Les bénéfices de la parité Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Les bénéfices de la parité Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Table des matières 4 Remerciements Avant-propos 6 Résumé 26 Introduction 44 Partie 1 : Qui est la femme entrepreneure en Afrique? 52 Partie 2 : Comment expliquer les écarts entre hommes et femmes 62 Partie 3 : Décisions et contraintes : Un plan Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique directeur pour combler l’écart entre les sexes dans l’entrepreneuriat 63 Introduction 65 Les décisions stratégiques 82 Contraintes 100 Partie 4 : Analyses approfondies 128 Partie 5 : Voie à suivre 132 Récapitulatif des programmes existants 135 Qu’est-ce qui fonctionne et pourquoi 164 Concevoir des programmes efficaces pour soutenir les femmes entrepreneures 170 Mieux comprendre ce qui fonctionne 176 Annexes 186 Notes Remerciements Le rapport phare Les bénéfices de la parité : et Aline Menden, Fabio Venturini et Barbara Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat Serfozo pour la gestion de projet et l’édition. La féminin en Afrique (Profiting from Parity: conception du rapport a été supervisée par Vito Unlocking the Potential of Women’s Businesses Raimondi. L’équipe tient également à remercier in Africa) est une production conjointe du Endeva, Assemblyfor et Without Violence Laboratoire d’innovation pour l’égalité des pour le soutien organisationnel apporté à sexes en Afrique et de la Pratique mondiale ce projet. Toutes les photos inclues dans ce Finance, compétitivité et innovation (FCI) rapport sont de Stephan Gladieu. L’équipe est de la Banque mondiale. Il a été préparé par reconnaissante de la dévotion de Stephan pour une équipe dirigée par Francisco Campos obtenir des portraits si inspirants de femmes et composée de Rachel Coleman, Adriana entrepreneurs au travers du continent. Conconi, Aletheia Donald, Marine Gassier, Markus Goldstein, Zenaida Hernandez, Joanna L’équipe de la Banque mondiale tient à saluer Mikulski, Annamaria Milazzo, Maliheh Paryavi, le soutien généreux de l’Umbrella Facility for Rachael Pierotti, Michael O’Sullivan, et Julia Gender Equality (UFGE). L’UFGE est un fonds Vaillant. à bailleurs multiples conçu pour promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des L’équipe tient à remercier Markus Goldstein, femmes au travers d’expérimentations et responsable du Laboratoire d’innovation de création de connaissances pour aider les pour l’égalité des sexes en Afrique, pour ses gouvernements et le secteur privé à focaliser conseils et son leadership. L’équipe remercie la les politiques et programmes sur des solutions direction de FCI pour l’avoir guidée et soutenue, pouvant être mis à l’échelle pour obtenir y compris David Bridgman, Dahlia Khalifa, des résultats concrets et durables. L’UFGE Douglas Pearce, Klaus Tilmes et Sebastian-A est rendu possible grâce aux contributions Molineus. L’équipe d’évaluation par les pairs généreuses des gouvernements de l’Allemagne, était composée de Bénédicte De La Briere, de l’Australie, du Canada, du Danemark, de Steven Dimitriyev, David McKenzie et Noa l’Espagne, des Etats-Unis, de la Finlande, de Gimelli. Le soutien administratif a été fourni l’Islande, de la Lettonie, de la Norvège, des par Nenette Santero. Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Suède et de la Suisse, et de la Fondation Bill and Melinda L’équipe adresse ses remerciements à Joanna Gates. Mikulski pour ses conseils sur la narration, Avant-propos L’Afrique subsaharienne affiche le taux publiques limitées, et faire en sorte que les d’entrepreneuriat le plus élevé au monde : près avantages du développement du secteur privé de 42 % de la population active, hors secteur profitent à tous. agricole, sont des travailleurs indépendants ou des employeurs. Toutefois, la contribution Les femmes jouent un rôle majeur dans les du secteur privé à la réduction de la pauvreté économies d’Afrique subsaharienne. Il s’agit et à la prospérité partagée est entravée car de la seule région au monde où les femmes la majorité des entrepreneurs peinent à constituent la majorité des travailleuses développer leurs affaires au-delà des activités indépendantes. Néanmoins, plusieurs de subsistance à petite échelle. contraintes font que les entreprises détenues par des femmes recrutent moins de salariés et sont Ce constat est particulièrement vrai pour moins productives que celles appartenant à des les femmes. Alors que les gouvernements hommes. poursuivent leurs efforts pour améliorer le climat des affaires, l’examen plus précis Ce nouveau rapport intitulé « Les bénéfices de la des obstacles spécifiques rencontrés par parité : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat les femmes entrepreneures peut permettre féminin en Afrique », et produit par le Laboratoire d’optimiser le rendement des ressources d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique 4 et la Pratique mondiale Finance, compétitivité mesures qui permettront aux femmes de profiter et innovation du Groupe de la Banque mondiale, pleinement des avantages procurés par de vise à attirer l’attention sur les défis auxquels meilleures opportunités économiques. Le Groupe sont confrontées les femmes entrepreneures de la Banque mondiale s’efforcera d’exploiter en Afrique, et à trouver des solutions pratiques ces conclusions dans le dialogue politique et pour surmonter ces défis. la conception de programmes avec nos clients et nos partenaires. Le continent est riche de À partir des nouvelles données de qualité promesses, et en s’attaquant aux contraintes recueillies auprès des ménages et des auxquelles les femmes entrepreneures font face, entreprises, le rapport met en lumière les nous pouvons libérer le potentiel des entreprises obstacles à la croissance et à la rentabilité féminines afin qu’elles deviennent un moteur auxquels font face les femmes entrepreneures. essentiel de la croissance économique en Afrique Le rapport ne se contente pas d’examiner subsaharienne. isolément les contraintes liées au contexte, aux dotations, et aux ménages, et, à l’aide d’analyses approfondies, montre comment les contraintes liées aux normes sociales, à l’usage des réseaux d’affaires et à la prise de décision au sein du ménage affectent le rendement des entreprises. Il analyse la façon Hafez Ghanem Ceyla Pazarbasioglu dont ces contraintes sont inextricablement liées et influent sur les décisions stratégiques des Vice-président Vice-présidente, femmes entrepreneures. de la Banque Croissance équitable, mondiale pour la Finance et Institutions Ce rapport fournit aux décideurs des conseils Région Afrique basés sur des données factuelles, qui leur permettront de concevoir des programmes visant à mieux cibler ces multiples contraintes et à améliorer la performance des femmes entrepreneures. Les stratégies recommandees par le rapport incluent des programmes de formation appliquant les enseignements tirés de la psychologie pour encourager les femmes à faire preuve d’un esprit d’entreprise ; des mécanismes d’épargne sécurisés garantissant la confidentialité et la sécurité dans la gestion des fonds ; et d’importantes subventions en espèces dans le cadre de concours de plans d’affaires pour surmonter les contraintes de capital rencontrées par les entreprises orientées vers la croissance. Dans le cadre de son approche « Maximiser les financements pour le développement » (MFD), le Groupe de la Banque mondiale continue à soutenir les décideurs dans leurs efforts pour améliorer le climat des affaires et rallier un soutien au développement du secteur privé. Cependant, nous sommes conscients que ces efforts produiront des résultats limités s’ils ne tiennent pas compte des disparités hommes-femmes et s’ils ne s’appuient pas sur ce qui fonctionne pour aider les femmes entrepreneures à gérer et développer leur entreprise de façon rentable. Nous espérons que les conclusions de ce rapport contribueront à mettre en place des 5 Femmes entrepreneures en Afrique : un levier de croissance Le développement des entreprises est un moteur essentiel de la croissance économique et de la création d’emploi. Sans l’entrepreneuriat, il y aurait peu d’innovation, peu de croissance de la productivité et peu de nouveaux emplois.1 Plus des trois quarts de la population africaine estiment que les entrepreneurs sont admirés au sein de leur société. L’entrepreneuriat est également considéré Résumé par 76 % des Africains comme un bon choix de carrière. Il s’agit du taux le plus élevé du monde.2 La promotion de l’égalité hommes-femmes est un choix économique judicieux, une bonne pratique de gestion pour les entreprises et doit être au cœur des politiques de développement. Lorsque les femmes ont les mêmes chances que les hommes de prendre leur destin en main, de contribuer à l’économie de leur foyer, de leurs communautés et de leurs pays, la productivité, les résultats de développement et la performance des entreprises et des institutions ne s’en portent que mieux.3 Les pays d’Afrique subsaharienne (dénommés « Afrique » dans ce rapport) ont déjà accompli des progrès notables en faveur de l’autonomisation économique des femmes et des filles. Les femmes y sont plus susceptibles de travailler que dans d’autres régions, et près de 50 % des femmes dans la population active non agricole sont des entrepreneures. C’est la seule région du monde où les femmes sont plus susceptibles de travailler à leur compte que les hommes. Les dirigeants et de nombreuses autres parties prenantes en Afrique reconnaissent de plus en plus que les femmes entrepreneures sont déjà un levier de croissance, mais qu’elles pourraient l’être davantage. Les décideurs doivent agir pour offrir davantage d’opportunités aux femmes et leur permettre de devenir des actrices de la croissance et de la création d’emploi – cela est d’autant plus important que la population africaine est aujourd’hui très jeune et pleine d’attentes en matière d’emplois de qualité. En Afrique, la performance des entreprises détenues par des femmes demeure systématiquement inférieure à celle des entreprises appartenant à des hommes. Les entreprises détenues par des femmes comptent moins d’employés, enregistrent des ventes moyennes plus faibles et créent moins de valeur ajoutée.4 En se fondant sur les données d’enquêtes portant sur 14 pays,5 le présent rapport constate en moyenne de larges écarts de profits entre les entreprises détenues par des hommes et celles appartenant à des femmes (Figure 1). Figure 1 En moyenne, les profits varient fortement selon le sexe, mais ces variations diffèrent selon le pays Écart entre les sexes en termes de bénéfices mensuels (en %) FEMMES HOMMES Moyenne 34% Micro Bénin 12% Recensement RDC 49%*** Industrie manufacturière Éthiopie 45% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Micro Ghana (1) 36%* Confection Ghana (2) 20% Industrie manufacturière Ghana (3) 82%*** Micro Malawi 31%*** PME Mozambique 16% PME Nigeria (4) 52%** PME Nigeria (5) 8% PME Afrique du Sud 65% Micro Togo -7% Micro Ouganda (6) 30% Micro Ouganda (7) 31% Source : Auteurs, à partir de la base de données des EI. Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux micro-entreprises ; Ghana (2) : Enquête sur le secteur de la confection ; Ghana (3) : Recensement des entreprises ; Nigeria (4) : Enquête sur la croissance et l’emploi ; Nigeria (5) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (6) : Enquête Kassida ; Ouganda (7) : Enquête sur les prêts, les subventions et la formation. 7 Les pays qui souhaitent aider les femmes entrepreneures à réaliser leur plein potentiel doivent avant tout comprendre pourquoi les entreprises dirigées par des femmes sont moins performantes. Ce rapport s’appuie sur un vaste ensemble de nouvelles données fiables qui ont été recueillies auprès des ménages et des entreprises en Afrique. Elles permettent de dresser un tableau plus détaillé des caractéristiques de l’entrepreneuriat féminin et des contraintes qui pèsent sur sa croissance et sa rentabilité. Le rapport analyse tout d’abord les choix stratégiques opérés par les femmes entrepreneures et leur impact sur la performance de leur entreprise. Il présente ensuite les contraintes auxquelles les femmes entrepreneures font face pour développer leur activité et analyse trois domaines de manière approfondie : normes sociales, réseaux et contraintes au niveau du ménage. Enfin, en se fondant sur ces conclusions et des recherches antérieures, le rapport formule des recommandations à l’attention des décideurs et d’autres parties prenantes afin de combler ces écarts de performance entre les hommes et les femmes. Encadré 1 Éléments nouveaux apportés par ce rapport 1 Une analyse actualisée : de 2 Une compréhension 3 Des solutions étayées par des nouvelles données fiables et approfondie : il apporte un données probantes : précises sont utilisées pour éclairage nouveau sur les il offre aux décideurs et mettre à jour les analyses contraintes sexospécifiques autres parties prenantes des antérieures6 sur les affectant les choix et recommandations fondées sur différences de performance performances des femmes des recherches approfondies entre les entreprises gérées entrepreneures. en matière de conception de par les hommes et celles programmes et de politiques gérées par les femmes. visant à améliorer les performances des femmes entrepreneures. Résumé 8 Quels sont les facteurs expliquant les disparités hommes-femmes au niveau de la performance des entreprises ? Les opportunités d’emplois salariés sont limitées en Afrique. Cela incite des hommes et des femmes qui ne seraient pas enclins à créer une entreprise à devenir des entrepreneurs. Selon le Global Entrepreneurship Monitor (Observatoire mondial de l’entrepreneuriat), l’Afrique affiche la plus faible proportion au monde d’entrepreneurs qui ont créé une entreprise pour saisir une opportunité.7 Beaucoup de femmes qui se mettent à leur compte par nécessité économique n’ont pas l’intention de, ou les compétences nécessaires pour, bâtir de grandes entreprises prospères. Leur décision de créer une entreprise au lieu de chercher un emploi salarié est influencée par de fortes contraintes, notamment des disparités de compétences, de capacités financières, de réseaux, de temps et de responsabilités familiales, de moindres opportunités professionnelles, et de sécurité personnelle.8 Il est important de noter que si les femmes se heurtent à des contraintes plus fortes que celles auxquelles font face les hommes lorsqu’elles recherchent des opportunités d’emploi, une proportion relativement élevée d’entre elles peuvent être poussées à développer une activité indépendante, ce qui peut affecter leurs opportunités. Des données récentes du Ghana montrent que les travailleuses indépendantes opèrent sur des marchés plus encombrés que les hommes indépendants.9 Les inégalités au niveau des opportunités Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique économiques sont un facteur décisif pour expliquer l’écart de performance entre les entreprises détenues par des hommes et celles gérées par des femmes. En outre, le présent rapport examine la situation d’entreprises en activité qui, en l’absence d’opportunités alternatives sur le marché du travail, continueront vraisemblablement à exister en Afrique. Le rapport étudie également les conditions qui pèsent sur la prise de décision des femmes entrepreneures, en particulier celles qui perpétuent des taux de rendement plus faibles. Une majorité écrasante de femmes choisissent d’entrer dans des secteurs peu porteurs; elles possèdent également moins d’actifs et de capitaux disponibles à investir dans leur entreprise et sont moins armées pour affronter la concurrence. Elles sont plus susceptibles d’opérer dans l’économie informelle et ont moins de chances d’adopter des pratiques d’affaires avancées. En s’appuyant sur une analyse exhaustive des données et des recherches antérieures, ce rapport soutient que les femmes entrepreneures prennent ou sont contraintes de prendre des décisions différentes de celles des hommes, car elles se heurtent à des facteurs sexospécifiques qui entravent la croissance de leurs entreprises. Ces contraintes – liées au contexte dans lequel elles opèrent, à leurs dotations en ressources et à des facteurs liés au ménage – influencent les décisions stratégiques prises par ces femmes, qui à leur tour entraînent des résultats moins productifs. Ce rapport présente un nouveau guide, précis et éclairant, destiné à expliquer plus en détail les facteurs à l’origine des écarts de productivité entre hommes et femmes (Figure 2). 9 Figure 2 Contraintes, décisions et résultats : un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière de performance des entreprises en Afrique RÉSULTATS Différences entre les sexes au niveau de la performance des entreprises (ventes, bénéfices) DÉCISIONS STRATÉGIQUES 1 2 3 4 Ségrégation Différences Différences Différences sectorielle en termes de en termes de dans la volonté capitaux et de capacités des d’affronter la main-d’œuvre entreprises concurrence (pratiques d’affaires / innovation) et de formalisation CONTRAINTES SOUS-JACENTES FACTEURS CONTEXTUELS I Discriminations juridiques ATOUTS CULTURELS, CONTRAINTES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX AU NIVEAU DES II Normes sociales MÉNAGES IV Éducation/ III Risque de violences compétences VIII Allocation des liées au genre facteurs V Confiance/ préférences en IX Contraintes de matière de risques temps et soins prodigués aux VI Financement et actifs proches Résumé VII Accès aux réseaux et à l’information 10 Décisions stratégiques Comme illustré dans la Figure 2, les décisions stratégiques prises par les femmes entrepreneures dans des domaines clés diffèrent largement de celles des hommes entrepreneurs. Ces domaines comprennent : 1. le secteur choisi ; 2. les différences au niveau des capitaux et de la main-d’œuvre ; 3. les différences au niveau des capacités des entreprises ; et 4. les différences au niveau de la volonté d’affronter la concurrence. 1 Secteur d’activité • Les femmes entrepreneures bâtissent des sociétés plus grandes et plus rentables lorsqu’elles opèrent dans des secteurs dominés par les hommes. Si les femmes ont tendance à se regrouper dans des secteurs dominés par d’autres femmes, notamment la vente au détail et l’hospitalité, les données indiquent un bénéfice potentiel de « s’aventurer » dans des secteurs à prédominance masculine. Les entreprises détenues par des femmes travaillant dans des industries à prédominance masculine sont aussi grandes et tout aussi rentables que celles détenues par des hommes. Elles sont également plus grandes que celles des secteurs à prédominance féminine.10 Des études dans des situations spécifiques indiquent que la décision d’une femme entrepreneure de travailler dans des secteurs à rendement plus élevé n’est pas déterminée par les inégalités d’accès à l’éducation ou au financement, mais par des facteurs sociaux, en particulier l’influence de modèles masculins et l’exposition au secteur grâce à des membres de la famille et des amis.11 2 Capitaux et main-d’œuvre • Les femmes entrepreneures en Afrique affichent des niveaux systématiquement plus faibles de capital – équipements, stocks et Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique propriétés – que leurs homologues masculins. D’après 14 ensembles de données d’évaluation d’impact portant sur 10 pays d’Afrique, les entreprises détenues par des hommes ont des investissements en capital plus de six fois supérieurs à ceux des entreprises détenues par des femmes. • Les niveaux inférieurs de main-d’œuvre dans les entreprises détenues par des femmes contribuent aux écarts de productivité entre les sexes dans six des 10 pays analysés. Par rapport aux entrepreneurs hommes, les femmes entrepreneures emploient moins de travailleurs et utilisent moins d’heures de travail pour faire fonctionner leur entreprise – mais dans la plupart des pays, les femmes obtiennent des rendements de la main-d’œuvre similaires à ceux obtenus par les hommes. • Les différences de capitaux et de main-d’œuvre entre les sexes sont associées au fait que les hommes obtiennent des profits plus élevés que les femmes. S’il est également possible que les hommes entrepreneurs utilisent plus de capitaux et de main-d’œuvre en raison des différences entre les sexes au niveau des rendements des unités d’investissement initiales, les conclusions semblent recommander des politiques visant à fournir aux femmes les mêmes niveaux de ressources d’investissement qu’aux hommes. 11 Capacités des entreprises : Pratiques d’affaires, 3 innovation et formalisation • Les différences dans l’adoption de bonnes pratiques d’affaires contribuent à expliquer l’écart de productivité dans certains pays. Conformément aux études précédentes,12 ce rapport conclut que les hommes entrepreneurs sont plus susceptibles d’adopter des pratiques d’affaires avancées dans la plupart des pays analysés. Toutefois, l’ampleur des écarts entre les genres sur un indice des Pratiques d’affaires représente en moyenne moins de la moitié des écarts d’investissement en capital. • Ce rapport révèle quelques différences en matière d’innovation entre les entreprises détenues par des hommes et des femmes. Les femmes au Togo sont deux fois moins susceptibles que les hommes d’avoir introduit un nouveau produit dans leurs activités. Au Mozambique, les femmes sont moins susceptibles d’avoir introduit un nouveau processus – 31 % des femmes et 39 % des hommes ont pris des mesures novatrices au cours des 12 derniers mois. Au Nigeria, les entreprises détenues par des femmes sont 20 % moins susceptibles d’avoir amélioré des produits existants ou d’avoir conçu un nouveau produit. • L’analyse de ce rapport ne trouve pas de lien clair entre la formalisation d’une entreprise individuelle et l’écart de performance de l’entreprise selon le sexe. De nombreuses entreprises détenues par des femmes relèvent de l’économie informelle. Alors que l’analyse effectuée pour ce rapport conclut que, dans trois pays, les entreprises détenues par des femmes bénéficient de meilleurs rendements lorsqu’elles sont formelles, des études récentes ,13,14 n’indiquent aucun impact sur les performances de l’entreprise et l’accès aux financements lorsque les entrepreneurs sont soutenus pour obtenir un statut formel. 4 Décision d’affronter la concurrence • Une expérience de laboratoire au Kenya15 conclut que les femmes étaient deux fois moins susceptibles que les hommes d’affronter la concurrence. De nombreuses expériences de laboratoire hors d’Afrique confirment cette conclusion. Cependant, les données limitées sur la volonté d’affronter la concurrence ne permettent pas de mesurer l’importance des différences de genre dans ce domaine par rapport à d’autres facteurs influant sur l’écart de performance des entreprises selon le genre de l’entrepreneur.16 Résumé 12 Neuf facteurs limitant les performances commerciales des femmes en Afrique Les femmes entrepreneures ne prennent pas leurs décisions commerciales en vase clos. Au contraire, leurs décisions diffèrent systématiquement de celles des hommes entrepreneurs car elles se heurtent à des contraintes qui n’affectent pas les hommes. Ce rapport présente neuf contraintes sous-jacentes et étudie les éléments de preuve expliquant pourquoi la contrainte est importante et dans quelle mesure elle contribue à l’écart de performance des entreprises. Dans certains cas, le rapport recommande également de réaliser des travaux analytiques supplémentaires afin d’approfondir la compréhension de l’importance de la contrainte. Le rapport s’appuie sur des données nouvelles pour mener une analyse approfondie sur trois facteurs – fournissant un nouvel éclairage pour les décideurs et les autres acteurs qui cherchent à combler l’écart entre les genres. Facteurs contextuels Discriminations juridiques : Les femmes entrepreneures ne peuvent pas avoir les mêmes I opportunités économiques si les lois du pays restreignent leur capacité à posséder et exploiter une entreprise. Les femmes se heurtent souvent à des obstacles posés par le droit coutumier.17 En outre, les lois officielles ne garantissent toujours pas l’égalité des chances. Si beaucoup de pays africains ont accompli des progrès dans l’élimination des obstacles juridiques – notamment les lois privant les femmes des mêmes droits que les hommes en matière d’enregistrement d’une entreprise, de signature de contrats, d’ouverture d’un compte bancaire ou de détention et héritage de propriétés –, seuls trois pays africains ont promulgué des lois officielles interdisant la discrimination entre les sexes.18 L’essentiel : Des progrès récents en matière de réformes réglementaires impliquent que les discriminations juridiques pourraient ne plus être aussi contraignantes pour les femmes entrepreneures. Toutefois, même lorsque les lois ne sont pas discriminatoires, elles ne sont pas appliquées de manière égalitaire. Des efforts doivent être fournis pour assurer que des lois égalitaires en termes de genre sont introduites, mais aussi mises en œuvre convenablement. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Normes sociales : Les normes sociales exercent une forte influence sur les choix stratégiques II des femmes entrepreneures et peuvent limiter leur capacité à développer leurs entreprises. Ces normes peuvent modeler la vision que les femmes ont d’elles-mêmes19 et de leurs capacités,20 influencer leurs aspirations et entraîner un traitement discriminatoire par d’autres personnes.21 Parce que les normes sociales dans de nombreux pays africains ne soutiennent pas l’image d’une femme ambitieuse cherchant à développer son entreprise, les choix des femmes sont limités. Les femmes qui vont à l’encontre des normes sociales s’exposent également à des représailles.22,23 L’essentiel : L’influence des normes de genre sur les décisions commerciales des femmes est vraisemblablement omniprésente et significative, avec un impact sur des choix majeurs tels que le secteur d’activité. Pour en savoir plus sur ce point, voir l’Analyse approfondie 1. Risque de violences liées au genre : La prédominance des violences basées sur le genre (VBG) a vraisemblablement des effets néfastes sur la santé et le bien-être des femmes, restreignant III leur capacité à gérer efficacement leurs affaires. Le fait de travailler à l’extérieur de la maison peut mettre les femmes en danger,24 tandis que certaines femmes peuvent considérer le travail indépendant comme un moyen d’éviter le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.25 Au Malawi, 14 % des femmes entrepreneures ont subi des violences physiques ou psychologiques de la part de leur compagnon ; 32 % déclarent que leur mari insiste pour savoir en permanence où elles se trouvent ; et 7 % indiquent que leurs maris leur imposent des rapports sexuels non désirés. L’essentiel : Les VBG peuvent nuire aux capacités de gestion des femmes. Il est essentiel de tester et évaluer de nouveaux moyens de lutter contre les VBG mais aussi de mieux comprendre le rôle des VBG dans les différences de performance entre hommes et femmes en matière de conduite des affaires. Des recherches sont également nécessaires pour déterminer si les risques d’exposition aux VBG ont une influence sur l’appréhension que peut avoir une femme à développer son activité. 13 Atouts culturels, économiques et sociaux Écarts en matière d’éducation et de compétences : Alors que la plupart des pays africains ont IV atteint la parité entre les sexes en termes d’accès à l’enseignement primaire,26 l’écart persistant entre les niveaux d’instruction et de compétences des hommes et des femmes entrepreneures – notamment au niveau secondaire et au-delà – peut contribuer à expliquer les différences de genre en matière de décisions commerciales stratégiques. Des données mettent en évidence des disparités entre les hommes et les femmes chefs d’entreprise dans trois domaines : l’éducation formelle, les capacités de gestion et les compétences socio-affectives. Le présent rapport constate que les femmes travaillant à leur compte ont dans l’ensemble achevé moins d’années d’études que leurs homologues masculins. Les hommes entrepreneurs ont souvent des compétences techniques plus élevées ; ils ont parfois un meilleur niveau de culture financière et sont dans certains cas plus susceptibles de participer à des formations ou d’en offrir. Des données provenant du Togo montrent que si les entrepreneurs hommes et femmes obtiennent des résultats comparables sur certaines mesures socio-affectives importantes, les hommes surpassent leurs homologues féminines lors d’évaluations de l’ambition, de la créativité, de l’innovation et de l’imagination. L’essentiel : Les écarts en matière d’éducation et de compétences en Afrique sont vastes et persistants, et ont vraisemblablement une forte influence sur les décisions commerciales des femmes. Confiance et préférences en matière de risque : Les femmes entrepreneures en Afrique V ont souvent moins confiance en elles-mêmes que leurs homologues masculins. Parmi les entrepreneurs au Ghana, les femmes sont 14 % moins susceptibles que les hommes de penser qu’elles seraient une bonne dirigeante. Les femmes chefs d’entreprise ont moins confiance dans leurs capacités,27 ce qui peut les rendre moins disposées à affronter la concurrence (et à conquérir des marchés)28 – notamment dans des domaines traditionnellement masculins.29 Le manque de confiance en soi des femmes par rapport aux hommes pourrait être lié à l’aversion pour le risque, mais l’analyse effectuée pour ce rapport ne montre pas de tendance claire sur ce point. L’essentiel : Le manque de confiance en soi des femmes par rapport aux hommes peut les empêcher de prendre les gros risques qui conduisent à des rendements élevés. Des travaux plus expérimentaux sur des mécanismes destinés à renforcer la confiance peuvent s’avérer importants pour les politiques. Financement et actifs : Les femmes chefs d’entreprise continuent de contrôler moins d’actifs VI que les hommes, ce qui affecte leur capacité à investir dans leurs activités et à accéder à des prêts suffisants. Alors que l’écart entre les sexes dans l’obtention de prêts auprès d’institutions financières est moins important en Afrique que dans toute autre région du monde,30 l’analyse effectuée pour ce rapport révèle de vastes écarts constants entre les sexes dans le montant des prêts en cours pour différents groupes cibles d’entrepreneurs en Afrique. L’essentiel : Le fossé entre les hommes et les femmes dans l’accès au crédit n’est plus aussi marqué que dans le passé, mais avec un niveau inférieur de propriété d’actifs, les femmes luttent toujours pour obtenir des prêts de même montant que les hommes – un facteur qui alimente probablement l’écart d’investissement en capital. VII Accès aux réseaux et à l’information : Souvent, les femmes n’ont pas le même accès que les hommes à de vastes réseaux sociaux diversifiés susceptibles de soutenir la croissance et la compétitivité de leur entreprise. L’analyse effectuée pour ce rapport suggère que les réseaux des hommes et des femmes sont très différents. Les réseaux des hommes comme des femmes sont largement marqués par la ségrégation selon les genres. Les réseaux féminins disposent de moins de ressources, et incluent des liens de famille et de parenté plus « étroits », moins utiles que de nouvelles relations pour la création d’opportunités commerciales.31 L’essentiel : Avec un nombre croissant de données sur l’importance des réseaux, il est vital Résumé de comprendre comment les réseaux de femmes entrepreneures diffèrent de ceux de leurs homologues masculins – et comment ces différences peuvent avoir une incidence sur leur succès. Pour en savoir plus sur ce point, voir l’Analyse approfondie 2. 14 Contraintes au niveau des ménages Répartition des ressources productives au sein des ménages : Les femmes manquent souvent VIII d’autorité sur l’allocation des actifs du ménage et peuvent subir plus de pression pour partager les ressources, ce qui limite à la fois leur volonté et leur capacité d’investir dans leur entreprise. Le manque de contrôle des femmes sur la répartition des ressources du ménage peut être une source d’inefficacité si cela implique que les actifs sont investis dans des entreprises contrôlées par des hommes, indépendamment de la capacité de gestion ou de la valeur de l’opportunité d’affaires.32 Des recherches montrent que les femmes chefs d’entreprise luttent pour allouer des fonds à leur entreprise, en raison de leurs propres besoins ou de ceux des personnes à leur charge. L’inefficacité de l’allocation au sein des ménages s’aggrave lorsque les femmes entrepreneures sont obligées de partager des ressources acquises au travers de liens sociaux extérieurs au foyer. L’essentiel : La répartition des ressources du ménage a probablement une influence majeure sur les décisions commerciales des femmes. Les prochaines recherches doivent s’atteler à l’identification de mécanismes évolutifs pour encourager les couples à penser différemment le rôle des femmes dans la contribution aux décisions du ménage, ou préconiser que les femmes entrepreneures poursuivent simultanément leurs objectifs professionnels et personnels. Pour en savoir plus sur ce point, voir l’Analyse approfondie 3. Contraintes de temps et soins prodigués aux proches : En Afrique, les femmes consacrent IX plus de temps que les hommes aux tâches domestiques.33 Cela limite le temps qu’elles peuvent dédier à leur entreprise, et les oblige à rester à la maison aux moments les plus propices pour la conduite de leurs activités. Ce rapport conclut que les femmes en Ouganda, au Togo et au Malawi sont bien plus susceptibles que les hommes de prendre soin d’autres personnes tout en exerçant leurs activités – une tâche à laquelle elles peuvent consacrer jusqu’à deux fois plus de temps que les hommes.34 Les hommes passent en moyenne 10 % de temps en plus par semaine à travailler dans leur entreprise que les femmes. Le mariage accroît les disparités hommes- femmes en termes de temps consacré à l’entreprise dans trois pays, tandis que l’écart est plus faible dans les secteurs dominés par les hommes où il est possible que les femmes doivent travailler la même quantité d’heures que les hommes pour participer. De nouvelles données semblent indiquer que les programmes de garde d’enfants peuvent avoir un impact positif sur les résultats en matière d’emploi des femmes,35 mais ces études n’analysent pas l’impact de la Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique garde d’enfants sur les résultats de leurs affaires. L’essentiel : Les contraintes de temps liées aux tâches domestiques et aux soins prodigués à leurs proches représentent vraisemblablement une forte contrainte sur les activités commerciales des femmes. Cependant, des données et analyses supplémentaires rigoureuses sont nécessaires pour déterminer si l’amélioration des services de garde d’enfants et d’autres types d’interventions produisent des effets durables sur la performance des entreprises. 15 16 Résumé Analyse approfondie de trois obstacles  Analyse approfondie 1 : Les normes sociales sexistes affaiblissent-elles la performance des entreprises ? Cette première partie de l’analyse se fonde sur des données obtenues au Togo, au Ghana et au Malawi pour évaluer la prévalence et l’impact de normes sociales sexistes sur les différences de performances des entreprises africaines selon le sexe du chef d’entreprise.36 Principaux constats 1. Les normes à caractère sexiste sont largement répandues parmi les entrepreneurs interrogés en Afrique. 2. Les hommes et les femmes ont largement assimilé mais de façon différente ces normes sexistes. Les femmes ont moins de préjugés que les hommes dans la recherche d’opportunités d’affaires, mais elles accordent une plus grande priorité aux besoins de leur ménage. 3. Les entrepreneurs, tant les hommes que les femmes, dont le niveau d’éducation est relativement élevé sont moins susceptibles d’adopter des opinions sexistes. 4. Les préjugés sexistes sont associés à des niveaux plus faibles d’investissement et à une performance moindre de l’entreprise, mais cette corrélation ne se vérifie pas nécessairement avec d’autres paramètres. Par exemple les femmes chefs d’entreprise ayant des opinions plus progressistes par rapport à ces préjugés et évoluant dans des secteurs dominés par les hommes font face à des discriminations dans leurs activités. Recherches pouvant conduire à des politiques publiques plus efficaces • Un programme de recherche est nécessaire pour tester les mécanismes et l’importance des normes sociales en tant qu’obstacles au développement des entreprises. Cette recherche permettra d’identifier des solutions pour lutter contre des normes sociales qui freinent le développement des entreprises. Plusieurs domaines de recherche apparaissent d’ores et déjà prometteurs : les changements institutionnels à Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique grande échelle,37 les modifications dans les règlements,38 le traitement des questions de mobilité,39 la résolution des questions de ségrégation sectorielle selon le sexe,40 et le dialogue au sein de la communauté et du couple.41  Analyse approfondie 2 : Les différences entre les sexes en matière de réseaux d’entreprises contribuent-elles à creuser l’écart de performance entre hommes et femmes ? Cette seconde partie de l’analyse se fonde sur des données du Ghana, du Malawi, du Togo et de l’Ouganda pour évaluer les différences de réseaux d’entrepreneurs africains et leurs impacts sur les performances des entreprises selon le sexe du chef d’entreprise. Principaux constats 1. Les réseaux de femmes entrepreneures sont constitués pour la plupart d’autres femmes. 2. Les hommes ont des réseaux plus important que les femmes. 3. Les réseaux commerciaux constitués de « liens étroits», et notamment de membres de la famille, sont plus susceptibles de participer au processus de création et de développement d’entreprises pour les femmes que pour les hommes. 4. Les femmes s’appuient sur leurs réseaux pour lancer leur entreprise et pour un soutien financier, alors que les hommes les utilisent davantage pour partager des informations, des équipements ou des fournitures. 5. La relation entre les réseaux et la performance de l’entreprise n’est probablement pas directe. Des aspects du réseau tels que la profondeur des relations et leur influence sur divers domaines du développement de l’entreprise peuvent avoir un impact sur la performance des entreprises et différer selon le sexe du chef d’entreprise. 17 Recherches pouvant conduire à des politiques publiques plus efficaces • D’autres expérimentations créant des opportunités de mise en réseau pour diverses catégories d’entrepreneurs seraient utiles pour identifier le type d’entreprise qui bénéficierait le plus de la diversification de son réseau. Le réseautage est-il plus important dans les premières étapes du développement de l’entreprise ou à un stade plus avancé ? Dans quelle mesure d’autres contraintes liées au genre atténuent- elles les avantages liés à l’élargissement du réseau ? Pourquoi les femmes ont-elles plus tendance à limiter leurs réseaux d’entreprises à d’autres femmes ? Existe- t-il des opportunités de desserrer les « liens » des réseaux ? Quel est l’effet de la diversification du réseau sur l’activité choisie par le chef d’entreprise ?  Analyse approfondie 3 : Les relations au sein du ménage influencent-elles les choix stratégiques faits par les femmes entrepreneures ? Cette troisième analyse approfondie se fonde sur un examen de micro-entrepreneurs urbains au Ghana et une recherche qualitative sur le même groupe de population afin de comprendre comment les entreprises détenues par des femmes contribuent aux revenus du ménage, et comment les exigences du foyer ainsi que la dynamique de pouvoir en son sein influencent leurs décisions commerciales. Bien qu’ils soient spécifiques au milieu urbain ghanéen, les résultats suggèrent des façons dont la dynamique interne au ménage pourrait avoir une influence sur les décisions d’affaires des femmes dans d’autres domaines ou pays. Principaux constats 1. Les entreprises détenues par des femmes sont importantes pour subvenir aux besoins du foyer. 2. Les conjoints disposent d’informations incomplètes sur leurs gains respectifs. 3. Les femmes gardent généralement le contrôle sur les revenus de leur entreprise, mais cela ne signifie pas toujours qu’elles peuvent choisir comment les dépenser. 4. Les pressions exercées pour partager les revenus et augmenter les contributions aux besoins du ménage incitent tant les hommes que les femmes à dissimuler leur revenu. 5. L’indépendance de la femme dans la gestion de l’entreprise est associée à des bénéfices plus élevés, mais il n’est pas encore possible d’établir un lien de causalité. 6. Les ménages gèrent leurs finances de différentes façons et les études et programmes futurs devraient explorer les liens entre les relations au sein du ménage et la réussite des entreprises appartenant à des femmes. Recherches pouvant conduire à des politiques publiques plus efficaces • Les recherches futures devraient examiner la mesure dans laquelle différentes pratiques de gestion financière au sein du ménage peuvent être encouragées et mener à des investissements dans l’entreprise par des femmes entrepreneures. Des recherches supplémentaires sont aussi nécessaires pour identifier les réponses politiques possibles pour appréhender différemment le rôle des femmes entrepreneures au sein du foyer, ou pour les soutenir dans leurs objectifs commerciaux et non commerciaux. Résumé 18 Voie à suivre : mesures à prendre par les politiques et les décideurs pour éliminer les disparités entre les sexe Des politiques visant à créer un environnement à une échelle nationale avec des mécanismes d’affaires plus favorable et à soutenir les de prestation adéquats va non seulement entrepreneurs ne suffiront pas pour éliminer soutenir l’entrepreneuriat féminin, mais aussi les obstacles identifiés dans ce rapport si le développement de l’entreprenariat dans son ces politiques ne prennent pas en compte les ensemble. inégalités de genre. Plus grave encore, de telles politiques pourraient creuser les écarts  Des stratégies prometteuses existants. Mais la bonne nouvelle est que grâce à des stratégies ciblées, la communauté Les données actuellement disponibles internationale, les pouvoirs publics nationaux, suggèrent que les trois stratégies suivantes sont les ONG et les autres parties intéressées peuvent susceptibles d’être efficaces pour les femmes contribuer à faire face aux défis auxquels les chefs d’entreprise : femmes entrepreneures sont confrontées et libérer ainsi leur potentiel productif. 1. Des programmes de formation utilisant des leçons tirées de la psychologie pour Ce rapport examine les données factuelles encourager les femmes à agir avec un esprit existantes, classe les stratégies selon la entrepreneurial. De nouvelles données solidité de leurs informations, et formule des factuelles tirées des évaluations d’impact recommandations. Le Tableau 1 résume les démontrent l’importance de renforcer les résultats de l’analyse du rapport. Dans la mesure compétences socio-affectives des femmes du possible, le rapport identifie les facteurs de entrepreneures en Afrique. Au Togo, la formation réussite, les risques potentiels et les mesures à l’initiative personnelle a des effets positifs d’atténuation. Les données proviennent de et significatifs sur les ventes et les bénéfices certains pays, et ne peuvent pas toujours être des micro-entreprises dirigées par des généralisées à d’autres. Il faudra donc adapter hommes ou des femmes, et a généré un retour Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique ces résultats aux conditions locales afin de sur investissement de 91 %.42 De même, un garantir une bonne mise en œuvre des idées les programme de formation axé sur l’estime de soi plus prometteuses. et l’esprit entrepreneurial en Éthiopie a permis d’augmenter la performance commerciale Les données factuelles fournies par les des entreprises appartenant à des femmes.43 interventions les plus prometteuses présentées Une vidéo visant à accroître les aspirations des ici sont en général des moyennes établies sur vendeurs de marché au Mozambique (dont 45 % des échantillons d’entreprise appartenant à des sont des femmes) a eu un impact très important femmes. Par conséquent, toutes les femmes ne sur la performance des entreprises.44 Enfin, un bénéficieront pas de la même façon de chaque programme de formation destiné aux femmes solution qui ressort de la recherche, et certaines micro-entrepreneures au Kenya a permis en bénéficieront plus que d’autres. d’augmenter durablement les bénéfices, la durée de vie et la croissance de leurs entreprises.45 Les femmes entrepreneures africaines sont soumises à l’interaction de plusieurs contraintes En résumé : Des programmes de formation sexospécifiques. Les programmes qui ciblent axés sur les compétences socio-affectives avec ces femmes le reconnaissent de plus en plus un contenu sexospécifique – par opposition aux et combinent des interventions visant des programmes classiques de formation en gestion contraintes multiples. – ont prouvé leur efficacité dans de nombreux contextes en Afrique, et se révèlent rentables en Les stratégies proposées sont largement accroissant les profits sur le long terme. inspirées des interventions les plus prometteuses en matière de soutien aux 2. Soutenir les femmes par des mécanismes entreprises, d’innovation et d’investissement en d’épargne fiables. La capacité des femmes Afrique. De ce fait, les solutions recommandées à financer leurs activités commerciales peut dans ce rapport pourront aussi s’appliquer à souffrir d’une répartition inégale du pouvoir de l’entreprenariat masculin, et leur mise en œuvre négociation au sein du ménage et du besoin 19 de subvenir aux dépenses domestiques. Par de plans d’affaires en Éthiopie, Tanzanie et conséquent, des mécanismes qui permettent Zambie a confirmé ces informations.53 Des aux femmes de mettre à l’abri des fonds pour évaluations d’impact supplémentaires des leur entreprise, aideront ces dernières à éviter concours de plans d’affaires sont réalisées que ces fonds ne servent qu’à subvenir aux actuellement en Afrique, et examineront besoins de leur foyer. En offrant à des vendeuses l’influence de la taille des différentes de marchés du Kenya un accès à des comptes subventions et du processus de sélection sur les d’épargne, il a été possible d’augmenter de 45 % performances de ce type de concours. l’investissement des entreprises, alors qu’aucun impact n’a été relevé en offrant de tels comptes En résumé : Les études révèlent les impacts à des conducteurs de motos masculins.46 Le positifs des subventions élevées accordées dans ciblage est important, car l’offre de tels comptes le cadre de concours de plans d’affaires sur dans des contextes ruraux en Ouganda et au l’emploi, les ventes et les bénéfices parmi les Malawi a conduit à une utilisation limitée des entreprises appartenant à des femmes. comptes bancaires.47 Toutefois, lorsqu’on permet à des femmes d’ouvrir des comptes bancaires De plus, de nouvelles données ont démontré au nom de leur entreprise pour faciliter le le potentiel des politiques et interventions passage de celle-ci dans l’économie moderne, suivantes, ainsi que l’intérêt que présente une l’utilisation de comptes au nom de l’entreprise et évaluation plus poussée de leur impact : d’assurance par les femmes augmente de façon significative. En résultat, un plus grand nombre 1. Supprimer les obstacles juridiques à d’entre elles réussissent à séparer les fonds l’égalité des sexes et les disparités dans de leur ménage de ceux de leur entreprise, et la mise en œuvre de la réglementation ; à augmenter leurs ventes et leurs bénéfices.48 L’argent mobile et d’autres moyens de paiement 2. Renforcer les droits fonciers des numériques permettent aux femmes de femmes ; cibler plus facilement leurs marchés. Ces instruments leur offrent également une plus 3. Élargir les liens des femmes à de grande discrétion et un meilleur contrôle sur les nouveaux réseaux d’entreprises ; dépenses du ménage,49 avec pour corollaire une augmentation potentielle de la consommation 4. Offrir des modèles de formation adaptés et de l’épargne des femmes,50 ainsi que de aux femmes, y compris le soutien entre leur capacité à créer de nouvelles activités pairs ; économiques et à devenir plus autonome.51 5. Fournir des subventions en nature ; En résumé : Des données factuelles issues de plusieurs études menées en Afrique montrent 6. Introduire des innovations financières les effets positifs des mécanismes d’épargne qui réduisent les exigences de garantie, sur l’investissement des entreprises et la telles que l’évaluation psychométrique ; performance des femmes entrepreneures. Les interventions doivent être correctement ciblées 7. Faciliter l’accès aux services de garde pour assurer une adoption appropriée par les d’enfants ; groupes cibles concernés. 8. Encourager les hommes à fournir un 3. Offrir des subventions en espèces environnement plus favorable aux conséquentes dans le cadre de concours femmes entrepreneures ; de plans d’affaires. L’octroi de subventions importantes en espèces dans le cadre de 9. Inciter les femmes à s’aventurer dans concours de plans d’affaires peut contribuer à des secteurs à prédominance masculine, lever les contraintes de capital des entreprises en partageant des informations sur les axées sur la croissance, y compris celles rendements attendus dans ces secteurs, appartenant à des femmes. Au Nigeria, un et en favorisant une exposition précoce concours de plans d’affaires offrant des sous forme d’un apprentissage ou de subventions en espèces d’un montant moyen de modèles masculins. 50 000 USD a permis d’augmenter la probabilité que des femmes dirigent une entreprise en réduisant les contraintes de capital. Ces subventions ont également facilité l’embauche de nouveaux employés avec pour résultat des Résumé augmentations importantes des ventes et des bénéfices.52 Une autre enquête sur des concours 20 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 21 Tableau 1 Quelles sont les meilleures solutions pour soutenir les entreprises détenues par des femmes en Afrique ? Constats clés issus des évaluations d’impact rigoureuses DOMAINE DE POLITIQUE OBSTACLE À LEVER TYPOLOGIE DES ENTREPRISES Discriminations juridiques Toutes les entreprises 1. Supprimer les obstacles réglementaires et institutionnels auxquels Discriminations juridiques Toutes les entreprises font face les femmes entrepreneures Informalité Micro-enterprises Compétences Micro-enterprises Compétences ; préférences en matière de Micro-entreprises et propriétaires confiance/risque ; normes sociales de petites entreprises 2. Renforcer les Micro-entreprises et propriétaires Réseaux et information compétences et les réseaux de petites entreprises Compétences ; réseaux et information Micro-enterprises Compétences ; préférences en matière de Micro-enterprises confiance/risque ; normes sociales Finances et actifs Micro-enterprises Finances et actifs ; allocation des facteurs de Micro-enterprises production 3. Améliorer l’accès au Finances et actifs ; préférences en matière de Start-up ou entreprises existantes capital et aux actifs confiance/risque ; compétences Finances et actifs ; allocation des facteurs de Micro-enterprises production Finances et actifs Micro-enterprises Contraintes de temps / soins aux proches Toutes 4. Alléger les contraintes du ménage VLG, contraintes de temps / soins aux Micro-enterprises proches ; allocation des facteurs de production 5. Aborder les normes Compétences ; réseaux et information ; sociales concernant les préférences en matière de confiance/ Jeunes entrepreneurs décisions professionnelles risque des femmes Résumé 6. Faciliter l’accès aux Normes sociales ; VLG Micro-enterprises marchés 22 LÉGENDE PREUVES CRÉDIBLES D’UN IMPACT POSITIF SUR LES RÉSULTATS DE L’ENTREPRISE PREUVES ÉMERGENTES D’UN IMPACT SUR LES RÉSULTATS DE L’ENTREPRISE DONNÉES MONTRANT L’ABSENCE OU LE FAIBLE IMPACT SUR LES RÉSULTATS DE L’ENTREPRISE (PEU PROMETTEUR) CONCLUSIONS PRINCIPALES (code couleur selon les données probantes) La suppression des préjugés sexistes et disparités hommes-femmes dans la mise en œuvre des lois accroît le libre- arbitre des femmes et leur pouvoir de négociation au sein du ménage Le renforcement des droits fonciers des femmes accroît le temps et les efforts qu’elles consacrent à l’entrepreneuriat Le seul allègement des contraintes à la formalisation n’est pas suffisant pour aider les entreprises dirigées par des femmes à croître Un programme de formation en gestion classique ne permet pas à lui seul d’améliorer les performances commerciales des petites entreprises appartenant à des femmes Les formations axées sur les compétences socio-affectives et les contenus sexospécifiques ont des impacts élevés sur la performance de l’entreprise L’élargissement de l’accès des entreprises à de nouveaux réseaux peut, dans un cadre adapté, avoir des répercussions positives sur la performance de ces entreprises L’offre d’un mentorat en plus de la formation en gestion classique a une valeur ajoutée limitée pour les micro- entrepreneurs Accompagner l’exécution de programmes de formation avec un soutien direct des pairs peut s’avérer prometteur Le microcrédit n’a que des impacts limités sur les résultats commerciaux des femmes Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique L’octroi de subventions en nature peut augmenter les bénéfices les femmes micro-entrepreneures, en particulier pour les plus performantes d’entre elles D’importantes subventions en espèces aux entreprises axées sur la croissance et sélectionnées dans le cadre de concours de plans d’affaires peuvent aider les femmes à surmonter les obstacles liés au capital Donner aux femmes un accès à des mécanismes d’épargne sécurisés – y compris l’épargne mobile – peut accroître les investissements des entreprises Les technologies alternatives de notation du crédit utilisant des tests psychométriques ont le potentiel de faciliter l’accès des femmes à des prêts plus importants Offrir des services de garde d’enfants peut accroître la participation des femmes sur le marché du travail La participation des hommes peut potentiellement favoriser un environnement plus favorable aux femmes entrepreneures Des informations sur les gains dans les secteurs traditionnellement réservés aux hommes et une exposition précoce par le biais de l’apprentissage et de modèles de comportements masculins peuvent inciter les femmes entrepreneures à se diriger vers ces secteurs Les formations n’éliminent pas le harcèlement contre les femmes par les gardes-frontières, mais elles peuvent enseigner aux commerçantes comment limiter ce harcèlement 23  Problèmes rencontrés dans la conception  Étapes à suivre pour les partenaires au de programmes efficaces pour les femmes développement, les entreprises et la société entrepreneures civile Lors de la conception de programmes destinés 1. Fournir un financement pour tester des aux femmes entrepreneures, les décideurs et approches innovantes et rechercher ce qui autres parties intéressées doivent examiner les contribue à réduire l’écart entre les sexes en facteurs suivants : matière d’entrepreneuriat tout en améliorant les connaissances au niveau mondial sur les 1. Bien cibler : Les femmes entrepreneures approches efficaces. axées sur la croissance sont celles qui 2. Utiliser les conclusions de ce rapport pour tirent le plus de profit des programmes de éclairer la conception de programmes. développement des compétences, mais elles 3. Poursuivre les efforts de plaidoyer en n’y participeront que si elles en comprennent mettant en lumière les arguments la valeur ajoutée. Certaines interventions économiques et commerciaux en faveur de ne seront efficaces que pour les groupes de l’élimination des obstacles qui limitent la femmes entrepreneures ayant accès à des croissance de l’entrepreneuriat féminin. infrastructures satisfaisantes comme les 4. Pour les grandes entreprises, prendre routes, l’énergie et les communications. en considération les dimensions 2. Renforcer les aspects sexospécifiques sexospécifiques dans leurs stratégies et de la conception des programmes : Les opportunités d’approvisionnement pour programmes doivent s’attaquer aux intégrer des entreprises appartenant à des contraintes évoquées dans ce rapport, femmes. comme la propension plus faible des femmes à affronter la concurrence et les contraintes plus importantes de temps auxquelles elles font face.  Étapes à suivre pour les décideurs africains 1. Soutenir des actions politiques concrètes qui démontrent un engagement fort à soutenir l’entreprenariat féminin, comme éliminer les obstacles juridiques existants et favoriser la participation des femmes à la vie publique, y compris la promotion de promotion de femmes qui pourraient servir de modèles à d’autres femmes entrepreneures. 2. S’assurer que les stratégies et politiques de développement du secteur privé incluent un volet abordant les défis propres aux femmes entrepreneures. 3. Reproduire à grande échelle les politiques ayant obtenu des résultats crédibles. 4. Encourager l’expérimentation et l’évaluation d’approches prometteuses – et diffuser largement les résultats. 5. Investir dans la promotion de la collecte systématique de données différentiées selon le sexe qui reflètent les performances, dotations et préférences des entreprises dont le chef est une femme. 6. Impliquer les hommes dans la promotion de politiques et la mise en œuvre de solutions. Parce que les hommes sont des maris, mais qu’ils sont aussi plus susceptibles d’être des banquiers, des inspecteurs, des formateurs et des décideurs, il est important de les impliquer à différents niveaux dans Résumé les efforts entrepris pour offrir de meilleures opportunités aux femmes entrepreneures. 24 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 25 Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Introduction Afrique La promotion de l’égalité hommes- femmes est un choix économique judicieux, une bonne pratique de gestion pour les entreprises et doit être au cœur des politiques de développement. Lorsque les femmes ont les mêmes chances que les hommes de prendre leur destin en main, de contribuer à l’économie de leur foyer, de leurs communautés et de leurs pays, la productivité, les résultats de développement et la performance des entreprises et des institutions ne s’en portent que mieux.54 Les dirigeants et de nombreuses autres parties prenantes en Afrique reconnaissent de plus en plus que les femmes entrepreneures sont déjà un levier de croissance, mais qu’elles pourraient l’être davantage. Les décideurs doivent agir pour offrir davantage d’opportunités aux femmes et leur permettre de devenir des actrices de la croissance et de la création d’emploi – cela est d’autant plus important que la population africaine est aujourd’hui très jeune et pleine d’attentes en matière d’emplois de qualité. 26 Avec l’amélioration de l’accès aux infrastructures, aux moyens de communication, à l’éducation et Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique aux systèmes de santé, les jeunes exigent des emplois. Et la création d’emplois, et par la même la réussite à laquelle les pays africains aspirent, impose que la moitié féminine de la population dispose des mêmes opportunités que la moitié masculine de se lancer dans l’entrepreneuriat. Le développement des entreprises est un moteur essentiel de la croissance économique et de la création d’emploi. Sans l’entrepreneuriat, il y aurait peu d’innovation, peu de croissance de la productivité, et peu d’emplois nouveaux.55 Plus des trois quarts de la population africaine estiment que les entrepreneurs sont admirés au sein de leur société. L’entrepreneuriat est également considéré par 76 % des Africains comme un bon choix de carrière. Il s’agit là du taux le plus élevé au monde.56 Les 10 principaux pays africains figurant dans l’Indice mondial de l’entrepreneuriat (Global Entrepreneurship Index) sont le Botswana, l’Afrique du Sud, la Namibie, le Gabon, le Swaziland, le Rwanda, le Ghana, le Nigeria, la Zambie et le Sénégal. Au cours des cinq dernières années, les nouvelles solutions d’aide à l’entrepreneuriat se sont multipliées en Afrique. Incubateurs, accélérateurs et hubs technologiques fournissent un large éventail de services aux jeunes entrepreneurs et aux start-ups et offrent la possibilité de décentraliser l’émergence d’entreprises. Ces intermédiaires sont aujourd’hui au nombre de 200 dans la région et grâce à leur multifonctionnalité, créent un pont entre les start-ups et les investisseurs, tout en améliorant l’image de l’entrepreneuriat aux yeux du public. Le profil moyen des entrepreneurs africains diffère de celui des autres africains. Notre analyse portant sur près d’un million d’Africains dans l’ensemble de la région, dont 30 % d’entrepreneurs, montre que les chefs d’entreprise sont plus âgés de trois ans en moyenne et plus susceptibles d’être mariés – notamment les hommes – que le reste de la population adulte (Tableau 2). Leur niveau moyen d’éducation et inférieur à celui des non-entrepreneurs, bien que les différences soient minimes. En règle générale, ils travaillent plus que les autres et sont moins susceptibles de vivre dans des ménages ayant accès à l’eau, à l’électricité, à une salle de bains et à des ordinateurs. 27 Tableau 2 Les entrepreneurs des deux sexes se distinguent du reste de la population Afrique subsaharienne Moyenne Moyenne Moyenne hommes Moyenne hommes Variables femmes femmes non- Différence Différence entrepreneurs non-entrepreneurs entrepreneures entrepreneures CARACTÉRISTIQUES INDIVIDUELLES Âge 38.8 36.0 2.8*** 39.8 36.9 2.9*** Marié 70.3 58.4 12.0*** 76.9 49.5 27.4*** A fréquenté l’école 62.3 63.6 -1.3*** 76.3 80.9 -4.6*** Alphabétisé 52.3 55.8 -3.5*** 71.8 76.5 -4.7*** Années de scolarisation 4.2 5.1 -0.8*** 5.4 7.4 -2.0*** CARACTÉRISTIQUES DU MÉNAGE En zone rurale 62.5 62.8 -0.4** 66.7 59.8 6.8*** Propriétaire de son 75.9 76.9 -1.0*** 79.4 74.2 5.2*** logement Accès à l’eau 9.0 13.7 -4.7*** 8.4 14.6 -6.2*** Accès à l’électricité 35.2 39.7 -4.5*** 28.4 44.6 -16.2*** Accès à une salle de bains 6.1 9.1 -3.0*** 5.4 9.9 -4.5*** Dispose d’un téléphone 1.3 3.6 -2.3*** 1.6 3.6 -2.0*** Téléphone mobile 62.5 62.7 -0.2 55.2 68.0 -12.7*** Dispose d’un ordinateur 5.4 6.9 -1.5*** 4.4 8.0 -3.6*** CARACTÉRISTIQUES DU TRAVAIL Heures travaillées la 39.1 34.6 4.6*** 41.2 40.1 1.1*** semaine précédente Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Source : Auteurs, sur la base d’enquêtes auprès des ménages. 28 Les femmes entrepreneures en Afrique peuvent stimuler la croissance Les pays d’Afrique subsaharienne (dénommés « Afrique » dans ce rapport) ont déjà accompli des progrès notables en matière d’autonomisation économique des femmes. Ces dernières y sont plus susceptibles de travailler que dans toutes les autres régions en développement dans le monde (Figure 3). La moitié d’entre elles travaille dans le secteur agricole, et 38 % dans des secteurs non agricoles identifiés. Les autres travaillent dans des secteurs non définis, ou sont sans emploi. Figure 3 Les femmes africaines sont plus susceptibles de travailler que les femmes d’autres régions Participation au marché du travail par sexe Femmes AFR Hommes MENA AS AFR= Afrique MENA= Moyen-Orient et Afrique du Nord AS = Asie du Sud EAC EAC= Europe et Asie centrale AEP= Asie de l’Est et Pacifique ALC= Amérique latine et Caraïbes AEP Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique ALC 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes auprès des ménages. Le fort taux de participation des Africaines à la main-d’œuvre non agricole résulte en grande partie de leur contribution à l’entrepreneuriat. Environ 50 % des femmes sur le marché du travail, mais hors secteur agricole, ont lancé leur propre entreprise, faisant de l’Afrique la seule région où les femmes sont plus susceptibles de travailler à leur compte que les hommes. Dans les secteurs non agricoles, 58 % des travailleurs indépendants et 45 % des employeurs sont des femmes, soit le taux le plus élevé avec l’Europe et l’Asie centrale. 58% 45% Travailleurs indépendants Employeurs 29 Figure 4 Les femmes africaines sont plus susceptibles d’être des entrepreneures que les hommes Activité de la main-d’œuvre non agricole, par sexe et par région 100% 90% 80% 70% 60% Hommes Femmes 50% 40% 30% Travail non rémunéré 20% Travail salarié Employeur 10% Travailleur 0% indépendant AFR MENA AS EAC AEP ALC Source : Auteurs sur la base d’enquêtes auprès des ménages. AFR= Afrique MENA= Moyen-Orient et Afrique du Nord La Figure 4 montre l’activité des personnes qui constituent la population AS = Asie du Sud active : en Afrique, 61 % des hommes et 55 % des femmes participent au EAC= Europe et Asie centrale marché du travail. Même en tenant compte de cette différence, en Afrique, les AEP= Asie de l’Est et Pacifique femmes restent plus susceptibles d’être des entrepreneurs que les hommes. ALC= Amérique latine et Caraïbes Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Toutefois, les performances des entreprises diffèrent selon le sexe du chef d’entreprise Les femmes entrepreneures représentent déjà une source vitale et dynamique de croissance économique pour l’Afrique. Cependant, leur immense potentiel est encore loin d’être pleinement exploité comme le montrent les recherches antérieures58 et l’analyse effectuée pour ce rapport sur les données des entreprises, des ménages et les études d’évaluation d’impact. Comparé à l’entrepreneuriat masculin, l’entrepreneuriat féminin affiche les différences suivantes : • Des bénéfices plus faibles. Dans les séries de données analysées pour différents groupes d’entrepreneurs,59 les bénéfices des entreprises60 dirigées par des femmes sont en moyenne inférieurs de 34 % à ceux des entreprises dirigées par des hommes (voir Figure 5).61 • Un personnel plus restreint. Les entreprises détenues en majorité par des femmes représentent en moyenne 20 % des entreprises formelles de 10 employés ou moins, mais seulement 10 % des entreprises de 100 à 500 employés, et 7 % des entreprises de plus de 500 employés62 (voir Figure 6). 30 • Des ventes moyennes plus faibles. Les ventes moyennes sont inférieures de 38 % dans les entreprises formelles détenues par des femmes par rapport aux entreprises formelles appartenant à des hommes.63 • Moins de valeur ajoutée.64 Les entreprises dirigées par des hommes créent environ 38 % de valeur ajoutée de plus que celles détenues par des femmes.65 Bien que ces différences selon le sexe du chef d’entreprise varient considérablement d’un pays à l’autre, les performances économiques des entreprises appartenant à des femmes sont en général moins bonnes que celles détenues par des hommes (Figures 5 and 6). Figure 5 De grands écarts entre les sexes en termes de bénéfices mensuels Écart entre les sexes en termes de bénéfices mensuels (en %) WOMEN MEN Moyenne 34% Micro Bénin 12% Recensement RDC 49%*** Secteur manufacturier Éthiopie 45% Micro Ghana (1) 36%*** Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Confection Ghana (2) 20% Secteur manufacturier Ghana (3) 82%*** Micro Malawi 31%*** PME Mozambique 16% PME Nigeria (4) 52%*** PME Nigeria (5) 8% PME Afrique du Sud 65%** Micro Togo -7% Micro Ouganda (6) 30% Micro Ouganda (7) 31% -100% 0% 100% Source : Auteurs à partir de la base de données des EI. Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux microentreprises ; Ghana (2) : Enquête sur le secteur de la confection ; Ghana (3) : Recensement des entreprises ; Nigeria (4) : Enquête sur la croissance et l’emploi ; Nigeria (5) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (6) : Enquête Kassida ; Ouganda (7) : Enquête sur les prêts, les subventions et formations. 31 32 Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique % d’entreprises à majorité féminine % d’entreprises à majorité féminine 0% 0% 10% 10% 40% 40% 20% 20% 50% 50% 30% 30% petites Figure 6 RCA Lesotho Rwanda Botswana Burundi Zambie Botswana Benin Cap Vert Rwanda Ethiopia Cap-Vert 0-10 Employés Zambie Madagascar Namibie Mali 101-500 Employés Nigeria Namibie Cameroun Cote d’Ivoire Ile Maurice Ghana Congo Kenya Source : Auteurs à partir de la base de données EI. Mali Angola Soudan Burundi Kenya Liberia Sierra Leone Ouganda Ouganda Senegal Cote d’Ivoire Malawi Lesotho Ethiopie Angola RCA Burkina Faso Cameroun Mauritanie Nigeria Tanzanie Tanzanie Malawi Gabon RDC Ile Maurice Madagascar Togo Benin RDC Ghana Congo Liberia Erythree Proportion d’entreprises à majorité féminine parmi les entreprises de 0 à 10 employés Senegal Burkina Faso Gabon Proportion d’entreprises à majorité féminine parmi les entreprises de 101 à 500 employés Soudan du Sud Togo Mauritanie Erythree Niger Les entreprises appartenant à des femmes sont en moyenne plus Sud Soudan Sierra Leone Niger Tchad Tchad Soudan MOYENNE : 10% MOYENNE : 20% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 33 Malgré ces différences de tailles et de performances moyennes des entreprises appartenant à des femmes, plusieurs d’entre elles réussissent aussi bien, et dans certains cas mieux que celles appartenant à des hommes. Si la distribution des bénéfices est à peu près la même quel que soit le sexe du chef d’entreprise (Figure 7), les différences de bénéfices entre hommes et femmes persistent dans chacun des déciles de la distribution (Figure 8). Des tendances similaires sont observées pour d’autres mesures de la performance des entreprises. La question est donc savoir comment porter les performances des entreprises féminines au niveau de celle des entreprises masculines. Les entreprises féminines ne sont pas toutes moins productives que les entreprises masculines, mais pour que les femmes, et l’Afrique en général, puissent récolter les fruits d’une parité entre les sexes, il faut instaurer des politiques bien conçues pour éliminer les disparités entre les sexes affectant aujourd’hui le développement des affaires et certains types d’entreprises. Figure 7 Chevauchement partiel dans la distribution des bénéfices par sexe68 RDC Mozambique Noyau de la densité Noyau de la densité Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Bénéfices (USD) Bénéfices (USD) Afrique du Sud Ouganda Noyau de la densité Noyau de la densité Bénéfices (USD) Bénéfices (USD) Chef d’entreprise Chef d’entreprise Source : Auteurs à partir de la base de données EI. féminin masculin 34 Figure 8 Les différences de bénéfices selon le sexe du chef d’entreprise persistent dans tous les déciles de la distributions69 Bénéfices moyens des entreprises féminines par décile en % des bénéfices des entreprises masculines Benin 200% 150% 100% 50% 0 Ghana 200% 150% 100% 50% 0 Malawi 200% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 150% 100% 50% 0 Ouganda 200% 150% 100% 50% 0 DÉCILE 1 DÉCILE 2 DÉCILE 3 DÉCILE 4 DÉCILE 5 DÉCILE 6 DÉCILE 7 DÉCILE 8 DÉCILE 9 DÉCILE 10 Source : Auteurs à partir de la base Chef d’entreprise Chef d’entreprise de données EI. féminin masculin 35 Comprendre comment réduire ces disparités Pour exploiter le plein potentiel des femmes population jeune en Afrique,72 cet élargissement entrepreneures, il est essentiel de comprendre des opportunités d’emploi paraît difficile à pourquoi leurs entreprises se laissent distancer réaliser à court et moyen terme. En fait, les par celles détenues par des hommes. femmes n’étant pas au bas de la pyramide seront mieux en mesure de trouver un premier emploi Avant tout, les femmes et les hommes chefs rémunéré, ce qui creuserait dans l’intervalle d’entreprises appartiennent à des groupes l’écart de performances des entreprises selon le différents. La femme africaine se heurte à des sexe du chef d’entreprise. contraintes lorsqu’elle cherche à entrer sur le marché du travail.68 Son choix de créer une Dans cette optique, ce rapport examine le entreprise au lieu de chercher un emploi salarié statut des entreprises existantes et tente de est influencé par des facteurs importants, comprendre pourquoi les dirigeantes d’entreprise notamment des différences en matière de finissent par prendre systématiquement des compétences, capitaux disponibles, constitution décisions stratégiques qui affaiblissent la de réseaux, temps disponible contraint par des performance de leurs entreprises. La grande tâches domestiques, ainsi que d’opportunités majorité des femmes rejoint des secteurs aux professionnelles et de sécurité.69 opportunités de croissance limitées.73 Elles ont aussi moins d’actifs et de capitaux disponibles Dans une situation où les femmes disposent à investir dans leur entreprise74 et se montrent de moins de choix en matière d’emploi que les moins disposées à affronter la concurrence.75 hommes, un plus grand nombre d’entre elles Elles ont plus tendance que les hommes à se vont chercher à travailler à leur compte, ce qui confiner dans l’économie informelle, et sont peut à son tour avoir un impact sur les options moins susceptibles d’adopter des pratiques dont elles disposent. Des données récentes d’affaires modernes.76,77 du Ghana montrent que les travailleuses indépendantes opèrent sur des marchés plus Ce rapport démontre que les femmes encombrés que leurs homologues masculins,70 entrepreneures prennent des décisions Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique car elles sont en concurrence avec un nombre commerciales différentes de celles des relativement important de leurs consœurs sur de hommes, car elles se heurtent à des contraintes petits marchés composés généralement d’une sexospécifiques qui entravent la croissance de clientèle majoritairement féminine. leurs entreprises. Par ailleurs, le groupe des chefs d’entreprise Ces contraintes sont liées au contexte dans va changer au fil du temps en fonction des lequel ces entreprises opèrent, aux ressources choix disponibles sur le marché du travail. Cela dont disposent les femmes entrepreneures implique que les femmes dont l’accès à l’emploi et à d’autres facteurs relatifs au ménage. salarié est plus limité que celui des hommes – Il est essentiel de comprendre comment vont avoir tendance à se confiner à l’exploitation ces contraintes influencent les décisions d’entreprises de subsistance,71 ce qui a des stratégiques de ces femmes entrepreneures implications supplémentaires sur le type de pour élaborer des politiques et des interventions femmes (par rapport aux hommes) qui possèdent efficaces susceptibles d’améliorer les des entreprises à un moment donné. performances de leurs affaires. À ce jour, il n’y a eu que relativement peu de solutions basées sur Bien que ce rapport ne porte pas essentiellement des données probantes susceptibles de réduire sur la participation au marché du travail, le l’écart de performances économiques des développement d’opportunités d’emploi pour entreprises selon le sexe du chef d’entreprise. les femmes au-delà de l’entrepreneuriat à petite échelle pourrait potentiellement aider les femmes travaillant à leur compte. Toutefois, compte tenu de la forte croissance de la 36 Que faut-il attendre de ce rapport ? Ce rapport examine les disparités entre chefs entrepreneuriale. Elle fournit ensuite une analyse d’entreprise non agricoles africains en fonction détaillée de ces décisions et contraintes, dans de leur sexe. Il n’aborde ni le secteur agricole, le but de comprendre comment différents ni la participation au marché du travail, ni facteurs influencent l’ampleur des disparités encore le vaste sujet de l’emploi des jeunes performance des entreprises selon le sexe du ou les raisons qui poussent les femmes et les chef d’entreprise. hommes à fonder leur entreprise plutôt qu’à exercer un emploi salarié ou à travailler comme La Partie 4 analyse de façon approfondie trois indépendant. Il ne s’intéresse pas non plus aux contraintes qui n’ont fait l’objet que de peu de programmes de subsistance ni aux politiques de recherche jusqu’ici. sortie de programmes. Il n’examine pas en détail les droits de propriété, les droits fonciers ou Enfin, la Partie 5 fournit un aperçu des données les actifs financiers au-delà de la question des probantes disponibles à ce jour sur les moyens financements fournis aux entreprises. Il s’agit d’éliminer les contraintes pesant sur les là de domaines d’étude distincts du Laboratoire femmes entrepreneures et sur les moyens d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique de les aider à améliorer leurs performances de la Banque mondiale et d’autres chercheurs. d’affaires. Elle examine comment le Groupe Toutefois, comme ces sujets sont liés au de la Banque mondiale et d’autres acteurs développement des entreprises, nous nous y pourraient ajuster leurs efforts en vue d’aider référerons le cas échéant dans le rapport. les femmes entrepreneures à mieux tirer parti des recherches portant sur les décisions et les Ce rapport met à jour les précédentes analyses contraintes présentées dans ce rapport. Cette régionales et interrégionales sur les différences dernière partie décrit également les domaines Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique entre les sexes en termes de participation dans lesquels les données probantes sont et de performance des entreprises selon la insuffisantes, et où des analyses plus poussées propriété. Il analyse en outre les nouvelles sont requises. données recueillies à partir des évaluations d’impact et d’autres recherches. Il analyse les Pour combler les disparités de genre qui principaux facteurs contribuant aux écarts de affectent la performance des entreprises, performance des entreprises et les décisions il faut des connaissances, de l’innovation et contraintes auxquelles sont confrontées et des investissements. S’il est vrai que les femmes entrepreneures, et formule des l’autonomisation économique des femmes recommandations concrètes pour supprimer les ait réussi à mobiliser de nombreux pays obstacles et permettre à ces femmes de devenir et la communauté du développement, les des moteurs plus puissants de la croissance investissements en faveur de l’égalité des économique. sexes dans les secteurs financiers et productifs sont encore à la traîne par rapport à d’autres La Partie 1 présente le profil des femmes priorités.78 Les pays africains peuvent faire entrepreneures en Afrique à l’aide de données preuve de leadership mondial en faisant de démographiques. l’égalité des sexes dans le développement des entreprises une priorité absolue. En effet, les La Partie 2 fournit une analyse des principaux femmes entrepreneures en Afrique rencontrent facteurs observés contribuant aux différences les mêmes difficultés que leurs consœurs du de performance de l’entreprise, selon le sexe du monde entier. En choisissant des politiques chef d’entreprise. fondées sur des données factuelles et en élaborant de nouvelles solutions pour aider les La Partie 3 schématise d’abord la façon dont les femmes chefs d’entreprise, les pays africains décisions stratégiques prises par les femmes auront une occasion rare si pas unique de fournir chefs d’entreprise et les contraintes auxquelles au monde un modèle pour libérer le potentiel non elles sont soumises affectent leur performance exploité des femmes entrepreneures. 37 Encadré 2 L’entrepreneuriat et l’autonomisation économique des femmes Autonomiser la femme signifie lui donner la possibilité de faire de nouveaux choix de vie stratégiques dont elle était privée dans le passé.79 L’autonomisation économique consiste à accroître la capacité d’une femme à prendre des décisions et à obtenir des résultats importants pour elle dans la sphère économique. L’autonomisation comprend trois composantes centrales : les ressources, la capacité d’agir et les réalisations. Les ressources comprennent les atouts matériels, humains et sociaux qui RESSOURCES PRÉALABLES) (CONDITIONS renforcent la capacité à faire des choix. Comparées à leurs collègues masculins, les femmes entrepreneures ont généralement un accès plus restreint aux ressources clés nécessaires pour réussir dans les affaires, à savoir les actifs, le temps disponible, la constitution de réseaux, les compétences, l’accès à information et les droits juridiques. La répartition inégale des ressources et les normes sociales en matière d’inégalité des sexes ont tendance à se renforcer mutuellement, chacun exacerbant et perpétuant l’autre. La capacité d’agir est la possibilité de définir ses propres objectifs et d’agir en conséquence. C’est un élément clé de l’autonomisation des femmes, car il lie les contraintes auxquelles elles font face aux résultats de productivité. Cela nécessite de comprendre trois notions : La capacité à se fixer des objectifs : De façon générale, les femmes ont un accès au financement, au temps et à l’information plus limité que celui des hommes, ce qui contribue à entraver leur capacité à se fixer des objectifs et à élaborer des stratégies pour les atteindre. La coercition explicite de leur famille ou les normes de genre auquel sont implicitement soumises vont également réduire leur capacité à se fixer des objectifs conformément à leurs propres valeurs et préférences. Il n’est donc pas étonnant que les femmes entrepreneures CAPACITÉ D’AGIR éprouvent des difficultés à se fixer des objectifs d’affaires clairs et à se livrer à (PROCESSUS) des activités commerciales qui sont valorisantes pour elles, au lieu de faire ce que la communauté attend d’elles. Perception du contrôle et des capacités (« sentiment de pouvoir agir ») : Partout dans le monde, les femmes tendent à se reconnaître « une capacité d’agir » plus faible que celle des hommes. Les femmes entrepreneures peuvent s’estimer Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique moins aptes que les hommes à prendre des initiatives visant à accroître les performances de leur entreprise, par exemple à concevoir de nouveaux produits ou convaincre une banque de leur prêter des fonds. Cette plus faible capacité d’agir tend à les persuader que la plupart des résultats sont déterminés par le destin ou par d’autres acteurs dotés de plus de pouvoir. Capacité à agir en fonction de ses objectifs : Les femmes entrepreneures peuvent être relativement moins aptes à prendre des mesures pour atteindre leurs objectifs. Par exemple, les pressions exercées par la famille ou la communauté peuvent empêcher une femme d’entrer dans un secteur dominé par des hommes ou de réinvestir des bénéfices dans son entreprise au lieu de subvenir aux besoins du ménage. RÉALISATIONS (RÉSULTATS) Finalement, les réalisations, c’est-à-dire les résultats de l’autonomisation économique, sont généralement associés à des améliorations du bien-être dans toutes les catégories d’emploi, de revenus, d’éducation et de consommation. Pour la femme chef d’entreprise, ces résultats incluent de meilleures performances de son entreprise (bénéfices ou recettes) ainsi qu’un plus grand contrôle sur ses revenus. 38 Encadré 3 Comprendre les données La richesse des données nouvelles sur les ménages et les entreprises et leur haute qualité permet à ce rapport de brosser un tableau plus détaillé des femmes entrepreneures et des obstacles à la croissance et à la rentabilité qu’elles rencontrent. Ce rapport s’appuie sur trois types de données décrites dans l’Annexe 2 : les enquêtes auprès des entreprises, les enquêtes auprès des ménages et les enquêtes d’évaluation d’impact. Leur combinaison est riche d’informations sur les femmes entrepreneures et leurs entreprises. En raison de méthodologies différentes, ces enquêtes peuvent parfois apporter des réponses différentes à une même question, notamment « quel est le pourcentage de femmes entrepreneures sachant lire et écrire ? ». Voici une explication des types d’enquêtes, de leurs avantages et leurs limites : Enquêtes auprès des Enquêtes auprès des ménages : Enquêtes d’évaluation entreprises : Les enquêtes Les enquêtes auprès des d’impact : Plusieurs études auprès des entreprises du ménages visent toutes les expérimentales évaluant Groupe de la Banque mondiale, enquêtes menées au niveau des l’efficacité de politiques et effectuées sur des entreprises ménages. Ce rapport utilise 38 interventions spécifiques de appartenant à un échantillon enquêtes auprès des ménages développement des entreprises représentatif du secteur privé de représentatives au niveau ont été menées dans des pays l’économie, peuvent être utilisées national, tirées de la Base de africains au cours des dernières pour évaluer les caractéristiques données de la Banque mondiale années. Leurs résultats sont des entreprises et les disparités sur la répartition des revenus à consignés dans une base de entre les sexes au sein de l’échelle mondiale (International données (dénommée dans le ces entreprises. Cependant Income Distribution Database présent rapport la « base de leur utilité pour ce rapport – I2D2), qui comprend des données EI »), qui comprend est relativement limitée pour modules sur la participation au des enquêtes menées par le trois raisons : 1) étant conçues marché du travail. Ces enquêtes Laboratoire d’innovation pour pour étudier les entreprises comprennent des données l’égalité des sexes en Afrique formelles de 5 employés ou plus collectées par les enquêtes de la Banque mondiale, le à temps plein, les entreprises permanentes sur les conditions Pôle Finance, compétitivité dirigées par des femmes y de vie (EPCV) de la Banque et innovation ainsi que le seront sous représentées vu mondiale, considérées comme Development Research Group et qu’elles sont en moyenne plus une référence pour les enquêtes plusieurs universitaires. L’Annexe petites. Par conséquent, les 36 multi-thèmes dans les pays 2 décrit ces séries de données. enquêtes nationales auprès des en développement, ainsi que Bien que les échantillons ne entreprises ont été complétées des données d’autres enquêtes soient pas représentatifs au dans certains pays par des auprès des ménages. Bien niveau national et que leur Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique enquêtes supplémentaires axées que ces enquêtes fournissent structure varie (par exemple, sur les microentreprises de des données importantes, y les échantillons n’incluent moins de 5 salariés (11 pays) et/ compris des informations sur pas tous des entreprises ou des entreprises informelles les activités professionnelles de appartenant à des hommes), (13 pays) ; 2) ces enquêtes ne tous les membres du ménage, les entreprises incluses dans fournissent pas une ventilation elles aussi présentent certaines ces études expérimentales détaillée des entreprises limites pour les analyses couvrent l’ensemble des activités appartenant à des femmes effectuées dans ce rapport. Plus de l’entrepreneuriat féminin. et du type de contrôle exercé précisément, elles manquent Ces enquêtes fournissent des par celles-ci sur l’entreprise. de données détaillées sur les données approfondies sur leurs données ne donnent pas entreprises, et se concentrent les entrepreneurs et leurs d’informations sur le contrôle sur les entreprises individuelles entreprises, contrairement exercé par les femmes sur plutôt que sur les sociétés aux enquêtes standard sur les les actifs et sur leur prise de (par exemple, les sociétés entreprises et les ménages décision ; et 3) les faibles taux étrangères sans participation (ce qui explique pourquoi ces de réponse à certaines de leurs nationale ne sont pas prises en dernières ne fournissent pas questions peuvent nuire à la compte). Leur méthodologie une mesure rigoureuse des qualité de l’analyse de l’écart de d’échantillonnage débouche sur écarts de performances entre les performance selon le sexe du une surreprésentation des plus sexes). Par ailleurs, les enquêtes chef d’entreprise. petites entreprises, sans donner d’évaluation d’impact mesurent une image complète des sociétés de façon plus approfondie que occupant des locaux fixes dans les enquêtes précédentes les des zones non résidentielles. performances, les capacités des entreprises, les compétences, l’accès informel au financement, les réseaux et l’autonomisation économique des femmes. 39 Tableau 3 Les évaluations d’impact et les enquêtes auprès des ménages utilisent des échantillons d’entrepreneurs différents Moyenne de la République démocratique du Congo, Éthiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique, Nigeria, Togo et Ouganda Variables Femmes entrepreneures Hommes entrepreneurs Enquêtes Enquêtes En pourcentages, sauf si Enquêtes auprès Enquêtes auprès d’évaluation Différence d’évaluation Différence indiqué autrement des ménages des ménages d’impact d’impact CARACTÉRISTIQUES INDIVIDUELLES Âge 37.9 39.8 -1.9 35.9 40.7 -4.8 Marié 66.4 72.2 -5.8 66.9 76.5 -9.6 A fréquenté l’école 97.1 65.8 31.3** 97.4 83.1 14.3 Alphabétisé 90.9 55.1 35.9*** 95.3 75.7 19.6 Années de 10.4 4.8 5.7* 9.6 6.3 3.3 scolarisation CARACTÉRISTIQUES DES LOCAUX Possède un logement 33.9 72.4 -38.5*** 29.8 75.6 -45.8*** ou un espace de travail Accès à l’eau 20.5 8.5 12.1 21.2 8.1 13.1 Accès à l’électricité 35.7 47.0 -11.3 55.0 39.2 15.8 Dispose d’un téléphone 9.1 0.3 8.9*** 14.4 0.4 14.1*** Téléphone mobile 86.6 68.0 18.7 89.5 60.1 29.3 Dispose d’un 31.2 5.9 25.3 45.8 4.9 40.9*** ordinateur CARACTÉRISTIQUES DU TRAVAIL Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Heures travaillées la 64.7 40.0 24.7*** 58.4 41.3 17.0** semaine dernière Source: Auteurs à l’aide d’enquêtes d’évaluation d’impact et d’enquêtes auprès des ménages. Ce rapport cherche à présenter les constats en termes clairs et compréhensibles, tout en reconnaissant et en analysant la complexité des situations le cas échéant. Lorsque c’est possible, il présente la meilleure donnée ponctuelle disponible dans le texte principal et dans l’infographie. Cette donnée pourra alors être la moyenne ou la médiane ressortant de plusieurs enquêtes, du chiffre fourni par les enquêtes d’évaluation d’impact ou encore des données fournies par la seule source disponible. Dans certains cas, la différence entre les enquêtes est indicative, et ses conséquences sont abordées dans le rapport. Là où c’est nécessaire, des notes fournissent un contexte supplémentaire sur ce que révèlent les données et sur la façon dont le rapport en fait usage. 40 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 41 Encadré 4 Aperçu des méthodes quantitatives utilisées Ce rapport utilise une combinaison de méthodes quantitatives, notamment une analyse descriptive sommaire, une analyse de régression et une décomposition d’Oaxaca-Blinder, pour mieux comprendre les facteurs causant les disparités entre les sexes dans les entreprises africaines. Le rapport utilise également des analyses qualitatives, des méthodes mixtes et des expériences de laboratoire pour étudier certains aspects d’intérêt. Au sein de chaque section, le rapport fournit un résumé de la méthode précise utilisée pour cet aspect de l’analyse (le cas échéant). Analyse de Évaluation de l’écart Test de fiabilité Analyse de l’écart décomposition de productivité des conclusions entre les sexes, par d’Oaxaca-Blinder. entre entreprises Lorsque les bénéfices étape. Pour analyser La principale analyse selon le sexe du sont très souvent l’écart entre les sexes, de décomposition est chef d’entreprise. Le négatifs, des mesures l’analyse utilise tout menée sur 10 pays, à logarithme des bénéfices supplémentaires de d’abord un cadre de l’aide de 14 séries de mensuels de l’entreprise la productivité sont régression pour tester données tirées de la est utilisé comme utilisées, y compris la une simple différence base de données EI. variable d’approximation transformation de l’arc (inconditionnelle) de Des enquêtes ont été de la productivité. sinus hyperbolique bénéfices mensuels réalisées entre 2003 Toutes les séries de inverse qui permet de entre chefs d’entreprise et 2016, dont la grande données comptent modifier les données masculins et féminins. majorité a été effectuée quelques informations de bénéfices mensuels Les différences dans les cinq dernières sur les bénéfices des pour qu’elle suive une conditionnelles entre les années. Pour plus entreprises. Certaines loi normale.84 L’analyse sexes sont examinées d’informations, voir enquêtes demandent prend également en en tenant compte l’Encadré 5 et l’Annexe 1. directement les compte la valeur ajoutée de facteurs clés au bénéfices du mois de l’entreprise, qui niveau de l’entreprise précédent.82 Dans correspond au montant (par ex. capital, main- d’autres cas, les obtenu en soustrayant d’œuvre, intrants), des enquêtes enregistrent les coûts directs (coûts caractéristiques du des informations sur des intrants, des propriétaire (par ex., âge, les recettes et les coûts matières premières et niveau de scolarité) et de l’entreprise, ce qui biens achetés pour la d’autres caractéristiques permet de calculer les revente) des ventes de de l’entreprise comme bénéfices en soustrayant l’entreprise. Dans ce le secteur et les les coûts totaux (directs cas, on utilise comme pratiques commerciales. et indirects) des recettes mesure indirecte L’analyse de régression totales de l’entreprise.83 le logarithme de la multivariée permet valeur ajoutée plutôt d’estimer si la différence que le logarithme des de bénéfices entre Introduction : Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique bénéfices. En général, hommes et femmes les résultats sont peut s’expliquer par cohérents et ne diffèrent les caractéristiques pas significativement observables de de l’analyse des l’entreprise et de son bénéfices mensuels des propriétaire. entreprises. Pour les séries de données spécifiques, nous effectuons une analyse étendue qui tient compte des caractéristiques supplémentaires de l’entreprise, lorsque les données sont disponibles. Ces caractéristiques incluent les préférences du chef d’entreprise en matière de risque et de temps, les compétences socio-affectives, la situation géographique de l’entreprise, les caractéristiques du conjoint, les relations au sein du ménage, et la structure du marché, entre autres. L’ensemble complet de variables incluses dans l’analyse étendue varie selon les informations disponibles pour chaque pays. 42 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 43 01 Portrait de la femme entrepreneure en Afrique Qu’elles soient motivées par une opportunité économique ou qu’elles agissent par nécessité, qu’elles vendent des aliments en zone rurale ou dirigent des boutiques dans des centres urbains, les femmes chefs d’entreprise constituent une force visible en Afrique. Cette première partie fournit un aperçu de ces femmes, de leurs entreprises et de la manière dont ces femmes se comparent à leurs homologues masculins. 44 Profil Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Dans les séries de données analysées pour ce rapport, la femme entrepreneure type est âgée de 37 ans, mariée ou vivant en couple, avec un niveau d’éducation peu élevé. Environ 71 % des femmes entrepreneures ont achevé l’école primaire, 30 % le cycle secondaire et 9 % seulement le cycle supérieur.85 Les différences de niveau de scolarité entre les entrepreneurs femmes et hommes sont significatives aux niveaux les plus élevés : 40 % des chefs d’entreprise masculins ont achevé le cycle secondaire et 12 % le cycle supérieur. Les chefs d’entreprise masculins sont plus susceptibles que leurs homologues féminins d’être considérés comme la principale source de revenu du ménage. Près de 91 % de ces hommes estiment être les principaux pourvoyeurs de revenus du ménage, contre 69 % de femmes entrepreneures. Il est possible que les entrepreneurs masculins surestiment l’importance de leurs revenus lorsque leurs femmes dirigent également des entreprises et dissimulent leurs revenus. Les femmes entrepreneures sont plus susceptibles d’avoir un époux salarié – 30 %, contre 5 % pour les hommes entrepreneurs. Néanmoins, les revenus des entreprises dirigées par des femmes constituent une importante source de revenus des ménages. Au Kenya, les bénéfices réalisés par des femmes entrepreneures représentent en moyenne 65 % du revenu de leur ménage. Au Ghana, les bénéfices des femmes micro- entrepreneures constituent 33 % des dépenses des ménages.86 Au Malawi, 38 % des revenus des entreprises détenues par des femmes sont consacrés aux dépenses quotidiennes du ménage. 45 Figure 9 Le profil des femmes entrepreneures africaines varie selon les pays % de femmes entrepreneures % de femmes entrepreneures mariées $ ayant emprunté dans le passé pour leur entreprise 100% 100% 90% 90% 80% 80% 70% 63% 70% 60% 60% 50% 50% 40% 40% 34% 30% 30% 20% 20% 10% 10% 0% 0% Bénin RDC Ghana (1) Ghana (2) Kenya Malawi Mozambique Nigeria (4) Nigeria (5) Afrique du Sud Togo Ouganda (6) Ouganda (7) Ghana (1) Ghana (2) Kenya Malawi Mozambique Nigeria (4) Nigeria (5) Afrique du Sud Togo Ouganda (6) Ouganda (7) Nombre de personnes Proportion de femmes employées dans une entreprise employées dans des entreprises féminine (médian) détenues par des femmes 20 100% 90% 80% 75% 15 70% 60% 10 50% 40% 5 30% 5 20% 10% Partie 1 | Portrait de la femme entrepreneure en Afrique 0 0% Bénin RDC Ghana (1) Ghana (2) Ghana (3) Kenya Malawi Mozambique Nigeria (4) Nigeria (5) Afrique du Sud Togo Ouganda (6) Ouganda (7) Bénin Ghana (3) Malawi Afrique du Sud Togo Source : Auteurs, à partir de la base de données des EI. Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux micro-entreprises Ghana (3) : Recensement des entreprises Nigeria (5) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires Ouganda (7) : Enquête sur les prêts, les subventions et la formation. Moyen 46 Profil des entreprises Parmi les entreprises analysées, Les entreprises dirigées par des l’entrepreneur(e) type (homme ou femme) femmes en Afrique ont un faible niveau a créé sa propre entreprise et exercé d’investissement en capital. Une femme son activité pendant près de 10 ans. Les entrepreneure sur cinq est propriétaire des entreprises dont le chef est une femme ont en locaux de son entreprise.91 La valeur du moyenne un an de moins que celles dont le capital social des entreprises détenues par chef est un homme.87 Environ 27 % des femmes des hommes est en général six fois plus entrepreneures indiquent avoir une mère qui élevée que celle des entreprises détenues par gère (ou a géré) une entreprise, contre 18 % des femmes.92 des hommes dirigeants d’entreprise. L’usage et l’accès à des services financiers La gestion de l’entreprise est un travail à varient selon le sexe du chef d’entreprise. plein temps pour les femmes entrepreneures Près de la moitié des femmes entrepreneures en Afrique, qui travaillent en moyenne 22 disposent d’un compte en banque, contre jours par mois.88 L’entreprise type dirigée par 59 % de leurs homologues masculins.93 une femme n’a que deux employés, contre Les femmes entrepreneures sont moins quatre pour les entreprises dirigées par des susceptibles que les hommes de disposer hommes.89 de comptes financiers (50 % contre 63 %). Il existe de grandes différences dans Les femmes et les hommes ont tendance à l’accès aux prêts dans les séries de données diriger des entreprises de types différents. analysées. Par exemple, en République Par exemple, la plupart des femmes démocratique du Congo (RDC), 11 % des entrepreneures exercent leurs activités dans femmes entrepreneures ont emprunté dans le secteur de la vente de détail alors que les le passé, alors que ce chiffre grimpe jusqu’à hommes sont plus susceptibles de travailler 74 % au Togo.94 dans l’industrie manufacturière. Les femmes sont également moins susceptibles que les hommes de diriger des entreprises raccordées à l’électricité.90 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Impact Les femmes entrepreneures sont plus susceptibles que les hommes d’employer des femmes, ce qui suggère qu’elles pourraient avoir un rôle de catalyseur dans l’augmentation du nombre de femmes entrant sur le marché du travail. Les femmes constituent environ 75 % des employés des entreprises détenues par des femmes (hormis la propriétaire), contre 20 % dans les entreprises détenues par des hommes. Cette différence persiste quel que soit le secteur d’activité. 47 Figure 10 Différences entre les chefs d’entreprises selon leur sexe ? FEMMES HOMMES 64% Marié(e) ou vivant 66% en couple 52-84% 72-95% Alphabétisé(e)s Moyen : 5 Nombre Moyen : 9 Médian : 2 d’employés Médian : 4 Moyen : 4 Nombre de Moyen : 1.5 Médian : 1 femmes employées Médian : 0 Propriétaires 16% des locaux de 26% l’entreprise L’entreprise à un 41% 56% accès à l’électricité Un prêt a été 35% contracté pour 34% l’entreprise Montant moyen des 437 prêts en cours95 477 (USD, winsorisé au 99e percentile) Haut niveau de 23% connaissances 33% financières Détient un compte 49% 59% bancaire Partie 1 | Portrait de la femme entrepreneure en Afrique Commerce de détail : 48% Commerce de détail : 27% Fabrication : 32% Secteur Fabrication : 48% Services : 15% Services : 16% Note : Toutes ces statistiques sont issues des enquêtes d’évaluation d’impact, à l’exception des taux d’alphabétisation, où deux chiffres sont présentés : l’un fondé sur les enquêtes d’évaluation d’impact et l’autre sur les enquêtes auprès des ménages : 52 % des femmes entrepreneures et 72 % des hommes entrepreneurs sont en moyenne alphabétisés selon l’enquête auprès des ménages, contre 84 % pour les femmes et 95 % pour les hommes selon les enquêtes d’évaluation d’impact . Source : Auteurs, à partir des enquêtes d’évaluation d’impact et des enquêtes auprès des ménages. 48 Profiles of female entrepreneurs Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Sewasew Hailu Depuis sa tendre enfance, Sewasew Hailu a appris à fabriquer des objets d’artisanat grâce à sa grand-mère. Cette expérience a suscité une passion inébranlable qui l’a conduite à exercer dans la mode. Désormais propriétaire d’une boutique et créatrice de vêtements, Sewasew travaille dans l’industrie de la mode, un secteur en pleine croissance à Addis-Abeba, Éthiopie. Au cours des sept dernières années, elle a développé son entreprise et conquis une clientèle fidèle en Afrique et en Europe à la recherche de robes de mariée, costumes et vêtements de cérémonies de fin d’études. Avec ses cinq employés, Sewasew confectionne tous les vêtements à la main dans sa boutique d’Addis-Abeba. Malgré ce succès, Sewasew rencontre de nombreux problèmes en tant que divorcée et mère de trois enfants. En particulier, les exigences de garanties l’ont empêchée d’obtenir les financements nécessaires à l’agrandissement de son entreprise. 49 Partie 1 | Portrait de la femme entrepreneure en Afrique Betty Ajio Betty Ajio, 43 ans, fabrique des marmites dans le bidonville de Kisenyi à Kampala, Ouganda, en coulant du métal en fusion dans des moules recouverts de terre. Elle fabrique entre 120 et 230 marmites par jour sur une chaîne de production à ciel ouvert par une chaleur étouffante. La préparation des moules nécessite beaucoup de pelletage, un travail très physique généralement réalisé par des hommes, mais Betty est fière de son travail. Transformatrice de métaux depuis 23 ans, elle a été encouragée par son père à se lancer dans l’entrepreneuriat pour améliorer son potentiel de revenu. Aujourd’hui, cette mère de sept enfants emploie quatre personnes et gagne suffisamment d’argent pour soutenir un foyer de neuf personnes et payer les frais de scolarité de ses enfants. Elle affirme ne pas vouloir échanger ce travail contre un emploi plus facile, mais moins rémunéré, et pense que d’autres femmes devraient apprendre ce métier. 50 Merharriet Hailemariam Merharriet Hailemariam, 26 ans, a fait des études de journalisme avant de Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique devenir électricienne. Elle travaille aujourd’hui sur un projet immobilier de près de 81 hectares dans la périphérie d’Addis-Abeba, Éthiopie. Merharriet a changé de métier après avoir compris qu’elle pouvait augmenter ses revenus en devenant électricienne, et elle a convaincu ses deux sœurs et deux amies de suivre son exemple. Elle souhaite maintenant obtenir un diplôme en technologie et gestion de construction. Selon Merharriet, il vaut mieux être entrepreneure qu’employée dans une organisation. Bien qu’il existe de nombreuses opportunités pour les femmes dans la construction, elles sont peu nombreuses à choisir ce secteur en raison des nombreux stéréotypes sur le rôle des femmes. Beaucoup estiment que la construction est un secteur réservé aux hommes, mais une femme peut réaliser une installation électrique aussi bien que n’importe quel homme, déclare-t-elle. 51 02 Déterminants des écarts entre hommes et femmes Cette partie vise tout d’abord à mesurer l’ampleur des écarts de bénéfices entre hommes et femmes entrepreneur(e) s et à identifier les principaux déterminants de ces écarts dans chaque pays. Les sections suivantes permettront de cerner les facteurs qui donnent naissance aux disparités entre entreprises selon le sexe du chef d’entreprise. 52 Analyse sommaire : Quelle est l’ampleur de ces écarts hommes-femmes?  Méthodologie Cette analyse s’appuie sur des données provenant de 14 séries de données issues des enquêtes d’évaluation d’impact dans 10 pays africains. Ces pays représentent plus de 55 % de la population d’Afrique subsaharienne et d’Afrique occidentale, orientale, centrale et australe – Afrique du Sud, Bénin, Éthiopie, Ghana, Malawi, Mozambique, Nigeria, Ouganda, République démocratique du Congo, Togo.96 En neutralisant des différences clés, à savoir les caractéristiques des individus, des entreprises et des secteurs d’activité, il est alors possible de comparer des éléments véritablement comparables dans les disparités entre hommes et femmes quel que soit le contexte. Ces différences clés sont les suivantes : • les caractéristiques des entreprises : main-d’œuvre,97 capital social,98 pratiques commerciales,99 formalisation,100 innovation, services financiers,101 entreprise ayant reçu un prêt, entreprise disposant d’au moins un employé supplémentaire, et secteur d’activité. • les caractéristiques du propriétaire : âge, droit de propriété,102 statut matrimonial, taille du ménage, nombre d’enfants par adulte et niveau d’études. Figure 11 Carte de l’Afrique présentant 10 pays utilisés dans l’analyse d’évaluation d’impact Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Source: auteurs / unité de cartographie de la Banque Mondiale 53  Principal constat Dans le contexte mentionné ci-dessus, l’écart de bénéfice inconditionnel entre les hommes et les femmes est de 34 % pour les séries de données analysées. Les bénéfices des entreprises détenues par des femmes sont en moyenne inférieurs de 23 % à ceux des hommes, après neutralisation des différences clés (Figure 12).103 Les écarts de bénéfices de l’entreprise entre les sexes varient de 1 % au Bénin à 52 % dans le recensement des industries manufacturières au Ghana, en tenant compte des caractéristiques des entreprises et des propriétaires.104 Les différences clés dans les caractéristiques des entreprises et des individus représentent environ un tiers de l’écart entre les sexes dans la performance de l’entreprise, suggérant qu’une grande part de ces disparités ne peut être expliquée uniquement par ces différences clés. Figure 12 L’écart de genre dans les bénéfices, après neutralisation des différences clés, est large en moyenne, mais varie d’un pays à l’autre Écarts de bénéfices mensuels entre les sexes après examen des différences de caractéristiques des entreprises et des propriétaires (%) FEMMES HOMMES Moyenne 23% Micro Bénin 1% Recensement RDC 19%** Industrie manufacturière Éthiopie 9% Micro Ghana (1) 23%* Confection Ghana (2) 23% Industrie manufacturière Ghana (3) 52%*** Micro Malawi 22%*** Partie 2 | Déterminants des écarts entre hommes et femmes PME Mozambique 13% PME Nigeria (4) 39%** PME Nigeria (5) 7% PME Afrique du Sud 45% Micro Togo 20% Micro Ouganda (6) 43% Micro Ouganda (7) 5% Source : Auteurs, à partir de la base de données des EI. Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux micro-entreprises ; Ghana (2) : Enquête sur le secteur de la confection ; Ghana (3) : Recensement des entreprises ; Nigeria (4) : Enquête sur la croissance et l’emploi ; Nigeria (5) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (6) : Enquête Kassida ; Ouganda (7) : Enquête sur les prêts, les subventions et la formation. 54 Analyse approfondie : Raisons profondes des écarts entre hommes et femmes  Méthodologie Pour mieux appréhender les facteurs permettant d’expliquer l’écart de productivité entre les sexes au sein des entreprises existantes, nous utilisons la méthode de décomposition Oaxaca-Blinder. Cette méthode permet de prédire les principaux facteurs de l’écart entre les sexes dans chaque pays (voir Encadré 5 et Annexe 1 pour l’explication de la méthodologie). Même si la méthode de décomposition ne fournit pas une explication causale des différences de performance des entreprises, elle permet de répondre aux questions essentielles suivantes : • L’écart de bénéfices selon le sexe est-il associé aux : −− différences dans les quantités (ou niveaux) de ressources utilisées par les entrepreneurs selon leur sexe, ou −− différences de rendement de ces facteurs ou ressources utilisées selon le sexe de l’entrepreneur qui les utilise. Cette analyse quantitative est un point de départ important pour évaluer les facteurs qui contribuent à expliquer les écarts de performance des entreprises en fonction du sexe du chef d’entreprise. Elle va servir à structurer le schéma des contraintes qui pèsent sur les choix des femmes entrepreneures en Afrique, qui est proposé dans ce rapport. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique En moyenne, 41 % des écarts de bénéfices des affaires en fonction du sexe du chef d’entreprise peuvent s’expliquer avec la décomposition Oaxaca- Blinder et l’ensemble des variables de contrôle disponibles.105 Les portions inexpliquées de ces écarts de peuvent en partie traduire des problèmes de mesure, notamment de facteurs sous-jacents mal cernés lors des enquêtes auprès des entreprises (par ex. : normes sociales, dynamiques au sein du ménage, confiance en soi, etc.). Elles peuvent aussi refléter une demande plus réduite pour les gammes de produits et services offerts par des entreprises détenues par des femmes. Cependant, d’autres études ont montré que des caractéristiques détaillées des entreprises et de leurs propriétaires ne permettent pas toujours d’expliquer l’écart de performance en fonction du sexe du chef d’entreprise.106 55 Encadré 5 Méthode de décomposition Oaxaca-Blinder Le présent rapport utilise la d’études, etc. Quoique les exemple, à un niveau méthode de décomposition disparités de dotations d’éducation égal, un homme Oaxaca-Blinder qui permet de puissent aussi refléter des entrepreneur pourrait tirer répartir l’écart de résultats des différences de rendements une meilleure productivité de affaires selon le sexe du chef obtenus par les entreprises son éducation ; ou encore, d’entreprise. Elle distingue deux à un moment donné, la il pourrait enregistrer de catégories de facteurs : l’effet décomposition O-B démontre meilleures ventes avec la de dotation et l’effet structurel. que les responsables de même quantité de main- Cette méthode est largement politiques peuvent aider à d’œuvre. Il peut arriver que utilisée dans l’économie du réduire la portion de l’écart les hommes et les femmes travail, mais nous lui avons entre les sexes attribuable augmentent leur niveau trouvé une nouvelle application aux différences quantitatives, d’investissement jusqu’à dans le présent rapport, qui en assurant aux femmes obtenir des rendements permet d’apporter un éclairage la disponibilité d’une même marginaux égaux, ou que les nouveau sur l’écart entre les quantité de ressources que hommes et les femmes soient sexes dans le développement des les hommes – c’est-à-dire, traités différemment par entreprises africaines. une main-d’œuvre plus des institutions formelles ou importante, un accès élargi informelles, des marchés, des • L’effet de dotation se réfère à aux financements, une programmes, etc. Ainsi, le fait la portion de l’écart entre les éducation plus élevée, etc.. de donner plus de ressources sexes qui reflète la différence aux femmes ne réduira de quantité ou de niveau de • L’effet structurel correspond pas nécessairement cette ressources utilisées par des à la part de l’écart entre portion de l’effet structurel. hommes ou des femmes les sexes expliquée par En revanche, les politiques pour gérer leur entreprise. les disparités hommes- peuvent avoir besoin de Ces ressources sont, entre femmes en termes de comprendre et cibler les autres, la main-d’œuvre, le rendements moyens des obstacles qui contribuent à capital, le nombre d’années ressources utilisées. Par ces différences de rendement.  Principaux constats Les femmes entrepreneures utilisent moins ces constats semblent encourager des politiques de capital et de main-d’œuvre – un facteur clé visant à assurer que les femmes disposent du permettant d’expliquer l’écart de performance même niveau de ressources d’investissement que de l’entreprise selon le sexe du chef d’entreprise les hommes. Il ressort globalement des résultats de l’analyse Les différences de rendement du capital et de Partie 2 | Déterminants des écarts entre hommes et femmes multi-pays que deux facteurs essentiels la main-d’œuvre ne sont pas associées à des expliquent l’écart de productivité entre les disparités dans la performance des entreprises hommes et femmes entrepreneur(e)s en Afrique selon le sexe du chef d’entreprise (Figure 13). Premièrement, par rapport à leurs homologues masculins, les femmes disposent En revanche, dans la plupart des pays étudiés, les d’un niveau de capital plus faible – en termes rendements moyens du capital et de la main- de stocks, d’équipements, de biens et autres d’œuvre sont similaires quel que soit le sexe du actifs d’entreprise. Cette différence de capital chef d’entreprise. Une première interprétation est associée à un écart de productivité plus pourrait être que les hommes utilisent le capital et important dans la moitié des pays examinés.107 la main-d’œuvre jusqu’à ce que leur productivité Deuxièmement, les entreprises appartenant à des marginale atteigne le même niveau que celui femmes utilisent généralement moins de main- des femmes. Une autre interprétation est qu’à d’œuvre. Ces différences quantitatives entre les niveau égal d’investissement de ressources en sexes sont associées au fait que les bénéfices capital et main-d’œuvre (jusqu’au niveau actuel) réalisés par les hommes sont supérieurs à ceux par les hommes et les femmes, ces dernières des femmes. Cependant, les écarts de rendement obtiennent les mêmes résultats en termes de des investissements initiaux selon le sexe du chef productivité. Ces deux interprétations sont en d’entreprise pourraient aussi expliquer l’utilisation cohérence avec les liens de causalité identifiés par les entrepreneurs masculins d’un capital et par des recherches récentes, à savoir que la d’une main-d’œuvre plus élevés. Néanmoins, valeur à la marge d’importantes subventions 56 versées au titre d’un concours de plans d’affaires Les disparités hommes-femmes dans le recours encouragent les femmes à avoir des résultats au à des prêts n’expliquent pas l’écart moins aussi bons que ceux des hommes.108 L’effet est similaire lorsque les entreprises existantes Les résultats révèlent aussi que les disparités bénéficient de subventions plus modestes sous hommes-femmes en termes de recours forme d’injections de capital en nature.109 Les à l’emprunt ne justifient pas les écarts de données existantes sur le microcrédit110 et les productivité dans aucune des études analysées petites subventions en espèces111 – attestant que – ce qui va à l’encontre du discours habituel les femmes entrepreneures n’en tirent aucun sur les femmes entrepreneures. Toutefois, profit ou très peu – semblent s’expliquer par les entrepreneurs masculins empruntent la fréquence à laquelle ces ressources sont généralement des sommes plus élevées que les détournées des entreprises appartenant à ces femmes – un facteur qui contribue probablement dernières au profit d’autres besoins du ménage112 aux grandes disparités observées en matière ou d’autres opportunités dans le foyer, telles que d’investissement en capital. l’entreprise du mari.113 Dans certains cas isolés, d’autres facteurs Le choix du secteur contribue également contribuent à l’écart aux disparités en fonction du sexe du chef d’entreprise dans certains pays Au Nigeria et au Ghana, le niveau d’instruction du chef d’entreprise a un impact sur l’entreprise plus Dans trois pays, le fait d’exercer dans un secteur important lorsque ce dernier est un homme que si à prédominance masculine explique l’écart de ce chef d’entreprise est une femme. Mais dans les bénéfices d’une entreprise selon le sexe de autres pays étudiés, le niveau d’instruction du chef son chef.114 En République démocratique du d’entreprise n’explique pas l’écart de productivité Congo, l’écart de productivité entre les sexes en fonction du sexe du chef d’entreprise. Au Bénin est plus important dans les secteurs dominés et au Togo, les femmes entrepreneures tendent à par les hommes. Au Nigeria et en Ouganda, être plus jeunes que leurs homologues masculins. les différences de rendement entre entreprises Cette différence d’âge accroît l’écart entre les opérant dans des secteurs dominés par les sexes en termes de bénéfices, une réalité qui hommes et celles opérant dans d’autres secteurs pourrait être représentative d’une situation plus contribuent à expliquer les écarts de performance générale. Au Nigeria, la gestion d’une entreprise dans l’une des deux séries de données dans pendant une année supplémentaire rapporte chaque pays. moins aux femmes entrepreneures qu’à leurs homologues masculins, ce qui pourrait indiquer Les pratiques d’affaires constituent un problème que l’écart entre les sexes s’élargit à mesure Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique supplémentaire dans certains pays que les entreprises vieillissent. Au Malawi, les obstacles structurels à l’entrepreneuriat auxquels Les entrepreneurs masculins sont plus les femmes se heurtent augmentent avec leur susceptibles d’adopter des pratiques d’affaires âge. plus performantes (telles que le recours à la publicité et la tenue de registres financiers). Les En plus de cette analyse générale, le rapport meilleures pratiques d’affaires d’entrepreneurs étudie des facteurs propres aux pays, disponibles masculins sont associées à un élargissement de dans des séries de données distinctes (les l’écart entre les sexes dans quatre pays étudiés. résultats ne figurent pas dans la Figure X). Ces études sont riches d’informations sur les Les preuves empiriques sont moins claires en caractéristiques socio-affectives au Togo ; ce qui concerne l’impact de la formalisation diverses mesures de préférences en termes de des entreprises sur l’écart en fonction du chef temps et de risques, et de contrôle des actifs d’entreprise par les ménages en Afrique du Sud, au Ghana, au Malawi, en Mozambique, au Nigeria et en En République démocratique du Congo et au Ouganda ; et des mesures de compétitivité dans Ghana, le taux d’immatriculation plus faible des plusieurs pays. La plupart ne contribuent pas à entreprises appartenant à des femmes est associé expliquer l’écart de productivité entre les sexes, à des disparités plus importantes entre les sexes. à l’exception notable des différences de niveau En Afrique du Sud, au Ghana et au Nigeria, la de responsabilités domestiques au Malawi formalisation est associée à une réduction des et au Mozambique, des différences au niveau différences de rendement en fonction du sexe du des rendements de la concurrence entre les chef d’entreprise. En revanche, en Afrique du Sud entreprises en Afrique du Sud et au Nigeria ; et et en République démocratique du Congo, la plus des différences dans le contrôle des revenus par forte probabilité des entreprises masculines à le conjoint au Togo. s’acquitter de leurs impôts est associée à l’écart de productivité. 57 Figure 13 Facteurs contribuant à l’écart de productivité entre entrepreneurs en Afrique Responsables de l’écart dans la moyenne du logarithme des bénéfices mensuels, sur la base de l’analyse par décomposition Oaxaca-Blinder. CARACTÉRISTIQUES DE L’ENTREPRISE PAYS ENQUÊTES Main-d’œuvre Capacités de l’entreprise Formalisation Registre Secteur Registre du L’entreprise d’activités de la Au moins un Note de la Innovation L’entreprise nombre Entreprise paie les à forte valeur du travailleur pratique commerciale paie des total formelle frais de dominante stock de supplémentaire commerciale enregistrée impôts d’heures license masculine capital de travail Initiative Bénin entrepreneuriale •• •• Enquête RDC nationale auprès ••• •• ••• ••• ••• •• des ménages Recensement Éthiopie des entreprises ••• • Grants for Ghana microenterprises •• Entreprises de Ghana tailleurs Recensement ••• ••• Ghana des entreprises • • •• Évaluation d’impact de Malawi l’immatriculation ••• •• des entreprises Régime d’alignement de Mozambique la performance •• des entreprises Enquête sur la Nigeria croissance et • ••• • l’emploi Compétitivité des Nigeria •• •• •• Partie 2 | Déterminants des écarts entre hommes et femmes plans d’affaires Afrique du Sud Marché en ligne • •• Formation en management •• pour les Togo entreprises ••• •• •• formelles et informelles •• Ouganda Kassida •• • • Enquête sur l’évaluation d'impact Ouganda des prêts, ••• • •• • subventions et formations Source : Auteurs à partir de la base de données EI. 58 Le facteur a considérablement contribué à la réduction de Le facteur a considérablement contribué à la réduction de l’écart entre les sexes par des différences de quantité l’écart entre les sexes par des différences de rendement Le facteur a considérablement contribué à l’élargissement Le facteur a considérablement contribué à l’élargissement de l’écart entre les sexes par des différences de quantité de l’écart entre les sexes par des différences de rendement Le facteur a été inclus dans l’analyse du pays, mais n’a pas Le facteur n’a pas été inclus dans l’analyse pour ce pays eu d’effet sur l’écart entre les sexes CARACTÉRISTIQUES DU PROPRIÉTAIRE Financement Âge de l’entreprise Caractéristiques sociodémographiques L’entreprise L’entreprise distingue A déjà Nombre Droits de a un les fonds de contracté Âge de Âge du Taille du d’enfants par Niveau propriété de Marié(e) compte l’entreprise un prêt pour l’entreprise propriétaire ménage rapport aux d’études l’entrepreneur bancaire des fonds du l’entreprise adultes ménage •• • ••• ••• ••• • •• ••• Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique •• • •• •• • •• • •• ••• Note : ••• p<0.01 •• p<0.05 • p<0.1 59 60 Partie 2 | Déterminants des écarts entre hommes et femmes Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 61 03 Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat L’analyse effectuée dans la section précédente constitue un point de départ important pour l’action politique. Mais elle n’explique pas complètement les raisons qui sous-tendent ces constats. Pourquoi les femmes entrepreneures investissent-elles moins dans le capital et la main- d’œuvre que leurs homologues masculins ? Pourquoi évoluent- elles dans des secteurs précis ? Pourquoi n’empruntent-elles pas autant que les entrepreneurs de sexe masculin ? 62 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Cette section présente unnouveau plan directeur visant à expliquer les facteurs à l’origine des écarts de productivité entre hommes et femmes (Figure 14). Ce cadre lie les écarts de résultats d’affaires selon le sexe du chef d’entreprise aux écarts de décisions stratégiques dans les domaines suivants : • Le choix sectoriel : quel secteur d’activité dois-je choisir ? • Les différences en termes de capital et de main-d’œuvre : combien dois-je investir ? Combien puis- je investir ? • Les différences en termes de capacités de l’entreprise : quelles pratiques d’affaires puis-je utiliser ? Dois-je formaliser mon entreprise ? • Les différences dans la volonté d’affronter la concurrence : dois-je me lancer sur certains marchés ? Ces décisions de la vie réelle sont ensuite influencées par un ensemble de contraintes pouvant être classées dans trois catégories : • Les facteurs contextuels, notamment des inégalités dans les normes sociales et les cadres juridiques : • Les dotations, y compris les différences en matière d’instruction, de confiance, d’actifs et de réseaux professionnels ; • Les contraintes au niveau du ménage qui nuisent à la capacité des femmes à contrôler leurs ressources et à consacrer du temps à leur entreprise. Le plan directeur de la Figure 14 relie donc : (1) les contraintes sexospécifiques sous-jacentes ; (2) les décisions stratégiques prises par ces entrepreneur(e)s, qui sont à leur tour influencées par les contraintes sous-jacentes ; et (3) les résultats d’affaires qui reflètent ces décisions. La suite de cette section examinera comment les décisions stratégiques diffèrent selon le sexe du chef d’entreprise, et l’influence qu’exercent les contraintes sous-jacentes sur ces décisions. 63 Figure 14 Contraintes, décisions et résultats : un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes dans la performance des entreprises en Afrique RÉSULTATS Différences entre les sexes au niveau de la performance des entreprises (ventes, bénéfices) DÉCISIONS STRATÉGIQUES Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat 1 2 3 4 Ségrégation Différences Différences Différences sectorielle en termes de en termes de dans la volonté capitaux et de capacités des d’affronter la main-d’œuvre entreprises concurrence (pratiques d’affaires / innovation) et de formalisation CONTRAINTES SOUS-JACENTES FACTEURS CONTEXTUELS I Discriminations juridiques ATOUTS CULTURELS, CONTRAINTES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX AU NIVEAU DES II Normes sociales MÉNAGES IV Éducation/ III Risque de violences compétences VIII Allocation des liées au genre facteurs V Confiance/ préférences en IX Contraintes de matière de risques temps et soins prodigués aux VI Financement et actifs proches VII Accès aux réseaux et à l’information 64 Les décisions stratégiques : Comment les contraintes de choix auxquelles sont soumises les femmes entrepreneures affectent- elles les écarts entre les sexes ? L’analyse effectuée dans ce rapport, ainsi que la documentation existante sur le genre et le développement des entreprises, montre que les entrepreneurs africains prennent systématiquement des décisions stratégiques différentes en fonction de leur sexe, et que ces décisions vont affecter les performances de leurs entreprises. À Madagascar,115 une étude montre Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique que 42 % à 51 % de l’écart entre les sexes en matière de performance de l’entreprise peuvent s’expliquer par des différences dans les volumes de capital et de main-d’œuvre utilisés. Au Ghana, les femmes entrepreneures consacrent une part plus faible du capital disponible à leur entreprise, ce qui nuit à leurs performances d’affaires.116 Les femmes chefs d’entreprise africaine adoptent également ont moins tendance que leurs homologues masculins à adopter des pratiques d’affaires optimales et indispensables à leur réussite, telles que des stratégies de marketing ou de gestion des ressources humaines.117 Le choix du secteur d’activité de l’entreprise a aussi des conséquences : selon des études réalisées en Afrique, ce choix peut permettre de prédire la rentabilité d’une entreprise.118 Cette partie exploite une grande quantité de nouvelles microdonnées issues des enquêtes d’évaluation d’impact et des enquêtes auprès des ménages pour évaluer les différences liées à chacune de ces décisions stratégiques et pondérer l’importance de leur contribution aux disparités entre les sexes. 65  Analyse des différences entre les sexes dans la prise de décisions stratégiques 1 Le secteur d’activité Les femmes entrepreneures bâtissent des sociétés plus importantes et plus rentables lorsqu’elles exercent dans des secteurs à prédominance masculine. Les chefs d’entreprise africaines, que leur entreprise soit une entreprise individuelle ou une entreprise formelle plus importante, travaillent davantage dans le commerce de détail et moins dans des secteurs tels que les transports, l’industrie manufacturière ou la construction. Lorsque son entreprise informelle et exerce ses activités dans la production manufacturière, la femme chef d’entreprise a tendance à se confiner à la production de vêtements, de textiles ou d’aliments. Les femmes sont également plus impliquées dans le secteur de l’hôtellerie que dans d’autres types de services. C’est ce que révèlent des données collectées au Bénin, au Ghana, au Togo et au Malawi (Figure 15). Cependant, une étude couvrant trois régions montre que les entreprises africaines détenues par des femmes et opérant dans des industries à Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat prédominance masculine sont en moyenne aussi grandes que celles de leurs homologues masculins, alors que les entreprises opérant dans des secteurs à prédominance féminine sont 56 % plus petites que celles opérant dans des secteurs à prédominance masculine.119 L’analyse de ce rapport révèle qu’un quart des écarts de bénéfices en fonction du sexe du chef d’entreprise en République démocratique du Congo peut s’expliquer par le choix des femmes d’exploiter une entreprise dans un secteur comparativement moins rentable. D’autre part, des études menées en Éthiopie120 et en Ouganda121 montrent que les femmes entrepreneures travaillant dans des secteurs à prédominance masculine (appelées « pionnières » sectorielles ou crossover) obtiennent de bien meilleurs résultats que celles exerçant dans des secteurs à prédominance féminine. En Ouganda, par exemple, seulement 6 % de femmes exercent dans des secteurs à prédominance masculine, mais ces entreprises sont tout aussi rentables que celles de leurs homologues masculins dans les mêmes secteurs, et beaucoup plus grandes que les entreprises détenues par des femmes dans des secteurs traditionnels. Ces études suggèrent que des facteurs sociaux – et non un accès différencié à l’éducation ou au financement – pourraient être déterminants dans la décision d’une femme entrepreneure d’exercer dans un secteur à plus fort rendement. Ces facteurs incluent la proximité de modèles masculins et une exposition au secteur par le biais de la famille ou des amis. Des expériences menées dans des contextes multiples testent actuellement des stratégies basées sur ces constatations afin d’encourager les femmes entrepreneures à s’orienter vers des secteurs à plus forte productivité.122 Le fait de s’aventurer dans un secteur à prédominance masculine augmente les risques de harcèlement et de violences basées sur le genre, ainsi que les risques de subir des pratiques déloyales des concurrents masculins. Ces risques devront être évalués si l’on veut encourager les femmes à entrer dans des secteurs non traditionnels. 66 Figure 15 Les entrepreneurs hommes et femmes choisissent systématiquement des secteurs différents FEMMES HOMMES B B G Agriculture et G M sylviculture M T T B B G Menuiserie G M et travail des M T métaux T B B G Industrie du G M bâtiment M T T B B G Esthétique G M et salons M T T B B G Transformation G M alimentaire M T T B B G Alimentation : G M commerce de M T détail et services T B B G G M Autres M T T B B G Commerce de G Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique M détail : produits M T non alimentaires T B B G G M Services M T T B B G Textile, cuir et G M artisanat M T T B B G G M Transports M T T 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% B Bénin / G Ghana / M Malawi / T Togo Micro-entrepreneurs : répartition par sexe et secteur Source : Auteurs à partir de la base de données EI. 67 2 Le capital Les niveaux de capital des femmes entrepreneures africaines sont systématiquement plus faibles que ceux de leurs homologues masculins (équipements, stocks et biens). Cet élément essentiel permet d’expliquer l’écart de performances de l’entreprise sur le sexe de son chef. En Afrique, l’entreprise typique détenue par un homme dispose d’investissements en capitaux six fois plus importants que l’entreprise typique détenue par une femme. Ces grandes disparités en termes d’investissement en capital se retrouvent dans de nombreux types d’entreprises.123 L’écart important entre les sexes en matière d’investissement en capital persiste même après avoir neutralisé le secteur d’activité et les caractéristiques des autres entreprises et entrepreneurs,124 et est supérieur à 70 % en République démocratique du Congo et dans une des séries de données au Ghana (Figure 16). L’écart résiduel atteint 30 % en Éthiopie et au Togo, et persiste au-dessus de 50 % en Afrique du Sud, un environnement disposant de marchés de crédit relativement efficaces. Une analyse des séries de données des enquêtes d’évaluation d’impact ne détecte aucun « écart inverse » important entre les sexes en termes de dépenses d’investissement dans aucun pays. Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat 68 Figure 16 Les niveaux de capital des femmes entrepreneures sont systématiquement plus faibles que ceux de leurs homologues masculins Écart entre les sexes dans l’investissement en capital 25%*** 23%** Bénin 6% 72%*** 73%*** RDC 68%*** 46%*** Éthiopie 38%*** 58%*** 79%*** Ghana (1) 68%*** 1% -1% Ghana (2) -1% 82%*** Ghana (3) 71%*** 37%*** 28%*** Malawi 13%** -6% Mozambique -14% 47%** 34% Nigeria (1) 26% 17% Nigeria (2) 13% 19% 56%** Afrique du Sud Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 54%* 61%*** Togo 60%*** 33%*** 49%*** Ouganda (1) 10% -12% -10% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% Écart entre les sexes ... En neutralisant le secteur ... Spécifications de base Source : Auteurs, à partir de la base de données EI. Note : Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux microentreprises ; Ghana (2) Enquête sur le secteur de la confection ; Ghana (3) : Recensement des entreprises ; Nigeria (1) : Enquête sur la croissance et l’emploi ; Nigeria (2) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (1) : Enquête Kassida. Les écarts d’investissement en capital entre hommes et femmes sont manifestes tant dans les entreprises manufacturières que dans le commerce de détail, mais ils sont moins importants dans le premier cas. En moyenne, les entreprises du secteur manufacturier détenues par des hommes réalisent des investissements en capital supérieurs de 30 % à ceux des entreprises appartenant à des femmes. Cependant, cet écart entre les sexes dans le capital manufacturier varie de manière significative d’un pays à l’autre. Il s’élève à 77 % en République démocratique du Congo, 65 % au Ghana, et près de 50 % au Togo et en Éthiopie. En revanche, l’écart d’investissement en capital au Nigeria est favorable aux entreprises manufacturières appartenant à des femmes. À l’exception du Nigeria, l’écart moyen de capital entre les sexes dans le secteur manufacturier s’élève à 49 %, ce qui est proche de l’écart de capital dans le secteur du commerce de détail (51 %). Les écarts d’investissement dans le commerce de détail en fonction du sexe du chef d’entreprise vont de 36 % au Malawi à 82 % au Ghana. 69 La main-d’œuvre En Afrique, les décisions en matière d’embauche sont très différentes selon que le chef d’entreprise est un homme ou une femme. Les femmes représentent en moyenne près de 75 % des employés dans les entreprises détenues par des femmes – une part presque quatre fois supérieure à celle des femmes dans les entreprises appartenant à des hommes. Cette ségrégation sexuelle parmi les travailleurs ne s’explique pas par le secteur d’activité des entreprises détenues par les hommes et les femmes. Les entreprises africaines appartenant à des hommes emploient en moyenne un nombre plus élevé de travailleurs que les entreprises détenues par des femmes. Sur la base des ensembles de données analysés, les entreprises appartenant à des femmes ont en moyenne deux employés, contre quatre dans celle celles appartenant à des hommes. Ces chiffres incluent le chef d’entreprise et les travailleurs formels ou informels, tendent à démontrer que les petites entreprises sont plus susceptibles de recruter des membres de la famille et des employés à temps partiel. Les travailleurs des entreprises appartenant à des hommes consacrent plus d’heures à l’exploitation de l’entreprise que les travailleurs des entreprises détenues par des femmes. En Afrique, les entreprises Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat appartenant à des hommes utilisent en moyenne près de 40 heures de travail par mois en plus que celles détenues par des femmes, une fois le nombre de personnes travaillant dans l’entreprise pris en compte. Une entreprise africaine typique Typiquement, le chef d’entreprise masculin utilise 25 % d’heures de travail en plus que le chef d’entreprise féminin. L’examen de la base de données d’évaluation d’impact montre que cet écart est particulièrement important pour les microentreprises.125 Par exemple, dans la banlieue de Kampala, en Ouganda, le nombre total d’heures de travail mensuel dans les entreprises appartenant à des hommes – en moyenne 827 heures – excède largement les 361 heures de travail dans les entreprises détenues par des femmes. Ces grandes disparités de main-d’œuvre contribuent à l’écart de performance de l’entreprise selon le sexe de son chef. Les plus faibles dotations en main-d’œuvre dans les entreprises détenues par des femmes contribuent aux écarts de productivité selon le sexe du chef d’entreprise dans six des 10 pays analysés : la République démocratique du Congo, le Ghana, le Malawi, le Nigeria, le Togo et l’Ouganda. Bien que les femmes entrepreneures assument plus de responsabilités dans leur ménage (et ont donc moins d’heures disponibles pour leur entreprise), elles ne semblent pas compenser leur moindre disponibilité pour leur entreprise en embauchant plus d’employés de. Cependant, dans seulement deux de ces pays (Ghana et Ouganda), les femmes obtiennent des rendements de la main d ‘œuvre dans leur entreprise inférieurs à ceux des hommes – suggérant que dans la plupart des pays examinés, les rendements de la main d’œuvre, et donc les profits tirés de la main d’œuvre sont en moyenne identiques, quel que soit le sexe du chef d’entreprise.126 La différence entre les sexes en matière de main-d’œuvre s’explique par une série de facteurs. La répartition sectorielle n’explique pas à elle seule les différences de taille entre les entreprises détenues par des hommes et celles détenues par des femmes, mais l’écart se réduit dans la plupart des pays lorsque d’autres caractéristiques individuelles et de l’entreprise sont neutralisées (Figure 17). Par exemple, une fois ces facteurs neutralisés,127 l’écart entre les sexes en termes de main-d’œuvre est réduit à néant en République démocratique du Congo ; il diminue de moitié pour atteindre 16 % au Togo ; il chute de 25 % à 18 % dans une enquête au Nigeria ; et l’écart en Ouganda dégringole de 41 % à 2 %. 70 Figure 17 Les femmes entrepreneures utilisent moins de main-d’œuvre Écart entre les sexes en termes d’heures de travail 6%*** 6%* Bénin 5%* 15%*** 12%*** RDC 0% 25%*** Éthiopie 13%*** 18%*** Ghana (1) 10%** -7% Ghana (2) 1% 12% Ghana (3) 12%*** 17%*** Malawi 14%*** -2% Mozambique 1% 25%*** 25%*** Nigeria (1) 18%*** 21%** 22%** Nigeria (2) 12% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 14% Afrique du Sud 3% 38%*** 26%*** Togo 16%*** 41%*** 13% Ouganda (1) 2% -10% 0% 10% 20% 30% 40% 50% Écart entre les sexes ... En neutralisant le secteur ... Spécifications de base Source : Auteurs, à partir de la base de données EI. Note : Ghana (1) Enquête sur les subventions aux microentreprises ; Ghana (2) : Enquête sur le secteur de la confection ; Ghana (3) : Recensement des entreprises ; Nigeria (1) : Enquête sur la croissance et l’emploi : Nigeria (2) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (1) : Enquête Kassida. 71 3 Les capacités de l’entreprise : pratiques commerciales, innovation et formalisation Pratiques commerciales Les différences en termes d’adoption de bonnes pratiques d’affaires contribuent à expliquer l’écart de productivité entre les sexes dans certains pays. Des recherches récentes sur les petites entreprises dans les pays en développement128 montrent que les femmes entrepreneures sont moins susceptibles d’adopter des pratiques commerciales optimales, notamment : (i) le marketing, tel que la publicité ou la comparaison avec les prix des concurrents ; (ii) des pratiques d’achat et de contrôle de l’inventaire, y compris des négociations avec les fournisseurs et des techniques visant à éviter les ruptures de stock ; (iii) des analyses de coûts et la tenue de registres, par exemple la conservation d’archives écrites ou l’identification des produits les plus rentables ; et (iv) la planification financière, la définition d’objectifs de ventes et la création de budgets. Le score normalisé de pratiques d’affaires utilisé par notre rapport montre que les résultats des entreprises dirigées par un homme sont en général meilleurs que ceux des entreprises dirigées par une femme (Figure 18) dans la plupart des séries de données analysées. Il n’y a qu’au Bénin Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat que les entreprises détenues par des femmes obtiennent des résultats supérieurs. En Afrique, l’écart entre les sexes en matière de pratiques d’affaires persiste dans 10 des 13 séries de données, même après avoir neutralisé les caractéristiques individuelles et de l’entreprise. Cependant, ces différences ajustées ne sont statistiquement significatives que dans quatre séries de données. En revanche, l’écart dans les pratiques commerciales se renverse en faveur des entreprises détenues par des femmes au Togo après avoir pris en compte d’autres facteurs. Les écarts entre les sexes dans les indices de pratiques d’affaires représentent en moyenne moins de la moitié des écarts d’investissement en capital. Cela peut permettre d’expliquer l’impact relativement modéré des efforts déployés pour enseigner des compétences d’affaires sur la réduction des écarts de performance de l’entreprise selon le sexe du chef d’entreprise. 72 Figure 18 Les femmes entrepreneures sont moins susceptibles d’adopter de bonnes pratiques d’affaires. Écart d’indice de pratiques s’affaires selon le sexe du chef d’entreprise 15%** 25%*** Bénin 17%** 23%*** 28%*** RDC 22%*** 3% Éthiopie 32%*** 40%*** Ghana (1) 31% 4% Ghana (2) 3% 13% 11% Malawi 10% 3% Mozambique 6% 9% 7% Nigeria (1) 3% 6% 7% Nigeria (2) 8% 21% Afrique du Sud Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 16% 11%** 18%*** Togo -17% 24%*** 11% Ouganda (1) 8% -20% -10% 0% 10% 20% 30% 40% Écart entre les sexes ... En neutralisant le secteur ... Spécifications de base Source : Auteurs, à partir de la base de données EI. Note : Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux microentreprises ; Ghana (2) : Enquête sur le secteur de la confection ; Nigeria (1) : Enquête sur la croissance et l’emploi : Nigeria (2) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (1) : Enquête Kassida ; 73 L’innovation L’analyse effectuée pour ce rapport révèle des écarts en matière d’introduction d’innovation sur le sexe du chef d’entreprise, notamment pour l’introduction de nouveaux processus au sein de l’entreprise. L’innovation se réfère à la capacité d’une entreprise « à utiliser des connaissances pour développer et mettre en œuvre de nouvelles idées qui conduisent à des modifications dans la production et la structure organisationnelle de l’entreprise ».129 L’innovation peut se passer à plusieurs niveaux : (i) l’introduction d’un nouveau produit ou une modification dans un produit existant, (ii) un nouveau processus ou une nouvelle technologie, (iii) la découverte d’un nouveau marché, (iv) le développement de nouvelles sources d’approvisionnement pour les intrants et les matières premières, et (v) des changements dans l’organisation industrielle. En Afrique, les données sur l’innovation sont rares, et, avant notre rapport, les analyses portant sur l’introduction d’innovation en fonction du sexe du chef d’entreprise étaient encore plus rares.130 Dans une enquête sur les entreprises détenues par des femmes au Kenya, 82 % des femmes entrepreneures ont indiqué demander à leurs clients s’ils souhaiteraient leur acheter d’autres produits ou services. Près de 20 % de femmes entrepreneures ont également déclaré qu’elles envisageaient d’introduire de nouveaux produits ou Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat d’améliorer des produits existants dans les deux années à venir.131 Cependant, 31 % des entrepreneures kenyanes ont suggéré qu’elles n’étaient pas disposées à innover à moins d’être certaines à 100 % que cela aboutirait à des résultats. Une enquête menée au Togo a recueilli des informations sur les pratiques d’innovation auprès d’entreprises détenues par des femmes et des hommes (Figure 19). L’analyse des résultats de cette enquête montre que les entreprises détenues par des femmes sont moins susceptibles que les autres d’avoir lancé de nouveaux produits et services ou d’avoir mis en œuvre de nouveaux processus commerciaux. Les femmes sont deux fois moins susceptibles que les hommes d’avoir lancé un nouveau produit dans leur secteur d’activité. Une explication possible de ce constat pourrait être le manque d’espace pour innover dans les secteurs traditionnellement réservés aux femmes. Au Mozambique, près de 18 % des femmes entrepreneures et 16 % des hommes entrepreneurs ont lancé un nouveau produit sur le marché au cours des 12 derniers mois. Cependant, les femmes entrepreneures sont moins susceptibles de lancer un nouveau processus : au cours des 12 derniers mois, 31 % des femmes chefs d’entreprise ont apporté des innovations aux processus de l’entreprise contre 39 % des entrepreneurs masculins. Au Nigeria, les entreprises détenues par des femmes sont 20 % moins susceptibles d’avoir amélioré des produits existants ou d’avoir conçu un nouveau produit. Toujours au Nigeria, les entreprises détenues par des femmes dépensent moins en R&D132 et leurs propriétaires ont en moyenne moins confiance que les hommes dans leurs capacités à trouver de nouvelles idées pour un nouveau produit ou service. Une analyse de ces différences indique qu’elles peuvent s’expliquer par des disparités entre les caractéristiques des entreprises et les caractéristiques individuelles des entrepreneurs. En Ouganda, 18 % des femmes entrepreneures ont lancé un nouveau produit ou service dans les 12 derniers mois, et elles sont 16 % à avoir intégré un nouveau processus dans la même période. Mais ces deux chiffres restent 37 % en dessous de la probabilité que des entreprises appartenant à des hommes aient lancé un nouveau produit ou processus. Les femmes ougandaises sont aussi moins susceptibles de développer un nouveau produit ou service dans les prochains 12 mois. Ces différences s’expliquent par une série de facteurs, dont principalement les niveaux d’instruction des entrepreneurs. 74 Figure 19 Les écarts en termes d’innovation sont plus prononcés dans le lancement de nouveaux processus Écart entre les sexes en matière d’innovation (pp) -4.0 -2.0 0.0 2.0 4.0 6.0 8.0 10.0 12.0 14.0 -1.9 Malawi -1.9 Mozambique 8.0*** -3.1 Nigeria 3.5 4.0** Togo 11.0*** 10.3*** Ouganda 9.1*** Nouveau produit Nouveau processus Source : Auteurs, à partir de la base de données EI. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique D’autre part, les écarts en matière d’innovation sur le sexe du chef d’entreprise n’apparaissent pas dans les grandes entreprises africaines. Une analyse des données des enquêtes auprès des entreprises dans 11 pays133 n’a pas révélé des différences significatives dans les mesures d’innovation entre les entreprises formelles d’au moins 5 employés détenues par des hommes et celles appartenant à des femmes. Cela suggère que des femmes qui ont surmonté les contraintes liées à la croissance et dont l’entreprise est passée au stade de grande entreprise adoptent des pratiques innovantes à des taux identiques aux hommes.134 75 Formalisation En Afrique, environ la moitié des entreprises appartient à des femmes, mais un grand nombre d’entre elles relèvent de l’économie informelle. Seul un tiers des entreprises du secteur moderne et occupant 5 employés ou plus appartient en totalité ou en partie à des femmes ; et dans à peine 17 % d’entre elles, la part de la femme dans l’entreprise est égale ou supérieure à 50 % (Figure 21).135 Ces chiffres montrent clairement les différences de taux de formalisation des entreprises, qui sont vraisemblablement liées aux écarts mesurés dans la taille des entreprises. En théorie, la formalisation de l’entreprise pourrait permettre aux femmes d’accroître leur utilisation de services financiers formels et faciliter leur accès à des institutions commerciales formelles comme des associations du secteur privé et des programmes de développement du gouvernement. Cependant, l’analyse effectuée pour ce rapport ne trouve pas de lien clair entre la formalisation d’une entreprise individuelle et l’écart de performance de l’entreprise en fonction du sexe du chef d’entreprise. Des séries de données concernant le Ghana, le Nigeria et l’Afrique du Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat Sud montrent que dans les entreprises appartenant à des femmes, la formalisation apporte un retour sur investissement supérieur à celui des entreprises détenues par des hommes. Cependant, ce constat ne pourrait concerner qu’un petit sous-groupe d’entrepreneures femmes qui exploitent des sociétés formelles relativement importantes – et dont les propriétaires se heurtent peut-être à moins de contraintes que la moyenne des femmes entrepreneures en Afrique. Des études récentes effectuées au Bénin136 et au Malawi137 auprès d’un plus grand nombre d’entrepreneurs indiquent que les aides à la formalisation n’ont aucun impact sur les performances de l’entreprise et l’accès au financement. 76 Figure 20 Figure 20 : En Afrique, le taux d’entreprises formelles appartenant à des femmes reste largement inférieur à celui de l’Asie de l’Est et du Pacifique, et de l’Amérique latine,138 mais il est supérieur à d’autres régions % d’entreprises formelles détenues par des femmes par région 32% AFRIQUE 25% 17% 55% ASIE DE L’EST ET PACIFIQUE 53% 26% 31% EUROPE ET ASIE CENTRALE 20% 17% 41% AMÉRIQUE LATINE 36% 0% 21% MOYEN-ORIENT 9% ET AFRIQUE DU NORD 6% 18% ASIE DU SUD 13% 11% 35% REVENUS ÉLEVÉS OCDE 24% 20% 38% REVENUS ÉLEVÉS HORS OCDE 43% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 25% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% % Appartenant % Propriétaire femme, % Propriété en à une femme propriétaires uniques seulement majorité féminine Source : Auteurs, à partir des enquêtes auprès des entreprises de la Banque mondiale, années les plus récentes. Remarque : Données portant sur des entreprises de 5 employés ou plus. 77 78 Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat 0% 10% 40% 20% 50% 30% Lesotho Botswana Figure 21 Namibie Cap-Vert Bénin Zambie Rwanda Côte d’Ivoire Madagascar Mali Ghana Kenya de participation majoritaire RCA Île Maurice Liberia Régional Éthiopie Burundi Cameroun Ouganda Malawi % d’entreprises formelles à propriété majoritairement féminine Sénégal Nigeria Tanzanie Gabon Niger Togo Congo Burkina Faso RDC Soudan du Sud Érythrée Sierra Leone Tchad Les taux de participation des femmes à l’économie formelle varient Soudan considérablement, mais aucun pays n’a atteint la parité dans les taux Mauritanie REGIONAL AVERAGE Source : Auteurs, à partir des enquêtes auprès des entreprises de la Banque mondiale, années les plus récentes 4 La volonté d’affronter la concurrence La réticence des femmes à affronter la concurrence dans des environnements traditionnellement masculins peut expliquer une partie des écarts de performance entre les deux sexes en Afrique. Il existe peu d’études sur le comportement concurrentiel des hommes et des femmes en Afrique. Une étude sur les comportements des hommes et des femmes Massai en Tanzanie face à la compétition montrent que les hommes sont deux fois plus susceptibles que les femmes à rentrer en compétition. Ce résultat est confirmé par un test en laboratoire effectué au Kenya pour ce rapport139 qui montre que les femmes sont plus de deux fois plus réticentes à affronter la concurrence que leurs homologues masculins, quelle que soit la valeur des enjeux associés à la victoire. Cependant, les femmes sont beaucoup plus susceptibles d’affronter la concurrence lorsqu’elles se mesurent à des femmes. L’Encadré 6 décrit cette série de tests effectués au Kenya. De nombreuses expérimentations en laboratoire menées en dehors de l’Afrique confirment ces constats.140,141 Les femmes renoncent à affronter la concurrence même lorsqu’elles sont qualifiées.142 Les résultats économiques seront donc différents selon le sexe du chef d’entreprise, avec beaucoup moins de gains pour les femmes aux capacités élevées que pour leurs homologues masculins de même niveau. Ces différences d’attitude entre les hommes et les femmes peuvent expliquer quelques- uns de ces écarts. Il se peut que « la perspective de s’engager dans une compétition [avec des hommes] pousse les femmes à anticiper un coût psychique et les dissuade de participer, tandis que les hommes perçoivent au contraire un bénéfice psychique et sont attirés par ces compétitions. »143 Cela peut provenir d’une éducation différente dans l’enfance, les garçons étant généralement encouragés à s’affirmer.144 Les attentes définies par les normes sociales pourraient encore exacerber ces différences. En fait, dans la même étude menée en Tanzanie, les chercheurs ont constaté que, lorsque l’expérience était appliquée à la société Khasi, une société matrilinéaire par opposition à la société Massaï patrilocale, les femmes étaient plus compétitives que les hommes.145,146 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Cependant, le manque de données147 sur la volonté d’affronter la concurrence ne permet pas de mesurer l’impact du sexe du chef d’entreprise sur l’écart de performance des entreprises. Les données sur cette question sont rares dans les évaluations d’impact et les enquêtes auprès des entreprises ou des ménages, notamment parce que les moyens de mesure les plus efficaces consistent à réaliser des expériences en laboratoire semblables à celles décrites dans l’Encadré 6.148 Les études d’évaluation Lean planifiées au Kenya pour tester divers mécanismes encourageant les femmes à s’enrôler dans des formations intensives de codification et dans un concours de plan d’affaires viendront compléter ces expériences en laboratoire. 79 Encadré 6 Kenya : exploration des différences entre les sexes dans la volonté d’affronter la concurrence Une série d’expérimentations en laboratoire a été menée au Kenya afin d’examiner les différences de comportement entre les sexes en situation de concurrence dans des domaines ou secteurs traditionnellement masculins.149 Une étude récente dans la région a démontré que la volonté d’affronter la concurrence dans le cadre d’un laboratoire est associée à des choix concurrentiels, y compris des décisions conduisant à des taux plus élevés d’investissement en capital et en main-d’œuvre.150 Les expériences se sont appuyées sur le concept de base de Niederle et Vesterlund (2007) aux États-Unis sur l’expérimentation de la concurrence, mais en utilisant une tâche traditionnellement considérée comme masculine et adaptée au contexte kenyan et à la population ciblée. En raison de la taille limitée de l’échantillon, l’étude n’a pas pu analyser les résultats par situation matrimoniale ou autres caractéristiques, et s’est concentrée sur la comparaison entre hommes et femmes dans la volonté d’entrer en compétition dans diverses situations. Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat  La méthodologie L’expérimentation comprenait trois groupes de 80 participants chacun : 1 2 3 Un groupe standard Un groupe composé uniquement Un groupe à fort enjeu (Traitement (Groupe de contrôle) a de femmes (Traitement 1) a 2) a reproduit le groupe standard examiné les différences reproduit le groupe standard, avec son environnement entre hommes et femmes mais en incluant uniquement concurrentiel mixte. Cependant, en termes de comportement des femmes face à d’autres les enjeux financiers associés à la concurrentiel dans un domaine concurrentes féminines. Cela a victoire ont été multipliés par 10. traditionnellement réservé permis d’examiner si les femmes Cela a permis d’examiner si les aux hommes et dans un changent de comportement enjeux associés à la compétition environnement concurrentiel concurrentiel en fonction de la modifient les comportements. mixte, comprenant deux personne avec laquelle elles hommes et deux femmes dans rivalisent. chaque groupe de concurrents. Les participants étaient un reflet du groupe typique des entrepreneurs africains, âgés de 18 à 40 ans, avec a minima une éducation primaire complète, et au maximum une éducation secondaire. Pour garantir l’équilibre des groupes, les participants ont été assignés de manière aléatoire à différentes sessions. L’étude a utilisé des ordinateurs à écran tactile. Les participants ont été affectés de manière aléatoire dans des groupes de 4 personnes en laboratoire. Chaque participant disposait de son propre poste, avec un ordinateur séparé des voisins par des cloisons. Même si les individus pouvaient se voir, ils n’étaient pas en mesure de voir leurs écrans respectifs, la performance ou les décisions des autres. De plus, le thème du genre n’a pas été explicitement mentionné pendant l’expérience. 80  Principaux constats Les résultats ont révélé un écart important entre les sexes dans la volonté d’entrer en compétition : (1) Les femmes étaient beaucoup moins susceptibles d’entrer en compétition dans un environnement mixte. Dans le groupe standard, 31 % des femmes ont choisi d’entrer en compétition, contre 69 % des hommes. Ces résultats sont très similaires à ceux trouvés aux États-Unis par Niederle et Vesterlund, où 35 % des femmes et 73 % des hommes étaient désireux d’affronter la concurrence. (2) Les femmes étaient beaucoup plus promptes à entrer en compétition avec des femmes : 53 % des femmes ont participé à la compétition dans l’environnement exclusivement féminin (Traitement 1), contre 31 % dans l’environnement mixte (groupe standard).151 (3) Les femmes étaient moins susceptibles d’accepter la compétition avec des enjeux élevés dans un environnement mixte : dans le groupe de traitement 2, seulement 28 % des femmes ont choisi de participer, contre 61 % des hommes. (4) Quel que soit le groupe, les performances passées ne semblent pas avoir été un indicateur significatif dans le choix de faire face à la concurrence. Figure 22 Les femmes sont moins susceptibles d’entrer en compétition dans un environnement mixte que dans un environnement exclusivement féminin Différences entre les sexes dans la participation à la compétition, Kenya Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 80% Femmes 69% Hommes 70% 61% 60% 53% 50% 40% 31% 28% 30% 20% 10% 0% Groupe standard Groupe de femmes Groupe mixte avec mixte exclusivement enjeux élevés 81 Neuf facteurs limitant les performances d’affaires des femmes en Afrique Comprendre les contraintes Les femmes entrepreneures ne prennent pas leurs décisions d’affaires en vase clos Les contraintes auxquelles est soumise la femme dans la conduite de ses affaires sont différentes de celles des hommes. Par conséquent, les décisions d’affaires de la femme chefs d’entreprise vont systématiquement différer de celles de son homologue masculin. Cette section examine neuf de ces contraintes propres à la femme chef d’entreprise. Pour chacune d’entre elles, elle explique son importance relative et la mesure dans laquelle cette contrainte contribue à l’écart de performance dans la conduite des affaires. Certaines de ces contraintes sont bien étudiées dans la littérature, mais d’autres, comme les violences basées sur le genre ou les préférences en matière de risque disposent de moins de données probantes susceptibles d’expliquer les disparités de performance d’une entreprise en fonction du sexe de son chef. En plus d’une analyse de chaque contrainte individuelle, cette section indiquera là où les données probantes sont les plus solides. Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat La section suivante analyse de façon plus approfondie trois facteurs pour lesquels les données probantes quant à leur impact sur la performance des entreprises sont relativement limitées, ou dont les mécanismes sous-jacents de ces données probantes restent flous. Ces analyses incluent des études sur les normes sociales, les réseaux professionnels et l’information ainsi que l’affectation des ressources au niveau du ménage  Facteurs contextuels Discrimination juridique I Les femmes entrepreneures ne peuvent pas bénéficier des mêmes opportunités économiques si les lois de leur pays limitent leur capacité à posséder et exploiter une entreprise. Dans certains pays, les lois régissant les entreprises et la famille prive les femmes du droit d’enregistrer une entreprise, de signer un contrat, ouvrir un compte bancaire ou posséder et hériter d’un bien immobilier. Ainsi, au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo et en République du Congo, seul le mari peut contrôler les biens matrimoniaux, ce qui empêchera son épouse d’obtenir un prêt pour financer son entreprise si ce prêt requiert la mise de biens en garantie.152 Au Tchad, en Guinée- Bissau et au Niger, les femmes mariées doivent recevoir l’autorisation de leur mari pour ouvrir un compte bancaire. En Guinée équatoriale, une femme a besoin de l’autorisation de son mari pour signer un contrat. Un article paru dans la publication Women, Business and the Law 2018 (WBL) de la Banque mondiale révèle que dans seulement trois pays, l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Rwanda, les lois traitent les femmes et les hommes sur un pied d’égalité dans la recherche de débouchés économiques.153 Des pays tels que le Mozambique, le Ghana et le Liberia se conforment à 21 des 22 mesures d’égalité en matière d’opportunités économiques. Le Soudan, la Guinée-Bissau et le Niger affichent au moins 10 différences importantes entre les femmes et les hommes en matière de statut juridique, compliquant sérieusement la tâche des femmes entrepreneures. Neuf autres pays comptent au moins huit différences.154 En outre, dans 65 % des pays africains, les femmes sont confrontées à des obstacles juridiques pour bâtir un bon dossier de crédit et 19 % des pays africains reçoivent un score nul pour la protection 82 des femmes contre la violence. Même lorsque le droit écrit cherche à promouvoir l’égalité des sexes, les femmes entrepreneures peuvent se heurter à des obstacles découlant du droit coutumier – le système juridique traditionnel non codifié d’une communauté ou d’un lieu –, qui prévaut souvent dans des contextes de pluralisme juridique. L’influence du droit coutumier continue d’être plus forte en Afrique subsaharienne que dans toute autre région.155 Ces dernières années, de nombreux pays africains ont réussi à lever les obstacles juridiques qui empêchaient les femmes entrepreneures de posséder et gérer des entreprises performantes. En 2012, le Mali a supprimé les restrictions légales aux droits des femmes mariées d’enregistrer une entreprise. La Côte d’Ivoire accorde désormais aux deux époux le droit de choisir leur lieu de résidence, de décider s’ils veulent travailler ou non hors du domicile ou le droit d’être désignés « chef du ménage ». En 2016, le Rwanda a autorisé les deux époux à choisir leur lieu de résidence, et a abrogé une disposition désignant automatiquement le mari comme « chef de ménage ». La même année, la République démocratique du Congo a abrogé les dispositions interdisant aux femmes mariées de signer des contrats, de trouver un emploi, d’enregistrer une entreprise, d’ouvrir un compte bancaire ou d’obtenir un prêt sans l’autorisation du mari, et a rendu illégales l’obligation pour une femme mariée d’obéir à son mari et la discrimination sexuelle exercée par les créanciers dans les transactions financières. En Zambie et en Guinée, la loi interdit désormais la discrimination fondée sur le genre et le statut matrimonial dans l’accès au crédit. Certains pays ont cherché à éliminer les discriminations de genre découlant du droit coutumier. Le Zimbabwe a approuvé d’importantes réformes constitutionnelles en 2013 et le Botswana a également accompli des progrès significatifs dans l’élimination des discriminations dans le droit coutumier. Néanmoins, malgré ces importantes avancées réglementaires, la mise en application de ces lois s’est avérée problématique dans de nombreux pays africains. Ainsi, la discrimination fondée sur le genre de risque de persister dans la mise en application des lois et les systèmes judiciaires pourraient ne pas réagir assez vite à de telles situations. L’essentiel : La discrimination juridique est moins contraignante que par le passé pour Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique les femmes entrepreneures. Cependant, des efforts permanents restent nécessaires pour garantir que les lois empêchent la discrimination fondée sur le genre et soient correctement mises en application. Normes sociales II Les normes sociales exercent une forte influence sur les choix stratégiques des femmes entrepreneures et peuvent limiter leur capacité à développer leurs activités. Les normes sociales sont des règles informelles largement acceptées et partagées au sein d’un groupe social, définissant ce que sont des comportements typiques et appropriés. Aucun système officiel ne sanctionne le non-respect ou la non-application de ces règles. Cependant, dans la mesure où ces normes sont ancrées dans système de valeurs d’une communauté, elles exercent une forte influence sur le comportement des individus, qui peuvent se sentir contraints de s’y soumettre.156 Les normes de genre sont des attentes communes sur les différences entre hommes et femmes, et les comportements jugés acceptables et appropriés pour les hommes et les femmes. Les femmes entrepreneures prennent des décisions façonnées par des normes qui engendrent des attentes spécifiques sur les rôles et responsabilités acceptables des hommes et des femmes, ainsi qu’une vision largement partagée de la masculinité et de la féminité.157 Par exemple, la femme africaine accomplit l’essentiel des tâches ménagères (décrites dans la section relative aux contraintes de temps/soins des 83 proches), ce qui limite le temps dont elle dispose pour gérer son entreprise. Le non- respect de ces normes peut entraîner une discrimination ou d’autres sanctions. Par exemple, la femme désireuse d’agrandir son entreprise pourrait être victime de violences ou d’un manque de soutien d’un mari qui se sent menacé, de l’ostracisme des réseaux sociaux de ses pairs ou d’une discrimination de la part de fournisseurs ou d’acheteurs. Si son comportement va à l’encontre de ce que prescrit la société, la femme pourrait subir des représailles.158 Et la peur des représailles pourrait saper sa confiance en elle dans son travail ou dans des négociations dans un environnement concurrentiel.159 Les recherches démontrent que les femmes (ainsi que les hommes) intériorisent ces normes sociales dans des conceptions du soi, des évaluations du soi et des aspirations qui tous seront sexospécifiques : • La conception du soi, c’est-à-dire l’image qu’une femme a d’elle-même et de ses responsabilités dans la vie, peut influencer ses choix de carrière.160 Des recherches menées au Ghana ont démontré que certaines femmes considèrent le succès entrepreneurial comme un élément essentiel de leur identité, tandis que d’autres considèrent davantage leur entreprise comme une source de petite caisse.161 Les normes qui mettent l’accent sur les femmes au foyer et les hommes en tant que pourvoyeurs de revenus découragent les femmes de développer une identité entrepreneuriale. • Les évaluations du soi chez la femme ou ses convictions spécifiques sur son aptitude Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat à accomplir des tâches précises reflètent les différences entre les sexes qui affectent sa confiance en sa capacité à exercer des professions techniques.162 Si les femmes estiment qu’elles sont moins aptes à rivaliser avec la concurrence et à exercer des activités considérées comme « masculines », elles peuvent s’abstenir de rejoindre des secteurs à plus forte valeur et offrant de meilleures opportunités d’affaires.163 • Les différences d’aspirations selon le genre de, ou les représentations mentales partagées des rôles, des comportements et des objectifs supposés être masculins ou féminins peuvent engendrer des aspirations catégoriquement différentes selon le sexe.164 Lorsque les femmes entrepreneures se soumettent aux normes sociales, elles sont moins susceptibles d’aspirer à développer une grande entreprise si cela ne correspond pas au comportement habituel des femmes au sein de leur communauté. Les constats quantitatifs directs sur la manière dont les normes sociales contribuent à l’écart de performance entre hommes et femmes sont limités. Des recherches récentes au Nigeria suggèrent qu’une formation efficace peut aider les femmes à surmonter leurs préjugés inconscients et destructeurs. Elles montrent que la promotion de compétences dans le secteur des technologies de l’information et de la communication était plus de trois fois aussi efficace (en ce qui concerne le transfert de leurs activités professionnelles vers ce secteur) pour les femmes ayant des préjugés implicites contre le travail féminin que pour les femmes sans préjugés.165 En outre, parce qu’ils ont plus de pouvoir et d’influence, les hommes peuvent jouer un rôle important dans la perpétuation ou la modification des normes de genre existantes et la manière dont elles influent sur les décisions économiques et l’autonomisation des femmes. En Éthiopie, il a été constaté que les femmes soutenues par leur conjoint étaient nettement plus susceptibles de s’aventurer dans des secteurs plus rentables, traditionnellement dominés par les hommes.166 En Ouganda, les femmes ayant eu des modèles masculins dans leur jeunesse (par ex., des pères ou des politiciens) avaient entre 20 % et 28 % plus de chances de s’aventurer dans ces secteurs que les autres.167 L’essentiel : L’influence des normes sexospécifiques sur les décisions entrepreneuriales des femmes est probablement omniprésente et forte, notamment parce qu’elle détermine des choix essentiels comme le secteur d’activité. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour trouver les mécanismes par lesquels les normes sociales peuvent être contournées ou modifiées afin de réduire l’écart de performance des entreprises en Afrique. Pour en savoir plus, voir Analyse approfondie 1. 84 Risque de violences basées sur le genre III Les violences basées sur le genre peuvent nuire à la santé et au bien-être des femmes, et entraver leur capacité à gérer efficacement leurs entreprises. Les violences basées sur le genre (VBG) – comprenant la violence physique, la violence psychologique, la violence sexuelle et la violence économique – sont répandues dans de nombreux pays africains et peuvent influer sur les décisions professionnelles des femmes. Les deux tiers des jeunes femmes apprenties à Ibadan, troisième ville du Nigeria, ont déclaré avoir été victimes de violence physique. Dans ce groupe, 39 % ont indiqué que leur employeur était à l’origine des dernières violences subies.168 Une étude menée au Pérou, en Haïti et en Zambie a révélé que les femmes victimes de VBG étaient plus susceptibles d’être employées que les femmes qui n’ont pas été victimes de VBG– suggérant que le travail à l’extérieur du foyer peut exposer les femmes aux VBG.169 Les femmes peuvent préférer le travail indépendant, qui leur permet d’échapper au harcèlement sexuel, selon 20 % des participants à une étude au Liberia.170 Dans de récentes enquêtes d’évaluation d’impact, environ 11 % de femmes entrepreneures au Malawi et 14 % en Ouganda ont déclaré avoir été victime d’harcèlement sexuel dans le cadre de leur entreprise au cours des 12 mois précédents. En outre, au Malawi, 14 % des entrepreneurs masculins et 11 % des entrepreneurs féminins donnent raison à un homme qui bat sa femme si celle-ci n’a pas achevé les travaux ménagers, si elle a désobéi, refusé d’avoir des relations sexuelles ou si elle n’a pas été fidèle. De même, 14 % des femmes entrepreneures au Malawi ont subi des violences physiques ou psychologiques perpétrées par leur compagnon. 32 % déclarent que leurs maris insistent pour savoir en permanence où elles se trouvent ; 7 % révèlent que leurs maris leur imposent des rapports sexuels non désirés et 8 % que leurs maris leur interdisent de fréquenter des amis.171 En Tanzanie, 11 % des femmes entrepreneures déclarent avoir fait l’objet d’avances sexuelles en échange d’un soutien à leur entreprise au cours des 12 derniers mois.172 Quand la même question est posée à propos d’autres femmes – « sur 10 femmes, combien de femmes ont selon vous reçu des avances sexuelles en échange d’une aide Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique pour leur entreprise au cours des 12 derniers mois ? », ce taux monte à 40 %.173 Il existe peu de données probantes sur la façon dont les risques de VBG affectent les décisions prises par les femmes entrepreneures ou leur capacité à gérer une entreprise productive. Les recherches existantes suggèrent que les conséquences de la violence liée au genre sont complexes. Le fait de ne pas se rendre au travail en raison d’une blessure peut entraîner des pertes de productivité et de revenus. En outre, l’exposition aux VBG peut nuire à la santé mentale des femmes, et se manifester par des insomnies, de l’anxiété et un dysfonctionnement social,174 et entraver la capacité des victimes à gérer leurs affaires. Une étude réalisée en Colombie révèle que les revenus mensuels des femmes exposées aux VBG sont en moyenne de 70 % inférieurs à ceux des femmes qui n’en sont pas victimes.175 Une étude réalisée au Rwanda indique que la participation des hommes à des groupes de discussion sur des sujets sensibles liés à la santé sexuelle et aux VBG peut avoir des conséquences importantes et significatives sur le signalement par les femmes de violences perpétrées par des partenaires physiques et sexuels intimes, et accroître le pouvoir de décision des femmes.176 Ces données probantes en augmentation démontrent l’importance de la contrainte et la nécessité d’identifier des solutions efficaces pour réduire sa prévalence. L’essentiel : Les violences basées sur le genre peuvent avoir des conséquences complexes sur la santé mentale des femmes, notamment entraver leurs capacités managériales et entraîner des pertes de productivité et de revenus. Plus de données probantes sont nécessaires pour comprendre l’impact de ces violences sur les femmes entrepreneures et leur performance économique, et notamment pour comprendre si les femmes hésitent à développer leurs entreprises par peur de s’exposer à ce type de violence. 85  Dotations en ressources Écarts en matière d’éducation et de compétences IV Alors que la plupart des pays africains ont réalisé la parité dans l’accès à l’enseignement primaire,177 l’écart persistant entre les niveaux d’instruction et de compétences des hommes et femmes entrepreneur(e)s – notamment au niveau secondaire et au-delà – peut contribuer à expliquer les différences de décisions d’affaires stratégiques selon le sexe du chef d’entreprise. Traditionnellement, l’écart de niveau d’éducation et de compétences selon le genre en Afrique dépend de nombreux facteurs, notamment un plus grand investissement des parents dans l’éducation des fils178 et la prévalence des mariages précoces des adolescentes. Une analyse systématique de plus de 100 études empiriques révèle que l’éducation a un impact important sur les revenus des travailleurs indépendants,179 et que cet effet a tendance à être plus important chez les femmes que chez les hommes. En Afrique, trois types de disparités en matière d’éducation et de compétences sont particulièrement importants pour les entrepreneurs : Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat 1. Différences d’éducation formelle. Le nombre moyen d’années de scolarisation des travailleuses indépendantes en Afrique varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de moins de deux ans au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire à huit ans au Ghana. Étonnamment, quel que soit le niveau absolu de la moyenne, les travailleuses indépendantes ont systématiquement moins d’années de scolarisation que les travailleurs indépendants de sexe masculin. Même au Ghana et au Kenya, où les travailleuses indépendantes ont effectué en moyenne le plus grand nombre d’années d’études, cet écart entre les sexes reste important.180 Comme la plupart des pays ont désormais mis en œuvre la parité dans l’enseignement primaire, cet écart se réduira probablement au fil du temps, à mesure que de nouvelles cohortes rejoindront le marché du travail. 2. Différences de compétences de gestion. Au-delà de l’amélioration de l’accès à l’éducation formelle, les opportunités de développer des compétences managériales et entrepreneuriales peuvent être plus nombreuses pour les hommes que pour les femmes.181 Les jeunes hommes peuvent avoir plus de possibilités de recevoir une formation formelle auprès de prestataires spécialisés ou d’être formés par un membre de leur réseau. En outre, les femmes peuvent également être moins susceptibles de s’inscrire à des programmes de formation dans des secteurs techniques qui impliquent des revenus moyens comparativement élevés, tels que la mécanique, l’électronique ou la construction.182 L’analyse de ce rapport montre qu’au Malawi et au Mozambique, les hommes entrepreneurs ont souvent des compétences techniques plus nombreuses que les femmes entrepreneures. Au Malawi et au Togo, l’écart entre les genres en matière de connaissances financières est important. Des données du Togo montrent que plus de 90 % des chefs d’entreprise ont la confiance nécessaire pour gérer une équipe ou une entreprise, mais les femmes entrepreneures ont moins confiance en leurs compétences managériales que les hommes. En revanche, au Nigeria, au Malawi et au Mozambique, hommes et femmes ont des niveaux de confiance similaires. L’écart de compétences peut également être lié à un manque de formation, les entreprises appartenant à des hommes étant plus susceptibles de participer à des programmes de formation (c’est le cas en République démocratique du Congo, par exemple). Et ces écarts se retrouvent également au sein des entreprises : au Nigeria et en Ouganda, les entreprises appartenant à des hommes sont plus susceptibles d’offrir des formations internes. 86 3. Différences de compétences socio-affectives. Pour tirer parti des opportunités économiques, les compétences cognitives et non cognitives sont tout aussi importantes.183 Un nombre croissant de données montre184 que les compétences socio-affectives telles que le comportement auto-initié, l’orientation future et la persévérance ont une influence positive sur le succès de l’entreprise.185 Même si en moyenne, il n’y a pas de différences dans les compétences socio-affectives entre les hommes et femmes entrepreneur(e)s, elles peuvent être utilisées différemment pour le développement des affaires en fonction des besoins. Des données du Mozambique suggèrent des différences moyennes limitées de compétences socio-affectives entre les entrepreneurs hommes et femmes. Les données du Togo indiquent un écart entre les genres dans certaines compétences socio-psychologiques.186 Les hommes et les femmes au Togo sont tout aussi susceptibles de rechercher des solutions nouvelles et meilleures, de nouvelles expériences, d’explorer de nouvelles idées et de faire preuve de stabilité émotionnelle et d’empathie. Cependant, les hommes chefs d’entreprise togolais obtiennent de meilleurs scores que leurs homologues féminins dans des mesures de l’ambition, de la créativité, de l’innovation et de l’imagination. Les hommes sont également plus susceptibles de prendre plaisir à recruter les bonnes personnes pour leur entreprise. D’autre part, les femmes ont de meilleures compétences en communication verbale que les hommes. Les données du Togo suggèrent un écart de genre de 24 points de pourcentage sur une combinaison de compétences socio-affectives. L’essentiel : Les écarts en matière d’éducation et de compétences en Afrique sont importants et persistants, et ont probablement une influence considérable sur la prise de décision des femmes en entreprise. Confiance et préférences en matière de risque V Les femmes entrepreneures en Afrique ont moins confiance en leurs capacités,187 ce qui peut entraver leur volonté d’affronter la concurrence188 (et de conquérir des marchés), notamment dans des secteurs traditionnellement masculins.189 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Les femmes entrepreneures en Afrique ont souvent moins confiance en elles-mêmes que leurs homologues masculins. Par exemple, parmi les entrepreneurs du Ghana, les femmes sont 14 % moins susceptibles que les hommes de penser qu’elles seraient de bons chefs d’entreprise.190 Le manque de confiance en soi des femmes a des conséquences diverses et importantes. Les femmes ne sont pas susceptibles de saisir des opportunités dans des domaines traditionnellement masculins – et traditionnellement plus avantageux – si elles ne croient pas en leurs chances de réussir. Les recherches montrent qu’en cas de conviction les femmes et les hommes sont meilleurs dans les tâches traditionnellement dévolues à leur sexe, l’écart de genre dans la confiance et la volonté d’affronter la concurrence est plus grand pour la tâche traditionnellement masculine.191 En outre, les femmes responsables d’autres personnes – comme c’est souvent le cas des entrepreneurs – ont moins confiance en leurs capacités que les femmes qui ne représentent qu’elles-mêmes. En revanche, les hommes ne souffrent pas de ce manque de confiance. Cela résulte du fait que les femmes mettent la barre plus haut pour elles-mêmes lorsqu’elles représentent les intérêts des autres.192 Le manque de confiance en soi des femmes pourrait être lié à une aversion pour le risque.193 L’analyse effectuée pour ce rapport ne montre pas de tendance nette sur ce point. Deux séries de données au Ghana indiquent un écart de genre autodéclaré dans l’appétence pour le risque parmi les micro-entrepreneurs. Dans l’une des séries de données, l’écart entre les sexes est de 23 % pour l’appétence pour le risque. La différence reste grande et importante après avoir tenu compte des caractéristiques individuelles et des ménages. Toutefois, le rapport n’indique aucune différence entre les hommes et femmes micro-entrepreneur(e)s au Togo qui ont été invités à choisir 87 entre plusieurs activités présentant différents niveaux de risque (Tableau 4). Dans le cadre d’un concours de plans d’affaires au Nigeria, qui attire des femmes plutôt tournées vers la compétition,194 les femmes entrepreneures affirment plus souvent que leurs homologues masculins qu’elles préfèrent un billet de loterie à une somme d’argent fixe. Une analyse approfondie sur la prise de risque est nécessaire, notamment dans le contexte des expériences de laboratoire dans la région. À cet égard, une expérience récente en laboratoire en Tanzanie a assigné de manière aléatoire des clients de la microfinance à différents groupes, dont des groupes composés uniquement de femmes, des groupes mixtes et des groupes composés uniquement d’hommes. Les membres du groupe exclusivement féminin étaient plus susceptibles de prendre des risques que les deux autres groupes.195 Tableau 4 Les hommes et femmes entrepreneur(e)s au Togo ont des préférences largement similaires pour différentes entreprises présentant Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat plusieurs niveaux de risques Option Bénéfice au cours Bénéfice au Femmes Hommes Différence d’un mauvais cours d’un mois mois (USD) productif (USD) Entreprise 1 30 30 8% 9% -1.1% Entreprise 2 27 57 10% 13% -3.2%* Entreprise 3 24 72 16% 18% -1.6% Entreprise 4 21 75 14% 12% 1.3% Entreprise 5 18 90 13% 13% -0.3% Entreprise 6 12 96 7% 5% 1.9% Entreprise 7 6 94 12% 12% 0.2% Entreprise 8 0 120 20% 17% 2.9% Source : Auteurs, à partir de la base de données EI. Note : *** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1 L’essentiel : Le manque de confiance en soi des femmes peut les empêcher de prendre les risques qui pourraient mener à des rendements plus élevés. Des travaux plus expérimentaux sur les mécanismes visant à réduire ce manque de confiance et ses implications sur la performance de l’entreprise peuvent ouvrir des perspectives politiques prometteuses dans le futur. 88 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 89 Financement et actifs VI Malgré une amélioration de l’accès des femmes à des services financiers formels, les femmes entrepreneures continuent de contrôler moins d’actifs que les hommes, ce qui affecte leur capacité à investir dans leurs entreprises et à accéder à des prêts suffisants. L’accès au financement est essentiel à la réussite de toute entreprise, mais il pose problème tant aux hommes qu’aux femmes. L’écart entre les sexes dans l’obtention d’un prêt en Afrique subsaharienne est relativement modeste. Les efforts des institutions financières visant à faciliter l’accès des femmes aux services ont permis de réduire les disparités de genre dans l’octroi de crédits. Une étude exhaustive basée sur des données de 37 pays dans toute l’Afrique n’a révélé aucun élément prouvant que les femmes sont lésées en matière de crédit, après contrôle des caractéristiques de l’entreprise et de l’entrepreneur.196 Les données de la base de données mondiale Findex sur l’inclusion financière 2018197 indiquent que la proportion de femmes recevant un prêt était de 5 points de pourcentage inférieure à celle des hommes (43 % pour les femmes et 48 % pour les hommes). De plus, bien que 6 % de femmes et 7,9 % d’hommes aient emprunté auprès d’une institution financière en 2017, l’écart de genre dans l’obtention de prêts est plus petit en Afrique que dans toute autre région du monde. Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat Cependant, le fait que les femmes ont généralement moins d’actifs et d’épargne que les hommes peut diminuer considérablement leurs opportunités financières. Les actifs financiers permettent aux entrepreneurs d’augmenter leurs actifs, de financer leurs investissements productifs et de lisser la consommation de leur ménage. Lorsque les marchés financiers sont imparfaits, la capacité des entrepreneurs à obtenir des financements dépend davantage de leur capacité à fournir des garanties que du flux potentiel de revenus de leur entreprise. Même lorsque les lois ne limitent pas l’accès des femmes à leurs actifs et le contrôle de ces derniers, il est plus difficile pour elles de fournir une garantie en raison de la petite taille de leurs actifs. L’analyse de ce rapport montre des différences importantes et constantes entre les sexes dans la taille des prêts en cours pour divers groupes d’entrepreneurs en Afrique (Figure 23). En République démocratique du Congo, les prêts obtenus par les femmes entrepreneures représentent en moyenne 43 % de la valeur obtenue par leurs homologues masculins. Au Malawi (micro), en Afrique du Sud (PME), au Togo (micro) et en Ouganda (micro), cette proportion varie de 38 % à 74 % – indiquant un écart considérable dans le volume de crédit pour les micro-entrepreneurs et les PME. Seul le Mozambique dont l’échantillon est composé de grandes entreprises dont les chefs d’entreprises appartiennent aux deux sexes, affiche un montant global de prêts à l’entrepreneuriat féminin supérieur à celui de l’entrepreneuriat masculin. 90 Figure 23 Les femmes reçoivent généralement des prêts d’un montant inférieur à celui des hommes Prêts (montant) contractés par des femmes entrepreneures par rapport à ceux de leurs homologues masculins (%) Femmes Hommes 140% 120% 100% 80% 60% 40% 20% 0% RDC Malawi Mozambique Afrique du Sud Togo Ouganda Source : Auteurs, à partir de la base de données EI. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique De plus, les conditions des prêts accordés à des femmes chefs d’entreprise ne sont pas nécessairement les mêmes que celles de leurs homologues masculins. Des montants de prêts à l’entrepreneuriat féminin inférieurs à ceux accordés à l’entrepreneuriat masculin affectent la capacité des femmes entrepreneures à les utiliser de manière productive.198 Une étude suggère que les femmes paient des taux d’intérêt moyens plus élevés ou reçoivent des prêts à échéance plus courte.199 Cependant, l’analyse effectuée pour ce rapport au Bénin, en RDC, au Ghana, au Malawi, au Mozambique, au Nigeria, en Afrique du Sud, au Togo et en Ouganda n’a pas révélé de disparité significative entre les sexes dans les conditions de prêt suivantes, compte tenu de la taille du prêt : intérêts payés, échéance du prêt, nécessité de présenter un plan d’affaires et son historique de crédit.200 Néanmoins, même après avoir neutralisé la taille des prêts, l’analyse suggère que les femmes sont davantage contraintes que les hommes de présenter des garanties au Mozambique, au Togo et en Ouganda, trois des cinq séries de données contenant ces informations.201 Enfin, la base de données mondiale Findex indique que près de 38 % des hommes et 27 % des femmes en Afrique ont un compte dans une institution financière, tandis que 24 % des hommes et 18 % des femmes ont un compte mobile.202,203 Au Malawi, 68 % d’hommes et 47 % de femmes entrepreneur(e)s ont utilisé leur épargne personnelle pour créer leur entreprise. Cependant, ces données ignorent des différences importantes. Environ 23 % des femmes, contre seulement 2 % des hommes, ont dû compter sur le capital de leur conjoint pour créer leur entreprise.204 Il est également clair que l’écart d’actifs selon le sexe du chef d’entreprise peut se traduire par un écart de résultats productifs. Par exemple, une enquête a révélé qu’en Ouganda central, 30 91 % des hommes possédaient des actifs liés aux transports, ce qui facilitait leur mobilité et leur accès au marché, contre seulement 1 % des femmes.205 Dans certains pays, les comptes mobiles pourraient contribuer à réduire l’écart entre les sexes en matière d’inclusion financière.206 Dans les huit pays où 20 % ou plus des adultes n’ont qu’un compte mobile, il existe un écart statistiquement significatif entre les hommes et les femmes dans la probabilité d’avoir un compte. Cependant, seuls deux de ces pays – le Burkina Faso et la Tanzanie – affichent un écart entre les genres dans le fait de ne disposer que d’un compte mobile. En Côte d’Ivoire, par exemple, les hommes sont deux fois plus susceptibles que les femmes d’avoir un compte dans une institution financière – alors que les femmes sont tout aussi susceptibles que les hommes de ne disposer que d’un compte mobile. En Afrique, la possession d’un téléphone portable offre de grandes opportunités aux non-bancarisés – 54 % des hommes ont un téléphone portable, contre 43 % des femmes. Dans plusieurs pays, dont le Mozambique et le Sénégal, les femmes non bancarisées sont aussi susceptibles que leurs homologues masculins de posséder un téléphone portable. Et dans certains pays, comme le Botswana et le Zimbabwe, les femmes non bancarisées sont plus susceptibles d’avoir un téléphone portable que les hommes non bancarisés.207 L’essentiel : Le clivage hommes-femmes dans l’accès au crédit n’est plus aussi profond qu’autrefois, mais avec des actifs plus réduits, les femmes se battent encore Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat pour obtenir des prêts de même taille que les hommes – un facteur qui contribue probablement à l’écart en matière d’investissement. Accès aux réseaux et à l’information VII Contrairement aux hommes, les femmes n’ont pas accès à des réseaux sociaux vastes et diversifiés susceptibles de soutenir la croissance et la compétitivité de leurs entreprises. Depuis longtemps, des études soulignent l’importance de bonnes relations professionnelles.208 Dès les premières étapes du développement d’une entreprise, les réseaux professionnels peuvent affecter le volume de ses premiers investissements et le choix de l’activité.209 Tout au long de la vie d’une entreprise, la diversité de ces réseaux peut déterminer si l’entrepreneur pourra accéder au crédit,210 à de nouvelles informations et opportunités de marché,211 et aux compétences nécessaires pour gérer efficacement son affaire. Le soutien de ses homologues peut être déterminant pour la capacité de la femme chef d’entreprise à apprendre et appliquer de nouvelles compétences entrepreneuriales.212 Les réseaux permettent également d’accéder à des clients et des fournisseurs, à des crédits (informels)213 et à des technologies de production,214 aidant ainsi les petites entreprises à réaliser des économies d’échelle inaccessibles sans ces réseaux. L’analyse effectuée pour ce rapport et d’autres travaux de recherche révèlent des différences fondamentales dans les réseaux professionnels selon le sexe du chef d’entreprise. • Les réseaux d’affaires sont marqués par une forte ségrégation entre les sexes.215 • Les femmes sont plus enclines que les hommes à entretenir des relations de réseau avec le sexe opposé.216 • Les femmes peuvent agir de façon stratégique en entretenant des relations d’affaires avec leurs homologues masculins pour bénéficier des meilleures opportunités associées à leurs réseaux.217 Des recherches menées en Éthiopie et en Ouganda révèlent l’importance du soutien de mentors – majoritairement des hommes – dans le démarrage des activités de femmes entrepreneures dans des secteurs à prédominance masculine. Sans ces relations, les femmes ont plus de mal à intégrer des secteurs non traditionnels, généralement plus rentables.218 92 • En général, les réseaux féminins disposent de ressources moins importantes. Les hommes sont plus susceptibles d’être en relation avec des organisations qui occupent une place centrale dans le milieu des affaires, ce qui favorise leurs liens avec des entreprises plus grandes.219 • Les réseaux féminins sont principalement constitués de la famille et des proches.220 Ces « liens étroits » – que l’on peut également qualifier de liens « anciens » et durables – risquent d’être moins utiles que des « liens faibles » – ou « nouveaux » et plus superficiels – pour créer des opportunités professionnelles.221 Cet écart de genre dans la nature des réseaux peut s’expliquer par les normes qui limitent la capacité des femmes à s’aventurer hors de leur foyer et à se lier à des étrangers,222 et par les responsabilités plus lourdes qu’elles assument dans les travaux ménagers et la garde des enfants.223 • Les réseaux marqués par une ségrégation entre les sexes peuvent restreindre les opportunités économiques des femmes entrepreneures. Lors d’une campagne de recrutement au Malawi, la forte tendance des hommes à recommander d’autres hommes a créé un écart important entre les sexes dans l’accès à des opportunités d’emploi.224 Bien que cette étude soit axée sur l’emploi formel, elle révèle que les hommes ont tendance à profiter plus que les femmes des recommandations du réseau. Dans les pays en développement, les réseaux peuvent être particulièrement utiles pour plusieurs raisons, notamment la forte prévalence des petites entreprises et la nécessité associée de partager le capital, le développement limité des marchés de crédit et le manque d’instruments formels assurant le respect des contrats.225 Des études expérimentales menées dans toute l’Afrique montrent qu’il est important d’encourager les hommes et les femmes entrepreneur(e)s à élargir leurs réseaux pour en retirer des bénéfices pour leurs entreprises.226 L’essentiel : Le nombre croissant de données sur le rôle des réseaux dans la réussite des chefs d’entreprise souligne la nécessité de mieux cerner les différences entre les réseaux des hommes et des femmes entrepreneur(e)s – et l’impact de ces différences sur le succès du chef d’entreprise, ce que détaille l’Analyse approfondie 2. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique  Contraintes au niveau des ménages Répartition des ressources productives du ménage VIII Les femmes ont rarement leur mot à dire sur la répartition des actifs du ménage et peuvent subir des pressions pour partager des ressources, ce qui freine leur volonté et leur capacité d’investir dans leur entreprise. Le manque de contrôle qu’on les femmes sur la répartition des ressources du ménage peut être une source d’inefficacité si ces actifs sont investis dans des entreprises contrôlées par des hommes, quelles que soient leurs capacités de gestion ou la valeur de l’opportunité d’affaires.227 Il existe peu de données probantes sur la répartition des ressources dans les ménages africains, en particulier lorsque les membres de ces ménages ont chacun leur entreprise. Selon une étude menée à Madagascar, les hommes tirent des avantages de leur mariage, ce qui n’est pas le cas des femmes, témoignant de la plus grande capacité du mari à mobiliser des contributions des membres du ménage pour son entreprise.228 Selon des recherches effectuées au Sri Lanka et en Éthiopie, les femmes ayant des maris coopératifs et un réel pouvoir de décision au sein du ménage sont plus susceptibles d’investir dans leurs activités et de développer leur entreprise.229,230 Toutefois, d’autres études suggèrent que le comportement des ménages tend à suivre un schéma non coopératif. Au Kenya, les couples mariés sont plus susceptibles d’investir une subvention importante dans du bétail et les avoirs du ménage si cette somme est déposée sur un compte commun. Lorsque cette somme importante est 93 94 Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat déposée sur le compte personnel du mari ou de la femme, l’un et l’autre sont plus enclins à l’utiliser pour leurs propres activités génératrices de revenus.231 Par ailleurs, les recherches montrent que les femmes entrepreneures doivent lutter pour orienter des capitaux vers leur entreprise, un fait qui peut résulter de leurs propres besoins ou de ceux des autres. Selon une étude réalisée au Ghana, l’octroi de subventions en nature aux femmes entrepreneures leur permet d’accroître les bénéfices de leur entreprise, ce qui n’est pas le cas avec des subventions en espèces. L’explication pourrait être la capacité des femmes à conserver plus facilement des contributions en nature pour leur entreprise. Cette différence n’existe pas chez les hommes entrepreneurs, qui bénéficient de façon égale de subventions en nature ou en espèces.232 Des recherches qualitatives approfondies auprès de micro-entrepreneurs urbains au Ghana montrent que, tout en cherchant à réussir dans leurs affaires, certaines femmes entrepreneures poursuivent d’autres objectifs non liés à leurs affaires aux dépens du capital disponible pour ces dernières.233 Une seconde étude basée sur les mêmes données du Ghana et d’autres données de l’Inde et du Sri Lanka234 montre que dans les ménages où le mari et la femme possèdent chacun son entreprise, les subventions en espèces ou les microcrédits sont généralement investis dans l’entreprise masculine, même si la femme est la bénéficiaire de la subvention ou du prêt en espèces. Lorsque les femmes sont les seules à gérer l’entreprise familiale, ces investissements génèrent davantage de bénéfices. La conclusion de l’étude est qu’il n’y a pas de différences entre hommes et femmes chefs d’entreprise dans la capacité de prendre de bonnes décisions d’investissement, mais que les femmes pourraient ne pas être en mesure de contrôler le capital du ménage. Les ménages peuvent décider d’investir dans des entreprises détenues par des hommes, car elles génèrent des rendements plus élevés. Toutefois, cette différence de ratio rendement/capital selon le sexe du chef d’entreprise peut s’expliquer par des biais en amont dans la répartition Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique des ressources plutôt que par des différences innées dans les capacités de gestion. De plus, différentes études suggèrent que les femmes pourraient préférer ou se sentir contraintes de dépenser les fonds pour leur ménage ou pour leurs enfants235 – ce qui pourrait expliquer pourquoi les subventions en nature sont plus efficaces pour leurs entreprises.236 L’inefficacité de la répartition des ressources au sein des ménages est aggravée lorsque les femmes sont obligées de partager des ressources découlant de relations sociales extérieures au foyer.237 L’importance de cette dynamique est confirmée par une expérience menée en Ouganda. Quand des subventions inconditionnelles ont été accordées aux propriétaires de microentreprises, les bénéfices des entreprises féminines appartenant au groupe de traitement vivant à proximité de leur famille sont même inférieurs à ceux des entreprises féminines similaires appartenant au groupe de contrôle (c’est-à-dire celles qui n’ont reçu aucune subvention ou soutien).238 L’essentiel : La répartition des ressources du ménage a probablement une influence majeure sur les décisions des femmes concernant leur entreprise. De nouvelles recherches seront nécessaires pour identifier des mécanismes fiables visant à impliquer des couples, des maris et autres membres masculins du ménage afin d’alléger les contraintes liées à la répartition des ressources du ménage. Voir Analyse approfondie 3. 95 Contraintes de temps et soins des proches IX Les femmes consacrent plus de temps que les hommes aux travaux ménagers, limitant ainsi le temps qu’elles peuvent consacrer à leur entreprise. Des recherches démontrent que les femmes consacrent beaucoup plus de temps que les hommes aux travaux ménagers239 – même lorsqu’elles contribuent plus que leur partenaire aux revenus du ménage.240 Non seulement elles consacrent plus de temps à ces travaux, mais ces derniers peuvent parfois les obliger à rester à la maison à certaines heures de la journée – y compris au moment le plus propice pour leurs affaires – ou de cumuler les responsabilités professionnelles et domestiques. Ce rapport révèle qu’en Ouganda, les femmes sont trois fois plus susceptibles que les hommes de s’acquitter des travaux ménagers et de prendre soin d’autres personnes (enfants, malades et personnes âgées) en plus de la gestion leur propre entreprise ; et 50 % d’entre elles sont plus susceptibles que les hommes de gérer plusieurs activités tout en gérant leur entreprise. Au Malawi et au Togo, les femmes entrepreneures passent deux fois plus de temps que leurs homologues masculins à prendre soin des enfants, des personnes malades ou âgées tout en gérant leur entreprise. Par ailleurs, au Togo, les femmes consacrent deux fois plus d’heures que les hommes à la garde des enfants pendant les heures de travail.241 Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat En République démocratique du Congo,242 dans l’industrie agroalimentaire, les gérantes de parcelles consacrent beaucoup plus de temps que leurs homologues masculins aux travaux ménagers et aux soins des proches, et beaucoup moins de temps aux activités productives, au repos ou aux activités sociales. Dans les ménages dont le chef est un homme, les femmes gérantes de parcelles consacrent encore moins de temps aux activités productives. En tenant compte des différences de composition des ménages et des caractéristiques des villages et des individus, les gérantes de parcelles en République démocratique du Congo consacrent en moyenne 20 minutes de moins par jour que les hommes aux travaux agricoles et autres activités génératrices de revenus, et 1 h 45 min de plus aux travaux ménagers. Toujours en RDC, 64 % des hommes gérants de parcelles pensent que le fait d’avoir un enfant de moins de 5 ans réduit leur productivité alors que leurs homologues féminins sont à 6 points de pourcentage plus susceptibles de signaler cet impact fortement défavorable. Cette différence fondamentale persiste après neutralisation de la composition du ménage, des caractéristiques individuelles de celles du ménage, et de celles du village. Bien que cet exemple concerne davantage l’agriculture que l’entrepreneuriat, il mérite d’être souligné compte tenu des données granulaires limitées sur cette dynamique en Afrique. Dans l’ensemble, les hommes et les femmes entrepreneur(e)s consacrent beaucoup de temps à leurs entreprises, au-delà des 40 heures hebdomadaires habituelles. Les entrepreneurs africains travaillent en moyenne 50 à 67 heures par semaine pour leurs entreprises. Toutefois, les femmes consacrent moins d’heures au travail : les hommes travaillent en moyenne chaque semaine 10 % d’heures de plus que les femmes, mais ce pourcentage varie selon les pays (Figure 24). L’écart entre les sexes dans le nombre d’heures dédiées à l’entreprise tend à se réduire et à ne pas être statistiquement significatif dans les secteurs à prédominance masculine – sans doute parce que les femmes chefs d’entreprise dans ces secteurs doivent s’y investir autant que les hommes pour être compétitives. 96 Figure 24 Les hommes entrepreneurs en Afrique consacrent plus de temps que les femmes entrepreneures à leur entreprise Écart entre les sexes dans le nombre d’heures consacrées à l’entreprise 18%*** 18%*** Bénin 17%** 8%** 8%** Ghana (1) 8%* 13%*** 13%*** Ghana (2) 12%*** 0% 1% Malawi 6% -2% -2% Mozambique 4% 11%* 11%* Nigeria (2) 8% 3%* 3%* Afrique du Sud 3%* 4%* 3% Togo 8%** 1% -1% Ouganda (1) -7% -10% 0% 10% 20% 30% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Écart entre les sexes ... Neutralisation de l’âge et ... Spécifications de base des années de service Source : Auteurs à partir de la base de données EI. Note : Ghana (1) : Enquête sur les subventions aux microentreprises ; Ghana (2) : Enquête sur le secteur de la confection ; Nigeria (2) : Enquête sur la compétitivité des plans d’affaires ; Ouganda (1) : Enquête Kassida. 97 Les responsabilités du ménage et les soins des proches peuvent limiter le temps dont disposent les femmes pour leur entreprise. Les travaux ménagers influencent la gestion de leur temps, et leurs choix en la matière ont des conséquences sur leurs décisions économiques. Le temps est une ressource limitée – plus de temps consacré au travail signifie moins de temps disponible pour les loisirs, et par conséquent, une plus grande « pauvreté de temps ».243 Au Ghana, au Malawi, au Nigeria et en Ouganda, le mariage contribue à creuser l’écart du nombre d’heures consacrées à l’entreprise en fonction du sexe du chef d’entreprise, suggérant un plus grand investissement en temps dans les travaux ménagers de la part de la femme mariée avec enfants. De la même façon, le fait d’avoir des enfants creuse l’écart de performance des entreprises au Mozambique et en Afrique du Sud. En se libérant de certaines responsabilités dans le ménage, les femmes pourraient consacrer plus de temps à leurs activités économiques. De nouvelles données probantes, notamment sur d’autres continents, montrent l’importance des programmes de garde d’enfants. Cependant, ces données s’intéressent surtout à l’impact de ces programmes sur la participation des enfants ou des femmes aux activités économiques, et non à leur impact sur la performance des entreprises ou la capacité des femmes à gérer leur entreprise. Partie 3 | Décisions et contraintes : Un plan directeur pour combler l’écart entre les sexes en matière d’entrepreneuriat Une étude menée au Mozambique montre que les services de garde d’enfants ont fait croître le taux d’emploi des prestataires de soins d’environ 26 %.244 De même, une évaluation d’impact au Kenya a souligné que les mères ayant reçu des subventions pour la garde d’enfants étaient en moyenne 17 % plus susceptibles d’être employées. Les femmes ayant reçu cette aide étaient 1,3 point de pourcentage plus susceptibles de gérer une entreprise que celles du groupe de contrôle, un impact réduit par rapport à celui de l’emploi salarié.245 Selon une étude quasi expérimentale menée dans le sud du Togo, l’inscription des enfants de 3 à 5 ans dans des établissements préscolaires a permis aux femmes d’être 37 % plus enclines à travailler en dehors de la maison.246 D’autres études ont examiné l’impact du prix de la garde d’enfants et des activités des femmes sur le marché de l’emploi dans les pays à faible revenu, concluant que le coût élevé de la garde d’enfants a un impact négatif sur l’emploi de la mère.247 Au Brésil, le taux d’emploi des mères a augmenté de 36 % à 46 % après l’introduction de services de garde d’enfants financés par l’État, engendrant une hausse considérable des revenus des ménages, quoique le coût de la garde d’enfants ait contrebalancé cette hausse des revenus (même après déduction du.248 En Argentine, un vaste programme de construction d’établissements préscolaires a augmenté de la probabilité d’emploi des mères de 7 à 14 points de pourcentage.249 L’essentiel : Les contraintes de temps liées aux tâches ménagères et aux soins des proches entravent probablement les activités d’affaires de la femme. Cependant, des données et analyses supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si l’amélioration des services de garde d’enfants et d’autres types d’interventions produisent des effets durables sur la performance des entreprises. 98 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 99 04 Analyses approfondies Les analyses ci-après examinent de façon approfondie les contraintes suivantes : (1) normes sociales, (2) réseaux et accès à l’information, et (3) affectation des ressources au sein du ménage. 100 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Ces trois contraintes qui figuraient dans la liste précédente des neuf contraintes, ont été sélectionnées pour une analyse approfondie pour les raisons suivantes : • Des données probantes sur leur rôle dans l’écart de performance des entreprises africaines en fonction du sexe du chef d’entreprise sont peu nombreuses. • Ces contraintes sont difficiles à mesurer. • Les mécanismes qui relient ces contraintes aux performances des entreprises ne sont pas toujours évidents. • Leur mise en évidence dans ce rapport pourrait donner lieu à d’autres travaux d’analyse. • Il est essentiel de mieux comprendre ces contraintes avant de lancer la prochaine génération de programmes de développement. Compte tenu de la disponibilité limitée de données en Afrique sur ces contraintes, la plupart des analyses approfondies s’appuient sur des enquêtes menées au Ghana, au Malawi, au Togo et/ou en Ouganda. Ces pays ont été sélectionnés pour les analyses approfondies ci-après car on y dispose d’enquêtes d’évaluation d’impact susceptibles de fournir des informations détaillées et de qualité difficiles à reproduire à partir de zéro dans d’autres pays. Dans les trois études, les enquêtes d’évaluation d’impact initiales ont été complétées par des enquêtes quantitatives ou qualitatives supplémentaires axées sur les questions à approfondir. L’analyse descriptive ainsi obtenue s’avère unique dans la littérature sur l’égalité des sexes et le développement des entreprises en Afrique. 101 Analyse approfondie 1 : Les normes sociales sexistes affaiblissent-elles la performance des entreprises ? Cette analyse approfondie s’appuie sur les riches données recueillies pour ce rapport lors de récentes enquêtes menées au Togo et au Malawi, et sur des données d’évaluation d’impact au Ghana et au Malawi. Elle évalue la fréquence des opinions et normes sexistes et leur influence sur les disparités de performance des entreprises africaines en fonction du sexe du chef d’entreprise.250 Bien que le nombre de pays analysés soit limité, et que cet échantillon ne soit donc pas représentatif de l’ensemble du continent, on notera que dans un classement des pays par ordre descendant de la proportion d’entreprises féminines dans le secteur formel,251 le Malawi se situe à peu près au milieu de la liste, le Ghana fait partie des dix premiers (à la fin de ce groupe), et le Togo fait partie des dix derniers (au début de ce groupe), les trois derniers pays étant la Mauritanie, le Tchad et le Soudan, et les trois premiers le Lesotho, le Botswana et la Namibie.  Principaux constats 1. Les croyances sexistes sont largement répandues chez les entrepreneurs africains interrogés. 2. Les hommes et les femmes ont largement assimilé ces normes sexistes,252 malgré des variations importantes selon le sexe. Les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’avoir des préjugés dans la recherche d’opportunités d’affaires, mais elles sont plus enclines à privilégier les besoins du ménage. 3. Les entrepreneurs ayant des niveaux d’éducation relativement élevés sont moins susceptibles d’avoir des opinions sexistes. 4. Les préjugés sexistes sont associés à des niveaux d’investissement et de performance plus faibles de l’entreprise, mais cette corrélation ne se vérifie pas pour tous les autres paramètres. Les données relatives à certains paramètres révèlent que les femmes d’affaires ayant des opinions plus progressistes ou évoluant dans des secteurs dominés par les hommes font face à des discriminations dans leurs activités.  Analyse 1. Les croyances sexistes sont répandues. • Les entrepreneurs des deux sexes étudiés ici ont des opinions pouvant être globalement qualifiées de sexistes. La moitié des chefs d’entreprises interrogés au Malawi et au Togo estime qu’une femme gagnant plus que son mari va devenir source de problèmes (Figure 25). Le constat est le même en dehors de l’Afrique : une étude récente fait ressortir les mêmes opinions aux États-Unis, et leurs effets négatifs sur le potentiel d’emploi et de revenu des femmes.253 • Les entrepreneurs togolais et malawites ont des préjugés sexistes plus Partie 4 | Analyses approfondies profonds sur les normes liées aux capacités et aux performances des entreprises que sur les normes relatives à l’éducation et aux opportunités en général. Si près de 32 % des entrepreneurs au Malawi et 42 % au Togo pensent que les hommes sont de meilleurs gestionnaires que les femmes, seulement 12 % ne pensent pas que les hommes et les femmes méritent d’avoir les mêmes opportunités. En outre, alors que plus de 40 % des personnes interrogées estiment que les femmes doivent travailler dans des secteurs adaptés à leur sexe, et qu’au moins 25 % pensent que les femmes ne doivent pas travailler dans le secteur le plus rentable, seulement 13 % des chefs d’entreprise au Malawi déclarent que l’éducation est plus importante pour les garçons que pour les filles. 102 Analyse approfondie 1 Figure 25 Les préjugés sexistes sont répandus chez les entrepreneurs Malawi Togo Pensent que l’éducation est plus importante pour les garçons que pour les filles 13% 22% Ne pensent pas que les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes 12% 12% opportunités Pensent que les femmes doivent travailler dans un secteur adapté à leur sexe 45% 43% Pensent que les femmes doivent travailler dans le secteur le plus rentable, quel qu’il 30% 26% soit Pensent que les hommes sont de meilleurs gestionnaires que les femmes 32% 42% Pensent que cela pose problème si une femme gagne plus que son mari 51% 50% Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes effectuées pour ce rapport. • Les restrictions à la mobilité – qui limitent les opportunités des femmes hors de leur foyer – sont fondées sur des normes sexistes qui dictent les comportements socialement acceptables pour les femmes. Les résultats d’une enquête menée en 2014 au Malawi révèlent que 32 % des entrepreneurs estiment que la place de la femme est au foyer, et plus des deux tiers que les enfants souffrent du fait que leur mère travaille hors du foyer. 103 Analyse approfondie 1 Encadré 7 Utilisation de saynètes au Togo pour évaluer les priorités des entrepreneurs par rapport à leur entreprise ou leur ménage au Togo  Résumé Ces saynètes permettent aux chercheurs de repérer des différences subtiles dans les comportements, les perceptions et les normes des individus. Dans une enquête menée au Togo pour ce rapport, les entrepreneurs interrogés ont reçu une série de saynètes audio soigneusement formulées pour évaluer leurs priorités par rapport à leur entreprise et leur foyer, ainsi que les préjugés qui sous-tendent ces choix.  Méthodologie Les entrepreneurs ont écouté une saynète présentant un chef d’entreprise qui venait de recevoir une subvention du gouvernement. Cette subvention pouvait être utilisée pour engager un employé – et de ce fait doubler les bénéfices de l’entreprise – ou pour payer des fournitures scolaires à ses enfants. Les personnes interrogées devaient répondre à deux questions distinctes : 1) le chef d’entreprise devait-il embaucher un employé (et ne pas payer les fournitures scolaires des enfants) ; 2) le chef d’entreprise devait-il consulter son conjoint avant de prendre une décision. Pour une moitié sélectionnée de manière aléatoire de l’échantillon, le chef d’entreprise de la saynète portait un prénom féminin ; pour l’autre moitié également sélectionnée de manière aléatoire, il portait un prénom masculin.  Principaux constats • 48 % des personnes interrogées ont pensé que le chef d’entreprise devait embaucher un employé, quel que soit son prénom, indiquant donc une absence de préjugé sexiste. Figure 26 Les préjugés sexistes sont répandus dans le processus décisionnel 100% Prénom *** féminin 81% 80% 70% Prénom 60% masculin 48% 48% 40% 20% 0% Partie 4 | Analyses approfondies Devrait embaucher un employé et ne pas Devrait consulter son/sa payer les fournitures scolaires des enfants conjoint(e) Source : Auteurs à l’aide de l’enquête menée pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. Tests d’égalité selon le sexe de l’entrepreneur représenté dans la saynète. • En revanche, la prise de décision a fait l’objet de préjugés sexistes. Environ 81 % des personnes ayant reçu la saynète avec un prénom féminin ont répondu que la femme devrait consulter son mari avant de prendre sa décision. Ce taux était de 11 points de pourcentage supérieur à celui obtenu lorsque les personnes interrogées devaient se prononcer sur le fait que le mari devait consulter son épouse avant de prendre une décision. 104 Analyse approfondie 1 2. Concernant les opportunités d’affaires, les femmes ont moins de préjugés que les hommes en matière de normes de genre, mais elles sont enclines à privilégier les besoins du ménage plutôt que leur entreprise. • Au Togo et au Malawi, les différences de point de vue sur l’égalité des sexes sont généralement mineures, mais les hommes et les femmes ont une vision totalement opposée des capacités des hommes et des femmes à gérer une entreprise, des secteurs d’activité appropriés pour les femmes, et de la mobilité des femmes. • En moyenne, les femmes ont des opinions sexistes moins prononcées que les hommes. Au Malawi et au Togo, elles sont nettement moins susceptibles de penser que les hommes sont de meilleurs gestionnaires. Cette différence reste significative, même si l’on tient compte des caractéristiques individuelles et du secteur d’activité. En outre, les femmes sont plus susceptibles de penser qu’elles doivent travailler dans le secteur le plus rentable, quel qu’il soit.254 Figure 27 Des différences de genre persistantes autour des normes sexistes Malawi Togo Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Pensent que cela pose problème si une femme gagne plus que son mari Pensent que les hommes sont de meilleurs gestionnaires que les femmes Pensent que les femmes doivent travailler dans le secteur le plus rentable, quel qu’il soit Pensent que les femmes doivent travailler dans un secteur adapté à leur sexe Pensent que l’éducation est plus importante pour les garçons que pour les filles Ne pensent pas que les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes opportunités Femmes Hommes Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes effectuées pour ce rapport. Note : ***p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10 Tests d’égalité selon le sexe. Les différences inconditionnelles entre les sexes sont signalées. 105 Analyse approfondie 1 • Les femmes sont par ailleurs nettement moins susceptibles d’approuver des normes restreignant leur mobilité. Au Malawi, à peine 14 % des femmes entrepreneures (2014) estiment que la place de la femme est à la maison, contre 43 % des hommes entrepreneurs. De plus, 75 % des hommes entrepreneurs pensent que les enfants souffrent lorsque leur mère travaille hors du domicile – contre 59 % des femmes entrepreneures. Figure 28 Différences de genre concernant les préjugés sur la mobilité des femmes (Malawi) *** Pensent que la place d’une femme est au foyer Femmes Hommes *** Pensent que les enfants souffrent quand la mère travaille hors du foyer *** Pensent qu’être une femme au foyer est aussi épanouissant que de travailler pour un salaire 0 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes effectuées pour ce rapport. Note : ***p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10 Tests d’égalité selon le sexe. Les différences inconditionnelles entre les sexes sont signalées. • Cependant, les femmes sont plus enclines à privilégier leur famille. L’enquête de 2014 au Malawi a interrogé des hommes et des femmes entrepreneur(e)s sur leurs préférences pour la famille ou le travail : 27 % des femmes et 19 % des hommes s’estiment plus proches de leur famille que de leur travail.255 • Dans les saynètes du Togo, les femmes et les hommes ont des préjugés en faveur de leur propre sexe. Autrement dit, les uns et les autres sont plus susceptibles de penser que les entrepreneurs de leur sexe doivent privilégier leur entreprise (plutôt que les fournitures scolaires) par rapport aux individus du sexe opposé (Figure 29). Néanmoins, les Partie 4 | Analyses approfondies femmes semblent privilégier les besoins du ménage : 50 % des femmes pensent que la femme entrepreneure devrait embaucher un employé, alors que 59 % des hommes estiment que l’homme devrait embaucher un employé. Seulement 38 % des femmes jugent que l’homme devrait embaucher un employé, tandis que 47 % des hommes pensent que la femme devrait embaucher un employé. • Les femmes sont également plus enclines à penser que les entrepreneurs devraient consulter leur conjoint(e), indépendamment du fait qu’ils soient un homme ou une femme.256 106 Analyse approfondie 1 Figure 29 Les femmes tendent à privilégier plus nettement les besoins du ménage Prénom féminin Prénom masculin 100% * ** 86% 80% 77% 78% * 64% * 59% 60% 50% 47% 38% 40% 20% 0% Devrait embaucher un employé Devrait consulter Devrait embaucher un employé Devrait consulter et ne pas payer les fournitures son/sa conjoint(e) et ne pas payer les fournitures son/sa conjoint(e) scolaires des enfants scolaires des enfants FEMMES HOMMES Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes effectuées pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. Tests d’égalité selon le sexe de l’entrepreneur représenté dans la saynète, séparément par sexe de la personne interrogée. Les différences inconditionnelles entre les sexes sont signalées. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 3. Les entrepreneurs ayant des niveaux d’éducation comparativement élevés sont moins susceptibles d’avoir des opinions sexistes • La mesure des préjugés sexistes élaborée pour ce rapport agrège six questions relatives à des préjugés et posées dans les enquêtes du Togo et du Malawi (voir Figure 25 pour l’énoncé des questions). Le rapport analyse ensuite le lien entre les caractéristiques individuelles et ces préjugés. Il définit l’indice de norme sexiste comme le nombre de ces 6 énoncés auxquels adhère la personne interrogée. La moyenne de l’indice au Togo et au Malawi est d’environ 0,33 ; ainsi, en moyenne, les personnes interrogées approuvent près de deux croyances sexistes sur six.257 • La Figure 30 montre que des individus comparativement plus instruits – femmes et hommes – sont moins susceptibles d’être sexistes. Toutefois, cette corrélation négative est particulièrement évidente à des niveaux d’instruction plus élevés, ce qui laisse à penser que l’enseignement primaire seul n’est pas associé à une baisse des préjugés sexistes. • Les résultats de l’analyse de régression confirment que l’éducation est un indicateur fort et statistiquement significatif des préjugés sexistes, pour les hommes comme pour les femmes. En outre, conformément à la section précédente, les femmes ont en moyenne beaucoup moins d’opinions sexistes que les hommes.258 107 Analyse approfondie 1 Figure 30 Les préjugés sexistes des entrepreneurs diminuent à mesure que leur niveau d’instruction augmente Malawi Togo Indice des préjugés sexistes Indice des préjugés sexistes Nombre d’années d’instruction Nombre d’années d’instruction Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes effectuées pour ce rapport. Femmes Hommes Partie 4 | Analyses approfondies 108 Analyse approfondie 1 Tableau 5 Principaux facteurs associés aux préjugés sexistes : le fait d’être un homme et un faible niveau d’éducation MALAWI TOGO Variable dép. : indice de (1) (2) (3) (4) (5) (6) préjugés sexistes TOUS FEMMES HOMMES TOUS FEMMES HOMMES -0.144*** -0.061** Femme (0.022) (0.026) -0.002* -0.001 -0.001 0.001 0.001 0.001 Âge du propriétaire (0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.001) (0.002) -0.016*** -0.008** -0.022*** -0.008*** -0.006* -0.008* Années d’études achevées (0.003) (0.004) (0.004) (0.003) (0.003) (0.004) -0.026 -0.054* 0.009 0.019 0.015 0.026 Marié (0.029) (0.031) (0.059) (0.024) (0.031) (0.045) 0.004 0.008 0.001 0.001 -0.001 0.003 Taille du ménage (0.003) (0.005) (0.004) (0.004) (0.006) (0.006) -0.002 -0.011 0.001 0.015 0.024 0.005 Nombre de jeunes enfants (0.012) (0.012) (0.018) (0.012) (0.018) (0.017) 0.531*** 0.315*** 0.528*** 0.341*** 0.292*** 0.338*** Constante (0.081) (0.103) (0.122) (0.059) (0.077) (0.087) Variable indicatrice de O O O O O O secteur Observations 484 195 289 480 233 247 Coefficient de détermination 0.186 0.133 0.150 0.047 0.046 0.067 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Les erreurs types robustes figurent entre parenthèses, *** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1 4. Les préjugés sexistes sont associés à des niveaux d’investissement et de performance plus faibles. Ces corrélations s’expliquent en partie par d’autres facteurs tels que le niveau d’éducation. • Au Malawi et au Togo, les préjugés sexistes ont une corrélation négative avec le niveau d’investissement en capital de l’entreprise (Figure 31). Le fait d’avoir plus de préjugés sexistes est lié à une différence de 70 % à 80 % dans l’investissement en capital, au Malawi et au Togo. Au Malawi, cette relation est réduite et statistiquement non significative après neutralisation des caractéristiques de l’entrepreneur (par exemple les années de scolarité) et du secteur d’activité. La corrélation reste toutefois très importante chez les femmes.259 Il se peut aussi que les normes sociales réduisent les investissements en poussant les femmes à intégrer des domaines d’activité précis à faible investissement. Au Togo, les préjugés sexistes sont associés à de faibles niveaux d’investissement en capital même après neutralisation du secteur et des caractéristiques de l’entrepreneur. Aucune tendance similaire n’apparaît au Togo ni au Malawi lorsqu’on examine le nombre d’heures travaillées, qui n’est pas corrélé aux normes de genre. 109 Analyse approfondie 1 • Comme pour les niveaux d’investissement, la corrélation inverse entre préjugés sexistes et bénéfices reste importante au Malawi. Le fait d’avoir plus de préjugés sexistes est associé à des bénéfices plus faibles, de 52 % en moyenne, et cet effet s’amplifie jusqu’à atteindre une différence de 68 % parmi les femmes entrepreneures malawites. La corrélation entre les deux facteurs n’est pas statistiquement significative, mais reste supérieure à 30 % après prise en compte des caractéristiques individuelles et du secteur d’activité. L’importance des caractéristiques individuelles dans la médiation entre les normes, les niveaux d’investissement et les bénéfices résulte peut-être du fait que les normes influencent (et sont influencées par) des choix de vie essentiels – tels que le niveau d’instruction, le mariage et le nombre d’enfants. • Pour les femmes entrepreneures au Togo, en revanche, la corrélation entre les préjugés sexistes et les bénéfices est positive. Cette corrélation n’est pas statistiquement significative si l’on tient compte d’autres caractéristiques, mais elle reste importante.260 Une analyse plus poussée indique que la ségrégation professionnelle serait à l’origine de ce résultat. La corrélation positive et considérable entre préjugés et bénéfices des femmes se concentre dans les secteurs où les femmes ne sont pas fortement représentées. Ces constats indiquent que les femmes entrepreneures togolaises ayant des opinions relativement progressistes sur l’égalité des sexes et travaillant dans des secteurs non « traditionnellement féminins » pourraient être marginalisées ou subir une discrimination sociale. Cela est étayé par le fait qu’elles affichent des bénéfices plus bas que les femmes aux opinions plus sexistes, même après avoir tenu compte des caractéristiques individuelles, du secteur, ainsi que des intrants et caractéristiques de l’entreprise. 5. Conclusion • Une grande partie des entrepreneurs des deux sexes au Malawi et au Togo ont des préjugés sexistes. Les hommes sont plus susceptibles d’avoir des préjugés sur la façon dont les femmes doivent diriger une entreprise, et dans quel secteur d’activité elles doivent travailler. De leur côté, les femmes sont plus enclines à privilégier leur famille plutôt que leur entreprise, ce qui peut influencer leurs décisions entrepreneuriales. • Plus le niveau d’éducation est élevé, plus les préjugés sexistes diminuent, mais un niveau d’éducation relativement élevé est nécessaire pour que ces préjugés se raréfient. • L’existence de préjugés sexistes est corrélée à des niveaux plus faibles d’investissement en capital au Malawi et au Togo, et à des bénéfices plus faibles au Malawi. En outre, les normes sexistes peuvent être tellement ancrées dans les choix de vie que les facteurs permettant d’expliquer le lien entre ces normes et les performances commerciales sont également influencés par ces préjugés. • Il existe peu de données probantes mesurant l’impact des normes sociales sur les performances de l’entreprise. Un programme de recherche sera donc nécessaire pour tester les mécanismes des normes sociales et leur importance en tant que contraintes au développement des entreprises. Néanmoins, l’évaluation d’impact d’interventions visant à remédier à certains préjugés sexistes – ou au moins à les Partie 4 | Analyses approfondies contourner –, permettrait d’obtenir des perspectives essentielles sur l’importance relative des normes sexistes. • Ce programme de recherche devrait s’appuyer sur des preuves existantes dans des domaines d’étude parallèles. Pour lutter contre les normes sociales enracinées, dans le contexte du développement des entreprises, il est possible de trouver des solutions dans les nombreux domaines de recherche prometteurs sur les normes sexistes, y compris les changements institutionnels à grande échelle,261 les modifications de la réglementation,262 la résolution des problèmes de mobilité,263 la résolution des problèmes de ségrégation sexuelle par secteur,264 et enfin le dialogue dans les communautés et dans les couples.265 110 Analyse approfondie 1 Figure 31 Lien entre les croyances sexistes et les niveaux d’investissement en capital -71%*** Inconditionnel -24% En tenant compte des caractéristiques individuelles et du secteur -77%* Femmes - Inconditionnel MALAWI Femmes - En tenant compte des caractéristiques -50% individuelles et du secteur -68%*** Hommes – Inconditionnel Hommes – En tenant compte des caractéristiques -25% individuelles et du secteur -81%*** Inconditionnel En tenant compte des caractéristiques individuelles et -73%*** du secteur -84%*** Femmes - Inconditionnel TOGO Femmes - En tenant compte des caractéristiques -73%** individuelles et du secteur +77%*** Hommes – Inconditionnel Hommes – En tenant compte des caractéristiques -67%*** individuelles et du secteur Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Source : Auteurs à l’aide d’enquêtes effectuées pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. Les caractéristiques individuelles comprennent le sexe, l’âge, le nombre d’années d’études, la situation familiale, la taille du ménage et le nombre de jeunes enfants. Les régressions conditionnelles incluent aussi des variables fictives pour les secteurs. L’investissement est mesuré à l’aide de la transformation de Johnson (arc sinus hyperbolique inverse).266 111 Analyse approfondie 2 : Les différences de réseaux professionnels selon le sexe du chef d’entreprise contribuent-elles à creuser l’écart de performance entre chefs d’entreprise masculins et féminins ? Cette analyse approfondie se fonde sur des données du Ghana, du Malawi, du Togo et de l’Ouganda pour évaluer les différences de réseaux d’entrepreneurs africains en fonction du sexe du chef d’entreprise et leur éventuelle contribution aux disparités de performance des entreprises entre chefs d’entreprise masculins et féminins.  Principaux constats 1. Les réseaux professionnels de femmes entrepreneures sont constitués pour la plupart d’autres femmes. 2. Les réseaux des entrepreneurs masculins sont plus importants que ceux de leurs homologues féminins. 3. Les réseaux professionnels constitués de « liens étroits », et notamment de membres de la famille, sont plus susceptibles de participer au processus de création et de développement d’entreprises pour les femmes que pour les hommes. 4. Les femmes s’appuient sur leurs réseaux pour lancer leur entreprise et obtenir un soutien financier, alors que les hommes les utilisent davantage pour partager des informations, des équipements ou des fournitures. 5. La relation entre les réseaux et la performance de l’entreprise n’est probablement pas directe et dépend d’aspects tels que la profondeur des relations et leur influence sur divers domaines du développement de l’entreprise.  Analyse 1. Les réseaux de femmes entrepreneures sont constitués pour la plupart d’autres femmes. • Conformément à des données antérieures,267 l’analyse effectuée pour ce rapport montre que les réseaux professionnels d’entrepreneurs africains sont marqués par une ségrégation par sexe : en règle générale, les réseaux d’entrepreneurs masculins sont constitués d’autres hommes tandis que les réseaux d’entrepreneurs féminins sont constitués d’autres femmes. À titre d’exemple, en Ouganda les femmes représentent 80 % des réseaux de femmes, et moins de 10 % des réseaux d’hommes. • Les réseaux féminins semblent plus sexuellement diversifiés. En Ouganda, les femmes sont plus susceptibles que les hommes de citer au moins une personne du sexe opposé Partie 4 | Analyses approfondies dans leur réseau. Au Togo et au Malawi, seule une petite minorité d’hommes et de femmes déclarent avoir été soutenus par des personnes du sexe opposé (autres que leur conjoint), soit au moment de la création de six leur entreprise, soit au cours des 12 derniers mois. Au Malawi, les femmes sont plus susceptibles de reconnaître qu’elles ont bénéficié du soutien de personnes du sexe opposé (Figure 32). • Parmi les entrepreneurs ayant déclaré connaître un spécialiste, les femmes sont plus susceptibles de nommer un spécialiste homme, contrairement aux hommes lorsqu’il s’agit de nommer une spécialiste femme. L’écart est particulièrement important au Malawi, où seulement 2 % des hommes ont cité une spécialiste femme, tandis que 40 % des femmes ont pu citer un spécialiste homme. 112 Analyse approfondie 2 Figure 32 Les femmes déclarent plus souvent avoir été aidées par une personne du sexe opposé Femmes Hommes Pourcentage de répondants déclarant avoir été aidés par leur conjoint(e) au cours des 12 derniers *** mois Pourcentage de répondants déclarant avoir été aidés par leur conjoint(e) lors de la création de *** leur entreprise 0% 20% 40% 60% 0% 20% 40% 60% MALAWI TOGO Source : auteurs sur la base des enquêtes pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 2. Les réseaux d’affaires des hommes sont plus grands que ceux des femmes. • Au Malawi,268 les femmes entrepreneures comptent 18 % de personnes de moins dans leur réseau que leurs homologues masculins. Un écart similaire (23 %) est observé si l’on considère les réseaux intrasectoriels de l’entrepreneur. Cette différence entre la taille des réseaux intrasectoriels est de 19 %, une différence statistiquement significative lorsqu’on tient compte des caractéristiques des entreprises et de leurs propriétaires. • En Ouganda, les réseaux d’entrepreneurs de sexe masculin ont tendance à être deux fois plus importants que ceux de leurs homologues féminins. Et les hommes indiquent une moyenne de 3,2 membres dans le réseau correspondant à leur métier, contre 2,9 pour les femmes. Malgré les différences de taille des réseaux, les femmes et les hommes en Ouganda semblent tout aussi satisfaits de leurs réseaux : 72 % des femmes et 77 % des hommes reconnaissent la grande importance des réseaux, et 77 % de tous les entrepreneurs (tous sexes confondus) déclarent que le niveau actuel de partage d’informations est optimal. 113 Analyse approfondie 2 3. Les réseaux d’affaires comprenant des « liens étroits », et des membres de la famille en particulier, contribuent au processus de création et de développement des entreprises, quel que soit le sexe du chef d’entreprise, mais les femmes sont plus susceptibles d’y avoir recours. • En Ouganda, tant les amis que la famille apportent un soutien aux entrepreneurs. Près de 17 % des réseaux de femmes et d’hommes sont constitués de membres de la famille, tandis que les amis représentent 65 %. La grande majorité des liens d’affaires des entrepreneurs en Ouganda se trouvent dans leur entreprise ou leur zone de résidence. • Au Togo et au Malawi, la plupart des entrepreneurs reçoivent de l’aide de leurs proches lors du lancement de leur entreprise. Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de recevoir une aide de leurs proches au lancement de leur activité, mais elles déclarent recevoir peu d’aide de personnes étrangères à leur cercle familial. • Les hommes et les femmes semblent aussi s’appuyer sur des catégories différentes de proches. Les hommes sont plus susceptibles de recevoir une aide de leurs parents, mais aussi d’autres membres de la famille, y compris des frères et sœurs. Les femmes, en revanche, sont plutôt aidées par leur conjoint. Ces schémas sont identiques dans les deux pays et restent similaires non seulement lors du lancement de l’entreprise, mais aussi par la suite (Figures 33 et 34). • Au Togo,269 les femmes sont plus susceptibles d’embaucher des hommes en fonction de leurs liens sociaux que de leurs compétences et diplômes (17 % contre 4 %). Figure 33 La composition des réseaux des hommes et des femmes est différente Femmes Hommes Pourcentage de répondants *** *** déclarant avoir été aidés par une personne extérieure à la famille Pourcentage de répondants déclarant avoir été aidés par des *** membres de la famille (frère, sœur, enfant, cousin(e), oncle/tante) Partie 4 | Analyses approfondies Pourcentage de répondants déclarant avoir été aidés par leurs *** parents 0% 20% 40% 60% 0% 20% 40% 60% MALAWI TOGO Source : auteurs sur la base des enquêtes pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. 114 Analyse approfondie 2 Figure 34 Les femmes mariées sont plus susceptibles de recevoir de l’aide de leur conjoint et vice versa Femmes Hommes Pourcentage de répondants déclarant avoir été aidés par leur conjoint au cours des 12 derniers *** *** mois Pourcentage de répondants déclarant avoir été aidés par leur conjoint lors de la création de *** *** leur entreprise 0% 20% 40% 60% 80% 100% 0% 20% 40% 60% 80% 100% MALAWI TOGO Source : auteurs sur la base des enquêtes pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. 4. Les femmes sont plus susceptibles de s’appuyer sur Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique leurs réseaux pour lancer leur entreprise et solliciter un soutien financier, alors que les hommes y recourent davantage pour partager des informations, des équipements ou des fournitures. • Au Togo et au Malawi, la majorité des entrepreneurs déclarent avoir eu accès à des réseaux lors du lancement de leur entreprise, tandis que les femmes sont plus susceptibles d’avoir reçu de l’aide à cette étape. Les femmes entrepreneures au Togo sont également plus susceptibles que les hommes de solliciter des conseils au lancement d’un nouveau produit ou service. C’est également le cas en Afrique du Sud : les entreprises féminines ayant négocié des partenariats avec d’autres entreprises sont nettement plus susceptibles que les entreprises détenues par les hommes d’être des sociétés importantes.270 Toutefois, l’importance des réseaux dans la gestion des entreprises peut décliner avec le temps. Au Togo et au Malawi, plus de 60 % des entrepreneurs révèlent ne pas avoir reçu de soutien durant les 12 derniers mois. • Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de bénéficier d’un soutien financier de leurs réseaux. Les enquêtes au Togo et au Malawi effectuées pour ce rapport montrent que les femmes reçoivent plus fréquemment une aide financière de leurs réseaux tant au lancement de leur entreprise qu’au cours des 12 derniers mois (Figure 35). Cette différence reste significative même après neutralisation du secteur 115 Analyse approfondie 2 d’activité, de la situation matrimoniale et du niveau d’éducation. En Ouganda toutefois, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de coopérer financièrement avec leur réseau : 58 % des hommes et 48 % des femmes déclarent avoir eu recours à ce type de coopération (Figure 36). • Les hommes sont plus susceptibles de partager des équipements, des intrants et des informations. Plus d’hommes que de femmes déclarent avoir acquis une compétence au Malawi, et avoir partagé des équipements lors de la création de leur entreprise au Togo. Les hommes chefs d’entreprise au Togo sont plus susceptibles de connaître un « spécialiste », à savoir « une personne dotée de hautes compétences de gestion ou connaissances techniques pertinentes pour leur activité ». Cette situation semble s’expliquer par le secteur d’activité : les entreprises détenues par des hommes opèrent le plus souvent dans des secteurs jugés « plus techniques ». En Ouganda, plus de 90 % des entrepreneurs partagent des informations sur les techniques et les compétences. Les hommes semblent plus susceptibles que les femmes de partager des informations sur les équipements, ce qui paraît refléter les différences de secteur d’activité et de nature des échanges (Figure 36). • Les femmes reçoivent différents types de soutien selon qu’il vient de femmes ou d’hommes : elles sont plus susceptibles de solliciter des capitaux (don ou prêt) des hommes, et plus susceptibles d’acquérir une compétence enseignée par d’autres femmes. C’est ce que montrent les enquêtes menées au Ghana, au Togo et au Malawi (Figure 37). Figure 35 Les hommes et les femmes entrepreneur(e)s reçoivent des aides différentes Femmes Hommes Pourcentage de répondants déclarant avoir appris une ** compétence (à tout moment) Pourcentage de répondants déclarant avoir reçu une aide financière pour leur entreprise (à *** ** tout moment) 0% 20% 40% 60% 80% 100% 0% 20% 40% 60% 80% 100% Partie 4 | Analyses approfondies MALAWI TOGO Source : auteurs sur la base des enquêtes pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. 116 Analyse approfondie 2 Figure 36 Les hommes sont plus susceptibles de partager des informations sur les équipements Femmes Hommes 100% 80% *** 60% 40% 20% 0% Partage d’informations Partage Partage d’intrants et Partage de Coopération sur les techniques/ d’informations sur équipements clients financière compétences les équipements Source : auteurs à partir des données EI. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 117 Analyse approfondie 2 Figure 37 Les femmes reçoivent relativement plus d’appui financier de la part d’hommes, et plus de soutien technique de la part d’autres femmes TOGO 2016 MALAWI 2017 GHANA 2016 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Ont appris une Have received Ont appris une Have received Ont appris une Have received technique financial assistance technique financial assistance technique financial assistance par/provenant d’une femme Source : auteurs à partir des données EI et des enquêtes pour ce rapport. Note : *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.10. par/provenant d’un homme 5. La relation entre l’appartenance à des réseaux et la performance de l’entreprise n’est pas directe ; elle dépend d’aspects tels que la profondeur des relations et leur influence sur divers domaines du développement de l’entreprise. • Les résultats d’évaluations rigoureuses montrent que les réseaux peuvent jouer un rôle particulièrement important dans la réduction des coûts de transaction en favorisant la confiance, le partage d’informations et l’appui à d’autres mécanismes de mise en œuvre. Une évaluation d’impact au Ghana a montré qu’un accès accru à de nouveaux réseaux d’affaires a un effet positif sur la performance de l’entreprise.271 Toutefois, les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’échanger avec les membres de leur réseau. Une expérience en Éthiopie, en Tanzanie et en Zambie a révélé un effet positif de la diffusion de pratiques d’affaires auprès de gérants de petites entreprises qui collaborent avec des entreprises plus grandes.272 • Le présent rapport a analysé la corrélation entre les caractéristiques des réseaux d’entrepreneurs et la performance de leurs entreprises. L’analyse a tout d’abord examiné la relation entre la taille du réseau et la performance des entreprises. Le rapport ne trouve aucune corrélation significative entre la taille du réseau et les Partie 4 | Analyses approfondies bénéfices de l’entreprise. Au Togo et au Malawi, les entrepreneurs déclarant avoir reçu de l’aide au lancement de leur entreprise ne semblent pas mieux réussir que ceux déclarant n’avoir reçu aucune aide. En Ouganda, les entrepreneurs appartenant à des réseaux de partage d’équipements ne semblent pas enregistrer de meilleures performances que les autres. Au Malawi et au Togo, les femmes entrepreneures qui ont appris des techniques grâce à un membre de leur réseau semblent avoir des bénéfices et des investissements en capital plus élevés. Aucune relation semblable n’a été observée chez les hommes. 118 Analyse approfondie 2 • Le manque de relation directe entre les réseaux et la performance des entreprises peut avoir plusieurs explications : ›› Plus que la taille des réseaux, la qualité de ces relations est sans doute plus importante pour le développement d’une entreprise. ›› L’analyse effectuée pour ce rapport exclut les entreprises qui ont échoué, et pour lesquelles l’absence de soutien des réseaux peut avoir joué un rôle essentiel. ›› Les effets des réseaux peuvent être étudiés à travers d’autres aspects pris en compte dans l’analyse. Au Malawi,273 les différences de taille des réseaux selon le sexe du chef d’entreprise perdent de leur importance après neutralisation du secteur d’activité et des caractéristiques de l’entrepreneur, ce qui pourrait suggérer des relations étroites entre la taille des réseaux et ces deux paramètres. ›› D’autres contraintes, dont les normes sociales et le processus de prise de décision au sein de leur ménage, peuvent empêcher les femmes, en particulier celles qui sont membres d’un réseau vaste et diversifié, de bénéficier de ses avantages. ›› Les entrepreneurs, quel que soit leur sexe, peuvent faire des investissements supplémentaires dans leurs réseaux pour compenser un niveau initialement faible de capital financier ou humain. Cette situation est connue dans la littérature sur les réseaux sous le nom d’« effet de compensation des réseaux », signifiant que les données peuvent montrer une corrélation négative entre le réseautage et la performance, même lorsque le réseautage est bénéfique au développement de l’entreprise.274 ›› Le fait d’avoir un réseau étendu peut ne pas être un avantage pour l’entrepreneur, car il induit des coûts supplémentaires. Des recherches antérieures275 montrent que la pression familiale peut avoir des effets négatifs sur les entreprises détenues par des femmes. Les femmes qui reçoivent plus de soutien de leur réseau peuvent également faire face à plus de sollicitations des membres de leur réseau au niveau de leurs ressources. Ces deux effets peuvent s’annuler mutuellement de sorte que les performances des femmes disposant d’un réseau de soutien important ne seront pas nécessairement meilleures que celle des femmes recevant moins de soutien. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 6. Conclusion • L’analyse effectuée pour ce rapport montre que les réseaux d’entrepreneurs dans quatre pays d’Afrique affichent une ségrégation par sexe, avec des différences importantes selon le genre. • Les réseaux d’hommes sont plus étendus, et des données factuelles montrent qu’ils sont plus susceptibles d’offrir des opportunités de partage d’équipements. Les femmes se reposent parfois sur leur conjoint, en particulier pour un appui financier. • D’autres expériences créant des opportunités de mise en réseau pour diverses catégories d’entrepreneurs seraient utiles pour identifier le type d’entreprise qui pourrait tirer le meilleur parti de la diversification de son réseau. Les questions suivantes s’imposent à ce niveau : ›› Le réseautage est-il plus important dans les premières étapes du développement de l’entreprise ou à un stade plus avancé ? ›› Dans quelle mesure d’autres contraintes de genre atténuent-elles les avantages liés à l’élargissement de son réseau ? ›› Pourquoi les réseaux d’entreprises restent-ils si cloisonnés par sexe ? ›› Existe-t-il des opportunités de desserrer les « liens » des réseaux au-delà du sexe et de la présence familiale ? ›› Quel est l’effet de la diversification du réseau sur l’activité choisie par l’entrepreneur ? 119 Analyse approfondie 3 : Les relations au sein du ménage influencent-elles les choix stratégiques faits par les femmes entrepreneures ? Cette section s’appuie sur une enquête menée auprès de micro-entrepreneurs en zone urbaine au Ghana, et sur une recherche qualitative complémentaire portant sur la même population. Ces données permettent d’analyser de manière approfondie la manière dont les entreprises dont le chef est une femme sont affectées par les relations au sein du ménage. Les résultats concernent spécifiquement le Ghana urbain, mais ils révèlent la manière dont la dynamique au sein des ménages peut influencer les décisions prises par les femmes entrepreneures dans d’autres contextes. Il va sans dire que la satisfaction des besoins du ménage exerce une pression sur les entreprises quel que soit le sexe de leur chef, en particulier dans les ménages à faible revenu. Les données montrent toutefois que des difficultés supplémentaires pénalisent la femme chef d’entreprise : 1. Le montant des revenus de l’entreprise alloués aux dépenses du ménage et la période où cet argent est utilisé sont souvent déterminés par des facteurs indépendants de sa volonté ; 2. D’autres revenus visibles de l’entreprise peuvent signifier une réduction de l’aide fournie par le conjoint pour les dépenses du ménage, ce qui peut accroître le fardeau financier de la femme.  Principaux constats 1. Les entreprises dont le chef est une femme jouent un rôle clé dans la satisfaction des besoins du foyer. 2. Les conjoints disposent d’informations incomplètes sur leurs gains respectifs. 3. Les femmes gardent généralement le contrôle sur les revenus de leur entreprise, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles peuvent choisir comment les dépenser. 4. Les femmes et les hommes sont incités à dissimuler leurs revenus en raison de la pression exercée pour les partager et augmenter les contributions aux dépenses du ménage. 5. Une gestion indépendante par la femme de son entreprise est associée à des bénéfices plus élevés, mais il n’est pas encore possible d’établir un lien de causalité. 6. Les ménages gèrent leurs finances de diverses façons, et les recherches et programmes futurs devraient étudier le lien entre les relations au sein du ménage et la réussite des entreprises appartenant à des femmes.  Analyse 1. Les entreprises détenues par des femmes jouent un rôle clé dans la satisfaction des besoins du foyer. Partie 4 | Analyses approfondies • Plus de 75 % des femmes micro-entrepreneures des zones urbaines du Ghana déclarent que, sans le revenu de leur entreprise, leur ménage aurait des difficultés à faire face aux dépenses d’alimentation et de scolarité du foyer. Des enquêtes réalisées dans d’autres pays confirment le rôle clé des entreprises détenues par des femmes dans la subsistance du ménage.276 Cette vision va à l’encontre des idées reçues, documentées dans des travaux de terrain menés au Ghana, selon lesquelles l’homme est le principal soutien de famille, et qu’il lui incombe d’assumer les dépenses de logement, de scolarité, d’alimentation et de santé. 120 Analyse approfondie 3 • En règle générale, les maris ghanéens semblent soutenir les entreprises de leurs épouses. Seuls 10 % des femmes entrepreneures déclarent que leur mari ne soutient pas leur décision de se lancer dans les affaires, ce qui s’explique peut- être par le fait que ces entreprises sont essentielles pour répondre aux besoins du foyer. Des recherches qualitatives révèlent aussi une attente largement partagée, à savoir que les femmes se lancent dans les affaires avec et grâce au soutien de leurs maris, en particulier lors de la création de l’entreprise. Des recherches récentes réalisées en Éthiopie suggèrent que, si certains maris limitent les activités d’affaires de leurs épouses, ils sont nombreux à apporter divers types de soutiens importants aux activités entrepreneuriales de leurs femmes.277 2. Les conjoints disposent d’informations incomplètes sur leurs revenus respectifs. • Des études antérieures ont relevé un manque de coopération entre conjoints dans l’optimisation des revenus du ménage.278 Dans l’enquête du Ghana où des couples ont été invités à deviner le revenu de leur conjoint, seuls 32 % environ de femmes entrepreneures et 21% de leurs maris ont deviné un montant proche de 20 % du chiffre réel. Dans l’étude qualitative, les femmes entrepreneures ont indiqué ne pas partager d’information sur leur revenu, tout comme leurs maris. En conséquence, la mutualisation des revenus était aussi inattendue et considérée comme inhabituelle. • Les maris de femmes entrepreneures sont plus susceptibles de surestimer les gains de leurs épouses. La Figure 38 montre la fréquence des surestimations et sous-estimations des revenus par les deux conjoints lorsque tous deux sont des chefs d’entreprise. Près de 40 % des époux de femmes micro-entrepreneures surestiment les revenus de leurs femmes, tandis que 40 % les sous-estiment. Les femmes sélectionnées dans l’échantillon possèdent des informations plus exactes sur les revenus de leurs époux, mais certains maris de l’échantillon sont salariés, ce qui leur facilite la tâche. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Figure 38 La plupart des entrepreneurs ghanéens , quel que soit leur sexe, estiment mal le revenu de leur conjoint Exactitude des estimations du revenu du conjoint (Ghana) 80% Estimation du revenu du mari par l’épouse 60% Estimation 42% du revenu de 39%*** 40% 40% l’épouse par le 32%*** 26% mari 21% 20% 0% Bonne estimation du Surestimation du Sous-estimation du revenu du conjoint revenu du mari revenu du mari Source : Auteurs à partir de la base de données EI. Remarque : *** p<0,01, ** p<0,05, * p<0,1 pour les différences de genre dans les estimations. 121 122 Partie 4 | Analyses approfondies Analyse approfondie 3 Analyse approfondie 3 3. Les femmes gardent généralement un contrôle sur leur revenu, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’elles peuvent le dépenser comme bon leur semble. • Seuls 8 % des femmes entrepreneures déclarent ne pas maîtriser la manière dont leur propre revenu est dépensé. • La contrainte économique directe est aussi relativement rare : moins de 10 % des femmes entrepreneures ghanéennes déclarent avoir été contraintes par leurs époux de donner de l’argent au cours des 3 mois précédents, et la quasi-totalité de ces femmes rapporte qu’elles contrôlent généralement leur revenu. Environ 11% s’attendent à ce que leur mari prenne une partie de leur argent si elles ont reçu une subvention pour élargir les opportunités économiques du ménage. • Malgré un contrôle relatif de leur propre revenu, les femmes entrepreneures n’ont pas leur mot à dire sur la manière de couvrir les dépenses du ménage. En s’appuyant sur 16 enquêtes longitudinales menées dans 12 pays (y compris huit enquêtes en Afrique subsaharienne), une étude récente révèle que les petites entreprises dirigées par des femmes sont plus susceptibles de déposer le bilan à cause de chocs domestiques (maladie ou autres besoins domestiques). En fait, quand elles expliquent les raisons de l’échec de leur entreprise, elles évoquent la maladie ou les besoins de la famille (34%) aussi fréquemment que des pertes (36 %). En revanche, seuls 12 % des hommes évoquent des raisons familiales pour la fermeture de leur entreprise.279 • Des recherches qualitatives menées au Ghana suggèrent que les femmes reçoivent de l’argent de leurs maris pour couvrir les besoins du ménage, mais souvent de façon irrégulière et parfois inadéquate. Les données quantitatives indiquent que 81 % des femmes reçoivent des transferts réguliers de leurs maris pour la gestion courante du foyer, dont les frais de nourriture (communément appelé chop money au Ghana). Les estimations correspondantes pour le Malawi (84 %) et le Togo (91%) sont également élevées. Au Ghana, le montant moyen mensuel du chop money donné à la femme chef d’entreprise est à peu près égal au niveau moyen des bénéfices de son entreprise, suggérant qu’en moyenne ce montant double le revenu d’une entreprise féminine.280 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique • Au Ghana, 91% des maris déterminent unilatéralement le montant alloué à leurs femmes pour satisfaire les besoins du ménage, sans aucune consultation avec le conjoint. Cette approche unilatérale de la gestion financière peut plonger les femmes dans un dilemme où elles doivent choisir entre les besoins de l’entreprise et ceux du ménage. L’obligation de prendre des dispositions pour compenser une baisse imprévisible du revenu ou des contributions de leur conjoint signifie également que les entrepreneurs attachent une grande importance à l’épargne pour faire face aux urgences et qu’ils tiennent à conserver l’accès à l’épargne liquide, même s’ils souhaitent investir dans l’entreprise. Ces résultats sont conformes aux conclusions d’une étude antérieure menée au Ghana indiquant que l’octroi de subventions en nature aux femmes entraînait une augmentation des bénéfices de l’entreprise, mais que les subventions en espèces – plus faciles à utiliser pour couvrir les dépenses prioritaires du ménage – n’avaient pas le même impact.281 4. Les femmes ont peur de divulguer le montant de leurs revenus. • Comme cela est documenté ailleurs en Afrique,282 les entrepreneurs ont des raisons de ne pas divulguer le montant de leur revenu. Au cours d’une expérience de laboratoire en Tanzanie, les femmes étaient moins disposées que les hommes à partager avec leurs conjoints des informations à ce sujet.283 Elles semblent subir des pressions de la famille pour partager leur revenu ; en réalité, près de la moitié des femmes entrepreneures au Ghana confirment que leurs maris ou d’autres membres de famille finissent par leur demander de l’argent dès qu’elles 123 Analyse approfondie 3 en ont. Plus des trois quarts confirment qu’en règle générale, les personnes qui réussissent sont susceptibles d’être sollicitées par des membres de la famille ou des amis. En conséquence, plus des deux tiers des femmes confirment que les machines et les équipements de leurs entreprises constituent un bon moyen d’épargner, et d’empêcher d’autres d’accaparer cette épargne. Les hommes subissent des pressions similaires, et sont aussi peu susceptibles d’être transparents sur leurs revenus. • Les Ghanéennes expliquent la nécessité de dissimuler leur revenu à leurs maris, en particulier par la crainte de voir leur conjoint réduire ses contributions au ménage s’il venait à découvrir qu’elles avaient de l’argent.284 Des données quantitatives montrent qu’environ 65 % à 70 % des femmes avouent que leurs époux ne connaissent pas le montant de leur épargne. 5. L’indépendance des femmes dans la gestion de leurs affaires est associée à des bénéfices plus élevés, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si ces bénéfices plus élevés sont le résultat de cette indépendance. • Conformément à des données probantes précédentes,285 un pouvoir de décision limité est associé à un nombre d’heures de travail et des bénéfices moins élevés pour les femmes. Les femmes entrepreneures au Ghana ont en moyenne des bénéfices moins élevés si elles doivent demander à leur époux la permission de lancer une entreprise (43 % des femmes entrepreneures interrogées appartiennent à cette catégorie) ou pour acheter du matériel (28 %) ; si elles ne peuvent pas décider comment dépenser leur propre revenu (8 %) ou le revenu du ménage (27 %), ou si elles ne peuvent pas décider seules d’emprunter pour couvrir les dépenses du ménage (50 %). L’incapacité à prendre seule une décision sur la gestion des revenus du ménage est également associée à des niveaux d’investissement en capital plus faibles dans les entreprises détenues par des femmes. • Plus surprenant peut-être, les femmes entrepreneures réussissent mieux, en moyenne, lorsque leur époux ne fournit pas certains types de soutiens à leur entreprise. Les femmes qui déclarent que leur mari ne les aide pas lorsqu’elles ont un mois difficile (7 %) enregistrent des bénéfices plus élevés, et celles dont les maris ne fournissent rien pour les achats du ménage (19 %) enregistrent également des bénéfices plus élevés. Par ailleurs, les femmes entrepreneures qui craignent que leur mari réduise ses contributions au ménage s’il découvrait qu’elles avaient de l’argent enregistrent des bénéfices moyens plus élevés (11%) que les autres. Cette relation pourrait résulter du fait que les femmes enregistrant des bénéfices élevés nécessitent moins de soutien du mari, ou que les femmes sont plus indépendantes, ce qui les mène à investir davantage de leur propre chef. • Des conclusions y afférentes peuvent être observées dans les réponses aux questions posées dans l’enquête à saynètes invitant les femmes entrepreneures Partie 4 | Analyses approfondies à s’identifier à l’un des trois modes de gestion financière des ménages par des femmes. Près de la moitié des femmes se sont identifiées à Grace, une femme disposant d’un revenu séparé de celui de son mari et assumant des responsabilités différentes au sein du ménage. Un tiers s’est identifié à Lydia, qui coopère avec son mari et décide avec lui du meilleur moyen de dépenser et investir l’argent disponible. Les 20 % restantes se sont reconnues dans Rejoice, qui a un pouvoir de décision restreint, attendant de connaître la contribution de son mari pour prendre des décisions sur les dépenses de consommation et d’investissement. 124 Analyse approfondie 3 Encadré 8 Saynètes sur la répartition des ressources dans le ménage L’enquête menée au Ghana invitait les personnes interrogées à s’identifier à l’une des trois femmes suivantes au Ghana : Rejoice, Grace ou Lydia. Rejoice Grace Lydia 100% 80% 60% 47% 40% 33% 20% 20% 0% Rejoice est une femme Grace est une femme Lydia est une femme d’affaires. d’affaires. Avant de d’affaires. Contrairement à Elle est différente de Grace décider quel montant Rejoice, d’autres membres et Rejoice, car c’est elle qui de son revenu elle du ménage contribuent choisit le montant qu’elle peut consacrer aux aux mêmes dépenses allouera aux stocks et stocks et fournitures chaque mois. Du fait fournitures de son entreprise, de son entreprise, elle qu’elle assume les mêmes après avoir discuté des besoins attend de connaître les responsabilités chaque et des revenus du ménage avec contributions des autres mois, elle est libre de les autres membres du foyer. membres du foyer aux déterminer quel montant de Tous les membres du ménage dépenses du ménage. son revenu elle consacrera se réunissent et déterminent [20% de l’échantillon] aux stocks et fournitures de ensemble combien chacun Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique son entreprise. Elle n’a pas doit contribuer aux dépenses besoin de savoir ce que les communes en fonction des autres membres du ménage besoins du mois, du revenu de accorderont pour couvrir les chacun et de leurs priorités dépenses du ménage. [47% pour leurs entreprises. [33% de de l’échantillon] l’échantillon] Les femmes entrepreneures qui s’identifient à Grace enregistrent des bénéfices plus élevés que celles qui s’identifient à Lydia ou Rejoice. Grace est différente de Rejoice et Lydia sur deux points importants : elle est relativement indépendante de son mari et ses charges financières sont prévisibles. Il n’est pas possible de déterminer si les conditions d’indépendance et de prévisibilité entraînent une hausse des bénéfices ou si celles qui dégagent des bénéfices élevés sont capables de créer ces conditions favorables. Les femmes qui se retrouvent en Lydia – et qui ont une gestion financière plus coopérative du ménage – enregistrent des bénéfices moins importants. Étant donné que ces femmes entrepreneures collaborent avec leurs époux pour prendre des décisions relatives à la consommation et à l’investissement, il est possible qu’elles fassent des choix stratégiques pour optimiser les revenus du ménage, avec pour résultat de ne pas investir dans l’entreprise de la femme. 125 Analyse approfondie 3 6. Conclusion • Les ménages gèrent leurs finances de diverses manières, et des recherches futures devraient examiner les corrélations éventuelles entre les relations au sein du ménage et le succès des entreprises détenues par des femmes. • Quand un ménage possède plusieurs entreprises, ces sociétés et leurs propriétaires font face à différents types de besoins et de contraintes. Les entreprises plus grandes ou plus formelles peuvent nécessiter des investissements en capital plus importants pour rester compétitives, tandis que les petites entreprises ou les entreprises informelles peuvent avoir besoin uniquement d’un fonds de roulement journalier. Ce point de départ aura une incidence sur les décisions prises au sein du ménage en matière de répartition des ressources. • Les décisions d’affaires des femmes entrepreneures sont aussi affectées par la manière dont elles et leurs époux gèrent toutes les sources de revenus, et répartissent les charges financières. Au Ghana, il est courant que les deux conjoints préservent des sources de revenus distinctes et prennent en charge des dépenses différentes. La gestion transparente des revenus n’est ni prévue ni pratiquée. La plupart des femmes mariées reçoivent des allocations de leurs époux pour le foyer et sont censées répondre aux besoins quotidiens du foyer avec ces allocations et leur propre revenu, si besoin. La période et la fréquence à laquelle elles utilisent les revenus de leur entreprise pour répondre aux besoins du ménage risquent donc d’être déterminées par des facteurs indépendants de leur volonté. Des recherches sont nécessaires pour déterminer si ces tendances se retrouvent dans d’autres contextes. • Des recherches qualitatives approfondies menées au Ghana montrent que les femmes micro-entrepreneures gèrent de façon stratégique leurs entreprises et les besoins du ménage. Tout en s’efforçant de réussir dans les affaires, elles poursuivent aussi des stratégies pour s’assurer d’un appui permanent de leurs maris, pour consolider leurs capacités afin de répondre aux besoins quotidiens du ménage et pour planifier une sécurité à long terme. Ces différents objectifs pourront exclure l’investissement dans les affaires de la liste des priorités.286 Certaines femmes craignent qu’un revenu visible supplémentaire de leur entreprise entraîne une baisse du soutien financier du mari aux dépenses du ménage.287 • Toutefois, les ménages n’affichent pas tous le même niveau de coopération, et ces différences dans la coopération pourront affecter les décisions d’affaires des femmes. Les réponses recueillies pendant l’enquête ghanéenne indiquent des variations dans la manière dont les ménages gèrent leurs finances. Les données suggèrent également que l’indépendance des femmes dans la gestion de leurs affaires est associée à des bénéfices plus élevés, sans qu’on puisse déterminer s’il y a causalité dans un sens ou dans l’autre. Des études récentes menées dans d’autres contextes ont confirmé l’importance de la variation des niveaux de coopération pour l’investissement des ménages. • Les recherches futures devraient examiner la mesure dans laquelle des pratiques de gestion financière différentes au sein des ménages peuvent être encouragées, Partie 4 | Analyses approfondies de manière à pousser les femmes à investir dans leur entreprise. D’autres recherches sont également nécessaires pour déterminer les différences de comportement des ménages lorsque les entrepreneurs ne sont pas mariés ou ne vivent pas avec un(e) partenaire. • Des travaux supplémentaires doivent être menés pour identifier des réponses politiques possibles, soit pour aborder différemment le rôle des entreprises détenues par des femmes dans le ménage, soit pour aider les femmes entrepreneures à réaliser simultanément leurs objectifs d’affaires et leurs autres objectifs. 126 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 127 05 Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes Malgré le très fort engouement des femmes africaines pour l’entrepreneuriat, leurs entreprises sont à la traîne par rapport à celles de leurs homologues masculins. Ce rapport illustre cet écart de performance et examine les différences dans les décisions stratégiques et les facteurs sous-jacents. Des politiques non discriminatoires vis-à-vis des femmes et visant à créer un environnement d’affaires plus favorable et à soutenir les entrepreneurs ne suffiront pas à lever les obstacles identifiés dans ce rapport. En fait, elles pourraient même creuser les écarts existants. Mais il y a une bonne nouvelle :  avec des stratégies ciblées, la communauté internationale, les gouvernements nationaux, les ONG et autres parties intéressées peuvent contribuer à relever les défis auxquels les femmes entrepreneures sont confrontées, et libérer leur potentiel productif. 128 Que ce soit au niveau régional ou à l’échelon Ce chapitre s’appuie sur les analyses mondial, les politiques et les programmes précédentes pour examiner la manière dont Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique de soutien aux femmes entrepreneures diverses interventions abordent les contraintes sont nombreux. Certains d’entre eux ont été sexospécifiques, un point essentiel pour rigoureusement évalués. Cette section : comprendre288 pourquoi certaines interventions sont bénéfiques aux femmes entrepreneures • Offre un aperçu des programmes existants et d’autres pas. Les éléments probants soutenus par les gouvernements, les disponibles sont classés de la manière partenaires au développement, les suivante : entreprises privées et les ONG pour éradiquer les inégalités entre les sexes dans le • Crédibles : le programme ou la politique développement des entreprises en Afrique ; repose sur des données factuelles solides • Présente des recommandations politiques issues des évaluations d’impact et de fondées sur des données probantes la recherche déductive. Il répond à une d’impact pour s’attaquer aux contraintes contrainte sexospécifique, et ils s’appuient sexospécifiques qui entravent le sur plus d’une étude rigoureuse effectuée développement des entreprises ; en Afrique et ayant un impact positif sur les • Identifie des caractéristiques communes femmes entrepreneures. associées à une conception et une mise • Émergents : des données factuelles solides en œuvre réussies de programmes visant sont disponibles, mais elles sont limitées, et à encourager l’entrepreneuriat féminin en des tests supplémentaires sont requis. Le Afrique. programme ou la politique s’attaque à une • Propose des moyens d’améliorer les contrainte sexospécifique, mais ne dispose connaissances sur les approches que d’une seule, voire d’aucune, évaluation qui fonctionnent afin de soutenir le d’impact menée en Afrique. Au moins une genre et l’entrepreneuriat, ainsi que étude rigoureuse effectuée dans une autre des recommandations sur le rôle des région ou une étude menée dans la région, gouvernements et des partenaires au mais n’ayant pas de résultats sexospécifiques développement dans ce domaine. suggère un impact potentiellement positif. 129 • Peu prometteurs : Les décideurs ne Encadré 9 devraient pas adopter ces politiques ou programmes en l’absence de nouveaux éléments probants positifs. Il existe au Autres domaines de politique moins une évaluation d’impact en Afrique soutenant l’entrepreneuriat avec une analyse sexospécifique, et les impacts sur la performance des entreprises féminin détenues par des femmes sont, au mieux, mitigés. Ce chapitre fournit des directives pratiques pour la conception et la mise en œuvre de politiques dans ce domaine. Des exemples de projets actuels sont fournis en guise d’études de cas. Ce chapitre identifie également les éléments à examiner dans les prochaines évaluations d’impact, et propose une feuille Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes de route pour les futurs travaux d’analyse. a. Programmes actifs du marché du travail pour les Dans la mesure du possible, il identifie les jeunes femmes facteurs de réussite, les risques potentiels et les mesures d’atténuation. Bien que les Les contraintes à l’origine de l’écart de données factuelles soient généralement performance des femmes entrepreneures basées sur un ensemble de pays, et qu’une sont les mêmes que celles qu’affrontent les généralisation à d’autres pays ne soit pas femmes – notamment les jeunes femmes – à forcément aisée, une adaptation locale sera la recherche d’un emploi, y compris en tant importante afin de garantir une bonne mise que travailleur indépendant. Ces contraintes incluent des écarts de compétences et de en œuvre des idées les plus prometteuses. capital par rapport aux hommes, ainsi que Il va donc falloir améliorer le ciblage, les normes sociales s’appliquant au rôle des l’adoption ou l’efficacité des politiques femmes. Un examen récent des données visant les entreprises appartenant à des expérimentales et quasi expérimentales femmes, même pour des programmes d’interventions politiques visant à accroître pouvant bénéficier aux entrepreneurs l’emploi des jeunes femmes en Afrique289,290 a masculins. La combinaison d’interventions montré des résultats mitigés de programmes visant à s’attaquer aux multiples contraintes d’acquisition de compétences, notamment pesant sur les femmes entrepreneures professionnelles et commerciales. Un nombre plus restreint d’études a évalué l’impact des peut aussi s’avérer cruciale pour réduire contraintes liées aux responsabilités en matière progressivement les disparités de de soins aux proches, aux choix professionnels, performance des entreprises selon le sexe du à la mobilité et à la sécurité. Les interventions chef d’entreprise. les plus prometteuses sont celles qui s’attaquent simultanément à plusieurs De plus, alors que les éléments de preuve contraintes, notamment celles qui offrent un présentés sur les interventions les plus enseignement et une formation techniques et prometteuses se basent généralement professionnels (EFTP), associés à des aspects sur les résultats d’entreprises moyennes « adaptés aux filles » pour répondre aux problèmes des réseaux limités, des obligations appartenant à des femmes, des femmes de soins aux proches et du manque de entrepreneures peuvent bénéficier davantage capital. Un essai contrôlé randomisé du projet que d’autres de chaque solution émergente d’autonomisation économique des adolescentes ou crédible. En particulier, avant de lancer et jeunes femmes (Economic Empowerment of des interventions spécifiques au niveau de Adolescent Girls and Young Women – EPAG) au l’entreprise, il est essentiel d’évaluer si celle- Liberia a donné des résultats impressionnants ci dispose d’une infrastructure adéquate et qui ont permis d’augmenter le travail de 47 % d’un environnement des affaires garantissant et les gains d’environ 80 % (soit 32 USD par aux femmes entrepreneures ciblées un mois).291 Les participantes devaient choisir entre un salaire et un parcours d’entrepreneuriat, accès adéquat aux marchés et aux intrants. et une part essentielle du gain a été obtenue En veillant à reproduire des interventions dans ce dernier. Le projet comprenait une réussies auprès de groupes d’entreprises ou formation sur les compétences socio-affectives d’entrepreneurs cibles similaires, on peut en et professionnelles, et des éléments pour principe augmenter les chances de réussite. résoudre les contraintes des jeunes femmes telles que des incitations monétaires à l’assiduité, des petits groupes de mentorat, des comptes épargne et des services de garderie. 130 Bien que ce rapport porte sur les entreprises détenues par des femmes, plusieurs domaines de politique connexes incluant également la promotion de l’entrepreneuriat féminin sont essentiels à la promotion de la croissance partagée et à la réduction de la pauvreté en Afrique. b. Programmes de graduation et transferts c. Soutien aux femmes en espèces pour les femmes extrêmement agricultrices pauvres Les programmes de formation pour les très pauvres sont de plus Les femmes représentent près en plus populaires. Ces programmes destinés généralement de la moitié de la main-d’œuvre aux femmes appartenant aux foyers les plus pauvres conjuguent agricole en Afrique, un secteur une formation, un transfert d’actifs monétaires ou en nature, essentiel à la croissance du et une assistance technique. Ils peuvent également inclure des continent et à la réduction de la mécanismes d’épargne, des informations sur la santé et une pauvreté. Cependant, comme formation en compétences essentielles. Des données probantes le signale une étude conjointe en quantité croissante et à l’échelle mondiale sur l’impact de menée récemment par la Banque ces programmes montrent qu’ils constituent un moyen rentable mondiale et ONE Campaign, il d’augmenter les actifs des ménages, la consommation et la existe des écarts de productivité sécurité alimentaire.292 La plus connue de ces études a analysé importants entre agriculteurs ces programmes dans six pays, et elle a identifié des impacts et agricultrices.298 Cet écart positifs significatifs sur les actifs des ménages, la consommation, s’explique par une inégalité dans les revenus et les recettes, parmi d’autres facteurs.293 l’accès et l’utilisation d’intrants comme la terre, la main-d’œuvre, Des programmes de formation impliquant la fourniture de les semences, les engrais et Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique moyens de production aux femmes, par exemple une chèvre ou l’équipement. En outre, les une vache, peuvent s’avérer coûteux, mais les données montrent agricultrices sont freinées par que les avantages l’emportent généralement sur les coûts. des niveaux d’instruction plus Dans certains cas, des subventions en espèces importantes ont faibles et un accès limité aux également permis de relever le niveau de revenu des ménages marchés. Le rapport identifie très pauvres. Par exemple, de jeunes femmes294 issues de 10 domaines de politique milieux très pauvres dans le nord de l’Ouganda ont reçu des dans lesquels la résolution subventions en espèces relativement importantes (42 fois le des principales contraintes revenu mensuel médian).295 Le programme a doublé les revenus pourrait réduire cet écart. Les mensuels des femmes exerçant dans le petit commerce de détail recommandations politiques en les encourageant à faire des choix professionnels différents. incluent le renforcement des Cependant, malgré des résultats économiques positifs, aucun droits fonciers ; la lutte contre élément de preuve ne confirme une plus grande indépendance ou les contraintes de main-d’œuvre un changement de statut des femmes au sein de la communauté, en permettant aux femmes ou une baisse des violences basées sur le genre. d’engager plus de travailleurs rémunérés ; un meilleur accès Les transferts en espèces sont devenus la pierre angulaire des des femmes à la mécanisation programmes de protection sociale en Afrique et dans le monde, et la fourniture de services de et il a été démontré qu’ils augmentaient la consommation et garde d’enfants ; l’augmentation le revenu des ménages tout en réduisant la pauvreté.296 Les de l’utilisation de semences transferts en espèces peuvent aussi améliorer l’emploi et de bonne qualité et d’engrais ; l’éducation des femmes et des filles et réduire l’incidence des l’adaptation des services de violences physiques qu’elles subissent. Les impacts sont aussi vulgarisation aux besoins des importants pour les hommes. Les transferts en espèces n’ont femmes ; la simplification pas forcément une plus grande incidence sur d’autres mesures de leur accès aux marchés ; de l’autonomisation économique des femmes, y compris sur la et l’amélioration des niveaux répartition du temps au sein du ménage. Les impacts semblent d’instruction des exploitantes dépendre de la dynamique du ménage, qui est difficile à agricoles. changer.297 131 1. Récapitulatif Tableau 6 des programmes Récapitulatif des interventions types visant à soutenir les femmes existants entrepreneures en Afrique Les programmes de soutien aux Interventions femmes entrepreneures sont de plus Réformes juridiques et réglementaires pour lutter en plus populaires en Afrique, car contre la discrimination juridique limitant la capacité les gouvernements nationaux, les des femmes à diriger des entreprises. partenaires au développement, les ONG et le secteur privé reconnaissent leurs contributions au développement économique et à la création d’emploi. Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes Cependant, peu de programmes sont Programmes de formation et de conseils/mentorat fournissant un soutien aux femmes entrepreneures conçus pour résoudre les contraintes en améliorant leurs compétences dans la gestion spécifiques des entreprises appartenant d’entreprise. à des femmes. Ces programmes se basent généralement sur des interventions comparables pour le développement du secteur privé dans la région. De plus, seule une fraction des programmes de soutien aux femmes Lignes de crédit et assistance technique à des entrepreneures incluent des évaluations institutions financières en vue d’améliorer l’accès des femmes entrepreneures au financement. d’impact rigoureuses, ce qui ne permet pas d’évaluer leur efficacité. Le Tableau 6 offre un aperçu des interventions typiques mises en œuvre dans divers programmes en Afrique, dont certains exemples pertinents servent d’illustration. Le tableau n’a Programmes de mentorat et plateformes de pas pour objectif d’être exhaustif ou réseautage mettant en lien des femmes propriétaires de défendre ces initiatives. Cependant, d’entreprises avec des femmes entrepreneures les recommandations proposées dans expérimentées dans la région et à l’étranger, afin de la section suivante peuvent être mises renforcer leur confiance, développer des stratégies en perspective pour évaluer le type pour faire croître leurs entreprises, et élargir leurs réseaux. d’interventions réellement appliquées à grande échelle au moment présent. Interventions menées par des ONG ou le secteur privé pour renforcer l’intégration des entreprises détenues par des femmes dans leurs chaînes d’approvisionnement. Les concours de plans d’affaires fournissent des subventions en espèces relativement importantes et des conseils à de jeunes pousses, y compris dirigées par des femmes. Les programmes d’incubateurs et d'accélérateurs d’entreprises soutiennent les entreprises axées sur la croissance avec un programme d’assistance technique exhaustif. Sommets et prix de l’entrepreneuriat pour donner une visibilité aux femmes entrepreneures, débattre de questions les concernant et renforcer leurs réseaux. 132 Source : Auteurs, et sites Internet des initiatives mentionnées.299 Exemples Les Programmes de la Banque mondiale visant à améliorer le climat d’investissement en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo ont soutenu la révision du droit de la famille et d’autres textes de loi afin d’instaurer une égalité des chances en matière de propriété et d’héritage, et de création d’une entreprise sans requérir l’autorisation des maris. L’initiative African Women In Business (AWIB) de la Banque africaine de développement identifie les contraintes de l’environnement commercial qui freine l’accès au crédit pour les femmes entrepreneurs en Tanzanie, en Ouganda, au Kenya, en Éthiopie et au Cameroun. Le programme Women X de la Banque mondiale au Nigeria offre aux femmes entrepreneures axées sur la croissance une aide globale incluant une formation commerciale (en classe et en ligne), un mentorat, un accès à des réseaux et des liens vers des institutions financières. Le projet 10 000 Women de Goldman Sachs est une initiative privée visant à former des femmes entrepreneures axées sur la croissance dans 56 pays en collaboration avec 100 universitaires, partenaires sans but lucratif et institutions bancaires pour offrir un programme de formation de 6 mois en gestion d’entreprise, un service de mise en réseau, de mentorat et un accès au financement. Au Rwanda, le programme comprenait également un concours de plan d’affaires. Le Women Entrepreneurs Opportunity Fund de la SFI et de la Fondation Goldman Sachs fournit une ligne de crédit et une assistance technique aux institutions financières de 26 pays en développement pour atteindre les femmes entrepreneures Le projet Women Entrepreneurship Development de la Banque mondiale aide les entreprises éthiopiennes détenues par des femmes avec un crédit dédié, associé à une assistance technique aux institutions financières participantes afin de développer des produits adaptés aux femmes, et une formation en entrepreneuriat. L’initiative de financement en faveur des femmes entrepreneurs (We-Fi) est un dispositif multidonateurs qui fournit un soutien financier et technique pour promouvoir les femmes entrepreneures et déverrouiller l’accès au financement et aux marchés dans les pays en développement (voir Encadré 13 pour plus d’informations). La Cherie Blair Foundation for Women’s Mentoring Women in Business met en lien des femmes Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique entrepreneures de pays en développement avec des entrepreneurs féminins ou masculins pendant 12 mois, dans le cadre d’un programme de mentorat opérant sur une plateforme en ligne. Women in African Power de Power Africa USAID est un réseau qui promeut la participation et l’avancement des femmes dans le secteur de l’énergie en Afrique. « 50 Million Women Speak » de la Banque africaine de développement est une plateforme numérique régionale visant à offrir aux femmes entrepreneures des opportunités de mise en réseau et des informations sur des services financiers et non financiers. L’initiative de Coca-Cola 5by20 offre aux femmes entrepreneures travaillant avec Coca Cola dans le monde des cours de renforcement des capacités, des services financiers, des opportunités de mentorat et de mise en réseau, en collaboration avec des partenaires comme la SFI. WeConnect International identifie et fournit une formation à des entreprises détenues par des femmes, et les met en relation avec des acheteurs internationaux. Le projet Kenya Youth Employment and Opportunities de la Banque mondiale organise un concours de plans d’affaires pour de jeunes entrepreneurs, en se focalisant sur la participation des femmes. Dans un programme similaire de la Banque mondiale en Guinée-Bissau, les femmes devaient représenter 50 % des participants à toutes les étapes de la compétition (formation commerciale, aide à la conception d’un plan d’affaires, et bénéficiaires de subventions). Le Standard Chartered Women in Technology Incubator Kenya Program offre des formations, du mentorat et des conseils aux femmes propriétaires de start-up. Le prix Accelerating Women Entrepreneurs de USAID et Feed the Future offre une assistance technique aux lauréates d’une compétition entre propriétaires ou dirigeantes d’entreprises agricoles en Afrique subsaharienne. Le Africa Women Innovation and Entrepreneurship Forum (AWIEF) comprend une conférence annuelle réunissant des femmes entrepreneures de la région, une exposition et une remise de prix récompensant la contribution des femmes entrepreneures au développement durable. 133 134 Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes 2. Qu’est-ce qui fonctionne et pourquoi : données probantes sur les interventions qui soutiennent les entreprises dirigées par des femmes En s’appuyant sur les meilleures données disponibles issues d’évaluations d’impact rigoureuses, cette section examine l’efficacité des politiques visant à remédier aux contraintes pesant sur les entreprises dirigées par des femmes, et les hiérarchise. Les politiques sont classées en six catégories en fonction de la principale contrainte à résoudre. Cependant, ces domaines de politique ne devraient pas être examinés de manière isolée. Comme l’explique ce rapport, un nombre croissant de données probantes confirme que la performance des entreprises détenues par des femmes est affectée par l’interaction de plusieurs contraintes sexospécifiques. Les programmes destinés aux femmes entrepreneures le reconnaissent plus fréquemment, et combinent des interventions qui prennent en compte des contraintes multiples. Le Tableau 7 résume les principales conclusions de cet examen. Sur la base de preuves crédibles des impacts positifs, les interventions de politique suivantes sont recommandées pour soutenir les femmes entrepreneures en Afrique : 1. Des programmes de formation utilisant des leçons tirées de la Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique psychologie pour encourager les femmes à agir avec un esprit entrepreneurial ; 2. Soutenir les femmes grâce à des mécanismes d’épargne fiables ; et, 3. Offrir des subventions en espèces conséquentes dans le cadre de concours de plans d’affaires. De plus, l’ensemble suivant de politiques et d’interventions, basé sur des données émergentes favorables, présente un bon potentiel et pourrait bénéficier d’une évaluation d’impact plus poussée : 1. Supprimer les obstacles juridiques à l’égalité des sexes ; 2. Renforcer les droits fonciers des femmes ; 3. Élargir les liens des femmes à de nouveaux réseaux d’entreprises ; 4. Offrir des modèles de formation adaptée aux femmes, y compris le soutien entre pairs ; 5. Fournir des subventions en nature ; 6. Introduire des innovations financières qui réduisent les exigences de garantie, telles que l’évaluation psychométrique ; 7. Faciliter l’accès aux services de garde d’enfants ; 8. Encourager les hommes à favoriser un environnement plus propice aux femmes entrepreneures ; 9. Inciter les femmes à s’aventurer dans des secteurs à prédominance masculine en partageant des informations sur les rendements attendus dans ces secteurs, et par une exposition précoce sous forme d’un apprentissage ou de modèles de comportement masculins. 135 Tableau 7 Quelles sont les meilleures solutions pour soutenir les entreprises détenues par des femmes en Afrique ? Constats clés issus des évaluations d’impact rigoureuses DOMAINE DE POLITIQUE OBSTACLE À LEVER TYPOLOGIE DES ENTREPRISES Discriminations juridiques Toutes les entreprises 1. Supprimer les obstacles réglementaires et institutionnels auxquels Discriminations juridiques Toutes les entreprises font face les femmes entrepreneures Informalité Micro-enterprises Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes Compétences Micro-enterprises Compétences ; préférences en matière de Micro-entreprises et propriétaires confiance/risque ; normes sociales de petites entreprises 2. Renforcer les Micro-entreprises et propriétaires Réseaux et information compétences et les réseaux de petites entreprises Compétences ; réseaux et information Micro-enterprises Compétences ; préférences en matière de Micro-enterprises confiance/risque ; normes sociales Finances et actifs Micro-enterprises Finances et actifs ; allocation des facteurs de Micro-enterprises production 3. Améliorer l’accès au Finances et actifs ; préférences en matière de Start-up ou entreprises existantes capital et aux actifs confiance/risque ; compétences Finances et actifs ; allocation des facteurs de Micro-enterprises production Finances et actifs Micro-enterprises Contraintes de temps / soins aux proches Toutes 4. Alléger les contraintes du ménage VLG, contraintes de temps / soins aux Micro-enterprises proches ; allocation des facteurs de production 5. Aborder les normes Compétences ; réseaux et information ; sociales concernant les préférences en matière de confiance/ Jeunes entrepreneurs décisions professionnelles risque des femmes 6. Faciliter l’accès aux Normes sociales ; VLG Micro-enterprises marchés 136 LÉGENDE PREUVES CRÉDIBLES D’UN IMPACT POSITIF SUR LES RÉSULTATS DE L’ENTREPRISE PREUVES ÉMERGENTES D’UN IMPACT SUR LES RÉSULTATS DE L’ENTREPRISE DONNÉES MONTRANT L’ABSENCE OU LE FAIBLE IMPACT SUR LES RÉSULTATS DE L’ENTREPRISE (PEU PROMETTEUR) CONCLUSIONS PRINCIPALES (code couleur selon les données probantes) La suppression des préjugés sexistes et disparités hommes-femmes dans la mise en œuvre des lois accroît le libre- arbitre des femmes et leur pouvoir de négociation au sein du ménage Le renforcement des droits fonciers des femmes accroît le temps et les efforts qu’elles consacrent à l’entrepreneuriat Le seul allègement des contraintes à la formalisation n’est pas suffisant pour aider les entreprises dirigées par des femmes à croître Un programme de formation en gestion classique ne permet pas à lui seul d’améliorer les performances commerciales des petites entreprises appartenant à des femmes Les formations axées sur les compétences socio-affectives et les contenus sexospécifiques ont des impacts élevés sur la performance de l’entreprise L’élargissement de l’accès des entreprises à de nouveaux réseaux peut, dans un cadre adapté, avoir des répercussions positives sur la performance de ces entreprises L’offre d’un mentorat en plus de la formation en gestion classique a une valeur ajoutée limitée pour les micro- entrepreneurs Accompagner l’exécution de programmes de formation avec un soutien direct des pairs peut s’avérer prometteur Le microcrédit n’a que des impacts limités sur les résultats commerciaux des femmes Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique L’octroi de subventions en nature peut augmenter les bénéfices les femmes micro-entrepreneures, en particulier pour les plus performantes d’entre elles D’importantes subventions en espèces aux entreprises axées sur la croissance et sélectionnées dans le cadre de concours de plans d’affaires peuvent aider les femmes à surmonter les obstacles liés au capital Donner aux femmes un accès à des mécanismes d’épargne sécurisés – y compris l’épargne mobile – peut accroître les investissements des entreprises Les technologies alternatives de notation du crédit utilisant des tests psychométriques ont le potentiel de faciliter l’accès des femmes à des prêts plus importants Offrir des services de garde d’enfants peut accroître la participation des femmes sur le marché du travail La participation des hommes peut potentiellement favoriser un environnement plus favorable aux femmes entrepreneures Des informations sur les gains dans les secteurs traditionnellement réservés aux hommes et une exposition précoce par le biais de l’apprentissage et de modèles de comportements masculins peuvent inciter les femmes entrepreneures à se diriger vers ces secteurs Les formations n’éliminent pas le harcèlement contre les femmes par les gardes-frontières, mais elles peuvent enseigner aux commerçantes comment limiter ce harcèlement 137  Domaine de politique n° 1 : Lever les obstacles réglementaires, administratifs et institutionnels rencontrés par les femmes entrepreneure Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes Un bon climat d’investissement est crucial contraintes réglementaires, institutionnelles pour toutes les entreprises. Au cours des 10 et administratives pesant sur les femmes dernières années, les gouvernements africains entrepreneures, notamment : ont considérablement amélioré l’environnement réglementaire des entreprises.300 Les décideurs 1. La suppression des inégalités juridiques entre doivent tenir compte de trois grandes dimensions hommes et femmes et des disparités dans la sexospécifiques lorsqu’ils abordent les réformes mise en œuvre des lois ; du climat d’investissement. Premièrement, 2. Le renforcement des droits fonciers ; et la lutte contre les inégalités juridiques et 3. La formalisation. dans les droits de propriété des hommes et des femmes pourrait renforcer le contrôle des femmes entrepreneures sur leurs actifs. La suppression des préjugés Deuxièmement, certaines réglementations sexistes et des disparités hommes- non discriminatoires en matière de genre peuvent aggraver les inégalités. Par exemple, femmes dans la mise en œuvre une réglementation affectant de manière des lois accroît la capacité d’agir disproportionnellement négative le secteur des des femmes et leur pouvoir de petites entreprises peut être particulièrement pénible pour les femmes entrepreneures, ces négociation au sein du ménage. dernières ayant tendance à se concentrer dans ce type d’entreprise. Troisièmement, compte Les décideurs doivent chercher à supprimer les tenu des niveaux variables de représentation obstacles juridiques qui restreignent les droits de politique et de participation à la vie publique des propriété des femmes, leurs choix professionnels femmes, les disparités de capacité à peser sur et leur capacité juridique à signer des contrats. les débats politiques publics entre hommes et Les obstacles juridiques, plus fréquents pour femmes peuvent se traduire par des politiques les femmes mariées, peuvent restreindre les relativement moins favorables aux femmes droits des femmes à posséder, acquérir, gérer ou propriétaires d’entreprises.301 disposer de terres et autres propriétés pouvant servir de garantie pour des prêts, réduisant ainsi L’adoption d’une optique qui prenne en compte leur pouvoir de négociation au sein du ménage. le genre dans la révision des politiques et des réglementations, y compris dans leur application, Les pays africains se sont alignés sur une peut permettre de déterminer la manière de tendance mondiale progressiste visant à éliminer mitiger les trois groupes de contraintes subies les disparités juridiques entre hommes et par les femmes entrepreneures mentionnés femmes.303 Ces dernières années, le Togo, la Côte ci-dessus. Compte tenu des difficultés d’Ivoire et la République démocratique du Congo rencontrées par les femmes dans l’accès aux ont rejoint le groupe de pays qui ont abrogé actifs et leur contrôle, il semble particulièrement des dispositions privant les femmes mariées important de renforcer les droits de propriété.302 des bénéfices tirés du statut de chef de famille La vue d’ensemble ci-dessous évalue les (Encadré 10). À ce stade, peu d’études évaluent données sur l’efficacité de l’élimination des avec la rigueur voulue l’impact de ces réformes, 138 en partie parce qu’il est difficile d’isoler leurs a conclu que les femmes envoient souvent effets d’autres facteurs. Une évaluation304 des des hommes pour accomplir les formalités révisions du droit de la famille en Éthiopie – le administratives de leurs entreprises, même si consentement obligatoire des deux conjoints aucune contrainte juridique formelle ne les y pour gérer les biens matrimoniaux communs, oblige.307 Le droit coutumier est également très l’abrogation du droit du mari d’interdire à sa important. Dans certains pays, le droit coutumier femme de travailler hors de la maison et la prévaut en matière de mariage, de propriété hausse de l’âge minimum du mariage – a et d’héritage, et est explicitement dispensé de constaté une hausse du travail hors du foyer des respecter les principes constitutionnels de non- femmes de tous les groupes d’âge.305 L’étude discrimination.308 C’était le cas du Botswana, soutient l’idée qu’une augmentation du pouvoir mais dans ce pays, des groupes de femmes ont de négociation de la femme mariée au sein du réussi à contester la constitutionnalité des droits ménage va lui permettre de s’engager dans des coutumiers favorables aux héritiers masculins.309 activités aux rendements plus élevés. Au Kenya, une évaluation d’impact des réformes du droit Situation actuelle des éléments de preuve : de succession, notamment la suppression des Émergents. Il n’a été relevé aucune inégalités dans les droits de succession entre preuve spécifique d’un impact associé frères et sœurs, a également constaté que la à la suppression des discriminations réforme était associée au renforcement du juridiques sur les performances des femmes pouvoir de négociation des femmes mariées.306 entrepreneures. En revanche, d’autres résultats positifs ont été prouvés, notamment Toutefois, la révision des lois officielles ne suffira dans les taux de participation des femmes pas à éradiquer les inégalités juridiques entre au marché du travail et dans leur pouvoir hommes et femmes pour les entrepreneurs(e)s, de négociation, découlant des réformes compte tenu des normes sociales prédominantes politiques ciblées en Afrique. et des faibles capacités de mise en œuvre. Par exemple, une analyse des réglementations sous- nationales des activités d’affaires au Nigeria Encadré 10 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Réforme du droit de la famille en République démocratique du Congo Avant la réforme, le Code visant à supprimer la plupart sur l’élimination de toutes les de la famille en République des autorisations maritales. formes de discrimination à démocratique du Congo Les efforts de plaidoyer se sont l’égard des femmes. Toutefois, interdisait aux femmes poursuivis jusqu’à l’adoption des problèmes subsistent. mariées de signer un contrat, du Code de la famille révisé Si la loi reconnaît que les d’enregistrer des terres ou par le Parlement en juin 2016. femmes sont copropriétaires leur entreprise, de saisir Dorénavant, les femmes des actifs du ménage, le mari les tribunaux ou d’ouvrir mariées peuvent signer des bénéficie toujours du statut un compte bancaire sans contrats, enregistrer des terres juridique de chef de ménage, l’autorisation de leur mari. ou des entreprises, saisir les et du droit d’administrer les tribunaux et ouvrir un compte propriétés communes. Et la La réforme du Code de la bancaire sans l’autorisation de législation – y compris les famille est le résultat d’une leur époux. L’âge minimum du nouveaux amendements au coalition de réformateurs au mariage a également été relevé Code de la famille – n’est sein du gouvernement et du pour les femmes. pas toujours correctement secteur privé, de la société appliquée. Les femmes, civile et des partenaires au Le gouvernement de la RDC notamment les veuves, se développement. Les ministères a également ratifié plusieurs voient fréquemment refuser du Genre et de la Justice, avec accords internationaux et illégalement des pensions et l’appui de la Banque mondiale, régionaux protégeant les droits droits de succession. ont proposé en 2013 des des femmes et des jeunes révisions du Code de la famille filles, notamment la Convention Source : Reportage de la Banque mondiale. « What does it mean to be a woman entrepreneur in the Democratic Republic of Congo?”, 10 janvier 2017. 139 Le renforcement des droits Le programme de délivrance de titres fonciers à grande échelle au Rwanda et un programme fonciers des femmes leur permet pilote similaire au Ghana ont également constaté d’augmenter le temps et les efforts une augmentation des activités commerciales consacrés à l’entrepreneuriat. non agricoles chez les femmes et les hommes.318 Toutefois, les preuves de l’impact de la formalisation des droits fonciers sur l’accès au crédit sont limitées. L’évaluation d’impact au La sécurisation des droits fonciers permet aux Rwanda ne constate aucun effet sur les marchés femmes de mieux maîtriser les actifs pour fonciers ou du crédit en raison du développement leurs projets d’affaires, tout en augmentant limité des registres fonciers à ce stade.319 leur pouvoir de négociation au sein du ménage. Elle peut accroître leur capital financier et leur Situation actuelle des éléments de preuve : faciliter l’accès au crédit en les autorisant à Émergents. Aucune preuve spécifique utiliser leurs terres comme garantie, et en d’impact sur les entreprises détenues par générant des revenus de la vente et la location des femmes, mais des données probantes de leurs terres.310 La terre est le principal actif positives sur les résultats de la formalisation Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes productif des ménages africains, mais les des terres en matière de genre, notamment droits fonciers restent biaisés au détriment les investissements dans les terres et des femmes, qui constituent une minorité de l’augmentation du travail non agricole. propriétaires fonciers dans la région.311 Un nombre croissant d’évaluations d’impact des programmes de formalisation des titres L’allègement des contraintes à la fonciers en Afrique conclut que lorsque ces programmes s’accompagnent d’un cadre formalisation ne permet pas à lui politique approprié, ils apportent des résultats seul de contribuer à la croissance positifs en matière d’égalité des genres, y compris des investissements par les femmes d’entreprises dirigées par des dans leurs terres.312 Toutefois, ces études portent femmes. principalement sur les terres agricoles et fournissent des preuves limitées de l’impact sur Pour les entreprises informelles détenues l’entrepreneuriat en milieu urbain. par des femmes, la formalisation pourrait en théorie alléger les contraintes d’accès au Les anciens programmes de délivrance de crédit, aux réseaux et aux marchés publics ou titres de propriété en Afrique n’ont pas toujours le harcèlement des agents du fisc. Cependant, favorisé les femmes, et leur conception dans la pratique, rien n’indique que l’incitation doit donc inclure des éléments permettant à la formalisation par la simplification de d’améliorer leur sécurité foncière.313 À titre l’enregistrement des entreprises ait des effets d’exemple, un programme de régularisation directs sur ces résultats. des terres et sensible au genre au Rwanda a octroyé le statut de copropriétaire aux deux Des données probantes au niveau mondial membres des couples mariés, constituant un indiquent une adhésion limitée à un moyen efficace et peu coûteux de renforcer les enregistrement facilité des entreprises au sein droits fonciers des femmes.314 Dans le cadre des entreprises informelles.320 Les responsables d’un programme de régularisation des terres de politique ont expérimenté d’autres moyens urbaines en Tanzanie, des incitations tarifaires pragmatiques d’encourager la formalisation. ont permis d’augmenter la demande de titres de Un programme d’assistance gratuite321 en vue copropriété.315 De même, l’ajout d’incitations dans d’encourager l’enregistrement des entreprises un programme en Ouganda – coups de pouce informelles au Malawi a considérablement accru informatifs et subventions conditionnelles – a l’immatriculation des entreprises appartenant augmenté de 25 % à 50 % l’adoption de titres de à des hommes et des femmes, bien que peu propriété conjoints par les ménages.316 Outre la d’entreprises aient choisi de s’inscrire au délivrance de titres conjoints, les programmes registre des impôts.322 Dans un programme au doivent également garantir des avantages aux Bénin prévoyant une inscription au registre du femmes non mariées. Au Bénin, un programme commerce et des impôts, une augmentation participatif de démarcation et certification plus modérée de l’enregistrement laisse penser des terres a aidé les ménages dirigés par une que les coûts supplémentaires perçus de la femme à garder le contrôle de leurs terres. formalisation, notamment le paiement d’impôts Il a également contribué à faire évoluer les supplémentaires, est prise en compte dans la perceptions sur les droits de succession des décision d’immatriculation. Par ailleurs, les épouses et des filles.317 140 taux d’enregistrement des femmes étaient plus Prochaine étape : Approfondir faibles dans l’étude du Bénin.323 Dans les deux cas, les taux d’immatriculation des hommes notre compréhension de ce et des femmes étaient plus élevés lorsque des qui fonctionne pour réduire incitations supplémentaires étaient offertes, dont une session d’information sur les banques et les obstacles juridiques et l’ouverture d’un compte bancaire commercial au institutionnels Malawi, et des services bancaires, de formation et de médiation fiscale au Bénin. Des recherches supplémentaires doivent viser à mieux comprendre la façon Les éléments de preuve disponibles sur les dont la révision des lois relatives à la avantages tirés par les entreprises formalisées famille, la propriété et la succession indiquent des impacts limités. Au Malawi,324 la affecte les choix sectoriels, les décisions formalisation à elle seule n’a eu aucun impact d’investissement et l’accès au capital des ni pour les hommes ni pour les femmes sur femmes. Il faudra également comprendre l’utilisation d’un compte bancaire, l’épargne, le la manière dont la révision des lois sur crédit, la performance de l’entreprise ou d’autres la faillite et la succession réduit les résultats pertinents. Cependant, la conjugaison risques d’expropriation d’actifs. Ces d’une assistance à la formalisation et d’une recherches devront examiner comment session d’information sur les services bancaires les différentes réformes politiques – a produit des impacts significatifs sur l’ouverture notamment les registres de garanties de comptes bancaires d’entreprise, les pratiques mobilières, les systèmes d’information sur financières, l’épargne et l’utilisation de produits le crédit incluant la microfinance, et les financiers complémentaires, dont l’assurance. réglementations sur le financement des Cela a également eu des effets positifs de 28 % et micro, petites et moyennes entreprises 20 %, respectivement, sur les ventes et bénéfices (PME) – ont un impact sur les opportunités des entreprises détenues par des femmes.325 d’octroi de prêts pour les femmes. Situation actuelle des éléments de preuve : Même quand les lois officielles ne sont Peu prometteurs. Peu d’éléments de pas discriminatoires envers les femmes, preuve indiquent que les politiques d’appui les préjugés sexistes prédominants à la formalisation des entreprises, prises peuvent engendrer des disparités dans isolément, ont des effets positifs sur la la mise en œuvre au détriment des performance des entreprises détenues femmes entrepreneures326 – par exemple par des femmes. On relève des preuves en prenant des décisions de justice incohérentes. Des travaux supplémentaires Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique émergentes d’un effet positif en combinant la formalisation des entreprises et des sont nécessaires pour identifier l’impact interventions complémentaires telles que la de ces disparités sur les femmes et la fourniture de comptes bancaires d’entreprise. façon de les résoudre. D’autres études peuvent être menées sur l’efficacité des interventions complémentaires, telles que le plaidoyer, les campagnes d’information, la fourniture de services juridiques aux femmes entrepreneures et les coups de pouce qui améliorent l’application des réformes juridiques prônant l’égalité des sexes. Les interventions visant à renforcer la participation des femmes d’affaires au dialogue public-privé et à d’autres mécanismes de rétroaction entreprises/ gouvernement peuvent également faire l’objet de recherches futures. Enfin, de nouveaux programmes pourraient expliquer comment les normes sociales sexistes affectent la mise en œuvre des réformes juridiques. Dans ce contexte, il est difficile d’établir un lien de causalité, car plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’évolution des normes de genre et le processus de changement a tendance à ne pas être linéaire. 141  Domaine de politique n° 2 : Développement des compétences et des réseaux Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes L’analyse présentée dans la Partie 3 du présent En règle générale, la fourniture rapport a mis en évidence des différences entre les genres chez les entrepreneurs dans un d’une formation en gestion éventail de compétences d’affaires, techniques classique ne permet pas et socio-affectives – ainsi que des écarts entre d’améliorer les performances les hommes et les femmes dans l’accès à la formation – pour développer ces compétences. d’affaires des petites entreprises De plus, les différences de taille, d’influence et détenues par des femmes. de rôles des réseaux professionnels en fonction du sexe du chef d’entreprise peuvent également Malgré la popularité des programmes de contribuer aux variations dans les résultats formation en gestion, les preuves au niveau d’affaires. mondial de leur impact sur la performance des entreprises, notamment celles détenues par des La section ci-dessous évalue les éléments de femmes, sont au plus mitigées. La formation en preuve sur l’efficacité d’interventions ciblant gestion vise à améliorer les pratiques d’affaires les entrepreneurs pour leur transmettre et, en conséquence, les résultats de l’entreprise. des compétences et développer des réseaux Cependant, l’examen des évaluations d’impact professionnels. Ces interventions comprennent des programmes de formation en gestion met notamment : (a) la formation en gestion en lumière utilité limitée pour les femmes : si classique ; (b) le développement d’autres ces programmes peuvent avoir un impact sur les compétences pouvant être particulièrement pratiques d’affaires des bénéficiaires, leur effet pertinentes pour les femmes ; (c) la mise en sur la croissance des entreprises, les taux de réseau avec d’autres entreprises ; (d) le mentorat survie ou les bénéfices restent limités pour les directement relié à un programme de formation ; femmes.328 et (e) le soutien des pairs en plus d’une formation. Certaines contraintes ne permettent pas d’évaluer l’efficacité des programmes de Cette section souligne également la nécessité formation en gestion pour les femmes de mieux comprendre les types de formation et entrepreneures. Premièrement, ces programmes de soutien supplémentaire qui peuvent être les varient considérablement en termes de plus efficaces pour différents types de femmes contenu, de durée et d’exécution,329 ce qui entrepreneures.327 peut partiellement expliquer les variations importantes observées au niveau de leur impact. Un examen des services de formation à l’entrepreneuriat au Ghana, au Kenya et au Mozambique montre une variété de programmes ciblant différents publics et ayant différents objectifs. Mais ces programmes n’étaient généralement pas adaptés aux besoins de leurs bénéficiaires et ne tenaient pas suffisamment compte du développement du sens des affaires et de l’esprit d’entreprise (considérés comme des éléments clés de la réussite).330 Les programmes de formation en gestion abordent souvent des pratiques d’affaires trop générales, notamment la tenue de registres et le marketing.331 Il est moins 142 courant de trouver des programmes combinant Les formations axées sur les des compétences générales en gestion des affaires et une formation technique spécifique compétences socio-affectives et les au secteur.332 Les contenus sexospécifiques sont contenus sexospécifiques ont des rares. De plus, les échantillons utilisés par ces impacts élevés sur la performance évaluations d’impact sont souvent de petite taille, ce qui réduit leur utilité statistique pour des entreprises. révéler des différences de genre, voire un impact global.333 L’importance des compétences socio-affectives – Le type de formation et le public cible pourraient notamment la confiance en soi, le leadership, la également expliquer l’impact limité de la créativité, la propension au risque, la motivation, formation en gestion classique. Premièrement, la résilience et l’efficacité personnelle – pour de nombreux programmes se concentrent sur les résultats des entreprises est reconnue.341 les microentreprises, dont les possibilités de De nouvelles données probantes tirées des croissance sont le plus souvent limitées, et dont évaluations d’impact démontrent l’importance les propriétaires peuvent avoir besoin d’autres d’un renforcement de ces compétences pour les types de compétences.334 Deuxièmement, ces femmes entrepreneures en Afrique. formations peuvent ne pas aborder d’autres contraintes à la croissance de l’entreprise, Un programme d’entrepreneuriat centré sur les notamment les normes sociales qui façonnent femmes en Afrique du Sud a eu un impact positif l’esprit d’entreprise des femmes ou influencent la sur les bénéfices et les ventes des participantes répartition des ressources au sein du ménage.335 six mois après la fin de la formation, améliorant Troisièmement, l’impact de ces formations notamment leur motivation et leur confiance en sur les pratiques d’affaires pourrait s’avérer soi.342 Une étude au Togo conclut que la formation insuffisant pour améliorer la performance à l’initiative personnelle – encourageant un des entreprises. Un examen récent de ces comportement autonome, persévérant et programmes336 constate une forte corrélation orienté vers l’avenir – a des effets positifs entre les pratiques d’affaires et la performance significatifs sur les ventes et les bénéfices des des entreprises dans sept pays, dont le Ghana, le microentreprises dirigées tant par des hommes Kenya et le Nigeria.337 Cela laisse à penser qu’une que des femmes, tandis que la formation en formation de qualité et de durée suffisantes gestion, à elle seule, n’a pas d’impact (Encadré pourrait avoir un impact suffisamment important 11).343 Les femmes ayant bénéficié d’une sur les pratiques commerciales pour améliorer formation encourageant l’initiative personnelle les performances,338 en supposant qu’il n’existe ont constaté une augmentation de 40 % de aucun autre obstacle contraignant et que les leurs bénéfices, alors que cette augmentation Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique taux d’abandon n’augmentent pas avec des n’a été que de 5 % pour celles qui ont suivi un formations de plus longue durée.339 programme classique de formation en gestion. Ces augmentations de bénéfices avaient pour La dynamique des ménages pourrait également origine l’accroissement des investissements, contribuer aux impacts différenciés de ces une attitude nouvelle face à l’innovation et une formations pour les femmes. Au cours d’une recherche proactive de sources de financement. expérience de laboratoire dans le contexte d’un En Ouganda, une expérience pilote antérieure programme offrant une formation en gestion à avec des propriétaires de petites entreprises a des microentreprises en Tanzanie, les femmes également constaté un impact positif similaire étaient moins enclines que les hommes à sur les ventes après une formation encourageant partager les informations sur leurs revenus l’initiative personnelle.344 De même, une étude avec leurs conjoints. Cela peut signifier que les en Ouganda examinant de très récents diplômés femmes maîtrisent mal leurs revenus, et donc du secondaire (non centrée sur des entreprises tirent moins de bénéfices des gains associés à de existantes comme le présent rapport) a constaté meilleures connaissances commerciales.340 que des compétences entrepreneuriales spécialisées (finance, comptabilité et Situation actuelle des éléments de preuve : commercialisation) pouvaient contribuer Peu prometteurs. Les preuves sur l’impact efficacement à la création d’entreprises au sein des programmes de formation en gestion de la population cible. Toutefois, seul un cours classiques sur les femmes entrepreneures apportant des compétences non techniques de sont mitigées, et l’impact sur les micro- communication, de persuasion, de négociation entrepreneurs semble minime. Cependant, et de leadership a pu déboucher à la fois sur il est difficile de généraliser les conclusions la création d’entreprises et sur des impacts en raison de la grande variété des approches en termes de bénéfices.345 Par ailleurs, des et de la petite taille des échantillons de recherches récentes au Mozambique ont montré la plupart des évaluations d’impact des que la fourniture d’une vidéo visant à accroître formations. 143 les aspirations des vendeurs de marché participantes à ce programme travaillaient dans (dont 45 % sont des femmes) a eu un impact l’agroalimentaire, et devaient être propriétaires très important sur la performance de leurs ou gérantes d’entreprises établies comptant au entreprises.346 moins un employé, recruté hors du foyer. De plus, les participantes devaient fournir des lettres de La combinaison d’une formation en gestion recommandation d’un(e) autre entrepreneur(e) et en compétences socio-affectives destinée bien établi(e) et désigner six à huit autres aux femmes entrepreneures s’avère aussi femmes dont elles souhaitaient devenir le mentor efficace. Les participants à un programme après la formation. Le coût de la formation était de formation novateur axé sur l’estime de soi d’environ 2 500 USD par participante, mais les et l’initiative d’entrepreneuriat en Éthiopie – impacts sur trois ans de cette formation ont DOT ReachUp !347 – ont affiché des bénéfices largement couvert son coût. supérieurs de 30 % au groupe de contrôle. La formation a également renforcé la motivation et Enfin, un programme axé sur une adaptation la confiance des participants.348 de la méthode Kaizen – visant une amélioration continue grâce à une approche axée sur les Une évaluation d’impact d’un programme de processus, le bon sens et les coûts pour Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes formation de cinq jours ciblant des femmes améliorer la productivité – à l’industrie du micro-entrepreneures sur les marchés ruraux vêtement en Tanzanie (plus de 80 % d’entreprises du Kenya et s’appuyant sur le programme détenues par des femmes) a eu de larges Gender and Entrepreneurship Together (Get- impacts sur les bénéfices trois ans après Ahead) 349 de l’Organisation internationale du l’intervention.352 travail (OIT) a mis en lumière des retombées importantes. Ce programme adopte une Situation actuelle des éléments de perspective de genre du renforcement des preuve : Crédibles. Des éléments de compétences d’entrepreneuriat en complétant preuve confirment les impacts positifs des compétences de gestion de base avec des compétences psychosociales et des des thèmes tels que les barrières culturelles contenus sexospécifiques sur les résultats rencontrées par les femmes d’affaires et la des entreprises détenues par des femmes en répartition entre activités du ménage et de Afrique. l’entreprise. L’étude révèle des augmentations des bénéfices, du taux de survie et du taux de croissance des entreprises. Elle montre également un renforcement de ces effets trois Si les circonstances s’y prêtent, ans après la formation, suggérant que l’effet de la formation s’est consolidé au fil du temps. l’amélioration de l’accès des Ces effets ont découlé de l’amélioration des entreprises à de nouveaux réseaux pratiques commerciales, dont le marketing, peut avoir des répercussions la comptabilité et la gestion des stocks. Compte tenu de la hausse soutenue des positives sur leurs performances. bénéfices de l’entreprise, la formation – d’un coût total d’environ 200 USD par participant Comme indiqué dans l’Analyse approfondie – peut être considérée comme rentable. En 2, les réseaux peuvent contribuer au partage outre, cette étude n’a mis en lumière aucun d’informations, d’équipements, d’employés, de impact négatif de l’intervention sur d’autres financement, d’informations et de relations avec entreprises concurrentes dans le même les clients. Le développement de « nouvelles » quartier, qui n’avaient pas reçu cette formation. connexions plus souples peut notamment Les marchés dans leur ensemble semblent être le plus fructueux pour identifier ces s’être développés en termes de clientèle et de opportunités. Les différences entre les genres volumes de ventes.350 dans la composition du réseau peuvent limiter les possibilités des femmes de développer leurs En Éthiopie, un programme de formation entreprises. intensif de 12 jours en salle de classe et échelonné sur six mois, a ciblé des femmes Il est difficile d’élaborer et de tester un entrepreneures en mettant l’accent sur le programme permettant aux entreprises de tirer leadership, la mise en réseau, le mentorat, profit de l’ensemble d’opportunités inhérentes le développement des entreprises et la au réseau, notamment en termes de coûts, communication. Il a permis d’augmenter d’investissements et de ventes. Au Ghana, les bénéfices de 144 % en moyenne trois ans des entrepreneurs ont été incités de manière après l’intervention, notamment par le biais aléatoire à participer à une activité commune du développement de nouvelles activités exigeant une collaboration quotidienne.355 Cette et pratiques commerciales.351 Toutes les intervention – comparable au fait de bénéficier 144 Encadré 11 Formation à l’initiative personnelle au Togo La formation à l’initiative significative de 11 % de leurs qui n’ont pas cette base, et personnelle (IP), basée sur bénéfices moyens par rapport avoir des effets plus importants la psychologie, enseigne au groupe de contrôle.353 chez les entrepreneurs dotés une approche proactive et de niveaux de capital humain autonome de l’entrepreneuriat La formation IP a eu encore inférieurs. L’analyse du en mettant l’accent sur un plus d’impact sur les programme de formation IP comportement persévérant femmes entrepreneures, qui au Togo indique qu’aucun effet axé sur l’avenir et sur le constatent généralement n’est de premier ordre pour développement de l’« esprit peu d’amélioration après les femmes : la formation est d’entreprise ». Les participants une formation en gestion fructueuse indépendamment apprennent à chercher des classique. Les femmes ayant du niveau de scolarité de moyens de se distinguer des reçu une formation IP ont l’entrepreneur et ne présente autres entreprises, d’anticiper vu leurs profits augmenter pas de différences significatives les problèmes et de surmonter de 40 %, contre 5 % chez les en fonction des diverses les coups durs. Cette formation bénéficiaires d’une formation mesures du capital humain. favorise un renforcement des en gestion classique. Par Ces résultats suggèrent que la compétences de planification ailleurs, grâce à l’augmentation formation IP peut être efficace pour saisir des opportunités de leurs bénéfices, les chez des femmes ayant un et une meilleure préparation à participants au programme de large éventail de niveaux long terme. formation ont amorti le coût existants de capital humain.354 de l’enseignement (environ Le gouvernement et la Banque 750 USD par personne) dans En s’appuyant sur ces mondiale ont fait équipe avec l’année, démontrant ainsi son résultats, l’équipe a collaboré le psychologue Dr Michael bon rapport coût-efficacité. avec l’Institut national des Frese pour mettre en place la entrepreneurs mexicain formation IP lors d’un essai La formation IP n’a pas été (INADEM) et l’ONG mexicaine contrôlé randomisé avec des un simple coup de pouce aux CREA (qui soutient des femmes petites entreprises à Lomé bénéfices. Les entrepreneurs entrepreneures) pour concevoir (Togo). L’étude a comparé qui en ont bénéficié ont lancé un programme fusionnant l’impact de la formation IP des produits plus innovants une formation IP et une basée sur la psychologie à celui dans leur secteur d’activité formation commerciale de base du programme de formation que les participants à la classique. La formation est en Business Edge de la SFI. formation Business Edge. cours d’adaptation et de mise Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Un groupe de contrôle n’a Ils ont également emprunté en œuvre dans d’autres pays, reçu aucune formation. Les davantage et recruté plus dont l’Éthiopie, Madagascar, la chercheurs ont mené quatre d’employés. Mauritanie, le Mozambique, la enquêtes de suivi pendant les Jamaïque et le Nicaragua. Des deux ans qui ont suivi la fin du En outre, il est possible recherches complémentaires programme de formation. Les d’expliquer pourquoi différents sont en cours pour évaluer bénéficiaires de la formation IP types de formation à la gestion les impacts d’une formation ont vu leurs profits augmenter peuvent être plus efficaces IP adaptée au secteur de en moyenne de 30 % par pour les individus démarrant l’agriculture, et pour adapter rapport au groupe de contrôle. déjà avec une base de capital et étendre cette formation à Les participants au Business humain plus élevée, et d’autres secteurs et contextes Edge, en revanche, ont d’expliquer aussi pourquoi ces nationaux. enregistré une augmentation formations peuvent compenser statistiquement non certaines lacunes chez ceux 145 d’un réseau professionnel – a eu un effet positif outils pour être des mentors efficaces n’a mis sur l’investissement en capital et les bénéfices en évidence qu’un impact à court terme.360 Les des sociétés, et a entraîné la diffusion de mentorées ont déclaré avoir eu en moyenne pratiques d’affaires parmi les entrepreneurs 7,41 réunions de mentorat. Un mois après d’une même équipe. Les chercheurs ont constaté la fin des réunions de mise en réseau, une que les femmes – environ 60 % de l’échantillon augmentation de 24 % des bénéfices pour – étaient moins susceptibles que les hommes les principales activités des mentorées et d’échanger avec les membres de leur équipe, une hausse de la tenue de registres ont été mais l’étude ne présentait pas d’effets ventilés constatées. Environ deux ans et demi plus tard, il par sexe sur la performance des entreprises, n’y avait plus aucune incidence sur les résultats compte tenu de la petite taille de l’échantillon. des entreprises, que ce soit les pratiques, les bénéfices ou le nombre d’activités commerciales Une expérience en Éthiopie, en Tanzanie et en exécutées. L’intervention était conçue pour tirer Zambie dans le cadre d’un concours de plans parti des réseaux sociaux afin de diffuser des d’affaires a constaté un effet positif sur la compétences en gestion, mais n’a pas eu d’effets diffusion des pratiques commerciales pour les durables.361 dirigeants d’entreprises devant collaborer avec Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes des pairs.356 Moins de 20 % des participants Hors de la région, une récente étude importante étaient des femmes et aucun résultat ventilé par a montré que la mise en place d’associations sexe n’a été présenté. L’étude a constaté des professionnelles regroupant des propriétaires effets positifs de la diffusion des informations et des dirigeants d’entreprises chinoises relatives à l’immatriculation à la TVA et à relativement récentes a augmenté les ventes l’ouverture d’un compte bancaire. La diffusion de 8 %. Cela a eu également un impact positif semble être une combinaison de « diffusion de sur les bénéfices, les partenaires commerciaux, l’innovation » et d’une simple imitation. Aucun l’accès au financement et les compétences de effet sur la performance des entreprises n’a été gestion. Les effets ont persisté un an après la examiné dans l’étude. conclusion des réunions. Les dirigeants ont partagé des informations pertinentes pour leurs Au Kenya, un programme associant des entreprises, en particulier lorsqu’ils n’étaient femmes entrepreneures à des entreprises plus pas concurrents, montrant que les réunions expérimentées de la communauté a entraîné une facilitaient l’apprentissage par les pairs. augmentation moyenne de 20 % des bénéfices Les dirigeants ont créé plus de partenariats des entrepreneures.357 Toutes les participantes commerciaux lors de réunions régulières qu’au ont reçu une subvention en espèces ; certaines cours de réunions ponctuelles, indiquant que étaient inscrites à un cours de gestion ; et les réunions amélioraient l’adéquation entre d’autres ont été mises en relation avec un fournisseur et client. L’étude suggère également mentor expérimenté. La mise en réseau avec que le thème des discussions peut avoir son des entreprises plus expérimentées a eu des importance. répercussions positives tant que la relation a duré. L’effet s’est estompé à mesure que Situation actuelle des éléments de preuve : les binômes se sont défaits, ce qui indique Émergents. L’accès à de nouveaux réseaux l’importance d’une mise en réseau continue semble avoir des impacts positifs dans des pour améliorer la performance des entreprises. contextes spécifiques de la région, mais Celles qui ont continué à entretenir leur réseau aucune analyse d’impact ventilée par sexe après 12 mois ont continué à tirer profit de cette n’a encore démontré des effets durables sur relation d’affaires. En outre, les changements la performance des entreprises une fois les dans le groupe impliqué dans une mise en réseaux dissous. réseau active étaient principalement liés à l’accès à des informations spécifiques au marché sur des sujets tels que les lieux présentant une demande élevée, les fournisseurs à faible coût L’offre d’un mentorat en plus de la ou les produits à forte rentabilité. Il n’y a eu aucun effet sur les compétences d’affaires plus formation en gestion classique a générales abordées en classe. Les recherches une valeur ajoutée limitée pour les ont également démontré que les effets du micro-entrepreneurs. réseau se sont concentrés sur les propriétaires d’entreprises recourant le plus souvent aux En théorie, le soutien d’un mentor pourrait marchés pour acheter leurs stocks.358 étendre les connaissances d’affaires acquises dans les programmes de formation en salle De même, un programme de six mois359 de classe. Cependant, les données probantes demandant à des femmes d’affaires éminentes issues de programmes de mentorat destinés à de désigner sept mentorées et fournissant des des micro-entrepreneurs en Afrique n’étayent 146 pas cette hypothèse. Au Kenya, un programme offrant des séances individualisées et de groupe Prochaine étape : Approfondir animées par des mentors en complément notre compréhension de d’un programme de formation en gestion n’a ce qui fonctionne en vue constaté aucun avantage supplémentaire associé au mentorat, alors que le coût par participant d’améliorer les compétences du programme de mentorat était le double et les réseaux de celui de formation.362 Cette observation est conforme à des données probantes provenant Malgré la popularité des programmes de d’autres continents que l’Afrique, qui n’ont relevé développement des compétences pour les aucun impact durable du mentorat pour les femmes entrepreneures de la région, les femmes entrepreneures par rapport à la seule preuves de leur efficacité sont mitigées. formation.363 Certains nouveaux programmes sont prometteurs pour lever les contraintes État des éléments de preuve : Peu liées au genre. Il existe actuellement des prometteurs. Des preuves confirment opportunités pour continuer à tester des l’impact limité des programmes de mentorat interventions de politique et à évaluer pour les femmes entrepreneures en Afrique. rigoureusement leur impact, notamment : • En testant différents mécanismes et séquences pour combiner les Compléter l’exécution de composantes de formation portant sur programmes de formation avec les compétences et la finance. • En évaluant des formations basées sur un soutien direct des pairs peut la psychologie dans différents contextes, s’avérer plus prometteur. par exemple des normes sociales conservatrices. Les responsables de politique doivent • En examinant différentes façons d’inciter encourager la conception de programmes de les femmes entrepreneures à rejoindre développement des compétences qui tiennent des réseaux professionnels, y compris compte des obstacles rencontrés par les femmes des réseaux masculins, et en évaluant dans le développement de leurs entreprises. l’impact de programmes de ce type sur L’apprentissage en classe et le processus la confiance en soi et la disponibilité d’application des enseignements tirés de la d’informations pour la prise de décision. formation dépendent du contexte dans lequel • En comparant l’impact et la rentabilité Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique les femmes opèrent. Pour encourager la de la formation en gestion en classe par participation et laisser une place au soutien par rapport à des conseils ou un coaching des homologues, un programme en Inde a donné personnalisé, ou à la combinaison des la possibilité à des femmes entrepreneures deux. d’assister à un programme de formation de deux • En testant différentes modalités de jours avec une amie. Les résultats prometteurs programmes de développement des montrent une augmentation du revenu des compétences en classe, par exemple en ménages et de l’activité commerciale, et les demandant aux participantes de venir effets ont été particulièrement forts pour les avec une amie, un mentor masculin ou femmes provenant de groupes socialement leur mari aux séances de formation. conservateurs.364 Cela suggère que le soutien • En préparant et évaluant différentes par les pairs peut contribuer à alléger les séries de programmes de formation contraintes que les normes sociales et le pour divers types d’entrepreneurs et manque de confiance peuvent imposer aux de chefs d’entreprise, notamment en femmes entrepreneures. fonction de la taille, du secteur, du stade de développement et de l’orientation Situation actuelle des éléments de preuve : du marché (par ex. marché local contre Émergentes. Des éléments de preuve exportation) des entreprises. provenant de l’extérieur de l’Afrique • En évaluant le soutien intégré à des confirment la valeur ajoutée du soutien par start-ups qui misent sur la croissance à les pairs dans les programmes de formation. travers des accélérateurs et incubateurs d’entreprises. 147 148 Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 149  Domaine de politique no 3 : Améliorer l’accès au financement L’analyse (présentée dans les parties 2 et 3) présente section évalue les données probantes Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes des raisons de l’écart de performance des tirées des interventions visant à réduire les entreprises entre hommes et femmes a révélé contraintes de capital et de crédit spécifiques aux que les différences de capital social (stocks, femmes.366 équipements et autres actifs) contribuent de manière significative à ces écarts de rendement Le microcrédit n’a que des en Afrique. Alors que les disparités entre entrepreneurs masculins et féminins sont quasi impacts limités sur les résultats négligeables lorsqu’il s’agit simplement de d’affaires des femmes. contracter un prêt, une étude plus approfondie des données de l’évaluation d’impact utilisées Les services de microcrédit sont un moyen dans le rapport montre que cet écart est parmi d’autres de réduire les contraintes de beaucoup plus important au niveau du montant capital rencontrées par les femmes. En Afrique des crédits accordés. Les disparités entre subsaharienne, les femmes représentent 54 entrepreneurs masculins et féminins en matière % des clients d’institutions de microcrédit.367 d’épargne peuvent également expliquer les Une première série de six expériences différences d’investissement en capital. sur la microfinance (dont une en Éthiopie rurale) a révélé des impacts mitigés sur les De nombreuses approches visant à accroître le investissements, la taille et les bénéfices des capital disponible des femmes entrepreneures entreprises. Huit de ces mesures, estimées ont été testées dans la région et en dehors, sur une échelle de dix points, sont positives et avec des résultats variables. Ces approches, deux de ces mesures positives atteignent le généralement axées sur les microentreprises, seuil de signification statistique. Les résultats sont souvent associées à d’autres soutiens aux de l’expérience éthiopienne n’ont pas permis de entrepreneurs, notamment la formation. Comme confirmer un quelconque impact sur les résultats nous l’avons vu précédemment dans ce rapport, des entreprises.368 Ces études ont trouvé peu le contexte, les dotations et les caractéristiques d’éléments de preuve d’une augmentation des du ménage affectent la manière dont les femmes revenus des ménages.369 investissent le capital et la main-d’œuvre dans leur entreprise. Elles pourraient avoir moins Ces études ont été toutefois critiquées de pouvoir de décision que les hommes sur en raison de leur manque de puissance l’utilisation des fonds, être moins disposées à statistique. Selon une autre étude récente,370 se lancer dans la compétition et prendre des si plusieurs de leurs résultats sont importants risques, et assumer plus de responsabilités en moyenne, ils affichent de fortes variations. au sein de leur ménage, avec des implications Ces dernières, combinées à de faibles taux importantes sur les décisions d’investissement d’adoption des interventions de microcrédit en capital. proposées, confèrent à ces études une puissance statistique insuffisante pour mettre en lumière Les recherches sur l’impact des programmes des résultats avec le degré de confiance voulu. de développement d’entreprises tentent de La mutualisation des données des six études distinguer les effets de ces derniers sur les améliore cette puissance pour la plupart des ménages et les entreprises, qui peuvent être résultats, les chercheurs371 détectant des effets souvent différents. Les impacts des programmes de 29 % sur les bénéfices. Toutefois, cette visant à réduire les contraintes de capital pour approche a été également critiquée en raison de les femmes entrepreneures peuvent varier si ses limites,372 tandis que d’autres examens des d’autres membres du ménage (généralement, les évaluations d’impact existantes ont généralement hommes) possèdent aussi une entreprise.365 La révélé des impacts mitigés des microcrédits 150 sur la création et la survie des entreprises, et La fourniture de subventions peu d’éléments probants sur la contribution du microcrédit à l’augmentation continue des ventes en nature au lieu de petites et des bénéfices.373,374 subventions en espèces peut accroître les bénéfices des femmes La diversité des types d’entreprises peut compliquer les efforts déployés pour évaluer micro-entrepreneures performantes. l’impact moyen du microcrédit. Par exemple, une étude récente menée en Inde a conclu Comme c’est le cas pour la microfinance, les que le microcrédit générait des avantages petites subventions en espèces pourraient ne substantiels et durables sur plusieurs mesures pas se traduire par des bénéfices plus élevés liées à la taille et la performance des entreprises et une croissance de l’emploi pour les femmes existantes, mais des impacts très négligeables entrepreneures à faible revenu. Une expérience sur les nouvelles entreprises.375 Pour les sociétés menée en Tanzanie a conclu que la fourniture mieux établies, la microfinance a complété les de petites subventions en espèces n’avait aucun sources de crédit informelles au lieu de les impact sur la performance des microentreprises, remplacer, comme c’est le cas pour les nouvelles qu’elles soient dirigées par un homme ou une entreprises. femme.378 Une étude menée au Ghana n’a détecté aucun impact sur les femmes entrepreneures, Comme la principale différence entre hommes mais des impacts positifs pour les hommes.379 et femmes concerne le montant des prêts Hors de l’Afrique, une étude menée au Sri Lanka obtenus et non l’accès au crédit, le microcrédit a révélé que les hommes micro-entrepreneurs peut devenir un outil important, à condition investissaient des petites et grandes subventions qu’il aide les femmes à obtenir des crédits plus et en tiraient des bénéfices, tandis que les importants. Cependant, dans la plupart des femmes n’investissaient que les grandes programmes, ce n’est pas le cas. Alors que les subventions, dont elles ne tiraient en moyenne débats sur la microfinance ne cessent d’évoluer, aucun rendement.380 on pourrait tirer la conclusion suivante : sans être une panacée, ce mécanisme peut lisser les L’octroi de subventions en nature pourrait contraintes de liquidités des ménages et devenir, renforcer l’impact des interventions de crédit. Au lorsqu’il est bien ciblé, une source possible de Ghana, les entreprises féminines ayant bénéficié capital pour les micro-entrepreneurs.376 d’une assistance pour acquérir des stocks ou des équipements ont vu leurs bénéfices augmenter L’impact du microcrédit dépend également des fortement, mais seulement quand elles étaient conditions d’octroi, qui impliquent généralement initialement plus rentables.381 Les subventions en nature pourraient favoriser l’engagement de Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique des taux d’intérêt élevés et aucune période de grâce. En Inde, une expérience qui a assoupli leurs bénéficiaires, car elles ne peuvent pas être l’obligation de remboursement immédiat a eu utilisées aussi facilement pour les dépenses du des effets durables sur les taux d’investissement ménage que les subventions en espèces.382 et les bénéfices des microentreprises bénéficiant du délai de grâce.377 Parmi ces microentreprises, En outre, les subventions en nature et en espèces ce sont les plus prudentes et celles qui semblent toutes les deux peu appropriées pour subissaient les plus grandes contraintes de les entreprises de subsistance peu productives. liquidités à court terme qui ont le plus bénéficié Le ciblage de femmes entrepreneures plus de cette expérience. Dans l’ensemble, cela performantes semble porter ses fruits, du moins suggère que la manière dont le microcrédit pour l’assistance en nature. est proposé peut influencer son impact, bien que l’identification de ses caractéristiques les État des éléments de preuve : Émergentes. plus avantageuses pour les femmes micro- Une étude indique que les subventions en entrepreneures nécessite de nouvelles études. nature ont un impact positif sur les bénéfices des entreprises comparativement rentables État des éléments de preuve : Peu des femmes micro-entrepreneures en prometteurs. Il existe peu de preuves que Afrique. la microfinance a un impact positif sur les femmes entrepreneures en Afrique, bien qu’un nombre croissant de données recueillies dans le monde indique qu’elle peut être favorable à certains sous-ensembles d’entrepreneurs, sous certaines conditions. 151 D’importantes subventions en approche, y compris sur la manière dont les résultats sont influencés par le montant des espèces aux entreprises misant différentes subventions et le processus de sur la croissance et sélectionnées sélection. dans le cadre de concours de plans Un des principaux défis des concours de plans d’affaires peuvent aider les femmes d’affaires consiste à s’assurer que le processus à surmonter les contraintes de de sélection est ouvert et basé sur les mérites de ces plans, et que ces concours ne seront capital. pas monopolisés par les entreprises les mieux connectées. Pour écarter ce risque, le La fourniture d’importantes subventions en programme avait sciemment une haute visibilité, espèces dans le cadre de concours de plans tandis que la notation des propositions était d’affaires peut contribuer à éliminer les généralement basée sur l’anonymat et/ou réalisée contraintes de capital des entreprises axées sur par des évaluateurs indépendants reconnus. la croissance, y compris celles appartenant à des femmes. La sélection d’un nombre de gagnants Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes proportionnellement peu élevé par rapport au Dans le cadre d’un concours de plan d’affaires383 grand nombre de candidatures reçues est l’un organisé au Nigeria, des subventions en espèces des atouts les plus largement reconnus de ces d’un montant moyen de 50 000 USD ont été concours. Toutefois, l’importance de ce processus accordées à 1 200 entrepreneurs existants ou de sélection n’a pas encore été formellement nouveaux, sélectionnés selon un processus évaluée. De surcroît, après les obstacles concurrentiel et bénéficiant également d’une initiaux à la sélection des candidatures les plus formation et d’un mentorat. Ce programme a prometteuses, le choix des entreprises à forte eu des impacts positifs plus importants sur les croissance (et celles qui tireront les plus grands femmes que sur les hommes, suggérant qu’elles bénéfices de la subvention) s’est révélé lui aussi rencontrent de réelles contraintes de capital. Le difficile.388 programme a eu aussi des impacts importants et positifs sur l’emploi, les ventes et les bénéfices État des éléments de preuve : Crédibles. des entreprises appartenant tant à des hommes Les études menées en Afrique montrent que qu’à des femmes. Il semble que l’accès renforcé les subventions élevées accordées lors de au capital et le recrutement de main-d’œuvre concours de plans d’affaires ont un impact déclenché par la subvention aient produit ces positif sur l’emploi, les ventes et bénéfices des impacts positifs, et que le mentorat, les réseaux entreprises dirigées tant par des hommes que ou les comportements entrepreneuriaux aient des femmes. produit des résultats limités.384 Qui plus est, le concours de plans d’affaires s’est révélé utile pour sélectionner des entrepreneurs capables de développer leur activité au-delà du statut L’accès des femmes à des de micro-entrepreneurs. Toutefois, comme un cinquième seulement des candidats de mécanismes d’épargne sécurisés, y la première sélection étaient des femmes, compris des comptes en banque et des efforts supplémentaires s’imposent pour des technologies d’épargne mobile, accroître leur nombre à l’avenir.385 peut accroître les investissements Une seconde étude d’évaluation de l’impact de leurs entreprises. des récompenses accordées dans le cadre de concours de plans d’affaires a été conduite Les déséquilibres de pouvoir au sein du foyer en Éthiopie, en Tanzanie et en Zambie.386 Ces et les besoins des ménages peuvent affecter la concours ont accordé des subventions de 1 capacité des femmes à financer leurs activités 000 USD à des entrepreneurs émergents, dont commerciales. Par conséquent, des mécanismes 22 % étaient des femmes. L’étude a révélé visant à pousser les femmes à mettre de l’argent de forts impacts sur la probabilité de devenir de côté pour leur entreprise peuvent les aider entrepreneur, et sur la performance des à consacrer ces fonds à d’autres fins que les entreprises (ventes et bénéfices) et l’accès aux besoins du ménage. services bancaires.387 Aucune différence de genre n’a été identifiée. Par exemple, en offrant à des vendeuses de marchés du Kenya un accès à des comptes D’autres évaluations d’impact des concours de d’épargne, ces femmes ont pu augmenter plans d’affaires sont actuellement réalisées nettement l’investissement dans leur entreprise en Afrique. Leurs conclusions fourniront de (plus de 45 %) et leur consommation (37 %), nouvelles informations sur l’impact de cette alors qu’aucun impact n’a été détecté lorsque 152 des chauffeurs de moto en ont bénéficié.389 Une étude conduite au Kenya a conclu que, L’adjonction de l’accès à des comptes bancaires dans les zones où le prestataire de paiement d’entreprise pour soutenir la formalisation a mobile M-PESA s’était développé assez permis d’augmenter de manière significative rapidement, les ménages dirigés par une l’usage de comptes commerciaux et femme ont pu augmenter leur consommation d’assurances par les femmes, et un plus grand plus fortement que les ménages dirigés par un nombre d’entre elles a pu séparer les fonds du homme. Cette hausse de la consommation s’est ménage des fonds de l’entreprise.390 Cela a eu un accompagnée d’une augmentation de l’épargne impact important sur les ventes et les bénéfices des ménages dirigés une femme et a coïncidé des femmes entrepreneures.391 avec une réorientation des femmes du secteur de l’agriculture de subsistance vers des professions D’autre part, l’amélioration de l’accès aux entrepreneuriales et commerciales (185 000 services financiers ne signifie pas toujours que femmes ont abandonné l’agriculture pour les femmes y recourent davantage. Au Kenya, des exercer des professions commerciales).396 chercheurs ont remarqué que la fourniture de cartes de retrait gratuites permettant de réduire En Tanzanie, une étude a évalué sur six mois les frais de retrait et de faciliter l’accès aux l’impact d’une campagne de promotion de comptes avait entraîné une augmentation globale l’ouverture de comptes d’épargne mobiles auprès de l’utilisation de ces comptes.392 Cependant, les de femmes entrepreneures du pays, avec ou hommes ont fait un usage beaucoup plus intensif sans formation en conduite des affaires. Cette de leur compte que les femmes. étude a montré que les femmes réalisent des économies substantiellement plus élevées avec Des recherches en milieu rural suggèrent leur compte mobile que celles qui n’ont pas également que les ménages pauvres n’acceptent reçu d’encouragement, et que cet impact est pas facilement d’utiliser un compte bancaire. renforcé par la formation. Le compte mobile a Une étude menée en Ouganda et au Malawi393 a également aidé les femmes à obtenir un plus offert des comptes bancaires à des personnes grand nombre de petits prêts. Par ailleurs, la majoritairement non bancarisées. L’échantillon formation en gestion s’est traduite par une comprenait 70 % de femmes. Environ 46 % amélioration des pratiques de gestion. L’étude des ménages ougandais et 37 % des ménages n’a toutefois pas trouvé aucune corrélation malawites possédaient une entreprise. Le taux entre ces impacts et une augmentation des d’ouverture de compte a été de 50 % en Ouganda investissements, des ventes et des bénéfices sur et de 69 % au Malawi. Toutefois, un pourcentage la période étudiée. En revanche, elle a observé nettement plus bas de personnes a véritablement une expansion de l’activité par la création utilisé son compte ; en l’espace de deux ans, 17 d’entreprises secondaires rentables, ainsi que Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique % des ménages ougandais et seulement 10 % des améliorations de l’autonomisation et du des ménages malawites ont effectué au moins bien-être subjectif des femmes.397 cinq dépôts. Une des questions importantes abordées par cette étude consistait à savoir si la Situation actuelle des éléments de population était trop pauvre pour épargner, ou si preuve : Crédibles. Des données fiables les comptes n’étaient pas bien adaptés à leurs tirées de plus d’une étude en Afrique besoins ou habitudes. L’étude suggère que ces confirment l’impact positif de la fourniture deux facteurs ont été tout aussi importants. de mécanismes d’épargne aux entreprises dirigées par des femmes sur l’investissement La technologie peut être un outil utile pour éviter et la performance des entreprises. Les ces risques. En Afrique, l’argent mobile est de interventions doivent être correctement plus en plus répandu et des preuves croissantes ciblées pour garantir une bonne adoption par confirment les avantages des paiements les groupes cibles concernés. numériques pour les femmes. En particulier, les paiements mobiles permettent aux programmes de cibler plus efficacement les femmes et D’autres technologies de notation permettent à ces dernières de mieux contrôler les dépenses du ménage.394 Les paiements du crédit utilisant des tests numériques garantissent la confidentialité et psychométriques peuvent faciliter la maîtrise des revenus à ceux qui les utilisent, l’accès des femmes à des prêts plus ce qui, à son tour, peut les inciter davantage à exercer un emploi rémunéré.395 Ils peuvent importants. également aider les femmes à faire face à des Dans les situations où les femmes sont moins chocs de revenu inattendus en leur donnant susceptibles de posséder des actifs fixes accès à de l’argent ou au soutien d’un réseau pouvant servir de garantie, notamment des social plus large. maisons ou des terres, une des solutions serait d’offrir des prêts sans garantie (ou à 153 garantie réduite), basés sur des mécanismes S’il est bien connu que les caractéristiques fiables d’évaluation du risque de crédit. À des emprunteurs sont une bonne mesure l’aide de technologies financières (« fintech »), de la probabilité de leur remboursement, la les institutions financières peuvent accéder quantification de ces caractéristiques s’est, à des données jusqu’ici inexploitées sur les jusqu’ici, avérée difficile pour les institutions clients et les marchés. Ces données peuvent financières. Après des années de recherches, provenir de multiples sources, notamment de il est aujourd’hui possible de décomposer la tests psychométriques, téléphones portables, personnalité en caractéristiques mesurables, par réseaux sociaux, navigateurs Web, paiements exemple le locus de contrôle, l’intelligence fluide, aux services publics et terminaux de points de l’impulsivité, la confiance en soi, la capacité vente. Elles permettront de mieux cerner les flux de différer la gratification et la conscience, et de trésorerie des emprunteurs, leurs traits de de prédire le risque de crédit grâce à un test caractère et leurs réseaux, afin de mieux calculer psychométrique basé sur ces caractéristiques. le risque lié aux clients actuels et d’élargir la portée des services financiers à de nouveaux La viabilité des technologies financières emprunteurs jusqu’alors non bancarisés. dépendantes des téléphones portables ou de l’accès à Internet est moindre sur un marché Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes En Éthiopie, un projet pilote évalue la mise en tel que l’Éthiopie, ou seulement 7 % de la œuvre d’une nouvelle technologie de notation population utilisent Internet et 51 % disposent du crédit visant à améliorer la capacité d’une d’un abonnement de téléphonie mobile.398 institution financière à prêter aux femmes C’est pourquoi les tests psychométriques entrepreneures. En l’absence de garantie, et (littéralement, la « mesure de l’esprit ») avec des informations limitées sur la solvabilité apparaissent comme une option prometteuse des emprunteuses, les tests psychométriques pour brosser un portrait plus complet des apparaissent comme une solution prometteuse. emprunteurs éthiopiens. Contrairement à Encadré 12 Dynamique interne des ménages et interventions visant à surmonter les contraintes de capital Pour surmonter efficacement les contraintes de capital revenus. En revanche, pour les couples qui ne cachaient pesant sur les femmes, les programmes doivent tenir pas leurs revenus, les résultats étaient inverses : un fort compte des modalités de coopération entre conjoints impact positif a été observé pour les hommes recevant au sein du ménage et de l’existence de biais dans le prêt, accompagné d’un impact négatif pour les l’affectation des ressources du foyer. Une expérience femmes recevant le prêt ou la subvention accompagnés conduite au Kenya a attribué de façon aléatoire des d’une formation. Ce constat démontre la nécessité de subventions de montants différents à des couples rechercher des soutiens aux femmes entrepreneures mariés, qui ont été versées sur des comptes d’épargne qui tiennent compte des relations de pouvoir au sein du individuels et communs.400 Quand les subventions les ménage.403 plus élevées étaient affectées à un compte commun, les couples titulaires étaient plus susceptibles de les Par ailleurs, les effets sur les ménages et les entreprises investir dans du bétail et des actifs ménagers. En cas peuvent être différents. Ils doivent donc être évalués d’affectation à leur compte individuel, ces couples étaient pour comprendre pleinement l’impact d’une intervention plus susceptibles de les investir dans des activités de politique. L’impact limité de la microfinance (ou génératrices de revenus. Ce constat pourrait indiquer que des subventions) sur les entreprises dirigées par des le contrôle des ressources a un impact sur l’affectation. femmes pourrait s’expliquer par la présence d’autres entreprises dans le ménage, et le choix d’une stratégie D’autres constats liés à la dynamique interne des affectant le capital à l’entreprise la plus rentable, ménages montrent que les femmes préfèrent dissimuler laquelle est souvent dirigée par un homme. Une étude leurs revenus à leur conjoint quand elles ont relativement sur les effets sur le ménage et l’entreprise des clients moins de contrôle sur la manière dont ces revenus seront d’institutions de microfinance en Inde et de bénéficiaires utilisés.401 Une étude récente a évalué les résultats en de subventions en espèces au Sri Lanka et au Ghana fonction du genre de plusieurs programmes de soutien suggère que de nouvelles injections de capitaux (au à l’entrepreneuriat en Ouganda. Ces programmes moyen d’une subvention ou d’un prêt) peuvent être fournissaient soit un prêt, soit une subvention, soit investies de manière à optimiser le revenu du ménage encore un prêt ou une subvention, accompagnés d’une plutôt que les activités de l’entreprise. Quand la femme formation à la gestion d’entreprise. L’étude s’est basée est le seul entrepreneur du foyer, cette injection a des sur un jeu comportemental pour déterminer si les époux retombées positives comparables à celles des hommes. dissimulaient leurs revenus à leur conjoint.402 Au niveau En revanche, dans les ménages où l’homme et le femme agrégé du ménage et au niveau individuel, aucun effet sont tous deux propriétaires d’entreprises, cette injection significatif n’a été observé sur les résultats économiques n’apporte que peu de retombées positives, voire aucunes, pour les hommes et les femmes qui dissimulaient leurs aux entreprises dirigées par des femmes.404 154 d’autres solutions basées sur les données entrepreneur remboursera un prêt. Ils montrent des technologies financières, les tests qu’un client ayant obtenu une note élevée est psychométriques peuvent générer des données sept fois plus susceptible de rembourser son totalement nouvelles sur les emprunteurs. Le prêt qu’un client ayant une note inférieure. test psychométrique utilisé a été adapté de manière à y inclure plus d’exercices visuels et De même, au Pérou, une évaluation basée sur interactifs pour les membres de la population une approche de discontinuité de la régression éthiopienne peu alphabétisés et peu familiarisés et utilisant des données de bureaux de crédit avec les technologies numériques. montre que le test psychométrique augmente de 59 points de pourcentage l’utilisation des prêts Dans le cadre de ce projet pilote, les par les propriétaires de petites et moyennes demandeurs de prêt peuvent compléter le test entreprises sans antécédents de crédit, sans psychométrique en 45 minutes seulement. pour nuire au taux de remboursement.399 Si la note obtenue au test est supérieure au seuil minimal fixé, les demandeurs peuvent Situation des éléments de preuve : s’en servir comme un type de collatéral pour Émergentes. Le recours à des tests prouver aux créanciers qu’ils ont à la fois la psychométriques en guise d’alternative aux capacité et la volonté de rembourser le prêt. Les garanties a donné des résultats prometteurs. résultats préliminaires suggèrent que ce test psychométrique peut indiquer avec fiabilité si un Étape suivante : mieux mécanismes tels que le capital-risque ou comprendre ce qui fonctionne l’investissement providentiel. • Évaluer les impacts des subventions pour améliorer l’accès au de contrepartie sur la performance des capital et au crédit entreprises.405 Les subventions de contrepartie sont utilisées pour favoriser l’expansion des À l’avenir, les recherches devraient services de développement des affaires, pour comparer les effets des programmes visant moderniser les solutions technologiques ou à lever les contraintes de capital sur les d’autres équipements, ou encore pour introduire ménages et les entreprises individuelles, des innovations. de même que les dynamiques qui, au sein • Inclure le crowdfunding en tant que source Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique du ménage, motivent les décisions en potentielle de capital pour les PME. matière d’affectation du capital (Encadré 12). • Financement avec garantie mobilière, comme Comprendre les déséquilibres de pouvoir le leasing ou le microleasing, l’affacturage et la entre époux peut aider les praticiens à finance commerciale. concevoir des interventions efficaces en • Cibler les femmes entrepreneures avec un appui aux entreprises dirigées par des produit d’assurance aux entreprises.406 Utiliser femmes. De plus amples recherches sont ces instruments financiers pour pallier nécessaires pour comprendre l’impact l’absence d’investissements en raison de d’une combinaison d’interventions visant à risques d’incendie, de vol ou autres accidents, surmonter les contraintes de capital (par de même que les chocs macro-économiques qui exemple, les subventions en espèces ou les accroissent le risque de faillite. mécanismes d’épargne) et de caractéristiques • Tester différentes approches pour encourager de conception (par exemple, le renforcement l’épargne, notamment par le biais de plateformes du contrôle et de la confidentialité) visant à d’argent mobile et de dispositifs d’engagement. augmenter la probabilité d’investissement du • Utiliser les technologies de l’information et capital dans une entreprise dirigée par une de la communication (TIC) afin de trouver des femme. solutions innovatrices aux contraintes de crédit (par exemple, prêts fondés sur des données D’autres interventions de politiques pourraient pour le microcrédit, prêts sans garantie, services être testées dans le contexte africain afin de financiers mobiles allant de comptes d’épargne réduire les obstacles liés au capital, dont les à des produits financiers plus complexes liés à suivantes : l’assurance agricole). • Associer l’épargne et les subventions à différents • Évaluer l’efficacité par rapport au crédit de types de formation et de conseils aux entreprises. prises de participation dans des entreprises • Évaluer les mécanismes de lutte contre la détenues par des femmes. Cette évaluation corruption dans les pratiques de prêt, et mesurer pourrait s’accompagner de l’étude de l’importance de cette corruption. 155  Domaine de politique n° 4 : Alléger les contraintes posées par le ménage de garde subventionnés dès le plus jeune âge étaient en moyenne 1,3 point de pourcentage plus susceptibles de diriger une entreprise que les femmes du groupe de contrôle.408 Une étude Les femmes entrepreneures consacrent aux menée en Chine a révélé qu’une augmentation travaux du ménage et aux enfants une part d’un point de pourcentage de l’accès à des disproportionnée de leur temps par rapport services de garde d’enfants abordables se Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes aux hommes et les contraintes de temps que traduisait par une augmentation de 0,47 point de ces tâches imposent peuvent impacter d’autres pourcentage du taux d’entrepreneuriat chez les activités productives. L’analyse de la Partie femmes, ce chiffre augmentant par ailleurs dans 3 a révélé que les femmes entrepreneures les provinces où l’accès aux services de garde consacraient à leur entreprise de 3 % à 17 % d’enfants connaissait la plus forte hausse.409 moins de temps par semaine que les hommes après avoir tenu compte des caractéristiques Toutefois, les coûts élevés de ces services individuelles, de l’entreprise et du secteur. Cette peuvent contrer les impacts potentiellement analyse a également montré que le manque positifs sur l’activité économique des femmes.410 de contrôle des femmes sur l’affectation des Il faut donc que les politiques de garde d’enfants ressources de leur ménage pouvait être une soient associées à d’autres mesures favorisant source d’inefficacité. la participation des femmes au marché du travail, notamment l’éducation, et tiennent Pour alléger les contraintes que le ménage fait compte des normes culturelles.411 D’autres peser sur les femmes entrepreneures, certains facteurs influencent l’utilisation des services programmes cherchent à faciliter l’accès à des de garde d’enfants, dont l’emploi des parents, services de garde d’enfants et de soins aux la disponibilité d’autres prestataires de soins, personnes âgées. D’autres programmes visent l’accessibilité financière, la localisation et les à mobiliser d’autres membres du ménage afin heures d’ouverture, ainsi que la confiance dans de créer un environnement plus propice à une le prestataire de services.412 Une conception femme chef d’entreprise. et une gouvernance prudente des services de garde d’enfants sont essentielles pour avoir un impact favorable sur le développement et les a. L’offre de services de garde perspectives à long terme des enfants. d’enfants peut accroître la participation des femmes au Situation actuelle des éléments de preuve : Émergentes. L’impact des services de garde marché du travail. sur la performance des entreprises n’a pas encore été démontré en Afrique. Des données Des services de garde d’enfants pourraient être mondiales, y compris en Afrique, révèlent une un moyen efficace d’alléger les contraintes de augmentation du taux de participation des temps des femmes entrepreneures. Comme femmes au marché du travail associée à une indiqué dans la Partie 3, plusieurs études, offre accrue de services de garde d’enfants. notamment au Kenya, au Mozambique et au Togo, ont analysé l’impact des services de garde d’enfants sur le taux de participation des femmes à la population active et ont mis en lumière des b. La participation des hommes peut effets positifs significatifs.407 favoriser un environnement plus Pourtant, il n’existe aujourd’hui aucune étude propice aux femmes entrepreneures. publiée évaluant spécifiquement l’impact de la garde d’enfants sur la performance des La participation des époux et autres membres entreprises. masculins du ménage pourrait faire évoluer la division du travail au sein du ménage, mais aussi Une évaluation d’impact au Kenya a révélé de changer les normes et les comportements413 que les jeunes mères bénéficiant de services relatifs à la prise de décisions au sein du 156 ménage et au rôle des femmes en tant que il est important de les soutenir et comment ce prestataires de soin et propriétaires d’entreprise. soutien peut profiter à l’ensemble du ménage. Les interventions visant à inciter la participation des hommes sont de plus en plus répandues, Situation actuelle des éléments de preuve : en particulier dans les domaines de la santé Émergentes. Il n’existe encore aucune preuve reproductive et de la violence liée au genre, que des interventions encourageant les quoique des données fiables quant à leur impact hommes à participer aux tâches ménagères restent limitées.414 et à créer un environnement plus propice à l’entrepreneuriat féminin ont un impact positif Un programme récent du Rwanda visant à sur la performance des entreprises détenues engager de jeunes hommes et des couples par les femmes. Cependant, des éléments dans des discussions de groupe sur les probants indirects indiquent la nécessité de comportements respectueux de l’égalité des réaliser des tests supplémentaires. sexes a donné des résultats prometteurs. Ce programme comprenait 15 séances. La moitié d’entre elles offraient un espace exclusivement réservé aux hommes pour leur permettre de discuter de questions sensibles liées à santé Prochaine étape : mieux sexuelle et à la violence liée au genre, sujets comprendre ce qui fonctionne que les hommes hésitaient à aborder avec leurs partenaires. Les discussions ouvertes entre pour alléger les contraintes hommes ont porté notamment sur leur rôle au au niveau du ménage sein du ménage, en tant que père et partenaire, et sur leurs relations avec leurs propres parents. Le domaine est encore neuf mais pourrait L’autre moitié des séances faisaient participer être important pour alléger les contraintes les couples, et abordaient des questions liées à profondément ancrées dans les normes sur la communication interpersonnelle, à la prise les rôles et responsabilités respectives des de décision, aux rôles au sein du ménage et à la hommes et des femmes dans la société. violence. Plusieurs opportunités permettent de tester de nouvelles approches au niveau du L’évaluation de ce programme a révélé un ménage susceptibles d’apporter un appui impact considérable et significatif sur plusieurs aux femmes entrepreneures, notamment : résultats de santé et de comportement. Les femmes signalent une incidence plus faible • Vérifier si les améliorations de l’accès des violences physiques et sexuelles de leurs à des services de garde d’enfants se Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique partenaires intimes. Tant les femmes que les traduisent par des effets durables sur la hommes signalent également une baisse des performance des entreprises. sanctions violentes contre les enfants. Les • Étudier différents mécanismes pour hommes et les femmes sont plus susceptibles impliquer les couples, les hommes et de prendre ensemble des décisions sur les d’autres membres masculins du ménage finances et la fécondité. Enfin, les hommes afin d’atténuer les contraintes liées à la participent davantage aux tâches ménagères répartition de la prise de décision, à la en y consacrant près d’une heure de plus par garde des enfants et aux responsabilités jour. Cette étude n’a pas mesuré l’impact sur ménagères, et à la violence du partenaire la performance des entreprises, mais ces intime. résultats ont mis en lumière le potentiel de telles • Vérifier si les programmes impliquant interventions pour transformer les rôles des la participation des hommes peuvent hommes et des femmes au sein du ménage, et compléter des interventions visant un impact positif sur un éventail de résultats de à promouvoir des comportements développement.415 proactifs. Les formations en couple s’avèrent également • Comparer les approches conçues utiles pour promouvoir une plus grande égalité pour fournir un accès à l’épargne et dans l’affectation des ressources du ménage. Au au capital, en mettant l’accent sur la Ghana, un projet pilote étudie l’efficacité relative collaboration au sein du ménage (par de l’offre de petites subventions en espèces à exemple, formation aux couples) à celles des femmes sous condition que celles-ci et leur renforçant le contrôle et la confidentialité partenaire masculin participent à un programme chez les femmes entrepreneures. de formation sur l’affectation des ressources au • Tester l’importance d’approches plus sein du ménage.416 Cette formation utilise des globales au sein du ménage en vue de exercices interactifs expliquant comment les faire évoluer les normes sexospécifiques entreprises dirigées par des femmes peuvent et améliorer les opportunités d’affaires être tout aussi rentables que les autres, pourquoi des femmes. 157  Domaine de politique n° 5 : Examiner l’influence des normes sociales sur les choix professionnels des femmes Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes Comme présenté dans la Partie 3, le choix Une meilleure information sur les du secteur d’activité peut partiellement expliquer les différences de performance des gains récoltés dans les secteurs affaires selon le sexe du chef d’entreprise. De traditionnellement dominés récentes études menées dans la région ont par des hommes ainsi qu’une montré que les performances des femmes entrepreneures exerçant dans des secteurs à exposition précoce par le biais prédominance masculine sont bien meilleures, de l’apprentissage et la proximité voire aussi bonnes que celles de leurs homologues masculins, que les performances de modèles de comportement d’entrepreneures qui se confinent aux secteurs masculins peuvent inciter les traditionnellement dominés par des femmes.417 femmes entrepreneures à se diriger Pour accroître la participation des femmes vers ces secteurs. dans les secteurs traditionnellement réservés aux hommes, la première étape consisterait à lever les obstacles juridiques qui conditionnent Un ensemble de politiques est actuellement leurs choix professionnels. En Afrique, 62 % des testé dans toute l’Afrique afin d’encourager pays imposent aux femmes des restrictions à plus de femmes à se lancer dans des secteurs l’accès à certaines professions.418 Cependant, à rendement plus élevé traditionnellement des réformes juridiques ne suffiront pas à elles dominés par des hommes, en fournissant à seules à encourager les femmes à intégrer celles-ci des informations sur les opportunités des secteurs traditionnellement réservés aux de revenus, des programmes de mentorat et hommes. d’apprentissage et des sessions de formation axés sur les activités de gestion et les Jusqu’ici, l’analyse suggère que les différences compétences techniques spécifiques à ces de niveaux de participation dans les secteurs à secteurs. rendement élevé ne sont pas déterminées par Un domaine d’intervention consiste à fournir des des dotations telles que l’éducation ou l’accès informations sur les opportunités de revenus au financement, mais plutôt par des facteurs qu’offrent les secteurs à forte concentration psychosociaux – en particulier l’influence de masculine. Des informations précises peuvent modèles masculins et l’exposition au secteur modifier des perceptions erronées sur les gains grâce à des membres de la famille et des amis.419 dans les secteurs traditionnellement féminins Un emploi du temps conditionné par des normes et aider les femmes, en particulier les jeunes sociales peut également influencer le choix du femmes, à prendre des décisions plus éclairées secteur d’activité.420 au moment de choisir leur secteur d’activité. Les femmes entrepreneures exerçant dans des secteurs essentiellement féminins croient à tort qu’elles gagnent autant, voire plus, que leurs homologues des secteurs à prédominance masculine. Par exemple, 80 % des Ougandaises qui se confinent à des secteurs à prédominance féminine sont convaincues, mais à tort, qu’elles gagnent autant ou plus que leurs homologues travaillant dans des secteurs à prédominance masculine.421 La situation est la même en 158 Éthiopie, où une majorité de femmes exerçant plus de chances de réaliser le « crossover ».424 dans des secteurs traditionnellement féminins En Éthiopie, les femmes exerçant dans des pensent à tort que leurs bénéfices sont similaires secteurs à prédominance masculine sont plus ou supérieurs à ceux de leurs consœurs exerçant susceptibles de lancer leurs activités à la suite dans des secteurs à prédominance masculine, d’une opportunité offerte par leur mari. En alors que ces bénéfices sont en réalité inférieurs outre, des études qualitatives ont conclu que la pour 64 % des entreprises.422 profession du père pouvait encourager sa fille à intégrer un secteur à prédominance masculine Dans un programme de formation en lui fournissant un accès à des capitaux ou des professionnelle au Kenya, les femmes exposées fonds de démarrage.425 à des informations sur les revenus attendus de professions typiquement masculines et Des éléments de preuve émergents suggèrent ayant vu une vidéo consacrée à des femmes que la fourniture d’une formation technique, mécaniciennes étaient plus susceptibles par même si elle ne cible pas explicitement un environ 9 points de pourcentage de choisir choix professionnel, peut modifier les normes une formation professionnelle à un métier intériorisées par les femmes quant aux réservé aux hommes, et plus susceptibles de secteurs d’emploi qui leur seraient réservés. Au s’inscrire dans une telle formation par 5 points Nigeria, une étude récente a constaté que les de pourcentage. Parmi les femmes couvertes lauréates d’un programme de formation aux TIC par ce programme, les plus jeunes et les plus avaient 23 % plus de chances que le groupe de instruites étaient plus enclines à opter pour des comparaison d’être employées dans ce secteur domaines à prédominance masculine. La plupart deux ans plus tard. De plus, parmi les femmes des femmes qui s’étaient inscrites dans des réfutant d’emblée une intégration obligée à un formations à des métiers réservés aux hommes secteur considéré comme traditionnellement ont finalement quitté le programme, suggérant féminin, la probabilité de rejoindre le secteur que la fourniture d’informations ne peut pas des TIC était trois fois plus élevée que pour les suffire à elle seule.423 autres.426 Cependant, en l’absence de politiques plus volontaristes, la seule fourniture d’une Cependant, en République du Congo, un formation technique n’a que peu de chances programme de formation professionnelle à d’avoir une influence substantielle sur les choix différents métiers (à prédominance masculine professionnels des femmes. et féminine) informe les candidats sur les avantages offerts par ces métiers. Le programme L’intégration par les femmes de secteurs a produit deux vidéos : l’une décrivant les à prédominance masculine augmente les différents métiers et les programmes de risques de harcèlement et de violences basées Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique formation disponibles (version A), l’autre sur le genre. Ces risques accrus devront être fournissant les mêmes descriptions plus des évalués avant le lancement de programmes informations sur les bénéfices médians attendus encourageant cette intégration, et des mesures dans chaque métier (version B). Les candidats d’atténuation devront être identifiées, y compris sont invités de manière aléatoire à visionner soit la création d’un environnement de travail plus la version A soit la version B avant de soumettre sûr pour les femmes.427 une candidature pour un métier spécifique. Cela permet de clarifier si des informations de qualité Situation actuelle des éléments de preuve : et accessibles sur les revenus potentiels d’un Émergents. Il existe peu de données métier peuvent encourager les femmes à opter probantes susceptibles de confirmer que des pour des métiers typiquement masculins. interventions visant à encourager les femmes à migrer vers des secteurs non traditionnels Les programmes visant à encourager les ont un impact positif. Cependant, les données « crossovers » devraient envisager d’exposer probantes indirectes disponibles justifient des ces dernières à ces secteurs par le biais de études supplémentaires. programmes d’apprentissage, et par l’inclusion de mentors masculins, qui tous deux créeraient un environnement encourageant des femmes à se diriger vers des secteurs à prédominance masculine. Les études menées en Ouganda et en Éthiopie ont révélé qu’une exposition précoce à un modèle de comportement masculin était décisive dans le choix d’une femme d’intégrer un secteur à prédominance masculine. Les Ougandaises exposées à un modèle de comportement masculin ont entre 12 % et 22 % 159 Étape suivante : Développer notre compréhension de ce qui fonctionne pour combattre les normes sociales qui déterminent les choix professionnels des femmes Plusieurs moyens permettent de tester et d’évaluer de nouvelles approches pour aider les femmes à choisir des secteurs plus rentables dans différents contextes. Ces moyens sont les suivants : • Encourager les mentors, la famille et les amis à inciter les femmes à choisir le Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes « crossover ». • Utiliser les programmes d’apprentissage et autres opportunités similaires d’apprentissage sur le tas pour familiariser les femmes avec un secteur, tout en développant leurs compétences pour y travailler. • Mettre en relation les femmes avec des réseaux et des activités à prédominance masculine (souvent dans le cadre du développement de contenu local), même pour la fourniture de produits et services dans des secteurs où les femmes sont déjà présentes. • Explorer des mécanismes visant à aider les femmes à résister à l’hostilité qu’elles peuvent rencontrer dans des secteurs à prédominance masculine. 160  Domaine de politique n° 6 : Faciliter l’accès des femmes entrepreneures aux marchés et le Rwanda a révélé que 80 % des personnes interrogées avaient versé un pot-de-vin et que plus de la moitié avait subi un harcèlement. Le manque d’informations sur les droits et responsabilités des commerçantes a émergé comme une contrainte majeure. Une évaluation d’impact menée à la frontière Dans l’ensemble de l’Afrique, les responsables entre la RDC et le Rwanda a mesuré les effets de politiques élaborent des programmes d’un programme de formation destiné aux visant à connecter les entreprises avec les commerçants (principalement des femmes) sur marchés nationaux, régionaux et mondiaux. les procédures frontalières, les tarifs douaniers, Ces programmes ont à tenir compte des leurs droits et la sécurité des personnes lors des contraintes sexospécifiques pour assurer que passages. Les agents des services frontaliers ont les entreprises appartenant à des femmes en également suivi une formation sur les procédures bénéficient. À ce jour, ces programmes n’ont pas et les tarifs, les questions de gouvernance été généralement orientés vers les contraintes et d’égalité des sexes. Les commerçants qui énumérées dans la Partie 3 de ce rapport. ont suivi la formation ont réagi de manière stratégique en franchissant la frontière plus tôt Le rôle des femmes africaines dans les affaires que le groupe de contrôle, soit en moyenne 23 a jusqu’ici été peu reconnu, mais l’importance minutes plus tôt, réduisant ainsi les contacts de ces femmes, qu’elles soient petites avec les gardes et autres contrôles frontaliers commerçantes informelles, productrices de (officiels ou non). Les taux de harcèlement biens échangeables, prestataires de services, ont chuté de 29 % chez les participantes et la ou dirigeantes d’entreprises d’exportation, est proportion de commerçantes ayant déclaré de plus en plus soulignée.428 Les problèmes ne rien payer à la frontière a augmenté de 5 spécifiques rencontrés par ces groupes de %, malgré l’absence d’impact sur les charges Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique femmes pour accéder aux marchés doivent officielles et non officielles totales payées. Il n’y a être compris et traités. Par exemple, les pas eu d’impact sur les bénéfices globaux.430 commerçantes informelles manquent souvent de connaissances sur les procédures Les résultats suggèrent que, dans un contexte où transfrontalières mais sont soumises à des les règles restent ambiguës, les commerçantes demandes de pots-de-vin, ou subissent des qui ont reçu des informations pertinentes harcèlements.429 Il n’existe que peu de données ont choisi de réduire les risques en adaptant probantes sur les résultats d’interventions leur comportement. Par conséquent, des politiques favorisant l’accès à des marchés interventions différentes ou supplémentaires nationaux ou étrangers, que ce soit en Afrique sont requises pour modifier le comportement des ou dans le monde. C’est un domaine où plus de gardes-frontières. recherches sont absolument nécessaires. Situation actuelle des éléments de preuve : Peu prometteurs. D’après la première La formation n’élimine pas le étude, rien n’indique que la seule formation harcèlement contre les femmes aux dispensée aux petites commerçantes et aux frontières, mais elle peut montrer gardes-frontières ait réduit les niveaux de harcèlement aux frontières. Cependant, il aux commerçantes comment le est trop tôt pour exclure la formation en tant limiter. qu’option stratégique efficace, en particulier si elle devait être associée à des améliorations Les petits commerçants informels, des femmes de l’environnement institutionnel (par pour la plupart, gèrent un volume d’échanges exemple, veiller à ce que les agents des important en Afrique, sans pour autant être services frontaliers soient payés à temps, prises en compte dans les statistiques officielles prévoir des mécanismes de traitement des du commerce. Une enquête menée auprès de plaintes). petites commerçantes à la frontière entre la RDC 161 Étape suivante : Développer persistantes, associées à ces interventions. Aucun résultat différencié par sexe n’a été notre compréhension de ce constaté. Une étude d’un programme public qui fonctionne pour résoudre de promotion des exportations en Tunisie a constaté que l’intervention a favorisé une la question de l’accès des croissance plus rapide des exportations et une femmes aux marchés diversification des produits. Cependant, les effets du programme se sont dissipés au bout Diverses interventions politiques de trois ans, suggérant que les entreprises sont testées pour faciliter l’accès pourraient avoir besoin d’un soutien des entreprises, quel que soit le sexe supplémentaire pour rester compétitives sur de leur chef, en Afrique et ailleurs. les marchés d’exportation.432 Une autre étude Malheureusement, l’insuffisance réalisée en Égypte révèle que les producteurs de données probantes ventilées par de tapis qui se sont vus offerts l’opportunité sexe ne permet pas de formuler des d’ exporter leurs produits vers les États-Unis recommandations sur ce qui fonctionne. d’Amérique ont augmenté leurs profits de 15 Des approches susceptibles d’élargir % à 25 % en sécurisant des commandes à Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes les opportunités de participation des l’exportation. L’étude révèle de solides preuves femmes entrepreneures aux marchés d’un « apprentissage par l’exportation » parmi sont présentées ci-dessous, mais elles les entreprises qui ont participé au programme nécessitent une étude plus approfondie. leur offrant l’opportunité d’exporter leurs produits vers les États-Unis.433 • Réduire le niveau de harcèlement des petites commerçantes aux frontières. • Améliorer le « capital de réseautage » pour les Parmi les interventions à tester sur femmes entrepreneures via des plateformes la base des recherches quantitatives en ligne. et qualitatives auprès de petits Les possibilités accrues d’augmenter le capital commerçants, on peut citer 431 : de réseautage434 des entreprises appartenant ›› La création d’une charte des droits à des femmes peuvent en théorie leur ouvrir et obligations des commerçants et de nouveaux débouchés commerciaux. Les l’affichage de cette charte à un endroit interventions de politique visant à aider visible dans les bureaux des douanes. les femmes exportatrices ne devraient pas ›› Le renforcement des mesures de s’appuyer sur les réseaux traditionnels à sécurité à la frontière, notamment prédominance masculine, car les femmes avec des caméras, des lignes pourraient ne pas être connectées à ces d’assistance téléphonique, etc. réseaux et risqueraient donc de ne pas ›› L’amélioration de l’accès à bénéficier des avantages du programme.435 l’information. ›› L’introduction d’un régime L’usage d’Internet et de plateformes de commercial simplifié (par exemple, téléphonie mobile offre aux PME, y compris le régime commercial simplifié du à celles appartenant à des femmes, une Marché commun de l’Afrique orientale occasion d’échanger des informations et et australe pour les expéditions de d’élargir leur clientèle.436 L’expansion rapide moins de 1 000 USD). de l’accès au haut débit – qui devrait atteindre 80 % de la population africaine d’ici 2020437 – • Programmes de promotion des ainsi que la croissance rapide de l’usage de exportations ciblant les entreprises smartphones ouvrent la voie au développement appartenant à des femmes. Ces de ces plateformes. Cependant, aucune programmes, mis en œuvre par des évaluation d’impact rigoureuse de ces institutions d’appui au commerce plateformes n’a été réalisée à ce jour. et aux investissements, des ONG ou des associations professionnelles, • Faciliter l’accès des entreprises appartenant à peuvent inclure des informations sur des femmes à des marchés publics. les exigences et réglementations du L’accès aux marchés publics représente un marché, une assistance pour répondre marché potentiel important pour les PME. aux exigences en matière d’exportation, Les pouvoirs publics utilisent fréquemment une assistance à la constitution de le cadre des marchés publics pour atteindre réseaux et des liens avec des acheteurs des objectifs socio-économiques, y compris étrangers. Les évaluations d’impact la promotion des femmes entrepreneures. réalisées dans la région Moyen-Orient Cependant, ces politiques ont un coût en Afrique du Nord ont constaté des raison de la limitation de la concurrence et retombées positives, mais pas toujours des ressources nécessaires pour réduire 162 les fraudes. Des évaluations rigoureuses d’information aux fournisseurs potentiels et sont nécessaires pour mesurer l’impact et à appliquer des règles imposant le paiement la rentabilité de ces politiques. Il ressort rapide des fournisseurs.439 La passation de d’une étude réalisée au Brésil que l’obtention marchés publics en ligne constitue une autre d’au moins un contrat public au cours intervention potentielle, qui peut contribuer à d’un trimestre augmente la croissance de réduire les coûts de transaction et à accroître l’entreprise de 2,2 points de pourcentage au la participation des PME, notamment celles cours dudit trimestre. Aucun résultat ventilé appartenant à des femmes. Certains pays par sexe n’a été présenté.438 ont adopté des mesures plus proactives pour inclure les entreprises féminines (ou Les États peuvent appliquer plusieurs mesures d’autres groupes défavorisés), notamment : spécifiques pour réduire les problèmes (i) fixer des objectifs ou cibles obligatoires, (ii) d’accès aux marchés publics rencontrés par imposer aux entreprises qui obtiennent des les femmes entrepreneures, à l’instar des marchés dépassant un certain seuil d’inclure mesures visant à faciliter l’accès des petites des entreprises féminines en tant que sous- entreprises aux processus de passation des traitants ; (iii) accorder des préférences aux marchés publics. Ces initiatives consistent entreprises appartenant à des femmes (par notamment à rationaliser les dossiers d’appels exemple, un avantage de prix) ; et (iv) réserver d’offres et les processus de passation des des marchés aux entreprises appartenant à marchés, à présélectionner des entreprises des femmes.440,441 Des évaluations rigoureuses appartenant à des femmes, à éviter des pourraient aider à préciser l’impact potentiel contrats groupés, à consacrer du temps à la de ces interventions. préparation des offres, à fournir un retour Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 163 3. Concevoir des programmes efficaces pour soutenir les femmes entrepreneures La compréhension du paysage des entreprises féminines et des contraintes qu’elles subissent constitue la première étape de la conception d’un programme ou d’une intervention en faveur de l’entrepreneuriat (Tableau 8). En outre, la conception d’un programme efficace nécessite des solutions spécifiques au contexte, car l’environnement des femmes entrepreneures et les types d’entreprises qu’elles dirigent varient selon les pays, les secteurs et les contextes socio- économiques. Alors que des pays de plus en plus nombreux recherchent Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes des solutions pour combler les écarts de performance entre hommes et femmes (voir Encadré 13), il est essentiel de placer la barre très haut en termes de conception des programmes pour assurer leur succès. La combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives permet de brosser un tableau complet des femmes entrepreneures et des contraintes qu’elles subissent. Il existe plusieurs sources de données utiles, dont les enquêtes auprès des entreprises, les enquêtes auprès des ménages et les études d’impact. Des rapports tels que Women, Business, and the Law, de la Banque mondiale, ou des études sur le climat d’investissement ou encore celles sur les chaînes de valeur spécifiques à un pays donné peuvent fournir des informations supplémentaires sur les contraintes juridiques et autres problèmes affectant les entreprises appartenant à des femmes. Les diagnostics ventilés par sexe, y compris ceux qui peuvent être intégrés dans le Diagnostic du secteur privé au niveau des pays (CPSD) de la SFI, peuvent être des instruments importants pour concevoir des programmes sectoriels efficaces. Des recherches qualitatives approfondies peuvent éclairer des questions importantes lors de la conception. Des consultations avec les associations de femmes entrepreneures et les propriétaires d’entreprises individuelles peuvent également contribuer à identifier les contraintes sous-jacentes et à améliorer la conception du programme. Lors de la collecte d’informations sur des sujets sensibles, tels que la violence domestique ou le bien-être psychologique, une approche basée sur des méthodes mixtes peut s’avérer plus efficace.442 164 Tableau 8 Liste de contrôle pour évaluer les contraintes sexospécifiques potentielles au niveau du pays ou de la communauté Typologie et performance †† nombre et taille des entreprises appartenant à des femmes des entreprises †† ventilation par secteur †† statut formel ou informel des entreprises appartenant à des femmes †† possibilités d’emplois salariés disponibles pour les femmes Contexte opérationnel de †† discrimination juridique l’entreprise †† voix politique †† violence sexuelle et liée au genre †† participation à des réseaux sociaux et professionnels †† interactions avec des individus du sexe opposé †† perceptions sur le rôle des femmes dans les activités domestiques/ soins aux proches †† perceptions sur le choix du secteur †† contraintes de mobilité Éducation et compétences †† niveaux d’alphabétisation †† niveau d’éducation dans le secondaire et le supérieur †† accès et utilisation des TIC †† programmes de formation commerciale et technique et participation Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique des femmes à ces programmes Finances et actifs †† propriété de terres et de biens †† propriété d’autres actifs corporels †† accès à des mécanismes d’épargne †† accès au financement Confiance en soi/prise de †† aptitude à entrer en compétition risque †† appétence pour le risque Contraintes au niveau des †† contrôle des actifs du ménage ménages †† modèles de collaboration au sein du ménage †† préférences en termes d’emploi du temps †† disponibilité et accessibilité des services de garde d’enfants Source : Adapté de Banque mondiale – WLSME (2013). 165 Encadré 13 Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi) L’initiative de financement services consultatifs et une assistance technique et de en faveur des femmes assistance technique aux subventions pour faciliter entrepreneures (We-Fi), lancée intermédiaires financiers, aux l’ouverture des marchés aux en 2018 et dotée d’un budget réseaux professionnels, aux entreprises appartenant à des initial de 340 millions USD, vise fonds, aux entreprises et aux femmes, par le biais de projets à soutenir des programmes accélérateurs/incubateurs pour consultatifs visant à renforcer et activités pour éliminer encourager et faciliter une plus la participation des femmes les obstacles rencontrés par grande utilisation et un plus aux activités d’exportation les femmes dans la création grand engagement des PME et de négoce, l’analyse de la et le développement de appartenant à des femmes ; chaîne de valeur et les liens PME prospères dans divers recueillir des données commerciaux, les plateformes secteurs, et pour leur assurer financières de haute qualité en ligne, les programmes Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes un environnement . sur les entreprises appartenant de développement des à des femmes et réaliser fournisseurs, les incubateurs Le programme We-Fi des évaluations d’impact ; d’entreprises, les centres soutient des approches et mobiliser les fonds des d’innovation, et le renforcement complémentaires à travers donateurs pour les orienter des capacités à travers des deux guichets : le secteur directement ou indirectement programmes de formation, public et le secteur privé. vers des PME dirigées par des d’assistance technique et de Il fournit des ressources femmes. mentorat. Enfin, We-Fi soutient spéciales pour favoriser des idées novatrices et des l’innovation et de nouvelles Dans le secteur public, le interventions pilotes dans des approches visant à éliminer les programme entend aider domaines liés à l’augmentation contraintes rencontrées par les pouvoirs publics à du nombre de femmes chefs les femmes entrepreneures, améliorer le climat des d’entreprise dans des secteurs tout en aidant à porter les affaires pour les femmes à prédominance masculine, au problèmes à l’attention des entrepreneures en identifiant contournement des normes pouvoirs publics et du secteur et éliminant les obstacles relatives à l’appétence pour privé et à susciter leur action. réglementaires et juridiques, la compétition, à l’adoption en créant des opportunités accrue de technologies Dans le secteur privé, We- de marché et en élaborant financières et au financement Fi vise plusieurs objectifs : des programmes innovants d’évaluations d’impact soutenir les services financiers pour soutenir la croissance rigoureuses. destinés aux clientes et aux des entreprises dirigées par PME dirigées par des femmes des femmes conformément L’allocation initiale de fonds par le biais d’intermédiaires aux engagements des pays en Afrique comprend des financiers et d’institutions en faveur de l’égalité des programmes dirigés par financières non bancaires ; sexes. We-Fi soutient les la Banque islamique de mettre en œuvre des incitations propositions susceptibles développement au Nigeria et basées sur la performance et d’améliorer l’environnement au Mali et ceux mis en œuvre un partage des risques pour commercial et juridique des par le Groupe de la Banque les banques et les prestataires entreprises dirigées par des mondiale en Côte d’Ivoire, au de services financiers non femmes dans des domaines Mozambique, au Nigeria, au bancaires, y compris sous tels que le registre des Sénégal, en Tanzanie et en forme de financement mixte ; garanties, l’enregistrement des Zambie. Le programme de la soutenir les établissements terres, l’immatriculation des Banque mondiale comprendra de type capital-risque, capital entreprises et des interventions également des programmes d’amorçage et capital de ciblées complémentaires mondiaux de collecte de croissance ; fournir des outils (par exemple, l’aide à la données ventilées par sexe financiers, des incitations création de comptes bancaires sur les entreprises formelles, et une assistance technique d’entreprise) ; la possibilité des évaluations d’impact et pour accroître les achats pour les femmes de s’exprimer des analyses des opportunités d’entreprises auprès des dans des dialogues public- offertes par le secteur du femmes entrepreneures privé ; et l’accès aux services tourisme. et des PME dirigées par financiers. We-Fi soutient des femmes ; fournir des également l’octroi d’une Source : Adapté de we-fi.org et de documents justificatifs. 166  Procéder à un bon ciblage En Afrique, nombre d’entrepreneurs, femmes ou hommes, sont poussés à créer leur propre entreprise par manque d’opportunités d’emploi salarié. C’est pourquoi, beaucoup ont tendance à être axés sur la subsistance et à se désintéresser de la croissance de leurs activités.443 Les entrepreneurs axés sur la croissance sont les plus susceptibles de bénéficier des programmes de développement d’entreprise, mais l’identification de ces personnes reste un problème. Les preuves tirées des récentes évaluations d’impact offrent des enseignements utiles sur le ciblage. L’efficacité des programmes de développement des entreprises destinés aux femmes – notamment ceux qui fournissent des compétences, une formation ou un crédit – peut varier selon les caractéristiques des entreprises bénéficiaires, notamment la taille et le niveau de formation ou d’expérience de leurs dirigeants (Encadré 14), et l’environnement et l’infrastructure dont elles disposent. En Inde, une évaluation d’impact du microcrédit a identifié les entrepreneurs en croissance comme étant ceux qui avaient créé leur entreprise avant le lancement du microcrédit ; elle a constaté que ces entreprises étaient les plus susceptibles de bénéficier du crédit.444 Par conséquent, les programmes appuyant le développement des compétences des entreprises à forte croissance ou l’accès au crédit peuvent maximiser leurs avantages en ciblant des entreprises plus grandes et plus expérimentées. Cependant, les programmes de formation doivent clairement démontrer leur valeur s’ils veulent inciter les propriétaires de ces entreprises à dégager du temps dans leur agenda surchargé pour y participer. Les évaluations fournies par les membres de la communauté sont un moyen fiable d’identifier les entrepreneurs hommes et femmes les plus aptes à participer à ces programmes, comme l’a démontré un projet de distribution de subventions en espèces en Inde. En règle générale, les membres de la communauté évaluent correctement les capacités des micro-entrepreneurs et leur potentiel de rentabilité, mais leurs évaluations sont devenues moins fiables lorsque les participants ont compris qu’ils pouvaient présenter leurs amis et proches parents sous un meilleur jour pour bénéficier des subventions en espèces.445 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Pour atténuer les déclarations biaisées, de petites incitations monétaires, une comparaison des déclarations faites en public avec celles faites en privé, ainsi que des vérifications par recoupement des déclarations peuvent permettre d’identifier les personnes susceptibles de se fournir mutuellement des rapports favorables. À la suite du succès du Programme « You Win ! » au Nigeria, les concours de plans d’affaires sont de plus en plus populaires dans la région. Ils se sont révélés utiles pour identifier les microentreprises à forte croissance.446 Les candidats répondent à un appel à idées largement diffusé et participent ensuite à un concours. Les programmes offrent généralement une petite formation aux candidats pour les aider à élaborer un projet, noté ensuite par des experts. Les panels d’experts sont un mécanisme couramment utilisé pour sélectionner les entreprises gagnantes. Un article récent compare le pouvoir prédictif des opinions d’experts à celui d’enquêtes auprès des entrepreneurs en termes de collecte d’informations sur les candidats dans le cadre d’un concours de plans d’affaires au Ghana.447 Il en ressort que les capacités, mesurées comme une combinaison d’éducation, de compétences cognitives et de culture financière et, dans une moindre mesure, de pratiques de gestion, permettaient de prédire la croissance des entreprises des participants. Les avis des experts ont ajouté une valeur prédictive aux enquêtes. Cependant, l’identification des entreprises appelées à connaître une croissance élevée reste une tâche délicate. Dans un concours de plan d’affaires au Nigeria, parmi les participants à la demi-finale, ni les notations du plan d’affaires (fournies par les experts) ni les caractéristiques de l’entrepreneur ou de l’entreprise ne permettaient de prédire quelles entreprises étaient les plus susceptibles de croître rapidement ou de tirer le meilleur parti du programme.448 167 Encadré 14 Le ciblage peut avoir son importance dans le développement des compétences Un ciblage efficace identifie selon le niveau d’expérience l’entreprise.452 et attire les propriétaires du chef d’entreprise. Une En Afrique du Sud, une d’entreprises qui bénéficieront formation de base aux évaluation d’impact a révélé le mieux du contenu de la techniques commerciales a été qu’une formation en marketing formation et l’appliqueront proposée à un premier groupe et en finance pour des hommes le plus efficacement.449 Il est d’entreprises, et une formation et femmes propriétaires de fréquent que les propriétaires ainsi que des séances de petites entreprises entraînait d’entreprise relativement conseil et d’accompagnement une amélioration significative expérimentés possèdent déjà spécifiques ont été prodiguées des bénéfices un an après les compétences techniques à un deuxième groupe. la formation. Les bénéfices et entrepreneuriales requises Conformément à d’autres les plus élevés ont résulté de pour développer leur études, la formation de base l’amélioration des pratiques Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes entreprise.450 Cependant, en gestion des entreprises commerciales en fonction du les entrepreneurs plus n’a pas permis d’améliorer type de formation reçue. Il a été expérimentés sont également les résultats. Le soutien constaté que les entreprises plus susceptibles de ne pas accru visait à améliorer les formelles les mieux établies participer aux programmes de pratiques commerciales, ont tiré un plus grand profit formation, sans doute en raison mais seuls les participants de la formation en finance, de leurs coûts d’opportunité relativement expérimentés et que les entreprises moins plus élevés.451 Les concepteurs ont amélioré leurs revenus. exposées à différents contextes de ces programmes devraient L’impact était plus important et marchés commerciaux donc réfléchir à la manière par année d’expérience tiraient des bénéfices plus dont le contenu des formations supplémentaire. Ce constat importants de la formation en et les mécanismes de indique que l’expérience marketing. Influencés par les sélection pourront attirer ces peut accroître la capacité de choix effectués, les impacts entrepreneurs. traduire les enseignements ont été plus importants d’une formation en pratiques pour les entreprises les plus L’analyse d’un programme commerciales améliorées, ou motivées, les plus formelles, axé sur les femmes que les entrepreneurs plus les plus grandes et les plus entrepreneures en Tanzanie expérimentés sont susceptibles expérimentées.453 montre que l’impact sur de surmonter d’autres les entreprises peut varier obstacles à la croissance de  Renforcer les aspects sexospécifiques de la conception des programmes Les contraintes sexospécifiques, comme celles évoquées précédemment dans ce rapport, peuvent empêcher les femmes entrepreneures de participer à des concours de plans d’affaires, à des formations et autres programmes de développement des entreprises. Les femmes sont susceptibles de ne pas participer à un concours de plan d’affaires si elles sont en concurrence avec des hommes. Elles peuvent également abandonner un programme de formation si le calendrier les empêche de s’acquitter de leurs obligations familiales ou les oblige à parcourir de longues distances. Le programme gagnera en efficacité si des efforts sont déployés pendant la phase de conception pour comprendre ces contraintes et identifier des solutions. On trouvera ci-dessous les approches testées pour lever certaines de ces contraintes. Cependant, plus de recherches sont nécessaires pour savoir quelles solutions fonctionnent le mieux. Encourager Même après avoir participé à un programme de formation, les femmes hésitent les femmes plus que les hommes à entrer en compétition.454 En reconnaissant cette à affronter la différence, les praticiens peuvent explorer différents moyens d’encourager les concurrence femmes à affronter la concurrence, notamment : • Des compétitions exclusivement féminines : Les femmes sont plus susceptibles de participer à une compétition lorsqu’elles affrontent uniquement d’autres femmes, comme le montre l’expérience de laboratoire au Kenya décrite dans l’Encadré 6.455 Les concours de plans d’affaires pourraient par exemple prévoir 168 une session réservée uniquement aux femmes. De plus, les femmes peuvent préférer participer à des ateliers de formation ou des groupes de mentorat qui ne rassemblent que des femmes. • Une baisse « des enjeux » de la concurrence : Les femmes peuvent fixer la barre plus haut que les hommes lorsque les enjeux sont élevés, notamment qu’elles sont responsables du revenu de quelqu’un d’autre.456 Une solution consiste à organiser des concours où les enjeux, tels que le montant de la récompense, ne sont pas aussi visibles dans la campagne de sensibilisation. • Des retours d’information sur leur aptitude à entrer en compétition : Les femmes ont parfois tendance à sous-estimer leur capacité relative et, par conséquent, leurs chances de gagner. Cette perception peut les conduire à se soustraire à la compétition. Ainsi, l’évaluation et la fourniture de rétroactions sur leurs avantages comparatifs pourraient corriger ces perceptions erronées et encourager davantage de femmes à affronter la concurrence. • Le soutien des pairs : Ce rapport a montré que les femmes entrepreneures performantes en Afrique reçoivent généralement un soutien important de leur réseau social proche, et notamment de leur famille. Un renforcement de l’appui de leurs homologues, par exemple en permettant aux participantes de se faire accompagner par un membre de la famille ou une amie aux activités du programme, peut renforcer leur volonté de participer à une compétition. • Des incitations sur la base de modèles : Dans le but d’encourager les femmes à se considérer capables de reproduire le succès d’entrepreneurs compétitifs, les programmes peuvent intégrer d’autres femmes comme modèles locaux ou régionaux aux interventions ou aux campagnes de sensibilisation. Prise en Les femmes entrepreneures peuvent rencontrer divers obstacles lorsqu’elles compte des suivent une formation, en raison de leurs obligations familiales, des normes contraintes de sociales ou de problèmes de sécurité qui restreignent leur liberté de temps et de mouvement, du manque de ressources ou du faible niveau d’alphabétisation. Une étude réalisée au Kenya a révélé que les caractéristiques observables mobilité dans des entrepreneures permettent de prédire des différences de participation à la conception un programme de formation destiné aux dirigeantes de petites entreprises.457 des Les femmes de plus de 35 ans et les célibataires étaient plus susceptibles d’y formations assister, suggérant que les responsabilités familiales peuvent limiter les taux de participation. La participation à un précédent programme de formation ou le Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique fait de vivre dans un grand ménage ou encore à proximité du lieu de formation étaient également associés à des taux de participation plus élevés. Par ailleurs, les propriétaires d’entreprises aux bénéfices relativement élevés étaient moins susceptibles d’y assister, sans doute en raison des contraintes de temps associées à l’entreprise ou à la perception de profits moindres de la formation. Les horaires, la durée et la localisation des ateliers de formation doivent donc être adaptés aux besoins spécifiques des groupes de femmes entrepreneures ciblés. Les approches à envisager et à évaluer en fonction du contexte incluent : • Des horaires réduits (p. ex. des séances à temps partiel et non à temps complet), afin que les femmes puissent continuer à s’occuper de leurs affaires pendant la formation. • Un programme non séquentiel permettant aux femmes de suivre un sous- ensemble de séances lorsque leur emploi du temps le leur permet. • Un lieu de formation proche et/ou un moyen de transport offert. • La fourniture de services de garde d’enfants pendant la formation. • Un repas offert (y compris de la nourriture à emporter à la maison). • Une adaptation du contenu de la formation au niveau d’alphabétisation des participantes. • Une prise en considération des normes culturelles (p. ex. des femmes formatrices plutôt que des hommes). Enfin, le recours à des technologies comme la téléphonie mobile pour la formation et les conseils aux entreprises peut potentiellement aider les femmes à surmonter certaines contraintes de temps et de mobilité, mais des études supplémentaires sont requises pour évaluer l’efficacité de ces mécanismes.458 169 4. Mieux comprendre ce qui fonctionne Les données probantes sur les facteurs à contraintes entrent également en jeu. Dans l’origine des écarts de performances entre ce dernier cas, une intervention axée sur une entreprises masculines et féminines en seule contrainte n’affectera pas les résultats Afrique, et sur la manière de soutenir les d’entreprise. femmes entrepreneures, sont de plus en plus nombreuses, mais elles restent limitées. Pour Pour concevoir des interventions de politiques combler l’écart de performance, il est nécessaire réussies, il faut identifier toutes les contraintes de combiner des actions politiques évidentes auxquelles font face les femmes d’affaires à grande échelle, un meilleur ciblage des et concevoir des solutions qui les résolvent bénéficiaires, ainsi que des recherches et des conjointement. Cela nécessite des évaluations évaluations d’impact rigoureuses afin d’élargir d’impact qui mettent en concurrence plusieurs notre champ de connaissances sur ce qui interventions traitant de contraintes similaires fonctionne. Cette section décrit des opportunités – pour évaluer l’efficacité de différentes de progrès sur ces points, y compris des méthodes – ainsi que des évaluations combinant Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes suggestions sur les rôles que peuvent jouer les des interventions complémentaires sur des gouvernements et les autres parties prenantes. contraintes conjointes lorsque la recherche indique qu’elles existent. De plus, les L’élaboration de politiques efficaces pour aider évaluations d’impact de différentes options de les entreprises féminines africaines à prospérer politiques ciblant les contraintes des femmes va requérir des efforts continus pour mieux entrepreneures doivent examiner les mécanismes comprendre les écarts entre les sexes et les spécifiques par lesquels ces contraintes affectent contraintes sous-jacentes. Les chercheurs vont les bénéfices des entreprises. Par exemple, devoir utiliser un éventail de méthodes, y compris il serait utile de savoir si les programmes de des recherches qualitatives et déductives, pour formation aux entreprises doivent privilégier améliorer les connaissances sur les contraintes la fourniture de connaissances techniques sur auxquelles font face différents groupes de des pratiques commerciales spécifiques ou le femmes chefs d’entreprise en Afrique. renforcement de la confiance des femmes dans le lancement de nouvelles entreprises. Ces recherches ex ante combinées à des évaluations de leur impact mèneront à la Des politiques novatrices pourraient être testées conception de meilleures solutions à tester. pour résoudre les contraintes sous-jacentes Par exemple, ces recherches sont essentielles rencontrées par les entreprises appartenant à pour comprendre quelles contraintes doivent des femmes en Afrique. Le Tableau 9 énumère être ciblées conjointement pour produire des les options de politique potentielles pour bénéfices plus importants pour les femmes surmonter les contraintes spécifiques et ainsi entrepreneures. Il est donc possible d’obtenir contribuer à déterminer si ces contraintes sont des informations supplémentaires sur le pouvoir irrévocables. astreignant de différentes contraintes en testant plusieurs modes d’intervention. Parmi la longue liste d’idées présentées au Tableau 9, une stratégie prometteuse consiste Lorsqu’une intervention de politique publique a en apprendre d’avantage sur l’efficacité des parvient à promouvoir la croissance des interventions pour lesquelles il existe des preuves entreprises appartenant à des femmes, elle émergentes, notamment les droits de propriété, confirme que l’intervention répond efficacement les alternatives au collatéral, l’exposition a à un obstacle contraignant pour ces entreprises. des secteurs dominés par les hommes, et les Toutefois, l’absence bien connue d’impact services de garde aux enfants. d’une intervention de politique publique sur la Pour renforcer la validité externe de ces études, il performance des entreprises détenues par des serait important de reproduire des interventions femmes peut s’expliquer de trois façons : de politiques prometteuses dans plusieurs contextes. De plus, des périodes de suivi plus 1. La contrainte visée n’est pas astreignante ; longues contribueraient à s’assurer que les son traitement n’a donc aucune incidence sur résultats se maintiennent dans le temps. Enfin, les résultats de l’entreprise. la conception des recherches doit examiner 2. La contrainte est astreignante, mais la manière dont la puissance statistique sera l’intervention testée ne permet pas de atteinte, étant donné que les taux de participation la résoudre en raison de problèmes de sont faibles et/ou que les taux d’attrition conception ou de mise en œuvre ; ou élevés sont des problèmes courants pour de 3. La contrainte ciblée est importante et nombreux programmes de soutien aux femmes l’intervention testée est un moyen efficace entrepreneures. de traiter cette contrainte, mais d’autres 170 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 171 Tableau 9 Interventions de politiques potentielles pour étudier l’efficacité des entreprises appartenant à des femmes en Afrique 1. Réglementation et 2. Accès aux 3. Accès au capital Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes institutions compétences et aux réseaux Obstacles juridiques Formation à Alternatives aux dépôts aux droits de propriété, l’entrepreneuriat de garantie (innovations au contrôle des actifs orientée sur le en technologie / à la prise de décision développement de la financière) au sein du ménage, confiance en soi aux opérations Leasing commerciales Prestation en classe comparée à, ou en Fonds propres c. Sécurisation des droits plus de, un mentorat financement c. fonciers et/ou des conseils subventions commerciaux Boucles de rétroaction Programmes de entreprise- Incubateurs / subventions de gouvernement / accélérateurs contrepartie dialogue public-privé d’entreprises pour (DPP) femmes Affacturage / financement du Compétences des commerce travailleurs Financement participatif Investissement providentiel Épargne numérique Comptabilité mentale Aide aux entreprises pour la graduation (p. ex. de la microfinance (IMF) aux banques) 172 4. Ménage 5. Ségrégation 6. Accès aux Conception sectorielle marchés Différents Informations Facilitation des Mécanismes modèles de pour accéder échanges et d’identification prestation de aux secteurs à interventions des services de garde prédominance connexes pour les entrepreneurs à masculine commerçants forte croissance Participation des hommes à Exposition à Programmes de Mécanismes la création d’un des secteurs à promotion des pour résoudre environnement prédominance exportations les problèmes plus favorable masculine par le de confiance biais de stages Modèles des femmes et Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Amélioration de et de formations d’externalisation de volonté de la collaboration pour participer à des des couples Soutien de l’approvisionnement compétitions par rapport aux modèles de services approches visant masculins Mécanismes à renforcer le Places de marché pour l’offre de contrôle des Femmes dans en ligne formations femmes et la les rôles de confidentialité direction en Programmes des décisions entreprise de passation en matière de de marchés revenus et de publics pour les dépenses PME (marges préférentielles, délais de paiement) Programmes favorisant les liens entre les PME et les grandes entreprises / ZES 173 Encadré 15 Étapes pour les décideurs africains 1 2 3 Soutenir des actions Veiller à ce que Étendre les politiques politiques concrètes les stratégies et qui ont donné des qui démontrent un fort les politiques de résultats crédibles. engagement envers développement du les femmes chefs secteur privé incluent Partie 5 | Voie à suivre : Comment les dirigeants politiques et les décideurs peuvent agir en vue d’éliminer les disparités entre les sexes d’entreprise, telles une dimension de que l’élimination des genre qui s’attaque obstacles juridiques aux problèmes existants et la promotion spécifiques des femmes de la participation entrepreneures. des femmes à la vie publique, notamment à travers des modèles féminins. 4 5 6 Soutenir Investir dans la Impliquer les hommes l’expérimentation promotion d’une dans le plaidoyer et l’évaluation des collecte systématique de politique et dans la mise approches prometteuses données différenciées en œuvre de solutions et partager largement selon le sexe et qui – étant donné que les résultats. rendent compte des les hommes sont des performances, des maris, mais également dotations et des probablement des préférences des banquiers, des entreprises appartenant inspecteurs, des à des femmes. formateurs et des décideurs, il est important de les impliquer à plusieurs niveaux pour créer de meilleures opportunités pour les femmes entrepreneures. 174 Encadré 16 Étapes pour les partenaires au développement, les entreprises et la société civile 1 2 Fournir des fonds pour tester Utiliser les constats de ce rapport des approches et des recherches pour orienter la conception des innovantes qui contribuent à programmes. combler l’écart de genre dans l’entrepreneuriat, tout en élargissant les connaissances globales sur ce qui fonctionne. 3 4 Poursuivre les efforts de plaidoyer Pour les grandes entreprises, en soulignant les arguments prendre en compte les dimensions commerciaux et économiques en de genre dans leurs stratégies Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique faveur de l’élimination des obstacles d’approvisionnement et les à la croissance des femmes opportunités d’intégration entrepreneures. d’entreprises appartenant à des femmes. 175 Annexe 1 Annexe technique sur la méthode de décomposition Cette annexe offre un aperçu technique détaillé de la méthode de décomposition utilisée dans ce rapport. Cette annexe technique est basée sur O’Sullivan et coll. (2014) et Fortin et coll. (2011). Les méthodes de décomposition ont été largement utilisées en économie pour analyser la contribution de différents facteurs à l’augmentation ou la réduction d’un écart de résultats (écart de productivité, écart salarial entre hommes et femmes, écart salarial dû à la syndicalisation, etc.). Ce rapport inclut la décomposition moyenne basée sur la régression d’Oaxaca-Blinder (OB). La décomposition OB est la méthode la plus complète employée en économie appliquée au cours des trois dernières décennies. La méthode vise à décomposer les différences de résultats moyens entre deux groupes. Bien que très simple, elle nécessite une série robuste d’hypothèses. Premièrement, elle suit une approche d’équilibre partiel, où les résultats observés dans un groupe sont utilisés pour construire divers scénarios contrefactuels dans l’autre groupe. Deuxièmement, les estimations utilisées comme entrées dans la décomposition OB reposent sur des corrélations et ne peuvent donc être interprétées comme des estimations des paramètres de causalité sous-jacents, comme le notent Fortin et coll. (2011). De ce fait, les expressions utilisées dans ce rapport telles que « les principaux facteurs qui contribuent à l’écart de productivité entre les hommes et les femmes » devraient être considérées sous cet angle. Néanmoins, les méthodes de décomposition permettent d’examiner l’importance quantitative relative des facteurs expliquant un écart de résultats observé, en suggérant les facteurs générant l’écart entre les sexes à des fins d’analyses et d’interventions politiques ultérieures. Troisièmement, l’analyse suppose des effets linéaires, laissant de côté les effets non linéaires. Ce travail explore les écarts de productivité entre les entreprises détenues par une femme (FF) et les entreprises détenues par un homme (MF). Le contexte de ce rapport repose sur une décomposition moyenne basée sur la régression OB. Celle-ci considère comme un indicateur de résultat de productivité (Y) le logarithme des bénéfices, les ventes, la valeur ajoutée, les investissements, les heures de travail et d’autres résultats pertinents de l’entreprise. Une fois qu’une mesure de productivité est choisie, l’équation suivante est estimée : (1) Yg = X’ßg + εg’ Annexes et notes de fin où g indique le genre du propriétaire, X’ est une matrice (nxK+1) avec des caractéristiques K observables du propriétaire et de l’entreprise; ß est le vecteur associé des coefficients d’intersection et de pente, et εg est le terme d’erreur en supposant que E (εFF ) = E (εMF ) = 0. 176 L’écart entre les sexes « D » est exprimé par la différence moyenne de résultats : (2) D = E (YMF ) – E (YFF ). En replaçant l’équation (1) dans l’équation (2) et en tenant compte des attentes, l’écart est le suivant : (3) D = E (X’)ßMF + E (εMF ) – | X E (X’ )ßFF – E (εFF ) = E (X’ | X )ßMF – E (X’ )ßFF’ et l’équation (3) pourrait être réécrite comme suit : (4) D = ß 0 ,MF + ∑ k= K 1 E ( X k,MF ) ß k,MF – ß 0 ,FF – ∑ k= K 1 E ( X k,FF ) ß k,FF où ß 0 ,g est l’intersection de chaque modèle de genre. Par la suite, l’analyse permet d’estimer l’équation (1) à l’aide d’un échantillon groupé de propriétaires en neutralisant le sexe du propriétaire, c’est-à-dire en incluant une variable fictive qui identifie les propriétaires hommes-femmes. ß * est le vecteur des coefficients de cette régression. L’inclusion de la valeur fictive de genre vise à éviter une éventuelle distorsion des résultats de la décomposition due à la différence résiduelle de groupe reflétée dans les coefficients ß. Ainsi, en ajustant l’équation (4) et en additionnant et soustrayant le coefficient d’intersection de la régression groupée ß 0* et les termes E ( X g,k ) ß k * , l’on obtient : (5) D = ∑ k= K 1 [ E ( X k,MF ) –E ( X k,FF )] ß k * + Composante 1: effet lié aux atouts K K ( ß 0 ,MF – ß 0 * )+ ∑ E ( X k,MF ) ( ß k,MF – ß k * ) + (ß0 * – ß 0 ,FF ) + ∑ E(X ) (ßk * – ß k,FF * ) Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique k,FF k= 1 k= 1 Avantage structurel hommes Avantage structurel femmes Composante 2 : effet de structure où ß 0 ,FF , ß 0 ,MF , ß 0 * , ß k,FF , ß k,MF , ß k * (k=1,…,K) sont les coefficients d’intersection et de pente pour chaque covariable incluse dans les régressions des échantillons de propriétaires groupés, des propriétaires femmes et des propriétaires hommes. L’équation (5) montre la décomposition globale. La première composante est l’effet lié aux atouts, ou la part expliquée de l’écart entre les sexes par les différences de niveaux de variables entre les deux groupes. La deuxième composante est l’effet de structure, ou la part inexpliquée de l’écart entre les sexes qui découle de l’écart entre le rendement de chaque groupe et le rendement « moyen » correspondant. Le premier terme de l’effet de structure représente l’avantage structurel des hommes, qui correspond à la fraction de l’écart entre les sexes représentée par les écarts entre les rendements masculins et les rendements moyens. Le deuxième terme de l’effet de structure représente l’avantage structurel des femmes, qui correspond à la fraction de l’écart entre les sexes fondée sur les écarts entre les rendements des femmes et les rendements moyens. 177 En pratique, la décomposition OB est très simple à estimer. Par exemple, l’effet lié aux atouts correspond à la somme de toutes les différences entre les moyennes des covariables des propriétaires masculins et féminins, évaluées au rendement moyen correspondant. Ainsi, l’analyse doit calculer des moyennes d’échantillon et estimer le rendement moyen à partir du modèle regroupé. Dans le cas de l’effet structurel, au-delà du calcul des moyennes, il faut ajouter les coefficients estimés par les moindres carrés ordinaires (MCO) (intersection et pentes) de tous les modèles. Les coefficients sont obtenus en estimant l’équation (1) par MCO pour (i) les femmes propriétaires, (ii) les hommes propriétaires et (iii) les deux groupes. Dans le premier cas, cette analyse obtient les coefficients du modèle ‘femme propriétaire’ (ß FF ); dans le second cas, l’analyse obtient les coefficients du modèle ‘homme propriétaire’ (ß MF ); et dans le troisième, on obtient les coefficients du modèle groupé des deux groupes (ß *). L’analyse de ce rapport estime deux spécifications de l’équation (1) : (i) une spécification « de base » et (ii) une spécification « étendue ». La spécification « de base » est commune à tous les pays et comprend les contrôles suivants : Caractéristiques de l’entreprise : nombre d’employés (mesuré en heures de travail), capital social (inventaire + équipement + valeur propriété / terres), pratiques commerciales, détention d’un compte en banque, séparation de l’argent de l’entreprise et du ménage, formalisation (entreprise enregistrée, paie l’assemblée municipale, paye des impôts), innovation, l’entreprise a contracté un prêt, l’entreprise a au moins un travailleur supplémentaire, secteur d’activité. Caractéristiques du propriétaire : Âge, ancienneté dans la fonction de chef d’entreprise (lorsqu’il n’y a pas d’information sur l’ancienneté, l’âge de l’entreprise est utilisé comme indicateur), statut matrimonial, taille du ménage, nombre d’enfants par adulte, niveau d’éducation. La spécification « étendue » comprend un ensemble de covariables supplémentaires à la « spécification de base » qui expliquent une plus grande fraction de l’écart entre les sexes. Les variables ajoutées ne sont pas toutes les mêmes d’un pays à l’autre. Comme mentionné ci-dessus, les coefficients sont interprétés comme des corrélations et non comme des effets de causalité. Fortin et coll. (2011) présentent une explication détaillée des hypothèses requises pour identifier les paramètres d’intérêt pour une population donnée. Ils imposent deux restrictions d’identification : (i) le chevauchement des soutiens et (ii) l’ignorabilité. Le chevauchement des soutiens implique qu’il n’existe pas de valeur unique de X = x ou que ε = e permet d’identifier entièrement la productivité des entreprises de femmes. Par ignorabilité, on entend l’affectation aléatoire de femmes propriétaires dans des entreprises sous conditions d’attributs observables. Ces hypothèses en tant que linéarité additive et moyenne conditionnelle égale à zéro (c.-à-d. ε est indépendant de X) sont essentielles à l’identification de la contribution individuelle de chaque covariable dans la décomposition détaillée. Il est important de noter que même les deux dernières hypothèses ne peuvent peut-être pas Annexes et notes de fin être vérifiées, et que la décomposition globale demeurerait valable aussi longtemps que des hypothèses de soutien et d’ignorabilité se chevauchant seraient accomplies. 178 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 179 Annexe 2 Description des séries de données utilisées dans l’analyse Nom Pays Année Nombre d’observations Hommes Femmesa,b,c Total Enquêtes sur l’évaluation d’impact Enquête sur l’initiative entrepreneuriale Bénin 2015 366 606 972 Enquête sur les subventions aux micro- Ghana 2009 337 503 840 entreprises Enquête auprès des entreprises du secteur de Ghana 2008 65 88 153 la confection Enquête auprès des entreprises détenues par Kenya 2013 0 3.426 3.426 des femmes Enquête sur l’évaluation d’impact de Malawi 2011 1.807 1.195 3.002 l’immatriculation des entreprises Enquête sur l’impact du Programme de Mozambique 2012 831 364 1.195 subvention de contrepartie sur la performance des entreprises Enquête sur la croissance et l’emploi Nigeria 2016 3.047 1.254 4.301 Enquête sur la compétitivité des plans d'affaires Nigeria 2012 2.248 459 2.707 Enquête sur les marchés en ligne Afrique du Sud 2012 1.771 846 2.617 Virtual Business Incubator Tanzanie 2010 0 821 821 Enquête sur les formations aux entreprises Togo 2012 711 789 1.500 informelles Enquête Kassida Uganda 2011 408 325 733 Enquête sur l’évaluation d’impact des prêts, des Uganda 2012 130 232 362 subventions et de la formation Recensement/données des ménages Recensement des entreprises (secteur Éthiopie 2011 1.091 161 1.252 Annexes et notes de fin manufacturier) Recensement des entreprises Ghana 2003 1.965 955 2.920 Enquête nationale auprès des ménages RDC 2012 1.728 2.734 4.462 180 Modules Source Informations sur le propriétaire. Informations sur l’entreprise. Informations sur le financement et Benhassine, McKenzie, Pouliquen, et les actifs. Capital, revenus, dépenses et bénéfices de l’entreprise. Situation de l’entreprise. Taxes. Santini (2018) Caractéristiques et pratiques de l’entreprise. Introduction. Informations personnelles et sur l’entreprise. Informations sur le bilan. Informations Fafchamps, McKenzie, Quinn, et Woodruff sur la déclaration de revenus. Informalité. Liste des membres du ménage et dépenses. (2014) Aperçu de l’entreprise. Personnel. Actifs courants Finances. Revenus. Karlan, Knight, et Udry (2015) Informations personnelles et sur les entreprises. Antécédents familiaux et enfance. Informations Mckenzie et Puerto (2017) sur les financements et prêts. Actifs, revenus, dépenses et bénéfices. Environnement concurrentiel. Compétence et pratiques commerciales. Autonomisation. Informations de base sur l’entreprise. Locaux et équipement. Financement. Immatriculation Campos, Goldstein, et McKenzie (2015) de l’entreprise. Bénéfices, revenus et dépenses. Connaissances financières et préférences. Travailleurs. Formation et réseaux. Informations sur le propriétaire. Activités. Installations et équipements. Financement. Comptes Campos et Montalvao (2015) bancaires et services financiers. Évaluation des pratiques et des compétences. Bénéfices, revenus et dépenses. Immatriculation de l’entreprise. Travailleurs. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Informations sur l’entreprise. Bénéfices, ventes et dépenses. Financement. Anderson-McDonald, Buba, et McKenzie (2017) Caractéristiques démographiques et environnement socio-économique. Informations Mckenzie (2015) personnelles. Emploi dans votre entreprise. Financement de votre entreprise. Finance des entreprises. Pratiques commerciales. Informations sur le propriétaire. Bénéfices et revenus. Capital. Main-d’œuvre. Pratiques Bossuroy, Campos, Coville, Goldstein, commerciales. Roberts, et Sequeira (2012) Informations sur l’entreprise. Personnel. Utilisation du temps. Financement. Bénéfices, revenus, Bardasi, Gassier, Goldstein, et Holla et dépenses de l’entreprise. Compétences. Normes et sécurité. (2017) Coordonnées. Informations sur le démarrage de l’entreprise et le secteur d’activité. Main- Campos, Frese, Goldstein, Iacovone, d’œuvre. Financement. Activités liées à l’entreprise. Personnalité et attitudes. Éducation et Johnson, McKenzie, et Mensmann (2017) expérience professionnelle. Informations sur l’identification de l’entreprise. Employés. Locaux et équipement. Bénéfices, Campos, Goldstein, Pimhidzai, Stein, Zia revenus et dépenses. Financement. Réglementation. Normes et sécurité. Formation. (2013) Informations sur le propriétaire. Bénéfices et revenus. Capital. Main-d’œuvre. Finances. Pratiques Fiala (2013, 2015) commerciales Renseignements généraux. Ventes. Coûts. Investissements. Organisation. Activités industrielles. Archives comptables. Personnes engagées. Caractéristiques sociodémographiques. Filtres payements UPI. Caractéristiques de l’entreprise. Main-d’œuvre. Bénéfices et ventes. Dépenses et charges. Équipement, investissement et financement. Problèmes et perspectives. 181 Nom Pays Année Nombre d’observations Hommes Femmesa,b,c Total Enquêtes auprès des entreprises Entreprises formelles de plus de 5 employés Angola 2010 136 207 343 Bénin 2009 85 48 133 Botswana 2010 108 150 258 Burkina Faso 2009 214 104 318 Burundi 2014 97 60 157 Cameroun 2009 200 149 349 Cap-Vert 2009 74 74 148 République centrafricaine 2011 72 76 148 Tchad 2009 113 33 146 Congo 2009 116 13 129 Côte d'Ivoire 2009 343 169 512 RDC 2013 438 89 527 Érythrée 2009 72 68 140 Éthiopie 2011 399 227 626 Gabon 2009 150 14 164 Ghana 2013 501 211 712 Kenya 2013 428 350 778 Lesotho 2009 103 17 120 Liberia 2009 81 15 96 Madagascar 2013 285 186 471 Malawi 2014 355 152 507 Mali 2010 86 111 197 Mauritanie 2014 125 25 150 Île Maurice 2009 185 187 372 Namibie 2014 309 262 571 Niger 2009 46 31 77 Nigeria 2014 2.123 469 2.592 Rwanda 2011 121 97 218 Sénégal 2014 488 105 593 Sierra Leone 2009 140 8 148 Soudan du Sud 2014 585 149 734 Soudan 2014 601 54 655 Tanzanie 2013 602 197 799 Togo 2009 109 29 138 Uganda 2013 508 239 747 Zambie 2013 435 281 716 Entreprises formelles de moins de 5 employés Burkina Faso 2009 65 19 84 Cameroun 2009 74 42 116 Cap-Vert 2009 57 46 103 Côte d'Ivoire 2009 66 26 92 RDC 2013 305 106 411 Éthiopie 2011 96 48 144 Annexes et notes de fin Kenya 2013 196 161 357 Madagascar 2009 67 45 112 Île Maurice 2009 39 36 75 Rwanda 2011 81 64 145 Togo 2009 93 24 117 182 Modules Source Informations générales. Ventes et approvisionnement. Financement. Main-d’œuvre. Contraintes Banque mondiale du climat d’investissement. Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique Renseignements généraux. Ventes et approvisionnement. Financement. Main-d’œuvre. Banque mondiale Contraintes du climat des affaires. 183 Nom Pays Année Nombre d’observations Hommes Femmesa,b,c Total Entreprises informelles Angola 2010 71 43 114 Botswana 2010 52 46 98 Burkina Faso 2009 93 27 120 Cameroun 2009 76 46 122 Cap-Vert 2009 47 82 129 Côte d'Ivoire 2009 82 45 127 RDC 2013 364 116 480 Ghana 2013 251 472 723 Kenya 2013 316 214 530 Madagascar 2009 52 74 126 Mali 2010 92 27 119 Île Maurice 2009 81 45 126 Rwanda 2011 145 95 240 Enquête auprès des ménages I2D2 (Base de données sur la distribution des Angola 2008 22.059 23.339 45.398 revenus OCDE) Burundi 1998 15.656 16.918 32.574 Burkina Faso 2009 27.571 29.584 57.155 Botswana 2009 12.965 14.246 27.211 République centrafricaine 2003 14.897 15.725 30.622 Côte d'Ivoire 2008 30.388 29.311 59.699 Congo 2005 12.827 13.772 26.599 Comores 2004 8.936 9.021 17.957 Cap-Vert 2007 16.311 17.445 33.756 Éthiopie 2012 33.846 37.127 70.973 Gabon 2005 18.375 19.228 37.603 Ghana 2012 28.460 29.518 57.978 Guinée 2002 27.336 29.426 56.762 Gambie 2010 18.468 20.054 38.522 Guinée-Bissau 1993 13.217 14.045 27.262 Kenya 2005 32.918 33.807 66.725 Liberia 2007 9.936 10.098 20.034 Lesotho 2010 10.155 10.836 20.991 Madagascar 2010 29.394 29.980 59.374 Mali 2003 20.805 20.675 41.480 Mozambique 2008 24.368 26.809 51.177 Mauritanie 2008 35.330 39.791 75.121 Île Maurice 2012 19.946 20.562 40.508 Malawi 2010 27.555 28.848 56.403 Namibie 2003 24.443 22.093 46.536 Niger 2011 12.405 12.720 25.125 Nigeria 2012 29.416 30.134 59.550 Rwanda 2010 32.490 35.908 68.398 Sénégal 2011 79.627 87.992 167.619 Sierra Leone 2011 18.337 19.130 37.467 São Tomé-et-Principe 2010 6.961 7.104 14.065 Annexes et notes de fin Swaziland 2009 6.717 7.428 14.145 Tchad 2003 19.440 20.105 39.545 Togo 2011 14.521 15.260 29.781 Tanzanie 2011 32.059 33.862 65.921 Ouganda 2010 8.779 9.137 17.916 RDC 2005 35.978 36.707 72.685 Zambie 2010 49.961 52.240 102.201 184 Modules Source Renseignements généraux. Ventes et approvisionnement. Financement. Main-d’œuvre. Banque mondiale Contraintes du climat d’investissement Main-d’œuvre Banque mondiale Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique a Ensembles de données EI (Évaluation d’impact) : Sexe du propriétaire. b Données du recensement: Pour l’Éthiopie, elles tiennent compte des femmes si les propriétaires de l’entreprise sont toutes des femmes. Pour le Ghana, elles tiennent compte du sexe du propriétaire. c Enquêtes auprès des entreprises: nombre d’entreprises ayant au moins une femme propriétaire. c I2D2 (Base de données sur la distribution des revenus de l’OCDE): Sexe de l’individu interrogé. d Les principaux groupes de variables l’ont utilisé (le questionnaire pour l’Afrique du Sud ne comprend pas de modules ni de sections). e Les principaux groupes de variables l’ont utilisé. 185 Références Adoho, Franck, Shubha Chakravarty, Learning to Earning: An Impact Evaluation Dala Korkoyah, Mattias Lundberg, et of the Digital Opportunity Trust (DOT) Afia Tasneem. (2014). “The impact of an Entrepreneurship Training.” Laboratoire adolescent girls employment program : d’innovation pour l’égalité des sexes en the EPAG project in Liberia.” Document de Afrique de la Banque mondiale. Policy Brief travail de recherche sur les politiques de la Issue 17. Banque mondiale (6832). Amanatullah, Emily, et Michael Morris. 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Global Entrepreneurship Research Association – GERA (2018). d’évaluation d’impact au Malawi et au Ghana ont également été 3. Nations Unies (2017). utilisées. La plupart des questions relatives aux normes sociales 4. Cette conclusion est basée sur les calculs des auteurs à partir ne sont pas strictement identiques dans les enquêtes d’évaluation des Enquêtes auprès des entreprises du Groupe de la Banque d’impact et les enquêtes menées pour ce rapport mondiale. 37. Voir Ashraf et coll. (2016) sur l’importance des interventions 5. Les ensembles de données suivants concernent des micro- institutionnelles à grande échelle pour surmonter les préjugés entreprises au : Bénin, Ghana (1), Malawi, Togo, Ouganda (1) et relatifs à la participation des femmes dans l’éducation. Ouganda (2). Les ensembles de données suivants portent sur des 38. Voir Deininger et coll. (2013), et Roy (2015) sur l’importance de PME au : Mozambique, Nigeria (1), Nigeria (2) et Afrique du Sud. la modification des droits de propriété sur l’investissement dans Les données sur la RDC sont fondées sur un recensement des l’éducation des filles. entreprises. Les données de Ghana (2) sont tirées d’une enquête 39. Voir Munshi et Rosenzweig (2006), Field, Jayachandran et Pande auprès d’entreprises de confection. Les enquêtes Éthiopie et (2010), Luke et Munshi (2011) sur l’importance des solutions aux Ghana (3) concernent des sociétés du secteur manufacturier. obstacles à la mobilité des femmes en Asie du Sud. Les éléments 6. Voir, par exemple, Hallward-Driemeier (2013). de preuve sur ces questions en Afrique sont plus limités. 7. Global Entrepreneurship and Development Institute - GEDI (2018). 40. Voir Croke, Goldstein et Holla (2017) sur les changements de 8. Chakravarty, Das et Vaillant (2017). secteurs. Les femmes ayant des opinions classiques sur la 9. Hardy et Kagy (2018b). ségrégation professionnelle constatent des améliorations plus 10. Bardasi, Sabarwal et Terrell (2011) ; Campos et coll. (2015) ; importantes. Alibhai, Buehren et Papineni (2015). 41. Voir Doyle et coll. (2018) à propos d’un programme de groupe de 15 11. Des données probantes provenant d’autres régions montrent semaines, axé sur la transformation des genres et impliquant des que la ségrégation sexuelle du secteur d’activité ne se limite nouveaux et futurs pères ainsi que leurs partenaires. L’analyse pas à l’Afrique. Au Sri Lanka, les taux d’investissement et les des données menée 21 mois après le début du programme rendements des investissements sont plus faibles dans les montre des différences significatives entre les groupes secteurs caractérisés par une proportion plus élevée de femmes d’intervention et de contrôle sur un large éventail de résultats de chefs d’entreprise (De Mel, McKenzie et Woodruff, 2009). Aux santé et de développement, notamment les signalements par les États-Unis, la concentration des femmes dans le secteur des femmes de violences physiques et sexuelles infligées par leurs services personnels explique jusqu’à 14 % des inégalités des partenaires, le signalement par des hommes et des femmes de revenus du travail indépendant entre les genres (Hundley, 2001). sévices à l’encontre des enfants, l’utilisation de contraceptifs 12. McKenzie et Woodruff (2017). et la participation aux consultations prénatales, la domination 13. Benhassine et coll. (2018). masculine dans la prise de décision et la participation des 14. Campos, Goldstein et McKenzie (2018). hommes et le temps passé par ceux-ci aux tâches ménagères et 15. Paryavi, Campos et Santos (2018). aux soins aux proches. 16. Quelques enquêtes provenant de la base de données des 42. Campos et coll. (2017). évaluations d’impact du rapport font figure d’exception. Par 43. Alibhai, Buehren et Papineni (2016). Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique exemple, au Malawi, les femmes entrepreneures sont 38 % plus 44. Batista et Seither (2018). susceptibles que les hommes chefs d’entreprise d’être d’accord 45. McKenzie et Puerto (2017). Une évaluation de l’impact du même avec la déclaration suivante : « Si l’on m’offrait un emploi programme au Vietnam a également constaté des retombées rémunéré à un niveau à peu près similaire à ce que j’empoche positives sur la croissance des entreprises (Bulte, Lensink et Vu, grâce à cette entreprise, j’accepterais cet emploi et je fermerais 2017). boutique ». 46. Dupas et Robinson (2013). Cependant, cette expérimentation ne 17. Groupe de la Banque mondiale (2018). permet pas de faire une distinction entre les effets du genre et 18. Tel que mesuré par le programme du Groupe de la Banque ceux du secteur d’activité sur l’impact de l’intervention. mondiale « Les femmes, l’entreprise et le droit ». Ces pays sont 47. Dupas et coll. (2018). l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et le Rwanda. 48. Campos, Goldstein et McKenzie (2018). 19. Cech et coll. (2011). 49. Aker et coll. (2016) ; Field et coll. (2016b). 20. Correll (2001 ; 2004). 50. Jack et Suri (2016). 21. Blair-Loy 2003 ; Ridgeway et Correll (2004). 51. Bastian et coll. (2018a). 22. Rudman (1998) ; Rudman et Glick (1999). 52. McKenzie (2015). 23. Amanatullah et Morris (2010) ; Bowles (2012). 53. Fafchamps et Quinn (2016). 24. Fawole, Ajuwon et Osungbade (2005) ; Morrison et Orlando (2004). 54. Nations Unies (2017). 25. Abril de Ruiz (2008). 55. The Global Entrepreneurship Development Institute - GEDI (2018). 26. Banque mondiale (2012). 56. Global Entrepreneurship Research Association – GERA (2018). 27. Beyer (1990) ; Pulford et Colman (1997) ; Soll et Klayman (2004). 57. Kelly et Firestone (2016). 28. Niederle et Vesterlund (2007). 58. Bardasi, Sabarwal et Terrell (2011); Hallward-Driemeier (2013); 29. Grosse et Riener (2010) ; Kamas et Preston (2010) ; Lundeberg, Fox Nordman et Vaillant, 2014; Brixiová et Kangoye (2015); Nix, et Punćcohaŕ (1994). Gamberoni, et Heath (2015); McKenzie et Woodruff (2017); Hardy et 30. https://globalfindex.worldbank.org/ Kagy (2018a). 31. Marsden (1987) ; Moore (1990) ; Renzulli, Aldrich et Moody (2000) ; 59. Les séries de données suivantes contiennent des donnés Klyver et Terjesen (2007) ; Rankin (2001) ; Fafchamps et Minter d’enquêtes sur les micro-entreprises : Bénin, Ghana (1), Malawi, (1999) ; Granovetter (1973, 1983). Togo, Ouganda (1) et Ouganda (2). Les séries de données suivantes 32. Udry (1996). contiennent des informations sur les PME : Mozambique, Nigeria 33. Banque mondiale (2012). (1), Nigeria (2) et Afrique du Sud. Les données sur la RDC sont 34. L’importance des responsabilités ménagères est dans le droit fil fondées sur un recensement des entreprises. Les données de des constatations établies dans d’autres régions. Par exemple, au Ghana (2) sont tirées d’une enquête auprès d’entreprises du Guatemala (Kevane et Wydick, 2001) et en Inde (Kantor, 2005), la secteur de la confection. Les séries de données Éthiopie et concentration sectorielle des femmes répond au temps disponible Ghana (3) contiennent des données sur les sociétés du secteur pour la production domestique et aux contraintes en termes de manufacturier. localisation des activités. 60. Tout au long du rapport, les termes entreprise, société, firme et 35. Clark et coll. (2017) ; Tabbert (2009) ; Barros et coll. (2011) ; affaires sont utilisés de façon interchangeable. Berlinski et Galiani (2007). 61. Cela se fonde sur les calculs des auteurs à partir des Enquêtes 36. L’analyse se fonde sur deux enquêtes réalisées spécialement pour d’évaluation d’impact. ce rapport : Togo (décembre 2016) et Malawi (février 2017). Les 62. Cela se fonde sur les calculs des auteurs à partir des Enquêtes questionnaires utilisés pour ces enquêtes sont très similaires, ce auprès des entreprises du Groupe de la Banque mondiale. 197 63. Cela se fonde sur les calculs des auteurs à partir des Enquêtes mêmes questions et se concentrant sur les résultats types et d’évaluation d’impact. moyens. 64. La valeur ajoutée est obtenue en soustrayant les coûts directs 95. Compte tenu des différences significatives de montants des (coûts des intrants, des matières premières et des biens achetés prêts en cours dans les pays analysés, qui pourraient affecter les pour la revente) des ventes de l’entreprise. moyennes (en révélant un écart de genre plus important) mais 65. Cela se fonde sur les calculs des auteurs à partir des Enquêtes pas la conclusion sur l’importance de ce problème, les chiffres de d’évaluation d’impact. ce tableau pour les prêts en cours n’incluent que les pays où les 66. Les chiffres ne comprennent pas les bénéfices 0 et négatifs. montants ont une variation plus faible : Malawi, Ouganda, RDC, 67. Toutes les données se fondent sur les Enquêtes d’évaluation Togo. Cela est donc plus prudent que d’utiliser tous les pays dans d’impact. Des tendances similaires ont été retrouvées en utilisant les séries de données. les Enquêtes auprès des ménages. 96. L’enquête menée au Kenya concerne uniquement les femmes. Il 68. Chakravarty, Das et Vaillant (2017). n’est donc pas possible de mesurer l’écart entre les sexes. Cette 69. Chakravarty, Das et Vaillant (2017). enquête est par conséquent exclue de l’analyse présentée dans 70. Hardy et Kagy (2018b). cette section. 71. Emran et coll. (2011). 97. Mesurée en heures de travail de toutes les personnes employées 72. Chakravarty, Das et Vaillant (2017). dans l’entreprise. 73. Bardasi, Sabarwal et Terrell (2011). 98. Il s’agit notamment des stocks, des équipements, de la valeur des 74. Fafchamps et coll. (2014); Nordman et Vaillant (2014). propriétés/terres. 75. Niederle et Vesterlund (2007, 2008); Balafoutas et Sutter (2010); 99. En utilisant un indice de pratiques commerciales dans la limite Healy et Pate (2011); Niederle et Vesterlund (2010); Sutter et des données disponibles suivant McKenzie et Woodruff (2017). Rützler (2010); Wozniak, Harbaugh et Mayr (2009). 100. L’entreprise est immatriculée et paie des impôts et des frais 76. Bossuroy et coll. (2013). locaux/nationaux.. 77. McKenzie et Woodruff (2017). 101. L’entreprise dispose d’un compte bancaire et sépare les fonds de 78. OCDE (2016). l’entreprise des fonds du ménage. 79. Kabeer (1999). 102. L’ancienneté dans la fonction de chef d’entreprise est mesurée 80. Donald et coll. (2017). en termes d’années de gestion de l’entreprise. En l’absence 81. Les pays inclus ici sont le Bénin, la République démocratique du d’informations sur l’ancienneté, le rapport utilise l’âge de Congo, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Malawi, le Mozambique, l’entreprise comme indicateur. le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Togo et l’Ouganda. 103. Hormis le recensement des industries manufacturières du Ghana 82. Par exemple, pour le Bénin, l’enquête demande : « Au cours du (3), qui ne neutralise aucune des nombreuses variables comme dernier mois, quels bénéfices a généré votre entreprise ? C’est la c’est le cas des autres séries de données, l’écart moyen entre les différence entre tous les revenus de votre entreprise et tous les sexes est de 21 % lorsqu’on tient compte des différences liées aux coûts (salaires des employés, matériaux, taxes, loyers ...) ? ». entreprises et aux ménages. 83. Recensement de la République démocratique du Congo, de 104. Cette enquête est moins détaillée que les autres et l’analyse ne l’Éthiopie, du Ghana, et GEMS Nigeria. tient pas compte du capital et de la main-d’œuvre. Voir Annexe X 84. Cela a été constaté également pour la République démocratique pour un tableau des enquêtes utilisées et les modules disponibles du Congo, le Nigeria et le Togo. dans chacune d’elles. 85. Information issue des enquêtes d’évaluation d’impact. Les 105. La portion de l’écart pouvant s’expliquer par cette méthode données sur les niveaux d’éducation excluent les évaluations statistique varie considérablement selon la série de données, d’impact au Nigeria, qui ont ciblé une population dans laquelle 80 variant de plus de 100 % de l’écart expliqué au Bénin et dans une % à 90 % de l’échantillon avaient reçu une éducation supérieure. série de données en Ouganda, à zéro pour l’une des séries de 86. Au Ghana, les bénéfices des entreprises détenues par des données au Ghana. Si l’on exclut le Togo, où l’écart est très faible hommes représentent 45 % des dépenses de leurs ménages. au départ, la décomposition Oaxaca-Blinder peut représenter 87. Les données des enquêtes d’évaluation d’impact révèlent que environ 50 % de l’écart entre les sexes dans la performance des les entreprises détenues par des femmes ont été actives en entreprises. moyenne 8 ans, contre 9 ans pour les entreprises détenues par 106. Hardy et Kagy (2018a) démontrent que dans l’industrie du des hommes. La longévité d’une entreprise féminine (masculine) vêtement au Ghana, les entreprises détenues par les hommes s’élève à 11 ans (13 ans) si l’on utilise les enquêtes auprès des enregistrent près de deux fois plus de bénéfices que celles des entreprises du secteur informel. Parmi le groupe de grandes femmes, et l’écart ne peut pas s’expliquer par un ensemble de entreprises formelles couvertes par les enquêtes auprès des caractéristiques liées à l’entreprise et au propriétaire. entreprises, les sociétés détenues par des femmes sont en 107. Ce constat repose sur l’hypothèse qu’au Ghana et en Ouganda, activité depuis environ 20 ans, contre 22 ans pour les sociétés les différences observées dans les niveaux d’investissement en appartenant à des hommes, ce qui est relativement similaire à capital ne contribuent pas à l’écart entre les sexes en termes d’autres régions pour les entreprises de cette taille. de bénéfices. Au Ghana et en Ouganda, le rapport s’appuie sur 88. Données issues des enquêtes d’évaluation d’impact. Il s’agit de 24 de nombreuses études qui ne parviennent pas aux mêmes jours pour les entreprises détenues par des hommes. Ces chiffres conclusions. Sinon, ces statistiques s’élèveraient à 70 %. peuvent surreprésenter les entrepreneurs à plein temps, les 108. Mckenzie(2015). évaluations d’impact sélectionnant souvent des participants qui 109. Fafchamps et coll. (2013) souhaitent faire quelque chose pour leur entreprise, ce qui peut 110. Banerjee,KarlanandZinman (2015). exclure les entrepreneurs à temps partiel. 111. Fafchamps et coll. (2013). 89. Estimation basée sur la valeur médiane des enquêtes d’évaluation 112. Banerjee, Karlan et Zinman (2015). d’impact. En moyenne, les entreprises dirigées par des femmes 113. Bernhart et coll. (2017). dans les séries de données analysées emploient cinq personnes, 114. Au sein de chaque secteur identifié dans chaque série de contre neuf pour celles dirigées par des hommes. données, il peut y avoir une plus grande ségrégation sexuelle 90. Les données des enquêtes d’évaluation d’impact révèlent que 41% si l’on tient compte du fait que les femmes vendent plus de des entreprises dirigées par des femmes ont accès à l’électricité, marchandises à d’autres femmes et que les hommes en font contre 56 % pour les entreprises dirigées par des hommes autant entre eux. Ces différences peuvent ne pas avoir été prises Ces chiffres passent à 53 % et 62 %, respectivement, dans les en compte dans la composition du secteur, limitant de ce fait la enquêtes auprès des entreprises du secteur informel. Les profondeur de l’analyse sur l’importance du choix du secteur. grandes entreprises dirigées par des femmes et des hommes ont 115. Nordman et Vaillant (2014). subi en moyenne 8 % et 7 % de pertes, respectivement, en raison 116. Fafchamps et coll. (2014). de coupures de courant. 117. McKenzie et Woodruff (2017). 91. 16 % dans les enquêtes d’évaluation d’impact, contre 23 % dans 118. Bardasi, Sabarwal et Terrell (2011) ; Costa et Rijkers (2012) ; les enquêtes auprès des entreprises. Campos et coll. (2015). 92. Selon la valeur médiane du capital social des enquêtes 119. Bardasi, Sabarwal et Terrell (2011). d’évaluation d’impact. 120. Buehren et coll. (2016a). 93. Données issues des enquêtes d’évaluation d’impact. Ces 121. Campos et coll. (2015). Annexes et notes de fin pourcentages diminuent à 34 % et 37 % dans les enquêtes auprès 122. Des données probantes provenant d’autres régions montrent des entreprises, et à 34 % et 35 % dans les enquêtes auprès des que la ségrégation sexuelle dans les secteurs d’activité ne se entreprises du secteur informel. limite pas à l’Afrique. Au Sri Lanka, les taux d’investissement 94. Cette différence significative entre les pays en matière de prêts et les retours sur investissement sont plus faibles dans les peut également résulter de problèmes d’estimations, le travail de secteurs caractérisés par une proportion plus élevée de femmes mesure dans de nombreux pays ayant montré que la formulation entrepreneures (De Mel, McKenzie et Woodruff, 2009). Aux États- de la question (permettant d’énumérer toutes les sources de Unis, la concentration de femmes dans le secteur des services à crédit, y compris au niveau familial et communautaire, au lieu la personne explique jusqu’à 14 % des inégalités de revenus du de questions axées sur les prêts formels auprès de banques travail indépendant entre les genres (Hundley, 2001). commerciales) peut conduire à des résultats différents (Banque 123. Comme pour l’écart de rentabilité, dans cette analyse, les séries mondiale - WLSME, 2013). Les conclusions sont principalement de données suivantes portent sur des microentreprises : Bénin, tirées de comparaisons de genre parmi les pays utilisant les Ghana (1), Malawi, Togo, et Ouganda (1). Les séries de données 198 suivantes portent sur des PME : Mozambique, Nigeria (1), Nigeria 149. Paryavi, Campos et Santos (2018) (2) et Afrique du Sud. Les données sur la RDC se basent sur 150. Berge et coll. (2015). un recensement des entreprises. Les données de Ghana (2) 151. De la même façon, au Nigeria, un concours de plan d’affaires sont tirées d’une enquête auprès d’entreprises de confection. à grande échelle a enregistré 24 000 participants au premier Les enquêtes Éthiopie et Ghana (3) concernent des sociétés du tour, dont seulement 18 % étaient des femmes. Pour y pallier, secteur manufacturier. la deuxième année a été réservée uniquement aux femmes, 124. Comme mentionné ci-dessus, les « spécifications de base » accueillant 65 000 personnes. Cela reflète en partie une plus incluent les caractéristiques de l’entreprise (le nombre d’employé, grande visibilité du programme (le programme a attiré plus de 100 le stock de capital, les pratiques commerciales, la formalisation, 000 candidats la troisième année lorsqu’il a de nouveau accueilli l’innovation, les services financiers, l’entreprise a un prêt, des participants des deux sexes), mais fournit un exemple de la l’entreprise a au moins un travailleur supplémentaire, et le façon dont la conception peut soutenir la participation dans une secteur) et les caractéristiques du propriétaire (âge, ancienneté compétition. dans la fonction de chef d’entreprise, situation matrimoniale, 152. Groupe de la Banque mondiale (2018). taille du ménage, nombre d’enfants par rapport au nombre 153. Une analyse similaire réalisée pour l’Europe indique que 20 pays d’adultes, et instruction). sur 39 se conforment pleinement aux 22 lois officielles qui traitent 125. Les évaluations d’impact incluent souvent des entreprises qui les hommes et les femmes de manière égale. En Europe, 34 pays exercent à plein temps. Ces mesures risquent donc d’exclure les sur 39 (87 %) se conforment à au moins 21 lois officielles traitant nuances existant dans les entreprises qui fonctionnent à temps de manière égale les femmes et les hommes. partiel. 154. Groupe de la Banque mondiale (2018). 126. Ce constat est aussi compatible avec le fait que les hommes 155. Groupe de la Banque mondiale (2018). embauchent davantage de travailleurs jusqu’à ce que le 156. Platteau (2000) ; Bicchieri (2006). rendement de la main-d’œuvre soit le même d’un genre à l’autre. 157. Marcus et Harper (2014). 127. Comme pour l’investissement en capital cette analyse prend 158. Rudman (1998) ; Rudman et Glick (1999). en compte les caractéristiques de l’entreprise (le nombre de 159. Amanatullah et Morris (2010) ; Bowles (2012). travailleurs, le capital social, les pratiques commerciales, 160. Cech et coll. (2011). la formalisation, l’innovation, les services financiers, l’octroi 161. Friedson-Ridenour et Pierotti (2018) éventuel de prêts, si l’entreprise a au moins un travailleur 162. Correll (2001 ; 2004) additionnel, et le secteur) et les caractéristiques du propriétaire 163. L’analyse effectuée pour ce rapport au Malawi et au Togo suggère (son âge, son ancienneté dans la fonction de chef d’entreprise, sa qu’une grande partie des entrepreneurs pense que les hommes situation matrimoniale, la taille du ménage, le nombre d’enfants sont de meilleurs gestionnaires que les femmes. par rapport aux adultes, et son instruction). 164. Blair-Loy (2003) ; Ridgeway et Correll (2004). 128. Mckenzie et Woodruff (2017). 165. Croke, Goldstein, et Holla (2017). 129. Cirera et Maloney (2017). 166. Alibhai, Buehren, et Papineni (2015). 130. Cirera et Maloney (2017). 167. Campos et coll. (2015). 131. Au Kenya, 16 % des entreprises appartenant à des femmes 168. Fawole, Ajuwon, et Osungbade (2005). envisagent d’introduire un nouveau produit et 3 % planifient 169. Morrison et Orlando (2004). d’améliorer des produits existants dans les 2 prochaines années. 170. Ruiz Abril (2008). 132. Cette différence est importante en termes d’ampleur et de 171. Analyse effectuée pour ce rapport à l’aide des données des pourcentage (40 %), mais elle n’est pas statistiquement enquêtes d’évaluation d’impact du Malawi et de l’Ouganda. significative. 172. Analyse effectuée pour ce rapport à l’aide des données des 133. Résultats disponibles sur demande. enquêtées d’évaluation d’impact de la Tanzanie. 134. L’identification de différences en matière d’innovation dans 173. Bien que cette différence entre soi-même et les autres puisse les séries de données des évaluations d’impact pourrait être cacher une sous-déclaration, elle peut aussi être due à la spécifique au groupe d’entreprises étudiées. Un plus grand sélection et à l’ancrage, car personne ne répondrait avec des nombre de données doit être recueilli sur l’innovation au niveau chiffres non intégraux sur 10 personnes (comme 0,5 sur 10) et un des entreprises dans l’ensemble de la région pour en tirer des nombre faible sur 10 peut finir par être « plus élevé » que sur 100. conclusions plus pertinentes. 174. Campbell (2002). 135. Données sur les entreprises formelles issues des enquêtes 175. Ribero et Sanchez (2004). auprès des entreprises de la Banque mondiale. 176. Doyle et coll. (2018). 136. Benhassine et coll. (2018). 177. Banque mondiale (2012). Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 137. Campos, Goldstein et Mckenzie (2018). 178. Cela peut être dû aux normes sociales ou aux faibles rendements 138. Les séries de données dans les pays d’Amérique latine ne de l’éducation des femmes sur le marché du travail, ce qui peut donnent pas d’informations sur le pourcentage de propriété en résulter d’une discrimination à l’embauche ou d’une ségrégation fonction du sexe. sexuelle de la main-d’œuvre. Ces problèmes peuvent limiter les 139. Paryavi, Campos et Santos (2018). femmes à des emplois et des secteurs moins rémunérés. 140. Niederle et Vesterlund (2007, 2008). 179. Van der Sluis, Van Praag et Vijverberg (2005). 141. Balafoutas et Sutter (2010) ; Healy et Pate (2011) ; Niederle et 180. Hallward-Driemeier (2013). Vesterlund (2010) ; Sutter et Rützler (2010) ; Wozniak, Harbaugh et 181. Morris et coll. (2006). Mayr (2009). 182. Arias, Evans et Santos (2017). 142. Niederle et Vesterlund (2011). 183. Heckman, Stixrud et Urzua (2006). 143. Niederle et Vesterlund (2007). 184. Müller, Volery et Siemens (2012) ; Rauch et Frese (2007) ; Zhao et 144. Ruble, Martin et Berenbaum (2006). Seibert (2006). 145. Gneezy et coll. (2009). 185. Crant, 1995 ; Frese, 2009 ; Frese et coll. (2007) ; Koop, De Reu, et 146. Les femmes peuvent même être encore moins susceptibles Frese (2000) ; Campos et coll. (2017). d’affronter la concurrence lorsqu’elles représentent les intérêts 186. La différence entre le Mozambique et le Togo pourrait être liée au d’autres personnes, comme leurs employés. Beckmann et fait que les entreprises au Mozambique sont plus grandes qu’au Menkhoff (2008) ont remarqué que les femmes gestionnaires Togo. Les femmes entrepreneures dans l’étude du Mozambique de fonds communs de placement sont plus réticentes à la pourraient être déjà un échantillon sélectionné, non représentatif concurrence que leurs collègues masculins. Paryavi (2016) de la population des travailleurs indépendants. a trouvé que les femmes sont beaucoup moins susceptibles 187. Beyer (1990); Pulford et Colman (1997) ; Soll et Klayman (2004). d’affronter la concurrence lorsqu’elles sont chargées de 188. Niederle et Vesterlund (2007). représenter les intérêts financiers d’une autre personne. 189. Grosse et Riener (2010) ; Kamas et Preston (2010) ; Lundeberg, 147. Une autre expérience en laboratoire menée en Ouganda (Buehren Fox, et Punćcohaŕ (1994). et coll., 2016) n’a relevé aucune différence entre les sexes dans 190. Analyse pour ce rapport à l’aide des données d’évaluation un concours entre adolescents filles et garçons, mais le modèle d’impact du Ghana. expérimental comportait quelques contraintes importantes : 191. Kamas et Preston (2010) et Grosse et Riener (2010). les participants ne pouvaient pas voir leurs concurrents, et 192. Paryavi (2016). la tâche choisie pour cette expérimentation (c.à.d. trier des 193. Croson et Gneezy (2009). blocs de construction) n’était pas sexospécifique, alors que 194. Paryavi, Campos et Santos (2018) la documentation nous enseigne que les femmes sont moins 195. Berge, Juniwaty, et Sekei (2016). Dans l’étude, la volonté de compétitives dans des tâches traditionnellement réservées aux prendre des risques en tant que groupe est mise en évidence hommes, comme les mathématiques. en laissant les groupes décider conjointement, face à face, s’ils 148. Certaines enquêtes de la base de données d’évaluation d’impact veulent investir ou non dans un actif à risque. du rapport font figure d’exception. Par exemple, au Malawi, 196. Aterido, Beck, et Iacovone (2013). les femmes entrepreneures sont à 38 % plus susceptibles que 197. https://globalfindex.worldbank.org/ leurs homologues masculins d’être d’accord avec la déclaration 198. Mayoux (1999) ; Demirguc-Kunt, Beck et Honohan (2008). suivante : « Si l’on m’offrait un emploi rémunéré à un niveau à 199. Demirguc-Kunt, Beck et Honohan (2008). peu près similaire à ce que je gagne grâce à cette entreprise, 200. Il est important de rappeler que la plupart des séries de données j’accepterais cet emploi et je fermerais boutique. » ne disposent que de quelques mesures sur les conditions de prêt. 199 201. Au Malawi, la différence positive (les femmes sont plus 245. Clark et coll. (2017) susceptibles de devoir présenter une garantie) disparaît après 246. Tabbert (2009) contrôle de la taille du prêt. Au Bénin, il n’y a pas d’information 247. Voir Lokshin, Glinskaya et Garcia (2004) pour le Kenya. sur la taille du prêt et la différence inconditionnelle est négative. 248. Barros et coll. (2011). Dans les autres séries de données, il n’existe aucune information 249. Berlinski et Galiani (2007). sur la nécessité de présenter une garantie. 250. L’analyse se fonde sur deux enquêtes réalisées spécialement pour 202. https://globalfindex.worldbank.org/ ce rapport : Togo (décembre 2016) et Malawi (février 2017). Les 203. L’Afrique est chef de file dans l’utilisation de comptes d’argent questionnaires utilisés pour ces enquêtes sont très similaires, ce mobile. 21 % des adultes y détiennent un compte d’argent mobile. qui permet de comparer facilement leurs résultats. Des enquêtes Banque mondiale (2018). d’évaluation d’impact au Malawi et au Ghana ont également été 204. Campos, Goldstein et McKenzie (2015). utilisées. La plupart des questions relatives aux normes sociales 205. Kes, Jacobs et Namy (2011). dans les enquêtes d’évaluation d’impact sont différentes de celles 206. https://globalfindex.worldbank.org/ posées dans les enquêtes menées au Togo et au Malawi pour ce 207. https://globalfindex.worldbank.org/ rapport. 208. Granovetter (1973); Holzer (1987); Bertrand et coll. (2000). 251. À l’aide des Enquêtes auprès des entreprises du Groupe de la 209. Davidsson et Honig (2003) ; Audretsch et Feldman (2004) ; Banque mondiale. Renzulli, Aldrich, et Moody (2000). 252. Les normes sexistes sont utilisées dans ce contexte comme 210. Des études qualitatives en Éthiopie suggèrent que les grands opposées aux femmes. réseaux familiaux et amicaux sont déterminants pour obtenir 253. Bertrand et coll. (2015). suffisamment de garanties pour des prêts importants. (Pierotti, 254. Au Togo, les femmes sont encore aujourd’hui plus susceptibles 2016). que les hommes (47 % contre 39 %) de penser qu’elles doivent 211. Uzzi (1997); McMillan et Woodruff (1999); Fafchamps (2001). travailler dans des secteurs mieux adaptés à leur sexe, alors 212. Field et coll. (2016a). qu’au Malawi, les femmes sont moins susceptibles d’avoir ces 213. Brüderl et Preisendörfer (1997); Uzzi (1996). opinions que les hommes (39 % contre 49 %). Au Togo, l’opinion 214. Uzzi (1997). des femmes selon laquelle elles doivent travailler dans des 215. Analyse pour ce rapport, basée sur les données de l’évaluation secteurs adaptés à leur sexe semble être due aux femmes d’impact. actives dans les secteurs traditionnellement féminins : dans les 216. Analyse pour ce rapport, basée sur les données de l’évaluation secteurs non dominés par les femmes, 37 % des femmes et 38 % d’impact. des hommes estiment que les femmes devraient travailler dans 217. Comie (1992). des secteurs appropriés, contre 50 % des femmes (et 42 % des Alibhai, Buehren, and Papineni (2015); Campos et coll. (2015). hommes) dans des secteurs à dominante féminine. 218. Alibhai, Buehren et Papineni (2015); Campos et coll. (2015). 255. Cette différence est statistiquement significative au seuil de 5 %. 219. Cai et Szeidl (2016). 256. Un groupe similaire de saynètes sur les priorités famille 220. Marsden (1987) ; Moore (1990) ; Renzulli, Aldrich et Moody (2000) ; contre entreprise a été présenté récemment à des femmes Klyver et Terjesen (2007) ; Rankin (2001) ; Fafchamps et Minter entrepreneures au Ghana. Les femmes n’ont fait aucune (1999) différence entre les sexes dans leurs réponses aux questions sur 221. Granovetter (1973, 1983). les postes de dépense prioritaires et la consultation ou non du(de 222. Field et coll. (2016a). la) conjoint(e). Cela peut être dû en partie au fait que les enjeux 223. Banque mondiale (2012). dans les saynètes au Ghana étaient plus importants que ceux du 224. Beaman, Keleher et Magruder (2016). Togo. 225. Dans un contexte de faible exécution des contrats, les réseaux 257. Au Togo, l’indice de préjugés maximal est de 0,83, car les peuvent permettre de faciliter des engagements crédibles (Greif, individus les plus sexistes dans cet échantillon étaient d’accord 1997; McMillan, 1997; Fafchamps, 2001). Les réseaux peuvent avec 5 des 6 déclarations sexistes. notamment contribuer à réduire les coûts de transaction, 258. Des résultats similaires sont obtenus en utilisant l’enquête au en favorisant la confiance et le partage d’informations, et en Malawi de 2014. soutenant des mécanismes d’exécution alternatifs. 259. La petite taille de l’échantillon et l’écart important des mesures 226. Au Ghana, des entrepreneurs ont été encouragés de manière d’investissement en capital semblent être à l’origine du caractère aléatoire à participer à une activité commune nécessitant une non significatif des résultats, car la différence de moyenne reste collaboration quotidienne (Fafchamps et Quinn, 2014). Cette toujours assez grande. intervention — tenant lieu de réseau commercial — a eu un 260. L’analyse obtient des résultats similaires pour les bénéfices effet positif sur la performance des entreprises et a favorisé la avec les réponses à la saynète du Togo. Plus les femmes ont des diffusion de pratiques commerciales parmi les entrepreneurs opinions conservatrices (notamment, plus elles estiment qu’une affectés à une même équipe. Des chercheurs ont trouvé que les femme entrepreneure doit consulter son mari avant de prendre femmes étaient moins enclines que les hommes à échanger des décisions importantes, moins elles pensent qu’une femme avec les membres de leur équipe. Une expérience en Éthiopie, entrepreneure doit embaucher pour augmenter ses bénéfices), en Zambie et en Tanzanie a révélé un effet positif sur la diffusion plus elles réalisent des bénéfices élevés par rapport aux hommes de pratiques commerciales chez les chefs de petites entreprises entrepreneurs. appelés à collaborer avec des grandes entreprises (Fafchamps 261. Voir Ashraf et coll. (2016) sur l’importance des interventions and Quinn, 2015). Toutefois, l’étude n’a pas trouvé de preuve de institutionnelles à grande échelle pour surmonter les préjugés la diffusion de pratiques commerciales parmi les participants relatifs à la participation des femmes dans l’éducation. moyens. 262. Voir Deininger et coll. (2013), et Roy (2015) sur l’importance de la 227. Udry (1996). modification des droits de propriété sur l’investissement dans 228. Nordman et Vaillant (2014). l’éducation des filles. 229. De Mel, McKenzie et Woodruff (2009). 263. Voir Munshi et Rosenzweig (2006), Field et coll. (2010), et Luke et 230. Pierotti (2016). Munshi (2011) sur l’importance des solutions aux obstacles à la 231. Schaner (2015). mobilité des femmes en Asie du Sud. Les éléments de preuve sur 232. Fafchamps et coll. (2014). Cependant, une étude réalisée dans ces questions en Afrique sont plus limités. des zones urbaines malgaches révèle de faibles différences de 264. Voir Croke, Goldstein et Holla (2017) sur les changements rendement par rapport au capital au sein de ménages opérant de secteurs. Les femmes ayant des opinions conservatrices dans des entreprises informelles, ce qui indique une répartition en matière de ségrégation professionnelle constatent des non biaisée du capital entre ses membres (Nordman et Vaillant, améliorations plus importantes. 2014). 265. Voir Doyle et coll. (2018) à propos d’un programme de groupe 233. Friedson-Ridenour et Pierotti (2018). de 15 semaines, axé sur la transformation des genres et 234. Bernhart et coll. (2017) impliquant de jeunes pères ou de futurs pères ainsi que leurs 235. Duflo (2003); Duflo et Udry (2004). partenaires. L’analyse des données menée 21 mois après le 236. Fafchamps et coll. (2014). début du programme montre des différences significatives entre 237. Nordman et Vaillant (2014). les groupes d’intervention et de contrôle sur un large éventail Annexes et notes de fin 238. Fiala (2015). de résultats de santé et de développement, notamment le 239. Banque mondiale (2012). signalement par des femmes de violences physiques et sexuelles 240. Banque mondiale (2012). infligées par leurs partenaires, le signalement par des hommes 241. L’importance des responsabilités domestiques est confirmée et des femmes de sévices à l’encontre des enfants, l’utilisation de par les constatations dans d’autres régions. Par exemple, au contraceptifs et la participation aux consultations prénatales, la Guatemala (Kevane et Wydick, 2001) et en Inde (Kantor, 2005), la domination masculine dans la prise de décision et la participation concentration sectorielle des femmes répond au temps disponible des hommes et le temps passé par ceux-ci aux tâches ménagères pour la production domestique, et aux contraintes de localisation et aux soins aux proches. des activités. 266. On utilise l’approximation « exp (β) -1 » pour interpréter la relation 242. Donald et coll. (2018) entre sinus hyperbolique inverse et variables fictives, suivant 243. Blackden et Wodon (2006) Bellemare et Wichman (2018). 244. Martinez, Naudeau et Pereira (2012). 267. Renzulli, Aldrich, et Moody (2000). 200 268. Basé sur l’étude de 2011 au Malawi. 302. Hallward-Driemeier (2013). 269. Basé sur l’étude de 2013 au Togo. 303. Hallward-Driemeier, Hasan et Rusu (2013). 270. Bossuroy et coll. (2013). 304. Cette étude utilise une approche des doubles différences tirant 271. Fafchamps et Quinn (2013). parti du séquençage du déploiement de la réforme pour en 272. Fafchamps et Quinn (2016). estimer l’impact. 273. Basé sur les données de 2011 au Malawi. 305. Hallward-Driemeier et Gajigo (2013). 274. Brüder et Preisendörfer (1997) explorent cette possibilité, mais ils 306. Harari (2018). ne parviennent pas à une conclusion empirique. 307. Banque mondiale (2014). 275. Fiala (2015). 308. Banque mondiale (2015). 276. Au Kenya, les bénéfices commerciaux des femmes 309. Hallward-Driemeier (2013). entrepreneures représentent en moyenne 65 % de leur revenu 310. Rodgers et Menon (2012). consacré au ménage. Au Malawi, 38 % de l’argent gagné dans les 311. FAO (2017). affaires servent à couvrir les dépenses quotidiennes du ménage. 312. O’Sullivan (2017). 277. Freese et Wolf (2018). 313. O’Sullivan (2017). 278. Schaner (2015). 314. Ali, Deininger et Goldstein (2014). 279. McKenzie et Paffhusen (2017). 315. Ali et coll. (2014). 280. Le chop money (frais de nourriture) moyen est supérieur d’environ 316. Montalvão et coll. (2018). 25 % aux bénéfices mensuels médians. La répartition du chop 317. Goldstein et coll. (2016). money et des bénéfices présente une variance élevée, ce qui 318. Ali et coll. (à paraître) ; Agyei-Holmes et coll. (2018). nécessite une certaine prudence dans ce type de comparaison. 319. Ali et coll. (2014). 281. Fafchamps et coll. (2014). 320. Bruhn et McKenzie (2013). 282. Nordman et Vaillant (2014); Fiala (2015). 321. L’assistance gratuite incluait des visites aux propriétaires 283. Berge et coll. (2012). d’entreprises et une assistance à l’immatriculation de 284. Alors que plus de 40 % des maris surestiment le revenu des leurs sociétés, ainsi que la remise d’un flyer d’une page femmes entrepreneures, laissant penser qu’elles devraient sur les bénéfices potentiels de la formalisation. L’équipe a divulguer leur revenu, il existe d’autres raisons : les femmes ne aidé les personnes intéressées à compléter le formulaire savent pas que leurs maris surestiment leur revenu, bien que ce d’immatriculation, a pris la photo requise et présenté leur ne soit pas le cas de tous les hommes, et même si les hommes dossier complet, y compris en payant en leur nom la taxe le surestiment, les femmes se débrouillent avec leur revenu d’enregistrement. Lorsque tout était prêt, l’équipe a remis à actuel, de sorte que la divulgation du revenu ne poussera pas les ces sociétés les certificats d’immatriculation – la préparation hommes à conclure qu’ils doivent augmenter leurs contributions prend en moyenne deux semaines. Ainsi, le seul coût pour aux dépenses du ménage. ces entreprises était le temps mis à compléter le formulaire 285. De Mel, McKenzie et Woodruff (2009). d’enregistrement (avec l’assistance de l’équipe). 286. Friedson-Ridenour et Pierotti (2018). 322. Campos, Goldstein et McKenzie (2018). 287. Angelucci et Garlick (2016); Hoel et coll. (2017). 323. Benhassine et coll. (2016). 288. Les politiques comprennent également des interventions 324. Les niveaux plus faibles d’adoption de la formalisation au Bénin groupées visant à s’attaquer simultanément à plusieurs dus à la combinaison de l’inscription aux registres des impôts et contraintes, et elles sont incluses chaque fois que des données du commerce montrent une efficacité statistique suffisante pour factorielles issues de l’évaluation d’impact sont disponibles. détecter les impacts sur la performance des entreprises. 289. Chakravarty, Das et Vaillant (2017). 325. Campos, Goldstein et McKenzie (2018). 290. Alors que le nombre élevé de micro-entreprises de subsistance 326. http://www.enterprisesurveys.org/data/exploretopics/regulations- en Afrique pourrait refléter le manque d’opportunités d’emplois and-taxes salariés, les éléments de preuve sur l’impact relatif des 327. Les interventions politiques combinant l’accès aux capitaux et aux programmes de soutien au développement de micro-entreprises actifs avec une formation et d’autres mesures de soutien, souvent par rapport à l’emploi salarié sont limités. L’évaluation de l’impact baptisés « services groupés », sont examinées dans le Domaine des politiques de développement des entreprises par rapport à de politique n° 4. celles qui cherchent à accroître l’emploi salarié dépasse la portée 328. McKenzie et Woodruff (2013) ; Patel (2015) ; Cho et Honorati (2013). du présent rapport. 329. Cirera et Qasim (2014). 291. Adoho et coll. (2014). 330. Robb et coll. (2014). 292. Buvinic et O’Donnell (2016). 331. McKenzie et Woodruff (2013). Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 293. Banerjee et coll. (2015a). 332. Une étude en Ouganda, qui n’a constaté aucun impact ni pour 294. Les femmes représentaient 86 % des participants. les femmes, ni pour les hommes entrepreneurs, fait figure 295. Blattman et coll. (2013). d’exception (Campos et coll., 2013). 296. Groupe indépendant d’évaluation de la Banque mondiale (2011). 333. McKenzie et Woodruff (2013). 297. Hagen-Zanker et coll. (2016). 334. Cirera et Qasim (2014). 298. O’Sullivan et coll. (2014). 335. Berge et coll. (2012). 299. Initiative African Women in Business (AWIB) de la Banque 336. McKenzie et Woodruff (2017). africaine de développement. https://www.afdb.org/ 337. Les pays sont le Bangladesh, le Chili, le Ghana, le Kenya, le fileadmin/uploads/afdb/Documents/Generic-Documents/ Mexique, le Nigeria et le Sri Lanka. d%C3%A9pliant%20AWIB%20ENGL.pdf; Projet “10000 338. Buvinic et O’Donnell (2016). Women” de Goldman Sachs https://www.goldmansachs.com/ 339. Valdivia (2015) suggère que les taux d’abandon sont plus élevés citizenship/10000women/#overview; Women Entrepreneurs dans les programmes de formation plus longs. Opportunity Fund (WEOF) de la SFI et Goldman Sachs 340. Berge et coll. (2012). https://www.ifc.org/wps/wcm/connect/news_ext_content/ 341. Valerio et coll. (2014) ; Glaub et Frese (2011). ifc_external_corporate_site/news+and+events/news/perspectives/ 342. Botha, Nieman et van Vuuren (2006). perspectives-i1c6; Initiative Women Entrepreneurs Finance (We- 343. Campos et coll. (2017). fi) https://we-fi.org/; Affirmative Finance Action for Women in 344. Glaub et coll. (2014). Africa (AFAWA), Cherie Blair Foundation for Women’s Mentoring 345. Gertler (2018) Women in Business http://www.cherieblairfoundation.org/ 346. Batista et Seither (2018). programmes/mentoring/; “50 million women speak” de la 347. «La formation était dispensée par Digital Opportunity Trust Banque africaine de développement https://www.afdb.org/en/ (DOT), une entreprise sociale qui fournit une formation à news-and-events/going-digital-afdbs-50-million-women-speak- l’entrepreneuriat aux clients du Projet de développement de digital-platform-set-to-create-digital-value-that-underpins- l’entrepreneuriat féminin (WEDP – Women Entrepreneurship africas-future-economic-transformation-17455/; réseau Women Development Project) à Mekelle, en Éthiopie. Le programme in African Power de Power Africa et USAID https://www.usaid. de formation DOT ReachUp ! adopte une approche novatrice du gov/powerafrica/gender; Programme Standard Chartered Women développement de l’entrepreneuriat, par le biais d’un cours de 120 in Technology Incubator du Kenya https://vc4a.com/ibizafrica/ heures aidant des entrepreneurs inexpérimentés à acquérir des standard-chartered-women-in-technology-incubator-kenya-3/; compétences technologiques et commerciales de base, tout en Prix Accelerating Women Entrepreneurs Award de USAID https:// encourageant l’estime de soi et l’esprit d’entreprise nécessaires www.opportunitiesforafricans.com/usaid-accelerating-women- pour bâtir des moyens de subsistance durables ». (Alibhoi et coll., entrepreneurs-prize-2018/; Initiative de CocaCola 5by20 https:// 2016) www.coca-colacompany.com/our-company/5by20-what-were- 348. Alibhai, Buehren et Papineni (2016). doing; Africa Women Innovation and Entrepreneurship Forum 349. Organisation internationale du travail (2018). http://awieforum.com/. 350. McKenzie et Puerto (2017). Une évaluation de l’impact du même 300. Le Rapport Doing Business de la Banque mondiale a identifié 781 programme au Vietnam a également constaté des retombées révisions de réglementations régissant la création et l’exploitation positives sur la croissance des entreprises (Bulte, Lensink et Vu, des entreprises, les droits de propriété et le règlement des dettes 2017). en Afrique entre 2006 et 2017. 351. Bastian et coll. (2018b). 301. Simavi et coll. (2010). 352. Mhede et coll. (2018) 201 353. Campos et coll. (2017) expérimentale s’est révélée impossible. Cette étude a identifié 354. Campos et coll. (2018) trois principaux facteurs directement responsables de l’échec de 355. Fafchamps et Quinn (2013). sa mise en œuvre : retards continus dans le projet, responsables 356. Fafchamps et Quinn (2016). politiques non disposés à autoriser une répartition aléatoire 357. Brooks, Donovan et Johnson (à paraître). et faible participation aux programmes ; elle détaille ensuite 358. Chez les propriétaires qui achètent des stocks au moins une fois les causes sous-jacentes de ces facteurs : économie politique, par semaine, l’étude a fait état d’un avantage considérable tiré du critères d’admissibilité excessivement stricts, manque d’attention mentorat, mais aucun lié aux sujets traités en classe. au détail dans les questions liées au « dernier kilomètre », 359. Bastian et coll. (2018b). mesures incitatives visant le personnel chargé de l’exécution du 360. Les mentors devaient nommer des mentorées avant de suivre projet et mode de financement des évaluations d’impact. leur propre programme de formation à l’entrepreneuriat. Les 406. Grown et coll. (2017). mentors étaient alors répartis aléatoirement pour participer ou 407. Martinez, Naudeau et Pereira (2012) ; Barros et coll. (2011) ; non à l’intervention de soutien des mentorées, de façon à pouvoir Tabbert (2009) ; Berlinski et Galiani (2007) ; Clark et coll. (2017). comparer les impacts de l’intervention entre les mentorées des 408. Clark et coll. (2017). deux groupes. 409. Wang (2015). 361. Bastian et coll. (2018b). 410. Lokshin, Glinskaya et Garcia (2004). 362. McKenzie et Puerto, 2016. 411. Mateo Díaz et Rodriguez-Chamussy (2016). 363. Valdivia (2015) ; Giné et Mansuri (2016). 412. Mateo Díaz et Rodriguez-Chamussy (2016). 364. Field et coll. (2016a). 413. À ce jour, la plupart des interventions se sont attachées à 365. Bernhart et coll. (2017). l’évolution des comportements plutôt qu’à l’évolution des normes. 366. Buvinic et Furst-Nichols (2014). Une évolution considérable des comportements peut finir par 367. Campagne du Sommet de microcrédit (2015). entraîner une modification des normes, mais cette modification 368. Tarozzi et coll. (2015). est plus difficile à mesurer et plus difficile à impulser dans le 369. Banerjee, Karlan et Zinman (2015). cadre de travaux expérimentaux individuels. 370. Dahal et Fiala (2018). 414. Ricardo et coll. 2011), Pierce (1988), White (2014), Smucker et coll. 371. Dahal et Fiala (2018). (2011); Raj et coll. (2016). 372. Meager (2016). 415. Doyle et coll. (2018). 373. Patel (2015) ; Duvendack et coll. (2011) 416. https://www.poverty-action.org/study/making-cash-grants-work- 374. Une récente étude menée en Inde a identifié un plus grand small-scale-women-entrepreneurs-ghana nombre d’avantages prometteurs sur le plan de la performance 417. Campos et coll. (2015) ; Alibhai, Buehren et Papineni (2015). des entreprises (Breza et Kinnan, 2017). 418. Banque mondiale, 2015 375. Banerjee et coll. (2015b). 419. Campos et coll. (2015) ; Alibhai, Buehren et Papineni (2015). 376. Cull et Morduch (2017). 420. Nordman et Vaillant (2014). 377. Field et coll. (2012). 421. Campos et coll. (2015). 378. Berge et coll. (2012). 422. Alibhai, Buehren et Papineni (2015). 379. Fafchamps et coll. (2014). 423. Hicks et coll. (2011). 380. De Mel, McKenzie et Woodruff (2009). 424. Campos et coll. (2015). 381. Fafchamps et coll. (2014). 425. Alibhai, Buehren et Papineni (2015). 382. Cette conclusion s’applique aux petites subventions en espèces 426. Croke, Goldstein et Holla (2017). octroyées aux petites entreprises. Reportez-vous au Tableau X.1 427. Gennari et coll. (2015). pour connaître l’impact des subventions dans d’autres contextes. 428. Brenton et coll. (2013). 383. Parmi les programmes similaires, on peut citer les programmes 429. Brenton et coll. (2013). publics financés par la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, en 430. O’Sullivan et coll. (2018). Guinée-Bissau, au Kenya et au Sénégal ; le concours ENGINE du 431. Brenton et coll. (2013). Dfid au Ghana ; le Prix de l’innovation pour l’Afrique ; le Concours 432. Cadot et coll. (2015). de plans d’affaires du réseau d’entrepreneurs Enablis au Ghana ; 433. Atkin et coll. (2015). le Concours des idées commerciales Darecha en Tanzanie ; le prix 434. Le capital de réseautage peut être compris comme la capacité SEED en Afrique du Sud, en Éthiopie, au Kenya, au Malawi, au pour une entreprise de s’appuyer sur des réseaux sociaux Maroc, au Mozambique, en Namibie, en Ouganda et en Tanzanie ; et professionnels pour accéder à des informations et à des la StartUp Cup au Cameroun, au Ghana, au Kenya, au Rwanda et opportunités commerciales susceptibles d’améliorer sa en Zambie. Cette liste a été compilée principalement à partir de productivité. Fafchamps et Quinn (2016). 435. Brenton et coll. (2013). 384. McKenzie (2015). 436. ITC (2015). 385. Au cours de la première phase du concours de plans d’affaires 437. McKinsey Global Institute (2016). au Nigeria, seuls 18,5 % des candidats étaient des femmes. Une 438. Ferraz, Finan et Szerman (2016). deuxième phase ciblant uniquement les femmes entrepreneures 439. Union internationale des télécommunications (2016). a été organisée par la suite. 440. L’Afrique du Sud est un exemple où les règles des marchés 386. Fafchamps et Quinn (2016). publics incluent des points de préférence et des exigences de 387. Fafchamps et Quinn (2016). sous-traitance pour les contrats dépassant un certain seuil afin 388. Mckenzie et Sansone (2017). de promouvoir l’autonomisation économique des Noirs, y compris 389. Dupas et Robinson (2013). Cependant, cette expérimentation ne les micro et petites entreprises appartenant à des femmes. permet pas de faire une distinction entre les effets du genre et 441. Trésor national de la République d’Afrique du Sud (2017). ceux du secteur d’activité sur l’impact de l’intervention. 442. Campos et coll. (2015). 390. Campos et coll. (2015). 443. Banque mondiale – InfoDev (2016). 391. Campos et coll. (2018). 444. Banerjee et coll. (2015b). 392. Schaner (2017). 445. Hussam, Rigol and Roth (2016). 393. Cette étude (Dupas et coll., 2018.) incluait également le Chili. 446. McKenzie (2017). 394. Aker et coll. (2016). 447. Fafchamps et Woodruff (2016). 395. Field et coll. (2016b). 448. McKenzie (2017). 396. Jack et Suri (2016). 449. Bardasi et coll. (2017). 397. Bastian et coll. (2018a) 450. Valerio et coll. (2014). 398. Union internationale des télécommunications (2016). 451. McKenzie et Woodruff (2013). 399. Arraiz et coll. (2017). 452. Bardasi et coll. (2017) 400. Schaner (2015). 453. Anderson et coll. (2017). 401. Jakiela et Ozier (2015). Baland et coll. (2015) ; di Falco et Bulte 454. Berge et coll. (2012). (2011) ; Boltz (2015) ; Ashraf (2009) ; Castilla et Walke (2012). 455. Paryavi, Campos et Santos (2018). 402. Fiala (2017). Ce jeu a été organisé deux ans après les traitements 456. Paryavi (2016). Annexes et notes de fin et pouvait donc refléter leurs résultats plutôt que les conditions 457. Diwan et coll. (2014). antérieures. 458. Le service Business Women développé par la Fondation Cherie 403. http://blogs.worldbank.org/impactevaluations/what-happens- Blair, en partenariat avec la Fondation Exxon Mobile et Nokia, est when-business-training-and-capital-programs-get-caught-web- un exemple de programme de formation aux entreprises offert intrahousehold-dynamics. par SMS, utilisé par plus de 100 000 femmes en Indonésie, au 404. Bernhart et coll. (2017). Nigeria et en Tanzanie. 405. La première tentative d’évaluation des programmes de subventions de contrepartie en Afrique a été infructueuse (Campos et coll., 2014). Cette étude visait à mettre en œuvre des expériences randomisées pour évaluer l’impact de sept programmes de subventions de contrepartie proposés dans six pays africains, mais dans chacun des cas, l’évaluation 202 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 203 Les bénéfices de la parité | Libérons le potentiel de l’entrepreneuriat féminin en Afrique 205 Ce rapport a été élaboré conjointement par le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (GIL) et par le Pôle mondial d’expertise Finance, compétitivité et innovation de la Banque mondiale. Le Laboratoire d’innovation pour l’égalité des sexes en Afrique (GIL) de la Banque mondiale mène des recherches nécessaires à la conception d’interventions innovantes et évolutives visant à éliminer les inégalités entre les genres dans toute l’Afrique. Le pôle mondial d’expertise Finance, compétitivité et innovation allie des expertises dans le secteur financier et dans le développement du secteur privé pour favoriser une croissance tirée par le secteur privé et contribuer à créer des marchés dans les pays clients.