Précis D É P A R T E M E N T D E L É V A L U A T I O N D E S O P É R A T I O N S A U T O M N E 1 9 9 7 N U M É R O 1 5 5 Deux projets en un : les enseignements jamaïquains L E PROJET D'ÉDUCATION FINANCÉ PAR LA BANQUE mondiale et réalisé à la Jamaïque entre 1988 et 1994 comprenait deux volets très différents, dont la coexistence a été difficile. Le premier volet, préparé en 1985, consistait à tester et évaluer diverses formules de restructuration du premier cycle du secondaire (classes de cinquième à troisième) et d'accroissement de sa capacité d'accueil. Le second, mis en place deux ans plus tard, visait à proposer des prêts aux étudiants de condition modeste et à élaborer un plan de recouvrement des coûts pour l'enseignement supérieur. L'audit effectué par l'OED* a établi que ces deux volets auraient dû constituer deux projets indépendants et qu'ils auraient dû appuyer davantage la préparation et la mise en oeuvre du renforcement des capacités institutionnelles. Le volet sur l'enseignement secondaire a deux opérations en une seule, plusieurs reçu le ferme soutien des pouvoirs publics enseignements se dégagent de l'expérience et fait l'objet d'une gestion et d'une super- quant aux moyens à mettre en oeuvre vision satisfaisantes, ce qui n'a pas été le pour assurer la pérennité des projets cas du volet sur les prêts étudiants. Le pilotes transposés à l'échelle d'un pays. premier a ainsi atteint une partie de ses objectifs, alors que le second s'est Approbation tardive globalement soldé par un échec. Le projet En 1985, on constate un essoufflement de a favorisé l'amorce d'une évolution posi- l'économie jamaïquaine et un tive dans l'enseignement secondaire, ainsi resserrement des budgets alloués à que l'établissement d'un dialogue entre l'enseignement public ; la Banque l'emprunteur et la Banque sur l'affectation approuve alors un Projet de préparation à l'éducation de base des subventions de programmes éducatifs et de prêts jusque-là destinées à l'enseignement étudiants, qui vise à remplacer les écoles supérieur. Au-delà de la combinaison de complètes par des établissements 2 Département de l'évaluation des opérations de la Banque mondiale spécialisés dans le primaire ou le secondaire, à accroître Prêts étudiants la capacité d'accueil dans les classes de cinquième à En dehors d'une injection modeste de devises et de troisième, et à améliorer la qualité de l'enseignement et quelques améliorations des procédures de recouvrement, de l'apprentissage dans le secondaire. Le premier cycle le volet consacré aux prêts étudiants n'a guère eu de du secondaire est considéré comme un levier permettant retombées positives. Après le décaissement des fonds de réformer l'ensemble du système éducatif. en 1988, l'emprunteur n'a pas pris les mesures Il s'agit à l'époque d'appliquer et d'évaluer un convenues pour consolider le système de prêt. De son nouveau programme d'enseignement du premier cycle côté, la Banque n'a pris aucune mesure corrective. du secondaire dans des bâtiments reaménagés. Vingt Paradoxalement, c'est l'échec de ce volet qui a incité écoles pilotes doivent bénéficier d'un appui intensif, les pouvoirs publics à remanier le système. La réforme a notamment d'une formation en cours d'emploi pour les démarré sur des bases plus saines au milieu des enseignants, de services de conseil à l'intention des années 90, avec un financement de la Banque à l'appui directeurs d'établissement, de nouveaux matériels d'un projet de prêts étudiants. pédagogiques et d'une surveillance régulière. Si les populations appuient fermement le projet dans certaines Pérennité zones, dans d'autres, en revanche, les parents issus de la Le programme élargi (à l'échelle nationale) de réforme classe moyenne redoutent que l'accueil, dans ces de l'enseignement secondaire est en cours de réalisation nouveaux établissements, d'élèves de condition modeste et bénéficie du soutien d'un Projet complémentaire de ne nuise à la qualité de l'enseignement dispensé à leurs réforme de l'enseignement secondaire financé par la enfants dans les établissements élitistes du secondaire. Banque. Le pays n'a cependant toujours pas les moyens En 1987, la Banque ajoute un second volet à son de financer seul les améliorations onéreuses encore projet, afin de pallier le manque de ressources immédiat, nécessaires au niveau des écoles et des classes. Si de développer le dispositif existant de prêts aux étudiants l'apport intensif de services et d'intrants aux écoles et de promouvoir un plan de recouvrement des coûts pilotes se tarit, les enseignants et la communauté se dans l'enseignement supérieur. C'est de mauvais gré que démobiliseront, ce qui entamera les bases de la réforme. l'emprunteur accepte ce volet, présenté comme une con- Il apparaît déjà que les fonds ordinaires générés dition du décaissement rapide d'un montant de 2,6 mil- localement pour financer le fonctionnement et l'entretien lions de dollars destiné à alimenter le fonds des prêts des écoles, l'assistance technique aux enseignants, étudiants. Pendant la phase préparatoire, la capacité du l'acquisition régulière de nouveaux matériels Bureau des prêts étudiants à mettre en oeuvre les pédagogiques et la surveillance étroite des écoles ne activités prévues est quelque peu négligée. L'exécution suffiront pas à couvrir les besoins d'un programme de du nouveau projet commence finalement en mai 1988, la portée nationale. date d'achèvement prévue tombant moins de quatre ans Dans les zones pilotes, les nouveaux établissements plus tard. doivent obtenir des résultats équivalents à ceux des écoles traditionnelles pour s'assurer du soutien du corps Enseignement secondaire enseignant et de tous les segments de la population. On Le ministère de l'Éducation a très bien su définir un a cependant des raisons de penser que les premières nouveau programme et concevoir de nouveaux supports écoles pilotes ne bénéficient plus du même appui pédagogiques pour le premier cycle du secondaire. La mise qu'auparavant, maintenant que la réforme s'étend à tout en chantier très tardive de la rénovation des bâtiments, en le pays. partie imputable aux retards pris dans les travaux et au Pour pérenniser les acquis, l'audit recommande aux passage d'un ouragan, n'a toutefois pas facilité la mise en autorités responsables de l'éducation de prendre les place des programmes dans les écoles pilotes. Les meilleurs mesures suivantes : résultats ont été enregistrés dans les établissements dotés n Déterminer les besoins de financement ordinaire à d'une direction extrêmement compétente et de moyens tech- partir de l'évaluation sur le terrain des véritables niques importants. La fréquentation scolaire et les besoins des écoles, et non à partir des budgets méthodes d'enseignement se sont quelque peu améliorées. précédents. L'évaluation des sites pilotes a cependant laissé à désirer et n Affecter des ressources à l'enrichissement du stock de n'a pas fourni les renseignements escomptés sur la ligne matériels pédagogiques et au financement de services d'action à suivre. Cette lacune explique que le programme de surveillance régulière, de conseil et de formation pilote n'ait pas généré les informations qui auraient des enseignants. normalement aidé à convaincre l'ensemble de la n Aider les écoles à élaborer et mettre en oeuvre des collectivité du bien-fondé de cette réforme scolaire. programmes d'entretien courant et préventif, qui Précis 3 soient réalistes et d'un bon rapport coût-efficacité, et juridique ne peut pallier l'absence de préparation fournir en temps voulu les fonds et l'appui technique rigoureuse d'un projet et de motivation des parties nécessaires aux gros travaux de réparation. prenantes. n Établir une base de données de référence complète n Les projets pilotes ne donnent pas toujours des pour chaque école, et suivre les progrès et les résultats résultats immédiats. Il faut du temps pour mener à des élèves. bien et évaluer des opérations complexes visant à n Encourager les enseignants et la communauté à mettre au point une stratégie et des programmes participer à l'élaboration des réformes. sectoriels. En l'occurrence, la période de quatre ans prévue pour l'exécution s'est révélée trop courte pour Leçons déterminer si les innovations étaient profitables aux élèves. Pour la Banque n Lorsqu'un projet a été bien conçu, la Banque doit se Pour l'emprunteur garder d'y incorporer d'autres composantes moins n L'emprunteur n'aurait pas dû contracter un prêt pour fiables, dont les objectifs sont sans rapport avec ceux un projet exigeant des organismes d'exécution un en- du projet original. Dans le cas considéré, l'exécution gagement et des capacités administratives qu'ils du volet sur l'enseignement secondaire a été retardée n'avaient pas, en particulier pour ce qui est de gérer par l'introduction ultérieure du volet sur les prêts le programme de prêts étudiants. Des organismes étudiants. Qui plus est, ce second volet aurait dû expérimentés, comme Finance and Planning, auraient constituer un projet à part entière et faire l'objet dû veiller à ce que la Banque approuve un projet d'une attention bien plus importante de l'emprunteur assez simple pour que les organismes d'exécution et de la Banque. Enfin, comme en témoigne puissent le coordonner et le gérer efficacement. l'expérience des prêts étudiants, aucune clause Précis *Rapport d'évaluation rétrospective : « Jamaica: Education Veuillez adresser vos commentaires et demandes de Program Preparation and Student Loan Project » par Linda A. renseignements au rédacteur en chef, Elizabeth Campbell-Pagé, Dove, 13 juin 1997. Les Administrateurs et les services de la tél. : 1-202/473-5365, fax : 1-202/522-3125, email : Banque peuvent se le procurer auprès de l'Unité de documentation ecampbellpage@worldbank.org interne et des centres d'information régionaux, et le public auprès Les commentaires et demandes de renseignements doivent être du Service d'information et de documentation de la Banque adressés à l'OED, tél. : 1-202/458-4497, fax : 1-202/522-3200, mondiale : email : OED Help Desk@worldbank.org tél. : 1-202/458-5454 fax : 1-202/522-1500 Ce précis et d'autres publications de l'OED peuvent être consultés email : pic@worldbank.org. sur internet, au site : http://www.worldbank.org/html/oed DÉNI DE RESPONSABILITÉ : Les Précis de lOED sont produits par le Département de lévaluation des opérations, partenariats et gestion des connaissances (OEDPK) de la Banque mondiale. Les opinions qui y sont exprimées sont celles du personnel du Département et ne sauraient être attribuées à la Banque mondiale ni aux institutions qui lui sont affiliées.