Premier Rapport De Suivi De La Situation Économique Et Financière Du Burundi DE L’AIDE AU COMMERCE : L’intégration régionale comme moteur de croissance Fiche d’information 1 Le bureau de la Banque mondiale au Burundi a le plaisir de présenter cette nouvelle publication «Rapport de Suivi de la Situation Économique et Financière du Burundi» qui passe en revue les principaux développements économiques récents du pays. Pourquoi un rapport de suivi de la Situation Economique et Financière ? Le rapport de suivi de la Situation Economique et Financièrevise à stimuler un débat constructif entre les différents acteurs, notamment les autorités publiques, la société civile, le monde académique, le secteur privé, etc. sur les choix de politiques publiques pour accélérer la croissance économique et réussir la transition.La publication de rapports économiques de cette nature constitue un aspect important du programme de la Banque mondiale au Burundi. Croissance économique maîtrisée mais insuffisante des exonérations d’impôt sur le revenu pour les salariés gagnant moins de 150.000 BIF (100 dollars) par mois. Depuis une dizaine d’années, la croissance économique du pays a oscillé entre 4 % et 5 %. Cette stabilité est attribuable Inflation contrôlée à une gestion macroéconomique saine dans un contexte de volatilité. Plusieurs chocs –internes et externes –ont ainsi forcé La gestion saine du cadre macroéconomique s’est également le gouvernement à adaptersa politique, souvent avec succès. En traduite par une baisse de l’inflation, qui a atteint 7,9 % en 2013 2013, la croissance est estimée à 4,5 %, ce qui représente une après avoir dépassé 20 % en mars 2012. Les autorités ont en augmentation de 0,5 point par rapport à l’année précédente. effet ralenti la croissance monétaire, cette dernière étant facilitée Cette hausse est expliquée par l’expansion des activités par la maîtrise du déficit public. Cette politique prudente a été minières, manufacturières, de construction et de services. Les accompagnéed’une baisse du prix des importations deproduits investissements privés burundais ont augmenté, de même que pétroliers au cours des derniers mois. la consommation des ménages, cette dernière ayant bénéficié 2 Consolidation budgétaire inachevée malgré un déficit public maîtrisé Entre 2005 et 2010, le budget de l’État a été sous perfusion. En effet, l’aide extérieure a représenté plus de deux tiers (67 %) des dépenses publiques en 2008 alors qu’elle comptait pour environ un cinquième (20 %) en 2006. En toute logique, cette situation ne pouvait être que provisoire. Aujourd’hui, le budget de l’État reste très dépendant des dons mais cette dépendance est en baisse depuis 2010. La baisse de l’aide devait être compensée par une augmentation des recettes internes et une baisse de certaines catégories de dépenses publiques, comme celles liées à la démobilisation des forces armées. Toutefois, ces deux mécanismes d’ajustement n’ont pas fonctionnécomme prévu. D’une part, les recettes domestiques ont augmenté dans un premier temps suite à la création de l’Office burundais des recettes (OBR), mais cette progression s’est arrêtée depuis 2011, du fait de modifications fréquentes dans la politique fiscale et des faiblesses dans l’administration. D’autre part, les dépenses associées à la démobilisation n’ont pas baissé comme prévu. Déficit chronique de la balance des comptes courants L’économie du Burundi est fortement dépendante des importations, qui sont financées en majorité par l’aide extérieure. En moyenne, les importations s’élèvent à environ 40 % du PIB. 3 Cependant, cette prépondérance des importations n’est pas de la Vision 2025, soit au-dessous du niveau actuel du Niger. mauvaise en soi, vu la nature des biens importés et les besoins de Le Burundi demeureraitalors parmi les pays les plus pauvres du modernisation de l’économie. monde. Ce qui pose davantage un problème c’est la faiblesse des Changement nécessaire exportations. Le Burundi est un des pays qui exportent le moins au monde. En proportion du PIB, les exportations de Pour passer à une vitesse de croisière supérieure, un changement biens et services sont inférieures à 10 %, traduisant la très faible de priorité dans les politiques économiques doit s’opérer sans compétitivité de l’économie. Non seulement le taux est bas mais attendre. Ce changement est d’ailleurs inéluctable au vu de la les ventes à l’extérieur sont concentrées autour d’un seul produit baisse projetée de l’aide extérieure, qui va automatiquement : le café. restreindre la capacité du gouvernement à mener une politique budgétaire expansionniste.L’expérience internationale a Stabilité risquée démontré que ce moteur doit être la relance des exportations, l’intégration régionale jouant un rôle central. Cette nouvelle Une croissance économique de 5 % par an ne suffira pas pour politique ne doit pas surprendre car elle a été adoptée par réduire la pauvreté de manière significative. Le Burundi revient de presque tous les pays fragiles qui ont réussi leur transition, y loin. Les années de conflit avaient renvoyé le pays trois décennies compris des pays enclavés. en arrière, à l’époque de l’indépendance. De 1993 à 2003, la baisse cumulative du PIB réel par habitant a été d’environv 35 %, soit Transition en marche le niveau que le pays avait en 1965, un an avant la création de la République. Depuis 2003, le PIB par habitant a augmenté en Le Burundi a heureusement, lui aussi, commencé cette transition. termes nominaux mais reste en termes réelspresque identique au Les produits d’exportation sont en train de se diversifier, niveau prévalent au début des années 70. Toutes choses égales tout comme leurs destinations. L’investissement privé est en par ailleurs, si l’économie continue de croître à un taux de 5 % hausse, en particulier dans lesecteur du tourisme et celui de en moyenne durant la prochaine décennie, le PIB par habitant la construction. Cette transition a été appuyée par un certain passerait de 251 dollars en 2012 à 344 dollars en 2025, l’horizon nombre de réformes, à commencer par l’amélioration du climat 4 des affaires. La récente adoption d’un nouveau code minier va également dans ce sens. Intégration régionale comme nouveau moteur La promotion et la diversification des exportations devraient aider l’économie burundaise à plusieurs titres. Premièrement, l’ouverture vers les marchés extérieurs permet de stimuler la croissance des entreprises et l’emploi. Deuxièmement, la recherche de la compétitivité internationale est un moteur de productivité pour les entreprises. Toutefois, cette recherche se doit d’être à la mesure de l’effort. Il ne serait guère raisonnable de penser que les entreprises puissent subitement devenir compétitives par rapportà celles de pays émergents comme ceux de l’Asie du Sud-Est. Il faudrait en premier lieu se mesurer avec les entreprises des pays voisins. Le marché régional est aussi plus facile d’accès car la route vers les marchés est longue et sinueuse. La Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC) est une des régions du monde les plus dynamiques. La taille de l’économie a triplé sur la dernière décennie, dépassant la barre symbolique de 100 milliards de dollars en 2013, soit plus de 40 fois l’économie du Burundi. En plus de la croissance économique, l’EAC a connu une croissance démographique sans précédent. La population régionale a augmenté de 34 %, passant de 110 millions d’habitants en 2002 à 148 millions d’habitants en 2012. 5 Au-delà de l’EAC, le commerce entre le Burundi et la République plus de 5 000 dollars alors que le même montant permet de Démocratique du Congo (RDC) se développe. De 2009 à 2012, transporter cinq conteneurs semblables du Japon à Mombasa. les exportations du Burundi vers la RDC ont plus que quadruplé, Ces contraintes constituent des défis énormes pour les activités passant de 3,5 milliards de BIF (2,9 millions de dollars des États- économiques. Si elles peuvent être surmontées ou gérées de Unis) à 14,5 milliards de BIF (9,2 millions de dollars) en quatre ans. manière efficace, les perspectives de croissance du Burundi Malgré cette impressionnante hausse, la part de la RDC dans les seront complètement différentes. exportations totales du Burundi reste très faible, avec 4,3 % en 2012 contre 3,0 % en 2009. Cependant, le Burundi n’a pas encore L’accès au réseau d’infrastructures de transport pleinement bénéficié des avantages de l’intégration régionale. régional peut réduire les coûts du commerce. Réduire les distances Le Burundi est tributaire de la capacité et de la volonté de ses voisins de construire des infrastructures adéquates et de fournir Comme la plupart des pays enclavés, il souffre d’un handicap les services connexes au transport (transit, police, etc.) à moindre pour accéder au marché mondial.Bujumbura est à plus de 1500 coût. L’EAC possède un programme d’infrastructure qui prévoit le km de Dar es-Salaam en et à plus de 2 000 km de Mombasa. Les développement de deux corridors (centre et nord) qui devraient distances sont longues et les infrastructures de transport ne sont desservir et désenclaver le Burundi. Cependant, la distance et la pas de très bonne qualité. Dans les deux cas, les importateurs mauvaise qualité des infrastructures ne sont pas les seuls facteurs et exportateurs doivent traverser toutun pays pour accéder au qui entravent le développement des exportations au Burundi.Les transport maritime. barrières non tarifaires (BNT) augmentent les coûts et restreignent le commerce intra-EAC et les pays enclavés comme le Burundi Ces distances entravent la compétitivité des entreprises en souffrentdavantage. Comme l’a montré le scorecard 2014, la burundaises,y compris sur le marché régional. Si les coûts de mise en œuvre du tarif extérieur commun a permis de réduire et transport sont ajoutés aux coûts de production, il devient d’harmoniser les droits de porte mais la suppression des barrières très difficile à une entreprise burundaise d’être compétitive non tarifaires se fait timidement. On peut citer, entre autres, sur le marché régional. Par exevmple, le transport par route l’application des règles d’origine et d’hygiène, les interdictions d’un conteneur de 20 pieds de Mombasa à Bujumbura coûte d’exportation et les licences d’importation. Si toutes les BNT sont 6 appliquées, le coût des marchandises importées peut augmenter de 30 % ou plus. En plus de l’incidence des BNT, il existe plusieurs pratiques anticoncurrentielles qui caractérisent le Burundi. Nouvelle politique Au-delà de la réduction de l’isolement du pays, le Burundi doit définir et mettre en œuvre une stratégie claire de relance de ses exportations. Cette relance devrait bénéficier d’un positionnement stratégique clair du pays, en tenant compte des opportunités offertes par l’EAC mais également par la RDC et le bassin du lac Tanganyika. Cependant, il est impératif que le Burundi se concentre davantage sur les facteurs qu’il peut influencer, à savoirles réformes de politique pour donner un élan aux investissements privés locaux et attirer les investissements directs étrangers, tout en assurant qu’ils aient des retombées positives sur l’ensemble de l’économie. L’expérience du Lesotho confirme que : a) le développement d’un marché intérieur libéralisé et compétitif ; b) l’ouverture à la concurrence extérieure, notamment des entreprises régionales ; c) l’existence d’infrastructures de haute qualité pour la promotion des investissements étrangers; et d) le développement des compétences et l’attraction des talents, sont tous des éléments essentiels d’une stratégie de développement des exportations réussie. 7 our plus d’informations, veuillez visiter : www.worldbank.org/en/country/burundi Rejoignez la discussion sur: http://www.facebook.com/worldbankafrica LA BANQUE MONDIALE GROUPE DE LA BANQUE MONDIALE http://www.twitter.com/worldbankafrica http://www.youtube.com/worldbank