82736 v2 Transforming Arab Economies: Traveling the Knowledge and Innovation Road �OVERVIEW Transformer les économies arabes Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation Note au lecteur Le rapport « Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation » a été préparé par le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI) avec la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Organisation Islamique pour l’Éducation, la Science et la Culture (ISESCO). Une version détaillée de l’étude est disponible sur le site du CMI : www.cmimarseille.org/ke. La version détaillée comprend neuf chapitres répartis en trois grandes parties. La partie 1 présente les raisons et les voies de la transition vers une économie fondée sur la connaissance et l’innovation. La partie 2 décrit les politiques à mettre en œuvre dans les piliers de l’économie de la connaissance : la gouvernance, l’éducation, l’innovation et les technologies de l’information et de la communication. La partie 3 présente les initiatives de diversification économique qui peuvent aider les pays à tirer le meilleur parti de leurs investissements dans l’économie fondée sur la connaissance. © 2013 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / La Banque mondiale 1818 H Street, NW Washington, DC 20433, États-Unis Téléphone : +1 202-473-1000 Site internet : www.worldbank.org Ce rapport est le résultat du travail du personnel de la Banque mondiale et de contributions externes. Les résultats, interprétations et conclu- sions qui y sont présentés ne reflètent pas nécessairement les vues des Administrateurs de la Banque mondiale ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données figurant dans cet ouvrage. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent rapport n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mondiale concernant le statut juridique d’un territoire ni l’approbation ou l’acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le contenu du présent rapport fait l’objet de droits d’auteur. La Banque mondiale encourage la diffusion de ses connaissances, ce rapport peut donc être reproduit, intégralement ou en partie, à des fins non commerciales, à condition que l’attribution de ce travail à la Banque mondiale soit pleinement respectée. Pour tout renseignement sur les droits et autorisations, y compris les droits subsidiaires, veuillez envoyer votre demande à l’adresse suivante : Office of the Publisher, The World Bank, 1818 H Street, NW, Washington, DC 20433, USA ; télécopie : +1 202-522-2422 ; courriel : pubrights@worldbank.org. Production CMI : Loraine Falconetti Création graphique : Emmanuelle Dezanet pour Dynamic Creative, France Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation able des matières Avant-propos ............................................................................................................................................ vii Remerciements ........................................................................................................................................ viii Acronymes et abréviations ....................................................................................................................... x Principaux messages ................................................................................................................................ xi Introduction : Retour aux fondamentaux .................................................................................................. 1 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? ........................................................................................................................................ 3 Le monde arabe fait face à des défis considérables, principalement le chômage ................................................................................. 4 De plus en plus de pays dans le monde se tournent vers des stratégies de croissance fondées sur la connaissance . 5 Le monde arabe a sous-investi dans l’économie de la connaissance .............................................................................................................. 8 Des efforts accrus dans l’économie fondée sur la connaissance contribueraient de manière significative à la création d’emplois . ...................................................................................................................................................................................................................... 12 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? ............. 17 Les piliers de l’économie de la connaissance . .................................................................................................................................................................. 18 Adopter des réformes favorables aux entreprises et améliorer la gouvernance .............................................................................. 18 Pourvoir à une meilleure éducation et pour le plus grand nombre . ............................................................................................................. 20 Stimuler l’innovation et la modernisation technologiques ................................................................................................................................... 23 Développer une société de l’information ............................................................................................................................................................................. 26 La diversification sectorielle et spatiale fondée sur l’économie de la connaissance .......................................................................... 29 Faciliter le développement de secteurs prometteurs .............................................................................................................................................. 29 Développer des sites et des lieux dynamiques ............................................................................................................................................................... 31 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? ........................................................................................................................................ 33 Chaque pays est unique et doit définir sa propre voie . ............................................................................................................................................... 34 Conduire des politiques ambitieuses ....................................................................................................................................................................................... 35 Coordonner les actions au plus haut niveau du gouvernement ........................................................................................................................... 36 Mobiliser la population à travers une approche participative ............................................................................................................................... 37 Adapter le modèle au niveau de développement du pays et des capacités du gouvernement ..................................................... 38 Concevoir un changement progressif allant des micro-initiatives aux changements macro-économiques . .................... 38 Stimuler l’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée ........................................................................ 41 Références et bibliographie ..................................................................................................................... 44 IV Annexe 1 Résumé de l’étude complète ................................................................................................ 47 Annexe 2 Connaissance, innovation et croissance économique ........................................................... 51 Annexe 3 Données sur l’économie fondée sur la connaissance dans le monde arabe ......................... 55 Liste des encadrés Encadré 1. La connaissance : Clé de la productivité et de l’innovation . ........................................................................................................... 6 Encadré 2. Comment la préparation d’un pays à l’économie de la connaissance est-elle mesurée ? ................................... 7 Encadré 3. Le chemin déjà parcouru : les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et l’économie de la connaissance à ce jour ............................................................................................................................................................................................ 9 Encadré 4. Le programme de réforme de l’éducation pour l’économie du savoir en Jordanie (ERfKE) ............................... 22 Encadré 5. Faire le lien entre l’éducation et l’emploi . .................................................................................................................................................... 23 Encadré 6. Kafalat, une institution libanaise fournissant des financements par capital-risque ................................................. 25 Encadré 7. Promouvoir des projets collaboratifs de R&D entre les universités et l’industrie en Égypte . ........................... 25 Encadré 8. YESSER et e-gouvernement en Arabie saoudite ...................................................................................................................................... 28 Encadré 9. La diversification sectorielle et spatiale de l’économie : l’exemple marocain . .............................................................. 30 Encadré 10. Le ratio emploi-efficacité : Combien d’emplois vont rapporter 1 million € ? .................................................................. 31 Encadré 11. Les conditions de la réussite : les leçons d’expériences nationales exemplaires . ..................................................... 35 Encadré 12. Les principaux organes de coordination des stratégies de développement basées sur la connaissance et l’innovation en République de Corée et en Finlande ...................................................................................................................... 36 Encadré 13. L’Initiative Nabni 2012 : 100 mesures proposées par la diaspora pour une Algérie nouvelle ............................ 37 Encadré 14. Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée . ......................................................................................................................................... 42 Listes des figures Figure 1. Une triple transition dans le monde arabe ................................................................................................................................................... 1 Figure 2. Taux de chômage des jeunes par région ........................................................................................................................................................ 5 Figure 3. Taux de participation des femmes à la population active, par région, 2008 ...................................................................... 5 Figure 4. Les liens étroits entre la connaissance et la croissance .................................................................................................................. 8 Figure 5. Scores régionaux pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2012 .......................................... 10 Figure 6. Scores par pays pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2000 et 2012 . ......................... 10 Figure 7. Classements des pays pour le GCI, 2010–11 et 2012–13 . ................................................................................................................. 11 Figure 8. Performances des pays pour le KEI 2012 comparées à l’Indice mondial de la compétitivité 2011–12 ....... 11 Figure 9. Performances pour le KEI et l’indice du REI pour la région MENA et d’autres régions et groupes de pays, 2009 ......................................................................................................................................................................................................................... 12 Figure 10. Estimer les effets de la connaissance sur l’emploi . ............................................................................................................................. 13 Figure 11. Élasticité de l’emploi par rapport au KEI dans les pays MENA, 1995-2008 ....................................................................... 13 Figure 12. Pourcentage d’entreprises identifiant le manque de compétences comme une contrainte ............................... 15 Figure 13. L’emploi dans le secteur public dans la région MENA et les pays sélectionnés, moyennes au cours des années 2000 ........................................................................................................................................................................................................................... 16 Transformer les économies arabes V Figure 14. Le système des politiques de la connaissance et l’innovation ..................................................................................................... 18 Figure 15. Les obstacles aux affaires dans le monde arabe .................................................................................................................................... 19 Figure 16. Densité moyenne de création d’entreprises pour certaines économies émergentes, 2004-09 . ...................... 19 Figure 17. Taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire et supérieur, par région du monde, 1990 et 2010 ............................................................................................................................................................................................................................ 20 Figure 18. Qualité de l’éducation mesurée par TIMSS, 2011 ................................................................................................................................... 21 Figure 19. L’approche « des compétences au service de l’emploi et de la productivité » (STEP) ............................................. 21 Figure 20. Dépenses brutes de R&D en pourcentage du PIB pour quelques pays arabes et comparateurs ............................ 23 Figure 21. Demandes de dépôt de brevet émanant des résidents par rapport à des non-résidents (moyenne annuelle 2000-10) .................................................................................................................................................................................... 24 Figure 22. Exportations totales par catégorie de technologie, Moyen-Orient et Afrique du Nord, 2005-09 ...................... 24 Figure 23. Le positionnement de la politique de l’innovation .................................................................................................................................. 24 Figure 24. Abonnements de téléphonie mobile dans les pays MENA, 2011 ................................................................................................ 26 Figure 25. Le classement des pays de la région pour l’indice de préparation au numérique (NRI) pour 2010-11 et 2012 ...................................................................................................................................................................................................... 27 Figure 26. Nombre d’utilisateurs d’Internet dans les pays MENA, 2011 . ...................................................................................................... 27 Figure 27. Comparaison de la pénétration du mobile et du haut débit dans la région MENA et pour l’OCDE . ............... 28 Figure 28. Développement de la technopole de El Gazala (Tunis) : nombre et répartition des employés, 2010 ........... 31 Figure 29. Un agenda pragmatique : Des micro réformes à des changements majeurs ................................................................. 39 Listes des tableaux Tableau 1. Les quatre piliers des stratégies de l’économie fondée sur la connaissance ................................................................. 6 Tableau 2. Taux de croissance de l’emploi dans les pays arabes, 2000–09 ................................................................................................. 14 Tableau 3. Actions nécessaires pour promouvoir la croissance dans des secteurs nouveaux et établis ............................ 29 Tableau 4. Actions nécessaires pour construire des sites dynamiques et innovateurs ..................................................................... 32 Tableau 5. Hétérogénéité des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ........................................................................................... 34 Tableau 6. Actions appropriées pour différents stades d’avancement vers l’économie de la connaissance ................... 39 Tableau 7. Objectifs et actions nécessaires pour faire avancer l’intégration régionale ..................................................................... 41 VI Avant-propos vant-propos Les récents événements dans le monde arabe ont montré l’importance capitale pour les pays de s’engager dans un développement de grande envergure, continu, et inclusif. Aujourd’hui, le principal défi dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord est de créer un grand nombre d’emplois et de meilleure qualité. De nombreux jeunes sans emploi ou sous-employés, hommes et femmes, attendent à présent des transformations concrètes, au niveau national et régional, débouchant sur la création rapide d’emplois décents. Si les aspirations et les forces créatrices de la jeunesse arabe peuvent être exploitées, alors le potentiel de la région en matière de crois- sance, stabilité, justice sociale et épanouissement humain sera immense. L’ampleur du changement dépendra en grande partie de la façon dont l’économie de la connais- sance s’enracinera dans toute la région. Créer des emplois implique d’investir davantage dans les secteurs liés à la connaissance et de mettre l’accent sur le développement d’économies compétitives, productives et durables. Les pays de la région doivent tirer parti de la révolution des connaissances en cours pour développer des économies en réseau, flexibles et en progrès constant. Le secteur privé doit être mis à contribution pour forger une culture entrepreneuriale et créer les emplois nécessaires. Une telle approche est essentielle pour faire face au chômage et ouvrir la voie à une croissance durable et au développement économique. Le rapport « Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation » place un modèle économique axé sur la connaissance et l’innovation au cœur des nouvelles stratégies de développement dans la région. Il montre comment cette approche peut aider les pays arabes à diversifier leurs économies et à innover, en créant de nouvelles entreprises et de nouveaux emplois. L’étude réunit ces questions dans un cadre d’action intégratif : il s’agit de développer des économies plus ouvertes, avec plus d’esprit d’entreprise, de préparer une popula- tion mieux instruite et plus qualifiée, d’améliorer les capacités d’innovation et de recherche, et de diffuser les technologies de l’information et de la communication ainsi que leurs applications. Elle exhorte les décideurs à adopter de nouveaux agendas politiques et un nouvel état d’esprit qui puisse conduire à la création de plus d’emplois à plus forte valeur dans un environnement connecté en permanence aux réseaux mondiaux. Compte tenu de la diversité du monde arabe, l’étude ne propose pas une approche toute faite et uniforme, mais offre plutôt des exemples provenant de la région, ainsi que de pays à travers le monde qui ont mis en place des stratégies efficaces pour tirer parti de la connaissance, de l’innovation et de la technologie. Patience et détermination seront nécessaires, parce qu’il se peut que les investissements en question ne commencent à porter leurs fruits que dans quelques années. Pour mettre en œuvre ce type d’approche, il faut une vision et une stratégie propre à chaque pays dans la région. Encourager une plus grande intégration au sein du monde arabe et autour de la Méditerranée permettrait de progresser beaucoup plus rapidement. C’est là que le Centre pour l’Intégration en Méditerranée peut apporter une valeur ajoutée. Le CMI est un lieu de dialogue, où toutes les parties prenantes des gouvernements, des universités, du secteur privé et de la société civile, peuvent échanger ouvertement sur la façon de parvenir à une transition efficace vers l’économie basée sur la connaissance. Compte tenu des événements du « printemps arabe », il n’y a pas de temps à perdre et pas de place pour l’autosatisfaction. Les pays se doivent d’être pragmatiques et de profiter des opportunités lorsqu’elles se présentent. J’espère que cet ouvrage pourra être utile et donner un aperçu de la façon dont les pays du monde arabe peuvent développer des stratégies adaptées aux défis et aux opportunités de notre époque. —Mats Karlsson, Directeur, Centre pour l’Intégration en Méditerranée Transformer les économies arabes VII Remerciements emerciements L’étude présentée dans ce rapport « Transformer les économies arabes : La voie de la connais- sance et de l’innovation » a été préparée par une équipe constituée de plusieurs partenaires et dirigée par Anuja Utz (responsable de projet) et Jean-Eric Aubert (conseiller principal), avec l’aide de Latifa Belarbi, Sophie Muller et Tamer El Sayed Taha, et avec les conseils et la supervision de Mats Karlsson, directeur du Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI). Ce rapport a été élaboré avec la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement (BEI), et l’Organisation Islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ISESCO). Ce document est une version condensée du rapport analytique détaillé qui est résumé dans l’appendice 1. Ce rapport est disponible sur le site du CMI (www.cmimarseille.org/ke). L’équipe a bénéficié du précieux soutien de Simon Bell (chef de secteur, Développement du secteur privé et financier, Région Moyen Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale), Mourad Ezzine (chef de secteur, Développement humain, Région Moyen Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale), Jacques van der Meer (conseiller, BEI), et du Dr Mukhtar Ahmed (ancien directeur général adjoint, ISESCO). Les personnels de la Banque mondiale cités ci-dessous ont rédigé les premières ébauches de différents chapitres : Jean-Eric Aubert, Latifa Belarbi, Derek H. C. Chen, Ndiamé Diop, Marjo Koivisto, Yevgeny Kuznetsov, Samia Melhem, Sophie Muller, Kurt Larsen, Ismail Radwan, Pierre Strauss, Tamer Taha, Anuja Utz, et Zeine Ould Zeidane. Une mention particulière doit être faite aux autres contributeurs qui ont préparé des rapports de fond, à savoir, Carl Dahlman (Université de Georgetown), Benedict de Saint Laurent (ANIMA), Abdelkader Djeflat (Université de Lille), Patrick Dubarle, Laila El Saedy, Guy Fleuret, Philippe Guinet, Jussi Hätönen, Kristian Uppenberg, et Jacques van der Meer (BEI), Flavia Tsang, Ohid Yaqub, Desiree Van Welsum, Tony Thompson-Starkey, et Joanna Chataway (Rand Europe). L’orientation générale du rapport, et de ses ébauches, a été donnée par deux ateliers régionaux auxquels ont participé des experts venant de l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, et la Tunisie, et qui se sont tenus au CMI en novembre 2011 et au siège de l’ISESCO à Rabat en juin 2012, ainsi que par le biais de consultations nationales et de la participation à des événements dans la région. Maha Merezak (ISESCO) a été particulièrement efficace pour organiser ces événe- ments et synthétiser leurs apports. L’équipe tient à remercier les personnes suivantes pour leurs précieuses contributions : Nabeel Al-Fayoumi (Royal Scientific Society, Jordanie), Youcef Aklouf (Agence Nationale pour la Promotion et le Développement des Parcs Technologiques, Algérie), Rigas Arvanitis (Institut de Recherche pour le développement), Ahmed Benghazi (Axis Capital, Inc, Tunisie), Rachid Benmokhtar (Observatoire National de Développement Humain, Maroc), Shéhérazade Berrehouma (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, UTICA), Fadi Daou (Multilane Inc., Liban), Pavel Dvorak et Constantinos Shiatis (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), Ghaith Fariz (PNUD, Arab Knowledge Report), Hamid VIII Remerciements El-Zoheiry (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Égypte), Jean-Louis Reiffers (Forum Euroméditerranéen des Instituts de Sciences Économiques), Henry Roux-Alezais (Institut de la Méditerranée), Amir Wassef (Université Égypte - Japon des sciences et technologies), et Cheonsik Woo (Institut coréen de développement). Carlos Braga (Banque mondiale) et Carl Dahlman (Université de Georgetown) ont été les exami- nateurs de la note présentant le concept de l’étude, qui a bénéficié aussi des commentaires de Caroline Freund, Jonathan Walters, Janette Uhlmann, et Carlo M. Rossotto (tous de la Banque mondiale). Le projet de rapport a été examiné à la Banque mondiale en octobre 2012. Les examinateurs comprenaient Jamal al-Kibbi et Robin S. Horm. Caroline Freund, Bob Rijkers, Kevin Carey, Omer Karasapan, Randa Akeel, Peter McConaghy, Hnin Hnin Pyne, Kurt Larsen, Pinki Chaudhri, Carlo M. Rossotto, Cecilia M. Paradi-Guilford, Joulan Abdoul-Khalek, Isabelle Huynh, Murat Seker, Esperanza Lasagabaster (tous de la Banque mondiale) et Bruno Lanvin (INSEAD) ont prodigué des commentaires constructifs. D’utiles contributions ont été reçues au cours du processus de rédaction de la part de Adriana Jaramillo, Olivier Lavinal, Juan Manuel Moreno, Eavan O’Halloran, Gilles Pipien, Najet Tenoutit, Simon Thacker, et Jeffrey Waite (tous de la Banque mondiale), et Thomas Andersson (International Organisation for Knowledge Economy and Enterprise Development). Des membres du Comité de supervision du CMI, Nawel Ben Romdhane Dhrif (Ministère de l’Investissement et de la Coopération internationale, Tunisie), Mohamed Chafiki (Ministère de l’Economie et des Finances, Maroc), et Mahmoud El-Said (Centre d’évaluation de projets et d’analyse macroéconomique, Égypte), ont prodigué des conseils utiles au cours du processus de rédaction. Ce rapport a été enrichi par les travaux effectués dans le cadre du Rapport sur le commerce et l’investissement étranger pour le partenariat de Deauville, qui a été coordonné par le CMI, et par les informations recueillies lors des ateliers « D’une transition à l’autre » organisés par le CMI et la BERD au Maroc et en Tunisie. Le projet de synthèse du rapport a également été présenté lors des « Rencontres Valmer » du CMI le 18 octobre et le 12 décembre 2012. Finalement, il convient de souligner la contribution importante de l’ISESCO à ce travail, par- ticulièrement pour le soutien apporté à l’organisation des consultations nationales au Maroc et en Tunisie, ainsi que pour l’accueil de la conférence à haut niveau visant à disséminer les principaux messages du rapport. L’ISESCO doit également être remercié pour la production du rapport en trois langues - anglais, français et arabe, ainsi que pour la traduction en français de la version longue du rapport. Steven B. Kennedy a édité la version anglaise du rapport. Anne Verinaud en a assuré la traduction en français. Michelle Lemaire a fourni un soutien administratif essentiel. Transformer les économies arabes IX Acronymes et abréviations cronymes et abréviations BPO business-process outsourcing CCG Conseil de Coopération du Golfe EFE Projet de l’Éducation pour l’Emploi ERfKE La réforme de l’éducation pour l’économie du savoir (Jordanie) ETFP Enseignement technique et formation professionnelle FEM Forum économique mondial GCI Indice mondial de la compétitivité IED Investissements Étrangers Directs ITES Services reposant sur les technologies de l’information KAM Méthode d’évaluation des connaissances KEI Indice de l’économie fondé sur la connaissance MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord OCDE Organisation de coopération et de développement économiques PGF Productivité globale des facteurs PIB Produit Intérieur Brut PME Petites et Moyennes Entreprises R&D Recherche et développement TIC Technologies de l’Information et de la communication UE Union européenne USAID Agence des États-Unis pour le développement international USPTO Bureau américain des brevets et marques X Messages principaux essages principaux Message 1. Pour faire face à des défis considérables, notamment la nécessité de créer des millions d’emplois, les pays du monde arabe devraient résolument adopter un modèle de croissance économique basé sur la connaissance et l’innovation, suivant ainsi une transition mondiale vers « l’économie fondée sur la connaissance ». Au cours de la dernière décennie, certains pays arabes ont déjà pris des mesures dans cette direction pour stimuler leur croissance et améliorer leur compétitivité. Ces efforts devraient être intensifiés dans toute la région. Cela permettrait de générer de façon significative les emplois productifs nécessaires à l’insertion des populations, et plus particulièrement des jeunes, dans l’économie. Message 2. Avancer sur cette voie, signifie élargir et approfondir les réformes dans les piliers de l’Economie de la connaissance : développer des économies plus ouvertes et avec plus d’esprit d’entreprise, préparer une population mieux instruite et plus qualifiée, améliorer les capacités d’innovation et de recherche, et diffuser les technologies de l’information et de la communication et leurs applications. Le succès d’une stratégie de l’économie de la con- naissance dépend des progrès coordonnés sur tous ces fronts. Les gouvernements de la région auraient intérêt à poursuivre simultanément ces différentes lignes de réformes. Message 3. En plus des actions et des réformes concernant l’ensemble de l’économie, les gouvernements devraient déployer des efforts ciblés pour créer les conditions appropriées pour le développement de secteurs spécifiques et de sites particuliers qui sont sources de nouvelles activités et d’emplois. Il existe dans les pays arabes de nombreuses possibilités de diversification sectorielle et spatiale. Le développement de « spots de croissance » dynamiques contribuerait à l’instauration d’un climat de confiance autour du nouveau modèle économique, facilitant ainsi le processus global de changement et de réforme. Message 4. La mise en œuvre d’une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation nécessite une vision nationale, une forte coordination au plus haut niveau du gouvernement, et une approche participative pour mobiliser la population afin de soutenir les réformes nécessaires. Une forte coordination au plus haut niveau du gouvernement est requise en raison de la nature transversale et interministérielle de la stratégie. Une approche participative est nécessaire pour catalyser les idées, l’énergie, les intérêts et les ressources des agents de changement et de la population dans son ensemble autour de cette approche. Des efforts soutenus sont essentiels pour obtenir des résultats tangibles et ancrer les nouvelles pratiques dans la durée à moyen et à long terme. Message 5. Des politiques actives d’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée permettraient d’accélérer les évolutions nécessaires. Les processus d’intégration régionale sont essentiels pour accroître les échanges, développer les marchés du travail et bénéficier des synergies dans les investissements et les compétences qui sont essentielles à la réussite des projets. Il existe des possibilités considérables dans le contexte euro-méditerranéen pour stimuler les réseaux de collaboration à travers des plateformes conjointes de R&D, des fonds de soutien à l’innovation, des programmes d’éducation et la mobilisation de la diaspora. Les organisations internationales et les accords bilatéraux ont un rôle clé à jouer dans le processus d’intégration. Transformer les économies arabes XI Introduction ntroduction : Retour aux fondamentaux La connaissance a toujours été au cœur du développement. ment agir rapidement et intervenir davantage pour diversi- Il y a mille ans, la civilisation arabe guidait le monde dans la fier leurs économies et ne plus compter exclusivement que voie de la connaissance, de la prospérité et du développement. sur leurs ressources naturelles. L’époque où les ressources La science et la technologie arabes, ainsi que le libre com- naturelles dominaient l’économie a cédé la place à une époque merce et la tolérance religieuse, ont été la clé de voûte de ce où les ressources cognitives sont primordiales. développement. Il est temps de rétablir ces traditions fondées sur la connaissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Plus généralement, le monde arabe connaît actuellement une transition dans trois domaines : (i) une transition politique, qui Les effets simultanés de la mondialisation et du progrès vise à remplacer les pouvoirs autoritaires par d’autres plus technologique apportent aux pays du monde entier de nou- démocratiques, (ii) une transition sociale dans laquelle des velles possibilités de développement économique et social. programmes équitables destinés à protéger les pauvres vont Grâce à l’évolution de l’Internet et à une variété de nouvelles se substituer à des politiques inefficaces favorisant l’emploi technologies de l’information et de la communication, la con- par l’expansion du secteur public et subventionnant les march- naissance est désormais véritablement mondiale, accessible, andises de base, et (iii) une transition économique en faveur et démocratisée. Cette avancée technologique spectaculaire de régimes économiques plus compétitifs et productifs. Ces a été accompagnée de la mondialisation des économies, avec trois transitions sont intimement liées et se renforcent mutu- l’intensification de la concurrence et l’émergence de chaînes ellement (figure 1). de valeur plus sophistiquées dans les processus de production. Les impacts de ce changement de paradigme sont visibles tout autour de nous. Aussi, partout dans le monde, les dirigeants Figure 1 clairvoyants sont à la recherche de nouvelles idées et stratégies Une triple transition dans le monde arabe pour affronter une réalité nouvelle. De petits pays comme la Finlande et Singapour, d’autres de taille moyenne, comme la République de Corée, et des grands comme la Chine et l’Inde, ont été en mesure d’exploiter la puissance du changement technique, de devenir compétitifs dans l’économie mondiale et Politique d’offrir des emplois à leur population de plus en plus qualifiée. vers plus de démocratie Le printemps arabe a montré que les pays dans le monde arabe ne peuvent plus se reposer sur des paradigmes de croissance étroits et étatistes. Dans le sud de la Méditerranée, des années de régime autocratique, caractérisé par la répres- sion des libertés politiques et de la justice, et un « capitalisme de connivence » ont été rejetés dans nombre de pays par des mouvements populaires d’aspiration au changement. Le défi pour ces pays est de mettre en place un système qui soit libre, juste, inclusif, créatif et dynamique. Rétablir la confiance et Economique Sociale améliorer la gouvernance sont les besoins les plus urgents, vers l’économie vers des mais les nouveaux gouvernements de la région devront égale- fondée sur la politiques axées ment rapidement assurer la croissance et l’emploi avant que connaissance sur les pauvres les populations désabusées ne soient poussées à nouveau à se révolter. Bien que les pays exportateurs de pétrole semblent avoir mieux résisté à la tempête, leurs régimes doivent égale- 1 Transformer les économies arabes 1 Ce rapport, tout comme l’étude détaillée sur laquelle il se Ce rapport porte sur trois questions clés : Pourquoi ? Quoi ? base, met l’accent sur l’aspect économique de cette transi- Comment ? Pourquoi les pays du monde arabe devraient-ils tion. Sur quels domaines doivent se concentrer les dirigeants s’engager dans une économie fondée sur la connaissance et des pays arabes1 afin de stimuler la croissance, créer des l’innovation ? Quelles politiques mettre en œuvre pour réaliser emplois, restaurer la confiance, et apporter espoir et prospérité cette transition ? Et comment cette transition peut-elle être à leurs peuples? Ce rapport tente de répondre à certaines de effectuée ? Pour répondre à ces questions, le rapport propose ces questions dans un cadre intégré qui donne aux politiques des principes de caractère général ; ceux-ci sont illustrés par liées à la connaissance et à l’innovation une place centrale. de bonnes pratiques pour la plupart issues de la région, mais L’intégration de la connaissance et de l’innovation, entendue aussi d’autres pays à travers le monde qui constituent d’utiles comme technologies et pratiques qui sont nouvelles dans un sources d’inspiration. contexte donné, est essentielle pour renforcer la compétitivité et la productivité des économies. La mise en œuvre de ce type d’approche requiert une vision, une stratégie qui la développe, la coordination de nombreux ministères, la participation active du secteur privé et des acteurs de la société civile, et, le cas échéant, l’implication des partenaires du développement. 2 1. Cette étude (Banque mondiale 2013 à paraître) couvre tous les pays arabes, à l’exception des Comores, de la Mauritanie, de la Somalie et du Soudan. Il est souvent fait référence au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord (MENA) en tant que région géographique. La région MENA à la Banque mondiale se compose de l’Algérie, Bahreïn, Djibouti, la République arabe d’Égypte, la République islamique d’Iran, l’Irak, Israël, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, Malte, le Maroc, Oman, le Qatar, l’Arabie saoudite, la République arabe de Syrie, la Tunisie, les Émirats arabes unis, la Cisjordanie et la bande de Gaza et la République arabe du Yémen. 2. L’approche proposée dans cette étude englobe un ensemble d’orientations de politiques qui ont été fournies par la Banque mondiale dans une série de rapports importants liés à l’emploi, l’éducation, le développement du secteur privé et des technologies de l’information et de la communication (voir la liste de référence pour les publications de la Banque mondiale au cours des dernières années), ainsi que par plusieurs organisations. 2 Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Dans ce chapitre °± Le monde arabe fait face à des défis considérables, principalement le chômage °±  e plus en plus de pays dans le monde se tournent vers des stratégies de crois- D sance fondées sur la connaissance °± Le monde arabe a sous-investi dans l’économie de la connaissance °± D  es efforts accrus dans l’économie fondée sur la connaissance contribueraient de manière significative à la création d’emplois Transformer les économies arabes 3 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Le monde arabe fait face à des soutien pour leur revenu. Les systèmes de protection défis considérables, sociale ont diminué sous la pression de mauvais systèmes de gestion des ressources. Le pays moyen de la région principalement le MENA dépense 5,7 pour cent du PIB pour des subven- tions alimentaires et pour les carburants. Toutefois, dans chômage certains pays de la région, les personnes appartenant au quintile le plus riche profitent davantage des subven- tions que ceux des quintiles les plus pauvres. Des lacunes dans la couverture sociale laissent aussi les travailleurs Le taux de chômage est incontestablement le principal défi informels et ruraux sans protection. des pays arabes. La région du Moyen-Orient et de l’Afrique ­ sécurité alimentaire reste une préoccupation impor- • La du Nord (MENA) se caractérise par un nombre de jeunes très tante pour les ménages les plus pauvres de la région. La élevé comparativement aux autres régions du monde, et elle productivité des céréales est d’environ la moitié de celle pâtit du taux de chômage des jeunes le plus élevé au monde. du reste du monde (1,5 contre 3 millions de tonnes par À environ 25 pour cent, ce taux est le double de la moyenne hectare). Pourtant, 40 à 60 pour cent des terres irriguées mondiale (figure 2) et il atteint 40 pour cent dans des pays sont dédiés à la culture de céréales. La région importe 30 comme l’Égypte et la Tunisie, notamment parmi les diplômés pour cent du blé vendu dans le monde, un chiffre qui devrait de l’enseignement supérieur. Plus de 100 millions de per- passer à 55 pour cent en 2030 ; ce qui rend la région par- sonnes ont entre 15 et 29 ans, ce qui constitue 30 pour cent de ticulièrement vulnérable à la hausse des prix alimentaires. la population totale de la région et environ 47 pour cent de la population en âge de travailler. Plus de 10 millions de jeunes ­ • L’urbanisation va poser d’autres problèmes sociaux. 58 entrent sur le marché du travail chaque année, mais trois pour cent de la population vit déjà dans des zones urba- femmes sur quatre en âge de travailler ne participent pas à la ines et ce chiffre devrait passer à 65 pour cent en 2030. population active (figure 3). On estime que pour intégrer ces La question est de savoir comment gérer les « bénéfices jeunes gens et éviter une nouvelle hausse du chômage dans la d’agglomération » générateurs de croissance, tout en région, environ 40 millions d’emplois doivent être créés dans minimisant les dommages causés à l’environnement et la région au cours de la prochaine décennie. les menaces pour la santé publique liées à la pollution, à un mauvais système d’assainissement, et à d’autres Le déficit d’emplois est la conséquence de l’inefficacité des causes. Il s’agit également de savoir comment empêcher systèmes économiques, dont beaucoup sont encore en place, une croissance urbaine non planifiée et l’expansion des même si un changement est perceptible. La pénurie d’emplois établissements informels, tout en améliorant l’accès aux résulte de multiples facteurs, allant de la mauvaise perfor- services de base, tels que les transports publics, l’eau mance du système éducatif à la faiblesse du secteur privé et potable, etc. au disfonctionnement global du système de gouvernance. De • Le ­ changement climatique va constituer une difficulté ce point de vue, le « printemps arabe » a ouvert des possibili- supplémentaire. Le changement climatique va accentuer tés sans précédent en provoquant l’effondrement du modèle la pénurie d’eau dans une région qui est déjà la plus aride de « marchandage autoritaire » (authoritarian bargain) qui au monde. Il pourrait constituer une grave menace pour avait prévalu dans la plupart des pays de la région depuis des la sécurité alimentaire, par la fluctuation des rende- décennies. Ce modèle consistait à fournir des emplois à travers ments et la vulnérabilité liée à l’augmentation des prix un large secteur public, tout en subventionnant les besoins des denrées alimentaires. Les plus durement touchés fondamentaux de la population. Ce « modèle de développe- seront les pauvres de la région, qui consacrent de 35 à ment » s’est révélé intenable parce qu’il est économique- 65 pour cent de leur revenu à l’alimentation. Un réchauf- ment inefficace et socialement injuste. La région doit donc fement climatique plus intense pourrait aussi contribuer lancer son propre « miracle de l’emploi », et mettre en place à une nouvelle hausse du niveau des mers, exposant des des politiques pour développer des économies compétitives, millions de personnes à des inondations côtières. productives et durables. Le déficit d’emplois et les autres grands enjeux décrits ci- Outre celui de l’emploi, les pays arabes font face à de nom- dessus étant étroitement liés, une approche intégrée est breux défis : indispensable pour y faire face. Un nouveau type de modèle • L’insuffisance ­ des politiques de protection sociale exac- économique, basé sur la connaissance et l’innovation, pour- erbe les inégalités. Dans la plupart des pays, 2 personnes rait répondre directement et simultanément aux différents sur 3 dans le quintile le plus pauvre ne reçoivent pas de défis mentionnés ci-dessus. 4 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Figure 2 Figure 3 Taux de chômage des jeunes par région Taux de participation des femmes à la population active, par région, 2008 Source : Gatti et al. 2013. Source : Gatti et al. 2013. De plus en plus de détérioration de la situation de l’emploi. Comme ces taux de croissance sont inatteignables dans l’état actuel de l’économie pays dans le monde mondiale et dans un avenir prévisible, les pays arabes n’ont d’autre choix que de réorienter leurs structures économiques se tournent vers en faveur de nouveaux dispositifs capables de fournir davantage d’emplois, et d’augmenter la productivité et l’innovation dans des stratégies de tous les secteurs de l’économie et de la société, y compris les segments les plus pauvres. croissance fondées sur Une économie fondée sur la connaissance, comme l’a observé l’Organisation de coopération et de développe- la connaissance ment économiques (OCDE 1996)3 et telle que définie par la Banque mondiale (2007a), est organisée de telle sorte que les connaissances sont systématiquement acquises, Bien que les systèmes politiques des pays arabes soient très créées, diffusées et utilisées pour favoriser le développe- différents, de nombreux gouvernements ressentent à présent ment économique. Pour opérer la transition vers une écono- l’urgente nécessité d’ajuster et de redéfinir les règles du jeu. mie de la connaissance, il n’est pas suffisant de développer Avec l’avènement du « printemps arabe », les pays de la région les industries de haute technologie, d’investir dans les tech- revoient leurs stratégies de croissance et de développement, nologies de l’information et de la communication (TIC), ou avec pour objectif principal la réduction du chômage. Pour d’utiliser de nouvelles technologies dans une frange étroite de réussir la grande transition qui se présente à eux, les pays l’économie. Il est indispensable de procéder à un changement devront se doter d’économies plus productives et compétitives, systémique du fonctionnement global de l’économie, dans alimentées par la connaissance et l’innovation. Seules de telles lequel la connaissance (nouvelle et existante) et l’innovation économies pourront créer des emplois en nombre suffisant (le développement et la commercialisation de produits et de et cela de manière durable. En l’état actuel des structures procédés qui sont nouveaux pour l’entreprise, le marché, ou économiques (avec les taux de création d’emplois associés), dans le monde) pénètrent dans tous les secteurs d’activité. il a été estimé qu’un taux de croissance économique de 7 Ce faisant, l’économie accroît sa productivité et génère de pour cent par an serait nécessaire pour éviter une nouvelle nouveaux biens et services (encadré 1). 3. Comme le fait observer l’OCDE en 1996, « les économies de l’OCDE sont de plus en plus fondées sur la connaissance et l’information. La connaissance est main- tenant reconnue comme le moteur de la productivité et de la croissance économique, ce qui conduit à se concentrer sur le rôle de l’information, la technologie et l’apprentissage dans les performances économiques ». Le terme « d’économie fondée sur la connaissance » découle de cette reconnaissance plus complète de la place de la connaissance et de la technologie dans les économies modernes de l’OCDE. Voir aussi l’étude de la Banque mondiale (2007a). Transformer les économies arabes 5 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Encadré 1 Une stratégie de développement basée sur l’économie de La connaissance : clé de la productivité et la connaissance devrait se concentrer sur un ensemble de domaines d’ action clé : l’éducation (fondement de l’économie de l’innovation de la connaissance), l’innovation (source de renouvellement des économies et des sociétés), les technologies de l’information Nous savons que la source de la richesse est quelque chose de spécifiquement humain : la connaissance. et des télécommunications (infrastructures essentielles de l’ère du numérique), et plus largement, le cadre économique et Si nous l’appliquons à des tâches que nous savons déjà institutionnel, qui détermine l’efficacité globale et l’impact des faire, nous l’appelons « productivité ». investissements réalisés dans les trois autres domaines. Ces Si nous l’appliquons à des tâches qui sont nouvelles et éléments constituent les quatre piliers de l’économie fondée différentes, nous l’appelons « innovation ». sur la connaissance, tels que définis par la Banque mondiale Seule la connaissance nous permet d’atteindre ces deux (tableau 1). La transition vers une économie fondée sur la con- objectifs. naissance implique d’adopter une approche holistique, ainsi Source : Peter Drucker, Managing for the Future, 1992. que des mesures efficaces (réforme, investissement et coor- dination) dans chacun de ces quatre domaines de politiques.  TABLEAU 1   Les quatre piliers des stratégies de l’économie fondée sur la connaissance ­ Régime économique Infrastructures de l’information Éducation et compétences Éducation et compétences et institutionnel et de la communication Le régime économique et insti- Les habitants d’un pays ont besoin Le système d’innovation du pays Des infrastructures d’information tutionnel du pays doit fournir des d’une éducation et de compétences (entreprises, centres de recher- dynamiques sont nécessaires pour incitations pour une utilisation effi- qui leur permettent de créer et de che, universités, groupes de faciliter la communication, la diffu- cace des connaissances existan- partager des connaissances, et de réflexion, consultants et autres sion et le traitement des informa- tes, l’acquisition de nouvelles bien les utiliser. organisations), doit être capable tions de manière efficace. connaissances et l’application de tirer profit du volume croissant de ces deux dernières à l’activité de la connaissance mondiale et de économique, pour améliorer la l’adapter aux besoins locaux, ainsi productivité, augmenter la qualité, que de créer de nouveaux produits innover et lancer de nouvelles et procédés qui puissent rivaliser entreprises. sur les marchés d’exportation et répondre aux besoins nationaux. La Banque mondiale a mis au point une méthode d’évaluation qui sont au cœur du modèle de l’économie de la connais- (KAM – Knowledge Assesment Methodology), un outil de sance. Les impacts économiques de ces actifs intangibles référence mondial pour évaluer la préparation d’un pays à sont relevés par la productivité globale des facteurs (PGF) l’économie de la connaissance. Il se base sur les quatre piliers qui mesure la contribution à la croissance des facteurs autres tels que décrits dans le tableau 1. L’encadré 2 montre que la que l’augmentation du travail et du capital. Ainsi, l’approche région MENA a besoin d’intensifier ses efforts pour égaler la basée sur la connaissance et l’innovation se concentre sur le performance des deux régions de comparaison: Europe (de développement des moteurs de la croissance, c’est-à-dire, l’Est) et Asie centrale et Amérique latine et Caraïbes. l’amélioration de la qualité du capital humain et physique et, en particulier, sur l’augmentation de la PGF. Pour les pays à Il existe des liens étroits entre la connaissance et la crois- revenu faible et intermédiaire, une abondante documentation sance. Ceci se vérifie par la forte corrélation entre la per- empirique montre que le capital est le principal déterminant formance économique, telle que mesurée dans le revenu de la croissance, suivi de loin par le travail et la PGF4. Mais national brut par habitant, et la préparation à l’économie la croissance des pays à revenu intermédiaire et de ceux à fondée sur la connaissance, telle que mesurée par le KEI revenu élevé découle plus des gains de la PGF. Les chercheurs (figure 4). Cependant, corrélation ne signifie pas causalité, s’accordent sur le fait que, sur le long terme, la croissance les pays riches peuvent en effet investir davantage dans les est fonction de la PGF. L’annexe 1 résume les résultats de la bases de l’économie de la connaissance. Néanmoins, il est recherche économique sur l’influence positive de la connais- impossible pour une économie de croître et devenir com- sance, l’innovation, l’éducation et des TIC sur la croissance pétitive sans un investissement dans les actifs intangibles économique, la productivité et l’emploi. 6 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Encadré 2 Comment mesurer l’état de préparation d’un pays à l’économie de la connaissance ? Le cadre des quatre piliers du tableau 1 peut être utilisé pour mesurer les efforts des pays dans l’économie de la connaissance dans un contexte mondial et pour mettre en lumière les progrès relatifs réalisés au fil du temps. La méthode d’évaluation de la Banque mondiale (KAM, www.worldbank.org/kam) est un outil basé sur le Web. Les efforts et les investissements des pays dans l’économie de la connaissance sont continus, et tous les pays font de tels efforts. Par conséquent, ils sont comme dans une rivière qui coule en permanence. Mais certains pays avancent plus rapidement que d’autres. La KAM tente de saisir ces différences de vitesse entre pays dans une perspective globale, en cartographiant leurs progrès dans les quatre piliers et avec les indices combinés. La KAM compare 146 pays sur la base de 148 variables structurelles et qualitatives qui servent d’indicateurs pour mesurer les progrès réalisés dans les quatre piliers. Le tableau de scores de base est composé de trois variables clés qui servent d’indicateurs pour chacun de ces piliers. L’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI) est basé sur la moyenne de tous les scores normalisés sur les 12 variables du tableau de scores de base, il mesure l’état de préparation global d’un pays ou d’une région à l’économie fondée sur la connaissance. La figure ci-dessous donne un aperçu de la performance la plus récente de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) par comparaison avec deux autres régions du monde: Europe (de l’Est) et Asie centrale et Amérique latine et Caraïbes. Elle révèle que la région MENA dans son ensemble pourrait faire davantage, notamment sur la dimension éducative. La performance de la région MENA pour l’économie fondée sur la connaissance dans une perspective comparative, 2012 Moyen-Orient et Afriche du Nord, Europe et Asie centrale, Amérique latine Qualité de la réglementation 10 Utilisateurs d’Internet pour État de droit 1000 personnes 5 Ordinateurs pour Paiements des redevances et 1000 personnes recettes ($US/pop.) 0 Nombre total de téléphones Nombre d’articles de revues pour 1000 personnes scientifiques et d’ingénierie / Mil. Pers Taux brut de scolarisation Brevets accordés par dans le supérieur l’USPTO / Mil. Pers Taux brut de scolarisation Nombre moyen d’années dans le secondaire de scolarité Source : Méthode d’évaluation des connaissances (www.worldbank.org/kam, World Bank 2012a). Note : En raison d’un manque de données pour la région MENA dans son ensemble, les variables sur les barrières tarifaires et non tarifaires (faisant partie du tableau de scores de base de la KAM) n’ont pas été répertoriées dans la figure ci-dessus. 4. Yusuf (dans Nallari et al. 2011) souligne que la PGF a longtemps été constituée d’un amalgame d’autres facteurs, dont la mesure et les contributions individu- elles se sont révélées difficiles à cerner. Parmi une longue liste, six facteurs sont les plus propices à l’action des pouvoirs publics : le capital humain mesuré de diverses façons, et sa qualité; la capacité technologique et l’innovation ; les compétences de gestion, l’efficacité organisationnelle ; les institutions qui affectent les incitations, la concurrence; l’efficacité des allocations et la gouvernance ; et les caractéristiques de l’urbanisation. En règle générale, tous les six affectent la production et l’utilisation des connaissances, l’allocation des ressources et son utilisation productive. Transformer les économies arabes 7 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Figure 4 Les liens étroits entre la connaissance et la croissance PPA ($ international courant) RNB par habitant, 2010 KEI 2012 Source : Calculs des auteurs. Note : L’indice (KEI) mesure l’état de préparation global d’un pays ou d’une région à l’économie de la connaissance, et est basé sur la moyenne de tous les scores normalisés pour les quatre piliers : le régime économique et institutionnel, l’éducation, l’innovation et les TIC. www.worldbank.org/kam. RNB = revenu national brut ; PPA = parité de pouvoir d’achat. Le monde arabe ce qui a sensiblement augmenté la capacité de la région à absorber de nouvelles technologies et savoir-faire, en investis- a sous investi dans sant dans l’infrastructure des TIC et la logistique nécessaires pour se connecter à l’économie mondiale, en construisant des l’économie de la structures de recherche et de développement, et en améliorant leur environnement économique. Ceci est particulièrement vrai pour les pays riches en pétrole du Conseil de coopération du connaissance Golfe (CCG), qui visent à transformer certaines de leurs villes en pôles d’innovation mondiaux. Parmi les pays pauvres en ressources, plusieurs ont fait des efforts notables pour organ- Certains pays arabes se sont déjà lancés sur la voie de iser leurs stratégies de développement autour d’initiatives l’économie de la connaissance, en valorisant leurs ressources d’économie de la connaissance à travers des plans sectoriels humaines par des progrès dans le domaine de l’éducation, ou nationaux (encadré 3). 8 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Encadré 3 Le chemin déjà parcouru : les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et l’économie de la connaissance En Algérie, le Conseil national économique et social (CNES) a organisé des conférences nationales sur l’économie de la connaissance pour sensibiliser sur les questions clés. Le gouvernement a entrepris des réformes dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) et a initié le développement de parcs technologiques. Il a récemment présenté un plan visant à augmenter les dépenses nationales de recherche et développement de près de 3 pour cent du produit intérieur brut d’ici 2015. La Jordanie a entrepris un effort majeur pour réformer le système d’éducation au niveau de la petite enfance, au niveau de l’enseignement de base et de l’enseignement secondaire afin de former des diplômés possédant les compétences nécessaires pour l’économie de la connaissance. Elle a pris des mesures pour devenir un centre régional de dével- oppement des TIC. Les partenariats avec Microsoft et Cisco devraient offrir des possibilités d’emploi plus attrayantes pour les jeunes diplômés hautement qualifiés. Ces dernières années, la Jordanie a pris des mesures pour améliorer le climat de l’innovation avec la création d’un Conseil national pour la compétitivité et l’innovation, entre autres. Elle s’est également lancée dans l’élaboration d’une stratégie 2012-2016 pour la Science, la Technologie et l’Industrie. Le Royaume d’Arabie saoudite a adopté une stratégie pour passer à une économie de la connaissance en 2025 et a mis en place une série de réformes de l’éducation. Il investit dans le développement de nouvelles universités, pour soutenir spécialement le domaine des sciences et de la technologie, et il s’est lancé dans un vaste plan de développement de villes dites « du savoir », y compris la ville sainte de Médine. Ce concept vise à positionner le pays dans les industries fondées sur la connaissance et à attirer et développer les talents de partout dans le monde. Le Liban progresse sur le plan de l’innovation. En 2011, le gouvernement a demandé l’appui de la Banque mondiale pour un projet visant à soutenir des activités innovantes dans le secteur privé. Le projet proposé pourrait inclure un fonds d’investissement pilote visant à fournir une combinaison de financement en subventions et par capitaux propres pour favoriser les idées novatrices et soutenir des start-ups et d’autres entreprises dans leurs premiers stades de croissance. Le Maroc a été un pionnier des réformes réglementaires dans le secteur de la téléphonie mobile à la fin des années 1990, ce qui en fait l’un des pays à la plus forte télédensité dans la région. Il a également lancé la construction d’un certain nombre de parcs technologiques et de zones industrielles technologiques qui ont attiré des investissements étrangers directs (IED) et des fabrications de pointe. Il a développé une série de plans nationaux dans plusieurs domaines comme l’industrie, l’agriculture, la pêche, les TIC et le tourisme, directement inspirés par une volonté de suivre une voie de développement fondée sur la connaissance. À Oman, la combinaison de politiques favorables à l’emploi, l’accès à la propriété foncière, la facilitation de l’accès à des produits de consommation abordables et disponibles gratuitement, des services de santé et d’éducation universels, a soutenu l’amélioration des conditions de vie. Un Conseil de recherche a été mis en place pour donner une haute priorité à la recherche et à l’innovation, notamment le lancement de subventions pour la recherche en coopération. Le Qatar a cherché à élargir son modèle de développement pour passer d’un modèle basé sur le pétrole et le gaz naturel vers une économie fondée sur la connaissance. Une réforme de l’éducation adoptée en 2001 a tenté de briser le moule de l’apprentissage par cœur. Le développement de la Cité de l’éducation par la Fondation du Qatar pour l’éducation, la science et le développement des communautés vise à faire de Doha un centre d’excellence en éduca- tion au Moyen-Orient. Le Qatar a lancé et accueille le Sommet mondial annuel de l’innovation pour l’éducation (WISE) à Doha depuis 2009. La Tunisie, suite à la préparation et à la publication de rapports annuels sur l’économie fondée sur la connaissance, a développé une stratégie inspirée de cette dernière dans le cadre de ses plans quinquennaux pour faire face à un chômage élevé, surtout chez les jeunes. Elle a initié une série de technopoles pour renouveler et élargir sa base économique. Le Plan de développement de la Tunisie pour 2007-11 a été développé autour des piliers de l’économie de la connaissance. Le plan actuel (2011-14) s’inscrit dans cette perspective. Aux Emirats arabes unis, depuis deux décennies, Dubaï fonde son développement sur une stratégie de connaissance et d’innovation. La construction d’une plateforme logistique et de transport (centrée sur un port d’envergure mondiale) a donné ensuite naissance à une industrie touristique prospère. En outre, les Émirats arabes unis ont développé des compétences essentielles en matière de technologie, médias et télécommunications. Ces exemples ont été rassemblés lors de la conférence de 2009 sur l’économie fondée sur la connaissance, qui s’est tenue sous l’égide de l’ISESCO et du Gouvernement de Tunisie, avec l’appui de la Banque mondiale. La conférence a débouché sur la Déclaration de Tunis : http://info.worldbank.org/etools/docs/library/252535/TunisKEDeclaration.pdf. Source : Les auteurs. Transformer les économies arabes 9 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Mais ces mesures, bien que louables, n’ont pas Figure 5 suivi la cadence du reste du monde. Parmi les Scores régionaux pour l’indice de l’économie fondée sur la régions en développement, la région MENA obtient un score moyen pour l’indice de l’économie fondée connaissance (KEI), 2012 sur la connaissance (KEI) (figure 5). L’analyse des tendances des résultats au cours de 2012 la dernière décennie (figure 6) montre clairement que les pays du CCG ont tendance à faire mieux que les autres pays arabes. Par ailleurs, les hausses du KEI indiquent qu’ils ont relativement bien progressé au cours de la dernière décennie5. Une autre mesure intéressante est celle de la com- pétitivité. Le Forum Économique Mondial (FEM) a développé un indicateur bien connu, l’indice mondial de la compétitivité (GCI), qui distingue trois types d’économies : suivant qu’elles sont fondées sur (i) la primauté des facteurs de production (ii) la pri- mauté de l’efficacité productive, et (ii) la primauté de l’innovation. Dans cette série, la connaissance et l’innovation jouent un rôle croissant6. Les pays du GCC sont très bien placés dans le classement des pays pour le GCI (figure 7). Certains pays, comme la Tunisie et le Maroc, affichent des résultats relativement meilleurs pour cet indice de compétitivité que sur le KEI, qui, contrairement au GCI, ne tient pas compte d’un ensemble plus vaste et plus complexe de paramètres affectant le micro- niveau de performance. Les changements dans le Source : Méthode d’évaluation des connaissances KAM (www.worldbank.org/kam, Banque mondiale 2012a). Figure 6 Scores par pays pour l’indice de l’économie fondée sur la connaissance (KEI), 2000 et 2012 2000 2012 Source : Méthode d’évaluation des connaissances KAM (www.worldbank.org/kam, Banque mondiale 2012a). 5. Les résultats pour le KEI ne reflètent pas les facteurs sociaux et politiques tels que le statut restrictif de la femme et l’exercice autoritaire du pouvoir qui carac- térisent la plupart des pays du CCG. Ceux-ci peuvent être considérés comme des obstacles dans le processus global de modernisation. 6. Le GCI est la méthode utilisée par le Forum économique mondial dans ses évaluations de la compétitivité (Forum économique mondial 2011). Le modèle repose sur l’idée que les déterminants de la compétitivité sont nombreux et interagissent de manière complexe. Le GCI révèle ces interactions par le biais d’une moyenne pondérée de 12 piliers de compétitivité. Les quatre exigences de base pour les économies axées sur les facteurs classiques de production sont les institutions, l’infrastructure, l’environnement macroéconomique, la santé et l’éducation primaire. Les six facteurs essentiels d’amélioration de l’efficacité pour des économies axées sur l’efficacité comprennent l’enseignement supérieur et la formation, l’efficacité du marchés des biens, l’efficacité du marché du travail, le développement du marché financier, l’aptitude à intégrer la technologie, et la taille du marché. La complexité du secteur des entreprises, le degré de sophistication des marchés et l’innovation sont les facteurs déterminants du troisième type d’économie axée sur l’innovation. 10 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? classement des pays pour le GCI entre 2011 et 2013 peuvent celle du GCI, on remarque que la compétitivité des pays arabes être un indicateur qui reflète comment les différents pays émane de facteurs autres que ceux liés à la connaissance ont été touchés par les événements du « printemps arabe ». (figure 8). La majeure partie des économies dans le monde Les pays de la région MENA semblent présenter ce qu’on arabe sont mues par les facteurs de production traditionnels. pourrait appeler « une compétitivité faible en connaissance ». Des changements importants sont donc nécessaires pour les Lorsque la performance du pays pour le KEI est comparée à convertir à des économies axées sur l’efficacité et l’innovation. Figure 7 Classements des pays pour le GCI, 2010–11 et 2012–13 Ranking 2010-2011 Ranking 2012-2013 Source : Forum économique mondial 2010, 2011, 2012. Note : Les classements pour la Tunisie sont pour 2010–11 et 2011–12. Figure 8 Performances des pays pour le KEI 2012 comparées à l’Indice mondial de la compétitivité 2011–12 y = 0.3395x + 2.6999 y = 0.2159x + 3.0784 R² = 0.7885 R² = 0.7191 GCI Pays individuels (exceptés les pays arabes) Pays arabes Linéaire (le monde, exceptés les pays arabes) Linéaire (pays arabes) KEI Source : Indice mondial de la compétitivité 2011–12 (Forum économique mondial 2011) ; Banque mondiale (2012a). Transformer les économies arabes 11 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? L’impact du régime économique et institu- Figure 9 tionnel, et son effet sur le climat général des Performances pour le KEI et l’indice du REI pour la région affaires, est primordial. Une mauvaise gou- MENA et d’autres régions et groupes de pays, 2009 vernance , qui entraîne un climat des affaires défavorable, est l’obstacle le plus important au développement économique et social de la région, et plus particulièrement au développe- ment basé sur la connaissance, sauf dans les pays du CCG, dont les résultats pour l’indice du régime économique et institutionnel (REI) sont relativement bons (figure 9) et où les insuffisances relatives à la connaissance et l’innovation constituent les principaux freins au développement. L’instabilité politique et économique, en particulier dans un passé récent, a également tiré le KEI vers le bas en affaiblissant le régime économique et institu- tionnel dans son ensemble. Les événements actuels offrent cependant l’opportunité de rendre la gouvernance économique plus trans- parente et plus efficace, afin de développer le potentiel considérable de la région. Indice de régime économique KEI Source : Méthode d’évaluation des connaissances (www.worldbank.org/kam, Banque mondiale 2009b). Note : Moyenne pondérée tirée de la KAM et calculs des auteurs, sauf lorsque les données ne sont pas disponibles (Irak, Libye et Palestine). Des efforts accrus dans naissance ou l’innovation. Néanmoins, les estimations écono- métriques et les considérations exposées ci-après donnent à l’économie fondée penser qu’un effort soutenu dans l’économie de la connaissance sur une période suffisamment longue peut être une source sur la connaissance importante d’emplois dans la région arabe, à condition que les marchés du travail fonctionnent bien et que l’inadéquation des contribueraient de compétences soit nettement réduite. Le KEI constitue la base d’un modèle qui peut être utilisé pour manière significative à mesurer l’impact sur l’emploi de l’effort pour la connaissance des pays. Le modèle, illustré schématiquement sur la figure 10 la création d’emplois et décrit en détail dans l’annexe 1 du rapport principal (Banque mondiale, 2013 à paraître), a permis d’estimer la contribution des efforts dans l’économie de la connaissance à la croissance Il est difficile d’estimer avec précision l’impact sur la croissance et l’emploi dans les pays MENA pour la période 1995-2008, et l’emploi d’un modèle économique axé sur l’innovation et la avec deux sous-périodes : 1995-99 et 2000-08. Dans le modèle, connaissance, même si l’amélioration de la performance des l’élasticité de l’emploi par rapport à l’augmentation des inves- individus, des entreprises et d’autres groupes peut être liée ou tissements dans la connaissance d’un pays donné est fonction de expliquée par certains aspects de l’accroissement de la con- l’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance dans ce pays. 12 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Figure 10 Estimer les effets de la connaissance sur l’emploi en 1995 tendait à augmenter le taux de croissance moyen du PIB réel de 0,28 point de pourcentage par travailleur pour la période 1996-2000, tandis qu’une augmentation Croissance Croissance d’une unité pour le KEI en 2000 a augmenté le taux de Connaissance économique de l’emploi croissance moyen du PIB réel de 0,89 point de pourcent- age par travailleur pour 2001-05. ­ • L’élasticité de l’emploi par rapport à la croissance dans la région MENA, s’est située en moyenne autour de 0,80 Effet sur l’emploi sur la période 1991-2009, ce qui signifie qu’une augmen- (via la croissance économique) tation d’un point de pourcentage du PIB était associée à une augmentation moyenne de l’emploi de 0,8 point de pourcentage pour les trois années suivantes. ­ • L’élasticité de l’emploi par rapport à l’investissement dans la connaissance (telle que mesurée par le KEI) résultant de la combinaison de ces coefficients, calculés au niveau Les effets sur l’emploi des efforts dans l’économie de la con- de chaque pays, allait de 0,2 au Koweït à 1,3 au Qatar, pour naissance dans la région MENA au cours de la dernière décen- la période 2000-09. La valeur du coefficient de 1,3 signifie nie sont perceptibles. Les conclusions suivantes peuvent qu’une augmentation d’une unité pour le KEI pour l’année être tirées du modèle : 2000 a produit une augmentation annuelle moyenne de ­ • Dans les pays MENA, comme dans d’autres régions du l’emploi de 1,3 point de pourcentage au Qatar au cours monde, un score plus élevé pour le KEI est associé à des de la période 2000-08. L’élasticité moyenne de l’emploi taux de croissance plus élevés. En fait, l’impact du KEI était par rapport à l’investissement dans la connaissance pour plus important dans la région MENA que dans les autres la région MENA dans son ensemble était proche de 0,7 régions au cours de la période 2000-05, alors qu’il était pour la période 2000-08, contre seulement 0,23 pour la plutôt limité durant la période 1995-99. Une augmenta- période 1995-99. En d’autres termes, une augmentation tion d’une unité dans le KEI représente un gain d’environ d’une unité pour le KEI pour l’année 2000 a produit une 15 places dans le classement, car il y a 146 pays dans la augmentation annuelle moyenne de l’emploi de 0,7 points KAM de la Banque mondiale et le KEI va de 0 à 10. Dans la de pourcentage dans la région MENA dans son ensemble région MENA, une augmentation d’une unité pour le KEI au cours de la période 2000-08 (figure 11). Figure 11 Élasticité de l’emploi par rapport au KEI dans les pays MENA, 1995-2008 1995-99 2000-08 exportateurs de pétrole, exportateurs de pétrole, importateurs de pétrole développés en développement en développement Source : Chen, Diop, et Muller 2012 ; Banque mondiale, 2013 à paraître (annexe 1). Transformer les économies arabes 13 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Le tableau de l’impact de l’économie de la connaissance en connu la progression la plus significative du KEI depuis une matière d’emploi est donc positif et encourageant. Les esti- dizaine d’années. De même, les pays qui présentent un taux mations ci-dessus doivent également être comparées au taux de croissance de l’emploi faible sont, en général, ceux qui observé de croissance de l’emploi pour les pays de la région au ont connu soit peu de progrès, soit une régression dans leur cours de la période 2000-09 (tableau 2). Les pays aux petites classement de KEI. Cela confirme la contribution positive de économies et riches en ressources, dont les taux de croissance l’effort de l’économie de la connaissance dans le processus de l’emploi sont relativement élevés, sont aussi ceux qui ont de création d’emplois.  TABLEAU 2   Taux de croissance de l’emploi dans les pays arabes, 2000–09 ­ Population active Taux de croissance annuel Pays 2000 2009 composé (%) Algérie 7,772,217 13,195,310 6.06 Rép. arabe d’Égypte 19,254,668 23,980,516 2.47 Libye 1,624,133 2,103,832 2.92 Maroc 8,819,170 10,758,452 2.23 Tunisie 2,711,153 3,271,820 2.11 Bahreïn 200,000 400,000 8.01 Koweït 1,200,000 2,100,000 6.42 Oman 700,000 1,100,000 5.15 Arabie saoudite 6,000,000 8,100,000 3.39 Émirats arabes unis 1,700,000 3,500,000 8.35 Conseil de coopération du golfe 9,800,000 15,200,000 5.00 Non-CCG 53,202,748 69,935,998 3.09 Total 63,002,748 85,135,998 3.40 Source : Auteurs. Cependant, la contribution de l’économie de la connaissance celles présentées par les demandeurs d’emploi. Près de a été insuffisante à ce jour pour réduire sensiblement le 40 pour cent des entreprises interrogées par les évalu- chômage, sauf dans les petites économies du CCG. Les efforts ations du climat d’investissement dans la région MENA futurs peuvent contribuer à la croissance économique et à la ont rapporté que la faible disponibilité de main-d’œuvre création d’emplois de trois façons : qualifiée est une contrainte majeure pour les entreprises • En ­ intensifiant les efforts de l’économie de la connaissance. (figure 12). Cette inadéquation atténue l’ajustement positif de l’emploi aux augmentations du KEI. Lorsque la main- En général, les pays MENA ont accomplis des efforts inféri- d’œuvre possède les compétences requises, comme au eurs à la moyenne mondiale. Pour avoir un véritable impact, Qatar (grâce à l’attraction en masse d’expatriés qualifiés), les efforts devraient être importants, comme le montrent les investissements dans l’économie de la connaissance les résultats présentés ci-dessus. L’augmentation du KEI ont eu un impact significatif sur l’emploi. La plupart des d’un pays, même d’une seule unité, représente un défi de pays MENA ont une abondance de travailleurs hautement taille. Comme mentionné précédemment, il équivaut à qualifiés, mais leurs compétences ne sont pas adaptées gagner environ 15 places dans le classement du KEI. Mais aux exigences de l’économie. Des ajustements importants ce degré d’avancement est possible avec un effort soutenu. sont donc nécessaires dans les systèmes d’éducation et de Plusieurs années sont généralement nécessaires, dans la formation de la région afin d’assurer une meilleure adéqua- mesure où les variables liées à l’éducation et à l’innovation tion entre les compétences des diplômés et les exigences ne progressent pas rapidement (contrairement à celles liées des employeurs. Dans l’intervalle, des mesures à court à l’environnement des affaires et des TIC, où les progrès terme de reconversion des travailleurs pour leur fournir une peuvent être rapides). formation supplémentaire afin de répondre aux demandes ­ réduisant l’inadéquation des compétences. Dans la • En de travail clairement identifiées peuvent avoir un impact plupart des pays, il existe un décalage important entre certain sur la réduction de l’écart entre l’offre et la demande les compétences demandées par les employeurs et liées aux compétences. 14 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? ­ orientant les économies vers des secteurs plus com- • En dans un délai acceptable7. En se basant sur les estimations pétitifs. Les structures économiques influencent l’effet et les chiffres fournis ci-dessus, on peut raisonnablement d’une forte croissance sur l’emploi, en particulier les s’attendre à une augmentation des efforts dans l’économie emplois qualifiés. Dans la région, le principal pourvoy- de la connaissance dans la région d’une ampleur suffisante eur d’emplois qualifiés a été le gouvernement. En fait, les pour stimuler le taux annuel de croissance de l’emploi d’un pays MENA emploient une part beaucoup plus importante point de pourcentage par rapport au taux enregistré au de personnes dans le secteur public (entre 14 et 40 pour cours de la décennie 2000-098. Sur une décennie, une telle cent) que dans les pays de comparaison (figure 13). Il est augmentation, si elle se produit, créerait, par exemple, nécessaire d’orienter l’économie vers des secteurs où la quelque 300 000 nouveaux emplois en Tunisie, environ 1,5 croissance est plus susceptible de créer des emplois. Il y millions de nouveaux emplois en Égypte, et quelque 700 000 a peu à espérer en termes de croissance et d’emploi des nouveaux emplois en Arabie saoudite (en plus des emplois secteurs qui sont exposés à la concurrence étrangère. qui devraient être générés en vertu des trajectoires actu- Mais il existe des possibilités pour les biens et services elles). Comme indiqué plus haut, la plupart des pays arabes non exportés, dans les secteurs où les pays MENA pos- ont une certaine marge de manœuvre, parce que jusqu’à sèdent des avantages comparatifs uniques en raison de présent, ils n’ont pas suffisamment investi dans les piliers la géographie et d’autres facteurs, et dans les activités de l’économie de la connaissance (par rapport aux pays liées à l’environnement et aux infrastructures. de même niveau de développement). Bâtir une économie de la connaissance exige un engagement exigeant à long Avec des efforts soutenus, il devrait donc être possible terme, mais cela reste le meilleur choix pour une croissance d’augmenter significativement la contribution de l’économie économique durable accompagnée d’un niveau suffisam- de la connaissance à la création d’emplois dans la région ment élevé de création d’emplois. Figure 12 Pourcentage d’entreprises signalant le manque de compétences comme une contrainte Source : Enquêtes de la Banque mondiale sur le climat d’investissement, 2006-10. 7. Cette période peut varier d’un pays à l’autre. Cinq à dix ans sont généralement nécessaires pour constater les bénéfices des efforts, des réformes et des initia- tives dans les différents piliers de l’économie de la connaissance. 8. Les estimations proposées ici découlent des données présentées ci-dessus sur l’élasticité de l’emploi par rapport au KEI. Pour la période 2000-09, la région dans son ensemble affichait une élasticité de 0,7 pour cent pour 15 positions gagnées dans le KEI. Ce gain semble raisonnable compte tenu du sous-investisse- ment relatif de la région dans les différents piliers de l’économie de la connaissance. En outre, on peut envisager qu’une meilleure intégration dans l’économie mondiale induira une réduction significative de l’inadéquation des compétences et une meilleure élasticité de l’emploi par rapport à la croissance économique. Compte tenu de tous ces facteurs, on peut penser que des efforts plus importants et meilleurs dans l’économie de la connaissance induiront une augmentation d’un point de pourcentage du taux de croissance annuel de l’emploi. Transformer les économies arabes 15 Partie 1. Pourquoi se lancer dans une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation ? Figure 13 L’emploi dans le secteur public dans la région MENA et les pays choisis à fins de comparaison -- moyennes au cours des années 2000 a. Pays MENA b. Pays comparateurs Source : Gatti et al. 2013. ³ ° ³ La partie 1 a exposé les raisons de s’orienter vers une stratégie de croissance fondée sur la connaissance et l’innovation. La partie 2 examine les types de politiques nécessaires à la construction de telles économies. 16 Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Dans ce chapitre °± Les piliers de l’économie de la connaissance °± La diversification sectorielle et spatiale axée sur l’économie de la connaissance Transformer les économies arabes 17 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Les éléments de base comprennent : l’amélioration de ont fait des progrès considérables au cours de la dernière l’environnement des affaires et de la gouvernance, la mise décennie, comme on le constate dans les enquêtes Doing en place d’un système éducatif et de formation de qualité, Business de la Banque mondiale, sous la pression des milieux l’établissement d’un climat propice à l’innovation, et la réali- d’affaires et avec l’aide des institutions internationales. Dans sation d’une société de l’information dynamique. En outre, certains cas, les événements déclenchés par le « printemps il est important de stimuler l’émergence de secteurs et de arabe » ont ralenti le rythme des réformes, même dans des sites porteurs de croissance, dans l’intérêt de la diversification pays exempts de troubles politiques ou de guerre civile. Les économique. Tout cela aurait un impact plus conséquent si réformes nécessaires devraient être reprises et approfondies cela était réalisé dans une stratégie plus large de coopération dès que possible La figure 15 montre que les trois facteurs internationale et d’intégration régionale. La figure 14 présente ayant le plus d’impact sur l’environnement des affaires dans cet ensemble d’actions coordonnées. le monde arabe sont le manque d’accès au financement, une réglementation du travail restrictive et une bureaucratie gou- Figure 14 vernementale inefficace. Le système des politiques de la connaissance et Améliorer le climat entrepreneurial. La région se caractérise l’innovation par l’un des taux les plus bas de création d’entreprises (les nouvelles entreprises nationales ainsi que les entreprises étrangères) dans le monde (figure 16). Un taux élevé de créa- tion d’entreprises est un signe de dynamisme économique et de renouveau. Un faible taux de création d’entreprises, une croissance lente et une capacité limitée à générer des emplois sont liés à la qualité globale de l’environnement des affaires. Les gouvernements de la région auraient intérêt à mettre en œuvre des politiques visant à améliorer le climat entrepreneurial en réduisant la bureaucratie, en éliminant les réglementations qui étouffent les initiatives et en supprimant les privilèges injustifiés des groupes proches des pouvoirs en place. Il est également vital d’éliminer les disparités entre les agents économiques, en simplifiant les procédures adminis- tratives, en réduisant les barrières des marchés protégés, et en augmentant la concurrence des banques pour l’accord des crédits aux entreprises. L’accroissement des sources de financement, y compris la finance islamique, résoudrait une partie de l’équation (Banque mondiale, 2009a). Faciliter le commerce et l’investissement étranger. Pour compléter les changements évoqués ci-dessus, les circuits commerciaux doivent être élargis, les barrières douanières réduites et les échanges de technologie facilités (Chauffour 2013). Les plateformes logistiques doivent être améliorées Les piliers de et développées, comme cela a été fait, par exemple, par le Maroc au port de Tanger. Grâce à la mise en place de zones l’économie de la industrielles spécialisées, il est possible d’attirer des entre- prises étrangères et de promouvoir les exportations grâce à connaissance des incitations diverses. Ces zones sont d’autant plus justifiées si elles stimulent l’économie locale grâce à la création de liens de sous-traitance et aux retombées sur les entreprises envi- ronnantes. Elles ne doivent, cependant, pas servir de prétexte pour éviter des réformes nationales, qui sont essentielles. A  dopter des réformes favorables aux entreprises et améliorer la Réformer les marchés du travail. Étant donné qu’une part importante de la population, soit ne participe pas à une gouvernance activité économique, soit en tire peu de profits en raison du faible nombre d’emplois à haute valeur ajoutée disponibles, Des politiques macroéconomiques saines, une bonne gou- l’équilibre de fonctionnement des marchés du travail dans vernance d’ensemble et un environnement favorable aux la région est basé sur une faible productivité. En outre, la entreprises constituent la base de stratégies fondées sur la répartition des talents est déviée vers le secteur public, qui connaissance, comme pour presque toutes les stratégies de a une productivité limitée dans l’ensemble, mais qui offre développement. Il est nécessaire de poursuivre l’amélioration des conditions relativement enviables pour les travailleurs du climat des affaires afin de stimuler la création d’entreprises individuels. Cet équilibre est à la fois inefficace et inéquitable et d’attirer les investissements étrangers, qui, ensemble, favo- (Gatti et al.2013). La rigidité des marchés du travail perpétue risent la croissance et la compétitivité. Plusieurs pays arabes une situation injuste entre ceux qui sont « dedans » et ceux qui 18 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? sont « en dehors » (les personnes déconnectées des réseaux du travail ne disparaîtront pas du jour au lendemain car ils et celles qui sont employées dans l’économie informelle, en proviennent d’un environnement réglementaire qui renforce le particulier les jeunes et les femmes). Elle entretient égale- statu quo, qui est affecté par une protection de l’emploi rigide, ment les lacunes de compétences et de savoir-faire au sein un secteur public qui distord les préférences des acteurs, et de l’économie, un problème majeur qui empêche les pays des systèmes d’éducation inadaptés basés sur le statut plutôt de tirer profit pleinement des efforts dans l’économie de la que les résultats. De profonds changements réglementaires connaissance. Les obstacles à l’amélioration des marchés et culturels sont donc nécessaires. Figure 15 Les obstacles aux affaires dans le monde arabe Source : Forum économique mondial et OCDE 2011. Figure 16 Densité moyenne de création d’entreprises pour certaines économies émergentes, 2004-09 Densité de création d’entreprise Pays MENA Pays comparateurs Source : Gatti et al. 2013. Transformer les économies arabes 19 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ?  ourvoir à une meilleure éducation et P Les tests internationaux sur les acquis tels que TIMSS et PISA révèlent que les étudiants dans les pays arabes demeurent à pour le plus grand nombre la traine comparés à de nombreux autres pays au niveau de développement comparable pour l’acquisition des connais- L’éducation est la base d’une économie fondée sur la con- sances de base (figure 18). La qualité de l’apprentissage dans naissance et l’innovation. Des progrès considérables ont les pays arabes est encore en dessous du niveau escompté, été réalisés dans le monde arabe ces dernières années pour compte tenu de leur développement économique, tel que élargir l’accès à l’éducation (figure 17). Mais même si les mesuré par le PIB par habitant. pays ont investi une part importante de leur produit intérieur brut (PIB) dans l’éducation, ces efforts n’ont pas donné les Les gouvernements doivent prendre des mesures pour résultats escomptés en termes de qualité. Dans la plupart réformer le système éducatif dans son ensemble afin que des pays arabes, plus d’éducation n’a pas été synonyme de l’éducation soit plus étroitement liée à l’emploi. Pour forger plus d’apprentissage, et le lien entre l’éducation et l’emploi ce lien il faut commencer dès le développement de la petite n’a pas encore été établi. Des efforts sont nécessaires pour enfance et l’éducation de base, puis passer à l’enseignement prodiguer aux élèves des compétences pratiques de la vie quo- secondaire et supérieur qui dispensent les compétences tidienne leur permettant d’agir efficacement en tant qu’acteurs fondamentales requises pour une pensée créative et critique économiques productifs et citoyens responsables. (y compris à travers l’enseignement technique et la formation Figure 17 Taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire et supérieur, par région du monde, 1990 et 2010 a. Taux bruts de scolarisation dans l’enseignement secondaire, 1990 et 2010 1990 2010 b. Taux bruts de scolarisation dans l’enseignement supérieur, 1990 et 2010 1990 2010 Source : UNESCO 2012. 20 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? professionnelle, ETFP), et terminer par l’élaboration d’un intérêt à poursuivre les réformes dans plusieurs domaines système efficace d’apprentissage tout au long de la vie. clés. Il s’agit notamment d’améliorer l’enseignement de L’approche  « des compétences au service de l’emploi et de l’éducation de base, de développer l’ETFP et d’augmenter la productivité » (Skills Toward Employment and Productivity les liens éducation-emploi, et de réorienter le système - STEP) offre un moyen simple mais complet pour penser le d’enseignement supérieur davantage vers les sciences et développement des compétences comme une aide à la création l’ingénierie plutôt que les sciences sociales et humaines. de plus d’emplois et plus de productivité (figure 19). Dans l’ensemble, les pays doivent ajuster la gouvernance, la gestion, le financement et les incitations liées à la per- Tout en reconnaissant que chaque pays est unique et formance de leurs systèmes éducatifs afin de produire de doit tracer sa propre voie, les pays de la région auraient meilleures conditions d’apprentissage. Figure 18 Qualité de l’éducation mesurée par TIMSS, 2011 Scores TIMSS en mathématiques, 2011 4ème année log du PIB par habitant Source : Gatti et al. 2013. Figure 19 L’approche « des compétences au service de l’emploi et de la productivité » (STEP) Investir tôt Investir dans Rester à l’écoute la qualité & du marché équitablement Productivité & croissance 1 2 3 4 5 Faire prendre S’assurer Renforcer Encourager Faciliter aux enfants que tous les élèves les compétences l’entrepreneuriat la mobilité de la main- un bon départ apprennent utiles pour l’emploi et l’innovation d’œuvre et l’adéquation entre l’offre et la demande d’emplois Source : Banque mondiale 2010a. Transformer les économies arabes 21 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Améliorer la qualité de l’éducation de base. Investir davan- revu. Il est nécessaire d’améliorer la gouvernance de l’ETFP tage dans le développement de la petite enfance pourrait et d’introduire la participation, la responsabilisation et la contribuer à donner aux enfants arabes un bon départ et une décentralisation dans l’offre de ce service public. De nouvelles base d’apprentissage. La réforme de l’enseignement et de sources de financement, y compris du secteur privé, sont l’apprentissage est d’une importance primordiale. Il serait nécessaires pour assurer une offre diversifiée de services utile de revoir les méthodes pédagogiques qui restent fondées d’ETFP de qualité supérieure. Les programmes d’éducation sur l’apprentissage par cœur. La qualité du matériel péda- coopérative proposés en partenariat avec les employeurs gogique pourrait être améliorée et les qualifications des ensei- semblent bien fonctionner, comme l’a démontré l’expérience gnants pourraient être accrues9. Certains pays, notamment internationale, y compris un certain nombre de programmes la Jordanie, ont mis en place des programmes ambitieux qui pilotes dans des pays tels que la Tunisie (externalisation des ont apporté des améliorations dans les résultats scolaires processus d’affaires et des technologies de l’information (encadré 4). (BPO et ITO)) et le Maroc (le programme des compétences de l’Office Chérifien des Phosphates pour reconvertir 15 000 Développer l’enseignement technique et professionnel. jeunes). De nouvelles pistes pour relier l’éducation à l’emploi Il existe un décalage manifeste entre les compétences doivent être explorées, telles que l’initiative multinationale nécessaires pour s’intégrer dans l’économie et les apports de l’Éducation pour l’Emploi (EFE) qui fonctionne actuelle- du système éducatif et de formation. Dans toute la région, ment dans plusieurs pays de la région et devrait être élargie l’enseignement technique et professionnel a besoin d’être (encadré 5). Encadré 4 Le programme de réforme de l’éducation pour l’économie du savoir en Jordanie (ERfKE) La réforme de l’éducation pour l’économie du savoir (ERfKE) en Jordanie est un programme sur 10 ans, à donateurs multiples et visant à proposer une réforme globale de l’éducation. La première phase ERfKE I (2003 - 09) était centrée sur les grandes réformes du système éducatif général. ERfKE II (2006 - 10) était axée sur l’augmentation du niveau des compétences nécessaires pour participer à l’économie du savoir à tous les niveaux de l’éducation. En parallèle, l’Initiative jordanienne en faveur de l’Éducation a été lancée en 2003 sous l’égide du Forum économique mondial (FEM), en partenariat multipartite intégrant les technologies de l’information et de la communication (TIC) comme un outil pour l’enseignement et l’apprentissage de la 1ère à la 12ème année. Les résultats des réformes sont tangibles. En 2010, la Jordanie a enregistré le taux le plus élevé d’alphabétisation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les taux bruts de scolarisation aux niveaux primaire et secondaire ont respectivement atteint 98 et 97 pour cent en 2006; jusqu’à 3 000 écoles étaient connectées à des portails d’apprentissage en ligne, avec 80 pour cent des écoles connectées à l’Internet, et on a noté une augmentation de 37 pour cent d’enseignants de maternelle qualifiés avec un diplôme de licence et une certification. L’objectif de former 50 000 enseignants dans les compétences de base en TIC a été dépassé dans la mesure où plus de 85 000 enseignants ont été formés et 55 000 certifiés, par rapport au niveau de référence de 5 000 enseignants formés aux TIC en 2003. De nouveaux programmes et méthodes d’enseignement qui mettent l’accent sur des capacités supérieures de réflexion, la pensée critique, l’apprentissage centré sur l’apprenant et d’autres aspects importants ont été développés. Les évaluations montrent des améliorations dues aux nouveaux programmes, au matériel d’apprentissage et à la for- mation des enseignants. Les résultats de l’évaluation nationale de 2008 pour l’économie du savoir ont montré une nette amélioration des performances en mathématiques, en sciences et en lecture. Les résultats TIMSS de 2007 ont montré une amélioration significative des performances. En sciences, la Jordanie a amélioré son classement régional et international. Entre 2003 et 2007, la Jordanie a progressé dans le classement international TIMSS passant de 25 à 20 en sciences et de 32 à 31 en mathématiques. Les résultats ont été obtenus grâce à des mesures cohérentes qui ont commencé par un vaste processus de consultation. A partir de ce processus, une stratégie nationale a été élaborée afin de guider le ministère de l’Éducation. Un système d’aide à la décision a été créé pour fournir des informations à jour sur les activités relatives à l’éducation. 90 pour cent des décideurs et des chercheurs utilisaient ce système en 2008. Des améliorations constantes ont été apportées aux programmes d’études, aux environnements d’apprentissage, et aux connexions à haut débit, grâce à la coopération de l’industrie mondiale des technologies de l’information. Source : Banque mondiale 2010b, 2011c ; Bannayan et al. 2012. 9. Dans ce contexte, le projet de la Banque mondiale de système d’évaluation et d’analyse comparative des résultats de l’éducation (SABER) donne un bon aperçu des moyens d’améliorer les politiques d’enseignement dans plusieurs pays MENA (Banque mondiale 2012C). 22 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Encadré 5 éducatifs à l’ingénierie du système éducatif afin d’obtenir de meilleurs résultats. Plutôt que de contrôler l’allocation Faire le lien entre l’éducation et l’emploi des intrants éducatifs et des ressources, les gouvernements arabes devraient définir clairement les objectifs en terme Le taux de chômage élevé des jeunes Arabes a été attribué à d’apprentissage et d’acquisition des compétences (tels que l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché. mesurés par les résultats aux tests, notamment les tests Le projet multinational de l’Éducation pour l’Emploi (EFE) internationaux, et par l’amélioration de l’employabilité), afin met l’accent sur le rôle que le secteur privé peut jouer de mettre en place des incitations pour encourager un grand pour réduire ce décalage. Le projet comprend un réseau d’organisations sans but lucratif, gérées localement, qui nombre d’acteurs publics et privés à poursuivre ces objec- offrent aux jeunes des emplois effectifs, plutôt qu’une tifs, et de coordonner les mesures prises. L’approche doit se formation sans réelle perspective de travail. Les projets concentrer non seulement sur l’amélioration des relations EFE sont actuellement basés en Egypte, en Jordanie, techniques entre les intrants (inputs) et les extrants (outputs) au Maroc, en Palestine, en Tunisie et au Yémen. L’EFE de l’éducation (ingénierie de l’éducation), mais aussi sur les repère les domaines de l’économie qui offrent un fort potentiel de croissance et de création d’emplois mais qui incitations auxquelles sont confrontées les acteurs concernés manquent de personnel qualifié. Les entreprises locales (enseignants, écoles) et sur la responsabilité des décideurs acceptent d’embaucher un certain nombre de diplômés du publics envers les citoyens. programme, de fournir des fonds et d’offrir des contribu- tions en nature (telles que des bureaux et du personnel administratif). Ils encouragent les autres chefs d’entreprise à embaucher des diplômés et à présenter l’EFE aux chefs  timuler l’innovation et la modernisation S de gouvernement et autres décideurs. L’EFE met égale- ment en œuvre un nouveau programme d’entrepreneuriat technologiques pour aider les nouveaux jeunes aspirants entrepreneurs L’innovation stimule et renouvelle les bases productives des à démarrer leur propre entreprise. Durant ses cinq pre- économies et des sociétés. L’innovation doit être envisagée mières années d’exploitation (2006-11), le réseau EFE a formé et trouvé un emploi à plus de 2300 jeunes défavorisés comme le développement et la diffusion de produits et de procé- à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Environ 50 dés nouveaux pour une économie et une société données (plutôt pour cent des diplômés étaient des femmes. Un nombre que nouveaux dans le monde). L’innovation résulte de l’action des similaire de personnes devrait avoir été formé en 2012. entrepreneurs qui exploitent les opportunités technologiques ou Il faudrait trouver les moyens d’amplifier rapidement de scientifiques pour satisfaire les besoins ou les marchés qu’ils tels programmes. ont identifiés. Les efforts de recherche et développement (R&D) Source : L’Éducation pour l’Emploi (http://www.efefoundation.org). peuvent contribuer à l’innovation, mais l’innovation ne découle pas uniquement et directement de la recherche. L’effort d’innovation dans les pays arabes a jusqu’à présent Promouvoir la science et la technologie dans l’enseignement été relativement modeste, comme en témoigne le faible niveau supérieur. Dans l’enseignement supérieur, la grande majorité des dépenses de R&D (figure 20), qui, sont, de plus, en grande des étudiants choisit de s’orienter vers les sciences humaines partie financées par l’État et non par le secteur des entreprises. et sociales, et de nombreux diplômés ont des difficultés à Les brevets déposés par les résidents sont également faibles trouver un emploi. En 2009, moins d’un quart des étudiants (figure 21). La part des exportations de haute et moyenne tech- universitaires en Algérie, au Liban et en Arabie saoudite nologie dans les exportations manufacturières totales est se sont spécialisés en sciences, technologie ou ingénierie. modeste, mais en légère augmentation (figure 22). A titre de comparaison, la proportion était de plus de deux cinquièmes dans les pays de l’Asie de l’Est tels que la Chine, la Corée et la Malaisie (Banque mondiale 2012b). Le moyen Figure 20 le plus efficace pour modifier cette situation est d’améliorer Dépenses brutes de R&D en pourcentage du la qualité de l’enseignement scientifique et technique en PIB pour certains pays arabes et comparateurs amont, à l’école secondaire et même primaire. La création de nouvelles universités en partenariat avec des institutions étrangères prestigieuses a déjà commencé à renforcer les capacités scientifiques et technologiques dans plusieurs pays, tout en améliorant leur position concurrentielle inter- nationale. Les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) (comme Dubaï, l’Arabie saoudite et le Qatar) et le Maroc, avec de nouvelles universités privées, montrent la voie. Plus généralement, la création d’universités privées devrait être encouragée lorsque le système public est rigide, à condition que les programmes d’aide aux étudiants (sous forme de bourses et de prêts) puissent être mis en place pour com- penser les inégalités sociales. DIRD en pourcentage du PIB Tous les pays arabes, quelles que soient leurs conditions initiales, ont besoin de passer de la gestion des intrants Source : Banque mondiale 2012d ; UNESCO 2012. Note : DIRD = dépenses intérieures brutes en recherche et développement. Transformer les économies arabes 23 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Figure 21 Demandes de dépôt de brevet émanant des résidents par rapport aux non-résidents (moyenne annuelle 2000-10) résident non résident Source : Indicateurs du développement dans le monde, Banque mondiale. Figure 22 Figure 23 Total des exportations par catégorie de Le positionnement de la politique de l’innovation technologie en MENA, 2005-2009 Économie fondée pourcentage du total des exportationss manufacturées sur la connaissance Politique d’innovation Politique de S&T recherche commerce éducation exportations basées sur les ressources naturelles politique exportations de moyenne intensité technologique d’innovation exportations à faible intensité technologique autres finance exportations de haute-technologie industrie Source : ONUDI 2011. Source : Banque mondiale 2010c. 24 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Au-delà des politiques scientifiques et technologiques. Comme qu’ils souffrent d’un manque de professionnalisme, de gestion dans de nombreux pays, les décideurs arabes, estimant que appropriée, de connexions adéquates aux réseaux techniques ou l’innovation émergerait naturellement d’un effort de R&D commerciaux et de liens avec des apporteurs de capital-risque. supplémentaire, ont investi massivement dans la recherche Certains pays, comme le Liban, ont été en mesure de trouver académique, dans des structures de R&D et des laboratoires des moyens de mobiliser du capital en utilisant des garanties publics. Puis, lorsque les résultats de ces investissements se publiques (encadré 6). Les innovateurs ont également besoin sont révélés décevants, inspirés par les tendances mondiales d’un accès libre et facile aux services technologiques pour tester alors à la mode, ils ont commencé à consacrer des ressources leurs idées et leurs inventions. De plus, l’environnement dans considérables à la construction de sites d’innovation sous la lequel ils opèrent doit offrir des normes efficaces, des équipe- forme d’incubateurs et de parcs technologiques. Cette tendance ments de mesure, et les infrastructures connexes. s’est développée au cours de la dernière décennie, se concen- trant sur les entreprises de technologie de l’information, qui Mettre les structures de recherche au service de l’économie représentent environ la moitié des entreprises et des emplois et de la société. Les structures de recherche publiques et créés dans ces sites. Plus récemment, en s’appuyant sur les universitaires de la région devraient être systématiquement tendances internationales, les décideurs ont développé et évaluées. Un critère d’excellence strict devrait être appliqué perfectionné leurs instruments d’intervention, comme par lors de l’évaluation des efforts de recherche fondamentale, exemple, pour stimuler la coopération université-industrie alors que des critères liés à la pertinence économique, sociale ou pour mobiliser du capital-risque. La nécessité d’élargir le et environnementale sont plus appropriés pour l’évaluation de la concept d’innovation, et de la politique propre à la stimuler, doit recherche appliquée. La coopération entre les universités et le être réaffirmée avec force (figure 23). Les décideurs de la région monde des affaires est essentielle pour le processus d’innovation. devraient prioritairement : soutenir les innovateurs, adapter les Des incitations gouvernementales efficaces, comme en témoigne structures de recherche en les mettant au service de l’économie, l’expérience de nombreuses économies avancées et émergentes, renforcer les liens entre universités et entreprises, et organiser stimulent la coopération pour des projets spécifiques par le biais la façon de tirer profit des connaissances mondiales. de fonds de contrepartie (matching funds) qui augmentent les contributions du secteur des entreprises. Plusieurs pays, comme Soutenir les innovateurs. La politique d’innovation devrait com- l’Égypte, ont mis en place des programmes bien conçus dans mencer par la mise en place de mécanismes pour soutenir les ce domaine (encadré 7). Il est également nécessaire d’éliminer innovateurs : un soutien technique, commercial, juridique et systématiquement toute une série d’obstacles réglementaires financier apporté par des structures telles que des incubateurs qui empêchent la coopération université-industrie, tels que des opérant au plus près des innovateurs. Les incubateurs se sont systèmes de rémunération ou d’indemnisation excessivement multipliés dans les pays arabes, comme ailleurs, mais ils ont restrictifs pour les chercheurs ou les professeurs qui collaborent, obtenu des résultats inégaux dans la région, souvent parce les mécanismes de transfert de pension et autres. Encadré 6 Encadré 7 Kafalat, une institution libanaise Promouvoir des projets collaboratifs de R&D fournissant du capital-risque entre l’université et l’industrie en Égypte Kafalat, une société libanaise créée en 1999, fournit Le Fonds d’innovation a constitué la composante principale du des garanties de prêt aux petites et moyennes Programme de recherche, de développement et d’innovation entreprises (PME) sur la base de plans d’affaires en Égypte (fonctionnant avec des ressources fournies par et d’études de faisabilité. Elle s’adresse aux start- l’Union européenne). Lorsqu’il était actif, le Fonds soutenait ups innovantes et aux PME dans les secteurs de des projets transversaux liés aux défis industriels et aux pri- l’industrie, l’agriculture, le tourisme, l’artisanat orités nationales. Les projets étaient lancés et gérés en col- traditionnel et la haute technologie. Les prêts laboration entre les organismes de recherche et l’industrie. garantis par Kafalat bénéficient de bonifications Des subventions étaient accordées sur une base concurren- de taux d’intérêt financées par le Trésor libanais tielle à des consortiums menant des projets de collaboration et administrées par la Banque centrale du Liban. provenant des universités, des instituts de recherche et de Kafalat aide les emprunteurs en utilisant ses études l’industrie. À partir d’un grand nombre de propositions de de faisabilité pour inciter les prêteurs à exiger une haute qualité qui indiquaient clairement une demande des garantie inférieure. Kafalat sert également l’intérêt milieux de la recherche et des affaires, le Fonds d’innovation du prêteur en réduisant les risques de crédit. Les a pu sélectionner 51 projets en vue d’un financement avant de prêts garantis par Kafalat en livres libanaises sont rencontrer des restrictions budgétaires. Près de 43 pour cent exempts de la nécessité d’assurer des réserves des 134 bénéficiaires du fonds provenaient de l’industrie et ont obligatoires décidées par la Banque centrale du contribué à environ 1,6 million € (en tant que cofinancement) Liban. Cela réduit le coût du capital de la banque pour les dépenses de R&D de l’Égypte, ce qui reflète claire- prêteuse et lui permet d’accorder des prêts à des ment un intérêt pour la R&D basée sur la recherche appliquée taux d’intérêt moindres. Le système de garantie du et la demande du marché. Grâce au soutien du Fonds pour la crédit Kafalat encourage la création d’entreprises collaboration internationale, plus de 26 partenaires européens et a fait progresser les investissements nationaux, et méditerranéens ont participé à des projets qui ont conduit les rendements et les emplois. Actuellement, le à un échange de connaissances et de savoir-faire avec leurs montant maximal du prêt garanti Kafalat Innovation homologues égyptiens. Sept collaborations ont permis de dével- est de 300 millions de livres libanaises (environ opper de nouveaux produits et services qui devraient générer 200 000 US$). environ 40,4 millions € en retour sur investissement d’ici à 2014. Source : Auteurs, sur la base de www.kafalat.com.lb Source : www.rdi.eg.net. Transformer les économies arabes 25 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Aider à tirer profit des connaissances et des technologies transport et l’électricité au siècle dernier. Les pays arabes mondiales. L’une des façons les plus importantes d’améliorer ont investi massivement dans les TIC au cours des 15 la technologie nationale est d’exploiter et d’utiliser la tech- dernières années. La téléphonie mobile a connu une forte nologie étrangère qui est disponible en abondance à travers croissance dans la région, comme dans la plupart des pays une variété de canaux. Les entreprises multinationales qui du monde (figure 24). opèrent dans le pays sont une source primordiale de trans- ferts de connaissances et de technologie. Plusieurs initiatives Les pays dans le monde arabe en sont à divers stades de dans la région, y compris celles du Maroc dans les industries l’économie numérique. Le Global Information Technology automobile et aéronautique, et en Jordanie dans les technolo- Report 2012 du Forum économique mondial (FEM) couvre 142 gies de l’information, montrent la voie dans ce domaine. La économies et comprend un Indice de préparation au numérique technologie est également accessible via les réseaux de la (Networked Readiness Index (NRI)), qui indique le degré auquel diaspora qui ont l’avantage supplémentaire d’apporter des des économies maîtrisent les TIC11. Les pays du CCG figurent à capacités financières et de gestion cruciales, comme au Liban, nouveau en bonne place pour leurs classements dans les deux et qui peuvent être mobilisées avec des systèmes appropriés, compilations de l’indice de 2010-11 (138 économies) et 2012 comme l’ont démontré par exemple l’Ecosse, le Chili et la Chine. (figure 25), avec 3 pays dans le top 30 (Bahreïn, le Qatar et les EAU) grâce à leur environnement propice à l’entrepreneuriat et à l’innovation, doublé d’une bonne préparation aux TIC (infra-  évelopper une société de D structures, accessibilité financière et compétences). l’information Des progrès ont également été réalisés dans la pénétra- tion d’Internet. Entre 2000 et 2010, le nombre d’utilisateurs Dans le monde actuel, basé sur la connaissance et marqué d’Internet au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) a par les extraordinaires progrès des technologies de la décuplé pour atteindre plus de 100 millions. A la fin de la communication, les pays doivent se transformer en socié- période, la pénétration variait selon les pays, allant de 12 tés de l’information dynamiques10. Les technologies de utilisateurs pour 100 habitants en Algérie à 85 pour 100 au l’information et de la communication (TIC) sont l’épine Qatar (figure 26). La pénétration d’Internet peut avoir des dorsale des économies d’aujourd’hui, comme l’étaient le effets bénéfiques sur l’économie. Une augmentation d’un Figure 24 Abonnements de téléphonie mobile dans les pays MENA, 2011 abonnés à la téléphonie mobile (pour 100 personnes) Source : Banque mondiale 2012d. 10. Lors du Sommet mondial de 2003 sur la société de l’information organisé par l’Union internationale des télécommunications, les dirigeants mondiaux ont pro- clamé leur « volonté et leur détermination communes d’édifier une société de l’information à dimension humaine, inclusive et privilégiant le développement, une société dans laquelle chacun ait la possibilité de créer, d’obtenir, d’utiliser et de partager l’information et le savoir, et dans laquelle les individus, les communautés et les peuples puissent ainsi mettre en œuvre toutes leurs potentialités en favorisant leur développement durable et en améliorant leur qualité de vie » (www.itu.int/wsis/basic/faqs.asp). 11. Le cadre du NRI 2012 mesure le degré auquel le marché et le cadre réglementaire d’un pays soutiennent des niveaux élevés d’utilisation des TIC, le degré de préparation de la société à faire bon usage d’une infrastructure de TIC abordable, les efforts des individus, des entreprises et des gouvernements pour accroître leur capacité à utiliser les TIC, ainsi que l’utilisation effective des TIC dans leurs activités quotidiennes et les répercussions économiques et sociales générales découlant des TIC et la transformation d’un pays vers une économie et une société maîtrisant les TIC et la technologie. 26 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? point de pourcentage dans le nombre d’utilisateurs d’Internet élevée en Bulgarie qu’en Tunisie, au Maroc et en Jordanie. Le est corrélée à une augmentation des exportations de 4,3 points prix par mégabit en Bulgarie était trois fois inférieur à celui du de pourcentage des pays à faible revenu et de 3,8 points de Maroc et cinq fois inférieur à celui de la Tunisie (Chauffour 2013). pourcentage pour les pays à revenu élevé (Qiang, Rossotto, et Kimura 2009). Mais la diffusion d’Internet dans de nombreux La poursuite du développement de la société de l’information pays a été entravée par le manque d’accès au haut débit et à la dans les pays arabes nécessite d’agir sur plusieurs fronts : bande passante internationale, laissant ces pays loin derrière augmenter la pénétration du haut débit, utiliser les appli- de nombreux concurrents potentiels. En 2009, la bande pas- cations des TIC de manière plus efficace, et améliorer les sante Internet disponible par habitant était de 18 à 20 fois plus compétences en TIC. Figure 25 Le classement des pays de la région pour l’indice de préparation au numérique (NRI) pour 2010-11 et 2012 NRI 2012 NRI 2010-11 Source : FEM et INSEAD, 2011 et 2012. Figure 26 Nombre d’utilisateurs d’Internet dans les pays MENA, 2011 Utilisateurs d’Internet (pour 100 personnes) Source : Banque mondiale 2012d. Transformer les économies arabes 27 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Augmenter la pénétration du haut débit. L’accès au haut débit premier pays de la région MENA à mettre en ligne au moins une dans la région MENA est restreint, malgré une vaste demande partie de ses données publiques. En Tunisie, dans le cadre de sa inexploitée (figure 27). Ceci est principalement la conséquence nouvelle politique de responsabilisation sociale qui a bénéficié en de l’absence de concurrence dans le marché du haut débit. Cette 2011 du soutien de la Banque mondiale, le Cabinet du Premier situation doit être corrigée car des gains potentiels sur l’emploi ministre a créé un système de « fiche de notation citoyenne », (estimés entre 2,5 et 4 emplois supplémentaires pour chaque surnommé le « Baromètre des services publics » et conçu pour emploi dans les activités liées au haut débit) pourraient en résulter renforcer la responsabilité sociale et la bonne gouvernance dans (Kelly et Rossotto 2012). Les progrès en matière de connectivité les services publics. Le vaste potentiel des TIC devrait également au haut débit sont doublement importants car ils permettent à de être exploité dans les domaines de l’éducation, de la santé, des nouveaux services d’émerger et à des services existants, comme affaires et d’autres activités économiques, en collaboration avec l’externalisation des processus d’affaires (BPO), de se développer. le secteur privé. Les gouvernements peuvent apporter leur aide en augmentant les dépenses pour les TIC, par la promotion des Figure 27 connaissances en TIC dans les écoles, le développement de ser- Comparaison de la pénétration du mobile et du vices gouvernementaux en ligne, et, au besoin, en subventionnant haut débit dans la région MENA et pour l’OCDE la formation en TI au sein de l’administration. Améliorer les compétences des travailleurs en TI pour accroî- tre la productivité et l’employabilité. Les TIC façonnent les MENA tendances de l’emploi et favorisent de nouvelles possibilités comme le micro travail, les contrats faisant appel aux TIC, les OCDE emplois liés aux jeux en ligne, et la croissance de l’économie des  applications. Une approche multiforme sera nécessaire dans le monde arabe pour introduire les TIC dans tous les niveaux du système éducatif, pour développer les contenus numériques et augmenter la connaissance des TIC de la popu- lation. Les TIC peuvent créer de nouveaux emplois pour les travailleurs ayant tout type de compétences, contourner cer- taines des rigidités du marché du travail, et favoriser l’esprit d’entreprise et l’innovation. Les services reposant sur les technologies de l’information (ITES) et l’externalisation des processus d’affaires (BPO) sont d’autres sources d’emplois qui Source : Rossotto et al.2011. répondent à la demande de services des pays européens subis- sant une réduction de leur main d’œuvre. Le développement Utiliser les applications des TIC de manière plus efficace, y des services logiciels faciles à utiliser peut considérablement compris pour les services publics. Les applications du numéri- réduire les obstacles à l’emploi en permettant la délégation de que dans l’administration (e-government) ne sont pas encore suf- micro tâches (microtasking) et l’externalisation ouverte (crowd- fisamment développées dans la région pour induire une meilleure sourcing). Il est particulièrement important d’encourager le productivité, mais on a pu relever des efforts notables (encadré développement des contenus Web en arabe pour la diffusion 8). S’engager dans cette direction nécessite une série d’actions des avantages des TIC. Une approche globale de la réforme de complémentaires les unes des autres : accroître la transparence la réglementation en matière de TIC devrait inclure une légis- des données publiques, ce qui rend possible l’approvisionnement lation qui garantisse la liberté d’information et d’expression, électronique (e-procurement), et promouvoir la participation des qui soutienne le pluralisme et l’indépendance des médias, et citoyens à l’amélioration de la redevabilité. Le Maroc a été le favorise le libre accès aux données gouvernementales. Encadré 8 YESSER et e-gouvernement en Arabie saoudite Le programme national d’e-gouvernement d’Arabie saoudite, connu sous le nom de YESSER, est conçu pour fournir des services publics de meilleure qualité et améliorer l’efficience et l’efficacité dans le secteur public. Des actions réglementaires et politiques complémentaires visent à favoriser la compétitivité et la création d’un environnement d’affaires favorable aux TIC. Durant ses cinq premières années d’exploitation, YESSER a accompli des progrès dans deux domaines importants : (i) la mise en œuvre de services partagés fiables qui assurent des flux d’information du gouvernement sécurisés et la fourniture de services en ligne sécurisés, et (ii) l’offre d’une infrastructure organisationnelle pour aider les organismes gouvernementaux à développer et mettre en œuvre leurs plans de transition vers l’e-gouvernement, dans lesquels des services traditionnels sont placés en ligne, avec des avantages en termes de commodité, rapidité et des coûts inférieurs. Le programme national d’e-gouvernement saoudien entre à présent dans sa deuxième phase quinquennale, dans laquelle l’accent est à nouveau mis sur la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. En prenant en compte et en soutenant l’e-gouvernement (pas seulement comme un ensemble de mesures dont l’objectif est d’offrir plus de services publics en ligne, mais comme un outil de transformation pour améliorer la relation entre le gouvernement, les entreprises et les citoyens), YESSER a développé des politiques de ressources humaines et des moyens novateurs pour attirer et retenir les talents. Aujourd’hui, l’expérience acquise par l’Arabie saoudite avec YESSER peut aider d’autres secteurs de l’administration publique, ainsi que d’autres pays. Source : FEM 2010. 28 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? La diversification sera également important de consacrer des efforts particuli- ers à des secteurs qui offrent un fort potentiel de croissance sectorielle et spatiale et de création d’emplois. Progresser dans la chaîne de valeur en adoptant les meilleures pratiques pourrait transformer fondée sur l’économie les avantages comparatifs existants dans le monde arabe en avantages compétitifs. En plus des niches dans les industries des TIC, des opportunités peuvent se trouver dans plusieurs de la connaissance secteurs prometteurs comme les activités liées au tourisme médical et de santé, les industries créatives et la croissance verte (tableau 3). Les secteurs établis ont aussi un rôle majeur à jouer. Ces secteurs (l’agro-industrie, les textiles et les produ- F  aciliter le développement de secteurs its chimiques), nécessitent généralement beaucoup de main prometteurs d’œuvre et représentent la majorité des emplois industriels dans la région. En outre, les industries à forte intensité de Cette étude a mis en évidence un ensemble de réformes à technologie, comme les composants automobile et aéronau- entreprendre à l’échelle de l’économie toute entière. Mais il tiques, peuvent être attrayantes pour certains pays.  TABLEAU 3   Actions nécessaires pour promouvoir la croissance dans des secteurs nouveaux et établis ­ Secteurs Actions nécessaires Optimiser la chaîne de valeur afin de renforcer les liens verticaux. Secteurs établis (tels que Concevoir des politiques de soutien pour promouvoir la R & D notamment dans les produits de niche. l’agroalimentaire, et le Mettre en place une stratégie pour lutter contre la dualité de ces secteurs (entreprises informelles textile) à faible niveau de technologie par opposition aux multinationales à moyenne et haute intensité de technologie). Créer des plateformes afin faire se rencontrer l’offre et la demande de travail. Encourager les services électroniques et de transfert d’argent par téléphone portable et le financement participatif (crowdfunding). Secteurs liés aux TIC Créer des plateformes de microtasking et de crowdsourcing, et développer l’externalisation des processus d’affaires (BPO) en milieu rural pour la main-d’œuvre peu qualifiée. Développer du BPO haut de gamme, renforcer les liens entre les entreprises et les universités (incubateurs pour les entrepreneurs de TIC, plateformes de co-création, etc.). Stimuler les investissements dans le secteur des médias et du divertissement et ajouter de la valeur aux productions. Exploiter le potentiel des nouvelles technologies pour répondre à la demande dans le domaine des biens culturels (par ex. : les industries du livre, de la musique et du cinéma) qui reflètent les valeurs de Industries créatives clients arabes. Faire progresser le cadre juridique traitant des taxes et des droits de propriété intellectuelle. Améliorer les qualifications éducatives, administratives et techniques pour améliorer la productivité et augmenter le nombre de start-ups Améliorer les stratégies de promotion pour gagner des parts de marché en améliorant l’accueil et en combinant d’excellents services médicaux avec des activités touristiques. Entreprendre la certification des établissements de santé qui répondent aux normes de qualité Tourisme de santé internationales. Réévaluer les mécanismes réglementaires des soins de santé en considérant les objectifs de santé nationaux et les objectifs du commerce extérieur. Soutenir le créneau des nouvelles industries vertes et les entrepreneurs pour accélérer la création d’emplois verts. Développer des stratégies nationales pour la protection de l’environnement, les économies d’énergie Secteurs de croissance et les énergies alternatives grâce à des programmes qui combinent, lorsque cela est nécessaire, des verte efforts de R&D, les marchés publics, la certification de la qualité et la formation. Faire progresser la coopération internationale en suivant des modèles d’activité qui correspondent aux avantages comparatifs de la région. Transformer les économies arabes 29 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Le développement de chaque secteur nécessite des mesures nés dans les chaînes de valeur internationales et ils doivent coordonnées sur les différents piliers de l’économie de la exploiter pleinement les avantages comparatifs résultant des connaissance. Cela implique un climat d’affaires attrayant, des conditions naturelles ou des conditions et compétences créées. programmes de formation adéquats, la mise à niveau de la Les réussites, comme celles du textile en Tunisie12 et des TIC technologie et la capacité d’innover, et une bonne infrastruc- en Jordanie13 montrent la voie à suivre. Les différents plans ture, à la fois pour les TIC et dans les domaines conventionnels sectoriels du Maroc constituent un cadre d’action qui peut tels que le transport. Les secteurs doivent être bien position- inspirer d’autres pays (encadré 9). Encadré 9 La diversification sectorielle et spatiale de l’économie : l’exemple marocain Une série de plans et programmes destinés à stimuler la croissance économique sont au cœur de la nouvelle vision nationale du Maroc. Ces plans peuvent être divisés en trois catégories : (i) les plans « fonctionnels » axés directement sur un ou plusieurs des piliers de l’économie de la connaissance, (ii) des plans sectoriels ayant des composants intégrés à l’économie de la connaissance, et (iii) des plans régionaux qui représentent l’extension d’un précédent plan à une zone spécifique du pays. Parmi les exemples décrits ci-dessous, le Plan Azur est le seul dont les résultats sont disponibles, les autres sont trop récents pour avoir produit des résultats mesurables. Le Pacte National pour l’Emergence Industrielle couvre six grands secteurs : l’offshoring, l’automobile, l’aéronautique et l’espace, l’électronique, le textile et le cuir, et l’agroalimentaire. Cette stratégie industrielle sur 10 ans combine des actions pour soutenir l’investissement, la formation, les exportations, etc. Elle vise à augmenter le produit intérieur brut du pays (PIB) de 91 milliards de dirhams marocains, à créer jusqu’à 440 000 emplois, à réduire le déficit commercial de 50 pour cent, et augmenter le taux de croissance du pays de 1,6 pour cent. Ce plan devrait également aider les secteurs exportateurs en difficulté. Le Plan Vert réorganise les producteurs agricoles au sein de structures intégrées pour faciliter la commercialisation et l’exportation. Le programme reflète l’importance de l’agriculture pour l’économie et la société du Maroc. Le plan com- prend une nouvelle politique foncière, l’amélioration de la gestion des ressources en eau et un ensemble d’incitations fiscales. Le plan vise un secteur qui contribue pour 19 pour cent du produit national brut du Maroc (15 pour cent pour l’agriculture et 4 pour cent pour l’agroalimentaire). Le secteur emploie plus de quatre millions d’habitants en milieu rural et a créé environ 100 000 emplois dans l’agroalimentaire, tout en assurant la sécurité alimentaire de 30 millions de consommateurs. Le plan devrait permettre de créer 1 à 1,5 million d’emplois d’ici 2020. Le plan Halieutis a permis la création de plaques tournantes pour la transformation de la pêche régionale à travers le développement de la pêche pélagique et des produits congelés à forte valeur ajoutée. Le but ultime est de transformer le secteur de la pêche en un véritable facteur de croissance économique d’ici 2020 en doublant la part du secteur dans le PIB et en faisant passer le nombre d’emplois de 61 650 actuellement à 115 000 emplois directs et 510 200 emplois indirects. Le Plan Azur initial visait à créer six stations balnéaires pour attirer 10 millions de touristes d’ici 2010. Cependant, le plan a été réajusté en 2007. Le nouveau Plan Azur 2020 vise à tirer profit des enseignements apportés par l’ancien plan et à créer 470 000 nouveaux emplois, à doubler le nombre de touristes et à augmenter la part du tourisme dans le PIB de 2 points de pourcentage en 2020. L’initiative Maroc Innovation fixe des objectifs ambitieux pour les brevets et les start-ups innovantes, en améliorant l’image du Maroc en tant que site de recherche et développement, en particulier dans les biotechnologies, les TIC, les matériaux, les nanosciences et les nanotechnologies. Les priorités comprennent une compétitivité axée sur l’innovation, la production de technologie et l’exploitation de la capacité de R&D des universités. L’objectif est aussi d’attirer les talents afin d’établir une culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat. D’autres mesures comprennent la création de cités de l’innovation, la collaboration avec des programmes d’innovation de l’UE, et l’élévation du niveau de financement de la R&D à 2 pour cent du PIB en 2020, avec 25 pour cent provenant de sources privées. Source : Ministère marocain de l’Économie et des Finances 2011. 12. La Tunisie a réussi à améliorer la qualité de sa production grâce à la confection, la finition et la co-production de vêtements. Le secteur textile a fait un saut qualitatif en s’appuyant sur des actifs non conventionnels : la créativité, l’innovation, le marketing, et l’investissement dans les nouvelles technologies. Sur le plan local, plusieurs laboratoires et unités de recherche, pour la plupart situés à l’université de Monastir, ont été impliqués. Le passage à des activités à plus forte valeur ajoutée et innovantes a sauvé au moins 200 000 emplois et 40 pour cent des exportations industrielles de la Tunisie (MEDIBTIKAR et EuroMed 2009). 13. Les TIC représentent jusqu’à 15 pour cent du PIB en Jordanie. Une des réussites du secteur des TIC de la Jordanie a été le développement de Maktoob, le plus grand portail arabe, puis son acquisition par Yahoo!, le portail Internet mondial et moteur de recherche. La Jordanie a également pris des mesures pour devenir un centre régional de développement des TIC, par le biais de partenariats avec Microsoft et Cisco, afin d’offrir des possibilités d’emploi plus attrayantes pour les jeunes diplômés hautement qualifiés. 30 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Divers créneaux porteurs peuvent être développés. Certains Encadré 10 créneaux porteurs identifiés par des investisseurs étrang- ers au cours de la dernière décennie sont détaillés dans Le ratio emploi-efficacité des investisse- l’encadré 10. Ils comprennent des activités de services tels ments : Combien d’emplois vont rapporter que les centres d’appels, le développement de logiciels, les 1 million € ? services de conseil et d’affaires et les centres de R&D et les activités de fabrication telles que le textile, l’automobile, Estimations du nombre d’emplois créés par million les composants électroniques, et l’agro-industrie. Le ratio d’euros investis, basées sur l’analyse de plus de 5 emploi-efficacité, qui exprime le nombre d’emplois créés 000 projets d’investissements étrangers directs, 1 par million d’euros investis, varie d’environ 40 à pas moins 500 études de faisabilité des investissements, 1 600 partenariats d’entreprises, et 20 000 communiqués de 300. On remarque que la R&D est un domaine attrac- de presse d’entreprises sur la période 2003-10 : tif, qui, avec 211 emplois créés par million d’euros investis, 299 : centre d’appel (quel que soit le secteur) affiche un potentiel intéressant, jusqu’ici sous-exploité dans 211 : centre R&D (technologies de l’information et les pays arabes. Étonnamment, des secteurs tels que les de l’automobile) travaux publics, l’immobilier, les services publics, le tourisme, 196 : confection textile et des domaines tels que les franchises, la logistique, les 136 : services de conseils et services aux sièges et les centres administratifs, présentent des résultats entreprises plutôt faibles en termes de coût/efficacité pour l’emploi. De 103 : logiciels (services) manière générale, les emplois créés par les investissements 103 : fabrication de composants électroniques étrangers directs (IED) sont trop coûteux pour se permettre d’espérer que les IED soient la solution aux problèmes de 77 : agro-industrie l’emploi dans les pays arabes, du moins pas dans le Sud de 63 : production automobile et aéronautique la Méditerranée. C’est pourquoi les sources nationales de 39 : « technologies vertes » l’emploi, soutenues par une approche efficace de l’économie Source : ANIMA 2011. de la connaissance, sont cruciales, sans négliger les apports en technologie, gestion, et autres bénéfices des IED. scientifiques et technologiques, souvent situés dans des zones  évelopper des sites et D économiques spéciales dans lesquelles des politiques régle- des lieux dynamiques mentaires ou fiscales exceptionnelles sont appliquées. De tels sites parrainés par le gouvernement ont proliféré dans Les économies modernes se développent autour de sites le monde arabe, qui compte actuellement quelque 50 parcs dynamiques où une masse critique de personnes talentueuses technologiques. Certains ont atteint une taille importante, et compétentes, des employeurs, des entrepreneurs, des employant une main-d’œuvre hautement qualifiée, comme en scientifiques et des financiers se côtoient. Les gouverne- témoigne le site tunisien d’El Gazala, créé il y a une dizaine ments s’efforcent de créer de tels sites sous la forme de parcs d’années (figure 28). Figure 28 Développement de la technopole d’El Gazala (Tunis) : nombre et répartition des employés, 2010 Autres Cadres 5% 10% Techniciens 13% Ingénieurs 72% Source : Auteurs. Transformer les économies arabes 31 Partie 2. Que faire pour construire une économie fondée sur la connaissance et l’innovation ? Cependant, nombre de ces parcs scientifiques et tech- loyale, avec une partie réservée aux petites entreprises locales nologiques ne fonctionnent pas comme pôles d’innovation, compétentes. Comme dans les pays du CCG, la construction mais restent, pour l’essentiel, des opérations immobilières. de nouvelles villes peut stimuler significativement l’innovation Il s’agit à présent de s’assurer que ces sites se développent technologique et sociale, ainsi que la création d’emplois. effectivement, que la coopération entreprise-université est active, et que les entrepreneurs sont en mesure de trouver La connaissance et l’innovation peuvent être utiles dans les les réseaux et les autres formes de soutien dont ils ont besoin. efforts visant à diversifier les activités économiques dans les Une évaluation rigoureuse des efforts déployés à ce jour dans zones rurales. Le développement des zones rurales nécessite le monde arabe permettrait de tirer les enseignements des des investissements dans les infrastructures, l’organisation réussites et d’adopter des mesures pour améliorer le fonc- de coopératives de producteurs, la formation technique et de tionnement des sites établis. Il est également important de tirer gestion, et, éventuellement, la création de pôles (par exemple, le maximum de profit de la prolifération des zones industrielles dans l’industrie agroalimentaire) qui réunissent en un seul lieu spéciales et des zones franches d’exportation en reliant les des installations et des infrastructures pour la recherche et entreprises multinationales qui y opèrent aux industries locales le développement, la fabrication, la commercialisation et la pour faciliter le transfert de technologie et de compétences logistique, le tout permettant d’aider les producteurs ruraux de gestion (comme prévu à Tanger suite à des partenariats à progresser dans la chaîne de valeur. avec Renault-Nissan). Le tableau 4 résume les actions nécessaires pour construire Le développement des villes, établies ou nouvelles, peut des sites dynamiques et novateurs à différents niveaux. Il être une source importante d’innovation et d’emplois haute- convient de noter que le soutien étranger est un facteur ment qualifiés. La modernisation des villes (la rénovation des souvent déterminant dans la réussite du développement de centres historiques des villes (médinas), l’adaptation des sys- ces sites, quels que soient ses formes et ses canaux : IED, tèmes de transport, la réduction de la consommation d’énergie centres de recherche communs, actions de coopération bila- dans les bâtiments, etc.) offre des opportunités considérables térales, participation de la diaspora hautement qualifiée et pour stimuler l’innovation via les marchés publics, à condition autres14. Cela devrait être systématiquement pris en compte qu’ils soient bien administrés et ouverts à une concurrence dans les politiques.  TABLEAU 4   Actions nécessaires pour construire des sites dynamiques et innovateurs ­ Développer des parcs S&T gérés de manière efficace (avec la participation du secteur privé), tout en Parcs scientifiques et favorisant des infrastructures éducatives et de recherche solides et des incitations à la coopération technologiques entre les différents acteurs du processus d’innovation (entrepreneurs, chercheurs, investisseurs en capital-risque, etc. Faire le meilleur usage des zones industrielles et d’exportation afin de faciliter les liens entre Zones d’investissements et les industries locales et les investisseurs étrangers et faciliter le transfert de technologie et de d’exportations spéciales compétences de gestion. Pôles industriels et Faciliter la coopération entre les entreprises et mettre en place des réseaux de commerce et agroalimentaires d’exportation, des services de certification de la qualité et des programmes de soutien financier. Créer une infrastructure appropriée pour la connaissance (éducation, R&D) et établir des incitations efficaces pour attirer les investisseurs et partenaires étrangers talentueux et faire des villes nouvelles Villes nouvelles des centres de l’innovation mondiale. Utiliser à grande échelle les programmes de développement des infrastructures (transport, construction, et ainsi de suite) pour stimuler l’innovation dans les entreprises locales. Déployer des ensembles de mesures (pour des programmes de formation, des mesures incitatives pour les entreprises, un support technique, des infrastructures routières et pour les TIC), afin de Développement rural faciliter l’exploitation des avantages comparatifs locaux (par exemple, dans l’agriculture), pour fixer les populations dans leur milieu et éviter une urbanisation excessive. ³ ° ³ La partie 2 a présenté les éléments de base d’une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation. La question la plus difficile est de savoir comment mettre en œuvre des politiques et des actions adaptées aux caractéristiques et à la situation de chaque pays. Cette question est traitée dans la partie 3. 14. Comme le montrent les parcs technologiques de Rabat et Casablanca au Maroc, El Gazala en Tunisie, le pôle de TI de Amman en Jordanie, et Berytech et d’autres incubateurs au Liban, entre autres. 32 Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Dans ce chapitre °± Chaque pays est unique et dois définir sa propre voie °± Conduire des politiques ambitieuses °± Coordonner les actions au plus haut niveau du gouvernement °± Mobiliser la population à travers une approche participative °±  dapter le modèle au niveau de développement du pays et des capacités du A gouvernement °±  oncevoir un changement progressif allant des micro-initiatives aux change- C ments macro-économiques °± S  timuler l’intégration régionale dans le monde arabe et autour de la Méditerranée Transformer les économies arabes 33 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Chaque pays est sée dans le contexte de l’économie politique de la période actuelle de transition. Ces principes sont : (i) prendre des unique et doit définir mesures ambitieuses, (ii) coordonner les actions de réforme au plus haut niveau, (iii) mobiliser la population par un pro- cessus participatif, (iv) adapter le modèle aux capacités du sa propre voie pays, et (v) concevoir un changement progressif (allant des micro-initiatives aux réformes macroéconomiques). En outre, les processus d’intégration régionale dans le monde Toute stratégie de développement doit être adaptée au arabe et dans la zone méditerranéenne joueront un rôle contexte spécifique de chaque pays. Le monde arabe est très crucial dans la transition globale. Les questions abordées ci- diversifié et comprend des pays ayant des caractéristiques dessous concernent ce qui est parfois appelé le « cinquième très différentes (tableau 5). Néanmoins, il est possible de pilier » de l’économie de la connaissance, et qui se rattache présenter un ensemble de principes généraux pour guider à un processus qui crée un climat de confiance autour de les décideurs dans la mise en œuvre de la stratégie propo- la nouvelle stratégie.  TABLEAU 5   Hétérogénéité des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ­ Disponibilité de la main d’œuvre Main d’œuvre abondantea Pays riches en ressourcesb Algérie, République islamique d’Iran, Irak, République arabe syrienne, République du Yémen Pays pauvres en ressources Djibouti, République arabe d’Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Cisjordanie et Gaza Pays importateurs de main Bahreïn, Koweït, Libye, Oman, Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis d’œuvrec et riches en ressources Taille de la population Granded Algérie, République arabe d’Égypte, République islamique d’Iran, Irak, Maroc, Arabie saoudite Petite Bahreïn, Djibouti, Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Oman, Qatar, Tunisie, Émirats arabes unis, Cisjordanie et Gaza, République du Yémen Revenus Faible revenu Djibouti, République du Yémen Revenu moyen inférieur République arabe d’Égypte, Irak, Maroc, République arabe syrienne, Tunisie Revenu moyen supérieur Algérie, République islamique d’Iran Revenu élevé Koweït, Oman, Arabie saoudite, Émirats arabes unis Géographie ou héritage colonial Maghreb Algérie, Libye, Maroc, Tunisie Mashreq République arabe d’Égypte, Irak, Jordanie, Liban, République arabe syrienne, Cisjordanie et Gaza Membres du Conseil de Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Émirats arabes unis Coopération du Golfe a. Fait référence aux rentrées nettes de fonds des travailleurs. b. Tels que définis par la Banque mondiale (2004), « les pays riches en ressources » sont ceux dont les industries extractives représentent, ou sont censés bientôt représenter plus de 50 pourcent des recettes du gouvernement. c. Fait référence aux sorties nettes de fonds des travailleurs. d. Population supérieure à 20 millions. Source : Gatti et al. 2013. 34 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Les dirigeants et les décideurs nationaux devraient s’inspirer Conduire des de l’expérience des pays qui se sont engagés résolument dans des stratégies basée sur la connaissance et l’innovation politiques ambitieuses pour accélérer la croissance économique, rompant avec les stratégies traditionnelles. L’approche devrait être animée par l’ambition, la vitesse et la mobilisation de la population autour de la nouvelle vision, comme le montrent les exemples de plusieurs pays (encadré 11). Encadré 11 Les conditions de la réussite : les leçons d’expériences nationales exemplaires Un processus durable et fiable est essentiel. Telle est la leçon tirée d’études de plusieurs pays qui ont poursuivi une crois- sance fondée sur la connaissance et l’innovation, parmi eux se trouvent la Finlande, la République de Corée, la Malaisie, Singapour et l’Irlande (malgré la crise récente qui l’a affectée) (Banque mondiale, 2007a). Les mêmes études suggèrent qu’un processus multipartite conduisant à un engagement national clairement défini, entraîne des niveaux de croissance plus élevés que les processus habituels. Contenu : Les piliers de l’économie de la connaissance Les gouvernements des pays qui ont réussi ont concentré leurs efforts sur les quatre piliers de l’économie de la connais- sance, en mettant en œuvre des réformes ambitieuses sur tous les fronts : ­ ont amélioré la qualité de leur système d’éducation (de l’éducation de la petite enfance jusqu’aux systèmes • Ils d’apprentissage tout au long de la vie), en fixant par là même souvent la norme pour le reste du monde (Finlande, Corée, Singapour). ­ ont pris des mesures audacieuses pour développer une « écologie de l’innovation » dynamique, en utilisant diverses • Ils voies d’accès (la relance de la recherche et développement (R&D) pour la Finlande et des investissements étrangers directs (IED) dans la haute technologie pour l’Irlande). ­ ont amélioré le climat des affaires en réduisant les coûts de transaction, grâce à la promotion de l’esprit d’entreprise • Ils et ils ont parfois même transformé leurs villes en véritables aimants à talents en assurant des conditions de vie et de travail attrayantes. En fait, ils ont transformé leur économie en un point d’attraction dynamique pour les entreprises de partout dans le monde, des multinationales aux start-ups (Irlande, Luxembourg, Singapour). ­ ont fait des investissements importants dans les infrastructures des TIC et des applications catalytiques tels que • Ils l’administration numérique (Estonie, Corée, Malaisie, États nordiques). Processus : ambition, vitesse et mobilisation ­ • Ambition. Le gouvernement a lui-même proposé une vision audacieuse, il est devenu le premier acteur du changement et a mobilisé toute la nation autour d’un effort national ambitieux, en commençant par quelques mesures stratégiques clés. La Finlande a considérablement accru ses dépenses publiques de R&D lorsque l’austérité budgétaire aurait normalement été conseillée. L’Irlande a diminué le taux d’imposition des sociétés et a attiré les IED qui stimulent l’économie de la connaissance. La Corée a rapidement augmenté la densité et l’utilisation du haut débit à tel point qu’elle est aujourd’hui un leader mondial sur ces indicateurs. ­ • Vitesse. Dans chaque cas, le processus adopté par les gouvernements des pays qui ont réussi a mis en avant l’action immédiate, ce qui contraste avec l’approche plus traditionnelle consistant à rédiger des rapports volumineux ou des schémas directeurs en espérant que cela conduise d’une manière ou d’une autre aux changements nécessaires sur le terrain. ­ • Mobilisation. De nombreux pays qui ont réussi ont mis en place un mécanisme permettant de mobiliser les parties prenantes concernées et les acteurs du changement. Source : Rischard 2009. Transformer les économies arabes 35 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Coordonner les actions Une stratégie de l’économie fondée sur la connaissance est une stratégie fondamentalement transversale, dans au plus haut niveau du laquelle les principales politiques sont mises en œuvre dans un cadre cohérent et intégré. Les pays qui ont poussé cette gouvernement logique jusqu’à ses limites ont particulièrement bien réussi à accélérer leur développement et leur transformation. La Corée et la Finlande (encadré 12) offrent deux exemples mar- quants d’un intérêt particulier pour le monde arabe, car leur approche intégrée a été entreprise en réponse à une crise : en Corée dans les années 1990 (la crise financière asiatique), et en Finlande au début des années 1990 (après l’éclatement de l’Union soviétique, un partenaire commercial important). Encadré 12 Les principaux organes de coordination des stratégies de développement basées sur la connaissance et l’innovation en République de Corée et en Finlande La République de Corée En 1998, suite à la crise financière asiatique, la Corée a lancé une stratégie nationale visant à progresser vers une économie de la connaissance. L’impulsion initiale est venue du journal Maeil Business qui a mis en avant son Projet « Vision Corée » dans une campagne nationale en février 1997 et a développé le premier Rapport « Vision Corée ». Le ministère de l’Économie et des Finances a défendu l’agenda politique de l’économie de la connaissance. L’Institut du développement coréen (KDI), sorte d’ « intégrateur de systèmes », a coordonné le travail d’une douzaine de groupes de réflexion. Un rapport commun de la Banque mondiale et de l’OCDE en 2000 a fourni un cadre aux réformes dans différents domaines politiques. La stratégie de la connaissance de la Corée d’avril 2000 s’est transformée en un plan d’action sur trois ans. Pour mettre en œuvre le plan d’action, le gouvernement a créé cinq groupes de travail (impliquant 19 ministères et 17 instituts de recher- che). Le ministère de l’Économie et des Finances en était le coordinateur. Chaque ministre a présenté un rapport trimestriel d’auto-surveillance au ministère de l’Économie et des Finances, qui à son tour a publié un rapport intégré détaillant les progrès. Les résultats à moyen terme et les ajustements du plan d’action sur trois ans ont été régulièrement mis en œuvre. La Corée dispose à présent d’un ministère de l’Économie de la connaissance, qui rassemble les actions en faveur des industries traditionnelles, la recherche et développement, et les appuis aux entreprises. Ce ministère comprend les anciens ministères de l’Information et de la Communication, des Sciences et de la technologie, et du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie. Cette combinaison rassemble une vaste gamme d’experts et de mesures dans le but de créer des synergies, de stimuler l’innovation et d’améliorer l’économie du pays. Le ministère encourage également le développement de nouveaux moteurs de crois- sance en soutenant les TIC et l’industrie haut de gamme. La Finlande L’accent a été davantage mis sur le pilier de l’innovation que sur le cadre d’ensemble de l’économie de la connaissance, mais la philosophie reste la même. Pour faire face aux défis de la fin des années 1980, un Conseil de la politique scientifique et technologique a été créé en 1990, présidé par le Premier ministre et composé de ministres clés, y compris le ministre des Finances, et de hauts représentants de la communauté des affaires et des syndicats. C’était le premier organe au monde à adopter explicitement la notion de système national d’innovation pour définir et analyser les politiques. Le conseil a été rebaptisé Conseil de la politique de l’innovation au début des années 2000. Au même moment, le parlement finlandais a créé un Comité pour l’Avenir qui a lancé un large débat public sur les tendances et les défis à venir, en particulier ceux liés à la technologie. SITRA, un organisme parlementaire mis en place dans les années 1960 pour promouvoir les initiatives innovantes en faveur de l’économie et de la société, a développé à grande échelle des sessions de formation de haut niveau en matière de politique économique pour les parlementaires et les décideurs clés (comme les chefs d’entreprise et les leaders syndicaux), favorisant ainsi une plus grande compréhension de ce qui contribuait à un développement économique sain. Le gouvernement a également mis en place une puissante agence de l’innovation, TEKES, pour soutenir de nouvelles entreprises à vocation technologique et pour stimuler la R&D innovante, notamment en incitant les universités et l’industrie à travailler ensemble sur des projets spécifiques par le biais de fonds de contrepartie. Source : Auteurs. 36 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Mobiliser la population Le rôle des médias ne doit pas être négligé. Les réseaux de télévision qui couvrent la région arabe ont un rôle important à travers une approche à jouer pour stimuler la fierté et l’intérêt pour le développe- ment innovant des villes, des entreprises, des écoles et des participative laboratoires qui contribuent à créer des emplois, améliorer les conditions de vie et protéger l’environnement. Les médias sociaux sont en train de devenir un outil très puissant pour propager de telles informations, notamment chez les jeunes. La façon dont les stratégies de développement basées sur la connaissance sont mobilisatrices est cruciale pour leur Apprendre de l’expérience d’autres pays. À la lumière des succès. La réussite de la transition dépend de la participation réformes récentes et en cours dans la région et de ses aspira- de la population à tous les niveaux et provenant de toutes les tions, il est important pour les dirigeants et les parties pre- couches de la société. Ce programme ne peut pas et ne doit nantes intéressées de chaque pays d’évaluer où ils en sont dans pas être seulement celui du gouvernement; au contraire, il leur parcours et comment ils peuvent profiter au maximum exige la consultation et la participation des parties prenantes des expériences d’autres pays. Singapour, la Finlande, la du secteur privé et de la société civile, y compris les univer- République de Corée et d’autres réussites (y compris dans sités, les groupes de réflexion et surtout, les médias. Il est la région elle-même), ont progressé en forgeant un consen- nécessaire de travailler sur les quatre piliers grâce à une sus autour de leurs stratégies économiques ; en apprenant combinaison de réformes « top-down » (provenant du sommet) constamment des évolutions mondiales, et en exploitant la et d’initiatives « bottom-up » (partant de la base), renforcées puissance des réseaux des villes créatives et autres lieux par une bonne communication. La participation active de la principaux de la transformation de l’économie mondiale. Il population à travers des engagements partant de la base est est important de rester ouvert à de telles expériences et d’en une composante essentielle d’un nouveau contrat social qui tirer des enseignements, compte tenu du dynamisme de ces doit être mis en place pour la réussite des transitions dans économies sur la scène mondiale comme sources de connais- le monde arabe15. sances, de technologies, d’investissements et de marchés. L’énergie de la population doit être canalisée vers de nou- Encadré 13 velles activités économiques créatrices de richesses et d’emplois, en s’appuyant sur des groupes de réformateurs, L’Initiative Nabni 2012 : 100 mesures d’agents de changement, et d’autres partisans d’une trans- proposées par la diaspora pour formation durable. L’impératif de soutenir ce processus vital une Algérie nouvelle de renouveau social montre l’importance des politiques effi- caces de décentralisation ou de déconcentration du pouvoir (qui Nabni est un think-thank basé sur le Web et créé en avril 2011 pourraient être inspirées par celles adoptées récemment au pour préparer un plan d’action pour une Algérie nouvelle, publié Maroc). Ceci permet d’entretenir une dynamique de change- le 5 juillet 2012, marquant le 50e anniversaire de l’indépendance ment dans la société, tout en développant une masse critique de l’ancienne colonie française. Nabni est soutenue par des de nouvelles initiatives. Ces effets combinés améliorent le dizaines de membres de la société civile algérienne, y compris climat de réformes (figure 28). des membres de la diaspora algérienne. Parmi les agents qui sont capables de catalyser ces change- Nabni a proposé 100 mesures, réalisables à court terme, visant ments se trouvent les membres de la diaspora, en particulier à améliorer la vie quotidienne des citoyens, rétablir la confiance et préparer l’avenir. Les mesures couvrent un ensemble varié ceux possédant des qualifications avancées (scientifiques, de thèmes: l’accès aux services publics, le développement du entrepreneuriales, ou autres), qui ont un rôle clé à jouer en domaine social et de la santé, les conditions de vie des étudiants apportant leur soutien commercial, financier et technique. et des jeunes, les entreprises et l’emploi, l’accès au financement, Dans la région, c’est au Liban que ce rôle est particulière- l’accès au logement, l’aménagement du territoire, l’éducation et ment évident. Les membres de la diaspora peuvent aussi con- la recherche, les infrastructures et la gouvernance et la réforme. tribuer utilement au dialogue national sur l’amélioration de Plus de la moitié des mesures proposées concernent directe- la gouvernance et du climat des affaires, comme on l’observe ment les piliers de l’économie de la connaissance. On trouve aujourd’hui en Algérie (encadré 13). par exemple les propositions suivantes : simplifier le processus de démarrage d’une entreprise, réduire les obstacles bureau- La question du statut et du rôle des femmes est essentielle. cratiques, accorder des bourses aux étudiants afin de facili- La modernisation des sociétés et l’engagement actif dans ter la mobilité et les stages, récompenser l’excellence dans l’économie de la connaissance nécessitent les talents de la recherche, octroyer quatre licences 3G mobiles, établir un l’ensemble du pays. Dans plusieurs pays de la région, le niveau libre accès à l’information gouvernementale, et ainsi de suite. d’instruction des femmes dépasse celui des hommes. Si elles Une fiche récapitulative est disponible pour chacune des 100 mesures proposées, y compris la justification de la mesure, entraient pleinement et librement sur le marché du travail, des détails sur les points clés, et l’identification des institutions cela contribuerait beaucoup à l’économie de chaque pays, tout gouvernementales les mieux placées pour mettre en œuvre en renforçant le statut des femmes dans la vie économique les mesures. et dans la société. Source : Nabni2012.org. 15. Voir les contributions apportées à la Rencontre Valmer du CMI, 27 novembre 2012 (http://cmimarseille.org/E-letter_18-6.php). Transformer les économies arabes 37 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Adapter le modèle approximatives fournies dans la partie 1 un « impact modéré » porterait sur un maximum de 20 pour cent de la population au niveau de active, et un « impact élevé » sur plus de 20 pour cent. Les pays riches en ressources sont évidemment en meilleure développement du position pour s’engager dans des projets audacieux développés à un rythme rapide (comme l’ont fait certains pays du Conseil pays et des capacités de coopération du Golfe (CCG) avec un certain succès). Le point essentiel, toutefois, est d’ajuster les ambitions et les engage- du gouvernement ments à ce que le pays est en mesure de fournir. De ce point de vue, la plupart des pays arabes, même ceux riches en res- sources, font face à des limites et des contraintes. Excepté pour Tout en adoptant pleinement le principe de vitesse d’exécution les petits États du CCG, la Tunisie et le Maroc, qui ont de bons et d’ambition, les décideurs politiques arabes doivent se con- antécédents dans la conception et la mise en œuvre des straté- centrer sur ce qui est réalisable et bien adapté aux besoins gies de l’économie de la connaissance, des efforts substantiels et aux capacités de leur pays. Plusieurs pays arabes font sont nécessaires pour renforcer les capacités administratives face soit à des conditions difficiles de gouvernance, soit à un et de gestion dans la plupart des pays arabes pour mener à bien niveau relativement faible de développement économique et les plans de l’économie fondée sur la connaissance. de l’économie de la connaissance en particulier. Dans de tels contextes, une approche progressive est appropriée, comme le montre l’exemple des pays à faible et moyen revenu qui se sont lancés avec succès dans des régimes de forte croissance durables16. Dans les pays à faible revenu ayant des capacités Concevoir un gouvernementales limitées, les réformes de l’environnement des affaires, par exemple, ne peuvent généralement pas être changement mises en œuvre sur tous les fronts. En effet, elles peuvent même se limiter à des domaines spécifiques, tels que les zones progressif allant économiques spéciales. Sur le front de l’éducation, dans les pays à un stade précoce de développement ou avec d’importantes de micro-initiatives lacunes dans les fondements de l’éducation, il sera important de donner la priorité à l’alphabétisation de base et à la formation aux changements professionnelle et technique, complétés par des efforts ciblés dans l’enseignement supérieur. Sur le plan de l’innovation, il macro-économiques sera nécessaire de se concentrer sur le profit qu’il est possible de tirer des connaissances et de la technologie mondiale et leur adaptation aux besoins locaux, plutôt que sur la construc- Une approche graduelle menant des réformes micro à des tion de structures de pointe pour la recherche et développe- changements macro peut aider à mettre en œuvre la stratégie ment (R&D). Pour le pilier des technologies de l’information et d’ensemble. L’objectif dans les premières phases du processus de la communication (TIC), il sera nécessaire de généraliser de réforme est de changer les mentalités et les comportements. l’accès à Internet et de promouvoir son utilisation à travers Comme mentionné précédemment, des réformes importantes des applications et des services bon marché et conviviaux pour et des effets sur l’emploi ne peuvent pas être espérés à court les citoyens, pour les petites entreprises, et d’autres, tout en terme. La première phase ou la phase pilote doit donc inclure développant les connaissances et compétences afférentes. des microprojets viables et convaincants qui ont valeur de Que l’effort de l’économie de la connaissance soit restreint ou démonstration (c.-à-d. qui ont des effets visibles rapides, en non, il demeure essentiel de démontrer la volonté nationale de particulier pour la création d’emplois, comme des programmes faire de ce nouveau modèle de développement une réussite. de formation pour une nouvelle industrie en demande, des struc- tures d’incubation dynamiques pour les entreprises en crois- Les pays du monde arabe se situent à des étapes diverses sur la sance rapide, des centres de recherche qui sont engagés par voie de l’économie de la connaissance, et les politiques doivent des entreprises étrangères pour des travaux de développement, être adaptées en conséquence. Certains pays ont déjà bien etc. La deuxième phase consiste en une série de projets de ce progressé, tandis que d’autres ne s’y sont pas encore engagés. type organisés en programmes bien conçus, avec une masse Une démarche composée de trois étapes, chacune d’une durée critique. C’est dans cette phase que la perspective globale de approximative de trois à cinq ans, est proposé dans le tableau 6. la communauté des décideurs et de la population commence à À chaque étape, des actions clés sont mises en évidence pour évoluer, les préparant, dans la troisième phase, à des réformes chacun des piliers, y compris la promotion des secteurs de plus larges et plus profondes qui peuvent conduire à des change- croissance. Le tableau reflète l’impératif régional de la créa- ments majeurs à l’échelle nationale. L’ensemble du processus tion d’emplois, en fournissant des indications approximatives peut prendre une décennie ou plus, mais une stratégie nationale de l’impact (direct et indirect) des actions mises en œuvre pour efficace, bien gérée avec une véritable vision de transformation chaque pilier, si elles sont menées avec succès. Il est impossible à long terme, a de fortes chances de réussir (figure 29). Un de donner des chiffres précis de l’impact sur l’emploi consécutif certain nombre de pays arabes sont prêts pour cette troisième aux actions qui sont conduites. Sur la base des estimations étape de réformes et de changements institutionnels majeurs. 16. Pour plus d’informations, voir l’étude complète en annexe 2 (Banque mondiale 2013 à paraître).d’autres incubateurs au Liban, entre autres. 38 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ?  TABLEau 6   Actions appropriées pour différents stades d’avancement vers l’économie de la connaissance ­ Impacts probables sur l’emploi indiqués par la zone grisée (voir note) Étape I : Débutants Étape II : Engagés Étape III : Avancés Faible indice de l’économie fondée KEI moyen, évolution vers une économie KEI élevé, sur la connaissance (KEI) ; politique fondée sur la connaissance et des avec des lacunes de l’économie de la connaissance réformes à grande échelle embryonnaire) Développer des activités de niche Développer des programmes sectoriels en Diversifier d’autres secteurs basées sur les avantages comparatifs, abordant des activités plus compétitives concurrentiels et en construire de notamment dans les services non (chaînes de valeur plus complexes) nouveaux (services) pour devenir des marchands leaders mondiaux Améliorer le régime économique et Étendre les réformes du régime Revoir la gouvernance; renforcer les institutionnel (REI) dans des enclaves économique et institutionnel et consolider capacités de gestion autochtones; ou dans des domaines de politique les réformes de gouvernance; revoir les éliminer les barrières commerciales. particuliers (par ex. la création accords commerciaux d’entreprise) et commencer des réformes de gouvernance fondamentales. Rendre les TIC aussi largement Créer des services TIC et promouvoir les Construire une société de l’information et disponibles que possible et réaliser activités basées sur les TIC (business des connaissances qui serve de modèle à des projets pilotes (pour les petites process outsourcing); accélérer la l’ensemble de la communauté arabe entreprises, les services communautaires, réalisation du haut débit au niveau etc.) national Renforcer les capacités d’innovation Développer des structures de R&D et Construire des structures de R&D haut en s’appuyant sur les connaissances construire des systèmes d’innovation sur de gamme systématiquement connectées étrangères; mener des projets de les compétences autochtones aux réseaux mondiaux démonstration au niveau micro Procéder à des réformes fondamentales Poursuivre les réformes des systèmes Développer des structures d’éducation dans les systèmes éducatifs et introduire d’éducation, en généraliser les progrès à de haut niveau comme des plateformes des changements sélectifs dans tous les niveaux mondiales l’enseignement supérieur. Source : Auteurs. Note : Les zones blanches indiquent peu ou aucun impact sur l’emploi. Les zones bleu pâle indiquent un impact modéré en termes de nouveaux emplois créés ou d’emplois existants sauvegardés. Les zones bleu foncé indiquent un fort impact sur l’emploi. Figure 29 Un agenda pragmatique : Des micro réformes à des changements majeurs Initiatives “top-down” Adoption de Progression réformes Augmentation Masse critique importantes & Projets pilotes à plein progressive de projets changements régime institutionnels Initiatives “bottom-up” Agenda Agenda Agenda immédiat à moyen terme à long terme Source : Banque mondiale 2007a. Transformer les économies arabes 39 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Les exemples des cinq pays arabes membres du CMI montrent • L’ ­ Égypte fait également face à une transition politique comment la stratégie de développement de l’économie de la difficile, avec la mise en place d’une nouvelle consti- connaissance peut être adaptée au contexte national. tution et de nouveaux cadres institutionnels. Par le • Le ­ Maroc est allé assez loin dans la mise en place d’une passé, le pays a engagé des réformes significatives de série de plans nationaux visant à stimuler la diversifica- l’environnement des affaires, comme le montrent les tion sectorielle et spatiale de l’économie (voir encadré 9). évaluations de la Banque mondiale (Banque mondiale, Ces plans ont mobilisé différents secteurs du gouverne- 2007b). Le secteur des entreprises a obtenu de bons ment et aussi des pouvoirs locaux. Leur mise en œuvre résultats dans plusieurs domaines, notamment ceux et leur impact sur les activités économiques, la création liés à la technologie de l’information. Les universités d’emplois, etc., doivent être évalués de près. Il convient et les centres de recherche disposent également d’une aussi d’assurer une meilleure coordination au plus haut certaine capacité de R&D qui peut être mobilisée dans niveau du gouvernement, et d’élargir la communauté des le cadre de programmes efficaces (encadré 7). Il est agents de changement au-delà du noyau initial des réfor- crucial de parvenir à générer un choc des « mentalités » mateurs et des organismes gouvernementaux qui ont initié d’une ampleur suffisante et dans un délai relativement les plans. Une large mobilisation de toute la population (via court afin de mettre le pays sur la voie d’un nouveau des « intermédiaires » tels que les associations profes- développement17. sionnelles, les syndicats et le monde de l’enseignement) • ­ La Jordanie a mis au point une série de réformes devrait susciter une participation plus coordonnée dans inspirées par l’économie de la connaissance au cours la voie d’un développement basée sur la connaissance et de la dernière décennie, notamment dans l’éducation et l’innovation. Elle devrait plus particulièrement faciliter les l’environnement des affaires. Celles-ci ont commencé progrès qui sont encore nécessaires dans l’environnement à porter leurs fruits, comme en témoigne la croissance général des affaires et de la gouvernance afin de créer d’un secteur des TI dynamique. Les débats politiques, un climat de confiance. Une étude de fond sur l’économie ainsi qu’un contexte administratif complexe avec de fondée sur la connaissance au Maroc a également été nombreux organismes qui se chevauchent, semblent préparée par le CMI (Djeflat 2012). faire obstacle à d’autres changements. Dans un tel con- • La ­ Tunisie connaît une évolution difficile vers un régime texte, il est préférable de se concentrer sur la libération démocratique après avoir inspiré les révoltes du « print- du potentiel d’innovation de quelques secteurs dans emps arabe ». Ceci est combiné à une réduction importante lesquels le pays dispose d’un avantage concurrentiel. de l’activité économique, notamment en raison de la chute Le gouvernement a mis en place un Conseil national des échanges commerciaux et des flux touristiques. La de l’innovation et de la compétitivité qui envisage de création d’emplois est la priorité économique et sociale, procéder à une série d’audits détaillés des potentiels avec quelque 650 000 personnes sans emploi, dont 215 d’innovation sectoriels18. 000 ayant eu une éducation postsecondaire. La Tunisie • ­ Le Liban, à l’épicentre des tensions géopolitiques, est bénéficie d’une solide expérience dans la conception de également confronté à un contexte très difficile. Un politiques fondées sur l’économie de la connaissance secteur privé dynamique, soutenu par une solide infra- dans le cadre de ses anciens plans quinquennaux nation- structure de l’éducation et une diaspora fort active, a aux démarrés en 2007. Le pays dispose également d’un contribué à maintenir le développement économique et cadre de fonctionnaires informés et efficaces, et d’une social. Toutes mesures qui peuvent exploiter davantage communauté d’entreprises ayant des capacités compé- ou consolider le potentiel d’innovation du pays sont les titives reconnues, même dans des secteurs hautement bienvenues. Dans cette perspective, un programme de concurrentiels tels que le textile et les vêtements. Ce la Banque mondiale a été mis en place pour soutenir les sont des atouts considérables sur lesquels s’appuyer, start-ups innovantes et la mobilisation de capital-risque notamment en réalisant des plans qui ont été mis en place (Bell 2011). Un autre programme clé se concentre sur pour développer des pôles technologiques et industriels les applications des TIC, en particulier les applications dans divers domaines et en tirant profit de niches généra- mobiles. Lorsque la situation politique se stabilisera, trices d’emplois, par exemple dans les technologies de le pays devrait être en mesure de mener des réformes l’information (BPO, centres d’appels, etc.) avec des pro- plus larges et une stratégie nationale de développement grammes appropriés pour la formation et l’investissement. basée sur l’économie de la connaissance. 17. Conformément à cette approche, certains réformateurs égyptiens, tels que ceux en charge du Plan « Renaissance » et qui conseillent le président égyptien, ont proposé les mesures suivantes : (i) des réformes majeures pour briser la concentration des pouvoirs économiques actuellement détenus par quelques groupes, (ii) la création d’une série de zones économiques spéciales pour attirer les entreprises étrangères, et (iii) un effort considérable pour développer la formation technique et professionnelle. (Session lors du 8ème Rendez-vous de la Méditerranée organisé par l’Institut de la Méditerranée et le Cercle des économistes dans le cadre de la Semaine économique de la Méditerranée à Marseille, le 20 octobre 2012.) 18. Suite à une mission de conseil de la Banque mondiale en 2010-12. Le Conseil national de l’innovation et de la compétitivité (NICC) a élargi sa composition à huit ministres et secrétaires généraux et 27 membres non ministériels sous la présidence du Premier ministre. Le conseil se compose de six sous-comités sectoriels pour la logistique, les services médicaux et pharmaceutiques, le tourisme, les énergies propres, les TIC, et l’industrie manufacturière qui correspondent aux secteurs à fort potentiel identifiés dans le programme de l’USAID sur les pôles d’innovation. On y trouve aussi un sous-comité « Innovation et Développement » se concentrant sur des réformes transversales non sectorielles. 40 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? Stimuler l’intégration l’éducation, la recherche et l’innovation, des programmes con- joints permettraient aux pays arabes d’utiliser et d’atteindre plus régionale dans le facilement les masses critiques nécessaires. Dans les infrastruc- tures, des grands projets de coopération dans le secteur de l’eau, des transports et d’autres secteurs permettraient l’introduction monde arabe et autour d’innovations, tout en créant de nombreux emplois. de la Méditerranée Une intégration plus poussée au sein de l’espace méditer- ranéen permettrait d’accélérer le développement du monde arabe et serait bénéfique pour l’Europe. Une plus grande Plus d’intégration économique et politique dans le monde arabe intégration pan-méditerranéenne faciliterait le transfert de faciliterait considérablement la transition vers le nouveau technologies entre les deux rives, par la création d’un espace modèle économique. Elle apaiserait les tensions sur l’emploi commun de recherche et d’innovation, et en aidant les dias- grâce à des marchés du travail régionaux plus intégrés, elle poras à se rallier à des projets innovants. Elle stimulerait la permettrait l’élargissement des marchés pour les produits et création de projets d’envergure, tels que ceux qui sont déjà en services, elle relierait l’éducation, les ressources scientifiques et cours dans l’énergie solaire et la logistique. Elle créerait, plus technologiques à des entreprises créatives, et elle assurerait le généralement, un potentiel de croissance, dont les deux rives financement de grands projets d’infrastructure. Une pleine inté- de la Méditerranée ont tant besoin. Comme indiqué ci-dessus gration dans la région arabe demeure un objectif lointain. Mais (partie II, section sur les initiatives locales), les apports étrang- réaliser une sorte d’« Agenda de Lisbonne », semblable à celui ers, tels que le soutien de la diaspora et les IED, se sont révélés que l’Europe a adopté, serait une étape symbolique importante. être décisifs dans la formation, le développement et le succès de pôles technologiques et industriels dans les pays du Moyen- Une stratégie de développement fondée sur la connaissance Orient et de l’Afrique du Nord. tire profit de la réduction spectaculaire du coût des échanges et du commerce des biens et services, de la finance et de L’intégration au sein du bassin méditerranéen apporterait des l’information. Les pays arabes devront faire davantage dans les avantages considérables pour les pays des rives méridionales domaines de l’intégration régionale et de la coopération interna- et orientales en élargissant les possibilités de croissance du tionale. En effet, l’intégration économique par le biais d’échanges marché et de l’emploi dans le nord. Plusieurs projets ambitieux et d’investissements étrangers directs (IED) accrus peut être la ont déjà commencé, comme le projet d’énergie solaire Desertec ; meilleure façon de mettre les pays de la région sur la voie d’une d’autres initiatives intéressantes devraient être étudiées et croissance plus rapide et plus durable, et de plus d’emplois. appuyées. On peut aussi accomplir beaucoup grâce à la con- solidation des réseaux régionaux existants d’universitaires, L’absence d’un marché unifié limite le commerce dans la région, d’entrepreneurs, de financiers, de responsables municipaux, qui est trois fois plus faible que le commerce entre les pays et d’autres -- réseaux qui ont engendré un large éventail en développement d’Asie. Ainsi, même des petits pas vers une d’initiatives sous la forme de projets de R&D, d’innovation, intégration commerciale seraient bénéfiques. En ce qui concerne ainsi que dans les activités conjointes d’éducation (tableau 7).  TABLEAU 7   Objectifs et actions nécessaires pour faire avancer l’intégration régionale ­ Objectifs Actions Renforcer l’intégration dans Développer des qualifications conjointes et des mécanismes de certification l’éducation Intensifier les programmes de bourses d’études (ERASMUS) Développer les réseaux d’écoles d’ingénieurs et de gestion Développer les mécanismes d’apprentissage et d’évaluation pour la gestion universitaire (gouvernance), les programmes de formation, etc. Construire l’espace d’innovation et Mobiliser les acteurs par le biais des groupes de travail sectoriels et des plateformes en ligne de recherche Euro-Med Développer des réseaux de gestionnaires d’incubateurs, d’investisseurs providentiels (business angels), et de responsables de programmes de R&D pour partager les bonnes pratiques Établir des plateformes de R&D et des programmes multinationaux à partenaires multiples à travers la co-conception et la copropriété entre les partenaires des rives du nord et du sud de la Méditerranée Stimuler l’IED et renforcer les liens de transfert de technologie, les pratiques de gestion d’entreprise, etc. Mobiliser les diasporas à travers des réseaux et des pratiques efficaces de bonnes politiques inspirées par l’expérience internationale Promouvoir la société de Coopérer pour développer des applications TIC (e-gouvernement, e-business, etc.) l’information en Méditerranée Contribuer aux efforts de libéralisation des marchés des télécommunications et améliorer les cadres réglementaires Promouvoir le développement Renforcer la coopération dans le développement des secteurs de croissance par le biais de techno-industriel et local en projets communs (énergie solaire, économies d’énergie, gestion de l’eau, transports, etc.) Méditerranée Stimuler les réseaux des villes pour les échanges de bonnes pratiques et l’assistance mutuelle en matière de développement urbain novateur et des mesures politiques connexes (parcs technologiques, planification urbaine, villes intelligentes, etc.) Transformer les économies arabes 41 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? La coopération euro-méditerranéenne est particulièrement Les organisations régionales et internationales ont également importante pour soutenir la modernisation de l’enseignement, un rôle à jouer. Des organisations telles que la Banque euro- la recherche et la technologie dans le monde arabe. Certains péenne pour la reconstruction et le développement, la Banque pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, le Liban et l’Égypte européenne d’investissement, la Commission européenne, le ont adopté le schéma LMD (licence, maîtrise, doctorat) selon Programme des Nations Unies pour le Développement, et la laquelle les programmes et diplômes universitaires euro- Banque mondiale, par exemple, ont un rôle crucial à jouer pour péens ont été normalisés. Sur le plan de la recherche uni- accélérer la mise en œuvre des stratégies de développement versitaire, les plateformes de R&D multinationales au service fondées sur la connaissance dans les pays arabes et dans le d’objectifs communs, prises en charge par des fonds de l’UE processus d’intégration dans la région méditerranéenne. Dans ont prouvé leur utilité, tout comme les programmes inter- le même ordre d’esprit, les organisations régionales telles nationaux financés par les pays arabes. Ces derniers ont été que la Banque islamique de développement, l’Organisation particulièrement utiles pour la promotion de projets innovants islamique pour l’éducation, la science et la culture, et la impliquant la recherche, les incubateurs technologiques, et le Banque africaine de développement peuvent faire beaucoup capital-risque. Des efforts régionaux en matière de TIC peuvent pour faciliter le progrès des stratégies d’économie fondée sur également renforcer la coopération dans le développement la connaissance dans la région. Le Centre pour l’Intégration en des infrastructures de télécommunication. Méditerranée (CMI), basé à Marseille, est également appelé à jouer un rôle de catalyseur important dans le processus d’intégration et les initiatives de réforme (encadré 14). Encadré 14 Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée (CMI) a été créé par un groupe de gouvernements méditerranéens : l’Égypte, la France, la Jordanie, le Liban, le Maroc, et la Tunisie, ainsi que la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque mondiale. Il soutient le développement et l’intégration des pratiques dans la région méditerranéenne en : (i) offrant un espace pour le dialogue politique fondé sur l’expérience, (ii) produisant et diffusant des documents d’analyse et information (rapports, site web, etc.), et (iii) en soutenant les efforts régionaux intersectoriels et à partenaires multiples. Inauguré le 9 octobre 2009, le CMI a pour objectif de contribuer à la construction d’un nouveau modèle de développement économique et social qui reflète les attentes des mouvements démocratiques dans les pays arabes. Ses programmes sont organisés autour de trois thèmes interdépendants: ­ économies intégrées. L’augmentation de l’emploi est l’objectif économique primordial dans la région. Accroître • Des la productivité, instaurer des réformes basées sur la connaissance et l’innovation, et exploiter les réseaux à travers le commerce, l’investissement et les infrastructures sont des éléments communs aux débats en cours visant à l’élaboration de nouveaux modèles économiques et de processus de réforme. ­ croissance durable. La région de la Méditerranée, inégalement riche en ressources énergétiques, généralement • Une pauvre en ressources en eau, et en permanence vulnérable face aux risques environnementaux, ne peut pas se per- mettre, même dans une période socio-économique difficile, de renoncer à l’ajout d’une forte dimension écologique à ses stratégies de croissance et de développement. • ­ Une gouvernance participative. L’aspiration des citoyens à un processus continu de transformation visant une gouver- nance économique et politique participative est au cœur des changements radicaux dans la région. Les actions du CMI, la mise en réseau, la sensibilisation et le plaidoyer en faveur des réformes, impliquent un ensemble d’intervenants des secteurs public et privé et de la société civile. Le Centre encourage le dialogue entre le gouvernement et les professionnels indépendants en : ­ • Développant les connaissances sous la forme d’études, de notes politiques et d’outils pour un travail sectoriel aux niveaux régional, national et local et en proposant une analyse fondée sur des preuves pour faciliter le débat public sur les politiques. ­ • Offrant un lieu où les nouveaux dirigeants, les décideurs et les professionnels à travers la Méditerranée peuvent se réunir lors de conférences, ateliers et dialogues politiques pour discuter des questions urgentes, réfléchir avec leurs pairs, examiner les meilleures pratiques et les leçons apprises et mesurer les progrès réalisés. ­ • Développant une plateforme sur le site Web du CMI pour diffuser les connaissances et créer des espaces de rencontre virtuels pour les communautés de pratique et l’intérêt mutuel. Source : Auteurs. Pour plus d’informations, aller sur www.cmimarseille.org 42 Partie 3. Comment mettre en œuvre une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation ? ³ ° ³ Cette étude a présenté une évaluation de la situation du monde arabe dans l’économie fondée sur la connaissance. La mise en place d’un modèle de développement fondé sur la connaissance et l’innovation implique que le gouvernement, le secteur privé et la société civile dans les pays à travers le monde arabe travaillent ensemble en dehors de leurs « silos » d’une manière plus intégrée et cohérente. La création d’un climat d’innovation dynamique, l’amélioration des systèmes d’éducation, et la construction d’une économie concurrentielle nécessitent la création d’un nouveau partenariat entre les secteurs public et privé et la société civile avec une perspective de réformes qui porteront leurs fruits à moyen ou à long terme. Pour concrétiser ce projet, le gouvernement doit jouer un nouveau rôle, non pas en tant que maître d’œuvre de ce nouveau modèle, des initiatives et investissements afférents, mais comme architecte et facilitateur de la nouvelle voie de développement et comme garant de l’état de droit. Le secteur privé a besoin de passer du système de privilèges dans lequel il a fonctionné pendant de nombreuses années à un système concurrentiel. Un secteur privé plus actif contribuera également à une intégration économique accrue de la région. La société civile, y compris les jeunes et les médias, ont aussi un rôle clé à jouer. Le « printemps arabe », facilité par la révolution des TIC, a clairement démontré la demande populaire, surtout parmi les jeunes, pour plus de justice et de dignité. Il est important d’intégrer les jeunes au débat national. Les médias devraient être libres et mobilisés autour d’une stratégie de développement fondée sur la connaissance et l’innovation, et ils devraient mettre en valeur de façon responsable les succès qui ont lieu aux niveaux national, régional et local. C’est ainsi, que le consensus pourra se construire autour des réformes et que leur crédibilité et leur efficacité seront renforcées. Transformer les économies arabes 43 Références et bibliographie éférences et bibliographie ANIMA. 2011. “Mediterranean Niches and Sectors with High Potential for Job Creation and Growth.” Rapport non ∤ 2011b. Skills and Research for Productivity and Growth: Higher Education in East Asia. publié préparé pour le Centre pour l’intégration en Washington, DC. Méditerranée, Marseille. Juin. ∤ 2011c. 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Grâce à des indicateurs trois parties. standards utilisés pour mesurer les progrès accomplis par les pays arabes sur ces piliers, et en les comparant dans plus La Partie 1 aborde trois questions fondamentales liées au de 140 pays, le chapitre montre que le monde arabe a besoin modèle de développement proposé basé sur la connaissance d’accroître ses efforts dans l’économie de la connaissance et l’innovation : (i) Pourquoi faire la transition vers une écono- pour correspondre à ceux de ses concurrents proches et des mie axée sur la connaissance et l’innovation (chapitre 1) ? (ii) pays comparateurs, tels que les pays d’Europe orientale, d’Asie Qu’implique cette transition (chapitre 2) ? et (iii) Comment centrale et d’Amérique latine. Le chapitre examine la per- faut-il procéder (chapitre 3) ? formance des différents pays arabes sur chacun des quatre piliers. Des différences importantes dans les performances La Partie 2 traite des politiques relatives à l’ensemble du et les réalisations peuvent être décelées entre les pays riches régime économique et de la gouvernance (chapitre 4), ou ceux pauvres en ressources naturelles. Bien que la nature l’éducation (chapitre 5), l’innovation (chapitre 6), et les tech- des réformes à entreprendre ne soit pas fondamentalement nologies de l’information et de la communication (TIC, chapitre différente, l’ampleur des moyens qui peuvent être mobilisés 7), et les types de réformes et d’initiatives qui pourraient être pour les investissements concernés (qu’ils soient en matière nécessaires dans chaque domaine. d’éducation, de recherche ou d’infrastructures d’information) La Partie 3 traite de la promotion des secteurs porteurs de diffèrent considérablement. croissance (chapitre 8) et la gestion du développement local et régional (chapitre 9) en tant qu’éléments clés de la diver- Chapitre 3. Élaborer de nouvelles stratégies de développe- sification économique. ment pour les pays arabes. La mise en place du nouveau modèle économique nécessite des initiatives audacieuses et rapides, tout en tenant compte en même temps des spécificités des pays (en d’autres termes, le chemin déjà parcouru par Partie 1. Principales chaque pays vers l’économie de la connaissance) notamment en termes de capacité d’action du gouvernement. Ce chapitre aborde la nécessité de rattacher à un nouveau contrat social questions : Pourquoi, la mise en œuvre d’une stratégie de croissance et d’emploi basée sur l’approche axée sur la connaissance et l’innovation. quoi et comment ? Il indique la nature des politiques nécessaires pour mener à bien les réformes et créer des emplois en relation avec le niveau de développement économique du pays. Enfin, il Chapitre 1. Utiliser les connaissances et l’innovation pour insiste sur le besoin d’intégration au sein du monde arabe, de transformer les économies arabes. Ce chapitre aborde l’espace européen, et de l’économie mondiale, ainsi que sur le les limites atteintes par les systèmes économiques et les rôle décisif que la communauté internationale pourrait jouer. régimes politiques qui ont précédé le « printemps arabe ». Il montre comment une économie axée sur la connaissance et l’innovation répond aux défis liés à l’emploi auxquels sont con- frontés les pays arabes. Il fournit des estimations de l’impact sur l’emploi qu’une telle économie de la connaissance pourrait Partie 2. Les piliers avoir, ces estimations étant basées sur les tendances passées dans les pays arabes eux-mêmes. Ces effets pourraient de l’économie de la être grandement augmentés en redoublant d’efforts dans l’économie de la connaissance, en réduisant l’inadéquation connaissance des qualifications grâce à une meilleure éducation et forma- tion, et en créant des structures économiques qui produisent plus d’emplois engendrés par la croissance économique. Les Chapitre 4. Améliorer la gouvernance et le climat des affaires. effets sur l’emploi d’une économie axée sur la connaissance Le succès de la stratégie de l’économie de la connaissance et l’innovation seraient particulièrement importants dans les dans un pays donné dépend du régime économique et institu- pays importateurs de pétrole (aux ressources limitées). tionnel de ce pays, parce que ce régime influe sur l’efficience et l’efficacité des investissements réalisés dans les autres piliers Chapitre 2. Rattraper les tendances mondiales de l’économie (éducation, innovation et information). Ce chapitre aborde plu- de la connaissance. Une économie de la connaissance repose sieurs questions essentielles : la nécessité d’élaborer et de sur quatre piliers fondamentaux : le bon fonctionnement du surveiller les nouvelles stratégies à travers des processus régime économique et institutionnel, une main d’œuvre bien véritablement participatifs ; les questions liées à l’état de 48 Annexe 1 droit, la liberté d’expression, la redevabilité, l’ouverture des grâce à une série de réformes de libéralisation et le dével- sociétés, notamment en faveur des jeunes et des femmes, et oppement mondial des TIC, qui ont fait baisser les coûts l’amélioration de l’environnement des affaires et des rela- et rendu l’accès plus facile. En raison de la libéralisation tions commerciales. Les indicateurs de performance relative accélérée au cours des 10 dernières années, le monde arabe vis-à-vis des pays concurrents et des pays de comparaison a connu un taux de croissance élevé des services de télé- permettent de mesurer les progrès accomplis. communications. Ceci, avec le développement de l’Internet, a encouragé et permis à la population dans certains pays de Chapitre 5. Éduquer pour de meilleurs emplois dans une se mobiliser pour le changement politique. C’est l’occasion nouvelle économie. Augmenter les aptitudes et les compé- de poursuivre la réforme du secteur des TIC, d’accroître la tences des populations nécessite de profonds changements concurrence entre fournisseurs de services et opérateurs, dans le système d’éducation à tous les niveaux. Les pays arabes d’éliminer les restrictions d’utilisation d’Internet, et d’offrir ont fait d’immenses progrès en matière d’accès équitable à de nouvelles possibilités pour accroître l’emploi, favoriser l’éducation formelle, dans la lutte contre l’analphabétisme, et l’esprit d’entreprise, et permettre une meilleure transpar- dans la réduction des disparités entre les sexes. Ces réalisa- ence et gouvernance en utilisant les applications des TIC. tions quantitatives impressionnantes ont amélioré la qualité Enfin une utilisation accrue de la langue arabe sur le Web de vie des citoyens par une espérance de vie plus longue et pourrait avoir des conséquences importantes sur les progrès des taux de fécondité et de mortalité infantile plus faibles. de l’économie de la connaissance dans la région. Cependant, malgré ces succès (et les ressources considérables investies dans l’éducation), les réformes de l’éducation n’ont pas encore pleinement rempli leur promesse. Le lien entre éducation et croissance économique est resté faible, le fossé entre l’éducation et l’emploi n’a pas été comblé, et la qualité Partie 3. Les Initiatives de l’éducation continue d’être décevante. Cela implique de renforcer la gouvernance du système éducatif et de faire converger sa gestion, son financement et ses mécanismes de diversification d’incitation à la performance afin de produire de meilleurs résultats d’apprentissage. Chaque pays de la région a égale- dans l’économie de la ment besoin d’adopter des normes nationales de performance et de contrôler en permanence les résultats d’apprentissage. connaissance Ce chapitre fournit des exemples d’initiatives modèles menées par les pays arabes. Chapitre 8. Promouvoir les secteurs porteurs de croissance. Suivant l’exemple des pays qui ont poursuivi des politiques Chapitre 6. Favoriser l’innovation et la modernisation tech- industrielles actives et efficaces pour stimuler leur transition nologique. La promotion de l’innovation, comme le montre vers un modèle de développement basé sur la connaissance, l’expérience des pays développés, est une tâche qui exige des et bénéficier facilement des retombées en termes de créa- actions de la part de nombreux organismes gouvernementaux tion d’emplois et de richesses, ce chapitre fournit quelques et ministères, en se focalisant sur des objectifs très précis. suggestions de politiques qui pourraient être mises en œuvre Il y a, entre autres, la nécessité de soutenir les innovateurs dans une série de secteurs en exploitant les avantages com- dans les domaines techniques, commerciaux et financiers ; paratifs de la région. Il s’agit notamment, dans les secteurs d’améliorer le fonctionnement des structures de recher- établis, de l’agroalimentaire et de l’industrie textile, qui ont che et développement (R&D), notamment en développant besoin d’améliorer leurs chaînes de valeur; des industries des liens plus étroits entre les universités et l’industrie; de liées aux TIC, qui ont besoin d’accroître leur succès dans tirer profit efficacement des stocks mondiaux de connais- la délocalisation des activités ; du tourisme, où le tourisme sances et de technologies, en tirant parti des leviers tels que médical et le tourisme de santé sont particulièrement prom- l’investissement étranger direct et en mobilisant les diasporas ; et aussi de mettre en place et de faciliter le développement etteurs ; des industries créatives et des médias ; et de la crois- de sites d’innovation tels que les parcs technologiques et les sance verte, y compris l’efficacité énergétique et la gestion pôles industriels. Plusieurs pays de la région ont déjà mené de l’environnement. Dans tous les secteurs, des programmes plusieurs expériences significatives dans de tels programmes efficaces combinent des mesures réglementaires, une mobili- et offrent des exemples intéressants qui peuvent être imités sation financière, des programmes de formation, des efforts dans toute la région. de R&D, et des campagnes de promotion des exportations, entre autres choses. Le rôle du gouvernement n’est pas Chapitre 7. Accélérer la mise en place de la société de d’entreprendre toutes ces tâches, mais de créer les condi- l’information. Les pays arabes ont fait de grands progrès tions adéquates pour que le secteur privé puisse intervenir, dans la diffusion des TIC depuis le milieu des années 1990, le gouvernement agissant comme facilitateur et catalyseur. Transformer les économies arabes 49 Annexe 1 Chapitre 9. Stimuler le développement local et régional. Les économies modernes se développent là où se trouvent une accumulation de talents, de connaissances et un esprit d’entreprise. En suivant les tendances mondiales, les gou- vernements arabes ont tenté de faciliter l’émergence et la croissance de ces sites innovants par des mesures telles que les parcs scientifiques et technologiques, les zones industri- elles et d’exportation, et les villes nouvelles (dans les pays riches en ressources naturelles). Le chapitre examine ces efforts et fournit des orientations politiques accompagnées d’exemples illustratifs. Il aborde également les questions de développement rural et les politiques afférentes. Une diver- sification spatiale efficace nécessite un plan d’aménagement du territoire à long terme et des mesures efficaces de décen- tralisation et de transfert du pouvoir -- un défi pour la plupart des pays de la région. Annexes L’annexe 1 passe en revue la documentation sur la rela- tion entre l’économie de la connaissance, la croissance et l’emploi et développe une approche méthodologique pour relier l’économie de la connaissance à la création d’emplois dans le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. L’annexe 2 fournit un aperçu sur une série d’expériences de pays choisis dans différentes régions du monde qui se sont engagés dans des stratégies de développement fondées sur la connaissance. L’annexe 3 aborde les questions liées à l’économie de la con- naissance dans une série de pays arabes et esquisse les initia- tives stratégiques qui paraissent adaptées aux circonstances propres à chaque pays. 50 Connaissance, innovation et croissance économique Transformer les économies arabes 51 Annexe 2 Un modèle néoclassique de croissance économique à long sance économique. Hanushek et Kimko (2000) ont étudié de terme a été développé par Robert Solow dans un article fon- près les effets de la qualité de l’éducation sur la croissance dateur de 1956, « Une contribution à la théorie de la croissance économique. A l’aide des résultats de tests internationaux économique », dans lequel le progrès technologique a été con- comme indicateurs de la qualité des systèmes éducatifs, ils sidéré comme un facteur exogène. La critique majeure qui peut ont constaté que la qualité de l’éducation avait un effet positif être émise est que la théorie est basée sur des rendements sur la croissance économique. Une étude portant sur 92 pays d’échelle décroissants (c’est-à-dire qu’une augmentation des entre 1960 et 2000 par Chen et Dahlman (2004) a montré qu’une facteurs de production se traduira par une augmentation de la augmentation de 20 pour cent du nombre moyen d’années production proportionnellement inférieure). Mais on n’observe de scolarité de la population tend à augmenter la croissance pas toujours un déclin du rendement, en particulier dans les économique annuelle moyenne de 0,15 point de pourcentage. secteurs à forte intensité de connaissances. En réponse, les Sur une étude transnationale macro-économique réalisée par économistes ont cherché à endogénéiser le progrès tech- Barro (2000), le rendement de l’éducation est estimé à 0,44 nologique (également appelé productivité globale des facteurs) point de pourcentage supplémentaire de la croissance du PIB dans leurs modèles de croissance économique. Dans cette par habitant du pays pour chaque année supplémentaire de perspective, le progrès n’est plus considéré comme un phé- scolarité achevée. nomène naturel stimulé par le comportement des agents et des incitations extra-économiques, mais comme un phénomène Recherche et développement (R&D) et croissance. Diverses d’ordre économique sujet à des choix spécifiques. Cela remet études ont montré que l’innovation et la production des con- également en question la baisse de la productivité margi- naissances techniques ont des effets positifs importants sur la nale des facteurs de production, principalement en raison des croissance économique et la croissance de la productivité. Par externalités positives qui peuvent résulter de l’interaction des exemple, Lederman et Maloney (2003), en utilisant les régres- entreprises (ou des biens publics mis à leur disposition). Dans sions des panels de données des moyennes sur cinq ans entre le modèle canonique de Paul Romer de 1986, les externalités 1975 et 2000 pour 53 pays, ont révélé qu’une augmentation de apparaissent parce que les investissements des entreprises 1 point de pourcentage du ratio du total des dépenses de R&D bénéficient non seulement aux agents spécifiques, mais elles par rapport au PIB a augmenté le taux de croissance du PIB de améliorent aussi la productivité globale en augmentant le 0,78 point de pourcentage. Dans l’étude déjà mentionnée, Chen niveau de développement technologique de l’économie dans et Dahlman (2004) ont démontré qu’une augmentation de 20 son ensemble. En introduisant la notion de capital humain, en pour cent du nombre annuel de brevets délivrés par le Bureau 1988, Robert Lucas a souligné les externalités positives qui américain des brevets et marques (USPTO) a été associée à une pourraient résulter de la simple interaction d’agents qualifiés augmentation de 3,8 points de pourcentage de la croissance et de leurs homologues compétents. Grossman et Helpman économique annuelle. Cincera et van Pottelsberghe (2001) ont (1993) ont également souligné l’importance des incitations étudié les effets à long terme des différents types de R&D sur à l’innovation pour la croissance et aussi l’offre endogène la croissance de la productivité multifactorielle, en utilisant du capital humain et l’offre résiduelle de travail non qualifié. des données de panel de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour la période 1980- Éducation et croissance. Des études récentes sur les dif- 9819. Ils ont constaté que la R&D publique des entreprises, et férences internationales de la production par travailleur et de l’étranger avait toujours statistiquement des effets positifs des taux de croissance économique ont mis l’accent sur le significatifs sur la croissance de la productivité. Adams (1990), rôle du capital humain dans le développement économique. en utilisant des chiffres d’articles scientifiques universitaires En effet, la plupart des études transnationales empiriques sur dans divers domaines scientifiques comme indicateurs du la croissance à long terme incluent à présent une mesure du stock de connaissances, a constaté que les connaissances capital humain. Barro (1991), en utilisant des données pour ont contribué de manière significative à la croissance de la 98 pays pour la période 1960-1985 et les taux de scolarisation productivité globale des facteurs des industries manufactur- aux niveaux primaire et secondaire en 1960 comme indica- ières américaines pour la période 1953-198020. Les données teurs pour le capital humain initial, a constaté que les taux montrent également que la R&D, notamment dans le secteur de scolarisation avaient statistiquement des effets positifs des entreprises, peut stimuler la croissance économique. significatifs sur la croissance du PIB réel par habitant. De Khan et Luintel (2006) montrent que la force de ce lien varie même, Cohen et Soto (2001), à l’aide de séries de données dans l’OCDE, et ils indiquent plusieurs déterminants (comme chronologiques transnationales sur le degré d’instruction (ou le le capital humain, les infrastructures, les investissements nombre moyen d’années d’études) ont constaté que l’éducation étrangers directs et les exportations et importations de haute avait statistiquement des effets positifs significatifs sur la crois- technologie) qui ont des effets importants sur la productivité, 19. Cincera et van Pottelsberghe (2001) définissent la R&D publique comme celle réalisée par les administrations et le secteur de l’enseignement supérieur, et la R&D étrangère comme la R&D des entreprises réalisée dans les autres pays de l’OCDE. 20. Adams (1990) utilise des comptes annuels de publications du monde entier dans neuf domaines scientifiques : l’agriculture, la biologie, la chimie, l’informa- tique, l’ingénierie, la géologie, les mathématiques et les statistiques, la médecine et la physique. 52 Annexe 2 spécifiques à chaque pays. Les stocks de connaissances du que les Etats-Unis ont bénéficié d’une croissance beaucoup secteur privé21 en particulier, permettent davantage que ceux plus rapide de la PGF dans la distribution et les services per- du secteur public, d’absorber les technologies internationales sonnels que l’Union européenne. Alors que la contribution des et de créer des retombées des connaissances. différents taux d’investissement dans les TIC a été faible, les changements organisationnels et les processus d’innovation Technologies de l’information et de la communication et de produits et de services (plutôt que l’augmentation du capital croissance. Un nombre croissant de preuves montre que les suite à l’introduction des TIC) expliquent la disparité des per- technologies de l’information et de la communication con- formances entre les États-Unis et l’Europe. En somme, la tribuent à la croissance économique globale d’un pays. La productivité des États-Unis est plus accélérée par les TIC que Banque mondiale a indiqué en 2009 que dans les pays à faible et celle de l’Europe. moyen revenu, chaque augmentation de 10 points de pourcent- age de la pénétration du haut débit accélérait la croissance En outre, bon nombre d’études empiriques analysent le rôle économique de 1,38 point de pourcentage. L’étude a également que joue l’innovation dans la productivité et la croissance dans révélé que l’impact du haut débit sur le développement était les entreprises ou les secteurs de l’économie. Hall, Mairesse et plus conséquent dans les économies émergentes que dans les Mohnen (2009) et Hall (2011) évaluent le rendement des inves- pays à revenu élevé, qui « bénéficiaient d’une augmentation de tissements en R&D qui relient l’innovation à la croissance de la 1,21 point de pourcentage de croissance du PIB par habitant » productivité grâce à des mesures qualitatives des produits et pour chaque augmentation de 10 pour cent de la pénétration processus de l’innovation. La distinction est importante parce du haut débit (Banque mondiale, 2009). L’étude a également que les mesures des investissements dans l’innovation, tels démontré que le haut débit avait un effet sur la croissance que les dépenses de R&D, ne rendent pas forcément pleine- potentiellement plus important que les autres TIC, y compris ment compte de la nature de l’innovation dans les industries la téléphonie fixe, la téléphonie mobile et l’Internet (Kelly et de services comme la distribution ou la finance, qui ont joué Rossotto 2012). D’autres études appuient ces conclusions. un rôle important dans les différences de croissance de pro- McKinsey & Company a estimé qu’« une augmentation de 10 ductivité entre l’Europe et les Etats-Unis. La conclusion de ces pour cent du taux de pénétration du haut débit des ménages nombreuses études empiriques confirme l’intuition induite fait progresser le PIB d’un pays de 0,1 pour cent à 1,4 pour par la documentation sur la croissance endogène récente: cent » (Buttkereit et al. 2009). En outre, une étude sur les l’innovation est positivement associée à une productivité et pays de l’OCDE par Booz & Company a révélé, dans les pays à une croissance plus élevée des entreprises, et le taux de ren- revenu élevé, une forte corrélation entre la croissance annuelle dement social de l’innovation dépasse le taux de rendement moyenne du PIB et la pénétration du haut débit, tandis que « les privé en raison des retombées positives de la croissance dans pays de la tranche supérieure de pénétration du haut débit ont le stock des connaissances disponibles. aussi affiché 2 pour cent de plus de croissance du PIB que les pays de la tranche inférieure de pénétration du haut débit » Innovation et emploi. En utilisant un ensemble de données (Friedrich et al. 2009). En même temps, un rapport sur les TIC de 14 313 établissements manufacturiers provenant de 21 et la croissance économique dans les économies en transi- pays (OCDE, « engagement renforcé », et pays en développe- tion indique clairement que les TIC contribuent grandement ment22), Dutz et al. (2011) montrent que l’innovation des entre- à la productivité, la rentabilité et la croissance au niveau de prises est un facteur positif très fort pour la croissance de l’entreprise (infoDev 2006). l’emploi, pour les produits et processus de l’innovation, et pour la croissance de la productivité globale des facteurs. Innovation et productivité. Comme indiqué dans un rapport de Dans l’ensemble de l’échantillon, on relève de nombreuses la Banque mondiale (2012), « une documentation empirique et significatives corrélations avec la croissance de l’emploi: considérable confirme l’importance des changements struc- l’innovation, les activités d’exportation, le capital investisse- turels et de l’innovation pour la croissance de la productivité ». ment des banques commerciales, l’utilisation commerciale de Van Ark, O’Mahony et Timmer (2008) ont décomposé la crois- l’Internet, la certification ISO, les programmes de formation sance économique aux États-Unis et en Europe pour analyser formels, et aucun financement gouvernemental de plus de 10 la contribution de plusieurs facteurs afin de comprendre l’écart pour cent. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, une étude de de productivité entre les États-Unis et l’UE-15 depuis 1995. Stone et Badawi (2011) a montré que les petites et moyennes Les auteurs constatent que le facteur clé est la différence du entreprises innovantes se développaient le plus rapidement. taux de croissance de la productivité multifactorielle dans les Les caractéristiques de cette innovation comprennent une services marchands, tels que le commerce de détail, la finance offre de formation formelle pour les travailleurs et l’obtention et les affaires. Jorgenson et Timmer (2011) démontrent encore d’une certification internationale de qualité. 21. Mesurés par les dépenses en R&D en termes réels. 22. Brésil, Chili, Chine, République tchèque, Estonie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Inde, Indonésie, Irlande, Mexique, Pologne, Portugal, Fédération de Russie, Slovaquie, Slovénie, Afrique du Sud, Corée du Sud, Espagne et Turquie. Transformer les économies arabes 53 Annexe 2 Références et bibliographie Adams, James D. 1990. “Fundamental Stocks of Knowledge Hanushek, Eric A., et Dennis D. 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Transformer les économies arabes 55 56  TABLEAU A1   Indicateurs socioéconomiques ­ PIB (en Main d’œuvre Emploi Valeur ajoutée (% du PIB) Annexe 3 Résultat du Classement Commerce (% de l’emploi total) millions de totale KEI IDH (% du PIB) Agriculture Industrie Services Agriculture Industrie Services $US) (millions) 2011 2012 2011 2010 2010 2008 2010 2010 2010 2008 2008 2008 Pays arabes                         Algérie 188,681 3.79 96 11 52 69 7 62 31 —  —  — Arabie saoudite 576,824 5.96 56 10 97 105 2 60 38 4 20 76 Bahreïn — 6.9 42 1 — 171 — — — — — — Cisjordanie et Gaza —  — 114 1  —  —  — —  —  13 26 61 Djibouti  — 1.34 165 0.2  —    —  —  —  — —  — Émirats arabes unis 360,245 6.94 30 5 147 149 1 56 44 4 24 71 Irak 115,388 — 132 8 — —   — —  —  23 18 58 Jordanie 28,840 4.95 95 2 117 144 3 31 66 3 19 78 Koweït 176,590 5.33 63 1 86 93 — —  —   — —   — Liban 42,185 4.56 70 1 65 78 6 21 72 — — — Libye —  — 64 2 — 95  — —  —   —  — —  Maroc 100,221 3.61 130 11 76 88 15 30 55 41 22 37 Oman 71,782 6.14 89 1  — 96  — —  — —  —  — Qatar 172,982 5.84 37 1 — 79 — — — — — — Rép. arabe d’Égypte 229,531 3.78 113 27 47 72 14 38 48 32 23 45 Rép. arabe syrienne — 2.77 119 5 71 74 — — — 17 30 53 Rép. du Yémen 33,758 1.92 154 6 65 81 8 29 63 — — — Tunisie 45,864 4.56 94 4 103 114 8 32 60       Comparateurs                         Finlande 266,071 9.33 22 3 79 90 3 29 68 5 25 70 Chine 7,298,097 4.37 101 800 55 62 10 47 43 40 27 33 Inde 1,847,982 3.06 134 473 50 52 18 27 55 — — — Rép. de Corée 1,116,247 7.97 15 25 102 107 3 39 58 7 25 68 Régions                         Le monde arabea 2,401,696 — — 114 85 97 7 49 44  — — —  Europe de l’Est & Asie 3,615,905 — — 192 61 67 7 32 61 16 27 57 centrale Amérique latine et 5,650,157 — — 278 44 48 6 31 62 14 23 62 Caraïbes Moyen-Orient & Afrique — — — 105  — — —  — — 27 26 47 du Nord Source : Banque mondiale 2012, excepté pour la colonne 2 (KAM 2012) et la colonne 3 (PNUD 2011). Note : KEI = Indice de l’économie de la connaissance ; IDH = Indice du développement humain. a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org —  Donnée non disponible.  TABLEAU A2   Indicateurs institutionnels et de gouvernance ­ Barrières Indice de démocratie tarifaires et non Qualité de la réglementation État de droit (1–167, voir note) tarifaires 2012 2011 2009 2011 2009 2011 Pays arabes Algérie 73 –1.16 –1.04 –0.83 –0.77 130 Arabie saoudite 82 0.00 0.16 0.07 0.08 161 Bahreïn 83 0.80 0.76 0.35 0.50 144 Cisjordanie et Gaza — 0.28 –0.17 –0.43 –0.35 99 Djibouti — –0.53 –0.62 –0.75 –0.65 147 Émirats arabes unis 83 0.40 0.50 0.46 0.46 149 Iraq — –1.10 –1.01 –1.50 –1.78 112 Jordanie 80 0.25 0.30 0.23 0.29 118 Koweït 82 0.08 0.15 0.50 0.55 122 Liban 80 0.02 –0.04 –0.68 –0.66 94 Libye 85 –1.52 –1.11 –1.16 –0.86 125 Maroc 76 –0.09 –0.05 –0.21 –0.22 119 Oman 84 0.39 0.58 0.63 0.68 134 Qatar 83 0.44 0.65 0.78 0.93 138 Rép. arabe d’Égypte 74 –0.33 –0.19 –0.42 –0.06 115 Rép. arabe syrienne 72.8 –0.97 –0.98 –0.66 –0.47 157 Rép. du Yémen 82 –0.79 –0.61 –1.50 –1.25 150 Tunisie 58 –0.18 0.02 –0.10 0.19 92 Comparateurs     Finlande 87.1 1.77 1.78 1.96 1.97 9 Chine 71.6 –0.20 –0.19 –0.46 –0.34 141 Inde 64.1 –0.34 –0.32 –0.08 0.00 39 Rép. de Corée 72.6 0.95 0.82 1.01 0.98 22 Régions           Le monde arabe a — — — — — — Europe de l’Est & Asie centrale — — — — — 5.5 b Amérique latine et Caraïbes — — — — — 6.35 Moyen-Orient & Afrique du Nord — — — — — 3.62 Transformer les économies arabes Source : Fondation Heritage 2012 (colonne 1) ; Banque mondiale 2011 (colonnes 2 et 3) ; EIU 2011 (colonne 4) Note : Indice de démocratie de l’EIU (Economist Intelligence Unit) : démocratie 1–25 ; démocratie imparfaite 26–78 ; régime hybride 79–115 ; régime autoritaire116–167. a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org. b. Europe de l’Est uniquement. 57 Annexe 3 —  Donnée non disponible. Annexe 3  TABLEAU A3   Innovation et recherche scientifique ­   Paiement des Articles Brevets accordés Exportations des produits redevances et de revues par l’USPTO Dépenses de recherche et de haute technologie (%   recettes ($US/ scientifiques et / million de développement (% de PIB) d’exportations de produits pop.) techniques personnes manufacturés) 2010 2009 2005–09 2007–09 2004–06 2010 2005 Pays arabes               Algérie 2.74 607 0.01 — 0.12 0.50 1.48 Arabie saoudite — 710 0.92 0.06 0.05 0.73 0.67 Bahreïn — 36 0 — — 0.11 0.07 Cisjordanie et Gaza 0.3 — — — — — — Djibouti — 2 0 — — — — Émirats arabes unis — 265 1.6 — — — 1.87 Iraq — 70 — — — — — Jordanie — 383 0.14 0.42 — 2.86 1.39 Koweït — 214 3.55 0.09 0.11 — — Liban 3.4 256 0.77 — — 12.80 2.83 Libye — 34 — — — — — Maroc 1.3 391 0.08 — 0.64 7.69 9.64 Oman — 114 0.51 — — 0.58 0.28 Qatar — 64 1.29 — — — 0.01 Rép. arabe d’Égypte 3.12 2,247 0.07 0.24 0.26 0.88 0.40 Rép. arabe syrienne 2.05 72 0.04 — — — 2.08 Rép. du Yémen 0.46 25 — — — — 0.24 Tunisie 1.79 1,022 0.1 1.12 1.03 4.89 4.51 Comparateurs               Finlande 245 4,949 138.1 3.72 3.47 10.80 25.06 Chine 10.34 74,019 1.05 1.43 1.31 27.51 30.84 Inde 2.37 19,917 0.51 0.76 0.76 7.18 5.80 Rép. de Corée 183.2 22,271 151.18 3.29 2.83 — 32.48 Régions Le monde arabe a 1.54 6,578 — — — — 1.44 Europe de l’Est & Asie 116.7 29,089 31.44 b 0.89 0.81 6.70 6.07 centrale Amérique latine et 11.2 23,968 0.63 b 0.65 0.61 10.92 12.41 Caraïbes Moyen-Orient & Afrique 4.1 11,421 3.66 b — — 3.21 2.66 du Nord Source : Calculs des auteurs basés sur la Banque mondiale 2012 (colonne 1) ; KAM 2012 (colonne 2) ; National Science Foundation 2012 (colonne 3) ; L’Institut de statistique de l’UNESCO 2012 (colonne 4) ; Nations unies 2012 (colonne 5). USPTO = Bureau américain des brevets et marques a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org. b. Tous niveaux de revenus. —  Donnée non disponible. 58 Annexe 3  TABLEAU A4   Education and Labor Market ­ Stock de Taux brut de Taux brut de main d’œuvre Nombre scolarisation scolarisation émigrée moyen dans dans Chômage des Chômage (% main d’années l’enseignement l’enseignement jeunes global d’œuvre) d’études secondaire supérieur Dernières Dernières Dernières 2010 2009 2009 données données données Pays arabes             Algérie 46 10 10 7.7 96.48 30.62 Arabie saoudite 26 5 0 8.48 96.81 32.78 Bahreïn 21 5 2 9.59 96.43 51.21 Cisjordanie et Gaza 33 25 2 — — — Djibouti 38 41 2 — 30.46 3.47 Émirats arabes unis 6 2 1 9.5 95.2 30.4 Iraq 45 30 5 — — — Jordanie 39 11 4 9.23 88.22 40.65 Koweït 23 3 3 6.29 89.89 17.56 Liban 21 12 31 — 82.14 52.52 Libye 27 7 3 — — — Maroc 16 10 17 5 55.85 12.88 Oman 20 7 0 — 91.32 26.44 Qatar 17 1 0 7.45 85.22 10.24 Rép. arabe d’Égypte 26 8 9 7.08 67.2 28.45 Rép. arabe syrienne 20 21 15 5.28 74.74 — Rép. du Yémen — — 16 3.68 45.61 10.23 Tunisie 27 14 15 7.32 90.21 34.44 Comparateurs             Finlande 20 8.40 — 9.97 108.96 90.92 Chine — 4.30 — 8.17 78.19 24.53 Inde — — — 5.12 60.02 13.48 Rép. de Corée 9.8 3.70 — 11.85 97.22 100.02 Régions             Le monde arabe a — 9.60 — — — — Europe de l’Est & Asie 18.27 9.65 — — — — centrale Amérique latine et 14.83 7.97 — — — — Caraïbes Moyen-Orient & Afrique — — 22.55 10.64 — — du Nord Source : OIT 2011 (colonnes 1 et 2) ; Chaaban 2010 (colonne 3) ; Barro et Lee 2010 (colonne 4) ; UNESCO 2012 (colonne 5 et 6). a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org. —  Donnée non disponible. Transformer les économies arabes 59 Annexe 3  TABLEAU 5   Technologies de l’information et de la communication ­ Indice de Nombre total de Utilisateurs préparation aux TIC téléphones pour 1 Ordinateurs pour 1 d’Internet pour 1 000 (classement sur 142) 000 personnes 000 personnes personnes 2012 2009 2008 2009 Pays arabes         Algérie 118 1,010 100 130 Arabie saoudite 34 1,930 690 390 Bahreïn 27 2,290 750 820 Cisjordanie et Gaza — — — — Djibouti — 170 40 30 Émirats arabes unis 30 2,660 330 820 Iraq — — — — Jordanie 47 1,090 80 290 Koweït 62 1,270 340 390 Liban 95 540 100 240 Libye — — — — Maroc 91 900 60 320 Oman 40 1,510 170 430 Qatar 28 1,950 160 280 Rép. arabe d’Égypte 79 790 40 200 Rép. arabe syrienne 129 640 90 190 Rép. du Yémen 141 210 30 20 Tunisie 50 1,050 100 340 Comparateurs         Finlande 3 1,710 790 840 Chine 51 800 60 290 Inde 69 480 30 50 Rép. de Corée 12 1,380 580 810 Régions         Le monde arabe a — — — — Europe de l’Est & Asie centrale — — — — Amérique latine et Caraïbes — — — — Moyen-Orient & Afrique du Nord — — — — Source : Forum économique mondial et INSEAD 2012 (colonne 1) ; KAM 2012 (colonnes 2–4). a. Le monde arabe comprend, en plus des pays arabes énumérés ci-dessus, les Comores, la Mauritanie, la Somalie et le Soudan. L’adhésion d’autres régions est telle que définie par la Banque mondiale, www.worldbank.org. —  Donnée non disponible. 60 Annexe 3 Références statistiques Banque mondiale. 2011. World Governance Indicators. Banque Forum économique mondial et INSEAD. 2012. Global mondiale, Washington, DC. http://info.worldbank. Information Technology Report 2012. Genève: org/governance/wgi/index.asp. Consulté le 5 Forum économique mondial. septembre. KAM (Méthode d’évaluation des connaissances). 2012. Banque ∤ 2012. World Development Indicators database. Washington, DC. http://data.worldbank.org/data- mondiale, Washington, DC. http://www.worldbank. org/kam. Consulté le 15 octobre. catalog/world-development-indicators. Consulté le 15 décembre. National Science Foundation. 2012. Science and Engineering Indicators. http://www.nsf.gov/statistics/. Consulté Barro, R. J., et J. W. Lee. 2010. “A New Data Set of Educational en septembre Attainment in the World, 1950–2010.” NBER Working Paper 15902. Cambridge, MA: National Nations unies. 2012. United Nations Commodity Trade Bureau of Economic Research. www.nber.org/ Statistics Database. http://comtrade.un.org/db/. papers/w15902. Consulté le 10 septembre. Chaaban, Jad. 2010. “Job Creation in the Arab Economies: OIT (Organisation internationale du travail). 2011. Key Navigating Through Difficult Waters.” Arab Human Indicators on the Labour Market, 7th edition. Development Report Research Paper Series, PNUD Genève. http://kilm.ilo.org/KILMnetBeta/default2. Bureau regional pour les États arabes. http://www. asp. Consulté le 10 septembre. arab-hdr.org/publications/other/ahdrps/paper03- en.pdf. PNUD (Programme des Nations Unies pour le développe- ment). 2011. Human Development Report 2011: Economist Intelligence Unit. 2011. Indice de démocratie de Sustainability and Equity: A Better Future for All. l’EIU. https://www.eiu.com/public/topical_report. New York. aspx?campaignid=DemocracyIndex2011. Consulté 21 janvier, 2013. UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) Institut de statistique. Fondation Heritage. 2012. 2012 Index of Economic Freedom. 2012. UNESCO Institut de statistique : Centre de Washington, DC: Fondation Heritage. http://www. données. http://stats.uis.unesco.org. Consulté le heritage.org/index. Consulté le 5 septembre. 15 septembre. Transformer les économies arabes 61 Notes ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ 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___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________________________________________________________________________________________ Transformer les économies arabes : La voie de la connaissance et de l’innovation La nécessité de créer des millions d’emplois de qualité est le premier des nombreux défis de taille auxquels est confronté le monde arabe. Pour le relever, les pays arabes auraient intérêt à adopter un modèle de croissance s’appuyant sur l’économie fondée sur la connaissance, modèle qui se généralise au niveau mondial. Au cours de la dernière décennie, certains pays de la région ont relancé leur croissance et amélioré leur compétitivité en s’engageant sur la voie de l’économie de la connaissance. Cependant, pour aller plus loin, les sociétés arabes doivent renforcer leurs réformes dans quatre domaines clés : le développement d’économies plus ouvertes et avec plus d’esprit d’entreprise, la préparation d’une population mieux éduquée et plus qualifiée, l’amélioration de leurs capacités d’innovation et de recherche, et la promo- tion des technologies de l’information et de la communication et de leurs applications. Le succès dépend des progrès réalisés de manière coordonnée sur ces quatre fronts, au moyen d’approches audacieuses adaptées aux défis et aux possibilités de chaque pays. « Les récents événements qui se sont déroulés dans le monde arabe ont affirmé la nécessité de parvenir à plus de d’égalité, et de dignité pour tous. Les gouvernements de la région affrontent le défi de la création d’emplois, des emplois pour les jeunes et les femmes en particulier. Transformer les économies arabes : la voie de la connaissance et de l’innovation offre aux pays du monde arabe une nouvelle approche des stratégies de développement qui peuvent les aider à parvenir à une croissance durable et à créer des emplois, essentiels pour garantir l’inclusion sociale et économique. Ce rapport s’adresse aux membres du gouvernement, des entreprises et de la société civile dans le monde arabe qui aspirent à travailler d’une manière nouvelle et différente, en utilisant les connaissances, l’innovation et la technologie comme facteurs clés pour déterminer une voie de croissance plus inclusive et un avenir meilleur. » Inger Andersen, Vice-présidente pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Banque mondiale « Il faut saluer ce travail à la fois osé et opportun du CMI, parler du futur au moment où les protagonistes des révolutions arabes sont surtout concernés par le présent est une gageure. La création de richesse et d’emplois exigent des inflexions sérieuses dans le domaine politique vers plus de démocratie, dans la recherche de la justice sociale avec des politiques inclusives ainsi qu’une rupture au niveau économique, en allant vers l’économie de la connaissance. Les diversités observées montrent égale- ment que la marche vers l’économie de la connaissance passe aussi par l’exploitation des complémentarités entre les pays du Golfe, du Maghreb et du Mashrek. Cet important travail devrait trouver écho auprès des gouvernements du monde arabe. » Rachid Benmokhtar Benabdallah, Président de l’Observatoire National du Développement Humain et membre de l’Académie des sciences et de la technologie, Maroc « Transformer les économies arabes plaide non seulement avec force et arguments pour l’adoption d’un scénario de croissance axé sur la connaissance et sur l’innovation pour le monde arabe, mais il souligne également l’importance de suivre une vision claire pour mener les profondes réformes nécessaires pour y arriver, réformes qui outrepassent les silos sectoriels et ministériels. Une telle vision devrait garantir que les réformes sont formulées sur un mode participatif qui assure un large soutien pour leur mise en œuvre. Le rapport fait également ressortir l’idée de « points de croissance » qui faciliteraient l’adoption du nouveau modèle économique. Il s’agit d’un rapport opportun et très important que tous les décideurs et tous les citoyens concernés dans le monde arabe devraient lire. Notre avenir est façonné en ce moment par les mesures que nous prenons pour que l’avenir se plie à nos rêves. » Ismail Serageldin, Directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie, ancien vice-président de la Banque mondiale CMI Contact Le Centre pour l’Intégration en Méditerranée est une plateforme multi-partenariale de coopération Centre pour l’Intégration en pour faciliter l’accès aux connaissances de pointe et les meilleures pratiques, tout en générant un Méditerranée appui auprès des institutions publiques et privées pour accroître la coopération, favoriser le dével- Villa Valmer oppement durable et des politiques intégrées dans la région méditerranéenne. Les programmes du 271 Corniche Kennedy CMI s’efforcent de fournir des apports solides pour des choix politiques fondés sur des données et, ce 13007 – France faisant, contribuer à améliorer les stratégies et les actions des gouvernements, augmenter le niveau Phone: + 33 (0)4 91 99 24 51 /56 d’activités innovantes et des investissements dans la région, et de stimuler la coopération entre les Fax: + 33 (0)4 91 99 24 79 pays du pourtour méditerranéen. www.cmimarseille.org