nombre des vaches. Pour le moment, il n'y a pas d'autre moyen d'améliorer cette production de lait car la mise en place d'animaux à haute productivité donc exigeants et la dis- tribution en abondance d'eau et de nourriture, sont des programmes difficiles à réaliser dans les conditions actuelles. Le milieu Sahélien, par contre, a une vocation affirmée pour "faire naître des bovins". Les jeunes mâles, dans un programme rationnel, devraient ensuite subir une embouche dans une région à forte production agri- cole, grande consommatrice de viande. 107. Dans les conditions actuelles, il n'y a pas en Mauritanie, de zone répondant écologiquement à cette possibilité. Par contre, si les programmes d'aménagement et le développement du GORGOL se réa- lisent, il faudra entreprendre la production d'animaux gras. En effet, les sous-produits de rizerie et de canne à sucre permettront l'embouche pour servir un circuit de distribution. On ne peut, en effet, imaginer d'engraisser des boeufs pour approvisionner les marchés traditionnels actuels, les animaux se déplaçant sur leurs pieds et perdant le poids acquis à grand frais. 108. Pour les bovins, c'est donc sur l'amélioration du potentiel de naissance que les efforts devraient porter, il en est d'ailleurs de même pour les petits ruminants. Le programme consiste donc, pour ces espèces animales, à lutter contre les diverses maladies qui déciment les élevages. Cette action augmentera la productivité, elle permettra aussi un sensible accroissement numérique, notamment des femelles reproductrices. Afin d'entretenir ce cheptel en expansion., il faudra ouvrir de nouveaux pâturages par urepolitique - 38 - rationnelle d'hydraulique pastorale. Ce sont donc les deux volets d'un programme de développement de l'élevage: - lutte contre les maladies du bétail; - amélioration des disponibles en eau et en pâturages. II. Lutte contre les maladies du bétail 109. La pathologie africaine est sévère. Cependant, les conditions de vie du bétail ne sont pas si mauvaises au Sahel en définitive car les animaux peuvent subsister toute l'année sans aucun appoint alimentaire, sans soins particuliers, sans abri. Cet équilibre naturel avec le milieu permet une survie d'une exploitation modeste, et même une légère croissance du troupeau quand on peut maîtriser la peste bovine. 110. Pour accroître de façon notable la production, il est nécessaire de tenir réellement en main toute la pathologie, dans son ensemble, sur toute l'étendue du territoire. Nous avons toujours constaté que lorsque les moyens sont insuffisants, ou lorsque l'action est limitée à un seul aspect des problèmes, les efforts déployés se révèlent inopérants et les résultats inconstants. Par contre, si l'on met en place des systèmes cohérents, dotés de moyens d'intervention suffisants, quand en définitive, un certain seuil a été atteint, toute entreprise devient payante et toute opération de lutte contre une maladie profitable. Nous estimons que cette notion de seuil de moyens à dépasser pour mettre en oeuvre un programme efficace est fondamentale. 111. C'est en groupant les moyens et en les intégrant dans des opérations bien coordonnées qu'on peut espérer un resultat positif, et non en travaillant en ordre dispersé et sans plan d'action. Pour entreprendre une action dans le monde pastoral, on s'appuyera nécessairement sur le service de l'élevage local dont l'activité est si limitée que le programme de développement proposé à la BIRD a parfois été intitulé "sauvetage du service de l'élevage". 1. La situation du service de l'élevage 112. Il est communement admis, semble-t-il, que le service de l'élevage, ne peut plus faire face à toutes ses obligations. Voici la situation de ce service: a. Effectifs en personnel 113. C'est en cadres de haut niveau que le déficit en personnel est le plus important. La Mauritanie possède cinq docteurs vétéri- naires. dont trois à Nouakchott: - 39 - - le premier n'est plus en activité; - le second, en congé de longue maladie depuis un an, doit prendre en charge le laboratoire; - le troisième est l'actuel directeur du service de l'élevage, le seul réellement en activité à Nouakchott. Les autres sont en service hors de la capitale: l'un, spécialiste des p9ches est gouverneur de la province de Nouadhibou, le second est directeur de l'abattoir de Kaëdi. En définitive, deux docteurs vétérinaires mauritaniens sont seulement en service, secondés par un confrère de l'assistance technique française. 114. Il est permis de signaler que plusieurs jeunes gens ayant acquis le doctorat vétérinaire ces dernières aMées, exercent aujcurd'hui en France. Il y a, aujcurd'hui, deux étudiants en première année de la nouvelle faculté vétérinaire de Dakar; ils sortiront en 1975. 115. La situation des cadres supéricurs de conception capables de mener à bien les opératirn, mérite d'étre prise en considération en vue d'une amélioration rapide. Il faudrait en réalité 12 vété- rinaires: un par région, un à l'abattoir de Kaedi et trois à la direction du service de l'élevage (dont un pour le laboratoire)-/. Le vétérinaire de Nouadhibou devrait être un spécialiste en matière de pêche maritime. 116. Les cadres moyens sont des agents ayant le niveau du brevet élémentaire. Cn compte: - 5 ingénieurs des travaux d'élevage sortant de l'école de Bambey (Sénégal); - 21 assistants d'élevage formés à l'école inter-Etat de Bamako (Mali). 117. Ils sont affectés comme chefs de secteurs et inspecteurs régionaux dans les provinces du pays à l'exception de la septième et de la huitième (Nouadhibou-Adrar et Tiris-Zemmour). La direction de l'élevage envisage de poursuivre la formation par l'école de Bamako au rythme d'un assistant tous les ans 2/ afin d'atteindre l'effectif de 35 unités puis d'assurer la relève. sans tenir compte dos besoins en enseignants (Kaedi, Faculté vétérinaire inter-états de Dakar, etc.). 2/ par promotion de2 élèves tous les 2 ou 3 ans selon les besoins. - 4 - 118. Le cadre d'exécution est formé d'infirmiers vétérinaires ayant le niveau du certificat d'études. Ils sont 76, aidés de 10 vaccinateurs. Ce nombre nous paraît suffisant, Il serait cependant inutile de l'accroître tant que les cadres supérieurs pour les diriger ne seront pas en place. Ces infirmiers sont maintenant formés à Kaedi, au centre de formation et de vulgarisation agricole. Les prévisions pour l'avenir portent sur les promotions de dix tous les deux ou trois ans, ce qui correspond à un recrutement de h à 5 agents par an nécessaire pour seùlement assurer la relève d'un ef- fectif de 90 personnes. Pour être exhaustif, ajoutons que le Service de l'élevage emploie 1 secrétaire et 30 chauffeurs. b. L'Infrastructure 119. Dans toutes les régions existent des centres d'immunisation plus ou moins récents, dont l'entretien nécessite une attention particulière. Il en est de même du bâtiment de l'élevage à Nouakchott. Il est permis de se demander si une augmentation des bâtiments de service ne poserait pas le problème des moyens à dégager localement pour les maintenir en état. A notre avis, il faudrait surtout aujourd'hui, accroftre les moyens d'action sans alourdir l'infrastruc- ture. Compte tenu de leur aspect fonctionnel, on peut admettre, à condition de bien choisir les emplacements, de mettre en service une dizaine de parcs à vaccination. 120. La direction de l'élevage a inscrit comme programme d'investissement: - à Nouakchott, la construction de bureaux pour la direction, dép6t de médicaments, logement 16.5 millions FCFA - la construction de 10 centres d'immunisation 90 millions FCFA - l'aménagement du laboratoire de Nouakchott 25 millions FCFA - la construction de 20 parcs de vaccination 35 millions FCFA Total 166,5 millions FCFA A l'exception du laboratoire de Nouakchott qui sera pris en charge par le FAC, aucune source de financement ne semble avoir été trouvée pour ces projets. c. Matériel - médicaments 121. Le service de l'élevage souffre, en ce domaine, d'une grande pénurie. Les véhicules sont presque tous hors d'usage (la plupart étant des "rescapés" de la campagne conjointe de lutte contre la peste bovine). Il est difficile aux équipes mobiles d'assurer - 41 - leurs déplacements avec ce parc automobile. Plus important encore, le matériel indispensable: seringues, aiguilles, appareils à droguer et les quelques médicaments de base manquent parfois en brousse et ne sont remplacés que parcimonieusement. Avec les moyens octroyés par le budget, il semble difficile au Service de l'élevage de faire face à ses responsabilités. En conclusion, pour tenter de mettre en oeuvre un programme efficace de lutte contre les maladies, il apparaît indispensable d'accroître- les moyens d'action du Service de l'élevage. 2. Lutte contre les maladies endémiques 122. Contre toutes les grandes affections contagieuses, la lutte de masse est la seule possible, elle se pratique par des vaccinations a systématiques et des mesures de prophylaxie dans les foyers. L'essen- tiel du travail est réalisé par des équipes mobiles possédant des moyens de conservation des vaccins fragiles et d'approche pour intervenir cur, les troupeaux. 123. Si on considère que l'objectif est de limiter au maximum la mortalité, quelle qu'en soit la cause, on ne devrait pas envisager une action limitée à une ou deux maladies. Au contraire, il serait plus réaliste d'utiliser les moyens disponibles pour effectuer le plus d'interventions possible. Cn pourrait, en effet, procéder à l'occasion d'un même déplacement, à plusieurs opérations: vaccinations ou traitements. Pour les vaccinations, il faudrait prévoir des inoculations contre la peste, la péripneumonie, le botulisme dans les zones contaminées et les charbons (symptomatique et bactéridien). Pour la péripneumonie, dans l'état actuel de nos connaissances, il est nécessaire de procéder à deux vaccinations par an et interdire dës maintenant l'usage du Novarsenobenzol pour traiter les malades. Dans la lutte contre le botulisme qui cause certainement plus de morts que peste et péripneumonie, la distribution de pierres à lécher doit compléter la vaccination. Les autres vaccinations ne posent aucun problème particulier. 3. Lutte ccntre divers parasitismes 124. Il faudrait intervenir contre les parasitismes des jeunes bovins. Ils sont en effet responsables, associés à la malnutrition, des fortes pertes constatées au moment du sevrage des veaux, La mortalité des moutons est également provoquée par un parasitisme gastro-intes- tinal intense. Compte tenu de l'importance de l'élevage des petits ruminants dans les revenus des pasteurs, des campagnes de déparasitage devraient être entreprises. La trypanosomiase du chameau de bât et la gâle sont les affections principales de cette espèce méritant de retenir l'attention. Des campagnes de lutte systématique contre tous ces parasitismes devraient être conduites à l'occasion des dé- placements des équipes mobiles pour les vaccinations. - 42 - 125. Nous avons constaté que la péripneumonie demandera sans doute pendant quelques années, deux interventions par an. Il est donc parfaitement raisonnable de jumeler, selon la saison plus ou moins favorable aux vermifugations, vaccinations diverses et traitements anthelmintiques. Il n'en coûtera que les médicaments, du temps passé et la mise au point d'une organisation méthodique, 126. Ces interventions contre les parasites gastro-intestinaux paraissent d'autant plus intéressantes, qu'à terme, elles devraient pouvoir être prises en charge et effectuées par les éleveurs eux-mêmes. On ne peut envisager cette évolution pour les vaccinations car elles n'ont d'intérêt que si l'on touche tous les animaux, ou pour le moins, leur grande majorité. En s'-rte que ces vaccinations resteront longtemps obligatoires, gratuites, faites par le- Service de l'élevage. 127. Par contre, les traitements contre les verminoses auront à coup sûr du succès auprès des pasteurs (ceux qui sont administrés, actuellement, sur de grands effectifs, à M4adagascar 1/ en sont la preuve). On peut donc parfaitement envisager qu'apr*Fs plusieurs campagnzj, les éleveurs achetèront les médicaments, et les distribueront eux-mêmes. Ce système a déjà été appliqué en Mauritanie même, dans les années 1950, pour la gêle du chêmeau et le parasiti~me des moutons (avec des traitements beaucoup moins actifs que ceux qua l'on utilise aujourd'hti). Le service de l'élevage était le dépositaire des médi- caments et des affiches très simples, très stylisées et très évoca- trices 2/ encourageaient les éleveurs à acheter ces produits. Le système n'a cependant pas été poursuivi. Il pourrait être relancé, après des campagnes de démonstration, selon les mêmes méthodes. Ce qui importe, surtout, c'est d'utiliser des produits hautement efficaces dont l:effet économique apparaitra clairement aux éleveurs. 4. Difficultés d'un tel programme 128. La mise en place d'un tel programme de lutte contre les maladies du bétail soulève de très grandes difficultés. D'abord, parce que le service de l'élevage actuel pourrait difficilement l'appliquer. Ce travail exige une organisation parfaite, une coordination des opéra- tions dans chaque région, un "service d'entretien et d'approvisionne- ment"constant pour le matériel de toute nature: véhicules, fabriques de glace, vaccins, médicaments, matériel de campagne. Aucun gaspillage ne peut être toléré compte tenu des faibles ressources du pays, il ne faut pas, par exemple, que les véhicules soient utilisés à d'autres fins que celles pour lesquelles ils sont prvus Non seulement le Servico de l'élevage aurait à déployer une activité beaucoup plus grande mais l'administration régionale devrait également aider, de tous les moyens dont elle dispose, la mise en oeuvre des opérations. 1/ Campagnes conduites par l'Institut d'Elevage et Médecine vétér- inaire des pays tropicaux. 2/ dont on peut encore voir certains exemplaires dans les pays de brousse. - 43 - 129. Enfin, il faudrait mettre en place du personnel de très haute qualification sur le te rrain pour assurer un contrâle efficace de l'exécution, capable aussi de prendre les mesures conjoncturelles imposées par des évènements imprévus et d'indiquer, en conséquence, les modifications à apporter au programme initial. Enfin, la difficulté technique la plus grande viendra de la lutte rationnelle contre la péripneumonie, ce qui exige non seulement une ou deux vaccinations annuelles mais aussi des mesures coercitives dans les foyers, sur les marchés, dans les troupeaux de commerce. 130. Il faudrait également évoquer les charges récurrentes qu'une telle opération provoquerait pour ne pas 6tre considérée seulement comme un "feu de paille". La campagne conjointe de lutte contre la peste bovine doit 6tre suivie pendant un temps suffisamment long "d'opération de maintenance". Il en serait de même pour le programme actuellement envisagé: un effort soutenu et prolongé serait indispensable pour maintenir à un niveau efficace l'activité du Service de l'élevage, l'approche des éleveurs, les opérations sur le terrain, sans lesquelles l'effort de quelques années resquerait d16tre perdu. En fait, il s'agit seulement de redonner sa place et de maintenir le Service de l'élevage au niveau que mérite l'ac- tivité pastorale dans le pays. III. Hydraulique pastorale 131. Le problème de l'eau est vital en Mauritanie. Des solutions rapides à un certain nombre de difficultés permettront d'accroître le troupeau dans les conditions satisfaisantes pour permettre au nombre grandissant de familles de pasteurs de mieux vivre, leurs revenus étant directement liés à l'effectif de leur cheptel. Mais dans tous les pays du monde, la recherche de l'eau et la mise en place des équipements est un problème permanent. Cn ne peut donc chercher à régler en un seul programme toutes les situations. Mais il faut aussi tenir compte de la conjoncture actuelle: de très nombreux ouvrages construits depuis moins de vingt ans sont abandonnés par les pasteurs parce que cassées, en mauvais état, inutilisables. Parfois ingme des puits en bon état ne sont pas fréquentés car le pâturage son pourtour est soit insuffisant, soit détruit par le feu, Or il ne faudrait pas perdre de vue que l'objectif unique de la création de points d'eau est d'ouvrir de nouveaux pâturages. 132. Avant toute décision, soit pour reprendre un ancien puits, soit pour en créer un nouveau, on devrait faire une sérieuse enqudte sur le terrain pour savoir si le pâturage justifie l'opération et si l'ouvrage sera utilisé par un nombre suffisant de pasteurs. Chaque décision d'exécution ou de remise en état d'un puits devrait donc 6tre conditionnée par un avis 'un agent qualifié du Service de l'élevage et par un agrostologue. 1/ Un jeune agrostologue mauritanien est actuellement en formation à l'Institut d'Elevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux, Il faudrait en former d'autres. - 44 - - L'enquête ne doit pas être une simple visite mais une étude réelle avec prélèvement- d'échantillons, détermination de la densité d'arbres utiles, de la surface disponible, de la présence ou non de points d'eau temporaires sur cette zone, de l'occupation actuelle par certains troupeaux ou non. Rappelons que le rayon optimum d'utilisation des parcours autour d'un point d'eau est de 12 kilomètres, celui de 15 kilomètres devant âtr considéré comme la limite supérieure ne pouvant être dépassée. L 133. Ce n'est qu'après des conclusions très favorables que l'on pourrait entamer le travail; si l'on s'apercevait que de grands frais doivent être engagés pour un gain médiocre, il faudrait le différer. Compte tenu de la situation du plus grand nombre des ouvrages en place, le programme devrait: - donner la priorité à la remise en état de puits abimés mais bien placés; - construire ou rénover les ouvrages en appliqirant des techniques mieux adaptées aux conditions d'emploi dans le pays. 134. Il apparait difficile en effet de creuser de nouveaux puits alors qu'n nombre aussi grand reste inutilisé et mérite d'être entretenu; on risque autrement de voir s'accroÎtre encore le nombre des ouvrages dégradés. Les éleveurs auraient sans doute pu en effet entretenir, parfois avec beaucoup de risques, les puits traditionnels peu profonds dans le cas des "puisards" ou très profonds mais seulement consolidés par des branèhes, mais ils ne peuvent absolument pas faire le moindre travail sur des ouvrages bétonnés. Aussi, quand le massif filtrant est dégradé ou le cuvelage cassé, les pasteurs préfèrent abandonner le puits. C'est donc en mettant en service, avec des moyens suffisants, les équipes d'entretien des puits que l'on devrait d'abord envisager l'amélioration de l'abreuvement. 135. La dégradation des ouvrages a pu être provoquée, soit par les utilisateurs, soit par des infiltrations: - lorsque la hauteur d'eau libre dans le bas du puits est trop grande, les utilisateurs ont lancé des branches, des morceaux d'arbres, de façon à pouvoir récupérer leurs puisettes en peau de mouton ou de chèvre qui parfois tombent au fond. Cette pratique a souvent brisé les massifs filtrants d'oÙ abaissement du débit et même stérilisation par ensablement. Si on réalise des puits ayant une grande quantité d'eau dans le fond, il est prudent d'y mettre du gravier afin de laisser seulement un peu moins d'un mètre d'eau libre; - les superstructures des puits que nous avons vus semblent lf P. Receveur. Définition d'aménagement hydro-pastorale dans la zone sylvopastorale. assez peu adaptées aux usages locaux. La protection en béton autour de la margelle est étroite, aussi les abreuvoirs pour le bétail sont trop près du puits et l'eau qui déborde s'infiltre sous la superstructure et affouille le cuvelage qui se déforme et se casse. 136. Pour la construction des nouveaux puits (et les aménagements des anciens): 1) les abreuvoirs devraient être placés à vingt mètres au moins du puits reliés aux déversoirs par des canalisations d'où l'eau ne peut déborder; 2) une dalle circulaire d'au moins dix mètres de diamètre pro- tégera la margelle et sera bordée d'un muret empêchant l'eau. de transformer en bourbier les alentours du puits; 3) des vasques assez vastes seront disposées sur la dalle où les femmes pourront emplir aisément leurs outres. L'eau en excès sera renvoyée vers le puits. 137. Il faudrait, dans toute la mesure du possible, éviter le bourbier. Si celui-ci est inéluctable autour des abreuvoirs il faut tenter de le re- pousser le plus loin possible de l'ouvrage qui risque d'être dégradé par les infiltrations. 138. Les ouvrages étant en place, leur entretien étant assuré par des équipes spécialisées, il est encore nécessaire, pour que le terroir soit utilisé au mieux sans risque de dégradations, que les pasteurs se soumettent à une grande discipline collective. En effet, aussi bien pour conserver le pâturage, éviter les surcharges des années de faible pluviométrie, et pour éviter d'abimer les ouvrages, c'est aux pasteurs à se soumettre à des règles communautaires. Or, nous avons le sentiment qu'il est difficile de leur faire accepter les contraintes nécessaires. 139. Deux points particuliers méritent d'attirer l'attention car souvent, pour des raisons théoriques, on omet de considérer la réalité "terre à terre" des choses. 1. La création d'ouvrages définitifs a souvent provoqué l'abandon de puits traditionnels ou de puisards. Dans ces conditions, la surface de pâturage ouverte a parfois été plus faible que celle précédemment utilisée. Une des précautions à prendre est donc de bien envisager l'ensemble des possibilités hydrauliques d'une région et de les employer toutes. Il peut être aussi avantageux d'aménager une zone de puisard que de créer des puits profonds. Très souvent, les points d'eau temporaires per- mettent de retarder la transhumance vers un puits permanent et ainsi de conserver le plus longtemps possible intact le pâturage dont on aura besoin pendant le plus dur de la saison sache. - >46 - 2. La priorité a été donnée jusqu'à présent à des zones réputées "pauvres en eau" et cette méthode se justifiait parfaitement quand on a commencé A aborder le problème, mais en examinant les choses de plus près, on constate aujourd'hui que dans cer- taines régions cataloguées comme bien pourvues en eau, de grandes surfaces de pâturages restent inutilisées a la fin de la saison sèche alors que du bétail a souffert. Il est néces- saire d'aller plus loin dans la prospection des besoins et de ne négliger aucune région délevage, m6me parmi celles qui semblent être les mieux partagées. 140. La mise A disposition de l'eau, m6me en abondance, ne doit jamais avoir pour objectif la sédentarisation du bétail. Si, par exemple, des régions pouvaient être équipées de forages, comme au Sénégal, voire de forages artésiens, comme au Nigéria, il faudrait se garder de suivre la môme politique. Dans ces pays, en effet, ce qui apparut d'abord comme une grande possibilité de développement, s'est transformé, par la fixation des pasteurs, en un problème pratiquement insoluble. Les éleveurs n'ayant pas modifié leur comportement ancestral, ont stérilisé d'énormes surfaces de pâturage; le bétail ne s'est pas accru, de nouvelles maladies le déciment. L'utilisation de tels points d'eau devrait s'accompagner d'un changement des méthodes d'élevage avec distribution d'aliments et création de réserves de fourrage par les pasteurs. 141. Rappelons que le point d'eau n'a de valeur que si les parcours qui l'entourent peuvent supporter le nombre d'animaux abreuvés. Or. il arrive que des feux non contr6lés détruisent des milliers d'hectares de pâturage. Les pare-feux permettent de se protéger de ce fléau. Leur justification économique est du type tout ou rien. Ou bien les puits construits A grands frais seront très fréquentés, ou bien inutilisés car entourés d'un désert. 142. Cn a constaté que plus de 3.000 kilomètres de pare-feux existaient en 1960. Par manque de maintenance, ils ont complètement disparu aujourd'hui. Comme pour les puits, il ne suffit pas de réaliser l'équipement, il serait nécessaire d'en assurer régulièrement l'entre- tien et de suivre avec persévérance. en permanence, l'état des par-deux qui peuvent d'ailleurs servir de pistes dans certaines zones. Nous avons vu dans la liste des aides extérieures que le FAC a accordé en 1963 des moyens mécaniques pour la conservation de ces pare-feux: nous n'en avons pas retrouvé trace. 143. Nous croyons de notre devoir de souligner, et c'est vrai pour tous les programmes d'élevage, que l'essentiel est d'avoir dans les opérations une grande ténacité, et assurer un contrâle minutieux. Nous avons eu le sentiment que pour de nombreuses opérations, on a considéré que la réalisation de l'ouvrage était une fin en soi. - 47 - D. L'AVENIR DE L'ELEVAGE lu. Un programme n'est qu'un pas. Il devrait être conçu pour passer une étape et préparer l'avenir. Il ne peut tout résoudre et c'est aux responsables mauritaniens qu'appartiennent les décisions fondamentales. Une certitude peut justifier une politique: le pays et les gens sont voués à l'élevage car les conditions sont bonnes; les pasteurs ne peuvent trouver d'autres moyens pour vivre et, les marchés de la viande dans les pays voisins sont fortement en expansion. 145. Pour permettre au service de l'élevage de tenir le râle essentiel qui lui est réservé dans ce développement, il est extrêmement important dans une première étape d'orienter rapidement une douzaine de bacheliers vers les études vétérinaires pour les affecter dans toutes les régions aux taches essentielles du terrain. 146. La promotion humaine des éleveurs doit se faire par l'amélioration de leur production. Ce n'est pas seulement en envoyant les jeunes à l'êcole primaire que l'on obtiendra ce résultat. En général, au contraire, les paysans sont déracinés après un enseignement théorique inadapté au contexte. L'éducation des pasteurs ne peut être faite que pendant la saison sèche autour des puits. Elle doit intéresser autant les adultes que les enfants car, chez les nomades, la connaissance est transmise par les anciens. Il n'est pas possible qua les jeunes modifient quoi que ce soit sans la coopération et l'accord de leur famille. 147. Parmi les programmes que l'on pourrait envisager (sans revenir â ceux que nous avons évoqués au titre C), nous pensons: - aux possibilités d'embouche intensive dans la région de Kaed.i, lorsque le projet Gorgol entrera en activité; - à examiner les possibilités d'aménagements hydrologiques des défluents du fleuve Sénégal dans le Delta, à condition toujours qu'une sérieuse étude agrostologique montre l'intérêt d'équiper la région. Des surfaces assez vastes pourraient être ouvertes% - à la place que doit prendre le bétail dans le développement de l'agriculture dans la vallée du fleuve. C'est là que la Mauritanie devra créer un "nouvel élevage" où l'on no ferapas naître les animaux (ce qui demandé trop de place) mais o 'on utilisera les taurillons produits par les nomades. Cette utilisation, outre le travail animal, permettra de produire des animaux de boucherie par apport de nourriture.