84445 BANQUE MONDIALE Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA Bureau de l'économiste en chef Numéro 1 Juillet 2013 Le ralentissement de la croissance s'étend à 2013 FAITS MARQUANTS S'il est vrai que le récent changement de gouvernement en Égypte a retenu toute l'attention, il reste que cinq pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, notamment l'Égypte, la Tunisie, le Liban, la Jordanie et l'Iran, connaissent un ralentissement de la croissance, une augmentation des déficits budgétaires et une hausse du chômage et de l'inflation. La situation économique de ces pays risque de se dégrader davantage en raison des troubles politiques en cours en Égypte et des effets de contagion de la guerre civile en Syrie sur la Jordanie et le Liban. La baisse des tensions politiques en Tunisie et l'amélioration des relations internationales iraniennes consécutive aux récentes élections dans ce pays pourraient profiter à ces États, mais les perspectives macroéconomiques globales restent sombres dans l'ensemble des cinq pays pour le reste de 2013.  Égypte. Comme on pouvait s'y attendre, la croissance économique a tourné court durant la seconde moitié de 2012/13 — avant l'accession du nouveau gouvernement au pouvoir et l'appui financier des pays du Golfe — alors que les données donnent à constater un ralentissement de la production industrielle. Après une forte reprise durant le troisième trimestre de 2011/12, la croissance a évolué à la baisse, perdant deux points de pourcentage au cours de la première moitié de 2012/13, comparé à la seconde moitié de l'année précédente, principalement en raison du recul de l'investissement. La croissance annuelle est estimée à environ 2 % durant l'exercice (achevé en juin 2013), soit la troisième année consécutive de contraction.  Tunisie. Si en 2012 l'économie a connu un redressement alimenté par le rebond des activités touristiques et des flux d'IED, l'élan amorcé s'est effondré en raison des problèmes de sécurité, suite à l'assassinat en février 2013 d'un dirigeant politique bien connu. La croissance du PIB réel est tombée à 2,6 % durant le premier trimestre de 2013, ce qui correspond à la moitié du taux enregistré dans la même période en 2012. En 2014, l'on pourrait assister à une accélération de la croissance dopée par la reprise dans la zone euro et en Libye (les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie) et à la baisse des tensions politiques.  Liban. Eu égard au conflit en Syrie, la croissance est restée largement volatile. L'économie libanaise a enregistré une croissance de 1 à 3 % au cours des deux dernières années, un rythme sensiblement plus lent que les 7 % et plus observés durant la période antérieure à la crise. Les effets de contagion aux plans politique et économique dus à la crise syrienne continuent de limiter l'espoir d'une reprise dans les secteurs du tourisme, de l'immobilier et du commerce de gros (les principaux moteurs de la croissance). Le taux de croissance devrait se maintenir autour de 2 % en 2013.  Jordanie. Eu égard aux troubles en Égypte et aux effets d'entraînement du conflit en Syrie, l'activité économique est restée faible. Les problèmes de sécurité ont contribué à réduire les flux d'investissement, les recettes touristiques et les envois de fonds des travailleurs migrants, alors que le gouvernement fait face à des difficultés liées à l'accroissement du déficit double et à la question des réfugiés syriens. La croissance du PIB réel s'est établie à 2,7 % en 2012, environ la moitié du taux de croissance moyen enregistré dans la période antérieure à la crise. Elle devrait augmenter légèrement en 2013 au- dessus de 3 %, mais restera modérée en raison des incertitudes liées au conflit syrien.  Iran. Les élections présidentielles de juin ont débouché sur la victoire d'Hassan Rouhani, le candidat soutenu par les réformistes. Le nouveau gouvernement est confronté à de graves problèmes liés à une économie en crise. La croissance a reculé de 2 % en 2012, alors que baissait fortement la production pétrolière sous l'effet des sanctions internationales. La monnaie a perdu plus de 70 % de sa valeur depuis mars 2012 et le taux d'inflation a franchi le seuil de 34 % au cours du dernier trimestre de 2012. L'activité économique restera faible en 2013, des signes de reprise progressive accompagnant l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement en août. Document préparé par Lili Mottaghi, avec les précieux commentaires de Manuela Ferro, Elena Ianchovichina et Christina Wood, sous la direction de Shanta Devarajan. Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA ÉGYPTE Le 3 juillet 2013, à la suite de manifestations populaires Après un rebond observé en 2011/12Q3, la contre le président égyptien, l'armée a mené une croissance du PIB réel a ralenti intervention et démis M. Morsi de ses fonctions. Un gouvernement provisoire a été mis en place et des mesures ont été prises pour fixer la date de nouvelles élections. Des troubles et incertitudes politiques continuent cependant de peser lourdement sur l'économie égyptienne. Le regain de croissance observé durant le troisième trimestre de 2011/12 a fait place à un recul au cours de la première moitié de 2012/13. Comparé à la seconde moitié de l'exercice précédent, le PIB réel a 1 régressé de 2 points de pourcentage . Ce ralentissement a été provoqué par une baisse des investissements intérieurs et étrangers, alors que les incertitudes politiques et économiques continuent de retarder les décisions d'investissement. Les données de la Banque Source : Ministère du Plan. Les données de 2010/11Q3 centrale indiquent une baisse de l'investissement correspondent aux trois premiers mois de la révolution en 2011. correspondant à plus de 1 % du PIB dans la première moitié de 2012/13, comparé à la même période durant La production industrielle trimestrielle reste faible l'exercice antérieur. L'investissement étranger direct a poursuivi sa spirale descendante et les flux se sont avérés quasi inexistants au deuxième trimestre de 2012/13. Depuis la révolution, la consommation apparaît comme le principal moteur de la croissance. La production est restée faible dans les principaux secteurs économiques, à savoir, la transformation, la construction, le commerce et le tourisme. La production industrielle (notamment la transformation, les mines et les services d'utilité publique) qui avaient montré des signes de reprise au cours du deuxième trimestre de 2012/13 a marqué le pas au troisième trimestre. Sur un plan positif, le tourisme (et les activités connexes) qui représente plus de 13 % du PIB a présenté des signes de reprise avec une augmentation de 20 % des arrivées de touristes au cours des trois premiers mois de 2013 (d'un trimestre à l'autre). Les arrivées devraient toutefois rester autour de 11 millions en 2013, autrement dit, bien en dessous des 14 millions de visiteurs antérieurs à la révolution. Le ralentissement de l'activité économique a entraîné la hausse du taux de chômage officiel, atteignant 13,2 % au premier trimestre de 2013, alors que le chômage des 20 à 24 ans s'établissait à 42 %. 1 Les données sont présentées au titre de l'exercice budgétaire de l'Égypte (juillet - juin). Numéro 1 Juillet 2013 2 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA L'Égypte fait face à une réduction des recettes publiques alors que les déficits budgétaires et extérieurs devraient rester élevés. Si les besoins de financement sont énormes et n'ont cessé de s'accumuler au cours des deux dernières années, le problème de double déficit que connaît le pays existait avant le Printemps arabe. Bien que les pays arabes aient en partie contribué à financer le déficit de la balance des paiements - l'Arabie saoudite, le Koweït et les EAU ont promis des financements de l'ordre de 12 milliards de dollars à la suite du changement de gouvernement survenu récemment - les besoins de financement ont principalement été Les réserves extérieures et le taux de change couverts en puisant dans les réserves internationales officiel sous pression face à des besoins financiers (qui ont atteint moins de trois mois d'importations considérables en mai 2013) et en augmentant la dette intérieure. Les données officielles indiquent que la dette intérieure de l'État a augmenté de 4 % au troisième trimestre de 2012, comparé au deuxième trimestre de la même année et, selon les estimations, pourrait atteindre le chiffre record de 87 % du PIB en 2013. La livre égyptienne (EGP) a perdu de la valeur par rapport aux grandes monnaies, le gouvernement s'appuyant davantage sur les banques nationales pour financer son double déficit. Les données officielles indiquent qu'après la cinquième opération d'adjudication de devises organisée par la Banque centrale en juin, la livre égyptienne a de nouveau accusé des pertes, atteignant le taux de 7,03 livres La dette intérieure augmente à mesure pour un dollar à la fin juin. Depuis le lancement des qu'augmentent les besoins financiers de l'État adjudications en décembre, la livre égyptienne a baissé de 12 % par rapport au dollar. La dégradation de la monnaie est encore plus forte dans le marché parallèle et le marché à terme. Ces adjudications, couplées à l'augmentation des financements de la Banque centrale consentis à l'administration publique, ont contribué à maintenir le taux d'inflation à un niveau élevé. Les données mensuelles publiées par l'agence CAPMAS (Central Agency for Public Mobilization and Statistics) indiquent que le taux d'inflation annuel a augmenté de 9 % en mai 2013 (contre 8,6 % en 2012). Cette Source : Banque mondiale et Banque centrale d'Égypte hausse a été alimentée par l'augmentation du prix des produits alimentaires, du logement et des prestations liées aux denrées alimentaires. Avant le changement de gouvernement, les prévisions du FMI tablaient sur un taux d'inflation annuel de 13,7 % au prochain exercice budgétaire. Numéro 1 Juillet 2013 3 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA TUNISIE La reprise de la croissance s'enlise à cause des incertitudes aux plans politique et des mesures L'économie tunisienne a redémarré en 2012. La économiques croissance a été positive au premier trimestre de 2012, atteignant 4,9 %, principalement à cause de l'« effet de base » qui a suivi la contraction de 3,9 % enregistrée dans la même période en 2011. Le redressement de l'économie s'est poursuivi au quatrième trimestre de 2012, soutenu par un rebondissement fort de l'activité touristique (qui représente plus de 7 % du PIB) et du secteur minier, deux secteurs qui ont été frappés de plein fouet par la révolution. Du côté de la demande, la croissance a été alimentée par la consommation liée à l'augmentation des dépenses publiques. La reprise économique s'est toutefois ralentie au premier trimestre de 2013 en raison de l'impact négatif des problèmes de sécurité sur les flux d'IED et les recettes touristiques, après l'assassinat d'un dirigeant politique en février. Le volume total d'IED a reculé de 9 % au cours des deux premiers mois de 2013, comparé à la même période en 2012. Les données publiées par l'Agence de promotion de l'investissement extérieur (Foreign Investment Promotion Agency - FIPA) indiquent que les flux d'IED dans le secteur touristique et celui de l'immobilier sont quasi nuls. Les flux ont aussi baissé dans l'industrie et les services, mais moins que dans les deux autres secteurs. L'on peut toutefois se féliciter du fait que les IED en direction du secteur financier ont presque triplé durant cette période. La forte hausse des recettes touristiques observée en 2012 a tourné court au premier trimestre de 2013 en raison des troubles. Les données publiées par l'Office national de tourisme tunisien (ONTT) indiquent une baisse de 3 % des recettes totales au premier trimestre de 2013, comparé à la même période en 2012. Les arrivées de touristes ont aussi baissé de 3 %, passant de 940 000 à 923 000. Cette baisse était liée à la réduction du nombre de visiteurs en provenance d'Europe et des pays du Maghreb, la Libye en particulier. Source : Banque centrale de Tunisie Numéro 1 Juillet 2013 4 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA Même avant la révolution, le taux de chômage était Même avant la révolution, le taux de chômage était à un niveau élevé en Tunisie, autour de 13 %. Après élevé au sein de la population des diplômés la révolution et suite au ralentissement de l'activité économique, le chômage a fortement augmenté pour atteindre 18,1 % au premier trimestre de 2012 en raison du ralentissement des activités touristiques (un secteur qui crée 400 000 emplois et occupe environ 26 % des travailleurs) et du retour des Tunisiens de la Libye. Avec le recul progressif des effets de ces deux facteurs, le taux de chômage a continuellement baissé. Les résultats de l'enquête nationale sur la population et l'emploi correspondant au premier trimestre de 2013 montrent à cet égard que le taux de chômage se situait à 16,5 % au premier trimestre de 2013, soit un recul de 0,2 points de pourcentage par rapport au Source : Administration centrale des statistiques quatrième trimestre de 2012. Il s'établissait à 33,2 % chez les diplômés de l'enseignement supérieur, avec 45 % et 22,6 % chez les femmes et les hommes respectivement. LIBAN L'économie du pays entre dans sa troisième année Le conflit qui se déroule en Syrie anéantit l'espoir consécutive de recul de la croissance, alors que les d'une reprise de la croissance au Liban en 2013 risques liés à la sécurité découlant de l'actuel conflit syrien ont entraîné l'interruption des activités du secteur de l'immobilier ; la contraction des recettes touristiques et la perturbation des routes commerciales ont par ailleurs contribué à déstabiliser l'économie. La croissance du PIB réel a fortement reculé, passant de 7 % en 2010 à moins de 2 % en 2011, et est tombée en dessous de 1 % en 2012. Le ralentissement s'est poursuivi au premier trimestre de 2013 avec la baisse en glissement trimestriel du PIB à 1,2 %, contre 2,6 % au premier trimestre de 2012. Selon les estimations de la Banque mondiale, la croissance annuelle devrait rester faible, autour de 2 % en 2013, compte tenu Source : Institute of International Finance des conditions de sécurité actuelles. La faiblesse de l'activité économique devrait faire augmenter le taux de chômage au-dessus de son niveau déjà élevé de 11 %. Numéro 1 Juillet 2013 5 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA Le secteur de l'immobilier, qui représente 13 % du PIB, s'est fortement replié depuis le début de 2011. La régression dans ce secteur s'est étendue au premier trimestre de 2013, en l'absence d'une remontée de la demande étrangère, en particulier des pays arabes. Face à la faiblesse de la demande, le nombre de permis de construire délivrés a diminué de 27 % d'un trimestre à l'autre au premier trimestre de 2013. Le secteur touristique reste toujours fragile en raison des problèmes de sécurité. Le nombre d'arrivées de touristes a atteint son plus bas niveau depuis 2008, s'établissant à 274 000 au premier trimestre de 2013. Cela représente une baisse de 12,5 %, comparé à la même période en La baisse du nombre de touristes des pays arabes 2012, la principale cause étant la forte chute du due à la poursuite du conflit syrien a été la plus nombre de visiteurs des pays arabes. Le nombre de forte touristes provenant des pays du Conseil de coopération du Golfe (GCC), qui représentent plus de la moitié de la population touristique, a fortement régressé en raison des avertissements donnés à leurs citoyens par les États au sujet des voyages au Liban face aux problèmes de sécurité. La contraction de l'activité économique, couplée au creusement du déficit budgétaire, a davantage réduit les recettes publiques. Exprimé en pourcentage du PIB, le déficit budgétaire a presque doublé depuis 2011 et devrait augmenter pour s'établir à 9,2 % du PIB en 2013 (contre 5,7 % en 2011), ce en raison d'importantes mesures de La dette publique et les réserves internationales relance budgétaire - notamment une augmentation augmentent alors que la croissance s'enlise considérable des traitements et salaires - mises en place depuis 2012. Les immenses besoins financiers de l'État ont entraîné l'augmentation de la dette publique qui est passée de 70 milliards de dollars en janvier 2012 à plus de 75 milliards de dollars en décembre 2012. L'augmentation de la dette publique s'est accélérée au premier trimestre de 2013, comparé à la même période en 2012, ce qui prête à penser que la tendance sera à la hausse le reste de l'année. Du côté positif, la Banque centrale a conservé d'importantes réserves internationales (soit plus de 17 mois d'importations) qui pourraient servir de réserves de protection durant la période de ralentissement économique. Source : Ministère des Finances, Banque du Liban, Administration centrale des statistiques, Association des banques du Liban. Numéro 1 Juillet 2013 6 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA JORDANIE Ralentissement de la croissance du PIB trimestriel, premier trimestre de 2013 En Jordanie, l'activité économique a fortement été ralentie par les effets de contagion des troubles en Syrie et de la réduction des importations d'énergie en provenance d'Égypte. La croissance du PIB a été inférieure de 1 % (en glissement trimestriel) au premier trimestre de 2012, comparé à la même période en 2011. Ce recul du PIB procède de la contraction enregistrée dans le secteur de la construction et du fléchissement abrupt de la valeur ajoutée dans les secteurs agricoles et miniers, cela étant en partie dû à la perturbation du transport via la Syrie. Les données officielles des trois premiers mois de 2013 montrent une reprise de la croissance du PIB qui s'est établie à 2,6 %, comparé à 2,2 % au premier trimestre de 2012. La croissance de l'économie devrait avoisiner 3 % en 2013, en particulier eu égard à la contribution d'un vaste nombre de réfugiés syriens à la consommation. Cela restera toutefois bien inférieur à la croissance forte enregistrée au cours des dix dernières années. Du côté de la demande, la consommation publique et privée aura été le principal moteur de la croissance durant les trois dernières années. Le tourisme, les envois de fonds des travailleurs migrants et les flux d'IED ont été frappés de plein fouet par les troubles en cours dans la région et les ruptures de fourniture d'énergie à partir de l'Égypte d'où la Jordanie importe 95 % de son énergie. Les Augmentation de la dette publique données de la Direction de la statistique indiquent que l'approvisionnement en combustibles auprès d'autres pays pour remplacer le gaz égyptien a eu pour effet de gonfler la facture des importations. L'arrivée des touristes a diminué de 7 % au premier trimestre de 2013, comparé à la même période en 2012 et chuté de 21 % par rapport au premier trimestre de 2010. Les envois de fonds des travailleurs migrants ont aussi baissé de 3 à 9 % au cours du dernier trimestre de 2012, comparé à la même période en 2011 et 2010 respectivement. L'investissement étranger direct a reculé de plus de 50 % depuis 2011, s'établissant à moins de 500 millions de dollars en 2012. Le déficit du compte Source : Banque centrale de Jordanie courant s'est davantage creusé en 2012, tombant de 18 % en 2010 à 7 % du PIB. Numéro 1 Juillet 2013 7 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA La pression s'intensifie sur le budget de l'État en raison du fait que les subventions escomptées se sont avérées inférieures aux attentes et que les Le ralentissement de l'activité économique a dépenses nécessaires pour accueillir les réfugiés entraîné une hausse du chômage et de l'inflation au syriens sont en hausse. Les besoins financiers premier trimestre de 2013 énormes de la Jordanie ont contribué à augmenter davantage la dette publique. Des données récentes de la Banque centrale indiquent que la dette publique a augmenté de plus de 60 % durant les années qui ont suivi le Printemps arabe. Le ratio dette publique/PIB, qui n'a cessé de croître à la suite des troubles que connaît la région, a atteint 80 % en 2012 et devrait dépasser ce seuil en 2013. Le ralentissement de l'activité économique et les pressions financières ont accentué respectivement le chômage et l'inflation au premier trimestre de 2013. L'inflation s'est multipliée par deux, s'établissant à 7,4 % durant cette période, comparé aux 3,6 % Source : Banque centrale de Jordanie enregistrés au premier trimestre de 2012. La pression inflationniste découle de la forte augmentation du prix des carburants et du transport, toutes choses qui traduisent le coût plus onéreux des combustibles et de la réforme du système de subventionnement de l'énergie mise en œuvre en novembre 2012. Le taux de chômage est monté à 12,8 % au premier trimestre de 2013, contre 11,4 % au même trimestre en 2012. L'augmentation a été plus forte chez les femmes dont le taux de chômage a cru, passant de 18 à 20,5 % durant la même période. La croissance s'est contractée face à la forte baisse de la production pétrolière IRAN Les élections présidentielles du 14 juin ont débouché sur la victoire d'Hassan Rouhani, le seul candidat soutenu par les réformistes. M. Rouhani entrera en fonction en août, remplaçant le partisan de la ligne dure Mahmoud Ahmadinejad. Le président élu a lancé un appel en faveur du rétablissement du dialogue avec la communauté internationale et de la baisse des tensions autour du programme nucléaire du pays. Le nouveau gouvernement est cependant confronté à de graves problèmes liés à l'économie en crise dont il hérite. Le recul de la croissance est estimé à 2 % en 2012, face à une forte baisse des exportations de pétrole (la principale source de résultats économiques et de recettes) et de la production globale. Numéro 1 Juillet 2013 8 Bulletin trimestriel d'information économique de la région MENA Cette contraction est largement imputable aux sanctions infligées par les États-Unis et l'Union européenne, ciblant principalement le secteur de 2012 a enregistré une chute précipitée de la l'énergie et la capacité du pays à accéder au système production financier international. La production et l'exportation de pétrole brut, qui représentait plus de 70 % du PIB et des recettes fiscales, ont atteint leurs plus bas niveaux. Selon les estimations de l'AIE, les recettes nettes des exportations pétrolières de l'Iran ont chuté, passant de 95 milliards de dollars en 2011 à 64 milliards de dollars en 2012, soit un écart de 25 % en une année. La croissance économique devrait rester faible en 2013, mais en s'accompagnant de signes d'amélioration progressive liées à l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement en août. La croissance s'est maintenue nettement au-dessous de la moyenne de 6 % enregistrée durant la période 2000-2007. Les pertes en devises fortes accusées par le pays et La monnaie nationale s'est fortement dépréciée sur son exclusion du système bancaire international ont le marché libre eu pour conséquence de perturber les échanges, créant de ce fait un système de taux de change à plusieurs niveaux. Avant le 6 juillet 2013, le taux de change officiel était appliqué uniquement à l'importation de biens essentiels. L'importation des biens non essentiels se faisait par le biais d'un régime de change à double niveau en vigueur sur les marchés parallèles (trading et marchés ouverts). Alors que le taux est établi pour le trading par la Banque centrale, le taux du marché est fixé suivant la loi de l'offre et de la demande. Le rial a perdu plus de 70 % de sa valeur sur le marché depuis mars 2012. Au total, 10 % des réserves internationales ont été utilisées en 2012, comparé à 2011 ; elles Montée en flèche du taux d'inflation trimestriel devraient baisser de 5 % supplémentaires en 2013, même si elles finissent par se maintenir au niveau acceptable d'environ 12 mois d'importations. Des pressions financières grandissantes ont entraîné une montée de l'inflation et du chômage. Les données officielles indiquent que l'inflation est en hausse depuis le premier trimestre de 2012, franchissant le seuil de 34 % au dernier trimestre de la même année. Elle devrait se maintenir à un niveau élevé, à quelque 32 % en 2013. L'augmentation considérable du chômage est due à la croissance anémique observée en 2012. Selon les données officielles, le taux de chômage s'établit à 15,5 % en Source : Sources officielles, FMI et AIE. 2012, autrement dit, en hausse de 5 % par rapport au taux de 2010, alors qu'on estime à 25 % le taux de chômage des jeunes. Numéro 1 Juillet 2013 9