32204 Abrege / Equite et developpement • BANQUE MONDIALE Rapport sur le developpement dans le .2t)€)6 / Equite et developpement ' Rapport sur le developpement dans le 2006 / Equite et developpement Abrege Banque mondiale Washington © 2005 The International Bank for Reconstruction and Development /The World Bank 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 Telephone: 202 473 1000 Site web : www.worldbank.org Courriel : feedback@worldbank.org Tous droits reserves 1 2 3 4 08 07 06 05 Le present Abrege resume le contenu du Rapport sur le developpement dans le monde 2006, co-publie par la Banque mondiale et Oxford University Press.Ila ete etabli par les services de la Banque intemationale pour la reconstruction et le developpement/Banque mondiale. Les constatations, interpretations et conclusions qui y sont presentees ne refletent pas necessairement Jes vues des Adrninistrateurs de la Banque mondiale ou des pays qu'ils representent. Banque ne peut garantir La Banque mondiale ne garantit pas l'exactitude des donnees contenues dans ce rapport. Les frontieres, Jes couleurs, !es denominations et toute autre information figurant sur !es cartes du present rapport n'impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d'un territoire quelconque et ne signifient nuUement qu'elle reconnalt ou accepte ces frontieres. Droits et licences Le contenu de cette publication fait I' objet d'un depot legal. Aucune partie de la presente publication ne peut etre reproduite ou transmise sans l'autorisation prealable de la Banque mondiale. La Banque intemationale pour la reconstruction et le developpement/Banque mondiale encourage la diffusion de ses etudes et, normalement, accorde sans delai l'autori- sation d'en reproduire des passages. Pour obtenir cette autorisation, veuillez adresser votre demande en fournissant tous Jes renseignements necessaires, par courrier, au Copyright Clearance Center, Inc., 222 Rosewood Drive, Danvers, Massachusetts, 01923, USA; telephone: 978-750-8400; telecopie : 978-750-4470; site web : www.copyright.com. Pour tout autre renseignement sur les droits et licences, y compris Jes droits derives, envoyez votre demande, par courrier, a l'adresse suivante: Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA ; par telecopie, au 202-522-2422 ; ou par courriel : pubrights@worldbank.org. Photo de la couverture: Songe d'un dimanche apres-midi dans !'Alameda 1947-1948 (fresque) par Diego Rivera. Cette peinture murale se trouve dans le Museo Mural Diego Rivera, aMexico. La reproduction est autorisee par l'Instituto Nacional de Bellas Artes y Literatura, Mexico. Copyright © Photographie par Francisco Kochen. ISBN -10: 0-8213-6413-8 ISBN -13: 978-0-8213-6413-0 Table des matieres du Rapport sur le developpement dans le monde 2006 Abrege 1 Introduction Partie I Inegalite a l'interieur des pays et entre les pays coup de projecteur 1 : Palanpur 2 Inegalite al'interieur des pays: individus et groupes 3 Equite d'un point de vue mondial coup de projecteur 2: I'insertion des pauvres Partie II En quoi l' equite est-elle importante ? 4 Equite et bien-etre 5 Inegalite et investissement coup de projecteur 3 : l'Espagne 6 Equite, institutions et processus de developpement coup de projecteur 4: l'Indonesie v vi RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2006 Partie III Appliquer les memes regles du jeu a tous dans les spheres economique et politique . 7 Le potentiel humain . 8 La justice, la terre et !'infrastructure coup de projecteur 5 : la fiscalite 9 Les marches et la macroeconomie coup de projecteur 6 : les inegalites regionales 10 Assurer plus d' equite au niveau mondial coup de projecteur 7: I' acces aux medicaments Epilogue Notice bibliographique Notes References Indicateurs Comment mesurer l' equite Grands indicateurs du developpement dans le monde Index . Avant-propos Le monde dans lequel nous vivons se caracterise par une extreme inegalite des chances, tant d'un pays a l'autre qu'au sein d'un meme pays. Meme l'opportunite fondamentale qu'est la simple possibilite de vivre est inegalement repartie : en Suede, moins de la moitie de 1 % des nouveau-nes meurent avant !'age d'un an ; au Mozambique, pres de 15 % des enfants n'atteignent jamais leur premier anniversaire. En El Salvador, le taux de mortalite infantile est de 2 % pour les enfants dont la mere est allee a l'ecole, alors qu'il est de 10 % pour les autres. En Erythree, la couverture vaccinale est proche de 100 % pour les enfants du quintile le plus riche de la population, mais de 50 % seulement pour ceux du quintile inferieur. Ces enfants ne sont en rien responsables du milieu dans lequel ils sont nes, et pourtant leur existence - et la possibilite qu'ils auront de contribuer au developpement de leur pays - est profondement influencee par le milieu en question. C'est pour cette raison que le Rapport sur le developpement dans le monde 2006, vingt-huitieme ouvrage de cette serie annuelle, est consacre au role que joue l'equite dans le processus de developpement. La notion d'equite recouvre ici deux principes fondamentaux. Le premier est I' egalite des chances, l'idee selon laquelle ce qu'une personne accomplit durant son existence doit etre avant tout fonction de ses capacites et de ses efforts, plut6t que d'un contexte preetabli : race, sexe, milieu familial et social, pays d'origine, etc. Le second principe recouvre l'idee de ne pas etre laisse pour compte, notamment du point de vue des niveaux de sante, d'education et de consommation. Pour bien des gens, si ce n'est la majorite, l'equite est intrinsequement importante en tant qu'objectif de developpement a part entiere. Mais ce rapport va plus loin, en fournissant des elements d'appreciation qui montrent qu'une large repartition des chances au plan economique et politique est aussi un elemen t determinant pour la croissance et le developpement. L'elargissement des opportunites va resolument clans le sens du premier pilier de la strategie de developpement definie par la Banque, qui est d'ameliorer le clin1at de l'investissement pour chacun. L'interdependance entre les dimensions economiques et politiques du developpement renforce quanta elle !'importance du second pilier strategique qu'est !'insertion des pauvres. Ce rapport montre que les deux piliers ne sont pas independants l'un de l'autre comme elements d'appui au developpement, mais qu'ils se renforcent au contraire mutuellement. J'ai l'espoir qu'il influera fortement sur la fai;:on dont nos partenaires de developpement et nous-memes concevons, elaborons et executons les politiques de developpement. Paul D. Wolfowitz President Banque mondiale vii ' Remerciements Le present rapport a ete prepare par une equipe dirigee par Francisco H.G. Ferreira et Michael Walton, et composee de Tamar Manuelyan Atinc, Abhijit Banerjee, Peter Lanjouw, Marta Menendez, Berk Ozier, Giovanna Prennushi,Vijayendra Rao, James Robinson et Michael Woolcock. Anthony Bebbington, Stijn Claessens, Margaret Ellen Grosh, Karla Hoff, Jean 0. Lanjouw, Xubei Lou, Ana Revenga, Caroline Sage, Mark Sundberg et Peter Timmer ont egalement contribue de fa<;:on importante a la mise au point de ce document. L'equipe a beneficie du concours de Maria Caridad Araujo, Andrew Beath, Ximena de! Carpio, Celine Ferre, Thomas Haven, Claudio E. Montenegro et Jeffery C. Tanner. Les travaux ont ete menes sous la direction de Fran<;:ois Bourguignon. Par leurs nombreux conseils extremement judicieux, Anthony B. Atkinson, Angus Deaton, Naila Kabeer, Martin Ravallion et Amartya Sen ont aide l'equipe, qui leur exprime ses remerciements sans reserves. Beaucoup d'autres personnes, des services de la Banque mondiale et de l'exterieur, ont aussi emis des observations constructives ; la liste de toutes ces personnes figure clans la notice bibliographique. Le Groupe de gestion des donnees sur le developpement a participe a la mise au point de I' annexe sur Jes donnees, et ii a ete charge de la section relative aux Grands indicateurs du developpement clans le monde. Les travaux de recherche ont ete en grande partie finances par le Programme du savoir au service du developpement, un fonds fiduciaire programmatique multidonneurs, alimente par le Canada, la Communaute europeenne, la Finlande, la Norvege, la Suede, la Suisse et le Royaume-Uni. L'equipe a procede a de tres larges consultations pour la redaction de ce rapport, consultations qui ont notamment pris la forme d'ateliers organises clans differentes villes - Amsterdam, Beyrouth, Berlin, le Caire, Dakar, Geneve, Helsinki, Hyderabad, Londres, Milan, Nairobi, New Delhi, Oslo, Ottawa, Paris, Rio de Janeiro, Stockholm, Tokyo, Venise, et Washington-, de videoconferences avec les sites de Bogota, Buenos Aires, Mexico et Tokyo, et de discussions en ligne au sujet de l'avant-projet de ce rapport. L'equipe tient a remercier tous ceux qui ont participe a ces divers ateliers, videoconferences et discussions, auxquels ont participe des chercheurs, de hauts fonctionnaires et des agents d'organisations non gouvernementales et cl' organisations du secteur prive. Rebecca Sugui a fait fonction d'assistante executive pour l'equipe, Ofelia Valladolid, d'assistante de programme, Madhur Arora et Jason Victor, d'assistants de l'equipe. Evangeline Santo Domingo a fait fonction d'assistante de gestion des ressources. Bruce Ross-Larson etait le redacteur en chef de la publication. La conception, la redaction et la production de l' ouvrage ont ete coordonnees par le Bureau des publications de la Banque mondiale sous la supervision de Susan Graham, Nancy Lammers et Janet Sasser. ix Abrege Imaginons deux enfants nes le meme jour en ou ii habite et de ses facilites d'acces aux Afrique du Sud en 2000. Nthabiseng est noire, etablissements d'enseignement, Pieter a elle appartient a une famille pauvre qui vit nettement plus de chances d'acquerir un dans une zone rurale de la partie est de la niveau d'instruction qui lui permettra de tirer Province du Cap, aquelque 700 kilometres de le maximum de ses talents innes. Meme si a Cape Town. Sa mere n'a jamais ete a l'ecole. l'age de 25 ans Nthabiseng arrive contre toute Pieter est blanc, ii est issu d'une famille attente atrouver une idee commerciale gfoiale fortunee de Cape Town. Sa mere a fait ses (telle qu'une innovation pour accroitre la etudes superieures a la prestigieuse faculte de production agricole), ii lui sera beaucoup plus Stellenbosch, situee non loin de la ville. difficile de persuader une banque de Jui preter Le jour de leur naissance, Nthabiseng et de !'argent a un taux d'interet acceptable. Si Pieter n'etaient pour rien dans la situation de Pieter avait une idee tout aussi geniale (disons leur famille, qu'il s'agisse de la race, du revenu pour concevoir une version amelioree d'un et du niveau d'instruction de leurs parents ou logiciel prometteur), ii Jui serait plus facile de leur lieu de residence en milieu rura] OU d'obtenir un credit avec son dipl6me urbain , et de fait ils n'avaient rien fait non plus universitaire et sans doute aussi avec une pour naitre fille ou gan;:on. Pourtant, Jes garantie. Avec !'evolution de l'Afrique du Sud statistiques tendent a montrer que ces vers un regime democratique, Nthabiseng variables predeterminees du milieu familial peut voter et done influer directement sur la joueront un role determinant dans la vie qui politique du Gouvernement, ce qui etait refuse Jes attend. Nthabiseng court 7,2 % de risques aux Noirs du temps de !'apartheid. Mais ii de mourir dans la premiere annee de son faudra du temps encore avant que ne existence, soit deux fois plus que la probabilite s'estompe !'heritage d'inegalite des chances et de 3 % pour Pieter. L'esperance de vie de Pieter du pouvoir politique laisse par !'apartheid. II y est de 68 ans, contre 50 pour Nthabiseng. aura un long chemin aparcourir pour que ce Pieter peut esperer faire 12 annees d'etudes, changement politique (fondamental) ne fasse ma is Nthabiseng, mo ins d'une annee'. II est a evoJuer la situation Sur les plans economique penser que Nthabiseng sera bien plus pauvre et social. que Pieter pendant toute sa vie 2 • En Aussi frappantes que puissent paraitre les grandissant, elle aura moins de chances d'avoir differences de perspectives d'avenir de Pieter et acces aJ'eau saJubre et al'assainissement OU de Nthabiseng en Afrique du Sud, elles semblent faire des etudes de qualite. Les possibilites minimes par comparaison avec les disparites qu'ont ces deux enfants de tirer pleinement qu'il peut y avoir entre Jes Sud-africains parti de leur potentiel humain sont done moyens et Jes ressortissants de pays plus totalement differentes des le depart, alors developpes. Voyons les cartes qui ont ete qu'ils n'y sont pour rien. distribuees aSven - ne le meme jour dans un Ces disparites dans Jes opportunites se foyer suedois moyen. Les probabilites qu'il traduisent par des differences clans la meure au cours de sa premiere annee contribution que ces deux enfants peuvent cl' existence sont tres minces (0,3 %) et ii peut apporter au developpement de leur pays. La compter sur une esperance de vie de sante de Nthabiseng ala naissance etait peut- 80 annees, soit 12 ans de plus que Pieter et 30 ans etre plus fragile en raison de la nutrition de plus que Nthabiseng. II fera probablement deficiente de sa mere au cours de la grossesse. 11 ,4 annees d'etudes, soit cinq de plus qu'un Compte tenu de la place respective des Sud-africain moyen. A ces differences dans la hommes et des femmes dans la societe, du lieu longueur de la scolarite s'ajoutent les 2 RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2006 differences dans la qualite de l'enseignement: enfants extremement doues comme Nthabiseng dans sa huitieme annee d'etudes, Sven peut n'arrivent pas toujours a terminer leurs etudes esperer obtenir un score de 500 a un test de primaires, tandis que d'autres, mains capables, mathemathiques comparable pour taus les peuvent parfois obtenir un diplome universitaire. pays, tandis que l'etudiant moyen d'Afrique du Les paysans mettent davantage d'ardeur a Sud n'obtiendra qu'un score de 264- soit une travailler leur propre lapin de terre que les notation inferieure de plus de deux ecarts- terrains affermes. Certains producteurs efficients types a la valeur mediane de !'Organisation de de denrees agricoles ou de textiles des pays en cooperation et de developpement economiques developpement se voient refuser l'acces a des (OCDE). Tout porte a penser que Nthabiseng marches de l'OCDE, et les travailleurs pauvres n'atteindra jamais ce niveau d'etudes, de sorte et sans qualifications ont le plus grand ma! a qu'elle n'aura jamais a passer le test3. migrer dans des pays plus riches pour y trouver Nombreux sont ceux qui penseront que ces du travail. differences de perspectives d'avenir entre Jes Lorsque Jes marches sont inexistants ou nationalites, les races, Jes sexes et Jes groupes imparfaits, la repartition de la richesse et du sociaux sont totalement inacceptables. Elles se pouvoir influe sur la repartition des possibilites traduiront aussi par un gaspillage du potentiel d'investissement. L'ideal dans ce cas est de humain et done par des possibilites de remedier aux defaillances du marche ; lorsque developpement manquees. C'est la raison pour cela n'est pas possible, ou beaucoup trap laquelle le Rapport sur le developpement dans couteux, certaines formes de redistribution - le monde 2006 analyse Jes relations entre de l'acces aux services, des actifs ou de l'equite et le developpement. !'influence politique - peuvent ameliorer Par equite, nous voulons dire que !es I' efficience economique. individus devraient avoir des possibilites egales La deuxieme serie de facteurs qui mettent de mener la vie qu'ils ont choisi de mener et en lumiere la complementarite qui peut exister qu'il ne faut pas que leur avenir soit totalement entre l'equite et la prospfrite a long terme tient bouche. Le principal message est que l'equite au fait qu'un degre eleve d'inegalite economique est, a certains egards fondamentaux, un et politique tend a promouvoir des institutions element complementaire de poursuite de la economiques et des arrangements sociaux qui prosperite a long terme. Les institutions et Jes favorisent systematiquement Jes interets des politiques qui visent a promouvoir l'egalite des agents Jes plus influents. Ces institutions chances, autrement fonciere depuis des lustres et a!'imperfection des e marches de la location. Au Ghana, comme !es I • <> • <> femmes n'ont pas la securite de jouissance de la terre, !es periodes de jachere sont rares, ce 4 I • qui est inefficace et entraine une perte de productivite du sol. I<> Caste superieure I • Casteinferieure Le marche des ressources humaines est imparfait Jui aussi, parce que les parents a Caste Caste Caste Caste Caste prennent Jes decisions au nom de leurs enfants non mentionnee non mentionnee mentionnee et parce que le rendement attendu de l'inves- mentionnee mentionnee et segregation appliquee tissement depend de facteurs tels que la localisation geographique, Jes relations et Source : Hoff and Pandey 12004). Note : La figure montre le nombre de labyrinthes acheves sans la discrimination - liee au sexe, a la caste, a erreur par des enfants de castes inferieures et de castes la religion ou a la race. On a pu observer superieures d'un ensemble de villages indiens lors de differentes experiences. La difference entre les deux premieres colonnes et que la discrimination et les prejuges - les trois dernieres colonnes tient au mode de paiement . dans un cas, les enfants sont payes pour chaque labyrinthe acheve mecanismes qui favorisent la perpetuation des a lpaiement la piece) et, dans l'autre, seulement s'ils completent inegalites entre !es groupes - conduisent !es le plus grand nombre de labyrinthes ltournoi). 10 RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2006 (chapitre 6). Les institutions determinent !es pour fournir la base economique necessaire incitations et les contraintes, ainsi que le au developpement de societes hierarchiques contexte clans lequel les marches fonctionnent. et minieres, caracterisees par une forte Les structures institutionnelles sont l'abou- concentration de la propriete des terres et du tissement de processus historiques complexes, pouvoir politique. En Amerique du Nord par qui refletent Jes inten~ts et Jes luttes d'influence contre, Jes tentatives similaires faites pour politique de differents individus et groupes du introduire des structures hierarchiques ont ete corps social. Replacees clans cette perspective, contrecarrees par la penurie de main-d'ceuvre certaines imperfections du marche peuvent - sauf lorsque les conditions agro- exister non par accident, mais parce qu'elles climatiques ont fait de l'esclavage une option conduisent a distribuer Jes revenus ou le economiquement viable, comme clans le sud pouvoir d'une fac;:on particuliere. II y aura alors des Etats-Unis. La concurrence pour la main- des conflits sociaux au sujet des institutions de la d'ceuvre libre clans Jes regions septentrionales societe, et ceux qui disposent du pouvoir de l'Amerique du Nord a favorise la mise en seront incites a modeler Jes institutions a leur place de structures moins inegales pour la profit. propriete du sol, une expansion plus rapide du L'argument essentiel a cet egard est que droit de vote et une progression acceleree de !'alphabetisation et de !'education de base. Les le pouvoir inegal conduit a la formation institutions economiques et politiques issues d'institutions qui perpetuent Jes inegalites de de ces diverses tendances se sont maintenues pouvoir, de condition sociale et de richesse - clans le temps, avec Jes effets positifs que !'on inegalites qui sont generalement prejudiciables sait sur le developpement economique a long aussi pour l'investissement, !'innovation et la terme du pays. prise de risque qui sous-tendent la croissance sur le long terme. De bonnes institutions economiques jouent un role fondamental sur Appliquer les memes regles le plan de l'equite: pour prosperer, une societe du jeu atous dans les spheres doit creer des incitations pour la vaste majorite de la population afin qu'elle investisse economique et politique et innove. Mais cet ensemble d'institutions Les inegalites economiques et politiques que economiques equitables peut voir le jour nous pouvons observer clans le monde sont uniquement lorsque la distribution du pouvoir done en partie imputables a l'inegalite des n'est pas hautement inegale et clans des opportunites. Ces inegalites sont inacceptables situations ou l'exercice du pouvoir par Jes tant pour une question de principe que pour responsables gouvernementaux n'est pas discre- des raisons pratiques. C'est une source tionnaire. Les tendances fondamentales qui d'inefficience, de frictions politiques et de ressortent des donnees des pays et des recits fragilite des institutions. Quelles consequences historiques confortent l'idee que Jes pays qui se faut-il en tirer pour !'action des pouvoirs sont engages clans des sentiers institutionnels publics, et faut-il conclure qu'il est necessaire propres a promouvoir une prosperite durable d'elaborer un plan d'action different du l'ont fait parce que le rapport des forces clans la programme de Jutte contre la pauvrete deja Jutte pour !'influence politique et la detention adopte par la Banque mondiale, d'autres du pouvoir est devenu plus equitable. institutions multilaterales et un grand nombre On peut en trouver une illustration en de pays? comparant !es premieres institutions et Jes Notre idee est qu'en tenant compte de sentiers de developpement a long terme des l'equite, on ne peut que donner plus de force au programme de reduction de la pauvrete. Les colonies europeennes d' Amerique du Nord et du Sud. L'abondance de main-d'ceuvre non pauvres ont generalement moins de possibilites . qualifiee que !'on trouvait a l'epoque clans les de s'exprimer, des revenus moindres et un acces colonies d'Amerique du Sud - ou ii existait plus limite aux services que la plupart des gens. un vaste reservoir de populations indigenes et Lorsque Jes societes deviennent plus equitables d'esclaves importes - s'est conjuguee a la d'une maniere qui elargit Jes opportunites technologie de I' exploitation miniere et de offertes atout un chacun, Jes pauvres ont toutes !'agriculture des grandes plantations agricoles Jes chances de recueillir un « double dividende ». Abrege 11 Premierement, l'elargissement des opportunites introduit des biais clans !'organisation des profite directement aux pauvres puisque cela services et le fonctionnement des marches. leur permet de participer davantage au processus Cette situation a peu de chance d'evoluer de developpement. Deuxiemement, le processus tant que le droit ala parole et !'influence, et de developpement lui-meme peut gagner en !es ressources publiques, apanage du groupe efficacite et en solidite puisqu'une plus grande dominant, ne seront pas redistribues en equite se traduit par de meilleures institutions, faveur de ceux que le sort a moins favorises 9• une gestion plus efficace des conflits et une • Deuxiemement, si les redistributions operees meilleure utilisation des ressources de la societe, (dans fa repartition du pouvoir OU f'acces en particulier celles qui sont allouees aux aux depenses publiques et aux marches) groupes defavorises. L'acceleration de la dans le souci d'une plus grande equite croissance economique que cela entrainera dans peuvent souvent accroitre l'efficience, ii est Jes pays pauvres contribuera alors a reduire !es indispensable d'analyser les arbitrages inegalites generales. possibles avant de prendre des mesures en Le fa it que I' elasticite de la reduction de la ce sens. A un moment donne, la hausse du pauvrete par rapport a la croissance diminue taux cl' imposition visant a financer la cons- lorsque !es inegalites de revenu augmentent truction de nouvelles ecoles pour Jes plus montre bien que la participation des pauvres a demunis aura un tel effet dissuasif sur I'effort la croissance est plus importante si ces ou l'investissement (selon la fac;:on dont Jes inegalites s'estompent. En d'autres termes, imp6ts sont !eves), qu'il faudra cesser !'impact de la (meme quantite de) croissance d'alourdir la fiscalite. Au moment de deter- sur la reduction de la pauvrete est nettement miner la politique asuivre sur la base de ces plus important lorsque !es inegalites de arbitrages, ii faudra considerer la valeur revenus au depart sont peu marquees. En totale des avantages lies a une plus grande moyenne, clans !es pays ou Jes inegalites de equite. Si l'accroissement des depenses con- revenu sont foibles, une augmentation d'un sacrees aux ecoles frequentees par des point de pourcentage de la valeur moyenne des enfants de basse caste signifie que les revenus se traduit par une reduction d'environ prejuges finiront par tomber a la longue, quatre points de pourcentage de !'incidence de entrainant une amelioration des resultats la pauvrete (a l'aune d'un dollar par jour pour scolaires, dont !es effets positifs viendront survivre). Ce pouvoir tombe pratiquement a s'ajouter aux avantages specifiques de !'aug- zero dans Jes pays ou l'inegalite des revenus est mentation des taux de scolarite aujourd'hui, grande 8 • Les politiques qui aboutissent a une ces effets positifs ne devront pas etre ignores. plus grande equite permettent done de faire reculer la pauvrete - directement en elargissant Troisiemement, la dichotomie entre les poli- !es opportunites offertes aux pauvres et, tiques de croissance et les politiques speci- indirectement, en augmentant le niveau du fiquement axees sur l'equite n'en est pas une. developpement durable. La distribution des opportunites et les La prise de l'equite en ligne de compte processus de croissance sont determines con- ajoute trois nouvelles dimensions - ou tout jointement. Les mesures qui influent sur les au moins trois dimensions souvent negligees unes influeront sur Jes autres. Cela ne veut - a!'elaboration des politiques: pas dire que chaque mesure doit systema- • Premierement, les politiques les plus effi- tiquement prendre l'equite en ligne de caces de lutte contre la pauvrete pour- compte : par exemple, la meilleure fac;:on de raient porter sur la redistribution de ['in- traiter !es effets inequitables d'une reforme fluence, des avantages ou des subventions commerciale donnee ne consiste pas neces- au detriment des groupes dominants. Une sairement a ajuster minutieusement cette richesse tres inegalement repartie con- politique elle-meme (ce qui risquerait de juguee a une concentration excessive du faciliter l'accaparement de ses avantages par pouvoir politique peut empecher les insti- certains groupes), mais a prendre des tutions de faire respecter par tous les droits mesures complementaires pour ameliorer la des individus et les droits de propriete, et protection sociale, la mobilite de la main- 12 RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2006 d'reuvre et ]'education. Ce qui compte, c'est taux d'imposition marginaux eleves sont une le resultat d'ensemble du train de mesures et contre-incitation au travail, ou que le l'equite du processus sous-jacent. financement inflationniste des deficits budge- taires se solde en general par une taxation L'analyse des donnees d'experience relatives implicite regressive, la desorganisation de au developpement montre clairement le role l'economie et une baisse de l'investissement et central du contexte politique en general - ce de la croissance. En resume, la recherche d'equite qui confirme le bien-fonde de !'accent mis ne doit pas etre une excuse pour adopter une depuis ces dernieres annees sur la gouvernance politique economique peu rationnelle. et l'autonomisation des populations. Mais ii Le rapport analyse, sous quatre grands n'appartient pas a la Banque mondiale de titres, le role de la puissance publique dans donner des conseils sur Jes questions touchant l'instauration de regles du jeu uniformes pour Jes choix d'orientation des gouvernants, d'autant tous dans les spheres economique et politique. qu'elle ne dispose pas non plus d'un avantage Trois de ces titres concernent les politiques comparatif clans ce domaine. En analysant les interieures : l'investissement clans Jes ressources implications au plan de !'action des pouvoirs humaines, l' elargissement des possibilites publics, nous mettons plutot !'accent sur les d'acces ala justice, ala terre et a!'infrastructure, elements fondamentaux de la politique de et Ia promotion de l'equite sur les marches. Le developpement tout en reconnaissant que les quatrieme concerne les politiques visant a choix d'orientation doivent tenir compte d'un instaurer une equite plus grande dans le contexte social et politique plus large, et que les monde, tant au plan de l'acces aux marches et mecanismes de responsabilisation influent sur aux ressources que de la gouvernance. l'efficacite du developpement. Tout au long de ]'analyse, les auteurs du Comme Jes politiques economiques sont rapport mettent en balance le desir d'etre fonction des realites sociopolitiques, la fa~on prfos et pratiques et le fait que la meilleure dont elles sont con~ues, introduites ou modifiees combinaison des politiques est determinee par a tout autant d'importance que le type de le contexte national. Les problemes d'edu- mesures envisagees. Le groupe qui a quelque cation que connalt le Soudan sont differents de chose a perdre avec la mise en reuvre de teUe ceux qui se posent a l'Egypte. La chronologie OU telle reforme s'y opposera. Si c'est un optimale des reformes du secteur public en groupe puissant, ii la fera avorter. La viabilite Lettonie a peu de chances d'etre la meme que des reformes depend done dans certains cas de pour la Bolivie. Les moyens dont dispose la la divulgation d'informations sur leurs effets Chine pour mettre en reuvre la reforme du redistributifs et, eventuellement, de la formation financement de la sante ne sont pas les memes d'une coalition entre Jes groupes des classes non plus que ceux du Lesotho. Les conseils pauvres et moyennes que les reformes detailles et precis que !'on peut donner sur la avantageront en permettant, directement ou politique asuivre doivent done etre adaptes en indirectement, ades membres defavorises de la fonction du contexte national, ou meme societe de reussir leur processus d'autono- infranational. C'est pourquoi tout ce qui sera misation. 5% 4-5% par une plus grande inegalite des remunerations D 2-4% au cours des dernieres decennies. C'est D 0-2% particulierement le cas clans les pays a revenu intermediaire et notamment en Amerique latine. L'ouverture aux echanges pousse souvent a la hausse la prime aux qualifications dans la mesure ou les entreprises modernisent leurs methodes de production (ce que !es economistes appellent dans leur jargon le biais du progres technique en faveur de la main- d' reuvre qualifiee) . C'est une mauvaise chose pour l'equite si le contexte institutionnel reduit la capacite des travailleurs a changer d'emploi - OU limite l'acces des cohortes futures a la Source: Nicita 12004). formation. Stabilite macroeconomique. Ce rapport montre La securite des salaries est souvent assuree qu'il y a des relations a double sens entre les par divers textes legislatifs excessivement institutions inequitables et les crises macro- rigoureux sur la protection de l'emploi, qui economiques, et que cette interaction a dans la rendent le recrutement couteux en general et, plupart des cas des effets negatifs sur I' equite et dans certains cas, plus couteux encore lorsqu'il la croissance a long terme. Les pays dont les s'agit de recruter des travailleurs non qualifies, institutions sont peu solides et accaparees par des jeunes et des femmes - precisement ceux certains groupes ont une propension plus que la loi cherche a proteger. Dans de nombreux grande a etre frappes par les crises macro- pays, ii existe des solutions qui generent moins economiques. Quand les crises se produisent, de distorsions et favorisent davantage !'insertion elles peuvent etre couteuses pour !es pauvres, et qui pourraient contribuer a egaliser Jes qui sont moins bien armes pour gerer Jes chances sur le marche du travail. Ces solutions chocs. En outre, la resolution d'une crise est incluent notamment Jes systemes d'assurance- souvent regressive en raison des divers meca- ch6mage (que !'on trouve plus souvent dans nismes qui entrent en jeu (!es instruments Jes pays a revenu intermediaire) et Jes systemes classiques des enquetes sur Jes menages ne d'emploi a bas salaire (de preference assortis permettent generalement pas d'isoler !es d'une garantie d'emploi ), qui peuvent etre donnees qui les concernent) : la diminution de appliques avec succes meme clans les pays ou les la part du travail, tout au moins pour !es Etats pauvres. travailleurs du secteur formel ; la realisation de plus-values pour ceux qui peuvent faire sortir Les marches des produits. L'ouverture des leurs capitaux ; et le cout substantiel des marches des produits d'un pays au commerce operations de sauvetage financier pour ren- exterieur a des effets tres divers, tout au moins flouer Jes entites influentes. Ces renflouements a court OU moyen terme. Ces differences doivent etre finances par une augmentation tiennent parfois a la situation geographique, des imp6ts et une baisse des depenses. Etant comme le montrent les consequences variables donne que Jes imp6ts sont generalement de la liberalisation des echanges au Mexique proportionnels et que les depenses sont (figure 7). Cela montre !'importance des souvent progressives ala marge (en particulier interactions entre les marches nationaux des en Amfrique latine), une partie demesuree du produits intfrieurs et le reseau des equipements cout des renflouements est supportee par !es Abrege 19 pauvres. II s' est avere par ailleurs que !es taux le produit de processus de negociations d'inflation eleves sont a la fois nefastes pour la complexes sur lesquelles les pays en develop- croissance et regressifs clans leur impact. pement ne peuvent guere peser. En outre, Le souci d'equite devrait en regle generale meme si Jes marches fonctionnaient de fac;:on se traduire par une orientation prudente de equitable, l'inegalite des dotations en res- la gestion macroeconomique et de la sources limiterait !'aptitude des pays pauvres a reglementation prudentielle. Tot OU tard, !es tirer parti des opportunites mondiales. Pour politiques macroeconomiques populistes se egaliser les chances clans !es spheres econo- revelent prejudiciables pour l'equite et pour la mique et politique mondiales, il faut done croissance. Les gouvernants peuvent favoriser instaurer des regles plus equitables pour le l'equite en adoptant une politique budgetaire fonctionnement des marches internationaux, contracyclique, en mettant en place des filets ii faut permettre aux pays pauvres de parti- de protection avant une crise, en reduisant !es ciper de maniere plus efficace aux processus de prets arisque, et en limitant le benefice des plans determination des regles internationales et ii de sauvetage financier aux petits epargnants. faut faire davantage d'efforts pour aider les Mais, clans tous !es autres domaines d'inter- pays pauvres et Jes populations demunies a vention de l'Etat, !es mesures prises en cas de renforcer et maintenir leurs dotations en crise doivent prendre appui sur des structures ressources. institutionnelles qui assurent une plus grande Le rapport decrit certaines des nombreuses liberte des institutions a I' egard de la sphere iniquites qui caracterisent le fonctionnement politique (autonomie des banques centrales et des marches internationaux du travail, des des organismes de reglementation financiere) marchandises, des idees et des capitaux. Les et favorisent une meilleure information et !es travailleurs non qualifies des pays pauvres, qui debats au sein du corps social. pourraient etre mieux payes clans !es pays riches, ont !es plus grandes difficultes amigrer. La scene internationale Les producteurs de pays en developpement se Le pays natal est l'un des facteurs predetermines heurtent a des obstacles pour vendre leurs qui a le plus d'influence sur !es possibilites qu'a produits agricoles, leurs produits manufactures un individu de mener une existence saine et et leurs services clans Jes pays developpes. La productive. A l'echelle du monde, !es inegalites protection des brevets restreint l'acces des pays sont considerables. La reduction de ces inegalites pauvres aux innovations (en particulier pour depend principalement des politiques interieures Jes medicaments) alors que Jes nouvelles menees par !es pays pauvres, du fait de recherches sont essentiellement axees sur !es !'incidence de ces politiques sur la croissance maladies des societes fortunees. Les investisseurs et le developpement. Mais des initiatives des pays riches sont souvent mieux traites que internationales peuvent modifier !es conditions !es autres lorsque des crises de la dette exterieures et modifier !'impact des politiques surviennent. Dans la plupart des cas, des regles interieures. En ce sens, !es actions menees au plus equitables profiteraient aux habitants des plan international et au plan national se pays developpes et des pays en developpement. completent. Les effets positifs d'une plus grande equite Nous vivons clans un monde integre, un differeront selon !es marches et !es pays, mais monde clans lequel !es personnes, !es mar- Jes plus importants sans doute seront !es effets chandises, !es idees et les capitaux circulent lies al'elargissement des possibilites de migra- d'un pays a l'autre. De fait, la plupart des tion legales (ils profiteront directement aux conseils donnes aux pays pauvres au cours des migrants) tandis que !es avantages lies a la dernieres decennies - en particulier par la liberalisation des echanges profiteront proba- Banque mondiale - soulignaient !es avantages blement plutot aux pays a revenu interme- qu'ils tireraient d'une participation al'economie diaire qu'aux pays !es moins avances. mondiale. Mais !es marches mondiaux sont Le rapport analyse !es options possibles loin d'etre equitables, et Jes regles qui regissent pour reduire !es iniquites clans le fonction- leur fonctionnement ont des effets parti- nement des marches internationaux, en parti- culierement prejudiciables pour les pays en culier : l'elargissement des possibilites de mi- developpement (chapitre 10). Ces regles sont gration temporaire vers Jes pays de la zone 20 RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2006 OCDE, la realisation d' un programme ambi- d'agir, en effectuant des investissements publics tieux de liberalisation des echanges dans le pour developper !es ressources humaines, cadre des negociations de Doha, l'autorisation !'infrastructure et !es structures de gouvernance. donnee aux pays pauvres d'utiliser des medi- Mais la communaute internationale peut caments generiques et !'elaboration de normes soutenir Jes politiques nationales par des financieres mieux adaptees aux realites des transferts de ressources sous forme d'aide - en pays en developpement. veillant a ce que cette assistance ne soit pas Les lois internationales qui gouvernent !es contrebalancee par !es remboursements de la marches mondiaux sont le resultat de nego- dette - et sous forme d'investissements dans les ciations complexes. Dans certains cas, comme biens publics mondiaux, notamment dans le pour !es engagements concernant !es droits de patrimoine commun. l'homme, !es processus utilises pour elaborer Il faut que les niveaux de !'aide soient a la des lois sont per~us comme justes. Dans hauteur des engagements pris par les pays d'autres cas, !es processus et les resultats sont riches !ors de la Conference de Monterrey en juges injustes, meme si !es reglementations for- 2002, et il faut prendre des dispositions melles sont equitables. Au sein de !'Organi- concretes pour consacrer 0,7 % du produit sation mondiale du commerce (OMC) par interieur brut a !'aide, conformement a exemple, chaque pays dispose d'une voix, et l'objectif fixe. Mais !'augmentation de !'aide chaque pays peut faire obstruction aux debats. n'aura de resultats que si elle permet de Et pourtant, !es processus de l'OMC sont desserrer les contraintes et de stimuler le parfois juges injustes en raison du desequilibre developpement des pays beneficiaires. On peut fondamental du rapport de forces entre Jes accroitre l'efficacite en mettant !'accent sur les puissants interets commerciaux et l'interet resultats, en abandonnant la conditionnalite public, dans !es pays developpes comme dans ex ante et en transferant progressivement des Jes pays en developpement. Ces desequilibres bailleurs de fonds aux beneficiaires la se manifestent par exemple dans le nombre des responsabilite de la conception et de la gestion. agents employes a Geneve par les differents L'aide ne doit pas etre sterilisee par la dette, car membres de l'OMC. Une representation plus !es allegements de dette qui ne sont pas finances effective des pays pauvres dans !es institutions par des ressources supplementaires peuvent en internationales permettrait d'ameliorer !es fait miner l'efficacite des programmes d'aide. II processus et par la meme d'elaborer des regles conviendrait d'etudier !es possibilites offertes plus equitables. par des mecanismes novateurs pour accroitre L'impact de la reduction des imperfections !'aide au developpement, notamment via !'ap- qui affectent !es marches mondiaux est plication de taxes mondiales et la mobilisation variable d'un pays al'autre. Les grands pays en des contributions privees. developpement qui ont une croissance forte vont tirer un profit important de la Equite et developpement liberalisation des echanges mondiaux, de la La volonte de placer l'equite au creur du migration et des mouvements de capitaux, ce developpement s'inspire des grandes lignes de qui !es aidera a maintenir une croissance reflexion de la communaute du developpement dynamique (et avec des politiques interieures - concernant !es marches, le developpement equitables, ils pourront soutenir la croissance humain, la gouvernance et l'autonomisation economique along terme et assurer une large des populations - , qui ont imprime de leur repartition des fruits de cette croissance au marque !es quelques 10 a20 dernieres annees. plan national). Les pays qui se sont laisse Il convient de noter que, cette annee, l'equite distancer profiteront beaucoup moins de est le theme central du Rapport sur le l'ouverture des marches internationaux dans developpement dans le monde, mais aussi du l'immediat et ils resteront tributaires de !'aide. Rapport sur le developpement humain du Pour ces pays, une action concertee au niveau Programme des Nations Unies pour le international est vraiment indispensable afin developpement. L'appel lance en faveur de de compenser l'inegaJite des dotations en l'egalisation des chances dans !es domaines ressources. Pour renforcer la base des ressources, politique et economique des pays en develop- c'est principalement aux pays qu'il appartient pement permet d'integrer !es deux grands Abrege 21 axes d'action de la Banque mondiale, qui sont peut etre un facteur d'acceleration de la d'instaurer un climat institutionnel porteur croissance. Une evolution en ce sens peut etre pour l'investissement et de donner aux favorisee par une plus grande equite Sur Ja pauvres !es moyens de se prendre en charge. Si scene internationale, mais ii faudrait en Jes pays prennent Jes dispositions necessaires particulier que la communaute internationale pour que Jes institutions fassent respecter sans honore deja Jes engagements qu'elle a pris a discrimination Jes droits des individus, Jes Monterrey. Pour reduire !es inegalites dans le droits politiques et Jes droits de propriete, ils monde et atteindre Jes objectifs de develop- pourront attirer beaucoup plus d'investisseurs pement pour le Millenaire, ii est indispensable et d'innovateurs et etre bien plus efficaces pour d'accelerer la croissance et de valoriser Jes fournir des services couvrant !'ensemble de la ressources humaines des pays pauvres. population. A terme, une plus grande equite 22 RAPPORT SUR LE DEVELOPPEMENT DANS LE MONDE 2006 Notes mains grande de l'information, etc. Le probleme, c'est que ces pratiques 1. Les taux de mortalite infantile sont calcules separement au niveau pesent davantage sur Jes groupes defavorises, d'une maniere qui n'a aucun des provinces seulement, et ne tiennent pas compte des differences liees ala lien avec Jes possibilites d'investissement, ce qui a pour effet d'accroitre race, au sexe ou ad'autres facteurs sociaux. Les statistiques d'esperance de l'inefficacite et de perpetuer Jes inegalites. vie differencient Jes groupes raciaux et Jes sexes, mais ne tiennent pas 8. Ces moyennes sont basees sur des cas concrets et se rapportent a compte des differences regionales ou des differences liees au revenu. Les l' elasticite totale de la reduction de la pauvrete par rapport ala croissance, differences reelles entres des individus types ayant Jes caractfostiques compte tenu de toute variation eventuelle des inegalites. Un degre indiquees seront done probablement minimisees. En outre, l'esperance de d'inegalite « faible » correspond aun coefficient de Gini de 0,3 et un degre vie de Nthabiseng pourrait etre bien plus faible si elle venait a etre infectee « eleve » a un coefficient de Gini de 0,6. L'elasticite partieUe de la pauvrete par le VIH/SIDA, comme beaucoup de jeunes femmes d'Afrique du Sud. par rapport a la croissance, en admettant qu'il n'y a pas de changement Ces donnees sont tirees de Day and Hedberg (2004). Les estimations dans la courbe de Lorenz, fait apparaitre une diminution analogue, mais concernant Jes annees d'etudes probables des deux enfants sont basees sur non egale azero (voir le chapitre 4). des donnees desagregees - par province, sexe, race, lieu de residence en 9. Bien que la redistribution dans le sens d'une plus grande equite milieu urbain-rural, quintile des depenses de consommation et niveau s' effectue generalement au detriment des riches pour favoriser Jes pauvres, d'instruction de la mere - tirees de l'enquete sur la main-d'reuvre et il peut arriver que de (( bonnes )) redistributions profitent ades groupes qui l'enquete sur Jes revenus et Jes depenses pour l'annee 2000, qui ont ete ne sont pas pauvres et en particulier a des classes moyennes. Cela depend effectuees par la Direction des statistiques de l'Afrique du Sud. de la nature de la defaillance du marche. II est possible par exemple que Jes 2. Les depenses mensuelles de consommation estimees en 2000 pour premiers beneficiaires d'un systeme financier mains accapare par des des personnes ayant ces caracteristiques etaient de 119 rands (45 dollars groupes d'interet soient Jes petites et moyennes entreprises. Les pauvres en sur la base de la parite du pouvoir d'achat) pour Nthabiseng et de profiteront lorsque l'elargissement de l'acces aux services financiers par les 3 662 rands (1 370 dollars) pour Pieter. Un individu blanc moyen dont la entrepreneurs de classe moyenne permettra de stimuler la croissance et Jes mere a un niveau d'instruction eleve, qui reside a Cape Town et qui creations d'emplois. appartient aux 20 % supfoeurs de la distribution se trouve au 99e percentile de la distribution globale des revenus. Les donnees sont tirees de l'enquete sur la main-d'reuvre et l'enquete sur Jes revenus et Jes References depenses pour l'annee 2000. Le terme « processed » (document interne) qualifie les travaux reproduits 3. II y a aussi des differences de revenus, de consommation et des de maniere informelle, qu'il n'est pas toujours possible de se procurer differences dans d'autres domaines: Sven peut compter gagner 833 dollars dans des bibliotheques. par mois contre une moyenne sud-africaine de 207 dollars (Nthabiseng gagnera 44 dollars par mois). Si Sven avait eu encore plus de chance et s'il Bourguignon, Francois, and Christian l'v1orrisson. 2002. « Inequality etait ne dans une famille occupant le meme rang dans la distribution des among World Citizens: 1820-1992. » American Economic Review revenus en Suede que celle de Pieter en Afrique du Sud, son salaire mensuel 92(4):727-44. s'eleverait a 2 203 dollars. Sven pourra visiter n'importe quel pays quand Day, Candy, and Calle Hedberg. 2004. « Health Indicators. » South African l'envie Jui prendra, tandis que Nthabiseng et Pieter devront sans doute Health Review 2003( 4):349-420. attendre des heures pour obtenir un visa, qui ne leur sera peut-etre pas Grantham-l'v1cGregor, S. l'v1., C. Powell, S. P. Walker, and J. H. Himes. 1991. delivre. « Nutritional Supplementation, Psychosocial Stimulation, and l'v1ental 4. Dans certains cas, tels que la decoUectivatisation de !'agriculture en Development of Stunted Children: The Jamaican Study. » The Lancet Chine a la fin des annees 70, une reforme peut ameliorer l'efficience et 338(8758):1-5. accroitre Jes opportunites tout en creusant Jes inegalites de revenus (dans Hoff, Karla, and Priyanka Pandey. 2004. « Belief Systems and Durable Jes regions rurales). L'expfoence de la Chine - de meme que la Inequalities: An Experimental Investigation of Indian Caste. » decompression des salaires dans un certain nombre d'economies en Washington, D.C.: World Bank Policy Research Working Paper Series transition d'Europe et d'Asie centrale - est une bonne illustration d'un 2875. point plus general: comme l'equite implique des processus equitables et l'v1azumder, Bhakshar. 2004. « Earnings l'v1obility in the UD. » In Samuel l'egalite des chances, elle ne peut tenir a la seule repartition des revenus. Bowles, Herbert Gintis, and l'v1elissa Osborne, eds., Unequal Chances: Une plus grande equite tendra en general a reduire Jes inegalites de Family Background and Economic Success. Princeton, N.J.: Princeton revenus, mais pas toujours. Et toutes Jes mesures destinees a reduire les University Press. inegalites n'augmentent pas toujours l'equite. 5.l'v1azumder(2004) Nicita, Alessandro. 2004. « Who Benefited from Trade Liberalization in 6. D'autres interactions entre l'inegalite des chances et la situation l'v1exico? l'v1easuring the Effects on Household Welfare. » Washington, sociale presentent aussi un interet societal ; c'est le cas en particulier des D.C.: World Bank Policy Research Working Paper Series 3265. liens entre l'inegalite et les delits, et entre l'inegalite et la sante. Nous Jes Paxson, Cristina H., and Norbert Schady. 2005. « Cognitive Development examinerons rapidement dans ce rapport, mais ]'analyse sera centree sur Among Young Children in Ecuador: The Roles of Wealth, Health and les courroies de transmissions qui influent plus directement sur l'equite. Parenting. » World Bank Policy Research Working Paper Series 3605. 7. II peut y avoir beaucoup de bonnes raisons economiques qui Washington, D.C. expliquent la variation des taux d'interet en fonction des risques, Schady, Norbert. 2005. « Changes in the Global Distribution of Life notamment Jes charges administratives fixes des prets, l'asymetrie plus ou Expectancy and Education. » World Bank. Washington, D.C. Processed. ORDERING INFORMATION World Development Report 2006: Equity and Development TITLE STOCK# PRICE* QTY TOTAL World Development Report 2006: Equity and Development A copublication of the World Bank and Oxford University Press. Paperback. September 2005. ISBN 0-8213-6249-6. D16249 US$26 Hardcover . September 2005. ISBN 0-8213 -6251-8. D16251 US$50 • Geographic discounts apply - up to 75% in some countries. Please see enclosed Subtotal information or vi sit http : I I publications . worldbank . org I discounts **Shipping and Handling charges within the US are US$8.00 per order. If a purchase order is Shipping & Handling** used, actual shipping will be charged. Outside of the US , customers have the option to choose between non -trackable airmail delivery (US$7.00 per order plus US$6 .00 per item) and trackable couriered airmail delivery (US$16.50 per order plus US$8 per item) . Total US$ PAYMENT METHOD Orders from individuals must be accompanied by payment or credit card information. Credit cards accepted only for orders addressed to the World Bank. Check wih your local distributor about acceptable credit cards. Please do not send cash. (Please print) Name _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ Charge my: D American Express D Mastercard D Visa Title _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ __ card no. - - - - - - - -- - - - - - - - - - Organization _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ Expiration date ___ / _ _ Address _ _ _ __ _ _ _ _ __ _ _ _ __ _ __ Name _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ (as it appears on the card) Qty _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ Signature_ _ _ _ _~------------- ( required for all credit card charges) State _ _ _ _ _ _ Zip/Postal Code _ _ _ _ _ __ D Check no. in the amount of$_ __ Country _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ is enclosed. When ordering directly from the World Bank, make check payable in U.S. funds only drawn on a U.S. Phone _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ __ bank to: The World Bank. Please send your check with your order. Fax _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ __ Institutional customers in the U.S. only: E-mail _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ D Bill me. Please include purchase order. • • • • .,., r:..1 World Bank Publications www.worldbank.org/publications By mail: P.O. Box 960, Herndon, VA 20172-0960, USA By phone: +1-703-661-1580 or 800-645-7247 By fax: +1-703-661-1501 SOURCE CODE Questions? E-mail us at books@worldbank.org VWDR06 ~ ~ WORLD BANK Publications I The reference of choice on development L es inegalites dans le niveau des revenus, l'etat de sante et le degre d'instruction font depuis longtemps partie des