94564 MADAGASCAR – ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE RÉCENTE Janvier 2015 Résumé éxécutif A la fin de l’année 2014, les conditions macroéconomiques sont restées généralement stables. Le taux de croissance est estimé à 3% en 2014. L’industrie extractive et le secteur des services sont les principaux moteurs de cette croissance. L’inflation est contenue à 6% à la fin de l’année bien que le pays retourne graduellement à la vérité des prix des produits pétroliers. Le ratio recettes fiscales/PIB demeure faible (10.1%). Les dépenses courantes continuent à absorber une part importante des dépenses totales (75%). Les dépenses d’investissement ont été orientées vers les secteurs sociaux (éducation et santé), l’agriculture et les travaux publics. Les ressources publiques ont été appuyées par le retour des financements extérieurs. Les premières estimations indiquent une réduction du déficit de la balance des paiements. Les crédits à l’économie ont augmenté de 18.8% au cours de 2014. Le gouvernement a présenté la Politique Générale de l’Etat en 2014. La loi de finances rectificative constitue un premier pas vers la mise en œuvre de cette politique à travers le renforcement des ressources disponibles et le ciblage des dépenses. Avec le niveau de pauvreté à Madagascar et les années perdues pendant la crise, le défi reste immense. Le Plan National de Développement devrait apporter plus de visibilité sur les intentions futures du gouvernement. L’année 2014 a été marquée par la forte chute du prix du brut sur le marché internatio nal. Ceci a accéléré l’ajustement des prix à la pompe au prix indicatif pour le marché. La baisse des prix permet aux pays importateurs nets de produits pétroliers comme Madagascar, entre autres, d’élargir l’espace fiscal, d’alléger la facture d’importation et de baisser l’inflation. Le pays pourrait saisir cette opportunité pour engager les reformes des subventions énergétiques. 1|Page MADAGASCAR – ECONOMIC UPDATE January 2015 Exécutivé Summary Macroeconomic conditions remained generally stable at end-2014. The growth rate is estimated at 3%, driven by extractive industry and services sector. Inflation is contained at 6% on a year-on-year basis, although the country gradually returns to market prices of petroleum products. The tax-to-GDP ratio remains low (10.1%). Current expenditures continue to absorb a significant share of total spending (75%). Capital expenditures have been oriented towards the social sectors (education and health), agriculture and public works. Public resources have been supported by the return of external financing. Initial estimates indicate a reduction in the deficit of the balance of payments. Credits to the economy increased by 18.8%. The “Politique Générale de l’Etat” was presented in 2014. Its implementation started with the revised finance law through increasing available resources and targeting of spending. With the level of poverty in Madagascar and the years lost during the crisis, the challenge remains immense. The National Development Plan should provide more visibility about the future intentions of the Government. The price of crude on the international market sharply fell in 2014. This has accelerated the adjustment of the pump prices to the market price. This decrease in prices allows net-importing countries of petroleum products such as Madagascar, among others, to expand fiscal space, reduce import bills and lower inflation. The country should seize this opportunity to initiate reforms of energy subsidies. 2|Page Développement récents L’année 2014 s’est achevée dans des conditions macroéconomiques généralement stables. La normalisation de la situation politique a permis au pays de jeter les bases de la relance économique avec la définition de la Politique Générale de l’Etat. La loi de finances rectificative de 2014 a constitué un premier pas vers la mise en œuvre de cette politique et le Plan National de Développement récemment adopté en Conseil des Ministres devrait apporter plus de visibilité sur les intentions futures du gouvernement. Le défi reste immense avec 92% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté extrême1. En général, la situation économique au cours du dernier trimestre n’a pas été significativement différente des 3 trimestres précédents. Ce dernier trimestre a été marqué par l’adoption de la loi de finances pour 2015, l’annonce de l’effectivité de la réintégration de Madagascar parmi les pays bénéficiaire de l’AGOA, la révision à la hausse des prix à la pompe des produits pétroliers et le décaissement d’une partie des appuis budgétaires prévus dans la loi de finances rectificative de 2014. Secteur réel Pour 2014, le taux de croissance du PIB est estimé à 3%. La branche industrie extractive et le secteur des services continuent d’être les moteurs de cette croissance. Ce dernier a été poussé par la relance des investissements publics : en fin octobre, la valeur nominale des dépenses en capital engagées par le gouvernement est presque équivalente au montant engagé pour l’année entière en 20132. Par contre, l’évolution des investissements privés est mixte. Ils sont demeurés faibles si on se réfère au niveau des investissements directs étrangers qui ont baissé de 5.2% du PIB en 2013 à 3.6% en 20143. Les crédits bancaires à moyen et long termes se sont quant à eux accrus de 1% du PIB. Ce taux de croissance permet de stabiliser le PIB par tête par rapport à l’année 2013. Le PIB par tête était en déclin depuis 2009 et reste encore en dessous du niveau d’avant crise estimé à 32.200 MGA en Ariary constant de 1984 (Graphique 1). Le pays a besoin d’atteindre au moins un taux de croissance de 5% pendant les 5 années à venir pour seulement à ce niveau. Graphique 1. PIB par tête Graphique 2. Taux de croissance du PIB 5 33000 (%) 8.0 2.5 32000 6.0 31000 0 30000 4.0 -2.5 29000 2.0 -5 28000 - -7.5 27000 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Monde Pays en developpement Variation annuelle % Valeur MGA 1984 (axe droite) Afrique SS Madagascar Sources: World development indicators 1 Seuil international de $2 PPA en 2010. 2 Sur la base des données des Tableaux des Opérations Globales du Trésor 2013 et Octobre 2014. 3 FMI (2015). 3|Page Ce taux de croissance reste modéré si on le compare à celui de la région Afrique Sub-saharienne qui est estimé à 4.5% en 2014 lequel est plus élevé par rapport à la croissance mondiale de 2.6% (Graphique 2). Les investissements dans l’infrastructure publique, l’augmentation de la production agricole et le dynamisme du secteur des services constituent les principaux facteurs de cette croissance dans la région Afrique Sub-saharienne. Prix L’inflation s’est stabilisée autour de 6% tout au long de l’année (Graphique 3) nonobstant la série de révision (3 hausses) des prix à la pompe effectuée Graphique 3. Indice des prix à la consommation au cours de l’année. Ce taux moyen est resté (variation annuelle- fin de période) stable depuis juillet 2012. Selon la fonction des 16 produits, la plus importante hausse est enregistrée par le groupe « Hôtels, cafés, 12 restaurants » (+11.4%). Cependant, c’est le 8 groupe « produits alimentaires, boissons et tabacs » qui a le plus influencé la hausse globale 4 avec une variation annuelle de 4.8% et une contribution de 40.2% à la variation totale des 0 Jan Jan Jan Jan Jan Jan May May May May May May Sep Sep Sep Sep Sep Sep indices des prix à la consommation. Ce groupe inclut le riz qui a apporté 10% de la hausse 2009 2010 2011 2012 2013 2014 globale. Ceci est modéré par rapport à l’année 2013 où la hausse des prix expliquée par la hausse Source: Instat du prix du riz a été autour de 30%. La relative stabilité des prix sur le marché international et une bonne production nationale ont permis cette faible contribution du riz à la hausse des prix globaux. Par ailleurs, la forte baisse du prix du pétrole brut sur le marché international ne s’est pas encore répercutée sur les prix de détail au niveau local. Les raisons en sont d’une part la fixation du prix maximum qui a défini des prix en dessous du prix de marché et d’autre part le faible poids des produits pétroliers dans le panier de consommation qui limite son influence sur l’indice des prix à la consommation. Finances publiques Les finances publiques restent sous pression avec une baisse de la performance en termes de collecte de recettes fiscales4 alors que le gouvernement essaie d’augmenter ses dépenses. Cependant, le déficit fiscal devrait rester en dessous de 3%. Les ressources fiscales de l’Etat sont renforcées par les dons. Selon les données provisoires, les recettes fiscales s’établissent à 10.1% du PIB pour l’année 2014 , soit en dessous de la prévision de la loi de finances rectificative de 11.6% et des ratios recettes fiscales/PIB des deux précédentes années. Les objectifs des recettes fiscales ont été atteints à hauteur de 87%. Les écarts proviennent surtout des recettes sur les biens et services dont la taxe sur la valeur ajoutée (taux d’exécution par rapport aux objectifs de la loi de finances rectificative : 82%) et les droits d’accises (82%) ainsi que des impôts sur les revenus (70%)5. Ces trois types d’impôts constituent 75% des recettes totales collectées par la Direction Générale des Impôts. Ceci implique qu’un déficit au niveau de ces 4 Mesurée en ratio recettes fiscales/PIB 5 Données provisoires de la DGT. 4|Page composants a des impacts importants sur la performance globale de la Direction. La Direction Générale des Douanes a atteint 92% de son objectif pour 2014. Le déficit provient essentiellement du non- paiement d’une partie des taxes sur les produits pétroliers. Les recettes non fiscales demeurent insignifiantes et correspondent à 0.2% du PIB en 2014. Selon une étude publiée en 2011, les recettes non fiscales devraient être équivalentes à 8 à 10 fois ce niveau mais la majeure partie de celles-ci n’est pas reportée dans le budget6. Tableau 1. Extrait tableau des opérations globales du trésor (en % PIB, sauf dernière colonne en %) Taux 2012 2013 LFR 2014 2014* d'exécution 2014 Recettes fiscales 10.4 10.5 11.6 10.1 86.6 Recettes non fiscales 0.5 0.3 0.2 0.2 102.8 Dons 1.2 1.3 2.4 2.0 83.4 Recettes totales et dons 12.1 12.1 14.2 12.3 86.3 Personnel 5.4 5.7 6.0 5.6 86.6 Intérêts 0.7 0.5 1.2 0.8 108.7 Dépenses en capital 2.7 3.1 4.6 3.7 79.4 Dépenses totales 13.4 13.8 16.7 14.4 86.9 Sources: MFB (2014* : données provisoires) Les dépenses engagées sont estimées à 14.4% du PIB et correspondent à un taux d’exécution des dépenses de 86.9%. Ceci montre une bonne capacité d’absorption du budget étant donné que l’engagement des dépenses a été en partie suspendu pendant la préparation de la loi de finances rectificative et que le budget a augmenté dans cette loi. Sur la base des données provisoires, les investissements engagés ont augmenté de 28.6% en valeur nominale avec un doublement des investissements sur financement interne. Les investissements publics restent cependant faible (3.7% du PIB). La structure par secteur des dépenses engagées est alignée avec la politique de dépense de l’Etat mentionnée dans la loi de finances rectificative consistant à prioriser les dépenses dans les secteurs agriculture, travaux publics, santé et éducation nationale (Graphique 4). Avec le Ministère des Finances et du Budget et le Ministère de l’Eau, ces 4 ministères absorbent 80% des dépenses en capital totales. Toutefois, la majorité des dépenses continuent à être allouées au financement des dépenses de fonctionnement. Celles-ci recevaient 75% des dépenses totales tandis que les dépenses sur le personnel captaient 39%. A noter aussi que 5% du budget total de la loi de finances rectificative ont été consacrés à l’apurement des arriérés de l’Etat envers ses créanciers. 6 Banque mondiale (2011). Revue des dépenses publiques. 5|Page Graphique 4. Dépenses en capital ( engagement en milliard MGA) 80 60 40 20 0 Industrie et dév. SP et… Ressources halieutiques Energie Artisanat Enseignement sup. Ressorces strat. Intérieur et déc. Education nat. Assemblée Nat. Sénat Postes et télécoms. Affaires étrangères Tourisme Fonction pub. Economie et planification Primature Population Jeuness Défense nat. Sécurité pub. Transports et météo Santé Travaux publics Commerce et cons. Présidence Gendarmerie Justice Communication Emploi et formation pro. Eau Agriculture Environnement et forêt Elevage nfrastructures Source : MFB/DGCF/CDE (date d’accès : 20 janvier 2015) Le financement du déficit a été assuré par une combinaison de financement extérieur (projets) et de financement de la Banque centrale. Par contre, les opérations avec le système bancaire hors Banque centrale se sont soldées par un remboursement net des BTA, le principal instrument d’endettement de l’Etat à travers le système. Les encours totaux nets de BTA ont diminué de MGA 105 milliards en 2014. Jusqu’à fin novembre, le financement du déficit par le système bancaire est estimé à moins de 1% du PIB ce qui limitait son effet inflationniste. L’augmentation des dépôts de l’Etat à la fin de l’année a davantage contribué à réduire ce ratio. Secteur extérieur Selon les estimations pour 2014, le solde de la balance des paiements s’est fortement amélioré et est passé d’un déficit d’USD 263 millions en 2013 à un excédent de 24 millions en 2014, réduisant ainsi les besoins de financement de l’économie. Cette évolution résulte de la contraction du déficit commercial, de l’amélioration du solde des services et du renforcement des transferts courants publics provenant des dons d’appui budgétaire. Le déficit commercial s’est contracté d’environ USD 300 millions entre 2013 et 2014 grâce à l’augmentation des exportations (+14.6% en USD Graphique 5. Contribution à la variation des nominale) et une stabilisation des importations exportations (%) (-0.6%). Comme cela a été le cas l’année dernière, 100 la progression des exportations est tirée par le 80 nickel, les produits textiles et le cobalt (Graphique 60 5). Avec l’amélioration du prix sur le marché international, la valeur des exportations de vanille 40 ont aussi augmenté (+50%) tandis que la quantité 20 exportée est restée relativement stable. Par 0 contre, les quantités exportées de sucre et de Nickel Textiles Vanille Cobalt Produits Crevettes Autres -20 pétroliers minerais de titane se sont contractées respectivement de 65% et de 40% par rapport à -40 l’année précédente. Source: MFB/DGD Du côté des importations, la réduction de la facture d’importation alimentaire a été compensée par l’augmentation des importations de matières premières (dont 1/5 pour le compte des entreprises minières) et dans une moindre mesure des biens d’investissement. 6|Page Le financement du déficit courant a été assuré par les emprunts publics et les investissements Graphique 6. Evolution des IDE entrants directs étrangers (IDE), quoique ces derniers 1600 (million USD) aient baissé cette année avec la quasi-absence de nouveaux projets d’investissements. Les 1200 investissements directs étrangers reçus en 2014 sont estimés autour d’USD 360 millions, soit la 800 moitié de la moyenne des cinq dernières années (Graphique 6). Cette tendance des IDE a été 400 observée de manière généralisée au niveau de la région Afrique Sub-Saharienne7. Toutefois, le 0 contexte local a été déterminant comme en 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 témoigne la régression de Madagascar de la 157ème à la 163ème place dans le classement Doing Source: BCM, FMI pour 2014 Business, par exemple. Les réserves internationales s’établissent en fin 2014 à l’équivalent d’USD 778 million contre U SD 660 millions en fin novembre 2014. La hausse entre ces deux périodes provient essentiellement du décaissement des appuis budgétaires intervenus en fin d’année. Bien que le niveau des réserves soit quasi-inchangé entre fin 2013 (USD 771 million) et fin 2014, des fluctuations ont été observées tout au long de l’année et les réserves suivaient en général une tendance à la baisse, sauf au mois de juin, lorsque le FMI a approuvé la facilité de crédit au gouvernement, et à la fin de l’année. Les réserves internationales correspondent à 2.2 mois d’importations en fin 2014. Entre fin 2013 et fin 2014, l’Ariary s’est déprécié de 3% par rapport à l’Euro et de 14% par rapport à l’USD. La dépréciation de l’Ariary a atteint son pic vers fin novembre lorsque l’Ariary a perdu 5% de sa valeur par rapport à l’Euro et 14% par rapport à l’USD. Depuis, l’Ariary a repris de l’élan par rapport à l’Euro tandis que le cours par rapport à l’USD s’est plus ou moins stabilisé. Ces évolutions ont été influencées par une amélioration de l’offre sur le MID vers la fin de l’année et le contexte global, l’USD étant resté fort sur le marché international. En termes réels, l’Ariary s’est déprécié d’environ 4.6% en 2014. Graphique 7. Evolution du cours MGA/USD Graphique 8. Evolution du cours MGA/Euro 2700 3400 2600 3300 2500 3200 2400 3100 2300 3000 2200 2900 2100 2800 2000 2700 1900 2600 Jan-11 Jan-12 Jan-13 Jan-14 Jul-11 Jul-12 Jul-13 Jul-14 Apr-11 Oct-11 Apr-12 Oct-12 Apr-13 Oct-13 Apr-14 Oct-14 Jan-11 Jan-12 Jan-13 Jan-14 Jul-11 Jul-12 Jul-13 Jul-14 Apr-11 Oct-11 Apr-12 Oct-12 Apr-13 Oct-13 Apr-14 Oct-14 Source: BCM 7 Banque mondiale (2015). Perspectives économiques mondiales. 7|Page Secteur monétaire La Banque centrale de Madagascar a maintenu ses instruments de politique monétaire inchangés pendant les 5 dernières années à l’instar du taux directeur de 9.5%. Ses interventions sur le marché monétaire se sont cependant soldées à la fin de l’année par un relâchement de sa politique monétaire en réduisant l’encours des liquidités ponctionnées. Pour leur part, les banques primaires ont intensifié l’octroi de crédits à l’économie qui ont augmenté de 18.8% en valeur nominale en glissement annuel à fin 2014. Les nouveaux crédits ont été attribués aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises privées (Graphique 9). Ainsi, la hausse de la masse monétaire (M3) a été tirée essentiellement par celle des crédits à l’économie (Graphique 10). Graphique 9. Crédits à l'économie par le Graphique 10. Contribution à la variation de M3 système bancaire à fin 2014 (glissement (%) annuel, %) 81 49 49 22 27 16 16 -58 8 -39 Crédits à court termes Crédits à long et moyens termes Avoirs Créances Crédit à Autres postes Particuliers Enterprises privées Enterprises publiques extérieurs nets nettes sur l'Etat l'économie nettes Source: BCM 8|Page Annexe Analyse de l’évolution récente du prix du brut L’année 2014 a été marquée par la baisse quasi-généralisée des prix des marchandises sur le marché international dont celle du prix du pétrole a été la plus importante (Graphique a1). Le prix du Brent, par exemple, est passé d’USD 111.9 à 48.1 entre juin 2014 et janvier 2015, soit une baisse de plus d’USD 60 en 7 mois (Graphique a2). Il s’agit de la plus importante baisse des prix du brut après celle intervenue lors de la crise financière de 2008. La baisse des prix du brut devrait persister pendant l’année 2015 et commencer à s’inverser légèrement en 2016. Graphique a1. Indice des prix sur le marché Graphique a2. Prix du baril (USD) international (2010=100) 120 200 100 150 80 100 60 40 50 20 0 0 Mar-05 Mar-12 Jan-04 May-06 Jan-11 May-13 Feb-08 Sep-08 Dec-06 Jul-07 Apr-09 Nov-09 Dec-13 Jul-14 Aug-04 Oct-05 Jun-10 Aug-11 Oct-12 Jan-14 Apr-14 May-14 Jan-15 Oct-14 Nov-14 Mar-14 Jun-14 Jul-14 Dec-14 Feb-14 Aug-14 Sep-14 Metaux et minéraux Produits alimentaires Matières premières Energie Brent Dubai WTI Sources: Banque mondiale Origines L’abondance de l’offre au cours de ces dernières années est identifiée comme étant la plus importante source de cette chute des prix. L’offre mondiale est passée de 87.5 millions barils par jour (bpj) en moyenne en 2010 à 92.2 millions bpj en 2014. Les prix élevés depuis 2010 ont permis à des pays comme les Etats-Unis et le Canada d’exploiter des zones de production à coût de revient élevé tandis que les inquiétudes sur une possible baisse de la production dans les pays producteurs du Moyen-Orient (Lybie, Iran, Iraq,…) se sont calmées. Ces deux faits ont alimenté l’augmentation de l’offre au cours de 2014. Par ailleurs, la demande dans les grands pays Graphique a3. Offre et demande de consommateurs de produits pétroliers (Chine, combustibles liquides (million bpj) Allemagne, Etats-Unis, …) ont commencé à s’affaiblir 95 au deuxième semestre de 2014. La combinaison de l’augmentation soutenue de l’offre 90 avec le ralentissement de la demande a résulté en une situation d’offre excédentaire en 2014 d’où la 85 baisse des prix. D’autre part, la décision de l’Organisation des Pays 80 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Q1 Q2 Q3 Q4 Exportateurs de Pétrole (OPEP) en novembre 2014 de 2010 2011 2012 2013 2014 garder son niveau de production, du moins pendant Offre Demande les 6 mois suivants, a accéléré la chute des prix. Source: http://www.eia.gov/forecasts/steo/data.cfm 9|Page Impacts à Madagascar En tant que pays importateur net de produits pétroliers, Madagascar devrait tirer profit du faible prix du pétrole. Ceci se manifesterait à travers divers canaux :  Elargissement de l’espace fiscal. La baisse du prix du pétrole a accéléré l’égalisation du prix à la pompe avec le prix indicatif pour le marché et facilite la réforme des subventions des prix des produits pétroliers. Elle devrait permettre une réallocation des ressources publiques vers des dépenses en faveur de la croissance et de la lutte contre la pauvreté. L’atteinte de la vérité des prix offre au gouvernement l’opportunité de libérer les dépenses allouées aux subventions, qui ont absorbé l’équivalent de 1 ½ % du PIB chaque année, et d’augmenter ses ressources disponibles. Le retour au prix du marché devrait aussi permettre d’arrêter les suspensions de paiements des taxes sur les importations de produits pétroliers lesquelles ont réduit les recettes collectées. Ces taxes constituent une source de revenue importante pour l’Etat car elles ont représenté entre 10 à 14% des recettes fiscales totales au cours de ces dernières années. Il faut noter cependant le faible niveau du prix d’importation aura un impact négatif sur le niveau des taxes sur les produits pétroliers à travers la TVA sur les produits pétroliers. Dans le court terme, l’arrêt de la suspension pourrait être annihilé par la baisse de la valeur des importations.  Allégement de la facture d’importation. Les produits pétroliers représentent autour de 20% de la facture totale d’importation, soit l’équivalent de 6.8% du PIB en 2014. Entre le mois de juin 2014 et janvier 2015, le prix en MGA du baril a baissé de 50%. D’autre part, le coût de revient des produits non- pétroliers importés devraient aussi baisser suite à une réduction du coût de transport. Pour la même quantité de produits importés, ces mouvements devraient réduire le déficit courant et donc la pression sur le marché des changes pour les demandes de devise.  Baisse de l’inflation. En principe, en réduisant le prix des produits importés, la baisse du prix du pétrole devrait résulter en une faible inflation et ainsi augmenter le pouvoir d’achat de la population. Cependant, l’impact direct sur l’indice des prix à la consommation ne sera pas significatif étant donné que le poids des produits d’importation ne représente que 11.6% du panier du consommateur. Les effets indirects pourraient provenir de la baisse du coût de production des entreprises et notamment des transporteurs. Box 1. L’importation des produits pétroliers à Madagascar Madagascar importe la totalité de ses besoins en produits pétroliers. Due à l’absence de raffinerie opérationnelle (depuis 2004), le pays importe directement des produits finis. Les prix de ces derniers dépendent du prix du brut et dans une certaine mesure de la marge de raffinerie qui est souvent définie par le marché. Ceci explique parfois le décalage entre l’évolution du brut et des produits raffinés. En 2014, les prix des produits finis ont suivi la tendance du brut (Graphique a4). En 2014, le pays a importé plus de 720 mille tonnes de produits pétroliers, coûtant environ USD 661 millions. Une partie des importations est réexportée dans les pays voisins. Les Emirats Arabes Unis (79% des importations) et le Bahreïn (19.5% des importations) sont les deux principales origines des produits importés. 10 | P a g e Graphique a4. Prix des produits raffinés (USD/baril) Graphique a5. Importation produits pétroliers (Quantités en TM) 800,000 800000 150 130 600,000 600000 110 400,000 400000 90 200,000 200000 70 - 0 50 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 dec jan fev mar apr may jun jul aug sept oct nov dec (Jan- Pétrole lampant Fuel oil Nov) 2013 2014 Essence Gasoil Essence Jet/Kerosène Total (incluant Gaz et essences aviations) Facture en Millions USD Gasoil/Diesel Brut (Dubai) Sources: OPEP (Monthly Market reports) ; OMH (Bilan pétroliers mensuels) Les importations se sont accrues de 2.9% par an en moyenne avec des fortes fluctuations en fonction de la conjoncture nationale. Le gasoil constitue le principal produit importé, suivi du fuel oil et de l’essence (Graphique a5). La majeure partie du gasoil (58% en 2013) est ecoulé sur le marché en réseau. La Jirama et les entreprises minières font partie des plus gros consommateurs avec respectivement 16% et 12% du marché en 2013. La consommation totale en 2014 (tous produits confondus) est estimé à 842 623 m3, en hausse de 1.4% par rapport à 2013. Selon l’Office Malgache des Hydrocarbures, le prix appliqué à la pompe en juin 2014 était constitué en moyenne de : 67% du prix de référence frontière, 9% de frais de transport et stockage, 14% de frais et marge de distribution et de 10% de taxes et redevances ; avec des variations pour chaque produit (Tableau à droite). Source : OMH (SIMHE 2014) Conclusion La baisse des prix est une opportunité pour la reforme des subventions sur les produits pétroliers. Le mécanisme de subvention des prix des produits pétroliers a engendré des pressions importantes sur les finances publiques au cours de ces dernières années. En plus des coûts sur les finances publiques, la politique n’est pas bien ciblée car elle profite plus à la tranche de la population ayant des revenus élevés. Le pays pourrait suivre le pas des autres pays qui ont profité de la situation pour une réforme à moindre coût politique des subventions énergétiques. 11 | P a g e