NOTE Le modèle de progression pour accroître les revenus et la résilience des plus démunis Le modèle de progression vise principalement à aider les ménages les plus pauvres et les plus vulnérables à se doter de moyens de subsistance durables, accroître leurs revenus et échapper à l’extrême pauvreté (figure 1). Ce modèle se décline sous la forme d’une intervention multisectorielle soigneusement échelonnée et assortie d’une aide sociale dont le but est de favoriser la consommation de base, l’acquisition de compétences, l’accès à des capitaux de départ et des possibilités d’emplois en vue de démarrer une activité économique, l’éducation financière et l’épargne, ainsi que l’encadrement de mentors pour renforcer la confiance et les compétences des participants. Ladite intervention est assortie d’échéances précises (en général 24 à 36 mois) de façon à prévenir toute dépendance à long terme. Le parcours des ménages participants se poursuit toutefois au-delà de l’intervention. La pérennité des progrès accomplis dépend de la perception ininterrompue d’un revenu, de la constitution d’un patrimoine et de l’existence de systèmes efficaces de protection sociale à même d’amortir les chocs. Les objectifs de développement durable (ODD) étant globalement axés sur l’élimination de l’extrême pauvreté à l’horizon 2030, le modèle de progression doit faire partie intégrante des stratégies nationales de protection sociale et de réduction de la pauvreté, au même titre que les transferts sociaux, l’emploi garanti, l’assurance sociale et le soutien au marché du travail. Certes, la proportion de la population mondiale vivant dans (hausse de 9 % des biens de consommation non durables l’extrême pauvreté a diminué de façon spectaculaire depuis acquis par habitant) qui perdurent deux ans après la fin de les années 90, mais plus de 700 millions de personnes l’intervention (quatre ans après le transfert d’actifs). Non subsistent encore avec moins de 1,90 dollar par jour. La seulement les ménages gagnent et épargnent davantage, réalisation de l’ODD no 1 — élimination de l’extrême mais ils ont aussi diversifié leurs actifs et leurs sources de pauvreté d’ici à 2030 — exige, entre autres stratégies, revenus : la valeur des actifs productifs a triplé (Bandiera des interventions ciblées pour aider les populations les et al., 2016). Ces effets paraissent même plus importants plus pauvres à relever leur niveau de vie1. Il est toutefois sept ans après le transfert d’actifs et cinq ans après la fin coûteux et difficile d’aider efficacement ces populations du programme (les dépenses consacrées à des produits en raison de leur isolement géographique et social, mais non durables étaient 2,5 fois plus élevées après sept ans aussi à cause de la complexité et des multiples dimensions qu’après quatre ans, et le taux d’augmentation de l’accès de la problématique de la pauvreté. Même lorsqu’elles aux terres a doublé). De surcroît, en ciblant les membres parviennent à toucher les plus défavorisés, ces interventions féminins de ménages extrêmement pauvres, le CFPR/TUP ont souvent peu d’effets durables et de nombreux ménages a permis aux femmes d’exercer un contrôle accru sur les retombent dans une extrême pauvreté. ressources économiques du ménage et d’avoir une part plus grande à la prise de décisions. Le modèle de progression Pour déterminer si le modèle du BRAC pouvait produire pour les plus pauvres des résultats similaires hors du Bangladesh, le CGAP et S’il est vrai que de nombreuses tentatives ont été faites la fondation Ford ont formé en 2006 un partenariat dont pour mettre au point des modèles destinés à améliorer la le but était d’adapter et d’évaluer la démarche dans le situation économique des populations les plus démunies, cadre de dix programmes pilotes exécutés dans huit au moins un modèle s’est avéré très utile pour créer des pays (Éthiopie, Ghana, Haïti, Honduras, Inde, Pakistan, moyens d’existence durables et sortir « progressivement » Pérou et Yémen), principalement en zones rurales. ces populations de l’extrême pauvreté. Depuis 2002, le Le modèle de progression intègre plusieurs composantes programme du BRAC qui vise à repousser les frontières nécessaires à l’amélioration durable de la situation de la réduction de la pauvreté en ciblant des familles économique des populations les plus pauvres et les plus très démunies (CFPR-TUP) aide plus d’un demi-million vulnérables. Il commence par un soutien à la consommation de ménages bangladais très pauvres à accroître leurs (aide alimentaire et/ou financière), étant donné que l’un des revenus et renforcer leur patrimoine de façon durable. aspects de l’extrême pauvreté est l’insécurité alimentaire L’étude de suivi d’une évaluation aléatoire effectuée qui empêche les ménages d’adopter des stratégies de en 2016 par Bandiera et al. révèle que ce programme a subsistance efficaces à plus long terme. Ce soutien est des effets positifs sur l’emploi, le revenu (en hausse de généralement fourni par le biais d’un programme public de 37 %), les actifs (la valeur du patrimoine des ménages a protection sociale déjà en place (par exemple un système plus que doublé), l’épargne (l’épargne en liquide a été de transferts monétaires ou un programme de travaux pratiquement multipliée par neuf) et la consommation publics). Une fois les besoins élémentaires satisfaits, les 1 Le 25 septembre 2015, les pays ont adopté un ensemble d’objectifs pour mettre fin à la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous dans le cadre d’un nouveau programme de développement durable. L’objectif no 1 consiste à éliminer l’extrême pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde à l’horizon 2030. Les ménages vivant dans l’extrême pauvreté sont généralement ceux qui vivent avec Décembre 2016 moins de 1,90 dollar par jour en parité de pouvoir d’achat. 2 Figure 1. Le modèle de progression vers des moyens de subsistance durables : une approche intégrée et soigneusement échelonnée Extrême Moyens de pauvreté subsistance durables ACCOMPAGNEMENT DE MENTORS CAPITAUX DE DÉPART/EMPLOI FORMATION ACCÈS AUX SERVICES FINANCIERS SOUTIEN À LA CONSOMMATION ÉTUDE DE MARCHÉ/ ANALYSE DE LA CHAÎNE DE VALEUR CIBLAGE Démarrage 3 mois 6 mois 24 mois 36 mois participants peuvent accéder aux services financiers, pendant un nombre inférieur de jours, ont ressenti moins recevoir une éducation financière de base et bénéficier de stress et ont fait état d’une amélioration de leur santé d’un appui pour constituer une épargne. physique. De nouveaux résultats provenant de l’un des En matière d’épargne, les institutions financières officielles sites du CGAP et de la fondation Ford en Inde près de ou locales sont un outil essentiel de gestion des risques. six ans après la fin du programme dévoilent un impact La constitution d’une épargne régulière contribue à encore plus important : la consommation par habitant a accumuler des actifs, inculquer une discipline financière doublé par rapport aux résultats observés au bout des trois et améliorer les compétences en gestion financière. premières années (The Economist 2015). Globalement, Dans le cadre de l’intervention, les participants reçoivent les essais contrôlés randomisés visaient l’approche de également des formations techniques sommaires et un progression dans son ensemble, et non pas l’importance capital de départ sous forme de don (ou des actifs en relative de chaque composante. En revanche, des travaux nature comme du bétail) pour lancer de petits commerces. supplémentaires effectués au Ghana ont comparé les effets Dans certains cas, notamment dans les zones urbaines et du seul transfert d’actifs (des chèvres en l’occurrence) à périurbaines, ce sont plutôt des possibilités d’emploi qui l’impact de l’ensemble des composantes du modèle de sont offertes aux participants. Enfin, d’intenses séances progression sur les bénéficiaires. Au bout de trois ans, individuelles d’encadrement par des mentors, organisées le patrimoine des ménages qui avaient bénéficié de régulièrement tout au long du programme (24 à 36 mois), l’intégralité du programme avait nettement plus de valeur contribuent à insuffler aux participants la confiance et la et était bien plus diversifié que celui des ménages qui persévérance dont ils ont besoin pour maintenir le cap n’avaient reçu que des chèvres : la valeur du cheptel de vers l’amélioration de leur bien-être socio-économique. ces derniers et leur consommation totale n’avaient pas augmenté. Un impact solide, positif et durable Une approche d’un bon Entre 2006 et 2014, l’organisation Innovations for Poverty rapport coût-efficacité Action a procédé à des évaluations d’impact rigoureuses Le coût total par ménage du programme (y compris le au moyen d’essais contrôlés randomisés sur six sites soutien à la consommation, les capitaux de départ, la d’application pilote du modèle de progression. Ces formation, l’accompagnement de mentors, le personnel, évaluations ont révélé une augmentation des revenus et les activités de suivi et les frais administratifs), pour toute de la consommation des ménages dans cinq des six sites la durée de celui-ci, se situe entre 330 et 700 dollars au (Banerjee et al. 2015b)2. Les programmes de progression Bangladesh, en Inde, au Yémen, en Éthiopie et au Pakistan. ont une incidence statistiquement significative sur la Il se monte à environ 1 250 dollars au Honduras et va de 1 consommation (hausse de 7,5 % de la consommation 750 à 2 500 dollars au Ghana, en Haïti et au Pérou3. (Voir alimentaire), les actifs productifs des bénéficiaires la figure 2.) (augmentation de 15 %) et l’épargne (hausse de 96 %) un an après la fin du programme (soit trois ans après le transfert Le rapport coût-efficacité du programme est élevé : d’actifs et l’organisation de séances de formation). Les en pourcentage du coût total du programme, les évaluations d’impact montrent aussi que les bénéficiaires augmentations annuelles du revenu des ménages ont passé plus de temps à travailler, ont souffert de la faim sont de l’ordre de 7 à 25 % sur les cinq sites dans 2 Dans le cadre du projet témoin exécuté au Honduras, la composante « moyens de subsistance » n’a pas donné les résultats escomptés : l’actif choisi par la plupart des participants (une nouvelle espèce de poulets) ne s’est pas révélé être un moyen de subsistance durable, ce qui montre combien il est important de bien concevoir cet élément du modèle de progression. 3 Les différences s’expliquent principalement par la place accordée par les divers programmes à chaque composante (par exemple l’ampleur et la durée du soutien à la consommation) et par les grilles salariales locales, la densité de population et l’état des infrastructures. 3 Figure 2. Un modèle d’un bon rapport coût-efficacité Le modèle de progression a un impact sur divers indicateurs et offre un retour sur investissement (RSI) élevé assorti de résultats durables. Revenu Épargne Sécurité alimentaire Santé Bonheur Éthiopie Coût/ménage : 884 USD Pakistan RSI : 260 % Coût/ménage : 864 USD RSI : 179 % Bangladesh Honduras Coût/ménage : 436 USD Coût/ménage : 1 335 USD RSI : 540 % RSI : -198 % Ghana Inde Pérou Coût/ménage : 330 USD Coût/ménage : 2 604 USD Coût/ménage : 1 777 USD RSI : 133 % RSI : 433 % RSI : 190 % Sources : Innovations for Poverty Action, Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab, London School of Economics, The Economist. lesquels le programme a eu un impact positif. Selon du ministère de l’Aide sociale et du Développement les estimations du BRAC, un investissement initial de aux Philippines. La figure 3 ci-dessous montre comment 365 dollars produit un bénéfice total de 1 168 dollars divers programmes de progression ont essaimé. sur une période de 20 ans (somme actualisée des gains Ces nouveaux programmes présentent généralement les de consommation et d’actifs en dollars de 2007). Ces mêmes caractéristiques fondamentales que l’initiative chiffres correspondent à un rapport bénéfices-coût de du BRAC et les projets pilotes CGAP-fondation Ford et 3,2 — soit 3,20 dollars de bénéfices pour chaque dollar offrent des aides de même nature : dépensé au titre du programme du BRAC4. D’après Sulaiman, Goldberg, Karlan et de Montesquiou (2016), • Ce sont des interventions axées sur les ménages, parmi les programmes axés sur les populations vivant assorties d’échéances précises ciblant délibérément dans une extrême pauvreté (développement de moyens les personnes vivant dans l’extrême pauvreté , de subsistance, transferts monétaires forfaitaires ou c’est-à-dire celles qui vivent en dessous du seuil progression) et pour lesquels on dispose de données de pauvreté de 1,90 dollar par jour et/ou sont factuelles sur une longue période, l’approche de considérées comme faisant partie des couches les progression obtient les meilleurs résultats pour chaque plus pauvres et les plus marginalisées. dollar dépensé et a un impact positif sur les indicateurs • Ils appliquent une approche intégrée de façon à pouvoir économiques qui se maintient dans la durée (Sulaiman, s’attaquer aux multiples facettes de la pauvreté. Goldberg, Karlan et de Montesquiou, 2016)5. • Ils réalisent des investissements massifs dans l’idée qu’un gros investissement capable de faire démarrer l’activité économique apportera un véritable Les pouvoirs publics sont la clé changement. pour généraliser et adapter les • Ils incluent des séances d’encadrement par des programmes de progression mentors en vue d’aider les participants à surmonter non seulement les difficultés économiques qu’ils rencontrent, Près de 60 programmes de progression de « deuxième mais aussi les nombreuses barrières sociales auxquelles génération » sont mis en œuvre en ce moment, dont ils se heurtent. près d’un tiers par l’administration, généralement dans • Ils facilitent l’accès à des régimes de protection sociale le cadre de stratégies nationales de protection sociale. de plus grande ampleur (santé, éducation, etc.) et à des Si quelques programmes sont de taille modeste, il services financiers formels ou semi-formels dans le but en existe d’autres de grande ampleur qui visent des de renforcer la résilience, d’accroître la participation à centaines de milliers voire des millions de ménages : le l’économie et de favoriser l’ascension sociale. programme de filets sociaux productifs d’Éthiopie, le programme Benazir de garantie des revenus au Pakistan, L’approche de progression devrait prendre de l’ampleur les programmes Kelompok Usaha Bersama et Keluarga et gagner en influence, au regard de la forte demande de Harapan en Indonésie, et la stratégie de convergence programmes d’envergure nationale émanant des pouvoirs 4 En 2007, le coût total du programme CFPR/TUP, y compris le coût des actifs, des services de formation et de l’administration du programme, se montait à 1 363 dollars (en parité de pouvoir d’achat). 5 Au Sri Lanka, au Ghana et au Kenya par exemple, les études démontrent les effets positifs des transferts monétaires sur la consommation, les actifs et la sécurité alimentaire. Au Kenya toutefois, des données préliminaires laissent penser que ces effets pourraient s’estomper assez vite (Sulaiman 2016). 4 Décembre 2016 Toutes les publications Figure 3. Croissance rapide des programmes de progression : du CGAP sont disponibles sur le site 58 projets en cours dans 37 pays (septembre 2016) www.cgap.org. CGAP 1818 H Street, NW MSN IS7-700 Washington, DC 2 3 6 20433 États-Unis 2 2 2 5 3 Téléphone : 2 202-473-9594 2 Télécopie : 2 202-522-3744 Courriel : cgap@worldbank.org BRAC Bangladesh (1) – depuis 2002 Projets pilotes CGAP-fondation Ford (10) – 2006–2014 Mis en œuvre par des ONG (30) – depuis 2010 © CGAP, 2016 Mis en œuvre par des bailleurs de fonds (7) – depuis 2010 Mis en œuvre par les pouvoirs publics (20) – depuis 2010 publics. Les États et d’autres acteurs manifestent en effet Banerjee, Abhijit, Esther Duflo, Nathanael Goldberg, Dean un vif intérêt pour des innovations visant à : 1) adapter le Karlan, Robert Osei, William Pariente, Jeremy Shapiro, Bram modèle à d’autres catégories de populations vulnérables Thuysbaert, and Christopher Udry. 2015a. “Building Stable comme les réfugiés, les ménages urbains extrêmement Livelihoods for the Ultra-Poor.” New Haven, Conn.: Innovations for Poverty Action, September. http://www.poverty-action.org/ pauvres et les jeunes défavorisés ; 2) élargir la gamme des publication/building-stable-livelihoods-ultra-poor activités rémunératrices au-delà des sources de revenus rurales ; et 3) améliorer le rapport coût-efficacité du __2015b. “A Multifaceted Program Causes Lasting Progress modèle à l’aide de mesures comme la numérisation des for the Very Poor: Evidence from Six Countries.” Science, May. transferts et des services financiers ou la fourniture de http://science.sciencemag.org/ content/348/6236/1260799 services collectifs d’accompagnement et de soutien social. de Montesquiou, Aude, and Tony Sheldon. 2014. “From Beaucoup souhaitent que l’on s’appuie sur les acquis du Extreme Poverty to Sustainable Livelihoods: A Technical Guide modèle de progression pour rechercher d’autres solutions to the Graduation Approach.” Washington, D.C.: CGAP and d’intégration économique intéressantes qui ciblent les the Ford Foundation, September. http://www.cgap.org/ populations vulnérables et fournissent un appui global aux publications/extreme-poverty-sustainable-livelihoods ménages et aux individus pour leur permettre d’accroître leurs revenus et leurs actifs. Dharmadasa, H., S. Hashemi, S. Samaranayake, and L. Whitehead. 2015. “PROPEL Toolkit: An Implementation Guide Le CGAP étudie activement la forme que pourrait prendre to the Ultra-Poor Graduation Approach.” New York: BRAC une plateforme destinée spécifiquement à répondre à USA, December. http://www.microfinancegateway.org/library/ la demande de pouvoirs publics et d’autres acteurs propel-toolkit-implementation-guide-ultra-poor-graduation- souhaitant mettre en place des interventions à l’appui de approach l’inclusion économique des laissés-pour-compte — dans The Economist. 2015. “Extreme Poverty: Leaving It Behind. l’hypothèse qu’une plus grande participation à l’activité How to Rescue People from Deep Poverty—and Why économique, des gains de revenus et des actifs accrus et the Best Methods Work.” The Economist, 12 December. diversifiés se traduiront par une ascension sociale continue http://www.economist.com/news/international/21679812- des ménages les plus pauvres et des groupes les plus how-rescuepeople-deep-povertyand-why-best-methods-work- vulnérables. leavingit-behind?utm_source=12%2F14%2F15+newsflash& utm_campaign=newsflash_12_8_15&utm_medium=email. Ressources Sulaiman, Munshi, Nathanael Goldberg, Dean Karlan, and Balboni, Clare, Oriana Bandiera, Robin Burgess, and Upaasna Aude de Montesquiou. 2016. “Eliminating Extreme Poverty: Kaul. 2015. “Transforming the Economic Lives of the Ultrapoor.” Comparing the Cost-Effectiveness of Livelihood, Cash Transfer, IGC Growth Brief Series 004. London: International Growth and Graduation Approaches.” Forum. Washington, D.C.: CGAP. Centre, December. https://www.theigc.org/wp-content/ uploads/2015/12/IGCJ2287_Growth_Brief_4_WEB.pdf Bandiera, Oriana, Robin Burgess, Narayan Das, Selim Gulesci, Imran Rasul, and Munshi Sulaiman. 2016. “Labor Markets and Poverty in Village Economies.” Quarterly Journal of Economics. AUTEURS : Syed M. Hashemi et Aude de Montesquiou, avec la collaboration de Katharine McKee