ngUage Sev as L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE UN DEVENIR DIFFICILE ROBERT S McNAMARA Conférence å la mémoire de Sir John Crawford Washington, D.C. ler novembre 1985 INTRODUCTION a Je suis très heureux d'avoir été invité à prononcer cette allocution à l'occasion de la première conférence organisée à la mémoire de Sir John Crawford, sous les auspices du Gouvernement aus- tralien. Il serait bien superflu d'expliquer pourquoi à ceux qui l'ont connu personnellement. A la fois érudit, pédagogue, administrateur et conseiller brillant, tout cela aurait suffi à lui permettre d'accom- plir une oeuvre immense dans ce domaine complexe qu'est l'éco- nomie du développement, mais il y joignait de surcroît une grâce et une modestie incomparables et une affabilité contagieuse. Tous ceux qui veulent le progrès des pays en développement resteront à tout jamais reconnaissants à Sir John car, à l'idéalisme, il alliait le pragmatisme et savait, avec certitude, que le progrès pouvait ne pas être une utopie, à condition que tous les hommes, ceux des pays riches comme ceux des pays pauvres, soient prêts comme il l'était lui-même à donner suffisamment de leur intelli- gence, de leur perspicacité et de leurs forces pour en faire une réalité. Je voudrais m'entretenir avec vous aujourd'hui d'une partie du monde en développement où il n'y a pas de progrès et où les perspectives sont loin d'être brillantes. Je veux parler de l'immense continent africain et, en particulier, de l'Afrique subsaharienne. Aucune région n'a, au cours des derniers mois, attiré l'attention du monde entier de façon plus dramatique. Le spectacle choquant d'innombrables victimes de la famine a bouleversé les téléspecta- teurs des pays riches. Les dons publics et privés ont afflué. Les esprits et les coeurs ont été touchés et des millions de personnes sont animées du désir d'apporter une aide directe et concrète. je tiens à remercier le personnel de la Banque mondiale, et en particulier S. Shahid Husain, Armeane M. Choksi et John L. Madclux, pour l'aide précieuse qu'ils m'ont apportée. Ils ne sont en aucune manière responsables des opinions et conclusions qui sont présentées dans ma déclaration. Paradoxalement, le gigantesque mouvement de compassion - si sincère d'ailleurs - provoqué par le spectacle de tant de souf- frances a parfois relégué à l'arrière-plan les problèmes fondamentaux présents non seulement au Sahel mais dans une grande partie de l'Afrique subsaharienne. L'un des facteurs qui contribuent à aveugler l'opinion publique est la diversité même de cette vaste région, qui comprend 45 pays. Sa population, composée de 800 groupes ethniques et linguistiques différents, atteint au total 400 millions d'habitants. Dix pour cent d'entre eux vivent dans des pays pauvres en ressources naturelles (comme le Burundi, le Lesotho, le Rwanda et le Sénégal), ou peu arrosés (le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, la Somalie et le Tchad), 35 % vivent dans des pays exportateurs de pétrole (le Nigéria, l'Angola, le Cameroun, le Congo et le Gabon) et le reste, dans des pays qui ont généralement assez de ressources en terre, eau ou autres pour connaître un développement à long terme. Mis à part l'Ethiopie et le Libéria, aucun de ces Etats souverains n'est indépendant depuis plus de 30 ans. Leurs structures adminis- tratives sont encore récentes et, territorialement, leurs divisions sont souvent fragiles et ils sont morcelés. Le revenu annuel par habitant va de 80 dollars au Tchad à 3.950 dollars au Gabon (Annexe 1). Les différences peuvent donc être énormes et il est facile de comprendre que les médias - et parfois même les gouvernements - soient tentés de simplifier à outrance. Mais il faut cependant savoir que le développement à long terme de pratiquement tous les pays et toutes les populations de cette immense région se heurte à certains problèmes. Ceux-ci ne sont pas propres à l'Afrique, et ne se posent pas partout avec une gravité égale, mais ils sont fonda- mentaux, ils sont alarmants, et ils ne font que s'aggraver. C'est eux qui détermineront l'avenir de l'Afrique subsaharienne et leur assaut a d'ores et déjà commencé. Examinons donc ensemble quatre questions, d'une importance cruciale en raison de leur influence sur les perspectives de crois- sance économique, et voyons quelle est la meilleure manière de les traiter. Il s'agit • des réformes de ia politique macroéconomique qui doivent 2 être entreprises pour assurer le développement à long terme; • de l'accroissement de la pression démographique; " de la dégradation écologique du stock de ressources; et • de l'insuffisance de l'aide financière extérieure au développe- ment. je terminerai par quelques brèves observations sur la tâche qui nous attend tous. Je voudrais cependant, avant tout, souligner un point important: on a déjà beaucoup écrit sur toutes ces questions, la Banque en particulier leur a consacré trois rapports. Le premier, intitulé Le développement accéléré en Afrique au sud du Sahara : Programme indicatif d'action, a été rédigé en 1981 avant mon départ de la Banque. Les deux autres (L'Afrique au sud du Sahara : Rapport intérimaire sur les perspectives et programmes de développement et Un programme d'action concertée pour le développement stable de l'Afrique au sud du Sahara) ont été publiés en 1983 et 1984, respectivement. On pourrait donc me demander s'il reste quelque chose à dire à l'heure qu'il est. Je répondrai ceci : les mesures préconisées dans les rapports précédents n'ont, pour la plupart, pas encore été prises; la situation continue de se détériorer et personne ne semble songer à mettre à la disposition des gouvernements afri- cains l'aide financière extérieure dont ils auront besoin pendant la deuxième moitié de la décennie pour entreprendre les restructura- tions qui leur paraîtront utiles. Le moment est donc venu de soulever à nouveau ces questions. 1. LES TAUX DE CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE ET LA NECESSITE DES REFORMES La nature du problème La première chose à rappeler lorsqu'on aborde les problèmes sociaux et économiques de l'Afrique est que, comme l'indiquent le Tableau 1 ci-après et, de façon plus détaillée, l'Annexe Il, le produit intérieur brut par habitant, dont l'accroissement avait déjà com- mencé à se ralentir pendant les années 70, a en moyenne diminué depuis le début des années 80. 3 Tableau 1 Taux de croissance du PIB par habitant, 1961-84 (moyenne annuelle en pourcentage) 1961-70 1971-79 1980-84 Afrique subsaharienne Pays à faible revenu 1,4 -0,1 -2,8 Autres pays 1,4 1,3 -4,7 Total 1,4 0,4 -3,6 Reste de l'Afrique 3,1 4,2 2,0 Ensemble de l'Afrique 1,8 1,2 - 2,4 Les statistiques, pour dramatiques qu'elles soient, ne peuvent donner qu'une faible idée de la misère d'un nombre de plus en plus grand d'habitants du continent. Les plus vulnérables sont les en- fants. Le fait que des dizaines de millions d'êtres humains parvien- nent tout juste à survivre se reflète d'abord sur la personne des enfants. Dans les régions les plus pauvres de la Zambie, par exemple, la taille des enfants de moins de 15 ans a diminué dans tous les groupes d'âge. La mortalité infantile en Afrique au sud du Sahara, qui au cours des années 50 était supérieure de 50 % à celle enre- gistrée dans les autres pays en développement, l'est maintenant de 100 %. Le nombre d'enfants affamés et gravement sous-alimentés a augmenté de 25 % pendant les 10 dernières années, et il y a tout lieu de penser que la malnutrition a atteint de telles proportions qu'elle retentira de plus en plus sur leur développement physique et intellectuel pendant les 10 années à venir. Pourquoi les taux de croissance économique diminuent-ils en Afrique? D'aucuns diront que les problèmes actuels du continent sont dus à des causes économiques exogènes sur lesquelles il n'a aucune prise. Et c'est bien sûr en partie vrai. Bien que différent et relative- ment à l'écart des régions industrialisées du monde, il n'a pas pu échapper aux remous que l'environnement économique interna- tional a connus au cours des dernières années : persistance des récessions, chute des prix des produits primaires, montée du protec- tionnisme (qui a particulièrement frappé deux de ses principaux produits d'exportation : le sucre et la viande), niveau élevé des taux 4 d'intérêt réels et réduction des flux nets de capitaux. C'est ce qu'il en coûte de vivre dans un monde interdépendant. La distance n'isole plus ni l'Afrique, ni pratiquement personne, des grands courants économiques internationaux. Mais il serait inexact de dire que l'Afrique est simplement l'infor- tunée victime de forces économiques impersonnelles sur lesquelles elle ne peut exercer aucun contrôle. D'autres régions, exposées à un environnement aussi hostile, ont beaucoup moins souffert qu'elle et ses difficultés actuelles ne sont pas imputables exclusive- ment à autrui. Comme tous les autres nouveaux pays en développe- ment, ceux de l'Afrique subsaharienne ont dû faire face à leurs propres distorsions économiques intérieures, et ils ont commis leur part d'erreurs. Ils ont, par exemple, suivi des politiques des prix et des politiques commerciales qui n'étaient pas adaptées à la réalité, spécialement dans le secteur*agricole; ils ont surévalué leur monnaie, pénalisant ainsi les secteurs exportateurs; ils ont accumulé les déficits budgé- taires et ont imposé à la production le carcan d'une infinité d'inter- ventions et de contrôles. Ces politiques ont cours depuis des di- zaines d'années en Afrique subsaharienne. Il a bien fallu en payer le prix, c'est-à-dire l'érosion de la productivité, du pragmatisme et de l'esprit d'entreprise, qui devait inévitablement se traduire par une mollesse de la croissance économique. L'une des principales causes des distorsions économiques dans beaucoup de nations africaines est l'ingérence de l'Etat dans pres- que toutes les sphères de l'activité économique. L'Afrique est allée plus loin que toute autre région du tiers monde dans la politisation de la vie économique. Les divers secteurs sont tombés les uns après les autres sous le contrôle des dirigeants politiques et il est devenu courant, pour qui veut accumuler des richesses, de chercher à ac- céder au pouvoir plutôt que de contribuer à une entreprise produc- tive. Cela ne veut pas dire, naturellement, que toute intervention de l'Etat est à condamner. Incontestablement, les gouvernements afri- cains ont un rôle primordial à jouer dans la croissance économique de leurs pays. Cela est particulièrement vrai lorsque les marchés sont imparfaits, ce qui est fréquemment le cas dans la région. Mais les interventions de l'Etat ne sont pas sans conséquences et les pouvoirs publics devront dorénavant peser beaucoup plus 5 soigneusement leurs effets négatifs - manque d'encouragement à l'effort personnel, inefficacité des institutions parapubliques, prix imposés et atmosphère étouffante créée par les contrôles ad- ministratifs - et ceux d'une imperfection relative des marchés. Les avatars de l'agriculture Comme on peut le voir dans le Tableau 2 ci-après, et de façon plus détaillée à l'Annexe I1, la production alimentaire par habitant, à peine stationnaire pendant les années 60, a commencé à faiblir pendant la décennie suivante, pour diminuer de 1,9 % par an entre 1980 et 1984. De ce fait, la valeur des importations de denrées alimentaires en dollars courants s'est trouvée multipliée par sept entre 1970 et 1985 (passant de 1,9 milliard de dollars à 12,4 mil- liards de dollars). Il n'était pas inéluctable que l'Afrique cesse de pouvoir se nourrir. La vérité est que l'agriculture, dont provenait un tiers du produit national brut en 1982, a été pénalisée pendant des dizaines d'an- nées. Outre le mal causé par des politiques des prix et des taux de change dépourvus de réalisme, elle s'est souvent vu refuser des investissements publics dont elle avait désespérément besoin - dans l'irrigation, dans la recherche, dans la formation et dans la vulgarisation. Elle a été privée de ces investissements essentiels au profit d'un secteur industriel trop protégé et inefficace. On aurait tort de sous-estimer l'importance énorme de l'agricul- ture en Afrique subsaharienne. C'est un secteur qui demande beau- coup de main-d'oeuvre et dans lequel la plupart des pays de la région peuvent jouir d'un avantage comparatif, beaucoup plus que Tableau 2 Taux d'accroissement de la production alimentaire par habitant et montant des importations de denrées alimentaires Montant des Accroissement de importations de denrées la production alimentaire alimentaires par habitant (%) (millions de dollars) 1961-70 1971-80 1980-84 1970 1980 1985 Afrique subsaharienne Pays à faible revenu 1, - 1,1 2,1 562 2.307 1 .966 Autres pays 0,6 - 1,1 - 1,8 554 4.200 3.353 Total 1,0 - 1,2 - 2,0 1.116 6.507 5.319 Reste de l'Afrique 0,8 - 15 1,8 77) 7.382 7.129 6 Ensemble de lAfrique 0,9 - 1 - 1,9 1.886 1 3,M9 12.448 l'industrie. Une croissance vigoureuse de la production et des ex- portations agricoles est absolument indispensable si l'on veut amé- liorer sensiblement les possibilités d'emploi et de rémunération pour les pauvres des campagnes. Or, l'Africain moyen, qui vit essentiellement de l'agriculture, est plus pauvre aujourd'hui qu'il ne l'était en 1970. En l'absence d'une politique sectorielle plus efficace, il sera plus pauvre en 1990 que lors de l'accession de son pays à l'indépendance, et, pis encore, les famines désastreuses qui sont actuellement limitées aux années de sécheresse et à quelques pays deviendront un fait de tous les jours dans la majorité des nations de la région. La crise de la dette Un autre handicap économique qui pèse sur les pays de l'Afrique subsaharienne - et que leur politique nationale ne fait qu'alourdir - est leur endettement. Les causes profondes du mal remontent aux années 70, marquées par des emballements temporaires des prix des produits de base, une forte augmentation du volume des emprunts à l'étranger et le refus, de la part des autorités, de réduire les dépenses publiques. La récession mondiale persistant, la situation a empiré au début des années 80 et les programmes d'ajustement structurel ont été ajournés. La sécheresse prolongée qui a sévi dans une grande partie de la région a encore aggravé le problème et le tout s'est traduit par de grosses difficultés de service de la dette. A la fin de 1983, l'encours estimatif total de la dette de l'Afrique subsaharienne était de l'ordre a 80 milliards de dollars. La dette à moyen et long termes publique, ou à garantie publique, représentait environ 75 % de ce montant (60,3 milliards de dollars). La région doit 5,1 milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI), et 8 milliards de dollars au Groupe de la Banque mondiale (Annexe 1). En chiffres absolus, la dette africaine, et en particulier sa dette commerciale, est naturellement très inférieure à celle de l'Amérique latine, dont on a tant parlé. Il en est beaucoup moins souvent ques- tion, par conséquent, dans les milieux financiers internationaux. Il n'en demeure pas moins que, pour en assurer le service, la plupart des pays d'Afrique seront contraints à des ajustements aussi indis- pensables que dans les grands pays d'Amérique latine, Le Soudan, 7 par exemple, a déjà 110 millions de dollars d'impayés envers le seul FMI, sur les 700 millions de dollars de l'encours de ses prêts, et le Libéria et la Zambie risquent de se trouver sous peu dans des difficultés semblables. En fait, pour beaucoup de pays africains, le fardeau du service de la dette va devenir écrasant. Certains ont déjà, au cours des der- nières années, accumulé des arriérés et dû demander des réamé- nagements. La situation ne fait qu'empirer. Pendant la période 1985- 87, le service de la dette à moyen et long termes publique, ou à garantie publique, sera deux fois plus lourd qu'en 1983-85. Les problèmes d'ajustement seront redoutables. La nécessité de réformes économiques Etant donné l'ampleur des problèmes de l'Afrique subsaharienne - la pénurie alimentaire et la crise de la dette sont des exemples typiques -, on ne saurait affirmer avec trop de force que des ré- formes économiques sont indispensables. Sans réformes, la crois- sance à long terme et le recul de la pauvreté absolue ne semblent guère possibles. Il n'est plus question d'entreprendre de nouvelles études niais de remédier aux problèmes. Les distorsions de la politique économique des pays africains qui ont pénalisé le progrès ont été bien mises en lumière et la route à suivre est claire. Il faut : réexaminer et contrôler de plus près les dépenses pu- bliques; réduire les déficits budgétaires en pourcentage du PIB; renforcer la discipline monétaire; adopter une politique des prix, un régime commercial et des taux de change plus adaptés à la réalité afin d'encourager la production et de favoriser les exporta- tions; remanier et, si nécessaire, supprimer les entreprises publiques et les organismes de commercialisation inefficaces; et éviter les projets de prestige ruineux à la viabilité économique douteuse. Il n'est pas de pays, même parmi les plus industrialisés, qui ne soit tenté de se détourner et d'atermoyer lorsqu'il se trouve devant des décisions économiques pénibles. Mais il faut bien faire face, en fin de compte, et procéder à des 8 ajustements si l'on veut résoudre les problèmes. Certains pays africains ont, semble-t-il, commencé à le faire. Les efforts récemment entrepris au Ghana sont encourageants et d'autres nations, dont le Cameroun, le Malawi, le Botswana et le Rwanda, qui se sont orientés vers une saine gestion macroéconomique, en tirent déjà les premiers fruits. D'autres, cependant, continuent de tergiverser. Ils craignent que, dans l'immédiat, les réformes macroéconomiques nécessaires ne ralentissent - ou même n'interrompent complètement - la crois- sance de la consommation et du PNB. Il est certain qu'il y aura une période de transition et qu'ils traverseront des années difficiles. Tous les groupes ne sortiront pas vainqueurs. Certains y gagneront de nouvelles possibilités d'améliorer leur sort et d'autres y perdront de vieux privilèges. Ceux qui ont intérêt à maintenir le statu quo s'efforceront natu- rellement de faire pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils ajournent les réformes ou y renoncent. Il faut certainement, pour mener l'ajustement à bien, en payer le prix, politiquement et éco- nomiquement. Les coûts de l'ajustement sont rapidement visibles, ses avantages ne viennent que plus tard. Il serait vain de chercher des solutions rapides et faciles, car il n'en existe pas. Après 30 ans de distorsions engendrées par la politique officielle, une croissance soutenable et équitable ne peut s'instaurer du jour au lendemain. Mais les gouvernements africains doivent se rendre compte que l'absence d'ajustement coûterait infiniment plus cher, non seule- ment à la longue mais même, très vraisemblablement, dans un proche avenir. L'essentiel est de s'engager clans la bonne voie, et de le faire dès maintenant. De nouveaux retards auraient des conséquences désastreuses. Toute réforme de la politique économique doit naturellement aller de pair avec une réforme des institutions. En fait, la détériora- tion marquée des principales institutions est un élément important de la crise dans de nombreux pays de l'Afrique subsaharienne. Ce n'est pas simplement qu'ils n'ont pas encore su créer des institu- tions efficaces, mais plutôt qu'un certain nombre d'institutions au- trefois efficaces le sont de moins en moins. 9 il existe, par exemple, des ministères entiers qui ne peuvent plus contrôler convenablement leur budget et leur personnel; des orga- nismes publics devenus incapables de s'acquitter de leurs tâches; des universités et des établissements scientifiques publics et des services de statistique dont les travaux ont beaucoup perdu de leur qualité; des organismes parapublics et des agences de commer- cialisation qui nuisent à la productivité au lieu de la favoriser; et des instituts de recherche agricole d'une importance cruciale dont l'efficacité ne cesse de diminuer. Le principal point faible de la recherche agricole n'est pas au- jourd'hui le manque de crédits ou de personnel mais la mauvaise utilisation des services : ils ne sont pas bien gérés; les chercheurs sont sous-employés et trop isolés des agriculteurs et des agents de vulgarisation; et les résultats de leurs travaux ne sont pas convena- blement diffusés. La détérioration des institutions essentielles n'est certes pas géné- rale (on note, par exemple, certains progrès au Sénégal, au Togo, en Mauritanie et au Malawi) mais c'est un phénomène très répandu, grave, et contre lequel on n'a pas encore adopté de remède effi- cace. Il faut agir d'urgence, car il est improbable que la crise de l'ensemble de l'économie puisse être résolue si les institutions pu- bliques restent incapables de fournir au moins un niveau minimum de prestations. Le problème vient en grande paitie de ce que beaucoup de poli- ticiens africains se sont servi de leur position pour se procurer à eux-mêmes et à leurs amis des emplois, des marchés, des mono- poles publics et des gains illicites. L'Elat est devenu du même coup de moins en moins capable de produire des biens et des services au profit de la masse de la population. Il est essentiel que cette tendance au déclin des institutions se renverse. Sans services publics efficaces, il est impossible d'appli- quer-que dis-je, de concevoir et d'élaborer-une politique judi- cieuse et appropriée. La réforme des institutions est donc un devoir absolu pour les gouvernements africains. Sans elle, rien de durable ne pourra être accompli. Il ne s'agit pas de remporter une victoire héroique et rapide. C'est plus difficile encore, car c'est une oeuvre de longue haleine, exigeant vigilance e. attention constantes. 10 Les institutions publiques sont, après tout, des organismes vi- vants, qui doivent réagir aux modifications de leur environnement. Elles se détériorent lorsqu'elles se fossilisent et perdent de vue leur raison d'être, qui est de servir et d'aider le public. Avant de conclure ce passage sur l'importance de la réforme de la politique et des institutions, je veux revenir aux problèmes de l'agriculture africaine et répéter encore une fois que c'est d'elle que dépendra la reprise économique du continent. Les lois et les règle- ments qui la régissent ont une importance cruciale. Il ne suffit pas d'avoir de "bons projets agricoles". En l'absence de mesures d'incitation appropriées, et en particulier si les prix de revient sont trop élevés, ils sont voués à l'échec. Cela ne veut pas dire que la politique des prix agricoles soit, quand elle est bonne, une panacée pour tous les problèmes souleVés par le développe- nient de ce secteur, mais les gouvernements doivent s'attendre, si celle qu'ils appliquent est mauvaise, à se retrouver devant d'im- menses difficultés. L'adoption de mesures plus favorables à l'agriculture aurait (les conséquences spectaculaires sur l'économie tout entière. Elle per- mettrait de répartir plus rationnellement les ressources entre les différents secteurs et d'améliorer la compétitivité clu secteur agri- cole sur le plan international. Elle encouragerait les agriculteurs à produire davantage et plus efficacement. Elle favoriserait la c réation d'emplois, l'accroissement des exportations et l'augmentation des revenus. Toutes les réformes que j'ai suggérées (ontribueraient au recul de la pauvreté; en même temps, elles allégeraient le fardeau (le la dette, à la fois en réduisant la demande globale - chose esssen- tielle pour beaucoup de pays africains dans l'immédiat - et en accroissant l'offre de biens exportables dans l'agriculture. Il est évident que seuls les gouvernements et les peuples africains peuvent prendre les mesures de fond nécessaires à la solution des problèmes critiques qui découlent des distorsions paralvsantes en- g"ndrées par leur politique économique. Aucune aide extérieure - si massive ou généreuse ou bien intentionnée qu'elle soit - ne peut remplacer une action nationale. Mais les Africains étant résolus à entreprendre cette lourde tàche, la communauté internationale est incontestablement dans l'obliga- i1 tion de les aider et de les appuyer dans leurs efforts. Je reviendrai plus longuement sur ce point dans la quatrième partie. Qu'il me suffise de dire ici que si nous n'agissons pas de concert, nous de- vons nous attendre à assister à des scènes de souffrance et de fa- mine et à un effondrement économique bien pires que tout ce que nous avons déjà vu. Il. LA MONTEE DE LA PRESSION DEMOGRAPHIQUE a Eliminer les distorsions économiques doit donc être notre souci immédiat. Mais elles ne sont pas les seuls obstacles à un déve- loppement soutenable. A long terme, la question la plus importante est l'accroissement incontrôlé de la population. Dans la plupart des pays africains, il s'agit d'une véritable bombe à retardement. Les dimensions du problème démographique En 1980, la population de l'Afrique était estimée à 453 millions d'habitants environ, dont 363 millions vivaient en Afrique subsa- harienne (Annexe VIII). Les densités varient niais sont généralement basses. Dans la plupart des pays, elles sont inférieures à 40 per- sonnes par km2 et, même dans les régions où elles sont les plus élevées, elles dépassent rarement 200 habitants. Rappelons qu'en Asie, elles vont selon les pays de 42 à 600 habitants et peuvent même dépasser 1 .000 habitants au km2 dans certaines régions. Le problème démographique en Afrique n'est donc pas que le continent est surpeuplé, mais que le taux d'accroissement de la population est explosif. Pendant les années 50 et 60, au cours desquelles les taux de mortalité ont, dans l'ensemble, diminué plus vite que les taux de natalité, le taux d'accroissement de la population a continué d'aug- menter dans la plupart des pays en développement. Mais, à partir des années 70, il a commencé à diminuer lentement dans le monde entier, sauf en Afrique. Pour l'ensemble du tiers monde, si l'on considère des périodes quinquennales, il a culminé à 2,46 % pen- Je remercie les services du Conseil de la population et le personnel du Groupe d'étude sur la population de la Banque mondiale de l'aide qu'ils m'ont apportée 12 dans la collecte de renseignements pour cette partie. dant la première moitié des années 70. En Afrique, il continue d'augmenter et a atteint 3,01 % entre 1980 et 1985. L'Afrique subsaharienne, qui est déjà la région la plus pauvre du globe, est maintenant celle où le taux d'accroissement de la popu- lation (3,2 % par an) est le plus élevé. Il y dépasse même celui du reste de l'Afrique. Si ce rythme se maintenait, le nombre des habi- tants doublerait tous les 22 ans. Tableau 3 Taux d'accroissement de la population par région, 1950-85 (moyenne annuelle en pourcentage) 1950-55 1960-65 1970-75 1975-80 1980-85 Afrique 2,11 2,44 2,74 3,00 3,01 Amérique latine 2,72 2,80 2,51 2,37 2,30 Asie de l'Est, 2,08 1,81 2,36 1,47 1,20 Asie du Sud 2,00 2,51 2,44 2,30 2,20 Ensemble des pays en développement 2,11 2,30 2,46 2,14 2,02 'Non compris le Japon. Source : Evaluation de l'Organisation des Nations Unies en 1982. Quelles sont les perspectives d'accroissement de la population africaine pendant les prochaines décennies et ensuite? L'avenir étant par nature incertain, il convient de répondre avec prudence. La dynamique de la population est déterminée par des facteurs internes qui permettent des prévisions relativement justes sur une période de 15 à 20 ans. Au-delà, les possibilités d'erreur augmentent considérablement. La question que je viens de poser demeure cependant tout à fait pertinente et il est possible d'y ré- pondre avec un degré d'exactitude acceptable. Nous savons, par exemple, que la grande majorité des enfants nés pendant les années 80 seront toujours vivants au milieu du siècle prochain. En ce qui concerne le long terme, nous pouvons formuler des hypothèses plausibles sur l'évolution de la fécondité et de la mor- talité, et calculer quelles seront les caractéristiques de la popula- tion. Il est recommandé à ceux qui contesteraient les ordres de grandeur obtenus de proposer d'autres hypothèses en expliquant pourquoi elles leur semblent plus vraisemblabies. Les résultats des projections que la Banque mondiale a établies pour l'Afrique durant la période allant de 1980 à 2100 sont résumés 13 dans le Tableau 4 ci-après et présentés de manière plus détaillée à l'Annexe Vili. Tableau 4 Projections de la population africaine, 1980-2100 (en millions d'habitants) Indxe synthétique de(écondité Annéeoù 195 1980 2000 2025 2050 21 o0 utal, 1983 TNR = Il Cameroun 4,6 8,7 17 30 42 50 6,5 2030 Ethiopie 18,0 37,7 64 106 142 173 5,5 2035 Ghana 4,4 11,5 23 40 53 62 7,0 2025 Kenya 5,8 16,6 37 69 97 116 8,0 2030 Malawi 2,9 6,0 11 21 29 36 7,6 2040 Mozambique 6,5 12,1 22 39 54 67 6,5 2035 Niger 2,9 5,5 11 20 29 38 7,0 2040 Nigéria 40,6 84,7 163 295 412 509 6,9 2035 Ouganda 4,8 12,6 25 46 64 80 7,0 2035 Tanzanie 7,9 18,8 37 69 96 120 7,0 2035 Zaïre 14,2 27,1 50 86 116 139 6,3 2030 Autres pays d'Afrique subsaharienne 59,8 121,7 218 381 524 651 6,5 2040 Total Afrique subsaharienne 172,4 363,0 678 1.202 1.658 2.041 6,7 2040 Autres pays africains 42,6 89,6 148 225 282 319 5,5 2025 Ensemble de l'Afrique 21 452,6 826 1 A27 1.940 2360 6,5 2040 "Le TNR désigne le taux net de reproduction. Lmrsque le TNR est de 1, il eýI égal au taux de renpla enient. Les projections sont fondées sur le nombre estimatif d'habitants en 1980 et sur leur répartition par sexe et par âge. Elles reposent notamment sur l'hypothèse que les courbes des taux de mortalité et de l'espérance de vie suivront une évolution comparable à celle précédemment enregistrée clans les pays plus avancés. Les deux dernières colonnes du tableau résument les hypothèses les plus importantes sur la fécondité. A partir du taux estimatif de fécondité pour 1983 (exprimé comme l'indice synthétique de fé- condité, c'est-à-dire comme le nombre d'enfants qu'une femme moyenne aura pendant toute son existence), les projections suppo- sent que le taux de fécondité sera ramené au taux de remplacement à une date précisée pour chaque pays, c'est-à-dire que le nombre moyen d'enfants est tel que chaque couple se renouvelle au cours de la génération suivante. Si ce taux persiste pendant assez long- temps, l'accroissement de la population sera nul. Cependant, lorsque le taux de fécondité s'établit au niveau de 14 remplacement dans une société, cela ne signifie pas que l'ac- croissement de la population cesse immédiatement. Celui-ci peut se poursuivre pendant des dizaines d'années, selon la structure par âge. Comparez, par exemple, la pyramide des âges au Nigéria, caractéristique de la plupart des pays en développement, et en Suède. Nigri, 19110 S 1980 75-F 7qY 70-'4 - 'il 74 5F F1 - V,S) ir) 54 - 'F5 45-45- 9 ' lit 14n -meH m o ¯ e m r 25 iq 45 29 _1- F2 0 F 4 Lorsqu'un pays où la pyramide des âges est similaire à celle du Nigéria parvient au niveau de fécondité de remplacement, l'élan démographique reste fort et la population continue d'augmenter pendant des dizaines d'années jusqu'à ce que le grand nombre de femmes du bas de la pyramide ne soient plus en âge de procréer. Il faut attendre 50 ou 70 ans avant que le nombre d'habitants se stabilise et, entre-temps, il aura encore augmenté de 50 ou 60 %. Les hypothèses relatives au rythme futur de la réduction de la fécondité dans les pays africains incluses dans les projections re- posent sur l'opinion - ou l'espoir - que les taux élevés de fécon- dité, qui augmentent encore clans certains pays, commenceront à diminuer bien avant la fin du siècle et continueront de le faire de façon marquée et soutenue jusqu'à ce qu'ils soient tombés au ni- veau de remplacement. Elles sont bien sûr très optimistes. Elles postulent que l'Afrique franchira en quelques années toutes 15 les étapes que les Etats-Unis ont mis environ un siècle et demi à parcourir. Elles ne souffrent aucun renversement temporaire ni au- cune interruption de la tendance à la baisse de la fécondité. Elles présument aussi que, lorsque le taux de remplacement aura été atteint, il ne se produira pas de boom de la natalité comme celui que l'Occident a connu. Or, les populations dont le comportement doit être conforme à ces normes difficiles sont en grande partie pauvres et vivent en milieu rural. La sécurité des vieux jours dépend encore avant tout de l'aide des enfants. Dans beaucoup de cas, les valeurs sociales et culturelles confèrent un grand prix à la fécondité. Mais prenons ces hypothèse telles qu'elles sont, tout en recon- naissant leur optimisme implicite. Les projections du Tableau 4 sont effrayantes. Pour les raisons que j'ai mentionnées, les taux d'ac- croissement de la population des pays africains resteront élevés pendant des dizaines d'années. En l'an 2025 - c'est-à-dire dans 40 ans seulement -, la popu- lation du Kenya aura quadruplé par rapport à 1980; elle aura plus que triplé au Nigéria et au Ghana; au moins triplé dans tous les autres pays cités au Tableau 4; et, dans l'ensemble de l'Afrique subsaha- rienne, elle sera passée de 363 millions à 1.201 millions d'habitants. Les conséquences d'un accroissement rapide de la population Que signifie concrètement, pour la région, un accroissement aussi rapide de sa population? Tout d'abord, les pays auront de plus en plus de mal à remonter la pente, après 20 ans de baisse de la production alimentaire par habitant. Certes, l'adoption de politiques agricoles appropriées fa- ciliterait les chW:es. Mais l'Afrique subsaharienne sera presque cer- tainement dans l'impossibilité de réaliser et de maintenir un taux de croissance de sa production alimentaire supérieur aux 3,2 % que représente son accroissement démographique actuel. Rares sont les pays à avoir réalisé de tels taux de croissance agricole, et encore n'était-ce que dans les meilleures conditions. La réalité est qu'il est peu probable que l'agriculture de l'Afrique subsaharienne progresse à un rythme supérieur à 2,5 %, au moins pour ce qui est des deux prochaines décennies. Dès lors, la malnutrition déjà élevée devien- cira encore plus grave, et plus fréquentes encore les années atroces 16 de la famine. L'impossibilité de contenir l'accroissement de la population aura pour autre conséquence grave de faire monter le chômage. D'ici à la fin du siècle, l'industrie et l'agriculture n'auront, à elles deux, absorbé que la moitié environ des effectifs de la population active additionnelle prévus. L'autre moitié devra, ou bien tenter de subsis- ter sur des terres marginales, ou se résigner au chômage. Il ne faut pas perdre de vue qu'il faudra 20 ans avant qu'une baisse de la fécondité - si baisse il y a - commence à faire sentir ses effets sur la croissance de la population active. L'actuelle explosion de la population aura pour autre effet d'ac- centuer la vulnérabilité écologique du continent. Déjà, la pression démographique a entraîné une diminution considérable des res- sources en bois. La demande de bois de feu s'est accrue à un rythme tel que le déboisement s'est généralisé, phénomène qui a entraîné, à son tour, de graves pénuries de combustibles. Dans de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest, les familles qui, traditionnellement, faisaient cuire deux repas par jour n'ont plus de combustible que pour un seul repas chaud par jour, ou même tous les deux jours. Le déboisement conduit, on le voit, à une dégrada- tion accélérée de ce qui constitue le support fondamental de la vie. J'y reviendrai dans un moment, mais je tenais à souligner, d'ores et déjà, que le problème démographique de l'Afrique est manifeste- ment lié à ses difficultés écologiques croissantes. Une démographie galopante grèvera jusqu'à la limite des infra- structures éducatives et sanitaires qui ne sont déjà que trop forte- ment sollicitées. il est des pays qui, comme le Kenya, verront dou- bler, voire tripler, leur population d'âge scolaire au cours des 15 années à venir. On mesure ainsi l'ampleur immense des problèmes à résoudre pour porter ces services à un niveau qui se rapproche un tant soit peu des niveaux requis. De tels taux d'accroissement démographique conduiront presque certainement les pouvoirs publics à intervenir de plus en plus clans la vie privée des gens pour la régler dans un sens restrictif. La restriction de la liberté d'avoir des enfants pourrait acquérir force de loi dans les cas où - soit incapacité, soit ignorance du problème - les gouvernements ont laissé s'exacerber les pressions démo- graphiques. Je ne parle pas ici des actions par lesquelles on cherche à faire acquérir aux familles, dans les décisions que leur rôle pro- 17 créateur les conduit à piendre librement, un sens plus aigu de leurs responsabilités sociales. Je parle des interventions coercitives des pouvoirs publics dans les décisioi-s elles-mêmes - en imposant, par exemple, la stérilisation. Les familles elles-mêmes en viendraient, poussées par ces inter- ventions, à prendre des décisioins cruelles et désespérées : avorte- ments plus nombreux; utilisation des tests de grossesse pour con- naître le sexe du foetus et le faire avorter s'il est de sexe féminin; multiplication des meurtres de filles nouveau-nées. Si les tendances actuelles persistent, ce genre d'actions coerci- tives des pouvoirs publics et d'actes de désespoir de la part des familles seront probablement devenus monnaie courante en Afrique subsaharienne d'ici la fin du siècle. Bref, il n'est pratiquement aucun aspect du développement d'une société qu'un accroissement démographique trop rapide ne mette en péril : il fait croître la population active plus vite que l'emploi; il entoure les villes d'une ceinture de taudis; il pressure jusqu'à l'épuisement les disponibilités alimentaires et le support écologique de la vie; il renforce, dans leurs racines, l'analphabétisme, la mal- nutrition et la maladie; il perpétue, enfin, une civilisation de la pauvreté. Déjà difficile à maîtriser dans un environnement dynamique et prospère, la pression démographique deviendra trop forte pour les frêles économies de l'Afrique subsaharienne. Si l'on tarde à prendre les mesures qui s'imposent, si l'on continue à tergiverser, alors on pourra être sûr d'une chose, et d'une seule : le problème finira par trouver sa solution, mais cela se paiera d'un prix infiniment plus élevé - par la famine, peut-être; par de violents troubles sociaux; ou par l'application de mesures draconiennes dans un climat de répression publique et de violences intestines. Que peut-on faire dans ces conditions? Commençons par examiner les causes du problème déniogra- phique de l'Afrique. Les causes profondes de l'accroissement rapide de la population Une baisse de la mortalité conjuguée à une fécondité constante 18 ou 6oissante provoque un accroissement de la population. Les taux de mortalité varient considérablement d'une région de l'Afrique à l'autre. Cela tient, en partie, à des causes naturelles comme la qualité de l'alimentation, les conditions climatiques et la morbidité. Mais cela tient aussi, naturellement, à l'influence de facteurs qui sont liés au développement, comme le taux de croissance du PNB, l'éducation - en particulier celle des femmes - et la qualité des programmes de santé publique. Les progrès du développement en Afrique ont entraîné une baisse de la mortalité. Mais celle-ci rie laisse pas d'être sensiblement plus élevée que dans les autres parties du monde. Elle devrait donc pouvoir baisser encore au cours des décennies à venir. Le taux de fécondité élevé - on comptait, en moyenne, 6,7 enfants par femme en 1983 - résulte de tout un ensemble de facteurs économiques, sociaux et culturels : l'âge précoce du mar- iage chez les jeunes Africaines; l'abandon progressif de la pratique de l'allaitement prolongé, et de l'abstinence sexuelle après l'ac- couchement; le recours très rare aux moyens modernes de contra- ception. Moins de 5 % des couples utilisent des contraceptifs en Afrique subsaharienne, contre 30 % environ en Inde et 70 % envi- ron en Chine. Si les taux de fécondité y sont élevés, cela tient aussi, en partie, au fait que, clans de nombreuses sociétés africaines, le poids social de la femme est relativement faible. Bien qu'il soit avantageux pour les hommes comme pour les femmes d'avoir des enfants, les dépen- ses qui en résultent sont généralement, pour la plus grande partie, assumées par les femmes. Outre que la mise au monde des enfants comporte des risques pour sa santé, c'est souvent sur la femme que retombe principalement la charge financière de les élever. Tel est le cas, notamment, dans les ménages polygames, où c'est essen- tiellement à chaque femme de s'occuper de ses propres enfants. Quant aux hommes, le prix dont ils paient l'avantage d'avoir des enfants est bien moins élevé. Ils sont moins requis par les soins quotidiens qu'ils réclament, ils sont moins préoccupés par leurs besoins de santé, d'éducation et d'affection et sont, de ce fait, moins sensibles aux problèmes que pose aux enfants le fait d'appartenir à une famille nombreuse. Ainsi, clans la mesure où c'est toujours surtout de l'homme que dépend la décision d'avoir un autre enfant, il est probable que la fécondité demeurera élevée. 19 Des enquêtes menées récemment dans un certain nombre de pays d'Afrique ont indiqué cependant que les femmes, elles aussi, veulent beaucoup d'enfants. On apprend ainsi que, même quand elles en ont déjà six, la plupart des femmes mariées, à plus de 80 %, en veulent encore davantage. Dans six des pays étudiés, le nombre désiré varie entre six et neuf. Comme la plupart des familles vivent encore de la terre, le travail des enfants est généralement considéré comme un précieux avan- tage, alors que des études économiques sérieuses ont démontré le contraire. S'y ajoute le fait que de nombreux gouvernements d'Afrique sub- saharienne - et c'est le cas d'un grand nombre de pays franco- phones - n'ont même pas de politique démographique bien défi- nie. Certains pays assurent bien des services de planning familial pour des raisons de santé et pour respecter les droits de l'homme, mais sans aucun objectif démographique particulier. D'une man- ière générale, la plupart des gouvernements n'ont ni défini ni mis en oeuvre de politique visant spécifiquement à ralentir la croissance de la population. On ne voit guère que cet objectif les mobilise sérieusement. Pourquoi en est-il ainsi? Il y a, à cela, de nombreuses raisons. Jusqu'à une époque récente, de nombreux dirigeants africains considéraient la croissance démographique comme un atout cer- tain, et non comme un danger potentiel. Ils n'avaient pas pleine- ment mesuré les inévitables conséquences d'une démographie dé- bridée. En outre, la régulation de l'accroissement démographique est une question politique qui contient souvent, en Afrique, une très forte charge émotionnelle, surtout lorsque différents groupes sociaux rivalisent pour la conquête du pouvoir et des richesses. A cela s'ajoute le fait que, dans de nombreux pays, la contracep- tion moderne elle-même est mal comprise et n'est pas socialement acceptée. Comme la stérilité touche un nombe relativement élevé d'Africains, les couples hésitent à pratiquer la régulation des nais- sances par des moyens modernes. De plus, le sentiment que ce sont surtout les donneurs d'aide de 20 l'Ouest qui font pression en faveur de la petite famille heurte la susceptibilité des pouvoirs publics et les incite à ne rien faire. Une autre cause d'inaction tient à l'absence de données démogra- phiques récentes et fiables. Beaucoup de pays n'ont jamais pratiqué de recensements systématiques ou alors, quand il y a eu un recense- ment, les résultats n'ont pu en être publiés par suite de controverses politiques. C'est ainsi que, dans des pays comme la Guinée, le Nigéria et le Zaîre, le chiffre de la population et son taux d'accroissement ne sont connus que de manière tout à fait approximative. Très rares donc sont les pays d'Afrique subsaharienne à avoir adopté une politique de modération de l'accroissement démogra- phique. En 1974 encore, l'année où s'est tenue, à Bucarest, la Con- férence des Nations Unies sur la population, il n'y avait que deux pays, le Kenya et le Ghana, à avoir mis en place une telle politique - sans résultats, d'ailleurs, dans un cas comme dans l'autre. Le taux de fécondité, au Kenya, est passé de 7,6 enfants par femme en 1975 à 8 en 1983 et, au Ghana, de 6,7 à 7. Ainsi se présente généralement la situation dans la majeure partie de l'Afrique subsaharienne. Les contraintes qui en résultent sont déjà vivement ressenties dans des pays comme le Kenya, le Burundi, le Malawi, le Nigéria, le Rwanda et les pays du Sahel. Elles le seront dans beaucoup d'autres encore au cours de la pro- chaine décennie. Ce qu'il faut faire pour ralentir l'accroissement de la population Heureusement, l'attitude des gouvernements des pays de l'Afrique subsaharienne commence à changer, tout au moins en surface. Aujourd'hui, contrairement à l'attitude qui était celle de beaucoup d'entre eux en 1974, plus des trois quarts sont-du moins ils le disent - partisans du planning familial. Au début de l'an dernier, 36 pays ont adopté le Programme d'ac- tion du Kilimandjaro sur la population qui les invite à faire en sorte que tous les couples et tous les individus, et non plus seulement les 5 % qui font effectivement appel à eux aujourd'hui, puissent s'adresser à des services de planning familial. Parmi les grands pays, le Zimbabwe a mis au point un pro- gramme énergique de planning familial. Le Kenya et le Botswana en ont mis un en route et plusieurs autres pays viennent de com- 21 mencer. Mais, malgré ces prises de position officielles, les progrès sont décevants. Les programmes existent niais leur efficacité, au niveau du quotidien, n'apparaît pas encore. Ce qui apparaît, par contre, c'est qu'il y faudra bien plus d'efforts qu'il n'en est actuellement déployé. La volonté politique de donner aux questions de population la place prioritaire qui leur revient est, certes, essentielle. Mais la seule volonté politique n'y suffira pas. Pour donner des résultats, une politique de réduction de la fécon- dité nécessite une certaine capacité administrative. L'expérience a montré qu'il n'est pas de meilleur moyen, pour y arriver, que (le décentraliser la gestion des programmes. On faciliterait la tâche des gouvernements en faisant davantage appel, par exemple, à des organismes non gouvernementaux à but non lucratif ou commerciaux pour la distribution de moyens contra- ceptifs. On a trop tendance à penser qu'il va de soi que c'est d'abord aux pouvoirs publics d'assurer la mise en place de services de planning familial - même quand ils n'ont manifestement pas pu le faire pour une multitude d'autres services de base. Et il est clair, naturellement, qu'il faudra, d'ici la fin du siècle, accroître sensiblement les dépenses pour mettre en oeuvre, dans chaque pays, des programmes de population efficaces. Les fonds nécessaires devront venir de diverses sources nationales et interna- tionales : programmes de recouvrement des coûts; budgets des administrations centrales et locales; organismes de planning fami- lial privés; institutions internationales de protection sociale; pays donateurs; institutions internationales de développement. Rationnellement conçus, les services d'enseignement et de santé, déjà importants en soi, peuvent beaucoup contribuer - et contri- buent effectivement - à la réalisation des fins du planning familial. On pourrait, en réduisant les taux de mortalité infantile et juvénile et en développant l'instruction de base - en cherchant surtout à accroître la proportion des filles scolarisées - faire baisser forte- ment les taux de fécondité. De tous les facteurs de développement social, c'est par l'instruc- tion que l'on doit pouvoir le plus sûrement agir sur la fécondité. Il est significatif, à cet égard, qu'une élévation du niveau d'instruction 22 chez les femmes provoque généralernent une plus forte baisse de fécondité qu'une élévation égale du niveau d'instruction chez les hommes. Il est important, certes, d'instruire les femmes clans les questions de nutrition, de puériculture et de planning familial. Mais il leur faut aussi des services et une formation qui leur ouvrent l'accès au crédit, aux services de vulgarisation et aux connaissances qui sont nécessaires dans une économie monétaire. Aussi bien est-ce, parce que d'une importance capitale à cet égard, toute la question de la promotion sociale, economique et politique des femmes qui est posée ici. Les femmes représentent, dans l'ensemble du processus de dé- veloppement, un potentiel gravement sous-estimé. Perpétuer un système injuste qui les relègue clans le rôle étroit que leur assigne la tradition, c'est normalement les priver, elles et la société, des avantages de ce potentiel, mais rendre infiniment plus difficile en- core le problème de l'abaissement de la fécondité, Il est, naturellement, bien d'autres moyens cde soutenir un effort national de planning familial : par des incitations financières; par l'information du public; en proposant un large choix de techniques et de services contraceptifs; en assurant enfin un système de pres- tations fiable donnant aux parents la possibilité d'obtenir les ser- vices qu'ils souhaitent recevoir. Mais, de toutes les mesures qu'un pays peut prendre pour réduire son taux d'accroissement démographique, la plus importante est de mettre en place Lin cadre - un plan national - clans lequel toutes ces mesures trouveront place et par rapport auquel les progrès pour- ront être périodiquement évalués. La vérité, c'est que, si les pays de l'Afrique subsaharienne avaient pris une telle initiative il y a 10 ans, pas un seul d'entre eux ne serait aujourd'hui satisfait rie son évolution démographique au cours de la dernière décennie. Il faudrait donc que les pays commencent par se fixer des objec- tifs de fécondité à atteindre clans un laps de temps donné pour ensuite mettre en oeuvre une politique réaliste dont le but serait d'arriver à faire en sorte que la taille des familles corresponde aux objectifs visés, pour la réalisation desquels les parents disposeraient des services de planification nécessaires. 23 La nation serait tenue informée chaque année des progrès ac- complis dans la réalisation des objectifs généraux, ainsi que du succès des mesures de soutien prises à cette fin, ce qui aurait pour effet d'introduire clans les mentalités un élément de conscience sociale et de discipline qui conduirait, dans un laps de temps rai- sonnable - qui pourrait être de cinq à dix ans -, à la mise en route d'un programme de réduction effective de la fécondité. Je voudrais souligner que tout atermoiement, tout retard devra inexorablement se payer en termes démographiques. Par exemple, comme le montre le tableau ci-dessous, si le Nigéria devait com- mencer à appliquer dès maintenant les mesures qui lui permet- traient d'arriver d'ici à l'an 2000 - au lieu de l'an 2035, comme le prévoit le Tableau 4 - au taux de fécondité de remplacement, sa population se stabiliserait autour de 239 millions au lieu de 532 millions. De même, si le Kenya devait atteindre le niveau de rem- placement d'ici à l'an 2000 au lieu de l'an 2030, sa population finirait par se stabiliser autour de 55 millions et non, comme il est prévu, 120 millions. Cela donnerait, pour l'ensemble de l'Afrique, une population stabilisée autour de 1,2 milliard au lieu de 2,5 milliards. Tableau 5 Chiffre de la population qui serait obtenu si le taux de remplacement (TNR = 1) était atteint en l'an 2000, comparé aux projections du Tableau 4 (millions d'habitants) Chiffre final de Différence imputable Chiffre final la population aux années addition- de la prévu au nelles mises pour que Popula- population Tableau 4 TRN = 1 tion en si TNR = 1 Popu- Année où Popu- % de la popu- 1980 en l'an 2000 lation TNR = 1 lation lation de 1980 Nigéria 85 239 532 2035 293 346 Kenya 17 55 120 2030 65 392 Ensemble de l'Afrique 453 1.236 2.462 2040 1.226 271 Il est clair que ce qui sera fait aujourd'hui pour modérer l'ac- croissement de la population atténuera, demain, les problèmes de l'Afrique. Mais, si une action ferme n'est pas engagée dès mainte- nant, les problèmes de ce continent ne feront que se multiplier, 24 comme en témoigne son déclin écologique. 111. LA DEGRADATION ECOLOGIQUE DU CONTINENT' On assiste, sur l'ensemble du continent africain, à la dégradation des ressources physiques sur lesquelles repose l'économie : les forêts s'amenuisent, les sols sont soumis à l'érosion et le niveau des nappes phréatiques ne cesse de baisser. Ce que l'on voit moins, mais qui est plus alarmant encore, c'est que la surexploitation con- tinuelle de ces écosystèmes peut déclencher des processus dange- reux qui iront se renforçant. Presque tous les pays du continent sont en train de perdre leur couverture forestière. En Mauritanie et au Rwanda, il ne reste pres- que plus de forêts. En Ethiopie et au Zimbabwe, elles disparaissent rapidement. En Tanzanie et au Soudan, les abattages se font à un rythme deux fois supérieur au niveau soutenable. Au Kenya, ils se font à un rythme cinq fois supérieur. Et en Afrique de l'Ouest, les forêts du littoral disparaissent au rythme de 5 % par an. A ce compte-là, elles auront probablement disparu d'ici le siècle pro- chain. La Côte d'ivoire, par exemple, qui avait autrefois 30 millions d'hectares de forêts tropicales, n'en a plus que 4,5 millions. L'épuisement des ressources ligneuses a obligé les familles à prendre pour combustibles la bouse de vache et les résidus des récoltes, privant ainsi la terre d'éléments nutritifs d'une importance vitale, ce qui a pour effet de réduire le rendement des récoltes et la capacité de charge des pâturages. Stimulées par une démographie explosive, ces forces de dégradation écologique semblent prendre de la vitesse. Chaque stade de détérioration écologique semble précipiter l'ap- parition du suivant. Lorsque la végétation disparaît, l'érosion des sols s'accélère et l'eau de pluie s'écoule par ruissellement vers les océans au lieu de s'infiltrer dans la terre. Moins il reste d'eau clans la terre, moins il en est réintroduit clans l'atmosphère par évapora- tion, moins il se forme de nuages et la pluviosité diminue. La terre se dessèche et l'avance du désert, déjà grave, se poursuit. Ces divers processus, qui se renforcent mutuellement, expliquent 'Je remercie Lester Brown, Président du Worldwatch Institute, et James Gustave Speth, Président du World Resources lnstitute, d'avoir révisé cette partie de ma déclaration. 25 en partie la persistance de la sécheresse dans les zones méridio- nales du Sahel. S'il s'avère que le déboisement, l'érosion des sols, le surpâturage et le dessèchement des terres agricoles elles-mêmes ont contribué à la baisse des précipitations, alors l'Afrique subsaha- rienne risque de se trouver prise dans un cercle vicieux. On pense généralement que la sécheresse est une anomalie tem- poraire qui passera avec le temps - lorsque les conditions seront redevenues normales. Mais certains experts craignent maintenant que ce que nous observons ne soit pas en réalité temporaire. La famine de l'Afrique a - et pour cause - ému l'opinion. Mais l'ampleur de la dégradation écologique de l'Afrique n'a guère été notée, certainement pas par le monde entier. Et pas assez, peut-on dire, par certaines personnalités africaines elles-mêmes. Ce n'est pas seulement le couvert forestier ou les zones de pacage qui sont menacés. C'est, dans toute sa richesse et sa diversité extraordi- naires, la totalité du patrimoine écologique de l'Afrique. Un ac- croissement démographique continuel, une économie de subsist- ance dont le produit par habitant s'amenuise et l'exploitation effré- née des ressources naturelles, toLIs ces facteurs se conjuguent pour constituer la toile de fond d'une immense tragédie humaine. C'est l'avenir de l'Afrique qui est en péril, si ces tendances ne sont pas inversées. Inverser îes tendances La Banque mondiale estimait, en 1981, que l'adoption d'une stratégie visant à arrêter la dégradation accélérée des sols et de la végétation en Afrique n'avait que trop tardé. Cela demeure vrai encore aujourd'hui. Ni les gouvernements africains ni la commu- nauté internationale n'ont accordé à la question de la restauration des sols, en Afrique, l'attention prioritaire qu'elle mérite. Les diverses mesures à prendre varient, certes, d'un pays à l'autre. Mais tout programme, s'il est bien conçu et viable, pourrait difficile- nient ne pas comprendre ce qui suit : réduire l'érosion par la pro- motion de la conservation des sols et l'adoption de nouveaux modes de culture; améliorer l'aménagement des terrasses; et adopter des systèmes d'agroforesterie spécialement conçus pour le Sahel et pour les terres agricoles des zones équatoriales et côtières de l'Afrique 26 de l'Ouest. La plupart des organismes internationaux de la foresterie procè- dent actuellement à une révision de leur action. On commence à reconnaître que les stratégies de reboisement devraient refléter la complexité des rapports entre forêts, terres à culture et besoins de combustibles des ménages. Il faut, c'est évident, planter davantage d'arbres. Mais quels arbres? Et clans quelles régions? Et pour qui? Et par qui? Ce sont les réponses précises à ces questions qui feront le succès ou l'échec de tout programme de reboisement. Les choix à faire varient, évidemment, en fonction des conditions locales. Aux abords des villes, il faudra planter des arbres à crois- sance rapide qui seront, pour les habitants des villes, une source commode de bois de feu et de charbon de bois. Le besoin est urgent : les plantations actuelles fournissent moins de 5 % Ide la demande de bois de feu en Afrique, et moins d'un sixième du bois et du charbon de bois utilisés dans les cités et les villes. Dans le Sahel, où les ressources en eau sont limitées, il faut multiplier les efforts en vue de trouver et développer des variétés d'arbres xérophiles. Ce qu'il reste de savanes boisées doit être mieux géré et les réserves de bois elles-mêmes utilisées plus judicieuse- ment. Dans de nombreuses parties du continent, on pourrait, en four- nissant aux familles rurales de jeunes plants qu'elles planteraient et entretiendraient sur leurs propres terres, considérablement accroître l'effectif forestier. Et, dans toute la région, une gestion plus avisée des forêts existantes permettrait d'accroître à peu de frais les res- sources en bois. Ce sont là des besoins urgents, car il est absolu- ment essentiel à l'économie de l'Afrique de reconstituer ses savanes boisées et ses forêts. Mais, si toutes les idées que je viens de mettre en avant sont appliquées, résoudront-elles pour autant le problème? La dégrada- tion de l'écosystème d'un continent s'en trouvera-t-elle inversée? je ne le sais pas et je pense que personne ne le sait. L'ampleur, les causes et les conséquences de la dégradation de l'environnement sont loin d'être claires. Mais ce que nous savons, c'est qu'il est essentiel au bien-être économique et social du milliard et demi d'êtres humains que comptera l'Afrique clans 40 ans d'inverser le processus de la dégradation. C'est pourquoi j'adjure que soit mis en route un programme spé- 27 cial de recherche qui fasse mieux comprendre au monde ce que sont les problèmes écologiques de l'Afrique. Ce programme pour- rait être organisé sous les auspices conjoints de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement. L'opé- ration pourrait coûter dans les 5 millions de dollars par an. Eu égard aux dangers très réels de désastre écologique immense en Afrique, cet effort de recherche doit être, pour les pays d'Afrique et pour la communauté internationale, une tâche hautement prioritaire. IV. LES BESOINS ET LES PERSPECTIVES DE FINANCEMENT EXTERIEUR Examinons maintenant, si vous le voulez bien, ce que sont glo- balement les besoins et les perspectives de l'Afrique subsaharienne en matière de financement extérieur. Les arguments qui militent en faveur d'une aide concessionnelle importante - et même croissante - ne manquent pas de poids. Une telle aide est nécessaire pour : " opérer les ajustements structurels qu'appelle la croissance économique à long terme; * développer linfrastructure physique et valoriser les ressources humaines; * arrêter les progrès de la désertification et de la dégradation écologique du continent; et " réaliser l'objectif humanitaire d'aide immédiate aux victimes de la famine afin qu'elles puissent reprendre une activité pro- ductive dès que possible. Nulle stratégie visant à mettre fin au déclin économique de l'Afrique ne peut réussir sans le concours financier de l'extérieur. Il n'est pas facile, évidemment, d'évaluer le montant d'aide extérieure nécessaire - cela dépend tellement des objectifs de croissance que l'on se fixe, de l'aptitude des pays à mobiliser leurs propres res- sources et de l'usage plus ou moins judicieux qui en est fait. Les rapports entre croissance économique et financement extérieur sont 28 complexes et difficiles à cerner. Mais tout le monde conviendra, je pense, que, pour arriver à faire remonter leur revenu par habitant, les pays de l'Afrique subsaharienne auront besoin de flux de capi- taux largement supérieurs à ceux qu'ils reçoivent actuellement. Rien de tel n'est encore en vue. Il paraît même probable, dans l'état actuel des choses, que l'aide financière de l'étranger tombera nettement au-dessous du niveau - totalement insuffisant - de 1984, qui était lié à la faiblesse de l'activité économique. Durant la période 1980-84, par exemple, le revenu par habitant a baissé en moyenne de 3,6 % par an (Tableau 6). Tableau 6 Taux de croissance du PIB par habitant, 1980-84 (moyenne annuelle en pourcentage) 1980-84 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne -2,8 Autres pays d'Afrique subsaharienne -4,7 Total Afrique subsaharienne -3,6 Durant cette période, comme on le montre au Tableau 7, l'aide extérieure a chuté, passant de 11,3 milliards de dollars en 1980 à 3,6 milliards de dollars en 1984. Si un effort spécial n'est pas fait pour porter l'aide financière à un niveau supérieur à celui qui est actuellement prévu, les flux nets de capitaux vers les pays d'Afrique subsaharienne diminueront encore durant la période 1985-87. Une perspective aussi alarmante est insoutenable. Elle réclame une action immédiate de la part de toutes les parties concernées. Financement additionnel nécessaire et comment le trouver Pour illustrer mon propos, je m'en tiendrai aux 29 pays à faible revenu, Ils représentent le tiers du produit national brut de la région et près des deux tiers de sa population. Le minimum d'aide exté- rieure à ces pays ne devrait pas descendre au-dessous des 6,5 mil- liards de dollars par an qu'elle a atteints pendant la période 1980- 82. Même avec de tels montants, il leur avait fallu réduire d'environ 15 % leurs importations de biens et de, services essentiels et le service de leur dette avait quand même augmenté de près de 50 %. De quelque manière que nous nous y prenions pour évaluer ce que 29 Tableau 7 Afrique subsaharienne : Transferts financiers nets 1980, 1982 et 1984' (millions de dollars) Origine des fonds 1980 1982 1984 Pays à faible revenu FMI 378 492 164 Banque mondiale 376 552 553 Autres organismes multilatéraux 704 463 183 Aide bilatérale 4.758 3.970 3.251 Banques commerciales 854 424 -468 Total 7.070 5.901 3.683 Autres pays FMI 85 87 -38 Banque mondiale 97 335 453 Autres organismes multilatéraux 177 251 150 Aide bilatérale 2.018 1.915 1.906 Banques commerciales 1.806 2.757 -2.603 Total 4.183 5.344 -132 Ensemble des pays d'Afrique subsaharienne FMI 463 579 126 Banque mondiale 473 887 1.006 Autres organismes multilatéraux 881 714 333 Aide bilatérale 6.776 5.885 5.157 Banques commerciales 2.660 3.181 - 3.071 Total net 11.253 11.246 3.551 'Non compris les prêts à court terme. seront leurs besoins financiers durant la période 1985-90, il me paraît que le chiffre de 6,5 milliards de dollars par an doit être un minimum. Or, le montant prévu n'en représente pas plus de 40 %. La baisse des prêts des banques commerciales a été très forte en 1984 et il est vraisemblable que l'encours des prêts ira encore en diminuant au cours des années à venir. Le FMI, dont l'aide, au cours de la première moitié des années 80, a été substantielle voudra être remboursé au cours de la seconde moitié. Ce revirement de la part des banques commerciales et du FMI n'est ni surprenant ni injustifié. Cela veut dire qu'il va falloir pro- 30 céder à de nouveaux rééchelonnements des dettes et, parallèle- ment, accroître fortement l'aide concessionnelle pour la porter à des niveaux supérieurs à ceux qui sont actuellement prévus. L'aide bilatérale doit donc être accrue - probablement d'au moins 30 %, pour passer de 5 milliards de dollars à 6,5 milliards de dollars par an. Mais, parmi les pourvoyeurs d'aide concession- nelle à l'Afrique subsaharienne, un grand nombre des pays de l'OPEP et huit des pays du CAD - notamment l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni - viennent de réduire leurs concours. Le Fonds spécial créé par la Banque mondiale pour venir en aide à l'Afrique et qui, durant chacune des trois années à venir, ajoutera environ 200 millions de dollars aux flux financiers dont je viens de parler, représente un petit pas dans la bonne direction. Mais il ne suffit pas, tant s'en faut. Si d'autres gouvernements en appuyaient l'idée, le nouveau mé- canisme financier dont les Etats-Unis viennent de proposer la créa- tion serait utile puisque, sur une période de cinq ans, de 500 à 800 millions de dollars par an seraient ainsi fournis à l'Afrique subsaharienne. Mais la somme de toutes ces diverses actions nous laisse encore loin du total des fonds qu'il faudrait réunir pour les pays à faible revenu de la région. Et nous n'avons encore rien dit des besoins d'autres pays d'Afrique subsaharienne, comme la Côte d'Ivoire et le Nigéria. Comme le montre le Tableau 7, les transferts nets en direction de ces "autres pays" sont tombés de 5,3 milliards de dollars en 1982 à une sortie nette de 132 millions de dollars en 1984. Devant l'ampleur des problèmes financiers que connaîtra l'Afri- que au cours des toutes prochaines années, il me paraît inévitable que le Groupe de la Banque mondiale soit appelé à assumer un bien plus grand rôle, analogue à celui qu'a joué le FMI dans la crise de la dette de l'Amérique latine, et qui sera de regrouper toutes les sources de financement extérieur afin d'asseoir sur des bases solides la croissance à long terme de tous les pays de la région. L'exécution d'un tel programme pour l'Afrique exige du Groupe de la Banque mondiale, et en particulier de l'Association interna- tionale de développement, déjà requis par des obligations ana- logues ailleurs dans le monde en développement, un accroissement 31 substantiel du volume de leurs prêts. La Banque devrait sans doute viser à quadrupler ses transferts nets de fonds. Dans ce programme de prêts élargi, la part des prêts à l'ajustement structurel devrait fortement augmenter. Et l'action de la Banque devrait être coordon- née avec l'adoption de mesures tendant à refinancer une partie des paiements à effectuer au FMI dans les cinq années à venir. Au moment même où la présente déclaration est mise sous presse, la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international va s'ouvrir en Corée. J'ai bon espoir que, durant la réunion de Séoul, les Gouverneurs du Fonds et de la Banque prendront les premières mesures qui permettront à ces deux institutions de réunir les concours financiers dont l'Afrique a si manifestement besoin. V. UNE ENTREPRISE AUX DIMENSIONS DE LA PLANETE Il n'est pas, dans le domaine du développement, de tâche plus urgente pour le monde d'aujourd'hui que de faire remonter le ni- veau de vie des populations subsahariennes. Et cette tâche gigan- tesque, ce n'est pas seulement les gouvernements africains qu'elle concerne, mais l'ensemble de la communauté internationale du développement. Dans le passé, la collaboration entre ces gouvernements et cette communauté a été étroite. Aussi les problèmes qui sont apparus au fil des années - dans le cadre de l'action économique, dans l'ac- croissement de la population et dans la gestion de l'environnement - ne sont-ils pas des problèmes dont la responsabilité soit imputa- ble à ces seuls gouvernements. Le sort de l'Afrique est notre affaire à tous. Nous avons tous essayé d'aider l'Afrique. Et nous devons tous assumer notre part de responsabilité dans les épreuves qu'elle traverse. L'une des questions fondamentales que les gouvernements et la communauté internationale n'ont que trop souvent négligées con- cerne la valorisation des ressources humaines sur l'ensemble du continent. L'héritage colonial, dans ce domaine, a été des plus piteux. A l'époque de leur accession à l';ndépendance, la Tanzanie et le Cameroun, par exemple, ne possédaient aucun établissement 32 d'enseignement supérieur. La Zambie ne comptait que 36 diplômés d'université et le Malawi 33 seulement. Des pays comme la Côte d'ivoire, la Gambie, le Sénégal et la Somalie avaient un taux d'analphabétisme de plus de 90 %. Depuis l'indépendance, ni les gouvernements ni la communauté internationale n'ont assez fait - et ne font pas assez même main- tenant - pour former le capital humain sans lequel il n'est pas de croissance possible à long terme. Il est bien connu que l'Afrique manque de cadres qualifiés et compétents pour gérer son développement. Les faiblesses des struc- tures de décision politiques et administratives sont un aspect de ce problème. Il manque à l'Afrique un corps de fonctionnaires haute- ment qualifiés, capables d'aiguiller l'action des gouvernements et d'en assurer l'efficacité, pénurie qui a, dans une large mesure, con- tribué à ce déclin institutionnel que j'évoquais précédemment. Aussi longtemps que ce personnel n'aura pu être formé locale- ment, nombre de pays africains en seront réduits à faire appel à des experts étrangers pour renforcer leurs structures administratives et institutionnelles. Ils pourront, dans de nombreux cas, puiser dans le vaste réservoir de scientifiques et de techniciens des autres pays en développement. Il n'y a point de place, ici, pour la xénophobie. Il faudra faire preuve de sens pratique si on veut que l'Afrique vienne à bout des problèmes critiques qui l'assaillent. Les gouvernements africains - et les donateurs internationaux - peuvent-ils tirer les leçons du passé? Le feront-ils? Je serais, quant à moi, assez optimiste. On s'accorde généralement à reconnaître maintenant qu'il est impératif de repenser la stratégie du développement de l'Afrinue subsaharienne. 'n note en particulier, chez les dirigeants africains, le désir de tirer les leçons des erreurs du passé. De nombreux gouvernem,ents ont compris maintenant qu'il est important de dé- velopper l'agriculture; d'aider davantage la petite exploitation agri- cole; de supprimer - ou tout au moins de réformer - les structures bureaucratiques inefficaces; de contenir l'accroissement de la population; et d'inverser le déclin écologique. Mais les décisions les plus difficiles à prendre pour inverser le cours des choses et mettre en place - et en oeuvre - les politiques appropriées sont encore à venir. 33 Une période d'ajustement extrêmement dure et prolongée s'an- nonce pour l'Afrique. L'important est d'engager les réformes dès maintenant. Hésiter ne fera qu'aggraver les choses. Mais, comme je l'ai souligné, il ne sera pas possible de jeter les fondements d'une croissance économique à long terme durable sans un accroissement substantiel de l'aide financière extérieure. Aussi les dirigeants africains feraient-ils bien de ne pas feindre d'ignorer que les pays industriels sont de plus en plus préoccupés par un certain nombre de phénomènes gênants dont beaucoup de pays africains sont affectés. On est préoccupé par l'étendue de la corruption. On est préoccupé par le fait que des ressources, pour- tant rares, servent à la constitution de vastes armées et à des réali- sations somptuaires. On est préoccupé par les traitements cruels infligés à certaines ethnies. On est préoccupé, enfin, par la répres- sion de la dissidence interne. Ce n'est pas, évidemment, que ces pratiques soient propres à l'Afrique, ou même aux pays en développement. Mais, sur le plan des droits de l'homme et celui de l'encouragement à la discussion des grands problèmes de l'heure - y compris des problèmes éco- nomiques -, le bilan de l'Afrique n'est guère brillant. Les amis et les partisans que compte l'Afrique dans les pays occidentaux obser- vent, là-dessus, une attitude qu'on est presque tenté d'assimiler à une conspiration du silence. Cela est regrettable. Cela est regrettable parce que, bien que la nécessité d'une aug- mentation de l'aide à l'Afrique ne soit pas pour autant mise en cause, ces préoccupations qui se font jour dans les pays développés tendent à y rendre l'opinion publique moins sensible à la gravité de la situation. Il faut aussi que les dirigeants Africains eux-mêmes reconnaissent que ces côtés choquants de la vie politique de leurs pays, loin de les sortir de la crise dans laquelle leurs pays ne cessent de s'enfoncer, ne feront au contraire que l'exacerber. Il ne sera pas facile de mobiliser l'aide internationale tant que ces préoccupations subsisteront. Et déjà leurs effets sur l'opinion publique commencent à se faire sentir. Ce sont là de dures vérités à dire. Mais les problèmes de l'Afrique appellent la franchise aussi bien que la compassion. Et j'espère que les peuples d'Afrique, avec lesquels j' i passé 13 années à travailler 34 à la solution de ces problèmes, ne mu feront pas grief de parler en toute franchise. L'exceptionnelle gravité de la situation oblige à engager sur ces questions un débat franc et ouvert. La dure vérité est que l'Afrique subsaharienne est aujourd'hui confrontée à une crise d'une ampleur sans précédent. L'environne- ment physique se dégrade. La production de céréales alimentaires par habitant diminue. Les taux d'accroissement démographique sont les plus élevés du monde et ils continuent à monter. Les économies nationales sont totalement désorganisées. Et l'aide internationale, en valeur réelle, ne cesse de chuter. Pour les gouvernements et les peuples d'Afrique - et pour vous et moi et nous tous qui sommes la communauté internationale -, le sévère avertissement qui est contenu dans ces faits ne peut plus ne pas être entendu. Attendre encore, différer encore d'engager les réformes, réduire encore l'aide extérieure - bref, refuser encore de reconnaître cette crise et de l'affronter résolument -, c'est condamner tout un con- tinent à des souffrances humaines inimaginables. Cela, nous devons nous y opposer. Les anthropologues nous apprennent que c'est en Afrique que l'homme a fait ses premiers pas sur la terre. Elle est donc, dans ce sens ancien et ancestral, notre patrie à tous. L'Afrique a besoin de notre aide. De toute notre aide. Et maintenant. 35 ANNEXE I Afrique : Indicateurs de base, Taux Taux de Taux d'inscription d'ai- scolari- dans l'enseigne- Population phabé- sation Mortalité ment supérieur [millions) PNB par Espérance tisation primaire infantile (en % de la d'habitants) Superficie habitant de vie des (% du (pour population Milieu de (milliers ($EU) (années) adultes groupe mille) de 20 à 24 ans) 1983 de km') 1983 1983 (%) d'âge)1982 1983 1982 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne Bénin 3,8 113 290 48 27,9 65 148 2,0 Burkina Faso 6,5 274 180 44 8,8 28 148 1,0 Burundi 4,5 28 240 47 25,0 33 123 1,0 Ethiopie 40,9 1.222 120 43 53,0 46 142 1,0 Gambie 0,7 11 290 36 20,1 56 200 - Ghana 12,8 239 310 59 - 76 97 1,0 Guinée 5,8 246 300 37 20,0 33 158 3,0 Guinée-Bissau 0,9 36 180 38 18,9 101 158 - Kenya 18,9 583 340 57 47,1 104 81 1,0 Madagascar 9,5 587 310 49 50,0 100 66 3,0 Malawi 6, 118 210 44 25,0 62 164 - Mali 7,2 1.240 160 45 10,0 27 148 - Mozambique 13,1 802 - 46 - 104 109 - Niger z,1 1.267 240 45 9,8 23 139 - Ouganda 3,9 236 220 49 52,0 60 108 1,0 République centrafricaine 2.5 623 280 48 33,0 70 142 1,0 Rwanda 5,7 26 270 47 49,7 70 125 - Sierra Leone 3,6 72 330 38 15,0 40 198 1,0 Somalie 5,1 638 250 45 60,0 30 142 1,0 Soudan 20,8 2.506 400 48 32,0 52 117 2,0 Tanzanie 20,8 945 240 51 79,0 98 97 - Tchad 4,8 1,284 80 43 15,0 - 142 - Togo 2,8 57 280 49 18,0 106 112 2,0 Zaïre 23,7 2.345 170 51 54,5 90 106 1,0 Total 247,0 15.498 235 48 44,1 68 119 1,3 Autres pays d'Afrique subsaharienne Angola 8,2 1.247 - 43 - - 148 - Botswana 1,0 600 920 61 35,0 102 74 - Carneroun 9,6 475 820 54 40,5 107 116 2,0 Congo 1,8 342 1.230 63 - - 82 6,0 Côte d'ivoire 9,5 322 710 52 35,0 76 121 3,0 Gabon 0,8 268 3.950 50 - 202 111 - Lesotho 1,5 30 460 53 53,0 112 109 2,0 Libéria 2,1 111 480 49 25,4 66 111 2,0 Maurice 1,0 2 1.160 67 79,0 107 32 - Mauritanie 1,6 1.031 480 46 17,0 33 136 - Nigéria 93,6 924 770 49 34,0 98 113 3,0 Sénégal 6,2 196 440 46 10,0 48 140 3,0 Swaziland 0,7 17 870 55 65,0 110 128 - Zambie 6,3 753 580 51 44,0 96 100 2,0 Zimbabwe 7,9 391 740 56 68,8 130 69 1,0 Total 151,8 6.709 762 50 36,2 96 113 2,8 Total Afrique subsaharienne 398,8 22.207 436 49 41.0 79 117 2,0 Autres pays d'Afrique Algérie 20,6 2.382 2,320 57 35,0 93 107 5,0 Egypte 45,2 1.001 700 58 44,0 78 102 15,0 Libye 3,4 1.760 8.480 58 - - 91 6,0 Maroc 20,8 447 760 52 28,0 80 98 6,0 Tunisie 6,9 164 1,290 62 62,0 111 83 5,0 Total 96,9 5.754 1372 57 39,8 84 100 9,9 TOTAL AFRIQUE 495,7 27.961 627 50 40,8 80 114 3,8 Pour comparaison Chine et Inde 280 62 55,4 98 61 4,0 'Ce tableau et tous les tableaux suivants se rapportent aux 39 pays d'Afrique subsaharienne comptant plus d'un demi-million d'habitants en 1983. Les six pays restants (Cap-Vert, Comores, Djibouti, Guinée équatoriale, Sao Tomé-et-Principe et Seychelles) ne sont pas inclus, faute de données. Source : Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde 1985, et Banque mondiale. ANNEXE Il Afrique : Taux de croissance du PIB par habitant (moyenne annuelle en pourcentage) 1961-70 1971-79 1980-84 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne Bénin 0,8 0,7 -0,1 Burkina Faso 1,0 2,2 -3,1 Burundi 3,8 1,2 -0,9 Ethiopie 2,0 -0,5 -0,1 Gambie, 3,7 2,0 -2,6 Ghana 0,3 -3,5 -5,4 Guinée 1,7 2,6 -0,4 Guinée-Bissau - -0,8 1,3 Kenya 2,7 1,3 -1,8 Madagascar 0,7 -2,2 -5,7 Malawi 2,9 2,9 -0,8 Mali 1,0 2,7 - 1,2 Mozambique 2,9 - 6,1 -5,1 Niger -0,1 -0,4 -6,6 Ouganda - - - République centrafricaine 0,5 0,6 - 2,3 Rwanda 0,4 2,2 1,4 Sierra Leone 2,9 -0,4 -2,0 Somalie - 2,0 0,4 1,8 Soudan - 1,5 4,8 - 2,2 Tanzanie 3,1 1,6 -6,5 Tchad -1,3 -2,2 -16,0 Togo 5,6 1,1 -7,4 Zaïre 1,6 -3,1 -2,7 Total 1,4 -0 -2,8 Autres pays d'Afrique subsaharienne Angola 2,8 -10,6 -6,1 Botswana 3,1 7,4 4,8 Cameroun 1,8 2,9 2,9 Congo 1,0 1,2 6,4 Côte d'Ivoire 3,9 1,2 - 6,5 Gabon 3,6 5,5 -0,4 Lesotho 2,8 7,6 -0,8 Libéria 2,7 -1,2 -4,9 Maurice -1,8 6,1 2,2 Mauritanie 4,4 -1,0 -0,8 Nigéria 1,0 2,6 -6,5 Sénégal -0,1 -0,1 2,0 Swaziland 4,8 0,7 -1,0 Zambie 2,4 -2,1 -2,9 Zimbabwe 0,7 - 1,9 -2,0 Total 1,4 1,3 -4,7 Total Afrique subsaharienne 1,4 0,4 - 3,6 Autres pays d'Afrique Algérie 3,3 4,2 2,1 Egypte 2,6 4,9 3,8 Libye 19,5 -0,2 -9,8 Maroc 2,0 3,3 0,3 Tunisie 2,6 4,1 1,0 Total 3,1 4,2 2,0 TOTAL AFRIQUE 1,8 1,2 -2,4 Source ; Banque mondiale. ANNEXE I11 Afrique : Taux de croissance de la production alimentaire par habitant et montant des importations alimentaires Croissance de Montant des la production alimentaire importations alimentaires par habitant (%) (millions de dollars) 1961-70 1971-79 1980-84 1961 1970 1980 1985 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne Bénin 0,2 0,3 0,5 6,4 10,8 95,6 99,1 Burkina Faso 1,9 0,0 - 2,1 8,8 11,3 71,8 74,5 Burundi -0,3 0,0 -3,0 1,2 3,9 29,6 23,6 Ethiopie 2,4 -1,6 -3,9 7,9 16,8 105,9 158,4 Gambie 0,02 -5,5 2,7 3,0 5,6 37,5 32,2 Ghana 0,8 -3,5 -0,8 61,4 77,2 131,6 214,7 Guinée 0,5 -1,7 1,2 6,1 9,8 75,0 - Guinée-Bissau -1,8 0,1 7,1 2,3 8,1 12,2 - Kenya 0,1 -1,6 -2,0 40,6 49,7 213,5 152,9 Madagascar 1,5 -0,5 -0,5 17,4 21,2 76,0 80,6 Malawi 0,1 -1,3 -0,7 5,3 16,9 31,8 21,3 Mali -0,3 -0,8 -1,6 8,3 17,2 70,0 81,8 Mozambique 0,9 -3,6 -3,9 21,2 37,3 114,0 84,0 Niger -1,7 0,0 -5,7 3,0 8,9 82,0 44,6 Ouganda 0,7 -1,2 0,7 14,6 21,3 45,0 17,6 République centrafricaine 0,0 0,0 -1,2 4,7 8,2 22,9 26,4 Rwanda 2,6 0,4 -1,2 0,3 4,1 43,7 39,7 Sierra Leone 1,2 -1,9 -2,7 15,8 30,3 89,8 75,8 Somalie 0,5 -4,6 -4,1 12,4 16,4 147,3 163,6 Soudan 2,2 0,4 -3,6 41,4 65,3 390,0 202,6 Tanzanie 2,6 -0,7 -3,4 31,0 32,4 164,8 100,7 Tchad -1,9 -0,1 -4,2 5,9 12,6 5,4 Togo 5,8 -1,3 -3,2 6,4 13,4 86,0 125,1 Zaïre 1,3 -1,5 0,6 27,4 63,4 165,5 146,8 Total 1,3 .-1,3 -2,1 352,7 562,1 2.307,0 1.966,0 Autres pays d'Afrique subsaharienne Angola 1,0 -2,2 -2,2 25,4 55,7 267,6 211,1 Botswana 0,6 -5,3 0,7 3,3 18,9 93,1 91,9 Cameroun 1,4 -0,5 -2,1 13,6 31,1 130,9 151,9 Congo 0,7 -1,1 -1,7 9,2 10,4 68,2 64,0 Côte d'ivoire 4,8 0,4 -1,5 37,8 82,2 486,5 422,2 Gabon 2,6 -0,4 0,03 5,3 11,8 108,9 132,5 Lesotho -1,1 -2,1 -3,8 7,9 11,8 110,5 59,2 Libéria 0,6 -0,5 -1,9 13,8 25,4 103,8 113,3 Maurice -1,7 0,8 1,7 21,4 26,2 161,5 137,6 Mauritanie -0,5 - 1,9 -.3,4 9,3 13,1 89,6 86,9 Nigéria 0,2 -0,7 -1,6 90,1 127,2 2.085,4 1.523,9 Sénégal -1,9 -4,4 2,9 57,9 71,1 254,9 250,4 Swaziland 6,1 - 1,1 0,7 5,2 9,9 32,2 - Zambie -0,2 -1,9 -2,4 19,7 47,9 144,8 67,6 Zimbabwe 2,3 -2,8 -7,9 12,2 10,8 61,9 40,4 Total 0,6 -1,1 -1,8 332,0 553,5 4.199,8 3.352,8 Total Afrique subsaharienne 1,0 -1,2 - 2,0 684,7 1.115,6 6.506,8 5.318,8 Autres pays d'Afrique Algérie -0,1 -3,1 -3,1 260,4 172,6 2.262,4 1.999,8 Egypte 1,6 -1,3 -0,6 187,5 214,0 2.381,0 3.934,7 Libye -0,3 8,7 -2,0 23,7 123,4 1.290,5 - Maroc -0,1 -2,2 -2,9 132,7 167,8 931,5 700,1 Tunisie 0,5 -0,7 -2,6 63,1 91,9 516,4 494,9 Total 0,8 -1,5 -1,8 667,3 769,8 7.381,9 7.129,5 TOTAL AFRIQUE 0,9 - 1,3 -1,9 1.352,0 1.885,4 13.888,6 12.448,4 Sources : Banque mondiale et FAO. ANNEXE IV Afrique : Dette extérieure et service de la dette (dette publique ou à garantie publique, montants en millions de dollars) Dette décaissée et non amortie en % des Dette Dette exportations décaissée et décaissée et de biens Amortissement non amortie non amortie et services (au 31/12/83) en % du PNB non facteurs 1978 1980 1982 1984 1986 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne Bénin 614,8 59,2 301,5 3,6 5,2 8,4 56,3 73,0 Burkina Faso 398,4 37,6 242,9 4,5 10,6 9,1 25,2 28,6 Burundi 289,0 22,6 288,4 3,4 4,2 3,4 17,6 22,5 Ethiopie 1.328,6 28,6 240,8 14,6 17,3 35,4 89,7 109,2 Gambie 192,0 97,5 290,9 2,4 0,3 11,3 10,4 20,4 Chana 1.375,3 6,4 127,3 47,4 77,7 43,1 57,7 85,5 Guinée 1.227,5 69,9 220,3 56,2 73,3 54,8 93,7 132,0 Guinée-Bissau 140,6 63,0 969,7 0,8 2,2 2,4 15,1 10,5 Kenya 2.800,6 50,6 192,3 83,2 127,0 197,4 262,8 286,3 Madagascar 1.629,1 57,1 430,3 15,5 34,7 29,4 225,1 196,1 Malawi 820,7 63,1 327,9 23,4 34,2 43,6 71,2 75,3 Mali 927,1 47,0 413,5 7,5 8,2 3,8 55,5 87,2 Mozambique - - - - - - - Niger 661,5 51,1 222,1 5,5 22,9 66,6 27,8 64,3 Ouganda 977,1 16,2 286,8 23,3 32,8 56,3 105,7 144,1 République centrafricaine 241,9 37,3 163,8 3,8 6,8 3,0 18,6 22,7 Rwanda 219,7 13,9 136,8 1,0 0,6 3,3 3,9 8,6 Sierra Leone 427,6 41,1 328,9 31,8 45,6 9,6 36,1 41,2 Somalie 1.260,6 139,9 933,8 3,5 7,0 10,0 100,5 122,2 Soudan 6.288,8 90,4 793,2 81,9 95,6 132,3 461,2 606,9 Tanzanie 1.870,3 42,6 336,1 55,7 52,4 32,3 162,5 118,6 Tchad 136,3 42,5 127,7 5,6 5,2 0,0 11,1 8,3 Togo 844,6 119,5 376,4 46,0 33,2 15,0 93,4 87,2 Zaïre 4.532,1 103,1 276,3 60,5 249,3 87,1 206,6 453,2 Total 29.204,2 40,7 304,9 581,1 946,3 857,6 2.207,7 2.803,9 Autres pays d'Afrique subsaharienne Angola- - Botswana 230,2 27,2 42,9 3,6 6,0 3,7 21,4 16,6 Cameroun 1.882,8 29,4 87,6 64,9 96,4 146,3 178,7 204,5 Congo 1.486,8 76,1 129,0 18,9 65,1 110,5 213,4 237,6 Côte d'Ivoire 5.386,3 88,0 222,2 252,5 521,0 489,0 680,9 791,3 Gabon 730,8 27,2 32,9 201,9 285,7 193,2 189,6 140,9 Lesotho 145,2 23,0 285,8 0,7 3,4 4,5 12,3 8,8 Libéria 904,7 93,3 206,5 13,4 18,7 19,0 52,6 134,2 Maurice 504,3 44,0 99,1 3,3 14,7 28,8 76,6 74,2 Mauritanie 1.212,3 177,5 329,5 16,6 25,8 17,5 62,4 144,8 Nigéria 11.757,1 17,2 109,1 54,6 101,8 657,5 2.249,4 3.161,9 Sénégal 1.692,6 69,2 232,3 71,9 125,7 23,9 109,6 183,4 Swaziland 193,3 32,0 46,5 1,7 5,1 10,2 11,5 14,3 Zambie 3.303,6 105,0 320,3 165,5 242,3 187,6 355,2 428,7 Zirnbabwe 1.697,3 31,6 123,4 4,2 34,3 53,3 213,0 259,7 Total 31.127,3 30,7 128,8 873,7 1.546,0 1.945,0 4.426,6 5.800,9 Total Afrique subsaharienne 60.331,5 34,8 178,7 1.454,8 2.492,3 2.802,6 6.634,3 8.604,8 Autres pays d'Afrique Algérie 12.915,6 28,0 99,4 894,3 2.453,4 2.892,9 3.831,1 2.676,3 Egypte 15.582,4 37,8 138,0 869,8 1.207,9 1.535,5 1.884,1 1.309,0 Libye - - ---- Maroc 10.365,4 77,2 346,2 295,6 666,8 788,4 634,1 2.056,7 Tunisie 3.427,1 42,4 119,7 116,4 214,9 289,7 420,6 390,9 Total 42.290,5 38,8 140,3 2.176,1 4.543,0 5.506,5 6.769,9 6.432,9 TOTAL AFRIQUE 102.622,0 36,4 160,6 3.630,9 7.035,3 8.309,1 13.404,2 15.037,7 Note z On ne dispose pas de données pour le Mozambique, l'Angola et la Libye. Sources : Banque mondiale et Fonds monétaire international. 기 ANNEXE V Afrique : Créanciers et bénéficiaires d'amortissements (dette publique ou à garantie publique, montants en millions de dollars) Dette non amortie et décaissée au,31112183 Amortissement pour 1983 Groupe Sources Autres Groupe Sources Autres de la Aide bi- comnier- sources moi- (le la Aide bi- commer- sources mu 1- Groupe (le pays FMI Banque latérale ciales tilatérales Total FMI Banque 1,-,érate claies tilatérales Total Pays à faible revenu d'Afrique subsaharîenne 2«962,9 4,790ý2 13.150,2 5.274,7 3.026,2 2M04,2 203,0 70,0 253,2 313,7 91,3 931,2 Autreq pays d'afrique subsaharienne 2.110,5 1177,5 6.910,1 17.141,6 1.787,6 31.127,3 172,4 119,8 202,6 2.042,8 77,0 2.614,6 Total Afrique subsaharienne 5,073,4 7,967,7 20.060,3 22.416,3 4-813,8 60.331,5 375,4 189,8 455,8 2.356,5 168,3 3.545,8 Autres pays d'Afrique 971,7 3.054,8 18.284,0 11.091,8 8.888,2 42.290,5 37,8 163,2 880,5 5.367,5 307,9 6.756,9 TOTAL AFRIQUE 6.045,1 11.022,5 38.344,3 33.508,1 13.702,0 102.6220 413,2 353,0 1.336,3 7.724,0 476,2 10.302,7 Note : Les ch,ffres fünt abstraction deýý prêts commerciaux non garantis. Source: Banque mondiale. .4 ANNEXE VI Afrique : Balance des transactions courantes Montant (moyenne annuelle en millions de dollars) En % du PIB 1970-79 1980-84 1985 1970-79 1980-84 1985 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne Bénin -83,1 -158,1 -81,7 -15,3 -15,2 -8,4 Burkina Faso -116,9 -194,0 -173,6 -16,9 -17,5 -16,1 Burundi - -158,7 -164,1 0,0 -15,3 -12,5 Ethiopie - 61,3 - 329,0 - 789,9 - 2,0 - 7,3 - 18,2 Gambie -15,2 -74,1 -32,5 -9,5 -35,1 -18,8 Ghana -55,1 -290,8 -490,0 -1,1 -1,7 -10,1 Guinée - - - - Guinée-Bissau - - - - - - Kenya -268,3 -595,4 -369,6 -7,7 -9,1 -6,3 Madagascar -133,7 -517,6 -267,1 -7,2 -17,5 -8,8 Malawi -89,8 -149,6 -69,0 -13,5 -11,6 -4,9 Mali -102,8 -214,5 -185,5 -16,3 -19,8 -18,4 Mozambique - - - - - - Niger -161,2 -439,9 -215,5 -16,9 -26,7 -17,9 Ouganda -14,7 -126,1 -136,0 -0,6 -3,9 -3,6 Républiquecentrafricaine -52,2 -110,3 -94,9 -13,8 -15,9 -13,2 Rwanda -47,3 -166,8 -159,0 -8,5 -12,1 -9,8 Sierra Leone -72,7 -163,8 -57,2 -10,8 -14,5 -5,3 Somalie -92,5 -288,7 -426,0 -12,0 -17,1 -46,7 Soudan -152,1 -475,5 -620,0 -3,4 -5,7 -8,7 Tanzanie -236,0 -531,5 -457,0 -8,3 -11,0 -10,2 Tchad - - - - - - Togo -90,5 -112,1 -122,8 -13,0 -12,9 -16,5 Zaïre -459,8 -338,9 -322, -13,9 -6,8 -6,4 Total -2.305,4 -5.44 3 -5233,2 -6,7 -7,9 -10,3 Autres pays d'Afrique subsaharienne Angola - - -- - - Botswana -95,9 -273,1 -69,5 -36,7 -32,2 -6,8 Carneroun -111,6 -337,0 81,4 -4,5 -5,2 1,1 Congo -160,1 -357,0 -297,0 -24,8 -17,6 -13,3 Côte d'ivoire -394,7 -1.150,2 -219,2 -8,3 -13,6 -3,2 Gabon 45,3 222,5 -9,2 0,8 6,3 -0,3 Lesotho -30,8 -99,5 -70,3 -16,3 -27,8 -18,4 Libéria -79,1 -160,6 -179,0 -9,8 -14,7 -15,5 Maurice -34,5 -83,9 -22,1 -3,1 -7,5 -1,7 Mauritanie -121,6 -297,8 -245,0 -23,8 -40,1 -34,7 Nigéria 33,9 -2.841,7 -613,0 -0,04 -4,1 -0,9 Sénégal -191,1 -476,0 -363,0 -11,1 -18,4 -13,7 Swaziland - - - - - - Zambie -163,8 -561,4 -311,9 -7,1 -15,5 -9,2 Zimbabwe -45,9 -501,7 -172,5 -1,5 -8,3 -2,9 Total -1.349) -6.91 7,5 -2.490,3 -2,6 -6,3 -2,4 Total Afrique subsaharienne -3.655,3 -12.352,9 -7.723,5 -4,1 -6,8 -5,0 Autres pays d'Afrique Algérie - 1.049,3 10,6 1.178,1 -5,8 0,04 2,1 Egypte - 1.104,7 -1.114,9 -4.122,5 -8,2 -3,6 -8,0 Libye 1.537,4 -99,6 - 12,1 -0,8 - Maroc -677,2 -1.516,7 -738,0 -6,1 -10,4 -5,6 Tunisie -240,7 -67.3,5 - 719,3 -5,3 -8,2 -8,3 Total - 1.534,5 - 3.394,1 -4.401,6 -2,9 -2,5 -3,4 TOIAL AFRIQUE -5.189,8 --15.747,0 -12.125,1 -3,8 -5,0 -4,3 SoUrre : Banque mondiale. 기 ANNEXE Vil Afrique subsaharienne Transferts nets de financements extérieurs, (millions de dollars) Groupe de pays 1978 1980 1982 1983 1984 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne FMI -117 378 492 779 164 Groupe de la Binque 297 376 552 494 553 Autres prêts multilatéraux 460 704 463 405 183 Dons et prêts multilatéraux 2.982 4-758 M70 4,243 3.251 Sources commerciales 905 854 424 -337 -468 Total 4.527 7.070 5.901 5.584 3.683 Autres pays d'Afrique subsaharienne FN41 168 85 87 358 -38 Groupe de la Banque 139 97 335 322 453 Autres prêts multilatéraux 139 177 251 140 150 Dons et prêts Multilatéraux Jý179 2.018 1.915 2.176 1.906 Sources commerciales 2.401 1.806 2.757 2.012 -2.603 Total 4.026 4.183 5.344 5.008 -132 Total Afrique subsaharienne FMI 51 463 579 1.137 126 Groupe de la Banque 436 473 887 816 1.006 Autres prêts multilatéraux 599 881 714 545 333 Dons et prêts multilatéraux 4.161 6.776 5.885 6.419 5.157 Sources commerciales 3.306 2.660 3.181 1.675 -3.071 Total 8.553 11.253 11.246 10.591 3.551 Les transferts nets se fondent sur les subventions officielles, les prêts publics ou à garantie publique à moyen et long ternies, et les prêts privés non garantis à moyen et long termes. Sources - Banque mondiale, Tableaux de la dette mondiale 1984-85, et FMI, Statistiques financières internationales, éditions diverses. ANNEXE VIII Population de l'Afrique: Chiffres effectifs et projections Taux de Population (millions d'habitants) fécondité 1950 1980 2000 2025 2050 2100 (1983) TNR=1 Pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne Bénin 1,6 3,6 6,5 11,6 16,0 19,8 6,5 2035 Burkina Faso 3,4 6,2 9,2 16,2 23,2 30,0 6,5 2040 Burundi 2,5 4,1 7,4 13,2 18,4 23,0 6,5 2035 Ethiopie 18,0 37,7 63,7 105,8 142,0 173,3 5,5 2035 Gambie 0,3 0,7 1,1 1,8 2,4 3,0 6,5 2040 Ghana 4,4 11,5 23,1 39,9 53,4 62,2 7,0 2025 Guinée 1,4 5,5 8,3 13,2 17,7 22,8 6,0 2045 Guinée-Bissau 0,5 0,8 1,2 2,0 2,6 3,4 6,0 2045 Kenya 5,8 16,6 36,5 69,3 96,6 116,4 8,0 2030 Madagascar 4,4 8,7 16,2 29,8 41,9 52,2 6,5 2035 Malawi 2,9 6,0 11,4 20,6 28,7 36,2 7,6 2040 Mali 3,3 6,7 11,2 19,8 27,9 34,9 6,5 2035 Mozambique 6,5 12,1 21,7 38,7 53,7 67,0 6,5 2035 Niger 2,9 5,5 10,5 20,1 29,2 38,1 7,0 2040 Ouganda 4,8 12,6 24,6 45,6 64,1 79,5 7,0 2035 République centrafricaine 1,4 2,3 4,0 6,9 9,4 11,7 5,5 2035 Rwanda 2,1 5,1 10,2 20,1 29,5 38,5 8,0 2040 Sierra Leone 2,J ,4 5,4 8,9 12,2 15,9 6,5 2045 Sornalie 2,1 4,7 8,5 15,8 22,7 29,5 6,8 2040 Soudan 9,2 18,9 33,4 57,8 79,1 97,5 6,6 2035 Tanzanie 7,9 18,8 36,9 68,5 96,4 119,6 7,0 2035 Tchad 2,7 4,5 7,3 12,1 16,6 21,1 5,5 2040 Togo 1,3 2,6 4,9 8,7 12,1 14,9 6,5 2035 Zaïre 14,2 27,1 49,9 86,0 116,4 138,9 6,3 2030 Total 107,7 225,7 413,1 732,4 1.012,2 1.249,4 6,6 2040 Autres pays d'Afrique subsaharienne Angola 4,1 7,6 13,2 23,2 32,2 41,4 6,5 2040 Botswana 0,4 0,9 1,8 2,9 3,8 4,3 6,5 2020 Cameroun 4,6 8,7 16,6 30,2 41,6 50,3 6,5 2030 Congo 0,8 1,6 3,4 5,8 7,8 9,1 6,0 2020 Côte d'ivoire 2,8 8,4 17,3 29,2 38,4 45,4 6,6 2030 Gabon 0,7 0,8 1,2 2,1 2,9 3,7 4,5 2035 Lesotho 0,7 1,3 2,2 3,7 4,9 5,8 5,8 2030 Libéria 0,9 1,9 3,5 6,1 8,5 10,5 6,9 2035 Maurice 0,5 1,0 1,4 1,7 1,8 1,9 2,8 2010 Mauritanie 0,8 1,5 2,6 4,5 6,3 7,9 6,0 2035 Nigéria 40,6 84,7 162,7 295,1 411,5 508,8 6,9 2035 Sénégal 2,7 5,7 10,1 17,2 23,3 28,7 6,7 2035 Swaziland 0,3 0,6 1,2 2,1 2,9 3,4 7,0 2030 Zambie 2,4 5,6 11,0 19,6 26,8 32,1 6,8 2030 Zimbabwe 2,4 7,0 14,3 24,7 33,0 38,3 7,0 2025 Total 64,7 137,3 262,5 468,1 645,7 791,6 6,8 2035 Total Afrique subsaharienne 172,4 363,0 675,6 1.200,5 1.657,9 2.041,0 6,7 2040 Autres pays d'Afrique Algérie 8,8 18,7 37,7 65,9 88,7 104,0 7,0 2025 Egypte 20,3 42,3 62,8 85,8 101,7 110,5 4,6 2015 Libye 1,0 3,0 6,7 11,6 15,4 18,1 7,2 2025 Maroc 9,0 19,2 31,2 47,3 59,3 67,9 5,8 2025 Tunisie 3,5 6,4 10,0 14,1 16,9 18,4 4,9 2015 Total 42,6 89,6 148,4 224,7 282,0 318,9 5,5 2025 TOTAL AFRIQUE 215,0 452,6 824,0 1.425,2 1.939,9 2.359,9 6,5 2040 ITNR = 1 indique l'année où le taux net de reproduction sera, selon les projections, égal à 1. Source Banque mondiale.