80483 Bâtir un monde vert, propre et résilient pour tous Stratégie environnementale du Groupe de la Banque mondiale 2012 – 2022 THE WORLD BANK ii Bâtir un monde vert, propre et résilient pour tous Résumé analytique La nouvelle Stratégie environnementale du encouragée à mettre au point des technologies Groupe de la Banque mondiale expose un nouvelles et moins polluantes qui fournissent des plan d’action ambitieux visant à répondre emplois et favorisent une croissance durable, axée sur aux appels de ses pays clients en quête de l’exportation. Les entreprises et les gouvernements nouvelles voies de développement qui favorisent la doivent rendre compte des suites données à leurs croissance en privilégiant la viabilité, et transforment engagements de réduction des émissions et de la l’environnement en un vecteur fondamental de pollution, et des modes de financement novateurs croissance propre et intégrative. contribuent à susciter le changement. Cette Stratégie, élaborée suite à des consultations Un monde « RÉSILIENT » est un monde qui a su se élargies avec plus de 2 300 parties associées au Groupe préparer au changement climatique et s’adapter de la Banque mondiale, définit une vision nouvelle pour efficacement à ses effets pervers. Les pays y sont mieux l’avènement d’un MONDE VERT, PROPRE ET RÉSILIENT préparés à la fréquence accrue des catastrophes POUR TOUS. naturelles, à la volatilité des schémas météorologiques, et aux conséquences à long terme de l’évolution du Un monde « VERT » est un monde où les ressources climat. Mieux gérés, en meilleure santé, les naturelles, notamment les océans, les terres et les forêts, écosystèmes sont plus résilients, et jouent un rôle font l’objet d’une conservation et d’une gestion durable capital, favorisant une moindre vulnérabilité aux afin d’améliorer les moyens d’existence et d’assurer la impacts du changement climatique. L’adaptation aux sécurité alimentaire. Dans ce monde, la santé des chocs climatiques fait partie intégrante de la écosystèmes augmente les revenus économiques tirés planification urbaine et du développement des des activités qui en dépendent. Les stratégies de infrastructures. Des politiques avisées de lutte contre croissance sont fondées sur la richesse globale, plutôt l’exclusion permettent aux pays et aux communautés de que sur le produit intérieur brut (PIB) par lequel elle est mieux protéger les groupes vulnérables et d’associer aujourd’hui mesurée. Les États se dotent de législations pleinement les femmes à la prise de décisions. qui encouragent l’innovation, l’efficience, la mise en œuvre de budgets soutenables et une croissance sobre Les actions menées pour favoriser l’avènement d’un en carbone. La diversité biologique est protégée en tant monde vert, propre et résilient sont complémentaires et que ressource économique critique. Dans ce monde, lorsqu’elles sont engagées de concert, elles permettent des politiques avisées permettent au secteur privé aux pays d’en tirer tous les avantages connexes. d’exploiter durablement les ressources naturelles dans le cadre de bonnes pratiques commerciales, ouvrant sur la création d’emplois et la contribution à la croissance Les menaces pour l’environnement à long terme. sont des menaces Ce monde est « PROPRE », car la pollution et les pour le développement émissions sont maintenues à un bas niveau, et la propreté de l’air, de l’eau et des océans permet aux gens Si la lutte contre la pauvreté dans le monde a de mener des vies saines et productives. C’est un progressé, la nouvelle Stratégie reconnaît que les monde dans lequel les stratégies de développement avancées ont été bien moins moindres en termes de privilégient l’accès aux ressources, tout autant que des gestion durable de l’environnement. La pollution, la solutions intelligentes au plan climatique qui surexploitation des stocks halieutiques, la disparition contribuent à réduire les émissions dans l’agriculture, de la biodiversité, et l’épuisement des ressources en eau les transports, l’énergie et le développement urbain. et en terres sont une menace croissante pour les efforts Dans les zones rurales, les femmes ne passent plus leur de développement des pays. Du réchauffement de la journée à charrier du bois parce qu’elles disposent de planète à l’acidification des océans, les répercussions combustibles plus propres. Des normes de production du changement climatique, immédiates et plus propre stimulent l’innovation, et l’industrie est lointaines, viennent encore fragiliser les progrès 2012–2022 | Stratégie environnementale du Groupe de la Banque mondiale 1 engrangés dans le développement et la lutte contre efficacement l’intégration des considérations environ- la pauvreté. nementales dans les activités des divers secteurs, de l’agriculture à l’énergie, sans en omettre aucun. Les Les dégradations environnementales, la pollution ou partenariats sont en outre devenus une nécessité la surexploitation des ressources naturelles freinent les incontournable dans un monde en butte aux avancées économiques. Ainsi, certains pays perdent contraintes budgétaires, mais confronté à de considé- chaque année l’équivalent de quatre pour cent de leur rables défis environnementaux. Le secteur privé est PIB, voire davantage, faute d’engager les mesures aussi de plus en plus impliqué dans l’action menée pour nécessaires pour s’attaquer à la pollution de l’air et de s’attaquer aux situations non viables, élaborer des l’eau qui pénalise la santé. L’échec des politiques normes de durabilité et s’assurer que les marchés explique pour beaucoup les déprédations liées au pillage mondiaux peuvent promouvoir le développement des ressources naturelles et, en l’absence d’institutions durable et qu’ils interviennent efficacement dans ce fortes et de robustes cadres de gouvernance, les mesures sens. Enfin, force est de constater que le secteur privé adoptées pour réduire les risques pesant sur contribue à combler les déficits de financement, l’environnement n’ont guère de chances d’aboutir. notamment dans le cadre des mécanismes multidona- teurs tels que le Fonds pour l’environnement mondial Le modèle économique actuel, fondé sur des modes et les Fonds d’investissement climatiques qui allouent non viables de croissance et de consommation, exerce aujourd’hui des aides financières visant à stimuler et de toute évidence des pressions insoutenables sur le promouvoir l’intervention du secteur privé dans les milieu naturel déjà mis à mal. Les schémas actuels activités climatiques. de croissance, à la fois non viables et inefficaces, pointent tous la nécessité d’une croissance verte et intégrative. Priorités d’action Dans le cadre des plans d’action pour un monde vert, Mettre à profit les progrès propre et résilient, la nouvelle Stratégie privilégie sept et les enseignements domaines d’intervention clés. d’une décennie d’activité PROGRAMME D’ACTION VERTE : L’objectif recherché ici est de favoriser une croissance moins polluante, plus Cette Stratégie exploite les progrès dus à l’application de inclusive, qui conduit à une réduction de la pauvreté, sa version première, la Stratégie environnementale 2001 tout en protégeant la biodiversité et les écosystèmes. de la Banque mondiale, qui établissait le lien entre ■■ Grâce au partenariat mondial WAVES (Évaluation réduction de la pauvreté et protection de l’environ- et comptabilisation de la richesse générée par les nement, intégrait des mesures environnementales dans services écosystémiques), nous aiderons les pays tous les secteurs de l’économie, et tissait des passerelles à évaluer leur capital naturel, notamment les forêts, entre l’action environnementale locale et mondiale. La les récifs coralliens et les zones humides, et à les Stratégie 2011 était spécifiquement consacrée aux intégrer dans leur système de comptabilité publique. travaux de la Banque mondiale, tandis que la nouvelle L’inclusion, dans les comptes nationaux, de ces couvre l’action menée par toutes les institutions du variables plus conformes à la réalité conduira à des Groupe de la Banque mondiale, y compris la Société décisions plus avisées favorisant une gestion financière internationale et l’Agence multilatérale de durable de l’économie. garantie des investissements. Cette nouvelle Stratégie ■■ Le PARTENARIAT MONDIAL POUR LES OCÉANS nous veille aussi à ce que les engagements pris dans les permettra de travailler avec une large coalition de différents secteurs d’intervention du Groupe — tels gouvernements, d’institutions internationales, qu’exposés dans des stratégies sectorielles concernant, d’organisations non gouvernementales et d’entre- par exemple, les adductions d’eau et l’assainissement, les prises privées afin de trouver le moyen de restaurer technologies de l’information et de la communication, le la santé et la productivité de l’économie. La santé et développement urbain, les transports et l’énergie — se la biodiversité des océans sont d’une importance traduisent par des actions concrètes. capitale pour la sécurité alimentaire, l’emploi et la Bien des leçons ont été apprises depuis 2001. L’une des pérennité de la qualité de vie sur notre planète. Une plus importantes est que les politiques de protection meilleure gestion des ressources océaniques peut environnementale et sociale et les normes de perfor- favoriser une croissance verte et intégrative dans de mance du Groupe de la Banque mondiale sont d’une nombreux pays. importance capitale, en ce sens qu’elles permettent Le Programme vert sera aussi l’occasion de mettre à d’éviter, d’atténuer ou de gérer les risques et les impacts profit l’expérience acquise sur les marchés du carbone liés aux opérations. Une fois achevée, la révision de ces et de vérifier qu’ils sont prêts à encourager la protection politiques viendra conforter les objectifs de la d’habitats essentiels, tout en bénéficiant des avantages Stratégie. Par ailleurs, il faut d’évidence mesurer plus résultant du stockage du carbone. En collaboration avec 2 Bâtir un monde vert, propre et résilient pour tous nos partenaires, nous poursuivrons les travaux fonds de financement carbone pour favoriser novateurs menés dans le domaine des forêts et de l’utilisation de cuisinières basse consommation, l’affectation des terres, en les rattachant au programme réduire ainsi la pollution à l’intérieur des habitations de Réduction des émissions dues au déboisement et à la et mieux préserver la santé des femmes et des dégradation des forêts (REDD). Nous nous attacherons enfants. Nous engagerons également une en outre à définir des méthodologies permettant de collaboration avec les pays en vue de la dépollution cerner et de monétiser les avantages annexes du des cours d’eau et du nettoyage des pollutions piégeage du carbone, par exemple au moyen de primes héritées du passé ; enfin, nous nous attacherons à pour la préservation de la faune et de la flore sauvages. nouer des partenariats avec le secteur privé pour mettre au point des stratégies de production moins PROGRAMME D’ACTION PROPRE : Les efforts engagés polluantes. pour promouvoir une croissance verte ne pourront ■■ STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT SOBRE EN CARBONE aboutir si l’on ne s’attelle pas en parallèle aux pressions ET MODALITÉS NOVATRICES DE FINANCEMENT : Dans démesurées exercées sur l’air, l’eau et les terres l’ensemble des régions et secteurs d’intervention du agricoles. Dans le cadre du Programme d’action propre, Groupe de la Banque mondiale, nous œuvrerons pour nous veillerons à aider les pays à prendre des mesures une meilleure maîtrise de l’énergie, une réorientation proactives pour gérer la pollution et s’orienter vers des en faveur des énergies renouvelables, la mise au point modes de développement à faible intensité de carbone. de solutions intelligentes au plan climatique dans ■■ GESTION DE LA POLLUTION : Nos pays clients étant l’agriculture, et le développement de villes propres et confrontés à une pollution croissante de l’air, de l’eau peu polluantes. Nous continuerons de rechercher des et des sols, sans compter les problèmes posés par les solutions innovantes en matière de financement du pollutions anciennes, nous nous attacherons à carbone et de l’action climatique afin d’aider les pays promouvoir des échanges Sud-Sud sur les meilleures à s’engager sur des voies de développement pratiques de gestion de la pollution. Nous décarboné, et de favoriser une utilisation rationnelle travaillerons aux côtés de nos partenaires et des des ressources. 2012–2022 | Stratégie environnementale du Groupe de la Banque mondiale 3 PROGRAMME RÉSILIENCE : Nous poursuivrons l’action ressources naturelles et des aires protégées. S’agissant engagée avec les partenaires du développement de la gouvernance des ressources naturelles, l’objectif et le secteur privé pour aider les pays à réduire leur est de développer l’alimentation, les revenus et la vulnérabilité aux risques climatiques. sécurité des moyens de subsistance des populations, ■■ ADAPTATION : Nous aiderons les pays à définir des tout en encourageant les investissements privés modalités d’adaptation au changement climatique créateurs d’emplois. Dans la région EUROPE ET ASIE qui valorisent une croissance verte et intégrative, CENTRALE , où les ressources forestières sont une tels que des solutions intelligentes au plan importante source d’emplois, de bois d’œuvre et de climatique dans l’agriculture, ou une meilleure services écologiques, il s’agira d’œuvrer pour une gestion des zones côtières. Nous continuerons de gestion durable des forêts, en mettant l’accent sur le mettre au point des démarches innovantes pour renforcement de la gouvernance et sur l’implication accroître le volume des financements consacrés à des populations et du secteur privé. l’adaptation au changement climatique. ■■ GESTION DU RISQUE DE CATASTROPHE : Nous travail- Dans la région ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE , les défis à lerons en collaboration avec les pays pour trouver relever dans le cadre du Programme d’action verte sont des solutions qui minimisent les pertes humaines et notamment les fortes émissions de gaz à effet de serre, les dégâts structurels causés par les catastrophes la pollution atmosphérique des villes et l’extrême naturelles, ce qui impliquera un recours accru à des pollution des systèmes fluviaux. La riposte régionale instruments financiers tels que les assurances sera axée sur la multiplication des actions visant à contre le risque climatique qui aident au relèvement réduire les émissions et le soutien persistant aux après les catastrophes naturelles. investissements dans l’énergie renouvelable et la maîtrise énergétique, sans oublier la priorité qui sera ■■ AMÉLIORER LA CAPACITÉ DE RÉSISTANCE AUX CHOCS accordée aux grands programmes d’assainissement en CLIMATIQUES DES PETITS ÉTATS INSULAIRES EN zones rurales et urbaines. De même, dans la région DÉVELOPPEMENT : Nous poursuivrons l’action menée MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD, la pollution auprès des petits États insulaires en développement croissante des sols, de l’air et des mers menacent les pour réduire leur dépendance aux importations villes, les cours d’eau et les mers partagées. L’action d’hydrocarbures, et appuyer les efforts visant à menée avec d’autres entités régionales et partenaires développer l’exploitation des sources d’énergie du développement a pour objet de fonder la gestion de renouvelable. Par l’entremise de l’Association la pollution sur le concept des mers régionales, tout en internationale de développement et du Programme stratégique de protection contre les chocs aidant les pays à opter pour des sources d’énergie climatiques, nous soutiendrons les projets destinés moins polluantes et à définir des modalités plus à protéger les infrastructures des aléas climatiques propres et plus intelligentes de développement et à réduire la vulnérabilité en réhabilitant les industriel et urbain. Dans la région EUROPE ET ASIE CENTRALE , le Programme d’action verte supposera écosystèmes côtiers protecteurs tels que les mangroves. notamment de s’atteler à la sécurité énergétique, tout en fournissant une énergie plus propre et en s’attelant Dans ces trois programmes, nous nous emploierons à à la gestion des pollutions anciennes tout autant que promouvoir les mesures visant à améliorer la collecte futures. À cet effet, la région s’attachera à développer et la qualité des données, et à favoriser le libre accès l’offre d’énergie en privilégiant des solutions aux données et aux connaissances. Nous maintiendrons énergétiques propres, le confinement des déchets ainsi une étroite relation de travail avec les pays clients en que le nettoyage et la réhabilitation des terres, des sols vue d’accroître et de diffuser les connaissances et de et des eaux pollués. promouvoir les apprentissages au niveau mondial, dans tous les registres d’expérience des pays. Dans la plupart des régions, la vulnérabilité des nombreuses populations côtières et des terres agricoles aux impacts de l’élévation du niveau de la mer et à Démarches régionales l’intensification des phénomènes météorologiques, La Stratégie énonce également des problématiques et des inondations et des sécheresses, est au cœur des des démarches spécifiques, de portée régionale, dans programmes menés pour se prémunir contre les chocs tous les programmes : action verte, action propre et climatiques. En ASIE DU SUD par exemple, les efforts résilience. sont concentrés sur le renforcement de la résistance au changement climatique des écosystèmes, des Ainsi, pour aider l’AFRIQUE à relever les défis relevant infrastructures et des zones hautement vulnérables, du Programme d’action verte qui touchent, sur ce notamment par la mise en place des institutions, continent, aux pressions exercées par l’agriculture, des capacités et des systèmes de connaissances l’exploitation minière et les zones de peuplement, nous nécessaires pour cartographier les dangers et instaurer donnerons la priorité aux actions visant à améliorer des systèmes de gestion côtière de classe mondiale. la gouvernance en vue d’une meilleure gestion des La région AMÉRIQUE LATINES ET CARA�BES développe 4 Bâtir un monde vert, propre et résilient pour tous l’action engagée dans le domaine de l’adaptation, de domaines d’intervention demeurera une priorité de l’atténuation et de la gestion du risque de catastrophes. premier plan. L’élaboration de stratégies de croissance sobre en Pour donner suite aux exigences des pays clients et aux carbone est au centre des travaux menés au Mexique, préoccupations exprimées de par le monde, la Stratégie au Brésil et en Colombie. devra s’accompagner d’un suivi permanent des progrès. Des ressources suffisantes, tant humaines que Mobiliser de nouveaux financières, devront être dégagées en vue de sa mise en œuvre et de la réalisation de son ambitieuse vision. financements en vue Nos propres compétences et capacités devront continuer d’évoluer pour que nous soyons en mesure de l’application de la Stratégie d’aider les pays clients à s’acheminer vers des modes de développement vert, propre et à l’épreuve du climat. Dans les trois programmes — action verte, action propre et résilience — la Stratégie a pour but de montrer Afin que des solutions soient trouvées sans tarder, cette comment des sources nouvelles de financement Stratégie reconnaît qu’il est important de mobiliser tout peuvent être mobilisées pour soutenir une croissance à la fois notre capacité de ralliement, l’accès aux verte, la préservation de la diversité biologique et les décideurs, les recherches analytiques, l’élaboration initiatives contribuant à une réduction de la pollution de nouveaux outils financiers, la mise en place d’une gestion intelligente des risques ainsi qu’un portefeuille et des émissions, et comment favoriser les d’investissements. Le succès de l’action menée dépendra investissements en vue d’une meilleure résistance de notre capacité à diffuser ces solutions en partageant aux impacts du changement climatique. Le soutien les connaissances, en pilotant la transposition des aux réformes des politiques et au renforcement des réussites, en nouant des partenariats, et en mobilisant institutions et des capacités dans ces trois grands les forces vives et les financements. 2012–2022 | Stratégie environnementale du Groupe de la Banque mondiale 5