DOCUMENT D’INFORMATION DU PROGRAMME-POUR-RESULTATS PHASE DE CONCEPTION Rapport N° PID0010479 Nom du programme Modernisation du Secteur Financier Tunisien Région MENA Pays Tunisie Secteur Secteur Financier Instrument de prêt Programme-pour-Résultats Identifiant du programme P151011 Emprunteur(s) République de Tunisie Organisme d’exécution Ministère des Finances Date de réalisation du DIP 21 Août 2015 Date de clôture de l’évaluation prévue 15 Novembre 2015 Date d’approbation du conseil prévue 15 Décembre 2015 Décision d’examen du concept A l’issue de l’examen du concept, il a été décidé de procéder à la préparation de l’opération I. Introduction et Concept La Tunisie continue à faire face à des perspectives économiques difficiles quatre années après la Révolution. Cette situation est principale due à l’absence de réformes économiques significatives combinée à l’incertitude politique qui a pris fin avec l’élection démocratique d’un nouveau Parlement. Des estimations préliminaires pour 2015 suggèrent que la croissance économique demeure lente (la croissance du PIB attendue est de 1,7 pourcent). Le chômage demeure élevé, les soldes budgétaire et extérieur sont en déséquilibre, et les tensions sociales continuent à peser sur l’activité économique. Des difficultés sécuritaires ont perturbé le secteur du tourisme et négativement affecté les Investissements Directs Etrangers, tandis que le redressement économique en Union Européenne est entravé. De plus, la situation macroéconomique actuelle ne permet pas la continuation de politiques expansionnistes, ce qui rend d’autant plus difficile pour le nouveau Gouvernement de maintenir en 2015 le taux de croissance relativement faible connu en 2013 et 2014. Le secteur financier est affecté par la situation économique. Alors que le ralentissement économique a détérioré la qualité des portefeuilles d’actifs des banques, il a également réduit la liquidité du secteur bancaire. Les attaques terroristes de la mi-2015 ont aggravé cette situation. En dépit d’une intervention de la Banque Centrale en temps opportun en vue de soutenir la liquidité systémique, ces deux facteurs exogènes ont restreint la capacité du système bancaire à financer l’économie, notamment en ce qui concerne les MPME. L’accent récemment mis par le Gouvernement sur le calendrier de réforme du secteur financier revêt, de ce fait, une importance stratégique primordiale. Il est sous-tendu par la nécessité de renforcer la stabilité du secteur bancaire et d’améliorer la capacité du secteur financier dans son ensemble à fournir des ressources à l’économie et à accélérer son redressement. La taille du secteur financier tunisien est réduite, il est dominé par les banques, et ses actifs correspondent à 115 pourcent du PIB. En Avril 2015, il y avait 21 banques résidentes, y compris trois grandes banques étatiques détenant 34 pourcent des actifs du secteur bancaire, trois grandes banques nationales privées détenant 34 pourcent de l’actif total, et six banques étrangères détenant une part s’élevant à 34 pourcent. La taille du secteur financier non-bancaire est relativement réduite (environ 20 pourcent des actifs de l’ensemble du secteur financier en 2014). Le secteur de la microfinance représente seulement 0,2 pourcent des actifs totaux du secteur financier. Le marché des actions et celui des titres à revenu fixe sont de taille relativement modeste avec une capitalisation du marché égale à 20 pourcent du PIB. Le capital-investissement demeure également limité et le secteur du leasing, qui comprend neuf établissements, représente seulement 1,6 du PIB. Le secteur tunisien des assurances naissant comprend 20 sociétés principalement concentrées sur des activités non-vie et les primes annuelles représentent environ 1,8 pourcent du PIB. Le secteur bancaire rencontre des défis significatifs liés à la fragilité de l’économie post -révolution et à l’héritage du régime précédent. Entre 2010 et 2014, la réduction du ratio d’adéquation des fonds propres du secteur bancaire, qui est passé de 11 à 9,7 pourcent1, a résulté de i) une augmentation des PNP (de 12,5 pourcent avant la révolution à 16 pourcent en 20142) et ii) une augmentation des rations de provisionnement (de 44 pourcent à environ 60 pourcent3). Il en a résulté que six banques – représentant 42 pourcent des actifs du secteur – se sont retrouvées en dessous du capital minimum requis en 2013 (puis seulement trois en 2014, toutes étant détenues par l’Etat). Par ailleurs, différents facteurs tels que le ralentissement économique, la dépréciation du TND, la situation sécuritaire et le développement de l’économie informelle ont pesé sur la liquidité du système bancaire, poussant la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à injecter massivement des liquidités dans le système. Les opérations de refinancement de la BCT ont atteint TND 5,7 milliards (soit 6,9 pourcent du PIB) au mois de Juin 2015 (contre TND 5 milliards en 2014). Un cadre réglementaire et des normes de gouvernance inadéquats ont longtemps permis aux banques étatiques de demeurer des acteurs majeurs du secteur en dépit de leur faible performance. Depuis 2001, les banques étatiques offrent du crédit de manière universelle tout en financement les politiques de développement sectorielles du Gouvernement4. Dans un contexte marqué par la faiblesse de la gouvernance d’entreprise, ces positionnements ont eu pour conséquence une faible performance financière qui s’est longtemps dissimulée sous un cadre réglementaire et de surveillance permissif, caractérisé notamment par i) des normes faibles en matières de provisionnement et d’adéquation des capitaux et ii) un contrôle interne et externe laxistes. Entre 2001 et 2011, les banques étatiques ont réussi à maintenir des parts de marché importantes (36 pourcent) en dépit d’une augmentation des PNP (15,6 pourcent en 2010 contre 8,3 pourcent auprès des banques privées), des ratios de provisionnement moins élevés (38 ,2 pourcent en 2010 contre 74 ,2 pourcent auprès des banques privées) et de plus faibles ratios de solvabilité (9,4 pourcent en 2010 contre 11,2 pourcent auprès des banques privées). Après la révolution, la BCT a commencé à mettre en œuvre une réglementation plus stricte. Plus particulièrement, une série de circulaires émises entre 2012 et 2014 a contraint les banques à améliorer significativement leurs pratiques de gouvernance d’entreprise et d’augmenter leurs ratios de provisionnement et d’adéquation des capitaux. Des efforts substantiels ont également été réalisés en ce qui concerne le contrôle interne et externe, consistant en une révision du système d’information financière ainsi que 1 En-deçà du minimum de 10 pourcent requis par la réglementation. 2 23 pourcent avec les PNP transférés à des filiales de recouvrement non consolidées. 3 Cela est également dû à l’application d’une nouvelle circulaire de la Banque Centrale de Tunisie imposant des décotes plus rigoureuses sur l’évaluation des collatéraux reçus en garantie de prêts. 4 Elles sont en concurrence avec les banques privées sur tous les segments y compris la banque de détail. Néanmoins, elles sont plus actives dans certains segments particuliers tels que le financement de nouveaux investissements pour les petites entreprises (50 pourcent de part de marché), le financement du secteur touristique (50 pourcent de part de marché) et le financement d’entreprises dans les régions marginalisées (64 pourcent de part de marché). des inspections sur-place plus fréquentes. Pour les banques publiques, ce changement réglementaire s’est traduit par des besoins de recapitalisation importants s’élevant à TND 1 milliard environ (soit USD 0,5 milliards). II. Objectif de Développement du Programme L’objectif de développement du projet (ODP) est d’améliorer la performance des Banques Etatiques. Cet ODP contribuera aux objectifs généraux du Programme de Modernisation du Secteur Financier (PMSF) proposé par le Gouvernement. L’amélioration de la performance des banques étatiques aura un impact direct sur la stabilité financière et sur l’accès au financement. Les indicateurs proposés au niveau de l’ODP seraient : i) placer les banques étatiques en conformité avec les ratios de solvabilité de manière durable, ii) une amélioration de leur Rendement des Capitaux Propres (RCP), et iii) une réduction de leurs PNP. III. Description du Programme Le Programme-pour-Résultats (le « Programme » ou « PpR ») viendra en soutien de mesures clé visant à soutenir directement et indirectement la restructuration des Banques Etatiques. Parmi les priorités du PMSF, la Banque a identifié un ensemble de mesures parmi les piliers I et II du PMSF comme des éléments moteurs de la transformation du secteur financier attendue. En effet, il est prévu que i) l’exécution des plans de restructuration des Banques Etatiques, ii) l’amélioration de leur gouvernance, et iii) l’adoption de textes législatifs clé améliorera la stabilité financière, promouvra la concurrence dans le secteur financier et, de ce fait, améliorera l’accès au financement dans le moyen à long terme. Le Programme proposé soutiendra une partie du PMSF et se limitera à trois années (sur les cinq années du PMSF). La fenêtre de financement de trois vise à aligner les déboursements du PpR avec les efforts d’investissement à réaliser par les Banques Etatiques entre 2016 et 2018. Le PpR devrait comprendre les mesures suivantes :  Restructuration des Banques Etatiques. Le PpR soutiendra l’ensemble du processus de restructuration entre 2016 et 2018. En Juillet 2015 les Banques Etatiques ont lancé leurs recapitalisations respectives (y compris TND 757 millions pour la STB et TND 110 millions pour la BH). Ces recapitalisations permettront aux banques d’exécuter leurs plans d’investissement qui comprennent, notamment, des plans de départ de personnel et une modernisation des systèmes d’information. Le Programme soutiendra également des changements critiques sur le plan de la gouvernance (recrutement de nouveaux administrateurs et de hauts cadres de direction, établissement d’une Agence des Participations de l’Etat (APE) / Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Dans le cadre du Plan d’Action du Programme, le PpR soutiendra la réalisation de sessions de formation au profit du conseil d’administration en matière de gouvernance d’entreprise ainsi qu’un programme de développement des capacités de l’APE/la CDC.  Amélioration de l’environnement juridique du secteur financier. En vue de maximiser les chances de succès de la restructuration des Banques Etatiques, le PpR soutiendra également des réformes ciblées sous le pilier II. Il s’agira en particulier de soutenir l’adoption d’une nouvelle loi bancaire, étant donné que celle-ci i) améliorera l’indépendance de la BCT (et diminuera davantage le risque d’interférence politique dans la progression du processus de restructuration), ii) renforcera le pouvoir de la BCT à intervenir auprès des banques (y compris les Banques Etatiques) en cas de difficultés, et iii) préparer le terrain pour le renforcement de la réglementation. Cela soutiendra également l’adoption d’une nouvelle loi et réglementation relatives aux entreprises en difficultés et, finalement, la révision de la loi sur les prêts usuriers. IV. Examen Social et Environnemental Initial Il n’est pas prévu que les réformes soutenues par ce PpR aient un quelconque effet positif ou négatif sur l’environnement, les forêts et autres ressources naturelles. L’opération proposée soutient des politiques qui mettront en place un environnement favorable à la réduction de la pauvreté et qui, en soi, n’ont aucun impact environnemental. Cependant, une Evaluation des Systèmes de Gestion Environnementale et Sociale (ESGES) sera réalisée afin de s’assurer que les projets de financement soutenus par les Banques Etatiques bénéficiant de la restructuration seront conformes aux principes environnementaux et sociaux de l’OP/BP 9.00. L’ESGES inclura, entre autres, les éléments suivants : (i) documentation des procédures de gestion environnementale et sociale ; (ii) évaluation de la capacité des Banques Etatiques à gérer les incidences environnementales et sociales probables en conformité avec les exigences tunisiennes ; et (iii) des recommandations portant sur des actions spécifiques en vue d’améliorer les procédures et procédés des Banques Etatiques visant à répondre aux problèmes environnementaux et sociaux pertinents qu’implique le projet. V. Financement proposé Source / ($m.) Emprunteur/Destinataire 500 BIRD 250 AID Autres (préciser) Total 750 VI. Point de contact Banque Mondiale Contact : Laurent Gonnet Poste : Senior Financial Sector Specialist Tel.: +216 55 300 016 Email: lgonnet@worldbank.org Organisme d’exécution et emprunteur Contact: Ministère des Finances VII. Pour plus d’information contacter : The InfoShop The World Bank 1818 Street, NW Washington, D.C. 20433 Tel.: (202) 458-4500 Fax: (202) 522-1500 Web: http://www.worldbank.org/infoshop