FEBRUARY 2019 LSMS-ISA COUNTRY BRIEF MALI Enquête Agricole de Conjoncture Intégrée 2017/2018 COÛTS ET REVENUS DE LA PRODUCTION VÉGÉTALE AU MALI En 2017/2018, la Cellule de Planification et de Statis- revenus de la production des principales cultures céré - tique du Secteur Développement Rural (CPS/SDR) du alières. Enfin, la collecte innovative de données sur les Mali, avec l’appui de l’équipe d’Étude sur la Mesure des responsables des parcelles et les informations sur la main Niveaux de Vie (LSMS) de la Banque Mondiale, dans le d’œuvre agricole désagrégées par sexe et catégorie d’âge cadre du projet LSMS-ISA financé par l’USAID, a mené permet aussi d’avoir une perspective par genre. une enquête agricole intégrée aux conditions de vie des La terre dans les ménages agricoles ménages (EAC-I) au Mali. Cette enquête s’est faite en deux visites : Une première visite de Septembre à No - Au Mali, l’exploitation agricole moyenne est d’environ 7 vembre 2017 et une deuxième de Décembre 2017 à Fé - hectares mais sa dimension varie entre les régions du vrier 2018. L’EACI-2017/2018 comprend deux versions pays. A Tombouctou et Gao, on trouve les exploitations de questionnaire : une version légère administrée à 8398 les plus petites (entre 1.3 et 1.4 hectares). Les exploita- ménages et une version lourde comprenant des infor- tions les plus grandes se trouvent en ordre décroissant mations supplémentaires clés pour le calcul des revenus. dans les régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti. Cette dernière version a été administrée à un échantillon Dans ces régions, l’exploitation moyenne est entre 7 et réduit de 3818 ménages1. 10 hectares. Cette note utilise alternativement les deux échantil- Ces différences régionales se retrouvent dans la taille lons selon la disponibilité des informations dans chaque moyenne et le nombre moyen de parcelles par ménage. questionnaire. Son objectif est de donner une vue d’en- C’est dans les régions de Kayes, Tombouctou et Gao que semble des exploitations agricoles, en décrivant l’accès à l’on retrouve les plus petites parcelles (moins d’un hec- la terre, l’utilisation des intrants et de la main d’œuvre. tare en moyenne). Tandis que Koulikoro, Sikasso, Ségou La note donne aussi une vue d’ensemble des coûts et des et Mopti ont des tailles moyennes de parcelles avoisinant les deux hectares. La différence de taille des exploita- Tableau 1 – Taille des parcelles gérées par genre Taille Taille moyenne des parcelles Nombre moyen des parcelles moyenne de l’exploitation Moyenne Générale Femmes Hommes Moyenne Générale Femmes Hommes Mali, ha 7.1 1.8 0.6 2.0 3.9 0.5 3.4 Mali, % 100 13.7 86.3 Kayes, ha 4.0 1.1 0.4 1.5 3.7 1.4 2.3 Kayes, % 100 37.5 62.5 Koulikoro, ha 10.6 2.0 0.5 2.4 5.3 1.0 4.3 Koulikoro, % 100 19.7 80.3 Sikasso, ha 9.8 1.9 0.6 2.0 5.2 0.5 4.7 Sikasso, % 100 9.1 90.9 Ségou, ha 7.7 2.2 1.5 2.2 3.5 0.03 3.5 Ségou, % 100 0.8 99.2 Mopti, ha 7.0 2.0 1.4 2.0 3.6 0.2 3.4 Mopti, % 100 6.2 93.8 Tombouctou, ha 1.3 0.8 0.7 0.8 1.5 0.03 1.5 Tombouctou, % 100 1.7 98.3 Gao, ha 1.4 0.8 0.8 0.8 1.9 0.09 1.8 Gao, % 100 4.8 95.2 1 Les deux échantillons (lourd et léger) permettent d’obtenir des estimations représentatives au niveau national. Tableau 2 – Pourcentage des parcelles utilisant les engrais et les pesticides (herbicides, produits phytosanitaires) par région et genre du responsable de la parcelle Engrais Engrais Engrais Engrais Engrais Engrais Pesticides, Pesticides, organique, organique, chimiques, chimiques, Pesticides organique chimiques femme homme femme homme femme homme Mali 42% 14% 75% 30% 12% 67% 19% 13% 56% Kayes 26% 16% 35% 4% 2% 9% 13% 8% 22% Koulikoro 45% 11% 68% 33% 18% 60% 21% 7% 49% Sikasso 34% 6% 79% 50% 33% 84% 42% 38% 81% Ségou 49% 10% 98% 34% 30% 98% 11% 15% 93% Mopti 67% 30% 91% 18% 6% 73% 8% 13% 52% Tombouctou 4% 4% 63% 51% 53% 97% 2% 0% 63% Gao 11% 0% 73% 5% 14% 51% 1% 5% 7% tions entre ces deux groupes de régions provient aussi du avec des taux d’utilisation très élevés pour les parcelles gérées nombre de parcelles qui est plus élevé dans le deuxième. par les hommes dans les régions a fort caractère agricole. La gestion de la terre est principalement une prérogative En examinant les résultats par région, l’on constate qu’à Si- des hommes. En effet, dans la majorité des régions, la super- kasso et Tombouctou l’engrais chimique est appliqué plus fré - ficie moyenne des terres gérées par les femmes est bien in- quemment que l’engrais organique. A Sikasso encore, le taux férieure à celle gérées par les hommes. Aussi, seulement 14 d’utilisation de pesticides est considérable, en particulier pour pourcents des parcelles dans les exploitations agricoles sont les parcelles gérées par les hommes. gérées par des femmes. Les données relèvent une gestion fé - L’utilisation des semences reste aussi très faible. Le taux de minine des terres très modeste à Gao, Tombouctou et Ségou, parcelles recevant ces semences pour les céréales varie entre où les taux de participation sont très bas et encore insuffi- 14 et 25 pourcents dans les régions. sants dans les régions où la gestion féminine est plus présente (voir les 37 pourcents à Kayes). Le travail dans l’exploitation végétale La main d’œuvre dédiée à la production végétale malienne L’utilisation des intrants dans l’exploitation provient surtout du ménage (Figure 2). A Koulikoro, Sikasso végétale et Gao, le travail salarié apparaît quelque peu. Quant au travail En général, l’application d’engrais (organiques et chimiques ) et du groupe d’entraide, on le retrouve plus à Gao et Tombouc- de produits phytosanitaires est encore faible au Mali, en parti- tou où il représente respectivement 24 et 32 pourcents de la culier lorsque les responsables de parcelles sont des femmes. main d’oeuvre totale. On remarque qu’en moyenne les exploitations maliennes utilisent rarement les intrants chimiques, et cette utilisation Si l’on regarde la répartition de la main d’œuvre entre femmes, varie entre les régions du pays et selon le genre des respon- hommes et enfants (moins de 15 ans) pour chaque type de sables de parcelle. En général, les producteurs appliquent des main d’œuvre dans la Figure 3, on constate que les hommes engrais chimiques environ sur 30 pourcents des parcelles et composent la partie la plus grande du travail familial, salarié les engrais organiques environ sur 40 pourcents de parcelles. et d’entraide dans presque toutes les régions sauf à Kayes où L’utilisation de pesticide apparaît faible au niveau national mais la participation des femmes et des hommes dans les activités agricoles est presque égalitaire. Figure 1 – Pourcentage des parcelles utilisant Figure 2 – Composition du travail dans les semences améliorées pour les cultures l’exploitation malienne (pourcents jours- céréalières personnes) 25 1 parcelles utilisant les semences améliorées % 20 .8 15 .6 10 .4 5 .2 0 0 Kayes Koulikoro Sikasso Ségou Mopti Tombouctou Gao Kayes Koulikoro Sikasso Ségou Mopti Tombouctou Gao Familial Salarié Entraide Figure 3 - Répartition de la main d’œuvre (pourcents jours-personnes) par catégorie démographique (pourcents jours-personnes) 1 .8 .6 .4 .2 0 l le tra e e l le tra e e l le tra e e l le tra e e l le tra e e l le tra e e l le tra e e En arié id En arié id En arié id En arié id En arié id En arié id En arié id Sa ilia Sa ilia Sa ilia Sa ilia Sa ilia Sa ilia Sa ilia m m m m m m m Fa Fa Fa Fa Fa Fa Fa Kayes Koulikoro Sikasso Ségou Mopti Tombouctou Gao Hommes Femmes Enfants En général, la participation des enfants aux activités des ploitation (y compris engrais organique et chimique, phyto - exploitations agricoles est remarquée au niveau de la main sanitaires, semence, main d’œuvre salarié et le labour des d’œuvre familiale et négligeable dans les autres types de main parcelles), la deuxième inclut aussi la valorisation de la main d’œuvre. On notera qu’à Kayes, la main d’œuvre salariée des d’ouvre familiale (calculée sur la base du taux moyen du travail enfants atteint près de 18 pourcents du travail salarié même salarié évalué au niveau du cercle). si celui-ci représente seulement 0.5 pourcents de la main Le constat fait plus haut de la faible utilisation d’intrants tel d’œuvre utilisée sur les parcelles. que les engrais et les semences améliorées se traduit par des Les coûts de production coûts de production assez faible si l’on ne tient pas compte la main d’œuvre familiale. Si l’on examine les chiffres en détails, Les résultats présentés ci-dessus donne l’image de l’agri- la production du riz semble avoir les coûts de production les culture des petits producteurs au Mali avec un accès assez plus élevés, à la fois en termes d’intrants, et en termes de considérable à la terre (plus prononcé pour les hommes), une la valeur du travail familial utilisé. Avec un coût total de 214 utilisation assez faible d’engrais et de semences améliorées en FCFA par Kg (main d’œuvre familial incluse), le fonio a le plus contraste avec une utilisation assez répandue de pesticides haut coût unitaire de production des principales céréales du (surtout d’herbicides) et qui s’appuie sur une main d’œuvre pays. Ce résultat semble être dû en partie au fait qu’il requiert essentiellement familiale. Ces constats sont reflétés dans les une main d’œuvre importante. En revanche, le mil a des coûts coûts de production qui sont présentés dans le tableau suivant de production plus bas par hectare et par kilogramme compa- pour les principales cultures. rativement à toutes les autres céréales. On retrouve dans le Tableau 3, les coûts moyens par hec- La production végétale au mali : l’importance tare de terre cultivée et par kilogramme de chaque produit. des céréales La première colonne présente l’ensemble des coûts d’ex- Pour avoir une idée du revenu provenant de la production végétale, cette analyse s’intéresse particulièrement à la pro - duction céréalière. En effet, la production céréalière est très Tableau 3 – Coûts moyens de production des principales importante au Mali. Lors de la campagne 2017/2018, 68.5 céréales (FCFA) pourcents des exploitants maliens ont cultivés du Mil, Maïs, Coûts par ha, Sorgho, Riz ou Fonio et la valeur moyenne totale de la pro - Coûts par kg, éval- Coûts par évaluation du Coûts uation du travail duction végétale par exploitation a été de 631,919 FCFA, dont ha travail familial par kg incluse familial incluse 446,107 dérivants de la production céréalière. Comme aussi représenté par la Figure 4, on remarque que 29 pourcents de Mil 26,631 62,399 55 120 la valeur de la production totale a été tirée seulement par le Sorgho 23,826 92,299 42 176 mil, 21 pourcents par le riz et 27 pourcents par le sorgho et Riz 144,989 213,563 140 200 le maïs. Ces chiffres soulignent l’importance de la production Mais 47,795 133,003 54 153 céréalière pour les exploitations agricoles maliennes et in- Fonio 5,929 143,675 31 214 vitent à une analyse plus détaillée de la production céréalière. Figure 4 - Pourcentage de la valeur de la Figure 5 - Valeur de la production des production tirée des céréales principales céréales (FCFA) 250000 30 Pourcentage de la valeur de production 200000 Valeur de production 20 150000 100000 10 50000 0 0 Mil Sorgho Riz Maïs Fonio Sorgho Fonio Mil Maïs Riz La Figure 5 montre la valeur de la production tirée de la pra- sous révèlent des revenus modestes de la production agricole, tique des principales céréales au Mali. Le riz apparaît comme les exploitations agricoles ne sont pas en mesure de dégager la culture qui génère le plus de revenus par hectare de terre une marge importante et sont confinées à une agriculture de cultivée mais il convient de rappeler que le riz est aussi la subsistance. Toutefois en observant que la mobilisation des culture la plus coûteuse en termes d’investissement. Si on re - facteurs de production reste faible (à part la terre et la main garde la valeur de la production et les coûts dans l’ensemble, d’œuvre familiale), on comprend qu’il existe une marge de on note que le mil est la culture céréalière la plus profitable. manœuvre importante pour une amélioration de la produc- Les valeurs de production et les coûts présentés ci-des- tion et donc des revenus des exploitations agricoles. Photo © Dominic Chavez/World Bank/2013 SURVEYS.WORLDBANK.ORG/LSMS