DEV35 French COMITE DU DEVELOPPEMENT NUMERO TRENTE-CINQ Problèmes de développement Communications faites à la 50e réunion du Comité du développement Washington, D.C.-27 avril 1995 FILE Problèmes de développement Communicationsfaites à la 50e réunion du Comité du développement Washington, D.C.-27 avril 1995 Comité ministériel conjoint des Conseils de Gouverneurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international sur le transfert de ressources réelles aux pays en développement (Comité du développement) Washington, D.C. Copyright (O 1995 Banque mondiale 1818 H Street, N.W. Washington, D.C. 20433, U.S.A. Tous droits réservés Fait aux Etats-Unis d'Amérique Premier tirage: juin 1995 Le Comité du développement a été établi le 2 octobre 1974, en application de résolutions parallèles adoptées par les Conseils des Gouverneurs du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Il est connu sous le titre officiel de Comité ministériel conjoint des Conseils des Gouverneurs de la Banque et du Fonds sur le trans- fert de ressources réelles aux pays en développement. Ce comité, qui est le seul organisme conjoint du FMI et du Groupe de la Banque mondiale à l'échelon ministériel, accorde une attention particulière aux problèmes que connaissent les pays en développement. Il constitue ainsi, dans les structures de coopération économique interna- tionale, un point de convergence pour l'élaboration d'une vue d'ensemble des diverses activités entreprises au plan international dans le domaine du développement, pour l'examen, dans les meilleurs délais et d'une façon ef- ficace, des problèmes de développement, et pour la coordination des efforts déployés au niveau international afin de faire face aux problèmes de financement du développement. Le Comité a pour mission de donner des avis et de faire rapport aux Conseils des Gouverneurs de la Banque mondiale et du FMI sur tous les aspects de la question générale du transfert de ressources aux pays en développe- ment, eu égard aux dispositions prises ou prévues entre les divers pays, notamment en ce qui concerne les paie- ments au titre des échanges internationaux, les flux de capitaux, les investissements et l'aide publique au développement. Il fait des propositions, pour examen par les intéressés, concernant la mise en oeuvre de ses conclusions, et il examine de façon continuelle les progrès réalisés dans l'application de ses propositions. ISBN 0-8213-3340-2 ISSN 0256-6117 TABLE DE MATIERES Avant-propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .v 1. Rapport de M. Lewis T. Preston, Président de la Banque mondiale. . . . 1 2. Déclaration de M. Michel Camdessus, Directeur général du Fonds monétaire international. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 3. Déclaration du Président du Groupe des 24, M. M'Goran Niamien, Ministre délégué auprès du Premier Ministre chargé de l'Economie, des Finances et du Plan de Côte d'Ivoire. . . . . . . . . . . . . . . 29 4. Document de synthèse conjoint: Le financement de l'infrastructure dans les pays en dévéloppement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 5. Etudes complémentaires A. "Le financement des infrastructures d'une économie en phase de post-adjustement: le cas du Maroc" par la Direction du Trésor et des Finances Extérieures, Ministère des Finances et des Investissements Extérieurs, Royaume du Maroc . . . . . . 58 B. "Accroître le nombre de projets d'infrastructure susceptibles de financements bancaires dans les pays en développement" par l'Institut de Finances Internationales. . . . . . . . . . . . . 74 6. Communiqué du Comité du développement, 27 avril 1995. . . . . . . . . 83 7. Appendices A. Ordre du jour de la 50e réunion du Comité du développement. . . 86 B. Membres du Comité du développement (liste des pays représentés par eux et liste des Administrateurs correspondants à la Banque mondiale et au FMI: avril 1995). . . . . . . . . . . . . 87 C. Observateurs auprès du Comité du développement. . . . . . . . . 91 iii AVANT-PROPOS Le Comité du développement a tenu sa 50e réunion à Washington le 27 avril 1995. L'ordre du jour comportait un point principal: le financement de l'infrastructure dans les pays en développement. Le Comité a fondé sa discussion sur un dossier de synthèse conjoint, sur les rapports préparés par la Banque mondiale et le FMI et sur d'autres rapports complémentaires. Le principal point de l'ordre du jour a fourni au Comité l'occasion d'examiner la question du financement de l'infrastructure dans les pays en développement, qui investissent en moyenne 4 % de leur PNB, soit environ 200 milliards de dollars par an, dans les infrastructures. Les Ministres ont reconnu qu'il y avait peu chances de pouvoir répondre à la demande, présente et à venir, de services d'infrastructure de base par les méthodes qui sont actuellements celles du secteur public - caractérisé dans beaucoup de pays en développement par l'inefficacité de son fonctionnement, son peu de souci des besoins des usagers et la médiocrité de sa gestion financière. Le Comité a admis que, pour améliorer la situation, les pays en développement devaient adopter un mode de gestion se rapprochant de celui des entreprises, facturer les services rendus à un prix réaliste, se préoccuper davantage de l'entretien et encourager une plus grande intervention du secteur privé dans la fourniture des infrastructures et dans leur financement. Les Ministres ont convenu que ces réformes stimuleraient les efforts de développement entrepris dans les pays concernés. Les pauvres ont toutes chances de bénéficier directement et rapidement de progrès des services d'infrastructure, qui contribueront aussi à améliorer l'environnement. Le Comité a exhorté les pays bailleurs de fonds à aider les pays les plus pauvres à cet égard et a demandé aux institutions multilatérales de jouer un rôle de catalyseur dans la levée de fonds auprès d'une plus large gamme de bailleurs de fonds privés. Les Ministres ont également pris note des progrès réalisés sur plusieurs questions abordées dans les rapports du Directeur général du FMI et du Président de la Banque mondiale: impact sur les pays en développement et en transition des évolutions récentes de l'économie mondiale; flux de ressources et transferts; Programme spécial d'aide à l'Afrique; mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la dette; engagements et décaissements de la BIRD/de l'IDA; stratégie de la Banque mondiale en matière de lutte contre la pauvreté et politique de diffusion de l'information. Vu l'intérêt que suscitent ces différents sujets dans de nombreux milieux, les exposés faits à l'occasion de cette réunion du Comité sont reproduits ici dans trois langues - anglais, français et espagnol - afin de toucher un plus vaste public. Peter Mountfield Secrétaire exécutif Mai 1995 v RAPPORT DE M. LEWIS PRESTON PRESIDENT DE LA BANQUE MONDIALE 27 avril, 1995 I. Introduction 1. Nous avons célébré l'an dernier le cinquantième anniversaire des institutions de Bretton Woods. Le monde a énormément changé dans l'intervalle. Au cours des seules dix dernières années, nous avons assisté à une transformation considérable de la manière dont les pays organisent leur activité économique, et les flux privés sont devenus la principale source de financement des pays en développement. Partout dans le monde, l'activité économique devient de plus en plus intégrée et une véritable économie mondiale s'organise. Ces mutations ont accru à la fois l'ampleur et la complexité de l'ordre du jour du développement, changeant radicalement le contexte dans lequel le Groupe de la Banque exerce ses activités. Face à cette situation nouvelle, la Banque évolue elle aussi. De plus en plus, nous intervenons en qualité de partenaire, collaborant avec les pays à la conception et à la mise en oeuvre de politiques d'ouverture des marchés et de renforcement des économies, pour améliorer la qualité de la vie et accroître la prospérité de la population, partout dans le monde, nous intéressant avant tout aux pauvres. 2. C'est dans ce contexte que la réunion du printemps 1995 du Comité du développement traite des meilleurs moyens de financer les infrastructures. Le document rédigé par les services sur ce thème conclut que, si l'on veut que le monde parvienne à répondre à la demande actuelle et future de services d'infrastructure, il faut que les pays changent la manière dont ils opèrent: ils doivent être plus attentifs à l'entretien, être plus sensibles aux besoins des usagers, facturer de manière réaliste les services rendus, et encourager la concurrence et une plus grande intervention du secteur privé dans la fourniture d'infrastructures et dans leur financement. Le Groupe de la Banque peut collaborer très utilement avec les pays membres pour les aider à résorber l'écart entre la demande et l'offre de services d'infrastructures en dispensant des conseils, en mobilisant des ressources financières, tant privées que publiques, et en diffusant les résultats de l'expérience internationale. Si, ensemble, nous parvenons à mobiliser des ressources suffisantes pour les investissements d'infrastructure, nous oeuvrerons pour la cause du développement. IH. Développements récents de l'économie mondiale : implications pour les pays en développement et les pays en transition 3. Dans mon rapport d'octobre 1994, je vous indiquais que l'environnement extérieur des pays en développement semblait plus favorable qu'il ne l'avait été à aucun autre moment de la décennie. Ce jugement demeure valable, et la tendance est peut-être même encore plus à la hausse. Le commerce mondial croît au rythme de près de 7 % l'an; la reprise dans les pays industriels est ferme et généralisée; la croissance des pays de l'OCDE, 2,9 % pour 1994, est supérieure de plus d'un demi-point de pourcentage aux prévisions faites par la Banque il y a un an; et les prix des produits de base ont fait un bond. La croissance des pays industriels devrait être de l'ordre de 3 % l'an en 1995-2004, tandis que l'inflation devrait rester juste en dessous de 3 %. Les taux d'intérêt sont certes plus élevés que prévu il y a un an, mais ils ne sont pas supérieurs à la moyenne des huit dernières années. La reprise industrielle actuelle devrait être durable et contribuer au maintien d'un environnement stable pour les pays en développement. 1 Rapport du Président au Comité du développement 4. La mondialisation est le principal facteur qui sous-tend ce scénario. La part des exportations mondiales de marchandises dans le PIB mondial est passé de 11 à 18 % au cours de la dernière décennie. La part des services dans le commerce mondial est passée de 15 à 22 % depuis 1980. A l'échelon mondial, dans un cas sur sept, les transactions sur titres de participation impliquent un étranger. Le rythme de la mondialisation s'est accéléré en 1994; la croissance du commerce mondial a atteint près du double des 4 % enregistrés pendant la récession de 1991-93, et devrait être de 7 % jusqu'en 1996. La ratification de l'Uruguay Round par les principaux partenaires commerciaux devrait nourrir cet essor, notamment en matière d'échanges de produits manufacturés. L'Uruguay Round devrait gonfler le revenu des pays en développement de 60 à 100 milliards de dollars par an (l'équivalent de 1,3 à 2,0 % de leur PIB). Lors de la conférence organisée à la Banque mondiale en janvier dernier sur l'impact de l'Uruguay Round sur les pays en développement, l'une des principales conclusions a été que les effets positifs auraient été sensiblement plus importants si les signataires avaient saisi l'occasion pour libéraliser plus vigoureusement les échanges agricoles. Certains de ces avantages supplémentaires peuvent encore se matérialiser si les pays participants adoptent des taux de droit bien inférieurs aux niveaux maximums qu'ils se sont engagés à ne pas dépasser. Un résumé des principales conclusions de la conférence figure dans Les perspectives économiques mondiales et les pays en développement, document publié par la Banque en février 1995. 5. Autre caractéristique de la conjoncture actuelle, l'envolée des prix des produits de base. L'indice des prix des produits non pétroliers établi par la Banque a augmenté de 19 % en termes réels en 1994, enregistrant ainsi sa plus forte progression annuelle depuis 1977. Pour les 20 pays en développement qui sont les principaux bénéficiaires de cette amélioration des termes de l'échange, les gains représenteront en moyenne jusqu'à 5 % de leur PIB global. Mais nous ne prévoyons pas que cette envolée se poursuive et des signes de faiblesse apparaissent déjà sur ces marchés: les prix des produits de base ont plongé au cours du quatrième trimestre de 1994. L'adaptation à la baisse des cours nécessitera une gestion prudente de ces avantages inattendus. La tentation de les utiliser pour augmenter la consommation actuelle, retarder les réformes, ou se lancer dans des investissements à faible rentabilité dans le secteur public sera forte, et il faudra y résister. 6. Le rôle croissant joué par les pays en développement, tant en qualité d'agents que de bénéficiaires du changement, est une caractéristique importante de la transformatiôn économique mondiale en cours. Les pays en développement sont de plus en plus nombreux à adopter des réformes allant dans le sens d'une ouverture sur l'extérieur qui contribuent à la mondialisation et élargissent les possibilités de participation aux avantages qu'elle génère. En encourageant l'efficacité et la productivité intérieures et en instaurant un cadre plus favorable aux exportations et à l'investissement étranger, ces réformes sont au coeur de l'amélioration des perspectives économiques des pays. La croissance des pays en développement et leur intégration progressive dans le commerce et les circuits financiers mondiaux profitent aux pays industriels. Ceux-ci ont potentiellement plus à gagner d'un renforcement de l'intégration commerciale avec les pays en développement que d'une intégration accrue entre pays industriels, comme cela ressort du récent document Les perspectives économiques mondiales. 7. La reprise économique dans les pays industriels stimule la demande mondiale de capital et pousse les taux d'intérêt à la hausse: les taux d'intérêt réels à long terme ont augmenté de 200 points de base dans les pays du G-7 en 1994. On s'inquiète que les taux d'intérêt atteignent des niveaux propres à paralyser l'investissement et à stopper la reprise. Ce scénario est peu probable. La 2 Rapport du Président au Comité du développement demande de capital a toutes chances d'être couverte par l'élévation de l'épargne qu'on prévoit dans les pays en développement comme dans les pays industriels. On s'attend que les marchés financiers demeurent assez tendus dans les années à venir, mais pas plus tendus qu'actuellement. Les taux d'intérêt pourraient fléchir si l'assainissement des finances publiques en Europe progresse au rythme un peu plus rapide qu'exige le calendrier de Maastricht et si le consensus politique qui se forme aux Etats-Unis sur la réduction des déficits débouche sur des actions concrètes. 8. Même avec un environnement extérieur favorable, la performance de chaque pays sera fonction de son aptitude à gérer les opportunités et les défis dans un cadre de plus en plus mondial. Le maintien de résultats satisfaisants dans les pays en développement les plus tournés vers l'extérieur suppose une stabilité macroéconomique durable, la promotion de l'épargne et de l'investissement intérieurs, et la mise en place d'incitations qui stimulent la compétitivité et attirent les entreprises internationales. Par ailleurs, les économies qui restent assez fermées risquent d'être de plus en plus marginalisées; elles demeureront à l'écart du flux d'innovation de processus et de produits qu'alimentent le commerce et l'investissement internationaux. L'environnement favorable actuel offre aux pays une chance momentanée d'accélérer les réformes structurelles qui étaieront leurs perspectives de croissance à long terme. 9. Nous tournant maintenant vers la performance des pays en développement en 1994 et vers leurs perspectives d'avenir, nous constatons que la croissance des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, à l'exception de l'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique, a atteint en moyenne 4,9 % l'an dernier. Ce sont les pays en développement les mieux intégrés à l'économie mondiale qui ont le plus profité de l'environnement plus favorable: * L'Asie de l'Est continue d'enregistrer des résultats vigoureux, qui tiennent à une demande intérieure soutenue et à une forte croissance des exportations, le tout stimulé par de grosses entrées de capitaux. Cette région va probablement continuer de tirer le parti maximum du commerce mondial et des opportunités d'investissement. La croissance régionale devrait retomber des 9 % enregistrés en 1991-94 à un niveau, encore remarquable, de 7-8 % en 1995-2004, à mesure que la croissance de la population et de la main-d'oeuvre se ralentit et que les possibilités de rattrapage technologique des pays industriels diminuent. * L'Asie du Sud a également enregistré de bons résultats en 1994, tant en termes de croissance de la production que d'entrées de capitaux privés. Au cours des dix années à venir, la région a toutes chances de connaître une croissance soutenue supérieure à 5 %, pour autant que les réformes visant à renforcer la libéralisation économique et le rôle du secteur privé s'accélèrent et que les déficits des finances publiques soient réduits. * En Amérique latine, l'aggravation des déficits du compte des transactions courantes et la baisse des flux privés ont mis à jour de graves faiblesses, comme en témoigne la crise qu'a récemment connue le Mexique. Dans plusieurs des principales économies de la région, la croissance risque fort d'être freinée à moyen terme par la nécessité d'un redressement de la situation du compte des transactions courantes et par des politiques monétaires restrictives. 3 Rapport du Président au Comité du développement * Activée par l'amélioration des termes de l'échange, la croissance de l'Afrique subsaharienne, 2,2 % en 1994, a été sensiblement plus vigoureuse que les années précédentes, mais ne permet toujours pas une augmentation du niveau de vie. La croissance économique de la région devrait atteindre près de 4 % l'an en 1995-2004 si les pays tirent parti du contexte extérieur plus favorable pour consolider les réformes économiques et politiques. * En Europe et Asie centrale, la performance économique des pays en transition se diversifie, les pays qui ont engagé plus tôt et plus vigoureusement des réformes commençant à se détacher du peloton et à manifester des signes de croissance soutenue. La performance des pays de l'ancienne Union soviétique demeure faible, la baisse de la production se poursuivant à un rythme allant jusqu'à 13 %. Dans un scénario favorable, les politiques et les résultats pourraient converger davantage au cours de la seconde moitié des années 90, et la croissance se rapprocher de 5 % par an. Mais la région est confrontée à des défis considérables: grosses difficultés à parvenir à la stabilisation macroéconomique, cruelles luttes politiques intérieures, énorme programme inachevé de refonte structurelle, risque de fortes augmentations du chômage, et besoins croissants de financements extérieurs. * Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la croissance a été en moyenne inférieure à 1 % l'an pendant les dix dernières années. Ce résultat tient à la chute des prix pétroliers, à la guerre, à l'existence de secteurs publics étendus et inefficaces, et à l'absence de diversification induite par le secteur privé. La croissance régionale pourrait passer à un peu plus de 3 % l'an en 1995-2004 si les efforts de stabilisation et d'ajustement structurel s'accentuent, si on parvient à une situation politique régionale plus paisible, et si les cours du pétrole remontent. 10. Ainsi, les perspectives globales sont positives, mais ce scénario présente des risques significatifs. Les pays industriels pourraient piétiner en matière de rééquilibrage des finances publiques, et les réformes pourraient déraper dans les pays en développement. Dans ce scénario pessimiste, si la politique monétaire des pays industriels devenait encore plus restrictive pour juguler l'inflation et si les taux d'intérêt augmentaient fortement, la croissance pourrait se ralentir. Par ailleurs, les pays qui dissiperaient les gains de la période d'expansion souffriraient de manière disproportionnée, pénalisés qu'ils seraient par les investisseurs nationaux et étrangers. Même si les pays industriels parviennent à éviter une surchauffe suivie de dépression et réussissent un « atterrissage en douceur », des dérapages des politiques amenant les marchés des capitaux à perdre confiance dans certains pays en développement pourraient inverser la direction des flux privés, actuellement tournés vers les marchés naissants, et entraîner une série « contagieuse » de crises de la balance des paiements. Une saine gestion économique réduirait à la fois la gravité de la perte de confiance temporaire des marchés des capitaux et le nombre de pays concernés, soulignant l'importance de politiques appropriées. il. Pour concrétiser pleinement les gains potentiels inhérents au contexte économique plus favorable d'aujourd'hui, les pays en développement devront garder la réforme au premier rang de leurs priorités. L'Uruguay Round offre à tout pays la possibilité de réaliser des gains substantiels, mais rien ne garantit que les engagements pris seront appliqués universellement et sans heurt. Quand le changement suscite des gagnants et des perdants et que les avantages qui en découlent ont pour prix 4 Rapport du Président au Comité du développement l'ajustement, la tentation des mesures protectionnistes n'est jamais loin. Les pressions exercées en ce sens par les branches d'activité et les groupes qui devront s'adapter à une concurrence internationale plus vigoureuse continueront de mettre à rude épreuve la fermeté de l'adhésion des responsables politiques à l'ouverture des marchés. 12. La mondialisation est à l'origine de nouvelles chances et de nouveaux défis. Une plus grande intégration à l'économie mondiale augmente la rentabilité d'une compétitivité accrue, mais aggrave aussi les pertes qui résultent de l'inaction. De plus en plus, les décideurs sont confrontés à la nécessité de conserver la confiance des marchés internationaux, comme celle des marchés intérieurs. Dans ce cadre, l'adoption de politiques économiques judicieuses est de plus en plus prisée. Les pays les mieux placés pour profiter des nouvelles opportunités offertes par la mondialisation sont ceux qui parviennent à transformer leurs politiques et leurs structures pour appuyer une croissance tournée vers l'extérieur. m. Tendances récentes des transferts de ressources aux pays en développement et aux pays en transition 13. Rien n'a changé plus rapidement dans les années 90 que le mode de financement du développement. Les flux nets globaux à destination des pays en développement ont plus que doublé ces cinq dernières années, et les flux financiers privés ont quadruplé. En 1994, pour la cinquième année consécutive, le total des flux nets de ressources des pays développés aux pays en développement a atteint un niveau record - soit un montant estimatif de 227 milliards de dollars (voir Tableau Annexe 1). Comme les années précédentes, l'augmentation tenait presque entièrement à la croissance des flux privés, et cette augmentation était répartie à peu près également entre l'investissement direct étranger et les prêts privés. Comme vous l'indiquait mon dernier rapport, les flux privés ont acquis une énorme importance, puisqu'ils représentent les trois quarts du total des flux financiers. L'échelle et le rythme de cette évolution ont pris en défaut les décideurs, les institutions financières et les pays en développement. Ce flux mnassif de capitaux à destination des pays en développement est un fait nouveau important et heureux; cependant, il y a matière à se préoccuper de la fiabilité de ces flux et de leur impact sur la gestion budgétaire et monétaire des pays bénéficiaires. Flux du secteur privé 14. Les flux de capitaux privés vers les pays en développement - 173 milliards de dollars - ont atteint un nouveau niveau record en 1994, mais ils augmentent désormais à un rythme beaucoup plus lent - 4 % en 1994 - contre 61 % en 1993. En outre, les flux à destination de certains des plus grands pays d'Amérique latine ont diminué en 1994. Le ralentissement de la progression s'explique en partie par le moindre nombre d'émissions obligataires et la baisse des flux de portefeuille, liés à l'élévation des taux d'intérêt dans les pays de l'OCDE et à une période d'agitation sur les marchés obligataires au début de 1994. 15. Les capitaux privés continuent d'affluer vers une vingtaine de pays à revenu intermédiaire d'Asie de l'Est et d'Amérique latine et vers deux grands pays à faible revenu, la Chine et l'Inde. Les divers types de flux se répartissent très différemment entre les régions. Près d'un tiers des prises 5 Rapport du Président au Comité du développement de participation sont allées au Mexique, tandis que 40 % allaient au Brésil, à l'Argentine, à la Corée et à la Malaisie. La Chine reçoit 40 % du total de l'investissement direct étranger. Les flux de portefeuille générateurs de dette ont été fortement concentrés sur le Mexique, le Brésil, l'Argentine et le Venezuela, et l'Asie de l'Est. 16. La récente crise au Mexique a accru l'inquiétude quant à la viabilité des flux de capitaux privés. Si la hausse des taux d'intérêt a joué un rôle dans la crise mexicaine, la plupart des causes profondes sont propres à ce pays. Diminution des taux d'épargne, montant excessif des emprunts en devises contractés par le secteur des entreprises, et appréciation du taux de change réel ont contribué à la montée des déficits du compte des transactions courantes, qui ont de plus en plus été financés par les flux de portefeuille à court terme. Les mesures que prennent aujourd'hui les autorités, et l'appui apporté à ces mesures par la communauté internationale, aident le Mexique à faire face à cette crise. 17. La crise mexicaine précipitera-t-elle un renversement général des flux privés? Il est toujours difficile de prévoir le comportement des marchés et les variations d'une année à l'autre. Les pays un peu plus dépendants des flux à court terme continueront d'être sensibles à l'instabilité considérable inhérente aux marchés financiers et devront gérer adroitement les incidences macroéconomiques connexes - appréciation du taux de change réel et pressions inflationnistes. La meilleure manière de savoir si les flux sont soutenables à moyen et à long terme est de s'intéresser aux facteurs structurels qui sous-tendent la récente poussée des flux financiers privés. 18. Au cours des dix dernières années, les changements structurels intervenus dans la gestion économique des pays en développement ont conduit à un progrès systématique dans la stabilisation, la libéralisation des échanges, la privatisation et la substitution d'une tutelle réglementaire à des contrôles administratifs directs des secteurs financiers. Ces changements ont été étayés par une redéfinition explicite du rôle de l'Etat et par la reconnaissance de l'importance de ce que le secteur privé peut apporter en termes d'efficacité, d'innovation et de compétitivité. Cet environnement nouveau attire de plus en plus les investisseurs privés. Bien entendu, la conception d'un développement fondé sur le jeu du marché n'est pas irrévocablement enracinée partout, et le risque d'un choc politique en retour existe dans certains pays. Un revirement général est cependant difficilement imaginable et, en l'absence de pareille volte-face, l'intérêt des investisseurs étrangers demeurera vif. 19. Il y a également eu des réformes structurelles majeures sur les marchés des capitaux mondiaux. La mondialisation des fonds communs de placement, l'ouverture régulière des marchés des capitaux des pays en développement, la plus grande facilité d'accès aux marchés financiers des pays industriels et la diversité des instruments ont contribué à élargir la base d'investisseurs. 20. Outre ces transformations structurelles, la nature des flux, les types d'investisseurs qui sont attirés par les pays en développement, et la mondialisation des marchés des capitaux laissent à penser qu'un revirement général est peu probable: plus de 40 % des flux de capitaux privés correspondent à des investissements directs étrangers, qui réagissent à des changements structurels plutôt qu'à des inflexions temporaires de l'économie mondiale; 6 Rapport du Président au Comité du développement * la plupart des flux générateurs de dette ne correspondent plus à des prêts de banques commerciales, mais prennent la forme d'obligations émises par un nombre limité d'émetteurs de pays en développement considérés comme solvables par les opérateurs sur le marché; * les titres des marchés naissants demeurent sous-représentés, par rapport à la taille de ces marchés, dans les portefeuilles d'actifs des investisseurs institutionnels étrangers. 21. En bref, la mondialisation des marchés des capitaux est un fait nouveau important et bénéfique et elle a toutes chances de se poursuivre. La crise mexicaine risque fort, toutefois, d'amener les investisseurs à adopter une attitude plus prudente et d'étouffer la croissance des flux privés. Avec la croissance rapide qui est prévue et un cadre législatif et réglementaire fortement amélioré, les pays en développement demeureront attractifs pour les investisseurs, même si la croissance reprend dans les pays de l'OCDE. Toutefois, l'ajustement et la restructuration demeurent fondamentaux pour tout pays qui souhaite rivaliser sur le plan international et réaliser une croissance soutenable dans une économie mondiale qui donne toujours plus la prime à l'innovation, aux qualifications et à la capacité d'adaptation. Le marché mondial est sans pitié: il récompense généreusement les politiques efficaces et ne tarde pas à punir l'inefficacité et l'inaction. Flux de capitau publics 22. La composition des flux globaux de ressources vers les pays en développement suivant la tranche de revenu à laquelle ils appartiennent est désormais fonction de leur accès aux marchés financiers internationaux. Dans l'ensemble, les pays à revenu intermédiaire ont accès aux marchés. Parmi les pays à faible revenu, la Chine et l'Inde se sont récemment procuré des ressources considérables sur les marchés financiers internationaux, mais les petits pays à faible revenu demeurent tributaires de financements publics. Les flux de capitaux publics ont diminué entre 1993 et 1994, passant de 56,3 à 54,4 milliards de dollars (à prix et taux de change constants). L'aide publique au développement (APD), qui représente environ 80 % du total des flux nets de capitaux publics, a augmenté de 300 millions de dollars, soit de moins de 1 %, pour atteindre 44,6 milliards de dollars (à prix et taux de change constants) '. 23. C'est la troisième année consécutive que l'APD tourne autour de 44 milliards de dollars. Les perspectives immédiates ne laissent pas présager une augmentation de l'aide, mais, au mieux, son maintien au niveau actuel. Conume je l'ai indiqué dans mes précédents rapports au Comité du développement, cette situation est particulièrement troublante parce que les pays à faible revenu, sauf l'Inde, la Chine et l'Indonésie, sont fortement tributaires de l'aide publique pour financer leur développement. Augmenter l'efficacité de cette aide doit être au premier rang des priorités des pays bailleurs de fonds conmme de ceux qui en bénéficient. Mais il est indispensable d'augmenter l'APD pour améliorer le niveau de vie dans les pays les plus pauvres du monde et pour appuyer le courageux processus de réforme engagé en Afrique et ailleurs. C'est pourquoi nous devons continuer Les différences éventuelles entre les statistiques d'APD de la Banque et celles de l'OCDE tiennent à plusieurs facteurs: la Banque inclut parmi les bénéficiaires tous les pays de l'Europe de l'Est et de l'ancienne Union soviétique, ainsi que les flux des pays non membres du CAD aux pays en développement. Les estimations de l'OCDE incluent les flux aux pays à revenu élevé et les dons au titre de la coopération technique. 7 Rapport du Président au Comité du développement de nous employer à maintenir et, si possible, augmenter les flux d'APD pour aider les pays pauvres à promouvoir des progranmnes et politiques de développement judicieux. IV. La Banque mondiale et l'IDA : transferts de ressources et efforts actuels de mobilisation Engagements et décaissements de la Banque/de li 'DA pendant l'exercice 94 et la première moitié de l'exercice 95 24. C'est dans ce contexte que j'ai le plaisir de vous annoncer que l'appui de la Banque aux efforts de développement des pays les plus pauvres ne se relâche pas. Alors que les engagements de l'IDA ont atteint au total 6,7 milliards de dollars (4,7 milliards de DTS) pour l'exercice 94, contre 6,8 milliards de dollars (4,8 milliards de DTS) pour l'exercice 93, ses décaisserments ont atteint 5,5 milliards de dollars pour l'exercice 94, contre 4,9 milliards de dollars pour l'exercice 93. Les décaissements se sont élevés à 2,9 milliards de dollars pour la première moitié de l'exercice 95, contre 2,4 milliards de dollars pour la même période de l'exercice 94. 25. Les engagements et décaissements de la BIRD, quant à eux, ont diminué entre les exercices 93 et 94 - les engagements de 2,7 milliards de dollars (pour tomber à 14,2 milliards de dollars) et les décaissements de 2,5 milliards de dollars (pour tomber à 10,4 milliards de dollars). Le rythme des décaissements s'est accéléré pendant l'exercice 95, pour atteindre 6,6 milliards de dollrs pour la BIRD, contre 5,0 et 5,2 milliards de dollars pour les premières moitiés des exercices 93 et 94. 26. Pendant l'exercice 94, les engagements de la BIRD ont diminué avant tout en raison de la chute brutale des prêts à l'ajustement, tombés de 3,9 milliards de dollars pendant l'exercice précédent à 570 millions de dollars. Cette chute tenait à la fois à une tendance de fond à la baisse des prêts à l'ajustement (due à l'amélioration du cadre législatif et réglementaire dans de nombreux pays emprunteurs de la BIRD) et à une instabilité à court terme liée à des facteurs imprévus propres à certains pays (principalement aux développements macroéconomiques et politiques intervenus dans certaines économies en transition). Le gonflement des flux de capitaux privés a aussi conduit certains emprunteurs à moins emprunter à la BIRD. 27. A leur tour, les décaissements de la BIRD ont diminué lors de l'exercice 94, avant tout en raison de la régression des engagements relatifs à des opérations d'ajustement à décaissement rapide et, dans certains pays, à cause de retards intervenus dans le déblocage de tranches d'opérations d'ajustement en cours. Les décaissements destinés à des opérations de prêt d'investissement ont fondamentalement stagné sous l'influence de la médiocre performance de quelques pays en matière de décaissement et en raison des efforts entrepris pour restructurer des portefeuilles, y compris par des annulations. Les flux nets ont baissé lors de l'exercice 94, du fait d'une diminution des décaissements bruts et de forts remboursements anticipés. Hors remboursements anticipés, les flux nets ont atteint 239 millions de dollars. 8 Rapport du Président au Comité du développement 28. Le processus devant conduire à un accord avec les bailleurs de fonds sur la Onzième reconstitution des ressources de l'IDA est aujourd'hui en cours. Les Délégués à l'IDA, réunis les 9 et 10 février 1995, ont étudié les considérables problèmes de développement auxquels sont confrontés les bénéficiaires des ressources de l'IDA, ainsi que les principales politiques opérationnelles qui président aux activités de l'IDA. Une autre réunion est prévue qui conmuencera le 24 avril. Les contraintes budgétaires auxquelles sont sounis plusieurs bailleurs de fonds rendront difficile la reconstitution, mais la vigueur de l'adhésion à l'IDA que manifestent les pays bailleurs de fonds comme les pays bénéficiaires nous rassure. 29. Le pouvoir d'engagement de l'IDA demeure adéquat pour faire face aux besoins à court terme. La direction, cependant, suit de très près l'évolution de la situation en ce qui concerne les retards de mise à disposition des contributions des principaux bailleurs de fonds. Bilan du Programme spécial d 'assistance aux pays à faible revenu d 'Afrique subsaharienne engagés dans des réformes structurelles 30. Le Programme spécial d'assistance à l'Afrique offre un bon exemple du rôle de la Banque comme partenaire pour le développement. Il mobilise des ressources en vue de fournir un soutien à la balance des paiements, à décaissement rapide, aux pays à faible revenu surendettés qui appliquent des programmes d'ajustement. La plupart des pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne ont été lourdement éprouvés pendant les années 80, mais tous ceux qui ont mis en oeuvre des programmes d'ajustement ont, sans exception, connu une croissance presque deux fois plus rapide que ceux qui ne l'ont pas fait. Au milieu des années 90, les différences de performance entre pays africains sont plus marquées que jamais. A un extrême, il y a ceux qui sont englués dans les conflits civils; de l'autre, il y a ceux qui commencent à engranger les dividendes des progrès sensibles qu'ils ont fait sur la voie de la réforme économique. Au moins 21 pays africains connaissent aujourd'hui une croissance de leur revenu par habitant et à peu près la moitié d'entre eux enregistrent une croissance annuelle du PIB de 4-5 %. Cette évolution, d'autant plus notable qu'elle intervient dans un contexte de transition politique vers la démocratie, exige de recourir à des stratégies d'assistance diverses selon les pays. 31. Les bailleurs de fonds ont répondu aux efforts africains de réforme en augmentant sensiblement leurs transferts nets de ressources, principalement à des conditions libérales. Sous l'impulsion de la Banque, les bailleurs de fonds apportent leur soutien au Programme spécial depuis 1987. Au titre de la troisième phase triennale du Programme, qui a commencé en 1994, 17 bailleurs de fonds se sont engagés à ce jour à fournir 6,7 milliards de dollars d'aide à la balance des paiements. Les ressources resteront toutefois très limitées, et les bailleurs de fonds devront se montrer encore plus sélectifs dans l'affectation des ressources aux pays qui se sont engagés à entreprendre les réformes nécessaires et obtiennent des résultats. 32. Le défi auquel est confrontée l'Afrique, c'est de progresser plus rapidement dans les secteurs essentiels à une croissance économique durable et à la réduction de la pauvreté - éducation, santé et population, agriculture, environnement, réduction des inégalités hommes-femmes, promotion du secteur privé, services d'infrastructure et renforcement des capacités institutionnelles. 9 Raport du Président au Comité du développement Efforts de réduction du fardeau de la dette 33. Alléger le fardeau que représente la dette pour les pays pauvres gravement endettés demeure un des aspects essentiels de l'effort global entrepris par la communauté des bailleurs de fonds pour appuyer la croissance économique et améliorer le niveau de vie dans ces pays. Parmi les dispositions prises par la Banque à cet égard, citons: i) l'appui aux réformes; ii) les crédits de l'IDA; iii) les apports exceptionnels de l'IDA aux pays engagés dans des opérations de restructuration de leur dette; iv) les apports de ressources au titre du programme Cinquième dimension (voir par. 36); v) les financements accordés par le Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA en vue de réduire la dette commerciale de ces pays (voir par. 37); et vi) des prestations d'assistance technique à la gestion de la dette. Ces instruments apportent une contribution extrêmement utile à l'allégement du fardeau de la dette quand ils sont adaptés aux besoins de chaque pays et je suis heureux de pouvoir dire que la Banque poursuit avec succès son action en faveur de la réduction du fardeau de la dette de ses pays membres. La dette envers la BIRD, notamment, diminue rapidement et ne représente plus aujourd'hui qu'environ 3,4 % du total de la dette non amortie des 33 pays à faible revenu les plus gravement endettés. Les nouveaux fmancements étant accordés uniquement aux conditions de l'IDA, avec, en sus, l'aide du programmne Cinquième dimension, le surendettement vis-à-vis de la BIRD se trouvera rapidement réduit. D'ici à six ans, sur les 19 pays exclusivement IDA qui sont aujourd'hui endettés vis-à-vis de la BIRD, presque tous se seront libérés de la quasi-totalité de cette dette. 34. Le document conjoint des services de la Banque et du Fonds, intitulé « La dette multilatérale des pays pauvres lourdement endettés » (Multilateral Debt of the Heavily Indebted Poor Countries) qui analyse les problèmes des pays pauvres lourdement endettés, aboutit essentiellement aux conclusions suivantes: * Dans la majorité des cas, la dette multilatérale ne représente pas un fardeau considérable pour les pays lourdement endettés, pour autant qu'ils appliquent des politiques intérieures appropriées et bénéficient de financements adéquats; toutefois, dette extérieure et service de la dette posent de graves problèmes à beaucoup d'entre eux. * La croissance économique est la clé d'une solution durable aux problèmes de dette de ces pays. C'est pourquoi de judicieuses politiques intérieures et un financement adéquat sont indispensables. Les pays pauvres lourdement endettés, notamment, doivent pouvoir continuer à bénéficier du même volume de prêts concessionnels, aux mêmes conditions qu'aujourd'hui, et doivent pouvoir obtenir à l'avenir des fmancements multilatéraux qui soient tous accordés à des conditions simnilaires à celles de l'IDA. * La dette envers la Banque mondiale (BIRD et IDA) ne représente qu'une toute petite part de la dette totale de la grande majorité de ces pays. La Banque dispose d'instrunents adéquats et a la capacité d'adaptation nécessaire pour faire en sorte que ses créances ne fassent pas obstacle au développement des quelques pays où elles ne sont pas négligeables. Néanmoins, il est bon de procéder à une évaluation minutieuse 10 Rapport du Président au Comité du développement au cas par cas. La Banque comme le Fonds sont bien placés pour le faire dans le cadre de la préparation des Documents-cadres de politique économique et des Stratégies d'aide aux pays. 35. Le Comité plénier a discuté de manière constructive ce document le 13 mars. Le débat a essentiellement porté sur la question de savoir si les scénarios de viabilité de la dette multilatérale qui y sont présentés étaient trop optimistes, tant en termes de performance de ces économies qu'en termes d'accès à des flux concessionnels. Les Administrateurs ont demandé aux services de la Banque d'étudier d'autres scénarios. Les Administrateurs ont également demandé qu'on étudie des possibilités de modification des instruments existants, y compris les conditions de l'IDA et l'élargissement du programme Cinquième dimension. Ces études seront rapidement soumises au Conseil pour examen. La direction de la Banque a souligné que l'IDA dispose de ressources d'un montant déterminé et qu'aucune des options qui seront envisagées n'impliquerait des fonds supplémentaires. Tout financement additionnel de l'IDA (ou assouplissement des conditions de l'IDA) consenti à un pays membre donné entraînerait une réduction des prêts accordés à un autre emprunteur de l'IDA. La question est de savoir comment utiliser au mieux les ressources disponibles pour aider les plus pauvres de nos pays membres. 36. Grâce au programme Cinquième dimension, le Groupe de la Banque accorde des ressources supplémentaires aux pays exclusivement IDA qui sont endettés vis-à-vis de la BIRD, sont à jour dans le règlement du service de leur dette envers la Banque et sont engagés dans un programme d'ajustement appuyé par l'IDA. Ces apports sont proportionnels à l'intérêt dû à la BIRD pour l'année en cause (ils ont couvert plus de 90 % du montant de ces intérêts ces dernières années). Le Programme Cinquième dimension est financé sur les remboursements à l'IDA. Pendant l'exercice 94, il a fourni au total 265 millions de dollars de ressources supplémentaires de l'IDA à 16 pays; il est prévu qu'il fournisse 241 millions de dollars aux 19 pays remplissant les conditions requises pour l'exercice 95. 37. Le Fonds de désendettement des pays exclusivement IDA continue d'allouer des dons aux pays à faible revenu pour réduire la part de leur dette commerciale extérieure qui est publique, non gagée et non garantie. Ce Fonds est financé par des contributions provenant du revenu net de la BIRD et des bailleurs de fonds. A ce jour, sept opérations ont été menées à bien (Niger, Mozambique, Guyana, Ouganda, Bolivie, Zambie, Sâo Tomé-et-Principe), utilisant 59 millions de dollars de ressources de la BIRD provenant de ce Fonds et 60 millions de dollars de cofinancement pour éteindre 832 millions de dollars de dette en principal. La décote moyenne a été d'environ 86 % de la valeur faciale. Sept autres opérations sont actuellement en préparation (Nicaragua, Sierra Leone, Albanie, Tanzanie, Ethiopie, Mauritanie et Guinée). 38. Je me félicite des progrès accomplis par les créanciers du Club de Paris pour assurer un allégement plus substantiel de la dette concessionnelle des pays à faible revenu gravement endettés. Les nouvelles « conditions de Naples » convenues en décembre 1994 assurent, à la plupart de ces pays, une réduction de 67 % de leur dette et de son service en termes de valeur actuelle nette, au lieu des 50 % qu'ils pouvaient obtenir en vertu des « conditions de Londres ». Par ailleurs, quand des pays ont fait la preuve de leur sérieux, le Club de Paris accepte volontiers de rééchelonner à des conditions libérales la totalité de l'encours de la dette remplissant les conditions requises, plutôt qu'uniquement les règlements venant à échéance. En janvier et février, le Club de Paris a convenu 11 Rapport du Président au Comité du développement de rééchelonnements couvrant les paiements venant à échéance pour la Guinée (avec une réduction de 50 % de la valeur actuelle nette) et pour le Cambodge, la Guinée-Bissau et le Togo (avec une réduction de 67 % de la valeur actuelle nette). Il a également convenu de réduire l'encours de la dette de l'Ouganda (avec une réduction de 67 % de la valeur actuelle nette). V. Le défi de la pauvreté 39. Réduire la pauvreté est le défi qui est lancé aux gouvernements des pays en développement et à la Banque mondiale. Un milliard d'êtres humains vivent encore avec moins d'un dollar par jour. Huit millions d'enfants meurent chaque année de maladies facilement évitables. Cent millions de filles n'ont pas la chance d'aller à l'école. Alors que trois nilliards d'êtres humains vont venir s'ajouter à la population mondiale au cours de la prochaine génération - 95 % d'entre eux dans les pays en développement -et que les revenus dans les pays les plus riches augmentent presque trois fois plus vite que dans les pays les plus pauvres, la pauvreté demeure le défi suprême pour l'humanité. 40. Nous avons beaucoup appris au cours des 50 dernières années sur la manière de répondre à ce défi, et, de ce fait, la lutte contre la pauvreté bénéficie d'une attention beaucoup plus systématique. Nous connaissons l'importance de marchés ouverts et de politiques porteuses d'une croissance à forte intensité de main-d'oeuvre; l'importance d'investir dans les ressources humaines - éducation, santé, nutrition, planning familial - pour que beaucoup plus d'êtres humains soient capables de contribuer à la croissance et d'en recueillir les fruits; nous savons le rôle crucial que peut jouer le secteur privé dans la promotion de la croissance; l'importance d'institutions solides, d'une bonne gestion des affaires publiques, et de la prise en charge des programmes par les pays; les liens entre la protection de l'environnement et la réduction de la pauvreté; et la nécessité d'une large participation au développement économique. 41. Ces grands principes ont inspiré la stratégie qui guide de plus en plus l'action entreprise par la Banque pour faire reculer la pauvreté. Elle fait appel à deux approches qui se renforcent mutuellement: une croissance à forte intensité de main-d'oeuvre et l'investissement dans les ressources humaines. C'est pourquoi les prêts de la Banque pour la valorisation des ressources humaines ont triplé au cours de la dernière décennie, passant de 5 % du total des prêts en 1981-83 à 15 % en 1991-94. Cette stratégie est étayée par les éléments ci-après: * Ciblage et filets de sécurité. Il est indispensable de procéder à un ciblage minutieux pour que les ressources aillent effectivement à ceux qui en ont le plus besoin. Pendant l'exercice 94, environ les trois quarts des opérations d'ajustement ont été axées sur la réduction de la pauvreté, et environ un quart des prêts d'investissement ont apporté une aide à des programmes ciblés, précis, visant à réduire la pauvreté. * Viabilité environnementale. Pour que la réduction de la pauvreté soit durable, il faut faire en sorte qu'elle soit viable du point de vue de l'environnement. Les problèmes environnementaux les plus courants - eau polluée, assainissement inadéquat et érosion des sols - touchent avant tout les pauvres. Les prêts à des fins environnementales sont ceux qui augmentent le plus vite dans le portefeuille de la Banque. 12 Rapport du Président au Comité du développement Population. Dans beaucoup de pays en développement, il est important de réduire le taux rapide d'accroissement de la population pour faire reculer la pauvreté, et vice versa. Le volume des prêts de la Banque aux activités de population et d'hygiène de la reproduction a atteint 423 millions de dollars pour l'exercice 94. * Le rôle des femmes. Investir relativement plus pour les femmes est essentiel à l'effort de réduction de la pauvreté. Améliorer l'accès des filles à l'éducation est probablement la mesure antipauvreté la plus efficace qui soit dans le monde d'aujourd'hui. Près de la moitié des projets appuyés par la Banque pendant l'exercice 94 comptaient des composantes visant spécifiquement à intégrer les femmes et leur être utiles, contre seulement 10 % des projets cinq ans auparavant. * Bonne gestion des affaires publiques. Elle est indispensable à la réduction de la pauvreté. Dans les années 90, la Banque s'emploie de plus en plus à aider ses emprunteurs à améliorer la gestion de leur système économique. * Participation. Elle peut contribuer très utilement à aider les communautés à surmonter les carences de types très différents de systèmes économiques et politiques. La Banque encourage les gouvernements à associer les communautés locales à la conception et à l'exécution des projets. On s'oriente aussi de plus en plus vers l'adoption de stratégies participatives au niveau de la formulation des politiques, où elles peuvent avoir un maximum d'impact. * Partenariat. Il est indispensable de renforcer la coordination et les partenariats entre les gouvernements des pays en développement, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, les bailleurs de fonds bilatéraux, le système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods si l'on veut mieux réussir à faire reculer la pauvreté. * Connaissances. Mieux connaître et mieux savoir mesurer la pauvreté rend les stratégies de lutte contre la pauvreté plus efficaces. Les évaluations de la pauvreté fournissent une base d'analyse qui permet de lier les stratégies d'assistance de la Banque et les efforts de réduction de la pauvreté. Nous avons aujourd'hui réalisé des évaluations de la pauvreté dans 39 pays et nous devrions en avoir mené à bien 104 d'ici à la fin de l'exercice 96. Nos stratégies et nos programmes de prêt par pays évoluent de ce fait. * Exécution. La lutte contre la pauvreté nécessite des efforts résolus et de la persévérance. Ces dernières années, la Banque a pris plusieurs mesures pour améliorer l'exécution et, par là, l'impact sur le développement, des opérations qu'elle finance - faisant une plus large place à la qualité de la conception initiale du projet, à la supervision, à la gestion du portefeuille-pays, et à la restructuration des projets. 42. Des événements comme la Conférence du Caire sur la population, l'an dernier, et le Sommet mondial pour le développement social de cette année, à Copenhague, nous ont aussi donné l'occasion de montrer l'importance qu'accorde la Banque à la réduction de la pauvreté et à la valorisation des 13 Rapport du Président au Comité du développement ressources humaines. La Quatrième conférence mondiale sur les femmes qui aura lieu à Beijing en septembre 1995 sous l'égide des Nations Unies, pour laquelle la Banque préparera aussi un document de référence, nous aidera à réaffirmer notre message sur les relations homme-femme et contribuera à mettre l'accent sur ces questions en fonction de la problématique hommes-femmes. VI. Transparence 43. La Banque peut faire beaucoup pour aider ses pays membres et renforcer son partenariat pour le développement en étant une institution ouverte. Nous savons aujourd'hui que la qualité de notre effort en faveur du développement - et de celui de nos partenaires - est accrue par la mise à la disposition du public d'informations à jour pertinentes sur ce que la Banque entreprend et envisage d'entreprendre. Comme on vous l'a dit lors de la réunion de l'automne 1993, les Administrateurs de la Banque ont approuvé, le 26 août 1993, des amendements à notre politique de diffusion de l'information ayant de profondes conséquences. Cette décision était motivée par le désir de susciter un débat fructueux, bien documenté sur les problèmes du développement, d'élargir la connaissance du processus de développement et d'encourager le public à soutenir des activités qui favorisent le progrès dans les pays en développement. Nous avons récemment fait le bilan de la première année de mise en oeuvre de cette politique de transparence, et les résultats s'avèrent encourageants à ce jour. 44. Cette politique d'inforrnation nettement plus ouverte a grandement élargi la gamme des documents mis à la disposition du public et en a accru le nombre. Pour traduire la volonté de la Banque de livrer universellement l'information, un Centre d'information du public (CIP) a été ouvert au siège en janvier 1994, rapidement suivi de la création d 'autres Centres d'information du public dans les bureaux de Londres, Paris, Tokyo, et, dernièrement, à la Jamnaïque. 45. Les missions résidentes de la Banque mondiale jouent un rôle particulièrement important dans ce réseau de Centres d'information du public en veillant à ce que les documents pertinents soient à la disposition des populations concernées et des organisations locales dans les pays emprunteurs. Elles sont reliées aux Centres par courrier électronique,- si bien que le temps nécessaire à la transmission des commandes et de certains documents est minime. Chaque mission résidente conserve en permanence la série complète des documents accessibles au public relatifs au pays et constitue un point de contact commode pour accéder à toute autre information disponible n'importe où à l'intérieur de la Banque. Dans une mission résidente particulièrement entreprenante, celle d'Indonésie, le CIP et les ONG locales coopèrent pour aider les communautés extérieures à Djakarta à accéder aux informations de la Banque. Le CIP fournit automatiquement tous les documents, et la mission résidente aide les ONG à les diffuser dans les zones reculées. 46. Partout dans le monde, il est devenu facile d'accéder à de nombreux documents de la Banque, et le public a réagi favorablement: les demandes d'information aux CIP ont augmenté en moyenne de 15 % par mois depuis janvier 1994. Au 31 décembre 1994, la Banque avait reçu 17.000 demandes, émanant en majorité du monde des affaires et, dans une moindre mesure, d'organismes publics et d'ONG. 14 Rapport du Président au Comité du développement 47. La Banque est indiscutablement une organisation beaucoup plus ouverte qu'il y a un an. Les services ont réagi positivement aux exigences de la nouvelle politique, et les responsables gouvernementaux collaborent étroitement et de manière constructive avec le personnel des opérations à l'application de cette politique. Toutefois, nous pouvons nous fonder sur l'expérience de l'année écoulée pour rendre le programme encore plus efficace, notamment dans les efforts déployés vis-à-vis des pays en développement. Ainsi, en coopération étroite avec les gouvernements, la Banque veillera à ce que les documents clés soient disponibles sous une forme largement compréhensible dans les zones de projet. Je suis persuadé que les progrès que nous avons accomplis dans l'application de notre politique d'élargissement de la diffusion de l'information renforceront encore l'efficacité de notre oeuvre commune. VII. Remarques de clôture 48. La décennie passée a été marquée par une profonde transformation de l'activité économique dans de nombreux pays du monde, par l'émergence du secteur privé comme principale source de financement des pays en développement, et par l'heureuse conclusion de l'Uruguay Round et l'ouverture du commerce des services et produits agricoles. La Banque - dans la perspective ultirne d'élever les niveaux de vie et d'augmenter la prospérité des êtres humains du monde entier - réagit à ces transformations et modifie son mode d'intervention. Le Groupe de la Banque devient de plus en plus ouvert, prônant une démarche plus participative, et intervient de plus en plus en qualité de partenaire s'efforçant d'aider les pays à appliquer des politiques d'ouverture des marchés et de renforcement des économies les mettant à même de soutenir la concurrence commerciale mondiale. Je suis persuadé que le Groupe de la Banque, avec ses pays membres, peut relever le défi de la pauvreté persistante en se fondant sur les leçons de l'expérience et en adaptant ses méthodes pour tirer parti des chances nouvelles qu'offrent les évolutions mondiales et le contexte économique favorable que nous avons toutes chances de connaître dans les prochaines années. 1Ce rapport a été redigé par Pedro Belli, Conseiller Economique, OPRPG, en consultation aves les autres services de la Banque mondiale. 15 Tableau Annexe 1. Flux nets globaux de ressources à lo ternme vers les pays en développement (n e d s x de de1994) Type de flhx 1984 198S 1906 1987 198 1989 1990 1991 îm 1993 19940 Financement public du développement 43,0 49,5 54.2 50,2 46,3 45,9 59,2 63,2 50.7 56,3 54,4 APD 27,2 34,8 37,1 38,8 39,7 39,8 45,8 48,9 43,4 44,3 44,6 Dons publics (314) 16,2 19,2 20,3 19,6 20,1 20,7 29,4 33,3 30,1 31,5 30,5 Prêts concessionnels publics 11,1 15,6 16,7 19,2 19,7 19,1 16,5 15,6 13,3 12,8 14,1 Prêts non concessionnels publics 15,8 14,7 17,1 11,4 6,6 6,1 13,4 14,3 7,3 12,0 9,8 Flux privés 45,7 43,5 27,5 29,2 38,2 45,2 46.5 64,4 103,5 166,4 172,9 Préts privés (5) 33,4 28,6 13,8 11,4 13,9 13,8 15,4 19,0 41,8 47,7 55,6 Invesdssement direct étranger (6) 12,1 14,8 13,0 16,9 23,1 27,7 27,3 37,6 47,4 69,6 77,9 Investissement deportefeuille sous forme 0,2 0,2 0,8 0,9 1,2 3,8 3,9 7,7 14,3 49,0 39,5 de participations (7) FLUX NETS GLOBAUX 88,7 93,0 81,7 79,4 84,5 91,0 105,7 127,5 154,1 222,7 227,3 Pour mémoire: (9) < Réglements d'intérêt 72,1 77,1 72,1 66,8 71,2 64,7 60,7 61,7 57,8 60,2 64,5 Profits sur investissement direct étranger 16,0 I5,S 14.5 14.5 14,6 18,6 18.2 19.0 21,4 24,4 25,4 Dons privés (3) 3,3 3,8 4,2 4,6 4,7 4,3 5,0 5,3 5,8 6,6 7,0 Données connexes: FMI - Flux nets (8) 4,6 -0,2 -4,1 -7,3 -6,0 -2,5 0,1 3,2 1,2 0,8 0,5 Dons au titre de la coopértion technique (3) 9,5 12,8 11,6 12,6 13,4 13,1 14,5 15,6 18,0 17,8 17,1 Banque mondiale - Flux nets 7,7 6,9 7,1 5,5 3,2 3,1 5,2 2,6 0,1 2,9 -0,7 IDA - Flux nets 3.2 3.6 3.9 4.4 4.0 3,6 4,2 4,4 4,8 4,7 5.3 Au 22 mars 1995 1. Le présent tableau couvre les 154 pays en développement pour lesquels des données figurent dans l'éditon 1994-95 des Tableaux de la dette internadonale. 2. Déparnement de l'économie internationale, projections de la Division Dette et finances imrnationales. 3. Données de l'OCDE uqu'à 1993 inclu). 4. Hors dons au tire de la coopération technique. 5. YconprisobHiatons. 6. Données du Fi sur la balance de5paiements (bénéfices réinvestis inclus), complétées par les estimations de la Banque mondiale et des données de l'OCDE. 7. Esimaions de la Banque mondiae s partir de tnsctions déclarées, qu ne sont souvent connue que sur la base des flux bruts. 8. Y compris Fonds fiduciaire FMI, FAS a FASR 9. Les flux nets de la Banque et de l'IDA se rapportent i l'année civile. Les données historiques différent des données budgétaires, plus souvent disponibles, uniquemnt parce que les exercices ne correspondent pas toujours i l'année civile. DECLARATION DE MICHEL CAMDESSUS, DIRECTEUR GENERAL DU FMI DEVANT LE COMITE DU DEVELOPPEMENT SUR LA SITUATION DE L'ECONOMIE MONDIALE ET LES TENDANCES D'EVOLUTION DES PAYS EN DEVELOPPEMENT Le 27 avril D'après les projections, la croissance dans le groupe des pays en développement ralentira quelque peu cette année, avant de revenir en 1996 à 6 %, taux analogue au taux moyen de la période 1992-94. Le ralentissement de 1995, qui touchera surtout les pays de l'hémisphère occidental, s'explique par la crise financière mexicaine et ses répercussions qui ont assombri les perspectives à court terme de certains pays (voir tableau). Cependant, les progrès sensibles qu'ont réalisés nombre de pays en développement dans la voie de la stabilisation macroéconomique devraient normalement permettre une croissance robuste et durable à plus long terme. Politique économique et évolution du sentiment des marchés La récente crise sur certains marchés financiers émergents rappelle sans ménagement avec quelle rapidité la perception de la situation d'un pays peut changer et combien il est onéreux de laisser les déséquilibres économiques persister jusqu'à ce que les marchés de capitaux imposent les ajustements nécessaires. En même temps, les récents événements ne doivent pas faire oublier l'amélioration foncière de la politique et des résultats économiques que l'on a pu observer dans nombre de pays en développement depuis une dizaine d'années. Les mesures visant à réduire les distorsions et à intensifier les incitations et la concurrence (par la libération des prix, les privatisations et l'ouverture au commerce et à l'investissement direct) ont eu des effets exceptionnellement bénéfiques dans les pays en développement d'Asie de l'Est qui ont enregistré une croissance rapide. Cependant, d'autres pays d'Asie, d'Amérique latine, d'Afrique et du Moyen- Orient ont aussi procédé, ou sont en train de procéder, à une réorientation fondamentale de leur politique économique, et la liste des pays en développement appliquant avec succès des réformes augmente régulièrement d'année en année. Le ralentissement des flux de capitaux à destination des pays en développement, qui s'était déjà amorcé avant la crise financière mexicaine, représente un vaste revirement des stratégies d'investissement après le brusque gonflement de ces flux au cours des années 1990-93. Ce gonflement tenait essentiellement aux perspectives de croissance à long terme encourageantes qu'offraient beaucoup des pays bénéficiaires. Cependant, certains facteurs conjoncturels, notamment la faiblesse de la croissance et de la demande d'investissement dans les pays industrialisés et le niveau en général bas ou la baisse des taux d'intérêt, ont aussi joué un rôle important. Outre les apports substantiels d'investissement direct étranger, de nombreux pays en développement ont bénéficié d'investissements de portefeuille considérables, y compris certains pays dont les données économiques fondamentales ne justifiaient peut-être pas pleinement l'enthousiasme des investisseurs étrangers. Depuis le début de 1994, le redressement de l'activité dans les pays industrialisés a accru la demande de fonds et poussé à la hausse les taux d'intérêt, ce qui a été une cause importante du ralentissement des flux de capitaux à destination des pays en développement. La diminution des flux d'investissements de portefeuille a eu des répercussions sur les cours des actions, qui ont en général baissé à partir de l'automne 1994 (voir graphique). 17 Princmipau indicateur, coeoiques (Pourcentaeas annuels de variation, sauf indication contraire) 1992 1993 1994 1995 1996 monde Croissance du PIB réel 2,0 2,5 3,7 3,8 4,2 Echanges internationaux volume 5,1 3,8 9,4 8,0 6,8 Echanges internationaux prix Combustibles -0,5 -11,5 -4,1 9,4 -0 1 Produits primaires (combustibles exclus)l -0,2 -3,7 12,3 8,0 -1,1 Produits manufacturés 3,6 -5,8 2,8 6,6 2,0 LIBOR à six mois sur le dollar (en pourcentage) 3,9 3,4 5,1 6,8 7,0 Pays industrialisés Croissance du PIB réel 1,5 1,2 3,0 3,0 2,7 Inflation 3 3 3,0 2,4 2 6 2,7 Croissance du volume des importations 4,3 1,5 10,5 7,8 5,0 Pays en développamant Croissance du PIB réel 5,9 6,1 6,3 5,6 6,1 Croissance du PIB par habitant 3,6 4,3 4,3 3,6 4,1 Inflation 35,9 43,0 48,0 17,5 8,9 Inflation (taux médian) 9,8 9,0 10,1 8,0 5,0 Transactions courantes (milliards de dollars E.U.) -73 5 -98 3 -91,0 -85,4 -90,8 Transactions courantes (en pourcentage des exportations) -1,7 -2, 1 -1,8 -1,5 -1,4 Croissance du volume des exportations 9,6 9,0 10 4 9,1 10,7 Croissance du volume des importations 12,6 10,4 8,7 8,6 11,2 Termes de l'échange -0,7 -1,1 -0,3 0,6 -0,3 Valeur unitaire des exportations -0,3 -1,9 1,5 3,3 1,5 Valeur unitaire des importations 0,4 -0 9 1,9 2 7 18 Dette (en milliards de dollars E.U.) 1.447 1.5§9 1.623 1.7i6 1.7J Dette (