Page 1 GROUPE SECTEUR PRIVÉ, RÉGION AFRIQUE M ADAGASCAR É VALUATION DU CLIMAT DES INVESTISSEMENTS 16 JUIN 2005 M ANJU K EDIA S HAH J AMES H ABYARIMANA L INDA C OTTON I VAN R OSSIGNOL 35196 Page 2 i Remerciements Cette évaluation du climat des investissements (ICA) est basée sur une analyse des données de l’enquête relative au climat des investissements, recueillies par ATW Consultants Madagascar avec l’assistance technique de Synovate et du Programme régional de développement de l’entreprise (PRDE) du Groupe secteur privé de la Région Afrique au sein de la Banque mondiale. Jean-Michel Marchat, Josiane Raveloarison et le bureau-pays de Madagascar ont contribué de façon décisive aux enquêtes menées sur le terrain. Jessica Boccardo et Mike Ingram ont fourni une aide précieuse en recherche. Nous voudrions particulièrement remercier toutes les entreprises du secteur privé qui ont pris le temps de participer à l’enquête. Dans le cadre de ce travail, Iain Christie, Alvaro Gonzalez et Gaiv Tata ont fait partie du comité de lecture. Page 3 ii Liste des sigles et abréviations AFD Agence française de développement AGOA Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique AMF Accord multifibres CNUCED Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement COMESA Marché commun de l’Afrique orientale et australe CSU Coûts salariaux unitaires FIAS Service-conseil pour l’investissement étranger (FIAS). FMG Franc malgache FMI Fonds monétaire international FRPC Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance ICA Évaluation du climat des investissements IDE Investissement direct étranger ODM Objectifs de développement pour le Millénaire OMC Organisation mondiale du commerce PIB Produit intérieur brut PMA Pays les moins avancés PME Petites et moyennes entreprises PRDE Programme régional de développement de l’entreprise (PRDE) PTF Productivité totale des facteurs SIDA Syndrome d’immunodéficience acquise SSN Système de surveillance des navires TSA Tout sauf les armes UE Union européenne VIH Virus de l’immunodéficience humaine Page 4 iii Résumé analytique et recommandations sur la politique La République de Madagascar, une île située sur la côte Est de l’Afrique, applique les politiques de libéralisation économique et commerciale depuis plus d’une décennie. Après l’impasse politique connue en 2002, le nouveau gouvernement a donné un nouvel élan à ce processus en adoptant plusieurs réformes orientées vers le libre-échange et en prenant de nouvelles décisions relatives aux orientations générales dans le but d’accélérer la croissance, notamment celle du secteur manufacturier. Toutefois, Madagascar reste l’une des nations les plus pauvres au monde. Il est de plus en plus admis que pour que Madagascar réussisse dans ses efforts de réduction de la pauvreté, les politiques macroéconomiques et commerciales doivent être suivies d’un ensemble de conditions favorables au climat des investissements dans le pays. Le climat des investissements, de façon générale, englobe des caractéristiques spécifiques ou un « géographiques » ainsi que l’état de l’infrastructure, les institutions chargées des questions de politiques économiques et sociales et les mécanismes de gouvernance. Un examen complet de ces facteurs et de leur corrélation avec la performance des entreprises est nécessaire pour concevoir une politique appropriée visant à favoriser le développement ultérieur. Le présent rapport porte sur l’évaluation du climat des investissements à Madagascar, et se fonde sur une enquête minutieuse réalisée sur 293 entreprises du secteur manufacturier à travers le pays (voir le tableau ci-après). Une gamme complète de sujets est couverte dans l’étude relative aux caractéristiques des entrepreneurs et des entreprises, aux données comptables, à l’environnement des affaires, à la perception des politiques commerciales et réglementaires par les entreprises, à l’accès aux ressources financières et enfin, aux caractéristiques du marché de l’emploi. Page 5 iv Structure de l’échantillon des entreprises manufacturières Taille de l’entreprise Pourcentage Type de propriété de l’entreprise Pourcentage Petite (< 100 employés) 72,35 Étrangère** 38,57 Grande (100 employés et +) 27,65 Locale 61,43 Orientation du marché Type de propriété de l’entreprise Entreprise exportatrice* 32,08 Entreprise publique 1,02 Entreprise non-exportatrice 67,92 Entreprise à responsabilité limitée 66,21 Partenariat (responsabilité non limitée) 1,02 Activité de l’entreprise Propriété unique (individuelle) 30,38 Restauration 17,41 Coopérative 0,68 Textiles / habillement 30,38 Autre 0,68 Bois / meubles 21,84 Métaux 5,80 Site d’implantation de l’entreprise Papier / publication 12,63 Antananarivo 84,64 Produits chimiques 7,85 Antsirabe 4,78 Construction 2,39 Tamatave 3,41 Autre 1,71 Autre 7,17 *Exportations correspondant à au moins 10 % des ventes en 2004 **Propriété étrangère à au moins 10 % ou plus Source : Banque mondiale, enquête sur le climat des investissements, Madagascar 2004/2005. I. Données internationales de référence : Indicateurs de performance des entreprises et de l’environnement des affaires L’évaluation du climat des investissements de Madagascar est une analyse unique qui place Madagascar dans une perspective comparative. Les données de l’enquête sur le climat des investissements des secteurs analogues dans plusieurs pays, basées sur un questionnaire unique et une technique d’échantillonnage standardisée sont employées comme des données de référence pour les entreprises malgaches. À notre connaissance, un tel exercice n’a pas été possible jusqu’ici. En particulier, nous évaluons la performance de l’entreprise — telle que mesurée par la productivité totale des facteurs — et l’importance relative des déterminants de la productivité, mesurée par les facteurs du marché (travail et finances), l’environnement des affaires, et le fardeau de la réglementation. Nos résultats indiquent que les entreprises de la zone franche industrielle (zone franche) à Madagascar, en moyenne, sont très compétitives sur le plan régional, et sensiblement plus efficaces que les entreprises hors zone franche, bien qu’il y ait de grandes disparités au sein de ce groupe. Les entreprises malgaches hors zone franche ont une productivité beaucoup plus faible comparée aux entreprises de tous les autres pays de l’Afrique sub- Page 6 v saharienne à l’exception de la Zambie. Cette dichotomie dans le secteur industriel reflète les faibles liens en amont entre les entreprises de la zone franche, l’environnement des affaires encore plus défavorable auquel font face les entreprises hors zone franche et les coûts élevés d’infrastructure et la règlementation appliquée aux deux groupes en comparaison avec la plupart des autres pays de la région. Pour que les entreprises malgaches deviennent plus compétitives sur le plan international, un changement de politique doit intervenir et s’orienter vers l’augmentation de la productivité des entreprises hors zone franche. L’approche Pôles de croissance est une décision politique salutaire à cet égard. A. Performance des entreprises Comment les entreprises malgaches rivalisent-elles avec les entreprises des autres pays en développement d’Afrique et les principaux concurrents que constituent les entreprises de Maurice et de la Chine ? Nous examinons la performance des entreprises malgaches en comparant le travail et la productivité du capital, les coûts salariaux par unité produite et la productivité totale des facteurs de ces entreprises par rapport aux autres. Productivité du travail : Nous constatons que la product ivité du travail à Madagascar est très faible. La productivité médiane du travail à Madagascar n’est élevée que comparée à celle de l’Ouganda, et représente environ un tiers de celle de l’Inde et presque un quart de celle du travailleur moyen en Chine. Cependant, les disparités dans la productivité des travailleurs sont plus élevées à Madagascar. Les grandes entreprises ayant plus de 100 employés ont plus du double de la productivité des plus petites entreprises, et sont plus compétitives sur le plan international. Coûts salariaux par unité produite : Une mesure de compétitivité du travail est le coût salarial par unité produite, qui est évalué sur la base du ratio entre les salaires et la valeur ajoutée. La valeur médiane des coûts salariaux par unité produite à Madagascar, se situant à 0,33, est comparable à celle des entreprises chinoises, et seulement moyennement supérieure à celle des entreprises indiennes. Tous les pays comparateurs en Afrique subsaharienne ont des coûts salariaux par unité produite beaucoup plus élevés. Ceux-ci baissent davantage pour la plus grande catégorie, car une productivité du travail plus élevée est seulement partiellement compensée par des coûts salariaux par unité produite plus élevés. En fait, les plus grandes entreprises ont des coûts salariaux par unité produite bien inférieurs comparés aux entreprises moyennes et sont très compétitives sur le plan international. Mais, les faibles coûts salariaux par unité produite n’offrent pas un avantage énorme. La productivité de Madagascar est toujours relativement faible dans notre échantillon de pays, et elle est affaiblie davantage par des facteurs négatifs présents dans l’environnement des affaires. Intensité du capital et productivité : Le secteur manufacturier de Madagascar, domi né par des entreprises d’habillement à forte intensité de main-d’œuvre, dispose d’un capital très faible par travailleur. L’intensité du capital est plus faible comparée à d’autres pays d’Afrique subsaharienne et dépend de la taille de l’entreprise, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays. Les investissements en termes de nouveau capital social sont Page 7 vi également bas. Pendant les trois dernières années combinées, l’investissement brut a compté pour seulement 7 % des ventes ou 3,8 % du capital social. Madagascar a un niveau de capital social bas et par conséquent obtient des rendements élevés sur chaque dollar additionnel du capital investi. Le pourcentage du rendement du capital est bien moins élevé dans d’autres pays tels que la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya et la Chine qu’à Madagascar, et moyennement plus élevé en Inde, qui a également des modes de production à forte intensité de main-d’œuvre. Productivité totale des facteurs : En mettant en commun des données de pays comparateurs tels que le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Sénégal, le Mali et la Zambie, avec celles de Madagascar, les évaluations transnationales de la productivité totale des facteurs prouvent que les entreprises malgaches ont une productivité globale plus élevée comparées aux entreprises en Zambie, alors que la productivité n’est pas sensiblement différente de celle des entreprises du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie. Lorsque nous examinons des entreprises hors zone franche à Madagascar et dans d’autres pays, nous remarquons que leur performance n’est supérieure qu’à celle des entreprises zambiennes et qu’elles sont moins productives que les entreprises de tous les autres pays. Les entreprises de la zone franche ont une productivité plus élevée que celle de la plupart des autres pays comparateurs. La nature dichotomique du secteur manufacturier à Madagascar est une des conclusions les plus frappantes de nos données, et l’importance d’accélérer les réformes visant à améliorer l’environnement des affaires pour les entreprises locales est une question primordiale d’orientation générale. B. L’environnement des affaires Classements généraux : Les entreprises ont réalisé un classement de plusieurs aspects de l’environnement des affaires y compris les politiques réglementaires, l’infrastructure, les finances, les télécommunications et l’environnement macro-économique. L’environnement des affaires auquel font face les entreprises mauriciennes et chinoises est considérablement plus favorable, une faible proportion d’entreprises faisant état des contraintes majeures relatives à presque tous les aspects de l’environnement des affaires 1 . Le classement des contraintes dans les autres pays d’Afrique subsaharienne est semblable à celui de Madagascar, excepté en ce qui concerne la corruption et les taux d’imposition qui sont habituellement considérés comme étant plus lourds à gérer. L’instabilité macro- économique, le coût du crédit et l’accès à celui-ci, ainsi que l’incertitude relative à la politique de réglementation économique constituent tous des contraintes majeures dans les autres pays africains comparateurs. Fardeau de la bureaucratie: Une des mesures permettant d’apprécier le fardeau de la bureaucratie est le temps passé par les cadres supérieurs d’entreprises avec les autorités chargées de la réglementation. Les comparaisons à l’échelon international indiquent que le fardeau de la bureaucratie est très lourd à Madagascar, où les cadres supérieurs passent 1 Une plus grande proportion d ’entreprises à Maurice signale les réglementations relatives à la main- d’œuvre et l’attribution des licences d’affaires comme étant des contraintes majeures comparées à Madagascar. (Conclusions préliminaires sur Maurice). Page 8 vii 22 % de leur temps à traiter des questions liées à la règlementation. Il est comparable à celui de la Chine mais cinq fois plus lourd que pour les entreprises à Maurice, et plus lourd que pour toutes les entreprises ayant fait l’objet d’enquête en Afrique subsaharienne. La corruption est une contrainte connexe à laquelle sont également soumis tous les types d’entreprises. L’acquisition de la propriété foncière implique de longues procédures qui sont peut-être plus importantes pour les investisseurs potentiels que pour les entreprises existantes ayant participé à l’enquête sur l’ICA. Politiques commerciales : Étant donné le pourcentage élevé des entreprises malgaches qui utilisent les ports pour importer les matières premières et exporter des produits, l’efficacité de la réglementation douanière et commerciale a un impact significatif sur les coûts d’entreprise. Nous constatons que Madagascar s’en sort relativement bien par rapport à un ensemble de pays comparateurs : le délai de dédouanement est l’un des plus courts et en matière d’importation, Madagascar n’est surpassé que par la Malaisie et Maurice et pour l’exportation par la Malaisie. Toutefois, pour une proportion significative des plus grandes entreprises (40 %), la qualité de l’administration douanière est considérée comme mauvaise ou médiocre. Infrastructure : La compétitivité sur les marchés mondiaux exige des services efficaces d’infrastructure pour améliorer la productivité des usines. Une fois de plus, en comparant Madagascar à l’Ouganda, à la Zambie, à Maurice et à la Chine, nous voyons que par rapport à la plupart des autres pays, les entreprises malgaches font face à une alimentation en électricité des plus incertains. Par conséquent, elles font état également du taux de perte de productivité le plus élevé en raison des coupures d’électricité. L’obtention d’un nouveau branchement électrique requiert 18 jours en Chine, 2 jours à Maurice, contre 49 jours à Madagascar. Le nombre de propriétaires d’un groupe électrogène est largement inférieur par rapport à d’autres pays, avec un approvisionnement en électricité d’une piètre qualité. Seulement 21 % des entreprises possèdent des groupes électrogènes. Ceci induit un impact plus fort sur les ventes perdues en raison des coupures d’électricité. Les entreprises malgaches font face à des pertes plus lourdes à cet égard, comparées à celles d’autres pays étudiés. Coûts Indirects : La consolidation des coûts indirects en pourcentage des ventes par l’addition de la proportion totale des ventes perdues en raison des retards de livraison, des coupures électriques, des paiements de dessous-de-table etc., nous permet de constater que les entreprises malgaches supportent une proportion élevée de coûts indirects, soit 15,6 %, comparée à 6,5 % pour Maurice, et 9,1 % pour la Chine. Les coupures électriques expliquent la grande fraction des coûts indirects totaux. Si Madagascar pouvait éliminer ces coupures électriques, ses coûts indirects pourraient être plus bas que ceux de l’Inde. C. Marchés financiers Accès au crédit : Madagascar se positionne favorablement comparé à d’autres pays en matière d’offre de financement à court terme, mais l’accès aux financements à plus long Page 9 viii terme est considérablement faible. Les entreprises utilisent leurs bénéfices non distribués pour financer 80 % des nouveaux investissements. Conditions de nantissement : La valeur du nantissement requis, par rapport à la valeur du prêt est de 137 % en moyenne et est considérablement plus élevée que celle requise dans les autres pays comparateurs. Nous constatons une corrélation étroite entre la qualité des documents produits par les entreprises et l’accès aux crédits bancaires. Les entreprises qui produisent des budgets annuels sont 2,5 fois plus susceptibles d’accéder aux crédits bancaires. Crédit commercial : L’accès au crédit pour les entreprises manufacturières à Madagascar rivalise favorablement avec celui des autres pays comparateurs, avec 60 % de tous les intrants achetés sur crédit. D. Le marché de l’emploi Distribution de l’éducation : Les niveaux d’éducation des travailleurs malgaches sont comparables à ceux des travailleurs d’autres pays ayant un niveau semblable de développement. Revenus des travailleurs : Les salaires à Madagascar sont inférieurs à ceux de tous les autres pays comparateurs. Les ouvriers non qualifiés à Madagascar gagnent 36 dollars par mois, comparés à 145 dollars à Maurice et à 85 dollars en Chine. Les revenus augmentent avec la taille de l’entreprise et sont plus élevés pour celles de la zone franche en comparaison avec celles hors zone franche. Formation des travailleurs : Les opportunités d’acquérir des compétences dans le cadre de l’emploi à travers la formation offerte par l’entreprise ou en dehors de celle-ci sont très limitées. L’offre de la formation par les entreprises malgaches est très faible. Seules 28 % des entreprises, comparées à 70 % au Nigéria, fournissent une formation externe. II: Performance de l’entreprise et rôle du climat des investissements à Madagascar L’outil utilisé dans le cadre de notre étude nous permet également d’examiner divers aspects de l’environnement des affaires à travers les entreprises ayant des caractéristiques différentes, en mettant l’accent sur l’impact différentiel de l’environnement des affaires et du régime réglementaire sur les entreprises. Puisque Madagascar a eu une expérience unique avec le développement de sa zone franche, nous soulignons que nous avons utilisé les données issues de notre étude pour examiner la performance des entreprises de la zone franche ou hors zone franche, et pour voir l’impact du climat des investissements sur chaque groupe. Les données dont nous disposons montrent que les entreprises de la zone franche sont en moyenne plus productives que celles hors zone franche mais, il existe de fortes disparités au sein du groupe d’entreprises de la zone franche. Alors que certaines entreprises de ce Page 10 ix groupe sont très compétitives et que d’autres ont connu une expansion au cours des deux dernières années, la productivité d’autres entreprises laisse plutôt à désirer. En outre, les entreprises hors zone franche sont moins productives que leurs semblables des autres pays comparateurs de la région. Certains aspects de l’environnement des affaires affectent ces groupes différemment, mais, il existe des contraintes communes, telles que le coût de la corruption et de l’infrastructure. Les entreprises en zone franche et celles hors zone franche : En quoi sont-elles différentes ? La croissance du secteur manufacturier de Madagascar entre 2002 et 2004 est en grande partie associée à la celle de son industrie de l’habillement, particulièrement celle des entreprises de la zone franche créées par des investisseurs étrangers. Cependant, la crainte que l’Accord multifibres (AMF) arrive à son terme et que l’abolition subséquente des quotas en janvier 2005 mène au licenciement massif des travailleurs, à la fermeture des entreprises et à une sortie massive du capital à partir de la zone franche vers d’autres pays a été exprimée. Cela s’est-il produit ? Quelle a été la performance des entreprises de la zone franche en comparaison avec d’autres à Madagascar ? Le climat des investissements est-il favorable à ces entreprises ? Qu’est-ce qui peut être fait pour stimuler davantage la croissance dans le secteur manufacturier ? Croissance de l’emploi : Nos conclusions indiquent que la plupart des emplois dans le secteur manufacturier entre 2002 et 2004 ont été créés par les entreprises de la zone franche. Puisque l’enquête n’a inclus que les entreprises existantes, c’est-à-dire celles qui sont opérationnelles, la sortie des entreprises de l’industrie ne peut pas être mesurée par nos données. Cependant, nous remarquons que la majorité des entreprises de la zone franche créées en 2002 ont recruté des employés supplémentaires de 2002 à 2004, les années précédant l’élimination des quotas de textile en vertu de l’AMF. Investissement : La valeur médiane des investissements des entreprises pour chacune des trois dernières années était de zéro. Pour les nouveaux investissements réalisés au cours des trois années cumulées, elle était seulement de 1 647 dollars. Alors que la majorité des entreprises ont réalisé de très petits investissements, quelques grandes entreprises ont fait des investissements lourds en termes de capital social. Le ratio moyen entre l’investissement et les ventes, sur les trois années cumulées, était également remarquablement bas, contrairement à la croissance du travail. Le ratio pondéré entre l’investissement et les ventes était seulement de 7 % tant pour les entreprises de la zone franche que pour celles hors zone franche. Le ratio entre l’investissement brut (pondéré) et le capital social pour l’échantillon entier était seulement de 3,8 %. Le ratio était plus élevé pour les entreprises de la zone franche en raison de leur faible capital social (14,9 %), comparée aux entreprises hors zone franche (2,9 %). Les taux d’investissement nets, si l’on tient compte de la dépréciation, sont susceptibles d’être encore inférieurs. Performance de l’entreprise : Alors que la création des emplois demeure un important objectif à court terme pour la réduction de la pauvreté, l’objectif à moyen terme d’améliorer la qualité des emplois et des revenus des travailleurs dans le secteur Page 11 x manufacturier est inextricablement lié à la productivité de l’entreprise. Nous remarquons que la productivité totale des facteurs est beaucoup plus élevée pour les entreprises de la zone franche comparées à d’autres entreprises, particulièrement les entreprises étrangères de la zone franche. Ceci illustre le succès des entreprises de la zone franche mais également le manque de liens en amont avec le reste de l’économie. Les entreprises locales dont les responsables sont mieux instruits, et qui offrent une formation interne à leurs employés, ont une productivité beaucoup plus élevée comparées à d’autres, ce qui indique que d’autres actions visant l’efficacité peuvent être menées par l’amélioration de la formation du capital humain. Environnement des affaires : Il existe un écart substantiel relatif au degré auquel les contraintes affectent les activités de différents types d’entreprises. Un pourcentage considérablement plus élevé d’entreprises hors zone franche signale que les contrôles de prix, l’inflation et l’instabilité macro-économique constituent les principales contraintes. Les entreprises hors zone franche désignent également le coût d’accès au financement comme des contraintes majeures/graves. Une plus grande proportion d’entreprises de la zone franche signale que l’incertitude relative à la politique de réglementation constitue un obstacle majeur. Toutefois, la proportion qui désigne la corruption comme un obstacle majeur est relativement uniforme à travers toutes les catégories d’entreprises. III. Implications sur la politique Nos données mettent en exergue plusieurs questions importantes qui ont un impact direct sur l’orientation générale : Les politiques concernant les entreprises de la zone franche : Alors que la plupart des entreprises de la zone franche se sont développées rapidement en termes d’emploi, seules quelques entreprises ont réalisé de gros investissements en capital social et ont surpassé les autres en termes de performance. Ces entreprises sont susceptibles de survivre et de se développer avec l’environnement actuel des affaires, car elles sont compétitives à l’échelon international. Pour d’autres entreprises de la zone franche produisant à la marge, leur survie dépend des incitations fiscales. À l’avenir, il y aurait besoin de réaliser une évaluation minutieuse de la structure des incitations pour stimuler la croissance des entreprises efficaces, ne dépendant d’aucun avantage exceptionnel portant sur la réglementation. Une telle étude pourrait étudier où le fardeau de la fiscalité pèse et comment l’impact des impôts et taxes se compare t-il avec ceux d’autres pays dans la région. La généralisation des allègements fiscaux pourrait être envisagée: Notre analyse implique que les exonérations fiscales ou les dégrèvements accordés aux entreprises de la zone franche pourraient être rééquilibrés pour stimuler de nouveaux investissements. La réduction des taxes sur les marchandises et les appareils importés encouragerait l’investissement et la productivité. Ceci favoriserait également l’intensification du capital et la diversification par rapport aux industries footloose. Notre étude montre également que la formation offerte par l’entreprise elle-même a un impact positif direct sur la productivité, alors que la formation fournie par les établissements externes n’a pas le Page 12 xi même impact positif. Les avantages fiscaux accordés grâce à la formation, qui encourageraient une formation adéquate et offerte par le privé, peuvent mener à une augmentation de la productivité, de la valeur ajoutée et éventuellement, des salaires. Les salaires pourraient alors augmenter sans un accroissement du coût de travail unitaire, la mesure sur laquelle les investisseurs étrangers, en général, fondent leur choix du site d’implantation de leurs entreprises. Lutter contre la corruption par la réforme de la réglementation : L es questions liées à la réglementation pèsent lourd dans les réponses des entreprises. Le fardeau de la réglementation à Madagascar est le plus élevé par rapport à l’ensemble des pays comparateurs et n’est pas indépendant du problème énorme de la corruption. Le gouvernement a reconnu que la corruption était un problème et a créé des agences pour la combattre mais, la rationalisation de la réglementation contribuera à la réduction des les occasions de corruption.. L’amélioration des incitations pour les fonctionnaires en charge de la réglementation réduira les incidences des pots-de-vin également. Co ûts indirects élevés en raison d’une infrastructure inadéquate : Le fardeau que représente l’infrastructure inadéquate compte pour presque la moitié des coûts indirects et affecte toutes les entreprises à Madagascar. Une alimentation en électricité qui n’est pas fiable, les insuffisances de la chaîne d’approvisionnement, les réseaux de transports inadéquats et des services d’approvisionnement en eau qui laissent à désirer ont tous des impacts profonds sur la capacité des entreprises à survivre et à prospérer. À la différence de nombreux autres pays, même les grandes entreprises à Madagascar ne peuvent pas faire face aux coupures d’électricité. La proportion d’entreprises propriétaires d’un groupe électrogène est faible à travers toutes les catégories d’entreprises. Il est essentiel que l’approvisionnement en énergie électrique soit amélioré et en attendant cela, que l’achat des groupes électrogènes ne soit pas soumis à des impôts élevés. Les améliorations dans le secteur des transports permettront de réduire les défaillances dans la chaîne d’approvisionnement et auront comme autre conséquence l’élimination des coûts générés par la détention de larges quantités de matières premières et autres stocks. Il est vrai que des progrès considérables sont accomplis dans la réhabilitation, la construction et l’entretien des routes mais, le réseau inefficace du chemin de fer et un faible réseau routier constituent encore incontestablement des contraintes pesantes. Élargir l’accès aux financements et réduire leurs coûts pour les PME : L’enquête montre que les petites et moyennes entreprises souffrent d’une façon disproportionnée, particulièrement en ce qui concerne le coût des financements et l’accès à ceux-ci. Un dialogue sérieux doit avoir lieu avec le secteur bancaire afin d’encourager l’octroi de plus de prêts. Ceci signifie promouvoir davantage la concurrence dans le secteur, y compris la promotion des établissements de micro-finance. Le gouvernement doit jouer le rôle de chef de file en créant un bureau de crédit afin de constituer des historiques de crédits. D’autre part, les services de développement des entreprises doivent s’attacher à instiguer de bonnes pratiques de tenue de livres aux petites et micro entreprises. Élargir la portée des réformes relatives à l’environnement des affaires à toute l’économie est un défi important et il n’y pas de « formule magique ; une stratégie globale est plus Page 13 xii susceptible de permettre d’obtenir des résultats à long terme pour une plus grande proportion de la population. Page 14 xiii Table des matières REMERCIEMENTS.....................................................................................................................................I L ISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS..............................................................................................II RÉSUMÉ ANALYTIQUE ET RECOMMANDATIONS SUR LA POLITIQUE ................................III TABLE DES MATIÈRES.......................................................................................................................XIII 1. INTRODUCTION ...................................................................................................................................1 CONTEXTE ..............................................................................................................................................1 GESTION ÉCONOMIQUE.......................................................................................................................4 2. PERFORMANCE DES ENTREPRISES MALGACHES..................................................................15 PRODUCTIVITÉ DU TRAVAIL À MADAGASCAR ..........................................................................17 PRODUCTIVITÉ DU CAPITAL............................................................................................................21 RÉSULTATS RELATIFS À LA PRODUCTIVITÉ TOTALE DES FACTEURS.................................26 CONCLUSION........................................................................................................................................32 3. ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES.................................................................................................34 L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES DANS UNE PERSPECTIVE INTERNATIONALE...................35 COÛTS INDIRECTS................................................................................................................................56 4. MARCHÉ DES FACTEURS : LE MARCHÉ FINANCIER ET LE MARCHÉ DE L’EMPLOI...60 LE SECTEUR FINANCIER....................................................................................................................57 LE MARCHÉ DE L’EMPLOI.................................................................................................................70 BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................................................87 Page 15 1 1. Introduction Contexte La République de Madagascar, une île située sur la côte Est de l’Afrique dans l’Océan Indien, est l’un des pays les plus pauvres au monde et plusieurs indicateurs macroéconomiques reflètent le fait que la nation est devenue de plus en plus pauvre au cours des 30 dernières années. Le PIB par habitant s’est accru au cours de la période 1999 à 2001 pour la première fois depuis les années 80, atteignant une moyenne de 1,5 % par an. Cependant, entre 1960 et 1999 le revenu moyen par habitant a chuté d’approximativement un tiers en valeur réelle. Pendant ces dernières années, le revenu annuel par habitant s’est graduellement accru et a atteint 290 dollars en 2004, mais ceci est toujours bien en-dessous de la moyenne de ceux des pays d’Afrique subsaharienne et des pays à faible revenu qui se situent à 490 et 450 dollars respectivement. Les projections linéaires (faites sur la base des indicateurs tels que la parité homme-femme, la pauvreté et l’environnement relatifs aux pays africains en 2004) prouvent que Madagascar n’accomplit pas assez de progrès vers l’atteinte des Objectifs de développement pour le millénaire (ODM), (encadré 1.1). Madagascar est devenu indépendant de la France en 1960 et celle-ci a été suivie d’une longue période de régime militaire. Les partis d’opposition étaient reconnus en 1990 et l’île est devenue une république multipartiste. Sur le chemin de la démocratisation, l’élection de 1996 a eu comme conséquence le retour au pouvoir de Didier Ratsiraka qui avait déjà régné dans les années 70 et 80 sous un régime militaire. Ratsiraka a essayé de mettre en œuvre le modèle de réforme du FMI sur l’économie malgache, mais il était peut-être plus connu à cause des nombreuses allégations de corruption que son gouvernement a provoquées. En décembre 2001, une élection présidentielle a eu lieu et Ratsiraka a réclamé la victoire mais son adversaire, Marc Ravalomanana a contesté les résultats. Un chaos politique et des violences sporadiques ont suivi, attisés non seulement par les différences politiques mais également ethniques. Jusqu’en juillet 2002, quand Ratsiraka et plusieurs de ses défenseurs se sont exilés en France, il y a eu un désordre économique considérable. Actuellement, le parti au pouvoir à Madagascar est I love Madagascar (Tiako I Madagasikara - TIM), du Président Marc Ravalomanana. Les prochaines élections présidentielles auront lieu en novembre 2006. Il y a presque 20 ans, Madagascar s’est embarqué dans un processus d’ajustement économique. Les structures socialistes rigidement contrôlées adoptées pendant les années 70 et une grande partie des années 80, qui prônaient l’autosuffisance et une large intervention de l’État dans l’économie ont progressivement été abandonnées. Depuis 1996, le pays a adopté la libéralisation économique et la stabilisation monétaire, amorçant une période de croissance solide et accélérant l’investissement étranger, qui a duré jusqu’en 2001. Même pendant cette période les niveaux de pauvreté étaient Page 16 2 obstinément élevés, à environ 69 %, la gouvernance était restée faible et la corruption perçue était extrêmement élevée. La longue crise politique déclenchée par les élections contestées de 2001 qui a duré six mois, a dévasté l’économie, provoquant une régression de 12,7 % en 2002, et induisant une diminution sensible de l’investissement étranger. Après la résolution de la crise, l’économie a connu une embellie avec une croissance du PIB de plus de 9 % en 2003, le ramenant tout juste en-dessous de son niveau de 2001. Depuis lors, le nouveau gouvernement a commencé à mettre en œuvre des politiques économiques et financières favorables à la conduite des affaires, prenant en compte plusieurs des obstacles à l’investissement étranger. Le gouvernement a énoncé son engagement à maintenir la stabilité macro-économique et à contenir l’inflation tout en accélérant l’application des réformes structurelles en donnant la priorité à la lutte contre la corruption. Puisque l’agriculture continue à employer la majorité de la population, un autre objectif principal du gouvernement est de diversifier les produits destinés à l’exportation pour accroître les exportations des produits agricoles et asseoir la croissance économique. Dans ces efforts visant à donner un nouvel élan à l’économie et à rétablir la confiance, la communauté internationale a joué un rôle important. Les dons officiels des agences multilatérales et des gouvernements étrangers comportent une partie substantielle des ressources financières du secteur public de Madagascar. L’ensemble de l’aide étrangère en pourcentage du PNB fait en moyenne 9,7 %, ce qui est très élevé pour une période de cinq ans, de 1998 à 2002. Le pays bénéficie actuellement de l’aide du FMI et de la Banque mondiale au titre de la Facilité pour la réduction de la Pauvreté et pour la croissance (FRPC) et de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE) et a généralement été près de remplir ses obligations dans le cadre de ces programmes. En 2004, Madagascar a fait face à deux cyclones, la détérioration des termes de l’échange et la dépréciation drastique de la monnaie ont entravé les brillantes perspectives de reprise mais, plus important encore, ont prouvé que l’économie demeure toujours fortement dépendante de l’agriculture et vulnérable à l’impact des mauvaises conditions climatiques sur les récoltes. L’insécurité alimentaire s’accroît à cause de la faible productivité agricole, principalement parce que la disponibilité de l’aliment de base, le riz, est réduite. La production a chuté de 144 kilogrammes par personne par an en 1981 et à 112 en 2001. Les prix du riz sont en augmentation constante (un kilo coûtait 2400 Fmg ou environ 0,25 dollars en avril 2004 et ce prix a presque triplé, passant à 7000 Fmg, soit 0,74 dollars en décembre 2004). Cette tendance des prix est principalement due à la production locale insuffisante, aux cours mondiaux élevés et à la dévaluation de la monnaie locale. Page 17 3 Encadré 1.1 : La pauvreté à Madagascar Structure de l’économie L’emploi à Madagascar est en grande partie concentré dans le secteur agricole avec 70 % de la population vivant dans les zones rurales, (tableau 1.1). La croissance dépendra d’un départ de la main-d’œuvre de ce secteur vers le secteur manufacturier et les services. Tableau 1.1 Répartition des emplois Secteur % Secteur % Agriculture 71,17 Bois 1,10 Commerce 5,45 Autre manufacturier 1,04 Service public 5,35 Textile 1,01 Autre 3,81 Élevage 1,00 Autre service privé 2,61 Agro-industrie 0,80 Transport 2,14 Construction 0,72 Autre secteur primaire 1,77 Tourisme 0,46 Pêche 1,13 Mines 0,44 Source: Banque mondiale, (2002a) L’agriculture contribue d’environ 30 % du PIB, l’industrie de 15 % (avec pour principaux sous- secteurs, l’industrie alimentaire, l’énergie et les boissons), et les services d’environ 55 % (figure 1.1). · La pauvreté urbaine a diminué de 63,2 % en 1997 à 50 % en 2001. Mais plus de 80 % des pauvres vivent dans des zones rurales. La prévalence de la pauvreté, qui avait diminué en 2001 à 69,6 %, a grimpé encore jusqu’ à 75 % de la population totale (environ 17,5 millions de personnes) en 2002. · Après la crise qui a suivi les élections, les chances d’atteindre les ODM d’ ici 2015 s’étaient réduites. Le seul objectif susceptible d’être atteint est le taux d’ inscription des filles à l’école comparé à celui des garçons. Les taux nets d’inscription à l’ école primaire ont également augmenté, d’environ 70 % en 2002 à 84 % en 2003/2004. · Le taux de mortalité infantile reste élevé mais a diminué passant de 103 décès pour 1000 naissances en 1990 à 84 décès pour 1000 naissances en 2001. · Bien que seulement 1,7 % des adultes soit atteint du VIH/SIDA, la maladie est maintenant endémique depuis vingt ans et est en augmentation (de 0,02 % en 1999) et constitue un risque potentiel de santé publique. Cependant, le faible taux d’ infection a été un facteur clé dans la détermination de l’e spérance de vie à la naissance et celle-ci s’est quelque peu améliorée contrairement à d’autres pays d’Afrique subsaharienne. L’espérance de vie à la naissance s’est accrue de 52,8 ans en 1990 à 55,5 ans en 2002 comparé à la moyenne d’Afrique subsaharienne qui se situait à 46 ans en 2002. · L’analphabétisme est répandu, soit 46 % de la population. · Les taux de mortalité juvénile et maternelle sont toujours parmi le plus élevés en Afrique subsaharienne (150 pour mille, 490 pour cent mille naissances, respectivement). · La croissance retardée, un signe de malnutrition, affecte 48,6 % des enfants de moins de 5 ans. · Ces chiffres reflètent principalement les effets combinés d’ un faible taux de croissance économique et d’un taux de croissance démographique annuel moyen élevé (2,8 %). Page 18 4 Figure 1.1 : Contribution au PIB par secteur Source: Fonds monétaire international (2003) Gestion économique Performances en matière de croissance Les réformes structurelles ont commencé vers la fin des années 80, initialement suite à la pression exercée par les institutions financières internationales. Un premier programme de privatisation de 1988 à 1993 et la création du régime de la zone franche au début des années 90 étaient les principales étapes importantes dans cet effort. Après une période d’instabilité et de stagnation significative dans la première moitié des années 90 et en dépit de la corruption généralisée, l’économie malgache a réalisé une bonne performance en 2001 avec une croissance annuelle moyenne réelle du PIB supérieure à 4,5 %, (tableau 1.2). Avec une croissance moyenne de 3,8 % par an de 1997à 1998, la croissance du PIB s’est accélérée de 1999 à 2001, s’élevant à 4,7 % en 1999, à 4,8 % en 2000 et à 6,0 % en 2001. Le PIB par habitant mesuré en dollars est resté pratiquement inchangé jusqu’en 1998, quant à la croissance démographique elle a dépassé la croissance économique. Cependant, le PIB par habitant a commencé à s’accroître en 1998, et la tendance ne s’est inversée qu’avec la crise politique de 2002. L’année d’après, la croissance a repris, de 1,5 % par an en moyenne. De façon générale, Madagascar est toujours à la traîne parmi plusieurs pays d’Afrique subsaharienne (figure 1.2). Agriculture 21 % Pêche/élevage 11 % Forêt 7 % Zone franche 3 % Alimentation 9 % Énergie 2 % Transport 23 % Commerce 16 % Adminstration 8 % Page 19 5 Tableau 1.2: Croissance du PIB et PIB par habitant Madagascar PIB par habitant, dollar courant (PPA) PIB par habitant, cours actuel, dollars Taux de croissance annuel du PIB 1990 770 258 3,13 1991 750 217 -6,30 1992 740 237 1,18 1993 750 259 2,09 1994 750 222 -0,07 1995 760 229 1,71 1996 760 281 2,14 1997 760 242 3,69 1998 770 248 3,93 1999 790 240 4,65 2000 820 243 4,75 2001 870 278 6 2002 740 262 -12,70 2003 318 8,8 Source: Banque mondiale et Nations Unies Figure 1.2 : PIB par habitant, en dollar courant (PPA), de quelques pays d’Afrique subsaharienne 0 2000 4000 6000 8000 10000 12000 1 9 9 0 1 9 9 1 1 9 9 2 1 9 9 3 1 9 9 4 1 9 9 5 1 9 9 6 1 9 9 7 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 Angola Madagascar Maurice Ouganda Source: Banque mondiale Page 20 6 La croissance accélérée pendant la deuxième moitié des années 90 a été conduite principalement par les secteurs non agricoles. Les secteurs secondaires et tertiaires se sont développés aux taux annuels moyens de 6 % et 5 % respectivement. Les sous- secteurs les plus dynamiques étaient la pêche, la zone franche industrielle, le transport des marchandises, les télécommunications, le commerce et le tourisme. Cette croissance est dans une large mesure menée par la zone franche qui a connu une croissance annuelle de 19 % entre 1995 et 1999. Malgré la contribution importante de la zone franche aux exportations et comme source d’emplois dans le secteur manufacturier, elle représente seulement une petite part de la valeur ajoutée. Le secteur tertiaire, principalement le transport et les services, a été celui qui a connu une croissance plus rapide en général comme le montre le tableau 1.3 ci- après. Avec le commerce de gros et de détail, ces secteurs sont peut-être ceux qui ont le plus contribué à la valeur ajoutée ces dernières années. D’autre part, le secteur primaire a connu une croissance de seulement 2 %, principalement en raison de sa faible productivité. Tableau 1.3: Taux de croissance p ar secteur à Madagascar, de 1985 à 2000 1985-1989 1990-1996 1997 1998 1999 2000 Agricole 2,9 1,6 1,9 0,2 1,4 0,8 Minier 11 1 8,5 9 4,7 4,8 Manufacturier 2,2 0,2 2,4 4,8 4,2 5,5 Services 2 0,6 4,7 5,3 4,3 11,1 Source: Banque mondiale Tendances de l’inflation et du taux de change Le taux d’inflation a chuté, passant de plus de 49 % en 1995 à 4,5 % en 1997, avant de croître encore à 15 % en 2002. Cependant, le gouvernement l’a baissé à moins de 1 % vers la fin de 2003. Après une forte performance non inflationniste de la croissance en 2003, deux cyclones ont frappé Madagascar au début de l’année 2004 causant des dégâts considérables sur l’infrastructure et le rendement agricole. Ceci a mené à une détérioration de la balance commerciale avec comme conséquence la dépréciation du franc malgache d’environ 40 % par rapport à l’Euro et une inflation à un taux de croissance de 13,8 %. Le taux de change s’est stabilisé à mi-2004, mais il y a eu des pressions inflationnistes significatives depuis lors. Le gouvernement a renforcé ses politiques monétaire et budgétaire pour contrôler la pression sur les prix, principalement les salaires et les tarifs tout en maintenant une monnaie flottante (figure 1.3). Page 21 7 Figure 1.3: Inflation (% de la croissance) et taux de change (Dollar par rapport à la monnaie nationale, moyenne de la période) -50 0 50 100 150 200 250 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 (% growth) Annual rates of inflation Exhange rate- US$ per nat. currency Source: Fonds monétaire international Légende : (% de la croissance) Taux annuel d’inflation Taux de change du dollar par rapport à la monnaie nationale Politique budgétaire Madagascar a connu d’importants déficits de la balance des paiements depuis le milieu des années 80. Le déficit du compte courant en pourcentage du PIB se situait en moyenne à plus de 6 % pendant les années récentes et s’est élevé à presque 7 % après la crise de 2002 et en 2003. Dans le passé, les déficits du compte courant étaient financés par des emprunts de l’étranger avec pour conséquence une lourde dette extérieure. Le gouvernement s’est tourné vers l’emprunt à l’étranger pour financer les déficits du compte courant, endettant lourdement Madagascar, alors que simultanément les recettes fiscales ont baissé. Ceci était principalement dû à la performance insatisfaisante des douanes et des administrations fiscales ainsi qu’aux exonérations exceptionnelles. La dette en pourcentage du PIB a atteint 112 % en 1993 mais a plus tard diminué à 83,8 % en 2003, indiquant que des progrès ont été accomplis en ce qui concerne la situation financière du gouvernement. Bien que le gouvernement ait encouru des déficits croissants, les recettes fiscales globales ont augmenté d’un tiers, passant de 8,9 % du PIB en 1995 à 12,2 % en 1999. Le niveau du revenu fiscal a atteint 10,5 % du PIB comme moyenne annuelle, en 2000 et 2001. En raison de la crise survenue après les élections, le Page 22 8 revenu est tombé à 8,8 % du PIB à la fin de 2002 mais a augmenté à nouveau en 2003 pour atteindre 13,1 % du PIB. Les dépenses publiques, nonobstant une tendance à l’augmentation, se sont stabilisées autour de 16 % du PIB en 1999 et en 2000. Elles se sont élevées pour représenter 17 % du PIB en 2001, à cause des dépenses encourues pour l’organisation des élections présidentielles (figure 1.4) Puisqu’il existe une marge étroite pour réduire la dépense en raison de la nécessité pressante d’augmenter les dépenses de santé et d’éducation ainsi que de la construction et de la réhabilitation des routes, le gouvernement s’est concentré principalement sur l’amélioration de la performance des recettes fiscales. La structure de l’imposition a changé avec l’élargissement de l’assiette de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les impôts directs ayant presque doublé, et les exonérations ayant été restreintes. Figure 1.4: Équilibre budgétaire : Recettes et dépenses (millions de Fmg) -400000 -200000 0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000 1990 1992 1994 1996 1998 2000 M o n n a i e n a t i o n a l e e n m i l l i o n s REVENUE EXPENDITURE DEFICIT (-) OR SURPLUS Source: Fonds monétaire international, Statistiques financières internationales. Légende : RECETTES DÉPENSES DÉFICIT (-) OU EXCÉDENT Zone franche industrielle et commerciale Depuis le début des années 90, l’économie malgache a été transformée par une série de réformes visant à promouvoir l’ouverture du pays aux échanges. Un élément central dans cette progression était la création de la zone franche industrielle (zone franche) en 1989-1990, offrant des incitations aux entreprises exportatrices, principalement des allégements fiscaux. Les entreprises de la zone franche ne sont pas circonscrites à des zones géographiques spécifiques mais doivent exporter au moins 95 % de leur production ou fournir des services à la zone franche. L’introduction de ce régime spécial pour les entreprises de la zone franche à Madagascar a suivi cette décision dans le but de favoriser une stratégie de croissance impulsée par Page 23 9 l’exportation, conformément aux politiques d’ajustement structurel. Ces événements ont accompagné une dépréciation relativement faible du taux de change nominal et ont créé des conditions favorables à l’exportation. Plus tard, la décision du gouvernement d’adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et au marché commun de l’Afrique australe et orientale (COMESA) en 1995 puis de considérer Madagascar comme pays éligible au titre de la loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA) et à l’initiative de l’Union européenne (EU) relative à la préférence commerciale dite « tout sauf les armes » (TSA), a contribué à l’intégration de Madagascar dans l’économie mondiale. L’AGOA, qui est entrée en vigueur en 2000, permet à des dizaines de pays d’Afrique subsaharienne d’exporter une gamme de produits — particulièrement des vêtements — sans frais de douanes vers les États-Unis. Madagascar est devenu éligible aux avantages relatifs à l’exportation de l’AGOA en mars 2001. Bien que les USA n’aient pas déclassé l’Europe en tant que principal marché d’exportation de Madagascar, ils restent un marché extrêmement important pour l’industrie de l’habillement de l’île. Madagascar a connu des déficits commerciaux constants, les exportations malgaches des marchandises et des services non factoriels ayant presque triplé entre 1991 et 2001 au cours du dollar courant, d’une valeur de 278 millions à 692 millions de dollars en 2000 (figure 1.5). Les entreprises ont voulu tirer le meilleur parti des faibles coûts de la main- d’œuvre à Madagascar. Celles de la zone franche ont eu une influence positive sur le rendement industriel en général, et sur les exportations relatives à l’habillement en particulier. La croissance de l’exportation de Madagascar était impressionnante, particulièrement comparée aux pays d’Afrique subsaharienne, qui, dans l’ensemble, ont connu une augmentation de 15 % seulement, c’est-à-dire un taux annuel moyen de moins de 1 %. La crise de décembre 2001 a provoqué une chute de la production, des mises en chômage technique, et par conséquent une réduction de cette tendance à la croissance du commerce. Le déficit des transactions courantes (transferts inclus) s’est élargi, allant de 1,3 % du PIB en 2001 à 5,9 % du PIB en 2002 en raison de la récession dans les activités commerciales liées à l’exportation d’une valeur de 50,5 %. Le résultat global était que la tendance de la balance commerciale s’est inversée, d’un excédent modeste de 15 millions de dollars en 2001 à un déficit de 117 millions en 2002. Les perspectives sont plus incertaines puisque les dispositions de la loi AGOA stipulent qu’après septembre 2007, pour maintenir leur statut relatif à l’exonération des droits de douanes, les exploitants de la filière de l’habillement des pays bénéficiaires de l’initiative AGOA doivent s’approvisionner en tissus localement, d’autres pays bénéficiaires de la loi AGOA ou des USA. D’ailleurs, la loi expire le 30 septembre 2015. En outre, l’Accord multifibres de l’OMC (MFA) a expiré le 1 er janvier 2005, ce qui perturbera sérieusement les préférences commerciales. Le MFA a précédemment limité les exportations de chaque pays, y compris de la Chine, par un système de quota. Ceci a bénéficié à Madagascar en érigeant des barrières contre ses principaux concurrents, notamment en ce qui concerne les exportations bon marché de l’Asie vers les États-Unis et l’Europe. Page 24 10 Précédemment, l’industrie de l’habillement de Madagascar a enregistré l’une des croissances les plus rapides en Afrique subsaharienne. Toutes les entreprises produisant des vêtements destinés à l’exportation à Madagascar étaient des entreprises de la zone franche. L’industrie a attiré des investisseurs aussi loin que la Chine, Hong Kong, la Malaisie, le Pakistan et Singapour, ainsi que Dubaï, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Cependant, la majorité des investissements viennent de Maurice et moins de 10 % du nombre d’entreprises de la zone franche et un pourcentage encore plus petit d’investissements et d’emplois venant des entrepreneurs malgaches. Il y a crainte que ces entreprises de l’habillement délocalisées clôturent ou soient déplacées en raison de la concurrence croissante de la Chine et d’ailleurs. Juste un mois après la fin des quotas imposés dans le cadre de l’Accord multifibres, les médias ont commencé à signaler la fermeture de quatre entreprises de la zone franche et la perte des 6000 emplois. Figure 1.5: Importations et exportations des biens et des services (en millions de dollars) 0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1 9 9 2 1 9 9 3 1 9 9 4 1 9 9 5 1 9 9 6 1 9 9 7 1 9 9 8 1 9 9 9 2 0 0 0 2 0 0 1 2 0 0 2 2 0 0 3 Années Imports Exports Source: FMI , Statistiques financières internationales. Légende : Importations Exportations À l’évidence, l’augmentation des exportations de la zone franche a considérablement changé la physionomie des exportations entre 1991 et 2001. En 1991, Madagascar exportait presque exclusivement des produits agricoles. Pendant la décennie suivante, la part de l’agriculture dans les exportations totales a diminué de plus de trente points de pourcentage. D’ailleurs, ces dernières années, les faibles prix à l’exportation et la concurrence croissante d’autres pays producteurs ont réduit brusquement les revenus de Madagascar sur les exportations des produits agricoles traditionnels tels que la vanille, le café et les épices. La pêche offshore et la culture de la crevette sont devenues les principaux produits d’exportation, attirant des investisseurs japonais et européens. Pendant ce temps, la part des entreprises de l’industrie de l’habillement de la zone franche (le principal produit étant les pull-overs tricotés) dans les exportations s’est accrue de 4,5 % à plus de 29 % pendant la même décennie (1991-2001). Page 25 11 La croissance la plus rapide des importations est venue des tissus importés utilisés comme intrants par le secteur de l’habillement. Par ailleurs, les importations des produits alimentaires ont progressivement augmenté pendant la décennie passée. Les importations des machines et de l’équipement de transport ont été les principaux secteurs ayant le plus contribué à la croissance des importations. Cette croissance reflète l’impact positif d’un environnement macro-économique plus stable, de meilleures incitations offertes aux entreprises de la zone franche et de l’expansion du secteur des transports. Libéralisation des échanges et du système commercial Au début de l’année 1994, les autorités malgaches ont adopté une réforme rapide du système des échanges et du commerce. Elles ont introduit un marché interbancaire et un taux de change fluctuant, éliminé la plupart des interdictions relatives à l’importation, libéralisé les transactions courantes sur le marché du change et donné aux résidents et aux non-résidents la liberté d’ouvrir des comptes bancaires en devises étrangères. En dépit de tout ceci et des réductions tarifaires additionnelles depuis le milieu des années 80, Madagascar a toujours un niveau relativement élevé de protectionnisme. Les simples droits de douane moyens combinés en sus de la taxe à l’importation sont de 16 %, mais plus d’un tiers des produits sont assujettis au taux maximum de 30 %, y compris les produits de première nécessité tels que les produits alimentaires et les vêtements. Investissement direct étranger L’investissement, mesuré par la formation du capital brut, a montré une tendance à l’augmentation, de 8,4 % du PIB en 1983 à 16 % en 2003. Plus de 53 % des investissements étaient réalisés dans le secteur privé. Actuellement, l’investissement reste inférieur au taux de 18 % enregistré en 2001, qui était affecté par la crise de 2002, bien que la reprise ait été extrêmement rapide. La crise a affecté sérieusement l’investissement direct étranger (IDE) qui augmentait à un taux rapide avant 2002, (figure 1.6). Pendant la période de 1996 à 2001, le gouvernement avait entrepris un large programme de privatisation, qui a conduit à une augmentation nette à long terme de l’investissement direct étranger de 10 millions de dollars en 1996 à 83 millions en 2000. Pendant cette période, les entreprises de la zone franche sont restées au centre de l’investissement direct étranger, comme elles le font actuellement. Suite à la crise de 2002, il y a eu un important déclin dans les flux d’IDE. Ceux-ci se sont accrus légèrement en 2003. Les chiffres officiels pour 2004 n’étaient pas disponibles au moment de la rédaction du présent rapport mais, selon les évaluations de la Banque mondiale, l’IDE net se situe à 44 millions de dollars, toujours moins de la moitié du montant record enregistré en 2001. Les flux de capitaux privés, en part du PIB (y compris les produits de la privatisation) sont passés de 0,2 % à 2,1 % entre 1996 et 2001. En 2002, cette contribution est tombée à 0,1 % du PIB. L’épargne nationale brute a augmenté, atteignant 14,2 % du PIB en 2001 en raison de l’augmentation de l’épargne privée jusqu’à un niveau de 13,7 % du PIB en 2001, comparé à 6,2 % en 1997. L’amélioration du compte courant avec les flux d’investissement direct étranger ont permis également une augmentation des réserves officielles nettes. Ces résultats positifs ont été obtenus en dépit des chocs exogènes, dont Page 26 12 les trois cyclones, qui ont frappé le pays au début de l’année 2000 et de l’augmentation de la facture pétrolière. Figure 1.6: Investissement direct étranger, flux nets, 1995-2003 Source: Banque mondiale Progr ès accomplis en matière de privatisation Parmi les plus importantes réformes structurelles, se trouve le retrait de l’État de l’activité économique et la promotion de la croissance impulsée par le secteur privé. De façon générale, cet aspect du développement du secteur privé a bien été mis en application. Le gouvernement a privatisé deux banques publiques, la société malgache de raffinage du pétrole (SOLIMA) et la compagnie nationale des télécommunications, Télécommunications malgache (TELMA). La Sucrerie de Madagascar, SIRAMA, a été privatisée ainsi que toutes les petites entreprises publiques. Le monopole de la compagnie aérienne nationale, Air Madagascar, a été supprimé et de nouvelles lignes aériennes régionales fonctionnent dans les aéroports malgaches. La gestion d’Air Madagascar a été confiée à Lufthansa Consulting dans le cadre d’un contrat de gestion, tout comme la société malgache de développement du coton (HASYMA), de même que la société malgache de l’eau et de l’électricité (JIRAMA). La ligne ferroviaire du Nord est gérée par une nouvelle compagnie (MADARAIL), qui est en majorité détenue par des opérateurs privés. Le gouvernement a pris plusieurs initiatives légales et institutionnelles visant à essayer d’améliorer la transparence dans les relations entre les secteurs public et privé et à créer un cadre propice aux activités du secteur privé. Conclusion 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 10 0 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 0 2 4 6 8 10 12 14 16 Millions de dollars courants % Taux de formation du capital brut Page 27 13 La c rise politique de 2002 a porté un coup significatif à l’économie malgache. Par rapport à leur niveau de 2001, tous les agrégats économiques ont baissé. L’inflation s’est accrue d’approximativement 6 % en 2001e et 15 % en 2002 et les exportations ont reculé de moitié. Les secteurs secondaires et tertiaires ont été plus affectés par la crise et ont connu une baisse de 25 % et de 12,5 %, respectivement. Ces baisses ont causé un déclin significatif du PIB en 2002 de presque 12 % pendant l’année. La reprise était cependant rapide, avec une croissance du PIB de presque 9 % en 2003. En dépit de l’impact néfaste de deux cyclones et d’une forte dépréciation de la monnaie sur les principaux produits agricoles d’exportation, la croissance pendant l’année 2004 est restée élevée à 5,3 %. Néanmoins, l’incertitude sur l’avenir de la loi AGOA et sur l’impact de la fin de l’Accord multifibre est susceptible d’affecter les décisions d’investissement et à l’implantation des entreprises à Madagascar, ce qui affectera négativement la croissance. Madagascar a également été très dépendant de l’aide étrangère, ce qui est susceptible de créer des distorsions. L’économie malgache est très vulnérable aux chocs. Des périodes de forte croissance ont été tempérées par des chocs externes et internes, (la crise de 2002, les cyclones, les changements intervenus dans les préférences commerciales). Ces chocs ont aggravé les problèmes internes et mis en péril l’environnement des affaires. Nous discuterons en détail dans les prochains chapitres comment ces facteurs réduisent partiellement l’avantage de Madagascar relatif au faible coût de la main-d’œuvre. Page 28 14 2. Performance des entreprises à Madagascar Dans la présente section, nous examinons la performance des entreprises malgaches, en abordant d’abord la productivité du travail manufacturier, le capital social dans le secteur manufacturier et la productivité du capital. La productivité du travail est ensuite comparée aux coûts de la main-d’œuvre, pour obtenir les coûts unitaires de la main d’œuvre du secteur manufacturier. Ces mesures sont comparées sur le plan international et avec différents types d’entreprises à Madagascar, puis, suit une analyse de la productivité totale des facteurs. Nous examinons les caractéristiques déterminant la productivité globale à Madagascar, en analysant l’impact des caractéristiques des entreprises telles que la propriété, l’orientation vers l’exportation, et les voies d’apprentissage tels que l’éducation et la formation, sur la productivité totale des facteurs. Nous comparons également la productivité des entreprises malgaches à celle des entreprises de six autres pays d’Afrique subsaharienne. Madagascar diffère de la plupart des autres pays d’Afrique subsaharienne par son tissu industriel. La position de l’île sur la côte de l’Afrique, sa proximité avec Maurice, les politiques gouvernementales relatives à la zone franche et l’accent mis sur la création d’un secteur de l’habillement impulsé par les exportations ont induit une préférence à cette industrie en matière d’emplois dans le secteur manufacturier, de propriété étrangère et d’exportations. Dans toute notre analyse, nous tenons compte de tous ces aspects. Nos résultats montrent que les entreprises malgaches ont une faible productivité du travail et de capital par employé. Ces ratios sont parmi les plus bas en Afrique sub- saharienne et en Asie de l’Est. Cependant, les salaires des travailleurs sont aussi extrêmement bas. Les salaires médians dans le secteur manufacturier sont plus bas à Madagascar comparés à tous les autres pays étudiés. Comparant les coûts de la main- d’œuvre avec la productivité du travail, l’on remarque que les coûts salariaux par unité, mesurés comme ratios des salaires par rapport à la valeur ajoutée, sont plus bas à Madagascar comparés à la plupart des autres pays. Les coûts salariaux par unité sont plus bas que ceux de tous les autres pays d’Afrique subsaharienne et semblables à ceux de l’Inde et de la Chine. En tenant compte de différentes caractéristiques des entreprises malgaches, nous constatons que les entreprises de la zone franche ont une productivité du travail légèrement plus élevée que d’autres, et une plus faible intensité du capital. Les coûts salariaux par unité sont plus bas pour les entreprises de la zone franche, comparés aux entreprises hors zone franche, et également pour les grandes entreprises comparées à de plus petites entreprises. Il existe de grandes disparités dans la productivité des facteurs autour de la médiane entre les deux groupes. Ces disparités sont plus grandes parmi les entreprises de la zone franche comparées aux entreprises hors zone franche. Les secteurs des produits chimiques et du papier ont une plus forte intensité du capital au sein de l’économie. Les coûts de la main-d’œuvre par employé augmentent avec la taille de l’entreprise et sont plus élevés dans les entreprises de la zone franche que dans les entreprises hors zone franche. Page 29 15 L’étude du comportement des entreprises en matière d’investissement sur les trois dernières années, montre que les taux d’investissement sont des taux médians et sont très faibles pour chacune des trois années et se situent à zéro. Moins de la moitié des entreprises ont investi sur chacune des trois dernières années. Une poignée d’entreprises ont réalisé de gros investissements tant dans la zone franche qu’en dehors de cette zone. Cependant, après pondération par les ventes ou par le capital social, nous remarquons que le ratio cumulatif des investissements pour 2002 à 2004 est de 7 % seulement de ventes, ou de 3,8 % du capital social. Pour obtenir une croissance durable, il faudra accomplir un plus grand effort afin de réaliser des investissements fixes. Les résultats relatifs à la productivité totale des facteurs pour le secteur manufacturier indiquent que les entreprises malgaches produisent des rendements d’échelle de plus en plus croissants, les plus grandes entreprises étant plus efficaces que celles de plus petite taille. Le secteur du travail des métaux est le moins performant, suivi du bois et des meubles. Les entreprises de la zone franche sont sensiblement plus efficaces que celles hors zone franche. Parmi les entreprises de la zone franche, celles qui sont entièrement détenues par les étrangers sont plus efficaces que celles formées en partenariat avec les opérateurs locaux. L’emplacement de l’entreprise est important : les entreprises situées autour d’Antananarivo sont plus efficaces que celles installées dans d’autres zones. Elles bénéficient des rendements positifs significatifs en termes d’éducation et de formation des employés. Les entreprises dirigées par des personnes instruites et ayant un niveau universitaire ont une productivité de 20 % plus élevée que les entreprises dirigées par un personnel ayant un niveau d’éducation secondaire. De même, les entreprises qui dispensent une formation formelle aux employés au sein de l’entreprise ont également une productivité de 23 % plus élevée, comparées à celles qui n’en fournissent pas. L’utilisation des centres externes de formation ne conduit pas à une meilleure performance. Une analyse séparée a été également faite sur les entreprises hors zone franche à Madagascar. Les résultats étaient semblables à ceux de l’échantillon entier, indiquant que ces facteurs déterminant la productivité ne sont pas tributaires des seules caractéristiques des entreprises de la zone franche. Les résultats transnationaux régressifs montrent que lorsque les entreprises malgaches sont comparées en tant que groupe (y compris les entreprises de la zone franche) à celles d’autres pays, leur performance est analogue à celle des entreprises de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Sénégal et du Kenya, meilleure par rapport à celles de la Zambie mais pire que celle des entreprises maliennes. Cependant, en distinguant entre les entreprises de la zone franche malgache et d’autres, et en comparant les entreprises hors zone franche avec les autres entreprises ailleurs, nous voyons que les entreprises hors zone franche ont une performance similaire seulement à celle des entreprises de l’Ouganda et de la Tanzanie. Elles ont une productivité plus faible, comparées aux entreprises du Sénégal, du Mali et du Kenya. Les entreprises de la zone franche malgache ont une meilleure performance que d’autres. Leur productivité est comparable à celle des entreprises du Mali, et meilleure que celle d’autres pays d’Afrique subsaharienne. Page 30 16 Productivité du travail à Madagascar La productivité de travail est mesurée par le ratio entre la valeur ajoutée et la productivité du travailleur. La figure 2.1 présente des comparaisons au plan international sur la productivité du travailleur. Nous voyons que la productivité du travail à Madagascar est très faible. La productivité médiane du travail à Madagascar est plus élevée seulement comparée à la productivité des travailleurs en Ouganda ; elle représente presque un tiers de celle des travailleurs en Inde et presque un quart de celle du travailleur moyen en Chine. Cependant, les disparités dans la productivité des travailleurs sont plus grandes à Madagascar. Les grandes entreprises avec plus de 100 employés ont une productivité beaucoup plus élevée (2 691 dollars par employé), ce qui représente presque le double de la valeur médiane. Figure 2.1 : La valeur ajoutée par travailleur est plus faible à Madagascar que dans d’autres pays, à l’exception de l’Ouganda Source : Évaluation du climat des investissements, 2002-2004 Note : Toutes les valeurs sont des valeurs médianes pour les entreprises dont les données sont disponibles. La valeur ajoutée est calculée en soustrayant les intrants intermédiaires et les coûts de l’énergie des ventes issues de la fabrication. Les employés incluent le personnel permanent et temporaire. Les valeurs sont converties en dollars en utilisant le taux de change moyen tiré de la revue Indicateurs du développement dans le monde . Les grandes entreprises sont celles qui emploient 100 personnes ou plus. Coût salariaux unitaires à Madagascar La compétitivité de Madagascar est inextricablement liée au coût de la main-d’œuvre dans le pays. Deux séries de chiffres sont essentiels pour déterminer la productivité à Madagascar par rapport au reste du monde : les salaires des employés et la valeur ajoutée de ces employés par rapport à ces salaires. Nous avons vu plus haut que les entreprises malgaches ont une faible productivité du travail. Cependant ici le travail peut encore être compétitif au plan international si les salaires sont également bas. Dans les pays en voie de développement avec des marchés du travail et des régimes de taux de change raisonnablement flexibles, on s’attend à ce que les salaires soient bas au début de $0 $1 000 $2 000 $3 000 $4 000 $5 000 $6 000 M a d a g a s c a r T a n z a n i e O u g a n d a K e n y a Z a m b i e I n d e C h i n e Valeur ajoutée par travailleur Grandes entreprises Page 31 17 l’industrialisation. Les salaires augmentent avec le progrès économique, avec la tendance allant vers une industrialisation à plus forte valeur ajoutée. L’étude des salaires des employés non qualifiés au niveau de la production au plan international montre que les ouvriers non qualifiés de Madagascar reçoivent les plus bas salaires, comparés à ceux de tous les autres pays comparateurs, (figure 2.2). Les salaires médians pour un ouvrier non qualifié du secteur manufacturier, tel qu’un opérateur de machine à coudre, sont approximativement de 30 dollars par mois, comparés à 45 dollars en Inde, à 57dollars en Ouganda et à 85 dollars en Chine. Les salaires à Maurice ont atteint 145 dollars par mois, rendant quelques segments de la production de vêtements non compétitifs. Certaines de ces entreprises se sont installées à Madagascar pour tirer profit des faibles coûts de la main-d’œuvre. Figure 2.2: Comparaison des salaires au plan international Monthy Wages of Unskilled Production Workers in Manufacturing 0 20 40 60 80 100 120 140 160 M a d a g a s c a r ( 2 0 0 4 ) I n d i a ( 2 0 0 2 ) T a n z a n i a ( 2 0 0 3 ) U g a n d a ( 2 0 0 3 ) C h i n a ( 2 0 0 2 ) K e n y a ( 2 0 0 3 ) M a u r i t i u s ( 2 0 0 4 ) Titre : Salaires mensuels des ouvriers non qualifiés du secteur manufacturier Madagascar Inde Tanzanie Ouganda Chine Kenya Maurice Page 32 18 Les ouvriers malgaches non qualifiés sont-ils destinés seulement aux emplois dans les segments à faible valeur ajoutée de la production de vêtements, ou peuvent-ils être compétitifs dans d’autres secteurs aussi ? Nous examinons ceci en regardant l’impact net des revenus et de la productivité, mesuré sur la base des coûts salariaux par unité. Il s’agit simplement du ratio entre les coûts de la main-d’œuvre et la valeur ajoutée. Comme le montre la figure 2.3, les coûts salariaux par unité à Madagascar sont comparables à ceux des entreprises en Chine, mais plus élevés qu’en Inde. Il est intéressant de noter que les entreprises malgaches sont de loin plus compétitives que celles d’autres pays d’Afrique subsaharienne comparables. En fait, les plus grandes entreprises ont des coûts salariaux par unité beaucoup moins élevés, comparées à l’entreprise médiane, et sont très compétitives au plan international. Figure 2 .3: Les coûts de la main-d’œuvre sont plus bas à Madagascar (en % de la valeur ajoutée) que dans la plupart des autres pays d’Afrique subsaharienne. 0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50% M a d a g a s c a r T a n z a n i a O u g a n d a K e n y a Z a m b i e I n d e C h i n e Coût de la main-d’œuvre (en % de la valeur ajoutée) Grandes entreprises Source : Évaluation du climat des investissements, 2002-2004 Note : Toutes les valeurs sont des valeurs médianes pour les entreprises dont les données sont disponibles. La valeur ajoutée est calculée en soustrayant les intrants intermédiaires et les coûts de l’énergie des ventes issues de la fabrication. Les valeurs sont converties en dollars en utilisant le taux de change moyen tiré de la revue Indicateurs du développement dans le monde . Le coût de la main-d’œuvre est le coût total des salaires et traitements, des indemnités, des bonus et autres avantages. La performance des employés d’une entreprise ne lève qu’un pan de voile sur la compétitivité de cette entreprise. Il est important de tenir compte également du rôle du capital. Page 33 19 Intensité du capital dans le secteur manufacturier à Madagascar La figure 2.4 montre le niveau d’intensité du capital dans les entreprises malgaches. Nous voyons que les entreprises ici sont à très forte intensité de main-d’œuvre. L’intensité du capital est très faible, particulièrement pour la catégorie des grandes entreprises. La plupart des écarts relatifs à l’intensité du capital peuvent être expliqués par la distribution sectorielle des entreprises. Il existe plusieurs grandes entreprises fonctionnant dans le secteur de l’habillement, un secteur à faible intensité de capital, alors que l’on retrouve plusieurs petites entreprises dans le secteur du papier et de la publication, à plus forte intensité de capital. L’intensité du capital à Madagascar reste faible pour la plus grande catégorie en raison du manque de diversification industrielle dans d’autres secteurs à plus forte intensité de capital, à la différence de la plupart des autres pays. Figure 2.4: Les entreprises malgaches disposent de plus de capital pa r employé que les entreprises en Ouganda, mais moins que celles de tous les autres pays. $0 $2,000 $4,000 $6,000 $8,000 $10,000 $12,000 $14,000 $16,000 M a d a g a s c a r T a n z a n i e O u g a n d a K e n y a Z a m b i e I n d e C h i n e Capital par travailleur (dollars E-U) Grandes entreprises Source : Évaluation du climat des investissements. Note : Toutes les valeurs sont des valeurs médianes pour les entreprises dont les données sont disponibles. Le capital ici représente la valeur de remplacement des machines et des équipements à la fin de l’année 2002. Les employées incluent les travailleurs permanents ou temporaires. Les valeurs sont converties en dollars en utilisant le taux de change moyen tiré de la revue Indicateurs du développement dans le monde . Productivité du capital Étant donné l’investissement limité dans le capital social, il n’est pas surprenant de voir des rendements élevés du capital dans les entreprises malgaches. La productivité du capital à Madagascar est seulement inférieure à celle des entreprises en Inde, et beaucoup plus élevée que dans d’autres pays, (figure 2.5). Page 34 20 Figure 2.5: Les entreprises malgaches ont une valeur ajoutée plus élevée en pourcentage du capital social comparées à celles de tous les pays comparateurs, à l’exception de l’Inde. 0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% M a d a g a s c a r O u g a n d a T a n z a n i e K e n y a Z a m b i e I n d e C h i n e Valeur ajoutée par unité du capital (pourcentage) Source : Évaluation du climat des investissements. Note : Toutes les valeurs sont des valeurs médianes pour les entreprises dont les données sont disponibles. Le capital ici représente la valeur de remplacement des machines et des équipements à la fin de l’année 2002. Les employées incluent les travailleurs permanents ou temporaires. Les valeurs sont converties en dollars en utilisant le taux de change moyen tiré de la revue Indicateurs du développement dans le monde . Nouveaux investissements — Augmentation du capital social Les tableaux précédents ont montré la faible intensité du capital dans le secteur manufacturier. Bien que ces entreprises aient un faible seuil de capital, comment leurs modèles d’investissement ont-ils changé au cours des trois dernières années ? Est-ce que la plus grande partie du capital a été investie récemment ? Les entreprises ont-elles investi dans l’achat des machines et de l’équipement dans un meilleur environnement macro-économique, préparant ainsi une plus grande capacité de production et de croissance ? Nous étudions la question en examinant les données relatives à l’investissement obtenues sur les trois dernières années, fournies par les entreprises dans le cadre de la présente enquête. Les données pour 2002 et 2003 sont basées sur des données reconstituées. Page 35 21 Tableau 2.1: Modes d’investissement : 2002-2004 (les montants sont libellés en dollars) 2002 2003 2004 2002 -2004 % des entreprises réalisant des investissements 31 % 39 % 38 % 62 % % des entreprises de la zone franche réalisant des investissements 39 % 57 % 69 % 82 % % des entreprises hors zone franche réalisant des investissements 29 % 35 % 31 % 57 % Volume médian des investissements 0,00 0,00 0,00 1,647 Volume médian des investissements des entreprises de la zone franche 0,00 568,00 4,545 23,166 Volume médian des investissements hors zone franche 0,00 0,00 0,00 681,00 N 292 292 292 292 Hors zone franche 55 55 55 55 Une caractéristique frappante de ces données est que beaucoup d’entreprises n’investissent pas du tout. Pour chacune des trois années, les volumes médians des investissements s’élèvent à 0,00 dollars, (tableau 2.1). Le volume médian des investissements lors de chacune des trois années cumulées est seulement de 1 647 dollars. La plupart des entreprises qui réalisent des investissements se trouvent dans la catégorie des entreprises de la zone franche. En outre, 82 % de celles-ci ont réalisé au moins quelques investissements au cours de ces trois dernières années, contre seulement 57 % des entreprises hors zone franche. Les volumes médians des investissements pour la zone franche, tout en étant de loin supérieurs à ceux des entreprises hors zone franche, sont de seulement 23 166 dollars pendant ces trois années cumulées. Les volumes moyens d’investissement sont plus élevés, impulsés par quelques gros investissements, pour les entreprises des deux groupes. Le volume moyen des investissements pour l’échantillon était de 106 000 dollars, mené par huit entreprises qui ont réalisé des investissements de plus de 1 million de dollars. Parmi ces grands investisseurs, trois ont été classés dans le groupe « zone franche », alors que cinq étaient des entreprises hors zone franche. Le tableau 2.2 présente les ratios d’investissement. Nous tenons compte de l’investissement par rapport aux ventes et de l’investissement par rapport au capital. Les mesures non pondérées et pondérées sont présentées, avec un poids plus élevé sur les entreprises ayant un plus grand capital social ou ayant réalisé plus de ventes respectivement. Étant donné le capital social bas, les moyennes pondérées d’investissement par rapport aux ventes fournissent la mesure la plus utile. Nous remarquons que pour l’ensemble de l’échantillon, le ratio de l’investissement par rapport aux ventes pour l’ensemble des trois années est de 18,6 %, mais tombe à 7,6 % une fois pondéré par les ventes. Il n’y a pas de différence significative entre les entreprises de la zone franche et celles hors zone franche. Il est clair que les taux d’investissement sont très bas dans le secteur manufacturier à Madagascar. Les ratios pondérés entre Page 36 22 l’investissement et le capital reflètent davantage une autre grande caractéristique - moins de 4 % du capital social du secteur manufacturier provient des investissements réalisés ces trois dernières années. Ils sont beaucoup plus élevés pour les entreprises de la zone franche (en partie en raison de leur faible capital social), et extrêmement bas pour les entreprises hors zone franche. Puisque ces chiffres reflètent des taux bruts d’investissement sur trois années combinées et n’incluent pas la dépréciation, les ratios d’investissement sont susceptibles d’être encore inférieurs. Tableau 2.2: Agrégats des taux d’investissement : 2002-2004 Global zone franche Hors zone franche Investissement/ventes 18,6 % 21 % 18 % Investissement/ventes (pondéré) 7,6 % 7,4 % 7,9 % Investissement/capital 15 % 22 % 14 % Investissement/capital 3,8 % 14,6 % 2,9 % Regardant à la fois nos résultats sur l’intensité du capital et les taux d’investissement, nous remarquons que le capital social à Madagascar est bas et augmente très lentement, même pour les entreprises de la zone franche qui connaissent une croissance la plus rapide en termes d’emploi, (présenté ci-après). Différentiels de productivité à Madagascar À l’examen des différences sur les caractéristiques de performance des entreprises malgaches (tableau 2.3 ci-après) nous remarquons que les entreprises du secteur du papier et de la publication ont une plus forte intensité du capital, suivies des entreprises du secteur des produits chimiques. Les travailleurs du secteur des produits chimiques ont également une forte productivité du travail. Les entreprises du secteur des textiles et de l’habillement ont le moins de capital par travailleur, et la productivité du travail est très faible. À l’examen des différences sur la base de la taille de l’entreprise, nous remarquons que l’intensité du capital diminue pour le plus grand groupe (dominé par les entreprises du secteur de l’habillement dans la zone franche), alors que la productivité du travail augmente. L’utilisation des capacités augmente selon la taille de l’entreprise, de même que les coûts de la main-d’œuvre par travailleur. Les coûts salariaux unitaires chutent. La main d’œuvre dans les plus grandes entreprises est beaucoup plus compétitive comparé aux plus petites entreprises. À l’examen des entreprises de la zone franche par rapport aux entreprises hors zone franche, nous remarquons que les travailleurs des entreprises de la zone franche sont plus productifs que ceux hors zone franche. Les coûts de la main-d’œuvre sont également plus élevés. Cependant, une plus grande productivité est seulement en partie compensée par des coûts de la main-d’œuvre plus élevés. Les coûts salariaux unitaires sont encore Page 37 23 inférieurs pour les entreprises de la zone franche comparés aux entreprises hors zone franche. Les taux d’utilisation des capacités sont plus élevés à Madagascar. L’utilisation médiane des capacités est de 80 %, avec un faible écart. Les seuls secteurs avec un taux d’utilisation des capacités de 70 % sont les produits chimiques et le papier, tous les deux à forte intensité de capital. Pour toutes les mesures de productivité, il est important de noter que les médianes divergent de manière significative de la moyenne, indiquant que les entreprises très peu performantes survivent avec les plus productives. Par exemple, la productivité moyenne du travail dans la zone franche est de 4955 dollars, comparé à une médiane de 1850 dollars. Pour les entreprises hors zone franche, la moyenne se situe à 2890 dollars, comparé à 1407 dollars. Il existe de grandes disparités au sein du groupe d’entreprises de la zone franche, indiquant que certaines entreprises survivent à la marge en raison des avantages fiscaux substantiels, alors que d’autres ont une bonne performance et sont très compétitives sur le plan international. Page 38 24 Tableau 2.3: Productivité médiane à Madagascar par industrie, taille, statut d’exportant et propriété. Utilisation des capacités Capital par travailleur (en dollars) Producti- vité du capital Valeur ajoutée par travailleur (en dollars) Coût de la main d’œuvre par travailleur (en dollars) Salaires en part de la valeur ajoutée Médiane 80,0 2029 0,86 1 453 495 33 % Industrie Agro-industrie 77,5 2 345 0,88 2 086 467 25 % Textile et habillement 80,0 556 1,48 1 126 539 43 % Meubles et bois 80,0 1 671 0,60 1 066 458 46 % Papier et publication 65,0 11,363 0,33 2 350 557 24 % Produits chimiques 62,5 8 012 0,77 6 306 582 10 % Métaux 85,0 2 029 1,41 899 487 49 % Taille Petite 75,0 2 273 0,60 1 141 458 38 % Moyenne 70,0 2 272 1,27 1 946 513 33 % Grande 80,0 1 249 1,41 2 691 678 27 % Statut d’importateur Importateurs 77,5 3 254 1,06 2 006 541 27 % Non-importateurs 80,0 1 494 0,64 1 066 459 46 % Statut d’exportateur Exportateurs 80,0 631 1,41 1 673 590 33 % Non-exportateurs 75,0 2 902 0,60 1 402 461 33 % Statut de zone franche Entreprises de la zone franche 80,0 947 1,33 1 850 591 29 % Entreprises hors zone franche 75,0 2 298 0,64 1 407 475 35 % Propriété Étrangère 80,0 1 515 1,15 2 097 543 38 % Nationale 80,0 2 272 0,62 1 129 462 25 % Source : Évaluation du climat des investissements. Note : Voir les chiffres pour les notes détaillées. Les secteurs ayant moins de 10 entreprises répondant dans le cadre de l’enquête ont été exclus. De façon générale, notre analyse partielle de la productivité prouve que la productivité des travailleurs est très faible. Les travailleurs à Madagascar, tant dans les zone franches et ailleurs, ne sont plus productifs que comparés aux travailleurs en Ouganda, et moins productifs comparés à ceux d’ailleurs. La productivité des travailleurs augmente selon la taille de l’entreprise. Les travailleurs des grandes entreprises sont deux fois plus productifs que ceux des petites entreprises. Combinant ces deux facteurs, nous constatons que les entreprises malgaches restent compétitives au plan international. Les coûts salariaux unitaires (mesurés comme ratio entre les coûts de la main-d’œuvre par ouvrier et la valeur ajoutée par ouvrier), particulièrement dans les plus grandes entreprises, sont presque aussi bas qu’en Inde et inférieurs à ceux des entreprises en Chine. Les coûts de la main-d’œuvre pour les grandes entreprises se situent à seulement 27 % de la valeur ajoutée. Cependant, pour améliorer le revenu des travailleurs, les questions relatives à la productivité doivent être abordées en fournissant aux entreprises un meilleur climat Page 39 25 d’investissement, en améliorant les conditions de travail et les qualifications du personnel. Etant donné la concentration des entreprises de l’habillement à forte intensité de main- d’œuvre, il n’est pas surprenant de trouver un faible capital social dans le secteur manufacturier. Le capital social est le plus bas dans la production des vêtements, indiquant que les entreprises du segment à plus forte intensité de main-d’œuvre et ayant les compétences les plus faibles de ce secteur se sont installées à Madagascar. Les entreprises ont investi très peu dans les machines et l’équipement sur les trois dernières années tant, dans ce groupe que dans d’autres secteurs, avec seulement une poignée d’entreprises réalisant de grands investissements dans le capital. Bien que les mesures de productivité du capital et du travail fournissent des informations utiles sur la performance de l’entreprise, elles peuvent être trompeuses si elles sont considérées de façon isolée. Par exemple, une entreprise pourrait avoir un niveau élevé de productivité du travail parce qu’elle est efficace. Elle pourrait également avoir une forte productivité du travail pour la seule raison qu’elle emploie un procédé de production à forte intensité de capital. Par conséquent, il est également utile de prendre en considération la productivité totale des facteurs, qui prend en compte la productivité résiduelle des entreprises après contrôle de l’usage du capital, du travail et des intrants. Les entreprises avec une productivité totale des facteurs plus élevée sont plus efficaces que les autres parce qu’elles produisent plus de rendement avec peu d’intrants. Résultats relatifs à la productivité totale des facteurs La productivité totale de facteur est évaluée en utilisation une fonction de production des moindres carrés classiques (OLS). La variable dépendante est le log des ventes totales, et toutes les régressions portent sur à l’utilisation par les entreprises du capital, du travail et des intrants intermédiaires (matières premières plus l’énergie). Les résultats sont présentés dans le tableau 2.4 ci-après. Le premier modèle évalue une fonction de production, différenciée seulement par les caractéristiques de propriété. Nous remarquons des rendements d’échelle croissants dans le secteur manufacturier. La somme des coefficients pour la main-d’œuvre, le capital et les intrants intermédiaires est égale à 1,05, ce qui indique qu’en doublant les intrants, le rendement sera plus que doublé. Par conséquent, les plus grandes entreprises utilisant plus d’intrants sont plus efficaces que les plus petites entreprises. En distinguant entre les entreprises de la zone franche entièrement détenues par des étrangers (à 100 %) de celles en partenariat avec des nationaux, et les entreprises publiques des autres, nous constatons que les entreprises de la zone franche entièrement étrangères sont les plus productives, avec 46 % de productivité de plus comparé aux autres. Celles du deuxième groupe ont une efficacité inférieure. Elles sont de 30 % plus efficaces que les autres entreprises. Cette différence est significative à 10 %. Les entreprises publiques sont moins efficaces que les autres, mais cette différence n’est pas significative. Page 40 26 Le second modèle s’appuie sur le premier en incluant d’autres caractéristiques d’entreprise. Nous voyons que la formation du capital humain est très significative dans la détermination de la productivité. Les cadres dirigeants ou les propriétaires ayant un niveau universitaire ont 20 % plus de productivité que ceux ayant seulement le niveau d’éducation secondaire. Nous voyons également que les entreprises qui fournissent la formation interne à leurs travailleurs ont 22 % plus de productivité comparées aux autres. Il n’y a aucun impact sur la performance de l’entreprise lorsque la formation fournie est externe, ce qui se reflète probablement sur la mauvaise qualité des centres externes de formation ou de leur inefficacité à fournir une formation adaptée aux travailleurs de l’entreprise 2 . 2 Plusieurs questions d ’ordre économétrique peuvent être soulevées dans le contexte de ces régressions. L’endogénéité est toujours un problème dans les données couvrant une palette de sections. Les fonctions de production spécifiques au secteur sont également les plus appropriées. Ces questions seront prises en compte dans les prochains documents de recherche. La réduction de la productivité, utilisant la méthode des moindres carrés en une seule étape, il a été prouvé qu’ils produisent des évaluations constantes et c’est cette approche qui a été utilisée ici. Page 41 27 Encadré 2.1: Île Maurice par rapport à Madagascar — Quelques éléments de comparaisons L ’île Maurice figure sur la liste restreinte des pays d’Afrique subsaharienne qui ont réussi à sortir leur population de la pauvreté et à devenir un pays à revenu intermédiaire. La politique de Maurice relative à la zone franche, d’abord adoptée en 1970, et agressivement poursuivie dans les années 80 est au centre de la discussion sur le succès de ce pays. L’île Maurice a-t-elle réussi principalement grâce à sa zone franche ? Ou d’autres facteurs ont-ils contribué à ce succès ? Plusieurs études ont examiné cette question et ont conclu qu’une combinaison de facteurs institutionnels et politiques — ont conjointement mené au « miracle économique » et pas simplement la création de la zone franche. La croissance rapide du secteur manufacturier à Maurice a conduit à une pénurie sévère de la main- d’œuvre sur l’île. Plusieurs de ses usines importent la main-d’œuvre de la Chine et d’ailleurs. Un sous-échantillon de données d’une enquête de la Banque mondiale sur les entreprises à Maurice, actuellement en cours, montre que les ouvriers non qualifiés à Maurice gagnent un revenu médian de 145 dollars par mois, comparé à 30 dollars à Madagascar. La productivité du travail y est également beaucoup plus élevée, à 7 031 dollars par ouvrier, comparée à 1 453 dollars à Madagascar. Alors que le secteur de la zone franche à Madagascar comporte presque exclusivement des entreprises d’habillement, les entreprises de la zone franche mauricienne sont bien plus diversifiées. Il est intéressant de noter qu’il n’y a aucune grande différence de productivité entre les entreprises de la zone franche et celles hors zone franche à Maurice, contrairement à Madagascar. En fait, les coûts salariaux unitaires pour les entreprises de la zone franche se situent à 33 % et sont donc beaucoup plus élevés que ceux des entreprises hors zone franche (23 %). Les entreprises ont également un capital d’investissement plus élevé par travailleur. L’intensité médiane du capital est de 7 294 dollars par travailleur, comparée à 2 029 dollars à Madagascar. Les entreprises d’habillement ont également une plus forte intensité de capital. En fait, une grande partie de l’IDE de Madagascar vient des entreprises mauriciennes qui ont délocalisé les segments de la fabrication des vêtements ayant une faible valeur ajoutée et la plus forte intensité du capital vers leur voisin pratiquant des coûts inférieurs. La volonté d’attirer les « meilleures » entreprises de Maurice souhaitant investir de façon plus permanente à Madagascar demeure un défi politique important. Page 42 28 Tableau 2.4: Résultats de la régression : Déterminants de la productivité Résultats de la régression en utilisant la méthode des moindres carrés Variable Modèle 1 (toutes les entreprises) Modèle 2 (toutes les entreprises) Modèle 3 (entreprises hors- zone franche) Constant 2,29*** (0,32) 1,91*** (0,35) 1,77* (0,36) Capital (log) 0,04* (0,02) 0,06*** (0,02) 0,05*** (0,02) Main-d’œuvre (log) 0,27*** (0,05) 0,24*** (0,05) 0,25*** (0,06) Intrants intermédiaires (log) 0,74*** (0,03) 0,73*** (0,03) 0,75*** (0,03) Produits alimentaires -0,08 (0,13) 0,05 (0,13) -0,01 (0,01) Textile et habillement -0,02 (0,14) -0,06 (0,15) -0,18 (0,17) Bois et meubles -0,16 (0,13) -0,17 (0,13) -0,18 (0,13) Métaux -0,25 (0,17) -0,26 (0,17) -0,26 (0,17) Papier et publication -0,09 (0,13) -0,16 (0,13) -0,19 (0,13) Construction -0,18 (0,22) -0,09 (0,22) -0,15 (0,22) Entreprises étrangères de la zone franche 0,46*** (0,15) 0,41*** (0,15) Entreprises locales + étrangères de la zone franche 0,30* (0,18) 0,30* (0,18) Propriété de l’ É tat -0,09 (0,19) -0,16 (0,19) -0,10 (0,18) Secondaire 0,17 (0,12) 0,20* (0,12) Universitaire 0,20* (0,11) 0,20* (0,12) Formation interne 0,22*** (0,08) 0,20 (0,08) Formation externe 0,03 (0,09) -0,03 (0,09) % du temps de la direction -0,002 (0,002) -0,002 (0,001) Capitale 0,23*** (0,10) 0,25* (0,10) Adj. Rsq 0,94 0,95 0,95 N 163 163 143 *** Significatif à 1 % ** Significatif à 5 % * Significatif à 10 %. T-statistiques entre parenthèses. La variable dépendante est le logarithme des ventes. Le capital est représenté par la valeur de remplacement du capital. Page 43 29 Si le cadre réglementaire constitue un fardeau supplémentaire pour quelques entreprises, nous nous attendrons à voir un impact négatif sur la performance de l’entreprise. Pour mesurer ceci, nous incluons les pourcentages de temps consacré par la direction de l’entreprise à résoudre les questions liées à la réglementation. Nous incluons également une variable muette pour les entreprises installées autour d’Antananarivo, les comparant aux entreprises ailleurs, (modèle n° 2). Ceci permet de ressortir les avantages régionaux y compris de meilleurs services d’infrastructure et d’appui, et la proximité au gouvernement central. Nous voyons que le fardeau de la réglementation n’est pas significatif dans la détermination de la performance de l’entreprise. L’avantage régional est très significatif. Les entreprises situées autour d’Antananarivo ont une productivité de 23 % supérieure à celle des entreprises installées dans d’autres régions. Madagascar comparé aux autres pays: Différences entre les pays Plusieurs questions ont été soulevées concernant la productivité des entreprises malgaches comparée à celle d’autres entreprises dans d’autres pays de l’Afrique sub- saharienne. Nous examinons cette question en réévaluant la fonction de production et en utilisant un échantillon d’entreprises en Ouganda, au Kenya, en Zambie, en Tanzanie, au Sénégal, au Mali et à Madagascar 3 . Les résultats de ces évaluations sont présentés ci- après dans le tableau 2.5. Dans la première colonne, nous présentons les résultats de la comparaison de toutes les entreprises malgaches (y compris celles de la zone franche) aux entreprises d’autres pays. Les résultats prouvent que la performance des entreprises malgaches est analogue à celle des entreprises de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Sénégal et du Kenya, meilleure par rapport à celle de la Zambie mais plus mauvaise que celle du Mali. Cependant, quand nous faisons la distinction entre les entreprises de la zone franche malgache et d’autres, et comparons les entreprises hors zone franche aux entreprises d’ailleurs, nous remarquons que la performance des entreprises hors zone franche n’est semblable qu’à celle des entreprises de l’Ouganda et de la Tanzanie. Elles ont une productivité plus faible comparée aux entreprises du Sénégal, du Mali et du Kenya. Les entreprises de la zone franche malgache ont une meilleure performance que celles d’ailleurs. Leur productivité est comparable à celle des entreprises du Mali, et meilleure que celle d’autres pays d’Afrique subsaharienne. 3 Davantage de pays seront inclus, y compris M aurice, quand l’ICA sera achevé. Une méthodologie économétrique plus rigoureuse peut être appliquée à l’échantillon plus large. Page 44 30 Tableau 2.5: Comparaison de la productivité de plusieurs pays Résultats de la régression en utilisant la méthode des moindres carrés Premier modèle Deuxième modèle Constant 2,67*** (0,18) 2,64*** (0,18) Intrants intermédiaires (log) 0,70*** (0,02) 0,70*** (0,02) Main-d’œuvre (log) 0,27*** (0,03) 0,26*** (0,03) Capital (log) 0,06*** (0,01) 0,06*** (0,01) Ouganda 0,03 (0,08) 0,09 (0,08) Tanzanie -0,03 (0,08) 0,04 (0,09) Sénégal 0,13 (0,09) 0,19** (0,09) Mali 0,43*** (0,10) 0,49*** (0,10) Kenya 0,06 (0,09) 0,15* (0,09) Zambie -0,21*** (0,08) -0,13 (0,09) Zone franche de Madagascar 0,53*** (0,17) Adj. Rsq 0,89 0,89 N 851 851 *** Significatif à 1 % ** Significatif à 5 % * Significatif à 10 %. Erreurs standards entre parenthèses. La variable dépendante est le logarithme des ventes. Le capital est représenté par la valeur de remplacement du capital. a les coefficients des entreprises des secteurs des produits chimiques et de la peinture sont donnés. En outre, les variables muettes au niveau sectoriel ont été incluses pour 7 secteurs (agro-industrie; matériaux de construction; métaux; meubles et bois, papier, publication, textiles, habillement et cuir) Page 45 31 Conclusion Nos résultats prouvent que les entreprises malgaches ont une très faible productivité du travail et de capital par travailleur. Ces ratios sont parmi les plus bas en Afrique sub- saharienne et en Asie de l’Est. Cependant, les salaires des travailleurs sont également extrêmement bas. Les salaires médians dans le secteur manufacturier sont plus bas à Madagascar comparés à tous autres pays étudiés. Comparant les coûts de la main- d’œuvre à la productivité de travail, nous remarquons que les coûts salariaux unitaires, mesurés comme ratio des salaires par rapport à la valeur ajoutée, sont plus bas à Madagascar comparés à la plupart des autres pays. Les coûts salariaux unitaires sont plus faibles que dans tous les autres pays d’Afrique subsaharienne, et semblables à ceux de l’Inde et de la Chine. Une comparaison selon les différentes caractéristiques des entreprises malgaches, permet de constater que les entreprises de la zone franche ont une productivité du travail légèrement plus élevée que d’autres, et une plus faible intensité du capital. Les coûts salariaux unitaires sont plus bas pour les entreprises de la zone franche comparés aux entreprises hors zone franche, et également pour les grandes entreprises comparées à celles de plus petite taille. Les secteurs des produits chimiques et du papier sont ceux qui ont une plus forte intensité du capital dans l’économie. Les coûts de la main-d’œuvre par travailleur augmentent selon la taille de l’entreprise, et sont plus élevés pour les entreprises de la zone franche comparé aux entreprises hors zone franche. L’étude du comportement des entreprises en matière d’investissement sur les trois dernières années montre que les taux d’investissement sont très bas. Les taux médians d’investissement pour les trois années sont de $0. Moins de la moitié des entreprises ont investi sur chacune des trois dernières années. Une poignée d’entreprises ont réalisé de gros investissements tant dans la zone franche qu’en dehors. Cependant, après pondération par les ventes ou par le capital social, nous voyons que le ratio cumulatif des investissements pour 2002 à 2004 est de 7 % seulement des ventes, ou de 3,8 % du capital social. Pour une croissance durable, il faudra accomplir un plus grand effort pour réaliser des investissements fixes. Les résultats relatifs à la productivité totale des facteurs pour le secteur manufacturier indiquent que les entreprises malgaches produisent avec des rendements croissants, les plus grandes entreprises étant plus efficaces que celles de plus petite taille. Le secteur du travail des métaux est le moins performant, suivi de ceux du bois et des meubles. Les entreprises de la zone franche sont sensiblement plus efficaces que celles hors zone franche. Parmi les entreprises de la zone franche, ceux qui sont entièrement détenues par les étrangers sont plus efficaces que ceux formés en partenariat avec les opérateurs locaux. Le site d’implantation de l’entreprise compte: les entreprises situées autour d’Antananarivo sont plus efficaces que celles installées dans d’autres zones. Elles bénéficient des rendements positifs significatifs en termes d’éducation et de formation des employés. Les entreprises dont les dirigeants sont instruits et ont un niveau universitaire ont une productivité de 20 % plus élevée que les entreprises dirigées par un Page 46 32 personnel ayant le niveau d’éducation secondaire. De même, les entreprises qui fournissent une formation formelle aux employés au sein de l’entreprise ont également une productivité de 23 % plus élevée comparées à celles qui n’en fournissent pas. L’utilisation de centres externes de formation n’induit pas une meilleure performance. Une analyse séparée a été également faite sur les entreprises hors zone franche à Madagascar. Les résultats étaient semblables à ceux de l’échantillon entier, indiquant que ces facteurs déterminant la productivité ne sont pas tributaires des seules caractéristiques des entreprises de la zone franche. Les résultats de la régression à travers les pays montrent que lorsque les entreprises malgaches sont comparées en tant que groupe (y compris celles de la zone franche) aux entreprises d’autres pays leur performance est analogue à celle des entreprises de l’Ouganda, de la Tanzanie, du Sénégal et du Kenya, meilleure par rapport à celles de la Zambie mais plus mauvaise que celles du Mali. Cependant, quand nous faisons la distinction entre les entreprises de la zone franche malgache et d’autres, et comparons les entreprises hors zone franche aux entreprises d’ailleurs, nous remarquons que la performance des entreprises hors zone franche n’est semblable qu’à celle des entreprises en Ouganda et en Tanzanie. Elles ont une productivité plus faible comparé aux entreprises du Sénégal, du Mali et du Kenya. Les entreprises de la zone franche malgache ont une meilleure performance que les autres. Leur productivité est comparable à celle des entreprises du Mali, et meilleure que celle d’autres pays d’Afrique subsaharienne. 3. Environnement des affaires Un environnement des affaires propice est essentiel à la création d’entreprises en général et à la croissance de l’emploi en particulier. Pour évaluer le climat général des affaires, il a été demandé aux entreprises de dire dans quelle mesure certains de ces aspects particuliers exerçaient une contrainte sur leurs activités. Le tableau 3.1 indique le pourcentage des entreprises estimant qu’une contrainte constituait une entrave majeure ou très sérieuse à leurs activités. Les entreprises prises comme échantillon considèrent les contrôles de prix et l’inflation comme principales contraintes pesant sur les activités des entreprises du secteur manufacturier. Plus de deux tiers des entreprises les mentionnent comme contrainte majeure/sérieuse. Vient ensuite le coût de financement qu’un peu moins de 67 % des entreprises mentionnent comme entrave majeure. En outre, 64,4 % des entreprises mentionnent l’instabilité macroéconomique alors que 59 % citent l’accès au crédit comme contrainte majeure ou sérieuse. La moitié environ des entreprises mentionne la réglementation des changes, la corruption et les pratiques anti- concurrentielles comme des contraintes importantes. Page 47 33 Tableau 3.1 : Pourcentage des entreprises citant des contraintes majeures ou sérieuses Contrainte Entre- prises de la zone franche Entre- prises hors zone franche Petites entre- prises Entre- prises moyennes Grandes entre- prises Très grandes entre- prises Entre- prises natio- nales Entre- prises étran- gères Entre- prises non expor- tatrices Entre- prises expor- tatrices Total Contrôles des prix et inflation 48,2 72,0 71,1 72,2 63,0 52,9 73,9 57,1 70,7 60,6 67,5 Coût de financement (ex. : taux d’intérêt) 49 70,9 71,9 61,1 57,7 64,5 73 57 69,3 61,8 66,9 Instabilité macroéconomique (inflation, taux de change) 55,4 66,5 62,3 77,8 62,3 64,7 68,2 58,4 66,7 59,6 64,4 Accès au crédit (ex. : garanties) 41,2 63,2 68,8 52,8 44 41,9 67,4 45,8 62,1 52,8 59,1 Réglementation des changes 46,4 50,7 50,6 55,6 43,4 52,9 51,8 46,9 50,3 48,9 49,8 Corruption 50 45,7 45,1 52,8 40,7 52,9 43,3 51,8 45,4 48,9 46,6 Pratiques anticoncurrentielles ou informelles 16,7 51,7 53,6 44,4 34 24,2 52 34,2 52,5 29,4 45,2 Taux d’imposition 40 46 45,5 50 42,6 42,4 47,8 40,2 46,7 40,9 44,9 Services fiscaux 32,1 44,9 42,4 50 41,5 38,2 46,1 36,6 43,9 39,4 42,4 Incertitude de la politique réglementaire 46,4 40,3 38,4 45,7 44,4 47,1 41,2 42 40,5 43,6 41,5 Approvisionnement en électricité 48,2 39,7 45,5 19,4 29,6 58,8 39,4 44,3 39,7 44,7 41,3 Criminalité, vols, troubles sociaux 44,6 36,1 35,6 22,2 50 41,2 36,7 39,3 35,2 43 37,7 Cadre juri dique/règlement des litiges 29,6 36 29,8 44,4 46 33,3 33,1 37,3 33,7 37 34,8 Réglementation douanière et commerciale 37,5 31,4 23,2 36,4 48 44,1 26,8 40,6 26,7 42,6 32,8 Compétence/éducation des travailleurs 35,7 29,2 28,3 22,2 33,3 47,1 27,9 34,5 24,6 43 30,5 Accès à la terre et aux bâtiments commerciaux 18,9 21,1 19 22,2 19,6 27,3 22,7 17,4 19,9 22,5 20,7 Procédures de création d’entreprise 13,7 20,3 22,6 17,7 13,5 12,9 23 12,8 20,1 16,9 19,1 Télécommunications 23,2 14,8 15,6 13,9 16,7 20,6 12,8 22,1 14,6 20,2 16,4 Transports 19,6 15,3 11,5 11,1 18,5 38,2 14 19,5 11,1 26,6 16,1 Réglementation environnementale 10,7 17,3 16,8 22,2 9,3 14,7 18,3 12,4 16,6 14,9 16 Réglementation du travail 25 12,4 9,8 25 13 29,4 13 17,7 10,2 24,5 14,8 Obtention de licences et permis d’exploitation 14,8 14,5 13,5 5,6 26,4 8,8 14,7 14,4 13,3 17,4 14,6 Certifications (ex. : ISO) et normes internationales 8,3 15,7 13 22,2 15,2 12,1 16,3 11,2 15,7 11,3 14,2 Autres (préciser) : 20 11,8 8,3 100 0 0 9,1 18,2 13,3 14,3 13,6 Réglementations sur la santé, l’hygiène, la sécurité et les incendies 7,1 9,3 10,2 8,3 5,6 8,8 10 7,1 7,5 11,7 8,9 La perception des contraintes varie considérablement en fonction du type d’entreprise. Un pourcentage nettement élevé des entreprises hors zone franche, des entreprises nationales et des entreprises non exportatrices considère les contrôles de prix et l’inflation ainsi que l’instabilité macroéconomique comme des contraintes majeures. Les entreprises hors zone franche, les petites entreprises et les entreprises nationales sont plus susceptibles de mentionner le coût du crédit comme contrainte majeure/sérieuse. De même, les entreprises hors zone franche, les petites entreprises, les entreprises nationales et les entreprises non exportatrices sont plus susceptibles de mentionner l’accès au crédit comme entrave majeure. Une large proportion des entreprises de la zone franche et des entreprises de très grande taille mentionnent l’incertitude de la réglementation comme entrave importante. Page 48 34 La propo rtion des entreprises citant les contrôles de prix et l’inflation, ainsi que le coût de financement, comme entraves majeures/sérieuses varie très peu d’un type d’entreprise à un autre. De même, la proportion des entreprises citant la corruption comme entrave majeure est pareille pour toutes les catégories. Les entreprises de la zone franche et d’autres grandes entreprises semblent intervenir dans un cadre particulièrement austère. Une bien large proportion de ces entreprises cite la criminalité, les vols et les troubles sociaux, la corruption, la fourniture d’électricité et la réglementation du travail comme contraintes majeures/sérieuses. Par ailleurs, un bien plus grand nombre d’entreprises produisant principalement pour le marché national cite les pratiques anticoncurrentielles ou informelles comme entraves majeures. L’environnement des affaires dans une perspective internationale Il est instructif de comparer l es paramètres du climat des affaires d’un certain nombre de pays similaires et concurrentiels. S’il est vrai que les données présentées dans le présent rapport sont des perceptions, les comparaisons à l’intérieur d’un pays, entre entreprises et entre pays quant à elles sont problématiques en général ; une comparaison pertinente est possible en se fondant sur un groupe de pays bien choisis dotés d’infrastructures physiques et de dispositifs réglementaires de niveaux comparables. Force est de souligner que les investisseurs se laissent souvent guider par les perceptions. Aussi, nous choisissons le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie, Maurice et la Chine comme groupe de pays comparateurs. Le secteur manufacturier des quatre premiers pays est susceptible d’être similaire à celui de Madagascar, alors que Maurice et la Chine servent d’exemples de pays au secteur manufacturier florissant. Page 49 35 Tableau 3.2 : Comparaisons à l’échelle internationale Évaluation par les entreprises retenues dans l’échantillon des contraintes générales pesant sur leurs activités (Pourcentage des entreprises jugeant les contraintes « majeures » ou « très sérieuses » Kenya Tanzanie Ouganda Zambie Île Maurice Chine Madagasca r Coût de financement 73,3 57,8 60,3 82,1 35,19 21,8 66,9 Instabilité macroéconomique 51,3 43,0 45,4 73,9 31,48 30,2 64,38 Accès au crédit 44,1 48,3 45,0 54,1 25,93 22,8 59,14 Pratiques anticoncurrentielles ou informelles 65,3 24,3 31,1 38,7 35,19 23,7 48,45 Corruption 73,8 51,1 38,2 46,4 37,04 27,3 46,55 Taux d’imposition 68,3 73,4 48,3 57,5 16,67 36,8 44,86 Services fiscaux 50,9 55,7 36,1 27,5 14,81 26,7 42,41 Incertitude de la politique économique et réglementaire 51,5 31,5 27,6 57,0 13,46 32,9 41,52 Fourniture d’électricité 48,2 58,9 44,5 39,6 14,81 29,7 41,3 Criminalité, vols et troubles sociaux ,, 20,0 ,, 48,8 27,78 ,, 37,72 Réglementations douanière et commerciale 39,9 31,5 27,4 32,4 12,96 19,3 32,79 Compétence et niveau d’éducation des travailleurs 27,6 25,0 30,8 35,8 29,63 30,7 30,48 Accès au foncier 24,6 24,6 17,4 17,4 20,37 14,7 20,7 Télécommunications 44,1 11,8 5,2 32,9 11,11 23,5 16,38 Transports 37,4 22,9 22,9 30,4 15,09 19,1 16,1 Réglementation du travail 22,6 12,1 10,8 16,9 27,78 20,7 14,83 Obtention de licences et permis d’exploitation 15,2 27,4 10,1 10,1 44,44 21,3 14,58 * les données sur Maurice sont préliminaires La classification des contraintes à Madagascar est similaire à celle des autres pays d’Afrique subsaharienne, hormis la corruption et le taux d’imposition qui occupent en général un rang plus élevé dans les autres pays. Le coût et l’accès au crédit, l’instabilité macroéconomique, ainsi que l’incertitude de la politique économique réglementaire sont tous les principales contraintes dans les autres pays africains comparateurs. L’environnement dans lequel évoluent les entreprises à Maurice et en Chine est nettement meilleur puisque la proportion des entreprises faisant état de contraintes majeures pour presque chaque aspect de cet environnement est plus faible 4 . 4 Une plus grande proportion d ’entreprises à Maurice qu’à Madagascar mentionne la réglementation du travail et l’obtention des licences comme contraintes majeures. (Les données sur Maurice sont préliminaires). Page 50 36 Figure 3.1 : Comparaison des contraintes à l’échelle internationale Nous comparons entre pays les perceptions des entreprises en regroupant les contraintes en six grandes catégories présentées dans la figure 3.1 ci-dessus. Nous construisons le polygone de chaque pays en utilisant la moyenne de toutes les contraintes regroupées sous chacun des six thèmes, ainsi que le maximum et le minimum régionaux des données de tous les pays. Le sommet du polygone de chaque pays indique le niveau de rapprochement de sa moyenne de la moyenne régionale maximale ou minimale pour le thème concerné. Zéro traduit le fait que la plus faible proportion des entreprises dans un pays donné a mentionné un ensemble de contraintes comme des entraves majeures et 1 signifie que ce pays a enregistré la moyenne la plus élevée pour ce thème en particulier. Le diagramme étoilé ci-dessus montre que le climat des affaires au Kenya est le pire de tous. La taille relative du polygone (« étoile ») indique la qualité relative du climat des affaires. La Zambie vient après le Kenya, suivie de Madagascar. De ces cinq pays, l’Ouganda est celui dont le climat des affaires est le plus propice. Le diagramme étoilé illustre la place des financements comme principale entrave aux activités des entreprises, suivie de la stabilité macroéconomique et des questions liées au travail. Incertitude de la politique réglementaire et instabilité macroéconomique Les contrôles de prix et l’inflation sont les principales contraintes exercées sur l’activité des entreprises manufacturières à Madagascar. L’instabilité macroéconomique et l’incertitude de la politique réglementaire comptent parmi les principales contraintes. Contraintes pesant sur l’activité des entreprises 0 0.5 1 Financement Infrastructure Travail Réglementation Sécurité etStabilité Imposition Kenya Tanzanie Ouganda Zambie Madagascar Page 51 37 Nous examinons des aspects du processus d’élaboration des politiques et l’évaluation de celles-ci par les entreprises en demandant à ces dernières le degré de cohérence des politiques macroéconomiques à Madagascar. Le tableau 3.3 ci-dessous indique le pourcentage des entreprises indiquant si une politique en particulier est moyennement incohérente ou incohérente. Tableau 3.3 : Attitude vis- à-vis des politiques gouvernementales Type d’entre- prise Incitation des investisse- ments étrangers Privati- sation des sociétés d’État Libérali- sation des échanges Libéral- isation des opérations de change Amélio- ration des services fiscaux Souplesse de la politique sur l’emploi des expatriés Amélio- ration des infra- structures Incitations spécifiques à l’investis- sement Baisse des taux d’intérêt bancaires Promotion des biens et services locaux Entreprises hors zone franche 28,4 23,7 23,73 29,1 37,3 20,89 15,3 31,8 46,15 28,1 Entre- prises de la zone franche 16,1 16,4 12,73 26,8 14,3 14,29 9,1 19,6 34,55 23,6 Petites entre- prises 25,8 24,6 22,75 26,7 38,9 18,99 16,9 28,7 44,85 27 Entreprises moyennes 25 22,2 8,33 36,1 33,3 28,57 14,3 25 44,44 14,3 Grandes entre- prises 29,6 16,7 31,48 27,8 27,8 16,67 9,3 38,9 44,44 33,3 Très grandes entreprises 24,2 18,8 15,63 30,3 12,1 18,75 9,1 24,2 40,63 34,4 Entre- prises nationales 22,2 23,3 21,67 24,2 37,2 19,41 15,0 26,7 41,9 23,5 Entreprises étrangères 32,1 20,7 21,62 35,7 25,9 19,82 12,7 33,9 47,27 33,3 Entreprises non exporta- trices 26,1 26,1 21,11 26,9 36,7 20,53 13,1 28,6 44,67 28,3 Entre- prises exporta- trices 25,8 14,1 22,83 32,3 24,7 17,58 16,3 31,2 42,39 25 Total 26 22,3 21,65 28,6 32,9 19,57 14,1 29,5 43,94 27,2 La majorité des entreprises estime que la politique gouvernementale associée à la baisse des taux d’intérêt est incohérente. Un pourcentage élevé des entreprises estime que la politique gouvernementale sur l’emploi des expatriés, l’amélioration des infrastructures, la libéralisation des échanges et la privatisation sont assez cohérentes. Un petit nombre d’entreprises juge favorablement les mesures prises par les pouvoirs publics pour attirer les investissements étrangers, libéraliser les opérations de change, promouvoir la production locale et réformer le système fiscal. Page 52 38 Le tableau 3.4 ci- dessous montre la proportion des entreprises affirmant ne pas être certaines des changements futurs d’un certain nombre de variables macroéconomiques importantes. Un peu plus de 40 % des entreprises interrogées ne sont pas certaines de l’augmentation du taux de croissance du PIB et des taux de change. Les entreprises de la zone franche et les petites-grandes entreprises sont plus susceptibles de se déclarer incertaines. En ce qui concerne le taux de change, 37 % des entreprises n’en sont pas certaines, alors que 23 % ne sont pas certaines en ce qui concerne l’augmentation de l’inflation et des taux d’imposition. Tableau 3.4 : Proportion des entreprises peu certaines de la politique macroéconomique Type d’entreprise Taux de change Inflation Augmentation des impôts Croissance du PIB Entreprises hors zone franche 33,8 21,6 23,7 39,2 Entreprises de la zone franche 48,2 29,1 18,2 44,4 Petites entreprises 33,3 18,7 17,5 41,1 Entreprises moyennes 44,4 27,8 33,3 41,7 Grandes entreprises 39,2 26,4 30,2 44,2 Très grandes entreprises 38,2 32,4 20,6 27,3 Entreprises nationales 38,2 22,9 23,5 42,6 Entreprises étrangères 33,6 23,2 21,4 36,4 Entreprises non exportatrices 35,2 20,2 22,7 40,7 Entreprises exportatrices 39,1 29 22,6 39,1 Total 36,5 23 22,7 40,2 Utilisation du temps par les cadres supérieurs La figure 3.2 ci-dessous montre que les cadres supérieurs des entreprises manufacturières à Madagascar passent une bonne partie de leur temps à traiter de réglementation avec les autorités administratives. Ils consacrent plus du cinquième de leur temps à ces tractations. Comme le montre la figure ci-dessous, cette proportion n’est inférieure qu’à celles de la Chine et de la Lituanie. La longueur du temps passé avec les autorités en charge de la réglementation concorde avec le fait que près de la moitié des entreprises cite l’incertitude de la politique réglementaire comme contrainte majeure/sérieuse, et donne à croire que le manque de clarté sur les droits et obligations règlementaires vis-à-vis des autorités amène les responsables des entreprises à consacrer du temps aux questions liées à la réglementation plutôt qu’à d’autres activités qui accroissent la productivité. Les dirigeants des entreprises de très grande taille consacrent environ le quart de leur temps aux tractations avec les autorités de réglementation. Il est étonnant de constater que les dirigeants des entreprises nationales consacrent plus de temps à ces tractations que les Page 53 39 dirigeants des entreprises étrangères. Le tableau 3.5 ci-dessous montre le nombre total de visites d’inspection des autorités de réglementation et étaie la conclusion ci-dessus selon laquelle soit la réglementation n’est pas très claire soit les autorités de réglementation se comportent en prédateurs. Tableau 3.5 : Le fardeau de la réglementation % du temps consacré par les hauts cadres des entreprises à la réglementation Nombres de visites d’inspection Entreprises hors zone franche 22,6 4,2 Entreprises de la zone franche 20,4 9,3 Petites entreprises 21,4 3,7 Entreprises moyennes 21,6 5,4 Grandes entreprises 22,8 6 Très grandes entreprises 24,1 11,3 Entreprises nationales 23,7 4,1 Entreprises étrangères 19,9 7 Entreprises non exportatrices 22 3,7 Entreprises exportatrices 22,6 8,3 Total 22,2 5,2 3.2 : Temps consacré par les cadres supérieurs à la réglementation 0 5 10 15 20 25 30 % Indonésie Maurice Brésil Afrique du Sud Kenya Inde Sénégal Équateur Madagascar Chine Lituanie Pourcentage du temps consacré par les hauts cadres aux autorités chargées de la réglementation % du temps consacré par les hauts cadres aux autorités chargées de la réglementation Page 54 40 Création d’entreprise Les indicateurs du rapport Doing Business de la Banque mondiale s’appuient sur le critère « création d’entreprise » pour évaluer le fardeau que représente la réglementation. Madagascar se rapproche de la moyenne régionale ou se porte mieux, au regard de ce critère qui se fonde sur le droit commercial et sur l’hypothèse du cas d’une «entreprise- type » (tableau 3.6). Tableau 3.6 : Indicateurs « création d’entreprise » Indicateur Madagascar Moyenne régionale Moyenne de l’OCDE Nombre de procédures 13 11 6 Temps (jours) 44 60 25 Coût (% du revenu par habitant) 65,3 225,2 8 Capital minimal (% du revenu par habitant) 50,7 254,1 44,1 Les moyennes figurant dans Doing Business concordent avec les données de l’ICA sur cet aspect particulier du cadre réglementaire qui montrent que seulement 19 % des entreprises considèrent les « procédures de création d’entreprise » comme une contrainte majeure ou sérieuse. Cependant, il ressort de l’ICA que les procédures de création d’entreprise sont plus compliquées pour les entreprises nationales de petite taille que pour les entreprises de grande taille ou appartenant à la zone franche. Ces procédures sont considérées comme une contrainte par 23 % des petites entreprises contre 13 % pour les grandes entreprises. Les expériences diverses des différents types d’entreprise mises en évidence par les données de l’ICA pourraient traduire l’imprévisibilité dans l’application des procédures réglementaires. C’est cette imprévisibilité plutôt que la qualité de la réglementation écrite qui pousse plus de 40 % des entreprises à classer l’« incertitude de la politique réglementaire » au rang de contrainte majeure ou sérieuse. Réglementation du travail Les données du rapport Doing Business montrent en outre que Madagascar se compare bien à la moyenne régionale pour ce qui est du recrutement et du licenciement des travailleurs, hormis l’indice de difficulté de licenciement qui est bien plus bas à Madagascar (tableau 3.7). Page 55 41 Tableau 3.7 : Indices de recrutement et de licenciement Indicateur Madagascar Moyenne régionale Moyenne de l’OCDE Indice de difficulté de recrutement 28 53,2 26,2 Indice de rigidité des horaires 60 64,2 50 Indice de difficulté de licenciement 60 50,6 26,8 Indice de rigidité de l’emploi 49 56 34,4 Coûts de licenciement (semaines de salaire) 41 59,5 40,4 Les données de l’ICA concordent avec Doing Business en ce que la réglementation du travail n’est pas classée parmi les contraintes les plus importantes pour 85 % des entreprises interrogées dans le cadre de l’ICA. Pour ce qui est de la réglementation du travail, comme pour la création d’entreprise, les réponses divergent en fonction du type d’entreprise. Cette réglementation est plus contraignante pour les entreprises de grande taille ou appartenant à la zone franche que pour les petites entreprises nationales. Corruption La corruption n’est pas étrangère au problème de l’incertitude de la politique réglementaire. Cette contrainte occupe un rang élevé, 45 % des entreprises la considérant comme un obstacle majeur ou sérieux. Cette perception est étonnamment partagée par tous les types d’entreprises. Ce sont les grandes entreprises opérant dans les pays d’Afrique subsaharienne qui, en général, sont visées par les agents publics et auxquelles il est demandé des paiements informels les plus importants. Le Gouvernement malgache a reconnu que la corruption est un problème important. Il a adopté des lois pour la combattre et créé des organes pour les faire appliquer. Ainsi, les données de la Banque mondiale sur les indicateurs de la gouvernance montrent que par rapport à des pays comparateurs de l’Afrique de l’Est, Madagascar se positionne beaucoup mieux au plan de la lutte contre la corruption (figure 3.3). Page 56 42 Figure 3.3 Lutte contre la corruption Titre : Lutte contre la corruption (Région Afrique subsaharienne, 2004) Maurice Madagascar Tanzanie Ouganda Kenya Classement des pays par percentile (0 – 100) Source : D. Kaufmann, A. Kraay et M. Mastruzzi 2005 : Governance Matters IV: Governance Indicators for 1996-2004. (http://www.worldbank.org/wbi/governance/pubs/govmatters4.html ) La figure 3.3 présente le classement en percentile par rapport à l’indicateur de la gouvernance « lutte contre la corruption ». Le classement en percentile indique le pourcentage des pays à travers le monde se situant en dessous des pays sélectionnés (susceptible d’une marge d’erreur). La portée statistiquement probable de l’indicateur de la gouvernance est représentée par une ligne noire fine. Plus grandes sont les valeurs, meilleure est la notation de la gouvernance. Mais, depuis 2002, les classements de plusieurs aspects de la gouvernance à Madagascar ont baissé, hormis la qualité de la réglementation qui n’a cessé de progresser (figure 3.4). Page 57 43 Figure 3.4 Indicateurs de la gouvernance Titre : MADAGASCAR (2004) Représentation des parties prenantes et obligation de rendre compte Stabilité politique Efficacité des pouvoirs publics Qualité de la réglementation État de droit Lutte contre la corruption Comparaison entre 2004, 2002 et 2000 (par ordre décroissant) Classement des pays par percentile (0-100) Source : D. Kaufmann, A. Kraay et M. Mastruzzi 2005 : Governance Matters IV: Governance Indicators for 1996-2004. (http://www.worldbank.org/wbi/governance/pubs/govmatters4.html ) Confiance dans l’application des droits de propriété La question a été posée aux entreprises de savoir à quel point elles avaient confiance « que le système judiciaire ferait appliquer [leurs] droits contractuels de propriété dans un litige commercial ». La figure 3.5 montre le pourcentage des entreprises qui ont répondu positivement à cette assertion. Il existe un faible lien entre la confiance dans les deux instances du gouvernement et la taille de l’entreprise, la proportion des entreprises ayant confiance augmentant avec la taille de l’entreprise. Un plus petit nombre d’entreprises exportatrices, en particulier celles de très grande taille, fait confiance au système judiciaire. Page 58 44 Figure 3.5 : Confiance dans le système judiciaire Il a également été demandé aux entreprises de dire dans quelle mesure elles jugeaient l’appareil judiciaire équitable, corrompu, rapide, d’accès abordable et capable de faire appliquer des sentences (tableau 3.8). Le tableau ci-dessous montre le pourcentage des entreprises qui pensent du bien du système judiciaire. Tableau 3.8 : Attitude vis- à-vis de l’appareil judiciaire Entreprises nationales Entreprises étrangères Total Équitable et impartial 18,8 25 30,4 Honnête/intègre 14,8 31,3 30,8 Rapide 17 3,1 11,4 D’accès abordable 47,8 31,3 41 Capable de faire appliquer les sentences 25,5 35,5 29,5 Dans l’ensemble, la majorité des entreprises n’a pas une bonne impression de l’appareil judiciaire. Seulement 30 % d’entre elles le trouvent équitable/impartial et capable de faire appliquer des sentences, 31 % des entreprises le trouvent honnête, 11 % seulement pensent que les tribunaux liquident les affaires en temps voulu et 41 % trouvent l’appareil judiciaire abordable. Hormis sa capacité à faire appliquer les sentences, les entreprises nationales ont une opinion plus favorable du système judiciaire que les entreprises étrangères. 0 20 40 60 80 Non - exportatrices Exportatrices Micro Petites Moy ennes Grandes Très grandes Micro Petites Moyennes Grandes Très grandes Les tribunaux feront appliquer les droits Système judiciaire Pouvoirs publics Page 59 45 Les données présentées ci-dessus concordent avec les résultats de l’enquête Doing Business réalisée à Madagascar en 2004, qui font état de la longueur et du coût élevé des procédures judiciaires. Cette enquête révèle que le système judiciaire malgache requiert 29 procédures, 280 jours et un coût équivalant à 23 % de la valeur de la dette pour faire appliquer un contrat commercial contre une moyenne de 19 procédures, 229 jours et un coût de 11 % de la valeur de la dette dans les pays de l’OCDE. Le Centre d’arbitrage et de médiation (CAMM) a été créé en 2001 avec pour objectif d’offrir une solution de rechange rapide et plus crédible pour les procès à caractère commercial. Pour mesurer la fréquence à laquelle les entreprises ont recours au CAMM, nous leur avons demandé si elles avaient eu recours à cet organe au cours des deux dernières années. Il était surprenant de constater que seulement 5 des entreprises retenues dans l’échantillon avaient eu recours au CAMM. À la question de savoir pourquoi elles n’avaient pas sollicité ses services, plus de 70 % des entreprises ont affirmé ne pas en avoir eu besoin. Ce sont 2 % des entreprises qui ont affirmé avoir eu recours à d’autres mécanismes pour régler le litige, alors que seulement 1 % des entreprises trouve les procédures de règlement du CAMM très coûteuses et longues, et 21 % des entreprises de l’échantillon ont affirmé avoir fait régler le litige par d’autres voies. L’impression généralement défavorable vis-à-vis de l’appareil judiciaire et le faible recours au CAMM laissent penser que les entreprises ont recours le moins possible à l’appareil judiciaire pour prendre des décisions relatives à leurs activités. Une alternative au recours au système judiciaire consiste pour les entreprises à ne traiter qu’avec les entreprises avec lesquelles elles sont socialement étroitement liées. Ceci limite considérablement les possibilités d’établir une chaîne d’approvisionnement solide qui permet aussi bien le transfert des technologies et des bonnes pratiques de méthodes de gestion et d’accès au crédit commercial. Le GUIDE 66 % des entreprises de l’échantillon savent que le Guichet unique des investissements et du développement des entreprises (GUIDE) existe, sous la tutelle du Ministère de l’Industrie. Il s’agit d’un guichet unique qui regroupe plusieurs services : fiscalité, immigration, l’enregistrement des entreprises, divers services ministériels au pouvoir d’approbation sectoriel, les services fonciers et enregistrement à la zone franche. Plus particulièrement, 80 % des entreprises étrangères savent que le GUIDE existe. Pour évaluer la performance du GUIIDE, nous avons demandé aux entreprises si le GUIDE avait contribué à réduire les délais d’obtention de visas/permis de travail ou d’un bail foncier. L’amélioration des procédures de délivrance de visas/permis de travail est plus perceptible que celle de l’acquisition de baux fonciers. En effet, 23 % des entreprises affirment que le GUIDE n’a pas changé les délais d’obtention de visas, tandis que 45 % affirment qu’il n’y a eu aucun changement quant aux délais d’acquisition d’un bail foncier. Le tableau 3.9 montre que 74 % des entreprises affirment que le GUIDE a réduit la durée de la procédure d’obtention des visas/permis de travail. Seulement 1,5 % affirme Page 60 46 que ce processus s’est compliqué depuis la mise en place du GUIDE, et 43 % des entreprises affirment que le GUIDE a rendu l’obtention d’un bail foncier plus facile, alors que 15,2 % affirment que ce processus est devenu plus difficile. Tableau 3.9 : Une évaluation du GUIDE Le GUIDE l’a rendu… Visa/permis de travail Bail foncier plus facile 73,9 43,1 plus difficile 1,5 6,3 Aucun changement 24,6 50,6 Accès au foncier Les modestes progrès que le GUIDE a pu accomplir dans la facilitation de l’accès au foncier sont extrêmement importants. Par tradition, la propriété foncière est déterminée par des liens ancestraux avec la terre, son aménagement et la propriété collective. Le système d’enregistrement foncier existant est complexe et dépassé, et les registres ne sont pas à jour. En 1996, le gouvernement a commencé à permettre aux étrangers d’obtenir un bail foncier d’une durée pouvant aller jusqu’à 99 ans. Les barrières administratives rendent cette procédure longue et pénible. En outre, les dispositions du bail reconnaissent au gouvernement le pouvoir discrétionnaire de récupérer la terre en cas de rupture de contrat. L’incertitude du recours juridique suscite la méfiance des investisseurs concernant l’acquisition d’un bail. Les questions de régime foncier sont une priorité majeure dans la stratégie de développement du gouvernement et constituent des composantes des projets de la Banque mondiale et de l’USAID. Le questionnaire de l’enquête sur l’ICA a été remis aux entreprises susceptibles d’avoir résolu leurs problèmes les plus urgents d’acquisition foncière il y a des années. Pour cette raison, il est probable que l’évaluation qualitative de l’importance des questions foncières dans le contexte général de l’environnement des affaires soit défavorablement biaisée. Seulement 20 % des entreprises les considèrent comme un obstacle majeur ou sérieux à la pratique des affaires. Seulement 17 % des entreprises retenues dans l’échantillon ont réussi dans leur essai pour obtenir des terres supplémentaires. Les données quantitatives ont été recueillies auprès d’environ 50 entreprises qui ont affirmé qu’il leur a fallu en moyenne 41 semaines pour acquérir un terrain, y compris le temps d’enregistrement, de négociation avec les vendeurs, et d’obtention de toutes les licences et permis de zonage nécessaires (tableau 3.10). Les réponses étaient très variées et la médiane nettement inférieure, soit 24 semaines, une durée qui reste tout de même longue dans la mesure où le rapport Doing Business établit la moyenne régionale à 114 jours ou 16 semaines. (Les données de Doing Business 2004 sur l’acquisition des terres à Madagascar ne sont pas disponibles). Page 61 47 Tableau 3.10 : Acquisition des terres : Temps et coût Moyenne Médiane Combien de temps ( semaines) a duré l’intégralité du processus une fois qu’un site approprié a été identifié ? 40,71 24 À combien s’élevaient les frais de transaction du processus (hormis le coût de la terre) ? a) Frais de transaction (y compris les droits d’enregistrement, les honoraires d’avocat et de courtiers, etc.) 7 239 dollars 739 dollars b) Paiements informels à des fonctionnaires ou à des particuliers. 205 dollars 0 dollar Dédouanement Près de trois quarts des entreprises interrogées importent plus de 10 % des matières premières qu’elles utilisent, soit directement soit par le biais d’un distributeur. De même, 38 % environ des entreprises interrogées exportent plus de 10 % de leur production. Ces entreprises dépendent du bon fonctionnement des services de la douane qui gèrent l’entrée et la sortie des marchandises à Madagascar. Nous mesurons la qualité des procédures douanières de plusieurs façons. Tout d’abord en se fondant sur les données sur les perceptions, présentées au tableau 3.7, pour 33 % des entreprises, la douane et la réglementation commerciale constituent des contraintes majeures ou sérieuses pesant sur leurs activités. Environ 5 % des entreprises qui les ont classées comme contraintes majeures ou sérieuses les considèrent aussi comme la contrainte la plus importante. Ensuite, nous utilisons le nombre de jours requis pour dédouaner les containers entrants et sortants. La figure 3.6 ci-dessous indique le nombre moyen de jours nécessaire pour dédouaner des containers dans un certain nombre de pays en développement ou à revenu intermédiaire. Madagascar affiche un bon score avec moins de temps qu’il n’en faut en Afrique du Sud. Toutefois, les délais de dédouanement en Malaisie, à Maurice, en Indonésie et en Lituanie sont moins longs qu’à Madagascar. Page 62 48 Figure 3.6 : Dédouanement *Les données concernant Maurice sont préliminaires Titre : Nombre moyen de jours nécessaires pour un dédouanement Enfin, nous examinons les perceptions qu’ont les entreprises des services liés au dédouanement et au fonctionnement du port. Le tableau 3.11 ci-dessous montre le pourcentage moyen d’entreprises ayant une mauvaise/très mauvaise impression. Les entreprises semblent moyennement satisfaites des prestations douanières dans l’ensemble. Le tableau ci-dessous montre que moins de 25 % des entreprises de l’échantillon trouvent les différents aspects des opérations douanières de mauvaise qualité. Average number of days to clear 0 2 4 6 8 10 12 14 16 Malaysia Mauritius Indonesia Lithuania Madagascar South Africa Senegal China Peru Kenya Brazil Days Imports Exports Page 63 49 Tableau 3.11 : Perceptions des prestations de dédouanement et des opérations portuaires Entreprises déclarant que les prestations sont mauvaises/très mauvaises (%) Dédouanement et procédures d’importation de matériels, de pièces et d’équipements Dédouanement et procédures d’exportation, ex. : inspection avant embarquement Opérations et administration portuaires Entreprises hors zone franche 18,4 17,8 22,7 Entreprises de la zone franche 18,2 11,1 26,9 Petites entreprises 14,4 18,9 21,4 Entreprises moyennes 30 21,4 24,1 Grandes entreprises 15,2 5,6 17,8 Très grandes entreprises 25 16,1 40,6 Entreprises nationales 15 16,3 17,1 Entreprises étrangères 22,3 14,7 32,6 Entreprises non exportatrices 16 15,9 22,5 Entreprises exportatrices 22 15,1 25,6 Total 18,4 15,5 23,8 Toutefois, quelques problèmes potentiels ressortent des perceptions d’un certain nombre de très grandes entreprises. En effet, 41 % des entreprises de très grande taille trouvent les opérations portuaires et les services administratifs de mauvaise/très mauvaise qualité. Ce constat est extrêmement préoccupant dans la mesure où ces entreprises sont les plus grands exportateurs. Infrastructures La compétitivité sur le marché mondial suppose une forte productivité en usine, laquelle ne peut être obtenue sans un minimum de services d’infrastructure complémentaires fiables et abordables. Nous mesurons la qualité des services d’infrastructure mis à la disposition des entreprises de deux façons. Tout d’abord en utilisant des données sur les perceptions. Nous avons demandé aux entreprises de noter la qualité de divers services d’infrastructure. Le tableau 3.12 ci-dessous indique le pourcentage d’entreprises estimant qu’un service d’infrastructure particulier est de mauvaise ou de très mauvaise qualité. La fourniture d’électricité, le traitement des déchets, la sécurité et les services ferroviaires sont les prestations les plus citées comme étant d’une qualité ou d’une fiabilité se situant bien en deçà des normes voulues. Une proportion de 43 % des entreprises affirme que les services d’électricité sont de mauvaise ou de très mauvaise qualité. Il y a des variations importantes entre les catégories d’entreprises : près de 60 % des entreprises de très grande taille trouvent l’approvisionnement en électricité de mauvaise qualité. De même, 50 % (contre 39 %) des entreprises étrangères estiment que l’approvisionnement en électricité est de mauvaise qualité. Page 64 50 Sur l’ensemble des entreprises, 41 % estiment que les services de traitement des déchets sont de mauvaise/très mauvaise qualité, et 48 % des entreprises nationales et 45 % des entreprises de la zone franche estiment que les services de traitement des déchets sont de mauvaise/très mauvaise qualité (contre 31 % et 24 % respectivement). Plus de la moitié des entreprises de très grande taille juge les services de sécurité de mauvaise/très mauvaise qualité. Tableau 3.12 : Perceptions des infrastructures Entre- p rises de la zone franche Entre- p rises hors zone franche Petites e ntre- prises Entre- p rises moyennes Grandes e ntre- prises Très g randes entre- prises Entre- p rises nationales Entre- p rises étran- gères Entre- p r i ses non expor- tatrices Entre- p rises expor- tatrices Total Fourniture d’électricité 48,21 42,19 41,32 33,33 44,44 58,82 38,89 50,44 42,21 45,74 43,34 Traitement des déchets 24,07 45,73 42,68 41,67 42,59 37,5 48,04 31,19 45,69 32,97 41,67 Sécurité (police) 35,71 34,89 34,34 25 33,96 52,94 31,84 40,18 35,03 35,11 35,05 Services ferroviaires 25 33,55 28,44 45,83 35,48 30,43 31,36 33,33 33,82 27,45 32,09 Routes 26,79 28,39 25,9 16,67 33,33 41,18 24,02 34,51 27,78 28,72 28,08 Services postaux 27,27 23,91 25,47 17,14 26,42 26,47 22,03 28,7 21,03 32,22 24,56 Télécommuni- cations terrestres 19,64 16,45 16,15 8,33 22,22 23,53 13,22 23,01 14,51 22,34 17,07 Internet 22,64 13,82 13,91 18,18 14 23,53 10,43 23,36 12,29 21,98 15,56 Approvision- nement en eau 25,45 12,29 13,25 5,56 13,21 35,29 11,24 20,35 11,11 22,58 14,78 Services de transport routier 18,18 13,1 13,84 8,57 16,67 17,65 10,98 18,92 11,46 19,57 14,08 Fret aérien 9,09 4,84 4,03 9,09 7,84 6,06 4,29 7,92 3,95 8,99 5,81 Télécommuni- cations mobiles 8,93 1,27 1,2 0 5,56 8,82 0,56 6,19 2,01 4,3 2,74 Un peu moins du tiers des entreprises interrogées estime que les services ferroviaires sont de mauvaise/très mauvaise qualité. La notation par les entreprises de la qualité des services ferroviaires est raisonnablement la même entre les différentes catégories d’entreprises variant de 25 à 35,5 % ; 35 % des entreprises de très grande taille trouvent les services d’approvisionnement en eau de mauvaise qualité, tandis que la moitié des mêmes entreprises trouvent les routes et la sécurité de mauvaise qualité. Par ailleurs, 14 % des entreprises de la zone franche estiment que les services de transport routier sont de mauvaise/très mauvaise qualité. Les services de télécommunication mobile sont les moins susceptibles d’être jugés de mauvaise qualité, suivis des services de fret aérien. La seconde façon d’évaluer la qualité des infrastructures se fonde sur les réponses des entreprises concernant des mesures objectives de la qualité du service. Les entreprises ont été interrogées sur la fréquence et la durée des coupures d’électricité et sur le pourcentage des pertes de rendement qui en résultaient. Nous avons en outre demandé aux entreprises si elles palliaient cette mauvaise qualité du service en se munissant de leurs propres installations d’approvisionnement en électricité et en eau. Nous avons enfin demandé aux entreprises combien de temps il leur fallait pour obtenir un nouveau raccordement téléphonique ou électrique. Les résultats sont présentés dans le tableau 3.13 ci-dessous. La fréquence des coupures d’électricité est très élevée. Une entreprise en subit en moyenne 78 par an. Les écarts Page 65 51 dans cette mesure sont aussi considérablement élevés. La fréquence médiane des coupures est de 30. Même cette médiane laisse toutefois penser qu’une entreprise subit au moins une coupure d’électricité tous les 12 jours. La durée moyenne des coupures est de 5 heures (la médiane étant de 1 heure). Le manque de fiabilité de la fourniture d’électricité se reflète dans les pertes de rendement dues aux coupures. Les entreprises perdent en moyenne près de 11 % des ventes du fait de la mauvaise qualité de l’approvisionnement en électricité. Il s’agit là d’une perte d’efficacité très importante. Au regard de la fréquence et du coût de ces services qui sont de mauvaise qualité, il est étonnant de constater que seulement 21,5 % de l’ensemble des entreprises se sont munis d’un groupe électrogène. La moitié des entreprises de très grande taille et deux cinquième des entreprises de la zone franche possèdent un groupe électrogène. Les très grandes entreprises sont quatre fois plus susceptibles de posséder un groupe électrogène que les petites entreprises. Le faible nombre d’entreprises possédant un groupe électrogène donne à penser à une probable entrave à l’importation de groupes électrogènes. Peu d’entreprises disposent de leurs propres installations d’approvisionnement en eau, 17 % seulement d’entre elles possédant un forage, bien qu’un quart des entreprises retenues dans l’échantillon considère le service public de mauvaise ou de très mauvaise qualité. Comme pour l’auto-approvisionnement en électricité, une plus large proportion des entreprises de la zone franche possède un puits. Tableau 3.13 : Quelques mesures objectives de la qualité des services d’infrastructure Entre- prises hors zone franche Entre- prises de la zone franche Petites entre- prises Entre-prises moyennes Grandes entre- prises Très grandes entre- prises Entreprises nationales Entre- prises étrangères Entre- prises non expor- tatrices Entre- prises expor- tatrices Total Total médian Fréq. des coupures d’électricité (nbre de fois l’année dernière) 66,54 123,79 64,31 76,96 94,98 125,19 63,33 102,41 64,25 105,99 77,99 30 % des pertes de production dues aux coupures d’électricité 11,65 6,31 7,94 5,65 8,26 35,06 7,93 15,17 7,46 17,56 10,66 5 Possèdent un groupe électrogène (%) 17,72 37,5 13,17 19,44 29,63 52,94 18,89 25,66 18,09 28,72 21,5 0 Possèdent un forage (%) 15,61 25 14,97 19,44 22,22 20,59 17,22 17,7 15,08 22,34 17,41 0 % des pertes de production pendant l’expédition 1,91 1,55 2,09 1,29 1,41 2,29 1,91 1,71 1,85 1,77 1,81 0 Nbre de jours pour obtenir un raccordement téléphonique 30 14 30 91 60 14 21 60 21 30 30 30 Nbre de jours pour obtenir un raccordement électrique 52 39 46 53 63 41 43 57 52 45 49 30 D’importantes pertes sont associées aux services de transport maritime, partant de l’usine au consommateur final. Les pertes de production pendant l’expédition s’élèvent en moyenne à 1,8 %. Elles résultent de la détérioration, de la casse ou de vols. Enfin, le délai médian d’obtention d’un nouveau raccordement téléphonique ou électrique est de 30 et 90 jours respectivement. Pour déterminer dans quelle mesure la qualité des infrastructures affecte la compétitivité à l’échelle internationale des entreprises implantées à Madagascar, il convient de Page 66 52 comparer ces mesures objectives avec celles d’un groupe de concurrents potentiels. Le tableau 3.14 présente les moyennes de la qualité des infrastructures dans les pays suivants : Ouganda, Zambie, Île Maurice et Chine. Tableau 3.14 : Qualité des infrastructures — Comparaisons entre pays Ouganda Zambie Madagascar Île Maurice Chine Fréq. des coupures d’électricité (nombre de fois l’année dernière) 38,6 37,2 77,99 5,3 s.o. % des pertes de production dues aux coupures d’électricité 6,3 4,5 10,66 2,5 1,8 Possèdent un groupe électrogène (%) 35,3 38,2 21,5 42,6 17 Possèdent un forage (%) 13 59,9 17,41 33,3 21,1 % des pertes de production pendant l’expédition s.o. 3,8 1,81 0,8 1,2 Nbre de jours pour obtenir un raccordement téléphonique 33,2 132,5 30 9 12,5 Nbre de jours pour obtenir un raccordement électrique 38,3 120,7 90 2 18,2 Comparées aux entreprises de tous les autres pays, les entreprises malgaches sont confrontées au service d’approvisionnement en électricité le moins fiable. La fréquence des coupures électriques en Ouganda et en Zambie, qui ont un même niveau de développement, correspond à près de la moitié de celle observée à Madagascar. Il n’est pas surprenant que les pertes de production dues aux coupures d’électricité à Madagascar soient les plus élevées. L’auto-approvisionnement en électricité dans les autres pays explique dans une certaine mesure pourquoi les pertes de rendement y sont moindres. En Ouganda, 38 % des entreprises possèdent un groupe électrogène, et cette proportion est de 35 % en Zambie, soit près du double de celle relevée à Madagascar. Les entreprises à Maurice subissent en moyenne 5,3 de coupures d’électricité par an, soit une fréquence environ 15 fois inférieure à celle enregistrée à Madagascar. Les pertes associées aux services de transport maritime représentent seulement 1,2 % du rendement en Chine et 0,8 % à Maurice. À Madagascar, elles sont près de deux fois et demie plus élevées qu’à Maurice. Elles sont plus élevées en Zambie, mais cela tient probablement du fait que ce pays n’a pas directement accès à la mer. Les entreprises à Madagascar font état d’un délai médian de raccordement d’une ligne téléphonique fixe de 30 jours. Ce chiffre est comparable à celui de l’Ouganda, inférieur à celui de la Zambie, mais beaucoup plus élevé que ceux de la Chine et de Maurice. Le raccordement au réseau électrique nécessite beaucoup plus de temps, le délai d’attente médian étant de 2,5 mois. Dans l’ensemble, on peut conclure que la compétitivité internationale des entreprises manufacturières à Madagascar est susceptible d’être négativement affectée par la qualité des infrastructures. Page 67 53 Tableau 3.15 : Services de transports internationaux % faisant état d’un service de mauvaise/très mauvaise qualité Entre- prises hors zone franche Entre- prises de la zone franche Petites entre- prises Entre- prises moyennes Grandes entre- prises Très grandes entre- prises Entre- prises non expor- tatrices Entre- prises expor- tatrices Total Services aéroportuaires et aériens internationaux 8,6 5,9 7,6 8 7,5 9,7 7,5 8,3 7,9 Services de transports maritimes internationaux (hors services aériens) 15,5 8,2 14,4 16 6,8 19,4 14,9 11,7 13,6 Liaisons avec des fournisseurs et des clients étrangers par voie de télécommunication 2,4 2,4 2,5 2,3 2,4 2,4 2,4 2,4 2,4 Le tableau 3.15 ci-dessus montre la moyenne des perceptions que les entreprises échantillonnées ont des services de transports maritimes internationaux. Au total, un petit nombre seulement d’entreprises juge les services de transports maritimes internationaux de mauvaise ou de très mauvaise qualité. Une proportion de 13,6 % de l’ensemble des entreprises, et de 19,4 % des entreprises de très grande taille trouvent les services de transport maritime international de mauvaise/très mauvaise qualité. Etant donné que les services des entreprises de très grande taille font beaucoup appel au port (elles sont plus susceptibles d’importer des matières premières et d’exporter directement des produits manufacturés), leurs perceptions méritent une attention particulière, même si elles ne représentent que 10 % des entreprises retenues dans l’échantillon. Coûts indirects Un climat des affaires peu propice caractérisé par des services d’infrastructure de piètre qualité et une réglementation inefficace et contreproductive génère des coûts pour les entreprises. Ces coûts indirects revêtent la forme de pertes de production dues à des services d’infrastructure peu fiables (comme susmentionné) ou de pots-de-vin remis à des agents en charge de la réglementation. Nous examinons le volume et la composition des coûts indirects encourus par les entreprises à Madagascar en calculant le pourcentage moyen des pertes de ventes résultant d’une faille particulière de l’environnement des affaires. Le tableau 3.16 ci-dessous montre les résultats de cette analyse. Page 68 54 Tableau 3.16 : Coûts indirects Coûts indirects, % des ventes Entre- p rises h ors zone franche Entre- p rises de l a zone franche Petites e ntre- p rises Entre- p rises m oyennes Grandes e ntre- p rises Très g randes e ntre- prises Entre- p rises non e xpor- tatrices Entre- p rises e xpor- tatrices Entre- p rises n ationales Entre- p rises é trangères Total Fourniture d’électricité 7,8 6,31 7,94 5,65 8,26 5,65 7,46 7,67 7,93 6,85 7,53 Pots-de-vin 8,08 5,07 8,46 2,42 7,31 7,08 8,57 6,12 10,14 4,87 7,42 Retards de livraison 4,25 3,55 5,61 3,21 2,77 3,22 5,19 2,93 4,78 3 4,08 Autres retards 3,79 0 5,47 2,19 0,63 0,77 5,47 0,2 4,37 0,66 2,93 Retards de transport 1,92 3,23 1,54 2,14 3,04 2,66 2,38 2,1 2,02 2,59 2,24 Casse ou détérioration 1,8 2,26 1,53 0,86 2,12 3,76 1,17 2,86 1,08 2,84 1,92 Approvisionneme nt en eau 1,54 2,64 0,84 4,75 0,47 4,93 1,44 2,42 1,38 2,35 1,75 Vols 0,24 0,97 0,21 0,43 0,1 1,56 0,18 0,75 0,28 0,6 0,43 Total des coûts indirects 15,2 15,51 14,21 14,63 16,04 19,84 14,23 17,44 15,42 15 15,26 Le tableau ci- dessus montre qu’une entreprise perd en moyenne près de 15,3 % des ventes à cause des défaillances de l’environnement des affaires. Ces pertes vont de 14 % pour les petites entreprises à 20 % pour celles de très grande taille. Au premier rang de leurs causes figurent les services d’infrastructure : approvisionnement en électricité, défaillances de la chaîne d’approvisionnement, réseaux de transport et approvisionnement en eau. La mauvaise qualité de l’approvisionnement en électricité est responsable de près de la moitié de ces coûts indirects 5 . Les entreprises perdent en effet environ 7,5 % des ventes à cause des insuffisances des services d’approvisionnement en électricité. Les insuffisances du transport, les défaillances de la chaîne d’approvisionnement et d’autres facteurs de retard représentent 8,2 % du total des ventes. La mauvaise qualité de l’approvisionnement en eau coûte aux entreprises en moyenne 1,8 % des ventes, tandis que les casses et les vols pendant l’expédition représentent 1,9 % des ventes. Les défaillances du cadre réglementaire contribuent à augmenter les coûts indirects d’une proportion notable. Les pots-de-vin dont état a été fait représentent jusqu’à 7,4 % du total des ventes. Le montant des pots-de-vin versés varie quelque peu en fonction du type d’entreprise. Les entreprises hors zone franche et les entreprises non exportatrices versent des pots-de-vin correspondant à plus de 10 % de leurs ventes. Une comparaison des coûts indirects entre les entreprises de la zone franche et celles qui n’en font pas partie présentée dans la figure 3.7 ci-dessous laisse penser que pour ces deux types d’entreprises, l’approvisionnement en électricité reste le plus grand facteur des coûts indirects. Les pots-de-vin représentent une plus grande part des coûts indirects pour les entreprises hors zone franche, tandis que la mauvaise qualité du service d’approvisionnement en eau représente pratiquement la même proportion. Les retards de transport sont plus importants pour les entreprises de la zone franche, tandis que les 5 La différence entre la moyenne du total des coûts indirects et la somme des moyennes de chaque composante est due au fait que certaines entreprises n’ont pas répondu aux questions d’un certain nombre de composantes concernant le total des coûts indirects. Page 69 55 retards de livraison (défaillances de la chaîne d’approvisionnement) sont plus importants pour les entreprises hors zone franche. Figure 3.7 : Coûts indirects en fonction de l’appartenance ou non à la zone franche Shipment Spoilage Shipment Theft Delivery delay Transport delay Other delay Water Electricity Bribes Shipment Spoilage Shipment Theft Delivery delay Transport delay Water Electricity Bribes Non-EPZ firm EPZ firm Graphs by Firm in EPZ Dans le sens des aiguilles d’une montre, à partir de « Bribes » (pour le graphique de gauche) : Pots-de-vin – Détérioration pendant l’expédition – Vols pendant l’expédition – Retards de livraison – Retards de transport – Autre retard – Approvisionnement en eau – Approvisionnement en électricité Graphiques basés sur l’appartenance ou non à la zone franche L’examen des coûts indirects par groupe de pays potentiellement concurrents est révélateur. La moyenne des coûts indirects prise comme pourcentage des ventes varie de 15 à 31 % dans les pays africains (tableau 3.17). Dans la mesure où les coûts indirects reflètent le fardeau quantifiable d’un climat d’investissement imparfait, la taille relative des « étoiles » du diagramme étoilé (figure 3.1) peut prêter à erreur. Les chiffres ci-après montrent que les coûts indirects associés au climat d’investissement à Madagascar sont inférieurs à ceux correspondants en Afrique orientale et australe et à peu près égaux à Page 70 56 ceux au Maroc. Toutefois, en comparaison à la Chine, à l’Inde ou à Maurice, les coûts indirects à Madagascar sont nettement plus élevés. La proportion globale des coûts indirects en Chine équivaut à un peu plus des pertes associées aux coupures d’électricité à Madagascar. Les niveaux des coûts indirects présentés ci-dessus laissent penser qu’une amélioration du régime d’approvisionnement en électricité, exempt de coupures, donnerait lieu à un climat d’investissement se situant au même pied d’égalité que celui de Maurice. Tableau 3.17 : Coûts indirects : Comparaison entre pays Pays % des ventes Kenya 22,9 Tanzanie 20,5 Ouganda 20,5 Zambie 31,0 Madagascar 15,6 Chine 9,1 Inde 13,6 Maroc 15,6 Île Maurice 6,5 Les défaillances de la chaîne d’approvisionnement et des infrastructures de transport amènent les entreprises à appliquer des solutions qui, à terme, augmentent le coût des transactions commerciales. Le tableau 3.18 montre que près de 62 % des entreprises obtiennent la majeure partie de leurs intrants nationaux de fournisseurs se trouvant dans un rayon de 10 km. Ce qui amène à penser à une tendance accrue à la concentration de l’activité manufacturière susceptible de constituer une barrière à l’accès à ce marché. Tableau 3.18 : Concentration de l’activité manufacturière % d’intrants acquis à 10 km à la ronde Entreprises hors zone franche Entreprises de la zone franche Petites entreprises Entreprises moyennes Grandes entreprises Très grandes entreprises Entreprises non expor- tatrices Entreprises expor- tatrices Total 2003 61,5 67,7 61,4 58,7 69,5 59,4 64 57,6 62,3 2004 63,3 72,7 63,7 59,6 69,5 67,2 65,9 60,6 64,5 Deuxièmement, la solution adoptée par les entreprises face aux défaillances de la chaîne d’approvisionnement consiste à constituer des stocks en grande quantité. Cette solution est généralement associée à l’inefficacité de la gestion de la trésorerie et s’avère pénalisante au regard du coût des bénéfices non distribués aux autres sources de crédit. Le tableau 3.19 ci-dessous montre que les entreprises détiennent à tout moment des stocks de leur principale matière première d’environ 53 jours. L’équivalent du volume de ces stocks va de 35 jours pour les grandes entreprises à 85 jours pour les entreprises étrangères. La différence de volume entre les stocks détenus par les entreprises nationales et ceux des entreprises étrangères concorde avec le fait que les entreprises étrangères sont plus susceptibles d’être les exportateurs dont la position sur le marché est très sensible aux défaillances de la chaîne d’approvisionnement. De la même manière, les entreprises détiennent en moyenne l’équivalent de 20 jours de produits manufacturés. Ce nombre varie entre 7,6 jours pour les entreprises de la zone franche et 24 jours pour les entreprises de grande taille. L’écart entre les volumes de stocks détenus par les entreprises de la zone franche et ceux des entreprises hors zone Page 71 57 franche d’une part, et entre les volumes détenus par les entreprises non exportatrices et ceux des entreprises exportatrices d’autre part, fait transparaître des difficultés à écouler le produit sur le marché national. Bien que les données de la présente enquête ne permettent pas de faire la part des choses entre les différentes explications plausibles de cet écart, le rôle des infrastructures dans l’intégration des marchés y serait pour beaucoup. Tableau 3.19 : Détention de stocks Nombre moyen de jours de stocks Entre- prises hors zone franche Entre- prises de la zone franche Petites entre- prises Entre- prises moyennes Grandes entre- prises Très grandes entre- prises Entre- prises non expor- tatrices Entre- prises expor- tatrices Total Principale matière première 51,4 59,2 47,6 65,8 59,7 56,6 53,1 52,4 52,9 Principal produit 22,4 10,2 20,7 11,4 25,9 17,4 22,8 14,1 20 4. Marché des facteurs : Le marché financier et le marché de l’emploi Le secteur financier L’accès au crédit est essentiel pour assurer une croissance et un fonctionnement harmonieux des entreprises manufacturières. À Madagascar, trois principales sources de crédit institutionnel s’offrent à celles-ci : les prêts et les lignes de crédit du secteur bancaire, et les crédits octroyés par les fournisseurs. Comme on l’a vu au chapitre 3, le coût du financement et l’accès à ce dernier figurent au quintile supérieur des principales contraintes pesant sur l’activité des entreprises. Cela semble indiquer que les sources classiques de crédit sont à la fois très rares et très onéreuses pour les entreprises. La figure 4.1 montre qu’environ 34 % des entreprises malgaches ont accès à une ligne de crédit, tandis que moins de 20 % ont accès à un prêt. Toutefois, 57 % des entreprises achètent des intrants à crédit, ce qui semble indiquer que cette forme de crédit est beaucoup plus répandue. La figure ci-dessous fait ressortir une tendance nette entre l’accès aux prêts et la taille des entreprises, avec seulement un peu plus de 10 % des petites entreprises ayant accès à un prêt, contre environ 40 % pour les très grandes entreprises. Cette réalité reflète probablement un certain nombre de facteurs associé à l’éligibilité aux prêts : l’accès au nantissement et la bonne tenue des documents comptables. Il n’existe pas de lien évident entre l’accès aux lignes de crédit et la taille de l’entreprise, la propriété de l’entreprise ou le statut en matière d’exportation. La figure 4.1 semble indiquer que la demande de crédit fournisseur est négativement associée à l’obtention d’un prêt. Si cette corrélation négative implique certains niveaux de substitution entre le crédit fournisseur et le crédit à long terme, elle semble indiquer que les entreprises ayant un plus grand accès au crédit institutionnel sont plus susceptibles d’être fournisseurs nets de crédit. Page 72 58 Figure 4.1: Accès au crédit - Figure 4.2: Accès au crédit dans divers pays Figure 4.2 : Acc ès au crédit – Comparaison entre pays Accès au crédit 0.0% 10.0% 20.0% 30.0% 40.0% 50.0% 60.0% 70.0% 80.0% 90.0% 100.0% Kenya Tanzanie Ouganda Chine Maurice Madagascar % achetant d es intrants à crédit % disposant d’un découvert ou d’une ligne de crédit % disposant d’un prêt d’une banque/institution financière Accès au crédit 0 10 20 30 40 50 60 70 Entreprise hors ZFI Entreprise de la ZFI Petite entreprise Entreprise moyenne Grande entreprise Très grande entreprise Propriété nationale Propriété étrangère Non exportatrice Entreprise exportatrice Total % % des intrants achetés à crédit % avec des découverts % avec d es prêts Page 73 59 Afin de déterminer les changements d’orientation qu’il convient d’opérer dans les marchés du crédit, il est important de comparer l’accès au crédit dans certains pays comparateurs. Dans l’ensemble, le niveau d’accès au crédit institutionnel à Madagascar est similaire à ceux observés en Ouganda et en Tanzanie. La proportion des entreprises ayant accès aux prêts est à peu près similaire dans ces pays. Par contre, la proportion des entreprises ayant accès à une ligne de crédit/facilité de découvert est sensiblement plus importante à Madagascar qu’en Ouganda et en Tanzanie. Si Madagascar se positionne bien par rapport à ses concurrents quant à l’accès au financement à court terme, l’accès au financement à long terme y est considérablement limité. Au Kenya, l’accès aux lignes de crédit et aux prêts est deux fois plus large qu’à Madagascar, tandis que le nombre d’entreprises ayant recours aux crédits fournisseurs est de 50 % plus grand. Une comparaison avec Maurice révèle que les entreprises mauriciennes ont un plus grand accès aux financements. En effet, près de 90 % des entreprises mauriciennes ont accès à une ligne de crédit et plus de la moitié ont accès à un prêt. De même, l’accès aux prêts en Chine est plus de deux fois plus large. Nous examinons les sources de financement en ce qui concerne deux importants paramètres permettant de mesurer la performance des entreprises, à savoir, le fonds de roulement et les nouveaux besoins en investissement. Le tableau 4.1 ci-après montre les sources de financement dans certains pays comparateurs. Les fonds de roulement proviennent à 76 % des ressources générées par les entreprises manufacturières. Ce pourcentage est sensiblement plus important que dans les pays comme le Kenya, Maurice, la Chine ou l’Inde, qui jouissent d’un accès au financement bancaire beaucoup plus large. Le crédit fournisseur finance environ 6 % des besoins en fonds de roulement. Bien que cette proportion soit plus importante que dans la plupart des pays comparateurs, elle est beaucoup plus faible qu’au Kenya. Page 74 60 Tableau 4.1: Sources de financement Proportion du fonds de roulement financée par : Kenya Tanzanie Ouganda Maurice Chine Inde Madagascar Bénéfices non distribués 47,7 % 74,0 % 80,0 % 62 % 51,5 % 30,4 % 76 % Banques 28,7 % 13,8 % 5,7 % 31 % 20,6 % 36,1 % 10 % Crédit fournisseur 16,7 % 5,6 % 5,3 % 2 % 4,1 % 6 % Participation 1,2 % 3,0 % 1,8 % 2 % 0,1 % 13,0 % 2 % Sources informelles 1,2 % 2,6 % 0,4 % 0 % 8,6 % 0 % Autres 4,4 % 1,0 % 2,7 % 3 % 6,3 % 20,5 % 6 % Proportion des nouveaux investissements financée par : Bénéfices non distribués 52,7 % 68,0 % 71,1 % 56,0 % -- -- 76 % Banques 36,6 % 17,4 % 11,6 % 28,0 % -- -- 11,9 % Crédit fournisseur 4,0 % 2,0 % 0,5 % 0,0 % -- -- 2 % Participation 0,3 % 4,8 % 2,0 % 0,0 % -- -- 2,00 % Sources informelles 1,5 % 3,7 % 1,5 % 0,0 % -- -- 0,05% Autres 8,5 % 4,2 % 4,5 % 16 % -- -- 7 % La situation du financement des nouveaux investissements est un peu plus sombre. Ceux- ci sont financés à 76 % par les bénéfices non distribués. Au Kenya, les entreprises autofinancent juste un peu plus de la moitié de leurs investissements. De même, en Ouganda et en Tanzanie où le secteur bancaire est peu développé, les entreprises autofinancent environ 70 % des nouveaux investissements. Le financement bancaire à long terme est disponible pour 12 % seulement des nouveaux investissements. Il s’agit là du niveau de financement le plus bas parmi les pays comparateurs. Les banques financent 37 % des nouveaux investissements au Kenya, 28 % en Mauritanie, 17 % en Tanzanie et 12 % en Ouganda. Le crédit fournisseur finance seulement 2 % des nouveaux investissements. Le fait de dépendre en grande partie des bénéfices non distribués constitue un handicap sérieux compte tenu des problèmes de liquidité liés aux niveaux élevés des stocks (voir chapitre 3). Afin de déterminer les aspects du secteur bancaire nécessitant des améliorations, nous explorons ci-dessous certaines caractéristiques des sources de financement à long terme qui s’offrent aux entreprises manufacturières à Madagascar. Notamment, nous examinons les conditions de nantissement, le coût du financement et leur corrélation avec la capacité des entreprises à produire des informations/données vérifiables. Environ 63 % des prêts dans l’échantillon ont besoin d’un nantissement. Ce pourcentage est inférieur aux besoins en nantissement dans l’ensemble des pays comparateurs, y compris la Chine. Toutefois, un examen de la valeur du nantissement par rapport au prêt révèle qu’en moyenne, les entreprises doivent être en mesure de fournir Page 75 61 un nantissement équivalant à 137 % du montant du prêt. En Chine, à Maurice, en Ouganda et en Tanzanie, les règles en matière de nantissement sont beaucoup moins contraignantes. Les bâtiments représentent environ 37 % du nantissement tandis que les matériels et équipements comptent pour 39 %. Le terrain ne représente pas une proportion importante du nantissement. Cela s’explique par le manque de clarté en ce qui concerne les droits de propriété foncière examiné au chapitre 3. Figure 4.3: Conditions de nantissement Co €W\03GHV\03HPSUXQWV\03 \03 La figure 4.4 ci-dessous montre le coût moyen du financement bancaire présenté suivant le statut en matière d’exportation et la taille des entreprises. Le taux d’intérêt moyen est de 13,8 % pour les lignes de crédit et 14,5 % pour les prêts. De façon générale, il ne semble pas que les coûts des prêts soient alignés sur un agrégat hautement variable qui s’applique à l’ensemble de l’économie. La différence entre les coûts initiaux et les coûts actuels des prêts est moins de 20 points de base. Dans l’ensemble, les entreprises exportatrices paient des taux d’intérêt moins élevés que les entreprises non exportatrices. Si cette situation traduit le fait que les entreprises exportatrices sont de plus grande qualité, elle pourrait également être due au fait qu’un grand nombre d’entreprises étrangères a accès à des sources de financement bancaire moins onéreuses hors de Madagascar. Toutefois, environ 15 % seulement des entreprises bénéficiant de prêts bancaires ont une dette libellée en devises. Curieusement, il n’y a pas de lien évident entre le coût de la dette bancaire à court terme et la taille de l’entreprise. L’une des raisons en est que la forme de nantissement prédominante en ce qui concerne la dette à Conditions de nantissement 0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160% 180% 200 Kenya Tanzanie Ouganda Maurice Chine Madagascar Proportion des prêts nécessitant un nantissement Valeur moyenne du nantissement exigé (en % du prêt) Page 76 62 court terme est constituée d’avoirs en stocks ou en liquidités dont disposent les entreprises dans les banques. Il y a cependant un lien entre le coût des prêts et la taille des entreprises non exportatrices. Les petites entreprises paient près de 2 % de plus que les grandes entreprises par franc malgache emprunté. Cette différence de coût reflète probablement la prime de risque intégrée dans les prêts accordés aux petites entreprises qui disposent d’immobilisations de faible valeur (ou de valeur incertaine). Les petites entreprises exportatrices paient plus cher que les grandes ou les très grandes entreprises. Figure 4.4: Coût du financement bancaire 0 5 1 0 1 5 2 0 I n t e r e s t r a t e Non-exporter Exporter Micro Small Medium Large Very large Micro Small Medium Large Very large Cost of bank debt Overdrafts Loan, current Loan, initial Overdrafts : Découverts Loan, initial : Prêt initial Loan, current : Prêt actuel Rôle de l’information De façon générale, les banques accordent des prêts à long terme lorsqu’elles disposent d’informations suffisantes sur la qualité de la proposition faite par l’emprunteur et sur la capacité de remboursement de ce dernier. Ces informations sont particulièrement importantes dans un environnement où le respect des droits de propriété est faible. En l’absence d’immobilisations de grande valeur, les entreprises peuvent contracter des prêts Page 77 63 si elles fournissent des informations fiables. Il est donc important pour les entreprises de conserver des informations crédibles qui peuvent être évaluées par les banques. Pour que cela soit possible, les entreprises doivent régulièrement tenir des comptes distincts et, absolument, faire auditer ces comptes par des organismes externes. Nous examinons dans quelle mesure l’accès au financement a un lien avec la capacité des entreprises à produire des informations pertinentes. Dans les figures présentées ci- dessous, nous traçons le graphique entre l’accès au financement et deux moyens de production de l’information : · les entreprises établissant des budgets annuels · les entreprises soumettant leurs comptes à des audits externes. En effet, 45 % des entreprises soumettent leurs comptes à des audits externes, tandis que 80 % des entreprises établissent des budgets annuels. La figure 4.5 montre le pourcentage des entreprises qui ont accès au crédit selon que leurs comptes sont audités par un organisme externe ou non. Il n’existe pas de relation discernable qui indiquerait que la vérification des comptes par un auditeur permette d’avoir un plus grand accès au crédit. Figure 4.5: Rôle de l’information — Audits externes 0 2 0 4 0 6 0 P e r c e n t No Audit External Audit Micro Small Medium Large Very large Micro Small Medium Large Very large % of firms with access to bank finance Page 78 64 Dans la figure 4.6, nous construisons le même graphique que dans la figure 4.5, mais nous regroupons les entreprises selon qu’elles préparent des budgets annuels ou non. Nous obtenons un modèle fiable et clair. Les entreprises qui préparent des budgets annuels sont plus susceptibles d’obtenir un crédit bancaire. Cela se vérifie même lorsqu’on ne fait pas jouer la taille de l’entreprise. Bien qu’il y ait quelque indication que ce résultat reflète la valeur d’un bon dossier pour solliciter un emprunt, il est possible que les entreprises qui préparent des budgets annuels soient également de bonnes entreprises et que l’accès au crédit bancaire soit tributaire d’une très bonne gestion ou d’autres mesures de la qualité de l’entreprise. C’est néanmoins un lien solide qui est ainsi établi et une certaine mise en évidence de la place de l’information et de la qualité du dossier présenté. Figure 4.6 : Le rôle de l’information — Les budgets annuels 0 2 0 4 0 6 0 P e r c e n t No Annual Budget Annual Budget Micro Small Medium Large Very large Micro Small Medium Large Very large % of firms with access to bank finance Page 79 65 Contra intes à l’accès au crédit Figure 4.7 : Contraintes à l’accès au crédit Titre : % d’entreprises ayant des difficultés à accéder au crédit Entreprise hors zone franche – Entreprises de la zone franche – Petites entreprises – Entreprises moyennes - Grandes entreprises – Très grandes entreprises – Entreprises non exportatrices – Entreprises exportatrices – Entreprises nationales – Entreprises étrangères – Total Légende : Difficultés à accéder au crédit La figure 4.7 ci-dessus montre le pourcentage des entre prises ayant accès au crédit bancaire affirmant vouloir emprunter davantage au prix courant de la dette mais ne pas en être capables. C’est cela même la définition classique de la difficulté à accéder à un crédit. Environ 32 % de l’ensemble des entreprises ayant contracté une dette auprès d’une banque affirment ne pas avoir accès au crédit. Comme on pourrait s’y attendre, les grandes/très grandes entreprises, les entreprises de la zone franche, les entreprises exportatrices et les entreprises étrangères sont moins susceptibles de déclarer ne pas avoir accès au crédit que les entreprises de petite taille ou de taille moyenne, ou les entreprises nationales ou non exportatrices. En outre les entreprises de petite taille/taille moyenne sont trois fois plus susceptibles de déclarer ne pas avoir accès au crédit que les entreprises de très grande taille. Cela concorde avec les expériences des autres pays en développement. Les entreprises de taille moyenne qui ont le plus grand potentiel de croissance sont incapables d’obtenir un crédit bancaire pour les raisons évoquées ci- dessus. % Credit Constrained 3 1.82 31.25 43.5 4 2.9 23.5 1 5.4 32.4 30.4 41.4 22.6 31.58 0 5 1 0 15 20 25 30 35 4 0 45 50 Non-EPZ EPZ Small Medium Large Very large Non- exporter Exporter Domestically own Foreign owned Total % Credit Constrained Page 80 66 Pourquoi les entreprises n’empruntent-elles pas ? Il est aussi instructif de déterminer les principales raisons pour lesquelles les entreprises ne sollicitent pas des crédits à long terme. Le tableau ci-dessous montre que la majorité des entreprises n’ayant jamais sollicité un prêt bancaire ne voulait pas faire d’emprunt, 41 % d’entre elles affirmant ne pas en avoir besoin. Un peu moins de 9% des entreprises n’ayant pas sollicité de prêt bancaire s’y sont refusées parce qu’elles ne disposaient pas du nantissement suffisant, trouvaient le processus trop pénible ou ne pensaient pas pouvoir obtenir un prêt. Par ailleurs, 19 % d’entre elles trouvent le coût d’un crédit bancaire exorbitant. Près de la moitié des entreprises n’ayant pas demandé de prêt bancaire y serait éligible si les conditions du secteur bancaire étaient assouplies. Tableau 4.2 : Raisons pour lesquelles les entreprises ne demandent pas de prêts Raison pour ne pas emprunter Fréquence Pourcentage Cumul Nantissement insuffisant 16 8,7 8,7 Voulaient un prêt 75 41 49,7 Processus trop pénible 27 148 64,5 Ne pensaient pas pouvoir en obtenir 3 1,6 66,1 Taux d’intérêt trop élevé 35.0 19.1 85.3 Endettement excessif 3.0 1.6 86.9 Corruption 2 1,1 88 Autres 22 12 100 Autres raisons du faible niveau d’endettement auprès des banques La figure 4.8 ci- dessous indique le total du crédit consenti par les banques commerciales, le crédit octroyé au secteur privé et le taux d’intérêt réel. S’il est vrai que le total du crédit tend légèrement à la hausse depuis 2000, le crédit consenti au secteur privé est resté figé à 10 % du PIB. Ce taux est nettement inférieur à celui d’autres pays de niveau de développement comparable. Page 81 67 Figure 4.8 : Crédit accordé au secteur privé, coût réel des emprunts Titre : Activités du secteur bancaire % du PIB Année Légende : Total du crédit - Crédit octroyé au secteur privé - Taux d’intérêt réel La figure 4.8 montre également le coût réel des emprunts qui est élevé. Ceci compromet la sélection des projets susceptibles d’être financés par des banques. Seuls les projets à très haut rendement notamment sollicitent un prêt bancaire. La seconde série de causes du faible niveau de financement par les banques est présenté dans la figure 4.9 ci-dessous. La marge entre le taux d’emprunt et le taux de prêt a oscillé entre 10 et 15 % au cours des cinq dernières années. Cette marge peut s’expliquer par le défaut de concurrence dans le secteur bancaire, laquelle aurait permis de rapprocher les taux de prêt des taux d’emprunt. Banking Sector Activities -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Year % G D P Total Credit Credit to Private Sector Real Interest Rate Page 82 68 Figure 4.9 : Emprunts — Marges appliquées dans le secteur bancaire Titre : Taux d’emprunt et taux de prêt Année Légende : Taux de cautionnement - Taux de prêt -Marge Crédit fournisseur obtenu La capacité d’une entreprise à obtenir un crédit de ses fournisseurs dépend de la capacité générale des ces derniers à accorder un crédit fournisseur et de leur capacité à pénaliser l’entreprise emprunteuse si elle violait les termes du contrat. Ainsi qu’il en est du crédit bancaire, le rôle de l’information entre le fournisseur et l’emprunteur est capital. Les flux d’informations sont susceptibles d’augmenter du fait de la concentration mentionnée dans le chapitre 3 ci-dessus. Un plus large accès au crédit bancaire permet aux entreprises d’octroyer plus de crédits fournisseurs, constituant ainsi une voie contribuant à l’amélioration de l’accès au crédit en général. Borrowing and Lending Rates 0 5 10 15 20 2 5 30 35 40 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 Year % Deposit Rate Lending Rate Spread Page 83 69 Tableau 4.3 : Niveaux du crédit fournisseur Type d’entreprise Entreprise obtenant un crédit fournisseur % des intrants achetés à crédit Entreprises hors zone franche 59,1 60,2 Entreprise de la zone franche 49,1 68,4 Petites entreprises 56,3 56,9 Entreprises moyennes 61,1 65,2 Grandes entreprises 64,8 66,0 Très grandes entreprises 48,5 74,6 Entreprises nationales 59,4 59,6 Entreprises étrangères 53,6 64,8 Entreprises non exportatrices 61,8 62,2 Entreprises exportatrices 47,3 59,4 Total 57,2 61,5 La figure 4.10 ci- dessous montre que les entreprises étrangères obtiennent des crédits fournisseurs de niveaux élevés. Bien que les éléments permettant de l’affirmer ne soient pas tout à fait tranchés, cette figure indique que les entreprises étrangères, qui sont aussi les plus susceptibles d’obtenir un crédit bancaire, reçoivent une plus large proportion du crédit fournisseur. Ceci signifie qu’au lieu de réduire l’inégalité de l’accès au crédit extérieur, le crédit fournisseur élargit plutôt le fossé entre les entreprises qui y ont accès et celles qui n’y ont pas accès. Page 84 70 Figure 4.10 : Niveaux du crédit fournisseur -427.0 379.9 12.0 4.0 319 : fl -457.9 407.3 12.0 4.0 319 : ffl -462.4 411.3 12.0 4.0 319 : fl -490.7 436.3 12.0 4.0 319 : ff -495.2 440.3 12.0 4.0 319 : fl on -528.4 469.7 12.0 4.0 319 : fl accent -561.6 499.1 12.0 4.0 319 : fl -587.7 522.3 12.0 4.0 319 : fi -592.2 526.2 12.0 4.0 319 : fl -596.7 530.2 12.0 4.0 319 : fl -501.0 445.5 12.0 7.0 319 : \08 -508.9 452.4 12.0 2.2 319 : \03 -511.3 454.6 12.0 2.5 319 : W -514.1 457.1 12.0 2.9 319 : U -517.4 460.0 12.0 3.5 319 : D -521.3 463.5 12.0 4.2 319 : G -526.1 467.7 12.0 3.6 319 : H -530.1 471.3 12.0 2.2 319 : \03 -532.6 473.4 12.0 3.6 319 : F -536.6 477.0 12.0 2.9 319 : U -539.9 479.9 12.0 3.6 319 : H -544.0 483.5 12.0 4.2 319 : G -548.7 487.7 12.0 1.9 319 : L -550.9 489.6 12.0 2.5 319 : W Domestically owned Foreign owned Micro Small Medium Large Very large Micro Small Medium Large Very large Trade credit access, size Trade Credit Access Trade Credit Amount Le marché de l’emploi Croissance de l’emploi et caractéristiques de la population active à Madagascar La présente section examine les tendances de la croissance de l’emploi et les caractéristiques du marché de l’emploi à Madagascar. Après le soulèvement politique survenu au début de 2002, le nouveau Gouvernement malgache a procédé au lancement d’une stratégie réformiste agressive visant à promouvoir la croissance d’une industrie tournée vers l’exportation. Ayant identifié le secteur de l’habillement comme l’une des « passerelles » du développement industriel, le gouvernement a cherché à revitaliser la zone franche industrielle en continuant d’améliorer le cadre réglementaire et les incitations fiscales en faveur de ce secteur. En outre, en 2001, Madagascar a commencé à bénéficier de l’accès préférentiel au marché des États-Unis dans le cadre de la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA). Le bon dosage des conditions du marché de l’emploi, des politiques gouvernementales et du cadre politique s’est avéré propice pour attirer des investissements directs étrangers dans ce secteur. Plusieurs entreprises se sont réimplantées à Madagascar, et le nombre d’entreprises appartenant à la zone franche et les taux d’emploi ont connu une progression rapide dans ce secteur. À partir de 2004, l’essentiel de la croissance de l’emploi dans le secteur manufacturier s’est concentré dans un seul secteur – l’industrie vestimentaire – généré Page 85 71 par des entreprises de la zone franche autour d’Antananarivo et d’Antsirabe. Cependant, la fin de l’Accord multifibres (AMF) et l’abolition concomitante des quotas en janvier 2005 ont suscité des craintes de voir ces entreprises du vêtement qui étaient des électrons libres fermer tout simplement ou aller s’implanter ailleurs en raison de la concurrence grandissante de la Chine et d’autres pays. Cela s’est-il produit ? Les entreprises ont-elles progressé ou reculé entre 2002 et aujourd’hui ? Nous examinons cet aspect des choses en analysant les tendances de l’emploi dans les entreprises qui existaient à ces deux périodes. N’ayant pas d’informations sur les fermetures d’entreprises, ces chiffres peuvent être biaisés à la hausse, bien que ce biais soit en partie rattrapé par l’entrée de nouvelles entreprises dans le secteur 6 . D’autre part, si les changements du contexte macroéconomique venaient à avoir un effet négatif important sur les entreprises, on devrait s’attendre à un affaiblissement plutôt qu’une expansion des entreprises existantes. Ces tendances sont analysées ci-après. La méthode utilisée pour l’enquête a été conçue de sorte que chaque travailleur avait la même possibilité d’être choisi, plutôt que chaque entreprise. On obtient ainsi un échantillon représentatif de la répartition parmi la population de l’emploi dans le secteur manufacturier. Le tableau 4.4 décrit les caractéristiques statistiques. On compte 242 entreprises qui existaient avant 2002, et pour lesquelles les chiffres de l’emploi de ces deux périodes. Seules 41 de ces entreprises appartenaient à la zone franche. Mais quand on examine le total des emplois dans notre échantillon, on constate que la plupart des emplois de l’industrie manufacturière (67 %) se retrouve dans la zone franche, contre 33 % dans les entreprises hors zone franche. Les entreprises de grande taille sont celles qui offrent la plupart de ces emplois. Alors que 75 % des entreprises peuvent être classées dans la catégorie « PME » (petites et moyennes entreprises comptant moins de 100 employés), celles-ci ne représentent que 14 % des emplois dans le secteur manufacturier. Tableau 4.4 : Caractéristiques statistiques de l’emploi Total Entreprises de la zone franche Entreprises hors zone franche Nombre d’entreprises 242 41 201 Nbre total d’emplois 36 933 24 617 12 316 Nbre de PME 181 10 171 Nbre d’employés dans les PME 5 092 532 4 560 Le tableau 4.5 analyse l’évolution de l’emploi de 2002 à aujourd’hui. Le taux d’emploi net dans le secteur manufacturier a progressé de 16 %. La majorité des nouveaux emplois (94 %) a été créée dans des entreprises de la zone franche, contre 6 % dans des entreprises n’appartenant pas à cette zone. 76 % des entreprises de la zone franche ont 6 Certaines entreprises de la zone franche ont effectivement fermé cette année. Le 7 février 2005, le journal Les Nouvelles mentionnait à sa une la perte de 6 000 emplois dans la zone franche depuis le début de l’année ; un autre article relevait la perte de 4 000 autres emplois dans les entreprises de la zone franche le 3 mars 2005. Page 86 72 créé de nouveaux emplois, contre 24 % dont les effectifs n’ont pas changé ou ont été réduits. Ainsi, la période courant jusqu’au terme de l’AMF n’a pas eu d’effet sur toutes les entreprises de la zones franche. Plusieurs de ces entreprises continuent de recruter et de prendre de l’ampleur à Madagascar. Tableau 4.5 : Évolution de l’emploi : De 2002 à ce jour Ensemble de l’échantillon Entreprises de la zone franche Entreprises hors zone franche Nbre total de travailleurs en 2002 31 828 19 835 11 993 Nbre total de travailleurs actuels 36 933 24 617 12 316 Entreprises augmentant leurs effectifs (%) 60* 76 % 57 % Nombre d’entreprises 242 41 201 NB : Pour certaines entreprises, le nombre d’employés est resté le même entre les deux périodes . Les chiffres de l’emploi ont certes progressé plus rapidement dans les entreprises de la zone franche que dans les autres entreprises, cependant la rémunération des travailleurs et la qualité des emplois y sont souvent remises en cause. Cette question fait l’objet de notre prochaine analyse qui s’intéresse aux caractéristiques du marché de l’emploi à Madagascar. Le marché de l’emploi Comme dans la plupart des pays en développement, le Gouvernement malgache est confronté au défi consistant à sortir sa population de la pauvreté en multipliant les emplois, en transférant l’emploi de l’agriculture vers l’industrie, en relevant les niveaux des qualifications et en augmentant les salaires. Plusieurs mesures ont donc été prises – mais beaucoup reste à faire. La présente section analyse les conditions du marché de l’emploi dans le secteur manufacturier malgache en se fondant sur des entretiens avec des dirigeants et des employés d’entreprises. Nous avons interrogé 1 708 travailleurs de 293 entreprises. L’analyse de leurs réponses peut aider à orienter les politiques futures concernant le marché de l’emploi. L’objectif de tout gouvernement étant d’améliorer les niveaux d’éducation et la santé de sa population active, la présente section s’appesantira sur les questions concernant la formation des travailleurs et le développement de leurs compétences. D’autres travaux ont examiné l’efficacité du système éducatif et de formation professionnelle de Madagascar et formulé des recommandations précises sur son amélioration (Banque mondiale, 2001c). Nous examinons tout d’abord les caractéristiques fondamentales de la population active : structure des qualifications, niveaux d’éducation, formation professionnelle et rémunération mensuelle. Autant que possible, nous comparons ces données avec les Page 87 73 données sur les travailleurs d’autres pays. Nous appliquons par la suite une approche économétrique pour examiner les facteurs déterminants des salaires à Madagascar. Établie sur la base des réponses des dirigeants d’entreprises, la structure des qualifications des travailleurs du secteur manufacturier à Madagascar est présentée dans le tableau 4.6 ci-dessous. Le travailleur modal compte entre 6 et 9 ans d’éducation, un peu moins de 10 % des travailleurs ont une éducation de niveau universitaire et 8,8 % ont mois de 5 ans d’éducation. Les femmes représentent 37 % de l’ensemble de la population active et plus de la moitié des travailleurs professionnels et travaillant dans les secteurs non productifs. Les femmes ne représentent que 25 % des cadres et des ouvriers de production qualifiés. Tableau 4.6 : Répartition des compétences professionnelles dans le secteur manufacturier Structure de l’éducation % avec Catégorie professionnelle % de femmes Niveau inférieur au primaire/aucune éducation 8,8 Cadres 39 Primaire (5 ans) 30 Professionnels 41 Secondaire (6-9 ans) 34,5 Ouvriers de production qualifiés 26,7 Lycée (10-12 ans) 18,8 Ouvriers de production non qualifiés 33,2 Université (> 12 ans) 8,9 Travailleurs extérieurs à la production 49,7 Total 37 La comparaison de la répartition des niveaux d’éducation des travailleurs malgaches avec celle d’autres pays d’Afrique subsaharienne révèle que les niveaux d’éducation à Madagascar sont similaires à ceux du Sénégal et du Bénin au niveau du primaire (figure 4.11). Des pays comme l’Ouganda, le Kenya et le Nigéria comptent beaucoup moins de travailleurs dont le niveau d’éducation se limite au primaire. Madagascar a le plus faible pourcentage de travailleurs de niveau universitaire, 8,9 %, contre 20 % au Sénégal, 20 % au Nigéria et approximativement 15 % en Ouganda. Page 88 74 Figure 4.11 : Éducation des travailleurs du secteur manufacturier – par pays 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100% B é n i n ( 2 0 0 4 ) M a l i ( 2 0 0 4 ) S é n é g a l ( 2 0 0 4 ) O u g a n d a ( 2 0 0 3 ) K e n y a ( 2 0 0 3 ) N i g é r i a ( 2 0 0 1 ) M a d a g a s c a r ( 2 0 0 5 ) Aucune éducation Primaire Secondaire Professionnel/technique Universitaire Les travailleurs peuvent compléter les qualifications acquises par l’éducation grâce à des formations. Il a été demandé aux entreprises si elles dispensaient une formation formelle aux travailleurs, soit sur le plan interne soit en les inscrivant à des programmes de formation externes. Les réponses sont présentées dans le tableau 4.7 ci-dessous. Un peu plus du tiers des entreprises offre une formation interne à leurs employés, alors que moins d’un cinquième des entreprises offre une formation externe. La formation diffère en fonction des caractéristiques de l’entreprise. Page 89 75 Tableau 4.7 : Entreprises offrant une formation, par type de formation (pourcentage) % offrant une formation Entre- prises de la zone franche Entre- prises hors zone franche Petites entre- prises Entreprises moyennes Grandes entre- prises Total Formation interne 62,5 30,4 23,6 38,7 64,2 36,5 Formation externe 42,9 20,7 11,2 32,3 53,1 24,9 La proportion des entreprises offrant une formation varie en fonction du type d’entreprise. Les entreprises de la zone franche sont deux fois plus susceptibles d’offrir une formation à la fois interne et externe que les entreprises qui n’en font pas partie. Une partie de cette différence peut toutefois être due à la taille de l’entreprise. L’essentiel de la formation est concentré dans les entreprises de grande taille, qui appartiennent majoritairement à la zone franche. Seulement 11 % des petites entreprises offrent une formation dispensée à l’extérieur de l’entreprise, ce qui représente une proportion très faible par rapport au pourcentage moyen des entreprises offrant une formation externe. Plusieurs programmes de formation sont offerts ou subventionnés par le gouvernement en vue d’améliorer les qualifications des travailleurs. La plupart de ces formations seraient considérées comme externes. En procédant à des comparaisons, on constate que le pourcentage des entreprises offrant une formation externe diffère considérablement d’un pays à l’autre (figure 4.12). Des pays comme le Nigéria disposent d’un système bien au point où plus de 78 % des entreprises envoient des travailleurs suivre des programmes de formation externes. Sur ce plan, le Kenya et le Sénégal se portent aussi mieux que Madagascar. La proportion des entreprises faisant recours à la formation externe est pratiquement la même entre Madagascar, l’Ouganda et le Mali. Page 90 76 Figure 4.12 Pourcentage des entreprises offrant des formations externes Santé et absentéisme des travailleurs Un système éducatif performant et des programmes de formation adéquats pourraient toujours ne pas se traduire par une grande productivité ni par de meilleurs salaires, si les travailleurs ne sont pas en bonne santé. La propagation du VIH/SIDA est l’une des principales préoccupations de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. À Madagascar, la situation de cette maladie ne semble pas constituer un facteur important de la productivité des travailleurs à ce jour. Ce qui n’est pas étonnant au regard du fait que les données disponibles les plus récentes du Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA font état d’une estimation du taux de prévalence chez les adultes à seulement 1,7 % (fin 2003), même si ce taux est en augmentation. Dans l’ensemble, les gestionnaires de personnel ont fait état d’une faible prévalence du paludisme et du VIH/SIDA allant de 0 à 5 %. Le tableau 4.6 indique le nombre d’absences non autorisées observées dans chaque catégorie de travailleurs. Les travailleurs du secteur manufacturier sont absents en moyenne 2,8 jours par an. Ce chiffre est relativement bas comparé aux autres pays d’Afrique subsaharienne. Ces absences concernent essentiellement les ouvriers de production non qualifiés. L’ouvrier de production non qualifié type s’absente environ 12,7 jours par an ou environ un jour par mois. Ce chiffre varie en fonction du type d’entreprise, l’absentéisme étant plus prononcé dans les entreprises de la zone franche. Un ouvrier non qualifié type d’une entreprise de la zone franche s’absente environ Pourcentage des entreprises offrant des formations externes 29.7 32.3 28.9 17.6 47.9 78.2 27.8 0 10 20 30 40 50 60 7 0 80 90 Bénin (2004) Mali (2004) Ouganda (2002) Sénégal (2004) Kenya (2002) Nigéria (2001) Madagascar (2005) Page 91 77 23,7 jours par an ou un peu plus de 2 jours par moi s, contre moins d’un jour par mois dans les entreprises hors zone franche. Des enquêtes sur la population active des pays d’Afrique de l’Est indiquent un taux d’absentéisme d’un peu plus de 2 jours. Tableau 4.8 : Absences non autorisées (jours par an) Catégorie professionnelle Entreprises hors zone franche Entreprises de la zone franche Total Cadres 0,2 0,3 0,2 Professionnels 1 0,6 1 Ouvriers de production qualifiés 4,7 12,4 6,3 Ouvriers de production non qualifiés 10 23,7 12,7 Travailleurs extérieurs à la production 1,9 1,2 1,8 Rémunération des travailleurs Comme mentionné dans le chapitre 2, le salaire médian d’un ouvrier de production non qualifié à Madagascar est de 36 dollars par mois contre 45 dollars en Inde, 57 dollars en Ouganda et 85 dollars en Chine. Ces salaires à Maurice, pays voisin, sont passés à 145 dollars par mois. En fait, l’essentiel des investissements dans la zone franche est le fait des entreprises mauriciennes qui déplacent des chaînes de production vestimentaire à faible intensité de main-d’œuvre et de capital vers Madagascar, créant ainsi dans le secteur manufacturier malgache des emplois à faible rémunération et à faible intensité de main-d’œuvre. La rémunération des travailleurs qualifiés de toutes les catégories professionnelles est présentée ci-dessous, telle qu’elle ressort des entretiens avec les travailleurs (tableau 4.9). La rémunération totale est calculée en additionnant les allocations mensuelles et le salaire de base. Les moyennes sont aussi présentées, assorties d’écarts-types. Les dispersions des moyennes sont élevées, ce qui indique que la rémunération dans chaque catégorie varie largement d’un travailleur à un autre. Nous constatons que la rémunération des employés de sexe féminin dans les catégories professionnelles supérieures est beaucoup plus faible en comparaison à celle de leurs pairs de sexe masculin. Cependant, pour les ouvriers de production non qualifiés, le salaire moyen est le même pour les hommes et les femmes. Les cadres des entreprises de grande taille ont les salaires les plus élevés, suivis des professionnels. Les entreprises de grande taille paient plus que les petites, et les entreprises de la zone franche, qui sont souvent les plus grandes entreprises, paient plus que les entreprises hors zone franche. La rémunération moyenne des ouvriers de production non qualifiés s’élève à seulement 44 dollars par mois, la dispersion autour de cette moyenne étant faible, ce qui indique de faibles différentiels salariaux entre entreprises, pour ce qui est de cette catégorie. Page 92 78 Tableau 4.9 : Rémunération mensuelle, par catégorie professionnelle et par type d’entreprise N Moyenne Écart- type Cadres 41 203 209 Petites entreprises 23 146,5 162,9 Entreprises moyennes 5 115,9 56,4 Grandes entreprises 13 337,8 260,6 Hommes 25 252,2 245,8 Femmes 16 127,3 103,4 Entreprises de la zone franche 6 378,2 270,9 Entreprises hors zone franche 35 190,7 199,7 Professionnels 134 150,22 123,84 Petites entreprises 59 116,0 73,7 Entreprises moyennes 14 131,9 94,6 Grandes entreprises 61 187,5 155,5 Hommes 79 150,8 141,5 Femmes 55 149,4 94,1 Entreprises de la zone franche 29 187,6 192,2 Entreprises hors zone franche 105 139,9 95,8 Ouvriers de production qualifiés 330 72,1 51,7 Petites entreprises 184 66,33 44,61 Entreprises moyennes 39 77,3 46,9 Grandes entreprises 107 80,2 62,9 Hommes 242 76,9 58,9 Femmes 88 58,9 31,3 Entreprises de la zone franche 68 75,3 40,3 Entreprises hors zone franche 262 71,3 54,4 Ouvriers de production non qualifiés 750 44,0 37,6 Petites entreprises 534 43,32 42,89 Entreprises moyennes 64 44,3 20,7 Grandes entreprises 152 46,7 18,4 Hommes 501 45,8 44,2 Femmes 249 40,6 17,5 Entreprises de la zone franche 141 44,5 19,5 Entreprises hors zone franche 609 44,0 40,7 Travailleurs extérieurs à la production 453 69,5 120,5 Petites entreprises 207 57,8 56,4 Entreprises moyennes 73 63,2 40,0 Grandes entreprises 173 86,2 182,3 Hommes 228 62,1 90,8 Femmes 225 76,9 144,5 Entreprises de la zone franche 119 71,0 118,2 Entreprises hors zone franche 334 68,9 121,5 Page 93 79 Nous examinons ensuite les caractéristiques qui déterminent la rémunération des travailleurs. Nous analysons les facteurs déterminant les salaires en ayant recours à une régression des moindres carrés (tableau 4.10). Cela nous permet de mesurer le rendement marginal de l’éducation, la permanence de l’emploi (nombre d’années passées dans l’entreprise actuelle), l’expérience passée (nombre d’années d’expérience antérieure à l’entreprise actuelle) et diverses autres caractéristiques des entreprises et de la population active. Tableau 4.10 : Facteurs déterminants de la rémunération, résultats de la méthode des moindres carrés classiques Modèle I Modèle II Modèle III Constant 3,78*** (0,03) 3,16*** (0.07) 3,03*** (0,08) Années d’éducation 0,003*** (0,00) 0.001*** (0.0007) 0,002** * (0,001) Permanence de l’emploi 0,02*** (0,002) 0,01*** (0,002) 0,01*** (0,002) Années d’expérience 0,007* (0,003) 0,01*** (0,003) 0,009** * (0,002) Heures de formation 0,002*** (0,001) 0,002*** (0,00) 0,002* (0,001) Sexe (masculin) 0,002 (0,03) 0,05 (0,03) 0,06** (0,03) Taille de l’entreprise (log) 0,13*** (0,01) 0,17*** (0,02) Statut par rapport à la zone franche -0,07 (0,03) 0,59*** (0,15) Taille de l’entreprise de la zone franche* -0,13*** (0,03) Âge de l’entreprise (log) 0,02 (0,02) 0,01 (0,02) Matériaux de construction 0,10 (0,11) 0,13 (0,11) Secteur chimique 0,44*** (0,06) 0,43*** (0,06) Secteur alimentaire -0,03 (0,04) -0,04 (0,05) Bois/mobilier 0,003 (0,05) 0,009 (0,05) Métaux 0,10 (0,07) 0,10 (0,07) Papier/édition 0,12*** (0,05) 0,13*** 0,05) N 1 707 1 707 1 707 Adj. Rsq 0,03 0,14 0,15 *** Significatif au niveau de 1 % ** Significatif au niveau de 5 % * Significatif au niveau de 10 % Écart- type entre parenthèses. La variable dépendante est le logarithme de la rémunération mensuelle. Page 94 80 Dans le premier modèle, nous estimons une fonction de la rémunération de base mesurant le rendement de l’éducation, la permanence de l’emploi et l’expérience. Le deuxième modèle augmente le premier en y ajoutant des facteurs explicatifs. Dans les pays en développement aux marchés de l’emploi insuffisamment compétitifs, les caractéristiques des entreprises pourraient aussi déterminer la rémunération. Pour vérifier les différences dans les caractéristiques des entreprises, nous incluons la taille et l’âge de l’entreprise comme variables explicatives additionnelles, ainsi que le secteur d’intervention de l’entreprise et son appartenance ou non à la zone franche. Le troisième modèle ajoute une variable d’interaction entre l’appartenance à la zone franche et la taille de l’entreprise, en supposant que l’impact sur les salaires est non linéaire pour ce qui est de la taille des entreprises de la zone franche. Il ressort des résultats que chaque année d’éducation supplémentaire augmente la rémunération du travailleur de 5 %. L’augmentation du nombre d’années d’expérience dans l’entreprise actuelle entraîne aussi une augmentation de la rémunération. Chaque année d’expérience supplémentaire entraîne une augmentation de la rémunération de 1 %. Le même rendement est obtenu avec les années d’expérience antérieures dans d’autres entreprises. Les travailleurs qui suivent plus de formations (heures par an) reçoivent des salaires plus élevés. Chaque heure supplémentaire de formation formelle au sein de l’entreprise entraîne une augmentation de la paie de 0,5 %. Le rendement de la formation est assez important. Il n’est pas surprenant que très peu de travailleurs reçoivent une formation formelle (l’ouvrier moyen non qualifié reçoit 0,5 heures par an). Il n’est pas non plus surprenant que les entreprises de grande taille paient des salaires plus élevés. En outre, en ne faisant pas jouer la taille de l’entreprise, à Madagascar, les entreprises plus nouvelles paient des salaires marginalement plus élevés que les entreprises plus anciennes. Les résultats de la variable « appartenance ou non à la zone franche » méritent d’être relevés. Lorsqu’on l’inclut sans variable d’interaction, cette variable est insignifiante, ce qui indique que l’appartenance à la zone franche n’implique pas une augmentation fixe des salaires. Toutefois, lorsque nous faisons jouer la taille de l’entreprise, nous constatons que les entreprises de la zone franche paient des salaires dont les seuils sont plus élevés que ceux des entreprises hors zone franche 7 mais, comparés aux salaires des entreprises hors zone franche, plus l’entreprise est grande, moins rapidement ces salaires augmentent. Améliorer l’éducation générale et la santé des travailleurs est un objectif courant dans la politique de tout gouvernement. D’autres interventions sur les politiques peuvent se faire en adoptant de nouvelles lois sur le travail, telles que l’augmentation du salaire minimum, l’amélioration des conditions de travail et des dispositions sur la formation du travailleur. C’est sur cette dernière question qu’un débat s’impose, au regard des faibles niveaux des formations actuellement offertes. Le Gouvernement devrait-il subventionner la formation 7 En examinant de plus près la rémunération en fonction de la taille de l’entreprise dans le cadre de la zone franche, on constate quelques petites entreprises paient à leurs employés des salaires relativement plus élevés que des entreprises de taille plus grande. Ce qui explique le niveau élevé du coefficient relatif aux entreprises de la zone franche. Ces résultats feront l’objet d’une étude plus approfondie. Page 95 81 moyennant des incitations fiscales en faveur des entreprises qui investissent dans la formation de leur personnel ? Ou devrait- il créer des centres de formation supplémentaires ? Un récent rapport de la Banque mondiale évalue l’impact des interventions destinées à renforcer la formation dans le secteur privé des pays en développement (Banque mondiale, 2003c). Les auteurs de ce rapport examinent différents programmes d’intervention publics : 1) augmentation des prélèvements destinés au financement des programmes de formation par le gouvernement, 2) incitations fiscales pour la formation permettant aux travailleurs de déduire les dépenses en formation du revenu, 3) taxe de formation avec provisions de remboursement pour les entreprises dispensant des formations et 4) subventions salariales. Les auteurs du rapport estiment que la plupart de ces programmes ont été infructueux, en particulier pour les petites entreprises. Le seul programme sensiblement couronné de succès est celui mis en œuvre par Singapour, à travers lequel un prélèvement sur le salaire des ouvriers non qualifiés est affecté à un fonds de développement des compétences servant à améliorer la main-d’œuvre au moyen de subventions accordées aux entreprises aux fins de formation. Par ailleurs, les programmes de dons de contrepartie ont servi à aider à instituer une « culture de la formation » dans le cadre du programme CIMO du Mexique. Ils concluent qu’une étude des programmes de formation menée dans sept pays en développement montre que la formation offerte par le secteur privé a un impact notable sur la productivité, alors que les programmes de formation financés par les pouvoirs publics sont d’une efficacité relativement faible. À la lumière de ces constatations, il serait utile d’évaluer et de concevoir les programmes de formation que le secteur privé a institués à Madagascar. Page 96 82 Bibliographie Agence française de développement, (2003) Madagascar Country Strategy Paper 2002- 2004. Département-pays, Région du Nord-Est et du Sud, juin 2003. Paris. Autrand, Michel, (2004) Étude de compétitivité de l’aquaculture de crevettes à Madagascar, Services de consultation sur la pêche et l’agriculture, pour GAPCM. 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