Programme Diversification des activités et intégration au marché La situation des ménages ruraux dans les régions étudiées est caractérisée par une pauvreté élevée qui contraint les possibilités d’investissement, et par une forte vul- nérabilité à l’environnement climatique et économique, notamment sur le plan alimentaire. Les ménages s’adaptent de façon précaire à ce contexte d’incertitude dans la mesure où les opportunités d’activités en dehors de l’agriculture restent mar- ginales. A l’exception des zones et des filières qui ont fait l’objet d’investissements publics, les exploitations sont très faiblement intégrées au marché des produits agri- coles et les filières agricoles conservent des formes d’organisation « traditionnelles », même si on observe quelques innovations et le développement du marché sous-régio- Changements structurels des économies rurales nal. Les circuits de commercialisation existants sont efficaces pour satisfaire à prix dans la mondialisation modéré le marché domestique en produits peu transformés, mais avec une faible créa- tion de valeur ajoutée en dehors du transport. Dans ce contexte, la migration de courte et longue durée, qui a été jusqu’ici une des réponses des exploitations fami- liales aux chocs et crises diverses, reste l’option envisagée par les agriculteurs, même MALI si elle apparaît de plus en plus incertaine et risquée. Synthèse n° 4 Des revenus non agricoles très limités et Dominés par les transferts Les revenus issus des activités agricoles longue reste une option risquée  : l’ex- (on-farm) restent prépondérants (cf. figure ploitation se prive d’un actif sans aucune 1), sauf à Diéma pour le quintile de certitude que sa migration lui permettra revenu (20% des ménages) le plus élevé. de rapatrier un revenu. La destination des Il existe une diversification non agricole migrants influe fortement sur le niveau (off-farm) généralisée, mais celle-ci ne des revenus transférés, ainsi que sur leur prend de l’importance que dans les zones régularité  : dans l’échantillon enquêté, de moindre investissement public agri- 95  % des émigrés en Europe envoient cole (Tominian et Diéma) et elle repose régulièrement des fonds pour un montant principalement sur les transferts prove- moyen annuel de 580 000 FCFA ; mais nant de la migration de longue c’est le cas pour seulement 59  % des durée et, de façon moindre, de émigrés résidant dans d’autres pays afri- courte durée. Dans ces deux cains et pour un montant inférieur (un zones, les départs de mem- peu moins de 400  000 FCFA par an). bres du ménage en Enfin, dans le cas des migrations internes, migration à la recherche la part de ceux qui envoient des revenus d’un emploi font partie des se situe en dessous de 50  % pour un stratégies développées par montant inférieur à 100 000 FCFA par an. les chefs d’exploitation pour Ainsi à Diéma, 67  % des exploitations diversifier leur système d’acti- sont concernées par la migration et reçoi- vités. Les fonds nécessaires pour vent en moyenne 750 000 FCFA par an ; une migration lointaine sont préle- alors qu’à Tominian, la migration ne vés, en partie tout au moins, sur les concerne que 37  % des EAF avec des revenus et le capital de l’exploitation. transferts vingt fois moindres (37  000 Mais l’envoi ou le départ volontaire d’un FCFA annuels). membre de la famille en migration .../... Les transferts, lorsqu’ils sont irréguliers, n’ont pas d’impact structurel : ils ne permettent pas aux exploitations agricoles de réduire leurs risques et jouent surtout un rôle d’appoint. Ces revenus complémentaires sont pourtant considérés comme vitaux pour la survie des ménages. D’une façon générale, ils sont d’abord destinés aux dépenses de consommation de la famille et aux dépenses sociales (avec respectivement 40 % et 21 % des réponses sur l’utilisation des fonds), puis au financement des activités productives agricoles et d’élevage (19 % des réponses) et, enfin, aux investissements en équipements, en animaux ou à l’habitat (avec de nouvelles constructions réalisées en priorité dans la capitale régionale ou à Bamako). Figure 1 : Origine des revenus par quintile de ménages Les transferts de la migration modifient peu l’économie rurale locale et n’entraînent pas systéma- tiquement le développement d’activités non agricoles : ainsi Diéma est la zone où le nombre d’exploitations impliquées dans les activités commerciales ou de service est le plus faible (res- pectivement 14 % et 11 %), et les transferts de l’émigration n’ont pas stimulé la création d‘activités nouvelles au niveau villageois mais plutôt dans les villes de la région. A Tominian et Koutiala, la migration de courte durée, souvent pendant la saison chaude, est très répandue (respectivement 43 et 50 % des EAF sont concernées). Le départ d’un membre de l’exploitation réduit le nombre de « bouches à nourrir » à une période où le travail agricole n’est pas possible faute d’eau pour d’éventuelles cultures de contre-saison. C’est aussi une opportunité pour les jeunes d’obtenir un revenu. Les transferts s’effectuent sous forme monétaire ou de biens de consommation (durables ou non), voire parfois d’équipements pour l’agriculture ou d’autres activités. Ils sont faibles avec en moyenne 36  000 FCFA/migrant, 11 000 FCFA à Koutiala et de l’ordre de 63 500 FCFA à Tominian. Les salaires agricoles et non agricoles sont très faibles. Les secteurs qui permet- tent à des villageois de disposer d’un salaire sont essentiellement l’éducation et la santé (instituteurs et matrones), le transport et la transformation des produits (meu- nier). Ces emplois peuvent être saisonniers (cas des meuniers) ou irréguliers (transport). Les revenus sont très disparates et ne concernent que très peu d’exploitations (1 à 5 %). En revanche les salaires agricoles, dans lesquels sont incluses les indemnités des responsables d’or- ganisations paysannes et professionnelles, concernent jusqu’à 45 % des EAF à Macina et 19 à 20 % des EAF à Diéma et Koutiala. Le salariat agricole est répandu dans les deux zones « les plus agricoles » (Macina et Koutiala) et dans celle de Diéma, où l’argent des transferts permet de rému- nérer du travail agricole supplémentaire ; mais il est quasi-inexistant dans la zone de Tominian. Cette activité est très irrégulière avec des niveaux de rémunération très bas en dehors de la zone de Diéma. Les revenus moyens annuels issus du salariat agricole pour les exploitations concernées se situent entre 14 400 FCFA à Koutiala et 70 000 FCFA à Diéma. En conséquence, ces activités non-agricoles ont des effets très limités sur l’évolution des économies locales. Les activités d’auto-emploi (artisanat, commerce, transport et autres services) génèrent des revenus complémentaires dans toutes les zones, pour tous les quintiles et plus particulièrement pour le quintile 1 (entre 5 et 8 % des revenus) et le quintile 5 (entre 7 et 13  %). Les exploitations concernées sont nom- breuses avec de fortes disparités entre les régions : 20 à 54 % des exploitations ont une activité de commerce et 17 à 41 % ont une autre activité de services. Enfin, les revenus issus de rentes foncières n’apparaissent que dans la zone de Macina où, paradoxalement, ils concernent les quintiles les plus bas. Dans cette zone, la seule où existe un marché foncier illégal mais bien réel, la location de terres est souvent une source de revenu monétaire permettant d’acquitter la redevance hydraulique et, ainsi, d’éviter de se faire retirer l’accès au foncier par l’Office du Niger. Des revenus agricoles principalement issus Des proDuctions végétales Plus de 75 % des revenus agricoles proviennent des cultures végétales (pour tous les quintiles – cf. figure 2) avec des spécificités régionales marquées : riz et échalote (qui devient une culture de rente) à Macina ; céréales sèches à Diéma et Tominian ; céréales sèches et coton à Koutiala. La transformation des produits agricoles ne constitue pas une source de revenu importante. Les produits sont généralement commercialisés bruts, sauf le riz le plus souvent décortiqué, les écha- lotes dont une petite partie est transformée, le karité vendu souvent sous forme de beurre et, dans la zone de Tominian, le sorgho transformé en bière. Figure 2 : Origine des revenus agricoles par quintile de ménage A Koutiala, une part conséquente du produit brut provient du maïs (figure 3) qui, par son rendement, compense largement un prix de vente inférieur aux autres céréales. Le coton occupe une place encore importante, mais sa part dans le revenu a fortement diminué : les superficies cultivées en coton ont baissé (pour l’échantillon, la surface moyenne est passée de 3,13 ha en 2001 à 0,99 ha en 2007) en raison de prix moins rémunérateurs ne pouvant compenser des coûts de production croissants et la diminution des rendements, expli- quée par la baisse de fertilité des terres (ODHD, 2009). Dans les trois zones pluviales, une part conséquente des légumineuses est commercialisée et contri- bue de façon significative au revenu monétaire. La contribution de l’élevage au revenu agricole reste très faible (figure 2) en dehors de la zone de Koutiala où les revenus traduisent à la fois une exploitation des trou- peaux et une décapitalisation pour faire face à la crise cotonnière. Certes, l’échantillon de l’enquête ne concerne pas la zone pastorale et se limite à des agro-éleveurs Figure 3 : Composition du produit brut moyen des cultures annuelles par zone sédentaires, mais il faut toutefois considérer le statut particulier de l’élevage, notamment de bovins, qui n’a souvent pas comme objectif de générer des revenus directs et réguliers, mais plutôt des fonctions techniques (traction et production de fumure organique) et d’accumulation (épargne). Dans la zone de Macina, on constate qu’un nombre important d’exploitations agricoles subissent des pertes « apparentes » liées à leurs activités d’élevage car les coûts d’entretien des bœufs de labour n’ont pas été compensés par des ventes d’animaux. Néanmoins, il faut considérer la contribution appréciable des bœufs de labour à la production végétale (traction et fumure). La commercialisation de petits ruminants, de volailles (et porcs pour Tominian) constitue un appoint du revenu pour quelques exploitations. Les revenus issus des autres activités primaires (cueillette, pêche, bois de chauffe et charbon de bois, extraction de graviers, etc.) sont loin d’être négligeables et représentent entre 7 et 15 % du revenu moyen des quintiles dans la zone la plus pauvre (Tominian), jusqu’à 9 % à Koutiala (essentiellement cueillette du karité) et 8 % à Macina (essentiellement pêche). Tableau 1 : Revenus des productions végétales (moyennes et coefficients de variation - CV) Productions végétales Diéma Tominian Macina Koutiala (en 1000 Fcfa) Moy. CV. Moy. CV. Moy. CV. Moy. CV. Produit brut 712 118% 280 75% 1938 87% 970 65% Revenu* 661 123% 260 77% 1010 93% 736 69% Par hectare cultivé 60 44% 47 42% 176 69% 66 41% Par actif présent 72 75% 52 74% 161 82% 111 60% Par EqA présent 41 67% 32 92% 97 77% 63 61% * Avant amortissement des matériels et équipements agricoles Les revenus dégagés par les activités de production végétale sont très hétérogènes avec un avantage déterminant pour les zones irriguées. A Tominian, le revenu est à l’image de la productivité de la terre dans la zone : très faible, avec moins de 50 000 FCFA par hectare cultivé (tableau 1). Le niveau est légè- rement supérieur à Diéma et Koutiala, avec 60 000 et 66 000 FCFA/ha. La mauvaise performance de la région de Koutiala est liée à un prix d’achat du coton graine très bas et à de mauvais rendements. Dans la zone de Macina, les résultats sont nettement plus élevés avec, en moyenne, un revenu de l’ordre de 1 million FCFA par exploitation et 176 000 FCFA par hectare cultivé. Ces résultats restent cependant nettement inférieurs aux statistiques et normes de l’Office du Niger en raison de rendements moyens très inférieurs aux niveaux officiels. Comparé au Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 28 460 FCFA mensuel, la productivité du travail agricole reste très basse puisque les revenus agricoles moyens annuels par actif présent sont équivalents à seulement 2,5 mois de SMIG pour la zone de Tominian et 4 mois de SMIG pour la zone de Macina. Des exploitations faiblement intégrées aux marchés Les enquêtes rappellent clairement que le Mali elles produisent peu de valeur ajoutée du fait reste hors des grandes tendances de reconfigura- d’une faible demande solvable sur le marché tion du système agroalimentaire mondial. national pour les produits transformés, de faibles L’intégration aux marchés reste très faible : les capacités de stockage et de transformation, et du processus de contractualisation entre production manque d’environnement incitatif pour l’inves- et commercialisation sont globalement inexis- tissement. Le secteur agroalimentaire semble tants (si on excepte la situation du coton avec un toutefois évoluer avec le développement de acheteur unique) et la distribution est toujours petites entreprises de transformation. Par ailleurs, très atomisée. Les exploitations sont encore assez si les filières de produits ont été globalement peu peu intégrées aux marchés des produits alimen- innovantes au cours des deux dernières décen- taires agricoles : elles optent pour des stratégies nies, certaines d’entre elles ont fait preuve d’un qui privilégient l’autoconsommation, avec un certain dynamisme comme le montrent l’émer- recours aux marchés limité à la commercialisa- gence de l’échalote à l’Office du Niger ou tion des surplus et/ou l’acquisition des quantités l’intégration progressive au marché sous régional nécessaires pour combler les déficits au niveau ouest-africain (céréales, échalote, bétail). du ménage. En conséquence de ces faibles chan- gements, il n’y a pas de concentration ni des structures de production (l’agriculture reste essentiellement familiale), ni des segments amont ou aval des filières agricoles. Les politiques de libéralisation mises en œuvre depuis le début des années 1980 et l’ouverture aux marchés internationaux, notamment en 2000 avec la mise en place d’un tarif extérieur commun au sein de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), ne se sont Figure 4 : Niveau de commercialisation des produits agricoles des exploitations pas traduites par une très forte intégration des exploitations agricoles aux marchés. Le com- Au niveau des exploitations, l’intégration au mar- merce repose essentiellement sur une offre et ché par la commercialisation des produits une demande toujours très atomisées. Cepen- agricoles est très variable selon les zones. A dant les filières commerciales, céréalières en Tominian et Diéma, qui ont peu bénéficié d’in- particulier, sont efficaces car elles permettent vestissements publics, les productions agricoles d’acheminer les produits agricoles vers les villes ont vocation à être autoconsommées et la part à des coûts relativement faibles. En revanche, commercialisée reste faible. Dans la zone de Koutiala, 46 % seulement du Il n’y a quasiment produit brut de l’exploitation est commercia- pas de regroupe- lisé. Le coton, qui représente seulement 23 % ment de l’offre du produit brut total, occupe encore une place céréalière au importante dans les ventes agricoles avec 52 % niveau des pro- du montant total. La zone la plus intégrée est ducteurs qui celle de l’Office du Niger, avec 63 % du pro- permettrait de duit brut qui est commercialisé, peser sur le mar- essentiellement le riz et les échalotes (respec- ché en dehors de tivement 68 % et 26 % des ventes). Les coûts quelques bourses de d’exploitation y sont élevés et contraignent les céréales et d’un projet agriculteurs à commercialiser une partie d’appui à la commercialisa- importante de leur production. tion des céréales au Mali (PACEEM). Les organisations paysannes de base interviennent En dehors de la filière coton, caractérisée par peu dans la commercialisation (en dehors du une intégration verticale sous le contrôle d’un monopsone (une multitude de vendeurs pour un seul acheteur) parapublic où les produc- teurs ont de fait des contrats de production avec la société cotonnière (prix d’achat fixé et débouché assuré), il n’y a quasiment pas de contractualisation, à l’exception de quelques producteurs de filières émergentes (comme la filière sésame à Tominian), mais dont le poids économique reste marginal. A l’exception de la filière coton dans laquelle coton) et seulement pour les quantités qu’elles la commercialisation est fortement structurée, ont collectées pour paiement de prestations via les organisations paysannes, avec un ache- (battage à l’Office du Niger) ou le rembourse- minement des villages aux usines sous la ment du crédit. Cette absence de responsabilité de la société cotonnière, les cir- contractualisation se traduit par des prix qui cuits commerciaux reposent sur une subissent de fortes instabilités saisonnières et organisation très traditionnelle avec interannuelles. des producteurs qui vendent soit sur les marchés hebdoma- La quasi-totalité des exploitations enquêtées daires, soit à des acheteurs achète quelques intrants agricoles (essentielle- de leur village ou qui col- ment engrais) ou d’élevage (produits lectent dans les villages au vétérinaires et sels minéraux) sur le marché. moment de la récolte Cependant, les quantités et les montants pour le compte de gros- concernés sont très faibles à Tominian et sistes. Les innovations sur Diéma (respectivement 5 % et 4 % de la valeur la qualité et la valorisation du produit brut des activités primaires) et sont des produits restent inférieurs à 20 % de la valeur totale de la pro- embryonnaires. Enfin, mal- duction à Koutiala et Macina. Dans la zone gré une organisation irriguée de l’Office, les charges de main-d’œu- agro-industrielle ancienne, la vre ou de prestation et de redevance filière coton n’a pas non plus fait hydraulique sont importantes et l’intégration au preuve de beaucoup d’innovation au marché du crédit est d’autant plus élevée que cours de ces vingt dernières années : pro- la zone bénéficie d’investissements agricoles duit, process, organisation sont restés conséquents : 71 % des EAF sont concernées inchangés. contre 8 % seulement à Tominian. Les exploitations ayant de très forts niveaux de commercialisation (essentiellement à Macina) sont présentes dans tous les quintiles indiquant qu’un fort taux de commercialisation des produits agri- coles peut aussi être lié à de faibles revenus. A Tominian, même si la part des exploitations avec moins de 25 % du produit brut commercialisé est majoritaire, on note une augmentation très nette de l’in- tégration au marché avec la croissance du revenu (cf. figure 5). Figure 5 : Niveau de commercialisation des produits agricoles et classes de revenu Enfin une partie des exploitations est également intégrée au marché via l’achat de céréales pour leur consommation. Cette proportion varie selon les résultats de la campagne agricole, mais les stratégies des chefs d’exploitation ne se résument pas à un achat en cas de déficit de production (ODHD/PNUD, 2007) : certaines exploitations sont actives sur les deux segments du mar- ché à des périodes différentes ou pour des produits différents. Dans notre échantillon, une part importante des EAF achète des céréales sur le marché, quelle que soit la région ; mais parmi elles, la part de celles qui commercialisent aussi leurs productions varie fortement (de 8 % seulement à Tomi- nian à 89 % à Macina – cf. tableau 2). Tableau 2 : Part des EAF qui achètent et vendent sur le marché de céréales Part des EAF Parmi elles part de ZONES qui ont acheté celles qui ont vendu Diéma 64% 53% Tominian 60% 8% Macina 71% 89% Koutiala 58% 77% Dans cette dernière zone, les chefs d’exploitation jouent sur le rapport de prix entre riz et mil, alors qu’à Tominian, où les déficits céréaliers sont importants, il y a nettement moins de vendeurs parmi les acheteurs. Les exploitations les plus pauvres (quintiles 1 et 2) sont celles qui achètent le plus de céréales, sauf à Koutiala où une part importante des EAF les plus pauvres est autosuffisante. Cette double intégration des exploitations au marché des céréales a des impli- cations importantes en termes de politiques agricoles, puisqu’elle révèle une sensibilité à la fois au prix à la production et au prix à la consommation. ... synthèse et thèmes de débat Au Mali, les économies rurales reposent tou- jours majoritairement sur les activités agricoles et la plupart des exploitations fami- liales adoptent des stratégies de gestion du risque par l’autoconsommation. Les activités non agricoles contribuent faiblement au revenu, à l’exception de la migration, dont les transferts occu- pent une place importante dans les revenus des EAF concernées. La migration constitue bien une option de diversification des systèmes d’activités et non pas uniquement une option de sortie de l’agriculture. La productivité agricole est faible à très faible, mais avec une création de valeur ajoutée importante en part relative, car le recours aux consommations intermédiaires et services extérieurs est limité (à l’exception de la zone Office du Niger). L’intégration au marché n’est pas un facteur important de différenciation et les filières de produits agricoles sont caractérisées par une organisation « traditionnelle », quelquefois dynamique, mais avec peu de création de valeur ajoutée. Une part importante des exploi- tations, notamment les plus pauvres, achète des céréales et est donc sensible aux variations de prix à la production et à la consommation. Au-delà de la nécessaire augmentation de la productivité, qui constitue un préalable à l’augmentation des revenus agricoles et à l’émergence d’une demande rurale, comment favoriser le développement d’activités de transfor- mation et de services ? Quels sont les besoins en termes d’investissement Contacts public ? Comment appuyer l’investissement privé ? Quels sont les besoins en a.samake@yahoo.fr dembele@msu.edu matière de formation ? belieres@cirad.fr gabas@cirad.fr Pour lever le risque alimentaire qui réduit les possibilités de diversifica- Pour en savoir plus tion, le développement des productions vivrières est nécessaire mais http://www.worldbank.org/ il ne peut être suffisant pour sortir de la pauvreté. Quelles sont afr/ruralstruc les filières agricoles à plus haute valeur ajoutée susceptibles http://www.ier.gouv.ml de connaître un développement autre que confidentiel ? Quelles sont les activités en aval ou amont de la produc- tion qui permettraient d’améliorer la valeur ajoutée en milieu rural ? Comment développer les synergies au niveau local et favoriser l’émergence d’un tissu économique diversifié structuré par des réseaux de petites villes et bourgs ruraux dotés d’infrastructures et de services minimaux ? Quels parte- nariats public – privé ? Quel rôle pour les collectivités locales ? Quelques références... ODHD (Observatoire du Développement Humain Durable), 2009. Contribution du coton à la croissance économique au Mali. Ministère du développement social, de la solidarité et des personnes âgées, Bamako. ODHD/PNUD (Observatoire du Développement Humain Durable / Programme des Nations Unies pour le Développement), 2007. Analyse de la pauvreté alimentaire au Mali. Ministère Édition : Christine Rawski du développement social, de la solidarité et des personnes âgées, Bamako. Maquette et mise en page : Thomas San Andres www.picsat.fr © IER – CIRAD – MSU