192 Qualité opérationnelle et connaissances Octobre 2001 Findings fait le point sur les travaux en cours dans les domaines opérationnels, économiques et sectoriels entre- pris par la Banque mondiale et ses états membres dans la Région Afrique. Le bulletin est publié périodique- ment par le Centre de Documentation pour le compte de la Région. Les opinions émises dans Findings n'en- gagent que le(s) auteur(s) et ne sauraient être attribuées au Groupe de la Banque mondiale. Boîte à outils économique Internet Pour décideurs africains Cette boîte à outils présente un modèle des impacts probables d'Internet sur les recettes des sociétés de télécom- munications et fournisseurs africains d'accès à Internet, des modèles de structure des prix et de la portée poten- tielles des services Internet, des données sur la portée du développement d'Internet en Afrique ainsi que des exemples de son utilisation actuelle. A la lumière de ces données, la boîte à outils en vient à discuter les choix de politiques qui se posent aux pays qui espèrent étendre l'utilisation d'Internet dans un contexte de réforme indispensable des télécommunications et de partenariats entre gouvernements et secteurs privés, y compris les universités et les ONG. En dépit du faible niveau de développement du Sud, le continent tout entier avec sa pop- des télécommunications sur le continent ulation de plus de 650 millions d'habitants a africain, l'Internet a connu une expansion pratiquement autant de sites Internet que la rapide au cours des dernières années. Des Croatie avec une population de 5 millions fournisseurs d'accès privés, à but non lucratif d'habitants. Vingt-deux pays dans le monde, ainsi que du secteur public ont vu le jour ayant une population supérieure à un mil- pour aider à exploiter les opportunités qu'of- lion d'habitants n'ont aucun site d'héberge- fre cette nouvelle technologie. Quarante- ment Internet. Au nombre de ces pays fig- deux des cinquante-quatre pays africains ont urent 16 pays africains, notamment le Zaïre, un accès public dynamique à l'Internet dans le Tchad, la Somalie, la Sierra Leone, le les capitales, dont huit pays qui ont une cou- Soudan, le Rwanda, le Malawi, la verture nationale pour l'accès à connexion Mauritanie, le Mali, le Lesotho, la Guinée, la locale. Ces huit pays sont le Burkina Faso, le Gambie, l'Erythrée, le Congo, la République Malawi, le Mali, le Maroc, Maurice, le Centrafricaine et le Burundi. En dehors de Sénégal, le Tchad et le Zimbabwe. Dans les l'Afrique du Sud, seul 1 Africain sur 5.000 a pays où la concurrence est autorisée, le coût accès à l'Internet. de l'accès au web est tombé en-dessous de 30$ E.U. par mois. Les entrepreneurs Les infrastructures et le développement de africains, las d'attendre l'appui du gouverne- l'Internet ment, créent des sociétés privées d'accès à l'Internet. Au Mozambique, l'un des pays les La poursuite de la croissance de l'Internet est moins développés du continent, il est étroitement liée à la qualité et à la disponi- aujourd'hui possible de téléphoner via bilité d'infrastructures de télécommunica- Internet. C'est largement du fait des efforts tions dans ce vaste continent. Un élément des sociétés privées que le nombre de sites majeur de ce processus serait la libéralisation d'hébergement dans les pays africains est du secteur et les investissements privés. En passé de 290 dans 5 pays en 1995 à 6.510 Afrique sub-saharienne, le changement est dans 32 pays en 1998 (cf. Annexe 3 du rap- déjà en cours : 25 pays ont entrepris des pro- port). Ces chiffres ne comptent pas l'Afrique grammes de réforme des télécommunica- du Sud qui, à elle seule, compte 129.000 tions. Toutefois, il reste encore à mesurer sites. l'impact immédiat de ces réformes sur la croissance de l'Internet. Au cours de la même période, l'Internet a connu une croissance phénoménale dans L'Internet est très exigent en matière d'infra- d'autres régions du monde. La part de structures avec ses besoins de connexion de l'Afrique dans cette augmentation n'était haute qualité et à haut débit. Il faut aux four- que de 0,025% en 1997, et elle est tombée à nisseurs d'accès un accès peu onéreux et 0,022% en début 1998. Excepté l'Afrique fiable aux lignes de communication interna- tionale pour se connecter au Web de même leurs recettes. Les paiements compensatoires sera moins attrayant comme succédané de la qu'un accès local tout aussi fiable pour leurs de taux comptables effectués par les Etats voix ou du fax eu égard à la baisse des coûts clients. Cette nécessité d'une infrastructure à Unis en faveur des pays africains sont des appels internationaux et à la hausse des large bande passante à fréquence élevée notablement plus importants -2,4% des coûts des appels locaux. exerce de sérieuses pressions sur les réseaux recettes du Mozambique ou 14,3% pour le de télécommunications les moins développés Ghana par exemple- (cf. Annexe 4 du rap- Cependant, pour l'heure, l'accès à l'Internet du monde. Cela est certainement vrai pour port). Ce dernier point signifie en clair que est un investissement assurément avan- la majorité des pays africains qui n'ont que les Etats unis paient pour la différence nette tageux. Ne serait-ce que du point de vue des 2% du parc téléphonique mondial à offrir à des appels effectués entre les USA et économies directes sur les communications 12% de la population du globe. Il existe des l'Afrique. Les Etats Unis appellent plus même pour les petites sociétés qui ont beau- réseaux très avancés dans des pays comme le l'Afrique que l'inverse, et ils effectuent un coup d'opérations internationales. Un entre- Rwanda et le Botswana, tandis que d'autres paiement basé sur un "taux compensatoire" tien quotidien d'une heure avec un corre- comme Madagascar et l'Ouganda disposent par minute pour couvrir la différence. Parce spondant au Royaume Uni pendant une de systèmes analogiques peu fiables. Dans que le taux compensatoire est fixé à un année coûterait à un homme d'affaires certains pays, la densité du réseau télé- niveau bien plus élevé que le coût encouru mozambicain environ 38.250 $ E.U. phonique tombe jusqu'à 1 téléphone pour par les sociétés africaines de télécommunica- 1.000 habitants, avec seulement 69% de la tions pour transmettre un appel des Etats Les mêmes informations transmises par fax demande satisfaite en tant que pourcentage Unis à un client africain, il résulte un "béné- coûteraient 7.650 $ E.U. Tous les frais de la demande totale (comparée à 89% dans fice supplémentaire" pour les sociétés annuels d'une connexion régionale à les pays à faible revenu pris dans leur ensem- africaines de télécommunications.. l'Internet -un ordinateur, un modem et l'ac- ble). La proportion de lignes numériques est cès à l'Internet- utilisée uniquement pour de 56% comparée à une moyenne mondiale En vérité, pour être vraiment concurren- des courriers électroniques internationaux en de 90% pour les pays à faible revenu. Des tielles sur le marché mondial, les sociétés remplacement du fax s'élèveraient à 1.328 $ technologies avancées telles le RNIS, la télé- africaines de télécommunications doivent E.U. L'économie annuelle serait donc de phonie mobile et les liaisons spécialisées ne rapidement intégrer les changements qui 6.322 $ E.U. sont toujours pas très développées dans la sont en train de remodeler les télécommuni- majorité des pays africains. cations à travers le monde pour les trans- Avantages pour la communauté former en entreprises de biens et services Un autre défi non moins sérieux qui se pose marchands. En embrassant la technologie de L'Internet est bien plus q'un succédané au développement de l'Internet en Afrique l'Internet et en augmentant le nombre d'u- économique de la communication vocale et tient de la structure actuelle des coûts d'accès tilisateurs pouvant avoir accès au réseau, ces du fax. Déjà en Afrique, on utilise la tech- au réseau. L'Internet pourrait détourner le sociétés ont beaucoup plus à gagner à long nologie pour un large éventail d'autres appli- trafic des communications vocales interna- terme. cations ayant une influence directe sur la tionales génératrices de revenus élevés et qualité de la vie. Les artisans ougandais, avoir un impact négatif sur les bénéfices des L'Internet est une bonne affaire botswanais et sénégalais commercialisent sociétés africaines de télécommunications. leurs produits à travers le monde grâce au Le Chapitre Un ainsi que les annexes au Les modèles présentés dans cette boîte à out- Salon Virtuel de l'Artisanat du Centre des présent rapport donnent une estimation de ils suggèrent que l'expansion de l'Internet en Nations Unies pour le Commerce ces pertes. Afrique peut dégager des opportunités pour International ; des quotidiens nationaux en une réduction significative des coûts de Côte d'Ivoire, au Kenya en Zambie sont Sur les marchés qui n'ont pas encore connu communication d'un large éventail d'utilisa- publiés sur le Web ; des médecins échangent la moindre réforme et où la dépendance est teurs des télécommunications africaines. Ces des données de diagnostic ; plus de 400 étu- plus forte vis-à-vis des prix surévalués des économies viendraient presque exclusive- diants ressortissants de 6 pays africains par- communications téléphoniques interna- ment des appels internationaux. Deux ticipent au programme " Liens Mondiaux tionales, l'Internet pourrait être utilisé pour raisons expliquent cette conclusion. pour le Développement " de la Banque éviter ces coûts. Mais l'Internet n'est qu'une D'abord, à l'heure actuelle, 80 à 90% des mondiale visant à connecter les écoles du force parmi d'autres qui auront un impact courriers électroniques sont échangés en monde entier à l'Internet pour une collabo- sur les sociétés de télécommunications de la dehors du continent. Deuxièmement, les ration dans le domaine de l'enseignement à région . Il est d'autres forces telles les pres- appels internationaux en provenance et à distance. sions internationales pour une réglementa- destination du continent drainent des tion des taux comptables des charges ainsi recettes bien supérieures aux coûts de trans- Si l'on veut que ces avantages fassent le bon- que la présence croissante de la technologie mission de l'appel. Ironiquement, étant heur de la majorité plutôt que de la du PCV. Même les pays où la fourniture donné les pressions pour le rééquilibrage des minorité, il est indispensable de réduire les d'accès à l'Internet est élevée connaissent taux qui ne sont pas liées à l'Internet, il est coûts d'accès à l'Internet. Cela appellera une probablement une baisse d'environ 1% de vraisemblable que le courrier électronique concurrence entre les fournisseurs d'accès à 2 Internet (FAI) et les sociétés de télécommu- moyens. De même, des ordinateurs bon vision de l'avenir, lorsque les PTT finiront nications offrant l'accès aux utilisateurs marché, la formation et une fiabilité accrue par vendre la capacité de bande à des noeuds locaux. Pour un utilisateur mozambicain du du téléphone sont essentiels pour faire de sur le réseau. La bande passante devenant un courrier électronique avec accès local et un l'Internet un mass media en Afrique. bien marchand, les PTT voudront aug- ordinateur personnel, les coûts annuels des menter le nombre d'utilisateurs sur le réseau équipements et les frais d'accès à Internet Conclusions sur les politiques qui exigent des services de capacité élevée. représenteraient environ 49% et 51% Dans l'intervalle, à court terme, Internet respectivement des coûts totaux -les frais de Les modèles ainsi que les données présentés continuera à faire évoluer vers la réforme des téléphone étant insignifiants. Toutefois, dans la boîte à outils suggèrent un certain télécommunications. Et il n'y a qu'une pour l'accès au Web, les frais de télécommu- nombre de conclusions sur les politiques. direction que la réforme puisse prendre : la nications deviennent beaucoup plus signifi- Pour accroître l'accès à Internet et son utili- privatisation et la concurrence. catifs. Un utilisateur régional qui aurait accès sation en Afrique, il est nécessaire de mettre au Web une heure par jour ouvrable paierait en place ce qui suit : 3.120$ E.U. par an rien qu'en facture de · Un accès peu onéreux et fiable à la bande téléphone. Compte tenu du niveau d'accès passante internationale ; aux ordinateurs mis en réseau (généralement · Une connectivité locale peu onéreuse et un ordinateur pour 8 personnes, les coûts fiable de la bande passante; annuels du matériel représentent environ ¼ · Un accès national fiable à coût local aux des frais de téléphone et d'accès à Internet. FAI ; Etant donné que les frais de connexion · Un accès peu onéreux aux équipements représentent également jusqu'à 90% des de réseaux charges d'un FAI, il semble évident que l'élé- · Un large accès public aux ordinateurs mis ment vital pour l'expansion de l'accès réside en réseau ; en la réduction des frais de télécommunica- · Une base d'utilisateurs et de fournisseurs tions au profit des utilisateurs individuels. instruits et formés ; · Un appui au développement d'un con- Le modèle des coûts et avantages de tenu national et africain de l'Internet ; l'Internet suggère qu'il y a des économies d'échelle dans la fourniture d'accès à Les recommandations de politiques qui Internet. Toutefois, une analyse statistique pourraient contribuer à la satisfaction de ces débouche sur une conclusion différente : la besoins sont les suivantes : libéralisation en général, la concurrence dans · Libéralisation du réseau des télécommu- le domaine de la FAI en particulier, nications réduisent les coûts d'accès. Le Chapitre Un · Libéralisation de la fourniture de l'accès à de la Boîte à outils montre que les coûts Internet; mensuels moyens d'accès à Internet dans les · Baisse des tarifs sur les équipements infor- pays africains sont étroitement liés au niveau matiques et de télécommunications ; de libéralisation du secteur des télécommu- · Rééquilibrage général des tarifs avec un nications dans la région (Cf. Annexe 3 pour appui éventuel à l'accès aux FAI à coût les détails). Enfin, il importe de se rappeler local; que, même si les résultats d'un modèle de · Appui à l'accès communautaire à taux d'accès potentiels à Internet dans la Internet; région suggère qu'un pays comme la · Appui à la formation à l'utilisation Tanzanie peut multiplier par plus de sept le d'Internet. nombre de ses sites Internet en ramenant le coût d'accès au niveau que l'on trouve en La principale conclusion de cette boîte à out- Afrique du Sud, tout dépend de l'accessibil- ils n'est pas très différente de celles d'études ité de ces sites pour un public payant. A qui se concentrent sur les télécommunica- moins que les sites Internet ne prolifèrent tions en général. L'Internet dépend forte- dans les centres communautaires, les biblio- ment d'un secteur des télécommunications thèques, les écoles et les télécentres, l'accès efficient qui, généralement, repose sur le ne sera limité qu'à une minorité qui en a les marché. Le modèle Internet représente une La totalité du rapport est disponible en cinq fichiers pdf et une feuille Excel contenant le modèle lui-même. Pour de plus amples informations, prière contacter : Charles Kenny, The World Bank, 1818 H Street N.W., Washington, DC 20433 USA Tel.: 202-473-3540 e-mail: ckenny@worlbank.org 3