89844 BANQUE MONDIALE Bureau de l’économiste en chef Numéro 3 Juillet 2014 Prévisions, perceptions et réalité économique Les défis de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord résumés en 14 graphiques © 2014 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000 ; Internet : www.worldbank.org Certains droits réservés 1 2 3 4 17 16 15 14 Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et opinions qui y sont exprimées ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des pays que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données citées dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes de cet ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Rien de ce qui figure dans le présent ouvrage ne constitue ni ne peut être considéré comme une limitation des privilèges et immunités de la Banque mondiale, ni comme une renonciation à ces privilèges et immunités, qui sont expressément réservés. Droits et licences L’utilisation de cet ouvrage est soumise aux conditions de la licence Creative Commons Attribution 3.0 IGO (CC BY 3.0 IGO) http://creativecommons.org/licenses/by/3.0/igo. Conformément aux termes de la licence Creative Commons Attribution, il est possible de copier, distribuer, transmettre et adapter le contenu de l’ouvrage, notamment à des fins commerciales, sous réserve du respect des conditions suivantes : Mention de la source — L’ouvrage doit être cité de la manière suivante : Shanta Devarajan, Lili Mottaghi. 2014 « Prévisions, perceptions et réalité économique — les défis de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord résumés en 14 graphiques », Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA, (juillet), Washington : Banque mondiale. Doi : 10.1596/ 978-1-4648-0407-6 License : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 Licence : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO Traductions — Si une traduction de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source le déni de responsabilité suivant : Cette traduction n’a pas été réalisée par la Banque mondiale et ne doit pas être considérée comme une traduction officielle de cette dernière. La Banque mondiale ne saurait être tenue responsable du contenu de la traduction ni des erreurs qu’elle pourrait contenir. Adaptations — Si une adaptation de cet ouvrage est produite, veuillez ajouter à la mention de la source le déni de responsabilité suivant : Cet ouvrage est une adaptation d’une œuvre originale de la Banque mondiale. Les idées et opinions exprimées dans cette adaptation n’engagent que l’auteur ou les auteurs de l’adaptation et ne sont pas validées par la Banque mondiale. 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ISBN (électronique) : 978-1-4648-0407-6 DOI : 10.1596/ 978-1-4648-0407-6 Prévisions, perceptions et réalité économique Les défis de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord résumés en 14 graphiques L’édition du Bulletin trimestriel d’information économique de la Région MENA de juillet 2014 évalue les performances macroéconomiques de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord : Égypte, Iran, Jordanie, Liban, Libye, Tunisie et Yémen. Tous ont connu une croissance alerte entre 2000 et 2010 et tous ont vécu un net ralentissement dans le sillage du Printemps arabe. Ce Bulletin revient sur leurs difficultés en étudiant de plus près les résultats enregistrés par rapport aux prévisions – et souligne les limites de l’exercice prospectif face aux événements de 2011. L’analyse s’attarde également sur les conséquences du tassement de la croissance, notamment sur le front du chômage, où perceptions et réalité divergent parfois. Les conclusions sont présentées en 14 graphiques. REMERCIEMENTS Ce bulletin est produit par le bureau de l’économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Il complète la publication semestrielle de la Banque mondiale intitulée « Le point sur la situation économique dans la région MENA » par un examen en temps réel des pays sélectionnés basé sur des données à fréquence élevée. Ce bulletin a été préparé par Lili Mottaghi (économiste) sous la direction de Shanta Devarajan (économiste en chef, région Moyen-Orient et Afrique du Nord). Nous tenons à remercier Inger Andersen, Farrukh Iqbal, Elena Ianchovichina, Christina Wood, Kevin Carey, Sibel Kulaksiz, Nada Choueiri, George Anayiotos, Jean-Pierre Chauffour, Khalid El Massnaoui, Sara Alnashar, Samer Naji Matta, Wissam Harake et Amir Mokhtar Althibah pour leurs précieuses observations et leurs informations sur la situation spécifique des pays ; Bruna Gaspar, Youssouf Kiendrebeogo et Nathalie Lenoble pour leur contribution à la collecte et au traitement des données ; et Isabelle Chaal-Dabi pour son excellente assistance au plan administratif. Prévisions, perceptions et réalité économique Les défis de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord résumés en 14 graphiques Les performances macroéconomiques de sept pays — Égypte, Iran, Jordanie, Liban, Libye, Tunisie et Yémen — se distinguent de celles des autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Tous ces pays ont connu une croissance alerte entre 2000 et 2010 et tous ont vécu un net ralentissement après 2011, en raison de nombreux facteurs économiques et politiques. Ce numéro du Bulletin trimestriel d’information économique de la MENA examine les résultats effectivement enregistrés par ces pays en termes de croissance et souligne les limites de l’exercice prospectif face aux soulèvements de 2011. L’analyse s’attarde également sur les conséquences du tassement de la croissance, notamment sur le front du chômage, où perceptions et réalité divergent parfois. Les conclusions sont présentées en 14 graphiques. Évolutions récentes Depuis la publication en avril dernier du rapport de la Banque mondiale intitulé « Le point sur la situation économique dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord », on observe des signes d’amélioration de la situation économique de certains des sept pays de la région visés par la présente étude. La croissance a amorcé une reprise en Égypte et en Tunisie après le ralentissement de l’année dernière. L’Égypte ayant élu un nouveau président en mai dernier et des élections parlementaires devant se tenir dans les deux pays plus tard dans l’année, l’apaisement des tensions politiques semble stimuler l’activité économique. Les données officielles datant de juin montrent que l’économie égyptienne a progressé de 2,5 % (d’un trimestre à l’autre) au troisième trimestre de l’exercice 14 (janvier-mars) – un taux similaire à celui enregistré à la même période l’année dernière, mais en hausse de 1,2 % par rapport à la moyenne de la première moitié de l’exercice 14. Le PIB tunisien a augmenté au premier trimestre 2014, après un léger tassement durant les deux derniers trimestres de 2013 (voir le graphique ci-dessous). Certains signes font état d’un accroissement des envois de fonds et des recettes touristiques en Égypte. D’après les données officielles, l’investissement étranger direct (IED) vers l’Égypte a progressé de 71,2 % au premier trimestre 2014 (janvier-mars 2014), par rapport à la même période l’année précédente. La majeure partie de cette progression est attribuable aux IED en provenance de la zone euro, notamment d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni, mais aussi de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Les entrées totales nettes d’IED ont atteint 4,7 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de l’exercice qui s’est terminé en juin, ce qui représente une augmentation de 30 % par rapport à la même période l’année Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA précédente. Cela étant, les apports d’IED restent largement inférieurs aux niveaux d’avant la révolution. En outre, les envois de fonds vers l’Égypte sont montés à 4,7 milliards de dollars au troisième trimestre de l’exercice en cours (commençant en juillet), contre une moyenne de 4,2 milliards de dollars durant les deux trimestres précédents. Cette progression correspond néanmoins au niveau des envois de fonds reçus au troisième trimestre de l’exercice 13. En revanche, le tourisme a été largement pénalisé par la situation politique dans laquelle se trouve l’Égypte depuis les premiers jours de juillet 2013. Les recettes touristiques ont donc dégringolé à 15,5 milliards de dollars au troisième trimestre de l’exercice 14, contre 25 milliards de dollars à la même période une année auparavant. Toutefois, il faut noter que cette dégringolade a commencé à ralentir progressivement grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire et à la levée de l’interdiction de se rendre en Égypte par les ministères des affaires étrangères. Ailleurs, le Gouvernement iranien a récemment annoncé un paquet de mesures économiques visant à stabiliser l’économie et stimuler la croissance. Il s’agit entre autres d’une série de réformes du cadre réglementaire et de la fiscalité dont le but est d’attirer les IED, d’encourager les exportations non pétrolières, de promouvoir le tourisme et de rétablir la discipline budgétaire. On note des signes de reprise de l’activité économique après la grave récession induite par le resserrement des sanctions internationales et de mauvaises décisions économiques. Les données officielles montrent que le nombre d’arrivées de touristes a doublé au premier trimestre du Nouvel An iranien (mars-mai 2014), comparativement à la même période l’année dernière. Le taux d’inflation a diminué de moitié, pour s’établir à 23 % durant les premiers mois de 2014, contre 45 % en juillet dernier. Les données trimestrielles officielles ne sont pas disponibles pour l’Iran, mais les estimations montrent que le PIB réel a connu un rebond au premier semestre de l’exercice 14-15, après deux années consécutives de forte contraction. Il reste certes des risques à court terme, mais le FMI prévoit une croissance de 1 à 2 % pour l’exercice 14-15 (qui a commencé en mars). Croissance dans les sept pays de la MENA sélectionnés Taux de croissance du PIB réel (trimestriel et annuel), en pourcentage 14Q1 Estimations 2014-15 Source : Autorités nationales et Banque mondiale. Numéro 3 Juillet 2014 2 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Les données trimestrielles officielles pour la Jordanie montrent des signes d’amélioration de l’activité économique liés à l’augmentation des dépenses publiques et de la consommation privée, qui est favorisée dans les deux cas par des financements provenant de pays du Golfe. L’activité touristique reprend après des années de piétinement, les arrivées de touristes ayant augmenté d’environ 7 % au premier trimestre 2014, par rapport au trimestre précédent. De plus, les envois de fonds ont progressé de 3 % durant les six premiers mois de 2014, relativement à la même période l’année précédente. La levée de l’interdiction de se rendre au Liban par les pays du Golfe s’est traduite par un accroissement des arrivées de touristes (en provenance de pays arabes) en juin. En dépit de l’instabilité politique, les estimations pour 2014 montrent que le PIB réel du Liban devrait enregistrer une croissance deux fois supérieure à son niveau de 2013, pour atteindre 1,5 % cette année. Ce nonobstant, ce taux reste largement inférieur à celui d’environ 9 % enregistré en 2009-10. Au Yémen et en Libye, l’insécurité grandissante continue de nuire à l’économie. La Libye reste en proie à l’instabilité et les affrontements entre milices et autorités entravent l’activité économique. La production pétrolière (qui contribue grandement aux finances et à la production des administrations publiques) demeure faible — 500 000 barils par jour en juillet, contre environ 1,4 million de barils par jour avant 2011. On spécule de plus en plus sur une augmentation de la production pétrolière l’année prochaine, à condition que les violences en cours s’apaisent. La reprise de la production pourrait cependant prendre plus de temps, compte tenu de l’ampleur des besoins de réparation et d’entretien. Enfin, au Yémen, les recettes de production et d’exportation de pétrole brut continuent de baisser, en raison d’actes de sabotage perpétrés au niveau des puits de pétrole. Durant les cinq premiers mois de 2014, les recettes pétrolières du Yémen ont diminué de moitié, comparativement à la même période l’année dernière. La position budgétaire s’est détériorée, obligeant le Yémen à recourir à l’emprunt intérieur. Passée de 29,9 % à 33 % du PIB entre 2012 et 2013, la dette intérieure devrait augmenter davantage pour atteindre 34,5 % cette année, tandis que la dette publique totale s’établirait à 48,2 % du PIB. L’évolution récente de la situation politique et économique est contrastée et devrait affecter les perspectives à court terme de ces pays de différentes manières. Sur le front régional, la récente crise en Irak, à l’origine de la prise de contrôle de vastes espaces de terre en Irak et en Syrie par des militants de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), a réduit les échanges avec des pays voisins comme la Jordanie et le Liban. L’Irak est un grand marché d’exportation pour la Jordanie, qui y écoule 20 % de la totalité de ses exportations. Ces exportations ont doublé ces dernières années, passant de 530 millions de dollars en 2007 à près de 1 milliard de dollars en 2012. La décision de fermer la frontière Jordano-irakienne en fin juin, pour des raisons sécuritaires, devrait avoir un impact négatif sur les volumes d’échange de chacun de ces deux pays. En ce qui concerne le Liban, l’Irak est aussi bien un partenaire commercial qu’une route de transit vers le Golfe, et les affrontements avec l’EIIL empêchent les exportateurs libanais d’accéder aux marchés du Golfe. Le récent conflit à Gaza a aussi donné lieu à une grave crise humanitaire qui pénalise non seulement l’économie de ce territoire, mais aussi de pays voisins comme l’Égypte. Numéro 3 Juillet 2014 3 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA À l’échelle mondiale, la Banque mondiale a abaissé d’un demi-point de pourcentage ses prévisions de croissance pour les pays en développement, qui passent ainsi de 5,3 % en janvier à 4,8 %. Parmi ces pays, la Chine devrait enregistrer une croissance de 7,6 % cette année, bien que légèrement en baisse par rapport aux 7,7 % estimés pour l’année dernière, mais qui demeure raisonnable dans le cadre des relations commerciales avec les sept pays de la MENA. Les données trimestrielles montrent que la croissance de la Chine au deuxième trimestre 2014 est conforme aux attentes. La Chine est le premier partenaire commercial de la plupart des sept pays de la MENA visés par ce rapport, particulièrement l’Iran, la Libye et le Yémen. De façon générale, la reprise devrait se poursuivre en 2014 et 2015, grâce à l’amélioration de l’activité économique dans les pays avancés, notamment ceux de la zone euro. L’Union européenne est un partenaire commercial important, surtout pour la Tunisie (62,9 % des échanges en 2012) et l’Égypte (22,9 % des échanges en 2013). Dans le même temps, l’accord intérimaire de six mois conclu entre l’Iran et le groupe des 5+1 en janvier a été prolongé de quatre mois. La possibilité d’un accord global sur le nucléaire assorti d’une levée de sanctions et d’un assouplissement des exportations de pétrole pourrait se traduire par la mise sur le marché mondial d’au moins 1 million de barils de pétrole iranien supplémentaire. L’effet global de cette mesure reste certes à établir, en fonction de la demande et l’offre sur le marché mondial, mais elle va probablement faire baisser les prix. Du point de vue de l’offre, des acteurs importants comme la Russie, les États-Unis et l’OPEP fournissent plus de 40 % du pétrole mondial. Par rapport aux deux pays, l’OPEP a un plafond de production, et on ignore encore quelle sera la réaction de cette organisation, qui doit à la fois faire face au surcroit de l’offre venant d’Iran et empêcher la baisse des cours. La plupart des membres du CCG et des pays en développement exportateurs de pétrole dans la MENA ont besoin d’un prix d’au moins 100 dollars le baril pour maintenir leur budget en équilibre1. En même temps, les tensions géopolitiques, particulièrement en Irak et en Libye (qui ont exclu 1 million de barils du marché mondial), et le conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, pourraient accroître la « prime de risque », maintenant les cours mondiaux à un niveau élevé. Cette situation nonobstant, les prévisions économiques sont optimistes et font état d’une reprise de la croissance en Égypte, en Tunisie, en Jordanie et en Iran en 2015, mais aussi d’une possible relance de l’activité économique dans les autres pays étudiés, à condition que les tensions sécuritaires s’apaisent en Libye, au Liban et au Yémen. Pourtant, le taux de croissance projeté reste largement inférieur au rythme qu’ont connus tous les sept pays de la MENA durant la décennie 2000. De plus, des incertitudes demeurent sur la viabilité de cette croissance, leurs économies connaissant depuis longtemps des problèmes structurels qui les empêchent de se mettre sur une trajectoire de croissance plus élevée et plus durable. Les 14 graphiques qui suivent décrivent cette situation. 1 Les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, et les pays en développement exportateurs de pétrole sont l’Algérie, la République islamique d’Iran, l’Irak, la Libye et le Yémen. Numéro 3 Juillet 2014 4 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA 14 graphiques pour décrire les problèmes des sept pays de la MENA Les tendances historiques montrent que la plupart des sept pays de la MENA objets du présent rapport étaient sur une trajectoire de croissance rapide au moment où surviennent les révolutions de 2011. Dans les années 2000, bon nombre d’entre eux ont profité de la hausse des prix du pétrole dès 2003 et de l’intérêt marqué des investisseurs internationaux pour la région, associés à une évolution positive en faveur des réformes. Ces facteurs leur ont permis d’afficher un taux de croissance moyen de plus de 5 % durant une décennie, notamment en Égypte, en Tunisie, en Iran, au Liban, en Jordanie, en Libye et au Yémen. Pour la plupart des prévisionnistes internationaux et nationaux, cette croissance rapide devait se poursuivre. 1. Avant 2011, le PIB par habitant n’a cessé de croître dans la plupart des sept pays de la MENA. PIB par habitant, en dollars constants de 2005 $17,000 Libye $15,000 Liban $13,000 Iran $11,000 Tunisie $9,000 Égypte $7,000 Jordani e Yémen $5,000 $3,000 $1,000 2000 2010 2000 2010 2000 2010 2000 2010 2000 2010 2000 2010 2000 2009 Source : Banque mondiale. En Égypte, en Jordanie, au Liban et en Tunisie, le taux de croissance annuel du PIB réel dépassait parfois 6 %. Si la crise financière mondiale a entrainé un léger fléchissement en 2009 (hormis au Liban où le PIB réel a augmenté d’un point de pourcentage), le faible niveau d’intégration de ces pays avec le reste du monde leur a permis d’éviter une profonde récession. En 2010, la croissance a repris dans la quasi-totalité des sept pays, où elle a dépassé 5 % et a Numéro 3 Juillet 2014 5 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA même atteint 7% au Liban et au Yémen. S’appuyant sur les bonnes performances des années 2000, les grands prévisionnistes internationaux et nationaux ont annoncé que ces pays continueraient d’afficher une croissance rapide durant la période 2011-13. 2. Mais les soulèvements qui ont secoué la région en 2011 ont montré les limites de ces prévisions. Taux de croissance du PIB réel, en pourcentage Source : Banque mondiale. Remarque : F désigne les prévisions. À la suite du printemps arabe 2011, les prévisions de croissance des sept pays ont été revues à la baisse, voire fortement réduites pour l’Égypte, la Tunisie, le Liban et la Jordanie en 2011. En 2010, les prévisions de la Banque mondiale indiquaient que l’économie égyptienne devait enregistrer un taux de croissance de 5,5 à 6 % en 2011-13. En septembre 2011, ces prévisions ont été abaissées de plus de 3 points, à 2,2 %. De même, en octobre 2010, on prédisait que la Tunisie afficherait un taux de croissance de près de 5 % en 2011-12. Ces chiffres ont été réduits de plus de 3 points pour 2011, et 2,5 points supplémentaires pour 2012-13 ; les taux de croissance effectifs de l’Égypte et de la Tunisie étaient respectivement de 1,8 et -2 % en 2011. Pour la Jordanie et le Liban, on prévoyait une croissance de l’ordre de 6 à 7 % pour 2011-13 ; mais ces chiffres ont été diminués de moitié pour les deux pays, et considérablement réduits pour les cinq autres. Numéro 3 Juillet 2014 6 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA 3. Et les sept pays de la MENA ont connu un ralentissement de la croissance entre 2011 et 2013. (Taux de croissance du PIB réel, en pourcentage) Source : Banque mondiale, p désigne les projections. L’écart énorme entre la croissance effective et les estimations, particulièrement après les soulèvements de 2011, donne à penser que ces prévisions étaient excessivement optimistes. Il faut noter que les prévisionnistes ont très souvent une « propension à l’optimisme ». Il en est de même des grandes institutions internationales qui ont également manqué les premiers signes de la crise financière de 20082. Deux raisons expliquent cela : premièrement, les modèles prévisionnels ne tiennent pas compte de l’actualité récente et des nouvelles informations qui arrivent au moment où les prévisions sont faites. En outre, les prévisionnistes ont tendance à négliger les cycles d’expansion et de récession de l’économie, et particulièrement les variations rapides dues à des changements politiques et géopolitiques. Deuxièmement, l’inexactitude des prévisions semble être incompressible ; les prévisions de croissance optimistes demeurent optimistes, les prévisions pessimistes restent sombres, et les annonces extrêmement optimistes le restent au fil du temps. Les soulèvements de 2011 ont montré les limites des prévisions de croissance. Elles ne tiennent compte ni des signes alarmants ni des ruptures structurelles et des chocs exogènes. Bien qu’il soit carrément impossible de prédire certaines défaillances structurelles, les prévisionnistes doivent détecter les signes alarmants au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Par conséquent, les récentes prévisions de croissance concernant les sept pays de la MENA qui font état d’une 2 General Accounting Office (GAO), 2003, International Financial Crises: Challenges Remain in IMF’s Ability to Prevent and Resolve Financial Crises, GAO-03-734, Washington. Numéro 3 Juillet 2014 7 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA légère reprise économique en 2014-15 devraient être interprétées avec prudence, car nous avions également des prévisions optimistes pour ces pays en 2010. 4. Le ralentissement de la croissance s’est accompagné d’une aggravation des déficits budgétaires. Solde budgétaire en pourcentage du PIB, ((-) déficit) Source : Banque mondiale. Pour faire face au mécontentement de leurs populations, les gouvernements de la région ont accru les dépenses — principalement pour les subventions sur les carburants et les produits alimentaires, ainsi que pour la masse salariale publique — intensifiant davantage les pressions sur les budgets des États. À titre d’illustration, la majeure partie du déficit budgétaire de la Libye en 2014 est attribuable aux subventions et aux salaires. La dette publique brute a également augmenté substantiellement après 2011 pour financer le déficit budgétaire, surtout en Égypte où les données officielles montrent que le ratio de la dette publique totale (intérieure et extérieure) au PIB reste élevé et insoutenable — il était de 88,8 % à fin mars 2014, dans le sillage du ratio de l’année précédente, mais supérieur de près de 9 points de pourcentage au niveau des derniers mois de l’exercice 10, avant le déclenchement de la révolution de janvier 2011. En Jordanie, la dette publique a augmenté de 6 points de pourcentage au premier trimestre 2014, comparativement à la même période l’année précédente. Un moyen efficace de réduire le déficit budgétaire consiste à supprimer les subventions sur les carburants et les remplacer par des transferts monétaires au profit des pauvres. Cela permettrait de dégager d’énormes économies budgétaires et de réduire les charges qui pèsent sur les finances publiques. Une partie de ces économies pourrait servir au renforcement des filets de sécurité sociale qui s’accompagnerait d’une augmentation des dépenses de santé et Numéro 3 Juillet 2014 8 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA d’éducation. Bien entendu, les pouvoirs publics doivent mettre en place un vaste plan de préparation pour sensibiliser le public à l’avance sur la levée des subventions. 5. D’énormes subventions sur les carburants (et les produits alimentaires) pèsent sur les finances publiques Allocation des subventions sur les carburants : les riches en sont les principaux bénéficiaires Gains liés aux subventions sur les carburants, en 60. 45. pourcentage 30. 15. 0. Yemen 05 Jordan 10 Egypt 09 Poorest Quintile Q2 Q3 Q4 Richest Quintile Source : Banque mondiale. Les subventions générales, notamment sur les carburants et les produits alimentaires, représentent plus de 10 % du PIB et au moins 20 % des dépenses totales dans les sept pays de la MENA (à l’exception de l’Iran où elles ont été remplacées par des transferts monétaires universels depuis 2012). En Libye par exemple, les subventions sur les produits alimentaires et les carburants dépassent les dépenses sociales de l’État pour la santé et l’éducation ; l’Égypte dépense sept fois plus en subventions sur les carburants que pour la santé ; et le Yémen a affecté un tiers de ses ressources aux subventions générales sur les produits alimentaires et les carburants en 2013. Si des mesures ont été prises pour rationaliser les subventions en Jordanie, en Tunisie et en Égypte (le nouveau Gouvernement égyptien a proposé de réduire les subventions énergétiques en introduisant une coupe d’environ 6 milliards de dollars dans le Numéro 3 Juillet 2014 9 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Encadré 1. Réforme des subventions énergétiques en Égypte et en Tunisie Le 5 juillet 2014, le Gouvernement égyptien a approuvé une hausse globale des prix des produits pétroliers afin de résorber le déficit budgétaire grandissant. Cette hausse des prix — qui variait entre 12 et 80 % (elle plafonne pour l’électricité et le gaz naturel à plus de 140 et 170 % respectivement – voir le tableau 1) — est une étape importante vers la diminution des subventions massives en faveur de l’énergie, qui représentent actuellement 7 % du PIB et 22 % des dépenses totales de l’État. Il faut noter que malgré cette hausse des prix, l’essence coûte toujours 0,22 dollar le litre en Égypte, soit environ un quart du prix mondial. On s’attend néanmoins à ce que la réforme des subventions ramène le déficit budgétaire à 10 % en 2014-15 (contre une estimation à 12 % durant l’exercice 14). Dans la nouvelle loi de finances, l’enveloppe allouée aux subventions sur les carburants est réduite à 100 milliards de livres égyptiennes, contre 135 milliards l’année dernière, soit une baisse de 30 %, ou environ 3 % du PIB. Ce paquet de mesures vise à réaffecter les ressources de la consommation à l’investissement, et stimuler ainsi la croissance. Des estimations de la Banque mondiale montrent que la réforme des subventions à l’énergie pourrait entrainer une baisse de la consommation de 1,2 %, et accroître les investissements de 19 %. Si les réformes sont nécessaires pour résorber l’énorme déficit budgétaire de l’Égypte et assurer la viabilité à long terme du secteur énergétique, elles vont sans conteste affecter les utilisateurs de carburant et d’électricité, à la fois directement et indirectement. Pour atténuer leurs effets, le gouvernement envisage d’affecter une partie de l’épargne dégagée à des interventions en matière de santé, d’éducation et de protection sociale comme des transferts monétaires ciblés, et notamment à la transposition à plus grande échelle d’un programme existant. La réforme des prix ne concernant pas le GPL, qui représente une part considérable des dépenses énergétiques du ménage, son impact direct sur la pauvreté est modéré. En Égypte, le système de subvention de produits comme le pétrole et la farine est inefficace et extrêmement couteux. Les dépenses publiques consacrées aux subventions énergétiques ont considérablement augmenté ces dix dernières années, pour atteindre 22 % du PIB durant l’exercice 13, contre 9 % en 2002. Le ratio des subventions sur les carburants a fortement augmenté durant l’exercice 13, passant de 3 à 7 % du PIB entre 2002 et 2013. Cela dit, en termes d’impact sur la pauvreté, ces subventions profitent davantage aux riches qu’aux pauvres. Des estimations faites pour l’exercice 09 montrent que plus de 60 % des subventions sur les carburants profitent au quintile le plus riche de la population, alors que le quintile le plus pauvre n’en reçoit que 7 % (graphique 5). Les subventions sur les carburants ont par ailleurs un effet corrosif sur plusieurs aspects de l’économie. Elles favorisent des industries à forte consommation d’énergie et de capitaux, pénalisant ainsi les secteurs créateurs d’emplois. En outre, le subventionnement des prix de l’essence encourage l’utilisation des automobiles, particulièrement dans des centres urbains comme Le Caire, contribuant ainsi à perpétuer les embouteillages. Récemment, le Gouvernement tunisien a pris la décision de réformer les subventions sur les produits énergétiques, en soumettant en juillet 2014 un projet de loi complémentaire visant à réduire le niveau élevé des dépenses publiques. Les projets de réforme des subventions et de réduction des dépenses publiques en Tunisie ont pour objet de réduire le déficit budgétaire de 1,5 milliard de dinars ou 927 millions de dollars en 2014. L’épargne budgétaire dégagée devrait servir à créer plus d’emplois et ramener le taux élevé de chômage de 15,9 à 15,2 % d’ici la fin de l’année. Cette réforme inclut une hausse des prix : plus 6,3 % pour l’essence sans plomb, qui passe de 1,57 dinar (0,93 dollar) à 1,67 dinar (0,99 dollar) le litre ; le litre de gazole passe de 1,17 dinar (0,69 dollar) à 1,25 dinar (0,74 dollar) ; et le gazole à faible teneur en soufre monte de 1,40 dinar (0,83 dollar) à 1,50 dinar (0,89 dollar). Tableau 1 – Égypte : Hausse des prix des produits pétroliers Prix courants Variation 3 Gaz naturel LE/M Fer - cuivre - aluminium - verre - céramique 4,0 75 % Engrais - produits pétrochimiques 4,0 12 % Ciment 6,0 33 % Autres produits manufacturés 4,0 25 % Production d’électricité 1,1 173 % Transport (gaz naturel comprimé) 0,45 144 % Ménages 0,50 0% Essence LE/litre 80 0,90 77 % 92 1,85 41 % Mazout LE/tonne Industrie alimentaire 1000 40 % Ciment 1600 40 % Production d’électricité 2300 0% Autres 1500 30 % Gazole LE/litre 1,1 64 % GPL LE/bouteille Ménages 8,0 0% Usage commercial 16,0 0% Source : Banque mondiale et médias. Numéro 3 Juillet 2014 10 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA ouveau projet de loi de finances – voir l’encadré 1), cette question demeure épineuse dans les autres pays étudiés3. 6. Les gouvernements puisent dans leurs réserves de change, réduisant l’espace budgétaire Réserves de change en mois d’importations Source : Banque mondiale. Les réserves de change s’amenuisent dans la quasi-totalité des sept pays de la MENA, particulièrement en Égypte où les données les plus récentes montrent que les réserves nettes ont atteint 16,7 milliards de dollars en fin juin 2014, ce qui représente moins de la moitié des réserves totales du pays avant la révolution. Souffrant de la baisse de leurs recettes d’exportation, la Libye et l’Iran ont dû puiser dans leurs réserves (néanmoins importantes) pour financer leurs déficits budgétaires croissants en 2013 et 2014. Le Yémen n’ayant pas pu assurer des exportations de pétrole, ses réserves en devises ont continué à diminuer pour le cinquième mois consécutif, pour s’établir à 4,6 milliards de dollars en mai 2014 (ce qui représente environ 4 mois d’importations) – leur niveau le plus bas depuis juin 2012. Les estimations montrent qu’alors que l’Égypte peut progressivement reconstruire ses réserves avec l’aide des fonds du Golfe, l’Iran, le Yémen et la Libye prélèveront au moins un tiers des leurs en 2015. 3 Des mesures ont été prises pour rationaliser les subventions au Yémen : le gouvernement a augmenté de 60 % le prix officiel de l’essence, qui a été fixé à 200 riyals par litre en fin juillet. Numéro 3 Juillet 2014 11 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA 7. Le chômage reste élevé, particulièrement chez les femmes Chômage des jeunes (en pourcentage de la population active totale âgée de 15 à 24 ans) Source : Banque mondiale. Dans un contexte de ralentissement de la croissance, le chômage reste obstinément élevé chez les jeunes (15-24 ans) : il représente en moyenne 22 % chez les hommes et 39 % chez les femmes des sept pays de la MENA. À titre d’illustration, certaines estimations montrent que le chômage des jeunes peut atteindre 40 % en Tunisie et bien plus dans les gouvernorats de l’arrière-pays. Les chiffres officiels les plus récents l’estiment à 25 % en Iran, alors qu’officieusement, il représenterait le double. Les disparités entre hommes et femmes sont importantes : le taux de chômage chez les jeunes femmes est presque le triple de celui des jeunes hommes en Égypte, et le double en Iran, en Jordanie et au Yémen. Il se situe à 65 % en Égypte, 50 % en Jordanie et au Yémen, et 40 % en Iran. S’il est exacerbé par le ralentissement de la croissance économique, le chômage s’explique surtout par des facteurs structurels tenaces affectant aussi bien l’offre que la demande. Numéro 3 Juillet 2014 12 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA 8. La plupart des personnes au chômage sont éduquées Taux de chômage au sein de la population ayant une éducation de niveau supérieur (en pourcentage du chômage total) 40 Liban Jordan ie Égypte 20 Iran Tunisie 0 2000 12 Source : Banque mondiale. 9. Les jeunes préfèrent les emplois publics au secteur privé Youth willing to get government jobs, % Youth willing to get private sector jobs, % Bahrain 73 11 Kuwait 71 11 Yemen 67 11 UAE 66 8 Iraq 63 13 Qatar 63 5 Saudi Arabia 60 17 Jordan 54 16 Egypt 53 10 Tunisia 46 15 Algeria 32 15 Lebanon 30 15 Morocco 26 20 Source : Sondage Gallup, 2010. Numéro 3 Juillet 2014 13 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Un trait marquant du chômage dans ces pays est qu’il est plus élevé au sein de la population la plus éduquée : plus de 30 % des personnes ayant une éducation de niveau supérieur étaient sans emploi en Égypte, en Tunisie et en Jordanie en 2011 et 2012. Les taux de chômage dépassent respectivement 60 % et 40 % parmi les femmes les plus éduquées en Jordanie et en Égypte. Une des raisons qui expliquent le niveau élevé du chômage des jeunes dans les sept pays de la MENA est que bon nombre de personnes éduquées préfèrent attendre des offres d’emploi dans l’administration. Le secteur public est attrayant car il offre des salaires élevés, la sécurité de l’emploi et des avantages intéressants. Un sondage Gallup réalisé en 2011 montre que plus de la moitié des jeunes au chômage en Égypte, en Tunisie et en Jordanie cherchait un emploi au sein de l’administration, contre à peine 10 % dans le privé. En Égypte, puis en Jordanie et en Iran, l’administration propose une grande part des emplois structurés. Dans les années 2000, plus de 70 % des emplois non agricoles en Égypte et en Libye, et 40 % au Yémen, en Jordanie et en Iran, relevaient du secteur public. 10. Mais ils ont besoin de relations (Wasta) pour accéder à ces emplois Question : De façon générale, dans quelle mesure partagez-vous l’affirmation suivante : Connaître des gens haut placés est essentiel pour obtenir un emploi (Wasta) ? 0% 25% Pourcentage de la population D’accord 50% 75% 100% Source : Sondage Gallup, 2012. Numéro 3 Juillet 2014 14 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA L’écrasante majorité des personnes interrogées pense que le Wasta (mot arabe désignant le népotisme et le favoritisme) est nécessaire pour obtenir un emploi dans l’administration. Une enquête réalisée en Jordanie en 2000 révèle que 86 % des personnes interrogées considèrent le Wasta comme une forme de corruption et 87 % souhaitent sa disparition. En même temps, 90 % des informateurs affirment qu’ils pourraient y recourir à l’avenir, au moins « occasionnellement », 42 % pensent que le besoin d’y recourir pourrait augmenter, tandis que 13 % à peine pensent avoir de moins en moins besoin de cette solution. Dans un récent sondage Gallup, 36 % des jeunes tunisiens considèrent que la corruption est généralisée au sein de l’appareil étatique, alors que 83 % pensent qu’avoir des relations haut placées est essentiel pour obtenir un emploi. 11. En raison de la corruption généralisée dans le secteur public Classement de l’indice de perception 60 50 84 % des pays de la MENA classés en dessous de 50 (fortement corrompus) en 2013. 40 20 0 Jordan Tunisia Egypt Lebanon Iran Yemen Libya Source : Transparency International, 2013. Remarque : La note d’un pays désigne le niveau de perception de la corruption dans le secteur public sur une échelle allant de 0 (pays perçu comme étant extrêmement corrompu) à 100 (pays perçu comme étant très peu corrompu). La corruption et le népotisme sont considérés comme largement répandus dans les sept pays de la MENA. Ils nuisent aux économies en affaiblissant le secteur privé et en favorisant la mauvaise gouvernance. Tous ces pays obtiennent de faibles résultats sur les indicateurs de transparence, de voix et de responsabilité. En ce qui concerne la voix et la responsabilité, l’Égypte et la Tunisie ont respectivement obtenu une note négative de 0,7 et 0,2 (les notes varient entre -2,5 et +2,5) en 2012, se classant au 42e percentile, voire plus bas. Les estimations Numéro 3 Juillet 2014 15 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA de l’indice de perception de la corruption provenant de Transparency International montrent que la MENA a obtenu des résultats inférieurs à la médiane mondiale en 2013. Parmi ceux-ci, les sept pays faisant l’objet du présent rapport sont largement perçus comme étant extrêmement corrompus, avec une note moyenne de 29 — dans un intervalle de 15 pour la Libye et 45 pour la Jordanie (les notes varient de 0 pour les pays extrêmement corrompus à 100 pour les pays très peu corrompus). L’Iran et l’Égypte occupaient respectivement le 144e et le 114e rang sur les 177 pays examinés au titre de l’indice 2013. 12. Et le secteur privé peu développé n’est pas suffisamment dynamique pour créer des emplois, en raison de contraintes liées au climat de l’investissement qui entravent sa croissance. (Classement moyen des indicateurs Doing Business (2014), sur une échelle de 1 à 189) 0 100 200 0 UAE Saudi Arabia Bahrain Qatar Oman Tunisia Iraq Jordan Kuwait 90 Morocco Yemen Lebanon WBG Syria Djibouti Egypt Libya Iran Algeria 180 Source : Calculs de la Banque mondiale basés sur l’Indice de la facilité de faire des affaires de la Banque mondiale (2013). Remarque : L’expression « solidité des institutions juridiques » se réfère au classement moyen relatif à l’obtention des prêts, à la protection des investisseurs, à l’exécution des contrats et au règlement de l’insolvabilité. L’expression « complexité et coût des procédures réglementaires » se réfère au classement moyen relatif à la création d’entreprise, à l’obtention des permis de construire, au raccordement à l’électricité, au transfert de propriété, au paiement des taxes et impôts, et au commerce transfrontalier. Dans la région MENA, particulièrement dans les sept pays étudiés, le secteur privé manque de dynamisme, à cause d’un cadre réglementaire peu contraignant et surtout d’un accès limité au crédit. Le secteur public, qui inclut les entreprises publiques, est vaste et jouit de privilèges dans tous les secteurs de l’économie, ce qui laisse peu de place pour la croissance du secteur privé. Un rapport de la Banque mondiale indique que sur une période de 17 ans, 25 décrets ont Numéro 3 Juillet 2014 16 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA été émis au profit d’entreprises associées à la famille au pouvoir en Tunisie, limitant l’entrée d’autres opérateurs sur le marché. Les sept pays objets du présent rapport se classent au bas de l’échelle des indicateurs de la Banque mondiale qui mesurent la qualité de l’environnement des affaires. En effet, la Libye, l’Iran et l’Égypte se retrouvent quasiment au bas du classement 2013 des indicateurs de facilité de faire des affaires, la Libye occupant le 187e rang sur 189 pays. L’une des contraintes à l’amélioration de l’activité du secteur privé est l’accès au crédit et aux devises étrangères, qui est surtout réservé à l’élite. De plus, les lois et règlements en matière de protection des investisseurs ne sont pas clairs et limitent la capacité des investisseurs à lever des capitaux. Enfin, la majeure partie de la population active dans ces pays n’a pas d’emploi formel. Ces personnes se retrouvent dans le secteur informel, soit en tant que travailleur autonome, soit dans une entreprise familiale. Elles n’apparaissent pas dans les statistiques de l’emploi et se trouvent dans une situation particulièrement difficile en raison de la précarité de leurs revenus. Elles doivent pourtant travailler, car ne pouvant se permettre de rester sans emploi, ni pour elles-mêmes ni pour leurs familles. Elles constituent les segments les plus vulnérables de la population. 13. La majeure partie de la population active travaille dans l’informel, dont les emplois ne présentent aucune sécurité. Égypte : Situation de l’emploi par région, participation de la main-d’œuvre masculine âgée de 15 à 64 ans, en pourcentage 60 53.7 Privé informel 50.6 46.0 45.8 50 Privé formel 40.7 40 30 20 10 0 Metropolitan Urban lower Urban Upper Rural lower Rural Upper Source : ELMPS 2012. Numéro 3 Juillet 2014 17 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Le secteur informel est vaste et ne cesse de se développer dans les sept pays étudiés. Il se compose de petites entreprises déconnectées du secteur formel et en proie à une faible productivité en raison de la nature de leur activité qui requiert moins de capitaux, une main- d’œuvre moins qualifiée et moins d’investissements. Les travailleurs du secteur informel ne disposent ni d’une couverture sociale ni d’une assurance maladie, et ont encore moins de possibilités de participer à un programme d’éducation et de formation structuré. Ce sont des personnes vulnérables et à la merci des chocs exogènes. Le FMI estime que la taille du secteur informel dans les pays étudiés varie entre 17 % en Jordanie et 35 % en Tunisie. Associé aux pays en développement, le secteur informel occupe environ 60 % de la main- d’œuvre de ces pays, selon certaines estimations. Les pouvoirs publics peuvent soutenir ce secteur en adoptant un cadre réglementaire qui améliore l’accès des entreprises aux marchés et aux financements, et aider les travailleurs à la fois en créant des espaces de travail sécurisés et en favorisant à l’accès aux services sociaux. 14. Ce sont des personnes d’un niveau de vie souvent proche du seuil de pauvreté. Taux de pauvreté Population vivant avec, au plus, 4 dollars par jour (2010 ou dernières données disponibles, en pourcentage) Less than $1.25 $1.25-$2.00 $2.00-$2.50 $2.50-$4.00 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Yemen Egypt Iran Jordan Tunisia Proportion de la Source : POVCAL, Banque mondiale. population vivant avec moins de 2 dollars par jour Numéro 3 Juillet 2014 18 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA De vastes segments de la population des sept pays de la MENA vivent dans des situations de vulnérabilité et sont à la merci de chocs externes. Dans certains de ces pays, les personnes qui ne sont pas classées parmi les pauvres selon le seuil international de pauvreté (vivre avec moins de 1,25 dollar de parité de pouvoir d’achat par jour) sont en fait à peine mieux loties que celles qui rentrent dans cette catégorie. Environ 14 % de la population (11 millions d’habitants) égyptienne vivait avec 2 à 2,5 dollars par jour en 2010. Le fait de remonter le seuil de pauvreté de 2,5 à 4 dollars pousserait environ 40 % d’Égyptiens dans la pauvreté. Au Yémen, pays qui affiche le taux de pauvreté le plus élevé de la MENA, environ un tiers de la population vivait avec moins de 1,25 à 2,50 dollars par jour en 2010. Des estimations montrent que plus de 60 % de la population yéménite (environ 14 millions de personnes) se classe actuellement en dessous du seuil de 2,5 dollars par jour, et la quasi-totalité de cette population vit avec moins de 4 dollars par jour. En augmentant le seuil de pauvreté de 50 centimes de dollars (de 2 à 2,5 dollars et de 3 à 3,5 dollars) en Iran, 4 et 6 % de la population — plus de 4,5 millions de personnes — pourraient se retrouver plongées dans la pauvreté. Avant 2010, les sept pays de la MENA objets du présent rapport étaient essentiellement caractérisés par un cycle de politiques inefficaces et de croissance médiocre. Ils ont certes connu une croissance rapide, mais celle-ci n’était pas soutenue et ne pouvait donc pas créer d’emplois. Les manifestations d’après 2011 donnent à penser que ces pays restent enfermés dans ce même cycle. La croissance économique demeure faible et ne crée pas suffisamment d’emplois, et le niveau toujours élevé des déficits budgétaires et l’accélération de l’endettement public laissent peu de place au financement d’investissements vecteurs de croissance. L’activité privée est anémique et les rares emplois créés dans le secteur public sont pourvus au gré des relations personnelles, une pratique qui suscite des frustrations parmi les jeunes. Le passage de nombreux travailleurs dans le secteur informel a pour effet de créer un vaste groupe de personnes vulnérables, à la merci des chocs extérieurs. Les estimations de la Banque mondiale montrent qu’avec une croissance de 5 % par an (comme durant la décennie écoulée), la MENA peut créer 24 millions d’emplois dans les 7 prochaines années (2014-20). C’est à peine ce qu’il faut pour empêcher l’augmentation du chômage ; la région devra créer au moins 30 millions d’emplois durant la même période pour infléchir le taux élevé du chômage. Il faudra pour cela réaliser une croissance annuelle d’au moins 6,5 %, soit environ un point de pourcentage de plus que la moyenne des dix dernières années. Dans les sept pays de la MENA, ce taux devrait être bien plus élevé, à plus de 7 %. Pour rompre le cycle de politiques inefficaces et de croissance médiocre, les taux de croissance doivent dépasser le double de leurs niveaux actuels dans tous les sept pays étudiés. En outre, une rapide accélération des réformes visant à faire du secteur privé un moteur de la croissance et créer des emplois permettrait de soutenir cette croissance. Les responsables de l’action publique risquent d’adopter des politiques inadéquates s’ils s’opposent à la mise en œuvre des réformes nécessaires en se fiant aux prévisions faisant état de perspectives favorables pour leurs économies. Des travaux ont mis en évidence une tendance à l’optimisme dans les prévisions de croissance concernant les régions en développement, en particulier le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Ces projections, en effet, Numéro 3 Juillet 2014 19 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA ne prennent pas nécessairement en compte les toutes dernières informations disponibles, ni les facteurs sous-jacents qui contribuent à la bonne santé de l’économie. Surtout, les prévisions économiques ont tendance à négliger les signes alarmants de ruptures structurelles et les cycles d’expansion et de récession de l’économie. À cette période charnière, les sept pays de la MENA doivent engager des réformes structurelles comme le ciblage des subventions, l’amélioration du climat de l’investissement, la promotion de la bonne gouvernance, et l’élimination des facteurs de rigidité sur les marchés des produits et du travail. Que les perspectives économiques à court terme soient prometteuses ou sombres, ces réformes s’imposent, comme le montrent ces 14 graphiques (dans l’ordre inverse). Numéro 3 Juillet 2014 20 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Annexe : Tableaux – Données à fréquence élevée Egypt GDP Unempl oyment Domesti c Debt FDI Growth (%) rate (%) (% of GDP) (Mi l l i on US$) 2010 Q1 5.5 9.1 66.7 1,731 Q2 5.6 9.0 68.7 895 Q3 5.5 8.9 71.5 1,706 Q4 5.4 8.9 73.6 2,426 2011 Q1 0.3 11.9 68.5 1,597 Q2 0.4 11.8 70.2 656 Q3 -4.3 11.9 73.1 -164 Q4 0.4 12.4 76.2 99 2012 Q1 2.6 12.6 69.5 440 Q2 2.2 12.6 71.9 -858 Q3 5.2 12.5 75.1 636 Q4 3.3 13.0 78.6 1,861 2013 Q1 1.0 13.2 75.9 108 Q2 1.4 13.3 78.7 1,316 Q3 2.2 13.4 83.3 1,075 Q4 1.5 13.4 87.1 1,629 2014 Q1 2.5 13.4 77.7 1,246 Q2 … … 80.6 1,603 Q3 … … 83.3 … Note: Egypt Q1 i s Jul y-Sep. Jordan Lebanon Tunisia Iran GDP Unemployment Domestic Debt GDP Domestic Debt GDP Unemployment Unemployment Growth (%) rate (%) (% of GDP) Growth (%) (% of total debt) Growth (%) rate (%) rate (%) 2010 Q1 2.4 12.4 54.5 8.1 67 4.2 … 11.1 Q2 1.4 12.2 52.0 10.3 67 4.0 … 11.3 Q3 2.2 13.5 55.4 8.2 68 3.3 … 11.3 Q4 3.2 11.8 61.1 5.4 65 2.8 … 14.1 2011 Q1 2.3 13.1 57.4 -0.9 63 -2.0 … 13.5 Q2 2.4 13.2 58.5 -0.3 61 -0.7 18.3 13.6 Q3 2.6 13.1 60.4 3.2 62 1.0 … 12.1 Q4 3.1 12.1 65.5 6.2 62 0.8 18.9 14.6 2012 Q1 3.0 11.4 64.6 7.1 60 5.6 18.1 … Q2 2.9 11.6 68.0 5.2 64 3.7 17.6 … Q3 2.6 13.1 72.2 -1.2 65 3.5 17.0 … Q4 2.2 12.5 75.5 -2.2 67 3.6 16.7 … 2013 Q1 2.6 12.8 70.2 -0.7 65 2.7 16.5 … Q2 3.1 12.6 72.2 -1.2 67 3.2 15.9 … Q3 2.8 14.0 76.8 3.5 68 2.6 15.7 … Q4 2.9 11.0 80.1 1.6 68 2.7 15.3 … 2014 Q1 3.1 11.8 77.0 … … 3.0 15.2 … Source: National official sources. Note: Iran: Q1 start in March. World Bank calculated quarterly coincidence indicator for Lebanon. Numéro 3 Juillet 2014 21 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Egypt Jordan Lebanon Foreign Tourism, # of Foreign Overnight Foreign Reserves Tourism, # of Reserves Arrivals Reserves visitors without gold Arrivals (bn US$) (Thousands) (bn US$) (Thousands) (bn US$) (Thousands) 2010 Jan 34.2 1,054 11.7 281 26.8 106 Feb 34.3 … 11.7 271 27.0 129 Mar 34.5 1,339 11.9 332 27.2 158 Apr 34.6 1,244 11.9 426 27.3 169 May 35.1 1,198 11.4 352 27.3 170 Jun 35.2 1,029 11.1 382 27.4 231 Jul 35.3 1,303 11.7 634 27.9 362 Aug 35.5 1,143 12.0 467 28.2 166 Sep 35.5 1,185 12.0 416 28.5 203 Oct 35.5 1,486 12.1 328 28.2 157 Nov 35.6 1,404 12.8 386 27.7 164 Dec 36.0 1,275 13.1 283 28.6 152 2011 Jan 35.0 1,148 13.1 … 28.3 98 Feb 33.3 … 12.7 … 28.4 107 Mar 30.1 535 12.1 … 28.5 136 Apr 28.0 800 11.9 … 28.8 135 May 27.2 709 11.9 … 28.4 121 Jun 26.6 732 11.6 … 28.3 178 Jul 25.7 936 12.6 … 28.9 220 Aug 25.0 907 12.6 … 30.6 133 Sep 24.0 917 12.2 … 30.6 149 Oct 22.1 1,077 12.0 … 30.5 125 Nov 20.1 1,018 11.8 … 30.8 124 Dec 18.1 855 11.5 … 30.8 130 2012 Jan 16.3 820 11.1 316 30.7 96 Feb 15.7 753 10.7 267 30.8 98 Mar 15.1 927 10.4 326 31.0 120 Apr 15.2 1,047 9.8 379 31.8 124 May 15.5 846 8.8 340 29.6 120 Jun 15.5 850 8.0 382 29.3 157 Jul 14.4 1,014 8.0 457 29.6 157 Aug 15.1 1,038 8.3 413 29.5 115 Sep 15.0 994 8.4 351 30.0 100 Oct 15.5 1,163 8.5 … 29.5 93 Nov 15.0 1,103 7.9 … 29.8 76 Dec 15.0 978 8.1 … 30.0 111 2013 Jan 13.6 903 9.1 315 31.0 81 Feb 13.5 845 9.6 260 30.3 87 Mar 13.4 1,117 9.9 329 30.4 106 Apr 14.4 1,102 11.0 343 30.7 102 May 16.0 969 10.6 313 31.4 111 Jun 14.9 989 10.9 370 31.7 136 Jul 18.9 … 11.1 308 31.3 130 Aug 18.9 565 12.0 447 31.0 137 Sep 18.7 301 12.0 337 32.0 86 Oct 18.6 559 12.0 … 31.9 103 Nov 17.8 673 13.4 … 31.8 83 Dec 17.0 678 13.3 … 31.7 111 2014 Jan 17.1 642 13.6 336 32.3 72 Feb 17.3 617 13.6 269 33.4 74 Mar 17.4 755 13.8 327 33.6 83 Apr 17.5 … … … 33.7 102 May 17.3 … … … … 111 Jun 16.7 … … … … … Numéro 3 Juillet 2014 22 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Libya Tunisia Yemen Foreign Foreign Tourism, # of Foreign FDI FDI Reserves Reserves Arrivals Reserves (Million TD) (Million Rials) (bn US$) (bn US$) (Thousands) (bn US$) 2010 Ja n 97.5 10.4 333 … 6.5 27,270 Fe b 96.9 9.8 325 275 6.4 28,091 Ma r 95.3 9.7 441 476 6.1 29,774 Apr 96.4 8.8 495 609 6.1 30,427 Ma y 96.2 8.8 612 764 5.8 30,892 Jun 97.4 8.7 703 937 5.8 28,854 Jul 97.2 8.8 1,064 1,179 8.8 32,452 Aug 98.3 9.0 810 1,433 5.8 29,154 Se p 99.1 9.5 690 1,699 6.0 29,120 Oct 102.1 9.7 646 1,901 5.9 31,135 Nov 101.5 9.3 368 2,227 5.7 31,098 De c 99.9 9.5 416 2,418 5.9 236,569 2011 Ja n 103.8 9.4 178 … 5.9 240,312 Fe b 107.6 9.2 184 215 5.9 234,267 Ma r 107.6 9.2 252 339 5.3 225,939 Apr 109.3 8.4 314 518 5.1 224,020 Ma y 107.9 7.9 358 580 4.8 217,430 Jun 107.4 7.7 … 775 4.7 216,092 Jul 106.8 8.2 656 868 8.2 211,807 Aug 106.9 8.6 … 1,077 4.7 211,327 Se p 104.3 8.0 … 1 238 4.7 210,211 Oct 105.5 8.0 494 1,379 4.8 209,058 Nov 104.6 7.7 372 1,451 4.5 211,885 De c 105.0 7.5 326 1,718 4.5 212,081 2012 Ja n 106.4 7.5 310 172 4.6 206,576 Fe b 108.5 7.3 256 321 4.7 206,753 Ma r 112.3 7.1 372 441 4.7 206,929 Apr 113.9 6.6 469 628 4.7 244,871 Ma y 114.2 6.4 499 942 4.6 208,026 Jun 116.5 6.4 596 951 4.6 218,608 Jul 112.2 6.5 743 1,116 6.5 236,277 Aug 116.0 6.5 740 1 166 4.9 238,153 Se p 117.9 6.5 689 1 554 6.1 231,980 Oct 118.6 6.4 495 1,440 5.9 221,741 Nov 119.0 6.4 386 1,547 6.0 227,461 De c 118.6 8.4 396 3,079 6.1 231,747 2013 Ja n 119.5 8.3 396 206 6.2 230,399 Fe b 119.4 7.4 248 290 5.7 240,388 Ma r 120.6 7.3 279 424 5.9 244,871 Apr 121.5 7.2 … 479 5.9 245,841 Ma y 119.8 6.6 … … 5.7 245,260 Jun 120.5 7.2 … 939 5.6 239,627 Jul 122.1 7.2 … 1,079 7.2 235,641 Aug 121.2 7.1 … 1,208 5.6 243,288 Se p 122.1 7.2 … 1,492 5.6 243,863 Oct 122.1 7.2 … 1,668 5.5 249,018 Nov 118.9 7.3 … 1,777 5.5 251,409 De c 115.4 7.3 … 1,960 5.3 267,523 2014 Ja n 109.6 7.5 … … 5.2 268,732 Fe b 111.3 … … 192 5.0 269,740 Ma r … … … 441 … 263,467 Apr … … … 407 … 261,971 Ma y … … … … … 257,757 Note: December data on FDI is cumulaive for the year. TD: Tunisian Dinars Source: International Financial Statistics, National official sources Numéro 3 Juillet 2014 23 Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA Youth Unemployment (% of labor force ages 15-24 ) 2010 2011 2012 Female Male Total Female Male Total Female Male Total Egypt 54.6 14.8 26.3 65.0 23.6 35.5 64.9 23.8 35.7 Iran 40.8 25.2 28.4 40.6 25.1 28.4 40.5 25.8 28.9 Jordan 49.7 25.1 30.1 48.8 27.3 31.6 51.1 26.4 31.3 Lebanon 22.2 23.1 22.8 22.0 23.1 22.7 21.8 23.3 22.8 Libya 30.6 18.1 22.1 27.4 18.0 21.0 34.4 18.8 23.9 Tunisia 27.3 30.3 29.4 27.1 30.3 29.3 27.2 30.2 29.3 Yemen 53.3 27.9 35.1 52.4 27.8 34.8 51.7 28.1 34.8 Source: World Bank Numéro 3 Juillet 2014 24 Numéro 3 Juillet 2014 1 RÉGION MOYEN-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD DE LA BANQUE MONDIALE BULLETIN TRIMESTRIEL D’INFORMATION ÉCONOMIQUE DE LA RÉGION MENA, Numéro 3, Juillet 2014 Prévisions, perceptions et réalité économique Les défis de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord résumés en 14 graphiques http://www.worldbank.org/en/region/mena/publication/mena-quarterly-economic-brief BANQUE MONDIALE Numéro 3 Juillet 2014 1