54511 BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 Sur la voie DE LA relance LA BANQUE MONDIALE BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 Sur la voie de la relance Le Bilan économique sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord a été préparé par Elena Ianchovichina (auteur principal) et une équipe composée de Lili Mottaghi, Kevin Carey, Nadia Spivak, Subika Farazi, et Ani Silwal. Les données et les informations spécifiques aux pays ont été fournies par des économistes et des analystes du pays travaillant dans la Région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord de la Banque mondiale. Le rapport a été préparé sous la direction de Shamshad Akhtar (Vice-Président de la Région DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD) et Ritva Reinikka (Économiste en chef par intérim de la Région DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD). Des commentaires précieux ont été apportés par Roberto Rocha, Farrukh Iqbal et Mustapha Rouis. Pour faciliter l'analyse et la présentation, la région est divisée en trois grands groupes : les pays exportateurs de pétrole du CCG, les pays en développement exportateurs de pétrole et les pays importateurs de pétrole. Le premier groupe comprend les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à savoir l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Le deuxième groupe est composé de pays tels que l'Algérie, l'Iraq, la Libye, la République arabe de Syrie, la République islamique d'Iran et le Yémen. Les pays importateurs de pétrole comptent des pays ayant des relations avec le CCG (Djibouti, Jordanie et Liban) et avec l'UE (Égypte, Maroc et Tunisie). LA BANQUE MONDIALE Washington, D.C. © 2010 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale 1818H Street, NW Washington, DC 20433 Téléphone : 202­473­1000 Internet : www.worldbank.org E-mail : feedback@worldbank.org Tous droits réservés. Le présent rapport a été établi par l'Économiste en chef de la Région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord de la Banque mondiale. Les opinions, interprétations et conclusions qui sont exprimées sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les vues du Conseil des administrateurs de la Banque mondiale ni des gouvernements que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l'exactitude des données citées. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n'impliquent de la part du Groupe de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d'un territoire quelconque et ne signifient nullement que le Groupe reconnaît ou accepte ces frontières. Droits et permissions Tous droits réservés. La reproduction et/ou la transmission de parties ou de l'ensemble du présent rapport sans la permission de la Banque mondiale peut constituer une violation du droit applicable. La Banque mondiale encourage la diffusion du présent rapport et accordera normalement son autorisation rapidement. Pour solliciter l'autorisation de photocopier ou de reproduire tout ou partie du présent rapport, veuillez envoyer une demande comportant des informations détaillées à l'adresse suivante : Copyright Clearance Center, Inc, 222 Rosewood Drive, Danvers, MA 09123, USA, téléphone 978­750­8400, fax 978­750­4470, www. copyright.com. 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La reprise est en cours 7 La région MENA se redresse, dans le sillage de l'économie mondiale 7 Les économies du CCG stimulent la reprise régionale 8 La reprise des exportateurs de pétrole repose sur l'évolution des marchés pétroliers 12 La reprise des importateurs de pétrole dépendra de celle de l'UE et des pays du CCG 13 Travailler ensemble à la reprise et à une meilleure résistance aux crises 14 III. Relever les défis futurs 17 La croissance solidaire reste difficile à réaliser 17 Garantir l'accès au financement sans compromettre la stabilité financière 17 Vers des dispositifs financiers nationaux et régionaux 18 Nécessité d'améliorer la compétitivité des entreprises de la région MENA 20 Tableau Annexe : Perspectives macroéconomiques 23 ABRÉVIATIONS Bbl Barils MSCI Indice boursier de 500 actions mondiales BOP Balance des paiements détenues par MSCI Inc. CAB Solde des opérations courantes NPL Prêts improductifs CCG Conseil de coopération du golfe OCDE Organisation de coopération et de développement CDS Credit Default Swaps économiques CNUCED Conférence des Nations Unies sur le commerce et OIT Organisation internationale du travail le développement OMC Organisation mondiale du commerce DECPG Groupe de prospective sur l'économie du OMT Organisation mondiale du tourisme développement (Banque mondiale) OPEP Organisation des pays exportateurs de pétrole DFSF Dubai Financial Support Fund Pb Points de base DW Dubai World PED Pays en développement EAP Asie de l'Est et Pacifique PIB Produit intérieur brut EAU Émirats arabes unis PME Petites et moyennes entreprises ECA Europe et Asie centrale PPP Taux de change ajusté de la parité du pouvoir EIU Economist Intelligence Unit * d'achat É.-U. États-Unis d'Amérique R-U Royaume-Uni FMI Fonds monétaire international SA Asie du Sud G3 États-Unis, UE et Japon SAAR Taux annuel ajusté des variations saisonnières HIY Pays à revenu élevé SSA Afrique subsaharienne IDM Indicateurs du développement dans le monde SWF Fonds souverain IED Investissement étranger direct UE Union européenne IPC Indice des prix à la consommation WBG Cisjordanie et Gaza LAC Amérique latine et Caraïbes MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord MNSED Groupe du développement économique et social DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD (Banque mondiale) RÉSUMÉ La région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord se redresse commenceront à diminuer et que les effets des plans de relance après la crise financière, dans le sillage de l'économie s'atténueront dans les Émirats et en Arabie saoudite. mondiale. La croissance en 2010 devrait atteindre 4,4 % dans l'ensemble de la région, stimulée par l'absorption domestique La croissance des pays en développement exportateurs de et par la contribution positive de la demande extérieure. La pétrole devrait s'accélérer et passer de 2,2 % en 2009 à 4,2 reprise diffère d'un pays à l'autre, en fonction de la situation % en 2010. Ces pays ont pâti de la crise et se redressent à initiale et de l'intensité des répercussions de la crise sur les présent, en grande partie grâce au prix du pétrole, en raison trois principaux vecteurs qui ont ébranlé les économies de la de l'intégration limitée de leur secteur bancaire aux marchés région MENA, à savoir le secteur financier, le prix du pétrole financiers mondiaux et de l'importance de l'or noir dans leurs et la balance des paiements, reflétant l'impact de la crise sur le ventes à l'étranger. La pérennité de cette reprise dépend donc commerce, les envois de fonds et les flux d'IED. de l'évolution de la demande mondiale et du prix de cette manne. L'Iran et l'Iraq sont particulièrement exposés aux Les pays du CCG font office de locomotive de la reprise fluctuations de son prix. On ne s'attend pas à une nouvelle régionale car les prix du pétrole sont repartis à la hausse et pression à la hausse du prix du pétrole, du fait des vastes le secteur financier du CCG se stabilise. La croissance de ces capacités de réserve et de la quasi-absence d'amplification pays devrait atteindre 4,4 % en 2010, rebond remarquable de la demande dans les pays du G3. Toutefois, on ne peut compte tenu du niveau zéro enregistré en 2009. Ces pays ont exclure des pics temporaires en réaction à des chocs imprévus été les plus touchés par la crise en raison d'un choc négatif des courant 2010/2011. Conscients de ces risques, la plupart des termes de l'échange lié à l'effondrement des prix du pétrole pays de ce groupe ont mis en place des plans de relance, dans et aux turbulences financières qui ont déstabilisé les banques une proportion toutefois variable en fonction de leur marge à court de ressources et ont conduit à l'éclatement d'une budgétaire, des réserves dont ils disposent et de leur accès à bulle financière. Les réserves accumulées et d'autres actifs des financements externes. ont permis aux gouvernements de réagir rapidement par des stimulants monétaires et budgétaires, évitant une décélération Les pays importateurs de pétrole ont ressenti l'impact de la crise plus grave de la croissance et favorisant le redémarrage de via ses effets secondaires sur le commerce, les envois de fonds l'activité. et les IED, si bien que leur reprise dépendra essentiellement de la relance des principaux marchés, notamment des pays La reprise dans les pays du CCG devrait avoir des effets de l'UE et du CCG. La faible reprise attendue dans la zone positifs sur d'autres pays de la région MENA, notamment euro plombera la croissance à court terme, notamment celle grâce à l'augmentation des envois de fonds et des IED. La des pays fortement liés aux marchés de l'UE. L'activité de crise financière de Dubaï n'est pas terminée mais l'offre ces pays devraient ralentir, passant d'un rythme modéré mais de restructuration de la dette de Dubai World a contribué à respectable de 4,8 % en 2009 à 4,5 % en 2010. Cependant, les préciser les perspectives des EAU. Le plan de restructuration principaux secteurs non liés au pétrole, tels que les services, est en partie financé par des prêts d'Abou Dhabi à Dubaï et sont restés relativement vigoureux. Le commerce redémarre, ses répercussions négatives sur les banques des Émirats sont les recettes d'exportation de ce groupe devant progresser de atténuées par la perspective d'un soutien accru d'Abou Dhabi 7,7 % en 2010, après s'être contractées de 13 % en 2009. et des entités fédérales à ces banques. Ces mesures à court Les envois de fonds augmenteront de 1,3 % en 2010, rythme terme aident à limiter l'impact négatif de ces événements sur toutefois nettement plus lent que celui enregistré avant la la croissance des EAU. Les dépenses budgétaires massives crise. Celle-ci n'a pas abouti à un abandon des réformes, qui engagées par Abou Dhabi devraient aussi soutenir la reprise sont restées largement sur les rails. Certains pays ont même et favoriser une approche de l'intégration et du développement intensifié celles qui avaient été engagées avant la crise, comme économique axée sur les services. Reste toutefois à savoir si le la réforme du secteur financier en Égypte, et la libéralisation secteur privé prendra le relais lorsque les dépenses publiques du commerce et l'intégration économique en Tunisie. La vi RÉSUMÉ politique budgétaire devrait rester expansionniste, car les pays la manière de surmonter la crise, de structurer des systèmes ont recours à diverses mesures pour stimuler la demande, et, solides de gestion des risques, et de former les principaux parfois, le secteur privé. Pour certains importateurs de pétrole, cadres des banques à la gestion des risques. dont le Liban, la Jordanie et l'Égypte, la marge budgétaire étant limitée et la situation risquant de devenir problématique La région possède un fort potentiel de croissance grâce à longue échéance en termes de croissance, une réduction des à de vastes ressources en pétrole et en gaz, à une main- déficits budgétaires s'imposera ces prochaines années. d'oeuvre jeune et en expansion, et à une tendance croissante à rechercher des moyens de diversifier son économie. Toutefois, Le fort taux de chômage pose problème dans la région MENA les pays de la région MENA restent confrontés à des problèmes depuis des années et la crise a compromis les perspectives considérables à long terme. Le niveau de vie dans la région d'amélioration dans un proche avenir. Si l'impact de la crise a stagné car les revenus n'ont pas suffisamment progressé sur le taux de chômage a été négligeable dans la plupart face à une croissance démographique élevée. Le fort taux des pays de la région MENA, le taux d'activité, déjà faible de chômage, plus particulièrement des jeunes, le faible taux par rapport aux autres pays avant la crise, a diminué, les d'activité, notamment des femmes, et le caractère informel du travailleurs découragés sortant du système en décidant de ne travail se sont traduits par l'un des taux d'emploi officiel les pas chercher d'emploi sur le marché officiel du travail. En plus faibles au monde. Le taux des investissements privés n'a outre, les statistiques globales de la main-d'oeuvre masquent les pas augmenté proportionnellement à l'expansion du marché et répercussions négatives de la crise dans certains secteurs. Les à l'orientation sur le secteur privé dans la plupart des pays de la travailleurs du secteur manufacturier ont été particulièrement région. L'accès à des financements, très faible dans les pays de exposés, bien que les pertes d'emploi dans ce secteur aient la région MENA, la compétitivité et l'environnement d'affaires été dans une certaine mesure compensées par des créations non concurrentiel dans lequel évoluent les entreprises comptent de poste dans les industries des biens et des services non parmi les principaux problèmes qui entraveront à long terme la échangeables. croissance de la région. Le Groupe de la Banque mondiale a réagi activement à La région devra relever le défi majeur consistant à assurer l'effondrement économique de la région MENA. En Iraq, où l'accès à des financements sans compromettre sa stabilité la chute du prix du pétrole a lourdement pesé sur les finances financière, tandis que les problèmes relatifs à la faiblesse des publiques, la Banque mondiale a fourni un appui financier sous systèmes réglementaires, à la gouvernance d'entreprise et à forme d'un prêt lié à la politique de développement, en étroite la dépendance excessive par rapport au système bancaire se collaboration avec le FMI. Dans les pays importateurs de profilent aussi de manière menaçante. Le ralentissement de pétrole, comme l'Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie, la l'expansion du crédit dans le sillage de la crise a rendu encore Banque mondiale a apporté un soutien technique en effectuant plus urgente la résolution de ce problème, car le resserrement des diagnostics et en dispensant une aide financière à travers du crédit attendu en période d'après-crise touche de manière plusieurs opérations de politique de développement axées sur le disproportionnée les segments défavorisés, notamment les secteur financier, les réformes du secteur public et l'intégration ménages et les entreprises fortement exposées. Il sera tout commerciale. Ces interventions visent aussi à préparer les aussi difficile de s'attaquer au problème de la stabilité. En pays à résister à des crises futures. Dans les pays du CCG, effet, les conditions préalables à une discipline efficace de la réponse à court terme du Groupe de la Banque mondiale marché sont plus précaires dans la région MENA que dans a consisté à intensifier le suivi économique et financier. Le les pays développés car les institutions sont plus faibles et les Programme de financement du commerce mondial de la SFI acteurs du marché moins avertis. En outre, les programmes a aidé les entreprises, notamment les petites, à avoir accès à d'appui généreux mis en place en réponse à la crise risquent des financements commerciaux, tandis que le Programme d'avoir affaibli les institutions financières. La gravité de de liquidités pour le commerce mondial a permis d'injecter la crise financière et l'incertitude liée à l'évolution future des liquidités sur le marché des financements commerciaux. du système financier a suscité un regain d'intérêt pour les La Société a également aidé les banques de toute la région marchés financiers nationaux et régionaux. Viser l'intégration MENA en organisant des échanges d'idées et de solutions sur financière au sein de la région MENA semble être une stratégie BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 RÉSUMÉ vii pertinente compte tenu de la diversité des pays concernés, l'existence d'un terrain de jeu égal pour toutes les entreprises qui incluent à la fois des pays exportateurs et importateurs et encourage les tentatives visant à obtenir un accès privilégié. de capitaux (les pays du CCG dans le premier cas et les pays Ces problèmes, alliés aux barrières à l'entrée et à la sortie, importateurs de pétrole dans le second), car une telle démarche ont créé un environnement de stagnation. Leur résolution faciliterait l'intégration commerciale. nécessitera l'application des règles et des réglementations de manière cohérente et sans discrimination entre les entreprises, Les problèmes majeurs de l'environnement d'affaires dans la et l'introduction de réformes promouvant le dynamisme région MENA englobent l'incertitude politique et réglementaire, économique, l'investissement privé et l'innovation. et la liberté en matière d'application des réformes, qui empêche SUR LA VOIE DE LA RELANCE I. IMPACT DIFFÉRENT DE LA CRISE, ET DONC DE LA REPRISE, DANS LES DIVERS PAYS DE LA RÉGION MENA UNE SEULE CRISE MAIS DES RÉPERCUSSIONS ET DES Figure 1. Taux de croissance réels du PIB VOIES DE TRANSMISSION DIFFÉRENTES (en %) La crise financière mondiale de 2008 a provoqué la pire 7 2008 2009 récession internationale depuis la Seconde Guerre mondiale 6 et a eu des répercussions négatives directes sur les pays de la 5 région MENA en raison de la baisse des prix du pétrole et de 4 l'affolement qui a gagné les marchés financiers internationaux. 3 La région a également pâti des effets secondaires de la crise 2 sur le commerce, les envois de fonds et les IED. Les politiques anticonjoncturelles et les mesures d'appui au secteur financier 1 devraient avoir limité la baisse de la production en 2009 en 0 Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de stimulant la consommation et l'investissement (Tableau 1). En pétrole du CCG en développement pétrole outre, on prévoit un ajustement marqué des importations entre Source : Estimations de la Banque mondiale et des agences nationales pour 2009. 2008 et 2009 en raison de la compression de l'investissement et des dépenses privées, ainsi que du recul des importations des biens intermédiaires utilisés dans la production des Figure 2. Diminution du taux de croissance entre 2007 et 2009 exportations. (variations en %) Les répercussions de la crise sur les pays exportateurs de pétrole 0 ­20 du CCG, les pays en développement exportateurs de pétrole et ­40 les pays importateurs de pétrole ont été sensiblement différentes ­60 (variations en %) (figure 1), caractéristique masquée par les statistiques globales, ­80 qui font état d'un ralentissement beaucoup plus faible de la ­100 croissance régionale que les replis constatés dans la plupart des ­120 ­140 autres régions à revenu intermédiaire (figure 2). Parmi ces trois ­160 groupes, les pays exportateurs de pétrole du CCG ont été les ­180 plus durement atteints car la crise les a touchés directement de ­200 EAS EAS ECA LAC SAS EAS SSA Chine Inde MENA deux manières a) par un choc négatif des termes de l'échange sauf Chine sauf Inde lié à la chute des prix du pétrole (figure 3) ; et b) par un choc Source : Données de la Banque mondiale. Tableau 1. Sources de croissance dans les pays de la région MENA par composante de la demande Contribution à la Croissance Consommation Dépenses Investissements Exportations de Importations de croissance du PIB, % privée publiques intérieurs bruts biens et de services biens et de services 2007 5,6 4,4 2,5 4,3 2,2 ­7,8 2008 5,4 3,3 2,2 2,8 2,7 ­5,5 2009p 2,2 1,5 2,0 0,7 ­1,0 ­1,0 2010p 4,4 2,6 1,9 1,8 1,4 ­3,3 Source : Calculs effectués sur la base des projections de la Banque mondiale. Les données pour 2009 et 2010 sont des prévisions 2 I. IMPACT DIFFÉRENT DE LA CRISE, ET DONC DE LA REPRISE, DANS LES DIVERS PAYS DE LA RÉGION MENA Figure 3. Évolution des termes de l'échange Figure 4. Tendances des prix des principaux produits (indice, 2004 = 100) (Indice, 2007M10 = 100) 200 180 Exportateurs de pétrole Énergie Agriculture Importateurs de pétrole Produits généraux Métaux et minerais 180 160 140 160 120 140 100 120 80 100 60 80 40 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2007M10 2007M12 2008M2 2008M4 2008M6 2008M8 2008M10 2008M12 2009M2 2009M4 2009M6 2009M8 2009M10 2009M12 2010M2 Source : EIU, moyennes simples. Source : Bloomberg. financier qui a déstabilisé des banques nationales à court de ressources et a abouti à l'éclatement d'une bulle immobilière. Les principaux secteurs exportateurs non pétroliers, tels que Pour ce groupe de pays, la croissance s'est effondrée, passant les services, ont relativement bien résisté, tandis que la baisse d'à peine plus de 6 % en 2008 à 0,8 % selon les estimations du prix du pétrole et d'autres produits (figure 4) a limité la en 2009. Une marge de manoeuvre budgétaire importante, des dégradation de leur balance extérieure. réserves et les fonds rapatriés ont permis aux gouvernements de réagir rapidement en adoptant des stimulants monétaires et budgétaires, et d'éviter un fléchissement plus prononcé de DUREMENT TOUCHÉS, LES PAYS DU CCG ONT UTILISÉ l'activité. LEURS ABONDANTES RÉSERVES POUR RÉAGIR RAPIDEMENT Grâce à l'intégration limitée de leur secteur bancaire aux marchés financiers internationaux, les pays en développement La réduction de moitié des prix du pétrole entre 2008 et exportateurs de pétrole ont essentiellement ressenti l'impact 2009, et la diminution de la production décidée par les pays de la crise à travers la chute du prix du pétrole. La croissance exportateurs de pétrole du CCG pour soutenir les prix de n'a que légèrement reflué de 2,9 % en 2008 à 2,2 % en l'or noir face au tassement de la demande mondiale ont fait 2009. Bien que ces pays appliquent systématiquement une fortement chuter leur production (figure 1) et provoqué un politique budgétaire de stabilité conjoncturelle, lors de cette choc négatif sur leur balance courante et leur solde budgétaire crise, certains gouvernements ont réagi par des actions (figure 5 et figure 6). Bien que dans la plupart des pays, les anticonjoncturelles, mais l'importance des mesures qu'ils comptes courants soient restés excédentaires, les positions ont pu mettre en place a été fonction de leur marge de extérieures des pays exportateurs de pétrole du CCG se sont manoeuvre budgétaire, des réserves accumulées et de l'accès fortement détériorées, reflétant l'effondrement du prix du à des financements extérieurs. La progression vigoureuse du pétrole et de la production (figure 5). Les soldes budgétaires PIB dans le secteur non pétrolier, soit près de 5 % en 2009, a se sont eux aussi dégradés (figure 6), résultat de la baisse contribué à atténuer le recul de la croissance globale. des recettes pétrolières et de l'augmentation des dépenses publiques en réponse à la crise. La santé du secteur bancaire Les pays de la région MENA importateurs de pétrole ont dans les pays du CCG s'est fortement dégradée, car le crédit surtout pâti des effets secondaires de la crise sur le commerce, s'était développé de manière excessive1, les banques étaient à les envois de fonds et les IED. La croissance qui était soutenue 1 La croissance réelle du crédit a atteint en moyenne 23 % par an de 2003 à 2008, avant la crise, a ralenti passant de 7 % en 2008 au rythme et a abouti à une hausse de l'endettement des banques et un quasi-doublement du modéré de 4,8 % en 2009. ratio du crédit du secteur privé par rapport au PIB du secteur non pétrolier (122 % fin BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 I. IMPACT DIFFÉRENT DE LA CRISE, ET DONC DE LA REPRISE, DANS LES DIVERS PAYS DE LA RÉGION MENA 3 Figure 5. Balances des transactions courantes Figure 7. Croissance du crédit dans les pays de la région MENA (% du PIB) (d'une année à l'autre, en %) 25 60 2008 2009 est. CCG Pays émergents non membres du CCG Pays dominés par l'État non membres du CCG 20 50 15 40 10 30 5 20 0 10 ­5 0 Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de Janv. 06 Mars 06 Mai 06 Juill. 06 Sept. 06 Nov 06 Janv.07 Mars 07 Mai 07 Juill. 07 Sept. 07 Nov 07 Janv. 08 Mars 08 Mai 08 Juill. 08 Sept. 08 Nov 08 Janv. 09 Mars 09 Mai 09 Juill. 09 Sept. 09 Nov 09 pétrole du CCG en développement pétrole Source : Estimations de la Banque mondiale et des agences nationales pour 2009. Source : FMI, Statistiques financières internationales. On entend par économies extérieures au CCG dominées par l'État les pays en développement exportateurs de pétrole, tandis que les économies émergentes extérieures au CCG comprennent les pays importateurs de pétrole Figure 6. Dégradation des soldes budgétaires en raison de la crise de la région MENA. (% du PIB) 28 resserrement des conditions de crédit. D'après les estimations 2008 2009 est. des analystes du marché, les fonds souverains (SWF) du CCG 23 ont subi des pertes de l'ordre de 20 à 30 % en 20085. Tous les 18 gouvernements du CCG ont réagi rapidement par des politiques 13 qui présentaient de nombreux éléments similaires aux mesures 8 d'appui mises en place aux États-Unis, dans l'UE et en Europe 3 de l'Est, visant à assurer la stabilité du secteur financier. Ces politiques ont notamment porté sur l'assouplissement ­2 monétaire, l'injection de liquidités par les banques centrales ­7 Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de ou les garanties gouvernementales sur les dépôts et la dette, pétrole du CCG en développement pétrole ainsi que l'injection de capitaux et les achats d'actifs. L'Arabie Source : Banque mondiale, MNSED. Les données pour 2009 sont des previsions. Saoudite et les EAU ont eu recours à des plans de relance budgétaire pour améliorer les perspectives économiques court de ressources, comme l'atteste le niveau élevé du ratio à court terme, mais aussi pour soutenir les réformes et la prêts-dépôts ainsi que la dépendance par rapport aux emprunts croissance à long terme. Depuis le début de la crise financière, extérieurs, et exposées aux prêts immobiliers2. Des problèmes le gouvernement de l'Arabie Saoudite a dépensé la moitié de financement sont soudainement apparus en raison du gel des fonds prévus pour son programme d'investissement de des grands marchés obligataires internationaux3, tandis que 2008). L'excès de crédit mesuré en tant qu'écart cumulé par rapport à la tendance du l'effondrement du marché immobilier menaçait la solvabilité crédit comme part du PIB du secteur non pétrolier pendant la période 2005­2008 a été de plusieurs banques du CCG. En conséquence, la croissance important dans tous les pays saufs le Koweït et Oman. Ce gonflement du crédit a provoqué une véritable bulle immobilière et encouragé le recours à l'endettement dans le secteur du crédit a chuté entre septembre 2008 et septembre 2009 privé (Source : FMI (2010) Impact of the Global Financial Crisis on the Gulf Cooperation (figure 7), tandis que de nombreux projets ont été stoppés Council Countries and Challenges Ahead). 2 Toutefois, le secteur bancaire des pays du CCG avait une faible exposition aux actifs à différents stades de planification et d'exécution fin 20094. toxiques émis aux É. U. et ailleurs. La capitalisation du marché boursier s'est considérablement 3 L'évolution du marché du pétrole a eu des répercussions indirectes sur les liquidités du marché bancaire et d'entreprises et sur les frais de financement car les flux de capitaux contractée et la volatilité s'est accrue. Les prêts syndiqués, spéculatifs ont quitté la région et la confiance des investisseurs s'est effondrée. partie importante des flux de portefeuille vers les pays du 4 Sur un volume de projets estimé à 2 500 milliards de dollars É. U. fin 2008, près d'un quart étaient gelés fin 2009. CCG, ont diminué de manière spectaculaire entre 2007 et 5 Source : FMI (2010) Impact of the Global Financial Crisis on the Gulf Cooperation 2009 du fait du préjudice causé au bilan des banques et au Council Countries and Challenges Ahead. SUR LA VOIE DE LA RELANCE 4 I. IMPACT DIFFÉRENT DE LA CRISE, ET DONC DE LA REPRISE, DANS LES DIVERS PAYS DE LA RÉGION MENA 400 milliards de dollars É. U. sur cinq ans. Cette somme a Le secteur financier des pays en développement exportateurs été la plus importante en part du PIB de tous les pays du G20 de pétrole n'a pas été touché par la crise financière et elle est fréquemment citée comme la contribution des pays internationale grâce aux garanties sous-jacentes des du G20 à la reprise mondiale en raison de sa forte proportion gouvernements et au fait que le secteur bancaire de ces pays d'importations. Les réserves de change accumulées lors du est resté à l'écart des marchés financiers mondiaux. Avant la boom pétrolier ont permis à ces gouvernements de mettre en crise, la croissance du crédit était très inférieure dans les pays oeuvre à la fois des mesures d'appui au secteur financier et des en développement exportateurs de pétrole aux niveaux atteints politiques budgétaires anticycliques (figure 8)6. dans les pays du CCG, si bien qu'ils n'ont subi qu'un recul modéré (figure 7). Toutefois, le secteur financier de ces pays, toujours sous le contrôle de l'État, souffre d'insuffisances LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT EXPORTATEURS DE chroniques et de taux de prêts improductifs toujours élevés, PÉTROLE ONT PÂTI DE LA BAISSE DES PRIX DU PÉTROLE nécessitant des recapitalisations récurrentes de l'État. Durant la crise actuelle, les banques d'État ont maintenu le rythme Les pays en développement exportateurs de pétrole ont été des prêts en Algérie et en Libye. Dans le cas de l'Algérie, il moins touchés que les importateurs de pétrole du CCG car leur a également été demandé d'augmenter les prêts aux PME ils n'ont ressenti les effets de la crise qu'au travers du pétrole de 20 % par an. (figure 1). De surcroît, la dynamique vigoureuse du secteur non pétrolier, estimée à près de 5 % en 2009, a contribué à amortir le ralentissement de l'activité globale. La croissance LES EFFETS SECONDAIRES SUR LE COMMERCE ET LES non basée sur les hydrocarbures a bénéficié d'une bonne ENVOIS DE FONDS ONT NUI AUX IMPORTATEURS DE récolte, qui s'est traduite par une forte hausse de la production PÉTROLE agricole et une expansion des services et du secteur de la construction grâce à l'augmentation des dépenses publiques. La croissance des pays importateurs de pétrole de la région Dans ces pays, ces dernières sont typiquement destinées à la MENA a ralenti, passant de 6,8 % en 2009 à 4,8 % en 2009, stabilisation conjoncturelle, mais dans la crise actuelle, l'Iran essentiellement en raison des effets secondaires de la crise sur et l'Algérie par exemple ont eu recours à un assouplissement le commerce et les envois de fonds, et, dans certains cas, à monétaire et aux stimulants budgétaires pour encourager cause de ses répercussions négatives sur les IED. Le revenu des l'activité économique. exportations de biens et de services a reculé d'environ 13 % en 2009 (figure 9), tandis que les envois de fonds ont mieux Figure 8. Réserves internationales résisté et se sont contractés de 8,4 % (figure 10). (milliards de dollars É. U.) Les secteurs financiers de ces pays ont été relativement 500 épargnés par les turbulences des marchés financiers Koweït 450 Oman internationaux, car les banques des pays importateurs de Qatar 400 Arabie saoudite pétrole n'étaient pas mises à contribution de façon aussi Émirats arabes unis excessive que celle des pays du CCG. À l'automne 2009, 350 le ratio moyen prêts-dépôts pour ce groupe était légèrement 300 inférieur à 80 %, contre 100 % pour les pays du CCG, avec 250 toutefois des écarts considérables, le Maroc et la Tunisie 200 affichant une moyenne supérieure à 100 %, tandis que le 150 Liban n'atteignait que 30 %. En outre, à l'exception de la 100 Jordanie, ces pays étaient beaucoup moins dépendants de 50 0 Jan-00 Jul-00 Jan-01 Jul-01 Jan-02 Jul-02 Jan-03 Jul-03 Jan-04 Jul-04 Jan-05 Jul-05 Jan-06 Jul-06 Jan-07 Jul-07 Jan-08 Jul-08 Jan-09 Jul-09 6 Il est difficile de comparer les réserves entre les pays du CCG compte tenu du rôle des fonds souverains dans ces pays. Par exemple, tandis que l'Arabie saoudite accumule ses abondants revenus pétroliers sous forme de réserve, d'autres pays, comme les ÉAU, Source : FMI, Statistiques financières internationals utilisent à la place les fonds souverains. BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 I. IMPACT DIFFÉRENT DE LA CRISE, ET DONC DE LA REPRISE, DANS LES DIVERS PAYS DE LA RÉGION MENA 5 Figure 9. Croissance des exportations de biens et de services Figure 10. Croissance des envois de fonds (évolution en % valeur) (évolution en % valeur) 35 55 Importateurs de pétrole ayant Exportateurs de pétrole en développement 30 des liens avec l'UE Importateurs de pétrole 45 Importateurs de pétrole ayant Importateurs de pétrole ayant des liens avec le CCG 25 des liens avec le CCG Importateurs de pétrole ayant des liens avec l'UE 35 Importateurs de pétrole 20 25 15 15 10 5 5 0 ­5 ­5 ­15 ­10 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 ­15 Source : Banque mondiale, DECPG ; estimations du personnel pour 2009 et projections pour ­20 2010 et 2011. 2007 2008 2009 2010 2011 Source : Banque mondiale, DECPG ; estimations du personnel pour 2009 et projections pour 2010 et 2011. la production dans le Golfe s'est accrue de près de 1 % en 2009. Les envois de fonds se sont légèrement plus contractés l'emprunt extérieur que les pays du CCG. Par conséquent, le que les recettes d'exportation pour les importateurs de ralentissement de la croissance du crédit pendant la crise a été pétrole ayant des liens avec le CCG (figure 9 et Figure 10), beaucoup plus modéré que dans les pays du CCG et a surtout tandis que les IED ont relativement bien résisté. Toutefois, été provoqué par le tassement de l'activité économique, qui Djibouti reste vulnérable car les estimations actuelles a conduit à un reflux de la demande de crédit. À mesure que indiquent que le niveau de ses IED pourrait diminuer la crise prenait de l'ampleur, seuls la Jordanie, le Maroc et fortement en raison de l'annulation et du report de certains la Tunisie ont dû introduire différentes mesures de soutien projets d'investissement de 2008. L 'économie du Djibouti financier. Par exemple, la Tunisie et le Maroc ont mis en place dépend fortement de l'activité dans les Émirats arabes unis un appui aux liquidités, tandis que la Jordanie a opté pour les dans la mesure où Dubai World investit massivement dans garanties de dépôt et l'assouplissement monétaire. Dans les l'infrastructure portuaire et les hôtels, et gère les ports et les autres pays importateurs de pétrole, la réponse politique s'est zones franches du pays. La croissance a également ralenti essentiellement attachée à atténuer les répercussions de la au Liban, mais le pays a progressé à un rythme beaucoup crise sur l'économie réelle. L 'Égypte et la Tunisie ont adopté plus rapide que les autres pays, grâce à la vigueur de certains des plans de relance budgétaire axés sur les investissements secteurs, dont le tourisme et l'immobilier, et au dynamisme créateurs d'emplois dans les infrastructures. La Tunisie a des investissements privés. également mis en place des actions de soutien aux PME et à l'emploi. Le Maroc a adopté des mesures visant à aider La croissance de la production dans les pays importateurs de les entreprises à faire face au recul de la demande extérieure pétrole ayant des liens étroits avec les marchés de l'UE a marqué comprenant des garanties de prêts pour le fonds de roulement, le pas en 2009 par rapport à 2008, car l'activité manufacturière l'assouplissement de la réglementation et des mécanismes de s'est contractée face au repli de la demande européenne de rééchelonnement de la dette. biens et de services. Les recettes d'exportation ont reculé de 15 %, tandis que les envois de fonds se sont légèrement Les recettes d'exportation et les envois de fonds reçus par les moins repliés (figure 10). Toutefois, la progression est restée pays importateurs de pétrole ayant des liens avec les marchés modérée en raison de la forte expansion de l'agriculture et de du CCG ont beaucoup moins diminué que ceux des pays la meilleure performance des services. Au Maroc, par exemple, ayant des liens avec les marchés de l'UE, car l'activité dans le secteur agricole affiche une croissance remarquable grâce à l'Union a reculé de près de 4 % en termes réels, tandis que une production record de céréales. SUR LA VOIE DE LA RELANCE 6 I. IMPACT DIFFÉRENT DE LA CRISE, ET DONC DE LA REPRISE, DANS LES DIVERS PAYS DE LA RÉGION MENA LA CRISE A ASSOMBRI LES PERSPECTIVES DE La crise a entamé le revenu des ménages dépendants des RÉDUCTION À COURT TERME DES TAUX DE CHÔMAGE envois de fonds. D'après les estimations de la Banque TOUJOURS ÉLEVÉS mondiale, en 2009, la diminution des fonds rapatriés vers des pays importateurs de pétrole ayant des liens étroits avec les Le niveau élevé du chômage pose problème dans la région marchés de l'UE a été aussi importante que la baisse de leurs MENA depuis des années et la crise a assombri les perspectives recettes d'exportation, soit près de 12 % (figure 9 et Figure d'amélioration à court terme. Alors que l'impact de la crise sur 10). Les envois de fonds vers d'autres pays de la région MENA le taux de chômage officiel a été négligeable dans la plupart des en développement se sont eux aussi contractés, mais le recul pays de la région MENA, le taux d'activité, déjà faible avant a toutefois été beaucoup moins marqué que celui enregistré la crise par rapport aux autres pays, a diminué, les travailleurs dans les pays importateurs de pétrole ayant des liens avec les découragés sortant du système en décidant de ne pas chercher marchés que l'UE (figure 10). d'emploi sur le marché officiel du travail. Les travailleurs des secteurs manufacturiers ont été particulièrement touchés par la Le reflux de la croissance devrait se traduire par une diminution crise, car les entreprises de ces secteurs ont réduit leur activité du taux de réduction de la pauvreté dans la région. D'après et leurs horaires de travail, allant même jusqu'à supprimer des les estimations récentes, en raison de la crise économique, emplois pour ajuster leurs capacités au repli de la demande environ 2,6 millions de personnes supplémentaires devraient extérieure. La bonne nouvelle tient au fait que les pertes être touchés par la pauvreté dans la région d'ici à 2011, d'emploi dans ces secteurs ont été le plus souvent compensées dont près de la moitié en Égypte8. Toute baisse du taux de par des créations de poste dans les industries des biens et des réduction de la pauvreté est une source de préoccupation, car services non échangeables. si la pauvreté absolue est relativement faible dans les pays de la région MENA9, la vulnérabilité des populations est très Dans les pays du CCG, les statistiques officielles du marché du élevée. En 2005, 17 % de la population des pays de la région travail ne reflètent pas totalement l'impact réel de la crise sur le MENA vivait avec 2 dollars par jour en taux de change ajusté marché du travail, car ces pays emploient un grand nombre de de la parité du pouvoir d'achat et une proportion considérable travailleurs migrants. Beaucoup d'entre eux ont un permis de de la population vivait avec plus de 2 dollars par jour PPP séjour lié à leur contrat de travail. Lorsque ces travailleurs sont mais moins de 2,5 dollars PPP. En outre, plus d'un tiers des licenciés, ils retournent très souvent dans leur pays d'origine travailleurs de la région occupent un emploi précaire. Souvent, et ne sont donc plus comptabilisés dans la main-d'oeuvre ces travailleurs n'ont pas de contrat de travail officiel et risquent du pays de destination7. En outre, certains pays du CCG ont donc davantage d'être privés des prestations et des droits liés adopté des lois qui restreignent le licenciement des travailleurs à un emploi décent, tels qu'une sécurité sociale et un recours à nationaux, mesure qui a permis de garantir leur emploi à court des mécanismes efficaces de dialogue social. terme mais a défavorisé les travailleurs immigrés. Au Koweït, par exemple, malgré une forte médiatisation de ce problème, 7 Contrairement à l'Europe, où les travailleurs immigrés peuvent souvent rester dans le seuls 1 000 Koweïtiens ont perdu leur emploi en 2009. Ce pays d'accueil en attendant la fin de la crise. 8 Source : Yemtsov and Iqbal (2009). Le manque de données fréquentes sur les revenus chiffre n'est pas surprenant dans la mesure où la plupart des et les dépenses des ménages fait qu'il est difficile d'évaluer l'impact de la crise sur les nationaux occupent des postes de fonctionnaire ou travaillent pauvres. Ces estimations reposent sur un certain nombre d'hypothèses et de schémas passés de pauvreté et de croissance. dans le secteur privé, dans des emplois beaucoup plus protégés 9 En 2005, 5 % de la population de la région MENA vivait avec moins de 2,5 dollars que ceux des immigrés. par jour. BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 II. LA REPRISE EST EN COURS LA RÉGION MENA SE REDRESSE, DANS LE SILLAGE DE par le crédit. Sa capacité à évoluer vers une reprise durable L'ÉCONOMIE MONDIALE dépend de la manière dont l'économie mondiale s'ajustera au nouveau contexte économique, dans lequel les États-Unis et La région devrait afficher ces prochaines années une croissance d'autres pays déficitaires modèreront leur déficit à mesure qu'ils identique à celle du début des années 2000. La progression exporteront davantage et importeront moins des autres pays, du PIB réel devrait atteindre 4,4 % en 2010, stimulée par tandis que les économies excédentaires limiteront leurs surplus l'absorption nationale ainsi que par la contribution positive en encourageant la demande et les investissements domestiques de la demande extérieure (tableau 1). Les dépenses publiques (figure 12). Jusqu'ici, les grandes économies ont simplement devraient rester stables, reflet de l'appui persistant des politiques transféré les responsabilités du secteur privé au secteur public, gouvernementales. Aspect très important, les exportations différant les ajustements nécessaires, et le secteur privé de devraient fournir une contribution positive à l'activité en 2010. nombreux pays développés reste fortement endetté. Stimulée par le fort rebond de l'activité économique dans les pays émergents d'Asie, l'économie mondiale redémarre La production industrielle mondiale a vivement réagi aux (figure 11), sous l'effet conjugué de mesures monétaires évolutions de la croissance internationale, notamment dans et budgétaires adoptées à temps dans de nombreux pays, le commerce et les investissements en 2009. La production notamment en Chine, et du réapprovisionnement des stocks industrielle a redémarré beaucoup plus vite dans les pays en entamé au second semestre 2009. Les taux de l'activité développement que dans les économies avancées mais en février mondiale se redressent en forme de V, selon deux axes qui 2010, elle restait inférieure à son niveau d'avant la crise dans reflètent une reprise plus lente dans les économies avancées la plupart des pays à l'exception de la Chine, de l'Inde et de que dans celles en développement (figure 11). certaines économies asiatiques en rapide expansion (figure 13). La gravité de la récession et la faiblesse relative de la reprise Le commerce mondial se redresse lui aussi, stimulé par la escomptée permettent de penser que l'environnement des demande soutenue d'importations des pays en développement. économies, tant développées qu'en développement, restera marqué par d'importantes capacités excédentaires, un chômage élevé et une faible pression inflationniste. Le rebond des Figure 12. Excédents et déficits des comptes courants économies avancées a été mou, non créateur d'emplois et limité (milliards de dollars É.-U.) 400 1997 2002 2007 Figure 11. Reprise en V, selon deux axes 200 (PIB réel, évolution en % d'un trimestre à l'autre) 0 15 ­200 Monde Économies avancées Économies émergentes 10 ­400 ­600 5 ­800 États Unis R.U. Australie Importateurs de pétrol de la région MENA UE Exportateurs de pétrol (non membres du CCG) EA (hors Chine) CCG Japon Allemagne Chine 0 ­5 ­10 2006Q1 2006Q3 2007Q1 2007Q3 2008Q1 2008Q3 2009Q1 2009Q3 2010Q1 Source : FMI Source : Banque mondiale, IDM. 8 II. LA REPRISE EST EN COURS Figure 13. Production industrielle Figure 14. Croissance des importations, taux annualisé et ajusté (différence en % par rapport au pic de février 2010) des variations saisonnières, en valeurs (en %) 20 15 100,0 HIY 80,0 PED 10 EAP 60,0 MENA 5 40,0 0 20,0 ­5 0,0 ­10 ­20,0 ­15 ­40,0 ­20 ­60,0 UE des 25 Pays revenu élevé Pays en dev. hors Chine Corée Indonésie Chine Inde ­80,0 ­100,0 Janv. 09 Fevr. 09 Mai 09 Juin 09 Juill. 09 Août 09 Sept. 09 Oct. 09 Nov. 09 Déc. 09 Janv. 10 Mars 09 Avril 09 Source : Banque mondiale sur la base des données de datastream. Source : DECPG. En termes de valeur, celles-ci ont augmenté de 64 % en janvier 2010 par rapport à l'année précédente, soit près du double Figure 15. Croissance des exportations, taux annualisé et ajusté du rythme auquel les importations des pays développés se des variations saisonnières, en valeurs sont redressées au cours de la même période (figure 14). Les (en %) exportations mondiales reprennent elles aussi des couleurs, l'expansion des pays en développement dépassant de nouveau 100,0 HIY celle des économies à revenu élevé (figure 15). Et les volumes 80,0 PED EAP du commerce mondial devraient retrouver leur niveau d'avant MENA 60,0 la crise d'ici fin 201010. Mais hormis pour les exportations de 40,0 produits énergétiques, la reprise du commerce de la région 20,0 MENA est restée atone par rapport à celle d'autres pays en 0,0 développement, et même des économies à haut revenu (figure ­20,0 14 et Figure 15). ­40,0 ­60,0 LES ÉCONOMIES DU CCG STIMULENT LA REPRISE ­80,0 RÉGIONALE ­100,0 Janv. 09 Fevr. 09 Mai 09 Juin 09 Juill. 09 Août 09 Sept. 09 Oct. 09 Nov. 09 Déc. 09 Janv. 10 Mars 09 Avril 09 Les économies du CCG ont commencé à progresser à un rythme modéré avec l'amplification de la demande pétrolière et la Source : DECPG. stabilisation de leur secteur financier. Le regain de la demande mondiale d'or noir, qui a fait grimper les prix (figure 4) malgré mondiales. La demande américaine de pétrole a, elle aussi, d'importantes réserves de pétrole, tant brut que raffiné, a été commencé à croître. Elle a progressé de 1,9 % au cours des une bonne nouvelle pour les exportateurs de pétrole de la région quatre semaines précédant le 2 avril 2010, comparé à la même MENA, y compris pour les pays du CCG. La demande mondiale période de l'année précédente, où elle avait augmenté de 1,7 %. a commencé à s'intensifier au quatrième trimestre 2009, après Et bien que les prix soient très inférieurs aux pics atteints lors s'être contractée pendant cinq trimestres consécutifs. Ce fort des années du boom pétrolier, ils ont évolué vers des niveaux rebond est dû à la reprise rapide des marchés émergents, notamment en Asie, et au rétablissement des finances 10 Source : OMC (2010). BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 II. LA REPRISE EST EN COURS 9 de l'ordre de 75 et 85 dollars le baril, niveaux confortables Figure 18. Evolution attendue des comptes externs pour de nombreux exportateurs de pétrole11. Eu égard à ces (pourcentage du PIB) évolutions positives, les pays exportateurs de pétrole du CCG devraient stimuler la reprise régionale. En 2010, la croissance 18 2009e 2010p 2011p des économies du CCG devrait progresser de 3,6 points 13 de pourcentage par rapport à l'année précédente. Cette accélération de l'activité est plus rapide que celle escomptée 8 pour les pays en développement exportateurs de pétrole et 3 contraste fortement avec le léger ralentissement prévu pour les importateurs de pétrole en 2010 (figure 16). Les pays du CCG ­2 ont été durement frappés par la crise mondiale, si bien qu'un ­7 retour à la croissance d`e 4,4 % en 2010 et de 4,9 % en 2011 Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de pétrole du CCG en développement pétrole représente une performance remarquable (figure 17). Source : agences nationales et estimations de la Banque mondiale pour 2009 et prévisions pour 2010 et 2011. Figure 16. Variation attendue du taux de croissance sur un an (point de pourcentage) Figure 19. Perspectives budgétaires (pourcentage du PIB) 5,0 2009e 2010p 2011p 4,0 12 3,0 2009e 2010p 2011p 10 2,0 8 1,0 6 0,0 4 ­1,0 2 ­2,0 0 ­3,0 ­2 ­4,0 ­4 ­5,0 ­6 ­6,0 ­8 Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de pétrole du CCG en développement pétrole pétrole du CCG en développement pétrole Source : calcul basé sur les données d'agences nationales et sur les estimations de la Source : agences nationales et estimations de la Banque mondiale pour 2009 et prévisions Banque mondiale pour 2009 et ses prévisions pour 2010 et 2011. pour 2010 et 2011. Figure 17. MENA ­ Perspectives de croissance annuelle La hausse des prix du pétrole et le renforcement de la demande (pourcentage) devraient entraîner une augmentation des recettes pétrolières ainsi qu'une amélioration des soldes extérieurs et budgétaires 6,0 2009e 2010 proj. 2011 proj. des pays du CCG (figures 18 et 19), ce qui permettra à leurs 5,0 gouvernements de continuer à mettre en oeuvre des mesures de 4,0 soutien. Ces mesures ont favorisé la croissance interne et ont ainsi largement aidé à stabiliser les autres pays de la région MENA 3,0 en contribuant aux envois de fonds, à l'investissement étranger 2,0 direct (IED) et dans une moindre mesure, aux importations12. La crise financière se poursuit à Dubaï (voir encadré 1). 1,0 0,0 11 Le FMI estime que le prix d'équilibre, prix auquel un pays atteindrait l'équilibre Exportateurs de Exportateurs de pétrole Importateurs de budgétaire, est proche de 57 dollars le baril pour de nombreux producteurs de pétrole de pétrole du CCG en développement pétrole la région MENA. Les exceptions notables sont l'Iraq et l'Iran, avec des prix d'équilibre de 111 et 90 dollars le baril. Source : agences nationales et estimations de la Banque mondiale pour 2009 et prévisions 12 Source : FMI (2010) Impact of the Global Financial Crisis on the Gulf Cooperation pour 2010 et 2011. Council Countries and Challenges Ahead. SUR LA VOIE DE LA RELANCE 10 II. LA REPRISE EST EN COURS Encadré 1. Restructuration de la dette de Dubai World: derniers évènements Lorsque les besoins de financement de différentes entreprises liées au gouvernement de Dubaï (« Dubai Inc. ») sont apparus en 2009, ce dernier a progressivement adopté une approche centralisée de leur gestion. En juillet 2009, le ministère des Finances a créé le Fonds de soutien financier de Dubaï (DFSF) afin de gérer le nouveau programme d'émission de dette gouvernementale (20 milliards de dollars.), dont la banque centrale des EAU a acquis les premiers 10 milliards de dollars. Les entreprises cherchant à bénéficier d'une aide étaient tenues de s'aligner sur la stratégie de croissance à long terme de Dubaï, soulevant implicitement la possibilité d'une restructuration dans le cas contraire. En novembre 2009, le ministère des Finances a annoncé qu'il demandait un moratoire d'au moins six mois sur la dette à court terme de la holding DW arrivant à échéance, y compris sur 3,5 milliards de dollars de sukuks de sa filiale Nakheel arrivant à échéance le 14 décembre. Par ailleurs, une équipe de restructuration du cabinet Deloitte a été nommée pour superviser DW. En parallèle, le ministère des Finances a annoncé le placement de 5 milliards de dollars supplémentaires d'obligations par le DFSF. Le 14 décembre, le gouvernement de Dubaï annonçait un nouveau prêt de 10 milliards de dollars à DFSF de la part d'Abu Dhabi, lequel a servi à rembourser les sukuks de Nakheel (3,5 milliards de dollars plus paiement d'un coupon) ainsi que des créances fournisseurs. Toutefois, ce prêt ne contenait que 5 milliards de dollars d'argent frais, le reste ayant servi à absorber les fonds apportés par les deux banques commerciales. Au terme de négociations intensives, DW et Nakheel ont fait des propositions liées mais distinctes aux créanciers en mars 2010. Ce plan avait une valeur nominale d'environ 20 milliards de dollars , comprenant la conversion en actions de 9 milliards de dollars de dette détenue par DFSF dans DW, un nouveau prêt de 1,5 milliard de dollars permettant à DW d'honorer ses engagements immédiats, un nouveau prêt de 8 milliards de dollars à Nakheel et la conversion en actions de 1,2 milliard de dollars de dette détenue par DFSF dans Nakheel. Le prêt à Nakheel comprend le remboursement intégral des sukuks arrivant à échéance en 2010 et 2011, les banques créancières se voyant offrir un rééchelonnement incluant les intérêts courus. Les banques créancières au niveau de la holding DW se verront offrir des nouveaux sukuks d'échéance 5 ou 8 ans. Le montant des intérêts courus sur la dette existante qui sera reflété dans la valeur nominale des nouveaux titres reste incertain. Le remboursement des créanciers commerciaux de Nakheel comprendra 40 % d'espèces et 60% de titres négociables. Suite à cette offre relativement exhaustive, les critères dictant les décisions du gouvernement de Dubai sont désormais plus clairs. Contrairement à certaines prévisions en décembre, ce dernier n'est pas prêt à se détourner du modèle fondé sur l'immobilier, puisque Nakheel bénéficie de la majorité des nouveaux fonds apportés au conglomérat DW. Le remboursement intégral des sukuks de Nakheel permet d'éviter une procédure juridique complexe et limite le champ de restructuration globale aux banques et aux créanciers bilatéraux. De fait, il semble que le gouvernement ait en pratique sorti Nakheel de DW et projette de le placer sous la responsabilité directe de DFSF. Le gouvernement semble s'être concentré sur la manière dont la crise a provoqué le gel de l'activité immobilière. Selon la restructuration proposée, les créanciers commerciaux bénéficient d'un versement immédiat et les acheteurs sont incités à privilégier les immeubles en cours d'achèvement. Bien que les créanciers de DW puissent voir ce traitement différentié d'un mauvais oeil, leurs options sont limitées, surtout que le gouvernement a encore le choix de placer DW sous une juridiction spéciale chargée de regrouper et d'arbitrer l'ensemble des réclamations à son encontre. Bien que les craintes d'une décote importante aient été évitées, la restructuration s'accompagne, pour les créanciers, de pertes et de modifications des échéances et de la nature des actifs. Une fois les pertes cristallisées, les autorités des EAU devront décider d'une éventuelle nouvelle levée de capitaux par le système bancaire national. L'État détenant déjà une partie des banques des EAU, une nouvelle aide du gouvernement semble inévitable. Source : Données collectées par la Banque mondiale et le MNSED. BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 II. LA REPRISE EST EN COURS 11 Le moratoire sur ses dettes demandé fin 2009 a eu un impact Figure 20. Spreads EMBI Global ­ Bons du Trésor américains considérable sur le risque de crédit de l'émirat dès lors que les (points de base) acteurs du marché ne pouvaient plus compter sur une garantie souveraine implicite. Dans les semaines qui ont suivi l'annonce Spreads EMBI Global ­ Bons du Trésor américains 800 de la défaillance de Dubai World, les primes de risques dans la LAC Asie de l'Est MENA hors Iraq ECA MENA 700 région MENA se sont nettement détériorées (figure 20), alors 600 que les spreads des CDS se creusaient (figure 21). Les places 500 boursières des EAU ont chuté, tandis que celles des autres pays 400 du CCG connaissaient une poussée de volatilité (figure 22). A ce 300 jour, la crise liée à la dette de Dubai World n'a pas eu d'impact 200 fortement négatif sur la région et l'offre d'une restructuration a 100 permis d'y voir plus clair quant aux perspectives des EAU. L'offre, 0 qui reste soumise à l'approbation des créanciers, comprend un Janv. 07 Mars 07 Mai 07 Juill. 07 Sept. 07 Nov. 07 Janv. 08 Mars 08 Mai 08 Juill. 08 Sept. 08 Nov-08 Janv. 09 Mars 09 Mai 09 Juill. 09 Sept. 09 Nov. 09 Janv. 10 Mars 10 important rééchelonnement des remboursements, la conversion en actions de la dette existante que le gouvernement de Dubai Source : datastream. détient dans DW, et une injection substantielle de fonds dans Nakheel afin de rembourser ses obligations islamiques et de permettre le redémarrage du crédit. Le plan de restructuration est Figure 21. Credit Default Swaps en partie financé par des prêts d'Abu Dhabi à Dubaï, et son impact négatif sur les banques des EAU est atténué par la perspective Crédit Default Swaps 1 an souv. 600 d'un nouveau soutien de la part d'Abu Dhabi et d'organismes LAC EA Non-CCG ECA CCG fédéraux. Ces mesures à court terme aident à contenir l'impact 500 de cette crise sur la croissance des EAU. Les primes de risque 400 diminuent dans l'ensemble de la région et, excepté pour l'Iraq, 300 sont comparables à celles d'autres marchés émergents (figure 20). Les spreads des CDS se contractent également dans le 200 CCG (figure 21). Toutefois, il faudra du temps au gouvernement 100 de Dubai pour développer une stratégie de restructuration de ses sociétés. De plus, l'absence d'informations financières 0 Janv. 07 Mars 07 Mai 07 Juill. 07 Sept. 07 Nov. 07 Janv. 08 Mars 08 Mai 08 Juill. 08 Sept. 08 Nov-08 Janv. 09 Mars 09 Mai 09 Juill. 09 Sept. 09 Nov. 09 Janv. 10 Mars 10 et de mises à jour régulières complique l'analyse. Les places boursières traduisent cette incertitude et restent déprimées dans les EAU, tandis que la reprise s'est enrayée dans d'autres pays de Source : Datastream. la région MENA (figure 22). Les perspectives des banques en termes de performance et leur Le secteur bancaire du CCG demeure relativement ferme, capacité à consentir des prêts demeurent incertaines, de même mais le fort ralentissement qu'a connu la croissance du crédit que les perspectives de croissance. La poursuite des dépenses se poursuit, selon les données les plus récentes (figure 7). budgétaires considérables d'Abu Dhabi devraient favoriser Les bénéfices des banques ont diminué mais elles sont restées une approche d'intégration et de développement économique rentables en 2008 et au premier semestre 2009, et les derniers axée sur les services. Reste à savoir si la croissance du secteur indicateurs concernant le secteur restent globalement bien privé, moins important parmi les exportateurs de pétrole du orientés13. Les banques islamiques du CCG ont été moins CCG que dans les autres pays de la région MENA, parviendra affectées dans les mois qui ont suivi la crise financière à se redresser lorsque le secteur public commencera à réduire mondiale, mais les résultats publiés mi-2009 témoignent d'un repli légèrement accru de leur rentabilité dans certains pays, en raison des effets secondaires de la crise sur l'économie réelle 13 Source : FMI (2010) Impact of the Global Financial Crisis on the Gulf Cooperation et l'immobilier. Council Countries and Challenges Ahead. SUR LA VOIE DE LA RELANCE 12 II. LA REPRISE EST EN COURS Figure 22. Indices boursiers Indices boursiers bases USD Tableau 2. Exportations en pourcentage des exportations totales (janv. 1= 2008) Matières Produits Indices boursiers bases USD (janv. 1= 2008) premières Carburants manufacturiers 140 Exportateurs pétrole GCC 0,03 0,85 0,11 CCG EUA Marchés arabes Égypte MSCI (intégral) 120 Koweit 0,01 0,93 0,06 100 Oman 0,06 0,83 0,11 80 Arabie Saoudite 0,01 0,90 0,09 Emirats Arabes Unis 0,07 0,76 0,18 60 Exp. pétrole émergents 0,05 0,91 0,04 40 Algérie 0,01 0,97 0,02 20 Rép. islamique d'Iran 0,05 0,86 0,09 0 Iraq 0,01 0,99 0,00 1/1/2008 3/1/2008 5/1/2008 7/1/2008 9/1/2008 11/1/2008 1/1/2009 3/1/2009 5/1/2009 7/1/2009 9/1/2009 11/1/2009 2/1/2010 3/1/2010 Libye* 0,01 0,95 0,05 Rép. arabe syrienne 0,17 0,75 0,08 Source : Thompson/datastream et Groupe de prospective sur l'économie du développement Yémen 0,05 0,92 0,03 de la Banque mondiale. Importateurs de pétrole 0,23 0,12 0,65 Rép. arabe d'Egypte 0,21 0,44 0,35 ses dépenses et que les effets des mesures de relance dans les Jordanie 0,18 0,01 0,81 EAU et en Arabie Saoudite s'estomperont. Liban 0,32 0,02 0,66 Maroc 0,31 0,03 0,66 Tunisie 0,11 0,10 0,79 LA REPRISE DES EXPORTATEURS DE PÉTROLE REPOSE Source : Banque mondiale, PRMED SUR L'ÉVOLUTION DES MARCHÉS PÉTROLIERS Moyennes de 2000 à 2005 ; Lybie : données des années 90 La croissance des pays en développement exportateurs de pétrole devrait s'accélérer en raison du net rebond des cours recule depuis 2005, et une croissance faible, voire nulle, est du brut et de la demande dans les pays en développement attendue en 2010. Suite à la réduction de la production destinée et, plus récemment, aux États-Unis. Cette croissance devrait à maintenir les cours aux alentours de 75 dollars le baril, la atteindre 4,2 % en 2010 et se poursuivre à ce rythme en 2011. capacité excédentaire de l'OPEP a augmenté jusqu'à environ Cependant, la viabilité de cette reprise repose sur l'évolution 6,5 millions de barils par jour, soit à peu près 5 ans de croissance de la demande mondiale de pétrole et des cours de l'or noir, ce de la demande15. Ainsi, la plupart des analystes ne tablent pas sur groupe de pays étant encore plus dépendant des exportations une poursuite de la tendance haussière des prix à court terme. de brut et de produits pétroliers que les pays du CCG (tableau Toutefois, des pics passagers sont à envisager en réaction à 2), sachant que l'Iran et l'Iraq sont particulièrement sensibles à toute nouvelle faiblesse du dollar en 2010­11 ou aux problèmes la volatilité des cours. Seule la Syrie semble moins vulnérable à sécuritaires qui pourraient menacer l'accès au pétrole. l'évolution des marchés pétroliers, le pétrole représentant 75 % de ses exportations totales contre 91 % pour ce groupe de pays Les secteurs financiers sous contrôle de l'État des pays (tableau 2). exportateurs de pétrole hors CCG n'ont pas été affectés par la crise, mais leur taux élevé de créances improductives et La demande mondiale de pétrole devrait augmenter14 de 1,7 % leur manque d'efficience devront être traités. Certains pays en 2010, majoritairement grâce aux pays d'Asie hors OCDE en développement exportateurs de pétrole tels que la Syrie (notamment la Chine et l'Inde), où l'augmentation du revenu profiteront de la forte reprise des pays du CCG, vu le poids que par habitant est appelé à doper la consommation. En revanche, 14 Source : Samba Financial Group: « 2010Oil Market Outlook and Implications for la demande du G3 (Amérique du Nord, Europe et Japon) devrait GCC Economies ». rester limitée. La demande de pétrole des pays de l'OCDE 15 Source : GEP 2010. BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 II. LA REPRISE EST EN COURS 13 leurs exportations vers ces derniers représentent par rapport Figure 23. Croissance annuelle des importations à leurs exportations totales. Les pays en développement (variation du pourcentage en valeur) exportateurs de pétrole dépendants des envois de fonds en provenance du Golfe, et notamment du Yémen, tireront 10 2009 2010 2011 également parti de la reprise des pays du CCG. 5 0 LA REPRISE DES IMPORTATEURS DE PÉTROLE 5 DÉPENDRA DE CELLE DE L'UE ET DES PAYS DU CCG ­10 Les pays importateurs de pétrole ont mieux résisté à la crise ­15 que les exportateurs du CCG, mais la mollesse escomptée de ­20 la reprise dans la zone euro freinera leur croissance à court UE Japon E.U. terme, notamment dans le cas des pays fortement axés sur les Source : Banque mondiale, DECPG. Estimations pour 2009 et prévisions pour 2010 et 2011. marchés européens. La croissance des pays importateurs de pétrole de la région MENA devrait légèrement ralentir par l'importance de l'endettement, au durcissement des conditions rapport à 2009 (figure 16) pour afficher une moyenne de 4,5 % de crédit et à l'anticipation d'une hausse des impôts. en 2010 et 5,2 % en 2011 (figure 17). La forte reprise des pays CCG profitera aux pays importateurs Les exportations de services ont mieux résisté que celles des de pétrole principalement au niveau des envois de fonds et marchandises et devraient demeurer un atout pour ces derniers de l'IED. L'impact des évènements dans les pays CCG sur le à court ou moyen terme. L'importance du tourisme dans ces bilan des banques et des établissements financiers des pays pays s'est considérablement renforcée ces dix dernières années, importateurs de pétrole s'avère limité à ce jour et devrait le la part du PIB qui en est issue ayant augmenté, passant de rester, pour autant que le processus de restructuration de la 4,4 % entre 1996 et 1999 à 6,5 % en 2007. La région a effectué dette demeure maîtrisé. L'impact sur les échanges commerciaux des investissements importants dans le secteur du tourisme ces devrait également être limité puisque les exportations des dernières années et vu les contraintes pesant sur les dépenses pays importateurs de pétrole vers les pays exportateurs de privées en Europe, la demande de services touristiques au pétrole du CCG ne représentent que 8 % de leurs exportations Moyen-Orient et en Afrique du Nord pourrait augmenter étant totales. Toutefois, les pays fortement exposés au CCG, tels que donné leur attractivité en termes de qualité et de coût. La Djibouti, le Liban, la Jordanie et la Syrie, devraient être les croissance des pays importateurs de pétrole fortement exposés principaux bénéficiaires parmi les pays importateurs de pétrole. à l'UE devrait être inférieure à celle des pays exposés aux marchés CCG, les perspectives de croissance de l'UE étant les L'impact de la croissance du CCG au niveau des envois plus faibles parmi les pays développés et nettement inférieures de fonds et de l'IED devrait être à la fois plus important et à celles des pays du Golfe. La croissance de la production dans positif. Les envois de fonds en provenance des EAU entre 2001 la zone euro devrait être de 1 % en 2010, contre 4,3 % pour les et 2008 ont représenté 20,1 % des envois totaux et les pays pays CCG, de 2,5 % aux États-Unis et de 1,3 % au Japon. La susceptibles d'en profiter au premier chef sont la Jordanie, le croissance des importations dans l'UE devrait également être Liban et l'Egypte16, pays dans lesquels les envois de fonds en inférieure par rapport au Japon et aux États-Unis (figure 23). provenance du CCG représentent une part non négligeable du PIB. L'IED du CCG en faveur des autres pays de la région Les difficultés dans l'UE concernent notamment la viabilité MENA est, lui aussi, considéré comme étant significatif17. budgétaire de pays tels que la Grèce, l'Irlande, l'Espagne et le Portugal, et risquent d'entraver la croissance à court terme. Au Royaume-Uni, la croissance sera stimulée par la reprise des 16 D'autres pays de la zone seront également affectés, notamment l'Inde, le Bangladesh, exportations nettes et des stocks, et devrait rester inférieure le Pakistan et les Philippines. à son potentiel, les ménages limitant leurs dépenses face à 17 Source : Banque mondiale et Fonds monétaire arabe. SUR LA VOIE DE LA RELANCE 14 II. LA REPRISE EST EN COURS Les envois de fonds vers les pays de la région MENA devraient vulnérable aux chocs externes en dépit d'une forte croissance augmenter de 1,3 % en 2010 et de 3,4 % en 2011. La demande ces dernières années. Même en supposant des ajustements de travailleurs migrants dans les pays du Golfe devrait budgétaires, de nouvelles aides financières et une croissance croître plus rapidement que dans l'UE, compte tenu de leurs moyenne de 6 %, les estimations prévoient que sa dette restera meilleures perspectives de croissance, de leurs ressources supérieure à 100 % du PIB à l'horizon des prochaines années, financières importantes et de leurs programmes à long principalement en raison du coût élevé du service de la dette terme de développement des infrastructures. Par ailleurs, le existante, laquelle est considérable. Conscient de ces problèmes, protectionnisme se renforce en Europe18. Certains pays imposent le gouvernement libanais a décidé de modifier sa stratégie de des restrictions sur l'immigration afin de décourager les flux financement de la dette. En 2009, il a augmenté la part nette des migratoires à l'avenir. Plusieurs pays européens envisagent des sources de financement nationales en monnaie locale. mesures destinées à réduire les entrées de nouveaux migrants. L'Italie a récemment voté une loi criminalisant l'immigration Si la faiblesse des pressions inflationnistes est appelée à persister clandestine. La France et l'Italie appellent les autres pays de dans l'immédiat, l'inflation sous-jacente dans des pays tels que l'UE a renforcer le contrôle des frontières, notamment sur l'Egypte fluctue de façon importante en raison de problèmes le pourtour méditerranéen. L'UE risque de donner la priorité structurels fondamentaux. Le projet du gouvernement de aux migrants qualifiés, mais certaines dispositions, telles que réduire les subventions à l'énergie, qui est essentiel pour la les exigences salariales appliquées aux travailleurs étrangers, réduction du déficit budgétaire et l'amélioration de l'efficience pourraient constituer un obstacle même pour les travailleurs économique, aura pour effet de renforcer la pression sur d'autres diplômés. Ces mesures pourraient avoir un impact négatif sur prix et, à l'approche de deux échéances électorales majeures, les pays émergents de la région MENA. la perspective d'une hausse de l'inflation risque de limiter les possibilités de réforme. Dès lors, la maîtrise de l'inflation Les banques des pays importateurs de pétrole subissent les nécessitera une gestion prudente pour éviter que le financement effets secondaires de la crise, mais devraient pouvoir y résister. des déficits budgétaires n'entraîne une expansion monétaire. L'augmentation des taux de créances improductives devrait se révéler modérée si l'on considère le ralentissement limité de Toutefois, en dépit de la crise, le processus de réforme demeure la croissance, et le fait que la reprise est désormais en cours globalement en bonne voie. Certains gouvernements projettent dans ces pays. De plus, les pays concernés n'ont pas connu de renforcer l'efficacité de leurs programmes sociaux en de bulles immobilières et les portefeuilles immobiliers des ciblant mieux les plus démunis, ce qui leur permet d'éliminer banques ne paraissent pas déprimés. Cependant, le renforcement progressivement les subventions dans le but de renforcer la des risques de taux d'intérêt et de liquidité dans de nombreux viabilité des finances publiques. Dans certains pays cependant, pays présage d'un renchérissement et d'un accès plus difficile la situation politique risque, dans l'immédiat, d'entraver le au crédit face à la prudence adoptée par les banques durant la processus de réforme. Pour certains d'entre eux, le maintien phase de contraction. En raison du manque de données, il est d'investissements publics considérables permettra de stimuler difficile d'évaluer précisément dans quelle mesure les secteurs la croissance à courte et à longue échéance. Il reste à espérer défavorisés ont été affectés. En effet, la plupart des banques que le secteur privé se sera suffisamment renforcé pour centrales de la région MENA ne sont pas en mesure de fournir accroître sa contribution à la croissance une fois la réduction des informations fiables concernant les prêts consentis aux PME. des dépenses publiques amorcée. La politique budgétaire des pays importateurs de pétrole devrait rester expansionniste et conduire à une nouvelle détérioration des TRAVAILLER ENSEMBLE À LA REPRISE ET À UNE soldes budgétaires (figure 19), mais certains d'entre eux n'ont ni MEILLEURE RÉSISTANCE AUX CRISES le besoin, ni la possibilité de compter sur les dépenses publiques comme stimulus de la croissance. La situation budgétaire de L'année passée, le Groupe de la Banque mondiale a réagi pays tels que le Liban, la Jordanie et l'Egypte pourrait entraver activement au ralentissement économique dans la région leur croissance à long terme, à moins qu'ils ne réduisent leurs déficits dans les années à venir. Par exemple, le Liban demeure 18 Source : Banque mondiale, DECPG, Migration and Development Brief No 11. BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 II. LA REPRISE EST EN COURS 15 MENA en ajustant son aide aux besoins de chaque pays. En prises par le Groupe de la Banque mondiale ont consisté à Iraq, où la chute des cours du pétrole a sérieusement affecté les renforcer le contrôle financier et économique et à fournir une finances publiques, la Banque a fournit une aide financière par assistance technique stratégique remboursable. Le Programme le biais d'un prêt à l'appui des politiques de développement, de financement du commerce mondial mis en place par l'IFC en étroite collaboration avec le Fonds monétaire international. a accru l'accès des entreprises (notamment des PME) au Dans les pays de la région MENA importateurs de pétrole tels financement, tandis que son Programme de liquidités pour le que l'Egypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie, la Banque a commerce mondial a permis d'injecter des liquidités sur le apporté une assistance technique sous forme de diagnostics et marché du financement du commerce extérieur. L'IFC a, par de financements à décaissement rapide au moyen d'opérations ailleurs, aidé les banques de la région MENA en organisant des de développement axées sur le secteur financier, la réforme du échanges d'idées et de solutions sur la manière de surmonter la secteur public et l'intégration du commerce. Ces opérations crise, de structurer des systèmes solides de gestion des risques, permettront également de les rendre plus résistants aux crises et de former les principaux cadres des banques à la gestion des à l'avenir. Dans les pays du CCG, les mesures à court terme risques. SUR LA VOIE DE LA RELANCE III. RELEVER LES DÉFIS FUTURS LA CROISSANCE SOLIDAIRE RESTE DIFFICILE À Figure 24. Croissance réelle du PIB par habitant RÉALISER (en %, moyennes annuelles) Globalement, le niveau de vie dans la région MENA a Taux de croissance du PIB par habitant 10,0 quasiment stagné, l'impact par habitant de la croissance 8,0 économique étant resté faible en comparaison des autres pays 6,0 émergents (figure 24) et insuffisant pour accroître le revenu 4,0 des ménages19. La région éprouve des difficultés, sachant que 2,0 les pays n'ont pas été en mesure d'offrir du travail aux millions 0,0 de jeunes entrant dans la vie active. Le taux de chômage à ­2,0 certes reculé à 11 % au cours des cinq dernières années, mais ­4,0 EAP SSA SAS ­6,0 ECA LAC MNA plus de 25 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont actuellement ­8,0 à la recherche d'un emploi, soit le double de la moyenne 1990­1994 1995­1999 2000­2004 2005­2008 mondiale. Les taux de chômage élevés, la faible participation Source : Banque mondiale, WDI. à la main d'oeuvre (notamment dans le cas des femmes) et le caractère informel du marché du travail font que la région affiche l'un des taux d'emploi formel les plus faibles au monde secteur bancaire dans de nombreux pays qui la composent. : moins de la moitié de la population adulte occupe un emploi La région présente différentes carences à cet égard, y compris formel. L'investissement privé n'a pas augmenté parallèlement le volume de prêts et de comptes de dépôt par habitant, le à l'accélération des réformes et ce malgré l'abandon par développement de la microfinance, certains aspects touchant plusieurs pays d'un modèle de croissance impulsé par l'état en à l'infrastructure financière, notamment les droits juridiques, faveur d'un modèle s'appuyant davantage sur le secteur privé. la couverture des registres publics et la couverture des Les principaux obstacles concernant la croissance à long terme bureaux privés en dehors du CCG. La part des entreprises qui sont l'accès au financement, qui est très limité dans la région considèrent l'accès au financement comme un obstacle majeur MENA, la compétitivité des entreprises, et l'environnement à leur développement est plus importante dans la région non-concurrentiel auquel ces dernières sont confrontées. MENA que dans les autres régions, à l'exception de l'Afrique subsaharienne. Ces facteurs sont préoccupants, mais ils laissent également penser que le potentiel de croissance de la région MENA Le crédit demeure concentré et une grande partie des ménages pourrait être bien supérieur à celle observée durant les et des PME n'y ont pas accès. Le ralentissement du crédit rend deux dernières décennies, pour peu que les pays de la zone plus aiguë cette problématique de l'accès, car la contraction s'attaquent aux principaux obstacles barrant la route vers une attendue lors des sorties de crise affecte de manière croissance durable et solidaire. Mis à part le financement et disproportionnée les segments défavorisés, notamment les l'environnement commercial, les autres problèmes à long terme ménages et les entreprises à haut risque20. La situation est pire concernent la qualité du système éducatif, le réchauffement dans les pays en développement exportateurs de pétrole dont le climatique et la gestion des ressources en eau. secteur financier est sous contrôle de l'État. Avant l'éclatement de la crise financière, ces pays affichaient des taux de créances improductives parmi les plus élevés au monde, ce qui a nui GARANTIR L'ACCÈS AU FINANCEMENT SANS COMPROMETTRE LA STABILITÉ FINANCIÈRE 19 La région MENA affiche le deuxième taux de croissance démographique le plus important au monde après l'Afrique subsaharienne. 20 Le degré auquel les secteurs négligés ont été affectés ne peut être évalué précisément L'accès au financement dans la région MENA était déjà en raison de carences au niveau de la collecte des données, bien que certaines évaluations problématique avant la crise, malgré la taille importante du récentes du climat de l'investissement indiquent une contraction du crédit aux PME. 18 III. RELEVER LES DÉFIS FUTURS à l'efficacité de l'intermédiation financière et entravé l'accès Très peu de banques centrales dans la région ont réussi à au crédit. A l'inverse, nombre de pays du CCG affichaient mettre en place une fonction efficace de surveillance macro- un faible taux de créances improductives et bénéficiaient prudentielle et à produire des rapports fiables en matière de d'un large accès au crédit. En outre, l'ampleur des créances stabilité financière. Les pays de la région MENA n'ont pas improductives semble directement liée à la prééminence des introduit d'éléments anticonjoncturels dans leurs exigences banques publiques et, dans certains cas, aux prêts consentis de réserves, ni augmenté les charges de capital pour les aux entreprises publiques et aux sociétés privées associées, établissements les plus importants au niveau du système. ce qui se traduit par une mauvaise allocation des ressources financières. La privatisation et l'ouverture du secteur à la concurrence sont considérées comme la solution à ces VERS DES DISPOSITIFS FINANCIERS NATIONAUX ET problèmes, mais l'expérience issue de certains pays, tels que la RÉGIONAUX Syrie, montre que les banques privées continuent de servir les clients privilégiés, limitant l'accès des PME au crédit. Les mesures prises à travers le monde en réaction à la crise sont susceptibles de modifier l'environnement financier Bien souvent, les principaux problèmes se révèlent être international à l'avenir. Les changements attendus sont l'asymétrie de l'information et l'absence de protection notamment le durcissement et l'accroissement du champ de juridique pour les créanciers et les emprunteurs. la réglementation des marchés financiers, un renforcement généralisé de l'aversion au risque, l'introduction de règles et de Les réseaux bancaires sont globalement plus limités dans politiques visant à réduire la volatilité des marchés financiers la région MENA qu'ailleurs. Bien que leur densité soit émergents, un accent plus important sur l'intermédiation au comparable à celle d'Amérique Latine, le système de services niveau national et des mesures en faveur du développement des bancaires« hors agences » susceptible de compenser la nature marchés régionaux. Quelles pourront être les conséquences de restreinte des réseaux bancaires ne s'est pas développé de ces évolutions pour les pays de la région MENA et le reste du manière significative dans la région MENA, contrairement monde ? à l'Amérique Latine. Seul le Maroc autorise des entreprises non financières à servir d'agents de banques, sachant que les Le durcissement des conditions financières risque d'affecter exigences afférentes à la documentation requise pour ouvrir la capacité des entreprises à financer l'IED. De même, la un compte de dépôt sont particulièrement rigoureuses dans modification du statut juridique des établissements financiers les pays de la région MENA. La microfinance islamique et l'élargissement de la réglementation à leurs activités annexes et les financements aux PME se sont développés, mais leur pourraient pénaliser le marché des fusions- acquisitions dans couverture demeure limitée. les pays émergents. Toutefois, les crises affectent généralement moins l'IED vers les pays en développement que les flux de Outre la question de l'accès, les gouvernements de la région créances. Il semble en l'occurrence que les flux internationaux MENA seront confrontés à l'épineux problème de la stabilité d'IED se soient contractés de seulement 30 % en 2009, contre financière. La crise financière a mis à jour les carences du une chute de 90 % des flux nets de dette privée. troisième pilier du dispositif de Bâle II sur la transparence et la discipline de marché, même dans des pays développés tels que Le durcissement de la réglementation financière permettra les États-Unis. Les conditions préalables à une bonne discipline de renforcer la stabilité des marchés, mais elle entravera de marché sont plus faibles au sein de la région MENA que également l'accès des pays émergents aux marchés dans les pays développés, en raison du degré de complexité internationaux de la dette. La nécessité de recapitaliser les réduit des banques et des acteurs du marché, et parce que les banques et le renforcement de l'aversion au risque entraîneront programmes d'aide mis en place durant la crise ont sans doute une réduction des prêts transfrontaliers et de la participation contribué à affaiblir ces établissements. La plupart des pays des banques étrangères dans les pays en développement. de la région MENA devront également s'efforcer de traiter le Les restrictions imposées aux établissements financiers en risque systémique de manière plus efficace et d'appliquer les termes d'exposition au risque pourraient également limiter la recommandations émises par le Conseil de stabilité financière. capacité des emprunteurs émergents à émettre des obligations BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 III. RELEVER LES DÉFIS FUTURS 19 sur les marchés internationaux, sachant que les structures Figure 25. Parts des exportations mondiales réglementaires s'appliqueront aux établissements acteurs de ces marchés. L'élimination d'instruments particuliers risque Parts des exportations mondiales : MENA (total et hors pétr.) et pays à moyen/faible revenu (avec et hors Chine) 1980­2006 également de réduire la capacité de certains investisseurs 20% MENA institutionnels (notamment les fonds de pension publics et 18% Moyen/faible revenu hors Chine Moyen/faible revenu privés) à investir directement et indirectement dans certaines 16% MENA hors pétrole % des exportations mondiales formes de dette émergente. 14% 12% Les marchés obligataires et boursiers de la région MENA 10% n'ont pas échappé au renforcement global de l'aversion 8% au risque, ni à la contraction des flux de capitaux, mais les 6% primes de risque se rapprochent désormais de leurs niveaux 4% d'avant la crise et sont comparables à celles des autres marchés 2% émergents, si l'on exclut l'Iraq de la moyenne régionale (figure 20). Le creusement des spreads dans le sillage de la crise a 0% 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 incité les pays de la région MENA à se tenir à l'écart des marchés étrangers et à privilégier les marchés nationaux pour Source : Données COMTRADE. placer leurs nouvelles émissions. L'intérêt en faveur de la dette officielle et multilatérale s'est également renforcé. La forte chute des marchés d'actions a refroidi l'ardeur des entreprises Viser l'intégration au sein de la région MENA semble être à entrer en bourse, laissant penser qu'à moins d'une reprise des une stratégie appropriée compte tenu de la diversité des pays marchés, elles pourraient être amenées à privilégier le crédit concernés, qui incluent à la fois des pays exportateurs et pour leurs besoins de financement. Les spreads se rapprochant importateurs de capitaux (les pays du CCG dans le premier de leurs niveaux d'avant la crise, certains gouvernements de la cas et les pays importateurs de pétrole dans le second). Le région MENA envisagent désormais de revenir sur les marchés renforcement de l'aversion au risque parmi les banques de étrangers de la dette, tels le Qatar, l'Egypte et le Maroc. l'OCDE pourrait inciter celles du CCG a développer leurs Reste que des pays comme l'Iraq, qui dépendent largement activités au niveau national, voire au niveau régional. Il de financements extérieurs pour faire face à leurs dépenses semble bien que les pays du CCG commencent à tirer parti courantes et financer l'investissement, risquent d'être fort des opportunités d'investissement dans la région MENA21. vulnérables à l'évolution du degré de disponibilité d'un tel Leurs capitaux pourraient notamment servir à exploiter financement. les opportunités liées à l'accroissement des échanges de services au sein du monde arabe, à exploiter la multiplication La sévérité de la crise financière et l'incertitude entourant des accords commerciaux entre les pays arabes et les États- l'évolution du système financier a ravivé l'intérêt pour les Unis ou l'Union Européenne, ainsi qu'à financer des projets marchés régionaux et nationaux. En cas de succès, l'intégration publics intra-régionaux portant sur la logistique, l'eau ou financière dans la région devrait permettre de réduire le coût du l'énergie. crédit en abaissant les coûts de transactions et en réduisant les risques, notamment en diminuant la probabilité de contagion. Face aux contraintes entourant le financement extérieur, Elle pourrait également conduire à une meilleure intégration certains pays s'efforcent, en outre, de faciliter les envois du commerce régional et offrir l'avantage d'économies de fonds, notamment par le biais d'incitations visant le d'échelle grâce à la fusion des Bourses régionales, en parallèle développement de circuits formels. Par exemple, le Pakistan à une harmonisation concomitante des exigences et à une a introduit un dispositif de subventions prenant en charge une coopération au niveau de la réglementation. Elle pourrait en partie des frais commerciaux des fournisseurs de services outre améliorer la coordination des politiques budgétaires et monétaires entre les économies de la région étroitement liées entre elles. 21 Source : Banque mondiale et Fonds monétaire arabe. SUR LA VOIE DE LA RELANCE 20 III. RELEVER LES DÉFIS FUTURS d'envoi de fonds, en fonction des volumes transférés. Les Alliés aux barrières à l'entrée et à la sortie, ces problèmes ont pays de la région s'attachent à rendre les envois de fonds plus généré un environnement figé. La pérennité des entreprises de rapides et moins onéreux. De nombreux pays pourvoyeurs la région MENA est supérieure à celles des sociétés d'autres de travailleurs migrants tentent de leur trouver de nouvelles régions. L'âge moyen des entreprises manufacturières de la destinations et de négocier des partenariats en matière de région MENA est équivalent à celui observé dans les pays mobilité avec ces nouveaux pays. Enfin, l'amélioration du de l'OCDE, bien que nombre de pays de la région MENA se climat national d'investissement, en assurant une chance détournent progressivement d'une économie contrôlée par égale à l'ensemble des acteurs économiques, sera essentielle l'État en faveur d'une économie de marché. Ce processus afin d'affecter les envois de fonds à des investissements devrait s'accompagner de l'arrivée de nouvelles entreprises, productifs. entraînant la disparition de leurs concurrentes moins productives et un renforcement de la productivité. NÉCESSITÉ D'AMÉLIORER LA COMPÉTITIVITÉ DES Les entreprises exportatrices de la région MENA n'ont pas ENTREPRISES DE LA RÉGION MENA su améliorer la sophistication de leurs produits, ni élargir leur panier d'exportations. En effet, à l'exception des EAU, La part des biens non-pétroliers de la région MENA par les pays de la région MENA exportent un nombre de produits rapport au total des exportations de marchandises dans le bien inférieur à ce que l'on pourrait attendre compte tenu de monde reste inférieure à 1 % depuis plus de 30 ans (figure 25), leur niveau de développement. En outre, bien que l'IED ait et bien qu'ayant doublé, la part des exportations de services augmenté ces dernières années, sa part du PIB ne progresse de la région MENA a stagné aux alentours de 2,8 % durant la que légèrement depuis 35 ans et les écarts entre les taux période 1990­2006. Ces chiffres témoignent d'un réel problème constatés dans la région MENA et ceux observés dans d'autres de compétitivité et laissent penser que la région a raté des régions se sont nettement creusés23. La stagnation des taux opportunités de renforcer sa croissance et de créer des emplois d'IED suggère que les opportunités offertes aux étrangers productifs. La productivité de la région MENA est comparable pour investir et obtenir des rendements comparables à ceux à celle de nombreux pays à revenu moyen d'Amérique Latine disponibles dans d'autres régions sont limitées. La composition et dépasse celle de l'Afrique subsaharienne. Cependant, la des investissements étrangers et nationaux indique également comparaison avec les pays d'Asie orientale à forte croissance, que les rendements sont surtout attractifs dans le secteur le Brésil et la Turquie révèle des écarts importants en termes de pétrolier et dans certains secteurs non-négociables, tandis que productivité des facteurs et de la main d'oeuvre22. l'IED vers le secteur manufacturier axé sur l'exportation est resté limité. Alliée à l'augmentation de l'IED et des envois de Les principaux problèmes qui affectent l'environnement fonds des pays exportateurs de pétrole du CCG vers les autres commercial sont l'incertitude au niveau politique et pays, cette situation laisse penser que ces derniers pourraient réglementaire, ainsi que la liberté dans l'application des souffrir du syndrome néerlandais. réglementations, laquelle fausse l'égalité des chances et encourage la corruption. D'une part, l'effet combiné de Enfin, il semblerait qu'une partie des exportations non- l'incertitude réglementaire et de la mise en oeuvre et de pétrolières de la région MENA soit désormais supplantée par l'application discrétionnaires des règles fait qu'il est difficile des produits fabriqués en Chine et en Inde. Alors que la part de pour les acteurs économiques (entreprises et banques) d'évaluer la Chine sur les marchés de l'Union Européenne a connu une le rendement prospectif des capitaux investis. augmentation spectaculaire, l'importance de l'UE en tant que débouché des exportations non-pétrolières de la région MENA D'autre part, l'incertitude et les pratiques commerciales actuelles incitent les entreprises à effectuer des paiements informels afin de modifier l'équilibre en leur faveur, sachant 22 Source : Banque Mondiale (2009) From Privilege to Competition: Unlocking Private-Led Growth in the Middle East and North Africa. que ces paiements entraînent une hausse des coûts et une 23 Source : Banque Mondiale (2009) From Privilege to Competition: Unlocking réduction des rendements réels. Private-Led Growth in the Middle East and North Africa. BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 III. RELEVER LES DÉFIS FUTURS 21 a diminué. La Chine semble être un concurrent bien plus nationaux, mais se traduisent par une concurrence accrue pour sérieux que l'Inde, sachant que les produits indiens et ceux les producteurs internes au sein des pays hors CCG. La pression de la région MENA sont globalement complémentaires24. Les est particulièrement intense dans les secteurs à fort coefficient pays exportateurs de pétrole du CCG ont été davantage affectés de main d'oeuvre tels que le textile, l'habillement, le cuir et le par la concurrence de la Chine et de l'Inde que les autres pays mobilier. Les secteurs manufacturiers reposant sur l'utilisation de la région au niveau des quelques catégories de produits intensive de main d'oeuvre qualifiée et de technologies sont non-pétroliers qu'ils exportent. Cette situation pourrait tenir moins affectés, mais ils représentent une part modeste de la au fait que certains des pays hors CCG bénéficient d'un accès production intérieure. privilégié aux marchés de l'Union Européenne et à une partie du marché américain. Les importations de Chine et d'Inde ont 24 Source : Banque Mondiale (2000) Strengthening China and India's Trade and provoqué une baisse des prix à la consommation sur les marchés Investment Ties to the Middle East and North Africa. SUR LA VOIE DE LA RELANCE Croissance du PIB réel Solde budgétaire Balance des paiements courants 2010 2011 2010 2011 2010 2008 2009 est. Proj. Proj. 2008 2009 est. Proj. Proj. 2008 2009 est. Proj. 2011 Proj. (Variation annuelle en pourcentage) (En pourcentage du PIB) (En pourcentage du PIB) Région MENA 5,4 2,2 4,4 4,8 13,2 ­1,9 1,6 4,0 15,9 2,5 6,1 6,8 Exportateurs de pétrole 4,9 1,3 4,3 4,6 16,6 ­0,9 3,7 6,5 19,6 4,2 8,8 9,5 Pays CCG 6,2 0,8 4,4 4,9 25,3 0,5 6,6 10,8 25,1 5,7 12,2 15,2 Bahrein 6,1 2,6 3,5 3,9 8,0 ­7,6 ­4,3 ­1,5 10,6 1,6 3,6 6,1 Koweit 6,4 ­1,2 2,3 4,4 25,8 9,0 17,3 22,8 44,7 19,2 29,9 37,1 Oman 12,3 3,6 4,8 4,7 13,9 2,2 6,9 7,6 9,1 ­2,2 2,6 3,3 Qatar 15,8 9,0 18,5 14,3 12,0 11,8 8,9 13,3 33,0 15,7 22,7 30,8 Arabie Saoudite 4,4 0,1 3,9 4,1 33,0 ­4,6 1,2 6,0 28,6 5,5 8,4 10,5 Emirats Arabes Unis 5,1 ­0,7 0,6 3,1 20,5 0,4 9,8 13,5 8,8 ­2,7 7,3 7,7 Pays en développement 2,9 2,2 4,2 4,2 4,3 ­2,8 ­0,5 0,2 11,9 2,4 3,7 1,1 exportateursde pétrole Algérie 2,4 2,1 4,6 4,1 8,1 ­8,4 ­6,6 ­5,4 20,1 0,9 3,9 5,3 République Islamique 2,3 1,8 3,0 3,2 0,0 ­2,7 ­1,4 ­1,3 7,2 2,6 2,4 1,6 d'Iran Iraq 9,5 4,2 7,3 7,9 -- -- -- -- -- -- -- -- Lybie 3,8 2,1 5,4 6,2 24,6 10,6 15,8 17,7 40,7 16,8 23,5 0,0 République Arabe de 5,2 4,0 5,0 5,5 ­2,8 ­5,5 ­4,4 ­3,4 ­3,6 ­4,5 ­3,9 ­3,5 Syrie Yémen 3,6 3,8 7,9 4,4 ­4,5 ­8,4 ­7,5 ­2,8 ­4,6 ­6,1 ­3,5 ­1,5 Importateurs de pétrole 6,8 4,8 4,5 5,2 ­4,8 ­5,7 ­7,0 ­6,4 ­4,1 ­4,7 ­5,0 ­4,5 Importateurs liés au CCG 8,7 6,1 5,2 5,5 ­9,8 ­9,7 ­9,1 ­8,3 ­16,8 ­13,4 ­14,9 ­14,9 Djibouti 5,8 5,0 4,5 5,4 1,3 ­2,8 ­0,9 ­0,5 ­39,2 ­19,9 ­13,7 ­19,5 Jordanie 7,9 2,8 3,9 4,5 ­9,4 ­11,0 ­7,3 ­7,8 ­11,3 ­5,6 ­10,1 ­10,5 Liban 9,3 8,0 6,0 6,0 ­10,5 ­9,1 ­10,7 ­9,2 ­20,1 ­18,5 ­18,3 ­17,9 Importateurs liés à l'UE 6,5 4,6 4,4 5,2 ­3,9 ­5,1 ­6,7 ­6,0 ­1,9 ­3,3 ­3,3 ­2,7 TABLEAU ANNEXE : PERSPECTIVES MACROÉCONOMIQUES Egypte 7,2 4,7 5,0 5,5 ­6,9 ­6,9 ­8,4 ­8,1 0,5 ­2,3 ­2,7 ­1,9 Maroc 5,6 5,0 3,0 4,4 0,4 ­2,2 ­4,6 ­2,9 ­5,2 ­5,4 ­4,8 ­4,3 Tunisie 4,5 3,1 4,0 5,0 ­1,2 ­3,3 ­3,5 ­3,3 ­4,2 ­2,8 ­2,9 ­3,2 Sources : données de la Banque Mondiale BANQUE MONDIALE RÉGION DU MOYEN-ORIENT ET D'AFRIQUE DU NORD ­ BILAN ÉCONOMIQUE RÉGIONAL, AVRIL 2010 Sur la voie de la relance LA BANQUE MONDIALE