54859 No. 146 août 2000 Esprit d'entreprise et performance des entreprises en Afrique subsaharienne (traduit de l'anglais) Le développement du secteur privé en Afrique subsaharienne est d'une grande importance pour la croissance économique de la région. Les sociétés dirigées par des entrepreneurs ont un rôle prépondérant à jouer dans le secteur privé dans beaucoup de pays de la région. Cette analyse mesure l'impact de diverses caractéristiques entrepreneuriales sur le taux de croissance des entreprises. L'analyse utilise les données du Programme Régional sur le Développement de l'Entreprise (RPED) de la Banque Mondiale. L'étude a porté sur environ 200 entreprises du Kenya, du Zimbabwe, de la Zambie, et de la Tanzanie, opérant dans les secteurs de traitement des produits alimentaires, des textiles, de la menuiserie et de travaux métalliques ; l'étude a utilisé seulement le sous-ensemble des entreprises appartenant aux entrepreneurs. Théorie et hypothèses Les écrits sur l'esprit d'entreprise posent plusieurs hypothèses concernant la performance des entreprises. La présente analyse comprend différents "mécanismes d'apprentissage" qui affectent la performance des entreprises. Comme les autres études du RPED sur la croissance des entreprises, celle-ci tient compte de l'âge et de la taille de l'entreprise comme variables indépendantes du modèle économique. Les mécanismes d'apprentissage qu'elle contrôle comprennent l'expérience antérieure de l'entrepreneur, qu'il ait une éducation secondaire, un diplôme universitaire, ou suivi une formation technique. Elle comprend également deux variables qui sont en quelque sorte des mécanismes d'apprentissage indirects- si la famille de l'entrepreneur est dans la même affaire, ou si l'entrepreneur possède en même temps une autre affaire. Les écrits sur la même question soutiennent que les entreprises des minorités ethniques ont des avantages spéciaux offerts par la création des réseaux dans le secteur privé. Les paramètres environnementaux externes tels qu'un choix professionnel limité, la menace d'expulsion, ainsi que des mécanismes contrôlables de coopération facilitent la création et le maintien des ces réseaux. Les réseaux d'entreprises permettent d'accéder à des informations rares, à des arrangements pour étaler les risques, à des conditions de crédit favorables, et à un groupe très solidaire de personnes à qui la responsabilité de gestion peut être déléguée (Peter Kilby, "The Role of Alien Entrepreneurs in Economic Development ­Le Rôle des entrepreneurs dans le développement économique-), American Economic Review Papers and Proceedings, Vol. 73, pp. 107-111, May 1983). En général, ces écrits concluent que les mécanismes contractuels qui naissent au sein des groupes ethniques sont essentiels pour permettre l'accès aux facteurs de production, au crédit, à la technologie, et au financement. Ceci amène à son tour à une plus grande rentabilité et une croissance plus importante des entreprises au sein du réseau. Cette analyse soutient ainsi que les entreprises dont les propriétaires sont des entrepreneurs d'origine Asiatique et Européenne grandissent plus vite que les autres entreprises de l'échantillon. Résultats Le taux de croissance annuel moyen de l'emploi dans les firmes dirigées par des entrepreneurs varie entre 6,8 pour cent en Tanzanie, et 12,4 pour cent au Zimbabwe ( qui a également un pourcentage plus élevé des entreprises donc les propriétaires viennent des minorités ethniques). Un peu moins de la moitié de tous les entrepreneurs ont terminé le cycle d'enseignement secondaire dans tous les pays à l'exception de la Tanzanie, où ils représentent seulement 9 pour cent. Le pourcentage des entrepreneurs qui ont un diplôme universitaire est plus élevé au Zimbabwe (26,1 pour cent ), et plus bas en Zambie ( 15,7 pour cent). Le pourcentage le plus bas des entreprises appartenant se retrouve en Tanzanie (7,1 pour cent), alors qu'il est le plus élevé au Zimbabwe (19,4 pour cent). Les moyennes et grandes entreprises appartenant aux femmes représentent une très petite proportion dans tous les quatre pays ; ces entreprises sont concentrées dans la catégorie de très petites entreprises. Il y a une corrélation nette entre l'éducation et la taille de l'entreprise ; on trouve dans les moyennes et grandes entreprises un pourcentage beaucoup plus élevé des entrepreneurs assurant la gestion, que dans les très petites et petites entreprises. Le niveau d'expérience antérieure des affaires est presque identique dans tous les quatre pays; entre 31 et 52 pour cent des entrepreneurs ont des parents travaillant dans la même affaire. Dans tous les quatre pays, les entreprises avaient commencé avec une moyenne de moins de vingt employés, mais avaient des niveaux d'emploi très différents au moment de l'enquête du RPED. L'âge moyen des entrepreneurs de l'échantillon est d'une quarantaine d'années et demi ; celui des entreprises se situe entre treize et dix-huit ans. Les données du RPED font ressortir d'importantes différences en ce qui concerne les caractéristiques des sociétés donc les propriétaires sont d'origine asiatique, européenne, et africaine. Les entrepreneurs Africains possèdent presque 90 pour cent de très petites sociétés, employant moins de dix personnes. Les Asiatiques sont propriétaires de la plupart des sociétés ayant plus de 250 employés en Zambie, et au Kenya, alors que les Européens constituent la grande majorité des propriétaires des grandes sociétés au Zimbabwe. Une partie très importante d'entrepreneurs Asiatiques et Européens ont des diplômes universitaires, avaient travaillé dans des entreprises appartenant ou dirigées par des étrangers, et possèdent actuellement une autre affaire. Il y a cependant de nombreux entrepreneurs Africains qui ont créé leurs propres affaires ; les entrepreneurs Asiatiques et Européens ont généralement hérité ou acheté leurs entreprises. La proportion la plus élevée des femmes chefs d'entreprises dans chacun des pays, se retrouve chez les africains. Les résultats économétriques confirment les résultats antérieurs du RPED selon lesquels l'âge et la taille initiale de l'entreprise sont statistiquement importants et en rapport inverse avec le changement de l'emploi. Ils démontrent également que les entreprises Asiatiques et Européennes se développent à un dégrée plus élevé que les entreprises Africaines. Cette conclusion est consistante avec l'hypothèse décrite plus haut. Les entreprises appartenant aux minorités connaissent un taux de croissance plus élevé du fait probablement de divers avantages d'appartenir à un réseau ethnique, tel que l'accès au crédit et aux mécanismes contractuels informels. Enfin, il existe une très forte corrélation entre l'éducation formelle (secondaire et universitaire) et la croissance d'une entreprise ; l'éducation pouvant servir de substitut à l'accès aux réseaux des entreprises appartenant aux minorités. L'accès à l'éducation augmente certainement les compétences en matière de gestion, y compris la capacité d'embaucher et de gérer un personnel nombreux, créant ainsi des emplois à des taux très élevés dans le secteur privé en Afrique. Cet article est basé sur le rapport RPED #080, Mai 1998, par Ramachandran et Manju Kedia Shah, intitulé « Minority Entrepreneurs and Firms Performance in Sub-Saharan Africa » ; Banque mondiale, Région Afrique. Pour de plus amples informations, prière de contacter Mme Melanie Mbuyi, e-mail : Mmbuyi@worldbank.org . Traduction par Mme. Brigitte Aflalo.