Précis D É P A R T E M E N T D E L É V A L U A T I O N D E S O P É R A T I O N S É T É 1 9 9 8 N U M É R O 1 6 2 Programme de mise en valeur de l'énergie géothermique au Kenya E NTRE 1979 ET 1996, LA BANQUE A MENÉ À BIEN CINQ projets à l'appui du programme kényen de mise en valeur des ressources géothermiques, premier programme de ce type en Afrique. Il ressort de l'audit* effectué par le Département de l'évaluation des opérations que ces cinq projets ont bien abouti, mais que les deux derniers ne sauraient être viables à long terme sans une aide supplémentaire de l'État. Cet audit attire l'attention sur ce que la Banque et les emprunteurs pourraient faire à l'avenir pour accroître les chances de succès de ce type de projets énergétiques dans la région. La Banque aurait pu mieux exploiter ses compétences tech- niques internes en matière de forage géothermique et assouplir les procédures de passation des marchés de manière à pouvoir réagir plus rapidement dès que se posait un problème de forage. L'État, quant à lui, pourrait s'employer davantage à développer ses activités d'exploration et de mise en valeur des ressources géothermiques, renforcer ses compétences dans ce domaine et affecter des ressources suffisantes à l'entretien des ouvrages, tout en recherchant la participation d'opérateurs privés. Entre 1979 et 1989, la Banque a approuvé du développement du programme et des trois prêts et deux crédits d'un montant to- ressources géothermiques du Kenya. Ces tal de 117,2 millions de dollars à l'appui cinq projets, réalisés entre 1979 et 1996, 2 Département de l'évaluation des opérations de la Banque mondiale d'assistance technique destiné à permettre au personnel kényen de prendre complètement en main l'exploitation du programme. Dès le début de 1988, on observait une amélioration spectaculaire des activités de forage. Les quatrième et cinquième projets, qui ont permis de financer le forage de 29 puits à Olkaria, ont montré que le gisement a une capacité de pro- duction totale de 78 MW de vapeur, laquelle servira à alimenter une centrale actuellement financée au titre d'un projet relais de la Banque. Le programme de forage d'Eburru, qui a démarré avec trois années de retard, a été ont aidé la Kenya Power Company (KPC) à installer les beaucoup moins concluant, le potentiel géothermique premières centrales géothermiques d'Afrique. s'avérant finalement bien moindre que prévu. Les trois premiers projets (approuvés en 1979, 1980 et 1983) ont financé le forage de puits, la mise en place Problèmes d'exécution d'installations de transport et la construction d'une La centrale d'Olkaria a cependant eu du mal à centrale d'une capacité de 45 mégawatts sur le gisement maintenir une production de vapeur suffisante pour faire géothermique d'Olkaria de la vallée du Rift. Une fois la fonctionner ses turbines. Exploitée au-delà de sa puis- centrale opérationnelle, le gouvernement a décidé de sance nominale jusqu'en 1985, cette centrale a donner une forte impulsion à son programme de commencé à connaître des problèmes de production, du développement géothermique pour en faire l'un des fait que les investissements qu'il fallait effectuer dans de principaux piliers de son futur système de production nouveaux puits pour contrebalancer la baisse constante d'électricité. La Banque a appuyé cet objectif par de la production des puits existants, de l'ordre de 3 à l'octroi de deux crédits (approuvés en 1984 et en 1989), 5 % par an, sont restés insuffisants. La production de destinés à financer des travaux d'exploration, vapeur et d'électricité est tombée progressivement de d'évaluation et de forage dans d'autres parties d'Olkaria 45 MW en 1989 à 30 MW en 1995. KPC était censée et sur les lieux du volcan éteint d'Eburru. financer elle-même les travaux urgents qui s'imposaient pour raccorder les puits de remplacement et forer cinq Performance nouveaux puits. Les économies qu'elle aurait réalisées Ces trois premiers projets ont été, en substance, achevés en important moins de mazout auraient pu couvrir le conformément au calendrier et au budget prévus, mais coût de l'investissement, mais KPC n'a pas été en mesure les performances du point de vue du forage ont laissé à de financer ces travaux. Ce n'est qu'en 1992, lorsque la désirer. Toutes les unités de production d'électricité, qui production a chuté de plus de 20 %, qu'il a été convenu ont été exploitées à pleine capacité, voire au-delà, pen- d'affecter au paiement des travaux de raccordement des dant des années, fonctionnent aujourd'hui sans difficulté puits, des fonds fournis au titre d'un autre projet de la majeure à leur puissance installée. Banque. La performance du quatrième projet s'est cependant Les procédures de passation des marchés de la révélée très décevante du point de vue du forage ; ce Banque se sont révélées trop rigides pour répondre aux problème s'était déjà posé antérieurement, mais la besoins du projet. Les services de la Banque chargés de Banque ne s'y est véritablement attaquée qu'en 1987, la passation des marchés ont refusé les résultats d'un date à laquelle elle a organisé la mise en place d'une appel d'offres international restreint pour la fourniture aide bilatérale en vue de financer un programme de services de cimentation, qui n'avait donné lieu qu'à Précis 3 une offre ; ils ont par ailleurs demandé que KPC lance d'une indépendance financière suffisantes pour pouvoir un appel d'offres ouvert international, alors que seul un se procurer les ressources dont elle a besoin dans un petit nombre d'entreprises offre ces services dans le délai raisonnable ou savoir tirer pleinement parti de ses monde et que rien n'indiquait que d'autres ressources financières. En l'absence de ressources soumissionnaires y participeraient. KPC a fini par supplémentaires pour financer de nouvelles installations financer elle-même ces services. En outre, la Banque a de forage et la centrale géothermique de KPC, les cessé de recourir aux services d'un agent offshore pour activités d'exploration et d'évaluation de cette société ne les achats urgents d'équipement et de matériel de forage, sauraient être viables à long terme. alors que les nouvelles procédures allongeaient de trois à six mois la période d'instruction des dossiers, Recommandations occasionnant ainsi de sérieuses difficultés à KPC. Pour la Banque : Le secteur privé s La Banque doit davantage confier au personnel tech- La Banque propose que l'accroissement de la production nique l'examen des programmes de forage et de d'électricité au Kenya relève à l'avenir principalement, valorisation des ressources, tant au stade de l'évaluation sinon intégralement, du secteur privé. Le gouvernement qu'à celui de la supervision des projets géothermiques. a accepté d'ouvrir l'exploitation de la partie occidentale s La Banque doit faire preuve d'une plus grande souplesse du gisement d'Olkaria à des opérateurs privés et de les dans la passation des marchés pour permettre à encourager à investir dans des centrales classiques sur le l'emprunteur de passer des commandes urgentes littoral. Au moment de l'audit, plusieurs propositions imprévues de manière plus efficace et plus économique. d'investisseurs privés étaient à l'étude. Pour l'emprunteur : Conclusion s KPC doit revoir ses engagements en matière Les cinq projets ont été couronnés de succès. En matière d'exploration géothermique et de forage et déterminer de forage, la performance des trois premiers projets, qui les ressources nécessaires à la bonne exécution de son laissait par trop à désirer entre 1979 et 1986, s'est programme. La mise en valeur des ressources grandement améliorée en 1987 et est restée très géothermiques doit devenir pour KPC une activité de satisfaisante jusqu'à la fin des opérations. KPC a production d'électricité rentable, qui génère des renforcé ses capacités, si bien qu'elle peut maintenant ressources suffisantes pour financer les travaux gérer son programme géothermique en s'appuyant d'entretien et d'expansion. uniquement sur son personnel, sans avoir à recourir à s KPC doit développer la formation dans le domaine de des consultants extérieurs à temps plein. Son matériel est la conception d'installations de surface associées aux cependant vétuste et devra être remplacé si elle veut con- réseaux collecteurs de vapeur. tinuer de fonctionner de manière efficace. La Banque a tardé à renforcer les activités de forage Pour la Banque et l'emprunteur : de KPC ; il a, en effet, fallu que la production diminue s Si les opérateurs privés ne peuvent être convaincus d'un tiers pour qu'elle fasse le nécessaire et aide KPC à d'investir dans la valorisation des ressources enrayer cette baisse qui, en l'obligeant à importer géothermiques dans des conditions équitables, le davantage de pétrole, lui coûtait cher. Pour sa part, KPC gouvernement et la Banque devront procéder a tardé à s'attaquer au problème et n'a pas été en différemment et confier aux institutions publiques un mesure de financer les dépenses courantes associées au rôle plus important, que ce soit via l'offre de services raccordement des nouveaux puits dont elle avait besoin. de forage aux investisseurs ou la garantie de prix de KPC doit encore mettre en place une structure la vapeur compétitifs, ce qui diminuerait d'autant les géothermique dotée d'une autonomie, d'une autorité et risques pour l'investisseur. 4 Département de l'évaluation des opérations de la Banque mondiale Précis * Rapport d'évaluation rétrospective : « Kenya: Olkaria Veuillez adresser vos commentaires et demandes de Geothermal Engineering Project, Olkaria Geothermal Power renseignements au rédacteur en chef, Elizabeth Campbell-Pagé, Project, Olkaria Geothermal Power Expansion Project, Geother- tél. : 1-202/473-5365, fax : 1-202/522-3125, email : mal Exploration Project, Geothermal Development and Energy ecampbellpage@worldbank.org Pre-investment Project » par Richard Berney, Rapport no 16842, Les commentaires et demandes de renseignements doivent être juin 1997. Les Administrateurs et les services de la Banque peuvent adressés à l'OED, tél. : 1-202/458-4497, fax : 1-202/522-3200, se le procurer auprès de l'Unité de documentation interne et des email : OED Help Desk@worldbank.org centres d'information régionaux, et le public auprès du Service d'information et de documentation de la Banque mondiale : Ce précis et d'autres publications de l'OED peuvent être consultés tél. : 1-202/458-5454 sur internet, au site : http://www.worldbank.org/html/oed fax : 1-202/522-1500 email : pic@worldbank.org. DÉNI DE RESPONSABILITÉ : Les Précis de lOED sont produits par le Département de lévaluation des opérations, partenariats et gestion des connaissances (OEDPK) de la Banque mondiale. Les opinions qui y sont exprimées sont celles du personnel du Département et ne sauraient être attribuées à la Banque mondiale ni aux institutions qui lui sont affiliées.