57141 No. 117 juin 1999 Les services de vulgarisation agricole au Madagascar : accroître les services, et profiter des partenariats (traduit de l'anglais) Introduction Le système de vulgarisation connu sous l'appellation de Formation et Visites (T&V), qui est actuellement largement utilisé en Afrique, est né des initiatives d'appui à la vulgarisation agricole menées durant les années 80. Depuis son introduction, ce système a connu plusieurs changements, compte tenu des expériences vécues sur le terrain dans chaque pays. Dans le cas de Madagascar, ces changements ont conduit à des activités d'appui des organisations des paysans et à la diversification d'agences d'exécution, qui comprennent en dehors du gouvernement et de ses cellules, des ONG et des opérateurs privés. Renforcement des capacités Le renforcement des capacités et la formation organisationnelle constituent l'une des 10 principales activités retenues à la suite d'une mission conjointe des donateurs effectuée en avril 1996 et qui avait pour but d'étudier la collaboration avec les organisations de paysans du Madagascar. Le Projet d'Appui au Programme de Vulgarisation Agricole participe régulièrement aux consultations entre le ministère, les organisations de paysans, et les bailleurs de fonds (Banque mondiale, Agences Française et Allemande de développement) en vue de créer un mécanisme géré conjointement pour la formation des paysans et des techniciens. Les résultats de l'étude "l'évaluation de la demande pour la formation des leaders des organisations professionnelles de paysans" servent de référence pour ajuster le programme de formation et la stratégie du projet. Domaine-clé de la stratégie actuelle Une décentralisation donnant aux agences régionales la responsabilité de définir les programmes et la gestion technique et financière des activités et des ressources ; L'ouverture du projet grâce à des contrats de sous-traitance avec des organisations autres que l'administration dans le cas des ONG et des opérateurs privés, et le développement de la communication et de la consultation avec la communauté des bailleurs de fonds du Madagascar; L'inclusion des gouvernements municipaux décentralisés dans la mise en oeuvre des activités du projet pour évaluer l'impact et les résultats sur le terrain ; L'assistance technique et le renforcement des capacités pour les organisations des paysans, concilier la demande avec l'offre de la formation et le développement des stratégies de formation spécifiques aux localités ; et répondre à la demande du marché dans la promotion des cultures d'exportation (cultures horticoles dans les zones périurbaines, café, vanille, clou de girofle, poivre dans les régions orientale et Nord-Est du pays). Le Projet dispense également une assistance pour l'amélioration de la gestion des activités de la communauté et pour permettre que le/la participant/e parvienne à sa décision grâce à (i) la maîtrise des outils techniques de gestion, (ii) l'optimisation de l'utilisation des facteurs de production ; (iii) l'évaluation des coûts de production et de marges de profit ; (iv) l'appréciation du marché ;(v) la comparaison des coûts et des avantages entre plusieurs scénarios et des calendriers techniques ; et (vi) l'évaluation des risques associés à chacune de ces options. L'objectif est de contribuer au développement de la rationalité économique chez les paysans. Ce qui en retour dirige la production et augmente les revenus tirés des ajustements quantitatifs et qualitatifs de l'offre des produits et des besoins et exigences du marché, en particulier ceux qui portent sur la promotion des cultures d'exportation. Fourniture des semences et des plantes de qualité aux paysans Le Projet a soutenu des activités visant une meilleure disponibilité de semences et une meilleure qualité des plantes ainsi que leur accessibilité aux paysans. Pendant les périodes hors-saison de 1997, le Projet a travaillé avec pas moins de 35 groupes de planteurs, rassemblant presque 300 membres pour (i) la multiplication et la diffusion de variétés de riz résistantes aux insectes et au virus RYMV dans le Nord-ouest et le Nord-est, (ii) la reconstitution du capital-graines dans la Région de Morondava (Sud-ouest) et dans le Sud-est dans le sillage des cyclones Cynthia et Gretel, (iii) l'augmentation et la promotion de nouvelles variétés qui ont été développées pour les régions montagneuses, et (iv) l'amélioration de la quantité et la qualité des réserves privées de semences des paysans. Des techniques améliorées de systèmes de culture et de gestion de fertilité des sols (promotion de l'Azolla, compost, engrais) ont permis d'améliorer la capacité de collecte de semences. Ces semences furent redistribuées au début de la saison suivante de culture par 2.300 groupes et ont permis à approximativement 120.000 planteurs-membres de couvrir 12.000 ha avec des semences de haute qualité. Des activités semblables ont été menées avec 11 organisations de planteurs totalisant 132 planteurs, en collaboration avec le Projet South-West (PSW) pour la production de gousses de petits pois exemptes de " menamaso " et de semences de haricot dans la région Mid-ouest (Miarinarivo). Environ 500 cultivateurs membres de 45 organisations de producteurs tireront profit de ces activités. Partenariat avec le secteur privé, les communautés locales et les ONG Les partenariats avec le secteur privé et les ONG ont augmenté la confiance dans les services de vulgarisation pour les quatre raisons importantes suivantes : (i) une évaluation plus rigoureuse des compétences et de la performance du personnel sur le terrain, y compris le déploiement de presque 20 pour cent du personnel à des tâches autres que celles de la vulgarisation ; (ii) une réorganisation institutionnelle des services agricoles ; (iii) la promotion d'une structure décentralisée aux niveaux local et central, facilitant ainsi une plus grande intégration avec la communauté, le secteur privé, et les ONG ; et (iv) une plus grande autonomie de gestion et dans la prise de décision pour les dirigeants régionaux grâce à l'implication des acteurs locaux dans l'élaboration et l'exécution des programmes annuels de travail et la mise en place des avances de fonds, pour faciliter l'équilibre des dépenses d'exploitation actuelles. Les relations entre les opérations sur le terrain sont très encourageantes dans l'ensemble, y compris celles entre les différents projets placés sous la supervision du Ministère de l'agriculture, de l'Elevage, et de la recherche appliquée en développement. Dans plusieurs régions, le projet a sous-traité un certain nombre d'initiatives et ces rapports sont étroitement réglés par des contrats avec les différentes organisations concernées. Le projet prête grande attention au secteur privé, étant donné le rôle que joue ce secteur dans l'amélioration de la productivité agricole et la promotion des exportations. Pendant cette campagne agricole dans son ensemble, plus de 20 agents du secteur privé ont participé à l'exécution des activités du projet. Ces efforts entre les opérateurs privés, les organisations de paysans et le projet sont poursuivis et coordonnés, afin de promouvoir les cultures d'exportation, particulièrement dans les zones périurbaines (horticulture) et dans l'Est et le Nord-Est du pays (vanille, café, clou de girofle, poivre). En dehors du secteur privé, le projet entretient des relations de partenariat très étroites avec 66 ONG, réparties comme suit, selon leurs domaines de compétence et l'avantage comparatif vis- à-vis du projet : consultations techniques -39 ONG, appui aux organisations de paysans ­ 5, et formation - 22. Les capacités de base du projet dans le domaine de consultations aux participants comprennent 110 agents de 39 ONG, 27 autres ONG participent directement à la mise à disposition des ressources en personnel pour la formation des agents de vulgarisation et des consultants pour les organisations de paysans. Développer un sens de propriété L'engagement des communautés locales constitue l'un des éléments les plus importants du projet. En ce qui concerne le projet, 32 communautés, dans 8 régions agricoles, avaient engagé avec leurs propres ressources et mis à la disposition des services de vulgarisation 87conseillers agricoles dans le but d'atténuer le déficit des agents dans leurs localités respectives. Contrairement au personnel du gouvernement, ces agents sont recrutés pour un terme renouvelable de deux années. Cette approche, qui met en compétition les deux systèmes de vulgarisation, le système "privé " contre " le système `public"(dans ces deux cas, ces agents ont approximativement à leur disposition des ressources identiques) offre la possibilité de tester et d'accéder à une source alternative de vulgarisation, qui peut éventuellement être encouragée dans le but de compléter les domaines de l'inadéquation de l'administration dans certains domaines ou dans certaines localités. La validation d'une telle approche devrait aider à remédier à l'insuffisance en personnel causée par le redeploiement du personnel non essentiel du secteur public aux activités autres que celles de la vulgarisation. Conclusion La vulgarisation grâce à la diffusion à la base des technologies simples sans risques financiers, constitue certainement une étape importante dans le processus d'apprentissage et de formation des paysans. Les relations entre les paysans, les agents de vulgarisation et les chercheurs dans la définition des programmes techniques, leur mise en oeuvre et l'évaluation de leur impact sur le terrain ont été améliorées. Le programme de travail du personnel de vulgarisation est devenu plus structuré et mieux ciblé sur les contraintes et les exigences des cultivateurs des deux sexes. Ceci a permis de développer des programmes plus efficaces (par exemple ; vulgarisation, désertification, gestion des ressources hydrauliques-agricoles, crédit agricole). Une formation régulière et systématique a contribué à l'amélioration des compétences des agents et à la restauration de leur crédibilité vis-à-vis des utilisateurs du système. Grâce à la substitution du groupe pour l'approche individuelle, un plus grand nombre des paysans bénéficient des services dispensés et participent à la diffusion et l'adoption des technologies recommandées. En conséquence, les rendements de la majorité des cultures ont été augmentés et les revenus des producteurs se sont améliorés. Ces enseignements ont encouragé le service de vulgarisation pour explorer des nouvelles voies de coopération avec les organisations des paysans, les opérateurs privés, les ONG et les communautés locales. Les mécanismes ont été créés dans plusieurs régions (Toliara, Miarinarivo, Antsirabe, Fianarantsoa), pour rehausser le niveau des compétences et les ressources de chaque institutions grâce à la mise en oeuvre des stratégies coordonnées, et adaptés à chaque situation. La prise en charge du projet par ses bénéficiaires a été accentuée grâce à l'établissement des canaux réguliers de communication et de consultation avec tous les acteurs impliqués dans le processus de vulgarisation : les organisations de paysans, les ONG, le secteur privé, les gouvernements locaux des communautés décentralisées et les bailleurs de fonds.